Genjitsushugisha no Oukokukaizouki – Tome 3 – Chapitre 2

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Chapitre 2 : Réunion à un Coin de Rue de Van

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Chapitre 2 : Réunion à un Coin de Rue de Van

Partie 1

— dans les derniers jours du 10e mois de l’année 1546 du Calendrier Continental — Capitale Princière, Van

Un peu plus de trois semaines s’étaient écoulées depuis que l’armée du Royaume d’Elfrieden était venue occuper Van, la capitale de la Principauté d’Amidonia.

Les habitants de Van avaient regardé durement leurs conquérants quand ils étaient arrivés. Cependant, avec Souma qui surveillait de près ses soldats, l’ordre public s’était amélioré et avec les boulettes de racine de lys qui avaient été distribuées, les habitants ne risquaient plus de mourir de faim. Leur méfiance à l’égard des soldats s’estompait progressivement. Le fait que les nobles et les chevaliers qui auraient normalement travaillé afin de fomenter une rébellion avaient tous fui la ville avait probablement également contribué à ça.

Un air de calme commençait à s’installer dans la ville.

Cependant, cela étant dit... alors que cela aurait été bien si c’était purement calme, il semblerait que le programme de musique que Souma diffusait avait fait que les habitants de Van brûlaient désormais d’une passion pour les arts. À chaque coin de rue, il y avait des ménestrels, des musiciens de rue et des artistes de rue de toutes sortes qui exerçaient leurs métiers.

Et pour couronner le tout, il y avait ceux qui voulaient repeindre leurs maisons afin de les rendre plus colorées, et même ceux qui voulaient faire des peintures murales affichant les beaux visages de Juna et des Loreleis, de Chris, la présentatrice, et d’Aisha, qui était connue pour son rôle lors de l’émission. Ces choses-là commençaient à devenir incontrôlables.

Qui aurait cru qu’elle avait été la capitale d’un État militariste il y a seulement un mois ?

Souma avait appelé cette période de Van la Renaissance Amidonienne.

Les changements soudains étaient toujours chargés de confusion, et à Van il y avait des conflits quotidiens sur les meilleurs endroits pour organiser des spectacles de rue. Les troupes de l’Armée Interdite qui avaient été laissées afin d’occuper la ville avaient été envoyées afin d’effectuer une médiation, et les soldats de l’Armée de Terre et de l’Armée de l’Air qui campaient à l’extérieur de la ville les avaient regardés avec pitié. Pourtant, de tels désaccords n’avaient jamais conduit à de grosses émeutes, et Van était toujours restée plus ou moins en paix.

Cependant, cette journée avait commencé avec une Aisha qui criait bruyamment. « P-Princesse!! »

« Hein !? » s’exclama Liscia.

Il s’agissait d’un matin, très tôt. Liscia était en train de s’habiller dans la pièce qu’elle utilisait en tant que chambre quand Aisha avait fait irruption sans même frapper à la porte.

C’était si soudain que Liscia se figea de surprise, mais quand elle se souvint qu’elle était en train de s’habiller, elle continua à mettre son uniforme tout en demandant. « Aisha, qu’est-ce qu’il y a ? Pourquoi êtes-vous si troublée ? »

« C-C’est... Sa Majesté... Sa Majesté est, » bredouilla Aisha. Peut-être parce qu’elle était à bout de souffle, elle avait du mal à faire sortir les mots.

« Calmez-vous, » déclara Liscia. « Prenez une profonde inspiration. »

« D’accord, » Aisha prit une profonde inspiration, comme cela lui avait été indiqué. Elle avait déplacé ses bras de haut en bas pendant la période de temps entre chacune de ses respirations haletantes.

Une fois qu’elle était sûre qu’Aisha se fut calmée, Liscia essaya à nouveau de demander. « Alors, que se passe-t-il avec Souma ? »

« C’est vrai, » déclara Aisha. « Comme d’habitude, ce matin, je suis allée au bureau des affaires gouvernementales afin de pouvoir saluer Sa Majesté, mais il n’était pas là. À la place, j’ai trouvé cette note qu’il a laissée sur le bureau. » Aisha avait donné un morceau de papier à Liscia.

Liscia avait alors pris le morceau de papier et l’avait lu. Ça disait, « Je pars en voyage. S’il vous plaît, ne me cherchez pas. Signé, Souma Kazuya. »

Liscia posa une main sur ses tempes et soupira, tandis qu’Aisha recommença à paniquer.

« Q-Que faisons-nous ? Nous devrions tout de suite aller le chercher ! » déclara Aisha.

« Je vous le dis, calmez-vous, » dit Liscia. « Souma prend simplement son jour de congé. »

« Hein !? Un jour de congé ? » Aisha la regarda fixement.

« C’est bien ça, » déclara Liscia tout en faisant un signe de tête. « Il est avec Tomoe. Dernièrement, nous avions l’impression qu’il se rapprochait du point de rupture à cause de sa charge de travail supplémentaire, alors je lui ai suggéré de prendre un peu de repos. Je me suis même arrangée avec Hakuya. Quand je l’ai fait, Souma a dit. “Eh bien ! Dans ce cas, peut-être que je vais juste me prélasser dans une pièce tout en m’occupant à faire des poupées.” Comme cela n’avait pas l’air sain, j’ai donc demandé de l’aide à Tomoe pour qu’elle l’oblige à aller dehors avec elle. »

« Je n’ai rien entendu de tout ça ! » Aisha s’était exclamée. « Je suis la garde du corps de Sa Majesté, vous vous en rendez compte ? Pourquoi ne m’a-t-il pas emmené ? »

Quand elle avait vu Aisha avec des larmes aux yeux, Liscia avait fait un haussement d’épaules. « Vous vous démarquez bien trop des autres. Nous sommes dans un pays essentiellement humain, donc les elfes sombres se démarquent bien trop, et avec votre renommée récemment acquise lors de l’émission, vous ne serez pas vraiment capable de garder profil bas. »

« Vous savez, il n’y a pas si longtemps, il s’agissait d’un territoire ennemi ! » Aisha s’était plainte. « Si quelque chose devait arriver à Sa Majesté et à Tomoe... »

« N’ayez pas peur, » Liscia l’avait alors rassurée. « Ils sont déguisés, et cette fois-ci, Juna et un certain nombre de marines d’élite les surveilleront tout en restant dans l’ombre. »

« Madame Juna les accompagne également ? Eh bien ! Dans ce cas, il devrait être en sécurité..., » Aisha était arrivée si loin dans sa réflexion que le sourire mature de Juna lui traversa l’esprit.

Selon Aisha, Juna était la femme idéale. Magnifique, gracieuse, douce... Elle aurait donné n’importe quoi pour être comme elle. Toutefois... Mis à part cela, quand elle avait imaginé le sourire de Juna, tous les instincts qu’Aisha avait en tant que femme avaient commencé à déclencher des sonnettes d’alarme.

Si je baisse ma garde, elle va s’enfuir avec toutes les meilleures parties, pensa-t-elle.

« Il sera en sécurité... n’est-ce pas ? » demanda-t-elle.

« ... »

En vérité, Liscia pensait la même chose, alors elle n’avait rien à dire en réponse.

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Partie 2

« Hehe ! Il fait beau aujourd’hui, n’est-ce pas, grand frère ? » Demanda Tomoe.

« C’est sûr, Tomoe, » dis-je.

J’étais dans la rue marchande de Van, marchant main dans la main avec ma petite sœur honorifique, la louve mystique Tomoe. Il y avait eu une quantité quasi mortelle de travail administratif à faire ces derniers temps. Alors Liscia, incapable de me regarder me tourmenter plus longtemps, avait suggéré que je prenne mon premier jour de congé depuis que j’avais patrouillé dans la capitale royale.

Je m’étais alors dit que si j’avais du temps libre, je préférerais l’utiliser pour paresser, comme un père en vacances, mais Liscia avait dit que c’était malsain et avait ordonné à la petite Tomoe de m’emmener faire une promenade dans la ville du château.

Il s’agissait d’une région qui avait été un territoire ennemi jusqu’à tout récemment, alors nous étions légèrement déguisés aujourd’hui. Mes traits faciaux étaient censés être similaires à ceux des humains de l’Archipel du Dragon à Neuf Têtes. Et donc, à partir de là, j’étais habillé comme un voyageur. Je portais une cape de voyage et un chapeau de paille conique, me faisant ressembler à Kitakaze Kozou. [1]. Tomoe, quant à elle, portait une robe blanche avec une capuche, tel un mage blanc qu’on trouve dans certains jeux. Honnêtement, je me demandais si cela valait la peine de se déguiser pour sortir, mais...

« Wôw ! Grand frère, il y a tellement de magasins différents ! » s’exclama Tomoe.

... quand je vis Tomoe aussi excitée, plus rien d’autre ne comptait pour moi.

« Si tu vois quelque chose qui t’attire, pourquoi n’irions-nous pas à l’intérieur ? » demandai-je.

« D’accord ♪ ! ♪♪♪. » dit-elle en se mettant à chanter.

Après que Tomoe me répondit avec cette réplique si énergique, je lui avais flatté la tête. Les cheveux entre ses deux oreilles de louve étaient moelleux et doux au toucher. C’était incroyable. Ahh... C’était si apaisant.

J’avais alors essayé de parler à la personne qui était de l’autre côté. « Juna, êtes-vous d’accord avec ça ? »

« Tout à fait, » Juna avait dit ça, en me faisant également un sourire empli de tendresse. « Si ça vous fait plaisir, Maître Kazuya. »

Pour ces vacances secrètes, en remplacement d’Aisha, j’étais supposé avoir Juna et une dizaine de ses marines qui me surveillaient depuis l’ombre.

... Oui, depuis l’ombre.

« Hm, Juna ? Pourquoi vous êtes-vous enroulée autour de mon bras ? » demandai-je.

Juna s’était agrippée à mon bras que je n’utilisais pas pour caresser la tête de Tomoe. Elle était incroyablement proche de moi. À l’heure actuelle, Juna portait une épée longue sur son dos, ainsi qu’un plastron sur le dessus de ses vêtements. Comme elle était habillée telle une aventurière tout à fait typique, je n’avais pas senti ces choses si voluptueuses se presser contre moi. Pourtant, je pouvais sentir la chaleur de Juna directement contre mon bras.

