Chapitre 1 : Ce que vous obtenez du Rustre et du Ciseaux dépend de la façon dont vous les utilisez
Table des matières
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Chapitre 1 : Ce que vous obtenez du Rustre et du Ciseaux dépend de la façon dont vous les utilisez
Partie 1
— 15e jour du 3e mois de l’année1547 du Calendrier Continental —
Il s’agissait d’une prairie s’étendant à perte de vue dans la partie nord-ouest du Royaume de Friedonia.
Une seule grande route traversait cette prairie affichant une si belle vue, et de chaque côté de cette route, des arbres neutralisants les démons qui provenaient de la Forêt Protégée par Dieu avaient été plantés à intervalles réguliers. Il s’agissait de l’une des autoroutes nationales qui avaient été établies dans le cadre du projet de réforme du réseau de transport. Si vous suiviez cette route, vous pourriez croiser des caravanes marchandes protégées par des aventuriers ou des trains de marchandises tirés par des rhinosaurus.
C’était un jour de printemps calme avec un ciel clair. Il y avait un chariot couvert tiré par deux chevaux voyageant sur cette route. Dans ce véhicule couvert se trouvaient les marchandises classiques d’un colporteur en voyage, mais les chevaux qui le tiraient étaient des bêtes tout à fait magnifiques.
Nous étions à l’intérieur de ce chariot couvert, et je parlais à l’homme qui courait derrière le chariot. « Qu’en penses-tu, Hal ? » demandai-je. « Que ressens-tu en courant sur une route que tu as toi-même construite ? »
« Je ne vais pas nier que c’est gratifiant, mais... quand tu es celui qui me dit ça, ça m’énerve un peu, » Halbert déclara ça d’une manière grincheuse, en courant toujours à l’extérieur du chariot.
Actuellement, nous étions quatre à être présents dans le chariot couvert : Aisha, Kaede, Tomoe et moi.
Il s’agissait du groupe qui se rendait à la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon à la suite de l’invitation directe de la Mère-Dragon.
Cependant, nous ne connaissions pas la raison de cette invitation, et seuls quelques-uns de mes fidèles les plus proches en avaient été informés, et donc, nous devions voyager incognito. C’est pourquoi je portais mon habituel costume de voyageur de l’Archipel du Dragon à Neuf Têtes, composé d’un chapeau de paille conique et d’un imperméable de voyage, Tomoe portait une robe à capuche d’un mage blanc, et Aisha, Hal et Kaede étaient habillés en aventuriers.
Bien sûr, une fois arrivés à la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon, nous avions l’intention de nous revêtir des uniformes officiels qui étaient chargés dans le chariot.
À ce propos, la dernière membre de notre groupe, Carla, était partie en éclaireuse afin de détecter en avance si quelques difficultés se trouvaient dans la direction où nous allions. Il était utile d’avoir une dragonewt qui pouvait voler à des moments comme celui-ci.
Aisha et moi, nous nous relaxions à l’intérieur du chariot, tandis que Tomoe était assise sur le banc du conducteur avec Kaede lui apprenant à contrôler le véhicule. Parce que Tomoe et Kaede étaient des races à l’apparence similaire, une louve mystique et une renarde mystique, quand elles étaient assises ensemble sur le siège du conducteur, elles ressemblaient vraiment à des sœurs, ce qui me faisait avoir un sourire sur les lèvres.
Hal avait d’abord été installé dans le chariot, mais rapidement, il avait dit : « Mon corps va devenir engourdi comme ça, » et il était sorti avant de commencer à courir.
« N’étais-tu pas en train de t’entraîner dur en tant que dratrooper ? » demandai-je. « Tu devrais au moins prendre cette chance maintenant pour te détendre. »
« Tu prends les choses plutôt calmement, » Hal m’avait fait un regard sévère et un peu effrayé.
Hmm... Oui, il a peut-être raison.
