Joou Heika no Isekai Senryaku – Tome 2 – Chapitre 2

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Chapitre 2 : La guilde des aventuriers

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Chapitre 2 : La guilde des aventuriers

Partie 1

Une fois que nous avions mis toutes nos affaires dans les chambres de l’auberge, nous avions rapidement commencé notre enquête sur Marine. Franchement, faire tomber cette ville semblait être du gâteau. Les murs n’avaient été construits qu’à titre de précaution contre les contrebandiers, et il y avait très peu d’hommes en patrouille. À part les soldats qui marchaient pour maintenir la paix, la protection de la ville consistait en une seule compagnie d’hommes en garnison le long des murs.

Aucun d’entre eux ne semblait prévoir que cet endroit pourrait devenir un champ de bataille. Étant donné que leur voisin occidental venait de tomber, j’avais eu l’impression qu’ils étaient négligents, qu’ils ne se demandaient même pas quand les monstres pourraient se montrer sur le pas de leur porte.

Cela dit, les soldats semblaient travailler à renforcer les défenses de la ville au mieux de leurs capacités. Ils transportaient des matériaux de construction sur les murs, mais cela n’allait pas suffire. Il était clair qu’ils manquaient soit de personnel, soit de fonds pour le faire… ou peut-être des deux. Quoi qu’il en soit, ce n’était pas comme s’ils n’étaient pas du tout préparés.

« Très bien, rassemblons des informations », dis-je, en conduisant Sérignan, Lysa et l’essaim masqué en ville.

« Des idées sur la façon dont nous devrions nous y prendre ? J’aimerais avoir une idée du terrain tout de suite pour pouvoir l’attaquer quand nous le voulons… mais d’un autre côté, nous devrions enquêter sur les affaires internes de Schtraut au cas où nous voudrions négocier avec eux plus tard. Où devrions-nous aller en premier ? »

Ce monde n’avait pas de journaux ni rien de ce genre. Les journaux étaient une source vitale d’information sur les affaires du monde, ne pas en avoir rendait donc les choses difficiles. Bon, ce n’était pas comme si j’aurais pu lire un journal si j’en avais un, étant donné que je ne pouvais pas lire les langues de ce monde.

« Je ne sais vraiment pas. Si c’était le village, tu pourrais demander à peu près n’importe quoi en allant dans la salle de réunion. C’était le seul endroit où tout le monde se réunit pour parler. », répondit Lysa en secouant la tête.

« Un endroit où tout le monde se réunit… Votre Majesté, peut-être devrions-nous aller dans une taverne ? », dit Sérignan.

« Une taverne… ? Oui, c’est ça. Ça a l’air prometteur. »

Cela dit, j’avais jeté un coup d’œil aux alentours.

Heureusement, j’en avais trouvé une assez facilement. Je ne pouvais pas lire les panneaux, mais l’image géante d’une choppe débordant de bière devant la porte disait tout.

« Entrons. »

« Comme vous voulez, Votre Majesté. »

J’étais entrée dans la taverne avec eux trois à la traîne.

« Hein ? »

Au moment où nous étions entrés, tous les yeux de l’endroit s’étaient fixés sur nous. J’étais habillée avec les vêtements de réfugié que les Essaims Travailleurs m’avaient confectionnés — la robe était encore très belle - et Sérignan et Lysa étaient assez jolies pour attirer le regard des autres femmes. Être le centre de l’attention de tous était donc assez normal

« Ho là, mademoiselle… Savez-vous quel genre d’endroit c’est ? » demanda un petit homme assis près de la porte — probablement un nain.

« Je le sais. »

« Alors vous savez que ce n’est pas un endroit où vous devriez traîner, hein ? C’est ici que les adultes s’assoient pour discuter. Vous êtes un à trois ans trop jeune pour pouvoir vous asseoir ici avec les autres. »

« Oh, c’est ce que tu essayais de dire. »

Le nain disait qu’il était étrange qu’une fille comme moi vienne dans une taverne, étant donné que je n’avais que quatorze ans environ. Je n’y avais pas pensé, j’avais complètement oublié mon âge actuel.

« Je n’en ai peut-être pas l’air, mais je suis en fait assez âgée pour boire. N’est-ce pas, Sérignan ? »

« Aye ! Je veux dire, oui ! Sa Majesté est très certainement en âge de boire. »

« Sérignan ! Tu ne peux pas m’appeler comme ça. Trouve un autre nom à utiliser ici, » lui avais-je dit tout en lui enfonçant un coude dans le côté.

« Hmm. Est-ce que “Mademoiselle” ferait l’affaire ? »

« Je suppose. Allons-y avec ça. »

Nous avions chuchoté pendant tout ce temps, en essayant de recoller les morceaux de notre couverture.

« Eh bien, de toute façon, vous l’avez entendue. Pouvez-vous nous laisser entrer pour qu’on puisse commander quelque chose ? »

« Eh, fais ce qui te plaît. Je me fiche que ta tête soit fichue parce que tu es devenue une ivrogne alors que tu viens à peine de sortir du berceau. », dit le nain d’une voix résignée avant de boire ce qu’il y avait dans sa choppe.

Je m’étais tournée vers mes compagnons.

« Prenons un siège près du comptoir. Gardez vos oreilles ouvertes, d’accord ? »

« Oui, Votre Majesté. »

Nous avions pris quelques sièges au bar.

« Qu’est-ce que ce sera, mademoiselle ? », demanda le barman et propriétaire apparent de l’endroit.

« Du vin rouge, s’il vous plaît. »

Pour être honnête, je n’avais pas besoin de l’avertissement du nain. Je n’étais de toute façon pas une bonne buveuse. L’âge légal pour boire chez moi avait été abaissé à dix-huit ans, alors j’avais déjà bu quelques verres… mais je n’avais jamais trouvé cela agréable. Peut-être que je n’étais pas faite pour ça. Pourtant, je devais au moins faire semblant de boire ici, à la taverne.

« Je vais prendre du lait », gazouilla Lysa.

« Et je prendrai de la bière », dit Sérignan.

Oh, j’aurais pu commander du lait à la place. Eh bien, zut. Pourtant, se rendre dans une taverne et commander du lait, c’est mal. Qu’importe.

