Chapitre 4 : Le Pacte
Partie 3
Le Dieu de l’Orient avait dit. « Le monde devrait être égal. Ainsi, je vous le dis, ô humains, vous devez chacun labourer les champs pendant la même durée de temps, et les récoltes doivent être partagées uniformément entre tous. »
D’un autre côté, le Dieu de l’Occident avait dit. « Le monde devrait être libre. Ainsi, je vous le dis, ô humains, chacun de vous doit labourer les champs, et ceux qui travaillent le plus durement peuvent prendre une quantité de récoltes équivalente à leurs efforts. »
Le Dieu de l’Orient avait alors dit ça au Dieu de l’Occident. « Avec tes méthodes, les riches deviennent plus riches et les pauvres s’appauvrissent. Dans un monde comme celui-ci, un conflit surgira entre les riches et les pauvres. »
Le Dieu de l’Occident avait alors dit. « Si ceux qui travaillent le plus durement reçoivent autant que ceux qui travaillent moins, ils perdront leur motivation à travailler. Si cela se produit, le montant total à partager diminuera et la société dans son ensemble sera plus pauvre. »
Et ainsi, les deux dieux s’étaient regardés l’un et l’autre. Le conflit entre ces dieux avait influencé les pays qui avaient décidé de vénérer chacun d’eux.
Alors que les pays de l’Occident et de l’Orient se regardaient les uns les autres, chacun pensant, nous avons raison, et ils ont tort, les plus troublés par tout cela furent les pays pris au milieu.
Si les pays qui croyaient à ces deux dieux déclenchaient une guerre, ils seraient les premières victimes. Leurs maisons et leurs champs seraient tous déchirés par cette guerre. Quand ils pensèrent à ça. Eh bien, qu’allons-nous faire à ce sujet ? Les pays proches de la frontière avaient eu un éclair de perspicacité.
« Je le sais ! Il peut être inévitable qu’ils se regardent les un et les autres, mais nous avons juste besoin d’établir des règles qui empêcheront une guerre de se produire ! »
Et ainsi, les pays qui vivaient près des frontières s’étaient réunis avec de nombreux pays de l’Occident et de l’Orient pour établir ces règles.
L’un d’eux avait dit. « Ne laissons pas les frontières être modifiées par la force militaire. »
Un autre avait dit. « Laissons les habitants de chaque pays prendre des décisions pour eux-mêmes. »
Un autre avait dit. « Organisons des échanges culturels entre l’Orient et l’Occident et essayons de nous entendre. »
***
« Quelle est cette histoire ? » s’écria Jeanne.
Alors que j’avais soudainement commencé à lui raconter une vieille légende, elle m’avait regardée d’un air empli de doute. Mais au fur et à mesure que l’histoire se déroulait, ses yeux s’ouvraient peu à peu dus à la surprise. Jeanne avait semblé être calme et posée jusqu’à ce point, mais cela avait maintenant disparu.
Liscia et Hakuya avaient des regards similaires clairement visibles sur leurs visages.
Jeanne avait alors fait claquer ses mains sur la table, puis elle se pencha plus près de moi. « En mettant de côté le processus, ces règles qu’ils ont décidées sont fondamentalement la Déclaration de l’Humanité ! Alors, comment s’est-il passé après ça ? »
Jeanne était impatiente d’avoir une réponse, mais j’avais doucement secoué la tête.
« Quant à ce qui est arrivé ensuite. Je ne peux pas encore vous le dire, » dis-je.
« Sire Souma ! » s’écria Jeanne.
« Mais je sais comment l’histoire s’est terminée, » dis-je.
« Est-ce que ces dirigeants... n’ont pas fait assez de choses pour empêcher la guerre ? » demanda Jeanne inquiète, mais je secouai la tête.
« Non, au moins à l’époque où ces deux dieux se regardaient mutuellement, ils étaient capables d’éviter le pire scénario qui était une guerre totale entre les deux dieux, » répondis-je. « Finalement, le Dieu de l'Orient s’est désagrégé, et parce que ce dieu avait perdu la capacité de se battre, le Dieu de l'Occident avait été soulagé et avait cessé de regarder dans cette direction. »
« Ceci ressemble à une fin heureuse, » déclara Jeanne. « Où est le problème ? »
« Eh bien ! Si c’est là où se terminait l’histoire, alors cela aurait été un “ils vécurent heureux pour toujours”, » dis-je.
