Après le retour au pays : Arc – 3 : La fleur qui fleurit dans les champs et l’oiseau dans la cage
Table des matières
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Après le retour au pays : Arc – 3 : La fleur qui fleurit dans les champs et l’oiseau dans la cage
Partie 1
Le soleil d’été commençait à se coucher et il commençait à faire un peu plus frais.
J’étais au bureau des affaires gouvernementales, à me battre avec les documents qui s’étaient empilés pendant mon absence en République. Pourquoi, alors que je travaillais si fort, la quantité de travail qu’il me restait ne semblait-elle pas diminuer ?
Il y avait toujours du travail à faire. Je ne pouvais pas me battre 24 heures sur 24... Je voulais rentrer chez moi... Mais j’étais déjà chez moi ici...
Argh... Je n’arrive plus à me concentrer..., pensai-je.
J’avais travaillé au bureau toute la journée aujourd’hui, alors mon esprit était épuisé.
Le travail physique entraînait la léthargie du corps, mais le travail mental entraînait une altération de la fonction mentale.
Je m’étais penché en arrière sur ma chaise.
Le sentiment d’épuisement était plus fort que d’habitude.
C’est parce que Liscia n’est pas là..., pensai-je.
Depuis que Liscia, qui m’avait toujours aidé dans un rôle de secrétaire, s’était retrouvée enceinte, elle se reposait dans l’ancien domaine de Sire Albert. Je n’avais toujours pas trouvé le temps d’aller la voir.
Avec les jours qui passaient sans que je puisse la voir, j’avais compris que Liscia avait été une présence apaisante en étant simplement à côté de moi. Même quand j’étais fatigué, quand je regardais ses proportions bien équilibrées enveloppées dans un uniforme militaire rouge, je sentais que je pouvais essayer d’aller encore un peu plus loin.
Si je lui avais dit que je la reluquais au travail, est-ce que j’aurais droit à une autre remontrance... ?
Je voulais parler à Liscia... Non, pour l’instant, ce n’était même pas nécessaire que ce soit Liscia. Je voulais juste parler à quelqu’un.
Soupir... Je suppose que c’est l’heure de s’arrêter là, pensai-je.
Si je me forçais à travailler et que j’entrais les mauvaises informations quelque part, cela ne pouvait que créer plus de travail en fin de compte. J’étais en manque de concentration, alors il vaudrait mieux laisser le reste jusqu’à demain et me reposer un peu.
Il y avait alors eu une voix soudaine venant de la terrasse, qui aurait dû être vide.
« Votre Majesté, puis-je avoir un moment ? »
Vu l’heure, c’était probablement l’un des Chats Noirs. Ça me faisait sursauter chaque fois que j’entendais mon nom, mais... c’était arrivé assez souvent, j’y étais habitué maintenant.
Comme prévu, il s’agissait d’Inugami, le commandant en second de l’unité, qui avait ouvert la porte de la terrasse et était entré.
« S’est-il passé quelque chose ? » lui avais-je demandé.
« Oui, Sire. J’ai quelque chose à signaler, » déclara Inugami.
Après avoir entendu le rapport d’Inugami, je m’étais retrouvé avec la bouche grande ouverte.
« Hein ? Qu’est-ce qu’elle fait là ? » demandai-je.
« Ça ne vous servira à rien de me le demander. Je vous suggère d’aborder la question avec la personne en question, » répondit Inugami.
« Je suppose que vous avez raison... Mais je suis impressionné qu’ils le sachent, » déclarai-je.
« Celui qui l’a trouvée était un membre qui s’est rendu en République de Turgis, » avait dit l’homme. « Si l’un des autres membres l’avait trouvée en premier, ça aurait été dangereux. Pour elle, bien sûr. »
« Je le sais. Comment a-t-elle pu faire quelque chose d’aussi dangereux... ? » demandai-je pour moi-même.
J’avais appuyé ma paume sur mon front et j’avais soupiré. Franchement, à quoi pensait-elle ?
« Alors, qu’allez-vous faire ? » demanda Inugami, cherchant à voir comment je répondrais.
« ... Pouvez-vous la conduire jusqu’ici ? » avais-je demandé avec lassitude.
« Souhaitez-vous la rencontrer ? » demanda Inugami.
