Joou Heika no Isekai Senryaku – Tome 2 – Chapitre 1

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Chapitre 1 : Direction la nation commerciale du Nord

« Je pense que notre prochaine étape consistera à nous faufiler dans le duché de Schtraut », avais-je déclaré au cours du petit-déjeuner.

Ceux qui avaient préparé mon petit-déjeuner étaient nos captifs du royaume de Maluk. Ils avaient fait cela pour moi, leur ennemi juré le plus détesté, à cause des Essaims Parasites qui contrôlaient leur corps. Il était vrai que je n’étais pas de nature à les asservir de cette façon, mais compte tenu de tout ce que le royaume de Maluk avait fait, c’était tout simplement une juste rétribution.

Ce matin, mon repas était composé de bacon et d’œufs avec de la salade et un peu de pain à part. Ce n’était pas un petit-déjeuner luxueux, mais les ingrédients avaient tous été cultivés et élevés par les elfes.

« Le duché de Schtraut », demanda Sérignan, qui était en ma compagnie.

« Oui. Le duché est situé dans une position qui nous permet d’attaquer facilement. Il y a une région montagneuse entre nous, mais c’est quand même plus facile que d’attaquer le Royaume Papal de Frantz ou l’empire de Nyrnal. »

Si nous devions attaquer l’un de ces deux pays, il nous faudrait traverser la forêt des elfes, où se trouve notre base, pour les atteindre. Et comme les elfes étaient sous notre protection, je ne voulais pas transformer leur forêt en champ de bataille. Ce ne serait pas juste.

Il y avait un autre chemin que nous pouvions prendre pour attaquer Nyrnal — en traversant une grande rivière appelée Themel. Mais même si nous faisions construire un pont par les Essaims Travailleurs, ce type d’invasion serait un défi.

C’était pour ces raisons que j’avais jeté mon dévolu sur le duché de Schtraut.

Le duché se trouvait au nord-est du territoire du Royaume de Maluk. Il faudrait traverser une région montagneuse pour y arriver. Mais une fois que cela sera fait, il serait facile d’envahir le duché. Une fois le duché supprimé, il serait beaucoup plus facile pour nous d’attaquer le Royaume Papal de Frantz. Dans l’ensemble, c’était une cible très attrayante.

« Les gens de Schtraut ne nous ont pas encore fait de tort, mais si nous ne les remettons pas à leur place maintenant, nous pourrions bientôt nous retrouver à combattre sur notre propre territoire. De nombreux elfes et essaims seraient perdus dans la bataille. Nous devrions contrôler leur pays le plus rapidement possible. »

Jusqu’à présent, ma politique était de ne riposter que lorsque quelqu’un se battait avec nous… mais cette fois, je prévoyais une attaque préventive. Le duché de Schtraut ne nous avait pas combattus, mais sa position était problématique, cette terre était une voie directe vers le territoire de l’Arachnée. Si les habitants de Schtraut avaient quelque chose à maudire pour leur malheur imminent, ce devait être la terre qu’ils avaient choisie pour s’installer.

« Comme vous le souhaitez, Votre Majesté. Alors j’irai enquêter », dit Sérignan, qui acquiesça d’un signe de tête, apparemment convaincu.

« Je viens avec vous. »

« Mais c’est dangereux ! Le duché est en fait un territoire ennemi ! »

« Même moi, je veux être entouré d’humains de temps en temps. Et je vous ai rejoint quand nous sommes allés à Leen, vous vous souvenez ? »

Le fait d’être entouré de restes humains — enfin, plutôt de globes de chair — me faisait oublier ce que c’était que d’interagir avec des personnes vivantes. Je pensais que le fait d’être entouré d’êtres humains pouvait me permettre une sorte de réhabilitation sociale.

« En outre, je veux voir les choses de mes propres yeux. Je suis peut-être capable de tout voir à travers la conscience collective, mais je veux en être témoin par moi-même, juste pour être sûr. En outre, je veux être présente lors de toute négociation. »

Notre objectif n’était effectivement pas simplement de faire du repérage dans le duché. Il s’agissait d’explorer, de comprendre la situation et d’essayer de négocier avec les bonnes personnes. J’avais peut-être fait du duché de Schtraut mon objectif, mais cela ne voulait pas dire qu’il n’y avait pas de place pour la négociation. Je voulais déterminer si notre nation de monstres pouvait interagir avec les autres pays sur un pied d’égalité. Si rien d’autre n’était possible, le potentiel diplomatique était là.