En ce moment, j’étais dans le chariot alors que je faisais reposer ma tête sur les genoux d’Aisha. Mon chapeau reposait sur ma poitrine et je prenais peut-être des choses un peu trop en douceur. J’avais alors bougé la tête vers l’arrière afin de poser une question à Aisha, qui me caressait la tête avec un regard niais. « Aisha, est-ce que ça va ? Ne suis-je pas trop lourd ? »
Aisha revint à elle et secoua la tête de toutes ses forces. « Non, pas du tout ! Si quelqu’un devait dire quelque chose, alors cela serait à moi de vous demander si je n’y vais pas avec trop de force. Après tout, j’ai beaucoup de muscles, alors... »
« Non, je pense que c’est au niveau parfait de douceur que vous le faites. Regardez, mon doigt s’enfonce dedans. »
« Wah! Arrêtez, ça chatouille ! » Au moment où je l’avais touché au niveau de sa cuisse, Aisha s’était un peu tortillée. C’était un acte vraiment mignon.
« Oh, pour l’amour de... je ne veux pas être dans un chariot dont émane une telle atmosphère, » Hal avait dit ça avec une attitude qui voulait dire « Je ne peux plus supporter cette absurdité ! »
Oui, si j’étais dans la position de Hal, je ressentirais probablement la même chose. De plus, il ne faut pas oublier que Tomoe monopolisait Kaede.
« Mais, si je ne t’avais pas choisi pour m’accompagner, tu aurais été à bord de l’Hiryuu et tu te serais entraîné comme d’habitude, n’est-ce pas ? » demandai-je. « N’est-ce pas agréable de pouvoir se détendre ? »
« Eh bien, oui, mais... de toute façon, pourquoi sommes-nous sur ce voyage détendu ? » demanda Hal. « Ils nous rencontrent à la frontière, n’est-ce pas ? Ne pourrions-nous pas prendre une wyverne pour aller là-bas ? »
Comme il l’avait dit, quelqu’un de la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon allait venir nous chercher dans un village proche de la frontière nord-ouest du Royaume de Friedonia. Une fois arrivé là-bas, un dragon nous transporterait à la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon.
Du point de vue de l’efficacité pure, nous aurions pu rester dans la capitale jusqu’au moment où il était temps de partir, puis nous serions allés au village en utilisant une wyverne le jour de la rencontre. Mais selon moi, cela aurait été une mauvaise chose d’agir ainsi.
« J’ai enfin pu obtenir de longues vacances, » dis-je. « Ce serait donc dommage de les ruiner en se précipitant sur le lieu du rendez-vous. Ne le penses-tu pas ? »
« Vraiment ? Je ne pense pas que voyager est quelque chose qui soit appréciable..., » répliqua Hal.
Il s’agissait d’une différence de point de vue entre une personne de ce monde, et un individu moderne tel que moi. Dans ce monde, où il y avait de violentes créatures sauvages et même des monstres qui pouvaient apparaître, il n’était pas possible de voyager paisiblement en prenant le voyage en lui même à la légère, et cela même à l’intérieur de votre propre pays.
Dans l’histoire de la Terre, ce n’était que récemment que nous étions devenus capables de voyager si facilement. Même à l’époque d’Edo, quand l’ordre public était dans un état raisonnable, quand Matsuo Bashou avait voyagé, il avait dû accepter qu’il ne revienne peut-être pas vivant.
En pensant à cela, cela m’avait fait réaliser une fois de plus à quel point Poncho était incroyable, ayant voyagé dans tant de pays différents et dépensés beaucoup d’argent pour poursuivre son intérêt pour la nourriture.
« J’aime voyager, » dis-je. « Voir des paysages inconnus faits chanter mon cœur. Ma grand-mère et mon grand-père aimaient aussi voyager, alors ils m’ont souvent amené lors de leurs voyages. »
« Sire, votre grand-père et votre grand-mère ont fait ça ? » demanda Aisha.
« Tout à fait. Cependant, avec eux, comme il s’agissait d’un couple âgé, il y avait beaucoup de voyages dans les temples, les sanctuaires et les châteaux, » répondis-je.
J’étais allé à Nara en automne. J’avais pu y voir les feuilles rouges et mangé les ebisenbeis (galette de riz aux crevettes). C’était vraiment des périodes amusantes que j’avais eues.
À l’époque, même aller dans les préfectures voisines me donnait l’impression d’aller quelque part très loin. Je n’aurais jamais imaginé que, des années plus tard, je me retrouverais à voyager dans un autre monde.