« Alors, l’histoire n’est donc pas terminée ? » demanda-t-elle.
« ... C’est tout ce que je peux vous dire pour le moment, » dis-je. « Désolé, mais je ne peux pas vous révéler plus de mes cartes. »
J’avais interrompu la conversation avec un ton plus fort. Jeanne semblait vouloir continuer à me presser, mais elle avait abandonné quand elle avait vu le regard présent dans mes yeux.
J’avais alors déclaré cela à Jeanne. « Ne vous inquiétez pas. Vous le saurez assez tôt, mais je ne causerai pas de problèmes à l’Empire. »
« ... Vous m’inquiétez à me dire ça ainsi, » dit-elle.
« Je voudrais que vous me fassiez confiance, » dis-je. « Notre pays aimerait marcher à côté du vôtre. Tant que l’Impératrice Maria reste fidèle à son idéal d’unir l’humanité face à la menace du Domaine du Seigneur-Démon, je vous promets que le royaume ne deviendra jamais l’ennemi de l’Empire. »
Jeanne semblait toujours emplie de doute. « N’allez-vous pas rejoindre la Déclaration de l’Humanité ? Pourtant, vous nous demandez quand même de vous faire confiance ? »
« La Déclaration de l’Humanité n’est pas le seul pacte possible, » dis-je. « Pour certaines raisons que je dois taire pour le moment, nous ne pouvons pas participer à la Déclaration de l’Humanité, mais notre pays voudrait former une alliance indépendante avec l’Empire. Et cela en secret. »
« Une alliance secrète... dites-vous ? » demanda Jeanne.
J’avais fermement hoché la tête. « Nous avons finalement réussi à stabiliser la situation à l’intérieur de nos frontières. De là, j’ai l’intention de réformer l’armée, en créant un système qui me permettra de déplacer toutes mes forces avec une volonté unifiée. De plus, j’ai réussi à briser les crocs d’Amidonia lors de cette guerre. Notre pays est enfin libre de pouvoir déplacer ses forces. »
Jeanne n’avait rien dit.
« Alors, voici ma proposition, » dis-je. « À l’heure actuelle, l’Empire envoie des troupes pour aider l’Union des Nations de l’Est, n’est-ce pas ? »
« ... Oui, » dit-elle en hochant la tête. « Il s’agit d’un conglomérat de petits et moyens États, dont la plupart ont signé la Déclaration de l’Humanité. En tant que chef de cet accord, il est naturel que nous envoyions des troupes là-bas. »
« Oui, c’est ça, » dis-je. « Puis-je vous demander de laisser à partir de maintenant cette tâche à notre pays ? »
« Êtes-vous sérieux en me disant ça !? » Jeanne avait haussé la voix à cause de la surprise.
Voici ma proposition :
Au centre de ce continent se trouvait l’impénétrable Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon, où vivaient de sages dragons. Si les monstres et les démons venaient au sud, ils devraient contourner ces montagnes à l’est et à l’ouest.
Si cela arrivait, je suggérais que l’Empire résiste à leur avance à l’ouest, alors que le royaume y résisterait de l’est.
En termes pratiques, cela signifiait que si l’Union des Nations de l’Est était menacée par la menace du Domaine du Seigneur-Démon, le royaume enverrait des renforts. Cependant, il y avait un processus requis.
« Dans le cas où cela se produirait, et que l’Empire, en tant que responsable de la Déclaration de l’Humanité, recevrait une demande de renforts de la part de l’Union des Nations de l’Est, vous nous feriez une demande de renforts, » dis-je. « Au moment où mon pays enverra des troupes, je veux que cela prenne la forme du fait que nous répondons à une demande de l’Empire. »
« ... Cela semble plutôt être une façon détournée de faire les choses, » déclara Jeanne. « Pourquoi ? »
« Bien que nous n’ayons pas encore la force nationale d’être appelés une grande puissance, nous sommes la deuxième plus grande nation par la masse si vous excluez le Domaine du Seigneur-Démon, » dis-je. « S’ils apprenaient que les premier et deuxième plus grands pays du continent travaillent main dans la main, il y aura des pays qui seraient automatiquement inquiets quant à ça. Ceux qui se trouvaient entre nous deux... comme la Principauté d’Amidonia, l’État mercenaire de Zem et la République de Turgis... je parle particulièrement d’eux. C’est pourquoi, autant que possible, je ne veux pas que l’on sache que l’Empire et le royaume coopèrent. »
« Je vois. D’où la raison de l’alliance secrète, » dit-elle.
