Chapitre 4 : Le Pacte
Partie 2
Jeanne était une invitée importante d’un autre pays, alors normalement j’aurais probablement dû organiser un banquet pour elle, mais le temps était précieux pour nous deux, alors j’avais décidé que nous allions manger lors de la réunion.
Cela demandait quelque chose que nous pouvions manger pendant que nous travaillions, alors j’avais décidé de servir à Jeanne et à son entourage un certain type de pain que je réfléchissais pour savoir si je devais ou non le faire répandre dans tout le pays.
Quand Jeanne avait mangé ce petit pain, sa réaction avait été...
« C’est incroyable ! » s’exclama Jeanne. « Il semble erroné de mettre un aliment de base sur un autre aliment de base, mais une fois que vous mordez dedans, les deux textures contrastées sont parfaites. Et la sauce tomate lui donne une belle saveur acidulée. De plus, en mettant un plat que vous mangiez normalement avec une assiette sur un pain, cela nous permet de le manger d’une seule main ! Je vous tire mon chapeau pour cette idée ! Quelle merveille ! »
... Elle avait loué sans retenue ma recette.
Pensiez-vous que c’était un sandwich ? Dommage. Il s’agissait d’un sandwich-spaghetti à la viande [1].
La vérité était, je voulais faire un pain yakisoba [2], mais je ne pouvais pas réussir à reproduire cette sauce épaisse. C’est pourquoi j’avais utilisé des pâtes et de la sauce tomate, qui existaient déjà dans ce monde, pour créer un pain-spaghetti. Au fait, je n’avais pas abandonné la réplication de la sauce. Poncho faisait des recherches en ce moment même.
« Quand je l’ai vu pour la première fois, j’ai remis en question votre santé mentale, mais c’est vraiment très bon, » déclara Liscia.
« Ni le pain ni les pâtes ne sont nouveaux, mais c’est une expérience assez nouvelle de les manger ensemble comme ça, » déclara Hakuya.
Liscia et Hakuya semblaient ainsi les apprécier.
Maintenant que la crise alimentaire était plus ou moins résolue, je pensais que, plutôt que des idées décalées comme du gelon udon, il serait peut-être bon d’étaler à la place quelques plats de la Terre. Développer nos traditions culinaires améliorerait le pouvoir et l’image de marque de notre pays, et pourrait également conduire à un afflux d’argent étranger.
Maintenant, en ce qui concerne Aisha, qui était la plus susceptible de creuser dans ces sortes de nouveaux plats avec brio...
« Om, Hmmm, Hmmm ! »
Même si elle se tenait derrière moi en tant que garde du corps, elle était activement en train d’engloutir des pains-spaghettis.
Heu, attendez, Aisha, pensai-je. Combien en avez-vous déjà mangé ?
Ce qui avait autrefois été une montagne de petits pains sur l’assiette avait été réduit à moins d’une légère colline. Même à une époque comme celle-ci, l’elfe sombre affamée était la même.
Une fois que nous avions fini de manger nos pains et pris une courte pause, Jeanne aborda la question qu’avait provoquée notre rencontre pour en discuter. « Hmm... Et maintenant ! Ne pensez-vous pas qu’il serait le moment opportun que nous passions au sujet de votre occupation de Van ? La position de l’Empire est que, conformément à la Déclaration de l’Humanité, nous ne pouvons pas accepter les changements de frontières provoqués par l’utilisation de la force militaire. Nous exigeons que le Royaume d’Elfrieden rende Van et la région qui l’entoure à la Principauté d’Amidonia. »
« La position du Royaume est que nous ne pouvons pas accepter cette demande, » répondis-je. « La Principauté d’Amidonia a été les agresseurs dans ce conflit. Je pense que nous sommes justifiés quant à nos actions, n’est-ce pas ? »
« Vous pourriez aussi être vu comme les ayant incités à agir, vous en rendez-vous compte ? » demanda Jeanne.
« Ils ont fait beaucoup de choses pour interférer dans nos affaires internes, » répondis-je. « Ce n’est pas juste pour eux de se plaindre dès qu’on leur retourne la situation. L’Empire est-il d’accord avec ça ? Si vous acceptez leur comportement scandaleux, les signataires et les non-signataires de la Déclaration de l’Humanité vous prendront à la légère à partir de maintenant. »
« Oui, je le sais, » répondit Jeanne. « Voilà pourquoi l’Empire est prêt à forcer Amidonia à payer des réparations appropriées. Dans cette affaire, je pense que l’Empire n’a d’autre choix que de punir les deux côtés. »
Ben oui... Je pensais que ce serait votre réponse, pensai-je.
