Almadianos Eiyuuden – Tome 2 – Chapitre 44

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Chapitre 44

« ... Combien de survivants ? »

Sans montrer aucun signe de découragement, Cabernard interrogea calmement Navarre sur la situation.

« 80 % des soldats ont survécu. Mais nous avons subi de lourdes pertes parmi les unités de mages, il n’en reste plus qu’environ 50 %... Nous pourrions augmenter un peu leur nombre si nous attendons que les blessés graves se rétablissent. »

« Je doute que l’ennemi reste les bras croisés pendant ce temps-là, on va donc devoir se focaliser sur la défense pendant un moment. En attendant, demandez des renforts à l’empire. »

« ... Est-ce vraiment bien ? »

S’ils pouvaient contre-attaquer afin de gagner pour de bon cette guerre, ils pourraient effacer la honte de leur défaite subie à Crowdagen.

Cependant, s’ils décidaient de ne pas contre-attaquer après avoir eu vent de leur défaite, l’empire pourrait être mis dehors sans avoir l’occasion de compenser cette défaite.

Navarre pensait qu’il serait dommage qu’un grand général comme Cabernard puisse recevoir un tel traitement.

« Tout est correct à la guerre. Je ne me bats pas pour mon honneur personnel. Notre but est d’apporter des bénéfices au pays à tout prix, n’est-ce pas ? »

Un militaire devait être inconditionnellement loyal envers son pays.

C’était un principe de base de l’armée, mais il était pratiquement impossible de le mettre en pratique.

Avec cela Navarre respectait Cabernard davantage.

« Mais... Cette bataille a laissé un mauvais arrière-goût. »

Cabernard avait consacré la majeure partie de sa vie au champ de bataille, mais même lui était choqué par l’inimaginable et absurde démonstration de violence qui avait eu lieu sur le front.

Voir cette différence de puissance avait amené l’esprit des soldats d’Asgard au bord du précipice.

Ce n’était pas suffisant pour faire perdre à ces braves hommes la volonté de se battre, mais la situation n’était pas bien meilleure que s’ils étaient tombés dans le désespoir.

Ils étaient censés se battre en faisant tout ce qu’ils pouvaient pour revenir en vie. S’ils croyaient qu’ils n’avaient pas la moindre chance de survie, ils allaient perdre leur avantage.

Bien que cela soit acceptable à court terme, Cabernard avait besoin de se remonter le moral avec une victoire.

« La question est de savoir si je serai capable de les protéger d’ici là... »

Pour combattre cet homme, il ne fallait pas une armée, mais un individu possédant une force écrasante.

Ce que Cabernard cherchait désespérément à comprendre, c’était comment limiter ses pertes en attendant l’aide de certains des puissants vétérans de l’empire.

◆ ◆ ◆

Elle est bien trop proche, pensa Kurats. 

De retour au château royal, Frigga guida Kurats vers une chambre d’hôtes.

Tout cela était normal, mais le problème était que, pour une raison quelconque, Frigga était assise à côté de Kurats et lui collait presque l’épaule.

Puisqu’elle souriait et qu’elle était de bonne humeur, il n’était pas opportun de lui dire de garder une certaine distance.

« Monsieur McGregor, as-tu soif ? Le dîner sera bientôt prêt, alors s’il te plaît attends-le avec impatience ! »

« O-Oui, merci... »

Il ne faisait aucun doute que les gens dans la pièce étaient tendus.

Kurats n’était effectivement pas le seul à être perplexe. Il y avait trois bonnes dans la chambre d’amis qui regardaient Frigga comme si leurs yeux allaient sortir de leurs orbites d’un instant à l’autre.

H-Hein... Qui est-ce ?

Est-ce la princesse Frigga ? Pas possible... ça doit être quelqu’un d’autre.

C’est bizarre ! L’attitude de la princesse n’est pas aussi calme que d’habitude !

« Monsieur McGregor, toi et moi... Nous sommes amis, non ? »

Frigga tenait fermement l’ourlet de la robe de Kurats tout en rougissant à cause de l’embarras.