Pour l’instant, il fallait simplement s’asseoir et écouter. À tout moment, quelqu’un pouvait être assez détendu par l’alcool pour dire quelque chose d’important.

« Avez-vous entendu parler du Royaume de Maluk ? », murmura le patron après quelque temps.

« Oh, oui, j’en ai entendu parler. Un pays entier vient d’être rayé de la carte. C’est une chose terrible », dit son compagnon.

Quand on parle du loup.

« Qu’en pense le duc ? Si les monstres marchent vers le nord, nous aurons un plus gros problème que l’Empire Nyrnal sur les bras. »

« Non, l’Empire Nyrnal est encore plus effrayant qu’eux. Ils disent que l’Empereur Maximillian est le vrai monstre. »

Hmm… Donc la relation de ce pays avec Nyrnal est franchement hostile. C’est une ouverture dont nous pouvons profiter.

« Les gens de la guilde des aventuriers ont la vie facile. Tout ce qu’ils ont à faire, c’est d’espionner Maluk pour gagner un peu d’argent de poche. Schtraut peut aller en enfer, ils iront faire leurs affaires ailleurs, ces foutus voyeurs à gages. »

« Ne dis pas ça ! Ces aventuriers se mettent en grand danger. Il n’y a pas assez de gens pour faire toutes les quêtes que le pays doit faire. Et ce n’est pas comme s’ils partaient tous à Maluk. Et pourtant, Maluk a été saccagé par des monstres bizarres… Je tremblerais dans mes bottes si quelqu’un me disait d’aller enquêter dans le nid de quelques bêtes assoiffées de sang dont personne ne sait rien ! »

Il semblerait qu’une organisation appelée guilde des aventuriers fasse des recherches sur le royaume de Maluk. Je vais devoir m’assurer que tous les Essaims Éventreurs situés de l’autre côté de la frontière soient en état d’alerte. Ce serait mauvais de les voir enquêter sur nos affaires internes… Nous devrions fermer nos frontières.

« À la santé des voyous de la Guilde des aventuriers ! Gloire à ces salauds ! »

« Acclamations aux fous imprudents qui valsent dans le nid des monstres à la place de nos lâches chevaliers ! »

Les ivrognes levèrent la voix en trinquant sardoniquement et en tendant leurs verres.

« Cette guilde d’aventuriers a l’air intéressante. Tu en sais quelque chose, Lysa ? » avais-je demandé.

« Je n’en sais pas beaucoup, désolée. Mais des aventuriers se présentaient parfois dans notre forêt pour chercher des prisonniers évadés. Je pense qu’ils sont un peu comme des mercenaires ? »

« Et si on essayait de les rejoindre ? », proposa Sérignan.

« Ça pourrait être problématique. Nous sommes des réfugiés, personne ne sait qui nous sommes. », avais-je dit.

« Des réfugiés de Maluk, c’est ça ? »

Apparemment, le propriétaire de la taverne avait entendu une partie de notre conversation.

« Oui. Nous avons tous fui le Royaume de Maluk ensemble. »

« Cette petite dame en robe ne peut probablement pas faire grand-chose, mais vous deux avec l’armure et l’arc seriez bien à votre place à la Guilde des Aventuriers. Si vous n’avez pas d’autre source de revenus, je pense que la guilde pourrait être une option décente pour vous. »

J’avais noté mentalement qu’il me traitait d’inutile d’une manière si désinvolte. Quand même, ça valait peut-être la peine d’essayer.

« Où peut-on trouver la guilde ? » lui avais-je demandé.

« C’est dans la rue du Mémorial du Duc Sven. Il y a un grand panneau, vous ne pouvez pas le manquer. »

« Merci. Tenez, prenez ça. Vous nous avez beaucoup aidés. »

J’avais laissé tomber une poignée de pièces sur le comptoir, puis j’étais partie, les autres suivaient derrière moi.

« Nous allons nous pencher sur cette guilde d’aventuriers. D’abord, nous devons faire notre chemin dans leur organisation. Il est déjà trop tard pour s’y mettre aujourd’hui, mais allons-y demain. S’ils enquêtent sur ce qui est arrivé à Maluk, ils pourraient découvrir quelque chose que nous préférerions qu’ils ne découvrent pas. », avais-je dit une fois dehors.

« Selon vos désirs, Votre Majesté. »

Sur ce, nous étions retournés à l’auberge ensemble. Les lits étaient confortables, la nourriture était délicieuse et la vue sur la mer était magnifique. Je m’étais rappelée à quel point j’étais satisfaite avant.

Merci, Sérignan. Tu as peut-être un talent caché pour trouver de bons hébergements.

***

Partie 2

Comme je l’avais dit à Sérignan et Lysa, nous nous étions rendus à la Guilde des aventuriers le lendemain matin. La fatigue de notre voyage m’avait obligée à faire la grasse matinée. J’avais fait de mon mieux pour garder le secret, mais mes deux plus proches compagnons l’avaient simplement noté avec un sourire.

Je suis désolée, vous deux…

« La guilde des aventuriers devrait être dans la rue du Mémorial du Duc Sven. »

Je m’étais déplacée dans les rues de Marine, à la recherche de l’établissement.

« Oh, c’est ça ? »

Après avoir descendu la rue avec le nom le plus long que nous ayons pu trouver, nous étions arrivés tous les quatre devant un grand panneau représentant une épée et un arc croisés. Apparemment, ils recrutaient des mercenaires ou quelque chose comme ça.

« Cela semble prometteur. Après tout, aucun des autres bâtiments voisins ne semble correspondre au profil recherché », fit remarqué Sérignan.

« Je me demande comment ce sera à l’intérieur », dit Lysa avec un soupçon d’anxiété.

« Il n’y a qu’une seule façon de le savoir. Nous allons entrer. »

Je m’étais avancée, Sérignan, Lysa et l’Essaim Masqué me suivaient de près. Soit dit en passant, l’Essaim Masqué était si silencieux que je n’arrivais pas à comprendre ce qu’il pensait. La conscience collective ne m’avait pas vraiment appris grand-chose en termes d’émotions ou d’opinions. Je m’étais donc demandé s’il me reconnaissait vraiment comme sa reine, comme les autres l’avaient fait.

