Chapitre 5: Même si cet amour était pré-arrangé
Table des matières
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Chapitre 5: Même si cet amour était pré-arrangé
Partie 1
Parnam, capitale du Royaume de Friedonia.
Avec son château archaïque, mais toujours impressionnant et les murailles rondes qui entouraient le château et la ville, les toits orange des maisons de la cité avaient donné sa couleur à la ville. Il s’agissait d’une ville qui donnait, d’une certaine façon, une impression nostalgique.
Mais sous tout cela, il y avait les réformes de l’hygiène publique de Souma, ainsi que l’installation d’un réseau d’égouts et de transport, qui l’avait transformé en une cité efficace et vivable d’une manière qui contredisait son apparence d’antan. Cette ville était comme un symbole du Royaume de Friedonia alors qu’il commençait à accumuler le pouvoir.
Maintenant, malgré les progrès rapides de Parnam, il y avait aussi parfois des rumeurs bizarres qui se répandaient à l’intérieur de la ville. On pourrait les appeler des légendes urbaines.
L’année dernière avait apporté des rumeurs sur le mannequin en mouvement, et l’aventurier kigurumi. Celles-ci s’étaient naturellement apaisées lorsque les observations de mannequins en mouvement avaient pris fin, et lorsque les mentions de l’aventurier kigurumi avaient commencé à apporter des réponses de « Oh, vous voulez parler du Petit Musashibo ».
Cependant, dernièrement, une nouvelle rumeur avait commencé à prendre leur place.
C’était...
« L’ombre noire qui se déplace dans le ciel nocturne. »
C’est ainsi qu’un vendeur de produits métalliques, M. A, avait raconté l’histoire.
« J’avais abusé de la bouteille ce jour-là, donc je ne me souviens pas très bien, mais... J’étais ivre et couché sur le dos, regardant vers le ciel, quand quelque chose est passé au-dessus de moi. C’était tout noirâtre, sinueux et long. »
Voici un autre rapport d’un marchand, M. S :
« Je revenais de ma livraison au château ce jour-là. C’était une journée claire, et vous pouviez voir la lune et les nuages bien dégagés, mais pour une raison inconnue, la région autour de moi est devenue très sombre tout d’un coup, et c’est là que j’ai réalisé qu’il y avait une grande ombre qui passait au-dessus de ma tête. Cela bloquait la lumière de la lune. J’ai eu peur, et mes jambes ont lâché, mais l’ombre s’est envolée au-dessus du château et puis, pouf, elle a disparu. J’espère que ce n’est pas un mauvais présage des choses à venir... »
Il y avait eu beaucoup d’observations de ce genre, et cela avait causé de l’incertitude parmi les habitants de la ville, qui craignaient qu’un monstre soit venu. Cependant, lorsque Chris Tachyon avait diffusé la vérité derrière ces observations depuis le château, les choses avaient commencé à se calmer.
On disait que les deux responsables de ces rumeurs avaient reçu une réprimande sévère plus tard de leurs entourages concernant cette bourde.
◇ ◇ ◇
J’étais maintenant sur le dos de Naden, volant à travers le ciel nocturne. La situation fantastique de voler à travers la mer de nuages sous un ciel étoilé sur le dos d’un ryuu avait fait danser mon cœur. Cela m’avait tellement excité que, sans même le vouloir, j’avais commencé à fredonner le thème d’ouverture d’un animé que j’avais regardé il y a longtemps.
D’ailleurs, sur le chemin du retour vers le royaume, nous étions passés au-dessus de l’État Pontifical Orthodoxe de Lunaria. Dans mon ancien monde, il aurait peut-être été correct de demander si je violais leur espace aérien, mais dans ce monde, bien que les civilisations aient pu maîtriser le ciel, il n’y avait pas de concept de droits sur l’espace aérien. Dans ce monde, il n’existait pas encore de système de droit international qui permettrait à d’autres pays de s’opposer à l’utilisation de wyvernes et d’autres créatures volantes pour survoler leur territoire à haute altitude.
Il y avait une raison claire et simple pour cela. Ils n’avaient aucune capacité de l’appliquer.
Par exemple, si une wyverne pénétrait dans l’espace aérien d’un pays, il n’y avait aucun système radar dans ce monde avec lequel ils pourraient la détecter. Il ne serait pas possible de surveiller tout leur espace aérien sans un système comme le radar, en n’utilisant que des patrouilles.
Pour cette raison, ces patrouilles se limitaient aux zones situées au-dessus des grandes villes. Cela avait été fait pour empêcher de petites forces aériennes d’entrer dans leur espace aérien pour larguer des bombes au-dessus d’une ville ou pour déposer des espions. De plus, si un groupe volait en formation près de la surface, il serait rapidement repéré par ceux du sol, et il serait possible de les attraper.
Donc, si nous ne volions pas près du sol, si nous ne volions pas en formation et si nous ne survolions pas les villes, il serait possible de passer au-dessus d’un autre pays sans être détecté et intercepté.
J’avais envoyé Poncho dans d’autres pays pour recueillir des ingrédients de cuisine dans le passé. À cette occasion, nous avions envoyé des messagers dans ces pays pour obtenir l’autorisation d’atterrir dans ces pays. Cependant, en passant au-dessus d’un autre pays à haute altitude comme nous le faisons maintenant, il n’était pas nécessaire de leur en parler.
Cela dit, si quelque chose se produisait, le pays en question ne pourrait pas en être tenu responsable. C’était une situation où nous ne pouvions pas nous plaindre même s’ils nous abattaient, mais Naden volait plus haut que la wyverne normale, donc je n’étais pas inquiet à ce sujet. C’est pourquoi, en allant de la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon au Royaume de Friedonia, nous avions coupé à travers l’État Pontifical Orthodoxe de Lunaria.
Naden avait parcouru l’itinéraire que notre voyage détendu qui nous avait pris près d’une semaine en seulement deux à trois heures.
« Hé, Kazuma... est-ce vraiment bien ? » demanda Naden. Plus nous nous rapprochions de la capitale, Parnam, plus ses questions semblaient emplies d’inquiétudes. « Parnam est la capitale de Friedonia, n’est-ce pas ? Voler à l’intérieur de leur territoire est une chose, mais si je survole les villes, cela ne va-t-il pas devenir une question diplomatique et les amener à nous attaquer ? »
J’avais tapoté Naden dans le dos pour la rassurer. « Tout ira bien. Je les ai déjà prévenus. »
« Vous dites que vous les avez prévenus, mais... nous avons été dans les airs pendant tout ce temps ! » déclara Naden.
« C’est un peu trop difficile à expliquer, mais, eh bien, pensez que c’est ma magie, » répondis-je.
J’avais utilisé un mannequin avec le bras mécanique modèle 1 dans lequel j’avais laissé une partie de ma conscience avec Poltergeist Vivant pour qu’il puisse faire de la paperasse pendant mon absence, pour écrire un message. Le message avait dit : « Je reviendrai bientôt et je serais monté sur une longue créature. Ne soyez pas surpris. » Ils savaient qu’on arrivait. Le bras mécanique modèle 1 était incroyablement effrayant à regarder, mais il pouvait être utilisé pour relayer des messages comme celui-ci, donc c’était pratique.
« Je suis plus curieux de savoir comment vous avez pu expliquer la situation à tout un royaume..., » avait dit Naden.
Je ne pouvais pas lire son expression quand elle était sous forme de ryuu, mais la voix de Naden semblait emplie de doute.
« Eh bien, disons que... Je suis en mesure de le faire, » avais-je dit.
