Comment NE pas invoquer un Seigneur-Démon – Tome 10 – Chapitre 3

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Chapitre 3 : Aller dans la capitale (Encore)

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Chapitre 3 : Aller dans la capitale (Encore)

Partie 1

Sylvie était retournée à la guilde des aventuriers. En mettant son travail de côté le matin, elle était apparemment débordée le soir. Elle avait également dit qu’elle devait interroger les trois personnes qu’ils avaient capturées.

Diablo rendit visite à un graveur habile que Sylvie lui avait recommandé, un nain appelé Rombert.

Un autre nain ?

C’était peut-être naturel. Les travaux nécessitant des doigts agiles étaient couramment effectués par des nains, bien que les artisans humains ne soient pas non plus rares.

« La Joaillerie de Rombert » était une structure en brique avec une porte métallique sur laquelle était gravé un subtil dessin. Diablo avait ouvert cette porte.

« Bienvenue ! »

Il avait été accueilli par une voix de femme. C’était une femme d’apparence un peu plus âgée, avec des lunettes et de gros seins. Les femmes naines étaient courtes, busquées, et avaient des oreilles et une queue de chien. Ses oreilles étaient triangulaires et de couleur marron, comme celles d’un shiba inu.

« Je cherche Rombert, » déclara Diablo.

« Ah, ça doit être moi. Comment puis-je vous servir ? » demanda la naine.

« Oh, un homme est venu faire ses courses ici ? Insolite…, » déclara un humain debout près du comptoir. Il n’y en avait pas beaucoup dans le quartier sud. C’était peut-être un client régulier ?

Diablo avait ignoré l’homme et avait sorti le Mythril éternel de sa poche, le plaçant sur le comptoir devant la commerçante.

« Je veux que tu t’occupes de cela, » déclara Diablo.

« Whoa, incroyable ! » dit Rombert, en remettant ses lunettes. « Est-ce que c’est réel ? »

« Si tu ne peux même pas toi-même le savoir, alors j’irai faire mes affaires ailleurs, » déclara Diablo.

« Non, non, c’est bon. Mais pour qu’un homme en apporte… est-ce pour une alliance ? » demanda Rombert.

Diablo reculait à l’intérieur, mais il restait sans expression à l’extérieur. Les Seigneurs-Démons ne pouvaient pas été gêné !

« Hm. »

« Mon Dieu ! Eh bien, félicitations ! » déclara la naine.

Pendant ce temps, l’habitué ne fixait pas le Mythril éternel, mais Diablo.

« Hm ? Hé, est-ce que tu… Pourrais-tu vraiment être... »

« Hm ? »

« … Diablo, le Héros !? »

« Argh… »

« Oui, il l’est bien ! Combien de démons avec des cornes sur la tête pourrait-il y avoir dans cette ville ? »

« Et si je le suis ? » demanda Diablo sombrement pour cacher sa gêne.

Cet humain était soit extraordinairement idiot, soit terriblement effronté, car il ne semblait pas remarquer le ton menaçant de Diablo et s’approchait du « héros » avec un sourire.

« Grâce à vous, les Déchus ne nous ont pas tous tués ! Toute la ville vous en est reconnaissante ! »

« Ah, hmm… »

Rombert, la graveuse, s’était elle aussi montrée enthousiaste. « Wôw ! Je ne pensais pas qu’un héros allait me donner du travail ! Attendez que les gens de chez nous entendent parler de ça ! »

Hé, c’est une information personnelle ! N’avez-vous pas entendu parler de la confidentialité ?

Les petites entreprises de ce monde ne semblaient pas se conformer à une telle éthique professionnelle.

Diablo soupira, se lamentant sur le fait qu’être un héros ne lui avait apporté que des ennuis.

« Je ne suis ici que pour discuter de ma demande. Quand sera-t-elle prête et combien coûtera-t-elle ? » demanda Diablo.

« Aww, je ne peux pas prendre l’argent du héros qui a sauvé la ville, » déclara Rombert avec un sourire. « Je vais mettre le reste de mon travail de côté et m’y mettre tout de suite. Tout sera prêt pour vous demain matin ! »

« Hm. »

… Hé, être un héros, c’est plutôt cool.

« Ehehe... » L’humain avait sorti une médaille de sous sa veste. « C’est une entreprise qu’un de mes amis dirige. Passez me voir si vous en avez l’occasion. Si vous leur montrez cette médaille, vous entrerez gratuitement. »

« Hmm ? »

Ayant été pauvre pendant si longtemps, « gratuit » avait attiré Diablo. Il accepta la médaille sans hésitation.

La médaille elle-même ne semblait valoir qu’environ une pièce de cuivre. Une sirène était dessinée en son centre et des lettres (que Diablo ne pouvait pas lire) étaient écrites sur sa circonférence.

« De quel type de lieu s’agit-il ? » demanda Diablo.

L’homme avait ricané, et avait chuchoté comme s’il partageait un secret : « Un café de filles-monstres. »

« … Qu-Qu-Quoi ? » Diablo fixa le visage de l’homme, abasourdi. Son sourire narquois donnait l’impression qu’il était comme un enfant qui raconte une sale blague.

« Mais c’est dans la capitale royale, » déclara l’homme.

« La capitale…, » répéta Diablo.

« C’est un endroit où l’on peut s’amuser au pays des rêves avec des filles monstrueuses. » L’homme avait balancé ses hanches avec souplesse.

« Dégoûtant ! » Rombert le gronda en fronçant les sourcils.

« Aww, allez. Je t’ai obtenu une commande de cet endroit, tu sais ? » déclara l’humain.

« Tu ne peux pas envoyer un client qui s’est présenté pour acheter une alliance dans un magasin comme ça ! » déclara la naine.

« Tu ne sais pas comment les hommes fonctionnent, Rombert, » déclara l’humain.

« … Un héros en plus ! »

« Les héros ont aussi des batailles à mener dans la chambre à coucher, » déclara l’humain.

Laissant les deux individus à leurs querelles, Diablo avait quitté la bijouterie, médaille en main.

Une fille monstrueuse au pays des rêves. Ça sonne tellement indécent !

Il était rempli de l’excitation qu’il ressentait lorsqu’il se tenait devant un nouveau donjon inexploré.

 

†††

Cinq jours après le festival du Nouvel An — .

La voiture avait fait un bruit de cliquetis en roulant sur la route. Diablo tenait les rênes avec Sylvie assise à ses côtés.

« Rombert n’est-elle pas une grande artisane ? » demanda Sylvie.

« Si on ignore à quel point elle est bavarde, » répliqua Diablo.

« En fait, elle est plutôt bavarde, tant qu’il n’y a pas d’alcool, » déclara Sylvie.

On ne peut pas la faire taire quand c’est le cas, hein.

« Je n’ai aucune plainte à formuler au sujet de l’artisanat. » Rombert lui avait en effet fabriqué une paire de magnifiques alliances.

« J’ai été très surprise quand vous avez décidé d’aller à la capitale dès que les alliances ont été faites ♪, » déclara Sylvie.

« Hmph… Cela n’a pas grand-chose à voir avec les anneaux qui sont terminés. D’ailleurs, c’est moi qui suis surpris ici. Je ne pensais pas que j’aurais un chef de guilde en même temps que le fourrage, » déclara Diablo.

Il s’était rendu à la diligence où il avait laissé sa voiture pour préparer les chevaux pour le voyage, mais Sylvie l’y attendait le lendemain.

« J’ai dit que je viendrais avec vous, n’est-ce pas ? » déclara Sylvie.

« Qu’en est-il de tes autres fonctions ? » demanda Diablo.

« Hmm… Je me suis dit que ce serait le bon moment pour habituer le nouveau au travail. L’avoir comme mandataire sera une bonne leçon pour lui, » déclara Sylvie.

« Comme mandataire ? » demanda Diablo.

« Oui, Émile, » déclara Sylvie.

« Cet idiot ? » demanda Diablo.

« Il est en fait assez rusé quand ça compte, vous savez ? » Sylvie sourit avec ironie.

« Cela ne fait pas de lui un bon candidat pour devenir chef de guilde, » déclara Diablo.

« Ahaha... Vous voyez, l’important, c’est la popularité, » répliqua Sylvie,

Diablo haussa les épaules, la popularité n’était pas un sujet de prédilection. Émile était souvent entouré par les membres de son groupe, et avait les compétences sociales nécessaires pour rassembler les gens.

« Je suis du genre à donner des instructions depuis les coulisses, » dit Sylvie, en regardant le décor. « Mais Émile est du genre à aborder les crises de front, et il a toujours ses amis avec lui. »

« Hm… »

« Il est un peu comme vous, en fait, » déclara Sylvie,

« Hmph… Je ne me rappelle pas avoir déjà dirigé des “amis”, » déclara Diablo.

« Vraiment ? » demanda Sylvie,

« Je n’ai besoin que de moi quand le moment est venu de me battre, » déclara Diablo.