En regardant les yeux tournés vers le haut de cette très belle fille, Kurats, qui était encore inexpérimenté, était trop agité pour dire quoi que ce soit.

Pendant un instant, l’image d’une Cornelia au visage démoniaque avait surgi dans son esprit, mais il parvint de justesse à se débarrasser de cette illusion et à parler.

« Oui, bien sûr. »

« Alors... peut-on se tenir la main ? »

Huuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuh !?

Kurats avait l’impression qu’il pouvait presque entendre les cris choqués qui s’échappaient de l’esprit des femmes de chambre.

« Est-ce vraiment une bonne chose ? Pour quelqu’un comme moi, c’est un peu... »

« Bien sûr que ça va ! Nous sommes amis après tout ! »

Frigga parlait fièrement, comme si ses paroles étaient évidentes, mais le seul qui était d’accord était Bernst.

{C’est bon, tiens-lui la main. C’est une fille malheureuse, tu ne devrais pas refuser ses demandes.}

{Malheureuse... ?}

« Hihihihi... »

En voyant la grande main de Kurats tenir sa propre main, Frigga était ravie.

Les gens l’appelaient maintenant la jeune princesse de la guerre. Depuis qu’elle était très jeune, ils l’avaient toujours considéré comme un génie, mais il y avait une chose sur laquelle elle n’avait aucune idée...

Comment interagir avec un ami d’égal à égal ?

{Donc tu veux dire...}

{Je dis qu’elle se sent seule.}

« Monsieur McGregor, peux-tu me parler de ton enfance ? Le mien étant plutôt inintéressant, donc je suis curieuse... »

Quand Frigga l’avait dit, les femmes de chambre avaient finalement aussi commencé à comprendre.

Elles avaient réalisé ce que Frigga avait ressenti toutes ces années.

Pauvre princesse... C’est déchirant... 

Mais cela ne justifie pas ce qui se passe !

Pourquoi un tel bon à rien interagit-il avec elle de cette façon... ? 

Cependant, aucune d’entre elles ne pouvait rien lui dire.

Frigga avait certainement mal compris comment les amis étaient censés interagir, mais c’était si pitoyable que personne n’avait eu le cœur de le lui dire.

Elle montrait sur son visage un large sourire et pour une fois, elle montrait une expression qui correspondait à une fille de son âge. Qui voudrait s’en mêler ?

« Puisque nous allons manger ensemble, nous devrions faire la chose où tu ouvres la bouche, dis “aaah”, afin que je te nourrisse ! Ce sera amusant ! C’est important pour établir l’amitié entre deux amis ! »

Je comprends qu’elle se sente seule, mais cette princesse est en train de surcompenser !

« Pour notre amitié, on peut tout faire, je n’ai plus rien à craindre ! »

Votre Altesse ! Votre Altesse ! Ne dites pas ça, vous dépassez la limite !

◆ ◆ ◆

« Je suis honoré de vous rencontrer. Je m’appelle McGregor Mathers. Je suis venu ici pour aider Lapland au mieux de mes capacités. »

Kurats s’était agenouillé sur un genou et s’était incliné.

Cette posture raide et très formelle avait l’effet contraire de ce qu’elle était censée avoir sur lui, elle ne servait qu’à mettre davantage en valeur son énorme corps et les muscles qui semblaient appartenir à un guerrier bien entraîné.

« Je suis Siegfried Lapland. Je vous remercie de votre coopération. Au fait... »

Siegfried parla d’une voix très perplexe.

« Pourquoi avez-vous accompagné ma sœur ici ? »

« Je suis désolée, mon frère. C’est mon ami, donc je veux rester près de lui, c’est naturel, non ? »

« ... Mais n’es-tu pas un peu trop proche de moi ? », murmura Kurats.

Sentant le contact de la poitrine molle de Frigga sur son bras, il avait à peine réussi à garder son sang-froid.

Après son retour, Frigga avait passé la plupart de son temps avec Kurats, sauf quand elle devait s’occuper des affaires officielles.

