Le Dilemme d’un Archidémon – Tome 6
Table des matières
- Prologue
- Chapitre 1 : La phase de rébellion d’une fille est assez angoissante pour même terrifier un Archidémon : Partie 1
- Chapitre 1 : La phase de rébellion d’une fille est assez angoissante pour même terrifier un Archidémon : Partie 2
- Chapitre 1 : La phase de rébellion d’une fille est assez angoissante pour même terrifier un Archidémon : Partie 3
- Chapitre 1 : La phase de rébellion d’une fille est assez angoissante pour même terrifier un Archidémon : Partie 4
- Chapitre 1 : La phase de rébellion d’une fille est assez angoissante pour même terrifier un Archidémon : Partie 5
- Chapitre 1 : La phase de rébellion d’une fille est assez angoissante pour même terrifier un Archidémon : Partie 6
- Chapitre 1 : La phase de rébellion d’une fille est assez angoissante pour même terrifier un Archidémon : Partie 7
- Chapitre 2 : Ma mignonne fille a grandi et j'ai rétréci. Et maintenant ? : Partie 1
- Chapitre 2 : Ma mignonne fille a grandi et j'ai rétréci. Et maintenant ? : Partie 2
- Chapitre 2 : Ma mignonne fille a grandi et j'ai rétréci. Et maintenant ? : Partie 3
- Chapitre 2 : Ma mignonne fille a grandi et j'ai rétréci. Et maintenant ? : Partie 4
- Chapitre 2 : Ma mignonne fille a grandi et j'ai rétréci. Et maintenant ? : Partie 5
- Chapitre 2 : Ma mignonne fille a grandi et j'ai rétréci. Et maintenant ? : Partie 6
- Chapitre 2 : Ma mignonne fille a grandi et j'ai rétréci. Et maintenant ? : Partie 7
- Chapitre 2 : Ma mignonne fille a grandi et j'ai rétréci. Et maintenant ? : Partie 8
- Chapitre 2 : Ma mignonne fille a grandi et j'ai rétréci. Et maintenant ? : Partie 9
- Chapitre 3 : Ceux qui vivent au fond de la mer ne sont vraiment pas honnêtes avec eux-mêmes : Partie 1
- Chapitre 3 : Ceux qui vivent au fond de la mer ne sont vraiment pas honnêtes avec eux-mêmes : Partie 2
- Chapitre 3 : Ceux qui vivent au fond de la mer ne sont vraiment pas honnêtes avec eux-mêmes : Partie 3
- Chapitre 3 : Ceux qui vivent au fond de la mer ne sont vraiment pas honnêtes avec eux-mêmes : Partie 4
- Chapitre 3 : Ceux qui vivent au fond de la mer ne sont vraiment pas honnêtes avec eux-mêmes : Partie 5
- Chapitre 3 : Ceux qui vivent au fond de la mer ne sont vraiment pas honnêtes avec eux-mêmes : Partie 6
- Chapitre 3 : Ceux qui vivent au fond de la mer ne sont vraiment pas honnêtes avec eux-mêmes : Partie 7
- Chapitre 3 : Ceux qui vivent au fond de la mer ne sont vraiment pas honnêtes avec eux-mêmes : Partie 8
- Chapitre 3 : Ceux qui vivent au fond de la mer ne sont vraiment pas honnêtes avec eux-mêmes : Partie 9
- Chapitre 3 : Ceux qui vivent au fond de la mer ne sont vraiment pas honnêtes avec eux-mêmes : Partie 10
- Chapitre 4 : La colère d'un dragon peut mener à la fin du monde, alors soyez prudent : Partie 1
- Chapitre 4 : La colère d'un dragon peut mener à la fin du monde, alors soyez prudent : Partie 2
- Chapitre 4 : La colère d'un dragon peut mener à la fin du monde, alors soyez prudent : Partie 3
- Chapitre 4 : La colère d'un dragon peut mener à la fin du monde, alors soyez prudent : Partie 4
- Chapitre 4 : La colère d'un dragon peut mener à la fin du monde, alors soyez prudent : Partie 5
- Chapitre 5 : Épilogue
- Extra
- Chapitre 7 : Illustrations
***
Prologue
« Chastille, qu’est-ce que cela veut-il dire ? » Nephteros fit irruption dans le bureau de Chastille et se mit immédiatement à crier.
Chastille, de son côté, sauta hors de sa chaise, qui lui avait fait que ses cheveux roux, qui étaient attachés au côté gauche de sa tête, se mirent à voler, et la plume d’oie dans sa main droite envoya des gouttelettes d’encre dans toute la zone. Comme elle était dans son bureau, elle portait un uniforme classique au lieu de son armure sainte habituelle.
La femme qui lui faisait face, Nephteros, avait de son côté des cheveux argentés et des yeux dorés. Sa peau foncée et ses oreilles pointues étaient caractéristiques des elfes noirs, dont on disait qu’ils possédaient un pouvoir considérable même parmi les elfes. Les documents qui étaient placés sur le bureau de Chastille semblaient être liés aux salaires des chevaliers angéliques.
« Mlle Nephteros, calme-toi, s’il te plaît. Que s’est-il passé ? » demanda Chastille.
« Attendez, Lady Nephteros, je suis sûre que Lady Chastille avait beaucoup de choses à considérer. »
Derrière elle se trouvait Kuroka, une jeune fille aux cheveux noirs qui semblait tout agitée, et un jeune chevalier angélique. Les oreilles triangulaires au sommet de la tête de Kuroka tremblaient. C’était une cait sith. Ses yeux rouges ne se posaient sur rien de particulier et elle tenait une longue canne à la main. Elle était aveugle.
« Eeek !? Ai-je fait quelque chose de mal ? » demanda Chastille.
« Ne dis pas : “Ai-je fait quelque chose de mal” ? Pourquoi as-tu réduit les dépenses personnelles des Chevaliers Angéliques ? » demanda Nephteros.
« Eh bien, pour le dire franchement, les dons ont diminué, alors je dois gérer les fonds d’une façon ou d’une autre…, » déclara Chastille.
« Alors, n’abandonne pas la voie des dons ! Crois-tu que ces gens risquent leur vie pour une bouchée de pain ? Es-tu stupide !? Veux-tu provoquer une révolte ? » Nephteros commença à se disputer avec véhémence avec une attitude extrêmement menaçante, mettant Chastille au bord des larmes. Et alors qu’elle l’avait fait, les trois chevaliers qui lui servaient de subordonnés s’étaient joints à elle.
« Attendez, calmez-vous, Lady Nephteros. »
« Je vous en prie, n’en parlons plus. Nous n’avons aucune plainte à formuler au sujet de notre… désolé, ce n’est rien. »
Les chevaliers musclés furent lamentablement réduits au silence par un seul regard fixe de Nephteros.
Est-ce qu’elle essaie de me faire avouer la vraie raison pour laquelle j’ai fait ça ? Il semblait qu’elle n’avait pas fait irruption juste pour rejeter sa décision sans même écouter ce que Chastille avait à dire. Ainsi, Chastille ouvrit nerveusement la bouche en se tortillant les index.
« Mon prédécesseur a sollicité une somme assez importante de dons de la part de la population. Si nous essayons d’en prendre davantage, les gens ne pourront même plus vivre. Cela dit, il serait absurde de réduire les frais de condoléances que nous envoyons aux familles de ceux qui sont morts dans l’exercice de leurs fonctions, alors il n’y avait pas d’autre moyen de réduire les coûts…, » répondit Chastille.
Il y a quelques jours, à cause de la chimère qu’Archidémon Bifrons avait lancée en ville, plusieurs Chevaliers Angéliques avaient péri. Il y avait aussi eu un certain nombre de victimes il y a plusieurs mois, de sorte que le coût des frais de condoléances pour leurs familles et le coût de leur remplacement avaient mis beaucoup de pression sur leurs finances. Dans ce cas, la seule ligne de conduite possible était d’augmenter les demandes de dons, mais il y avait aussi une raison pour laquelle ils ne pouvaient pas le faire.
Je sais que c’est mal de ressentir ça, mais je ne peux pas les laisser favoriser Zagan…, L’Archidémon Zagan était un roi parmi les sorciers. Cependant, contrairement à son visage de méchant, la confiance que le peuple avait en lui était profonde. C’était parce que malgré son statut d’Archidémon, il se promenait en ville sans raison, aidait les autres et protégeait les faibles. Il avait déjà sauvé un grand nombre de personnes dans la ville.
De plus, il avait toujours sa fiancée elfe à ses côtés… et la façon dont ils s’aimaient maladroitement était devenue l’une des curiosités les plus célèbres de la ville. En le voyant faire l’imbécile, leur haine des sorciers s’était dissipée. De plus, comme l’Église et les sorciers étaient ennemis officiellement, une augmentation de la confiance envers Zagan signifiait aussi une diminution de la confiance envers l’Église, ce qui ne ferait qu’empirer les demandes de dons.
Nephteros poussa un soupir et prit un document inachevé sur le bureau de Chastille.
« Dans ce cas, arrête d’utiliser ce parchemin stupidement cher. Il faut cinquante moutons en entier pour en faire un seul livre, tu vois ? Il y a aussi des encres beaucoup moins chères, non ? » déclara Nephteros.
Le parchemin qu’ils utilisaient était fait de peau de mouton. Ils ne pouvaient obtenir qu’environ six feuilles d’un seul mouton, de sorte que même quatre feuilles étaient égales au salaire d’un citoyen ordinaire. Il était beaucoup moins cher d’utiliser du papier fabriqué à partir de plantes, mais comme celles-ci étaient en grande partie fabriquées par des sorciers, il était considéré comme plus approprié selon l’Église d’utiliser du parchemin pour les documents officiels plutôt que du papier.
« Non, désolée. C’est quelque chose que le siège de l’Église a décidé comme étant absolument nécessaire, donc je ne peux pas simplement les remplacer par quelque chose de moins cher…, » répondit Chastille.
« Ça ne s’applique pas à tout, n’est-ce pas ? De plus, si tu manques de dons, alors tu devras vendre de ce parchemin ou penser à d’autres façons de faire de l’argent, » déclara Nephteros.
« Je doute que les gens s’intéressent à acheter du parchemin…, » déclara Chastille.
« Si tu le vends tel quel, cela ne se vendra probablement pas. Mais pourquoi ne pas écrire les Saintes Écritures, ou les récits héroïques des Chevaliers Angéliques et en faire un livre ? Ces riches collectionneurs les achèteraient probablement, et si tu rédiges des livres comme ça, ne pourrais-tu pas leur faire regagner un peu de confiance envers l’Église, non ? »
Nephteros a vraiment beaucoup réfléchi, hein ? Chastille n’avait aucun moyen de réfuter cette idée. Chastille n’avait jamais pensé à quelque chose comme faire des livres et les vendre. C’est pourquoi elle avait montré honnêtement sa gratitude pour l’idée.
« Je vois. Faire des livres semble être une bonne idée. Je vais le mettre à l’épreuve tout de suite. Merci Nephteros, » déclara Chastille.
« H-Hmph ! C’est très bien tant que tu le fais, » déclara Nephteros. Elle s’était tournée sur le côté, car ses oreilles pointues étaient teintes en rouge jusqu’à leur extrémité. En voyant sa réaction, les visages de trois chevaliers qui tremblaient de peur se relâchèrent. Et peut-être parce qu’elle était la seule à ne pas pouvoir suivre la conversation, Kuroka les regardait fixement pendant tout le temps, et après un court moment, elle avait finalement souri.
« Mlle Nephteros, vous vous mettiez en colère pour le bien de tous les Chevaliers Angéliques, non ? Vous êtes vraiment gentille, » déclara Kuroka.
« Pourquoi dois-je m’inquiéter pour vous ? » avait rugi Nephteros. Cela faisait environ une semaine que Nephteros et Kuroka s’étaient installées dans l’église. Et avant qu’elles ne s’en rendent compte, le poste d’aide officiel que Kuroka était venue occuper était occupé par Nephteros. Comme les autres chevaliers angéliques s’inquiétaient de l’idée et s’étaient portés volontaires pour tout lui expliquer, elle était déjà capable de gérer les finances de l’église.
« Ce n’est rien… Je suis un profiteur, donc je vais au moins aider, » avait déclaré Neptheros à maintes reprises. Mais même ainsi, elle allait souvent trop loin dans ses paroles et, à ces moments-là, Kuroka intervenait en tant que médiatrice.
« Mais vous pensiez à tout le monde en ville, n’est-ce pas, Lady Chastille ? Je suis sûre que tout le monde en sera heureux ! » déclara Kuroka.
« … » Chastille se couvrit le visage, gênée par l’attitude attentionnée de Nephteros. Grâce à ces filles, son fardeau à l’église s’était beaucoup allégé.
Le malentendu avec Kuroka a également été résolu… C’était ce dont Chastille était le plus heureuse. Quand elles s’étaient rencontrées, Kuroka avait pensé qu’à Chastille était sa cible et avait essayé de la tuer. C’était une fille qui, en plus d’être aveugle, avait une personnalité douce et semblait complètement étrangère à toute forme de violence, mais avec une épée à la main, elle devenait un maître qui pouvait rivaliser avec Chastille. Elle possédait même assez de talent pour submerger complètement Chastille lorsqu’elles se trouvaient dans l’environnement confiné du bureau, alors ce n’était pas si attirant d’avoir cette fille qui en voulait à sa vie.
Elle était manœuvrée par l’Archidémon Bifrons, mais la cause principale du malentendu était le discours et la conduite trompeuse de Chastille. C’était au point qu’elle fut étonnée de voir à quel point les mots qu’elle disait étaient déroutants, et son sorcier la protégeant, Barbatos, rugissait de rire, s’exclamant. « Voilà la Chastille habituelle ! Je me souviens juste que ça l’a rendue triste d’une façon ou d’une autre. »
Hein ? J’ai l’impression que Barbatos m’appelle par mon nom ces derniers temps… En fin de compte, elle n’était pas très heureuse d’être traitée comme une pleurnicheuse inutile, mais est-ce que cela signifiait que le sorcier à la personnalité fétide l’avait reconnue d’une certaine façon ? Chastille secoua la tête comme si elle essayait de faire disparaître de telles pensées, puis baissa les yeux vers l’ordre écrit sur le document devant elle.
Archange Chastille Lillqvist. Je vous demande d’assister à la Conférence continentale interraciale des aînés en tant que représentant de l’Église.
C’était le nom de la réunion qui allait rassembler toutes les races du continent. Je me demande s’ils y assisteront tous.
***
Chapitre 1 : La phase de rébellion d’une fille est assez angoissante pour même terrifier un Archidémon
Partie 1
« Des vêtements… pour un rendez-vous ? »
Au cours de la nuit. Zagan s’était retrouvé à court de mots après avoir été informé de quelque chose par son majordome Raphaël. Trois jours s’étaient écoulés depuis qu’il avait invité Néphy à un rendez-vous, mais ils n’étaient pas encore allés le faire. Il y avait eu une forte augmentation du nombre d’habitants dans son château en raison de l’attaque de Bifrons contre Kianoides, ce qui les avait tous submergés de travail. Néphy elle-même était occupée à courir partout, s’occupant de tous les travaux ménagers du château.
Bifrons parvient encore à me gêner même après sa défaite. Les Archidémons sont vraiment quelque chose de problématique…, ce n’était pas comme si tout était de la faute de Bifrons, mais c’était sur lui que Zagan avait décidé d’exprimer son ressentiment. Et avec tout ce qui se passait, il avait été décidé que la date aurait finalement lieu une semaine plus tard, mais… Raphaël avait soudain abordé le sujet des vêtements comme s’il s’était souvenu de quelque chose.
Comme toujours, Zagan présentait un visage diabolique qui pouvait faire pleurer un enfant. Ses cheveux noirs, qu’il avait ignorés jusque-là, étaient au moins peignés et attachés, mais cela n’avait pas vraiment changé, et il portait une robe noire complètement unie avec un manteau rouge sur le dessus. Zagan regarda ses propres vêtements alors qu’il était en état de choc, puis se retourna vers son majordome.
« Je ne peux pas y aller avec ça ? » demanda Zagan.
« … Mon seigneur. Réfléchis-y bien. Entre Lady Néphy qui se présente à votre rendez-vous en tenue de chambre habituelle et Lady Néphy qui se présente après avoir mis tous ses efforts dans son apparence… qu’est-ce qui te rendrait plus heureux ? » demanda Raphaël.
« N’est-il pas évident que les deux me rendraient heureux ? » répondit Zagan avec une expression sérieuse. C’était sa réaction immédiate. Zagan n’avait pas l’intention de faire porter quelque chose d’embarrassant à Néphy, et elle était déjà magnifique dans son uniforme de bonne. Naturellement, la robe qu’elle portait lorsqu’il l’avait rencontrée pour la première fois était aussi très jolie, mais cela n’avait pas vraiment d’importance. Il était impossible pour Zagan d’attribuer un classement à son apparence.
« Ce n’est pas ce que je veux dire… Alors, est-ce que tu me dis que, peut-être, tu te moques de ce que Lady Néphy porte ? » demanda Raphaël en posant sa main sur son front d’une manière troublée.
« Non, c’est une tout autre histoire. J’aimerais bien qu’elle porte de nouveaux vêtements à notre rendez-vous, mais… Je vois. C’est donc ce que tu veux voulais dire par là, » déclara Zagan.
Son majordome avait raison. Zagan voulait absolument voir Néphy revêtir des vêtements à porter spécialement pour lui… En plus, il voulait vraiment la voir habillée comme ça. Dans ce cas, Néphy serait sûrement aussi heureuse de voir Zagan porter des vêtements bien choisis.
Mais… n’est-ce pas les seuls vêtements que je possède ? La raison pour laquelle les sorciers portaient des robes et des manteaux si démodés n’était pas à cause de leurs caprices ou pour créer une sorte d’atmosphère. C’était des forteresses qui étaient implantées avec toutes les formes de cercles magiques pour la défense, l’attaque, le renforcement physique et la régénération. Ce n’était pas quelque chose que l’on pouvait mettre dans des chemises fragiles ou des pantalons fantaisie que portaient les nobles et les roturiers. Cependant, ce n’était pas une raison suffisante pour que Zagan aille à son rendez-vous habillé comme un pouilleux. Il lui restait encore une semaine, donc il avait encore le temps de faire quelque chose pour remédier à la situation.
« Dis-moi, Raphaël. Que dois-je faire ? Quel type de vêtements serait approprié ? » demanda Zagan.
« Je ne suis pas non plus très versé dans ce domaine. Cependant, tu devrais peut-être commencer par régler ton problème d’hygiène, » déclara Raphaël.
« Mon hygiène !? » demanda Zagan.
Maintenant qu’il l’avait mentionné, Zagan avait réalisé qu’il portait les mêmes vêtements tous les jours. S’ils se salissaient ou commençaient à sentir mauvais, il pouvait s’en sortir à l’aide de la sorcellerie. Et parce qu’il pouvait décomposer la sueur et la saleté dans les moindres fissures jusqu’à la dernière bactérie, ce n’était pas comme s’il était sale. Cependant, la question de savoir s’il s’agissait ou non d’une question d’hygiène était différente.
« Et aussi, un gentleman porterait sûrement au moins une cravate, » ajouta Raphaël.
« Une cravate ? Je n’en possède même pas une, » avait gémi Zagan. La seule chose qu’il possédait et qui était proche était une corde utilisée pour pendre les gens.
Sûrement, quand le temps serait venu que Néphy et les autres puissent vivre librement sous la lumière du soleil, Zagan devrait porter des vêtements normaux et mener une vie normale. Ainsi, son obstacle actuel était d’acquérir ce premier ensemble de vêtements « normaux ». Après tout, un rendez-vous était apparemment quelque chose qu’un couple normal faisait.
« Alors… Je suppose que je dois aller acheter des vêtements…, » Zagan murmura, semblant se résigner à son sort. Mais il était certain qu’il devrait le faire sans qu’aucun des autres sorciers de son château ne le découvre et surtout Gremory.
« Raphaël, tu comprends ce que tu dois faire, n’est-ce pas ? » demanda Zagan en jetant un regard aiguisé sur Raphaël.
« C’est une question idiote, mon seigneur. Tout ce que j’ai à faire, c’est de cacher tes vraies intentions à tout le monde et de sceller les mouvements de ces satanés sorciers, non ? » demanda Raphaël.
D’un côté, il y avait le plus jeune Archidémon de l’histoire avec un visage méchant. De l’autre, il y avait l’ex-archange le plus redoutable, avec une énorme cicatrice sur le visage, qui avait un nombre de victoires proche de 500. La scène d’une conversation confidentielle entre eux deux avait suffi à faire croire à n’importe qui qu’ils complotaient des actes ignobles. Mais, en vérité, ils discutaient juste de la petite inquiétude de « Que dois-je faire pour paraître bien ? » Quoi qu’il en soit, Zagan acquiesça d’un signe de tête de satisfaction à la réponse de Raphaël, qui correspondait parfaitement à ses propres intentions.
« Je vois que mon majordome est plus impressionnant que jamais. Je te laisse le château, » déclara Zagan.
« Compris, » répondit Raphaël.
Il ne restait plus qu’à se procurer des vêtements pour un rendez-vous. Cela dit, il était un peu tard le soir pour sortir, puisqu’il était l’heure du dîner. Il s’était rendu compte que s’il voulait se rendre en ville, il faudrait que ce soit plutôt tard dans la nuit ou le lendemain matin.
Je n’ai pas le temps pour ça… C’est peut-être dangereux… mais dois-je compter sur Manuela… ? En repensant toutes les fois où elle avait choisi des vêtements pour les autres, il savait qu’il courait le risque d’être utilisé comme un jouet, mais on pouvait faire confiance aux yeux de cette vendeuse méfiante. Elle choisirait certainement des vêtements appropriés pour un rendez-vous… Ou plutôt, il n’y avait pas vraiment d’autre magasin où il pouvait imaginer demander une telle chose. Le nom de Zagan était trop connu à Kianoides. S’il leur ordonnait de choisir les vêtements pour un Archidémon à leur propre discrétion, la plupart des vendeurs se recroquevilleraient sans lui donner une réponse appropriée.
Heureusement que Raphaël le lui avait signalé avec une semaine d’avance. Il était vraiment très utile. Et au moment où il décida quel serait le meilleur moment pour s’échapper du château sans se faire remarquer…
« C’est un malentendu total, ma petite missy ! J’étais juste, genre, intéressée par ce qu’il y avait à l’intérieur ! Ou, genre, j’ai pensé que c’était peut-être adressé à moi ! »
« Qu’est-ce qui se passe… ? » Zagan et Raphaël plissèrent leurs sourcils en entendant ce cri qui provoquait des maux de tête. Peu de temps après, la porte s’était ouvert en même temps qu’on frappait. Celle qui était ensuite entrée, c’est Foll, et elle traînait Selphy par le cou. Comme toujours, Foll avait les cheveux verts tressés le long de son dos, et elle avait des cornes de dragon dépassant derrière ses oreilles. Ses yeux ambrés brillaient de mille feux, et à en juger par le souffle rude qui venait de son nez, elle semblait en colère à propos de quelque chose. Cette jeune fille était une descendante de dragons et était aussi la fille adoptive de Zagan. Elle avait Selphy dans la main gauche et une enveloppe dans la droite.
Quant à Selphy… C’était une fille aux cheveux bleus. Elle avait un joli visage quand elle se taisait, mais en ce moment, elle laissait couler une cascade de larmes tout en mendiant pour sa vie. Et peut-être parce qu’elle était trempée par ses larmes, la partie inférieure de son corps s’était transformée en une queue d’un poisson et se tortillait. C’était une sirène. Et, comme on pouvait s’y attendre, sa spécialité était le chant. Cependant, même sa voix en pleurs était anormalement bruyante.
« Puis-je entrer ? » Foll leva les yeux vers Zagan et Raphaël, s’arrêta et posa cette question. Apparemment, elle pouvait dire qu’ils parlaient de quelque chose de sérieux, et elle demandait si elle était une nuisance.
Ce n’est pas comme si c’était trop important. Je demandais juste un conseil en matière de rencontres… De l’extérieur, il y avait un sentiment de tension dans l’air qui rendait la réunion extrêmement sérieuse et dangereuse, mais Zagan lui-même ne le savait pas.
« Ouais. On a presque fini. Tu peux entrer, » déclara Zagan.
« Voilà. Une lettre pour toi, » Foll avait marché jusqu’à Zagan avec ses bagages en remorque.
« Oh. Bon travail… Au fait, qu’est-ce que c’est ? » demanda Zagan en jetant son regard vers Selphy.
« C’est un malentendu, Monsieur l’Archidémon ! Je n’essayais pas de lire votre lettre, je le jure ! Je ne suis pas si courageuse ! » Selphy commença à lui faire un appel d’une voix forte, alors que des larmes coulaient sur son visage.
« Alors pourquoi l’ouvrais-tu ? » demanda Foll en la fusillant du regard.
« … Je ne comprends pas vraiment ce qui se passe. Elle a essayé de lire ma lettre ? » demanda Zagan.
« Oui, » répondit Foll. Il semblait qu’elle l’avait prise en flagrant délit.
« Eh bien, je doute que quoi que ce soit d’important me soit envoyé par lettre, mais tu ne devrais quand même pas ouvrir les lettres des autres sans leur permission. Si c’était une lettre d’un sorcier, elle aurait pu exploser dès que tu l’aurais ouverte, » déclara Zagan.
« Ce n’est pas ça, d’accord ? L’expéditeur de cette lettre vient de chez moi, non ? Alors j’ai pensé qu’ils l’avaient peut-être envoyé ici pour moi…, » Selphy marmonna d’une voix craquante. Elle était devenue affreusement pâle et s’était mise à trembler violemment en entendant l’avertissement de Zagan. Elle ne mentait probablement pas. Cette fille était plutôt irréfléchie à l’occasion, mais elle comprenait au moins qu’elle travaillait dans un endroit où elle pouvait mourir au moindre caprice de Zagan. Cependant, dans ce cas, la lettre elle-même était plutôt incompréhensible.
« Pourquoi une lettre viendrait-elle de chez toi ? Je ne connais pas d’autres sirènes, » déclara Zagan.
« C’est pour ça que je pensais que c’était pour moi…, » Selphy répondit d’un ton complètement découragé, ce qui fit hausser les épaules de Zagan.
« Je comprends ta situation pour l’instant. Tu peux la relâcher, Foll, » déclara Zagan.
« Très bien, » déclara Foll.
« Wow ! » La tête de Selphy s’était cognée contre le sol en marbre quand Foll l’avait brusquement laissée partir. Après l’avoir regardée tomber sur le sol en se tenant la tête, Zagan s’était tourné vers Foll.
« Foll, tu devrais traiter les animaux avec un peu plus de soin. Contrairement aux sorciers, ils sont faibles et peuvent mourir, » Zagan le lui avait reproché d’un ton sympathique.
« … Je n’avais pas remarqué. Je ferai plus attention la prochaine fois, » répondit Foll. Zagan caressa doucement la tête de Foll après qu’elle se soit excusée avec obéissance, ce qui fit que Selphy se tourna vers lui avec mécontentement.
« Un animal… Eh bien, je suppose que c’est bien que vous me reconnaissiez au moins comme une créature vivante et respirante…, » murmura Selphy. Quoi qu’il en soit, Foll avait fait tout son possible pour lui remettre cette lettre, de sorte que Zagan avait rapidement tracé son doigt le long du bord de l’enveloppe, ce qui était suffisant pour l’ouvrir comme si un couteau l’avait traversée. Puis, la lettre à l’intérieur s’était envolée. Ce n’était pas quelque chose d’aussi grandiose qu’on pourrait l’appeler de la sorcellerie, car tout ce qu’il faisait était d’utiliser le mana pour couper le papier. Et, alors que la lettre s’installait devant ses yeux, Zagan plissa ses sourcils.
« La Conférence Continentale Interraciale des Aînés ? » murmura Zagan.
Il n’en avait jamais entendu parler avant. Ce continent avait été l’hôte d’un nombre incalculable de races, y compris des elfes et tous les thérianthropes. Parmi celles-ci, les races comme les dragons et les elfes possédaient une faible population. D’après le contenu de la lettre, cela semblait être une réunion à laquelle tous les participants devaient assister, mais…
« Hm…, » Raphaël marmonna avec intérêt avant de dire. « C’est une conférence organisée pour les représentants de chaque race. Il y en a parmi eux qui sont pratiquement au bord de l’extinction, alors c’est peut-être une conférence qui est censée les aider à trouver un moyen de survivre, ou à commencer un échange culturel en quelque sorte. Et quoi qu’il en soit, il sera adopté par toutes les races du continent. »
« Tu es bien informé à ce sujet, n’est-ce pas ? » demanda Zagan.
« C’est parce que le représentant des humains est choisi parmi les membres de l’Église. Je n’y ai jamais assisté moi-même, mais j’en connais au moins les grandes lignes. Cette fois, quelqu’un comme Chastille a très probablement été choisi, » déclara Raphaël.
Les sorciers étaient des humains qui vivaient dans le monde souterrain. Lorsqu’il s’agissait d’un rassemblement de races à la surface, il était évident que le personnel de l’Église serait choisi.
« On nous a aussi dit de courir à l’Église si des sorciers étaient après nous. Ils prennent de l’argent, mais ils abritent au moins les autres races, » déclara Selphy, ajoutant sa propre contribution. C’était quelque chose que Zagan n’avait appris que lorsqu’il avait conduit Kuroka et Kuu là-bas sur un coup de tête l’autre jour, mais l’Église avait une section qui ressemblait à un refuge. C’est pourquoi les gens comptaient encore sur l’Église malgré le coût élevé des dons. Il l’avait compris, mais Zagan avait quand même fait entendre une voix étonnée.
« As-tu oublié que c’est un château de sorcier ? » demanda Zagan.
« Uhhhh, je suppose que oui, hein ? » Selphy marmonna ces mots d’une voix abasourdie. Comment a-t-elle pu être si écervelée ?
« Mais cette lettre signifie qu’ils veulent que moi, un sorcier, j’y assiste aussi. Sont-ils devenus séniles ? C’est comme un gros mouton qui invite un loup affamé, n’est-ce pas ? » Zagan pencha la tête sur le côté quand il posa cette question.
Ils ne pourraient pas penser qu’un sorcier et encore moins un Archidémon soit vertueux, n’est-ce pas ? Selphy avait fait allusion à cette idée plus tôt, mais la raison pour laquelle tant d’espèces étaient sur le point de disparaître était à cause des sorciers. Il y avait beaucoup de races non humaines qui avaient des propriétés magiques inhérentes, alors les sorciers les avaient traquées pour les utiliser comme catalyseurs et sacrifices. Et pourtant, ils invitaient un sorcier à un grand rassemblement. Cependant, le seul à rire de l’idée était Zagan.
***
Partie 2
« Parfois, tu ne comprends vraiment pas, Zagan, » déclara Foll d’une voix vraiment étonnée.
« Hein… ? Ai-je dit quelque chose d’étrange ? » s’enquit Zagan. En réponse, Foll avait fait un visage comme si ce serait pénible de lui expliquer, et à sa place, Raphaël s’était tourné vers Zagan avec un sourire tendu bien visible sur son visage.
« Monseigneur. Ce château abrite une haute elfe, une dragonne, une fomorienne, un léonin, et récemment, même une sirène. Il serait déraisonnable qu’ils ne s’y intéressent pas, alors qu’il y a tant de races qui coexistent ici sans qu’il y ait de conflits à proprement parler. Après tout, il existe d’innombrables espèces en voie de disparition qui ont besoin d’être protégées, » déclara Raphaël.
« Oh…, » murmura Zagan. Mis à part Néphy et Foll, les autres étaient tous des gens qui étaient venus de leur propre gré, alors il avait trouvé cette conclusion difficile à accepter. Alors, il baissa le regard vers la lettre comme s’il essayait de l’ignorer, puis il plissa de nouveau ses sourcils et il déclara. « Je me fiche de ce que pensent les autres races, mais cette lettre dit que je dois aller avec l’envoyé. Quelqu’un a apporté cette lettre au château ? Il n’a pas été tué, n’est-ce pas ? »
C’était un envoyé pour une conférence de toutes les races, donc il y avait une très forte probabilité qu’il fût quelqu’un d’assez haut placé. Dans ce cas, il était comme un canard assis pour une bande de sorciers satanistes. Qu’il soit humain ou d’une autre race, Zagan ne pensait rien de la mort de quelqu’un qu’il ne connaissait pas. Pourtant, il avait certainement laissé un mauvais arrière-goût si quelqu’un qui était venu ici spécialement pour lui avait été tué par ses subordonnés avant même qu’il n’ait eu la chance de lui parler. Il s’était donc tourné vers Selphy pour trouver des réponses.
« Uhhhh, quoi ? » demanda Selphy.
« C’est bien toi qui portais cette lettre, non ? Où l’as-tu eue ? » demanda Zagan.
« Hein… ? Cela a juste été apporté par un pigeon voyageur, » répondit Selphy.
« Un pigeon voyageur ? » demanda Zagan.
Ce n’est pas comme si ce pigeon voyageur était l’envoyé ou quoi que ce soit d’autre, non ? Il n’était pas clair quelle race l’avait invité à participer, alors il était resté confus.
« Le nom qui est écrit ici est Ainselph Thalasa Neptuna… une troisième princesse d’un endroit ou d’un autre, » Zagan avait lu le nom sur la lettre à haute voix, ce qui avait fait pencher la tête de Selphy sur le côté avec une expression vide.
« Hein, moi ? » demanda Selphy. Et cette fois, ce n’était pas seulement Zagan, mais toutes les personnes présentes qui l’avaient regardé fixement.
« Ce n’est pas le moment de faire de telles blagues, » déclara Zagan en soupirant.
« C’est tellement méchant ! Je n’ai fait que réagir à mon propre nom ! » s’exclama Selphy, complètement choquée par leurs paroles haineuses et leurs regards.
« Les noms sont peut-être similaires, mais c’est écrit princesse ici. C’est quelqu’un d’autre, » répondit Foll d’un ton négatif.
« Mais je suis bien une princesse ! » déclara Selphy.
« Le fait d’être traîné ici t’a-t-il fait perdre la tête ? » répliqua Foll avec un soupçon de pitié dans les yeux.
« Gaaah, c’est vrai ! Selphy est le diminutif de Ainselph ! Et Thalasa est un nom qui ne peut être utilisé que par les membres de la royauté des sirènes. Je ne mentirais pas à ce sujet ! » s’exclama Selphy alors qu’elle était au bord des larmes, ce qui fit que Raphaël la regarda de face avec une expression perplexe.
« Hm… Maintenant que tu en parles, j’ai entendu dire que les sirènes aux cheveux bleus font partie d’une lignée spéciale…, » déclara Raphaël.
« N’est-ce pas ? Pas vrai !? Écoutez, je ne suis pas, genre, super élégante ? » demanda Selphy.
« Pas du tout, » répondit Raphaël sans hésitation, rendant Selphy complètement silencieuse. Zagan avait trouvé cela quelque peu pitoyable, alors il avait décidé d’au moins l’écouter.
« Si tu es de la royauté, pourquoi as-tu travaillé comme chanteur sur un bateau de sorcier et pourquoi t’es-tu soûlée dans un bar parce que tu étais au chômage ? » demanda Zagan.
« Ce n’est pas qu’une question d’argumentation ! Je ne mens pas du tout ! » Selphy rugit en se levant, et parce que tous ses pleurs avaient mouillé son visage, elle s’essuyait le bout de son nez en disant. « Eh bien, vous voyez, notre peuple a cette sorte de règle où les chansons royales sont, comme, sacrées ou quelque chose comme ça, non ? Donc, ils ne peuvent être écoutés que par quelques élus. Je n’aimais pas ça, alors je me suis enfuie de chez moi. Je n’aurais jamais cru que je deviendrais une servante dans votre château ! »
« Alors, qu’est-ce qui te prend d’être une envoyée ? » demanda Zagan. Regarder cette fille rire sans se soucier de rien commençait à lui donner mal à la tête.
Selphy avait croisé les bras et s’était creusé la cervelle à ce sujet. Il semblerait que la personne en question ne le savait pas non plus.
Après avoir attendu en silence que la trotteuse de l’horloge fasse un tour complet, Selphy avait finalement frappé dans ses mains.
« Oh, c’est peut-être ça. Ma famille s’inquiète de me voir chez vous, Monsieur l’Archidémon, depuis que je leur ai envoyé une lettre à ce sujet. Ils ont écrit pour vous emmener la prochaine fois, » déclara-t-elle.
« Pourquoi n’as-tu rien dit plus tôt ? » demanda Zagan.
« Hahahaha, je veux dire, genre, même moi, je ne suis pas assez effrontée pour vous traîner chez moi sous l’océan, Monsieur l’Archidémon, » répondit Selphy. Pour l’instant, il semblerait qu’elle était au moins consciente qu’elle n’avait pas honte.
Bien que, je suppose que ce timing a du sens maintenant…, les sirènes étaient au courant de l’existence de Zagan grâce aux lettres de Selphy, alors les aînés avaient probablement pensé à l’appeler à cette conférence.
« Je sais que je n’en ai peut-être pas l’air, mais je suis occupé ici…, » déclara Zagan en jetant la lettre sur une table comme s’il s’agissait d’une ordure. Son rendez-vous avec Néphy approchait à grands pas. Il ne lui restait qu’une semaine pour se préparer.
Je ne peux pas non plus me résoudre à faire attendre Orias beaucoup plus longtemps…, Zagan se concentra sur sa poche, où il avait laissé un pendentif en Mithril, alors qu’il y réfléchissait.
L’Archidémon Orias était aussi la mère de Néphy. Elle était passée l’autre jour, mais à cause des hostilités ouvertes avec Bifrons, elle avait décidé de revenir une autre fois. Zagan s’occupait du pendentif, qui était la seule preuve au monde qu’elles étaient mère et fille, et ne l’avaient pas encore donné à Néphy. Il voulait lui donner dans une ambiance agréable, comme lors d’un rendez-vous, alors il avait fini par le remettre constamment à plus tard. Orias était quelqu’un qu’il respectait profondément, et il ne pouvait pas vraiment faire attendre Néphy ou elle plus longtemps, alors il devait se dépêcher.
« Non, non, non, non, ce n’est pas comme si j’avais l’intention de vous causer des ennuis ici, Monsieur l’Archidémon. C’est plutôt gênant de montrer mon visage à ma famille, alors je ne veux pas vraiment…, » Selphy laissa facilement transparaître ses véritables intentions, et Zagan la fit taire d’un seul regard alors qu’il se penchait de nouveau sur son trône.
« … Peu importe, » marmonna Zagan. Tout ce qu’il voulait, c’était essayer des choses que les couples feraient avec Néphy. Et comme il était déjà occupé à planifier cela, il n’avait pas envie d’augmenter sa charge de travail. Pendant qu’il se creusait la cervelle sur la question pendant un moment, Foll était arrivée en titubant et s’était écrasée sur ses genoux. Il semblait qu’elle sentait que les discussions sérieuses étaient terminées et qu’elle était venue pour se faire gâter. Ainsi, Zagan caressa doucement la tête de sa fille bien-aimée.
Hm, si c’est un rassemblement de toutes les races du continent, alors ce n’est pas complètement sans rapport avec Néphy et Foll… Le cas de Foll était spécial. On disait que les dragons avaient complètement disparu du monde, il était donc possible qu’elle soit en fait la toute dernière membre vivante de sa race. Et dans ce cas, ce n’était pas quelque chose qu’elle pouvait simplement ignorer pour protéger son mode de vie actuel. La durée de vie d’un dragon surpassait de loin celle d’un Archidémon comme Zagan, après tout, de sorte qu’elle aurait finalement dû vivre sans lui. Et, alors qu’il ruminait, Raphaël hocha la tête.
« C’est l’heure du dîner. Donnez votre putain de vie à vos devoirs professionnels, » demanda Raphaël en fixant la sirène.
« Je ne fais même pas la cuisine, vous vous en souvenez au moins ? » répondit Selphy.
« Hm… Maintenant que j’y pense, il y a une légende au Liucaon où ils cuisinent des sirènes dans un plat appelé “sashimi” qui donne la jeunesse éternelle, » déclara Raphaël.
« Pourquoi en parlez-vous maintenant ? » Selphy hurla de terreur quand Raphaël la traîna hors de la salle du trône.
Ce foutu Raphaël, il a déjà rencontré Kuroka…, Kuroka, était une sorte de fille pour Raphaël. Après la fin de l’incident en ville, Zagan ordonna à Raphaël d’aller s’occuper des choses à l’Église, mais il n’avait jamais su s’ils s’étaient réellement réunis ou non. Même si Raphaël était son majordome, Zagan n’aimait pas s’immiscer dans la vie privée des autres, et Raphaël lui-même trouvait probablement le sujet embarrassant, de sorte que Zagan ne l’avait jamais abordé lui-même.
À la fin, je n’ai rien appris sur Azazel… Kuroka était membre d’une organisation appelée Azazel, mais ce n’était pas la treizième épée sacrée elle-même. Il semblait que le Treizième avait une sorte d’implication avec les elfes, alors il voulait obtenir des informations à ce sujet, mais…
Tandis qu’il pensait à de telles choses et qu’il les regardait tous les deux quitter la salle du trône, Zagan remarqua que Foll le regardait comme si elle avait quelque chose à dire. Et ainsi, il caressa doucement la tête de sa fille bien-aimée et inclina sa tête sur le côté.
« Alors, qu’est-ce que c’est ? Tu as quelque chose dont tu veux parler, n’est-ce pas ? » demanda Zagan. L’autre jour, Foll avait levé les yeux sur Zagan comme ça parce qu’elle avait une requête personnelle. À l’époque, elle le harcelait pour qu’il lise un livre d’images parce qu’il était indécis. Zagan interrogea sa fille d’une voix aussi doucement que possible, et Foll ouvrit et ferma la bouche plusieurs fois comme si elle ne pouvait pas trouver les mots pour le dire. Et, alors qu’il attendait patiemment qu’elle mette ses sentiments en mots, Foll ne tarde pas à aller droit au but.
« Zagan, tu sais quoi ? » demanda Foll.
« Oh ? » murmura Zagan.
Et encore une fois, le silence. Pourtant, il n’avait pas fallu beaucoup de temps pour qu’elle continue.
« Zagan, tu m’as dit que si je voulais du pouvoir, je devais le voler, » déclara Foll.
« Oui, je l’ai fait, n’est-ce pas ? » répondit Zagan. C’est ce qu’il lui avait dit quand elle était arrivée au château. À l’époque, il n’avait pas encore décidé d’en faire sa fille adoptive, et il n’avait pas l’intention de prendre d’autres disciples que Néphy. C’est ce qu’il lui avait dit. Maintenant que Foll était officiellement sa fille, Zagan n’avait eu aucun problème à lui enseigner la sorcellerie, mais…
Je veux que Foll vive une vie ordinaire remplie de bonheur…, c’est pourquoi Zagan ne voulait pas lui donner un trop grand pouvoir.
« … Mais tu as donné le pouvoir à Gremory et Kimry, » continua Foll timidement.
« … Je l’ai fait, » répondit Zagan. Il leur avait donné le pouvoir de se battre pour qu’ils puissent protéger ses subordonnés des démons et des autres Archidémons. Même s’il avait dit à sa fille de voler le pouvoir, il avait fini par accorder le pouvoir à ses autres subordonnés. Elle était probablement malheureuse à ce sujet.
« Je veux aussi… le pouvoir…, » déclara Foll.
« Ne fais pas cette tête. J’ai aussi pensé à un pouvoir convenable à t’accorder, » déclara Zagan en caressant la tête de Foll.
« … Vraiment ? » demanda Foll.
« Le Champ de Neige de l’Écaille du Paradis, » murmura Zagan en levant les mains en l’air. Avec cela, des lumières qui ressemblaient à de la neige poudreuse remplirent l’air. C’était une variante de l’une des deux sorcelleries que Zagan avait créées pour tuer les autres Archidémon. L’Écaille du Ciel était une sorcellerie défensive qui allait créer un bouclier invincible. Les lumières flottantes dans la salle du trône faiblement éclairée ressemblaient à des étoiles scintillantes dans le ciel sombre de la nuit.
« Si jolie…, » dit Foll en soupirant. Puis, elle avait regardé le paysage en transe pendant un moment, mais avait finalement jeté son regard vers le bas dans le mécontentement alors qu’elle demandait. « Zagan, c’est l’Écaille du Ciel, celle utilisée pour la défense, non ? »
« Ça l’est. Qu’est-ce qu’il y a ? » demanda Zagan.
« Je préfère… celle qui brûle… Le Phosphore du Ciel, » déclara Foll.
C’était l’autre sorcellerie que Zagan avait créée, le feu qui pouvait brûler la vie elle-même et réduit en cendres tout ce qu’il touchait, le Phosphore du Ciel. C’était un pouvoir qui aurait dû être scellé comme un sort interdit parce qu’il était si puissant. C’était aussi le même pouvoir que Zagan avait accordé à Gremory et Kimaris. Cela dit, c’était des versions qui avaient été ajustées pour eux, et qui ne pouvaient être comparées à celle que Zagan lui-même avait utilisée…
Eh bien, vouloir le pouvoir va de pair avec la recherche de la violence… Il semblait que Foll n’était pas satisfaite de l’autoprotection que Zagan avait montrée. Pourtant, il ne montra aucun signe d’offense et caressa la tête de sa fille.
« Écoute-moi, Foll. Sais-tu ce qui est le plus important pour un sorcier ? » demanda Zagan.
« … Pour devenir fort ? » demanda Foll.
« Cette réponse te rapporte cinquante points, » répondit Zagan.
« Ai-je tort ? » demanda Foll en penchant la tête sur le côté.
« Ce qu’un sorcier doit prioriser par-dessus tout… c’est prolonger sa vie. La plupart des sorciers, y compris moi-même, se tachent les mains de sorcellerie pour pouvoir continuer à vivre. Le pouvoir peut t’aider à vivre, c’est pourquoi nous le recherchons. Si nous mourions, nous perdrions notre savoir et tout le reste avec lui. C’est pourquoi nous construisons notre force pour vivre, » déclara Zagan.
C’est pourquoi les sorciers possédaient une force physique surhumaine, une peau tenace qui pouvait arrêter une lame, une force brute qui pouvait déchirer l’acier, un cœur qui pouvait supporter de courir à toute vitesse sur des kilomètres sans s’essouffler… Une fois qu’on arrivait à un tel stade, ils étaient de vrais sorciers. Et même avec tout ça, tu ne serais qu’une fille fraîchement éclose dans le monde de la sorcellerie. Pour atteindre les extrémités de la sorcellerie que des gens comme Gremory avaient atteintes, une personne devait consacrer encore plusieurs centaines d’années à perfectionner son art. Zagan était l’étranger pour avoir atteint le sommet des sorciers à l’adolescence.
« Foll, tu finiras peut-être par vivre plus longtemps que moi, mais tu es encore jeune. Pour l’instant, apprends d’autres façons de te défendre. Ceci deviendra un nouvel ensemble d’écailles pour protéger ta peau, » déclara Zagan.
Foll n’était pas si stupide qu’elle ne pouvait pas comprendre la logique derrière ça. Cependant, elle n’était pas assez mature pour l’accepter sur le plan émotionnel.
« Je ne peux pas utiliser le Phosphore du Ciel… parce que je suis petite ? » demanda Foll.
« C’est vrai. Une fois que tu seras plus grande, je t’apprendrai, c’est sûr, » avait promis Zagan.
« … Compris, » répondit Foll. Sa voix ne donnait pas l’impression qu’elle était convaincue, mais elle avait probablement l’impression qu’elle ne pouvait que hocher la tête dans une telle situation. Foll avait sauté des genoux de Zagan, puis avait titubé hors de la salle du trône.
J’ai fini par gâcher son humeur… Foll savait sûrement que Zagan n’avait rien dit de déraisonnable. Cependant, les enfants ne pouvaient pas toujours agir logiquement. Le privilège de se plaindre aussi égoïstement, il ne l’accordait qu’à elle seule, puisqu’elle était encore une enfant. C’est pourquoi il la regarda d’une manière aimante quand elle s’éloignait de lui.
Elle ne me déteste pas, hein ?
Il mentirait complètement s’il disait que son comportement ne lui faisait pas mal, mais il devait s’en accommoder. Et, après avoir vérifié qu’il n’y avait personne d’autre dans la salle du trône, Zagan s’était maintenu la poitrine et s’était tortillé.
***
Partie 3
« Alors, tu as fini par fuir Maître Zagan ? »
Après s’être disputé avec son père, il y avait un nombre limité d’endroits où un enfant pouvait s’enfuir. Comme on pouvait s’y attendre, Foll avait donc fini par aller jusqu’à Néphy. Elles se trouvaient actuellement dans la cave derrière la cuisine. Comme Selphy était venue faire son travail, elles avaient fini par avoir assez de mains pour s’occuper de la cuisine, et la préparation du dîner était déjà terminée. Même si elles restaient un certain temps dans la cave pour parler, il ne semblait pas que quelqu’un viendrait les interrompre.
« Tu n’as pas besoin de faire ce genre de tête. Ce n’est pas comme si Maître Zagan te rabaissait ou t’intimidait, Foll, » Néphy, qui s’accroupissait devant Foll pour s’aligner, lui caressait doucement la tête en disant cela.
Est-ce si évident que ça ? pensa Foll en touchant son propre visage. Au moment où Foll était arrivée en courant dans la cuisine, Néphy s’était tout de suite précipitée vers elle. Elle avait l’intention de rester plutôt résolue, mais il semblait que cela n’avait pas fonctionné. Après avoir longuement réfléchi à la question, elle avait immédiatement trouvé sa réponse.
J’ai dit que je te laisserais faire ce que tu veux, non ? Ne t’inquiète pas de tout de ce qui ne sert à rien… C’était ce que Zagan avait dit quand il avait fait de Foll sa fille. Lui et Néphy chérissaient Foll à tel point qu’ils pouvaient savoir ce qu’elle pensait rien qu’en regardant son visage. Elle l’avait bien compris.
« Mais Zagan t’a appris ainsi qu’à Gremory et à Kimry… C’est injuste que je sois la seule qu’il ne veut pas enseigner, » déclara Foll en serrant contre elle les bords de sa jupe. Elle savait qu’elle n’était en aucun cas inférieure aux autres, donc la situation était particulièrement étrange.
« Tes cheveux ont un peu poussé, n’est-ce pas ? » demanda Néphy en défaisant les tresses de Foll.
« Vraiment ? » répondit Foll. En y repensant, Foll résidait dans le château depuis trois mois déjà. Ses cheveux avaient dû s’allonger, mais elle ne l’avait jamais remarqué… Lorsque Néphy dessina un cercle magique dans l’air avec son doigt, un peigne se manifesta dans sa main. C’était rudimentaire d’invoquer ça avec de la sorcellerie.
« La raison pour laquelle Maître Zagan m’enseigne la sorcellerie est que s’il ne le fait pas, je ne serai même pas capable de faire des choses simples comme ça. Puisqu’il t’a dit de le voler, ça ne veut-il pas dire qu’il reconnaît déjà tes capacités ? » demanda Néphy.
« C’est peut-être le cas, mais…, » Foll commença à répondre aux paroles de Néphy, mais finit par s’éloigner.
« Ce n’est pas grave. De la même façon que tes cheveux sont devenus plus longs, tu deviendras aussi plus forte, Foll. Un jour, tu deviendras sûrement beaucoup plus fort que moi, ou Mlle Gremory, ou Sire Kimaris… et peut-être même que Maître Zagan…, » déclara Néphy en se déplaçant derrière Foll et en lui peignant les cheveux. Les cheveux détachés de Foll avaient dépassé sa taille et descendu jusqu’aux cuisses. La façon dont ses cheveux dansaient sur ses fesses la chatouillait. Quand elle était arrivée dans ce château, ses cheveux n’étaient descendus que jusqu’à la moitié de son dos.
« Maître Zagan dit que les bonnes choses arrivent à ceux qui attendent. Ce n’est pas nécessaire d’être impatient. Nous t’aimons tous tellement, Foll, alors tu peux compter sur nous à chaque instant, » déclara Néphy en cessant de peigner les cheveux de Foll et en l’enlaçant par-derrière. Enveloppée par sa douce chaleur, Foll ressentit un soulagement qui lui enleva la force de ses genoux.
C’est comme ça… une maman ? Le père de Foll était le grand Sage Dragon Orobas. Cependant, elle ne savait absolument rien de sa mère. Vu qu’elle n’était pas là quand Foll s’était rendu compte pour la première fois de ce qui l’entourait, il était possible qu’elle soit décédée depuis longtemps.
Néphy avait une aura qui faisait instinctivement ressentir à Foll comme si elle était une mère. Zagan avait une façon différente de traiter avec elle qu’Orobas, mais elle savait au moins qu’il l’aimait… Elle le savait bien… mais Foll se mit à trembler dans les bras de Néphy.
« J’aime aussi… Néphy et Zagan. Je vous aime vraiment autant que j’aimais mon père, » déclara Foll.
« Oui. Je le sais, » répondit Néphy. Cependant, Foll avait l’impression qu’elle ne comprenait pas vraiment.
Parce que je les aime tellement… Je veux les protéger… Elle n’aimait pas n’être que là pour le spectacle. Foll voulait qu’ils dépendent d’elle. Elle voulait leur être utile, et qu’ils lui disent. « Tu as bien fait. » Ces sentiments avaient toujours été à l’intérieur de Foll, mais elle comprenait ce que Zagan et Néphy disaient. C’est pourquoi elle avait essayé de rester patiente. Cependant, elle n’avait plus été en mesure de le supporter à cause de l’incident d’il y a quelques jours. Le château de Zagan avait été attaqué par une chimère envoyée par Bifrons. Elle contenait les fragments du Seigneur-Démon et était une ennemie répugnante et redoutable. Foll n’avait aucune chance, mais Kimaris avait réussi à l’abattre. Non seulement ça, mais il n’y avait pas eu le moindre dommage à son environnement, et il l’avait fait tout seul. Même si Foll ne pouvait que trembler sur place, il pouvait vaincre cette monstruosité avec facilité. Elle avait supposé qu’ils étaient égaux, donc sa soudaine croissance était troublante. Cependant, ce n’était pas le problème principal.