« Vous n’avez pas à vous inquiéter, Votre Majesté. Cet essaim suivra tous vos ordres. », me dit soudain l’Essaim Masqué.

J’avais été tellement surprise que j’en avais failli trébucher. Ouah, tu peux parler. C’est un soulagement.

« Très bien, on y va. »

Juste comme ça, nous étions entrés dans la Guilde des Aventuriers. En fait, il n’y avait rien de particulièrement inhabituel. À l’intérieur, il y avait une sorte de réception et des bureaux pour remplir de la paperasse, comme on en voit dans les bureaux du gouvernement.

Des gens de toutes formes et de toutes tailles remplissaient l’endroit, y compris des nains costauds, des femmes délicates et des hommes costauds. En plus de leurs apparences dissemblables, la diversité des armes et des armures qui leur appartenaient empêchait tout sentiment d’unité au sein de la foule.

Ce sont donc des aventuriers… Des soldats à louer. Nous n’en avions pas rencontré lors de notre conquête de Maluk, mais maintenant que je les voyais en personne — un fouillis désorganisé de gens avec des équipements mal assortis — ils ne semblaient pas constituer une menace. Honnêtement, je ne pensais pas qu’ils s’en sortiraient très bien s’ils se battaient en groupe.

« La guilde des aventuriers, hein ? » chuchotais-je, en regardant autour de moi.

« Bienvenue dans la branche Marine de la Guilde des aventuriers. Vous cherchez à entreprendre une quête ? », dit la réceptionniste en souriant.

« Non, nous ne sommes pas vraiment là pour des quêtes. Nous étions juste en train de regarder autour de nous. Sérignan, à quel point penses-tu que ces gens sont forts ? »

« C’est assez varié. Certains sont assez forts pour nous donner du fil à retordre, d’autres ne seraient même pas capables de battre un Essaim Travailleur. »

Sérignan et moi avions fait une enquête approfondie sur la guilde.

« Je vois qu’il y a des quêtes épinglées là-haut. Non pas que je puisse les lire… », avais-je dit

Malheureusement, si je pouvais parler dans la langue commune de ce monde, je ne pouvais pas la lire.

« Peut-être que nous pourrions travailler comme des aventuriers ? »

« Quoi ? Pourquoi devrions-nous le faire ? »

« Eh bien, mademoiselle, je pense que si nous devons enquêter sur les aventuriers, la création de liens pourrait être la meilleure façon de procéder. À cette fin, si nous travaillons comme des aventuriers, nous créerons naturellement ces liens, »

Sérignan n’avait pas tort, son idée était parfaitement logique. J’avais demandé si Lysa et l’essaim masqué étaient d’accord avec le plan par le biais de la conscience collective. Ils avaient tous les deux hoché la tête à l’unisson.

« Alors c’est décidé. Nous allons rejoindre la guilde. Quelle est notre première étape ? »

« Je pense que nous devrions nous inscrire à la réception. »

C’est ça. J’ai déjà repoussé la réceptionniste une fois, mais cette fois, nous devrions vraiment lui parler.

« Nous aimerions nous inscrire en tant qu’aventuriers », lui avais-je dit.

« Oh, bien sûr ! Je suis heureuse de pouvoir vous aider. Commençons par créer vos cartes de guilde. »

« Des cartes de guilde… ? Est-ce qu’on doit payer une cotisation annuelle pour rester membre ou quelque chose comme ça ? »

« Euh, non. Vous devez simplement accomplir un certain quota de quêtes, ce sera plus que suffisant pour vous garder. »

Chez nous, les cartes de membre avaient tendance à s’accompagner de beaucoup de dépenses et de procédures ennuyeuses. Je ne m’attendais certainement pas à ce que ce monde utilise un tel système.

« Très bien, alors. Allez-y, je vous en prie. »

« Merci, madame. Placez votre main sur ce cristal, si vous voulez bien. Cela produira votre carte automatiquement. »

J’avais senti une petite sonnette d’alarme se déclencher dans ma tête. Et si placer ma main sur ce cristal révélait ma véritable identité en tant que reine de l’Arachnée ? L’Essaim Masqué pourrait aussi être exposé. J’avais regardé le cristal avec suspicion.

« Hum, allez-vous vous enregistrer ? »

« Bien sûr. Mais… pouvez-vous m’expliquer quelque chose ? »

J’avais commencé, en alignant les questions dans ma tête.

« Tout d’abord, est-ce que cet artefact lit nos informations personnelles ? »

« Les seules informations personnelles qu’il peut discerner sont votre nom et vos statistiques. Les gens ont bien sûr droit à leur vie privée. »

Je vois. Cela ne devrait pas être un problème.

« Et il ne lit rien d’autre ? »

« Si nous avions un appareil qui pouvait lire plus que ça, le contrecoup aurait été sévère. Encore une fois, tout ce qu’il lit, c’est votre nom et vos statistiques. »

Oui, je suppose que si quelqu’un fabriquait un appareil capable de lire de force les informations personnelles d’une personne, la police ferait de réels progrès dans son travail. S’ils avaient utilisé quelque chose comme ça à l’époque où nous prétendions être des réfugiés à la frontière, nous aurions probablement dû faire couler du sang.

« Alors, allez-vous vous enregistrer ? » demanda-t-elle à nouveau, son exaspération étant évidente.

Je me sentais mal pour tous les problèmes que nous lui causions, la pauvre.

« Oui. Sérignan, tu y vas en premier. »

Sérignan s’était approchée du cristal.

« Il faut juste que je mette ma main ici, non ? »

« Oui, ça fera l’affaire. »

La réceptionniste regarda le cristal s’allumer et des lettres s’étaient gravées sur la carte.

« Alors, vous êtes mademoiselle… Sérignan, oui ? Vous avez des statistiques très élevées. Je pense que vous pouvez avoir une place dans n’importe quel groupe. »

« Je ne sers que la femme qui est à mes côtés. Je n’obéis à personne d’autre. »

« Je vois… »

Veuillez nous pardonner, madame la réceptionniste.

