Chapitre 5 : L’évêque qui brise le commandement, Souji Lester
Partie 1
— À la fin du troisième mois de l’année 1547 du Calendrier Continental — dans la capitale sainte d’Yumuen —
Un membre de la commission d’enquête avait pris la parole. « Nous en avons assez de cela, Monseigneur Lester. »
En ce jour, à Yumuen, la capitale sacrée de l’État Pontifical Orthodoxe, dans l’église principale qui était le centre de foi de l’Orthodoxie Lunaire, une enquête était en cours concernant un certain homme.
L’homme qui se tenait au centre de la sombre pièce entourée par les membres de la commission d’enquête était Souji Lester. Son rang au sein de cette religion était évêque.
Pour ceux qui étaient impliqués dans l’Orthodoxie Lunaire, se tenir devant les membres d’une commission d’enquête revenait à être devant un juge ayant le pouvoir de déclarer l’innocence ou la culpabilité. S’il était excommunié ici, il perdrait toutes les protections et tous les droits que ce pays lui avait fournis jusqu’à maintenant. Dans ce pays, cesser d’être un membre de la foi, c’était se mettre dans une position où on pourrait être tué sans que personne s’en plaigne.
Cependant, en dépit d’être sous le coup d’un jugement, Souji ne semblait pas le moins du monde inquiet. En fait, il arborait un sourire audacieux, semblant même apprécier sa situation actuelle. En réponse à son attitude, un membre de la commission d’enquête s’en était plaint.
« Comprenez-vous la gravité de votre situation en ayant été convoqué ici ? » Cet homme avait dit ça d’un ton intimidant.
Cependant, le sourire audacieux de Souji n’avait pas disparu pour autant. « Tout à fait. Il s’agit d’un endroit afin de juger si un membre de la foi sera excommunié ou non. Toutes personnes qui auraient mal agi trembleraient de peur dans cet endroit. Cependant, je n’ai rien fait pour avoir honte. Donc je suis en paix. » L’homme avait poliment parlé, mais son attitude avait semblé moqueuse.
« Comment osez-vous..., » avec un regard comme s’il avait mordu quelque chose de dégoûtant, le membre de la cour avait regardé à travers les documents qu’il avait entre les mains. « Vos méfaits sont impardonnables. Lady Lunaria a dit que “si les membres du clergé ne vivent pas dans une honorable pauvreté, les croyants ne les écouteront pas”. Cependant, vous semblez faire tout le contraire. »
« Quoi ? Est-ce que je n'ai pas l’air pauvre ? » déclara Souji en étalant sa robe sacerdotale afin que les autres puissent bien la voir. Sa robe était coupée aux manches et au-dessous du genou, lui donnant l’air d’un samue. « Je porte ces vêtements de mauvaise qualité et je vis dans une cabane délabrée à la périphérie de la ville. Si ce n’est pas une vie dans une honorable pauvreté, qu’est-ce que c’est ? Et avec tout le respect que je vous dois, vous portez tous ici des vêtements bien plus fins que les miens et vivez dans de meilleures maisons que moi, non ? »
« ... Cependant, nous avons entendu parler du fait que vous recevez des dons substantiels venant des disciples, » le membre de la commission d’enquête le pressa de question.
Souji haussa les épaules. « Bien sûr, je n’ai aucune raison de refuser ce qui m’est offert. »
« Comment osez-vous dire cela !? » cria l’homme. « Qu’est-ce que vous faites avec les offrandes de ces croyants ? »
« Si j’utilisais leurs dons pour m’engourdir, alors en effet, ce serait un péché, » déclara Souji. « Mais regardez ces abdominaux. J’ai un ventre plat et musclé. » Souji avait retiré son haut afin de montrer à tous ses abdos prédominants.
Quand il avait montré son corps, qu’il était difficile de croire appartenir à un ecclésiastique, et avait commencé une boxe contre une ombre. Les membres de la commission avaient été stupéfaits pendant un moment, mais ils étaient rapidement devenus rouge vif avant de se fâcher après lui.
« Ce n’est pas de ça que nous parlons ! » cria l’un des membres en claquant les mains sur la table, mais Souji semblait complètement indifférent.
« Je pensais que vous parliez de ça. Je veux dire par là que nous avons bien un “cardinal assez gros”. »
Quand Souji leur avait lancé un regard furieux, les membres du tribunal avaient perdu pendant un moment la parole.
En mentionnant le gros cardinal, il avait très probablement désigné le Cardinal Gold. Son corps grassouillet était inexcusable pour un ecclésiastique. En fait, la cour d’enquête savait déjà que la plupart des dons collectés par Souji allaient au Cardinal Gold. En d’autres termes, Souji laissait entendre qu’ils ne devraient pas s’attaquer à lui, mais à la place, au cardinal.
Cependant, dans l’Orthodoxie Lunaire, les cardinaux n’étaient qu’à un rang en dessous du pape. Ils étaient hors de la portée de ce tribunal. Si ce tribunal décidait de s’en prendre à un tel membre, il faudrait le pape en personne ou une décision unanime du reste des cardinaux pour le faire. Le pape pourrait également être retiré par une décision unanime des cardinaux, donc tous ne voulaient surtout pas créer un précédent qui pourrait amener à leur propre mise de côté. C’est ainsi que Cardinal Gold avait réussi à conserver son poste malgré son impopularité.
La commission d’enquête voulait s’attaquer à Souji, qui était lié au Cardinal Gold, afin de pousser le pape à réprimander le cardinal, mais Souji était sous la protection du cardinal. S’ils avaient essayé ici de forcer un jugement déraisonnable contre Souji, les membres du tribunal pourraient se voir réprimander par le Cardinal Gold pour avoir outrepassé leur autorité. À cause de cela, il n’y avait toujours eu aucune chance que Souji soit excommunié sur la question des dons ici. C’était pourquoi son sang-froid n’avait nullement disparu de lui.