Juna semblait voir à quel point j’étais troublé, car elle me lança un sourire malicieux. « Oh ! Est-ce que c’est mal pour moi de faire ça ? »

« Ce n’est pas une question de bien ou de mal... N’étiez-vous pas censée me protéger depuis l’ombre ? » demandai-je.

« Nous vous protégeons comme nous sommes censés le faire, » déclara Juna. « En ce moment, mes marines d’élite vous protègent dans l’ombre. Ils sont placés tout autour de nous afin de surveiller tout éventuel angle mort. »

« Non, mais... n'est-ce pas votre visage là-bas, » protestai-je.

Les habitants d’Amidonia devraient connaître le visage de Juna à cause de l’émission de musique. Même si elle n’était pas aussi reconnaissable que l’elfe sombre Aisha, Juna ne cachait nullement son visage en ce moment. Est-ce que quelqu’un n’allait pas là reconnaître ?

Quand je lui avais demandé ça, Juna s’était mise à glousser. « Ça devrait aller. Ce jour-là, je portais du maquillage. J’ai dû leur faire une impression très différente par rapport à maintenant. »

Maintenant qu’elle avait mentionné ce fait... Aujourd’hui, Juna portait seulement le strict minimum du maquillage. Chaque fois qu’elle se tenait sur scène ou devant le joyau en tant que Lorelei, elle devait toujours utiliser un maquillage empli de charme qui serait reconnaissable à distance. La Juna que je voyais maintenant avait une beauté naturelle, mais en enlevant juste son maquillage, cela la rendait plus jeune que d’habitude. En ce moment, elle avait l’air de son âge réel.

« C’est vrai, » comme si elle lisait dans mon esprit, Juna avait dit. « ... La raison pour laquelle je ressemble à un adulte mature est à cause de ce maquillage, l’avez-vous compris ? »

« Non, je suis sûr que la façon dont vous agissez en fait également partie, » dis-je. « Mais, est-ce que cela vous dérange ? »

« Après tout, je suis une fille, » dit-elle. « Cela vous dérange-t-il de lier votre bras avec moi, sire ? »

Juna affichait une expression qui semblait quelque peu incertaine. Ce visage... Elle ne jouait pas juste la comédie.

« Ce n’est pas que ça me dérange, » dis-je. « Allez-y, épatez-nous ! »

« Hehe, » gloussa-t-elle. « Merci beaucoup. ♥♥♥.  »

« Wôw... Juna, ce qui est sûr c’est que vous êtes vraiment incroyable, » déclara Tomoe. « J’aimerais pouvoir être comme vous. »

« ... Tomoe, ne pensez-vous pas que vous êtes bien comme vous êtes ? » Juna déclara ça d’une manière catégorique face à la petite fille qui la regardait avec un grand respect. Tomoe était mignonne, et en grandissant, elle pourrait devenir une beauté tout comme l’est Juna. Une fois qu’elle aura grandi et aura appris à jouer à des jeux avec les hommes, cela pourrait être la naissance d’une incroyable petite femme fatale.

Pendant que j’y pense, j’avais fini par marcher avec la main de Tomoe dans la mienne, et Juna qui s’était enroulée autour de mon autre bras. Personne n’avait réalisé nos véritables identités, mais les regards emplis de jalousie des hommes qui passaient et les chuchotements des femmes au foyer essayant de deviner la relation entre nous trois avaient commencé à me donner mal à l’estomac.

Afin de ne pas penser à ça, j’avais essayé de parler à Juna. « Eh bien... Où allons-nous ? Contrairement à Parnam, Van n’en a pas beaucoup, donc il n’y a pas beaucoup d’endroits où je veux aller patrouiller. »

« Lorsque vous êtes en ville pendant votre jour de congé, je ne sais pas si vous devriez penser à aller patrouiller, » Juna avait ri avec ironie face à mon processus de pensée totalement tourné vers le travail.

Désolé d’être si obsédé par le travail, pensai-je.

Puis, Juna jeta un coup d’œil à Tomoe avant de me chuchoter à l’oreille. « Que diriez-vous de donner en cadeau de nouveaux vêtements à Tomoe ? Puisqu’elle est votre petite sœur honorifique, vous pouvez appeler ça un cadeau entre membres de la même famille. »

« Oh ! C’est une bonne idée, » dis-je.

Maintenant qu’elle l’avait mentionné, depuis que j’avais accepté Tomoe comme ma petite sœur (bien que, techniquement, elle était la petite sœur adoptive de Liscia et donc ma future belle-sœur), j’avais été occupé avec le travail administratif et donc, je n’avais pas pu agir comme un grand frère convenable. Tomoe avait travaillé dur sur la négociation avec les rhinosaurus et les shoujous, et donc, cela pourrait être sympa qu’aujourd’hui, je la gâte.

« Juna, connaissez-vous un bon endroit pour ça ? » demandai-je.

« J’ai fait mes recherches, » dit-elle. « Laissez-moi faire ! » Elle posa sa main sur sa poitrine, s’inclinant légèrement.

Juna avait recommandé un magasin de vêtements se trouvant au coin de la rue.

Le petit signe à l’avant du magasin avait des mots signifiant « Le Cerf d’Argent » écrit dessus avec une élégante écriture. D’après ce qui était exposé dans la vitrine, il semblerait que cela ne concernait pas seulement les vêtements, mais aussi les chaussures et les accessoires. Il était difficile de juger avec mes yeux sans expertise, mais les produits exposés étaient tous de haute qualité. Il s’agissait vraiment d’un magasin de première classe. Le genre d’endroit où un homme tel que moi, qui avait toujours acheté ses vêtements en vente chez les grands détaillants, ne viendrait jamais dedans.

À ce propos, depuis mon arrivée dans ce pays, j’avais porté tout ce que je pouvais me procurer ou que nous avions déjà à portée de main. Dernièrement, le travail que j’avais fait pour créer et entretenir les poupées Petit Musashibo avait amélioré mes compétences de couture, et donc, j’avais pu tout fabriquer sauf mes sous-vêtements. J’avais techniquement ce qui serait considéré comme un poste très bien payé, donc je pouvais me permettre de faire des commandes sur mesure, mais je n’avais aucun intérêt à tomber maintenant dans le luxe.

La chemise et le pantalon que j’avais sous cette cape de voyage, ainsi que la robe à capuche que Tomoe portait, avaient été fabriqués par mes mains.

« Grand frère, vous pouvez même faire des choses comme ça. Vous êtes incroyable, » déclara Tomoe.

Quand Tomoe m’avait couvert de ce regard de respect, je pouvais sentir ma tête se gonfler de fierté. « Après tout, ici, je ne peux pas acheter les vêtements que j’avais l’habitude de porter dans mon propre monde. Bien que je le fasse à moitié comme un passe-temps. » Je l’avais dit ainsi afin de cacher mon embarras.

J’avais regardé Le Cerf d’Argent. « Pourtant, c’est une surprise pour moi. Un magasin aussi élégant que comme celui-ci à Amidonia, comme c’est étonnant. »

« J’ai entendu dire qu’à l’origine, il faisait des vêtements et accessoires pour hommes, » déclara Juna. « Mais, après l’émission, lorsque les femmes ont commencé à vouloir s’habiller avec élégance, ce magasin a commencé à stocker des vêtements et des accessoires pour les femmes. »

Il semblerait que leur sélection avait changé en réponse à la demande des clients.

« Pourtant, c’est une sélection, n’est-ce pas ? » demandai-je. « Où pensez-vous qu’ils approvisionnent pour tout cela ? »

« Il y a des guildes marchandes, » déclara Juna. « Bien qu’elles ne puissent pas faire grand-chose au sujet de la nourriture, ce qui est rare, les guildes peuvent s’arranger pour se procurer tout autre type de biens. Pour ces marchands, Elfrieden et Amidonia sont à la fois des sources de marchandises et des clients importants. »

« Comme c’est astucieux, » dis-je.

Bien sûr, c’était ces marchands astucieux qui avaient maintenu l’équilibre entre l’offre et la demande... mais ce n’était pas le moment opportun de penser à ça, et je pensais que nous ne devrions pas flâner devant pendant trop longtemps.

« Eh bien ! Que diriez-vous de nous déplacer à l’intérieur du magasin ? » demandai-je.

J’étais entré dans le magasin, faisant signe aux deux filles qu’elles devaient me suivre. Un homme aux cheveux gris cendré qui était habillé comme un barman était en train de placer des produits sur les étagères. Il semblait être le genre de gentleman d’âge moyen dont l’arôme du thé noir conviendrait à merveille.

Après nous avoir aperçus, il se remit debout, puis posa une main sur sa poitrine, avant de s’incliner devant nous. « Bienvenue. Êtes-vous peut-être des voyageurs ? »

« Ha... Heu..., » j’avais un peu bégayé. Bien que le fait de révéler ma véritable identité soit hors de question, comment expliquer la combinaison d’un homme avec un chapeau de paille conique, d’une belle aventurière et d’une louve en capuche blanche ? Pendant que je me débattais pour trouver quelque chose, Juna s’avança.

« Tout à fait. Ces deux personnes viennent d’un royaume de l’Archipel du Dragon à Neuf Têtes, » dit-elle. « Ils se trouvent être Kazuya, l’héritier d’un marchand de tissu dans le Royaume d’Echigo, et sa jeune sœur, Tomoe. Je suis leur humble servante, Silvia. Maître Kazuya héritera un jour de l’entreprise familiale et nous voyagions à travers de nombreux pays afin d’élargir ses horizons. »

Elle était vraiment très éloquente.

Juna, bien jouée, pensai-je. Mais attendez, je suis impressionné que vous vous souveniez de mon absurde histoire me présentant comme l’héritier d’un marchand de tissu dans le Royaume d’Echigo. Même moi, j’avais complètement oublié cette histoire. Mais dans ce cas, qui est censé être Silvia ?

