Chapitre 95 : L’empereur nain
Table des matières
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Chapitre 95 : L’empereur nain
Partie 1
Deux ans et trois mois plus tôt
***Point de vue de Seryanna***
Il n’y avait pas d’autres navires dans ce port sauf le nôtre. Les quais étaient inondés de spectateurs curieux et la princesse était en train de parler à l’un des représentants nains. Méfiant quant à la règle mentionnée il y a des siècles, aucun d’entre nous n’avait marché sur la plateforme en bois pour ne pas les contrarier.
Alors que les négociations pour notre autorisation de débarquer étaient en cours, j’attendais sur le pont et surveillais les contrées lointaines du continent nain. À cause de la neige, il m'était difficile de voir trop loin à l’intérieur des terres, mais d’après ce que je pourrais dire, la région avoisinante était une plaine principalement utilisée pour l’élevage et probablement pour la culture de légumes spéciaux pouvant pousser dans ces conditions difficiles.
Le mur extérieur de cette ville était gardé par deux tours et une porte en métal robuste. Il n’y avait pas de défense aérienne, donc les dragons n’auraient qu’à se soucier des archers et des mages. Ainsi, j’en concluais que ces défenses étaient au mieux un moyen simple de retarder une force ennemie ou pour essentiellement l’utilisée contre des monstres extérieurs.
Les nains de cette ville, plutôt que de montrer la confiance de pouvoir nous renvoyer, ils ne semblaient pas savoir s’ils pourraient ou non nous arrêter ici si nous voulions débarquer de force. Leurs enfants, cependant, avaient montré beaucoup de curiosité. Ils avaient fait de grands yeux vers le navire et pointaient du doigt vers nous tout en posant des questions à leurs parents, ils avaient probablement du mal à répondre.
Ce que j’avais trouvé intéressant à leur sujet, c’est à quel point ils parlaient et agissaient différemment par rapport à George, le nain de Toros. Il était énergique, heureux, toujours souriant face à ses invités et portants des vêtements semblables à ceux des dragons. Ces nains, cependant, étaient très sombres et effrayés par nous. Parmi eux, il y avait même des regards de haine, de ceux que la princesse avait appelés xénophobes.
Alors que je regardais cette ville et ses habitants, Kataryna faisait la sieste sur le mât et mes trois chevaliers se tenaient à côté de la princesse Elleyzabelle, essayant de paraître imposants et accablants devant les gardes du représentant des nains. Tanarotte était bâillonnée et attachée avec des chaînes à l’intérieur du navire. En fait, oubliez cette dernière partie, elle montait actuellement sur le mât comme un lézard qui tentait d’atteindre Kataryna.
Ah… elle l’a repérée. J’avais pensé cela quand j’avais vu la dragonne lancer une boule de glace sur le visage de Tanarotte.
« BUGAH! » Avec un son étrange, elle tomba sur le pont.
Un des marins qui nettoyait les ponts la repoussa avec son balai.
Pourquoi continue-t-elle de courir après Kataryna comme ça ? Je me demandais cela. Après tout ce temps, je ne comprenais toujours pas ce qui se passait dans l’esprit de cette dragonne quand elle réalisait de telles cascades prévisibles.
Une demi-heure plus tard, j’avais vu le représentant des nains faire un salut à la princesse Elleyzabelle puis descendre du navire.
Je m’approchai de Son Altesse et lui demandai : « Quelle impression avait-il de nous ? »
« Il semble qu’il y ait beaucoup de choses que nous ignorons sur le continent nain, également connu sous le nom de Trindania. » Répondit-elle avant de laisser échapper un soupir.
« Les rapports étaient-ils incorrects ? » avais-je demandé.
« Non, ils avaient raison, c’est juste qu’ils n’étaient pas à jour. Il y a deux mois, les rebelles ont réussi, avec l’aide de héros humains, à renverser l’ancien roi. Un nouvel empereur a été placé sur le trône. Ce nain est l’ancien chef de la rébellion, Nomv'Azer, maintenant Mush’Nomv’Azer. »
Je fronçai les sourcils, car je ne comprenais pas le sens de nommage.
Comprenant ma confusion, la princesse a déclaré : « Mush est le nom unique de la tribu donné à la famille royale, Nomv est son prénom et Azer est son nom de famille. »
Les nains du continent portent-ils un nom différent de ceux de l’extérieur ? Je me le demandais.
« Tu ne sembles pas être surprise d’apprendre qu’il y a des héros humains sur ce continent ? » Demanda la princesse Elleyzabelle en plissant les sourcils.
« Inutile de l’être, Votre Altesse. Alkelios m’a dit que 10 millions de ses semblables ont été envoyés dans notre monde. C’est plus que suffisant pour remplir toute une nation. Avoir un groupe dispersé sur le continent nain semble très probable compte tenu de leur ressemblance. J’ai trouvé un peu étrange qu’il n’y ait pas beaucoup de héros humains dans cette partie du continent relliar, mais j’ai le sentiment que nous n’en avons tout simplement pas entendu parler. »
« Certes, ils n’ont pas tous des capacités aussi puissantes que celles d’Alkelios. Certaines d’entre elles conviendraient peut-être mieux à des tâches simples qu’aux conditions difficiles du champ de bataille. En plus, ton mari est un peu trompeur. Il peut faire beaucoup de choses. » La princesse Elleyzabelle me fit un petit sourire.