Quand Zagan était revenu, avec son virage inhabituel, il avait été très blessé. Cependant, plutôt que de s’inquiéter pour son propre corps, il avait fait l’éloge de Kimaris en lui tapant sur la poitrine et en lui disant. « Tu t’en es bien sorti » avec le sourire. Foll était jalouse, et elle avait aussi réalisé à quel point elle était vraiment impuissante. Il en avait été de même lorsque l’Archidémon Orias avait attaqué. Elle était complètement inutile. Tous leurs ennemis avaient été vaincus par le poing puissant de Zagan.
Je veux être utile à Zagan. Et puis… Je veux qu’il me loue… Et pourtant, elle était bien trop petite en ce moment. Elle voulait lui rendre toutes ses faveurs en le protégeant, alors pourquoi était-elle si faible ?
En plus, j’ai même fini par troubler Zagan encore une fois… Elle n’était même pas égoïste, alors pourquoi ça n’a-t-il pas marché ? Si le seul vrai problème était son âge…
« … Je veux me dépêcher et grandir, » murmura Foll pour mettre de l’ordre dans ses sentiments, pas parce qu’elle cherchait de l’aide. Cependant…
« Keeheeheehee, j’ai tout entendu ! »
Aussi bien une enfant à problèmes qu’une grand-mère, l’Enchanteresse Gremory, avait ouvert la porte et avait foncé avec vigueur dans la cave. Elle avait des cornes de chèvre tordues qui sortaient de sa tête et se présentait sous la forme d’une vieille femme, portant sa robe noire comme d’habitude. Bien que, dans un visage inhabituel, du sang coulait de son nez.
« Gremory… ce saignement de nez…, » déclara Néphy.
« Aggh... Trop de pouvoir d’amour s’est accumulé, hein ? Permettez-moi de dire ceci. Lady Néphy… c’est le beau pouvoir d’amour ! » Gremory cria ces mots et se frotta le visage avec sa manche en leur montrant une expression pleinement satisfaite. Puis, elle baissa les yeux vers Foll et elle déclara. « Lady Foll. J’ai un moyen d’exaucer ce vœu. »
Foll pouvait en quelque sorte imaginer qu’il s’agissait d’un murmure maléfique qui entraînerait une situation terrible, mais elle n’était pas dans le bon état d’esprit pour discuter. Alors, à sa place, Néphy avait affronté Gremory avec un sourire froid.
« Mademoiselle Gremory, vous ne feriez rien qui puisse causer des ennuis à Maître Zagan, n’est-ce pas ? » demanda Néphy.
Bien que son visage soit devenu relativement plus expressif ces derniers temps, cette fille n’avait pas encore beaucoup d’émotion. Alors, quand elle avait dit quelque chose avec un sourire comme ça, elle avait un air intimidant qui surpassait même celui de Zagan.
« Eeek ? Je vous promets que je ne le ferai pas, d’accord ? J’ai été très sage ces derniers temps ! Je ne peux pas faire quoi que ce soit qui puisse troubler mon seigneur ! » répliqua Gremory.
En voyant Gremory se rétracter, au bord des larmes, Foll avait découvert la vérité.
Zagan est le plus fort, mais Néphy est la plus effrayante…, à ce moment-là, elle décida de ne jamais rien faire qui puisse mettre Néphy en colère. Cependant, son esprit se concentrait aussi sur autre chose.
Je peux… vraiment grandir ?
Le murmure diabolique de Gremory avait un certain charme qui avait fait que la pensée était restée au premier plan de l’esprit de Foll.
***
Partie 4
Zagan avait quitté sa salle du trône au milieu de la nuit.
Bon, c’est l’heure d’acheter des vêtements pour mon rencard !
Pendant le dîner, Foll semblait incapable de retrouver son calme et de regarder Zagan dans les yeux, mais elle ne montrait aucun signe d’offense pour ce qui s’était passé plus tôt dans la soirée. Zagan voulait croire qu’elle s’en remettrait après avoir dormi. Il était inquiet, mais son rendez-vous avec Néphy n’était qu’à une semaine d’ici, donc il n’avait pas de temps à perdre.
Les sorciers qu’il avait croisés l’avaient tous regardé et lui avaient dit des choses du genre. « Hein, Archidémon Zagan ? » « Où allez-vous à cette heure-ci ? » Mais Zagan n’avait jamais fait autre chose que hocher la tête. Ils étaient peut-être confus par son comportement, mais c’était bien tant qu’il n’était pas découvert par quelqu’un de bruyant comme Selphy ou Gremory.
Après s’être assuré que personne ne le suivait, Zagan avait ouvert les portes de son château et glissa par l’ouverture. Cependant, à ce moment-là, quelque chose de surprenant s’était produit.
« Oh non ! »
Il entendit un adorable cri résonner derrière lui. Et, en se retournant, il aperçut la femme qu’il aimait le plus.
« N-Néphy ? » demanda Zagan.
« Maître Zagan… ? » répondit Néphy, ses oreilles tremblant de surprise en levant les yeux vers Zagan. Elle tenait actuellement une lanterne à la main et semblait revenir du jardin.
Tous mes plans seront ruinés si Néphy découvre ce que je fais ! Il fallait qu’il réfléchisse vite, sinon il était condamné.
« Uhhhh, qu’est-ce que tu fais dehors à cette heure-ci ? » demanda Zagan.
« Eh bien, il y avait juste un petit quelque chose qui m’inquiétait, alors…, » répondit Néphy.
« Quelque chose qui t’inquiétait ? » demanda Zagan.
« Ce n’est pas quelque chose dont tu as encore besoin d’entendre parler, Maître Zagan. Je suis probablement juste un peu paranoïaque… En tout cas, que fais-tu à cette heure-ci ? » demanda Néphy.
« Euh, je suis, euh…, » le regard de Zagan errait alors qu’il cherchait une excuse, et il avait fini par regarder le ciel nocturne. Il y avait une lune mince suspendue au-dessus de nos têtes, et les étoiles scintillaient admirablement.
Maintenant que j’y pense, la lune était comme ça le jour de notre rencontre…, la lune était si mince qu’elle donnait l’impression qu’elle allait se lever et disparaître, et Néphy étendit les mains vers elle, ce qui lui fit suivre son exemple. Et c’est pourquoi Zagan tendit à nouveau les mains vers la lune.
« J’ai fini par venir ici sur un coup de tête à cause du ciel nocturne, » proclama Zagan d’une manière grandiose. Son excuse était tout à fait vague, mais bizarrement, cela lui ressemblait beaucoup.
« C’est vraiment une belle nuit, » déclara Néphy en laissant son regard suivre les mains de Zagan, puis elle poussa un profond soupir.
« Oui, ça me rappelle la nuit où je t’ai rencontrée pour la première fois, Néphy, » répondit Zagan alors que Néphy se blottissait à côté de lui et étendait aussi les mains vers la lune. Comme toujours, ses mains ne saisissaient rien, mais c’était comme si c’était le cas. Zagan avait été complètement décontenancé par la situation.
Hein ? N’est-ce pas… une très bonne ambiance !? C’était dommage qu’il ne puisse pas aller acheter des vêtements pour leur rendez-vous, mais c’était plus que suffisant pour compenser cette perte. Même dans le meilleur des cas, les deux individus étaient étrangement conscients l’un de l’autre, de sorte que des moments comme celui-ci où les deux étaient à l’aise étaient plutôt rares. Zagan baissa les yeux vers le visage de Néphy.
« … Ah. »
Et au même moment, Néphy leva les yeux vers Zagan.
« A-Ahahahahahah ! »
« Fufufufu… »
Tous les deux avaient laissé échapper des rires secs, puis ils avaient détourné le regard. Ce genre d’échange s’était souvent répété dernièrement… Non, pas seulement dernièrement. Cela faisait près d’un demi-mois que cela se produisait.
C’est mauvais ! Reprends-toi, Zagan ! Zagan rassembla son courage et jeta à nouveau son regard sur le visage de Néphy. Son embarras semblait toujours en train de s’estomper, puisqu’elle avait simplement détourné le regard et avait commencé à bouger ses doigts malgré qu’il ait placé ses yeux sur elle. Ses joues étaient légèrement rouges et son souffle était blanc lorsqu’elle se frottait les mains l’une contre l’autre. En regardant de plus près, Zagan avait remarqué qu’elle portait sa tenue de femme de chambre habituelle et qu’elle n’avait pas de manteau. Et ainsi, il ouvrit son manteau et y entraîna Néphy.
« Qu…, » Néphy poussa un gémissement tremblant quand Zagan l’enveloppa dans son manteau. Et honnêtement, elle n’était pas la seule à être gouvernée par ses nerfs.
H-Hein ? Attends, n’est-ce pas la même chose qu’une étreinte serrée ? Il voulait seulement partager son manteau avec elle, mais il avait fini par la serrer contre lui. Zagan n’avait jamais eu l’intention d’être aussi audacieux, mais il était trop tard pour reculer maintenant.
Je veux dire, c’est naturel pour un couple, non ? Pas vrai !?
Étonnamment, Néphy n’avait pas essayé de se débarrasser de lui. Au contraire, elle serrait légèrement la robe de Zagan.
« … C’est chaud, » déclara Néphy.
« Bien sûr que si ! » répondit Zagan.
Zagan ne savait même pas avec quoi il était d’accord, mais c’était le mieux qu’il pouvait faire dans cette situation tendue.
Ce serait mieux si je lui trouvais un manteau ou quelque chose comme ça pour notre rendez-vous ? Zagan avait réfléchi en sentant le corps de Néphy s’échauffer. Le foulard qu’il avait reçu de Néphy l’autre jour était plutôt confortable, et avec cela, il était possible de les réchauffer tous les deux à la fois. Cependant, il n’aimait pas l’idée de le salir, c’est pourquoi il l’avait rangé en lieu sûr.
Après avoir réfléchi à ça pendant un certain temps, Zagan regarda la lanterne que tenait Néphy. Après avoir remarqué son regard, Néphy leva la lanterne avec un regard curieux.
« Il y a un problème avec ça ? » demanda Néphy.
« Non, ça fait juste longtemps que je n’en ai pas vu une utilisée, » répondit Zagan.
La dernière fois qu’il en avait vu une, c’était au bal de Bifrons. À l’époque, les lumières ondoyantes des lanternes au sommet du navire créaient une atmosphère suspecte. Les sorciers pouvaient voir dans la nuit sans compter sur aucune source de lumière. Ils utilisaient normalement un peu de lumière pour lire, mais même alors, des bougies bon marché étaient plus que suffisantes. Avant que Néphy ne vienne au château, il ne faisait que créer de la lumière à l’aide de la sorcellerie. Les lanternes allaient prendre une main lors de leur utilisation, donc elles étaient beaucoup trop encombrantes selon Zagan.
« Toutes mes excuses. Il semble que je sois toujours inadéquate…, » Néphy avait placé sa main vers l’une de ses oreilles avec honte en disant ça. Néphy avait vite appris, mais elle n’avait commencé à apprendre la sorcellerie qu’il y a quelques mois. À cause de cela, Zagan lui avait interdit d’utiliser toute sorcellerie de longue durée, qui incluait toute création de lumière.
« Tu n’as pas besoin d’avoir honte. La lumière des bougies a un certain charme, alors n’est-ce pas bien ? » dit Zagan en prenant la lanterne de la main de Néphy. Et tandis qu’il la tenait levée, la lanterne illuminait le visage rougissant de Néphy.
« … Oui. Merci… beaucoup…, » Néphy répondit alors que ses oreilles tremblaient comme si elle était incapable de supporter le gonflement des émotions en elle. Puis, Néphy s’appuya contre lui, ce qui attira l’attention de Zagan sur le pendentif dans sa poche.
N’est-ce pas le moment idéal pour le lui remettre ? Non, attends, si je le lui donne maintenant, le but principal de notre rendez-vous sera perdu… Je sais que c’est bien tant qu’elle apprécie vraiment le rendez-vous, mais j’ai l’impression que tout mon dur labeur sera pour rien…
Après avoir hésité un peu, Zagan avait décidé de laisser le pendentif pour plus tard. Au lieu de cela, il avait éclairé une plus grande partie du jardin avec la lanterne.
« Puisque nous sommes tous les deux ici, pourquoi ne pas faire un petit tour ? » demanda Zagan.
« Oui, Maître Zagan, » Néphy le regarda avec surprise pendant un moment avant de dire cela et de lui faire un léger sourire.
Ne se lassera-t-elle pas en se baladant, hein ? Une anxiété sans fondement avait commencé à s’accumuler au sein de Zagan alors que lui et Néphy marchaient main dans la main dans le jardin. Le ciel étoilé était beau, mais ce n’était pas suffisant pour illuminer leurs pas. Zagan pouvait voir sans problème, mais Néphy devait rester prudente pour ne pas trébucher. Et, comme cette pensée lui traversa l’esprit, Zagan se rappela ce qui s’était passé il y a peu de temps et s’en rendit soudainement compte.
« Hum, Néphy…, » déclara Zagan.
« Oui ? Qu’est-ce qu’il y a ? » demanda Néphy.
« Foll est bouleversée, n’est-ce pas ? » demanda Zagan.
On aurait dit qu’il avait touché le mile. Les oreilles pointues de Néphy se redressèrent en un clin d’œil et son regard se mit à errer à la recherche d’une excuse. Cependant, peu de temps après, elle s’était dit qu’il serait inutile d’essayer d’esquiver la question et elle avait ouvert la bouche pour parler.
« Je suis surprise… que cela soit visible, » murmura Néphy.
« J’ai blessé Foll tout à l’heure, et la dernière fois qu’elle a fui le château, c’était par une nuit pareille, non ? » demanda Zagan.
C’était ce qui s’était passé lorsque Foll s’était installée pour la première fois dans son château. Parce que c’était les chevaliers angéliques qui avaient tué son père et qu’elle en avait un sous les yeux, Foll avait fui le château afin d’obtenir plus de pouvoir pour atteindre ses objectifs.
À l’époque, on s’en était sort1 parce que c’était un malentendu, mais Raphaël a quand même été grièvement blessé… C’était à cause de cet incident que son majordome avait perdu un bras.
« Cet enfant comprend ce que tu penses, Maître Zagan. Ce n’est pas comme si elle s’était enfuie, mais…, » Néphy s’éloigna en penchant la tête sur le côté.
« Mais quelque chose s’est passé, » s’exclama Zagan, finissant sa phrase.
« … Oui. Je n’essaie pas de lui faire porter le chapeau, mais Mlle Gremory semblait prête à faire des bêtises, » déclara Néphy.
Encore cette satanée Gremory ? Zagan pensait honnêtement que cette grand-mère était beaucoup trop insouciante.
« Gremory peut être difficile, mais quand il s’agit de faire la distinction entre le bien et le mal… elle n’est peut-être pas la meilleure juge… Elle n’est pas stupide au point de gâcher ma bonne humeur. Ça devrait être bien de la laisser tranquille, » déclara Zagan.
D’ailleurs, l’image d’un petit enfant qui s’enfuit et s’accroche à une grand-mère n’était pas une scène contre nature.
« Il serait bon que les choses se terminent pacifiquement…, » Néphy répondit avec un regard anxieux, ce qui fit rire Zagan d’un commun accord.
« En fait, Foll me harcelait pour que je lui apprenne le Phosphore du Ciel, » déclara Zagan.
« Oui. Elle me l’a déjà dit, » répondit Néphy.
« Mais j’ai donné à Gremory un Phosphore du Ciel qu’elle seule peut vraiment utiliser, donc cela ne sera d’aucune aide pour Foll. Je sais que cela peut la mettre en colère, mais je promets que j’ai au moins essayé de penser à d’autres choses que je peux faire pour elle. De plus, si je ne peux pas au moins supporter les crises de colère de ma fille, je n’ai pas le droit de me considérer comme un père, » déclara Zagan.
***
Partie 5
« Je comprends ce que tu ressens, Maître Zagan. L’accumulation du pouvoir rapproche les gens du danger, alors honnêtement, même moi, je déteste l’idée que notre fille apprenne de telles choses… Cependant, je comprends aussi les sentiments de Foll, » répondit Néphy, puis hocha la tête en silence avant de placer son regard sur la lanterne que Zagan tenait. Elle déclara ensuite. « Je veux devenir quelqu’un qui peut t’être utile, Maître Zagan. Et pourtant, j’ai besoin de l’aide d’un outil pour quelque chose d’aussi simple que de marcher sur un chemin sombre. Comme je suis maintenant, je ne suis rien face à Mlle Gremory ou Foll. »
« Ce n’est pas vrai. Je veux dire, tu as le mysticisme et le mysticisme céleste, non ? » Zagan avait réfuté cela. S’il s’agissait d’un combat loyal, surtout dans un environnement avec des arbres et des rivières où elle pouvait emprunter la puissance de la nature, Néphy pourrait actuellement même rivaliser avec un Archidémon. Cependant, s’ils s’étaient vraiment battus, quelqu’un comme Nephteros serait probablement battu en raison de son manque d’expérience, mais c’était une tout autre histoire.
« Ce… n’est pas quelque chose que j’ai obtenu par mes propres efforts. J’ai l’impression d’être la seule à avoir triché quand tout le monde travaillait jusqu’à l’os pour devenir plus fort, et je n’aime pas ça, » déclara Néphy en secouant la tête quand elle avait entendu sa réponse. Le mysticisme était un pouvoir avec lequel elle était née, et le mysticisme céleste était quelque chose qu’elle avait appris en le voyant une fois. Il avait fallu beaucoup de talent pour réaliser l’un ou l’autre de ces exploits, mais il semblait que Néphy avait encore du mal à l’accepter. C’est pour ça qu’elle s’identifiait à Foll.
Mais si elle pouvait mieux utiliser ses pouvoirs draconiens, elle deviendrait beaucoup plus forte… Malheureusement, Foll semblait plutôt obsédée par l’amélioration de sa sorcellerie. Cela réduisit quelque peu sa vision, mais on pouvait aussi dire qu’à long terme, gagner du pouvoir qu’un dragon ne possédait pas normalement était mieux pour eux. Zagan n’était pas sûr d’être d’accord, mais il ne pouvait pas non plus réfuter l’idée.
« Le comprends-tu maintenant, Maître Zagan ? Si c’est le cas, ne gronde pas Foll, s’il te plaît, » supplia Néphy en levant les yeux vers Zagan, comme si elle faisait appel à son bon cœur.
« Comme si j’allais la gronder. J’ai dit que je supporterais sa crise de colère, n’est-ce pas ? » Zagan répondit en riant, néanmoins, ses paroles étaient remplies de sincérité.
Ai-je mal réagi tout à l’heure… ? Le désir de Foll de devenir plus forte était quelque chose qu’il connaissait depuis leur première rencontre. En y repensant, Zagan s’était rendu compte qu’ignorer complètement cette facette d’elle et lui dire de jouer le rôle d’un enfant innocent était tout à fait égoïste de sa part. Cela dit, il ne pensait toujours pas qu’il était convenable de lui donner accès à un pouvoir destructeur comme le Phosphore du Ciel.
« Ce n’est pas comme si je n’avais pas pensé à quel genre de pouvoir accorder à Foll…, » Zagan marmonna d’un grognement. C’est précisément pour cela qu’il a créé le Champ de Neige, mais malheureusement, ce n’était pas ce que Foll voulait.
« Attends, qu’est-ce que tu avais prévu d’accorder à Foll ? » demanda Néphy, semblant plutôt surprise. Il semble que Néphy n’ait pas été informée de cette partie, car elle avait regardé Zagan en réponse avec une expression sans émotion.
« Oh, à ce propos… C’est encore incomplet, mais…, » Zagan leva la main alors qu’il activa le Champ de Neige. En un clin d’œil, des taches de lumière enveloppèrent la région comme de la poussière d’étoiles, et Néphy poussa un soupir, complètement envoûté par la vue.
« Comme c’est beau, » murmura Néphy.
Tu es bien plus belle… Ces mots étaient remontés jusqu’à sa gorge, mais il n’osait pas les prononcer. Zagan s’était arrêté, puis il avait démontré ce qui se passait quand une masse de mana était entrée en collision avec les lumières du Champ de Neige.
« Il est plus que suffisamment robuste, mais il est beaucoup trop complexe à manipuler librement et il oblige aussi l’utilisateur à rester immobile, » expliqua Zagan.
« Est-ce vraiment un problème lorsque tu l’utilises pour te défendre contre des projectiles… ? » demanda Néphy. Cependant, un moment plus tard, quelque chose avait surgi en elle et elle avait dit. « Je vois… C’est juste un entraînement pour ce que tu comptes lui enseigner ensuite, non ? »
« Tu as vraiment un bon sens de la sorcellerie, Néphy, » répondit Zagan. Il était choqué qu’elle ait réussi à comprendre ses intentions même s’il ne lui avait rien du tout expliqué.
Néphy se tut un moment, fixant tranquillement les lumières enneigées de l’air avant de décider de lui parler.
« C’est un peu flou, mais je m’en souviens. Tu as utilisé la sorcellerie pour créer une énorme lumière, Maître Zagan. Ce champ de neige a la même couleur, » déclara Néphy. Puis, soudain, elle pensa à quelque chose et demanda. « Maître Zagan, est-ce que tu contrôles toutes ces Écailles du Ciel individuellement ? »
« Non, il y en a presque un millier ici. Elles sont prêtes à se déplacer seules et sont attirées par les accès de mana à proximité, » répondit Zagan. Il était parfaitement capable de les contrôler tous individuellement, mais cela avait été conçu avec Foll en tête. Il n’y avait aucun sens à créer quelque chose qu’elle était incapable de contrôler. Bien que, dans ce cas, il ait été possible de le lui donner sous une forme encore plus simple…
« Il semble que le même circuit ait été placé dans chaque Écaille du Ciel, alors serait-il possible de les contrôler en grappes ? » s’enquit Néphy en continuant d’observer chaque point de lumière qui formait le Champ de Neige.
« En grappes ? » demanda Zagan.
« Oui. Je parle de les contrôler en les divisant en grappes groupées. L’utilisation de circuits pour unifier les Écailles du Ciel autour d’un chef ne fonctionnerait-elle pas ? De cette façon, tu pourrais tous les manipuler simplement en contrôlant quelques groupes sélectionnés. »
Zagan la fixa d’un air émerveillé. Il avait été complètement déconcerté par sa brillante idée.
« Je vois. Dans ce cas, son contrôle serait certainement simple, et il permettrait de se déplacer facilement tout en l’utilisant… Bon travail, Néphy, » déclara Zagan.
« Je suis contente de pouvoir t’aider, » répondit Néphy.
« Tu es toujours… Pourtant, je ne peux m’empêcher de m’étonner que tu y aies pensé, » dit Zagan d’un ton chargé d’admiration, ce qui fit que Néphy plaça timidement son regard sur le sol.
« Je n’y ai pensé que parce qu’un pouvoir du mysticisme céleste que j’ai utilisé avant a fonctionné comme ça. De plus, je ne pourrais jamais espérer contrôler un millier d’Écailles du Ciel à la fois, alors mon esprit s’est déplacé pour trouver des moyens de les utiliser, » répondit Néphy.
Je suppose que ça veut dire qu’il y a des choses qui sont plus faciles à comprendre parce que tu as des problèmes avec eux, hein ? Ce fait avait étonné Zagan. Il était capable de contrôler individuellement les mille Écailles du Ciel, et c’est précisément pour cela qu’il était incapable de trouver une solution du point de vue de quelqu’un qui ne pouvait pas. Néphy, d’autre part, se plaignait d’être faible, mais elle avait pu arriver à une conclusion qui lui était étranger en raison de sa faiblesse.
« Ce sont ces parties de toi qui me servent le mieux, Néphy. Alors, aie plus confiance en toi, » se réjouit Zagan, qui avait fait presser légèrement son visage contre la joue de Néphy en disant ces mots.
« Wawawa ? » s’exclama Néphy. Et dans le manteau de Zagan, les oreilles de Néphy tremblaient violemment de haut en bas. Cela lui avait fait penser qu’il avait encore fait une erreur, mais il avait décidé de mettre ces pensées de côté pour l’instant.
Après cela, Néphy continua à faire des bruits complètement incompréhensibles, mais peu de temps après, elle s’installa et acquiesça d’un signe de tête résolu. Et puis, elle étendit les bras devant Zagan et donna un coup de pied par terre. Quand elle atteignit son cou, Néphy l’enveloppa de ses bras et l’enlaça fermement.
« O-Oh ? » murmura Zagan. Cette fois-ci, c’était lui qui avait les yeux rivés sur elle, car Néphy s’accrochait à lui de façon extrêmement serrée. Il était extrêmement inhabituel pour Néphy d’adopter une ligne de conduite aussi audacieuse, mais c’était tout de même plus que bienvenu.
Qu’est-ce que c’est… ? C’est vraiment doux et chaud… Je le jure, c’est la première fois que Néphy exprime son amour directement. Je suis si content que mon cœur saute presque hors de ma poitrine ! Zagan avait heureusement rendu l’accolade malgré ses nerfs qui l’emportaient sur lui. La façon dont les oreilles rouge vif de Néphy se tortillaient lorsqu’elle l’enlaçait lui rappelait quand Néphy était devenue une enfant, ce qui la rendait tout à fait irrésistible.
Il se peut que le fait d’être devenue une enfant ait aidé Néphy à retrouver sa personnalité d’origine. Et si tel était le cas, les actions d’Orias étaient plus que justifiées. Après tout, il n’y avait aucun moyen pour la Néphy, habituellement réservée, d’exprimer son amour avec autant d’audace sans que quelque chose change en elle.
« Maître Zagan, » marmonna Néphy en se prélassant dans l’instant joyeux.
« Qu’est-ce qu’il y a ? » demanda Zagan.
« Je suis, euh, extrêmement heureuse que nous ayons pu faire une promenade ensemble si tard dans la nuit. Est-ce que cette chose s’appelle un rendez-vous… quelque chose de similaire ? » demanda Néphy.
« Hein ? Euh, je me le demande… ? » répondit Zagan.
C’était une première même pour Zagan, alors il ne savait pas exactement en quoi consistait un rencard. Mais en même temps, il sentait qu’il devait y avoir quelque chose de très similaire.
« Je suis sûr que c’est comme ça, mais c’est encore plus incroyable ! Nous irons dans les magasins et les rues où nous n’allons pas d’habitude, nous nous habillerons, nous nous promènerons, et nous ferons quelque chose de spécial ! » proclama Zagan. Par quelque chose de spécial, il voulait bien sûr dire lui remettre le pendentif.
Les oreilles pointues de Néphy bougèrent d’un frémissement et, en affichant un virage inhabituel, elle avait un grand sourire.
« D’accord. J’ai hâte d’y être, » déclara Néphy.
Zagan avait l’impression d’avoir relevé la barre inutilement, mais il avait décidé de ne pas s’en faire. Néphy semblait ravie, et c’était finalement tout ce qui comptait. Malheureusement pour lui, il n’avait aucun moyen de savoir quelle calamité lui arriverait le lendemain matin…
***
Partie 6
« Zagan, je veux grandir. »
Le lendemain, Foll s’arrêta à la salle du trône avant le petit déjeuner. Derrière elle se trouvait Gremory, sous la forme d’une vieille femme, alors qu’elle avait de la sueur sur le front.
« Hm… Vas-y, continue. Écoutons-là, » Zagan se gratta la mâchoire, et il hocha la tête lorsqu’il lui donna sa réponse.
« L-Lady Foll. Je ne crois pas qu’on doive en parler à notre seigneur tout d’un coup. Ne penses-tu pas que des imbéciles comme Kimaris ou le Purgatoire pourraient nous donner un coup de main à la place tant que certaines conditions sont remplies ? » Gremory chuchota à Foll derrière elle d’une voix troublée, clairement inquiète que Zagan découvre ses plans ignobles.
« Tu as dit que tu ne pouvais pas le faire, Gremory, alors ce sera pareil pour tous les autres. Zagan est le seul à qui on peut le demander, » répondit Foll avec résolution.
« Non, eh bien, tu as peut-être raison, mais…, » Gremory s’arrêta de parler, alors qu’elle ne cessait de jeter un coup d’œil à Zagan avec un visage complètement pâle.
Le fait que Foll puisse parler franchement signifiait qu’elle faisait confiance à Gremory. Zagan, personnellement, aurait préféré qu’elles restent plus éloignées l’une de l’autre, puisque Gremory ne pouvait qu’avoir une mauvaise influence sur sa fille. Néanmoins, il se fiait à Gremory et la considérait comme sa servante de confiance, alors cela aurait été étrange qu’il dise à Foll de l’éviter.
En tout cas, elle veut devenir plus grande… pas plus forte… ? Cela pourrait probablement se faire avec l’aide de la sorcellerie de Gremory, qui manipulait l’âge, mais d’après ce qu’elles avaient dit, cela n’avait pas encore réussi. Dans ce cas, pourquoi avaient-elles tout dit à Zagan ? Ce n’était pas une question très difficile à répondre, mais Zagan avait décidé d’attendre que sa fille continue à s’expliquer pendant qu’il la fixait. Et peu de temps après, Foll rassembla sa détermination et ouvrit la bouche pour parler.
« Zagan, tu penses que je suis trop petite pour que tu me donnes du pouvoir, ce qui veut dire que je dois juste devenir plus grande ! » déclara Foll.
« Je vois ce que tu veux dire. Et ? » demanda Zagan.
Foll était une fille qui aimait passer à l’action. Si elle en était arrivée à cette conclusion, elle concrétiserait son idée et montrerait les résultats à Zagan. Le fait qu’elle ne l’ait pas déjà fait signifiait qu’il y avait une raison pour laquelle elle ne le pouvait pas. Et, comme Zagan l’avait pressée de continuer, Foll s’était mordu la lèvre avec humiliation.
« Mais… ça n’a pas marché sur moi alors que cela marche sur Gremory, » déclara Foll.
« Je vois. J’ai entendu dire que les dragons ont une résistance énorme contre la sorcellerie. La sorcellerie destinée aux humains ne devait pas être assez bonne, » fit remarquer Zagan. On disait que les écailles d’un dragon ancien pouvaient repousser naturellement la sorcellerie, et même une épée de la plus haute qualité ne pouvait pas laisser une seule égratignure sur elles.
Même en mettant cela de côté, les dragons étaient incroyablement puissants. Leur vitesse et leur force étaient inégalées, à tel point que même Kimaris, qui était reconnu comme l’être le plus rapide au monde, ne pouvait pas suivre Foll tout en transportant des gens comme elle. Cela s’appliquait particulièrement à Foll, car elle était une descendante du légendaire Sage Dragon Orobas. Franchement, son potentiel latent éclipsait facilement Zagan et Néphy. Et c’est pourquoi, même si elle était encore une jeune dragonne, ce n’était pas si simple de manipuler son corps. Ce n’était pas du tout surprenant que Gremory n’ait pas été en mesure de le faire.
« Aide-moi, Zagan. J’ai besoin de grandir, » déclara Foll en regardant le visage de Zagan d’un air suppliant.
« … Et quand tu seras plus grande, tu veux que je t’apprenne le Phosphore du Ciel ? » demanda Zagan.
Foll avait compris la raison pour laquelle Zagan ne lui accordait pas le pouvoir. Elle échoua dans sa tentative d’annuler sa décision, et vint quand même demander de l’aide à Zagan. Cela avait peut-être semblé stupide à la plupart des gens, mais Zagan ne pensait pas du tout que ses actions étaient déraisonnables.
Je suppose que ce serait un bon compromis… Foll avait trouvé un moyen d’obtenir l’approbation de Zagan toute seule. Et après avoir étouffé sa fierté, elle était même allée jusqu’à supplier Zagan de l’aider. Comment pouvait-il nier l’existence de sa fille alors qu’elle travaillait si dur ?
Les paroles de Néphy de la veille lui avaient traversé l’esprit et l’avaient poussé à continuer. « Cependant, je comprends aussi les sentiments de Foll. »
Zagan pensait qu’il comprenait aussi les sentiments de Foll, alors il devait réagir de façon appropriée. Après avoir été demandé par sa fiancée et sa fille, il n’allait pas refuser. Et ainsi, Zagan avait fait un signe de tête régulier.
« … Alors, très bien, » avait-il déclaré.
« Vraiment ? » demanda Foll quand ses yeux d’ambre commencèrent à scintiller.
« Cependant, j’ai une condition. C’est la sorcellerie de Gremory, donc l’effet est temporaire, non ? Je déciderai quand c’est bon pour toi de grandir. Je t’interdis de le faire sans ma permission, » déclara Zagan.
« D’accord, » répondit Foll sans la moindre hésitation de sa voix. Elle avait probablement déjà prédit qu’une telle condition serait imposée. À ce moment-là, l’expression de Zagan s’était finalement détendue.
« Si tu promets de tenir ta parole, alors je t’enseignerai le “Phosphore du Ciel” qui brûle toute vie, » déclara Zagan.
Les yeux de Foll brillèrent encore plus, et à ce moment-là, elle se leva et enlaça le cou de Zagan.
« Merci ! Je t’aime, papa ! » déclara Foll.
« Ah ! » Zagan avait poussé un cri de surprise. Les paroles de Foll le rendaient si heureux qu’il se sentait prêt à cracher du sang, mais en même temps, il pouvait dire que Foll ruminait l’affaire depuis un bon moment, ce qui l’avait fait tenir le coup.
Cependant, je voulais qu’elle reste ma petite fille un peu plus longtemps… Pourtant, il savait que ce n’était pas pour le mieux. Après tout, quel genre de parent serait-il s’il n’était pas heureux de la croissance de son enfant ?
Ainsi, bien qu’ils n’aient pas encore déjeuné, Zagan se dirigea vers le laboratoire de Gremory.
***
« Que dois-je faire exactement ici ? » demanda Zagan en entrant dans le labo de Gremory.
Une partie du château avait été attribuée aux serviteurs de confiance de Zagan comme Gremory et Kimaris. Ces salles servaient généralement de laboratoires où les sorciers faisaient des expériences et poursuivaient leurs recherches. Le château était en fait assez grand pour attribuer des pièces à tous ses subordonnés, mais la plupart d’entre eux utilisaient l’autre base de Zagan, le palais de l’Archidémon. Il avait soudain gagné une trentaine de subordonnés à la fois, devant maintenant ainsi gérer tout ce qui devenait incontrôlable.
Arrivé dans le laboratoire de Gremory, il trouva un grand cercle magique qui avait déjà été préparé. La sorcellerie était quelque chose qui différait dans sa forme avec des variations infinies, mais le fait que le cercle magique ait été entièrement tracé avait indiqué à Zagan que la sorcellerie elle-même avait été perfectionnée. Cependant, cela signifiait aussi qu’ils n’avaient pas besoin des connaissances de Zagan, ce qui l’embrouillait beaucoup.
Saisissant son étonnement, Gremory tapota le bord de sa grande faux contre le cercle magique et se mit à rire bizarrement. « La structure de la sorcellerie est complète. De plus, j’ai fait des recherches approfondies sur l’écoulement optimal du mana à travers lui, il n’est donc pas nécessaire d’ajouter d’autres circuits. »
« Je peux déjà le dire, » déclara Zagan.
Les cercles magiques étaient tissés avec des symboles appelés circuits, et le cercle magique de Gremory avait plus de dix mille circuits entassés dedans. Zagan ne savait même pas s’il pouvait lui-même créer un cercle magique aussi délicatement assemblé, et ce n’était pas seulement parce que cette sorcellerie était hors de son domaine de compétence.
« Keeheeheehee, je vois qu’il n’y a pas besoin de vous expliquer ma sorcellerie, mon seigneur. Ce qui manque ici, c’est le mana nécessaire pour surpasser la résistance à la sorcellerie d’un dragon. C’est-à-dire, nous avons besoin de pouvoir proche du niveau d’un Archidémon, » dit Gremory en plissant ses yeux d’une manière heureuse.
« C’est beaucoup, hein… ? » déclara Zagan.
Pour le dire franchement, Zagan avait été surpris. Il pensait déjà comprendre le pouvoir des dragons, mais il semblait qu’ils dépassaient même son imagination la plus folle. Elle était vraiment la fille du légendaire Sage Dragon Orobas.
En d’autres termes, ils veulent que j’utilise le Sceau de l’Archidémon… Ce n’était pas comme si le mana de Zagan surpassait le leur d’une quantité significative. Le sceau sur sa main était la preuve qu’il était un Archidémon, mais en vérité, Zagan ne trouvait pas vraiment cela désirable. C’est pourquoi il ne l’utilisait qu’en cas de besoin.
C’était un pouvoir emprunté, un sceau dangereux qui pouvait retourner ses crocs contre lui à tout moment. Il s’en servit pour sceller le sceau d’un autre Archidémon, mais il n’avait pas l’intention de s’y fier pour beaucoup plus que cela. Cependant, il était également vrai qu’il s’agissait essentiellement d’un conteneur rempli d’une quantité absurde de mana.
Eh bien, je suppose que ce n’est pas un problème. Je l’utiliserai juste pour amplifier le mana de Foll ici…
« Si je comprends bien. Tout ce dont tu as besoin, c’est que j’envoie le mana du sceau à Foll, non ? » demanda Zagan.
« Exactement, » répondit Gremory.
« Très bien. Alors je lui fournirai… hein ? Mais franchement ! Tu veux que je lui fournisse du mana ? » Zagan avait rugi, clairement agité. Certains sorciers pouvaient voler du mana à d’autres, mais d’après ce qu’il pouvait voir, le cercle magique de Gremory ne comprenait rien de tel. L’inclusion d’un élément aussi inutile dans un cercle magique si délicatement assemblé était quelque chose que seul un Archidémon pouvait faire, donc cela avait du sens. Cependant, cela signifiait qu’il devait lui fournir du mana d’une manière primitive qui n’interférerait pas avec la sorcellerie…
Me dis-tu d’embrasser ou d’avoir des relations sexuelles avec ma propre fille ? Le sexe était évidemment hors de question, alors il ne restait plus que le baiser. Pourtant, il n’y avait aucun moyen qu’il puisse faire ça.
Mais franchement, je n’ai même pas encore embrassé Néphy !
« Zagan, qu’est-ce qui ne va pas ? » Foll avait incliné la tête sur le côté comme si elle ne comprenait pas vraiment ce qui se passait quand elle lui avait posé cette question.
« Non, c’est juste que le moyen de fournir du mana est…, » Zagan s’était effondré. Il n’y avait aucune chance qu’il puisse expliquer une telle chose à sa jeune fille. Cependant, il avait déjà promis de coopérer avec le désir de Foll de devenir plus grande. Et par-dessus tout, il voulait aider sa fille qui faisait de son mieux. Cela dit, il n’était pas question de l’embrasser sans lui expliquer quoi que ce soit.
Au fait, Gremory poussait une clameur en disant. « Wooo, le beau pouvoir d’amour ! Qu’est-ce que vous allez faire, Archidémon !? Il est temps de me montrer votre vrai potentiel… ! Ah, j’ai un saignement de nez. »
Après s’être inquiété à ce sujet pendant un certain temps, Zagan avait renoncé à s’expliquer.
***
Partie 7
« Écoute, tu es sur le point d’avoir le mana de quelqu’un d’autre versé en toi. Es-tu vraiment d’accord avec ça ? » demanda Zagan.
« Je ne comprends pas vraiment… mais c’est d’accord si c’est toi, » répondit Foll. Elle était prête à forcer une poussée de croissance pour gagner du pouvoir, alors il avait tort de lui demander une telle chose.
Alors, en tant que parent, je ne peux plus reculer… Zagan était le plus jeune sorcier de l’histoire à devenir un Archidémon, ce qui était le résultat de sa grande force mentale. C’est pourquoi il avait trouvé sa réponse même en hésitant. Et puis, posant une main sur l’épaule de Foll, il s’adressa à elle en murmurant.
« Alors, Foll. Tu dois fermer les yeux, » déclara Zagan.
« D’accord…, » répondit Foll.
Elle était visiblement nerveuse. Son corps se raidit en fermant les yeux. Et puis, Zagan avait amené son visage sur le sien.
« Va-t-il vraiment le faire ? Attends, ce genre de développement est beaucoup trop soudain. Le pouvoir de l’amour est quelque chose qui devrait s’accumuler avec le temps. Il faut qu’il soit plus gracieux et plus digne ! Mais même si je n’aime pas ça, voir mon seigneur sur le point de commettre un péché par amour est passionnant… Aaaaaaaah, je veux l’arrêter… Non, je veux veiller sur lui ! Ugh, qu’est-ce que je fais !? » s’écria Gremory.
Gremory essayait probablement de garder ça pour elle, mais elle faisait beaucoup trop de bruit.
Kimaris fait de l’hypotension et n’est pas bon le matin, hein… ? À ce moment-là, Zagan s’était rendu compte à quel point ce sorcier l’avait aidé.
Même Foll avait l’air de faire une tête irritée, alors Zagan avait fait obstruction à tous les sons autour d’eux. Il avait créé une barrière pour isoler ceux qui étaient à l’intérieur et ceux qui étaient à l’extérieur. Cela n’avait aucune propriété défensive, mais même si la foudre frappait à l’extérieur, ils ne pourraient pas l’entendre.
Tandis que les environs s’étaient soudainement tus, le corps de Foll trembla d’un coup. Et pour mettre sa fille à l’aise, Zagan avait mis ses lèvres sur son front.
« Hein… ? » marmonna Foll, ouvrant les yeux par surprise.
Bref, il ne me reste plus qu’à créer un chemin pour le mana ! Un baiser était nécessaire, c’était donc la réponse de Zagan à ce problème difficile. Puisqu’il n’avait besoin que d’entrer en contact avec elle pour lui envoyer son mana, cet acte était plus que suffisant.
« Un baiser sur le front… fournit du mana ? » demanda Foll en se touchant le front dans la confusion.
« Eh bien, ouais, » répondit Zagan.
« … Je ne le savais pas, » déclara Foll.
Même si c’était sur le front, c’était vraiment embarrassant pour elle. Les joues de Foll étaient devenues légèrement rouges.
Aurais-je dû l’expliquer correctement ? Zagan n’était pas sûr de pouvoir regagner sa confiance si cela la faisait le détester. Il s’inquiétait de ce dilemme quand Foll avait parlé d’une voix si calme qu’il avait eu l’impression qu’il allait disparaître à tout moment.
« Oh, ce n’est pas mal…, » déclara Foll.
« Je-Je vois…, » déclara Zagan.
Pourquoi les choses étaient-elles devenues si gênantes ? Zagan avait continué de s’inquiéter de l’état de sa relation avec sa fille lorsqu’il s’était rendu compte que la grand-mère habituellement bruyante était beaucoup trop calme.
Oh oui, j’ai mis une barrière insonorisée… Après avoir abattu la barrière, Zagan et Foll étaient restés sans voix.
« CELA ! WOOOOOWWWW ! WOOOOOOOOOOOOO Ouf… Je vois. Pour une petite fille, un baiser sur le front est vraiment la meilleure approche. Vous êtes toujours aussi magistral, mon seigneur. Ahhhh, je vais mourir d’une overdose de toute cette puissance d’amour ! » cria Gremory.
Gremory avait l’air d’être devenue blanche comme un drap et était sur le point de se noyer dans une mare de sang provenant de son saignement de nez.
« Zagan… Gremory est…, » déclara Foll.
« Ne la regarde pas, » déclara Zagan en bloquant la ligne de vue de sa fille avec son corps.
« Keeheeheehee, j’ai vraiment cru que cela allait me tuer, mais il semble que les préparatifs soient terminés, » déclara Gremory en se levant sur ses pieds.
« Le mana est-il vraiment fourni là ? » demanda Foll en secouant la tête comme si elle n’y croyait pas du tout.
« Hm, Lady Foll, si tu utilises la sorcellerie maintenant, tu peux tirer le mana de l’inépuisable réserve de mon seigneur en utilisant ce lien qu’il vient de créer. Bien que cela ait été simplifié, cela ne devrait pas être un problème, » déclara Gremory.
« Ton mana est amplifié. Essaie, » déclara Zagan en acquiesçant aux paroles de Gremory.
« … D’accord ! » s’exclama Foll en acquiesçant d’un signe de tête vigoureux. Puis, elle se tenait au centre du cercle magique. Après l’avoir vérifié, Gremory commença à chanter clairement, et avant que personne ne s’en rende compte, sa silhouette avait changé, passant de celle d’une vieille femme à celle d’une belle jeune femme. C’était elle dans la fleur de l’âge, et le fait qu’il était nécessaire de le faire montrait à quel point cette sorcellerie était puissante.
« Le temps est l’anneau qui cerne de la lune au soleil. La spirale qui s’étire vers l’écoulement de haut en bas. Ce qui gouverne du commencement à la fin. Ainsi, ce qui lie le changement du soleil à la lune, du bas vers le haut, et de la fin vers le commencement, sera aussi le temps lui-même, » déclara Gremory.
Son sort était semblable à un chant céleste, peut-être parce qu’elle était autrefois l’élève d’Orias. Et bien que Zagan ait été instinctivement attiré par cela, il avait été agressé par un sentiment d’épuisement de voir son pouvoir soudainement retiré de son corps. Foll avait besoin de plus de mana, et il sortait du corps de Zagan à un rythme rapide.
« Sceau de l’Archidémon, prête-moi ton pouvoir ! » proclama Zagan en tenant sa main droite en l’air. En un instant, un mana suffocant avait gonflé dans la zone et son sentiment d’épuisement s’était dissipé.
Les dragons ont après tout une capacité plutôt terrifiante… Zagan croyait que l’approvisionnement en mana du Sceau de l’Archidémon était quelque chose qui dépassait de loin la portée de l’homme, mais cette situation lui fit réaliser qu’il y avait une race qui pouvait facilement le consommer. Peu de temps après, un changement avait commencé à se manifester à Foll. Ses bras et ses jambes avaient commencé à s’étirer, ses cheveux s’étaient étendus dans l’air et son corps plat avait commencé à gonfler. En d’autres termes, elle passait d’enfant à femme.
Est-ce que ça marche ? se demandait Zagan. Et à ce moment précis…
« Argh…, » Zagan avait gémi en voyant sa vision déformée.
« Zagan !? » cria Foll en se précipitant et en le soutenant par l’épaule.
Il est dangereux d’interrompre un rituel aussi délicat… Ils versaient quand même du mana du Sceau de l’Archidémon. Si les choses tournaient mal, cela pourrait s’emballer et détruire le château tout entier… Non, même Kianoides ne serait pas en sécurité dans le pire des cas. C’est pour ça que Gremory n’arrêtait pas de chanter. Elle comprenait sûrement la situation et souhaitait éviter tout danger. Son chant s’accéléra, accélérant le rituel jusqu’à sa conclusion.
Foll avait l’air anxieuse, mais elle était retournée au milieu du cercle magique. Sa silhouette avait déjà atteint à peu près la même taille que Néphy.
Attends, n’est-elle pas un peu trop grande là… ? C’était probablement parce qu’il s’accroupissait, mais Foll était maintenant assez grande pour qu’il doive lever les yeux vers elle. Cependant, celle qui semblait encore plus déconcertée que Zagan… était Foll.
« Zagan, tu es…, » balbutia Foll.
Avant qu’elle ait pu finir de parler, le cercle magique s’était brisé, laissant derrière elle une lumière éblouissante. Le rituel semblait terminé. Cela semblait aussi avoir été un fardeau considérable pour Gremory, alors qu’elle haletait pour respirer après que son chant se soit arrêté.
Le corps de Foll était devenu assez grand pour que sa robe natale habituelle ne puisse pas rester intacte. Sur le plan humain, elle avait l’air d’être dans la deuxième moitié de l’adolescence. Le même âge ou plus vieux que Zagan, en gros.
« Oh… »
Les vêtements des enfants étaient beaucoup trop petits pour son corps maintenant. Les zones de ses seins étaient particulièrement incapables de le supporter, car un bouton lui avait été tiré dessus et il arriva sur le front de Zagan. Il semble que le rituel ait été un succès pour l’instant.
« Zagan… » Foll avait encore une fois essayé de se précipiter à Zagan, mais…
« Ah ! »
Elle n’était pas encore habituée à son grand corps, et elle avait trébuché en chemin.
« Regarde où — hein ? » Zagan s’était levé pour essayer d’attraper Foll, mais pour une raison inconnue, son corps n’avait pas bougé comme il le souhaitait. Le corps de sa fille était beaucoup plus lourd qu’il ne l’imaginait quand il s’appuya sur lui. Il était arrivé à temps, mais les deux individus avaient fini par tomber ensemble.
Et comme ses seins étaient tombés sur son visage, il s’était senti terriblement réchauffé… Non, il n’avait pas eu le temps de se concentrer là-dessus. La pression étouffante qu’ils exerçaient sur lui était une question plus pressante. D’une façon ou d’une autre, ils l’écrasaient.
« MmmMmmmmmmmmmmmm ! »
« Est-ce que ça va, Zagan ? » demanda Foll d’une voix tremblante. Elle essayait de faire quelque chose pour améliorer la situation, mais elle ne pouvait pas très bien bouger son corps et était seulement capable de se tortiller.
« Calme-toi. Calme-toi. Tu n’es pas encore habituée à cette sensation. Si tu paniques, il sera de plus en plus difficile de bouger, » dit Gremory en expliquant à Foll comment contrôler son nouveau corps. Après avoir remis de l’ordre dans sa respiration, elle avait travaillé pour libérer Zagan des mâchoires de la mort. Cependant, quand elle l’avait fait, le visage de Gremory s’était raidi, complètement en état de choc.
« Qu’est-ce que c’est que ce bordel !? Zagan… Attendez, êtes-vous au moins Zagan ? » demanda Gremory.
« Qu’est-ce que tu veux dire ? » demanda Zagan en penchant la tête sur le côté. Et en disant cela, il remarqua que sa voix était étrange. C’était généralement beaucoup plus grave que ça, alors le changement l’avait surpris.
Et honnêtement, ce n’était pas seulement sa voix. Ses vêtements s’étaient relâchés et lui semblaient sur le point de tombée. La raison pour laquelle il n’avait pas pu attraper Foll, c’est qu’il avait fini par marcher sur l’ourlet de sa robe.
Complètement confus, Zagan baissa les yeux vers ses mains… pour s’apercevoir que ses mains rustres étaient maintenant petites et grassouillettes.
Hé, qu’est-ce qui se passe ici… ? Zagan toucha timidement son propre visage. C’était tout élastique, et cela ne ressemblait pas du tout à son propre visage. Et pour empirer les choses, Foll et Gremory semblaient complètement abasourdies, comme si elles n’étaient même pas sûres de parler à Zagan, et cela l’avait vraiment blessé.
Cependant, ce qui piquait le plus, c’était que Zagan, qui se vantait d’être un sorcier aux capacités physiques surhumaines, était incapable d’attraper une jeune fille en pleine adolescence. Il pouvait facilement soulever Foll quand elle avait pris sa forme de dragon, alors comment était-ce possible ?
Regardant autour de lui, exaspéré, Zagan aperçut une cruche d’eau dans le coin du laboratoire.
Qu’est-ce qui s’est passé ici… ? Et, alors qu’il regardait dans la cruche pour tenter d’obtenir des réponses, toute la couleur de son visage avait disparu.
Malheureusement pour lui, le reflet dans l’eau montrait un jeune enfant qui ressemblait beaucoup à Zagan.
***
Chapitre 2 : Ma mignonne fille a grandi et j’ai rétréci. Et maintenant ?
Partie 1
« Ça fait longtemps, jeune homme. »
Il déclara ça en regardant le petit vieillard debout sous ses yeux. Non, le vieux n’était pas si petit que ça. C’était juste qu’il était beaucoup trop grand. Il était assez grand pour enjamber facilement ce vieil homme, ce qui le rendait clairement plus grand que tout être humain. C’était une pensée qui lui passait par l’esprit alors que sa conscience était dans la brume. C’était un rêve. Et dans ce rêve, il était devenu quelqu’un d’autre.
On pouvait apercevoir un léger sourire à travers le trou dans le capuchon du vieil homme.
« Je suis sûr que tous les humains ressemblent à des enfants de ton point de vue, mais c’est étrange d’être appelé jeune homme à mon âge. Tu n’aimerais pas non plus qu’on te traite de lézard géant, n’est-ce pas ? »
Et il souleva un rire chaleureux en réponse au cynisme du vieil homme.
« Hahahaha, tu es le seul qui ose me parler d’une manière aussi frivole… Allons, il n’y a pas besoin de s’offusquer d’une plaisanterie aussi triviale. »
Le vieil homme poussa un petit soupir en réponse à son attitude ravie.
« Et tu es à peu près le seul qui peut encore me faire soupirer… En tout cas, ça fait un millier d’années depuis, hein ? »
Les paroles du vieil homme lui avaient piqué le cœur. Il se sentait seul, et le seul qui pouvait comprendre ce sentiment était ce vieil homme. Cependant, il avait simplement plissé ses yeux.
« En parlant de mille ans, j’ai trouvé une fille qui lui ressemblait beaucoup l’autre jour, » déclara le vieil homme comme s’il se souvenait de quelque chose.
« Hm… Cela pourrait-elle être… une haute elfe ? »
« Ouais. C’est un cas d’atavisme. Malgré tout, cette fille a de magnifiques cheveux blancs. Au cours des mille dernières années, “elle” a été la seule à pouvoir se comparer à un tel niveau de pureté. Nos jeunes semblent vouloir en savoir plus sur elle, alors j’ai fini par l’abriter. »
En écoutant le vieil homme, il ferma les yeux, se délectant de sa nostalgie. Ce qui lui était venu à l’esprit, c’était l’image d’un garçon humain, d’un homme et d’une fille. C’était un très vieux souvenir, donc leurs visages et leurs vêtements étaient tous flous. On ne savait pas exactement ce qu’ils étaient pour lui, mais ils étaient restés dans son cœur jusqu’au point où le simple fait de penser à eux le rendait heureux. C’est pourquoi il ne riait pas des actions du vieil homme, mais hochait la tête en ressentant du bonheur.
