Kuma Kuma Kuma Bear – Tome 3

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Chapitre 51 : L’ours se dirige vers la capitale royale

Le jour où j’étais partie avec le convoi, j’étais d’abord passée chez Tiermina pour récupérer Fina. De là, nous nous étions dirigés vers la maison du Seigneur féodal pour retrouver Noa.

« Alors, qui gardes-tu, Yuna ? »

« Oh ? Ai-je oublié de le mentionner ? C’est la fille du seigneur de la ville. »

Le visage de Fina devint pâle.

« Le seigneur… alors ça veut dire qu’on va chez le seigneur Fochrosé ? »

J’avais fait un signe de tête.

« Je rentre à la maison »

Elle s’était éclipsée. Je lui avais pris la main avec ma marionnette ours pour l’empêcher de s’échapper.

« C’est bon, ce n’est pas comme s’ils allaient te manger. En plus, je garde sa fille — c’est une enfant qui s’appelle Noa. »

Vu la réaction de Fina, j’avais deviné que le fossé entre la noblesse et les roturiers était assez large, même dans ce monde. Et même si elle était noble, Noa semblait être une fille douce.

« Vous voulez dire Mademoiselle Noir ? Mais quelqu’un comme moi ne peut pas aller avec vous… »

Bizarre, pensais-je. Je l’appelais par son surnom, mais Fina l’appelait Noir. Je suppose donc que les gens ne la connaissaient pas par ce surnom ?

« Bref, allons-y. S’ils disent que tu ne peux pas venir, nous irons ensemble tout seuls plus tard. », avais-je dit

Fina était venue à contrecœur, mais j’avais gardé la main sur elle. Quand nous étions arrivées au manoir, Noa se tenait déjà debout, les mains sur les hanches, près de la porte.

« Tu es en retard, Yuna ! », dit-elle avant même de nous saluer.

« Nous ne sommes pas en retard. Quand as-tu commencé à attendre ? »

« Depuis que je me suis réveillée et que j’ai pris mon petit déjeuner, il y a donc une heure… »

« C’est beaucoup trop tôt. »

« Je ne pouvais pas attendre, sachant que j’allais voyager sur un ours », avait-elle dit, l’air embarrassé. C’était plutôt mignon.

« J’ai une faveur à te demander. »

« Qu’est-ce que c’est ? »

« Je l’emmène aussi avec moi. Ça ne te dérange pas ? »

J’avais pointé du doigt Fina, qui avait bronché.

« Qui est-elle ? »

« C’est ma sauveuse, Fina. »

« Ce n’est pas vrai. Yuna, c’est toi qui m’as sauvée ! » m’avait dit Fina. Je n’étais pas convaincue.

« Elle a dit qu’elle n’était jamais allée dans la capitale royale, alors j’ai pensé l’emmener. J’espérais pouvoir obtenir la permission de toi et de Cliff. »

« Ça ne me dérange pas vraiment, mais je ne vais pas céder ma place sur l’ours. »

« Je vais vous faire monter ensemble », avais-je dit.

« Je suppose que c’est bien, mais je monte devant ! »

« J’aimerais aussi avoir la permission de Cliff, au cas où. Pourrais-je le voir ? »

Noa entra et revint avec Cliff, qui avait immédiatement donné son accord.

« Ça ne me dérange pas », avait-il dit.

« Tu es sûr ? »

« Ce n’est qu’une personne de plus. De plus, avoir une fille du même âge que ma fille avec elle n’est pas du tout une mauvaise idée. »

Fina salua Cliff nerveusement : « Je suis Fina. »

« S’il te plaît, prends soin de ma fille. »

« O-Oui », balbutiait Fina.

« Ne sois pas méchant avec elle. »

Je tirai le bras de Fina, me mettant entre elle et Cliff.

« Tu me fais paraître méchant. Je ne faisais que la saluer », avait-il protesté. Je suppose que le fait qu’il était un aristocrate ne faisait que mettre Fina sur la sellette.

Nous nous étions dirigés vers les portes de la ville. Noa semblait s’amuser, mais Fina était une boule de nerfs.

« Au fait, quel est ton nom ? » demanda Noa.

« C’est Fina. »

« Je suis Noir. Ravie de te rencontrer. »

« Oui, madame ! »

L’introduction officielle avait peut-être apaisé ses inquiétudes, puisqu’un sourire revint sur le visage de Fina. Une fois que nous étions sorties de la ville, j’avais convoqué Kumayuru et Kumakyu. Noa avait joyeusement pris Kumayuru dans ses bras au moment où l’ours avait fini de se manifester.

« Kumayuru, c’est bon de te voir ! »

Elle avait ensuite salué Kumakyu de la même manière.

« Je l’ai déjà dit, mais je vais monter devant, d’accord ? »

« Oui, Mademoiselle Noir. »

« Alors, c’est un plaisir, Fina. »

Noa offrit sa main à Fina, qui la prit nerveusement.

« Oui, c’est un plaisir pour moi aussi. »

Maintenant montées sur Kumayuru dans leurs positions respectives, elles ne pouvaient pas s’empêcher de sourire. Je suppose qu’elles vont s’en sortir, pensai-je en montant sur Kumakyu.

« Alors, allons à la capitale ! »

Comme nous n’étions pas pressés, nous étions partis à un rythme tranquille.

« Kumayuru, je compte sur toi pour nous amener à la capitale, d’accord ? »

Noa donna à Kumayuru une gentille caresse.

