J’ai été réincarné en une Académie de Magie ! – Tome 4 – Chapitre 52

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Chapitre 52 : Les nouveaux acteurs de la ville

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Chapitre 52 : Les nouveaux acteurs de la ville

Partie 1

Quand nous avions vu la ville au loin, nous avions pensé qu’elle était proche, mais en vérité, elle était encore assez loin. Elle était située dans une petite dépression au cœur de la montagne, et la forêt lui servait de camouflage naturel. Ce n’était que d’en haut que l’on pouvait facilement la repérer. Le sommet du palais ne dépassait pas le sommet des arbres immenses de la forêt. Contrairement à Perto, celui-ci possédait deux murs de protection : l’un autour du palais, l’autre autour des belles maisons des nobles. L’extérieur était laissé à lui-même. Il y avait même un petit colisé à l’extrême droite de la cité.

L’entrée dans la ville se faisait par divers points de contrôle, mais un voleur ou un assassin habile pouvait trouver d’autres moyens d’aller à l’intérieur. Il y avait des moyens beaucoup plus faciles d’entrée, mais les deux murs étaient lourdement gardés par des patrouilles constantes. L’architecture de l’endroit me rappelait les films et les séries télévisées sur l’époque médiévale européenne. Les toits étaient en bois et ils avaient des formes triangulaires. La structure était faite de planches rassemblées avec des clous. Très peu d’entre eux avaient une fondation ou des murs de pierre solides, du moins parmi les maisons extérieures, mais à l’intérieur des murs, il n’y avait même pas une seule maison en bois.

De loin, les rues semblaient étroites, juste assez pour qu’une calèche passe, et en faire passer deux allait probablement être dur. Elles étaient couvertes de petites pierres pour que les citoyens ne marchent pas dans la boue dès qu’ils sortaient de leur maison. Les routes principales, d’autre part, pouvaient accueillir même cinq chariots avec facilité et étaient pavées de tuiles de pierre.

C’était la première fois que j’allais entrer dans une grande ville de ce monde, même si, quand j’étais en Roumanie, j’avais vécu avec Alina dans un petit appartement à Bucarest. Comparée à elle, cette ville était très petite. Si je devais le comparer à Moscou ou à New York, je pense que tout cela correspondrait à 20-25 % de la ville entière, ou peut-être moins ? Pour ce qui était de la vitesse de marche, il faudrait tout au plus une heure et demie pour passer d’une porte à l’autre, et ce, en marchant en ligne droite.

Pour sauver les apparences, j’avais mis mon sweat à capuche sur ma tête, pour cacher les cheveux verts qui poussaient sur ma tête, et Nanya avait porté son anneau d’illusion. Nous voulions être incognito autant que possible.

« Je me demande si on peut avoir une chambre avec un bain..., » avais-je dit en approchant du premier point de contrôle.

« Les baignoires ne sont généralement achetées que par les riches et les nobles. Les paysans et la plupart des roturiers n’utilisent qu’un gros tonneau. Ils chauffent l’eau s’ils le peuvent, mais la plupart du temps, ils se lavent à l’eau froide, » expliqua Nanya.

« Et toi, qu’en penses-tu ? » lui avais-je demandé.

« Quand je voyageais seul ou avec Tuberculus, j’avais l’habitude de prétendre que je n’en avais pas besoin. Ce que j’avais alors fait, c’est louer une chambre bon marché et faire venir la baignoire de mon esprit intérieur. Chauffer de l’eau est facile lorsque tu as certaines compétences de donjon, » répondit-elle en souriant.

« Oh, tu aurais dû me dire que tu pouvais faire ça ! J’ai aussi besoin d’un bain chaud ! » mentionna Ayuseya.

« Dois-je construire une source d’eau chaude pour vous ? Par contre, cela sera un bain mixte, » avais-je dit en souriant. Puis j’avais regardé la grande dragonne à côté de moi.

« Je ne sais pas ce que c’est..., » elle plissa son front.