Lorsque le démon Modinaram avait attaqué, il s’était senti à l’aise avec Sasara et Rose qui tenaient l’avant-garde. Mais elles n’étaient plus là maintenant. En fin de compte, tout dépendait de la situation, du moins c’est ce que pensait Diablo. Tout comme le temps et le terrain, il y avait un style de combat que l’on pouvait adopter avec l’avant-garde pour aider, et un style de combat pour quand on ne l’avait pas.

Pourtant, Diablo n’avait jamais pu comprendre ceux qui dépendaient des autres malgré leurs propres forces, qui disaient des choses comme : « Nous ne pouvons pas défier ce boss parce que le guérisseur n’est pas là » ou « Nous sommes en repérage dans un donjon, alors je veux avoir un éclaireur dans les parages. »

« Même si ce monde est construit sur la coopération, je travaille seul, » déclara Diablo.

« Mais je suis ici avec vous en ce moment, » déclara Sylvie.

« Je ne peux pas te faire confiance, » déclara Diablo.

« Ouah, grossier !? » Le visage de Sylvie était pratiquement ruiné par les larmes.

… Des larmes de crocodile.

C’est pourquoi je ne peux pas te faire confiance.

Diablo avait gratté l’une des oreilles de Sylvie avec ses doigts, afin de couper la conversation.

« Vous ne pouvez pas faire ça, Diablo ! » s’écria Sylvie.

« Faire quoi ? »

« Les oreilles sont très délicates ! » Les oreilles de lapin de Sylvie s’étaient mises à bouger avec excitation.

Les marcheurs avaient un excellent sens de l’audition. Leurs ancêtres avaient vécu dans les plaines et avaient développé les capacités de repérage et l’agilité nécessaires pour échapper aux grands prédateurs. Ils étaient également assez zélés lorsqu’il s’agissait de s’occuper de leurs oreilles.

Au-delà de cela, Diablo s’était demandé si c’était la première fois que quelqu’un le grondait depuis qu’il était venu au monde. Beaucoup de gens s’opposaient à lui, et beaucoup d’autres étaient en colère contre lui. Il avait dû faire face à des individus qui avaient mis sa vie en danger plus d’une fois… mais il ne se souvient pas d’avoir été grondé.

« Arrêtons-nous pour le déjeuner, Diablo ♪, » déclara Sylvie.

« Déjeuner ? C’est beaucoup trop tôt…, » déclara Diablo.

« Il y a une rivière là-bas, et le temps est si beau. J’ai envie de manger quelque chose de vraiment bon, » déclara Sylvie.

« Hm. »

Ce n’est pas comme s’il avait prévu de voir le roi. Au contraire, l’échoppe dont il avait entendu parler l’intéressait et il avait décidé d’aller y faire un tour. Ainsi, il s’était donné beaucoup de mal pour visiter la capitale royale. Il n’était pas pressé d’y aller, alors il avait arrêté la voiture comme Sylvie l’avait demandé. Elle avait pris les ustensiles de cuisine à l’arrière en descendant.

« Je vais alimenter le feu, alors allez chercher de l’eau pour la marmite ! » déclara Sylvie.

Je dois aussi aider… ?

Lorsqu’il était avec Rem et Shera, ils avaient généralement de la viande séchée et des fruits. Ils faisaient même parfois de la soupe, car Rem connaissait suffisamment la magie élémentaire pour allumer un feu, si bien qu’il finissait toujours par les regarder fixement pendant qu’elles travaillaient. La seule fois où il s’était occupé de cuisine, c’était dans son donjon personnel.

Sur les instructions de Sylvie, il avait lavé la marmite en fer dans la rivière, puis il l’avait reprise dans l’eau. Lorsqu’il était revenu, Sylvie avait déjà fabriqué un simple four avec quelques briques.

« Merci, Diablo ! » Elle sourit. « Ensuite, j’ai besoin que vous fassiez la vaisselle. »

« … Hmm. »

***

Partie 2

Au moment où il était revenu, il y avait déjà du feu sous la marmite. Sylvie coupait habilement les légumes sur une planche à découper avant de les y laisser tomber. Voilà à quoi ressemblait un aventurier expérimenté.

« Mm hmm mm ♪. »

Sylvie avait pris de la poudre jaune sous ses « vêtements ». Un léger parfum chatouilla alors les narines de Diablo.

« Est-ce du curry ? » demanda Diablo.

« Oh, je suis surprise que vous le sachiez. Vous êtes vraiment à la hauteur de votre nom, Diablo. D’après ce que j’ai entendu, c’est un plat des pays du Sud, » déclara Sylvie.

Elle avait saupoudré la poudre et, après avoir fait mijoter le contenu pendant un moment. Sa soupe au curry étant prête après un moment, Sylvie en avait versé un peu dans une assiette et l’avait donné à Diablo.

« Faites attention, c’est chaud, » déclara Sylvie.

« Hmm. »

Il avait arraché un morceau de pain dur, l’avait trempé dans le curry et l’avait mordu. Un bon goût lui avait rempli la bouche. Sylvie avait fait de même et ses oreilles s’étaient mises à trembler de plaisir.

« Mmm ~ c’est tellement épicé et bon ! » déclara Sylvie.

« Hm. »

La langue de Diablo avait tremblé. La saveur était un peu faible, mais l’épice était certainement là. Cela n’avait pas mijoté pendant si longtemps, mais les pommes de terre et les carottes étaient tendres et faciles à manger. En y regardant de plus près, elles n’étaient pas simplement coupées en morceaux de la taille d’une bouche, mais elles étaient coupées si minutieusement qu’elles étaient plus faciles à manger. C’était un processus appelé « scoring ».

Je n’aurais pas pensé que ses compétences en matière de cuisine feraient une si grande différence, même lorsqu’on cuisine à l’extérieur…

« Haah, ça fait si longtemps… Manger ça me donne vraiment l’impression de vivre une aventure, » déclara Sylvie.

« Fais-tu toujours cela ? » demanda Diablo

« Quand j’ai le temps et les bons ingrédients, » répondit Sylvie.

« Même si ce n’est pas vraiment une aventure cette fois-ci, » déclara Diablo.

« Ce n’est pas vrai. On ne sait pas ce qui pourrait se passer avant que nous arrivions à la capitale, » répliqua Sylvie.

« … Quelque chose de plus dangereux que le Seigneur-Démon Suprême ? » demanda Diablo.

« Peut-être. Qui sait ? » répliqua Sylvie.

Sa réaction avait été plus grave que prévu, ce qui l’avait fait hausser les épaules.

« Tu es une lâche. »

« Bien sûr. C’est pour cela que je vis depuis si longtemps. Tous mes braves amis sont allés de l’avant et sont déjà morts, » déclara Sylvie.

Quand Diablo avait été appelé dans ce monde, il avait déjà eu la majorité de sa force, il n’avait jamais été assez faible pour mourir aussi facilement. Il lui était arrivé d’être adossé au mur par un ennemi puissant, mais il n’avait jamais eu à regarder les choses avec une lâche prudence. Il avait fait preuve d’efficacité dans ce monde, tout comme il l’avait fait dans le jeu. Même s’il s’était blessé ou s’était épuisé, il avait toujours donné la priorité aux résultats. Mais s’il devait mourir, il n’y aurait pas de reprise. Cet aspect n’était pas comme le jeu.

Diablo avait lentement mâché les carottes molles et bien calibrées de sa soupe au curry, puis les avait avalées.

« … Je suppose qu’il y a encore beaucoup de choses à apprendre, » déclara Diablo.

« Hm ? Quoi ? » lui dit Sylvie en souriant.

 

†††

Après avoir emballé leurs ustensiles de cuisine, les deux individus repartirent. Contrairement aux carrosses de voyageurs, qui changeaient de chevaux à chaque arrêt, les deux individus ne pouvaient compter que sur le seul cheval qu’ils avaient en ce moment. Ils ne pouvaient pas le surmener et avaient décidé de monter le camp peu après. Il était possible de se rendre dans un village, mais c’était assez paisible sur la route et le temps était agréable. Ils avaient acheté de l’eau et du fourrage pour le cheval et avaient décidé de camper à la périphérie de la ville. Mais ils s’asseyaient toujours à l’arrière de la calèche, qui était plus confortable qu’une auberge bon marché.

Après avoir quitté le carrosse un instant, Sylvie y était retournée.

« J’ai installé des pièges autour du camp. Si un animal sauvage s’approche, les pièges doivent faire du bruit pour nous alerter, » déclara Sylvie.

« Tu n’es donc pas sortie pour utiliser les toilettes, » déclara Diablo.

« N-Non…, » répondit-elle, son visage devenant rouge.

« C’est bien de ne pas avoir à rester aussi sur ses gardes avec seulement nous deux, » déclara Diablo.

