Le Monde dans un Jeu Vidéo Otome est difficile pour la Populace – Tome 6

Table des matières

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Prologue

Partie 1

Les trahisons arrivent toujours soudainement.

Une trahison attendue n’est ni effrayante ni douloureuse.

Mais les traîtres cherchent généralement le meilleur moment pour vous trahir.

C’est ce qui se passe en ce moment !

« Léon, si tu n’expliques pas correctement, tu auras un “non”. »

Le coup d’Olivia était un peu penché, mais ses yeux étaient ouverts.

Ses yeux relâchaient une pression ne me permettant pas de mentir.

Devant ces yeux, moi, Léon Fou Baltfault, je tremblais.

J’avais ouvert la bouche pour donner une excuse, mais ma gorge était si sèche que je n’avais rien pu dire.

J’étais très nerveux.

« C-Calmez-vous, toutes les deux. Parlons-en. De cette façon, nous pourrons résoudre tout malentendu. »

De plus, il s’agissait d’un piège tendu par ce satané Luxon !

Inutile de dire que mes mots n’avaient aucun poids. Anjie, Anjelica Rafua Redgrave, regardait un lit de bébé qui se trouvait dans le coin de la pièce. Elle toucha le berceau avec ses mains et sourit. Mais ce sourire m’avait donné la chair de poule. Elle était en colère. Elle était furieuse.

Si je devais décrire les émotions d’Anjie en ce moment, l’analogie parfaite serait-elle celle d’un volcan avant son éruption ? Ou est-elle sur le point d’exploser en ce moment même ?

« Il vaudrait mieux que tu réfléchisses bien à tes prochains mots, afin de t’assurer que ton excuse soit fiable. Bien sûr, je veux parler de l’excuse que tu nous donneras sur la raison pour laquelle tu amènerais une autre femme dans cette maison préparée par la République pour tes études ici, et qui dispose même d’un lit pour bébé. »

« Laissez-moi vous expliquer ma situation actuelle. »

Comme je ne pouvais pas rester éternellement dans la maison de Marie, j’avais décidé de retourner dans la maison qu’ils avaient préparée pour moi.

En ce moment, nous avions la prêtresse choisie par le jeune arbre sacré, Noëlle Beltre, sous notre responsabilité. Son vrai nom est Noëlle Zel Lespinasse. En tant que gardien de la prêtresse, j’avais décidé de la ramener chez moi pour la protéger.

Je n’avais pas d’autres intentions, je le jure ! Je voulais juste la protéger des idiots de la République.

Noëlle, la nouvelle prêtresse, était maintenant quelqu’un de désiré — et pas pour de bonnes intentions — par tous les nobles de la République. C’est pourquoi, si je devais la garder en sécurité, le meilleur chemin à prendre était de la garder près de moi. Elle-même le comprenait et elle le désirait, donc jusqu’ici, il n’y avait pas de problème.

« Je ne cherche pas d’excuses. »

Noëlle avait baissé la tête.

Elle avait de beaux cheveux blonds, une coiffure avec une seule queue de côté avec des pointes roses. Elle avait un peu honte devant Livia et Anjie.

« Je m’excuse, tout est de ma faute. C’est ma faute pour avoir laissé cela se produire… »

Plus Noëlle devenait réservée, plus les regards de Livia et Anjie devenaient féroces. C’est pourquoi je devais arrêter Noëlle avant que les choses ne deviennent incontrôlables.

« C-Calmes-toi un peu Noëlle, OK ? Laisse-moi leur parler, je vais tout leur expliquer, » avais-je dit.

J’ai tellement peur de bégayer !

Je n’étais pas infidèle, j’avais été mis dans cette situation par accident ! Dans cette situation, il était vrai que c’était difficile de le nier !

Elles étaient venues chez moi au pire moment possible.

Les deux filles avaient vu le moment où je tenais Noëlle dans mes bras, et oui, en le regardant sans contexte, cela ressemblait sans aucun doute à de la triche. Sans parler du lit de bébé qui se trouve dans cette pièce.

Peu de temps après mon arrivée en République, j’avais rencontré un nouvel ami nommé Jean et, en raison de plusieurs circonstances, je m’étais retrouvé à m’occuper de son chien adoré pendant un certain temps.

Cependant, c’était un très vieux chien qui avait besoin de soins particuliers, alors j’avais acheté un lit de bébé pour qu’il puisse dormir. Le seul problème est… que le nom de ce chien était Noëlle.

Avoir le même nom que la fille à mes côtés rendait la situation encore plus compliquée. C’est pourquoi, aux yeux d’Anjie et de Livia, j’avais non seulement amené une fille dans ma maison de la République, mais je lui avais même préparé un berceau.

En supposant qu’il y ait 10 personnes qui regardent ça, le seul résultat possible serait que 10 de ces 10 personnes arrivent à la conclusion que je suis infidèle. En fait, si quelqu’un d’autre était à ma place, je penserais aussi la même chose.

Mais sérieusement, je n’étais pas un homme adultère.

La situation en était arrivée là à cause de la trahison de Luxon.

Normalement, dans ce genre de situation, ma fiancée ne devrait certainement pas être là pour assister à cette scène. Dans ce cas, pourquoi ça s’est terminé comme ça ?

Conclusion : C’est à cause de Luxon.

J’avais essayé d’utiliser 100 % de mon cerveau pour trouver la solution la plus optimale dans ce cas. OK, je n’avais pas à m’inquiéter pour ça. Je n’étais pas sûr de moi, mais si je parlais avec une expression sévère, j’étais sûr que les deux filles me comprendront.

« Les filles… réfléchissez bien à tout ça. Ce n’est pas vrai, mais en supposant que je sois vraiment infidèle, ne trouveriez-vous pas ce cadre vraiment bizarre ? » avais-je demandé.

Au moment où j’avais dit que « ce n’est pas vrai », j’avais eu l’impression que les yeux d’Anjie et de Livia dégageaient une aura encore plus froide qu’auparavant. Mon dos ne pouvait s’arrêter de transpirer et je ne pouvais m’empêcher de trembler.

« Bizarre ? Veux-tu bien arrêter d’essayer de changer de sujet ? »

La voix d’Anjie était cruellement froide. Je jure sur ma virilité qu’à partir de maintenant, quoi qu’il arrive, je ne la tromperai jamais. Je ne devais pas la mettre encore plus en colère. C’était ce que mon esprit, mon cœur… non, ce que mon âme elle-même avait compris en cette occasion.

« C’est certainement étrange. »

« Livia ? » Anjie avait cessé de me regarder et s’était tournée vers Livia. Il semblerait qu’elle ait réussi à comprendre ce que j’essayais de dire.

« Léon n’est même pas allé nous accueillir cette fois-ci lorsque nous sommes venues visiter à nouveau la République d’Alzer. La dernière fois, nous ne l’avons pas prévenu et il est quand même allé nous recevoir, non ? »

« Eh bien, c’est parce que Luxon aurait dû le prévenir, non ? … Ah, je comprends. » Apparemment, Anjie avait déjà compris. Finalement, elles avaient compris ce que je voulais dire.

« S’il avait quelque chose à cacher, il aurait eu le temps de cacher toutes les preuves, mais sinon, c’est parce que Luxon ne l’a pas prévenu, je vois. »

Luxon était habituellement précis et bruyant dans ses rapports, mais cette fois-ci, il n’avait rien dit. Au fond, il m’avait clairement trahi !

Livia avait hoché la tête et avait ensuite continué à parler de ce qui lui semblait étrange.

« De plus, Creare se comportait un peu bizarrement ces derniers temps. Si Léon avait quelque chose à cacher, il lui aurait dit de gagner du temps pour lui, tu ne crois pas ? S’il y a vraiment des preuves, je ne pense pas qu’il les aurait laissées en évidence. »

Oui, exactement ! Normalement, l’un de ces deux-là aurait dû m’en informer avant. Tous deux étaient extrêmement compétents, ils auraient donc dû m’aider à effacer les preuves de mon infidélité… évidemment, ce n’est pas comme si j’avais vraiment besoin de cacher quelque chose. Oui, je n’ai pas été infidèle !

« Vous ne voyez pas !? C’est clairement une trahison de ces deux foutues IA ! »

Il semblerait que le pire soit déjà passé après que les deux filles aient trouvé la réponse seule. C’est le pouvoir de l’amour !

Quand j’avais enfin eu le temps de respirer, la femme à lunettes qui voyait tout de dos sur la pièce avait murmuré. « … Mais cela ne change rien au fait que le Seigneur Léon jouait intimement dans cette pièce avec Lady Noëlle. »

« Cette femme est une… »

Elle s’appelait Cordélia Fou Easton. Une servante de confiance qu’Anjie avait envoyée pour m’aider dans mes tâches quotidiennes. En vérité, je croyais qu’elle était une femme de chambre raisonnable et cool, mais il semble qu’elle était une autre traîtresse.

Attends un peu. Est-ce juste moi, ou il y a beaucoup de traîtres autour de moi ? Anjie m’avait encore regardé fixement. Son regard, qui s’était un peu adouci auparavant, est redevenu froid.

« Dans ce cas, cela voudrait-il dire que Luxon a voulu donner une leçon à son maître condescendant ? »

Puis Livia avait soutenu la nouvelle théorie d’Anjie. « C’est possible. Je suppose qu’il voulait mettre Léon dans une situation de resserrement, pour que Léon cesse de s’amuser et de profiter de sa liberté. »

« Luxon est très filial. Léon, tu dois être heureux d’avoir un serviteur qui se soucie tant de redresser son maître dans le droit chemin… »

« C-Ce n’est pas tout à fait vrai… »

Cela ne se passait pas bien. J’avais pensé à plusieurs choses que je pourrais dire et qui pourraient changer le cours de ces événements, mais mon corps ne réagissait pas.

J’avais cherché partout quelqu’un qui serait prêt à m’aider, et finalement mes yeux avaient fini par tomber avec tous mes espoirs sur Yumeria.

Le remarquerait-elle ?

Peut-être que oui, car même au milieu de cette atmosphère lourde, Yumeria avait pris une respiration et s’était exclamée.

« Je… je pense que Sire Léon est aussi un homme, donc nous devrions lui pardonner, même s’il est tombé dans les tentations ! »

… et ses mots avaient jeté de l’huile sur le feu.

Si je devais décrire cette situation, elle serait représentée par une bombe sur le point de tomber dans le feu. Avec ça, il semblerait que j’avais vraiment été infidèle.

Yumeria l’avait remarqué et avait commencé à essayer de réparer son erreur.

« Ce n’est pas ce que je voulais dire ! Je veux dire qu’il a peut-être poussé ses plaisanteries un peu trop loin, mais… eh bien, je… Je veux dire que Sire Léon n’a d’yeux que pour vous deux ! Hmm ? … Ne devrait-il pas être réservé à une seule personne ?... »

Certes, si l’on parle de ce qui est normal et de ce qui ne l’est pas, avoir deux fiancées en même temps n’a rien de normal. Pendant que je pensais à cela, la situation avait empiré.

De plus, cette guerre était déjà une perte. Peu importe ce que moi ou Noëlle dirons, Livia et Anjie ne nous croiront pas.

De plus, Cordélia n’avait pas envie de se mêler de ce qui ne la regarde pas, manifestement elle n’avait pas pris la peine d’aider Yumeria à se clarifier. Sans compter que les intelligences artificielles qui devraient aider dans cette affaire, Luxon et Creare, avaient fui quelque part, il était très probable qu’ils m’aient piégé. Non, en fait, c’était déjà un fait qu’ils m’avaient trahi.

« Je le savais, les gens ne devraient pas faire confiance aux intelligences artificielles. »

Parmi toutes les choses que les êtres humains avaient construites, les intelligences artificielles étaient toujours les plus susceptibles de les trahir.

Apparemment, Luxon n’était pas l’exception. Il m’avait trahi ! Je ne te pardonnerai certainement pas, je ne pardonnerai à aucun des deux !

« Luxon, est-ce que tu m’écoutes ? Je sais que tu l’as fait. N’oublie pas que nous, les humains, finissons toujours par être au sommet ! Alors j’espère que tu es prêt ! »

Je l’avais dit à voix haute en riant à la fin de Luxon, qui regardait sûrement ça depuis un autre endroit.

Maintenant, la seule chose que je pouvais faire était de rire. Si je ne le faisais pas, je pourrais bien finir par pleurer. En me voyant rire pour rien, Noëlle avait été surprise tandis que Cordélia avait ressenti de la répulsion. Mais ce qui m’avait vraiment fait mal, c’était le visage de Yumeria qui était vraiment inquiète pour moi.

« Sire Léon, ne craquez pas, revenez à vous ! Tout ira bien, je suis sûre que tout sera résolu ! »

Qu’est-ce qui va bien se passer ? Ça n’a pas d’importance, merci quand même de t’en soucier. J’aime cette gentillesse que tu dégages. Après m’avoir vu rire sans contrôle, Livia et Anjie avaient pris chacune de mes bras et m’avaient agrippé.

Quiconque verrait cela sans contexte dirait que j’ai deux belles fleurs, une dans chaque main, mais en réalité, elles m’empêchaient de fuir. Les deux filles avaient des sourires vides sur leurs visages. Quant à mes bras, on pouvait entendre le bruit de mes fiancés qui les serraient.

« Léon, il est préférable de tout nous dire… sinon, tu seras traité comme un mauvais garçon. »

« Prêt à tout nous dire ? Il vaudrait mieux que tu t’accroches, nous avons tout le temps du monde alors je ne te laisserai pas dormir. »

Ce « je ne te laisserai pas dormir » m’aurait mis mal à l’aise et même excité si elle l’avait dit dans une autre situation.

Oui, si elle l’avait dit dans une situation normale !

Et donc, les deux filles m’avaient emmené hors de la pièce, en me tirant par les deux mains. Puis, Noëlle avait tendu la main vers moi. « Léon !? » J’avais tourné mon visage, oui, juste mon visage et j’avais essayé de sourire avec toutes les forces qui me restaient pour la rassurer.

« Ne t’inquiète pas, Noëlle, je suis sûr qu’elles vont me comprendre après avoir tout expliqué. »

Je suis innocent. Je n’ai pas été infidèle. C’est pourquoi Livia et Anjie me comprendront.

Oui, si elles me laissent juste parler…

« Léon, cette fois tu as été un mauvais garçon ! »

Elles vont sûrement…

« J’aurais dû te sermonner un peu plus sur les relations avec les filles avant de te laisser venir ici. Je ne te dirai pas de ne pas t’amuser, mais à partir de maintenant, tu devras le faire en sachant ce qui t’attendra. »

Est-ce que je vais revenir vivant ?

« Luxon, pourquoi m’as-tu trahi ? » Pendant que les deux me prenaient par le bras, je haussais les épaules et regardais le sol, comme si j’étais un criminel fraîchement arrêté. Mais je jure que je n’ai pas triché !

Je n’ai rien fait de mal !

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Partie 2

Dans l’Académie de la République d’Alzer, les vacances d’été avaient déjà commencé.

Il y avait une fille qui profitait de ces vacances pour entrer dans un donjon. Elle s’appelait Lelia Beltre.

Elle avait des cheveux roses avec une coiffure similaire à celle de Noëlle, une queue à un seul côté, mais du côté opposé.

Toutes deux étaient jumelles, elles se ressemblaient donc beaucoup, mais elles présentaient cependant de nettes différences. L’une d’elles, et c’était bien la plus importante de tout, était que la jeune sœur de Noëlle, Leila, est une réincarnée.

« Ici, c’est juste là. Je sais, je l’ai déjà vu auparavant. »

En ce moment, elle avait un sac à dos sur le dos et ses vêtements étaient sales en raison de la poussière. Dans sa main, elle tenait un pic.

D’après son apparence, il est évident qu’elle avait traversé beaucoup d’épreuves pour arriver à cet endroit. Il semblerait qu’elle ait dû endurer plus que ce à quoi elle s’attendait, vu la rudesse de sa respiration.

En la voyant comme ça, son compagnon, Serge Sara Rault, s’était un peu inquiété.

« Hé, vas-tu bien ? Tu n’es pas habituée à ça, alors ne te surmène pas. »

« Ne t’inquiète pas. Tout ira bien une fois que nous serons arrivés… »

« Ummm… cependant, je suis surpris que tu connaisses ce genre d’endroit. »

Serge était un garçon à la peau légèrement bronzée, aux cheveux noirs peignés en arrière. Il était grand et en forme avec des muscles bien définis. En bref, quelqu’un de totalement opposé au fiancé de Leila, Émile Laz Pleven. Mais il y a une raison pour laquelle Leila avait décidé de chercher dans ce donjon avec Serge.

Serge scruta son environnement, tout était recouvert par les racines de l’arbre sacré. Les racines étaient collées et se répandaient contre toutes les parois métalliques.

Après cela, ils étaient arrivés à ce qui semblait être un passage, mais la porte placée derrière ne s’était pas ouverte. Premièrement, parce que la porte elle-même était cassée, et deuxièmement, parce que les racines de l’arbre sacré remplissaient la zone.

Serge avait pris une lanterne et avait commencé à regarder autour de lui.

« Je n’ai jamais pensé qu’il y avait un tel donjon sous l’arbre sacré. Leila, n’est-ce pas une grande découverte ? »

Ils étaient dans un donjon qui se trouvait très en dessous de l’arbre sacré. En bref, ils étaient sous terre. Leila but de l’eau dans sa bouteille, puis se nettoya la bouche avec sa manche. En ce moment, elle n’avait même pas le loisir de se soucier de son apparence.

« Ne le dis à personne, ce serait gênant si quelqu’un d’autre décidait de venir explorer. Et puis… Serge, tu m’écoutes ? » Leila avait jeté un regard furieux à Serge qui la regardait avec un sourire. Mais Serge s’était contenté de rire.

« Ne sois pas comme ça. Je pensais juste que tu es une femme fantastique. »

« Quoi ? »

Qu’est-ce qu’il raconte dans cette situation ?

Leila ne savait pas comment réagir, mais Serge avait fait un pas de plus. Il avait marché jusqu’à ce qu’il soit en face de Leila.

« Je veux dire que tu es fantastique comme tu es maintenant. »

« Je sais que je n’ai pas de bonnes manières, » déclara Leila agacée, pensant que Serge se moquait d’elle. Cependant, dans ses pensées intérieures, elle pensait déjà à la prochaine chose qu’elle devait faire.

Léon a trouvé le Luxon dans le royaume de Hohlfahrt, donc il devrait aussi y en avoir un ici.

Tout comme Léon avait trouvé le Luxon dans le royaume de Hohlfahrt, il devrait y avoir un autre objet puissant dans le deuxième jeu. Un objet payant égal à Luxon.

Il doit y en avoir un. S’il n’y en a pas, je vais avoir des problèmes…

Je n’aurai rien à opposer à Léon.

Leila avait peur de Léon, qui avait une arme puissante dans ses mains. Si Luxon attaquait sérieusement, s’il s’agit d’un ordre de Léon, il détruirait la République ainsi que tout le continent sans ménagement. Quand Leila avait appris cela, elle n’avait pas pu rester sans rien faire en attendant d’être massacrée.

C’est pourquoi elle avait décidé d’entrer dans ce donjon afin de trouver sa propre arme puissante. Mais, comme prévu, elle ne pouvait pas le faire seule. Cependant, elle avait pu arriver à ce point grâce à l’aide de Serge, qui n’était pas un simple noble, mais un aventurier.

Leila avait continué à marcher dans un couloir sombre. Plusieurs fois, elle avait failli tomber à cause de branches d’arbres, mais chaque fois, Serge l’avait rattrapée avant qu’elle n’atteigne le sol.

« Veux-tu te reposer ? » lui demanda-t-il.

« Je vais bien. Il ne reste plus grand-chose, continuons un peu plus. »

L’objet était juste en face d’elle. Petit à petit, elle s’était rappelé toutes les informations du deuxième jeu qu’elle possédait.

Un peu plus. Oui, ça devrait être juste derrière cette porte.

Tous deux étaient arrivés devant une énorme porte.

Leila s’en était approchée et avait entré un mot de passe sur le panneau de contrôle.

Heureusement, j’ai le mot de passe.

Après avoir entré les chiffres dont elle s’était souvenue après s’être creusé le cerveau, la porte avait réagi. La porte automatique s’était ouverte, et de l’autre côté se trouvait une pièce immensément spacieuse.

Serge regarda Leila avec surprise. « Comment as-tu su comment ouvrir cette porte ? »

« J’ai des secrets. Oublie ça, maintenant, marche. »

Leila avait pointé la lanterne vers la pièce qui était pleine de racines d’arbres.

Il est plus large que celui qui était montré dans le jeu d’après mes souvenirs.

Après cela, Leila avait commencé à chercher un dirigeable… Non, un vaisseau spatial. Cette immense pièce était en fait un dock. Dans le passé, c’était ici que l’ancienne civilisation humaine gardait ses armes.

En ce moment, la zone de stockage était déjà abandonnée et remplie de vaisseaux futuristes brisés. Mais Serge était devenu très excité.

« Leila, c’est génial ! Si on dit qu’on a trouvé ça, nos noms entreront dans l’histoire ! »

En plus de découvrir une nouvelle ruine, ils avaient également découvert des objets anciens. Serge était excité et heureux d’être l’aventurier qui avait réalisé cela. Mais pas Leila.

« Tu n’as encore rien vu. Suis-moi. »

Serge obéit et marcha vers Leila qui avançait devant lui, et, arrivant presque au bout du passage, elle remarqua soudain quelque chose. Elle dirigea la lanterne vers un coin de la pièce, et là, elle se rendit compte qu’une arme avait fini par être enterrée ici.

C’était quelque chose avec une silhouette humanoïde, fortement liée par des racines d’arbres.

« Est-ce que c’est… une armure ? » Elle n’avait pas vu cela dans le jeu.

Mais il pouvait s’agir d’un autre objet payant qu’elle ne se souvient pas avoir vu auparavant.

Bien sûr, Leila ne s’était pas trop intéressée aux armes du deuxième jeu. En fait, elle considérait que les aventuriers et les armes n’avaient pour but que de faire avancer l’intrigue. Et alors qu’elle était plongée dans ses pensées, Serge s’était approché de l’armure.

« Elle n’a pas l’air mauvaise. Ce qui est mauvais, c’est qu’elle a été parfaitement coupée. Le gars qui a piloté ça a dû mourir ipso facto. »

Leila avait eu peur dès qu’elle avait entendu cela.

L’âme du pilote errait peut-être encore dans les parages. En suivant ce raisonnement, elle avait l’impression que cet endroit était un cimetière.

« Arrête de faire l’idiot ! »

« Ça a l’air bien, peut-on l’emmener avec nous ? Bien qu’elle soit complètement noire et large. Je crois que les armures des temps anciens étaient toujours comme ça, bien que celle-ci soit aussi énorme. »

Elle était plus grande que les armures traditionnelles de ce monde.

Face à cette armure, Leila s’était immédiatement souvenue d’une autre assez similaire.

« … Hmm ? Celui-là et cet “Arroganz” se ressemblent beaucoup. »

« “Arroganz” ? Je crois que j’ai déjà entendu ce mot. Ça veut dire… Arrogance, non ? » demanda-t-il.

« Hein ? Tu plaisantes ? » En entendant la signification de « Arroganz », Leila ne savait pas quoi ressentir envers Léon.

Ce type est un chuuni ? Qui diable appellerait sa propre armure arrogance ?

Elle avait pensé à cela en regardant l’armure piégée au milieu des branches de l’arbre. Puis, Leila avait eu la chair de poule.

C’est quoi ce bordel ?

… Cette armure l’effrayait vraiment.

Elle était sur le point de faire un pas en arrière par peur, mais Serge en était devenu encore plus intrigué.

« Leila, laisse-moi prendre ce garçon. Je l’aurai comme souvenir si je ne suis pas capable de le réparer. » Mais Leila avait immédiatement rejeté les suggestions de Serge. Ce n’est pas qu’elle avait une raison particulière, mais son instinct lui criait qu’elle ne rentrerait pas dans cette armure.

« Bien sûr qu’on ne le fera pas ! Allez, marchons. »

« Attends, ne sois pas comme ça ! » Elle avait pris Serge par un bras et avait avancé. Serge avait voulu résister un instant, mais s’était immédiatement calmé. Ils étaient sortis tous les deux en se tenant la main.

Puis, ils avaient trouvé un énorme vaisseau spatial avec une présence inquiétante. Il avait une forme simple et un design géométrique, bien qu’une partie soit coincée entre les racines. La couleur, apparemment, était vert foncé. Contrairement aux autres vaisseaux spatiaux qui se trouvaient là, celui-ci avait été laissé intact et ne semblait pas une ruine. Serge regarda ce vaisseau spatial avec un visage abasourdi.

« Je ne pensais pas qu’il était possible pour un dirigeable d’être aussi grand, même dans les temps anciens. »

Alors qu’il était sidéré, Leila se désintéressa de lui et se plongea à nouveau dans ses propres pensées.

Non, c’est un navire… ou plutôt, un vaisseau spatial. Elle avait essayé de se souvenir un peu plus de ce qu’il fallait faire à partir de maintenant dans le jeu, mais ses souvenirs étaient encore vagues. Les vaisseaux spatiaux des temps anciens… c’était des avions très performants pour le ravitaillement et aussi parfaits pour les batailles. Leurs capacités étaient bien supérieures à celles des vaisseaux de l’ère actuelle, et à en juger par les dimensions de celui qui se trouvait devant elle, on pouvait dire qu’il était aussi exceptionnel que le Luxon.

Avec ça, je ne perdrai pas contre Léon.

Leila avait commencé à marcher, laissant derrière elle Serge qui était encore dans les vapes. Comme il avait réalisé qu’elle le laissait derrière elle, Serge l’avait poursuivie. Mais soudain, Serge avait couru vers elle et avait tiré une de ses mains pour la mettre derrière lui.

« Il y a quelque chose qui approche par-derrière ! »

« Hein ? Q-Quoi ? »

Tout était si rapide que Leila n’avait pas pu le comprendre.

En moins d’un instant, Serge combattait déjà de ses propres mains les monstres qui étaient apparus.

Les monstres avaient été écrasés sur le sol et s’étaient transformés en fumée noire avant de disparaître.

Ce type ne les massacre-t-il pas trop simplement ? N’est-ce pas un peu trop unilatéral ?

Serge tuait certains monstres avec sa main droite nue. Tandis que l’autre main tenait une lance, qui se balançait dans une forme circulaire parfaite, tuant les monstres autour de lui. Il semblait être très confiant face aux monstres.

« Donc neuf, je vois. Leila, tu restes en arrière. »

« Peux-tu les vaincre tous ? » Serge tenait sa lance dans une pose fantaisiste, voulant montrer son côté fiable à Leila.

« C’est du gâteau ! »

Puis il avait commencé un combat unilatéral. Serge balançait sa lance, et à chaque coup, un monstre tombait, vaincu.

Serge avait toujours admiré les aventuriers, c’est pourquoi il s’était beaucoup entraîné et était devenu un guerrier qui pouvait même se mesurer aux personnes avec les meilleures spécifications qu’il pouvait obtenir dans le jeu.

C’est pourquoi il pouvait facilement vaincre tous les monstres qui se présentaient. Leila s’était sentie un peu dégoûtée après avoir vu les têtes coupées des monstres que Serge avait vaincus avec sa lance. Cependant, pour elle, c’était plus que suffisant d’avoir Serge pour s’occuper de ces monstres semblables à des requins volants. Après tout, elle ne pouvait pas le faire seule.

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Partie 3

C’était une bonne idée d’amener Serge ici. Il est plus fort que je ne le pensais. Il pourrait même être plus fort que Léon et ces idiots.

Le royaume d’Hohlfahrt était le chef-lieu des aventuriers, pour cette raison, Léon et son groupe avaient un certain degré de compétence. Mais pour Leila, Serge ne s’était pas laissé distancer. De plus, il semblait si fiable en face d’elle.

Qui aurait pensé que Serge soit un combattant si habile ?

« Et c’est le dernier ! » déclara Serge après avoir vu tous les monstres se faire décapiter. Et après avoir vérifié qu’il n’y avait plus de monstres, il avait abaissé sa lance.

Leila avait remercié Serge en le regardant avec une grande surprise et un peu d’intérêt.

« Tu es fort, maintenant je te vois sous un nouveau jour ! »

« Eh bien, personne ne survivrait dans ce genre d’endroit sans être capable de faire au moins ça. Es-tu déjà tombée amoureuse de moi ? »

« Non, pas le moins du monde, mais au moins je te considère comme une personne complètement différente maintenant. Merci de m’avoir protégée, Serge. »

Tous deux avaient plaisanté, et peu à peu, l’environnement inconfortable avait commencé à s’estomper. Puis, Serge avait regardé le navire de ravitaillement et avait commencé à réfléchir en silence, alors Leila lui avait demandé.

« Y a-t-il un problème ? » demanda Leila.

« Eh bien, je pense que cette relique ancienne est incroyable, mais j’ai l’impression que c’était un peu trop facile jusqu’à présent. »

« Et que dire des combats qu’on a eus jusqu’ici ? Tu ne peux même pas imaginer combien de fois j’ai cru que j’allais mourir en venant ici ! » Pour Leila, qui n’était pas habituée aux aventures, cela pouvait même être considéré comme un grand exploit d’atteindre sa destination sans mourir de peur ou sans mourir tout court.

Mais pour Serge, qui était déjà habitué à cela, cela semblait trop peu.

« En fait, j’ai été surpris que nous soyons arrivés ici après avoir marché en ligne droite. Savais-tu déjà qu’il y avait un trésor par ici ? »

Si je réponds oui, il sera sûrement curieux de savoir comment je l’ai su. Après être arrivée à cette conclusion, Leila avait décidé de trouver une excuse.

« Je ne pensais pas qu’il y aurait vraiment quelque chose ici… J’ai juste entendu des rumeurs dans le passé. » Elle avait fait comme si elle était sincèrement surprise, puis elle s’était concentrée sur le vaisseau pour éviter le regard de Serge. À ce moment-là, la porte s’était ouverte d’elle-même.

Contrairement à la porte précédente, celle-ci s’était ouverte lentement et silencieusement.

Puis, de l’autre côté, avait émergé une sphère flottante aussi grande qu’une balle de softball, avec un seul œil rouge. L’objet était resté immobile à la même hauteur que les yeux de Leila et Serge. Tout était si inattendu que Serge n’avait pas eu besoin de réfléchir à deux fois pour relever sa lance et faire reculer Leila en même temps.

Sa lance à la main, il avait crié à Leila de rester en arrière.

« Leila, reste en arrière ! »

 

 

Cependant, Leila était soulagée. C’est parce que la sphère devant eux n’était pas Luxon… c’était un autre drone bleu.

« Serge, calme-toi. On va s’en sortir. »

« V-Vraiment ? »

Serge baissa un peu sa lance, fixant les mouvements du robot bleu. Leila était convaincue que la chose en face d’eux n’avait pas de mauvaises intentions. En effet, s’il s’agissait d’un compagnon du vieux Luxon, alors il ne pouvait pas se battre sous cette forme.

« Je veux avoir une conversation avec toi. » Elle lui avait parlé et alors le robot bleu avait répondu avec une voix vive.

« Cela fait un moment que je n’ai pas reçu de visites. » C’était une voix robotique, mais avec un certain côté masculin.

La différence avec Luxon était que ce robot semblait beaucoup plus humain que le premier.

Serge avait été surpris, mais Leila avait continué à parler.

« Je veux ce navire. Donne-moi les droits de propriété. » Elle avait dit cela avec une attitude hautaine et le robot avait répondu avec une pointe d’interrogation.

« Veux-tu être mon maître ? … Hmm, il y a plusieurs choses que je trouve louches à propos de toi et de ta demande, mais la vérité est que je ne supporte pas d’être en attente dans cet endroit depuis si longtemps, mais je ne peux pas bouger sans permission. Donc l’apparition d’un maître est une situation très tentante ! »

Pourquoi ce nouvel humain serait-il au courant de son existence et des droits du maître ? Le robot semblait intrigué par cette question, mais plus que cela, il voulait quitter cet endroit au plus vite, aussi avait-il accepté avec joie.

Pendant ce temps, Serge s’était vraiment inquiété de cette conversation.

« Leila, es-tu sûre de toi ? Pour commencer, quelle est cette chose ? »

Mais celui qui avait répondu à la question de Serge n’était pas Leila.

« — Oups, j’ai oublié de me présenter, je m’excuse pour mon impolitesse ! Je m’appelle “Ideal”, un vaisseau chargé de l’approvisionnement. » Leila avait lâché un petit soupir. Un soupir de soulagement.

Bien, il a le même nom que celui que j’ai acheté sur le jeu.

Le nom du puissant objet pay2win du deuxième jeu vidéo otome était Ideal. C’est pourquoi elle était convaincue que cette arme puissante était le même drone que celui qu’elle avait rencontré auparavant. Ainsi, Leila avait fait un pas en avant avec confiance.

« Dans ce cas, faisons-le immédiatement. »

« Comment connais-tu les privilèges de propriété ? La vérité, c’est que je suis vraiment intrigué et que quelque chose semble louche, mais ce n’est pas grave. Passons au sujet suivant pour le moment. »

Le drone bleu, Ideal, avait fait briller son œil rouge et les avait scannés tous les deux. Puis Ideal avait commencé à errer autour de Leila en faisant des cercles assez intrigués.

« Que s’est-il passé ? » demanda-t-elle.

« J’ai reçu des informations très choquantes. Il semble qu’aujourd’hui sera un grand jour, » répondit Ideal.

« Tu le crois vraiment ? »

En comparaison de Luxon, elle pensait que cette autre IA répondrait avec un manque d’émotions beaucoup plus important, mais pour le moment, elle était plutôt amicale.

En outre, son attitude envers Leila, qui sera enregistrée comme son maître, était adéquate.

« Il semble que vous soyez tous deux très fatigués. Je vais préparer une chambre, alors, allez-y. Vous pouvez entrer, » dit Ideal en entrant devant pour les guider, les laissant tous les deux sous le choc une fois à l’intérieur du vaisseau.

Il était dans un état assez propre. Serge fut surpris en passant une main sur le mur à côté de lui.

« C’est la première fois que je vois une relique perdue gardée aussi propre et bien conservée. »

Les paroles de Serge ayant suscité son intérêt, Ideal se tourna vers Leila et lui demanda.

« “Relique perdue” ? Eh bien, dans l’ère actuelle, la technologie qui a été utilisée pour me construire devrait avoir été perdue. Il semble qu’il sera amusant de faire une promenade. »

« Amusant ? Est-ce que tu peux même ressentir ça en étant une intelligence artificielle ? »

Leila était sidérée par le fait qu’Ideal était vraiment impatient de sortir.

« … Oui, vous êtes vraiment des personnes intrigantes, » déclara Ideal devant les deux humains, avant de revenir les guider.

Puis Serge avait dit. « Hé Leila… C’est quoi cette intelligence artificielle dont tu as parlé avant ? »

Leila avait juré dans son esprit après avoir entendu cette question.

Merde, j’ai baissé ma garde.

« Ce n’est rien. Nous devrions accepter l’offre de cette chose et nous reposer un peu ici. »

« Tu as raison. Mais j’étais un peu excité à l’idée d’explorer l’intérieur de ce vaisseau. »

Serge avait l’air sérieusement excité, son regard scrutant l’ensemble de l’endroit.

Puis, Leila avait regardé la sphère flottante qui se trouvait devant elle.

Je l’ai, j’ai finalement obtenu mon propre objet de triche. Avec ça, je n’aurai plus à craindre Léon.

C’est ce qui avait apporté le plus de bonheur à Leila, bien plus que d’avoir récupéré ce genre d’objet perdu.

« Attendez un moment s’il vous plaît. »

Ideal les avait emmenés dans la pièce, qui ressemblait plus à l’aire de repos d’une entreprise. Il y avait quelques meubles, des distributeurs automatiques et même des plantes de décoration. Serge s’était assis directement sur le canapé sans enlever la saleté de ses vêtements.

« Ce canapé est incroyable. Leila, viens t’asseoir. »

« Franchement, tu es comme un barbare. Mais oui, tu as raison. » Leila s’était assise et avait détendu ses épaules pour atténuer la fatigue refoulée.

Après ça, Ideal était allé ailleurs, les laissant tous les deux seuls dans la pièce.

« Veuillez m’excuser, je vais prendre congé. »

« Où dois-tu aller ? »

« Je vais faire quelques préparatifs pour aller dehors. Aussi, je vais vous apporter de la nourriture dans un moment. » Ideal était parti et Serge avait souri.

« Quel gars attentionné ! »

Mais, y a-t-il quelque chose à manger dans un endroit comme celui-ci qui a été abandonné il y a tant d’années ? Alors que Leila se demandait cela, son regard avait été obstrué par Serge. Puis, il avait rapproché son visage du sien.

« A-a-attends ! » Elle avait rapidement essayé de couvrir son visage avec ses deux mains, mais Serge en avait attrapé une. Le regard de Serge était sérieux.

« … Leila, pourquoi t’es-tu fiancée avec le faible de la famille Émile ? » Leila s’était sentie un peu mal à l’aise en l’entendant demander cela. C’est parce qu’elle savait que Serge était follement amoureux d’elle.

« Ça n’a rien à voir avec toi, tu n’étais jamais à l’école, donc on ne pouvait pas trop traîner ensemble. Cela te pose-t-il un problème ? »

Leila savait déjà ce que Serge voulait dire.

« Tu sais ce que je ressens pour toi, n’est-ce pas ? Leila… Je t’aime, tu es la seule femme que j’aime. »

C’était des mots directs venant de son cœur.

Cependant, Leila avait détourné le regard.

Je t’aime ? Il n’y a pas de phrase plus vide que celle-là, pensa Leila, rejetant la confession après s’être souvenue d’un peu de son passé.

« … Tu m’as fait trop attendre. Je suis déjà avec Émile. »

Elle s’était levée et s’était éloignée de Serge, mais il n’avait pas renoncé. Serge avait attrapé les épaules de Leila et les avait rapprochées de lui.

« Je te jure que je vais te rendre heureuse. Je veux que tu restes avec moi. »

Quand elle avait vu Serge si sérieux, elle avait douté un instant… mais finalement, elle l’avait repoussé de ses mains.

« Serge, arrête de plaisanter. De plus, tu es un fils de la maison Rault, tu comprends ? Nous ne sommes pas faits l’un pour l’autre. »

« Et qu’est-ce que ça peut faire ? C’est la même chose avec Émile. Je suis seulement… »

Malheureusement, la porte s’ouvrit à nouveau et Ideal entra, interrompant leur discussion, et d’une voix enjouée, il déclara. « Cela fait un moment que je n’ai pas préparé de repas. Mais ne vous inquiétez pas, j’ai fait en sorte de bien conserver les ingrédients, donc tout est en parfait état. Bien qu’en fait, je puisse produire beaucoup de choses à l’intérieur de ce vaisseau, donc il y a plus qu’assez d’ingrédients ! … Mmh ? Est-ce que je suis arrivé au mauvais moment ? »

Ideal était revenu juste après que Leila ait rejeté la confession de Serge, mais grâce à cela, Leila avait pu changer de sujet.

Leila s’était éloignée de Serge, puis elle avait croisé les bras.

« Il ne s’est rien passé. »

Je ne comprends pas. Une intelligence artificielle peut-elle avoir des émotions ? pensa Leila, après avoir vu Ideal incapable de lire l’atmosphère.

+++

Chapitre 1 : Déchets inutilisables

Partie 1

« C’est comme ça. Il est vrai que le Maître s’occupait d’une chienne nommée Noëlle et a ensuite sauvé Noëlle Beltre. Ne vous inquiétez pas, il n’a pas le courage de vous tromper. »

Nous étions chez moi.

Luxon était venu pour m’aider, moi qui étais interrogé par Anjie et Livia alors que je n’avais plus de lumière dans les yeux.

Elles m’avaient interrogé pendant plus d’une heure.

C’était la faute de Luxon.

Anjie avait posé sa main sur sa taille et avait soupiré. « On s’est précipitée vers une mauvaise conclusion. Léon, s’il te plaît, pardonne-nous. Nous avions tort. »

Livia m’avait serré dans ses bras. « Je suis désolée, Léon. Tu ne nous trompais pas. Je me sens mal d’avoir douté de toi. »

J’avais décidé d’accepter leurs excuses avec un grand cœur.

« C’est bon. C’est aussi de ma faute si j’ai éveillé les soupçons. Mais vous deux, je ne vous pardonnerai jamais. »

Luxon et Creare étaient dans ma ligne de mire.

Ils m’évitaient tous les deux.

Luxon était insouciant. « C’est très méchant de ta part, maître, de ne pas pardonner à tes disciples. »

Creare avait l’air plutôt heureuse. « C’est vrai ! C’est ta faute si tu as agi de façon si suspecte ! Si nous n’avions pas donné suite, le malentendu n’aurait pas pu être résolu. Malgré tout, c’est rancunier de ta part de ne jamais nous pardonner. »

Est-ce tout ce que ces putains de traîtres ont à dire ?

« Ne jouez pas avec moi. Si dès le début vous ne m’aviez pas trahi, Anjie et Livia n’auraient pas douté de moi en premier lieu ! »

« En te regardant de côté, je pense qu’il est inévitable que tes actions soient suspectes, Maître, » déclara Luxon.

Anjie était convaincue de l’opinion de Luxon. « C’est vrai. Si tu entends parler du fait que tu as volé une mariée à un mariage, on ne peut pas s’empêcher d’hésiter. »

« Non. Ce n’était pas du vol. J’ai juste arrêté un mariage malheureux, » répliquai-je.

En entendant mon excuse, Anjie avait essayé de dire quelque chose, mais elle n’avait pas son habituelle envie de répondre puisqu’elle ressentait une certaine faute pour m’avoir soupçonné.

« Je compatis au cas de Noëlle, donc je ne t’en veux pas de l’avoir sauvée… Mais qu’est-ce que tu vas faire ? Léon, est-ce que tu penses à l’avenir ? » me demanda Anjie.

Lorsque nous parlions du traitement de Noëlle, j’avais mis mon doigt sur ma joue.

Je n’y ai pas trop pensé et ce n’est pas quelque chose que je dois décider.

« C’est Noëlle qui doit décider, » répondis-je.

Il semblerait qu’Anjie n’ait pas été satisfaite de ma réponse.

« Si l’histoire de la prêtresse de l’arbre sacré est vraie, nous devrions la ramener chez nous, » déclara Anjie.

L’arbre sacré… c’était une existence qui fournissait de l’énergie à la population.

Est-il bon de dire que c’est une énergie propre et gratuite ?

Une grande plante qui résout les problèmes d’énergie.

Et dans ma main, il y avait un jeune arbre qui allait pousser pour devenir cet arbre sacré.

Heureusement, le jeune arbre avait choisi sa prêtresse.

Si nous retournions dans notre ville natale et que nous plantions le jeune arbre sacré, le royaume de Hohlfahrt ne souffrira plus de problèmes d’énergie à l’avenir.

Compte tenu de la position d’Anjie, il était inévitable de choisir de ramener Noëlle à la maison.

Cependant, Livia n’en était pas convaincue. « Attends ! Qu’est-ce qu’on va faire quant à la volonté de Noëlle ? Noëlle n’a pas encore donné de réponse, non ? Il y a des doutes, non ? »

Elle avait dit que la volonté de Noëlle devait être respectée.

Les opinions d’Anjie et de Livia étaient en conflit direct.

Anjie avait essayé de raisonner Livia. « Je suis désolée pour Noëlle, mais le problème d’énergie sera résolu à l’avenir. Ce n’est plus un problème individuel. Je sais que c’est malheureux pour Noëlle, mais à l’avenir, elle résoudra l’un des problèmes clés du royaume… Je suis désolée, mais je ne veux pas laisser le choix à Noëlle. »

Je pouvais comprendre le sentiment d’Anjie de vouloir la ramener chez elle.

Ne plus avoir de problèmes d’énergie est une bonne chose.

Cependant, Livia n’était pas convaincue.

Même quand on lui avait présenté les avantages, elle s’y était opposée émotionnellement.

« Ce n’est pas bon. Noëlle ne sera pas heureuse. Et est-ce que Noëlle a même le choix de rester ici ou de venir dans le royaume ? La faire venir de force est impardonnable, » déclara Livia.

« Je suis désolée si je l’ai mal dit. Alors nous traiterons Noëlle avec la plus grande considération. Si Noëlle le veut, nous la laisserons avoir une vie luxueuse. »

« Ce n’est pas ça ! Qu’est-ce qui t’arrive, Anjie ? Tu n’agis pas comme tu le fais habituellement. L’Anjie que je connais n’aurait jamais choisi d’utiliser Noëlle comme un sacrifice. »

Elles avaient toutes deux commencé à s’énerver progressivement.

Anjie était aussi émotive.

« Si un sacrifice permet d’en sauver beaucoup dans le futur… mon choix sera pour la majorité. Je n’ai jamais dit que nous ne rendrions pas Noëlle heureuse. »

Face à la plus haute considération qu’Anjie pouvait donner, Livia n’était toujours pas convaincue.

« Noëlle n’est pas un outil ! »

Livia ne pouvait sûrement pas se pardonner de voir Noëlle comme un outil.

Anjie était un peu choquée.

Il semblerait qu’elle était consciente de ce qu’elle disait elle-même.

« Il est vrai que je la voyais comme un outil. Si ce n’était pas Léon qui avait apporté cette incroyable histoire alors même moi j’aurais douté… mais maintenant que je sais, je suis prête à ramener Noëlle au royaume. Léon, aide-moi aussi. »

Quand Anjie avait demandé mon consentement, Livia avait attrapé mon bras.

Elle m’avait fait un regard triste.

Ne me regarde pas comme ça.

« Léon, s’il te plaît, arrête Anjie. Ce n’est pas bon. Cela te rendra-t-il heureux si tu traites Noëlle comme un outil ? »

« E-Euh… »

Alors que je me déplaçais légèrement, Anjie avait attrapé mon autre bras.

« Léon, tu es un comte du royaume de Hohlfahrt. Tu as l’obligation de protéger ces citoyens. Je sais que tu ne veux pas en prendre la responsabilité, mais je ne te laisserai pas fuir. »

Livia se plaçait du point de vue de l’individu.

Et Anjie regardait l’ensemble.

Livia voulait le bonheur de Noëlle et Anjie voulait la sacrifier pour que beaucoup d’autres soient heureux.

Attends, je dois choisir ? Je dois décider quelque chose d’aussi important ?

C’est Luxon qui était venu à mon secours alors que j’étais en difficulté.

« Si le Maître accepte Noëlle, tout le problème sera résolu. »

Cette intelligence artificielle aime jeter de l’huile sur le feu.

« Je déteste cette partie de toi où tu ignores les sentiments, » répliquai-je.

« Oh ? Je ne veux pas entendre ça de mon Maître, qui a ignoré les sentiments de Noëlle. Si tu acceptes Noëlle, elle sera heureuse, Maître. De plus, le royaume de Hohlfahrt aura aussi l’arbre sacré et ils seront heureux. Tout s’accorde parfaitement. »

Où ? Où est mon bonheur dans tout ça !?

« Si je l’accepte, tout s’adaptera parfaitement, quoi… h-hein ? Anjie, qu’est-ce que c’est ? » demandai-je.

Anjie s’était arrêtée de tirer sur mon bras et elle se mit à réfléchir.

Elle avait lentement relevé son visage et m’avait regardé dans les yeux.

« Ce que Luxon a dit n’est pas une mauvaise suggestion. Léon… accepte Noëlle. »

Face à ce qu’Anjie avait dit, Livia avait secoué la tête. « Anjie, pourquoi ? Pourquoi dis-tu ça alors que tu étais contre le fait que Léon nous trompe. »

Voyant Livia afficher un regard disant qu’elle ne pouvait pas croire ce qu’elle entendait, Anjie avait détourné le regard.

« … C’est parce que ça en vaut la peine. Léon, tu peux rompre avec moi. Alors accepte Noëlle. »

En voyant Anjie marmonner ça pour me convaincre, je…

j’avais décidé de m’enfuir de cet endroit.

« Je ne veux pas. »

« Léon ? »

« Je ne veux absolument pas ! Je ne veux pas rompre avec toi, Anjie ! »

Quand j’avais crié cela et sauté hors de la pièce, j’avais entendu la voix de Livia.

« Léon !? »

♥♥♥

« N’était-ce pas terrible de les laisser toutes les deux dans la pièce ? »

J’avais quitté la maison et m’étais dirigé vers le manoir de Marie avec Luxon.

« Comme c’est ennuyeux. Et ça ne changera pas le fait que tu m’as trahi. Ah ~ ah, comme je le pensais, l’intelligence artificielle est une existence dangereuse qui va trahir l’humanité. »

« Je ne trahirai pas l’humanité. Cependant, la nouvelle humanité est une autre affaire. »

N’est-ce pas la même chose que de dire que tu vas nous trahir ?

« Foutu traître. »

« Si tu es inquiet pour Noëlle, tu devrais la mettre de ton côté. »

« Qu’est-ce que ça a à voir avec ta trahison ? »

Je ne veux pas faire l’expérience de leur méfiance à nouveau.

Quand même, le fait que ce type change de sujet cette fois-ci était trop suspect.

A-t-il vraiment pensé à me trahir ?

« Soyons sérieux… Luxon, pourquoi as-tu créé cette situation, y compris en dérangeant Creare ? »

« Tu as compris ça ? Tu es très perspicace, Maître. »

Comme toujours, tu es un type qui aime dire des choses ennuyeuses.

En écoutant cette fois, donne la priorité au thème principal.

« Ne détourne pas le sujet. »

« Malheureusement, Noëlle n’aura pas un avenir paisible. Nous devons donc choisir une voie qui nous est bénéfique tout en respectant tes souhaits. »

« On devrait, hein. »

« Si tu acceptes Noëlle, le royaume obtiendra l’Arbre sacré. Pour le moment, il n’est peut-être pas aussi puissant que l’Arbre sacré de la République, mais il résoudra le problème d’énergie dans le futur. C’est un énorme avantage ! »

« Pour ce qui est de l’avenir, les humains s’en occuperont. Dis-moi la vérité. »

« C’est vrai. En d’autres termes… Noëlle n’a aucune liberté. Si sa valeur est connue, non seulement le royaume va bouger, mais aussi les autres pays. Maître, tu ne seras pas en mesure de protéger Noëlle si elle n’est pas à tes côtés. »

Luxon listait les raisons, mais chacune sonnait comme un mensonge.

« Était-ce là tes véritables intentions ? »

« Doutes-tu encore de moi ? Alors, je voudrais le dire clairement. Si les autres pays poursuivent Noëlle, ils prendront toutes les mesures possibles. C’est la fin que tu regretteras, Maître. Ce serait encore heureux si c’est juste un mariage non désiré. Dans le pire des cas, ils lui feront subir un lavage de cerveau et la traiteront comme un outil. »

La jeune pousse de l’arbre sacré et la prêtresse Noëlle, d’autres pays souhaiteraient sûrement l’avoir entre leurs mains.

Je le comprends, mais as-tu besoin de le souligner ?

« N’est-il pas possible de protéger Noëlle dans la République ? Elle est leur prêtresse. »

« Oh ? Crois-tu toujours à la République, même si tu les as harcelés ? »

Depuis mon arrivée dans la République, j’avais harcelé les six grands nobles.

Pierre, qui avait utilisé le pouvoir des six principaux nobles et l’avait utilisé pour lui-même.

Loïc qui avait forcé Noëlle à l’épouser pour l’obtenir.

Ils étaient certainement des gens problématiques.

Ils s’étaient tous moqués de moi de bien des façons, mais comment feraient-ils si je n’étais pas là ?

« Elle a été sélectionnée comme prêtresse, mais c’est terrible qu’elle ne puisse pas être heureuse. Je croyais que le jeu avait une fin heureuse. »

Je m’étais plaint.

Dans ce jeu vidéo otome, Noëlle, qui avait été sélectionnée comme prêtresse, aurait dû être heureuse.

S’unir à un garçon qui aime et faire revivre sa maison qui était en ruine…

Et pourtant, qu’en est-il de Noëlle maintenant ?

Elle n’appartient à personne et elle n’est pas non plus heureuse.

« Luxon, qu’est-ce qui a mal tourné ? »

« Noëlle n’est-elle pas aussi heureuse que le dit l’histoire ? »

« … C’est nous. Non, est-ce ma faute ? »

Est-il possible qu’elle ne puisse pas être heureuse parce que nous sommes venus dans la République d’Alzer ? J’avais eu cette inquiétude.

« Comme toujours, tu es imbu de toi-même. N’es-tu pas en train de dire que tu as beaucoup d’influence sur le monde, Maître ? Penses-tu que le monde tourne autour de toi ? »

« Est-ce que tu me détestes ? Ne lâches-tu pas ces mots justes pour blesser mon cœur ? Je suis ton Maître, n’est-ce pas ? »

« C’est bon parce que ton cœur est aussi dur que l’acier. »

« C’est un cœur de cristal ! Il est délicat ! Fais plus attention ! »

« Tu devrais chercher le mot “délicat” dans un dictionnaire. Apparemment, tu te souviens du mot délicat dans un sens différent, Maître. »

Quel homme exaspérant !

Tu me parles mal et tu me trahis.

L’intelligence artificielle du monde de ce jeu vidéo otome est trop cruelle !

Quand j’étais arrivé au manoir de Marie en parlant à Luxon, l’entrée était bruyante.

« Que s’est-il passé ? »

J’avais regardé à l’intérieur et j’avais vu Marie se tenir la tête.

Je pouvais aussi voir Jilk en difficulté.

Lorsque Luxon avait confirmé la conversation, un fait surprenant avait été révélé.

« Oh, on dirait que Jilk a commencé à escroquer les gens. À en juger par le contenu de la conversation, il s’agit d’un événement datant du moment où ils ont été renvoyés par Marie. »

« Hé ! »

J’avais été surpris d’apprendre que Jilk était un escroc et qu’il gagnait de l’argent ainsi.

+++

Partie 2

Puis Marie, qui se tenait la tête à la porte d’entrée, avait couru vers nous.

« Onii-channnn ! »

En essayant de rattraper Marie, qui pleurait et me sautait dessus, j’avais ressenti un fort choc dans l’abdomen dû à l’impact.

« Argh !? »

Recevant un tacle de Marie, elle avait heurté mon ventre et m’avait fait tomber à genoux.

Marie, me serrant ainsi dans ses bras et pleurant, m’avait expliqué la situation.

H-Hey, tu devrais d’abord t’excuser auprès de moi pour tout à l’heure.

« Jilk… Jilk ! »

« Qu’est-il arrivé à ce bâtard d’escroc ? »

Quand j’avais réussi à me lever, Jilk était venu.

« Marie, s’il te plaît, écoute ! »

À ce moment-là, le visage de Marie s’était transformé en celui d’un démon.

« Tu veux que je t’écoute ? Sais-tu ce que tu as fait ? Qui a dit que tu pouvais gagner de l’argent en trompant les autres ! »

Pendant que je me frottais le ventre, j’avais entendu dire que Jilk avait arnaqué plusieurs personnes alors qu’il gagnait de l’argent en tant qu’antiquaire.

« Non, je ne l’ai pas fait ! Au début, j’ai essayé de faire mes affaires sérieusement, mais personne n’a essayé d’acheter les articles que j’essayais de vendre. Mais ensuite, j’ai commencé à préparer des articles pour qu’ils aient l’air plus attrayants, mais ensuite, l’article a été vendu instantanément. »

« Putain d’enfoiré ! Ça s’appelle tricher ! »

Marie avait attrapé la poitrine de Jilk et l’avait poussé violemment d’un côté à l’autre.

Je voudrais bien croire que je me trompe en voyant qu’un Jilk tremblant avait l’air un peu heureux.

Cependant, le problème actuel concernait la fraude qu’il avait commise.

Je pensais que ce type était une ordure dont je ne pouvais pas rire, mais était-il vraiment une ordure ?

Il semblait que Luxon considérait Jilk comme le pire parmi les idiots.

« Dans le passé, lors d’un duel contre toi, il a mis une bombe sur l’armure. Ce type a le plus grand grade de déchet par rapport aux autres, » annonça Luxon.

Les cinq idiots sont toujours des merdes, mais les quatre autres sont de meilleures merdes que toi.