« Mais quand même, ce n’est pas sûr », protesta Sérignan.

« C’est pourquoi je te demande de m’aider. Oh, Sérignan, mon cher chevalier… Tu me protégeras quoiqu’il arrive, n’est-ce pas ? »

« Bien sûr ! Et selon vos désirs, Votre Majesté ! »

Sérignan était d’une loyauté farouche et d’une dévotion sans faille envers une aussi mauvaise maîtresse que moi.

« Euh, que dois-je faire ? », dit Lysa en se joignant à la conversation.

« Tu devrais venir avec nous aussi. Tu peux utiliser la Mimesis, et ton habileté avec un arc s’est améliorée, non ? »

« Oui, je peux tirer des ficelles plus dures que je n’ai jamais pu le faire auparavant. Je pense que ma précision a aussi augmenté ! »

Maintenant que Lysa était devenue un Essaim, ses muscles étaient beaucoup plus forts, ce qui lui permettait de tirer avec des arcs beaucoup plus grands. Je l’avais déjà vue s’entraîner auparavant — la vue de flèches de la taille de carreaux de baliste frappant leurs cibles à 300 mètres de distance était étonnante.

« Et nous aurons probablement besoin d’une chose de plus pour compléter nos forces ici. »

À peine avais-je prononcé ces mots qu’un homme entra dans la pièce. À première vue, il ressemblait à un des habitants du Royaume de Maluk, mais ce n’était pas le cas.

Le visage de l’homme n’était pas du tout familier, et il semblait avoir une trentaine d’années.

« Qui est cet homme ? », demanda Sérignan, dirigeant un regard suspect dans sa direction.

« Permettez-moi de vous le présenter. »

J’avais fait un geste vers lui.

« C’est un Essaim Masqué. »

En termes de puissance de combat, un Essaim Masqué était identique à un Essaim Éventreur, mais il avait un coût de création deux fois plus élevé. En échange, cependant, il avait une capacité très importante.

« Essaim Masqué, défais ton Mimésis. »

Sur mon ordre, le visage de l’homme se fendit en deux, révélant deux crocs massifs. Des jambes d’insecte s’étendaient sur son dos, et ses — ou plutôt, ses jambes s’étaient transformées en une paire de dards venimeux. Une fois sa transformation achevée, il se tenait devant nous sous la forme caractéristique d’un Essaim.

« Aaah ! C’était un essaim !? », s’exclama Lysa.

« Effectivement, sauf que c’est un essaim capable d’utiliser le Mimésis. C’est une unité spéciale capable de se faufiler en territoire ennemi déguisé en unité ouvrière d’une autre faction et de provoquer des perturbations et le chaos de l’intérieur. N’est-ce pas tout simplement parfait pour notre prochaine mission ? »

La capacité spéciale de l’Essaim Masqué était le Mimesis. Sérignan et Lysa pouvaient aussi l’utiliser, bien sûr, mais les seules unités génériques capables d’utiliser le Mimesis étaient les Essaims Masqués.

Comme leur nom l’indiquait, ils se déguisaient en unités ennemies non armées et s’infiltraient dans les bases des adversaires, perturbant leurs opérations par toutes sortes d’attaques, y compris des attentats suicides. Cela les rendait idéaux pour des missions comme la nôtre, au cours desquelles il fallait se faufiler derrière les lignes ennemies.

« Donc, Sérignan, Lysa, moi-même et l’Essaim Masqué allons infiltrer le duché. Nous allons enquêter sur la façon dont les gens de Schtraut mènent leur vie, sur leur structure politique et sur ce qu’ils essaient de faire actuellement. Naturellement, nous allons aussi repérer leur terrain. Nous devrons trouver la manière la plus appropriée de pénétrer sur leur territoire. »

Nous devions après tout nous préparer à une éventuelle guerre avec eux. La suppression du duché pourrait être notre tremplin pour atteindre le Royaume Papal de Franz.

« Combien d’Essaims Masqués avons-nous ? », demanda Sérignan.