« Vous dites que vous avez aussi quatre fiancées, donc vous n’êtes pas un type ordinaire, n’est-ce pas, Kazuma ? Peut-être que vous êtes vraiment important dans le royaume ? Comme un noble de haut rang ? »
« Je suis un type ordinaire », avais-je répondu. « Celui qui a été forcé dans une position extraordinaire, c’est tout. »
Quand je lui avais donné cette réponse, elle avait pu en déduire tout ce qu’elle souhaitait, la ville de Parnam avec ses lampadaires à mousse lumineuse et le château de Parnam au clair de lune était apparue.
Je suis de retour, pensai-je.
Ce que j’avais ressenti, même si je n’étais parti que depuis environ un demi-mois, était la preuve que ce château était déjà devenu mon chez-moi.
« Naden, atterrissez dans la cour de ce château, » avais-je dit.
« Le château !? Est-ce bon !? » demanda Naden.
« C’est bon, » déclarai-je.
C’était là que les autres attendaient que je rentre à la maison.
Naden était restée flottante dans les airs, me tenant dans sa bouche jusqu’à ce qu’elle puisse me poser sur le sol. Puis elle avait immédiatement pris une forme humaine et avait elle aussi atterri.
La cour du château était assez grande, mais elle était encore un peu trop étroite pour que Naden puisse y atterrir sous sa forme de ryuu. Si elle essayait d’atterrir de cette façon, les jardiniers royaux pleureraient probablement. Techniquement, nous avions aussi un espace héliporté pour atterrir, mais la cour était plus proche de l’intérieur du château.
Quand nous avions fini d’atterrir dans la cour, les gardes s’étaient raidis comme s’ils ne pouvaient pas croire ce qu’ils voyaient, mais ils nous avaient immédiatement salués et s’étaient précipités à l’intérieur du château. Peu de temps après, Liscia, Hakuya, Juna et Roroa étaient sortis.
Quand Roroa m’avait vu, elle avait immédiatement couru et, profitant de tout son élan, m’avait sauté dessus et m’avait fait un câlin volant. « Bienvenue à la maison, chéri ! »
« A-Arg... J-Je suis de retour, » avais-je réussi à laisser sortir.
Roroa était légère et délicate. Donc je n’avais pas été poussé fortement vers l’arrière ou quoi que ce soit du genre. Cependant, j’avais dû tourner sur moi même une fois et demie pour absorber son élan. Les bras de Roroa étaient solidement attachés autour de ma taille, et elle se blottissait contre moi comme un chat, pressant son visage contre ma poitrine.
« Chéri, je me suis sentie si seule sans toi, » déclara Roroa.
« Seule ? » Je m’y étais opposé. « Ça ne fait qu’une semaine. »
« Si je ne peux pas voir ton visage, que ce soit un jour ou un an, c’est la même chose. Juna était elle aussi agitée, et pendant que la Grande Sœur Cia feignait le calme, son front était tout ridé. »
« « Roroa ! » » Liscia et Juna lui avaient crié dessus.
Pendant qu’elles lui criaient toutes les deux d’avoir dévoilé les détails de ce qu’elles avaient fait pendant mon absence, Roroa avait ri et s’était cachée derrière moi.
Ah... C’était un peu vague, mais j’avais l’impression de rentrer à la maison.
« Liscia, Juna, je suis rentré, » avais dis-je en souriant.
« Oh ! Bienvenue à la maison, Votre Majesté. » Juna corrigea sa posture et s’inclina.
« Bienvenue à la maison. » Liscia avait parlé sur un ton exaspéré. « Tu es revenu si soudainement, j’ai été surprise. »
« Soudain ? » avais-je demandé. « N’as-tu pas reçu le message disant que je reviendrais ? »
« Il a fallu beaucoup trop de temps avant qu’un tel message n’arrive. Souma, as-tu donc une idée du nombre de messagers kuis qu’Aisha a envoyé alors qu’elle était inquiète pour ta sécurité ? » demanda Liscia.
... Oh. Maintenant qu’elle l’avait mentionné, j’avais laissé Aisha et les autres dans ce village. Je suppose qu’on aurait pu les prendre en venant ici, hein.
« J’ai entendu dire que la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon allait leur expliquer la situation, » dis-je.
« Ça n’a de sens que si c’est toi qui le leur dis en personne, » rétorqua Liscia. « Dans la lettre qu’elle m’a envoyée, Carla m’a dit qu’Aisha a failli frapper le messager qui venait de la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon. »
« Quoi ? C’est effrayant…, » dis-je.
« Carla et les autres l’ont arrêtée de justesse. Pour le dire franchement, ça a failli devenir un incident diplomatique. Bien qu’il semble qu’ils aient reconnu qu’ils étaient en grande partie responsables de t’avoir emmené si soudainement, car l’envoyé a commencé à s’excuser, » déclara Liscia.
« Aisha... Quand il s’agit de moi, elle peut être si indisciplinée, » avais-je dit en soupirant.
Commencer une guerre totale avec les dragons ne serait pas drôle. Faites preuve de retenue, s’il vous plaît.
« Ça montre à quel point elle tient à toi, n’est-ce pas ? » répondit Liscia. « Rattrape-toi la prochaine fois que tu seras avec elle. »
« D’accord…, » dis-je.
Puis je m’étais adressé à Hakuya, qui n’avait pas participé à la conversation. « Est-ce qu’il s’est passé quelque chose d’inhabituel pendant mon absence ? »
« Rien de particulier. Si vous me pressiez de venir avec quelque chose, nous avons donné à Sire Piltory, qui a été envoyé dans l’Empire, la permission de revenir ici temporairement, » répondit Hakuya.
« Piltory ? S’est-il passé quelque chose ? » demandai-je.
Piltory Saracen. Il était l’un de mes partisans et, afin de renforcer notre coordination avec l’Empire du Gran Chaos, je l’avais envoyé comme ambassadeur dans l’Empire. Si Piltory était revenu, est-ce que cela signifiait qu’il s’était passé quelque chose dans l’Empire ?
Mais Hakuya secoua la tête avec un regard calme. « Il semble que l’une des femmes qu’il a emmenées dans l’Empire est tombée enceinte. Il n’est revenu que temporairement pour la laisser avec sa famille, qui a plus de mains libres pour s’occuper d’elle. Une fois qu’il a laissé sa femme à leur charge, Sire Piltory est immédiatement retourné dans l’Empire. »
« C’est... une merveilleuse nouvelle, » avais-je dit. Il rentrait à la maison parce qu’ils avaient eu un enfant. J’étais content d’apprendre que ce n’était pas une mauvaise nouvelle.
Si je me souviens bien, lorsque Piltory était parti pour l’Empire, il n’avait amené que ses deux femmes et un petit nombre de serviteurs. Peut-être, plutôt que de voir sa femme accoucher dans un environnement inconnu, Piltory se sentait-il plus en sécurité en la laissant à son domicile ici. Cela semblait assez juste.
Cependant, il y avait une autre chose qui me préoccupait.
L’expression de Hakuya.
Même s’il était habituellement si calme et réservé, aujourd’hui il avait l’air quelque peu heureux.
« ... Hakuya, est-ce que quelque chose de bien est arrivé ? » avais-je demandé avec prudence.
« Hm ? Rien de particulier. Pourquoi cette question ? » demanda Hakuya.
« Non, vous avez l’air un peu grisé, » dis-je.
« ... Le pensez-vous vraiment ? » demanda Hakuya.
Après avoir dit ça, Hakuya était retourné à son calme habituel et à son comportement composé. Hmm, l’avais-je imaginé ? Cela m’avait un peu dérangé, mais... eh bien, c’était mieux que de le voir ainsi sans en savoir la raison.
