Almadianos Eiyuuden – Tome 3 – Chapitre 65

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Chapitre 65

Quelque part entre la limite du territoire d’Asgard et le territoire des monstres, une centaine de cavaliers avançaient.

« On devrait bientôt voir la frontière. »

Frigga se retourna avec une expression joyeuse alors qu’elle parlait à Kurats, qui souriait avec ironie en prenant de plein fouet son regard perçant.

Armé d’une lettre du roi Siegfried ainsi que de la nouvelle que Lapland avait triomphé de l’armée d’Asgard, Kurats avait décidé de rentrer chez lui. Quand elle entendit cela, Frigga lui proposa de l’accompagner comme si c’était la chose la plus naturelle au monde.

« Nos espions ont vu des signes indiquant qu’Asgard va envahir Jormungand. Si c’est vrai, alors il est naturel que notre royaume leur offre son soutien. »

« Mais nos militaires ont besoin de vous, Votre Altesse, que ferons-nous si vous quittez le pays trop longtemps… »

« Nous pouvons nous débrouiller seuls ici. Il s’agit d’un geste politique important qui fera pencher l’opinion publique de Jormungand vers notre royaume. On ne peut pas rater cette chance. »

C’est ce qu’avait dit le roi Siegfried avant de pousser sa sœur hors du château.

Il savait que l’opinion publique de Jormungand était déchirée quant à la façon d’interagir avec Asgard.

Cependant, si les deux grandes puissances décidaient de ne pas s’affronter dans la bataille, rien ne permettait de dire si l’alliance du Nord pourrait remporter la victoire une deuxième fois.

En outre, en tant que frère aîné, il était tout naturel pour Siegfried de soutenir sa jeune sœur maintenant qu’elle avait enfin trouvé l’amour.

« Si c’est le cas, alors je vais devoir abuser de ta gentillesse. »

Kurats n’était pas du tout opposé à l’aide de Frigga.

En rapportant la victoire de Lapland, la crédibilité et l’importance des paroles de Kurats allaient dépendre de la présence de Frigga en tant que témoin. Avoir Frigga à ses côtés ne lui ferait certainement pas de mal dans l’atmosphère tendue de la cour royale de Jormungand.

Ainsi, le jour de son départ, Kurats avait fini par être accompagné de Frigga, qui n’avait rien fait pour cacher sa joie, ainsi que d’une centaine de chevaliers d’élite à cheval.

« Mais cet endroit est étonnamment paisible, vu la proximité du territoire du monstre. Je pensais qu’ils seraient impatients d’attaquer des humains comme nous. »

Les mots de Frigga, dits par hasard, firent transpirer secrètement Kurats dans le dos.

Il se souvint des massacres qu’il avait commis lorsqu’il s’était laissé emporter sur le chemin vers Lapland.

Après la défaite de ce soi-disant monstre noble, les monstres de la région s’étaient probablement dispersés.

« C’est bien qu’il ne se soit rien passé… »

« Je suppose que oui… Pourquoi es-tu si soudainement pressé ? »

« Je ne suis pas pressé ! »

Ils continuèrent à plaisanter pendant un certain temps, jusqu’à ce qu’ils atteignent finalement l’extrémité de la forteresse. De là, au-delà des collines, ils pouvaient voir un fort.

C’est le fort Mercury. Il était situé à la frontière entre Asgard et Jormungand.

Une fois le fort franchi, il leur faudrait environ une demi-journée pour atteindre Jormungand.

Ils avaient aussi la possibilité d’aller plus loin dans le territoire des monstres pour passer devant le fort sans avoir à se battre, cependant…

« Vu que nous sommes venus jusqu’ici… »

« Autant s’amuser tant qu’on y est ! »

Cependant, les deux maniaques de la bataille n’avaient aucune raison de choisir une méthode aussi passive.

◆ ◆ ◆

Tandis qu’il regardait le paysage calme et inaltéré de la campagne autour du fort Mercury, Callisto fit un grand bâillement.

C’était le chef de la garnison qui était stationnée ici.

Mais comme il était impensable qu’il y ait des envahisseurs du royaume de Jormungand étant donné la force actuelle de l’empire, il n’y avait rien d’autre à faire dans ce fort que de tuer les quelques monstres qui s’y égaraient de temps à autre.

En tant que membre de l’armée de l’empire Asgard, Callisto avait été formée dans une certaine mesure comme soldat, mais quand la paix commençait à s’éterniser, même les soldats formés commençaient à se relâcher. C’était vrai pour n’importe quelle armée dans n’importe quel pays.

