Joou Heika no Isekai Senryaku – Tome 1 – Chapitre 7

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Chapitre 7 : Boulettes de viande

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Chapitre 7 : Boulettes de viande

Partie 1

Alors que je supervisais la conquête de Leen, mes Essaims Éventreurs s’étaient rués sur les régions du nord et du sud du Royaume. La formule pour chaque assaut était la même : les Essaims Fouilleurs détruisaient les portes, laissant la milice incapable de gérer les Essaims Éventreurs qui inondaient la ville.

L’Essaim avait hissé sa bannière d’effusion de sang, avait fait connaître son mantra de massacre et s’était empressé de procéder à l’abattage.

Veni, vidi, vici.

Les Essaims Éventreurs avaient transpercé les soldats et les habitants de la ville sans aucune pitié, et les essaims Travailleurs avaient rassemblé tous les cadavres en un seul endroit. Il ne restait plus qu’une chose à faire.

« Très bien. Il est temps de faire des boulettes de viande », avais-je dit aux Essaims Travailleurs.

« Des boulettes de viande, Votre Majesté ? » répondit l’un d’entre eux.

« Oui. Tu as fait ça dans le jeu, non ? Tu as transformé les troupes et unités travailleuses ennemis en boulettes de viande. C’est plus facile de les transporter jusqu’au four à fertilisation de cette façon, et elles prennent moins d’espace de stockage. »

« Vous souhaitez que nous fassions des orbes de proies ? Compris. Nous allons commencer sous peu. »

« Merci. »

De toute évidence, les Essaims Travailleurs avaient compris ma demande. Ils s’étaient occupés des corps, les transformant en viande hachée avec leurs griffes et leurs faux. Les vêtements et les armures des victimes s’accrochaient au produit final grâce à la salive adhésive des Essaims Travailleurs.

Parmi les cadavres se trouvaient le tailleur et les bouchers que je fréquentais. Mais je n’avais rien ressenti de particulier à l’égard de leur mort. C’était la guerre, et il était tout à fait naturel que l’autre camp ait des victimes.

Était-ce la manière de pensée typique de l’Essaim ? Ma conscience était-elle maintenant complètement contrôlée par le collectif ? Avais-je été dominé par la volonté d’une espèce sauvage qui voyait tous les autres comme des proies à dévorer ?

Non, pas du tout. Le tailleur et les bouchers avaient pris la décision de diaboliser les elfes, les traitants de barbares… et bien pire encore. C’est à cause de leur haine déraisonnable et de leurs commérages absurdes que le royaume de Maluk avait rassemblé une armée pour massacrer les elfes.

C’était eux qui avaient commencé cette guerre. J’avais simplement fait face à cette hostilité.

J’étais sûre que si j’avais laissé les soldats et les innocents tranquilles et que je leur avais permis de vivre en paix, il n’aurait pas fallu longtemps avant qu’ils n’attaquent à nouveau les elfes — ou peut-être même nous.

Pendant que je me perdais dans mes pensées, les Essaims Travailleurs continuaient à faire de la viande hachée. Une fois qu’ils avaient terminé, ils la divisèrent et l’enveloppèrent en des boulettes de viande rondes et soignées. Les Essaims Travailleurs les avaient appelés des orbes de proie, c’était donc probablement le terme le plus correct à utiliser. Mais cela n’avait pas vraiment d’importance, hein ?

« Que voudriez-vous que nous fassions ensuite, Votre Majesté ? »

« Mettez les deux tiers d’entre eux dans les nouveaux fours de fertilisation. Vous avez fini de les construire, n’est-ce pas ? »

« Oui, la construction est terminée. »

Le royaume de Maluk était ennuyeusement grand, et retourner chaque fois à notre base dans les tunnels prendrait beaucoup trop de temps. La vitesse était primordiale pour les ruées.

À cet égard, l’Arachnée était la faction idéale pour ce genre de stratégie. La production d’Essaims Éventreurs était peu coûteuse et rapide, ce qui signifiait qu’il était possible d’amasser une grande armée dès le début du jeu. Cela dit, le début du jeu était le seul moment où les Essaims Éventreurs étaient viables. Il s’agissait d’unités de courte durée qui pouvaient facilement être défaites par des unités améliorées dans la dernière partie du jeu.

Le Royaume de Maluk était grand, et notre nombre actuel d’essaims n’était pas suffisant pour tout couvrir. J’avais l’intention de tout détruire jusqu’au plus petit village, ce qui nécessiterait un nombre bien plus important. Pour cela, j’avais décidé de mettre en place des bases d’opérations avancées qui serviraient de quartier général sur le terrain.