Une fois que Hakuya avait fini de me donner un rapport plus détaillé des choses qui s’étaient passées pendant mon absence, Roroa, qui s’accrochait encore à moi et semblait malade d’attendre, avait pris la parole.
« Alors, chéri, est-ce que c’est la dragonne avec qui tu disais vouloir former un contrat ? »
Quand elle m’avait demandé ça, j’avais réalisé que j’avais complètement négligé Naden.
« Non, je veux dire..., oui, c’est un dragon, mais pas un dragon, en soi... Attends, Naden !? » m’écriai-je en voyant la tête que faisait Naden en ce moment.
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Partie 2
Quand j’avais regardé derrière moi, Naden était paralysée et raide, me fixant d’un regard vide, la mâchoire grande ouverte. C’était comme un ordinateur qui s'était figé parce qu’il avait trop d’informations à traiter. Il y avait probablement toutes sortes de choses qui se passaient dans sa tête, et son expression n’avait pas changé depuis un moment, probablement parce que ses émotions n’arrivaient pas à suivre.
J’avais retiré Roroa de moi et j’avais agité une main devant le visage de Naden. « H-Hé, Naden ? »
« Kazuma est Souma, et Souma est Votrmajesté, donc il est... Votrmajesté Kazuma ? » Naden s’était effondrée sur le sol alors qu’elle murmura ça.
« Tiens, maintenant, j’ai aussi un autre alias bizarre !? Naden, reprenez-vous ! » dis-je.
« Euh !? »
Quand j’avais saisi Naden par les épaules et que je l’avais secouée en l’appelant, elle était finalement revenue à la raison. Puis, avec un regard de colère clairement discernable sur son visage, Naden m’avait soudainement attrapé par le cou.
« Attendez, Kazuma ! Ils vous appellent Souma, et Votre Majesté. Alors que diable se passe-t-il ici !? » s’écria Naden.
« Souma... ne me dit pas que tu ne lui as rien dit », me déclara Liscia, clairement exaspérée.
« Étant donné ma position, je ne savais pas si je pouvais lui donner mon nom ou non. Mais... tu as raison. Il était temps que je le fasse. Euh... Naden ? » dis-je.
« O-Oui ? » répondit Naden.
« Mon vrai nom est Souma Kazuya. Je suis le roi de ce royaume, le Royaume de Friedonia, » annonçai-je.
« ... »
Les yeux de Naden s’étaient écarquillés et elle s’était figée. J’avais entendu dire que lorsque les individus étaient vraiment choqués, ils perdaient la capacité de parler, et il semblait que c’était aussi vrai pour un ryuu.
Si nous avions continué à parler dans la cour pendant la nuit, nous aurions probablement tous contracté un rhume, alors nous avions décidé de nous déplacer dans une salle de conférence se situant dans le château. Nous nous étions assis autour d’une table ronde, et j’avais donné une explication approximative de la façon dont les choses s’étaient déroulées.
Cela incluait le fait que Lady Tiamat avait choisi de me faire venir à la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon avant les autres.
J’avais aussi parlé de la « tempête » qui s’approchait de la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon.
J’avais également parlé du fait qu’elle nous avait réunis, Naden et moi, comme moyen d’y faire face.
J’avais parlé du fait que Naden était la seule ryuu dans un groupe de dragons de style occidental.
J’avais également parlé du fait que Naden voulait conclure un contrat de monture avec moi... Fondamentalement, tout.
Liscia, ainsi que les autres personnes qui étaient venue avec moi n’avaient pas su ce qui s’était passé après mon passage à la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon, alors que Naden n’avait pas su comment j’y étais arrivé. Ainsi, j’avais fini par devoir tout expliquer.
Roroa avait été la première à ouvrir la bouche après avoir entendu tout ce que j’avais à dire. « On dirait que la Mère-Dragon t’a fait danser dans la paume de sa main pendant tout ce temps. J’ai l’impression que ta rencontre avec Nadie a été arrangée par elle. »
« N-Nadie ? » Les yeux de Naden s’étaient largement ouverts face à ce surnom soudain.
Elles s’étaient rencontrées il y a moins d’une heure, mais elle était déjà traitée comme une amie. J’avais comme toujours été étonné, par la capacité à socialiser de Roroa. Après tout, elle se rapprochait de l’autre personne, et elle ne les laissait pas se sentir isolé vis-à-vis d’elle.
« Eh bien, la Mère-Dragon de la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon est connue comme un dieu des rencontres. Ne le saviez-vous pas ? » avait ajouté Liscia.
Roroa haussa les épaules. « Même si c’est le cas, n’est-ce pas un peu trop direct ? Pour la plupart des gens sur ce continent, si vous dites le mot “dragon”, ils imaginent un grand lézard avec des ailes. Je dirais que mon Chéri est à peu près la seule personne qui aurait pu réaliser que Nadie était un dragon spécial et différent, un ryuu. Et puisqu’elle l’a déposé là où était Nadie, je dois dire que c’est un peu artificiel. »
« Je crois que Lady Roroa a raison, » déclara Hakuya pour soutenir l’opinion de Roroa. « Si je peux ajouter quelque chose, c’est peut-être que la Mère-Dragon... Lady Tiamat... est familière avec votre monde jusqu’à un certain point. Si Lady Tiamat était certaine que vous connaissiez les ryuus, cela signifie qu’elle devait savoir que le monde d’où vous venez avait une idée de ce qu’est un ryuu ».
« Lady Tiamat... connaît le monde d’où je viens ? » avais-je demandé lentement.
Elle savait que j’étais un humain qui venait de la Terre ou du Japon. J’en étais sûr. Cela étant dit, elle aurait pu aussi supposer que je connaissais le ryuu et les légendes sur les chutes d’eau. Est-ce pour ça qu’elle nous avait réunis Naden et moi ?
« Hrm... Cela ne m’est pas venu à l’esprit, » avais-je avoué. « J’aurais dû poser des questions plus précises. »
« Je pense que cela aurait été difficile, » répondit Hakuya. « D’après ce que vous nous avez dit, Sire, si Lady Tiamat prétendait ne pas avoir l’autorité de vous dire quelque chose, alors vous n’auriez pas pu le lui demander en obtenant une réponse appropriée. »
J’avais réalisé qu’il avait probablement raison. Après tout, on aurait dit qu’elle en faisait le moins possible pour influencer l’humanité. Donc tout cela était tout à fait possible.
J’avais remarqué que Juna fixait le visage de Naden.
Naden se pencha un peu en arrière. « Quoi ? Y a-t-il quelque chose sur mon visage ? »
« Non, je pensais juste que vos bois ressemblaient à ceux que grand-mère a..., » déclara Juna.
« Vraiment ? » demanda Naden.
« Oui, » dit Juna. « Elle est membre de ce qu’on appelle la race des serpents de mer, mais elle a des bois plus petits que les vôtres. »
Excel, hein ? Si je me souviens bien, la race des serpents de mer avait des queues et de petits bois, et son apparence ressemblait à celle de Naden dans sa forme humaine. Cependant, j’avais une théorie à ce sujet.
« Excel et les autres membres de la race des serpents de mer sont dits descendants d’un type de serpent de mer qu’on appelle aussi kouryuu ou jiaolong, n’est-ce pas ? » avais-je demandé. « Je pense que ces serpents de mer auraient pu être des ryuus comme Naden. »
Par exemple, avec la famille de Juna, les Domas, on disait que leurs ancêtres étaient des Loreleis. Parce que Lorelei avait une forme humaine, cela ne semblait pas déplacé pour eux d’avoir été descendus du ryuu.