« On pourrait la chasser, mais elle n’est pas du genre à abandonner, » répondis-je.
« Compris. S’il vous plaît, attendez un moment, » déclara Inugami.
Inugami était allé sur la terrasse. Il devait aller la chercher.
Je m’étais penché en arrière sur ma chaise, j’avais alors réfléchi à ce qui m’attendait, et j’étais devenu un peu sombre.
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Mais revenons maintenant à la période de temps où le soleil était bas dans le ciel.
Dans Parnam, en pleine effervescence avec des individus qui avaient terminé leur travail quotidien, il y avait une jeune fille aux cheveux verts qui marchait dans une rue commerçante.
« Bon sang, tout le monde s’en va quand il veut..., » il s’agissait de l’aventurière Juno qui s’était promenée en murmurant cela à elle-même.
Le groupe dont Juno était un membre était retourné de la République de Turgis jusqu’à leur base habituelle d’opérations dans la capitale royale de Parnam.
Juno avait mis sa main dans la poche à sa taille. Il y avait plus d’argent que d’habitude.
Me voilà, avec la prime de risque, mais je ne veux pas vraiment boire seule..., pensa-t-elle.
La quête d’urgence qu’ils avaient entreprise dans la république s’était soldée par une lourde récompense.
Même répartis entre les cinq, l’argent avait suffi pour payer tout leur nouvel équipement, et ils avaient décidé qu’ils passeraient chacun la journée à faire ce qu’ils voulaient.
L’épéiste Dece avait invité la magicienne Julia, qu’il aimait bien, à dîner, tandis que le bagarreur Augus avait dit qu’il était parti faire la fête dans un endroit avec de jolies filles. Le prêtre Febral était ami d’enfances avec la fille de l’aubergiste, il avait donc dit qu’il allait la voir.
Tout cela étant dit, Juno était maintenant exclue.
Soupir... N’y a-t-il pas quelque chose d’intéressant par ici... ? Se demanda-t-elle.
« Hm ? »
Soudain, sur la route, Juno avait repéré quelque chose. Une silhouette à l’allure très enrobée qui marchait lentement et avec facilité un peu plus loin.
« Je crois que je l’ai trouvé, » dit-elle en souriant. « Ce quelque chose d’intéressant. »
L’objet qui se promenait dans la rue était l’aventurier kigurumi, le Petit Musashibo.
Il avait autrefois été traité comme une légende urbaine et considérée comme une curiosité par les habitants de la ville, mais parce qu’il était maintenant un personnage majeur dans l’émission de la Prima Lorelei Juna Doma. Ensemble avec Grande Sœur, il était populaire auprès des enfants.
« Hé, c’est Petit Musashibo ! » s’écria un enfant.
« Il est si rond. Et si grand. »
Pour preuve, il y avait des enfants qui lui faisaient signe maintenant. C’était une démonstration impressionnante de popularité.
Le Petit Musashibo avait fait un signe de pouce aux enfants.
Juno pencha la tête sur le côté en regardant l’aventurier kigurumi.
Maintenant que j’y pense, j’ai vu un programme avec Petit Musashibo dedans, non ? Dece et les autres disaient qu’il leur avait probablement juste prêté son costume kigurumi, mais ces mouvements... Il a l’air du vrai, pensa-t-elle.
Pour Juno, qui pouvait ressentir les sentiments de Petit Musashibo à la manière dont il bougeait, elle pouvait voir que c’était la même personne à l’intérieur de ce Petit Musashibo. De plus, elle l’avait déjà vu faire des missions pour le château.
Est-ce que c’est comme si... s’il avait un lien avec le château ? se demanda-t-elle.
Ses soupçons se transformèrent après ça en certitude.
Juno avait suivi le Petit Musashibo. Elle avait gardé une distance constante de lui, les yeux dirigés sur son dos alors qu’elle le poursuivait, et comme prévu, le Petit Musashibo se dirigea vers la porte principale du château de Parnam.
Le Petit Musashibo avait montré quelque chose aux gardes, ils l’avaient salué et ils lui avaient permis d’entrer.
Il leur a montré quelque chose comme un laissez-passer ? Mais, même avec un laissez-passer, laisseraient-ils vraiment passer une personne aussi manifestement suspecte ? se demanda-t-elle.
