Entracte 2 : Les Soupirs de la Duchesse Excel Walter
Parlons du système de noblesse dans ce pays.
Une fois que vous avez mis de côté la royauté et les trois ducs, les personnes peuvent être divisées en trois groupes : les nobles et les chevaliers, les bourgeois et les esclaves. (Les réfugiés, car ils ne sont pas des citoyens, ne tombent dans aucun de ces groupes.)
À une autre occasion, nous détaillerons l’institution de l’esclavage, mais ce qui divise les nobles et les chevaliers des bourgeois est le fait de posséder ou non des terres.
De ce fait, la classe des nobles et des chevaliers peut également être appelée celles des seigneurs, et les roturiers qui vivent sur leurs terres peuvent être désignés comme étant leurs sujets. (Les esclaves sont considérés comme des biens et ne sont donc pas inclus dans ce groupe.) Les seigneurs ont un certain nombre de droits sur leurs terres et, en même temps, ils ont des responsabilités militaires et civiles envers le pays.
Les titres et les terres de la noblesse et de la chevalerie sont généralement héréditaires, mais les roturiers qui se distinguent peuvent se voir attribuer un titre et des terres par le pays, en les élevant à la chevalerie (pour ceux dont les accomplissements sont militaires) ou à la noblesse (pour ceux dont les accomplissements sont liés à l’administration).
En outre, se marier au sein d’une famille noble ou de chevaliers (dans ce cas, la personne fournit ses propres terres) est également possible. Ces personnes sont appelées les nouveaux nobles ou les nouveaux chevaliers.
Ce n’est pas une distinction qui existait formellement, mais certaines personnes un peu obtuses les considèrent comme étant les "parvenus qui ne sont pas nés pour être des nobles ou des chevaliers" et les appellent de cette manière.
Les nouveaux nobles et les nouveaux chevaliers peuvent passer leurs titres de façon héréditaire. (Généralement, une maison devient acceptée après environ trois générations.)
À l’inverse, même les nobles et les chevaliers peuvent, si leurs crimes sont assez graves, perdre leur rang et devenir ainsi des roturiers ou des esclaves. Dans ces cas, leurs terres et leurs titres sont saisis par le pays et dans le pire des cas, toute la maison peut perdre son statut. C’est ce qu’on appelle une "destruction".
La raison pour laquelle, comme on l’a noté plus haut, les nobles et les chevaliers se distinguent des nouveaux nobles et des nouveaux chevaliers est qu’ils sont fiers d’avoir maintenu le statut de leur maison et d’avoir évité cette "destruction" pendant trois générations.
Il n’est pas nécessaire pour la noblesse et la chevalerie de gérer personnellement leurs terres. En particulier pour les chevaliers, qui doivent passer la majeure partie de l’année à servir dans l’armée, la gestion de leurs terres est laissée aux membres de sa maisonnée. Le capitaine de la Garde Royale, Ludwin Arcs, en était un exemple parfait.
En outre, parmi la noblesse, il y a ceux qui laissent la direction de leurs terres aux membres de leur maison, résidant à Parnam où ils servent à des postes importants tels que les postes supérieurs de la bureaucratie ou en tant que conférencier dans le Congrès du Peuple. Ces gens sont appelés des nobles de la Capitale, avec l’ancien premier ministre (et actuel chambellan) Marx étant un exemple de ce type de noble.
Cependant, à l’heure actuelle, le nombre de nobles de la Capitale était tombé à près de la moitié de ce qu’il avait été l’année précédente. Ceux qui avaient disparu étaient ceux dont les actes répréhensibles avaient été découverts au cours de l’audit des dépenses du gouvernement demandé par Souma. Les personnes qui font l’objet d’une enquête avaient été renvoyées de leurs postes dans la capitale et avaient été mises en résidence surveillée dans leurs propres terres.