« Je me demande si nous serons bientôt rappelés à la capitale… Vous ne pouvez pas garder un homme dans la fleur de l’âge comme moi dans ce trou perdu, sans femmes. C’est étouffant. »

« Vas-tu recommencer à te plaindre, capitaine ? Tu fais toujours ça. »

« Ferme ta gueule ! Ne fais pas comme si tu ne pensais pas la même chose ! »

« Contrairement à toi, capitaine, je suis encore jeune. J’aurais du mal à trouver un autre moyen de gagner de l’argent sans risquer ma vie. »

« Bah, n’importe quoi ! Quel est le rapport avec le fait que tu sois jeune ? Saches que quand j’étais jeune, je… »

À ce moment-là, quelque chose d’inhabituel se produisit.

« Capitaine, plusieurs cavaliers arrivent de l’arrière du fort ! Il y en a une centaine ! »

« Des cavaliers ? Pourquoi voudraient-ils venir ici ? Nous sommes au milieu de nulle part… »

« Capitaine, que devons-nous faire ? »

« Pour l’instant, restez en alerte. Ils viennent peut-être d’un pays ennemi. »

Malgré ses paroles, Callisto pensait qu’il s’agissait probablement d’une inspection surprise.

Lorsque les soldats restaient trop loin du champ de bataille, ils avaient tendance à baisser la garde et à perdre leur esprit combatif.

Pour faire face à ce problème, les inspecteurs militaires de l’empire allaient régulièrement vérifier les gardes qui étaient stationnées dans des régions éloignées. Callisto en avait déjà entendu parler.

Cependant…

« C’est… Le, le symbole de Lapland ? Qu’est-ce qu’ils font ici !? »

« Tu as dit Lapland ! »

Tout ce que Callisto savait des événements récents, c’était que le quatrième escadron de l’empire envahissait actuellement Lapland.

Voir les forces de l’ennemi ici ne pouvait signifier qu’une chose.

« Préparez vos arbalètes ! Réveillez ceux qui font la sieste ! Si quelqu’un perd du temps, je le jette au-dessus des remparts ! »

« Que toutes les forces se préparent au combat ! Dépêchez-vous ! »

Le fort Mercury, avec ses solides remparts de pierre, était loin de manquer de défense.

Il avait été conçu pour servir de première ligne défensive dans le cas peu probable d’une confrontation serrée contre Jormungand, et il pouvait accueillir jusqu’à 3000 soldats.

Cependant, les forces actuellement présentes dans le fort n’étaient qu’un dixième de ce nombre.

« Pensent-ils qu’ils peuvent faire tomber un fort avec à peine cent cavaliers ? »

De par leur nature même de force mobile, les cavaliers n’étaient pas faits pour les combats de siège. De plus, le fort avait un avantage écrasant en nombre.

Une fois qu’ils s’en étaient rendu compte, les centaines de gardes à l’intérieur du fort avaient lentement retrouvé leur sang-froid.

« D’accord, aujourd’hui, je vais m’efforcer de dissiper toute ta frustration. »

Vraiment ? ! Tu ne mens pas, n’est-ce pas ? Si tu me dis que tu mens, je crois que je vais pleurer.

« Désolé, mec. Je ne savais pas que c’était si grave. »

Quand il avait vu à quel point Bernst s’énervait, Kurats s’était rendu compte à quel point sa manière de vivre comme une andouille lui causait du stress.

Il avait poussé les mages les plus forts à leurs limites.

{Est-ce que ça aura de l’importance si ce fort disparaît ?}

« Je ne pense pas que ça changera grand-chose, mais on ne peut pas laisser un trou sans fond là. »

{Je vois. Alors tu peux l’écraser.}

« Aux quatre grands éléments qui habitent cette terre, écoutez l’appel de Kurats Hans Almadianos. »

Comme l’ennemi n’avait pas de mages ni de guerriers du niveau de Brigitte, Kurats pouvait commencer à incanter tranquillement.

« Je vous ordonne de me prêter votre pouvoir. Que mes ennemis ne fassent qu’un avec la terre. Qu’elle devienne leur prison éternelle. Prison éternelle. »

« Ces gars sont des cavaliers, pourquoi s’arrêteraient-ils ? »

« Ils ne semblent pas attendre des renforts… Ils ont peut-être des mages ? »

Callisto avait raison.

Cependant, ses attentes étaient très éloignées de l’ampleur réelle de ce qui allait se passer.

Il s’attendait tout au plus à ce que des tirs et des boules de feu lui soient tirés dessus.

Crack.

