Chapitre 3 : Création d’un Programme de Diffusion
Partie 2
Ce jour-là, chaque ville méritant ce nom dans le royaume d’Elfrieden était remplie de personnes.
Lorsque la rumeur se répandit comme quoi le jeune roi, qui avait agité le pays avec son rassemblement de l’autre jour, allait utiliser le Joyau de Diffusion de la Voix pour faire encore une nouvelle activité, les habitants se précipitèrent vers les places dans les grosses villes ayant des fontaines de diffusion. (Les systèmes qui permettaient de disperser le brouillard dans l’air pour projeter les images du Joyau de Diffusion de la Voix étaient généralement installés sur la fontaine se trouvant sur la place centrale des villes.)
Les personnes qui vivaient dans des villages qui ne pouvaient recevoir que le son ne tardèrent donc pas à venir dans les villes voisines, de sorte qu’ils pouvaient ainsi voir aussi la vidéo. Finalement, tout ceci fit qu’il y avait encore plus de citoyens que d’habitude qui se rassembla sur ces places.
Dans ce monde, où les seules formes de divertissements étaient de discuter à propos des expositions en cours, de boires, et de jouer à des jeux de hasard, le Joyau de Diffusion de la Voix commença rapidement à être reconnu par les habitants comme étant une nouvelle forme de divertissement.
Et comme toujours, lorsque les gens se rassemblaient, l’argent bougeait. Il existait déjà certaines installations dans les places de chaque ville. Et donc, tout ceci commença à prendre des airs festifs. Tout le monde posa donc des tapis ou des draps devant la fontaine, attendant impatiemment que la diffusion commence.
« He ! Le joyau va-t-il encore recommencer à diffuser quelque chose comme la dernière fois ? » demanda une enfant.
« Oui chérie. Je me demande ce que cela sera cette fois-ci. » Une mère sourit, tout répondant à sa petite fille avec le léger zézaiement.
« Chacun semble s’amuser. L’époque a certainement bien changé. » Déclara une autre présente sur les lieux.
« C’est certainement le cas. Pourquoi, de notre temps, n’avons-nous jamais pensé que le Joyau de Diffusion de la Voix puisse être quelque chose de si agréable. » Rajoute une personne d’âge moyen présente sur le lieu.
Les personnes âgées, qui connaissaient bien le Joyau de Diffusion de la Voix, et qui savaient bien que le Joyau n’avait été utilisé par les générations précédentes des rois que pour des déclarations de guerre et des annonces publiques sur la situation militaire actuelle, avaient fermé les yeux en silence. À cette époque, le pays avait près de deux fois son territoire actuel, mais seulement la moitié de sa population actuelle.
Le Joyau de Diffusion de la Voix avait toujours été pour des choses comme « Nous avons gagné la bataille de X. » ou « Nous devons bravement nous battre contre X, et nous devons continuer jusqu’au bout à lutter ». C’est pourquoi pour toutes les personnes de plus d’un certain âge, le Joyau de Diffusion de la Voix avait toujours eu une connotation de mort.
« C’est sûr que notre nouveau jeune roi soit un homme qui ne ressemble pas à cette image-là — » (vieil homme)
« Wooooooooo ! » (foule)
La voix du vieil homme fut noyée par des acclamations des personnes présentes autour de lui.
Un homme et une femme en uniforme apparurent subitement dans les airs.
« Bonjour, peuple d’Elfrieden, » déclara la femme.
« Bonjour à tous. » Rajouta l’homme.
« Je viens à vous depuis le Château de Parnam avec une toute nouvelle émission. Le Génial Déjeuner du Roi. Je serais votre hôtesse, Juna Doma... » (Juna)
« ... ainsi que moi, P-Poncho Ishizuka Panacotta ici présent. » (Poncho)
« ... monsieur Poncho, vous n’avez pas besoin d’être si tendu. » (Juna)
« E-Et bien, voyez-vous, je n’ai aucune expérience dans ce domaine. Madame Juna, vous êtes tellement confiante à ce sujet. Je vous envie tellement. » (Poncho)
« Eh bien dans mon cas, je chante tout le temps devant les clients du café où je travaille. À ce propos, si vous visitez Parnam, venez voir notre café chantant, la Lorelei. » (Juna)
« S’il vous plaît, ne commencez pas avec de la publicité ! » (Poncho)
« Hahahahaha. » Le contraste entre la beauté ludique et l’homme grassouillet amena beaucoup de rires sur les places de fontaines, aux quatre coins de la nation.
« Maintenant, ce gentleman va vous expliquer le but de notre programme. » (Juna)
« L-Le 14e roi d’Elfrieden. Sa Majesté Kazuya Souma. » (Poncho)
Ohhh ! Des cris s’élevèrent depuis la place.
Le jeune roi qu’ils avaient déjà vu lors du rassemblement du personnel apparu alors sur l’écran. « Je n’ai pas encore été couronné, alors à proprement parler, je ne suis pas encore le roi, mais... oh bonjour. Je suis Kazuya Souma, le gars qui agit actuellement comme votre roi. Maintenant, pour aller droit au but, j’aimerais parler de l’état de ce royaume. »
« Il ne ressemble pas vraiment à un roi. » Dis une personne sur la place. De la manière qu’il agissait, vous ne pouviez pas les culpabiliser d’avoir de tels pensées.
Ne semblant pas se rendre compte de tout cela, Souma se tenait devant une table qui avait été préparée pour l’occasion, expliquant les choses avec des cartes et des schémas. Il était particulièrement minutieux sur les causes de la crise alimentaire.
« ... En réponse à cette augmentation de la demande, cela a donc créé des conditions dans lesquelles vous pouviez vendre autant que vous pouviez produire, de sorte que les agriculteurs sont passés de la culture alimentaire à la culture du coton, et c’est donc l’origine de notre actuelle crise alimentaire. Bien sûr, ce n’est pas seulement la faute des agriculteurs. La responsabilité incombe également aux commerçants qui les ont forcés à le faire pour ainsi pouvoir vendre leurs produits, ainsi qu’aux soldats qui ont bénéficié de ces produits et à la famille royale pour avoir ignoré ces faits jusqu’à ce qu’ils deviennent un réel problème. Pour cela, je m’excuse profondément. » Après avoir déclaré ces mots, Souma baissa la tête.
Pour qu’un roi s’incline devant ses sujets et ses serviteurs, c’était inouï. Surtout que la situation actuelle n’avait même pas été causée sous le règne de Souma.
« À l’heure actuelle, notre royaume fait passer les cultures commerciales aux cultures vivrières. Cependant, je ne m’attends pas à voir les effets de cela avant l’automne ou plus tard. Nous envisageons l’importation de denrées alimentaires provenant d’autres pays, mais la situation n’est pas non plus favorable de leurs côtés. L’une des raisons est que nous n’avons rien pour remplacer notre principale exportation, le coton, et nous ne pouvons donc pas garantir la monnaie étrangère. L’autre raison est que chaque pays se trouve dans une situation similaire à la nôtre. Ils ne peuvent pas nous vendre ce qu’ils n’ont pas. » (Souma)
Les paroles de Souma étaient plus que suffisantes pour déprimer le peuple. Mais ils furent plus que surpris que Souma ait diffusé publiquement ces informations à son peuple. Normalement, ceux qui se tenaient au sommet ne divulguaient pas ces informations à ceux qui se trouvaient sous eux. Parfois, c’était parce que ces informations comprenaient des erreurs qu’ils avaient eux-mêmes faites. Et à de nombreuses reprises, ils croyaient aussi que ceux qui étaient au-dessous ne comprendraient pas même s’ils avaient été informés des questions de politique nationale.
En fait, l’explication du roi avait été assez simple pour qu’un lycéen du Japon puisse la comprendre, et pourtant, seulement environ trois dixièmes de la population de ce pays le pourraient quant à eux. Cependant, ce jeune roi avait quand même divulgué l’information.
Plus une personne était instruite, plus grande fut sa surprise. Pourquoi avait-il exposé à la population, une telle disgrâce nationale, qui pourrait conduire à sa propre perte ?
« Hum. Heu... Est-ce que c’est correct de dire cela à la population du royaume ? » Poncho hésitant lui posa la question que tout le monde était en train de penser. Cependant, l’expression de Souma ne changea pas le moins du monde.