« Oui, qu’est-ce que c’est ? » demanda Nanya.

« Blasphème ! Ce monde vient de commettre un péché atroce ! Comment n’ont-ils pas encore trouvé la beauté des sources chaudes ? » avais-je dit d’un ton exagéré, pointant mon doigt vers le ciel.

« Hein ? » les deux femmes se regardèrent un peu confuses.

« Eh bien, ce n’est pas comme si j’y étais déjà allé, » avais-je haussé les épaules. « Si nous en trouvons une, je vous le ferai savoir... ou je peux essayer d’en construire une. » Je m’étais gratté l’arrière de la tête, me demandant comment exactement j’étais censé atteindre la température parfaite pour l’eau avec seulement le chauffage géothermique.

« D’ici là, on peut juste essayer les bains communautaires. Chaque ville en a un, » déclara Nanya.

Aucune d’entre elles ne m’avait demandé où j’avais entendu parler d’une source chaude avant. Elles avaient probablement pensé que je l’avais lu quelque part dans un livre.

« Vous ne dites rien ? » leur avais-je demandé avec un sourire.

« Essuie le sourire pervers de ton visage, Illsy. Si je te surprends à regarder d’autres filles, je ferai en sorte que tu souffres ! » la démone m’avait menacé.

Elle avait dit que son genre était un peu possessif quand il s’agissait de copains. Y compris la jalousie ?

« Alors j’utiliserai des œillères et je ne regarderai que vous trois, » avais-je souri.

La démone m’avait regardé dans les yeux, mais elle ne m’avait pas répondu.

Est-ce un oui ? m’étais-je demandé.

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[Point de vue du garde A]

Beaucoup de voyageurs viennent dans cette ville, oui. Beaucoup de riches et de pauvres, mais peu se sont installés ici. Je monte la garde ici depuis trois heures maintenant, et depuis que j’ai commencé il y a huit ans, je n’avais jamais vu un groupe comme celui qui nous approchait actuellement.

L’homme au milieu d’un groupe de quatre femmes avait les yeux et les cheveux verts. Il portait une capuche et un pantalon bizarre. Celui-là était probablement un guide ou un serviteur pour les dames. Celle à sa droite était une jolie El’Doraw avec un gros truc au niveau de sa poitrine. J’aurais aimé l’emmener faire un tour dans mon lit, mais faire venir cette femme chez sa mère pour la nuit serait un peu difficile. Celle-ci portait une tenue de femme de chambre, mais elle était très différente de celle des beautés du palais.

En parlant de femmes de chambre, j’avais entendu dire que le second prince avait habituellement plusieurs beautés et qu’il n’acceptait pas les personnes de plus de 30 ans et seulement si elles avaient un beau corps. Le premier prince, d’autre part, était connu pour ne pas posséder de tels intérêts, mais il était le favori du peuple entre les deux. Dommage que notre cher roi défunt leur ait ordonné de régner sur le royaume.

Celle que j’avais trouvé surprenant de voir parmi eux était la draconienne. Normalement, on ne voit pas les gens de leur espèce par ici. Il y a longtemps, lors des terribles guerres draconiennes, la plupart d’entre eux avaient été chassés de ce continent. J’avais entendu dire que leur espèce déclinait. Tant mieux pour eux ! Malheureusement, notre royaume ne leur en voulait pas. Nous avions été neutres avec eux, et la plupart d’entre nous les traitaient comme des aventuriers normaux. Rien qu’en regardant ses vêtements, je ne pouvais pas vraiment dire si c’était une noble ou juste un type riche qui aimait ces robes chics. À mes yeux, elle n’avait pas l’air d’avoir du sang noble, mais elle dégageait cette étrange aura que vous voyez chez ces dames de la cour. Peut-être que mes yeux se détérioraient-ils ?