« Lysa, tu es la prochaine. »

« OK ! »

Lysa plaça une main sur le cristal.

« Hmm. Il est écrit que vous avez une agilité et une dextérité exceptionnelles. Est-ce que cet arc est votre arme principale ? »

« Oui, je ne vais jamais nulle part sans lui. »

« C’est logique. Il convient à vos statistiques. »

On dirait que Lysa avait aussi des stats élevées.

« Vas-y, Maska. Essaie. »

« Selon vos désirs, Votre Majesté. »

Appeler l’Essaim par son nom complet pourrait potentiellement exposer son identité, j’avais donc rapidement décidé de raccourcir son nom en Maska. Cependant, sa carte de guilde indiquait clairement « Essaim Masqué ».

« Hmm. Monsieur… “Essaim Masqué” ? Un nom un peu bizarre. De toute façon, vos statistiques sont bonnes pour la furtivité, donc vous devriez faire un bon éclaireur. »

Le vrai nom de l’essaim avait été révélé, mais en retour, nous avions appris que ses statistiques étaient également élevées.

« Je suis donc la dernière. »

J’avais posé ma main sur le cristal tout en essayant d’ignorer le mauvais sentiment qui me tenaillait au fond de l’esprit.

« Mlle Grevillea, c’est ça ? Vos stats sont… un peu basses. »

« Soyez franche avec moi, madame. On parle de combien ? »

« Nettement en dessous de la moyenne. »

Aww, zut. Je le savais. Je ne peux pas utiliser une épée ou un arc comme Sérignan et Lysa. Je suis aussi faible qu’un civil sans défense.

« Cependant, votre intelligence et vos compétences de leader sont exceptionnellement élevées. Je suis presque sûre que vous avez établi de nouveaux records pour la guilde pour ces statistiques. En fait, ces compétences sont assez élevées pour que vous puissiez devenir général. »

« C’est exactement ce que j’attendais de vous, mademoiselle. »

Les éloges de Sérignan étaient riches en émotions.

« Impressionnant comme toujours. »

« Sérignan, toutes mes autres statistiques sont au plus bas. Ne me fais pas de compliments. De toute façon, notre inscription est-elle complète ? »

« Oui. N’hésitez pas à faire les quêtes que vous voulez. »

J’étais allée dans des magasins de location de vidéos ayant des règles plus strictes que cette guilde d’aventuriers.

« Oh, bien. Sérignan, choisis une quête pour nous », avais-je commandé.

« Selon vos désirs, Votre Majesté. »

D’un signe de tête, elle se dirigea vers le tableau d’affichage.

Elle choisit rapidement une quête ayant beaucoup d’étoiles imprimées à côté et revint vers nous sans hésitation.

« Sérignan, n’est-ce pas une quête vraiment dangereuse ? » lui demandai-je en faisant des grimaces à toutes les étoiles.

« Ça va aller. Nous pouvons nous en occuper. »

« Lysa, quel est donc le contenu de cette quête? »

« Hmm… “S’il vous plaît, exterminez les griffons qui infestent la périphérie de la ville. La récompense est d’un million de krans par griffon exterminé, et de trois millions de krans par griffon capturé”. »

Heureusement, Lysa pouvait lire la langue des humains.

« Des griffons, hein ? »

Si je me souviens bien, les griffons sont des monstres mi-aigle, mi-lion qui peuvent voler.

« Eh bien, cela ne devrait pas être un grand défi comparé aux anges. Prenons-la. »

« Alors je vais aller accepter la quête tout de suite ! » Sérignan cria en retournant à la réception en courant.

Apparemment, elle était très excitée à l’idée de combattre des griffons. Nous avions rempli tranquillement toutes les formalités et trente minutes plus tard, nous partions pour notre toute première chasse aux griffons.

***

Partie 3

Afin d’accomplir notre quête, nous avions fait un trekking aux abords de Marine. La région était calme et rurale, créant une atmosphère très paisible. Il était difficile d’imaginer que des monstres effrayants puissent surgir à tout moment.

« Où sont les griffons ? On m’a promis des griffons. », demanda Sérignan, visiblement impatiente de se battre.

« C’est ce que je veux savoir. Mais ce n’est pas un nid de griffons, donc ce n’est pas comme s’ils allaient être là tout le temps. », lui dis-je en haussant les épaules.

« Mais si c’est le cas, comment allons-nous les vaincre ? »

Sérignan pleurnichait adorablement.

Malheureusement, ce n’était pas le moment pour moi d’apprécier son charme.

« Ne t’inquiète pas, j’ai un plan pour les faire sortir. Nous allons nous en servir », lui dis-je tout en tendant mon pouce vers les deux vaches que j’avais amenées.

« Les vaches ? »

« Vois-tu, je me suis renseignée sur les griffons à la guilde, et apparemment ils préfèrent aller attaquer des voitures pour les chevaux et des fermes pour le bétail. Je me suis dit que le meilleur moyen de les attirer était d’utiliser des appâts. »

Alors que Sérignan avait évoqué la possibilité de tuer des griffons, j’avais posé à la réceptionniste des questions précises sur cette quête. Pourquoi les griffons infestaient les périphéries, comment les gens les chassaient habituellement, ce genre de choses. C’était comme ça que j’avais conçu mon plan pour les appâter.

« Les griffons devraient être affamés puisque tout le bétail a été retiré de la zone et que les chariots ont commencé à éviter cette route. Je suis certaine qu’au moins une de ces bêtes affamées va se jeter sur quelques bêtes fraîches. Attachons-les autour de… ici. »

À mon commandement, Sérignan attacha les deux vaches à une clôture le long de la route.

« Nous devrions nous cacher en aval des vaches. Lysa, tu as toujours ton arc ? »

« Oui, il est prêt. »

Merveilleux. On peut y aller.

« Alors, le reste dépend de vous. Faites comme bon vous semble. »

Cette humble plouk aux statistiques peu élevées va quitter la scène. Hmph.

« Je me demande comment sont les griffons », murmura Lysa pendant que nous attendions.

« C’est une sorte d’hybride lion-aigle, et ils sont gros. », lui répondis-je.