« Mademoiselle Noir, vous savez déjà pour Kumayuru et Kumakyu ? »

« Yuna les a amenés au manoir et m’a laissée les monter une fois. Ils ont aussi fait une sieste avec moi. J’étais si excitée pour ce voyage que j’avais hâte. Comment toi et Yuna vous connaissez-vous, Fina ? »

« Fina m’a tirée d’affaire quand j’étais perdu dans la forêt, au moment où je suis arrivée ici », avais-je interrompu.

« C’est vrai, » dit Fina, « mais c’est Yuna qui m’a sauvée d’une attaque de loup. Je l’ai juste conduite en ville. »

« Et puis, je suis devenue une aventurière, mais comme je ne pouvais pas dépecer les monstres, j’ai fini par demander à Fina de le faire pour moi. »

« Oui, et je suis vraiment reconnaissante pour l’argent que tu me verses. »

« Fina, tu peux dépecer des monstres ? »

Noa avait l’air surprise.

« Oui, je l’ai fait pendant longtemps à la guilde. »

« Depuis longtemps ? Quel âge as-tu ? »

« J’ai dix ans. »

« Tu as donc le même âge que moi. Je ne peux pas croire que tu dépèces des monstres à ton âge… »

Noa jeta un regard choqué à Fina par-dessus son épaule. C’était donc bizarre pour des enfants de dix ans de pouvoir dépecer des monstres, même dans ce monde. Fina devait vraiment être spéciale.

Les deux jeunes eurent ensuite une conversation amicale. Et malgré leur différence de classe sociale, elles avaient après tout le même âge. Pendant que je les écoutais parler, nous avions suivi la route vers la capitale à un rythme tranquille. Aucun monstre ou voleur n’avait fait son apparition et la journée paisible s’était bientôt transformée en soirée.

J’avais cherché le meilleur endroit pour installer notre campement. Il y avait dans un endroit un peu éloigné de la route principale quelques arbres qui semblaient prometteurs. Je m’y étais donc rendue.

« Yuna, tu ne vas pas dire que nous allons camper en plein air ici, pas vrai ?! », dit Noa

« Oui, tu pensais qu’on allait rester dans une auberge ? »

« Euh, et bien, oui. Chaque fois qu’il y avait des villes ou des villages à proximité, on restait dans une auberge. Si ce n’était pas le cas, on dormait dans la calèche… »

Bien sûr. C’était vraiment la fille d’un noble.

« Ne t’inquiète pas. Tu auras de quoi dormir. »

« …? »

Je leur avais dit de prendre un peu de recul et j’avais sorti une maison d’ours du stockage d’ours. La maison ours avait la forme de deux ours assis : une maman et un petit. La maman ours était la vraie maison, et le petit était l’entrepôt attenant où Fina pouvait faire ses dépeçages. La porte d’entrée était placée dans la patte gauche de la maman ourse.

Je l’avais faite plus petite pour qu’elle soit moins visible, mais elle était tout de même très attrayante, bien qu’elle ne fasse que la moitié de la taille de la maison ours en ville. J’avais également redessiné un peu l’intérieur depuis l’époque où Fina et moi étions allées tuer des tigres et des loups.

« Yuna ?! Qu… qu… »

Noa cria d’étonnement.

« C’est une maison d’ours. Celle-ci est pour les voyages, c’est donc un peu petit. »

« Je ne demandais pas ce que c’était, je voulais savoir d’où ça venait. Je suppose que je sais d’où ça vient, mais est-ce que ça peut vraiment tenir dans un sac sans fond ? »

« Je ne suis pas sûre des limites supérieures de mon sac sans fond. »

L’autre maison, plus grande, y rentrait très bien. Tout comme la vipère noire.

« Tu n’es pas surprise, Fina ? » demanda Noa. Elle avait l’air plutôt perplexe.

« Non. Je l’ai déjà vue sortir une maison d’ours. »

« Aussi, tout ça est un secret, alors ne le dis à personne », j’avais prévenu Noa.

« De toute façon, pourquoi ne pas rentrer ? Tu dois être épuisée après avoir voyagé toute la journée. »

J’avais renvoyé Kumayuru et Kumakyu, puis j’avais fait entrer les filles.

« Oh Noa, désolée, mais s’il te plaît, enlève tes chaussures ici. »

J’avais des chaussures d’intérieur qui ressemblaient à des pantoufles, prêtes pour Noa et Fina dans l’entrée. Au-delà de l’entrée se trouvait le salon-salle à manger combiné, qui était éclairé par des pierres de mana. Il était assez spacieux pour accueillir dix personnes.

« Quelle est cette maison ?! » s’exclama Noa, surprise.

« Choisissez une chaise et asseyez-vous. Je vais préparer le dîner. »

Je m’étais dirigée vers la cuisine, j’avais huilé une poêle à frire et j’avais préparé de la viande hachée et des œufs pour faire des steaks hamburger. J’avais fait une salade pendant que les steaks cuisaient. Les enfants devaient avoir leurs légumes verts. Une fois les steaks cuits, j’avais servi la soupe encore chaude de l’auberge dans des bols et j’avais mis du pain frais sur une assiette. Puis j’avais versé du jus de fruits dans des tasses. Bon appétit.

« Yuna, qu’est-ce que c’est ? »

« C’est le dîner. Si tu veux un repas comme ceux que tu manges dans ton manoir, je ne peux pas vraiment faire ça. »

« Non, je ne pensais pas du tout à ça. En fait, ça sent encore meilleur que les repas que je prends à la maison. »

« Vraiment ? Super. Assurez-vous de le manger pendant qu’il est chaud. »

Noa et Fina commencèrent à manger.