« Sauf résister à mon charme ! » Déclarai-je fièrement.
« C’est vrai. » Rigola-t-elle.
Le lendemain, nous avions été accueillis tôt le matin par le représentant des nains au Port Nefer.
« Votre Altesse, princesse Elleyzabelle, je suis venue apporter de bonnes nouvelles ! » Dit-il avec un sourire éclatant.
Le nain, qui s’appelait Kita'Milla'Nei, n’était pas un gros nain comme on pourrait s’y attendre de la part d’une personne ayant le rang d’un noble. En réalité, il était mince et bien bâti avec des callosités sur les mains, ce qui prouvait qu’il était un nain qui ne craignait pas le travail dur. Il portait un collier auquel était attachée une petite canine et une robe faite de fourrures de plusieurs monstres ou animaux. Sa tête était recouverte d’un grand chapeau de fourrure et, aux poignets, il portait plusieurs bagues en bois et en métal. En revanche, les gardes qui le suivaient portaient des armures en plaques et de grandes lances.
« S’agit-il de notre discussion l’autre jour ? » Demanda la princesse Elleyzabelle.
« Oui, en effet ! » Il acquiesça. « J’ai réussi à calmer le malaise des nains qui étaient contre le fait que vous mettiez pied à terre. Ils vous ont vu, vous et votre équipage, comme des ennemis qui sont venus ici pour prendre leurs terres. De simples nains stupides dans leurs croyances, mais ils sont vus avec un grand respect par leurs semblables, en particulier par ceux qui ne sont pas nommés. »
« Je suppose que cela a quelque chose à voir avec les nouvelles lois données par le nouvel empereur ? » Demanda-t-elle d’un ton calme.
« Effectivement. Bien que Sa Majesté n’ait pas obtenu le trône depuis longtemps, il a déjà commencé à mettre en œuvre les nombreux changements qu’il avait promis à ses compagnons nains lors de sa rébellion. Parmi eux se trouvait la promesse d’ouvrir nos frontières aux nouveaux visiteurs curieux. Mais, comme vous l’avez peut-être deviné, tout le monde n’est pas à l’aise avec ces nouveaux changements. Cela fait seulement deux mois, certains nains vont certainement se sentir un peu déroutés par tout cela. » Il laissa échapper un soupir et secoua la tête.
« Ce sont effectivement de bonnes nouvelles. Nous pouvons procéder en demandant une audience à Sa Majesté. Aurez-vous la gentillesse de nous aider à le lui demander ? »
« Je ferai encore mieux, Votre Altesse ! Je vais vous amener vers lui ou je ne m’appelle pas Kita'Milla'Nei. »
« C’est assez inattendu et merveilleux. » Elle acquiesça.
« Dès que vous êtes prête, Votre Altesse, mon chariot attend. J’en ai amené un pour vos serviteurs et un autre pour tous les bagages que vous pourriez avoir. » Il fit un petit salut.
« Un porte-bagages ne sera pas nécessaire grâce à nos bagues de Stockage. Mes deux chevaliers de confiance voyageront avec moi dans le même chariot, et l’autre peut être utilisée pour mes quatre autres gardes. »
« Bague de Stockage ? Ah bien sûr ! Alors, je vais dire au cocher que nous n’aurons plus besoin de ses services pour le moment. » Le nain hocha la tête.
Nous avons suivi Kita'Milla'Nei jusqu’au chariot et avons embarqué avec Son Altesse. Pendant ce temps, l’autre voiture serait utilisée par Tanarotte, Amarondi Shellar, Coran Van et Attrakus. Le nain était assez surpris de ne pas avoir emmené de majordome ou de servante avec nous, surtout compte tenu de la présence d’une personne ayant du sang royal parmi nous, mais la princesse Elleyzabelle avait simplement répondu en disant qu’elle n’en ressentait pas le besoin.
Notre première destination après le Port Nefer devait être un petit village à l’ouest, où vivaient uniquement des villageois sans nom. Ensuite, nous continuerions à traverser de nombreux autres petits villages jusqu’à atteindre la ville d’Osza. Là, nous devions passer la nuit et préparions à nous rendre à la ville de Tesva. De la ville de Tesva à Exaver, la capitale, il n’y avait que deux jours de voyage en calèche.
Le temps n’était pas vraiment de notre côté, mais les bêtes qui tiraient nos chariots étaient plus qu’habituées. Contrairement aux Khosinni des dragons ou aux chevaux des humains, les nains utilisaient de gros monstres de chèvre qu’ils appelaient Hanba.
« J’espère que vous apprécierez votre voyage avec moi ! Ohoho! » Kita'Milla'Nei éclata de rire alors que notre voiture franchissait les portes de Port Nefer.
« Nous aussi. » Répondit la princesse avec un sourire.
La plupart du temps, il y avait du silence dans la voiture, seuls les forts vents froids frappant les vitres se faisaient entendre. Nous n’avions pas froid malgré les vêtements que nous portions et nous avions suffisamment de patience en tant que membres de la haute société d’Albeyater.
Après avoir passé le premier village, nous nous étions arrêtés pour manger quelque chose. Les escortes du nain comprenaient également deux majordomes et deux servantes impossibles à distinguer des autres gardes. L’idée était qu’un bon serviteur puisse faire plus que simplement apporter du thé et des biscuits de la cuisine.
