Je suis un bâtard mais tu es pire – Tome 1 – Chapitre 16

+++

Chapitre 16 : Un visiteur nocturne

Dans une petite ville située dans la province orientale du royaume de Lamperouge… Dans un bâtiment plongé dans une obscurité totale, des voix se firent entendre.

« Une demande a été reçue de Sullivan Nommes pour l’assassinat de Dyngir Maxwell. »

La présence dans l’obscurité parlait avec une faible voix. Plusieurs autres présences firent surface, puis une autre voix résonna dans l’obscurité.

« Hohoho… le prince héritier déshérité souhaite donc la mort du héros de l’Est. Quelle imprudence… ! »

« Cet homme n’a sûrement aucune chance de gagner contre Dyngir Maxwell en utilisant des méthodes conventionnelles. »

« Certainement… une fois qu’une requête a été reçue, nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour l’accomplir. Telle est la loi des “Crocs d’Acier”. »

« Héhé, cela marque la fin de cet homme. »

L’une des présences dans l’obscurité disparut. Les autres le suivirent, l’une après l’autre, jusqu’à ce qu’il n’en reste plus qu’une.

« Alors… les choses vont-elles se dérouler comme prévu, ou non ? Cela va être intéressant… »

La dernière présence disparut également. La seule chose qui restait dans la pièce sombre était un silence assourdissant.

+++

L’homme vêtu de noir courait à travers la ville endormie.

Il était déjà tard dans la nuit : seul le clair de lune illuminait les rues.

L’homme en noir frôlait les ivrognes et les femmes de plaisir sur son passage, mais personne ne semblait le remarquer.

C’était comme si l’homme faisait partie du paysage nocturne : tout le monde continuait à marcher, inconscient de son existence.

« Hah ! »

L’homme atteignit finalement sa destination.

Il utilisa l’élan de sa course pour sauter par-dessus un grand mur. Il atterrit sans faire de bruit et se faufila rapidement dans l’ombre d’un petit arbre.

Dissimulé derrière l’arbre, l’homme scruta le jardin de la résidence qu’il avait infiltrée.

Des soldats armés se trouvaient ici et là dans le jardin, accompagnés de chiens de chasse : la sécurité de la résidence était comparable à celle d’un fort militaire.

« … La sécurité est renforcée, comme on peut s’y attendre de la part d’un maréchal. »

Le lieu infiltré par l’homme était l’un des endroits les plus gardés de la province orientale, la résidence du maréchal Maxwell.

Des soldats patrouillaient dans le manoir à tout moment.

Même l’homme, un assassin chevronné, n’aurait pas pu s’infiltrer facilement dans les locaux du manoir sans connaître à l’avance la position des gardes et leurs horaires de patrouille.

« D’accord… à cette heure-ci, la cible devrait être dans sa chambre, probablement avec l’une de ses femmes. »

L’homme se rappela ce qui s’était passé plus tôt dans la journée, puis il soupira et haussa les épaules.

Il avait espionné la cible, qui se trouvait dans une autre résidence, et l’avait trouvé en train de se livrer à des actes obscènes en plein jour.

L’homme continua à observer, se sentant franchement envieux. La cible avait apparemment détecté qu’elle était observée, mais avait malgré tout continué son amusement. Finalement, l’homme en noir avait été attaqué de manière inattendue.

« Je dois admettre qu’il est toujours aussi effronté… pas étonnant qu’on le qualifie de prodige. »

L’homme profita d’une légère ouverture dans la sécurité du manoir et se faufila dans le hall d’entrée.

Il avait brûlé un encens spécial à l’avance, afin de tromper l’odorat des chiens de garde.

À l’intérieur du manoir, il ne semblait pas y avoir de gardes. Les résidents étaient apparemment tous endormis, car l’homme ne pouvait sentir aucune présence humaine.

« La chambre de la cible est… »

« Oh là là, un invité à cette heure-ci. Comme c’est rare. »

« Quoi !? »

Surpris par la voix soudaine venant de derrière lui, l’homme fit volte-face et se retourna.

Il n’y avait aucune présence quelques secondes auparavant, mais maintenant une silhouette humaine se tenait devant lui.

« Cher invité, je dois vous demander de sonner à la porte avant d’entrer. »

Devant l’homme en noir se tenait une jeune servante de petite taille.