« C’est quoi ce truc délicieux ? »

« C’est juste un steak hamburger. »

« Ham-bur-ger ? »

« Oui, on n’en mange pas dans ce pays ? »

« Ce n’est pas vraiment qu’on n’en mange pas, c’est la première fois que je mange quelque chose comme ça. »

« Vraiment ? Je n’ai fait que hacher de la viande de loup, de bœuf, de porc et d’autres choses. »

« Yuna, penses-tu qu’on puisse faire ça aussi chez moi ? » demanda Fina.

« Je pense que tu le pourrais, mais peut-être que faire la sauce serait difficile. C’est très bon avec du radis chinois râpé. »

« S’il te plaît, apprends-moi comment la faire la prochaine fois. Je veux que tous les membres de ma famille puissent y goûter ! »

« Bien sûr. »

« Moi aussi », dit Noa.

« Noa, tu n’as pas besoin de le savoir, non ? Tu as une bonne qui prépare tes repas. »

« C’est vrai, mais je n’aime pas me sentir exclue. »

« Eh bien, ça peut attendre qu’on soit de retour en ville. »

« Cette soupe a aussi bon goût. »

« L’auberge a fait ça pour moi. »

« Et le pain ? »

« J’ai trouvé une bonne boulangerie, alors j’ai fait des provisions. »

Après avoir discuté un peu, on avait fini notre repas. Fina et Noa étaient maintenant assez à l’aise l’une avec l’autre pour converser normalement.

« Maintenant, faisons une courte pause, puis prenons des bains. Nous partirons au lever du soleil, nous devons donc nous coucher tôt. »

« Oui, je comprends. »

« Est-ce qu’on part vraiment si tôt ? »

Les réactions étaient tout à fait opposées : Fina se levait toujours tôt pour le travail et les tâches ménagères, tandis que Noa était une noble qui saluait le matin tranquillement.

« C’est parce que je ne veux pas que d’autres personnes repèrent la maison. Je veux lever le camp avant que quelqu’un se réveille et commence à regarder autour de moi. »

« Je comprends. Je croyais aussi que tu avais parlé d’un bain ? Ai-je mal entendu ? » demanda Noa, en se frottant les oreilles.

« Tu n’as pas mal entendu. Il y a un bain, alors lave-toi avant d’aller te coucher. Fina, peux-tu lui montrer comment fonctionne le bain ? »

« J’ai l’impression que tout ce que je croyais être du bon sens est en train de s’effriter », dit Noa alors que Fina la conduit vers le bain.

Pendant qu’elles étaient occupées, j’avais débarrassé le repas. Je n’avais fait que laver la vaisselle et les tasses. Quand elles étaient sorties toutes les deux, je leur avais donné le sèche-cheveux et leur avais dit de se sécher les cheveux pendant que je prenais mon bain. Quand j’avais fini et que j’étais revenue, elles attendaient.

« Vous n’êtes pas encore au lit ? »

« Au lit où ? »

C’est vrai, je venais de me rappeler que je ne leur avais pas encore donné de chambre.

Au premier étage, il y avait le salon-salle à manger, la cuisine, la salle de bain et la baignoire. Le deuxième étage avait trois petites chambres. Une de ces chambres était la mienne, et les deux autres étaient pour les invités. Il y avait trois lits dans chacune des chambres, pour un total de six.

Je leur avais montré les chambres.

« Que voulez-vous faire ? Vous voulez dormir dans des chambres séparées ? »

« Les deux me conviennent. Tu peux choisir, Mademoiselle Noir. »

« Je veux parler avant d’aller me coucher, alors restons dans la même chambre. »

« OK ! »

« Tu peux parler, mais assure-toi de te coucher tôt », lui avais-je dit.

J’étais ensuite allée dormir dans ma propre chambre. Après tout, ce serait gênant si je me réveillais tard après les avoir avertis de cela.

***

Chapitre 52 : L’ours aperçoit un chariot attaqué

J’avais fini par me réveiller avant le lever du soleil le lendemain matin. Le ciel était encore très sombre, et il faisait probablement froid, mais la grenouillère en forme d’ours m’avait empêchée de sentir le froid. J’étais passée du côté de l’ours blanc au côté de l’ours noir et j’étais descendue au premier étage.

« Bonjour, Yuna. »

Fina était déjà réveillée, mais je n’avais pas vu Noa dans les parages.

« Bonjour. Où est Noa ? »

« La réveiller m’aurait mis mal à l’aise, alors elle dort encore. »

« Je vais préparer le petit déjeuner, alors va la réveiller. »

J’avais préparé la soupe et le pain d’hier pour le petit-déjeuner. Noa avait l’air groggy au moment où elle entrait dans la salle à manger.

« Bonjour. »

« Tu as l’air d’avoir sommeil. »

« C’est parce que je dors toujours à cette heure. »

« Nous partirons après le petit-déjeuner. »

« Oui », répondit Noa, dont les mots étant interrompus par un bâillement. Fina sourit en regardant.

Après avoir terminé notre repas, nous avions repris notre voyage vers la capitale royale. Le voyage avait continué à être paisible, nous nous étions même arrêtées pour acheter des légumes frais dans un village que nous avions traversé en chemin.

Normalement, je dormais beaucoup pendant le voyage. Comme on ne pouvait pas tomber des ours, on pouvait faire la sieste dessus sans s’inquiéter. Noa avait aussi passé beaucoup de temps à dormir, probablement parce qu’elle s’était réveillée plus tôt qu’à l’accoutumée et parce que les ours avaient un dos si confortable.