Debout à gauche de l’homme aux cheveux verts se trouvait une beauté blonde qui pouvait facilement faire tourner la tête, mais les protège-bras et l’armure qu’elle portait laissaient entendre qu’elle pouvait faire plus que vous gifler. Elle était soit la garde du corps de la draconienne, soit celle du noble que les autres accompagnaient. Quoi qu’il en soit, elle aurait certainement l’argent pour rester à l’auberge la plus chère de la ville.

Le dernier de leur groupe était une petite nekatare. Elle marchait derrière eux et n’avait pas l’air plus âgée qu’un garçon de douze ans, mais ces bêtes puantes avaient toujours trompé mes yeux. Certains étaient des adultes plus âgés que moi et ressemblaient encore à un enfant, mais d’autres n’étaient pas plus âgés que ma fille et ressemblaient à une femme adulte avec de gros seins et des hanches qui se balançaient. Le dieu qui avait fait ces bêtes manquait sûrement d’une vis ou deux, car elles n’étaient pas normales pour moi.

« Oh ! Erkenwald ! Ces gens sentent les ennuis selon toi ? » demanda mon partenaire.

En plissant les sourcils, je l’avais regardé, puis j’avais regardé le groupe qui se dirigeait lentement vers nous.

« Johen, même s’ils le font, je ne pense pas qu’ils aient une chance contre les gardes royaux. Même un Suprême aurait du mal ici. De plus, ce ne sont probablement que des aventuriers. » J’avais haussé les épaules.

« Je ne sais pas, Erkenwald, le type du milieu me semble étrange... effrayant. D’ailleurs, as-tu déjà vu un groupe aussi étrange assemblé : une draconienne, deux humains, une nekatare et une El’Doraw ? » me demanda-t-il, les mains serrées contre la poignée de son épée.

« Oui, Johen. Au pub, tous les jours. Ou au Hall de la Guilde s’ils organisent un groupe. Les aventuriers ne se soucient pas vraiment des espèces tant qu’ils ont la force de les soutenir dans un donjon, » lui avais-je dit.

« Je n’aime toujours pas ça, Erkenwald... Je n’aime vraiment pas ça, » il secoua la tête.

« Ignorez-les, c’est tout, » lui avais-je répondu. Puis j’avais regardé la bande.

Ils m’avaient approché, mais c’était le type avec la capuche qui avait parlé. Il m’avait affiché un sourire et m’avait ensuite demandé quelque chose dans une langue étrange. J’avais plissé les yeux vers lui, puis j’avais regardé ses compagnons.

La femme blonde soupira et lui déclara quelque chose dans la même langue.

Ne connaît-il pas le Kalish ? m’étais-je demandé.

« Excusez, mon idiot de compagnon, il a oublié un instant que nous ne sommes pas à Shoraya, » déclara la blonde.

« Ne vous inquiétez pas. Venez-vous tous de Shoraya ? N’est-ce pas sur le continent Allasn ? » lui avais-je demandé.

C’était vraiment une grande distance qu’ils devaient parcourir. Si tel était le cas, alors ils étaient à la fois riches et forts. Les aventuriers normaux ne pouvaient pas faire un tel voyage avec la puissance d’un Rang Maître.

« Tout à fait. Nous sommes fatigués après notre long voyage, et nous aimerions visiter le Hall de la Guilde locale et peut-être une auberge ? Quelque chose que vous recommanderiez ? » demanda-t-elle.

« Vous pourriez dire que j’en connais quelques-uns, » j’avais souri.

S’il y avait une chose que j’aimais dans la capitale, c’était la nourriture que je pouvais manger dans certaines auberges ici. Chacune avait sa propre spécialité. Le bon côté des choses, c’était que les aubergistes m’offraient un repas pour tous les aventuriers que je leur envoyais, mais seulement s’ils louaient une chambre ou deux. Ce groupe pourrait m’offrir au moins quatre repas gratuits !

« C’est génial ! » Elle avait souri. Et quel joli sourire !