Inspiré par cette idée, j’avais décidé de faire une petite séance d’entraînement avec les Chevaliers. Ils avaient l’air si heureux quand je leur en avais parlé, Amarondi avait même éclaté en sanglots. Pensant qu’ils devaient vouloir étirer un peu plus leurs corps, je leur avais ordonné de courir après notre calèche plutôt que de voyager dedans. Tanarotte avait également reçu l’ordre de les rejoindre. C’était si bon de voir leurs sourires heureux quand j’avais proposé ce type de régime d’entraînement.
En voyageant en voiture avec Kita'Milla'Nei, j’avais remarqué qu’il ne portait pas lui-même de bague de Stockage. Par curiosité, je lui avais demandé s’ils manquaient d’enchanteurs capables de les fabriquer.
« Non, Madame Seryanna, ce n’est pas que nous n’avons pas le talent, mais plutôt que ce genre d’enchantement a été interdit aux masses par le dirigeant de plusieurs générations auparavant. Il a pensé qu’un tel luxe était trop pour ceux de sang commun. » Avait-il expliqué.
« Trop ? » Demandai-je en fronçant les sourcils.
« Oui. Quand j’étais jeune, mon professeur m’a appris une fable. Une femme malheureuse a été mangée par un requin puis elle a provoqué au pauvre une indigestion. Ainsi, ceux appartenant aux 25 tribus étaient différents de ceux portant le même nom, ou comme nous les appelons, les sans noms, du sang dans leurs veines jusqu’aux poils de leur cuir chevelu, » avait-il expliqué.
« C’est la même croyance que les humains ont. Ils pensent que les nobles ont le sang bleu et que les gens du peuple ont de la terre qui coule dans leurs veines, » avait expliqué Kataryna en croisant les bras à la poitrine et en se penchant en arrière.
« Une croyance stupide. » Remarqua la princesse Elleyzabelle.
« Stupide ou non, jusqu’à il y a deux mois, c’était la loi en vigueur avec laquelle nous vivions tous, » déclara Kita'Milla'Nei en nous faisant un sourire ironique.
« Vous avez mentionné avant ces 25 tribus. Sont-ils comme les nobles de notre pays ? » avais-je demandé.
« Oui. » Il acquiesça.
« Ce sont Umer, Ulma, Nele, Sara, Oher, Uvan, Namk, Shen, Yang, Ying, Musc, Kell, Koll, Besh, Knat, Vazu, Kita, Klen, Mazg, Mang, Nimv, Nime, Naiy, Nagc et Pert. Tandis que Much, Klor, Andu et Ulke sont les tribus les plus importantes du continent. Est-ce correct ? » Demanda la princesse Elleyzabelle.
« Oui, pour la plupart. La tribu Ulma a été exterminée pendant la rébellion et remplacée par la tribu Kark. La tribu Kill a exterminé la tribu Musk, la tribu Karr a pourchassé tous les membres de la tribu Besh, qui faisaient alors partie des pires nains possible. La tribu Kess a forcé la tribu Vazu à se retirer, et Mazg s’est battu jusqu’à la mort en tant que garde du corps de l’ancien dirigeant. Leur place a été prise par la tribu Mada. »
***
Partie 2
« Quelle est la taille d’une tribu ? » Demandai-je.
« Pour être considéré comme une tribu, vous devez posséder une maison et en employer au moins dix autres sans nom. Si la grande tribu sous laquelle vous vous trouvez vous accepte en tant que tribu, vous êtes autorisé à vous attribuer un nom de tribu. Au moment de votre acceptation, vous et les dix autres sans noms nommez le nom de la tribu. Ainsi, le plus petit possible peut avoir jusqu’à onze membres avec le patriarche inclus. Les grandes tribus, cependant, ont entre 10 000 et 100 000 membres, avec beaucoup de petites tribus qui leur ont juré fidélité. »
« Cela signifie que pendant la rébellion… » Dit la princesse et le nain continua.
« Plus d’un million de nains ont perdu la vie alors qu’ils se battaient pour arrêter ou défendre un nain idiot que nous appelions autrefois notre souverain. » Avait-il répondu.
Tant de vies…, avais-je pensé.
« Est-ce les humains qui ont provoqué la rébellion ? » Demanda la princesse.
« La rébellion nous préoccupait depuis des générations, mais les humains avaient le pouvoir que nous n’avons jamais eu. Leurs compétences et leur force étaient essentielles pour que nous puissions nous libérer du vieux tyran. Malheureusement, il y avait aussi beaucoup d’humains à ses côtés. »
« Pourquoi se battraient-ils pour lui ? N’était-il pas quelqu’un qui les détestait ? » avais-je demandé.
« L’or est le langage universel pour la plupart des humains. Quelques-uns d’entre eux ont été réduits en esclavage et plusieurs d’entre eux se sont vus promettre un grand pouvoir après la fin de la rébellion. Soupir… C’était une bataille serrée pour nous. » Il secoua la tête.
Il semblait que, quel que soit l’endroit où ces héros humains débarqueraient, ces pays subiraient de nombreux changements. Albeyater n’était pas différent. Alkelios et même ce monstre, Kronius, avaient joué un rôle déterminant dans le transfert du pouvoir politique et la prise de conscience générale à Albeyater. Même notre reine était sur le chemin de la guérison. Pourtant, en pensant aux pertes subies par les nains, je ne pouvais pas m’empêcher de me demander si nous avions été extrêmement chanceux.