« Plus vous cachez quelque chose, et plus les gens douteront de vous. Il y a des choses que nous devons cacher en ce qui concerne les affaires étrangères, mais pour la politique interne, j’ai l’intention de continuer à divulguer de telles choses. Voyez-vous, je veux que mes compatriotes utilisent aussi leurs têtes. Quelle est la meilleure chose à faire pour ce pays ? Mes politiques sont-elles correctes ? Je veux qu’ils pensent avec moi. » (Souma)
« Je n’ai jamais vu un roi agir comme ça avant aujourd’hui. » Chuchota quelqu’un dans l’assemblée.
Il était inouï pour une personne au pouvoir de demander à son peuple de penser à la politique avec lui. Techniquement, même dans ce pays, il y avait le Congrès du Peuple qui représentait leurs volontés, mais c’était, simplement, « Un lieu pour décider des plaidoyers du peuple qui devait être fait au roi. » Le roi était libre de mettre en œuvre ou non selon ses propres désirs, et le contenu de ce congrès était limité à des demandes de correction de l’inflation des prix pour X ou des demandes de dépenses pour des travaux publics. Il était utile d’avoir une boîte à suggestions, mais ce n’était pas un lieu propice pour débattre des décisions politiques.
Le système féodal était encore puissant dans ce pays. Pour le dire d’une manière la plus simple possible, le système politique dans ce pays était. « Ceux du dessous paient des impôts. Ceux du dessus protègent les vies et les biens de ceux du dessous. » C’était tout ce qu’il y avait à dire sur l’actuel système.
Les gens du peuple payaient des impôts à leurs seigneurs, et les seigneurs garantissaient leurs vies et leurs propriétés en retour. Leurs seigneurs (la noblesse) devaient, quant à eux, payer des impôts au roi en plus de le servir dans son armée en temps de crise, et de son côté, le roi leur garantissait leurs vies et leurs propriétés. C’était une société ayant un système de caste des plus complets.
Mais quand il y avait de la pourriture au sommet d’un tel système, la pourriture risquait de s’étendre jusqu’à la base. Cependant, pour le regarder d’une manière inversée, tant que les personnes au-dessus de vous étaient compétentes, les gens d’en dessous n’avaient pas besoin de réfléchir à la politique nationale. Donc, c’était un système facile à faire fonctionner de cette manière.
Cependant, ce jeune roi avait demandé à la population d’utiliser leur tête. Il leur avait demandé de penser à ses actions politiques avec lui.
Il n’y avait pas encore de cheminement clair concernant cette participation politique que pourrait effectuer le peuple. Et même si on leur donnait ce droit, il était clair que de voir les citoyens non scolarisés qui commenceraient à s’impliquer dans cela n’était pas pensable. Cependant, même ainsi, il avait semé les graines du changement.
« Ce pays va certainement changer... » déclara une personne dans la foule.
« J’envie les jeunes qui vont pouvoir voir ce changement » rajouta un vieil homme juste à côté de lui.
« Nous n’avons pas encore fini de voir ces changements. » Dis une autre personne.
En regardant ce jeune roi, les vieux regardèrent directement ses yeux, et ce fut comme s’ils étaient aveuglés par leurs intenses rayonnements.
Sans aucune façon de savoir ce qui se déroulait un peu partout dans son royaume, Souma continua son explication.
« Comme vous le voyez ici, nous devrons attendre jusqu’à l’automne pour qu’une solution fondamentale au problème soit effective. Il va sans dire que nous avons l’intention de fournir un soutien au maximum de personnes possible, mais il y a des problèmes dus aux volumes impliqués et à la géographie qui nous empêchent d’atteindre toutes les personnes dans le royaume. Après tout, tout le monde ne vit pas dans des plaines. » (Souma)
C’était un pays ayant de nombreuses races vivant ensemble. Des elfes sombres qui vivaient dans la forêt, aux dragonewts qui préféraient vivre à haute altitude comme dans les montagnes, aux nains qui vivaient dans des grottes souterraines, et il y avait ceux qui vivaient dans des endroits où les lignes d’approvisionnement ne traversaient pas. Il en était de même pour ceux qui vivaient dans des villages marginaux en pleine montagne.
« C’est pourquoi je viens à vous, mes compatriotes, avec une demande... Non, un ordre. » À ce moment-là, Souma s’arrêta de parler. Puis, après avoir repris son souffle, il déclara très clairement. « Tout le monde, vous devez survivre jusqu’à l’automne. »
Quand ils entendirent les mots provenant de la bouche du jeune roi, les gens déglutirent. Le sens de ces mots était simple. Cependant, l’intention derrière eux était impénétrable.
« Parce que nous n’avons pas d’atout dans la manche, vous devrez tous survivre par vous-mêmes, » déclara le roi. « Pour la recherche de nourritures, allez dans les montagnes, dans les rivières, dans la mer. Coopérez les uns avec les autres et même, inclinez vos têtes envers les autres si cela vous est nécessaire. Peu importe combien cela peut être humiliant, vous devez le faire ! Parce que je veux que tout le monde survive jusqu’à l’automne. »
Ces mots auraient pu être entendus comme une abdication de ses responsabilités. Après tout, il disait à ceux qui souffraient d’aller travailler dur par eux-mêmes. Cependant, il était vrai que seuls ceux qui travaillaient durement seraient sauvés.
Le jeune roi baissa sincèrement la tête. « S’il vous plaît. Quand je dis tout le monde, je veux parler de tous, jusqu’au dernier d’entre vous. Ne tuez pas les autres parce que vous souffrez. N’abandonnez pas vos enfants parce que vous avez trop de bouches à nourrir. Ne jetez pas les anciens et ceux qui sont frêles. Je veux que vous puissiez tous saluer la générosité de l’automne. Cette émission est donc quelque chose que nous avons mis en place dans l’espoir que ce sera une aide pour vous aider à réaliser cela. »
Souma entra maintenant dans le vif du sujet. Il parlait des objectifs de l’émission en cours de diffusion. Elle devait permettre de gagner du temps jusqu’à ce que la crise alimentaire puisse être résolue. Il voulait introduire de nouveaux ingrédients qui n’étaient généralement pas consommés dans ce pays en montrant des moyens pour les préparer. Ces ingrédients pouvaient être obtenus à un faible coût (ou même gratuitement puisqu’ils poussaient librement dans la nature). De plus, en consommant ces ingrédients au cours de l’émission, ils démontreraient qu’ils étaient comestibles.
Même les citoyens qui avaient été indignés de sa déclaration antérieure, alors qu’il avait semblé abandonner sa propre responsabilité, avaient alors senti leur colère se refroidir alors qu’ils écoutaient l’explication de Souma. Parce que ce roi réfléchissait vraiment pour eux et qu’ils pensaient énormément à eux. Ils pouvaient très clairement sentir cela à ses paroles et à sa présente attitude.
« ... Maintenant, vous savez tout. Donc, je vais redonner la parole à vos hôtes, Poncho et Juna. » Avec son explication complétée, Souma revient sur son siège.
Souma ne pouvait pas savoir cela, mais en ce moment, un tonnerre d’applaudissements avait éclaté à travers toutes les places du pays. Des applaudissements spontanés de ces citoyens qui avaient été profondément impressionnés par les mots de Souma. Sans le savoir, Souma commençait lentement à être vraiment reconnu comme étant leur roi.
La vidéo retourna à nouveau sur Poncho et Juna.
« Bon ! Sans plus attendre, place à l’émission. » Déclara Juna. « Poncho, quel sera le premier ingrédient ? »
« Oui ! Notre premier ingrédient est juste ici ! » Après avoir dit cela, Poncho prit une boîte couverte d’un tissu, puis la plaça sur la table où Souma, Liscia, Aisha et Tomoe étaient assis en tant qu’invités commentateurs.
C’était une boîte assez grande pour contenir un large aquarium.
Après s’être arrêté un moment pour ainsi créer un effet dramatique, Poncho retira le tissu.
◇ ◇ ◇
Nous étions maintenant dans la salle à manger du château de Parnam au cours de la diffusion en direct de l’émission.
« Urkh... » (Aisha)
« Eeeeeeeeek! » (Tomoe)
« Quo — quoi !? » (Liscia)
Quand elles virent ce qui était apparu sur la table, Aisha, Tomoe et Liscia poussèrent toutes à leur façon leurs propres cris causés par le choc de la révélation.