« Vous prenez la route devant vous, » lui avais-je répondu. « Puis à gauche à la cinquième... pas à la sixième intersection. Vous passez devant trois maisons, et sur la gauche vous verrez l’auberge de Tannador. Il est toujours gai et plein d’énergie, il cuisine bien aussi ! Dites-leur qu’Erkenwald vous envoie ! » j’avais souri et hoché la tête.

« C’est d’accord ! Autre chose qu’on devrait savoir sur cet endroit ? Des règles spéciales ou des trucs comme ça ? » demanda la belle dame.

« Gardez vos doigts dans vos poches et n’essayez pas de tuer tous les ivrognes ennuyeux que vous rencontrez. Faites ça, et vous n’aurez pas d’ennuis, » lui avais-je dit.

Il y avait quelques règles et coutumes spéciales comme dans n’importe quelle autre ville, mais ils finiraient par les apprendre chaque jour qu’ils passaient ici, dans la capitale. À moins qu’ils ne soient une bande d’ignorants ou d’imbéciles comme les nobles à la fête du roi, je doutais fort qu’ils ne puissent pas survivre dans cette ville.

« Je vous remercie ! Passez une bonne journée ! » déclara la blonde, et les autres femmes hochèrent poliment la tête.

L’homme les regarda simplement, confus, mais la blonde avait pris sa main et le tira après elle.

« Tu n’as pas du tout été dur avec eux ! » se plaignait Johen.

« Bah ! Ce sont de simples aventuriers, et aussi très polis ! Il n’y a pas de quoi s’inquiéter ! » lui avais-je dit en lui faisant un signe de la main, puis j’avais regardé vers le groupe.

J’avais vu l’homme saisir les fesses de la blonde, mais il avait disparu après ça de ma vue. Les femmes s’étaient déplacées vers la droite et elles avaient disparu de ma vue. Peut-être que je voyais des choses ? L’homme n’avait pas disparu, il avait probablement été se placer derrière la draconienne aux gros seins.

En me frottant les yeux, j’étais retourné à mon poste et j’avais salué le voyageur suivant, un aventurier idiot avec une armure plaquée or, essayant de se distinguer comme une épine dans le dos d’un chameau. Eh bien, avec ce rustre, il n’y avait pas besoin d’être doux.

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[Point de vue d’Illsyore]

J’avais reçu un coup de poing...

Pourquoi, franchement ? J’avais seulement essayé d’avoir une bonne prise ferme sur ses fesses rondes ! Ce n'est pas comme s’il y avait une partie d’elle que je n’avais pas déjà touchée !

« Ça fait mal..., » avais-je grommelé un mensonge.

Mon armure magique m’avait épargné de subir de la douleur que j’aurais dû ressentir, mais j’étais encore couché à l’envers dans un petit poulailler.

« Patooei ! » J’avais craché une plume.

« Gloussement ! Gloussement ! » l’une des cervelles d’oiseau à plumes essaie de percer mon armure.

« Poulet ! Tamara aime le poulet ! » déclara la nekatare en léchant le bout de ses lèvres.

« Ne mange pas le poulet des autres. » Nanya l’avait avertie.

« Oui ! Tamara écoute ! » déclara-t-elle en souriant, la main gauche levée.

« Ça va, Illsy ? » Ayuseya me l’avait demandé.

« Je vais bien... Je crois que j’ai appris l’art de pondre un œuf grâce à ces futures languettes croustillantes, » avais-je dit. Puis j’avais regardé l’oiseau en colère à côté de moi.

Un seul geste le transformerait en pâte de viande, mais elle ne m’appartenait pas, alors j’avais dû m’abstenir de l’acte... sanglant.

Une vieille dame était sortie et avait demandé quelque chose en langue kalish. Nanya lui parla avec un sourire maladroit et me montra du doigt. J’avais plissé les yeux vers elle, puisqu’il était très clair qu’elle m’accusait de tout. Elles avaient parlé un peu plus longtemps, et la démone lui avait offert quelques pièces.