Quelques jours après avoir quitté la ville, il s’était enfin passé quelque chose.

« Arrêtez-vous une seconde. »

Kumayuru et Kumakyu s’arrêtèrent.

« Y a-t-il un problème ? »

« Il y a des gens et des monstres devant. »

« Vraiment ? ! »

Je ne pouvais pas les voir d’où nous étions. La seule raison pour laquelle je pouvais le dire était grâce à ma compétence détection d’ours, que j’activais de temps en temps. Cette fois-ci, elle avait fait apparaître tout un tas de monstres devant nous.

« Yuna, que devons-nous faire ? »

« Si des gens sont attaqués, nous devons aller les aider. »

Ma compétence détection d’ours avait permis d’identifier les monstres comme étant des orcs. J’aurais pu les tuer sans verser de sueur. Mais je ne voulais pas mettre Fina et Noa en danger.

« Yuna ? »

Fina avait l’air inquiète, elle s’accrochait derrière Noa, se tenant à ses vêtements. Si je les laissais derrière moi, j’aurais un mauvais goût dans la bouche. Je leur avais dit ce qui se passait. Elles seraient si tristes si les gens attaqués finissaient par mourir.

« Je vais faire un saut pour les aider. Les monstres pourraient essayer de vous attaquer aussi, alors vous devez impérativement rester avec Kumayuru, compris ? »

« Yuna, ne fais rien de dangereux. »

« Yuna… »

« Ça va aller. »

Elles avaient encore l’air inquiètes au moment où je les avais laissées derrière moi et que j’étais partie au galop avec Kumakyu.

Les orcs avaient fait le tour d’un chariot. Des aventuriers, à en juger par leurs regards, tenaient le périmètre, ce qui expliquait sans doute pourquoi je pouvais encore les détecter. J’avais été momentanément soulagée de les voir vivants, mais ils semblaient plus nombreux.

« Un, deux, trois… huit. »

Il y avait huit orcs dans la mêlée, et quatre aventuriers pour les tenir à distance. L’un d’eux, probablement un sorcier, était coincé par un orc. Un épéiste était occupé avec deux orcs à côté du chariot. Les deux derniers étaient séparés à une certaine distance, entourés de cinq orcs.

J’avais sauté de Kumakyu et j’avais couru vers le sorcier, qui semblait être le plus en danger. Il était effondré sur le sol, essayant de ramper, mais l’orc avait une prise sur sa jambe. Il faisait tomber une massue de sa main gauche. C’était mauvais.

J’avais donné un coup de pied au sol, amassé du mana dans ma main et envoyé une lame de vent sur l’orc, lui tranchant son cou épais avant qu’il ne puisse me voir arriver. J’avais peut-être monté d’un niveau ?

Le sorcier regarda autour de lui, essayant de comprendre ce qui s’était passé, et il m’avait enfin remarquée.

« Un ours ?! »

J’étais passée devant le sorcier surpris et m’étais dirigée vers la cible suivante. Une épéiste défendait seule le chariot contre deux orcs. Son dos n’était pas du tout protégé. Mes nouvelles lames de vent traverseraient les orcs, ce qui risquait d’endommager le chariot et la femme à l’épée. J’avais donc à la place fait surgir de la terre autour des moitiés inférieures des orcs et je les avais immobilisés.

« Quoi ?! » s’écria l’épéiste.

« Je les ai immobilisés, alors finissez-les vous-même ! »

Elle avait immédiatement décidé de terminer le travail. Elle s’était placée sur les côtés des orcs et les trancha. Pendant ce temps, je me dirigeais vers l’endroit où les deux autres combattaient les cinq orcs, loin du carrosse.

Comme avant, je ne pouvais pas utiliser ma lame de vent, et le sort de terre ne faciliterait pas la fuite des deux humains. J’avais recueilli du mana dans mes mains. Au lieu d’imaginer une lame de vent, j’avais imaginé une masse d’air. Puis, j’avais lancé cette masse d’air vers les orcs. J’en avais envoyé cinq à la fois, chacun d’eux frappant un orc et le faisant exploser à ses pieds. Les aventuriers avaient aussi été renversés par l’explosion, mais ils n’étaient pas morts.

Les orcs effondrés s’étaient levés presque immédiatement. Les aventuriers semblaient vouloir se relever eux aussi.

« C’est dangereux, alors restez à terre ! » avais-je crié.

J’avais lâché une lame de vent horizontale sur les orcs debout, les coupant en deux et éclaboussant les aventuriers de sang d’orc. Je vous ai sauvés, alors ne vous fâchez pas, d’accord ? me suis-je dit. La menace étant écartée, je m’étais approchée des aventuriers ensanglantés.

« Vous allez bien ? »

« Un ours ? »

Une aventurière aux longs cheveux se leva et rangea son épée. L’autre aventurière vérifia son environnement.

« Hum, vous nous avez sauvés ? »

« À peu près. »

« Eh bien, merci. Vous nous avez vraiment sauvé la vie. »

« Je passais juste par là, alors ne vous inquiétez pas. »

Ils avaient l’air affreux avec du sang d’orc partout, mais ils n’avaient pas l’air en colère. Je me sentais un peu mal, mais c’était une urgence.

« Marina ! »

L’aventurière qui se battait près du carrosse était tombée.

« Tu vas bien ? »

« Oui, on va bien. Cette fille déguisée en ourse nous a sauvés. Et vous ? »

« Elle et moi, on va bien, grâce à cette fille. »

Le visage de l’aventurière aux cheveux longs indiquait qu’elle était soulagée.