Juna, d’autre part, regardait cela et semblait penser, « Ohhhh, alors donc c’est ça ! »
« C’est une pieuvre. »
« Bien sûr, c’est une pieuvre. »
La chose dans la boîte en face d’eux était la créature à corps souple, à huit pattes, que vous connaissez tous pour être une pieuvre.
Bien que beaucoup de créatures dans ce monde avaient été comme affecté par une touche de fantastique, par exemple pour les vaches et les poules qui possédaient des carapaces blindées, ce n’était dans son cas qu’une simple pieuvre (même si elle était plutôt grande). Eh bien ! Même dans les mondes fantastiques, les pieuvres géantes étaient souvent bien plus grosses que celle-là, alors je supposais que cela devrait quand même aller.
Soit dit en passant, dans ce pays, ils appelaient les pieuvres "ocatos", mais cela était tout simplement déroutant pour moi, alors nous resterons avec le mot "pieuvre". Et de toute manière, avec ma mystérieuse capacité de traduction, le mot me semblait tout comme si c’était bien "pieuvre".
« Hein ? Vous ne mangez pas de pieuvres dans ce pays ? » Demandai-je.
« Bien sûr que non ! Attendez ! Souma, avez-vous vraiment déjà mangé avant cela une de ces choses effrayantes !? » Liscia déclara cela tout en me regardant d’un air incrédule.
Allez, c’est juste une pieuvre, le savez-vous ? J’ai du mal à accepter cette réaction. Pensai-je.
« Eh bien ! Compte tenu de leur apparence, je suis sûr qu’ils ne sont consommés que dans certaines régions côtières. Cependant, ma ville natale est l’une d’entre elles. » Expliqua doucement Juna à l’ensemble de la population.
Eh bien, même sur terre, en Europe (à l’exception de l’Italie et de l’Espagne), ils sont appelés "poisson-diable" et, dans certains pays, les gens refusent même de les manger... Je suppose donc que cette réaction normale ? pensai-je.
« Mais ils sont tellement savoureux... » Dis-je.
« Vraiment ? » Me demanda Liscia.
Une fois qu’elle avait entendu qu’ils étaient délicieux, Aisha était prête à attaquer le repas. Comme elle était mon garde-corps, cela signifiait que nous mangions souvent ensemble, alors je savais déjà, que cette fille était une véritable gloutonne. Elle avait une faiblesse particulière en ce qui concernait les aliments sucrés (comme les collations qui venaient en tant que cadeaux pour le roi et les servantes), et elle les grignotait jusqu’au point où les servantes gémissaient de jalousie, « Comment peut-elle manger autant, tout en arrivant à maintenir une si belle silhouette ? »
« Oui ! Il existe des opinions divergentes sur la façon de les cuisiner qui les rend encore plus délicieux. Mais si vous les frottez avec du sel, que vous lavez le mucus et que vous les faites bouillir, alors c’est déjà très bon. Cuit, frit, servi avec du riz, c’est vraiment un délice comme vous les aimez. » (Souma)
Il y eut un silence en réponse à mes paroles.
« Aisha, vous bavez. » Rajoutai je.
« Oups... Pardonnez-moi. » (Aisha)
« Honnêtement, il est hyper protéiné, faible en calories, donc c’est aussi super bien si vous suivez un régime. »
« Hyper proté ? J-Je ne suis pas très sûr de ce que c’est. Mais mes oreilles ont été attiré par cela quand j’ai entendu le mot "régime"... » Maintenant, Liscia semblait aussi être prête à passer à table.
Honnêtement, je pensais que Liscia pourrait supporter de mettre plus de viande sur ses os. C’est peut-être parce qu’elle était dans l’armée, mais elle était déjà assez mince.
« Je ne pense pas que vous devriez vous inquiéter autant de votre poids, » lui déclarai-je donc, révélant une partie de mes pensées.
« Souma... Une fille cesse d’être une fille au moment où elle arrête de prendre soin de son poids, » Liscia me réprimanda avec ses yeux qui semblaient regarder dans le vide.
Puisque Juna et Tomoe indiquaient également qu’elles étaient d’accord avec cela, je supposais donc que c’était exactement ce que c’était. Aisha était la seule dissidente, avec un visage qui semblait dire, « Oubliez ça, je veux juste manger cela... »
« D’accord, alors... Pour l’instant, ne devrions-nous pas aller dans la cuisine ? » Demandai-je.
Nous passâmes à la cuisine attachée à la cafétéria et commençâmes à préparer la pieuvre. Les cuisiniers qui y travaillaient protestaient. « Si vous nous l’aviez dit, nous l’aurions fait pour vous. » Mais comme j’aimais faire de la cuisine, alors j’avais décidé de le faire moi-même.
Tout d’abord, je plaçai la pieuvre dans un grand bol, puis coupai les organes internes, le sac d’encre et les globes oculaires avec un couteau de cuisine. (Ceci provoqua un. « Uwah... » des filles, mais je les ignorai). Puis je frottai avec le sel la totalité de la surface de la pieuvre, j’attendis que la surface gluante se durcisse, avant de la laver correctement avec de l’eau. J’avais également nettoyé les ventouses, car il pouvait parfois avoir de la boue.
Après cela, j’amenai de l’eau à ébullition, puis lâchai la pieuvre dedans, avec ses tentacules en premier, et pour finir, je laissai cette créature en forme de poulpe bouillir. En attendant jusqu’à ce que sa chair brun-jaunâtre ait tourné en un rouge violet ferme, je la sortis de l’eau, et j’avais maintenant un bel exemple d’une pieuvre bouillante prête à être mangée. Après l’avoir laissé refroidir un peu, je coupai un des tentacules en morceaux de la taille d’une bouchée. C’était déjà délicieux ainsi.
« Eh, c’est correct comme cela. Il est temps de manger. » Dis-je.
« Quoi !? » Tous les autres, dont Liscia furent choqués de déjà me voir le grignoter sans montrer la moindre hésitation.
Quelques instants plus tôt, alors que j’avais pris une bouchée dans ma bouche, je pus constater que oui, ceci avait certainement le goût d’une pieuvre. Ce goût légèrement salé était génial. Et parce que c’était si génial, je ne pouvais m’empêcher de regretter qu’il n’y ait pas encore de sauce soja dans ce monde !
« ... Est-ce vraiment comestible ? » Murmura Liscia.
« Allez-y, Liscia. Vous savez, vous pourriez essayer et le découvrir par vous-même. » (Souma)
« Heu, non... Je ne suis pas encore émotionnellement préparée pour cela... » (Liscia)
« Vous êtes sûr ? Car c’est délicieux. » (Souma)
Ignorant la Liscia hésitante, Juna plaça une tranche dans sa bouche.
« Ahh ! Ce n’est pas juste, madame Juna ! » Cria Aisha. « Dans ce cas, moi aussi ! »
En voyant cela, Aisha alla largement piocher dans l’assiette et —
Hé, attendez ! Ne mordez pas juste dans la tête ! Jusqu’à quel point cette elfe sombre peut-elle être gloutonne ? pensai-je.
« Oh ! C’est croustillant et délicieux ! » (Aisha)
« ... Vraiment, alors maintenant... » (Souma)
... D’accord, il est temps que je reprenne le contrôle des choses.
Après le premier essai, j’enduisis les morceaux de pieuvre de la taille d’une bouchée dans de la farine de blé, des œufs et de la farine blanche, puis les plaçai sur des brochettes, trois à la fois. Puis, je mis toutes ces brochettes dans un pot d’huile chaude. Je les laissai frire jusqu’à ce que la pâte soit brun clair et croustillante. Après cela, je les sortis du pot, et une fois que j’eus apporté la touche finale avec la sauce Worcester, qu’ils avaient même dans ce monde, et une mayonnaise faite maison avec des œufs, du vinaigre et d’autres choses, mon deuxième plat fut prêt.
« Une 'Brochette de pieuvre frite'. Je suppose que c’est ainsi qu’il faut l’appeler. Continuez, et essayez de les manger. » (Souma)
Liscia et Tomoe les amenèrent timidement jusqu’à leurs bouches. Et au moment où elles les mordirent...
