Entracte 2 : Qu’est-ce que le premier ministre aux cheveux noirs faisait ?
Ce jour-là, lorsque Souma, le roi provisoire d’Elfrieden, accueillait de nouvelles candidates pour être l’une de ses reines, il y avait deux autres personnes dans d’autres lieux qui discutaient à l’aide du Joyau de Diffusion de la Voix.
Le Premier ministre d’Elfrieden, Hakuya Kwonmin, parlait à l’image de la jeune sœur de l’impératrice Maria de l’Empire du Gran Chaos, Jeanne Euphoria, projetée par le simple récepteur se trouvant sur un bureau.
« Votre signal est clair, » déclara Hakuya. « On dirait que le simple récepteur que vous nous avez envoyé est en bon état de fonctionnement. Merci beaucoup, Madame Jeanne, de vous être démenée pour la livraison par griffon. »
« Ma sœur a compris à quel point cette ligne de communication dont parlait Sire Souma était importante, » déclara Jeanne. « Avec cela, le Royaume et l’Empire peuvent au besoin se coordonner. Il est donc naturel que nous nous dépêchions de mettre les choses en place. »
La Jeanne présente sur l’écran avait eu un large sourire.
Après la conférence avec Amidonia, Jeanne avait rapporté à sa sœur, l’impératrice Maria, les propositions de Souma : une alliance secrète avec le Royaume d’Elfrieden, l’établissement d’une ligne de communication permanente entre les deux pays, et l’échange d’ambassadeurs plénipotentiaires de chaque pays, ainsi que la mise en place d’une ambassade pour les placer chez l’autre.
Hakuya avait supposé que Maria ne refuserait pas ces idées, et, comme il s’y attendait, Maria les avait approuvées avec joie. En fait, elle s’était même roulée dans son lit en riant alors qu’elle les avait acceptées.
« Je n’ai jamais vu ma sœur comme ça, » déclara Jeanne. « Elle a dû être très heureuse. »
« Heureuse... ? » demanda Hakuya.
« Pour avoir trouvé quelqu’un qui partage ses valeurs... si vous préférez, une personne qui la comprend, » déclara Jeanne. « Il n’y en a pas beaucoup à l’intérieur de l’Empire. À savoir, des personnes qui sont capables de comprendre ma sœur. »
« Je vois, » répondit-il.
Géographiquement, ils étaient à l’ouest et à l’est, idéologiquement il y avait un idéaliste et un réaliste, et pourtant Maria et Souma, qui semblaient être diamétralement opposés, se comprennent l’un et l’autre.
Cela pourrait être intéressant, pensa Hakuya.
« Avec une réponse comme celle-là, je voudrais que ma sœur et Sire Souma puissent parler ensemble le plus tôt possible, » déclara Jeanne.
« Ils sont tous deux très occupés en ce moment, et il est difficile de faire concorder leurs horaires, » répondit Hakuya. « Quand les choses finiront par s’arranger, nous trouverons un moment pour qu’ils se parlent. »
« Oui, absolument d’accord, » répondit Jeanne.
Après cela, ils avaient eu une petite discussion (y compris afin d’exprimer leurs frustrations à propos de leurs dirigeants respectifs) pendant un petit moment, puis Jeanne avait dit. « Au fait, il y a quelque chose qui me dérange depuis un moment. Je vois beaucoup de livres derrière vous, Sire Hakuya. Où êtes-vous actuellement ? »
« ... Oh ! Ce sont des livres qui nous ont été fournis par Amidonia comme garantie pour les réparations de guerre, » répondit-il. « Il y a un bon nombre d’entre eux dont je veux pouvoir faire des copies avant qu’ils doivent être retournés. Je travaillais donc à les cataloguer jusqu’à récemment. »
« Le Premier ministre lui-même les classe ? » demanda Jeanne, surprise.
« Bien sûr, j’ai du personnel pour aider, mais c’est un passe-temps pour moi, » répondit Hakuya. « J’aime vraiment trier les livres. Je les divise en catégories, les range dans l’ordre. J’en feuillette parfois un qui capte mon attention, puis je tire un plaisir en regardant la bibliothèque bien ordonnée une fois que mon travail est terminé. Les livres sont la sagesse humaine. Les progrès d’un pays. Quand je pense à eux disposés devant moi sur une étagère, et qu’ils sont disponibles pour que je puisse les lire quand je veux... »
Quand elle vit Hakuya parler avec éloquence de ses livres, les yeux de Jeanne s’écarquillèrent.