Elle avait les cheveux et les yeux noirs, une rareté dans le royaume. Sans un bruit, elle s’était avancée juste à côté de l’homme.

« Kh.… ! »

L’homme remarqua une certaine chose de brillant dans sa main et effectua instinctivement une manœuvre d’évitement.

L’instant suivant, une lame trancha l’espace précédemment occupé par l’homme.

« Parler avant de faire une attaque-surprise ? N’es-tu pas une gentille petite fille ? »

L’homme était sûr que si la servante avait attaqué avant de dire quoi que ce soit, il n’aurait pas pu éviter complètement son attaque.

La petite fille devant lui était une habitante des souterrains, comme lui, avec des compétences peut-être supérieures aux siennes.

« Je dois faire de l’exercice de temps en temps, sinon mon corps va s’affaiblir. »

« C’est une sacrée assurance ! C’est quelque chose de mortel dans notre métier !! »

L’homme sortit des couteaux de lancer de sa poche et les tira sur la femme de chambre.

La servante, cependant, esquiva les lames volantes sans trop d’effort.

« Petite fille naïve !! »

L’homme avait naturellement prédit qu’elle esquiverait les couteaux : il ne les avait utilisés que pour faire diversion.

Il attrapa le bras droit de la servante, l’empêchant d’utiliser sa lame, et profita de la différence de physique pour la pousser au sol.

« La victoire est à moi ! »

« On dirait bien. »

La servante accepta sa défaite trop facilement.

L’homme avait un large sourire sur les lèvres, mais son expression se transforma rapidement en glace.

« Mph ! »

« Nghah !? »

Une minuscule aiguille sortit de la bouche de la servante, perçant le cou de l’homme.

La paralysie se répandit rapidement dans le corps de l’homme, qui glissa et tomba, impuissant.

« Une… fléchette… ? Poison… ? »

« Bien sûr. Je ne lutterais jamais contre un homme avec des bras aussi fins que les miens. »

La servante poussa le corps mou de l’homme sur le côté et se glissa sous lui.

Elle lui donna ensuite un coup de poing sur les côtes, comme pour lui donner le coup de grâce.

« Je suis terriblement désolée, mais le seul homme autorisé à me monter est mon maître, le Seigneur Dyngir Maxwell. »

Après avoir prononcé ces mots, avec une sorte de fierté dans le ton, la servante attrapa le masque de l’homme. Elle enjamba son corps et l’enleva avec force.

« Même si nous sommes parents, tu n’as pas le droit de me toucher sans permission… frère Oboro. »

« Tu es devenue vraiment compétente… Sakuya. »

L’homme en noir louait honnêtement la servante (et petite sœur) qui l’avait vaincu si facilement.

+++

J’avais attendu que la bagarre entre Sakuya et Oboro se termine et j’avais descendu les escaliers vers le hall d’entrée.

« Alors c’est bientôt fin… hey, qu’est-ce que vous faites ? »

« Ghah, ghuh, gheh, au sec, au secours… ! »

Sur le sol en marbre gisait Oboro, un assassin et une de mes connaissances.

Puis, pour une raison inconnue, Sakuya se tenait sur son torse — ou plus précisément, elle le piétinait.

Ses pas rythmés donnaient l’impression qu’elle dansait, alors qu’elle continuait à piétiner la poitrine et le ventre de son grand frère avec ses talons.

« … C’est quoi ça, Sakuya ? »

« Une forme de toilettage, Seigneur Dyngir. »

Sakuya répondit à ma question sans changer un seul instant son expression.

« Il serait problématique pour le Seigneur Dyngir et la maison Maxwell qu’un homme aussi pathétique que celui-ci, qui perd contre sa sœur de cinq ans plus jeune que lui, devienne le prochain chef des “Crocs d’Acier”. Ainsi, je dois corriger le caractère tortueux de mon frère, comme vous pouvez le constater. »

Sakuya n’avait pas cessé de « danser » sur son frère tout au long de l’explication.