J’avais soupiré et pris une position plus normale. Le poulet en colère gloussait encore et essayait de me picorer la tête, mais je l’avais complètement ignoré. L’oiseau n’était rien de plus qu’un moustique ennuyeux qui bourdonnait.

« Eh bien ? » lui avais-je demandé.

« J’ai payé pour les dégâts que tu as causés. Sors donc de là, » déclara Nanya.

En sortant de cet endroit, je m’étais dépoussiéré les épaules et j’avais jeté un regard noir sur le poulet.

« Le maître a-t-il trouvé un rival ? » demanda Tamara.

« Je ne vais pas être un rival avec un futur ragoût, » avais-je rétorqué.

« Nya ? » elle avait incliné la tête gentiment, et je lui avais pardonné.

« On devrait aller à l’auberge que le garde a mentionnée, » déclara Ayuseya, en changeant de sujet.

« Quelle auberge ? » avais-je demandé en plissant mon front.

Être incapable de lire ou de comprendre la langue était certainement une chose très ennuyeuse, mais l’un de ces jours, j’allais l’apprendre.

Les filles avaient montré le chemin, et j’avais suivi en silence, tout en regardant autour de moi et en observant les personnes d’ici.

Contrairement à la petite ville de Perto, il y avait beaucoup d’aventuriers qui portaient des armures plutôt fantaisistes. Au moment où nous étions retournés dans la rue principale, j’avais vu un type portant une armure plaquée or qui parcourait la rue et qui débordait de fureur. J’avais simplement plissé les sourcils quand il avait posé les yeux sur moi.

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Partie 2

[Le point de vue du marchand]

Don Diego était furieux.

C’était un homme riche qui achetait les armures et les armes les plus belles qu’il pouvait trouver. Son père était l’un des nobles les plus puissants de cette ville, il lui était donc facile de le faire, mais la force du garçon laissait beaucoup à désirer.

Pourtant, il y avait une chose que tout le monde savait. Quand Don Diego était en colère, nous, les marchands, hochions simplement la tête et souriions. Son père pourrait fermer notre affaire s’il le voulait. Quant à savoir pourquoi il était furieux, eh bien... apparemment, les gardes à l’entrée l’avaient obligé à passer à travers toutes les formalités requises lorsqu’un type suspect se présentait aux portes. Le groupe qui était entré plus tôt avait évité cette étape parce qu’ils ressemblaient tous à de simples aventuriers et avaient parlé poliment avec le garde. Les femmes aussi étaient très belles. La blonde à elle seule pourrait aller chercher au moins 100 goldiettes en tant qu’esclave, peut-être plus ? Malheureusement, leur équipement n’était pas quelque chose que je considérerais comme précieux. Il avait l’air décent, mais aux yeux des nobles ou des aventuriers puissants, il était clair et simple, sans aucune pierre magique et probablement pas plus qu’un enchantement ou deux. Pourtant, il pouvait y avoir beaucoup de diamants cachés parmi des morceaux de charbon de bois.

Quand Don Diego s’était arrêté devant eux, il était clair qu’ils deviendraient sa prochaine victime. Il s’agissait de l’une de ses mauvaises habitudes. Chaque fois qu’il était furieux d’une chose ou d’une autre, il libérait toujours sa colère sur quelqu’un de plus faible que lui. Le simple fait de mentionner le statut de son père avait suffi à faire frissonner de nombreux hommes dans leur pantalon. J’étais certain que ce groupe ne serait pas différent, alors je m’étais tenu à la porte de mon magasin et j’avais regardé la scène.

« Je t’ai vu regarder sur mon chemin, mais tu ne baisses pas la tête ! Ne sais-tu pas qui je suis ? Je peux te faire dépouiller de ton rang et te faire virer de la ville en quelques instants si je le désire ! » le garçon avait prétendu ça, mais le plus gros de ce qu’il avait dit était un mensonge.