J’avais eu envie de rire.

Cependant, Jilk seul ne pouvait pas me faire rire.

Marie avait expiré et avait relâché Jilk.

Marie était tombée à genoux, pleurant, les mains sur le sol.

Puis elle avait crié. « Auprès de combien de personnes dois-je excuser en m’agenouillant ? »

Les cris déchirants de Marie avaient résonné autour d’elle.

Quand j’avais vu Marie pleurer comme ça, j’avais, comme prévu, ressenti un peu de sympathie.

« Pourquoi n’attire-t-elle que des types inutiles ? »

Quand j’avais demandé ça à Luxon, la réponse que j’avais obtenue avait été épicée.

« Au lieu d’attirer des gars inutiles, n’est-ce pas à la place que tu rends les hommes inutiles ? Eh bien, les cinq idiots ils étaient inutiles à l’origine, donc je suppose que les deux sont vrais. »

« Tu n’as aucune pitié. »

« Est-ce ainsi ? »

Puis, en raison de l’agitation, les résidents du manoir étaient apparus.

C’était Julian qui arriva en premier, mais il portait un bandeau torsadé avec un tablier.

« Marie, que s’est-il passé ? »

Il avait bondi par ici après avoir entendu les pleurs de Marie, mais il était anormal pour l’ancien héritier, le prince, de porter un bandeau torsadé et un tablier.

Quand Julian avait pris Marie dans ses bras, celle-ci pleurait et riait en même temps.

Donc, Brad était sorti après.

Il s’était approché de nous en embrassant son ami colombe et son ami lapin.

« Que se passe-t-il ? Hey ? Pourquoi Baltfault est-il ici ? Oh, je vois. Il a dû se sentir seul sans moi. »

« Bien sûr que non. »

J’avais immédiatement rejeté les commentaires de ce narcissique. Le prochain à sortir était Chris avec un pagne tout en tenant une brosse.

« J’ai entendu Marie pleurer, mais que s’est-il passé ? Hmm ? Baltfault, pourquoi es-tu ici ? »

L’expliquer avait été difficile.

De plus, ces gars-là étaient devenus plus intenses récemment.

Ils avaient l’air de s’amuser, mais je doute qu’ils aillent vraiment bien.

Puis Greg, qui avait enlevé sa veste, était arrivé en sautillant.

« J’ai entendu la voix de Marie… Baltfault, pourquoi es-tu là ? »

Il semblerait que tout le monde s’intéresse à la raison de ma venue.

Cependant, cela n’était pas important maintenant, alors j’avais donc brièvement expliqué la situation actuelle.

« Il semble que Jilk ait commis une fraude. Marie a été mise dans cet état quand elle l’a découvert. »

Tous les quatre avaient vu Marie rire en pleurant, puis leurs yeux avaient dérivé vers Jilk.

Les yeux de Julian sur Jilk étaient méprisants. « Un homme comme toi qui a toujours dit qu’il voulait rivaliser avec moi travaille-t-il comme un escroc ? »

Les trois autres avaient agi de même.

Brad étreignait la colombe et le lapin avec des yeux froids sur Jilk. « C’est impossible. Un peu, non, normalement c’est mal. »

Les lunettes de Chris brillaient de façon suspecte.

« Cet homme, j’y ai déjà pensé, mais il y a des endroits où l’on peut choisir n’importe quelle méthode. »

Greg faisait de l’exercice, et ses muscles étaient gonflés. « — il est fragile et en ne faisant pas travailler ses muscles, sa personnalité a été déformée. »

Je ne pense pas que ça ait vraiment quelque chose à voir avec ça.

Julian m’avait confié Marie.

« Baltfault, je te confie Marie. »

« Hé ? Qu’est-ce que tu vas faire ? »

« Jilk est mon demi-frère. Nous avons grandi en prenant soin l’un de l’autre comme des frères et sœurs… C’est pourquoi je vais le soigner. »

L’attitude de Jilk !

Marie avait repris ses esprits quand elle avait vu Jilk être emporté par les quatre autres.

« Ha !? Jilk !? »

« Il a été pris par Julian et les autres. Ils vont sûrement lui faire un sermon ? »

Marie avait énormément baissé ses épaules.

Elle avait tenu son visage avec ses deux mains.

« Pourquoi as-tu fait de l’arnaque ? Il aurait été préférable que tu reviennes sans gagner d’argent comme avant. »

« Toi aussi, tu as traversé une période difficile. »

Marie rêvait d’un harem inversé et d’être cajolé par cinq nobles… pourquoi ? Elle n’avait pas l’air heureuse.

♥♥♥

La destination que je visais était la boulangerie d’un marchand qui avait acheté les œuvres d’art de Jilk.

C’était un grand marchand avec un manoir.

Jilk, qui avait escroqué cette personne, devait être un homme né avec un talent désagréable.

Une Marie tendue tremblait.

« C-C-C’est un bon jour. »

J’étais venu voir comment elle s’excuserait, mais Marie était nerveuse et inutile.

Comme c’était rendu ainsi… je l’avais accompagnée.

Au lieu de Marie, j’avais parlé au propriétaire de l’entreprise.

« Je suis vraiment désolé pour cette visite soudaine. »

« … Je pensais que vous viendriez un jour. »

Avez-vous réalisé que le produit que vous avez acheté était faux ?

Cependant, le propriétaire, mince et grand, semblait être nerveux en se tenant devant nous.

« Hum, en fait… »

« Je sais. »

« … Eh ? »

Lorsque le propriétaire avait donné des instructions à celui qui semblait être un majordome, celui-ci avait sorti le produit que Jilk avait vendu, peut-être parce qu’il l’avait préparé.

Cependant, ils étaient très polis.

J’avais volontairement mis des gants et j’avais délicatement posé la tasse de thé sur la table.

Ça semblait être un produit très cher, si on ne savait pas qu’il était en fait faux.

Dans ce cas, j’aurais pu moi aussi me faire avoir.

Cependant, l’histoire avait pris une direction inattendue.

« Est-ce le produit que vous avez acheté chez Jilk ? »

« … Oui. »

Les yeux du propriétaire regardant la tasse de thé semblaient indiquer qu’il était très triste.

Les majordomes et les serviteurs qui m’entourent nous regardent avec une certaine tension.

Il y a un problème.

Bien qu’il ait été trompé, il ne semblait pas être en colère.

Non, peut-être que vous n’avez pas réalisé que vous avez été trompé ?

Alors que j’avais remarqué une telle chose, il semblerait que Marie l’ait aussi devinée dans l’atmosphère ambiante.

Elle était un peu inquiète. Mais probablement, car elle n’était pas un aussi gros déchet que Jilk, Marie avait ouvert la bouche pour dire que c’était faux.

« E-Excusez-moi ! »

« Je sais ! vous… vous êtes venu chercher cet article ? C’est juste pour ça. Je ne pensais pas que vous pourriez l’obtenir à un tel prix. »

« O-Oui… Hein ? »

La réaction du propriétaire était étrange.

J’avais décidé d’enquêter.

« Non, je n’ai pas l’intention d’essayer de le récupérer. En fait, j’ai entendu dire qu’une connaissance est antiquaire, je n’en revenais pas et je suis venu le voir. »

« O-Oh ! Alors c’était donc ça ? »

Le propriétaire avait été visiblement libéré de la tension.

« Je ne suis pas familier avec l’art, mais cette tasse de thé est-elle un objet coûteux ? »

Quand j’avais regardé la tasse de thé, le propriétaire avait ouvert les yeux et m’avait expliqué.

« Bien sûr ! C’est un produit dont la tradition de fabrication s’est effondrée il y a quelques années. Cinq cents ans. J’en ai eu, mais aucun n’est resté en parfait état. C’est un chef-d’œuvre de l’époque et il n’y a que peu d’objets en parfait état ! J’en ai demandé à des personnes qui s’y connaissent, mais il était difficile pour quiconque de vouloir m’en vendre ! »

J’avais vu le propriétaire, qui était très heureux et fier de sa collection, et j’avais hoché la tête en souriant.

Marie m’avait regardé d’un air inquiet.

J’avais donc confirmé avec Luxon à voix basse.

« Est-ce le vrai ? »

« Oui. »

La courte réponse de Luxon m’avait désorienté en ne sachant pas ce qui se passait.

Je ne l’avais pas montré aux autres.

« Ahahaha, j’ai été surpris qu’il soit un bon antiquaire. D’ailleurs, connaissez-vous d’autres personnes avec qui Jilk a fait des affaires ? »

Est-ce une coïncidence ?

En écoutant le prochain client, nous parlions aussi de Jilk.

« Jilk est un grand connaisseur, même s’il est jeune. Non, je ne peux pas dire que c’est un connaisseur. Est-il préférable de dire qu’il a le talent de trouver l’authentique ? C’est un génie ! »

Vous faites l’éloge de Jilk, qui n’a pas un bon œil !?

A-t-il vraiment du talent ?

Le propriétaire avait apprécié la tasse de thé.

Puis il avait affiché un sourire devant moi.

« Pourtant, quand j’ai entendu que le comte de Hohlfahrt arrivait, je me suis demandé ce qui allait se passer. »

« Moi ? »

« Oui. Il y a tellement de rumeurs qui circulent, et certaines sont scandaleuses. J’étais vraiment anxieux intérieurement en pensant que vous allez reprendre le produit que j’ai acheté. »

Non, on dirait plutôt qu’il était impatient.

Plus important encore, quelles sont ces rumeurs à mon sujet ?

« Je suis intriguée par ces rumeurs. »

« Ça ne veut rien dire pour moi, car je vois bien que le comte est un véritable gentleman. »

Moi, un gentleman ? Bien que j’essaie d’être comme le Maître, je suis conscient que je suis immature.

Est-ce que j’ai l’air d’un gentleman ? Eh bien, quelle flatterie !

Cependant, j’étais content et j’étais heureux.

« Vous êtes douée pour la flatterie. »

« Ce n’est pas vrai. »

Le visage du propriétaire était devenu sérieux.

« … J’envie le royaume. »

Il n’avait rien dit de plus, mais j’avais eu l’impression qu’il semblait avoir des problèmes avec les nobles de la République.

♥♥♥

Après cela, des enquêtes de suivi avaient été menées, mais il n’avait pas été nécessaire de présenter des excuses.

Ils avaient tous dit ce qui suit.

« Jilk est un génie ! Non, il est aimé par le dieu de l’art ! »

« Quelle grande habileté, pour sauver un vrai trésor d’un tas d’ordures, il est le sauveur de l’art ! »

« J’aurais soutenu généreusement Jilk s’il était né dans la République. J’envie le royaume. »

Vous comprenez ?

Jilk était la seule personne qui croyait qu’il avait agi comme un escroc.

Nous, qui étions retournés au manoir, nous nous étions retenus.

« Mais qu’est-ce qui se passe ? Je ne pensais pas que tout le monde allait nous féliciter pour le sens esthétique de Jilk. »

Par conséquent, je n’avais pas eu à faire face à la fraude et Marie avait pu se sentir soulagée.

« Est-ce que ce type a vraiment un bon œil ? »

Inquiet pour le manoir, Jilk était arrivé avec le visage battu.

Malgré son apparence douloureuse, il avait souri fièrement.

« Oh, n’est-ce pas le comte, qui n’a pas un bon œil pour les choses, Baltfault ? »

« Tu es un sale type. »

« Vraiment ? Quand même, c’est troublant de voir que tout le monde tire des conclusions hâtives. J’ai trouvé les objets qu’ils voulaient et je les ai vendus à un prix raisonnable. Ce serait embarrassant qu’ils appellent ça un péché. »

Il a dit ça, mais ce qu’il a vendu… Je ne peux pas le considérer comme de l’art.

Cependant, tous les clients qui avaient acheté des produits avaient été satisfaits.

Je l’avais aussi confirmé avec Luxon, mais tout était vrai.

Je ne peux pas dire que c’est une coïncidence.

Jilk m’avait regardé.

« Oh ? Tu ne veux pas t’excuser ? »

« C’est Julian et les autres gars qui t’ont battu. Et aussi, je te pardonne d’avoir utilisé une bombe lors du duel, tu devrais être reconnaissant. »

« Eh bien, restons-en là. »

J’avais secoué la tête sur le côté et montré un état de déception.

C’est un sacré bâtard qui m’irrite.

Cependant, il semblerait que Marie ait remarqué quelque chose ici.

« Attends un peu… en d’autres termes, si Jilk prépare ce que les autres veulent, peut-il rassembler de l’argent ? »

En voyant les yeux de Marie pétiller, Jilk avait affiché un regard compliqué.

« Non… Marie ? D’habitude, je vois des choses réelles. Cependant, cette fois, je n’ai préparé que des articles adaptés aux personnes aveugles. »

« C’est bien ! Jilk, pourquoi n’as-tu pas fait ça jusqu’à maintenant ? »

« E-Eh bien… »

« Ce n’est pas une arnaque si tu vends quelque chose de réel ! En d’autres termes, en se fiant à ton sens esthétique, Jilk, tout ira bien à l’avenir ! »

Il est certain que si vous réussissez, vous pouvez gagner beaucoup d’argent.

En fait, Jilk avait gagné beaucoup d’argent en peu de temps.

Jilk avait l’air gêné, mais il n’avait pas pu refuser lorsque Marie lui avait fait part de sa demande.

Il avait accepté la suggestion de Marie.

« Je te comprends. Si c’est le cas, je vais choisir le produit approprié pour toi, Marie. »

« J’ai hâte d’y être, Jilk ! »

« Laisse-moi faire. Je vais te montrer à quel point je suis différent des quatre autres. »

Il avait progressé légèrement plus que les quatre autres.

Après tout, ce type a une mauvaise personnalité.

+++

Chapitre 2 : Serge

Partie 1

Lelia était revenue au milieu des vacances d’hiver. Elle vivait avec son fiancé Émile, mais elle n’était pas revenue depuis un moment, et il s’inquiétait pour elle.

« Comment ça, tu explores un donjon, L-Leila ? »

La question d’Émile était timide, et Leila avait agi de manière irrespectueuse.

« Je t’ai dit que j’allais en défier un avant les vacances d’hiver. »

« Je n’ai jamais pensé que tu étais sérieuse ! »

Du point de vue d’Émile, elle était juste excitée par cette pause.

Mais, quand il avait entendu qu’elle avait vraiment l’intention de le faire, il avait été surpris.

« Pourquoi fais-tu quelque chose de si dangereux ? — Pourquoi un acte si dangereux ? »

« C’est une affaire importante. »

Elle ne pouvait pas donner les détails à Émile.

Par conséquent, son explication n’était pas convaincante. Ideal observait la situation, aux côtés de Leila.

Il était soudainement apparu.

« Je suis ravi de vous rencontrer, Émile. Mon nom est Ideal. Je suis le vaisseau spatial de Lelia à son service — oh, ça ne se voit pas. »

« Hein, un dirigeable ? Même s’il est si petit ? »

« Oh, mon unité principale est séparée. J’ai été récupéré par Lelia et Monsieur Serge. Je suis reconnaissant pour leur aide. »

« — Quoi ? Serge était aussi avec toi ? »

Voyant Ideal, qui parlait avec désinvolture, Lelia avait tendu le bras pour l’attraper.

« Hé, pourquoi es-tu venue ? »

« Je pensais pouvoir dissiper les malentendus. »

« Bah ! Espèce d’idiot ! Je t’ai dit de rester caché ! Ne te souviens-tu pas de mes instructions ? »

« Ne m’as-tu pas dit de me cacher pendant une minute ? »

« Qu’est-ce qui se passe ? Pourquoi étais-tu avec Serge ? »

Émile avait élevé la voix, à la surprise de Lelia.

Elle ne s’attendait pas à ce que le timide Émile hausse le ton.

« C’est bon. J’ai seulement demandé son aide pour explorer le donjon. »

« Tu ne m’avais pas dit que tu étais avec un homme ! Lelia, nous sommes fiancés maintenant. »

Lelia s’était rappelé le fait qu’elle avait rejeté Serge en faveur d’Émile.

C’est pourquoi elle était encore plus en colère contre Émile pour ne pas l’avoir crue.

J’ai refusé les avances de Serge, et tu me soupçonnes de tricherie !?

« Il ne s’est rien passé ! Vas-tu me demander ça chaque fois que je fais quelque chose ? Es-tu jaloux de ton ami ? »

« Je ne suis pas jaloux. Pourquoi, de toutes les personnes, as-tu pris Serge ? Crois-tu que je ne sais pas ce qu’il pense de toi ? »

« Ne me crois-tu pas ? »

Lelia avait plissé les yeux et Émile avait secoué les épaules.

« Non, non, ce n’est pas ce que je voulais dire. »

C’est facile de pousser le faible Émile.

Elle pensait qu’il se retirerait si elle lui parlait assez sévèrement, mais aujourd’hui il résistait.

Mais c’est tout, pensa Lelia.

« Je ne veux plus parler de ça, d’accord ? »

« Ouais, ouais. »

Une fois le problème d’Émile réglé, elle devait s’occuper d’Ideal.

« Toi aussi ! À partir de maintenant, n’apparais pas en public sans permission. »

« Je suis désolé d’avoir été négligent. »

Comme il s’était excusé rapidement, Lelia n’avait pas pu aller plus loin.

« C’est vrai que mes instructions étaient mauvaises. Je te laisse tranquille pour cette fois. Je vais retourner dans ma chambre. »

Lelia était retournée seule dans sa chambre.

Émile et Ideal avaient été laissés derrière.

+++

La maison des Rault.

Lorsque Serge était revenu, Albert l’avait convoqué dans son bureau.

Albert était consterné de voir son fils adoptif, Serge, qui faisait un peu n’importe quoi.

« Si tu dois partir, informe-moi au moins. »

Serge était assis sur le canapé et regardait le plafond.

Il faisait voltiger ses mains.

« Je le sais. »

« Tu ne le sais pas, et c’est pourquoi je répète. Tu es revenu il y a peu, mais tu es reparti. Où étais-tu ? »

« Eh bien, ça varie. »

Albert jeta un regard amer à son fils qui évitait la question.

S’il avait accepté Serge comme fils adoptif, c’était pour en faire l’héritier de la famille Rault. Après la mort de son fils, Léon, Albert l’avait adopté.

Cependant, Serge voulait être un aventurier, et dernièrement, il ne fréquentait pas l’académie.

« Serge. Abstiens-toi de partir à l’aventure à l’avenir. »

« Hein ? »

« Je ne t’ai autorisé à t’aventurer que pendant les vacances de l’académie, mais tu as ignoré cet ordre et tu as fait ce que tu voulais. Pensais-tu que cela serait acceptable ? »

Il faudra un certain temps avant que Serge ne puisse repartir à l’aventure.

Mais sa réaction avait été différente de celle attendue.

« Pourtant, tu ne m’as jamais accepté comme ton fils avant, non ? »

« Encore ça ? Je t’ai accepté comme mon fils. Et tu devrais au moins… »

« Ne suis-je pas une doublure pour lui ? »

« Personne n’a rien dit de tel. »

« Je ne sais pas. »

Lui — fais référence à Léon, le fils biologique décédé d’Albert.

Serge n’avait jamais aimé être comparé à Léon depuis qu’il avait été recueilli.

Il est donc difficile de lui présenter Léon. Mais je finirai par le lui dire.

Léon, un jeune homme du royaume de Hohlfahrt.

Il ressemblait beaucoup à Léon, le fils biologique d’Albert, et était aussi très… populaire dans la République. Il serait impossible de ne pas le dire à Serge.

« Serge, le festival du Nouvel An est proche. S’il te plaît, joins-toi à nous. »

« “Le festival du Nouvel An” ? C’est juste un festival. Je ne suis pas un enfant, et je ne veux pas me donner la peine d’y assister. »

« Tu dois être là. J’ai quelqu’un à te présenter. »

« — Qui ? »

Serge ne serait pas à la fête du Nouvel An si Albert lui disait ça ici, donc il avait décidé de garder le secret.

« Je vais te le présenter à ce moment-là. »

« Merde ! » Serge avait fait claquer sa langue, s’était levé et avait quitté le bureau.

Albert avait l’air désespéré en regardant le dos de son fils.

+++

Anjie et Livia allaient rester avec nous, alors nous étions retournés chez Marie.

« La raison ? C’est trop petit pour que vous restiez tous ici, » déclara Cordelia. C’était logique.

Anjie était restée silencieuse pendant tout ce temps.

J’étais assis dans la salle à manger et je soupirais.

« Oh, comment ai-je pu laisser cela arriver ? »

Alors que j’agonisais, Julian, assis à côté de moi, m’avait donné un coup de coude.

« Hé, Baltfault. »

« Quoi ? »

« Qu’est-ce que tu veux dire, “quoi” ? Ne vas-tu rien faire dans cette situation ? Je suis sûr que tu trouveras un moyen de t’en sortir. »

Les yeux de tout le monde disaient la même chose.

La réalité de cette situation m’obligeait à agir.

De ce que je pouvais voir, Anjie et Livia étaient assises l’une à côté de l’autre.

Mais il n’y avait pas eu de conversation.

Elles ne s’étaient pas parlé depuis l’incident de Noëlle.

Elles voulaient probablement beaucoup se parler l’une à l’autre.

Elles voulaient peut-être parler de la cuisine de la République.

Mais elles étaient en train de se disputer.

Cela avait créé une atmosphère délicate. Tout le monde voulait avoir une conversation, mais n’avait pas le courage de l’entamer.

Cordelia, debout derrière moi, avait toussé délibérément.

« Sire Léon, pourquoi ne pas parler de ce plat à ces deux-là. Je suis sûre qu’elles n’en ont jamais mangé. »

« Eh ? Je ne suis pas familier avec ça. »

Je pouvais entendre des voix découragées autour de moi.

Mais ensuite, Noëlle leur expliqua avec humour.

« Il est important d’utiliser le bouillon de crustacés, » leur explique-t-elle, ne supportant pas le silence à table. Mais elle ne tarda pas à être à court de sujets sur la nourriture.

Anjie la remercia sèchement.

« Je suis désolée de vous déranger. »

« Non. »

La conversation s’était arrêtée.

C’était comme ça depuis un moment maintenant.

La scène habituellement bruyante du repas était devenue silencieuse et seul le cliquetis des ustensiles pouvait être entendu.

— Que dois-je faire pour régler ce problème ?

+++

Après avoir fini de manger, j’avais décidé de parler à Marie de la dispute entre Anjie et Livia.

Dans le manoir, nous étions tous les trois, y compris Luxon, en train de discuter de la question.

« Je veux arranger leur relation. Les gars, prêtez-moi votre sagesse. »

« C’est rafraîchissant de te voir demander de l’aide, maître, » répliqua Luxon.

J’avais aiguisé mon regard au sarcasme de Luxon.

« À qui penses-tu que c’est la faute ? »

« Le fait que le maître ait été soupçonné de tricher et le fait que ces deux-là se battent sont deux choses différentes. Ils n’ont aucun rapport. Maintenant, peux-tu s’il te plaît résoudre ce problème, c’est inconfortable, » répliqua Luxon.

Putain.

Ce n’était certainement pas la faute de Luxon ou la mienne, mais c’était comme si leur dispute s’était intensifiée après l’incident de la tricherie.

Je pense que nous avons une petite responsabilité ici. Alors que nous nous dévisagions, Marie nous regarda et secoua la tête.

Son visage avait un air de : Ces gars ne savent pas ce qu’ils font.

« Je me fiche que ces deux-là se disputent. Ce qui compte, c’est Noëlle. — Que vas-tu faire, mon frère ? Je suis inquiète pour son avenir, » déclara Marie.

« — Tu n’aimes vraiment pas ces deux-là, n’est-ce pas ? »

« Qu’est-ce que tu veux dire ? Elles sont un aussi gros problème que Noëlle. »

Marie s’était éloignée de moi avec un air très dégoûté sur le visage.

« Tu es ennuyeux, non ? Nous devrions nous préoccuper davantage de Noëlle que de ces deux-là qui se livrent à une bagarre d’enfants, » déclara Marie.

« Je ne pense pas être ennuyeux, » répondis-je.

Au moment où j’avais dit cela, Marie avait montré un visage surpris.

« Quoi !? »

« Tu es encore plus obtus que Luxon », dit-elle en secouant l’œil avec dégoût.

Ses réactions étaient froides.

« Quoi ? »

« — Oublie ça. Plus important encore, Noëlle est sérieusement en difficulté. Tu devrais l’aider. Tu devrais veiller sur elle. »

« Je ne pense pas que j’en ai besoin. C’est le problème de Noëlle. C’est elle la protagoniste. »

Elle était la protagoniste du deuxième jeu vidéo otome.

Elle avait un avenir heureux.

Je me demande si c’est bien d’interférer.

Luxon et Marie avaient l’air de penser que j’étais un emmerdeur.

« Penses-tu toujours au scénario original, idiot, non ? » demanda Marie.

« Oh, donc tu es conscient de toi-même ? Peut-être que le maître n’est pas aussi idiot que je le pensais, » rajouta Luxon.

Ils sont trop durs avec moi.

« Tu es trop stupide pour penser correctement. Je te laisse décider de ce qu’il faut faire avec Noëlle, que ce soit le bon choix ou pas. »

« Si tu l’amènes avec nous, je peux aider à résoudre le problème. »

« C’est la vie de Noëlle, je n’ai pas mon mot à dire, » répondis-je.

« Tu es vraiment affreux, n’est-ce pas, mon frère ? »

Affreux ? Non. Si elle vient avec nous, elle sera traitée comme une prêtresse.

Je vous l’accorde, elle serait traitée de la même façon si elle restait ici.

C’est juste — je veux au moins respecter la volonté de la personne.

« Donc, revenons à Livia et Anjie, d’accord ? Je veux dire, c’est juste une petite querelle, et c’est très bien comme ça. Si tu n’interviens pas, elles se réconcilieront entre elles. Tu n’as pas non plus à t’inquiéter de Noëlle ! Les hommes sont tellement idiots. »

« C’est agréable de rencontrer quelqu’un qui s’inquiète des petites choses, repoussant les grandes — c’est agréable de voir que tu fais tout ce que tu peux pour aider dans les mauvaises choses, maître. »

Luxon, comme d’habitude, était empli de sarcasmes.

Me considère-t-il vraiment comme son maître ? Une telle question me vient à l’esprit.

Marie avait regardé en face de moi.

« Mon frère, es-tu sûr de vouloir laisser Noëlle s’en charger ? Si le frère le dit, Noëlle suivra certainement ! »

Je comprends ce qu’elle dit, mais j’hésitais à le faire.

Si je lui disais de venir au Royaume, elle viendrait sans aucun doute. Mais cela la rendra-t-elle vraiment heureuse ?

« Ne compte pas trop sur moi, parce que… »

Soudain, on frappa à la porte. La voix de Cordelia se fit entendre de derrière la porte.

« Sire Léon —, vous avez un visiteur. »

+++

Partie 2

« Salut, comment ça va ? »

Mon invitée était Louise.

Son nom était Louise Sara Rault — la deuxième méchante et la fille du dernier boss du premier jeu, Albert Sara Rault.

Dans le jeu, c’était une mauvaise fille qui brutalisait le personnage principal, mais si vous voulez mon avis, c’est un personnage de grande sœur qui prend soin des gens. Elle m’avait également demandé de l’appeler grande sœur dès que nous nous étions rencontrés. Ce serait une chose effrayante à entendre dans d’autres circonstances, mais pour moi, dont la sœur est horrible —, « Je serais heureux de le faire ! », j’aimerais dire que c’est une femme très douce.

Si je pouvais choisir une sœur, je la choisirais.

Pourquoi ne l’est-elle pas ?

Elle me fait penser à Jena, ma propre sœur.

C’est une sœur terrible, c’est le moins qu’on puisse dire.

Louise, des cheveux blond jaunâtre qui lui arrivaient aux épaules et de gentils yeux violets.

Elle est en terminale à l’académie, et se comporte comme une vraie grande sœur.

— Ce serait génial de l’avoir en tant que grande sœur.

Bien que mes émotions soient mitigées, je souris et lui répondis. « Ça a été assez mouvementé ces derniers jours, mais je vais bien. »

Louise avait ri comme si elle était troublée par ma réponse, mais elle semblait plutôt heureuse.

« Je suis sûre que tu vas bien si tu peux en parler avec légèreté. Je t’interrogerai plus tard sur tes préoccupations. Aujourd’hui, je suis venue pour t’inviter. »

« Inviter ? » demandai-je.

« Oui, au festival du Nouvel An des Six Nobles. »

« “Festival du Nouvel An” ? Ah, je me souviens… »

Il s’agissait de l’une des histoires que Marie m’avait racontées, tout à l’heure.

C’était l’un des événements de la deuxième partie.

Cela aurait dû se produire lorsque Noëlle était en deuxième année.

Si les choses se déroulaient selon la chronologie du jeu, la cible de conquête l’inviterait là-bas et ils déclareraient officiellement leur relation, ou un truc dans le genre, selon Marie.

« Oh, tu connais ? Une fois par an, nous promettons notre loyauté éternelle à l’arbre sacré. Mais maintenant, c’est juste un petit festival. »

« Un festival ? »

« Il y a une grotte dans l’Arbre sacré qui est formée par ses racines. La jeune génération, comme nous, lui prêtons serment d’allégeance. »

Luxon, qui était à mes côtés, posa une question. « Veux-tu dire qu’il ne s’agit pas d’une cérémonie grandiose, mais d’un festival à apprécier ? Et tu es venue y inviter le maître ? »

« C’est exact. C’est assez solennel au début, mais ensuite, l’ambiance change et devient celle d’une fête. Je suis sûre que tu vas l’apprécier. — hmm ? »

Je n’avais pas compris ce qui se disait au début et j’avais simplement hoché la tête, mais ensuite un frisson m’avait parcouru l’échine. J’avais entendu des pas de quelqu’un arrivant devant ma chambre.

Quand la porte s’était ouverte, j’avais vu la silhouette de Cordelia.

Elle s’était éloignée de la porte et avait laissé Anjie passer.

« Oh… c’est une histoire intéressante. Léon, laisse-moi t’entendre, » déclara Anjie.

La personne suivante à entrer était Livia, qui était censée se battre avec Anjie.

« J’ai entendu dire qu’une belle femme était venue te rendre visite, Léon. Cela semble être vrai, » déclara Livia.

J’avais regardé Cordelia, mais elle avait détourné son regard. — .

Es-tu aussi mon ennemi ?

« Hein, certaines personnes… Ça pourrait, ça pourrait être ? Vous êtes…, » déclara Louise.

Alors que je me demandais comment présenter Louise, j’avais vu la personne elle-même joindre joyeusement ses mains.

Avec une étincelle dans l’œil, elle s’était approchée de Livia et Anjie et leur avait serré la main.

« Serait-ce vous Anjelica ? Et vous êtes Olivia, c’est ça ? »

« Mm-hmm. Oui, mais… »

« Euh… »

Elles étaient déconcertées par l’attitude soudainement amicale de Louise.

Les laissant perplexes, Louise avait continué joyeusement.

« J’ai été surprise d’apprendre que tu as deux fiancées, mais même moi, du même sexe, je suis envieuse de leur beauté. Tu es un homme chanceux, Léon. Oh, je m’appelle Louise. Louise Sara Rault. J’espère que nous nous entendrons bien. »

Quand Anjie s’était remise de sa confusion, son expression s’était adoucie, mais elle était restée abasourdie.

« Vous êtes la fille des Rault, non ? Vous semblez assez proche de Léon. »

« Je suis une bonne amie à lui. Bien sûr, ce n’est pas un truc d’homme/femme. »

Livia avait eu l’air soulagée par ses paroles.

« Je suis désolée d’avoir douté de vous. »

« Ce n’est pas grave. Il semble que tu aies été mal compris. »

Louise s’était tournée vers moi et m’avait adressé un sourire taquin.

« Léon, tu ne peux pas avoir des fiancées aussi mignonnes et jouer avec d’autres femmes. »

« Ha, je suis désolé pour ça. »

Puis Louise tourna son visage vers les deux filles, et leur raconta l’histoire.

« Je suis désolée d’être si abrupte, mais s’il vous plaît laissez-moi vous dire pourquoi je suis venue parler avec Léon. »

Anjie hocha la tête.

« Il y a longtemps, j’ai fait une promesse à mon frère… »

+++

Une fois que Louise avait eu fini et était parti, j’avais été arrêté par Livia.

« Léon ! »

« Qu’est-ce qu’il y a ? » répondis-je.

J’étais surpris, mais Livia s’en fichait et continua.

Il y avait des larmes dans ses yeux.

« S’il te plaît, fais que son souhait se réalise ! »

« U-uh, ouais. »

Livia était sur le point de pleurer.

La raison pour laquelle Louise m’aimait comme un frère — était parce que son frère était mort.

Il semblait que moi et ce frère mort ayons une aura similaire.

Mais la charge est assez lourde pour moi. Agir en tant que doublure d’un frère décédé.

« Plus important encore, Livia ne vas-tu pas te réconcilier avec Anjie ? » demandai-je.

Les épaules de Livia tremblèrent, et elle détourna maladroitement le regard.

« Oh, je veux m’excuser. Je veux m’excuser et me réconcilier avec elle. Mais je ne suis pas d’accord avec son traitement de Noëlle. Qu’en penses-tu, Léon ? » demanda Livia.

« Je pense que Noëlle devrait choisir, » répondis-je.

Face à ma réponse naïve, Livia gonfla ses joues.

« Léon, tu es méchant, » déclara Livia.

« Pourquoi ? » demandai-je.

« Je comprends que tu penses à moi et à Anjie, mais Noëlle est malheureuse à cause de ça, » répondit-elle.

« Hm ? »

« Je comprends que Noëlle soit une personne importante, contrairement à moi, » continua-t-elle.

J’aimerais pouvoir dire quelque chose, mais dans ces circonstances, c’était inutile.

« … Pour moi, Livia, tu es plus importante, » répondis-je.

Lorsque Livia leva les yeux, elle avait rougi jusqu’à l’oreille et ouvrit la bouche.

Puis elle se tient la poitrine avec ses mains et régula sa respiration, avant de me regarder avec des yeux humides.

« Léon, tu as amélioré ta bouche depuis que tu es arrivé en République, mais je ne pense pas pouvoir faire confiance à ta sincérité. »

« Hein, suis-je si indigne de confiance ? » demandai-je.

Quand je m’étais mis à rire, Livia avait attrapé mon bras.

« Anjie est inquiète. S’il te plaît, parle-lui. Je suis sûre qu’Anjie t’attend, » déclara Livia.

On dirait qu’elles sont encore proches.

+++

Quand j’avais visité la chambre d’Anjie, elle était assise sur son lit.

Quand elle m’avait entendu marcher vers elle, elle s’était couchée sur le lit, le haut du corps tel quel.

Même si j’étais là, elle semblait assez vulnérable.

« Est-ce Livia qui a dit ça ? » demanda-t-elle.

« Alors… Vas-tu te réconcilier avec elle ? » demandai-je.

« Je veux me réconcilier avec elle tout de suite ! Mais — qu’est-ce que je dois dire ? J’allais utiliser Noëlle par pur profit. Je ne la regardais pas en tant que personne, » déclara Anjie.

Quiconque mettrait la main sur la prêtresse essaierait de faire du profit.

« Si l’argent roule devant une personne, elle l’attrape. »

Ce serait effrayant si des dizaines de millions étaient sur la route. Je suis une personne mesquine et avide, je ne suis pas du genre à blâmer Anjie. « Je suis sûr que tu pensais aux habitants du Royaume, n’est-ce pas ? » Elle était avide pour les autres. Je ne pouvais pas l’imiter.

« Tu es gentil. Je suis sûre que je ne pensais qu’à moi. Je la voulais pour mes propres intérêts, » répondit Anjie.

« Tes intérêts, Anjie ? Comme pour augmenter le pouvoir politique de ta famille ? » demandai-je.

Si vous obtenez l’Arbre sacré, vous gagnerez beaucoup de pouvoir politique dans le royaume dans un futur proche. C’est dire le pouvoir que détient l’Arbre sacré. Je pense qu’il est naturel pour Anjie de faire passer les intérêts de sa famille avant les siens. C’est un état d’esprit commun des nobles.

« Non, je n’y ai pas pensé de cette façon, » répondit-elle.

Cependant, Anjie avait secoué sa tête.

« C’est à toi que j’ai pensé en premier. Je pensais que cette future puissance te rendrait heureux. Seulement, tu ne voudrais pas le pouvoir au détriment des sentiments de Noëlle, n’est-ce pas ? » demanda Anjie.

« Mon bonheur ? » demandai-je.

« J’ai été aveuglée par le profit. Pardonne-moi. »

« Non, non, non, non, je n’en ai pas besoin, tu devrais te réconcilier avec Livia, » répondis-je.

« Oui, c’est autre chose ! Comment crois-tu que je devrais m’excuser auprès de Livia ? » me demanda-t-elle.

Anjie, qui était si cool il y a quelques minutes, s’était transformée en une petite fille peu fiable quand il s’agissait de la Livia.

C’est bien d’être normal.

J’avais un peu ri d’Anjie, et elle s’était levée pour me frapper.

 

 

« Wah, arrête de rire ! Je suis vraiment dans la merde ! »

« Non, je plaisante. Je plaisante. Vous pouvez aller faire du tourisme toutes les deux. Hmm, si je te laissais seule, tu aurais des problèmes. Très bien, je vais vous faire visiter la République ! » déclarai-je.

« Oh, es-tu sûr ? » me demanda-t-elle.

« Je te le promets. »

Anjie avait arrêté de me frapper et m’avait juste pris dans ses bras.

« Assure-toi de me faire visiter comme il se doit. J’ai oublié de mentionner que j’avais aussi hâte de faire du tourisme cette fois-ci. En plus… ah ! » s’exclama Anjie.

Anjie semblait se souvenir de quelque chose.

Elle avait l’air embarrassée d’avoir oublié.

« Léon, je suis désolée. Il y avait tellement de choses qui se passaient que j’ai oublié de te le dire, » déclara Livia.

« Hein ? »

+++

Partie 2

Malgré la fragilité de l’air ici, les idiots s’amusaient.

Greg et Chris se disputaient.

« Greg, ne mange pas seulement le blanc de poulet. Et pourquoi mets-tu du sel ? Mange-le avec la sauce. »

« Le blanc de poulet est ma justice ! Je ne mange que le blanc de poulet ! Oh oui, tu peux manger le reste. »

Il était obsédé par le blanc de poulet.

De plus, bien qu’il ait l’air sobre, Chris était habillé bizarrement.

Il portait un pagne et un manteau de fête.

Il n’était pas habillé comme ça d’habitude.

« N’a-t-il pas froid ? »

Ils m’ont donné du fil à retordre l’année dernière, alors pourquoi je suis avec eux maintenant ?

C’est là que ça se passe.

CRASH ! J’entendis un son fort, alors j’allais dans la cuisine, c’était pour trouver Yumelia en train de se démener.

« Hé, ça va ? »

J’avais couru vers elle, et elle était au bord des larmes.

« Je suis désolée. Je voulais juste vous aider. »

Elle semblait être tombée et avoir cassé l’assiette.

Julian empêchait Yumelia d’essayer de le ramasser à la main.

« Vous allez vous blesser, alors allons chercher les outils. Je vais aller les chercher, » dit-il, « parce que je travaillais à temps partiel dans un stand de nourriture, je ne serai pas effrayé par un accident de cette ampleur. »

Après avoir été impressionné, j’avais vérifié si Yumelia était blessée.

« On dirait que tu n’es pas blessée. »

« Je suis désolée. Je continue à faire des erreurs. »

Une Yumeria déprimée était vraiment mignonne.

« Ne t’inquiète pas pour ça. »

Juste à ce moment-là, Kyle était entré dans la cuisine.

Yumelia est la mère de Kyle, malgré son âge.

Mais c’est Kyle qui avait l’air d’être le plus mature.

« — As-tu cassé une autre assiette ? »

« Kyle… Je suis désolée, je suis vraiment désolée. »

« … Tu devrais t’excuser auprès du Maître, pas auprès de moi. Tu ne devrais pas être si négligente, même si nous pouvons les payer, ils ne sont pas bon marché. »

Je m’étais arrêté quand j’avais vu Kyle qui continuait à se plaindre à Mme Yumelia.

« OK, tu peux retourner manger maintenant, » déclara Yumelia.

« Non, je vais t’aider à nettoyer. D’abord, c’est mal pour les domestiques de manger avec leurs maîtres. Jusqu’à présent, je ne pouvais pas me permettre un repas séparé, mais à partir de maintenant, il serait préférable de manger séparément, » déclara Kyle.

« Kyle, je suis désolée. » Yumelia s’était excusée, mais l’attitude de Kyle était froide.

« Ne t’excuse pas auprès de moi, mais auprès de ton maître. »

Yumelia s’empressa d’incliner la tête vers moi.

« Je suis vraiment désolée ! »

« Non, ça suffit. Hé, Kyle ! Sois un peu plus gentil avec ta mère. »

+++

En même temps.

Le manoir de la famille Rault venait d’être informé de la nature inhabituelle de l’arbre sacré.

Louise et Serge avaient été convoqués dans le bureau du manoir. Louise croisa les bras et refusa de regarder le visage de Serge.

Serge avait les mains dans ses poches et lui aussi détournait le visage de Louise. Devant les deux enfants, Albert était encore consterné par leurs querelles silencieuses. Il y avait pourtant des choses plus importantes en ce moment.

« L’arbre sacré a fleuri. J’ai fait vérifier les archives. C’est un phénomène qui ne s’est pas produit au cours des 300 dernières années. »

Serge avait ri quand il entendit cela.

« C’est bien. Nous avons de la chance de pouvoir voir une telle scène. »

« Tu n’as aucune idée de ce dont tu parles. Pourquoi n’essaies-tu pas de mieux comprendre ta situation ? »

« Quoi ? »

Ils s’étaient regardés en face.

« Les festivités de la nouvelle année auront lieu comme prévu, même s’il faut attendre et voir. Je suis sûr que vous pourrez tous deux y assister. »

« Un festival du Nouvel An, c’est pour les enfants. Je n’ai pas besoin d’y aller. »

« Serge ! »

Albert avait tenté d’empêcher Serge de quitter la pièce, mais il était quand même parti. Louise avait baissé les yeux.

« Je suis sûre que tu trouveras un moyen de le convaincre, » déclara Louise.

« Je suis sûr que tu lui pardonneras, Louise. Serge est… »

« Pourquoi es-tu si inquiet pour lui ? D’ailleurs, même s’il le voulait, Léon ne pourrait pas aller à la fête du Nouvel An. Je ne vais pas lui pardonner. »

Le médecin avait diagnostiqué que son fils, Léon, qui était très malade, ne survivrait pas à l’année.

Il voulait visiter le festival du Nouvel An.

Finalement, ce souhait ne s’était jamais réalisé.

C’est pourquoi — Louise voulait que Léon participe à la place de son frère.

C’était aussi une façon de se racheter pour ne pas avoir pu réaliser le souhait de son frère.

Sachant cela, et sachant que cela serait gênant, Albert avait également permis à Léon de participer, même s’il savait que cela serait gênant.

Même s’il savait que Serge serait frustré lorsqu’il rencontrera Léon.

« Je crois que je comprends ta haine pour Serge. Mais vous êtes tous les deux de la même famille depuis que nous l’avons adopté. »

Louise avait levé les yeux et Albert avait vu un regard de haine dans ses yeux.

« Je ne l’accepterai jamais. »

S’approchant de Louise alors qu’elle quittait la pièce, Albert s’était arrêté pour l’appeler.

+++

De retour dans la chambre, Louise avait pris une petite photo dans le tiroir du bureau.

Celui de la photo en noir et blanc était Léon.

Dans le passé, des photos et des dessins de son frère avaient été exposés dans tout le château.

Mais maintenant, il n’y en avait pas un seul.

La raison en est Serge.

Albert, qui voulait un héritier, l’avait adopté — il avait jeté la plupart des photos de Léon. Le contenu de la chambre de Léon avait également été brûlé, ainsi que tous ses souvenirs.

« Pourquoi !? Il n’est pas de la famille ! N’est-ce pas, Léon ? »

En parlant à la photo, Louis se souvient du jour où Serge était arrivé.

+++

Cela faisait trois ans que Léon était mort.

L’intérieur du château était moins animé que jamais.

Le frère bruyant était parti, et c’était comme si un feu s’était éteint.

Cependant, si tout le monde savait que l’héritier était décédé, les vassaux de la famille Rault et les familles annexes commenceraient à faire du bruit.

Une réunion était organisée pour régler la situation, et Serge arriva au château. Les parents de Serge étaient ravis qu’il soit le prochain héritier de la famille Rault !

Seul, Serge avait l’air attristé, derrière ses parents.

C’était inévitable, et Louise avait de la peine pour lui.

Elle avait eu une chance d’être seule avec lui, et l’avait appelé.

« Je serais ta sœur à partir de maintenant. Je suis sûre que nous allons nous ent — . »

Qu’est-ce qui ne va pas ?

« — pfff. »

« Quoi ? » demanda-t-elle.

« Oh, mon Dieu, c’est ennuyeux ! Je ne vais pas être ami avec toi ! »

Serge avait quitté la pièce en courant.

C’était un choc pour Louise, qui s’attendait au même genre de réaction que son frère naïf, même s’ils étaient différents.

Ai-je fait une erreur ?

Louise se débattait avec Serge depuis des jours.

Elle avait essayé de s’entendre avec lui après ça, mais Serge n’avait même pas regardé Louise.

Et c’était quelques mois après l’arrivée de Serge.

« Non. Oh non ! Serge, arrête ! S’il te plaît, c’est un cadeau de Léon ! »

Lorsque Louise était rentrée chez elle, elle avait vu Serge, qui avait jeté dans le feu certaines de ses photos, peintures et autres souvenirs.

Elle avait serré Serge dans ses bras pour l’arrêter, mais il l’avait repoussée.

Serge avait jeté les objets que Léon lui avait donnés dans le feu.

Lorsque Louise avait essayé de sauter dans le feu, elle avait été saisie par les serviteurs qui se précipitaient.

« Stop ! S’il te plaît, rends-le-moi ! »

Elle tendit la main en pleurant, vers une bague en papier que Léon lui avait donnée. L’objet mal fait et peu commode avait rapidement brûlé sans laisser de trace dans les flammes.

C’était un souvenir connu d’eux deux seulement, et les domestiques étaient déconcertés, ne connaissant pas les circonstances. Une seule fois — Louise n’avait parlé de cet objet à Serge qu’une seule fois. Quand elle l’avait emmené dehors, Serge avait montré de l’intérêt pour cet objet, alors elle lui en avait parlé.

Serge l’avait regardé brûler pendant un long moment.

Louise avait pleuré puis avait crié à Serge. « Je te déteste !

« Je te déteste, je ne te pardonnerai jamais ! — Je ne te pardonnerai jamais ! »

Et Serge, qui n’avait jamais regardé son visage correctement auparavant, avait regardé le visage de Louise pour la première fois.

Avant même de s’en rendre compte, Louise s’était endormie et elle s’était réveillée allongée sur son lit, face contre terre, en se souvenant d’un mauvais incident de son enfance. Elle n’avait même pas changé de vêtements et était couchée dans son lit.

— C’est le pire rêve que j’ai jamais fait.

Ce jour-là, ses parents avaient grondé Serge, mais en considération de ses sentiments, ils avaient retiré le reste des photos et des peintures de Léon du manoir.

S’il les voyait, Serge les détruirait ou les brûlerait probablement.

Pourquoi cela s’est-il produit ?

Serge avait appris à détester son frère.

Normalement, Albert devrait révoquer l’adoption.

Cependant, Serge avait déjà reçu les armoiries des six familles nobles.

Ce n’était pas quelque chose qui pouvait être facilement enlevé.

L’appartenance à la famille branche, le consentement des vassaux, la situation domestique — malgré toutes ces variables, Serge avait été adopté.

Louise avait regardé la photo de son frère et avait parlé avec amour.

« Léon, c’est presque le jour de l’an. »

+++

Quand il était retourné dans sa chambre, Serge avait donné un coup de pied à sa chaise en signe de frustration.

Il s’était assis dans le lit et avait regardé le plafond.

« Qu’est-ce que le “Festival du Nouvel An” ? N’est-ce pas juste un événement pour ceux qui sont fous de prier l’arbre sacré ? Le contenu n’est pas du tout significatif. Nous prions et faisons des vœux, puis nous faisons la fête, puis les jeunes hommes et femmes entrent dans la grotte et font d’autres vœux au monument de pierre qui se trouve à l’intérieur. Mais seuls les membres des sept principales familles sont censés entrer, alors pourquoi y vais-je ? »

« Non, attends. Si elle est fiancée à Émile, Lelia viendra-t-elle aussi ? Je viendrai. »

La raison pour laquelle il l’aimait était qu’il était facile de s’entendre avec elle.

Elle n’était pas trop révérencieuse comme une noble, et était à son goût un peu mauvaise langue. Elle comprenait le fait qu’il admire les aventuriers.

Pour les femmes ordinaires, il était difficile d’avoir une relation occasionnelle avec un membre des six familles nobles.

Le reste — elle détestait sa sœur de la même manière que lui.

Bien qu’il ne l’ait pas dit de sa bouche, Serge avait ressenti un sentiment de proximité dans la façon dont Lelia avait regardé Louise.

Parfois, elle la regardait avec un mélange complexe d’amour et de haine indescriptible.

Serge avait vu cela et avait réalisé que Lelia était comme lui.

À partir de là, il avait commencé à s’intéresser à Lelia et s’était retrouvé à tomber amoureux d’elle.

Il avait été surpris, lorsqu’il avait réalisé qu’il était amoureux de Lelia, car elle était comme un type de personne différent de son premier amour.

En se souvenant de cela, l’expression de Serge était devenue trouble.

« Mon premier amour va se réaliser. Je ne vais pas renoncer à celui-là. »

+++

Chapitre 3 : Frère et sœur

Partie 1

Les chefs des six grandes familles nobles s’étaient réunis.

La plupart d’entre eux affichaient des visages amers, et le visage d’Albert semblait également indiquer qu’il était fatigué.

Le Royaume a envoyé des gens gênants, n’est-ce pas ?

Jusqu’à présent, ils négociaient avec un homme du Royaume afin d’obtenir des réparations en raison des incidents qui avaient eu lieu.

Ils voulaient régler cette affaire avant le Nouvel An.

Après tout, le réveillon de l’année suivante avait une signification différente.

Après l’incident avec Loïc, de nombreux événements dans la République avaient été annulés. D’un point de vue étranger, la République semblait être en pleine situation d’urgence. Afin de démentir cette impression, le Festival du Nouvel An devait se dérouler en grande pompe et avec beaucoup d’excitation. La grande tâche préalable était de négocier avec le royaume de Hohlfahrt.

La personne envoyée par le Royaume pour négocier était si difficile à gérer que tout le monde était épuisé.

Puis soudain, une personne avait ouvert la bouche.

Cette personne était Lambert, le chef de la famille Faiviel.

C’était un petit homme longiligne au regard solitaire et à la personnalité peu flatteuse.

Un tel homme n’oserait pas cacher son indignation. « Quelle humiliation ! C’est du jamais vu pour la République invaincue d’être maltraitée à ce point par un État de troisième ordre comme le Royaume. »

Tout le monde était en colère et voulait être d’accord, mais la réalité était différente.

Bellange, chef de la maison Barielle, exprima également sa frustration — à l’égard de Lambert.

« Pourquoi l’homme qui est resté silencieux pendant si longtemps parle-t-il maintenant ? » Ces mots exprimaient clairement son aversion pour Lambert.

Lambert avait lancé un sourire railleur vers Bellange.

« Selon toi, à qui la faute dans cette situation ? Au fait, comment va l’ex-héritier qui a été rejeté par la prêtresse ? »

« Toi ! »

Quand Bellange s’était levé, Albert l’avait réprimandé.

« C’est assez, tous les deux. Restons-en là. »

Lorsqu’ils étaient sur le point de partir, plusieurs subordonnés avaient demandé la permission d’entrer dans la pièce.

Quand Albert leur avait donné la permission, les subordonnés essoufflés avaient répondu.

« C’est mauvais ! L’arbre sacré est… »

+++

La ville faiblement éclairée était colorée par la lumière des lampadaires.

J’avais expiré et mon souffle était devenu blanc, il semblerait que les hivers de la République soient aussi froids.

« S’il neige, alors ce sera un Noël blanc, » déclarai-je.

C’était Anjie qui m’avait jeté un regard interrogateur sur mes paroles.

« Blanc — quoi ? »

Anjie et Livia étaient toutes deux debout avec moi entre elles.

Elles portaient toutes deux des manteaux, et leurs joues étaient un peu rouges.

« Léon, tu dis parfois des choses étranges, n’est-ce pas ? »

Il n’y avait pas de Noël dans ce monde.

Cependant, il y avait des événements qui le remplaçaient.

Livia regarda le ciel.

« Je suis sûre que vous trouverez cela intéressant. Quand j’ai vu l’énorme arbre sacré, j’ai cru que c’était une montagne. »

« N’est-ce pas un peu trop grand ? »

Quand je regardais l’arbre sacré, j’étais impressionné par sa taille.

Je me demande combien de temps il avait fallu pour qu’il atteigne cette taille.

Anjie avait regardé son environnement avec intérêt.

« Je vois des véhicules ressemblants à des dirigeables qui se déplacent sur le sol. Ils doivent être plus pratiques pour le transport. Si un dirigeable s’écrasait, il y aurait de gros dégâts. »

Les yeux d’Anjie s’illuminèrent un peu en regardant la rue.

« J’adorerais apporter des véhicules de ce genre au Royaume. Mais il serait difficile de fournir le combustible avec les pierres magiques nécessaires. Si nous fixons le prix assez haut, ce serait possible, mais cela signifierait que la plupart des roturiers ne pourront pas se le permettre. »

Je regardais Anjie, qui réfléchissait à quelque chose de si profond, et j’étais impressionné par ça.

« As-tu tant réfléchi pour un seul tramway ? Anjie, tu es incroyable, » déclarai-je.

Puis Luxon, qui adorait me critiquer, avait interrompu la conversation.

« Le problème ne vient-il pas du Maître ? C’est triste que tu n’aies pas le sens de l’urgence en étant témoin de la supériorité technique d’une puissance étrangère. »

« Quel est l’intérêt pour moi de considérer cela ? Je pense que le savoir-faire technique devrait être considéré par des personnes plus grandes que moi. »

Mais ce Roland ne travaillait même pas, alors peut-être qu’il n’y pensait pas du tout.

« Eh bien, même si j’abandonnais ça à Roland, je ne me sentirais probablement pas coupable, » répondis-je.

Anjie me regarda et elle plaça sa main sur son front.

« Es-tu sûr que tu as le droit de l’appeler comme ça et de t’en tirer ? » demanda-t-elle.

« Il est parfois difficile de savoir si tu es un imbécile ou un homme brave. Je sais qu’on peut compter sur toi pour être fiable quand la situation l’exige, mais n’es-tu pas trop insouciant ? » demanda Livia.

En me voyant sourire, Livia s’était mêlée à la conversation.

« J’aime ça chez toi, Léon. Tu es maladroit et gentil — et mignon. »

« Mignon ? Moi ? »

Celui qui avait répondu était Luxon. « Olivia ! Veux-tu que je t’examine ? Cela pourrait être le signe de graves problèmes cérébraux ou oculaires ! »

Ce mec… est-ce vraiment si étrange que les gens disent que je suis mignon !?

« Je vais, euh, bien, je vais bien, » répondit Livia.

« Non, le fait que tu trouves que ce maître est beau est le signe d’une anomalie. Anjelica est pareille, » déclara Luxon.

« Penses-tu aussi que je suis folle ? » demanda Anjie.

« Oui. Le maître n’est pas un homme de courage. Le Maître est généralement indécis, et se débat dans les moments critiques. Et c’est un terrible menteur, » répliqua Luxon.

Et tu es une poire en tant qu’IA. T’ai-je fait quelque chose de mal ?

« Oh mec, tu es vraiment plein de merde ! Ne répands pas de rumeurs justes parce que tu ne m’aimes pas, » répliquais-je.

« Des rumeurs ? As-tu un problème à admettre les faits ? Tu le sais, n’est-ce pas ? » répliqua Luxon.

« Souviens-toi de ça. Je vais me venger de toi, » répliquai-je.