Non, en fait, même quand elle était occupée avec les affaires officielles, elle avait essayé de prendre contact avec lui autant que possible, tout comme maintenant.

Est-ce son parfum ou son odeur naturelle ? Soudainement, Kurats se retrouva à comparer son odeur aux senteurs de Cornelia et de Lunaria.

« J’ai été patiente pendant des années ! Un peu d’excès ne devrait pas être un problème ! »

Tout le monde, du chambellan aux servantes, y compris le roi Siegfried, était à court de mots.

Était-ce vraiment la Frigga courageuse et solitaire qu’ils connaissaient ?

{Es-tu sûr qu’elle est en train de compenser sa solitude en ce moment... ?}

{Si tu y réfléchis bien, tu verras que son comportement est compréhensible.}

Comme ses paumes devenaient moites, Siegfried décida de se concentrer sur l’affaire officielle en cours.

« Frigga. Tu as admirablement protégé Crowdagen. Je te nomme donc au poste de maréchal du royaume, que tu occuperas en mon nom. J’attends beaucoup des capacités que tu as montrées jusqu’à présent. »

« Je jure de protéger le royaume peu importe les difficultés, peu importe le prix. »

« Ooooh ! »

Des voix d’admiration se répandirent dans la cour, comme une vague géante.

La position du maréchal du royaume était normalement occupée par le roi lui-même.

Mais comme Siegfried savait qu’il était loin d’être au niveau de sa sœur lorsqu’il s’agissait de questions liées à la guerre, il lui avait donné cette autorité. Elle était maintenant libre de prendre les décisions qu’elle voulait au combat, sans contrainte.

Bien sûr, certains nobles allaient s’opposer, défier ou même ignorer cette décision.

Mais s’ils le faisaient, ils ne s’exposeraient qu’en tant qu’opposants de la famille royale, permettant ainsi à Siegfried de les écraser tous, maintenant qu’il avait trouvé la volonté de le faire.

« Votre Majesté, à ce sujet, j’envisage de nommer monsieur Mathers commandant en second. »

« En tant que maréchale, tu as le contrôle total sur toutes les positions au sein de l’armée. Tu peux faire ce que tu veux. » 

« S’il vous plaît, attendez ! »

Un chevalier portant une armure luxueuse s’avança, l’air visiblement en colère.

« Êtes-vous en désaccord avec ma décision, Wedel ? »

« Comment pourrions-nous suivre les ordres d’un parfait étranger dont nous ne connaissons même pas les origines ! »

Certains chevaliers acquiescèrent silencieusement d’un signe de tête.

Apparemment, l’opinion de Wedel était dans une certaine mesure également partagée par certains des autres chevaliers.

Kurats lui-même estimait que leurs réactions étaient plus que justifiées.

« C’est moi qui l’ai choisi. Vous opposez-vous à ma volonté ? »

« Quand mon supérieur commet une erreur de jugement, c’est mon devoir en tant que subordonné de la corriger, même si cela signifie que je dois me mettre en danger. »

« Pouvez-vous me prouver que je fais une erreur ? Si vous ne le pouvez pas, ça veut dire que ce que vous faites en ce moment n’est rien d’autre qu’une rébellion. »

Je n’ai pas besoin de preuves pour savoir que c’est une grosse erreur, pensa Wedel.

Les aristocrates de Lapland, avec leur longue histoire derrière eux, ne pouvaient pas se permettre d’être dans une position inférieure à celle d’un étranger d’origine inconnue.

Surtout, Wedel n’aimait absolument pas la manière dont Frigga se comportait avec cet homme.

Wedel Agren. C’était un aristocrate influent. Il n’était pas seulement le fils aîné du marquis de la maison d’Agren, mais aussi le baron de Bendix.

Il était extrêmement courageux, c’était même un concurrent solide parmi les prétendants de Frigga, mais à son grand regret, il n’était pas assez talentueux pour être son égal au combat.

Il avait défié Frigga à plusieurs reprises, mais il n’avait jamais gagné un seul duel contre elle.

Malgré cela, il ne pouvait pas renoncer à son ardent désir pour elle.