À moins que cette personne ne soit considérée comme une menace pour la ville ou sans soutien politique, son père ne pouvait pas le jeter dehors comme ça. Ça aurait l’air mauvais pour lui. La preuve en était le garde à l’entrée. Ils ne pouvaient être dirigés que par le seigneur Zenos, qui était habituellement de l’autre côté de la table vis-à-vis du père de Don Diego.

« Tu m’écoutes, roturier ? » demanda le garçon, mais l’autre ne déclara rien, il plissa simplement ses sourcils vers lui.

« Qui est ce perroquet surdimensionné ? » demanda l’homme à capuche à la blonde à côté de lui en Shorayan.

Ma compétence avec cette langue n’était pas parfaite, mais un bon marchand connaissait de nombreuses langues.

« Je crois que c’est le fils d’un noble, » répliqua la femme en se grattant l’arrière de la tête.

Sans aucun doute, ils n’étaient que de simples aventuriers voyageurs. Ils ne savaient pas à qui ils avaient affaire.

« Je vois... Donc, personne, » l’homme à capuchon haussa les épaules.

Se sentant ignoré, Don Diego avait essayé de l’attraper par le col de ses vêtements, mais ses mains avaient été arrêtées par l’armure magique de l’homme. L’homme avait dû sentir le danger, sinon il n’aurait pas réagi.

« Tu oses, avorton !? » le noble pointa son doigt vers lui.

« C’est agaçant ! » l’homme à capuchon avait fait un pas en avant et l’avait simplement poussé hors du chemin.

Ce qui s’était passé ensuite était difficile à croire. Don Diego avait été envoyé dans le ciel à l’extérieur de la ville. Une telle force redoutable ne pouvait être démontrée que par ceux qui avaient déjà atteint un rang Divin, mais si tel était le cas, alors le pauvre noble n’avait jamais eu une chance dès le tout début. Tout au plus, il était un Rang Maître, mais c’était surtout grâce à son armure et son épée.

« Hein ? Je ne l’ai pas poussé si fort ! » se plaignait l’homme à capuche.

« Laisse tomber, il vivra... du moins, je le pense, » déclara la blonde.

En l’entendant dire ça, j’avais été stupéfait. Quel genre de puissance pouvait-il détenir pour dire que ce qu’il a fait était involontaire. Néanmoins, Don Diego réfléchirait certainement à deux fois avant de se battre avec eux. Son père préférait essayer de recruter ces personnes plutôt que de les mettre à la porte de la ville. Après tout, un aventurier de Rang Divin était un outil puissant à avoir sous votre contrôle.

 

☆☆☆

[Point de vue d’Ayuseya]

Le voyage vers cette ville était rempli de choses étranges. Nous avions pu rencontrer l’Observateur qu’Illsy surnommait Tête de Godet, et avions aussi assisté à sa défaite rapide. Nous avions sauvé la mignonne nekatare, qui avait fini par rejoindre notre groupe en tant que deuxième esclave d’Illsy. Nous avions pu séjourner dans une auberge de fortune créée par un Seigneur du Donjon, mais surtout, j’avais le temps et le loisir de réfléchir à de nombreuses choses.

Tout d’abord, je n’étais pas la même princesse draconienne faible que je l’étais à Fellyore. Le rang social que j’occupais n’avait aucune valeur dans ce groupe. Tout le monde s’appelait sans fioriture et parlait comme les membres d’une famille proche le feraient. Illsy s’était avéré être un grand homme, et quelqu’un comme Dankyun ne pouvait même pas lui arriver à la cheville, mais le plus important, je commençais à réaliser les désirs égoïstes que j’avais dans mon cœur.

Depuis que Nanya avait couché avec Illsy, je m’étais sentie un peu... exclue.

Nanya avait la force, le pouvoir. Shanteya était l’adepte fidèle que tout le monde souhaiterait avoir. Elle possédait également de vastes connaissances dans l’art de l’assassinat et d’autres arts mortels. Tamara était l’adorable animal à fourrure... et moi... J’étais la grande femme qui n’avait apporté aucune contribution à ce groupe.