L’homme d’âge moyen n’avait affiché aucun intérêt particulier. « Je vois, » dit-il avec un léger hochement de tête. « Je m’excuse d’avoir pris si longtemps avant de me présenter. Je suis Sébastien, le propriétaire de cet établissement. »

Avec ce nom, êtes-vous sûr que vous n’êtes pas le majordome, plutôt que le propriétaire ? J’avais réfléchi un moment, mais je m’étais alors rappelé que tous les Sébastien ne devaient pas tous être des majordomes.

Souriant, Sébastien avait alors demandé, « Aujourd’hui, en quoi puis-je vous aider ? »

« Hé bien... ! Avez-vous quelque chose qui serait bien pour ma petite sœur ici présente ? » demandai-je.

« Whein!? » Tomoe avait réagi due à la surprise.

Je posai ma main sur sa tête, lui tapotant le haut de sa capuche. « Eh bien... C’est comme ça, alors si tu vois quelque chose que tu aimes, fais-le-moi savoir, d’accord ? »

« Heu... Mais..., » dit-elle.

« C’est correct. Laisse-moi agir en tant que grand frère adéquat de temps en temps, » dis-je.

Avec ces mots, j’avais poussé Tomoe vers Juna.

Juna hocha la tête vers moi, puis elle prit Tomoe par la main et alla voir les marchandises exposées. Au début, Tomoe était raide, mais après tout, elle était une fille. Alors qu’elle regardait les différents objets avec Juna, je pouvais la sentir entrer progressivement dans l’ambiance.

Et maintenant, ceci m’avait laissé dans une situation classique où un homme avait très peu de choses à faire. Pendant un moment, j’aimais regarder la belle femme et la petite fille s’amuser à regarder quoi acheter, mais je me sentais fatigué d’attendre, et j’avais donc erré dans le magasin.

Il y avait des vêtements, des chaussures, des accessoires et même du maquillage. Il y avait un très grand choix d’articles présents ici. Vraiment, c’était le 109 [2] d’Amidonia... Eh bien, je n’étais moi-même jamais allé au 109, ou même à Shibuya. Peut-être parce que les femmes de Van avaient commencé à s’éveiller à la mode, plus de 80 % des produits en ventes étaient consacrés aux femmes. Cette boutique était auparavant supposée s’adresser seulement aux hommes, mais maintenant il y avait des manteaux pour nous, et c’était à peu près tout.

En regardant autour de moi, j’avais trouvé un certain nombre de produits qui m’intéressaient.

Le premier était du rouge à lèvres. Il s’agissait d’une couleur plus claire que le rose clair.

Le second était un accessoire pour les cheveux. Il avait été fabriqué avec de l’or et de petites pierres, ce qui donnait l’impression d’être une pièce de qualité, mais il avait un motif de coccinelle, ce qui le faisait paraître étrangement enfantin.

Le troisième était un collier. Il était réalisé avec du cuir bleu et des feuilles en argent étaient éparpillées telles des étoiles. Le fermoir était en or, avec un forme telle celle d’un oiseau déployant ses ailes.

Ils avaient tous l’air très bien.

Et finalement... la dernière chose qui avait attiré mon attention était une paire de mocassins minuscules destinés à une jeune fille. Ils avaient des attaches avec un motif de ruban sur eux, et étaient absolument adorables.

Ces mocassins... Je pense qu’ils pourraient être parfaits sur Tomoe, pensai-je.

« Hé, Tomo..., » commençai-je.

« Maître Kazuya, »

Juste au moment où j’allais les appeler, Sébastien m’avait arrêté.

Je m’étais retourné, pensant que c’était suspect, et là, Sébastien avait dit, « Pardonnez-moi pour cette soudaine interruption, » avant de s’incliner. « Maître Kazuya, il y avait quelque chose que je voulais vous demander. Est-ce acceptable de vous le demander ? »

« ... Qu’est-ce que c’est ? » demandai-je.

« Supposons que, sur le champ de bataille, les généraux se soient réunis pour un conseil de guerre, » déclara Sébastien.

... Quoi ? Champ de Bataille ? Conseil de Guerre ? Pourquoi est-ce qu’il annonce tout ça tout à coup ? pensai-je.

« Supposons aussi que la première idée soulevée à ce conseil de guerre soit bonne, » déclara Sébastien. « Si vous étiez le Commandant Suprême de cette armée, adopteriez-vous immédiatement cette idée ? »

« ... Je ne l’aurais pas fait, » dis-je. « Car je pense qu’il pourrait y avoir de meilleures idées. »

« Précisément, » dit-il. « C’est pourquoi, si vous étiez l’un des généraux, et que vous vouliez faire adopter votre idée, plutôt que de la soumettre tout de suite, attendez que le conseil se trouve dans une impasse. »

« Je vois, je vois, » dis-je.

« Ce que je veux dire, c’est que les jeux effectués entre hommes et femmes sont également des batailles, » dit-il.

« ... Ah, » dis-je. « Je vous comprends. »

J’avais finalement compris ce que Sébastien essayait de dire. Il disait que je devrais attendre un peu plus longtemps avant de pousser les mocassins que je pensais bien pour Tomoe.

C’était assez juste, parce que Juna et Tomoe s’amusaient à regarder tous les autres produits. Si je leur apportais maintenant quelque chose de bien, ce serait comme verser un seau d’eau froide sur elles alors qu’elles s’amusaient comme des folles. Si elles choisissaient d’aller dans mon sens, alors leur temps de plaisir finirait avec ça, et si elles choisissaient de ne pas le faire, alors ce serait gênant pour moi. Et aucune des deux situations n’était ce qu’elles voulaient.

J’étais profondément reconnaissant pour la recommandation de Sébastien. « Vous, monsieur, êtes un merveilleux tacticien. »

« Je suis honoré de vos éloges, » Sébastien plaça sa main droite sur son ventre, me saluant respectueusement. C’était un geste très théâtral, mais il avait été effectué sans heurts, donc ça ne m’avait nullement offensé.

Puis, quelque chose m’était venu à l’esprit.

« En passant, vous venez d’utiliser l’analogie du conseil de guerre..., » pourrait-il être conscient de nos véritables identités ? J’en avais parlé parce que je pensais que cela pourrait être le cas, mais Sébastien secoua précipitamment la tête.

« Oh Mon Dieu..., » dit-il. « Pardonnez-moi pour ça. Jusqu’à l’autre jour, voyez-vous, je n’avais eu affaire qu’avec la noblesse. Je n’arrive donc pas à rompre avec l’habitude. Si je vous ai offensé d’une façon ou d’une autre, je m’en excuse. J’ai un client régulier qui aime beaucoup ces plaisanteries. »

« ... Non, ce n’est pas grave, » dis-je. « Est-ce que c’est votre client régulier est un soldat ? »

« Non, non, il est plutôt comme un adorable petit tanuki [3], » déclara Sébastien.

Un petit tanuki, hehe. Entre le propriétaire que je ne pouvais pas analyser, et cette personne qu’il appelait un petit tanuki... J’étais intrigué. Mais, mettant cela de côté pour l’instant, j’avais acheté quelques objets en silence afin que les deux autres personnes ne le remarquent pas. Après cela, j’avais attendu que les deux filles finissent de regarder ce qui les intéressait, puis j’avais recommandé à Tomoe ces jolis mocassins. Tomoe hésitait à accepter, comme je m’y attendais, elle avait l’air de bien les aimer, et donc, je les avais à un peu poussés sur elle en disant que c’était un cadeau.

Tomoe tenait la boîte avec les mocassins serrés contre sa poitrine. « J-Je vous remercie... grand frère... Je vais les chérir... »

Alors qu’elle disait ça, des larmes s’étaient formées dans ses yeux, alors j’avais doucement caressé sa tête. Peut-être que maintenant nous avions un peu pu agir comme frère et sœur. Si j’y pensais, les seules personnes que j’avais pu dire qu’il était de ma famille étaient auparavant mes grands-parents.

Mais maintenant, il y avait Liscia, il y avait Tomoe, et il y avait Aisha ainsi que Juna.

... Oui, c’est bon de pouvoir se sentir lié aux personnes. En tapotant la tête de ma petite sœur, cette pensée avait vraiment commencé à pénétrer en moi.

Juna était debout à côté de nous, nous regardant avec un sourire.

Notes

  • 1 Une chanson de Saburou Kitajima et Hibari Jidou Gasshoudan qui a figuré au programme du Minna no Uta de la NHK.
  • 2 109 : Le 109 (en japonais appelé ichi-maru -- kyū ou maru-kyu) à Shibuya (Tokyo, Japon) est un centre commercial où l’on trouve essentiellement des produits vestimentaires.
  • 3 Tanuki : Le bake danuki (化け狸?), plus connu en Occident sous le nom de tanuki (タヌキ ou ) est, dans la mythologie japonaise, un des yōkai (esprits) de la forêt, inspiré du chien viverrin, une sous-espèce de canidés ressemblant au raton laveur et également parfois confondu avec le blaireau, auquel les Japonais attribuent des pouvoirs magiques. Maître des déguisements, il est réputé pouvoir changer de forme à volonté. Les tanuki sont souvent représentés portant un chapeau de paille et une gourde de saké, avec un ventre rebondi qu’ils utilisent comme un tambour et des testicules de grande taille, ce qui donna naissance à des dessins et des légendes humoristiques.

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Partie 3

« Ah, Juna, » dis-je. « Attendez une seconde. »

Nous étions l'après-midi quand nous avions quitté le magasin de Sébastien. Pendant que nous étions en train de nous déplacer, cherchant un endroit afin de déjeuner, j’avais demandé à Juna de s’arrêter un instant.

« Quelque chose ne va pas ? » demanda-t-elle.

J’avais alors tendu un petit sac à Juna qui me regardait d’un air interrogateur. « Je voulais vous donner cela. »

« Est-ce vraiment pour moi ? » demanda-t-elle.

Juna l’avait accepté, puis l’avait ouvert et à l’intérieur, il y avait l’accessoire en forme de coccinelle. C’était l’un de ceux que j’avais secrètement achetés plus tôt.