La commission d’enquête avait décidé de changer de tactique. « En dehors de cela, nous avons reçu des rapports que vous alliez de bar en bar tous les soirs. »
« Est-ce un péché de boire ? Je pensais que le vin était sacré, » répliqua Souji.
« Mais il y a quand même des limites. »
« Eh bien, désolé, » déclara Souji. « Beaucoup de fidèles qui viennent m’entendre prêcher sont des ivrognes. Ils me demandent de venir au bar, et non pas à l’église, donc ça finit par me faire boire un peu trop. »
Incidemment, quand Souji avait exécuté ses sermons de pub, il l’avait fait lors de fêtes...
« Lady Lunaria nous a dit : “Vivez pour aujourd’hui et soyez reconnaissants.” Santé ! »
... et tout ce qu’il avait fait était de citer les écritures dans le cadre des toasts. Il avait toujours eu un grand succès auprès des croyants paresseux parce que (ils l’avaient égoïstement supposé), il était tout aussi vertueux de l’écouter là-bas que d’aller à l’église pour écouter les sermons ennuyeux d’un prêtre lors de leur temps de repos.
La commission d’enquête avait semblé irritée, alors ils avaient de nouveau changé leur angle d’attaque. « Ce n’est pas tout ! J’ai entendu dire que vous avez une prostituée qui visite souvent votre maison ! Ne devriez-vous pas avoir honte de cela, en tant que membre du clergé ? »
« Oh, mon Dieu ! » s’exclama Souji. « Voulez-vous dire que les femmes sont impures d’une manière ou d’une autre ? Dans ce cas, vous tous ici, comment pouvez-vous être venu au monde ? N’allez-vous quand même pas me dire que vous venez d’un champ de choux ? Si vous le faisiez, vous ne pourriez jamais manger de légumes, le pouvez-vous ? Car dans ce cas, vous mangeriez vos frères et vos sœurs. »
« Cessez ces divagations emplies de sophismes sans signification ! Celle que nous devons vraiment aimer et respecter n’est que Lady Lunaria, » s’exclama l’un des membres. « C’est pourquoi, même après avoir suivi les procédures appropriées pour se marier, les croyants pieux ressentent toujours un sentiment de culpabilité envers Lady Lunaria. Il est inexcusable que vous voyiez une prostituée ! »
Le membre de la cour avait crié ça, mais Souji avait ricané. « Je ne sais rien à propos de ça. Notre Lady Lunaria a dit ceci : “Les croyants doivent être honnêtes avec les autres”. Il est naturel pour nous, en tant qu’êtres vivants, de vouloir étreindre les femmes. C’est parce que Lady Lunaria nous a créés de cette façon. Entre ceux qui, après avoir prononcé les vœux de mariage, ou ceux qui cachent leur position dans le clergé et se faufilent pour visiter des prostituées, et moi qui les invite ouvertement à venir me rendre visite, je me demande lequel de nous est le plus honnête ! »
Souji l’avait déclaré si fièrement que les membres du tribunal étaient à court de mots. Il s’agissait d’une argumentation vide s’ils s’étaient interrompus un peu pour y penser, mais Souji avait dit ces choses stupides avec un sérieux qui était si exaspérant que les membres du tribunal ne pouvaient pas dire un mot.
À partir de là, Souji avait profité du silence de la commission afin s’exprimer longuement et avec une grande passion sur la beauté de la forme féminine (surtout leurs seins). Avec l’inutilité totale de tout ce qu’il avait à dire, il avait déjà détruit l’atmosphère solennelle de la cour.
« ... C’est assez, » un membre de la commission d’enquête s’était enfin écrié ça afin d’arrêter tout ce blabla. « À l’avenir, soyez plus prudent quant à vos actes. »
En fin de compte, le tribunal avait été renvoyé sans pouvoir faire quoi que ce soit à Souji.
Quand il quitta la pièce, Souji se promenait dans le couloir en fredonnant quand il passa devant une jeune nonne. Il s’agissait d’une belle fille avec des yeux larmoyants et des cheveux d’argent attachés en deux queues.
Cette tenue... C’est l’une des jeunes saintes en formation ? Souji avait réfléchi en regardant la fille.
Il ne la regardait pas d’une manière particulièrement étrange. Les goûts de Souji allaient vers les filles plus âgées et voluptueuses, donc la jolie fille devant lui n’éveillait en rien ses appétits, et il la regardait seulement avec une curiosité totalement innocente.
Cependant, la fille aux cheveux argentés, qui marchait sans expression, comme si elle n’avait presque aucune émotion, fronça légèrement les sourcils quand elle vit Souji. Puis, alors qu’ils se croisaient, elle détourna la tête pour ne pas avoir à le regarder et s’éloigna à un rythme plus soutenu.
Alors qu’il la voyait agir ainsi, Souji se gratta l’arrière de sa tête en souriant avec ironie. « ... Bon sang ! On dirait que quelqu’un me déteste, hehe ! »
Cet homme, Souji, malgré sa personnalité débauchée, était étrangement populaire auprès des hommes de tous âges et de toutes les femmes plus âgées. D’autre part, les jeunes filles le détestaient avec passion.
Eh bien, je suppose que c’est bien trop demander à une jeune fille comme elle d’apprécier le charme adulte débordant d’un homme plus âgé qu’elle, pensa Souji, se faisant des excuses tout en caressant son menton recouvert d’une fine barbe.
Merci pour le chapitre.
Merci pour le chapitre.
Merci pour le chapitre et bonne continuation!
Bonsoir, je signale juste un espace oublié au début du chapitre : l’année1547
Merci pour le chapitre.