Rakudai Kishi no Cavalry – Tome Zero

Table des matières

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Introduction

« Bonjour à tous nos lecteurs ! Voici Kagami Kusakabe, journaliste d’investigation pour le Club de Presse de l’Académie Hagun ! »

« … Et voici son amie Nagi Arisuin. »

« Merci, comme toujours, d’avoir lu le journal mural de l’Académie Hagun ! Le numéro d’aujourd’hui est un numéro spécial. J’ai pensé que nous pourrions vous montrer quelques événements d’intérêt à l’école pour lesquels nous n’avons pas eu le temps de faire des publications régulières, » déclara Kagami.

« Hey, Kagami… Je me demandais un truc. Pourquoi m’as-tu recrutée pour cela alors que je ne suis même pas membre du club de presse ? » demanda Nagi.

« Parce que j’ai toujours besoin d’un autre assistant, » répondit Kagami.

« Dans quel but…, » déclara Nagi.

« Ahh, ça fait mal… quand je me souviens de la manière dont Alice-chan m’a poignardée dans le dos, ça fait tellement mal ~, » déclara Kagami.

« D-D’accord ! Je vais le faire. C’est bon, je vais t’assister ! » déclara Nagi.

« Hohohoho. Être agréable, n’est-ce pas génial ? On ne va pas faire notre numéro de comédie habituel, alors passons directement au premier événement. Commençons par le tout début… alors, cela sera un retour au premier tour des batailles de sélection des représentants pour le Festival des Sept Étoiles de l’Art de l’Épée. Le Pire, qui était encore un étudiant sans nom, venait de vaincre Le Chasseur, un candidat de premier plan au statut de représentant, » déclara Kagami.

« C’était il y a longtemps, n’est-ce pas ? » demanda Nagi.

« Quelle nostalgie… ! Senpai a commencé à progresser régulièrement après ce match. C’était une période assez étrange où la force du Pire devenait de plus en plus célèbre dans l’académie. Quoi qu’il en soit, amusez-vous bien ~ ♪, » déclara Kagami.

***

Chapitre 1 : L’expérience de la culture étrangère d’une princesse

Partie 1

À l’origine, la guerre n’était pas raffinée. Tout comme le croisement des poings, c’était loin d’être beau, prenant au contraire la forme d’une violence écrasante. En termes simples, il s’agissait simplement d’attaquer et de vaincre un ennemi sans élégance, une réalité flagrante née de la compétition pour survivre. Mais à travers les millénaires de l’histoire, l’humanité avait raffiné la guerre avec beauté et élégance à travers ce qu’on appelle « la voie du guerrier », cristallisant les principes affinés et la sagesse accumulée dans une philosophie humaine soutenue par la raison et la discipline.

En effet, l’art de l’épée d’Ikki Kurogane, qui brandissait actuellement sa lame dans la cour de l’Académie Hagun, pouvait être qualifié de beau et élégant. En ce moment, il utilisait l’une de ses formes de maîtrise de l’épée pour improviser une démonstration d’arts martiaux pour les adversaires auxquels il faisait face. Sauf qu’il en avait cinq.

« Prends çaaaaaaaa ! »

« Tienssssss ! »

Dans la cour, tous les cinq avaient poussé un cri unifié et avaient attaqué Ikki avec les armes à la main. L’épée, la lance et même la hachette, avec le feu, la foudre et d’autres éléments qui s’y trouvaient infusés, n’étaient pas des armes ordinaires utilisées par des gens ordinaires. Les adversaires étaient des Blazers, des utilisateurs de magie des temps modernes qui avaient transformé leur âme en armement. Leur flamme et leurs éclairs avaient le pouvoir de brûler par le simple contact.

Mais il n’avait même pas été touché. Ikki Kurogane traita tous les assaillants ensemble, armé que de son épée.

Quel genre de sorcellerie est-ce ? se demandait l’un des attaquants. Sa lance qui avait été poussée de toutes ses forces avait maintenant été poignardée dans le sol. Sans avoir l’impression d’être paré, son coup avait été détourné comme s’il visait la terre depuis le début, comme s’il s’agissait d’un mauvais rêve.

Mais ce qui était vrai pour les cinq individus avait été vu différemment par les personnes rassemblées aux alentours pour regarder la démonstration. Au milieu de la pluie incessante d’armes, les mouvements de l’épée dansante d’Ikki avaient fait preuve d’une élégance et d’une beauté incomparables, les manipulant avec calme et facilité. Même ceux qui ne faisaient que passer proche de la cour s’arrêtèrent pour jeter un coup d’œil.

« Hein… comment est-ce possible !? »

« Pas possible, il n’y a aucune chance que ça marche ! Haa… haa… Impossible d’avoir la moindre touche ! »

Peu de temps après, les cinq étudiants qui attaquaient crièrent une dernière fois avant de s’écrouler sur l’herbe de la cour.

« Eh bien, alors finissons-en ici. Merci de m’avoir suivi, » déclara Ikki.

« Argh, non, c’est bon. Mais je n’aurais jamais imaginé que même cinq personnes ensemble ne peuvent pas te toucher, » répondit l’un des combattants au sol.

« Gha… ha… et tu ne transpires pas du tout. Es-tu un monstre… ? » demanda un autre combattant.

En réalité, bien que les cinq aient eu des mouvements inefficaces, Ikki lui-même avait fait face aux attaques presque entièrement avec des manœuvres minimes de ses pas, évitant leurs lames avec dix centimètres d’avance sur elles. Il n’utilisait presque pas de force ou d’endurance et n’avait aucune raison de transpirer.

Avec la démonstration terminée, une dizaine de garçons et de filles s’étaient précipités jusqu’à Ikki. Il s’agissait des camarades de classe d’Ikki.

« Wôw, incroyable ! Tu n’as pas du tout l’air essoufflé ! »

« Qui aurait cru qu’une démonstration d’arts martiaux serait si artistique ! »

« Ça ressemblait vraiment à de la danse alors que ces types sont si épuisés. »

« Oh non, je regardais ça et j’ai oublié de prendre des photos ! Quel regret que j’aurais pour toute une vie pour Kagami Kusakabe, présidente du club de presse de l’Académie Hagun ! Senpai, refais-le ! Encore une fois ! C’est pour une séance photo, s’il te plaît ! » déclara Kagami.

« Même si je t’ai demandée de ne pas… Ah, c’est trop embarrassant de voir mon propre visage sur des articles dans les journaux placardés à travers l’école, » déclara Ikki.

« C’est bon ! Ce ne sera pas pour un article pour l’école ! Je ne le vendrai qu’à l’extérieur ! » déclara Kagami.

« Euh… ce n’est pas ce que je pensais que “bon” veut dire…, » déclara Ikki.

Maintenant, la raison qui avait fait qu’il avait effectué une démonstration d’arts martiaux était que pendant qu’il se détendait dans la cour pendant la pause déjeuner, ses camarades de classe étaient venus le supplier pour apprendre quelques techniques d’épée qu’ils pourraient utiliser. Pour une école de Blazers avec des étudiants qui voulait devenir des chevaliers-magiciens, il s’agissait de quelque chose de très inhabituel. Ses camarades de classe avaient naturellement divers talents et ils n’avaient nullement besoin d’arts martiaux. Selon la pensée courante, ils pourraient plutôt utiliser le temps qu’il leur restait pour élargir la portée de leurs pouvoirs individuels. Les seuls qui agissaient comme l’avait fait Ikki étaient également des étudiants inférieurs avec peu de réalisations… ou alors, il s’agissait des individus véritablement puissants qui comprenaient la vérité. Compte tenu de cela, Ikki était très heureux que ses camarades de classe Blazer aient acquis un intérêt dans les arts martiaux. Alors il avait répondu à leur demande et avait fait la démonstration, mais…

« Comme je l’ai dit à tout le monde, c’était la forme la plus classique et la moins ostentatoire que je connaisse, alors ça devrait servir de modèle, non ? » demanda-t-il.

« Non, pour le dire franchement, tout ce qu’on en a déduit, c’est que c’était plutôt génial. »

Je m’en doutais…, pensa Ikki.

Le combat n’était pas si simple qu’on pouvait l’apprendre en le voyant. Même le Vol de Lame d’Ikki avait nécessité des montagnes d’efforts sanglants. Cette réaction était tout à fait prévisible.

« Ce n’est pas comme si je pouvais le voir et m’en souvenir tout comme tu peux le faire, Kurogane-kun, hein ? »

« Mais dans le cas d’Ikki-kun, il pourrait voler les secrets d’un style qu’il n’a jamais vu auparavant en l’observant au cours d’un combat. Ce n’est pas une capacité humaine, n’est-ce pas ? »

« Ce qui veut dire, Senpai, que tu te souviens de toutes les techniques d’épée que tu as vues ? » demanda Kagami.

« Bien sûr. C’est après tout ma planche de salut, » répondit Ikki.

« Euh. Combien de sortes différentes cela fait-il en tout ? » demanda Kagami.

« En incluant les Arts Impériaux de Stella récemment, je pense que cela ferait cent vingt-six, » répondit Ikki.

« C-Cent !? » s’exclama Kagami.

« Je suis surpris que tu en aies appris autant, mais c’est tout aussi étonnant que tant de styles d’épées survivent encore. »

« Il y a des écoles sans dojo, et aussi celles qui n’existent que dans les documents, » répondit Ikki. « Quand j’étais au collège, je voulais devenir fort d’une façon ou d’une autre, et chaque fois que j’avais le temps, je cherchais tous les dojos de la région pour les défier, ou je bouquinais dans les bibliothèques. J’allais aussi fouiller dans les musées pour apprendre à manier des styles d’épées que je n’avais toujours pas appris. Je faisais des choses comme ça dans mes loisirs. »

En entendant ces mots, les camarades de classe autour d’Ikki avaient inspiré collectivement.

« … Si c’est comme ça que tu es devenu si doué, je peux le croire. »

« Une ancienne technique spéciale classique aurait été de la triche. »

« Je suppose que les arts martiaux sont aussi une voie vers un autre genre de talent. »

« En fin de compte, il semble impossible pour des individus comme nous de devenir comme Kurogane-kun, hein ? »

Les camarades de classe étaient découragés par la difficulté que représentait le fait de devenir un autre Ikki. Sa maîtrise de l’épée transcendait déjà le bon sens, si bien que l’admiration à son égard était compréhensible, et ils avaient décidé de renoncer à nouveau à acquérir un nouveau type de talent. Avec ce qu’ils avaient déjà, ils n’avaient pas besoin du même niveau de détermination.

« Vous n’avez pas besoin de vous concentrer autant sur l’art de l’épée, » déclara Ikki. « Vous avez tous des capacités, contrairement à moi, donc vous n’avez pas besoin d’aller aussi loin que moi. En utilisant vos propres Dispositifs extraordinaires, vous pouvez combattre avec une plus grande portée, et je ne pense pas qu’il y ait d’inconvénient à essayer d’en apprendre un peu. Alors si vous en avez envie, je peux vous donner quelques conseils. »

« … Ouais, si on peut ajouter ça à nos capacités, on pourrait faire beaucoup plus. »

« Oui, oui ! Je travaillerai avec ardeur si Kurogane-kun me l’enseigne ! »

« Dans ce cas, vous devez entraîner votre noyau et vos muscles internes, car une stabilité solide est importante peu importe ce que vous faites, » déclara Ikki. « Parlons du genre de formation nécessaire pour cela. Premièrement — . »

Ceux qui avaient demandé la formation avaient été de jeunes garçons et de filles mignonnes plus jeunes, gonflés à bloc à ce sujet, et le cours d’Ikki avait alors duré une demi-heure.

« Ouf… faire des choses auxquelles tu n’es pas habitué est fatigant, hein… ? » déclara Ikki.

Ikki était assis sur un banc dans la cour et il laissa échapper une expiration au moment où une étudiante s’approcha de lui.

« Tu es si diligent, Ikki. Pas seulement ton propre entraînement, mais aussi celui de tes camarades de classe, » déclara la fille.

« Stella…, » déclara Ikki quand il vit la fille.

Stella Vermillion, une jeune fille aux cheveux cramoisis et aux yeux rayonnants, se tenait debout en tenant ses mains derrière elle comme si elle cachait quelque chose. Elle était la colocataire d’Ikki qui était venue d’un pays lointain pour étudier à l’étranger, et depuis quelques jours seulement, sa petite amie. Stella regarda ses camarades de classe dans la cour qui mettaient immédiatement en pratique ce qu’Ikki leur avait appris.

« Tout ce que je vois, c’est qu’ils se tiennent sur une jambe en se tortillant. Y a-t-il un sens à cela ? C’est drôle qu’ils ressemblent à des épouvantails mal faits, mais… oups, quelqu’un est tombé. Comme c’est maladroit ! Ça ne fait même pas encore 30 secondes, » déclara Stella.

« Hahaha. Ils n’y peuvent rien quand ils commencent à peine. C’est plus un exercice qu’une forme d’entraînement, » déclara Ikki.

« Hein ? Donc tu ne vas pas les entraîner ? » demanda Stella.

« Ne dis pas ça ainsi, » répondit Ikki. « À ce stade, je ne peux pas les laisser en faire trop. J’ai juste pensé à leur faire d’abord apprendre l’importance des muscles centraux et internes. Il est toujours plus courant dans une lutte de pousser avec un pied que de se tenir debout de façon égale sur les deux pieds. Tu passes constamment d’un pied à l’autre lorsque tu bouges, déplaçant le centre de gravité, donc ne pas être capable de rester en équilibre sur un pied est une mauvaise chose pour les combattants. Tu le sais déjà sans que je le dise, pas vraie Stella ? »

« Eh bien, c’est vrai, » répondit Stella.

Dans la boxe chinoise, on l’accusait d’être la « maladie des jumeaux ». La maladie était une exagération, mais en vérité, se tenir debout avec le centre de gravité réparti uniformément sur les deux pieds était assez dangereux pour qu’on puisse appeler cela une maladie, car si quelque chose arrivait soudainement, il ne serait pas possible de basculer en mouvement. C’était une position pleine de faiblesses, et la faiblesse menait directement à la mort. C’est pourquoi les artistes martiaux le déconseillaient, une compréhension commune à toutes sortes de styles martiaux et d’art de l’épée. Parmi les arts martiaux, aucune posture n’impliquait de répartir son poids de façon égale entre les deux pieds, et c’est pourquoi Ikki avait demandé à tout le monde de l’apprendre en premier.

***

Partie 2

« Tu veux vraiment que tout le monde devienne plus fort, » déclara Stella.

« Cela dépend de leur volonté, mais je les aiderai dans tout ce qu’ils veulent accomplir, » répondit Ikki.

« Hein. Mais est-ce que c’est correct ? S’il y avait quelqu’un de plus habile avec l’épée, tu en ferais un rival incroyable, non ? Pas tous, mais certains d’entre eux pourraient apparaître dans les batailles de sélection représentatives du Festival des Sept Étoiles de l’Art de l’Épée, » déclara Stella.

Le Festival des Sept Étoiles de l’Art de l’Épée. C’est là que tous les chevaliers étudiants du Japon se battaient pour le titre unique de Roi de l’Épée des Sept Étoiles. Ikki et Stella visaient ce sommet. Et comme le sommet ne pouvait accueillir qu’une seule personne, tous les autres étaient des rivaux. Stella l’avait souligné et Ikki avait souri comme s’il s’amusait.

« En vérité, j’en serais ravi. Cela me permettrait à la fois d’enseigner et de me battre… En plus, un jour, nous serons obligés de nous battre avec nos vies en jeu, » répondit Ikki.

Un jour ou l’autre, cela arriverait. En tant qu’étudiants chevaliers, ils avaient des responsabilités. Par exemple, dans le cas où un Blazer effectuait un acte terroriste à l’intérieur de la ville, les chevaliers étudiants seraient chargés de protéger les citoyens en danger, et en fait Ikki et Stella avaient déjà été dans une telle situation, luttant contre un terroriste de la Rébellion au moment des faits. Ikki et les autres l’avaient emporté grâce à leur force, mais il y avait des occasions où les chevaliers étudiants donnaient leur vie en service. De telles tragédies existaient.

« Ne voudrais-tu pas éviter ça ? Si quelqu’un était dans une situation difficile et que mes conseils peuvent aider dans ce cas, rien ne me rendrait plus heureux, » déclara Ikki.

Les paroles de la réponse à la question de Stella n’étaient pas du tout du bluff. C’était manifestement les vrais sentiments d’Ikki. En les entendant, les lèvres rose pâle de Stella s’étaient déplacées en un petit sourire.

« Ça te ressemble bien, » déclara Stella.

« Me ressemble ? » demanda Ikki.

« Cette bonté d’âme, » répondit Stella.

Parce qu’il n’avait pas de talent inné, ses parents et les adultes qui l’entouraient le méprisaient, le traitaient durement et lui avaient même fait perdre une année scolaire pour des raisons absurdes, mais le cœur d’Ikki n’avait pas faibli. Cela rendait Stella heureuse et fière. C’est ce qui avait fait de lui le chevalier qu’elle aimait. Et c’est pourquoi Stella voulait devenir plus intime avec Ikki, alors elle s’était rapprochée.

« … Eh bien, Ikki, tu parles beaucoup et tu bouges beaucoup en ce moment, non ? » demanda Stella.

« Oui, c’est vrai. J’ai soif avec tout ça, » répondit Ikki.

Quand Ikki répondit, le visage de Stella s’illumina.

« Al-Alors —, » commença Stella.

Mais au moment où Stella avait sorti ce qu’elle cachait dans son dos…

« Onii-sama ~♪ »

… une voix douce et enjouée l’interrompit, et une autre fille se glissa dans l’espace entre elle et Ikki.

« Whoa! »

Ikki laissa échapper une voix inattendue devant l’étreinte soudaine sur le côté et se tourna vers la nouvelle fille aux cheveux argentés et à la peau claire, une fille dont tout le corps était aussi pâle qu’éphémère. Elle était — .

« Shizuku ? Tu m’as surpris…, » déclara Ikki.

La seule petite sœur d’Ikki Kurogane, Shizuku Kurogane. Attrapant la main droite d’Ikki dans ses bras, Shizuku avait rapproché son visage comme un chaton gâté.

« Hehe, qu’est-ce qui est surprenant ? Qui d’autre partagerait de tels contacts intimes avec toi, Onii-sama ~ ? » demanda Shizuku.

« Eh bien, ces derniers temps, les filles ont été assez audacieuses, alors…, » commença-t-il à répondre.

Par exemple, même sa camarade de classe Kagami Kusakabe l’avait étreint lors de leur première rencontre. Il se souvenait encore très bien de cette sensation.

« … Hein. De telles personnes existent, n’est-ce pas ? Peux-tu me donner leurs noms ? » demanda Shizuku.

Shizuku sortit un carnet noir de quelque part et l’ouvrit. Avec un sourire qui semblait trop raide pour venir du cœur, elle le regardait avec des yeux qui dévoraient la lumière. C’était très effrayant. Ikki savait instinctivement qu’il ne devait pas donner le nom de Kagami, alors il changea carrément de sujet.

« A-Au fait, Shizuku, ne veux-tu pas t’éloigner un peu ? Je sens la sueur en ce moment, » déclara Ikki.

« Oh, c’est pour ça que je reste si près. Ne comprends-tu pas, Onii-sama ? » demanda Shizuku.

« Je ne peux pas, » déclara Ikki.

Ikki ne pouvait que se sentir troublé par Shizuku, qui pressait son corps encore plus fort sur lui, les yeux se rétrécissant dans un sourire coquet. C’était sa petite sœur qu’il retrouvait après quatre ans d’absence, mais Ikki ne pouvait plus comprendre ce qu’elle pensait.

« Eh bien, ça suffit avec le contact peau à peau. Tiens, Onii-sama, » déclara Shizuku.

En disant cela, Shizuku avait présenté une canette de boisson pour sportifs à Ikki.

« Comme tu as appris les bases de l’épée à tes camarades de classe, je t’ai apporté quelque chose pour te redonner de l’énergie, » déclara Shizuku.

« Ah, ça m’aide beaucoup. Juste au moment où je me sentais assoiffé, » déclara Ikki.

« Oui, je m’en doutais. Onii-sama, tu dois être heureux d’avoir une si attentive et merveilleuse petite sœur, » déclara Shizuku.

« Haha, je t’en suis reconnaissant, » déclara Ikki.

Exprimant ses remerciements à Shizuku pour sa bonne volonté, Ikki avait tiré la languette de la canette et avait étanché sa soif.

« Est-ce rafraîchissant ? » demanda Shizuku.

« Oui, ça me fait beaucoup de bien, » déclara Ikki.

« Est-ce que ça a mon goût ? » demanda Shizuku.

La boisson avait jailli de son nez.

« Qu’est-ce que ça veut dire ? » demanda Ikki.

« Hehe, ce n’était qu’une blague. Je n’ai rien fait comme embrasser l’ouverture de la canette. Non, pas du tout, » déclara Shizuku.

« Quel déni terriblement précis…, » déclara Ikki.

« Tu es facile à taquiner, Onii-sama, alors comment quelqu’un d’autre pourrait-il ne pas s’empêcher de te taquiner ? » demanda Shizuku.

« Ne me regarde pas comme si tu attendais un accord, » déclara Ikki.

« Eh bien, mis à part, il y a quelque chose qui m’inquiète…, » déclara Shizuku.

Après avoir dit ça, Shizuku avait tourné la tête, et son visage de bonne volonté envers Ikki s’était transformé en un visage tout en mépris.

« Je me demande pourquoi Stella-san est debout comme une statue avec deux canettes de jus de fruits, » demanda Shizuku.

Elle adressa sa déclaration à Stella, qui se tenait maintenant immobile avec une canette dans chaque main après que la conversation lui eut été arrachée. Face à la question de Shizuku, Stella devint rouge et son regard vacilla en raison de l’inconfort.

« Euh, c-c’est…, » balbutia Stella.

« Oh mon Dieu. Voulais-tu offrir un rafraîchissement à Onii-sama ? » demanda Shizuku.

« Hein ? Vraiment, Stella ? » demanda Ikki.

« N-Non, pas possible ! Pourquoi ferais-je une chose pareille pour quelqu’un comme Ikki !? » demanda Stella.

C’était une chose très ordinaire pour les amoureux, mais Stella ne pouvait pas le dire, parce qu’elle était la deuxième princesse impériale de l’Empire Vermillon, et trouver un amoureux pendant ses études à l’étranger allait provoquer un scandale. Une telle rumeur ne devait pas se répandre dans les médias, c’est pourquoi Ikki et Stella avaient convenu que leur nouvelle relation devait rester secrète. Elle ne pouvait pas le dire. Même si elle voulait le dire, ça ne sortirait pas de sa bouche.

« Alors pourquoi as-tu deux canettes de jus de fruits ? » demanda Shizuku.

« C’est… C’est… c’est vrai ! C’est pour que je puisse boire les deux ! » déclara Stella.

« Je vois. J’ai vraiment eu un malentendu. Puisque tu as perdu contre Onii-sama dans un match, c’est vraiment horrible que vous soyez ensemble, non ? Puisque vous n’êtes pas un couple, il n’y a aucune chance que tu fasses de telles choses, Hmm ? » déclara Shizuku.

« Bien sûr que non ! Ahh, j’ai tellement soif. J’ai tellement soif que je pourrais mourir ! Même deux canettes ne suffisent pas ! » déclara Stella.

Dans cette situation désespérée, Stella avait ouvert les languettes sur les deux canettes. Même si elle avait acheté un extra pour Ikki, il était trop tard pour le dire. Les larmes aux yeux, Stella avait bu le jus d’un seul coup.

« … Pas de cran, » tout en regardant Stella engloutir les boissons, Shizuku murmura cette courte déclaration, les yeux à moitié ouverts.

« Shizuku ? » demanda Ikki.

« Ce n’est rien… au fait, Onii-sama, si ça ne te dérange pas, tu pourrais m’apprendre l’art de l’épée ? » demanda Shizuku.

Ikki cligna des yeux en signe de confusion face à la demande de Shizuku, qui semblait vouloir changer de sujet.

« Hein ? Mais la branche principale n’a-t-elle pas des instructeurs d’épée ? » demanda Ikki. « Ma spécialité est le katana, donc je pense qu’apprendre les techniques de kodachi avec eux serait mieux. »

La maison Kurogane à laquelle ils appartenaient était célèbre pour ses chevaliers-magiciens, une lignée qui avait produit de nombreux combattants forts et de renommée mondiale. Contrairement à ceux qui dépendaient entièrement des capacités surnaturelles, comme c’était courant dans le monde entier, les Kurogane comprenaient l’importance des arts martiaux et leurs enfants étaient tous formés aux arts martiaux en fonction de leurs Dispositifs. Cela devrait inclure Shizuku, à qui on avait dû enseigner les techniques de kodachi du style Kurogane. Pourquoi lui demanderait-elle de l’aide ?

Shizuku répondit avec une franche répugnance sur son visage. « Après que tu aies quitté la maison, Onii-sama, j’ai tout de suite arrêté de suivre leurs instructions. Je n’apprendrai rien de celui qui t’a fait fuir. »

Ahh, je vois, pensa Ikki.

Ikki avait parfaitement compris de sa réponse.

{Si nous produisons un échec, le statut de la famille s’effondrera.}

Il y a quatre ans, Ikki avait quitté la maison Kurogane parce qu’elle l’avait enfermé et lui avait même refusé un seul fragment d’entraînement à l’épée pour la raison indiquée ci-dessus. Ikki ne regrettait pas d’être parti, mais le fait d’avoir causé une brèche entre Shizuku et la maison l’avait rendu coupable. Dans ce cas, il était de son devoir de frère de veiller à l’entraînement des arts martiaux de Shizuku.

« Je me souviens des bases de la technique Kurogane pour le Kodachi, donc si tu es d’accord avec ça, tu peux compter sur moi, » déclara Ikki.

« Merci, » répondit Shizuku.

Shizuku avait exprimé sa gratitude avec un sourire éclatant, et les lèvres d’Ikki s’étaient aussi plissées vers le haut malgré lui. Quel frère se sentirait mal d’avoir la confiance d’une jolie petite sœur ?

« Ikki ! Si tu entraînes Shizuku, entraîne-moi aussi ! » Stella avait lâché soudainement ces mots, après avoir fini de boire.

« Hein ? D-D’accord…, » déclara Ikki.

Mais… le visage d’Ikki s’était plissé face à cette demande.

« Q-Quoi, tu ne veux pas ? » demanda Stella.

« Ce n’est pas ça, je… je ne pense pas pouvoir t’apprendre quoi que ce soit, » répondit Ikki.

« C-Ce n’est pas vrai. J’ai perdu dans notre duel, n’est-ce pas ? » déclara Stella.

« Mais quand même…, » commença Ikki.

Apparemment, Ikki n’avait pas réussi à susciter d’enthousiasme pour l’enseignement de l’art de l’épée à Stella. Voyant cela, les sourcils de Stella se hérissèrent.

« … PPPPPPPourquoi ne fais-tu attention qu’à Shizuku… !? » demanda Stella.

« Hein ? N-Non, ce n’est pas ce que j’essaie de faire —, » déclara Ikki.

« Très bien ! Ce n’est pas comme si j’avais besoin que tu me l’apprennes ! En fait, je ne veux pas du tout que tu m’apprennes ! Je ne faisais que le dire ! Regarde, la prochaine fois qu’on se battra, je te battrai ! Comme si un pervers siscon qui est avare sur l’entraînement me convenait ! Idiot ! » s’écria Stella.

Stella s’était enfuie après avoir dit ça, avec des larmes dans les yeux et la langue qui dépassaient de ses lèvres.

Ah… quelle personne tout à fait différente, pensa-t-il.

Mais c’était sa faute. Ikki avait une raison de faire cette grimace, mais s’il le faisait remarquer avec une attitude mitigée, Stella aurait raison de penser qu’on l’excluait.

« Je m’excuserai plus tard…, » déclara Ikki.

« Onii-sama, » déclara Shizuku.

« Hmm ? » demanda Ikki.

« Onii-sama, ne veux-tu vraiment pas enseigner à Stella-san ? » demanda Shizuku.

« Ce n’est pas ça, » répondit Ikki.

Puisqu’il n’y avait plus personne pour faire des histoires, Ikki l’avait déclaré si clairement.

« Parce que ce n’est pas à moi de le faire, » déclara Ikki.

« Qu’est-ce que tu veux dire ? » demanda Shizuku.

« Par exemple, mes camarades de classe et toi avez tous les deux des points évidents d’inexpérience. Je vois ce que tu as besoin qu’on t’apprenne. Mais Stella est différente. Elle a dépassé le niveau de quelqu’un comme moi il y a longtemps. Et plus que tout, nos styles d’épées sont fondés sur des choses différentes, » répondit Ikki.

« Fondée ? » demanda Shizuku.

« Mon art de l’épée est fondamentalement une question de technique, » répondit Ikki. « Mon épée coupe avec adresse. Mais l’épée de Stella est la lame de quelqu’un de vraiment puissant, capable d’écraser l’adversaire d’un geste de la main. C’est la base sur laquelle elle se construit déjà, donc son épée n’a pas besoin du genre de petits trucs et de styles fragmentés que j’utilise. Si j’introduis ces choses avec insouciance, je pourrais avoir une mauvaise influence. Puisque je ne suis pas responsable de lui enseigner, je ne le ferai pas… et de toute façon, même si je le faisais, à quoi bon ? »

Bref, la croissance d’Ikki dépendait entièrement de l’étendue de ses connaissances, mais cela n’avait aucun sens pour Stella, une vraie prodige. Comparée à une personne ayant des capacités ordinaires comme Ikki, elle avait un potentiel caché incommensurable. Pour cette raison, il préférerait qu’elle reste toujours au-delà de son imagination.

« Parce que Stella est ma seule véritable rivale, » déclara Ikki.

Il voulait qu’elle reste sa plus chère et sa plus haute rivale, et Ikki avait donc refusé à sa demande. Shizuku, entendant cette raison, devint un peu boudeuse.

« … Quoi ? Alors c’est nous qui n’avons pas vraiment compris ? » demanda Shizuku.

« Hmm ? Shizuku, qu’as-tu dit ? » demanda Ikki.

« Rien. Rien du tout. Je pensais juste que la truie tenait les choses pour acquises, » déclara Shizuku.

« Quoi ? » s’exclama Ikki.

***

Partie 3

C’est quoi ce bordel, c’est quoi ce bordel avec cette sœurette !? Seulement en faveur de Shizuku ! Même s’il a dit qu’il m’aimait ! Même s’il a dit ça ! Pourquoi ne peut-il pas lui tenir tête !? Je suis ta petite amie, alors fais attention à moi ! Stupide Ikki !

Étincelante et éparpillant des braises, Stella traînait dans le couloir du dortoir, les épaules tremblantes de colère. Sur le chemin, la voix claire d’un grand homme dont le visage était assez beau pour qu’il fasse trembler la fille interpellée se fit entendre.

« Oh, mon Dieu, bonjour Stella-chan. »

Nagi Arisuin se tenait là, et avec lui se trouvait Kagami Kusakabe qui avait quitté la cour à un moment donné.

« Tu lances des tonnes d’étincelles. S’est-il passé quelque chose ? » demanda Nagi.

« Pas vraiment… Et c’est rare de te voir dans ce dortoir, Alice. Es-tu venue pour quelque chose ? » demanda Stella.

« C’est juste pour rendre un jeu que j’ai emprunté à Kagami, » déclara Nagi.

« Tadaa ! C’est le jeu de l’Académie Privée Princesse, le meilleur jeu romantique pour les filles d’aujourd’hui ! Je suis allé à Akiba (quartier spécialisé dans les jeux au Japon) la semaine dernière et j’ai fait la queue toute la nuit pour ça ! » déclara Kagami.

Kagami tenait avec joie le paquet dont la couverture représentait des garçons aux longs cils. C’était un jeu de simulation romantique destiné aux jeunes femmes. Même Stella les connaissait, mais elle manquait de connaissances approfondies et avait un point de vue mitigé sur ces sujets. Quand Stella avait vu la boîte, ses sourcils s’étaient plissés.

« Est-ce pour les femmes seules, non ? Aimez-vous ce genre de choses, toutes les deux ? » demanda Stella.

« Oh, mon Dieu, nous avons là une princesse impériale avec tant de préjugés. Qu’en penses-tu, Kagami ? » demanda Nagi.

« C’est exact, Stella-chan. Au cours des cent dernières années, les romans visuels du Japon ont été notre principale exportation culturelle. Si tu viens au Japon sans vivre nos jeux romantiques, c’est comme si tu allais en France sans goûter leur fromage ! Selon une théorie, il a joué un rôle dans l’éradication du commerce de la drogue en Amérique du Sud ! C’est si incroyable ! » déclara Kagami.

« V-Vraiment… ? N’est-ce pas juste un peu de divertissement paresseux ? » demanda Stella.

Comme c’est simple.

En effet, simple.

Ces deux-là étaient en fait de mauvaises amies.

« Et si tu l’essayais toi-même ? » demanda Kagami.

« Non, je ne suis pas vraiment intéressée… et je n’en ai jamais joué, » répondit Stella.

« Et c’est pourquoi tu devrais le faire. As-tu un garçon à propos de qui tu as besoin de conseils ? Qu’en penses-tu, Alice-chan ? » demanda Kagami.

« Oui ! Et regarde le garçon aux cheveux noirs sur cette couverture. Ne ressemble-t-il pas à quelqu’un qu’on connaît ? » demanda Nagi.

Le paquet de jeu avait été placé devant le visage de Stella, et ce qu’elle avait vu parmi les personnages masculins aux cheveux colorés était en effet un visage qui ressemblait à celui d’une certaine personne.

« Ikki…, » murmura Stella.

« Ça ressemble à ça, hein ? Son nom est Issei-kun, et sa voix est très similaire, assez pour être un sujet parmi les fans cachés du Pire, tu sais » déclara Nagi.

« C’est en partie pour cela que je l’ai acheté, car si j’essayais de faire la moindre avance vers Ikki, Shizuku me tuerait. Quoi qu’il en soit, joues-y avec un casque branché, et c’est comme si Ikki murmurait des mots doux dans tes oreilles… haha, c’est glorieux ~, » déclara Kagami.

« Ikki… dans mes oreilles…, » répéta Stella.

Comme Ikki murmurant des mots doux. Stella avait dégluti de façon audible alors qu’elle l’imaginait. Étant la petite amie d’Ikki, elle pouvait l’obtenir de la source, mais avec les deux novices quant à être un couple, cela ne s’était pas fait facilement. Ils étaient trop timides pour faire quoi que ce soit, et en fait ils n’avaient même pas encore réussi à se tenir la main. Quand ils étaient seuls, ils étaient particulièrement moroses et ne pouvaient pas avoir de conversation. Et donc, Stella était très intéressée par l’idée.

« … Qu’en dis-tu ? Veux-tu essayer ? » demanda Kagami.

« Hein !? Ce n’est pas comme si ça m’intéressait à ça… juste parce qu’on dirait…, » répondit Stella.

Le regard hésitant de Stella se dirigeait avec impuissance vers le jeu que Kagami tenait, et Kagami avait souri en voyant ça.

« Je vois… eh bien, je ne devrais pas te forcer…, » déclara Kagami.

Elle avait commencé à ramener vers elle le jeu, mais Stella s’était soudainement emparée de l’Académie Privée Princesse avec une force étonnante, empêchant le mouvement.