« Quand vous sortez, vous alternez les quarts de travail ? » demanda Sylvie.

« C’est ce que nous décidons d’habitude, mais Shera continue de faire la grasse matinée. Nous évitons généralement les quêtes qui nous obligent à camper pendant des jours, » déclara Diablo.

Diablo s’était couché sur le banc. Il était un peu à l’étroit pour un lit, mais c’était bien mieux que le sol humide ou le gravier broussailleux.

« Votre mana ne se régénère pas si vous ne dormez pas, après tout ! »

Sylvie s’était rapidement dirigée vers l’endroit où Diablo reposait sa tête.

« … Quoi ? »

« Vous m’avez touché les oreilles aujourd’hui, n’est-ce pas ? Je me suis dit que je vous montrerai des techniques de soin des oreilles, » déclara Sylvie.

En y repensant, elle l’avait grondé lorsqu’il lui avait touché l’oreille avec son doigt.

« Ce n’est pas nécessaire. Je ne suis pas un enfant, » déclara Diablo.

« Maintenant, ma procédure de nettoyage des oreilles est quelque chose de spécial. J’ai même pensé à ouvrir un salon de nettoyage des oreilles une fois que je serai à la retraite, » déclara Sylvie.

« Il fait déjà nuit, » déclara Diablo.

Sylvie avait claqué des doigts et une lumière était apparue au-dessus d’eux — un sort de lumière. Les sorciers de ce monde possédaient de faibles énergies magiques et ne pouvaient pas tirer beaucoup de puissance de feu de la magie élémentaire, alors ils la regardaient de haut. Cependant, ils apprirent tout de même quelques rudiments de magie élémentaire dans le cadre de leur formation, les types qui allaient servir de fonctions nécessaires dans la vie de tous les jours.

« Alors, que dois-je faire ? » demanda Diablo, bien que de façon suspecte.

Sylvie s’était assise au bord du banc et avait tapé sur ses cuisses fines. « Posez votre tête juste ici. »

« … Es-tu sérieuse ? » demanda Diablo.

« Je ne plaisanterais pas sur une telle chose, Diablo. Hmmhmmhmm… »

Elle ne semblait pas le taquiner, alors Diablo s’était allongé et avait posé sa tête sur ses genoux.

« Ah, vos cornes se mettent en travers… Pourriez-vous les enlever ou quelque chose comme ça ? »

« Si elles se détachent, je vous le ferai savoir ! »

Dire qu’elles étaient décoratives si tard dans le jeu serait boiteux (et cela allait évidemment à l’encontre de son jeu de rôle de Seigneur-Démon).

« Oh, bien. Alors, regardez ailleurs, » déclara Sylvie.

Sa joue était appuyée contre l’une de ses cuisses. À en juger par son discours et sa conduite, elle était beaucoup plus âgée que Diablo, mais sa peau était aussi douce et lisse que celle d’un enfant. Il savait que les marcheuses des herbes gardaient une apparence enfantine, quel que soit leur âge, mais apparemment leur peau restait aussi dans le même cas. C’était un peu étrange, ne serait-ce que parce qu’ils avaient la même durée de vie que les humains.

Sa chaleur corporelle était aussi chaude que celle d’un humain, et il pouvait la sentir sur sa peau. En regardant de plus près, il pouvait apercevoir des poils très fins, comme les moustaches d’un chat, sur sa rotule. Ils étaient blancs, donc il ne pouvait pas dire qu’ils étaient là sans regarder de si près.

Puis, quelque chose avait touché le bout de l’oreille de Diablo.

« Argh… »

« Oh, ça a-t-il fait mal ? » demanda Sylvie.

« Ça chatouille… »

« Ahaha... Supportez-le un peu, » déclara Sylvie,

« Eh bien… ce n’est pas si mal…, » déclara Diablo.

« D’abord, je vais utiliser ce cure-oreille en bois pour enlever le cérumen…, » déclara Sylvie.

Elle avait commencé à lui nettoyer doucement l’oreille.

« Hmm, hmm, hmm ♪ Ensuite, je vais utiliser ce coton-tige pour enlever toute la saleté… »

« Un coton-tige !? » demanda Diablo.

« Ceci. » Elle avait présenté un petit outil composé d’un mince bâton de bois entouré de coton à son extrémité.

« O-Oh… » Dans son ancien monde, les cotons-tiges étaient un peu différents. Ils étaient faits de plastique avec du coton absorbant collé à leur extrémité.

Diablo avait ressenti une sensation douce et agréable alors que Sylvie continuait à lui nettoyer les oreilles.

Elle lui avait frotté l’intérieur de l’oreille externe et lui avait demandé. « Ça fait mal ? » Elle avait ensuite appuyé sa main contre l’autre côté, et avait utilisé ses doigts fins et le tampon pour tracer doucement les hauts et les bas de son oreille. Elle ne faisait que toucher son oreille, mais, associée à la chaleur de ses cuisses, cela lui donnait la sensation de flotter dans l’eau chaude. Il avait l’impression de fondre à la fois dans son esprit et dans son corps.

« Très bien, je vais finir par mettre de l’huile de jojoba ! »

Elle avait sorti une petite bouteille remplie d’un liquide jaune transparent, qu’elle avait fait couler sur son doigt et qu’elle avait étalé sur toute son oreille. Diablo avait senti sa propre chaleur corporelle monter pour une raison inconnue.

« Bien ! Maintenant, tournez-vous dans l’autre sens, » déclara Sylvie.

« … Quoi ? »

« Je dois aussi nettoyer votre autre oreille, » déclara Sylvie.

« D’accord… »

« Regardez par là pour moi. »

Elle me nettoie juste l’oreille. Il n’y a rien de suspect à ce sujet…

 

 

Répétant ces mots comme un mantra, Diablo se retourna, faisant face à l’estomac de Sylvie. La joue qui avait touché la cuisse de Sylvie jusqu’à présent s’était rapidement refroidie, tandis que l’autre joue commençait à se réchauffer. Mais cette fois, le nez de Diablo avait presque touché le nombril de Sylvie.

La façon dont elle est habillée, elle se promène à peu près nue…

En raison de la petite taille de son corps, cela avait fini par être une séance de nettoyage des oreilles avec des tonnes de contact avec la peau. On avait presque l’impression que son visage pouvait être enterré dans son estomac lisse.

Dans l’ensemble, c’était une sensation de chaleur. Ses oreilles étaient ouvertes, et son bourdonnement ressemblait à une berceuse. L’épuisement de la journée pesant également sur la question, Diablo sentit sa conscience s’enfoncer rapidement dans le sommeil.

Aaah. Ça fait tellement de bien… Je suppose que c’est approprié venant d’une chef de guilde…

***

Partie 3

Calendrier lyférien, année 165, premier mois, neuvième jour —

Après quelques jours de voyage, la calèche de Diablo était arrivée à la porte du neuvième district de la ville de Septmurs. Les gardes l’avaient appelé.

Ils m’ont pris pour un Déchu la dernière fois…

Cela avait fait remonter des souvenirs désagréables. Cependant, avant que les choses ne deviennent gênantes, Sylvie avait présenté un bâton en or orné d’un cristal.

« Je suis Sylvie, chef de la guilde des aventuriers de Faltra. Allez-vous inspecter notre cargaison ? » demanda Sylvie.

« Pas besoin ! Vous pouvez passer ! » Tous les gardes l’avaient saluée en ordre. Diablo avait poussé un soupir de soulagement à l’intérieur.

« C’est exactement ce que j’attends d’un chef de guilde, » déclara Diablo.

« Ils n’avaient pas ces cristaux d’identité citoyenne auparavant, donc cela pouvait devenir vraiment ennuyeux. Les gens ne me croyaient pas quand je disais qui j’étais, » déclara Sylvie.

« Cela semble difficile. »

Ils avaient rapidement franchi la porte et avaient roulé dans la rue pleine de boutiques. Les roues cliquaient et grondaient sur le sol carrelé qui était plus grand que la rue principale de Faltra, mais qui débordait encore de monde. En les voyant si nombreux, Diablo se sentait mal à l’aise.

« Tch… » Diablo détestait être entouré de grandes foules. « Y a-t-il une sorte de festival en cours ? »

« Le festival du Nouvel An. Pendant les dix premiers jours de l’année, les gens boivent, chantent et dansent. Il y a aussi une tonne de stands qui sont uniques à ce festival, » répondit-elle.

« La nouvelle année est-elle vraiment une raison de faire la fête ? Cela arrive chaque année…, » déclara Diablo.

« Ahaha… je suppose que oui. Mais à la fin de l’année dernière, il y a eu des nouvelles du réveil du Seigneur-Démon. Il y avait aussi des rumeurs selon lesquelles cette guerre était vouée à l’échec pour nous, donc ils doivent la fêter plus que d’habitude, » répondit-elle.