Pendant que je me prélassais dans ces souvenirs, Aisha avait dit. « Maintenant que j’y pense, il y a quelque chose que je me demandais à propos de... » Elle semblait mystifiée alors qu’elle continuait à parler. « Ce chariot, il ne se secoue même pas. Normalement, nous ne serions pas capables de nous relaxer comme ça. Est-ce que vous le saviez ? »
« Eh bien, il peut ressembler à un chariot couvert ordinaire, mais... Il s’agit d’un véhicule qui a été dessiné par Genia..., » répondis-je.
« Hmm, pourquoi soudain, avez-vous l’air si épuisé ? » demanda Aisha.
« Le convoi de rhinosaurus transporte maintenant principalement du fret, mais si nous voulons le faire tirer des chariots de tourisme, le tremblement deviendrait un problème..., » commençai-je.
« Maintenant que tu en parles, quand nous sommes allés dans la forêt des elfes sombres, ça tremblait vraiment énormément, » interrompit Hal, grimaçant.
Peut-être se souvenait-il de ce qui s’était produit à l’époque. À ce moment-là, nous allions là-bas pour porter assistance lors d’une catastrophe, alors chaque seconde comptait. C’est pourquoi nous y étions allés aussi vite que possible, sans tenir compte des secousses, et la plupart des membres de l’Armée Interdite qui étaient montés avec nous avaient souffert du mal des transports.
« C’est pourquoi j’ai demandé à Genia de développer un nouveau modèle de véhicule qui réduit les secousses sur les routes, » expliquais-je. « C’est juste que... Genia parvient toujours à dépasser mes attentes d’une manière que je ne verrais jamais venir. »
J’avais envisagé quelque chose comme un ressort hélicoïdal. Mes études étaient axées sur les humanités, et non pas sur l’ingénierie, donc je n’avais pas compris la manière exacte de le mettre en place, mais si j’avais indiqué à Genia la Surscientifique une image approximative de ce à quoi je pensais, et espérais qu’elle pourrait le développer. Mais ce que Genia avait développé était au-delà de mes espérances et de mon imagination.
« Pour commencer, je n’aurais jamais pensé qu’elle arriverait à développer des matériaux absorbant les chocs..., » murmurai-je.
« Ab-Absorber les ch-chocs... C’est quoi !? » demanda Aisha.
« Je n’en ai pas vu un moi-même, mais apparemment il y a un tatou sur ce continent qui est si énorme que vous pourriez le confondre avec un glyptodon, non ? » demandai-je.
« Je ne sais pas ce qu’est un glyptodon, mais parlez-vous du giganto armadillo ? » demanda Aisha. « Ils vivent principalement dans les forêts. Ils ont une carapace si solide, et même moi, j’ai du mal à la casser. »
« Attendez, impossible !? Vous pouvez briser ça !? » s’exclama Hal de surprise. « On m’a dit qu’il est pratiquement impossible de briser leurs carapaces avec une attaque physique. Est-ce que vous le saviez ? »
« Ah bon. On dit ça à propos d’eux ? » demanda Aisha. « Je l’ai frappée une dizaine de fois en changeant quelques fois d’épées entre deux attaques, et j’ai réussi à le casser. »
« « ... » » Hal et moi, nous étions tous deux sans voix. Il semblait que Genia n’était pas la seule qui soit hors norme.
« E-Eh bien, mettons ça de côté, » dis-je. « Donc, nous savions que le giganto armadillo se défendait contre les attaques physiques avec sa carapace dure, mais Genia se demandait où allait la force lorsqu’un choc était effectué contre eux. Peu importe le fait qu’il semblait ne pas avoir de dommages extérieurs, elle pensait que l’impact pourrait atteindre leurs organes internes mous. Quand elle en a disséqué un afin de jeter un coup d’œil, elle a découvert que des dépôts de graisse à l’intérieur de sa carapace avaient d’importantes propriétés d’absorption de chocs. »
En d’autres termes, l’intérieur de la coquille avait une texture charnue, mais, pour le dire en termes qu’une personne moderne comprendrait, elle avait un certain nombre de qualités qui en faisaient un caoutchouc fort efficace.