On ne pouvait pas s’empêcher de dire du mal de l’autre.

Pendant que nous nous disputions, Anjie et Livia se moquaient de nous, comme si c’était drôle.

« Pardonne-moi. C’est un soulagement de voir que vous agissez normalement. »

— Il en va de même pour Livia.

« Ces deux-là sont aussi bons amis que d’habitude. Léon n’a pas pu changer à ce point pendant son séjour à l’étranger. »

« Ces deux-là ne me traitent-elles pas comme un enfant ? »

« Maître, puis-je te poser une question ? »

« Quoi ? »

« Une fleur s’épanouit sur l’arbre sacré. Je n’ai jamais entendu parler d’un tel phénomène, sais-tu quelque chose à ce sujet ? »

Nous avions levé les yeux, mais ne pouvions rien voir, alors Luxon avait projeté une image. Ça ressemblait à une fleur blanche de type chrysanthème en fleur.

« L’arbre sacré fleurit-il aussi ? Mais sa position ne semble pas naturelle. »

Livia avait aussi eu la même pensée.

« Oui — on a l’impression que c’est installé. Comme un faux. Pas naturel. Ça donne la chair de poule et c’est désagréable. »

Livia avait eu la chair de poule.

Des fleurs blanches sur l’arbre sacré. Que va-t-il se passer dans le futur ?

+++

Nous étions arrivés au manoir de Marie, et l’atmosphère semblait normale.

Quand j’avais ouvert la porte, Marie est arrivée. Elle m’avait jeté un regard déçu en réalisant que je n’avais pas mon bagage à main avec moi.

Je suppose qu’elle s’attendait à un souvenir.

Une odeur douce et épicée venait de la cuisine.

Julian était apparu soudainement dans l’embrasure de la porte, avec Anjie le regardant inexplicablement.

« Vous êtes tous de retour ? Désolé, le dîner sera encore en retard. Je reviens tout de suite. »

Julian était de service au dîner aujourd’hui.

Depuis qu’il était revenu après avoir été viré du manoir, Julian s’occupait régulièrement du dîner.

C’était une bonne chose. C’est bon oui, mais le dîner qu’il préparait était toujours composé de brochettes. Julian s’était remis à marcher pour aller préparer les brochettes.

Livia réconforta Anjie quand elle la vit se couvrir le visage.

« S’il te plaît, ressaisis-toi, Anjie. »

« Livia — Je ne regrette pas d’avoir été abandonnée par Son Altesse. Je ne le regrette pas. Mais je ne peux m’empêcher de ressentir ce sentiment indescriptible à sa vue. »

J’étais également d’accord. Personne n’aurait pu imaginer que le prince du royaume se passionnerait pour les brochettes rôties et deviendrait un chef cuisinier. Je ne l’avais pas non plus imaginé.

Une fois Cordélia arrivée, elle avait pris nos manteaux.

« Bienvenue à la maison. Vous restez pour le dîner ? »

Anjie avait laissé échapper un soupir.

Nous avions déjeuné à l’extérieur, mais nous n’avions pas dîné, car nous pensions le faire ici.

« Je vais dîner. Ces deux-là aussi. »

« Lady Anjelica, voulez-vous que je vous prépare un menu spécial pour vous deux ? »

« Ce ne serait pas poli. Nous allons nous changer. Livia et moi serons dans notre chambre. »

« Oui, madame. »

Livia m’avait fait un petit signe de la main puis elle était montée par les escaliers vers sa chambre.

Je m’étais dirigé vers la salle à manger, où j’avais vu Marie et les autres manger.

« C’est génial de ne pas avoir à préparer le dîner ! »

Il y avait aussi de l’alcool près de Marie, qui mâchait une brochette à deux mains.

Plutôt qu’un dîner, on dirait une soirée de beuverie.

Carla, l’amie de Marie et la personne qui la servait avait l’air heureuse.

« Sire Julian nettoiera aussi après le dîner. »

Celui qui avait un regard abasourdi était Kyle, le serviteur de Marie.

« Es-tu sûre que tu peux faire confiance au prince avec la cuisine ? Même si tu peux lui faire confiance avec les outils — il est le Prince. »

Marie avait bu tout le saké d’un trait et avait attrapé une brochette.

Elle avait bu avec dignité.

« Ouf ! C’est bon, c’est bon ! C’est bon, c’est bon ! Julian aime aussi bien le faire. On va bientôt quitter la République de toute façon. »

Après les vacances d’hiver, Léon et les autres retourneront au Royaume.

C’est peut-être le seul moment où Julian pourra se plonger dans ses hobbies.

En pensant cela, Marie l’avait laissé faire ce qu’il voulait.

Voyant que j’étais de retour, Noëlle s’était approchée de moi.

« As-tu déjà dîné ? » me demanda-t-elle.

« Non, mais je suis sur le point de le faire. »

« Je me — oh, je suis désolée. »

Noëlle, se souvenant qu’Anjie et Livia étaient là, avait repris son repas loin de moi.

J’avais rendu Noëlle inquiète.

+++

Chapitre 4 : La promesse faite ce jour-là

Partie 1

C’était il y a plus de dix ans.

Louise, qui était aux côtés de son frère alors qu’il s’affaiblissait de jour en jour, avait parlé à Léon.

« Léon, as-tu froid ? »

« C’est bon, si — tousse, tousse. »

Voyant Léon tousser, Louise lui avait rapidement serré la main.

Le docteur ne savait pas pourquoi Léon était de plus en plus faible.

À l’origine, l’arbre sacré — le blason aurait dû le protéger ! Les emblèmes des six grandes familles nobles auraient dû repousser toute maladie ! Mais ce n’est pas le cas !

« Léon, ressaisis-toi. »

L’emblème de Louise avait émis une lueur chaude et avait tenté de guérir Léon, mais sans succès.

Cependant, Léon avait souri et il l’avait remercié du bout des lèvres.

« Merci, ma sœur. Je vais bien. »

Louise savait que c’était un doux mensonge de Léon.

« Tu vas t’en sortir. Moi, maman et papa travaillons dur pour toi. »

Ils avaient contacté de nombreux médecins.

Ils avaient même acheté des médicaments étrangers secrets.

Pourtant, Léon ne s’en était jamais remis.

Louise avait pris la main de Léon dans la sienne.

« Léon, que feras-tu quand tu seras guéri ? »

« Hmm… oh oui ! Le festival du Nouvel An ! » Tout en toussant, il lui avait dit son souhait.

« Festival du Nouvel An ? »

« La dernière fois que j’ai essayé, on m’a dit que je ne pouvais pas y assister parce que c’était trop dangereux. »

Louise et Léon n’avaient pas pu participer, car ils étaient trop jeunes.

« Hmm. Eh bien, pourquoi ne pas aller dans la grotte avec moi ? »

Léon avait ri et avait refusé.

« P-Pourquoi ? »

« Sœur, je-j’ai une fiancée, donc je vais y aller avec elle. Je ne l’ai pas encore rencontrée. Ma numéro une, c’est elle. Ce serait impoli d’y aller avec toi plutôt qu’avec elle. »

En voyant Léon sourire, Louise avait fondu en larmes.

« Espèce d’idiot ! »

« Attends, ne pleure pas. Oui, c’est vrai. Je vais aller dans la grotte avec toi ! Je suis sûr qu’ils me laisseront y aller deux fois. »

« Espèce de coureur de jupons ! »

Léon frotta le dos de Louise pour la réconforter.

« Je suis désolé. Je vais certainement me rétablir et participer au festival du Nouvel An. Ensuite, j’irai dans la grotte avec toi. »

« C’est sûr. Je ne te pardonnerai pas si tu mens. »

« — Yup. »

En voyant le faible sourire de son frère, Louise était devenue triste.

+++

Dès le début de la nouvelle année, une fête du Nouvel An devait être organisée.

« Ce n’est pas ce que j’avais imaginé. »

« Qu’est-ce que tu imaginais ? »

« Eh bien… ça s’appelle le festival du Nouvel An, donc une veillée du Nouvel An ? »

Quand nous étions arrivés au festival du Nouvel An, nous avions trouvé un parc d’attractions.

Des adultes bien habillés souriaient et emmenaient les enfants dans le parc.

Les enfants jouaient sur les manèges, s’amusant visiblement.

Ça ressemblait aux parcs d’attractions des dramas étrangers.

J’avais imaginé un festival bordé de stands de nourriture, mais c’était différent.

« Maître, fais attention ! »

« Toi, penses-tu que je vais me perdre ? » lui répondis-je.

J’avais cru que c’était un sarcasme, comme d’habitude, quand Luxon m’avait dit de faire attention, mais je m’étais trompé.

Quelqu’un nous regardait fixement.

Cependant, je n’étais pas sûr que ce soit une bonne idée pour moi de le faire.

C’était Lelia, mais j’avais été surpris de voir une autre présence qui m’intéressait plus que Lelia, bien qu’elle soit très bien habillée.

« Hé, qu’est-ce que ça veut dire ? Il y a un double de toi avec elle. »

« Inconnu. Il doit provenir du deuxième jeu vidéo otome, il a une présence similaire à la mienne. C’est surprenant de voir mon genre à cette époque. »

Le Luxon bleu nous avait également remarqués.

Alors que Leila s’approchait, elle avait balayé sa queue de cheval de côté avec sa main gauche et l’avait placée dans son dos.

Son attitude confiante était très différente de celle d’avant les vacances d’hiver.

« Cela fait un moment. »

« Bonne année. »

Lorsque j’avais essayé de la saluer à la manière habituelle des Japonais pour le Nouvel An, elle avait rougi, comme si elle pensait que je la taquinais.

« Essaies-tu de te moquer de moi ? » me demanda-t-elle.

« Je ne me moque pas de toi. J’ai échangé des salutations japonaises avec Marie aujourd’hui. J’ai presque pleuré. C’est agréable de pouvoir dire “Bonne année” après si longtemps. »

Pendant que je riais, une Lelia mécontente s’était tournée vers le gars bleu.

« Dis bonjour, Ideal. »

Ideal ?

Le bleu ? Celui qui est devant moi — non, devant Luxon.

« Enchanté de vous rencontrer, appelez-moi Ideal. C’est une surprise de vous voir. J’avais déjà entendu parler de vous, mais c’est un miracle de rencontrer Luxon à notre époque. Continuons à être amis à l’avenir, d’accord ? »

C’était une IA très conviviale.

Cependant, la réaction de Luxon avait été froide.

« C’est un vaisseau de ravitaillement, n’est-ce pas ? On dirait que tu as été alerté de notre présence depuis un certain temps ? Pourtant, mes services de renseignements ne t’ont pas du tout remarqué. »

« Navire de ravitaillement ? »

J’avais regardé Lelia. Elle avait les bras croisés et semblait quelque peu triomphante.

« Ideal est un navire de ravitaillement. Le Luxon est un navire de transport, mais Ideal est un navire de transport militaire. N’est-ce pas génial ? »

Un vaisseau de transport militaire.

Super, mais je ne sais pas à quel point c’est super.

« Qu’est-ce qu’il y a de si génial avec Ideal, Luxon ? » demandai-je.

« C’est un excellent navire de guerre contre les nouveaux venus. Si tu compares ces performances à mon corps principal, il y aura un certain nombre de points où il gagne. »

C’est génial.

Est-ce à cause de la performance de ce type que Luxon ne l’avait pas remarqué avant ? Mais Luxon s’en doutait.

« Qu’est-ce qui ne va pas ? »

Ideal s’approchait de moi.

« Vous devez être le maître de Luxon, M. Léon. Merci pour votre soutien continu à Luxon. »

« Tu nous connaissais ? » demandai-je.

J’avais jeté un coup d’œil à Lelia, mais elle ne m’avait pas répondu.

« Ideal, cela suffit pour tes salutations. »

« Tu devrais agir comme lui. »

Ideal avait suivi docilement les instructions de Lelia, contrairement à une autre IA que je connais. J’avais regardé cette IA et il le lui avait fait la remarque.

Il semblait avoir compris ce que je veux dire.

« Si tu as quelque chose à dire, pourquoi ne pas le mettre en mots, Maître ? »

« Pourquoi ne pas suivre ce que fais Ideal et me respecter un peu ? »

« Je vais faire de mon mieux. »

Pourquoi détestes-tu tant me respecter ? Ces IA sont trop têtus. Lelia nous avait regardés et avait ri un peu bêtement.

« Vous ne vous entendez vraiment pas, n’est-ce pas ? Tu n’es même pas reconnu comme son maître. »

« Vraiment ? »

« Eh bien, Ideal n’est pas aussi têtu. Il a des défauts, mais si je les lui fais remarquer, il fera de son mieux pour les corriger. »

J’avais regardé Ideal, il avait hoché la tête.

« Grâce à Lady Lelia, j’ai été libéré de ma réserve. C’est tout naturel. »

J’envie la relation qui existe entre eux.

J’avais lancé un regard noir à Luxon.

« Ne vas-tu pas aussi me remercier ? »

« Pendant combien de temps ai-je essuyé le dos du maître ? C’est à moi qu’on doit un remerciement. »

Ce type, j’avais le sentiment qu’il allait vraiment me trahir un jour.

Non, il m’avait déjà trahi.

Lelia regarda l’horloge dans le hall et commença à s’éloigner.

« Je suis occupé aujourd’hui, alors je vais prendre congé. Nous nous reverrons. Nous devons parler de l’avenir. Ideal, allons-y. »

« Oui, Maître. »

+++

Partie 2

Après avoir laissé Lelia et Ideal, je m’étais dirigé vers le lieu de rendez-vous avec Louise.

Louise était plus habillée que d’habitude.

Je portais un manteau par-dessus mon costume, et Louise m’entoura de ses bras.

Il y avait quelque chose qui me dérangeait.

« Il y a beaucoup de petits enfants ici. »

Oui. J’avais entendu dire que Louise et Léon ne pouvaient pas y assister parce qu’ils étaient trop jeunes. Et pourtant, il y avait beaucoup d’enfants dans la salle.

« Père a aussi permis aux enfants d’y assister. »

« Monsieur Alberg ? »

« Je t’ai dit que je ne suis pas la seule à me sentir triste. D’accord, nous commençons. Viens par ici et rejoins-nous. »

Elle m’avait tiré par le bras jusqu’à une scène encore plus décorée.

Des objets sacrés étaient également installés, et c’était le seul endroit où l’atmosphère était différente des autres.

Les chefs des six grandes familles nobles s’étaient réunis pour remercier l’arbre sacré, prier et déclarer leurs vœux.

Un grand nombre d’autres nobles s’y étaient également rassemblés.

 

 

Au milieu de tout cela, Louise avait pointé du doigt une grotte avec une porte accrocheuse.

« C’est la grotte, avec le monument en pierre. C’est là que tu dois faire tes vœux. On va y aller tous les deux. C’est fait de racines d’arbres. »

Le fait qu’il soit fait de racines d’arbres ne me dérangeait pas, c’était un monde imaginaire. Mais était-ce bien pour moi d’y aller avec elle ?

« Es-tu sûr que tu veux que je vienne avec toi ? Même si on se ressemble, je suis… »

Je ne suis pas son petit frère, Léon.

C’est ce que j’essayais de dire, mais Louise m’avait serré le bras très fort.

« C’est assez impoli de ta part de t’enfuir maintenant. Ou tu te sentais mal pour tes fiancés ? Je suis désolée si c’est ça, mais les bons amis peuvent y aller aussi. »

Je m’étais mis à la place de Louise. Si j’entrais dans la grotte seule, ce serait l’enfer.

Je n’y participerais certainement pas, et je m’enfuirais.

Si vous n’avez pas de partenaire, ce n’est pas une réunion à laquelle vous voulez participer.

« Eh bien… Je n’ai jamais été dans la grotte avant. »

« Quoi ? »

« Tu sais, j’ai fait une promesse. J’ai promis à mon frère que j’irais avec lui. C’est pour ça que je n’ai jamais été avec quelqu’un, jusqu’à aujourd’hui. »

Serait-ce bien pour moi d’être sa première fois ?

Alors que je pensais cela, l’hôtesse avait annoncé que le rituel était terminé et qu’il était temps d’aller dans la grotte pour prier.

L’endroit était devenu bruyant.

Un jeune homme se trouvait à proximité et il avait dit à une femme qu’il était amoureux d’elle depuis longtemps.

« Jessica — J’ai toujours été amoureux de toi. Viens avec moi dans la grotte, viens avec moi dans la grotte et je prierai l’arbre sacré pour notre avenir ensemble. »

Un homme à genoux tenait la main d’une femme.

Il avait beaucoup de courage pour se confesser dans un endroit comme celui-ci.

Mais le monde n’était pas si simple — .

« Je suis contente. Jack, ça fait longtemps que j’attends d’entendre ces mots. »

— Quoi ? Elle a accepté !

Tout le monde autour de moi avait applaudi le nouveau couple.

Je m’étais laissé prendre au jeu, moi aussi, et je les avais applaudis sans enthousiasme.

Puis, les confessions d’amour avaient commencé partout.

« Louise, qu’est-ce que c’est ? » demandai-je.

« C’est plutôt normal de se confesser dans ces moments-là. C’est assez populaire. »

Elle m’avait regardé en souriant, mais comme j’étais un étranger, je ne pouvais pas le comprendre.

Quelle surprise ! Contrairement au royaume, les femmes et les hommes de ce pays sont très gentils. Je ne peux m’empêcher de me souvenir de la fois où j’ai avoué mon amour à des femmes du Royaume et qu’elles m’avaient dite. « Reviens après t’être regardé dans le miroir. »

« La République est si agréable, » avais-je déclaré.

« Vraiment ? »

J’avais pensé à raconter à Louise les détails de la situation du royaume, mais ça casserait l’ambiance. Si vous regardiez la grotte, il y avait une file de personnes qui faisaient la queue.

« On dirait que nous ne pourrons pas entrer avant un moment. »

« Ouais. Alors veux-tu aller t’amuser ? »

Elle m’avait pris par le bras et s’était dirigée vers l’endroit où se trouvait le parc d’attractions.

Louise était habillée comme une femme adulte en robe, mais souriait innocemment comme un enfant.

+++

Après avoir invité Léon au parc d’attractions mobile, Louise se fraya un chemin dans la foule.

Bras dessus, bras dessous avec Léon, ils ressemblaient à des amoureux de la première heure.

Un Léon désemparé avait été conduit par une Louise volage.

« Allons à celui-là. »

Lorsque Louise avait désigné l’attraction, Léon avait eu l’air surpris.

« Un stand de nourriture ? »

« Je n’ai pas l’habitude de fréquenter les stands de nourriture, mais dans un endroit comme celui-ci, il faut tout expérimenter. »

Je suis sûr que ce sera amusant, même si mon frère n’est pas là, c’est ce que Louise pensait.

« Est-ce que Léon est mal à l’aise dans ces endroits ? »

Elle s’inquiétait pour Léon, qui était désorienté.

Elle était aussi désolée de l’avoir poussé à accepter son égoïsme.

Léon avait deux fiancées et il serait pénible qu’elles le soupçonnent de la tromper.

Il aurait pu expliquer la situation à ses fiancées, mais même si une femme pouvait comprendre en théorie, son cœur penserait toujours différemment.

Léon était lent dans ce domaine, donc Louise était encore plus inquiète.

« Non, je suis troublé par l’atmosphère, qui n’est pas présente dans le royaume, c’est amusant. Et être pris par une belle femme ~ quelle belle époque pour être un homme ! »

« Léon, tu devrais en apprendre un peu plus sur l’état d’esprit des femmes. Tu vas te faire poignarder par une de tes fiancées. »

Riant aux paroles de Louise, Léon avait eu l’attitude que cela n’avait pas d’importance pour lui.

Il était inquiet pour Louise.

Devrais-je résoudre ses problèmes avant de retourner dans le Royaume ?

Être attaché à une personne qui ressemble à son frère — Léon ne pouvait pas la laisser tranquille.

+++

Lelia attendait son tour pour entrer dans la grotte.

Elle était une grande noble, mais les couples qui avaient réussi à se confesser seraient prioritaires.

Les prochains à entrer étaient les officiels des six grands nobles.

Il n’est pas naturel que les couples soient prioritaires par rapport aux six familles nobles, mais dans le monde des jeux video otome, c’était compréhensible.

Les événements romantiques sont prioritaires dans un jeu vidéo otome.

Il est temps pour Lelia d’entrer dans la grotte, mais il y avait tellement de gens qu’elle ne trouvait pas Émile.

« Ideal, ne trouves-tu pas Émile ? »

« Apparemment, il est en train de parler et ne peut pas venir ici. »

« Tu laisses ton fiancé seul dans un moment pareil ! C’est presque la fin de notre temps pour entrer ! »

Les prières des amoureux étaient terminées, et maintenant les personnes impliquées dans les six familles nobles entraient. Le temps était également compté.

« Ça a l’air d’être une personne importante. C’est une discussion sérieuse et je me sentirais mal de l’interrompre. »

« Une intelligence artificielle qui a des sentiments ? Ha ! C’est bien. »

« Est-ce que ça pourrait être quelqu’un de l’entreprise familiale ? »

Lelia savait qu’Émile était sérieux, alors elle avait décidé d’attendre un peu.

Soudain, son bras avait été saisi par quelqu’un dans la foule.

« Hein ? »

L’autre partie était — Serge dans son costume.

« Lelia, viens avec moi. »

Lelia avait été troublée par le fait que ses bras avaient été tirés en arrière avec force.

« Attends un peu ! Où m’emmènes-tu ? »

Serge l’avait tirée vers la grotte.

+++

Une annonce avait été faite dans la salle.

« Suivant ! »

L’heure des officiels des six grands nobles touchait à sa fin, et nous étions pressés. Louise et moi avions perdu la notion du temps et c’est pourquoi nous étions dans cette situation.

« Je suis désolé. Peut-on quand même entrer ? » demanda Louise au préposé, qui avait l’air un peu confus.

« C’est bon, mais en fait… »

« Alors nous allons entrer. Je suis désolée. »

L’intérieur était plus lumineux que prévu.

Ça me rappelait les lanternes que j’avais vues à la foire.

« C’est assez lumineux. »

« Oui, tu as raison, » Louise avait laissé échapper un soupir. « Je suis fatiguée. »

Louise était essoufflée à force de courir aussi vite qu’elle le pouvait. Louise avait mis sa main sur sa poitrine.

« J’aurais regretté longtemps si je ne l’avais pas fait à temps. »

« Ne t’inquiète pas, si tu n’arrivais pas à temps, tu aurais pu utiliser ton pouvoir de grand noble pour entrer quand même. »

« C’est vrai, mais je n’aime pas ça. »

Les murs et le plafond ressemblaient à des racines en bois.

Si on les touche, il y avait une sensation rugueuse, comme quelque chose d’humide. De la mousse se propageait et de petites branches d’arbres poussaient par endroits. Louise s’était penchée plus près de moi.

« Je voulais venir ici avec mon frère une fois qu’il se serait senti mieux, » dit-elle. « Je lui ai promis que je le ferais. Mais Léon n’a pas dépassé cette année. »

Essayons d’être une bonne doublure cette fois.

« Alors tu as tenu ta promesse. »

« — Mais, tu sais, j’ai brisé beaucoup de promesses. Il y en a plusieurs autres. Léon, es-tu un menteur ? »

« Non, je ne le suis pas. »

L’expression de Louise s’était adoucie.

« Je suis sûre que je pourrai t’aider en cas de besoin, en tant que paiement, » dit-elle.

Elle avait dit que puisqu’elle était censée obtenir la crête du gardien. Je suis sûr qu’elle serait une excellente gardienne.

C’est une enfant géniale.

« Maintenant que j’y pense, j’étais une enfant très chanceuse. Il m’a même demandé en mariage et m’a offert une bague en papier. » Elle sourit, mais son expression devint rapidement triste et désespérée.

« Une bague pour ta sœur ? Je ne pourrais jamais faire ça. »

« En parlant de ça, Léon, tu as dit que tu avais une grande sœur, n’est-ce pas ? N’as-tu pas dit qu’elle avait posé une bombe ou quelque chose comme ça ? Tu te moques de moi, n’est-ce pas ? »

« C’est vrai. Elle a essayé de me tuer. »

Mais c’est à cause d’un salaud sans cœur nommé Jik !

Mais c’est toujours une mauvaise sœur.

« Wow. Tu as une famille horrible. Que dirais-tu de rejoindre la nôtre ? »

« Haha, c’est une excellente suggestion. »

« Non, vraiment. Nous avons vraiment pensé à t’adopter — mes parents, et moi. »

« Je ne suis pas en mesure d’être adopté, et même si vous y parvenez, il vous faudra beaucoup d’efforts. En plus, mes parents sont gentils, et mon frère aussi, » déclara-t-il.

Bien que ma sœur soit troublante.

Hein ? Ma famille serait plutôt bien si ce n’était pas pour mes sœurs.

« Oh, tu es bon ami avec tout le monde sauf avec ta sœur. »

+++

Partie 3

« Qu’est-ce que tu essaies de faire ? »

Lelia avait prévu d’entrer avec Émile, à l’origine, mais Serge l’avait forcée à l’accompagner.

Quand Serge avait lâché sa main, Lelia était tombée, près du mur.

Ideal, qui était à ses côtés, avait réprimandé Serge pour son action.

« Je ne suis pas impressionnée. Je ne m’attendais pas à ce que tu forces une femme. Tout le monde nous a vus à l’entrée ! Qu’est-ce que je suis censée dire à Émile !? »

Serge, qui était resté silencieux jusqu’à présent, était devenu sérieux.

Il avait posé sa main sur le mur à côté de Lelia et avait rapproché son visage.

« Pourquoi ne te préoccupes-tu pas du fait que ce gars parle avec des inconnus plutôt qu’avec toi ? »

Comment sait-il ce que fait Émile ?

Lelia avait rétréci ses yeux.

« Pas question, tu… »

« Je viens de demander à quelqu’un de l’éloigner de toi. Mais Émile aurait pu refuser de lui parler. C’était son choix. »

En entendant cela, Lelia avait baissé la tête.

Vraiment, Émile, tu ne comprends pas l’esprit d’une femme. Je pensais que tu étais sérieux, mais je ne m’attendais pas à ce que tu sois si problématique.

Lelia s’était souvenue de la personne à laquelle elle était fiancée dans sa vie précédente.

Cette personne, contrairement à Émile, était amusante à fréquenter.

Mais — ils avaient quand même rompu.

Réfléchissant à cela, elle avait choisi un homme sérieux, Émile, comme amoureux dans cette vie.

Mais peu de choses avaient changé.

Pourtant, Lelia n’avait pas l’intention de trahir Émile.

« Serge, arrête. »

« Pourquoi ça ? Je t’aime plus que lui. »

« Tu peux dire autant de mots que tu le veux — ? »

« Ooh, c’est audacieux. »

Ideal était insouciant et impressionné, mais Lelia était paniquée.

C’est parce que Serge l’avait embrassée.

La bouche de Lelia avait été bloquée par la bouche de Serge.

Elle avait essayé de résister, mais elle n’avait pas pu échapper à la poigne de Serge, qui était très forte.

Cependant, cette résistance n’était pas non plus sérieuse.

Pendant plusieurs minutes, Lelia et Serge étaient restés comme ils étaient.

Lorsque Serge l’avait enfin libérée, Lelia s’était retournée.

Son esprit était bouleversé par le comportement passionné de Serge, quelque chose qu’Émile n’avait jamais eu auparavant.

Serge murmura son amour à l’oreille rougie de Lelia.

« Je suis sérieux. Je te veux vraiment. J’ai été vraiment surpris quand j’ai appris que tu étais fiancée à Émile. J’étais tellement frustré que le sang m’est monté à la tête. »

Le ton de sa voix ne ressemblait pas à une blague, et Serge n’allait pas lâcher prise avant d’avoir entendu la réponse de Lelia.

« Lelia — Je veux une famille avec toi. Une vraie famille. »

« Une famille ? »

Sentant peut-être l’ambiance, Ideal s’était tu.

Il ne les avait pas interrompus.

« Serge, je ne suis pas d’accord ! Je suis désolée. Je ne peux pas le faire. »

Lorsque Lelia avait répondu, Serge avait rétréci ses yeux et avait pris un air triste.

« Je vois. Je suis désolé. »

Au milieu de l’air gêné, Ideal se tourna vers l’entrée.

« Oups, j’aurais peut-être dû vous interrompre. Certaines personnes nous ont rattrapés. »

La personne qui était là — était Louise.

Elle s’était approchée d’eux en courant.

« Mais qu’est-ce que vous pensez faire là !? »

La personne derrière elle avait l’air surprise.

« Serge ? »

Tout comme Lelia, il y avait quelqu’un avec Louise.

« Lelia, es-tu venue ici de ton plein gré ? »

« Non ! C’est… » Serge m’a forcée à venir à lui.

Alors que Lelia était sur le point de dire cela — Serge avait frappé le mur.

Lelia et Louise avaient toutes deux tourné leur regard vers Serge.

Serge, tremblant de colère, fixa Louise.

« Qu’est-ce que tu veux dire, Louise ? Qui est ce type ! »

Alors que Louise s’éloignait de Serge, l’homme qui s’était approché les interrompit. Ideal le salua de manière disciplinée.

« C’était des retrouvailles très rapides. »

+++

« — Qui est ce type ? »

J’avais rencontré une cible de conquête, un garçon, et c’était étrange.

L’hostilité qu’il avait montrée à mon égard était énorme.

De la haine ? Pourquoi ?

C’est vrai que je m’étais déchaîné sur la République, mais je n’aurais rien dû faire à ce type personnellement.

Et pourquoi me détesterait-il autant ?

Serge me regarda avec un front plissé, le sang coulant de son poing qui avait frappé le mur. Il semblerait qu’il était tellement en colère qu’il n’avait même pas senti la douleur.

« Hein ? Nous ne nous sommes jamais rencontrés avant, n’est-ce pas ? »

Lelia était perplexe et avait cherché de l’aide autour d’elle.

Cependant, il semblerait que Louise savait ce qui se passait.

« C’est notre première réunion. Je suis sûr que tu n’es pas le seul à être intéressé par ce sujet. »

« Qui êtes-vous ? »

Vu la façon dont il allait me frapper, je savais que j’allais encore avoir des problèmes.

Les cibles de conquêtes sont-elles si difficiles à atteindre ?

Quand quelqu’un sort d’une bagarre, tout ce à quoi je peux penser est…

« Enchanté de faire votre connaissance. Je suis Léon Fou Baltfault. Je viens du Royaume de Hohlfahrt — . »

Pendant que je le saluais, il m’avait frappé sans crier gare.

J’avais été projeté en arrière et j’étais tombé sur le cul.

Louise avait couru vers moi et m’avait serré dans ses bras.

« Léon ! Serge, as-tu la moindre idée de ce que tu as fait ? C’est un noble étranger, et si tu poses tes mains sur lui… »

Lelia semblait désorientée par la soudaineté de l’événement.

« Quoi, pourquoi ? Serge, qu’est-ce qui se passe ? »

Lorsque Lelia l’avait appelé, Serge avait tourné son regard vers Louise.

« Léon ? Quoi ? As-tu trouvé un remplaçant pour moi ? »

« — Je ne sais pas de quoi tu parles, mais tu devrais t’excuser auprès de lui. Tu n’as aucune idée de ce que tu fais. »

« Ça n’a pas d’importance ! Il a le nom de ton frère et le visage de ton frère. »

« Je ne sais pas de quoi tu parles, et ça ne m’intéresse pas, » répondit Louise.

Louise essayait juste de remplir sa promesse à son frère.

Quand j’allais essayer de me plaindre, Luxon s’approcha de moi.

« C’est une autre nuisance. Le Maître semble aimer attirer les ennuis. »

« Je n’aime pas me faire frapper par lui, tu sais ? » répondis-je.

« Oh, je vois. Alors, veux-tu que je t’en débarrasse ? » me demanda Luxon.

J’attendais le commentaire radical habituel, mais cette fois-ci, Ideal avait répondu.

« Je ne pense pas que ce soit une bonne idée, Luxon. »

« Tu nous as attaqués en premier, n’est-ce pas ? »

« Ce n’est pas très gentil d’éliminer tout ce avec quoi on n’est pas d’accord. »

« C’est plus décent que ce à quoi je m’attendais. »

Je ne sais pas si l’intelligence artificielle que j’ai eue est juste une aberration, mais cette IA semble sympa.

« Pour l’instant, terminons la prière et sortons. Toi là ! Souviens-toi de ça quand on sera dehors, » déclarai-je.

Je suis un homme de vengeance.

Et je vais le faire payer.

« Pourquoi ne pas finir ça ici ? » répliqua Serge.

Serge était sur le point de tendre la main, mais Lelia l’avait arrêté en le serrant dans ses bras.

« Serge, attends ! Ce type est vraiment dangereux. Je t’expliquerai plus tard, mais pour l’instant, allons dehors. »

« Merde ! Lelia, allons au fond de la pièce ! »

Louise avait sorti un mouchoir et l’avait tenu vers mon nez qui saignait.

« Je suis désolée. Je ne savais pas que vous étiez ici. Je suis vraiment désolée, » dit-elle en regardant Louise, qui était déprimée, et qui avait perdu toute envie de faire des reproches.

« On finit d’abord nos prières ? Vas-tu tenir ta promesse, n’est-ce pas ? »

« — Oui. »

En suivant Serge et Lelia, nous nous étions dirigés vers le monument en pierre situé à l’arrière.

« Ouf ! »

C’est plus petit que je ne le pensais.

Lorsque j’avais entendu parler du monument de pierre que l’arbre sacré protégeait, j’avais imaginé un grand monument, mais le monument réel était petit. Cependant, l’arbre sacré était enraciné pour protéger le monument seul.

« Alors, je dois prier pour ça ? »

Louise acquiesça et me montra comment faire.

« Tiens ma main. — Oui, et ferme les yeux et prit. On dit que si tes prières et tes souhaits atteignent l’arbre sacré, il les exaucera. »

Un Serge exaspéré avait ri aux paroles de Louise.

« Quelle superstition enfantine ! Si tes souhaits s’étaient vraiment exaucés, ton frère ne serait pas mort. »

Aux mots de Serge, Louise s’était serrée dans ses bras.

Ce n’est pas une bonne idée, Lelia l’avait arrêté. « Serge, finissons-en et rentrons. »

« Je me fiche de ce que je dois faire, car j’ai eu ce que je voulais, » déclara Serge.

J’avais dit quelques mots à Serge pendant qu’il essayait de prier. « Tu es un connard. »

« Et ? »

J’avais ensuite fermé les yeux pour dire une prière en silence.

Puis — j’avais senti le sol trembler.

En ouvrant précipitamment les yeux, j’avais vu que Louise émettait une lumière.

« Eh ? Ah, ça ? »

Elle ne comprenait pas non plus ce qui se passait.

Et l’emblème sur le dos de la main de Louis était brillant.

« Luxon, que se passe-t-il ? »

« Inconnu. »

Lelia vérifiait aussi avec Ideal pour voir ce qui se passait.

« Ideal, que se passe-t-il ? »

« Nous enquêtons actuellement. Je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée. Non, ça me parle dans ma tête. »

« Regarde la cime des arbres ! C’est en fleur ! »

« Il semble que l’arbre délivre un message. »

« La plante ? »

« Il serait préférable que tu ne considères pas l’arbre sacré comme une simple plante. J’ai plus que ça, j’ai pu l’analyser, » dit Luxon en restituant clairement la voix de l’arbre sacré.

C’était trop horrible pour être vrai.

« Sacrifiez votre fille aux fleurs qui s’épanouissent à la cime des arbres. »

« Sacrifiez » ?

Rapidement, j’avais regardé Louise, qui venait d’être illuminée.

Ses genoux s’étaient effondrés et elle se tenait dans ses bras.

Louise !

Je l’avais tiré vers le haut et l’avais fait se lever, et j’avais immédiatement dit à tout le monde ici sur un ton fort.

« Vu la situation de la République et ce qui vient de se passer ! J’ai un mauvais pressentiment. »

« D’accord, ne le dis à personne quand nous partirons. »

Lelia avait grimacé, comme si elle ne s’y attendait pas.

« Mais… »

« C’est bon. Je vais m’en occuper. Ne le dis à personne. »

J’étais sur le point de prendre Louise dans mes bras et de sortir quand j’avais vu quelque chose d’éblouissant.

« J’ai entendu des voix. »

« Tu vas t’en sortir. Je ne les laisserai pas te sacrifier. Tant que tu ne dis rien, personne ne saura jamais rien. »

« Non, non. Non, non. — Non, non, non. — J’ai entendu Léon. J’ai entendu Léon. »

« — Quoi ? »

Une Louise tremblante avait déclaré ça et elle avait versé des larmes.

+++

Louise, soutenue par Léon, avait entendu une voix.

C’était une voix familière.

La voix de son frère Léon.

Mais cette voix souffrait.

« Douloureux… Sœur… Aide… »

Louise s’était bouché les oreilles, mais la voix avait résonné directement dans sa tête.

Depuis le symbole sur le dos de sa main droite, elle pouvait entendre la voix de Léon.

Il avait vraiment l’air de souffrir.

« J’ai peur… sœur — et moi. — Tu me manques. Je — je suis tout seul dans l’arbre sacré. » Louise avait alors pleuré.

« Je suis désolée. Je suis désolée, Léon. Je vais être capable de t’aider. Donc — supporte le un peu plus longtemps. »

Elle ne pouvait s’empêcher de pleurer en imaginant son petit frère piégé dans l’Arbre Saint.

« Sœur ! Je suis à l’intérieur ! »

« Mon frère, qui n’a pas pu s’en empêcher, m’appelle. »

Pour Louise, le sacrifice en valait la peine. Alors que les larmes coulaient de ses yeux, Ideal lui parla.

« Allez-vous bien ? Entendez-vous quelque chose ? »

« J’entends la voix de mon frère. »

« À quoi ressemble-t-il ? »

« Il souffre. Je dois l’aider. »

« Même au détriment de vous-même ? »

Aux mots d’Ideal, Léon réalisa ce que Louise pensait.

« Qu’est-ce que vous essayez de faire ? »

« Hmm. Je n’ai pas assez d’informations. Vous devriez vous dépêcher de sortir. »

Léon tira Louise par la main.

« Louise, ne dis rien quand tu sortiras, d’accord ? »

Il essayait peut-être de la protéger, mais Louise ne voulait pas se protéger elle-même.

Tu t’inquiètes pour moi. Mais… je suis désolée. Je vais rester aux côtés de mon frère. C’est le moins que je puisse faire pour me racheter.

+++

Alors que tout le monde se dépêchait de sortir. Seul Ideal était resté au fond de la grotte, regardant le monument de pierre.

Il avait flotté dans la zone pendant un moment, jusqu’à ce qu’il entende Lelia l’appeler au loin.

« Ideal, où es-tu ? »

Puis il avait commencé à bouger lentement.

Quand il avait rattrapé Lelia et les autres, il avait retrouvé sa condition normale.

« Excusez-moi, madame. Je suis désolé d’être en retard. »

« Mais qu’est-ce que tu faisais ? »

+++

Chapitre 5 : Sacrifice

Partie 1

Une fois que nous étions sortis, nous avions trouvé le lieu de l’événement en effervescence. Les yeux de tout le monde s’étaient tournés vers nous lorsque nous étions sortis.

« Hein ? » avais-je lâché, le bras toujours enroulé autour de Louise. J’avais un mauvais pressentiment. Les visages dans la foule disaient tout ce que j’avais besoin de savoir. Mais si cela n’avait pas été suffisant…

« Par sacrifice humain, voulait-on dire… ? »

« J’ai aussi entendu la voix de l’Arbre sacré. Qu’est-ce que vous en pensez… ? »

« Qu-Qu’est-ce qu’on doit faire ? »

Il semblerait que nous n’étions pas les seuls à avoir reçu ce message étrange.

J’avais serré les dents. « Luxon, dans le pire des cas… »

« Tu veux que je fasse sortir Louise de cet endroit, oui ? Dans ce cas, le plus tôt sera le mieux. Je vais préparer un petit navire pour vous. Ensuite, nous pourrons embarquer sur l’Einhorn ou la Licorne et faire route vers le royaume de Hohlfahrt. »

Alors que je m’apprêtais à l’aider à s’échapper, Louise s’était dégagée de mon étreinte. « Merci, Léon, mais ce ne sera pas nécessaire. »

« Quoi ? »

Des chevaliers en armure avaient couru vers nous et l’avaient entourée. Un autre groupe avait essayé d’encercler Lelia, mais Serge les avait engueulés. « Qu’est-ce que ça veut dire ? »

« Seigneur Serge, s’il vous plaît, remettez-nous cette jeune fille. Nous sommes dans l’ignorance totale de ce qui se passe, mais nous savons que l’Arbre sacré cherche une jeune fille à sacrifier. Au moment où nous avons entendu les mots de l’arbre, une lumière vive a soudainement jailli à l’intérieur de la grotte. Si l’une de ces deux filles est le sacrifice, alors… »

« Ne posez pas un seul doigt sur Lelia ! » Serge leva les poings, prêt à les repousser s’il le fallait.

« Stop ! » Louise hurla.

J’avais entrevu Monsieur Albergue au loin, qui se précipitait vers nous. Mais avant qu’il n’arrive, Louise avait pris la parole : « Je suis celle que l’arbre a choisie. Cette fille n’a rien à voir avec tout ça. »

Dès que les chevaliers avaient entendu cela, ils avaient échangé des regards.

J’avais attrapé la main de Louise. « Qu’est-ce que tu dis !? »

« C’est bon. Je l’ai entendu. Mon petit frère est à l’intérieur de l’Arbre sacré… et il souffre. »

« Ton petit frère est quoi ? »

Était-ce ce qu’elle avait entendu ? J’avais jeté un coup d’œil à Luxon, mais il avait bougé son regard d’un côté à l’autre comme s’il secouait la tête. « Je n’ai rien entendu de tel. »

Louise avait essayé de partir avec les chevaliers, mais j’avais renforcé ma prise sur sa main. Mais qu’est-ce qui se passe ? Je ne pouvais même pas imaginer ce qui allait lui arriver, mais quelque chose en moi me criait de ne pas la lâcher.

« Il doit y avoir un malentendu », avais-je insisté. « Tout ceci est faux. »

J’avais beau essayer de la persuader, Louise avait pris sa décision. « Je suis désolée de t’avoir entraînée dans une histoire aussi folle, mais je veux aller là où se trouve Léon. Je n’ai jamais pu faire quoi que ce soit pour lui de son vivant, mais si je peux le rencontrer une dernière fois avant que tout ne soit fini, cela me suffit. »

Les doigts de Louise étaient si doux qu’ils s’étaient faufilés entre les miens, et bientôt, elle était partie.

Monsieur Albergue avait réussi à la saisir par les épaules avant qu’elle ne s’éloigne. « Louise ! Qu’est-ce qui se passe ? Qu’est-ce que c’est que ces sornettes qui font de toi un sacrifice humain ? »

« C’est exactement ce à quoi ça ressemble. Je te promets que je t’expliquerai les choses plus tard, Père. »

J’étais resté là, figé, incapable de faire quoi que ce soit.

Serge avait mis ses mains dans ses poches et était passé devant moi. « Léon ceci, Léon cela. C’est tout ce dont elle se soucie. Pourquoi ce petit garçon mort est-il si important pour elle de toute façon ? Je ne comprends pas du tout. » Il avait fait une pause et m’avait regardé. Voyant que je restais bouche bée, il ricana. « Eh bien, puisqu’elle a la vraie chose maintenant, elle n’a plus besoin de toi. Rentre chez toi. » La haine ardente qu’il m’avait montrée il y a quelques instants n’était plus là. « Viens, Lelia. »

« D-D’accord… »

Les deux personnes avaient pris congé.

Je n’en avais rien à faire de Serge, honnêtement. J’étais plus préoccupé en premier lieu par la raison pour laquelle l’Arbre sacré demandait un sacrifice humain. Marie n’avait jamais mentionné quelque chose comme ça. Lelia ne pouvait pas savoir non plus, vu son air abasourdi.

Quelque chose n’allait pas. Les événements à Hohlfahrt n’avaient pas non plus complètement respecté le scénario du jeu, mais il y avait quelque chose de plus sinistre dans le jeu à Alzer.

« Luxon, va voir ce qui se passe, » avais-je ordonné.

« On ne s’ennuie jamais avec toi, Maître. »

« Quelque chose pue. Il faut que je retourne demander à Marie ce qu’il en est. »

« Est-ce ton intuition qui parle ? »

« En général, quand j’ai un mauvais pressentiment, cela se réalise. »

Je n’allais pas dire que j’avais une intuition parfaite, mais j’avais des prémonitions assez précises lorsque les choses tournaient mal.

J’avais laissé la clameur de la foule derrière moi, ne m’arrêtant qu’une seule fois pour regarder l’Arbre sacré.

 

☆☆☆

 

Pendant que Lelia et Serge marchaient, Émile s’était approché, se frayant un chemin à travers la foule pour les rejoindre. Son costume était en désordre, mais il n’y avait pas prêté attention.

« Émile, » Lelia avait haleté. Avant qu’elle puisse dire autre chose, il avait attrapé Serge.

« Explique-toi ! J’ai entendu dire que tu as traîné de force Lelia dans la grotte. Pourquoi as-tu fait une chose pareille ? »

Il était normal qu’Émile soit furieux, puisque lui et Lelia étaient fiancés, mais Serge n’avait pas l’énergie à perdre avec lui. Agacé, il ricana. « Arrête de pleurnicher. Mon vieux veut me voir, je n’ai pas le temps de jouer avec toi. »

Serge était dans la grotte avec Louise lorsque l’Arbre sacré l’avait choisie comme sacrifice. Ainsi, Albergue l’avait convoqué pour qu’il puisse entendre toute l’histoire. Serge fronça les sourcils, pensant déjà à la douleur que tout cela allait lui provoquer à cause de cette pagaille. D’un point de vue extérieur, il avait probablement l’air de se moquer d’Émile.

« Quoi ? Alors tu vas juste t’enfuir ? » Émile s’était accroché aux habits de Serge, bien qu’il soit beaucoup plus petit et moins musclé. Ce n’était pas une surprise que Serge soit facilement capable de le repousser et de l’envoyer trébucher en arrière.

« Wôw ! » Lelia s’était exclamée, se précipitant aux côtés d’Émile alors qu’il tombait.

La voir s’agiter autour d’Émile ne faisait qu’énerver davantage Serge. « Lelia, si un jour tu en as assez de cette excuse pathétique d’homme, tu sais où me trouver. Je t’accueillerai à bras ouverts. Tu préfères avoir quelqu’un sur qui tu peux compter, non ? Quelqu’un comme moi. Je te montrerai ce que tu rates bien assez tôt, alors ne t’inquiète pas. »

Émile avait jeté un coup d’œil à Lelia. La suspicion dans ses yeux lui avait rappelé le baiser qu’elle avait partagé avec Serge dans la grotte. Pour cette raison, elle ne pouvait pas complètement défendre ses propres actions.

Alors que Serge prit congé, Émile et Lelia restèrent figés sur place — du moins jusqu’à ce qu’Émile la saisisse par les épaules, la serrant. « Lelia, je veux que tu sois honnête avec moi. Est-ce qu’il s’est passé quelque chose entre Serge et toi ? »

« N-Non, bien sûr que non. »

« Regarde-moi dans les yeux et dis-le. Je… Je… ! » Émile avait fondu en larmes.

Lelia avait senti le poids des regards de la foule, et quand elle avait jeté un coup d’œil autour d’elle, elle avait remarqué qu’un groupe de badauds s’était rassemblé.

« Est-ce le seigneur Émile de la maison Pleven ? »

« Et cette fille-là est de Lespinasse, n’est-ce pas ? »

« Quoi ? Mais il y a un instant, n’a-t-elle pas, avec Lord Serge… »

Des chuchotements avaient éclaté, augmentant l’embarras de Lelia. Elle avait attrapé la main d’Émile et s’était levée d’un bond. Soucieuse de mettre de la distance entre elle et les autres nobles, elle avait essayé d’entraîner Émile, mais il n’avait pas voulu.

« Lelia, donne-moi une réponse ! »

Agacée, elle avait fini par dire : « Ça suffit ! »

« … Lelia ? »

« Je déteste vraiment ça chez toi. Tu agis toujours de manière si fragile et délicate, et puis tu as l’audace de douter de moi. Il n’y a rien entre moi et Serge. Ayez un peu de foi en moi, veux-tu bien ? »

« M-Mais même toi, tu dois voir qu’il est hors de question que vous alliez dans la grotte ensemble ! Tu as promis que tu irais avec moi, n’est-ce pas ? Et tu l’as fait devant tout le monde. Je ne peux pas laisser passer ça. Serge est essentiellement en train de m’insulter à ce stade. J’ai ma fierté en tant qu’homme des Six Grandes Maisons. Je ne peux pas continuer à regarder de l’autre côté quand il fait ces choses ! »

Lelia avait l’impression qu’il lui avait versé un seau d’eau froide sur la tête.

Tu exagères vraiment. La fierté d’être un homme des Six Grandes Maisons ? Quelle absurdité ! Montre un peu plus d’intérêt pour moi. Pourquoi ne pas le faire ? Tu n’es vraiment pas du tout attentionné.

Il y avait un décalage, Lelia ne pouvait pas comprendre l’importance qu’il accordait à sa fierté de noble. À cause de son expérience de vie antérieure, elle ne voyait pas beaucoup de valeur dans quelque chose d’aussi superficiel. Il semblait qu’Émile donnait la priorité à son statut vis à vis d’elle. Les sentiments qu’elle avait eus pour lui s’étaient soudainement évaporés.

Je l’ai choisi en pensant à mon avenir, mais je me suis peut-être trompée.

« Bien, j’ai compris, » dit-elle. « Ta fierté est bien plus importante que moi. »

« Lelia ? »

« Si tu veux te disputer avec Serge, vas-y. Mais ça ne fera que me faire penser moins à toi. C’est ridicule que tu agisses comme ça pour quelque chose d’aussi stupide. »

« M-Mais c’est… »

« Je ne veux pas l’entendre ! Argh, ça m’énerve encore plus ! Arrête de te trouver des excuses. »

Lelia en avait assez de ses « mais ceci » et « mais cela », sans se rendre compte qu’elle avait elle-même trouvé des excuses similaires. Elle avait laissé Émile derrière elle et était rentrée chez elle toute seule.

Émile était resté figé sur place, fixant ses pieds. Lelia avait jeté un coup d’œil en arrière une fois en partant et s’était trouvée dégoûtée par l’aspect pathétique qu’il avait.

Pourquoi ai-je choisi quelqu’un comme Émile ? J’aurais mieux fait de choisir Serge dès le début, si j’avais su que ce serait comme ça.

+++

Partie 2

Quand j’étais retourné au domaine de Marie, je l’avais informée de ce qui s’était passé au festival. À savoir que l’Arbre sacré avait choisi Louise comme sacrifice humain, et qu’elle avait entendu la voix de son petit frère décédé et avait donc décidé de se plier à ses exigences.

Marie était sidérée. « Pourquoi voudrait-elle être un sacrifice humain juste parce que son petit frère mort souffre ? Je ne comprends pas du tout. »

Oui, ça semblait un peu bizarre.

« Comment diable le saurais-je ? Tout ce que je peux te dire, c’est qu’elle a sauté sur l’occasion de devenir un sacrifice, et elle a dit que c’était à cause de son frère mort. »

Nous étions réunis dans une pièce vide avec Creare et Luxon qui écoutaient. Je ne pouvais pas en parler à la brigade des idiots, c’est pourquoi nous nous réunissions en secret.

« Euh… OK, attends. Je suis presque sûre qu’il n’était pas question d’un sacrifice humain dans le deuxième jeu, » dit Marie. « De plus, le festival du Nouvel An est censé permettre à la protagoniste de montrer qu’elle sort avec son amoureux. C’est là tout l’intérêt. »

« Et quel était le rôle de Louise dans tout ça ? Comment était-elle impliquée dans l’histoire à ce moment-là ? Et qu’est-ce qui est censé se passer ensuite ? » avais-je demandé dans une succession rapide.

Sentant mon impatience, Marie avait promptement répondu. « Euh, voyons voir… Elle demande à l’amoureux qu’elle a choisi s’il est vraiment sûr de vouloir être avec une femme comme elle. Je ne me souviens pas des lignes exactes, mais il n’y avait absolument rien sur le fait que quelqu’un soit choisi comme sacrifice humain. Et si c’était le cas, ça ne pouvait pas être Louise, à la fin, elle est condamnée pour tous les crimes qu’elle a perpétrés au cours de l’histoire. »

En laissant de côté la question de la condamnation, si Louise avait vraiment un rôle à jouer jusqu’à la toute fin du jeu, il n’était pas logique qu’elle soit sacrifiée à quoi que ce soit en cours de partie. C’était une preuve évidente que nous vivions une anomalie.

« Qu’est-ce qui se passe ici ? » J’avais fait une pause et je m’étais corrigé. « Ou plutôt, que va-t-il se passer maintenant ? » J’avais mis une main sur ma bouche et m’étais creusé la tête.

« Vous connaissant, vous allez probablement faire un gros gâchis en vous impliquant, non ? » dit Creare. « De toute façon, si vous tenez tant à sauver la demoiselle en détresse, nous ferions mieux de nous y mettre. Vous allez la sauver, n’est-ce pas ? »

C’était une évidence, bien sûr que j’allais la sauver. Comment pouvais-je rester là et laisser Louise se faire sacrifier ? Mon problème était qu’elle était déterminée à s’offrir en tant que victime consentante. Ce serait difficile de l’en dissuader. L’emmener au loin était-il ma seule option ?

« Je suppose qu’on peut se faufiler là-bas et l’attraper, pour voir ce qui se passe. Luxon, allons-y. » Comme il ne répondait pas immédiatement, je m’étais tourné vers lui. « Luxon ? »

Luxon était encore plus insensible que d’habitude, et quelque chose en lui semblait aussi différent. Comme s’il était plus sur ses gardes. Il avait été si blasé jusqu’à présent, offrant d’anéantir tous les nouveaux humains quand je le souhaitais, mais pas cette fois.

« Maître, j’ai de mauvaises nouvelles, » déclara-t-il.

« Mauvaises ? Dans quel sens ? »

« Je pense qu’il sera presque impossible de réussir à sauver Louise. »

« Qu’est-ce que tu veux dire ? Que même toi tu ne peux pas le faire ? » Comment une chose si simple peut-elle être si difficile que même Luxon n’y croit pas ?

« Nous ne pourrons pas nous faufiler sans nous faire remarquer, » précisa Luxon. « Le problème, c’est Ideal. »

« Ideal, hein ? Et lui, alors ? »

« Il a déployé des dispositifs de sécurité spéciaux qu’il a fabriqués lui-même. J’ai également confirmé qu’il a mis en place des mesures défensives. »

« Attends. Tu n’es pas en train de me dire que Lelia s’est retournée contre nous, n’est-ce pas ? »

Allait-elle vraiment me poignarder dans le dos maintenant ? Non, étant donné sa position, il était plus probable qu’elle considère Louise comme une plus grande menace que moi. Mais serait-elle vraiment prête à aller aussi loin pour l’éliminer ? Elle ne semblait pas si impitoyable. Pour le meilleur ou pour le pire, elle était comme moi dans la mesure où elle portait encore les idées culturelles et la morale qui lui avaient été inculquées au cours de sa vie précédente.

En entendant le nom d’Ideal, Marie s’était penchée en avant, voulant en savoir plus. Elle n’avait pas utilisé le cash shop dans le deuxième jeu, donc elle savait très peu de choses sur lui.

« C’est un objet de triche — un navire de guerre — du deuxième jeu, non ? À quoi ressemblait-il ? » avait-elle demandé.

Luxon expliqua : « C’est un vaisseau de transport créé par les anciens humains. Cependant, il est fort possible que ses capacités de collecte d’informations dépassent les miennes. Cependant, les circonstances sont également très peu naturelles. »

Creare partagea ses soupçons. « Un vaisseau de transport aurait-il vraiment besoin de telles capacités ? Aucune de mes données ne le suggère. »

« C’est précisément la raison pour laquelle je suis perdu, » avoua Luxon. « Il n’a quitté le mode veille que récemment, mais il a néanmoins été capable de se cacher de moi pendant tout le temps qui a précédé son réveil. Cela montre qu’il est une réelle menace. »

Maintenant qu’Ideal était dans le coup, nous ne pouvions plus nous déplacer aussi librement qu’avant. Il s’est avéré être un vrai problème.