Quand il s’agissait de serpents de mer, ils étaient tellement plus grands et de forme si différente, alors j’avais été quelque peu empli de doutes dès le début quant à savoir si leur accouplement avec les humains était même possible, et encore moins si un tel accouplement pouvait produire quelque chose comme la race des serpents de mer sous une forme humanoïde. Mais si ces « serpents de mer » avaient été ryuus comme Naden, tous ces doutes disparaîtraient.
« Les gens de ce monde ne connaissaient pas le ryuu, » dis-je. « De plus, Naden était si habile à nager qu’elle pouvait remonter la Grande Cascade. S’ils voyaient un ryuu qui était si habile à nager, il ne serait pas étrange pour une personne dans ce monde de penser qu’il était un serpent de mer. Pendant ce temps, comme Naden, ces ryuus auraient pu prendre une forme humaine, et ainsi ils auraient pu laisser des descendants connus maintenant sous le nom de serpents de mer. »
Juna avait applaudi comme si elle avait tout compris. « Je vois ! La race des serpents de mer n’est pas un demi-dragon comme les dragonewts, mais à la place, un demi-ryuu. »
« Ce n’est qu’une théorie, » dis-je.
« C’était tout à fait logique pour moi. Eh bien, ça fait de Naden l’une de mes parentes éloignées, » déclara Juna.
« Hein ? Vraiment ? » demanda Naden.
Quand Juna avait souri en réponse, les joues de Naden avaient commencé à se relâcher un moment, mais son regard était tombé sur la poitrine voluptueuse de Juna, et son sourire était devenu forcé. Elle baissa les yeux vers sa modeste poitrine, et ses épaules s’affaissèrent si fort que l’on ne pouvait s’empêcher d’imaginer un effet sonore exagéré.
« Il n’y a aucune chance que nous soyons parentes..., » avait marmonné Naden d’un air découragé.
« Je ne sais pas ce que c’est, mais je sens que je peux m’entendre avec cette fille, » Roroa hocha la tête avec sympathie.
J’avais une idée de la raison, mais je n’allais pas mettre mon pied là-dedans, alors je ne m’étais pas mêlé de ça.
« Quoi qu’il en soit, ce qui m’inquiète maintenant, c’est cette “tempête” contre laquelle Lady Tiamat était sur ses gardes, » avais-je dit. « Il semble que cela n’affecte pas seulement la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon, mais aussi ce pays. »
J’avais remis la conversation sur une note plus sérieuse, de sorte que le sentiment de tension était revenu chez toutes les personnes présentes.
« Elle a dit que tu étais la “clé” pour faire face à cette tempête, n’est-ce pas ? » demanda Liscia, et je hochai la tête en signe d’affirmation.
« Si je tiens compte de la façon dont elle connaît la Terre, j’imagine que cela pourrait avoir quelque chose à voir avec la façon dont j’ai été convoqué d’un autre monde. Et aussi, il semblerait qu’elle ait choisi Naden pour me porter, » déclarai-je.
Lady Tiamat avait mentionné qu’elle avait besoin de moi, de la clé pour y faire face, et d’une fille qui me porterait. Il était plus ou moins certain que la fille dont elle parlait était Naden. Si j’avais des questions à ce sujet, ce serait la raison pour laquelle cette fille devait être Naden en particulier.
Liscia avait la tête baissée sur le côté. « C’est plutôt vague. Cette “tempête” ne semble pas être un phénomène naturel, n’est-ce pas ? »
« Ce n’est pas possible, » avait déclaré Naden avec fermeté. Elle semblait terriblement sûre d’elle. « Quand je suis sous forme de ryuu, mes moustaches sont si sensibles que je peux vous dire quel temps il fera dans une région pour la semaine prochaine. Si un orage arrivait bientôt, il n’y a aucune chance que je ne le sente pas. »
« Sérieusement !? » m’étais-je exclamé. « C’est super pratique ! »
Si nous avions Naden, nous pourrions commencer des prévisions météo ! Nous pourrions commencer une rubrique météo dans l’émission d’information de Chris Tachyon et la diffuser dans tout le pays. Dans sa forme de ryuu, Naden pourrait probablement faire le tour du pays en une journée, donc si nous pouvions utiliser cela pour produire un bulletin météorologique, ce serait une grande aide pour les habitants.
Il fallait que Naden vienne au royaume maintenant !
« Souma... C’est trop facile de dire ce que tu penses », m’avait dit Liscia alors que je commençais à m’exciter. Apparemment, c’était écrit sur mon visage.
Je me sentais mal à l’aise à ce sujet, alors je m’étais raclé la gorge, puis j’étais revenu à la question principale. « Quoi qu’il en soit, pour faire face à cette “tempête”, je suis sûr qu’il faudra que je retourne à la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon. »
« Je ne veux pas que tu mettes ton cou dans quelque chose de dangereux, » Liscia m’avait dit ça avec un air inquiet, mais je ne pouvais pas lui en vouloir.
« Si je ne m’en mêle pas maintenant, ce sera tout aussi grave si la même calamité nous arrive plus tard. En plus, je ne sais pas si c’est un problème qu’on peut remettre à plus tard. Si je dois le regretter plus tard, en me disant : “Pourquoi n’ai-je pas fait quelque chose à l’époque ?” c’est mieux de résoudre le problème maintenant, alors que j’ai la garantie de Lady Tiamat que je peux le faire, » déclarai-je.
« Eh bien, oui... c’est peut-être vrai, mais..., » répondit Liscia.
J’avais posé une main sur l’épaule de Liscia, toujours insatisfaite. « Normalement, je laisse ce que je ne peux pas faire à ceux qui le peuvent. Mais s’il y a quelque chose que je suis le seul à pouvoir faire, je dois être proactif. Je dois donner l’exemple au peuple. »
« ... Oh, bien, j’ai compris. » Liscia l’avait accepté à contrecœur.
Je m’étais levé et j’avais marché pour me placer derrière le siège de Naden. Puis, plaçant mes mains sur ses épaules, j’avais dit : « Pour faire face à cette situation, je veux former un contrat de chevalier dragon avec Naden. En gros, ça veut dire que je prendrais Naden comme cinquième fiancée. Naden n’est pas du genre à être reine primaire, donc elle deviendra probablement une reine secondaire, ce qui lui donnera plus de liberté ». J’avais regardé les visages de Liscia, Juna et Roroa pendant que je parlais. « Mais je n’ai pas l’intention d’ignorer vos sentiments. Si vous avez des objections, il est temps de les soulever. »
« J’ai hâte de collaborer avec vous, » Naden s’était levée et avait incliné la tête.
Liscia et les deux autres fiancées se regardèrent l’une et l’autre, mais Roroa avait souri d’un sourire ironique avant de lever les deux mains en l’air.
« Je m’abstiens. Je laisse ça à Grande Soeur Cia en tant que première reine primaire, » déclara Roroa.
« C’est logique », avait ajouté Juna. « Je suis une reine secondaire, donc je respecterai aussi la décision de Lady Liscia. »
La première reine primaire était dans la position d’avoir à diriger les autres reines primaires et secondaires, donc, d’une certaine façon, c’était un résultat naturel. Liscia, à qui l’on avait confié la tâche de décider pour les deux, avait aussi dû comprendre cela, parce qu’elle avait poussé un profond soupir.
« ... Souma, laisse-moi te demander ça. Cette fille... veux-tu la prendre pour reine ? » demanda Liscia en me regardant dans les yeux.
« Oui, » avais-je répondu.
« Est-ce que c’est ta décision en tant que dirigeant ? Ou bien est-ce basé sur tes sentiments personnels ? » demanda Liscia.