Si vous mentionnez le nom Hakuya, l’orgueil du royaume, le Premier ministre à la robe noire, lui qui était célèbre comme l’un des génies découverts par Souma, alors vous parlerez de l’homme qui avait utilisé sa ruse pour se moquer de Gaius VIII de la Principauté d’Amidonia.
Après l’avoir elle-même rencontré, Jeanne avait eu une impression de lui en tant qu’individu astucieux et intelligent. Cependant, quand Hakuya avait parlé de livres, ses yeux étaient ceux d’un jeune garçon. Cet écart avait fait que le cœur de Jeanne battait la chamade.
« ... Je suppose que vous aimez les livres, n’est-ce pas ? » demanda Jeanne.
Hakuya était revenu à lui. Il avait rapidement retrouvé son habituelle expression d’intelligence, mais le bout de ses oreilles était un peu rouge. « Pardonnez-moi. Vous voyez, je peux me laisser emporter quand il s’agit de livres. »
« Hehe. J’ai l’impression d’avoir vu un côté inattendu de votre personne..., » répliqua-t-elle.
« Est-ce si inattendu ? » demanda Hakuya. « Personnellement, je pense que je ferais un meilleur bibliothécaire qu’un Premier ministre. »
La raison pour laquelle Hakuya avait reçu une audience avec Souma était que son oncle avait dit ça. « À ton âge, tu dois arrêter de rester assis à ne rien faire d’autre que lire des bouquins. Va donc faire quelque chose d’utile à la société ! » Et il l’avait inscrit à la section Don de Sagesse de l’événement Si Vous Avez Un Don sans demander son avis.
Il avait gagné cette compétition, et quand il avait eu son audience avec Souma, il avait été charmé par le jeune roi. En pensant que, peut-être, Souma pouvait amener ce pays qui était sur le point de s’effondrer à pouvoir se remettre sur pied, Hakuya avait abandonné le métier de rat de bibliothèque et avait offert ses services, pour constater qu’à un moment donné, il était devenu Premier ministre.
La vérité était que, alors que Hakuya voulait soutenir le règne de Souma, il avait voulu le faire en tant que conseiller de Souma et du Premier ministre de l’époque, Marx. Cependant, Marx était parti et l’avait recommandé en disant qu’il était un meilleur Premier ministre que lui-même. À cause de cela, Hakuya ne pouvait pas lire les livres qu’il voulait, et ses jours étaient devenus très occupés.
« Hmm... Alors, si nous devions vous arranger un poste de Bibliothécaire en Chef des Archives impériales, viendriez-vous dans notre pays ? » demanda Jeanne. « J’imagine que nos archives ont une collection de livres plus étendue que celle du royaume. »
« Ahh. C’est une proposition séduisante, tout à fait, » répliqua-t-il.
« Mais ne pouvez-vous pas le faire ? » demanda Jeanne.
« Si vous m’aviez demandé avant que j’offre mes services, je suis sûr que j’aurais sauté sur l’offre sans hésitation, » répondit-il.
De nos jours, Hakuya pensait que ces journées chargées n’étaient pas si mauvaises. Il y avait eu un temps où, pour Hakuya, l’histoire était une chose à trouver dans les livres. Cependant, maintenant il sentait que c’était une chose qu’ils feraient par eux-mêmes. Quand il servait sous les ordres de Souma, celui qui essayait de faire avancer ce pays, il avait l’impression d’être l’un des personnages clefs de l’histoire. Ce n’était pas une mauvaise sensation.
« Mais maintenant, je souhaite avancer dans une nouvelle ère aux côtés de Sa Majesté et des autres, » continua-t-il. « Puis, une fois que j’aurais trouvé mon successeur, j’espère devenir historien et rapporter ce qui s’est passé en ces temps. »
« Une retraite confortable, Hmm..., » déclara Jeanne. « Cela peut être un luxe dans les temps où nous vivons. »
Elle avait probablement raison. Les temps étaient trop durs pour permettre une retraite facile. La menace du Domaine du Seigneur-Démon empiétait lentement au nord, et divers pays forgeaient des alliances pour faire avancer leurs propres buts, ou s’opposer les uns aux autres. Pour permettre à Hakuya d’avoir sa retraite tranquille, tout cela devrait être résolu. Quant à savoir si cela était possible, même avec toute la sagesse de Hakuya, il ne pouvait pas voir la réponse à cette question.