Si l’armée de Draejan avait une force de 500 000 hommes, la quantité de sang de dragon déversée aurait été terrible… pensai-je.
Alors que notre voyage nous avait fait traverser la région, les nains l’appelaient les Plaines Rigides, nous avions fini par traverser de nombreux villages. Ils étaient bien plus nombreux que ce à quoi je m’attendais, alors que la ville d’Osza était bien plus grande que la ville d’Andromède à Albeyater. Les nains étaient nombreux et répartis dans toutes les plaines.
L’auberge dans laquelle nous avions séjourné à Osza était grande et accueillante, mais nous ne pouvions pas éviter les regards des nombreux nains curieux. Après tout, des siècles s’étaient écoulés depuis qu’un dragon avait pénétré si profondément dans ces terres. D’autre part, j’avais remarqué un ou deux humains ici et là. Kita'Milla'Nei m’avait dit qu’ils étaient tous des héros humains, mais que leurs compétences et leurs capacités étaient trop faibles pour être considérées comme un atout militaire. Pour la plupart, ils avaient des emplois liés à l’artisanat ou à d’autres activités.
Une autre chose que j’avais remarquée concernait les traces de guerre laissées depuis le moment où la rébellion et les armées de l’ancien souverain s’étaient affrontées. Quand j’avais demandé comment s’appelait ce nain, Kita'Milla'Nei m’avait dit que son nom et celui de toute sa tribu avaient été effacés de l’histoire et transformés en un mot tabou.
En d’autres termes, les nains étaient déterminés à enterrer leur tragique histoire d’avoir vécu sous le règne oppressif de toute la famille de ce nain.
Puis, alors que je restais à Osza, j’avais remarqué quelque chose d’étrange, qui me gênait depuis très longtemps. Au début, je pensais que c’était peut-être à cause de l’éducation de Kita'Milla'Nei, mais maintenant j’étais certaine que ce n’était pas le cas.
Ainsi, après notre départ d’Osza, alors que nous traversions un petit village, je le regardai et lui dis : « Kita'Milla'Nei, j’ai une question pour vous. »
« Oui, Madame ? » Il m’avait montré un sourire.
« Pourquoi puis-je parler avec vous et comment pouvez-vous me comprendre ? »
C’était une question assez étrange, mais j’étais tout à fait certaine de parler en draconien et non en langue officielle trindania. Non seulement cela, mais partout où nous nous arrêtions ou discutions, je n’entendais que du draconien.
« Oh ça ? C’est la bénédiction de notre déesse bien-aimée Ambre. On raconte qu’il y a bien longtemps, elle a jeté un sort sur notre continent pour nous aider à mieux nous comprendre. Bien sûr, cela s’appliquait également aux étrangers, et les livres d’histoire mentionnent une époque où notre continent était utilisé comme un terrain neutre pour de nombreux traités entre pays ennemis. » Répondit-il avec un sourire joyeux.
« Ambre ? » Je clignai des yeux surpris.
« Oui. Nos dieux et nos déesses revêtent la forme la plus pure de métaux et de gemmes. » Il acquiesça.
« Mais Ambre n’est pas une pierre à proprement parler. C’est le sous-produit d’un arbre, n’est-ce pas ? » Demanda Kataryna en haussant un sourcil.
« Oui, mais sous sa forme durcie, il est impossible de la distinguer d’une pierre ! C’est pourquoi la déesse Ambre est aussi notre divinité qui règne sur la nature, les animaux et les plantes. C’est grâce à cette connexion qu’elle a pu lancer ce sort sur notre continent. » Il acquiesça.
« Une telle chose est-elle possible ? » avais-je demandé en regardant Kataryna, la plus âgée d’entre nous.
« Si nous parlons d’une divinité, peut-être… mais sinon, il faudrait un effort sérieux et des connaissances pour lancer un sort ou un enchantement qui durerait si longtemps. » Répondit-elle en regardant le nain souriant.
« Je vous assure que ce n’est pas un produit de mains mortelles, c’est le travail des dieux ! » Dit-il.
Pour moi, c’était plutôt étrange de penser à une roche comme divinité, mais ces nains étaient des individus étranges. Ils étaient organisés en tribus, mais ils avaient un empereur en tant que dirigeants. Ils portaient les marques de leurs proies sous forme de colliers à dents et de manteaux de fourrure. Notre chariot n’était pas tiré par des Khosinni, mais par d’étranges monstres de chèvre qui étaient plus lents qu’eux. Même leurs maisons et leurs colonies avaient d’étranges sculptures en bois qu’ils appelaient totems. Mais avant tout, c’était une espèce connue pour sa capacité à travailler avec les métaux et à fabriquer les meilleures épées sur tous les continents connus.
Chaque fois que nous nous étions arrêtés, Kataryna et Tanarotte s’étaient éloignées de notre groupe et étaient allées parler avec les nains des environs. Elles leur avaient posé des questions simples permettant de mieux comprendre la situation au sein de l’empire Trindania.
Une des nombreuses choses qu’elles avaient apprises était la manière dont les nains étaient devenus unis sous un seul dirigeant. C’était une histoire tirée de leur histoire et trempée dans le sang des générations.