Il s’agissait de petites structures de soutien qui fonctionnaient comme des bases miniatures, ou des sortes de ruches. Elles étaient construites autour des fours de fertilisation, qui produisaient les Essaims, et étaient également équipées de dépôts de chair pour le stockage des ressources.

Nous avions installé l’une de ces FOB (NdT : Forward Operation Base: Base d’opération avancée) avec le strict minimum de ce dont nous aurions besoin sur la place centrale de Leen. Nous utiliserions cet endroit pour produire d’autres essaims à envoyer sur le front.

Normalement, je ne me serais pas donné autant de mal pour une simple ruée avec des Essaims Éventreurs. Celles-ci exigeaient pour ainsi dire que vous misiez tout sur la vitesse. Mais l’ennemi avait le potentiel pour résister à la ruée cette fois. Je me devais donc d’être très prudente. L’ennemi avait des murs, par exemple, et il pouvait invoquer des êtres puissants comme cet ange.

En parlant de ça, je jure que je sais que cet ange vient de quelque part. Je me souviens très bien d’avoir tué un ange comme ça à un moment donné… Tant pis.

Que l’ennemi vienne nous frapper ou que nous marchions sur eux, il suffisait de les écraser. Les Essaims Éventreurs réduisaient tout en viande hachée et transformaient le sol sur lequel ils marchaient en une mer de sang infernale.

« Tous les fours de fertilisation produisent des Essaims Éventreurs. »

J’avais envisagé de produire des unités de niveau intermédiaire, mais j’avais décidé de me concentrer sur les Essaims Éventreurs pour l’instant. C’était les unités les plus rapides que j’avais, les Essaims Fouilleurs étant les deuxièmes. Si on mélangeait maintenant des unités plus lentes, on ne ferait qu’entraîner tous les autres vers le bas. On n’allait déjà pas aussi vite qu’on aurait dû.

Comme je l’avais mentionné, la vitesse était impérative pour les ruées. Je devais rapidement éliminer l’ennemi avant qu’il n’ait le temps de s’occuper de nous.

« Les bases au nord et au sud sont terminées, et ils produisent actuellement en masse des Essaims Éventreurs. Bientôt, il y en aura cent mille… Si je jouais comme ça sur mon PC, il surchaufferait probablement et s’éteindrait. »

Les Essaims Éventreurs avaient également vaincu les armées du nord et du sud, dévorant leurs habitants pour renforcer leurs forces. Ma conscience était maintenant liée à plus de 100 000 essaims individuels, et je pouvais sentir leurs blips dans la conscience collective ramper dans tout mon cerveau.

« Les Essaims Éventreurs doivent partir par groupes de cinquante dès qu’ils seront terminés. Attaquez-les par vagues. Nous allons leur apprendre à quel point une ruée d’Essaims Éventreurs peut être effrayante. Montrez-leur comment vous dévorez tout sur votre passage et renversez même les soi-disant forteresses imprenables. »

La conscience collective est bien sûr pratique. Je n’ai pas eu à lever le petit doigt. Mes ordres ont été instantanés, tout comme ils l’étaient lorsque j’ai joué au jeu. Cela m’a permis de tout observer comme si cela venait d’en haut, ce qui m’a aidée à trouver les meilleures stratégies possible.

« Sérignan, viens avec moi sur le front. Je vais avoir besoin de toi pour rectifier certaines choses. »

« Oui, Votre Majesté. Mais ne serait-il pas préférable que vous restiez derrière, dans un endroit sûr ? »

Hmm. Elle avait raison. Je n’étais pas très utile sur les lignes de front de la bataille. Si quelque chose arrivait, je me mettrais probablement en travers du chemin. Les unités de l’Arachnée étaient les muscles tandis que la reine était le cerveau.

« Quand même, je vais y aller. Je veux voir ce que j’ai fait de mes propres yeux. »

J’avais finalement décidé d’y aller. Il fallait que je témoigne de ce que j’avais fait. Voir les choses à travers la conscience collective ne serait pas suffisant.

« Si telle est votre volonté, je vous protégerai avec ma vie. »

« Je compte sur toi. »

Les lignes de front seraient probablement jonchées de cadavres. Ceux-ci seraient ensuite transportés vers une base d’opérations avancée, où ils seraient transformés en boulettes de viande qui donneraient naissance à d’autres Essaims Éventreurs.