« J’aimerais la rencontrer au moins une fois. Je n’ai pas eu l’occasion d’échanger des mots avec elle il y a mille ans. »
« Ce serait bien si tu le pouvais. Il semble qu’elle a besoin d’être sauvée. Cependant, je ne suis malheureusement pas très bien adapté à une telle chose. »
« De telles questions gênantes. »
« N’est-ce pas vous, les dragons, qui guidez l’humanité ? »
Il poussa un gémissement en entendant la réponse du vieil homme. Et puis, après une courte pause, il avait tranquillement levé son visage.
« Si je possédais un tel pouvoir, cela ne serait jamais arrivé. »
Lui et le vieil homme regardèrent au loin où le monde commençait à se déformer. Ce qui ne devrait pas exister essayait de se manifester dans le monde. Et voyant cette vue, le vieil homme forma à nouveau un léger sourire.
« Tu peux sûrement les guider. C’est pourquoi Salomon, “elle” et moi étions tous heureux. C’est précisément pour cela que nous étions désespérés, et avons donc lutté contre eux, » déclara le vieil homme, sa voix chargée de gratitude. Puis, il lui avait demandé. « Maintenant que j’y pense, tu as eu une fille, n’est-ce pas ? Est-elle en bonne santé ? »
« Ce n’est qu’une fille qui vient d’apprendre à marcher. Cependant, elle sera un jour le dernier dragon de ce monde. Ça me fait penser que j’ai peut-être fait quelque chose de cruel. »
« Le dernier dragon…, » marmonna le vieil homme avant de continuer sur un ton affectueux, « J’aimerais aussi rencontrer cette enfant. »
« Alors il en est de même de mon côté. Te rencontrer serait une bonne occasion pour elle d’apprendre à connaître le monde, » déclara le dragon en levant les yeux silencieusement et en regardant la distorsion devant eux. Puis, il parla d’une voix lugubre, déclarant : « Azazel est brisé, et nous n’avons même pas la moitié des épées sacrées ici. Le seul Emblème de l’Archidémon que nous possédons est celui sur ta main. Ça ne se passera pas comme il y a mille ans. » Et malgré tout cela, il avait souri en disant. « Mais c’est un bon jour pour mourir. »
Le vieil homme avait ouvert la bouche en raison de la surprise, puis fit un rire. « Jusqu’à notre prochaine rencontre, Sage Dragon Orobas. »
« J’ai hâte de rencontrer cette haute elfe qui lui ressemble beaucoup, Archidémon Marchosias. »
C’était une scène un peu avant que Zagan et Néphy ne se rencontrent pour la première fois. C’était un souvenir perdu que personne au monde ne connaissait.
***
Partie 2
« Je me demande ce que cela signifie ? » demanda Néphy. Sa voix était habituellement faible, et pourtant maintenant elle sonnait fort comme le tonnerre. Au premier coup d’œil, il ne semblait même pas y avoir un soupçon de colère sur le visage de Néphy. On pourrait même dire qu’elle souriait par rapport à son moi sans expression habituel. Et pourtant, Foll et Gremory, qui devaient s’agenouiller devant elle, se recroquevillaient toutes les deux.
« … Désolée. »
« Vous avez tout faux, Lady Néphy. Je n’avais rien d’autre que d’agir avec les meilleures intentions… Oui, je suis vraiment désolée… »
Ils étaient actuellement dans la salle du trône. Néphy était partie à la recherche de Zagan et des autres quand ils ne s’étaient pas présentés au petit déjeuner, et après avoir découvert Zagan dans son état d’enfant, elle avait commencé à interroger les deux coupables, Gremory et Foll. Elle était actuellement assise au sommet du trône de Zagan à sa place, regardant les deux avec un sourire froid… Cependant, le sol à ses pieds s’était soudain couvert de mousse. Le mysticisme de Néphy semble s’être activé quand elle s’énervait. Il n’était même pas nécessaire de demander maintenant, puisqu’il était clair qu’elle était de mauvaise humeur.
Je n’avais pas vu Néphy aussi en colère depuis longtemps…, juste après que Zagan et Néphy se soient rencontrés, ils avaient été attaqués par les Chevaliers Angéliques et Zagan avait été blessé dans la bataille. C’était la première fois que Néphy utilisait le mysticisme devant lui. Ce n’était pas aussi grave que cette fois-là, mais sa colère était encore palpable.
Honnêtement, je ne voulais vraiment pas qu’elle me voie comme ça…, le pire cauchemar de Zagan s’était réalisé. Il y avait des choses sur son passé qu’il ne voulait pas qu’elle sache parce qu’il l’aimait. Il n’avait pas vraiment vécu une vie honnête à l’époque, alors le fait d’avoir un souvenir aussi frappant de son passé sur son visage lui faisait mal.
Foll ne pouvait plus porter sa robe habituelle, alors elle empruntait des vêtements de Gremory. Malheureusement, ils étaient un peu trop provocateurs, car c’était les vêtements que Gremory portait lorsqu’elle était retournée dans la force de son âge. En la regardant, il était clair que Foll était une femme de dix-huit ans. Zagan, d’un autre côté, n’en avait même pas l’air. Il semble que leurs âges aient été échangés. Ou du moins, leur âge physique, en tout cas, puisqu’il était difficile de comparer l’espérance de vie d’un dragon à celle d’un humain.
D’ailleurs, Gremory avait bien compris qu’elle ne pouvait pas essayer de tromper Néphy en prenant la forme d’une vieille femme ou d’une petite fille et qu’elle lui faisait sérieusement face dans sa forme première, mais son visage était trempé de sueur. Entre Foll et Gremory, il semblait que Gremory serait la première à s’effondrer complètement si cela continuait, alors Zagan s’était éclairci la gorge avec une toux.
« Hum, Néphy… ? Ce n’est pas comme si Gremory faisait l’imbécile, d’accord ? C’est aussi ma faute, puisque je n’ai pas bien contrôlé l’Emblème de l’Archidémon, alors ne sois pas trop en colère… » Zagan l’avait implorée d’avoir pitié d’elles. Même s’il avait hésité à couper dans la conversation au début. Et, alors qu’il essayait d’agir comme médiateur, Néphy l’avait serré dans ses bras.
« Mais que le Maître Zagan devienne si adorable… si petit comme ça…, » déclara Néphy.
« Qu’allais-tu dire tout à l’heure ? En fait, peux-tu aussi me reposer sur le sol ? » demanda Zagan. Même lui en était réduit à se plaindre dans une telle situation. C’était parce que Néphy le tenait dans ses bras comme une poupée en peluche et ne voulait pas lâcher prise. Zagan avait d’abord pensé à se cacher. Cependant, lorsqu’il avait été pris dans cette forme disgracieuse par la personne à qui il voulait le plus le cacher, il s’était figé sur place. Finalement, il s’était réveillé… et ça avait fini comme ça.
D’ailleurs, il n’y avait pas de vêtements pour enfants dans le château, alors Zagan portait toujours sa robe maintenant ample. À cause de cela, il était incapable de bouger correctement, et ne pouvait même pas s’échapper des genoux de Néphy. Regardant cette scène, Gremory s’était plaqué la poitrine et lui avait montré son pouce.
« Hnnngh, belle masse d’amour —, Erk, n-non, c’est rien, » déclara Gremory.
Pourquoi cette grand-mère n’avait-elle pas pu apprendre sa leçon ? Gremory fut réduite à un désordre tremblant alors que Néphy la regardait d’un regard froid qui ressemblait à une dague de glace. Le plus effrayant, c’est que Néphy souriait encore tout le temps, ce qui avait même fait transpirer Zagan.
Quoi qu’il en soit, elle savait que la situation ne serait pas résolue même s’ils continuaient à intimider Gremory, alors Néphy s’était pincé le front en allant droit au but.
« … D’après ce que j’ai compris, vous êtes incapable de ramener le Maître Zagan à la normale, n’est-ce pas ? » demanda Néphy. Tous les trois avaient accompli un rituel pour aider Foll à vieillir. Le fait que Zagan soit également devenu plus jeune avait été un effet secondaire imprévu. Quand le mana sortait du contrôle des circuits et qu’il devenait sauvage, il se transformait souvent en une « malédiction » qui différait en nature de la sorcellerie. Dans un tel cas, même la capacité de Zagan à dévorer la sorcellerie ne pouvait l’annuler. Normalement, quiconque possédait autant de mana qu’un Archidémon ne serait pas maudit, mais…
« Le pouvoir de mon seigneur et de Lady Foll est devenu fou en même temps. C’est déjà quelque chose qui sort du domaine de la sorcellerie. Je ne peux pas le ramener à la normale avec mon pouvoir… Si je dis que c’est une situation où un dragon et un Archidémon ont collaboré pour jeter une malédiction, est-ce que vous comprenez ? » demanda Gremory avec une expression d’humiliation.
« Une malédiction… » marmonna Néphy. Quand on regardait dans le village elfique caché, Néphy avait été mise au ban de la société comme une enfant maudite, de sorte que cette parole avait fait trembler son corps.
Même Gremory a l’air déprimée…, normalement, elle ne faisait que déconner sans se soucier de rien, mais il n’y avait toujours pas d’erreur sur le fait qu’elle était une sorcière puissante. Non seulement sa sorcellerie spécialisée s’était déchaînée, mais elle n’avait pas réussi à remettre les choses en ordre. Cela avait vraiment dû être humiliant pour — .
« Même si j’ai apporté une telle démonstration de puissance d’amour, je ne peux même pas la reproduire ! Quelle humiliation ! » déclara Gremory.
« Mlle Gremory, » déclara Néphy, sèchement.
« … Désolée. Je plaisante, je plaisante. Je me consacrerai corps et âme à trouver un moyen d’y remédier, » répondit Gremory. La voix sans émotion de Néphy avait réduit Gremory à se prosterner sur le sol, suppliant pour le pardon. Néphy, par contre, avait l’air d’avoir mal à la tête et se pinçait à nouveau le front.
« Pour l’instant, expliquez ceci d’une manière que même un amateur comme moi comprendrait, » demanda Néphy. Il était tout à fait naturel que Gremory n’ait rien pu faire d’autre que de faire des bruits incohérents avec Néphy dans cette position, alors Foll avait parlé en son nom.
« Zagan ne voulait pas me donner de pouvoir parce que je suis petite, ce qui m’a fait décider de grandir. Mais nous n’avions pas assez de pouvoir avec Gremory et moi, alors j’ai demandé à Zagan de nous aider, » déclara Foll.
Néphy avait l’air troublée, apparemment sans savoir comment réagir au fait que sa fille était maintenant plus grande qu’elle.
« Et puis nous avons échoué, et c’est arrivé, » déclara Foll en tenant le dos de sa main droite. L’Emblème de l’Archidémon que Zagan possédait flottait sur le dos de la main droite de Foll. Cependant, il baissa les yeux et aperçut que le sceau tissé de mana était toujours là. Celui sur la main de Foll était le même alors qu’il était tissé avec du mana, mais c’était plus comme une tache de naissance qu’autre chose.
« C’est probablement ce qu’on appelle un stigmate. Depuis que j’ai créé un lien pour partager le mana avec Foll, le sceau a été transcrit sur sa main, » déclara Zagan.
« Un stigmate… ? » dit Néphy en penchant la tête sur le côté.
« C’est un phénomène où ta cicatrice apparaît sur quelqu’un d’autre comme si c’était la sienne. On dirait qu’ils les traitent comme quelque chose de sacré dans l’Église, mais c’est troublant quand ils apparaissent sur les sorciers. Si elle est mal gérée, il est tout à fait possible qu’une fois que l’un d’entre nous meurt, l’autre doive suivre le voyage… Cela dit, le lien que j’ai ouvert avec Foll est à sens unique. S’il y a des effets, ils ne seront probablement transférés que de moi à elle, » répondit Zagan.
« Pourrait-il être... C’est ça, cette sensation de chaleur sur mon dos ? » demanda Foll en regardant autour d’elle dans la confusion.
« Ah, c’est probablement le cas, » répondit Zagan. Comme Zagan était assis sur les genoux de Néphy et qu’il ne pouvait pas s’échapper, une sensation indescriptible agréable lui parcourait le dos. La raison pour laquelle il n’avait pas pu se calmer, c’est parce qu’il avait remarqué les choses qui s’insinuaient en lui.
« Quoi qu’il en soit, mon mana coule actuellement vers Foll sans aucune restriction. C’est probablement la cause de ce ridicule échange d’âge. C’est logique, puisque tout ça s’est mal passé pendant le rituel de Gremory, » déclara Zagan.
Le problème central était la stigmatisation du sceau que Foll leur montrait. Le corps de Foll avait grandi, mais ce n’était pas comme s’il y avait eu un effet sur son esprit, donc son explication était un peu manquante. Et après que Zagan eut complété son explication, Néphy acquiesça d’un signe de tête convaincu.
« Nous avons utilisé l’Emblème de l’Archidémon pour amplifier une sorcellerie qui à l’origine n’avait aucun effet sur un dragon. C’est mon insouciance qui lui a permis de devenir comme ça. C’est inutile de blâmer Gremory pour l’instant, » déclara Zagan.
« … Mon seigneur. N’êtes-vous pas étrangement fixé sur ce point ? Ce n’est pas comme si j’étais la seule à être blâmé ici, » demanda Gremory. Cependant, Zagan avait complètement ignoré sa voix particulièrement mécontente et avait continué son explication.
« Je suis venu à la salle du trône parce que je pensais que si je récupérais certains de mes pouvoirs, je pourrais trouver une solution, mais… eh bien, il semble que ça ne marchera pas, » déclara Zagan.
Il y avait d’innombrables barrières qui renforçaient les pouvoirs de Zagan autour de son domaine. Et l’endroit où son pouvoir était le plus renforcé était sa salle du trône, mais il semblait que la situation était beaucoup plus difficile qu’il ne le pensait au départ, puisque son retour ici n’avait rien changé.
Néphy écoutait attentivement son explication, mais elle ne savait pas qu’elle caressait la tête de Zagan pendant tout ce temps. De plus, il avait trouvé cela réconfortant de façon inattendue et ne lui avait pas non plus dit sans ménagement d’arrêter.
J’ai l’impression de comprendre un peu mieux Foll maintenant… Être traité comme un enfant aurait dû être vexant, mais il y avait quelque chose de tellement confortable face à quoi il n’avait pas pu résister.
« Attendez, cela signifie-t-il que vos pouvoirs se sont affaiblis, Maître Zagan ? » fit remarquer Néphy, complètement décontenancée.
« Hmm…, » chuchota Zagan en levant l’index jusqu’aux lèvres, puis dit : « Eh bien, oui, je ne suis plus aussi puissant qu’avant. Par exemple, si je devais reconstruire la barrière autour de ce château, cela prendrait plusieurs jours au lieu de plusieurs minutes. Et en ce moment, je ne suis peut-être même pas capable de dévorer la sorcellerie en fonction des capacités de mon adversaire. »
***
Partie 3
Comme il l’était, même le Phosphore du Ciel qu’il avait l’intention d’enseigner à Foll était hors de portée. Ils ne pouvaient pas permettre qu’un tel fait soit connu des autres, alors Néphy s’était couvert la bouche en pleine panique. Heureusement, les seuls présents ici étaient Zagan, Néphy, leur fille Foll et Gremory. Gremory était un fidèle serviteur de Zagan, il pouvait donc affirmer qu’elle ne voulait pas en parler à d’autres. Cela dit, cela n’avait pas changé le fait que Zagan se trouvait dans une position plutôt périlleuse.
« Maître Zagan…, » Néphy murmura d’une voix affligée, puis pencha la tête sur le côté comme si un certain doute lui venait à l’esprit avant de dire. « Si la source de cet incident est le sens unique, pourquoi ne pas le changer pour aller dans les deux sens ? »
Eh bien, même s’ils ne s’embrassaient pas sur les lèvres, ils pourraient obtenir le même résultat si Foll embrassait le front ou la joue de Zagan pour ouvrir l’autre voie. Cependant, Gremory secoua simplement la tête.
« Ne l’ai-je pas déjà dit ? C’est une malédiction, pas un simple dysfonctionnement. En vérité, le fait que le flux de mana n’est qu’à sens unique peut être précisément ce qui l’empêche de s’aggraver. Nous risquons de déséquilibrer la situation si nous agissons trop rapidement, » répondit Gremory.
« Que se passerait-il si nous le faisions ? » demanda Néphy.
« Dans le pire des cas, Zagan pourrait mourir, » déclara Gremory.
Néphy avait dégluti, puis elle serra Zagan plus fort.
Je ne peux pas lui en vouloir. Je ferais exactement la même tête si quelqu’un me disait que Néphy était en grand danger…
« En d’autres termes, c’est complètement différent de quand je suis devenue plus petite… non ? » Néphy laissa sortir ces mots d’une voix tremblante.
« Bien que je regrette de le dire, vous avez raison, » déclara Gremory.
À l’époque où Néphy fut transformée en enfant, tous les aspects de la sorcellerie étaient sous le contrôle total de l’Archidémon Orias. En ce sens, c’était sans danger.
Et alors qu’il réfléchissait à de telles choses, une pensée lui vint à l’esprit.
Hm ? Orias est le professeur de Gremory, non ? En d’autres termes, Orias et Gremory utilisaient la même sorcellerie, et en tant qu’Archidémon, le pouvoir et l’expérience d’Orias étaient à un tout autre niveau. C’était elle qui avait fait de Néphy une enfant auparavant, et son pouvoir englobait à la fois la sorcellerie et le mysticisme. Il lui serait possible de faire quelque chose contre cette malédiction gênante. Gremory semblait également avoir réalisé cette possibilité et regarda fixement Zagan dans les yeux.
« Voyons voir… Et si on se fiait à ton professeur ? » demanda Zagan.
« Je vais essayer de la contacter, » déclara Gremory.
« Maître Zagan, connaissez-vous le professeur de Mlle Gremory ? » demanda Néphy, étonnée par leur échange.
« Hein ? Ah…, » Zagan était à court de mots en réalisant que sa déclaration était plutôt imprudente.
Merde. Si je lui dis que je vais compter sur Orias, Néphy me suivra. Même maintenant, elle l’enlaçait si fort qu’il était clair qu’elle ne voulait jamais le laisser partir. Il n’était pas question qu’elle le laisse voyager seul dans son état actuel.
Orias était la vraie mère de Néphy. Cependant, les souvenirs de Néphy de ce fait étaient flous, et elle ne connaissait toujours pas la vérité. Zagan l’avait rencontrée par hasard l’autre jour, mais à cause de la dispute avec l’Archidémon Bifrons, ils s’étaient séparés pour le moment.
C’est pourquoi Zagan ne voulait pas que leurs retrouvailles se déroulent dans de si sombres circonstances. Et pendant qu’il se creusait la tête pour trouver une solution au problème, Gremory secoua la tête d’une manière grave.
« Mon maître est aussi un Archidémon, donc mon seigneur l’a déjà rencontrée dans le passé. Cependant, il vaut peut-être mieux que vous ne la rencontriez pas, Lady Néphy, » déclara Gremory.
« Pourquoi est-ce que c’est comme ça ? » demanda Néphy.
« Ne l’ai-je pas déjà dit ? Elle est ma professeur. Le même professeur qui m’a inculqué l’essentiel du pouvoir de l’amour. Une haute elfe comme vous, qui est pleine de pouvoir d’amour, ne peut pas se rapprocher d’elle en toute sécurité, » déclara Gremory.
« Eeek... » cria Néphy, apparemment à court de mots.
Hé ! Arrête ça ! Ce sera encore plus compliqué quand Néphy et Orias se reverront ! Cependant, ils avaient maintenant une raison de garder Néphy à distance. Et même si cela lui faisait beaucoup de peine de le faire, Zagan fit un léger signe de tête pour confirmer la déclaration de Gremory.
« … Tu as tout à fait raison. Même moi, je peux imaginer ce qui se passerait si cet Archidémon rencontrait Néphy, » déclara Zagan, ce qui signifiait qu’il pouvait imaginer les retrouvailles réconfortantes entre mère et fille.
« Est-ce acceptable que ce genre d’individu rencontre Maître Zagan alors qu’il est sous cette forme adorable ? » Néphy ajouta cela timidement.
« Hein ? Euh, je me demande… ? Mon professeur ne s’intéresse pas à l’humanité, alors je pense que ça devrait aller, » déclara Gremory.
Hé ! Ne sois pas inquiète ! Et Néphy, ne me traite pas d’adorable ! Zagan croyait qu’Orias était une personne parfaitement respectable. Il n’avait aucune confiance qu’il pourrait rendre hommage à cette vieille femme si elle commençait à dire des choses que Gremory disait souvent comme le pouvoir de l’amour. Et bien qu’elle soit devenue pâle à la suite de toutes ces discussions, Néphy avait quand même fait preuve de sa volonté.
« Parlons de toutes nos options. Que pensez-vous quant à la façon de ramener Maître Zagan à la normale ? » demanda Néphy.
« Comme je l’ai dit, compter sur mon professeur est notre première option. Ma sorcellerie de manipulation de l’âge est quelque chose que mon professeur a développé, donc elle serait la mieux placée pour m’aider, » déclara Gremory en levant le doigt pour commencer à compter les options. Quand elle avait soulevé son deuxième doigt, elle avait dit. « L’étape suivante est de rompre d’une manière ou d’une autre le lien qui a été créé plus tôt. Cependant, cela comporte un risque similaire à celui de reconnecter le lien, puisqu’il est possible de provoquer une nouvelle explosion de mana qui pourrait mettre en danger leurs vies respectives. On peut penser que c’est une option, mais ce devrait être notre dernier recours. »
Néphy retenait son souffle en hochant la tête, et Gremory leva un troisième doigt en réponse.
« Enfin, nous pouvons compter sur les techniques d’un autre continent, » déclara Gremory.
« Un autre continent… ? » demanda Néphy.
Gremory hocha simplement la tête lorsque Néphy inclina la sienne sur le côté.
« Toute la sorcellerie de ce continent a la même racine. Rien d’autre ne peut être fait si mon professeur n’est pas capable de le ramener à la normale. Cependant, le pouvoir qui diffère de la sorcellerie existe sur l’île de Liucaon. C’est la raison pour laquelle il est utile de nous concentrer davantage sur cette question, » déclara Gremory.
« Dans ce cas, ne peut-on pas faire quelque chose avec le mysticisme de Nephteros ou même avec le mysticisme céleste ? » répondit Néphy.
« Peut-être, mais je pense que c’est peut-être difficile. Le mysticisme est certainement puissant, mais vous et Nephteros n’en avez pas le contrôle total. Quant au mysticisme céleste…, » Gremory hésita à parler davantage. Cependant, Zagan et même Foll avaient compris ce qu’elle essayait de dire. C’était la raison pour laquelle sa fille maintenant adulte avait hésité en ouvrant la bouche pour parler.
« J’ai l’impression que… le mysticisme céleste est une puissance qui n’existe que pour la bataille…, » déclara Foll.
Dans un combat, c’était une force écrasante qui pouvait anéantir un château en un seul coup. Combinez cela à son pouvoir de guérison, et le mysticisme céleste était beaucoup trop puissant. C’était comme si c’était une arme développée pour combattre quelque chose qui dépassait la compréhension humaine.
En entendant cela, les bouts d’oreilles de Néphy frémirent grandement.
« Une puissance… qui n’existe que pour la bataille… ? » répéta Néphy d’une voix hésitante. La sorcellerie était à l’origine un moyen pour les sorciers de satisfaire leurs désirs. Ce n’était pas une puissance développée dans le but de détruire ou de combattre. Cependant, parce qu’il y avait un lien direct entre l’acquisition du savoir et l’acquisition du pouvoir, tous les sorciers expérimentés avaient fini par devenir puissants. D’une certaine manière, Zagan était un monstre parmi les monstres, car il n’avait jamais développé sa sorcellerie que pour devenir plus puissant.
Bien que Néphy soit encore une débutante, elle le comprenait. Et à cause de ça, ses yeux s’étaient élargis sous le choc.
Oh, je vois. Elle doit penser que son pouvoir n’est destiné qu’à blesser les autres… Zagan s’était raclé la gorge avec une toux pour tenter d’attirer son attention. Et puis, une fois qu’il avait réussi, il avait commencé à parler.
« Ne te méprends pas, Néphy. La plupart des technologies dans le monde sont différentes de la sorcellerie en ce sens qu’elles ont été développées en temps de guerre. Les conflits ont donné naissance à des épéistes compétents et leurs efforts ont donné naissance à des techniques comme la forge et le moulage. Puis, ces techniques, à leur tour, ont donné lieu au développement d’outils agricoles, d’accessoires métalliques et de toutes sortes d’autres choses, » déclara Zagan.
« Est-ce que… c’est vrai ? » demanda Néphy.
« Ça l’est. Essentiellement, Foll dit que le mysticisme céleste est actuellement dans cette phase préliminaire. Elle veut simplement dire que c’est quelque chose qui n’a pas encore été appliqué dans d’autres domaines. N’est-ce pas vrai ? » demanda Zagan en regardant Foll, qui hocha la tête avec un bob.
« Ouais. C’est pourquoi, même si le mysticisme céleste est fort, il n’est pas fait pour les choses délicates, » répondit Foll.
L’expression de Néphy s’était relâchée en entendant cela. Et puis, pour une raison quelconque, elle avait commencé à caresser la tête de Zagan.
« Fufufufu, merci de m’avoir remonté le moral, Maître Zagan. Vous êtes certainement intelligent, » déclara Néphy.
« N-Néphy ? Pourquoi me traites-tu comme un enfant ? » Zagan commença à pleurnicher.
« Toutes mes excuses. J’avais presque l’impression d’avoir affaire à Foll, » répondit Néphy en s’excusant, mais cela ne l’empêchait pas de caresser la tête de Zagan.
Ce n’est pas mal, mais… Ce n’était pas la première fois que Néphy lui caressait la tête, mais avant elle le faisait d’une manière beaucoup plus réservée. En ce moment, elle agissait avec audace, à tel point qu’elle avait l’impression que tout son corps était caressé. En conséquence, Zagan avait poussé involontairement un soupir de satisfaction.
« Hein !? Non, ce n’est pas le moment ! » hurla Zagan en reprenant ses esprits.
Oublie le rendez-vous, je ne pourrai même pas m’acheter des vêtements comme ça ! Il ne lui restait plus qu’une semaine pour se préparer, donc le temps était compté.
« Nous n’avons pas de temps à perdre, Gremory ! Contacte immédiatement Orias ! » déclara Zagan.
« Comme vous voulez, » répondit Gremory. Puis, elle se leva et lui fit un profond salut avant de sortir de la salle du trône.
***
Partie 4
Zagan leva les yeux vers Néphy après avoir vu son fidèle serviteur.
« Voilà la situation, Néphy. J’ai une petite affaire à régler, alors je vais quitter le château. Occupe-toi de l’endroit pendant mon absence, » ordonna Zagan en s’asseyant sur ses genoux.
Je dois me préparer pour quand Néphy et Orias se réuniront enfin !
« Comme vous le souhaitez…, » Néphy avait l’air un peu décontenancée quand elle avait répondu. Et elle avait simplement hoché la tête quand il avait sauté de ses genoux.
« Qu’est-ce qu’il y a ? » demanda Zagan.
« Maître Zagan, rencontrer un autre Archidémon dans de tels vêtements est un peu…, » déclara Néphy.
La robe habituelle de Zagan était beaucoup trop grande pour lui dans sa forme actuelle. Franchement, il ressemblait moins à des vêtements qu’à une grande couverture.
« Pourquoi ne pas porter mes vêtements ? » demanda Foll en tapant des mains.
« … Tu sais ce que tu dis, Foll ? » répliqua Zagan, l’air complètement exaspéré. C’était vrai que ses vêtements s’adapteraient à sa nouvelle taille, mais il n’y avait aucun moyen qu’il puisse porter des vêtements de fille. Même Néphy secoua la tête à l’idée.
« J’adorerais voir ça, mais il a besoin de vêtements officiels, » déclara Néphy.
« Attends, Néphy. Comment ça, ça te plairait ? » demanda Zagan. Elle se comportait bizarrement depuis qu’il était revenu à sa forme jeune, ce qui l’avait rendu confus. Cependant, les personnes présentes ici n’avaient pas prêté attention à son comportement.
« C’est ma faute si Zagan a rétréci, alors je vais aller en ville chercher des vêtements, » déclara Foll, qui s’était courageusement porté volontaire pour agir, mais cela avait fait trembler les oreilles de Néphy.
« Cela ira-t-il si tu es toute seule ? » déclara Néphy.
« Je ferai de mon mieux, » déclara Foll.
Même si son corps était maintenant plus grand, Foll était toujours à l’intérieur la petite fille de Zagan et de Néphy, c’est pourquoi tous les deux étaient nerveux à l’idée qu’elle voyage seule.
« Je viendrai avec toi. Peut-être que nous pouvons même rencontrer Orias pendant que nous sommes là-bas et gagner du temps, » répondit Zagan. Il n’y avait aucune garantie qu’Orias serait capable de le soigner sur place, mais ça valait quand même le coup d’essayer. Zagan avait dû essayer de résoudre son problème de taille le plus tôt possible, puisqu’il avait un rendez-vous à venir qui était maintenant en danger.
« Avant cela, Néphy, » déclara Foll.
« Qu’est-ce qu’il y a ? » demanda Néphy.
« Mes pieds sont tous engourdis…, » répliqua Foll, ses yeux ambrés au bord des larmes après avoir été obligés de s’asseoir sur ses talons pendant tout ce temps.
Ses sens n’ont pas encore rattrapé la nouvelle longueur de ses membres…, elle avait même besoin de l’aide de Gremory pour se changer en ce moment. Néphy n’avait pas eu d’autre choix et s’était précipitée jusqu’à Foll.
« Tu es peut-être plus grande que moi maintenant, mais tu es encore une enfant dans le besoin, » déclara Néphy d’un ton affectueux. Elle était l’image même de l’amour maternel.
Néphy avait saisi les bras tendus de Foll et parvint à la tirer vers le haut. Et après qu’elle l’ait fait, il était évident que Foll était la plus grande des deux femmes. Elle n’était pas d’une tête plus grande, mais Néphy devait quand même lever la tête pour regarder ses yeux.
« Je suis la plus grande maintenant, alors ça fait-il de moi la maman ? » Foll pencha curieusement la tête sur le côté quand elle posa cette question.
« Cependant, je ne pense pas que nos âges soient si différents…, » répondit Néphy.
« Et si je devenais la grande sœur ? » Les yeux de Foll brillaient d’excitation quand elle avait dit cela, ce qui avait laissé Zagan confus.
Je suppose que rien à part sa taille n’a vraiment changé… Foll était également ravie quand la petite Néphy l’a appelée « Grande Soeur » dans le village elfique caché. Normalement, elle était toujours la plus petite, donc elle avait dû apprécier ce sentiment.
Immédiatement après, le bruit d’une déchirure avait retenti dans l’air.
« Oh, mes vêtements se sont encore déchirés, » murmura Foll sèchement. Dès qu’elle avait gonflé sa poitrine, ses vêtements s’étaient retrouvés incapables de contenir son corps et s’étaient déchirés aux coutures.
« Que dois-je faire ? Je les ai eues de Gremory… » Foll baissa les épaules en disant ça. Et Zagan, à son tour, avait simplement tapé son petit talon contre le sol. Puis, un cercle magique s’étendit aux pieds de Foll qui fit remonter les fibres déchirées au niveau de sa poitrine. C’était de la sorcellerie élémentaire, mais Foll avait fait « oooh » d’une voix surprise.
« Comment as-tu fait ça ? » demanda Foll.
« … Hein ? Est-ce la première fois que tu le vois ? C’est de la sorcellerie de base, alors je t’apprendrai plus tard, » déclara Zagan.
« Wôw… Bon garçon ! » s’exclama Foll en tapotant doucement la tête de Zagan.
Putain de merde… Je n’arrive pas à croire que ma propre fille me traite comme un enfant… Zagan se gonfla les joues pour faire la moue alors que Foll baissait les yeux vers sa propre poitrine d’une manière troublée.
« Je ne comprends pas. Pourquoi s’est-il déchiré ? Je n’ai jamais eu ce problème avant…, » Foll marmonna dans la confusion. On aurait dit qu’elle ne savait toujours pas comment son corps avait grandi.
C’est un peu gênant pour moi de l’expliquer… Zagan pensa en passant en revue ce qu’il devait dire dans son esprit.
« C’est un peu difficile à expliquer, mais tu as grandi. Et peut-être parce que tu es un dragon, tu as bien plus gonflé dans certaines régions que Gremory…, » déclara Zagan.
C’est beaucoup trop direct. Qu’est-ce que je raconte !? Zagan avait été laissé au bord du gouffre du désespoir par le problème, mais Foll avait simplement ouvert en grand ses yeux avec surprise.
« Tes vêtements ne supportent-ils pas quand tes pouvoirs augmentent ? Je ne le savais pas, » déclara Foll.
« Oh… Eh bien, c’est quelque chose comme ça, » déclara Zagan en renonçant à l’expliquer. Puis, Néphy mit la main à la bouche pendant que ses oreilles frémissaient de joie.
« Dans ce cas, vous avez tous les deux besoin d’aller chercher de nouveaux vêtements. Foll, prends soin du Maître Zagan, s’il te plaît » demanda Néphy. Sur ce, Foll regarda Zagan, les yeux remplis d’attente.
« Zagan, je ferai de mon mieux en tant que grande sœur ! » déclara Foll.
« Hmm. J’attends beaucoup de toi, » déclara Néphy.
Un sourire avait fleuri sur le visage de Néphy alors qu’elle les regardait tous les deux. Et à ce moment précis, un coup terne avait retenti de la porte à la salle du trône.
« Qui est-ce ? » demanda Zagan.
« C’est moi, mon seigneur », répondit Raphaël.
« Tu n’es pas venu pour le petit déjeuner, alors je suis venu t’appeler… Il y a un problème ? » Raphaël interrogea Zagan d’une voix réduite de l’autre côté de la porte.
Eh bien, c’est probablement bien de le dire à Raphaël… Ils étaient en assez bons termes pour que Raphaël lui donne des conseils pour son rendez-vous, pour qu’il sache qu’il pouvait compter sur lui.
« Es-tu seul ? » demanda Zagan.
« En effet, » répondit Raphaël.
« Alors, entre, » déclara Zagan.
Raphaël avait ouvert la porte sans faire un bruit, puis entra dans la salle du trône comme s’il passait à travers la fissure. Il regarda autour de lui, et après avoir remarqué les états actuels de Zagan et de Foll, ses yeux s’ouvrirent en grand.
« Tu es… mon seigneur ? Et Foll ? » demanda Raphaël.
« C’est exact, » répondit Zagan à sa question, puis lui donna un résumé de ce qui s’était passé.
« Oh mon Dieu… quelle affaire ennuyeuse ! » déclara Raphaël.
« Ce n’est pas que nous n’avons aucune piste. Je déteste l’idée de m’endetter envers un autre Archidémon, mais je suis sûr qu’Orias peut aider, » déclara Zagan.
« Vraiment… ? » Raphaël murmurait alors que son expression montrait qu’il y avait un problème dans son esprit au-delà de la situation elle-même.
« S’est-il passé quelque chose de votre côté ? » demanda Zagan.
« … Non, ce n’est pas si grave. Plus important encore…, » Raphaël s’éloigna en regardant Zagan, puis Foll, puis Néphy et poursuivit : « Que ferez-vous pour le petit déjeuner ? ».
« … Oh ! » s’exclamèrent-ils tous à l’unisson. Ils avaient oublié que Néphy était venue les appeler pour le petit déjeuner. Un sorcier pouvait facilement passer une journée entière sans manger, mais l’option de ne pas manger le petit déjeuner que Néphy et Raphaël avaient préparé n’était même pas envisagée.
« Sire Raphael. Pouvez-vous nous l’apporter dans la salle du trône ? » demanda Néphy d’un ton résolu.
« Compris. J’ordonnerai aussi à ces serviteurs de ne pas s’approcher de la salle du trône, » déclara Raphaël.
« Bonne idée, » répondit Néphy. Zagan et les autres étaient émerveillés par sa capacité à lire un pas d’avance. Peu de temps après, il était revenu avec leur petit déjeuner.
« Je reviendrai plus tard pour prendre la vaisselle, pour que vous puissiez la laisser là, » déclara Raphaël avant de quitter à nouveau la salle du trône. La salle était équipée d’une petite table pour l’heure du thé, qui répondait parfaitement à leurs besoins actuels. Après s’être assise, Néphy avait ramassé Zagan et l’avait placé sur ses genoux.
« C’est quoi, l’idée ? » demanda Zagan.
« Il vous sera difficile de manger avec de tels vêtements amples. Permettez-moi de vous aider, » répondit Néphy en ramassant une cuillère alors que Zagan était encore sur ses genoux.
« Je peux me débrouiller seul pour manger ! » déclara Zagan.
« Vous sortez après le petit déjeuner, alors s’il vous plaît, comptez au moins sur moi dans des moments comme ça, » déclara Néphy.
Zagan s’était trouvé incapable d’agir avec force face aux supplications désespérées de Néphy. Il voulait désespérément résister, mais il avait cédé à ses caprices.
« … Juste cette fois, d’accord ? » déclara Zagan.
« D’accord ! » déclara Néphy.
« C’est ce que je veux, » dit Zagan en montrant du doigt un bol de soupe.
« OK, voilà, » répondit Néphy en ramassant joyeusement de la soupe avec la cuillère à la main et en la portant à la bouche de Zagan.
Gaaah ! Je suis heureux, mais aussi embarrassé ! Il trouvait sa silhouette enfantine tout à fait misérable. Qui aurait cru qu’être traité comme un enfant ferait un tel effet ? Cependant, comme Néphy semblait extrêmement heureuse de la tournure des événements, il ne pouvait pas montrer son mécontentement.
La respiration de Foll devint plus rude et nasale quand elle entendit leur échange.
« Zagan, prends du pain, » déclara Foll.
« Hé, pourquoi fais-tu ça aussi… ? » demanda Zagan.
« Tu devrais écouter ta grande sœur, » Foll insista obstinément sur les mots « grande sœur », ce qui laissait peu de choix à Zagan. Il ouvrit la bouche en dépit d’une frustration à l’intérieur, et sa fille en profita pour y jeter du pain mou.
« Est-ce que c’est bon ? » demanda Foll.
« C’est la nourriture que Néphy et Raphaël ont faite. As-tu besoin de le demander ? » demanda Zagan.
« Wôw… Bon garçon ! » s’exclama Foll alors qu’un sourire satisfait éclatait sur son visage.
Dois-je leur servir de jouet pendant les repas… ? Il souffrait d’être traité comme un enfant, mais sa fiancée et sa fille semblaient heureuses. En plus, ce n’était pas comme si elles se moquaient toutes les deux de Zagan. Il pouvait dire qu’elles avaient vraiment tiré une grande joie de la situation, ce qui l’avait laissé avec peu de raisons de se plaindre. C’est pour cela qu’il désigna le plat suivant qu’il voulait avec un minimum de résistance.
« Je veux le dessert après, » déclara Zagan.
« Mais il reste encore de la salade, Maître Zagan, » répondit Néphy. Il ne savait pas si elle voulait le gâter ou être sévère avec lui quand Néphy avait souri et avait ramassé du pudding dans sa cuillère.
« Zagan, tu peux aussi avoir mon pudding, » déclara Foll.
Il n’avait pas l’intention d’être gourmand, mais Foll avait aussi sorti sa cuillère comme si elle ne pouvait plus attendre.
Eh bien, je suppose que ce n’est pas si mal… Un roi devait continuer à agir comme tel malgré toutes les circonstances adverses.
Cependant, de l’extérieur, la scène ressemblait à une peinture d’un enfant hautain gâté par ses grandes sœurs.
***
Partie 5
Dans le bureau de l’Église.
Chastille était en train de mâcher du pain pour le petit-déjeuner, assise à son bureau.
« Hein ? Un rassemblement d’anciens ? » demanda Barbatos en sortant de l’ombre avec un morceau de viande dans les mains. Il possédait un visage malsain avec de grandes ombres autour des yeux, qui n’étaient pas vraiment différentes de la normale même si Nephteros les avait guéries l’autre jour, et plusieurs amulettes pendaient de son cou. Barbatos froissa ses cheveux mal coiffés en levant les yeux vers Chastille, qui s’éclaircit la gorge d’une toux suspecte.
« C’est une conférence importante où toutes les races du continent se rassemblent. S’il te plaît, ne cause pas d’ennuis, d’accord ? De plus, ne parle pas pendant que tu manges. C’est malpoli, » déclara Chastille.
« Oh, franchement ! Quel genre de conneries veux-tu exactement que je fasse ? Je t’ai protégée comme un gentleman pendant tout ce temps, alors ait au moins un peu confiance ! » déclara Barbatos.
« Je pense que tu essaierais de capturer toutes les espèces rares que tu verras, tu sais ? » déclara Chastille.
« Hein ? Eh bien, oui, je suis un sorcier. Pourquoi ne ferais-je pas ça ? » demanda Barbatos.
Chastille poussa un soupir pendant que son mal de tête s’installait. Cet homme était l’ami indésirable de Zagan, un ancien candidat Archidémon, et aussi le sorcier qui devait l’accompagner. On ne pouvait pas lui faire confiance, mais il était aussi plutôt fiable.
« Je te dis de ne pas faire ça. Écoute, je ne pars pas seulement au nom de l’Église. Ils m’ont choisie pour représenter tous les humains, » déclara Chastille.
« Ouais ouais, ne t’inquiète pas. Ton baby-sitter te suivra partout, » déclara Barbatos.
Barbatos était capable de parcourir n’importe quelle distance en un instant. C’était une capacité assez utile, mais cela signifiait aussi qu’elle ne pourrait jamais se débarrasser de lui.
Ce n’était pas quelqu’un de mauvais au fond de lui… Non, c’était un méchant pourri jusqu’à la moelle, mais en de rares occasions, il avait démontré un côté doux. Cependant, cela n’avait pas changé le fait qu’il était normalement un individu irrémédiable. Et juste au moment où Barbatos commençait à ricaner, une épée courte avait été poignardée sur le sol sous les yeux.
« C’est quoi ce bordel !? » s’écria Barbatos.
« Oh, désolée. Ma main a glissé. La prochaine fois, je m’assurerai de te le mettre sur le cou, » déclara Kuroka.
« Excuse-toi correctement, bon sang ! » s’écria Barbatos.
C’est Kuroka qui l’avait nargué sans une once de timidité dans sa voix. Elle était entrée dans la pièce avec une lettre en main, accompagnée de Nephteros et d’un chevalier angélique. Comme toujours, Kuroka portait deux épées courtes. Bien qu’à ce moment particulier, l’une était dans le sol devant Barbatos et l’autre était prête à le poignarder au visage.
« Espèce de salope… Qu’est-ce que tu fous, bon sang !? » s’écria Barbatos.
« Euh, je pensais juste faire un petit nettoyage… ? » répondit Kuroka. Puis, elle tourna ses yeux vides vers lui d’un regard froid et pencha la tête sur le côté avant de dire. « S’il te plaît, surveille ton langage, Monsieur le Sorcier. Sans Lady Chastille, je te couperais la tête ici et maintenant. »
« En veux-tu aux sorciers ou quoi ? » demanda Barbatos.
« Je ne leur pardonnerai jamais d’avoir volé mes amis, ma famille et la lumière dans mes yeux…, » déclara Kuroka.
« Merde, celle-ci est sérieuse…, » murmura Barbatos en fermant sa gueule. Kuroka était en bons termes avec Zagan, qui avait réglé les choses entre elle et Chastille, mais cela ne voulait pas dire qu’elle avait soudainement pardonné à tous les sorciers. En fait, elle se méfiait plus que jamais d’eux parce que Chastille semblait leur faire confiance aveuglément.
« Kuroka, être en colère contre lui chaque fois ne fera que te fatiguer, » déclara Nephteros, exaspérée.
« … Tu as échappé de justesse à la mort, Monsieur le Sorcier. Ne présume pas que tu t’en sortiras bien la prochaine fois, d’accord ? » dit Kuroka d’un ton sec alors qu’elle envoya voler l’épée à pieds avant de l’attraper habilement dans les airs.
« Vas-y, salope ! As-tu oublié que je t’ai sauvée la dernière fois !? » déclara Barbatos.
« Bon sang… Arrête, Barbatos. Tu as dit que tu venais au rassemblement des anciens, n’est-ce pas ? Tu devrais au moins aller te préparer pour le voyage, » déclara Chastille.
« Attends, ne vas-tu pas me dire de rester derrière ? » demanda Barbatos en la fixant d’un air émerveillé.
« Tu me suivras de toute façon, n’est-ce pas ? Dans ce cas, reste à mes côtés, » déclara Chastille.
« … D’accord, » Barbatos avait répondu avec hésitation comme s’il ne savait pas comment réagir. Et ainsi, il s’était enfoncé dans l’ombre et avait disparu.
Kuroka lâcha un « hmph » en regardant son ombre avec ses queues droites, mais Barbatos était parti, donc il n’y avait plus personne pour réagir à ça. Chastille devint impatiente en la regardant faire cela et décida de l’appeler.
« Il me taquine, Kuroka. Tu n’as pas besoin de faire attention à lui, » déclara Chastille.
« Lady Chastille, je sais très bien que c’est impoli de ma part de dire ça, mais cet homme est un monstre. C’est un méchant pourri jusqu’à la moelle. Je ne prétends pas que tous les sorciers sont mauvais, mais il l’est. Un Archange comme vous ne devrait pas vous associer à lui, » déclara Kuroko.
Que faire ? Je ne peux rien nier de tout cela, mais… Chastille avait été stupéfaite par l’argument solide de Kuroka. Heureusement, Nephteros avait décidé de lui lancer une bouée de sauvetage.
« C’est ce qui fait de lui le parfait garde du corps. Barbatos est un sorcier avide et égoïste, donc il ne vous trahira jamais tant que vous le payez bien, » déclara Chastille.
« C’est certainement une autre façon de voir les choses, mais…, » Kuroka marmonnait de mécontentement alors que Nephteros secoua la tête avec ses cheveux d’argent.
« Ce type ne protégerait-il pas Chastille gratuitement ? » demanda Nephteros.
« Hein… ? Pourquoi penses-tu qu’il ferait ça ? » demanda Kuroka alors qu’elle et Chastille penchaient la tête sur le côté. Puis, Nephteros avait répondu à sa question sur un ton factuel.
« Je veux dire, n’est-il pas amoureux de Chastille ? » demanda Nephteros.
Amoureux… ? De moi ? Non, attends… ? Amoureux de moi… ? Chastille était incapable de comprendre ce qu’elle venait d’entendre. Au bout d’un moment, un vocabulaire qui n’avait aucun sens dans ce contexte avait traversé son cerveau.
« Je te dis qu’il est fou amoureux de toi, » Nephteros avait reparlé afin de tenter d’endiguer l’immobilisme de Chastille.
« AWEGQWERGQQQQQQ !? » Chastille avait émis des sons, puis avait dit. « Qu’est-ce que tu dis ? »
« Quoi donc, Mlle Nephteros ! L’amour ? S’il vous plaît. S’il ressent ça, alors c’est plutôt un harceleur dégoûtant ! » déclara Kuroka.
« N-Non, tu n’as pas besoin d’aller aussi loin…, » fit remarquer Chastille, encore complètement choquée.
« Ai-je tort ? » dit Nephteros, en plissant ses sourcils.
« Tu te trompes complètement ! Je veux dire, c’est Barbatos ! » déclara Chastille.
« Qu’est-ce que c’est censé vouloir dire… ? » répondit Nephteros avec étonnement. Puis elle déclara. « La voix de ce type monte d’une demi-octave chaque fois qu’il te parle. En plus, il a même commencé à t’appeler par ton prénom récemment. Et par-dessus tout, il est toujours de bonne humeur quand vous parlez tous les deux. »
« Hum, euh, euh, il n’y a aucune chance…, » murmura Chastille, l’air secoué à l’aube de la vérité.
Maintenant que j’y pense, il s’est sacrifié pour me sauver quand Kuroka a attaqué pour la première fois… Un sorcier qui ne se souciait que d’être payé n’aurait pas mis sa vie en danger. Et pourtant, Barbatos avait sauté devant elle pour servir de bouclier et s’était laissé couper et poignarder à plusieurs reprises. Chastille savait très bien qu’il n’était pas un homme qui ferait une telle chose, alors…
« En plus, quand tu lui as dit de rester à tes côtés, ses oreilles sont devenues rouges. Ça ne veut-il pas dire qu’il est amoureux ? » Nephteros avait porté son coup de grâce d’une manière calme et régulière.
« S-Stop ! S’il te plaît, arrête-toi là ! Si tu en dis plus, je ne saurai même pas comment lui faire face…, » Chastille marmonna d’un ton embarrassé.
« Notre meilleure ligne de conduite est de l’achever, n’est-ce pas ? Ne vous inquiétez pas, grâce à mon temps avec Azazel, je suis une experte, » déclara Kuroka.
« Arrête-toi là ! » cria Nephteros en saisissant la nuque de Kuroka, l’empêchant de partir pour mener à bien son intrigue odieuse.
« Veux-tu la preuve qu’il ne nous trahira pas, n’est-ce pas ? Eh bien, maintenant tu l’as. Pourquoi trahirait-il la femme qu’il aime ? » demanda Nephteros.
« C’est un bon point, mais…, » déclara Kuroka.
Ce Barbatos… avec moi ? Chastille pensait que l’idée était impossible, mais pour une raison ou une autre, il lui était difficile de la nier complètement. Et pendant qu’elle souffrait de ces sentiments, le Chevalier Angélique à côté de Nephteros avait eu un sourire tendu.
« Arrêtez, Lady Nephteros. La plupart des femmes n’aiment pas parler de leur vie amoureuse en public. »
« Vraiment ? » demanda Nephteros.
« Oui. N’avez-vous pas d’expérience dans ce domaine ? »
« Ce n’est pas le cas. Après tout, je suis loin d’être aussi vieille que j’en ai l’air, » déclara Nephteros en haussant les épaules. En vérité, il n’y avait même pas tout une année depuis sa création. Elle était terriblement blessée par le fait qu’elle n’était que le clone de Néphy, et qu’elle s’en inquiétait encore, mais curieusement, Chastille ne sentait même pas un soupçon d’agonie dans sa voix.
Il semble qu’elle en soit à un point où elle peut en parler maintenant…, Chastille priait pour que ce soit vrai, car rien n’aurait pu la rendre plus heureuse.
« Je suis sûr que vous finirez par rencontrer un homme qui vous chérit plus que tout au monde, Lady Nephteros, » dit le Chevalier Angélique d’une manière charmante.
« Je me demande s’il y a quelqu’un qui a si mauvais goût…, » déclara Nephteros.
« Il y en a un, c’est sûr. En fait, je vous le garantis. »
Elle est peut-être observatrice, mais elle est complètement ignorante quand il s’agit d’elle-même… Ce chevalier angélique, Richard, faisait partie de la patrouille qui était tombée sur Nephteros lorsqu’elle avait été attaquée par la chimère. Après s’être remis de ses blessures, il avait continué d’essayer d’interagir avec elle autant que possible, ce qui montrait clairement qu’il était amoureux de Nephteros.
« … Sire Richard, tenez bon, s’il vous plaît, » déclara Kuroka en poussant un long soupir. Ses oreilles s’étaient pratiquement affaissées de déception en les regardant interagir. Richard, cependant, n’avait fait qu’un sourire tendu en réponse.
Ne pensons plus à l’affaire Barbatos pour l’instant. Je suis sûre que c’est juste l’imagination de Nephteros… Chastille pensa en finissant par mettre de l’ordre dans sa tête et sa respiration.
Malheureusement, une nouvelle question lui était soudainement venue à l’esprit et l’avait jetée une fois de plus dans le désarroi. Qu’est-ce que je pense de Barbatos… ?
Cela ne faisait même pas une semaine qu’elle avait fait le point quand à son amour envers Zagan, alors Chastille s’était trouvée incapable de répondre à cette question.
***
Partie 6
« Arrête-toi ici, Foll ! » Zagan avait crié après Foll pendant qu’elle le tirait à travers Kianoides. Soit dit en passant, parce qu’ils ne trouvaient pas de vêtements convenant à Zagan, il avait simplement pris sa robe habituelle en enlevant tout le reste pour l’ajuster, puis il l’avait attaché le reste ensemble.
« Qu’est-ce qu’il y a ? » demanda Foll en se retournant vers lui et en penchant la tête avec curiosité.
« Qu’est-ce qu’il y a ? As-tu besoin de le demander ? Pourquoi va-t-on dans cette boutique entre tous les autres endroits ? » demanda Zagan.
Ils se trouvaient actuellement devant leur magasin de vêtements habituel. Zagan l’utilisait souvent, et la vendeuse était quelqu’un avec qui il était en bons termes, mais…
« Tu as acheté mes vêtements ici. Ils ont aussi des trucs pour les garçons. Ce n’est pas grave, » déclara Foll.
« … Tu ne comprends pas. Si Manuela me voit comme ça, je suis foutu, » déclara Zagan.
« Hein ? Mais Néphy a dit qu’elle était gentille. Tu ne devrais pas être en danger, » déclara Foll.
Ce n’était pas un mensonge, mais Manuela n’avait pas non plus beaucoup de maîtrise de soi. Malheureusement, ils avaient tous les deux provoqué une certaine agitation juste à l’extérieur du magasin, ce qui avait évidemment attiré l’attention.
« C’est quoi tout ce bruit ? »
La porte s’était ouvert avec un claquement, et la vendeuse aviaire aux ailes vertes, Manuela, était sortie. Cette femme était une des meilleures amies de Néphy, ce qui signifie que Zagan la tenait en haute estime, mais… elle s’était souvent transformée en une véritable nuisance quand il s’agissait de vêtements.