« Celui-ci nous escortera. De plus, nous aurons seize escouades détachées de quatre Essaims Masqués qui se faufileront également. Ils nous serviront de soutien au cas où nous en aurions besoin. Quoi qu’il en soit, nous jouerons le rôle de réfugiés du royaume en ruine de Maluk pour infiltrer le duché. Je ne suis pas sûre qu’ils nous accepteront aussi facilement, mais c’est notre meilleure chance de passer la frontière. »

Nous avions massacré presque tous les habitants du Royaume. Nous n’avions donc personne pour nous fabriquer des documents. Si j’avais su que cela arriverait, j’aurais fait préparer des documents qui nous auraient permis de passer dans un autre pays. Mais c’était plus facile de le dire après coup

« Quoi qu’il en soit, nous partons ce soir. Ainsi, nous atteindrons la frontière de Schtraut demain matin. D’ici là, préparez-vous pour notre mission, faites de votre mieux pour ressembler le plus possible à des réfugiés. »

Les Essaims Travailleurs m’avaient fait faire les vêtements les plus misérables et les plus modestes possible, et ils avaient enduit de boue l’armure de Sérignan, au grand dam de celle-ci. Lysa n’était pas sûre de passer pour une réfugiée de Maluk s’il était évident qu’elle était un elfe, alors elle s’était attaché les cheveux pour cacher ses oreilles.

Les Essaims masqués avaient revêtu des vêtements qui avaient appartenu à certains des citoyens de Maluk que nous avions transformés en boulettes de viande. Pendant ce temps, je m’étais mise au travail pour fabriquer tout ce dont nous aurions besoin pour notre mission. J’avais créé de nouveaux Essaims Masqués de différents sexes et apparences en préparation de cette tâche.

Heureusement, nous avions déjà beaucoup de chariots. Lors de nos attaques sur les différentes villes de Maluk, j’avais pris soin d’épargner les chariots et les chevaux au cas où nous en aurions besoin. Je savais que les mettre de côté s’avérerait utile tôt ou tard.

La nuit était tombée assez tôt, il était donc temps pour nous de partir.

☆☆☆**

Notre petit groupe était parti séparément des escouades des Essaims Masqués, mais nous étions tous arrivés à la frontière de Schtraut en même temps. Une seule route pavée permettait de traverser facilement la région montagneuse, et je l’avais notée mentalement au cas où nous devions la traverser à nouveau plus tard en plus grand nombre.

« Arrêtez-vous ! Arrêtez-vous tout de suite ! »

Lorsque nous avions atteint la frontière, les soldats situés le long du poste de contrôle s’étaient approchés de notre voiture.

« Oui, en quoi puis-je vous être utile ? » demandai-je en affichant un sourire éclatant.

« Ne jouez pas au plus fin avec moi ! Le duché de Schtraut est au-delà d’ici ! Avez-vous un permis de passage !? », cria un homme qui semblait être le chef des gardes-frontières.

« Oui, eh bien… Nous avons tous fui le Royaume de Maluk, monsieur, donc nous n’avons rien de tel. Notre pays a été détruit si rapidement, nous… Oh, il a fallu tant d’efforts pour arriver jusqu’ici… »

Je m’étais effondrée, des larmes de crocodile glissèrent sur mes joues.

« Oh ! Eh bien, n’en dites pas plus ! Oui, nous avons entendu parler de ce qui est arrivé au Royaume. On dit qu’il a été détruit par une armée de monstres. La guilde fait tout ce qu’elle peut pour se pencher sur la question. Nous ne pensions cependant pas qu’il y avait des survivants. Je vais approuver votre passage avec mon autorité de chef des gardes-frontières. Je vous souhaite le meilleur, jeune fille. J’espère sincèrement que le duché deviendra votre seconde maison. »

Il nous avait ensuite délivré un permis de passage qui nous permettait d’entrer dans la ville la plus proche. Franchement, j’avais planifié l’opération avec la ferme intention d’entrer par la force, mais heureusement, on n’en était pas arrivé là. Et s’ils avaient pensé que nous étions des espions de Nyrnal ?

Dans mon monde, beaucoup de gens devenaient des réfugiés et leurs enfants devenaient rapidement de plus en plus nombreux, de sorte qu’ils n’étaient pas toujours autorisés à traverser les frontières. J’avais pris ce monde pour un endroit beaucoup plus froid et plus impitoyable que le mien, j’avais donc été surprise de trouver les gens ici étonnamment gentils. Une partie de moi espérait que je n’aurais pas à ordonner la mort du chef de la frontière.

J’ai dû tuer trop de gens qui m’ont déjà montré de la gentillesse.