« Hmm… »

Les célébrations de la victoire à Faltra avaient également duré quelques jours, mais Diablo avait été surpris que la nouvelle se rende aussi loin.

« C’est grâce à vous, Diablo, » déclara Sylvie avec un léger sourire.

« Je ne me suis pas battu pour sauver ces gens. Je n’ai fait que réduire Modinaram en poussière pour avoir attaqué ma base d’opérations, » répliqua Diablo.

« Et vous avez sauvé tout le monde dans le processus, » avait-elle interposé avec une expression sérieuse.

Diablo se sentait gêné, alors il avait changé de sujet.

« Où seraient Rem et Shera ? » demanda Diablo.

« Je ne suis pas en contact avec elles, mais… elles sont probablement au Château grandiose. Elles sont allées à la capitale pour une audience avec le roi, » déclara Sylvie.

« Je vois. »

« Habituellement, il faut attendre longtemps dans le château pour avoir une audience. Le roi est assez occupé en début d’année, alors elles devront probablement y rester encore une dizaine de jours. Voulez-vous aller les voir ? » demanda Sylvie.

« Non, je n’en ai pas l’intention, » répliqua Diablo.

Il était venu à la capitale, mais n’avait toujours pas envie de rencontrer le roi. Sylvie le savait et ne le dérangeait plus.

« Nous devrons donc trouver un endroit où loger. Je pourrais rester à la guilde des aventuriers de la capitale, mais vous n’aimez pas les endroits pleins d’étrangers, n’est-ce pas ? » demanda Sylvie.

Il avait hoché la tête en silence. Ils n’avaient pas voyagé depuis très longtemps, mais elle s’en rendait déjà compte. Peut-être avait-elle aussi vu à travers son jeu de rôle de Seigneur-Démon.

Je dois quand même m’y tenir. Je ne peux pas tenir une conversation sinon…

« … Rem a dit qu’ils rencontreraient Alicia et Lumachina dans la capitale, » déclara Diablo après un moment de réflexion. « Peut-être devrions-nous les contacter. »

« Je vais alors essayer de contacter Lumachina. Trouvons une auberge et je lui écrirai une lettre, » déclara Sylvie.

« Je te le laisse ça entre tes mains, » déclara Diablo.

Sylvie ne faisait pas confiance à Alicia, ce qui était peut-être naturel, vu qu’elle avait planifié le réveil de Klem en tant que Seigneur-Démon Krebskulm. Elle était un chevalier impérial, mais en même temps, une adoratrice du Seigneur-Démon qui souhaitait la destruction des Races. Depuis, elle avait changé et elle avait juré de son allégeance à Diablo, mais sa haine pour les Races était toujours aussi profonde.

C’est une personne assez dangereuse…

Même Diablo la traiterait encore comme une ennemie si Rem ne lui avait pas pardonné. Il en allait de même pour Shera, mais ces deux-là étaient bien trop gentilles et naïves pour leur propre bien… Elles étaient des humanitaires dans l’âme, même si elles étaient des aventurières. Même si Diablo n’était pas contre cela…

Finalement, Diablo et Sylvie avaient décidé de séjourner dans une auberge du neuvième district, car de nombreuses auberges étaient rattachées à des écuries.

« Je trouve que cet endroit est très bien ! »

Sylvie avait pointé du doigt une auberge appelée La Princesse Lafina. Son nom était impressionnant, mais la façade avait l’air assez vieille et démodée.

« As-tu déjà séjourné ici ? » demanda Diablo, en penchant la tête.

« C’est un endroit formidable ! C’est vieux, mais la princesse d’un pays voisin, Lafina, y a déjà séjourné. Ils ont rénové l’endroit trois fois depuis, » déclara Sylvie.

« C’est trop vieux. »

« Ils logent la calèche, ils sont vraiment bon marché et leur nourriture est savoureuse, » déclara Sylvie.

« Hmm. »

Le bon marché, c’était bien. Après avoir vaincu le Seigneur-Démon, Diablo avait reçu une bonne quantité de pièces de la part des nobles pour « préparer la fête », mais pas au point de pouvoir jeter librement son argent.

En l’absence d’une meilleure option, ils avaient donc décidé de louer une chambre à l’auberge, la Princesse Lafina. L’intérieur était aussi vieux et frugal que l’extérieur.

Un membre de la royauté est-il vraiment resté dans cet endroit ? Ce devait être une princesse assez pauvre. Ou peut-être que c’est juste une invention… ?

La chambre était assez large, et était équipée de deux petits lits.

« On partage une chambre ? »

« Ne vous inquiétez pas ~ la guilde des aventuriers de Faltra paiera notre séjour, » déclara Sylvie.

« … Donc tu me surveilles, » déclara Diablo.

La victoire de Diablo contre Modinaram avait augmenté sa valeur… pour le meilleur et pour le pire. Il pouvait facilement imaginer que la guilde des aventuriers se méfierait de lui.

« Je ne le nierai pas. » Sylvie agita la main de façon décontractée. « Vos réalisations sont grandioses. Mais vous ne serez pas maltraité par moi, d’accord ? »

« Fais donc ce que tu veux, » déclara Diablo.

Être surveillé est une chose désagréable, mais devoir couvrir son dos est encore plus gênant. De toute façon, il semblait qu’elle ne lui voulait aucun mal pour le moment.

Sylvie avait pris un papier et un crayon. « Je dois juste contacter Lumachina, non ? Je vais aussi informer Rem et Shera que nous allons séjourner dans cette auberge. »

« Oui. Et dis-leur que je n’ai pas l’intention de rencontrer le roi, » déclara Diablo.

« Je vais l’écrire, » répondit Sylvie.

Apparemment habituée au travail de bureau, Sylvie avait fait parcourir le stylo sur le papier avec des mouvements fluides. Diablo s’était couché sur le lit pendant qu’elle le faisait. Il avait fait tout le chemin jusqu’à la capitale, mais… quand les choses avaient commencé à bouger, il était trop timide pour visiter ce magasin. Il n’avait aucune expérience dans des… « jeux de ce genre ». Cela dit, il n’avait jamais été du genre à sortir et à regarder les sites touristiques. Il s’intéressait à cette ville relativement peu familière, mais la foule était si importante qu’il ne voulait que se terrer à l’auberge.

« Je vais dormir, » déclara Diablo.

« Il n’est encore que midi. »

« Je suis fatigué, » déclara Diablo.

« … Je suppose que c’était un long voyage ici. Eh bien, bonne nuit, Diablo. »

Il avait fermé les yeux… et il s’était endormi instantanément.

Quand il avait repris connaissance, il faisait déjà nuit à la fenêtre. Le ciel de l’ouest était encore légèrement rouge, le soleil venait apparemment de se coucher. Il pensait se réveiller avant le dîner, mais il était étonnamment fatigué par le voyage et s’était trop endormi. Il était également seul dans la chambre.

Je suppose que Sylvie est sortie.

Son estomac grognait.

« J’ai fait tout le chemin jusqu’à la capitale, alors je suppose que je vais essayer leur nourriture, » déclara Diablo.

La capitale avait de nombreux endroits qui offraient une nourriture unique que l’on ne trouvait pas à Faltra. Bien que la dernière fois qu’il soit venu ici, il se cachait, et bien que la cuisine de cet hôtel soit merveilleuse, il voulait toujours manger dehors.

 

†††

L’un des employés de l’auberge avait dit à Diablo : « Cherchez-vous quelque chose à manger ? Le dixième district est ouvert jusqu’à tard dans la nuit. C’est une ville animée, mais ce n’est pas l’endroit le plus sûr des environs, alors faites attention quand vous êtes dehors ! »

C’était le quartier suivant, donc il fallait trente minutes pour y aller à pied. Diablo se demandait si le fait d’aller aussi loin juste pour dîner valait la peine, mais… il y avait apparemment des chariots qui faisaient des rondes gratuitement.

La capitale est assez étonnante. Comme c’est pratique.

Diablo était le roi de Greenwood, un petit royaume situé dans une campagne reculée, il y avait probablement quelque chose à apprendre sur l’administration ici. Cependant, la position ferme de Diablo était de ne jamais s’impliquer dans la politique.

Alors qu’il attendait à une porte de chariots, qui fonctionnait comme une gare routière, une grande calèche en forme de boîte était arrivée et il l’avait pris. Ils ne fonctionnaient pas selon un horaire fixe, de sorte que son voyage était assez facile. Vous n’aviez pas besoin de billet pour monter à bord, et lorsque vous vouliez descendre, vous le faisiez à un arrêt ou vous sautiez de votre propre chef lorsque vous atteigniez votre destination. C’était une sorte d’infrastructure un peu sauvage, pour ne pas dire plus.

 

†††

Au dixième arrondissement — .