Attends, je ne l’ai vue jouer qu’avec des filles. Peut-être qu’elle ne s’intéresse pas aux garçons… De plus, il y avait aussi la chance qu’elle n’ose pas faire l’imbécile avec lui parce qu’il était un Archidémon. Zagan avait quand même augmenté ses défenses au cas où, alors que Foll s’approchait d’elle.
« Nous sommes ici pour acheter des vêtements, » déclara Foll.
« Hein ? Hm… ? Je ne pense pas que ce soit possible, mais… es-tu Foll ? » Manuela plissa ses sourcils en posant cette question.
« Je le suis, » répondit Foll. Et à ce moment-là, elle s’était finalement rappelée à quoi elle ressemblait, alors elle avait étendu les bras et les ailes sur place.
« J’ai grossi, » expliqua Foll alors que le tissu autour de sa poitrine s’ouvrait à nouveau. Zagan avait dû réparer ses vêtements en un instant pour l’empêcher d’être complètement exposé.
« Je n’arrête pas de te dire de ne pas faire de mouvements brusques…, » marmonna Zagan, attirant l’attention de Manuela sur lui.
« Hum, ohhh, qui est ce gamin ? » demanda Manuela.
« Zagan, » répondit Foll.
« Pffft, » grogna Manuela avant d’éclater de rire et de dire, « Comment ça ! Il est si mignon ! Comment es-tu devenu si amusant… si délicieux… joyeux ? Hmm… Eh bien, peu importe. Tu es vraiment amusant maintenant, Zagan ! »
« N’invente pas des mots ! » Zagan avait rugi en se demandant pourquoi elle renonçait à trouver le mot juste si facilement.
« Geheheheh, eh bien, laisse-moi entendre tous les détails juteux à l’intérieur. On a deux clients payants ici ! » Manuela avait pris Zagan dans ses bras et l’avait emmené à l’atelier alors qu’il était perdu dans ses pensées.
Oh, je vois. Ça n’avait rien à voir avec le fait que je sois un Archidémon. Manuela ne s’intéresse pas aux adultes… Alors qu’on le traînait à l’intérieur, il aperçut un autre visage familier.
« Bienvenue ! »
La fille aux oreilles blanches et duveteuses qui les avait accueillies avec le sourire était une fille-renard. Son « uniforme » était une robe d’une seule pièce qui ressemblait à ce que portait Néphy. Les principales différences étaient la dentelle à froufrou sur toute la robe et le bandeau qui s’ajustait bien entre ses oreilles.
« Kuu ? Qu’est-ce que tu fous là ? » demanda Zagan.
« Hm ? Vous me connaissez ? Même si c’est le cas, vous devriez respecter vos aînés. Sinon, cette dame effrayante pourrait vous traiter comme un jouet ! » Les oreilles duveteuses de Kuu frémissaient d’agacement quand elle disait ça. On aurait dit qu’elle n’avait pas remarqué que l’enfant devant elle était Zagan.
C’est peut-être mieux comme ça… Agir comme un enfant innocent semblait préférable que d’avoir plus de gens au courant de sa situation. Il s’était donc mordu les lèvres et avait fait un léger sourire.
« Désolé, Mlle Kuu. Je vous ai déjà vu à l’Église, alors je l’ai dit sans réfléchir » affirma Zagan. Puis, un bruit sourd retentit derrière lui, et quand il se retourna, il aperçut Manuela qui roulait sur le sol avec ses mains sur le ventre.
Putain de merde ! Je me souviendrai de ceci… Même si elle était l’amie de Néphy, elle allait vraiment trop loin. Son comportement rappelait à Zagan Gremory, ce qui lui faisait avoir des frissons le long de la colonne vertébrale. Et après avoir interprété l’expression sur le visage de Zagan comme un regret, Kuu lui tapota la tête pour le réconforter.
« Vraiment ? Heehee, c’est bien que tu te sois excusé tout de suite… Oh, mais tu devrais vraiment travailler ton sourire. Ça ressemblait à ce que fait M. Zagan quand il se bat, » déclara Kuu.
Se souvient-elle de ce qui s’est passé quand Bifrons a pris le contrôle de son corps ? Le visage de Zagan s’était raidi dès qu’il l’avait entendue dire ça. Kuu avait beaucoup souffert quand Bifrons l’avait manipulée, c’est pourquoi Zagan avait demandé à Orias d’effacer ses souvenirs. Mais, en y repensant, il ne se souvenait pas qu’elle avait accepté sa demande.
Hm, il semble que j’ai aussi l’air d’être nul pour sourire… Zagan avait pensé à la façon dont Néphy s’était tiré les joues pour s’entraîner. Et quand il l’avait fait, il s’était rendu compte qu’il devait faire le même effort puisqu’il était son époux. C’est pour ça qu’il s’était tiré les joues. Il avait supposé que ses muscles faciaux étaient encore raides, mais il semblait que le fait de se transformer en enfant les avait tous étirés. Il n’arrêtait pas de les étirer encore et encore, et finalement, quelqu’un l’avait serré dans ses bras par-derrière.
« Qu’est-ce que tu fais ? » demanda Zagan. Il ne comprenait pas pourquoi Foll l’enlaçait si fort.
« Mignon. Mignon, » déclara Foll.
« Hein ? Qui traites-tu de mignon !? » Zagan avait protesté. Cependant, cela n’avait pas empêché Foll de frotter sa joue contre la sienne. Et quand il avait essayé de s’arracher, Kuu était venu lui caresser la tête une fois de plus.
« Les garçons détestent qu’on les traite de mignons, n’est-ce pas ? Mais tu sais, ce n’est pas si mal parce que ça nous donne envie de t’enlacer ! » déclara Kuu.
« Grrr…, » Zagan grogna en raison de l’ennui. Mais, en y repensant, il se souvient que Foll ne cessait de serrer Néphy dans ses bras et de la traiter de mignonne quand elle était devenue une enfant. Peut-être que ça voulait dire qu’elle avait l’habitude d’enlacer des choses mignonnes.
« Hm… Tu sais, tu ressembles un peu à M. Zagan. Tu es tout habillé comme un sorcier, toi aussi… Es-tu de sa famille ? » demanda Kuu en penchant la tête sur le côté.
« E-Eh bien…, » Zagan était devenu silencieux alors qu’il essayait de trouver une excuse.
« Hein ? Qu’est-ce que tu veux dire ? Zagan est Zaghamph, » Foll avait essayé de révéler son secret malgré son hésitation, mais heureusement, Manuela était arrivée et l’avait fait taire en lui couvrant la bouche.
« Cet enfant est un parent éloigné de Zagan, Dagan. Oh, et cette jolie dame est sa sœur aînée, Farah. Ce sont les invités de Zagan, alors fais attention à tes manières avec eux, d’accord Kuu ? » Manuela avait dit cela en essayant d’aider Zagan à cacher son identité. Puis, elle chuchota à l’oreille de Foll et lui dit : « Joue le jeu, d’accord ? ».
Dans un virage inhabituel, Foll avait été rapide quant à l’assimilation de l’information, alors elle avait simplement basculé la tête en haut et en bas en réponse.
« Au fait, qui est exactement cette “dame effrayante” qui traite les enfants comme des jouets ? » demanda Manuela à Kuu en se tournant vers elle.
« Hein ? Qu’est-ce que vous racontez ? Vous devez être confuse ! J’ai juste dit que les mauvais enfants devraient être punis ! » s’exclama Kuu en redressant son dos d’un coup sec.
Oh, je vois. Manuela doit déjà la traiter comme un jouet… Zagan se sentait mal pour elle.
« Dagan est donc un parent de M. Zagan ? Je me demande si tu lui ressembleras quand tu seras grand ? Oh, dans ce cas, tu devrais apprendre à être gentil avec les filles avant qu’il ne soit trop tard ! » déclara Kuu.
Elle se souvient vraiment de tout, n’est-ce pas ? Zagan avait impitoyablement enfoncé son bras dans son cœur lors de leur dernière rencontre. Même si ses souvenirs avaient été effacés, cette douleur était probablement restée fraîche dans son esprit. Et en réalisant cela, Zagan avait été vaincu par un sentiment de culpabilité.
« Zagan semble inquiet à propos de ça aussi, et il a dit qu’il ne ferait plus des choses aussi méchantes. Alors, détendez-vous, s’il vous plaît. Vous n’aurez plus de souvenirs douloureux. Il ne le permettra pas, » déclara Zagan.
Zagan faisait de son mieux pour s’excuser, mais pour une raison quelconque, le visage de Kuu devenait rouge quand elle avait entendu ses paroles.
« Hnnngh... Oh, quel est ce sentiment ? C’est mauvais, Kuu. Ce n’est qu’un enfant, » marmonna Kuu en se serrant la poitrine, puis s’éloignant en s’éventant.
J’aurais dû savoir que des mots réconfortants n’allaient pas suffire… En fin de compte, il venait probablement de lui faire se souvenir d’un souvenir douloureux au lieu de l’aider à s’en remettre, et sachant cela, cela avait fait baisser les épaules de Zagan en raison de la déception.
« Zagan, tu ne devrais pas être trop gentil avec les gens dans ta forme actuelle, » déclara Manuela se tenant à côté de lui.
« Tu crois que j’ai été gentil ? S’il te plaît, je ne faisais que dire ce que je pensais, » répondit Zagan.
« Euh… Je veux dire, ce serait bien si tu étais toi-même normal, mais quand tu es tout petit, il y a quelque chose qui semble étrangement charmant… Même moi, j’ai du mal à te résister en ce moment…, » déclara Manuela.
« Charmant… ? » Zagan bégayait sur un ton indiquant sa confusion. Honnêtement, il comprenait un peu ce qu’elle voulait dire, mais le concept l’avait aussi confondu, alors il avait décidé d’y penser plus tard.
Attends, n’est-elle pas vraiment semblable à cette grand-mère… ? Il pria pour que Gremory et Manuela ne se rencontrent jamais, de peur que sa vie ne soit ruinée.
« Je ferai attention…, » répondit Zagan docilement, ce qui fit éclater le visage de Manuela en un large sourire.
« C’est l’heure de te changer ! » déclara Manuela.
« Non, je peux choisir mes propres vêtements… Hé, tu m’écoutes ? Attends, qu’est-ce que tu tiens ? Arrêts ! Ne t’approche pas ! » Zagan avait désespérément crié pour que Manuela s’arrête alors qu’elle s’approchait de lui avec une jupe et une robe d’une seule pièce dans ses mains.
« Fufufufu, tu es beaucoup plus mignon quand tu es timide… Foll, tiens-le en place, qu’on en finisse, » déclara Manuela.
« Oh, d’accord, » répondit Foll. Son corps avait peut-être grandi, mais elle était toujours la même fille innocente dans son cœur, alors elle faisait confiance à Manuela de tout son cœur.
« Arrêtez, laissez-moi partir… NOOOOOOOOON ! » cria Zagan.
Quelques minutes plus tard, Zagan était couvert de volants et de dentelle comme une petite princesse.
Comment ose-t-elle me faire ça ? D’habitude, Zagan ne s’approchait pas du vestiaire, alors il ne savait pas qu’y entrer était la même chose que tomber dans les fosses de l’enfer.
« Hnnngh ! Mes yeux n’avaient vraiment pas tort ! Tu as vraiment du potentiel ! Aie plus confiance en toi ! » déclara Manuela.
« Quelle confiance… ? Ne te fous pas de moi…, » Zagan marmonna docilement, semblant avoir perdu sa volonté de la combattre.
« Manuela, ce sont des vêtements de fille. Plus de farces, » déclara Foll en penchant la tête sur le côté dans la confusion. Puis, elle avait soufflé sur ses joues, et contrairement aux attentes de Zagan, les yeux de Manuela avaient brillé.
« Wôw, j’aurais dû m’en douter. Tu as peut-être grandi, mais tu es toujours aussi adorable… Regarde, tu vois Zagan tout de suite ? Ces vêtements ne lui vont-ils pas bien ? » demanda Manuela.
« Ils le font, mais je peux dire qu’il ne les aime pas, alors arrête, » demanda Foll. Zagan était choqué que sa propre fille le défende.
« Hm, je suppose que tu as raison. Wôw, tu es devenue une vraie grande sœur, Foll. Je suis fière de toi, » déclara Manuela en s’essuyant les yeux, qui semblaient sur le point de verser des larmes de fierté.
« Grande sœur… ! Ouais, je suis… sa grande sœur, » déclara Foll en gonflant sa poitrine avec ses joues rouges.
Cette partie d’elle est encore enfantine, mais peu importe… Zagan avait décidé de ne rien dire parce qu’il trouvait ses actions mignonnes.
« Eh bien, je suppose que ça suffit de jouer. C’était amusant, mais maintenant il est temps de choisir de vrais vêtements, » déclara Manuela en serrant les épaules de Zagan. Puis, elle l’avait fait tourner sur place une fois. Et juste au moment où il commençait à se demander ce qu’elle faisait, sa tenue à froufrous avait été remplacée par un costume fringant, livré avec une cravate bouffante. Il portait des vêtements plutôt serrés qui lui donnaient l’air d’un noble hautain, ce qui le choquait, mais cela rendait bien.
En fait, je voulais qu’elle m’offre quelque chose comme ça pour mon rendez-vous avec Néphy… Zagan avait prévu de lui demander de l’aide pour ça plus tôt, mais cela ne servait à rien maintenant. Après tout, il n’était même pas sûr qu’il reviendrait bientôt à sa forme normale.
Foll se tenait debout et frappa des mains avec des paillettes dans les yeux pendant qu’elle regardait Manuela changer ses vêtements en un instant.
« Tu es incroyable, » déclara Foll.
« Fufufufu, n’est-ce pas ? N’est-ce pas le cas ? Vas-y, félicite-moi encore plus ! » s’exclama Manuela. Ses compétences étaient plutôt impressionnantes, mais le fait qu’elle commençait à agir avec plus d’impudence avait frotté Zagan dans le mauvais sens du poil.
« … Es-tu un sorcier ? » demanda Zagan, sa confusion était évidente à cause de l’expression de son visage.
« Je suis simplement le commis d’un magasin de vêtements. Rien de plus, rien de moins. Plus important encore, que penses-tu des vêtements de Foll ? » demanda Manuela.
Il n’avait même pas remarqué qu’elle l’avait habillée, alors il s’était tourné vers elle pour admirer la nouvelle vue. Foll portait une robe d’une seule pièce avec un élégant morceau d’armure dessus. Les deux parties s’assortissaient et la rendaient belle, alors Zagan pensait que c’était un bon choix.
« C’est un peu serré, mais c’est aussi facile à se déplacer avec. Mais je n’ai pas besoin d’armure. Ce truc va juste se mettre en travers du chemin, » expliqua Foll en faisant un petit tour sur place. Bien sûr, Foll était jeune, mais comme elle était un dragon, son corps était encore protégé par ses écailles. Ils n’étaient pas visibles dans sa forme humaine, mais ils projetaient quand même une sorte de barrière magique qui rendait inutiles toutes les armes normales et la sorcellerie.
« Ce n’est pas ça, Foll. Tes seins sont vraiment lourds maintenant, non ? » demanda Manuela en secouant la tête devant la déclaration précédente de Foll.
« Comment le sais-tu ? » répliqua Foll en la fixant d’un air émerveillé.
« Je peux le dire rien qu’en regardant. Tu vois, ils commencent à te faire mal aux épaules quand ils sont si gros, mais le port d’un plastron allégera la charge. Penses-y comme à des sous-vêtements que tu portas par-dessus tes vêtements, » déclara Manuela en expliquant son raisonnement en détail.
« Je vois. Tu es incroyable, » répondit Foll, exprimant son opinion honnête.
Cependant, pour une raison ou une autre, tout ce discours sur les sous-vêtements avait fait rougir Zagan. Attends ! Pourquoi je trouve ça si embarrassant ?
Il pouvait comprendre qu’il rougirait s’ils parlaient des sous-vêtements de Néphy, mais c’était sa fille. Peu importe sa taille, il ne la verrait jamais comme autre chose.
Mon esprit est-il influencé par mon nouveau corps ? Quand Néphy était devenue une enfant, son esprit avait commencé à se dégrader en fonction de son âge. Peut-être qu’il avait des symptômes similaires. Il semblait qu’il n’avait pas beaucoup de temps, alors Zagan avait décidé d’agir immédiatement. Et juste à ce moment-là, la porte du magasin s’était ouverte.
« Bienvenue ! Bonjour, Mlle Gremory ! » Kuu, qui les observait de loin, avait réagi immédiatement face à l’intrus.
« Bonjour. Oh, mon Dieu, ton visage a l’air tout à fait charmant, n’est-ce pas ? »
« Je ne comprends pas vraiment ce que tu veux dire, mais merci ! »
Et celle qui était venue, c’était Gremory.
Hein ? Kuu connaît Gremory ?
Gremory leva la main et salua Kuu, puis regarda immédiatement Zagan. Cependant, au lieu de s’approcher de lui, elle s’était arrêtée juste devant Manuela.
« Bienvenue, camarade Gremory. »
« Bon travail, camarade Manuela. »
Cette ville est condamnée… Zagan était resté sans voix pendant qu’il les regardait toutes les deux échanger des saluts.
Si l’on en juge par l’emploi du terme camarade, ces deux-là étaient déjà bien au-delà du domaine des simples connaissances. Les deux femmes qui n’auraient jamais dû se rencontrer conspiraient déjà ensemble. Et tandis que Zagan devenait pâle devant cette réalité, Gremory s’adressa finalement à lui.
« Je pensais que tu viendrais ici. On dirait que tu as fini de te changer sans problème. Eh bien, je suis sûre que tu serais heureux d’apprendre que j’ai réussi à entrer en contact avec mon professeur, » déclara Gremory.
« Oh, euh, bon travail…, » Zagan avait dit ça et avait hoché la tête quand son expression avait commencé à s’assombrir.
« Allez ! Ça ne te ressemble pas d’avoir l’air déprimé. Ne t’inquiète pas, tu m’as moi et mon professeur à tes côtés, donc je suis certaine que tu reviendras à la normale en un rien de temps, » avait affirmé Gremory en gonflant fièrement sa poitrine.
Après ça, Zagan et Foll avaient suivi Gremory hors du magasin. Et bien sûr, ce qui les attendait, c’était — .
***
Partie 7
« Je suis vraiment désolée pour tous les ennuis que ma disciple insensée t’a causés, » déclara Orias, s’inclinant profondément et s’excusant auprès de Zagan dès qu’ils s’étaient rencontrés. Comme d’habitude, elle portait une capuche qui couvrait la majeure partie de son visage et une robe ample pour cacher sa nature de haute elfe. En fait, elle, Néphy et Nephteros étaient probablement les seuls hauts elfes vivants qui existaient. Et il se trouve qu’elle était aussi l’enseignante de Gremory, ce qui signifiait qu’elle pouvait facilement manipuler son propre âge physique. Cependant, les traits de son visage que l’on pouvait discerner étaient ceux d’une vieille femme, et sa voix était aussi rauque. Au fait, Gremory avait une grosse bosse sur la tête et pleurait. Dès qu’ils s’étaient rencontrés, Orias l’avait frappée du poing.
« Euh, non. C’est dû à ma propre négligence, donc je ne la tiendrais pas pour entièrement responsable…, » déclara Zagan.
« Ne la gâte pas. Il y a aussi ce qui s’est passé au village caché. À l’époque, elle utilisait la sorcellerie pour vous regarder courir comme un poulet sans tête, » déclara Orias.
« D’accord, d’accord. Frappe-la autant que tu le veux, » déclara Zagan, car ses sentiments de sympathie pour elle avaient complètement disparu.
« Mon seigneur, je pense que ce serait bien de me traiter un peu plus gentiment…, » déclara Gremory.
« Demande-le après avoir réfléchi à tes actions, » déclara Zagan.
« Es-tu en train de me dire qu’elle a aussi fait d’autres choses ? » s’écria Orias.
Le fait d’être fusillé du regard par deux Archidémons avait été plus que suffisant pour que Gremory s’agenouille en silence.
« J’ai l’impression d’être à genoux depuis ce matin…, » Gremory marmonna, clairement malheureuse.
« Il semble que tu aies entendu l’essentiel de Gremory, mais j’ai fini comme ça après que nous ayons échoué dans un lancement de sorcellerie. Je cherche un moyen d’inverser cette transformation, alors as-tu des idées ? J’ai bien sûr l’intention de te rembourser d’une manière convenable, » déclara Zagan lorsqu’il s’était tourné vers Orias. Puis, il s’inclina respectueusement devant elle, et Orias haussa simplement les épaules.
« Tu n’as pas besoin d’être si distant. Je te dois déjà beaucoup. Tu as apporté le bonheur à ma fille, ce que je ne pourrai jamais faire, » déclara Orias avant de se tourner vers Foll en disant. « Et celle-ci, c’est la dragonne, non ? J’ai entendu dire que c’est ta fille adoptive, non ? »
« Valefor. Tu peux m’appeler Foll, » déclara Foll.
« Dans ce cas, tu peux m’appeler mamie, » déclara Orias.
« Compris. Mamie, » répondit Foll avec une expression tout à fait sérieuse sur son visage, ce qui fit qu’Orias fronça le bout du nez d’une manière troublée.
« … Désolée. Je voulais dire ça pour plaisanter, » déclara Orias.
Cette personne est toujours en train de s’excuser, n’est-ce pas ? Zagan avait eu un sourire amer quand il avait réfléchi à sa blague. C’était peut-être la tentative d’Orias d’animer l’ambiance, mais elle semblait avoir échoué.
« Tu es la maman de Néphy, donc ce n’est pas étrange pour toi d’être ma grand-mère, » déclara Foll en penchant la tête sur le côté dans la confusion. Orias fut surprise d’entendre cela, puis sourit avec joie.
« Je vois que Néphy a une fille assez directe, » déclara Orias, puis elle jeta son regard vers Zagan et elle continua, « Maintenant, laisse-moi regarder. Montrez-moi vos mains droites, » demanda Orias. Puis, Zagan et Foll les tendirent, et l’Emblème de l’Archidémon apparut sur eux deux.
« Hm… Il semble que ce soit le même sceau, » déclara Orias.
« Qu’est-ce que ça veut dire ? » s’enquit Zagan. Orias, cependant, avait simplement touché le sceau sans répondre, et l’avait observé pendant un certain temps avant d’émettre un gémissement.
« Cela semble être une situation assez pénible. C’est la première fois que je vois une malédiction aussi compliquée, » déclara Orias.
« Est-ce difficile, même pour toi, de la dissiper ? » demanda Zagan.
« … Tu as raison. Désolée, » s’excusa Orias, inclinant la tête tout le temps profondément.
« S’il te plaît, lève la tête. Ce n’est pas à toi de t’excuser, » s’écria Zagan, apparemment agité.
« Pour l’instant, je vais te dire tout ce que je peux discerner. Tout d’abord, Zagan, ton sceau a perdu la plus grande partie de sa puissance. À ce stade, même si je devais supprimer son pouvoir avec le mien, cela n’aurait probablement qu’un effet sur toi, » affirma Orias en levant les yeux vers Zagan en s’excusant. Foll avait aussi un sceau maintenant, mais la partie principale était toujours celle de Zagan, ce qui signifie que le flux sortant de puissance n’avait aucun effet sur Foll.
« Suivant, Foll. Je suis sûr que tu es l’enfant d’une lignée exceptionnelle, même parmi les dragons. Le pouvoir en toi date de l’âge des mythes. En d’autres termes, c’est littéralement divin. C’est si vaste que je suis certaine que tu pourrais facilement défier la plupart des Archidémons actuels. »
« Je vois…, » Zagan marmonna, puis il déclara. « Foll est la fille du Sage Dragon Orobas, qui aurait vécu à l’âge des mythes, donc cela a du sens. »
Dans un virage inhabituel, les yeux d’Orias s’ouvrirent en grand, choquée d’entendre cela.
« C’est… tout à fait un malheureux destin. Ça me donne presque envie de croire au destin, » déclara Orias.
« Qu’est-ce que tu veux dire ? » s’enquit Zagan.
« Marchosias était l’ami juré du Sage Dragon Orobas, » déclara Orias en se tournant vers Foll avec un regard doux dans les yeux. Foll, d’un autre côté, avait dégluti d’une façon audible en entendant ça.
« D’une manière ou d’une autre, cela me rend nostalgique. »
C’était ce que Foll avait dit quand Zagan l’avait amenée au palais de l’Archidémon. Cela, plus le fait que le Palais de l’Archidémon était rempli de mécanismes qui utilisaient des sorts de dragon, fit Zagan se demander si le pouvoir de l’Archidémon Marchosias lui avait été accordé par Orobas.
« Est-ce une coïncidence… ? » marmonna Zagan.
« Je me le demande… Le successeur de Marchosias a fini par adopter la fille d’Orobas… On se demande si tout ça fait partie du plan de quelqu’un, n’est-ce pas ? » demanda Orias, puis une fois de plus se tourna vers Foll et dit. « Revenons à ce dont nous parlions tout à l’heure. Foll, ton pouvoir est quelque chose qui aurait dû se démêler lentement sur une longue période. La situation actuelle a été créée en essayant de supprimer artificiellement cette limite. C’est presque comme si toute l’eau d’un puits infini jaillissait d’un seul coup et inondait son environnement. »
« C’est… Tout est de ma faute…, » Foll déplaça son regard vers le bas, se critiquant pour tout le malheur de Zagan.
« Non. C’est juste un fragment. Si ton pouvoir devenait vraiment fou, Zagan et ma disciple idiote seraient déjà morts. C’est pourquoi tu devrais te considérer comme chanceuse et en tirer des leçons, » avait affirmé Orias. Ses paroles étaient à la fois gentilles et strictes, ce qui avait fait que Foll avait fait un signe de tête ferme en réponse.
C’est essentiellement ce que j’aurais dû lui dire… Il aurait pu utiliser son changement de forme comme excuse, mais Zagan savait que ce serait la même chose que de se mentir à lui-même. Franchement, toute cette affaire lui avait fait réaliser à quel point il était encore inexpérimenté.
« Maintenant, comme je l’ai expliqué, tu es actuellement comme dans le courant qui coule d’un barrage brisé. La clé, c’est l’Emblème de l’Archidémon, mais il a aussi été emporté par les eaux. Pour arrêter le débit, vous devez soit reconstruire le barrage, soit trouver la clé. Ce sont deux tâches extrêmement difficiles, mais ce sont vos seules options, » déclara Orias en parlant d’une voix douce de leur chemin à suivre. Sa réponse était assez vague, mais Zagan avait l’impression d’avoir saisi le tableau complet de la malédiction grâce à elle.
Dans ce cas, si nous coupons avec force le chemin que nous avons créé, Foll serait plus en danger que moi… S’ils enlevaient la source d’eau derrière le barrage brisé, le lac s’assécherait.
« Hm, peut-être que cette situation a été provoquée par ton sceau, Zagan, » déclara Orias.
« Qu’est-ce que tu veux dire ? » demanda Zagan. Cependant, au lieu de répondre immédiatement, Orias tendit la main droite.
« C’est mon sceau. Peux-tu voir que sa forme est un peu différente de la tienne ? » s’enquit Orias.
« Oui, » répondit Zagan. C’est quelque chose que Zagan avait vaguement réalisé quand il avait vu le sceau de Bifrons. Au premier coup d’œil, ils semblaient identiques, mais les sceaux de Zagan et d’Orias différaient légèrement dans leurs moindres détails.
« J’ai découvert quelque chose de semblable à ça. À savoir, les épées sacrées de l’Église. Ce qui est gravé dessus semble aussi être en Célestian, » déclara Zagan.
« C’est tout à fait exact. On pourrait dire que ces Emblèmes de l’Archidémon sont un type de circuit créé avec le Célestian. Bien qu’il soit peut-être plus juste de l’appeler un texte. Malheureusement, reproduire quelque chose de semblable serait difficile même pour moi, » répondit Orias. Zagan ouvrit les yeux en apprenant qu’il s’agissait d’une technique si avancée que même un Archidémon aurait de la difficulté à la reproduire.
« Néanmoins, j’ai mis du temps à démêler ce texte. Après tout, le temps était la seule chose que j’avais en abondance, » déclara Orias.
« Et qu’est-ce que ça dit… ? » demanda Zagan.
« Ce n’est pas si impressionnant que ça. Sceau, pouvoir, connexion, Dieu, mal. Quelque chose comme ça. Ce sont à peu près les seuls mots qui ont un sens, de toute façon. Les autres sont toutes des choses que je ne peux même pas comprendre. Cependant…, » Orias s’arrêta un moment et regarda Zagan droit dans les yeux avant de dire. « Dans ce sceau, il y a un mot qui signifie la main droite. »
« Main droite… ? » marmonna Zagan, apparemment confus. Pour autant qu’il le sache, tous les Sceaux de l’Archidémon se trouvaient à la droite de ceux qui les possédaient. Est-ce que ça avait un sens ?
« Hm… J’ai déjà pensé que c’est peut-être parce que les sceaux apparaissent toujours sur la main droite d’une personne. Cependant, cela ne semble pas lié, » déclara Orias, puis indiqua le sceau de Zagan et continua. « La partie de mon sceau qui signifie la main droite a été remplacée par quelque chose qui signifie le cœur sur le tien. »
Les yeux de Zagan s’ouvrirent et Orias lui fit un signe de tête silencieux.
« Pour les sorciers, le cœur n’est pas seulement la pierre angulaire de la vie, mais aussi le fourneau qui donne naissance à une énorme quantité de mana. En d’autres termes, il y a une forte probabilité que ton sceau produise le plus de mana parmi les treize. En tout cas, c’était le sceau d’Ancêtre, » déclara Orias.
C’était une révélation plutôt choquante, mais Zagan avait un autre point à l’esprit.
Le cœur, la main droite… Chacun est un morceau de corps. Dans ce cas, le sceau de Bifrons symbolisait probablement une autre partie du corps. Et cela avait fait réaliser à Zagan que…
« En d’autres termes, les Sceaux de l’Archidémon scellent vraiment le corps du Seigneur-Démon…, » marmonna Zagan d’un ton grave. Cela signifiait que le sceau de Zagan contenait le cœur du Seigneur-Démon, qui était comme une fournaise infinie de mana. Cela signifiait que la conjecture de Bifrons était correcte. Cependant, Orias avait fait entendre une voix emplie de doute.
« Seigneur Démon… ? Oh, c’est comme ça que tu l’appelles ? Je vois. C’est assez facile à comprendre, » déclara Orias.
Maintenant que j’y pense, seul Bifrons l’appelait le Seigneur-Démon…
« Eh bien, comment appelles-tu ça ? » demanda Zagan.
« Moi ? Je ne lui ai jamais donné de nom. Il n’y a jamais eu de besoin. Oh, mais voyons voir…, » Orias traîna, puis parla d’un ton quelque peu nostalgique. « Marchosias l’appela… l’Archidémon Primordial. »
Zagan ne pouvait pas dire ce que cela signifiait. Cependant, il correspondait au moins au nom du sceau. Après tout, c’était l’Emblème de l’Archidémon, pas l’Emblème du Seigneur-Démon.
Pourtant, j’ai l’impression que toutes nos hypothèses sont loin d’être fondées… Malheureusement, Zagan était beaucoup trop inexpérimenté pour comprendre la raison. Un Archidémon du niveau de Bifrons avait passé des centaines d’années à l’étudier juste pour créer un mysticisme céleste, donc un nouveau venu comme Zagan avait un long chemin à parcourir avant de pouvoir aller au cœur du sujet. Et comme ces pourparlers touchaient à leur fin, Orias s’était finalement détendue.
« Eh bien, je vais essayer de trouver un moyen de défaire cette malédiction, mais n’en attends pas trop. Une simple haute elfe ne peut pas espérer rivaliser avec le pouvoir des légendes, » déclara Orias.
« Non, tu m’as déjà été d’une grande aide. Permets-moi de te remercier, » déclara Zagan.
Après que Zagan eut humblement exprimé sa gratitude, Orias continua tranquillement.
« Zagan, tu es au courant pour Liucaon ? Je parle de la nation insulaire, » déclara Orias.
« Ouais. En fait, j’ai appris à connaître quelqu’un de là-bas récemment, » déclara Zagan.
« Je vois. Comme c’est fortuit. C’est le dernier conseil que je peux te donner. Essaye de compter sur Liucaon. Il y a plusieurs secrets qui nous sont restés et que nous avons perdus depuis un bon bout de temps. Les objets qu’ils utilisent pour les rituels, qu’on appelle les Trésors sacrés, ressemblent à des épées sacrées. Il y a peut-être là un pouvoir ancien qui peut faire quelque chose pour combattre cette malédiction, » déclara Orias.
Zagan avait entendu dire que des pouvoirs différents de la sorcellerie existaient au Liucaon, et Gremory avait même indiqué que c’était l’un de leurs choix possibles, donc cela semblait être une bonne piste.
De toute façon, c’est mieux que de rester assis sur mes pouces…
« Connais-tu la Conférence continentale interraciale des aînés ? » demanda Zagan.
« Bien sûr que oui. Je suis l’un des derniers elfes restants, donc j’ai au moins entendu son nom, » déclara Orias.
« Des gens de Liucaon seraient-ils présents ? » demanda Zagan.
« À tous les coups. C’est l’un des participants les plus importants, » répondit Orias.
« En fait, j’ai aussi été invité. Je ne sais pas exactement qui y assistera, mais j’envisage de faire une apparition, » déclara Zagan.
« Quoi !? Pourquoi ne me l’avez-vous pas dit !? Rien que de penser à toute la puissance de l’amour de toutes les races qui se rassemblent me fait baver…, » Gremory avait eu une réaction viscérale en entendant ça.
« Tu dois m’aider à chercher un moyen de défaire la malédiction, espèce d’idiote irréfléchie, » Orias avait coupé l’excitation de Gremory d’un ton froid.
« S’il vous plaît, laissez-moi y aller pour l’instant ! Je promets d’aider une fois de retour de la conférence, alors donnez-moi juste une nuit libre ! » s’écria Gremory.
« As-tu été assez sincère avec moi pour que je permette une telle chose ? » demanda Orias.
« Espèce de démooooooooneeeee ! » cria Gremory.
Zagan et Foll retournèrent au château, laissant la Gremory hurlante derrière elle avec son mentor.
***
Partie 8
« Pfff ! Vraiment, Dieu merci. Monsieur l’Archidémon n’avait pas l’air de se soucier du tout de cette conférence, » dit Selphy, apparemment de bonne humeur alors qu’elle préparait une soupe dans la cuisine. Elle était de si bonne humeur qu’elle avait même commencé à fredonner. Et alors qu’elle l’avait fait, son patron, qui préparait le plat principal derrière elle, avait poussé un gémissement.
« Imbécile. Mon seigneur n’est pas en mesure de participer à cette bagatelle parce qu’il est beaucoup trop occupé, mais pensez-vous que vous pouvez vous en servir comme raison pour vous exempter ? » déclara Raphaël.
« Voulez-vous dire qu’un représentant pourrait être obligé d’y aller, alors que je ne devrais pas commence à fêter ça ? C’est tout à fait bien. Comme je l’ai dit, M. Archidémon n’avait pas l’air de s’en soucier. En plus, s’il y allait, tout le monde aurait peur, alors, ça marcherait mieux ! » déclara Selphy.
Selphy parla à l’homme plutôt effrayant d’une manière désinvolte. Le visage et la conduite de Raphaël étaient terrifiants, mais une simple conversation suffisait pour réaliser qu’il était au fond un homme bon. En fait, on pourrait dire qu’il était la personne la plus gentille que Selphy ait rencontrée. Eh bien, à part Néphy, en tout cas.
Il passe beaucoup de temps à m’entraîner pour mon travail, et me félicite si je réussis bien… Il était toujours droit et honnête, bien que peu de gens l’aient remarqué à cause de sa façon de parler. Il était très malheureux que son phrasé et son choix de vocabulaire aient été maladroits et aient créé des malentendus.
Cependant, cette partie de lui ressemble un peu à une amie de chez moi… Même Selphy avait au moins une personne qu’elle pouvait appeler une amie. Elle ne lui avait pas parlé depuis qu’elle avait fui sa ville natale, mais son amie d’enfance était quelqu’un qui parlait et agissait un peu comme Raphaël. Elle avait aussi laissé Selphy chanter tout ce qu’elle voulait.
« Hmph… Il semble que vous ayez aussi compris l’étendue du cœur de mon seigneur. Il a de véritables ambitions, il a donc une connaissance approfondie des techniques qui peuvent à la fois détruire et apprivoiser les masses ignorantes, » déclara Raphaël en ricanant devant elle.
« De véritables ambitions… Oh, comme, à propos de Mlle Néphy ? Eh bien, vous avez raison. Les voir flirter toute la journée le rend vraiment moins effrayant, » déclara Selphy.
Ce majordome convenait parfaitement à cet Archidémon, en ce sens qu’ils avaient tous les deux agi de manière déconcertante. L’Archidémon était cependant relativement facile à lire et surtout quand il s’agissait de la femme qu’il aimait. La façon dont il courait dans la confusion quand il s’agissait de parler à Néphy ne convenait pas à l’aura de terreur et de majesté qui entourait généralement les Archidémons. Et à ce moment-là, il avait l’air d’un garçon maladroit ordinaire.
Pourtant, il peut transformer un bateau entier en poussière avec un seul coup de poing… En gros, il pourrait pointer la tête de Selphy et l’envoyer dans l’au-delà en plaisantant. Et à cet égard, c’était vraiment un Archidémon. Cependant, si tous les autres Archidémons étaient des gens comme Zagan, le monde aurait probablement été un endroit beaucoup plus paisible.
« Hé ! Faites un peu attention ! » Raphaël avait rugi sur Selphy alors qu’elle se perdait dans ses pensées. Et quand elle leva les yeux, elle vit que le majordome la fixait d’un regard féroce.
« Arght, avez-vous découvert que je voulais un peu en goûter ? » demanda Selphy.
« Vous allez tout gâcher. Enlevez la marmite du feu, » déclara Raphaël.
« Oh, d’accord… Hm, quel goût ça a ? Ce ne serait pas mieux si c’était un peu plus sucré ? » Selphy déclara cela, puis avait immédiatement pris une serviette mouillée et avait retiré le pot du feu. Après avoir versé une partie de la soupe dans un petit plat et l’avoir goûtée, elle avait mis la tête sur le côté. Raphaël avait suivi son exemple et goûta aussi la soupe, mais secoua la tête à la place.
« Non, c’est bien. L’assaisonnement du plat principal est assez fort, il s’accordera donc bien avec le goût de cette soupe. Vous vous êtes admirablement bien débrouillée, » déclara Raphaël.
« Yaaay ! Monsieur Raphaël m’a louée ! » s’exclama Selphy en levant les mains en l’air pour célébrer. Et à ce moment précis, un grand thérianthrope s’était jeté dans la cuisine.
« Je suis désolé de vous déranger. Mes mains sont libres en ce moment, donc y a-t-il quelque chose que je puisse faire pour vous aider ? » demanda-t-il.
Ce thérianthrope à la crinière touffue et au visage de lion était Kimaris. Comme Gremory, il était le serviteur de confiance de Zagan. En fait, tous les deux étaient si puissants qu’ils s’étaient disputé la première place parmi les disciples de Zagan. Cependant, malgré cela, il avait été si gentil qu’il était même passé les aider dans la cuisine quand il avait du temps libre.
« En effet. Vous arrivez au bon moment. On a presque fini ici. Prenez assez d’assiettes pour tout le monde, » Raphaël ne perdit pas de temps et avaient immédiatement aboyé ses ordres.
« D’accord, d’accord. Mlle Selphy, ces assiettes doivent être lourdes. Alors, laissez-moi m’en occuper, » déclara Kimaris.
« Merci, Monsieur Kimaris. Monsieur Raphaël a même fait l’éloge de ma soupe aujourd’hui, donc je suis, genre, totalement confiante sur le goût ! » déclara Selphy.
« Alors, j’ai hâte d’y goûter, » déclara Kimaris, puis il pencha la tête sur le côté et demanda. « Que ferons-nous des portions de Sire Zagan et de Foll ? Je crois qu’ils sont sortis en ce moment. »
« Je n’ai pas été informé de l’heure de leur retour, mais nous devrions quand même nous y préparer, » déclara Raphaël.
Kimaris accepta tranquillement les ordres du majordome, mais la curiosité le vainquit.
« … Au fait, s’est-il passé quelque chose aujourd’hui ? Je n’ai pas non plus vu Mlle Gremory, » déclara Kimaris.
« Hm… Je suis certain que mon seigneur vous en aurait informé directement lui-même, mais un petit problème s’est produit. Gremory l’accompagne dans sa chasse à la solution, » déclara Raphaël.
« … Qu’a fait Mlle Gremory cette fois ? » demanda Kimaris en se grattant la tête.
« Ce n’est pas comme si la coupable était forcément Mlle Gremory ! » déclara Selphy.
D’autres sorciers traitaient Gremory comme une grand-mère ennuyeuse, mais Selphy pensait qu’elle était une bonne personne. Elle donnait souvent des bonbons à Selphy et la regardait avec un large sourire. Pourtant, Kimaris, qui était censé être son meilleur ami, avait fait une expression sévère en secouant la tête.
« Non, si ce n’était pas sa faute, Sire Zagan aurait aussi demandé mon aide. Le fait qu’il ne l’ait pas fait doit vouloir dire qu’il ne veut pas que je me sente coupable de l’erreur de Mlle Gremory. Mais je suppose qu’il est aussi possible qu’il n’ait tout simplement pas eu le temps de me le dire, » déclara Kimaris, puis il s’arrêta et ajouta. « Et aussi, Lady Néphy a grondé Mlle Gremory hier. Elle avait l’air plutôt en colère, donc je suis sûr que c’était de sa faute. »
« … Oh, » murmura Selphy. Elle n’avait pas pu réfuter ce dernier point. L’idée même que Néphy se mette en colère semblait impossible, alors il devait y avoir une bonne raison pour que cela arrive.
« Maintenant que j’y pense, Sire Raphaël, avez-vous réussi à interroger Sire Zagan sur la question dont nous avons discuté ? » demanda Kimaris en se tournant soudain vers Raphaël.
« Argh… Non, il a été très occupé, donc je n’ai pas eu le temps, » répondit Raphaël d’une manière extrêmement vague, ce que Selphy trouvait assez étrange.
« Hein ? S’est-il passé quelque chose ? » demanda Selphy.
« Ce n’est rien d’important. Ça n’a rien à voir avec vous, » déclara Raphaël.
« Aww, allez ! N’est-on pas copains de cuisine ? Me laisser dehors, c’est vraiment méchant ! S’il vous plaît, dites-le-moi ! » Selphy avait fait une crise de colère, mais c’était Kimaris qui avait l’air de s’excuser.
« Mes excuses, Sire Raphael. J’aurais dû faire plus attention…, » déclara Kimaris.
« C’est correct. Ce n’est pas vraiment quelque chose qui a besoin d’être caché, » déclara Raphaël, puis se tourna vers Selphy et expliqua. « J’ai fait des rêves étranges dernièrement. Ce sont probablement les souvenirs d’un certain dragon. »
« Par dragon, vous voulez dire quelqu’un comme Foll ? Pourquoi un humain les verrait-il ? » demanda Selphy.
« En raison de certaines circonstances spéciales, j’ai du sang de dragon qui coule en moi… Quoi qu’il en soit, comme les visions sont si fréquentes, j’ai l’impression que ce dragon essaie de me dire quelque chose, » déclara Raphaël.
« Je vois. C’est pourquoi la petite dame est si attachée à vous, Monsieur Raphaël ! » Selphy acquiesça d’un signe de tête, clairement satisfaite de la déduction étrange qu’elle a faite.
« … » Raphaël et Kimaris regardaient Selphy comme s’ils étaient face à un gosse muet.
« Ce ne sont que des rêves. C’est bien de ne pas déranger mon seigneur avec des choses aussi mineures quand il est déjà dans le pétrin, » déclara Raphaël.
« Non, attendez. S’il s’agit de rêves, alors mon amie Lilith est une sorte d’experte, » Selphy déclara ces mots sur un ton inquiet. Elle pensait que Raphaël pourrait s’effondrer s’il portait ce fardeau tout seul.
« Je sais que cela peut paraître impoli, mais les sirènes ne sont-elles pas plus liées à une sorte de sommeil éternel ? » demanda Raphaël.
« Lilith est une succube. Elle peut entrer dans les rêves des gens et leur faire des farces. Parfois, quand je faisais une sieste, elle me faisait voir un rêve où j’étais tuée par des sorciers. Heureusement, quand je me suis réveillée, ma grande sœur me réconfortait ! » déclara Selphy.
« Êtes-vous certaine que vous n’avez pas vu ces rêves après avoir été frappés à la tête… ? » Raphaël avait laissé échapper une voix étonnée, mais il avait fini par céder, avait fait un sourire tendu et avait dit. « Eh bien, si l’occasion se présente, j’accepterais cette offre. »
« Je n’ai pas vraiment l’occasion de rencontrer mes amies de chez moi. Ce serait, genre, totalement gênant de me montrer après tout ce temps ! » Selphy avait expliqué sa situation difficile, ce qui expliquait aussi pourquoi elle était contente que Zagan ne tienne pas compte de la conférence.
« Raphaël ! Cette idiote de Selphy est-elle dans le coin ? »
Selphy entendit un ton un peu familier, mais la voix était celle d’un enfant qu’elle ne connaissait pas. Lorsqu’elle s’était tournée vers la source, elle avait vu un jeune garçon enfoncer pratiquement la porte en entrant dans la cuisine. Il avait l’air d’un héritier d’une famille noble, car il portait une chemise fringante et une veste élégante. Elle avait l’impression qu’il ressemblait à quelqu’un qu’elle connaissait, mais Selphy ne connaissait aucun enfant. Il était tout à fait possible qu’il ait été enlevé par l’un des sorciers.
Un enfant ? S’est-il perdu ou quoi ? Selphy le regarda avec émerveillement, troublée par l’apparition soudaine de l’enfant.
« Hein… ? Monsieur… Zagan… ? » Kimaris avait crié ces mots d’une voix choquée.
« Oh, tu es là aussi, Kimaris ? Parfait. Je te cherchais aussi, » répondit l’enfant d’un ton un peu hautain.
Pourquoi le nom de Zagan était-il sorti de la bouche de Kimaris ? Selphy avait supposé qu’il devait être fatigué après tout son travail. C’était soit ça, soit elle avait mal entendu. Elle ne savait pas qui avait amené ce gamin au château, mais elle avait pitié du fait qu’il était coincé ici. Ainsi, Selphy gonfla sa poitrine alors qu’elle se tenait devant le garçon.
***
Partie 9
« Tu dois te laver les mains en entrant dans la cuisine, tu vois ? Monsieur Raphaël va se fâcher si tu ne le fais pas. Et tu n’aimerais pas son visage quand il est en colère ! » déclara Selphy.
« Ferme-la. Plus important encore, guide-moi jusqu’à cette conférence ou quoi que ce soit d’autre. Tout de suite, » déclara Zagan.
« Franchement, tu es un sale gosse arrogant. Écoute, tu ne peux pas faire ça, OK ? Seuls Monsieur Raphaël et Monsieur Zagan peuvent être hautains par ici, » déclara Selphy en plissant ses sourcils.
« Je te dis que je suis Zagan ! » déclara Zagan.
« Oh, d’accord. Je suppose que ça fait de moi, genre, Mlle Néphy. Monsieur Zagan passe une bonne vingtaine de secondes à trébucher sur ses paroles quand il parle à Mlle Néphy, alors tu devrais — Owowowowowo ! » déclara Selphy.
Selphy était une adulte. Elle gonfla fièrement sa poitrine et décida de jouer le jeu avec le petit garçon, mais son visage fut soudain saisi par lui comme un aigle qui saisissait sa proie.
« Pourquoi diable sais-tu ça !? » demanda Zagan.
« Owowowowowowo ! » Selphy hurla d’agonie. Elle ne savait pas pourquoi ce gamin était en colère, mais sa force était anormale. Et voyant qu’elle perdrait conscience à ce rythme, Raphaël était intervenu pour l’arrêter.
« Mon seigneur. Si tu continues comme ça, elle va mourir. Est-ce que c’est d’accord ? » demanda Raphaël.
« Oh… Désolé, j’ai mal calculé ma force. Ça va, Selphy ? » demanda Zagan.
Heureusement, l’enfant avait laissé partir Selphy avant que sa tête ne soit écrasée.
« Sire Zagan. C’est quoi cette forme ? Comme je le pensais… Mlle Gremory a encore fait quelque chose ? » demanda Kimaris.
« Non, elle partage une partie du blâme, mais ce n’est pas vraiment sa faute… Hey, vas-tu bien ? Dois-je demander à Néphy de te traiter ? » demanda Zagan.
Comme Selphy ne semblait pas se remettre de la douleur, l’enfant avait jeté un coup d’œil au visage avec inquiétude.
Il est assez violent, mais peut-être qu’il n’est pas si mal… Pensant qu’elle ne pouvait pas faire en sorte qu’un enfant s’inquiète pour elle, Selphy avait souri et s’était levée… Elle avait les larmes aux yeux, mais on pourrait sûrement pardonner ça.
« Je vais bien ! Ta grande sœur est une vraie dure à cuire ! » déclara Selphy.
« Hé, je te dis…, » déclara Zagan.
Alors que l’enfant émettait une voix troublée, Kimaris s’était interposé pour interrompre la situation.
« Mlle Selphy, cet enfant est Sire Zagan. Même Mlle Gremory est capable de devenir une enfant et une vieille femme, non ? » demanda Kimaris.
« Hein ? Êtes-vous sûr qu’il n’est pas le petit-fils de Mlle Gremory ? » demanda Selphy.
« … »
Tout le groupe avait été stupéfait par sa stupidité. Et ainsi, ils passèrent l’heure suivante à expliquer que la sorcellerie de manipulation d’âge existait, et que le garçon devant elle était bien Zagan.
« Ce n’est pas possible ! La sorcellerie, c’est quelque chose d’aussi fou !? » déclara Selphy.
« Qu’est-ce que tu croyais que c’était avant ? » Zagan fixa Selphy d’un regard exaspéré en disant cela.
« Je compte sur toi, Selphy. Toi seul peux m’aider à retrouver ma forme originale. Guide-moi jusqu’à la conférence, » demanda Zagan.
« Mais j’ai toujours du mal à croire que vous êtes un petit Zagan. De plus, ce serait totalement gênant de montrer mon visage à ma famille, alors je ne veux pas, » Selphy avait commencé à grogner et elle avait ronchonné en réponse.
« Ne peux-tu pas m’aider… ? » Zagan avait abaissé ses épaules, l’air vaincu.
« Mais c’est vous qui m’avez sauvée de ce navire, et vous m’avez même donné un endroit où travailler. Cette fois, c’est à moi de vous sauver. D’accord ! Je vous emmènerai à cette conférence ! » proclama Selphy en gonflant fièrement sa poitrine.
« Vraiment !? Merci ! » Zagan leva les deux mains en l’air pour célébrer ce qu’il disait.
Maintenant que j’y pense, c’est la première fois qu’on compte sur moi… Selphy avait encore peur de la sorcellerie, mais la vie dans le château était surtout confortable, alors elle voulait faire tout ce qu’elle pouvait pour protéger ce lieu de chaleur.
« D’accord ! Puisque c’est réglé, préparons-nous. Je dois emmener Néphy cette fois-ci, donc il faut bien se préparer pour le voyage ! » Zagan avait prononcé ces mots d’un ton trop enthousiaste.
« Oh ! Attendez ! Pouvez-vous, genre, attendre un peu !? » Selphy avait appelé pour arrêter Zagan quand il avait commencé à s’enfuir de la cuisine.
« Quelque chose ne va pas ? » demanda Zagan.
« Vous n’allez pas retourner au château avant un moment, n’est-ce pas ? Dans ce cas, je veux que vous écoutiez ce que Monsieur Raphaël a à dire, » déclara Selphy.
« Stop, Selphy, » Raphaël éleva la voix d’un ton un peu fâché, mais il était déjà trop tard.
« … Qu’est-ce que tu veux dire ? S’est-il passé quelque chose ? » demanda Zagan.
« Non, ce n’est pas quelque chose dont il faut s’inquiéter, » répondit Raphaël d’une manière obstinée. Il avait l’intention de le garder pour lui, mais Selphy s’était lancée et avait tout gâché.
« Monsieur Raphaël a fait des rêves bizarres ces derniers temps, alors il voulait vous consulter à propos de… Eeek ! » Selphy parlait de ses problèmes, ce qui avait poussé Raphaël à la fusillée du regard. Selphy s’était transformée en boule en réponse, mais Zagan s’était quand même retourné pour lui faire face.
« Raphael. Parle, » ordonna Zagan.
« Argh…, » Raphaël s’était renfrogné, mais s’était trouvé incapable de refuser la demande de Zagan. C’est ainsi qu’il lui avait raconté, à contrecœur, ses rêves.
« Les souvenirs d’Orobas ? » demanda Zagan.
« Oui. C’est probablement à propos de la dernière bataille qu’il a menée à mes côtés. Cependant, ce qui m’inquiète, c’est qu’il combattait quelque chose qui semblait différent d’un démon, » déclara Raphaël.
« Qu’est-ce que ça veut dire ? Le démon que tu as combattu n’était-il pas celui qui est maintenant une chimère dans le Palais de l’Archidémon ? » demanda Zagan.
« Celui que j’ai massacré était ce démon. Cependant, ce n’était pas la seule chose sur ce champ de bataille. Il semble qu’Orobas ait combattu quelque chose de bien plus puissant qu’un simple démon…, » déclara Raphaël.
