Almadianos Eiyuuden – Tome 2 – Chapitre 38

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Chapitre 38

Crowdagen, la forteresse imprenable.

Dans l’histoire de Lapland, cette ville détenait ce titre depuis longtemps, et à juste titre, car c’était la dernière ligne défensive qui protégeait la capitale royale.

Elle était située à un endroit stratégique pour le commerce, au plein cœur d’une chaîne de montagnes qui s’étendait sur plus de 3000 mètres à sa gauche et à sa droite. De plus, elle était protégée par de hauts remparts ainsi que par des défenses magiques de haut niveau, ce qui la rendait digne d’être appelée une forteresse.

Cependant, le nombre de troupes stationnées dans la ville était étonnamment faible.

Lapland était un petit pays, mais s’ils mobilisaient toutes leurs forces, ils pourraient avoir plus de 20 000 soldats ici.

Une armée d’une telle taille serait une force contre laquelle même les grandes puissances ne seraient pas en mesure de faire face avec insouciance, ce qui donnerait le temps aux pays voisins d’envoyer des renforts, bien qu’on ne s’attendait à rien pour le moment.

Cependant, dans leur dernière bataille contre l’empire, Lapland avait perdu plus de 10 000 hommes. Pendant que le pays se réorganisait, ils ne pouvaient envoyer qu’un millier de soldats à Crowdagen.

« Dis ce que tu veux, mais c’est une scène assez spectaculaire. »

Regardant la grande armée d’Asgard qui avançait vers les remparts, Frigga sourit ironiquement. C’était comme si les montagnes bougeaient.

« Vous seule seriez capable de sourire devant un tel spectacle, Votre Altesse. »

L’homme qui parlait à la princesse était Marcus, un adjudant dont le visage était devenu un peu pâle.

Et bien qu’il soit au milieu de la trentaine et qu’il ne manquait pas d’expérience au combat, il se sentait cependant terriblement angoissé. C’était la première fois qu’il voyait une armée de 40 000 soldats.

Pour empirer les choses, ses alliés se comptaient par centaines, et ils ne s’attendaient pas du tout à des renforts.

« Peu importe le nombre, il n’y a pas assez d’espace ici pour qu’ils puissent déployer leur grande armée. Il n’y a donc pas lieu d’avoir peur, n’est-ce pas ? »

Le plus grand trésor de la Laponie, la valkyrie Blanche-Neige, souriait sans crainte.

Les troupes avaient été intimidées par les effectifs de l’ennemi, mais le courage de Frigga, s’appuyant sur ses réalisations militaires passées, était suffisant pour leur remonter le moral.

Tant qu’ils suivraient cette déesse du champ de bataille, ils ne perdraient pas.

Même si les déesses de la guerre allaient à leur encontre, les menant à leur défaite, ils croyaient que leur mort ne serait absolument pas vaine.

De plus, Frigga avait un tel charisme en tant que commandante qu’ils avaient l’impression qu’ils pourraient tous mourir pour elle sans regret.

« Peu importe le nombre de barbares qu’Asgard enverra contre nous, nous ne laisserons pas un seul d’entre eux atteindre la capitale royale. Tant que je suis là, on pourra retourner la situation en notre faveur autant de fois qu’on le veut ! »

« Ooooooooooooh ! »

Les hommes sont des créatures émotives.

Parfois, les paroles d’une seule personne pouvaient transformer des gens qui frissonnaient de terreur en guerriers qui ne craindraient pas la mort. Cependant, parmi des dizaines de milliers de personnes, une seule personne, un seul héros, pouvait obtenir ce genre d’effet.

Le moral des troupes défensives de Crowdagen avait grimpé en flèche, il avait le pouvoir de percer le ciel au-dessus d’eux.

◆ ◆ ◆

Les rugissements des forces de Crowdagen atteignirent les troupes du quatrième escadron de l’empire Asgard, qui était dirigé par le comte Cabernard.

« Il n’y a pas de soldat lâche sous la bannière d’un grand général. C’est comme ça qu’on dit ? »

Cela ne s’appliquait pas aux miliciens qui étaient recrutés pendant la saison morte des fermiers, mais cela s’appliquait spécialement aux soldats entraînés et expérimentés.

Leurs formations avaient imprégné toutes les fibres de leurs corps, à tel point qu’ils ne battraient jamais en retraite tant que leur commandant se tenait courageusement sur la ligne de front.

Intéressant, je n’en attendais pas moins de la Valkyrie Blanche-Neige.

Cabernard souriait tout en montrant ses crocs.

Dernièrement, Cabernard avait été déçu par le fait qu’il n’y ait pas d’adversaires digne de valeur, donc la tournure des évènements n’était pas faite pour lui déplaire.