Même si ce kigurumi apparaissait dans une émission produite au château, on ne savait pas qui était à l’intérieur, alors ne devraient-ils pas être plus prudents ? Ou bien avait-il quelque chose qui faisait que les gardes le laissaient passer simplement en le leur montrant ?
Était-il une personne avec un lien assez fort avec le château pour avoir une chose pareille ?
Juno comprenait encore moins le Petit Musashibo que les autres fois.
Même après un certain temps d’attente, il n’y avait aucun signe de la sortie du Petit Musashibo du château. Qu’il ne soit venu que pour faire une petite course... semblait peu probable.
Le temps qu’elle s’en aperçoive, le soleil se couchait et la région était devenue sombre.
Peut-être que j’ai raison. Peut-être qu’il est vraiment lié au château. Ohhhh, je me demande comment. Mais c’est un château... C’est probablement une mauvaise idée d’essayer d’entrer en douce, se dit-elle.
Si elle traversait les murs du château de Parnam sans permission, elle serait probablement arrêtée pour intrusion. Si c’était le cas, ce ne serait pas seulement son problème, elle dérangerait aussi Dece et le reste de son groupe.
Hmm, que faire ? se demanda-t-elle.
Juno était piégée, paralysée à la frontière de la curiosité et de la raison. Elle ne se rendait pas compte qu’à ce moment-là, elle était devenue « une personne suspecte qui fixait le château ». Elle ne savait pas non plus qu’il y avait un groupe qui existait pour se prémunir contre de telles personnes, et les dénoncer si on les trouvait.
Juno était depuis longtemps passée du rôle d’observateur à celui d’observée.
Ah !
Le temps qu’elle s’en aperçoive, il était trop tard. Il y avait d’innombrables présences autour de Juno.
Non, comment un éclaireur comme moi a-t-il pu ne pas le remarquer jusqu’à ce que je sois encerclée !? Se demanda-t-elle.
Juno, qui excellait à détecter la présence d’ennemis dans un donjon, leur avait permis de se rapprocher d’elle si facilement. Il n’y avait aucun doute que ses adversaires étaient talentueux.
Qu-Qu’est-ce que je fais... ? Et maintenant... ? se demanda-t-elle.
Juno avait essayé de se faire une idée des présences. En analysant ce que chaque nerf de son corps lui disait, elle avait cherché leur emplacement.
Quand elle l’avait fait, elle avait réalisé qu’il n’y avait qu’une seule direction sans personne présente. En dépit d’un encerclement si parfait, il n’y avait personne en direction du château.
Je sens un piège, pensa-t-elle. C’est trop flagrant, mais... Ce n’est pas comme si j’avais le choix.
Juno se décida et s’en alla dans cette direction. Les présences autour d’elle avaient aussi bougé.
Ils n’attaquent pas ? Mais je suis toujours encerclée, se dit-elle.
Tout en cherchant les présences, elle cherchait un endroit où elle pourrait s’échapper. Elle courait dans la direction où il n’y avait aucune présence, mais elle sentait qu’on l’emmenait quelque part.
Attends, je suis super près du château !? se dit-elle.
Ne s’étant concentrée que sur la fuite, elle avait à un moment donné traversé la muraille du château et s’était approchée du château en lui-même. Si elle se faisait prendre maintenant, elle serait traitée comme une intruse.
Juno avait escaladé un mur, avait sauté sur les toits et avait couru désespérément.
Finalement, elle avait atterri sur une terrasse. Il y avait une porte vitrée ouverte.
P-Puis-je entrer ici, me cacher et y attendre ? se demanda-t-elle.
En pensant cela, elle avait essayé d’entrer dans la pièce...
« Arrêtez-vous. »
« Quoi !? »
Le jeune homme qui sortit de la pièce lui bloqua le passage.
« Après tout, il y a des documents importants là-dedans, » déclara le jeune homme sur un ton détendu que l’on ne s’attendrait pas à entendre lorsqu’on rencontrait de façon inattendue une personne suspecte sur la terrasse. « Il y a des règles contre quiconque entre alors qu’ils ne sont pas obligés d’entrer. »
Cependant, comme elle était en fuite, Juno était désespérée.