« Hein !? » cria-t-elle. « Hm ! Mais c’est... »

« Vous avez toujours beaucoup fait pour moi, » dis-je. « C’est ma façon de vous dire merci. »

« Non, je ne peux pas accepter quelque chose comme ça, » dit-elle. « Je n’ai pas le droit de... »

« Donnez-le-moi un instant, » dis-je.

J’avais pris la coccinelle des mains de Juna, et je l’avais attachée dans ses cheveux.

Oui, ça ressemblait à ce que j’avais imaginé. Il s’agissait d’une conception un peu enfantine pour la Juna habituellement si mature, mais quand la Juna plus jeune d’aujourd’hui la portait, elle ressemblait à une jeune fille essayant un peu trop durement de paraître mature. C’était vraiment mignon.

« Juna, il vous convient vraiment bien, » dis-je.

« Ohh... » murmura-t-elle.

Alors que j’avais agi comme si j’étais le plus mature, Juna avait rougi d’une façon inhabituelle. J’avais l’impression d’avoir finalement remporté une petite victoire sur elle, alors que c’était elle qui semblait toujours la plus mature. Juna tourna la tête sur le côté et détourna les yeux.

« Sire. Si vous voulez donner des cadeaux à des femmes, assurez-vous de les donner simultanément à la princesse et aux autres. Dans votre position, vous finirez probablement par prendre plusieurs femmes en tant qu’épouse. Si cela arrive, vous ne pouvez pas faire preuve de favoritisme. Vous devez soit les aimer toutes de la même façon, soit accepter que le mariage est juste un autre outil politique et ne pas les aimer du tout. Dans tous les cas, ne pas causer de discorde entre les femmes se trouvant dans votre vie est un autre de vos devoirs, est-ce compris ? »

Juna parla rapidement, essayant de me distraire. Le fait qu’elle ait autant parlé d’un coup était la preuve de son embarras.

« C’est compris, mais ce n’est pas un problème, » dis-je. « J’ai également acheté quelque chose pour offrir à Liscia et à Aisha. »

Quand il s’agissait d’accessoires, Liscia avait tendance à préférer ceux qu’elle pouvait porter dans la bataille sur ceux qui étaient juste mignons. J’avais choisi le collier en cuir bleu pour elle, car il était élégant, mais qu’il ne gênerait nullement Liscia au cœur de la bataille.

Pour Aisha, qui, comme Juna, m’aidait toujours, je projetais de lui donner ce rouge à lèvres que j’avais trouvé, car je pensais qu’il irait magnifiquement avec sa peau brune et en pleine santé. Tout en étant l’hôte de l’émission de musique, il m’avait semblé qu’elle avait été inquiète de savoir à quel point elle était féminine.

« Donc vous n’avez nullement besoin de vous inquiéter à ce sujet, » expliquai-je.

« Est-ce vrai... ? », demanda-t-elle.

« C’est le cas. Et au fait, Juna ? » dis-je.

« ... Qu’est-ce qu’il y a ? » demanda-t-elle.

« Ce n’est pas Sire, mais c’est Maître Kazuya. Est-ce que vous vous en souvenez ? » dis-je.

« Haaa..., » répondit-elle.

Juste avant ça, Juna m’avait appelé avec un « Sire » et non pas un « Maître Kazuya ». On dirait que quand elle avait commencé à me parler sans interruption, elle essayait vraiment de cacher son embarras.

Juna avait un air renfrogné sur son visage rouge. « Maître Kazuya... est un tyran étonnamment grand. »

« Vraiment ? » demandai-je.

« Oui. Et un fameux homme à femmes, » dit-elle en s’enroulant à nouveau autour de mon bras. Mais cette fois, c’était encore plus étroitement que la dernière fois.

Par-dessus mon épaule, je pouvais voir le sourire embarrassé de Juna, avec cet objet dans ses cheveux qui brillait par-dessus tout.

« Wôw... grand frère, il y a beaucoup de petites boutiques ! » Tomoe avait crié joyeusement, voyant tous les stands de rue alignée dans la place.

Lors de notre recherche d’un endroit afin de déjeuner, Juna nous avait conduits à la place où se trouvait le récepteur du Joyau de Diffusion de la Voix. Il y a seulement un mois, cet endroit avait été une zone en plein air totalement vide, mais maintenant il était rempli d’étals de nourriture et de biens divers. Nous venions juste de mettre les pieds dans la place, mais nous pouvions déjà entendre les propriétaires d’étals tenter d’attirer des clients, et les clients qui marchandaient afin de trouver la meilleure affaire.

Les visages présents dans la foule étaient divers et variés. Les femmes au foyer étaient là afin d’acheter des ingrédients pour le dîner. Un groupe d’artisans était là pour le déjeuner. Même les soldats au repos de l’armée du Royaume étaient là afin d’acheter des collations.

Ils doivent être de l’Armée de Terre, m’étais-je dit. Les soldats de l’Armée de Terre et de l’Armée de l’Air qui campaient à l’extérieur avaient été autorisés à entrer dans la ville quand ils étaient en congé.

Je pourrais également voir un grand nombre de non-humains qui ressemblaient à des voyageurs ou à des aventuriers.

Race, travail, nationalité..., rien de tout cela n’était important ici. Il s’agissait là d’un gros méli-mélo de personnes de tous âges et de tous genres.

« ... Comment cela a-t-il pu finir par devenir ainsi ? » Me demandai-je.

« Grâce à Monsieur Poncho, la crise alimentaire de Van a été considérablement allégée. Mais seul un si grand nombre de personnes peuvent produire de la nourriture en quantité suffisante pour soutenir un restaurant, » expliqua Juna. « Cependant, les personnes qui pensent pouvoir gérer un stand de nourriture se rassemblent ici. C’est donc devenu maintenant le plus grand marché de Van. »

« Dans un endroit isolé comme celui-ci ? » demandai-je. « Ne serait-ce pas mieux dans la rue principale ? »

« C’est parce que le récepteur du Joyau de Diffusion de la Voix se trouve ici, » répondit-elle.

« Oh, je comprends..., » dis-je.

Depuis la diffusion de cette émission de musique, nous avions diffusé quotidiennement le programme d’information de Chris Tachyon pendant la journée et l’émission de chant le soir. Les clients ne s’étaient pas rassemblés ici parce qu’il y avait des stands de présent en ce lieu. Les stands s’étaient rassemblés ici parce qu’il y avait des personnes qui attendaient afin de pouvoir regarder la diffusion produite par le Joyau de Diffusion de la Voix.

C’est un peu comme le marché noir du Japon d’après-guerre, pensai-je. Peut-être qu’un jour ça finira comme Ameyoko [1].

Juna et les Loreleis n’étaient apparues que lors de l’émission de musique de la fin de semaine. Pour tous les autres jours de la semaine, nous avions organisé des émissions où les participants étaient des personnes qui voulaient devenir de véritables Loreleis et qui venaient ici afin de percer dans le milieu.

Le Joyau de Diffusion de la Voix fonctionnait toujours sur un principe de diffusion en direct. Car si les Loreleis avaient été les seules à apparaître lors des émissions, cela aurait été une trop importante pression qui aurait été mise sur leurs épaules.

Si quelqu’un qui participait à ce concours était considéré comme ayant un don pour le chant, il pourrait être nouvellement institué en tant que chanteur tout comme Margarita, ou, si elles étaient attrayantes par-dessus le marché, une Lorelei. S’ils étaient des hommes, ils pouvaient faire leurs débuts en tant que l’une des nouvelles classe d’idoles masculines : les chevaliers chantants, des Orphées.

L’émission avait été simultanément diffusée dans deux pays, Elfrieden et Amidonia, et elle avait pu être vue dans n’importe quelle ville où il y avait un récepteur. La réaction pourrait être différente à Amidonia, ou dans les villes d’Elfrieden qui pourraient réagir de la même manière.

Plus tard, je vais devoir estimer l’impact économique de cela, pensai-je avec un sourire.

C’est à ce moment-là que Tomoe tira sur mon manteau.

« Grand frère, je suis affamée, » dit-elle.

« Oh, c’est vrai, » déclara Juna. « Eh bien, que diriez-vous de nous procurer quelque chose de l’un de ses stands ? »

« Ouais !♪ ! » Tomoe se mit à fredonner après ça.

« Alors, c’est ce que nous ferons, » déclara Juna.

Nous avions tous trois regardé autour de nous les différents stands qui étaient présents. Quarante pour cent se trouvaient être des stands qui vendaient de la nourriture, vingt pour cent vendaient divers accessoires, vingt pour cent vendaient de l’équipement, tandis que le reste s’occupait d’autres produits.

Il semblerait que beaucoup de stands de nourriture vendaient des brochettes. Van était loin de la mer, donc ils ne pouvaient mettre la main que sur les sortes de poissons qu’on trouvait dans les rivières, et avec la crise alimentaire qui persistait encore, les céréales et les légumes étaient chose rare. En revanche, pour la viande, tout ce qu’ils avaient à faire était de chasser les animaux sauvages.

Ils vendaient probablement de la viande qui avait été chassée à l’extérieur des murs de la cité. À cause de ce fait, aucun des stands n’indiquait ouvertement le type de viande qu’ils vendaient. C’était pire que de mal étiqueter leur viande afin de pouvoir la vendre à un prix plus élevé. C’était un mystère total vis-à-vis des créatures dont la viande était actuellement vendue ici.

« On a l’impression de faire un pari en achetant l’une de ses brochettes..., » murmurai-je.

La viande de lapin cornue, je pourrais probablement le supporter, mais la viande de rat et de lézard géante, et bien... Je pense que ma santé mentale prendrait un sérieux coup si je devais manger ça. De plus, s’ils se retrouvaient à chasser tout ce qu’ils pouvaient trouver dans les campagnes avoisinantes, on ne savait pas quels maladies ou parasites pourraient être présents dans la viande. Dans ce monde, il n’y avait pas de lois sur l’hygiène alimentaire, et aucun des cuisiniers n’avait besoin d’avoir de certifications.

Éventuellement, je vais devoir aussi instituer tout cela..., pensai-je.