« C’est impossible. Le seul qui pourrait être aussi puissant est le Seigneur-Démon. Mais…, » Zagan leva la main droite, et un sceau de lumière brilla à la surface tandis qu’il continuait. « Le Seigneur-Démon est scellé ici. Je n’ai jamais entendu parler de l’un des treize sceaux brisés. »
Au moins, quand Zagan avait hérité pour la première fois de l’Emblème de l’Archidémon, les treize étaient rassemblés.
« C’est pourquoi je crois aussi que c’est impossible, » déclara Raphaël.
« … Cela signifie-t-il qu’une autre menace majeure existe ? Non, ça ne peut pas…, » Zagan marmonna ces mots avec la tête basse, puis secoua la tête. Si des êtres aussi puissants avaient surgi aussi souvent, le monde aurait été détruit depuis longtemps. Cependant, il était également vrai que le Sage Dragon Orobas, qui avait survécu à l’âge des mythes, ne pouvait pas faire face à cet ennemi, donc il avait dû être extrêmement fort.
« Compris. Je ne connais pas la vraie nature de tes rêves, mais je m’en souviendrai. Était-ce ton seul souci ? » demanda Zagan.
« Non, il y a autre chose que tu dois savoir, » déclara Raphaël en se concentrant sur la main droite de Zagan avant de dire. « Il semble que le Sage Dragon Orobas et l’Archidémon Marchosias étaient de vieux amis. C’est peut-être aussi une amitié qui a duré un millier d’années. »
« … Je le savais déjà. Orias qui m’en a parlé. C’est la première fois que j’entends dire que cela a duré un millier d’années, » déclara Zagan quand ses yeux s’étaient élargis à cause de la révélation soudaine. En y repensant, même si Zagan avait hérité de l’héritage de Marchosias, il ne savait rien de son prédécesseur. Bien sûr, il était mort subitement de vieillesse, mais Zagan aurait aimé avoir laissé un peu plus d’information en préparation de son décès.
Non, attends… La vieillesse ? Je ne peux pas être…, Zagan avait été décontenancé.
« Raphael. Quand as-tu combattu aux côtés d’Orobas ? C’est important, alors réfléchi bien, » déclara Zagan.
« Hm… Cela fait environ six mois maintenant, donc deux mois avant de te rencontrer, mon seigneur, » déclara Raphaël.
En d’autres termes, il aurait fallu environ un mois avant que Zagan rencontre Néphy. Et à partir de là, Kimaris avait certainement remarqué ce qui se passait dans l’esprit de Zagan.
« Oh… Sire Zagan, est-ce que ça pourrait signifier… ? » demanda l’homme lion.
« … Oui, » répondit Zagan en serrant les dents, apparemment étonné par sa propre ignorance.
« C’est exactement la même période où l’Archidémon Marchosias est décédé, » déclara Zagan.
Suis-je un idiot ? Pourquoi n’ai-je jamais rien suspecté ?
« Alors… es-tu en train de dire que l’Archidémon Marchosias a aussi perdu la vie dans cette bataille ? » demanda Raphaël alors que ses yeux s’élargissaient à cause du choc.
« Ce serait une hypothèse raisonnable. Néphy a fini à la vente aux enchères où je l’ai achetée que parce qu’il est mort si soudainement, » déclara Zagan.
À l’origine, Néphy devait être vendue à Marchosias. Ce n’était pas hors du domaine des possibilités qu’il avait l’intention de l’utiliser pour prolonger sa vie, mais si c’était le cas, c’était encore plus étrange qu’elle soit encore en vie. Si ses années restantes étaient si courtes, il n’aurait pas eu d’importance si les démons ou un Seigneur-Démon venaient, il aurait donné la priorité à prolonger sa propre vie. Après tout, la plupart des gens se souciaient de leur propre vie avant tout.
« Maintenant que j’y pense, j’ai entendu une conversation dans mon rêve. Je ne m’en souviens pas très bien, mais j’ai l’impression que Marchosias a dit quelque chose à propos de l’hébergement de quelqu’un, » fit remarquer Raphaël, déconcerté par tout cela.
« Un abri ? Pas un enlèvement, mais une mise à l’abri ? Un Archidémon a dit ça ? » demanda Zagan.
« Je trouve ça un peu étrange, mais n’est-il pas sûr de penser qu’il parlait de Lady Néphy ? » demanda Raphaël.
Pourquoi un Archidémon voudrait-il l’abriter ? Bien sûr, c’est une haute elfe, mais ce n’est pas une raison suffisante. Étant donné sa race, l’idée qu’il avait l’intention de l’utiliser comme sacrifice semblait beaucoup plus convaincante…
J’ai peut-être besoin de passer en revue tout ce que je sais sur Marchosias… Il avait probablement appris tout ce qu’il pouvait en discutant entre eux, alors il était temps de passer à autre chose. De plus, Zagan devait ramener son corps à la normale, ce qui signifiait qu’il n’avait pas de temps à perdre.
« Je comprends. En tout cas, je doute fort que ces rêves soient une simple coïncidence. C’est peut-être une sorte d’avertissement. Je serais sur mes gardes quand je voyagerai, alors ne le laisse pas obscurcir ton jugement, » déclara Zagan.
« Comme tu veux, » répondit Raphaël. Puis, Zagan s’était tourné vers Selphy.
« Quant à toi… Eh bien, bon travail, » déclara Zagan.
« Hein ? Ai-je fait quelque chose ? » demanda Selphy.
« … Ce n’est rien, vraiment. Je pensais juste que c’est bien d’avoir quelqu’un d’aussi insensible que toi, » déclara Zagan.
« Ahahahah, arrêtez, vous allez me faire rougir avec ces compliments ! » déclara Selphy.
« Était-ce vraiment un compliment ? » demanda Raphaël en regardant Selphy. Cependant, elle n’avait pas prêté attention à ses paroles.
« Oh, c’est vrai. Pendant que je suis insensible, puis-je dire une dernière chose ? » demanda Selphy.
« Es-tu consciente que tu es insensible… ? Eh bien, très bien. En raison de l’occasion, dis ce que tu penses, » déclara Zagan.
« Euh, Mlle Selphy, il vaudrait mieux que vous fassiez preuve d’un peu plus de retenue, » dit Kimaris, tout à fait sur les nerfs pendant tout ce temps, mais Selphy avait simplement gonflé sa poitrine et ignoré son avertissement.
« Monsieur Zagan, vous devriez compter davantage sur ceux qui vous entourent ! Ça rend les gens vraiment heureux ! » déclara Selphy.
« … Compris. Je m’en souviendrai, » Zagan cligna des yeux, puis hocha la tête avec un sourire tendu quand il déclara cela.
« Ooooh... Vous savez, quand vous agissez honnêtement et que vous êtes mignon sous cette toute petite forme, mon cœur bat la chamade ! Vous devriez aussi essayer de parler comme ça à Mlle Néphy ! » déclara Selphy.
« … Veux-tu que je t’écrase encore le visage ? » demanda Zagan.
Zagan était peut-être minuscule, mais il était exactement la même personne dans son cœur. Ainsi, Selphy devint blanche comme un linge alors qu’elle secouait vigoureusement la tête.
***
Chapitre 3 : Ceux qui vivent au fond de la mer ne sont vraiment pas honnêtes avec eux-mêmes
Partie 1
« Je vois. Il faut une sirène pour te guider à travers l’océan, » murmura Zagan en admirant ce qui était devant lui. Cela faisait deux jours qu’il avait décidé de se rendre à la conférence.
La capitale océanique, Atlastia, était une métropole au fond de l’océan, loin du continent où se tenait la Conférence continentale interraciale des aînés. En fait, c’était quand même assez loin pour qu’un bateau de Kianoides mette plus d’une semaine pour s’y rendre, mais heureusement, les sirènes pouvaient manipuler les courants d’eau. Grâce à ce pouvoir, il était possible d’y arriver en une seule journée.
Je n’ai que quatre jours avant mon rendez-vous… Finalement, Zagan n’avait jamais eu l’occasion d’acheter de nouveaux vêtements. Et tout au plus, il avait deux jours libres pour se préparer. Il devait se dépêcher. C’est pourquoi il avait regardé autour de lui, paniqué. Puisqu’ils étaient censés être au fond de l’océan, il y avait d’innombrables poissons qui nageaient au-dessus d’eux. Cependant, son champ de vision était médiocre, de sorte que tout ce qui se trouvait à plus de dix pas semblait flou. Il était apparemment à une profondeur où la lumière du soleil ne pouvait pas les atteindre, mais mystérieusement, il faisait clair comme le jour autour de lui. C’était différent de la façon dont les sorciers utilisaient la sorcellerie pour voir dans le noir. Cela dit, ce n’était pas comme s’il y avait une source de lumière claire. C’était comme l’air… ou plutôt, l’eau elle-même brillait.
Ce n’était pas de l’herbe qui poussait sous ses pieds, mais des algues et du corail. Il n’y avait pas du tout d’air autour d’eux, juste de l’eau de mer. La raison pour laquelle il pouvait respirer malgré cela semblait être la puissance des sirènes. C’était apparemment l’entrée d’une ville ou d’un pays, de sorte qu’il pouvait apercevoir au loin quelque chose de semblable à un temple construit par l’homme. Les pierres qui dépassaient de là semblaient avoir des lumières à l’intérieur, et un examen plus attentif avait révélé des fenêtres et des entrées. Je pensais que, pour l’instant, Zagan ne pouvait repérer personne d’autre que les poissons.
« C’est un endroit assez mystérieux, n’est-ce pas ? » demanda Néphy d’une voix envoûtante alors que sa main serrait celle de Zagan comme un étau. À part elle, seule Foll, qui avait également dû faire enlever la malédiction, et Selphy, qui avait servi de guide, accompagnaient Zagan. Et puisqu’ils se rendaient à la conférence, Néphy portait une robe de soirée au lieu de son uniforme de bonne habituel.
Dans tous les cas, Zagan et Foll portaient leurs vêtements habituels lorsqu’ils seraient retournés à leurs formes originales. Mais ce n’était pas comme s’ils les portaient sous leurs vêtements actuels ou quoi que ce soit d’autre. Au lieu de cela, ils utilisaient la sorcellerie pour plier l’espace lui-même et le dissimuler autour d’eux, ce qui donnait presque l’impression qu’ils portaient des vêtements invisibles.
Raphaël et Kimaris étaient restés pour surveiller le château. Je ne peux en aucun cas laisser mes subordonnés s’informer sur cette forme, alors ils feraient mieux de les garder occupés…
Ce n’était pas comme s’il y en avait parmi eux qui se révolteraient pour une telle chose, mais être traité comme un enfant était beaucoup trop douloureux. Bien sûr, ils n’avaient pas de mauvaise volonté, mais c’était quand même assez ennuyeux.
« C’est comme être au-dessus de l’eau et en même temps à l’intérieur. C’est bizarre, » déclara Foll en lui faisant un petit signe de tête. Ils se promenaient normalement et n’avaient pas du tout l’impression que leurs vêtements étaient mouillés. C’est du moins ce qu’ils pensaient, mais Selphy nageait dans les airs. D’une certaine façon, c’était comme s’ils marchaient dans un épais brouillard persistant, ce qui signifiait probablement qu’il y avait une barrière dans la région. Cependant, s’il y en avait, c’était vraiment énorme.
« Ce n’est pas de la sorcellerie, mais c’est aussi différent du pouvoir des dragons… Si je devais le comparer à quelque chose, le mysticisme elfique me semble le mieux adapté, » déclara Zagan.
Est-ce l’un des pouvoirs perdus qui résident à Liucaon ? Cette conférence était plus proche de Liucaon que du continent. On disait qu’une puissance différente de la sorcellerie demeurait dans cette nation insulaire, ce qui remplissait d’espoir Zagan.
« Ça se ressemble, n’est-ce pas ? Je sens ici quelque chose comme le pouvoir des esprits qui ne devrait pas être dans l’eau. Peut-être qu’ils empruntent du pouvoir à de tels êtres ? » murmura Néphy en observant ce qui l’entourait.
« Il semble que c’est comme le pouvoir d’un trésor sacré qui a été transmis par la famille royale, » répondit Selphy d’un ton plutôt indifférent.
« … Est-ce que c’est bien pour toi de le révéler à des gens de l’extérieur ? » demanda Zagan.
« Ne sommes-nous pas tous de la même famille ? » demanda Selphy.
« J’ai entendu dire que les serviteurs sont comme la famille, alors tu l’es, » Foll hocha la tête et elle répondit à la place de Zagan, car il était trop embarrassé pour répondre à Selphy.
« Wôw ! Tu dis qu’on est très proches, non ? » s’exclama Selphy semblant clairement très heureuse. Zagan ne comprenait pas pourquoi elle serait heureuse de la déclaration de Foll, mais il n’avait pas pris la peine de le mentionner parce qu’il ne s’en souciait pas vraiment.
« Bref, c’est mon royaume. Mais il n’y a que quelques centaines de personnes qui vivent ici, donc c’est plus un petit village, » déclara Selphy.
Comme les elfes et les dragons, les sirènes étaient une espèce en voie de disparition. Et comme seulement plusieurs centaines d’habitants vivaient dans ce royaume, il était difficile d’imaginer qu’ils survivraient les cent prochaines années. Heureusement, son existence était un secret bien gardé. Si les sorciers réussissaient un jour à le flairer, les sirènes s’éteindraient du jour au lendemain.
« Est-ce que cette conférence ou quoi que ce soit d’autre a toujours lieu ici ? » demanda Zagan.
« Je ne sais pas. Mais, c’est la première fois que je la vois moi-même, alors ils la déplacent probablement, non ? » demanda Selphy.
« Je suis surpris que tu puisses t’appeler un membre de la royauté alors que tu en sais si peu, » déclara Zagan.
« Haha… C’est dur de se souvenir de choses qui ne t’intéressent pas, non ? » déclara Selphy.
« Maintenant que j’y pense, quelles races s’en viennent ? » Néphy se tourna vers Selphy et lui posa cette question. Cependant, Selphy avait simplement baissé la tête sur le côté comme si elle n’avait jamais réfléchi à la question, ce qui était tout à fait logique.
« Voyons voir. Je ne sais pas combien de races se réunissent pour cette conférence, mais les plus rares sont les dragons comme Foll, ainsi que les elfes comme Néphy ou Nephteros, » Zagan avait répondu à la question de Néphy. Puis, il avait tendu les doigts en commençant à les compter en disant. « À part ça, il y a des fomoriens comme Gremory, des léonins comme Kimaris, des tabaxis comme Kuroka… Oh, et j’ai entendu dire qu’il y a aussi des fées. Cependant, le terme fée englobe beaucoup de choses. Les elfes et les cait siths sont inclus dans cette catégorie. »
« Les tabaxis et les cait siths sont-ils de races différentes ? » Néphy pencha la tête sur le côté quand elle posa cette question.
« On peut le dire. Cela dit, il s’agit seulement de savoir si les parties humaines ou félines sont plus importantes, alors ils sont largement considérés comme étant la même race. Cependant, la qualité de leur mana est clairement différente, donc les sorciers notent certainement la différence, » déclara Zagan.
« Ouaip ! De plus, j’ai entendu dire que les cait siths possèdent la même quantité de mana que les sirènes et les succubes ! Ils sont tous les trois très spéciaux au Liucaon ! » s’exclama Selphy en poussant sa main droite en l’air.
« Je vois. Vous êtes bien informée, n’est-ce pas ? » répondit Néphy.
« Hehehehe. Je suis aussi une sirène. Ces vieux bonhommes m’auraient crié dessus si je n’avais pas autant appris, » expliqua Selphy. Malheureusement, il avait probablement fallu tous les efforts que les bonhommes avaient pu rassembler pour lui forcer la tête avec ce peu d’information.
« Ce sont toutes des espèces plus rares. Les Avians comme Manuela, les lycans, les canus et les nains peuvent être trouvés partout où vous regardez. À part ça…, » Zagan avait traîné derrière eux en pensant aux autres races. Puis, un certain nom lui était soudain venu à l’esprit, alors il l’avait dit. « Hm… Je ne sais pas s’ils feraient partie des races du continent, mais… le Clan de la nuit. Il y en a plus beaucoup qui portent ce nom. »
C’était probablement la première fois que Néphy entendait ce nom, car ses oreilles tremblaient, ce qui montrait son intérêt pour la question.
« Comment sont-ils ? » demanda Néphy.
« Pour dire les choses simplement, se sont des morts-vivants. Cependant, ils sont fondamentalement différents des zombies et des squelettes que les sorciers créent. Ils peuvent survivre sans être approvisionnés en mana, et ils ne peuvent pas être tués. Cependant, vous pouvez apparemment les briser en morceaux assez petits pour les empêcher de faire quoi que ce soit, » répondit Zagan. Il n’était pas sûr si même le Phosphore du Ciel était assez puissant pour les achever, puisque leur constitution était plutôt unique. Cela dit, Zagan n’en avait jamais rencontré.
« Wôw, il y a quelqu’un d’aussi effrayant ici, hein !? Je me demande s’ils m’écouteront chanter, » Selphy s’était mise à rire sans réfléchir en disant cela, ne voyant apparemment pas Néphy pâlir à côté d’elle.
« Qui sait ? Eh bien, l’Église a leurs yeux pointés sur eux, donc tu ne les verrais jamais sur le continent. De toute façon, ils sont forts, ce qui les résume bien, » déclara Zagan.
D’après la façon dont Selphy parlait, il semblait que le Clan de la Nuit n’avait rien à voir avec la conférence.
Et, comme ils parlaient de ces choses, ils arrivèrent au temple. Il s’agissait d’un vieil édifice fait d’un matériau étrange qui n’était ni du métal ni de la pierre. Il ne savait pas ce qu’était l’usure sous la mer, mais, vu l’épaisse couche d’algues et de sédiments qui s’y accumulaient, il avait deviné que cela existait depuis au moins deux cents ans. Il y avait plusieurs lumières autour de lui, et on aurait dit qu’il y avait quelque chose, mais…
***
Partie 2
« Zagan. Quelqu’un arrive, » Foll avait fait entendre sa voix en signe d’alarme pendant que Zagan observait son nouvel environnement. Puis, elle avait montré du doigt une fille qui courait vers eux en criant quelque chose et en agitant la main de toutes ses forces.
« Oh ! N’est-ce pas Lilith !? Heeey, Lilith ! C’est moi ! C’est moi ! La sirène, Selphoomph !? » Selphy cria de joie en la voyant et nagea vers la fille, mais elle fut interrompue par une claque impitoyable.
« Espèce d’imbécile ! Pourquoi es-tu si décontractée avec tout ça ? Aucune princesse de l’une des trois grandes familles royales ne s’est jamais enfuie de chez elle, tu sais !? Ne réalises-tu pas que tu vas te faire gronder ? Et comment se fait-il que tu n’aies même pas essayé de me contacter ? » demanda Lilith.
Sa dernière phrase semblait sans rapport avec tout le reste, mais elle montrait clairement qu’elle était l’amie de Selphy. Selphy dérivait dans l’air avec ses yeux qui tournoyaient, mais assez tôt, elle avait repris connaissance et s’était mise à rire sans une once de timidité dans sa voix.
« Ahahahah, désolée pour ça. Mais si j’avais été en contact, ces vieux m’auraient trouvée. Je suis vraiment désolée, alors ne pleure pas, Lilith, » déclara Selphy.
« Je ne pleure pas, idiote ! Ce que tu fais à l’extérieur n’a rien à voir avec moi ! » s’écria Lilith.
En un rien de temps, la fille qui avait giflé Selphy l’avait serrée dans ses bras avec des larmes dans les yeux. Apparemment, contrairement à sa langue aiguisée, c’était une bonne personne à l’intérieur.
« … Gremory sauterait de joie si elle voyait cela, » déclara Zagan d’une voix monotone.
« … Tu as raison. Ne pas l’amener était un bon choix, » Foll était d’accord.
Et avec cela, la fille regarda vers le groupe de Zagan, les ayant finalement remarqués.
Elle semblait avoir à peu près le même âge que Selphy, soit 15 ou 16 ans. Ses cheveux cramoisi vif étaient attachés des deux côtés de son visage et elle avait des cornes qui sortaient de sa tête. Elle ressemblait presque à Gremory, mais les ailes en forme de chauve-souris sur son dos étaient une différence assez évidente.
Un succube, hein ? C’était une race qui pouvait apparemment traverser le monde des rêves. C’était la première fois que Zagan en rencontrait une, et elle semblait être quelqu’un de haut standing, puisqu’elle portait une robe d’une seule pièce et avait une jolie cape drapée sur son dos.
« Et qui êtes-vous ? Un petit morveux gâté ? » Lilith essuya ses larmes, puis dirigea un regard noir sur Zagan en posant cette question.
Eh bien, je suppose que c’est la patrie de Selphy… Ce n’était pas si inhabituel de trouver d’autres personnes comme elle dans la région.
« Oh, voici mon seigneur, Monsieur Zagan. Et ceux qui sont derrière lui sont, comme, sa… femme ? Fiancée ? C’est Mlle Néphy et leur fille, Foll. Les gars, cette fille est mon amie d’enfance, Lilith, » déclara Selphy.
« Hmm, fille… ? Qu’est-ce que c’est censé vouloir dire ? Et comment a-t-il une fiancée à son âge ? Est-ce quelqu’un d’important ? » demanda Lilith.
« Ça va prendre, genre, beaucoup trop de temps à te l’expliquer ! Je te raconterai tout plus tard, » déclara Selphy.
« Quand as-tu déjà dit ça et bien expliqué les choses ? » demanda Lilith.
Argh, c’est tellement ennuyeux. Je veux juste poser des questions sur la malédiction et partir d’ici… Ayant peut-être remarqué l’irritation de Zagan, Néphy lâcha la main et fit face à Lilith.
« C’est un plaisir de vous rencontrer. Je suis Néphélia, disciple du Maître Zagan, servante… et récemment, je suis devenue son amoureuse, » déclara Néphy.
« Hm… ? Attendez, attendez… Je me sens comme… J’ai déjà entendu le nom de Zagan… ? » Lilith pencha la tête sur le côté dans la confusion en disant ça.
« Pourquoi ne vous présentez-vous pas aussi ? » demanda Néphy avec un sourire plat sur son visage. Sa voix sonnait un peu froide, ce qui faisait déglutir involontairement la succube.
« Euh, d’accord… Mon nom, hein ? Très bien, très bien. Nettoyez vos oreilles et écoutez attentivement. Je suis Lilithiera Fauna Hypnoel, première princesse des succubes et descendante du fier roi aux yeux d’argent. Je suis membre des trois grandes familles royales, alors n’oubliez pas de me respecter ! » déclara Lilith.
« Vraiment ? Eh bien, Mlle Lilithiera, bien qu’il soit un peu présomptueux de ma part de dire cela, permettez-moi de vous donner un seul conseil, » déclara Néphy en serrant l’épaule de la jeune fille avec un bruit sourd, puis en lui faisant un sourire rafraîchissant et continua. « Je ne suis pas si douce que je continuerai à sourire quand on ridiculise mon Seigneur. »
L’atmosphère s’était figée instantanément.
Merde, c’est mauvais. Néphy est folle… C’était une fille qui ne laissait jamais transparaître sa colère en surface, mais il semblait qu’elle était trop sensible à cause de la transformation de Zagan.
« D-D-D-D-D-Désolée…, » Lilith trébucha sur ses excuses alors qu’elle commençait à trembler et que des larmes coulaient dans ses yeux. Elle avait assez peur pour s’évanouir à tout moment, alors même Zagan avait sympathisé avec elle.
« C’est bon, Néphy. Ne te fâche pas comme ça. Une morveuse devrait être disciplinée par ses parents, non ? » Zagan lui avait demandé de s’en tenir là, et Néphy l’avait remerciée avec une expression insatisfaite sur son visage. Après avoir été libérée de cette pression, Lilith s’était faiblement agenouillée.
« Néphy, tu t’es trop énervée. Les mauvais enfants devraient être grondés, pas blessés, » affirma Foll en se tournant vers Néphy avec un regard de pitié pour Lilith dans ses yeux.
« Oh… Tu as… raison. Mes excuses, Mlle Lilithiera, je suis allée trop loin, » s’inclina Néphy en disant cela, ayant enfin retrouvé la raison.
« Allez-vous bien ? » demanda Foll en tendant la main à Lilith.
« H-Hmph ! Ce n’est rien… Attends, quoi !? » Lilith avait poussé un cri.
« Qu’est-ce qu’il y a ? » demanda Foll.
« Qu’est-ce qui ne va pas ? Qu-Quoi… Qu’est-ce que vous êtes ? Pourquoi est-ce que quelque chose comme ça existe dans le monde… ? » demanda Lilith.
Hm ? A-t-elle remarqué que Foll est un dragon ? Les succubes étaient une espèce rare, mais elles avaient peu de force, surtout si on les compare aux dragons. C’est pourquoi sa réaction avait été parfaitement…
« Ohhhh, Lilith, tes seins n’ont toujours pas, genre, grandi du tout, hein ? » Selphy déchaîna cette déclaration cruelle d’une manière désinvolte, ce qui fit que Lilith serra amèrement sa poitrine plate. Elle avait été frappée par ces mots justes après avoir été grondée par Néphy, ce qui rendait tout cela trop dur pour une fille dans l’adolescence. Lilith s’agenouilla une fois de plus, se taisant alors que son visage se tordait à cause de l’humiliation.
« Pourquoi t’es-tu fâchée ? » Foll s’était tournée vers Néphy et lui avait posé cette question en raison de l’immense sentiment de pitié qui s’emparait d’elle.
« C’est… Maître Zagan a souffert d’une enfance difficile, tout comme moi, mais contrairement à moi, il travaille dur pour s’en sortir. C’est pourquoi j’ai pris cela comme une insulte personnelle, car cela me rendrait encore pire…, » répondit Néphy.
« Je vois. C’est ce qui t’a mis en colère, hein ? » déclara Zagan, se froissant les cheveux comme s’il s’était mis d’accord avec ça. Contrairement à ce qu’elle prétendait, sa réaction semblait indiquer qu’elle était en colère parce qu’une personne qu’elle aimait se faisait insulter devant elle.
Peut-être que les souvenirs de Néphy ont pris un nouveau sens… Son changement d’expression et ses manifestations d’émotion étaient des choses qu’il croyait qu’elle avait ramenés du village elfique caché. Au début, il avait supposé que c’était seulement parce qu’elle avait été transformée en enfant, mais peut-être qu’à la place, la visite de son ancienne maison avait déclenché un changement…
« Écoute-moi, Néphy. Les vrais forts ne sont pas affectés par un chahut aussi insignifiant. Ne t’abaisse pas à son niveau, » ordonna Zagan.
« Maître Zagan…, » Néphy marmonna en s’accroupissant devant Zagan, puis répondit d’une voix digne. « Les gens sont constamment blessés par des paroles irréfléchies. Ne rien ressentir face à eux est un signe que ton cœur a gelé. C’est pourquoi il vaut mieux se fâcher quand on est insulté. »
Zagan ne pouvait pas croire qu’il avait oublié quelque chose d’aussi simple. Et ainsi, il avait envoyé un regard sombre sur Lilith, car il l’avait blâmée pour Néphy qui le grondait.
« Je vois… C’est vraiment de ta faute ! » déclara Zagan.
« Qu’est-ce qu’il a, ce morveux ? » Lilith avait hurlé ces mots alors que des larmes coulaient sur ses joues, laissant Foll et Selphy stupéfaites.
« C’est si mesquin, Zagan…, » déclara Foll.
« C’est la première fois que je vois M. Zagan être un gros crétin…, » déclara Selphy.
Eh bien, c’est vrai que je ne ferais pas normalement une excuse aussi nulle devant Néphy… pensa Zagan en gémissant devant leurs regards de reproches. Heureusement, Néphy avait un sourire agréable sur son visage, ce qui lui avait remonté le moral.
« Maître Zagan est mignon quand il est enfantin, » affirma Néphy. Sa réaction avait semblé la satisfaire. Et en voyant sa rare expression heureuse, il sentit ses genoux s’affaiblir. Toutefois, Foll semblait avoir ses propres idées sur la question.
« Ce Zagan est-il différent de quand il est adulte ? La seule différence entre un enfant et un adulte n’est-elle pas leur pouvoir ? » Foll, dont le corps ne faisait que grossir, demanda, car elle était apparemment incapable de comprendre les différences entre adultes et enfants. Se sentant désolé pour elle, Zagan tendit la main vers la tête de Foll.
« … Zagan, qu’est-ce que tu fais ? » demanda Foll.
Il tendait la main pour caresser la tête de sa fille, mais il ne pouvait pas s’en approcher dans sa forme actuelle.
« Je ne peux pas l’atteindre. Baisse la tête, » déclara Zagan.
« Comme ça ? » demanda Foll alors qu’elle s’abaissait avec réserve, ce qui permit finalement à Zagan de lui caresser la tête.
« Écoute-moi, Foll. Les gens accumulent de l’intelligence en grandissant. Et je crois que l’intelligence n’est pas seulement la connaissance, mais la capacité de comprendre, » déclara Zagan.
« La capacité de comprendre… ? » demanda Foll.
« C’est bien ça. Écoute, Foll, tu as peut-être atteint le corps d’un adulte, mais tu n’as pas encore accumulé une telle intelligence. Tu n’apprendras jamais la vraie différence entre un adulte et un enfant si tu ne regardes pas au-delà du niveau de la surface, » déclara Zagan.
« C’est difficile à comprendre, » dit Foll en croisant les bras et en s’interrogeant sur l’idée pendant un moment.
« J’ai l’air jeune maintenant, mais je suis toujours ton parent. Je serai strict avec toi quand il le faudra, » déclara Zagan.
« Es-tu en train de dire que Lilith est encore une enfant ? » demanda Foll en tournant son regard vers Lilith.
« … C’est bon de voir que tu comprends au moins ça, » déclara Zagan.
« Hé, vous tous ! Ne croyez pas que vous vous en tirerez à la légère après avoir ridiculisé la prochaine chef des succubes ! Je déposerai une plainte formelle à l’Église ! » rugit Lilith en devenant rouge vif à cause des commentaires de Zagan et Foll. Cependant, en entendant le mot Église, tout le monde à part elle avait mis la tête sur le côté.
« Qu’est-ce que l’Église a à voir avec ça ? » demanda Zagan.
« Quoi ? Je veux dire, vous n’avez pas l’air d’être de l’Église… Hein ? Attendez, qui êtes-vous ? » demanda Lilith. Il semblait qu’elle les avait mal interprétées jusque-là.
« Hein ? Lilith, n’es-tu pas venue nous saluer ? » demanda Selphy.
« Je ne l’ai pas fait. C’est ta maison, donc je n’ai pas besoin de te guider, n’est-ce pas ? Je suis venue ici pour —, » Lilith avait arrêté de parler alors qu’elle sentait quelqu’un s’approcher d’eux.
« Bonjour, vous êtes là. Est-ce ici que se tient la Conférence continentale interraciale des aînés ? » Ce n’était nul autre que l’archange Chastille Lillqvist.
***
Partie 3
Pourquoi Chastille est-elle ici ? Le corps de Zagan s’était raidi en entendant cette voix familière. Et en regardant derrière elle, il remarqua que Nephteros et Kuroka l’accompagnaient. Il y avait aussi plusieurs autres Chevaliers Angéliques, mais peut-être par chance, les trois idiots n’étaient pas parmi eux.
Alors qu’il se demandait pourquoi elle était là, Zagan se souvint des paroles de Raphaël tout à l’heure. « Après tout, le représentant des humains est choisi dans l’Église. »
Il avait mentionné que Chastille serait leur choix le plus probable, mais Zagan ne s’attendait pas vraiment à la voir. Et ainsi, il se cacha derrière Néphy avec agitation.
« Néphy ? Attends, pourquoi es-tu là ? » demanda Chastille alors que ses yeux s’élargissaient de surprise.
« Chastille ? Eh bien, c’est plutôt difficile à répondre…, » Néphy traînait en essayant de trouver une excuse. Zagan avait voulu que sa situation soit gardée secrète, mais elle n’était pas très douée pour mentir, alors elle avait l’air troublée alors qu’elle parlait avec la tête penchée sur le côté.
« Hm… ? Attends… Euh, je ne pense pas que ce soit possible, mais celle là-bas… Foll ? » demanda Chastille, alors qu’elle était clairement confuse en regardant Foll.
« Ouais. C’est moi. Tu l’as compris malgré le fait de ne pas être un sorcier. Comme c’est admirable, Tête de Poney, » répondit Foll.
« Que s’est-il passé ? Et il n’y a que vous deux ? Je ne vois Zagan nulle part… n’est-il pas là ? » demanda Chastille en se massant les sourcils comme si elle avait mal à la tête.
« C’est, euh… »
Merde. Chastille est en mode travail… C’était généralement une grosse pleurnicheuse, et une épave totale, mais tout changeait quand elle était en mode travail. Cela la rendait extrêmement fiable en tant qu’alliée, mais ce n’était pas ce dont Zagan avait besoin pour le moment.
« Que dites-vous, Lady Chastille ? N’est-il pas juste là ? » déclara Kuroka en pointant Zagan du doigt, ses oreilles triangulaires frémissant curieusement.
« Hein ? »
C’est vrai. Elle distingue les gens par leur odeur et leur présence, n’est-ce pas ? Zagan avait peut-être rétréci, mais rien d’autre n’avait vraiment changé chez lui. Et ainsi, il semblait que la perception de Kuroka de Zagan n’avait pas non plus été modifiée.
« Attends une minute… Qu’est-ce qu’il se passe ? » demanda Nephteros, apparemment déconcertée.
« A-Attends un peu… Qui est ce gamin ? Pourquoi ressemble-t-il autant à Zagan ? Ne me dis pas… ! » Les yeux de Chastille s’ouvrirent en grand comme si elle venait de réaliser la vérité avant de continuer. « Est-il l’enfant illégitime de Néphy et de Zagan ? »
Je vois qu’elle est redevenue comme d’habitude… Il semblait que malgré le fait d’être en mode travail, le choc de tout cela l’avait fait revenir à son état normal. Sentant que continuer à se taire ne ferait que causer d’autres problèmes, Zagan s’était avancé à contrecœur.
« Tu as réagi exactement de la même façon quand tu as vu Foll pour la première fois, » déclara Zagan.
« Hein !? Si tu le sais, alors… Pas possible, es-tu vraiment Zagan ? » déclara Chastille.
« Si tu veux rire, vas-y. J’ai fini comme ça après avoir échoué avec de la sorcellerie, » déclara Zagan.
« … Je ne rirai pas. Comment un sorcier de ton niveau a-t-il fini comme ça ? » Chastille avait posé cette question, espérant entendre une réponse, mais…
« HAHAHAHAHAHAHAHAHA ! Es-tu sérieux ? Es-tu vraiment Zagan !? »
Putain de merde. Comment ai-je oublié ? Si Chastille est là, alors cet idiot aussi… Zagan se rendit compte qu’un homme lugubre s’était soudain faufilé hors de l’ombre aux pieds de Chastille. C’était Barbatos.
« HAHAHAHAHAHAHAHAHA ! Je n’arrive pas à y croire ! Cet idiot de gamin est Zagan ? Je suppose qu’il est temps de se venger. Je vais t’achever et devenir un ArchidAMPH ! »
Le poing de Zagan s’était enfoncé dans la joue de Barbatos avant qu’il ait fini de parler. Il avait instantanément percé ses molaires, puis l’avait envoyé jusqu’au fond de la mer. Finalement, le substrat rocheux s’était effondré et le visage de Barbatos s’était volatilisé.
Chastille posa la main sur sa tête, l’air presque gêné, tandis que Kuroka semblait profondément émue, puisqu’elle tapait dans ses mains. Foll et Nephteros, par contre, ne semblaient pas du tout s’en soucier, tandis que Néphy affichait un sourire tendu comme si c’était une vue courante. Les valeurs aberrantes évidentes étaient Selphy et Lilith, qui tremblaient en se serrant l’une contre l’autre.
« Hm… J’avais l’intention de le tuer avec ça, mais il semble que cette forme me limite, » affirma Zagan en regardant la main qu’il avait utilisée pour frapper Barbatos. Le nombre de circuits qu’il pouvait construire en même temps n’avait pas été réduit, mais il semblerait qu’il y avait maintenant une limite à ce que sa force puisse être augmentée. Il n’avait même pas été capable de faire ressortir vingt pour cent de sa pleine puissance.
C’est un énorme problème… Il devait corriger ça avant qu’ils n’aient des ennuis. À ce moment-là, Kuroka semblait aussi avoir remarqué que quelque chose n’allait pas, alors elle s’était avancée en plissant ses sourcils.
« Euh… Monsieur, vous êtes… accroupis ? » demanda Kuroka, jugeant probablement la taille de Zagan d’après l’origine de sa voix. Cependant, il semblait qu’elle n’avait pas encore compris qu’il était devenu un enfant.
Le chat est déjà sorti du sac, alors je ne devrais pas l’oublier… Zagan prit la main de Kuroka et la plaça contre son propre visage. Il avait déjà entendu dire que les aveugles pouvaient saisir la forme des visages des gens en les touchant.
« Hum… Non, attends, hein ? » Les yeux de Kuroka s’ouvrirent en grand en raison de l’étonnement alors qu’elle se mit à trembler.
« Comprends-tu maintenant ? C’est ma forme actuelle, » déclara Zagan.
« Oh… Je vois…, » répondit Kuroka. Il semblerait qu’elle ait détesté toucher les visages des gens, puisque sa main tremblait encore.
« Oups, c’est ma faute, » déclara Zagan en lâchant sa main. Et une fois qu’il l’avait fait, elle avait reculé extrêmement vite.
« Kuroka, qu’est-ce qui ne va pas ? » demanda Nephteros en se tournant vers sa compagne.
« Oh, c’est juste que… mes mains… sont sales… alors toucher le visage de quelqu’un est un peu…, » déclara Kuroka, mais il était évident qu’elle se sentait plutôt gênée. Il semblait que Nephteros et Kuroka s’étaient rapprochées alors qu’elles vivaient à l’Église, ce qui plaisait énormément à Zagan.
« Hein… Kuroka ? Tout à l’heure… vous avez dit Kuroka, n’est-ce pas ? » demanda Lilith en déglutissant de façon audible.
« Hm ? Elles n’ont pas l’air sales. As-tu touché quelque chose de sale récemment ? » Nephteros plissa ses sourcils et posa cette question sans même penser à Lilith.
« Hmm, euh, euh, oui ! Je ne sais pas vraiment ce que c’était, mais c’était moelleux ! » déclara Kuroka.
« Sérieusement… ? Hé, sirène, es-tu d’ici ? Y a-t-il un endroit où elle peut se laver les mains ? » demanda Nephteros.
Cependant, avant que Selphy ne puisse répondre, Lilith fit entendre sa voix désespérée.
« Hé ! Es-tu... Kuroka ? Celle de la maison Adelhide !? » demanda Lilith.
« Hein… ? Oui. C’est moi, » Kuroka hocha la tête malgré sa confusion.
« C’est moi ! La succube Lilithiera ! Tu jouais beaucoup avec Selphy et moi, non ? » s’exclama Lilith alors que les larmes commençaient à couler dans ses yeux.
« Tu es… Lilith ? » murmura Kuroka alors que ses yeux s’élargissaient de surprise. Et en entendant cela, Lilith avait placé ses bras autour de Kuroka.
« WAAAAAAAAAAAAAH ! J’étais si inquiète ! Tu aurais au moins pu nous dire que tu étais encore en vie, gros nigaud ! » déclara Lilith.
« Désolée. Il s’est passé beaucoup de choses, » déclara Kuroka.
Elles se connaissent… Kuroka était une thérianthrope de Liucaon, Lilith y était membre de la royauté et Selphy résidait dans l’océan qui le reliait au continent. Ce n’était pas si étrange qu’elles soient liées d’une façon ou d’une autre. De plus, elles étaient toutes d’un âge proche, donc c’était logique qu’elles soient des amies d’enfance.
« Wôw ! Quelle coïncidence ! Kuroka, peux-tu dire qui je suis ? » demanda Selphy en se joignant à elles pour un câlin.
« Je vois que tu es toujours la même. Je me souviens de toi, » répondit Kuroka. Elle était bousculée par les deux indisciplinées, mais elle avait quand même l’air très heureuse.
« Alors, comment vont tante et oncle ? » demanda Selphy. Malheureusement, il semblait qu’elle n’avait pas réussi à lire l’ambiance.
« Je vois. Maintenant que j’y pense, tu t’es enfuie de chez toi avant que ça arrive…, » murmura Lilith alors que son visage se raidissait.
« Hein ? Qu’est-ce que tu veux dire ? » demanda Selphy en penchant la tête sur le côté. Cependant, il avait semblé un peu cruel d’obliger Kuroka à l’expliquer elle-même, alors Zagan s’était avancé.
« Le peuple de Kuroka a péri. Elle est actuellement protégée par l’Église. Pas vrai, Chastille ? » demanda Zagan.
Il était temps pour Chastille de se remettre de son choc. Alors qu’il se concentrait sur elle, Chastille lui fit un signe de tête ferme.
« Ouais. La prêtresse Kuroka fait un excellent travail à l’Église et est actuellement ma conseillère. Elle m’a été d’une grande aide, » déclara Chastille.
« Alors, c’est aussi pour ça que tes yeux… ? » Le sentiment d’optimisme sans fin de Selphy semblait s’estomper lorsqu’elle avait posé cette question.
« Oui. Comme je l’ai dit… beaucoup de choses se sont passées…, » Kuroka répondit avec un sourire troublé, ce qui fit baisse les épaules de Selphy et lui fit baisser la tête.
« Je ne savais pas du tout… Désolée…, » déclara Selphy.
« Tu n’as aucune raison de t’excuser. D’ailleurs, quelqu’un m’a sauvée, donc je n’ai pas de regrets, » affirma Kuroka en regardant vers Zagan.
« Je ne vois pas ce que tu veux dire. Honnêtement, tu devrais remercier Raphaël. Cela n’avait rien à voir avec moi, » répondit Zagan en haussant les épaules.
« Je vois… Même toi, tu es gêné, hein, Monsieur ? » déclara Kuroka.
Kuroka avait dit cela avant de frapper Lilith dans le dos et de lui demander. « Allez, n’es-tu pas là à cause de tes devoirs ? »
« … Je-Je-Je-Je sais, » déclara Lilith.
Après s’être finalement rappelé pourquoi elle était là, Lilith était devenue rouge vif et avait pris ses distances. Et même si ses yeux étaient encore rouges et enflés, le succube souleva les bords de sa jupe et fit la révérence devant eux.
« Je m’excuse pour ma présentation tardive. Je m’appelle Lilithiera Fauna Hypnoel. J’ai été envoyée pour guider les représentants de l’Église. Serait-il correct de supposer que vous êtes les envoyés ? » demanda Lilith.
Il semblerait que Lilith ait été envoyée pour servir de guide au groupe de Chastille. Sa déclaration avait attiré l’attention de tout le groupe de l’Église.
« Archange Chastille Lillqvist. Il semble que la prêtresse Kuroka n’ait pas besoin d’être présentée, mais voici mon amie personnelle, Nephteros. Et les autres sont mes subordonnés. Nous serons à votre charge, » déclara Chastille.
« … Et qui est-ce ? » demanda Lilith en montrant Barbatos du doigt, qui était toujours enterré la tête la première dans le sol.
« Un allié… probablement ? » répliqua Chastille avec hésitation. Elle n’aimait probablement pas encore l’idée d’appeler un sorcier aussi odieux un ami, ce qui était tout naturel, mais…
S’est-il passé quelque chose ? Zagan ressentait autre chose que du dégoût dans les mots de Chastille. Pendant qu’il essayait de reconstituer les choses, Chastille s’était approchée de Lilith.
« Il finira par se joindre à nous, alors laissez-le là, pour l’instant, » déclara Chastille.
« Vraiment… !? Eh bien, peu importe. La capitale océanique est protégée par le Trésor sacré des sirènes, un sorcier ordinaire n’est donc pas une menace réelle, » déclara Lilith.
Selphy l’avait déjà mentionné, mais il semblait qu’il y avait vraiment un trésor sacré ici. Et c’était une arme à égalité avec les épées sacrées.
« En parlant de Trésors sacrés, est-il semblable à celui de Liucaon ? Je m’y intéresse en tant que manieuse d’une épée sacrée, » déclara Chastille.
« C’est juste une réplique, donc je doute qu’il ait beaucoup de pouvoir. Quant à l’original…, » Lilith jeta un coup d’œil sur Kuroka. Et peut-être, voyant son regard, Kuroka fit un signe de tête.
« Le Trésor sacré de Liucaon est connu sous le nom de ciel sans lune. Il se compose d’une paire d’épées opposées, » déclara Lilith.
« Hein, une paire d’épées ? Vous ne pouvez pas vouloir dire…, » le visage de Chastille s’était raffermi à mesure que ses mots s’éloignaient.
« Oui. C’est mon peuple qui a consacré le ciel sans lune, » déclara Kuroka en dégainant ses lames. Cela avait vraiment surpris Zagan et Nephteros.
Est-ce pour ça que ces épées courtes aient réagi au mysticisme céleste ? Si tel était le cas, les trésors sacrés étaient probablement liés aux épées sacrées et aux elfes.
« La maison de Selphy Neptuna, la maison de Kuroka Adelhide, et ma maison Hypnoel sont les trois grandes familles royales qui ont hérité des Trésors sacrés de Liucaon, » déclara Lilith en gonflant fièrement sa poitrine.
En d’autres termes, il n’y a que trois trésors sacrés… Les épées courtes de Kuroka étaient aussi fortes qu’une épée sacrée. L’idée qu’une petite nation insulaire comme Liucaon avait en sa possession trois artefacts de ce genre était assez terrifiante. Pourtant, cela signifiait qu’il y avait une possibilité que l’un d’entre eux puisse le guérir.
« Maintenant, chers invités. Nous ne savons même pas si les derniers invités vont venir, alors vous êtes probablement les derniers, » dit Lilith en montrant du doigt le temple.
« Mes excuses pour le retard… Attends, qui a disparu ? » demanda Chastille.
« Le nouvel Archidémon. Il n’a jamais envoyé de réponse, donc il ne viendra probablement pas, » répondit Lilith.
« Hein ? Par Archidémon, vous voulez dire…, » Chastille regarda Zagan, mais il avait mis son doigt sur ses lèvres pour l’exhorter à se taire.
Je me fous de cette conférence. Je suis juste ici pour trouver un moyen de retrouver ma vraie forme… Il n’avait vraiment pas eu le temps de parler à des étrangers.
« Tu me suis, n’est-ce pas, Kuroka ? As-tu le temps de parler ? » demanda Lilith.
« Oui. Rattrapons-nous, Lilith, » déclara Kuroka.
Selphy n’avait rien dit quand elle avait vu ses deux amies d’enfance partir. Et peu de temps après, Zagan l’avait giflée.
« Ça fait mal, Monsieur Zagan…, » déclara Selphy.
« Comme si ça m’intéressait. Écoute, tu es trop bruyante, alors tu nous fais nous démarquer. Dégage, va-t’en, » déclara Zagan.
« Voulez-vous dire que je devrais y aller avec Lilith et les autres ? » demanda Selphy en regardant Zagan avec surprise.
« … Je me fiche d’où tu vas. Fais ce que tu veux, » déclara Zagan.
« Merci. Je n’oublierai jamais cette dette, ou ce que vous avez fait pour Kuroka ! » Selphy avait tapoté la tête de Zagan avec des paillettes dans les yeux quand elle avait dit ça.
« Peu importe. Va-t’en, espèce d’ennui sur patte, » déclara Zagan.
Après que Zagan l’eut cruellement repoussée, Selphy agita le bras en l’air si vigoureusement qu’elle avait l’impression qu’elle allait s’envoler à tout moment avant de courir après ses amies.
***
Partie 4
« Pourquoi doivent-ils toujours exagérer ? » dit Zagan en laissant échapper un soupir.
« Je ne crois pas que ce soit le cas, » Néphy avait réfuté avant de continuer, « Même si vous prétendez que ce n’était pas grand-chose, vous avez sauvé toutes ces filles. C’est pourquoi je crois que tu devrais honnêtement accepter leur gratitude. »
« Hm… »
Pour une raison quelconque, Néphy semblait beaucoup plus stricte quand Zagan était sous cette forme. Ou attends, était-ce un mot plus approprié ? Quoi qu’il en soit, ses réactions avaient été très différentes des réactions habituelles, ce qui avait troublé Zagan.
De la gratitude, hein ? Il ne se souciait pas vraiment de recevoir de la gratitude, mais il savait qu’il était très mauvais pour l’exprimer. Honnêtement, il ne l’avait presque jamais fait.
C’est mauvais… pensa Zagan en s’éclaircissant la gorge avec une toux.
« Alors, Néphy…, » Zagan étendit la main, mais il ne put atteindre la tête de Néphy sous sa forme actuelle. Cependant, il avait réussi à toucher la frange de Néphy quand il se tenait sur ses orteils. Et alors qu’il le faisait, Néphy sentit ce qu’il essayait de faire et baissa légèrement la tête.
« Est-ce que c’est bien ? » demanda Néphy.
« Oui, oui, » dit Zagan en commençant à caresser maladroitement la tête de Néphy.
« Néphy, merci de t’être fâchée pour moi tout à l’heure. Mais il n’y a pas besoin de te forcer. Je préfère comme d’habitude » déclara Zagan.
Zagan avait-il été capable d’exprimer correctement ses sentiments ? Ce n’était pas difficile à dire, puisque le bout des oreilles de Néphy était devenu rouge vif.
« Ce n’est pas juste, Maître Zagan. Dire de telles choses à un moment comme celui-ci est…, » répondit Néphy, puis avait posé sa propre main sur celle de Zagan. Elle n’avait rien dit de plus, mais elle n’avait pas non plus lâché sa main. Ils étaient simplement restés ainsi pendant un certain temps avant que Foll ne les interrompe.
« Zagan, Nephteros revient, » déclara Foll.
« Quoi !? » s’exclamèrent Zagan et Néphy alors qu’ils se séparaient l’un de l’autre dans une grande agitation. Peut-être en raison de la chance, la visibilité était mauvaise, alors Nephteros ne semblait pas vraiment soupçonner quoi que ce soit lorsqu’elle s’était approchée du groupe de Zagan. Un jeune chevalier angélique la suivait, mais son visage ne lui était pas familier.
« Attendez, Lady Nephteros. C’est dangereux pour vous de marcher seule, » déclara le chevalier.
« Ne devrais-tu pas escorter Chastille ? Inutile de me suivre, » répondit Nephteros.
« Vous êtes aussi quelqu’un que j’ai juré de protéger. Je resterai à vos côtés, » déclara le chevalier.
Il semblait qu’il était là pour surveiller Nephteros, ou la protéger, ou autre.
Sa force… est quelque part près du sommet, hein ? Il était au moins à égalité avec les trois idiots. Cependant, il était loin d’être proche de Chastille ou de Kuroka.
« Qu’est-ce qu’il y a ? Ne devrais-tu pas être avec Chastille ? » demanda Zagan.
« Kuroka et les autres sont là, donc ça devrait aller. Plus important encore…, » Nephteros s’éloigna et détourna son regard. Le bout de ses oreilles pointues tremblait alors qu’elle rassemblait sa détermination et disait. « Tu es troublée par cette tournure des événements, n’est-ce pas ? Je vais te donner un coup de main. »
Même sa peau foncée était devenue rouge vif quand elle avait dit ça.
Je vois… Elle a probablement répété ces répliques tout ce temps, hein ? Zagan avait été charmé par cela et avait plissé ses yeux. Si sa belle-sœur faisait tant d’efforts, ça ne servait à rien de la refuser. Il avait donc décidé d’accepter son offre.
« Bien sûr. Merci. Je ne sais même pas de quoi j’ai besoin en ce moment, mais je vais compter sur toi, » répondit Zagan.
« C’est un peu dur à gérer. Tu ne devrais pas me mettre la pression comme ça ! » Nephteros avait détourné son visage dans un souffle, bien que Zagan n’ait pas négligé le léger sourire qui se levait sur son visage.
« Tu es si mignonne, Nephteros ! » s’exclama Foll.
« Hein… ? Attends, tu es… Foll, c’est ça ? Est-ce que cela a quelque chose à voir avec le fait que tu grandisses ? » demanda Nephteros.
« Ouais. Mais avant cela… bienvenue, Nephteros, » dit Foll en la serrant dans ses bras.
Foll était vraiment inquiète pour Nephteros…
« … Je suis de retour, » répondit Nephteros d’un ton sérieux. Et après cela, son regard s’était naturellement tourné vers Néphy.
« … »
Un lourd silence s’était abattu sur elles.
C’est mauvais… En vérité, il s’agissait de leur première vraie rencontre depuis l’incident au sommet du navire de Bifrons. Elles s’étaient rencontrées dans le village elfique caché, mais Nephteros n’était pas vraiment dans un état d’esprit calme à l’époque, alors elles n’avaient échangé que quelques mots courts et polis. Et la nuit venue, Néphy était devenue une enfant.
De plus, bien que Zagan ait mentionné qui l’hébergeait, il n’avait jamais informé Néphy qu’il l’avait acceptée comme belle-sœur, ce qui était directement lié à sa croissance. C’est pourquoi il avait continué à surveiller nerveusement les deux elfes. Et alors qu’il s’inquiétait de ce qu’il fallait faire, l’une d’elles avait pris la parole.
« Ça fait longtemps, Mlle Nephteros. J’ai entendu dire que vous êtes actuellement chez Chastille. Trouvez-vous que c’est un inconvénient ? » demanda Néphy.
« … Pas vraiment. Cette fille est d’une attention irritante, et les gens de l’Église sont aussi très gentils, » répondit Nephteros.
« C’est un soulagement. S’il vous plaît, faites-moi savoir si quoi que ce soit vous dérange. Je ferai tout ce que je peux pour aider, » déclara Néphy.