« C’est quoi cela !? C’est exquis ! » (Liscia)
« Grand frère, c’est vrai que c’est... vraiment délicieux ! » (Tomoe)
Leurs yeux indiquaient clairement à quel point tout ceci était vraiment bon.
Super ! Je pensais, en me donnant un petit coup de pouce mental.
« Ceci est vraiment succulent. La pieuvre cachée à l’intérieur de la pâte croustillante est tellement juteuse. » Déclara Juna.
« C’est vraiment le cas ! Même si je ne savais pas que la pieuvre irait si bien avec la sauce Worcester ! » cria Poncho.
« Cette sauce blanche va aussi très bien avec la pieuvre. Vraiment magnifiquement réalisée, Monseigneur. » Rajouta Juna.
« Monsieur, v-vous savez aussi cuisiner ! Ceci m’a beaucoup surpris ! » (Poncho)
Juna et Poncho firent des commentaires tels des critiques alimentaires professionnelles. Puisque les deux avaient déjà mangé des pieuvres, ils pouvaient prendre le temps de bien le savourer. Pendant ce temps, Aisha était en train de manger, manger, et encore manger, produisant un énorme tas de brochettes vides.
... Il n’y avait rien de plus que je puisse dire de plus à propos de ça.
◇ ◇ ◇
« C’est vraiment succulent. » Put être entendu, provenant de l’émission. « Enroulée dans cette pâte croustillante, la pieuvre à l’intérieur est très juteuse. »
« ... Hey Papa ? » demanda un enfant.
« Oui ? Si tu veux des pieuvres, alors beaucoup d’entre eux ont été pris dans nos filets d’aujourd’hui. » Répondit son père.
« Vraiment !? Je veux l’essayer ! » (enfant)
« C’est sûr. Normalement, je les jette, mais pour cette fois, essayons de les manger. » (père)
Il semblerait qu’à ce moment-là, il y avait eu beaucoup de conversations comme celle-ci dans de nombreux villages proches de la mer.
◇ ◇ ◇
« Notre prochain ingrédient est cela. » (Poncho)
Après avoir fini de manger les brochettes de pieuvre qui ont été plutôt bien accueillies, nous retournâmes à nos sièges. Poncho ouvrit alors une nouvelle boîte en face de nous. Lorsque nous vîmes l’ingrédient, cela nous donna l’impression de voir un objet brun et mince recouvert de saletés à l’intérieur de la boîte
« Est-ce que... c’est des racines ? » Demanda Liscia.
« Je pense que ce sont bien des racines... » ajouta Juna.
« Elles ne me semblent pas très bonnes... Sont-elles vraiment comestibles ? » Demanda Tomoe d’un ton hésitant.
Liscia, Juna et Tomoe avaient toutes agi comme si elles avaient un point d’interrogation qui flottait au-dessus de leurs têtes. Aisha et moi, en revanche, n’avions absolument pas été surpris.
« Oh, c’est de la grande bardane, n’est-ce pas ? » Lui demandai-je.
« Oui, c’est bien de la grande bardane. » Me confirma Aisha.
Eh bien, j’avais entendu dire qu’en Occident, la racine de bardanes était perçue comme une chose étrange à manger. Alors je ne trouvais pas étrange qu’elle n’ait pas été mangée ici, mais qu’Aisha, qui ressemblait à une Occidentale, savait cela, et ceci m’étonna.
« Dans la forêt, nous devons manger tout ce que nous pouvons, sinon nous succomberons à la malnutrition en un rien de temps. » Dis Aisha tout en ayant un regard lointain.
Peut-être, que cette situation alimentaire était ce qui avait rendu cette elfe sombre aussi gloutonne qu’elle l’était aujourd’hui.
« Puisqu’elles sont présentées ici, cela signifie qu’elles sont donc mangeables, n’est-ce pas ? » Demanda Liscia, ce à quoi je hochai la tête en réponse.
« Vous pouvez les manger. Mais plutôt que de les apprécier pour leur propre saveur, vous appréciez la saveur du bouillon dans lequel vous les placez, ou alors pour leur texture. Elles sont principalement faites de fibres alimentaires, que vous ne pouvez pas digérer, mais elles ont un effet médical et peuvent vous aider à garder vos mouvements intestinaux réguliers. Elles sont un bon ami pour ceux qui sont souvent constipés. » (Souma)
« ... J’aimerais que vous ne parliez pas des mouvements intestinaux et de la constipation pendant que nous mangeons. » Me déclara Liscia.
« Cela aide à expulser les déchets du corps. Bien sûr, c’est bon pour votre santé et votre beauté. » (Kazuya)
« Urkh. Lorsque vous dites cela ainsi, ceci à l’air tentant, mais... » (Liscia)
Eh bien ! Maintenant que Liscia en a discuté, est-ce que nous devrions manger tout de suite ? pensai-je.
Cette fois, je restais simple quant à ma préparation. Après avoir raclé la saleté à l’aide d’un couteau, je coupai la bardane en de longs et minces copeaux. Puis je les recouvrais d’amidon de pomme de terre et pour finir, je les plaçai dans le pot d’huile que nous avions utilisé plus tôt. Une fois qu’ils avaient été correctement frits, je les sortis du pot, puis les séparai en les plaçant dans deux bols. Dans l’un d’entre eux, je saupoudrai du sel, tandis que l’autre je le saupoudrai avec du sucre. Avec cela, la préparation des chips de bardane (un dans le style des chips et l’autre dans le style biscotte) était complète.
Quant aux réactions de chacun, après les avoir mangées.
« Huh, ils sont croustillants et délicieux. » Dis Liscia.
« Celles-ci... iraient probablement très bien avec la bière. » Dis Poncho.
Liscia et Poncho mangeaient les salés comme une collation.
« L’huile qui sort lorsque vous les mordez, fusionne avec le sucre, et la douceur se répand dans toute votre bouche. » Dis Juna.
« J’aimerais bien que mes deux mamans essayent aussi cela. » Dis Tomoe.
Juna et Tomoe, qui mangeaient celles avec du sucre, firent des commentaires qui méritaient des bons points respectivement en tant, qu’un critique gastronomique et une enfant.
Quant à Aisha...
« Si vous les mangez ensemble, ils sont salés, doux et délicieux ! » Annonça-t-elle, en grignotant des deux en même temps.
Oui, bien sûr, je suppose qu’il est correct de les manger aussi de cette façon.
Les ingrédients comestibles suivants étaient la patte d’ours rouge, le foie du tigre à dent de sabre et de la salamandre géante, mais nous n’avions fait que les présenter.
Il était vrai qu’ils n’étaient pas habituellement mangés dans ce pays, mais à la place, des friandises rares que seul un aventurier pouvait espérer attraper. Et ce n’était pas quelque chose que je voulais que la population essaye par tous les moyens d’en acquérir. Mais si on leur donnait la chance d’y accéder, je voulais juste qu’ils sachent qu’ils pouvaient les manger à la place de les jeter comme cela se faisait avant. D’ailleurs, je ne sais pas moi-même comment préparer de la patte d’ours.
Ah, en passant, au stade de la sélection des ingrédients, j’avais enlevé de la liste, le poisson-globe, les champignons toxiques et autre chose toxique. Je savais qu’ils pouvaient être mangés s’ils étaient préparés correctement, mais si des amateurs affamés devaient essayer de le faire, il était clair que cela ne finirait que très mal.
Attention, même les parties toxiques pourraient être mangées si vous le vouliez vraiment. Dans la Préfecture d’Ishikawa, il y a des "ovaires de poissons-globes marinés dans de la pâte de riz", et dans la Préfecture de Nagano, il y a des régions où ils mangent le célèbre champignon empoisonné amanite tue-mouches.
... L’appétit humain est vraiment quelque chose de spécial, n’est-ce pas ?
Revenons à notre histoire, l’ingrédient suivant nous avait, quant à lui, tous choqués.
« Voici notre prochain ingrédient. » (Poncho)
« « « C-C’est... » » »
Cette fois, tous nos yeux s’élargirent à cette vue.
À l’intérieur de la boîte que Poncho avait ouverte, il y avait un objet gélatineux d’un vert bleuâtre.
« C’est... une gelée, n’est-ce pas ? » Lui demandai-je.