Pour ceux dont les crimes étaient mineurs, s’ils remboursaient l’argent qu’ils avaient détourné et qu’ils abandonnaient le commandement de la famille à un autre membre de la famille, leur maison serait autorisée à continuer à exister, mais pour ceux dont les crimes étaient graves, tous leurs biens avaient été saisis et leur maison serait détruite dès la fin de l’enquête. Bien sûr, on ne saurait s’attendre à ce que les personnes qui suscitent une telle corruption acceptent tranquillement la destruction de leurs maisons. Elles avaient donc pris leurs armées et leurs biens personnels et avaient tenté de fuir.
Cependant, parce que Souma et Hakuya pouvaient facilement deviner leurs intentions, les frontières étaient scellées et ces nobles ne pouvaient pas transporter leurs biens dans un autre pays.
Incapables de rester dans leurs terres ou de fuir dans un autre pays, finalement, elles s’étaient dirigées vers le duché de Duc Carmine. Elles étaient allées jusqu’à Georg Carmine, qui était hostile au roi, et avaient attendu là-bas l’occasion de se rebeller.
La ville centrale du Duchée Carmine était Randel.
Bien que n’étant pas aussi grande que la capitale royale de Parnam, elle était encore très grosse par rapport à d’autres villes, avec une population assez importante pour pouvoir avoir le statut de cité.
Le Château du général de l’armée de terre Georg Carmine était là, et la ville du château avait grandi tout autour de lui.
Cependant, les généraux précédents avaient été indifférents à la gestion de la ville et, contrairement à Parnam, qui pourrait changer considérablement sous la direction choisie par le roi, la ville générait un sentiment de nostalgie, probablement le même aujourd’hui qu’il y a 100 ans.
À un coin de rue de cette ville de Randel, un seul carrosse était garé. À l’intérieur de la voiture, il y avait une beauté dans le milieu de la vingtaine. Tout homme qui l’aurait vue aurait presque certainement laissé sortir un soupir d’admiration.
Même enveloppée comme dans un kimono d’un style similaire à ceux portés au Japon, sa silhouette voluptueuse était encore très apparente. Cependant, la queue reptilienne qui s’écroulait depuis ses fesses hors de son kimono et de ses petites cornes qui jaillissaient sous ses cheveux bleus indiquait qu’elle n’était pas une humaine ordinaire.
De l’intérieur de sa voiture, elle écoutait l’agitation de la ville se trouvant autour d’elle. Il devait y avoir une taverne à proximité, parce qu’elle pouvait entendre un groupe d’ivrognes râler assez clairement.
« Sérieusement, ce nouveau roi... À quoi pense-t-il au juste... ? Hic ! » (ivrogne A)
« Effectivement. C’est nous qui avons soutenu ce royaume pendant tant de longues années. » (ivrogne B)
« Mais le roi arrive et nous ignore, poussant ses propres politiques à la place des nôtres ! » (ivrogne C)
« Pourquoi le roi Albert a-t-il donné le pays à ce morveux... ? » (ivrogne A)
« Ses serviteurs ne sont pas meilleurs ! Ils sont aussi un tas de novices inexpérimentés ! Qu’y a-t-il avec ce lugubre crétin de robe noire ? Et qu’en est-il de ce porc humain ? » (ivrogne C)
« Hehehe. Je suis sûr qu’il ne les garde avec lui que parce qu’ils sont bons pour le flatter. » (ivrogne B)
« Les jeunes sont enclins à de telles choses ! Ils jettent des personnes expérimentées comme nous, et n’écoutent que des personnes qui les flattent. Un roi comme ça ne durera pas longtemps. » (ivrogne A)
« C’est vrai ! Prenons ce pays de nos propres mains ! » (ivrogne C)
« Oui ! Pour le royaume que nous aimons tant ! » (ivrogne A)
« « Pour le royaume que nous aimons tant ! » » (ivrognes)
Pour le royaume, est-ce... ? Mon Dieu, comme ils aiment ouvrir leur bouche. La femme dans la voiture soupira. Mais même ce soupir était fascinant.