Jeanne avait fait une expression pensive. Elle devait être en train de peser les avantages et les inconvénients de ce pacte. Cependant, il n’y aurait pas de désavantages pour l’Empire dans mon offre.
Ils sauveraient les fonds de guerre qui seraient allés à la défense de l’est, et ils pourraient épaissir leurs défenses sur le côté ouest de leur propre pays, où ils partageaient une frontière avec le Domaine du Seigneur-Démon. S’il y avait quelque chose dont ils pouvaient se méfier, c’était de nos intentions.
Après un certain temps, Jeanne acquiesça. « Je ne vois aucun mal à accepter votre proposition. Mais, y a-t-il le moindre mérite au fait que vous assumiez ce devoir ? »
« Si j’étais pressé de répondre, je pourrais dire que c’est afin de construire une confiance avec l’Empire, » dis-je. « Cela, et aussi parce que vu que nous participerons à la guerre, je voudrais que vous cessiez d’exiger des subventions de guerre. »
« Bien sûr, » déclara Jeanne. « Il s’agit de quelque chose que nous demandons qu’aux pays qui ne sont pas impliqués dans la guerre... Mais, êtes-vous vraiment sûr ? J’ai l’impression que ce n’est nullement assez pour vous. »
« Eh bien ! Quand l’existence même de l’humanité est en jeu, il faut penser plus loin qu’une simple analyse coût-bénéfice, » dis-je. « D’ailleurs, si nous agissons comme si ce n’était pas notre problème après que notre pays fut devenu stable, les autres pays ne le verront pas d’un bon œil. »
« Je vois..., » Jeanne croisa ses bras, gémissant alors qu’elle y pensait. « Dans ce cas, il s’agit de savoir si nous pouvons collaborer étroitement. L’Empire et le royaume sont sur les côtés opposés du continent. Cela va prendre du temps pour que nous puissions communiquer. C’est bien que nous puissions vous rediriger les demandes d’aide, mais si les renforts n’arrivent pas à temps, ça serait terrible. »
« Nous avons déjà une idée de la façon de gérer cela, » dis-je. « Hakuya, apportez-le-moi. »
« Certainement, Sire, » déclara Hakuya.
Hakuya se leva et quitta la pièce, revenant bientôt avec une boîte en bois de la taille d’un jeu de cartes. Il avait ensuite offert la boîte à Jeanne.
Jeanne accepta la boîte, la regardant d’un air dubitatif. « Qu’est-ce que ça pourrait être ? »
« Essayez de l’ouvrir, » dis-je. « Je voudrais que vous la donniez à Madame Maria. »
« Est-ce... un récepteur ? ... Ah ! » Il semblerait que Jeanne l’avait compris.
Dans la boîte il y avait un simple récepteur, comme ceux que j’avais utilisés quand j’avais lancé mon ultimatum aux trois ducs.
« Ce récepteur est réglé sur la même fréquence que l’un des joyaux détenus par notre pays, » dis-je. « Quand vous retournerez à l’Empire, je voudrais que vous m’envoyiez l’un des simples récepteurs de l’Empire. Bien sûr, il devrait être réglé à la même fréquence que l’un des joyaux détenus par l’Empire. De cette façon, nous pourrons nous contacter à tout moment. »
En d’autres termes, en utilisant des récepteurs simples et un joyau dans chaque pays, nous établirions une ligne directe entre l’Empire et le royaume. Contrairement aux joyaux, les simples récepteurs étaient facilement transportables.
Si l’un des deux pays appelait le simple récepteur du destinataire avec une demande de pourparlers, l’autre devait juste aller à l’endroit où se trouvait le joyau et ils pouvaient commencer immédiatement. Cela nous permettrait seulement de transmettre la vidéo et l’audio, donc il ne serait pas possible de signer quoi que ce soit, mais si nous avions des bureaucrates pour aller et venir avec les documents, même cela deviendrait possible.