« Alors, permettez-moi de défier personnellement cet homme en duel et de prouver mes paroles ! »

En regardant Wedel s’exciter, Frigga avait montré une expression d’étonnement sincère.

Plutôt que de penser qu’il ne connaissait pas sa place, elle avait plutôt l’impression qu’il était carrément suicidaire.

« Vous semblez mal comprendre quelque chose. Monsieur Mathers est en fait beaucoup plus fort que moi. Vous n’avez jamais gagné contre moi, alors comment pouvez-vous avoir une chance contre lui ? »

« Est-ce que cela signifie que le vaincre équivaudrait à gagner contre vous ? »

« Oui, si vous gagnez, je pourrais même vous épouser si c’est ce que vous voulez. Mais si vous perdez, vous n’aurez plus le droit de protester contre mes décisions. »

« S’il vous plaît, n’oubliez pas ces paroles ! »

Après l’avoir dit, Wedel se tourna vers Kurats et déclara haut et fort.

« Mathers ! Moi, Wedel Bendix Agren, je vous provoque en duel ! Vous n’allez pas refuser comme un lâche, n’est-ce pas ? »

{Ce type me rappelle le crétin de fils du comte Hazel. Je crois que je vais l’écraser.}

{En effet. Ce sera une bonne occasion de montrer ta puissance.}

Kurats allait devoir inculquer la peur au plus profond du cœur de ce chevalier. Sur ce point, il était exactement sur la même longueur d’onde que Bernst.

« Moi, McGregor Mathers, je n’ai aucune intention de me cacher ou de fuir. »

Les yeux de Kurats étaient déjà passés en mode chasseur.

La vérité était que le royaume de Lapland était, du point de vue des aristocrates locaux, similaires à une fédération.

Même le maréchal du royaume devait faire preuve d’une puissance écrasante pour les maîtriser.

Bien que Frigga ait fait preuve d’un tel talent au combat que les gens l’appelaient maintenant la princesse guerrière, cela n’était pas encore suffisant pour que les aristocrates respectent son autorité sans condition.

Cependant, il y avait certains seuils dans ce monde qui ne pouvaient pas être franchis par le pouvoir d’une seule personne. Wedel allait l’apprendre à ses dépens.

Seuls les cieux savaient si cette leçon serait une bonne ou une mauvaise chose pour lui.

Frigga regarda Wedel se laisser emporter par les acclamations de ses collègues et de ses subordonnés, les yeux froids.

« Tu ferais mieux de ne pas perdre contre un étranger inconnu ! »

« Je ne vous décevrai pas, père ! »

Puisqu’il portait l’armure ancestrale de sa famille, Wedel n’avait pas pensé une seconde qu’il pourrait perdre.

Cette armure se transmettait de génération en génération dans la famille Agren. Elle était dotée d’une résistance magique très puissante, ainsi que d’un enchantement magique qui pouvait augmenter de nombreuses fois les capacités physiques de celui qui la portait.

Même dans le royaume de Jormungand, ces objets n’appartenaient qu’à la famille royale.

« Qu’est-ce qu’il y a ? Vite, prenez une arme. »

« Je suis d’accord pour me battre à mains nues. Je pourrais vous tuer par erreur si je m’arme. »

« Comment osez-vous vous moquer de moi ! »

Wedel était furieux. Il n’arrivait pas à croire que l’adversaire qu’il regardait de haut voulait se retenir contre lui.

« Si vous croyez que je vais y aller mollo avec vous parce que vous n’utilisez pas d’arme, vous vous trompez. »

Même si cet homme le suppliait, Wedel allait absolument le tuer.

Il ne permettrait pas à un homme insolent et impoli comme lui de rester près de la princesse Frigga.

Désireux de faire payer Kurats, Wedel saisit fermement son épée.

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2 commentaires :

  1. Merci pour le chapitre.

  2. Juste MDR le mon qui essaye de battre le héros , au moins il ne triche pas (pour l’armure c’est clean , on ne retire pas les objets qu’on les autres)

    Merci pour ce chapitre.

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