Néphy essaie de sonder leur distance… Zagan avait été complètement étonné par ce fait. Si elle se comportait de façon trop familière, Nephteros la rejetterait. Mais cela dit, si elle se montrait trop réservée et la traitait froidement, la distance entre les deux elfes ne ferait qu’augmenter. Malgré la ligne fine, Néphy arrivait à marcher sur cette corde raide.
« Ne m’en voulez-vous pas du tout ? » demanda Nephteros en penchant la tête.
« Hein ? Pourquoi le ferais-je ? » demanda Néphy alors qu’elle se tenait là avec un regard confus sur son visage.
« Pourquoi ? Je veux dire, je mérite votre mépris, n’est-ce pas ? Je vous ai attaquée, et j’ai prétendu être vous… Il y a… beaucoup de choses que j’ai faites…, » déclara Nephteros.
Je vois. Nephteros doit se sentir extrêmement coupable… Je ne m’y attendais pas. Il était logique qu’elle regrette ses actions, mais Zagan venait de supposer qu’elle essaierait de justifier ses actions au lieu d’accepter tout le blâme.
Il semble que Chastille ait vraiment sauvé cette fille…, Zagan admirait honnêtement son changement de caractère.
« Je ne peux pas rester en colère pour toujours, » répondit Néphy avec un sourire un peu amer sur son visage. Et ces mots semblaient frapper Nephteros, alors que son expression se transformait en une expression d’indignation.
« Qu’est-ce que c’est que ça ? Arrêtez d’essayer d’agir comme une personne plus grande ! » déclara Nephteros.
« Non, ce n’est pas ce que je fais…, » marmonna Néphy. Et, comme d’habitude, elle avait croisé les bras et avait réfléchi avant de répondre. « Vous n’avez rien fait comme écraser sous mes yeux un petit oiseau chanteur qui a été mon ami pendant des années, ou m’ignorer pendant seize ans malgré le fait de vivre dans la même maison, ou dire, “Vous ne devriez même pas être autorisé à vivre”, non ? Ça veut dire que vous n’en avez pas fait assez pour que je vous déteste vraiment. »
Néphy avait retrouvé un sourire amer après avoir dit tout cela.
« Personnellement, c’est le genre de souvenirs que je considère douloureux. Je détestais ce que vous faisiez, Mlle Nephteros, mais ce n’était pas assez grave pour me faire vous détester…, » déclara Néphy.
« N’avez-vous pas… eu une vie beaucoup plus dure que la mienne ? » s’enquit Nephteros alors qu’elle commençait à avoir du mal à parler.
« Je me le demande ? À mon avis, les souvenirs douloureux diffèrent d’une personne à l’autre. Par exemple, Maître Zagan a vécu des épreuves beaucoup plus douloureuses que moi, mais il les traite comme si elles n’étaient pas importantes, » déclara Néphy.
« Non, vraiment, mon cas n’était pas si sérieux. C’est juste des choses comme mon premier souvenir d’avoir été dit qu’un égout infesté de rats était mon chez-moi, ou les fois où j’ai été battu à mort pour avoir essayé de voler de la nourriture ou de l’argent. Honnêtement, je le prends plutôt bien, » répondit Zagan, paniqué lorsque la conversation se tourna vers lui. Il y avait le jeune homme qui partageait son pain avec lui, la jeune fille qui lui lisait un livre d’images, et tant d’autres personnes qu’il considérait comme des amis, ce qui signifiait qu’il n’avait pas vraiment souffert.
Dans son esprit, la vraie souffrance était la solitude. La solitude était une douleur insupportable pour ceux qui connaissaient autrefois la chaleur des autres, mais aussi un ver venimeux qui rongeait les émotions humaines. Ou du moins, c’était comme ça que cela avait affecté Zagan. Peu importe ce qu’il faisait, il ne trouvait aucun sens à sa vie, et il ne ressentait absolument rien. Cependant, il n’aimait pas l’idée de mourir misérablement plus que toute autre chose, alors il avait simplement continué à accumuler du pouvoir.
« Tu as eu la vie dure…, » dit Foll avec un léger gémissement.
« C’est la première fois que je réalise mon impuissance depuis que j’ai rejoint les Chevaliers Angéliques…, » Richard, le jeune Chevalier Angélique qui était resté silencieux jusque-là, se mit à pleurer. Et peut-être parce que son chagrin était contagieux, Nephteros avait aussi poussé un soupir déprimé.
« … Il serait stupide d’essayer de rivaliser, » marmonna Nephteros en se brossant les cheveux et poursuivit. « Je vais continuer à vous appeler Néphélia. Je sais qu’on m’a dit que vous étiez ma sœur aînée, mais c’est difficile à accepter tout de suite. »
« Oui. Je n’ai pas mon — hein ? Sœur aînée… ? » Les oreilles pointues de Néphy se raidirent en perdant le fil de sa pensée. Puis, elle avait dirigé son regard déconcerté sur Zagan.
« Oh… Eh bien, c’est comme ça. Nephteros est en fait ta petite sœur, donc… J’ai décidé de l’accepter comme ma belle-sœur, » déclara Zagan.
« Hein ? Tu ne le lui as pas dit ? » Nephteros semblait douter de ses oreilles, ce qui fit détourner son regard de Zagan.
Je ne peux pas lui dire que j’ai oublié parce que mon esprit s’est tellement emballé à planifier notre rendez-vous… Naturellement, il y avait aussi le fait qu’il ne pouvait pas mentionner la création de Nephteros, mais quand même, il aurait pu au moins le mentionner indirectement.
« Attendez un instant, s’il vous plaît. Il n’y avait pas d’autres elfes aux cheveux blancs dans ce village. Et s’il y en avait eu, ils auraient souffert un peu comme moi, alors une petite sœur serait…, » fit remarquer Néphy d’un ton déconcerté.
« O-Oh. C’est aussi quelque chose que je voulais te dire. Tu vois, Nephteros n’est pas née dans ce village, et toi non plus. Tu leur as été confié parce que ta mère craignait que tu ne sois prise pour cible si tu restais parmi d’autres hauts elfes, » déclara Zagan.
Néphy trébucha en entendant cette étonnante révélation.
« Néphélia ! » s’écria Nephteros en se déplaçant pour la soutenir. Malheureusement, les bras enfantins de Zagan étaient beaucoup trop courts pour l’atteindre.
Pourquoi mon corps ne m’écoute-t-il pas ? Zagan s’était mordu la lèvre avec frustration devant son impuissance.
« … Tenez le coup. Gardez votre sang-froid. Ça ne devrait pas être difficile. Vous venez de dire que rien de ce que j’ai fait ne vous a effrayé, vous vous en souvenez ? » Nephteros avait parlé d’un ton franc. Ses paroles semblaient presque méprisantes, mais Zagan savait que c’était sa façon d’encourager les gens. Néphy l’avait sûrement compris ainsi, puisque peu de temps après, elle s’était relevée d’elle-même.
« Toutes mes excuses. J’étais juste… un peu surprise, » s’exclama Néphy avant de serrer la main de Nephteros et de dire. « Je n’étais… jamais vraiment seule. Ce sentiment est probablement… le bonheur… Je pense ? »
« Je vois, » répondit Nephteros tandis que ses oreilles frémissaient.
« Alors, Mlle Nephteros, savez-vous quelque chose sur notre mère ? » demanda Néphy.
« Je ne l’ai rencontrée qu’une seule fois, donc pas vraiment… Elle est toujours en vie, » déclara Nephteros.
« Vraiment… ? » Le ton de Néphy indiquait clairement qu’elle se sentait à la fois soulagée et blessée.
« Êtes-vous heureuse ? Ou lui en voulez-vous ? » demanda Nephteros.
« Je me le demande… ? C’est trop soudain, alors je ne sais pas trop comment je me sens…, » déclara Néphy.
« … Eh bien, c’est compréhensible, » déclara Nephteros.
Même Nephteros était encore en train de mettre de l’ordre dans ses sentiments, alors la confusion de Néphy avait un sens total.
« Bref, arrêtez de m’appeler Mlle Nephteros. J’ai utilisé votre prénom tout ce temps, » déclara Nephteros.
« Vous l’avez fait, n’est-ce pas ? Compris… Nephteros, » déclara Néphy.
Ce moment vraiment gênant fut celui où les deux elfes s’étaient finalement reconnues comme sœurs.
***
Partie 5
Zagan avait reparlé de leur situation difficile une fois que Nephteros s’était jointe à eux.
« Tu es donc ici pour trouver autre chose que de la sorcellerie qui peut résoudre votre problème ? » demanda Nephteros.
« J’ai honte de l’admettre, mais oui, » répondit Zagan.
« Même l’Archidémon Orias a jeté l’éponge, il n’y a donc pas de quoi avoir honte, » commenta Nephteros, puis elle croisa les bras et dits. « Je comprends la situation, mais dans ce cas, ne serait-il pas mieux d’assister à la conférence ? Les anciens seraient sûrement ta meilleure chance. »
« Pourquoi irais-je là-bas alors qu’ils débattent du sort des étrangers ? Je me fiche de tout cela, et si je vais leur demander de l’aide, ils vont imposer des conditions gênantes, » répondit Zagan.
« Ouais, tu t’en fous complètement…, » dit Nephteros en levant les yeux.
« Qu’est-ce que tu essaies de dire ? » demanda Zagan.
« Eh bien, c’est un peu difficile à croire alors que tu as aidé Kuroka et moi après nous avoir parlé une ou deux fois seulement, » répondit Nephteros. Et en réponse, Zagan avait simplement baissé la tête sur le côté pendant qu’il réfléchissait sur ses actions.
« Il est certainement vrai que si Maître Zagan les rencontrait, il essaierait d’assumer lui-même tous leurs fardeaux. Il faut attendre la fin de la conférence avant de faire quoi que ce soit, » déclara Néphy avec un air de joie dans sa voix.
Même Néphy dit ça ? En entendant son amoureuse réitérer l’argument de Nephteros, Zagan s’était accroupi et s’était couvert le visage. Il était choqué d’avoir échoué dans le rôle d’un Archidémon arrogant.
« Dans ce cas, on ne peut pas aller kidnapper quelqu’un ? » s’enquit Barbatos.
« C’est une option viable, mais c’est leur domaine. Comme je suis maintenant, ce serait un choix dangereux, donc ce devrait être notre dernier recours, » répondit Zagan. Ils possédaient des trésors à la hauteur des épées sacrées et un pouvoir qui n’était ni sorcellerie ni mysticisme, ce qui en faisait une menace bien réelle.
« Attends, vraiment ? Tch… Tu as raison. Mes ombres ne s’ouvrent pas correctement, » déclara Barbatos.
Tout le monde ici présent avait baissé la tête en entendant cela. Et, après s’être retournés, ils avaient finalement remarqué que Barbatos s’était remis et s’était joint à leur conversation.
« Quand diable t’es-tu réveillé ? » demanda Zagan.
« Hein ? Quelque part autour de “Je te préfère comme d’habitude”, je crois ? » répondit Barbatos.
« Attends, Zagan. L’homme à tout faire est plutôt habile. Ce serait du gâchis de le tuer maintenant, » déclara Foll en attrapant rapidement Zagan et en l’arrêtant avant qu’il ne termine Barbatos. Puis, elle s’était tournée vers Barbatos et avait dit. « Hé, fais attention à ce que tu dis. Zagan ne se sent pas très tolérant en ce moment. »
« Oh s’il te plaît. Sais-tu combien de fois il a failli me tuer ? » répondit Barbatos avec désinvolture. Dans un certain sens, c’était impressionnant qu’il n’ait jamais pensé à changer son attitude malgré tout cela. Cependant, Nephteros avait incliné la tête sur le côté avec curiosité, alors qu’elle était confuse par la tournure des événements.
« Pourquoi es-tu si en colère ? Parce qu’il a écouté ta conversation ? Mais qu’est-ce qu’il y a de si mauvais là-dedans ? Tu avais l’air de bien t’amuser quand tu caressais la tête de Néphélia… » s’enquit Nephteros. Zagan et Néphy se couvrirent le visage et s’effondrèrent sur place.
« Lady Nephteros, il vaudrait mieux que vous ne parliez pas de telles choses devant les gens en question, » Richard, le jeune Chevalier Angélique, avait pris la parole pour la corriger.
« Hein ? Pourquoi ? Est-ce immoral ? » demanda Nephteros.
« Euh, non, pas exactement, mais, euh…, » Richard avait trébuché sur ses paroles. Il ne semblait pas être une mauvaise personne, mais son bon sens était clairement inefficace face aux dragons, aux elfes et aux sorciers. Et sentant cela, Foll décida d’intervenir.
« Zagan et Néphy sont timides. Ils sont gênés que d’autres personnes aient vu tout ça, donc tu ne dois pas le montrer trop clairement, » déclara Foll.
« Hm… Je vois. Je m’en souviendrai, » déclara Nephteros.
Malheureusement, le fait que leur fille leur explique en détail la situation n’avait fait qu’aggraver leur traumatisme mental.
« T’intéresses-tu à ce qu’ils font ? » demanda Foll.
« Un peu. Je veux savoir ce que c’est, » répondit Nephteros avec des mots et un signe de tête honnête quand elle regarda Zagan et Néphy.
Arrête ! Arrête ça ! À ce moment-là, Zagan voulait se pelotonner et mourir.
« Tu essaies de parler plus comme un adulte maintenant, n’est-ce pas ? » demanda Nephteros en jetant un regard pénétrant sur Foll.
« Mhm. Je suis la grande sœur maintenant, donc je le dois ! » s’exclama Foll. Zagan avait trouvé la façon dont sa fille avait poussé sa poitrine avec orgueil extrêmement puéril. Cependant, Nephteros n’avait pas du tout semblé la remettre en question. Au lieu de cela, elle s’était contentée de mettre les mains devant son corps d’une manière pensif.
« Veux-tu dire que l’esprit grandit avec le corps ? Ce n’est cependant pas vraiment le cas pour moi…, » déclara Nephteros.
« Non, non. Ce n’est pas bien. Zagan a dit que les adultes envisagent les choses sous différents angles, ce qui signifie probablement que nous sommes censés voir les choses d’un autre point de vue. Zagan ne peut évidemment plus faire ça, puisqu’il vient de le faire avec Néphy de façon inattendue, donc j’ai besoin de prendre sa place, » déclara Foll.
« Argh…, » Zagan avait gémi alors que sa conscience s’évanouissait à cause de ce barrage incessant. Il savait qu’elle n’avait aucune mauvaise volonté, mais c’était quand même une pilule difficile à avaler.
« Je vois. J’ai vraiment l’impression qu’il me reste encore beaucoup à apprendre, » marmonna Nephteros, impuissante.
« Q — Quoi qu’il en soit ! Si ce que Selphy a dit est vrai, il devrait y avoir des gens qui vivent ici. Commençons par poser des questions, » déclara Zagan en utilisant la sorcellerie pour améliorer sa vision et en repérant plusieurs structures près du temple. C’était probablement là où vivaient les sirènes.
« Zagan. Nous nous démarquons beaucoup. Nous aurons l’air suspicieux, » souligna Foll.
« Il n’y a pas de raison de s’inquiéter. La conférence est une excuse parfaite. Il devrait y avoir beaucoup d’étrangers ici, pour que cela ne paraisse pas étrange si nous errons, » déclara Zagan en secouant la tête avec un air de sang-froid.
« Cette façon de penser d’un autre point de vue est… vraiment difficile, » affirma Foll alors que ses épaules s’affaissaient de déception.
« Non, il est important de penser également aux risques. Tu as marqué un point, » déclara Zagan.
« Vraiment ? » demanda Foll alors que ses joues rougissaient malgré ses mots plutôt brusques.
« Oui, vraiment, » répondit Zagan. Et après ça, il avait dit. « Eh bien, c’est décidé. Allons explorer cet endroit. Ça ne te dérange pas, Nephteros ? »
Nephteros était la belle-sœur de Zagan, pas sa subordonnée, donc il n’avait pas le droit de lui donner des ordres.
« Compris, Zag…, » déclara Nephteros.
« Quoi ? » demanda Zagan.
« Maintenant que j’y pense, comment devrais-je t’appeler ? » s’interrogea Nephteros, clairement confuse. Pour elle, Zagan était un sorcier de rang supérieur, un ancien ennemi, son protecteur actuel et un beau-frère. Elle était probablement confuse par toutes ces informations contradictoires.
« Appelle-moi comme tu le veux. Mais comme je l’ai déjà dit, épargnez-moi toutes les formalités, » déclara Zagan.
« Alors… Grand Frère, » déclara Nephteros.
Quand elle avait dit cela, toutes les personnes présentes avaient été choquées au plus profond d’elles-mêmes. Ils la regardaient avec émerveillement, essayant désespérément de démêler son processus de pensée.
« … Quoi ? » demanda Nephteros.
« Non, hmm… Eh bien, peu importe. Je suppose que c’est très bien, » déclara Zagan.
Qu’est-ce que c’est que ça ? J’ai exactement le même sentiment étrange que quand Foll m’appelle papa… Quoi qu’il en soit, ce n’était certainement pas désagréable, alors Zagan avait simplement hoché la tête malgré la gêne qu’il ressentait.
***
Partie 6
« Alors… pourquoi me suis-tu, Barbatos ? » s’enquit Zagan. Il les suivait alors qu’ils se dirigeaient vers la ville des sirènes, de sorte que leur groupe se composait actuellement de Zagan, Néphy, Foll, Nephteros, son escorte Richard, et Barbatos.
Je dois retourner à mon corps d’origine avant mon rendez-vous avec Néphy… Zagan ne croyait pas que Barbatos serait utile, alors il voulait qu’il parte. Et il y tenait particulièrement à cœur, car il aurait pu s’agir d’une sorte de voyage en famille sans son intrusion.
« La dame-chatte est là-bas, alors tout ira bien. En fait, je ne peux même pas m’approcher de Chastille quand elle est là, alors je n’ai pas d’autre choix que de passer du temps avec toi, » déclara Barbatos en riant et en lui brossant les cheveux.
« Hm… ? Eh bien, peu importe, » déclara Zagan.
Barbatos parlait sur un ton irrité, mais Zagan ne savait pas vraiment s’il détestait Kuroka, ou s’il était en colère, car il ne pouvait pas être à côté de Chastille.
Non, attends… Ça ne peut pas être que les deux… ? Zagan commença à penser que quelque chose avait changé à propos de Barbatos. Et d’après leur interaction antérieure, Chastille ne semblait pas totalement insatisfaite de lui, alors qu’est-ce que tout cela pourrait bien signifier ? Il était plutôt curieux, mais il savait qu’il devait donner la priorité à sa propre romance.
Alors qu’ils se rapprochaient d’une route qui se trouvait encore à une certaine distance du temple, le groupe était tombé sur une zone couverte de quelque chose qui semblait être de la neige verte.
Cela avait l’air d’être d’un vert bronzé. Et, bien sûr, ce n’était pas vraiment de la neige, mais des fragments de débris verts ressemblant à de la mousse qui étaient éparpillés dans la région. En y pénétrant, ils avaient laissé une empreinte de pas derrière eux et avaient dispersé les débris dans l’air. Cela ressemblait vraiment plus à de la neige qu’à quoi que ce soit d’autre.
Comme les sirènes nageaient tout simplement, les amas de débris étaient toujours restés tels quels. Ainsi, bien qu’il n’y avait pas de débris près des bâtiments, il y en avait beaucoup à leurs pieds.
Est-ce… du sable ? Non, ce sont les restes d’êtres vivants…, pensa Zagan en essayant d’en prendre dans sa main. Il n’y avait pas d’odeur de pourriture, mais les fragments irréguliers ressemblaient davantage à des os fragmentés qu’à des grains de sable. Et, en même temps, il pouvait voir qu’ils n’étaient pas en fait verts, mais blancs. Zagan leva les yeux en l’air, et bien qu’il soit faible, un peu de lumière du soleil coulait qui descendait jusqu’ici. Il semblerait que la couleur de la lumière qui pouvait les atteindre était limitée, alors à cette profondeur, ils n’avaient en grande partie qu’une lumière verte, ce qui les avait amenés à penser que les débris étaient verts.
Les maisons qui les entouraient étaient probablement construites à l’origine avec des pierres transformées, mais maintenant elles étaient couvertes de débris, de balanes et d’algues marines, et les pierres ne pouvaient plus être distinguées individuellement. Une faible lumière s’échappait des ouvertures des centaines de bâtiments en forme de dôme qui s’étendaient devant lui. C’était un spectacle fantastique qui faisait croire que d’innombrables poissons luisants flottaient.
« Hm… C’est d’une beauté inattendue, n’est-ce pas ? » Zagan marmonna cela.
« Oui. Je le pense aussi, » ajouta Néphy en acquiesçant, apparemment de bonne humeur.
Si faire une promenade dans un lieu spécial est considéré comme un rendez-vous, alors ceci peut être un…, cependant, il y en avait plusieurs autres individus autour d’eux, ce qui avait en quelque sorte gâché l’ambiance. Pourtant, Zagan était honnêtement heureux tant que cela plaisait à Néphy. Et, tandis qu’ils regardaient ce paysage, il entendit soudain la voix de Barbatos.
« Hey, Zagan. »
Sa voix ne résonnait pas dans l’air. Au lieu de ça, il avait eu l’impression que ça sonnait dans sa tête. Et ainsi, Zagan avait plissé ses yeux pendant un moment, mais immédiatement réalisé sa nature et avait répondu.
« Communication télépathique ? Quand as-tu appris ça, Barbatos ? »
C’était la sorcellerie qui permettait aux gens de communiquer avec les autres par la pensée. Cependant, ce n’était pas aussi simple que ça en avait l’air. Bien qu’imparfaite, elle signifiait s’immiscer dans les pensées d’une autre personne. Si l’écart de pouvoir était trop grand, ou si le sorcier ne se spécialisait pas dans le domaine, il ne s’activerait même pas. Par conséquent, Zagan n’avait pas pu lui-même l’utiliser.
Cependant, Barbatos avait échoué dans ces deux conditions, mais avait réussi à communiquer par télépathie avec Zagan. Un tel exploit aurait été impossible il y a à peine six mois, et il semblait donc qu’il prenait de l’ampleur à sa façon.
Le fait qu’il se donne du mal pour s’en servir signifie qu’il ne veut pas que les autres nous entendent, non ? Zagan réalisa son intention et attendit tranquillement sa réponse.
« Qui s’en soucie. Écoute, il y a quelque chose que je veux vérifier. C’est à propos de Bifrons, » Barbatos avait relayé ce message d’une voix irritée. Dans un tour surprenant, il était apparu que Barbatos utilisait la télépathie par considération pour Nephteros. Bifrons ne pouvait plus comparaître devant Nephteros parce que Zagan avait jeté la sorcellerie sur cet Archidémon pour le forcer à conclure une paix. Considérant le fait que Bifrons était aussi un Archidémon, il leur avait été possible de le briser, mais il n’y avait aucun signe de cela jusqu’ici.
« De Bifrons ? »
« … Étais-tu sérieux à propos de ce que tu as dit à la fin ? » demanda Barbatos.
Zagan plissa ses sourcils. Il ne se souvenait pas d’avoir dit quoi que ce soit d’étrange à l’époque, mais il semblait que Barbatos le pensait différemment.
« Je parle du fait que Bifrons est tombé amoureux de Nephteros. Un tel monstre est-il capable d’émotions humaines ? » demanda Barbatos.
Le seul qui avait été témoin de la conclusion de la confrontation de Zagan avec Bifrons était Barbatos. Et ses doutes à ce sujet n’étaient pas totalement infondés. Si Bifrons n’aimait pas Nephteros, alors la punition que Zagan avait donnée à l’Archidémon n’aurait pas été du tout une punition. Et pourtant, Zagan avait commencé à répondre instantanément, comme si ce n’était pas si grave que ça.
« Ces mots étaient un simple poison. Quand on leur fait remarquer quelque chose, les gens commenceront le plus souvent à le remarquer, » déclara Zagan.
« Hein ? Alors, c’était du bluff ? Es-tu un putain d’idiot ou quoi ? » s’exclama Barbatos alors qu’il commençait à jurer sur Zagan d’un ton furieux avant d’être coupé.
« Non, non. Bifrons est amoureux de Nephteros. Cependant, s’il n’était pas au courant de ce fait, cela n’aurait pas été une grande punition. C’est ce que je veux dire par mes mots étant un poison, » déclara Zagan.
« Cependant, je ne pense pas vraiment que ce soit le cas…, » Barbatos avait insisté sur le fait que ça ne valait rien, ce qui avait irrité Zagan.
« J’ai accordé à Nephteros une sorcellerie qui pourrait tuer Bifrons. Cela dit, c’est quelque chose que j’ai jeté sur place, pour qu’un Archidémon puisse facilement le démonter, » déclara Zagan.
Il utilisait une version simplifiée de l’Écaille des Cieux pour faire voler la tête de Bifrons, mais ce n’était pas suffisant pour le tuer. Pourtant, ce n’est pas comme si Bifrons n’avait pas ressenti la douleur.
« Et pourtant, Bifrons est resté silencieux et l’a simplement accepté. Je suppose que voir Nephteros ravie d’avoir accompli quelque chose qu’elle pensait impossible rendait Bifrons heureux, alors il l’a permis, » déclara Zagan.
« Et est-ce pour ça que tu penses que Bifrons est amoureux ? N’est-ce pas un peu tiré par les cheveux, non ? »
« Tu as peut-être raison. Cependant, la raison pour laquelle je suis si confiant est qu’après que Nephteros ait découvert la vérité, Bifrons n’a jamais essayé de la tuer directement, » déclara Zagan.
« Ouais, tuer quelqu’un dont on est amoureux serait un sacré gâchis…, » marmonna Barbatos. Le fait qu’il croyait vraiment cela montrait qu’il était peut-être une bonne personne dans l’âme.
« Bifrons aurait pu mettre fin à la vie de Nephteros à tout moment, mais il n’a même jamais essayé. Ou plutôt, Bifrons ne pouvait pas. Je suppose que Bifrons essayait de faire revenir Nephteros après l’avoir coincée. Mais malheureusement, elle a fini par s’enfuir jusqu’à mon domaine, » Déclara Zagan.
Il n’était pas clair si Bifrons était au courant de sa propre conduite à l’époque, mais même un Archidémon aurait dû comprendre que cela ne valait pas la peine de faire de Zagan un ennemi.
« Y a-t-il des idiots qui se battraient avec quelqu’un qu’il ne pourrait pas vaincre dans leur propre domaine ? Bifrons a osé me défier dans mon domaine après avoir perdu sur le bateau, ce qui signifiait qu’il n’avait pas d’autre choix, » déclara Zagan.
C’était parce que Bifrons savait qu’il essaierait de sauver Nephteros. Et si c’était le cas, Bifrons ne la retrouverait jamais. C’est pourquoi il ne pouvait que lutter désespérément pour remporter une victoire.
« Bifrons n’avait ni le temps, ni les mains libres pour jouer, ni la chance de remporter la victoire, et ne faisait pas attention à sa propre apparence lorsqu’il essayait de la récupérer. Personne ne ferait tout ça pour un simple outil. Je suis certain que c’était seulement possible parce qu’au fond, Bifrons pensait qu’elle était la chose la plus importante dans sa vie, » déclara Zagan.
C’est pourquoi Zagan était convaincu que Bifrons était amoureux de Nephteros. Et comme Bifrons n’était même pas au courant, il avait utilisé des mots vénéneux pour faire du mal à l’Archidémon.
« Un trou du cul fou peut tomber amoureux de quelqu’un…, » Barbatos semblait presque avoir peur de le croire.
« Ce n’est pas si étrange que ça, n’est-ce pas ? Plus vous vivez seul, plus vous vous sentez seul. Bifrons était toujours seul, donc après avoir expérimenté le confort de la compagnie de quelqu’un pour la première fois, il était tout naturel qu’il tombe amoureux, » déclara Zagan.
Et pourtant, bien que conscient de ce fait, Zagan avait volé Nephteros. Le châtiment d’un Archidémon était vraiment cruel.
« … » Barbatos n’avait rien dit de plus, mais bizarrement, Zagan n’avait rien senti de plus de sa part. Et juste comme ça, il avait fermé le lien télépathique entre eux. Quand Zagan avait jeté un coup d’œil à Barbatos, qui était juste derrière lui, il l’avait vu se gratter la tête d’une manière contradictoire.
Cette réaction… Est-il vraiment… ? Zagan croyait à peine que ce fût déjà le cas, mais il semblait que Barbatos le savait aussi maintenant.
« Quelque chose ne va pas, Maître Zagan ? » demanda Néphy en remarquant le mélange de sympathie et de confusion sur le visage de Zagan.
Zagan baissa la voix et chuchota en réponse.
« Oh… Hum, la dernière fois, il m’a demandé quelques conseils sur sa vie amoureuse, alors je me demandais comment répondre, » Zagan avait baissé la voix et avait chuchoté en réponse.
« Mon Dieu… le Seigneur Barbatos est vraiment du genre sérieux à cet égard, » murmura Néphy alors même que le bout de ses oreilles devenait légèrement rouge.
On dirait que tout le monde connaît déjà ton secret, Barbatos…
Juste cette fois, Zagan avait encouragé son ami indésirable.
***
Partie 7
Bien qu’ils se promenaient au milieu de la ville, peut-être à cause de l’apparence de Barbatos, ils étaient incapables de trouver une seule personne.
Ce n’est pas comme si c’était loin… Sans parler de bruissement des vêtements, cela paraissait étrange sous l’eau, car Zagan entendait les gens s’agiter et respirer à l’intérieur des maisons. Cependant, ils semblaient tous sur leurs gardes et ne regardaient que de loin. Il se peut que les sirènes aient été une race très prudente. Zagan restait là, clairement troublé par la façon de demander de l’aide quand il entendit soudain une voix suspecte.
« Heeheeheeheeheehee... Quelle surprise ! C’est vraiment surprenant. Dire qu’un jour viendra où je vous retrouverai. »
Derrière moi ? Zagan s’était retourné pour faire face à l’intrus.
« Bonjour, Roi aux yeux d’argent. »
Cependant, celle qui se tenait devant lui était une petite fille. Elle semblait avoir à peu près le même âge que la forme actuelle de Zagan, sinon un peu plus âgée. Au plus, elle avait douze ou treize ans. Elle était probablement la fille d’un des participants à la conférence, puisqu’elle avait deux pieds, ce qui signifiait qu’elle n’était pas une sirène. De plus, ses cheveux dorés étaient attachés des deux côtés et ses yeux étaient comme une lune dorée. Elle portait également une robe noire couverte de volants et portait un jouet en peluche à l’allure excentrique dans ses bras minces.
Ses cheveux et ses vêtements lui donnaient une impression qui lui rappelait Lilith. Cependant, le jouet en peluche dans ses bras était la chose la plus accrocheuse à son sujet. Il avait l’air presque… immortel. Il y avait des fils épais qui y étaient intentionnellement placés, révélant les endroits où il avait été rapiécé. D’une certaine façon, c’était unique, bien que flippant semblait être le terme le plus approprié. En tout cas, Zagan ne l’avait pas du tout reconnue.
« Qu’est-ce que tu veux ? » demanda Zagan. Il aurait été bien de l’ignorer, mais il s’était arrêté parce qu’elle était la première personne qu’il avait réussi à rencontrer dans la région.
Roi aux yeux d’argent… Je pense que Lilith a mentionné ce nom tout à l’heure… Les yeux de Zagan étaient aussi censés être argentés, mais probablement plus proches du bleu ou du gris. Quoi qu’il en soit, ce n’était pas la preuve qu’il appartenait à une espèce particulière. Bien sûr, c’était rare, mais cela n’avait aucune valeur comme les elfes ou les dragons. Quoi qu’il en soit, cette fille était peut-être quelqu’un qui possédait le pouvoir, ce qui signifiait qu’il était possible qu’elle puisse aider à dissiper la malédiction de Zagan.
« Heeheeheehee, tout comme cet enfant, vos yeux sont comme de jolis coquillages, » affirma la jeune fille en tendant la main vers Zagan d’une manière désirable. En y regardant de plus près, il était devenu évident que les yeux du jouet en peluche étaient faits de coquilles qui avaient la forme de gros boutons.
« Qu’est-ce que tu racontes ? Je ne te connais pas, » déclara Zagan.
Se sentant un peu effrayé, Zagan avait reculé. Cependant, la jeune fille n’y prêta aucune attention et s’en approcha encore plus.
« Malgré tout, je vous connais… Quelle nostalgie ! Comme c’est vraiment nostalgique. C’est tellement nostalgique que j’ai envie de me faire plaisir et d’en boire ici, » déclara la fille.
C’est alors que Zagan s’était rendu compte que la jeune fille qui souriait d’un sourire méfiant avait deux crocs qui sortaient de sa bouche.
« Fais-tu partie du Clan de la Nuit ? » demanda Zagan.
Vampires, Les Rois Sans Vie, Nosferatu. C’était des existences inhumaines qui avaient toutes sortes de noms détestables. Ils étaient autrefois humains, mais pour une raison inconnue, ils s’étaient détachés du cercle de la vie et de la mort. Ils étaient les êtres les plus abominables au monde. Et, en même temps, ils étaient la personnification même de l’aspiration de tous les sorciers, l’immortalité. C’est pourquoi les sorciers les appelaient avec respect le Clan de la Nuit.
Cependant, parce qu’ils étaient encore plus hérétiques que les sorciers, l’Église les opprimait vraiment. Et comme il n’y en avait pas beaucoup au départ, ils avaient pratiquement disparu du continent. Il semblait qu’ils s’étaient aussi échappés à Liucaon pour survivre… bien qu’il ne soit pas clair si ce terme était approprié pour ceux qui ne connaissaient rien des concepts de vie et de mort.
Elle n’est pas aussi jeune qu’elle en a l’air, hein ?
« Oh, vous vous souvenez enfin de moi, Roi aux yeux d’argent, » les lèvres rouge vif de la fille du Clan de la Nuit s’étaient tordues en un sourire quand elle avait dit ça.
« … Non, je te dis que tu as la mauvaise personne devant toi. Mon nom est —, » commença Zagan.
« J’en suis tout à fait consciente. Vous êtes celui qui a hérité du sceau de Marchosias, le nouvel Archidémon, le Seigneur Zagan, » déclara la fille, puis avait réajusté la position du jouet en peluche dans son bras et avait soulevé l’ourlet de sa jupe avec son autre main pour faire la révérence.
Est-ce qu’elle est juste une bouffonne malgré tout ce qu’elle sait ? Zagan s’était mis sur ses gardes alors qu’il réfléchissait à de telles pensées.
« Dans ce cas, pourquoi m’appelles-tu Roi aux yeux d’argent ? » Zagan avait commencé à l’interroger, mais la fille avait disparu sous ses yeux.
Est-elle partie ? Zagan n’avait pas été négligent, et pourtant, il l’avait complètement perdue de vue. C’était une pensée terrifiante.
« Maître Zagan ! » hurla Néphy. Et dès qu’il entendit sa voix, il sentit une sensation de froid et d’humidité le long de son cou.
« Mais même ainsi, le goût de votre sang, votre odeur et la couleur de vos yeux sont tous les mêmes…, » affirma la fille. Elle avait instantanément tourné autour de Zagan pour arriver juste derrière lui. Et puis, elle avait commencé à lui lécher le cou avec sa langue rouge vif.
A-t-elle l’intention de sucer mon sang ? Il y avait des anecdotes selon lesquelles le Clan de la Nuit avait besoin de sucer le sang des autres pour maintenir leur existence. Zagan avait essayé de la repousser, mais ses doigts étaient serrés contre son épaule, empêchant toute forme d’évasion.
« Zagan n’aime pas ça. Stop ! » s’exclama Foll en saisissant la tête de la fille. Malheureusement, la vampire avait regardé Foll avec ses yeux froids.
« Je croyais que vous n’étiez qu’une enfant avec un grand corps, mais il semble que vous soyez une bonne baby-sitter. Gentille fille, gentille fille. »
« … J’ai l’impression que tu es dangereuse, alors ne touche plus à Zagan, » ordonna Foll alors qu’elle mettait plus de force dans son bras et essayait d’écraser la tête de la fille. Cependant, le corps de la jeune fille était arrivé au sol avant que Foll ne puisse le faire.
« Heeheeheehee, comme c’est effrayant ! Je vois. Même un jeune dragon est une menace. Je commence à craindre pour ma vie, » déclara la jeune fille alors que son corps se décomposait en un nombre incalculable de chauves-souris, puis se reconstruisait en l’air.
« Alors, tu devrais mourir, » déclara Foll alors qu’elle se tenait devant le Zagan nouvellement libéré. Et puis, elle avait balancé son bras et avait tissé d’innombrables cercles magiques sur son chemin. En voyant ces cercles magiques, Zagan devint soudain pâle.
Attends… C’est quoi ce nombre de circuits ? Zagan, qui possédait la capacité de dévorer la sorcellerie, pouvait voir à travers le nombre de circuits tissés dans la sorcellerie en un instant. Chaque cercle magique que Foll tissait ensemble contenait près de dix mille circuits, ce qui était ridicule. Le Phosphore des Cieux, que Zagan hésitait à enseigner à Foll, avait un peu moins de dix mille circuits, mais ici, elle en faisait des dizaines de milliers en un instant.
Dans sa forme actuelle, Foll pourrait facilement manipuler la forme du Dragon et la Grande Fleur à cinq pétales.
Peu de temps après, les cercles magiques s’étaient empilés en trois endroits. Ils ressemblaient à la carcasse d’un énorme canon. Et en vérité, c’était exactement ce qu’ils étaient.
« Disparais, » murmura Foll. Et quand elle l’avait fait, les trois piles de cercles magiques avaient libéré trois lumières distinctes et vives. Le premier avait lâché un rayon de chaleur intense qui faisait bouillir l’eau et même brûlait la vapeur pour la réduire à néant. L’une d’elles était une onde qui avait gelé au-dessus de l’atmosphère brûlée elle-même et l’avait écrasée en morceaux. Et le dernier était un marteau de foudre qui pouvait changer la forme d’une montagne.
Chacun d’entre eux était une puissance de destruction qui dépassait de loin ce que le souffle de Foll pouvait normalement gérer, mais tous les trois étaient utilisés le long d’une seule ligne précise qui ne laissait même pas échapper une seule petite décharge électrique. Ils avancèrent, puis finirent par avaler la vampire, mais…
« Heeheeheeheeheehee, comme c’est violent ! Les dragons devraient faire preuve de plus de retenue, » avait déclaré la jeune fille en flottant de façon décontractée.
Elle ne l’a pas esquivé… A-t-elle bloqué... Non, c’est impossible, ce qui veut dire… Zagan avait laissé ses pensées s’emballer avant d’arriver à la réponse.
« Je vois. Les membres du Clan de la Nuit sont à la fois ici et pas ici en même temps, » déclara Zagan.
C’était un peu comme si la lune ne se brisait pas parce que quelqu’un jetait un caillou à son reflet dans un lac. Le groupe de Zagan n’était témoin que d’un mirage, donc il n’y avait aucune raison de le détruire.
Un Archidémon d’un certain âge les appelait des calamités avec une volonté. Même si quelqu’un parvenait à détruire son corps, il ne mourrait pas, car il n’avait aucune idée de la mort. De plus, si l’on poignardait un pieu dans leur cœur et qu’on les réduisait en cendres, ils ne cesseraient d’exister dans le monde qu’un seul instant. Avec le temps, ils réapparaîtraient.
Se préparer à une calamité pourrait aider à minimiser les dégâts, mais ne pourrait jamais réellement les prévenir, et on pourrait dire la même chose du Clan de la Nuit.
« Oh mon Dieu. Vos yeux argentés voient à travers tout, mais je ne peux pas vraiment admirer quelqu’un qui révèle le secret d’une dame, » la fille avait confirmé ce qu’il avait dit sans montrer aucun signe de vouloir le cacher, mais Foll ne semblait pas comprendre le sens de ses mots.
« Quel pouvoir étrange… ! Je ne sais pas ce que c’est, mais est-ce suffisant pour te tuer ? » demanda Foll. Elle semblait s’énerver à cause du comportement provocateur de la vampire. Alors, elle ouvrit la bouche et prit une grande respiration.
« Arrête, Foll ! Si tu lâches ton souffle maintenant, tu vas faire exploser la ville ! » déclara Zagan.
« … » Foll garda le silence. Cependant, elle l’avait sûrement remarqué elle-même.
Foll ne peut pas contrôler son pouvoir en ce moment… Elle avait soudain acquis le corps et la puissance d’un adulte. Au début, elle avait hésité devant la simple tâche de se promener, alors qu'elle ne pouvait pas contrôler son mana. La sorcellerie du triplex qu’elle venait d’utiliser était splendidement précise, mais c’est parce qu’elle n’avait même pas fait ressortir la moitié de son pouvoir. Si elle devait faire tout son possible, surtout en utilisant son souffle de dragon, il était clair comme de l’eau de roche de ce qui se passerait.
Ainsi, Foll retira à contrecœur le souffle qu’elle s’apprêtait à déchaîner. Il semblait que la fille du Clan de la Nuit avait prévu que Zagan l’arrêterait, car elle ne montrait aucun signe indiquant qu’elle était perturbée.
« Pourriez-vous ne pas vous fâcher autant ? Tout ce que j’ai fait, c’est pour vous avertir, puisque vous êtes venus de si loin pour venir ici, » demanda-t-elle.
« Cela signifie-t-il que tu participes à la conférence des aînés ? » demanda Zagan, cherchant le sens de ses mots.
« C’est bien que vous le croyez, » déclara l’autre.
« Hein ? Elle fait partie du Clan de la Nuit, non ? Pourquoi quelqu’un qui n’a même pas à se soucier de survivre se soucierait-il de l’extinction des autres races ? » Barbatos s’était mis à parler, semblant plutôt confus.
« … Oh, mon Dieu, ce vulgaire sac de viande périssable et pourri peut parler ? » répliqua la jeune fille en le fixant d’un regard vexé.
« Tu cherches la bagarre ? » Barbatos avait rugi de colère.
« Arrête, Barbatos. Tu as tort là, » dit Zagan en poussant un soupir. Les membres du Clan de la Nuit avaient après tout encore des sentiments. Même Zagan pouvait dire que la petite remarque de Barbatos toucherait un point sensible.
« Alors ? Je suis sûr que tu ne m’as pas approché pour énerver Foll, alors que fais-tu ici ? » demanda Zagan avec un regard fatigué dans les yeux.
« Hm, je me demande… Je suis celle qui est déconnectée du cycle de la vie et de la mort. Un simple spectateur. Je ne peux rien faire à ceux qui possèdent la vie, » dit la jeune fille en riant évasivement, puis en murmurant, « … Il y a mille ans, je n’ai fait que regarder. »
« Il y a mille ans… ? » demanda Zagan.
Qu’est-ce que ces mots impliquaient exactement ?
Raphaël a aussi rêvé de quelque chose se déroulant à l’époque… Que s’est-il passé pendant cette période ?
« Oh, c’est vrai. Un avertissement. Je suis venue vous donner un avertissement. Je vous présente mes excuses. C’était tellement nostalgique et amusant que je l’ai involontairement oublié, » déclara la fille.
« Un avertissement ? »
« Oui. Si vous souhaitez être récompensé, vous devez d’abord écouter les demandes des autres, » déclara la vampire.
Et, comme si c’était un signal, il entendit le bruit de pas qui se rapprochaient.
« Attendez ! C’est quoi ce vacarme ? » Lilith s’était précipitée vers eux et avait commencé à demander des réponses. Il semble qu’elle soit venue voir la ville après avoir appris que des ennuis commençaient à se produire.
Eh bien, ils pourraient probablement voir la sorcellerie de Foll depuis le temple… Et c’est là que Zagan avait finalement compris la vérité. La fille vampire avait provoqué ce tumulte pour attirer Lilith ici. Elle n’avait qu’à les provoquer et à faire en sorte que l’un des compagnons de Zagan se déchaîne pour attirer son attention. Et, comme si cela ne suffisait toujours pas, elle avait juste besoin de parler de façon détournée pour gagner du temps. C’était un plan brillant, qui avait déjà fonctionné avant même que Zagan ne réalise ses intentions.
« Hé, le gosse de riche là-bas. Qu’est-ce qui se passe ici ? » demanda Lilith en faisant face à Zagan.
« … Tu sais qui c’est, n’est-ce pas ? » demanda Zagan en montrant du doigt la fille qui flottait au-dessus d’eux.
« Hein ? Qu’est-ce que c’est ? Eeek ! Lady Alshiera ! Qu’est-ce que vous faites là ? » hurla Lilith, se raidissant complètement quand elle se tourna vers la vampire.
Son visage déterminé était teinté de terreur, et la jeune fille nommée Alshiera riait simplement comme si elle trouvait sa réponse étrange.
« Oh, mon dieu, si ce n’est pas mon mignon petit faon. Je vois que tu es venue jusqu’ici juste pour me rencontrer. Devrais-je te donner une récompense ? » demanda Alshiera.
« Ce serait impensable ! Je ne peux pas recevoir une récompense d’une alliée aussi impressionnante ! » Lilith répondit d’une manière docile alors qu’elle tremblait si vigoureusement que c’était pitoyable.
Je suppose qu’elle est aussi impliquée avec cette femme… C’était un monstre indemne après avoir été attaqué par Foll. Lilith n’était même pas une sorcière, il n’était donc pas étonnant que la pauvre succube n’ait pas osé s’opposer à elle. Et, comme sa personnalité était si facile à comprendre, il était clair que Lilith était une victime qui avait été traînée ici sur les caprices de la vampire.
« Hé, est-ce que cette fille en sait vraiment autant ? » demanda Zagan en claquant la langue et en se tenant devant Lilith.
« Je suis si contente que vous compreniez vite. Mon mignon petit faon est très intelligent. Cette enfant possède la réponse à votre question, et si elle ne peut pas vous répondre, alors vous ne trouverez pas votre réponse ici, » dit la vampire en riant, comme si elle appréciait le début d’une pièce amusante. Et Zagan, à son tour, la regarda en réponse avec une expression franchement mécontente.
Tu veux que je demande à cette fille ennuyeuse… ? Il détestait l’idée, mais bizarrement, il n’avait pas l’impression que la vampire mentait… Cela dit, elle n’avait pas non plus l’air de dire la vérité.
« Eh bien, très bien. Je te croirai, mais il y a une chose que je ne comprends pas. Qu’est-ce que tu as à y gagner ? » demanda Zagan.
« Hé, calmez-vous ! Vous ne pouvez pas lui parler comme ça ! Vous allez vivre quelque chose de pire que la mort si vous n’arrêtez pas ! » s’exclama Lilith. Et après que Zagan eut repoussé Lilith, qui tirait sur ses vêtements avec un visage pâle, la vampire se mit à rire.
« N’est-ce pas la nature humaine de vouloir rendre quelque chose encore plus amusant ? » demanda la vampire.
Zagan était étonné et stupéfait par le fait qu’un être qui était immortel puisse parler de la nature humaine.
« Eh bien, je vous dis adieu, mon roi aux yeux d’argent bien-aimé, et… Azazel, » déclara la vampire.
« Quoi !? » s’exclama Lilith, clairement confuse par son choix de mots.
« Azazel..., » marmonna Zagan. Pourquoi a-t-elle mentionné ce nom ? Il voulait en savoir plus, mais malheureusement, la fille s’était transformée en une masse de chauves-souris et s’était envolée.
Elle venait de mentionner le nom de la treizième épée sacrée sur laquelle Zagan enquêtait. Mais il avait aussi découvert que c’était le nom du côté obscur de l’Église. Et pourtant, la vampire l’utilisait comme le nom d’une personne même si le seul membre d’Azazel dans la région était Kuroka, qui n’était même pas présente. Rien n’avait de sens.
« … Tch, c’était qui ? » demanda Zagan en claquant la langue, irrité.
« Ce n’est pas bon ! Si vous vous impliquez avec cette personne… avec Lady Alshiera, on vous imposera des exigences déraisonnables, et si vous ne les respectez pas à la lettre, vous vivrez un enfer… »
Elle semblait être la patronne de Lilith… ou plutôt, quelqu’un de plus haut placé qu’elle. Bien que, d’après sa réaction, ce n’était manifestement pas quelque chose que l’on pourrait résumer aussi simplement.
Mais… Lilithiera… Alshiera… En plus d’avoir des noms similaires, même leurs vêtements et leurs coiffures se ressemblent. Zagan ne croyait pas qu’une fille hautaine comme Lilith puisse copier le regard de quelqu’un qu’elle détestait, alors…
« N’est-elle pas l’une de tes alliées ? »
« Lâchez-moi un peu ! Cette personne aime juste nous regarder nous tortiller… Oh, je ne pense pas qu’elle nous déteste ou quoi que ce soit…, » déclara Lilith.
Qu’est-ce que c’est que ça ? Cela me rappelle Gremory et Manuela… La réaction de Lilith était semblable à celle des filles que ces deux-là avaient taquinées jusqu’à la soumission. C’est pourquoi Zagan pouvait dire que Lilith était quelqu’un de malheureux qui intéressait Alshiera. Et dans ce cas…
« Elle parlait de toi quand elle a dit Azazel ? » demanda Zagan.
« Hein ? Elle n’était pas… Je pense. Cette personne parle toujours par énigmes, donc il vaut mieux ne pas s’en faire. Je veux dire, elle vous a même appelé le Roi aux yeux d’argent… Attendez… » Lilith s’était soudainement arrêtée et avait jeté un coup d’œil au visage de Zagan.
« Attendez… Vos yeux sont peut-être… argentés ? »
Zagan se demandait comment elle n’avait pas déjà remarqué, mais il s’est rendu compte qu’ils étaient au fond de l’océan. Les couleurs étaient confuses pour les non-sorciers ici, donc ça n’aurait pas été bizarre si elle n’avait pas remarqué.
« Ça te pose un problème ? » demanda Zagan en balayant Lilith d’une grimace. En y repensant, il s’était rendu compte qu’au cours de son enfance, lorsqu’il avait commis des vols sur la route, ses camarades avaient gardé leurs distances avec lui parce qu’ils trouvaient ses yeux flippants. Ainsi, il n’aimait pas que les autres se concentrent sur cet aspect de lui.
« Vous plaisantez… Pourquoi Lady Alshiera appellerait-elle ce gamin par ce nom… ? Hé, attendez. Zagan… c’est ça ? Qu’est-ce que vous faites là ? » Lilith avait commencé à s’interroger sur les motivations de Zagan quand elle s’était rétrécie en tombant en état de choc.
Zagan savait qu’elle refuserait de répondre à ses questions s’il ne répondait pas, alors il avait poussé un soupir de résignation et avait cédé.
« Tu devrais au moins te rappeler les noms des invités que tu as invités. Je suis l’Archidémon Zagan, le successeur de Marchosias, » déclara Zagan.
Après avoir entendu cela, Lilith avait été gelée sur place pendant un court moment, puis était devenue complètement pâle et s’était effondrée avec un bruit sourd.
***
Partie 8
« Alors après ça, vous avez fini par venir ici, non ? »
Incapable de laisser Lilith telle qu’elle était après son effondrement, le groupe de Zagan s’était dirigé à contrecœur vers le temple où se tenait la conférence des aînés, puis s’était dirigé vers ce qui semblait être une salle d’attente dans le temple. Contrairement à l’extérieur, la pièce était entièrement meublée et surtout, elle était remplie d’air au lieu d’eau. Il n’y avait rien tel un lit, mais l’espace était assez grand pour accueillir quelques dizaines de personnes et il y avait même des canapés comme à la surface. Il y avait plusieurs lampes lumineuses installées dans la pièce, ce qui signifiait qu’il n’y avait pas un abat-jour bleu sur tout pour une fois. Cela avait probablement été fait par considération pour toutes les autres races. Même s’ils pouvaient respirer, ceux qui vivaient à la surface se sentiraient plus à l’aise dans un endroit rempli d’air.
Le groupe de six de Zagan, ainsi que le groupe de Chevaliers Angéliques de Chastille, était assis dans la zone. Plus loin dans le coin se trouvaient Kuroka, Selphy et Lilith, qui était encore très pâle. Et, lorsque Chastille parla, apparemment par pitié pour la pauvre fille, Zagan répondit d’un air amer.
« … On dirait que plus rien ne va dans mon sens. Est-ce à cause de cette forme ? » s’enquit Zagan.
« Si c’est le cas, n’est-ce pas une bonne occasion d’obtenir de l’aide de Néphy et des autres ? Normalement, tu es trop fort, alors ils n’ont jamais l’occasion de t’aider, » répondit Chastille. En se faisant gronder par Chastille, Zagan avait grimacé.
« Ce ne sont pas tes affaires. L’idée que je vais grandir en étant sauvé est stupide, et c’est quelque chose que seuls les individus impuissants croiraient, » répondit Zagan avec un ton fort et réfléchi, ce qui fit baisser le regard de Chastille avec des yeux tristes. Zagan savait qu’il exprimait sa colère d’une manière irritante, mais il croyait que c’était la faute de la vampire Alshiera pour s’être frotté à lui plus tôt.
Mon esprit pourrait être influencé par la transformation de mon corps… en tout cas, c’est ce qui s’était passé dans le cas de Néphy. Quand Zagan avait dix ans, il détestait tout ce qu’il y avait au monde, et il l’avait dit clairement à tout observateur.
« Lord Archidémon. Lady Chastille ne disait ça que par considération. C’est l’une de ses vertus. S’il vous plaît, choisissez vos mots plus judicieusement, » Richard avait coupé dans la conversation, incapable de laisser les mots de Zagan sans réponse. Il n’avait sûrement pas non plus de mauvaises intentions. Cependant, ses paroles irritaient encore plus Zagan. Et, alors que Zagan essayait d’ouvrir la bouche pour parler, il fut soudain enlacé par-derrière.