Qu’est-ce que je penserais en voyant ça ? Est-ce que je regretterais mes actes ? Aurais-je pitié d’eux ? La responsabilité de tout cela pèserait-elle profondément sur ma conscience ?

Impossible. D’une certaine façon, je savais que rien de tout cela n’arriverait.

« Laissez-nous partir, Votre Majesté. »

Je marchais à côté de mes grotesques et adorables insectes. Je leur avais promis de les guider vers la victoire. Le regret, la pitié et la responsabilité morale n’avaient pas leur place dans mon cœur. Si quelque chose me pesait, c’était la crainte de ne pas pouvoir les guider correctement.

L’Arachnée sera-t-elle capable de gagner sous ma direction ?

Non, il est inutile de le demander. Je vais prouver que j’en suis capable. Si quelqu’un peut le faire, c’est moi, alors je vais y arriver. Peu importe la quantité de sang qu’il me faudra verser. Après tout, ma défaite signifierait l’annihilation de ces petits qui m’adorent tant.

« Sérignan, je ne vais pas perdre. Je vais prouver que je peux gagner, quoiqu’il arrive et contre qui que ce soit. »

« Oui, Votre Majesté. Et nous vous suivrons où que vous alliez. »

Nous étions donc partis au front, notre cœur empli par notre résolution.

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Partie 2

« Aaargh ! Quelqu’un peut-il expliquer ce qui se passe !? »

Le roi Ivan II était furieux lors d’une réunion avec ses conseillers au palais royal de Siglia. Le roi pensait qu’ils avaient envoyé leurs troupes effectuer une mission simple : éliminer les elfes et les forces avancées de Nyrnal. Il avait même accordé la permission d’utiliser une force excessive de 15 000 hommes pour cette mission.

De plus, Omari avait déjà commencé à parler des célébrations qu’ils devraient organiser pour leur victoire dans quelques semaines.

Mais assez vite, leur moral avait été rendu au plus bas.

Tout d’abord, ils avaient perdu tout contact avec la garnison de l’Est. On supposait que leurs troupes avaient été anéanties. 15 000 hommes avaient disparu. Il semblerait aussi qu’ils avaient été si rapidement et si complètement vaincus que pas un seul d’entre eux n’avait eu le temps d’écrire au palais à ce sujet.

Puis, le roi et son conseil commencèrent à recevoir des rapports de partout sur les monstruosités grotesques qui attaquaient leurs villes et villages. L’ennemi avait apparemment submergé la milice et les soldats avec un nombre inimaginable. Pas un seul rapport de victoire n’arriva au palais.

« Que se passe-t-il dans mon royaume, Odevski !? »

« Euh, j’ai bien peur de ne pas savoir, milord. Rien n’est clair pour le moment. La plupart des hommes que nous avons envoyés pour enquêter ne sont pas revenus, et ceux qui sont revenus ont trop peur de parler de ce qu’ils ont vu. », répondit nerveusement Omari.

« Vous dites que les Nyrnals ont lancé une véritable invasion ? Ont-ils l’intention de revendiquer nos terres ? »

Dès que le conseil avait appris la défaite de la garnison de l’Est, il envoya une équipe de recherche. Étonnamment, l’équipe de recherche, composée de quelques soldats d’élite de l’armée de Maluk, avait presque elle-même été anéantie. Les quelques survivants qui étaient revenus étaient paralysés par leur terreur, et ne parvenaient qu’à marmonner des délires sur des insectes.

« Non, selon les diplomates de Nyrnal, l’Empire n’a rien à voir là-dedans. Leur ambassadeur nie toute implication. Et d’après ce que nous dit notre division des renseignements, leur armée ne s’est vraiment pas mobilisée. », déclara Slava.

L’Empire de Nyrnal insistait sur le fait qu’il n’avait rien à voir avec cette étrange série d’événements. Selon eux, ils n’avaient pas d’hommes stationnés dans la forêt et n’avaient pas conspiré avec des elfes pour détruire les Chevaliers de Saint-Augustin. Ils n’avaient rien à voir non plus avec le chaos qui régnait dans tout le royaume.

En fait, l’ambassadeur de Nyrnal était scandalisé par ces accusations. Il affirmait qu’elles constituaient une terrible insulte à la diplomatie et une tentative agressive de la part du Royaume de rejeter la responsabilité de leurs problèmes sur l’Empire.