« Eh bien, euh, je n’ai certainement aucun intérêt personnel ou quoi que ce soit, mais… mais tu vois, je viens de dire quelque chose d’injuste à propos de ces œuvres, et ce n’est pas digne d’une célébrité internationale, non ? Si j’en ai l’occasion, je devrais étudier la culture japonaise… C’est ce que je pense, » déclara Stella.

Elle est vraiment simple, hein ?

Et naïve. Mais c’est bien approprié pour toi, Stella-chan.

« D’accord, alors, voilà. Toi et Kurogane-senpai n’avez pas de console, hein ? J’en apporterai une plus tard, et tu pourras la rendre quand tu veux, » déclara Kagami.

« M-Merci…, » déclara Stella.

« Et je vais te dire comment arriver au chemin de l’Issei, puisque tu n’es probablement pas intéressée par les autres personnages, » déclara Kagami.

« Ouais, pas du tout… parce que c’est trop de travail, d’accord ? Pas parce qu’il ressemble à Ikki, compris ? » déclara Stella.

« Oui, oui, je sais, je sais ~♪, » déclara Kagami.

« Kagami et moi connaissons bien cette histoire. Stella-chan joue la comédie comme une fille de la lignée de Vegeta ~ ♪, » déclara Nagi.

« N’appelle pas ça jouer la comédie ! » s’écria Stella.

C’est ainsi que la princesse de l’Empire Vermillon avait été attirée dans son premier jeu vidéo romantique par ses amies maléfiques.

***

Partie 4

L’Académie Privée Princesse avait vu son histoire faite dans une école de garçons pour les fils riches de fonctionnaires du gouvernement qui venait à peine de devenir mixte. L’histoire présentait une situation dans laquelle la jeune fille protagoniste venait d’entrer. C’était l’histoire d’un harem qui profitait du printemps de la vie avec de jeunes hommes élégants, lucides et beaux, de bonne lignée. Avec peu d’éléments d’aventure, c’était un roman visuel classique avec des points de branchement basés sur les choix de l’utilisateur et le reste du contenu était entièrement textuel. Stella, qui n’était pas familière avec les jeux vidéo en dehors des jeux de tir à la première personne et des simulations de course, alors elle ne pouvait s’empêcher de trouver l’introduction ennuyeuse.

« Hé… Quand est-ce que ça va commencer ? » demanda Stella.

« Mais ça a déjà commencé, non ? » répondit Nagi.

« Hein ? Mais il n’y a pas d’ennemi, » déclara Stella.

« Ce n’est pas ce genre de jeu. Eh bien, selon la façon dont les choses se déroulent, le fait d’aller à des rendez-vous peut se transformer en un désordre géant où les bagarres ont lieu, mais… de toute façon, Issei-kun est sur le point d’apparaître, » déclara Nagi.

Et la scène s’était en effet déroulée comme il l’avait prétendu, avec Stella la protagoniste de l’école et le garçon représenté sur le paquet qui ressemblait beaucoup à Ikki — Issei Washimine se foncèrent l’un sur l’autre en tournant au même coin.

Avec une voix qui ressemblait beaucoup à celle d’Ikki, le nouveau venu avait déclaré…

 

« Regarde où tu vas, la moche. Que se passera-t-il si tu me fais une cicatrice, à moi, le prochain chef du Washimine Zaibatsu !? »

> Excusez-vous sincèrement.

> Regarder ailleurs et répliquer.

→ Ne dites rien et lui faire un suplex (prise de catch) allemand. Pas de pitié.

 

Stella avait choisi la troisième option presque par réflexe. L’écran affichait l’image d’art numérique du protagoniste exécutant un suplex masculin. C’était une belle attaque de lutteur.

« Hehe~♪ Bravo, mon autre moi. Une exécution sans faille ! » déclara Stella.

« … Wôw. Lui faire un suplex dans cette situation. Tu n’as pas l’intention de capturer son cœur, n’est-ce pas ? » demanda Nagi.

« Mais il était si irritant. Et tout d’abord, qu’est-ce que c’était !? Son visage et sa voix ressemblent à ceux d’Ikki, mais sa personnalité est complètement différente !? C’est une arnaque, une arnaque ! Les créateurs ne connaissent pas du tout Ikki ! » cria Stella.

« Euh, ce n’est pas comme s’ils avaient utilisé Ikki comme modèle. C’est juste une ressemblance… Mais, eh bien, faire le suplex est en fait le bon choix, » déclara Nagi.

« Hein !? » s’exclama Stella.

Stella cligna des yeux devant les paroles d’Arisuin, et en même temps sur l’écran, Issei se leva lentement.

« Je cherche depuis si longtemps… quelqu’un qui pourrait me corriger avec un suplex allemand… S’il te plaît… sors avec moi ! » déclara Issei.

Une confession d’amour au sang chaud avait été prononcée.

« P-Pervers !? » s’écria Stella.

« On pourrait croire que c’est une blague, mais c’est apparemment le chemin vers la route d’Issei. J’ai été complètement dupé au début, » déclara Nagi.

« C’est compliqué de tomber amoureux parce qu’on s’est fait faire un suplex allemand ! » s’écria Stella.

« Il semble que sa mère, décédée il y a longtemps, le grondait avec ça quand il s’était mal conduit, » déclara Nagi.

« N’est-ce pas juste de la maltraitance d’enfant ? » demanda Stella.

« Mais c’est incroyable, tu es entrée dans la route d’un seul coup. Je n’avais pas besoin d’être ici, » déclara Nagi.

« … Donc tu dis que je suis déjà dans l’histoire de ce type ? » demanda Stella.

« Oui. À partir de maintenant, tu suis un chemin déterminé, donc il n’y aura plus de difficultés, » en disant cela, Arisuin se leva et se tourna vers la porte. « Bon, je m’en vais. C’est mieux de jouer seul, après tout. »

Et il était parti ainsi. En le voyant partir, Stella soupira. Honnêtement, ce serait mieux s’il ramenait cette chose avec lui. Peu importe combien le visage et la voix pouvaient correspondre, une personnalité si différente avait rendu le personnage inintéressant. Ou plutôt, qu’il y ait ou non une ressemblance avec Ikki, qui voudrait d’un tel pervers ?

Je devrais aller rendre ça à Kagami, pensant ainsi, Stella avait tendu la main vers le bouton d’alimentation de la PlayStation…

« Je ne peux regarder que toi ! » La voix, si semblable, venait des haut-parleurs, allant vers les tympans de Stella.

Sa tête s’était levée et elle avait vu le visage triste d’Issei qui ressemblait à un chiot abandonné, avec une expression, tout à fait comme celle d’Ikki.

Stella avait placé un casque sans dire mot.

 

 

Au fur et à mesure que le jeu progressait, il était rapidement devenu évident pourquoi Issei avait son attitude. Il était l’enfant de la tête du Washimine Zaibatsu, qui s’était enfui avec une fille ordinaire. Après la mort de son père, son grand-père, qui voulait un héritier, l’avait enlevé à sa mère contre son gré. Sa mère était aussi morte de maladie sans lui à ses côtés, alors dans son ressentiment, il se pavanait avec arrogance, souillant le nom de Washimine.

« *Sanglots*… tu as aussi eu la vie dure, pas vraie… ? » déclara Stella.

Au début, elle avait été offensée par le comportement d’Issei, mais après en avoir découvert la cause, Stella ne pouvait pas lui en vouloir vu que cela ressemblait beaucoup aux circonstances propres à Ikki. Elle s’ennuyait insupportablement lors de l’intro, mais une fois qu’elle avait commencé à jouer, elle était devenue de plus en plus absorbée par le jeu. Même dans la lenteur de la narration, il y avait des points lumineux à trouver. Marcher ensemble sur le chemin de l’école. Aller dans un parc d’attractions lors d’un jour de congé. Se rendre secrètement à la plage le soir pendant le voyage scolaire. Ni les zombies ni les soldats soviétiques n’étaient apparus, mais l’ennui était loin, et au lieu de cela, chaque moment était palpitant. En effet, si le bonheur était d’avoir des journées remplies d’amour, alors passer du temps avec son bien-aimé était délicieux. Mais cet Ikki regardait Stella droit dans les yeux à chaque instant. Son attention n’avait jamais été détournée, peu importe qui d’autre pourrait être dans les parages. Son regard était toujours tourné vers la personne devant l’écran. (※ c’est la convention des romans visuels.) Ses chuchotements doux étaient toujours à ses oreilles. Il ne parlait jamais de sœur ceci, de sœur cela.

Il est toujours prêt pour moi…, pensa Stella.

Comme c’était merveilleux !

Trois ans passèrent et le jour de la remise des diplômes arriva. Dans une salle de classe déserte, « Ikki » proposa à Stella avec l’expression la plus sérieuse qu’elle ait jamais vue.

« Je t’aime, Stella. Je veux que tu sois avec moi après la remise des diplômes, en tenant mon cœur par le bout du nez. »

« Ah… ! » Entendre les mots romantiques d’une voix comme celle d’Ikki avait rendu ses joues chaudes.

Non, elle le savait. Stella savait que ce n’était qu’un jeu, et ce qu’elle voyait était juste un personnage qui ressemblait à Ikki. Mais… mais… si c’était juste un jeu, ne pourrait-elle pas être honnête maintenant ? Stella était franchement un peu insatisfaite de l’impasse actuelle où ils ne pouvaient même pas se tenir la main. Ils avaient tant souffert pour devenir un couple. Non, pas seulement en se tenant la main — elle voulait toucher Ikki beaucoup plus que ça, faire des choses avec Ikki que seuls les couples feraient.

… Mais elle ne pouvait pas le dire elle-même. Elle ne supportait pas la possibilité qu’il ne l’aime pas parce qu’elle était obscène. C’est pourquoi elle avait attendu qu’Ikki passe à l’étape suivante. Mais si Ikki avait pris cette mesure, pourrait-elle donner une réponse honnête ? Non. Stella était consciente de sa propre nature vaine et contraire. Il n’y avait aucun doute qu’elle trouverait une raison de s’échapper.

Oui, comme le fait qu’elle était une princesse.

C’est… vraiment ce que je lui dirais, pensa-t-elle.

C’était une femme si problématique. Pas mignonne du tout. Même Ikki désapprouverait.

Mais si je m’entraîne en utilisant ce jeu…, pensa-t-elle.

Alors ne pourrait-elle pas lui répondre honnêtement ? Ikki ne serait-il pas encore plus amoureux d’elle ?

De nombreuses secondes s’écoulèrent alors qu’elle hésitait. Stella avait pris sa résolution en main et avait parlé en appuyant sur le bouton.

« Je t’aime aussi, Ikki ! Épouse-moi, et reste avec moi pour toujours ! » déclara Stella.

*Claque*

Elle avait entendu un bruit fort hors de ses écouteurs, et ses yeux s’étaient écarquillés quand elle avait regardé derrière elle vers la porte et avait vu… Ikki s’était écroulé là.

« D-Désolé ! Euh, je n’essayais pas de jeter un œil. C’est juste… J’ai entendu des bruits ici, mais tu n’as pas répondu, même si j’ai frappé fortement… C’est un simulateur de romance pour fille ? Ha… Hahahaha, quelle surprise ! Quand j’ai entendu “épouse-moi”, mes jambes m’ont lâchée. Mais ce n’était qu’une réplique du scénario, non ? Quelle coïncidence incroyable qu’il y ait un personnage avec mon nom, » déclara Ikki.

L’explication troublée d’Ikki se poursuivit alors que Stella ne répondit pas.

« Mais que tu sois si passionnée que tu le dises à haute voix. C’est comme si je voyais une toute nouvelle facette de toi. Ah, ne fais pas attention à moi. Je vais juste sortir d’ici. Désolé de t’avoir interrompu dans le meilleur moment du jeu, » déclara Ikki.

« … N-NOOOOOOONNNNN !! » Le crépuscule tomba sur le dortoir de l’école, et le cri de Stella remplissait chaque recoin.

 

Cher lecteur : si vous jouez à une simulation d’amour coquine dans votre chambre avec un casque, alors vous devez toujours surveiller la porte. Ne l’oubliez jamais, oui, jamais.

***

Entracte

« Le fait de laisser Stella-chan s’amuser me rend aussi heureuse, » déclara Kagami.

« S’il te plaît, ne fais pas cette tête indécente, » déclara Nagi.

« De toute façon, Stella-chan aura probablement plus de succès la prochaine fois. D’ailleurs, le jeu Prin-Aca a été très populaire et une suite est prévue. Après que le scandale de Stella-chan ait été résolu, un nombre incroyable de votes ont été envoyés dans un sondage de popularité pour Issei-kun, le classant au premier rang. Voilà donc ce qui s’est passé, » déclara Kagami.

« Cela nous fait soupçonner l’existence d’un mouvement pour pousser les votes dans ce sens, » déclara Nagi.

« La photo de la page d’accueil officielle est aussi devenue un Issei-kun topless avec un nœud papillon, » déclara Kagami.

« Et pas de pantalon, » déclara Nagi.

« Mais les fans d’autres personnages étaient furieux, et ont apparemment piraté le site web de l’éditeur pour mettre en place un collage de photos, alors, attention, d’accord ? » demanda Kagami.

« Ils essuyaient sûrement leurs larmes avec le pantalon qu’il a enlevé, » annonça Nagi.

« Maintenant, passons au passé, vite, vite ! On s’en occupera plus tard ! » déclara Kagami.

« Le prochain événement est… oh, comme c’est nostalgique. Dans l’ordre chronologique, c’est juste un peu avant l’événement précédent, un conte de la nuit après la victoire d’Ikki contre Le Chasseur, » déclara Nagi.

« Oui, c’est vrai ! Pendant que Senpai était dans le coma, et que Stella-chan était avec lui pour qu’elle ne puisse pas venir, toi et Shizuku-chan êtes allés dans un bar pour une petite fête de victoire, pas vrai Alice-chan ? » demanda Kagami.

« Apparemment, c’était la première fois que Shizuku buvait, alors l’hôte semblait un peu nerveux, » déclara Nagi.

« C’est parce que deux étudiants étaient dans un bar. C’est déjà une scène qui serait coupée dans un anime, » déclara Kagami.

« S’il te plaît, ne rends pas ça trop méta… C’est bon, puisqu’on est déjà adultes, » déclara Nagi.

***

Chapitre 2 : Shizuku et son premier verre

Partie 1

Au lendemain de la bataille entre le Pire et le Chasseur, Nagi Arisuin avait emmené Shizuku Kurogane dans le quartier des divertissements, à quelques arrêts de train de l’académie, pour célébrer modestement leurs premières victoires au Festival des Sept Étoiles de l’Art de l’Épée lors des batailles de sélection des représentants. Shizuku, comme Stella, voulait s’occuper d’Ikki qui s’était effondré à la suite de l’effort de la journée, mais elle s’était retenue pour laisser Ikki et Stella seuls ensemble, et comme Shizuku avait du temps libre, Arisuin l’avait invitée ici.

« Je suis un peu nerveuse…, » devant un mélange de bâtiments commerciaux et résidentiels où leur destination l’attendait, Shizuku, enveloppée d’une robe de style gothique-lolita, marmonnait d’une voix raide. C’était elle qui avait demandé un endroit avec de l’alcool savoureux, mais apparemment elle n’avait jamais bu d’alcool auparavant. C’était aussi la première fois qu’elle entrait dans un endroit qui les servait, et elle semblait un peu tendue. 

« Tu n’as pas besoin d’être si tendue. Ce n’est pas comme si on allait dans un club d’hôte, » répliqua Arisuin.

« Si tu m’emmenais dans un endroit comme ça, je ne te le pardonnerais pas, Alice, » déclara Shizuku.

« Oh, mon Dieu, es-tu à ce point contre l’idée ? » demanda Arisuin.

« Je ne supporte pas qu’un homme autre qu’Onii-sama soit si familier avec moi, » répliqua Shizuku.

« Pas de soucis. Je pensais bien que c’était ainsi, alors aujourd’hui, on va dans un bar ordinaire pour boire un verre, » répliqua Arisuin.

Arisuin avait conduit Shizuku à travers les bâtiments. En montant des escaliers étroits, ils s’étaient dirigés vers l’étage le plus élevé de l’un d’eux, vers la porte d’entrée de l’échoppe où Arisuin était souvent allé avec ses fans féminins. Après avoir tourné la poignée de porte en laiton et poussé la porte désormais ouverte, il fit signe à Shizuku d’entrer.

Au milieu de l’espace faiblement éclairé, des meubles aux couleurs apaisantes étaient rangés et des airs de jazz somnolents coulaient à flots. Pour parler moins favorablement, il y avait une atmosphère qui donnait l’impression d’un certain âge, mais c’était le meilleur choix étant donné l’aversion de Shizuku pour la vivacité. Arisuin et Shizuku marchèrent sur le tapis d’un bleu profond et un serveur s’approcha immédiatement.

« Oh, si ce n’est pas Arisuin. Bon retour parmi nous, » déclara l’homme.

« Bonsoir, bonsoir. Une place au bar à côté de la fenêtre serait bien, mais y en a-t-il une disponible ? » demanda Arisuin.

« Oui, en effet. Ah, mais avant ça, n’est-ce pas la première visite de votre compagne ? Puis-je avoir une vérification de son âge ? » demanda le serveur.

« Hmm, est-ce que l’identification des étudiants est acceptable ? » demanda Shizuku.

« Certainement, » répondit l’autre.

À la demande de Shizuku, elle avait sorti son terminal étudiant de Hagun de son sac à main, mais avec sa nervosité à faire cela pour la première fois, ses gestes étaient étrangement maladroits.

« W-Wawawa… »

Manipulant maladroitement son terminal, Shizuku avait finalement ouvert l’écran d’identification, et l’avait remis au serveur.

« Ah, la camarade de classe d’Arisuin-san ? Oui, ça fera l’affaire. Asseyez-vous comme vous voulez près de la fenêtre, » déclara le serveur.

Normalement, ceux de l’âge d’Arisuin et de Shizuku ne seraient pas autorisés à boire, mais les Blazers étaient officiellement reconnus comme ayant atteint l’âge adulte, malgré leurs 15 ans. Ils étaient ainsi capables non seulement de boire, mais de se marier et de voter comme des adultes. Il s’agissait de droits que les Blazers détenaient en contrepartie de leur devoir de se battre sans égard pour leur vie. Le serveur, reconnaissant que Shizuku était assez vieille pour entrer, se retira d’un demi-pas. Arisuin passa devant avant de s’asseoir au comptoir. Derrière lui, Shizuku regarda nerveusement l’intérieur du magasin avant de le suivre. C’était un endroit inconnu pour elle, donc c’était tout à fait normal. Mais après s’être assise au comptoir, Shizuku se mit à parler…

« Wôw… »

Bien qu’elle soit encore nerveuse, ses yeux verts s’illuminèrent, et un souffle s’échappa à la vue devant elle. Ce qui avait captivé son regard, c’était de nombreuses bouteilles d’alcool, alignées derrière le bar et un barman silencieux utilisant un shaker. Les bouteilles de nombreux pays brillaient comme des vitraux.

« Elles sont éclairées par-derrière. Ne sont-elles pas jolies ? » demanda Arisuin.

Le barman était taciturne et pas très hospitalier, mais il avait bon goût. Même l’éclairage un peu trop sombre de la pièce avait été à l’origine de ce spectacle arc-en-ciel. Malgré elle, Shizuku était aussi intriguée par cette boutique.

« Ils sont comme des gemmes. »

C’est génial, pensa Arisuin.

Arisuin se tapota la poitrine de plaisir d’avoir bien choisi l’endroit. Le voyage d’aujourd’hui était censé célébrer leurs premières victoires, mais il avait réservé cette fois-ci pour la douce Shizuku et il allait s’efforcer de lui faire passer un bon moment. Cela sera en partie avec de l’alcool de qualité et en partie avec l’ambiance des lieux.

« Alors, allons-nous commander ? Qu’est-ce que tu veux, Shizuku ? » demanda Arisuin.

« Euh…, » Shizuku avait pris un menu sur le comptoir.

« Mon Dieu, je pense que tu ne le sauras pas rien qu’en regardant, » déclara Arisuin.

Après tout, le menu ne mentionnait que les différents noms de liqueurs et de cocktails. Shizuku, qui n’était pas au courant de ces choses, ne serait pas en mesure de faire une sélection juste en les voyant. Mais le ton d’Arisuin lui donnait-il l’impression qu’il la traitait comme une enfant ?

« Comme c’est grossier. Je connais le nom d’un ou deux alcools ! » s’exclama Shizuku.

Shizuku avait choisi de faire une expression un peu grincheuse.

« Un martini sec, s’il vous plaît, » annonça Shizuku.

*Toux toux… *

Arisuin s’était étouffé, ne s’attendant pas à un choix aussi fort.

« Attends un peu ! Je ne pense pas que ce soit une bonne boisson pour ta première fois ! » déclara Arisuin.

Certes, le martini, un cocktail fait de gin et de vermouth, était bien connu dans divers films. Mais malgré sa renommée, ce n’était pas le genre de boisson qu’un novice pouvait facilement boire. C’était encore plus vrai pour le martini sec, qui était presque entièrement fait de gin.

« Shizuku, je sais que c’est nouveau pour toi, donc tu n’as pas à faire ce numéro ? N’en fais pas trop. Commence par quelque chose de plus facile. D’accord ? » déclara Arisuin.

Arisuin avait essayé d’arrêter le déchaînement de Shizuku avec un ton qui ressemblait à celui d’une sœur aînée qui soulageait une sœur plus jeune qui se comportait mal. En entendant ce ton, Shizuku avait aussi reconnu à quel point elle était têtue.

« O... D’accord. J’ai compris. Mais je ne connais aucun des autres noms ici…, » déclara Shizuku.

« Ce n’est pas grave. Si tu me dis quel genre de goût tu veux, je trouverai quelque chose qui correspond, » déclara Arisuin.

« Vraiment ? » demanda-t-elle.

« Oui, » répondit Arisuin.

« … Alors, je veux quelque chose de sucré, » répondit Shizuku.

« Il y en a pas mal de sucrés, mais ils sont à base de fruits, » déclara Arisuin.

« Je vois. Ils ressemblent à des fruits, mais sont-ils vraiment de l’alcool ? » demanda Shizuku.

« C’est juste du jus de fruits, » déclara Arisuin.

« Alors ce ne sera pas juste boire du jus de fruits ? Tu t’es donné la peine de m’emmener dans un magasin comme celui-ci. Je veux prendre plus de risques, » déclara Shizuku.

« C’est compréhensible, » déclara Arisuin.

Sachant ce que Shizuku voulait, Arisuin donna sa commande au barman. Après une petite attente, un verre à cocktail rempli d’un liquide frais de couleur orange avait été placé devant eux, avec une explication polie du barman qui n’avait pas dit un mot jusqu’à maintenant.

« Ça s’appelle une Valencia. C’est fait de jus d’orange et d’eau-de-vie d’abricot secoués ensemble, assez sucrés pour être facilement buvables même pour ceux qui ne sont pas habitués à l’alcool, » déclara le barman.

« Merci, merci, » déclara Arisuin.

Le regard de Shizuku était assez suspicieux, probablement parce que quelqu’un qu’elle ne connaissait pas s’était soudainement adressé à elle, et l’avait regardé avec un peu de nervosité. Le changement par rapport à son impression d’habitude primaire avait fait sourire Arisuin un peu dans son cœur.

Comme c’est mignon…, pensa Arisuin.

Quand ils avaient commencé à partager une chambre ensemble, Shizuku était aussi instable qu’en ce moment. Quand ils étaient allés au centre commercial pour regarder un film avec Ikki et Stella, l’embarras qu’elle avait montré en voyant Ikki nettoyer la crème de sa joue était quelque chose qui faisait vraiment partie de sa manière d’agir.

« À première vue, c’est un peu comme du jus d’orange trouble, non ? » demanda Shizuku.

Shizuku regarda le verre du cocktail avec beaucoup d’intérêt quand Arisuin prit le verre de whisky qu’il avait lui-même commandé au barman.

« C’est plus de la moitié du jus d’orange. Mais on ne peut pas appeler ça du jus d’orange, ne boit pas tout d’un coup, d’accord ? » répondit Arisuin.

« Je le sais, » répondit Shizuku.

Shizuku se gonfla un peu les joues de frustrations. Était-elle contrariée qu’on lui dise une chose aussi évidente ?

« Hehe, désolée. Alors à tous les gagnants jusqu’à présent — Santé ! » déclara Arisuin.

« Santé, » annonça Shizuku.

Levant leurs verres ensemble, ils avaient fêté l’événement. Shizuku avait tenu le fond de son verre à cocktail du bout des doigts des deux mains, et comme un hamster grignotant des graines de tournesol, avait mis un peu de Valencia dans sa bouche. Son mince cou pâle trembla lorsqu’elle avait avalé l’alcool.

« Ouf…, » un souffle envoûtant s’échappa de ses lèvres. « … Doux et savoureux. »

« Ahh, c’est bon à entendre, » déclara Arisuin.

« La légèreté de l’alcool et le parfum des fruits sont splendides, n’est-ce pas ? » demanda Shizuku.

« C’est vrai. Le jus donne du sucré, et tu peux apprécier le parfum sans trop d’alcool. Si tu aimes ça, alors ça aura le bon effet, » déclara Arisuin.

En regardant Shizuku prendre une seconde gorgée, plus enthousiaste, Arisuin soupira de soulagement et but dans son propre verre.

« Alice, tu bois du whisky ? » demanda Shizuku.

Quand elle l’avait fait, Shizuku avait aussi regardé sa boisson avec beaucoup d’intérêt.

« Oui, c’est vrai. J’aime beaucoup ça, » déclara Arisuin.

« Puis-je aussi en prendre une gorgée ? » demanda Shizuku.

« Euh…, » il était un peu hésitant, non pas parce que ce serait un baiser indirect, mais parce que sa commande de whisky était un peu un choix personnel.

« Euh, Shizuku, ce whisky en particulier est plutôt délicat, et c’est quelque chose que les gens ont tendance à aimer ou à détester, donc je ne peux pas le recommander comme l’une des premières sortes d’alcool que tu devrais essayer. Si tu n’es pas douée avec ça, ça peut être traumatisant. Au lieu de cela, quelque chose comme un Macallan [1] serait…, » commença Arisuin.

« C’est correct. Je ne suis pas intéressée par le whisky lui-même, mais parce que tu aimes ça, » répondit Shizuku.

« Ah… »

Une fois qu’il avait entendu cela, il n’avait pas trouvé de raison de la refuser.

« Eh bien, dans ce cas, » déclara Arisuin.

Tout était expérience. Ce n’était pas comme si elle allait mourir en le buvant. En pensant cela, Arisuin glissa son verre vers Shizuku et il fit un avertissement. « Avant de le boire, tu devrais d’abord sentir une bouffée. Si ça ne te plaît pas, tu peux arrêter. »

« Compris, » déclara Shizuku.

Shizuku ramassa le verre avec les deux mains comme elle l’avait fait avec l’autre, le rapprocha de son nez.

*sniff sniff sniff*

À ce moment-là — .

« Fmhhhh !? »

Choc ! Tous les poils de son corps étaient levés, Shizuku avait fait un visage incrédule.

« Eh, ah, qu’est-ce que c’est !? Teinture d’iode !? » demanda Shizuku.

« Hahaha, eh bien, ce n’est pas une réaction déraisonnable. À l’époque de la prohibition américaine, il était ouvertement vendu comme médicament, » déclara Arisuin.

« … Est-ce sans danger ? Ça ne sent pas bon à boire, » déclara Shizuku.

« C’est pourquoi j’ai dit que je ne pouvais pas le recommander. Tu n’as pas besoin de te forcer, d’accord ? » déclara Arisuin.

« … Non. J’ai dit que je le ferais, » déclara Shizuku.

Après ça, Shizuku avait porté le bout du verre à sa bouche, et en avait siroté suffisamment pour le goûter.

« Je m’en sors mieux que je ne le pensais, » déclara Shizuku.

« Ne dis pas ça avec les larmes aux yeux. Tiens, de l’eau, » déclara Arisuin.

Arisuin lui avait tendu un verre d’eau, et Shizuku se nettoya la gorge avec une expression désolée.

« Ooh... Je ne peux pas me débarrasser de l’odeur des médicaments…, » déclara Shizuku.

« Je te l’avais dit. Ce n’est pas pour les débutants, » déclara Arisuin.

« … Il y a beaucoup de sortes d’alcool, » déclara Shizuku.

« C’est le fidèle compagnon de l’humanité, avec une histoire tout aussi longue. Il y a autant de variétés d’alcool que de personnes. Je dirais qu’en trouver un qui te convienne est quelque chose à attendre avec impatience avec de telles échoppes. Mais aujourd’hui, c’est moi qui régale. Alors, amuse-toi comme tu veux, » déclara Arisuin.

« Es-tu sûre ? » demanda Shizuku.

« Oui, parce que tu es une si gentille fille aujourd’hui, » répondit Arisuin.

Quand Arisuin avait parlé de la vraie raison pour laquelle il l’avait amenée ici, les yeux de Shizuku s’étaient élargis — et un petit sourire était apparu.

« … Je suppose que oui. Alors je vais accepter l’offre. Il est injuste que seule Stella-san ait de bons souvenirs aujourd’hui. Je dois m’amuser aussi, non ? » en murmurant cela, Shizuku avait parlé au barman.

« Excusez-moi, un martini sec, s’il vous plaît, » déclara Shizuku.

Donc, à la fin, tu en obtiens quand même un…, pensa Arisuin.

Si elle s’effondrait, il pourrait la ramener, donc ça devrait aller.

1 Macallan : un whisky écossais single malt.

***

Partie 2

Une heure plus tard…

« Et puis, Onii-sama plongea dans une rivière pendant l’hiver pour me sauver d’une quasi-noyade, nageant frénétiquement vers moi. Il serra mon corps gelé dans ses bras en disant : “Dieu merci”. On était tous les deux trempés, alors on aurait dû geler, mais Onii-sama était si chaud. C’est alors que j’ai réalisé qu’un garçon si merveilleux était avec moi et que je ne pourrais jamais aimer les garçons de la classe, puisque comparés à Onii-sama, ils étaient si vulgaires, et pas du tout des gentlemen. Comme des singes. Quoi qu’il en soit, les larmes douces d’Onii-sama furent le deuxième spectacle le plus merveilleux. Le plus merveilleux, c’est de le revoir après tant d’années, depuis qu’il est devenu si grand avec des bras si solides… mais j’aime toujours le mignon et jeune Onii-sama avec ses yeux si doux… bien que le robuste et cool Onii-sama soit le meilleur… hey, Alice, tu m’écoutes ? » demanda Shizuku.

« Je t’écoute, je t’écoute. Mais disons, c’est la troisième fois que tu me le dis, » déclara Arisuin.

Shizuku était complètement ivre. Sa pâleur d’origine était maintenant d’un rouge rosé jusqu’à ses oreilles, et depuis un certain temps déjà, elle ne cessait de faire l’éloge d’Ikki à maintes reprises. Comme on pouvait s’y attendre, même Arisuin en aurait assez.

 

 

« Euhhh ~ alors essaie de deviner quelle histoire je vais raconter, » déclara Shizuku.

« Celle d’Ikki qui t’a sauvée de la noyade dans une rivière, c’est ça ? » demanda Arisuin.

« Hmm ~… euh ? De quoi parlais-je déjà ? » demanda Shizuku.

Argh…

« Hé Shizuku. Combien en vois-tu ? » demanda Arisuin.

Arisuin leva trois doigts et Shizuku fit une grimace.

« Quoi, tu insinues que je suis ivre ? » demanda Shizuku.

« Peu importe comment je vois les choses, c’est exactement ce que tu es, » déclara Arisuin.

« Ce n’est pas possible. Ne te moque pas de moi… Il y en a six, n’est-ce pas ~ ? » demanda Shizuku.

Ah, elle est sans espoir, pensa Arisuin.

Le martini sec avait après tout été le coup fatal. Comme le gin n’était pas quelque chose qu’un novice de l’alcool pouvait boire directement, cela ne pouvait être appelé que le résultat naturel.

« Et puis il y a la fois où Onii-sama était un Jedi…, » déclara Shizuku.

« Est-on dans Star Wars maintenant ? » demanda Arisuin.

Elle mélangeait déjà réalité et fantaisie. Peut-être qu’ils devraient retourner au dortoir ? Arisuin avait amené Shizuku ici aujourd’hui pour lui faire oublier Stella et Ikki qui passent du temps seul ensemble. Bien que Shizuku ait été celle qui avait choisi de les laisser faire, cette décision avait dû la peiner. Arisuin, sachant que Shizuku aimait vraiment Ikki, l’avait bien compris. S’ils étaient restés dans le dortoir, la tristesse l’écraserait. Tout le monde avait des nuits qu’ils voulaient passer sans réfléchir, et en voyant Shizuku maintenant, il pouvait dire qu’il le lui avait fourni. Shizuku semblait avoir eu beaucoup de plaisir à raconter ses souvenirs d’Ikki. Son succès étant assuré, Arisuin décida de lui proposer de rentrer chez eux.

Mais à ce moment-là, il avait vu de la crème du mille-feuille qu’ils avaient aussi commandé collé sur sa joue.

Oh, mon Dieu, ça ne s’est pas déjà produit avant ? Se demanda Arisuin.

Quand ils étaient sortis avec Stella et Ikki, de la crème était aussi sur la joue de Shizuku, probablement parce que sa bouche était si petite.

« Hé, Shizuku, il y a quelque chose sur ton visage, tu sais, » déclara Arisuin.

Bien sûr, Arisuin n’avait pas léché cette crème comme Ikki l’avait fait. Arisuin n’était pas du genre à ne pas tenir compte de la distance personnelle. Prenant une serviette de table, il essuya doucement la crème de la douce joue de Shizuku.

« Nnn... »

« D’accord, c’est bon… Ton visage est doux comme celui d’un bébé, Shizuku. Je suis jalouse, » déclara Arisuin.

« … Tu es comme une grande sœur, Alice, » déclara Shizuku.

« Grande sœur ? Moi ? » demanda Arisuin.

« Ouais. Je pense que j’ai toujours voulu une grande sœur comme toi, » déclara Shizuku.

« Oh, mon Dieu, est-ce une demande pour que j’épouse Ikki et que je sois ta belle-sœur ? » demanda Arisuin.

« Hein ? » s’exclama Shizuku.

« Désolée. Je suis allé trop loin, » répliqua Arisuin.

Sachant qu’il avait marché sur une mine terrestre, Arisuin avait réfléchi sur la façon dont Shizuku ne prendrait aucune blague sur Ikki.

« Même si c’est toi, Alice, Onii-sama n’est pas accessible, » déclara Shizuku.

« C’est vrai, parce qu’Ikki t’appartient, » déclara Arisuin.

« … Pas vraiment. Je ne crois pas, » à cet instant, le visage de Shizuku s’était assombri, et des mots timides sortirent.

« Shizuku ? » Par inquiétude, Arisuin essaya de deviner ce qui s’était passé.