J’avais donné deux fois des coups de pieds sur le plancher de la voiture. « Les essieux et les roues de ce chariot ont été fabriqués avec une forme transformée de cette graisse trouvée à l’intérieur de leurs carapaces. Voilà donc la raison qui fait que ce véhicule secoue moins que les autres chariots. »
« Je vois... après tout, c’est Madame Genia qui l’a fait spécialement pour vous, » déclara Aisha. « Arriver avec ce genre de chose est si facile pour elle. »
Aisha semblait vraiment impressionnée, mais mes sentiments à ce sujet étaient un peu plus compliqués.
Cela peut sembler un peu exigeant, mais j’aurais aimé qu’elle propose un matériau plus facile à utiliser. La graisse du giganto armadillo était précieuse, ce qui rendait ce chariot couvert coûteux d’une manière qui ne correspondait pas à son apparence. Si j’essayais de faire un convoi entier qui ne tremblait pas en utilisant cette méthode, on finirait par surexploiter le giganto armadillo en le chassant afin d’obtenir les matériaux.
Il doit être moins cher et moins rare pour que le grand public puisse l’utiliser..., pensai-je pour moi-même.
Cependant, Genia était un génie dans l’âme, et une fois qu’elle avait créé quelque chose, ce n’était pas dans sa personnalité d’essayer de penser à des moyens de créer une version plus économique ou d’améliorer sa fonctionnalité. Comme je ne pouvais pas faire grand-chose ainsi, j’avais été obligé de remettre tous les documents aux chercheurs diligents, et je leur avais demandé de rechercher un matériau de substitution qui pourrait être produit en série.
En ce qui concerne leurs résultats, il y avait apparemment une espèce de ver à soie dont les cocons avaient des propriétés d’absorption des chocs similaires à ce matériau. Ces cocons pourraient être produits en série, alors j’étais impatient de voir leurs futures applications vis-à-vis de ces recherches. Naturellement, je leur avais dit ce que je savais sur les ressorts, et je les avais fait faire des recherches sur ça aussi.
La vérité était que ceux qui soutenaient ce pays n’étaient pas des dirigeants comme moi, ni des génies comme Genia, mais ces chercheurs sans nom. Il était important de ne pas oublier ce fait.
C’était arrivé pendant que je reposais ma tête sur les genoux d’Aisha, avec les yeux fermés tout en pensant à ça.
« Hé, » commenta Hal. « On dirait que la jeune demoiselle Carla est de retour. »
En entendant cela, je m’étais assis. J’avais appelé Tomoe et Kaede toujours assises sur le banc du conducteur afin de les faire arrêter le chariot.
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Partie 2
Au moment où j’étais sorti du chariot, Carla était en plein milieu de son atterrissage. Ce n’était pas une descente verticale, elle arrivait ici avec un angle comme l’aurait fait un avion de passagers. Elle atterrissait probablement de cette façon pour s’assurer que personne ne voit sous sa robe.
« Maître ! Je reviens de mon excursion dans les montagnes, » annonça Carla, en replaçant sa jupe qui était un peu en désordre après avoir atterri. On aurait dit qu’elle s’était habituée à manipuler sa tenue de femme de ménage à minijupe.
Quand j’avais décidé que Carla m’accompagnerait, j’avais pensé que c’était aller un peu trop loin que de lui faire porter au cours du voyage l’uniforme de femme de chambre. J’avais prévu de la laisser porter l’armure qu’elle avait utilisée pendant la guerre, mais Serina, la femme de chambre en chef, avait dit : « Je pensais bien que cela pourrait arriver, alors j’ai préparé une tenue de femme de chambre appropriée pour voyager », et avec un air désinvolte, et elle avait remis la chose.
J’avais utilisé certains des matériaux qui étaient offerts en tant que cadeaux à la famille royale, et pour qui il n’y avait pas d’autre utilisation, afin d’améliorer mon Petit Musashibo, et on aurait dit que cette tenue de servante les utilisait également. Il s’agissait d’un produit supérieur : résistant aux lames, résistant aux flèches, résistant aux acides, résistant à la chaleur, difficile à tâcher et facile à laver.