« C’est correct, » Juna avait dit ça avec un sourire vraiment adorable. « J’ai déjà fait venir les marines avant que nous arrivions ici et ils ont servi de goûteurs pour les poisons. Permettez-moi de vous guider vers un stand sécurisé. »

« Goûteur de poison !? Et non pas des goûteurs culinaires !? » demandai-je.

« Si quelque chose devait vous arriver, alors ce serait une crise nationale, » dit-elle. « Il est tout à fait naturel que nous testions toutes choses sur le marché afin de détecter les poisons. Votre corps n’est plus à vous seul, le saviez-vous ? »

Quoi, je suis maintenant enceinte ? Je voulais faire une blague, mais j’avais immédiatement compris ce qu’elle essayait de me dire. Je ne savais pas si je serais en mesure d’utiliser les Poltergeists Vivant si j’étais malade à la suite d’une intoxication alimentaire. Si je ne pouvais pas le faire, cela signifierait que l’administration du pays serait réduite de plusieurs fois ma personne.

... Oui, il semblait que les goûteurs de poison allaient être une nécessité, pour le bien de mon peuple. Je devais juste l’accepter.

« Et ? Quel a été le résultat des tests afin de détecter les poisons ? » demandai-je.

« Une personne a fini avec des maux d’estomac et est maintenant au repos, » dit-elle.

« Envoyez un messager au château ! » M’exclamai-je. « Chaque fois qu’un plat incluant de la viande ou du poisson est vendu, les ingrédients doivent être listés dans le magasin ! Informez-les que s’ils ne le font pas, ou s’il y a une erreur dans les ingrédients affichés, leur entreprise sera fermée ! »

« J'ai compris, » Juna avait envoyé l’un des marines qui nous protégeaient afin de transmettre ce message au château.

Ce fut l’instant où le Royaume d’Elfrieden vit les débuts de sa première loi sur la sécurité alimentaire.

J’avais l’intention en temps voulu d’élargir la gamme de choses qui exigeaient que leurs ingrédients soient affichés, mais avant cela, je voulais réprimer la fraude à la viande. S’il y avait des bactéries ou des parasites, cela pourrait être une question de vie ou de mort.

« Ho, un marine tombé, » marmonnai-je. « Je ne laisserai pas votre mort être vaine. »

« Heu, non ! Il n’est pas du tout mort. Il a juste subi une intoxication alimentaire, » déclara Juna, levant les yeux vers le ciel.

Non, non ! Je vous ferais savoir que même l’intoxication alimentaire peut être une question de vie ou de mort, pensai-je.

Une fois, mon grand-père avait mangé des œufs crus qui avaient dépassé leur date de péremption. Il avait alors attrapé la Salmonellose [2] et avait été hospitalisé pendant plusieurs jours. Heureusement, ce n’était pas trop grave, mais son refus de jeter quelques œufs à dix yens lui avait fait dépenser des dizaines de milliers de yens en frais d’hospitalisation. Grand-mère l’avait taquiné à ce sujet pendant longtemps après ça.

Eh bien ! mettant cela de côté pour l’instant, nous avions acheté nos brochettes dans un endroit suggéré par Juna, avec un mélange de jus en provenance d’un vendeur de fruits, et nous nous étions assis sur un simple banc afin de pouvoir manger au calme.

Tomoe s’était alors jetée sur sa brochette. « Super ! Grand frère, c’est vraiment délicieux. »

« Oui, c’est vrai. La viande est vraiment bonne, » répondis-je.

« Maître Kazuya, le jus est également délicieux, » déclara Juna.

La viande était savoureuse et bien juteuse. Ce n’était pas si loin des brochettes de bœuf qui étaient vendues dans les festivals, alors j’avais demandé quelle viande avait été utilisée pour cette brochette. Il s’était avéré que c’était d’un Grand Taureau, un gros animal ressemblant à un buffle.

Le jus n’avait pas été refroidi, mais il commençait à être tard en automne, donc il ne faisait pas trop chaud. C’était un peu aigre, mais c’était rafraîchissant après avoir mangé la brochette de viande grasse. Après que nos estomacs soient maintenant pleins, nous avions pris une pause et nous nous étions pour un peu relaxés.

Tomoe avait commencé à hocher la tête à côté de moi, alors j’avais décidé de la laisser faire une petite sieste. Tomoe posa sa tête sur mes genoux avant de se rouler en boule. Sa respiration devint plus faible indiquant qu’elle s’endormait. Alors que je lui avais caressé la tête, je sentis la sensation occasionnée par sa soyeuse chevelure, telle la fourrure d’un véritable chien.

« Héhé ! N’est-elle pas tout simplement la plus mignonne ? » Déclara Juna en regardant le visage endormi de Tomoe. Puis, se rapprochant suffisamment pour que nos épaules se touchent, elle murmura avec un regard triste clairement sur son visage, « J’espère que ces jours paisibles dureront pour toujours. »

« S’il vous plaît, ne parlez pas de choses qui déclenchent des drapeaux d’événements comme ça, » dis-je. « Vous savez que ça ne peut pas arriver, n’est-ce pas ? »

Juna hocha la tête. « L’Armée Impériale est presque là. Leur effectif est proche des cinquante mille hommes. »

« Cinquante milles ? C’est un peu moins que ce à quoi je m’attendais, » dis-je.

Nous avions maintenant des forces armées pour un total de 45 000 soldats de l’Armée Royale d’Elfrieden rassemblés à Van, donc nos forces étaient plus ou moins égales. Bien sûr, une fois que les troupes d’Amidonia avaient été ajoutées à l’équation, l’ennemi aurait sans doute une force supérieure. Mais je m’attendais à ce que l’Empire vienne avec trois fois plus d’hommes.

Pour l’Empire Gran Chaos, qui avait appelé l’humanité à s’unir contre la menace du Domaine du Seigneur-Démon, je doutais fortement qu’ils voulussent ouvrir un nouveau front face à nous, mais s’ils avaient rassemblé assez de troupes pour leur permettre de prendre Van, ça aurait fonctionné afin de nous intimider.

Et pourtant, Juna secoua la tête. « Très probablement que les Amidoniens hésiteront à autoriser ça. Ils devaient avoir peur que si l’Empire venait avec une énorme armée, qu’il y avait un risque qu’ils prennent ce pays pour eux-mêmes. »

« Vous savez, en tant que pays qui a créé la Déclaration de l’Humanité, je doute que l’Empire fasse cela, » dis-je.

S’il disait qu’il n’accepterait aucun changement de frontière d’une part, et qu’ensuite il lançait une guerre d’invasion de l’autre, la Déclaration de l’Humanité ne vaudrait même pas le papier sur lequel elle était écrite. Si cela arrivait, ils perdraient la confiance des pays se trouvant dans leur alliance, et la stratégie de l’Empire afin d’unir l’humanité face au Domaine du Seigneur-Démon s’effondrerait.

« Je veux dire, c’est exactement pourquoi l’Empire a offert une médiation, » rajoutai-je.

« Amidonia a déjà contourné la Déclaration de l’Humanité, » déclara Juna. « Ayant trahi la confiance de l’Empire lui-même, elle ne peut être qu’inquiète d’être trahie à leur tour. »

« ... Comme être pris dans leur propre tissu de mensonges, hein, » dis-je.

Elle avait été prise dans son propre piège. La principauté avait agi contre les vœux de l’Empire, mais elle devait maintenant s’accrocher à son autorité vu qu’elle s’était retrouvée en plein d'une crise majeure. Elle devait donc se sentir quelque peu coupable quant à cette affaire.

Et pour couronner le tout, personne ne respecte les opportunistes, alors elle avait perdu la confiance des autres pays. La principauté devait trembler de peur que l’Empire ne l’abandonne.

« Ça donne envie de lever les yeux vers le ciel... mais c’est pratique pour nous, » dis-je. « S’il y a un fossé entre la principauté et l’Empire, il pourrait y avoir place pour nous. »

« Héhéhé ! Il est temps pour notre bon roi de nous démontrer ses compétences, » déclara Juna.

« J’aurais aimé que vous ne mettiez pas trop de pression sur moi. Est-ce que vous vous en rendez compte ? » demandai-je.

« Ho mon Dieu ! Et moi qui pensais que vous étiez désormais le Maître Kazuya ? » Elle avait répondu joyeusement.

Elle voulait probablement avoir sa petite vengeance pour la remarque que j’avais faite plus tôt.

C’était la Juna qui était avec moi... Juste un moment où je pensais avoir obtenu un avantage sur elle, elle remet tout en ordre.

Notes

  • 1 Ameyoko : Ameyoko est une rue commerçante populaire, reliant la sortie sud de la gare d’Ueno à la station Okachimachi sur la ligne JR Yamanote, au cœur de Tokyo. Il s’agit en réalité de la contraction d’Ameya Yokocho, littéralement « l’allée des boutiques de bonbons ». Aujourd’hui, on trouve des étals de marché alimentaire ainsi que divers magasins de vêtements et d’articles de la vie courante.
  • 2 Il faut savoir que dans certains pays, les œufs « frais » ont déjà plusieurs semaines dans des salles froides afin de pouvoir procéder à toute une batterie de tests.

☆☆☆

Partie 4

*

« Bonne journée tout le monde. Il est temps pour les Actualités d’Elfrieden. »

*

Puis, tout à coup, nous avions entendu la voix de Chris Tachyon.

Il semblerait qu’il était temps pour l’émission des actualités de l’après-midi. Quand j’avais levé les yeux, l’image de Chris lisant les nouvelles était affichée dans l’air sur la brume produite par l’appareil de diffusion.

Wôw... Donc, voilà à quoi ressemblent nos émissions quand ils apparaissent ici, pensai-je. Il s’agissait de la première fois que je le voyais sur l’un des receveurs de fontaine. Avec un écran aussi grand que celui d’un cinéma, cela avait vraiment un très fort impact visuel.