« Je vois. Je dois vous remercier encore une fois. »

« Heureuse d’être arrivé à temps. »

« Je suis Marina, la chef de ce groupe. Celle qui tient la grande épée là, c’est Masrika, et voici… »

« Je m’appelle Itia. »

Apparemment, la sorcière que j’avais sauvée en premier s’appelait « Elle ». Nous étions retournés à la voiture, et j’avais appelé Kumayuru et Kumakyu en chemin. Par télépathie ou autre, je pouvais donner des instructions à mes ours même s’ils étaient loin.

« Elle, ça va ? »

« Oui, je vais bien. Cependant si le combat avait continué un peu j’aurais été fichue. »

C’était peut-être parce que l’orc l’avait attrapée, mais ses vêtements étaient en lambeaux et je pouvais voir sa peau pâle. Elle essayait de la couvrir, mais comme sa poitrine était grande, ses seins débordaient de ses mains.

J’étais vraiment opposée à cela ! (NdT : les gros seins)

« Nous sommes en vie grâce à vous. Merci. »

Elle m’avait remerciée avec ce regard indescriptible sur son visage, en me regardant de haut en bas. Elle avait probablement une tonne de questions sur mon sens vestimentaire.

« Mais qu’est-ce que c’est que ça ? ! » cria Marina alors qu’elle surveillait le périmètre.

« Ce sont des ours ! »

Les aventuriers avaient mis la main sur leurs épées.

« Attendez, il y a des filles qui montent cet ours. »

« Ce sont mes ours, donc c’est bon. »

« Vos ours ? »

Les aventuriers avaient regardé mon accoutrement, puis les ours, et avaient relâché leurs positions de combat comme si elles l’avaient accepté.

« Yuna, ça va ?! »

« Yuna, comment vas-tu ? »

« Je vais bien. »

Noa et Fina étaient descendues de Kumayuru et coururent jusqu’à l’endroit où j’étais. J’avais mis mes mains de marionnette d’ours sur leur tête pour les calmer. Elles tremblaient un peu, ce qui était compréhensible. C’était des filles de dix ans.

***

Chapitre 53 : Ensemble avec l’ours

« Êtes-vous celle qui nous a sauvés ? »

Une voix vint de derrière moi pendant que je tapotais la tête de Noa et Fina. Je m’étais retournée pour voir un homme plus âgé et une fille. La fille était peut-être un peu plus jeune que Fina et Noa. Ils étaient très bien habillés, comme Noa. Je suppose donc qu’ils sont des nobles, ou peut-être juste une famille riche. Ils avaient après tout des aventuriers comme gardiens.

« Si vous parlez des orcs, alors oui. »

« Je vois. Dans ce cas, permettez-moi de vous remercier. Je suis Gran Fahrengram. Merci d’avoir sauvé ma petite-fille et moi-même. »

L’homme plus âgé baissa la tête.

« Je suis Yuna, une aventurière. On passait par là, alors ne vous inquiétez pas. »

« Mais, quels vêtements étranges portez-vous ? », dit Gran en regardant ma tenue d’ours. Les autres aventuriers, qui se posaient des questions sur ma tenue jusqu’alors, avaient aussi hoché la tête.

« Ne vous inquiétez pas pour ça », lui avais-je répondu. Je ne savais toujours pas comment expliquer cette tenue.

« Je suis impressionné que vous ayez pu vaincre les orcs si facilement. Et puis, c’est la fille de Cliff là-bas ? »

Gran regarda Noa. On dirait qu’ils se connaissent déjà, m’étais-je dit.

« Seigneur Gran, c’est un tel plaisir de vous revoir. Je suis Noir », Noa l’avait salué comme une vraie aristocrate.

« Ah oui, Noir. Ça fait environ un an ? Comme tu as grandi. Est-ce que Cliff est ici ? »

Gran regarda autour d’elle.

« Mon père a du travail, alors il est resté en ville. Il m’a dit d’aller voir toute seule ma mère dans la capitale royale. »

« Alors tu as fait tout ce chemin toute seule ? »

« Oui, mais je vais bien, puisque j’ai mon escorte. »

Gran m’avait regardée.

« On dirait que ce Cliff t’a trouvé un très bon aventurier, bien qu’étrangement habillé. »

J’avais souhaité qu’il arrête de me traiter « d’étrange » encore et encore.

« Misa, contente de te revoir. »

Noa se dirigea vers la fille à côté de Gran, qui avait de longs et beaux cheveux argentés.

« C’est un plaisir de te revoir, ma très chère Noa. »

« Misa, vas-tu aussi à la capitale royale ? »

« Oui, ma mère et mon père m’ont précédée, alors je vais à la capitale avec mon grand-père. »

Ma très chère ? Ça sonne bien. J’avais essayé de m’imaginer que quelqu’un m’appelait « ma très chère Yuna », mais ça m’avait donné la chair de poule. Ouais. En plus, ça serait embarrassant.

« Désolée d’interrompre votre conversation, mais puis-je avoir un moment ? »

Marina arrivait, l’air plus propre maintenant qu’elle avait lavé le sang des orcs.

« Si on laisse les orcs tels qu’ils sont, ça pourrait attirer leurs compatriotes, ou d’autres monstres qui cherchent à manger les corps. J’aimerais les dépecer. »

« Vous voulez les dépecer ? »

« C’est vous qui les avez vaincus, mais vous l’avez fait en profitant du fait qu’ils étaient occupés par nous. C’est pourquoi nous aimerions aussi avoir une part. »

Ah, c’était donc ce qu’elle voulait dire. Je ne savais pas à quel point les matériaux orcs étaient précieux, mais il était naturel que ces autres aventuriers pensent à de telles choses.