Jeanne avait été très impressionnée par cette proposition. « Avec cela, vous pouvez facilement tenir des réunions avec ma sœur, qui ne peut pas se permettre de quitter l’Empire. Je ne sais pas quoi dire, Sire Souma. Votre créativité me fait trembler de peur. »
« Vous le faites aller hors de proportion, » dis-je. « C’était assez ordinaire d’avoir quelque chose comme ça dans mon Ancien Monde. »
« Et vous pensez que c’est parfaitement ordinaire... Euh, Sire Souma ? Je voudrais votre permission de pouvoir dire quelque chose d’un peu fou, » déclara Jeanne. « Est-ce que ça vous convient ? »
Quelque chose de fou ? Qu’est-ce qu’elle va dire par là ? me demandai-je.
« Je vais vous le permettre, » dis-je.
« Je vous remercie. Maintenant... Princesse Liscia, » déclara Jeanne.
« Hein ! Moi !? » Liscia parut surprise de voir la conversation se tourner soudainement vers elle, mais Jeanne continua.
« Envisageriez-vous la possibilité de restaurer Sire Albert sur le trône ? » demanda Jeanne. « Si vous agissiez ainsi, l’Empire vous soutiendra avec tout ce qu’il a comme pouvoir. »
Recommande-t-elle de me détrôner ? Je suis dans la pièce, avez-vous oubliée ? pensai-je.
Liscia sembla d’abord déconcertée, mais quand elle revint à elle, elle répondit avec colère, son visage devint de plus en plus rouge. « Que suggérez-vous tout d’un coup ? Je ne ferais jamais ça ! »
« Oh, où est le mal ? » demanda Jeanne. « Pour commencer, il s’agit du royaume de Sire Albert. Alors je voudrais que vous nous donniez, s’il vous plaît, le nouvellement libéré Sire Souma pour qu’il nous rejoigne ! S’il vient, je lui donnerai le poste de chancelier ou n’importe quelle autre position qu’il voudra ! Et zut ! Je suis même prête à offrir ma sœur comme un bonus supplémentaire, alors s’il vous plaît, devenez notre Empereur ! »
Non, si vous essayez d’offrir votre sœur comme une bouteille de détergent... ne traitez-vous pas un peu trop légèrement l’Impératrice ? pensai-je.
Liscia était indignée face à cette proposition. « Réalisez-vous vraiment ce que vous êtes en train de dire !? »
« Tout à fait, je suis saine d’esprit, » déclara Jeanne. « La façon dont Sire Souma réfléchit est en avance sur notre temps. Je veux voir l’Empire que ma sœur et lui créeraient en étant ensemble. Si nous avions su qu’il était ainsi, nous n’aurions jamais accepté vos subventions de guerre. Nous aurions dû insister pour que Sire Souma vienne auprès de nous. Il n’est pas trop tard, envisageriez-vous de venir maintenant dans l’Empire ? »
« Évidemment que non ! » Liscia avait fait claquer ses mains sur la table. « J’ai besoin... le royaume a besoin de Souma ! »
Liscia avait crié cela d’un ton menaçant, montrant ses dents. Ce n’était pas uniquement Liscia. Aisha derrière nous dégageait une aura grognonne. Sa main avançait également lentement vers son arme.
J’aimais qu’elles se soucient autant de moi, mais Jeanne était, techniquement, une invitée importante d’un autre pays. Je ne pouvais pas les laisser être trop hostile envers elle.
J’avais tapoté la tête de Liscia en lui disant. « Allons, allons ! Calmez-vous Liscia. Je ne vais nulle part, d’accord ? »
« ... Je suis désolée, » dit-elle. « J’ai perdu mon sang froid. »
« Aisha, arrêtez, jeune fille ! » ordonnai-je. « Ne mettez pas votre main sur cette arme ! »
« E-Est-ce que la façon dont vous me traitez n’est pas un peu indigne !? » objecta Aisha.