« Eh bien, j’attendrai avec impatience notre prochaine discussion, Sire Hakuya, » déclara-t-elle.
« Moi de même. Reparlons-nous prochainement, Madame Jeanne, » répondit-il.
La transmission fut coupée du côté de Jeanne.
Wôw... Hakuya expira, puis se leva. Il tendit la main vers la pile de livres amidoniens.
Ces précieux livres n’avaient pas été bien traités pendant qu’ils étaient à Amidonia, et ils avaient cruellement besoin d’être réparés. Si Hakuya ne les avait pas pris en charge, certains de ces livres auraient pu être perdus pour toujours.
Avec un soupir, Hakuya tendit la main et prit un livre. Dès qu’il eut fait ça...
« Monsieur le Premier Ministre, » déclara une voix d’homme.
Il y avait un homme en vêtements noirs agenouillé dans un coin de la pièce. Il y avait aussi un tissu noir autour de son visage, et il avait l’air de se fondre dans l’obscurité de la pièce fermée et faiblement éclairée.
Hakuya avait alors demandé à l’homme, « Où en sont les préparatifs ? »
« Ils avancent rapidement. Toutefois..., » l’homme semblait hésiter.
Hakuya fronça les sourcils. « Quelque chose est-il arrivé ? »
« C’est que... j’ai l’impression que les choses vont trop bien, » déclara l’homme. « Presque comme s’il y avait la volonté d’un autre acteur en jeu ici. »
« Je vois..., » répondit Hakuya.
Hakuya congédia l’homme, puis feuilleta le livre qu’il avait ramassé.
Quand il avait pris les livres dans les archives d’Amidonia comme garantie contre les réparations de guerre, Hakuya avait eu une certaine attente. Il s’était attendu à ce qu’il y ait des registres de famille et des documents concernant les droits et les propriétés. Car après tout, ces sortes d’écrits avaient tendance à être dans les archives de la capitale d’une nation. Avoir ces livres en main, c’était comme saisir le cœur même de la nation.
Quand il avait conseillé à Souma de prendre les livres en garantie, c’était parce que la famille royale Amidonienne était plus encline aux affaires militaires, et il avait espéré qu’ils ne se rendraient pas compte de leur importance. Cependant, contrairement aux attentes de Hakuya, il n’y avait qu’un seul livre de cette variété dans la collection qu’il avait saisie.
Ce livre, celui que Hakuya tenait maintenant, était sur la généalogie récente de la famille royale d’Amidonia. Quand il l’avait feuilletée, il y avait un morceau de papier plié coincé entre la dernière page et la couverture.
Quand Hakuya déplia le morceau de papier, il vit qu’il y avait un dessin d’un petit animal avec des cercles noirs autour de ses yeux et qui fermait l’une de ses paupières alors qu’il tirait la langue.
Quand il vit cela, Hakuya cligna des yeux plusieurs fois, puis il se mit à rire. « Je vois. Il devrait certainement y avoir quelqu’un comme ça à Amidonia. »
« Qu’est-ce que c’est, professeur ? » demanda soudainement une voix.
Hakuya se retourna et vit Tomoe, le regardant d’un air absent. Il était gêné d’avoir été attrapé après avoir baissé sa garde, et il s’éclaircit la gorge pour le masquer.
« Tiens ! Tomoe, je suis désolé, je ne vous ai pas remarqué arriver, » déclara-t-il.
« Eh bien, je viens à peine d’arriver, » répondit Tomoe. « Je suis entré parce que j’avais l’impression que vous aviez fini de parler. Vous aviez l’air de vous amuser, n’est-ce pas ? Que regardiez-vous ? »
« Oh ! Ça ? » Hakuya avait montré à Tomoe une photo avec un petit animal dessiné dessus.
Hakuya lui tendit le morceau de papier, puis le tint à distance, puis le tint au plafond pour le regarder, avant de basculer finalement la tête sur le côté. « Pourquoi cet animal était-il si drôle ? Je dois admettre qu’il est mignon. »
« Il s’agit d’un dessin d’un animal appelé un raton laveur de bronze, » reprenant le morceau de papier, Hakuya tapota Tomoe sur la tête et lui déclara. « On dit souvent qu’ils jouent des tours aux gens. »
Merci pour le chapitre.
Merci pour le chapitre.
PS:La princesse es passé par là !
J’allais écrire la même chose 🙂
Merci pour le chapitre
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