La zone centrale était un grand quartier de divertissement. De nombreuses routes s’étendaient dans toutes les directions, avec des bars et des restaurants alignés côte à côte, ce qui en faisait un endroit très animé. Des voix résonnent tout autour, invitant les gens à visiter certains commerces. Des ivrognes rôdaient au bord des routes, chantant ou bavardant entre eux. Il y avait des hommes et des femmes, des jeunes et des vieux…

Diablo avait été choqué de voir un enfant boire d’un coup une bouteille d’alcool ! Mais après une inspection plus poussée, réalisant qu’il s’agissait d’un coureur des herbes, il avait soupçonné qu’il était probablement plus âgé que lui.

Je ne sais pas si j’appellerais ça animé ou juste désordonné et chaotique…

Diablo avait étudié son nouvel environnement. L’infrastructure de la ville était plus grande que ce qu’il se rappelait dans le Croisement de la Rêverie. La version du jeu de cette ville était beaucoup plus simplifiée, ce qui était prévisible. Si la ville de départ était trente fois plus grande qu’elle ne l’était, il ne s’agirait pas d’un RPG d’aventure dans un monde fantastique, mais d’une aventure en ville où l’on résout des affaires en ville. S’il vous fallait une heure juste pour aller du château aux portes de la ville, ce serait un jeu de merde.

Ce monde imaginaire en particulier était basé sur le Moyen-Âge européen, mais la capitale, Septmurs, était plus grande que toutes les villes de cette époque. Peut-être que l’existence des Déchus et des bêtes magiques avait fait que les gens s’étaient rassemblés plus facilement. Mais au niveau culturel du Moyen-Âge, le fait de rassembler les gens en un seul endroit nécessitait des terres agricoles et des pâturages, ce qui limitait la population qu’une ville pouvait supporter de manière adéquate. Aujourd’hui, la capitale royale ne semblait pas avoir de problèmes de nourriture, alors peut-être qu’ils cultivaient quelque chose qui donnait des récoltes abondantes ? Peut-être avait-elle mis en place des moyens de transport à plus grande échelle ? Si Diablo ne s’intéressait pas à la politique, il aimait le concept des mondes fantastiques et s’intéressait à l’organisation urbaine.

***

Partie 4

« Cela mis à part, je devrais trouver un endroit pour manger… Hm ? »

Alors qu’il marchait dans la rue principale, un panneau était entré dans son champ de vision. Il ne pouvait pas lire les lettres, mais il avait reconnu la marque qu’elle affichait.

Une sirène !

Diablo s’était empressé de sortir sa médaille. Il n’y a pas de doute…

C’est le pays des monstres !

Diablo s’était mis à transpirer à grosses gouttes.

Que dois-je faire ?

L’endroit semblait suspect… Cependant, la porte était fermée. Peut-être qu’ils étaient fermés pour affaires… ? Non, les lettres qui formaient le mot « ouvert » étaient sur la porte, il pouvait lire ce genre de chose. Dans ce monde, les entreprises avaient souvent leurs portes fermées même pendant les heures de travail normales, et affichaient le mot « fermé » quand elles étaient… enfin, fermées. Cela signifiait que l’endroit était toujours ouvert.

« Nnng... »

Mais que faire si c’est un de ces magasins vraiment bizarres ? J’ai peur…

Alors qu’il était figé sur place, la porte s’était ouverte de l’intérieur, et une femme vêtue d’une tenue qui exposait grandement sa poitrine était sortie. Elle avait de longues oreilles, comme celles d’une elfe, et ses longs cheveux dorés couvraient la moitié de son visage. Les elfes avaient des corps élancés et des poitrines plates, et sa jupe avait une fente très provocante qui atteignait jusqu’à l’os de la hanche. Elle semblait attirer naturellement le regard — et c’est ainsi que ses yeux avaient rencontré les siens.

« Êtes-vous un client ? Bienvenue. Nous sommes disponibles, vous pouvez donc entrer maintenant, » déclara-t-elle.

« Non, je, euh… »

« Oh ! Cette médaille ! » Elle avait pointé l’objet dans sa main.

« Ah, non, c’est… »

« C’est la preuve que vous êtes un invité spécial ! Maintenant, entrez, entrez ! »

« N-Non… Attendez… »

« Ne vous inquiétez pas des frais, vous pouvez aller voir les filles comme bon vous semble. Venez, venez ici ! »

La femme avait enroulé ses bras autour du bras de Diablo. Il la croyait plate, mais sa poitrine était d’une douceur particulière. Lorsqu’elle avait approché son visage de lui comme s’il s’agissait d’une image de synthèse issue d’un jeu, les pensées de Diablo s’étaient arrêtées. On disait que les elfes étaient une belle race, à tel point qu’ils étaient « proches de Dieu ». Elle était irrésistible. Ou plutôt, il voulait céder à la tentation.

Avant même de réaliser ce qui se passait, Diablo était entré dans l’échoppe. Il avait traversé un rideau rouge qui l’avait conduit dans l’intérieur sombre.

« Ah !? » qu’il avait laissé sortir par inadvertance.

Sur de nombreux canapés circulaires, des filles étaient allongées comme jamais il ne l’avait imaginé. Il s’imaginait que ce serait de jeunes filles dans des costumes de monstres, mais il était simplement naïf. Une fille ressemblait à une oni, avec ce qui semblait être une vraie corne qui dépassait de sa peau. Une autre fille aux cheveux verts était apparemment une… dryade ? C’était une sorte de monstre féminin qui apparaissait dans le Croisement de la Rêverie. Une autre avait la moitié inférieure d’un serpent, probablement une lamie. Les sons qu’elle émettait étaient trop réalistes comme ceux d’un serpent.

« Qu’est-ce… que c’est… !? »

Des monstres, au milieu de la paisible capitale !?

« Heheh... » La dame elfe qui l’avait invité se tenait derrière le comptoir de la réception. « Quelle fille monstrueuse vous convient le mieux ? »

Diablo avait dégluti de manière audible, le son de son battement de cœur retentissant dans ses oreilles. Il transpirait abondamment, incapable de fixer ses yeux pour une raison inconnue.

« … De… mon choix ? » était le plus qu’il pouvait faire sortir de sa gorge.

La dame avait fait un signe de tête et avait porté ses lèvres aux oreilles de Diablo, en murmurant ces mots mielleux d’une voix brillante et d’un ton doux une fois de plus.

« C’est exact. Quoi ? Fille. Voulez… vous… le faire ~. »

« Quoi ? »

En y regardant de plus près, Diablo avait conclu que s’il avait eu le genre de personnalité qui fréquenterait activement ce type d’établissement, il n’aurait pas laissé tomber sa première nuit avec Shera ou fait attendre Rem pendant trois jours entiers. Il n’avait pas une once de confiance en lui, c’est pourquoi il était si terrifié à l’idée de faire quoi que ce soit qui pourrait le révéler pour ce qu’il était vraiment.

Et si je me plante parce que je suis inexpérimenté ? Ne vont-elles pas se moquer de moi ? Ne vais-je pas me ridiculiser ? Non, je vais à tous les coups me mettre dans l’embarras !

Son corps tremblait comme une feuille, et la dame semblait s’accrocher.

« Je pensais qu’avec la médaille, vous seriez plus… Et si on se contentait d’un massage à la place ? »

Un… massage ?

Diablo avait retrouvé son calme. Calmant son souffle, il demanda à la dame de l’accueil : « Ce sont de vrais monstres ? »

« Oh, mon Dieu… C’est vraiment votre première fois, n’est-ce pas, monsieur ? Ce sont des thérianthropes. Ils ne sont pas très différents des Races, ils ne sont juste pas reconnus comme tels. Ils sont peu nombreux, et ils ont fini par s’opposer aux Races. »

« Puisqu’ils sont identifiés comme des monstres de type bête… »

« Mais tous ceux qui sont ici sont de très bonnes filles qui aiment beaucoup les Races ~, » déclara l’elfe.

« Hmm… »

Certains parmi les Races souhaitaient l’anéantissement des Races. N’est-il pas étrange que certains de ceux qui étaient traités comme des monstres soient amis avec les Races ?

« Ce sont toutes de bonnes filles qui aiment les Races ●●●●● très, très bien ♪. »

« Pffft !? »

« Mon, mon, mon… Je ne pensais pas que vous seriez si naïve à cause de votre apparence. Par hasard, êtes-vous vierge ? »

« E-En aucun cas ! »

Il semblait qu’il n’y avait pas moyen de tromper une pro. Il avait tout donné bien trop facilement.

« Bon, d’accord. Voyons cela comme un cours pour débutants. Contentons-nous d’un massage. D’accord ? » La dame l’avait poussé par-derrière.

« Un massage… »

« Cela fait des merveilles pour les raideurs des épaules, la fatigue oculaire et les douleurs lombaires, articulaires et musculaires. Ils sont également excellents pour la peau et aident à prévenir le vieillissement. »

On avait l’impression qu’elle ne faisait que cracher des mots à la mode en matière de marketing. Diablo avait été conduit à un lit qui avait été cloisonné par un rideau, et la dame avait été remplacée par les filles monstrueuses qu’il avait vues allongées plus tôt.