*

« Maintenant, notre première histoire de la journée. La nouvelle cité côtière en construction à l’est d’Elfrieden, Venetinova, est en voie d’achèvement. Avec Venetinova en place, l’expédition par terre et par mer deviendra plus efficace, et permettra la livraison plus rapide des produits partout dans le royaume. »

*

Les actualités avaient été recueillies de partout dans le Royaume d’Elfrieden (ce qui comprenait également Van), en utilisant des messagers kuis comme celui qu’Aisha utilisait pour rester en contact avec la Forêt Protégée par Dieu. (Les messagers kuis étaient des oiseaux, comme des pigeons voyageurs. En utilisant leur instinct et leur capacité à détecter les ondes émises par leur maître sur de longues distances, il pouvait ainsi permettre à un individu et à un lieu bien spécifiques de se contacter régulièrement.) Leur force résidait dans le fait que même les villages de montagne qui ne recevaient pas d’émissions du Joyau de Diffusion de la Voix pouvaient quand même recevoir des informations. Cependant, contrairement à l’émission des Joyaux de Diffusion de la Voix, qui pouvait communiquer des informations en temps réel, cette information venait avec un jour ou deux de retard.

Par exemple, si un incident se produisait à Cité Lagune, à l’extrême nord-est d’Elfrieden, l’information ne serait pas directement transmise à Van. À la place, il attendrait l’arrivée à intervalles réguliers des kuis qui portaient des nouvelles dans chaque ville. Puis, quand les kuis apportaient les nouvelles dans une autre ville, d’autres kuis quittaient cette ville afin d’apporter les nouvelles à d’autres villes. Les kuis devaient voler sur de longues distances, mais tout cela était pour éviter que la communication soit coupée si une kui était attaquée sur la route par un prédateur. En passant, les nouvelles urgentes seraient livrées non pas par messager kui, mais par des cavaliers-wyvernes.

Pour cette raison, il n’avait pas été possible de livrer toutes les nouvelles qui s’étaient produites le même jour en une journée.

*

« Maintenant, passons à l’histoire suivante. Hier, dans les premières heures de la matinée, un incendie mineur a éclaté à Van... »

*

À partir de ce moment-là, Chris avait rapporté les divers accidents et incidents qui s’étaient produits dans le royaume, suivi par des informations sur la façon de cuisiner des boulettes de racines de lys et d’autres informations utiles pour la vie quotidienne des habitants.

En ce qui me concerne, j’avais pensé que ce serait pratique si nous pouvions intégrer une prévision météo dans le programme, mais cela semblait assez difficile pour le moment. Il y avait un certain nombre de connaissances météorologiques présentes dans ce monde, et il y avait des personnes qui pouvaient même prédire le temps en lisant les nuages ​​basés sur de longues années d’expérience. Cependant, comme je venais de le mentionner, sans moyens de communication à haute vitesse, nous ne pouvions pas transmettre cette information en temps réel.

Les nouvelles sur les typhons peuvent être une question de vie ou de mort, alors j’aimerais trouver quelque chose..., pensai-je.

Alors que je réfléchissais à ce sujet, j’avais soudain entendu un soupir.

« Je n’aurais jamais imaginé qu’ils utiliseraient le Joyau de Diffusion de la Voix comme ça... »

Devant moi, une fille habillée comme une aventurière se tenait dos à moi. Elle se tenait avec son dos bien droit, sa large queue de cheval dorée se balançant derrière elle. Pendant un moment, j’avais pensé qu’elle ressemblait beaucoup à Liscia, mais cette fille avait les cheveux attachés dans une position plus haute, et les cheveux de Liscia étaient maintenant mi-longs. La fille s’était tournée et je pouvais maintenant voir son joli visage de profil.

« Nous devons absolument mettre en œuvre ce système dans notre pays, » dit-elle. « Quand je reviendrai, je ferai une proposition à ce sujet. Cependant, comment pourrez-vous venir avec une telle idée si avancée ? » Elle m’avait demandé ça avec un visage impassible.

Qu’est-ce que c’est que cela, sortit de nulle part ? Alors que je pensais à ça, Juna se retirera d’à côté de moi. Puis elle se plaça entre cette femme et moi.

« Juna ? » demandai-je.

« Faites attention, » Juna m’avait averti comme elle était là afin de me protéger. Elle avait un regard sombre clairement visible sur son visage, et il était évident à partir de son ton de voix qu’elle était inquiète. « Cette fille est une guerrière accomplie. Il est regrettable qu’Aisha ne soit pas là. Même si j’étais prête à mourir en la mettant à terre, je ne sais même pas si je pourrais l’arrêter... »

« Est-elle si forte que ça ? » demandai-je.

Voyant la réaction prudente de Juna, la fille à la queue de cheval se mit à sourire. « Vous n’avez pas à vous inquiéter, je n’ai pas d’intention hostile, Mademoiselle la Lorelei Juna Doma. »

Juna avait brusquement pris une profonde respiration. « Vous me connaissez... »

« Bien sûr, » dit-elle. « Je vous ai approchée parce que je savais qui vous étiez. Après tout, nous avons nos propres agents. »

Cela signifie qu’elle sait aussi qui je suis, Hmm, pensai-je.

Elle devait avoir prévu de prendre contact ici sachant que je viendrais ici déguisé. C’était arrivé parce que la mise en place d’un service de renseignement pour le royaume avait été retardée à cause de mes doutes concernant le personnel que j’avais pour le faire fonctionner.

Mais, si elle dit qu’elle n’a aucune intention hostile.

« Êtes-vous avec l’Empire ? » demandai-je.

« Oui, » répondit la fille en posant une main sur sa poitrine et en inclinant la tête. « C’est un plaisir de vous rencontrer, Sire Souma Kazuya. Je suis la jeune sœur de l’impératrice Maria Euphoria de l’Empire Gran Chaos, et celle qui s’occupe des affaires militaires à sa place, Jeanne Euphoria. »

J’avais alors chuchoté à Juna. « Qu’est-il arrivé à nos gardes ? »

« On dirait qu’elle a elle aussi des gardes, alors ils ne peuvent pas bouger, » répondit Juna.

« Voilà la raison pour laquelle elle est venue seule, Hmm, » dis-je. « . Prenez soin de Tomoe pour moi. »

J’avais laissé Tomoe avec Juna, alors qu’elle était devenue groggy d’être soudainement réveillée et je me plaçai en face de Jeanne Euphoria. Elle avait été décrite dans les rapports que j’avais reçus.

Il y avait une princesse qui s’occupait des affaires militaires en dessous de la Sainte de l’Empire, l’Impératrice Maria Euphoria et, comme Maria était actuellement célibataire, elle était également la première pour sa succession. Cela devait donc être sa sœur d’après mon raisonnement.

« La sœur cadette de Madame Maria a-t-elle des choses à faire dans notre pays ? » demandai-je.

J’avais mis un point d’honneur à la traiter avec condescendance. Parce que notre pays n’avait pas signé la Déclaration de l’Humanité, je n’avais pas à rendre hommage à l’Impératrice Maria en tant que dirigeante supérieure. En d’autres termes, comme nous étions tous les deux des dirigeants de nations indépendantes, mon rang était égal à celui de Maria. Et voyant que Jeanne était la plus jeune sœur de l’impératrice, son rang était celui d’une vassale, et j’étais donc au-dessus d’elle. Je n’avais aucun désir de prendre de telle attitude envers mes propres vassaux, mais en traitant avec des étrangers, il était important que nos positions soient claires.

Jeanne avait répondu comme si c’était parfaitement naturel. « Aucune affaire particulière. Je voulais simplement voir par moi-même comment était la personne avec qui je négocierais en ce qui concerne les règles, mais mes agents ont reçu des informations selon lesquelles vous alliez vous faufiler dans la ville du château aujourd’hui, alors j’ai pensé que je pouvais aussi bien me présenter par la même occasion. »

Donc, elle n’avait pas prévu de me rencontrer. Elle venait juste d’apprendre que je prenais un jour de congé pendant qu’elle était ici, alors elle avait essayé de prendre contact avec moi.

« Pourtant, il était assez audacieux de votre part de venir à Van pendant que nous l’occupons, » dis-je.

« Après tout, je suis le type de personne qui ne croit que ce qu’elle a vu de ses propres yeux, » répliqua Jeanne. « Les rumeurs vous concernant ont atteint l’Empire, beaucoup d’entre elles n’étant pas fondées, alors je voulais les confirmer par moi-même. »

Des rumeurs ? Il y a des rumeurs à propos de moi dans l’Empire ? pensai-je.

« Quel genre de rumeurs étaient-elles ? » demandai-je.

« Elles disent des choses comme : vous êtes “le dirigeant brillant qui a sauvé une économie au bord de l’effondrement” ou “vous avez inventé des moyens de préparer des aliments qui n’avaient pas coutume d’être mangé auparavant et que vous avez ainsi sauvé le pays d’une crise alimentaire” ou encore que vous avez “démontré une force inégalée dans la bataille, écrasant des nuées d’ennemis les uns après les autres” et encore plus de choses du genre, » déclara-t-elle

« Hmm... Il y a eu beaucoup d’embellissements qui ont été rajoutés en cours de route, » commentais-je.

Aucune de ces choses n’avait été accomplie par ma seule force. La restructuration économique avait été le travail acharné des bureaucrates, et le rassemblement des ingrédients et le fait d’apprendre comment les préparer avait été l’accomplissement de Poncho. Quant à la guerre, je ne faisais que mettre les armées en mouvement, puis je laissais les combats à des personnes plus fortes que moi. En fin de compte, si vous deviez nommer une chose que j’avais faite, alors cela serait. « Je déléguerais des tâches à des personnes qui pourraient les gérer » et c’était tout.

« Oh ! Et il y avait également des rumeurs comme quoi vous étiez un “démon sexuel insatiable”, » ajouta Jeanne.

« Attendez une seconde ! » dis-je.

Qui appelez-vous un démon sexuel !? me demandai-je.

« D’où venaient ces rumeurs !? » demandai-je.