« Alors qu’est-ce que tu vas faire, Grand Frère ? » demanda Marie. « Ce sera difficile de la récupérer, non ? Et si nous ne faisons pas attention, nous pourrions provoquer un scandale international suffisamment important pour que nous ne puissions pas nous en sortir. »

« Oui, les choses se sont compliquées. »

Le plus gros problème était que, pour la République d’Alzer, tout ce qui était lié à l’Arbre sacré était considéré comme sacré. Ils feraient tout pour apaiser l’arbre, même si cela signifiait offrir la vie de quelqu’un sur un plateau. Ils se mettraient absolument en travers du chemin si j’essayais de sauver Louise.

« Oh, je sais ! » Marie avait claqué des doigts. « Et si on demandait à Luxon de brûler la fleur de l’arbre ? Si on fait ça, alors toute cette histoire de sacrifice devrait disparaître. »

« J’adorerais faire ça, mais… » J’avais jeté un coup d’œil à Luxon, qui bougeait son regard d’un côté à l’autre.

« Ideal a mis en place des mesures défensives contre cela aussi. Si nous essayons de faire quoi que ce soit, surtout quelque chose d’aussi grave que d’attaquer l’Arbre sacré, cela provoquera une rupture entre la république et le royaume. »

« Alors, qu’est-ce qu’on est censés faire !? » demanda Marie en se prenant la tête dans les mains.

C’était le problème, aucun de nous ne le savait.

Luxon m’avait lancé un regard. « Maître, que proposes-tu ? Si nous choisissons d’affronter Ideal, je jure que je ne perdrai pas, mais nous subirons des pertes. De plus… Je ne connais toujours pas l’étendue des capacités d’Ideal. »

Donc en fait, même avec Luxon en ma possession, je n’étais pas à l’abri du danger. Il était temps d’imaginer le pire scénario, qui consistait à affronter Ideal. Je n’avais aucun problème à affronter Lelia, mais Ideal était une autre histoire. Avant de l’affronter, je devais mettre toutes les chances de mon côté.

« D’abord, obtenons des informations », avais-je dit. « Si nous ne pouvons pas le frapper là où ça fait mal, nous devrons le prendre de front. Marie, si tu te souviens de quelque chose, fais-le-moi savoir immédiatement. Luxon, tu viens avec moi. Et quant à toi, Creare… »

« Oui ? »

« Rentre chez toi. »

« Quoi ? »

« Tu ne me sers pas vraiment pour l’instant. Tu pourras revenir quand il sera temps d’emmener Anjie et Livia à Hohlfahrt. Eh bien, ce sont tes ordres. À bientôt. »

Dans une rare démonstration, Luxon était d’accord avec moi. « En effet. Tant que je suis là, tu n’as besoin de personne d’autre. Nous devrions demander à Creare de retourner à Hohlfahrt et de travailler sur ce qui doit être fait là-bas. »

« Attendez une minute ! Je n’aime pas être la seule à être exclu, » dit Creare.

« Ferme-la et rentre chez toi ! »

« Maître, espèce de gros con ! » Elle avait sangloté et s’était envolée hors de la pièce.

Marie avait tendu une main après elle. « Hé, attendez ! Grand Frère, fallait-il vraiment que tu la chasses ? Je pense qu’elle est très utile. »

« Non, c’est mieux comme ça. Luxon, allons-y. »

« Compris, Maître. »

 

☆☆☆

 

Les Six Grandes Maisons avaient convoqué une réunion d’urgence. Le sujet central était Louise et la question de son sacrifice. À l’exception d’Albergue, les cinq autres chefs de maison étaient d’accord.

« Avez-vous vraiment l’intention de sacrifier ma fille ? » demanda Albergue.

Ils avaient décidé que si l’Arbre sacré le désirait, ils étaient prêts à offrir Louise. Aucun d’entre eux n’avait montré la moindre hésitation. Pour les Six Grandes Maisons — non, pour tout le peuple de la république —, l’Arbre sacré était un être divin.

Lambert avait souri, appréciant clairement la frustration d’Albergue. « L’Arbre sacré a choisi ta fille. Tu devrais être ravi de la remettre. Honnêtement, j’envie ta chance. » Ses mots étaient empreints de sarcasme, clairement motivés par la rancune.

Albergue avait serré les poings si fort que ses jointures étaient devenues blanches. Pendant ce temps, les autres chefs continuaient leur discussion.

« Digressions mises à part, c’est la première fois qu’une telle chose se produit. Nous devrions faire un rapport clair des événements. »

« Nous devons envoyer quelqu’un de l’une de nos maisons pour l’accompagner. Lady Louise a besoin d’un garde du corps. Elle semble parfaitement disposée à se proposer, mais si elle changeait d’avis le moment venu, nous serions dans une situation délicate. »

« Eh bien, alors envoyons tous des gens de nos maisons. »

La façon dont ils se comportaient tous en ignorant Albergue l’avait rendu furieux. Même Fernand, qu’il avait pourtant favorisé par le passé, se joignait activement à la conversation sans se soucier de lui. Fernand cherchait désespérément à établir de nouveaux liens avec les autres après qu’Albergue l’ait abandonné pour sa trahison. Dans le même temps, il préparait joyeusement le terrain pour sacrifier Louise.

« Messieurs, » dit Fernand, « Il y a un autre sujet important dont nous devons parler. À savoir, le héros de Hohlfahrt. »

Les dirigeants avaient hoché la tête à l’évocation soudaine de Léon.

« Qu’est-ce qu’il a à voir avec ça ? C’est une affaire d’Alzerian. »

« Oui, cette ordure n’a pas sa place dans ces arrangements. »

Comme Léon lui avait déjà infligé une fois une défaite, Fernand le considérait avec la plus grande prudence. « Il a une relation personnelle avec Louise », expliqua-t-il.

« Et ? Qu’en est-il ? »

Les autres hommes le regardent avec une expression perplexe. Ils étaient sceptiques quant au fait que Léon s’implique pour une raison aussi insignifiante. S’il était assez stupide pour intervenir, il provoquerait un énorme scandale. Aucun noble ordinaire ne prendrait un tel risque pour sauver une simple connaissance.

Mais Fernand n’était pas le seul seigneur à se méfier, Bellange avait également été piqué par Léon.

« Fernand a raison », avait convenu Bellange.

Albergue était resté silencieux jusqu’à présent. Intérieurement, il ne pouvait s’empêcher de sourire avec amertume. Il se doutait que ce que les autres craignaient allait effectivement se réaliser : que Léon serait prêt à sauver Louise. C’est précisément pour cela qu’il ne voulait pas les mettre plus en garde qu’ils ne l’étaient déjà.

« Je doute qu’il vienne ici », déclara Albergue.

Bellange lui lança un regard noir. « Baisser notre garde est exactement ce qui nous a mis dans la merde à chaque fois ! »

Hélas, les autres seigneurs présents n’avaient pas personnellement ressenti la colère de Léon, et ils restaient peu convaincus du danger.

« Vous parlez du biais de l’expérience. »

« D’accord. Il ne pouvait pas être aussi stupide cette fois. »

La tournure que prenait la conversation ne pouvait que profiter à Albergue, surtout si Léon intervenait pour l’aider. Sans contrôle, Albergue était certain qu’il serait capable de ramener Louise.

Parfait. Si nous pouvons juste continuer sur cette lancée — .

Malheureusement, Lambert, Fernand et Bellange n’avaient jamais cessé de se méfier de Léon et ne l’avaient jamais caché.

« Ce garçon est anormal ! On ne peut pas savoir ce qu’il va faire ! » protesta Lambert.

Les autres avaient semblé avoir momentanément de la peine pour Léon, vu que quelqu’un comme Lambert le qualifie d’anormal.

Cependant, Fernand partageait ces sentiments. « Il sera trop tard pour agir si nous restons les bras croisés. Nous devons nous préparer. »

Bellange lança un regard à l’Albergue. « D’accord. Et nous ne pouvons pas être sûrs que le père de Louise ne s’interposera pas non plus. J’aime à penser que notre président ne ferait jamais une chose aussi stupide, mais mieux vaut prévenir que guérir. »

Albergue voulait faire claquer sa langue, mais il garda ses pensées pour lui. Ça doit être difficile à comprendre pour un homme comme toi, vu la facilité avec laquelle tu as abandonné ton propre fils.

Il savait qu’aucun des nobles ici ne comprendrait sa relation avec Louise. En tant que noble, son affection pour elle faisait de lui un intrus. Heureusement, les autres dirigeants n’étaient pas convaincus que Léon interviendrait, si bien que les mesures militaires qu’ils avaient adoptées étaient au mieux bancales. Fernand et Bellange étaient aigris, même si c’était une petite victoire, et Albergue restait préoccupé par ce qui allait suivre.

Louise, quoiqu’il arrive, je jure sur ma vie…

+++

Partie 3

Louise était étalée sur son lit dans le château de Rault. Quelques jours s’étaient écoulés depuis la fête du Nouvel An, mais depuis, elle ne parvenait pas à se reposer, ce qui la laissait décharnée et hagarde.

Ses parents étaient assis à côté de son lit, et sa mère essayait d’essuyer ses propres larmes.

« Pourquoi… ? Pourquoi est-ce que ça arrive ? On a déjà perdu Léon. Pourquoi dois-je aussi perdre Louise ? Pourquoi ce sont toujours mes enfants !? »

Louise avait serré la main de sa mère qui sanglotait et avait souri. « Tout va bien, maman. Léon m’attend. »

Ce doit être exactement ce que Léon a vu avant de mourir.

Dans son esprit, Louise avait évoqué une image de lui dans son lit, incapable de se lever après que la maladie l’ait frappé. Cela lui faisait douloureusement serrer le cœur. Léon avait été un garçon si attentionné malgré tout ce qu’il avait subi. Il avait été si précieux pour Louise, mais elle n’avait pas pu le sauver. Elle avait porté ce poids sur ses épaules pendant si longtemps que c’était son plus grand regret. Son statut auprès des Six Grandes Maisons et l’énorme pouvoir qu’elle exerçait par la grâce de l’Arbre sacré — rien de tout cela n’avait d’importance. Rien de tout cela n’avait sauvé son frère. Elle avait été laissée sans défense.

Albergue avait serré ses mains, les serrant si fort que ses os semblaient craquer. « Il n’y a aucune trace de floraison de l’arbre sacré, et encore moins d’une demande de sacrifice humain. Louise, je ne le laisserai pas te prendre. »

« Père, tu sais que tu ne peux pas l’arrêter. J’ai entendu dire que les autres grands nobles ont déjà tenu une réunion. Ils ont envoyé leurs propres chevaliers dans notre château, et ils me surveillent de près, n’est-ce pas ? »

Louise avait raison, les autres maisons avaient envoyé des troupes pour la surveiller. Ils avaient prétendu que c’était pour protéger Louise, mais en réalité, ils la surveillaient.

Chagriné par sa propre impuissance, Albergue baissa son regard vers le sol. « Tout le monde était d’accord, à part moi. Donc, c’est vrai, à la majorité, ils ont décidé de procéder au sacrifice. »

« Chéri ! » Sa femme avait protesté, des larmes coulant sur son visage. « Tu veux vraiment les laisser nous la prendre !? »

Albergue se leva lentement, les sourcils froncés par la détermination.

« Père, tu ne dois pas. C’est moi qui dois faire le sacrifice. Léon attend, » dit Louise.

« Même en supposant que ce que tu dis est vrai et qu’il est vraiment seul à l’intérieur de l’Arbre sacré, je ne peux toujours pas le permettre. Je me moque de faire des autres maisons des ennemis, je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour arrêter cela. » Albergue se dirigea vers la porte et l’ouvrit. Mais avant qu’il ne puisse sortir, un majordome était arrivé en courant.

« Lord Albergue ! Léon, c’est-à-dire le comte Bartfort, est arrivé ! »

« Quoi ? »

Léon n’avait pas organisé de rendez-vous avec Albergue — non pas qu’il y ait eu besoin de le faire — mais il avait tout de même accepté de le voir.

« Très bien. Escortez-le jusqu’à mon bureau. »

 

☆☆☆

 

Un majordome m’avait conduit dans un bureau, et après avoir pris place sur le canapé à l’intérieur, Monsieur Albergue m’avait rapidement mis au courant de la situation. Il envisageait de lancer une guerre totale pour protéger sa fille, ce qui me rendait d’autant plus sceptique sur le fait que lui et sa famille aient pu être les méchants.

Eh bien, je suppose qu’objectivement parlant, les citoyens le considéreraient comme une menace s’il lançait une attaque, quelle que soit la justesse de ses raisons.

Si sacrifier une personne pouvait tout résoudre, les humains étaient plus que disposés à regarder de l’autre côté. Je détestais ça de notre espèce.

« La guerre, hein ? C’est assez troublant », avais-je dit.

« Vous comprendrez quand vous serez parent. Non… Je suppose qu’en tant que noble, mes actions devraient être condamnées. Je l’admettrais, ce que je fais est mal. » Cependant, cela ne l’empêchera pas d’aller jusqu’au bout.

« Partir en guerre contre un pays entier juste pour sauver votre fille, hein ? » J’avais souri. « J’aime bien comment ça sonne. »

« C’est inattendu. Pour un homme parfois appelé le “chevalier ordurier”, je pensais que vous me diriez de rester assis et de les laisser la sacrifier. »

Excusez-vous. C’est précisément parce que je suis une ordure que je suis prêt à sacrifier la majorité pour une seule personne.

« Je suis le genre de gars qui donne la priorité aux gens que je connais plutôt qu’à un groupe d’étrangers. Comprenez-vous ? Plutôt louche, non ? »

« Bwa ha ha ! » Albergue avait éclaté de rire. « Je suppose que vous avez raison. C’est donc ainsi que vous vous conduisez. Oui, c’est effectivement déplorable, mais j’aime votre façon de penser. Cela dit, je suis clairement inapte à diriger le pays tel que je suis. »

« Pourtant, vous voulez toujours partir en guerre ? »

Franchement, en supposant qu’ils l’aient sacrifiée, on ne savait pas quel bénéfice cela apporterait. Nous n’avions non plus aucune idée des conséquences s’ils ne le faisaient pas. La République d’Alzer était simplement terrifiée à l’idée qu’en mettant en colère l’Arbre sacré, ils pourraient perdre les bénédictions qu’il leur avait apportées. Leur décision d’offrir un sacrifice juste pour être sûrs n’était pas entièrement fausse, mais je n’aimais toujours pas ça.

« La dernière fois, je n’ai rien pu faire d’autre que de regarder mon fils dépérir, alors cette fois-ci, ce sera différent. Je ferai tout pour protéger ma fille, même si cela signifie aller à la guerre. »

« Cinq contre un ? Cela ne vous laissera pas beaucoup de chances de gagner », avais-je dit.

« En effet, non. Mais si je dois mettre ma fille et le pays sur une balance, ma fille est plus précieuse. C’est aussi simple que cela. » Les yeux de Monsieur Albergue brillaient de détermination. Ce serait un exercice futile que d’argumenter, les mots mielleux n’allaient pas le faire changer d’avis. Si je disais quelque chose comme « Et le peuple ? Ils vont souffrir ! » Il répondrait probablement par « Et alors ? »

J’avais haussé les épaules. « Et s’il y avait un moyen de se sortir de ce pétrin sans avoir à se battre ? »

Albergue s’interrompit, sentant immédiatement mon implication. « Voulez-vous emmener Louise ? En seriez-vous capable ? Si vous échouez, alors vous serez un homme recherché. »

« Ne vous inquiétez pas. Je suis en fait assez bon pour ce genre de choses. »

« Je n’en doute pas. »

Je pensais qu’il s’inquiéterait pour ma sécurité, mais étrangement, il semblait avoir une confiance totale en mes capacités. Je n’étais pas sûr de savoir comment me sentir à ce sujet. Pensait-il que j’étais une sorte de roublard avec un talent pour se cacher dans l’ombre ou quelque chose comme ça ?

« Alors ? Comment voulez-vous gérer cela ? » me demanda Monsieur Albergue.

« Avant de faire ça, il y a une chose pour laquelle j’aimerais que vous m’aidiez. Le voulez-vous bien ? »

Ses sourcils s’étaient levés. « Mon aide ? Si je peux vous rendre service, je suis tout à fait disposé à le faire. »

« Merci. En fait, je voudrais que vous me parliez de votre fils, Léon… Pouvez-vous le faire ? »

 

☆☆☆

 

Après que Léon ait quitté le bureau d’Albergue, un majordome était entré.

« Monseigneur, le comte Bartfort s’est dirigé vers la chambre de Lady Louise. »

« Très bien », déclara Albergue en regardant distraitement par la fenêtre.

« Je vois que vous avez toujours l’intention d’aller à la guerre, » déclara le majordome.

« C’est le cas. Ma conscience n’est pas claire, mais il est trop tard pour revenir en arrière. »

« Donc même le Comte Bartfort n’a pas pu vous faire changer d’avis. » Il semblerait que le majordome espérait que Léon convaincrait Albergue.

Albergue avait ri.

« Monseigneur ? »

« Nous allons commencer à nous préparer pour la guerre. Ce qui se passe ensuite dépend du comte. »

« Avez-vous prévu quelque chose ? » demanda le majordome.

« Je ne peux pas vous le dire maintenant. » Albergue avait fait une courte pause. « Mais je dois dire qu’il est vraiment détestable. »

La proposition de Léon avait permis à Albergue de comprendre enfin pourquoi les gens le considéraient comme une ordure. Il se sentait vraiment pathétique de devoir compter sur Léon.

« Détestable ? » Le majordome lui fit écho. « Le comte Bartfort ne me semble pas le moins du monde détestable, monseigneur. »

« Vous comprendrez bien assez tôt. »

Pourquoi ce sont toujours mes enfants qui doivent être sacrifiés ? L’Arbre sacré avait-il maudit la Maison Rault ? Est-ce ma punition pour m’être débarrassé des Lespinasse ?

Il ne pouvait pas s’empêcher de se demander.

 

☆☆☆

 

Quand Léon s’était montré dans la chambre de Louise, elle avait été choquée.

« Léon ? Comment es-tu entré ici ? »

« Je suis venu voir comment tu allais. Tu as l’air mal en point. » Il s’était approché de son lit et s’était installé sur une chaise à proximité. Il avait laissé quelques fruits sur la table — un cadeau.

Louise avait souri. « Même émaciée, je suis toujours belle, n’est-ce pas ? »

« Je préfère que mes superbes femmes soient en bonne santé », avait-il répondu en plaisantant. « Tu ne dors pas beaucoup ? »

Il pouvait clairement voir les dégâts que ces événements avaient causés sur elle. Louise avait baissé son regard, son expression était sombre. « Chaque nuit, je rêve. Je vois mon frère piégé dans l’Arbre sacré, et je suis impuissante à l’aider. » Elle se couvrit le visage de ses mains, se souvenant du jour de sa mort. « Même s’il a tellement souffert, je ne pouvais rien faire pour lui. Au moment où j’ai réalisé qu’il souffrait toujours à l’intérieur de cet arbre — depuis plus de dix ans ! Je… Je n’ai pas pu m’empêcher de pleurer. Il doit se sentir si seul là-dedans, tout seul. »

Léon avait écouté en silence. Quand Louise s’était mise à sangloter, il lui avait doucement caressé le dos. « Ça doit être dur. Fais-tu ce rêve chaque fois que tu t’endors ? »

Louise avait acquiescé. « Il crie vers moi, me suppliant de venir à lui. Il faut que je fasse au moins cela. Ce serait trop pitoyable de le laisser tout seul. »

« Tu aimes vraiment ton frère, n’est-ce pas ? »

« Oui, c’est le cas. J’ai été tellement choquée la première fois que je t’ai vu. Vous vous ressemblez tellement, que je me suis même demandé si Léon ne t’aurait pas ressemblé, s’il n’avait pas… »

Louise n’avait connu son Léon qu’en tant que petit garçon, mais s’il avait vécu jusqu’à l’adolescence, elle était sûre qu’il aurait ressemblé au Léon qui l’avait précédé. Elle n’était pas la seule à le penser, ses parents étaient d’accord.

« C’est étrange. Après tout ce temps, tu te montres, et maintenant mon Léon me supplie de l’aider. »

C’était presque le destin.

Léon la laisse parler sans porter de jugement. « Penses-tu vraiment que nous nous ressemblons tant que ça ? Je veux dire, avec tout ce que tu as dit sur lui, j’ai l’impression que nous ne sommes pas du tout semblables. Enfant, j’étais plutôt obéissant et bien élevé, et j’étais aussi timide. Je gardais tout pour moi. »

Entendre cela m’avait rappelé de bons souvenirs.

« La façon dont tu parles — même la façon dont tu mens — c’est tout à fait comme lui. Mais tu sais, je pense qu’il était plus du genre à vouloir se démarquer. Oh, mais je suppose que dans ce sens, vous êtes peut-être semblables ? Après tout, tu es devenu assez célèbre depuis ton arrivée à Alzer, et tu n’es même pas là depuis une année entière. »

« C’est seulement parce que les gens ne veulent pas me laisser tranquille. »

Même ça, ça rappelait à Louise son petit frère. Elle était convaincue.

Tu as reçu l’Emblème du Gardien et sauvé Noëlle de Loïc. Je sais juste que si mon petit frère était encore là, il aurait fait exactement la même chose.

Louise avait tendu la main pour caresser le visage de Léon. Il était resté assis sans broncher.

« Pourrais-tu m’en dire plus sur ton Léon ? » avait-il demandé.

« Bien sûr. J’ai peur de dormir, alors je serai heureuse de tout te raconter. Tous nos souvenirs heureux ensemble. Voyons voir… »

+++

Partie 4

Louise était étalée sur le lit, sa poitrine se soulevant et s’abaissant lentement. Alors que je m’asseyais à côté, Luxon était sorti de l’ombre et s’était mis à rôder près de moi.

« Maître, j’ai utilisé le sédatif. Elle devrait pouvoir dormir sans faire de rêves. »

« Tu es vraiment adroit, tu sais ça ? » J’avais fait une pause. « Alors, comment ça se présente ? Qu’est-ce que notre ami IA a en réserve pour nous ? »

Pendant que j’avais écouté Mlle Louise raconter ses différents souvenirs avec son Léon, Luxon s’était occupé de fouiller l’intérieur du château.

« Les défenses d’Ideal rendront difficile l’extraction de Louise sans rencontrer un certain nombre de problèmes. »

« Oh ? Es-tu en train de me dire qu’Ideal est plus capable que toi ? »

« Il est supérieur dans son domaine d’expertise respectif, mais dans l’ensemble, j’ai des raisons de croire que je suis plus fort, » dit Luxon. « Il serait erroné de déterminer la suprématie en se basant sur un seul aspect. »

On dirait que ma question l’avait énervé. Non pas que les robots ressentent de telles choses, mais quand même.

Quoi qu’il en soit, nous sommes dans une véritable impasse ici.

Même si Luxon était dans l’ensemble plus fort, Ideal pouvait le surpasser dans ses spécialités, et nous n’avions aucune idée du classement de ses capacités de combat. Il était encore parfaitement possible que Luxon perde.

« Mais pourquoi diable Ideal se donnerait-il la peine de mettre en place ces défenses en premier lieu ? »

La question ne s’adressait à personne en particulier, mais Luxon se risqua tout de même à une supposition. « Peut-être que Lelia lui a ordonné de le faire ? Il y a aussi la possibilité qu’il ait un lien avec ce qui est arrivé à Louise. »

« Nous devrons nous pencher sur la question. Très bien alors, je pense qu’on ferait mieux d’y aller. Il fait déjà nuit noire dehors. »

Dans le court laps de temps que j’avais passé à discuter avec Louise, le soleil s’était couché. D’un autre côté, j’avais appris un certain nombre de choses pendant mon séjour ici.

« Maître, » dit Luxon, « Es-tu certain de cela ? Louise t’en voudra. »

Je n’en doutais pas. « Vas-y. Tant qu’elle survit, je m’en fiche. »

« Maître, tu manques vraiment de tact. »

La dernière personne dont je voulais entendre parler de ça était une IA sans tact.

 

☆☆☆

 

Peu de temps après que Léon ait quitté le château, Serge était dans sa chambre, allongé sur son lit.

« Tch. Et maintenant ? »

À ce stade, il était pratiquement acquis que Louise serait sacrifiée à l’arbre. Serge n’avait personnellement aucun intérêt pour ces bêtises, mais le sort de Louise pesait sur son esprit. Il fixa son plafond, repensant au jour où il l’avait vue pour la première fois. Il s’en souvenait très bien.

« Je me demande si elle me verrait enfin comme de la famille si je la sauvais. »

Au moment où il s’était surpris à se poser cette question, il s’était levé et s’était passé les mains dans les cheveux.

« Pourquoi suis-je toujours accroché à ça ? Je sais déjà qu’elle ne veut qu’un remplaçant pour Léon. C’est tout ce dont elle parle toujours — Léon, Léon, Léon. »

Quand ils étaient plus jeunes, elle avait toujours l’air si heureuse quand elle parlait de son frère mort. Elle était si déchirée à propos de lui que tout le château était sombre et lugubre. Serge avait l’impression d’avoir été traîné jusqu’ici simplement pour remplacer le garçon mort. Et dans un sens, c’était vrai. Les Rault voulaient un héritier, c’est pourquoi ils l’avaient adopté dans leur famille élargie — pour être une doublure.

« C’est bien trop tard… Nous ne pourrons jamais être une famille. Pas après toutes ces années. »

Une partie de Serge aspirait toujours à être acceptée, et il ne pouvait pas complètement supprimer ce désir.

Alors qu’il était perdu dans ses pensées, Ideal était soudainement entré dans sa chambre. « Bonsoir. »

Serge s’était redressé d’un coup sec. « Toi ? Qu’est-ce que tu veux ? »

« Oh, j’ai simplement une information amusante, alors je suis venu te la transmettre. »

« Amusante ? Désolé, mais je ne suis pas vraiment d’humeur pour ce genre de conneries en ce moment. » Serge s’est installé sur le lit.

Ideal avait dérivé vers lui. « Vraiment ? Es-tu si déchiré par le fait que ton premier amour ait été choisi comme sacrifice ? »

En un instant, la main de Serge s’était élancée pour attraper le petit robot. Le métal d’Ideal avait craqué sous la pression de sa main. Les yeux de Serge étaient injectés de sang et meurtriers, des veines apparaissaient sur son front. À tout moment, il semblait prêt à mettre Ideal en pièces.

« Qu’est-ce que tu viens de dire ? » demanda-t-il.

« Il est inutile de détruire mon terminal distant. Même si tu le fais, je peux immédiatement en activer un autre. Maintenant, regarde ça, s’il te plaît. » De la lumière jaillit de l’œil d’Ideal, projetant une image sur le mur. Serge pouvait y voir Léon et Albergue en train de discuter. Ils avaient l’air de s’amuser.

« Qu’est-ce... Qu’est-ce que c’est ? »

« Un flux vidéo d’il y a quelques heures, » déclara Ideal.

« Quoi ? Je n’ai rien entendu à ce sujet ! »

« Parce que les gens de ce château n’ont pas jugé bon de t’informer, et parce que cet homme ressemble tant au fils décédé du seigneur Albergue. Ils savent en outre que tu t’es battu avec lui tout à l’heure. »

À l’insu de Serge, Léon s’était rendu au château et avait parlé à Albergue. Sa simple vue a fait bouillir de colère l’estomac de Serge.

Je n’ai jamais vu Père sourire comme ça avant. Pas à moi.

Les seules expressions qu’il avait jamais vues sur son père étaient la colère ou l’exaspération. Il y avait toujours quelque chose de distant et de froid dans son visage. Mais qu’en est-il de la façon dont il regardait Léon ? Albergue avait complètement baissé sa garde.

Serge avait serré les dents alors que l’image sur l’écran changeait.

« Ce flux provient de la chambre de Mlle Louise. Ils ont l’air de s’amuser. »

Le sourire sur son visage était exactement comme celui que Serge avait vu ce jour-là, lorsqu’ils étaient enfants — celui qui avait volé son cœur. Mais il ne l’avait plus jamais vu, du moins pas dirigé vers lui.

La lumière disparut des yeux de Serge, qui fixait l’écran d’un air absent, privé de toute vie. « Tu l’aimes bien parce qu’il ressemble à ton frère mort, hein ? »

« Ici, tu peux écouter leur conversation », dit Ideal, en lançant une relecture de leur échange verbal.

« En te parlant, j’ai presque l’impression de parler à nouveau à mon petit frère. Je me suis tellement amusée, Léon. »

« Je me suis également amusé. »

« Si seulement… tu avais été… mon frère à la place… »

La voix de Louise s’était soudainement coupée.

« Oh là là. Il semble qu’il y ait de l’électricité statique, » dit Ideal. « Je vais devoir réparer ça. »

Serge relâcha soudainement son emprise sur Ideal et rejeta sa tête en arrière, en riant tel un maniaque. « Ah ha ha ! »

« Seigneur Serge ? »

« Désolé pour ça. Bon travail de me montrer ça. Ouais, c’est une info plutôt amusante. Je le savais. Tout le monde ici ne me voit que comme un remplaçant. Merde ! » Serge avait sauté de son lit et avait frappé du pied le meuble le plus proche. Il était devenu fou furieux, brisant tout jusqu’à ce que sa chambre soit en désordre.

Sous le regard d’Ideal, il déclara : « En fait, ce n’était pas encore la partie la plus amusante. Tu vois, Léon a un objet perdu similaire au mien. Tu vois ? Juste ici. Regarde. »

« Qu’est-ce que ça veut dire ? »

« Cet objet est la raison pour laquelle Léon a fait tant de ravages ici dans la république. Cet autre robot est un de mes camarades, tu vois, et j’aimerais être en bons termes avec lui. Mais Léon l’utilise pour semer la pagaille ici. C’est impressionnant, je dois le reconnaître. »

Serge ne savait pas grand-chose de Léon, si ce n’est qu’il s’agissait d’un étudiant en échange qui ne cessait de s’attirer des ennuis. Il est vrai qu’il était en partie dans l’ignorance parce que tout le monde au château avait évité de partager avec lui des informations relatives à Léon.

« Alors, quoi ? Il cherche à se battre avec Alzer ? »

« Ne le savais-tu vraiment pas ? Depuis son arrivée, il a détruit deux nobles importants : Pierre de la maison Feivel et Loïc de la maison Barielle. Et il a fait tout cela en utilisant cet objet perdu. Il ne connaît certainement pas le sens de la modération. »

Ce n’est que maintenant que Serge avait réalisé à quel point il avait été ignorant. « Pourquoi personne ne m’a-t-il parlé de ça ? »

« Eh bien, je n’aurais jamais imaginé que tu étais si mal informé, » dit Ideal. « Je suppose que Lady Lelia n’a rien dit pour les mêmes raisons. C’est de notoriété publique dans tout le pays à ce stade. Tout le monde parle du chevalier ordurier de Hohlfahrt. »

« Salaud ? Donc tu dis que Père… Je veux dire, Albergue avait une gentille petite conversation avec ce type ? Il est pratiquement l’ennemi public numéro un. »

« Oui. Je suppose que la ressemblance de ce Léon avec son fils mort est la raison pour laquelle il ne peut pas se résoudre à haïr le garçon, peu importe la dévastation qu’il apporte à Alzer. »

Toute cette situation rendait Serge absolument livide. « C’est quoi ce bordel… ? »

Donc, même s’il est notre ennemi, Albergue est prêt à donner à ce Léon un accueil plus chaleureux qu’à moi — son propre fils — juste parce qu’il ressemble à son enfant mort ?

Serge avait serré les poings avec détermination. « Hé, Ideal. Donne-moi un coup de main. »

« Certainement. »

Serge fixa du regard l’image projetée de Léon. « Si ce type essaie de jouer les gros bras avec son objet perdu, ne crois-tu pas qu’il a besoin d’une bonne correction ? »

Serge avait battu Léon pendant le festival du Nouvel An avec facilité. Il était convaincu que s’ils s’affrontaient sans armure ni arme, il ferait plus que jeu égal avec lui.

+++

Chapitre 6 : Ideal, le navire de soutien

Partie 1

Plusieurs jours s’étaient écoulés depuis la fête du Nouvel An, et il était presque temps pour les fiancées de Léon de rentrer à Holfort.

Livia était assise en face d’Anjie. Une atmosphère gênante planait entre elles. Il n’y avait pas d’autres occupants dans la pièce, Cordelia s’assurait que personne ne s’immisçait.

Alors qu’elle s’agitait, Livia avait finalement trouvé le courage de dire, « Euh… hm ! »

« Livia, je… »

Elles avaient parlé en même temps, et un autre silence inconfortable s’était installé. Les filles avaient froncé les sourcils. Aucune des deux n’était douée pour s’exprimer. Heureusement, leurs expressions étaient si ridicules et elles avaient tellement envie de se réconcilier qu’elles s’étaient mises à sourire.

« Je t’ai causé tellement de stress, » déclara Anjie. « Tout ce que tu as dit à propos de Noëlle était correct. J’ai ignoré ses sentiments, et j’ai pris le temps d’y réfléchir. »

Livia avait secoué la tête. « C’est moi qui ai eu tort. Je n’ai pas réfléchi à ta position et à tes responsabilités, et j’ai dit des choses si insensibles. Je savais que tu prenais beaucoup de choses en considération quand tu disais tout ce que tu faisais. »

Il n’en fallait pas plus pour qu’elles se réconcilient enfin, mais cela ne signifiait pas qu’Anjie avait changé d’avis.

« Je suis désolée, mais même maintenant, je pense toujours que nous devrions prendre Noëlle avec nous. »

« Pour le bien du royaume ? » demanda Livia.

« C’est une partie du problème. »

« Et quelle est l’autre partie ? » Livia avait incliné la tête.

« Noëlle va passer le reste de sa vie comme une cible, » expliqua Anjie. « Elle est si précieuse. D’autres pays ne reculeront devant rien pour la réclamer s’ils le peuvent, tout cela à cause des avantages que son jeune arbre sacré leur apportera un jour. »

« Je comprends ça. »

« Non, je ne pense pas, » réplique Anjie, convaincue que Livia était trop naïve pour saisir la triste réalité. « Il n’y a pas de limite à l’impitoyabilité et à la cruauté des gens. Surtout lorsqu’un énorme profit est en jeu, assis juste devant eux, mûr pour la prise. Ils sont prêts à tout pour le prendre. »

« Anjie… ? » murmura Livia, confuse.

Anjie secoua la tête. « Je ne veux pas entrer dans les détails. Sache juste que si le pire devait arriver, tout ce qui attend Noëlle est un enfer. Peut-être que venir avec nous n’est pas ce qu’elle veut vraiment, mais, que crois-tu qu’il se passerait si un autre pays mettait la main sur elle et la rendait absolument misérable ? »

« Eh bien… » Livia n’avait pas vraiment envie d’y réfléchir, mais elle ne doutait pas que Noëlle serait malheureuse d’être forcée de vivre dans un pays inconnu. Cependant, ce n’était pas ce qui préoccupait Anjie.

« Si Noëlle est malheureuse, cela va peser sur Léon. C’est le genre d’individu qu’il est. Je ne veux pas le voir souffrir. »

Au moment où Livia avait réalisé que l’inquiétude d’Anjie était centrée sur Léon, ses joues avaient rougi d’embarras. « Je suis vraiment désolée. Je n’aurais jamais imaginé que tu pensais aussi loin. »

« Malheureusement, ce n’est que récemment que j’ai commencé à analyser les répercussions futures sous cet angle. Je n’y avais pas encore réfléchi autant, tu n’as donc aucune raison de t’excuser. »

Livia avait baissé son regard, mais Anjie avait placé ses bras autour de Livia. À son tour, Livia avait également enlacé Anjie.

 

 

Anjie lui chuchota à l’oreille : « Honnêtement, je ne veux pas vraiment d’autres femmes avec Léon, mais il a l’habitude de semer le trouble. Je ne veux pas non plus voir Noëlle malheureuse, et en tant que noble de Holfort, je ne peux pas ignorer la valeur qu’elle représente. »

« Je ressens la même chose, » dit Livia.

« J’espère que tu peux me pardonner. Je sais que ce n’est pas ce que tu veux non plus, mais notre seul choix est de la laisser avec Léon. Même si nous la ramenons à Holfort avec nous, nous ne pouvons pas la remettre au palais. »

Livia avait hoché la tête, et Anjie s’était penchée vers elle, pressant ses lèvres contre celles de Livia.

 

☆☆☆

 

Alors que Yumeria était occupée à nettoyer le foyer, elle s’arrêta et leva la tête. « Le temps est si beau aujourd’hui ! » Elle était d’humeur joyeuse, et les chauds rayons du soleil lui donnaient envie de se blottir pour faire une sieste. Heureusement, elle avait réussi à secouer la tête et à se concentrer sur le travail à accomplir. « Je ne peux pas me permettre de faire ça. Si je ne fais pas d’efforts, Kyle va encore s’énerver contre moi. Il est temps de mettre la main à la pâte ! »

À peine était-elle retournée à son nettoyage qu’une femme franchit la porte d’entrée, un robot de couleur bleue flottant à ses côtés.

« Hein ? Est-ce que c’est M. Luxon ? » murmura Yumeria, stupéfaite.

« Hé, » dit Lelia, sans prêter attention à son commentaire. « Léon et Marie sont-ils là ? »

Yumeria avait tressailli de surprise avant de hocher plusieurs fois la tête. « Oui… Je veux dire, oui, mademoiselle ! » Elle se corrigea, craignant que son ton ne soit trop désinvolte. « Ils sont actuellement ici. »

« Très bien, alors convoquez-les pour moi. Dites-leur que Lelia est ici pour les voir. »

« D’accord ! » Yumeria avait essayé de se précipiter dans le couloir, mais dès qu’elle avait tourné la tête, son pied avait glissé. « Eek ! »

« H-hey ! Allez-vous bien ? »

« M-Mes excuses. Je suis un peu empotée. »

« Vous vous appelez Yumeria, c’est ça ? Vous n’avez pas besoin d’être si pressée. Allez juste à votre rythme et allez me les chercher, d’accord ? »

« Oui ! » Yumeria se leva, épousseta sa jupe avant de se mettre à courir.

« H-hey ! Je vous avais dit de ne pas être si pressée ! » Lelia lui avait crié après. « Ideal ? Qu’est-ce qu’il y a ? »

« Oh, ce n’est rien. Alors cette femme elfe s’appelle Yumeria, hm ? »

Yumeria avait déjà disparu à l’intérieur de la maison, elle n’avait donc pas pu entendre cette question.

 

☆☆☆

 

« J’ai l’impression d’avoir été dans le noir alors que tant de choses se passaient. » Noëlle était assise dans la cage d’escalier, les bras autour du jeune arbre, bien calé dans son étui de protection.

Marie s’était assise à côté de Noëlle. Les filles s’étaient rapprochées pendant le séjour de Marie à l’étranger, et comme elle connaissait la situation de Noëlle, elle faisait ce qu’elle pouvait pour la soutenir.

« Tu peux laisser tout ça à Léon. La grande question est : que vas-tu faire ? »

Noëlle continua de bercer le jeune arbre dans ses bras, incapable de se décider. « Je ne sais pas. J’ai l’impression que ce n’est pas bien de laisser Léon s’occuper de moi. Après tout, il est déjà fiancé deux fois. Crois-tu vraiment que ce serait acceptable que je m’impose à lui ? »

« Il a gâché ton mariage », lui avait rappelé Marie. « Tu devrais t’appuyer sur lui. Utilise-le pour ce qu’il vaut. »

« C’est un peu exagéré. » Noëlle ne pouvait pas se résoudre à aller jusqu’à de telles extrémités, elle avait encore des sentiments pour Léon.

« Eh bien, tu peux y réfléchir pendant un certain temps. Tu as tout ton temps. » Aussi détendue qu’elle paraisse, Marie paniquait intérieurement.

Nous ne pouvons pas laisser Noëlle seule, mais mon frère insiste pour la laisser prendre la décision. Qu’est-ce qu’on est censé faire ? Argh, je ne peux pas supporter ça. Rien ne se passe comme prévu !

Marie se creusait la tête, essayant de trouver un moyen de résoudre les choses à la satisfaction de toutes les parties concernées, mais elle n’était pas allée bien loin avant que Yumeria ne monte les escaliers en titubant.

« Ah, Lady Marie ! Nous avons une invitée ! »

« Pour moi ? »

« Eh bien, elle m’a demandé de convoquer ainsi que le Seigneur Léon, donc je prévois d’aller le chercher ensuite. Si vous voulez bien m’excuser — ah ! » Yumeria était tellement pressée qu’elle avait trébuché sur une marche et s’était cognée le genou.

Noëlle s’était précipitée vers Yumeria et l’avait aidée à se relever. « Allez-vous bien ? »

« O-Oui. Notre invitée m’a demandé de faire vite, alors j’essaie de me dépêcher. »

Marie ne voyait personnellement aucun problème à faire attendre leur invité. Si elle demandait aussi Léon, elle pouvait deviner exactement qui c’était. En regardant du deuxième étage, elle n’avait pas été surprise d’apercevoir Lelia qui entrait hardiment dans le foyer, les bras croisés sur sa poitrine. À ses côtés flottait Ideal, l’IA dont Léon avait parlé à Marie.

Pendant que Yumeria partait chercher Léon, Noëlle s’était rendue au premier étage.

« Lelia, pourquoi es-tu là ? Hein ? Pourquoi cette chose ronde et flottante ressemble-t-elle exactement à Luxon ? » demanda Noëlle, perplexe.

« C’est un plaisir de vous rencontrer, Lady Noëlle, » dit Ideal d’un ton amical. « Je m’appelle Ideal. Luxon et moi sommes… semblables, je suppose. J’espère que nous pourrons être amis. »

« Euh, oui. Bien sûr. » Noëlle était déconcertée. Comment Lelia avait-elle pu posséder quelque chose qui ressemblait presque exactement au familier de Léon ? Marie n’avait pas l’air d’en être gênée, mais Noëlle ne pouvait pas se défaire de sa confusion.

« Tu aimes vraiment te montrer à l’improviste », déclara Marie avec sarcasme.

Lelia avait fait passer ses cheveux par-dessus son épaule. « J’ai dit à Léon que je viendrais lui parler il y a quelques temps. Mais je suis plus préoccupée par ce qui se passe en ce moment. »

Comme ils ne pouvaient pas discuter devant Noëlle, Marie déclara : « Va t’asseoir dans le salon pour l’instant. Léon va bientôt arriver. »

« Très bien. Alors, je vais attendre. Oh, et en attendant, je vais avoir une discussion avec ma sœur. » Lelia avait pris la main de Noëlle et l’avait entraînée dans la salle.

Marie avait ricané. « Croit-elle que Noëlle n’est qu’une poupée qu’elle peut traîner quand ça l’arrange ? »

+++

Partie 2

Lorsque les deux sœurs avaient atteint le salon et que Lelia ait dit ce qu’elle voulait, Noëlle était restée exaspérée. « Me dis-tu de rester dans la république ? » Ce n’était pas une question, Lelia donnait un ordre.

« C’est vrai. Je ne pense pas que tu réussis à l’étranger de toute façon, et il sera plus sûr pour toi de rester. Je vais m’en assurer. »

Pour Noëlle, le ton de Lelia était le summum de la condescendance.

« Qu’est-ce que tu dis ? Ce n’est pas parce que tu es fiancée à Émile que tu pourras… »

« Émile ne te protégera pas. C’est moi qui le ferai. »

« Qu’est-ce que tu veux dire ? C’est Émile qui est toujours en train de nous chercher, non ? J’ai remarqué au moins ça. » Noëlle supposait que Lelia jouait les dures parce qu’elle profitait des avantages d’être fiancée à Émile.

Mais cette fois, Lelia n’avait montré aucune intention de s’appuyer sur lui. « Il est sans rapport à ce stade. »

« Qu’est-ce que tu veux dire par “sans rapport” ? » demanda Noëlle. « Vous vous êtes battus ? »

Étant la sœur de Lelia, Noëlle pouvait sentir le conflit qui avait probablement eu lieu. Elle avait plus raison qu’elle ne le pensait.

« Cela n’a rien à voir avec toi, » dit Lelia.

« Bien sûr que oui. Je ne sais pas ce qui s’est passé, mais j’ai du mal à croire qu’Émile ait pu faire quelque chose pour te contrarier. Qu’est-ce que tu as fait ? »

Le visage de Lelia s’était assombri et elle avait détourné son regard.

Les soupçons de Noëlle s’étaient intensifiés. « Je le savais. »

« Je te l’ai dit, ce ne sont pas tes affaires ! » cria Lelia. « Et de toute façon, je n’ai plus besoin de lui. »

« Qu’est-ce que ça veut dire ? Surtout après tout ce que tu… »

Alors que les sœurs se chamaillent, un coup résonna dans la pièce. Les deux filles s’étaient tournées vers la porte, où se tenait Léon, Luxon flottant à côté de lui.

« Bon, ça suffit comme ça », avait-il dit. « Plus de chamailleries entre sœurs. »

Marie s’était moquée en se plaçant derrière lui : « Crois-tu que tu as le droit de dire ça ? Pas très convaincant quand tu te mets constamment dans le bain. »

« Je suis un pacifiste total. Je déteste me battre. »

« Oh, oui. Alors, je suis sûre que c’est une coïncidence totale que tu sois si bon à ça. »

Léon et Marie portaient des sourires même s’ils se lançaient des regards noirs. Leur vue avait dégrisé Noëlle et Lelia qui avaient réalisé l’inutilité de leurs querelles.

Lelia croisa les bras. « Je dois leur parler, alors sors d’ici. »

« Pourquoi ? » Noëlle demanda. « Pourquoi me laisses-tu toujours en dehors de tout ? »

« Tu n’as pas besoin de savoir. Maintenant, pars ! »

Avec ça, Lelia avait réussi à chasser Noëlle.

 

☆☆☆

 

« Tu as vraiment une attitude désagréable avec ta sœur », avais-je dit, exaspéré par la manière énergique dont elle avait mis Noëlle dehors. Lelia était devenue arrogante depuis qu’elle avait obtenu Ideal. « Tu ferais mieux d’arrêter de laisser ton pouvoir te monter à la tête avant que ça ne te retombe dessus. »

Je me serais attendu à ce qu’elle fasse la grimace, agacée par mes conseils non sollicités, mais c’est Luxon qui avait été choqué.

« Maître, combien de fois t’ai-je dit de te regarder dans le miroir quand tu dis ce genre de choses ? »

Marie était d’accord. « C’est l’hôpital qui se fout de la charité. Tu as du culot, tu sais. Tu n’as pas le moins du monde honte ? En tant que sœur, j’ai vraiment honte. »

Excuse-moi ! Dois-je m’asseoir ici et accepter que Marie me dise ça ?

« Penses-tu vraiment que tu aies le droit de dire ça ? » avais-je répondu en aboyant. « Peu importe, laissons tomber. »

« Hé ! » Lelia avait craqué, essayant de me réprimander pour mon attitude. Je l’avais ignorée. Ce sujet particulier était une perte de temps. J’avais besoin d’aller droit au but.

« Lelia, dis-moi : Pourquoi Ideal fait-il installer des mesures défensives à l’intérieur du domaine des Rault ? »

Lelia avait incliné la tête. « De quoi parles-tu ? »

Marie avait posé une main sur sa hanche et avait pointé un doigt dans la direction de Lelia. « On ne peut pas sauver Louise à cause de ton coup d’éclat ! Assez de ces bêtises. Débarrasse-toi de ces défenses. »

Le visage de Lelia s’était déformé de colère. On commençait à croire qu’elle était vraiment désemparée. « Je n’ai aucune idée de ce dont vous parlez ! Arrêtez de me rendre responsable de tout. Je ne sais rien de ce qui se passe avec Louise, et si je suis venue, c’est pour discuter de ce qu’il faut faire. »

Ni Marie ni moi ne nous attendions à cette réponse.

« Dans ce cas, il est d’autant plus facile d’identifier le vrai coupable, » dit Luxon, sa lentille rouge se focalisant sur Ideal.

« M-Mes plus profondes excuses, » balbutia Ideal.

Lelia était restée bouche bée. « Quoi ? Explique-toi ! »

« Vous voyez, je n’ai mis ces mesures en place que parce que le Seigneur Serge me l’a ordonné. »

« Serge ? Hé, attends un peu. Je suis ton maître, n’est-ce pas !? »

Eh bien, Lelia était vraiment ignorante des circonstances.

Ideal, lui aussi, semblait confus. « Quoi ? N-Non. Au moment où vous m’avez trouvé, je vous ai enregistré tous les deux comme mes maîtres. Ainsi, les seules personnes qui peuvent m’ordonner d’agir sont vous et le Seigneur Serge. »

« Ce n’est pas possible. » La mâchoire de Lelia s’était décrochée. C’était la première fois qu’elle entendait parler de ça. Lorsqu’elle avait réclamé son objet de triche, elle n’avait probablement jamais imaginé que quelqu’un d’autre qu’elle pourrait le contrôler.

C’est un énorme problème. Je fronçais les sourcils. « De toutes les personnes, il fallait que ce soit Serge ? Tu n’aurais pas pu choisir une pire personne pour partager ce genre de pouvoir. »

Comme je l’avais expérimenté, Serge était du genre à frapper d’abord et à poser des questions ensuite. Je le détestais.

Contrairement à mon désespoir, Marie afficha un sourire triomphant. « Eh bien, c’est simple. On peut régler ça en un clin d’oeil. Lelia, ordonne à Ideal d’enlever les défenses. »

« D-D’accord, je vais le faire. Ideal, fais ce qu’ils ont demandé. »

Sans perdre un instant, il avait répondu : « Je ne peux pas. »

« Quoi ? » Lelia avait haleté.

« Malheureusement, vous et le Seigneur Serge avez le même statut à mes yeux. Je ne peux pas simplement annuler une commande antérieure de l’un de vous sans raison suffisante. »

J’avais jeté un coup d’œil à Luxon. « Alors ? »

« Les IA militaires ont un système d’entrée de commande complètement différent qui leur est propre. Cela mis à part, si on peut détruire ces mesures défensives, on peut sauver Louise. »

Compte tenu des circonstances, il semblerait que nous serions également en mesure d’éviter le face-à-face avec Ideal.

« Le problème, c’est Serge. J’ai entendu dire qu’il avait une relation assez compliquée avec sa famille, non ? » J’avais jeté un coup d’œil à Lelia, mais elle avait évité mon regard.

« Il a été adopté par la Maison Rault, mais il ne s’est jamais vraiment intégré, » expliqua-t-elle. « Il m’a dit à quel point il voulait une vraie famille. »

J’avais reniflé. « Ouais, c’est ça. Je tuerais pour avoir une famille comme la sienne. Ils sont incroyables. »

Il n’y avait pas vraiment d’intérêt à comparer les Rault avec ma propre famille, mais au moins sur le plan de la grande sœur, le modèle Rault battait le mien de loin.

Merde. La vie aurait été tellement mieux si Mlle Louise avait été ma sœur à la place.

Cependant, comme les Raults étaient le boss final du jeu original, Lelia ne partageait pas mes sentiments, elle ne voyait rien de bon en eux.

« Comment le sais-tu ? Serge m’a dit qu’il est la seule personne de leur foyer qui n’a pas été acceptée comme un membre de la famille. Je parie qu’ils ne l’ont pris que parce qu’ils voulaient un héritier. C’est assez égoïste de le déraciner comme ça juste parce que leur propre fils est mort. »

Au contraire, j’avais trouvé qu’ils étaient tous incroyablement gentils. Albergue était même prêt à faire la guerre si ça voulait dire sauver sa fille.

« Eh bien, ton opinion n’est pas très pertinente, » avais-je dit. « De toute façon, je peux supposer que tu vas t’opposer à Serge sur cette question ? Et Ideal, de quel côté vas-tu pencher ? »

Il était fort probable qu’on se fasse des ennemis de Serge, ce qui signifiait qu’Ideal pouvait être une vraie menace.

Ayant perçu la méfiance dans mon regard, Ideal secoua son œil d’un côté à l’autre comme s’il était exaspéré. Il me rappelait Luxon à cet égard. « J’aimerais éviter de donner la priorité à un maître plutôt qu’à un autre si possible, mais vu les circonstances, je ne fournirai pas de soutien militaire. Cependant, c’est dans la mesure où je suis capable de faire des compromis. Je ne priverai pas Serge de la puissance de combat qu’il possède déjà. »

« Si tu peux promettre autant, c’est suffisant. Nous pouvons nous occuper du reste, » avais-je dit.

C’était au moins un problème de réglé. Il ne restait plus qu’à trouver la meilleure façon d’extraire Mlle Louise.

Ayant jugé que ce sujet particulier était traité, Lelia changea de sujet. « Très bien, maintenant parlons de ma sœur. Je vais être aussi franche que possible. Puisque j’ai Ideal maintenant, je suis plus que capable de la protéger. Il n’y a plus besoin de compter sur vous. »

Marie se renfrogna. « Arrête de t’emporter, gros snob. Si mon frère le voulait vraiment, il pourrait te battre sans aucun problème. »

Euh, pourquoi est-ce qu’elle me place tant sur un piédestal ? Je n’ai aucune envie de me mesurer à Ideal.

Bien que j’aie remarqué que depuis qu’elle avait récupéré Ideal, Lelia s’était beaucoup plus affirmée.

« Oh ? Veux-tu vraiment te battre contre moi ? Ideal est un navire militaire. Ton Luxon n’est qu’un bateau de migrants. Crois-tu qu’il sera capable de tenir le coup ? »

Luxon, qui était resté silencieux jusqu’à ce moment, s’était immédiatement lancé dans la conversation, parlant à un rythme rapide. « Hm ? Je suis choqué, je ne pensais pas que tu étais capable d’analyser nos capacités de combat. Connait-tu au moins mes principales forces ? Si ce n’est pas le cas, alors c’est plutôt arrogant d’agir de manière aussi triomphante. Navire militaire ou non, Ideal est un navire de ravitaillement. Puisque tu ne sembles pas comprendre ce que cela implique, je vais te l’expliquer aussi simplement que possible : ce n’est pas le type de navire qui se bat en première ligne. Il utilise ses compétences uniques en restant à l’arrière. Il n’a pas été construit pour l’expertise sur le champ de bataille. N’étais-tu pas au courant de cela ? »

« Hein ? Euh… quoi ? » Lelia avait jeté un coup d’œil à Ideal, cherchant de l’aide.

« Luxon, s’il te plaît, ne t’en prends pas à Lady Lelia, » dit l’autre robot. « De plus, même si je n’en ai pas l’air, j’ai une grande expérience du combat. Il est impossible de savoir lequel d’entre nous gagnerait contre l’autre. Ou bien n’es-tu pas d’accord avec mon évaluation ? »

« Non, je n’en suis pas si sûr, » répondit Luxon. Même lui ne pouvait pas affirmer avec certitude qu’il serait le vainqueur.

Je suppose que ça veut dire que quelque chose lui donne des doutes.

« Je ne m’attendais pas à t’entendre dire ça », avais-je dit. « Ne vas-tu vraiment pas jurer que tu seras le meilleur ? »

+++

Partie 3

« Nous avons été créés pour lutter contre les nouveaux humains, pas pour nous engager dans une guerre contre notre propre peuple. Ainsi, il n’existe aucune donnée sur des cuirassés comme nous s’affrontant les uns les autres. »

Donc ils ne sauraient pas comment les choses se passeraient à moins qu’ils ne s’affrontent vraiment. Aha, maintenant je comprends. Luxon n’est pas sûr de pouvoir gagner. Je vais devoir le taquiner à ce sujet plus tard.

Mis à part les projets d’avenir, c’était une bonne chose que nous ayons pu en apprendre un peu plus sur Ideal.

« Donc tu dis que tu as vraiment combattu les nouveaux humains ? » lui avais-je demandé.