« Bienvenue, bienvenue ♪. »

« De… mon… Inhabituel… »

« Est-ce que c’est quelque chose que nous devrions dire ? »

Respectivement, la fille oni avait une voix aiguë, la dryade parlait avec des phrases courtes et la fille Lamia semblait raté le bout de son texte.

« Enlevons votre armure pour l’instant. »

« L’acier… Pas comme… »

« Monsieur, vous êtes un canon ! Votre peau est si douce ! »

Elles avaient retiré son armure avec une grande rapidité alors que Diablo se raidissait sur place, accablé par la situation.

C’est donc ça le pouvoir… des filles-monstres… Impressionnant…

« Ce n’est qu’un massage. »

« Ça ne fera pas… mal… »

« Vous allez peut-être avoir l’impression d’aller au paradis tout court ~. »

Est-ce vraiment, vraiment juste un massage… ?

Une telle pensée avait traversé l’esprit de Diablo, mais il ne l’avait pas mise en mots. La jeune fille oni lui massait les épaules sérieusement, et la sensation était quelque chose entre la douleur et le plaisir.

« Uuu… »

Les mains de la dryade avaient touché les joues de Diablo. L’odeur de la forêt s’insinua dans ses narines, et son corps semblait couvert d’humidité. Ses muscles se détendirent. C’était la première fois qu’il ressentait une telle sensation qui s’accrochait à sa peau.

La jeune fille Lamia touchait également Diablo — avec sa langue.

« Schluuuuuuurp... »

« Uuu, kuh… » Le stimulus doux et chaud avait finalement suscité un gémissement du Seigneur-Démon rigide.

« Ah, c’est un massage aussi, vous savez ? » dit timidement la fille Lamia. « Mes mains ~ elles sont un peu humides ~ et mes écailles sont douloureuses, alors je fais en sorte que les gens se sentent mieux avec ma langue ~. »

« Il me semble que tu le goûtes, » déclara la jeune fille oni en continuant à appuyer sur les épaules de Diablo.

« C’est bon ~ en cas de problème, essaie de ne pas lui casser les os ce soir ~, » déclara la Lamia.

« Je me suis entraînée un peu, donc ça ira, » répondit l’Oni.

« Et j’ai pratiqué un tas de foiisssss ~. »

 

 

« Oui, sauf que tu l’as fait pour ne pas avoir à atteindre le sommet juste en donnant un massage à quelqu’un. »

« Ehehe, heheheee ~ Mmm, nnn, schlurp... »

« Uuu… » Diablo gémissait encore, vaincu par trois sensations distinctes qui se mêlaient en un mélange de douleur agréable et sensuelle.

Diablo avait senti son corps se réchauffer. Cela s’était déjà produit auparavant, lorsqu’il était extrêmement agité, son énergie magique s’était évacuée d’elle-même. En ce moment, son énergie magique coulait vers les filles monstrueuses qui le touchait.

« Haaah !? » La jeune fille Lamia qui le touchait avec sa langue se raidit et frissonna.

« A-Attendez, qu’est-ce que vous… Nnn !? » Ensuite, la jeune fille Oni qui lui massait les épaules avait courbé son dos, ses yeux s’étaient mis à cligner de surprise. « Qu’est-ce que c’est ? De l’énergie magique !? Il y a tellement de… »

Mais même en tremblant, elle n’avait pas lâché Diablo. Son visage était rouge, sa voix était visiblement coquette.

« Kaaaha !? » La dryade avait reculé. « L’énergie magique… Tellement… »

« Haah, haah, haah... » La respiration de Diablo s’était faite par à-coups, peu profonds. Sa conscience était floue à cause de l’inexplicable stimulation. On disait qu’un bon massage pouvait donner sommeil, et il avait donc pu ressentir quelque chose de similaire.

Il avait involontairement tendu la main et avait attrapé le bras de la fille Dryade.

« Arg !? Nnnnnn ! » Son corps s’était tordu comme s’il avait été frappé par l’électricité et elle s’était affaissée sur le sol.

Quand Diablo était revenu à lui peu après, les filles monstrueuses avaient toutes l’air complètement épuisées.

Que s’est-il passé ici… ?

« Quoi ? Qu’est-ce qui vous est arrivé, les filles !? » demanda Diablo.

« Argh… Monsieur… Si bon… »

« J’ai… fini… »

« Haaaha, encorrrrreee ~. »

L’Oni, la dryade et la Lamia étaient allongées en position molle, avec des expressions enivrantes et extatiques sur le visage.

« Impossible… » L’elfe était devenu pâle. « Vous avez fait ça… si vite !? Mais ça n’aurait dû être qu’un massage ! »

Diablo était, franchement, aussi paumé qu’elle, mais il avait apparemment fait quelque chose. Il s’était empressé de réparer sa tenue entre-temps.

« Hmph… C’était une expérience assez agréable, mais il semble qu’il était bien trop tôt pour qu’elles défient des gens comme moi ! » proclamait-il en grand.

« F-Franchement, qui êtes-vous… !? » La dame s’éloigna en admiration.

« Écoute bien et grave-le dans ton cœur, car je suis Diablo ! Un Seigneur-Démon d’un autre monde ! »

Même lui avait dû s’arrêter et se demander si se présenter de façon aussi pompeuse signifiait quelque chose dans ce genre d’établissement… S’il avait été capable de gérer cela avec tact, sa vie aurait été beaucoup plus facile…

La dame avait fait un nouveau pas en arrière. Son expression s’était mise à rougir et elle avait regardé Diablo avec des yeux brillants.

« Le Seigneur-Démon… de la chambre à coucher ! »

Uhh, non !?

Il ne semblait pas que la corriger à ce stade ferait du bien, cependant.

« Ahahahahahaha ! » Au lieu de cela, il s’était contenté d’un rire chaleureux, afin de cacher sa gêne.

Les séquelles du massage des filles monstrueuses étaient toujours présentes. Bien que sa vision ait encore un peu vacillé, son corps de guerrier de niveau 100 ne perdrait pas son équilibre aussi facilement.

« Seigneur-Démon, monsieur ! » La réceptionniste lui avait couru après en sortant du magasin. « S’il vous plaît, revenez ! Nous aurons d’autres mignonnes filles monstrueuses qui vous attendront ♪. »

C’était une pro. Cependant, Diablo était de plus en plus embarrassé lorsque les regards des habitants du quartier s’étaient tournés vers lui.

« Hmph… » Diablo supprima le rougissement en essayant de se calmer et sourit avec indifférence. « Ce soir, c’était la fête. »

Même si tout ce qu’il avait fait, c’était de se laisser submerger et de recevoir un massage avec la bouche grande ouverte…

Il s’était alors rappelé sa propre conduite inexpérimentée et avait brûlé de honte. Encore un cas épique d’échec de communication. Diablo s’était éloigné du magasin aussi vite qu’il avait pu.

***

Partie 5

« Haah... Haah… Haah... »

Bien qu’il n’ait pas couru ou ne se soit pas fatigué d’une manière particulière, Diablo se sentait plus épuisé qu’après avoir combattu le Seigneur-Démon. Il transpirait abondamment et son cœur battait à toute allure. Le souvenir était bien plus embarrassant que l’acte lui-même, et son corps y réagissait bizarrement.

« … Idiot, » il ne maudissait personne en particulier.

Il ne visait rien d’autre que sa propre timidité. Si seulement il avait un peu plus de cran, il pourrait mieux passer son temps avec ces filles monstrueuses… Mais il ne pouvait pas s’imaginer s’occuper correctement d’une fille.

« Kuh... »

J’aimerais pouvoir leur parler plus… correctement…

Il y avait tant de choses qu’il voulait demander sur ces filles monstrueuses. Mais au lieu de la curiosité, il était maintenant plein de regrets.

Puis, il avait senti que quelqu’un s’approchait de lui. Alors qu’il penchait la tête, une paire de mocassins était entrée dans sa vue.

Une fille… ?

Diablo avait levé la tête. Une jeune Pantharienne se tenait là, une expression de chérubin sur le visage.

« Bonjour, Monsieur. Hum… Voulez-vous acheter une fleur ? »

Diablo avait senti son cœur battre à tout rompre.

« Ah… !? » Ses yeux s’étaient élargis.

Elle avait de petites oreilles de chat triangulaires, des cheveux orange attachés en queues doubles et de longs cils envoûtants. Elle était vêtue d’une robe verte et modeste, avec la queue qui dépassait de l’ourlet. Le panier qu’elle tenait dans ses mains était rempli de fleurs violettes.

« Hmm… » Peut-être qu’il la regardait trop intensément, parce que ses joues étaient roses.

« T-Tu es… !? » Diablo l’attrapa par les épaules.