Face à son regard, Shizuku ferma les yeux. « Alice, j’ai quelque chose à te demander. »

***

Partie 3

Shizuku avait exprimé ses sentiments honnêtes. « Alice… tu sais, je suis très heureuse aujourd’hui. Stella-san a reconnu Onii-sama devant tout le monde. Personne n’a fait ça avant. Personne ne l’a regardé droit dans les yeux et n’a reconnu à quel point il est merveilleux… » 

Shizuku parlait du combat entre le Pire et le Chasseur. Au cours de ce match officiel, le Pire était tombé à son plus bas niveau et, depuis les gradins des spectateurs, Stella avait fait des reproches mémorables aux railleries des autres et l’avait ramené à la vie. Sans crainte pour l’opinion publique, Stella avait affirmé les convictions d’Ikki Kurogane. Cela n’était jamais arrivé auparavant à Ikki, qui avait été désavoué par ses propres parents liés par le sang. Shizuku avait reconnu que son frère valait plus que quiconque et voulait que les autres l’apprécient aussi, alors elle était heureuse.

Mais… 

« Je pense… Onii-sama était très heureux d’entendre les paroles de Stella, » déclara Shizuku.

Shizuku se souvint du visage d’Ikki. Elle ne l’avait jamais vu comme ça avant. Même si elle le louait, elle ne lui avait jamais donné la même joie. Elle était contente pour lui, mais elle avait aussi réalisé les limites d’une petite sœur. Peu importe ce qu’elle pensait de lui, il ne la voyait que comme une parente… Elle ne pouvait pas devenir la fille qu’il aimait.

« Onii-sama a toujours eu des souvenirs amers, et a été élevé sans amour de personne, alors… Je veux beaucoup l’aimer. Je veux lui donner du bonheur. C’est ce que j’ai toujours pensé. Le plus important, c’est le bonheur d’Onii-sama. Alors… alors, tu sais ? Si Onii-sama est heureux, et si Stella-san rendrait Onii-sama plus heureux que moi, je… je…, » commença Shizuku.

Elle devrait se retirer.

Avant que ces mots mortels n’échappent aux lèvres de Shizuku…

« Shizuku. »

… L’index long et élancé d’Arisuin les toucha.

« Alice… ? » demanda Shizuku.

« Tu n’as pas besoin de te forcer à le dire. Je sais ce que tu ressens, » déclara Arisuin.

En disant cela, Arisuin déplaça son index au coin de son œil et essuya doucement la petite goutte qui s’y trouvait.

« … Tu y as réfléchi pendant un moment, n’est-ce pas ? » demanda Arisuin.

Shizuku hocha la tête fortement. Si Stella pouvait rendre son frère plus heureux, devrait-elle se retirer ? Devrait-elle renoncer à l’amour romantique de son frère ? Après avoir vu ce match, cette question était restée au fond de son cœur. Oui, il y avait beaucoup de sentiments contradictoires en elle. Elle ressentait le bonheur que quelqu’un d’autre appréciait son frère ainsi que des sentiments compliqués à propos d’une fille qui serait la seule et unique d’Ikki. Elle aimait Ikki comme son parent de sang et comme quelqu’un du sexe opposé, et c’était donc un dilemme. Shizuku ne savait plus quel chemin elle devait prendre, mais — .

Face à la question de Shizuku, Arisuin n’avait pas donné de réponse définitive.

« C’est une question très difficile, n’est-ce pas ? Honnêtement, ça dépend de tes sentiments. Le bon chemin n’est pas quelque chose vers quoi quelqu’un d’autre peut te conduire, » déclara Arisuin.

« … Je suppose que oui, » répondit Shizuku.

Soudain, le ton d’Arisuin changea. « Mais il y a deux choses que je peux vraiment dire. »

« … Deux choses ? » demanda Shizuku.

« Oui, » répondit Arisuin.

Qu’est-ce que c’était ? Voyant l’expression interrogative de Shizuku, Arisuin avait doucement souri.

« Que dans ce monde, celle qui aime Ikki le plus et le plus profondément, c’est toi. Et une femme qui ne dépensera pas toutes ses forces pour te voler Ikki ne mérite pas de l’avoir. C’est à toi de choisir ton chemin. Mais tes sentiments, et ton amour sont sans doute réels et tu n’as pas à y renoncer. Au lieu de cela, sois plus honnête avec tes sentiments et agis selon ton amour tel que tu le penses et le veux. Chaque fille a ce droit, » déclara Arisuin.

Les paroles d’Arisuin avaient transpercé le cœur de Shizuku.

Ahhh… c’est vrai, pensa Shizuku.

Son cœur avait donné une seule réponse. Il n’y avait aucune raison d’abandonner. Il n’était pas nécessaire de sacrifier ses sentiments romantiques pour le bonheur de son frère. Il était évident que Shizuku ne pouvait confier son frère à aucune femme moins dévouée. Donc… il n’y avait pas besoin de céder. Les sentiments de Stella étaient-ils assez forts pour écarter ceux de Shizuku et prendre Ikki pour elle ? La sincérité de Shizuku brillait comme une pierre précieuse. Stella était-elle assez brillante pour l’éclipser ? La seule qui pouvait tester ça, c’était Shizuku elle-même.

Je vais le découvrir. J’irai aussi loin qu’il le faudra pour savoir si Stella-san peut rendre Onii-sama plus heureux que moi…, pensa Shizuku.

En arrivant à cette conclusion, le cœur de Shizuku s’était déchaîné.

***

Partie 4

« Alice, merci…, » murmura Shizuku.

Le visage de Shizuku était rayonnant, et Arisuin avait légèrement souri… s’émerveillant intérieurement à la pensée qu’elle avait trouvé une réponse.

… C’est incroyable, d’aimer quelqu’un si profondément pensa Arisuin.

Elle pourrait aimer son frère au point d’abandonner ses propres sentiments si précieux. Arisuin… ne pouvait plus faire une telle chose. Aimer les autres — aimer n’importe quel humain… c’était quelque chose qui le dépassait maintenant.

Tout ce que je peux faire, c’est maintenir les apparences, pensa-t-il.

Un corbeau parmi les cygnes. Il ne pouvait ni sentir la bonne volonté ni ouvrir son cœur. C’est pourquoi il considérait ses sentiments comme précieux. Il ne voulait pas les voir disparaître.

… Je suis inutilement sentimental, n’est-ce pas ?

C’était peut-être l’alcool. Un petit sourire ridicule était apparu, et Arisuin avala la dernière gorgée de son verre.

« D’accord. Je pense qu’il est temps pour nous d’y aller, » déclara Arisuin.

Mais il n’y avait pas eu de réponse. Quand il regarda Shizuku à ses côtés — .

*petit coup*

Elle était tombée doucement contre son bras droit.

« Zzzzz... zzz.... »

« Mon Dieu, oh mon Dieu, » s’exclama Arisuin.

Elle était enfin tombée endormie. La tension liée à ce qui l’inquiétait avait disparu une fois qu’elle avait trouvé sa conclusion. N’ayant pas d’autre choix, Arisuin avait réglé la facture, avait mis le petit corps de Shizuku sur son dos et avait quitté le bar. Shizuku était légère comme une plume, donc elle n’était pas du tout un fardeau.

« O... nii-sama…, » murmura Shizuku.

Peut-être que dans ses rêves, c’était son frère qui la portait. Elle murmurait alors qu’elle s’accrochait plus fort à Arisuin.

« Bon sang… ! Quel homme terrible tu es, Ikki, » déclara Arisuin.

Arisuin leva soudain les yeux vers les étoiles qui brillaient dans le ciel, et fit un seul vœu. Il souhaitait que les espoirs de cette gentille fille s’achèvent de la manière la plus heureuse possible.

***

Entracte

« Shizuku-chan est beaucoup trop admirable…, » déclara Kagami.

« Elle aime vraiment Ikki, n’est-ce pas ? » répliqua Arisuin.

« Au fait, Alice-chan, est-ce à cette époque que tu as commencé à te détourner de la Rébellion ? » demanda Kagami.

« … Je pense que oui. C’est quelque chose que j’ai ressenti au fond de moi. Voir quelqu’un de si admirable… attise les sentiments maternels, n’est-ce pas ? » répondit Arisuin.

« Comme on s’y attendait de toi — en tout cas, passons à l’événement suivant ! C’est relativement nouveau, et assez récent. Senpai est devenu l’un des meilleurs élèves de l’Académie Hagun et a écrasé Touka Toudou, la présidente de notre conseil étudiant et quart de finaliste. Il a été dans le coma à cause de la fatigue pendant une semaine, et pendant ce temps, Stella-chan et Shizuku-chan ont eu leur propre match, » déclara Kagami.

« Ah oui, c’est arrivé, » répondit Arisuin.

« En tant qu’instigatrice, bien sûr, tu t’en souviendrais facilement, » déclara Kagami.

« Mais je n’ai pas vraiment joué un tel rôle, donc je n’ai pas non plus beaucoup de détails, » répondit Arisuin.

« Eh bien, pour toi et pour nos lecteurs, votre journaliste Kagami a dû interviewé dur afin d’obtenir l’histoire complète, d’accord ~ ~ ? Maintenant, l’événement numéro trois. Un match à mort !? La Princesse Cramoisie contre la Lorelei ~ ! » déclara Kagami.

***

Chapitre 3 : Match mortel !? La Princesse Cramoisie VS Lorelei

Partie 1

La princesse cramoisie et le Pire étaient désormais dans une relation amoureuse. Au cours de la deuxième moitié des batailles de sélection des écoles, les plans du Comité d’Éthique avaient créé un scandale public et un tumulte, mais après la victoire du Pire et une déclaration du dirigeant de l’Empire Vermillon, le vent avait tourné tout aussi rapidement. Et pourtant, tous les problèmes n’avaient pas été résolus. L’un de ces problèmes était le sujet d’inquiétude pour le jeune homme grand et beau, Nagi Arisuin.  

Debout devant la porte de sa chambre de dortoir, Arisuin poussa un petit soupir.

« … Haa. Qu’est-ce que je vais faire ? Eh bien, s’inquiéter ne résoudra rien, » déclara Arisuin.

Arisuin tourna la poignée de la porte et entra dans la pièce, pour voir la scène qu’il attendait devant lui. Bien qu’il soit midi, les rideaux étaient fermés et la pièce était dans l’obscurité totale. Les vêtements étaient éparpillés sauvagement, et les livres étaient éparpillés partout. Sur le lit, il y avait une pile de bouteilles en plastique et d’emballages de bonbons. Et… au milieu des ordures dispersées si largement qu’il n’y avait nulle part où marcher…

« Je t’aime, Shizuku. Même si je vais à Venise, je te veux à mes côtés, attaché à mon cœur comme du velcro. »

« Hehehehe… oui, bien sûr Issei-san. Sale copie d’Onii-sama. »

Se trouvant près de l’éclat pâle et fantomatique de l’écran de télévision, Shizuku était assise dans un maillot de corps, murmurant à elle-même tout cela.

« Shizuku, tu joues toujours à l’Académie Privée du Prince ? » demanda Arisuin.

« … Oh, tu es de retour… Héhé. Ce jeu est très intéressant. Ce n’est pas bon, mais ça a ses mérites, non ? Bien qu’honnêtement, ça devrait juste disparaître, » répondit Shizuku.

Les yeux de Shizuku regardant en réponse vers Arisuin étaient si ternes qu’il pouvait à peine dire si elle le voyait réellement. Arisuin ne pouvait que faire un sourire raide.

« Mais tu n’as pas pris d’autre route que celle d’Issei…, » déclara Arisuin.

« … Bien sûr que non ? Aucun des autres individus ne ressemble à Onii-sama. Eh bien, cet Issei n’a aussi que l’apparence d’Onii-sama, mais… pour une petite sœur sans valeur qu’Onii-sama n’a pas choisie, tout s’arrange, tu ne trouves pas ? Hehehehehehehehehe..., » répondit Shizuku.

C’est épouvantable ! pensa Arisuin.

Arisuin avait légèrement reculé devant le sourire et les paroles sans vie de Shizuku, et la façon dont sa tête grinçait quand elle se tournait. C’était le problème actuel sur lequel Arisuin s’inquiétait. Le choc d’Ikki et Stella déclarant leur amour devant la face du monde avait fait dérailler Shizuku. Concrètement… elle n’entretenait plus sa tenue ou ne gardait plus la pièce propre, et maintenant elle quittait la classe pour jouer à un jeu vidéo. À sa connaissance, elle avait joué vingt fois le même parcours de personnage. Pour Arisuin, c’était plus qu’une gêne extrême en tant que colocataire, car l’aura de défaite rayonnant de tout le corps de Shizuku détruisait aussi sa condition physique.

« Ne savais-tu pas déjà tout sur leur relation ? » demanda Arisuin.

« Oui… J’étais au courant, » répondit Shizuku.

« Mais à la fin, tu ne peux pas supporter de l’entendre de leur bouche, n’est-ce pas ? » demanda Arisuin.

« Ce n’est pas vrai. Si ça rend Onii-sama heureux, ça ne me dérange pas si Stella-san est à ses côtés au lieu de moi, » répondit Shizuku.

« Tes mots et ton comportement ne correspondent pas du tout, » répliqua Arisuin.

« Laisse-moi tranquille. Même si je deviens un poisson séché pendant qu’Onii-sama et Stella-san s’en vont de leur côté pour faire ceci et cela, cela ne te dérangera nullement, non ? » demanda Shizuku.

Shizuku détourna son regard d’Arisuin et retourna à son jeu. Son dos courbé montrait à quel point son cœur était blessé.

… Eh bien, c’est naturel, pensa Arisuin.

Arisuin regardait toujours Shizuku, alors il savait à quel point la fille aimait Ikki de tout son cœur. Bien sûr, elle devait être prête pour la révélation que son frère et Stella étaient devenus un couple sans que personne d’autre le sache. Elle avait toujours toléré qu’ils soient ensemble. Mais maintenant que le jour était venu, le sentiment soudain de vide, de défaite et de jalousie… le poids de la perte avait dû submerger sa résignation… cela devait être une lourde vérité à accepter. Mais n’ayant pas le choix, Shizuku s’était convaincue que c’était le résultat que son frère avait choisi. Rendre son frère Ikki heureux était le désir de Shizuku, et si Shizuku l’aimait inconditionnellement, elle ne trouverait pas de faute à cela.

Mais non. Deux émotions avaient traversé l’esprit de Shizuku. Le plus important était le bonheur d’Ikki. La partenaire qu’il avait choisie… était quelqu’un qu’elle devait accepter. Pourtant… l’affection était devenue de plus en plus forte dans son cœur au fil des ans, et même si elle était désespérée, elle ne pouvait pas simplement s’en défaire. Elle n’arrivait pas à concilier ces deux sentiments, et la réalité l’écrasait.

Peut-être… qu’on peut appeler ça de la force, pensa Arisuin.

Peut-être qu’elle pourrait être plus heureuse si elle oubliait ces émotions, mais Arisuin savait qu’elle ne pouvait pas le faire quand il regardait le dos de Shizuku. Ou plus exactement, même en sachant qu’ils ne seraient jamais justifiés, Shizuku n’avait pas l’intention d’abandonner ses sentiments pour son frère. Et elle souffrait maintenant.

Arisuin aimait Shizuku pour cela. Shizuku, qui aimait Ikki de tout son cœur quoiqu’il arrive, était quelqu’un qu’il respectait. Mais quand même.

La laisser seule est un peu pitoyable, non ? Se demanda Arisuin.

C’était dur de voir Shizuku comme ça. Et revenir dans une pièce frappée par un typhon était déplaisant.

Je dois lui remonter un peu le moral, pensa Arisuin.

Mais ça ne servait à rien de la consoler. Personne ne pouvait égaler Ikki dans son cœur, alors Arisuin ne pensait pas qu’il y avait des mots qu’il pourrait dire pour combler le vide. Au lieu de confort, Arisuin — avait fait à Shizuku une petite provocation.

« Eh bien, je te laisse tranquille si c’est ce que tu veux, mais… tout bien considéré, je suis un peu surprise que tu acceptes si facilement Stella-san, » déclara Arisuin.

« Qu’est-ce que tu veux dire ? » demanda Shizuku.

« Stella-san te convient-elle comme épouse de ton précieux frère ? » demanda Arisuin.

« … Onii-sama l’a choisie, » face au ton quelque peu moqueur d’Arisuin, Shizuku répondit d’une voix qui ne cachait pas sa morosité.

Le fait qu’elle ait elle-même reconnu la partenaire choisie par son frère n’avait pas d’importance. Mais face à la réponse de Shizuku, Arisuin avait souri avec une ruse mal cachée.

« Oh mon Dieu ? Je me demande si c’est assez ? » se demanda Arisuin à voix haute.

Shizuku ne semblait pas comprendre, alors il continua.

« Si l’amour mutuel finissait toujours par des mariages heureux, y aurait-il des divorces ? » demanda Arisuin.

« Qu’est-ce que tu dis ? » demanda Shizuku.

Le ton profondément précis d’Arisuin indiquait-il quelque chose de curieux ? Shizuku retourna tout son corps pour demander à Arisuin, et il répondit.

« Beaucoup de gens s’aiment aveuglément, et ceux qui s’aiment n’ont généralement pas les idées claires sur les défauts de leur partenaire, n’est-ce pas ? Et c’est d’autant le cas pour Ikki, qui a eu une vie assez dure pour que son bon sens soit déformé et qu’il fasse trop confiance aux autres, non ? Je me demande si Stella-chan est faite pour être son épouse. Peut-elle nettoyer et s’occuper de la maison ? Peut-elle préparer ses repas correctement ? Pour juger ces questions… plutôt que la personne elle-même, le rôle ne serait-il pas mieux assumé par quelqu’un de plus objectif, comme une belle-mère… ou un parent de sang ? » demanda Arisuin.

Les paroles d’Arisuin étaient à moitié sincères, à moitié trompeuses. Ce qu’il pensait personnellement, c’était que les gens en question avaient déjà assez de problèmes et ils subissaient déjà assez d’aversion de certains. Il n’aimait pas trop les commentaires des curieux qui regardaient une telle relation, et en plus, la situation d’Ikki et de Stella en était une où Stella avait la plus grande latitude pour choisir. Après tout, le clan Kurogane était une famille célèbre au Japon, mais elle était une princesse. Mais Arisuin avait délibérément évité de dire cela pour Shizuku. Le rôle qu’il lui avait suggéré était tout ce qu’elle pouvait faire pour son frère bien-aimé, et il sentait qu’elle en avait besoin pour s’y accrocher en ce moment.

« … C’est vrai, » déclara Shizuku.

Le cœur de Shizuku s’enflamma devant les mots d’Arisuin. La brume sur ses yeux s’était dissipée, remplacée par une lueur d’émeraude.

« C’est vrai, c’est vrai ! Tu as tout à fait raison ! » cria Shizuku.

C’était en effet le devoir d’une parente de sang, et seule Shizuku qui aimait Ikki du fond de son cœur pouvait l’accomplir. Son autre frère capricieux et son père méprisant étaient hors de question. Elle-même… si elle ne l’avait pas fait elle-même… ! Pour son frère !

« Je dois m’assurer que Stella-san puisse rendre Onii-sama heureux ! » déclara Shizuku.

Shizuku avait bondi comme si elle allait s’envoler. Ses yeux brillaient de force et son visage rayonnait de vitalité. Non seulement elle n’avait pas à abandonner son frère, mais elle pouvait agir pour lui.

« Merci, Alice ! Maintenant, je sais quoi faire ! » déclara Shizuku.

« Tu es de bonne humeur, et c’est le plus important, » répondit Arisuin.

Arisuin avait souri avec soulagement. Eh bien, c’était une restauration temporaire, puisque le fait que ces deux-là étaient un couple maintenant ne changerait pas, mais si Shizuku pouvait le faire et trouver une acceptation quant au choix de Stella… son cœur pourrait s’alléger un peu. Arisuin avait prié pour que quelque chose comme ça arrive. Bien sûr, cela pourrait causer des ennuis à Stella, mais c’était pour la jeune fille qui serait sa future belle-sœur, alors elle devrait être prête à s’impliquer et à aider.

***

Partie 2

Bien qu’elle ait été pleine d’émotions fortes et qu’elle n’ait pas beaucoup bougé ces derniers jours, Shizuku avait rapidement agi après s’être relevée. Elle avait immédiatement changé de vêtements, puis avait quitté la pièce pour trouver Stella et confirmer si Stella convenait à son frère. Arisuin, suivant son exemple, s’étonnait de cette vigueur.

« J’ai dit que tu n’avais pas de temps à perdre, mais je ne pensais pas que tu commencerais si soudainement, » déclara Arisuin.

« Il vaudrait mieux finir quelque chose comme ça pendant qu’Onii-sama dort, n’est-ce pas ? » demanda Shizuku.

« C’est vrai… mais as-tu pensé à la façon dont tu pourrais tester Stella-san ? » demanda Arisuin.

Shizuku hocha la tête grandement face à la question d’Arisuin.

« Oui, c’est certain. Je savais ce que je ferais sur le champ, » répondit Shizuku.

« Oh ? Et qu’as-tu trouvé ? » demanda Arisuin.

« Comme tu l’as dit, si elle peut nettoyer et s’occuper de la maison. C’est une princesse, donc je suis sûre qu’elle a été élevée dans une vie facile. Si je ne vérifie pas moi-même, Onii-sama pourrait finir par vivre dans une poubelle. Et peut-elle aussi cuisiner adéquatement ? Je n’accepterai jamais une femme qui ne sait même pas faire à la main un délicieux repas pour son mari ! » déclara Shizuku.

« Bien sûr, ces deux points sont vitaux, » répondit Arisuin.

Et c’était surtout le cas pour la cuisine. La cuisine d’une épouse bien-aimée n’était pas le genre de chose qui pouvait être faite par un serviteur ou compensée par une bonne compétence en entretien de maison.

Hmm, en parlant de ça…, pensa Arisuin.

Soudain, Arisuin interrogea Shizuku sur un sujet troublant. « Au fait, tu sais cuisiner, Shizuku ? »

« Bien sûr. Peut-être pas autant que la famille de Stella-san, mais la nôtre est aussi célèbre. J’ai appris de notre personnel, » répondit Shizuku.

« Oh. Alors ils sont de très bonne qualité ? » demanda Arisuin.

« Oui. La réputation des gens de la maison est superbe. Une critique a dit : “C’était si délicieux que j’étais comme en transe. De plus, rien qu’en mangeant, j’ai réussi à perdre trente kilos. Je suis si bénie !”, » répondit Shizuku.

Elle était si choyée quand elle était jeune !? Se demanda Arisuin.

« As-tu dit quelque chose ? » demanda Shizuku.

« La nourriture devait être très saine si on peut perdre du poids en la mangeant ! » répondit Arisuin.

« Hehe, n’est-ce pas ? Je t’en ferai la prochaine fois, » déclara Shizuku.

« Wôw…, » s’exclama Arisuin.

« Quoi qu’il en soit, j’aimerais avoir la chambre pour moi toute seule pour aujourd’hui. C’est d’accord ? » demanda Shizuku.

« C’est d’accord. Je suppose que je vais déranger Kagami en lui demandant de me laisser rester dans sa chambre, » déclara Arisuin.

« Je suis désolée, » déclara Shizuku.

« Ce n’est pas grave. C’est moi qui en ai parlé en premier lieu, » répondit Arisuin.

Et avec cela, les deux individus avaient décidé de leurs destinations séparées. En ce moment, ils étaient arrivés là où ils croyaient que Stella se trouvait, dans l’une des chambres d’hôpital présentes dans l’académie. C’était quatre jours après la dernière bataille décisive contre Raikiri. En raison des conséquences de l’utilisation d’Ittou Rasetsu au cours de cette bataille et des actions d’ingérence du Comité d’Éthique face à lui, la condition physique d’Ikki s’était effondrée et il ne s’était pas encore réveillé. Stella veillait aussi sur lui aujourd’hui.

« Alors, appelons Stella ? » demanda Arisuin.

« Attends, » soudain, Shizuku avait retenu Arisuin qui avait une main sur la porte.

« Qu’est-ce qui ne va pas ? » demanda Arisuin.

« Ça n’arrive pas souvent, alors je voulais voir si Stella-san surveillait bien Onii-sama, » déclara Shizuku.

« Ahh, c’est certainement important aussi, » déclara Arisuin.

Stella n’était pas une aide-soignante professionnelle, mais si elle ne pouvait pas prendre soin d’Ikki comme le ferait un membre de sa famille, alors elle ne serait pas apte à devenir son épouse. Une belle-mère considérerait cela comme quelque chose qui devait être confirmé. Cela dit, Stella avait aussi soigné Ikki avec dévouement après la bataille avec le Chasseur, alors elle avait probablement déjà passé le test. En y pensant, ils avaient ouvert furtivement la porte de la chambre d’hôpital d’Ikki, et là — .

« Merci pour le festin…, » ils entendirent ça.

— Avec les joues teintes en rouge, Stella semblait presser ses lèvres sur celles d’un Ikki inconscient.

En un instant, Arisuin avait senti la température autour de lui descendre au-dessous de zéro, et il se tourna vers Shizuku… mais il était déjà trop tard. Avec une vitesse réflexe qui rivalisait avec la Contre-Attaque Marginale, Shizuku avait formé des projectiles de glace — .

« Meurs ! » cria Shizuku.

« YAAAAAAA !? Quoi, un assassin !? » s’écria Stella.

Ne donnant à Arisuin aucune chance de la retenir, Shizuku avait commencé à tirer à travers la porte sur Stella comme une mitrailleuse.

***

Partie 3

« Qu’est-ce que tu faisais tout d’un coup !? N’importe qui d’autre serait mort, tu sais ! » s’écria Stella.

Après la bataille, le calme physique était retombé sur la chambre d’hôpital d’Ikki, dérangée seulement par les rugissements de rage de Stella pendant qu’elle retirait des aiguilles de glace de son front et les réponses de Shizuku d’une voix sauvage tandis que ses sourcils étaient plissés.

« Et toi, qu’est-ce que tu faisais à Onii-sama !? Quelle partie de tout ça était liée au fait de s’occuper de lui ? » demanda Shizuku.

« N-Non, c’était… Je vérifiais juste sa fièvre ! En utilisant son front ! » déclara Stella.

« Ne fais pas une excuse si nulle ! C’est une chambre de soins ! Il y a des thermomètres, non ? » demanda Shizuku.

« C’est vrai, Shizuku. C’est une chambre de soins, alors sois un peu plus calme, d’accord ? » déclara Arisuin.

« Ah, grr…, » grogna Shizuku.

Arisuin pointait vers la porte, qui était percée de trous. Derrière ces trous, les yeux injectés de sang d’une infirmière de l’école les fixaient tous les trois. Shizuku et Stella avaient endommagé les biens de l’école lors de leur première journée d’école et avaient été suspendues, alors bien sûr, elles feraient mieux de ne pas répéter cela. Shizuku baissa la voix et tourna un regard amer vers Stella.

« … Tch, maintenant j’ai honte à cause d’une certaine personne obscène, » déclara Shizuku.

« Ne m’appelle pas obscène ! » s’écria Stella.

« Comment appellerais-tu une femme qui fait des choses obscènes à Onii-sama alors qu’il est inconscient ? » demanda Shizuku.

« O-Obscène ? Ikki et moi sommes… euh… un couple, donc c’est normal qu’on s’embrasse. C’est vrai, c’est comme un salut. Ouais, » déclara Stella.

« Qui est un couple ? Qui ? » demanda Shizuku.

« Hein ? N’as-tu toujours pas accepté notre couple ? » demanda Stella.

Le visage de Stella avait montré la surprise. Elle pensait probablement à leur conversation précédente dans la salle à manger. Lorsqu’Ikki avait été appréhendé par le Comité d’Éthique, Shizuku avait entendu dire directement par Stella que les deux avaient une relation, mais Shizuku avait dit qu’elle le savait depuis longtemps et ne s’était pas plainte. Pourtant, Shizuku secoua la tête.

« J’ai juste dit que je savais que vous aviez cette relation. Je n’ai pas dit un seul mot comme quoi je l’acceptais, et je n’ai pas non plus la moindre intention de le faire, » déclara Shizuku.

« Ce n’est pas juste ! » s’écria Stella.

« Pas vrai, » répliqua Shizuku.

Niant catégoriquement l’accusation de Stella, Shizuku avait décidé que le moment était venu d’aborder le sujet d’aujourd’hui.

« Mais comme je suis une adulte, et non une personne débauchée, je vais faire un test pour savoir si toi, Stella-san, tu peux vraiment rendre Onii-sama heureux, et si tu mérites d’être son épouse, » déclara Shizuku.

« T-Test ? » demanda Stella.

« Oui. À moins que tu ne produises des résultats qui me satisfassent, je ne te reconnaîtrai jamais comme l’amoureuse d’Onii-sama, » déclara Shizuku.

Stella n’avait pas accepté la proposition de Shizuku. « Quelle blague ! Pourquoi dois-je faire quelque chose comme ça ? Ikki et moi avons déjà décidé de nos sentiments. Ça n’a rien à voir avec le fait que tu m’acceptes ou pas ! »

C’était probablement une gêne inutile pour une fille dans sa position, mais… ces mots n’avaient pas été bien choisis. Prétendre que Shizuku n’avait rien à voir avec des questions qui impliquaient Ikki, c’était comme appuyer sur un bouton.

« Ohh… ? Tu me voles mon Onii-sama, et tu dis que ça n’a rien à voir avec moi ? » s’écria Shizuku.

La température de la pièce baissa encore une fois, mais la voix de Shizuku était encore plus froide.

« Même si je suis la sœur d’Onii-sama qui pense toujours à lui et l’aime plus que quiconque… tu dis que ça n’a rien à voir avec moi ? » demanda Shizuku.

Sa voix était une voix dépourvue de chaleur de vie, comme celle d’un spectre qui parlait depuis les profondeurs chthoniennes. Même Stella avait été repoussée.

« Euh… C’est vrai ! Le plus important, c’est les sentiments des gens en question ! » elle s’était ressaisi et avait répondu sans reculer, mais — ce bluff n’avait duré qu’un instant.

« Je vois… si tu es confiante, qu’il en soit ainsi, » répliqua Shizuku. « Ne fais pas attention à moi, et continue à insister pour être l’amoureuse d’Onii-sama. Mais maintenant… Je détruirai définitivement ta relation avec lui. Peu importe où tu fuis sur cette Terre, peu importe, ce que j’ai à faire, je déchiquetterai ton bonheur en lambeaux. Et pas seulement ton bonheur actuel. Après tout… si tu décides d’emmener Onii-sama sans mon consentement, ne serait-il pas mieux de me tuer ici et maintenant, Stella-san ? »

« A… Argh…, » avait gémi Stella.

Le ton de Shizuku était serein et calme, comme s’il exposait une vérité simple, comme s’il prononçait la peine de mort. Face à cette haine indubitablement vraie, Stella avait cédé.

« B-Bien ! J’ai compris ! C’est bon si tu fais ton test, pas vrai !? » demanda Stella.

Un sourire doux et forcé apparut sur le visage de Shizuku. « Je pense que c’est un bon choix. »

Mais Stella n’avait pas simplement capitulé devant la demande de Shizuku. Elle avait pointé du doigt Shizuku et avait fait une contre-demande unique.

« Si je réussis ce test, tu accepteras qu’Ikki et moi soyons ensemble. Promets-moi de ne plus planer au-dessus de nous, » répliqua Stella.

Shizuku s’était tue. Si elle acceptait ça, et que par hasard Stella réussissait, elle n’aurait d’autre choix que d’accepter Stella comme partenaire convenable pour son frère. Mais si elle n’était pas d’accord, Stella ne passerait probablement pas le test. Après tout, Stella n’avait aucune raison d’accepter un match qui ne pouvait se conclure que par une défaite ou le statu quo.

« Très bien. Je doute qu’on m’oblige à accepter un lubrique qui ne peut même pas soigner un patient correctement, » répliqua Shizuku.

N’ayant pas le choix, Shizuku accepta la condition de Stella d’une voix calme et posée, mais l’hostilité faisait rage, sans autre raison que le spectacle précédent où elle avait vu une femme volant les lèvres de son frère. Impardonnable — .

« Je ne peux vraiment pas laisser Onii-sama à une fille comme ça, » déclara Shizuku.

Et en réponse, les yeux de Stella avaient brûlé d’assurance comme pour s’affirmer — .

« Tu l’as dit ! je te ferai regretter d’avoir pris à la légère la seconde princesse de l’Empire Vermillon ! » déclara Stella.

C’est ainsi que la bataille entre ces deux femmes liées, la princesse cramoisie et la Lorelei avait éclaté.

***

Partie 4

Après ça, Stella et Shizuku s’étaient séparées d’Arisuin, se dirigeant vers l’arène qu’était la chambre de Shizuku dans le dortoir. Pendant le trajet, Stella avait posé une question naturelle. « Au fait, quel sera ton test exactement ? Un match ? »

« Pourquoi ça devrait être ça ? Es-tu une barbare ? » demanda Shizuku.

La réponse de Shizuku était emplie de tant de dégoût que le visage de Stella avait rougi.

« Appelle-moi au moins chevalière ! » déclara Stella.

« C’est un test pour savoir si tu es apte à être l’épouse d’Onii-sama. C’est logique que je cherche des talents d’aide ménagère, non ? » demanda Shizuku.

« Mais une fois de retour au palais impérial, les servantes s’occuperont de tout ça, » déclara Stella.

« C’est peut-être vrai, mais une femme négligente qui laisse tout aux autres et qui n’a pas ses propres compétences est une femme que je n’accepterai jamais comme épouse d’Onii-sama, » déclara Shizuku.

« Grr…, » grogna Stella.

Stella avait fait un visage vraiment mécontent face aux paroles de Shizuku, mais pas parce qu’elle était une femme négligente. Shizuku ne comprendrait probablement pas, mais la situation de Stella était née de la propre famille impériale. Tout faire tout seul priverait de travail ceux qui servaient le palais, un acte qui offenserait même le public. Stella, qui employait ces travailleurs, n’était pas enthousiaste à ce sujet. Mais… elle avait compris le point de vue de Shizuku. Une femme devrait être capable de faire un peu de ménage.

Après tout, « épouse » s’écrit comme « femme » plus « maison », non ? [1] pensa Stella.

À Rome, faites comme les Romains. Si la coutume de ce pays était que les femmes fassent ce genre de travail, elle suivrait son exemple. Alors que Stella avait arrangé ses émotions — les deux jeunes femmes étaient arrivées dans la chambre de Shizuku.

« Maintenant, commençons le test immédiatement, » en disant cela, Shizuku avait ouvert la porte — .

« Wôw, il s’est passé quoi ici… ? » demanda Stella.

Des livres avaient été jetés de leurs étagères comme à la suite d’un tremblement de terre, et les vêtements étaient éparpillés des commodes comme si un volcan avait subi une éruption. Une couche d’emballages de malbouffe et de bouteilles d’eau en plastique surplombait le tout dans une zone sinistrée qui donnait envie aux spectateurs de se protéger les yeux.

« Alice et toi vivez toujours comme ça ? » demanda Stella.

« Quelle impolitesse ! J’ai éparpillé exprès ces choses pour ton test, c’est tout. D’abord, montre-moi ton habileté à nettoyer en rangeant cet endroit, » déclara Shizuku.

« Utilises-tu ce test comme excuse pour que je nettoie pour toi, c’est ça ? » demanda Stella.

« Comment… cela… pourrait… il… être… vrai ? » demanda Shizuku.

« Regarde-moi dans les yeux quand tu dis ça, » déclara Stella.

En voyant le visage de Shizuku tourné vers un avenir lointain, Stella était convaincue que son intuition était juste.

« Eh bien, très bien. Donc je devrais juste ramasser les ordures, ranger les vêtements et les livres, et rendre la pièce agréable, d’accord ? » demanda Stella.