C’était l’une des créatures de type slime qui se trouvaient partout dans les champs. Ils ressemblaient et agissait comme l’ennemi qu’on trouvait dans les JDR. Leur caractéristique principale était leur faiblesse. Si vous les coupiez, ils mourraient. Si vous les écrasiez, ils mourraient aussi. Ils se collaient sur des créatures vivantes et mortes et ils aspiraient leurs substances nutritives. Ils n’avaient pas de sexe : ils se multipliaient par division. Ils étaient probablement ce que vous obtiendriez si vous aviez une amibe ou un autre organisme monocellulaire qui grossissait jusqu’à avoir une taille gigantesque.
Hein ? On va manger ça ? Ou plutôt, pouvons-nous vraiment même manger ça ?
Ensuite, je remarquai qu’Aisha avait l’air de pencher sa tête vers le côté dû à la confusion.
« Attendez. Est-ce que cette gelée est morte ? » (Aisha)
« Oui. Cette gelée a déjà été tuée. » Déclara Poncho.
« Ceci n’est pas possible. Je n’ai jamais entendu parler d’un cadavre d’une gelée avant aujourd’hui. » (Aisha)
« Oh ! C’est vrai. Maintenant que vous le mentionnez, c’est étrange. » Avait convenu Liscia, semblant avoir remarqué quelque chose.
En revanche, je ne l’avais pas compris de mon côté. « Liscia, pourriez-vous me dire ce qui se passe là ? »
« C’est quoi ce ton ? Les gelées sont faibles et fragiles. Elles ont une mince membrane, et si vous les coupez, ne serait-ce qu’un peu, cela la vide rapidement de tout son liquide corporel en un jaillissement de liquide. C’est pareil si vous les écrabouillez avec une masse. Tout ce que vous aurez finalement, sera une flaque bleu-verdâtre sur le sol. » (Liscia)
« Vraiment ? » (Souma)
Aisha aussi hocha la tête. « Oui. C’est pourquoi un cadavre si bien conservé semble impossible. »
Je vois... Aisha en tant que guerrière, et Liscia en tant que soldat, ont toutes deux de l’expérience dans la lutte contre les gelées, alors elles ont remarqué quelque chose d’étrange dans la situation.
« Alors, qu’avez-vous à faire pour obtenir une gelée dans cet état ? » demandai-je.
« Eh bien ! Voyez-vous, il y a une petite astuce. C’est une technique que j’ai apprise d’une tribu qui vivait à l’ouest, dans l’Empire. Ils utilisent un petit objet semblable à une perche pour frapper le noyau sans casser la membrane. Si vous faites cela, la gelée gardera sa forme même après sa mort. Dans ce domaine, ils l’ont appelé 'ike-jime pour les gelées' [1]. » (Poncho)
Ike-jime ? Voyons, ce n’est pas vraiment comme de drainer le sang d’un poisson... Mais, quand même, cela a du sens. Il me semble que je n’avais pas tort de penser à eux comme des organismes unicellulaires.
« Les fluides d’une gelée perdent graduellement leurs fluidités et elles durcissent une fois que le noyau est détruit. » Rajouta Poncho.
« Je suppose que c’est comme la rigidité cadavérique. » Dis-je.
« Oui. Si vous le laissez plus longtemps, les liquides s’évaporeront totalement et la gelée se transformera en une coquille sèche, mais environ deux heures après la mort, alors qu’elle s’est quelque peu durcie, sa chair est encore souple, et donc, il est possible de la cuire. C’est l’état dans lequel elle se trouve là. » (Poncho)
Hmm. Je comprends que vous puissiez le cuisiner, mais n’est-ce pas une question distincte de savoir si vous pouvez le manger ? Alors que je pensais cela, Poncho sortit un couteau et commença à couper verticalement la gelée.
« Lorsque la gelée est dans cet état, vous pouvez insérer le couteau verticalement et le couper en morceaux sans que le corps s’effondre. Les fibres du corps de la gelée sont dures dans ce sens, ce qui fait que de les couper dans ce sens donnera la meilleure texture. » (Poncho)
Poncho coupa délicatement la gelée en longues et minces tranches, comme s’il faisait des "ika somen". Il s’agissait de nouilles avec une certaine épaisseur de type Udon. Poncho les ramassa tous et les plaça dans une marmite d’eau bouillante.
« Maintenant, si on les fait bouillir dans un pot d’eau avec un peu de sel, la chair se raffermira davantage. » (Poncho)
Maintenant, ceci commençait sérieusement à se transformer en quelque chose comme du Soba ou de l’Udon. Au fur et à mesure de leur ébouillantage, cette vibrante couleur vert-bleuâtre s’obscurcit progressivement, commençant à ressembler à la couleur du thé vert que le Soba avait aussi. Ensuite, Poncho ajouta des ingrédients comme des champignons séchés et du varech dans le chaudron avec la gelée bouillante.
Est-ce qu’il fait bouillir tout cela ensemble exprès ?
Enfin, après avoir ajouté plus de sel pour ajuster la saveur, il en servit à chacun d’entre nous dans un bol à soupe.
« Voilà, vous pouvez y aller. C’est de la Gelée Udon. » (Poncho)
« Il l’appelle aussi Udon ! » M’exclamai je.
« Q-Quelque chose ne va pas, Votre Majesté. » Me demanda Poncho.
« Hoo, non ! ce n’est rien ! » Lui répondis-je.
J’avais entendu la langue de ce pays comme si c’était du japonais. "Udon" était probablement un autre mot qui avait été traduit sous cette forme. Quelle confusion ? Quoi qu’il en soit, ce qui avait été présenté devant nous ressemblait exactement à l’Udon vert mise dans un bouillon clair, dans le pur style du Kansai.
Renard Rouge et Gelée Verte, n’est-ce pas ? pensai-je. Ouais. Actuellement, ce n’est pas le moment d’échapper à la réalité en me remémorant d’anciens jingles commerciaux pour l’udon instantané.
Quand je regardai autour de moi, tout le monde me regardait comme pour dire. « Allez-y, allez-y ! »
Je n’ai pas levé la main et ai dit « D’accord, je vais manger cela ! ». Pourtant vous avez l’air de penser ainsi.
Eh bien, je suppose que j’ai fait manger à Liscia des choses dont elle n’a pas l’habitude. Ce ne serait pas juste pour moi d’être le seul à refuser de manger des choses nouvelles !
*Slurp*
« !? »
« Eh bien ! Comment est-ce, Souma ? » Me demanda Liscia avec un regard inquiet.
« ... C’est étonnamment bon... » Lui répondis-je.
Ouais. Je me demande bien ce que c’est. Mais ceci est complètement différent de ce que j’avais imaginé.
J’avais imaginé quelque chose comme de l’ika somen, avec une texture gluante et une saveur de poisson, mais ils étaient lisses et moelleux, et pas du tout de saveur de poisson. Plutôt que de l’Udon, c’était comme kuzu-kiri que vous faites cuire dans un chaudron, ou des nouilles Malony. Cependant, lorsque vous l’aviez mordu, il y avait comme une texture unique. Est-ce que c’était dû à la fibre, peut-être ?
Si je devais le décrire comme un tout, alors je dirais. « On dirait du Udon, avec certaines caractéristiques du kuzu-kiri, ainsi que la texture d’un plat régional de Kyushu. »
Ouais, ce n’est pas mal. Pas mal du tout.
« Vous avez raison... C’est étonnamment bon. » Dis Liscia.
« C’est délicieux, c’est comme s’ils avaient absorbé la saveur du bouillon. » Rajouta Juna.
« C’est vraiment une gelée ? Je suis choquée. » Déclara Tomoe.
« SLURRRRRRRPPPPPPPPP!!!! »
Ceci, c’était la réponse d’Aisha.
Il semblait que tout le monde qui en avait mangé après moi avait eu une bonne impression du plat. Bien sûr que c’est normal qu’ils aient eu cet avis, car c’était délicieux. Si vous deviez demander quel goût était mieux entre cela et du Udon normal. Alors je dirais que la question était absurde. Ceci serait comme de demander qui était le plus délicieux entre le Soba et l’Udon. Finalement, c’était juste une question de préférence personnelle.
« Soit dit en passant, quel genre de nutriments est présent dans cette chose ? » Demandai-je.