« Je n’ai pas besoin d’aucune part. Vous pouvez en faire ce que vous voulez. »

« Vous êtes sérieuse ? Vous en avez abattu six. Itia a aussi vaincu les deux qu’elle gérait grâce à vous. »

« On en a éliminé deux par nous-mêmes, donc on n’a pas besoin de tout prendre. »

D’après le nombre de corps, il y avait eu une dizaine d’orcs.

« On va aller à la capitale royale, donc vous pouvez faire ce que vous voulez. »

J’étais allée vers Kumakyu et j’avais sauté sur son dos. J’avais des tonnes d’orcs dans mon entrepôt à ours et je n’avais pas vraiment besoin de plus.

« Noa, Fina, on y va. »

« S’il vous plaît, attendez une seconde », dit Gran.

« Si vous allez aussi à la capitale royale, pourquoi n’y va-t-on pas ensemble ? »

Voulait-il qu’on soit des compagnons de voyage ? Mais mes ours devaient ralentir pour que leur voiture puisse suivre. J’y avais réfléchi un moment, puis j’avais répondu : « Je n’y vois aucun avantage, alors, non merci. »

« Je vous paierai pour nous escorter. »

« Vous avez déjà ces femmes pour vous protéger, non ? D’ailleurs, n’est-ce pas une manière grossière d’agir envers elles ? »

J’avais parlé assez fortement pour que les aventuriers des environs puissent entendre. S’il m’engageait, cela signifiait qu’il n’avait pas beaucoup confiance en elles.

« Je ne doute pas des capacités de Marina et des autres. C’est juste que rencontrer un groupe d’orcs sur le chemin vers la capitale royale est normalement impossible. »

Était-ce vrai ? Je suppose que oui vu que nous n’avions pas vraiment rencontré de monstres jusque-là.

« J’aimerais que vous soyez là pour ma petite-fille. Nous avons été enfermés dans le chariot ces derniers jours, ce qui a été fastidieux. Avoir quelqu’un qu’elle connaît dans les parages comme Noir, cela pourrait rendre le voyage plus agréable. »

« Hmm. »

J’avais encore l’impression de me faire avoir ici. Je ne voulais pas parler de la maison ours sans leur faire confiance, donc si nous voyagions ensemble, je ne pourrais pas l’utiliser. Si nous ne pouvions pas utiliser la maison ours, cela voulait dire pas de lit et pas de bain. En outre, nous nous déplacerions plus lentement et couvririons beaucoup moins de terrain.

Alors qu’est-ce que j’allais faire ?

Cliff me payait, donc j’aurais cherché des instructions auprès de lui, mais il n’était pas là. J’avais décidé de demander l’avis de Noa, vu qu’elle était à la fois la personne que j’escortais et la fille de mon client.

« Noa, que veux-tu faire ? »

« Moi ? »

J’avais appelé Noa et je lui avais murmuré à l’oreille.

« Si nous voyageons avec eux, nous ne pourrons pas utiliser la maison ours. Donc nous ne pourrions pas non plus utiliser les lits ou la baignoire. »

Noa commença à chuchoter, bain, lit, bain, lit. On aurait dit qu’il y avait une bataille entre le lit et le bain et Misa dans la tête de Noa. Hmm, umm, elle murmura, et la bataille arriva finalement à son terme.

« Yuna, je suis inquiète pour Misa. Penses-tu que ce serait bien si nous y allions ensemble ? »

« Si c’est ce que tu veux, c’est bon. Mais j’ai quelques conditions. »

« Lesquelles ? »

« Naturellement, nous garderons la maison ours secrète. De plus, s’il y a des monstres que je ne pense pas pouvoir battre, nous allons courir tous les trois et laisser les autres derrière. Assure-toi d’être au moins préparé à cela. »

C’était la seule chose sur laquelle je ne changerais pas d’avis. Même moi, je n’étais pas invincible, et il devait y avoir des monstres — comme les dragons, par exemple — que je ne pouvais pas battre. Si nous rencontrions un tel ennemi, je ne serais peut-être pas capable de protéger d’autres personnes en plus de Noa et Fina.

« Je comprends », déclara Noa.

Je m’étais tournée vers Gran.

« Avez-vous pris une décision ? » avait-il demandé.

« Nous allons voyager avec vous. »

« Vous le ferez ? Ah, c’est merveilleux. »

Gran avait l’air ravi. Misa aussi, elle se précipita sur Noa.

« Alors, pourrais-tu aider les femmes pour le dépeçage, Fina ? J’aimerais partir le plus vite possible. »

« D’accord ! » Fina se précipita vers l’endroit où les aventuriers dépeçaient les orcs.

« Alors, ces ours sont à vous ? » demanda Gran, en regardant Kumayuru et Kumakyu.

« Ce sont mes invocations. Ils sont bien dressés, alors ne leur faites pas de mal. »

« Ils sont convoqués ? »

Gran continuait à regarder. Misa suivait, l’air étonné, tandis que Noa l’arrêtait pour l’emmener vers les ours.

« Le noir se nomme Kumayuru et le blanc Kumakyu. »

Misa s’était lentement rapprochée de Kumayuru.

« C’est bon, il n’y a pas de quoi avoir peur. »

Noa commença à caresser Kumayuru. Voyant cela, Misa la rejoignit et toucha Kumayuru.