« Oui. Mais pas seulement pour le rendre agréable dans un sens ordinaire, » répondit Shizuku.

« Qu’est-ce que tu veux dire ? » demanda Stella.

« Il y a une limite de temps de vingt minutes, » déclara Shizuku.

« Qu-Quoi ? Tu veux que je nettoie cette chambre en 20 minutes ? » demanda Stella.

« Oui. Ranger et enlever les ordures, bien sûr, et aussi passer l’aspirateur et essuyer le tout, » déclara Shizuku.

Stella regarda de nouveau la chambre de Shizuku, une chambre si encombrée qu’elle ne pouvait pas voir les lits.

Ranger les vêtements et les livres prendra tout ce temps, pensa Stella.

« Tu ne me laisses pas assez de temps pour passer l’aspirateur ou essuyer le sol, » déclara Stella.

Mais Shizuku avait rejeté cette protestation. « Il faut du talent pour résoudre ce problème, et c’est la rapidité et la qualité qui entrent en jeu. Et sinon, même les enfants font le ménage, alors bien sûr, tu peux le faire. »

« J’ai le sentiment que tu n’es pas un des enfants qui peuvent le faire, » répliqua Stella.

« Tu peux continuer à faire des commentaires ennuyeux si tu veux, mais le décompte est déjà commencé, alors tu devrais y aller, » déclara Shizuku.

Shizuku avait sorti son terminal étudiant de la poche de sa jupe. Le chronomètre avec vingt minutes déjà réglées y était affiché, et se déplaçait maintenant.

« Guh ! »

Bien que Stella savait que l’idéal de ce pays consistait à porter son fardeau et à se frayer un chemin à travers les difficultés, elle ne s’attendait pas à le vivre de cette façon.

Est-ce la tradition japonaise que les beaux-parents s’en prennent à la nouvelle femme ? Se demanda Stella.

Mais c’était un duel qu’elle acceptait, et céder serait une tache sur le nom de la famille royale Vermillion.

« Très bien. Je vais le faire ! » d’une voix confiante, Stella commença à nettoyer la pièce.

Notes

  • 1 Épouse s’écrit femme plus maison : est écrit comme plus .

***

Partie 5

Stella avait choisi de commencer par ranger les livres et les vêtements éparpillés. Après tout, elle ne pourrait pas passer l’aspirateur sans l’avoir fait en premier. Elle avait rapidement remis les livres sur les étagères dans l’ordre des volumes, puis elle avait plié proprement les vêtements et les avait rangés. Ses mouvements habiles étaient rapides et très minutieux. Cependant — .

Est-ce que ce genre de rigueur est suffisant ? Se demanda Stella.

Vingt minutes. C’était le problème. De plus, Shizuku voulait que Stella échoue au test, donc… il y avait des pièges, et Stella était tombée sur l’un d’eux.

« Hmm ? Est-ce à toi ? » demanda Stella.

Elle est tombée dans le panneau —, pensa Shizuku.

Stella regarda la couverture verte de l’album photo qu’elle avait pris, et Shizuku ricana.

« Oh, mon Dieu, qu’est-ce que c’est ? Étais-je si irresponsable que j’ai laissé tomber quelque chose d’aussi important sous le lit ? » demanda Shizuku.

« Tu l’as fait. Prends mieux soin d’un album d’enfance, » déclara Stella.

« Non, ce n’est pas à moi. C’est celui d’Onii-sama, et plus exactement de son école primaire, » déclara Shizuku.

Le corps de Stella trembla comme si elle avait été frappée par la foudre.

« Une collection de photos si précieuse, unique en son genre. J’allais le garder comme un trésor pour moi seule, mais… ahhh, quelle erreur ! » s’exclama Shizuku.

« Les photos de I-Ikki quand il était enfant…, » murmura Stella.

« Oui, d’Onii-sama dans son uniforme de gym et son maillot de bain, de lui dormant à midi avec son nombril exposé, et de nombreuses autres photos de mon adorable Onii-sama. Hélas, tu l’as trouvé, donc je suppose que je peux te laisser regarder à l’intérieur une fois, » déclara Shizuku.

« Je peux !? » demanda Stella.

« Oui. Vas-y, vas-y… mais le minuteur ne s’arrête pas, » déclara Shizuku.

Oui, c’était le piège de Shizuku. À l’intérieur de cet album se trouvaient des images du jeune Ikki que Stella ne connaissait pas. Cela ne pouvait pas échapper à son intérêt. Elle le voulait désespérément. Mais… c’est pour ça que le piège était efficace.

« Oh, mais si tu ne veux pas regarder, s’il te plaît, donne-le-moi au lieu de le mettre sur l’étagère. C’est mon trésor, donc je dois le cacher là où personne d’autre ne peut le retrouver, » déclara Shizuku.

« Uuuuuuuuuu... ! » Stella s’était plainte de sa faiblesse qui avait été si parfaitement ciblée.

Guh ! Cette Shizuku, c’est pour que je perds, n’est-ce pas… ! pensa Stella.

Après tout, la limite de vingt minutes était sévère. Même avec le plan de Stella, son rythme ne lui permettait pas de finir à temps. Elle ne pouvait pas se laisser aller une seconde de plus. Mais de voir Ikki lorsqu’il était un enfant et qu’il était en tenue de gym, maillot de bain… nombril…

Je veux… Je veux le voir, je veux le voir, je veux le voir, je veux vraiment le voir ! pensa Stella.

Elle le voulait désespérément. Ikki n’était pas du genre à apporter ses photos d’enfance au dortoir, donc elle n’avait jamais connu de telles choses. Quel genre d’enfant avait-il été ? Un garçon mignon avec un air d’adulte ? Ou serait-il un vaurien avec des bandages collés sur le visage ? Son imagination s’était détournée de la suggestion, mais…

Mais… !

« Tu es un monstre ! » s’écria Stella.

Forçant le désir magmatique qui jaillissait des profondeurs de son cœur, Stella lança l’album à Shizuku. Shizuku l’avait attrapé habilement, et avait fait un sourire d’intimidation.

« Oho… tu es sûre ? Ne veux-tu pas regarder à l’intérieur ? Tu n’auras pas d’autre chance, » déclara Shizuku.

« Non merci ! Une femme capable ne sera pas distraite de son ménage ! » déclara Stella.

« C’est beaucoup de bave là-bas, » s’écria Shizuku.

« C’est de la sueur ! » répliqua Stella.

Il semblait qu’une partie du magma avait émergé. En l’essuyant avec un avant-bras, Stella était retournée au nettoyage. Elle venait de discerner le piège, et le fait que Shizuku avait sérieusement essayé de la faire échouer. Elle ne pouvait plus perdre.

Je ne peux pas faire ce que tu veux ! pensa Stella.

Stella, brûlant d’un feu intérieur, commença à nettoyer la pièce encore plus efficacement qu’auparavant. Et enfin, elle avait fini de ranger les livres et les vêtements éparpillés qui ne laissaient nulle part dans la pièce pour se tenir debout avant ça venue. Voyant cette efficacité, même Shizuku, la juge, avait un peu gémi.

Je pense qu’elle est plus capable que ce à quoi je m’attendais, non ? Se demanda Shizuku.

L’efficacité de Stella et son amour de la propreté n’étaient pas différents de son colocataire Arisuin. Shizuku avait vu Stella comme quelqu’un de grossier, donc c’était une surprise. Que Stella n’ait pas regardé dans l’album, c’était aussi quelque chose que Shizuku avait dû réévaluer.

Mais… elle ne peut pas finir en 20 minutes, pensa Shizuku.

« Il reste 20 secondes. Quoi que tu fasses, on dirait que le test est terminé. Tu as fini de ranger les vêtements et les livres, mais tu n’as pas passé l’aspirateur et essuyé le sol. On ne peut pas appeler ça du succès, » déclara Shizuku.

Mais c’était inévitable. Quand elle avait demandé à Arisuin, qui considérait le nettoyage comme une spécialité, combien de temps il faudrait pour ranger la pièce, il avait répondu pas moins de trente minutes. Shizuku avait à l’origine l’intention de fixer la limite de temps à trente minutes, mais elle ne pouvait oublier cette tentative de baiser. Le crime avait alimenté l’incendie récemment refroidi dans Shizuku. Voler les lèvres de son frère bien-aimé ? Il n’y aurait pas de pardon facile. Seule Shizuku pouvait faire une telle chose. Donc, pénalité de 10 minutes. Stella n’avait aucune chance.

« N’ai-je pas encore vingt secondes ? » demanda Stella.

Stella, n’abandonnant toujours pas, se dirigea vers l’aspirateur qui se tenait près de la fenêtre. Mais…

« Plus maintenant. Cinq, quatre, trois, deux —, » déclara Shizuku.

Shizuku avait compté sans cœur. Et à ce moment-là…

Hein… !?

Stella s’était déplacée d’une manière surprenante. Sans prendre l’aspirateur, elle avait ouvert la fenêtre. Et…

« HAAAAAAAA ! »

« Eeeeekkkk ! »

Un vent enflammé avait jailli de son corps et avait brûlé la pièce en un instant. Seules la poussière et les ordures à l’intérieur avaient été affectées. La cendre fine des ordures brûlées s’était transformée en flamme qui s’était envolée par la fenêtre que Stella avait ouverte. Cela s’était dispersé dans le vent et s’était volatilisé. L’alarme du chronomètre avait retenti au même moment, et Stella se tourna vers Shizuku avec une fière expression.

« … Eh bien ? Il n’y a plus un seul déchet ou microbe dans la pièce. Tu ne peux pas te plaindre, n’est-ce pas ? » demanda Stella.

« Kuh... »

Je n’aurais jamais pensé qu’elle brûlerait les ordures et la poussière avec sa flamme… ! Comme c’est absurde ! pensa Shizuku.

Shizuku n’avait pas pensé à cette démonstration de pouvoir, et elle avait fait une tête amère. Oui, l’élimination simultanée des déchets et de la poussière ne nécessitait pas d’aspirateur et d’essuyage. Mais…

« Appeler cette habileté en nettoyage —, » commença Shizuku.

« Pour les Blazers, les compétences quotidiennes et l’utilisation quotidienne du pouvoir sont la même chose. En quoi est-ce différent de passer l’aspirateur à la main ? » demanda Stella.

« M... Mrgh… »

Elle n’avait pas de réponse. Elle aurait dû commencer par décider qu’aucun pouvoir ne serait autorisé. Sentant la douleur qui provoquait sa propre chute, Shizuku hocha la tête d’un air amer.

« … Eh bien, appelons ça une note de passage, » déclara Shizuku.

Hmph, très bien. Elle n’a passé qu’un seul test, pensa Shizuku.

Stella n’avait pas atteint la victoire totale. Après tout, il y aurait d’autres tests plus essentiels et plus difficiles.

***

Partie 6

Sans même prendre le temps de reprendre son souffle, Shizuku avait parlé à Stella.

« Eh bien, puisque la chambre a été nettoyée, passons au prochain test. »

« As-tu parlé d’autres tests ? » demanda Stella.

« Le sujet suivant est la cuisine, la plus importante des compétences. Les repas remplis de l’amour d’une épouse sont spéciaux, et le travail des autres n’est pas un substitut. Il n’y a rien à dire sur les femmes qui ne savent pas cuisiner — oui, il n’y a pas de quoi se vanter de leur capacité de nettoyage. Ça peut être laissé à une femme de ménage, » déclara Shizuku.

« Ce n’est pas ce que tu as dit avant !? » s’écria Stella.

« Qu’est-ce que tu veux dire ? Quoi qu’il en soit, la cuisine est la chose la plus importante, alors je vais te faire préparer le dîner » déclara Shizuku.

Stella se plaignait que Shizuku l’ignorait éhontément, mais elle avait accepté ça. C’était inutile, et de toute façon, c’était déjà l’heure du dîner, et son estomac semblait vide.

« Bien, mais quels sont les ingrédients ? » demanda Stella.

« Tu peux utiliser ce qu’il y a dans le réfrigérateur. Nous avons plusieurs sortes d’assaisonnements. Alors, utilise-les comme tu le veux, » répondit Shizuku.

Les assaisonnements étaient déjà alignés dans la cuisine indiquée par Shizuku. Sel et poivre, sauce soja et mirin, huile à salade, etc. Les arômes populaires étaient bien représentés.

« Tu en as plein, mais as-tu des exigences ? » demanda Stella.

« Aucune. Réfléchis à ce que tu peux utiliser par toi-même. Ça fait partie de l’évaluation, » déclara Shizuku.

D’accord, c’est comme ça, pensa Stella.

« Alors, vérifions les ingrédients. As-tu de la viande ? » demanda Stella.

« Bien sûr, » répondit Shizuku.

« Laisse-moi voir ça ~ ? » déclara Stella.

Tout d’abord, quelle viande était disponible ? Du poulet ? Du porc ? Du bœuf ? Sans le savoir, on ne pouvait pas préparer un repas, alors Stella avait d’abord regardé l’étagère supérieure du réfrigérateur. Elle avait ouvert le compartiment réfrigéré, mais… il n’y avait qu’un seul paquet de pâte de poisson, placé comme s’il s’agissait d’une offrande dans un temple.

« Shizukuuuu ! » s’écria Stella.

« Qu’est-ce qu’il y a ? » demanda Shizuku.

« Ne me dis pas ce que c’est… c’est ça ! Il n’y a rien d’autre ici qu’un tube de pâte de poisson ! » déclara Stella.

« Le poisson, c’est de la viande, » répliqua Shizuku.

« Son utilisation n’est-elle pas trop limitée ? » demanda Stella.

« En échange, la section des légumes est bien remplie, donc tout ira bien. Une alimentation saine est importante, » déclara Shizuku.

Ugh, je ne peux pas faire ressortir ma force sans viande…, pensa Stella.

Le corps de Stella nécessitait une grande consommation de carburant. Elle ne pouvait pas exercer sa force sans une alimentation riche en calories, en protéines et en matières grasses. Pour elle, c’était sain, donc c’était une tâche qui, franchement, avait réfréné son esprit. Mais elle n’avait pas d’autre choix que de travailler avec la pâte de poisson, alors Stella s’était penchée vers le tiroir à légumes.

« Argh, c’est lourd. Tu en as vraiment beaucoup ici, hein ? » déclara Stella.

Elle avait sorti le tiroir en appliquant un peu plus de force. C’était certainement débordant au point d’être coincé. Et ce n’était que des patates.

« Shizukuuuuuuuu ! » s’écria Stella.

« Qu’est-ce qui ne va pas ? Il devrait être plein, » déclara Shizuku.

« Ça l’est ! Mais seulement avec des pommes de terre !? » s’écria Stella.

« C’est aussi le travail d’une femme de concevoir un menu délicieux avec une sélection limitée d’ingrédients, » déclara Shizuku.

« Trop limité ! Combien de menus peux-tu faire avec de la pâte de poisson et des pommes de terre ? Et tu as des pommes de terre qui sont en train de germer ici ! » déclara Stella.

« Bravo, tu as vu à travers ce piège, » déclara Shizuku.

« Me prends-tu pour une idiote ? » demanda Stella.

« C’était une blague. Il y a d’autres légumes en dessous, » déclara Shizuku.

Après avoir creusé un peu, Stella avait découvert qu’il y avait effectivement des carottes et des oignons, des pois et d’autres choses.

« … Montre-moi donc ça depuis le début, » déclara Stella.

« Les attaques psychologiques sont fondamentales, » répliqua Shizuku.

« … Bon sang, je suis épuisée avant même d’avoir commencé à cuisiner, » déclara Stella.

Fatiguée par le harcèlement futile de Shizuku, Stella avait pris les ingrédients et les avait alignés.

« Avec ça, je pense que je pourrais faire un ragoût de viande et de pommes de terre standard même si je n’ai que de la pâte de poisson au lieu de la viande, » déclara Stella.

Puisqu’il y avait du miso parmi les assaisonnements, faire de la soupe au miso et donc décider de faire une soupe-repas ne ferait probablement pas l’objet de plaintes. Stella s’était immédiatement décidée pour ce repas et avait commencé à travailler. Elle avait habilement pelé les pelures des pommes de terre et des carottes, puis les avait coupées en petits morceaux.

En voyant son talent, Shizuku marmonna sombrement. « Donc tu n’es pas seulement douée pour découper les gens, Hmm ? »

« Ne dis pas des choses qui donnent une mauvaise impression aux gens ! » déclara Stella.

« C’est difficile à croire, mais es-tu douée pour cuisiner ? » demanda Shizuku.

Face à la question, les lèvres de Stella avaient tremblé. « Pourquoi penses-tu que je suis mauvaise dans ce genre de tâche ? »

« Qu’est-ce que tu dis ? » demanda Shizuku.

« Pour la seconde princesse impériale, le mariage est comme un travail. Je m’entraîne à être une mariée depuis l’enfance. La cuisine est l’un de mes points forts ! Je fais aussi bien de la cuisine orientale et occidentale ! » déclara Stella.

« Argh… ! » avait gémi Shizuku.

Comme pour prouver ces paroles, Stella avait fini de préparer les légumes en un clin d’œil, et avait commencé à cuire les pommes de terre et la soupe miso. Shizuku gargouilla devant cette démonstration de la grande habileté féminine de Stella.

Mais…

Mais c’est dans mes attentes, pensa Shizuku.

Le test précédent avait déjà ouvert les yeux de Shizuku, et elle pensait déjà aux contre-mouvements.

« Je vois. Je comprends que la cuisine est l’un de tes points forts. Mais… ce n’est pas assez, n’est-ce pas ? » déclara Shizuku.

Stella fronça les sourcils devant ce commentaire soudain. « Qu’est-ce que tu veux dire ? »

« Tu n’en fais pas assez. En tant que nouvelle épouse, je te ferai changer dans une tenue vestimentaire appropriée. C’est une partie de la tâche, » déclara Shizuku.

« Tenue vestimentaire ? » demanda Stella.

« Ceci, » en disant cela, Shizuku avait pris quelque chose. C’était un joli tablier de voltige, et en le voyant, Stella s’était rendu compte qu’elle ne portait pas elle-même un tablier.

« Oh, un tablier. C’est vrai, je ne veux pas salir mon uniforme scolaire. Merci, » déclara Stella.

Stella avait pris le tablier dans la main de Shizuku, mais Shizuku le retira d’un coup sec.

« Quel genre de malentendu as-tu ? » demanda Shizuku.

« Hein ? » s’exclama Stella.

« Dans quel monde une nouvelle épouse mettrait-elle un tablier normalement ? Pour elles, il n’y a que le tablier nu ! C’est du bon sens ! » déclara Shizuku.

« Q-Quoi !? » Stella avait crié, comme on pouvait s’y attendre.

« L’éducation nuptiale de Vermillion n’enseigne-t-elle pas ça ? » demanda Shizuku.

« Bien sûr que non !? Et je n’ai jamais entendu parler de ça comme faisant partie du bon sens au Japon ! » déclara Stella.

Stella avait rugi en réponse avec le visage rouge comme si elle crachait du feu, mais Shizuku s’attendait à cette réaction, et elle avait calmement activé son terminal étudiant pour montrer à Stella l’écran.

Google : Tablier nu

Environ 925 000 résultats

« Pff… ! » s’exclama Stella.

« C’est assez logique que Google le dise dans le monde entier, » déclara Shizuku.

« Quelque chose d’aussi stupide est… ! » s’exclama Stella.

« Cela étant dit, je n’ai pas l’intention de reconnaître une femme qui n’est même pas prête à porter le tablier nu et à rendre Onii-sama heureux. Si tu ne peux pas faire ça, tu ferais aussi bien de te retirer, » déclara Shizuku.

« Uuuu..., » en voyant le tablier qui lui était jeté à la figure, Stella avait eu des crampes au visage.

Comment une culture pourrait-elle s’attendre à ce que quelqu’un porte ce morceau de tissu dans la cuisine… ! Se demanda Stella.

Stella frissonna en réalisant la dépravation de l’humanité. Sa face avant serait bien, mais son arrière aurait un manque fatal de dissimulation. Et pendant qu’elle cuisinait dans la cuisine, Shizuku faisait face à son dos et voyait certainement tout cela. La princesse impériale fière de Vermillion ne pouvait pas montrer une telle chose aux autres.

Mais — c’était une bataille avec seule attaque. Elle regretterait d’avoir abandonné. La cuisine était dans son domaine d’expertise, elle avait confiance en elle pour préparer un repas hors de tout reproche à Shizuku. Comme Shizuku s’opposait à elle quoi qu’elle fasse, elle voulait prouver sa supériorité ici.

C’est exact… ! Ikki irait aussi loin pour moi ! pensa Stella.

Contre le comité de l’éthique, il s’était fermement prononcé pour proclamer son amour envers elle. En se souvenant de cela, Stella avait rassemblé sa résolution.

« Très bien ! Je vais le mettre ! On est toutes les deux des filles, donc il n’y a rien d’embarrassant à ça ! » déclara Stella.

***

Partie 7

Obligée de se déshabiller, Stella avait commencé à cuisiner en ne portant rien d’autre que le tablier. Cet état de choses était aussi embarrassant que prévu, faisant que Stella bougeait son corps avec une concentration intense pour qu’elle n’ait pas à penser à la situation. Si elle s’était retournée, elle aurait vu que les joues de Shizuku derrière elle étaient aussi rouges.

 

 

C-C’est plus incroyable que je ne l’imaginais ? pensa Shizuku.

Après tout, Shizuku avait vu tout le dos de Stella, la partie que le tablier ne cachait pas. Le physique de Stella était nettement différent de celui d’une Japonaise, avec des fesses fermes et audacieuses. Elles étaient du même sexe, mais la vue était si sensuelle que cela avait donné le vertige à Shizuku.

Je pense que ça va un peu loin, mais le fait est que je l’ai mise mal à l’aise, non ? pensa Shizuku.

La tactique de Shizuku était de ne pas disqualifier Stella en exigeant le tablier nu. Stella n’aurait évidemment pas honte au point d’abandonner le match. Ce harcèlement était un écran de fumée, un moyen de détourner sa concentration. Sa performance était bonne, mais elle n’était clairement pas concentrée sur la cuisine. Dans ce cas…

Elle tombera à tous les coups dans mon piège…, pensa Shizuku.

Alors Shizuku attendit, et le moment vint. Stella aromatisait les pommes de terre. En faisant quelque chose d’équivalent au ragoût de viande et de pommes de terre, elle avait ajouté du saké, du mirin, de la sauce soja et du sucre. Voyant cela, Shizuku pensa — .

Je l’ai eue… ! pensa Shizuku.

Elle était sûre que Stella échouerait à ce test. Après avoir ajouté l’assaisonnement, Stella avait couvert la casserole et l’avait laissée mijoter pendant cinq minutes.

« D’accord. Eh bien, il n’y a aucune chance que je fasse une erreur, mais je pense que je devrais goûter un peu… !? » déclara Stella.

Stella avait aussitôt remarqué son erreur. À l’instant où la louche de ragoût qu’elle soulevait jusqu’à sa bouche touchait les papilles gustatives, ses yeux s’élargirent. Une étrange salinité avait explosé sur sa langue.

« Pthhhh ! Qu’est-ce que c’est que ça ? Pourquoi est-ce salé ? » déclara Stella.

La question était sortie de sa bouche involontairement, mais il n’y avait qu’une seule raison imaginable. Le ragoût de viande et de pommes de terre était une recette dans laquelle la salinité de la sauce soja était équilibrée avec la douceur du sucre. Ce qui rendrait la salinité si extrême était — .

« Impossible, ai-je confondu le sel et le sucre ? » demanda Stella.

Mais Stella en douta immédiatement.

Non, c’est impossible ! J’ai utilisé le contenant qui avait du sucre écrit dessus ! pensa Stella.

Alors pourquoi ? Stella était déconcertée.

« Oh, mon Dieu, Stella-san. Qu’est-ce qu’il y a ? » demanda Shizuku.

De derrière elle, la voix de Shizuku avait retenti. Sa voix semblait contenir un sourire, et Stella réalisa la vérité.

A-t-elle… !

Stella plongea dans le pot d’assaisonnement qui avait le mot « sucre » écrit au marqueur sur le côté, et elle goûta ce qui en sortait.

Je le savais, je le savais. Il y a du sel dans le pot avec sucre écrit dessus, pensa Stella.

En effet, Stella n’avait pas confondu un pot avec l’autre. Le contenu avait été mal étiqueté dès le début.

« Shizuku, as-tu mis quelque chose d’autre là-dedans exprès !? » demanda Stella.

« Pas du tout. Comment aurais-je pu faire ça ? » demanda Shizuku.

« Tu mens ! » s’écria Stella.

« Non, non, je ne le ferais pas. Mais est-ce que c’était vraiment mélangé d’une façon ou d’une autre ? Si c’est tout, tu aurais pu remarquer la différence si tu avais fait attention, non ? Je suppose que’on peut seulement dire que c’est arrivé parce que tu n’as pas été prudente, non ? » demanda Shizuku.

Cette fille…, pensa Stella.

Elle ne pensait pas que Shizuku irait si loin. Stella savait combien Shizuku aimait Ikki. Shizuku n’allait jamais reconnaître quelqu’un d’autre comme partenaire d’Ikki.

Si j’étais à sa place, j’aurais certainement…, pensa Stella.

On s’attendait donc à cela, et pour que Shizuku l’approuve… elle devait accepter toutes les obstructions de Shizuku, pour s’assurer que Shizuku ne puisse refuser de donner cette approbation !

« … Shizuku. C’est un test de cuisine, donc tout ce que j’ai à faire c’est de faire quelque chose de délicieux, non ? » demanda Stella.

« Bien sûr. Et… une soupe de viande et de pommes de terre avec du sel et de la sauce soja, assez salée pour faire sauter un vaisseau sanguin à la mangeuse, ne passerait vraiment pas, » déclara Shizuku.

« Hehe, bien sûr. Mais tant que ça finit bien, c’est tout ce qui compte, non ? » demanda Stella.

Elle avait souri de façon significative. Elle s’en remettrait quand même !

« Alors, je vais le faire ! » déclara Stella.

Stella avait sorti les nouilles soba du pot et elle enleva le liquide de la soupe.

« Tu retires ça ? Qu’est-ce que tu essaies de faire ? » demanda Shizuku.

« Hmph. Continue de regarder, » déclara Stella.

En déposant le reste des ingrédients dans la casserole, Stella les avait écrasés à pleine puissance. Elle avait également récupéré un grand nombre de pommes de terre du réfrigérateur, et sous l’eau chaude, elle les avait écrasées de la même manière, faisant de la purée de pommes de terre pulpeuse. Voyant ce processus, Shizuku avait également compris son plan.

« C’est impossible, c’est… ! Croquettes !? » s’écria Shizuku.

« Ouais. Si je change la recette pour des croquettes qui utilisent plus de pommes de terre, ça enlèvera du sel, » déclara Stella.

Même si les pommes de terre et autres légumes existants avaient absorbé trop de sel, les transformer en une pâte pulpeuse et augmenter le nombre de pommes de terre diluerait la salinité. En changeant la recette à la volée, Stella avait brisé le piège de Shizuku.

« Tes griffes ne sont pas assez aiguisées, Shizuku. Tu aurais mieux fait d’utiliser du poison, » déclara Stella.

Il y avait un moyen de contourner ça… ! pensa Shizuku.

Shizuku n’avait pas imaginé une telle vivacité d’esprit. Voyant cette différence de talent qui ne lui laissait pas d’excuses à trouver, même elle était à court de mots.

***

Partie 8

Après s’être échappée du piège de Shizuku, Stella avait aligné sa croquette de légumes faite à la main sur la table.

« Voilà, c’est fait ! Pourquoi ne pas aller de l’avant et le juger ! » demanda Stella.

« K-Kuh… » Shizuku avait gémi devant la confiance débordante de Stella.

Les croquettes sous ses yeux avaient une apparence que personne ne penserait être le résultat raté d’une recette différente. Mais quand même…

Ça vient d’un échec, donc c’est impossible que cela soit savoureux ! pensa Shizuku.

Pensant ainsi, elle s’accrocha à cette lueur d’espoir et se mit une croquette dans la bouche.

« … Argh. »

Non seulement Stella l’avait-elle présentée avec confiance, mais elle était si délicieuse que personne ne pouvait la juger mal. En éclaircissant ces pommes de terre sursalées avec des pommes de terre non assaisonnées et en réduisant la salinité en les mélangeant, on obtenait un goût parfaitement équilibré. Du sucre et de l’huile récemment ajoutés qui s’étaient imbibés dans l’enrobage avaient ravi la langue. Le fait de ne pas avoir de vraie viande était un problème, mais c’était parce que Shizuku n’avait préparé que de la pâte de poisson, donc elle n’avait aucune raison de se plaindre.

« On dirait que pour le test… ! » Shizuku se tut un court instant face à la vantardise de la victoire de Stella, mais — .

« … Pas encore, » continua-t-elle.

— Elle avait laissé sortir ces mots.

« Mgh, hey franchement. Tu es une mauvaise perdante. J’ai passé tous tes tests, alors ne fais pas de crise, d’accord ? » déclara Stella.

« Je ne fais rien de tel. C’est le dernier. Plus qu’un test, mais c’est le plus important, » déclara Shizuku.

En effet, ce n’était pas une crise de colère. Nettoyage, cuisine… il y avait une chose cruciale qui n’avait toujours pas été confirmée. Mais… Shizuku avait été peinée qu’il ait atteint ce stade, parce que… si Stella répondait à ses attentes ici, tout serait décidé. Elle n’aurait pas d’autre choix que d’accepter la fille devant elle.

« … Puisque nous sommes allées si loin, je vais jouer le jeu. Quelle est la prochaine étape ? Je dois te laver le dos ? » demanda Stella.

« Non, ce n’est rien de gênant. Tout ce que tu as à faire, c’est de répondre à une question, » déclara Shizuku.

Mais il n’y avait plus de tests, alors Shizuku avait étouffé sa détresse intérieure.

« … Stella-san, » déclara Shizuku. 

Lâchant un soupir, elle regarda Stella assise de l’autre côté de la table avec une gravité effrayante complètement différente de l’expression légèrement moqueuse qu’elle avait pendant les tests, émettant une force suffisante pour que Stella déglutisse inconsciemment et se mette ses gardes.

« Qu-Quoi ? Quel visage effrayant ! » déclara Stella.

« Stella-san, aimes-tu Onii-sama plus que moi ? Peux-tu le rendre plus heureux que moi ? » demanda Stella.

Shizuku… ! pensa Stella.

Face à la question, Stella avait eu son souffle coupé. Elle savait combien Shizuku aimait Ikki. Ce garçon était bon et diligent, et naturellement, il devait être aimé, mais le monde ne l’avait pas fait. C’était Shizuku qui avait défié cet outrage. C’était elle qui avait rempli son frère Ikki d’affection à la place de tous ces gens, comme un père, une mère, un frère, une sœur, une amie… et une amoureuse.

Stella le savait. Et maintenant, Shizuku demandait… si elle aimait Ikki plus que Shizuku. Stella n’avait pas d’autre choix que de comprendre à quel point cette question était concluante. Elle pouvait imaginer la responsabilité que cela impliquait de répondre. Mais… comprenant tout cela, Stella n’avait qu’une seule réponse. Assise bien droite, les épaules écartées, elle regarda Shizuku dans les yeux sérieux de Shizuku.

« Oui. Absolument, » répondit Stella.

Clairement et distinctement, avec une voix sans confusion, elle avait fait cette déclaration avec une pure sincérité. Il n’y avait pas le ton de combat habituel. C’était une réponse de conviction.

Pendant un moment, Shizuku ferma les yeux comme si elle coupait quelque chose en elle, puis avec un sourire qu’elle n’avait jamais montré à Stella auparavant, elle lui déclara — .

« S’il te plaît, traite bien mon frère, » déclara Shizuku.

Ainsi, le match entre la princesse cramoisie et Lorelei avait été réglé.

***

Partie 9

La journée s’était terminée à une heure tardive, Stella était donc restée pour la nuit dans la chambre de Shizuku.

Doucement, doucement…, pensa Stella.

À deux heures du matin, si tard dans le soir que même les plantes dormaient, Stella se glissa silencieusement hors de sa couchette inférieure. Se redressant, elle jeta un coup d’œil à Shizuku au-dessus.

Bien, elle dort encore… ! pensa Stella.

Après s’être assuré que Shizuku dormait bien, Stella s’était réjouie de ça. Qu’allait-elle faire, maintenant que la garde de Shizuku était baissée pendant la nuit ? C’était l’objet sous le lit qui avait répondu à cette question.

« Je veux te regarder…, » murmura-t-elle.

Les mains tendues, elle avait sorti ce qui était caché sous le lit, le splendide piège que Shizuku avait posé hier lors du test de nettoyage, l’album photo de l’enfance d’Ikki Kurogane. Elle avait attendu sa chance toute la nuit pour pouvoir jeter un coup d’œil dessus.

« Haa... haa... »

Le cœur battant, Stella avait ouvert doucement l’album, en prenant soin de ne pas laisser les pages faire de bruit. À l’intérieur se trouvait un nombre incalculable de photos que Shizuku avait prises d’Ikki Kurogane quand il était enfant.

S-Si mignonnnnnn ~ ♡, pensa Stella.

Des yeux doux et des cheveux noirs légèrement désordonnés. L’ambiance autour de lui était entièrement la même que celle du présent, mais ses joues étaient rouges comme des pommes, et ses membres minces et nus étendus exsudaient la jeunesse.

Oh non, il dort l’estomac nu ~ ! Quel joli visage endormi ~ ! pensa Stella.

Comme tout enfant, son ventre et ses joues étaient tendres et détendus. Dans la somnolence, son visage et ses muscles ne pouvaient s’empêcher d’être détendus.

Mais elle ne devait pas seulement regarder et sourire. Pour en profiter correctement, elle devait retourner dans sa propre chambre.

Je dois en avoir une copie avant que Shizuku ne suspecte quelque chose ! pensa Stella.

Mais alors que Stella essayait d’utiliser la fonction caméra de son terminal étudiant.

« … Nnn. »

Un bruit était venu du lit superposé supérieur.

Pas question, elle s’est réveillée !? pensa Stella.

Dans l’urgence, Stella referma l’album et, le serrant contre elle, elle se redressa et jeta un coup d’œil à Shizuku. Heureusement, Shizuku n’était pas réveillée. Mais…

« … *pleure* Onii-sama…, » murmura Shizuku.

Des larmes bourgeonnaient de ses paupières bien fermées. Faisait-elle des rêves douloureux ? Non, Stella en doutait. Elle avait ouvert à nouveau l’album dans ses mains, et ce qu’elle regarda cette fois-ci n’était pas les photos d’Ikki à l’intérieur, mais l’album lui-même. Les pages étaient usées, comme si elles avaient été tournées encore et encore. Pour Shizuku, Ikki était quelqu’un d’irremplaçable. Peu importe le nombre de fois où Stella avait démontré ses qualifications ou sa disponibilité… il n’y avait aucune chance que le lien puisse être rompu. Mais quand même, Shizuku avait dit — .

« S’il te plaît, traite bien mon frère. »

Elle avait prononcé ces mots, tout ça pour le bonheur de son frère. Elle pleurait et tremblait comme si son corps était gelé.

En pensant aux sentiments de Shizuku, Stella poussa un soupir face à sa propre folie.

***

Partie 10

Le matin était arrivé.