« Nutriments... Je ne sais pas ce que c’est, mais je soupçonne que c’est similaire à la gélatine que vous pouvez extraire des os. » Me répondit Poncho.
« Hein ? Du collagène donc. » (Souma)
Donc, c’est la protéine que vous trouviez dans les os d’animaux avec de la fibre comme vous trouveriez dans des plantes. C’est vraiment difficile de décider si les gelées sont des plantes ou des animaux.
« Quoi qu’il en soit, il semble qu’il soit très nutritionnel. » Dis-je. « Les gelées sont présentes partout. Si les gens les mangent, alors cela devrait atténuer la crise alimentaire, n’est-ce pas ? »
« Oui, je suppose. En plus, l’élevage des gelées est facile. Si vous leur donnez à manger tous vos restes et autres choses que vous avez, alors elles grandiront et se multiplieront elles-mêmes. » Annonça Poncho.
« Uh, non, je ne veux pas donner des choses bizarres à quelque chose que je vais manger. » Lui répondis-je. « Je ne veux pas manger une gelée qui a absorbé des substances toxiques et que ça me donne une intoxication alimentaire. »
« Je suppose que non. » (Poncho)
« Quoi qu’il en soit, essayons de les élever en tant qu’expérience. Les chasser dans la nature est bien aussi, mais je ne voudrais pas trop réduire leur nombre et avoir ainsi un impact sur l’écosystème local. » (Souma)
« Je pense que ce serait la meilleure façon. » Poncho était d’accord avec moi.
Tout cela mis de côté, nous continuâmes à déguster le reste de la Gelée Udon jusqu’à ce qu’il n’en reste plus du tout.
◇ ◇ ◇
« Sont-ils vraiment comestibles ? » demanda une personne de l’assemblée.
« Eh bien, le roi et les autres semblaient les apprécier, » répondit une autre personne à côté d’elle.
« Je pense que je vais demander pour une quête de capture de gelée à la Guilde des Aventuriers. »
« Oh ! Dans ce cas, moi aussi. »
Il semblerait qu’il y ait eu des conversations du genre dans beaucoup des places de fontaines, partout dans le royaume.
« L’une des spécialités culinaires d’Elfrieden est la gelée. » Qui aurait pu prédire que beaucoup de personnes du continent diraient cela dans un avenir pas si lointain ?
◇ ◇ ◇
« Maintenant, avec notre dernier ingrédient. J’ai déjà préparé et cuisiné quelque chose. » Lorsque nous avions vu ce qui se trouvait à l’intérieur du conteneur que Poncho venait d’ouvrir après avoir dit cela.
« « « Uwah... » » »
... fut notre réponse universelle.
Parce qu’il y avait dedans des "insectes". De plus, ce genre de plat existait dans mon monde. Au Japon aussi ils existaient.
« C’est de l’inago no tsukudani [2], n’est-ce pas ? » Demandai-je.
« Oui. Il s’agit bien de sauterelle géante préparée dans le style "tsukudani". » (Poncho)
« D’accord... C’est certain qu’elles sont vraiment immenses. » (Souma)
Dans le plat classique d’inago no tsukudani dont je me souvenais, chacun avait environ la taille d’un grillon. Avec ceux-ci, chacun était de la taille d’une crevette de Kuruma. [3]
Bien que la couleur suggérait qu’ils avaient en eux cette saveur épicée et sucrée une fois bouillie. Une saveur correctement conservée tout au long de la cuisson. Attendez ? Tsukudani ?
« Si c’est Tsukudani. » Dis-je. « cela signifie que... »
« Hein !? Souma, vous allez vraiment les manger ? » (Liscia)
Alors que j’avais soudainement planté ma fourchette dans l’une des grosses sauterelles, Liscia me regarda maintenant, très choquée. Bon d’accord ! Si j’avais été plus calme, j’aurais peut-être mangé un peu plus doucement. Mais, en ce moment, il y avait quelque chose que j’étais très intéressé à découvrir.
*Croque* *Croque*
« !? »
La texture était comme celle de la crevette avec sa coquille, mais il y avait quelque chose de plus important.
Ce goût. Il n’y a aucun doute.
« Ce tsukudani... est fait avec de la sauce soja ! » (Souma)
« Sauce soja ? » (Liscia)
De la sauce soja
Oui, de la sauce soja.
La saveur préférée de tout Japonais.
Vous ne pouviez pas avoir de sashimi ou de nimono sans lui. C’était la sauce magique qui pouvait transformer ramen, hamburger steak, spaghetti et tout autre plat étranger en un plat "japonais". C’était la saveur que j’avais probablement souhaitée le plus depuis mon arrivée dans ce pays. La sauce mystique qui, en raison de son processus de fermentation, ne pouvait pas être recréée aussi facilement que ma mayonnaise. Mais maintenant, un plat fait avec elle était juste devant mes yeux !
« Que se passe-t-il ? Actuellement, Souma, êtes-vous en train de pleurer ? » s’écria Liscia.
« Comment ne puis-je pas être dans cet état ? Ceci est... le goût de ma patrie d’origine. » (Souma)
« Le goût de votre patrie d’origine... » (Liscia)
« Grand frère, est-ce qu’ils ont aussi de grosses sauterelles tsukudani dans votre patrie ? » (Tomoe)
Quand je la regardai, Tomoe était en train de croquer une grosse sauterelle tsukudani et elle semblait clairement l’apprécier. En y pensant, quand tout le monde avait été en train de reculer à ce spectacle, cette enfant avait été la seule à ne pas être surprise.
« Peut-être, ce plat est... » Dis-je.
« Oui. J’en ai beaucoup mangé dans le village des loups mystiques. » (Tomoe)
« Alors, les loups mystiques font-ils aussi de la sauce soja ? » (Souma)
« Sauce soja... peut-être, voulez-vous parler de l’eau d’Hishio ? » (Tomoe)
« L’eau d’Hishio ? » Demandai-je.
« L’eau d’Hishio est une sauce que les loups mystiques aiment utiliser. » Poncho se joignit à la discussion pour m’expliquer cela. « À l’origine, les loups mystiques recouvraient le soja avec du sel et le laissaient fermenter, créant une sauce appelée "haricot d’Hishio". Et quand ils prenaient le liquide clair qui était créé dans ce processus et le laissaient fermenter, ceci produisait de l’eau d’Hishio. Les deux sont des sauces avec une saveur unique non trouvable dans ce pays. »
« Je vois. » (Souma)
Après cette explication, j’en étais certain. J’avais lu dans un livre que la sauce soja était née du processus de fabrication du miso. Donc, fondamentalement, le haricot d’Hishio était du miso et l’eau d’Hishio était la sauce soja. (La raison pour laquelle je n’avais pas entendu ces mots comme du miso et de la sauce soja était peut-être parce qu’ils étaient semblables, mais avec certaines différences vis-à-vis de la sauce soja moderne.) Peut-être que les loups mystiques avaient des habitudes alimentaires similaires aux Japonais. Attends, attends. Cette saveur qui pénètre dans la sauterelle est...
« Hey, Tomoe. L’alcool est également utilisé pour fabriquer ce plat, n’est-ce pas ? » (Souma)
« Ah oui. C’est un alcool issu de graines provenant d’une plante bien spécifique. » (Tomoe)
« Quel genre de graines ? » (Souma)
« Voyons voir. C’est une plante qui se développe dans les zones marécageuses, il a des épis qui ressemblent comme à la fin d’un balai, et sur elles, il y a beaucoup de petites graines comme du blé. » (Tomoe)
Aucun doute là dessus ! Elle parle du riz ! Mon espoir pour l’avenir !
Pour la transition des cultures de rente aux cultures vivrières, j’avais voulu cultiver du riz, parce que j’avais entendu dire que les rizières ne dégradaient pas la fertilité du sol, contrairement au blé dans des champs secs, mais parce que cette si importante plante de riz n’existait pas dans ce pays, ce plan avait été abandonné.
Maintenant, je comprends mieux. Il se développe donc plus au nord, n’est-ce pas ? Pourtant, ces loups mystiques, entre la sauce soja, le miso et maintenant le riz, leur race avait eu beaucoup de choses que je regrette.