Vous êtes ceux qui ont trahi le pays avec vos actes illégaux. Quand il est venu le temps de faire face à la loi, vous avez fui, donc il vous faut certainement de l’humour pour dire que le roi vous a renversé. Et le roi ne valorise-t-il que ceux qui le flattent ? Ne regardiez-vous pas quand il a effectué son rassemblement de personnel ? Ce roi utilisera même ceux qui n’étaient pas satisfaits de lui tant qu’ils en valaient la peine. Il utilise Sir Hakuya et Sir Poncho parce qu’ils sont capables. Et la raison pour laquelle il ne vous utilise pas, c’est parce que vous ne l’êtes pas.
Comme ils ne comprenaient même pas ces faits, elle ne pouvait même pas se moquer afin de les ridiculiser.
Il y a déjà quelques mois que la couronne a été transférée à Sa Majesté Souma, mais il n’a pas fait de grandes erreurs politiques et n’a nullement perdu le soutien du peuple. Au contraire, il a montré une capacité extraordinaire dans la façon dont il résolvait sans cesse la crise alimentaire que nous craignions tant. Peu importe combien ils ont respecté le roi Albert pour sa sagacité, il est absurde de demander : « Pourquoi a-t-il choisi ce morveux ? »
La femme fit reposer ses coudes sur le rebord de la fenêtre, son menton dans les mains.
De penser que la noblesse est tombée si bas en comparaison des personnes fières et nobles qui ont fondé le pays. Leurs ancêtres doivent se retourner dans leurs tombes.
Bien qu’elle ait l’air d’être dans la vingtaine d’années, cette femme se souvenait de l’époque de l’aube de ce royaume qui s’était déroulé il y a plus de 500 ans. Elle réfléchissait à ses camarades, souriant tristement.
En tant que descendant des serpents de mer, il lui faudra bien plus de 500 ans avant qu’elle ne soit à leurs côtés.
« Il est temps de faire ça lorsque l’appartenance à une race de longue durée de vie devient difficile à supporter. Je me suis habituée à devoir faire des adieux, mais je suis obligée de voir des choses désagréables comme celle-ci. Je vous envie, vous les personnes qui ont pu mourir sans s’occuper de ce qui viendrait après. » (Excel Walter)
Avec ces mots, l’Amiral Excel Walter, l’un des trois ducs, effectua un rire plein d’autodérision.
« Princesse des Mers. » (agent)
Quand une voix lui parla depuis l’extérieur de la voiture, Excel se replaça bien droit sur son siège. « ... Oui ? »
« Madame, un rapport est arrivé de Canaria, » déclara la voix.
« Montrez-le-moi. » Ordonna-t-elle.
« Oui Madame. Le voici. » Celui qui parlait poussa alors les documents à travers un espace se trouvant dans la porte du carrosse.
Excel prit les documents, les ouvrit puis en examina le contenu. Alors elle les lisait, enfin son visage effectua un vrai sourire.
Je vois... C’est ainsi que vous l’avez jugé. Pourtant vous dites que vous souhaitez être à ses côtés. Hmm... Tout va bien dans ce cas, mais je pense que vos éloges amoureux visibles dans votre écriture vont me donner des brûlures d’estomac. Vraiment, alors maintenant... Je dois envier votre jeunesse.
Excel froissa les documents avec un soupir, puis les laissa tomber au sol. Au moment où les documents touchèrent le sol, ils se brisèrent en morceaux avant de disparaître.
Permettez-moi de me corriger. Lorsque vous vivez si longtemps, il y a des moments où vous trouverez une nouvelle lumière de la manière la plus inattendue. Ce sentiment est quelque chose que les gens qui sont morts ne pourront jamais goûter, n’est-ce pas ?
Bien fait pour vous !
Excel affichait le sourire d’une jeune fille, ne montrant pas le moins du monde de soupçons concernant son véritable âge.
Merci pour le chapitre.
Merci pour le dessert.
P..S : le repas d’aujourd’hui ma bien rempli :-).
merci pour le chap
Merci 🙂