« Dah ! Gwah ! Gah ! Je-jeune Maître ! ! Je vous supplie ! Votre aide ! Gwah ! Les talons sont en train de percer mon foie ! Il va éclater ! »

« Silence. Tu ne dois pas parler au Seigneur Dyngir à moins qu’on te le demande. »

« Gwah ! Est-ce la façon de traiter ton frère ? Gwuh ! Aïe ! Des côtes sont cassées ! »

« Tu ne m’as pas entendu ? Je t’ai dit de te taire. Tes oreilles sont-elles de simples décorations ? Je suppose que tu n’en as donc pas besoin ? »

« Gweah !? Pas de coup de pied à la tête ! Les orteils sont entrés dans mes oreilles… mes tympans ! ? »

« … Sakuya. Laisse-le tranquille pour l’instant. Je ne peux pas lui parler comme ça. »

« Compris. »

Suivant mon ordre, Sakuya suspendit sa torture… non, son « toilettage » immédiatement.

Je m’étais approché d’Oboro, pitoyablement étalé sur le sol. Je m’étais accroupi et j’avais regardé son visage.

« Vas-tu bien ? Est-ce que tu m’entends ? »

« Je… j’aurais aimé que vous m’aidiez plus tôt… »

« Eh bien, tu sais, il n’est pas convenable d’interrompre une discussion entre frères et sœurs. », gloussais-je tout en secouant la tête.

Il y avait peut-être des gens qui aiment se faire frapper et piétiner par une fille, mais, malheureusement, ce n’était pas vraiment le genre de truc qu’aimait Oboro.

« Bon, alors, pouvons-nous commencer par interroger ce prisonnier de guerre ? Pourquoi as-tu infiltré le manoir ? »

Je connaissais déjà la réponse, mais j’avais tout de même demandé, par formalité.

« Heh, je ne peux pas répondre à cette question. Les “Crocs d’Acier” ne trahissent pas leurs mécènes. »

Comme je m’y attendais aussi, Oboro avait refusé de parler.

C’était le genre d’échange auquel il fallait se plier pour la forme… mais Sakuya, pourtant au courant de telles circonstances, réprimanda vivement son frère.

« Le Seigneur Dyngir a posé une question ! Comment oses-tu refuser de parler ? »

« Gwah ! N -non, c’est juste pour les apparences… hey, assez de coups de pied !! »

« Ah, er, alors peux-tu me répondre maintenant ? »

La conversation était sur le point de dérailler à nouveau, alors je les avais interrompus.

Oboro saisit cette opportunité de salut que je lui offrais et répondit avec empressement.

« Je… très bien ! Si vous voulez tant le savoir, alors je suppose que je dois parler ! Nous avons été sollicités par Sullivan Nommes afin d’assassiner Dyngir Maxwell !! »

La confession d’Oboro confirmait ce que je soupçonnais.

Je baissai les yeux et soupirai profondément.

« Aah… Je vois. Comme prévu, il n’a pas pu accepter de devenir un membre de la noblesse de la province orientale… il n’a pas pu se séparer de son passé de prince héritier. »

« Vous avez mes condoléances, jeune maître. »

Je ne sais pas comment Oboro avait pris mes paroles, mais il avait essayé de me consoler.

Moi, cependant, j’avais secoué la tête et ri.

« Oh non… c’est quelque chose à laquelle je m’attendais, mais c’est tout de même triste. Être obligé de condamner un homme qui a du sang royal dans les veines, c’est juste… tellement tragique… haha… hahaha… »

« Vos paroles et vos expressions ne correspondent pas, Seigneur Dyngir. »

Je fis un geste de la main suite à la remarque sérieuse de Sakuya et continuai à parler avec Oboro.

« Tu as la preuve que Sullivan a demandé mon assassinat, pas vrai ? »

« Bien sûr. Cet homme a signé le contrat et l’a même scellé avec du sang. Il l’a fait si facilement, sans même penser que ça pouvait être un piège. »

« Vraiment. Je suppose que les imbéciles resteront toujours des imbéciles. »

Honnêtement, je ne m’attendais pas à ce qu’il tombe dans le panneau si facilement.

Un homme que vous rencontrez par hasard vous dit que les assassins légendaires, les « Crocs d’Acier », existent vraiment et vous le croyez juste comme ça ?

Non seulement cela, mais vous avez aussi cru que la maigre somme d’argent que vous pouviez payer était suffisante pour l’assassinat du fils d’un maréchal ?

Vous êtes allé de l’avant et avez même signé le contrat, croyant que tout allait être résolu ?