« Mon test est terminé, alors retourne surveiller Onii-sama, » Shizuku, d’un regard malicieux, demanda à Stella de quitter sa chambre d’un geste de la main dès qu’elle se leva. Parlant si effrontément, elle n’avait aucune trace du visage qui pleurait de la nuit précédente. Cela avait-il disparu si vite ?

Non, c’est impossible que ce soit vrai, pensa Stella.

C’était impossible. Elle devait être en train de faire semblant, alors Stella ne s’était pas plainte de l’impudeur de Shizuku.

« D’accord, d’accord, j’ai compris. Je serais déprimée aussi si je devais passer beaucoup de temps avec ma belle-sœur, » déclara Stella.

Elle s’était levée et avait ouvert la porte.

« Oh, mon Dieu, Stella-chan. Tu rentres chez toi ? » demanda Arisuin.

« Alice, » s’exclama Stella.

Après avoir été chassé hier soir pour que les deux filles puissent passer leur examen, Arisuin était tombé maintenant face à face sur Stella.

« Comment s’est passé le test ? Stella-chan a-t-elle réussi ? » demanda Arisuin.

Arisuin, qui ne savait rien de ce qui s’était passé, demanda ceci à Shizuku avec grand intérêt. Shizuku était plutôt à court de mots. Après tout, il était difficile de déclarer ouvertement qu’elle reconnaissait l’amoureuse de son frère. Elle savait que c’était égoïste.

« Alice, je…, » commença Shizuku.

Mais comme Shizuku était sur le point de forcer l’admission…

« À propos de ça. Écoute, Alice ! Tu ne vas pas le croire ! » repoussant l’hésitation de Shizuku de côté, Stella l’interrompit bruyamment. « Shizuku a échangé le sucre et le sel exprès pour me piéger ! Et puis elle a dit que j’avais échoué ! Je ne peux pas continuer comme ça ! »

« Quoi !? » s’exclama Shizuku.

Les yeux de Shizuku s’étaient élargis sous le choc.

« Oh mon Dieu ! Shizuku, vraiment ? » demanda Arisuin.

« Non, je l’ai fait… mais je ne l’ai pas fait…, » déclara Shizuku.

Elle n’avait pas dit que Stella avait échoué, alors Shizuku était très déconcertée. De quoi parlait Stella ? Shizuku avait-elle rêvé de tout ce qui s’était passé hier ? Mais — .

« Mais ça suffit comme ça. Si elle veut toujours me refuser, alors peu importe ! Quoi que je fasse, elle ne l’acceptera jamais, mais je n’abandonnerai pas non plus Ikki. Je l’emmènerai, qu’elle me laisse faire ou non ! » déclara Stella.

Ces mots avaient permis à Shizuku de comprendre pourquoi Stella mentait. Stella disait, derrière ses plaintes, qu’il n’y avait aucune raison pour Shizuku d’abandonner quelque chose de désespéré. Que Shizuku pouvait utiliser toutes ses forces pour reprendre Ikki et que Stella n’allait pas refuser ça à Shizuku.

Ahh, cette personne…, pensa Shizuku.

Face au mensonge et à l’intention réelle derrière tout ça, Shizuku — .

« … Ne plaisante pas, » déclara Shizuku.

— avait progressivement retrouvé un sourire intrépide qui lui ressemblait davantage.

« C’est moi qui peux rendre Onii-sama le plus heureux du monde ! Je ne te le donnerais pas ! » déclara Shizuku.

« Hmph. Eh bien, fais ce que tu veux, espèce d’entêtée, » déclara Stella.

Laissant derrière elle cette insulte, Stella passa devant Arisuin et se dirigea vers la chambre d’hôpital d’Ikki. Regardant Stella partir, Shizuku marmonna à Arisuin. « … Hé, Alice, »

« Quoi ? » demanda Arisuin.

« Je comprends un peu pourquoi Onii-sama l’aime, » déclara Shizuku.

Sa voix présentait un certain mal à l’aise.

« Eh bien… même si je n’approuve pas, » continua Shizuku.

« Je ne comprends pas vraiment, mais tu es de bonne humeur, et c’est le plus important, » répliqua Shizuku.

Arisuin avait doucement souri à Shizuku, maintenant de retour à sa pleine vigueur. C’est ainsi que Shizuku devrait être. Stella serait probablement d’accord.

Ce jour-là, à midi, Ikki se réveilla enfin, mais il ne saurait probablement jamais ce qui s’était passé.

***

Entracte

« Maintenant, je veux enlacer Stella-chan, » déclara Arisuin.

« Je crois que tu serais tuée, » répliqua Kagami.

« Ikki est du genre à faire la distinction entre affection et amitié, non ? » demanda Arisuin.

« Non, par Stella-chan, » répliqua Kagami.

« … Je suppose que je devrais attendre après tout, » déclara Arisuin.

« Ouais, je pense que c’est une bonne idée, » répliqua Kagami.

« Bref… ça m’intrigue depuis un moment, mais Kagami, comment l’as-tu su ? » demanda Arisuin.

« Si tu creuses là-dedans, les Américains te mettront six pieds sous terre, » répliqua Kagami.

« Serait-ce un incident international !? » s’écria Arisuin.

« Hé, laissons de côté les questions risquées et allons à notre prochain événement ! Le numéro spécial du journal de l’Académie Hagun est en cours de publication. L’événement suivant s’est produit après que Senpai se soit finalement remis de l’épuisement du combat avec Raikiri, juste avant que tout le monde ne parte ensemble pour le camp de formation Kyomon. Senpai et Stella-chan ont résolu un mystère avec le Conseil des étudiants, une petite affaire dans les coulisses de l’Académie. Vous tous, jetez un coup d’œil là-dessus ! »

***

Chapitre 4 : La chevalerie d’une dame

Partie 1

Il y avait un garçon (appelons-le garçon A) qui avait deux parents qui travaillaient. Le matin, les trois membres de la famille partaient au travail et à l’école en même temps, assez régulièrement pour que ce soit essentiellement une règle familiale. Mais ils ne revenaient pas ensemble. Le travail du père impliquait beaucoup d’heures supplémentaires et la mère travaillait à temps partiel comme caissière de supermarché. Souvent, les deux rentraient à la maison vers huit heures du soir, alors c’était le garçon A qui revenait le premier. Il n’était pas assez vieux pour les clubs scolaires ou l’école primaire, alors le garçon A rentrait toujours directement à la maison. Même s’il passait chez un ami, le couvre-feu était à six heures, de sorte qu’il ne rentrait jamais à la maison plus tard que ses parents. Le garçon A rentrait à la maison et enlevait les vêtements que sa mère avait mis dans la sécheuse ce matin-là ou alors il prenait d’autres vêtements qui étaient dans sa commode. Puis il attendait seul dans la toute nouvelle maison, seul pendant des heures jusqu’à l’arrivée de ses parents. C’était l’une de ses journées. 

Et ce jour-là, comme les autres, il avait attendu. Il n’y avait personne d’autre dans la maison. Ce jour-là, le vent était fort à partir de l’après-midi, soufflant ~ presque comme un typhon. C’était le vent froid de l’hiver, son bruit féroce résonnant dans la maison en bois à deux étages comme… comme le grondement d’une bête géante. En entendant ce bruit sombre et interminable, le garçon était devenu étrangement troublé. Il aurait déjà dû être habitué à veiller sur l’endroit, mais maintenant, être seul était soudain devenu épouvantable. C’était comme si un monstre grignait et errait juste à l’extérieur des murs, secouant les fenêtres et essayant d’entrer. La panique l’avait saisi. Mais même s’il se sentait impuissant, ses parents étaient au travail. Il ne pouvait pas être assez égoïste en leur demandant de rentrer à la maison plus tôt à cause du vent qui faisait peur. Il était assez grand pour le savoir, et en plus c’était un homme, même s’il était jeune. C’était trop embarrassant de le dire à voix haute. Alors le garçon, réfrénant ses sentiments, il se cacha dans sa chambre à l’étage et acheva ses devoirs. Des heures s’étaient écoulées qui avaient semblé deux fois plus longues que d’habitude…

Le bruit des clés, et l’ouverture de la porte s’étaient fait entendre…

« Je suis à la maison. »

Il avait alors entendu la voix de sa mère en bas. La terreur était sortie du corps du garçon A et tout cela avait disparu. Quand il tourna son attention sur son environnement, il n’entendit plus le grondement du vent froid dehors. La chose qui lui faisait peur avait déjà disparu, alors il était descendu de sa chambre au rez-de-chaussée pour accueillir sa mère. Il avait vu les lumières de la cuisine en bas. Elle avait dû les allumer. Après son retour de son travail de caissière, il était normal pour elle d’aller directement à la cuisine pour commencer à préparer le dîner.

Sonnerie, sonnerie…

En allant à la cuisine, le téléphone dans le couloir avait sonné. C’était un peu ennuyeux. Pourquoi l’appel n’avait-il pas pu venir plus tôt et lui donner le soulagement dont il avait besoin à ce moment-là ? Mais sa mère se fâcherait s’il ne décrochait pas, alors le Garçon A avait décroché le combiné à contrecœur.

« Bonjour, ___ à l’appareil… »

Avec toute la pratique d’un enfant à clé, il attendait la voix de l’autre côté de la ligne.

« A-chan ? C’est maman. C’est maman. La pluie tombe, peux-tu apporter un parapluie au marché ? » demanda sa mère.

« AAAHHHHHHHH !! »

***

Partie 2

La salle du Conseil des étudiants était éclairée par la seule flamme d’une bougie, et tout l’espace d’un mur à l’autre était rempli par le cri aigu de Stella.

Utakata Misogi, vice-président du Conseil des étudiants de l’Académie Hagun, dont elle avait interrompu l’histoire, avait parlé avec exaspération et franchise. « Flipper avant même d’arriver au moment clé, c’est… quelque chose qui fait pleurer les conteurs, »

« Mais sa mère au téléphone ! Alors qui est dans la cuisine ? C’est bien trop effrayant ~ ! » s’écria Stella.

D’un côté, Stella était attachée de façon tremblante au bras d’Ikki, les larmes aux yeux. Touka était assise à proximité avec un visage tout aussi pâle.

« C’est bon, Stella-san. Il y a aussi la possibilité que celle au téléphone ne soit pas réelle…, » déclara Touka.

Touka avait suggéré cette interprétation positive avec des lèvres tremblantes, mais…

« Personne ne sait ce qui lui est arrivé ce jour-là. On ne l’a jamais revu, semble-t-il, » déclara Utakata.

Les deux filles tremblèrent face à la voix étrange d’Utakata et elles crièrent de désespoir. En les regardant, Ikki avait fait un rire ironique.

Si le garçon A n’avait jamais été revu, le vice-président ne connaîtrait pas cette histoire pour pouvoir la raconter…, pensa Ikki.

Mais il semblait que Stella et Touka étaient beaucoup trop secouées pour remarquer quelque chose d’aussi simple.

Pourquoi étaient-ils ici dans la sombre salle du Conseil des étudiants ? Il y a quelques jours, la fin des sections pour le Festival des Sept Étoiles de l’Art de l’Épée pour l’Académie Hagun avait pris fin avec le match entre Touka et Ikki. La cérémonie de clôture et le transfert du drapeau de l’école entre les capitaines d’équipe avaient eu lieu, et le trimestre scolaire était presque terminé. Les affaires du Conseil des étudiants concernant les batailles de sélection des représentants, y compris l’affaire pendant le camp de formation d’Okutama, avaient été réglées pour le moment, alors Utakata avait créé un plan pour reconnaître les services de chacun. Réunis dans la salle du Conseil des étudiants, ils passaient l’été chaud sous l’air conditionné avec de la nourriture, s’offrant mutuellement des histoires de fantômes glaciales. Et il avait aussi invité Ikki et Stella, qui avaient aidé le Conseil des étudiants à Okutama.

En tout cas…, pensa Ikki.

Ikki ne savait pas que Stella avait si peur des histoires de fantômes.

« Je ne m’attendais pas à ce que tu sois peureuse face à quelque chose comme ça, Stella. À l’époque, tu étais tellement excitée par le géant d’Okutama, alors je pensais que tu serais vraiment aussi solide face à ce genre de choses, » déclara Ikki.

Comparée à la volonté inébranlable habituelle de Stella, elle agissait maintenant d’une manière très féminine, et cela le faisait sourire.

« Parce que… tu peux battre un géant, mais pas un fantôme… non !? » demanda Stella.

« … Oh. C’est vrai. Maintenant, j’ai compris, » répondit Ikki.

Il adorait aussi la Stella têtue, donc ce n’était pas un problème.

« OK, maintenant c’est au tour de Kanata, » déclara Utakata.

Utakata, qui en avait fini avec son histoire, avait glissé le petit plat contenant la bougie devant lui vers la trésorière du Conseil des étudiants Kanata Toutokubara pour raconter la prochaine histoire.

« Fais-nous frissonner, Kanata-senpai ! » déclara Renren.

« Oui, s’il vous plaît, laissez-moi faire, » répondit Kanata.

Renren Tomaru, responsable des affaires générales du Conseil des étudiants, avait fait un signe de tête à Kanata, qui s’était mis en place. Face à ce mouvement, Touka et Stella déglutirent et bloquèrent leur respiration. Mais après qu’elles eurent crié misérablement toutes les deux, elles étaient plus attentives que n’importe qui d’autre. Si elles renforçaient leur courage, elles ne paniqueraient pas. Peut-être que la partie du cerveau qui se délectait de ce stimulus commun était affamée. Kanata avait souri face à leur regard sérieux et à toute leur attention.

« … J’ai déjà dit que je ne connaissais pas très bien les histoires de fantômes, alors j’ai préparé quelque chose comme ça, » déclara Kanata.

Kanata glissa discrètement une simple tablette PC devant les restes de la pizza livrée qu’ils avaient mangée et, d’un doigt fin, elle tapa sur une icône sur l’écran à cristaux liquides pour lancer une vidéo. Ce qui était apparu sur l’écran était… une pièce qui semblait être une chambre de malade éclairée par une veilleuse. À côté d’un lit situé dans un coin de la chambre derrière un rideau d’hôpital, il y avait un modèle anatomique humain. Ikki avait reconnu la disposition de la pièce.

« C’est l’infirmerie, n’est-ce pas ? » demanda Ikki.

« Kana-chan, c’est quoi ces images ? » demanda Renren.

« C’est un enregistrement de la caméra de surveillance de l’infirmerie, que Madame la Directrice m’a donnée il y a quelques jours. Eh bien, vous pourrez le voir en détail, alors je m’abstiendrai de parler, » déclara Kanata.

Kanata tourna son regard vers la table, mais seule l’image immuable d’une infirmerie déserte était visible. Qu’est-ce qui allait se passer ?

« Peut-être que le modèle anatomique commence à bouger tout seul ? » demanda Stella.

« Encore une fois, tu penses trop aux clichés, Stella, » déclara Renren.

« Peut-être qu’on verra des étudiants faire de l’autoapprentissage d’éducation physique ! » déclara Utakata.

Les paroles d’Utakata avaient été reprises par Ikazuchi Saijou, secrétaire du Conseil des étudiants, et par Touka.

« Vice-président, ce ne serait pas une histoire de fantômes, mais une histoire sale, » déclara Saijou.

« Et ce serait une chose horrible à apporter dans la salle du Conseil des étudiants, » déclara Touka.

Voyant cela se produire, Kanata avait souri avec sa dignité habituelle.

« Madame la Présidente, je t’en prie, mets-toi à l’aise. Ce n’est pas ce genre d’enregistrement. Ahh, et maintenant ça commence, » elle murmura ceci pendant que son regard se déplaça sur la table, et comme elle le disait...

« Hein !? »

Dans l’image fixe de l’infirmerie au fond de la nuit, quelque chose avait bougé. Un cliquetis… et puis le bureau, le lit, la chaise, l’armoire à pharmacie… tout avait commencé à trembler légèrement, puis à bouger. Les pieds du bureau commencèrent à s’élever comme si elles dansaient. Le lit avait repoussé son oreiller et ses draps. La chaise avait commencé à faire le tour de la salle de l’infirmerie sur ses roulettes. Les fenêtres vitrées de l’armoire à pharmacie s’ouvrirent et se fermèrent, jetant leur contenu comme une bouche qui gloussait.

« Qu’est-ce que c’est… !!? Tremblement de terre !? » demanda Stella.

« Non, si c’était vrai, la caméra bougerait aussi, » déclara Ikki.

Comme Ikki l’avait dit, l’infirmerie était secouée comme si elle avait été secouée par un énorme tremblement de terre, mais la vue ne l’était pas. Cela signifie que la caméra de surveillance et le bâtiment dans lequel elle avait été installée ne bougeaient pas.

« Alors qu’est-ce que c’est… ? » demanda Stella.

Alors que le visage de Stella devenait pâle, les images montraient à nouveau quelque chose d’étonnant. Les objets de l’infirmerie qui étaient déjà violemment en mouvement avaient commencé à flotter dans les airs. Ils volaient librement dans la pièce, les chaises claquant les lampes fluorescentes et le lit s’écrasant bruyamment sur les fenêtres.

« Qu… ! »

C’était clairement surnaturel. Même Ikki avait dégluti, à court de mots. Et l’instant d’après, l’image était abruptement recouverte de noirceur. La caméra s’était-elle cassée ? Pendant une seconde, ils l’avaient cru, mais ils s’étaient tout de suite rendu compte que ce n’était pas le cas, car le bruit était toujours là et l’obscurité dans l’image… commençait à trembler.

Oui, ce qu’Ikki et les autres avaient vu, ce n’était pas la pièce, mais un énorme et bizarre globe oculaire à pupille noire qui les regardait avec reproche.

« NGHAAA !! »

Les cris harmonisés de Touka et Stella avaient noyé le son de la vidéo.

« Puis la caméra de surveillance s’est cassée, et la vidéo a été coupée, » déclara Kanata.

« K-K-K-Kana-chana-chan !? Qu-Qu’est-ce qui était… ! » demanda Touka.

Face à la question raide de Touka, Kanata secoua la tête. « Je ne sais pas. »

« Hein ? » s’exclama Touka.

« Ceci a été pris il y a dix jours. Chaque jour depuis, des bureaux volent et des fenêtres se brisent sur le campus, et des choses comme ce qu’il y a sur ces images se sont produites au beau milieu de la nuit. J’ai entendu dire que les enseignants patrouillent, mais malgré leurs recherches, nous n’en connaissons toujours pas la cause, » répondit Kanata.

Ayant été informés par Kanata qu’il s’agissait d’une véritable scène de crime et réalisant que ce qu’ils venaient de voir pourrait se reproduire à seulement un mur de distance, tout le monde avait vu son visage se durcir encore plus. Ce n’était plus seulement une histoire de fantômes.

« Je soupçonne que cette activité de poltergeist soit causée par un étudiant avec des capacités psychocinétiques, mais… puisque vous avez dit que les professeurs étaient sur l’affaire, ils ont déjà dû suivre cette ligne de recherche, non ? » demanda Ikki.

Kanata acquiesça doucement à la question d’Ikki.

« Oui. Mais il semble qu’aucun des étudiants ayant des capacités de Blazer de type psychokinétiques n’en soit responsable, » répondit Kanata.

Face aux mots de Kanata, Stella s’écria. « Alors c’est vraiment l’œuvre d’un fantôme ? »

La réponse de Kanata suggérait une possibilité encore pire qu’un fantôme.

« Ça, ou peut-être le travail d’un intrus à l’insu de l’académie, » répondit Kanata.

« Mais Kanata, pourquoi avez-vous apporté ça ? » demanda Stella.

« La vérité, c’est que lorsque j’ai parlé à Madame la Directrice de notre réunion d’histoires de fantômes dans la salle du Conseil des étudiants aujourd’hui, et elle m’a dit : “Au lieu d’une histoire, quelque chose de réel ne serait-il pas plus intéressant ? Puisque nous avons ces images, allez les montrer à tout le monde et dites-leur de chercher le coupable.” et elle m’a donnée l’enregistrement. Comme c’est gentil de sa part, n’est-ce pas ? » répondit Kanata.

Kanata avait souri, remerciant probablement la directrice de tout cœur d’avoir fourni quelque chose à partager lors de cette rencontre. Mais tous les autres membres du Conseil des étudiants avaient fait des expressions aigres.

« Hmm… elle nous voit vraiment comme un moyen de s’occuper des petits boulots, » Touka

« C’est très sale de sa part, une femme d’âge mûr, » répliqua Renren.

« Les femmes d’âge moyen sont sales. C’est écrit dans le conte de Genji…, » déclara Misogi.

« Renren-san, vice-président Misogi… Je crois qu’il y a aussi des caméras de surveillance dans la salle du Conseil des étudiants, » annonça Ikki.

Face à la mention d’Ikki, les expressions des deux étudiants s’étaient figées, mais il était déjà trop tard. Au-delà, Kanata avait regardé tous ceux qui se trouvaient dans la chambre noire.

« C’est vrai que ce sont de petits boulots, mais chercher un poltergeist dans l’école la nuit semble amusant. C’est comme une épreuve de courage, non ? Et si on le faisait tous ensemble ? » demanda Kanata.

« … C’est vrai. Je vais me joindre à vous, » répondit Ikki.

C’était Ikki qui avait été le premier à accepter la proposition. Il était reconnaissant que Kanata ait parlé de cette affaire dans le but d’intéresser tout le monde, et en outre, il était pertinent pour lui en tant qu’étudiant de l’académie. Il ne voulait pas ignorer une responsabilité et laisser le Conseil des étudiants s’en charger. Mais… Ikki regarda Stella assise à côté de lui.

« Stella, si tu as si peur que ça, je suppose que tu ne participeras pas ? » demanda Ikki.

Choisir de s’y joindre pourrait rendre difficile le refus de Stella, de sorte que, par considération, il n’avait pas négligé cette déclaration. Stella profita rapidement du geste salvateur d’Ikki, répondant par un visage soulagé.

« C’est… C’est vrai. Je pense que je vais rester ici avec Touka-san et attendre les autres, » répondit Stella.

Mais… bien qu’elle ait eu peur comme Stella, Touka n’avait pas choisi de rester.

« N-Non, je me joindrai aussi. C’est un problème que nous, les étudiants, ne devons pas ignorer. Je suis la présidente du Conseil des étudiants, donc si Kurogane-kun y va, je ne peux pas ne pas y aller ! » Bien qu’elle tremblait beaucoup, Touka parlait avec les lèvres serrées. Elle semblait repousser sa peur avec son sens aigu du devoir. Et après que Touka ait parlé…

« Je viendrai, bien sûr. Sans doute qu’il se cache et se déplace entre les salles de sécurité. Mon sixième sens me le dit, » déclara Utakata.

« Quelle surprise, Vice Prez ! Je me méfie aussi des salles de sécurité, » déclara Renren.

Saijou s’est exprimé lors des annonces d’Utakata et de Renren. « Je crois que vous ne ferez que vous cacher. »

« Tais-toi, tais-toi. Et qu’est-ce que tu vas faire ? » s’écria Renren.

« Un membre du Conseil des étudiants n’a pas d’autre choix que de participer, » déclara Saijou.

Tous les membres du Conseil des étudiants s’étaient donc déclarés prêts à participer au plan de Kanata. En conséquence…

« Stella-san est la seule à rester, non ? » demanda Kanata.

« Quoi ? » s’exclama Stella.

D’une façon ou d’une autre, Stella s’était retrouvée seule.

« Dans l’école où un fantôme peut errer, Stella-san restera et gardera la salle du Conseil des étudiants toute seule, non ? » demanda Kanata. « Dans la salle noire du Conseil des étudiants avec personne d’autre dans les parages. C’est bien comme le premier sacrifice dans un film d’horreur, seule — . »

« Après tout, je crois que je vais y aller ! Ce n’est pas quelque chose qu’un étudiant de Hagun peut ignorer ! » déclara Stella.

Sur le ton délibérément agité de Kanata, Stella, la mâchoire serrée et le visage raide, passa finalement à l’adhésion.

Ikki avait parlé avec inquiétude. « Tu n’as pas besoin de te forcer. Si tu veux, je reste ici avec toi. »

Mais Stella secoua vigoureusement la tête devant la proposition d’Ikki. « Je vais bien ! Les fantômes n’existent pas ! Ce n’est pas scientifique… ! C’est plus probablement une farce de quelqu’un ! je trouverai qui c’est et je leur dirai ce que j’en pense ! »

Kanata avait laissé échapper un sourire satisfait et légèrement méchant à Stella pour avoir mis un visage courageux et enragé.

« Hehe, c’est bien la princesse cramoisie, » déclara Kanata.

C’est ainsi qu’Ikki et les autres étaient partis à la recherche du poltergeist, dans une épreuve du courage en explorant le bâtiment sombre de l’académie.

***

Partie 3

Bien qu’ils allaient fouiller l’école la nuit, l’Académie Hagun était grande, et voyager en groupe prendrait un peu trop de temps. Et plus que tout…

« Avoir un énorme groupe est un frein à l’épreuve du courage, non ? » demanda Utakata.

C’était le point de vue d’Utakata, alors ils s’étaient divisés en trois groupes au hasard et étaient partis séparément. Il était dix heures du soir, après l’heure à laquelle les élèves ou les enseignants étaient présents dans le bâtiment principal de l’école. À la suite du tirage au sort, Ikki avait été jumelé à quelqu’un d’inattendu, et tout ce qui était audible dans le calme aussi profond que l’océan profond était leurs talons qui touchaient le sol.

Ikki tourna le regard, comme s’il était attiré par le son. Celle qui marchait à côté de lui était une grande dame portant une robe blanche et un chapeau à large bord, Kanata Toutokubara. Rien n’avait été dit entre eux lorsqu’ils se promenaient dans l’école le soir. Ou plutôt…

Je n’ai rien à dire, pensa Ikki.

Avec Utakata ou Saijou, ils auraient assez en commun pour trouver un sujet. Renren et Touka étaient des adversaires qu’il avait affrontés directement, donc il serait relativement facile de leur parler. Stella, certainement, ne manquerait pas de conversation, et même s’ils ne parlaient pas, le simple fait d’être ensemble rendrait le moment agréable.

Mais Kanata était la seule membre du Conseil des étudiants avec lequel il ne partageait aucun point commun. Pour Ikki, qui ne pouvait pas être décrit comme un individu qui parlait naturellement avec les autres avec facilité, c’était un partenaire de grande difficulté. L’atmosphère autour d’elle était un autre obstacle. Elle donnait l’impression d’être une dame bien élevée, quelqu’un d’un tout autre niveau. Aussi impoli que cela puisse paraître, s’il comparait Kanata à Stella la princesse, Kanata était celle qui semblait la plus noble.

En vérité, la famille Toutokubara était une famille riche qui, par l’intermédiaire de la Fondation Toutokubara, avait contribué à toutes sortes de philanthropie dans le monde entier et avait représenté le Japon au niveau international. Kanata était la fille de cette famille. Ikki venait d’une famille tout aussi célèbre, mais il n’avait pas été élevé d’une manière appropriée à la haute société, il n’y avait donc aucun moyen pour lui d’avoir le même genre d’atmosphère et de compétences sociales.

Mais… quand même…

Il s’intéressait à Kanata Toutokubara en tant que chevalière. Elle était la fille de l’une des familles les plus importantes et les plus riches du Japon, et la deuxième place dans le classement interne de la l’Académie Hagun. Comme Raikiri, Kanata faisait partie d’une classe rare d’étudiants chevaliers qui avaient une véritable expérience du combat en participant à de nombreuses missions spéciales. Ikki se souvenait du jour où ils avaient échangé leurs premiers mots, et la présence féroce qui donnaient l’impression que ses vêtements blancs étaient trempés de sang. Et maintenant, elle était comme lui, un représentant au Festival des Sept Étoiles de l’Art de l’Épée. Il était tout à fait possible qu’ils s’affrontent devant tout le pays.

Il était donc intéressé. Quel genre de personne était-elle ? Qu’est-ce qui l’avait motivée et avec quelle force ? En tant que chevalier qui appréciait la compréhension de son adversaire, Ikki avait un intérêt clinique profond sur ce genre de chose. S’il laissait cette chance s’échapper, il n’aurait peut-être pas d’autre chance d’être aussi près de Kanata.

Ce serait du gâchis, alors Ikki avait décidé qu’il allait essayer de lui parler. Mais…

« Maintenant que j’y pense, c’est la première fois qu’on est seuls, non ? » au moment où il allait parler, Kanata avait été la première à parler, saisissant la conversation au moment même où Ikki s’apprêtait à intervenir. Peut-être qu’elle pensait que l’ambiance était mauvaise.

« … Désolé, je ne suis pas très bavard, » répondit Ikki.

« Ça ne me dérange pas. Une conversation amicale serait étrange dans un test de courage, » répondit Kanata.

Kanata, qui ne semblait pas particulièrement troublé, avait fait un sourire d’une élégance caractéristique. Mais cela n’était apparu qu’un instant. Elle était immédiatement revenue à une expression sérieuse et avait baissé la voix.

« En vérité, je voulais vous parler depuis un bon moment. Peut-être que cela nuirait au plaisir de cet événement, mais puis-je vous demander quelque chose ? » demanda Kanata.

Elle avait dit quelque chose à laquelle il ne s’attendait pas.

Toutokubara-san voulait me parler ? Se demanda Ikki.

À propos de quoi ? Peut-être qu’elle s’intéressait à lui en tant que chevalière, de la même façon qu’il s’intéressait à elle. Il n’y avait pas grand-chose d’autre qu’ils partageaient sur un sujet. Eh bien, Ikki était tout à fait prêt à répondre à ça. Il n’avait aucune raison de la nier ou de la maintenir en suspens.

« Oui. Si je peux répondre à quelque chose, je ferai de mon mieux, alors, demandez, » répondit Ikki.

« Merci beaucoup. Alors je ne me retiendrai pas…, » déclara Kanata.

À la suite de l’acceptation d’Ikki, Kanata lui avait dit ce qu’elle avait toujours voulu lui demander.

« Kurogane-kun… Est-ce qu’un baiser fait du bien ? » demanda Kanata.

« … Hein ? » s’exclama Ikki.

***

Partie 4

Les pensées d’Ikki s’arrêtèrent face à la question inattendue.

« Euh… est-ce ce que vous vouliez me demander ? » demanda Ikki.

« Oui, » répondit Kanata.

Kanata hocha la tête avec enthousiasme face à la réponse d’Ikki. Et comme l’embarras ombrageait ses joues, elle tapait de l’index devant sa poitrine.

« C’est embarrassant que je n’aie aucune expérience de ces relations, mais… les baisers sont… intéressants. Puisque vous et Stella-san êtes un couple, je me demandais si… je le comprendrais après vous l’avoir demandé…, » déclara Kanata.

Elle avait regardé Ikki de dessous le bord de son chapeau. L’espoir brillait dans ce regard.

« Je… Je vois…, » répondit Ikki.

Elle avait l’air très sérieuse. Qui aurait pu penser qu’une personne aussi adulte que Kanata puisse poser cette question tout en se comportant de façon aussi enfantine ? Ikki avait frémi devant son manque de préparation, mais la relation romantique entre lui et Stella était déjà bien connue. Il n’y avait rien à cacher, alors Ikki avait répondu honnêtement à Kanata.

« Hmm… ça fait du bien, oui. Mais comment le dire… ? Je pense que c’est le cas si vous le faites correctement, » répondit Ikki.

« Ça peut être mal fait ? » demanda Kanata.

« Quand on n’y était pas habitués, on s’est cogné les dents, et des trucs comme ça, » répondit Ikki.

« Oh mon Dieu ! » s’exclama Kanata.

C’était des paroles emplies d’expérience. Kanata imaginait peut-être une scène éhontée. Elle gloussait d’une façon étrange.

« Mais si c’est bien fait, les baisers font-ils du bien ? » demanda Kanata.

« C’est exact. Et surtout, c’est une expression importante de l’amour… donc c’est aussi excitant d’une certaine façon, » répondit Ikki.

« En parlant d’exprimer son amour, est-ce différent de se tenir la main ou de tenir l’autre dans ses bras ? » demanda Kanata.

« Ce sont des façons de faire, mais j’ai l’impression que s’embrasser est toujours d’un rang plus élevé, » répondit Ikki.

« En d’autres termes, le baiser est spécial, » déclara Kanata.

« Pour le dire ainsi, c’est clair, mais c’est mon impression. Comparé à se tenir la main ou à se serrer dans les bras, on devient encore plus heureux. Pris dans leur ensemble, les baisers ont un autre type d’attrait et d’agrément. C’est ainsi que je vois les choses, » déclara Ikki.

Le fait de parler si sérieusement des baisers était un peu embarrassant, mais Ikki avait quand même répondu à Kanata malgré le rougissement sur son visage.

« Je vois, je vois…, » déclara Kanata.

Cependant…

« Au fait, quand vous et Stella-san vous vous embrassez, à quel point êtes-vous heureux ? Je veux des détails, » déclara Kanata.

« D-Détails !? » s’écria Ikki.

Kanata avait attaqué selon un angle incroyable, et elle l’avait fait avec une expression vierge qui brillait d’espoir et de curiosité.

« Dois-je… répondre à ça ? » demanda Ikki.

« Si vous le pouvez, faites-le, s’il vous plaît, » répondit Kanata.

« A… Argh, » avait gémi Ikki.

Après avoir dit qu’il ferait de son mieux pour répondre, l’Ikki sincère ne pouvait pas revenir sur sa parole. Il avait pensé aux souvenirs de ses baisers avec Stella, et il avait élaboré ses prochains mots.

« En touchant les lèvres, on peut sentir la chaleur de l’autre, et… cette sensation… fait du bien, et j’aime ça. Et aussi, Stella me supplie de l’embrasser en agissant comme un chiot larmoyant, ce qui est vraiment mignon… et avoir quelqu’un qui le veut comme ça… me rend heureux, je dirais… que c’est magnifique…, » répondit-il.

Qu’est-ce que je raconte en ce moment ? Se demanda Ikki.

Le visage d’Ikki bouillait, et il perdait progressivement le contrôle sur les sujets qui sortaient de sa bouche, mais son visage n’était pas le seul rouge. Kanata avait ses propres joues rougissantes et ses yeux larmoyants en écoutant.

« Il semble que le simple fait de l’entendre m’a embarrassée, » déclara Kanata.

« Alors s’il vous plaît, ne me forcez pas à en dire plus, » déclara Ikki.

Il n’avait pas pu retenir la plainte. Voyant Ikki de cette façon, Kanata avait souri, mais elle marmonna immédiatement les yeux fermés comme si elle rêvait.

« Grâce à vous, je comprends maintenant que la merveille du baiser est exactement comme je l’imaginais.... Comme c’est gentil. J’aimerais aussi avoir un tel baiser un jour. Un baiser aussi heureux que ce que vous partagez avec Stella-san, » déclara Kanata.

« Nnn... Bref, c’est la meilleure réponse que je puisse donner. Retournons à la recherche du fantôme. Si nous restons ici, ça ne sera jamais fait… ! » répondit Ikki.

Les questions avaient enflammé les deux visages, alors Ikki avait échappé à la situation en faisant des pas rapides.

Et alors qu’il le faisait…

« O-Ohhh ~ ? Stella-san, même si je vous ai dit de rester à côté de moi, pourquoi reculez-vous si nonchalamment ~ ? »

« Quoi ~ ? Mais ne devrions-nous pas suivre selon l’ancienneté ? Puisque vous êtes plus âgée, Touka-san, j’ai pensé que ce serait plus respectueux de marcher un pas en arrière… ! » déclara Stella.