Il y a plusieurs siècles, un nain solitaire avait été béni par les dieux qu’ils vénéraient, les esprits des métaux et des bijoux. Il était plus puissant et plus sage que tous ceux qui l’entouraient, mais il avait l’étonnante capacité d’attirer tout le monde vers lui, qu’il soit ami ou ennemi. Au fil du temps, il se lassa des nations en guerre autour de lui et entreprit de les unir toutes. Beaucoup avaient refusé son offre de le rejoindre, d’autres avaient essayé de prendre ce qu’il avait amassé, mais à la fin, tous ceux qui se étaient opposés à lui se sont heurtés à sa lame, tandis que d’autres avaient été lentement persuadés de rejoindre son côté. Lorsque les tribus dispersées sur tout le continent nain lui jurèrent allégeance, le pays nouvellement formé prit son nom et il devint le premier roi des nains sous le nom de Mush'Trindania.
Les nains à qui ils avaient demandé ne savaient pas exactement ce qui rendait le premier roi si puissant, mais beaucoup pensaient qu’il possédait une sorte de capacité spéciale, tandis que d’autres pensaient qu’il portait le pouvoir des esprits dans son corps. Quoi qu’il en soit, depuis lors, les nains de Trindania s’étaient concentrés uniquement sur le culte des esprits des métaux et des gemmes. Toute leur religion se concentrait autour d’eux, mais ils n’abandonnèrent en aucun cas les autres dieux.
Dans ce monde, nous savions tous que les dieux étaient réels. Ils marchaient parfois parmi nous ou nous parlaient dans nos rêves ou nos moments d’éveil de pouvoir. Ils bénissaient nos mariages et nous accordaient des miracles avec leur pouvoir divin. Pourtant, ces êtres permettaient toujours aux mortels de choisir ceux vers qui nous priions.
Contrairement à moi, Alkelios n’avait pas encore juré allégeance à un dieu. Ainsi, je m’étais parfois demandé ce qui se passerait s’il décidait d’en suivre un. En tant qu’être humain, il était assez puissant et aurait attiré leurs faveurs. Tous les dieux l’auraient voulu, mais peu importait ce qu’ils voulaient, c’était lui qui devait les choisir.
Une autre chose qu’elles avaient apprise en entendant parler de la légende du premier roi, c’est que la raison pour laquelle Trindania avait maintenant un empereur au lieu d’un roi était que Mush’Nomv’Azer l’avait décrétée comme un signe de changement par rapport aux anciennes coutumes. Ainsi, changer le royaume de Trindania en empire de Trindania.
En entrant dans la ville de Tesva, nous avions rencontré un mariage de nain. C’était assez intéressant de voir à quel point c’était différent des nôtres. Le marié et la mariée portaient uniquement leurs seuls sous-vêtements en fourrure et en os. Ils avaient ensuite dansé autour d’un feu en se regardant dans les yeux. La musique était tribale, où deux nains jouaient de gros tambours puissants et un autre soufflait une longue pipe. J’étais abasourdie par le fait qu’ils ne semblaient pas se soucier du froid, et il s’était avéré que cela faisait partie de leur rituel. S’ils commençaient à frissonner à un moment quelconque de leur danse, cela signifierait que leur relation serait confrontée à toutes sortes de problèmes. Si la mariée attrapait un rhume, son premier-né traverserait une naissance difficile. Si le marié attrapait un rhume, il deviendrait un mari faible incapable de prendre soin de sa femme.
Il y avait beaucoup plus de ces superstitions idiotes qui remplissaient tout le rituel de leur cérémonie de mariage. Au lieu de demander à un prêtre de demander au marié et à la mariée s’ils souhaitaient se marier, le simple fait qu’ils se soient avancé pour danser en était la preuve. Arrêter un moment qu'importe la raison signifierait que le mariage était malheureux et devrait être interrompu ou mis en attente pour au moins un an.
J’avais eu le plaisir d’assister à cet événement depuis la fenêtre de la chambre de l’auberge alors que tout se déroulait dans la rue principale. Malgré la neige froide et le vent mordant, le couple avait continué à exécuter la danse rituelle sans problème jusqu’à la fin. Les nains avaient applaudi leur succès et ils avaient ensuite mangé ensemble, partageant leur nourriture avec tous ceux qui se trouvaient à proximité. Les visiteurs de l’auberge avaient également reçu une assiette de viande cuite.
Apparemment, c’était une tradition d’organiser des cérémonies devant des endroits où s’arrêtaient des voyageurs.
Après avoir quitté la ville de Tesva, nous nous étions dirigés directement vers Exaver, ne passant que par quelques villages le long du chemin. Nous nous étions arrêtés une fois pour laisser les chèvres se reposer et une seconde fois pour camper pour la nuit. Au moment où nous avions atteint la capitale, la petite tempête de neige était partie et nous avions été accueillis par un soleil souriant.
« Je prends ça comme un bon présage. » Dit la princesse Elleyzabelle en levant les yeux vers le ciel.
« En effet. » Je hochai la tête.
« Une fois que nous aurons passé les portes d’entrée, nous serons probablement dirigés par un soldat royal jusqu’au palais de Mush. Si Sa Majesté, l’empereur souhaite vous accorder une audience, vous en serez informé immédiatement. Sinon, nous devrons attendre un moment et faire appel de nouveau. » avait déclaré Kita'Milla'Nei.
« Espérons qu’il ne nous fasse pas attendre. » Dit Kataryna après avoir laissé sortir un grand bâillement.