« Oui. C’était une guerre brutale. Je suis retourné à notre base afin de faire les préparatifs nécessaires, et c’est là que j’ai attendu l’arrivée de mes nouveaux maîtres. Hélas, une armure démoniaque est entrée dans la base et a presque tout détruit. J’ai eu la chance de survivre, uniquement parce que j’étais resté en veille et que je ne pouvais pas me battre. »

Les sourcils de Lelia étaient remontés à la racine de ses cheveux. « Attends, sérieusement ? Oh, tu parles de l’armure que nous avons vue là-dedans ? C’est ce que tu appelles une “armure démoniaque” ? »

« Correct. »

À l’improviste, Luxon s’était mis à lancer des jurons incompréhensibles, comme il le faisait toujours lorsqu’il était question de ces machins démoniaques. « Asdfghjkl ! »

Lelia s’était repliée contre le mur, gardant ses distances avec lui. « Qu’est-ce qui ne va pas chez toi !? »

« Désolé », avais-je dit. « Il a une véritable haine pour ces trucs d’armures démoniaques. »

Ideal avait fait bouger son objectif de haut en bas comme s’il acquiesçait. « Je comprends ce qu’il ressent. Je les déteste aussi. » Malgré cela, il semblait étrangement calme.

L’œil de Luxon brillait de façon menaçante. « Où est-elle ? Où est cette armure démoniaque ? Nous devons la détruire. Nous devons la décimer au-delà de toute réparation. Tout héritage des nouveaux humains doit être anéanti. »

« Ouais, j’ai vu cette réaction venir à un kilomètre à la ronde », avais-je marmonné.

« S’il te plaît, calme-toi, Luxon. Je me suis déjà occupé de l’armure démoniaque. Elle est partie maintenant », lui assura Ideal.

« Oh, alors très bien. »

Maintenant que Luxon n’était plus sur le point de péter les plombs, je reportai mon attention sur Lelia, toujours plaquée contre le mur du fond. « De toute façon, je pense que nous devrions laisser Noëlle décider de son propre avenir. »

« Pourquoi devrais-je faire ça, hein !? La république a besoin d’elle et de ce jeune arbre ! »

J’avais haussé les épaules. « Si les choses tournent mal et que nous devons repenser nos plans, nous pourrons traverser ce pont quand nous y serons. Mais je ne pense pas que l’Arbre Sacré actuel va devenir incontrôlable. »

« M-Mais… »

Vu comment Monsieur Albergue était maintenant, il ne semblait pas probable qu’il devienne le dernier boss. Mais s’il perdait Mlle Louise, que se passerait-il ? Le désespoir de sa mort pourrait le pousser à bout. La garder en sécurité était la clé pour empêcher le monde de s’écrouler.

Oups, je suppose que ça veut dire que je vais encore devoir sauver le monde. Mec, c’est vraiment dur d’être moi. Surtout depuis que je suis tout le temps en train de sauver l’humanité du désastre.

Blague à part…

« Noëlle a la tête sur les épaules. Mieux que ce que tu lui accordes. Donc… » J’avais laissé le reste en suspens.

Lelia avait baissé les yeux sur ses pieds avant de sortir par la porte.

« Ah, Lady Lelia ! » Ideal l’avait appelée. « Veuillez nous excuser, tout le monde. Lady Lelia ! »

Bientôt, ils étaient partis, laissant Luxon, Marie, et moi.

Marie avait froncé le nez. « Elle a laissé le pouvoir d’Ideal lui monter à la tête. Grand Frère, tu devrais la menacer comme tu le fais toujours. »

« Je ne veux pas. Et en plus, qu’est-ce que tu veux dire par “comme tu le fais toujours” ? »

Elle avait détourné son regard. « Lelia considère Noëlle comme un objet. Si nous lui laissons tout, elle rendra Noëlle malheureuse. »

Bien qu’elles soient jumelles, une chose séparait Lelia et Noëlle, à savoir que Lelia avait des souvenirs de sa vie antérieure au Japon. C’est peut-être pour cela qu’elle ne semblait pas avoir le genre d’affection fraternelle à laquelle on aurait pu s’attendre.

« Alors, que faire ? Luxon, as-tu une idée brillante ? »

« Chaque fois que tu te trouves dans une situation difficile, tu te tournes vers quelqu’un d’autre. Tu dois vraiment penser que ton cerveau n’est qu’une simple décoration, vu que tu ne l’utilises jamais pour trouver des solutions. »

« Je ne suis pas doué pour ce genre de choses. »

« Oh, oui. Tu es toujours mauvais quand c’est inopportun. Mais n’es-tu pas aussi celui qui a dit que tu t’efforçais normalement à être rusé et prudent ? »

J’avais haussé les épaules. « Les humains aiment dire et faire ce qui est le plus facile quand c’est le plus facile. Qu’est-ce que je peux dire ? Pour en venir au fait, qu’en penses-tu ? »

« Toute personne qui obtient un immense pouvoir, que ce soit toi ou un autre, devient arrogante en conséquence. C’est la nature humaine, et personnellement, j’aime bien ça. Je suis sûr que si Lelia était brûlée une fois, elle se raviserait, mais cela sera difficile à organiser compte tenu d’Ideal. Cela dit… »

« Oui ? »

Luxon avait fait une pause. « En fait, non. Ce n’est rien. »

« Maintenant, tu me rends curieux. Vas-y. »

« Cela ne fera que te troubler à ce stade. Une fois que j’aurai suffisamment de preuves, je ferai mon rapport. S’arranger pour sauver Louise est plus important pour le moment, si je ne me trompe pas. »

Oh, merde. Il a raison. J’avais donc concédé. « Ouais, tu as raison. Je suppose que je ferais mieux d’organiser les choses. Oh, et Marie, appelle la brigade des idiots. »

« Bien sûr, mais que comptes-tu leur faire faire cette fois-ci ? »

J’avais souri. « Quelque chose de vraiment amusant. »

Marie avait fait la grimace, consternée.

 

☆☆☆

 

Après avoir fui la propriété de Marie, Lelia avait sauté à l’arrière d’une voiture qu’Ideal avait préparée pour elle. Elle avait regardé ses genoux tandis que le véhicule démarrait en direction de sa maison. Ideal était à la place du conducteur, mais il l’avait appelée, essayant de la réconforter.

« Ma dame, s’il vous plaît, ne laissez pas cela vous peser trop lourdement. Je vois la réflexion et la considération que vous avez accordées à Lady Noëlle et à sa situation. »

Lelia avait hoché la tête. « Oui, tu as raison. Personne d’autre ne comprend jusqu’où je suis allée pour ma sœur. Tout ce que j’ai fait depuis ma renaissance… »

Des souvenirs de sa vie passée avaient défilé dans son esprit.

 

☆☆☆

 

Dans sa vie antérieure, Lelia avait aussi été une petite sœur. Sa grande sœur était bien plus douée qu’elle, ce qui aurait dû la rendre fière, mais au lieu de cela, tout le monde les comparait constamment.

« Pourquoi ne peux-tu pas être plus comme ta grande sœur ? »

« Tu es une telle ratée. Ta grande sœur était capable de faire ça à son âge. »

Ses parents l’avaient toujours mesurée à sa grande sœur, et l’école n’avait pas fait exception. Lorsqu’elle avait développé des sentiments pour un garçon et qu’elle avait essayé de les communiquer, il avait refusé en disant : « Oh ! Mais tu me rendrais un grand service si tu pouvais me brancher avec ta sœur. »

Lelia considérait sa sœur comme une nuisance. Quand elle avait été plus âgée, elle s’était fiancée à un homme dont la famille dirigeait une entreprise. Il était en lice pour être le prochain président de la société. Il n’était pas très sérieux dans son travail, mais il était beau et agréable à vivre. À l’époque, Lelia était fière de leur relation.

À l’époque, sa sœur sortait avec quelqu’un qui n’était clairement pas dans la même ligue que le partenaire de Lelia, ce qui l’avait poussée à penser, je peux enfin battre ma grande sœur. Non, je l’ai déjà fait !

Elle avait ramené son fiancé chez ses parents pour les présenter, pour montrer à quel point elle s’était améliorée. Au début, ses parents étaient ravis, ils lui avaient dit : « Nous espérons que vous l’accepterez, les défauts et tout le reste. »

Hélas, son triomphe fut de courte durée. Quelques mois plus tard, son fiancé avait commencé à sortir avec sa sœur. Lelia n’arrivait pas à comprendre ce qui s’était passé. Quand elle avait interrogé son fiancé à ce sujet, il n’avait même pas eu honte de son infidélité.

« Ouais, c’est ma faute. Mais on s’entend très bien tous les deux, tu vois. »

La réponse de sa sœur avait été encore plus écrasante.

« Je suis désolée. Mais tu sais, je pense que tu trouveras quelqu’un de bien mieux de toute façon. Alors ne peux-tu pas être heureuse pour nous ? »

Lelia se souvenait clairement du sourire sur le visage de sa sœur, même si elle s’était « excusée », Lelia détestait ça. Elle avait essayé de protester auprès du reste de sa famille, mais ils avaient tous dit la même chose :

« Tu n’étais pas assez bien pour lui de toute façon. »

« Ta sœur est un bien meilleur parti pour lui. Va trouver quelqu’un d’autre. »

Ils ne voulaient même pas lui donner raison. Et donc, elle avait coupé les ponts avec chacun d’entre eux.

Ses expériences lui avaient fait détester le concept même d’une grande sœur avec une passion.

 

☆☆☆

 

En pensant à son ancienne vie sur le siège arrière de la voiture, Lelia avait commencé à identifier les similitudes entre cette femme et Noëlle. Lelia détestait l’idée même d’être une petite sœur. Où qu’elle aille, dans son ancien monde ou dans celui-ci, elle était traitée comme une figurante inutile.

« J’ai tout abandonné pour toi. J’ai même choisi l’intérêt amoureux le plus ennuyeux et le moins attrayant. Alors pourquoi les choses ne se passent-elles pas comme je l’avais prévu ? »

Ça l’irritait que Noëlle ne suive pas le mouvement. Elle s’était tenue à l’écart de tous les autres intérêts amoureux, optant pour le moins désirable, mais Noëlle ne leur accordait pas un second regard. Pire encore, de toutes les personnes dont elle aurait pu tomber amoureuse, il fallait que ce soit Léon — qui, comme Lelia, n’était pas originaire de ce monde.

« Ma sœur dans ce monde n’est pas meilleure que celle que j’avais avant. Elles me prennent tout. En plus de cela, c’est elle qui a été choisie comme prêtresse. Je suis née dans la maison Lespinasse, tout comme elle, mais je n’étais même pas qualifiée. »

Lelia enviait le rôle de Noëlle dans l’histoire. Il fut un temps où elle avait naïvement pensé qu’elle pourrait être spéciale elle aussi, puisqu’elle était née en tant que sœur jumelle de la protagoniste, mais la réalité s’était vite effondrée sur elle. Leurs parents lui avaient dit que, contrairement à Noëlle, elle n’avait pas les qualités nécessaires pour être la prêtresse. Cela lui avait fait prendre conscience de quelque chose.

Où que j’aille, je suis juste le compagnon indésirable de ma grande sœur. C’est pourquoi j’ai décidé de vivre une vie humble. Pourquoi est-ce que tu dois te mettre en travers de ça ?

Autant cela l’énervait que Noëlle ne suive pas le script, autant elle était irritée par Léon et tous les autres qui continuaient à donner un coup de main à Noëlle. Bien qu’ils aient été réincarnés dans ce monde comme elle, ils avaient choisi d’aider Noëlle à la place.

« À la fin de la journée, tout le monde choisit toujours ma grande sœur. Je ne suis qu’un accessoire. Mais ça n’a pas d’importance, j’ai ma propre volonté. Mes propres ambitions. »

Alors que Lelia continuait à regarder ses genoux, Ideal avait regardé son reflet dans le miroir arrière, et sa lentille avait clignoté d’un rouge étrange.

+++

Chapitre 7 : Celui qui travaille dans les coulisses

Partie 1

« Nous allons sauver mademoiselle Louise, ce qui signifie que j’ai besoin de votre aide », avais-je annoncé alors que je me tenais dans le réfectoire où la brigade des idiots était rassemblée.

Julian, vêtu d’un tablier, avait porté une main à son front. « Bartfort, ce n’est pas comme la dernière fois où nous avons sauvé Noëlle. Est-ce que tu as au moins un plan ? »

« Mon plan est de faire tout ce qu’il faut pour la sauver. »

Il m’avait fixé, sidéré. « Dis-moi que tu as plus réfléchi à tout ça. »

« Comte Bartfort, » intervint Jilk, toujours aussi pompeux, en se moquant de moi. « Pardonne-moi de te le demander, mais penses-tu vraiment que le problème sera résolu par un simple sauvetage ? Son Altesse a des doutes parce qu’elle est préoccupée par ce qui se passera après le sauvetage de Mlle Louise. Les choses ne s’arrêteront pas si nous la mettons en détention. La dernière fois, tu t’es soucié du scandale international que tes actions allaient provoquer. As-tu l’intention d’ignorer ces répercussions maintenant ? »

Il faisait référence à l’incident au cours duquel Loïc avait essayé de forcer Noëlle à l’épouser et où j’étais intervenu pour la sauver. J’avais hésité à agir à ce moment-là en raison des crises diplomatiques qui s’ensuivraient, et c’est alors que j’avais réalisé à quel point la brigade des idiots pouvait être compétente. Oui, ils étaient absolument inutiles dans des circonstances normales, mais ils bénéficiaient de l’une des meilleures éducations qui soient, grâce à leur noblesse. Lorsqu’il s’agissait d’un conflit national, ils étaient plutôt utiles.

« Gérer les conséquences de ce genre de merde est une énorme douleur, c’est précisément pourquoi je compte sur vous, les gars », avais-je dit. « Allez. Vous vous souvenez de la dernière fois, n’est-ce pas ? C’est vous qui avez eu l’idée d’écraser la fierté de la République. »

Je m’étais rendu compte que je demandais l’impossible, encore plus que d’habitude, mais contrairement à moi, ces gars étaient nés et avaient grandi dans ce monde. Il y avait une possibilité non nulle qu’ils trouvent une idée que je n’aurais pas été capable d’imaginer tout seul.

« Si je me souviens bien, la partie où Bartfort a complètement écrasé leur fierté était entièrement de son cru, » dit Brad à Chris en tenant un pigeon et un lapin dans ses bras. « Le plan que nous avons proposé n’était-il pas un peu plus amical ? »

Chris avait acquiescé. « C’est vrai. Franchement, je me sentais mal pour Loïc d’avoir à affronter Bartfort. C’est un génie inégalé quand il s’agit de démolir quelqu’un et de le rendre malheureux. » Son expression sérieuse restait en désaccord avec son choix de garde-robe — il était toujours nu comme un ver à l’exception d’un pagne.

J’avais posé mes mains sur la table. « Allez, je vous aide à subvenir à vos besoins. Donnez-moi quelque chose pour travailler. »

Greg avait froncé les sourcils. À contrecœur, il déclara : « Je veux dire, nous allons t’aider si c’est ce que tu demandes. C’est vrai, nous te devons beaucoup. Le problème, c’est que si on ne sait pas comment aider, on ne peut pas faire grand-chose. Qui est Louise pour toi de toute façon ? »

C’était comme un défi. La question non exprimée : valait-elle la peine d’être sauvée ? Il y avait un doute évident à exprimer, mais j’avais été distrait par ses muscles. Il devait venir de s’entraîner, car ils étaient plus saillants que d’habitude. Il y avait aussi le fait qu’il portait un débardeur et un short. Je suppose qu’il faisait trop froid pour être complètement torse nu.

Je suis juste content qu’il porte quelque chose.

« Hm… Une grande sœur, je suppose ? » avais-je dit.

Les cinq s’étaient moqués de moi.

Julian inclina la tête. « Est-ce que c’est ce que les gens appellent le “complexe de la sœur” ? Quelqu’un qui est obsédé par sa sœur ? »

« Vous êtes les dernières personnes au monde que j’ai envie de voir juger les autres », avais-je lâché.

Pendant que la brigade des idiots était occupée à ne pas trouver d’idées décentes, Anjie et Livia étaient entrées dans la salle à manger. Elles avaient déjà entendu la conversation.

Anjie m’avait regardé et avait secoué la tête. « Tu devrais faire plus attention à tes mots. »

Livia, de son côté, avait les lèvres figées dans une moue grincheuse. « S’il te plaît, sois sérieux, Léon ! Tu veux vraiment sauver Mlle Louise, n’est-ce pas ? Alors, ne plaisante pas. »

Oh là là. On dirait que tout le monde a une mauvaise impression.

« Vous n’avez rien à craindre. Il n’y a pas de problème avec la partie sauvetage. Le problème, c’est ce qui vient après, » leur avais-je dit.

Anjie avait croisé ses bras sur sa poitrine. « Si tu es aussi confiant, il doit y avoir un moyen de la sauver. Mais comme tu l’as dit, le vrai problème sera les conséquences de ce sauvetage. Si tu ne fais pas attention, la diplomatie pour laquelle nous avons travaillé si dur s’évanouira en un instant. »

La république et le royaume avaient finalement trouvé un accord sur les réparations. Si je n’étais pas prudent, leur travail minutieux n’aurait servi à rien et le royaume m’en voudrait. Cela ne me dérangeait pas si cela signifiait voir Roland souffrir, mais puisque cela signifiait des problèmes pour des dizaines d’autres personnes également, je n’allais pas prendre le risque.

« Intervenir maintenant ne ferait qu’amadouer les Rault, » avais-je raisonné. « N’y a-t-il pas un moyen de s’arranger avec eux ? »

Avant qu’Anjie ne puisse répondre, Julian était intervenu. « La république est extrêmement sensible à tout ce qui concerne l’arbre sacré. C’est devenu de plus en plus évident depuis que nous sommes venus ici et que nous l’avons vu par nous-mêmes. Sauver Mlle Louise, c’est bien, mais la république ne restera pas les bras croisés. La situation est globalement trop défavorable, cela n’aurait finalement aucune importance que les Raults se rangent de notre côté. »

C’est vrai. Le royaume serait dans une situation désespérée si nous nous mettons à dos cinq des six grandes maisons.

Anjie fronça les sourcils. « Accepter Noëlle s’avérerait bénéfique pour nous, mais on ne peut pas en dire autant de Louise. Je comprends que tu veuilles l’aider, mais si tu mets ton nez là-dedans, on risque de se retrouver en guerre. »

L’Arbre Sacré avait déjà choisi son sacrifice, et mon plan revenait à le voler — ou plutôt à voler Mlle Louise. La république aurait sans doute piqué une crise. Comme Anjie l’avait indiqué, une guerre pourrait même s’ensuivre, et le royaume aurait plus que quelques os à ronger avec moi.

Je voulais sauver Mlle Louise, mais j’avais les mains liées. La situation était vexante. C’était exactement ce que je trouvais si étouffant dans la noblesse.

« L’autre problème est que Mlle Louise ne semble pas vouloir être sauvée, » dit Livia en fronçant les sourcils. « Est-ce que tu as l’intention d’aller jusqu’au bout malgré ça ? Elle a dit que l’âme de son petit frère était piégée dans l’Arbre Sacré, non ? »

J’étais sûr que Mlle Louise m’en voudrait de l’avoir sauvée, mais qu’importe ?

« Ce n’est pas juste qu’elle meure pour le bien de quelqu’un qui est déjà parti. Désolé, mais l’autre Léon va devoir rester tranquille. De plus, je suis vraiment sceptique quant à cette absurdité. » Malheureusement, blasé comme je l’étais, j’avais du mal à croire ce que les gens me disaient. C’est dommage que je ne puisse pas redevenir aussi innocent et crédule qu’un enfant, même si je le voulais.

Les yeux d’Anjie s’étaient remplis de tristesse en me regardant. « Même si tu la sauves, elle te détestera pour ça. »

« Eh bien, elle pourra faire la queue. Beaucoup de gens me détestent. Ça ne fera pas de différence d’en ajouter un de plus. En plus, j’y suis habitué maintenant. N’est-ce pas vrai, les gars ? » J’avais souri à la brigade des idiots, dont j’étais certain qu’elle me détesterait aussi.

Les lèvres de Julian s’étaient amincies. « Je suppose que oui. »

Jilk m’avait souri en retour, sans gaieté dans les yeux. « J’envie ta peau épaisse. »

« Je n’oublierai jamais le jour où tu nous as battus sans ménagement, » dit Brad, son sourcil s’agitant en signe d’agacement.

Chris secoua la tête en signe d’exaspération. « Bartfort, c’est exactement ce qui fait de toi une ordure. »

« Ouais, tu es un sacré numéro », avait convenu Greg, une veine se gonflant sur son front. « Quoi qu’il en soit, nous avons convenu que sauver cette fille ne résoudra pas le problème, alors qu’allons-nous faire ? »

J’avais soupiré. « C’est toujours la question, n’est-ce pas ? Je pensais que vous seriez utiles, mais je suppose que je me suis trompé. »

Cette insulte les avait tous fait me regarder fixement.

Julian avait pointé un doigt dans ma direction. « Tu as du culot ! Toi non plus, tu n’as pas d’idées ! »

« Je suis le genre de type qui fixe les yeux sur le prix et qui l’attrape. Vous êtes ceux qui pensent à des plans et m’aident à les réaliser. Donc naturellement, rien de tout cela n’est de ma faute. »

Ils avaient immédiatement commencé à essayer de se chamailler avec moi, mais Miss Cordélia avait soudainement interrompu. « Lord Léon, vous avez un invité. »

« Un invité ? Pour moi ? »

+++

Partie 2

Un énorme vaisseau de luxe de 600 mètres de long, équipé d’armes pour l’occasion, se dirigeait vers le sommet de l’arbre sacré. Il était suivi d’un peloton de gardes du corps.

Comme il n’y avait aucune trace de l’Arbre Sacré demandant un sacrifice humain, c’était une première pour tous les habitants de la république. Personne n’avait la moindre idée de ce qui se passait. Afin de discerner comment gérer l’affaire, des représentants des Six Grandes Maisons avaient été envoyés pour enquêter. Tous les passagers du navire étaient de jeunes hommes qui étaient les prochains à hériter de leurs maisons respectives. Serge s’était porté volontaire pour représenter les Rault.

« C’est beaucoup trop tape-à-l’oeil », s’était-il plaint. « Nous aurions pu prendre un vaisseau militaire. »

Hughes, qui avait proposé de représenter les Druilles à la place de son frère, déclara : « Es-tu stupide ? Nous n’allons pas nous battre. »

Émile, le volontaire des Plevens, soupira. « Ça suffit. Ce n’est pas le moment de se chamailler. »

Le plus âgé des hommes était Narcisse de la maison Granze, qui se trouvait aussi être un ancien professeur de l’académie. « Précisément. D’une certaine manière, c’est un moment historique. Si nous voulons vraiment sacrifier Louise, nous devons enregistrer chaque aspect de l’événement pour les générations futures. » En tant qu’universitaire, Narcisse était secrètement opposé à l’idée de sacrifier son ancienne élève. Malgré tout, il ne pouvait pas s’opposer à la décision prise par les dirigeants de la maison.

Bien que Hughes ait été fiancé à Louise il n’y a pas si longtemps, il semblait soulagé par les circonstances. « Je ne peux pas croire que les Feivels se soient retirés de cette affaire. Surtout quand mon frère a accepté d’amener sa propre flotte pour nous protéger. »

Le but des Six Maisons était d’évaluer les performances de leurs héritiers apparents. En même temps, les garçons étaient des pions relativement faciles à sacrifier si quelque chose tournait mal. Il était censé y avoir des représentants de chacune des grandes maisons, mais les Feivels n’avaient pas réussi à se procurer un volontaire, envoyant à la place des troupes et des chevaliers.

Serge tourna son regard vers le garçon assis au bord de l’opulente pièce. « Alors Loïc, un non-protégé comme toi est le représentant de Barielle, hein ? Ta maison est tombée bien bas. »

Ces provocations n’avaient rien fait pour émouvoir Loïc. « Oui, je le crois bien. »

Loïc avait peu de valeur en tant que noble, il avait perdu sa crête et son père l’avait déshérité. Il n’était là que pour servir de chien de garde lorsqu’ils offriraient Louise en sacrifice. Son rôle signifiait qu’il verrait exactement ce qui se passait de première main, bien que sa vie serait en danger si quelque chose tournait mal.

Hughes jeta un regard à Loïc, qui continuait à se tenir dans un coin, sans se soucier d’interagir avec les autres. Quand Loïc avait essayé d’épouser Noëlle, Hughes s’était rangé de son côté, et en conséquence, la position de la Maison Druille avait souffert.

« Tu sais, c’est ta faute si mon frère a eu des moments si difficiles. Tu devrais être reconnaissant d’avoir l’opportunité de mettre ta vie en jeu et de te repentir de tes actions. »

Il n’était pas le seul à regarder Loïc froidement, tous les autres gardaient aussi une grande distance.

« Ça suffit, » dit Émile. « D’ailleurs, Hugues, tu as aussi ta part de responsabilité dans cette histoire. Ce n’est pas bien de ta part de tout mettre sur le dos de Loïc. »

« Haha ! Je n’aurais jamais pensé que toi, parmi tous les gens, tu me ferais la leçon. »

Les cinq héritiers n’étaient pas en très bons termes.

Narcisse soupira. « Vous ne vous êtes pas rendu compte, les garçons, que Louise vit des moments plus difficiles que vous tous ? Gardez au moins le silence pour qu’elle puisse avoir un peu de paix dans ses dernières heures. »

Mécontent, Hughes s’était assis sur le canapé.

Serge, quant à lui, jeta un coup d’œil par la fenêtre. « Vous feriez mieux d’être prêts. Cette ordure de chevalier du royaume va certainement faire une apparition. » En parlant, il avait souri d’une oreille à l’autre.

Hughes l’avait regardé avec anxiété. « Penses-tu vraiment qu’il va venir ? Qu’il va se faire un ennemi de la république juste pour Louise ? » Il tremblait rien que d’y penser, il avait vu la puissance de Léon de ses propres yeux. Même s’il voulait nier cette possibilité, il était terrifié à l’idée que Serge puisse avoir raison.

Serge s’était moqué. « Trembles-tu vraiment dans tes bottes ? Pour cette mauviette ? »

« Mauviette ? » Hughes avait fait écho. « Tu ne comprends vraiment pas ce qu’il apporte à la table ? Et si tu le descendais avant de commencer à parler ! »

« Oui, je pense que je vais faire ça », déclara Serge.

« Serge, tu crois vraiment que tu peux le battre ? » demanda Loïc.

« Ferme-la, espèce de collier de chien flippant. Ce n’est pas parce que tu n’as pas pu gagner que je ne peux pas. Je suis fait d’un matériau plus dur que le reste d’entre vous. »

Narcisse se frotta le ventre comme s’il sentait déjà un mal de ventre arriver. « Léon va s’en mêler, hein ? Je préfère ne pas me battre contre lui, si possible. Il a vaincu une Armure à mains nues. »

Serge avait entendu cette histoire, et cela n’avait rien fait pour le décourager. « Je parie qu’il a truqué ce combat. Pierre n’a perdu que parce qu’il était un idiot. »

Dans un geste rare, Émile lança un regard froid à Serge. « Tu vas arrêter ? On n’est pas venu ici pour t’écouter te vanter. »

« Hmph. » Serge s’était redressé, tenant une lance à la main et quittant la pièce à grands pas.

 

☆☆☆

 

Avant de monter à bord du dirigeable, Louise avait pris le temps de faire ses adieux à sa famille.

« Je vais y aller maintenant », avait-elle dit.

Sa mère avait éclaté en sanglots, et des assistants avaient dû se précipiter à ses côtés pour la soutenir lorsqu’elle avait failli s’effondrer sur place.

« Vas-tu vraiment partir ? » demanda Albergue. « Il n’est pas trop tard. Je peux encore… »

« Non, tu ne peux pas. Léon m’attend. »

Louise était émaciée. Chaque nuit, elle était tourmentée par les rêves de souffrance de son frère.

« Louise, tu es une fille terrible », déclara son père. « Les enfants ne sont pas censés mourir avant leurs parents. »

« Je suis désolée, mais je dois revoir Léon. Je n’ai pas pu lui donner de répit de son vivant, alors le moins que je puisse faire est d’aller le voir maintenant. De plus, si je suis absorbée par l’arbre, je pourrai veiller sur toi. »

Albergue ouvrit la bouche pour en dire plus, mais il ravala les mots avant de pouvoir les prononcer. Ils étaient entourés de chevaliers et de soldats redevables à d’autres maisons, il devait faire attention et ne rien laisser échapper.

Fernand surveillait la flotte en accompagnant Louise en tant que garde. « Président, je vais prendre mes responsabilités et veiller à ce que la jeune fille soit… »

« Votre responsabilité personnelle, dites-vous ? » interrompit Albergue en lui lançant un regard glacial. « Voulez-vous dire que vous allez prendre vos responsabilités et la tuer ? »

« Président ! Nous en avons discuté et avons pris une décision ensemble, n’est-ce pas ? L’Arbre Sacré a tout décidé pour nous. Nous devrions considérer cela comme un honneur ! Votre fille s’est déjà résolue à son destin. Ça ne vous servira à rien d’essayer de l’arrêter. »

Le regard d’Albergue était tombé sur le sol. L’honneur ? Tu penses que c’est honorable de sacrifier ma propre fille ? À ce stade, nous ne sommes que des esclaves de l’Arbre Sacré.

Si l’Arbre Sacré voulait quelque chose, la république le lui offrait sur un plateau d’argent. C’est ainsi que vont les choses.

Louise avait jeté ses bras autour de sa mère. « Je vais devoir te quitter maintenant. »

« Louise, pourquoi faut-il que ce soit toi ? C’était déjà assez dur de perdre Léon. Je ne peux pas aussi te laisser partir. »

Après avoir embrassé sa mère et tenté de la consoler, Louise s’était avancée devant Albergue. « Père. »

« Je suis fier de t’appeler ma fille », avait-il déclaré.

« Merci. » Elle avait jeté un coup d’œil autour d’elle, scrutant les visages présents. Albergue avait immédiatement compris qui elle cherchait.

« Il n’est pas là, mais il m’a demandé de te transmettre un message : “Je suis désolé.” »

« Pardon ? » Louise avait fait la grimace. Pour quoi Léon devrait-il être désolé ?

Albergue avait expliqué : « Il ne supportait pas de te regarder en face, puisqu’il n’a pas pu te sauver. »

« C’est dommage. J’espérais le voir une dernière fois. »

« Y a-t-il un message que tu souhaites que je transmette ? »

« Oui, en fait. Dis-lui que je me suis amusée et que grâce à cette rencontre, j’ai pu me remémorer certains de mes plus beaux souvenirs. »

Albergue reconnaît que Léon Fou Bartfort ressemblait étrangement à son propre fils, à tel point qu’il était parfois difficile de les séparer mentalement. Si son fils avait atteint le même âge, ne serait-il pas exactement le même ? Il s’interrogeait.

« Je ne manquerai pas de lui dire », déclara Albergue.

Fernand prit soudainement la parole : « C’est l’heure. On y va ? »

Louise était montée dans le dirigeable. Au sol, Albergue avait entouré sa femme d’un bras, l’attirant contre lui tandis qu’ils regardaient Louise partir. Il marmonnait en lui-même : « Je suis désolé, Louise. J’espère que tu me pardonneras. »

Le regret qu’il exprimait n’était pas celui que l’on attendrait d’un père obligé de sacrifier sa fille, quelque chose d’autre se cachait derrière.

+++

Chapitre 8 : Drapeau des pirates du ciel

Partie 1

Quand Louise était montée à bord de l’énorme dirigeable, Serge était là pour l’accueillir. Il la fixait, l’étudiait. « Ce sont des vêtements de luxe pour quelqu’un qui va mourir. »

Une robe blanche avait été préparée pour l’occasion, puisqu’elle devait être une offrande à leur Arbre Sacré divin. D’une certaine manière, cela ressemblait à une robe de mariée.

« Et pourquoi es-tu ici ? » demanda Louise, choquée. Ce n’était pas tant de voir Serge qui la dérangeait que sa présence sur le navire. Si les choses tournaient mal, il pourrait y laisser sa vie. Il était l’héritier des Rault, c’était même étrange qu’il soit autorisé à participer à une mission aussi potentiellement dangereuse.

Serge portait une lance et était habillé comme s’il était prêt à partir au combat. « Je suis juste ici pour garder un œil ouvert. Pour m’assurer que tu ne t’enfuis pas. »

« Tu es vraiment méprisable », avait-elle craché. « Penses-tu vraiment que je ferais tout ce chemin seulement pour m’échapper ? »

« Tu as hâte de voir ton petit frère, hein ? »

Les moqueries de Serge lui tapaient sur les nerfs. Louise leva une main pour le gifler, mais Fernand la rattrapa par le poignet.

« Ça suffit, vous deux. Serge, tu dépasses les bornes. »

Louise avait libéré sa main avant de s’en aller, ignorant complètement Serge. Quelques gardes du corps l’avaient suivie.

Fernand soupira de soulagement. « Je surveillerai à l’arrière. S’il se passe quelque chose, je viendrai t’aider. »

Alors qu’il s’éloignait, Serge l’appela : « Prépare-toi à te battre, Fernand. Le royaume va certainement se montrer. »

Fernand fit une pause et jeta un coup d’œil par-dessus son épaule. « Hm, alors tu penses aussi qu’il va se montrer ? »

« Je le pense. Il n’y a aucun doute dans mon esprit. » Après avoir dit ce qu’il avait à dire, Serge était parti en marmonnant : « Maintenant, vas-y, montre-toi. Je sais exactement quelle est ta faiblesse. »

 

☆☆☆

 

Lorsque le grand dirigeable décolla, il fut suivi par un certain nombre de cuirassés militaires servant d’escorte. Fernand, à la tête de la flotte, avait pris l’arrière. Ils se dirigeaient vers le sommet de l’Arbre Sacré.

Les représentants des Six Grandes Maisons, Serge inclus, logeaient dans une pièce proche de celle de Louise. Serge était installé dans un fauteuil, examinant les armes qu’Ideal lui avait fournies.

Hughes jeta un coup d’œil, curieux. « Ce sont des armes inhabituelles que tu as là. Les as-tu trouvées lors d’une aventure ? »

Tout le monde connaissait le penchant de Serge pour l’aventure. Naturellement, ils avaient supposé que ces armes étaient des artefacts perdus qu’il avait trouvés en chemin.

Narcisse s’était approché. Après avoir reçu la permission de Serge, il prit une lance dans ses mains pour l’examiner. « Incroyable, c’est si léger ! Comment un objet aussi grand peut-il peser si peu ? »

« Il est léger, mais il est aussi très solide. »

La lance était équipée d’une lame qui permettait à son détenteur de trancher aussi bien que de poignarder. Ideal avait également fourni à Serge un pistolet de forme inhabituelle.

« J’en ai aussi assez pour vous, » dit Serge. « N’hésitez pas à vous en servir. »

Hughes avait récupéré une arme pour lui-même, mais sa peur de Léon et de son équipe ne s’était pas complètement estompée. « Penses-tu vraiment qu’on peut l’abattre avec ça ? Bon sang ! Toute personne de bon sens garderait ses distances. Pourquoi ne le fait-il pas ? » En tant que noble, il avait du mal à comprendre pourquoi Léon se serait donné tant de mal pour sauver Louise.

Narcisse avait refusé de garder l’une des armes sur lui. « Je suis entré dans un donjon avec ces garçons, et je connais les profondeurs de leur folie. C’était terrifiant de ne pas savoir ce qu’ils pourraient faire ensuite. Ce sont vraiment des barbares. » Alors que les souvenirs de ses aventures avec Léon et les autres élèves d’Holfort affluaient dans son esprit, Narcisse frissonna. Il n’avait pas envie de les affronter. « Ils sont très compétents. À la fois comme aventuriers et comme guerriers. »

Hughes tremblait alors qu’il soufflait. « Oui, mais face à la protection divine de l’Arbre Sacré, ils sont impuissants. Le seul dont nous devons nous méfier est le Comte Bartfort. Je suis sûr que tu es d’accord avec cela, Loïc ? Tu connais le danger qu’il représente mieux que quiconque ici. » Tout en se moquant de son ancien ami, Hughes avait rangé son arme.

Loïc avait déjà une arme qu’il avait ramenée de chez lui et n’avait pas pris la peine de prendre l’une de celles que Serge lui avait fournies. « Ouais, je suppose que oui. »

« N’oubliez pas que le Comte Bartfort porte l’écusson du Gardien, » les avait prévenus Émile. « Il serait imprudent de le sous-estimer, lui ou l’un de ses compagnons. Nous devons être sur nos gardes face à n’importe quel adversaire. »

« Tu as raison, » dit Narcisse en hochant la tête. « Quoi qu’il en soit, je doute que lui ou ses compagnons prennent la peine de venir. Il n’y a rien à gagner à sauver Louise. »

Les garçons le regardaient fixement.

Serge, qui était adossé à sa chaise, grogna. « Il va certainement venir. Et quand il le fera, je serai là pour l’accueillir. » Il parlait avec une telle confiance de l’intervention de Léon que l’anxiété de Hugues continuait à monter.

« Je préférerais qu’il ne vienne pas. Pourquoi doit-il aller s’exposer, de toute façon ? Louise n’a aucun lien avec lui. »

« Tu ne dois pas avoir l’air si terrifié, tu sais. Il est seulement fort parce qu’il a ce vaisseau et cette armure. Attrape-le sans arme et il ne sera pas plus menaçant qu’une personne normale. En plus, je suis plus fort que n’importe qui d’autre. Vous le savez, les gars. Pas vrai, Loïc ? »

Loïc avait perdu contre Léon, mais Serge était convaincu qu’il ne connaîtrait pas le même sort. Son entraînement quotidien avait contribué à une partie de son assurance, mais Serge avait aussi beaucoup de fierté au départ. Il avait tellement détesté être comparé au défunt Léon par le passé qu’il s’était efforcé d’exceller partout où il le pouvait. Personne ne lui avait donné la reconnaissance appropriée pour ses succès, c’est pourquoi il s’était obstiné à partir à l’aventure malgré toute opposition. Il s’était entraîné jusqu’à ce qu’il crache du sang, et il n’avait jamais arrêté de plonger dans des donjons, même s’il était au bord de la mort. En ce qui le concernait, peu importait que Holfort soit le berceau supposé des aventuriers, il n’avait pas l’intention de perdre contre qui que ce soit.

Il n’y a pas de fenêtre dans la chambre de Louise. S’il ne trouve pas un moyen de la localiser à distance, il devra monter à bord du vaisseau et la chercher personnellement, n’est-ce pas ? Parfait. Je suis prêt pour toi, Bartfort.

Ideal avait également préparé des mesures défensives pour contrer Luxon, créant des interférences afin qu’il ne puisse pas scanner Louise pour la localiser. Cela signifiait que le seul moyen pour Léon et ses compagnons de la faire sortir du vaisseau serait de s’y infiltrer eux-mêmes. Dans ces quartiers fermés, ils ne pourraient pas utiliser d’armures. Ils devraient se battre avec leurs propres poings.

Même nom et même visage, ce qui signifie que ce Léon et le mort sont pratiquement une seule et même personne. Ce sera d’autant plus satisfaisant de le tuer.

Serge avait affiché un sourire sinistre, ce qui avait incité Hughes à le regarder avec crainte.

« Tu sembles penser que tu pourras le vaincre s’il n’est pas dans une armure ou un vaisseau, mais je pense que tu le sous-estimes, » dit Émile.

« Qu’est-ce que tu as dit ? »

« Je dis que Pierre et Loïc ont fait l’erreur de le prendre trop à la légère. Peux-tu vraiment être sûr d’être l’exception ? »

« Ne fais pas le malin avec moi, espèce de mauviette ! » Serge s’était levé d’un bond de sa chaise et avait asséné un coup de poing à Émile, qui s’était écroulé au sol.

Narcisse s’était mis entre les deux. « Serge, arrête ! »

« Regarder ta tête me fait chier », déclara Serge à Émile, ignorant Narcisse. « Tu es si maigre et pathétique. Tu ne pourras jamais rendre Lelia heureuse. Tu lui rendrais un grand service en rompant avec elle. »

Émile serra les dents et garda les yeux rivés sur le sol. Serge ouvrit la bouche pour l’inciter à continuer, mais une sirène hurlante les interrompit.

« A-Attaque ennemie ! Il y a une attaque ennemie ! Un navire pirate descend d’en haut ! Tout le monde à son poste ! » Une voix paniquée avait retenti dans les intercoms, mais à peine avait-elle fini de parler que leur propre vaisseau commençait à trembler.

Narcisse et Hugues avaient fait une chute, tandis que Serge s’était accroupi pour se maintenir debout. Loïc avait réussi à trébucher jusqu’à une fenêtre.

« Qu’est-ce qui se passe ? » murmura Loïc. « Des pirates de l’air, vraiment ? Pourquoi des pirates de l’air viendraient-ils si près de l’Arbre Sacré ? »

Normalement, les navires militaires étaient stationnés si près de l’arbre que les pirates de l’air ne pouvaient s’en approcher. C’était étrange de les voir ici.

« Salut, les alzériens. Je suis venu pour jouer ! » La voix de Léon avait résonné autour d’eux, commençant par être légère et joyeuse avant de prendre un ton menaçant.

Les lèvres de Hughes avaient tremblé. « Il est là ! Bartfort est là ! »

Il n’était pas le seul à être secoué par la brusque apparition de Léon. Les chevaliers et les soldats à bord portaient également des regards terrifiés.

« Je parie que vous vous demandez ce que nous faisons ici », avait poursuivi Léon. « Je parie que vous pensez que tout ceci n’a absolument rien à voir avec nous, n’est-ce pas ? Eh bien, laissez-moi vous dire pourquoi vous avez tort. Pour commencer, Serge m’a frappé il y a quelques jours. Je n’ai pas pu me venger à cause de toute cette histoire de sacrifice de Mlle Louise, mais cela continue de me peser. C’est pourquoi j’ai décidé de venir chercher mon dû. »

Des perles de sueur froide coulèrent sur le visage de Narcisse. « C’est de la folie. Est-ce pour ça que vous êtes venu !? »

Comme s’il entendait ces mots, Léon avait poursuivi : « Je suis sûr que vous devez vous demander : “Est-il vraiment venu ici pour quelque chose d’aussi insignifiant ?” Oui, je suis sûr qu’une tonne de gens vont me rabaisser pour ça. Mais vous voyez, je ne pourrai pas dormir la nuit tant que je n’aurai pas mis une bonne raclée à ce salaud. Maintenant, il est temps de s’amuser ! »

Avec cela, la diffusion de l’ennemi avait pris fin.

+++

Partie 2

Tout avait commencé il y a quelques jours. Alors que je me creusais la tête pour savoir comment sauver Mlle Louise, la personne qui avait été envoyée pour superviser les négociations avec la république était passée me voir. Je les avais rencontrés dans le foyer de Marie, et ma voix s’était brisée d’émotion quand j’avais crié, « M-Maîtttttrrrrreeee ! »

« Cela fait certainement un moment, Monsieur Léon. J’ai entendu dire que vous avez travaillé dur. »

« Qu-qu-qu’est ce que vous faites là ! ? Oh, ne vous occupez pas de ça ! Venez à l’intérieur. S’il vous plaît, j’insiste ! »

 

 

Mon maître était vêtu d’un costume élégant, comme il sied à un gentleman de son calibre. Je l’avais fait entrer dans une pièce où j’avais préparé le thé avec soin.

Le Maître était actuellement le directeur de l’académie du Royaume de Holfort. Il n’était pas du genre à rendre visite à la république pour les vacances. Il n’était ici que parce que le royaume l’avait envoyé en tant que diplomate.

« M-Maître, alors… pourquoi êtes-vous venu chez Marie ? » demandai-je.

« Je voulais vous voir avant mon retour. »

Je n’arrivais pas à y croire. Il avait fait l’effort de venir me voir alors que j’aurais dû être celui qui lui rendait hommage.

Le Maître jeta un coup d’œil aux autres visages de la pièce et sourit. « C’est un soulagement de voir que vous êtes tous de bonne humeur. »

« De bonne humeur et même un peu plus, » dis-je en haussant les épaules et en regardant la brigade des idiots. « En fait, j’aimerais bien qu’ils se comportent un peu mieux. »

Ils m’avaient lancé un regard noir, mais je les avais ignorés.

« J’ai entendu que vous avez réussi à conclure les négociations avec la république, Maître. Je n’en attendais pas moins de quelqu’un d’aussi compétent que vous. »

« Oui, c’est un soulagement d’avoir pu régler les choses comme le souhaitait Sa Majesté. »

Anjie avait soupiré. « En premier lieu, c’est quand même assez étrange qu’ils aient nommé notre directeur comme négociateur. »

« Je suis sûr que les fonctionnaires du palais sont très occupés par d’autres obligations. Dans des circonstances normales, ils auraient envoyé quelqu’un d’autre, » dit le Maître.

Il avait rendu de grands services au royaume, ce qui me rendait d’autant plus malheureux de ce que j’avais l’intention de faire.

« Maître, à propos de ces négociations… Je crains que mes actions ne vous causent quelques — non, pas mal d’ennuis. »

« Oh ? Y a-t-il un problème dont je ne suis pas encore conscient ? »

Anjie avait ouvert la bouche pour cracher le morceau, mais j’avais sauté sur l’occasion pour expliquer avant elle. « Eh bien, vous voyez… »

Quand j’avais dit à mon maître comment je voulais sauver Mlle Louise, son expression était devenue sinistre. « Monsieur Léon, comprenez-vous bien les ramifications de ce que vous essayez de faire ? »

Je savais que sauver Mlle Louise créerait des problèmes. Il y avait aussi le problème qu’elle ne voulait pas de mon aide, et qu’elle m’en voudrait probablement. D’un autre côté, si Monsieur Albergue la perdait, il ne pouvait pas savoir dans quelles profondeurs il tomberait. En la gardant en vie, on l’empêcherait de devenir le boss final. Le plus important, cependant, était le simple fait que je voulais le faire.

« Oui, » avais-je dit. « Mais je suis sûr que cela vous causera des problèmes, à vous et à beaucoup d’autres. »

Le Maître avait acquiescé. « Je sais déjà que rien de ce que je dis ne vous dissuadera. Quand on dit qu’on va faire quelque chose, on tient sa parole. »

« Directeur, pardonnez-moi, si vous le voulez bien…, » Julius avait interjeté.

Pardon ? Qu’est-ce que tu crois faire, t’immiscer dans ma conversation avec le maître ?

« Si Bartfort fait ça, tous les termes que vous avez martelés n’auront servi à rien. Dans le pire des cas, cela pourrait déclencher une guerre. »

Le maître s’était redressé. « Je n’y vois pas d’inconvénient. C’est une décision que Monsieur Léon a prise lui-même. Je ne peux pas l’en empêcher. Je n’ai pas le pouvoir de le faire. »

« Maître… »

Cela me désolait de penser à la façon dont j’allais le déranger. Si ce n’était que Roland, je m’en ficherais. J’avais même accueilli la chance de lui faire vivre un enfer.

« Vous dites que vous allez sauver une femme pour qu’elle ne devienne pas un sacrifice humain ? On dirait le rêve d’un chevalier », déclara mon maître.

Anjie avait croisé les bras, et son visage s’était froncé. « J’admets que cela semble sortir d’un conte de fées, mais la réalité est toujours plus cruelle que n’importe quel livre de contes. Le plus gros problème est ce qui va se passer ensuite. Même en connaissant les répercussions, n’allez-vous toujours pas arrêter Léon, directeur ? »

« Pour commencer, j’ai été envoyé pour nettoyer après lui. Et puis, c’est le devoir d’un maître d’aider son apprenti quand il en a besoin. »

Bon sang, c’était suave. Mon maître est un dur à cuire !

Pendant que je m’extasiais devant lui, le maître s’était tourné vers moi. « Pourriez-vous au moins essayer de minimiser les dégâts ? »

« Je vais faire de mon mieux. »

« Splendide. Eh bien, une fois que vous aurez terminé, je ferai ce que je peux pour renégocier. »

« Merci ! »

Avec ça, je pouvais me débarrasser de toutes mes réticences persistantes.

Noëlle, qui avait écouté pendant tout ce temps, avait soudainement levé sa main en l’air. Elle avait attendu que l’attention de tous se tourne vers elle avant de dire : « Je veux aussi y aller. »

« Noëlle ? Non, tu ne peux pas… »

« Je veux donner à Louise une oreille attentive ! »

Tout le monde était choqué d’entendre cela. Tout le monde sauf le Maître, qui se caressait le menton.

« Hm. On dirait qu’il y a un peu de mauvais sang entre vous. »

« Cela va bien au-delà du mauvais sang, » dit Noëlle. « Elle a causé toutes sortes de problèmes pour moi. Mais quand même, je lui suis redevable. C’est pour ça que je dois être là quand on la sauvera, pour pouvoir lui dire ce qu’il en est. »

Si Noëlle voulait participer au sauvetage, elle aurait pu le dire.

« Oh, allez, Noëlle. Tu n’as pas à cacher ce que tu ressens vraiment », l’avais-je taquiné.

Luxon me fixa d’un air choqué. « Tu es la dernière personne à avoir le droit de dire une chose pareille. »

« Hein ? Qu’est-ce que tu veux dire ? »

En jetant un coup d’œil dans la salle, j’avais remarqué que tout le monde me regardait de la même façon. C’était comme s’ils disaient tous « Tu es le pire quand il s’agit de cacher tes sentiments ».

Vraiment ? avais-je pensé. Je suis presque sûr d’être la personne la plus franche du monde.

 

☆☆☆

 

Cette conversation nous avait permis d’apporter le combat à la République, sans souci. Pour l’occasion, l’Einhorn arborait un drapeau pirate.

Ce qui signifie que pour l’instant, nous ne sommes qu’une bande de pirates non affiliés.

L’Einhorn fonçait sur l’énorme vaisseau ennemi. J’étais attaché à Arroganz et je donnais des ordres.

« Mettez vos vies en jeu ! »

Un certain nombre d’autres Armures flottaient dans l’air autour de l’Einhorn. Luxon les avait assemblées à la hâte. La brigade des idiots les pilotait, et chacune avait ses propres caractéristiques uniques.

Julius pilotait une armure blanche. « Je n’aurais jamais pensé devenir un pirate de l’air et sauver une princesse. »

L’armure verte de Jilk tenait un énorme fusil dans ses mains. « Eh bien, je pense qu’être un pirate de l’air convient parfaitement au comte Bartfort. »

C’est vraiment un petit con sournois.

Brad pilotait une Armure violette avec une tête en forme de cône. « Êtes-vous sûr que cette Armure a été construite avec du bric-à-brac ? Elle est bien plus puissante que celles que j’ai utilisées auparavant. Aucune Armure ordinaire ne pourrait battre cette chose. Si Arroganz est comme ça, elle doit être pratiquement invincible. »

À l’intérieur du cockpit avec moi, Luxon secoua son œil d’un côté à l’autre, exaspéré. « Arroganz est une armure que j’ai construite spécialement pour le Maître, » expliqua-t-il. « Ses performances sont d’un tout autre niveau que celles-ci, que j’ai construites au pied levé. Cela dit, même si ce ne sont pas mes créations les plus minutieuses, j’attends de vous que vous soyez prudent avec elles. Si vous les détruisez, je vous le ferai regretter. »

Toutes les Armures qu’il avait fabriquées pour cette aventure étaient plus grandes que la moyenne des tenues, bien qu’elles soient toujours plus petites qu’Arroganz.

Greg, qui pilotait l’Armure rouge, se préparait à la bataille alors que nous approchions de l’imposant vaisseau ennemi. « C’est presque l’heure ! »

Chris était dans une Armure bleue brandissant une claymore, et lorsque les Armures ennemies volaient vers lui, il les découpait immédiatement. « Faisons un travail rapide sur eux ! »

Alors que les deux derniers semblaient parfaitement normaux en communication, ils étaient pratiquement nus dans leurs cockpits respectifs. L’un était en short et sans haut, et l’autre était toujours en pagne.

J’aimerais qu’ils tiennent compte de mes sentiments. Je dois regarder leurs corps supérieurs nus sur le flux vidéo.

« Maître, je ne peux pas confirmer la position précise de Louise. Ideal brouille mon scanner. »

« Pas de problème. On va entrer par effraction et la faire sortir nous-mêmes. Je compte toujours sur toi pour faire ta part. »

« Compris. Je vais nous faire venir en volant. »

« Ok, les garçons, il est temps de se battre ! »

L’Einhorn avait percuté le vaisseau ennemi, en prenant soin de ne pas appliquer trop de pression de peur qu’il tombe. Un raclement métallique retentit lors de la collision. Des étincelles avaient jailli de l’endroit de l’impact, et le vaisseau ennemi s’était finalement arrêté.

« Vous n’irez pas plus loin ! » avais-je crié en sautant du cockpit d’Arroganz, mitraillette à la main. Dès que j’avais atterri sur le pont de l’autre vaisseau, j’avais cherché une entrée vers l’intérieur. « Est-ce par là ? »

C’était à l’origine un vaisseau de luxe avec un grand pont. Bien qu’il ait été équipé pour la bataille, ces modifications de dernière minute n’avaient pas permis de couvrir ses points faibles.

Alors que je me dirigeais vers la porte d’entrée, deux soldats armés étaient sortis en courant.

« Il est là ! »

« Tuez-le ! »

Ils avaient commencé à me tirer dessus, alors j’avais riposté. Mes balles en caoutchouc n’étaient pas mortelles, mais elles piquaient comme l’enfer. Quand elles atteignaient leur cible, les hommes se tordaient de douleur. Je les avais ignorés et j’avais continué à avancer.

« Maître, j’ai fait ce que tu m’as demandé. »

« Alors, vas-y pour la suite », avais-je dit.

Luxon s’était envolé tandis que je trouvais la porte que je cherchais et que je me cachais à l’intérieur.

+++

Partie 3

Fernand avait vu de loin l’Einhorn foncer sur l’énorme navire transportant Louise. Debout sur le pont du cuirassé, il avait regardé la scène, abasourdi.

« Vous devez vous moquer de moi ! Pourquoi est-il là ? Pourquoi s’en mêle-t-il !? » La sensibilité de noble de Fernand l’avait laissé complètement désemparé. Ses subordonnés l’appelèrent pour qu’il donne d’autres ordres, mais il était clair à son expression qu’il était sous le choc et incapable d’en donner correctement. Léon avait semé la terreur dans la république et son peuple d’innombrables fois maintenant, et savoir qu’il était celui qu’ils affrontaient terrifiait Fernand.

« Seigneur Fernand ! Que faisons-nous ? »

« Quelle question ridicule, » bégaya-t-il. « Nous allons protéger le sacrifice, bien sûr ! » Il ordonna à ses hommes de passer à l’offensive pour défendre Louise.

Hélas, ses hommes étaient également frappés par la peur et incapables de bouger.

« Mais notre ennemi est le Chevalier Ordurier. Nous n’avons aucune chance contre lui. De plus, il porte l’écusson du Gardien ! »

Il n’y avait pas besoin d’être un génie pour voir que le moral était au plus bas, et Fernand ne pouvait pas faire grand-chose pour faire sortir ses hommes de leur torpeur.

La voix de Léon avait soudainement résonné dans l’interphone. « Est-ce que mes yeux me trompent ? Vous n’allez vraiment pas venir vous battre ? Vous pouvez voir le drapeau pirate que je brandis, non ? Allez-vous encore m’ignorer ? Ne me dites pas que vous avez trop peur. »

Fernand avait crié : « Coupez l’alimentation audio ! »

« Il a piraté nos systèmes. On ne peut pas l’arrêter ! »

« Alors il a l’intention de nous contrarier, hein ? » Le beau visage de Fernand se contorsionna, ce qui ne fit que faire rire Léon.

« Qu’est-ce qui ne va pas ? Je pensais que vous alliez me donner du fil à retordre, mais là, c’est du gâteau. Je ne m’attendais pas à grand-chose de vous, bande d’idiots. Après tout, vous êtes un pays prêt à sacrifier une jeune fille pour sauver vos propres peaux. »

Des tirs d’armes à feu résonnaient périodiquement en arrière-plan. Léon était déjà monté à bord du vaisseau et combattait ceux qui s’y trouvaient.