Il avait vu la paire Stella-Touka prendre le virage devant lui.

***

Partie 5

« Non, non, ne soyez pas si humble. C’est ici qu’un Rang A comme vous devrait défiler en tête, » répondit Touka. « Habituellement, ce genre de phénomène mystérieux serait le travail d’organisations comme Plasma ou Gorgom. Et avec mon contrôle de la foudre, je suis meilleure en tant que garde contre les attaques-surprises par-derrière. Je vous laisse l’avant, puisque votre puissance d’attaque dépasse la mienne. Tout se passera bien. J’ai déjà vérifié qu’il n’y a pas d’humains en utilisant mes ondes électromagnétiques comme radar ! »

« Si vous avez déjà vérifié, il n’y a pas besoin d’y aller, n’est-ce pas !? » demanda Stella.

« Ce n’est pas vrai. Nous devons voir si, par hasard, c’est vraiment un vrai fantôme…, » répondit Touka.

« De ce point de vue, dire que tout ira bien, c’est complètement faux ! Et vous nous protégez, mais vous vous servez de moi comme bouclier ! » s’écria Stella.

« Et s’il y a un fantôme, vous me laisseriez partir toute seule ! » répondit Touka.

« J-Je ne serais jamais quelque chose comme ça ~ ? » s’écria Stella.

« Un mensonge ! En ce moment, tout votre corps est raide et tremblant. Ma Vision Inversée ne laissera pas passer de telles faussetés ! » déclara Touka.

« Grr… quelle capacité problématique… ! » s’exclama Stella.

Les deux jeunes femmes faisaient les cent pas bruyamment devant les toilettes. Il semblait que quelqu’un devait vérifier à l’intérieur, mais elles se disputaient pour savoir qui devait y aller en premier.

Elles ne sont vraiment pas résistantes avec les choses effrayantes…, pensa Ikki.

Regarder cela était plutôt intéressant, mais ne pas calmer leur anxiété était un peu mesquin. C’est ce qu’il pensait, Ikki voulait appeler, mais…

« H — mrgh ! »

Soudain, Kanata lui couvrit la bouche par-derrière. En regardant vers elle, il vit un visage plutôt en colère, lui demandant de se taire. « Chut ! »

« Pwah... Qu’y a-t-il, Toutokubara-san ? » demanda Ikki.

« Ce n’est pas bon, Kurogane-san. Vous ne pouvez pas parler sur un ton aussi ordinaire, » répondit Kanata.

Kanata avait parlé avec ironie à un volume que les deux autres filles n’auraient pas pu entendre.

« Pourquoi ? » demanda Ikki.

« Parce que nous sommes au cours d’un test de courage, n’est-ce pas ? N’est-ce pas ennuyeux de parler normalement ? Nous devons les effrayer. Non, c’est mon devoir en tant qu’hôte de cet événement de faire plus que simplement sursauter, » répondit Kanata.

« Euh… mais elles ont vraiment peur. Ce serait mal d’aller plus loin, » répondit Ikki.

« Ce n’est pas vrai. Si Stella-san et Touka-chan n’aimaient pas les monstres et les histoires de fantômes, elles n’auraient pas rejoint le groupe, puisque nous leur avons dit qu’il s’agissait de se faire peur, » déclara Kanata.

« Eh bien, c’est vrai…, » répondit Ikki.

« Même quand les filles disent “J’ai peur, j’ai peur, j’ai peur !”, elles vont quand même dans des maisons hantées et regardent des films d’horreur en criant “AAhh” pendant ces moments-là. En d’autres termes, ces deux-là sont actuellement en train de vivre l’émotion de cette épreuve de courage. Il ne faut pas l’étouffer, » déclara Kanata.

« Alors c’est comme ça…, » déclara Ikki.

L’explication de Kanata était certainement convaincante, et il était raisonnable que des histoires effrayantes fassent peur à un auditeur. Comme elle l’avait dit, le fait de les appeler par gentillesse pourrait réduire leur plaisir, ce qui n’était peut-être pas souhaitable. Ikki avait critiqué sa propre façon de penser et s’était abstenu de se joindre aux deux filles.

« Mais comment leur faire peur ? Faisons-nous un bruit énorme par-derrière ? » demanda Ikki.

Lorsqu’on lui avait demandé, Kanata avait fait un sourire malicieux. « Hehe… eh bien, s’il vous plaît, laissez-moi m’en occuper, moi, l’hôte. »

***

Partie 6

« Vous n’abandonnerez pas, n’est-ce pas, Stella-san ? Kuh, » déclara Touka.

« Bien sûr que non. En allant en premier… ne vous moque pas de moi. Guh…, » s’écria Stella.

Les deux filles se disputaient depuis environ trois minutes, mais toutes les querelles n’avaient abouti à rien. Le fait de tourner en rond pendant si longtemps n’avait fait qu’aggraver l’ambiance. Aucune des deux n’avait assez d’énergie pour poursuivre cet argument improductif, alors Touka, plus âgée, avait fait une suggestion.

« B-Bien. Alors que pensez-vous de ça ? On criera toutes les deux : “Il y a quelqu’un ?” dans les toilettes. S’il n’y a pas de réponse, ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas de fantôme, non ? » demanda Touka.

« Bien joué ! Allons-y avec ça ! » déclara Stella.

Cela n’avait aucun sens, mais les deux filles étaient si fuyardes qu’elles perdirent complètement la raison. Les deux filles s’étaient tournées vers les toilettes noires et avaient rassemblé leurs voix pour demander…

« Est-ce que le fantôme est là ~ ? » demandèrent les deux femmes.

… Eh bien, les fantômes n’existaient pas, et comme Touka avait déjà utilisé ses ondes électromagnétiques pour vérifier qu’il n’y avait personne à l’intérieur, bien sûr, aucune réponse ne revenait. Alors…

« Il n’y a personne… »

Une réponse était quand même revenue.

En un instant, les yeux s’étaient écarquillés et la sueur avait perlé sur le front des deux filles.

« Il a dit non, n’est-ce pas ? » demanda Touka.

« C’est… C’est vrai. Ah… bien. Je me demandais ce qu’on ferait s’il y en avait un, » répondit Stella.

« Ouais. J’aime les histoires de fantômes, mais le voir en vrai, c’est que… ce n’est pas une blague, hein… ? » demanda Touka.

« C-C’est vraiment quelque chose. Hahahaha..., » répondit Stella.

Tremble, tremble, tremble, tremble, tremble. Leurs genoux s’étaient cognés, et leurs visages s’étaient vidés de leur couleur. Quelque chose de vraiment étrange venait manifestement de se produire. Cela rendait difficile de ne pas tenir compte de l’événement anormal tout comme elles l’avaient fait jusqu’à présent.

« Au fait… même s’il n’y a rien à l’intérieur, nous venons d’entendre une réponse…, » déclara Stella.

« Nous l’avons fait… n’est-ce pas. Juste derrière nous, » déclara Touka.

« Je… Je me demande à qui était cette voix…, » demanda Stella.

« Il faut que ce soient nos propres voix qui nous fassent écho, étouffées et déformées, en disant quelque chose ou autre ! » déclara Touka.

« Oui, je vois, c’est quelque chose comme ça ! » déclara Stella.

« C’est vrai ! Comparé à une explication non scientifique comme les fantômes, c’est beaucoup plus réaliste ! Alors… à trois, on se retourne et on regarde ! » déclara Touka.

« … C-C’est d’accord ! Alors je vais compter… Un seul. Deux. Trois ! » déclara Stella.

Les deux filles s’étaient retournées pour regarder par-dessus leurs épaules sur ce signal et voir — .

— un couloir vide, bordé de fenêtres qui, ici, au troisième étage de l’école, ne montraient que l’obscurité extérieure était visible.

« Ce n’est donc qu’un écho…, » déclara Stella.

Il n’y avait rien, fantôme ou autre. Bien sûr qu’il n’y avait rien.

« Je vous ai trouvé… »

… À l’exception d’une femme vêtue de blanc et aux cheveux noirs qui se reflétaient dans la fenêtre voisine, debout derrière les deux filles.

« GYAAAAAAAHHHH !! » Stella et Touka avaient crié comme des poulets qu’on attrait par le cou, et s’étaient enfuies du bâtiment de l’école à la vitesse d’un tourbillon.

« H-Hehehe... ahahaha ! » Et dans le couloir vidé, le fantôme voûta le dos et éclata de rire. « Quel son incroyable ! “Gyah”, même si ce sont des filles ! Hahahaha ! »

Le fantôme aux cheveux noirs riait bruyamment et s’agrippait à ses propres cheveux, les toucha pour révéler une blondeur qui scintillait dans la faible lumière. C’était seulement Kanata qui portait une perruque. Pendant que les deux filles regardaient en bas du couloir, elle avait enfilé la perruque et utilisé sa capacité Poussière de Diamant pour contrôler de minuscules fragments invisibles de sa lame, les dispersants dans l’air. Grâce aux reflets diffus de ces fragments, elle avait fait apparaître son image dans l’espace derrière les deux filles.

« … Serait-ce la raison pour laquelle vous avez préparé la perruque ? » demanda Ikki.

« Mais bien sûr. Il a fallu tant de travail pour que cette épreuve de courage ait lieu, alors en tant qu’hôtesse, je voulais qu’elles passent un moment intéressant. En plus… c’était amusant pour moi aussi. Héhé… haha ! » répondit Kanata.

Ces mots avaient permis à Ikki de comprendre pourquoi Kanata avait poussé Stella à les rejoindre dans la salle du Conseil des étudiants. Elle avait prévu d’effrayer Touka et Stella, facilement effrayées, au point de faire des préparatifs spécifiques.

Wôw, quel passe-temps terrible ! pensa Ikki.

C’était rafraîchissant de voir à quel point elle était méticuleuse. De plus, Ikki n’avait aucune idée du côté farceur de Kanata, tout comme il ne s’attendait pas à ce qu’elle pose des questions sur les baisers. La différence par rapport à son image d’adulte habituelle lui avait rappelé que les gens ne pouvaient pas être compris sans une interaction approfondie.

« Ah… j’ai mal au ventre… Kurogane-san, qu’y a-t-il ? Y a-t-il quelque chose sur mon visage ? » demanda Kanata.

« N-Non. Ce n’est pas ça…, » répondit Ikki.

« Pensiez-vous que je serais plus adulte ? » demanda Kanata.

« Hein ? » s’exclama Ikki.

Ikki tremblait de voir ses pensées intérieures si précisément repérées, et Kanata n’avait pas manqué cette réaction. Son expression était devenue exaltée.

« Hehe. Dans le mile, c’est ça ? » demanda Kanata.

« Est-ce si évident que ça ? » demanda Ikki.

« Non, j’ai souvent ce malentendu. Chez moi, on m’a appris à ne rien laisser paraître, et en grandissant, on m’a appelée la Scharlach Frau. Mais en réalité, je ne suis pas du tout comme une dame, vous savez ? J’adore faire des farces. Dans le passé, j’ai toujours suivi les tours de l’Utakata-kun, » répondit Kanata.

« Des tours ? » demanda Ikki.

« Par exemple, en échangeant le thé Oolong dans le réfrigérateur contre de la sauce aux nouilles, » répondit Kanata.

« Comme c’est simple ! Simple, mais diabolique ! » répondit Ikki.

« Et comme avec Utakata-kun, Touka-chan me donnait souvent la fessée. Sa paume fait très mal ~ ! » déclara Kanata.

En riant, Kanata parlait joyeusement des temps anciens, laissant Ikki apprendre quelque chose de nouveau sur elle. Son image de Kanata avait déjà été ébranlée, mais malgré son air élégant dans sa vie habituelle, sa disposition intérieure était apparemment celle d’une farceuse. Il était surpris, mais cette surprise était peut-être la preuve qu’elle avait toujours été comme ça.

« Comme c’est inattendu ! Au moins, c’est très facile de voir le vice-président Misogi dans une telle scène, » déclara Ikki.

« Hehe… êtes-vous déçu de me voir comme une femme si enfantine ? » demanda Kanata.

« Non. Je pense juste qu’il est un peu plus facile de parler avec vous après avoir su ça, » déclara Ikki.

Avec cette réponse honnête, les lèvres de Kanata s’étaient détendues avec bonheur.

« C’est bien. Je ne peux rester ici avec tout le monde qu’un an de plus. Dans le temps qui me reste, je veux être amie avec tout le monde et passer du bon temps à m’amuser, » déclara Kanata.

« Ahh, je vois. Vous êtes tous en troisième année, donc vous serez diplômés en fin d’année, » déclara Ikki.

« Oui, c’est vrai aussi, mais…, » déclara Kanata.

Le ton de Kanata s’était assombri.

« En fait, quand j’aurai mon diplôme, je me marierai, » annonça Kanata.

« M-Mariée... ? » demanda Ikki.

Ikki avait été choqué par cette déclaration soudaine. Et en même temps… il avait remarqué quelque chose d’étrange.

Mais n’aviez-vous pas dit que vous n’aviez eu de relation avec personne ? Se demanda Ikki.

« Oui, c’est le cas, » déclara Kanata.

« Mais, qui allez-vous épouser ? » demanda Ikki.

« Je ne sais pas, » répondit Kanata.

« H-Hein ? » Ikki n’avait été confondu qu’un instant par cette réponse.

Non, c’est tout à fait possible…, pensa Ikki.

Il s’était aussi échappé d’une famille célèbre, et il l’avait compris instantanément.

« Ce qui veut dire que c’est quelqu’un que votre famille a choisi. N’est-ce pas vrai ? » demanda Ikki.

Kanata hocha légèrement la tête.

« Les mariages entre familles aisées sont assez fréquents. Il y a souvent des fiançailles afin de créer des liens et attirer de jeunes industriels pleins d’espoir dans la classe supérieure. Mon mariage sera avec l’un d’eux… peut-être un étranger d’Asie du Sud-Est, ou un homme d’affaires français. Quoi qu’il en soit, je vais probablement émigrer dans le pays de mon mari, alors je veux m’amuser autant que possible pendant que je suis encore insouciante quelques jours avant mon diplôme au Japon, » déclara Kanata.

« Est-ce que… c’est comme ça… ? » demanda Ikki.

« Hehe, et donc je vous suis très reconnaissante, » répondit Kanata.

« Envers moi ? » demanda Ikki.

« Oui. J’ai pu avoir une conversation très intéressante aujourd’hui. Vu ma position, je ne peux pas être libre d’aimer. Mais je suis toujours une fille, donc j’ai toujours voulu savoir ce que c’est que d’être amoureux. Qu’est-ce que ça fait ? Et… grâce à vous, je sais combien c’est heureux et merveilleux maintenant, » déclara Kanata.

Ikki ne pouvait pas répondre au sourire éclatant de Kanata. En raison de son jeune âge, une question lui était venue à l’esprit. Était-elle forcée d’obéir à sa famille, sans suivre ses propres sentiments ? Et… le mariage était une partie importante de la vie. Pour que cela soit choisi par la famille…

Kanata n’était pas une amie proche. Leur relation… pourrait être décrite comme tout à fait superficielle. C’était un commentaire qu’il devrait peut-être garder pour lui. Et pourtant…

« N’êtes-vous pas… amère à ce sujet ? » demanda Ikki.

Il s’inquiétait pour cette fille, qui l’avait écouté parler de sa relation avec Stella avec des yeux brillants. Ne se sacrifiait-elle pas pour sa famille ?

« Amère… ? Eh bien, c’est…, » commença à répondre Kanata.

Crack !

Mais alors que Kanata s’apprêtait à répondre à sa question, un son aigu avait retenti, et la fenêtre de la salle de classe s’était ouverte devant eux.

***

Partie 7

Des fissures blanches apparurent soudain dans le verre, et en un clin d’œil, le verre des fenêtres du couloir d’un bout à l’autre du mur se brisa en éclats.

« Attention ! » cria Ikki.

« Ah ! » cria Kanata.

Les éclats volèrent comme des poignards. Ikki, avec ses excellents réflexes, avait immédiatement pris des mesures pour les éviter, poussant Kanata qui s’était effondrée sur le sol.

« C’était dangereux… ça va ? » demanda Ikki.

« Oui, oui. Merci, » répondit Kanata.

Grâce à la réaction rapide d’Ikki, Kanata n’avait pas été blessée.

« Mais… votre main est…, » balbutia Kanata.

Kanata tourna son visage. Il regarda la direction de son regard en ce moment. Il devint immédiatement évident que la main droite tendue d’Ikki aplatissait sa poitrine.

 

 

« Uwaaaahhhh ! » s’écria Ikki.

Dès qu’Ikki s’en rendit compte, une sensation de douceur peu commune s’installa de sa paume à son cerveau. Ikki se hâta de retirer cette main et essaya de s’expliquer.

« D-Désolé ! Ce n’était pas fait exprès ! » déclara Ikki.

« Hehe, c’est bon. Je le sais bien, » répondit Kanata.

Ikki était une personne de vertu, Kanata comprenait donc la situation sans qu’il ait besoin de s’expliquer.

« Je garderai ça secret de Stella-san, d’accord ? » déclara Kanata.

« Ça va vraiment m’aider…, » répondit Ikki.

« Mais malheureusement, on dirait que notre test de courage amusant s’arrête là, » marmonnant cela avec déception, Kanata regarda la salle dont la fenêtre s’était d’abord brisée.

Cela n’aurait pas pu se faire sans raison. Le poltergeist vu dans l’enregistrement devrait se trouver à l’intérieur.

« Nous voilà, Francesca, » déclara Kanata.

Debout, Kanata manifesta son dispositif, une rapière formée de verre transparent pâle. La tenant dans sa main droite, Kanata la souleva horizontalement et la poussa contre sa propre paume gauche, mais la lame de Francesca était plutôt fragile, et elle se brisa en poussière. Cela s’était mis à danser dans l’air de la nuit. C’était la préparation au combat de la Frau Scharlach. Elle parla à Ikki d’une voix qui n’avait rien à voir avec celle de l’écolière qu’elle avait utilisée il y a un instant, mais avec la voix digne d’un chevalier qui avait répondu à de nombreuses convocations spéciales pour chevaucher la ligne de la vie et la mort.

« Je vous aiderai. Dois-je vous laisser l’avant ? » demanda Kanata.

« … Oui ! » répondit Ikki.

La portée efficace de Kanata était de moyenne à courte portée, tandis que celle d’Ikki n’était efficace qu’à courte portée, ce qui faisait que le bon choix était pour lui d’aller de l’avant. Il ne s’était pas plaint.

« Viens ici, Intetsu ! » déclara Ikki.

Ikki avait fait irruption dans la salle de classe avec son dispositif en main. Ce qui était apparu était la même situation que celle représentée dans l’enregistrement. Chaises, bureaux, outils de nettoyage… tout à l’intérieur de la classe dansait et tournait en plein air. Et au milieu de cette agitation, une seule petite forme était debout. Avec un tissu blanc sur la tête comme un rideau, on ne pouvait pas le voir clairement, mais il y avait une fente à l’endroit où se trouvait sa tête, et une paire d’yeux flamboyants fusillait du regard Ikki.

C’était sans doute les mêmes yeux que la dernière fois qu’ils avaient pu voir dans la vidéo.

C’est vous… ! pensa Ikki.

« Ne bougez plus ! Si vous vous rendez, je ne serai pas brutal —, » commença Ikki.

Mais avant qu’Ikki n’ait pu satisfaire sa demande, le criminel s’était tourné vers Ikki, et toutes les chaises et tous les pupitres de la classe dansant en plein air lui avaient été lancés à l’unisson. Son champ de vision était couvert par un barrage de meubles volants. Aucune intention de se rendre n’avait pu être détectée.

« Dans ce cas… ! » déclara Ikki.

Ikki s’avança. Il ne s’était pas protégé contre la pluie des bureaux et des chaises. Pourquoi ? Parce que Kanata avait dit qu’elle l’aiderait. Et donc, aucune des malices dirigées contre lui ne pouvait l’atteindre.

Avant que les douzaines de bureaux et de chaises jetées par le pouvoir psychocinétique ne puissent frapper Ikki, ils étaient tous coupés en lambeaux qui se dispersèrent dans l’air. C’était la puissance de la poussière de diamant de Kanata, un Art Noble qui manipulait de nombreuses petites lames invisibles. Aujourd’hui encore, ces lames tournoyaient autour d’Ikki comme un déchiqueteur à roches, coupant tout ce qui touchait Ikki en millions de petits morceaux.

Le criminel ne pouvait pas cacher ses frissons en voyant cela. Il s’était immédiatement retourné, et avec des mouvements très agiles — il avait sauté par une autre fenêtre de la classe qui s’ouvrait sur l’extérieur de la cour de l’école. Mais c’était le troisième étage de l’école. Sauter n’était pas sûr, même pour un Blazer. En étant si pressé… était-ce un acte autodestructeur ?

Non. Le criminel sous un linge blanc était tombé en chute libre, puis avait flotté doucement vers le haut. C’était de la psychokinésie, utilisant son pouvoir de poltergeist sur lui-même.

Il veut s’échapper par les airs !? pensa Ikki.

Une telle évasion le rendrait difficile à attraper. S’il avait sauté par la fenêtre après, c’était Ikki qui s’autodétruirait. Alors il avait ralenti, sans autre option.

« Kurogane-kun ! Ne vous arrêtez pas ! Continuez à le pourchasser ! » cria Kanata.

S’il le suivait par la fenêtre comme ça, Ikki tomberait. Certes, Kanata l’avait compris, et pourtant elle lui disait de continuer, en criant avec confiance et détermination. Dans ce cas — .

Je lui ferai confiance ! pensa Ikki.

Poussé par ses paroles, Ikki cessa de ralentir, et sans hésitation, il avait suivi le criminel à travers la fenêtre, pénétrant dans l’espace dégagé. Et quand il l’avait fait, ses pieds étaient entrés en contact avec quelque chose de solide.

C’est…

Il avait alors vu sous ses pieds des prises de pieds, indistinctes, transparentes, qui se formaient sous ses pieds. Il n’y avait pas lieu de s’étonner — c’était de la poussière de diamant qui y était recueillie. En marchant sur ces prises, Ikki sauta de nouveau vers le haut, et au fur et à mesure qu’il le faisait, d’autres plates-formes apparurent, le guidant dans le ciel nocturne.

Incroyable. Un jugement si rapide après avoir vu les mouvements de l’ennemi, pensa Ikki.

C’était une clarté de jugement qui combinait une situation changeante avec son propre répertoire pour choisir la meilleure action moment par moment. Son pouvoir d’observation capable de saisir la capacité physique d’Ikki et de prédire ses pas créait des prises avec un timing et un espacement optimaux. C’était le chevalier avec le deuxième rang le plus élevé de l’Académie Hagun.

Alors qu’Ikki appréciait les capacités de Kanata, il avait emprunté son pouvoir pour pourchasser le criminel dans le ciel. Le criminel regarda Ikki et essaya d’utiliser son pouvoir pour arrêter la poursuite. Mais…

« Croyez-vous que je vais vous laisser faire ? » demanda Ikki.

Il ne s’attendait probablement pas à cette approche, et sa réaction avait été un peu trop lente. Plus vite qu’il ne pouvait déclencher une explosion psychocinétique, Ikki avait visé le criminel et avait jeté Intetsu.

La pointe de l’épée noire approcha. Naturellement, le criminel avait utilisé sa psychokinésie pour essayer de le repousser.

« Haa ! »

Cette ouverture était ce qu’Ikki voulait. De toutes ses forces, il s’avança avec assez de force pour briser l’emprise que Kanata lui avait faite, et s’avança plus vite, frappant le corps du criminel en s’y enfonçant.

« Je vous ai eu ! » cria Ikki.

Il tenait le criminel avec les deux bras, le tissu et tout le reste, s’agrippant pour qu’il ne puisse pas s’échapper. Mais maintenant, ils étaient encore plus hauts dans le ciel que le dernier étage de l’école, à une cinquantaine de mètres au-dessus du sol. Avec le criminel dans les deux bras, il ne pouvait pas tomber en toute sécurité.

Mais Ikki était confiant. Il avait une partenaire rapide et efficace. Il n’y avait aucun problème à lui laisser entièrement la responsabilité de la chute.

« Tempête de Diamant, » cria Kanata.

Kanata envoya d’innombrables particules de lames sur le sol vers lequel Ikki tombait, brassant la terre et remplissant l’air de poudre qui agissait comme un coussin, l’attrapant.

« … Comme je le pensais, » déclara Ikki.

Tout en s’émerveillant de la performance, Ikki regarda le criminel dans ses bras. Il n’y avait aucune indication de mouvement, comme si le coup lui avait pris tout son souffle.

En plus… c’était si petit. Serait-ce un jeune enfant ? Avec cette question en tête, Ikki avait retiré le tissu, et…

« Quoiiiiiii !? »

… il avait poussé un cri de surprise.

***

Partie 8

« Quoi !? Le coupable était… un singe !? » Stella avait crié de surprise en voyant le délinquant qu’Ikki avait attrapé, maintenant détenu dans une cage. En fait, c’était un singe sauvage.

« Mais un singe ou un animal peut-il utiliser les Arts Nobles ? » demanda Stella.

C’était Touka qui avait répondu. « Plus on s’éloigne de l’humain, moins il y a de chance, mais il y a des exemples. »

La magie d’un Blazer était le pouvoir d’imposer sa volonté au monde. Les humains à travers l’histoire avaient utilisé la magie pour gagner de l’influence, mais ils n’avaient pas été les seuls à laisser leur nom dans cette histoire. Parfois, des êtres uniques non humains détenant la magie étaient apparus.

« Les héros d’antan n’avaient-ils pas des chevaux de guerre qui galopaient sur les champs de bataille, et n’ont-ils pas combattu des bêtes légendaires qui détenaient un tel pouvoir ? Du moins, c’est ce que la pensée scientifique moderne conclut, apparemment, » déclara Touka.

« Euh. Je ne savais pas ça… Bref, je suppose que c’était une fausse alerte… ah ? » demanda Stella.

Stella remarqua soudain le bandage enroulé autour de la patte arrière du singe.

« A-t-il été blessé ? » demanda Stella.

« Ouais. C’était déjà comme ça quand on l’a attrapé, » répondit Ikki.

Ikki ne s’en était pas non plus aperçu au début, mais en regardant de près, il avait vu la profonde marque de morsure sur la jambe du singe.

« Il a probablement été chassé de sa troupe pour avoir utilisé son pouvoir unique. Tu peux voir que c’est un jeune. Il erre dans cet endroit tout seul… ne serait-ce pas la raison ? » répondit Ikki

« Je pense qu’il a dû essayer de se défendre, » répondit Kanata.

Comme si c’était un vilain petit canard. Un animal sauvage n’aurait pas sa place dans la société humaine, alors jusqu’à présent, il ne s’était pas montré sauf la nuit, probablement caché par peur des humains. Après avoir été attrapé et nourri, il était si calme qu’il ressemblait presque à un animal de compagnie. Peut-être que tout ce tapage n’était avant ça que de la légitime défense. En entendant les déclarations d’Ikki et de Kanata, Stella fronça les sourcils d’un air renfrogné. Elle voulait probablement se venger d’avoir eu peur. Mais…

« Si c’est le cas, alors je te pardonnerai cette fois, alors apprécie ma miséricorde, » déclara Stella.

Stella renonça à l’idée de vengeance et ne sombra pas dans des pensées obscures. Elle n’avait fait que repousser le singe dans sa cage en le pressant sur le front, et quand elle l’avait fait…

« Kii ! » Son doigt tendu avait été attrapé et tenu par la petite main du singe.

« Si mignon…, » déclara Stella.

Mais en jetant un coup d’œil de côté à cette vue saccharine, Utakata parla à Touka avec un visage sérieux.

« Compte tenu des dégâts matériels, ce type a été arrêté par Kouhai-kun et Kanata, non ? Comme c’est un “Unique” qui pourrait être nocif pour les humains, ne devrions-nous pas l’enfermer ? » demanda Utakata.

« … Oui. C’est une obligation commune à toutes les nations de la Ligue, » déclara Touka.

« Quoi ? On ne peut pas faire ça ! N’est-ce pas cruel ? » demanda Stella.

Stella avait assisté à l’échange entre les deux membres du Conseil des étudiants. Mais Ikki savait que cette question était déjà réglée, alors il avait pris la parole.

« C’est bon, Stella. C’est quelque chose dont Toutokubara-san s’est déjà occupée, » déclara Ikki.

« Qu’est-ce que tu veux dire ? » demanda Stella.

« L’une des organisations gérées par la Fondation Toutokubara dispose d’un établissement spécialisé dans la garde et la protection des Uniques. Nous les avons contactés une fois que nous avons réalisé que ce petit bonhomme aurait besoin d’être emmené, alors ils viendront le chercher tout de suite. S’il s’agit vraiment d’un Unique qui représente une menace pour les humains, il doit de toute façon être mis en détention…, » répondit Ikki.

Heureusement qu’ils n’avaient pas été blessés, donc selon Kanata, le nom Toutokubara permettrait cette indulgence. Face à ces mots, Stella se tapota la poitrine en soulagement.

« Ah, donc c’est comme ça… c’est génial ! La famille de Kanata-san est vraiment extraordinaire. Ils font ce genre de choses et soutiennent l’institution d’où viennent Touka-san et sa famille, » déclara Stella.

Elle semblait contente alors qu’elle laissait sortir une voix d’admiration. Selon ses paroles…

« … Je suppose que oui, » répondit Ikki.

Ikki acquiesça de la tête… mais il se souvint de son échange avec Kanata. Après avoir attrapé le singe, Kanata avait immédiatement appelé sa famille à l’aide de son terminal étudiant et avait demandé la protection du singe.

« — Oui. Alors s’il vous plaît, occupez-vous-en. Oui. Je vous remercie beaucoup. Au revoir. »

« Comment ça s’est passé ? » demanda Ikki.

Kanata acquiesça face à la question d’Ikki. « Ça a été arrangé. J’ai entendu dire que Père s’occuperait directement de la négociation. Ce petit n’aura pas une mauvaise fin. »

« C’est une bonne chose. Comme c’est moi qui l’ai attrapé, ça m’empêcherait de dormir en sachant qu’il pourrait être euthanasié, » déclara Ikki.

Ikki frotta la tête du singe qu’il tenait.

« … Mais c’est incroyable. Ils ont même une installation pour protéger les Uniques, » déclara Ikki.

Les Uniques étaient des créatures aux pouvoirs extrêmement dangereux, tout comme celui-ci. Les méthodes ordinaires ne pouvaient pas bien les sécuriser, de sorte qu’une installation dédiée nécessitait à la fois robustesse et grand espace, ainsi que la puissance des chevaliers qui pouvaient les pacifier en cas de besoin. Même un gouvernement trouverait difficile de faire avec coût élevé face à l’euthanasie, ce qui en ferait une pratique courante plutôt que la captivité. Ikki était surpris que la Fondation Toutokubara exploite une telle installation, mais pour Kanata, il était naturel que la famille consacre de telles ressources.

« Nous, les Toutokubara, sommes une vieille noblesse avec des noms gravés dans l’histoire, d’avant la Révolution française. Le précepte de la noblesse oblige a été gravé dans notre sang pendant de nombreuses années, » déclara Kanata.

Les riches donnent aux pauvres — mais bien que les mots aient été assez faciles à prononcer, peu de gens les prennent au sérieux. La famille Toutokubara, même si le nom, le pays et l’époque changeaient, était l’une des rares familles qui non seulement parlaient de noblesse oblige, mais qui agissaient ainsi. Même si certaines personnes les insultaient sans cœur en les traitant d’hypocrites, elles avaient continué de cette façon au fil des ans. Kanata en était sincèrement fière.

« Vous me l’avez déjà demandé, n’est-ce pas ? Est-ce que cela m’a rendue amère à l’idée de me marier pour le bien de la famille ? Oui, je mentirais si je disais que je n’ai pas ressenti ça. Je voulais avoir un amour comme je l’imaginais. Si je pouvais, je resterais au Japon avec Touka-chan et mes autres amis, et je vivrais en chevalier… mais mon respect pour l’esprit Toutokubara dont j’ai hérité est plus important. Il y a de nombreux problèmes dans le monde que seul l’argent peut résoudre. Les enfants qui ont perdu leurs parents ou qui ont été abandonnés peuvent être élevés dans des institutions qui ont besoin d’argent. La sauvegarde des lieux où peuvent vivre ceux qui ont des pouvoirs uniques prend énormément de temps. C’est difficile à faire avec mon propre pouvoir, mais la famille Toutokubara peut le faire. Ils ont la volonté d’agir. Et je ne crois pas que c’est un sacrifice de donner ma vie pour protéger ça, » déclara Kanata.

Pour donner de la force à beaucoup de gens, pendant la vie d’un seul chevalier. Kanata n’allait pas s’écarter du chemin qu’elle avait choisi.

« C’est le chemin du Toutokubara, et le chemin de la chevalerie que moi, Kanata Toutokubara, je vais suivre, » déclara Kanata.

Sa voix était calme, forte et belle comme une cloche qui sonnait la nuit. En l’entendant, Ikki savait que ses préoccupations n’étaient pas nécessaires. Et il connaissait la force de Kanata.

« … Elle est vraiment incroyable. »

Ikki regarda Kanata avec admiration en se souvenant de ça. Ce qu’elle portait était un honneur né de la force humaine.

Mais ce regard était un peu négligent.

« Oh, mon Dieu… Je me demande pourquoi Kouhai-kun regarde Kanata avec des yeux si ardents… ah ! Serait-ce possible ? Quand ils étaient seuls ensemble, ils ont fait quelque chose qu’ils ne peuvent pas dire à Stella-chan — . »

Il y avait quelqu’un ici qui aimait compliquer les choses. Ikki avait haussé sa voix pour protester, mais — .

« Quoi !? Qu’est-ce que vous dites, vice-président Misogi ? Je ne le ferais jamais…, » cria Ikki.

Sa réplique avait trébuché au milieu. Quelque chose comme cela s’était produit, quelque chose qu’on ne pouvait pas dire à Stella… le fait que c’est lui et Kanata qui les avaient effrayées devant les toilettes.

« Pourquouiiiiiii tu bégayes en ce moment ~ ? » s’écria Stella.

Des braises rouges brillantes surgirent des cheveux de Stella alors qu’elle faisait face à un Ikki hésitant. Il ne pouvait que parler franchement.

« Ah, non, tu te trompes Stella. Tu fais un énorme malentendu en ce moment… Toutokubara-san. Pouvez-vous parler pour moi, n’est-ce pas ? » demanda Ikki.

Il avait imploré le principal contrevenant, qui avait souri doucement.

« Chut. C’est un secret entre nous ~ ♪ » posant l’index sur ses lèvres, Kanata avait fait taire Ikki d’une manière assez suggestive.

« Quoi… ! » s’écria Ikki.

Ikki avait vu la lueur espiègle dans les yeux bleu foncé de Kanata, et il avait compris son erreur.

Elle s’amuse… ! S’en rendit compte Ikki.

Il n’avait pas parlé à Stella du tempérament de Kanata, et il était maintenant beaucoup trop tard.

« Ikkiiiiiiiii..., » cria Ikki.

Stella convoqua Lævateinn dans sa main droite. Son sang-froid s’était évanoui de ses yeux, ne laissant que de la fureur. Il n’y avait qu’une seule chose qu’il pouvait faire.