Je pris à ce moment-là une pause avant de déclarer devant tout le monde. « D’accord. C’est décidé ! Je vais donner aux réfugiés loups mystiques, l’un des districts de Parnam. »
« Quoiiiiiiiiiiiiiii !? » S’exclama Tomoe.
Je voulais qu’ils produisent du haricot d’Hishio et de l’eau d’Hishio directement ici. Nous allions avoir beaucoup de soja, puisque nous les avions plantés dans le cadre du processus de restauration des sols.
« Attendez, Souma, êtes-vous sérieux !? » Liscia semblait confuse et agitée, mais j’étais aussi sérieux que je pouvais l’être...
« Avec la sauce soja et le miso. Je veux dire, l’eau d’Hishio et les haricots d’Hishio, je peux recréer la plupart des plats du pays d’où je viens. Il semblerait qu’il y ait aussi du riz ici. Ne voulez-vous pas essayer les aliments savoureux provenant d’un autre monde ? » (Souma)
« C-C’est... » (Liscia)
« Oui ! Je veux vraiment les essayer ! » Aisha leva la main avec enthousiasme.
« Haha... Même si tout le monde n’a pas autant d’enthousiasme qu’Aisha, je suis sûr que nos concitoyens voudraient aussi les essayer. Si je publiais les recettes, ils rassembleront les ingrédients et les cuisineraient par eux-mêmes, ou alors, ils iront dans un restaurant qui leur en servira, j’en suis sûr. Quoi qu’il en soit, cela entraînera beaucoup de mouvement favorable à notre économie. » (Souma)
Une énorme liquidité du marché apporterait la prospérité à ce pays. En cela, j’y croyais fermement. C’était pourquoi je l’avais ainsi déclaré à toutes les personnes qui nous regardaient...
« Ma recherche pour les personnes douées est encore en cours. Si ces personnes ont un don, alors je les utiliserais même s’ils sont des réfugiés. Cette race possède des techniques supérieures au niveau de la production alimentaire, donc je n’ai aucune raison de ne pas les accepter. Oh ! Je sais ! Pour les cinq prochaines années, je vais accorder aux loups mystiques un monopole sur l’eau d’Hishio et les haricots d’Hishio. Nous éliminerons la production illicite de toute autre zone productrice. Cependant, dans cinq ans, j’annulerais ce droit de monopole sur les haricots et l’eau d’Hishio pour créer ainsi un marché libre, alors je recommande aux loups mystiques d’avoir pu créer une base économique solide en prévision de ce moment-là. Je n’ai rien d’autre à ajouter ! » (Souma)
◇ ◇ ◇
Après cette déclaration, un quartier pour les loups mythique fut construit dans la capitale de Parnam, et des haricots d’Hishio ainsi que d’eau d’Hishio y furent rapidement produits avec l’aide du pays.
Dans ce monde, il y avait eu beaucoup de cas où les réfugiés avaient été transférés dans un district et ce district était rapidement devenu un bidonville. C’était parce que les réfugiés avaient été confrontés à des limitations économiques importantes (manque d’emplois, utilisation d’une main-d’œuvre bon marché, voir pire) et qu’ils devaient lutter tous les jours contre la pauvreté.
Cependant, dans le cas des loups mystiques, parce qu’ils avaient eu le monopole accordé par le roi sur les haricots d’Hishio et l’eau d’Hishio, ils avaient pu construire une base économique pour eux-mêmes, et leur quartier ne s’était jamais transformé en un bidonville.
En outre, même après que les haricots d’Hishio et l’eau d’Hishio aient été rebaptisés respectivement "Miso" et "Sauce Soja" et que leur monopole ait pris fin, ils avaient continué à prospérer. Le miso et sauce soja que les loups mystiques produisaient sous la marque Kikkoro, marqué d’un logo hexagonal avec un loup au centre, continuerait d’être aimé longtemps après cela.
◇ ◇ ◇
« Maintenant, il est temps pour cette émission, Le Génial Déjeuner du Roi, d’arriver à sa fin. Poncho, comment allez-vous après avoir servi de présentateur pour ce programme ? » (Juna)
« Oui. Si mes connaissances ont pu aider nos compatriotes ne serait-ce qu’un petit peu, ceci me rendrait très heureux. Pourtant, je pense que faire office de présentateur fut un fardeau trop lourd pour moi. S’il vous plaît, que quelqu’un d’autre prenne ma place pour la prochaine fois. » (Poncho)
« Je me demande s’il y aura une prochaine fois ? Qu’en pensez-vous, Monseigneur ? » me demanda Juna.
« Si les personnes le souhaitent. » (Souma)
« Alors, voilà. J’espère qu’ils vont le demander. À vous la parole, Poncho ! » (Juna)
« Je pense que je préférerais qu’il n’y ait aucune demande. » (Poncho)
« Oh, ne dites pas ça. Faites-le à nouveau avec moi dans quelque temps ! » Juna cria cela en utilisant un ton proche de celui d’un chant.
« Eeek! S’il vous plaît, épargnez-moi cela ! » Cria-t-il.
« Maintenant, merci à tous d’avoir regardé cette émission. Voici vos hôtes, Juna Doma... » (Juna)
« ... et Poncho Ishizuka Panacotta. » (Poncho)
« Et maintenant, à tout le monde, je vous souhaite une bonne journée. » (Juna)
La musique s’arrêta, et la vidéo s’est évanouie dans les airs. Il semblerait que le programme ait pris fin.
Un peu partout sur les places, des soupirs pouvaient être entendus.
« Hein... c’est fini ! »
« C’était plus intéressant que prévu. J’aurais bien aimé pouvoir le regarder un peu plus longtemps. »
« Ouaip ! Il ne faudrait pas que ce soit tous les jours, mais j’espère qu’ils feront des diffusions assez régulièrement. »
« S’il y a de la demande, ils en feront plus, n’est-ce pas ? Et bien ! Pourquoi n’enverrions-nous pas une requête par le biais du Congrès du Peuple ? »
« Oh ! Voilà une idée qui ne me serait jamais venue à l’esprit ! Je vais maintenant aller en parler au maire à ce propos. »
Des conversations comme celle-ci se produisirent dans toutes les villes du royaume.
Les gens avaient été complètement captivés par cette nouvelle forme de divertissement appelée une "émission de variétés". Souma l’avait initialement prévu en tant qu’"émission d’informations" au sujet de la crise alimentaire, mais avec Juna et Poncho jouant respectivement leurs rôles, en plus des aspects de l’émission de cuisine et des jolies filles qui étaient présentes et qui mangeaient des ingrédients bizarres, vous ne pourriez pas les culpabiliser de penser ainsi.
Plus tard, le Congrès du Peuple présenta une "demande pour la tenue régulière de l’émission l’aide du Joyau de Diffusion de la Voix". Avec l’assentiment de Souma, un temps fut attribué pour une diffusion publique qui aura finalement lieu tous les soirs.
Il y avait ceux qui avaient pris une vue différente de la société en général.
« Quand le nouveau roi est soudainement monté sur le trône, je soupçonnais une usurpation, mais ce jeune roi semble être un homme étonnamment affable. » Déclara un vieil homme.
« C’est vrai. » Lui répondit un autre homme. « Je vois pourquoi le roi Albert a choisi d’abdiquer en sa faveur. »
« La princesse semblait aussi être de bonne humeur. J’avais soupçonné qu’elle ait été contrainte quant à ces fiançailles. »
« Ils agissaient entre eux très naturellement. Ils ne semblaient pas du tout être en mauvais termes. »
« Ho ho ho. Je pense que nous pourrions tout à fait avoir un héritier d’ici l’année prochaine. »
« Un enfant conçu par un roi si sage et si doux ainsi que d’une si digne princesse. He ! La prochaine génération pourrait tout à fait être attendue avec impatience. »
« Oui, elle le sera, sans aucun doute possible. Ho ho ho. »
Les vieillards se mirent à rire tous ensemble.
Un roi sage et doux... C’était ainsi qu’ils avaient évalué Souma. Cependant, environ la moitié de cette évaluation était fausse.
Souma n’était pas un roi si doux comme ils le pensaient.