« De toute façon, je suis surprise que cette route fatigue ces quatre-là. » Dis-je en regardant par la fenêtre Tanarotte et les trois autres, affalés sur le sol, à bout de souffle.
« Je suis surprise qu’ils soient vivants, » déclara la princesse Elleyzabelle avec un sourire ironique.
« Tu ne devrais pas être surprise, Votre Altesse ! Ce petit effort devrait être normal pour eux. » Déclarai-je avec un signe de tête.
« Une Tanarotte épuisée signifie que je peux avoir un peu de paix et de calme, alors c’est tout bon pour moi, » déclara Kataryna en souriant.
« Alors je compterai sur ta protection, Kataryna, » déclara Elleyzabelle avec un sourire.
« Mon plaisir. »
« Seryanna. »
« Oui, Votre Altesse ? » avais-je répondu.
« Si tes chevaliers semblent ne pas vouloir obéir à un ordre plus difficile, dis-leur simplement que c’est bien s’ils ne le font pas, tu les aideras simplement avec un entraînement supplémentaire à ton retour. »
« Je ne comprends pas en quoi cela pourrait les motiver, mais s’ils ne veulent pas m’écouter, alors c’est moi qui devrais en savoir plus sur ce que signifie être un leader. » Dis-je en inclinant la tête vers la gauche.
« Je plains sérieusement ces trois imbéciles, » déclara Kataryna avec un sourire ironique.
Bien que je n’aie pas compris pourquoi elle avait dit cela, je ne pouvais m’empêcher de m’interroger sur quelque chose.
Ce pourrait-il être qu’ils n’apprécient pas la formation ? Devrais-je le changer pour quelque chose de plus diversifié ? Nous pourrions toujours aller dans la forêt Seculiar et y traquer des monstres, ou explorer un donjon. Peut-être qu’un entraînement simple et facile comme celui-ci est trop peu pour des chevaliers forts et courageux comme eux ? Devrais-je demander à Alkelios d’être leur adversaire lors d’entraînement à son retour ? Je pensais à cela en regardant les quatre alors qu’ils se dirigeaient vers leur propre chariot.
***
Partie 3
Comme l’a dit Kita'Milla'Nei, un soldat royal était ici pour nous accueillir. Il portait une armure en écailles rouges et noires avec une grosse lance dans la main droite. Un bout de tissu rouge était attaché avec une ficelle rouge depuis le bout de la lance, la laissant voler dans le vent.
L’arrivée d’une royauté étrangère dans son pays était généralement considérée comme une question urgente dont Sa Majesté devait être immédiatement informée. Le fait que nous ayons été accueillis dans sa capitale sans épées et sorts dirigés contre notre cou était un bon signe.
Notre chariot suivit docilement les soldats royaux jusqu’à la porte du palais Mush. Sur notre chemin, j’avais pu apercevoir de nombreux humains qui marchaient dans les rues sans aucune peur. Les nains semblaient s’être habitués à eux et ils s’intégraient déjà assez bien aux conditions de vie autour de ces régions. Ce qui était surprenant à voir, c’était le fait qu’ils avaient adopté la mode naine plutôt que d’imposer leurs propres styles.
Contrairement aux villes d’Osza et de Tesva, Exaver était beaucoup plus grand et était rempli d’innombrables bâtiments de deux ou trois étages, construits en pierre dure enchantée pour survivre aux éléments. Les rues étaient pavées et il existait même un système de canalisations simple où toute la saleté était enlevée. D’innombrables soldats patrouillaient dans les rues, mais les nains vivant ici ne semblaient pas s’en soucier.
Entre les maisons se trouvaient des totems de pierre et de bois qui s’élevaient dans le ciel à presque la moitié de la hauteur du bâtiment à côté d’eux. Ils étaient partout.
Le seul bâtiment qui se démarquait parmi toutes ces maisons était le palais de l’empereur. Il a été construit sous la forme d’une pyramide avec des côtés en forme d’escalier. De loin, je pouvais voir plusieurs gardes patrouiller à chaque pas de la pyramide, tandis que les tours servant de défense principale au palais étaient utilisées par des observateurs, des archers et des mages.
Malgré le sentiment dangereux et intimidant qu’ils essayaient d’émettre, nous n’avions pas vraiment l’impression que c’était aussi impressionnant. Sans aucune sorte de défense antiaérienne, cet endroit était une cible facile pour nous, les dragons, mais pas pour les humains.
À son arrivée au Palais Mush, le soldat royal était retourné à son poste et un autre nain portant une armure similaire s’était présenté devant nous. Il avait une grosse barbe et une ceinture dorée au lieu d’une rouge comme le soldat précédent.
« Je m’appelle Klor'Mangu'Var. Je suis un des gardes royaux de Sa Majesté. Je suis ici pour vous accompagner dans la salle d’audience. Vous pouvez laisser vos chariots ici, car un employé s’en occupera, et ne craignez rien, personne ne touchera vos affaires ! » Il hocha la tête une fois puis attendit que nous descendions du chariot.
La première à sortir était Kataryna. Comme si le froid l’écoutait, les rafales avaient cessé de souffler et la neige avait cessé de tomber. Son regard imposant fit trembler le nain.
« Je ne sens aucun danger, Votre Majesté. » Lui dit-elle.
Klor'Mangu'Var déglutit puis regarda vers la porte.