« Pour l’instant, je pense ainsi plus en tant que dirigeant, » je ne voulais pas le dire devant Naden, mais même si j’essayais de le cacher, Liscia verrait à travers moi. J’avais donc décidé de leur dire honnêtement ce que je ressens en ce moment. « En tant que dirigeant, je ne veux pas laisser partir une personne aussi compétente. Elle me donnera un lien avec la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon, et en formant un contrat avec elle, je peux faire appel à l’autorité du Premier Roi-Héros. En plus, les capacités de Naden sont aussi très attrayantes. Sa capacité de connaître le temps qu’il fera et sa capacité de manipuler l’électricité... les deux permettront à notre pays de faire de grands progrès. Je ne veux pas donner quelqu’un d’aussi capable à un autre pays. Je la veux pour notre pays. »
J’avais jeté un coup d’œil sur Naden, qui affichait sur son visage un regard peiné. Je parlais d’elle comme d’une sorte d’outil pratique, alors je ne pouvais pas lui en vouloir pour ça. Je savais que c’était bizarre pour moi d’être celui qui le disait, mais c’était dégoûtant ce que je venais de dire. Pourtant... dans ma position de roi, j’avais dû tenir compte de ce genre de choses dans mon processus de prise de décision.
Liscia l’avait compris, alors elle avait hoché la tête. « Alors qu’est-ce que tu ressens pour elle sur le plan personnel ? »
« J’ai une bonne impression d’elle... mais je ne sais pas encore, » avais-je admis. « Après tout, nous venons tout juste de nous rencontrer. »
Naden avait penché sa tête.
Non, je n’essayais pas de mettre ce genre de regard sur son visage. Je voulais m’assurer qu’elle écouterait ce que j’avais à dire jusqu’à la fin, alors j’avais posé une main sur l’épaule de Naden.
« Mais je pense que je peux en venir à l’aimer, » déclarai-je.
Le visage de Naden s’était levé et elle m’avait regardé. Je lui avais souri.
« Contrairement à toutes les autres femmes de ce monde, Naden n’est pas liée par des choses comme les préoccupations de sa maison ou le besoin de produire un héritier. Même dans des moments comme celui-ci, elle a le pouvoir de vivre toute seule si elle le désire. Son esprit libre me rappelle les femmes de mon pays natal. Quand j’étais avec Naden, à me détendre dans sa grotte, à lire des livres ou à regarder des émissions sur son récepteur simple, cela me rappelait la vie dans mon ancien monde. Si j’ai Naden avec moi, j’ai l’impression que cela m’empêchera de perdre de vue qui j’étais avant d’être ici. »
J’avais regardé Liscia droit dans les yeux pendant que je parlais.
« De plus, bien que la naissance et les capacités de Naden soient spéciales, il s’agit en vérité d’une fille incroyablement ordinaire, » déclarai-je.
« Quoiii, Souma ! » Naden s’y était opposée.
Mais je ne voulais pas dire ça dans le mauvais sens. Sa façon de rire, de pleurer, de gérer ses complexes, de bouder, de tomber amoureuse... Il ne pouvait pas y avoir beaucoup de filles aussi féminines à cette époque.
« Je trouve cette banalité charmante, » avais-je dit. « Alors... je suis sûr que je peux l’aimer. »
« Je vois..., » Liscia avait déplacé ses yeux vers le bas, regardant comme si elle envisageait quelque chose. Puis, quand elle avait levé les yeux, elle s’était tournée vers Naden. « Je sais maintenant ce que Souma ressent. Alors... Naden, c’est votre tour. »
« D’accord ! » avait déclaré Naden.
Liscia avait hoché la tête, puis s’était tournée vers moi. « Souma, peux-tu nous laisser seules, Naden et moi ? »
Seul... Hein ? Elle voulait questionner Naden en privé !?
« C’est..., » commençai-je.
« Roroa, Juna, occupez-vous de Souma, » déclara Liscia.
Roroa et Juna m’avaient pris fermement par les bras. J’avais essayé de me débarrasser d’elles, mais elles ne me lâchaient pas.
« Eh bien, c’est après tout un ordre de la future première reine primaire, donc il n’y a pas grand-chose d’autre que nous puissions faire, » avait dit Roroa.
« Heehee, » déclara Juna en riant. « Je suppose que non. Nous n’avons pas d’autre choix. »
Elles avaient dit qu’elles n’avaient pas le choix, mais n’ont-elles pas l’air de s’amuser ?
Quand j’avais demandé de l’aide à Hakuya...
« Il semble qu’il s’agit d’une discussion familiale, alors je vais prendre congé, » avait-il annoncé avant de quitter rapidement la salle.
Il s’est enfui !?
Liscia avait pris la main de Naden et avait commencé à s’éloigner de nous. « Maintenant, Naden, c’est un peu gênant de faire ça ici, alors retournons dans ma chambre. Mais avant ça... Que diriez-vous d’abord d’un bain ? » ajouta Liscia, passant ses doigts dans les longs cheveux noirs de Naden.
« Hein ? Un bain ? » demanda Naden.
« Vos cheveux sont tout enchevêtrés. En tant que fille, vous devez mieux vous en occuper. Venez, je vais les laver pour vous, » déclara Liscia.
« Hein ? On y va ensemble ? Hein ? » s’écria Naden.
Traînant Naden, qui était complètement perdue à cause de ce qui se passait, Liscia et elle avaient quitté la pièce. J’avais essayé de l’arrêter, mais Juna et Roroa m’en avaient empêché.
« Non, Sire, vous ne pouvez pas faire ça. C’est mieux de laisser les filles se débrouiller seules, » déclara Juna.
« Mon Chéri, laisse ça à la Grande Sœur Cia. Reste ici pour le bien de Nadie, » déclara Roroa.
« Juna, Roroa…, » avais-je lentement dit.
Il semblait que tout le monde avait les meilleurs intérêts de Naden à l’esprit. J’étais heureux de les voir faire de leur mieux pour l’accepter, même si cela aurait pu les laisser avec des sentiments compliqués. Cependant, les sourires de Roroa et de Juna avaient un côté intimidant qui ne laissait aucune place à la dispute.
« Avant cela, nous allons te faire raconter ce qui s’est passé entre toi et Nadie dans la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon, et je veux vraiment savoir pourquoi elle t’aime tant ! » cria Roroa.
« Vous ne dormirez pas ce soir avant de tout nous dire, alors préparez-vous, » avait ajouté Juna.
« ... Allez-y doucement avec moi, s’il vous plaît, » avais-je soupiré.
Désolé, Naden. S’il vous plaît, faites de votre mieux de votre côté.
☆☆☆
Partie 3
« Comment est-ce ? As-tu des démangeaisons quelque part ? » demanda Liscia.
« Je vais bien…, » répondis-je.
Je suis Naden et je suis actuellement dans un bain, en train de me faire laver par Lady Liscia.
Que quelqu’un vienne et m’explique cette situation !
Pour me calmer, j’avais revu un peu la situation jusqu’à présent.
Afin de créer un contrat de Chevalier-Dragon (ou, dans mon cas, serait-ce un Chevalier-Ryuu ?) avec Kazuma, j’étais venue au Royaume de Friedonia où il vivait, mais j’avais été frappée par la révélation choquante que le vrai nom de Kazuma était Souma Kazuya, et qu’il était le roi (mais il n’était pas encore sacré, donc seulement provisoirement).