« Alors, qui nous attaque ? Qui d’autre est capable de telles invasions sauvages ? »

« Nous ne savons pas, Seigneur. »

Personne n’avait pu lui répondre.

« Comment est-il possible que notre ennemi soit arrivé si loin et que nous ne sachions même pas qui il est ? Notre pays n’a jamais connu un tel échec ! Les rapports dont nous disposons indiquent que l’ennemi a déjà terminé sa prise des montagnes de Lœss et qu’il continue à avancer. »

La chaîne des montagnes de Lœss s’étendait légèrement à l’ouest du centre du Royaume. C’était une zone escarpée contenant plusieurs routes étroites qui servaient de voies de ravitaillement au Royaume de Maluk en cas d’urgence.

Le terrain était étroit et les routes étaient souvent des goulots d’étranglement, la seule sortie à flanc de montagne. Cette géographie fournissait au Royaume une excellente ligne de défense à l’ouest, car elle empêchait les ennemis de marcher en grand nombre à travers les montagnes, des troupes sporadiques ou en formation pouvaient facilement être éliminées avec quelques soldats du Royaume. Moins il y avait de troupes ennemies, plus il était facile de contre-attaquer par la suite.

Cependant, la chaîne de montagnes était déjà tombée entre les mains de l’ennemi. Personne ne savait comment, mais les quelques soldats de Maluk qui s’étaient échappés des montagnes avaient été pourchassés et tués par des hordes ennemies.

Oui, c’était bien l’attaque par vagues de la reine de l’Arachnée. Les soldats du Royaume avaient essayé de bloquer leur chemin au niveau des goulots d’étranglement, mais les Essaims Fouilleurs avaient détruit le sol en dessous d’eux. Après cela, l’assaut des Essaims Éventreurs décima les soldats restants.

Les Essaims s’étaient véritablement écrasés sur eux comme une série de vagues déferlantes. Leurs exosquelettes déviaient les flèches, rendant les arcs inutiles. Cependant, les catapultes et les sorts d’attaque mis en œuvre depuis les forteresses s’étaient avérés efficaces contre les Essaims Éventreurs. Les montagnes de Lœss étaient jonchées des cadavres transpercés et carbonisés des Essaims Éventreurs qui avaient été victimes des armes des humains… mais les corps des soldats qui avaient été emportés par le raz-de-marée noir étaient bien plus nombreux qu’eux.

Ses tactiques étaient indéniablement redoutables.

La ligne défensive des montagnes de Lœss avait été écrasée par une ruée massive d’Essaims Éventreurs. Non seulement l’Essaim avait envahi les montagnes, mais il avait aussi construit une nouvelle base d’opérations avancée. Les soldats avaient été réduits en des boulettes de viande placées dans des dépôts de chair ou chargées dans le four de fertilisation pour produire davantage d’Essaims Éventreurs.

« Comment sommes-nous censés les arrêter ? ! »

« Heureusement, nous avons encore un point pour les retenir… la rivière Aryl. Nous allons frapper l’ennemi alors qu’il essaie de traverser l’Aryl », déclara Omari.

La rivière Aryl coulait à l’ouest des montagnes de Loess. Elle prenait naissance dans le lac Aryl-Yel, puis coulait vers le sud à travers le royaume de Maluk. La rivière était la deuxième ligne de défense du Royaume après la chaîne de montagnes de Lœss. Peu importe qui était l’ennemi, il était sans défense pendant un certain temps lorsqu’il traversait une rivière. Ces précieux moments de vulnérabilité étaient ceux pendant lesquels les militaires de Maluk avaient tendance à frapper.

Pendant que l’ennemi tentait de traverser, les soldats du Royaume les inondaient d’attaques en provenance de la rive opposée. Si l’ennemi réussissait à débarquer, les soldats les chargeaient avant qu’ils n’aient le temps de s’organiser. De cette façon, les forces ennemies s’effondreraient sur leurs points les plus vulnérables et mourraient sur les rives de l’Aryl. L’invasion serait arrêtée avant de pouvoir vraiment commencer.