« La rumeur dite : “En dépit d’être fiancé à la magnifique fille de l’ancien roi, il a rassemblé des beautés de tout le royaume afin de se choisir une concubine”, ou quelque chose comme ça. Madame Juna n’est-elle pas ici, car elle a été choisie pour être votre concubine ? »

Quel horrible malentendu ! Ils devaient parler du Grand Prix de la plus Jolie Fille d’Elfrieden que j’avais créé dans le cadre de ma recherche de personne talentueuse. Quand j’avais dit que je cherchais des personnes ayant un don, il y avait eu beaucoup d’applications dans les domaines des arts martiaux, de la beauté et des arts. Tout ce que j’avais fait était de créer le système de tournoi pour qu’ils puissent concourir.

Je n’avais même pas eu l’idée pour le projet Lorelei à ce moment-là. En y pensant, à l’époque il y avait eu des rumeurs que « le tournoi de beauté pourrait être afin de permettre au Roi de trouver des maîtresses », et les nobles avaient tous envoyé leurs proches afin d’y participer. D’autres pays l’avaient-ils vu de la même manière ?

« U-Une concubine, suis-je... ? Eh bien, oui, je savais qu’il y avait des rumeurs à ce sujet, » déclara Juna, dont le visage devenait de plus en plus rouge.

Était-elle sérieuse ?

Je ne savais pas qu’il y avait des rumeurs comme ça... et il était difficile de les accepter. Depuis mon accession au trône, j’avais lutté avec une charge de travail si meurtrière que même mes relations avec Liscia étaient restées complètement chastes. En fait, c’était un peu tard pour le dire maintenant, mais ma relation avec Liscia avait sauté sur beaucoup d’importantes étapes, n’est-ce pas ? Nous étions fiancés afin de pouvoir être mariés, et pourtant nous n’avions même pas été à un véritable rendez-vous, et nous ne nous étions même jamais embrassés.

Pendant que je pensais à tout ça, Jeanne me regarda d’une manière pensive. « Hm... Si cette rumeur est fausse, alors je suppose que je ne peux pas utiliser cette méthode. »

« Quelle méthode ? » demandai-je.

« Eh bien ! Si vous étiez un roi lubrique, je pensais que si ma belle sœur vous accueillait et vous le demandait d’une manière mignonne, alors vous pourriez assez facilement accepter nos demandes, » répondit-elle.

« Qu’avez-vous prévu de faire faire à la Sainte de l’Empire !? » sursautai-je en entendant ça.

« Il semble que ma sœur n’aime pas trop ce titre de “sainte”, mais... peut-être les hommes trouvent-ils que le terme “sainte” soit assez attrayant ? » demanda-t-elle.

« Eh bien... Je peux en quelque sorte voir ça ainsi, » dis-je. « La Sainte de l’Empire, Maria »... Les mots eux-mêmes avaient eu un impact incroyable. D’une part, si une femme s’appelait une sainte, cela donne envie de la voir. Et ceci créait une attente sur le fait qu’elle soit belle et noble.

Attendez, j’avais aussi ce titre de « héros », maintenant que j’y réfléchissais. Même si j’avais été invoqué en tant que héros d’un autre monde, je n’avais rien fait de particulièrement héroïque, donc j’avais totalement oublié ce fait.

« Des titres, Hm ? » demanda Juna. « Pensez-vous qu’ils trouvent aussi attrayant le titre de “lorelei” ? »

« Juna, pourquoi vous embarquez-vous sur un tel sujet !? » criai-je.

« Oh, non... je me posais juste la question..., » répondit-elle.

Jeanne se mit alors à rire. « Hihi! Vous êtes plus amusant que je pensais que vous le seriez. »

Jeanne nous regardait plaisanter avec un sourire.

« Cependant, nous ne le faisons pas parce que nous voulons vous amuser, » dis-je.

« Non, je le sais. Je suis sûre que la proximité présente entre vous et vos vassaux est une marque de stabilité dans votre pays, » dit-elle. « Nous ne pourrions pas agir ainsi chez moi. »

« ... Est-ce différent dans l’Empire ? » demandai-je.

« Notre territoire est inutilement grand, et le pouvoir de l’impératrice est important, » déclara Jeanne. « Ils l’appellent une sainte et l’adorent telle une idole, alors tout le monde autour d’elle est très réservé. Si l’on regarde les seules personnes qu’elle a avec qui elle peut parler avec désinvolture, alors cela se résume à notre famille. En plus de cela, ma sœur prend trop au sérieux le fait d’être une impératrice, alors elle essaie de traiter tout le monde de la même manière, ce qui la laisse dans une position où elle ne peut s’ouvrir à personne. »

Jeanne haussa les épaules et regarda la foule se trouvant sur la place.

« C’était pareil avec ça. Même s’il n’y a aucun avantage à aider Amidonia après avoir ignoré la Déclaration de l’Humanité..., » déclara-t-elle.

« En tant que la jeune sœur de Madame Maria, avec tous les idéaux qu’elle essaie de défendre, vous avez une perspective terriblement réaliste, » dis-je.

« Si la sœur aînée est une rêveuse, la plus jeune doit être fermement ancrée sur le sol, » répondit Jeanne tout en faisant un sourire ironique.

Hm... J’avais l’impression que Jeanne était plus proche de ma façon de penser que Maria. Au lieu d’embrasser des idéaux élevés, elle était le genre qui pourrait trouver des solutions pragmatiques.

Quand vous brandissez des idéaux, les personnes se rassemblaient autour de vous. Cependant, si vous mainteniez ces idéaux trop longtemps, tôt ou tard, vous perdiez votre route. Quelqu’un devait être là afin d’avoir un œil sur la route se trouvant devant vous. Le fait d’avoir une Jeanne le plus réaliste à ses côtés avait dû être ce qui avait permis à Maria de continuer à défendre ses idéaux pendant si longtemps.

L’Empire avait la plus grande population du continent. Je ne savais pas combien de personnes extrêmement talentueuses étaient présentes là-bas, mais sur le plan du nombre relatif, il devait en avoir beaucoup plus que dans mon pays.

Jeanne désigna l’image de Chris projetée dans l’air se trouvant au-dessus de nous. « En passant, c’est une façon incroyable d’utiliser le Joyau de Diffusion de la Voix. En diffusant régulièrement des informations, vous l’utilisez afin d’aider à apaiser les craintes de votre peuple. Ça vous dérange si nous faisons la même chose chez nous ? »

« ... Faites comme vous voulez, » dis-je.

Ce que je voulais dire par là c’était que tout ça ne serait pas difficile à imiter. Et de toute manière, cela n’était pas quelque chose que je pouvais lui interdire de faire.

« Merci beaucoup, » déclara Jeanne.

« Comment avez-vous des idées aussi avancées ? » demanda-t-elle.

« Est-ce si avancé que ça ? » demandai-je. « C’était assez normal dans le monde d’où je viens. »

« Le monde d’où vous venez... Bien sûr, » le sourire de Jeanne disparut soudainement.

Alors que je me demandais ce qui se passait, Jeanne redressa sa posture et s’inclina énormément. Elle se pencha jusqu’à ce que ses hanches soient à angle droit. Il s’agissait d’une inclinaison assez importante pour que, si la coutume existait dans ce monde, elle ait peut-être fait une prosternation très formelle.

Alors que j’étais embrouillé par son profil soudainement placé plus bas. « Qu-Qu’est-ce qui ne va pas ? C’est si soudain. »

« C’est parce que vous avez été terriblement incommodé à cause de nous, » déclara Jeanne. « En l’absence de ma sœur qui est absente, je vous prie de nous excuser. »

« Vous excusez-vous ? » demandai-je, surpris par la tournure des événements.

Après que Jeanne eut levé son visage, elle affichait une expression attristée. « Ceci concerne l’invocation du héros. Il s’agit de notre requête qui a amené le Royaume d’Elfrieden à vous appeler dans ce monde. Ma sœur, Maria, regrette profondément que vous, qui ne nous aviez causé pas le moindre tord, avez été arraché de force de votre patrie et que vous avez été appelés dans ce monde. S’il vous plaît, pardonnez-nous. »

Alors qu’elle disait ces derniers mots, une fois de plus, Jeanne baissa la tête.

... Oh ! Ce serait que ça ? pensai-je.

« Veuillez relever la tête. Tout cela appartient au passé, » dis-je.

« Mais..., » déclara-t-elle.

« Il est vrai qu’au début, j’étais en colère après vous, et j’ai travaillé de mon mieux pour ne pas me laisser capturer par l’Empire, » dis-je. « Maintenant, cependant... quand j’y pense plus calmement, l’Empire n’a aucune raison de vouloir un héros. »

Au début, je pensais qu’ils auraient voulu qu’un héros se batte contre la menace du Domaine du Seigneur-Démon, mais plus je comprenais ce monde, et plus je me rendais compte que cela n’était probablement pas le cas.

En ce moment, le Domaine du Seigneur-Démon avait cessé de se développer. L’expansion de la frontière signifiait que les monstres qui venaient au sud se propageaient plus loin, et les différents pays pouvaient les gérer. Il s’agissait donc d’une impasse. Avec aucun des deux côtés qui étaient capables de pousser vers l’avant, la situation était plus ou moins stable.

En d’autres termes, l’Empire n’était pas dans une situation où il voudrait un héros. Une superpuissance telle l’Empire n’avait pas besoin de s’accrocher à un rituel d’invocation que le royaume lui-même n’aurait pas été sûr de pouvoir réussir en premier lieu.

De plus, quand ils avaient invoqué un héros, ils m’avaient eu moi.

Alors qu’une personne qui pourrait utiliser une magie incroyable avec une puissance comparable à une arme de destruction massive serait une chose, cependant, une personne qui pourrait équiper une épée et une armure invincibles, ou une personne d’un autre monde avec un pouvoir qui rendait les tâches administratives un peu plus faciles n’intéresserait nullement l’Empire en raison de sa population massive et du grand nombre de personnels qui en résultait.

Cependant, dans ces conditions, l’Empire avait demandé au royaume d’effectuer l’invocation du héros. Après avoir examiné pendant un certain temps la question avec Hakuya, nous étions arrivés à une certaine conclusion. Et c’était...

« Il s’agissait d’une tentative de montrer de la considération, n’est-ce pas ? » demandai-je. « Envers un royaume qui ne pouvait pas payer les subventions de guerre. »

Jeanne avait réagi avec surprise. « ... Exact, » dit-elle avec résignation.