« D-Désolée ! J’ai peut-être l’air suspect, mais je ne le suis pas ! J’étais poursuivie et ils m’ont coincée ici, alors... euh... cachez-moi juste pour un petit moment ! » Juno se mit à parler aussi vite qu’elle le put, mais le jeune homme soupira.
« Calmez-vous un peu, Juno. Je connais plus ou moins la situation, » déclara l’homme.
« ... Hein ? Comment connaissez-vous mon nom ? » s’écria Juno.
« Je me demande bien combien de fois vous m’avez posé cette question maintenant... ? » demanda l’homme.
Après avoir dit ça, le jeune homme avait fait un autre pas en avant. Quand elle vit son visage, jusqu’alors masqué par l’ombre, les yeux de Juno s’ouvrirent en grand en raison de la surprise.
« C’est vous ! Vous êtes le gars qu’on vient de rencontrer en République, n’est-ce pas !? » s’écria Juno.
« Tout à fait. Je crois que nous nous sommes aussi rencontrés dans le camp de réfugiés, » avait dit le jeune homme avec un sourire ironique et un haussement d’épaules. « J’ajouterais qu’on s’est aventurés dans plusieurs endroits et que nous avons aussi bu ensemble. »
« Hein ? Qu’est-ce que vous êtes... ? Hein !? » s’écria Juno.
Puis le jeune homme montra la pièce du doigt. Il y avait là le Petit Musashibo, qui s’approchait à pas lents et agile. La « tête » du Petit Musashibo était grande ouverte à la vue de Juno ébahie. À l’intérieur, c’était... vide.
Le jeune homme avait alors parlé. « Je le déplace en utilisant ma propre magie unique. Je suis la personne qui porte le costume, même si on peut dire que je suis à l’extérieur du costume. »
« Alors vous êtes la vraie identité de Monsieur Petit Musashibo !? » demanda Juno.
« Oui, c’est plus ou moins ce que je veux dire, » déclara le jeune homme.
Le jeune homme tendit la main à Juno.
« C’est un plaisir de vous rencontrer... bien que je suppose que ce ne soit pas la première fois. Je ne vous ai pas encore donné mon nom correctement, alors laissez-moi me présenter. Je suis Souma Kazuya. Celui qui contrôlait le Petit Musashibo, » déclara-t-il.
« Souma Kazuya... Attendez, c’est le nom de..., » commença Juno.
Pendant qu’ils se serraient la main, le front de Juno se plissa face à ce nom familier.
Le jeune homme déclara, avec un sourire ironique : « Est-ce que je fais vraiment cette faible impression dans ma tenue normale ? Oui. Je suis le roi provisoire de Friedonia. »
À ce moment-là, l’esprit de Juno était devenu complètement vide.
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Partie 2
Il avait fallu un certain temps à Juno pour se remettre de sa confusion.
« A-Alors quoi ? Vous êtes le Petit Musashibo, et vous êtes le roi, donc ça veut dire que le Petit Musashibo est le roi ? ... Ah ! Désolée, je dois faire attention à mes manières, » déclara Juno.
« Non, la façon dont on se parle d’habitude, c’est bien, » déclarai-je à Juno avec un sourire ironique. Elle bredouillait de façon incohérente maintenant. « Je vous ai déjà dit qu’on était des camarades, non ? »
Juno gonfla ses joues et détourna le regard. « ... Je ne veux pas que quelqu’un qui gardait un secret aussi important soit un camarade. »
« Je ne pouvais pas vous le dire parce que c’était bien trop critique. En plus, même si je l’avais fait, je ne pense pas que vous m’auriez cru, n’est-ce pas ? » déclarai-je
« C’est... Eh bien, peut-être pas. D’accord, j’agirai normalement, » déclara Juno.
Après avoir dit ça, Juno s’était assise sur la rampe au bord de la terrasse.
Je me tenais debout, le dos appuyé contre la même rambarde, et nous étions enfin en mesure d’avoir une conversation détendue.
Puis les yeux de Juno commencèrent à parcourir la région environnante.
« Qu’y a-t-il, Juno ? » lui avais-je demandé.
« Non, je me demandais juste où étaient passées les présences qui me poursuivaient jusqu’à il y a un instant, » déclara Juno.
« Oh. C’était mes hommes. Je leur ai demandé de vous guider ici, » déclarai-je.