« C’est doux. »

« N’est-ce pas ? Ils sont si gentils. Ils font un très bon endroit pour dormir. »

Noa donna à Kumayuru un énorme câlin, ce qui semblait arranger les choses pour les autres. Peu de temps après, Fina, Marina et les autres avaient fini de s’occuper des orcs et nous avaient rejoints.

« Cette gamine est douée pour le dépeçage. Elle nous a vraiment aidés. De plus, êtes-vous vraiment sûres de tout nous donner? »

« C’est bon. Il semblerait qu’on aille à la capitale ensemble, alors j’ai hâte de travailler avec vous. »

« Oui, de même. »

Avant de partir, Marina vérifia le chariot. Heureusement, il était en bon état, nous étions donc partis tout de suite. Une fois le contrôle terminé, Marina s’était assise sur le siège du conducteur et la sabreuse, Masrika, s’était assise à côté d’elle.

Il y avait de la place pour environ six personnes à l’intérieur du carrosse. Gran, Misa et Noa étaient montés les premiers, et Elle et Itia avaient pris les places restantes, en surveillant à travers les vitres latérales et arrière.

Les escortes ne sont-ils pas censées garder l’extérieur ? Mais ce n’était pas comme si elles pouvaient suivre un carrosse à pied pendant de longues heures, surtout chargées de leur équipement et de leurs armes. De plus, si des monstres attaquaient après avoir marché si longtemps, vous seriez trop épuisé pour vous défendre. Rien que d’y penser, j’avais ressenti une gratitude renouvelée pour ma convocation d’ours.

Au moment où elle était montée dans la voiture, Noa sortit son doigt et pointa Fina du doigt en déclarant : « Je te laisserai avoir les ours cette fois, mais cette place m’est réservée. »

Et bien, pensais-je, Kumayuru et Kumakyu sont tous les deux mes invocations.

Le carrosse s’était mis en mouvement. Nous l’avions suivi, avec Fina sur Kumayuru et moi sur Kumakyu.

Clip clop, clip clop.

Hmm, pensais-je. Nous allons assez lentement. Combien de temps faudra-t-il pour arriver à la capitale royale d’ici à cette allure ? Mais comme je ne pouvais rien y faire pour l’instant, j’avais décidé de laisser les ours faire le guet pendant que je faisais une sieste l’après-midi. Il faisait beau, et la chaleur de Kumakyu m’avait très vite assoupie.

Le carrosse roula sans incident jusqu’au coucher du soleil. Marina nous avait dit de nous arrêter et de nous ranger sur le côté de la route principale au milieu de nulle part. Son groupe y avait installé ses lits de camp et avait sorti les rations de voyage de ses sacs sans fond. Je voulais vraiment sortir ma maison d’ours, mais je m’étais retenue.

Comme il semblait que Misa allait manger avec son père et les autres aventuriers, j’avais appelé Noa et Fina pour qu’elles trouvent une solution pour le dîner. (Apparemment, Misa était aussi un surnom. Son nom complet était Misana.) Pour ce qui était de la préparation de la nourriture, tout ce que je faisais, c’était de sortir des repas simples de la réserve des ours. La différence entre le mien et celui de Marina était que mon pain était encore mou et chaud sorti du four. Je ne pouvais pas m’empêcher de ressentir un petit sentiment de supériorité pendant que nous mangions.

Bientôt, il était temps d’aller au lit. Nous allions partir à l’aube, ce qui me convenait parfaitement. Marina était venue juste au moment où j’allais me border.

« J’aimerais savoir dans quel ordre nous allons monter la garde. »

Ah, la garde de nuit : le grand ennemi du sommeil et le coût inévitable de la vie en plein air.

« En ce qui concerne la surveillance, nous avons ces gars, donc ça devrait aller. »

J’avais pointé du doigt Kumayuru et Kumakyu.

« Si des monstres ou des gens s’approchent de nous, ils nous le feront savoir. »

« Vraiment ? »

« On n’a pas besoin de guetteurs, mais si ça vous inquiète vraiment, votre groupe peut le faire. »

« Peut-on vraiment faire confiance à ces ours ? » dit Marina, en regardant mes compagnons à fourrure.

« C’est à vous de décider si vous leur faites confiance ou non. »

C’est tout ce que j’avais pu dire.

« Je comprends. Nous allons surveiller de notre côté. »

Marina se dirigea vers la voiture.

« Où vas-tu dormir ? », demandai-je à Noa, après avoir défendu mes huit heures de sommeil.

« Qu’est-ce que tu veux dire ? »

« Vas-tu dormir avec Misa ou avec les ours ? »

« Que veux-tu dire ? Tu vas dormir avec les ours ? » demanda-t-elle, la voix tremblante.

« Eh bien, la nuit est froide et dangereuse, non ? Venez ici, Kumayuru, Kumakyu. »

J’avais appelé les ours et je les avais fait s’asseoir. Ensuite, j’avais appelé Fina pour qu’elle fasse une démonstration et je l’avais emmitouflée dans une couverture. Une fois enveloppée, Fina s’était recroquevillée sur le ventre poilu de Kumakyu, qui était assis. Les pattes de l’ours l’encerclèrent, et voilà, l’œuvre d’art intitulée « Ensemble avec l’ours » était terminée.

« Qu’est-ce que c’est ? C’est une sublime façon de dormir ! »

« Tu vois, il ne fait pas froid comme ça. »

« Je vais dire à Misa que je dors avec toi ! Fina, assure-toi de garder une place pour moi ! »

Noa était partie en courant, puis était revenue rapidement… avec Misa à ses côtés.