... D’où vient la passion de notre femme de chambre et jusqu’où va-t-elle ? pensai-je.
Cela dit, j’avais félicité Carla pour son travail. « Bien joué. Alors, comment est-ce ? »
« Il n’y avait pas de créatures dangereuses devant nous... toutefois..., » déclara maladroitement Carla en regardant son dos ailé.
Je la regardai, me demandant ce qui se passait, quand je remarquai deux petits pieds qui dépassaient sous les aisselles de Carla. Carla se tourna vers l’autre côté, et je vis un petit garçon humain d’environ cinq ans accroché à son dos. Le garçon avait l’air effrayé, s’accrochant fermement là où il pouvait.
Carla semblait troublée. Elle déclara. « J’ai trouvé ce garçon seul et pleurant dans un endroit dégagé sur les montagnes, et comme je ne pouvais pas le laisser seul, je l’ai ramené. Il a l’air effrayé par quelque chose et il ne veut pas descendre, » Carla haussa les épaules comme pour dire qu’elle ne comprenait pas du tout la raison.
« N’a-t-il pas simplement peur parce que vous avez volé dans le ciel ? » demandai-je. On aurait dit qu’elle avait volé à une altitude assez élevée, alors le garçon s’était probablement accroché fermement afin de ne pas tomber.
Après que j’eus souligné ce point, les yeux de Carla s’ouvraient largement, démontrant qu’elle venait de réaliser la situation. « Ah ! V-Vous avez raison ! J’avais oublié que les humains ne savent pas voler. »
« Oh ! Franchement..., » déclarai-je.
Quand je l’avais regardée avec un regard indiquant que je n’étais pas très content, Carla avait ouvertement détourné ses yeux.
Kaede et Tomoe parlèrent doucement au garçon et elles réussirent ainsi à l’enlever du dos de Carla. Mais une fois qu’il était au sol et que la tension du vol avait disparu, le garçon avait commencé à pleurer.
Il venait probablement d’un village voisin et s’était perdu après avoir erré dans les montagnes. Nous avions un garçon qui ne connaissait pas son nom, qui ne savait pas où il habitait et qui continuait à pleurer.
Si j’avais été le chien de l’agent de police dans la chanson « Inu no Omawari-san », ce serait le moment où je commencerais à aboyer parce que je ne savais pas quoi faire, puis abandonnerais.
Le garçon semblait avoir été emmené loin par Carla. Il était toujours accroché à sa jambe. Carla avait paniqué quand je lui avais demandé : « Avons-nous le moindre indice pour chercher sa maison ? »
« Euh... Ah ! » cria Carla. « Maintenant que vous le mentionnez, j’ai vu un certain nombre d’hommes étranges dans les montagnes. »
« D’hommes étranges ? » répétai-je.
« Tout à fait, » répondit-elle. « Ils avaient l’apparence de sales bandits. Le fait qu’il y avait des gens comme ça dans la région était l’une des raisons pour lesquelles j’ai décidé de prendre cet enfant. »
« Bandits des montagnes ? » avais-je dit en réfléchissant. « Je n’ai pas entendu de rapport concernant des bandits apparaissant sur notre territoire... »
Quand je venais tout juste d’accéder au trône, il y avait encore eu des rapports occasionnels de voleurs et de bandits des montagnes. Cependant, avec le réseau de transport mis en place, permettant ainsi aux troupes de se déplacer rapidement dans le pays, j’avais cessé d’entendre des rapports de ces sortes de voleurs dans le pays. Dès lors, les seuls « voleurs » dont j’avais entendu parler étaient des aventuriers qui avaient pris ce nom comme titre pour leur rôle. Chaque fois qu’il y avait un rapport concernant un incident, il était immédiatement réprimé, et si un groupe armé était trouvé, les militaires étaient envoyés pour les surveiller ou, si nécessaire, les neutraliser.
C’est ainsi que de nombreux groupes de bandits avaient été vaincus ou avaient quitté le métier de leur plein gré. Certains de ces bandits étaient en vérité inoffensifs, et pour des gens comme ça... Ah !
« Hé, Carla ! Vous souvenez-vous des couleurs qu’ils portaient ? » demandai-je.