« C’était vos hommes !? J’avais super peur, vous savez !? » s’écria Juno.
« C’était de votre faute pour avoir espionné le château. Si vous n’aviez pas eu de chance, vous auriez pu être tuée d’emblée parce que vous étiez un fauteur de troubles potentiel. Qui sait ce qui se serait passé s’ils ne m’avaient pas contacté..., » déclarai-je.
À l’annonce de cet argument raisonnable, Juno avait gémi, incapable de trouver une réponse.
« Euh... Désolée, » déclara-t-elle. « Je voulais juste savoir qui vous étiez... »
Juno se comportait avec douceur. Ça ne lui ressemblait pas, alors j’avais ri.
« Eh bien, c’est très bien. Et ? Comment vous sentez-vous, sachant ma véritable identité ? » demandai-je.
« Je suis soulagée de voir mes doutes dissipés, » avait-elle admis. « Mais pourquoi le roi joue-t-il avec des poupées ? »
« C’était au début juste une expérience, » expliquai-je.
De là, j’avais fait à Juno un simple résumé de ce qu’était devenu le Petit Musashibo.
En voulant tester l’étendue de mes capacités, je l’avais inscrit comme aventurier et l’avais fait aller dans toutes sortes d’endroits, il avait rencontré Juno et son groupe en raison de cela, et nous avions fini par nous aventurer ensemble, et ainsi de suite.
J’avais aussi expliqué que j’étais capable de voir tout ce que le Petit Musashibo voyait.
« Quoi !? Alors vous avez aussi vu quand mon plastron a fondu..., » s’écria Juno.
« Heureusement que vous n’avez pas fini par montrer vos seins, mais vos côtes comme — aïe ! » déclarai-je.
« Ne parlez pas de mes seins ! » Juno avait planté un coup de pied dans mon flanc.
Mais je paraphrasais juste Dece ! pensai-je.
« Oh... Hé, je suis en quelque sorte le roi, vous savez ? » m’étais-je plaint.
« Vous avez dit qu’on était camarades, et que vous deviez agir normalement, n’est-ce pas ? » demanda Juno.
Ma douleur avait dû calmer sa colère, parce que Juno avait ri. « En y repensant, qu’est-il arrivé à cette horrible salamandre ? »
« J’ai envoyé l’armée pour l’abattre, » avais-je dit. « On ne pouvait pas la laisser là pour toujours. Nous avons dépouillé le corps jusqu’aux os et l’avons envoyé à un institut de recherche. Il y a une réplique devant le musée. »
« Ces os massifs étaient cette salamandre !? » demanda Juno.
« On dirait que c’est lui qui a fini par montrer ses côtes, hein, » avais-je dit en plaisantant.
« Bien sûr que si ! » répliqua-t-elle, en riant beaucoup. « Je vois. Alors la main que j’ai vue quand on mangeait à la cafétéria, c’était la vôtre ? »
« Ouais. Mais à cause de la chaleur du costume de kigurumi et de l’alcool que j’avais bu, j’étais un peu à côté de la plaque, » déclarai-je.
« Ah ! C’est pour ça que la princesse est arrivée comme par hasard, hein. » Juno frappa des mains, apparemment satisfaite de l’explication.
Parlait-elle de la fois où je m’étais évanoui au banquet et où Liscia était venue me chercher ? Maintenant que j’y pense, Juno connaissait Liscia, n’est-ce pas ? Si vous avez inclus le temps passé dans le camp de réfugiés et notre rencontre en République, elle avait aussi eu des contacts avec Aisha, Juna et Tomoe.
Quand je lui avais dit ça, Juno avait été surprise.
« Sans le savoir... nous avons rencontré des personnes très importantes, » déclara Juno.
« Le monde est vraiment petit, » j’étais d’accord.
« Normalement, c’est un peu plus grand ! » déclara Juno en colère.
Ses réactions étaient amusantes, alors j’aimais ça.
Puis, effaçant son sourire, elle parla avec un peu d’inquiétude. « Mais quand même, qu’est-ce que cela fait d’être un roi ? »
« C’est quoi ça, sortie de nulle part ? » demandai-je.
« Non, je pensais juste que ça devait être beaucoup de problèmes, » déclara-t-elle.