Au moment où j’avais atterri dans la cour du château de Parnam, qui n’était évidemment pas aussi impressionnant que le Château de Cristal de Lady Tiamat, mais qui était quand même respectable, j’avais été conduite dans le château par des gardes nous saluant, et là, j’avais rencontré Lady Liscia, la première femme de Kazuma... non, fiancée de Souma, qui était donc la future reine de ce pays. J’avais l’impression de ne plus savoir qui j’étais.
Souma avait dit qu’il voulait me prendre comme l’une de ses reines.
« J’ai hâte de collaborer avec vous, » j’avais réussi à faire sortir une telle réponse et à m’incliner, mais l’intérieur de ma tête était dans un chaos total.
Hein ? Était-ce vraiment bien pour moi d’épouser Souma comme ça ? J’avais rêvé d’épouser un chevalier, mais Souma était un roi, non ?
Bien sûr, il y avait des dragons qui avaient épousé des membres de la royauté de Nothung. Mais nous parlions de Friedonia, un pays qui s’était tenu aux côtés de l’Empire jusqu’à présent. Était-ce vraiment bien pour moi de devenir reine là-bas ?
Alors que mon esprit tourbillonnait encore...
« Je sais ce que Souma ressent maintenant. Alors... Naden, c’est votre tour. »
L’une de ses fiancées, Lady Liscia, dont on disait qu’elle allait être la première reine primaire, m’avait parlé.
C’était une princesse aux jolis cheveux blond-platine, portant un uniforme militaire rouge brillant. Elle avait l’air d’avoir environ dix-huit ans, et elle avait un air digne.
Je m’étais levée et j’avais répondu : « D’accord ! »
Lady Liscia m’avait regardée droit dans les yeux, puis avait hoché la tête pour une raison inconnue et avait dit : « Souma, peux-tu nous laisser seules, Naden et moi ? »
Hein ? Du temps seul ? La candidate pour devenir la première reine primaire et moi ? Qu’est-ce que j’allais faire ?
Est-ce comme la briseuse de ménage dans ce roman d’amour « Espèce de Pie Voleuse » que j’avais lue auparavant ? Non, puisque je suis une ryuu, peut-être que ce serait : « Espèce de Ryuu Voleuse ! » Mais le ryuu avait plus une image de protecteur, alors... Attendez, ça n’avait pas d’importance maintenant !
« Maintenant, Naden, c’est un peu gênant de faire ça ici, alors retournons dans ma chambre. Mais avant ça... Que diriez-vous d’abord d’un bain ? » Lady Liscia m’avait dit, si bien qu’avant que je m’en rende compte, on m’emmenait au bain.
J’étais toute nue, avec une Lady Liscia tout aussi nue qui me lavait les cheveux. La peau claire et blanche de Lady Liscia avait ainsi fait que moi, membre du même sexe, avais vu mon cœur battre la chamade. J’étais assise avec mes jambes en position W, tandis que Lady Liscia se tenait à genoux derrière moi, frottant mes longs cheveux noirs. Même si sa poitrine n’était peut-être pas aussi grande que celle de la dame aux cheveux bleus, je pouvais sentir ses très jolis gonflements se presser par moment contre l’arrière de ma tête.
... Ouais, j’avais besoin de le dire dans ma tête une fois de plus...
Que quelqu’un m’explique cette situation !?
Qu’est-ce qui se passait ici ? J’avais la candidate pour devenir la première reine primaire de Friedonia qui me lavait les cheveux pour une raison inconnue.
Je m’étais tournée vers Lady Liscia et j’avais hésité à demander, « Euh, Lady Liscia ? Si je peux me permettre, pourquoi vous me lavez... ? »
« Parce que vos cheveux étaient en désordre, voilà pourquoi. Vous avez une bonne base qui peut être améliorée, donc vous devriez faire plus attention à votre apparence... Jusqu’à récemment, je n’étais pas du genre à voir cela ainsi…, » répondit-elle.
« J-Je vois…, » répondis-je.
Pai avait déjà dit quelque chose de semblable, n’est-ce pas ?
Puis Liscia sourit. « Vous pouvez aussi m’appeler Liscia. »
« Je ne pourrais pas. Ne serez-vous pas la reine de ce pays dans un proche avenir ? » protestai-je.
« Vous êtes venue ici pour en devenir une aussi, n’est-ce pas ? Souma semble être charmé par votre normalité, alors je serais heureuse si vous me traitez comme une amie. Bon, fermez maintenant les yeux, » répondit Liscia.
« Ah... ! »
J’avais fermé les yeux quand elle avait dit cela, puis elle m’avait versé un seau d’eau chaude sur la tête. Les mousses de savon qui étaient collées à ma tête avaient été enlevées et mes cheveux s’étaient accrochés à ma peau. J’avais secoué la tête vigoureusement.
Quand elle m’avait vue faire ça, Lady Liscia... Liscia m’avait fait un sourire merveilleux.
« Vous êtes comme Tomoe quand vous faites ça, » déclara Liscia.
« Tomoe ? » demandai-je.
« Ma petite sœur adoptive. C’est une louve mystique de onze ans, et c’est la plus mignonne, » répondit Liscia.
« Vraiment ? Je voudrais bien la rencontrer…, » commençai-je.
« Si vous épousez Souma, elle sera comme votre petite sœur. Soyez gentille avec elle, » déclara Liscia.
En parlant de ce genre de choses, nous étions entrés dans la baignoire. C’était une grande baignoire ronde et trois personnes auraient pu y entrer facilement. Alors que je me sentais encore tendue, je m’étais enfoncée dans l’eau.
« Pour votre information, ce bain est réservé exclusivement aux membres de la famille du roi, » expliqua Liscia, qui était plongée dans l’eau en face de moi. « Je me baigne souvent ici avec Aisha, Juna, Roroa et Tomoe. »
« Famille... Est-ce que Souma vient aussi parfois ici avec vous ? » Mon cœur s’était emballé à cette pensée.
Liscia secoua la tête d’un rire ironique. « Souma dit : “Nous avons la chance d’avoir une belle grande baignoire dans le château, alors je préfère utiliser celle-là”, alors il va toujours dans la zone de baignade utilisée par les gardes du château. Il y planifie ses déplacements quand il n’y a pas beaucoup de monde. »
« Je vois..., » dis-je.
« Vouliez-vous aller dans cette baignoire avec Souma, Naden ? » Liscia s’était un peu moquée de moi en disant ça.
« Non ! Je pense que je serais encore un peu... embarrassée... » *Blop*, *Blop*.
Attends ! Qu’est-ce que je voulais dire avec ce « encore » !? Tiens bon ! Je sais que c’est moi qui l’ai dit, mais c’était beaucoup trop embarrassant !
J’avais plongé mon visage à mi-chemin dans l’eau. Liscia m’avait regardée avec le sourire.
« Naden..., vous voulez former un contrat de chevalier dragon avec Souma, n’est-ce pas ? Ça veut dire que vous souhaitez être sa femme…, » demanda Liscia.
« ... Oui, » répondis-je.
« Qu’est-ce qui vous a fait décider que vous vouliez épouser Souma ? » demanda-t-elle.
Liscia me regardait droit dans les yeux. Son regard était doux, mais elle ne voulait pas détourner le regard, et essayait d’évaluer en profondeur le genre de personne que je suis. Même si je lui donnais une bonne réponse pour entrer dans ses bonnes grâces, elle verrait à travers moi en un rien de temps.
C’est pourquoi j’avais redressé mon dos et répondu avec mes honnêtes sentiments.
