Chronicle Legion – La Route de la Conquête – Tome 1 – Chapitre 2 – Partie 4

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Chapitre 2 : Légions envahissantes (2)

Partie 4

La soudaine sirène avait retenti dans tout le fort tutélaire de Suruga.

Shiori Fujinomiya avait immédiatement quitté la salle de réception et était sortie du bâtiment. Elle avait ouvert la voie alors que Hatsune Tachibana ainsi que son nouveau subordonné, Masatsugu Tachibana, la suivaient.

« Où allons-nous, princesse ? » demanda Hatsune

« Au donjon protecteur de la nation. C’est là que les informations y sont rassemblées. Nous irons là-bas pour savoir exactement ce qui s’est passé, » répondit Shiori à une Hatsune qui la suivait de près.

« Mais seront-ils prêts à dire cela à des étrangers comme nous... ? » demanda Hatsune

« Ne vous inquiétez pas pour ça. Ces questions sont faciles à résoudre en comptant sur mon influence... — Eh bien, je vais certainement résoudre ce problème, » répondit Shiori.

« Comme prévu de la princesse. Un adorable sourire jumelé avec de méchantes phrases, c’est absolument charmant, » répliqua Hatsune.

Les paroles et le comportement de Shiori ne semblaient pas être une princesse tenue à l’abri.

Déjà habituée, Hatsune plaisantait afin d’animer l’atmosphère alors qu’elle suivait consciencieusement Shiori.

En revanche, Masatsugu Tachibana les suivait en étant le dernier de la file, mais apparemment, il n’était pas vraiment confus par ce qui se passait. La soudaine démonstration de l’initiative de Shiori n’avait pas fait apparaître beaucoup de doutes en lui.

Personne ne savait si c’était parce qu’il avait une personnalité calme ou si c’était qu’il faisait simplement les choses à son propre rythme. Ou peut-être un mélange de ses deux éléments ?

La scène précédente avait montré qu’il n’était pas une personne ordinaire, mais cela ne suffisait pas à ce qu’il puisse agir ainsi. Il devait se réveiller afin de devenir l’un des plus grands héros qui avaient pour toujours honoré de leurs faits les annales de l’histoire.

C’était également les intentions du Shiori qui avaient fait qu’elle l’avait convoqué au fort tutélaire.

Elle voulait le laisser respirer l’air lié aux champs de bataille. Peut-être que cela lui offrirait une sorte de stimulation, déclenchant un nouveau changement au sein de l’être connu sous le nom de Masatsugu Tachibana.

Shiori avait agi ainsi avec de tels espoirs en elle.

En tout cas, Shiori les conduisit à vive allure et ils arrivèrent au cœur même du fort tutélaire après cinq minutes de course. Il s’agissait de la tour de briques rouges au centre des locaux, connu sous le nom de donjon protecteur de la nation.

Il s’agissait de la tour d’environ quarante mètres de haut avec une gigantesque roue de feng shui installée au sommet.

L’installation elle-même avait été construite il y a quelques décennies et était assez ancienne. Shiori entra hardiment dans la salle du rez-de-chaussée.

Les multiples entrées étaient toutes ouvertes, offrant un accès libre au rez-de-chaussée.

Il y avait quatorze ou quinze soldats de l’armée provinciale Tōkaidō présents dans le hall de la tour. Après avoir remarqué l’arrivée de la princesse aux chevaux blond-platine, l’un après l’autre, la moitié des soldats la salua et lui jeta des regards de surprise sur elle.

Shiori voulait à l’origine demander à l’un des officiers, mais il lui vint à l’esprit qu’il devrait y avoir quelqu’un ayant un plus haut rang sur les lieux.

« Chevalier Kamamoto, puis-je vous déranger un instant ? » demanda Shiori.

« Très certainement, Princesse, je suis à votre service, » répondit Kamamoto.

Le vieux Chevalier servant de châtelain provisoire était entouré de plusieurs de ses subordonnés.

Ces subordonnés reculèrent pour offrir un chemin à Shiori dès qu’ils la virent approcher, permettant à son groupe de rejoindre le vieil homme portant un uniforme noir d’officier.