« Eh bien, oui, » j’étais d’accord. « Mais tous les boulots le sont aussi, non ? Être un aventurier signifie que vous mettez toujours votre vie en jeu, n’est-ce pas ? »
Je regardais oisivement dans le ciel sombre. Oh, hé, les étoiles étaient apparues.
« Roi, aventurier ou boulanger, c’est pareil. Si vous affrontez votre travail de front, vous mettez votre vie en jeu. Si vous continuez comme ça, quelqu’un vous aidera. Pour moi, c’était ma famille et mes serviteurs, alors que pour vous, c’est Dece et votre groupe, non ? » déclarai-je.
« Bien sûr que si. “Plus vous marcherez, plus il y aura de mains pour vous soutenir”, » déclara-t-elle.
« J’ai déjà entendu ça avant, » déclarai-je.
« C’est une réplique d’une chanson pour enfants. Celui que nous chantons aux enfants quand ils commencent à marcher, » déclara-t-elle.
Ohh, celle que Juna avait chantée pour moi cette fois-là. Quand j’ai eu l’impression d’être écrasé par mes responsabilités de roi et que je n’arrivais pas à dormir, Juna m’a chanté une berceuse...
Cela faisait longtemps que cela n’était pas arrivé et le nombre de mains qui me soutenaient avait augmenté, mais jusqu’où avais-je pu marcher ?
« En fait, j’aimerais vous demander quelque chose, » avais-je dit. « Juno, que pensez-vous de ce pays ? »
« Qu’est-ce que j’en pense ? » demanda-t-elle.
« Croyez-vous que c’est un bon pays ? Je veux votre opinion franche, » demandai-je.
« Hm... C’est un pays facile à vivre. » Juno plaça sa main sous son menton alors qu’elle réfléchissait en parlant. « Il y a une grande variété d’aliments et, en tant qu’aventurier, il est facile et agréable de se déplacer en convois de rhinosaurus. Le fait d’avoir de bonnes routes facilite aussi les quêtes pour protéger les marchands en voyage. Oh, aussi, ce pays a mis fin à son contrat avec la guilde pour enrôler tous les aventuriers dans le pays en temps de guerre, non ? C’est bien de pouvoir rester ici et de savoir que nous ne serions pas le dos au mur si une guerre éclatait. »
« Je vois, je vois..., » dis-je.
Comme je le pensais, c’était différent de ce qu’un citoyen ordinaire considérait comme un « bon pays ». Je n’avais pas souvent eu l’occasion d’entendre les opinions des aventuriers, donc c’était intéressant.
« De ce fait, il est plus facile pour les aventuriers de se rassembler ici, » déclara Juno. « Si trop d’aventuriers se rassemblent, la compétition pour les donjons s’intensifie, alors vous pourriez dire que c’est un problème. »
« Et bien, pour le pays, nous sommes heureux d’avoir des donjons vidés plus tôt, » déclarai-je.
« Pour nous les aventuriers, ils remplissent nos ventres et nourrissent notre esprit d’aventure. Vous êtes parti à l’aventure en utilisant cette poupée, alors vous comprenez, n’est-ce pas ? Cette exaltation..., » déclara-t-elle.
« Eh bien, oui... Je sais que les histoires de vos prouesses martiales sont aussi une source de divertissement pour les autres, » répondis-je.
De plus, les donjons avaient toujours joué un rôle dans l’économie locale. C’est pourquoi l’État ne devrait pas s’en mêler plus que nécessaire. Je voulais des noyaux de donjon pour le Joyau de Diffusion de la Voix, mais je voulais aussi éviter de causer des problèmes inattendus.
« Alors, faites de votre mieux, aventurier, » avais-je dit.
« Ne parlez pas comme si ça n’avait rien à voir avec vous ! Si vous pouvez utiliser cette poupée, vous pouvez aussi être un aventurier, n’est-ce pas ? » demanda Juno.
« Mais maintenant, vous savez que c’est moi qui le contrôle. Je pensais arrêter l’aventure, » déclarai-je.
« Ce serait du gâchis, vous savez, » avait-elle dit. « Je sais que la poupée est vide, donc je peux l’utiliser pour ralentir l’ennemi, la sacrifier ou l’utiliser comme appât sans hésitation. »
« Vous prévoyez de totalement me la détruire. Ce n’était pas donné, vous savez, » m’étais-je plaint.