« Désolé ! » cria Ikki.

« Ah, il court. »

« Arrête-toi ici — ! Qu’est-ce que tu gardes secret ? » cria Stella.

« Je vais parler ! Je vais parler ! Calme-toi et range ton épée ! » demanda Ikki.

« Crois-tu que je vais me calmer ? » demanda Stella.

Par la suite, une rumeur avait circulé à propos d’une femme fantôme qui errait dans l’école à la poursuite d’un autre avec une énorme épée dans sa main. Mais c’était une autre histoire.

***

Entracte

« Encore un autre événement dont Shizuku aurait été amère si elle l’avait su, n’est-ce pas Kagami ? » demanda Arisuin.

« Shizuku-chan est aussi étonnamment faible face à des choses comme les monstres, tu sais ? » demanda Kagami.

« Haha… maintenant, je veux aussi que nous ayons tous une épreuve de courage, » déclara Arisuin.

« Si c’est le cas, n’oublie pas de m’inviter ! » déclara Kagami.

« Au fait, je ne savais pas pour le poltergeist à l’école, mais ne le savais-tu pas non plus ? Tu n’en as pas parlé dans le journal, » déclara Arisuin.

« Oh, ça ? Bien sûr que j’étais au courant. Mais la directrice m’a arrêtée, » répondit Kagami.

« Ah, vraiment ? » demanda Arisuin.

« Ouais. Elle est prompte à remarquer ces choses, puisqu’il s’agissait d’un Unique. Je crois que c’est la raison pourquoi elle en a parlé à Toutokubara-senpai. Après tout, en tant que directrice, elle ne pouvait pas ignorer la loi, » déclara Kagami.

« Oui, c’est certainement ainsi que Madame la Directrice est gentille, d’une manière détournée, » déclara Arisuin.

« C’est vrai ~, » répondit Kagami. « Maintenant, quittons l’événement précédent et passons au suivant ! Le numéro cinq est… une histoire à propos de Stella-chan qui s’entraîne avec Saikyou-sensei, après avoir été vaincue par l’Empereur de l’Épée du Vent. C’est une période que l’histoire principale n’a pas couvert. Que faisait Stella-chan ? Nous allons découvrir ce secret ! C’est parti ! »

***

Chapitre 5 : La nuit blanche de Stella

Partie 1

Cela s’était passé une semaine avant le Festival des Sept Étoiles de l’Art de l’Épée, une période de repos pour les prétendants en vue du tournoi, mais Stella Vermillion était dans un pavillon à Okutama géré par l’Académie Hagun. Ayant été vaincue par l’Empereur de l’Épée du Vent, elle savait qu’elle ne pourrait pas gagner jusqu’à la fin du festival comme elle l’était maintenant, alors elle était venue mendier un entraînement spécial à l’instructrice intérimaire Nene Saikyou.

« Ha… ha… ! »

Au plus profond de la forêt, Stella avait couru à travers la végétation, poursuivant la silhouette de Saikyou, vêtue de kimono, à trente mètres devant elle.

« Yo-hoho ! »

Saikyou volait à travers les branches minces, avançant avec des mouvements agiles. Stella était irritée de savoir que ses propres mouvements semblaient être identiques à ceux d’un orang-outan.

« Eh bien, si tu peux me toucher une seule fois avec tes attaques, alors c’est un signe de succès, hein ? »

C’était les paroles de Saikyou avant le début de cet entraînement. Au début, Stella pensait que Saikyou la sous-estimait. En tant que numéro trois actuel du KOK, Saikyou était évidemment forte, mais Stella était aussi une chevalière de Rang A. Elle devrait être capable de la toucher une fois… c’est ce qu’elle pensait, mais la réalité était cruelle. Elle n’avait même pas été touchée après avoir chassé Saikyou pendant une demi-journée, et même maintenant Saikyou s’éloignait encore plus. N’ayant fait aucun progrès jusqu’à présent, Stella avait changé son approche. Elle avait insufflé dans Lævateinn se trouvant dans sa main du pouvoir magique.

« Croc du Dragon ! »

— Et une énorme masse de flamme en forme de dragon était apparue. C’était l’Art Noble le plus rapide et le plus maniable de Stella.

« Haha, incroyable ! » s’exclama Saikyou.

En dévorant les arbres et les arbustes, le dragon s’était dirigé droit vers sa cible à une telle vitesse que même Saikyou ne pourrait esquiver. Mais ne pas pouvoir esquiver était différent que de l’encaisser. Saikyou se tourna en l’air vers le dragon de flammes — et après la rotonde, elle donna un coup de pied au dragon de flammes sur le côté de son visage.

Le coup de pied, renforcé par le contrôle de gravité par Saikyou, avait fait exploser le dragon de flammes d’un seul coup. Et à ce moment, Saikyou avait pris une distance énorme de Stella en chevauchant la flamme produite et le souffle du vent, montant plus haut que le sommet des arbres au-dessus.

Stella avait-elle commis une terrible erreur ? Non. Stella ne se faisait pas d’illusions sur le fait que le Croc du Dragon ait attrapé Saikyou.

« Oh ? »

Saikyou avait aussi réalisé le vrai but de Stella instantanément. L’explosion l’avait projetée vers un grand lac au milieu de la forêt.

« Euh oh, tu m’as dirigée ici, hein ? » demanda Saikyou.

À ce rythme, elle tomberait dans le lac où elle ne pouvait plus continuer à s’échapper. C’était probablement le but de Stella. C’était ce qu’avait deviné Saikyou. Mais… elle ne tomberait pas si facilement. Saikyou avait promptement invoqué le pouvoir de la gravité dans la plante de ses pieds. Au lieu de s’écraser à la surface de l’eau, elle avait atterri sur cette surface et avait glissé comme si elle marchait sur un sol dur.

Les pieds de Saikyou n’avaient pas été arrêtés… mais c’était bien. Cet adversaire maniait la gravité, si bien que Stella avait facilement prédit qu’elle ne coulerait pas dans l’eau. La raison pour laquelle Stella avait poursuivi Saikyou jusqu’au lac n’était pas pour sceller sa fuite, mais pour enlever le feuillage de la forêt qui bloquait le propre chemin de Stella !

« Je vous attraperai ici ! » cria Stella.

Saikyou avait été un instant trop lente. Stella était sortie de la forêt et elle avait sauté sans hésitation à la surface du lac. Lorsqu’elle toucha l’eau, elle s’était servie de sa capacité, se précipitant vers l’avant en transformant le liquide sous ses pieds en vapeur en expansion et en l’utilisant comme point d’appui.

« Hein, une sacrée utilisation créative de ton pouvoir ~, » déclara Saikyou.

La petite et agile Saikyou avait un avantage dans la course à travers la forêt, mais la vitesse de Stella était supérieure. Au-dessus du lac, Saikyou n’avait aucune chance de dépasser son adversaire. La distance qui les séparait s’était réduite en un instant.

« Ha ! »

Stella avait lancé quatre boules de feu en courant, qui s’étaient enflammées à la surface devant, derrière, à gauche et à droite de Saikyou, heurtant une barrière d’eau géante qui avait bloqué la fuite de Saikyou et son champ de vision.

« Yaaaaaaa ! »

Un cri et un flash. En une fraction de seconde, Saikyou ne pouvait plus voir Stella, Saikyou et l’eau qui l’entourait avaient été coupées.

Je ne sens aucune résistance… ! pensa Stella.

Mais la réponse à l’épée de Stella était de l’eau fluide, et non pas la résilience de la chair ou la dureté de l’os. L’eau était retombée à la surface et Stella avait tremblé.

« Pas ici !? » s’exclama Stella.

Ni la forme ni l’ombre de Saikyou n’avaient pu être retrouvées. Où était-elle allée ? Stella chercha sa cible avec des yeux agités — .

« Oh non ~ ? Qui recherches-tu ~ ? »

Cette voix moqueuse résonna dans son dos. Stella s’était mise à paniquer, et Saikyou était là, debout, avec ses sabots, au sommet de l’épée encore levée de Stella.

« Une attaque qui prive ton adversaire de son champ de vision. Tu as un sens tactique digne d’éloges. M-a-i-s... ton épée manque d’une certaine fermeté, Stella-chan, » déclara Saikyou.

« M-Manque… !? » s’écria Stella.

« Ouaip, » Saikyou hocha la tête en tirant doucement sur la joue de Stella. Stella s’était raidie devant ce qu’on venait de lui dire, et ne pouvait pas réagir — .

*claquement*

« Argh ! »

— À un petit coup sur le front. Cela l’avait emportée à travers l’eau comme un rocher bondissant à la surface, jusqu’à ce qu’elle atteigne finalement la rive opposée, presque évanouie à cause de l’agonie due à la collision.

« Écrase-toi, gros seins ! » s’écria Saikyou.

Oh non — !

Saikyou s’était propulsée vers le haut avec une force et une vitesse augmentée par la manipulation de la gravité, si haut que son dos était contre le soleil, et Stella ne pouvait pas voir le coup fatal ou se lever et s’éloigner d’un coup direct. Un instant plus tard, un impact avait soulevé de la poussière et émis un rugissement écrasant, laissant le corps de Stella enfoncé profondément dans la terre.

« Kuh... ! »

Mais malgré les dégâts importants, Stella avait réussi de peu à rester consciente. Elle avait bloqué le coup de pied descendant avec son épée au bon moment.

« Ho ? Quels réflexes étonnants, hein ? » déclara Saikyou.

« … J’ai entendu la rancune personnelle de quelqu’un dans cette dernière partie, » répliqua Stella.

« Je ne sais pas de quoi tu parles, » faisant l’idiote, Saikyou avait sauté plus loin du corps à demi enterré de Stella.

« … C’est à peu près tout ce que tu peux supporter, non ? Le soleil se couche aussi, alors finissons-en pour le premier jour, » déclara Saikyou.

Saikyou n’avait pas poussé l’attaque plus loin, mais Stella s’était relevée et avait protesté.

« Attendez… ! Je peux encore continuer ! » déclara Stella.

Mais Saikyou n’avait rendu qu’un sourire maussade. « Non, tu ne peux pas. Tu es comme une gazelle bébé, à peine debout, non ? C’est à peine ce que j’appellerais être capable de continuer. »

« Argh. »

« Et si je t’intimidais plus que ça, comment vas-tu te débrouiller toute seule ? Tu ferais mieux de croire que je ne vais pas te porter, » déclara Saikyou.

Stella ne pouvait pas répondre à cela. Cette zone au milieu de la forêt se trouvait à des dizaines de kilomètres de la bâtisse du camp. Elle n’aurait plus la force de marcher cette distance après d’autres combats.

« Eh bien, fais de ton mieux pour revenir en rampant. Wahahaha ! » Saikyou s’était mise à marcher, laissant Stella seule après lui avoir dit ça.

Mais Stella avait une chose à demander. « Attendez ! Qu’est-ce qu’il manque à mon épée !? Dites-moi au moins ça ! »

Si elle n’obtenait pas de réponse, cette formation se terminerait sur une note négative et elle devrait vivre avec ce sentiment trouble dans sa poitrine, alors Stella avait supplié… mais Saikyou avait refusé de répondre.

« N’ai-je pas déjà dit que je ne t’apprendrais rien ? C’était la condition. Pendant cette période de formation, tu dois t’examiner toi-même. Réfléchis et améliore-toi. Qu’est-ce qui te manque ? Si tu n’y arrives pas, c’est le genre de chevalier que tu es, » répliqua Saikyou.

Avec ces mots cinglants en l’air, Saikyou avait disparu dans les arbres épais et ombragés. Stella, seule sur la rive du lac, avait fait ce que Saikyou ordonnait.

« Qu’est-ce qui me manque… ? » se demanda Stella à voix haute.

Pour l’instant, elle ne pouvait même pas deviner.

***

Partie 2

C’était la nuit, juste après minuit, quand Stella était finalement retournée dans la bâtisse. Il avait fallu environ une heure pour prendre un bain avant de retourner dans sa chambre, ce qui avait épuisé Stella. Son énergie et sa volonté étaient complètement dépensées, alors Stella était immédiatement montée dans son futon et était tombée dans les bras boueux du sommeil… mais… mais…

« Je n’arrive pas à dormir…, » murmura Stella.

Stella était encore éveillée une heure après être entrée dans son lit. Pourquoi, alors qu’elle était si fatiguée ? La raison était facile à deviner. Elle n’avait pas senti la chaleur du garçon qui était habituellement à proximité. À l’heure du coucher, ils échangeaient habituellement un baiser ludique avant d’entrer dans leur couchette. En entendant les légers bruits de respiration au-dessus d’elle, se prélassant dans le bonheur de savoir qu’il était là, elle s’enfonçait facilement dans le sommeil. C’est ainsi que Stella pouvait bien dormir, une habitude qu’elle ne satisfaisait pas du tout ce soir.

« Uuuu... »

Cela ne faisait qu’une seule journée de séparation, mais même au milieu de l’été, elle ne pouvait s’empêcher de sentir un frisson sur tout son corps. Elle avait soif du toucher du garçon qu’elle aimait, du toucher de ses lèvres et de son visage. Au moins, elle voulait entendre sa voix.

Soudain, le regard de Stella avait été attiré par le terminal étudiant qu’elle avait posé à côté de son oreiller comme réveil. Bien que cet endroit se trouvait dans les montagnes, il était régulièrement visité. L’électricité était disponible, ce qui signifiait qu’elle pouvait passer des appels téléphoniques. Elle pouvait entendre sa voix.

Mais… Stella l’avait empêchée de tendre la main.

« Non ! Tu ne peux pas faire ça, Stella Vermillion ! »

Elle ne voulait pas montrer à Ikki sa faiblesse après avoir été vaincue par l’Empereur de l’Épée du Vent. C’est pour ça qu’elle était venue ici. Pourtant, aujourd’hui, elle avait été frappée par la Princesse Yaksha sans Dispositif, et si elle l’appelait maintenant, qui aurait cru que sa voix serait si faible ? Ce n’était que le premier jour, et elle était trop humiliée pour pleurer, mais à ce rythme-là, l’aube allait arriver.

« Je n’y peux rien. Utilisons mon atout. »

Stella avait pris un sac de voyage sous son lit. Oui, elle avait prévu tout ce qu’il fallait pour ne pas avoir le mal du pays, mais Ikki était sa maladie. Donc pour faire face à ça — .

« Je vais me mettre sous les couvertures qu’Ikki et moi utilisons ! »

Par cette méthode, elle pourrait dormir enveloppée dans l’odeur d’Ikki malgré leur séparation. Plutôt satisfaite de sa propre ingéniosité, Stella s’était rapidement débarrassée des couvertures qu’elle utilisait, les échangeant contre celles qu’elle avait apportées, et s’était enveloppée dans ces couvertures avant de prendre une grande inspiration — puis elle avait été ébranlée par la surprise.

« Ce n’est pas juste ! N’est-ce pas la couverture d’Ikki !? » s’écria Stella.

Comme les couvertures étaient celles de leur dortoir, tous les étudiants de l’académie utilisaient le même type. Il était impossible de les identifier par la vue, mais seulement par l’odorat. Ce parfum était… il n’y avait pas d’erreur. Elle appartenait à la petite sœur d’Ikki, Shizuku !

« Grr… ce n’est pas possible, est-ce qu’elle a fait le premier pas… !? »

Cette fille n’avait jamais rien négligé. Oui, elle devait être tuée à un moment donné. Mais… Stella avait souri sans crainte.

« Comment ça ? Ne crois pas que tu as gagné, Shizuku ! T’as merdé ! »

Comment Shizuku avait-elle merdé ? Elle avait utilisé ses propres couvertures pour l’échange.

« Si tu voulais le faire, tu aurais aussi bien fait d’utiliser celle d’Alice. Si tu aimes Ikki autant que moi, alors il est facile de prendre l’odeur de sa petite sœur comme la sienne ! Hehehehe, ton mépris me permet d’avoir la victoire ! »

Stella s’enveloppa rapidement dans sa literie et respira profondément. Ce qui était entré dans son nez, c’était les restes du parfum lacté et sucré de Shizuku, qui était assez proche de celui d’Ikki pour que Stella puisse l’utiliser pour renforcer son image de le tenir fermement dans ses bras. Une image étonnamment vivante, si elle le disait elle-même. Le corps de Stella avait été rempli de la sensation qui remplissait son cœur, comme si Ikki respirait à côté d’elle.

 

 

« Hehe, ah… »

C’était bien, et finalement, c’était au-delà de ses attentes. Stella remarqua soudain que c’était la première fois qu’elle rêvait d’Ikki de cette façon. Garçon ou fille, l’amour signifiait que n’importe qui agirait de cette façon en imaginant celui qu’il aimait, mais dans le cas de Stella, le vrai Ikki était toujours tout près, quelque part qu’elle pouvait toucher si elle étendait sa main. C’était une chose heureuse, mais il y avait eu des moments où elle ne pouvait pas le faire. Certaines choses étaient trop embarrassantes à demander.

Mais… l’Ikki dans ma tête peut tout faire. Ce qui veut dire —, pensa Stella.

Ce qui voulait dire que c’était une chance de s’amuser, non ? Par exemple, si elle se déshabillait tout de suite et s’enveloppait dans la literie, quel rêve merveilleux pourrait-elle voir !

« N-Non ! Je ne peux pas faire ça ! Pas quelque chose d’aussi vulgaire ! » murmura Stella.

Devenant rouge à l’idée malgré elle, Stella secoua la tête sauvagement. Son cœur battait comme s’il allait exploser. Elle ne pourrait pas le faire même en rêvassant, sinon elle ne pourrait pas se retirer à nouveau. Stella le savait, alors elle s’était arrêtée… mais alors… qu’est-ce qu’il y avait de si mauvais ? Le démon dans son cœur chuchota, après tout, que c’était juste son imagination. Ce n’était pas comme si elle dérangeait quelqu’un, n’est-ce pas ?

Non, mais… !

C’est quelque chose que tous les amoureux faisaient. Elle était la seule à se retenir.

Mais… !

Coincée entre la raison et le désir, Stella était en pleine angoisse. Faire le saut était trop audacieux, et pourtant le laisser partir était trop décevant, donc le résultat…

***

Partie 3

« Whoa, ce sont des poches sous tes yeux. N’as-tu pas dormi de toute la nuit dernière ? » demanda Saikyou.

« … Eh bien, oui, » répondit Stella.

Stella avait été emplie de mauvaises pensées et n’avait pas pu se reposer. En la voyant si épuisée, Saikyou lui avait tapoté sur l’épaule.

« Je sais ce que tu ressens. Si quelqu’un me disait que je manquais de quelque chose, je ne pourrais pas non plus dormir. Mais si tu y réfléchis si sérieusement, je suis sûre que tu trouveras vite. Et de cette façon, les choses que tu réaliseras auront un sens, n’est-ce pas ? Travaille dur et tout ira bien, » déclara Saikyou.

« … Hahahaha, je vais le faire. Ouais, » déclara Stella.

Stella ne pouvait pas admettre qu’elle avait tout oublié de ça.

***

Entracte

« Il ne s’est rien passé de méchant, » déclara Arisuin.

« On ne dirait pas, Alice-chan, » répondit Kagami.

« Alors qu’est-ce qu’elle a fait pendant tout cet entraînement spécial ? » demanda Arisuin.

« Plus important encore, la formulation suggestive du titre était d’attirer les lecteurs, non ? » demanda Kagami.

« Même si c’est vrai… que Shizuku se soit mise nue et se soit roulée dans la literie d’Ikki pendant que Stella n’était pas là… Je pensais qu’elle l’avait fait parce que l’été était si chaud, mais c’était donc ça la vraie raison, n’est-ce pas ? » demanda Arisuin.

« Ces deux-là s’entendent vraiment bien, n’est-ce pas ? » demanda Kagami.

« … C’est ce qu’on dirait. Ou plutôt, si elles étaient acceptées ensemble par Ikki, je pense que tout le monde sera content, » déclara Arisuin.

« … Eh bien, le caractère de Senpai rendrait ça difficile. Et maintenant, cette édition spéciale Journal se terminera avec le prochain événement. La dernière histoire… c’est passé avant qu’Alice et moi entrions à l’Académie Hagun. Il y a un an, quand le Pire est venu à Hagun, » annonça Kagami.

« Oui, pour être plus précis, c’est l’histoire du début du Pire — non, du Roi de l’épée sans couronne dont le nom résonne maintenant dans tout le pays. Il est temps de présenter Rakudai Kishi no Eiyuutan Épisode Zero. S’il vous plaît, appréciez ~ ♪, » déclara Arisuin.

***

Chapitre 0 : Rakudai Kishi no Eiyuutan, L’Épisode Zéro

Partie 1

C’était le jour de rentrée du nouveau trimestre scolaire. Les vacances de printemps étaient terminées et le campus de l’Académie Hagun était rempli du bruit de gens et du bruissement des feuilles. Au milieu de ce bruit tumultueux, un garçon aux cheveux noirs sans style et au visage d’une douceur pitoyable marchait tout en assumant le poids d’une jeune femme. C’était Ikki Kurogane, un chevalier étudiant de Rang F qui répétait sa première année scolaire. La femme était Yuuri Oreki, professeur principale de la classe de première année d’Ikki, dont le visage et la silhouette jeunes étaient ruinés par des yeux entourés d’une ombre profonde. En ce moment, il l’emmenait à l’infirmerie de l’école, où sa santé s’était effondrée alors qu’elle avait vomi une quantité catastrophique de sang.

« Désolée, Kurogane-kun. Je vous ai encore causé des ennuis… Toux ! Toux ! » déclara Oreki.

« C’est bon, mais n’essayez pas de parler si vous n’êtes pas en état. Vous êtes très pâle, » répondit Ikki.

« O-Oh, ce n’est rien. Transfusez-moi deux litres de sang et je serai de nouveau en forme…, » répliqua Oreki.

« Si vous recevez des transfusions par litre, n’est-ce pas déjà un problème ? Sensei, votre corps est plus faible que la plupart des autres, alors ne vous forcez pas trop, » déclara Ikki.

« Argh… mais nous devons célébrer le jour de l’ouverture pour les nouvelles premières années. C’est pour ça que je devais être brillante et accueillante, » déclara Oreki.

Oreki-sensei est le même que d’habitude, pensa Ikki.

Son professeur savait mieux que quiconque que son corps ne pourrait pas l’endurer, mais elle était bien capable de faire des choses insensées pour ses élèves. Ikki connaissait personnellement cette gentillesse, et son respect pour elle ne le laissait pas répliquer.

Je suppose que je devrais laisser tomber pour aujourd’hui, pensa Ikki.

Il s’était mis d’accord sur ce compromis juste au moment où ils arrivaient à l’infirmerie de l’école.

« Ahh, nous y voilà, » déclara Ikki.

En ouvrant la porte de l’infirmerie, ils avaient été assaillis par l’odeur forte des médicaments.

« Haa… quelle bonne odeur ! Être entouré de cette odeur calme mon cœur, » déclara Oreki.

« Je ne peux pas dire que je partage cette opinion…, » répliqua Ikki.

Après tout, Ikki n’avait pas passé la moitié de sa vie dans un hôpital.

« L’infirmière n’est-elle pas là ? Je vais chercher quelqu’un, » déclara Ikki.

« Toux… Ah, c’est bon. Je… Je peux choisir les médicaments moi-même. Vous voyez, Sensei a tellement de maladies qu’elle est plus informée que la plupart des médecins, » répliqua Oreki.

Oreki s’était dirigée vers le bureau de l’infirmerie et avait commencé à fouiller.

« L’aspirine et l’indométacine, le cilostazol… wôw, ils en ont même des produits plus rares comme la nitroglycérine ici. Quelle chance ! Sensei adore ça ~ ♪ Kurogane-kun, en voulez-vous ? » demanda Oreki.

« … Je crois que je vais passer mon tour, » répliqua Ikki.

« Même si ce sont des délices…, » commença Oreki.

Oreki s’était assise sur un lit et avait commencé à manger des pilules comme des bonbons. Ikki s’inquiétait beaucoup de savoir si elle choisissait vraiment les médicaments correctement, mais son professeur avait dit que c’était bien. Sa pâleur diminuait d’une façon ou d’une autre, alors il avait admis à contrecœur que c’était peut-être correct.

« Et la classe d’accueil ? Je pense que tout le monde est encore là, » déclara Ikki.

« C’est vrai… il n’y a rien d’autre d’important à annoncer. Je suis désolée de demander ça, mais pourriez-vous aller leur dire que c’est correct de rentrer chez eux ? » demanda Oreki.

« Compris. Alors reposez-vous ici, Sensei. Vous avez tenu bon pendant un moment, mais ça ne change rien au fait que vous êtes malade, » déclara Ikki.

« Toux toux… D’accord, merci de vous inquiéter pour moi…, » déclara Oreki.

Oreki leva les yeux vers le visage d’Ikki et lui fit un petit sourire.

« Mais… c’est nostalgique, n’est-ce pas ? Quand on regarde à l’examen d’entrée, vous m’aviez prêté votre épaule de la même façon, » déclara Oreki.

« Oui, je m’en suis aussi souvenu, » répondit Ikki.

Ils s’étaient rencontrés pour la première fois il y a un an à l’examen d’entrée à l’académie. Ikki s’était rendu à l’Académie Hagun à pied, et sur le chemin de la sixième salle d’entraînement, il avait trouvé Oreki tombée au bord du chemin dans une crise et l’avait aidée à se rendre sur le lieu du test.

« J’ai été vraiment surpris que vous soyez l’examinatrice, » déclara Ikki.

« Et j’étais très reconnaissante pour votre aide. Si vous n’aviez pas été là, j’aurais été en retard pour quelque chose de si important… mais en parlant de surprise, nous étions deux, non ? … Non, je dirais que j’étais beaucoup plus choquée. Aucun candidat ne m’avait dit ce que vous m’avez annoncé, » déclara Oreki.

Les yeux d’Oreki erraient dans les réminiscences.

« Ça fait… déjà un an, n’est-ce pas ? »

Cette journée d’hiver était si présente que cela aurait aussi bien pu être hier, le jour où elle avait rencontré et compris les mérites de ce garçon nommé Ikki Kurogane.

***

Partie 2

Ayant un pouvoir dépassant les normes humaines, les Blazers étaient des atouts pour la société, de sorte que la société avait tout intérêt à les transformer en véritables chevaliers. Dans ce cas, la quasi-totalité des sept académies de chevaliers du Japon n’avait pas d’autre obstacle à l’entrée que la qualification de base.

L’Académie Hagun était différente. Il offrait les avantages d’un système de résidence sous forme de dortoir, la nourriture et des vêtements garantis, ainsi qu’une exemption complète des frais de scolarité. Tous les Blazers n’étaient pas dignes de cet investissement, et pendant le processus de sélection, un groupe de vingt candidats avait été affecté à Yuuri Oreki.

« *Toux*… Tout le monde va me montrer ses forces. Une fois que j’aurai appelé votre nom, veuillez me présenter vos capacités en utilisant la méthode que vous préférez, » Oreki avait annoncé cela avant de commencer l’examen.

Les candidats rassemblés dans la sixième arène de pratique avaient procédé l’un après l’autre. Il y en avait un qui liait des flammes à des épées jumelles avant de pouvoir traverser un poteau d’entraînement en métal. Un autre était capable de voler dans l’arène portée par le vent. Le suivant était capable de produire une odeur apaisante qui jaillissait des deux mains. Chaque candidat avait donné un aperçu différent, et aucun d’entre eux ne pouvait être confondu avec une chose banale. Bien qu’ils semblaient tous n’être que des enfants, ils étaient sans aucun doute des Blazers surhumains. Mais…

Hmm… on dirait qu’ils ont tous de faibles capacités…, pensa Oreki.

Oreki soupira en grignotant des pilules étalées sur sa table. Tous les candidats qu’elle avait vus jusqu’à présent étaient du Rang E, ou alors peut-être du Rang D ? Les nouveaux étudiants étaient presque toujours à ces rangs. Pour les Rangs C, en avoir déjà un sur cinquante serait vraiment bien et le fait d’avoir un seul Rang B dans une année serait très chanceux. Quant aux Rang A… pas un seul n’était entré dans l’histoire de l’Académie Hagun. Étant donné que les candidats à la sélection d’entrées étaient divisés en plusieurs groupes, il n’était pas rare qu’un groupe n’ait pas un Rang C.

Mais la déception avait persisté. Oreki et les autres professeurs avaient aussi été des chevaliers étudiants. Ils étaient très attachés au Festival des Sept Étoiles de l’Art de l’Épée, le sommet où se disputaient les chevaliers étudiants. Ils voulaient que leur alma mater produise, et qu’ils entraînent eux-mêmes, un élève qui pourrait atteindre le sommet qu’ils n’avaient pas eux-mêmes atteint. Ils avaient l’habitude de se réjouir face à cet espoir, mais aucun des étudiants sous leur responsabilité n’avait le pouvoir de saisir une telle possibilité.

C’est un peu décourageant. Je me demande si dans l’un des autres groupes…, pensa Oreki.

Mais Oreki ne pouvait pas laisser cette émotion apparaître sur son visage. Elle laissa son découragement s’enfoncer dans les profondeurs de son cœur, et appela le nom suivant.

« Ensuite, Ikki Kurogane-kun. Avancez, s’il vous plaît, » déclara Oreki.

« Oui, » une réponse digne avait retenti dans l’arène et Oreki reconnut le ton d’un guerrier.

« Ah, vous êtes…, » s’exclama Oreki.

Des cheveux noirs sans style et un visage enfantin qui faisait battre le cœur des filles. Le garçon qui se tenait devant elle était celui qui lui avait prêté son épaule pour l’amener à l’arène. Il avait mentionné qu’il passait l’examen, mais qui aurait cru qu’il ferait partie de son groupe ?

« Ah, grâce à votre aide, je suis arrivée à l’heure ~ attendez, c’est vrai, je vous donnerai des bonbons en retour, » en disant cela, Oreki lâcha un tas de pilules dans les mains d’Ikki.

« Ha… Hahahaha… J’apprécie ? C’est… un peu chimique pour des bonbons, non ? » demanda Ikki.

Ikki, avec un visage hésitant, les avait tous mis dans une poche.

Il est facile de jouer avec ~, pensa Oreki.

C’était l’impression d’Oreki qu’Ikki agissait comme si de rien n’était face à sa bêtise, mais elle avait tourné son attention de nouveau vers son travail. Ses yeux tombèrent sur les documents à portée de main, et quand elle reconnut sa lignée, Oreki avait été choquée. Ikki Kurogane était le fils du « Sang de Fer » Itsuki Kurogane, directeur de la branche japonaise de la Ligue des Chevaliers Magies qui supervisait les chevaliers mages du pays.

Kurogane. C’est un nom rare, donc je m’en doutais, mais… Je ne savais pas qu’il était le frère cadet de l’Empereur de l’Épée du Vent ~, pensa Oreki.

Elle pensait que le fils unique d’Itsuki Kurogane était Ouma Kurogane, qui fréquentait actuellement l’Académie Bukyoku. Elle n’avait jamais entendu parler d’un deuxième fils. Mais… eh bien, quel que soit le fils que c’était, elle n’avait qu’une seule tâche en tant qu’examinatrice.

« Maintenant, s’il vous plaît, présentez-moi votre pouvoir, » déclara Oreki.

Oreki avait parlé au candidat devant elle comme elle l’avait fait pour tous les autres.

En réponse, Ikki était resté silencieux pendant un court moment avant de poser une question. « … Quand vous avez dit la méthode que vous préférez, est-ce que ça veut dire que je peux choisir n’importe quoi ? »

« Hmm ? Oui. J’accepterai n’importe quelle méthode qui me montre vos mérites en tant que Blazer ~, » répondit Oreki.

Alors qu’Ikki acquiesçait de la tête, Oreki se sentait intérieurement un peu désolée.

C’est malheureux, mais ce garçon… sera disqualifié, non ? pensa Oreki.

Elle en était déjà arrivée à cette conclusion parce que c’était la deuxième fois qu’elle rencontrait Ikki… et le pouvoir magique qu’elle ressentait de lui était bien trop faible. Si elle n’y prêtait pas attention, elle ne le sentirait pas du tout. Les Blazers avec une puissance magique aussi faible étaient rares, et par ce seul fait son évaluation était du Rang F, le plus bas. Même parmi les Rangs F, le sien était inférieur, de sorte qu’avec de meilleurs classements dans d’autres attributs, son classement général serait toujours sur le côté inférieur au E, et l’Académie Hagun exigeait un Rang E ou supérieur.

Même s’il a eu la gentillesse de m’aider, c’est la règle absolue, n’est-ce pas ~, pensa Oreki.

« Montrez-moi votre spécialité, Kurogane-kun, » déclara Oreki.

Cachant le chagrin dans son cœur, Oreki poussa Ikki à continuer.

« Alors Oreki-sensei, j’aimerais prouver ma valeur en me battant en duel contre vous. Accepteriez-vous cela ? » demanda Ikki.

Il prononça ces mots bouleversants avec le regard franc d’un adulte, les autres candidats qui se trouvaient à proximité commencèrent à chuchoter bruyamment.

« D-Duel… il demande un duel en ce moment !? »

« Vraiment !? Mais l’examinateur est un Chevalier-Mage actif, non ? »

« Je l’ai entendu dire ça. »

« Ce qui veut dire que ce type est un Blazer ? Je ne sens aucune magie en lui. »

« Non, il y a une quantité de pouvoir extrêmement faible. Mais défier un Chevalier-Mage avec ça… est-ce un abruti ? »

Leur surprise était tout à fait naturelle. Les examinateurs d’entrée de Hagun étaient des Chevaliers-Mages en service actif travaillant à l’académie, des professionnels licenciés. Ils n’étaient guère de bons adversaires pour un Blazer qui n’était même pas encore un chevalier étudiant. Espérer la victoire était absurde.

« Qu’est-ce que c’était !? »

Un garde de l’académie d’âge moyen était venu du côté et s’était approché de l’épaule d’Ikki en colère. Nul doute qu’il avait pris les mots d’Ikki pour frivoles et moqueurs, et qu’il allait jeter Ikki dehors. Pourquoi pas ? Que demandait Ikki à part une blague absurde ?

« Attendez un moment, s’il vous plaît, » déclara Oreki.

Mais celle qui avait été mise au défi, Oreki elle-même, n’était pas d’accord.

« Oreki-sensei… ? » demanda le garde.

« C’est très bien. Reculez, s’il vous plaît, » déclara Oreki.

Oreki se tourna vers Ikki, qui n’avait pas reculé d’un pas et continua à la regarder fixement.

Comme c’est malheureux… Franchement, j’ai été loin des vrais combats pendant si longtemps que mon intuition s’est émoussée. Pour ne pas remarquer ces yeux…, pensa Oreki.

Ces yeux brillaient d’une douce lumière, mais à y regarder de plus près, ils détenaient dans leurs profondeurs une vive lueur de détermination, comme une lame tranchante. Oreki avait souri un peu amèrement.

On dirait que ce n’est pas qu’un gentil garçon, pensa Oreki.

Il était sérieux et sincère en demandant un duel. Et… il avait l’intention de gagner.

« Kurogane-kun, bien qu’il soit vrai que nous les chevaliers pouvons utiliser nos Dispositifs sous une Forme Illusoire et combattre sans se blesser… cela n’élimine pas la douleur, vous savez ? Si nous faisons un duel, ça pourrait faire très mal. Je ne pense pas qu’aucun de nous ne le veuille, alors il devrait y avoir d’autres moyens de montrer ses capacités. Ne le croyez-vous pas ? » demanda Oreki.