La princesse Elleyzabelle était sortie et avait regardé le nain avec son regard autoritaire puissant. À chaque mouvement qu’elle faisait, elle révélait une élégance digne de quelqu’un de sang royal, tandis que la pression autour d’elle indiquait à ceux qui le sentaient qu’elle était une puissante princesse-dragon.
Les derniers à sortir étaient moi et Kita'Milla'Nei. Même si je ne voulais pas que mon entrée soit aussi voyante que celle de Kataryna, j’avais laissé une pression suffisante pour leur faire savoir que moi aussi j’étais une puissance avec laquelle ils ne devraient pas essayer de perdre leur temps.
Tandis que Kataryna se tenait du côté gauche de la princesse, je me tenais du côté droit et derrière nous se trouvaient nos chevaliers. Devant nous se trouvaient les deux nains chargés de nous présenter à Sa Majesté Mush’Nomv’Azer.
« On y va ? » Demanda la princesse Elleyzabelle en leur montrant un doux sourire.
« Bien sûr. Par ici. J’espère que vous trouverez dans votre cœur le pardon pour nos travailleurs présents ici. Lors de notre dernière bataille, le palais Mush a été lourdement endommagé, au bord de la destruction. » Nous déclara le garde nain.
« Est-ce vrai ? Il est bon que l’empereur actuel ait réussi à faire que la justice soit rendue sur cette terre à ce moment-là. » Avait-elle déclaré.
« Effectivement ! Le précédent dirigeant était un monstre qui a été rayé de nos livres d’histoire et n’est resté que comme un souverain diabolique anonyme. » Répondit-il, montrant du ton de sa voix le dégoût qu’il éprouvait envers ce nain.
« Alors, nous allons essayer d’être attentifs sur le sujet. »
« S’il vous plaît, essayez de l’être. » Il acquiesça puis commença à nous guider à travers la cour.
Maintenant que nous avions franchi les portes du palais Mush, nous pouvions voir un nombre incalculable de travailleurs enchaînés déplaçant les débris ou réparer les parties en ruine du mur. Tout cela était le signe d’une bataille récente où des individus à forte puissance s’étaient battus les uns contre les autres, les rebelles contre les loyalistes.
« Ne faites pas attention aux ouvriers autour de ces endroits, ce sont tous des rats puants qui ont incliné la tête devant le dirigeant précédent. Aucun d’entre eux n’a eu de problème à lever l’épée contre les innocents… » déclara Klor'Mangu'Var.
« Sont-ils les soldats fidèles de l’ancien dirigeant ? » Demanda la princesse Elleyzabelle.
« Pas seulement des soldats, mais des serviteurs, des anonymes, d’anciens officiels et même des tribus entières qui se sont rangés de son côté. » Nous avait-il dit.
L’entrée principale du palais Mush était encore en pleine reconstruction. Il ne restait que les charnières de l’ancienne et ils luttaient pour combler un tas de trous laissés dans le sol de la cour par de puissantes explosions. Partout où je regardais, il y avait des nains et des humains qui portaient des haillons et travaillaient sans relâche pour les reconstructions. Des gardes vigilants les surveillaient, s’assurant qu’ils ne se relâchaient pas et ne fuyaient pas le site.
Qu’il s’agisse de gardes ou d’esclaves, aucun d’entre eux ne pouvait se comparer à Kataryna ou à moi en termes de force, mais malgré cela, je n’avais jamais baissé ma garde.
Quand nous étions sur le point d’arriver à la porte du palais, j’avais senti une vague d’intentions meurtrières me visant. J’avais déplacé ma main sur le manche de mon épée, puis j’avais frappé l’ennemi. L’événement s’était déroulé en une fraction de seconde, mais j’avais su tout de suite qu’un corps était tombé par terre, coupé en deux à la taille.
« Kuh… comment ? Je… je ne peux pas mourir… comme ça… » Dit l’homme en essayant de s’approcher de moi, mais je reculai.
Il était l’un des esclaves. Le désespoir pouvait être écrit dans ses yeux alors qu’il essayait toujours de s’approcher de moi, mais un instant plus tard, sa tête était fendue en deux par l’épée de Klor'Mangu'Var.
« Parasite sanglant ! C’est une bonne chose qu’il n’ait pas touché votre armure, madame. » Dit-il en plaçant un pied sur l’épaule de l’homme puis en retirant son épée de son crâne.
Le cadavre était tombé par terre alors que la flaque de sang grossissait.
« Que voulez-vous dire ? » Demandai-je alors que je rangeais mon épée.
« Ce bâtard avait une capacité lui permettant de voler les enchantements de toutes les armures qu’il touchait, les transformant en métal inutile. Le pouvoir absorbé lui permettait de reprendre des forces pendant un court laps de temps, mais il reviendrait ensuite auxdites armures. Nous avons perdu de bons nains à cause de lui. Ptew ! » Il avait craché sur son corps.
Je regardai les restes de l’humain et pensai que s’il avait touché mon armure, sur laquelle il y avait les enchantements d’Alkelios, il aurait pu devenir assez fort pour échapper de cet endroit.
Bien qu’une telle situation aurait été désagréable, j’étais certaine que Kataryna aurait pu le gérer à ma place.
« Et la femme là-bas ? » Demanda la princesse Elleyzabelle.