« Qu’est-ce qui a causé la première sirène ? S’il vous plaît, expliquez-moi autant que cela vous est permis, » demanda Shiori.

« Apparemment... des pirates. Les dragons de la Baie de Suruga sont actuellement en train de se charger d’eux, » répondit Kamamoto.

« En d’autres termes, est-ce des navires armés qui approchent de la ville de Suruga ? » demanda Shiori.

« Il n’y a pas encore de rapports confirmant la présence de navires, mais il est très probable que cela soit le cas, » répondit Kamamoto.

Shiori avait déjà contacté le vieil homme quelques heures plus tôt afin d’avoir l’autorisation d’emprunter une pièce dans le fort tutélaire.

En tant que personnes appartenant aux classes privilégiées, les Chevaliers se transformaient souvent en vieillards têtus et arrogants quand leur âge avançait. Cependant, le vieil homme Kamamoto était un vieux monsieur ayant un bon caractère.

Le ton de l’homme âgé était cordial, probablement dans une tentative afin de rassurer la princesse Shiori.

« Soyez assurée. Je ne crois pas que cela deviendrait un incident majeur. S’il vous plaît, Princesse, n’hésitez pas à retourner en toute sécurité à la ville, » déclara Kamamoto.

Trois jours plus tôt, le fort tutélaire Suruga avait perdu le personnage officiel servant en tant que châtelain. Le précédent châtelain avait été arrêté pour corruption et était actuellement détenu à la campagne au quartier général de la police militaire.

Le Chevalier Kamamoto avait dû reprendre ses fonctions après avoir pris une retraite bien méritée depuis plus de sept ans.

À moins d’une sérieuse pénurie de personnel, le châtelain d’un fort tutélaire devait être un Chevalier. En raison de cette règle non écrite, un vieil homme retraité avait dû être rappelé afin d’assumer pour le moment ce rôle.

« Des pirates, est-ce bien ça... ? » murmura Shiori pour elle-même.

Il y a dix ans, lorsque le Japon Impérial était devenu l’allié tributaire de la Rome Orientale...

Quelques soldats avaient déserté l’armée, déterminés à s’opposer à Rome même si cela les menait à une fin amère. Il y avait aussi des radicaux qui avaient lancé des attaques terroristes, se ralliant afin de pousser hors du Japon le détachement romain présent. Ces personnes se livreraient à l’occasion à des actes de pirateries lorsqu’elles étaient confrontées à des pénuries de financement.

Les navires pirates de ce type étaient toujours équipés d’armes à feu et de munitions...

La garde côtière avait donc déployé des bêtes de types dragon des mers qui étaient maintenus en tout temps dans les eaux avoisinantes afin de pouvoir détecter le plus tôt possible l’odeur de la poudre à canon présent sur ces navires. La question était de savoir si c’était encore une fois un dragon des mers qui avait déclenché cette alarme.

Cependant, les ennemis étaient-ils vraiment des pirates ? Alors que Shiori réfléchissait à tout cela...

Un son ressemblant à des cloches fit écho dans les airs.

La puissance mystique produisant ce son n’était pas intense. Shiori avait alors vu un renard blanc, gros comme la paume, sur l’épaule du vieil homme Kamamoto.

Il s’agissait d’un renard de liaison, une petite bête de rétention utilisée par l’Armée Impériale.

« Oh. » Kamamoto avait écarquillé les yeux et le renard de liaison avait sauté de son épaule.

Le renard avait couru d’une manière adorable jusqu’au mur où il y avait une chaise à bascule inoccupée.

Puis, après que le renard de liaison eut couru sous la chaise, une jeune fille était apparue sur la chaise alors que rien ne se trouvait là précédemment.

Habillée comme une miko (une jeune fille du sanctuaire), la fillette avait des franges qui atteignaient ses sourcils et des cheveux noirs qui lui arrivaient aux épaules. Très adorable, la fillette ressemblait à une poupée Ichimatsu [1] et semblait avoir huit ou neuf ans.

« Sakuya, avez-vous quelque chose à me dire ? » Kamamoto avait demandé ça et la fillette nommée Sakuya avait tourné sa tête vers lui.