Ma force n’était pas la mienne, mais celle d’un Donjon. Ma magie restait faible comparée à la sienne ou à celle de Nanya. Je pourrais tenir une épée, mais pas aussi bien que les autres. Ce que j’avais, c’était seulement l’éducation et les informations d’un noble au sujet de la politique, de la manière de diriger un pays, et de diverses choses dont ils n’auraient peut-être jamais besoin ou qu’ils ne trouveraient jamais utiles de quelque façon que ce soit. Une princesse était une gestionnaire de l’état des choses... À quoi servait un tel individu dans un groupe d’aventuriers ?

Malgré tout, ce n’était pas ce qui m’avait déprimée.

Depuis que j’avais pris conscience de mes sentiments pour Illsy, j’avais essayé de trouver un moyen de les lui faire connaître. Je voulais lui parler librement et ouvertement comme Nanya l’avait fait, sans m’inquiéter de savoir si j’avais dit ou non la bonne chose. Pour moi, chaque conversation ressemblait à un casse-tête ennuyeux auquel je devais trouver la bonne solution. Si d’autres l’avaient déjà dit, alors il n’y avait plus de raison pour moi d’exprimer mon opinion.

J’en avais assez, mais je n’y voyais pas non plus de solution.

C’est pourquoi je voulais avoir une conversation privée avec Illsy. S’il y avait quelqu’un ici qui pouvait me comprendre et peut-être m’offrir un peu d’aide, c’était lui. Quant à savoir pourquoi. C’était mon mari, ça faisait partie de son devoir, du moins je voulais le croire.

Peut-être que je réfléchis trop, mais je veux certainement parler et... faire encore plus de câlins à Illsy. Ce n’est pas mal, n’est-ce pas ? m’étais-je demandé en jetant un coup d’œil rapide au Seigneur du Donjon.

Il avait été attiré par mon regard, et mes joues étaient devenues rouges. J’avais donc détourné les yeux.

C’est tellement embarrassant... Hoho ! pensais-je qu’en essayant de calmer mon cœur qui battait vite.

Nanya et Shanteya ne semblaient pas avoir le même problème, mais pourquoi moi ?

☆☆☆

[Point de vue de Tannaor]

Beaucoup de voyageurs courageux avaient franchi mes portes et étaient venus se reposer dans l’une de mes chambres ou manger mes repas. J’avais vu ceux qui étaient forts, mais sans intelligence, ceux qui étaient intelligents, mais sans muscles, et ceux qui n’avaient pas les deux, mais qui prétendaient avoir les deux. J’avais rarement vu ces étranges et rares individus qui les détenaient tous les deux. Ainsi, leurs armures et leurs armes de choix correspondaient à la quantité de matière cérébrale qu’ils avaient entre les oreilles.

Don Diego, par exemple, était un homme qui prétendait être à la fois intelligent et fort, mais c’était un lâche parmi les lâches et même s’il avait un peu de force, seule son armure lui faisait monter dans les rangs.

Ainsi, lorsque mes portes s’étaient ouvertes et qu’une paire de nouveaux visages étaient entrés, je n’avais pas du tout été surpris. Leur groupe était formé de deux humains, une draconienne, une El’Doraw et une chatte. En regardant leurs vêtements, je leur avais à peine donné un rang de Maître, mais la dame blonde était peut-être un Rang Empereur au plus. L’autre humain, c’était un débutant, peut-être ? Après tout, aucun aventurier qui se respectait ne porterait de tels vêtements décontractés. Plus l’armure est épaisse, mieux c’est !

Quant à leur relation, c’était un peu compliqué, mais une chose que je pouvais comprendre, c’était les deux anneaux noirs autour du cou du chat et d’El’Doraw. Quelque chose m’avait dit que c’était une forme d’esclavage et si j’avais raison, celui qui tenait les chaînes était très probablement l’homme. Les filles l’entouraient comme des monstres voulant dévorer un agneau. J’avais pitié de l’homme ou de la femme qui pensait pouvoir les draguer.