« Mais si j’essayais un autre moyen, j’échouerais, non ? » demanda Ikki.

Oreki fut étonnée des paroles d’Ikki.

J’essayais de ne pas le laisser paraître…, pensa Oreki.

« Même si vous ne le dites pas tout haut, je sais à quel point je suis inférieur aux autres. Et évidemment, je sais comme c’est dur d’entrer dans cette académie, » déclara Ikki.

« Hmm… si vous le savez, alors pourquoi passez-vous l’examen d’entrée ? » demanda Oreki.

« … Eh bien, c’est à cause de la situation avec ma famille. Mon père ne me laisse pas continuer jusqu’à l’école des chevaliers, mais quand j’ai obtenu mon diplôme du collège, j’ai décidé de le faire, alors j’ai quitté la maison. Comme ma famille ne va pas payer mes études, même pour sauver les apparences, j’ai choisi Hagun, » répondit Ikki.

C’était logique. La famille Kurogane ne voulait pas que les autres sachent que leur fameuse lignée avait produit un échec de Rang F. Ils ne lui avaient pas permis de continuer à l’école des chevaliers ni de lui payer ses frais de scolarité. Même le système de bourses d’études était administré par la branche japonaise de la Ligue des Chevaliers Mages, qui était sous l’influence de Kurogane. Ikki n’avait pas d’autre choix que de venir dans une école comme Hagun qui fournissait les nécessités de la vie et renonçait aux frais de scolarité.

« Mais Kurogane-kun, votre pouvoir ne vous permet pas d’entrer dans cette école, » déclara Oreki.

Ikki ne correspondait pas au standard de Hagun. Oreki l’avait souligné sans se cacher derrière des subtilités. Mais Ikki ne vacilla pas, et parla sans le moindre tremblement dans sa voix.

« C’est vrai. Je suis donc venu aujourd’hui pour contester cette idée, » répliqua Ikki. Une épée noire apparut dans sa main droite. « Je remporterai la victoire contre l’examinateur d’entrée. C’est comme ça que je prouverai que je suis utile. N’est-ce pas suffisant ? »

Comment ne pourrait-il pas en être autrement ? Tous les chevaliers instructeurs employés à l’école étaient diplômés des académies de chevaliers et certifiés comme chevaliers de Rang D ou supérieurs. Cela signifiait que la défaite d’un examinateur était une preuve de la capacité réelle du Rang D.

« La chevalerie est une occupation de combat, donc ce serait une démonstration d’éligibilité appropriée, mais…, » déclara Ikki.

« … Eh bien, je ne peux pas discuter avec ça…, » déclara Oreki.

« O-Oreki-sensei… ! Vous êtes sûr !? C’est du jamais vu !? » s’écria le garde.

« C’est nous qui avons dit qu’ils devraient choisir la méthode… C’est une situation sans précédent, mais il est arrivé au cœur du problème. Toutefois… Kurogane-kun, me laissiez-vous poser une dernière question ? » demanda Oreki.

« Qu’est-ce que c’est ? » demanda Ikki.

« Pourquoi me choisir ? Vous n’avez pas à vous battre contre moi, vous savez ? Par exemple, ce garde est aussi un chevalier, donc le vaincre prouverait aussi votre pouvoir, » déclara Oreki.

« … C’est vrai, mais je préfère vous faire face, Oreki-sensei, » déclara Ikki.

« Est-ce parce que… vous voulez profiter de ma faiblesse ? » demanda Oreki.

Ikki savait déjà pour sa santé. Était-ce pour ça qu’il l’avait défiée, parce que sa maladie la rendait facile à battre ?

« Haha…, » Ikki fit un rire exaspéré comme s’il avait entendu une mauvaise blague. « S’il vous plaît, arrêtez de faire semblant d’être modeste. Sensei, parmi les gens ici et tous ceux que j’ai rencontrés aujourd’hui, la pression que vous me faites subir est la plus forte de toutes. »

« … Hmph, » la bouche d’Oreki s’était légèrement recourbée vers le haut aux mots d’Ikki.

 

 

« EEEEEKKKKK ! »

L’instant d’après, des cris remplissaient l’air de l’arène d’entraînement. Des douzaines de candidats à la sélection et de multiples gardes qui veillaient sur l’endroit avaient laissé sortir l’air de leurs poumons jusqu’à ce qu’ils tombent sur le sol comme des arbres en décomposition, avec de la mousse à la bouche. Qu’est-ce qui vient de se passer ?

La cause en était un coutelas rouge sang qui était apparu dans la main gauche de Yuuri Oreki.

« Douleur violette. Un Art Noble qui répand la douleur de mon corps malade, la friction de mes os en décomposition, ainsi que la douleur de mes entrailles, à travers tout le monde à une certaine distance. L’effet est comme vous pouvez le voir, » déclara Oreki.

Personne n’avait pu garder la raison de s’être vu frapper par les effets de toutes les maladies qui ravageaient violemment le corps d’Oreki. Même les adultes criaient comme de jeunes filles et s’évanouissaient en raison de la douleur comme si un fusible avait été coupé.

« Et pourtant… vous n’avez aucun problème à endurer, n’est-ce pas ? » demanda Oreki.

Ikki seul, sans rouler au sol… non, sans le moindre mouvement, continuait à se tenir là dans l’arène sans bouger son regard d’Oreki.

« En tant que celui qui a demandé un duel, je ne reculerai pas devant la douleur, » répliqua Ikki.

Il avait certainement entendu la description d’Oreki. Rien qu’en respirant, ses poumons avaient l’air de se fendre. Mais… Ikki avait légèrement souri.

« … Vous n’êtes pas la seule à pouvoir le supporter, » déclara Ikki.

« Hehe, c’était un test grossier, n’est-ce pas ? … Kurogane-kun, je vois votre détermination. Si c’est à ce point que vous voulez ce combat, alors Sensei ne refusera pas. Yuuri Oreki, le chevalier de Rang C portant le surnom de Jolly Roger, accepte cette bataille, » déclara Oreki.

« Je vous en suis reconnaissant, Oreki-sensei, » déclara Ikki.

Avec ces mots, Ikki avait levé Intetsu et avait commencé son examen d’entrée.

***

Partie 3

Le premier à faire un geste avait été Oreki. Elle s’élança vers l’avant avec la vitesse du vent jusqu’à être au corps à corps avec Ikki et augmenta la puissance magique de son épée.

Voyons s’il a le pouvoir de justifier ce courage ! pensa Oreki.

En même temps, elle frappa avec le coutelas rouge dans sa main gauche, créant une entaille écarlate qui ressemblait à un coup de griffe.

« De tels mouvements évidents ne m’auront pas… ! » répondit Ikki.

L’épée noire d’Ikki repoussa l’entaille frontale qui n’était même pas faite pendant une faille de sa défense.

« Eh bien, je n’essayais pas ! » répliqua Oreki.

Oreki ne pensait pas que son premier coup le toucherait. Son vrai motif était… d’inviter une attaque du katana d’Ikki. Bien que la première frappe tranchante ait été déviée, elle s’enfonçait déjà profondément dans sa portée d’attaque optimum, assez près pour le frapper. C’était une distance mieux adaptée à la portée plus courte d’un coutelas qu’à la longueur plus longue d’un katana, et sa lame de coutelas courbée était plus rapide à déplacer qu’Intetsu…

« … Chut ! »

« Kuh ! »

Trois fois, la rougeur était apparue, frappant Ikki qui s’était défendu avec Intetsu, mais progressivement sa défense avait commencé à ralentir. Son katana était une arme à deux mains. À très courte distance, il ne pouvait pas suivre les mouvements d’une arme à une main comme un coutelas. Et Oreki était habile, cachant ses mouvements du poignet pendant qu’elle frappait avec son coutelas. La rougeur scintillait avec agilité comme un conducteur agitant son bâton, mais elle frappait avec une force importante.

« … Je suis stupéfait. Les professeurs d’une académie de chevaliers s’entraînent-ils même à l’épée ? » demanda Ikki.

« J’apprécie les éloges, mais ce ne sont pas tous les enseignants qui le font. Beaucoup n’étudient pas comment manier leur Dispositif de cette façon. Je ne suis qu’une excentrique, » répondit Oreki.

Les Blazers n’étaient pas obligés d’aller plus loin dans l’art de l’épée. C’était au mieux un passe-temps, car leur véritable valeur résidait dans leurs capacités surnaturelles. La technique à l’épée, aussi excellente soit-elle, était du domaine de l’homme normal, et fondamentalement impuissant face à la magie. L’art de l’épée ne donnait qu’un minuscule avantage par rapport à un adversaire ayant le même rang dans la capacité de Blazer, alors l’étudier était considéré comme une utilisation du temps terriblement inefficace, et peu de chevaliers s’en souciaient. Mieux valait développer sa propre magie que de pratiquer quelque chose d’aussi inutile.

« Je m’y suis mis aussi pour entraîner mon esprit, et j’ai continué par habitude. Je dirais que ce n’est pas vraiment une grosse affaire ? » déclara Oreki.

Oreki s’était sentie un peu déçue par la performance d’Ikki.

Honnêtement, je pense qu’il est capable de rivaliser avec moi à l’épée…, pensa Oreki.

Il avait défié un chevalier de rang supérieur malgré une puissance insuffisante, il devait donc y avoir une raison pour qu’il puisse regarder au-delà de la différence… mais il y avait beaucoup de jeunes avec une excellente forme physique et une excellente technique d’épée, qui ne pouvaient abandonner l’idée que leur entraînement allait dépasser la différence entre les rangs Blazer. Oreki se demandait si Ikki partageait cette illusion.

Mais je ne suis pas sûre qu’il étudie vraiment l’art de l’épée, se demanda Oreki.

La position d’Ikki n’avait aucune forme. Elle n’avait pas vu le raffinement d’un guerrier, seulement l’utilisation de réflexes pour supporter ses attaques. Les réflexes capables de si bien fonctionner sous l’effet de Doulait Violette valaient certainement quelque chose, mais… c’était à peine suffisant pour justifier une vantardise qu’il pouvait battre un examinateur, et ainsi Oreki était quelque peu déçue.

S’il sait qu’il est inférieur aux autres, c’est qu’il cache autre chose ! pensa Oreki.

« Qu’est-ce qui ne va pas ? Vous ne pouvez pas me prendre la victoire juste en esquivant ! Ou est-ce que votre corps vous fait si mal que vous ne pouvez pas courir partout ? » demanda Oreki.

Même avec cette raillerie, Ikki s’était consacré sur la même défense. Non, il se concentrait sur les arcs de cercle tracés par les éclairs rouges. Il doit avoir d’autres capacités, pensa Oreki, qui permettraient de sortir de cette impasse. Peut-être un Art Noble ?

Peut-être, mais je ne vous attendrai pas… ! pensa Oreki.

*Clash!*

Un puissant son de métal sur métal avait retenti, et la lame noire qui protégeait Ikki glissa loin de sa position. En tournant le poignet, Oreki avait changé d’attaque, passant d’un coup de poignet à une entaille inversée contre la partie inférieure de son corps. L’angle inattendu avait fait s’effondrer la défense d’Ikki, et Oreki ne laisserait pas passer cette ouverture !

Et ainsi, une lame rouge était devenue apparente, visant le cou d’Ikki. Une fois le cou coupé par une Forme Illusoire, l’adversaire serait instantanément assommé. Comme Ikki n’avait montré aucune capacité particulière, ce serait la fin de son examen.

Mais c’est aussi une bataille, donc on ne peut rien y faire, n’est-ce pas ? pensa Oreki.

Au combat, aucun adversaire sérieux ne vaincrait pas totalement son adversaire, et Oreki traitait le combat avec sérieux. Ikki l’avait demandé pour qu’Oreki ne fasse preuve d’aucune indulgence. Son coup impitoyable — .

— Avait été assez facilement esquivé avec seulement un léger mouvement du haut du corps d’Ikki.

« … Hein !? »

Pendant un instant, les mouvements d’Oreki se figèrent. Était-ce parce que sa coupe victorieuse avait été esquivée ? — Non, l’attaque n’était pas difficile à éviter avec de bons réflexes. Elle s’était figée à la vue du visage d’Ikki à ce moment-là. Il n’y avait aucune surprise en lui sur le fait qu’elle attaquerait dans son instant de vulnérabilité et au manque de consternation d’avoir dû esquiver en utilisant seulement ses réflexes. Son mouvement était si naturel qu’il aurait aussi bien pu se mettre à l’écart d’une branche d’arbre sur son chemin.

« Je savais que vous changeriez de tactique, » déclara Ikki.

« Quoi !? Avez-vous prédit mon attaque ? » s’écria Oreki.

« Je savais que vous perdriez patience. Désolé de vous avoir vexé, mais c’est une bataille, mais c’est aussi un examen, et la spécialité que j’aimerais vous montrer demande un peu de temps, » déclara Ikki.

Ikki passa Intetsu des deux mains à sa droite et prit position. Cette position était… sans doute celle d’Oreki, comme si elle se voyait dans le miroir — .

« Mais je suis maintenant prêt. J’ai mémorisé tout votre style d’épée, Sensei, » déclara Ikki.

Après avoir dit une chose aussi incroyable, l’épée d’Ikki s’éloigna de lui. La force du bras, le claquement du poignet et le balancement de l’épée étaient clairement ceux d’Oreki.

« Vous m’imitez bien, mais appeler ça une spécialité, c’est décevant ! C’est juste un spectacle de rue, n’est-ce pas ? » répliqua Oreki.

Ce style utilisé par Oreki était en raison de son Dispositif qui était un coutelas. Pour un katana de plus grande longueur, les mêmes mouvements étaient anormaux et inférieurs. Il ne pouvait pas gagner contre Oreki de cette façon. Contre l’assaut qui s’approchait, elle avait riposté par sa propre attaque. Les lames s’affrontèrent et des étincelles dansèrent, mais cet échange ne dura pas longtemps. Il n’y avait aucun doute que le coutelas le plus agile gagnerait.

« Je ne peux pas… suivre votre vitesse… !? » s’écria Oreki.

Oreki n’avait pas pu l’expliquer. La vitesse et l’agilité devraient être en sa faveur, et pourtant — elle ne pouvait pas du tout suivre l’épée d’Ikki.

Non, il me rentre dedans ! pensa Oreki.

« Comment… ! » s’écria Oreki.

« Sensei, j’imite peut-être votre style d’épée, mais ce n’est pas votre technique. Je vous repousse en poussant votre art de l’épée un peu plus loin, et en m’adaptant à la volée vis-à-vis de mon Intetsu, » répondit Ikki.

Quoi... Qu’est-ce qu’il dit, ce garçon ? Se demanda Oreki.

« Un peu plus loin… !? Comment pouvez-vous faire quelque chose comme ça si facilement ? Après n’avoir affronté qu’une poignée d’adversaires et vu leurs styles, alors comment pouvez-vous les prendre — ! » demanda Oreki.

Ikki avait souri amèrement.

« … C’est ma spécialité. J’ai observé et copié l’entraînement d’autres personnes depuis mon enfance parce que personne ne voulait m’enseigner, et avant que je ne m’en rende compte, je pouvais tout comprendre d’un style, des branches jusqu’aux racines de leurs principes, en les voyant pendant trois minutes. Je vois les défauts et tout le reste. Une fois que j’en sais autant, ce n’est pas difficile d’améliorer un style. Je n’ai donc pas de style ou de forme d’épée spécifique. Au lieu d’en adopter un, il vaut mieux prendre quelques bouts ici et là et improviser le mien… Bien que ce ne soit pas la chose la plus honorable, donc ce n’est vraiment pas quelque chose dont je peux me vanter, » déclara Ikki.

En entendant cette déclaration annoncée comme si de rien n’était, Oreki se sentait de plus en plus perdue. Elle pensait que la position d’Ikki était pleine de lacunes, parce qu’il ne semblait pas avoir un style d’épée approprié, mais c’était un malentendu. Il n’avait pas besoin d’un style approprié. Un style était un chemin vers la compréhension des principes du combat, et quelqu’un qui pouvait atteindre directement ces principes n’en avait pas besoin !

Quelle absurdité… ! Pour que quelqu’un d’aussi jeune puisse atteindre ce niveau… ! pensa Oreki.

Pour Oreki, seul un chevalier comme le dieu de la guerre Torajirou Nangou pouvait atteindre un tel état. Elle frissonnait de tout son cœur devant ce jeune qui lui faisait face.

« Haa ! »

Avec un cri, un coup noir poussa enfin la lame rouge, l’envoyant au loin. L’Intetsu déchaînée avait bougé. Il était déjà trop tard pour la défense ou l’évasion. La lame avait profondément entaillé Oreki de biais, mais comme il s’agissait d’une bataille simulée, il n’y avait pas eu d’effusion de sang. Un Dispositif sous une Forme Illusoire n’infligeait pas de blessures physiques, mais seulement la lueur rouge sang de la force physique qui s’atténuait.

Mais même les illusions pouvaient faire mal, infligeant la douleur d’une vraie coupure et la fatigue de perdre de la force. Les dommages causés à Oreki seraient plus que suffisants pour décider du match, s’il s’agissait d’un match contre un chevalier normal.

« Guaaaah !? » Le combattant tombé sur un genou était… Ikki.

***

Partie 4

Qu’est-ce qui vient de se passer ? Se demanda Ikki.

La douleur avait empli le corps d’Ikki juste au moment où son attaque avait touché l’épaule d’Oreki, même s’il n’avait pas été lui-même blessé. À genoux, Ikki trembla face à cette tournure des événements, mais le coutelas d’Oreki était venu lui chercher la gorge avant qu’il n’ait pu reprendre son souffle. Cette fois-ci, il ne pouvait pas se dérober avec autant de délicatesse qu’auparavant. Faisant confiance à ses réflexes, il repoussa son corps en arrière pour se retirer de la frappe rouge.

« Oh, vous avez esquivé ? Je suppose que vous ne voulez pas être vaincu à bout portant ~ ? » soupira Oreki.

Une ligne diagonale en rouge traversait son corps. C’était la rémanence de l’énergie de sa vie touchée par Intetsu, la marque de la frappe d’Ikki, et Ikki avait réalisé ce qui s’était passé.

Cette marque… c’est exactement là où j’ai mal…, pensa Ikki.

« J’ai été négligent. La Douleur Violette… fait plus que partager votre condition physique. Il partage aussi les blessures que vous prenez au combat, n’est-ce pas… !? » demanda Ikki.

« Vous le comprenez très bien, » répondit Oreki.

En effet, sa Douleur Violette pouvait forcer l’adversaire à se voir aussi infliger ses blessures, ce qui signifiait que chaque coup qu’Ikki lui ferait serait un coup mutuel.

C’est trop dangereux. Je ne dois pas attaquer négligemment…, pensa Ikki.

« Mais cela dit, vous ne pouvez pas rester en état encore longtemps, n’est-ce pas ? » demanda Oreki.

« Pourriez-vous ne pas lire dans mes pensées ? » demanda Ikki.

« C’est une supposition évidente en raison de votre transpiration, » répondit Oreki.

Comme l’avait dit Oreki, Ikki était couvert d’une lueur de transpiration.

« Depuis le début du test, vous êtes sous l’effet de ma Douleur Violette, partageant les douleurs de mon corps. J’ai ressenti cette douleur depuis mon enfance… assez longtemps pour l’appeler une partie de moi, et je peux l’endurer, peu importe à quel point c’est grave. Ce n’est pas le cas pour vous. Combien de temps encore pouvez-vous supporter ça ? » demanda Oreki.

Elle avait raison. Ikki s’était battu tout ce temps sous une douleur déchaînée qui avait fait s’effondrer de nombreux adultes. Il ne pouvait pas faire plus que cela.

« Si c’était un duel à l’épée, vous auriez gagné, Kurogane-kun. Je le reconnais. Mais… nous ne sommes pas des épéistes. Nous sommes des Blazers, avec des pouvoirs surnaturels au-delà de la compréhension humaine. L’épée seule ne nous donnera pas la victoire. Alors… je pense qu’il est temps que vous me montriez votre fierté en tant que Blazer. Montrez-moi votre Art Noble… ou bien allez-vous continuer à essayer de me défier sur l’endurance ? » demanda Oreki.

« Haa... Je ne vois pas comment je vais gagner comme ça, » répondit Ikki.

Se battre contre Oreki était le comble de la folie, mais Ikki ne gagnerait pas sans un plan. Une attaque comme celle d’avant ne ferait que répéter la même danse. Pour la vaincre, il aurait besoin d’un coup avec des dégâts décisifs, et causer une douleur à laquelle elle n’était pas prête. Pourrait-il faire ça ?

… Je peux le faire, pensa Ikki.

Mais Ikki Kurogane avait un moyen. En fermant les yeux, il rassembla le pouvoir de chaque cellule de son corps, du bout des cheveux jusqu’au bout des doigts. Une flamme bleue avait surgi de sa silhouette, et son pouvoir magique s’était condensé jusqu’au point d’être visible. En concentrant toute sa volonté et en ne retenant rien, il avait acquis une puissance massive pendant une courte minute contre un ennemi redoutable. C’était l’Art Noble d’Ikki Kurogane — Ittou Shura. Une fois ce pouvoir invoqué, il ne pouvait plus s’empêcher de s’épuiser. Après cette minute, Ikki n’en aurait plus. Soulevant un cri tonitruant, il s’approcha d’Oreki.

« Me voici, Sensei… et avec cette faiblesse, je vais vous montrer ma valeur ! » déclara Ikki

***

Partie 5

En voyant cette flamme bleue, Oreki avait pris une bouffée d’air.

Quelle façon désespérée d’utiliser les pouvoirs magiques ! pensa Oreki.

C’était beaucoup plus que ce qu’elle avait ressenti en lui auparavant, alors il devait puiser dans les profondeurs de son esprit, pariant tout son corps et son âme. Décrire l’idée était facile, mais c’était tout bonnement impossible. Ikki Kurogane consacrait même sa dernière once de magie à l’attaque. Combien de détermination cela avait-il pris ? Oreki ne pouvait même pas l’imaginer.

Mais Oreki savait une chose.

Je dois vaincre ce garçon, quoi qu’il arrive ! pensa Oreki.

Elle ne pouvait pas laisser ce jeune garçon utiliser sa force de façon aussi absurde. Ikki était fort et si anormal que les autres candidats n’étaient pas comparables, mais ce n’était pas suffisant. Il y avait des monstres dans ce monde qui ne prendraient pas une seule blessure même si quelqu’un comme Ikki épuisait tout son corps et son âme pour le faire. Si Ikki continuait sur la route des chevaliers, il risquerait de tomber sur ces monstres… mais Ikki n’abandonnerait probablement pas. Elle pouvait le dire. Après avoir croisé le fer avec lui aujourd’hui, Oreki pouvait déjà voir quel genre de personne était Ikki. Peu importe comment il perdait, il n’arrêtait pas de croire en sa propre valeur. Sans abandonner, il essayait encore et encore, brûlant sa propre vie comme il le faisait en ce moment, et… son corps et son esprit se briseraient.

Pendant un instant, Oreki vit un Ikki désespéré, s’écrasant contre un mur qu’il ne pouvait surmonter quoiqu’il fasse. Elle… ne pouvait pas le permettre. Les valeurs de Yuuri Oreki en tant qu’enseignante ne lui permettaient pas d’ignorer cette possibilité. Les adultes devaient guider les enfants. Ils avaient le devoir de les éloigner du bord du gouffre, de les empêcher de courir vers un avenir de ruine.

Je ne peux pas perdre ce duel ! pensa Oreki.

Yuuri Oreki était résolue. Avec conviction, non pas en tant qu’examinateur d’entrée, mais en tant que professeur et chevalier, elle interceptera le jeune lion vêtu d’une lumière bleue. La vitesse d’Ikki était incomparablement plus élevée, plus que ce que des chevaliers similaires pourraient suivre, mais une vitesse qu’elle pouvait encore saisir. Elle était, comme Ikki l’avait dit, plus forte que quiconque ici. Alors qu’Ikki s’approchait, elle avait frappé avec son coutelas de sa main gauche calmement sur son torse avec un choix du moment parfait. Ikki n’avait pas pu s’arrêter à cette vitesse, et avait pris la lame rouge profondément.

Mais à ce moment-là, il avait disparu de la vue d’Oreki comme de la brume.

Ikki se tenait un peu plus loin que prévu et Oreki ne comprenait pas la raison. Elle avait mal choisi le moment où frapper, non ? Non, c’était parfait, mais son attaque était… contre l’image d’Ikki. Il avait utilisé une technique qui, à l’aide de jeux de pieds et de pressions spirituelles, créait une illusion de son corps précipité pour faire que l’adversaire frappe en vain. C’était l’une des techniques d’épée originales d’Ikki, la quatrième épée secrète — Shinkirou.

Oreki s’était concentrée avant ça sur cette image. En conséquence, elle ne pouvait pas se défendre contre la véritable épée d’Ikki, franchissant la distance qui les séparait. Ikki ne laisserait pas passer cette chance. Il déplaça Intetsu dans sa main droite et frappa de toutes ses forces. Elle ne pouvait pas se dérober ou bloquer, mais… c’était la même chose qu’avant !

Pas encore ! pensa Oreki.

Oreki se battait avec conviction. En tant qu’enseignante, elle ne permettrait pas à un enfant de se détruire lui-même. Elle ne permettrait pas que le duel se termine ainsi !

Au moment du contact, le souffle d’Ikki s’était pris dans sa gorge en voyant Oreki faire quelque chose qu’il n’avait pas prévu. Le coutelas levé vers le ciel, elle avait frappé et, sans hésitation, elle s’était coupé le bras droit.

L’angoisse avait éclaté. En raison de sa Forme Illusoire, son bras ne s’était pas envolé, mais une sensation équivalente lui avait quand même traversé l’esprit. Et cette douleur et cette perte avaient aussi été infligées à Ikki par l’intermédiaire de la Douleur Violette ! Le bras droit d’Ikki avait perdu toute sa force, et Intetsu s’envola loin de son emprise. C’était la conséquence d’avoir parié toute sa force et ceci avait été compris avec succès par Oreki. Elle n’avait pas l’intention d’utiliser son coutelas normalement. Compte tenu de la différence de compétence entre eux, les attaques d’Oreki étaient peu susceptibles de frapper. Elle savait que cela serait esquivé, alors elle s’était défendue ainsi quand il avait attaqué.

C’était une tactique inimaginable. Sans cette Forme Illusoire, la douleur serait réelle. Même Oreki aurait du mal à supporter l’agonie d’avoir perdu un bras. Qui pourrait continuer à se battre avec ça ? Mais c’était pour le bien d’un jeune garçon qu’elle venait juste de rencontrer, un parfait inconnu. Oreki n’avait pas hésité à se mutiler pour en protéger un autre. Ses élèves étaient comme ses enfants. Quel genre de mère ne protégerait pas son enfant ? Alors sans hésitation, elle s’était coupé le bras droit… et avait privé Ikki de sa lame pour protéger son avenir.

Je suis désolée… ! Mais… ce combat… est le mien ! pensa Oreki.

Ikki n’avait pas de défense sans Dispositif, et il ne pouvait pas annuler une attaque avec toute sa force mise dedans pour récupérer ce qu’il avait laissé tomber. Oreki avait fait pivoter la lame qu’elle avait utilisée pour se couper le bras et avait frappé Ikki.

Une lumière rouge sang avait alors jailli.

***

Partie 6

Celle qui était tombée était… Oreki.

« … Quoi ? »

Qu’est-ce qui venait de se passer ? Pourquoi Ikki, dont l’épée avait été jetée loin de sa main, était-il toujours debout ? Et… pourquoi, quand elle avait regardé la main gauche d’Ikki, avait-elle vu son propre coutelas s’y accrocher ?

La confusion ne dura qu’un court instant avant qu’elle ne se souvienne du moment où Ikki, avec la force de ses doigts et le claquement d’un poignet soutenu par Ittou Shura, avait tordu le coutelas d’Oreki de sa main gauche et l’avait frappé avec dans le même mouvement. Cela avait pris moins d’une demi-seconde. Elle connaissait une seule technique qui pouvait le faire, voler à mains nues l’épée d’un adversaire pour l’abattre.

« Le… désarmement à mains nues du style Yagyuu [1]… vous connaissez même cette technique…, » déclara Oreki.

« J’ai eu la chance d’en voir des images une fois, et je l’ai retravaillé de mémoire. Je ne pensais pas avoir l’occasion de m’en servir, » répondit Ikki.

Ikki se tenait fermement avec des perles de sueur sur le front, ayant enduré la blessure mortelle causée par une attaque mutuelle avec Oreki. D’un autre côté, Oreki était déjà à terre. La frappe tout à fait inattendue avait rompu le fil qui unissait son corps et son esprit, et elle ne pouvait plus retenir très longtemps sa conscience. Elle avait perdu.

« Je ne peux pas réfuter ce résultat. Félicitations, Kurogane-kun, » déclara Oreki.

« Merci, » répondit Ikki.

« Mais il y a une dernière chose que je veux dire, » déclara Oreki.

« Qu’est-ce que c’est ? » demanda Oreki.

« Malgré tout cela, n’abandonnerez-vous pas l’idée de devenir chevalier ? » demanda Oreki.

Face à ces mots, l’expression d’Ikki s’était durcie. « Êtes-vous… en train de dire que vous ne me laisserez pas rentrer dans l’école ? »

« Non. C’est juste une demande personnelle. En tant qu’enseignante… Je pense que c’est bien pour les enfants de poursuivre leurs rêves avec tout ce qu’ils ont. En tant que professeur, je veux les aider. Même si un rêve ne peut pas se réaliser, la recherche de quelque chose est une bonne expérience… mais vous êtes différent, Kurogane-kun. Vous ferez face à des hauteurs qui dépassent la force que vos capacités ne pourront jamais atteindre. Il est très dangereux de ne pas reculer quand on le devrait et de dépasser ce que tout le monde appelle des limites raisonnables. Cet Art Noble. Ce n’est… pas quelque chose que vous pouvez utiliser comme un pouvoir fréquent, n’est-ce pas ? » demanda Oreki.

Ikki avait souri douloureusement face à cette simple vérité.

« Vous l’aviez compris, hein… ? » demanda Ikki.

Le talent particulier d’Ikki en tant que Blazer était de doubler ses capacités physiques en dépensant son pouvoir magique, rien de plus. En s’emparant d’un pouvoir intérieur que les êtres vivants ne devraient pas utiliser et en le concentrant à un degré absurde, il avait pu amplifier l’effet des dizaines de fois.

« C’est un acte qui raccourcira votre vie. Si vous continuez à l’utiliser, tôt ou tard… vous ne pourrez pas récupérer. En tant que professeur, je veux vous éloigner de cette école. Kurogane-kun… Je suis sûre que vous pouvez réussir de bien d’autres façons. Vous n’avez pas besoin de faire autant de sacrifices dans un domaine qui ne correspond pas à vos forces. Alors… s’il vous plaît, reconsidérez la situation, » déclara Oreki.

Pour un chevalier, faire une telle demande après avoir perdu un duel était honteux, mais Oreki avait dû le demander. Elle ne voulait pas que ce garçon vaillant et énergique soit ruiné.

« … Je vous remercie d’avoir pensé à moi alors que je vous ai défié si égoïstement, » déclara Ikki.

Ikki comprenait la gentillesse d’Oreki. Il savait qu’elle mettait de côté sa propre fierté pour le protéger.

« Mais quand même, j’ai l’intention d’être chevalier, » déclara Ikki.

Face à cette réponse, Oreki soupira. Elle… savait que ce serait sa réponse. Elle savait qu’il comprenait ses sentiments, qu’il était désolé, mais qu’il ne se plierait jamais à sa détermination.

Je doute que les larmes le convainquent… il est certainement très viril, pensa Oreki.

« C’est une route dangereuse, vous savez… ? » déclara Oreki.

« Oui, mais j’ai mes raisons. En plus… Je ne pense pas que je veuille rêver d’une vie où je pourrais réaliser des choses simplement en tendant la main vers eux. Le rêve qui me convient le mieux est un rêve plus haut que ce que je peux atteindre, » déclara Ikki.

Les yeux d’Ikki ne tremblaient pas, et à cette vue, Oreki avait compris son propre malentendu. Il… n’était pas un enfant. C’était un chevalier adulte, qui se frayait un chemin dans la vie avec son épée.

Notes

  • 1 Style Yagyuu : Yagyuu Shinkage-ryuu, l’un des plus anciens styles d’art du sabre japonais, établi à la fin du XVIe siècle.

***

Partie 7

« … Il est temps pour moi de retourner en classe, » déclara Ikki.

Oreki avait cessé de retracer ses souvenirs en entendant la voix d’Ikki.

« Ah, c’est vrai. Dites à ma place que tout le monde peut y aller, » déclara Oreki.

Voyant le dos d’Ikki redressé à son départ, Oreki se souvient de son inquiétude de l’époque, ainsi que de l’injustice de sa famille en intervenant pour le retenir un an malgré sa force. Mais malgré cette injustice… Ikki ne s’était pas incliné. Debout fièrement, la lumière dans ses yeux ne s’était pas du tout obscurcie.

« Hé, Kurogane-kun, » déclara Oreki.

« Oui ? » demanda Ikki.

« Même maintenant, je pense toujours que poursuivre la voie de la chevalerie n’est pas bon pour vous, » déclara Oreki.

« Sensei…, » déclara Ikki.

« Alors s’il vous plaît, montrez-moi à quel point j’ai tort, d’accord ? » déclara Oreki.

Montre-lui qu’il n’allait pas s’arrêter. Qu’il n’était pas un enfant. Montrez-lui pour qu’elle et le monde entier sachent qu’il était un valeureux chevalier qui pouvait marcher sur cette route avec conviction. Oreki avait poussé Ikki non pas en tant qu’enseignante, mais en tant qu’amie. Face à ce soutien, les yeux d’Ikki s’élargirent de surprise pendant un instant.

« Bien sûr. C’est ce que je vais faire, » répondit Ikki.

Il hocha la tête et quitta l’infirmerie. Le son de ses pas faisait un rythme fougueux, et Oreki avait suivi ce rythme jusqu’à tomber dans un profond sommeil.

***

Conclusion

« … Ahh, je vois. Je savais qu’Ikki et Yuri-chan avaient une relation mystérieuse, mais c’était donc ainsi, hein ? » déclara Arisuin.

« C’est vrai. Senpai a toujours appelé Yuri-chan “Oreki-sensei”, alors je l’ai trouvé poli en agissant ainsi, mais il la respecte sincèrement, » déclara Kagami.

« Pourtant, Yuri-chan peut utiliser un Art Noble à zone d’effet. Je ne l’ai jamais su, » déclara Arisuin.

« Mais ça laisse un gros problème après, » répliqua Kagami.

« C’est vrai… Les candidats à l’examen qui s’y sont fait prendre étaient tous des dommages collatéraux, » déclara Arisuin.

« Ouais… OK alors, ce sont les six événements. J’espère que c’était amusant ? Ceci met fin à l’édition spéciale du journal de l’Académie Hagun, mais le Festival des Sept Étoiles de l’Art de l’Épée est toujours en plein essor. Nous aimerions que vous encouragiez Senpai, Stella-chan et Shizuku-chan. Eh bien, tout le monde, on se retrouve dans le prochain journal ! Bye bye bye ! » déclara Kagami.

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Illustrations

 

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