« Une bataille le long de l’Aryl, dites-vous ? Alors, rassemblez nos forces. Cette bataille sera décisive. Rassemblez tous les hommes qui ont été divisés entre nos forteresses et rassemblez-les pour cette bataille. Pouvez-vous faire cela, Omari ? »

« Bien sûr. J’ai déjà dit à certains de nos hommes que l’Aryl doit être défendu. Nous avons beaucoup d’hommes stationnés à chaque pont. Ce sera une bataille difficile, mais cela nous donne aussi la plus grande chance de sortir victorieux. »

L’identité de l’ennemi était encore inconnue, mais le royaume de Maluk avait décidé de mener une bataille défensive le long des rives de l’Aryl. Un tel plan fonctionnerait-il, étant donné qu’ils ne savaient pas qui était l’ennemi ? Quelle que soit l’issue, c’était leur seule option. La triste vérité était que si l’ennemi perçait la rivière, la capitale serait juste sous leurs yeux. Un échec dans ce domaine signifierait la chute du royaume de Maluk.

« Alors, partez immédiatement. Arrêtez l’ennemi à la rivière Aryl, quoi qu’il arrive. »

« Comme vous le souhaitez, Votre Majesté. Je vais commencer les préparatifs immédiatement. »

Et avec cela, le conseil de guerre s’était achevé.

« Père ! »

Ivan II quitta la grande salle de réunion, dépourvu d’inquiétude et d’anxiété, et fut accueilli par sa petite Elizabeta. Elle n’était pas autorisée à se joindre à la réunion de guerre. Elle avait donc patiemment attendu dehors.

« Père, avons-nous arrêté l’invasion ? J’ai tellement peur… Si les ennemis sont des alliés des elfes, ils peuvent aussi manger les humains ! »

« Tout ira bien. Nous venons de discuter d’un plan pour arrêter l’invasion, et il réussira. Nous utiliserons la puissance de toutes nos forces pour arrêter ces méchants, et tu n’auras plus rien à craindre. C’est aussi certain que le lever du soleil à l’aube, ma chère. »

Même la jeune Elizabeta avait entendu parler de l’invasion en approche. L’ennemi avait rapidement vaincu les 15 000 soldats de la garnison orientale et continuait à marcher, et leur seconde division venait de prendre les montagnes de Loess.

C’était certainement une invasion tyrannique. Les dames d’honneur étaient déjà en deuil, certaines de leur malheur, et les nobles femmes se demandaient où elles pourraient s’enfuir avec des voix tremblantes. Ceux qui ne pouvaient pas se battre n’avaient pas d’autre choix que d’attendre dans la crainte de l’invasion.

« J’espère bien. Il y a tant de terreur et de tristesse dans la cour. Beaucoup ont des frères, des pères, des maris et des fils qui sont partis se battre et ne sont jamais revenus. On ne peut qu’imaginer ce que ces barbares leur ont fait… », déclara Elizabeta, au bord des larmes.

« Repose-toi bien, chérie. Nous ne serons pas vaincus. Stefan sera également en première ligne, alors prie pour son retour en toute sécurité. Les gens du Royaume devraient tous prier pour leurs proches dans un moment comme celui-ci. »

« Oui, Père. Je suis sûre qu’il ira bien, et qu’il nous reviendra vivant et en bonne santé. Moi aussi, je prierai pour sa sécurité au combat. »

Stefan Stroganoff était un descendant d’une longue maison de ducs, et était lié par le sang à la famille royale. En tant que princesse, Elizabeta lui avait été promise à l’âge de huit ans, et leurs fiançailles furent accueillies avec d’innombrables bénédictions du peuple. Elizabeta elle-même était excitée à l’idée d’épouser Stefan. Dans deux ans seulement, elle serait jugée assez âgée pour l’épouser, et tous deux seraient sur le point de fonder une famille heureuse.

Le fait qu’un duc épouse un membre de la famille royale renforcerait encore la politique du royaume. Les affaires intérieures se stabiliseront et le pays pourra se consacrer aux affaires extérieures, à savoir le commerce et les relations avec l’Empire de Nyrnal.

Mais Stefan était déjà considéré comme un adulte et comme le chef d’une famille ducale, et ses fonctions de noble lui demandaient de se rendre sur le champ de bataille. Même s’ils avaient été mariés, il aurait probablement laissé Elizabeta dans sa propriété et serait quand même parti se battre.

Elizabeta pria le Dieu de la Lumière à maintes reprises, le suppliant de protéger Stefan. Elle souhaitait que son bien-aimé revienne sain et sauf, et que les deux puissent se marier avec la bénédiction des citoyens et du Dieu de la Lumière lui-même. Pour l’instant, rien ne lui importait plus.

« La bataille va bientôt commencer. Que la victoire soit de notre côté. »

« Oui. S’il te plaît, gagne cette guerre, Père. »

Pourtant, personne ne pouvait dire qui sortirait victorieux.

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