« Parce que... Souma m’a montré le coté de moi que je n’avais jamais connu ! » J’avais décidé de lui faire face dans cette baignoire. Je m’étais levée et j’allais lui dire exactement ce que je ressentais. « Il m’a appris que j’étais un dragon appelé ryuu. Il m’a appris à voler. Il m’a appris ce que j’ai toujours voulu savoir, sur le genre d’être que je suis. C’est pourquoi je veux être avec Souma, celui qui me comprend ! Je veux être la monture-dragon de Souma ! »
« J’ai entendu tout cela dans l’explication de Souma, » déclara tranquillement Liscia. « Mais pouvez-vous dire avec certitude que ces sentiments sont les vôtres ? N’est-ce pas Lady Tiamat qui a envoyé Souma à vos côtés ? »
Elle avait touché un point sensible. Mais... si je reculais maintenant, quel genre de femme serais-je ?
J’avais déplacé ma main sur ma poitrine, puis je l’avais regardée droit dans les yeux. « Vous avez raison, Lady Tiamat a peut-être arrangé une rencontre entre Souma et moi. Mais, je peux dire sans aucun doute que mon désir d’être avec Souma est entièrement le mien. »
Les yeux de Liscia s’étaient ouverts quand elle avait entendu ma confession « d’une vie ».
J’avais répliqué en posant une question à Liscia. « Ou alors quoi... ? Allez-vous me dire qu’un amour qui commence par quelqu’un d’autre n’est pas un véritable amour ? »
Je m’étais sentie un peu triste en le disant.
Liscia s’était alors penchée vers l’avant d’un coup, plongeant la moitié supérieure de son corps dans l’eau en provoquant une vague. Elle était restée ainsi un moment, avec rien de plus que des bulles qui remontaient à la surface. N’était-elle pas restée déjà dix secondes sous l’eau ? Comme je commençais à m’inquiéter, je l’avais appelée.
« E-Euh... Liscia ? »
« Bwah ! »
Avec un fort jaillissement, Liscia était revenue à la surface. Qu’est-ce que c’était que ça !? Je m’étais assise de nouveau dans la baignoire, et Liscia avait secoué l’eau de ses cheveux, se grattant maladroitement la joue.
« Désolée. Votre confession m’a un peu embarrassée, » déclara Liscia.
« Qu’est-ce qu’il y a ? Qu’est-ce que vous dites, Liscia ? » demandai-je.
« Comme je l’ai dit, désolé. Mais vous avez eu la réaction parfaite. Est-ce qu’un amour qui commence par quelqu’un d’autre n’est pas un véritable amour ? Si vous le dites ainsi, le mien était également ainsi, et je ne pense pas que les autres femmes pourraient répliquer à ce que vous dites. Ce que je veux dire par là, c’est que toutes nos réunions ont été organisées d’une façon ou d’une autre par autre chose ou quelqu’un, » déclara Liscia.
Liscia avait souri comme si elle se remémorait de bons souvenirs en me disant ça.
Liscia avait continué. « Les fiançailles avec Souma étaient quelque chose que mes parents ont décidé de faire sans même me consulter. Quand mon père, l’ancien roi, a abdiqué en faveur de Souma, il a annoncé nos fiançailles comme un moyen de cimenter la légitimité de Souma. C’était si soudain qu’à l’époque, je me suis énervée et j’ai pris d’assaut la chambre de mon père. »
« V-Vraiment ? » demandai-je.
J’avais été surprise d’apprendre que la relation entre Souma et Liscia avait commencé de cette façon, surtout après avoir vu à quel point ils se faisaient confiance.
« Il n’y a pas que moi, » continua Liscia. « Elle n’est pas ici en ce moment, mais la candidate pour devenir la deuxième reine primaire, Aisha, est venue faire un appel direct à Souma pour qu’il fasse quelque chose pour sa patrie. Juna, celle aux cheveux bleus, était une espionne envoyée par l’actuel commandant en chef de la Force de Défense Nationale, Excel, pour juger si Souma était apte à être roi. Roroa, celle qui parle dans un argot marchand, était autrefois la princesse d’un pays hostile, le saviez-vous ? Elle a décidé d’épouser Souma pour l’obliger à s’occuper de son peuple, appauvri et souffrant de pénurie alimentaire. »
J’étais sans voix. Si tout ce qu’elle venait de dire était vrai, aucune des fiancées de Souma ne l’avait rencontré et n’était tombée amoureuse de lui dans des circonstances ordinaires. Non, j’avais lu des romans d’amour, alors je savais que les restrictions imposées aux personnes par leur famille pouvaient s’impliquer dans leur vie amoureuse. Et les perspectives des dragons, avec leur mariage avec un chevalier pratiquement déjà décidé, avaient pris le dessus sur l’amour et ce n’était pas beaucoup mieux... mais quand même !
« Et... aucune d’entre vous n’est insatisfaite ? » avais-je demandé avec hésitation.
Liscia avait souri. « Naden, c’est vous qui avez dit qu’un amour arrangé au préalable par quelqu’un d’autre peut encore être du véritable amour. Je pense que peu importe ce qui nous a réunis, ce qui est vraiment important, c’est le temps que vous passez ensemble après ça. »
Liscia s’était déplacée pour se mettre à côté de moi. En ce moment, Liscia et moi étions assises si près que nos épaules se touchaient presque.
Avec un regard joyeux dans les yeux, Liscia avait dit : « À vrai dire, j’étais un peu inquiète. »
« Inquiète ? » demandai-je.
« Nous avons toutes surmonté beaucoup de choses aux côtés de Souma. Comme la remise sur pied de ce pays, la guerre avec l’Amidonia et les négociations qui ont suivi. C’est l’ensemble de tout cela qui a forgé le lien étroit qui nous unit. Nous sommes une famille, » déclara Liscia.
Famille...
Liscia avait continué à parler. « C’est pourquoi je me posais la question... si vous vous joigniez à nous, est-ce que vous pourriez vous habituer à cette atmosphère familiale ? Souma accorde une grande importance au fait que nous soyons une famille. C’est parce que nous sommes sa famille que Souma a finalement trouvé quelque chose à quoi il tient après le décès de ses seuls parents restants dans son monde d’origine, sa grand-mère et son grand-père. »
Je n’avais pas pu dire un mot. J’avais d’abord pensé à mes propres sentiments, mais Liscia avait pensé à Souma et à sa famille. Je comprenais pourquoi Souma lui faisait confiance.
C’est... le genre de résolution qu’il faut pour être la première reine primaire, avais-je réalisé.
Dans un signe de préoccupation pour moi, qui avait perdu la capacité de parler, Liscia avait poursuivi sur un ton paisible : « Si vous n’étiez pas capable de vous intégrer dans cette atmosphère, j’avais l’intention de m’opposer à votre contrat. Si vous ne pouviez pas devenir membre de la famille, je ne pense pas que Souma, ou moi, ou même vous-même, Naden, en serions heureux. Je voulais voir par moi-même si vous pouviez ou non le faire, et c’est pourquoi j’ai fait en sorte que nous soyons seules ensemble. »
Liscia s’était retournée et elle m’avait regardée droit dans les yeux.
« Alors, Naden, croyez-vous que vous pourrez vous intégrer ? Avez-vous l’impression que vous pourrez penser non seulement à Souma, mais aussi au reste d’entre nous en tant que famille ? Si vous le pouvez... nous vous accueillerons. »
J’avais regardé mes propres sentiments. Je n’avais pas encore la détermination de Liscia. Mais... c’était seulement vrai maintenant.
« Je ne comprends pas vraiment ce truc de “famille”, » avais-je admis. « Nous, les dragons, nous protégerons les parents sanguins de nos partenaires jusqu’à la mort, mais nous ne sommes pas vraiment une race avec un concept fort de famille. »
« Je vois..., » répondit Liscia.