Tout cela était mon plan. Il n’y avait aucune chance que la « vengeance » de Sullivan réussisse depuis le début.

« Quel crétin sans limites ! Échouer comme ça à mon “test de loyauté”… au moins maintenant, je peux disposer de lui sans réserve. »

La mort de Sullivan était maintenant décidée.

La série d’événements entamée par mes fiançailles brisées se poursuivait plus longtemps que prévu, mais la conclusion était enfin en vue.

Quand à mon dernier geste de pitié… c’est vous qui choisirez si vous mourrez d’une mort rapide ou d’une mort vraiment douloureuse.

Tout en considérant ces pensées, j’avais exprimé ma gratitude à Oboro.

« Je suis désolé de t’avoir fait faire quelque chose de si pénible, Oboro. Tu peux partir maintenant. Je t’enverrai un bon alcool la prochaine fois. Passe aussi le bonjour à l’aîné. »

« Compris, jeune maître.… au fait, Sakuya… je ne peux pas encore bouger d’un pouce. Quel genre de poison as-tu utilisé ? »

« Une dose mortelle de poison paralysant, cher frère. »

La réponse de Sakuya à la question d’Oboro était plutôt choquante.

« M-Mortelle !? Comment as-tu pu tuer ton propre frère !? »

« Repose en paix, cher frère. Grâce à ton entraînement, tu seras capable de résister à ses effets pendant deux heures. »

« Donc dans deux heures je serai mort ! ? Et je devrais rester tranquille ! ? Donne-moi l’antidote, maintenant !! »

J’avais regardé Oboro, toujours allongé sur le sol, mais qui faisait des histoires, et une question m’était venue à l’esprit.

« Tu ne peux pas bouger d’un pouce, mais tu peux beaucoup parler, hein ? »

« Oui, j’ai préparé une concoction spéciale qui permet d’interroger la victime d’un tel poison. Je ne l’ai pas appris pendant mon séjour aux “Crocs d’Acier”, mais je l’ai créé moi-même. »

« Oh, continuer à étudier comme ça est impressionnant. Bien joué, Sakuya. »

Je m’étais rapproché Sakuya et lui avais tapoté la tête. Son expression s’était adoucie. Elle posa alors sa tête contre ma poitrine.

« H-hey, vous pourrez avoir vos échanges intimes plus tard ! L’antidote d’abord !! »

J’aurais aimé porter Sakuya au lit comme ça — mais l’homme étalé sur le sol, Oboro, s’était mis en travers de mes plans.

« Sakuya, ce serait une douleur de le voir mourir, alors donne-lui maintenant l’antidote. Il va réveiller tout le manoir. »

« Oui, mon seigneur. »

Sakuya répondit à mon ordre en pinçant les ourlets de sa jupe de soubrette et en s’inclinant poliment.

« Je vais maintenant aller concocter l’antidote. S’il vous plaît, attendez un peu. »

« Tu vas le faire maintenant ! ? Pourquoi ne l’as-tu pas préparé !? »

« S’il te plaît, arrête de faire des histoires. Cela te donne l’air pathétique, cher frère. Cela ne me prendra qu’une heure environ pour la concoction, alors s’il te plaît, attend ici. »

« C’est très proche de ma limite ! Alors tu veux vraiment tuer ton propre frère !! »

Sakuya ignora les supplications de son frère concernant sa vie et s’approcha de moi.

Elle se dressa sur ses orteils et pressa ses lèvres contre les miennes tout en souriant faiblement.

« Je serai à vos côtés dès que possible. S’il vous plaît, attendez-moi au lit. »

« Oui, je t’attendrai… mais laisse-moi goûter rapidement à l’avance. »

« Mmh… »

Cette fois, j’avais pressé mes lèvres contre les siennes et j’avais pénétré dans sa bouche. Sakuya étira sa langue et l’emmêla avec la mienne.

« L’antidote !!! S’il te plaît ! La mort approche !! »

Sakuya et moi avions continué à échanger des baisers passionnés, avec les supplications désespérées d’Oboro comme sorte de musique de fond.

+++

Si vous avez trouvé une faute d’orthographe, informez-nous en sélectionnant le texte en question et en appuyant sur Ctrl + Entrée s’il vous plaît. Il est conseillé de se connecter sur un compte avant de le faire.

Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

Laisser un commentaire