« En tant que chevalier, j’ai toujours voulu en combattre un », dit Sérignan avec enthousiasme.

« Je ne suis pas surprise. Le travail d’un chevalier est de tuer des monstres. »

En plus de sa profession, elle avait un esprit de compétition qui la poussait à vaincre les monstres au combat. Même la puissante Sérignan avait un côté enfantin.

« Vouloir tuer un griffon est-il vraiment si enfantin ? » demanda Sérignan en faisant la moue, ayant capté mes pensées à travers la conscience collective.

« Argh, désolée… Je veux dire, je suppose que collectionner des trophées dans le jeu est tout aussi enfantin. »

Quand j’y avais pensé, la soif de trophées de jeux vidéo et la volonté chevaleresque de chasser les monstres provenaient probablement du même désir enfantin.

« C’est un peu la même chose pour moi, mais dans mon cas, les trophées que je collectionne sont des pays que j’ai conquis. Et ce genre de trophées est beaucoup plus sanglant et dangereux à se procurer que les tiens », avais-je ajouté.

Je me déplaçais dans ce monde comme si c’était un jeu, je n’étais donc pas vraiment du genre à juger. Au contraire, j’étais probablement le membre le plus incorrigible et le plus mignon de notre groupe.

« Votre Majesté, j’entends des battements de cœur. Quelque chose de gros s’approche », dit Lysa, en gardant la voix basse.

« Ce sera probablement un griffon. Très bien, vous trois, préparez-vous. »

Quelques minutes plus tard, notre individu s’était révélé. Bien sûr, c’était un griffon. Comme dans les légendes, il avait la moitié supérieure d’un aigle et la moitié inférieure d’un lion. Il plongea et attrapa une vache dans ses serres, puis il s’envola, sa proie gémissant de douleur. Les griffes aiguisées du griffon s’enfonçaient dans la chair de la vache, laissant une traînée de sang coulant du ciel.

« Fais-le, Lysa. »

« Oui, madame ! »

Lysa prépara une flèche spéciale sur son arc long et visa le griffon. Un instant plus tard, elle tira.

« Skreee ! »

Le griffon cria et lâcha la vache, les deux tombèrent rapidement à terre.

« Ensuite, Sérignan ! Essaim Masqué ! »

« Bien ! »

Sérignan et l’Essaim Masqué sautèrent des buissons. La lame noire de son épée sainte corrompue et la hache que l’essaim masqué avait achetée à un forgeron se balançaient dans les airs.

Mon Essaim Masqué était vêtu d’une armure de cuir usagé, mais celle-ci n’était qu’une partie de son déguisement. Son exosquelette protecteur, caché sous la mimésis, était beaucoup plus résistant. Le seul Essaim qui portait vraiment une armure était Sérignan.

« Skreeeah ! »

Le griffon s’était débarrassé de la douleur de la flèche, ou peut-être cessa-t-il de la sentir alors que son sang était rempli d’adrénaline. Il déploya ses ailes de façon menaçante pour ses attaquants. Ce spectacle féroce et primitif correspondait presque à celui des anges que nous avions combattus au royaume de Maluk.

« Hiyaaah ! »

Sérignan poussa un cri de guerre, frappant avec son épée sur le cou du griffon.

« Skree ! Skreeaaah ! »

Le griffon esquiva le coup de Sérignan et riposta de son grand bec.

Mais la contre-attaque était trop lente pour toucher Sérignan, qui avait fait une culbute en arrière et lui frappa rapidement le bec avec sa lame, le fendant. L’Essaim Masqué frappa une de ses ailes en silence, mais ce fut un exploit difficile, étant donné le battement incessant du griffon. De plus, l’Essaim Masqué n’avait pas l’habitude de se battre sous forme humaine.

« Ah ! Il essaie de s’enfuir ! »

Le griffon battait des ailes, s’envolait dans le ciel et se dirigeait vers le sud. Lysa tira une autre flèche, qui s’enfonça dans le flanc du griffon. Mais la bête n’était pas tombée.

« Elle s’est échappée ! », s’exclamait amèrement Sérignan.

« Tout va bien », dis-je en regardant dans la direction où le griffon s’était envolé.

« Cette flèche a un truc spécial : elle dégage un arôme puissant que l’essaim peut suivre. Maintenant, nous pouvons le suivre jusqu’à son nid. »

« Incroyable… Vous seule pouvez être aussi préparée, mademoiselle. »

« Eh bien, je me suis dit qu’une créature ailée essaierait de s’envoler si elle le pouvait. Quoi qu’il en soit, commençons à la traquer. Essaim Masqué, si tu veux bien te donner la peine ? », avais-je dit, un peu gênée par son compliment.

« Selon vos désirs, Votre Majesté. »

Contrairement à Sérignan et Lysa, qui avaient des organes sensoriels humanoïdes, l’odorat de l’Essaim Masqué était plus aigu et mieux adapté pour suivre le griffon.

J’espérais cependant que la randonnée ne serait pas trop longue. Je ne voulais pas me fatiguer trop vite, avec mes statistiques inférieures à la moyenne et tout le reste. Grrr.

« Il devrait être droit devant. »

Après une quarantaine de minutes, nous avions finalement trouvé ce qui semblait être le nid du griffon.

« Je suis crevée… »

J’étais vraiment épuisée. Le nid de la bête se trouvait dans une grotte au sommet d’une montagne assez haute. L’ascension avait donc été assez difficile. Rien que de penser au retour, j’avais envie de pleurer.

« Est-ce que ça va ? », demanda Sérignan, l’air inquiet.

« Pas vraiment. Finissons-en avec ça. »

Les cinq minutes qui suivirent furent remplies par les cris du griffon et le bruit du métal qui s’entrechoquait.

« C’est fait, Votre Majesté. »

Sérignan m’avait présenté la tête sans vie du griffon.

« Bon travail. »

« Nous avons aussi trouvé trois poussins dans le nid », avait-elle ajouté.

« Hmm, vraiment ? Et qu’en est-il d’eux ? »

« Ils étaient encore jeunes, je n’ai donc pas pu me résoudre à les tuer. »

« Ce n’est pas bon. Pas bon du tout, Sérignan. »

Ils étaient peut-être jeunes maintenant, mais ils allaient finir par grandir et menacer le bétail de la région. De plus, ils pourraient même s’attaquer aux humains parce que nous aurions tué au moins un de leurs parents.