« Ce n’est pas grave. Maître Zagan est tout simplement mauvais pour s’exprimer. Je vous assure qu’il ne se moque pas de Chastille, » déclara Néphy. Il semblait que c’était elle qui l’avait enlacé. Et même en serrant Zagan dans ses bras avec amour, elle avait poursuivi : « Mais, si nous voulons choisir nos mots avec plus de sagesse, alors vous devriez aussi bien le faire. Ne parlez pas de “vertus”, Sire Chevalier Angélique. Les vertus d’une personne… peuvent être la malédiction d’une autre. Par exemple, si quelqu’un décide d’agir et de blesser un “enfant maudit” parce qu’“il y a un enfant ici qui a été affligé par son poison…”. »
Il y avait ceux qui agissaient innocemment, faisaient du mal aux autres, puis essayaient de les sauver pour paraître « vertueux ». De telles personnes avaient laissé leurs illusions se déchaîner au point où elles avaient essayé d’imposer leur volonté aux autres et de les opprimer. Et le plus terrible, c’est qu’ils croyaient vraiment qu’ils faisaient une bonne chose. Ils n’en avaient pas douté une seconde. C’est pourquoi Zagan détestait les gens égoïstes et irresponsables qui parlaient de leurs vertus.
« J’ai vécu de telles choses dans le passé, et je crois que Maître Zagan a souffert encore plus, alors s’il vous plaît, ne parlez pas de vertus de façon désinvolte, » déclara Néphy d’une manière catégorique. Elle avait été opprimée dans le village elfique caché pendant seize ans. Elle y avait vu des choses tellement répugnantes qu’elle avait perdu ses émotions. C’est exactement pour ça qu’elle comprenait la douleur de Zagan. Et, peut-être parce qu’elle l’avait compris, Richard s’était mordu les lèvres et avait baissé la tête.
« J’ai dépassé les bornes. S’il vous plaît, pardonnez-moi, » déclara Richard.
« … Désolé, je t’ai fait dire quelque chose de désagréable, » déclara Zagan en regardant Néphy avec une expression douloureuse présente sur son visage.
« Ne le sois pas. Je te l’assure, tu es aussi merveilleux sous cette forme que jamais, Maître Zagan, » déclara Néphy.
« Eh bien, c’est certainement vrai qu’il y a des gens sur qui je peux compter ici, » murmura Zagan en se grattant la joue. Il semblait ne plus pouvoir rester offensé par l’idée d’accepter de l’aide.
« N’oublie pas que je suis aussi quelqu’un qui est plus que disposé à t’aider, » proclama Chastille en lui souriant avec soulagement.
« Eh bien, je pense que cela vaut pour la plupart des gens ici…, » ajouta Nephteros. Zagan haussa simplement les épaules quand il entendit les paroles de sa belle-sœur. Et quand il l’avait fait, Lilith s’était finalement rétablie et s’était levée.
« Lilith, vas-tu bien ? » Kuroka lui demanda d’une voix inquiète.
« Je vais bien. Je vais bien. Il n’y a pas moyen qu’un Hypnoel soit en état de choc à cause d’un truc comme ça ! » répondit Lilith. Ses genoux tremblaient encore d’un cliquetis, mais la succube gonfla sur sa poitrine alors même que son visage était empli de spasmes. Puis, elle avait regardé Zagan et lui avait demandé. « Alors, êtes-vous vraiment un Archidémon ? »
« J’ai peut-être l’air petit en ce moment, mais c’est comme ça qu’on m’appelle, » répondit Zagan.
Lilith grimaça comme si elle n’était pas totalement convaincue, mais personne d’autre ne le niait, alors elle ne pouvait rien faire d’autre que d’accepter la réalité. Et finalement, elle avait abandonné, elle s’était agenouillée sur place.
« Alors, Archidémon nouvellement couronné et estimé, permettez-moi de vous demander ceci en tant que succube Lilithiera qui représente les anciens. Pourquoi n’avez-vous pas rencontré les anciens alors que vous étiez ici ? » demanda Lilith.
« Pas besoin d’être si poli. Je ne me suis jamais soucié de la courtoisie, donc je ne m’attends pas à cela de la part de quelqu’un d’autre, » déclara Zagan. Certaines des personnes présentes faisaient la grimace, mais cela n’avait pas vraiment d’importance.
« Alors… Je vais accepter cette offre, mais je veux quand même une réponse. Êtes-vous comme le Seigneur Marchosias ? Ou pas ? » Lilith avait l’air quelque peu troublée par ses paroles, mais elle s’était quand même levée en posant cette question.
Marchosias… ? Zagan avait plissé les sourcils quand il avait entendu ça. Son nom n’était pas apparu parce que Zagan avait hérité de son sceau. Est-ce que cet Archidémon avait fait quelque chose dans ces terres ?
« La réponse à cette question est claire. Je suis différent de Marchosias. Pour être honnête, je ne l’ai jamais rencontré, donc je ne sais rien de ce qu’il t’a fait, » déclara Zagan.
Zagan avait hérité de Marchosias son Emblème de l’Archidémon, mais il ne voulait certainement pas qu’on le blâme pour ses actions.
« On dirait que vous avez mal compris quelque chose. Le Seigneur Marchosias était une grande personne. C’est lui qui nous a abrités, nous, les races en voie d’extinction, » expliqua Lilith en le regardant d’un air vide.
« Abrité… ? Un Archidémon vous a aidé ? Es-tu sûr que tu parles d’un Archidémon, le plus odieux des sorciers ? » demanda Zagan. C’était une question valable. La plupart des races étaient au bord de l’extinction à cause des sorciers, donc le sort de celui qui les aidait était inconnu.
Pourquoi le nom de Marchosias le suivait-il alors que Zagan essayait de trouver un moyen de dissiper sa malédiction ? Rien dans son héritage n’avait à voir avec le fait de dissiper les malédictions…
« Êtes-vous différent ? Je n’ai pas encore tous les détails, mais n’avez-vous pas sauvé Kuroka et Selphy ? » demanda Lilith en penchant la tête sur le côté. Il semble qu’elle ait été informée de certains détails par ses amies.
Argh, pourquoi ont-elles mentionné cela… ? Zagan détourna son regard de Lilith par embarras.
« J’étais juste inquiet pour Kuroka parce qu’elle est de la famille de l’un de mes subordonnés, et Selphy a rencontré Néphy par hasard. Ai-je l’air d’un imbécile au cœur tendre qui sauverait des étrangers ? » demanda Zagan avec arrogance, mais Selphy se leva en un instant et leva la main.
« Objection ! Sire Zagan m’a sauvée quand j’avais l’air d’être sur le point d’être mangé par un monstre ! En plus de ça, il s’est vraiment blessé et n’a rien dit ! »
« J’ai aussi une objection. Il m’a sauvée des esclavagistes avant même de savoir que j’étais de la famille du Seigneur Raphaël. Je n’étais rien pour lui à l’époque. »
Selphy et Kuroka s’y étaient opposées, et même Chastille et Nephteros avaient finalement rejoint le mouvement.
« Alors, j’objecterai aussi. Laisser en vie un chevalier angélique de l’Église comme moi n’aurait dû être qu’un obstacle, mais Zagan m’a sauvée plusieurs fois. »
« Moi aussi… Par où devrais-je commencer ? Je ne peux même pas tout énumérer… »
Je vous supplie de vous taire ! Zagan voulait toutes les engueuler, mais sa voix avait été tuée par la honte. Et alors qu’il se couvrait le visage, Foll ne pouvait plus s’en empêcher et parla à sa place.
« Zagan est timide. N’en dites pas plus. » Foll s’était interposée pour faire cette déclaration. La réponse de sa fille avait été inutilement douloureuse, et elle n’avait fait que faire rire Lilith.
« Eh bien, on dirait que vous êtes différent du Seigneur Marchosias. C’est la première fois que je vois quelqu’un qui est exactement le contraire de Selphy. »
« Tu as, genre, totalement raison. C’est comme si je te regardais, Lilith. »
« Argh…, » avait gémi Lilith. Son commentaire irréfléchi avait été impitoyablement renvoyé sur elle, ce qui avait fait que Lilith avait bloqué sa poitrine à plat pendant qu’elle subissait une agonie. Ne sentant rien progresser à ce rythme, Zagan avait rassemblé sa volonté et avait levé le visage, à ce moment-là il avait remarqué quelque chose.
Lilith… tremble ? Les poings de Lilith, qui étaient à ses côtés, tremblaient légèrement. Elle était probablement terrifiée maintenant qu’elle savait que Zagan était un Archidémon. On dirait qu’elle n’avait pas pu ne pas avoir peur. Et pourtant, elle souhaitait toujours parler. Ce fait avait rempli Zagan d’intérêt.
***
Partie 9
« … Hmm. Tu es libre de penser ce que tu veux, mais que veux-tu de moi ? » demanda Zagan.
« Il s’agit de notre pacte avec le Seigneur Marchosias… J’aimerais que vous lui succédiez, » répondit Lilith après avoir remis de l’ordre dans sa respiration.
« Hmm… Je ne comprends pas vraiment. Marchosias n’était pas un Archidémon qui se livrait à un massacre inutile, mais je suis certain qu’il n’était pas non plus un philanthrope. Alors pourquoi a-t-il fini par protéger des races comme la tienne ? »
Il semblait que la réponse à sa question serait plutôt longue, alors Zagan claqua des doigts et utilisa la sorcellerie pour tirer l’une des chaises se trouvant autour d’eux. Lilith était la seule debout. Elle avait regardé la chaise de façon inattendue pendant un moment, mais elle s’était placée dans le siège.
« Voyons voir… C’est une longue explication. Est-ce que c’est d’accord ? » demanda Lilith.
« Ça ne me dérange pas, » déclara Zagan avec fermeté. Et comme si elle était maintenue par des fils, Lilith se redressa et se mit à parler.
« D’abord, je pense que je devrais parler du Roi aux Yeux d’Argent. Selon les légendes, il y a environ mille ans, le monde était au bord de la destruction en raison d’une bataille avec un Dieu Grotesque. Et celui qui nous en a sauvés, c’est le Roi aux Yeux d’Argent. Il a utilisé une énorme quantité de mana et d’armes anciennes pour tuer le Dieu Grotesque. »
Après avoir dit cela, Lilith avait soudain sorti quelque chose qui ressemblait à un petit bouclier.
Non… est-ce un miroir ? Il tenait bien dans ses deux mains, et bien qu’il soit fait de métal, il était si finement poli qu’il reflétait parfaitement son visage. Les miroirs étaient aussi souvent utilisés comme outils dans la sorcellerie. De nos jours, il était courant d’utiliser un film d’étain ou de mercure sur une feuille de verre, mais dans le passé, on utilisait des métaux polis ou des pierres précieuses. Comparés au verre, ils étaient beaucoup plus robustes et, même aujourd’hui, ils étaient restés utiles.
« Les trésors sacrés transmis dans ma maison d’Hypnoël, la maison d’Adelhide de Kuroka et la maison de Neptunia de Selphy, étaient les armes que le roi aux yeux d’argent portait. On dit que nos trois grandes lignées sont ses descendants directs. »
« Hmm. Eh bien, il est assez courant que les héritages se transmettent par le sang…, » marmonna Zagan. Et à ce sujet, il était également naturel pour une famille de se diviser en branches sur une période de mille ans.
Vu l’étendue de leurs races, le Roi aux Yeux d’Argent a accueilli des membres de plusieurs races, hein ? Si c’était quelque chose qui impliquait leurs ancêtres, alors ils ne pouvaient pas simplement rire des paroles profondes d’Alshiera.
« Le Seigneur Marchosias était un ami juré du Roi aux Yeux d’Argent qui a combattu à ses côtés. C’est pourquoi il a protégé Liucaon, le pays de ses descendants. On dit que nous, les succubes et les sirènes n’avons réussi à survivre que parce que nous avons la protection d’un Archidémon, » expliqua Lilith en traçant son doigt à la surface du miroir. Elle semblait se concentrer sur Kuroka, qui était assise derrière elle. Quand le peuple de Kuroka avait été attaqué, Marchosias était encore en vie. Selon toute vraisemblance, les sorciers qui les avaient attaqués avaient été punis. Ils étaient sûrement morts depuis longtemps, néanmoins, l’attaque elle-même n’avait pas pu être empêchée. Il se pouvait que Marchosias soit affaibli à l’époque.
Ami juré… était-ce aussi l’époque où le Dragon Sage Orobas et Marchosias sont devenus amis jurés ? pensa Zagan en tournant son regard vers Foll. C’était probablement la raison pour laquelle ils s’étaient battus côte à côte il y a six mois. Cependant, le problème était de savoir contre quoi exactement ils se battaient.
« Quant aux documents datant d’il y a mille ans, il reste peu de documents, même sur le continent. Dans tous les cas, une sorte d’incident qui surpassait les différences entre les sorciers, l’Église et nos races s’est probablement produit, » murmura Zagan à lui-même dans une tentative de mettre de l’ordre dans ses pensées.
Par exemple… l’invasion du Seigneur-Démon… Il avait l’impression que plusieurs fils s’étaient enfin tissés.
« Je ne sais pas comment elle s’est transmise sur le continent, mais on dit que c’est une bataille terrible qui a détruit de nombreux pays et races. Le Roi aux Yeux d’Argent a emmené au Liucaon les races qui ont combattu dans cette guerre, et les a protégées avec ses Trésors Sacrés, » Lilith avait déclaré cela, puis avait regardé Selphy et avait dit, « Le continent n’a pas encore foncé sur Liucaon, car les sirènes utilisent leur Trésor sacré pour manipuler les courants marins. »
« Hein ? Notre Trésor sacré est, genre, quelque chose d’aussi incroyable ? » Selphy, qui était censée être une princesse, semblait surprise. C’était presque comme si c’était la première fois qu’elle entendait ce fait.
« Je vois… Alors pourquoi avez-vous besoin de la protection d’un Archidémon ? » commenta Zagan d’un signe de tête.
« Nous ne sommes pas assez arrogants pour croire que nous pouvons protéger notre pays et tous ses habitants avec seulement trois trésors sacrés. Si cela avait été possible, le peuple de Kuroka n’aurait pas péri…, » répondit Lilith, puis elle regarda droit dans les yeux de Zagan et elle déclara. « Nous avons besoin d’un pouvoir plus fort pour assurer notre survie. On dit que vous avez vaincu deux autres Archidémons, donc nous sommes prêts à faire n’importe quoi pour obtenir votre protection. »
Je vois… Ils l’ont décidé après avoir analysé toute la situation… Les yeux de Zagan s’étaient élargis quand il était arrivé à cette conclusion. Il semblait qu’il était considéré comme une existence spéciale même parmi les Archidémons en raison de ses batailles contre Bifrons et Orias, donc il n’y avait pas de sorciers qui risqueraient de s’attirer sa colère. Et c’était exactement la raison pour laquelle Lilith lui avait fait cette demande d’une manière si directe.
Elle connaît aussi la solitude… Il avait l’impression qu’il comprenait pourquoi elle était prête à aller si loin malgré sa peur. L’une de ses deux amies d’enfance avait fui leur maison et on ne savait pas où elle se trouvait, et l’autre était présumée morte. Quel genre d’émotions turbulentes aurait-elle pu ressentir tout ce temps ? Honnêtement, même Zagan ne pouvait pas le deviner. Il avait donc décidé qu’il devait confirmer quelque chose.
« Je comprends ce que tu dis. Au fait, quel ordre t’a-t-on assigné dans ce rôle de négociatrice ? » demanda Zagan.
« Je n’ai pas été… ordonné par qui que ce soit… Pour être honnête… les anciens étaient censés vous le demander directement…, » Lilith sauta d’un bond et marmonna ces mots en réponse.
« En d’autres termes, tu as décidé de me parler franchement, à moi, un Archidémon, de ton plein gré ? »
« Je veux dire… vous dites que vous ne rencontrerez pas les anciens, et si je vous laisse partir d’ici, nous ne nous reverrons peut-être plus jamais, alors…, » la voix de Lilith baissa quand elle avait commencé à avoir l’impression d’avoir fait quelque chose qu’elle n’aurait pas dû faire. Et pourtant, Zagan répondit avec un sourire.
« Très bien. J’aime bien ça. Je m’occupe de ta foutue demande, » déclara Zagan.
« Vraiment !? » s’exclama Lilith, son expression s’illuminant en un instant.
« Cependant, je ne tiendrai pas la promesse de Marchosias. Tu as piqué mon intérêt, alors je vais te placer sous mon aile. Je n’ai pas l’intention de protéger des étrangers, » déclara Zagan.
« Ce n’est pas bon ! Les autres seront en danger si vous n’acceptez pas de les aider ! »
« Qu’est-ce que tu veux dire ? J’ai dit que j’accepterais ta foutue demande. Je te prêterai mon nom, et je ne me plaindrais pas, peu importe qui tu décideras de protéger avec, » déclara Zagan.
« Uhhhh… ? » murmura Lilith. Elle ne pouvait pas suivre ses paroles, alors Kuroka était intervenue pour dissiper sa perplexité.
« En fin de compte, c’est la même chose. Si toi, tu protèges Liucaon, ce sera comme si c’était lui. »
Et finalement, Lilith avait poussé un soupir de soulagement.
« Je vous remercie de votre considération, Archidémon… mais pourquoi devez-vous le dire d’une manière aussi détournée ? » demanda Lilith.
« Monsieur Zagan est tout timide, comme toi ! » commenta Selphy.
Ce stupide poisson… la ferais-je rôtir pour le dîner ? Zagan avait jeté un regard malicieux sur Selphy, mais la sirène lui avait simplement souri et lui avait fait signe en réponse comme si elle ne comprenait rien du tout. Lilith regardait aussi Selphy d’un air irrité, mais elle s’était immédiatement calmée et avait fait face à Zagan une fois de plus.
« Alors, que voulez-vous qu’on vous donne pour lier cette promesse ? »
Zagan avait enfin l’occasion de parler de ce qu’il était venu faire ici, alors il s’était calmé et avait hoché la tête. Puis, il jeta un coup d’œil à Néphy, qui hocha également la tête comme pour l’encourager.
Dire que je serais soulagé par un acte aussi simple…
« Ma fille et moi sommes actuellement sous les effets d’une malédiction gênante. Je veux le pouvoir et les connaissances de Liucaon pour la dissiper, » expliqua Zagan en montrant Foll du doigt. C’était la seule raison pour laquelle il était allé à Atlastia. Et en entendant cette demande, le visage de Lilith s’était raidi complètement.
« Pourquoi pensez-vous que nous pouvons dissiper une malédiction qu’un Archidémon ne peut pas ? » demanda Lilith.
« Vous avez ces trésors sacrés ou quoi que ce soit d’autre, n’est-ce pas ? Et même si ce n’est qu’un fragment, n’avez-vous pas tous hérité des pouvoirs de ce Roi aux Yeux d’Argent ? » demanda Zagan.
« … Compris. J’obtiendrai la coopération des anciens et nous essaierons tout ce qui est en notre pouvoir, mais… n’en attendez pas trop de notre part, OK ? » dit Lilith après avoir baissé la tête pendant un moment. Et, les laissant ainsi, elle s’était enfuie en toute hâte.
Eh bien, avec ça, j’ai enfin atteint mon premier objectif… Zagan était retombé dans le canapé. Ça aurait été génial si Lilith avait ramené un indice avec elle.
« Tu t’es bien débrouillé aujourd’hui, Maître Zagan, » lui déclara Néphy d’une voix chargée d’admiration.
« Je suis sûr que tout le monde est épuisé. »
« Peut-être, mais tu as travaillé extrêmement dur. Bon travail. »
Réalisant qu’il s’habituait à être traité comme un enfant, Zagan était devenu agité. Il remarqua alors que Foll était devenue silencieuse. Sa fille était une personne de peu de mots, mais la dernière conversation était centrée sur elle, alors elle aurait dû s’en mêler. Cependant, elle regardait simplement le plafond sans rien dire.
« Quelque chose ne va pas, Foll ? » demanda Zagan.
« … Ce n’est rien du tout, » répondit Foll.
D’après sa réaction, Zagan avait des doutes, mais il ne l’avait pas pressée parce qu’il avait peur de lui causer du tort. Il avait donc perdu l’occasion de le faire. Peut-être était-ce parce qu’il était dans le corps de l’enfant. Ou peut-être qu’il était épuisé comme Néphy l’avait laissé entendre. Quoi qu’il en soit, après s’être détendu, Zagan avait été submergé par un sentiment de somnolence et s’était endormi avant même de s’en rendre compte.
***
Partie 10
« Zagan dort-il ? »
Les sirènes avaient préparé des chambres à coucher pour leurs invités, alors après que Zagan se soit endormi, Néphy l’avait couché dans un lit. Et quand elle était sortie de la chambre, elle avait trouvé Foll qui l’attendait.
« Oui. Il était probablement fatigué par le long voyage. Je dois dire que son visage endormi était si adorable…, » déclara Néphy.
« … Néphy, tu as l’air heureuse, » déclara Foll.
« Ce n’est pas vrai ! » Néphy secoua la tête quand sa fille la taquina. Puis elle l’avait admis. « Non, je suis peut-être heureuse. »
« Néphy ? » Foll inclina la tête sur le côté, clairement confuse.
« Avec le Maître Zagan tel qu’il est maintenant, nous pouvons faire beaucoup pour lui. Il compte enfin sur moi, et sur toi aussi, Foll… » Néphy déclara cela avec un sourire tendu avant de dire. « … Non. Ce n’est pas bon. Même si le Maître Zagan est troublé par cette transformation, je dis que je suis heureuse de ses problèmes. »
« Non… J’ai compris…, » déclara Foll en s’accroupissant tranquillement devant la porte et en se serrant les genoux.
« Zagan m’a dit qu’il voulait que je reste un enfant. J’ai l’impression de le comprendre un peu maintenant. Si Zagan était un adulte, il ne se fâcherait pas et ne serait pas gâté comme ça. »
La personne en question n’avait pas l’intention d’être gâtée, mais à des moments comme lorsque Néphy et Foll lui donnaient trop de nourriture, il leur disait ce qu’il voulait ensuite. C’était en partie parce que Néphy et les autres le poussaient à adopter un comportement enfantin, mais elles étaient heureuses qu’il l’ait accepté et ait agi en conséquence.
« Zagan et Néphy… Vous ne vous êtes pas amusés comme ça, mais vous ne pouvez pas revenir en arrière. Pour l’instant, Zagan ne ressemble qu’à un enfant, » déclara Foll d’une voix triste, puis elle poussa un soupir et poursuivit. « C’est pourquoi il m’a donné ce que je voulais, car il savait que j’allais apprendre une leçon. »
« En vérité, tu le savais déjà et tu n’aimais pas ça, n’est-ce pas ? » demanda Néphy en s’asseyant à côté de sa fille.
« Ouais…, » répliqua Foll alors qu’elle enterrait son visage dans ses genoux. Puis elle ajouta. « Mais moi aussi, j’étais heureuse. Vraiment heureuse. »
« Ce n’est pas grave. Les gens doivent passer par ce genre de choses pour devenir de bons adultes, » expliqua Néphy lorsqu’elle avait commencé à caresser la tête de sa fille. Ce fut également le cas pour Néphy. Penser à ses expériences passées et aux leçons qu’elle avait apprises grâce à elles était douloureux, alors elle avait vécu sans rien ressentir du tout. Cependant, en rencontrant Zagan, elle avait vécu plus de choses qui avaient mis sa vie en perspective, avait acquis une fille comme Foll, et avait fait venir de nombreux résidents au château. Et pourtant, malgré tout cela, elle se sentait encore dépourvue quant à ce qui concernait l’expérience de la vie.
En fin de compte, Néphy ne se croyait pas vraiment adulte, mais elle avait l’impression d’être sur le point de le devenir grâce aux nombreuses leçons qu’elle avait apprises.
« Même si j’ai grandi, je suis encore une enfant…, » murmura Foll d’un ton peu convaincant.
« Oui. Et j’en suis aussi une, » déclara Néphy.
« Tu l’es ? » demanda Foll en regardant Néphy avec émerveillement.
« Oui. Pendant longtemps, tout ce que j’ai fait, c’est me recroqueviller sans essayer d’apprendre quoi que ce soit… Mais maintenant, je ne peux pas rester une enfant…, » expliqua Néphy. Dans le passé, elle avait laissé les elfes de son village qui l’opprimaient se faire massacrer, et pour une raison inconnue, elle était la seule survivante.
Il aurait peut-être été préférable de les sauver… Cependant, si elle l’avait fait, sa vie serait restée la même, et elle n’aurait jamais rencontré Zagan. C’est pourquoi elle n’avait jamais pensé une seule fois à vouloir revenir sur sa décision. Même si elle était confrontée à cet instant une fois de plus, elle permettrait simplement qu’ils soient à nouveau massacrés. Il aurait été possible de les sauver, mais le village ne serait pas resté si elle l’avait fait. Et sans le village, ils auraient finalement été découverts par les humains, ce qui aurait eu exactement le même résultat.
Néphy avait décidé de vivre en portant ce fardeau du passé. Sans s’enfuir, elle l’avait accepté, l’avait porté, avait correctement regardé vers l’avant et avait continué sa marche. C’était la réponse qu’elle avait trouvée en regardant son village détruit. Et, par conséquent, elle ne pouvait pas rester une enfant plus longtemps. C’était tout ce qu’il y avait à faire.
« Alors, Zagan a-t-il aussi été forcé à devenir un adulte ? » Foll pencha la tête sur le côté quand elle posa cette question.
« Oui. Je suis sûre que c’est le cas… Cependant, la situation du Maître Zagan était encore plus urgente… »
Ce que Néphy et Zagan avaient en commun, c’est qu’ils n’avaient personne pour les sauver. Ils étaient tous les deux complètement seuls. Bien sûr, il y avait ceux qui aimaient la solitude. Par exemple, les gens qui désiraient la solitude lorsqu’ils étaient épuisés par la foule. Cependant, c’était différent de ce que Néphy et Zagan avaient vécu. Ce qu’ils ressentaient était une douleur appelée « solitude ». Et face à cela, Néphy avait décidé de fermer complètement son cœur, tandis que Zagan avait choisi de devenir plus fort. S’il n’avait pas pris cette décision, il serait mort. Mais malheureusement, il était devenu assez fort pour repousser toute détresse sans effort, comme une épée assez forte pour couper droit à travers son propre fourreau. Néphy croyait que c’était une force vraiment triste, c’est pourquoi elle voulait devenir son fourreau. Elle voulait devenir forte pour aider Zagan à garder sa force sous contrôle afin qu’il puisse mener une vie plus normale.
En ce sens, je peux vraiment comprendre les sentiments de Foll…
« Je me demande… ce que je suis… en ce moment… » murmura Foll en se serrant la poitrine.
« Foll…, » Néphy avait essayé de lui parler quand des pas avaient soudain commencé à s’approcher d’elle depuis le couloir. Elle se tourna vers eux et dit. « Mlle Lilith ? »
C’était le succube. Et, comme Néphy l’appelait, elle avait approché.
Maintenant que j’y pense, j’ai fini par la menacer plus tôt… La jeune fille semblait plutôt arrogante, mais cela n’excusait pas le fait qu’elle la traitait plutôt mal.
« Oh, euh, vous êtes… l’amoureuse de Zagan ? Et sa fille… n’est-ce pas ? » Lilith leur parla alors qu’elle commençait à reculer timidement. Néphy devint timide lorsqu’on l’appela son amoureuse, et elle se couvrit involontairement le visage, Lilith continua. « E-Euh, j’ai fait appel… pour qu’il y ait une enquête sur la malédiction… Les anciens ont promis de mettre leur cœur en coopération, donc je pense qu’une réponse devrait venir… bientôt… »
« Merci beaucoup. Désolée pour tout à l’heure, » déclara Néphy.
« Faites-vous semblant d’être des bébés ? » Foll les appela avec découragement alors qu’elle prenait connaissance de leurs bégaiements constants.
« Je m’excuserai si j’ai tort, mais vous êtes sa fille… non ? » demanda Lilith en regardant Foll avec un sentiment clair de confusion dans les yeux.
« Hmm. Zagan est mon papa. »
« Ne voulez-vous pas dire ça d’une façon indécente, n’est-ce pas ? » demanda Lilith.
« Comment ça pourrait être indécent ? » demanda Foll.
« Pouvez-vous utiliser le mot “papa” d’une manière indécente ? » demanda Néphy.
Foll fixa Lilith d’un regard vide, et même Néphy ne comprenait pas non plus ce qu’elle disait, alors elle pencha la tête sur le côté.
« Je-je-je ne sais rien ! » s’exclama Lilith en scellant sa bouche d’un air agité.
« Si vous le dites… On a parlé de la malédiction tout à l’heure, n’est-ce pas ? Foll avait à l’origine à peu près le même âge que le Maître Zagan semble avoir maintenant, » Néphy avait répondu à cette question que Lilith n’avait même pas posée.
« J’ai entendu ça, mais vous n’êtes pas humain, n’est-ce pas ? Si vous êtes sa fille alors que vous êtes d’une race différente, cela signifie-t-il que vous avez été adoptée ? » demanda Lilith.
« Oui… J’ai été laissée toute seule après la mort de mon père, alors Zagan est devenu mon père, » expliqua Foll avec un signe de tête en réponse à la perplexité de Lilith.
« Vous devez être d’une espèce assez rare si un Archidémon vous a adoptée…, » déclara Lilith.
« Oui, je suis un dragon, » déclara Foll.
« Hein… ? » Lilith s’était figée quelques instants, puis avait continué : « Hein, un dragon ? Ceux qui pensent que tous les êtres vivants sont des proies et se tiennent au sommet de tous les prédateurs ? Les terreurs du ciel qui font même fuir des démons ? Ces monstres à égalité avec les dieux qui peuvent facilement massacrer tout et n’importe quoi ? Voulez-vous dire ce dragon ? »
Cette description était ridicule. Qu’est-ce que c’était que les dragons dans l’esprit de cette fille ? Foll se leva et leva les deux mains.
« Grrrrr, je vais vous manger ! » rugit Foll en se levant et en levant les deux mains.
« EEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEE ! » Lilith cria, trembla violemment, et tomba derrière Néphy en réponse. Et, après avoir vu cette réaction, Néphy regarda Foll avec émerveillement.
« Allons, Foll. N’es-tu pas désolée de la taquiner ? » demanda Néphy.
« Je ne pensais pas qu’elle aurait si peur…, » marmonna Foll. Lilith frissonnait encore intensément derrière Néphy.
« Ce n’est pas grave. Pour l’instant, je n’ai pas faim. Je ne mangerai personne, » déclara Foll.
« Il y a quelque chose qui ne va pas avec la façon dont vous le dites ! » Lilith cria encore une fois, mais elle ne pensait pas sérieusement que Foll était son ennemie, alors elle se jeta nerveusement dans le dos de Néphy.
« Quel genre de légendes sur les dragons sont transmises à Liucaon ? » demanda Néphy.
« Voyons voir… Pour nous, c’est surtout la bataille entre le Dragon Sage Orobas et le Dragon Noir Marbas. C’est l’une des histoires écrites dans les aventures du Roi aux yeux d’argent, mais la grandeur et la terreur des dragons ont été transmises avec cette légende, » expliqua Lilith en baissant sa garde.
« Je veux entendre cette histoire ! » demanda Foll en bougeant en raison de l’excitation en entendant le nom de son père. Lilith avait gonflé sa poitrine avec fierté et avait sorti une petite lyre de nulle part.
« Je suppose que je n’ai pas le choix ! Considérez cela comme un honneur ! Ma chanson est généralement réservée aux membres de la royauté ! » proclama Lilith. Son attitude ne permettait pas de savoir si elle le faisait à contrecœur ou par pure joie.
« Quelque temps après que le Roi aux Yeux d’Argent eut vaincu le Dieu Grotesque, le Dragon Noir Marbas foula les terres de Liucaon. Ainsi, notre roi aux yeux d’argent se mit à subjuguer la bête. Au cours de son voyage, il survola dix montagnes et parcourut une centaine de rivières, pourchassant le Dragon noir sur des milliers de kilomètres. Finalement, il finit par rattraper son retard, mais à ce moment-là, son voyage avait duré plus d’un an. »
La chanson de Lilith n’était pas tant une chanson qu’un conte accompagné de la mélodie de sa lyre. C’était une forme d’art qui commençait à s’estomper, tout comme la mystique céleste de Néphy et le chant de Selphy.
Est-ce la raison pour laquelle Mlle Alshiera nous a dit de demander à Mlle Lilith à ce sujet ? Peu importe la raison, Foll l’écoutait attentivement avec des étincelles dans les yeux, ce qui était suffisant.
« Et ayant atteint le Dragon Noir Marbas, notre roi s’affligea, “Oooh, pourquoi Marbas !? Pourquoi toi, qui t’es vaillamment battu à mes côtés pendant de nombreuses batailles, massacrerais-tu des innocents ?” Car vous voyez, le Roi aux yeux d’argent et le Dragon noir Marbas étaient des amis jurés qui avaient combattu le Dieu Grotesque ensemble. »
Le Dragon Noir n’avait pas répondu, alors ils s’étaient battus. Selon sa chanson, le Roi aux Yeux d’Argent avait essayé de l’arrêter, mais Marbas était incroyablement puissant, et le Roi aux Yeux d’Argent ne pouvait se résoudre à blesser son ancien allié. La bataille fit rage pendant trois jours et trois nuits, se terminant par la défaite du roi aux yeux d’argent. Mais la chanson de Lilith ne s’arrêta pas là.
« Et ainsi, le Dragon noir déclara : “Oh, Yeux d’argent. Ta silhouette est devenue celle d’une bête inesthétique. Tu ferais bien de continuer à vivre, piégé dans ta pitoyable silhouette. Pauvre, pauvre, pauvre, Yeux d’Argent !” Le Dragon noir jeta une malédiction sur le roi, et le roi fut transformé en monstre. »
Une malédiction qui transforme sa silhouette… Néphy fut surprise d’entendre le mot malédiction, mais assez tôt, les engrenages se mirent à tourner dans sa tête. Ça aurait pu être un indice sur la façon de résoudre le problème de Zagan et Foll ?
« C’est ainsi que le roi se tourna vers le Dragon Sage Orobas. Avec l’apparence d’une bête, le roi était incapable de descendre vers les habitats humains, et son voyage dura encore trois ans. »
Il semblait qu’il était enfin temps pour Orobas d’apparaître. Cette connaissance avait permis à Foll de se redresser et de hocher la tête à plusieurs reprises.
« Alors le Sage Dragon dit. “Ô yeux d’argent, la seule chose qui peut dissiper ta malédiction est le baiser d’une jeune fille qui ne connaît rien de l’impureté.” Hélas, la silhouette du roi était celle d’une bête inesthétique ! Qui l’aimerait tel qu’il était ? »
Après cela, le Roi aux Yeux d’Argent se déplaça selon les conseils d’Orobas, et demanda un baiser à une fille aveugle qu’il avait sauvée et nourrie. Cependant, quand ils s’étaient approchés, elle avait découvert qu’il était une bête. Heureusement, la jeune fille croyait au Roi aux yeux d’argent et ils avaient échangé un baiser, ramenant le roi à sa forme humaine. Par la suite, il avait une fois de plus défié le Dragon Noir Marbas aux côtés du Dragon Sage Orobas.
« Chevauchant le dos du Dragon Sage, le roi poursuivit sa lutte pendant sept jours et sept nuits. Les deux nouveaux alliés s’étaient retrouvés lourdement blessés, et au moment où leur volonté s’estompa, les crocs d’Orobas ont finalement percé le cou de Marbas ! »
Alors même que la bataille touchait à sa fin, le Dragon Noir Marbas est resté en vie. Le Roi aux Yeux d’Argent essaya de lui sauver la vie, mais Marbas utilisa le dernier de ses pouvoirs pour lancer une attaque, et le roi fut forcé de porter le coup final avec son épée. On disait que Marbas ne ressentait plus de joie lorsqu’il passait d’une bataille à l’autre, alors il se tourna vers des atrocités pour trouver de nouvelles formes de plaisir. Et quand le Roi aux Yeux d’Argent mit fin à son règne de terreur, le Dragon Marbas le remercia au moment où il fit sortir son dernier souffle. Le roi aux yeux d’argent avait alors compris qu’une main ferme était nécessaire pour guider son peuple, et l’histoire se termina par l’ambition du roi d’être un chef à la fois bon et strict.
C’est une histoire plutôt triste… Même si le roi aux yeux d’argent et le dragon noir Marbas étaient les amis les plus proches, il avait dû le tuer.
« Ouf… Comment était-ce ? » Lilith essuya la sueur de son front et sourit d’oreille à l’autre pendant qu’elle terminait sa chanson.
« Wôw… Père était cool, » déclara Foll.
« Hein ? Père ? Qu’est-ce que tu veux dire ? » demanda Lilith en penchant la tête sur le côté.
« Le père de Foll était l’estimé Dragon Sage Orobas qui était dans cette chanson, » répondit Néphy avec un sourire tendu.
« QUOI !? » Lilith sauta de surprise, mais Néphy ne s’en rendit pas compte lorsqu’elle commença à détourner les yeux vers l’horizon.
« Un baiser… peut-il vraiment dissiper une malédiction ? » demanda Néphy.
« Eh bien, c’est assez courant dans les histoires… Il y en a une sur un prince qui s’est transformé en grenouille redevenue normale grâce à un baiser, et une sur une belle endormie qui s’est réveillée par un baiser… »
« Zagan a dit que les baisers sont très spéciaux dans la sorcellerie, » ajouta Foll d’un signe de tête.
« Je vois… Malheureusement, je ne suis pas très familière avec de telles histoires, » déclara Néphy.
« Quel gâchis ! Mais je suis aussi jalouse ! » s’exclama Lilith en secouant vigoureusement la tête avec chagrin.
« Êtes-vous jalouse de moi ? » demanda Néphy.
« Ouais ! Vous pouvez profiter des histoires sans aucune connaissance préalable. Les histoires sont plus amusantes quand on ne connaît pas la fin. Il n’y a rien de mieux que ça, » déclara Lilith.
Je vois. Mais c’est intéressant. Ce n’en est pas quelque chose que j’aurais pu voir de mon point de vue… Néphy avait juré de penser à tout sous un jour optimiste, mais elle avait l’impression d’être confrontée à son inexpérience.
Si par hasard, un baiser peut dissiper une malédiction… Néphy avait essayé de toucher ses propres lèvres pendant qu’elle avait cette pensée. Puis, elle avait imaginé les lèvres de Zagan se refermant sur les siennes.
Comme c’est audacieux ! Est-ce que le Maître Zagan… permettrait un tel acte… ? Le cœur de Néphy battait la chamade. Et voyant cela, Lilith pencha la tête sur le côté.
« Est-ce que ça va ? Vos oreilles sont rouge vif, » déclara Lilith.
« Je… Je vais bien ! »
Logiquement, il n’y avait aucune chance qu’une malédiction que deux Archidémons avaient renoncé à dissiper puisse être résolue avec un seul baiser. Si c’était si facile, Zagan l’aurait testé tout de suite. Ainsi, Néphy avait chassé ses folles illusions de sa tête dans un état d’agitation.
« Vous êtes bien informée, Mlle Lilith. La plupart des succubes sont-elles très familières avec de telles chansons ? » Néphy interrogea la jeune fille pour essayer de changer de sujet, mais Lilith la regarda avec une expression un peu amère.
« Les chants des succubes ne sont pas si spéciaux. Le chant de Selphy est bien meilleur, mais… »
« Hmm ! Si c’est quelque chose dans laquelle je ne devrais pas fouiner, alors s’il vous plaît oubliez que j’ai même demandé, » Néphy avait bougé pour retirer sa question quand elle avait senti la tension dans l’air, mais Lilith avait secoué sa tête.
« Non. Ce n’est pas grave. Comment le dire… ? C’est parce que c’est quelque chose que Lady Alshiera m’a appris…, » déclara Lilith.
Foll et Néphy la regardèrent avec surprise en entendant cela.
« Par Lady Alshiera, vous voulez dire celle de tout à l’heure ? » demanda Néphy.
« Ouais. Quand Selphy et Kuroka ont disparu, elle m’a réconfortée en m’apprenant à chanter. C’est la seule fois où elle a fait quelque chose pour moi sans demander de compensation, » déclara Lilith.
Si c’était le cas, alors qui était exactement cette fille qu’ils viennent de rencontrer ?
Elle… semblait un peu seule…
Elle était comme Zagan quand Néphy l’avait rencontré pour la première fois, tout comme Néphy elle-même quand elle avait décidé de tuer ses émotions. Plusieurs jours s’écoulèrent sans qu’ils n’aient jamais l’occasion de la revoir.
***
Chapitre 4 : La colère d’un dragon peut mener à la fin du monde, alors soyez prudent
Partie 1
« Je vois. Il n’y a pas de méthode pour dissiper ma malédiction à Liucaon, hein ? » La voix de Zagan n’avait pas pu cacher sa déception. Cela faisait quatre jours qu’ils étaient arrivés dans la ville au fond de l’océan, Atlastia. Actuellement, les anciens des races représentées à la conférence étaient rassemblés dans la chambre d’hôtes qui avait été accordée au groupe de Zagan. C’était exactement la même pièce où ils avaient transporté Lilith avant. Lilith, qui avait fini par mener les négociations au fil des événements, était à genou devant avec les anciens des sirènes et des succubes à genoux derrière elle. Derrière eux se trouvaient Kuroka et Selphy. Zagan était assis sur une chaise et Néphy et Foll se tenaient à ses côtés.
Les anciens tenaient respectueusement un miroir et un bijou. Chacun d’entre eux était juste assez grand pour bien tenir dans la main. Le miroir était celui que Lilith leur avait montré l’autre jour. Il s’agissait de ce qu’on appelait les Trésors sacrés transmis à Liucaon, ce qui signifie que leurs trois Trésors sacrés avaient été assemblés une fois que vous auriez ajouté les lames de Kuroka.
« Ce sont les trois Trésors sacrés transmis parmi notre peuple. Nous ne possédons aucun moyen de dissiper une malédiction, mais nous croyons qu’ils peuvent vous être utiles, Seigneur Archidémon, » répondit l’aîné des sirènes à Zagan alors que la sueur coulait sur son front.
« Je n’en ai pas besoin. Ces outils choisissent leurs propriétaires. Ils ne me répondront pas, même si vous me les remettez, » répondit Zagan.
En plus, comment comptez-vous vous protéger si je les emmène ? Laisser tomber leurs principales options défensives aurait été une énorme erreur. Leurs trésors sacrés étaient semblables au mysticisme céleste. S’il s’agissait d’un combat, ils pouvaient produire une puissance exceptionnelle, mais ils avaient aussi d’autres applications. Malheureusement, bien qu’il ait été possible d’en utiliser un pour prévenir une malédiction, ce n’était pas des outils qui pouvaient en dissiper une.
Cependant, Zagan ne pensait pas qu’il avait le droit de se plaindre. Il était venu les voir à la recherche d’une possibilité en dehors de la sorcellerie parce qu’il ne pouvait rien faire lui-même. Et, alors qu’il poussait un profond soupir, il réalisa que Lilith était devenue complètement pâle.
Oh, ce n’est pas bon. On dirait que je les réprimande… Zagan s’éclaircit la gorge d’une toux pour se préparer à parler.
« Vous n’avez pas à vous inquiéter. Vous avez tenu votre promesse. Je me fiche que vous utilisiez mon nom pour protéger votre précieux peuple. L’emprise d’un Archidémon ne chancellera pas en raison d’un changement de forme insignifiant, » déclara Zagan.
« Merci… Et aussi, je suis terriblement désolée. Nous n’avons pas été très utiles, » répondit Lilith en s’inclinant profondément.
« Je te dis de ne pas t’inquiéter. Plus important encore, je suis un peu fatigué. Vous pouvez partir, » déclara Zagan.
Après ça, les anciens quittèrent timidement la pièce. Et alors qu’il le faisait, l’aîné des sirènes avait appelé Selphy.
« Ainselph. Vous êtes un enfant incompétent qui a fui la famille royale, mais il est vrai aussi que vous avez le plus grand talent pour chanter parmi toutes les princesses. Vous pouvez garder ceci. »
Après avoir dit cela, l’aînée lui avait mis un bijou bleu.
« Hein… HUUUUUUUUH !? N’est-ce pas, comme, un objet de famille ? » demanda Selphy.
« Vous ne pouvez pas au moins appeler ça un trésor sacré… ? C’est à peu près tout ce que nous pouvons offrir à l’Archidémon. À partir de maintenant, consacrez-vous à le servir, » déclara l’aîné.
« … Hein ? Ne suis-je pas traitée comme en complicité totale avec le Trésor Sacré ? »
L’aîné avait choisi impitoyablement de ne pas le nier, ce qui fit rire Selphy, impuissante.
« Je n’allais pas quitter mon boulot de toute façon, alors ça ne me dérange pas vraiment…, » déclara Selphy.
« Selphy. Monsieur Zagan a l’air assez fatigué, alors partons, » déclara Kuroka. Par considération pour Zagan, elles s’inclinèrent toutes les deux légèrement avant de quitter la pièce. Et après ça, Foll avait aussi quitté Zagan.
« Foll, où vas-tu ? » demanda Zagan.
« … Je veux voir la vue, » répondit Foll. Son ton indiquait clairement qu’elle se sentait responsable de leur situation actuelle.
Ce n’est pas comme si c’était de ta faute… Cela avait été provoqué par l’insouciance de Zagan, il n’y avait donc aucun moyen qu’il puisse lui en vouloir. Cependant, Zagan savait que ses paroles ne lui parviendraient jamais, ce qui signifiait que sa seule option était de l’accompagner silencieusement.
Finalement, il ne restait plus que Zagan et Néphy dans la pièce. Et, de toute évidence, cela signifiait que la pièce était silencieuse. Pourtant, il était heureux que Néphy soit à ses côtés.
Mais très vite, l’un d’eux avait décidé de rompre le silence.
« Désolé, Néphy, » Zagan s’était excusé d’un ton découragé.
« Pourquoi t’excuses-tu auprès de moi, Maître Zagan ? » demanda Néphy en le regardant avec émerveillement.
« Parce que nous sommes au fond de l’océan. J’ai un peu perdu le sens du temps… mais aujourd’hui, c’est le jour où j’ai promis d’aller à un rendez-vous avec toi, » déclara Zagan.
Et pourtant, Zagan n’avait pas réussi à retrouver sa forme originale. Il avait fini par rompre sa promesse de toutes les manières imaginables. Mais malgré cela, Néphy s’était contentée de serrer sa poitrine, puis elle avait fait un doux sourire vers lui.
« S’il te plaît, n’y prête pas attention. J’attendrai le temps qu’il faudra, » déclara Néphy.
« Il me faudra encore dix ans avant de retrouver ma forme normale…, » marmonna Zagan. Mais on ne savait même pas s’il allait grandir. Et pourtant, Néphy secoua la tête comme si ce n’était pas grave.
« Je sais, je sais. J’attendrai dix ou même cent ans. Après tout, ce temps n’est rien pour un sorcier. N’est-ce pas, Maître Zagan ? » demanda Néphy.
Non, je ne peux pas la faire attendre dix ans… Quand Néphy avait été transformée en enfant, Zagan ressentait la même chose, mais il avait quelque chose d’urgent à lui donner.
« Néphy, baisse-toi, » Zagan se leva de sa chaise, puis se tourna vers Néphy en disant cela.
« Hein ? Comme ça ? » demanda Néphy.
Zagan avait sorti un pendentif de sa poche et l’avait placé autour du cou de Néphy. C’était le pendentif en Mithril qu’Orias lui avait laissé.
« Maître Zagan, qu’est-ce que c’est !? » Néphy lui posa cette question alors qu’elle le regardait avec surprise.
« Je l’ai trouvé dans le village elfique caché. C’était la seule et unique chose que tu avais quand on t’a amenée dans ce village, Néphy, » expliqua Zagan en jetant son regard vers le bas et en serrant la mâchoire.
Je voulais terminer notre rendez-vous avec cela… Cependant, il n’y avait aucun moyen de faire attendre Néphy et Orias dix ans. Alors, en regardant en bas, il vit des gouttes d’eau tomber sur le sol.
C’est… la première fois que je me sens si pathétique… C’était probablement aussi la première fois qu’il se trouvait incapable de retenir ses larmes. Et en voyant Zagan comme ça, Néphy l’enlaça avec amour.
« Merci beaucoup… de m’avoir donné quelque chose de si précieux… Maître Zagan, » déclara Néphy, puis lui tendit la joue comme pour le réconforter et elle continua, « mais c’est bon. Je sais que tu as fait de ton mieux pour nous protéger, alors au moins pour un moment, c’est bien de baisser ta garde. N’essaie pas de cacher tes émotions. »
Son étreinte était extrêmement tendre alors que Zagan suivait son invitation et enterrait son visage dans sa poitrine.
Il fait si chaud… Et c’était aussi doux.
C’était la première fois que Zagan exposait ses émotions brutes depuis qu’il avait trouvé quelqu’un qu’il aimait, car il avait décidé de ne jamais paraître faible afin de protéger ses proches.
Accroché au corps de Néphy, il resta parfaitement immobile sans bouger jusqu’à ce que les larmes qui tombent de ses yeux se dessèchent. En fin de compte, aucun d’eux ne savait combien de temps s’était écoulé. Et quand ses larmes s’étaient finalement arrêtées, Zagan avait reniflé sa morve avec embarras.
« Ummmm... Désolé. Je t’ai montré… quelque chose d’embarrassant, » déclara Zagan.
« Il n’y a pas de quoi être embarrassé. Honnêtement, je suis contente que tu m’aies montré une nouvelle facette de toi. »
Je ne pourrai jamais battre Néphy… Leurs rôles étaient exactement le contraire de ce qu’ils étaient habituellement, mais curieusement, ils ne se sentaient pas mal. Non, au contraire, c’était peut-être comme ça depuis le début. Néphy avait tout compris de Zagan, l’avait accepté et était restée à ses côtés de toute façon, alors n’avait-elle pas toujours été de son côté ?
« De plus, je ne crois pas que tu rompes ta promesse, Maître Zagan ? » déclara Néphy.
« Hein… ? Qu’est-ce que tu veux dire ? » demanda Zagan.
Juste au moment où il disait cela, une douleur comme si son cœur venait d’être transpercé coulait à travers son corps, ce qui l’avait fait s’effondrer.
« Gaaaaah ! »
« Maître Zagan ! » Néphy avait crié, mais Zagan n’avait pas pu répondre.
Quelle est cette douleur ? C’était comme si le mana était aspiré hors de son cœur. La sueur coulait sur tout son corps et il était incapable de respirer. Et puis, la porte de la chambre s’était ouverte sans même être frappée.
« Zagan, c’est mauvais ! »
C’était Chastille qui était restée sans voix quand elle avait vu Zagan s’évanouir dans les bras de Néphy.
« Chastille… Tu as raison… C’est mauvais… Maître Zagan s’est effondré…, » déclara Néphy.
« Hein… ? Est-ce lié à l’extérieur ? » Chastille marmonnait cela à elle-même comme si elle n’avait même pas entendu les paroles de Néphy.
« Qu’est-ce que tu veux dire ? Que s’est-il passé dehors ? » demanda Néphy.
Enfin revenue à la raison, Chastille hocha la tête rapidement. Puis, son visage pâlit alors qu’elle essayait de former les bons mots.
« Un monstre attaque… et c’est comme celui que Bifrons a appelé… Je pense que c’est peut-être le Seigneur-Démon, » déclara Chastille.
Et ainsi, la situation exacte que Zagan craignait le plus venait de se produire. Cela coïncidait avec le fait qu’il était dans le corps d’un enfant, incapable d’utiliser le phosphore des Cieux, alors qu’un ennemi invincible se préparait à massacrer tous ceux qui l’entouraient.
***
Partie 2
Un peu plus tôt, Foll était sortie du temple sans but après avoir quitté la chambre de Zagan. Elle s’était éloignée du temple et de la ville et s’était simplement promenée au fond de l’océan. La chanson de Lilith était fraîche dans son esprit. L’histoire de son père était géniale, et elle était heureuse de l’entendre, mais…
Je suis… le mauvais dragon… Elle avait jeté une malédiction sur Zagan, et contrairement à l’histoire, il n’y avait aucun moyen de la dissiper. Même si elle voulait être plus forte pour l’aider, elle avait fini par faire exactement le contraire. L’expression de Zagan, lorsqu’il entendit qu’il n’y avait aucun moyen de dissiper la malédiction, avait été brûlée dans ses yeux et ne voulait pas disparaître. Il avait l’air au bord des larmes.
« Ce n’est pas… comme ça que ça devait se passer…, » marmonna Foll. Elle pensait que si elle était plus forte, Zagan serait heureux. Cependant, le résultat avait été différent. Après que son corps se soit agrandi, sa puissance avait également augmenté proportionnellement, mais ce n’était toujours pas suffisant. Elle n’avait pas réussi à détruire un membre du Clan de la Nuit, qui était un être de rang inférieur au sien. Et malgré tout, Zagan était encore fort dans sa forme enfantine. Il avait continué à ne pas montrer sa faiblesse et s’était conduit avec majesté.
Si Foll n’était pas devenue plus forte, c’est parce qu’elle était faible. Parce qu’elle ne comprenait pas quelque chose d’aussi simple, elle ne pouvait pas l’accepter, et cela apportait le malheur à ceux qui l’entouraient. Si ce n’était pas l’acte d’un enfant, qu’est-ce que c’était ?
« Que dois-je faire maintenant… ? » se demanda Foll. Même après être devenu plus petit, même quand il n’avait pas pu trouver un moyen d’inverser sa transformation, Zagan n’avait jamais essayé une seule fois de blâmer Foll pour cela. Et même s’il lui criait et la maudissait, cela la réconforterait sûrement à la fin.
Zagan ne ferait jamais ça… Il veillait sur Foll d’une manière gentille et stricte. Quand elle faisait quelque chose de mal, il la corrigeait. Si elle faisait quelque chose de bien, il la louait. Il n’avait été à ses côtés que quelques mois, mais la chaleur qu’elle avait reçue de lui était beaucoup plus grande que ce que son Père lui avait apporté dans le passé. C’est pourquoi elle avait pu compter sur lui du fond du cœur. Cependant, c’était aussi parfois douloureux, car il ne s’était jamais fié à elle une seule fois.