« Celle-là ? Elle avait la capacité de charmer tous ceux qui la regardaient dans les yeux. Elle a utilisé son pouvoir pour amasser une grande fortune et provoquer d’innombrables conflits entre les nains. Quand elle a attiré l’attention de l’ancien dirigeant, elle a été envoyée pour charmer différents chefs de tribus et les faire entrer dans son camp. Un jour, elle a rencontré l’épouse de l’empereur et elle s’est fait crever les yeux avec un poignard. Depuis lors, elle est l’une de nos captives. » Avait-il répondu.
« Ne sera-t-elle jamais libérée ? »
« Elle ? Qui sait ? Tout dépend de la volonté de l’empereur maintenant. » Il haussa les épaules, puis se retourna. « Avançons, Sa Majesté nous attend. »
Nous l’avions suivi à l’intérieur du palais, où des travaux de rénovation et de réparation étaient encore en cours. Ils repeignaient et reconstruisaient presque toutes les parties du palais comme s’ils voulaient simplement effacer toute trace de l’ancien dirigeant. Les seuls tableaux laissés sur les murs étaient ceux de paysages ou de représentations abstraites des dieux ; tout le reste avait été abattu.
« Deux mois ont passé et ils travaillent toujours sur le palais ? » Demanda Kataryna.
« Le palais, Madame, a été l’une des dernières choses que l’empereur a ordonné de reconstruire. Tous les efforts ont d’abord été concentrés sur la réparation des murs extérieurs de la ville, des maisons détruites et des divers lieux publics nécessaires aux nains vivant ici. » Répondit Klor'Mangu'Var.
« Hm ~ Est-ce vrai ? »
« Nous sommes arrivés. Derrière ces portes se trouve la salle d’audience où vous trouverez Sa Majesté, l’empereur Mush’Nomv’Azer ! » Déclara-t-il alors qu’il se déplaçait sur le côté.
Le couloir par lequel nous étions conduits se terminait par deux grandes portes décorées d’or et d’argent mettant en vedette ce que je pouvais deviner être l’ancien Trindania. Kataryna s’avança et poussa les portes.
« Maintenant, entrez, invités de Sa Majesté, l’empereur Mush’Nomv’Azer ! Princesse Elleyzabelle Sojourn Seyendraugher ! La duchesse Seryanna Draketerus ! La Chevalière Royale Kataryna Georg ! Chevalier Amarondi Shellar ! Chevalier Coran Van ! Chevalier Attrakus ! Et chevalière Tanarotte Narnyesall ! » Cria le nain à notre droite aussi fort que possible, nous faisant tous grimacer.
« Est-ce qu’il y avait un besoin de crier comme ça ? » Dit Kataryna avec un grognement en se frottant l’oreille droite.
La princesse Elleyzabelle avait fait un pas en avant et avait conduit notre groupe devant le seul nain qui se tenait sur le trône.
Cette salle n’avait pas de fenêtre à travers laquelle la lumière pouvait passer, mais il y avait d’innombrables cristaux qui émettaient une lumière blanc pâle collée au plafond. Un tapis rouge était étendu à nos pieds jusqu’au trône, se terminant à un peu moins de trois mètres de celui-ci. À gauche et à droite de celle-ci, six colonnes formaient deux rangées et parmi elles, je pouvais voir beaucoup de nains d’apparences différentes, allant de faible et timide à gros et intimidants.
Il n’y avait pas beaucoup de naines parmi eux, et celle qui se tenait derrière le trône semblait être une demi-naine si la taille était prise en compte. Parmi les gardes royaux se trouvait également une humaine blonde aux yeux bleus et à l’arrière, près de la sortie arrière, une femme humaine à la peau noire.
La raison pour laquelle je pouvais voir tout ce qui se trouvait là-bas était parce que les nains ici étaient assez petits comparée au dragon de taille moyenne. Dans nos demi-bêtes, cette forme aurait été comparable à des géants ici. Ce palais avait certainement été construit dans le but d’accueillir de grands étrangers également, car nous n’avions aucun problème à nous frayer un chemin à travers les grandes portes. La majorité des maisons que nous avions vues jusqu’à présent, tout comme les auberges, nous avaient forcés à nous baisser un peu afin de nous loger à l’intérieur.
Une fois que la princesse Elleyzabelle avait atteint la fin du tapis rouge, elle avait fait un salut poli et nous avions tous emboîté le pas.
« C’est un plaisir de faire votre connaissance, empereur Mush’Nomv’Azer. »
« Le plaisir est pour moi, invité du lointain continent des dragons ! J’espère que votre visite sur cet humble continent nain sera de bonne volonté ? » Répondit l’empereur en descendant du trône.
Il portait une armure d’épaisses plaques de métal de couleur noire et or. L’énergie magique émise par les enchantements était impressionnante, mais beaucoup plus faible que ceux de ma propre armure. À côté du trône, sa hache de combat y reposait, attendant d’être tenue. La lumière dans la pièce était reflétée par le tranchant, et le manche était couvert d’épaisses lanières de cuir. Le nain avait une emprise puissante à en juger par l’épaisseur de son gant et dégageait une présence imposante digne d’un homme à sa place. La barbe brun foncé et les cheveux épais étaient des marques de sa jeunesse, mais le regard dans ses yeux verts contenait la sagesse d’un guerrier vétéran.
Donc, il est l’empereur des nains ? Je pensais pourtant que lorsque j’avais imaginé Alkelios debout devant lui, ouvrant ses ailes et laissant échapper la pression de son autorité, je ne pouvais voir que ce nain trembler de peur devant lui.
Merci pour le chapitre.