La silhouette élancée de la fille et les contours de ses vêtements de jeune fille du sanctuaire étaient légèrement flous. Plutôt qu’un vrai humain, elle était une image projetée par un esprit, un moyen de se substituer à la possession d’un simulacre.

Elle était probablement le génie protégeant le fort tutélaire de Suruga.

« Invasion... Lé... gions... Ennemi, alerte... » Sakuya fit un rapport de la situation du combat d’une manière hachée alors qu’elle transmettait des ondes noétiques.

La vue projetée par les ondes noétiques couvrait le plafond du hall du rez-de-chaussée du donjon protecteur de la nation. Il s’agissait de quelque chose ressemblant à un écran géant qu’on pourrait trouver dans un cinéma.

... La vue aérienne affichait la situation en temps réel sur la mer environnante.

Il y avait trois corps qui flottaient à la surface de la mer et qui ressemblaient à des serpents marins de dix mètres de long. Cependant, les cadavres possédaient des écailles dorées, ce qui signifiait qu’il s’agissait des dragons des mers utilisées par les gardes-côtes japonais. Tous les trois avaient été décapités, et ils avaient peut-être été abattus par l’ennemi.

... L’écran était ensuite passé à un autre point de vue.

Il s’agissait de la surface de la mer lointaine, à plusieurs kilomètres de la côte. Il y avait sept ou huit têtes qui oscillaient de haut en bas, avançant vers la plage comme s’ils marchaient sur l’eau.

Cependant, ces entités « humanoïdes » n’étaient pas des humains.

Se tenant avec leur huit mètres de hauteur, leurs silhouettes ressemblaient beaucoup à des Légionnaires.

De plus, leurs corps dégageaient une brume noire, empêchant une vision claire qui aurait pu confirmer leur aspect...

« En ce moment, plusieurs légionnaires ont tué trois dragons des mers... et ils avancent vers le fort tutélaire de Suruga, » déclara Sakuya. « L’ennemi a appliqué un camouflage noétique furtif, le type et l’affiliation sont non identifiés pour le moment. De plus, cette vidéo a été obtenue grâce à des techniques noétiques... en provenance de l’une des wyvernes des gardes-côtes, qui avait été témoin de toute la scène... »

L’image de Sakuya s’était assise sur la chaise à bascule tout en déclarant son rapport.

Sa voix était extrêmement calme et basse, et c’était plutôt difficile à comprendre en raison de sa manière saccadée de parler.

Pour les oreilles de Shiori, on aurait dit que la faucheuse faisait une visite de mauvais augure.

Note

  • 1 Poupée Ichimatsu : Il s’agit de l’une des sortes de poupées traditionnelles japonaises. Les poupées ichimatsu (市松人形, ichimatsu ningyō) représentent des petites filles ou des petits garçons, bien proportionnés, normalement colorés (pas de gofun pour donner à la peau une couleur blanche), et aux yeux de verre. Les premières furent nommées en honneur d’un acteur de kabuki célèbre du xviiie siècle et représentaient alors probablement un homme adulte, mais depuis la fin du xixe siècle le terme s’applique aux poupées en forme d’enfant. Les poupées mâles aux expressions espiègles furent les plus populaires à la fin du XIXe et au début du xxe siècle, mais en 1926 le Friendship Doll Exchange fit faire 58 poupées représentant des petites filles, à envoyer aux enfants du Japon de la part des enfants des États-Unis ; cet évènement popularisa les poupées femelles à expression sérieuse et douce et portant un kimono.

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3 commentaires :

  1. Merci, je veux pas attendre toute une semaine 🙁

  2. amateur_d_aeroplanes

    Merci pour le chapitre. Le niveau technologique de ce monde semble étrange, de la poudre à canon et a priori pas de radar ?

    • Si, ils ont la technologie, sauf que l’usage des dragons des mers (qui est une bête immatériel, et non pas un animal vivant réellement si l’on peut dire) permet en plus d’avoir un détecteur, de pouvoir attaquer l’intrus détecté.
      Ils forment donc une avant garde permanente entourant les frontières.
      De plus, ce système permet de communiquer ça sur tout le territoire avec un risque de blocage réduit vu qu’ils sont lié à la Bête Divine du pays qui est donc au courant et peux agir en conséquence.

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