Ignorant cela, je me retournai pour faire face à Jeanne. « Je suis désolé, mais je ne peux pas accéder à cette demande. J’ai entendu dire que Madame Maria est charmante, mais je veux rester ici et être le roi dans ce pays où Liscia, ainsi que les autres personnes qui me sont chères sont présentes. »
« Ouah... Je le savais, » déclara Jeanne. « Mais je pense vraiment que c’est regrettable que vous ressentiez ça. »
Puis, elle avait dit. « Merci de m’avoir permis de dire quelque chose de fou, » Jeanne inclina la tête. « Maintenant, revenons au sujet de l’alliance. C’est quelque chose de trop important pour que je puisse décider cela de ma propre initiative. Maintenant que vous m’avez fourni un merveilleux système pour que nos deux chefs d’État puissent discuter avec le Joyau de Diffusion de la Voix, je pense qu’il vaudrait mieux que vous en parliez directement avec ma sœur. Pour le moment, j’aimerais que quelques membres de votre corps diplomatique viennent dans l’Empire. Je vais également laisser quelques membres de notre bureaucratie ici, alors s’il vous plaît, ramenez-les au royaume avec vous. »
« Je vois. Cela devrait faciliter la coordination de la suite des événements, » dis-je. « Très bien... mais qu’en est-il de ça ? Que se passerait-il si nous confions à chacun le titre d’ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire au représentant de notre corps diplomatique, pour ensuite établir une ambassade dans la capitale de chacun de nos deux pays ? Car après tout, il est inefficace d’aller et venir entre nos deux pays chaque fois que nous décidons de quelque chose. »
« C’est une idée de génie ! » s’exclama Jeanne. « J’examinerai immédiatement cette possibilité. Ma parole... la sagesse jaillit du Roi Souma comme l’eau d’une source chaude. »
Encore une fois, ce n’était pas comme si cela avait été mon idée. Si elle me jugeait trop bien, cela allait juste me faire me sentir plus gêné... Mais, bon, mettant cela de côté, Jeanne et moi avions continué après cela à parler de diverses choses.
Par exemple, nous avions parlé de la façon dont Madame Maria voulait abolir l’esclavage.
Depuis longtemps, Madame Maria avait apparemment voulu abolir le système, qui était un foyer pour la traite des êtres humains, mais elle cherchait maintenant à utiliser la menace imminente du Domaine du Seigneur-Démon pour le faire au nom de l’unité nationale. Même si la politique était difficile à faire passer en temps de paix, elle avait reconnu qu’elle pouvait le forcer à passer à travers maintenant, et elle avait rapidement réagi à l’occasion. Il semblait qu’elle était plus qu’une rêveuse idéaliste.
J’étais également en faveur de l’abolition, mais je sentais que c’était trop soudain, alors je leur avais demandé d’attendre. Des changements soudains, même bons, provoquaient toujours le chaos. La Révolution Française, avec son appel à « liberté, égalité et fraternité », s’était terminée par les purges du Règne de la Terreur et le mouvement du Printemps Arabe pour la démocratisation (même si je ne voulais en aucun cas condamner le mouvement lui-même). Avec mes connaissances de précédents comme ceux-là, je devais être prudent.
C’est pourquoi j’avais dit à l’Empire que l’émancipation devait être faite pas à pas. Si possible, je voulais qu’ils avancent au même rythme que le royaume.
Et, bien, avec des sujets importants comme celui qui se présentait les uns après les autres, les bureaucrates des deux nations étaient en pleine frénésie. Même tard dans la nuit, une fois la conférence terminée, ils avaient continué.
Ils seraient probablement debout toute la nuit. Avec un regard de côté vers ces bureaucrates, j’avais emmené Liscia et Jeanne jusqu’à la terrasse du bureau des affaires gouvernementales.
Parce qu’il était tard dans une nuit en automne, il faisait assez froid. J’avais demandé à Serina de nous apporter du lait chaud dans des tasses en bois, et même si ce n’était pas vraiment pour célébrer la fin des pourparlers, nous avions partagé un toast.
Liscia avait levé sa tasse. « Pour la gloire de l’Empire. »
Jeanne avait levé sa tasse. « Au développement du royaume. »
J’avais levé ma tasse. « À l’amitié entre nos deux nations. »
« « « Santé !! » » »
Nous avions entrechoqué nos tasses en bois.
Il y avait du lait chaud dans les tasses, donc après le toast, nous ne pouvions que les savourer (parce que si nous les renversions, nous nous brûlerions), mais... oh, c’était bon. Une chose que j’appréciais depuis mon arrivée dans ce monde était le délice du lait. Il était non pasteurisé (ils traitaient probablement directement dans un seau en métal, comme vous le verriez dans Nello et le chien des Flandres [1], puis il le refroidissait avec de l’eau de rivière ou de puits), de sorte que la saveur était vraiment intacte. Le compromis était que ce n’était pas totalement sûr, mais... cette texture était irrésistible !