Quand Callisto entendit ce qui ressemblait à des fissures se formant dans les murs, un pouvoir invisible s’exerça soudainement sur lui et sur tous les autres soldats de la garnison, les forçant à ramper jusqu’au sol.

Il n’avait aucune idée de ce qui se passait.

C’était comme si le sol changeait de place et que le ciel s’effondrait.

Dans sa panique, Callisto essaya de se lever à la hâte, mais il ne pouvait pas bouger un doigt.

Cependant, il savait que ses camarades étaient étouffés par la pression. Il pouvait entendre leurs gémissements tout autour de lui.

« Quoi ? Qu’est-ce qui se passe ? »

Callisto n’avait jamais entendu parler d’un tel sort.

Alors qu’il était prêt à faire quelques sacrifices, il y avait de multiples façons pour lui de faire face aux attaques magiques régulières.

Cependant, le pouvoir qui s’exerçait sur le fort semblait provenir d’un sort anti-militaire de grande échelle, dont la puissance ne pouvait être invoquée que par toute une compagnie de mages qui utilisaient toute leur puissance.

Il essaya de vérifier combien de mages l’ennemi avait, mais ni lui, ni personne autour de lui, ne pouvait se lever pour le moment.

« Capitaine. Pouvons-nous nous échapper ? »

« Désolé. J’aimerais bien, mais… »

La pression devenait de plus en plus forte.

Elle avait atteint un point où Callisto et ses hommes ne pouvaient même plus ouvrir la bouche.

Les bâtisses à l’intérieur du fort s’écroulèrent et furent bientôt suivies par les piliers du fort, qui tombèrent avec un bruit de tonnerre.

Au cours des dernières années, le mur sud du fort avait commencé à perdre son équilibre au fil du temps. C’était probablement la raison pour laquelle, lorsqu’une seule partie isolée s’effondra qu’elle va créer une réaction en chaîne qui détruira le reste du mur de cet endroit.

… Merde ! Comme si être relégué dans ce trou perdu ne suffisait pas, maintenant tu me dis que je dois mourir ici ? Quand est-ce que j’aurai une pause ?

C’était la dernière pensée du capitaine de la garnison, Callisto.

Avec les sons de pastèques éclatantes, les nombreux gardes du fort Mercury se transformèrent en simples boules sur le sol à cause de la force gravitationnelle massive qui les pressait.

Les cavaliers ne pouvaient pas détourner le regard de la scène effrayante qui se déroulait devant eux.

De leur point de vue, cela ressemblait à un trou noir qui s’était ouvert au centre du fort et qui l’engloutissait avec tout ce qu’il y avait à l’intérieur.

Le seul réconfort trouvé par les cavaliers fut qu’ils ne pouvaient pas entendre les cris des soldats d’Asgard. Ils étaient probablement déjà morts depuis un moment.

L’effet du sort n’avait duré que dix minutes.

À la fin, le fort avait complètement disparu, de ses remparts à ses fondations. C’était comme s’il n’avait jamais été là auparavant.

Naturellement, il ne restait pas non plus une trace de la garnison.

Si quelqu’un qui n’était jamais venu ici passait par là, il croirait sans aucun doute que cela a toujours été un champ ouvert.

{Alors? Comment était-ce ?}

Bernst était sur le point de se féliciter fièrement pour ce travail bien fait, mais Kurats avait tout gâché sans pitié.

« C’était plus… simple que ce à quoi je m’attendais. »

{Ce sort est au sommet de la magie de destruction ciblée. Il peut effacer tout ce que tu désires sans causer de dégâts inutiles à l’environnement… et tu dis que c’est « simple »!?}

{Est-ce que cet abruti ne comprendra jamais le côté délicat et artistique de la magie? Pourquoi ne peut-il pas le voir?}

Cela faisait longtemps que Bernst n’avait pas eu la satisfaction de voir sa magie en action, mais il avait été frappé de plein fouet par cette réalité qu’il ne pouvait pas comprendre.

À ce moment, Frigga, qui avait entendu Kurats prononcer le mot « simple », s’interposa inconsciemment dans la conversation.

« Non, je pense que le sort était génial, d’une certaine manière. Si formidable, en fait, que je ne peux même pas commencer à imaginer quel type de magie tu as utilisée. »

{Oh! Tu vois ça!? La princesse comprend mieux ma magie que toi!}

« Ne le loue pas trop. Il va se laisser emporter. »

« Quoi? »

Frigga inclina la tête sur le côté, troublée par les mots de Kurats.

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Un commentaire :

  1. Merci pour le chapitre.

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