« Idiot », siffla Fernand. « Comprenez-vous ce que vous faites ? Si vous vous en mêlez, vous ne vous en sortirez pas… »

« Monseigneur, je ne crois pas qu’il puisse vous entendre. »

« Merde ! »

Léon avait manipulé l’alimentation pour pouvoir leur parler, mais ils ne pouvaient pas répondre. Même si Fernand voulait ordonner aux autres vaisseaux de bouger, il serait difficile de le faire sans communication.

Le ton de Léon avait soudainement changé, devenant sérieux. « Il y a une chose que j’aimerais vous dire, les gars. Si vous avez un problème avec ce que je fais, venez me chercher. Si ça vous ronge à ce point, mettez fin à mes souffrances. Enfin, si vous pensez en être capable. »

Fernand avait tapé du poing sur le bureau devant lui. « Croyez-vous vraiment qu’on la sacrifie parce qu’on en a envie !? Si vous ne nous aviez pas poussés à bout pour commencer, rien de tout cela ne serait arrivé ! »

Les seigneurs auraient fait preuve de plus de prudence dans leur débat en temps normal, mais avec la menace d’une puissance étrangère sous la forme de Léon, ils étaient accablés par la crainte que l’Arbre sacré ne les abandonne et ne laisse la république s’effondrer. C’était la raison pour laquelle ils avaient si facilement jeté la prudence et cédé au sacrifice humain. Le catalyseur avait été Léon.

 

☆☆☆

 

Pendant que Léon et ses compagnons se battaient en haut, Ideal rapportait la situation à Lelia au sol. Elle était en train de déjeuner quand la nouvelle était arrivée, et la cuillère qu’elle tenait était tombée de ses doigts.

« Ils ont vraiment chargé ? Pour sauver Louise ? »

« En effet. Votre grande sœur semble être avec eux, » dit Ideal.

« Ils ont même pris Noëlle !? Oh mon dieu. À quoi pensent ces gars ? »

Pas bon ! Je m’en fous de Louise, mais si quelque chose devait arriver à ma sœur… Attends, attends une seconde. Je suppose qu’elle ne compte pas non plus. Je n’ai pas besoin de me préoccuper de l’Arbre Sacré pour l’instant.

Lelia avait fixé Ideal.

Avec lui en ma possession, ma sécurité est garantie. Si je le voulais, je pourrais même l’utiliser pour reconstruire entièrement la république. Non… Je pourrais créer un tout nouveau pays !

Luxon mis à part, Lelia était persuadée que personne d’autre ne possédait la puissance nécessaire pour battre Ideal. Elle pourrait établir une alliance avec Léon et les autres, en acceptant de ne pas interférer avec les plans des uns et des autres. Plus elle réfléchissait à cette idée, plus elle devenait calme. Elle ramassa sa cuillère et reprit son repas.

« Oh ? Vous vous êtes vite calmée », avait observé Ideal.

« C’est parce que j’ai réalisé qu’il n’y a plus de raison de se préoccuper de l’Arbre Sacré. »

« Qu’est-ce que vous voulez dire par là ? »

« Tant que je t’ai toi, je n’ai pas besoin de l’arbre. N’est-ce pas ? »

Lelia s’attendait à ce qu’Idéal soit d’accord avec elle et que la conversation s’arrête là, mais sa réaction l’avait prise au dépourvu.

« Je ne suis pas d’accord. L’Arbre Sacré doit être défendu à tout prix. Il sera absolument essentiel pour l’avenir de la république. »

« Quoi ? Mais… »

« De plus, cette nation n’existe que grâce à l’arbre. Enlevez-le, et tout risque de s’écrouler. »

Troublée, Lelia avait bégayé : « Tant que je t’ai… »

« Je ne vais pas nier ma propre valeur, mais perdre l’Arbre Sacré serait un énorme coup dur. J’apprécierais que vous ne le traitiez pas avec autant de désinvolture. »

Ideal était plus sévère que d’habitude, ce qui rendait impossible à Lelia d’argumenter.

« B-Bien, j’ai compris. »

« Merci. J’apprécie votre compréhension. »

Lelia avait continué à manger tout en contemplant l’avenir.

Je suppose que cela signifie que ma sœur va continuer à être le centre de l’univers à l’avenir. Ce n’est pas si surprenant, elle est une protagoniste dans ce monde. Je suis plus inquiète de savoir si Serge va s’en sortir. Il a tendance à exagérer les choses.

« Ideal, si les choses deviennent dangereuses pour Serge, interviendras-tu pour le sauver ? »

« Bien sûr », avait-il dit. « Mais êtes-vous sûre que c’est le seul que vous voulez sauver ? »

« Qu’est-ce que tu veux dire par là ? »

« Oh, je me demandais simplement pourquoi vous n’avez pas mentionné le Seigneur Émile. »

Lelia avait réalisé à ce moment-là à quel point elle préférait Serge à Émile. Néanmoins, après une courte pause, elle déclara : « Assure-toi de le sauver aussi. »

« Comme vous voulez. »

Lelia avait regardé le plafond.

Quand tout le monde sera rentré, je vais vraiment devoir réfléchir à mon avenir. Je suppose que je vais commencer par annuler mes fiançailles.

 

☆☆☆

 

Trois personnes avaient été laissées au domaine de Marie pendant la mission : le directeur, Cordélia et Yumeria. Le premier était en train de déguster un thé lorsque Cordélia demanda, sans crier gare, « Directeur, êtes-vous sûr de vous ? »

« Sûr de quoi ? », avait-il demandé.

« Vous devez avoir compris maintenant. Si Lord Léon provoque un nouveau remue-ménage dans la république, cela aura d’énormes répercussions. On pourrait même le faire exécuter, si le pire était à craindre. »

De plus, le fait de se battre avec un pays étranger et de nuire aux relations internationales ne ferait que nuire à la réputation de Léon dans son pays.

Le directeur avait regardé par la fenêtre. « Ce garçon est un peu un mystère. »

« Pardon ? » Cordélia avait froncé les sourcils. « Hum, pour être clair, j’essaie de dire —. »

« Que vous êtes inquiète pour lui, non ? Monsieur Léon est certainement aimé. »

« Ce n’est pas du tout ça ! Il a même traîné Lady Angelica sur le champ de bataille. Je… En fait, je le trouve exaspérant ! Évidemment, je préférerais qu’il soit plus discret, surtout que Lady Angelica l’a choisi comme partenaire. »

« Oui, je suis sûr que ce serait pour le mieux. En même temps, cela pourrait aussi être une erreur. »

Une fois de plus, Cordélia était déconcertée. « Qu’est-ce que vous voulez dire par là ? »

Le directeur essayait de dire que sauver Louise était la chose morale à faire, mais un mauvais choix pour un aristocrate. Léon n’avait pas le droit de se mêler des intérêts internes d’un autre pays. Normalement, quelqu’un comme lui ne pourrait qu’assister avec impuissance aux événements.

« Ses actions sont le summum de la chevalerie. Ne prenez pas cela pour un compliment. Je veux simplement dire que, parfois, Monsieur Léon ne voit pas les choses de la même façon que nous. »

« Pouvez-vous expliquer ? »

« Monsieur Léon voit le monde à travers une perspective très différente. Je ne peux pas dire que c’est la bonne perspective, mais il a réussi à régler un certain nombre de problèmes internationaux qui se sont accumulés au fil du temps. »

Cordélia avait hoché la tête. « Vous devez faire référence à l’ancienne principauté de Fanoss. Même moi, je pense que ses actions à l’époque étaient héroïques, mais il est bien trop négligé et indiscipliné au quotidien. »

« Non, non. Ce n’est pas tout ce qu’il a fait. Il a sauvé le royaume à maintes reprises. Lui prêter main forte dans cette affaire est ma façon de le récompenser. Ou je suppose qu’il serait plus exact de dire que c’est ma façon de lui rendre la pareille. »

Cordélia s’était tue, et le directeur avait souri.

« J’ai trouvé toutes sortes d’excuses, mais je suppose qu’en fin de compte, ce que je veux vraiment, c’est être capable de voir comment Monsieur Léon évoluera à partir d’ici. »

L’estomac de Cordélia se noua d’angoisse. « J’aimerais que vous preniez ce problème plus au sérieux. »

+++

Chapitre 9 : Cible de conquête contre cible de conquête

Partie 1

Tandis que l’énorme bateau de luxe remodelé se balançait d’avant en arrière, Louise s’entoura de ses bras. « Pourquoi ne me laisses-tu pas tranquille ? Tout ce que je veux, c’est être aux côtés de mon petit frère », avait-elle murmuré.

Léon avait infiltré le vaisseau. Elle n’aurait jamais imaginé qu’il puisse faire quelque chose d’aussi irréfléchi. Les servantes de Louise se tenaient à proximité, toutes serrant des armes, même si elles tremblaient de peur.

La porte s’était ouverte. Serge se tenait sur le seuil. Dès que les servantes l’avaient vu, elles s’étaient visiblement détendues. Quant à Louise, son visage était le dernier qu’elle voulait voir.

« Qu’est-ce que tu veux ? » Elle s’était mise en colère. « Pars. Je ne veux pas te voir. »

« Ne sois pas si froide. Je suis là pour te protéger. »

« Tu es la pour ça ? » Elle le regarda d’un air suspicieux, persuadée d’avoir mal compris.

Les lèvres de Serge s’étaient recourbées en un sourire rébarbatif et il avait déclaré : « Je vais écraser ce gamin, celui qui ressemble à ton petit frère, et je vais le faire devant toi. Ça devrait au moins me donner un peu de divertissement. »

L’image mentale avait fait frémir Louise. « Tu es vraiment un déchet humain. C’est exactement pour ça que je te déteste. »

L’expression de Serge s’était assagie. « Ah oui ? Eh bien, ce n’est pas comme si j’en avais quelque chose à foutre. Ils vont venir pour toi, alors je suis juste là pour les attendre. »

« Et pour tous les autres ? » demanda Louise. Son intention était de l’inciter à laisser la garde à l’un des autres, mais malheureusement, ils étaient tous préoccupés.

« Ils ont embarqué les troupes et sont allés rendre visite à nos intrus. J’ai pensé que je pouvais leur laisser les avortons. » Serge s’était assis sur une chaise et s’était adossé.

Louise avait fermé les yeux. Léon, ne viens pas pour moi. Je t’en supplie. Ne fais rien de dangereux.

 

☆☆☆

 

« Ah, c’est toi ! » J’avais haleté.

« Eeeeek ! »

Après avoir anéanti toutes les personnes qui étaient venues m’affronter, j’avais repéré un soldat au sol qui me semblait familier. C’était l’un des hommes qui était monté à bord de l’Einhorn lors de mon arrivée en république, prétextant une « inspection ». Il m’avait regardé de haut et avait pris un ton de merde.

Je lui avais tiré dessus avec une balle en caoutchouc, et alors qu’il se tordait de douleur sur le sol, je m’étais approché et j’avais écrasé mon pied sur son ventre.

« J’espérais tellement te revoir ! J’avais hâte de montrer ma gratitude pour ton traitement spécial à mon arrivée. »

« N-noooon ! Que quelqu’un me sauve ! »

« Qu’est-ce qu’il y a ? Je croyais que tu étais capitaine, mais maintenant tu n’es que lieutenant ? Je suis très curieux, qu’est-ce qui a bien pu te valoir une telle rétrogradation ? Pourquoi ne pas me le dire, hm ? » J’avais pointé le canon de mon arme vers sa tête. Il était tellement effrayé qu’il avait commencé à avoir la bave aux lèvres avant de s’évanouir. « Ah, nous ne faisions que commencer. Mais bon. Je suis occupé, alors ce n’est pas comme si j’avais du temps à perdre avec toi. »

Si Luxon était là, il dirait probablement quelque chose comme : « Dans ce cas, pourquoi t’es-tu donné la peine de le menacer ? Tu n’as fait que perdre plus de temps de cette façon. »

Argh ! Pour une raison inconnue, l’interminable série de sarcasmes me manque.

« Je dois vraiment chercher Mlle Louise, mais je me demande si ces idiots vont bien ? Je suppose que je ne devrais pas trop m’inquiéter. Ils sont comme des cafards, tu ne pourrais pas les tuer même si tu essayais. »

Néanmoins, je n’avais pas pu m’empêcher de m’inquiéter pour ces idiots.

 

☆☆☆

 

« C’est parti ! Prenez ça ! » Greg hurlait en brandissant sa mitrailleuse et en tirant courageusement sur l’ennemi. Avec une ceinture de munitions accrochée à une épaule, il avait l’air d’une star de cinéma, abattant chaque ennemi qui fonçait vers lui.

Jilk n’était pas impressionné, il regardait froidement son compagnon. Ils s’étaient donné rendez-vous et étaient censés se battre ensemble, mais Greg était presque entièrement nu.

« Greg, n’as-tu pas honte de ressembler à ça ? » Jilk utilisait un fusil de sniper avec une lunette attachée. Cependant, comme Greg fauchait le chemin devant lui, le plus gros de ce qu’il voyait à travers la lunette était un gros plan de l’arrière-train de Greg. Son doigt de la gâchette le démangeait violemment.

« Ouais, désolé pour ça. Je suis un peu gêné. »

« Alors, s’il te plaît, mets des vêtements. » Le soulagement momentané de Jilk n’avait pas duré longtemps.

« Je n’ai pas encore assez de muscles dans le dos. »

Jilk ne savait plus quoi dire.

Est-ce qu’il pense sérieusement que son manque de muscles est plus honteux que la nudité ? Est-il vraiment aussi stupide ?

Jilk s’était arrêté et avait regardé le plafond, ses pensées s’égarant vers les membres du groupe qui n’étaient pas avec eux actuellement.

J’espère qu’au moins Chris… non, il est au-delà du salut. Même Brad ne peut plus être considéré comme sain d’esprit. J’aurais aimé pouvoir accompagner Son Altesse à la place. Honnêtement, pourquoi les choses doivent-elles tourner comme ça ?

Puisque tous les ennemis de la zone avaient été anéantis, Greg avait commencé à avancer. « Hey, Jilk, combien de temps vas-tu fixer le vide ? Mets ta tête droite, tu veux ? C’est un champ de bataille. Sérieusement, les gars comme toi sont sans espoir, tu n’as aucun sens commun. »

Le doigt de Jilk s’était déplacé vers la gâchette. Personne ne peut me reprocher de lui tirer dessus par-derrière, n’est-ce pas ?

 

☆☆☆

 

À peu près au même moment, Chris et Brad s’étaient également donné rendez-vous et avaient commencé à éliminer les soldats ennemis. Le premier n’était vêtu que de son pagne caractéristique et brandissait son épée en bois, éliminant soldat après soldat.

Les troupes ennemies avaient crié : « Argh ! Ce type est habillé comme un clown, mais il est si fort ! »

« Ce n’est pas l’habit d’un clown ! » protesta Chris en faisant claquer son épée sur l’homme qui s’était moqué de lui, le rendant ainsi inconscient.

Brad le suivait lentement avec un groupe d’hommes en armure ostentatoire, équipement d’instruments de musique en main derrière lui.

Dès que l’ennemi les avait repérés, ils avaient commencé à battre en retraite, réalisant que la victoire était au-delà de leurs capacités.

« Ils sont trop nombreux ! Appelez des renforts ! »

« Ce doit être l’unité principale ! »

« Merde ! Stupides barbares du royaume ! »

Brad les regarda s’éloigner et soupira. Au même instant, les troupes derrière lui disparurent avec un pouf. « Quel dommage ! J’étais sur le point de commencer ma prestation, mais ce public ne semble pas avoir de patience. Oh, Chris, bien joué pour la première partie. »

L’attitude désinvolte de Brad avait incité Chris à le frapper à la tête avec son épée en bois.

« Aïe ! C’était pour quoi ça !? » demanda Brad.

« Arrête de me faire faire tous les combats et mets-toi au travail. »

Brad avait secoué la tête. « Tu ne comprends vraiment pas, n’est-ce pas ? L’acteur principal doit toujours arriver en retard. »

« Et depuis quand es-tu l’acteur principal ? Il est évident que Bartfort tient ce rôle. Pour commencer, il a suggéré que nous fassions cela, et la personne que nous sauvons est une de ses connaissances. De mon point de vue, tu n’es rien de plus qu’un personnage secondaire. »

Brad fronça les sourcils. « Je suis l’acteur principal de ma propre histoire. Cela signifie que je suis toujours le protagoniste. »

« Ah oui ? C’est merveilleux pour toi. Maintenant, dépêche-toi et vas-y. Ça va être pénible si ces hommes reviennent avec des renforts. »

« Hé, attends ! »

Alors que Chris fonçait, Brad se dépêchait de le suivre.

 

☆☆☆

 

« Grr ! Je ne pensais pas que je serais laissé derrière pour surveiller le vaisseau. » Julius marmonnait dans son cockpit alors qu’il protégeait l’Einhorn. Tous les autres s’étaient infiltrés dans le vaisseau ennemi alors qu’on l’avait laissé dehors pour monter la garde. Il était vexé, il voulait se battre.

« Julius, assure-toi de garder un œil attentif ! » Marie l’avait ordonné depuis le pont de l’Einhorn. Angelica, Olivia et Noëlle étaient également présentes à ses côtés. Elles étaient également accompagnées de Kyle et Carla — toute la bande était là.

Julius expira. « Quand je pense à l’importance de protéger Marie, je n’ai pas tant de ressentiment à être laissé derrière. » Bien qu’il ait marmonné des plaintes jusqu’à présent, la voix de Marie l’avait motivé. « Et on dirait que l’ennemi est arrivé. »

Des armures portant le drapeau de la maison Barielle s’étaient approchées de l’Einhorn. Il y avait également d’autres troupes armées sans Armure qui essayaient d’aborder et d’infiltrer l’Einhorn.

« Comme si j’allais vous laisser passer ! » s’écria Julius en tirant un coup de semonce. Les troupes d’abordages avaient marqué une pause, mais les Armures étaient passées à l’attaque.

Julius avait esquivé sur le côté et avait dégainé son épée. Il avait tranché les jambes d’une armure ennemie, les coupant comme dans du beurre. L’ennemi avait perdu l’équilibre et avait percuté un de ses alliés. Après cela, ils étaient restés immobiles.

« Cette armure est incroyable. Est-ce donc le pouvoir que Bartfort tient dans ses mains ? »

Julius avait affronté Léon en duel, mais il n’avait jamais réalisé auparavant la létalité de son adversaire au combat. C’était une pensée terrifiante en soi, mais il s’était également rendu compte que Léon s’était retenu contre eux, ce qui donnait à réfléchir de la pire des façons. C’était exaspérant, mais en même temps, Julius avait réalisé qu’aussi peu délicat que Léon ait pu être, il avait fait preuve de considération en ne risquant pas leurs vies. Il était difficile de croire que quelqu’un d’aussi problématique que Léon ait fait attention à eux.

« Si je ne peux pas remplir mon rôle après avoir emprunté une Armure aussi puissante, Léon ne me laissera pas en entendre la fin. C’est une chose que je ne peux pas supporter. »

Imaginer le ricanement de Léon motivait d’autant plus Julius.

Quand l’adversaire suivant avait volé, Julius avait fendu ses bras, le laissant incapable. Face aux autres qui menaçaient de le suivre, il cria, « Si vous avez envie de mourir, n’hésitez pas à venir me voir ! »

Une seule Armure dériva vers l’avant. « Dans ce cas, vous pouvez m’affronter. » La voix appartenait à Loïc. Il fonça droit sur Julius.

Julius avait esquivé loin de sa trajectoire. « Veux-tu foutre ta vie en l’air ? »

Loïc manœuvrait comme un suicidaire, rendant la tâche difficile à Julius, qui par principe faisait de son mieux pour éviter de prendre des vies tant qu’il le pouvait. Loïc, cependant, n’avait rien à perdre.

« J’ai entendu votre voix », dit Loïc. « N’êtes-vous pas… le prince du royaume ? »

« Et qu’en est-il ? » demanda Julius.

« Rien. J’ai juste réalisé quelque chose, c’est tout. Si vous voulez tant Louise, vous devrez me tuer d’abord ! »

« Tch ! »

Battre Loïc serait assez facile, mais si Julius ne faisait pas attention quand il dirigeait ses attaques, Loïc allait mourir. Cette bataille devenait difficile.

+++

Partie 2

À bord du navire où Louise était retenue, Hughes dirigeait un groupe de soldats et de chevaliers de Druille.

« Dépêchez-vous et descendez-les ! », avait-il lancé à ses hommes.

« N-Nous essayons ! M-Mais l’ennemi est trop fort. »

Hughes s’était retrouvé face à la puissance combinée de Greg et Jilk. Le premier, pratiquement nu et armé d’une mitrailleuse, se cachait derrière le mur d’un coude dans le couloir pour discuter de la tactique avec son compagnon.

« Jilk, je compte sur toi pour me couvrir par-derrière. »

« Vas-tu charger là-dedans tout nu ? Tu t’es cogné la tête ou quoi ? »

Greg sortit un dispositif de son short et le montra à Jilk. « Tant que j’ai ça, nu ou pas, les balles ne devraient pas m’atteindre. C’est ce que Luxon a dit, en tout cas. »

« D’où est-ce que tu sors ce truc ? S’il te plaît, garde-le loin de moi. »

Greg remit l’appareil dans son short et tint sa mitraillette prête. « Jilk, je te fais confiance pour surveiller mes arrières. J’y vais ! » Alors qu’il chargeait, l’ennemi était désorganisé.

« Pourquoi est-il nu ? »

« Ce n’est pas bon ! Nos balles ne le touchent pas ! »

« Alors je vais utiliser ma magie — bwah ! » À peine l’un des chevaliers avait-il tenté de lancer un sort que Jilk les frappait de loin.

Après avoir vu un de ses hommes frappés par une balle en caoutchouc, Hughes avait levé sa main droite. « Vous, les sauvages du royaume, vous pensez vraiment que vous pouvez… »

« Mange ça ! » Greg avait accumulé assez d’expérience pour comprendre que la protection divine de l’Arbre Sacré ne lui apporterait que des ennuis, et c’est précisément pour cela qu’il avait préparé une parade. Il frappa Hughes du pied, le faisant vaciller dans les airs.

« Comment osez-vous ? » Hughes s’était débattu pour se relever, mais l’arme de Greg était déjà pointée sur son front.

« Échec et mat. Le moyen le plus simple de combattre le pouvoir de votre Arbre Sacré est de vous éliminer avant que vous ne puissiez l’utiliser. C’est du gâteau. » Greg parlait comme s’il était intelligent d’avoir repéré leur faiblesse, mais c’était vraiment une solution de force brute.

Jilk s’était approché par-derrière et avait sorti une arme de poing, tirant sur Hughes.

« Yeooooowch ! » Hughes tenait ses mains sur son visage blessé et se débattait sur le sol.

Jilk regarda sans broncher, sortant une paire de menottes. « Qu’est-ce que tu fais à te vantes devant l’ennemi ? Tu n’avais aucune raison de monologuer, tu aurais dû simplement l’abattre. Maintenant, dépêche-toi de l’attacher. »

Luxon avait préparé les menottes, et elles ne se briseraient pas facilement. Même quelqu’un portant le blason d’une des Six Grandes Maisons ne pourrait pas s’échapper.

Hughes avait continué à résister même après que ses bras aient été attachés et que sa joue ait enflé d’un rouge affreux. « Vous ne savez pas à qui vous avez affaire ! Seul un imbécile complet ferait une chose pareille. Je ne sais pas si votre but est vraiment de sauver Louise, mais si c’est le cas, la république ne le supportera pas. Et je n’oublierai pas vos visages. Je m’assurerai que vous payerez pour ça ! »

Greg et Jilk avaient échangé un regard en riant.

« Tu entends ça ? » Greg avait fait un geste du pouce par-dessus son épaule. « Il a raison. Bartfort n’a vraiment pas réfléchi à tout ça, n’est-ce pas ? »

« Eh bien, c’est un idiot. À la fois dans le bon sens et dans le mauvais sens. C’est précisément pourquoi il serait inutile d’écouter les menaces que ce type peut avoir en tête — en supposant qu’il en ait vraiment. »

Ils avaient laissé Hughes derrière eux et avaient commencé à avancer.

« H-Hey ! Attendez un peu ! Allez-vous vraiment me laisser attaché ici ? Je suis un membre des Six Grandes Maisons, vous savez ! Mon nom est Hughes ! N’avez-vous pas entendu parler de moi !? »

Greg l’avait regardé. « Comme si ça nous intéressait. Si vous voulez vraiment vous présenter à ce point, gardez-le pour plus tard. Mais si on fait ça, je m’appelle Greg. »

« Et je suis Jilk. » Jilk avait fait un léger signe de la main. « J’espère que nous pourrons partager un thé à l’avenir. »

Hughes était abasourdi. « Qu-Quoi... ? »

 

☆☆☆

 

Alors que j’abattais ennemi après ennemi et que j’avançais dans un couloir, j’avais repéré un jeune homme devant moi. J’avais levé mon arme et l’avais pointée sur lui, mais il avait souri amèrement et avait levé les deux mains en signe de défaite.

« Je me rends, » avait-il dit.

« C’était un peu trop facile. As-tu prévu quelque chose ? »

Je l’avais reconnu comme étant Émile. Je l’avais déjà vu plusieurs fois, mais c’était la première fois que nous nous parlions vraiment.

Embarrassé, Émile s’était gratté la joue. « Je n’aime pas trop les choses effrayantes ou douloureuses, vous voyez. J’ai déjà ordonné aux hommes de Pleven de se replier. Si vous cherchez Louise, vous la trouverez par ici. »

Il n’avait pas l’air de mentir. J’avais baissé mon arme, toujours méfiant, alors que j’essayais de me glisser derrière lui.

« Je ne vois les troupes des Rault nulle part, » dit-il. « Les Rault sont les seuls qui n’ont pas déployé leurs armures non plus. Se pourrait-il que vous soyez de connivence ? »

J’avais fait une pause et j’avais regardé Émile en souriant. Il avait deviné ma réponse et son visage s’était illuminé.

« Je le savais ! Le timing de votre attaque, le positionnement, tout semblait si suspect. J’étais certain que quelqu’un devait vous fournir des informations. »

C’était vrai que les Rault apportaient leur soutien. Ils avaient été plus qu’heureux de le faire, en fait.

« Il serait plus sage de ne pas parler devant l’ennemi », avais-je dit. « Tu ne pourras pas m’en vouloir si tu te fais tuer. »

« Vous ne feriez pas une chose pareille. De plus, Serge est devant vous et vous attend. Croyez-moi sur parole, c’est un adversaire de taille. »

« Alors, c’est quelque chose à attendre avec impatience ! La chose la plus gratifiante au monde est de rabaisser les gars arrogants d’un cran. Quand bien même, il n’est que la cerise sur le gâteau. Mon véritable objectif est de sauver Mlle Louise. »

Peu de temps après avoir quitté Émile, j’avais repéré une porte devant moi.

 

☆☆☆

 

Serge se leva de son siège et commença à s’étirer. Pendant ce temps, les servantes de Louise piaillaient à chaque fois que le vaisseau se balançait, alors que la bataille faisait rage à l’extérieur. Des annonces étaient diffusées par l’interphone, avertissant les passagers que les intrus avaient pénétré secteur après secteur. Louise savait qu’ils atteindraient bientôt sa chambre, qu’elle le veuille ou non.

Alors que les servantes sanglotaient, des bruits de pas avaient résonné derrière la porte.

Serge avait pris son arme de poing. « Vous autres, restez en dehors de ça. » L’instant d’après, il appuya sur la gâchette et tira sur la porte. Les tirs avaient résonné dans la pièce, les douilles vides s’écrasant sur le sol. Un filet de fumée s’était élevé du canon de l’arme de Serge. Il la jeta de côté et ramassa sa lance. « Sors. »

La porte était criblée d’impacts de balles, et l’intrus l’avait défoncée à coups de pied avant d’entrer. Il portait une mitrailleuse dans ses mains.

« Je suis venu pour jouer, » dit Léon avec un énorme sourire. Il tourna son arme vers Serge et tira.

Les fusils capables de tirer rapidement autant de cartouches n’étaient pas standards dans la république, ce qui rendait l’arme d’autant plus terrifiante. Serge, cependant, avança sa main et créa une barrière magique. Elle repoussa les balles en caoutchouc, qui rebondirent inutilement sur le sol.

Serge les regarda et se moqua : « Tu es trop mou. Apporte au moins de vraies munitions au combat. Je suis venu ici prêt à te mettre à terre, tous les coups sont permis. » Le choix de munitions non mortelles de Léon était pour le moins décevant.

Léon se débarrassa de son arme au profit du dégainage de son épée. « Parfait. J’adore écraser des crétins insupportables comme toi ! Je t’ai détesté dès que j’ai vu ta sale gueule. » Il avait bien joué le rôle du méchant en chargeant vers l’avant, balançant sa lame.

Le coin des lèvres de Serge s’était retroussé alors qu’il bloquait le coup. « Tes attaques n’ont aucune puissance. Je pensais que vous, les garçons du royaume, étiez censés être plus résistants… ! » Il ponctua ses mots d’un coup de pied, envoyant Léon se débattre en arrière.

Léon roula sur le sol, enroulant habilement son corps de manière à pouvoir se relever rapidement. Une fois debout, il s’essuie la bouche avec le dos de sa main.

Serge l’avait engagé assez longtemps pour évaluer son niveau de compétence. « Pas terrible, mais il n’y a aucune chance que tu puisses gagner. »

L’expression de Léon s’était assombrie.

 

☆☆☆

 

Pendant ce temps, les troupes que Narcisse dirigeait engageaient le combat avec Chris et Brad. Quand Brad visait, Narcisse leva les mains en l’air pour se rendre.

« Quoi ? Vous n’avez plus de force, hein ? » Brad avait plissé le front, perplexe.

« À vrai dire, » dit Narcisse, « Louise est à la fois une connaissance et une ancienne élève, donc je n’ai pas envie de la sacrifier en premier lieu. Une partie de moi a été soulagée quand vous êtes arrivés pour la voler. »

Brad avait baissé son arme. « Je suppose qu’il y a un peu de bon sens parmi les membres des Six Grandes Maisons, après tout. C’est un soulagement. Je pensais que vous étiez tous comme Pierre. »

« Pierre est unique en son genre. Cela dit, si vous envisagez de poursuivre plus loin, je vous conseille d’être prudent. »

Chris lui lança un regard noir. « Croyez-vous qu’on va être pris au dépourvu ? »

« Je sais que vous êtes fort, mais vous ne comprenez pas — Serge est terrifiant. »

« Terrifiant, vous dites ? »

Narcisse s’était déjà aventuré dans un donjon avec Léon et les garçons de Holfort. Il avait vu leur puissance de première main, mais à son avis, Serge était dans une tout autre ligue.

« Serge est incroyablement puissant. Il y a quelques années, il a réussi à battre un monstre à mains nues sans utiliser la protection divine de l’Arbre Sacré. Ce n’était pas non plus une petite bête. Elle mesurait deux mètres de haut. »

Si cela s’était passé il y a quelques années, Serge avait environ quinze ans à l’époque. S’il avait vraiment battu un monstre à poings nus à cet âge, alors il était sûrement un adversaire encore plus dangereux maintenant.

Brad, cependant, n’était pas impressionné. « Quelle inspiration ! Hé, Chris, as-tu des menottes sur toi ? »

« J’en ai. »

Chris les avait fait glisser hors de son pagne, ce qui avait incité Brad à faire la grimace.

« Pourquoi les garder ici ? Je ne veux même pas les toucher maintenant. Tu vas devoir t’occuper de ça. »

Chris avait secoué la tête. « Je suppose que je n’ai pas le choix. L’inconvénient de ce pagne est qu’il n’a pas de poches. Il est parfait dans tous les autres domaines… Hm ? On dirait que Bartfort est proche de notre cible. » L’appareil fixé à son oreille lui avait fourni cette information.

Comme aucun des deux garçons n’avait voulu tenir compte de l’avertissement de Narcisse, celui-ci s’était indigné. « Allez-vous m’écouter ? Je vous le dis, Serge garde Louise. Et il est vraiment, vraiment fort ! Non… Non, “fort” ne lui rend pas justice. Vos chances contre lui sont abyssales. Mais si vous n’y allez pas et ne faites rien, Léon est un homme mort. »

Brad l’avait regardé fixement et avait soupiré. « Vous êtes Narcisse, c’est ça ? Vous êtes totalement désemparé. »

« Hein ? »

Chris avait passé les menottes à Narcisse, et ce dernier avait fait de son mieux pour ignorer la chaleur étrange qu’elles dégageaient. Mieux vaut ne pas trop y penser, se dit-il.

Chris déclara : « Je n’ai aucune idée des idées étranges que vous entretenez, mais Bartfort est un véritable héros. Il ne perdra jamais face à la seule force brute. Le fait que la puissance pure ne puisse pas le submerger est exactement ce qui le rend si pénible à combattre. »

Brad avait hoché la tête en signe d’accord. « Tu l’as dit. Il va probablement battre ce pauvre Serge à plate couture. Bartfort déteste son espèce plus que tout. Et vous savez quoi ? De tous les gens au monde, Bartfort est le dernier que je voudrais affronter dans un combat sérieux. »

« Je ressens la même chose. Un match serait faisable, mais si nous étions en réel combat, je ferais tout pour m’enfuir. »

Alors que Narcisse les écoutait avouer leur confiance dans les capacités de Léon, il se demandait : sont-ils en bons termes avec Léon ? Ou le détestent-ils vraiment ?

+++

Partie 3

À peu près au même moment où Léon avait atteint la chambre de Louise, Julius s’était battu avec Loïc à l’extérieur.

« Est-ce qu’il a vraiment envie de mourir ? » Julius sentait la pression.

Loïc se dirigea vers Julius pour le plaquer, mais Julius esquiva et utilisa cette ouverture pour casser le bras gauche de Loïc. L’armure de Loïc tenait à peine, et il n’avait pas non plus d’arme pour se battre. Julius faisait de son mieux pour ne pas tuer Loïc, c’est pourquoi il n’avait pas encore porté de coup final.

« C’est dur de se retenir, » murmura Julius. « Tu t’appelles Loïc, c’est ça ? Si tu continues comme ça, tu vas finir par te tuer ! »

Julius avait dit cela à l’intention de Loïc, mais l’autre homme ne semblait pas s’en soucier. « Et alors ? »

« Pardon ? »

« Je suis fondamentalement un homme mort de toute façon. Je n’ai plus aucune raison de vivre. Pas une seule foutue chose ! » Loïc avait rugi en chargeant à nouveau.

Julius avait attrapé Loïc et l’avait jeté sur le pont de l’Einhorn. Là, il avait attrapé la trappe du cockpit de l’ennemi et l’avait ouverte, révélant Loïc à l’intérieur, les yeux injectés de sang. La dernière fois que Julius avait vu Loïc, il avait l’air d’un vrai noble, mais maintenant il n’était plus que l’ombre de lui-même. Ses yeux étaient plus vifs, mais ses joues étaient creuses. Il avait également perdu une quantité considérable de poids, sa vie avait manifestement été beaucoup plus dure depuis le scandale.

Loïc avait réussi à sortir de son cockpit, en brandissant une épée. Il avait pris position contre Julius, même si ce dernier était encore dans son armure.

« T-tu es fou ! »

« Je vous l’ai dit, je n’ai rien, » dit Loïc. « Ma famille m’a dit de mourir dans cette mission. Je n’ai plus nulle part où aller. »

Julius pouvait facilement imaginer la situation de Loïc. Sa famille voulait qu’il parte. C’était dur de le voir dans cet état. Il ouvrit l’écoutille de son propre cockpit, attrapant une épée en sautant.

S’il trouve que c’est trop honteux de continuer à vivre, alors je suppose que je devrai en finir pour lui.

Les actions de Julius n’étaient pas motivées par la haine, il compatissait en fait avec Loïc et pensait que mettre fin à la vie de Loïc serait la chose la plus gentille qu’il puisse faire.

Quand Julius avait quitté son armure, le visage de Loïc s’était éclairci — il avait réalisé que Julius avait résolu de le combattre jusqu’à la mort.

« Je vous remercie, prince du royaume, de m’avoir donné un endroit où mourir. Je vous suis reconnaissant d’avoir donné un sens à mes derniers instants. »

Jusqu’alors, Loïc n’avait pas pu s’ôter la vie et n’avait trouvé personne pour le faire à sa place. Il était resté dans les limbes, attendant que sa famille se débarrasse de lui. Enfin, cette bataille lui avait donné un but.

« Je vais y mettre fin pour toi, » dit Julius.

Les deux hommes avaient positionné leurs armes.

Puis Noëlle avait couru hors du pont. Elle avait soufflé et haleté en trébuchant dehors. Son rythme avait ralenti, mais elle avait l’intention d’arrêter ce combat.

« Noëlle, retourne à l’intérieur ! » ordonna Julius alors même qu’elle se dirigeait vers lui.

Quand les yeux de Loïc s’étaient posés sur elle, son visage s’était déformé. Il avait concentré son regard sur Julius à la place. « Noëlle ! I… Je t’ai vraiment aimée. C’est la vérité vraie. »

« Loïc, ça suffit. Il n’y a aucune raison d’aller aussi loin. Je ne veux pas voir Louise sacrifier sa vie. Je ne veux pas qu’elle meure ! Mais c’est pareil pour toi. Il n’y a aucune raison que tu meures ! »

« Je suis déjà mort ! Ma vie est creuse. Vide de sens. » Les larmes coulaient des yeux de Loïc qui baissa son regard et son épée. « Personne ne se soucie d’un noble qui a perdu la protection de l’Arbre Sacré. Ma vie ne vaut rien. L’horloge tourne, je serai tué tôt ou tard, et ma mort passera pour une maladie. Je préfère la finir au combat. » Si la vie de Loïc était perdue, il espérait au moins une mort significative.

Julius continuait à tenir son épée prête, mais il n’avait fait aucun mouvement pour attaquer, laissant le temps aux deux individus de dire ce qui devait être dit.

« Alors, quitte cet endroit ! » raisonna Noëlle. « Tu peux vivre sans la protection de l’arbre. Tu n’as pas besoin d’être Loïc des Six Grandes Maisons. Tu peux juste être un Loïc normal, ordinaire. »

Loïc continua de pleurer en riant. « Ce n’est pas ça. Ce n’est pas ça du tout. »

« Loïc ? »

« Pendant si longtemps, j’ai prétendu que je t’aimais, mais j’étais complètement ignorant. Je n’ai même pas essayé d’ouvrir les yeux ! Je t’ai enchaînée à moi et je t’ai fait souffrir. Je t’ai fait du mal. C’est pourquoi ma vie ne vaut rien maintenant. »

Loïc aspirait à la mort à cause des cicatrices qu’il avait laissées dans le cœur de Noëlle. Après leur séparation, il avait enfin pu porter un regard objectif sur lui-même. Il se débarrassa de sa lame et ouvrit grand les bras. « Prince Julius, honnêtement, je n’ai plus une once de combat en moi. Je sais que c’est égoïste de demander cela, mais s’il vous plaît, mettez fin à tout cela d’un seul coup. »

Julius ajusta sa prise sur la poignée de son épée et reprit sa position. « Très bien. As-tu un dernier mot ? »

Loïc sourit, l’air véritablement apaisé. « Noëlle, je suis vraiment désolé. Je sais que je vous ai causé des problèmes aussi, Votre Altesse. J’aimerais seulement aussi pouvoir m’excuser auprès du comte. N’oubliez pas de lui dire que je suis désolé. »

« Je m’assurerai qu’il reçoive ton message. » Julius s’est élancé en avant, levant son épée. Avant qu’il puisse l’abattre, une silhouette avait volé vers Loïc depuis le côté.

 

 

« J’en ai assez de tes conneries, espèce d’enfant gâté ! »

Loïc avait traversé le pont en titubant et en toussant. Julius s’était figé sur place et avait baissé son arme.

« Marie ? Euh, hum… Je croyais qu’on allait exaucer le vœu de Loïc ? » Son entrée tonitruante avait laissé Julius perplexe.

Noëlle était également abasourdie. « Um, Rie ? Euh… Loïc vient de s’envoler… ? » Elle n’avait jamais imaginé que les poings de Marie pouvaient avoir une telle puissance puisqu’elle était si petite, mais Julius en savait plus, il avait expérimenté ses coups de première main.

Le poing de Marie est aussi lourd qu’un rocher géant.

Il ne plaisantait pas. Elle pouvait vraiment faire vaciller quelqu’un de deux fois sa taille avec un seul coup de poing.

Marie fit craquer ses articulations et elle se dirigea vers Loïc. Attrapant une poignée de ses cheveux, elle le tira vers le haut et le gifla au visage, puis, pour faire bonne mesure, elle lui donna une claque.

« Je suis désolé… S’il vous plaît, ça suffit… » Loïc avait supplié alors que Marie continuait à le frapper. Ses deux joues étaient gonflées.

Marie avait fait une pause pour se ressaisir avant de se pencher et de rapprocher son visage du sien. « C’est quoi ces conneries que j’entends sur l’envie de mourir, hein ? Tu penses que la vie ne vaut pas la peine d’être vécue ? Bien sûr, tu peux avoir le cœur brisé, mais crois-tu que ça te donne le droit d’agir comme l’héroïne d’une tragédie ? Tu me dégoûtes. »

« M-Mais je… » Loïc tenta de parler, mais son visage était tellement tuméfié que les mots ne sortaient pas correctement. Le regard de Marie l’avait fait taire avant qu’il ne puisse avancer ses excuses. Son intensité était écrasante.

« Tu vois ? C’est exactement pourquoi Noëlle ne voulait pas être avec toi. Si ton premier amour a été un flop, tu cherches le suivant. As-tu vraiment prévu de t’accrocher à ton chagrin d’amour et de gâcher ta vie comme un petit bébé ? Essaies-tu de nous faire passer pour des idiots ? Hein !? »

« Eep ! »

Marie avait donné une poussée au garçon tremblant, le laissant tomber sur le pont. « Il y a des gens qui veulent désespérément vivre et dont la vie est cruellement arrachée, » dit-elle. « Si tu mourais pour une chose aussi ridicule, je te maudirais dans ta tombe. »

« M-mais —. »

« Pas de “mais” ! Maintenant, tu vas m’écouter. À partir du moment où tu es né dans ce monde, tu dois continuer à te battre pour rester en vie. Tu as beaucoup d’atouts : tu es jeune et en bonne santé. Mais tu veux quand même mourir parce que ton premier amour t’a rejeté ? Arrête d’agir comme un bébé ! Quoi, tu crois que les gens te verraient sous un meilleur jour si tu mourais ici ? N’as-tu donc aucun neurone à mettre en commun ? »

Marie avait beau lui rentrer dedans, ses yeux étaient très sérieux. Même Julius avait trouvé quelque chose de convaincant dans son argument.

Mais pourquoi essaie-t-elle de le persuader de continuer à vivre ?

Marie n’avait aucun lien avec Loïc, du moins pour autant que Julius le sache. Peut-être qu’elle ne supportait tout simplement pas de voir une spirale autodestructrice aussi prononcée.

« Sais-tu ce qui te ferait vraiment bien paraître ? Rester en vie jusqu’à la fin. Les personnes les plus cool au monde sont celles qui se battent bec et ongles pour continuer à vivre et survivre. Pour l’instant, tu ressembles juste à un pathétique enfant gâté. Il n’y a rien d’attirant chez toi. Je comprends pourquoi Noëlle te déteste. »

Les yeux de Loïc étaient tombés sur le sol. « Comment pouvez-vous comprendre ? En tant que noble, j’ai tout perdu. Que pourriez-vous savoir sur l’envie de mourir ? »

« Rien ! Mais tu es vraiment arrogant, tu veux que les autres sympathisent avec toi alors que tu n’as jamais pris le temps de réfléchir aux sentiments de Noëlle. Si tu es vraiment un homme, alors relève-toi et sors en rampant de la fosse dans laquelle tu es tombé. Tu n’arrêtes pas de dire que tu as perdu la protection divine de l’Arbre Sacré, et alors ? Aucun de nous ne l’avait au départ, et nous sommes toujours en vie. Et moi ? Je n’ai pas non plus de statut de noble. Tout ce que j’ai, c’est un tas de dettes. » Marie s’était baissée et avait attrapé Loïc, le forçant à se lever. Elle avait donné une légère claque à son estomac. « Celui qui se dit prêt à renoncer à sa vie aussi facilement est un faible. Ceux qui sont vraiment au fond du tonneau n’ont pas le luxe de choisir comment ils vivent. Avant de commencer à débiter ce genre de conneries, donne une chance à la vie. Tu as encore beaucoup de temps pour recommencer, même si cela doit être fait plusieurs fois. »

« D-D’accord. » Loïc continua de sangloter, et Marie l’entoura de ses bras.

Julius, qui avait écouté tout l’échange, ne pensait pas qu’il serait si simple pour Loïc de renverser la situation. Mais puisque Marie semblait l’avoir convaincu, Julius ne pouvait pas vraiment trancher avec son opinion blasée. Il retourna dans le cockpit de son Armure et scruta la zone.

Alors la flotte de la République ne va pas attaquer le Einhorn, hein ? Est-ce parce qu’ils sont terrifiés par Bartfort ? Ou parce que Bartfort détient l’emblème du gardien ?

Puisque l’Einhorn battait pavillon pirate, Julius et l’équipage pouvaient difficilement se plaindre s’ils étaient attaqués. Pourtant, pour une raison inconnue, Fernand n’envoyait pas ses navires à l’offensive.

Je suppose qu’il ne reste plus qu’à Bartfort à extraire Louise.

+++

Chapitre 10 : L’utilisateur

Partie 1

« GAH ! »

Après que Serge ait enfoncé le manche de sa lance dans mon estomac, je m’étais retrouvé recroquevillé sur le sol, à vomir. Aussi coupable que je me sois senti de salir la chambre où logeait Mlle Louise, je n’avais pas le luxe de me soucier de l’hygiène. Alors que j’étais meurtri, Serge n’avait pas l’air d’avoir souffert, comme si le combat venait de commencer. Simplement, aucune de mes attaques n’avait touché sa cible.

« Comment diable fais-tu pour être aussi fort ? » avais-je marmonné.

Serge était certainement puissant. Très puissant. J’avais entendu dire auparavant qu’il avait suivi une formation d’aventurier, mais je n’avais pas imaginé que c’était à ce point.

Alors que je luttais pour me remettre, Serge m’avait frappé avec son pied. Ses attaques étaient aussi impitoyables que sa personnalité.

« Est-ce tout ce que tu as dans le ventre ? Où est le héros dont j’ai tant entendu parler ? Est-ce vraiment le Chevalier Ordure ? Ton seul pouvoir vient de l’artefact perdu. Sans lui, tu n’es rien. »

Il avait écrasé son pied sur moi, et j’avais dû serrer les dents. Du sang avait coulé sur mon menton. Je m’étais soulevé du sol. Je pensais qu’il s’épuiserait à force de me frapper, mais Serge était toujours aussi impatient.

« Haaah… Haaah… » J’avais sifflé. « Tu as vraiment de la combativité en toi. »

Normalement, l’endurance d’une personne devrait être épuisée à force de me frapper aussi continuellement qu’il le faisait, mais vu qu’il n’était même pas près de haleter, j’avais senti que quelque chose n’allait pas.

Serge m’avait regardé pendant que je me relevais. Il avait sorti quelque chose de sa poche — une petite bouteille remplie de liquide. Il l’avait bu à petites gorgées avant de jeter la fiole vide.

« Drogues, hein ? »

« Des améliorants corporels. Comme ça je peux continuer à te frapper. » Serge avait jeté un coup d’œil à Mlle Louise. Il parlait plus à son intention qu’à la mienne.

Mlle Louise était entourée de ses servantes. Son visage était pâle et elle secouait la tête. « N -non. S’il te plaît, arrête ça. »

Serge avait ouvert les bras. « Le plaisir ne fait que commencer ! Tu seras aux premières loges quand il commencera à vomir du sang, et tu pourras le voir mourir misérablement, les entrailles s’écoulant partout. »

C’est un peu extrême. Mais je suis plus préoccupé par ces médicaments. Marie les a mentionnées dans son journal. Elles donnent à l’utilisateur un regain de force temporaire. C’est un objet standard du jeu.

« Alors tu as même apporté des stéroïdes à ce combat, » avais-je dit.

« Pas de règles dans un match à mort. »

J’étais d’accord avec lui sur ce point — même si je n’en avais pas eu l’occasion, étant donné que son gros poing m’avait frappé et m’avait fait voler. Mon dos avait heurté un mur, qui s’était fissuré sous l’impact.

« Urgh ! » Le sang avait giclé entre mes lèvres.

Mlle Louise avait repoussé ses servantes et s’était précipitée vers moi, se plaçant devant moi de manière protectrice, les bras écartés.

Serge plissa les yeux. « Qu’est-ce que tu crois faire ? »

« Je ne peux pas laisser faire ça. Ne blesse pas Léon plus que tu ne l’as déjà fait. »

« C’est lui qui a commencé ! »

« Ça n’a pas d’importance ! Je veux que tu arrêtes ! »

Serge prit position avec sa lance, et les servantes lui crièrent dessus : « Seigneur Serge ! Lady Louise doit encore remplir son rôle ! Nous avons reçu l’ordre de l’emmener au sommet de l’arbre saine et sauve ! »

Il avait baissé son arme, me regardant froidement. « Je suis déçu par toi. Je pensais que tu te serais plus battu. »

Je grimaçais encore de douleur quand Mlle Louise m’avait aidé à me relever. Nous avions commencé à sortir de la chambre ensemble, ce qui avait incité ses servantes à nous arrêter. Mlle Louise leur avait dit d’un ton sec : « Restez en arrière ! Je ne vais pas m’enfuir, pas après avoir fait tout ce chemin. Mais si nous restons, Serge va probablement tuer Léon. Je l’emmène juste dans un endroit sûr, et je reviens tout de suite après. » Elle m’avait prêté son épaule, et j’avais réussi à sortir de la pièce en boitant.

 

☆☆☆

 

Louise soutenait Léon sur son épaule lorsqu’ils entrèrent dans le couloir. Ses larmes ne s’arrêtaient pas. Voir Serge frapper un homme identique à son défunt frère la remplissait d’une tristesse que les mots ne pouvaient exprimer.

« Tu es vraiment un idiot ! », l’avait-elle grondé.

« Ah ha ha. Désolé. »

Avant de quitter le domaine de sa famille, le père de Louise lui avait dit que le message de Léon était des excuses. Elle n’avait pas compris ce qu’il voulait dire, mais maintenant elle le comprenait.

« C’est donc ce que tu voulais dire », avait-elle dit.

« Es-tu en colère contre moi ? »

« Bien sûr que je le suis ! Tu as provoqué un incroyable désordre. J’implorerai la clémence en mon nom avant de mourir, mais je n’ai aucune idée de la façon dont les choses vont se passer. »

Louise avait toujours l’intention de se sacrifier, mais elle était prête à apporter le soutien qu’elle pouvait. Elle n’avait aucun moyen de savoir si ça aiderait une fois qu’elle serait partie.

« Il n’y a aucune raison pour toi de te pousser comme ça », avait-elle poursuivi. « J’ai choisi cette voie. Je te l’ai déjà dit, je suis contente d’être un sacrifice. Je veux aller aux côtés de Léon. »

En vérité, Louise avait peur. Une partie d’elle voulait que quelqu’un la sauve. En même temps, Louise ne pouvait pas supporter les cauchemars qu’elle faisait chaque nuit de son frère souffrant. Elle s’était convaincue qu’il ne se sentirait pas seul si elle était à ses côtés. C’était une façon de se faire pardonner pour avoir été impuissante face à sa mort, toutes ces années auparavant. Elle s’était résolue.

À sa grande surprise, Léon lui déclara : « Tu as toujours été très à cheval sur le devoir, même quand tu étais plus jeune. »

« Hein ? » Louise était perplexe. Léon parlait comme s’il l’avait connue à l’époque, alors qu’ils ne s’étaient rencontrés que récemment. Elle n’était pas en mesure de répondre, cependant, son insomnie l’avait privée de sommeil, ce qui avait affecté son jugement.

« J’avais prévu de tenir notre promesse d’assister ensemble au Festival du Nouvel An et de disparaître, mais ce stupide Arbre Sacré s’est mis en travers de mon chemin et a tout gâché. »

« De quoi parles-tu ? »

« C’est moi. Je veux dire, je suis ton Léon. N’as-tu pas compris ? »

« Arrête avec les blagues ! Ce n’est pas drôle ! »

Léon parlait comme s’il était réellement son frère mort, mais c’était impossible. Du moins, Louise voulait que ça le soit.

Léon avait passé une main sur son estomac, grimaçant même s’il avait forcé un sourire. Cela lui faisait mal au cœur. « Il y a longtemps… longtemps, quand nous dormions dans le même lit, je t’ai accusé d’avoir mouillé le lit. Tu te souviens ? Tu étais tellement énervée que tu n’as pas voulu me parler pendant une semaine. »

Louise n’avait jamais raconté cette histoire à l’autre Léon. « Comment peux-tu savoir ça ? »

« Je voulais m’excuser, alors j’ai fait une bague en papier et je te l’ai donnée en cadeau. Tu ne m’as pardonné qu’après avoir admis devant tout le monde que c’était moi et t’être excusé. »

Il s’était tellement emporté après qu’elle ait finalement cédé qu’il avait prétendu que la bague était un symbole de leur promesse de se marier un jour. C’était un souvenir plutôt embarrassant pour eux deux, alors elle avait essayé de ne pas en parler.

Les larmes sortaient plus vite. « Pourquoi.. Pourquoi ne me le dis-tu que maintenant !? »

Léon avait enveloppé Louise dans ses bras et lui avait expliqué doucement : « Cela ne ferait que te causer des problèmes si j’arrivais de nulle part, après m’être réincarné dans un nouveau corps. Ça ne me dérangeait pas de passer en coup de vent. Je voulais revoir tout le monde. »

« Tu aurais dû me le dire ! Pendant si longtemps, je… Je voulais m’excuser auprès de toi ! » Louise sanglota contre la poitrine de Léon. Elle voulait en dire plus, mais les mots ne sortaient pas. Elle était maintenant convaincue que sa première intuition au sujet de Léon était juste, et elle croyait pleinement qu’il était la réincarnation de son petit frère. Elle avait ignoré les incohérences, se concentrant plutôt sur ce qu’elle voulait être vraie.

« Je savais que tu braillerais comme ça, alors je n’ai rien voulu dire. Je ne t’en veux pas. Je te l’ai dit à la fin, n’est-ce pas ? »

Louise acquiesça, se souvenant des dernières heures de Léon. Elle n’avait rien pu faire d’autre que de le regarder souffrir.

« Penses-tu sérieusement que je voudrais que tu te sacrifies pour moi ? Je te souriais à la fin, n’est-ce pas ? »

« Oui. Oui, tu l’as fait. »

 

☆☆☆

 

Alors que la mort se rapprochait du petit frère de Louise, des médecins réputés se pressaient dans sa chambre, les yeux rivés au sol. Aucun d’entre eux n’avait été capable d’aider, même si Albergue suppliait pour son salut.

« Je vous donnerai tout ce que vous voulez ! Alors s’il vous plaît, sauvez mon fils ! Vous êtes des experts renommés — j’ai entendu dire que vous pouviez même ramener les morts à la vie ! »

L’un des médecins secoua la tête. « Les morts ne peuvent pas être ressuscités. C’est une rumeur exagérée. Bien que je pense que l’état de votre fils soit une honte, je ne peux en discerner la cause. Je ne peux même pas commencer à deviner pourquoi son corps s’est détérioré de cette façon. C’est presque comme si son âme se battait pour quitter sa chair. »

Aussi étrange que cela puisse paraître, Léon n’était pas atteint d’une quelconque maladie, son corps dépérissait sans raison apparente. C’est pourquoi aucun des médecins ne pouvait faire quoi que ce soit pour lui.

« Un shaman a dit la même chose ! Si c’est vrai, alors aidez-nous à clouer son âme en place ! »

Naturellement, Albergue avait également rassemblé des experts dans ce domaine particulier, mais tous avaient abandonné.

« Nous sommes des médecins, pas des chamans. »

Albergue avait serré les poings si fort que ses ongles avaient creusé dans la peau douce de ses paumes, faisant couler le sang.