« Ah !? »

Un grand homme massif (selon les normes des Races) venait d’attraper une Pantharienne relativement petite. C’était aussi suspect qu’il y paraissait. La fille ne criait pas, mais les passants se tournaient certainement pour les regarder.

« A-Ah… » Diablo s’était empressé de la lâcher. « Je m’excuse. »

« Est-ce que je… vous connais ? »

« Non… Hum… »

Ils ne se connaissaient pas. La jeune Pantharienne que Diablo connaissait était une PNJ « vendeuse de fleurs » qui était apparue dans le Croisement de la Rêverie. Diablo regarda la jeune fille, tout en veillant à ne pas l’effrayer.

Elle lui ressemble vraiment…

La jeune Pantharienne pencha la tête dans une confusion encore plus grande.

« L’événement du Raid contre le Dieu de la Destruction, Europa ! Une quête limitée dans le temps pour les vacances d’été ! »

Telle était l’annonce de ce raid unique que les administrateurs avaient mis en place pour les joueurs de haut niveau.

« Un monstre extrêmement puissant a été convoqué à l’intérieur de l’académie des mages de la capitale ! Formez un groupe avec d’autres aventuriers de haut niveau et vainquez cette bête d’une puissance inouïe ! (L’événement se déroule entre le 1er et le 31 août. La participation à la quête s’ouvre après avoir complété la section histoire nouvellement ajoutée). »

Bien sûr, Diablo n’avait pas formé de groupe et il s’était attaqué à la quête en solo…

Cette partie était très bien.

Ce qui n’allait pas, c’était son absorption dans l’histoire de cet événement. Depuis le début du jeu, le Croisement de la Rêverie, le PNJ vendeur de fleurs avait toujours été sur la place principale de la capitale. Elle n’était qu’une des civiles de la ville, insignifiante à tous égards. Si la fille qui se trouvait sous les yeux de Diablo devait être transformée en modèle 3D, elle ressemblerait probablement à ce PNJ. Le potentiel de rendu du jeu n’avait jamais été aussi réaliste, et cela s’était souvent concentré sur la mise en valeur de certaines bizarreries visuelles des personnages. Tout ce qu’elle avait fait, c’était de répéter la phrase « Voulez-vous une fleur rouge ? » avec son apparence naïve. Cependant, les fleurs n’avaient jamais vraiment été vendues dans le jeu, non pas que Diablo le veuille, mais…

Le PNJ avait gagné un certain culte parmi les joueurs. Juste une pure et innocente vendeuse de fleurs. Cependant, certains joueurs grossiers avaient affirmé stupidement que la vente de fleurs était du jargon moyenâgeux pour la prostitution, ce qui avait déclenché des guerres sur les canaux de communications. Et la position de Diablo ?

Je pensais qu’elle n’était qu’une petite fille innocente. Il faut avoir l’esprit sale pour que ce PNJ ait l’air suspect ! Quelle absurdité !

Cependant !

Après le début du Raid contre le Dieu de la Destruction, Europa, la vendeuse de fleurs avait commencé à vendre un objet appelé « La violette ». La fleur que vous aviez obtenue n’était cependant pas de la bonne couleur, ce qui donnait aux joueurs le sentiment que quelque chose n’allait pas. Au même moment, les joueurs recevaient une quête du directeur de l’académie des mages, dans laquelle il déclarait : « Treize de nos élèves ont disparu. Veuillez les retrouver. »

Pourquoi n’avez-vous pas demandé de l’aide avant que tant d’entre eux ne disparaissent ?

Le Croisement de la Rêverie n’était pas un jeu mystère ou quoi que ce soit d’autre, alors une petite enquête avait permis de découvrir qu’un mage suspect faisait le sale boulot. Le suivre avait conduit le joueur vers un bâtiment du campus plus ancien et suspect où, dans un cercle magique dessiné sur le sol à l’intérieur, les étudiants disparus étaient gardés. Parmi eux, vêtus d’un uniforme scolaire, se trouvait la PNJ vendeuse de fleurs ! Elle était apparemment une étudiante de l’académie. Alors que les aventuriers tentaient de la sauver, le coupable était apparu et avait activé son rituel. Dans un exemple classique de cinématique où les joueurs ne pouvaient rien faire, les filles étaient sacrifiées pour invoquer le Dieu de la Destruction, Europa.

Ce qui avait suivi était une bataille, et comme les administrateurs l’avaient annoncé, c’était un boss très difficile. Certains avaient même affirmé que c’était plus difficile que de combattre les Seigneurs-Démons. Diablo avait échoué sa première fois et il avait été forcé de battre en retraite. Mais les récompenses en valaient vraiment la peine, ce qui avait rendu l’événement plutôt populaire. Diablo l’avait défié encore et encore, mais peu importe le nombre de fois où Europa avait été battue, les filles sacrifiées n’étaient jamais revenues. La récompense pour avoir battu Europa diminuait, mais c’était tout.

Certains joueurs s’étaient plaints que l’histoire ne leur permettait pas de sauver les filles malgré tous leurs efforts. Mais en fin de compte, elles n’étaient que des PNJs sans nom. Une victime dans l’histoire avait été utilisée pour faire de la publicité pour la bataille, le stéréotype de « Passant A ».

Les joueurs, étrangement sympathiques, détestaient cela, et Diablo avait bien compris ce qu’ils ressentaient… Le fait d’être accueillis par le sourire de cette PNJ à chaque fois qu’ils lui parlaient avait probablement égayé leurs journées. Et donc Diablo se demandait toujours…

N’y avait-il pas un moyen de sauver cette fille… ?

†††

Diablo avait regardé la fille devant lui lorsqu’une pensée effrayante lui avait traversé l’esprit.

Cela signifie-t-il que la quête de raid sur le Dieu de la destruction Europa est en cours en ce moment même ?

Mais comment pourrait-il le confirmer ? Diablo était mauvais pour parler aux filles. Mais la réponse était évidente : son jeu de rôle de Seigneur-Démon était son seul choix.

« Je suis Diablo, » avait-il déclaré, en croisant les bras en grand. « Un Seigneur-Démon d’un autre monde ! »

« Hein !? » Les yeux de la jeune fille s’ouvrir en grand face à sa soudaine proclamation.

« Dis ton nom, jeune fille. Je te le permets ! » déclara Diablo.

Diablo avait l’habitude d’accueillir des adversaires, son ton n’était donc pas très approprié pour parler à de délicates vendeuses de fleurs.

« Je m’appelle Mercie…, » dit-elle nerveusement.

« Hmph. Alors, Mercie… tu vends des fleurs ? »

« O-Oui. »

« Très bien. Alors, je vais en acheter une, » déclara Diablo.

« … Hein ? »

Il avait seulement l’intention d’enquêter et de voir si l’événement était en cours, mais la question lui avait échappé… C’était quelque chose qu’il voulait savoir à l’époque où il était encore joueur, car elle faisait l’objet d’un débat très animé.

Mais Mercie semblait hésitante.

« Qu’est-ce qu’il y a ? » Diablo l’avait regardée fixement. « Tu ne veux pas m’en vendre une ? »

« … U-Um… Combien avez-vous sur vous… ? » demanda Mercie.

« Hmph, ne me rabaisse pas, » déclara Diablo.

Il sortit un sac de sa poche et montra plusieurs pièces de monnaie à partir de là. Il y avait un mélange de pièces de bronze, d’argent et d’or à l’intérieur.

Soit dit en passant, une pièce d’or valait 80 000 friths. On pouvait vivre d’une seule pièce d’or pendant un mois si on était frugal. Il y avait dix pièces de ce type qui reposaient dans sa main. Diablo ne connaissait pas le prix du marché des fleurs dans la capitale, mais il doutait que cela coûte plus cher que cela. C’était le genre de fleurs que l’on pouvait trouver sur le bord des routes en dehors de la ville.

« Des pièces d’or !? » Les yeux de Mercie s’élargirent. « Et tant d’autres ! Vous êtes vraiment riche, monsieur… »

« Diablo. »

« N’ai-je pas entendu ce nom quelque part… ? Oh, peu importe. Alors, venez par ici ! » déclara Mercie.

« Hm. »

… Il s’agit de vendre des fleurs, n’est-ce pas ? D’ailleurs, les fleurs dans son panier ne sont-elles pas toutes celles que l’on peut trouver chez les fleuristes du coin ? Je suis presque sûr qu’elles le sont…

Diablo l’avait suivie dans une étroite ruelle entre deux bâtiments. Le clair de lune illuminait à peine l’endroit.

« Ho! Hisse…, » Mercie avait soulevé sa robe verte.

Diablo avait été pris de court. Sous sa robe se trouvait une tenue aussi détachée qu’elle pouvait l’être de sa pureté antérieure. C’était une tenue sensuelle qui mettait en évidence son décolleté. Elle le regardait avec des yeux humides, sa langue rose léchant ses lèvres pâles. Elle releva sa jupe avec ses mains, révélant une culotte violette.