« Écoute-moi bien, Sérignan. Tu as maintenant deux options. Un : tu y retournes et tu tues les poussins. Deux : tu les prends sous ta protection, tu les ramènes avec nous, et une fois qu’ils auront grandi, tu les mets dans le four de conversion et tu les transformes en essaim. », avais-je dit.

L’idée d’avoir des essaims de Griffons était très séduisante.

« Je vais prendre sur moi de les élever. Les Griffons sont des créatures puissantes, donc je suis sûre qu’ils feront un ajout précieux à nos rangs. », avait conclu Sérignan.

« C’est donc ça. Ils sont sous ta responsabilité, d’accord ? »

Avec cela, nous avions accompli notre première quête d’aventurier : l’extermination des griffons.

***

Partie 4

« Heureuse de vous revoir ! Je suis surprise que vous ayez réussi à accomplir une quête aussi difficile juste après être devenus des aventuriers. Pas étonnant que vos statistiques soient si élevées ! », s’exclama la réceptionniste de la guilde.

À l’exception d’une rustre bien en dessous de la moyenne. Hmph.

« J’ai une question. Combien de temps faut-il généralement aux griffons pour arriver à maturité ? », avais-je dit.

« Les griffons ? Hmm… Je pense qu’il leur faut environ six mois pour atteindre l’âge adulte. C’est pour ça qu’ils sont si nuisibles. Ils grandissent si vite, que peu importe combien d’entre eux nous tuons… Ce n’est jamais assez. »

« Tu penses pouvoir t’occuper d’eux pendant les six prochains mois, Sérignan ? »

« Oui, ce sera une tâche simple. »

Les trois poussins que nous avions pris étaient actuellement cachés à l’auberge. Même s’ils étaient encore des bébés, leur appétit était hors du commun. À eux trois, ils avaient déjà réussi à dévorer un mouton entier.

« En tout cas, félicitations pour ce travail bien fait. Voici votre récompense d’un million de krans. »

Elle posa un grand sac de pièces de monnaie sur le comptoir devant nous.

« Eh bien, eh bien… Cela pourrait beaucoup nous aider à long terme. »

Vous savez, toute cette histoire « d’aventurier » n’est peut-être pas si mal après tout.

« Pardonnez-moi de vous interrompre, mademoiselle, mais je sens que les gens nous regardent », murmura Sérignan en me faisant un signe.

« Oh, ça doit être des aventuriers de cette guilde. Nous avons manifestement éveillé leur intérêt… comme nous l’avions prévu. »

D’autres aventuriers avaient pris note de notre succès, ce qui nous permettait de nouer des relations et de tirer toutes sortes d’informations sans éveiller de soupçons.

Comme sur un coup de tête, un jeune aventurier vêtu d’une cotte de mailles s’était approché de nous.

« Dites, c’est vous qui avez tué un griffon ? »

« Oui, c’est nous », lui dis-je gentiment.

« Vous êtes incroyables. Ce genre de quête est vraiment difficile, donc personne n’a voulu s’en charger depuis un moment. Je n’arrive pas à croire que des débutants qui viennent de s’inscrire aujourd’hui aient pu le faire aussi facilement. D’où venez-vous tous ? », dit-il, les yeux brillants.

L’homme était trop familier, à la limite de l’impolitesse, mais peut-être que c’était juste la façon dont les aventuriers se comportaient.

« Nous venons du royaume de Maluk », lui avais-je dit.

« Maluk, hein… Mes condoléances. »

Son regard était devenu sympathique.

« En gros, vous êtes des réfugiés? »

« Oui… quelque chose comme ça », lui avais-je répété, puis je l’avais régalé avec notre histoire inventée de toutes pièces.

« De toute façon, que savez-vous du Royaume ? »

« Juste que les gens du duc ont fait des quêtes pour savoir ce qui s’est passé là-bas. Ils disent que Maluk est contrôlé par des monstres, alors ils ont envoyé des aventuriers pour vérifier l’endroit. Mais personne n’est revenu. Leurs corps ne réapparaissent pas non plus. Ça semble assez dangereux. »

Donc ils ne savent pas vraiment ce qui se passe à l’intérieur des frontières de Maluk… Mon blocage de la frontière semble porter ses fruits.

« Alors, une autre question. Diriez-vous que ce pays est en paix ? »

« On dirait bien, mais qui peut vraiment le dire ? La rumeur dit que l’Empire de Nyrnal exige le stationnement de troupes ici à Schtraut. Frantz fait aussi pression sur le duc pour qu’il rejoigne une sorte d’alliance. »

Hmm… Donc l’ombre de la guerre plane sur ce pays.

« Est-ce que Schtraut est en mauvais termes avec l’Empire de Nyrnal ? »

« Pour être franc, ma petite dame, ce sont des gens assez arrogants. Ils pensent que tout tourne autour d’eux et que le monde entier devrait être entre leurs mains. »

Alors l’Empire est plutôt hautain, hein ? J’ai l’impression que ce sont de mauvaises nouvelles.

« Oh, et Schtraut a aussi fait des provisions. Maintenant que j’y pense, peut-être que la guerre arrive. Il n’y a que deux raisons pour lesquelles un pays achète autant de fournitures : la guerre ou une catastrophe naturelle. », avait-il poursuivi.

Pourquoi ne pas dire cela dès le départ… ? Ils se préparent à tous les coups pour une guerre.

« Que pensez-vous que le duché va faire ? »

« Le Duc Sharon — c’est le leader actuel, si vous ne saviez pas — essaie d’éviter la guerre. Il ne veut combattre personne, ni les monstres ni Nyrnal. »

Je vois. Ils ne veulent pas prendre part à une guerre, mais ils se préparent toujours au cas où elle se produirait.

« Vous savez, si vous voulez, vous pourriez faire équipe avec mon groupe. Je suis sûr que nous pourrions nous attaquer aux quêtes de très haut rang si nous vous avions de notre côté. En fait, il y en a une en ce moment pour exterminer les manticores. Qu’en pensez-vous ? », avait suggéré l’aventurier.