« Hey, retournons à l’aventure ensemble. Je vous jure que je ne dirai pas un mot sur qui vous êtes aux autres, » déclara Juno.
Juno avait mis ses mains ensemble et avait supplié, alors j’avais haussé les épaules.
« Si votre langue dérape, je peux le faire partir à la retraite, » déclarai-je.
« Je vous le dis, ça n’arrivera pas ! » déclara-t-elle.
À partir de là, nous nous étions disputés à propos de certaines bêtises, et le temps que je m’en rende compte, il s’était écoulé beaucoup de temps. J’avais l’impression d’avoir eu une bonne conversation avec un ami que je n’avais pas rencontré depuis longtemps. Le fait de parler avec un compagnon aux vues similaires était vraiment amusant.
C’est pourquoi...
« J’espère qu’on pourra se reparler comme ça un jour, » ces paroles étaient sorties naturellement de ma bouche. « Je veux en savoir plus sur la ville du château, et sur toutes sortes d’autres choses sans importance. »
« ... Voulez-vous faire de moi votre espion ? » demanda Juno.
« Ce n’est pas ça. Après tout, j’ai de meilleurs espions à disposition, » répondis-je.
« Bien sûr que oui... Je l’ai appris de première main. » Juno s’agrippa la poitrine et trembla un peu. Elle devait être terrifiée d’avoir été poursuivie par les Chats Noirs.
« Si je suis tout le temps dans le château, j’ai l’impression d’être déconnecté de la population, » expliquai-je. « C’est pour ça que je veux entendre parler des petites choses qui se sont passées en ville. Par exemple, une dame disait : “Ces légumes sont trop chers !” ou “le bébé de Gonbe a attrapé un rhume”. »
« Qui est censé être Gonbe ? » Juno gloussa et hocha la tête. « Bien sûr. Quand j’aurai du temps libre, je discuterai avec vous. Est-ce le bon moment de la journée ? »
« Voyons voir. Je dirai aux espions de vous faire entrer, » déclarai-je.
« J’aurais une escorte de ces gars... ? Eh bien, c’est très bien ainsi. » Après avoir dit ça, Juno s’était levée de sur la balustrade. « On s’est vraiment mis à parler pendant un moment, n’est-ce pas ? Bon, je devrais y aller. »
« Tout à fait. Soyez prudente sur le chemin du retour. J’attends avec impatience le jour où nous pourrons reparler, » déclarai-je.
« Bien sûr que oui. J’essaierai d’avoir une histoire intéressante prête pour ce moment-là, » déclara Juno.
« D’accord, j’aurai quelque chose à manger préparé la prochaine fois, » répondis-je.
« Ça a l’air bien. La nourriture dans cette cafétéria était après tout délicieuse, » déclara Juno.
Juno s’était tournée vers moi, mais elle m’avait soudain regardé.
« Si vous en avez marre de vivre dans le château, dites-le-moi. Je vous emmènerai à l’aventure quand vous voulez, » déclara-t-elle avec le sourire.
« Eh bien, si vous en avez assez de vivre comme une personne virevoltante et que vous voulez vous installer quelque part, dites-le-moi, » avais-je répondu en riant. « Je peux vous présenter un certain nombre d’endroits où vous pourrez travailler et vivre dans la paix. »
« Hahaha, joli revirement. Eh bien, alors, à une prochaine fois, » déclara Juno.
« Ouais. À la prochaine, Juno, » répondis-je.
Juno sauta de la balustrade, avant de rebondir sur les toits et de disparaître dans l’obscurité de la nuit. Comme on pouvait s’y attendre de la part de l’éclaireur du groupe, elle était agile.
Alors que je regardais Juno partir, je m’étais murmuré à moi-même : « Si j’en ai marre de vivre dans le château... hein ? »
Ce jour n’arrivera sûrement jamais. Parce qu’il y avait des gens précieux pour moi ici.
☆☆☆
Il y a un débat sur ce qui est le plus heureux, la fleur qui fleurit dans le champ, ou l’oiseau en cage.
Cela n’a pas de sens.
La fleur et l’oiseau ont chacun leur propre bonheur.
Merci pour les chapitres