Almadianos Eiyuuden – Tome 3 – Chapitre 66

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Chapitre 66

Il y eut un grand changement d’ambiance à la cour royale de Jormungand ces derniers temps.

Et bien qu’il ne l’ait pas montré à l’extérieur, Albert n’aimait pas ça du tout.

Il savait pourquoi cela se produisait.

La nouvelle de la victoire du petit royaume de Lapland avait considérablement réduit la peur de l’empire Asgard.

Jormungand montrait une fois de plus sa fierté d’être l’une des cinq grandes puissances.

Les nobles étaient des créatures étranges. Ils pouvaient jeter leur propre famille à la poubelle pour leur propre survie, mais, en même temps, ils étaient très fiers.

Ils ne baisseraient jamais la tête vers un autre pays si ce n’était pas absolument nécessaire.

« Pour l’amour de Dieu, pourquoi ne peuvent-ils pas accepter tranquillement leur mort… ? »

La victoire miraculeuse de Lapland était une lueur d’espoir pour tous ces petits pays qui avaient toujours été victimes des grandes puissances.

Si ce sentiment se répandait sur le continent, même les petits pays qui étaient déjà pleinement occupés pourraient commencer à se rebeller contre Asgard.

Albert avait aussi l’impression que l’empire Asgard mettait beaucoup trop de temps à réagir.

Ils n’ont pas vraiment d’ennuis, n’est-ce pas ? C’est impossible.

Les pertes qu’ils avaient subies durant la guerre contre Lapland étaient peut-être importantes, mais il ne semblait pas que cela aurait pu être fatal à une grande puissance comme Asgard.

Mais Albert n’avait ni le pouvoir ni l’autorité pour savoir ce qui se passait vraiment.

Pour lui, le plus gros problème était que la victoire de Lapland avait ravivé la faction de la princesse Lunaria à Jormungand.

Cette tournure des événements était vraiment exaspérante.

Les pertes de la guerre n’étaient rien pour Asgard.

Avec leurs multiples escadrons, ils pouvaient affronter quatre pays en même temps.

Pourquoi ces idiots pacifiques ne peuvent-ils pas comprendre qu’un pays comme Jormungand sera détruit par l’empire ?

Albert avait réussi à étendre son influence sur 70 % de la cour royale, mais dernièrement, les nobles neutres avaient changé de camp pour la faction de Lunaria, permettant à la princesse de revenir à un statut égal à celui d’Albert.

En l’état actuel des choses, il était très probable que le projet de marier Lunaria à l’empereur d’Asgard, Heimdall, ne porterait pas ses fruits.

« J’étais si proche… »

À un moment donné, Albert avait l’impression que le roi Christopher avait vraiment commencé à se pencher de son côté.

Il lui semblait qu’avec un peu plus de temps, le roi aurait décidé d’accepter la demande de l’empereur Heimdall et lui aurait envoyé sa fille.

Mais pour une raison quelconque, Albert avait aussi l’impression que le roi attendait quelque chose. Comme s’il n’avait jamais eu l’intention d’agir sans cela.

Soudainement, le visage de Kurats, l’un des rares hommes qui n’avaient jamais essayé de s’attirer ses faveurs, surgit dans l’esprit d’Albert.

« Cet homme ? Impossible. »

Albert savait que ce mage ennuyeux avait été envoyé sur le territoire d’Isengard pour enquêter sur la magie du mage qui pouvait contrôler les monstres, Oliver.

Il savait aussi que Kurats n’avait eu aucun contact avec Lunaria ces derniers temps.

Le roi n’était pas le genre d’homme à prendre une décision pour la nation en fonction de ses sentiments.

S’il en était arrivé là, il aurait impitoyablement donné Lunaria pour le meilleur intérêt du royaume, peu importe à quel point elle ou Kurats s’y seraient opposés.

Alors, l’héritière du trône aurait été par défaut Felbelle. Et en tant que mari, Albert serait devenu le chef légitime du royaume de Jormungand.

Il était à un pas de la réalisation de ces ambitions, mais tous ses plans avaient maintenant mal tourné.

« Si cette maudite fille était morte, je n’aurais pas à faire face à tous ces problèmes. »

En fin de compte, la raison pour laquelle tout cela était arrivé était due au fait que Lunaria s’était remise de sa maladie apparemment incurable.

Par la suite, le plan du baron Isengard avait fini par être exposé, ce qui rendait Albert lui-même suspect.

Et maintenant, essayer d’assassiner à nouveau Lunaria n’était plus une option.

Si toute la conspiration était révélée d’une manière ou d’une autre à la suite d’une seconde tentative d’assassinat contre Lunaria, Felbell n’aurait plus aucune chance de monter sur le trône, et la vie même d’Albert serait en danger.

« Tout ça parce que ce maudit mage a mis son nez là où il ne devrait pas le mettre. Mais savoir qu’il peut me regarder à tout moment est assez inquiétant. »

Albert se rappela avec amertume du jour où Kurats utilisa sa mystérieuse magie pour projeter des images de ce qui s’était passé dans le territoire d’Isengard. 

Cet homme est un sérieux problème.

Depuis ce jour, Albert n’avait jamais été à l’aise. Il n’y avait pas eu un seul moment où il n’avait pas eu l’impression d’être observé.

« Dois-je envisager des mesures plus drastiques ? »

Albert ne voulait pas que Jormungand devienne faible.