◇ ◇ ◇
Assis sur ma chaise dans le bureau des affaires gouvernementales du roi, je parlais avec Hakuya, qui se tenait juste devant moi. « Donnez-moi votre rapport sur les pays environnants. »
À l’heure actuelle, Hakuya et moi étions les seuls présents dans la salle. Tous les autres, ainsi que Liscia étaient ailleurs, ayant probablement prévu de faire la fête pour célébrer le lancement de l’émission diffusée à l’aide du Joyau de Diffusion de la Voix. Même Aisha, qui habituellement restait toujours à mes côtés en tout temps, prétendant que c’était pour me protéger, était très occupée avec la nourriture qui avait été préparée pour l’occasion.
Nous avions quitté la célébration à mi-chemin, venant au bureau des affaires gouvernementales pour une réunion secrète.
Hakuya avait étalé une carte du monde sur mon bureau.
« Je vais maintenant vous faire mon rapport. Tout d’abord, je vais passer en revue les pays environnants. Notre pays, situé au sud-est du continent, partage une frontière avec trois pays. En premier, l’Union des Nations de l’Est se situant au nord. En deuxième, la Principauté d’Amidonia qui est à l’ouest et finalement, la République de Turgis au sud-ouest. En outre, à travers la mer au sud-est, il y a l’Union de l’Archipel de Kuzuryu. De plus, à l’ouest d’Amidonia, il existe la nation mercenaire de Zem qui pourrait également être appelé en tant que l’un de nos pays environnants. Parmi ceux-ci, aucun ne nous est amical. Quatre sont neutres et un est clairement hostile envers nous. » (Hakuya)
« Ainsi, nous sommes assez isolés. » Déclarai-je.
« Avec tout le respect que je vous dois, étant donné que ce sont des temps troublés par le développement du Domaine du Seigneur-Démon, c’est tout à fait normal. Dans ce genre de jours où chaque nation regarde les autres avec suspicion, les seuls pays ayant des liens amicaux sont ceux étant dans une relation de type suzerain et vassal. » (Hakuya)
« Vous appelez cela une relation amicale ? » (Souma)
« S’il n’y a pas la présence de peur causée par une possible trahison, alors c’est assez amical. » (Hakuya)
Il déclara cette phrase des plus scandaleuses avec un visage impassible. Ce qu’il avait dit signifiait, fondamentalement, qu’il ressentait qu’une relation de contrôle et de subordination qui ne permettait pas la moindre plainte, même si une nation était utilisée comme un outil puis jetée, pouvait être jugée comme étant amicale, n’est-ce pas ?
« Alors, quel est le pays hostile envers nous ? » Demandai-je. « Amidonia ? Zem ? »
« Ce n’est certainement pas Zem. Certes, la question courante a aggravé notre relation avec eux, mais pas au point où ils seraient considérés comme nous étant hostiles. Cela dit, si Amidonia leur demandait des renforts, je doute un peu qu’ils expédient des mercenaires en leur nom. » (Hakuya)
« Hein ? Amidonia... Si je me rappelle, ils nous ont envoyé une "offre d’assistance", n’est-ce pas ? » (Souma)
« Oui. "La stabilité de notre voisin Elfrieden est directement liée à notre propre défense nationale. Si une demande est faite, alors nous allons envoyer des forces pour vous aider à subordonner les Trois Duchés". Voilà ce qu’il nous avait offert. » (Hakuya)
« Hahahaha... C’est dit si simplement. » (Souma)
Il était clair qu’ils voulaient profiter de la discorde entre les Trois Duchés et moi-même pour étendre leur propre territoire.
« C’est cela. Les Trois Duchés ont probablement été informés avec quelque chose de similaire. » (Hakuya)
« "Laissez-nous vous aider à abattre l’usurpateur Souma", n’est-ce pas ? Difficile de rire à ce sujet. » (Souma)
Eh bien, je pourrais probablement compter sur les Trois Duchés pour voir le schéma d’actions d’Amidonia. Ils ne laisseraient pas des étrangers mettre la main sur ce pays simplement parce qu’ils ne m’aimaient pas. Bien sûr, Amidonia le savait aussi, donc à la base...
« En faisant des offres d’aide aux deux côtés, ils veulent se donner une raison pour mobiliser leurs troupes. » Dis-je très simplement.
« Tout en saisissant les villes de l’ouest, ils enverront des renforts sur le côté qui "a gagné le duel". » Déclara-t-il, montrant qu’il était d’accord avec mon point de vue. « Ensuite, ils trouveront des raisons d’assumer le contrôle de facto des villes qu’ils occupaient, les intégrant ainsi dans leur pays. Selon moi, c’est une stratégie classique, mais très efficace. » (Hakuya)
Ben ouais. Il y avait eu beaucoup d’exemples dans l’histoire de mon monde. Comme So’un Hojo avec son. "Emprunter un sentier de chasse au cerf, pour aller voler un château". Plus la stratégie était simple, et plus les personnes étaient susceptibles d’être trompées.
Amidonia s’efforçait de nous tromper, Zem s’inclinait vers l’hostilité et le Royaume d’Elfrieden ne parvenait pas à l’unité nationale à cause de mon conflit avec les Trois Duchés. Tout ceci était des problèmes difficiles à résoudre.
« Cependant, cela fait partie du scénario que vous aviez écrit, n’est-ce pas ? » Demandai-je, en regardant vers Hakuya.
Hakuya resta impassible.
« Oui. En ce moment, tous les protagonistes se déplacent comme il se doit. La situation est comme je l’avais prévue. » Déclara-t-il simplement. Cette expression sérieux fit que je me mis à me gratter vigoureusement la tête.
« Vous. Réalisez-vous bien toutes les conséquences ? » Lui demandai-je, en me référant au nombre de personnes qui seraient sacrifiées par le plan de Hakuya.
Le scénario que Hakuya avait mis en place signifierait de grandes pertes pour nos ennemis, et de grands gains pour nos alliés. Il était vrai que j’avais besoin de changement, peu importe ce que cela pouvait être, qui permettrait à ce pays de devenir une nation forte. Cependant, pour le faire fonctionner, ce pays devrait également faire couler une quantité suffisante de sang.
Malgré cela, Hakuya déclara sans manifester de culpabilité. « Oui. Je crois que nous devrions prendre toute opportunité qui nous est ainsi offerte. »
Je restai silencieux.
« Monseigneur. Vous devriez déjà le comprendre. Ces actions sauveront de nombreux compatriotes. » (Hakuya)
« ... Oui, je sais déjà cela. Mais, quand même, je n’accepterai de faire "cela" qu’une fois. » Lui déclarai-je en regardant Hakuya directement dans les yeux. « Un penseur politique de mon monde, Machiavel, a écrit à ce propos dans "Le Prince". Si un dirigeant fait "cela" une seule fois, et règle ainsi la situation, ne le répétant jamais, il sera considéré comme un grand dirigeant. D’autre part, si la fois qu’il utilise "cela" ne devient pas un acte décisif, alors tôt ou tard, il se retrouvera considéré comme un tyran. »
« ... Ce Machiavel avait une vision horriblement réaliste des choses. » Dis Hakuya qui avait été légèrement surpris.
Oui. C’était pourquoi j’appréciais la vision réaliste qu’avait cet homme. J’avais été captivé par le pragmatisme sans fin de Machiavel, et j’avais donc lu le Prince plusieurs fois. Bien que je n’avais jamais espéré que cette connaissance me soit utile comme ça un jour.
« Quoi qu’il en soit, j’ai jugé que votre plan était la situation parfaite pour faire "cela". » Dis-je. « Mais... »
— Si nous devons le faire, alors faisons-le en un seul coup.
Notes
- 1 Ike-jime : Il s’agit d’une technique originaire du Japon qui permet de paralyser un poisson pour en garder la fraicheur. En gros, on cause une mort cérébrale du poisson pour le garder frais le plus longtemps, car le reste de son corps continu à vivre.
- 2 Inago no Tsukudani : l’Inago no Tsukudani est un plat japonais de sauterelles bouillies dans de la sauce soja et du sucre. Inago est le mot japonais pour les criquets. Les criquets sont préparés dans le style de cuisine "tsukudani" (bouillis dans de la sauce soja et du sucre). Ce plat est traditionnel dans les régions intérieures et montagneuses du Japon, y compris Nagano et Fukushima, où il servait autrefois de complément nutritionnel important.
- 3 Crevette Kuruma : aussi appelée crevette impériale ou crevette japonaise. Font environ 19-22 cm.