« Ce fut une conférence très fructueuse, » déclara Jeanne alors que j’étais réchauffé par le délicieux lait chaud. « Nous avons parlé pendant assez longtemps, n’est-ce pas ? Nous sommes presque rendus à l’aube. »
« ... Maintenant que j’y pense, j’ai l’impression que nous avons parlé de beaucoup de choses aujourd’hui que nous n’avions pas vraiment à faire dès le premier jour, » dis-je.
Comme le fait que nous avions pris la peine d’organiser une ligne de communication permanente en utilisant le service du Joyau de Diffusion de la Voix, je pensais que nous aurions pu mettre de côté un certain nombre de sujets que nous avions couverts aujourd’hui pour une date ultérieure. Je me sentais mal pour les bureaucrates des deux nations dont la charge de travail avait augmenté à cause de nous.
« Peut-être parce qu’il était si tard dans la nuit, nous nous sommes étrangement excités..., » dis-je.
« Pouvez-vous vraiment nous blâmer ? » déclara Jeanne avec un sourire. « Pour ma part, j’étais ravie de trouver de nouveaux amis fiables. »
Amis... Hmm, pensai-je.
Certes, même si notre alliance était secrète, nous et l’Empire pourrions maintenant être appelés amis. Quant à l’influence que cette alliance secrète aurait sur le monde... Je ne pouvais pas encore être sûr, mais c’était rassurant de savoir que d’autres pays pourraient partager mes valeurs. L’Empire avait dû ressentir la même chose.
Jeanne afficha soudainement une expression sérieuse. « J’ai quelque chose à vous dire, à vous mon ami de l’est. »
« Qu’est-ce que c’est ? Mon ami de l’ouest, » dis-je.
« Il s’agit du Seigneur-Démon, censé habiter le Domaine du Seigneur-Démon, » dit-elle.
Le Seigneur-Démon. Si je devais utiliser ma connaissance des Jeux de Rôle, c’était l’être qui régnait sur les démons et les monstres. Bien qu’il n’ait pas été confirmé, l’ancien roi, Sire Albert, m’avait dit qu’il y avait apparemment un être comme ça dans le Domaine du Seigneur-Démon.
« Avez-vous vu le Seigneur-Démon ? » demandai-je.
« Non, » répondit Jeanne. « Mais en plus, personne n’a prétendu l’avoir vu. Ceux qui ont pénétré le plus profondément dans le Domaine du Seigneur-Démon étaient la force punitive initiale, mais elle a été presque complètement éradiquée. »
« Hein !? Alors comment savez-vous qu’il y a un Seigneur-Démon ? » demandai-je.
« Quand la force punitive a été détruite, il y avait un groupe de démons censés être capables de parler, et il y avait un mot qu’ils déclaraient souvent, » dit-elle. « Les chercheurs de mon pays ont émis l’hypothèse que ce mot pourrait être le nom du Seigneur-Démon. »
À ce moment-là, Jeanne fit une pause, puis elle prononça le mot comme si elle l’annonçait.
« Ce mot était... “Divalroi”, » déclara-t-elle.
« Divalroi... Seigneur-Démon Divalroi ? » demandai-je.
« Exact. Ils disent que c’est le nom du Seigneur-Démon, » Jeanne acquiesça d’un air sombre.
Seigneur-Démon Divalroi, euh... Hmm ? pensai-je.
« Le Seigneur-Démon Divalroi... le Seigneur-Démon Divalroi... Seigneur-Démon... Divalroi, Seigneur-Démon..., » murmurai-je.
Hein !? Qu’est-ce que c’est ça ? Je me souviens d’avoir entendu cette phrase quelque part, pensai-je. Est-ce une sensation de déjà vu ? ... Non, ce n’est pas ça. Cela me semble familier. Quelque part... Je l’ai entendu quelque part. Quelque part ailleurs qu’ici. Pas dans ce monde. Dans l’autre monde ?
Non, attends. Pourquoi penserais-je à la Terre ? Il ne devrait pas avoir de Seigneur-Démon sur Terre. Je ne connais pas de Divalroi. Du moins, je ne devrais pas..., cependant, il y a quelque chose de présent dans un coin de mon esprit.
« Qu-Qu’est-ce qui ne va pas, S-Souma ? » s’exclama Liscia.
Quand j’avais repris mes esprits, Liscia soutenait mon corps. On aurait dit que j’avais serré ma tête entre mes mains et que j’avais trébuché. Liscia et Jeanne semblaient inquiètes, alors je leur avais souri.