« Faire face à une héroïne prête à se sacrifier devrait en valoir la peine. »

Cela faisait vingt ans qu’il avait succédé au rang de comte et il avait maintenant une réputation bien établie en tant que général vétéran des forces de l’empire Asgard.

Les quelques rides sur les coins de ses yeux trahissaient le fait qu’il était dans la quarantaine, mais son corps solide et parfaitement ajusté paraissait si jeune qu’il pouvait se faire passer pour quelqu’un qui était dans la vingtaine.

Ses yeux ambrés, ses cheveux légèrement roux, châtain clair et son visage sévère, mais charmant le rendirent populaire non seulement parmi les militaires, mais aussi à la cour royale.

Et pourtant, le regard que cet homme puissant dirigeait actuellement vers Crowdagen était sérieux.

Au début de cette guerre, avant la victoire écrasante de l’empire, Cabernard avait fait tourner le royaume en bourrique en envoyant simplement des rumeurs à la plus haute autorité de Lapland, le duc de Varandi, affirmant que « une partie des troupes envoyées par le royaume de Nedras et précédemment assimilées au quatrième escadron d’Asgard envisagent de changer de camp. »

À cause de cette information, et malgré le désavantage numérique dont il était déjà victime, le royaume de Lapland s’autorisa inutilement à subir de plus en plus de pertes, en attendant que les troupes du royaume de Nedras rejoignent leur camp.

Bien sûr, le quatrième escadron de l’empire n’avait pas réellement de troupes du royaume de Nedras ou quoi que ce soit du genre. Il ne leur restait que quelques officiers qui avaient trahi le royaume de Nedras pour rejoindre l’empire.

Ce plan avait suffi à berner les commandants de Lapland, mais les plus grandes victimes avaient été les soldats, dispersés un peu partout, incapables de recevoir l’ordre de retrait.

À ce jour, le royaume n’avait aucun moyen de renverser la supériorité absolue de l’empire Asgard.

De plus, l’intervention des pays ayant un lien d’amitié avec Lapland était impossible.

Avant même que des renforts puissent arriver, le pays serait déjà tombé, rendant toute intervention inutile.

Il ne restait plus qu’à attendre patiemment que Lapland rende son dernier souffle.

Mais Cabernard était un militaire dans l’âme et il espérait pouvoir affronter au moins un ennemi ayant une certaine valeur.

« Seigneur Cabernard, Votre Excellence, n’oubliez pas que Sa Majesté vous a ordonné de capturer la princesse Frigga. »

Voyant l’esprit combatif dans les yeux de Cabernard, le commandant de division, Navarre, lui rappela les ordres de l’empereur.

Heimdall était un empereur compétent et impartial, mais cela ne signifiait pas qu’il était facile à servir.

Accroître son mécontentement serait sans doute une mauvaise idée.

« Je sais, je sais. Mais Sa Majesté sait aussi que gagner la bataille est bien plus important. »

Même si le roi n’était pas d’accord, le Premier ministre ridiculement beau et sournois ne le lâchera jamais.

« Personnellement, je crois que nous devrions être aussi fidèles que possible à l’ordre du roi. »

Le rôle du commandant de division était d’empêcher le général d’être imprudent, c’est-à-dire que le devoir de Navarre était de garder Cabernard sous contrôle, mais il était certainement vrai que gagner la bataille était plus important que de prendre Frigga.

Alors que Navarre se grattait la tête, apparemment troublé par ce qu’il devait faire, Cabernard rugit de rire.

« Après tout ce temps, on a enfin trouvé un adversaire de valeur. Alors, la première chose que nous devrions faire, c’est de remplir notre devoir de militaires, non ? »

◆ ◆ ◆

Vêtus de robes rouges, les mages de l’empire Asgard avaient commencé à avancer.

Comparé à d’autres pays, l’empire avait un très grand nombre de mages, parce qu’ils avaient mis tous leurs efforts à les entretenir.

Pendant longtemps, dans l’histoire des nombreuses nations du continent, le statut des nobles et des mages était privilégié, ils avaient un statut qui ne pouvait être atteint que par des marchands ayant un niveau de richesse semblable à celui des nobles.

Bien sûr, le royaume de Jormungand ne faisait pas exception.

Heimdall, d’autre part, avait utilisé les fonds nationaux de l’empire pour entretenir un très grand nombre de mages, indépendamment de leur position sociale.

Au début, cette politique semblait étrange aux yeux de certains pays conservateurs.

L’éducation des mages était très coûteuse et ils ne croyaient pas que le résultat final en vaudrait la peine.

Cependant, une fois que l’empire avait construit son bataillon de mages et qu’il avait commencé à envahir d’autres pays, il avait montré que ce ne serait pas des ennemis faciles à affronter.

C’est à ce moment-là que d’autres nations avaient réalisé que, dès le début, l’objectif de l’empire dans l’entraînement des mages était d’attaquer les nations étrangères.