Parce qu’Amidonia était signataire de la Déclaration de l’Humanité, l’Empire n’avait d’autre choix que de se tenir à leurs côtés et d’exiger qu’Elfrieden rende leur territoire. Mais s’ils permettaient à Amidonia de s’en tirer avec leur comportement scandaleux, ils inviteraient les autres signataires à agir en toute impunité, ce qui créerait une résistance de la part des non-signataires. Cela signifiait qu’ils devaient imposer des sanctions sévères à Amidonia, afin de garder les autres états signataires sur le droit chemin. L’Empire avait la puissance de le faire.
J’avais regardé Jeanne, comme si je voulais la tester. « Et si nous ne nous conformons pas, vous aurez recours à la force militaire ? »
« Ce n’est pas ma méthode préférée... mais si le besoin s’en fait sentir, je n’aurai pas le choix, » déclara Jeanne. « En ce moment, le nombre de troupes que l’Empire a apporté est égal à votre Armée Royale, mais je suis convaincue que nous avons le pouvoir d’anéantir les forces du royaume et de la principauté en même temps, si besoin est... »
Le Corps des Armures Anti-Magies, les escadrons de griffons et les rhinosaurus portant des canons... Je m’étais souvenu des nombreux types de troupes qu’ils possédaient et qui seraient puissants lorsqu’ils se battaient contre les murs du château. Il n’y avait aucun indice comme quoi elle se vantait dans les paroles de Jeanne.
« ... Je parie que vous pourriez, » dis-je. « Mais nous ne voulons pas nous battre. » Je posai mes coudes sur la table, croisant mes doigts devant ma bouche. « Voilà pourquoi je voudrais trier chacune de nos intentions ici. »
« Nos intentions, dites-vous ? » demanda Jeanne.
« Oui, » répondis-je. « L’Empire ne veut pas reconnaître les changements de frontières. Voilà pourquoi vous demandez que le royaume redonne Van. Est-ce correct ? »
« ... Oui. C’est bien ça, » Jeanne hocha la tête.
Après avoir eu confirmation des intentions de l’Empire, j’avais continué, « Maintenant, quant à notre intention, nous voulons réduire le pouvoir de la Principauté d’Amidonia, qui continue à s’engager dans des actions hostiles envers notre pays, afin de s’assurer qu’ils ne pourront plus influencer à nouveau notre pays. En outre, nous voulons qu’ils payent pour nous avoir envahis. Nous avons pris Van pour exiger ce coût. »
« ... Je vois, » répondit Jeanne. « Alors, vous n’avez aucun désir particulier de garder Van. En d’autres termes, un retour inconditionnel de la ville est hors de question, mais si la principauté paye un prix approprié, vous êtes prêt à leur redonner. »
C’était bon de voir qu’elle était rapide quant à comprendre mes explications. Quand j’avais hoché la tête, Jeanne avait tourné un regard dur vers moi. « Voulez-vous exiger la tête de Sire Julius ? »
« Cela ne vaut même pas autant qu’une ville entière, » dis-je.
« Est-ce... de l’argent que vous voulez ? » demanda-t-elle.
« C’est le cas, » acquiesçai-je. « Si la principauté paye des compensations à notre pays, nous leur redonnons Van. Vous avez vous-même dit que l’Empire veillerait à ce que la principauté payerait un prix convenable pour leurs actions, ce qui devrait être parfait, n’est-ce pas ? »
En regardant à long terme, retourner un territoire qui pourrait produire de la richesse indéfiniment s’il était géré correctement en échange d’un paiement unique était négatif. Cependant, parce qu’il s’agissait d’un territoire Amidonien jusqu’à tout récemment et en tenant compte des relations avec l’Empire, ce n’était pas une mauvaise décision.
En attendant, pour l’Empire, ils auront rempli leur devoir envers la principauté en assurant le retour de leurs terres, et ils pourraient avertir les autres signataires, « Si vous agissez comme Amidonia, votre territoire ne sera peut-être pas saisi, mais vous devrez payer des réparations. » Cela contribuerait également à établir la confiance avec les non-signataires.