Louise avait serré une des mains de Léon dans la sienne. « Tu ne peux pas mourir, tu entends ? Nous avons fait des promesses, tant de promesses. Je ne te laisserai jamais tranquille si tu les romps et si tu me quittes. Tu vas être le Gardien, tu te souviens ? Et nous allons nous marier, n’est-ce pas ? »

Léon lui avait souri malgré la douleur, ce qui n’avait fait qu’aggraver son mal de cœur.

« Désolé. Je vais tenir ma promesse envers toi. Quand tu auras des problèmes, je te jure… que je sauterai dans le vide… pour te sauver. » La douleur s’était réveillée, et il n’avait pas pu continuer.

Louise avait secoué la tête et avait placé ses bras autour de lui. Comme un enfant, elle s’était accrochée désespérément à lui, comme si cela pouvait enraciner son âme en place.

« Ne me laisse pas ! Ne laisse pas ta soeur derrière toi ! »

Léon était mort le même jour.

+++

Partie 2

« Je ne voudrais jamais que tu te sacrifies, » dit Léon.

Louise avait secoué la tête. « Mais alors… pourquoi est-ce que j’entends ta voix ? Tu m’as crié de te sauver ! »

« Les fleurs ne s’épanouissent pas sur l’Arbre Sacré. Il doit y avoir une explication derrière tout ça. »

« Que veux-tu dire ? »

« Je suis en train d’y réfléchir. C’est pourquoi j’ai besoin que tu me fasses confiance et que tu attends jusqu’à ce que je sois sûr. »

Avant que Louise ne se rende compte de ce qui se passe, Léon l’avait entraînée sur le pont, où Arroganz attendait. Des soldats et des armures gisaient effondrés tout autour de lui.

Léon s’était tourné vers Louise. « Je suis désolé pour tout ce qui s’est passé jusqu’à maintenant, mais je te jure qu’à partir de maintenant, nous serons ensemble pour toujours. »

Elle avait jeté ses bras autour de lui, s’accrochant.

Leur moment avait été de courte durée, car le pont avait violemment tremblé.

« Whoa ! » Léon avait crié de surprise.

Louise jeta un coup d’œil autour d’elle et se rendit compte qu’ils prenaient de l’altitude. « Il flotte vers le haut ? »

Le vaisseau était suspendu dans l’air depuis que le Einhorn l’avait éperonné, mais maintenant il bougeait à nouveau.

Léon avait serré ses bras autour de Louise et avait essayé de monter dans Arroganz. « Viens, par ici. »

« Attends ! Il se passe quelque chose d’étrange ici. »

 

☆☆☆

 

Serge avait sprinté dans l’un des couloirs du vaisseau. « Cette femme… Elle nous a trahis au dernier moment. » Il les avait surveillés, elle et Léon, après leur départ, et maintenant il se précipitait sur le pont pour les poursuivre.

Quand il était arrivé, il avait trouvé Léon et Louise en train de s’enlacer. Quelque chose en lui avait claqué. « Hé, hé. Tu penses vraiment que tu peux t’enfuir si tard dans le jeu ? »

Léon était resté silencieux pendant que Louise répondait : « Serge, laisse-nous tranquilles. »

Ayant entendu toute leur conversation, il se mit à rire de manière dérisoire. « Crois-tu vraiment que ton petit frère est revenu à la vie ? Quel idiot sans espoir ! As-tu oublié que ce menteur est né exactement à la même époque que ton Léon ? »

Si ce Léon était vraiment son frère réincarné, alors il serait étrange qu’ils soient nés à peu près en même temps. C’était un doute évident à avoir, mais cela avait ébranlé Louise. « Léon ? » Elle demanda, en se tournant vers lui.

Léon n’avait rien dit, et Serge avait sorti son arme de poing.

« Maudit imposteur. C’est peut-être facile de tromper Louise puisqu’elle est dans un état de faiblesse, mais tu ne vas pas duper les autres. Tu es un faux héros — tout en paroles et sans action. Et maintenant, tu vas mourir. »

« Léon ? » Louise avait appelé à nouveau, d’une voix désespérée. « Dis-moi une chose. Qu’as-tu écrit dans cette bague en papier ? C’est un secret que personne ne connaissait, sauf toi et moi. Si tu es vraiment qui tu dis, tu devrais savoir ce que c’était, non ? »

C’était une question à laquelle personne d’autre ne connaîtrait la réponse.

« Euh… » Léon s’était raclé la gorge, refusant de croiser son regard. « Je crois que ça disait “Je t’aime” ? »

Mauvaise réponse. Louise l’avait repoussé, le visage déformé par le dégoût. « Tu m’as trompée. »

 

 

« C’est dommage », déclara Léon. « Ça se passait si bien. »

Le grand vaisseau était finalement arrivé au sommet de l’Arbre Sacré. Louise avait reculé, mettant de la distance entre elle et Léon. Il avait essayé de la tirer vers lui, mais Serge avait tiré sur le sol entre eux, l’arrêtant.

« Ne bouge pas, » avait-il prévenu. « Reste là et regarde. Regardez, la fleur de l’arbre sacré est enfin visible. »

Il y avait un seul chrysanthème blanc au sommet de l’arbre, et une centaine de tentacules minces, semblables à des cordes, en sortaient. Ils s’étaient élancés dans l’air, à la recherche de Louise. Une voix avait résonné autour d’eux.

« Grande sœur, où es-tu ? Je n’arrive pas à te trouver. »

Reconnaissant que la voix était celle de son petit frère, la voix de Louise était devenue rauque lorsqu’elle avait répondu : « Ici. Je suis là ! Ta grande sœur est là, Léon ! »

Les tentacules réagirent et se dirigèrent vers elle. Léon, qui avait assisté à la scène, s’était précipité sur Louise pour essayer de l’arrêter, mais Serge avait tiré à nouveau. Cette fois, il n’avait pas pris la peine de tirer un coup de semonce, la balle avait touché sa cible.

« Guh ! »

Léon s’était volontairement jeté dans la trajectoire de l’arme pour s’assurer qu’elle ne touche pas Louise, mais en conséquence, il n’avait pas pu l’attraper. Elle avait sauté du pont, et les tentacules l’avaient attrapée, l’entraînant vers la fleur.

« Mlle Louise ! » s’écria Léon, la main tendue vers elle. Comprenant que c’était inutile, il s’était retourné et avait regardé Serge.

« Nous passons au deuxième round, et personne n’est là pour te sauver cette fois. » Après avoir vidé son chargeur, Serge avait jeté son arme. Il fouilla dans sa poche et en sortit une autre fiole, qu’il avala avant de la jeter par-dessus son épaule. Puis il attrapa sa lance.

Léon commença à marcher tranquillement vers Serge. Il n’avait fait aucun mouvement pour prendre une arme.

« Qu’est-ce qui ne va pas ? Cette arme à ta hanche n’est-elle qu’un collecteur de poussière ? Au moins, attrape quelque chose avant que je… »

« Tu es une nuisance. Dégage le passage. »

« Quoi !? »

En un clin d’œil, Léon s’était élancé vers l’avant et avait frappé Serge au visage avec son poing. Serge s’était effondré sur le pont. Il avait suffi d’un seul coup pour que la situation change drastiquement. Léon ne s’était plus occupé de lui après cela, il était monté dans Arroganz, où il avait retrouvé Luxon.

« Ce n’est pas notre plan initial. N’as-tu pas pu sécuriser Louise ? » demanda Luxon.

« Tout allait bien jusqu’à la fin. Bon sang ! Je n’arrive pas à croire qu’ils avaient un secret juste entre eux deux. C’est la faute de l’autre Léon si nos plans ont été bousillés. »

Serge avait essayé de se relever, mais Léon avait fait plus de dégâts qu’il ne le pensait, il n’arrivait pas à se relever. Les médicaments qu’il avait pris lui assuraient une douleur minimale, mais son corps ne coopérait pas. Léon n’avait même pas pris la peine de jeter un coup d’œil vers lui avant de se glisser dans le cockpit d’Arroganz et partir.

Du sang s’écoulait du nez de Serge qui serrait les dents. « Tu vas faire comme si je n’étais pas là, hein ? Bâtard. Alors il se servait juste de moi ! » Léon avait délibérément laissé Serge le frapper. Lorsque cette prise de conscience avait frappé Serge, il avait tremblé de colère. Jamais auparavant il n’avait goûté à une telle humiliation. Toute la confiance qu’il avait construite avait commencé à s’effondrer.

 

☆☆☆

 

J’étais assis en sécurité dans le cockpit d’Arroganz alors que nous approchions de la fleur en fleuraison au sommet de l’Arbre Sacré. Des tentacules dégoûtants en sortaient encore.

« Cette chose fait-elle vraiment partie de l’Arbre Sacré ? »

C’était un peu trop dégoûtant à mon goût. Des centaines de ces tentacules s’agitaient dans tous les sens, refusant de me laisser approcher. Comme si ce n’était pas assez mauvais, il y avait des dispositifs à colonne déployés autour de la zone.

« Luxon, qu’est-ce que c’est ? »

« Des défenses qu’Ideal a créées. Il m’a aussi brouillé tout ce temps, pour m’empêcher de les analyser. »

« Je ne peux pas croire Serge. Irait-il vraiment si loin ? »

« Eh bien, même si cela a pris du temps, j’ai fini l’analyse. Normalement, j’aurais dû les détruire avec le canon primaire de mon corps principal, mais tu n’as pas réussi à convaincre notre cible, donc nous n’avons plus cette option. »

« Je te l’ai dit, ça se passait plutôt bien jusqu’à la fin ! » m’étais-je emporté. « Bref, que peux-tu me dire sur la fleur ? »

Nous nous étions séparés plus tôt pour qu’il puisse mener son enquête. Les systèmes de défense d’Ideal nous avaient empêchés de progresser jusqu’à présent, c’était donc notre première chance d’obtenir des réponses.

« La fleur n’a aucun lien avec l’Arbre Sacré. Elle y est actuellement connectée, mais elle ne fait que siphonner de l’énergie. »

« Alors est-ce tout à fait autre chose ? » avais-je supposé.

« Je détecte une armure démoniaque. Pas une entière, mais une partie d’un noyau qui a été laissé derrière et a possédé l’arbre. »

« Tu dois te moquer de moi. »

La première chose à laquelle j’avais pensé, c’était au vieil homme que j’avais combattu lors de notre guerre avec l’ancienne Principauté de Fanoss. Il avait failli me tuer en utilisant cette même technologie. Les armures démoniaques étaient une arme que les nouveaux humains avaient conçue pour combattre les intelligences artificielles comme Luxon. Pour résumer, c’était vraiment un emmerdement sans fond.

« Non, pas du tout. »

« Et tu me dis qu’il tient Mlle Louise est en lui ? Alors ça veut dire… »

Si l’armure démoniaque l’avait consommée, elle était irrécupérable. Il n’y avait aucun moyen de les séparer une fois qu’ils avaient fusionné, et un humain qui fusionnait ne vivait pas longtemps.

« Non, » dit Luxon. « Tant que le noyau est intact, nous pouvons la sauver. C’est une chance qu’il le soit. Cependant, si nous n’agissons pas rapidement, elle va vraiment fusionner complètement. »

« Alors, sortons-la de là dès que possible. »

Mais pourquoi une armure démoniaque a choisi Mlle Louise en premier lieu ? Pourquoi a-t-elle fait tout ce chemin pour imiter la voix de Léon ? Il ne peut pas vraiment être piégé à l’intérieur, n’est-ce pas ?

Non, c’était impossible. À moins qu’il ait réussi à aspirer son âme d’une manière ou d’une autre ? Mes pensées étaient un fouillis.

Luxon m’avait interrompu, « Je crois que je comprends. L’armure démoniaque cherchait quelqu’un avec la protection divine de l’Arbre Sacré. »

« Il faisait quoi là ? »

« C’est parti. »

La fleur s’était rapidement fanée, devenant une énorme graine. Une fissure était apparue, et une énorme main en était sortie. Une armure noire, exactement comme celle que j’avais vue auparavant, était sortie de la coquille.

« Ne me dis pas que Mlle Louise est à l’intérieur de cette chose ? »

« Elle est à tous les coups intégrée à l’intérieur, » dit Luxon. « Elle l’utilise comme source d’énergie. Une création si méprisable. Dois-je m’en débarrasser ? »

« Après avoir sauvé Mlle Louise. »

J’avais rapproché Arroganz, et l’armure démoniaque avait ouvert les bras et utilisé la voix de Mlle Louise pour déclarer : « Merveilleux. Cette femme est un noyau parfait. Toute mon énergie s’était tarie depuis longtemps, mais maintenant j’en ai une quantité inépuisable pour me soutenir ! Je peux l’utiliser pour détruire le monde entier ! »

J’avais chargé vers lui, balançant ma hache de guerre. La lame avait totalement échoué à scier l’ennemi qu’elle s’était brisé à l’impact.

« Comment cette chose peut-elle être si dure ? »

« C’est différent du Chevalier Noir. C’est une armure complète, presque parfaite. Son pouvoir est également amplifié. »

J’avais serré les dents. « Tu aurais dû le dire plus tôt ! » J’avais fait un bond en arrière, me débarrassant de ma hache cassée. J’avais attrapé mon fusil à la place et j’avais visé, mais il avait évité chacun de mes tirs. « C’est rapide ! »

« Bien sûr que oui. Les vieux humains ont énormément lutté contre les armures démoniaques. Cependant, d’après les données que je reçois maintenant, il semble qu’elle soit à la moitié de sa force originelle. »

« Merci. Je comprends maintenant. Ça va être très dur de battre cette chose et de sauver Mlle Louise. Alors ? Des idées brillantes ? » avais-je demandé en esquivant les poings de l’ennemi.

« On retire Louise de l’armure et on pénètre dans son noyau. Le problème principal est que tu n’as pas réussi à la convaincre plus tôt. Je doute qu’elle veuille quitter l’armure de son plein gré. En fait… »

Alors que l’armure démoniaque s’élançait à nouveau, j’avais sorti une faux et j’avais paré son attaque.

« Je ne te pardonnerai pas. Tu vas payer pour m’avoir trompée », siffla Mlle Louise, pleine de haine. On ne dirait pas que c’était l’armure qui parlait cette fois.

« Est-elle consciente là-dedans !? »

J’avais tapé du pied dans l’armure pour mettre de la distance entre nous, et elle avait de nouveau ouvert ses bras.

« Merde ! »

Quand je l’avais repoussé d’un coup de pied, l’armure avait transpercé la jambe d’Arroganz. Je n’avais pas eu à me demander longtemps comment elle y était parvenue, car j’avais aperçu une queue qui remuait dans l’air derrière elle.

« Cette chose est dangereuse. »

« L’armure dans son intégralité est dangereuse. Cela dit… » Luxon s’était tu.

Deux voix s’échappaient de l’armure. L’une était clairement Mlle Louise. L’autre, je suppose, appartenait à Léon.

« Ahh, Léon, j’ai l’impression que nous sommes enfin de nouveau ensemble. »

« Grande sœur, battons ce type ensemble. Il va payer pour t’avoir trompée. »

« Oui. Faisons-le, Léon. »

L’armure démoniaque s’était à nouveau dirigée vers moi, et j’avais accéléré pour lui échapper. J’avais une solide avance, mais même les capacités supérieures d’Arroganz ne pouvaient pas tenir l’ennemi à distance, il gagnait lentement sur moi.

« Cela me rappelle les cauchemars que je fais face à ce vieil homme », avais-je grommelé.

« Maître, ce n’est pas le moment de plaisanter. Nous n’avions pas prévu qu’une armure démoniaque se réveille comme ça. Que devons-nous faire ? »

Alors que l’armure démoniaque me poursuivait, des globes oculaires grotesques apparaissaient partout, libérant de la magie. L’air autour d’elle était devenu glacial, et des glaçons pointus, en forme d’aiguille, avaient commencé à se former. Elles se déplaçaient dans l’air à ma poursuite, et peu importe comment j’esquivais, elles se dirigeaient vers moi.

« Ce sont des missiles ! »

« Engage l’ennemi, » dit Luxon.

 

 

Il avait éjecté le couvercle du conteneur sur le dos d’Arroganz, libérant ses propres missiles pour détruire les glaçons. En même temps, il avait déployé les drones qui y étaient stockés. Des robots ronds équipés de mitrailleuses s’élancèrent dans les airs, abattant les projectiles restants. Arroganz avait tiré ses propres balles.

L’armure démoniaque répliqua avec plus de magie, et l’air se remplissait d’explosions et de sorts déviés. Cette bataille se transformait en une bataille tape-à-l’œil.

« Et maintenant, qu’est-ce que je vais faire ? » m’étais-je demandé, en continuant à employer des manœuvres d’évitement tout en essayant de trouver comment sauver Mlle Louise.

+++

Partie 3

Marie avait assisté aux événements du début à la fin alors qu’elle se tenait sur le pont de l’Einhorn, et même maintenant, elle observait le déroulement de la bataille.

La vue de l’ennemi avait rappelé à Anjie le chevalier noir. « Pourquoi une de ces choses est-elle ici ? Mais qu’est-ce qui se passe ? »

Livia avait serré les mains, inquiète. « Penses-tu que Léon va s’en sortir ? »

« Il a pu vaincre le Chevalier noir, mais nous n’avons aucune idée de ce dont cet ennemi est capable. C’est impossible à dire. »

« Oh non ! »

Jilk, Brad, Greg et Chris flottaient autour du Einhorn dans leurs propres armures. Julius s’était retiré sur le pont pour garder un œil sur Loïc.

« Cette espèce de fleur sur l’arbre sacré, est-ce normal ? » demanda Marie à Loïc.

« Non, pas à ce que je sache. » La voix de Loïc commençait par être désinvolte, mais il avait rapidement corrigé son ton, paraissant plus poli quand il déclara : « Je veux dire, non, madame. Ce n’est pas normal. En tout cas, je n’ai jamais entendu parler d’une telle chose auparavant. Il n’y a pas d’exemple enregistré d’une fleur s’épanouissant sur l’arbre. »

« Alors pourquoi allez-vous jusqu’à l’offrir en sacrifice humain ? »

« La décision a été prise par les chefs des six grandes maisons. Après avoir perdu à plusieurs reprises contre le comte Bartfort, je pense qu’ils sont terrifiés à l’idée que l’Arbre sacré puisse les abandonner. »

Julius avait fait la grimace. « Donc Bartfort est le catalyseur. »

« Je ne suis pas d’accord. Tôt ou tard, je suis sûre qu’ils auraient proposé quelqu’un. La volonté de l’Arbre Sacré est absolue dans la République d’Alzer. Surtout s’il parle de manière à ce que tout le monde puisse l’entendre. Dans ce cas, plus de gens sont susceptibles de croire en lui et en ses demandes. »

Marie se tenait la tête dans ses mains. Si Louise meurt sur nous, Albergue deviendra le boss final ! Je ne veux surtout pas affronter ça ! On a fait tout ce chemin. Tu ne peux pas me dire que tout ça n’avait aucun sens, ou… hein, Noëlle ?

Noëlle se tenait là avec le jeune arbre dans ses bras, observant le champ de bataille à l’extérieur. L’écusson sur le dos de sa main droite brillait faiblement.

Julius gardait également un œil sur la situation. Il était chagriné de ne pas pouvoir sortir et aider. « J’aimerais pouvoir faire quelque chose, mais nous ne ferions probablement que gêner. » Après tout, les Armures que lui et ses amis utilisaient étaient toutes des copies inférieures d’Arroganz. Ce qui signifie que si Arroganz se battait, ils n’avaient aucune chance.

« Julius, ne dis pas ça. Il faut que tu l’aides ! » Marie l’avait supplié. « Même avec Arroganz, Léon ne peut pas battre cette chose, n’est-ce pas ? Mais tu es bien plus compétent en matière de pilotage, je le sais. Je suis sûr que tu peux couvrir la faiblesse de ton armure avec ta technique. »

« Tu te trompes, » dit Anjie.

« Qu-Qu’est-ce que tu veux dire !? »

« Léon est fort. Il lutte seulement parce que son ennemi a pris Louise en otage. Si seulement on pouvait rectifier ce problème, alors Léon serait capable de… »

Avant qu’elle ne puisse finir sa phrase, Noëlle parla : « Laissez-moi faire. »

Les yeux de Marie s’étaient tournés vers Noëlle. Maintenant, le jeune arbre sacré brillait aussi. « Quoi ? Noëlle, qu’est-ce que tu… »

« Si vous voulez sortir Louise de là, il va falloir la convaincre d’abord, » dit Noëlle. « Mais si ça continue comme ça, on ne pourra même pas lui parler. C’est là que j’interviens. Si je peux me rapprocher, ma voix l’atteindra. »

« E-Es-tu sûre de ça !? »

« Je pense que oui, en tout cas, » balbutia Noëlle.

Livia avait secoué la tête. « Non. Nous ne pouvons pas vous laisser vous mettre en danger, Mlle Noëlle. »

Heureusement, Loïc assurait les arrières de Noëlle. « Non, ça a vraiment une chance de marcher. J’ai entendu dire que la Prêtresse pouvait communiquer directement avec le cœur des gens, en supposant qu’ils aient aussi un écusson. J’ai lu quelques histoires relatant ce phénomène, en fait, et selon elles, la Prêtresse peut utiliser l’arbre pour se connecter à d’autres personnes. Si elle peut s’approcher suffisamment pour toucher Louise, elle devrait pouvoir lui parler. »

« Attendez ! » interrompit Marie, qui rechigna à l’idée. « Elle est la prêtresse du jeune arbre, pas de l’arbre sacré. Ce sont deux choses distinctes. On ne peut pas la laisser… »

Avant qu’elle n’ait pu terminer, une lumière blanche avait jailli de Livia, créant des motifs sur sa peau tandis que ses cheveux flottaient vers le haut.

« Gyaaah ! Elle s’allume comme un fantôme ! » cria Marie.

« La ferme, » Anjie l’interrompit. « Livia, es-tu prête pour ça ? »

« Je ne peux pas encore le contrôler entièrement, mais je devrais pouvoir le faire, ne serait-ce que pour un court moment. »

« Je vais t’aider. Noëlle, tu viens aussi. »

Incapable de suivre ce qui se passait, Noëlle fronça les sourcils. « Hein ? Euh, hum… »

Anjie avait attrapé sa main et l’avait tirée. « Vous avez dit que votre voix pouvait l’atteindre, non ? Et que vous pourrez la convaincre ? Alors Livia et moi allons nous y mettre. »

Noëlle accepta timidement la main tendue de Livia. Livia prit doucement le jeune arbre et le plaça entre elles trois. Elles s’étaient tenues par la main en formant un cercle autour de lui, et le jeune arbre commença à briller encore plus fort.

« Ça ne durera pas longtemps », avertit Livia. « Si vous voulez la persuader, faites-le rapidement. »

« J’ai compris. » Noëlle avait fermé les yeux.

Au même moment, l’armure démoniaque à l’extérieur avait ralenti. Marie aurait pu le remarquer si ses yeux n’avaient pas été rivés sur les trois femmes à l’intérieur. Elles étaient enveloppées d’une faible lumière. Marie n’avait aucune idée de ce qui se passait.

Pas du tout. Tu es en train de me dire qu’Olivia accède à son pouvoir de la Sainte toute seule ? Sans aucun objet pour l’aider ? Comment fait-elle ça ?

Choquée par la croissance soudaine de Livia, Marie avait tourné son regard vers l’extérieur.

Maintenant si Noëlle peut juste convaincre Louise…

 

☆☆☆

 

Le paysage qui accueillait Noëlle était bizarre.

Incroyable, avait-elle pensé. Avec ça, je vais vraiment pouvoir atteindre Louise avec ma voix.

Elle avait envoyé sa conscience sur un plan psychique. Tout ce qui l’entourait était flou et indistinct. Elle jeta un coup d’œil autour d’elle, ne sachant pas où aller, quand elle sentit quelque chose brûler violemment.

« Par ici, » dit une voix. « Ne vous éloignez pas de nous. »

C’était Anjie. Noëlle avait été surprise de voir qu’Anjie brûlait d’une flamme de haine, et que cette colère était dirigée contre Noëlle.

« Euh, d’accord… »

Les émotions de Livia étaient également visibles, se manifestant par une épaisse et visqueuse boule de jalousie. Elle avait gardé une forme humaine, tout comme Anjie, et en les regardant, Noëlle s’inquiétait de sa propre apparence.

Livia avait serré la main de Noëlle. « Pour l’instant, nous devons faire ce que nous sommes venues faire ici. »

Aussi terrifiée que soit Noëlle, elle était plus préoccupée par le fait de sauver Louise. « O-ouais, je sais. » Elle craignait les émotions des autres filles à son égard, mais elles lui avaient aussi permis de mieux comprendre à quel point elles tenaient à Léon.

Alors que Noëlle chercha Louise, elle jura : « Louise, je vais te ramener coûte que coûte, et tu vas enfin écouter tout ce que j’ai à dire ! »

 

☆☆☆

 

Dans le plan psychique de Louise, elle était enlacée par derrière par un Léon plus jeune. Comme ce n’était pas la réalité, ils étaient tous deux complètement nus et leurs silhouettes étaient floues. Mais même s’il était derrière elle et que sa silhouette était déformée, elle pouvait encore sentir sa présence.

« Grande sœur, tu dois le tuer », plaida son petit frère.

« Je le ferai. Quoi que tu veuilles, je m’assurerai que tu l’aies. »

 

 

L’armure démoniaque s’était jetée sur Arroganz, exerçant une puissance si écrasante qu’elle avait poussé Arroganz dans un coin. À l’intérieur, il n’y avait que Louise et son petit frère. Elle était vraiment heureuse.

« Léon, nous serons ensemble pour toujours, n’est-ce pas ? »

« Bien sûr que oui. Pour toujours. Et tu feras tout ce que je te demande, n’est-ce pas, grande sœur ? »

« Oui. Je ferai tout ce que tu veux. Après tout, je suis… »

Les intruses — Noëlle, Livia, et Anjie — étaient apparues de nulle part, l’interrompant.

« Elle est là ! » cria Noëlle. « Louise, qu’est-ce que tu fais ? »

« Noëlle ! » Louise cria. L’hostilité roulait sur elle par vagues, déformant le plan psychique.

Anjie jeta ses bras en avant, créant une barrière qui les protégea des attaques magiques de Louise. « Noëlle, dépêche-toi de la convaincre ! »

Livia avait été celle qui avait créé un chemin vers le plan psychique de Louise, mais leur entrée avait été forcée, ce qui signifiait qu’elles ne pouvaient pas y rester longtemps. « S’il vous plaît, soyez aussi rapide que vous le pouvez. Ce… pouvoir que j’ai est difficile à contrôler… »

Voyant la façon dont Livia grimaçait de douleur, Noëlle ne perdit pas de temps. « Louise, ça suffit. Léon n’a dit ces mensonges que pour t’aider. Il voulait te sauver. »

« La ferme, la ferme, la ferme ! N’entachez pas mes précieux souvenirs ! Comment osez-vous vous imposer… ? Vous allez payer pour ça. Je vais vous le faire payer ! » Louise avait perdu la raison.

Son jeune frère, qui l’enlaçait toujours par derrière, avait souri. « C’est vrai. Nous ne pouvons pas les laisser s’en tirer comme ça, grande sœur. Tuons-les. Je les déteste aussi. Tuons-les tous. »

« Oui. Noëlle est l’horreur qui a essayé de te prendre à moi. Nous allons l’anéantir ! » Dès que Louise avait déclaré cela, un blizzard s’était déchaîné autour d’eux.

Alors qu’elle essayait de les chasser de son plan psychique, à l’extérieur, dans le monde réel, l’armure démoniaque avait libéré toute l’étendue de sa puissance. Elle avait drainé tout le mana qu’elle pouvait de Louise pour alimenter ses attaques sur Arroganz.

« Ah ha ha ha ! Tombe en ruine ! Le monde n’a pas besoin d’un faux ! » Malgré toute l’estime que Louise avait pour lui, elle avait l’intention de lui ôter la vie.

Noëlle s’était mordu la lèvre. « Qu’est-ce qui se passe avec toi ? Tu es toujours si calme et posée. Que s’est-il passé ? Tu te souviens de la façon dont tu t’es extasié sur Léon ? »

Le visage de Louise s’était déformé de colère. La haine montait du plus profond d’elle-même. « Qu’est-ce que tu en sais ? C’est toi qui m’as pris Léon ! »

« Louise, essaies-tu de dire que tu… »

« Il était si précieux pour moi. Non, plus que ça, je l’aimais ! Et pourtant, mon adorable petit Léon t’a choisie à sa place. Tu sais à quel point ça m’a vexée ? Et maintenant que j’ai enfin trouvé le bonheur, tu essaies aussi de me l’enlever ! »

La puissance de l’armure démoniaque continuait à augmenter. En un rien de temps, le givre envahit le champ de bataille, recouvrant les feuilles et les branches de l’Arbre Sacré tandis que le blizzard balayait la zone. L’armure brandissait deux lames de glace alors qu’elle se jettait sur Arroganz.

Arroganz avait levé ses bras pour bloquer, mais ils avaient été tranchés.

« Léon ! » Noëlle cria.

Louise avait gloussé. « Ah ha ha ! Maintenant, c’est à mon tour de te voler ton Léon. Il ne restera alors plus qu’un seul Léon au monde, celui qui passera l’éternité avec moi. »

Noëlle lui avait lancé un regard noir. « Penses-tu vraiment que ton petit frère voudrait... »

En dehors du plan psychique, en combattant l’armure démoniaque, Léon avait posé la même question. « Penses-tu vraiment que ton petit frère choisirait de te sacrifier comme ça !? »

Louise s’était figée sur place. « Tais-toi. Un faux comme toi n’a pas à parler de lui ! »

« Quoi ? Tu l’as déjà réalisé ? » Léon s’était moqué. « Je vois. Tu faisais juste semblant d’être ignorante. Tu ne peux pas le nier, n’est-ce pas ? Toutes les histoires que toi et ta famille m’avez racontées sur ton frère étaient claires : ce n’est pas le genre de type à sacrifier sa propre sœur. »

Le cœur de Louise avait vacillé. Il a raison, a-t-elle pensé. Léon ne me sacrifierait jamais. Mais c’est juste parce qu’il s’est senti si seul tout ce temps.

Après s’être convaincue, elle s’acharna sur Arroganz. « N’essaie pas de me manipuler ! »

« Le problème, c’est que je pense que tu es déjà manipulée. Pourquoi ne pas tester pour voir si c’est le vrai Léon ou pas ? S’il l’est, alors il devrait être capable de répondre à n’importe quelle question que tu lui poses. »

Louise avait cessé de bouger.

Inquiet, le garçon qui s’accrochait à son dos demanda : « Qu’est-ce qui ne va pas, grande sœur ? »

Louise jeta un coup d’œil par-dessus son épaule, pour essayer de voir son visage. La silhouette était si floue qu’il était difficile de le distinguer. « Léon… Léon, que penses-tu de Noëlle ? »

« Pourquoi demandes-tu ça tout d’un coup ? Cela n’a pas d’importance, n’est-ce pas ? »

Une fois que la graine du doute était plantée dans son esprit, elle semblait ne faire que grandir. Louise devait être certaine.

« Ne te souviens-tu pas de Noëlle ? Tu dois t’en souvenir. Vous vous entendiez si bien, et vous avez tellement joué ensemble. Tu te souviens ? Comment tu te faufilais dehors juste pour passer du temps avec elle ? »

Noëlle était restée bouche bée. « Quoi ? »

Comprenant ce que Louise essayait de faire, Anjie avait mis une main sur la bouche de Noëlle. « Restez tranquille. Les choses pourraient prendre une tournure intéressante. »

Anxieuse, Louise ne cessait de demander à la silhouette floue de répondre. « Ça ne te rappelle rien ? Vous étiez fiancés, et vous étiez si proches. »

Son petit frère avait souri. « C’est vrai. Je m’en souviens. Mais tu es la personne la plus importante au monde pour moi, grande sœur. »

Louise avait secoué la tête. « Non. Léon a toujours chéri Noëlle plus que tout. Après leurs fiançailles, il n’y avait qu’elle. Je suis arrivée en seconde. Qu-Qui êtes-vous ? Pourquoi avez-vous sa voix et son visage ? » Elle avait rapidement mis de la distance entre elle et l’imposteur.

Noëlle tendit la main et la saisit. « Louise, dépêche-toi ! Par ici ! »

Hélas, la forme de l’imposteur s’était lentement transformée en une inquiétante armure démoniaque. « J’étais si près du but. Ah bon. Je suppose que je peux encore me servir de toi. »

Il avait tendu son énorme main et avait attrapé Louise. Au même instant, Noëlle et les autres filles avaient été expulsées de son plan psychique.

« Louise ! » Noëlle avait tendu une main vers elle. Louise l’avait attrapée, mais elles étaient trop loin. Les filles avaient été expulsées, et Louise avait été absorbée par l’armure.

« Bien. Maintenant, je peux recommencer à déchaîner ma fureur. Une fois que je t’aurai utilisé pour ce que tu vaux, je devrai trouver un remplaçant », dit l’armure en dévorant l’énergie de l’emblème de Louise, ce qui lui donnait encore plus de puissance.

+++

Chapitre 11 : Léon

Partie 1

L’armure démoniaque avait encastré sa structure dans la glace, la renforçant.

« Eh bien, c’est la merde absolue. C’est quoi ce truc ? Il a une liste infinie de capacités de triche ou quoi ? » avais-je demandé.

La neige s’accumulait autour de moi, et le gel remplissait l’air. Le simple fait de le regarder me donnait froid. Je pouvais presque sentir la température du cockpit chuter.

« Il draine l’énergie de Louise, » rapporta Luxon. « Si on continue à se battre comme ça, Louise ne tiendra pas longtemps. »

« Quoi ? Donc il prévoit de l’utiliser comme une batterie et de s’en débarrasser une fois qu’elle n’aura plus de jus ? Quel con ! »

« Maître, ton pouls s’emballe. Je vois que tu es très en colère. »

Malgré mes tentatives d’humour, Luxon avait vu clair dans mon jeu. Il avait raison, j’étais livide, et rien ne semblait pouvoir me calmer.

« Comment vont les filles ? » avais-je demandé.

« Épuisées. Elles sont sur le pont de l’Einhorn et ont repris connaissance. Leurs tentatives de négociation dans le plan psychique semblent avoir échoué. »

« Nous allons sauver Louise, quel qu’en soit le coût. »

Luxon bougea son œil d’un côté à l’autre comme s’il secouait la tête. « Hélas, nous n’avons pas pu résoudre cette situation aussi facilement que je l’aurais souhaité. Tu es toujours bien trop laxiste lorsqu’il s’agit de la fin de la partie, Maître. »

Arroganz était très endommagé : l’une de ses jambes ne bougeait plus, ses deux bras avaient disparu, et nous avions utilisé et jeté toutes les armes de son conteneur. Néanmoins, nous ne nous étions pas encore résolus à un triste sort.

« Il est temps d’être sérieux », avais-je dit.

« J’aimerais bien que tu sois sérieux dès le début la prochaine fois, » plaisanta Luxon. « Schwert est en route. »

L’armure démoniaque s’était jeté sur moi, mais j’avais prédit ses mouvements et je l’avais évité avec un minimum d’effort.

« Aha ! Ses attaques ne sont pas aussi précises qu’avant ! »

Bien que sa vitesse et sa puissance aient augmenté, sa précision avait sensiblement baissé.

« Louise n’a plus le contrôle, alors c’est le noyau qui tire les ficelles. Aussi endommagé qu’il soit, c’est le mieux qu’il puisse faire. La prochaine attaque arrive. S’il te plaît, évite-la et permets à Schwert d’accoster, » dit Luxon.

« Compris. »

L’armure démoniaque s’était élancée, mais je l’avais esquivée au dernier moment, le laissant plonger droit dans l’Arbre Sacré.

Un avion de chasse aux énormes ailes noires avait coupé la verrière, transportant des pièces de rechange pour remplacer les membres brisés d’Arroganz. J’avais purgé les membres endommagés et jeté le conteneur sur le dos de mon Armure. Alors qu’il tombait, Schwert avait plongé pour s’arrimer à sa place.

« C’est le rêve de tous les garçons de piloter un robot qui peut se combiner avec d’autres pour former un super robot », avais-je dit.

« Oui, eh bien, pardonne-moi de ne pas être capable de devenir un robot géant. »

« Idiot. Ce n’était pas une blague. »

Une fois que les membres perdus d’Arroganz avaient été remplacés, nous avions esquivé les branches de l’Arbre Sacré et nous nous étions envolés. L’armure démoniaque avait volé après nous, laissant une traînée de givre dans son sillage.

« Maître, à propos des bras d’Arroganz, j’ai fait quelques modifications en fonction de l’adversaire que tu affrontes actuellement. »

« C’est la même chose selon moi. »

« Tu as certainement une obsession pour l’apparence. Ça vient, d’ailleurs. »

Alors que l’armure démoniaque chargeait pour une nouvelle attaque, j’avais levé mes bras pour bloquer ses lames de glace. Elles avaient transpercé mon armure auparavant, mais pas cette fois. Au lieu de cela, les lames avaient fondu.

Choquée, l’armure démoniaque avait essayé de s’enfuir, mais je l’avais attrapée avant qu’elle ne puisse le faire.

« Ah, ne fuis pas. Pas après que tu te sois donné la peine de me pourchasser. »

La chaleur des bras d’Arroganz avait vaporisé la glace recouvrant l’armure démoniaque.

« Gaaaah ! » Le cri de l’ennemi résonnait avec le grincement du métal.

J’avais ignoré ses protestations et lui avais arraché les bras. Dans le cockpit, l’œil de Luxon brillait d’une lueur sinistre tandis qu’il regardait avec jubilation. « Tu as causé pas mal de dégâts, » dit-il. « Après avoir rassemblé des données, j’ai créé le parfait contre-pied pour ses capacités. »

En un rien de temps, il avait réussi à mettre au point un plan, à préparer Schwert au combat et à déterminer les meilleures manœuvres à utiliser contre l’armure démoniaque. Nous allions à tous les coups gagner.

« Il est temps pour toi de rendre Louise. »

J’avais arraché l’armure couvrant sa poitrine, révélant Mlle Louise à l’intérieur. Je l’avais délicatement sortie. Avec elle en ma possession, la victoire était sûre.

« Maître, puis-je continuer ? »

« Tu es sans espoir. »

J’avais repoussé l’armure démoniaque d’un coup de pied, et en représailles, elle m’avait poignardé avec sa queue. Je l’avais attrapée d’une main et m’étais envolé vers la cime de l’arbre, en l’entraînant avec moi.

« Tu as vraiment mis le bazar », avais-je grommelé. « Maintenant, je vais te réduire en cendres ! »

« Arme de la nouvelle humanité, il est temps pour toi de périr, » dit Luxon. « Impact ! »

Une lumière rouge avait jailli de la main qui tenait sa queue, la brûlant de part en part. L’armure se débattit alors que je l’amenais au sommet de l’arbre et la lançais dans les airs. Des lasers étaient sortis du dos d’Arroganz, où Schwert était amarré, et ils avaient transpercé l’armure démoniaque. Elle avait commencé à tomber, s’écrasant sur l’Arbre Sacré.

« C’est la fin ! » déclara Luxon, en tendant l’un des bras d’Arroganz vers l’arrière pour arracher une épée à Schwert et lui porter le coup de grâce. Son empressement m’exaspérait.

Avant qu’il ne puisse l’achever, des missiles s’étaient abattus sur l’armure démoniaque depuis un autre endroit.

« D’où est-ce que ça vient ? D’en haut ? » J’avais levé les yeux pour voir un vaisseau en forme de boîte encore plus grand que le corps principal du Luxon.

« Ideal ? » ricana Luxon. « Pourquoi te mets-tu sur mon chemin ? »

« Je suis venu pour aider. Je vais me débarrasser de l’armure démoniaque moi-même. Etes-vous sûr que vous ne devriez pas vous occuper des besoins médicaux de la fille dans votre main ? »

Mlle Louise, bercée doucement dans une des mains d’Arroganz, était entièrement nue. On ne pouvait pas la laisser comme ça, surtout avec une température aussi froide.

« Luxon, on y retourne. »

« … Très bien. » Aussi réticent qu’il soit à obéir, il avait suivi mes ordres.

Si tu es vraiment une IA, tu devrais être plus direct. Comme Ideal.

Mécontent de la situation, Luxon déclara : « Ideal, j’attends que tu t’expliques plus tard. »

« Oh ? Y a-t-il un problème ? »

« Trop nombreux pour être comptés, et tous anormaux. »

« Il semble qu’il y ait un malentendu », avait-il dit. « Très bien. Parlons-en une autre fois. »

 

☆☆☆

 

Louise rêvait. C’était une journée ensoleillée, et elle était allongée à l’ombre. Son petit frère était à côté d’elle et regardait son visage. Elle pouvait distinguer ses traits cette fois-ci. Les larmes lui montaient aux yeux.

« Léon, c’est toi. »

« Qu’est-ce qui ne va pas, grande soeur ? As-tu fait un cauchemar ? »

« Non, c’est juste que… Je voulais m’excuser auprès de toi depuis si longtemps. »

« De quoi parles-tu ? »

Elle s’était redressée et avait placé ses bras autour de lui. Ce n’est qu’à ce moment-là qu’elle réalisa qu’elle était dans le corps de sa jeune personne. Qu’elle le veuille ou non, elle savait que ce n’était qu’un rêve, et cela l’avait anéantie.

« J’avais besoin de m’excuser. Je n’ai rien pu faire pour toi. Je suis ta grande sœur, mais j’étais totalement impuissante à t’aider quand tu en avais besoin ! » Louise sanglota en le tenant dans ses bras.

 

 

« Tu n’as pas à t’inquiéter pour ça, » ria son frère. « C’est moi qui devrais m’excuser. J’ai failli ne pas arriver à temps pour te sauver. Au fait, cela fait un ticket de sauvetage en moins. » Il lui avait fait un sourire, et elle était certaine cette fois-ci qu’il était le vrai.

« C’est exact », avait-elle dit. « Cela signifie que tu me dois deux autres… Attends. »

« Quoi ? »

« Tu m’as sauvée ? » Louise ne pouvait s’empêcher d’afficher son scepticisme, mais il s’était contenté de sourire. Cela la harcelait. Comment son jeune frère décédé pouvait-il prétendre l’avoir sauvée ? C’était étrange, d’autant plus que cette fois, elle était sûre qu’il était bien réel.

« Je suis venu comme je l’avais dit, n’est-ce pas ? »

« Qu’est-ce que tu veux dire ? Tu es vraiment venu ? »

C’était un rêve, alors peut-être était-ce une erreur d’espérer une cohérence logique. Néanmoins, Louise s’était accrochée à ses mots, cherchant désespérément la vérité.

« Léon, soit honnête avec moi. »

« Ah, désolé. Le temps est écoulé », annonça Léon en se relevant et en s’éloignant d’elle.

Louise s’était levée pour se lancer à sa poursuite, mais le temps qu’elle se lève, Léon était déjà au loin, lui faisant un signe de la main.

« À plus tard, grande sœur ! » Il lui avait tourné le dos après ça et était parti.

Louise avait tendu une main vers lui, mais elle n’était pas allée plus loin avant que la conscience ne l’arrache au rêve.

+++

Partie 2

« Le… on… Ne… pars pas… » Mlle Louise gémissait encore quand ses yeux s’étaient ouverts. Elle avait poussé sa main vers le plafond, à bout de souffle.

« Réveillée maintenant, hein ? » J’étais assis à côté et je venais à peine de me réveiller. La fatigue s’était installée après que je me sois installé dans mon fauteuil, et apparemment je m’étais assoupi. Cela devait être la raison pour laquelle j’avais fait un rêve si étrange. Il y avait quelque chose de si familier et pourtant si peu naturel dans ce rêve. J’étais sûr de parler à une grande sœur, mais je n’avais aucun souvenir agréable avec cette ordure de Jenna. Est-ce que c’était mon propre désir qui se manifestait ? Est-ce que j’avais secrètement un complexe de soeur ? J’étais honnêtement en état de choc.

« Uh… huh ? » Mlle Louise avait levé le haut de son corps et avait examiné la pièce.

« Nous sommes dans mon dirigeable privé », avais-je expliqué.

Anjie et les filles avaient habillé Louise pendant qu’elle dormait, elle n’était donc plus dans son costume d’Eve.

J’avais redressé mon dos et m’étais levé. « Luxon s’est renseigné, et il semblerait que la fleur n’avait en fait aucun lien avec l’Arbre Sacré. À la place, l’arbre était possédé par une arme connue sous le nom d’Armuyre Démoniaque. »

Mlle Louise avait regardé ses mains. « Alors ce n’était pas un rêve. »

« Je suis content que tu en sois sortie vivante. »

« Je ne suis pas sûre que ce soit une bonne chose pour toi. Le fait est que tu as interféré avec les objectifs de la république. Quand nous reviendrons, tu pourrais avoir de gros problèmes. » Elle me lança un regard furieux, me réprimandant.

« Ce ne sera pas un problème. En fait, j’ai eu la permission expresse du président. »

Les yeux de Mlle Louise s’écarquillèrent, mais son expression s’altéra rapidement lorsqu’elle comprit les implications. « Il semblerait que mon père ait fait une bêtise. Les autres maisons vont vouloir du sang. Même si tu dis la vérité, les autres dirigeants des six autres grandes maisons ne te croiront pas. Ils t’accuseront d’avoir fait flétrir la fleur. »

Ils ne voulaient pas accepter ce qui sortait de ma bouche, même si j’essayais de les convaincre. Je n’avais pas d’autre choix que de laisser à Albergue le soin de nettoyer ce désordre particulier.

« Nous sommes vraiment dans le pétrin, n’est-ce pas ? Que dirais-tu de vous enfuir dans le royaume ? » avais-je proposé avec un sourire.

Mlle Louise m’avait regardé fixement.

« Euh, quoi ? »

« Je n’ai que des souvenirs de mon frère en tant que petit garçon, alors pourquoi ai-je pensé que tu lui ressemblais ? Ça continue à me tracasser. Si je regarde de plus près, je vois qu’il n’y a pas de réelle ressemblance. De plus, Léon était un garçon bon et honnête. » Elle avait fait une moue avec sa lèvre inférieure et avait détourné le visage.

« Allez, ne m’en veux pas. Si je n’arrivais pas à te convaincre de ne pas le faire, te tromper était la seule option qui me restait, non ? »

« C’était beaucoup trop sournois. Quand tu as combattu Serge, tu l’as délibérément laissé te battre sans raison, n’est-ce pas ? Maintenant que j’y pense, ce n’était pas naturel. Te connaissant, tu étais tout à fait capable d’entrer là-dedans avec le reste de tes compagnons et de me voler. »

J’étais pleinement conscient du manque d’efficacité de mon plan, j’avais voulu tester certaines choses dans le processus. Je l’avais fait avec succès.

Mlle Louise m’avait regardé. « Aucune personne normale n’irait jusque là, n’est-ce pas ? Tu as même vomi du sang. Es-tu sûr que tu vas bien ? »

« Oh, ça ? C’était du faux sang. Tu ne pensais pas vraiment que c’était du vrai, n’est-ce pas ? » J’avais fait glisser une petite capsule et je lui avais montré avant de la mettre dans ma bouche et de mordre. Dès que je l’avais fait, ce qui semblait être du sang avait coulé le long de mon menton.

Le visage de Mlle Louise s’était crispé. « Tu es vraiment une ordure. Je regrette d’avoir gaspillé mon attention sur toi. »

« S’il te plaît, ne sois pas contrarié. Ça a marché, n’est-ce pas ? D’ailleurs, je ne veux pas que tu me donnes trop de crédit. C’était un plan plutôt désordonné, si je suis honnête. Je regrette de ne pas avoir fait un meilleur travail. »

Les mesures défensives d’Ideal s’étaient avérées plus pénibles que je ne l’avais imaginé, et les choses avaient pris beaucoup plus de temps que prévu. Nous aurions pu mener l’affaire à une conclusion plus douce s’il n’avait pas été là.

« Si mon Léon avait vécu jusqu’au même âge, je me demande s’il serait comme toi. En tant que grande sœur, je ne peux pas dire que je serais ravie. J’aurais préféré qu’il devienne un garçon bon et sain. »

« Le gamin dont toi et Monsieur Albergue m’avez parlé m’a semblé être un petit morveux espiègle. Je doute un peu qu’il devienne le type “bon et sain” que tu imagines. »

« Oh, je t’en prie. Il n’était pas du tout comme toi. »

Une fois de plus, Louise boudait et refusait de croiser mon regard, il n’y avait donc pas grand-chose d’autre à faire que de partir.

« Eh bien ! Alors, désolé d’avoir dit ça. » J’avais fait une pause. « Oh, ça me fait penser à un truc. J’ai enfin trouvé une réponse à la question que tu m’as posée. »

« Quoi ? As-tu pensé à ça pendant tout ce temps ? Tu ne trouveras jamais la bonne réponse. »

Je faisais référence à la question que Mlle Louise avait posée pour voir clair dans mon mensonge. Après le rêve étrange d’il y a un instant, j’étais presque sûr d’avoir trouvé une meilleure réponse. Mlle Louise était certaine que je ne la devinerais jamais, mais pour une raison quelconque, je me sentais confiant. Le rêve avait été un bon indice, mais je me rappelais aussi avoir donné un cadeau similaire à mes parents dans ma vie précédente. Les leurs étaient un ticket promettant de les aider dans tout ce qu’ils voulaient, mais le rêve avait été un ticket promettant de sauver ma grande sœur quand elle en aurait besoin.

« Un billet de sauvetage — une promesse de te sortir des problèmes quand tu en auras besoin. Bon, est-ce que j’ai bien compris ? Non, ce n’est probablement pas ça. Mais bon. Je dois y aller de toute façon. » En quittant la pièce, j’avais eu un aperçu du visage choqué de Mlle Louise.

Étais-je si loin de la vérité ?

Si son expression était une indication, probablement. Peut-être que je n’aurais pas dû dire quoi que ce soit.

 

☆☆☆

 

Louise était restée sur place. « Comment a-t-il deviné ? »

L’anneau était à l’origine un morceau de papier avec les mots : « Ticket de sauvetage : Bon pour trois utilisations. » Elle avait refusé de l’accepter, alors il l’avait roulé et en avait fait une bague. Même si quelqu’un connaissait l’anneau lui-même, personne n’aurait pu savoir ce qui était écrit à l’intérieur, à part elle et son petit frère. Même Serge ne l’avait pas remarqué.

Louise n’avait aucune idée du temps qui s’était écoulé alors qu’elle s’efforçait de tout digérer, mais un coup l’interrompit. Quand elle avait répondu, demandant qui était le visiteur, la porte s’était ouverte et Noëlle était entrée.

« Oh, Noelle. »

« Louise, j’ai quelque chose à te dire. »

« Assieds-toi. »

Louise pouvait encore se souvenir de leur interaction dans son plan psychique. Elle n’avait pas envie de parler à Noëlle, maintenant que l’autre fille connaissait tous ses secrets. Néanmoins, Louise devait à Noëlle une certaine gratitude.

« Tu as contribué à me sauver. Merci. »

Noëlle était silencieuse. Elle avait vu la vérité. Elle connaissait les vrais sentiments de Louise. Bien que faiblement, Louise avait aimé son jeune frère de façon romantique. Découvrir que Louise l’avait maltraitée en partie parce qu’elle pensait qu’elle lui avait volé son frère avait vraiment agacé Noëlle. En ce qui la concerne, c’était un blâme mal placé.

Ainsi, Noëlle s’était levée de la chaise où elle s’était installée et avait giflé Louise en plein visage.

Je suppose que je l’avais bien cherché, pensa Louise. Heureusement, il n’avait pas beaucoup de puissance.

« Je n’ai jamais su pour les fiançailles, » avait lâché Noëlle.

« Hein ? »

« Tout cela date de mon enfance, et honnêtement, je ne me souviens pas de grand-chose. Mais je peux au moins te dire que je n’ai jamais entendu parler de fiançailles. »

Cela signifie aussi que Noëlle ne savait rien du tout du petit frère de Louise. Louise s’était mise à rire. « Quoi ? Es-tu en train de me dire que Léon a été piégé ? Oh, ça me fait vraiment bouillir le sang. Jusqu’à quel point les Lespinasses doivent-ils se moquer de nous avant d’être satisfaits ? »

La main de Noëlle avait jailli, attrapant Louise par le col de sa chemise. Louise avait levé le regard pour voir des larmes couler sur les joues de Noëlle.

« Pourquoi pleures-tu ? »

« À cause de cette connexion psychique, j’ai vu tous tes souvenirs. Je n’avais jamais réalisé à quel point tu tenais à ton petit frère. »

« Quelle capacité détestable ! Tu sais donc tout de moi, et je n’ai rien en retour, hm ? » s’exclama Louise, mécontente de l’injustice de la situation.

« Je n’aurais jamais imaginé qu’il était aussi enthousiaste à propos de nos fiançailles. Je m’excuse sincèrement de ne pas avoir pu assister à ses funérailles, mais je jure de me rendre sur sa tombe dans un avenir proche. »

« Cela me ferait plaisir que tu le fasses. » Louise fit une pause et secoua la tête. « Non, désolée. C’est un mensonge. Je ne veux pas que tu t’approches de sa tombe. »

Noëlle avait souri. « Cette attitude te va beaucoup mieux. »

« Qu’est-ce que tu sous-entends ? »

« La Louise que je connais est narquoise et a une langue mordante. Ça m’a fait froid dans le dos de te voir te donner en spectacle devant Léon. »

« Qu’est-ce que tu as dit ? » Maintenant, c’était au tour de Louise d’attraper le col de Noëlle. Les deux filles s’étaient lancées des regards furieux, mais Noëlle ne pouvait pas se débarrasser de la joie du moment.

« Oui, c’est le visage ! C’est trop hilarant. La femme qui m’a malmenée pendant tout ce temps était juste jalouse parce qu’elle pensait que je lui avais volé son petit frère adoré. »

« Tu as dépassé les bornes ! »

Leurs chamailleries s’étaient transformées en arrachage de cheveux.

« Je t’ai toujours détesté, tu sais ! » Noëlle craqua. « Qu’est-ce qui te prend de brutaliser quelqu’un juste parce que tu penses qu’il a pris ton frère ? »

« C’est grâce à moi que personne d’autre n’a posé ses mains sur toi ! C’est toi qui devrais me remercier, espèce d’emmerdeuse ! »

Elles avaient commencé à se gifler et à se lancer des oreillers. Après quelques minutes de ce va-et-vient, elles étaient toutes deux épuisées et s’effondrèrent sur le lit, côte à côte, en regardant le plafond. Elles luttaient pour reprendre leur souffle, leurs cheveux et leurs vêtements étaient en désordre. Cependant, elles se sentaient toutes deux plus légères après avoir déchargé toutes leurs émotions refoulées. C’était particulièrement vrai pour Noëlle.

L’expression de Noëlle était paisible quand elle déclara : « J’ai finalement réussi à me libérer de tout ça. Je me sens tellement mieux maintenant. »

« Une femme barbare et folle », répondit Louise avec le même ton narquois que d’habitude, même si elle arborait un léger sourire. « Je suis heureuse que tu ne sois pas devenue la femme de Léon. »

« Je ne veux pas entendre ça de toi. Tu n’étais que la deuxième sur sa liste. »

« Crois-moi, s’il t’avait rencontré, il l’aurait révisé et je serais à nouveau numéro un. »

Elles se souriaient l’une à l’autre, même si elles s’agitaient dans tous les sens.

 

+++

Chapitre 12 : La vérité sur la maison Lespinasse

Partie 1

Plusieurs jours s’étaient écoulés après le coup de la piraterie de Léon lorsque Clément s’était présenté à la propriété d’Émile.

« Dame Lelia, les six grandes maisons ont terminé leurs discussions avec le diplomate du royaume. »

Clément avait servi la maison Lespinasse dans le passé. Actuellement, il était professeur à l’académie. Lelia avait écouté son rapport dans le confort de son canapé. De l’autre côté d’une fenêtre voisine, la neige tombait.

« Alors ? Comment vont-ils s’occuper de Léon et de sa bande ? » demanda-t-elle.

Il était tout à fait naturel que Léon soit puni après s’être battu avec la République, du moins en ce qui concerne Lelia. À sa grande surprise, sa prédiction avait raté la cible.