« C’est 10 000 friths pour utiliser votre bouche. Si vous voulez aller jusqu’au bout, c’est 30 000. Si vous voulez juste ma culotte, ce sera 5 000 friths ★ , » déclara Mercie.

« … Oh. »

Diablo avait levé les yeux vers le ciel étoilé en silence.

Le clair de lune pique un peu pour une raison quelconque…

Des perles de sueur roulaient sur ses joues.

« Vous feriez mieux de vous décider rapidement. » Mercie avait penché son corps en avant. « Si les chevaliers impériaux nous trouvent, vous aurez aussi des ennuis, vous savez ? »

« Ah, non… »

 

 

Si Diablo avait eu l’audace de s’entendre avec une fille dans une ruelle sombre comme celle-ci, il n’aurait pas déambulé dans le quartier en tenant une réunion post mortem mentale dans sa tête. Bien sûr, il n’avait pas non plus le courage pour répondre aux attentes de cette fille. Tout ce qu’il pouvait faire, c’était vaciller.

« Alors je vais commencer à m’occuper de vous ★, » déclara Mercie.

Mercie avait pressé son corps après avoir fait son affirmation. Elle avait saisi la main de Diablo et l’avait amenée à sa poitrine, une sensation ronde et douce remplissant la paume de sa main. Il pouvait le voir même par-dessus son chemisier. Elle était de petite taille, mais elle avait un sacré volume. Elle n’était pas assez grande pour que ses doigts puissent s’enfoncer, mais sa jeunesse lui conférait une certaine souplesse.

La sensation avait rempli sa main. Bien que ce soit l’hiver, ses vêtements étaient fins, et Diablo avait senti sa chaleur. Elle ne portait même pas de soutien-gorge sous sa chemise ! Le bout de son doigt touchait une petite saillie.

« Aaah... Espèce de pervers… » Elle lui avait montré un sourire lascif.

Comment m’en sortir maintenant… ? Que dois-je dire pour arrêter cela ?

Diablo se contorsionna alors que la main de Mercie descendait, touchant quelque chose au centre de son pantalon.

« Je vois que vous êtes vraiment prêt…, » déclara Mercie.

« Uoh !? N-Non… »

« Alors… il est temps de régler ça. »

Son autre main s’était approchée de l’oreille de Diablo, puis… crac ! Le bruit du claquement de doigts avait rempli ses oreilles. Les yeux de Mercie brillaient d’une lumière mystérieuse.

« Hypno , » chuchota-t-elle.

C’était comme si de l’eau froide avait coulé sur les pensées de Diablo, qui étaient enveloppées d’un brouillard rose.

« M-Magie !? »

Au même moment, l’Anneau du Seigneur-Démon sur sa main gauche s’était allumé.

†††

Mercie était restée complètement immobile et silencieuse. Ses yeux étaient ouverts, mais son expression était vide.

« H-Hey ! » Diablo avait crié de surprise.

« … Oui ? » répondit-elle d’une voix complètement plate.

« As-tu utilisé une sorte de magie ? » Diablo n’avait aucune idée de ce qui se passait.

« … Oui. »

« Explique-toi. »

« … Hypno. Il hypnotise les gens… Dans mon cas, pendant trois minutes. »

« L’hypnose… ? »

« … Cela me permet de planter des ordres dans la tête des gens, ou de leur faire croire qu’ils l’ont fait avec moi alors qu’en réalité ils ne l’ont pas fait, » répondit Mercie.

Diablo s’était enfoncé dans ses pensées. Penser que le sort pourrait vous permettre de donner des ordres et de falsifier la mémoire des gens ! Certes, il avait l’inconvénient de rendre la victime bizarre, mais il était quand même assez puissant.

« Quelles sont ses conditions d’activation ? » demanda Diablo.

« … 30 secondes ou plus de contact physique direct. »

« Hein ? Mais je ne t’ai pas touchée directement…, » déclara Diablo.

Il avait seulement caressé ses seins par-dessus ses vêtements — ou du moins c’est ce qu’il allait dire, mais il s’était ensuite souvenu qu’elle lui avait tenu la main tout le temps. Cela lui avait également rappelé qu’il avait touché les seins d’une fille, ce qui, aussi inapproprié que cela puisse être dans cette situation, l’avait fait rougir.

« Hmph… » Diablo secoua la tête, bannissant les mauvaises pensées de son esprit. « C’est une magie assez puissante, mais sa condition d’activation est difficile à réaliser. Et on peut résister à des sorts d’état avec ses résistances à la magie. »

« … Les hommes qui sont excités… ont une faible résistance. »

… C’est logique.

Il ne l’avait jamais testé, mais cela semblait plausible. C’est une bonne chose qu’il ait pu refléter ce sort. Il avait fait tout ce chemin jusqu’à la capitale, donc avoir une fille comme elle qui le manipule par l’hypnose aurait été trop pathétique.

Après trois minutes, Mercie avait repris ses esprits.

« H-Huh ? Qu’est-ce que j’ai… ? »

Diablo croisa les bras et soupira. « Je n’aurais jamais imaginé qu’une vendeuse de fleurs se servait d’Hypno pour se faire passer pour une prostituée et escroquer les gens de leur argent… »

« Qu-Quoi !? » Mercie avait réagi avec un choc nerveux. « Comment avez-vous… Comment l’avez-vous découvert… !? »

« N’ai-je pas dit que j’étais un Seigneur-Démon ? Un tour de passe-passe ne marcherait jamais sur moi. »

L’Anneau du Seigneur-Démon l’avait simplement reflété, mais il ne s’était pas donné la peine de lui expliquer.

« N-Non… D-Désolée… Non… P-Pardonnez-moi… » Elle était dans la panique et le désarroi total. Elle tremblait comme une feuille. Diablo n’avait pas l’intention de l’effrayer autant…

« N’es-tu pas une étudiante de l’académie des mages ? » demanda Diablo.

« Arg !? Non… Ne le dites pas à l’académie ! Je vais me faire expulser ! »

Elle l’était donc, tout comme la PNJ vendeuse de fleurs du jeu.

« Si tu ne veux pas être expulsée, pourquoi fais-tu une chose aussi stupide ? » demanda Diablo.

« Argh… Ma famille… Nous sommes pauvres, et ma mère… Elle ne gagne pas assez pour couvrir les frais d’enseignement… et je ne savais pas que j’aurais besoin d’autant d’argent pour les frais d’inscription, et les frais de scolarité sont aussi…, » balbutia Mercie.

Diablo avait fait claquer sa langue à l’intérieur. C’est donc pour cette raison que la PNJ vendeuse de fleurs se tenait sur la place pendant l’événement du Croisement de la Rêverie ? Puis elle avait été sacrifiée. Il n’y avait aucun moyen de la sauver. Et si l’histoire du Dieu de la destruction, Europa, l’événement du Croisement de la Rêverie était rejouée dans ce monde…

Je vais réduire en poussière cette histoire pourrie !

« Fillette, si tu ne veux pas mourir, réponds à ma question, » déclara Diablo.

« Kya !? Je vais mourir !? »

« Réponds-moi ! »

« O-Oui… » répondit-elle à travers des lèvres tremblantes, les larmes aux yeux.

Honnêtement, il n’avait pas vraiment l’intention de lui faire peur comme ça…

« Des étudiants de l’académie de mage ont-ils disparu ? » demanda Diablo.

« Hein… ? Hm… Ah, oui, il y en a. Les professeurs l’ont dit… Et que nous ne devrions pas partir seuls. »

… Déclara la fille qui rôde dehors seule, et tard dans la nuit. La petite imbécile.

Je dois entrer à l’académie des mages et arrêter le rituel ! J’arrêterai le coupable avant qu’il n’ait assez de sacrifices !

Il tourna son regard vers Mercie, qui tremblait encore violemment. Il ne pouvait pas la laisser répéter quelque chose d’aussi dangereux. Diablo sortit à nouveau le sac de sa poche et le lui offrit.

« Ne répète plus jamais cette folie, » déclara Diablo.

« Hein ? Euh !? Huuuh !? »

« Tu peux avoir de l’argent si c’est ce dont tu as besoin. Mais si tu as besoin de plus, travailles correctement. »

Je lui dis de travailler même si je n’étais qu’un NEET dans mon ancien monde…

Cela l’avait rendu un peu gêné. Quoi qu’il en soit, Mercie avait accepté l’argent. En inspectant les pièces à l’intérieur, son visage était devenu rouge.

« U-Um… Je… Je ne sais pas vraiment comment faire tout ça, vous savez !? »

« Ce n’est pas pour cela que je te donne cet argent ! » répliqua Diablo.

« Alors pourquoi… ? »

Il ne voulait rien en retour, mais une idée lui avait traversé l’esprit.

« Tu feras ce que je te dis, si tu souhaites rester en vie ! »

***

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