Mais encore une fois, seuls mes yeux expérimentés pouvaient dire de telles choses. Il y avait partout des imbéciles qui pensaient tout savoir, mais qui ne pouvaient même pas revêtir leur armure correctement sans trébucher sur leurs propres pieds.

« Bienvenue à l’auberge de Tannaor ! Je m’appelle Tannaor. Que puis-je faire pour vous ? » leur avais-je demandé poliment.

« Argh ! Ne me dis pas que tu ne parles pas non plus le Shorayan ? » l’homme parlait dans une langue étrangère, mais je le comprenais.

« Oui, en fait, je la parle, » j’avais répondu dans sa langue.

« C’est vrai !? Super ! » il leva les mains et sauta.

Quel homme bizarre c’était !

« Alors, que puis-je faire pour vous ? » lui avais-je redemandé.

« Erkenwald, le garde à l’entrée de la ville, nous a envoyés chez vous. Il a dit que vous aviez de bonnes chambres et de la bonne nourriture, » déclara la blonde.

« En effet, c’est vrai ! » j’avais répondu avec un sourire de nain.

C’était un bon investissement de payer le garde avec des repas gratuits pour m’avoir envoyé des clients.

« Bien ! Donnez-moi votre plus grande chambre, » m’avait-il dit.

« Une seule ? » J’avais demandé et j’avais regardé les dames autour de lui.

Ce n’était pas possible qu’il eût l’intention de coucher avec elles toutes, n’est-ce pas ?

« Oui, » il hocha la tête, et les dames ne répondirent pas.

« Très bien... J’ai une chambre pour quatre personnes. Elle dispose de deux lits et d’une baignoire en métal. Les toilettes sont au bout du couloir, » avais-je dit.

« Bien ! On va la prendre ! » avait-il déclaré.

« Très bien, » avais-je dit. Puis j’avais jeté un coup d’œil rapide aux dames pour voir si elles n’étaient pas du tout en désaccord, mais elles n’avaient même pas bronché d’un pouce.

Comment un homme comme lui pourrait-il persuader de telles beautés de coucher avec lui ? m’étais-je demandé.

Bien sûr, la chatte avait été ignorée. Elle n’était qu’un animal de compagnie. Si on lui jetait un poisson, elle serait contente et elle se prosternerait en tant qu’une idiote loyale. Chatouille-la un peu entre les oreilles, et elle s’effondrera sur vos genoux pour en redemander.

Après avoir pris la clé, je lui avais dit le prix.

« Six Silverettes pour une nuit. Pouvez-vous payer ? » demandai-je.

C’était un peu cher, mais nous étions dans la capitale, pas dans une ville délabrée à la frontière du royaume.

« Bien ! Tenez ! » il avait souri et m’avait jeté une Goldiette et deux Silverettes. Je les avais instinctivement attrapés.

J’avais trouvé son comportement un peu grossier, mais tous les autres aventuriers avaient agi exactement de la même façon. Heureusement pour lui, je ne voyais pas la nécessité de me casser la tête pour savoir si son geste était grossier ou non.

« Par ici, » lui avais-je dit. Puis je les avais guidés jusqu’à sa chambre.

« Bien sûr ! » acquiesça-t-il.

Une fois sur place, je lui avais donné la clé et lui avais dit. « Si vous voulez faire du bruit, je vous ferai payer un supplément demain matin, » je lui avais dit ça et jeté un coup d’œil aux dames derrière lui.

« Je comprends, » il acquiesça d’un signe de tête.

Eh bien ! À part lui demander une goldiette supplémentaire, je ne pouvais pas faire grand-chose, mais certains aventuriers avaient trouvé la facture un peu effrayante et avaient refusé de désobéir à la règle. Tant que j’avais la paix et le calme, je me fichais des problèmes de mes clients.

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