« C’est d’autant plus vrai que je connais la solitude liée à l’isolement. Je suis une ryuu, et j’ai été isolée même comparé aux autres dragons, donc je comprends combien il est gratifiant d’avoir des amis, la joie de trouver quelqu’un qui vous comprend, et le désir de Souma d’avoir quelqu’un à ses côtés. Alors..., » je m’étais levée, je m’étais tournée vers Liscia et j’avais incliné la tête devant elle. « S’il vous plaît, faites de moi un membre de votre famille. »
Pendant que mes yeux étaient fermés et que j’attendais la réponse de Liscia, quelque chose avait touché mes mains, qui reposaient sur mes genoux. J’avais ouvert les yeux pour découvrir que Liscia avait pris ma main. Puis, main dans la main avec moi, Liscia s’était aussi levée, se tournant vers moi en souriant.
« Naden Delal, en tant que candidate pour être la première reine primaire de Souma, je te souhaite la bienvenue. Merci d’être venue dans ce pays, et d’être avec Souma, » déclara Liscia sur un ton moins formel, même si les mots ne l’étaient pas.
« Liscia..., » murmurai-je.
« Hehe ! Vu notre situation, on pourrait penser que c’est nous deux qui allons nous marier, » répliqua Liscia.
« Hahahaha, tu as peut-être raison, » répondis-je de la même manière.
On se tenait les mains, alors que nous étions nues l’une en face de l’autre. Qu’est-ce que c’était que cette situation ?
« Oh ! Mais tu dois obtenir la permission d’Aisha, qui n’est pas là maintenant, d’accord ? » avait ajouté Liscia.
« Hmm... Je ferai de mon mieux, » avais-je dit.
« Si Souma lui demande, je suis sûre qu’Aisha sera d’accord, » déclara Liscia. « Mmmm ! » Liscia avait étendu ses deux bras sur toute la largeur. « Maintenant, je me sens un peu étourdie, il est peut-être temps de sortir. »
« Bien sûr, » dis-je.
« Ah oui, Naden. Si tu viens dans ma chambre, je voudrais que tu m’aides pour quelque chose, » déclara Liscia.
« Tu veux que je t’aide avec quelque chose ? » demandai-je.
Qu’est-ce que cela pourrait signifier ?
Liscia avait un sourire malicieux qui s’était affiché sur son visage.
◇ ◇ ◇
« Pff... »
Nous nous trouvions le lendemain. J’étais dans le bureau des affaires gouvernementales, à regarder la pile de documents que Hakuya m’avait remis, en disant : « Puisque vous êtes ici de toute façon, je vous prie de regarder ces documents importants », mais... J’étais super fatigué.
Roroa et Juna m’avaient mis dans l’embarras hier soir, me posant toutes sortes de questions sur ce qui s’était passé avec Naden, alors j’avais été quelque peu privé de sommeil. Mais c’était peut-être mieux de faire ce que je pouvais maintenant.
Il avait été décidé que Naden et moi retournerions à la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon dans la journée.
J’avais déjà fait un rapport à Liscia et aux autres au sujet de Naden, et ce que Lady Tiamat avait dit au sujet de la tempête me dérangeait aussi. Le plan était d’aller chercher Aisha et compagnie sur le chemin.
Pendant que je travaillais, on avait frappé à la porte et Liscia et Naden étaient entrées.
En voyant à quoi ressemblait Naden quand elle était entrée dans la pièce, j’avais laissé échapper un « Wôw... » en raison de ma surprise.
Quand elle m’avait remarqué alors que je la regardais, Naden m’avait regardé en rougissant et m’avait demandé : « Qu’est-ce que... ? »
« Non, je pensais juste que vous êtes maintenant vraiment mignonne ainsi, » avais-je avoué.
« M-Mignonne !? »
Je pensais que Naden avait beaucoup de bons points qu’elle pourrait améliorer, mais elle n’était pas préoccupée par son apparence, et ses cheveux étaient pleins de nœuds, donc il était difficile d’être sûre de son plein potentiel. Mais maintenant que Naden portait ses cheveux droits, longs, lisses et noirs, elle avait une beauté propre et soignée, comme une yamato nadeshiko, l’hypothétique femme japonaise idéale. Il semblait qu’elle était allée prendre un bain avec Liscia après ce qui s’était passé, alors Liscia avait dû s’occuper un moment d’elle.
« Tout à fait, je pense que vous êtes vraiment mignonnes, » déclarai-je.
« Aww... Hmm... Merci. » Naden avait réussi à faire sortir tout cela comme une réponse. La façon dont elle se comportait était aussi si innocente et mignonne.
... Tout à fait, Naden avait l’air vraiment parfaite ainsi. Comme attendu de Naden.
En appuyant mes doigts contre mes tempes, j’avais regardé l’autre personne, qui était le vrai problème.
« Liscia... Qu’est-ce que tu fais habillée comme ça ? » demandai-je.
« Ça ne me va pas bien sur moi ? » Liscia se retourna lentement, me donnant un bon aperçu de sa tenue.
« Si tu demandes de quoi ça a l’air sur toi, bien sûr que tu es superbe dedans ! Mais ce que je demande, c’est pourquoi tu portes ce genre de tenue, » demandai-je.
En ce moment, Liscia portait un plastron en plate, entre autres choses, par-dessus une chemise et un pantalon. C’était ce qu’on pourrait appeler l’apparence de l’aventurier. Dans cet accoutrement, elle n’aurait pas eu l’air mal à sa place dans le groupe de Juno et Dece. Derrière elle, je pouvais voir ce qui ressemblait à des bagages.
Peu importe comment je la regardais, elle était prête à voyager. Elle avait l’intention flagrante de venir avec moi.
« ... Liscia, je t’ai demandé de rester dans le château, n’est-ce pas ? » demandai-je,
« On ne peut pas laisser le numéro un et son numéro deux aussi longtemps loin d’ici. C’était ton raisonnement, n’est-ce pas ? Naden m’a dit que vous avez tous les deux réussi à voyager de la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon jusqu’ici en deux heures environ, n’est-ce pas ? Si nous pouvons revenir tout de suite en cas d’urgence, il n’y a aucune raison pour que je garde le fort, n’est-ce pas ? » demanda Liscia.
« C’est peut-être vrai, mais…, » commençai-je.
« Ahhhhhhhh ! » Roroa était entrée dans la pièce et avait crié à plein poumon quand elle avait vu comment Liscia était habillée. « Grande Soeur Cia, ce n’est pas juste ! Tu as clairement l’intention d’y aller avec lui ! »
« Je ne peux pas tolérer que vous essayiez de nous voler notre tour, Lady Liscia. » Juna avait été la prochaine à porter plainte.
Liscia avait mis ses mains ensemble, comme si elle implorait le pardon. « Quelqu’un doit persuader Aisha, alors laissez-moi y aller. Naden dit qu’elle fera des allers-retours entre notre destination et ici, pour que vous puissiez venir plus tard, d’accord ? »
« Hrmph... Eh bien, si c’est comme ça que tu le dis, » déclara Roroa à contrecœur.
« Nous devrons tout simplement l’accepter..., » compléta Juna dans un murmure.
Elles l’avaient accepté toutes les deux !? Hein ? Venait-elle vraiment avec moi ?
« D’accord, Souma. Allons à la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon et faisons valoir nos revendications vis-à-vis de Naden !! » déclara Liscia avec force.
« ... »
Ayant obtenu la permission des deux autres fiancées, Liscia me l’avait bien entendu dit avec un large sourire.
Est-ce vraiment bien ? Alors que je tenais encore ma tête dans mes mains, Naden m’avait tapoté l’épaule afin de me réconforter.