« Marine est la première ville que nous atteindrons dans le duché, la carte indique que c’est une ville portuaire. Nous y passerons la journée et nous commencerons immédiatement à chercher des informations. Une fois que nous aurons trouvé une auberge, nous pourrons y laisser nos affaires et commencer à enquêter. Vous savez ce qu’on dit : le temps, c’est de l’argent. »

« Compris, Votre Majesté. »

Notre permis de passage comprenait évidemment toutes les villes de Schtraut, nous avions donc simplement payé un petit péage lors de l’inspection avant d’entrer dans Marine, notre première ville du duché.

Lorsque les gens avaient appris que nous étions des réfugiés du Royaume de Maluk, ils nous avaient témoigné une grande sympathie, en disant que nous avions de la chance de ne pas avoir été dévorés par des monstres. Cela m’avait laissé un sentiment de culpabilité.

« Regardez, Votre Majesté, c’est la mer ! La mer ! »

« Oui, c’est la mer juste là. Mais ne t’excite pas trop, Lysa. »

Marine, comme son nom l’indiquait, était une ville construite près de l’océan. Elle était située près d’un golfe et ses maisons parsemaient la côte en pente, donnant aux citoyens une vue sur les navires de commerce qui naviguaient en contrebas. L’abondance des navires était bien supérieure à ce que nous avions vu dans les villes portuaires de Maluk, ce qui prouvait à quel point ce pays était beaucoup plus prospère.

« Désolé. C’est juste que… Je n’ai jamais vu la mer avant. »

« Je m’en doutais. Je veux dire, tu as vécu toute ta vie dans la forêt. »

J’avais tourné mon regard vers l’océan.

« La mer est vaste et jolie, mais elle peut aussi être très dangereuse. Elle peut engloutir et tuer des gens trop facilement. »

« C’est un peu comme l’Arachnée. »

« Oui… On agit effectivement de même. »

La mer est tout aussi vaste et totalement connectée que l’Arachnée. Une fois réveillée, elle fait apparaître la ruine, entraînant tout dans sa profonde et sombre étreinte… Quelle comparaison frappante !

« Où devrions-nous louer des chambres ? », demanda Sérignan, interrompant mes réflexions.

« Normalement, je ne me soucie pas de l’endroit, mais cette fois, j’aimerais dormir dans un endroit agréable… Un endroit avec des lits confortables et une nourriture savoureuse. Cette ville ne semble pas avoir d’office de tourisme, je n’ai donc aucune idée de l’endroit où nous pourrions trouver un hôtel trois étoiles ou quelque chose comme ça. »

« Naturellement, un établissement sûr serait préférable. Nous ne pouvons pas permettre qu’il vous arrive du mal, Votre Majesté. Dois-je choisir une auberge pour nous ? »

« Vas-y, Sérignan. Tu as raison, nous ne devons pas nous reposer sur nos lauriers maintenant que nous sommes derrière les lignes ennemies. J’ai laissé ma propre excitation me monter à la tête. »

Il semblerait que le fait de marcher dans les rues remplies de passants et regarder le paysage urbain serein m’avait fait un peu trop baisser ma garde. C’était un territoire ennemi potentiel. Je devais faire attention aux portes, aux murs et aux gardes en patrouille, car il y avait la possibilité que j’assiège cette ville au final. Aussi malheureux que cela ait pu l’être, nous n’avions pas vraiment le loisir de faire quelque chose d’aussi gnian-gnian que de regarder l’océan.

« Alors je pense que l’auberge là-bas est un bon choix, Votre Majesté. Elle est grande, et nous pouvons facilement placer les Essaims Masqués à l’intérieur et autour du bâtiment. Les environs semblent également assez sûrs. »

J’avais regardé l’auberge que Sérignan désignait. Ce n’était qu’une des nombreuses auberges de la rue adjacente, mais celle-ci en particulier semblait être de la plus haute qualité.

« De plus, les chambres donnant sur la mer devraient nous donner une vue sur l’océan », ajouta-t-elle.

« Merci, Sérignan. »

Sérignan était vraiment gentille. J’avais de la chance d’avoir une femme aussi douce en tant que chevalier personnel.

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Un commentaire :

  1. amateur_d_aeroplanes

    Passage à la frontière en effet beaucoup trop facile. Même pas un interrogatoire pour avoir des informations de la part de ces  »’réfugiés » ?

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