Je me demande si Zagan reçoit l’aide de Néphy en ce moment… Néphy était la seule capable de réconforter Zagan. Foll était heureuse d’avoir quelqu’un sur qui il pouvait s’appuyer, mais en même temps, elle était triste de ne pas pouvoir lui prêter son épaule. Tout ce qu’elle pouvait faire, c’était de les laisser seuls tous les deux, ce qui la rendait insignifiante. Elle se détestait vraiment. Et, alors qu’elle s’enfonçait dans la tristesse et se serrait les genoux contre elle, elle entendit une douce voix.
« Heeheeheehee, oh, mon Dieu, le mignon petit faon est-il perdu ? »
« … Qui est là ? » demanda Foll en levant à nouveau les yeux et en apercevant une « ombre » qui rôdait sous ses yeux. Malgré ses sens draconiens accrus, elle n’arrivait pas à distinguer clairement la silhouette. Et cela n’avait rien à voir avec la mauvaise visibilité au fond de l’océan. Non, elle était tout simplement incapable de le percevoir… On avait presque l’impression que son existence même était floue, comme si elle n’avait pas du tout de forme particulière.
« Alshiera… ? » Foll avait prononcé le prénom qui lui était venu à l’esprit. Elle pensait que la vampire avait esquivé son attaque lors de l’affrontement précédent, mais cette forme lui faisait douter de cela. Après tout, il n’aurait pas été si étrange pour Alshiera de finir comme ça à cause de sa puissance draconienne.
L’ombre avait alors fait un curieux rire.
« Quelle vilaine enfant ! Un vilain enfant qui a volé quelque chose d’important à ce monsieur. Pourtant, tu es aussi une maligne qui l’a porté jusqu’ici… Eeheeheeheehee. Keeheeheehee. Ahahahahahahah, » l’ombre cracha quelques mots sinistres, puis gloussa sauvagement.
Une sensation mystérieuse avait agressé Foll alors qu’elle se mettait sur la défensive.
J’ai un mauvais pressentiment à ce sujet… Puis-je la frapper ? Si elle lâchait son souffle ici, Atlastia serait réduite en cendre. D’un autre côté, elle ne pensait pas que la sorcellerie qu’elle avait déclenchée plus tôt aurait un quelconque effet, alors Foll avait préparé une sorcellerie pour la retenir pour l’instant.
« Je n’ai rien volé, » expliqua Foll. Et puis, elle avait levé la main droite, montrant qu’elle était prête à lancer la sorcellerie à l’improviste. Cependant, une substance sombre s’enroulait autour de son bras comme pour se moquer de sa vigilance.
« Quel vilain faon ! Ce n’est pas bon de mentir, » répondit l’ombre. Et à cet instant, Foll les avait vus. Elle vit les yeux dorés de l’autre côté de l’ombre qui semblait s’estomper. Et dans ces yeux d’or, elle voyait une haine pure et non filtrée pour tout et n’importe quoi dans le monde.
« Ne me touche pas ! » s’exclama Foll en essayant de se débarrasser de la brume noire. Cependant, son corps s’était figé.
Je ne peux pas mettre plus de force dans mon bras… Ses mains tremblaient lamentablement, et même la force de ses genoux s’épuisait. Pour une raison quelconque, ces yeux dorés avaient fait disparaître la force de son corps.
Qu’est-ce que c’est que ça ? Sorcellerie ? Foll ne comprenait pas du tout ce qui se passait.
« Néanmoins, tu peux être à l’aise. Tous ceux qui habitent ce monde sont des voleurs. Ils l’ont trahi, lui ont arraché les yeux, lui ont arraché le cœur, lui ont coupé les membres, lui ont arraché la tête et même volé tout ce qui restait de son corps… Ce sont des criminels qui le tourmentent encore aujourd’hui… Aaaaaaaaaaaah, c’est répugnant. Ils devraient tous périr ! »
Ce que je ressens en ce moment… ? Peur… ? Ai-je… peur ? Foll commença enfin à comprendre pourquoi elle perdait ses forces en voyant la folie dans ses yeux dorés. Même si elle était jeune, c’était un dragon, mais elle ressentait maintenant une peur telle qu’elle perdait sa voix. Le corps de Foll aurait dû être plus grand que l’ombre, mais elle tremblait pathétiquement et avait même les larmes aux yeux. Une langue rouge était sortie de l’ombre, puis s’était glissée sur le dos de la main droite de Foll… où se trouvait le sceau.
« Ooh ! Oooh ! Cette pulsation ! Bon retour parmi nous, mon maître bien-aimé. Je te libère de là tout de suite ! »
Immédiatement après, l’ombre avait gonflé, puis était apparue sur le corps de Foll.
Non ! Je ne veux pas de ça ! Sauve-moi, Zagan ! Et la dernière chose que Foll avait vue, c’était…
« Je ne te laisserai pas faire ! »
La silhouette d’une fille qui possédait les mêmes yeux dorés que l’ombre.
***
Partie 3
« Qu’est-ce que… c’est ? » marmonna Zagan. Après avoir quitté le temple, il aperçut une masse de viande et d’os qui se tortillaient, ce qui lui fit demander. « Ces entrailles sont-elles… ? »
C’était effectivement ce à quoi il ressemblait, mais le problème était sa taille. La masse de viande était assez grande pour couvrir une grande masse de terre. Elle était encore assez éloignée du temple, mais si elle les atteignait, elle pouvait engloutir toute la ville. D’où venait quelque chose de cette taille ? Qu’est-ce qu’il voulait ? Zagan avait beaucoup de questions, mais il ne savait rien, sauf que s’il se dirigeait vers eux, tout le monde était condamné.
« Cela me rappelle certainement le Seigneur-Démon, » fit remarquer Néphy. Cependant, il était différent de la boue qu’ils avaient trouvée auparavant. Cette fois-ci, il avait une masse clairement définie.
« Est-ce… vivant ? » demanda Chastille en pointant un doigt tremblant vers elle. Elle était couverte d’innombrables veines qui pulsaient d’une manière effrayante, de nombreux os en sortaient pour soutenir sa structure, et quelque chose de semblable au sang s’écoulait d’elle.
C’était vivant. Cependant, c’était quelque chose de si hideux qu’il ne ressemblait même pas à une créature au-dessus ou à l’intérieur de l’océan.
« Est-ce un cocon ? » demanda Barbatos alors qu’il sortait de l’ombre de Chastille avec une grimace sur le visage.
« Un cocon ? » répliqua Zagan en jetant à nouveau son regard dessus. Il n’avait pas tort. Il semblait envelopper quelque chose, mais Zagan n’avait pas la moindre idée de ce qui allait éclore.
Chastille, les membres de l’église, Kuroka, Lilith, Selphy et les anciens étaient tous réunis avec Zagan et Néphy.
« Chevalier Angélique. Aidez quant à l’évacuation les civils et les invités. Kuroka, Nephteros, restez avec moi. Nous nous occuperons de…, » Chastille éleva la voix alors qu’elle s’adressait à ses subordonnés, mais s’éloigna ensuite. Elle avait perdu le fil de sa pensée en parlant parce qu’elle avait réalisé que quelque chose n’allait pas. Il manquait deux personnes.
« … Où sont Foll et Nephteros ? » s’enquit Zagan. Il pensait qu’elles étaient à proximité, mais sa fille adoptive et sa belle-sœur n’étaient pas en vue.
« Maître Zagan, regardez ! » s’exclama Néphy en montrant du doigt une seule chauve-souris flottant dans les airs. Elle semblait blessée et voltigeait d’une manière instable vers eux comme pour échapper à la masse de viande avant de s’évanouir dans l’ombre d’une surface rocheuse. Renforçant sa vision par la sorcellerie, Zagan aperçut quelque chose qui ressemblait à une main humaine.
« Tch, quelqu’un s’est effondré là-bas ! » expliqua Zagan. La main qu’il voyait au loin était mince et féminine. Zagan sauta du temple sans hésitation et courut jusqu’à la zone rocheuse où la chauve-souris avait disparu.
« Nephteros ? » Zagan avait crié le nom de sa belle-sœur, car c’était elle qui s’était effondrée là-bas. Peut-être parce qu’elle se battait avec cette masse de viande, elle avait des blessures sur tout le corps.
« Argh…, » Nephteros avait ouvert ses yeux dorés en lâchant un gémissement.
« Nephteros, que s’est-il passé ? » demanda Zagan.
« Grand Frère… ? » demanda Nephteros en secouant la tête et en se levant. Apparemment, ses blessures n’étaient pas si profondes. Et à ce moment-là, Néphy les avait aussi rattrapés.
« Est-ce que ça va ? Je vais te guérir…, » déclara Néphy.
« Guérir… ? Oh, je vais bien ! Plus important encore, qu’en est-il de Foll !? » demanda Nephteros.
Zagan et Néphy échangeaient des regards.
« Qu’est-ce que tu veux dire ? Étais-tu avec Foll ? » demanda Zagan.
« Cette enfant a été attaquée par quelque chose…, » Nephteros commença à murmurer en cherchant dans ses souvenirs.
« Par quelque chose, tu veux dire ce monstre ? » demanda Zagan.
« Non, c’est faux. Ce n’est qu’une supposition… mais je pense que c’était Alshiera, » répondit Nephteros quand on lui montra la montagne de viande.
« Juste une supposition ? N’as-tu pas vu son visage ? » demanda Zagan.
« Elle était couverte d’une sorte de brouillard noir. Je ne pouvais pas vraiment le dire, » répondit Nephteros en saisissant ses épaules et en se mettant à trembler en reculant comme si elle essayait de s’éloigner de la masse de viande. Puis, poursuit-elle, « j’ai eu le même malaise que quand j’ai été avalée par le Seigneur-Démon. J’ai essayé de sauver Foll… mais elle ne pouvait pas être…, » Nephteros était tombée en arrière alors qu’elle perdait connaissance.
Le cœur de Zagan avait commencé à battre à tout rompre à cause de l’inquiétude pour sa fille. Et, tandis qu’il fixait son ennemi, plusieurs chauves-souris s’enroulèrent autour de la montagne de viande. On aurait dit qu’ils y enfonçaient leurs crocs en arrachant plusieurs morceaux, ce qui avait révélé que Foll était enveloppée dans ce qui semblait être une côte.
« Foll ! » hurla Zagan. Elle était assez loin pour que sa voix ne l’atteigne pas, mais Foll ouvrit légèrement les yeux, le regarda et bougea les lèvres.
SAUVE-MOI
Zagan pouvait certainement dire que c’est ce qu’elle essayait de dire. Cependant, à ce moment précis, la masse de viande avait commencé à bouger comme si elle venait de se réveiller.
« Barbatos ! Emmène Chastille et sauve Foll ! » Zagan avait claqué son poing dans le sol en aboyant ces ordres. Même dans son état affaibli, une petite fissure s’était formée dans le substratum rocheux au fond de l’océan. Et en réponse, l’ombre à ses pieds se tortilla.
« … Tch, très bien. Es-tu prête, pleurnicharde ? » demanda Barbatos.
« Ne m’appelle pas pleurnicharde. Si je ne travaille pas dans des moments comme celui-ci, je ne finirai jamais par rembourser ma dette, » déclara Chastille.
Traversant les ombres, Chastille et Barbatos émergèrent directement au-dessus de l’endroit où Foll était piégée.
« Brillance — Épée Sacrée Azraël ! » Chastille avait rugi tandis que son épée sacrée envoyait une lumière et déchirait l’os et la viande entourant le corps de Foll.
« Maintenant, Barbatos ! »
Le corps de Foll était maintenant détaché de la viande, alors Barbatos étendit la main, mais…
« Whoa, c’est quoi ce bordel !? » s’écria Barbatos.
Une énorme griffe perça à travers la viande, ce qui avait fait que Barbatos avait dû effectuer des mesures d’évitement.
Hein ? Il a changé de forme… ? Partie sans prendre pied, Chastille commença à descendre la montagne de chair.
« Chastille ! N’y touche pas, putain ! C’est mauvais ! » s’exclama Barbatos. Cependant, Chastille n’était pas une sorcière. De plus, ils étaient au fond de l’océan, donc elle n’avait aucun moyen d’empêcher sa descente… Heureusement, Zagan ne les avait pas jetés sans plan.
« Maître Zagan, c’est… » Néphy avait dégluti quand elle remarqua l’irrégularité. La fissure que Zagan avait formée avec son poing avait commencé à s’étirer et avait poursuivi Barbatos et Chastille comme s’il avait une volonté propre. En y repensant, on aurait dit qu’il ressemblait à un cercle magique massif.
« Champ de neige de l’Écaille du Paradis, » Zagan avait crié ce nom, et le cercle magique gravé au fond de l’océan avait commencé à briller alors que d’innombrables lumières étaient apparues tout autour de la montagne de viande.
Dans ma forme actuelle, j’ai besoin d’un énorme cercle magique pour accomplir n’importe quelle sorcellerie… Quel ennui… ! C’était le champ de neige que Zagan avait amélioré en suivant les conseils de Néphy. Et sans sa contribution, il n’aurait pas pu l’activer comme il l’avait fait maintenant. Zagan étendit son champ de neige pour courir sous les pieds de Chastille et la rattrapa juste avant qu’elle ne touche ce monticule sinistre.
« Nous nous replions, Chastille, » dit Barbatos en ramassant Chastille, en passant dans l’ombre et en apparaissant à côté de Zagan. Cependant, à cet instant, la masse de viande avait terminé sa transformation. Et le groupe de Zagan était resté complètement sans voix après avoir vu sa forme complète.
Cela avait des ailes assez grandes pour donner l’impression qu’elles couvraient le ciel, des mâchoires assez grandes pour donner l’impression qu’il pouvait avaler des maisons entières, des crocs qui pissaient sous ses lèvres, et des écailles noires qui le recouvraient. Un dragon noir.
« Dragon noir Marbas… ? » Néphy murmura comme si elle ne pouvait pas en croire ses yeux, mais Zagan n’avait jamais entendu ce nom auparavant.
« Qu’est-ce que c’est ? »
« Mlle Lilith vient de nous raconter une histoire à ce sujet. Marbas était un dragon dans les légendes de Liucaon que le père de Foll a vaincu…, » marmonna Néphy. C’était déroutant. Pourquoi le monstre qui avait avalé Foll avait-il pris cette forme ?
Non, ce n’est pas ça… Zagan avait bloqué sa poitrine en réalisant la douloureuse vérité.
« C’est juste la forme actuelle de dragon de Foll. Le noir est probablement mon… ou plutôt, la couleur de l’Emblème de l’Archidémon. Il s’est mélangé au pouvoir de Foll et a pris cette forme. »
« Alors, tu dis que c’est aussi une extension de ta malédiction ? » demanda Nephteros, en déglutissant de façon audible quand elle entendit son explication.
« … Nous avons essayé de garder le flux de puissance équilibré tout ce temps, donc quelque chose a dû faire pencher la balance, » déclara Zagan. Ce n’était certainement pas un événement naturel. Quelque chose dehors avait causé ça.
Hm, est-ce que cette chose est différente du Seigneur-Démon… ? Quand il l’avait vu pour la première fois, il avait senti que c’était la même chose que le Seigneur-Démon qu’il avait combattu sur le bateau. Cependant, une fois qu’elle avait pris forme, elle semblait beaucoup trop différente. Il y avait aussi la possibilité qu’Orobas ait combattu autre chose que le Seigneur-Démon dans les rêves de Raphaël. Après tout, aucun d’entre eux ne savait quoi que ce soit sur le Seigneur-Démon…
Rien de tout ça n’a plus d’importance maintenant ! Zagan secoua ses pensées et fixa le dragon noir du regard.
« Je te ferai rendre ma fille ! » proclama Zagan. Et puis, les lumières du champ de neige avaient convergé en un seul point. Cette sorcellerie n’était pas complètement développée. Ce n’était encore qu’un tremplin vers son véritable but.
Regarde bien, Foll. C’est le pouvoir que je voulais t’accorder ! Zagan avait tissé quelque chose qu’il avait conçu pour Foll seule.
« La forme du dragon de l’Écaille du Paradis ! »
Les lumières prirent soudain la forme d’un dragon doré. Il semblerait que les milliers de lumières qui composaient le champ de neige n’étaient que des composants qui constituaient la forme du Dragon. Il était certain que cela assurerait sa victoire, mais il s’était passé quelque chose d’étrange.
« Hein… ? » Zagan marmonna alors que ses yeux, ses oreilles, son nez et sa bouche bouillonnaient de sang.
« Maître Zagan ! » Néphy hurla alors qu’il s’écroulait à genoux sans même comprendre ce qui s’était passé. Et après avoir été attrapé par Néphy, il ne pouvait même pas bouger un seul doigt.
« Hé, Zagan ! Qu’est-ce qui se passe !? Qu’est-ce que ce monstre a fait !? » s’exclama Barbatos, exigeant des réponses.
« … Tu te trompes sur toute la ligne. Le nombre de circuits qu’il a construits a dépassé sa limite… C’est ce qui arrive quand on utilise la sorcellerie après avoir épuisé tout son mana, » répondit Nephteros. Cela ne faisait qu’un demi-mois que Nephteros avait été laissée au bord de la mort à cause de son recours excessif à la sorcellerie. Et c’est précisément à cause de cela que son jugement avait été rapide.
« Néphélia, soigne-le maintenant ! Ton mysticisme peut le supporter, n’est-ce pas ? » demanda Nephteros.
« D’accord ! » Néphy répondit en enlaçant Zagan et ferma les yeux pour offrir une prière. Et, quand elle l’avait fait, son corps brilla faiblement et la douleur qui s’accumulait dans le corps de Zagan s’était dissipée. Ce n’était pas de la sorcellerie, mais du mysticisme.
***
Partie 4
Je retiens tout le monde en ce moment… Zagan voulait se plaindre de son impuissance, mais il s’était retrouvé incapable de parler. Il était désespéré de ne rien pouvoir faire alors que sa précieuse fille était en danger de mort.
« Chastille, tu prends l’avant. J’amplifierai ton épée sacrée avec mon mysticisme céleste, » ordonna Nephteros lorsqu’elle commença à prendre le commandement de la situation.
« La technique qui a fait tomber la chimère, hein… ? Es-tu sûre que ça marchera contre un dragon ? » demanda Chastille. Mais, honnêtement, ils n’avaient pas d’autres options.
Je n’aurais pas dû laisser Gremory et Kimaris au château… Ils étaient les deux seules personnes à qui Zagan avait enseigné le Phosphore du Paradis.
Non, Foll serait prise dans le Phosphore du Paradis de toute façon… En tout cas, c’était les seules personnes absentes sur lesquelles il aurait pu compter.
« [Tu es celui qui règne sur la terreur. Accompagné du dieu de la guerre, devenez celui qui fait naître — !] » Nephteros commença à chanter son mysticisme céleste, mais le dragon noir l’interrompit en battant des ailes. Et ce seul mouvement avait transformé les courants océaniques en tourbillon, provoquant un tourbillon de destruction qui avait réduit en poussière les énormes rochers au fond de la mer. Cette scène était comme…
« Un tsunami dans l’océan… ? » murmura quelqu’un d’un ton tremblant et effrayé. Et, jugeant que son mysticisme céleste ne suffirait pas, Nephteros avait cherché d’autres solutions possibles.
« Barbatos ! » demanda Chastille.
« Ce n’est pas bon. N’ai-je pas dit que je ne pouvais pas bien utiliser les ombres ici !? » répondit Barbatos.
Le Trésor Sacré des sirènes qui protégeaient leur ville empêchait les sorciers de manifester pleinement leur pouvoir. C’est pourquoi Zagan s’était effondré et n’avait pas pu invoquer sa sorcellerie… Il semblait qu’ils n’avaient aucun moyen d’échapper au tsunami du dragon noir.
C’est ma faute… Je n’aurais jamais dû compter sur eux… Ils allaient tous mourir parce que Zagan leur avait demandé leur aide. S’il ne l’avait jamais fait, ils auraient été sains et saufs. Et, tout comme Zagan était submergé par son propre sentiment d’impuissance…
« L’Ainselph de Neptunia chante ainsi. Écoute-moi, Trésor sacré, la larme de Neptune ! »
Une voix digne avait soudain retenti de nulle part, suivie d’une mélodie sans paroles.
Est-ce que c’est... Selphy ? Quand Zagan s’en était rendu compte, un tourbillon s’était levé devant le dragon noir. Et, tandis que le mince tourbillon s’enroulait autour de lui comme une tornade, le tsunami du dragon noir s’était dissipé. Cependant, il avait simplement ouvert les mâchoires et avait commencé à recueillir du mana en réponse.
A-t-il l’intention de relâcher son souffle !? S’il combinait le mana de Foll avec celle de l’Emblème de l’Archidémon, alors toute la ville serait anéantie. N’ayant pas réussi à construire la forme du Dragon, Zagan n’avait aucun moyen de la bloquer. Ou du moins, cela aurait dû être le cas, mais…
« Je ne te laisserai pas faire ce que tu veux dans la maison de quelqu’un d’autre ! »
La suivante à s’envoler du temple fut Lilith, qui avait dans ses mains le miroir qu’on leur avait montré auparavant. Il était probablement assez solide pour être utilisé comme un bouclier, mais il était beaucoup trop petit pour arrêter le souffle d’un dragon. Cependant, dans un virage inattendu, la lumière du miroir s’était répandue.
« Au nom du Roi aux Yeux d’Argent, montrez votre pouvoir. Trésor sacré, miroir d’Hadès ! »
La lumière s’était répandue comme pour couvrir tout le temple, puis s’était transformée en quelque chose qui ressemble à un énorme symbole dans un cercle magique. Le souffle du dragon noir l’avait percuté, le traversant lentement. Et pourtant, Lilith avait un sourire confiant sur son visage.
« Goûtez à votre propre médecine ! »
Immédiatement après, un symbole de lumière se répandit directement au-dessus du dragon noir, et une masse de mana descendit sur lui.
Il a plié l’espace et lui a renvoyé son souffle ? Zagan comprit enfin pourquoi le Trésor sacré de Lilith ressemblait à un miroir. Les miroirs reflétaient la lumière, tout comme leur Trésor sacré pouvait déformer le mana et toute substance physique.
Et alors la posture du dragon noir s’était effondrée, Kuroka avait pris la tête.
« Nous y voilà… Ciel sans lune ! »
L’épée appariée de Kuroka semblait résonner avec les deux autres Trésors sacrés. La lumière s’étendit d’eux vers les cieux, comme des tours, et elle les balança droit sur le cou du dragon.
« HAAAAAAAA ! » Kuroka poussa un cri, et ses lames déchirèrent facilement les écailles noires, faisant éclater le sang noirci. Cependant, celle qui maniait ces lames était Kuroka, qui ne s’arrêtait jamais avec une fine coupure à la peau. Et ainsi, elle avait bougé pour frapper son torse, puis son cou. Sans laisser l’élan de ses épées ralentir, elle tordit sa lame dans la gorge du dragon puis vers le bas de son corps, et elle déclencha un barrage de coups continus.
Le miracle provoqué par ses deux épées jumelles emplies de lumière ressemblait à une énorme fleur en fleuraison. Et peu de temps après, quand les épées de Kuroka s’arrêtèrent, le dragon noir s’effondra au sol avec un bruit sourd.
Ce sont les trésors sacrés de Liucaon… Après avoir été témoin de la puissance destructrice des deux lames jumelles de Kuroka, Zagan avait senti qu’il y avait peut-être quelque chose dans ces terres qui renforçaient le pouvoir des Trésors sacrés. Ou peut-être qu’ils étaient simplement plus forts lorsqu’ils étaient utilisés ensemble. Quoi qu’il en soit, ils semblaient beaucoup plus puissants que Chastille ou les épées sacrées de Raphaël.
« Reposez-vous, s’il vous plaît, Monsieur. On dirait que je peux enfin vous rembourser ici, » déclara Kuroka en soulevant ses épées avec un sourire sur le visage.
« Ouais ! Je vais, genre, tout donner, moi aussi ! On ne peut pas laisser Monsieur Zagan faire tout le travail chez nous ! » ajouta Selphy. Puis, elle avait repoussé Lilith et avait continué. « Allez, toi aussi, Lilith. »
« Hein ? Je n’essaie pas de me racheter pour ne pas avoir tenu ma promesse ou quoi que ce soit, mais je rembourserai correctement la dette que nous vous devons pour nous avoir prêté votre pouvoir, » déclara Lilith.
Après ça, les trois filles avaient continué à défier le dragon noir.
« Allez, on doit les aider. Vous n’allez pas laisser une bande d’amateurs faire face à cette chose tout seuls, n’est-ce pas ? » demanda Nephteros en se levant et en tendant la main à Chastille.
« J’ai compris. Vous nous accompagnerez, n’est-ce pas, Barbatos ? »
« … Très bien. »
Tous les trois s’étaient également joints à la bataille.
Ils se bagarrent tous, alors pourquoi je me morfonds ? Sa fille le suppliait de l’aider, mais il ne pouvait pas répondre à ses espoirs et s’accrochait même à son épouse pour se réconforter.
Quel genre de parent suis-je !? Malheureusement, le corps de Zagan avait déjà été déchiqueté, donc toute tentative de déplacement était vaine. Son mana s’écoulait sauvagement dans des directions aléatoires, et même sa respiration produisait de la douleur à travers son corps jusqu’au point où il se sentait prêt à s’évanouir. Cependant, il ne pouvait pas rester dans un état aussi pathétique.
« Je vais… bien, Néphy… Va les aider…, » marmonna Zagan. Il y avait plus de mana au fond de l’océan qu’au-dessus de la terre, ce qui signifiait que le pouvoir des esprits utilisés par Néphy était forcément plus efficace. Il était sûr que son pouvoir serait plus utile quand il s’agissait de sauver Foll, mais Néphy avait enlacé Zagan et ne voulait pas le laisser partir.
« … Maître Zagan, je suis désolée, » répondit Néphy d’une voix emplie de regrets, puis elle ajouta. « Pour être honnête, je pensais que ce serait bien si ta malédiction n’était pas dissipée. »
Néphy avait fait cette confession comme si elle l’avait trahi.
« Néphy… »
Cependant, Zagan s’était trouvé incapable de lui en vouloir pour ces sentiments.
« Quand tu as été transformé en enfant… Je pensais exactement la même chose, » déclara Zagan.
À cette époque, Néphy était une enfant innocente qui pouvait naturellement sourire. Elle n’avait pas de souvenirs douloureux et avait devant elle un avenir brillant. Néphy aurait dû pouvoir grandir comme ça, après avoir mis de côté tous ses souvenirs douloureux.
Mais j’aime Néphy telle qu’elle est maintenant… Zagan était tombé amoureux de la Néphy qui était née de ces souvenirs douloureux. C’est pourquoi il avait traîné Orias dehors et avait ramené Néphy à la normale.
« Mais c’est différent, non ? Penser que tu dois rester comme tu es maintenant, c’est comme nier tout ce temps que tu as passé à faire de ton mieux pour vivre, non ? » Néphy avait regardé Zagan droit dans les yeux en disant cela, puis elle avait poursuivi. « Je ne suis pas une jeune fille pure comme dans ces histoires. J’ai fait des choses horribles, et j’ai imaginé pire encore, mais… quand même, je veux t’être utile, Maître Zagan. M’acceptes-tu ? »
La conscience de Zagan devenait de plus en plus floue, de sorte qu’il était incapable de discerner le vrai sens derrière les mots de Néphy. Pourtant, il avait souri le plus largement possible.
« N’est-il pas évident… que je t’accepterai ? N’as-tu pas… fait la même chose pour moi… tout ce temps ? » demanda Zagan.
Même quand Zagan avait été dégradé à un tel état d’impuissance, il n’y avait aucune chance qu’il n’accepte pas Néphy. En entendant cette réponse, Néphy poussa un soupir profond et sincère.
« Alors… accepte ceci. C’est… tout ce que je peux t’offrir. »
Néphy avait placé ses lèvres sur celles de Zagan.
Huuuuuuuuuuuuuuuuuuuh !? Quoi !?? Pourquoi s’embrasse-t-on maintenant ?
C’était quelque chose que Zagan avait l’intention de commencer de son côté… peu importe… Les yeux de Zagan s’écarquillèrent dans la confusion totale lorsqu’il vécut son premier baiser. Cependant, en même temps, il avait senti le flux de mana dans son corps revenir à la normale.
Un chemin ouvert… ? Le chemin nouvellement ouvert traversait Zagan et réparait l’écoulement brisé à l’intérieur de son corps. Et pas seulement le contrecoup de l’utilisation de la Forme du Dragon. Cela avait même réparé le flux de l’Emblème de l’Archidémon.
À ce moment-là, il se souvient d’un conte de fées qu’il avait entendu à l’époque où il était un enfant de la rue. Il avait oublié les détails exacts, mais la seule chose qui avait pu ramener le prince maudit à la normale… était un baiser de la princesse… Et, comme pour raconter ce conte de fées, son petit corps avait commencé à changer.
Ses bras minces et peu fiables étaient devenus épais et robustes. Ses jambes courtes s’étaient fermement ancrées dans le sol. Il devait lever les yeux sur Néphy avant, mais maintenant il était assez grand pour la regarder de haut. Ses vêtements n’avaient pas résisté au changement et s’étaient transformés en sa robe habituelle comme il l’avait porté auparavant. Et, au moment où ses lèvres se séparèrent de celles de Néphy en raison de sa croissance, le corps de Zagan était complètement revenu à sa forme habituelle, ce qui laissa en premier lieu, même Néphy, qui l’embrassa, en état de choc en le fixant.
« Tu es vraiment… redevenu… normal ? » demanda Néphy.
« O-ouais. On dirait bien…, » répliqua Zagan, incapable de croire en leur chance.
« Étais-tu au courant, Néphy ? Je veux dire… qu’une malédiction peut être brisée comme ça. »
« Il y a eu une scène comme ça dans une histoire que j’ai entendue récemment…, » les oreilles de Néphy étaient devenues rouges quand elle avait marmonné ces mots avant de continuer, « Mais… c’est quelque chose que Mlle Lilith a dit l’avoir appris de Mlle Alshiera, alors j’ai pensé que ça pourrait être lié… »
Était-ce un indice d’Alshiera… ? Même si elle semblait provoquée, se moquer de Zagan et l’embêter, elle donnait indirectement des conseils à Néphy sur ce qu’elle devait faire. En y repensant, il s’était rendu compte qu’elle était probablement aussi celle qui leur avait montré où étaient Nephteros et Foll plus tôt. Cependant, il semblait en premier lieu aussi qu’elle était celle qui avait attaqué Foll… Quelles étaient ses véritables intentions ?
« Elle n’a pas d’importance en ce moment. Je dois sauver notre fille gênante, » déclara Zagan en secouant la tête. Puis, il tendit la main vers le ciel, où les lumières éparses du Champ de Neige subsistaient encore. Sa sorcellerie était toujours en vigueur. C’est pourquoi il était sûr de pouvoir enfin leur montrer sa vraie forme.
« La forme du dragon de l’Écaille du Paradis. »
Les lumières du Champ de Neige se rassemblèrent une fois de plus à son appel, et cette fois-ci elles prirent la forme qu’il voulait. Soudain, un golem qui possédait la forme d’un dragon s’agenouilla devant eux.
« Allons-y, Néphy. On va récupérer Foll. »
« Oui, Maître Zagan ! »
Et ainsi, ils étaient tous les deux partis se battre contre le dragon noir.
***
Partie 5
Alors que Zagan et Néphy chargeaient en se tenant sur le sommet de la Forme du Dragon, le dragon noir leur lâcha son souffle sans aucune hésitation. Lilith avait déployé son Trésor sacré pour tenter de bloquer l’attaque, mais Zagan était juste un peu trop loin pour qu’elle puisse le faire.
« Ce n’est pas bon ! » Lilith hurla de désespoir. Mais Zagan répondit simplement avec un rire hautain.
« N’hésite pas ! L’Archidémon que vous servez ne cède face à personne ! » Zagan rugit quand son golem s’enfonça dans le souffle du dragon noir et avala jusqu’au dernier gramme de son mana. Immédiatement après, le dragon noir battit des ailes pour fuir vers le haut.
« Non ! Tu ne t’échapperas pas ! » s’exclama Selphy en tendant son bijou et en manipulant les courants de l’océan, obstruant les mouvements du dragon noir. Grâce à cela, il ne pouvait plus battre des ailes, alors il était coincé. Ainsi, comme son souffle et ses ailes étaient scellés, il essaya d’utiliser ses griffes pour abattre la forme du Dragon, mais…
« Je ne te laisserai pas faire ! »
« Allez, Zagan ! »
Kuroka et Chastille avaient utilisé leurs lames pour couper les pattes avant du dragon noir. Puis, Barbatos avait utilisé les ombres pour les éloigner à une distance sûre, puisqu’elles s’étaient complètement sans défense.
À ce moment-là, il n’y avait plus rien pour l’obstruer, alors Zagan avait atterri sur le dragon noir. Et quand il l’avait fait, il avait repéré Foll enterrée dans sa tête. Elle était encore plus grande qu’à l’origine, mais il était clair qu’elle avait commencé à retrouver sa forme originale.
« Je viens te chercher, Foll. »
« Zagan… ? » Foll ouvrit faiblement les yeux, leva les yeux vers lui et marmonna son nom en entendant sa déclaration.
« Attends un peu. Je vais nettoyer cette nuisance, » déclara Zagan en claquant des doigts, ce qui avait fait éclater des étincelles noires tout autour de Foll. C’était un Phosphore du Paradis fortement réprimé. Un grand trou s’était formé dans la tête du dragon noir, et tout ce qui restait était la jeune dragonne. Puis, alors qu’ils tombaient tous les deux du ciel, Zagan l’enlaça doucement. Foll avait probablement beaucoup de choses à dire et à demander, mais elle n’arrivait pas à faire beaucoup plus que s’accrocher faiblement à la poitrine de Zagan. Et alors qu’elle l’avait fait, Zagan et Néphy avaient enlacé leur fille ensemble.
Content d’être arrivé à temps… Kuroka, Chastille et les autres avaient peut-être réussi à vaincre le dragon noir, mais il n’y avait aucune garantie qu’ils auraient pu sauver Foll. Zagan y avait presque perdu sa précieuse fille.
« Franchement… ne m’inquiète pas tant que ça. »
Le dragon noir se tortillait encore sous eux. Bien qu’il ait perdu son noyau, il semblait encore posséder une certaine forme de sensibilité. Ils se trouvaient dans une situation où il pouvait déplacer ses crocs sur eux à tout moment, mais Zagan avait simplement enlacé Foll et lui avait caressé doucement la tête. Et puis, dans une tournure tout à fait évidente des événements, le dragon noir avait ouvert ses mâchoires massives et s’était précipité vers eux.
« Za… gan… derrière…, » Foll lui cria d’une voix faible, mais Zagan ne se retourna pas pour regarder le dragon noir.
« Tout va bien, Foll. Maître Zagan est ici, » déclara Néphy, faisant comme si elle comprenait parfaitement son rôle en pressant son front contre celui de Foll pour la calmer. À ce moment-là, Zagan arrêta de caresser la tête de sa fille, et balança légèrement sa main vers le dragon noir pour le chasser. Cependant, il ne serrait pas le poing, alors c’était plutôt comme une vague désinvolte pour une connaissance… Heureusement, la forme du Dragon était là pour répondre à ses salutations. Sa queue dorée écrasa le nez du dragon noir, le faisant éclater.
« Hein !? » Les yeux de Foll s’étaient ouverts en grand en raison du choc.
… Hm ? Sa puissance a beaucoup augmenté… Naturellement, il avait voulu qu’il soit assez puissant, mais il n’aurait pas dû être assez fort pour anéantir la tête du dragon noir. Il avait réfléchi à la question, et une pensée lui vint à l’esprit. Peut-être s’était-elle développée à cause du chemin qui s’était ouvert entre lui et Néphy… Quoi qu’il en soit, le dragon noir s’était calmé, alors Zagan avait finalement laissé partir Foll et avait regardé son visage.
« Tu ferais bien de t’en souvenir, Foll. Le pouvoir n’est pas quelque chose qui est simplement utilisé pour la destruction. C’est quelque chose qui peut être volé et gagné des autres. »
« Vo… lé… ? » Foll répéta ses mots, cherchant le sens derrière eux. Et, après avoir laissé sa fille à Néphy, Zagan fit monter la forme du Dragon en altitude. Ayant perdu son noyau et sa tête, le dragon noir s’effondrait.
Mais ça donne encore des coups de pied… Bien qu’il ne pouvait plus bouger, c’était encore une masse de mana enflée née du vol des pouvoirs d’un dragon et d’un Archidémon.
« Foll, tu es un dragon. Les dragons règnent au sommet de tous les êtres vivants et sont les prédateurs les plus puissants du monde. »
En termes simples, ils vivaient dans un royaume différent de celui des êtres qui devaient consommer de la nourriture pour vivre. Les dragons pouvaient piller et ils pouvaient s’attaquer au pouvoir lui-même. Il espérait qu’elle comprenait son point de vue.
« Dévoreur — Forme du Dragon. »
Le golem avait ouvert ses mâchoires et engloutit le cadavre du dragon noir. C’était l’Écaille du Paradis, une sorcellerie qui dévorait le mana de tout ce qu’elle touchait et l’utilisait pour amplifier ses propres capacités. Il n’avait pas disparu instantanément comme le Phosphore du Paradis, donc d’une certaine façon, il pourrait être considéré comme encore plus dangereux.
Je l’ai modelé d’après les dragons dans les légendes… À ce moment-là, le dragon noir ne pouvait plus garder sa forme. Et peu de temps après, le corps du dragon noir avait disparu dans l’eau, ne laissant absolument rien derrière lui.
***
Chapitre 5 : Épilogue
« Je suis désolée, Zagan, » déclara Foll. Elle était un peu plus faible maintenant, puisque son corps était redevenu normal. Cependant, sa respiration rauque avait clairement montré que ce n’était pas le seul problème, c’est pourquoi Zagan la traitait avec le mana qu’il absorbait à travers la forme du Dragon. Grâce aux précautions que Zagan avait prises plus tôt, ses vêtements étaient redevenus la robe autochtone qu’elle portait habituellement.
« Je vais… devenir plus forte d’une façon… qui correspond mieux à ma taille…, » déclara Foll.
« Ça a l’air bien, » Zagan avait brossé la tête de sa fille quand il lui avait donné cette réponse.
« La forme du dragon ne disparaît pas…, » murmura Foll en tournant son regard vers la fenêtre et aperçut le golem qui montait la garde dehors.
« Ouais. Il a dévoré beaucoup de mana cette fois, donc il va probablement rester dans les parages pendant un certain temps, » répondit Zagan.
En fait, il s’était tellement rassemblé qu’il pouvait se battre sur un pied d’égalité avec un Archidémon pendant plusieurs années. Les pouvoirs d’un dragon et de l’Emblème de l’Archidémon étaient terrifiants en soi, mais lorsqu’ils étaient combinés, ils étaient pratiquement invincibles.
Un bouclier qui ronge ses ennemis et grandit avec le temps… Quelque chose d’aussi puissant pourrait être considéré comme la forme ultime de sorcellerie. Cependant, en même temps, seuls des êtres au même niveau que les Archidémons ou les dragons pourraient espérer l’utiliser.
« Je pense le laisser ici. J’ai dit à Lilith qu’elle était sous ma protection, alors j’ai besoin d’un moyen de la protéger. »
La calamité qui menaçait autrefois la ville au fond de l’océan était devenue son défenseur. Les anciens étaient effrayés par cette idée, mais ils ne l’avaient pas rejetée.
« Zagan, tu es différent du roi aux yeux d’argent, » murmura Foll avec soulagement.
« Qu’est-ce que tu veux dire ? » demanda Zagan.
« Dans la légende, le Roi aux Yeux d’Argent ne pouvait pas sauver l’un de ses amis dragons, alors il a dû le tuer. Mais… tu as sauvé les deux et tu as transformé ton ennemi en allié. Tu es bien plus incroyable que lui. »
« Dans ce cas, je suis sûr que tu deviendrais beaucoup plus étonnante que lui. Tu es après tout ma fille, » déclara Zagan.
« Hmm. Je ferai de mon mieux, » répondit Foll en acquiesçant d’un signe de tête.
« Mais pour l’instant, tu dois te concentrer sur le repos. Ça t’aidera à guérir plus vite. »
« OK… Je ferai de mon mieux ! »
L’endurance de Foll n’était pas vraiment revenue, alors elle s’était endormie presque instantanément après que Zagan ait quitté ses côtés.
◇
Zagan avait trouvé Néphy qui l’attendait devant la chambre de Foll.
« Comment va-t-elle ? » demanda Néphy.
« Elle a l’air bien. Ta guérison a fait l’affaire, Néphy. »
La vie de Foll était toujours en danger après que Zagan l’ait sauvée. Le mana persistant du sceau était trop lourd à supporter pour son jeune corps. Heureusement, Néphy avait réussi à tout utiliser pour guérir Foll. Cependant, elle ne semblait pas entièrement satisfaite de cette conclusion… Peut-être parce qu’elle était confuse par la tournure déconcertante des événements, y compris la façon dont la malédiction avait été dissipée.
« Il semble qu’il y a quelque chose dans tes pensées, » demanda Zagan pour plus d’informations alors qu’il croisait les bras devant sa poitrine.
« Oui… Je ne peux m’empêcher de me demander comment la malédiction a été dissipée, » répondit Néphy. Elle n’avait pas oublié le baiser qu’ils avaient partagé, mais elle ne comprenait pas pourquoi ça marchait, c’est pourquoi elle avait eu le courage de l’interroger malgré tout.
« Voyons voir… Eh bien, si tout ce qu’on avait fait, c’était de relier, euh… un chemin entre nous, Foll et moi n’aurions pas retrouvé nos formes originales. »
Si c’était aussi simple, Zagan aurait résolu le problème tout de suite. Ou bien, le temps qu’il lui aurait fallu pour trouver le courage de l’embrasser.
« Cela n’a fonctionné qu’en raison de la situation particulière. Nous avons de la chance d’avoir des alliés dignes de confiance, » déclara Zagan.
« Qu’est-ce que tu veux dire ? » demanda Néphy.
« Ce dragon noir a été formé à partir d’un mélange des pouvoirs draconiens de Foll et de l’Emblème de l’Archidémon. En d’autres termes, c’était une manifestation physique de la malédiction. »
« Je vois. En gros, la malédiction a pris vie, » déclara Néphy.
« C’est ce que je pense, » répondit Zagan. « Elle est devenue un dragon noir, puis a été blessée par les Trésors sacrés et une épée sacrée. Et à la fin, tu as normalisé le flux de mon mana en formant un chemin entre nous. La malédiction n’a été dissipée que parce que ces trois conditions étaient remplies. »
C’était la même chose pour Chastille et les autres. Ils n’avaient réussi à blesser le dragon noir que lorsque les Trésors sacrés et son épée sacrée travaillaient en tandem. Si l’un d’entre eux avait disparu, même Barbatos, même si Zagan était réticent à l’admettre, ils auraient probablement été massacrés.
Bref, Zagan avait été sauvé par tous ceux qu’il s’était liés d’amitié grâce à Néphy.
Est-ce ce que cela signifie de compter sur les autres ? Honnêtement, je ne me sens pas trop mal… Pourtant, je dois achever la personne qui a osé faire souffrir Foll… Selon Nephteros, c’était Alshiera.
« Nous devons remercier Mlle Alshiera, » déclara Néphy, les oreilles frémissant de joie.
« Hein ? Pourquoi ? C’est peut-être elle qui a fait subir tout ça à Foll, » déclara Zagan.
« Je sais. J’ai entendu ce que Nephteros a dit, mais vu tout ce qui s’est passé, n’est-ce pas comme si elle avait planifié tout ça ? Je veux dire, les chauves-souris qui nous ont montré où était Nephteros étaient les siennes, non ? Et tout cela s’est terminé avec la malédiction disparue…, » déclara Néphy.
J’ai l’impression que tu es beaucoup trop gentille envers elle… Zagan se sentait vraiment comme ça, mais quand il avait entendu Néphy dire ça, il avait commencé à croire qu’elle avait raison. Après tout, les chauves-souris avaient guidé le groupe de Zagan.
« Mettons son affaire en attente pour l’instant. Ce n’est pas comme si nous savions où elle est, de toute façon, » déclara Zagan en secouant la tête pour se libérer de telles pensées. Il était possible qu’elle ne soit pas leur ennemie, mais il ne pensait pas non plus qu’elle était une alliée. Il avait donc décidé de mieux se préparer à leur prochaine réunion.
Eh bien, peu importe. Il y a quelque chose de plus important qui me préoccupe en ce moment… La malédiction avait peut-être été dissipée, mais il n’y avait aucun moyen de regagner le temps qu’il avait perdu.
« Um… En fin de compte, je n’ai pas été capable de tenir ma promesse à propos de notre rendez-vous. Alors, pourquoi ne pas le planifier à nouveau —, » déclara Zagan.
« Non, tu n’as pas du tout rompu ta promesse, Maître Zagan, » Néphy avait interrompu ses excuses.
« Hein ? Non, je veux dire…, » balbutia Zagan, ne sachant pas trop comment réagir.
« Nous sommes allés dans un nouvel endroit, habillés, et… avons fait quelque chose de spécial, » répondit Néphy comme si elle se souvenait de souvenirs heureux. Puis, elle avait touché ses propres lèvres pendant que ses oreilles tremblaient.
Oh, c’est vrai ! Ça s’est terminé par un baiser… Zagan se souvient de ce moment, qui l’avait rendu encore plus rouge que Néphy.
« Nous avons réussi à faire tout ce que tu avais prévu pour notre “rendez-vous”, Maître Zagan. »
« Peut-être, mais n’aurions-nous pas dû faire tout ça seuls ? » demanda Zagan.
« N’avons-nous pas passé beaucoup de temps seuls ? » demanda Néphy.
Le souvenir de Zagan s’accrochant à Néphy et pleurant dans ses bras lui était venu à l’esprit quand il avait entendu cela.
Quand elle le dit comme ça, c’est un peu comme si on sortait ensemble…
« Tu as raison. C’était peut-être un rendez-vous, » déclara Zagan, alors qu’il avait tendu la main vers Néphy et lui avait tenu la sienne.
« Je suis contente que tu sois d’accord, » répondit Néphy en lui serrant affectueusement la main.
« Alors, quand devrait avoir lieu notre prochain rendez-vous ? » demanda Zagan.
« … Excuse-moi ? » demanda Néphy.
« Ce n’est pas comme si nous étions limités à un seul rendez-vous ! Beaucoup de choses ont mal tourné, puisque c’était notre première tentative, donc nous avons beaucoup à améliorer ! » déclara Zagan.
« Eh bien…, » marmonna Néphy en souriant d’un air embarrassé. Puis, dans un virage inhabituel, elle enroula son bras autour de celui de Zagan et elle lui déclara. « Je t’accompagnerai partout, Maître Zagan. »
Plus tard, Gremory avait fait un gros tapage parce qu’elle voulait en savoir plus sur leur rendez-vous, mais c’est une histoire pour un autre jour.
***
Extra
Un petit Zagan a été découvert
Zagan s’était retrouvé dans une situation difficile. En raison de l’échec d’une certaine sorcellerie, son corps avait été réduit à celui d’un enfant. Il avait peut-être pu utiliser le mana rassemblé dans sa salle du trône pour retrouver sa forme originale, mais…
« Oh, mon Dieu, Maître Zagan. Tiens, te voilà ! »
Néphy m’a tout de suite attrapé ! Dès qu’il ouvrit la porte de la salle du trône, il trouva Néphy qui l’attendait. Apparemment, elle était venue l’appeler pour le petit déjeuner. Zagan se retourna immédiatement, et en conséquence Néphy se raidit complètement. Même s’il avait régressé vers le corps d’un enfant de dix ans, son visage méchant et ses robes amples n’avaient pas du tout changé, alors il dégageait la même vibration que d’habitude. Ainsi, tous les deux avaient gelé sur place et n’avaient pas pu bouger du tout pendant un certain temps.
« D’où viens-tu, petit garçon ? » Néphy avait rompu le silence d’abord en posant cette question. Elle semblait nerveuse et pâle jusqu’au bout des oreilles, mais elle faisait de son mieux pour parler quand même.
« U-Uh, je suis, euh… ! Ce château en ruines avait l’air tout joli, alors j’ai juste… ! » déclara Zagan.
« C’est plutôt beau, n’est-ce pas !? C’est quand même assez dangereux ici, alors pourquoi ne pas s’approcher un peu plus ? » demanda Néphy.
C’était un château d’Archidémon, donc il y avait un bon nombre de pièges qui réagissaient aux gens de l’extérieur. Il aurait été étrange que Zagan l’ignore, alors il avait cédé et s’était dirigé vers Néphy. Et quand il l’avait fait, elle l’avait soudainement serré dans ses bras.
« Mmm ! Tu es si mignon comme ça, Maître Zagan ! » Néphy cria en s’agrippant à lui. Puis, elle était même allée jusqu’à frotter sa joue contre la sienne, ce qui était pratiquement inimaginable étant donné son comportement réservé habituel.
« Quoi ? As-tu remarqué, Néphy ? » demanda Zagan.
« Bien sûr que oui. Je ne te prendrais jamais pour quelqu’un d’autre, Maître Zagan. Mais pourquoi es-tu comme ça ? » demanda Néphy.
« Hmm, eh bien… Hé, attends. Pourquoi me portes-tu ? » demanda Zagan.
« Je ne connais pas les circonstances… mais j’imagine que Mlle Gremory est impliquée. Le fait que tu sois venu ici alors que tu es comme ça signifie que tu as quelque chose à faire dans la salle du trône, exact ? » demanda Néphy.
Zagan avait été complètement déconcerté par la façon dont elle avait vu d’un seul coup d’œil l’ensemble de son processus de pensée. Et alors qu’il se perdait dans ses pensées, Néphy avait porté Zagan jusqu’au trône et s’était placée dessus avec lui sur ses genoux.
« Euh, Néphy ? Je ne pense pas que nous ayons besoin de nous asseoir sur le trône ensemble… »
« Qu’est-ce que tu dis !? Ne veux-tu pas que je te protège d’un éventuel danger ? » demanda Néphy.
Malgré ses paroles inquiétantes, Néphy avait un immense sourire sur son visage.
« Sois honnête, Néphy… Tu veux juste faire un câlin ? » demanda Zagan.
« Oh mon dieu… Je ne peux rien te cacher, Maître Zagan…, » répondit Néphy.
« … N’es-tu pas un peu une brute aujourd’hui, Néphy ? » demanda Zagan.
« Je te rends simplement la pareille, » répondit Néphy.
Zagan resta bercé sur les genoux de Néphy jusqu’au retour de Gremory… et pendant quelque temps après.
Les deux filles adoptées
Les deux filles s’étaient rencontrées sur une plage de sable fin. Elles étaient habillées en maillot de bain.
Je me demande ce qui se passe ? Cette personne sent comme lui… Foll leva les yeux du château de sable qu’elle était en train de construire et renifla l’air. Elle était au fond de l’océan depuis deux semaines, alors elle n’avait pas pu sentir l’odeur de cette fille même si elles s’y étaient rencontrées. Peu de temps après, la première à briser la glace entre elles fut Kuroka.
« Hmm, vous êtes celle de Monsieur… La fille de Zagan, c’est ça ? » demanda Kuroka.
« Hmm. Et tu es la subordonnée de Chastille ? Pourquoi sens-tu comme Raphaël ? » demanda Foll.
« Je suis Kuroka. Le Seigneur Raphaël est, euh, comment le dire… C’est mon père ! » répondit Kuroka.
« Hein !? Raphaël a une fille !? » Les yeux de Foll s’étaient ouverts en grand en raison de la surprise.
« Oh, je ne suis pas vraiment sa fille, il s’est juste occupé de moi… Comment expliquer cela… ? » déclara Kuroka.
« … Je vois. Tu as été adoptée, hein ? Alors tu es comme moi, » commenta Foll, puis elle s’interrogea pendant un moment sur quelque chose et elle demanda. « La fille de Raphaël… Comment dois-je t’appeler ? »
« Oh… euh… pourquoi pas… ? Peut-être, grande sœur ? »
« Hm… Veux-tu faire un château de sable avec moi, grande sœur ? » demanda Foll.
« Hnnngh, si mignonne… Je comprends pourquoi ces deux-là sont tant avec toi…, » déclara Kuroka en titubant et en se serrant la poitrine à cause de la réponse de Foll. Puis, elle avait commencé à aider Foll avec son château. Elle était aveugle, mais elle avait réussi à utiliser le bout de ses doigts et la pointe de l’épée courte qu’elle avait sortie de sa canne pour appliquer des détails délicats au château. Foll ne voulait pas se laisser distancer, alors elle avait commencé à arranger le devant du château avec sa petite pelle.
« Comment est Raphaël quand il est avec toi, grande sœur ? » demanda Foll.
« Il est gentil, et un peu maladroit parfois, mais c’est un père chaleureux et attentionné. Et toi, Foll ? » demanda Kuroka.
« Hmm. Raphaël est gentil. Il me donne des gâteries savoureuses et des animaux domestiques. Je l’aime bien, » répondit Foll.
« Heheheheh. Je vois… Il est aussi extrêmement fort et cool…, » dit Kuroka, les oreilles de chat frémissaient de joie, comme si c’était elle qu’on louait.
« Je t’aime bien aussi, grande sœur. Merci de ton aide pour le château, » déclara Foll.
« Hnnngh... N-Non, merci de m’avoir invitée. Je t’aime beaucoup aussi, Foll, » déclara Kuroka.
Elles avaient été sauvées par le même vieil homme, ce qui avait donné naissance à un lien étrangement puissant. Et peu de temps après, elles avaient terminé leur magnifique château de sable ensemble.
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Chapitre 6 : Illustrations
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