... Je le savais, pensai-je.

Dans la Déclaration de l’Humanité, proposée par l’Empire, il était dit. « Les pays éloignés du Domaine du Seigneur-Démon apporteront leur soutien aux nations qui y sont adjacentes et qui agissent comme un mur défensif. »

L’Empire avait voulu que le Royaume d’Elfrieden, en tant que pays éloigné du Domaine du Seigneur-Démon, apporte son soutien aux pays voisins. Si ce n’était pas le cas, il y aurait eu des plaintes de la part des autres signataires de la Déclaration de l’Humanité.

Cependant, à l’époque, avec la crise alimentaire et la crise financière poussant lentement le royaume au bord de l’effondrement, il aurait été presque impossible de trouver l’argent pour les subventions de guerre.

« C’est pourquoi l’Empire a demandé au royaume de faire l’invocation du héros afin de leur donner l’apparence d’avoir apporté leur soutien, » dis-je. « Afin de contenir les plaintes des autres signataires. »

« ... C’est exactement ça, » répondit Jeanne.

« Attendez, » protesta Juna. « Ce pays n’a jamais signé la Déclaration de l’Humanité. Et pour commencer, avons-nous déjà été obligés de fournir un soutien ? »

J’avais secoué négativement la tête. « C’est un fait que ce pays a bénéficié du mur défensif construit par l’Empire avec la Déclaration de l’Humanité. Parce que nous avons l’Union des Nations de l’Est au nord de nous, nous n’avons pas eu à partager une frontière avec le Domaine du Seigneur-Démon. » C’était également un fait que l’Union des Nations de l’Est était soutenue par des subventions de guerre dans le cadre de la Déclaration de l’Humanité. « Si nous en bénéficions, mais que nous refusons de remplir les obligations qui y sont énoncées parce que nous sommes non-signataires, cela engendrera du ressentiment de la part des pays signataires. Avec cela comme prétexte, Amidonia aurait pu créer une alliance avec plusieurs nations afin d’envahir le royaume. Avec l’Empire en tête. »

« Pas possible..., » déclara Juna avant de perdre la parole, mais c’était la vérité.

Lors de la récente guerre, parce que la seule nation qui complotait pour envahir avait été la Principauté d’Amidonia, nous avions été capables de les pousser à le faire dans des conditions qui nous étaient favorables. Et ainsi nous avions pu les vaincre. Mais si l’on prend le point de vue d’Amidonia, j’étais sûr qu’ils auraient voulu acquérir toutes nos terres pour qu’elle soit à eux. Mais s’ils avaient pu faire embarquer dans une guerre l’État mercenaire de Zem, la République de Turgis et une partie de l’Union des Nations de l’Est, ainsi que l’Armée Impériale, alors le royaume n’aurait rien pu faire pour éviter un effondrement complet.

J’avais regardé Jeanne droit dans les yeux et lui avais dit. « Avec votre objectif d’unir l’humanité entière afin de se préparer face à la menace du Domaine du Seigneur-Démon, l’Empire voulait éviter cela. C’est pourquoi vous avez demandé des subventions de guerre à des non-signataires, et pour ceux qui ne pouvaient pas payer, vous avez essayé de trouver un substitut viable pour apaiser les signataires, n’est-ce pas ? Dans le cas du royaume, il s’agissait d’un héros. »

« ... Je reste sans voix, » dit Jeanne.

« Pour être brutalement honnête, l’Empire ne s’attendait même pas à ce que l’invocation du héros fonctionne, n’est-ce pas ? » demandai-je. « D’accord, vivant dans un monde avec de la magie, vous pourriez avoir imaginé qu’ils allaient invoquer quelque chose, mais vous ne pouvez pas avoir eu de grandes attentes pour quelque chose que le royaume lui-même ne pensait pas voir fonctionner. Même si l’invocation avait échoué, vous auriez été satisfaite par le fait que le rituel avait été exécuté. »

« C’est vrai. Mais, à la suite de cela, vous avez été convoqué, » dit Jeanne, l’air troublé. « De plus, depuis que vous avez été convoqué ici et que vous avez reçu le trône de Sire Albert, vous avez travaillé activement à la reconstruction de ce pays, et vous avez même trouvé l’argent pour fournir des subventions de guerre. Tandis que ma sœur était reconnaissante, elle regrettait aussi de vous avoir imposé un si lourd fardeau quand vous avez été appelé ici à notre propre convenance. C’est pourquoi nous sommes vraiment désolées. »

Jeanne s’inclina une fois de plus devant moi.

J’avais soupiré en disant. « Je vous l’ai déjà dit, c’est une histoire ancienne. Maintenant que je suis en plein dans cette situation, je ne vais pas vous en vouloir pour ça. Ce n’est pas comme si j’avais un attachement persistant envers mon Ancien Monde, mais... mais... »

J’avais jeté un coup d’œil à Juna, qui avait un regard tendu sur le visage, puis à Tomoe.

Il ne restait plus personne qui attendait mon retour à la maison dans mon ancien monde. Depuis que j’étais venu dans ce monde, j’avais trouvé ici des personnes qui le feraient. Chaque fois que je retournais au château, Liscia, Aisha, Juna et Tomoe étaient toutes là pour me dire : « Bienvenue à la maison. » Ayant ressenti l’isolement dû à la solitude, c’était quelque chose que je ne voulais plus jamais perdre.

« J’ai trouvé ici des personnes que je veux absolument protéger, » déclarai-je simplement. « Voilà pourquoi je ne suis pas trop rancunier à propos de ça. Mais rappelez-vous que si vous vous sentez assez mal à ce sujet pour reconnaître ma souveraineté sur Van, alors je n’aurais pas à m’en plaindre. »

Alors que je disais ça en plaisantant, Jeanne leva son visage tranquillement avant de secouer la tête. « ... Malheureusement, moi aussi, j’ai une famille à protéger. »

Aucun de nous n’avait détourné notre regard. Nous avions chacun regardé l’autre directement dans les yeux.

« Je vois... eh bien, nous devrons alors négocier, » dis-je.

« Oui, » déclara Jeanne. « S’il vous plaît, allez-y doucement quand le moment sera venu. »

Avec un « Je vais prendre congé », Jeanne me tourna le dos et disparut dans la foule. Elle avait disparu aussi vite qu’elle était apparue.

« Les présences que je sentais aussi autour de nous ont disparu, » commenta Juna. « On dirait que les gardes du corps de Jeanne se sont retirés. »

« Elle est vraiment venue juste pour dire bonjour, hein..., » j’avais regardé dans la direction dans laquelle Jeanne avait disparu. « Jeanne Euphoria... la jeune sœur pragmatique qui soutient la Sainte idéaliste. »

Si cela avait été seulement face au prince héritier d’Amidonia, Julius, que j’aurais dû affronter, je sentais qu’il n’y avait aucune chance que j’aurais pu perdre lors des négociations. Mais avec la médiation de Jeanne, je ne serais pas capable de compter trop sur ses faiblesses. Si j’essayais d’être trop astucieux et qu’ils voyaient à travers ça, il y avait le risque qu’ils puissent tourner les choses à son avantage en le signalant.

Je vais devoir dire à Hakuya qu’il va devoir aussi tout donner dans ces négociations.

Je m’étais alors giflé les joues, essayant de me motiver pour ça.

***

Ce soir-là...

« Liscia, Aisha, » dis-je. « J’ai apporté des cadeaux pour vous deux. »

De retour au château, j’avais donné à Liscia et Aisha les cadeaux que j’avais achetés pour elles. Liscia avait obtenu son collier en cuir bleu avec une feuille d’argent éparpillée telles des étoiles, tandis qu’Aisha avait obtenu le rouge à lèvres pâle. Liscia avait immédiatement mis le collier autour de son cou, en tripotant le fermoir en forme d’oiseau avec un sourire satisfait. « Merci, Souma. Je vais le chérir. »

Le sourire légèrement timide n’était normalement pas visible chez Liscia, alors je ne pouvais pas m’empêcher de la regarder fixement, captivé par cela.

Ouf, j’étais soulagé qu’elle l’aime. Cela lui convenait bien, et j’étais content de l’avoir acheté.

Pendant ce temps, Aisha...

« Ohhhh, Votre Majesté ! D’imaginer que vous donneriez un cadeau même à quelqu’un tel que moi, je suis impressionnée et ravie ! Quand vous m’avez laissé derrière vous, je me suis sentie abattu, mais ce cadeau m’a remonté le moral aussi haut que les cieux ! »

« Eh bien, bravo... Aisha, » déclara Juna.

« Merci, Madame Juna ! Avec ce rouge à lèvres, je jure que je vais perfectionner ma féminité ! Et ainsi, Sa Majesté ne me laissera plus jamais le quitter. Heh heh heh. »

« B-Bonne chance avec ça..., » déclara Juna.

Aisha était un peu trop ravie. L’aura rayonnante de joie présente tout autour de son corps semblait également affecter Juna. En passant, Juna portait également l’attache à cheveux que je lui avais donnée.

« Sire ! Sire ! » cria Aisha. « Comment est-ce ? Est-ce que ça me va bien ? »

Aisha avait rapidement mis son rouge à lèvres et avait tout de suite commencé à agir affectueusement envers moi. Si Aisha n’avait pas été une elfe sombre, et qu’elle avait été une louve mystique tout comme Tomoe, alors sa queue aurait remué comme une folle.

Quand elle avait vu à quel point Aisha était exubérante, Liscia avait tracé le contour de son collier avec un doigt, tout en me regardant. « Ne pensez-vous pas que le collier aurait été une meilleure adéquation sur Aisha ? »

« ... Laissez-moi rester avec un “sans commentaire” concernant ça, » dis-je.

☆☆☆

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5 commentaires :

  1. Il serait que notre roi approfondise ses relations avec sa fiancée. Il n’y a pas que le boulot dans la vie.

  2. hahahaahahaha merci pour le chapitre^^
    j’attend avec impatience les prochains chapitres !!!

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