« Maintenant que vous me le demandez... ils portaient tous des plastrons assortis de couleur orange, » répondit Carla.
« Oui, comme je le pensais..., » dis-je en hochant la tête.
« Alors, avez-vous une idée de leur identité ? » demanda Carla.
« Oh, j’ai même bien plus qu’une idée de ça..., » répondis-je.
J’étais celui qui avait formé leur organisation.
Après ça, nous avions voyagé pendant une période d’environ trente minutes. Après avoir amené le garçon au pied de la montagne où Carla avait dit qu’elle avait vu les hommes, les hommes en plastron orange étaient sortis en force pour nous saluer. Avant ça, j’avais envoyé Carla pour leur expliquer la situation.
Comme l’avait dit Carla, les hommes ressemblaient certainement à des bandits. Leur peau était bronzée et basanée, leur visage était couvert de cicatrices, et ils étaient bel et bien un groupe de rustres. Ils avaient l’air assez dangereux pour qu’Aisha et Hal se mettent sur leur garde pour la bataille à venir quand ils les virent (Tomoe et Kaede attendaient à l’intérieur du chariot couvert avec l’enfant), mais les hommes ne montrèrent aucun signe de soif de sang ou tension indiquant qu’ils voulaient la bagarre.
Un homme qui était plus grand que les autres s’avança. « Monsieur, est-ce vous qui l’avez ? On me dit que vous avez avec vous un enfant que nous cherchions. »
L’homme étendit les bras dans un geste exagéré, souriant.
« Tout à fait, » dis-je. « Un membre de notre groupe l’a pris quand elle l’a trouvé seul dans les montagnes. » Ce serait tout un problème après pour y faire face si nos identités venaient à être dévoilées, alors je lui avais expliqué poliment la situation. « Les parents du garçon sont-ils venus le chercher ? »
« Bien sûr, » répondit l’homme. « Hey, vous, les voyous ! Dépêchez-vous et amenez les parents du gamin ! »
L’un des hommes cria « Oui, chef ! » et s’était précipité vers l’arrière.
La façon dont ils avaient parlé était vraiment comme un chef bandit et l’un de ses acolytes.
Quelques minutes plus tard, une femme qui ressemblait à une aubergiste d’un village se fraya un chemin à travers les hommes pour se présenter devant nous. Cette femme, qui avait l’air confuse en marchant dans le groupe d’hommes, me regardait d’un air désespéré et larmoyant.
« M-Mon garcon... Est-ce que mon fils va bien ? Il a erré dans les montagnes tout seul, et je n’ai plus eu de ses nouvelles depuis ! » déclara-t-elle.
Alors c’était elle la mère du garçon. Elle devait être très inquiète.
« S’il vous plaît, calmez-vous, » dis-je. « Il ne semblait pas du tout blessé. »
J’avais demandé à Carla d’amener le garçon. Quand Carla l’avait sorti de la charrette, le petit garçon avait bondi d’un coup au moment où il avait vu la femme, sautant dans ses bras qui attendaient sa venue.
« Maaaammaannnnn! » cria-t-il.
La femme le tenait serré fermement. « Merci Déesse... Franchement, vilain garçon ! Tu m’as fait avoir une telle frayeur ! »
« J-Je su... is dés... olé, » déclara-t-il.
« Je suis vraiment... contente que tu sois en sécurité, » déclara la mère.
Le garçon et sa mère avaient été réunis et ils tenaient l’autre dans leurs bras.
Pendant que nous regardions ça du coin de l’œil, le gros homme m’avait parlé. « Monsieur, vous nous avez vraiment rendu un fier service. Nous nous étions séparés afin de chercher l’enfant, mais nous n’avons pas eu la chance de le trouver. Je n’étais pas sûr que nous allions réussir avant qu’il ne soit trop tard. »
« Eh bien ! Comme je l’ai déjà dit, nous ne l’avons trouvé que par pur hasard, » déclarai-je.
« Encore une fois, je dois vous remercier, » déclara l’homme. « Je suis le chef de ce groupe. Mon nom est Gonzales. D’après votre apparence, êtes-vous un marchand ? »
« Tout à fait, » dis-je. « Je me nomme Kazuma Souya du Cerf d’Argent, » répondis-je.