« Bien sûr. Ça ne me dérange pas d’unir mes forces. Faisons-le. », avais-je dit d’un signe de tête.

☆☆☆**

Le groupe de l’aventurier nous avait informés qu’une manticore était un monstre au corps de lion et au dard venimeux à l’extrémité de sa queue. Les manticores étaient extrêmement dangereux et prenaient plaisir à la chair humaine. Elles étaient à peu près aussi difficiles à éliminer que les griffons, de sorte que la plupart des aventuriers n’entreprendraient pas une quête de manticore à moins d’être très confiants dans leurs compétences. À ce qu’il paraît, ce groupe ne s’était joint à nous que parce que nous avions tué un griffon.

J’avais l’impression qu’ils se servaient de nous, mais cela ne me dérangeait pas, car nous allions quand même gagner en renommée. Le problème était de savoir comment nous allions tuer une manticore.

« Y a-t-il un bon appât pour les manticores ? », avais-je demandé aux aventuriers qui nous accompagnaient.

« Une seule chose tend à les attirer, et c’est le sang humain. Une personne sert d’appât et verse un peu de son sang, puis toutes les autres s’attaquent à la manticore une fois que l’odeur l’a fait sortir. C’est de toute façon la tactique que les aventuriers utilisent habituellement pour la chasse aux manticores. Mais je pense qu’elles sont probablement plus faibles que les griffons, vu qu’elles ne peuvent pas voler. », avait répondu le type à l’armure plate, qui semblait être le chef du parti.

Du sang humain, hein ? Cela signifie que Sérignan et les autres ne peuvent pas être utiles.

« Est-ce que je dois donc me couper et faire couler du sang ? », avais-je demandé.

« Es-tu sérieuse ? Les manticores vont droit sur tous ceux qui saignent. »

« Mais je n’ai pas d’autre moyen de contribuer. Je vais faire couler un peu de mon sang, et vous pouvez me protéger avec tout ce que vous avez. Je ne veux pas non plus être le dîner d’une manticore, alors j’ai vraiment besoin de votre soutien. »

« Bien. Et bien, ne t’inquiète pas, tu peux compter sur nous. On te protégera quoiqu’il arrive. »

Le groupe qui nous escortait était composé du jeune homme en armure de plaque, d’un autre homme en armure de cuir et armé d’un arc, et d’une femme portant ce qui ressemblait à une robe de sorcier. Ce n’était pas un groupe imposant, mais leur expérience était fiable.

C’est vrai, l’expérience. C’était quelque chose que nous n’avions pas beaucoup quand il s’agissait de chasser des monstres. Après tout, nous étions en fait les monstres qui avaient détruit un royaume, et nous n’en avions pas encore rencontré de réels lors de notre défense de la forêt elfique. Au mieux, nous devions simplement nous occuper d’un gros ours de temps en temps.

En y repensant, le griffon nous avait fait faux bond lors de notre précédente quête. J’espérais que nous pourrions apprendre quelques techniques de chasse aux monstres de ces aventuriers sans avoir à courir après quelque chose de nouveau.

« Très bien, mettons en place notre formation. Nous allons garder notre petite princesse en sécurité, vous entendez ? Hé, la dame chevalier et toi avec la hache, vous allez former l’avant-garde avec moi. Bruno et euh, toi, l’archère… Vous vous tenez derrière nous. Bridgette, tu prends l’arrière. On va l’occuper à l’avant, alors frappez-le avec votre puissance de feu. Est-ce que tout le monde est prêt ? ! »

« Attendez. Ce positionnement met Mademoiselle en danger. Je devrais être posté à ses côtés. En tant que chevalier, il est de mon devoir de la protéger. », protesta Sérignan.

« C’est une mauvaise idée, madame. Toute notre opération va s’effondrer si tu fais ça. Si l’avant-garde ne tient pas l’avant et ne met pas en sécurité ceux qui sont à l’arrière, nous aurons tous de gros problèmes. Alors la chasse à la manticore ne sera pas notre plus gros problème. »

« Non. Je dois rester à ses côtés. »

Eh bien, si ce n’était pas une bévue. Je suis contente que Sérignan me soit si fidèle, mais à ce rythme, tout va vraiment s’effondrer.

« Sérignan, si tu veux vraiment me protéger, fait ce qu’on te dit. Nous sommes venus ici pour tuer la manticore. Si nous ne pouvons pas le faire, alors nous avons échoué, et cela va nuire à notre réputation. Plus important encore, si tu ne suis pas le plan, cela me mettra en danger. », lui avais-je dit.

« M-Mes excuses, mademoiselle ! »

Sérignan s’excusa abondamment puis se tourna vers les aventuriers.

« Je vais donc suivre vos instructions ! »

J’avais été reconnaissante de la voir faire marche arrière juste après lui avoir dit quelque chose. Au fond, Sérignan était une fille obéissante qui ne faisait pas trop d’histoires.

Elle est si mignonne.

☆☆☆**

« Alors, êtes-vous prêt ? »

« Je suis prête. »

Finalement, nous avions atteint la forêt où l’on disait que les manticores apparaissaient. Nous avions pris nos positions, avec le groupe de Sérignan devant et le groupe de Lysa plus loin. Tout le monde s’était caché dans les buissons, en attendant la manticore.

« Dois-je le faire ? », avais-je demandé.

« Vas-y », avait dit le chef du groupe.

J’avais tranché ma paume avec un couteau, laissant mon sang s’écouler sur le sol.

« Avons-nous vraiment besoin d’autant de sang ? », avais-je dit en souriant.

« Euh, non, la manticore capterait l’odeur d’une seule goutte de sang. Ce sont fondamentalement des petits gloutons voraces, ils prendront donc tous les risques possibles pour manger. », répondit Bridgette, la femme en tenue de lanceuse de sorts.

Des monstres gloutons qui sautent sur n’importe quelle occasion de manger, hein ? On dirait l’Arachnée.

« Reste près de moi. Si tu quittes ma zone et que tu te retrouves en danger, je n’arriverai peut-être pas à temps pour t’aider. », dit-elle d’un signe de la main.