Après avoir connu une période de paix de plus de cent ans, même les cinq nations les plus puissantes avaient été clairement laissées pour compte.

Et tandis que ces nations puissantes jouaient les observateurs silencieux, l’empire avait détruit trois petits pays, augmentant encore son pouvoir.

À ce moment-là, personne ne pouvait nier qu’Asgard avait la plus grande armée de tout le continent.

Et en ce moment, les troupes de mages, qui représentaient la puissance de l’empire, lançaient toutes en même temps une incantation.

« Souffle enflammé. »

Le souffle enflammé était un sort qui pouvait détruire un objet cible à cause de la température élevée du souffle. C’était l’un des sorts magiques « Majeurs ».

C’était un sort antipersonnel, mais lorsqu’il était lancé par plus de mille personnes, même des soldats protégés par des remparts ne seraient pas en sécurité.

À tout le moins, ils ne seraient pas capables de lever la tête pendant que le sort était lancé et, dans certains cas, les remparts pourraient s’échauffer à tel point qu’il deviendrait impossible de se cacher derrière eux.

Par contre, si les soldats quittaient leurs positions pour s’abriter ailleurs, les troupes de l’ennemi pourraient assiéger les remparts et les détruire.

C’était la stratégie de l’empire Asgard, qui utilisait au mieux la puissance de ses mages et sa puissante infanterie.

Avec leurs anciennes méthodes, la plupart des pays du continent ne seraient pas en mesure de faire face à une telle tactique, même s’ils étaient dirigés par un commandant qui était aussi souple qu’un stratège comme Cabernard.

Cependant, il ne fallait pas non plus négliger la règle générale selon laquelle, en temps de guerre, il était toujours plus facile de se défendre que d’attaquer.

Alors que l’éclair du souffle enflammé se transformait en explosion sur les remparts, l’armée d’Asgard pouvait déjà imaginer la fin de Crowdagen.

Mais quand l’incendie et la fumée se furent dissipés, ils avaient constaté que le rempart n’avait subi aucun dommage.

« Un emblème d’anti-magie !? »

Ce dont parlait Cabernard, c’était une sorte de symbole magique qui utilisait un emblème, et qui pouvait afficher une puissance proportionnelle à la puissance magique qui lui était appliquée.

Cet emblème était spécialisé dans l’annulation des sorts et couvrait toutes les parties principales du rempart.

Cette tactique ne pouvait être payante que grâce à l’étroitesse du front de bataille offerte par la position géographique de Crowdagen.

« Ça n’a pas d’importance ! Continuez à tirer ! Ne les laissez pas lever la tête ! »

Malgré cela, Cabernard ordonna calmement aux troupes de continuer.

C’est ce dont je parlais, c’est comme ça qu’une bataille devrait se dérouler. Si tout se passait comme prévu, comment pourrais-je appeler ça une bataille ?

Même si les mages ne pouvaient pas endommager les murs, les sorts étaient encore assez efficaces.

Ce qu’il fallait maintenant décider, c’était comment l’on devrait s’en servir.

Après avoir pris sa décision, Cabernard ordonna à l’un de ses capitaines d’attaquer les portes de la ville des deux côtés.

Les mages et les arbalétriers de l’armée Lapland ne pouvaient pas attaquer pour le moment, alors Cabernard voulait profiter de l’occasion pour défoncer la porte d’entrée avec son infanterie.

Il croyait que cela pouvait très bien fonctionner puisque le subordonné qu’il avait envoyé avait beaucoup d’expérience au combat.

Cependant — .

« Nous savions qu’ils viendraient dès le début. Comment ne pourrions-nous pas être prêts à riposter ? »

Regardant les troupes de l’empire se précipiter en avant avec de grands cris de guerre, Frigga lécha ses lèvres rouges et brillantes.

« Eh bien, si j’avais la même armée et la même puissance de feu, je suppose que même moi, j’utiliserais le même type de stratégie. Mais utiliser ça contre moi ? Ce n’est vraiment pas très judicieux. »

Frigga parlait calmement, elle avait une grande confiance en soi.

« Ouvrez les portes ! Je sors ! »

Les murs de la forteresse étaient encore sous un torrent de sorts magiques.

Loin d’être incapables de lever la tête, les forces de Lapland auraient déjà dû s’enfuir et se disperser.

Le chevalier capitaine du régiment, Oak, ne se moquait pas de l’armée de Lapland, mais il était clair qu’il se sentait un peu plus détendu.

Comme ses troupes possédaient une charrette qui avait été transformée en bélier, il ne restait plus qu’à enfoncer la porte d’entrée.

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2 commentaires :

  1. Merci pour le chap ^^

  2. amateur_d_aeroplanes

    Merci pour le travail 🎉

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