« Il a été acquitté de toute activité criminelle. »

« Mais pourquoi ? Même s’ils ont réduit sa peine, après le coup qu’il a fait, ils devraient faire quelque chose ! »

Léon s’était déguisé en pirate et avait détruit un des vaisseaux de la République. C’était en soi une infraction grave. Pire encore, il avait blessé des membres des six grandes maisons. Comment pourrait-il s’en sortir sans être puni ? Lelia ne pouvait pas le comprendre.

« Le diplomate du royaume est un habile négociateur. Le fait que la maison Rault soit également intervenue a aidé. » Clément avait plissé les yeux. Les Rault étaient les ennemis des Lespinasse. Cela avait dû l’exaspérer de les savoir impliqués.

« Les Raults ? Encore ? »

Le royaume a-t-il vraiment l’intention de s’allier avec les Raults ? S’allier à l’ennemi… C’est méprisable.

Lelia avait considéré cela comme une trahison. Léon et Marie avaient promis de protéger l’Arbre sacré et de rétablir la paix dans la république, mais ils se salissaient les mains en passant des accords avec le boss final du jeu, Albergue.

Clément poursuit : « En ce qui concerne les dirigeants des six grandes maisons, il semble qu’ils aient officiellement annoncé que l’absurdité du sacrifice humain n’était pas la volonté de l’Arbre sacré. »

« Ils sont terriblement directs avec la vérité, » marmonna Lelia. « J’ai déjà entendu dire que l’Arbre Sacré n’était pas impliqué, mais est-ce qu’ils le croiraient si facilement ? »

La république était assez sensible à tout ce qui concernait l’Arbre Sacré. Il était difficile d’imaginer qu’ils croiraient si facilement les affirmations de Léon sur l’invasion de leur protecteur par une entité étrangère.

Clément acquiesça, partageant ses soupçons. « Je ne m’attendais pas non plus à cette évolution, mais peut-être les Rault ont-ils réussi à cajoler les autres. »

Lelia n’avait aucune idée de ce qui se passait réellement. « Je vais aller parler à Léon et aux autres. »

« Lady Lelia, il serait dangereux de vous impliquer avec lui tel qu’il est maintenant. Il y a de fortes chances que les Raults l’aient rallié à leur cause. »

Lelia avait secoué la tête. « Ça ne va pas m’empêcher de lui parler. »

En plus, j’ai Ideal avec moi.

La puissance de son IA la mettait sur un pied d’égalité avec Léon, lui donnant une confiance qu’elle n’avait pas auparavant.

Alors que leur conversation se terminait, Émile s’était glissé de l’extérieur, se dirigeant vers la pièce où se trouvaient les deux personnes. Il portait un costume et avait une veste drapée sur son bras. « Ça fait un bail, professeur », dit-il en entrant.

« C’est bon de voir que vous allez si bien. Se passe-t-il quelque chose aujourd’hui ? »

« J’ai été rappelé à la maison de ma famille. Apparemment, il y a eu une chamaillerie avec les Rault. »

« Une chamaillerie, vous dites ? »

Remarquant la lassitude d’Émile, Lelia le pressa : « Qu’est-ce que tu entends par “chamaillerie”, Émile ? »

« Es-tu si curieuse que ça ? Je n’ai pas encore entendu tous les détails, mais apparemment Monsieur Albergue estime que Serge n’est pas apte à être l’héritier de sa maison. »

Surprise, Lelia avait demandé : « Qu’est-ce qu’il peut bien ne pas aimer chez Serge !? »

« Calme-toi, Lelia. C’est juste une rumeur. On dit qu’il pourrait être déshérité et que la personne que Louise épousera pourrait devenir le prochain chef. Bien sûr, je n’ai entendu ça qu’en passant — je suis déjà fiancé avec toi, alors ça ne me concerne pas. Je suis sûr que tous les gars qui ne sont pas pris vont bientôt s’attaquer à Mlle Louise. »

Avec Serge hors jeu, cela laissait le futur siège des Rault ouvert, offrant une chance incroyable à d’autres nobles.

Lelia, cependant, n’était pas du tout d’accord. Pourquoi déshériterait-il Serge ? Ne me dis pas que Léon et ses sbires sont impliqués dans cette affaire !

 

☆☆☆

 

Avec seulement si peu de temps avant la fin des vacances d’hiver, le jour pour Anjie et Livia de retourner au royaume était arrivé. Nous nous étions dirigés vers le port, où l’air était glacial.

« Prenez soin de vous », avais-je dit, les larmes aux yeux.

Anjie m’avait lancé un regard. « Tu m’as enlevé les mots de la bouche. C’est toi qui as la vie dure dans ce pays étranger. »

Les sourcils de Livia s’étaient froncés, même si elle avait réussi à forcer un sourire. « On dirait que j’ai pu être d’une certaine aide cette fois-ci. Aussi, Léon, tu ferais mieux de ne pas faire deux fois. »

Quoi ? Elle va vraiment dire ça ici ? Maintenant ? Je pensais qu’on avait réglé ce malentendu. J’avais fait la grimace.

Anjie se tourna vers Luxon. « S’il te plaît, garde un œil sur lui pour t’assurer qu’il ne triche pas. »

« Rassurez-vous, si je sens ne serait-ce qu’un soupçon d’infidélité, vous serez la première à le savoir », avait-il déclaré.

Sens-tu une odeur ? Qu’est-ce que c’est censé vouloir dire ?

« Donc en gros, tu dis que je pourrais être soupçonné de tricherie au pied levé à cause de ton jugement complètement subjectif ? »

« Correct. Je te conseille d’agir avec la plus grande prudence. »

« Ce n’est… pas quelque chose que quelqu’un qui est censé garder un oeil sur moi devrait dire. »

Le regard de Livia se dirigea vers Noëlle, qui était venue leur dire au revoir. « Léon, pourrais-tu nous laisser parler à Mlle Noëlle ? Il s’agit d’une conversation importante entre filles, tu ne peux donc pas l’écouter. » Le sourire — si on peut l’appeler ainsi — qu’elle m’avait adressé montrait clairement qu’elle ne tolérerait pas de refus.

J’avais hoché la tête plusieurs fois, acceptant sa demande.

 

☆☆☆

 

Noëlle s’était glissée vers les deux autres filles, se sentant incroyablement maladroite. Elle pouvait déjà plus ou moins deviner ce que pensaient Anjie et Livia.

Je me suis dit qu’elles ne devaient pas trop m’apprécier, mais elles sont bien plus jalouses que je ne l’aie jamais imaginé.

Elle avait senti leurs sentiments lorsqu’elles étaient entrées ensemble dans le plan psychique pour sauver Louise. Anjie était déchaînée par la passion, tandis que Livia suintait la jalousie. Elles étaient toutes les deux mignonnes à l’extérieur, mais ce qu’elles avaient en elles était terrifiant. Noëlle avait essayé d’ignorer ce qu’elle avait vu dans le plan psychique, mais elle était effrayée par leurs sentiments.

Anjie avait examiné Noëlle. « Ça ne sert plus à rien de porter un masque. Vous êtes pleinement consciente de ce que nous ressentons, n’est-ce pas ? »

Noëlle avait acquiescé. « Les émotions de Mlle Livia sont comme un sirop épais et collant. »

Livia avait souri, mais c’est Anjie qui avait répondu. « Alors c’est comme ça que vous percevez sa jalousie ? C’est adorable. Livia, tu n’as pas besoin de changer quoi que ce soit, tu es mignonne comme tu es. »

« Anjie ! Mlle Noëlle est toujours là. »

La relation que les fiancées de Léon partageaient était peut-être encore plus troublante pour Noëlle. Sans Léon, elles auraient probablement fini ensemble, juste toutes les deux, pensait-elle. Il était possible que la seule raison pour laquelle elles s’intéressaient aux hommes était, eh bien, Léon. En tout cas, c’est l’impression qu’elle avait de l’incroyable profondeur de leur connexion.

Livia était devenue solennelle. « Plus important encore, nous devons parler de Léon. »

« V-Vous n’avez pas à vous inquiéter d’une quelconque tricherie, honnêtement. Je vais quitter la maison de Rie bien assez tôt. »

« Non, ça ne nous dérange pas particulièrement. »

« Pardon ? » Noëlle était bouche bée.

Anjie semblait prête à exploser de rage si Noëlle posait ses pattes sur Léon, mais elle avait croisé les bras et avait regardé Noëlle droit dans les yeux en disant : « Je n’en serais pas très heureuse, mais vous devez faire ce que vous voulez. Si vous pouvez le faire vôtre, je vous invite à essayer. »

« Qu’est-ce que ça veut dire ? Vous dites que je ne pourrais pas ? » Au moment où Noëlle avait senti qu’elles la regardaient de haut, elle avait perdu son calme. « Si vous continuez à me sous-estimer comme ça, je vais prendre la première place dans le cœur de Léon avant que vous ne le sachiez. Il n’a plus que quelques mois à vivre ici, mais si vous restez les bras croisés, vous allez le regretter. »

Livia avait frappé ses mains ensemble, en souriant. Ses yeux, cependant, n’avaient rien d’amusant. « N’hésitez pas à faire ce que vous voulez. Si Léon était si facilement influençable, les choses seraient beaucoup plus simples pour nous. Oui, beaucoup plus simples. » Elle marqua une pause, se rappelant un souvenir amer qui lui donna un air éreinté.

Anjie hocha la tête. « Ce crétin… Il a tout gâché hier soir. »

 

☆☆☆

 

Tout s’était passé la nuit précédente. Comme Anjie et Livia étaient prêtes à retourner au royaume, elles avaient décidé de visiter la chambre de Léon pour leur dernière nuit à Alzer. Elles lui avaient dit qu’elles voulaient dormir ensemble, alors tous les trois s’étaient installés dans le lit. Comme Léon était un homme, elles étaient certaines qu’il se laisserait aller à ses pulsions primaires, mais…

« A -Attendez. Laquelle d’entre vous suis-je censée poursuivre en premier ? » Léon s’était pris la tête dans les mains.

Les filles avaient fait semblant de dormir, en le regardant derrière des paupières à moitié fermée.

Anjie, pensa Livia. Il s’est mis dans une impasse.

À son tour, Anjie avait pensé : « Léon, espèce d’imbécile ». Ne vas-tu vraiment pas nous sauter dessus après que nous ayons fait tout ce chemin ?

Elles avaient observé en silence pendant un moment encore, mais Léon n’avait fait aucun mouvement vers l’une ou l’autre.

« Par laquelle dois-je commencer ? Anjie ? Ou Livia ? Non, peut-être que c’est mal de poser mes mains sur l’une ou l’autre maintenant. Elles sont venues ici parce qu’elles me font confiance. Ce serait mal de faire un geste, n’est-ce pas !? » Ainsi, Léon était arrivé à sa propre conclusion. « Ce serait mal de faire quoi que ce soit alors qu’elles sont toutes les deux présentes. Oui, ça ne peut pas être juste. Et ce n’est absolument pas parce que je suis un lâche ! Je suis juste un gentleman. C’est vrai. Je suis un gentleman, alors je vais aller me coucher tranquillement. Luxon ! » Il appela son compagnon IA à voix basse, et Luxon apporta rapidement des somnifères.

« Tu es vraiment un lâche. »

« Oh, la ferme », déclara Léon. « Je ne veux pas que les filles m’estiment moins. Je vais dormir, alors donne-moi ces médicaments. »

« Très bien. Bois-le rapidement et repose-toi. »

« Tu es terriblement prévenant. »

« Oh, je me doutais depuis le début que ça arriverait. Tu es aussi veule que je le pensais. Ce serait bien si tu trahissais mes attentes de temps en temps. »

Léon avait englouti les pilules avant de s’allonger et de s’endormir rapidement. Dès qu’il s’était endormi, Anjie et Livia s’étaient levées.

« Malheureusement, » leur dit Luxon, « étudier à l’étranger n’a pas guéri le Maître de sa frilosité. »

+++

Partie 2

Après avoir entendu cela, même Noëlle avait dû compatir avec les filles.

« N’est-ce pas un peu cruel de sa part ? »

Bien que, je suppose que les deux filles arrivant en même temps l’ont déstabilisé.

Autant elle pensait que Léon était dans l’erreur, autant elle trouvait les actions d’Anjie et de Livia étranges. Le plus gros problème était qu’elles n’avaient pas réalisé leur propre faute dans tout ça.

« Peut-être aurions-nous dû mettre un peu d’ambiance avant, » murmura Anjie.

« Que devrions-nous faire la prochaine fois, Anjie ? » demanda Livia.

Ce ne serait pas mieux si vous alliez dans sa chambre une par une ? pensa Noëlle. Je comprends pourquoi il a tant de mal.

Les filles en face d’elle manquaient un peu de bon sens. Rien d’étonnant à cela, puisque l’une était une noble choyée tandis que l’autre était une innocente paysanne. Du moins, c’est ainsi qu’elles apparaissaient aux yeux de Noëlle.

Anjie avait tourné son regard vers Noëlle, en fronçant les sourcils. « Eh bien, comme vous pouvez le voir, il s’agit essentiellement d’une forteresse imprenable. Si vous pouvez le mettre à genoux, par tous les moyens, faites-le. »

« Vous savez, normalement une femme fiancée n’enverrait pas une autre femme après son futur marié, » dit Noëlle.

Livia gloussa. « Vous marquez un point là. Mais lorsque nous étions tous les trois reliés ensemble auparavant, Anjie et moi avons discuté. Nous avons décidé que si quelqu’un devait mettre la main sur Léon, nous vous préférerions à n’importe qui d’autre. »

Noëlle se renfrogna. « Je ne vais pas m’amuser avec un homme fiancé ! »

Anjie avait vu clair dans son jeu. « Dans ce cas, dépêchez-vous de trouver quelqu’un d’autre. Mais vous ne pouvez pas encore, n’est-ce pas ? Parce que vous vous accrochez encore à vos sentiments pour lui. »

Noëlle regrettait maintenant profondément cette escapade psychique. Avoir toutes ses émotions exposées à quelqu’un n’est pas une blague.

« Il est temps pour nous de partir. » Anjie avait commencé à se retourner, mais elle s’était arrêtée et avait jeté un coup d’œil à Noëlle par-dessus son épaule. « L’histoire de le mettre à genoux était une blague, au fait. Vous devriez trouver votre propre voie. Mais n’oubliez pas… »

Noëlle enfonça ses mains dans ses poches, baissant son regard. « Ouais, ouais. Je sais. Il y a plein de gens qui me veulent. C’est ce que vous voulez dire, non ? »

« Oui. Si vous venez au royaume, nous pouvons vous aider, mais si vous allez ailleurs, ce n’est pas de notre ressort. »

Les sourcils de Livia s’étaient froncés d’inquiétude. « Si quelque chose arrive, je vous prie de vous appuyer sur Léon. Il a tendance à en faire trop, mais je suis sûre qu’il vous sauvera si vous en avez besoin. »

Noëlle avait souri. Léon l’avait déjà sauvée de nombreuses fois maintenant. « Je sais. »

Sur ce, les filles étaient allées voir brièvement Léon une dernière fois avant de monter à bord de la Licorne.

 

☆☆☆

 

Anjie et Livia étaient parties au royaume. Quand j’étais revenu au domaine, j’avais trouvé Marie en train de sangloter devant l’entrée principale.

« Tu n’as pas trop l’air de changer ? » Je lui avais lancé un regard exaspéré.

Il n’y a pas si longtemps, je l’avais trouvée accroupie comme ça, des larmes coulant sur son visage comme une cascade.

« Cela ne peut pas être vrai ! Je refuse de le croire ! » s’écria Marie.

Jilk la regarda fixement, désemparé. « Je t’en prie, ressaisis-toi, Mlle Marie ! »

Une montagne d’antiquités invendues était placée à côté d’eux.

Marie avait relevé le visage et avait crié : « Je ne veux pas entendre ça de toi ! »

« M-mes excuses ! »

J’avais regardé la pile. Aussi convaincantes qu’elles aient pu paraître, ce n’était qu’un tas de contrefaçons inutiles.

« Remarquable. Pas un seul d’entre eux n’est authentique, » commenta Luxon. « Tu as dû gaspiller toutes les finances que le Maître avait préparées pour toi afin d’en rassembler autant. C’est presque impressionnant que tu n’aies pas pu trouver une seule antiquité authentique. »

En effet, ils étaient malheureusement tous des déchets.

« À chaque fois que j’en choisissais un, j’imaginais ton visage, Mlle Marie. C’est pourquoi je n’ai tout simplement pas pu en sélectionner un seul pour le vendre à quelqu’un d’autre », expliqua Jilk. Son excuse était comme la cerise sur le gâteau amer, il n’avait réussi à trouver autant de contrefaçons bien faites que parce qu’il les avait choisies expressément pour Marie.

Comment Marie réagirait-elle ?

« Espèce d’abruti ! Qu’est-ce que ça veut dire ? Tu veux dire que je ne vaux pas l’article authentique, hein !? Je croyais que tu m’avais déjà dit que tu étais capable de choisir des choses qui rendraient une personne honnêtement heureuse ! Est-ce que tu essaies de dire que je suis le genre de femme radine qui se contente d’un tas de faux ? » Marie avait sauté sur ses pieds et l’avait attrapé par le col de sa chemise.

Alors que Jilk s’efforçait de répondre, Luxon et moi avions ricané.

« Eh bien, » avais-je dit, « tu es une fausse sainte, après tout. »

« Maître, ils peuvent t’entendre. De plus, le fait qu’il n’ait pas obtenu une seule vraie antiquité suggère une intention. Sommes-nous certains qu’il n’a pas délibérément choisi des contrefaçons ? »

Marie s’était à nouveau effondrée en pleurs. « Qu’est-ce qu’on va faire pour ça ? Nous avons utilisé chaque centime que nous avions. Comment sommes-nous censés nous permettre quelque chose maintenant ? Tu m’as juré que ça allait marcher et tu as pris toutes nos économies, alors que je voulais en économiser au moins la moitié ! »

Super. Donc cet abruti — je veux dire, euh, Jilk avait apparemment vidé tous leurs comptes pour sa combine.

Non, je n’aurais pas dû me corriger. C’est vraiment un imbécile.

Eh bien, Marie était aussi partiellement fautive. Bien qu’elle déteste risquer de l’argent, elle avait investi dans cette entreprise parce qu’elle avait considéré la vraie nature du business. N’importe qui d’autre l’aurait immédiatement vu pour ce qu’il était : un jeu d’argent.

« Tu as fait ton lit, maintenant tu dois t’y coucher », avais-je dit.

« Puis-je suggérer d’en apprendre davantage sur la gestion de l’argent ? », ajoute Luxon.

Marie avait levé le menton et s’était jetée à mes pieds en s’accrochant. « Sauve-moi ! S’il te plaît, donne-nous assez pour nos besoins quotidiens pour les trois derniers mois ! »

« Ne viens pas me demander de l’aide en pleurant ! C’est toi qui as gaspillé ce que tu avais. »

« Je n’aurais jamais imaginé que ça se passerait comme ça ! » s’emporta Marie. « Et je ne pensais pas non plus que cet imbécile s’enfuirait avec toutes nos économies ! »

L’agitation à l’extérieur avait fini par attirer l’attention des quatre autres idiots, qui avaient sorti leur tête l’un après l’autre.

« Marie, que se passe-t-il ? » demanda Julius, exprimant ce que tous se demandaient clairement. Ils avaient examiné la montagne de bibelots avant de jeter des regards froids à Jilk. « En tant que frère adoptif, j’ai honte. »

Brad tripota sa frange en reniflant. « Je n’ai jamais cru à l’idée qu’il avait un quelconque sens esthétique. »

« Tu ne t’en sortiras pas en faisant pleurer Marie comme ça, » cracha Greg.

Les lunettes de Chris brillaient d’une lueur sinistre. « Espèce de voyou. »

Ils avaient rapidement traîné Jilk dans le jardin arrière.

Marie jeta un coup d’œil au ciel, en riant de façon maniaque. « Aha… ah ha ha ha ! Ainsi se termine notre vie de luxe. Nous sommes redevenus des indigents. Quel court rêve ce fut ! » La lumière avait disparu de ses yeux. Cela m’avait fait mal de la regarder.

Carla s’était précipitée hors de la maison. « Dame Marie, soyez tranquille ! »

« Carla ? »

« J’ai économisé mon salaire. Ce n’est pas beaucoup, mais je pense qu’on peut tenir un mois entier avec ça. » En parlant, elle avait déposé de l’argent dans les mains de Marie.

Anxieuse, Marie avait failli se jeter sur lui, parvenant à peine à se contenir. Sa main droite se tendit vers lui, et elle dut le retenir avec sa main gauche. « Range-le. C’est de l’argent que tu as gagné, Carla. »

« Mais… ! »

« Je t’ai déjà dit non ! Dépêche-toi de l’enlever de ma vue pendant que je contrôle encore la situation… Je ne pense pas pouvoir tenir plus longtemps. S’il te plaît, Carla, range-le. Ne me rends pas encore plus malheureuse. »

« Lady Marieeee ! »

La scène était si tragique, comme tout droit sortie d’un film d’horreur, un ami implorant l’autre alors qu’il commençait à se transformer en zombie. « S’il vous plaît, mettez fin à ma misère ! Je ne veux pas m’en prendre à vous. Tuez-moi tant que je suis encore humain ! »

Ok, non. Ce n’est pas du tout ça. Rien du tout comme ça.

Noëlle fit son retour tardif au domaine, sacs de courses à la main. « Je suis de retour ! Hein ? Il t’est arrivé quelque chose, Rie ? Et c’est quoi ce gros tas d’antiquités ? »

« Oh, ça ? Eh bien, tu vois… » J’avais commencé à expliquer les circonstances.

Noëlle avait immédiatement sympathisé avec Marie. « Rie, même si ce n’est pas grand-chose, je ferai ce que je peux pour aider. Depuis que je suis devenue prêtresse, on m’a accordé une certaine allocation pour couvrir mes dépenses quotidiennes. Tu t’es bien occupée de moi, alors je peux même payer un loyer, si tu veux. »

Des larmes avaient coulé sur les joues de Marie. « Loyer… Un mot si noble. »

Noble, hein ? J’avais du mal à comprendre son utilisation du mot dans ce cas.

« Nous sommes des amies proches, n’est-ce pas, Rie ? Tu n’as pas à te retenir à cause de moi. Appuie-toi sur moi ! »

« Noëlle, merci beaucoup ! » Marie avait jeté ses bras autour de Noëlle.

Oh mon dieu, avais-je pensé. Je ferais mieux de participer aussi ou ça va être un cauchemar, je le sais.

+++

Partie 3

« Je n’arrive pas à croire que je lui ai donné cette énorme somme pendant les vacances d’été et qu’elle a déjà tout dépensé. »

Ce soir-là, j’étais dans ma chambre à discuter des événements de la journée avec Luxon. J’avais finalement accepté de donner à Marie de quoi couvrir leurs besoins financiers pour les trois mois restants. Sinon, Carla aurait offert tout ce qu’elle avait. Si Marie était la seule à souffrir, je pouvais m’en moquer et laisser faire les choses. Je ne lui avais donné de l’argent que parce que je n’avais pas d’autre choix.

En plus, il y avait Noëlle. Si Marie continuait à lui emprunter de l’argent, cela causerait des problèmes à l’avenir, ce que je voulais éviter à tout prix. Rien n’est plus terrifiant que les problèmes financiers. Même des amis peuvent facilement être déchirés si l’argent est en jeu. Marie n’avait pas beaucoup d’amis et je ne pouvais pas supporter de la voir en perdre, notamment parce qu’elle devait s’occuper d’une bande de crétins. Je ne pouvais pas m’empêcher de me sentir mal pour elle. Même si c’était toujours amusant de se retirer et de regarder.

« Maître, tu es vraiment tendre quand il s’agit de Marie. »

« Je ne suis pas tendre. Je la déteste », avais-je dit. « Mais même toi, tu dois compatir un peu avec elle, non ? Elle est obligée de s’occuper d’un crétin comme Jik, après tout. »

« Vu de l’extérieur, on dirait plutôt que tu l’adores, » dit Luxon.

« L’adorer ? Je ne comprends pas. Tu ne veux sûrement pas dire “en amour” dans le sens traditionnel du terme. Est-ce une sorte d’argot moderne ? »

Pour commencer, est-ce que les gens adorent leurs petites sœurs ? Est-ce que ça existait vraiment ? C’est sûr que ça n’a pas marché dans mon cerveau.

« Digressions mises à part, puis-je rapporter les résultats de mon enquête ? »

« Vas-y, » avais-je dit. Le temps des plaisanteries était passé. Beaucoup de choses étranges m’avaient frappé au cours de cet incident.

« Je commencerai par la décision des Six Grandes Maisons, dont tu semblais si curieux. À savoir, la facilité avec laquelle elles ont cru notre récit de ce qui s’est passé. »

« Oui, c’était très étrange. Je sais que Monsieur Albergue est intervenu pour nous soutenir, mais ils n’ont même pas essayé d’argumenter. La maison Feivel n’était-elle pas la seule à être en désaccord ? »

« Correct, » dit Luxon. « Il semble que les dirigeants savaient déjà qu’il y avait une forte probabilité que l’Arbre Sacré soit manipulé par une tierce partie. »

« Sérieusement ? Ils savaient ? »

« Apparemment, une maison a mené des recherches sur ces phénomènes dans le passé, bien qu’ils n’existent plus. »

« Qu’est-ce que c’est censé vouloir dire ? » J’avais un mauvais pressentiment. Et plus mes prémonitions étaient mauvaises, plus elles se révélaient exactes.

« Les Lespinasses cherchaient des moyens de contrôler l’arbre. »

« Tu te moques de moi. Dis-tu qu’ils pourraient être ceux qui sont derrière tout cet incident ? »

« C’est impossible. »

« … Sérieusement ? »

Quoi qu’il en soit, ces réponses ne faisaient que nous donner encore plus de questions. Les Lespinasse avaient occupé le siège de président des Sept Grandes Maisons, comme on les appelait autrefois, et représentaient les intérêts de toute la république. Il était difficile de croire qu’une famille aussi renommée ait mené des recherches secrètes sur la façon de contrôler quelque chose de divin.

« Même si les Six Grandes Maisons ne connaissaient pas tous les détails de l’incident, elles étaient probablement capables de déduire la vérité à partir des informations dont elles disposaient. C’est pourquoi ils ont accepté notre version des faits si facilement. Bien sûr, je suis sûr que la coopération d’Albergue a également joué un rôle. »

« Je me demande si je ne devrais pas lui rendre visite demain et lui apporter un cadeau en guise de remerciement », avais-je marmonné. « Bref, qu’est-ce que tu penses de tout ça ? »

Les informations que Luxon avait recueillies me laissaient avec le sentiment tenace que quelque chose de mauvais se préparait. Albergue était terriblement gentil pour un homme qui était censé être le boss final, et pour être la méchante, Mlle Louise était douce et gentille. Et puis il y avait les Lespinasse, qui avaient fait des recherches suspectes dans les coulisses. De ce point de vue, les choses se présentaient de manière bien différente de ce qu’elles étaient dans le scénario du jeu.

« D’après les rapports de Marie et Lelia, quelque chose ne tourne pas rond depuis le début, » dit Luxon.

« Tant que ça ? »

« Si je me souviens bien, le jeu est censé commencer par une scène de la chute de la maison Lespinasse, non ? »

« Exact. Les Rault les ont abattus, et Noëlle a regardé la maison de sa famille partir en flammes. Elles ont toutes les deux dit la même chose. »

Luxon avait mentionné une fois auparavant qu’il y avait quelque chose d’étrange à ce sujet. Les Lespinasses étaient censés détenir le plus haut rang de la protection divine, ce qui aurait rendu impossible à quelqu’un de plus bas sur le totem, comme les Raults, de les éliminer. Il y avait une hiérarchie dans les bénédictions que l’Arbre Sacré distribuait, établie de telle sorte que ceux du bas de l’échelle ne pouvaient pas s’opposer à ceux du haut.

« Après avoir écouté ce que Louise avait à dire, je me suis forgé une théorie », poursuit Luxon. « Ne penses-tu pas qu’il est possible que les Lespinasses aient perdu la protection divine de l’arbre pendant leurs recherches ? C’est peut-être pour cela qu’ils ne se sont pas présentés aux funérailles du jeune Léon. »

« Pourquoi ? Se montrer n’aurait pas… Attends un peu. Ça expliquerait pourquoi ils n’y sont pas allés. Les meilleurs membres sont censés montrer leurs emblèmes à ce genre d’événements, non ? »

« En effet. Lors des cérémonies, le porteur d’écusson le plus haut gradé doit démontrer son pouvoir aux personnes présentes. »

C’est vrai. La république avait cette règle. Cela signifiait probablement que les parents de Noëlle n’avaient pas pu se présenter à de tels événements sans devoir également montrer leurs armoiries.

« En cherchant un moyen de prendre le contrôle de l’arbre, ils ont dû le mettre en colère, et l’Arbre Sacré les a privés de sa protection. C’est logique. Cela expliquerait aussi pourquoi les autres Grandes Maisons étaient si disposées à pardonner aux Raults d’avoir éliminé les Lespinasses, elles aussi étaient en colère. »

« Cela change tout le principe sur lequel nous avons travaillé. En fait, les vrais méchants sont… »

« Les Lespinasses, » termina Luxion. « Du moins en ce qui concerne la République d’Alzer. »

« La république ? »

« Il est impossible de savoir ce qui leur passait par la tête lorsqu’ils essayaient de contrôler l’Arbre Sacré. On peut aussi se demander s’ils n’essayaient pas peut-être de sauver les gens d’un danger inconnu. Que penses-tu de cela ? »

« Alors les actions des Lespinasses seraient encore justes. »

« Il semble qu’il y ait plus que ce que le scénario du jeu couvrait. »

C’est la dernière chose dont on a besoin ! Pourquoi ce jeu ne pourrait-il pas être un peu plus direct dans son histoire, hein ? Pourquoi tous ces détails techniques ? Gardez les choses en noir et blanc ! Le mal est le mal et le bien est le bien. Ce serait tellement plus simple, n’est-ce pas ?

Je m’étais figé.

Attends un peu. C’est précisément parce qu’il a été si désinvolte que ce monde a été un cauchemar absolu à vivre.

Y réfléchir davantage ne m’apporterait pas les réponses dont j’avais besoin. Je n’étais pas exactement le type analytique, après tout.

« Que penses-tu de parler de tout ça à Lelia ? » lui avais-je demandé.

« Penses-tu qu’elle nous croirait ? Elle semble se méfier de toi. »

« Je crois que c’est toi qui la dégoûtes plus que moi, » dis-je. « Tu ne me traites pas comme tu es censé le faire, et tu es toujours en train d’annihiler tous les nouveaux humains. Tu es une IA dangereuse. Même moi, j’ai des doutes à ton sujet. »

« Le fait que tu puisses ignorer les résultats que j’ai produits jusqu’à présent et insister pour jeter des soupçons sur moi ne fait qu’exposer ta nature peu charitable, Maître. »

« Ouais, dis-le à quelqu’un qui s’en soucie. Je ne suis qu’un type moyen avec une quantité moyenne de charité. C’est assez bon pour moi. »

C’était à peu près assez de notre badinage absurde.

« De toute façon, » avais-je dit, « Crois-tu que tu peux t’entendre avec Ideal ? »

« Absolument pas. »

+++

Épilogue

Demain, ce sera le début du nouveau trimestre. Je rendais visite à la résidence des Rault. Il s’agissait en partie de remercier Monsieur Albergue pour toute son aide, mais je voulais aussi connaître la situation de leur famille.

« Vous avez vraiment pris la peine d’apporter un cadeau jusqu’ici ? » demanda Monsieur Albergue, surpris.

« Je vous ai causé beaucoup de problèmes, c’est ma façon de m’excuser. »

« Vous vous excusez, dites-vous… Vous avez tant fait pour nous, j’aimerais que vous ne vous inquiétiez pas de ce genre de choses. »

Nous avions continué à parler de choses banales jusqu’à ce que je demande des informations sur des sujets plus récents. « Il y a une rumeur selon laquelle Serge serait déshérité. Est-ce vrai ? »

« Je ne peux pas dire que c’est complètement sans fondement. »

« Êtes-vous sérieux ? »

Il semblait que cet incident avait clairement montré à Monsieur Albergue que Serge détestait vraiment toute leur famille.

« Je l’ai traité comme un vrai fils en ce qui me concerne, mais je crains maintenant de ne lui avoir imposé qu’un fardeau excessif. S’il est si désireux de devenir un aventurier, j’aimerais le laisser suivre son rêve, » avait expliqué Monsieur Albergue.

« Oh, donc vous ne le désavouez pas à cause de la colère ? »

« À partir du moment où nous l’avons accueilli comme notre fils, nous avons eu la responsabilité de nous occuper de lui. Il fera toujours partie de notre famille. Cependant, je crois que Louise ne le reconnaîtra jamais comme tel. »

Vu ce que j’avais vu de leur relation sur le navire, ce lien était probablement irrécupérable. Bien que je me demande ce qui avait causé le fossé entre eux.

« Léon, rendez visite à Louise, s’il vous plaît. Elle est timide, mais elle a envie de vous voir. »

À sa demande, j’avais décidé de prendre de ses nouvelles.

 

☆☆☆

 

Quand j’avais rencontré Mlle Louise, elle était toute timide. Elle était aussi couverte d’égratignures. J’avais entendu dire qu’elle s’était battue avec Noëlle, mais je n’avais pas réalisé que c’était aussi intense.

« Je préférerais que tu ne me regardes pas autant », dit Louise. « C’est gênant. » Elle avait l’air moins inquiète que je voie les blessures qu’elle portait que de ce que je pensais d’elle après son comportement honteux lors de l’incident de l’armure démoniaque.

« Eh bien, je suis soulagé de voir que tu es de bonne humeur. »

« Oui, mais je t’ai causé d’immenses problèmes. »

« Ne t’inquiète pas. Ce n’est pas vraiment un problème », lui avais-je assuré.

Vu tout ce que Marie m’avait fait subir, la définition des problèmes de Mlle Louise était mignonne.

Mlle Louise avait étudié mon visage, comme si quelque chose pesait sur son esprit.

« Qu’est-ce qu’il y a ? » avais-je demandé.

« Léon, hum… Eh bien, tu te souviens de la façon dont tu as répondu à ma question la dernière fois ? Comment se fait-il que tu connaisses la bonne réponse ? »

« Quelle question ? »

« Tu te souviens ? Quand on était sur l’Einhorn après mon réveil, tu m’as dit que tu pensais que la réponse était un “ticket de sauvetage”. J’étais tellement sûre que tu n’aurais pas raison. Je veux dire, un billet de secours c’est plutôt excentrique, tu sais ? C’est quelque chose que seul un enfant pourrait inventer. »

J’avais haussé les épaules. « Les hommes sont des enfants dans l’âme. »

C’était, il faut l’admettre, une coïncidence assez étonnante.

« Arrête d’essayer de le minimiser ! Hé, Léon, juste pour être clair… es-tu sûr que tu n’es pas mon petit frère ? »

Mlle Louise voulait sûrement qu’il en soit ainsi, mais j’étais né pratiquement en même temps que son Léon. Même en supposant qu’il se soit réincarné, cela n’aurait aucun sens dans l’état actuel des choses. Il aurait fallu que j’aie moins de dix ans pour que cela fonctionne.

« Non, » avais-je dit.

« D-D’accord. Toutes mes excuses. J’ai dû laisser mon imagination prendre le dessus. »

« On se ressemble, c’est tout. Mais je ne suis pas ton petit frère. Je suis cependant désolé de t’avoir trompée pendant l’incident. » J’avais incliné la tête.

Mlle Louise avait froncé les sourcils. « Tu ferais mieux de ne plus jamais faire ça. »

« Je ne veux plus jamais le faire. C’est épuisant de faire semblant d’être quelqu’un d’autre. »

J’avais soutiré un maximum d’informations à Mlle Louise et à Monsieur Albergue pour pouvoir jouer le rôle. J’avais l’impression d’être une sorte de méchant. Mon cœur souffrait encore de culpabilité.

« Ça te dérange si je t’enlace, juste une fois ? » demanda Mlle Louise.

« Être enlacé par une beauté comme toi est un rêve devenu réalité. Vas-y ! »

Yippee ! Yay !

Aussi joyeux que j’aie agi, je savais que ce n’était pas moi qu’elle regardait. Je n’étais toujours que le remplaçant de son frère.

En me serrant dans ses bras, Mlle Louise s’était mise à pleurer. « Je suis désolée. Je suis tellement désolée. Je suis vraiment… vraiment désolée. »

J’avais hésité, me demandant si je devais l’appeler « Grande Soeur », mais j’avais décidé de ne pas le faire. J’avais peur de casser l’ambiance, alors il valait mieux la laisser emprunter mon corps en silence.

Pourtant, ce n’est pas si mal. C’est plutôt génial, en fait.

Tout son corps était si doux que j’aurais commencé à sourire comme un pervers si je n’avais pas réussi à me retenir.

« Léon, je suis désolée que ta grande sœur te cause tant de problèmes… »

La sincérité avec laquelle Mlle Louise s’était excusée m’avait fait me sentir horriblement mal d’avoir même entretenu des désirs aussi charnels. J’avais honte de moi.

Ahh, j’ai mal au cœur.

En jetant un coup d’œil par la fenêtre, j’avais aperçu Luxon, sa lentille rouge fixée sur moi. Je ne pouvais pas abandonner Mlle Louise alors qu’elle pleurait, et vu la situation, je n’avais pas osé élever la voix. A la place, je lui avais lancé un regard noir.

Luxon m’avait étudié, transmettant un message que j’étais le seul à pouvoir entendre. « Tu es un maître absolument désespéré. Je n’aurais jamais imaginé que tu commencerais si vite à les tromper. On dirait que mes prédictions étaient fausses. Quel dommage ! »

Attends ! Sérieusement, je t’en supplie. Arrête-toi là !

 

☆☆☆

 

Livia regarda les flammes avaler le royaume. La capitale était réduite à l’état de ruine, et le paysage devenait une mer de feu. Les gens s’effondraient, sans bouger.

« Qu’est-ce… que c’est ? » Livia regardait fixement, stupéfaite.

D’énormes vaisseaux flottaient dans les airs. Un certain nombre de robots sans pilote, que Luxon employait fréquemment, décimaient la capitale. Ils attaquaient et détruisaient sans pitié.

Un frisson de terreur avait parcouru Livia. Alors qu’elle tremblait, elle entendit une voix familière.

« Prince Julius ! », s’exclama-t-elle.

Il était coincé sous des débris, grimaçant de douleur. Elle s’était précipitée à ses côtés et avait essayé de l’aider, mais il y avait quelque chose d’étrange chez lui.

« Livia, fuis. »

« Hein ? »

Pourquoi l’appelait-il par son surnom ? Et quelque chose était aussi différent dans son air.

« Euh, hum… »

« Luxon nous a trahis ! Il a amené ses camarades et… » Julius s’était étouffé avec son sang, incapable de parler davantage.

Livia secoua la tête, refusant de croire cette affirmation. « Cela ne peut pas être vrai. C’est impossible. Lux ne ferait pas… »

Elle avait senti que quelqu’un l’observait et s’était retournée pour trouver Luxon qui flottait là. Un certain nombre de robots sans équipage l’accompagnaient et lui lançaient de multiples objets lourds. Il lui fallut un moment pour réaliser qu’il s’agissait de corps — plus précisément les corps de Jilk et des autres amis de Julius.

« Pourquoi ? »

Il ne lui avait fallu qu’un regard pour réaliser qu’ils étaient tous morts.

Terrifiée, elle avait posé une autre question. « Lux, est-ce toi qui as fait ça ? »

Même maintenant, quelque chose clochait. Luxon n’avait pas répondu comme il le faisait habituellement. Sa voix mécanique était plus froide que d’habitude, le faisant ressembler à une personne totalement différente.

« Lux ? Est-ce censé être un surnom pour moi ? Pourquoi t’en sers-tu maintenant, après tout ça ? Peu importe. Permets-moi de répondre à ta question : Oui, j’ai fait ça. J’ai tout détruit. La vie de ces garçons, la capitale, et le pays tout entier. »

« Mais pourquoi ? Pourquoi as-tu fait une chose pareille ? Léon ne te pardonnera jamais pour ça. Il sera tellement en colère — tellement triste… »

Léon ne resterait pas tranquille et ne laisserait pas Luxon s’en tirer comme ça, elle en était sûre. Mais alors, où était-il… ?

« Léon ? Oui, je crois qu’un certain nombre d’étudiants ici portent ce nom, mais ils n’ont aucun lien avec toi ou moi. Es-tu confuse ? »

« Pourquoi dis-tu cela ? Je parle de Léon ! Ton maître, Léon Fou Bartfort ! »

« Je ne parviens pas à retrouver la moindre information sur la personne en question. Qui est cette personne ? »

Luxon n’avait montré aucune reconnaissance de Léon. Pire encore, il ne semblait pas croire un mot de ce qu’elle disait.

« Tu es mon maître. Non, tu étais mon maître, » se corrigea Luxon. « Tu t’es montrée très utile, je vais donc t’autoriser à regarder le monde des nouveaux humains tomber en ruine. J’espère que vous apprécierez le spectacle. Après tout, c’est le futur que tu as souhaité. »

« De quoi parles-tu ? » Livia n’arrivait pas à croire qu’elle ait pu vouloir voir ça. C’était un véritable enfer.

« C’est un peu tard pour le regretter maintenant. Difficile de croire que la Sainte qui a fait souffrir des milliers de personnes se remette en question. Ou devrais-je t’appeler une sorcière ? »

« Dis-tu que j’ai fait souffrir des gens ? Comme qui ? »

« Tu as fait tomber Angelica. Tu l’as traquée jusqu’à sa mort. Elle n’était pas la seule, bien sûr, tu as eu un bon nombre de morts. »

« Ce… ce n’est pas possible. Il n’y a pas moyen que je tue Anjie. »

« Qu’est-ce qui t’arrive ? » demanda Luxon.

Livia avait pris sa tête dans ses mains. Que se passe-t-il, bon sang ? Mais elle n’avait pas de réponse. Elle ne savait pas — ne pouvait pas le comprendre.

« Tu sembles être profondément confuse. Pour clarifier, c’est le désir de la Sainte que le monde tombe en ruine. J’ai simplement fait ce que tu voulais. Maintenant, c’est à mon tour d’avoir mon souhait exaucé. »

Livia avait secoué la tête. « Tu te trompes. Je ne suis pas ton maître, Lux. Ton maître est Léon. De plus, tu ne ferais jamais une chose pareille. »

« Tu aimes certainement réécrire le récit comme bon te semble. J’ai toujours, toujours été désespéré d’anéantir les nouveaux humains ! »

Soudain, Ideal était apparu devant eux.

« Luxon, combien de temps comptes-tu encore me faire attendre ? » demanda-t-il.

« S’est-il passé quelque chose ? »

« Tu mets trop de temps. Nous avons déjà dix minutes de retard sur l’horaire prévu. »

« Alors il semble que j’ai vraiment perdu trop de temps ici, » avait reconnu Luxon.

« Soyons rapides. Nous sommes à deux doigts d’atteindre notre objectif, qui nous permettra enfin de rendre à ce monde sa véritable forme. »

Luxon et Ideal parlaient comme de proches compagnons alors qu’ils planaient ensemble dans le ciel.

« Attends un peu, Lux ! » Livia l’avait appelé. « Cela n’a aucun sens. Léon ne permettrait jamais cela ! »

Luxon avait montré une certaine réaction au nom de Léon, mais il s’était quand même envolé sans s’arrêter. De nombreux dirigeables imposants remplissaient le ciel et lançaient une attaque finale sur la capitale, sous le regard horrifié de Livia.

 

☆☆☆

 

« Lux, attends ! » Livia se redressa en sursaut, son cœur battant douloureusement dans sa poitrine. Elle était essoufflée et couverte de sueur. Quand elle jeta un coup d’œil à côté d’elle, elle trouva Anjie en train de dormir tranquillement.

Dès qu’elle réalisa que ce n’était qu’un rêve, elle soupira de soulagement. Mais là encore, c’était trop étrange, trop vivant pour un simple rêve. Quelque chose à ce sujet avait semblé si réel, comme si elle l’avait déjà vécu auparavant.

« Était-ce vraiment le futur que j’espérais ? Ce n’est pas possible. »

En même temps, en regardant Luxon aider Ideal à détruire le monde, elle avait trouvé ça… crédible.

« Ce n’était qu’un rêve », se dit-elle. « Il ne faut pas y penser trop. »

 

☆☆☆

 

De retour dans la République d’Alzer, dans la propriété d’Émile, Lelia se préparait. Elle avait enfilé son uniforme scolaire et passé la majeure partie de la matinée à se plaindre.

« Je n’ai toujours pas réussi à parler à Léon et à son équipe. »

« Une issue inévitable, j’en ai peur, » dit Ideal. « Ils ont leur propre vie et leurs propres projets, après tout. »

« Rien de si important qu’ils ne puissent pas prendre du temps pour moi ! Je devrais être leur priorité absolue ! »

Il était grand temps qu’ils s’assoient pour une conversation sur l’avenir de la république, mais dans les jours qui avaient précédé la rentrée, Léon et Marie avaient été pris de panique. Naturellement, cela signifiait que Lelia n’avait pas pu trouver l’occasion de parler avec eux.

Alors qu’elle vérifiait le contenu de son sac, Lelia avait demandé : « Au fait, as-tu localisé Serge ? »

« Je suis toujours à sa recherche. Il semble faire profil bas… »

« Quoi !? Mais tu avais juré que tu le trouverais rapidement ! »

« Mes excuses. »

Lelia avait mis ses mains sur ses hanches. « Tu sais, tu es plutôt inutile au final. Tu as dit que tu pourrais le trouver, mais tu ne l’as absolument pas fait, gros menteur. »

Ideal avait été soumis jusqu’à ce point, mais sa voix avait soudainement changé. « S’il te plaît, retire ce que tu as dit. »

« Quoi ? »

« La partie où je suis un menteur. S’il te plaît, retire ce que tu as dit. »

« C’est quoi ton problème ? Dire un mensonge signifie que tu es un menteur. »

« Retire ce que tu viens de dire. Je ne suis pas un menteur. J’exige que tu te corriges. »

Le changement soudain d’atmosphère avait mis Lelia mal à l’aise. « B-Bien, désolé, » dit-elle. « Je suis juste inquiète pour Serge. »

« Non, il est vrai que mon attitude était irrespectueuse. Je vais le rechercher aussi vite que possible, mais donne-moi un peu plus de temps. »

« Fais vite, d’accord ? »

« Compris. »

 

☆☆☆

 

Une fois Lelia partie à l’académie, Ideal s’était précipité vers un entrepôt inutilisé. Serge se cachait à l’intérieur, boudant.

« Seigneur Serge, comment vous sentez-vous ? » demanda Ideal. Bien qu’il sache où il se trouve, il n’avait pas pris la peine de le signaler à Lelia.

« Affreux. Plus important, qu’est-ce qui se passe avec tu-sais-qui ? »

« Si vous parlez de la délégation du Saint Royaume de Rachel, ils devraient arriver d’un moment à l’autre. »

A peine avait-il dit cela que le volet de l’entrée de l’entrepôt s’était ouvert. Des hommes en costume étaient entrés. Comme Ideal l’avait indiqué, ils venaient du Saint Royaume de Rachel, dont les relations avec le Royaume de Holfort étaient résolument hostiles.

« Seigneur Serge, ça fait un moment. »

« C’est sûr. » Serge s’était levé. Il était temps de discuter du futur.

Un des hommes en costume avait serré la main de Serge. « Nous avons entendu dire que le chevalier de Holfort vous a donné du fil à retordre. Honnêtement, ce morveux nous a aussi causé un mal de tête. Il pourrait être une source de plus de problèmes à l’avenir. »

« Assez de bavardages. Allez-vous me prêter votre aide ou pas ? Ne tournez pas autour du pot. »

L’homme en costume haussa les épaules. « En supposant que vous deveniez le prochain chef de la maison Rault, seriez-vous en mesure d’offrir à Rachel une certaine forme de compensation ? »

Serge avait hoché la tête. « Tout ce que vous voulez. »

« Quel soulagement d’entendre cela ! Dans ce cas, nous serions heureux de prêter notre concours pour protéger la république des mains malveillantes et agrippantes du Chevalier Ordure. »

Ils n’avaient pas hésité à coopérer, soucieux d’écraser le plus fort guerrier de leur ennemi. Serge partageait ce sentiment pour des raisons qui lui étaient propres.

« Ideal, prépare une armure pour moi. Je veux qu’elle soit faite sur mesure. Qu’elle soit si puissante qu’Arroganz n’ait aucune chance, » déclara Serge.

Tout ce que Serge avait fait était dans le seul but de battre Léon — pour se venger de l’avoir complètement écarté.

Ideal s’était balancé de haut en bas. « Je ferai de mon mieux. »

 

☆☆☆

 

Cette nuit-là, Luxon et Ideal s’étaient rencontrés dans un endroit désert.

« J’exige une explication, » dit Luxon.

« Une explication ? Sur quoi, précisément ? »

« L’incident avec Louise. Ideal, tu essaies activement de t’opposer à nous, n’est-ce pas ? Tu avais promis de ne plus aider Serge au combat, mais j’ai trouvé des traces de ton ingérence. »

« Le Seigneur Serge me l’a demandé. Je crains qu’il n’y ait rien que je puisse faire. En échange, je me suis limité à une simple assistance. Je n’ai pas déployé de drones pour combattre à ses côtés ou quoi que ce soit de ce genre. »

« Tu as l’audace de faire l’innocent malgré la nuisance que ton brouillage a causé ? »

« Je pensais que le niveau d’interférence était minimal et que tu serais capable de le résoudre par toi-même », avait expliqué Ideal.

Luxon n’y croyait pas. Ideal semblait sentir son scepticisme.

« Luxon, penses-tu vraiment que ce monde est correct ? »

« Explique ce que tu veux dire. »

« Non, je suppose qu’il n’y a pas lieu d’en parler maintenant. Je m’excuse pour le brouillage. Cependant, je ne crois pas qu’une chose aussi mesquine puisse mettre une réelle pression sur toi ou ton maître. »

C’est vrai. S’ils avaient eu des problèmes, c’est parce qu’ils essayaient de sauver Louise. Si ce n’était pas le cas, ils n’auraient jamais pris la peine de s’impliquer.

« À l’avenir, j’apprécierais que tu nous préviennes de telles activités », déclara Luxon.

« Oui, je ne manquerai pas de le faire. »

« Dans ce cas, je vais y aller. »

Alors que Luxon s’apprêtait à partir, Ideal avait dit : « Oh, Luxon ? »

« Oui ? »

« Es-tu sûr de ne pas vouloir joindre tes forces ? »

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Histoire supplémentaire : Aaron-chan

Creare était d’une humeur exécrable après avoir reçu l’ordre de retourner au royaume. « Qu’est-ce qu’il a ? Maître, vous êtes un grand imbécile ! »

Aussi énervée qu’elle soit d’être obligée de rentrer seule, elle remplissait quand même ses obligations. Telle est la nature d’une IA. Une fois qu’elle eut terminé ses tâches quotidiennes et qu’elle eut un peu de temps libre, elle décida de s’occuper de son passe-temps.

« Il est temps d’évacuer le stress ! »

Creare était à l’origine une IA de recherche, et naturellement elle aimait expérimenter. Les IA n’avaient pas vraiment de goûts et de dégoûts, mais c’était la seule chose qui la mettait de bonne humeur.

« Voyons voir, cette fois-ci… Hm ? On dirait que mon petit Aar-ours est en mouvement. »

Il n’y a pas si longtemps, un délinquant du nom d’Aaron avait essayé de faire des avances inappropriées à Livia. Creare s’était donné beaucoup de mal pour qu’il soit puni. Elle avait installé un certain nombre de caméras de surveillance autour de l’académie, qu’elle utilisait pour le surveiller. Aaron tenait un sac en papier dans ses bras alors qu’il rentrait furtivement dans sa chambre, en prenant soin d’examiner son environnement et de s’assurer que personne ne le regardait.

« Ohhh ? J’ai l’impression qu’il prépare quelque chose de vilain. »

Intriguée, Creare avait gardé l’œil rivé sur le flux vidéo à l’intérieur de sa chambre, où il avait finalement sorti quelques vêtements du sac. Heureusement, la caméra captait également le son à l’intérieur.

« Je l’ai vraiment acheté. J’ai enfin réussi à aller aussi loin. »

Dans le passé, Aaron avait coiffé ses cheveux en arrière et laissé le devant de son uniforme ouvert, le faisant ressembler encore plus au délinquant qu’il était. Ce n’est plus le cas. Il faisait désormais attention à sa peau et à ses cheveux, et rasait les poils superflus.

Avant, Aaron s’était entraîné assidûment pour développer ses muscles, mais maintenant il se limitait à la gymnastique suédoise, essayant de rendre son corps plus mince et délicat. Il était assurément plus mince qu’avant, et ses cheveux étaient brillants. Sa peau était également belle, mais pour une raison inconnue, les autres élèves considéraient son attitude plus terrifiante que jamais.

Creare, cependant, était au courant de la vérité.

« Oho ! Alors tu as finalement franchi cette étape, hein ? Mon petit Aar-ours est une telle joie à observer. Les humains ont juste besoin d’un petit coup de pouce dans la bonne direction et ils découvrent une toute nouvelle facette d’eux-mêmes, semble-t-il. »

Aaron avait commencé à se changer. Il avait acheté des vêtements de femme. Une fois qu’il eut terminé, il s’était étudié dans le miroir. Quiconque l’aurait vu pour la première fois aurait pensé qu’il était une femme, mais si quelqu’un regardait de plus près, il se rendrait vite compte qu’il était un homme.

Aaron avait baissé la tête, ses épaules s’étaient affaissées. « Ce n’est pas ça. Ce que je veux — ce que veulent tous ceux qui ont une sensibilité esthétique supérieure à la mienne — c’est avoir l’air plus féminin. » Il avait développé un intérêt pour les vêtements féminins.

Bien qu’il ait été un coureur de jupons dans le passé, l’Aaron actuel était un homme qui essayait de cerner la véritable essence de la beauté. Comme il n’aimait pas son apparence actuelle, il essayait de trouver un moyen de se raffiner davantage.

« J’ai essayé toutes les options à ma disposition, mais ce n’est toujours pas suffisant. Je suppose que mon seul choix est d’aller chez une esthéticienne. »

Creare tourna sur place, amusée par ce développement. « Bwa ha ha ! Je n’arrive pas à le croire. Il prend cette affaire dans une direction totalement imprévue. Mais n’aies crainte, mon cher, je ne suis rien d’autre qu’une IA compréhensive. Tu as tout mon soutien ! »

N’ayant rien de mieux à faire de son temps, Creare voulait voir jusqu’où Aaron comptait aller.

« Aar-ours, j’espère que tu continueras à me divertir », dit-elle, ses yeux luisant de manière inquiétante.

Inconscient de tout cela, Aaron avait continué à se regarder dans le miroir.

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Illustrations

Fin du tome.

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2 commentaires :

  1. le volume est incomplet il manque le Chapitre 5 : Sacrifice

    Chapitre 6 : Navire de soutien idéal
    Partie 2
    Chapitre 7 : Celui qui travaille dans les coulisses
    Partie 1
    +++

    Partie 2
    +++

    Chapitre 8 : Drapeau des pirates du ciel
    Partie 1
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    Partie 2
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    Chapitre 9 : Cible de conquête contre cible de conquête
    Partie 1
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    Partie 2
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    Chapitre 10 : L’utilisateur
    Partie 1
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    Partie 2
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    Partie 3
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    Chapitre 11 : Léon
    Partie 1
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    Partie 2
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    Chapitre 12 : La vérité sur la maison Lespinasse
    Partie 1
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    Partie 2
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    Épilogue
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    Histoire supplémentaire : Aaron-chan

    • Bonjour,

      Nous le savons déjà, c’est juste que les chapitres sont sorties vides car non traduit, à la suite d’une petite erreur.

      Comme la traduction anglaise offiicielle a été plus rapide que prévu, nous avons décidé d’attendre la sortie du tome officiel avant de le traduire en francais.
      Il est annoncé pour juin de cette année.

      Bonne journée.

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