« Je vais bien, » dis-je. « Je viens d’être frappé par une vague soudaine de fatigue. »
« Hmm... après tout, il est si tard, » déclara Jeanne. « Que diriez-vous d’arrêter là pour cette nuit ? »
Parce que Jeanne aussi disait ça, nous avions décidé de nous revoir demain dans la salle d’audience avec Julius présent pour annoncer ce qui avait été décidé aujourd’hui, puis nous étions tous allés nous reposer.
J’avais alors demandé à Serina de montrer à Jeanne une chambre d’amis, pendant que Liscia et moi nous nous dirigions vers la chambre que Liscia utilisait. Je voulais aller dormir le plus tôt possible, mais mon lit était dans le bureau des affaires gouvernementales. Je ne pouvais pas dormir correctement avec les bureaucrates qui travaillaient juste à côté de moi, alors j’avais pensé que j’emprunterais un coin dans la chambre de Liscia.
« Souma... allez-vous vraiment bien ? » me demanda Liscia d’un air préoccupé au moment où nous avions atteint sa chambre.
« ... Je vais bien, » dis-je. « J’étais juste un peu fatigué. »
« Vous mentez ! » explosa-t-elle. « Vous êtes régulièrement resté debout pendant trois nuits d’affilée ! Je ne vais pas croire que vous soyez fatigué après être resté debout pendant seulement une nuit ! »
« Non, je pense que c’est assez mauvais et que c’est ce qui vous a mis la puce à l’oreille..., » dis-je.
Liscia soupira. « Venez ici ! »
Liscia s’était assise sur son lit, puis elle m’ordonna de m’asseoir à côté d’elle. Le fait d’être assis à côté d’une jolie fille sur son lit était une situation qui aurait dû faire battre fortement mon cœur, mais l’attitude sans fioriture de Liscia m’avait intimidé à lui obéir docilement.
Après l’avoir décidé... au moment où je m’étais assis, Liscia avait attrapé ma tête et l’avait poussée sur ses genoux. C’était mon premier oreiller de cuisses depuis longtemps. Je pouvais entendre la douce voix de Liscia au-dessus de moi.
« Je ne sais pas ce qui vous l’a causé, mais quand vous êtes fatigué, laisse-moi vous faire plaisir, » déclara Liscia tout en me frottant le front.
« ... Désolé, » dis-je. « Et merci beaucoup. »
« Hehe. Je vous en prie, » déclara Liscia.
J’avais alors fermé les yeux, laissant la tension s’éloigner de mon corps. Quand j’avais entendu le nom de « Seigneur-Démon Divalroi », j’avais ressenti une vague d’incertitude à cause du sentiment que j’avais déjà entendu le nom. Cela n’avait pas été résolu, mais le simple fait d’avoir la tête caressé ainsi avait fait que mon cœur se sentait plus léger.
Grâce à Liscia, pendant le petit moment qu’il m’aura fallu pour m’endormir, je n’avais plus à me sentir inquiet.
Notes
- 1 Nello et le chien des Flandres : Nello et le chien des Flandres (A Dog of Flanders) est une comédie dramatique américaine réalisée en 1999 par Kevin Brodie, d’après le roman de Maria Louise Ramé.
Merci pour le chapitre.
Les accords d’Helsinki et le téléphone rouge cités dans une LN ? J’adore 🙂
Pour cette inversion Occident, Orient, il faut rappeler la position géographique du Japon. L’URSS était a l’Ouest et les États-Unis sont a l’Est pour ce pays.
Pour le nom du roi-démon, pensez a ce titre en anglais… 🙂
PS : Il manque la fin de la phrase sur les résultats du Printemps arabe ?
Pour la note sur le chien des Flandres, il est probable qu’il fasse référence aux deux séries d’animations japonaises : https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Un_chien_des_Flandres_(série_télévisée_d%27animation,_1992)
Pour l’inversion, je l’ai désormais maintenant inversé par rapport à ce qui était avant (celle du LN anglais), car dans le tome 4, les traducteurs ont remis dans le sens (occidental) et non plus japonais, alors je trouvais que cela faisait trop confus.
Il y a beaucoup de référence. Un exemple, j’ai du me lire Le Prince dernièrement pour pouvoir avoir les bonnes références pour de nombreux passages du roman.
Merci pour le chapitre.
Merci pour le chapitre