« Oui, je sais. Je n’offre pratiquement aucune puissance de combat, donc je dépends de toi, Mlle… Bridgette. »

« Ne t’inquiète pas, je te couvre. Tu peux aussi laisser tomber le Mlle. Juste Bridgette fera l’affaire. »

« Entendu. Merci, Bridgette. »

Les mages nous avaient rendu la vie difficile pendant la guerre avec Maluk, mais ça ne voulait pas dire que tous les mages étaient des gens mauvais. Bridgette avait un comportement amical et digne de confiance.

« Tu as entendu ça ? » chuchota Bruno, l’archer en armure de cuir.

« Oui. Quelque chose se dirige par ici. », répondit Lysa d’un signe de tête.

C’est vraiment une elfe. Personne n’est plus fiable dans une forêt.

« Des pas lourds… Plus lourds que ceux d’un ours. C’est probablement une manticore. »

« Sans aucun doute. Il se dirige par ici, et il devient plus rapide chaque minute. Il sera bientôt juste devant nous. »

Finalement, j’avais aussi pu entendre des bruits de pas et un grondement grave venant de la forêt verdoyante. En effet, quelque chose s’approchait, et il ne faudrait pas longtemps pour qu’il soit devant nous.

« Elle est là… ! »

À peine le chef du groupe avait-il prononcé ces mots qu’un monstre bondit hors des broussailles. La créature ressemblait à un lion couvert de fourrure cramoisie, et la queue d’un scorpion s’étendait de son derrière.

C’était un manticore… et elle avait vraiment l’air aussi dangereuse qu’on le disait.

« Avant-garde ! Encerclez-la ! Arrière-garde, couvrez-nous ! »

Le groupe de Sérignan s’était jeté sur la manticore géante, qui avait répondu en montrant ses crocs aiguisés. Elle s’était abattue vers l’épée du chef du groupe en poussant son dard vers Sérignan et l’Essaim masqué. Naturellement, mes subalternes ne perdraient pas si facilement.

« Visez le dard ! Si vous l’enlevez, ce n’est qu’un lion ! »

« Haaaaah ! »

Sérignan s’était jetée sur la manticore, lui coupant la queue d’un seul coup. La manticore grogna de douleur et se prépara à frapper Sérignan dans sa rage. À ce moment, cependant, l’Essaim masqué intervint pour ne pas lui donner la possibilité de contre-attaquer.

« Maintenant ! »

Lysa et Bruno lancèrent leurs flèches. Ils tirèrent tous les deux le même type de flèche, mais celle de Lysa, boostée par sa force, pénétra profondément dans le crâne de la manticore, la rendant d’autant plus aveugle.

Avec une telle force, elle est elle-même un monstre.

« Magie, viens ! »

Bridgette déclencha une attaque magique pour l’achever, enveloppant la manticore dans les flammes. Les mouvements de la bête devinrent de plus en plus lents, et elle finit par s’immobiliser complètement.

Est-elle enfin morte ?

« Nous l’avons fait ! Nous avons gagné ! » acclama le chef du groupe.

« C’était un jeu d’enfant », murmura Sérignan, l’air insatisfait.

« Hé, tu es vraiment géniale. Tu viens de couper le dard de cette manticore comme si de rien n’était ! La plupart des gens ne pourraient pas rêver de faire un coup pareil. »

« Hmph. C’était comme si on coupait du papier. Je veux me battre contre un adversaire plus valable. »

Sérignan se retourna pour faire face à l’arrière-garde.

« Lysa et ta magicienne ont aussi donné les coups de grâce. »

« Et toi, ton habileté avec un arc était impressionnante. Tu as percé le crâne de la manticore avec une flèche ! Ça ressemblait honnêtement plus à un carreau de baliste à ce moment-là. », dit l’aventurier à Lysa.

« Vraiment ? Je l’ai juste coincée pour que tu puisses le frapper. », dit-elle timidement.

« Le coincer ? Pour de vrai ? Tu l’as littéralement cloué en place ! »

Lysa avait vraiment sa propre façon de voir les choses.

« Eh bien, je suppose que cela conclut notre quête de chasse à la manticore. Je suppose que ma prochaine question est… y a-t-il des monstres plus dangereux que les griffons et les manticores ? », avais-je demandé.

« Les griffons et les manticores ne vous suffisent pas ? Essayez donc les wyvernes de l’Empire de Nyrnal. On dit qu’ils sont plus effrayants qu’autre chose. Non pas qu’il y ait des wyvernes dans le désert, vous êtes donc en sécurité sur ce point. »

J’avais ressenti quelque chose à propos de ce qu’il m’avait dit.

« Hmm. Tu dis qu’il n’y a pas de wyvernes sauvages ? Alors où l’Empire de Nyrnal trouve-t-il ses wyvernes ? »

« Je ne sais pas. Peut-être qu’ils ont trouvé des œufs de wyverne et ont décidé de les garder pour eux tous seuls. L’Empire a trop de secrets, alors qui peut le dire ? »

Ça n’avait aucun sens. Pourquoi l’Empire de Nyrnal était-il le seul pays capable d’utiliser des wyvernes ?

« Je pourrais avoir besoin de mettre de côté un certain temps afin de vraiment penser à cet Empire », me murmurais-je.

« De toute façon, commençons par gérer ce manticore. Dépêchons-nous de retourner à la guilde et faisons-leur savoir que nous avons fini. »

« Bien sûr. Oh, mais pourrais-tu me dire ton nom d’abord ? Je ne t’ai pas encore entendu le dire. »

« Moi ? Je m’appelle Edgar. Ravi de te rencontrer, petite mademoiselle. »

Edgar m’avait fait un salut exagéré.

« J’espère qu’on pourra refaire une quête ensemble un jour. »

« Bien sûr, si on en a l’occasion. »

Sur ce, nous étions retournés à la guilde pour faire état de notre succès. Après avoir vaincu un griffon et une manticore en si peu de temps, notre petit groupe était devenu célèbre pratiquement du jour au lendemain. Cette notoriété était la clé pour obtenir ce que je recherchais vraiment.

***

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