Jeanne soupira. « Sire Julius ne l’aimera certainement pas... »
« Je n’ai pas de pitié à cause de la racine du problème, » dis-je. « Faites-le payer en monnaies impériales. Après tout, Sire Julius n’est pas très brillant quand il s’agit de l’économie. Il va probablement penser qu’il peut juste frapper des pièces de faible qualité pour les réparations. »
« Vous faites participer notre pays à cela ? » demanda Jeanne.
« Désolé de vous le dire, mais l’Empire partage une certaine responsabilité quant au comportement scandaleux d’Amidonia, » répondis-je. « Vous devrez donc au moins m’en donner autant. »
« ... Je n’ai pas de bonne réponse à ça, » après un haussement d’épaules et un sourire ironique, Jeanne se glissa soudainement dans une expression plus sérieuse. « J’ai une question pour vous. Pourquoi le Royaume d’Elfrieden ne se ralliera-t-il pas à la Déclaration de l’Humanité de ma sœur ? Si vous étiez signataire, je ne pense pas que le Royaume et l’Empire auraient fini par se regarder ainsi l’un envers l’autre. » Jeanne jeta un coup d’œil à Liscia et ajouta. « J’hésite à le dire devant la Princesse Liscia, mais quand il s’agit de savoir pourquoi le roi précédent, Sire Albert, n’a pas signé la Déclaration de l’Humanité... eh bien, je peux le comprendre. Ce n’est pas vraiment qu’il a choisi de ne pas le signer, c’est plus comme... »
« S’il ne pouvait pas décider de signer ou non, » Liscia avait fini la phrase pour elle. « Il est tellement indécis. »
Liscia avait laissé tout sortir et elle avait ainsi dit ce que Jeanne hésitait à dire. Jeanne lui adressa un regard plein d’excuses et avait dit. « C’est exactement ça, » avec un hochement de la tête.
Elle avait continué. « Cependant, dans votre cas, je pense que vous voyez la menace posée par le Domaine du Seigneur-Démon, ainsi que la nécessité pour toute l’humanité de s’unir dans la bataille contre lui. Au début, je pensais que c’était parce que vous ne pouviez pas nous faire confiance, en tant que responsables à la base de votre convocation dans ce monde. Mais, plus tôt, vous avez dit que vous ne portez aucun ressentiment envers nous sur ce que nous vous avons fait subir. Si c’est le cas, alors pourquoi n’adopteriez-vous pas la Déclaration de l’Humanité de ma sœur ? »
Quand elle m’avait regardé droit dans les yeux et avait demandé ça, elle m’avait posé une énigme.
Je ne pouvais pas lui donner maintenant la vraie réponse. Mais si je devais mentir, ou ignorer complètement la question, cela nuirait probablement aux relations avec l’Empire.
Après avoir réfléchi un moment, j’avais commencé à parler lentement et calmement. « C’est... ce que nous appelons une “légende” de mon monde. Il y a très longtemps, il y avait deux dieux, l’un à l’est et l’autre à l’ouest. »
Notes
- 1 Sandwich-spaghetti à la viande : Une recette que vous pouvez trouver ici http://www.foodrecipeshq.com/spaghetti-burger-pasta/.
- 2 Pain yakisoba : Combinaison d’un pain avec du yakisoba.
Les yakisoba (焼きそば, littéralement nouilles sautées) sont originaires de Chine sous le nom chao mian (炒面, chǎo miàn, « nouilles sautées »), connues également sous le nom cantonais, chow mein, mais sont entièrement intégrées à la cuisine japonaise à l’instar des rāmen.
Même si le terme soba (sarrasin) fait partie du mot, les yakisoba ne sont pas faites de sarrasin, mais sont similaires aux rāmen et produites à partir de farine de blé.
Les yakisoba sont généralement accompagnées d’une sauce spéciale semblable à la sauce pour okonomiyaki.
Merci pour le chapitre.
Cette fin…. le chapitre de demain va être… j’ai même pas les mots pour ça !
Merci pour le chap !
C’est pas fini. Il y a la dernière partie qui arrive dans moins d’une heure.
Merci pour le chapitre.
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