Il n’était pas contre l’utilisation de la force de l’empire Asgard pour prendre le trône, mais si le pouvoir du royaume de Jormungand déclinait trop dans le processus, Albert serait probablement éliminé dès qu’il aurait perdu son utilité.

Jormungand devait rester fort. Assez fort pour que l’empire préfère coopérer avec son futur roi plutôt que de risquer une guerre. Et Albert croyait que le futur roi serait lui.

C’est pourquoi il ne considérait la guerre civile qu’en tout dernier recours.

Mais même ce dernier recours ne fonctionnerait qu’en partant du principe que sa faction avait l’avantage.

◆ ◆ ◆

« Je suis Frigga, la sœur cadette du roi de Lapland. J’aimerais avoir une audience avec le roi de Jormungand, Sa Majesté Christopher ! »

Canney, le chef de la garnison stationnée à la frontière de Jormungand, avait les yeux grands ouverts en regardant le beau visage de la femme devant lui, qui parlait d’une voix tout aussi belle et résonnante.

Il y avait trois jeunes filles guerrières sur le continent.

L’une était la princesse folle d’Asgard, Skuld.

L’autre était la Valkyrie Blanche-Neige de Lapland, Frigga.

Et puis il y avait la Déesse rougeâtre de la mort de Gertstein, Muselina.

Il n’y avait personne dans l’armée qui n’avait pas entendu parler de ces noms.

On ne pouvait pas reprocher à Canney d’avoir été embrouillé après avoir vu l’une de ces légendes vivantes en chair et en os.

D’autant plus qu’il avait entendu parler de la façon dont Lapland s’était défendue et avait renversé une situation complètement désespérée.

« Pardonnez mon impolitesse, Votre Altesse, mais je dois vous interroger. Ai-je tort de supposer que vous êtes venu ici, au fort de Miever, depuis l’empire Asgard ? »

« Bien sûr qu’on l’a fait, on a coupé à travers Asgard. Nous avions pris la liberté de faire ce que nous voulions, car nous ne sommes toujours pas en paix avec eux. Est-ce que cela vous pose un problème ? »

« Bien sûr que non ! C’est juste que vous n’avez amené qu’une centaine de chevaliers avec vous, alors… »

Même pour la Valkyrie Blanche-Neige, cela n’aurait pas dû être possible.

Canney avait la quarantaine, il avait vécu d’innombrables petites batailles dans sa vie.

D’après son expérience, il était impossible pour un petit groupe d’une centaine de cavaliers de traverser en toute confiance une nation ennemie sans égard pour la logistique ou la géographie du terrain.

« Eh bien, je peux comprendre pourquoi vous avez des soupçons, mais nous avons des preuves. En venant ici, on a complètement effacé le fort de Mercury. Il n’en reste aucune trace. »

« Est-ce une blague ? »

Le fort de Mercury était une petite forteresse construite et entretenue par l’empire Asgard pour servir de ligne de front en cas d’invasion du royaume de Jormungand.

De plus, les cavaliers n’étaient pas faits pour les combats de siège. Même si ces cavaliers avaient l’avantage numérique, aucune forteresse gardée n’aurait de mal à les traiter.

« Malheureusement, je ne plaisante pas. Si vous pensez que je mens, vous pouvez le confirmer en envoyant des éclaireurs. »

Canney acquiesça fermement devant Frigga.

En tant que responsable de la surveillance de la frontière, il ne pouvait l’ignorer.

La chute du fort de Mercury était une grande nouvelle pour les habitants du fort de Miever.

Cela signifiait que la potentielle base d’opérations de l’ennemi, qu’ils avaient été implantés ici à des fins d’observation, avait maintenant disparu.

Cependant, si Frigga avait vraiment détruit le fort de Mercury, alors la laisser entrer dans Jormungand allait être problématique.

Cela pourrait mener à un début d’une guerre avec Asgard.

Canney soupçonna même qu’il s’agissait d’un complot bien conçu par l’empire Asgard pour déclencher une guerre.

Cependant, il savait que refuser de laisser passer Frigga et ses hommes à l’intérieur serait également un problème.

En raison de leur manque de pouvoir par rapport à Asgard, le royaume de Jormungand avait abandonné tout sens du devoir en délaissant un pays allié, Lapland, laissant son peuple à leur foi.

La seule raison pour laquelle la guerre avait fini par prendre une autre tournure était l’intervention de Kurats. Mais l’avenir de Lapland abandonnée aurait pu être bien plus sombre.

La réputation du royaume de Lapland s’était accrue dans toutes les nations après qu’ils aient réussi à forcer l’armée d’Asgard à quitter leur territoire pour protéger leur indépendance.

Si Frigga était refoulée à la frontière de Jormungand, le royaume dans son ensemble serait sûrement étiqueté par le monde entier comme étant peu fiable.

Jormungand ne pouvait pas se permettre ce genre de réputation. La création et le maintien d’alliances avec d’autres pays étaient une question de vie ou de mort pour eux, étant donné leur infériorité par rapport à l’empire Asgard sur le plan militaire.

Quoi qu’il en soit, ces questions étaient clairement au-dessus de l’autorité de Canney.

Mais il était d’un rang assez élevé dans l’armée pour être en mesure d’imaginer le genre de problèmes qui pourraient découler de cette situation.

Cela étant, Canney n’avait d’autre choix que de faire une demande à la princesse, tout en priant pour que rien de mal n’en ressorte.

« Seriez-vous prête à rester ici jusqu’à ce que nous recevions des instructions du palais royal ? »

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Un commentaire :

  1. Merci pour le chapitre.

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