Cela causerait des ennuis s’il en ressortait qu’il découvrait que j’étais le roi, alors j’utilisais l’alias que j’avais préparé.
Gonzales avait alors plissé les yeux, « Hm ? Monsieur... Nous sommes-nous déjà rencontrés avant aujourd’hui ? »
« Pensez-vous ça ? Il s’agit de la première fois que je viens ici..., » répondis-je.
« Ai-je imaginé ça ? J’ai l’impression de vous avoir vu quelque part..., » déclara Gonzales.
« Eh bien, j’espère alors que vous vous souviendrez de mon visage, » dis-je. « Nous apprécions votre organisation au Cerf d’Argent. »
« Gahaha! Vous n’êtes pas un marchand pour rien, hein ? » Gonzales ressemblait à ce genre d’homme, parce qu’il m’avait donné une forte tape dans le dos.
... Ça fait mal.
Après avoir agi ainsi, j’étais retourné auprès de mes compagnons.
Hal m’avait alors demandé. « Cela te dérangerait-il de nous expliquer la situation ? Pour commencer, qui sont ces hommes ? Ils ressemblent vraiment à des bandits. »
« Eh bien, c’est normal, vu que ce sont des bandits des montagnes, » répondis-je.
« Hein !? Que viens-tu de dire à l’instant !? » s’écria Hal.
« Hal, calme-toi ! » dis-je. « Tu sais, il y a beaucoup de sortes de bandits des montagnes qu’on peut trouver dans ce pays. »
Il y avait des bandits des montagnes qui avaient attaqué des marchands et des villageois, volé leurs biens, enlevé leurs femmes et leurs enfants, et même tué des individus. Eux, c’était clairement ceux que vous appelleriez des bandits malveillants.
Cependant, il y avait également ceux qui s’occupaient des routes de montagne, facturaient un péage pour les commerçants qui passaient par là, et les protégeaient en échange de cette somme. Il s’agissait donc de bandits relativement respectables.
Chaque fois qu’il y avait des rapports concernant le premier type, j’avais toujours envoyé des militaires pour les exterminer, mais un peu plus tard, je m’étais rendu compte que c’était une honte de perdre des gens aussi talentueux.
D’une certaine manière, ils restaient quand même des experts concernant les montagnes. Ils avaient souvent des racines dans la région, entretenant de bonnes relations avec les villages voisins, et ce serait un gaspillage de perdre leurs connaissances et leur expérience. Donc, voici ce que j’avais fait.
« J’ai embauché ces bandits de montagne et je les ai fait former des “équipes de secours en montagne”, » expliquai-je.
« Des équipes de secours en montagne !? » répéta Hal.
« Quand quelqu’un se perd dans les montagnes, comme ce qui s’est passé ici, ils le recherchent, » répondis-je. « Ils patrouillent également la montagne pour garder un œil sur les événements étranges qui pourraient survenir, et ils protègent les voyageurs sur les routes, comme ils le faisaient avant. Le pays paie leurs salaires. Ils chargent un tarif pour la protection sur les routes de montagne, mais l’argent qu’ils collectent va dans les coffres du royaume. Si on découvre qu’ils sont en train de ne pas respecter le règlement et qu’ils prennent pour eux, alors évidemment, on les traite comme des bandits des montagnes normaux. »
« Wôw ! Tu as vraiment organisé beaucoup de choses..., » déclara Hal, d’un ton impressionné, mais j’avais dû sourire avec ironie face à cette remarque.
« Eh bien ! Après tout, je suis le roi, » répondis-je.
« Oh, ouais ! Maintenant que tu le dis, je suppose que tu es..., des fois, je l’oublie, » avoua Hal.
« Oui, moi aussi, » déclarai-je avant que nous soyons deux à rire ensembles.
Après cela, nous avions dit au revoir à la mère, à l’enfant et à l’équipe de secours en montagne, et nous étions une fois de plus repartis sur la route.
Avec chaque réunion vient une autre séparation, et nous aurions très certainement d’autres réunions pour arriver à notre destination.
Quel genre de personnes pourrions-nous rencontrer lors de notre voyage ? J’étais impatient de le découvrir.