« Yuna, Misa a dit qu’elle voulait aussi dormir avec les ours. »

« Je peux ? La très chère Noa m’a dit beaucoup de choses merveilleuses sur les ours aujourd’hui. J’aimerais y participer. S’il vous plaît ? »

Misa fixa ses grands yeux innocents sur moi. Je ne pouvais pas dire non. Elle était même plus jeune que Noa !

« Bien sûr. Vous pouvez coucher toutes les deux avec Kumayuru. Fina et moi, on va dormir avec Kumakyu. »

« Merci, Yuna ! »

« Merci beaucoup ! »

Noa et Misa m’avaient remercié, je les avais tout de suite emmitouflées dans une couverture et blotties contre l’estomac de Kumayuru.

« Kumayuru, ne les réveille pas toutes les deux, sauf si quelque chose de dangereux approche. Kumakyu, s’il te plaît, dis-moi si des monstres ou des gens s’approchent de nous », avais-je demandé. Je m’étais alors appuyée contre l’estomac de Kumakyu, en m’assurant de laisser la moitié à Fina. Il faisait chaud. J’avais mis ma main dans le bras de Kumakyu pour m’y tenir dans mon sommeil.

« Bonne nuit, Fina. »

« Bonne nuit. »

 

***

Chapitre 54 : L’ours attrape les voleurs

Je m’étais réveillée au milieu de la nuit, quand Kumakyu avait bougé.

« Kumakyu ? »

Je m’étais frotté les yeux. Fina dormait tranquillement à côté de moi. J'avais utilisé ma capacité de détection, en m'assurant de ne pas la réveiller.

Il y avait des gens à une certaine distance qui n'étaient pas là quand j'avais vérifié avant de m'endormir. Si Kumakyu réagit à ces personnes, me suis-je dit : est-ce que cela signifie qu'elles viennent juste d’apparaître ? Je les avais observés pendant un moment, mais ils ne semblaient pas bouger. Peut-être qu'ils ne faisaient que camper pour la nuit, comme nous ?

« Kumakyu, dis-moi s'ils bougent. »

Je m’étais rendormie. Kumakyu n'avait pas réagi de nouveau, et quand je m’étais réveillée le lendemain matin, le groupe n'avait pas bougé de l'endroit où je les avais sentis la nuit dernière.

Le petit déjeuner était léger, nous étions partis au lever du soleil. J'avais maintenu ma capacité de détection au fur et à mesure que nous avancions pour ne pas avoir à faire face à une deuxième attaque de monstres. Mon radar repéra des gens qui nous suivaient. Quand nous nous étions arrêtés pour une pause, ils s’étaient arrêtés. Une fois la pause terminée, ils avaient bougé avec nous. Le signal que je captais était toujours à la même distance derrière nous.

C'était vraiment suspect, mais qu'est-ce que cela signifiait ? Il n'y avait pas beaucoup de raisons agréables pour que quelqu'un nous suive. Une possibilité était qu'ils nous utilisaient comme des gardes. Si une menace venait de l'avant, nous nous en occupions pour eux, et si quelque chose les attaquait par-derrière, ils se précipitaient et nous forçaient à affronter les monstres. L'autre possibilité était qu'ils nous traquaient. Ce groupe était l'équipe de reconnaissance, et ils attendaient juste le bon moment pour attaquer - ou que d'autres de leurs amis se joignent à eux.

Je ne savais pas encore lequel c'était.

Le carrosse s'était arrêté, il semblerait que nous avions trouvé l'endroit où nous allions camper pour la journée. Lorsque j'avais relancé mon radar, nos mystérieux acolytes s'étaient bien sûr eux aussi arrêtés. Je ferais mieux de faire un rapport aux autres.

« Marina, tu as un moment ? »

« Qu'est-ce qu'il y a ? »

Marina me regarda alors qu'elle installait le campement. Je lui avais parlé des gens qui nous suivaient et de ce que j'en pensais.

« S'il est vrai que les gens s'accrochent parfois à la voiture devant eux, ils disent généralement quelque chose à l'avance et se mettent d'accord pour voyager ensemble. Il est vrai que parfois les personnes de devant feront payer, il y a donc des cas où les autres suivront à une certaine distance derrière. »

« Alors, tu penses que c'est bon ? »

« Je n’en suis pas sûre. Ils nous observent peut-être. En fait, comment peux-tu le savoir ? »

« Mes ours me l'ont fait savoir. »

Je n'avais pas mentionné ma capacité de détection.

« Alors, que devrions-nous faire ? »

« J'aimerais vraiment voir qui nous suit, pour être honnête, mais ce serait probablement inutile. »

« Vraiment ? »

« Il est peu probable que leur apparence nous dise quoi que ce soit. Yuna, je sais que tu es forte, mais pouvons-nous aussi compter ces ours dans notre force de frappe ? »

« Ils protègent Noa et Fina, donc vous ne pourrez pas vraiment compter sur eux pour vous battre. »

Marina secoua la tête. « Pouvons-nous te demander de protéger Mademoiselle Misana et le Seigneur Gran ? Cela nous faciliterait aussi la tâche pour nous battre. »

C'est vrai, il serait délicat de protéger les gens que vous gardez tout en essayant de vous battre. En ce qui me concerne, je m'occuperais de l'attaque seule ; je voulais juste mettre Marina et son équipage au courant. En revanche, tomber dans une embuscade était une tout autre histoire qu'un combat que nous pouvions tous voir venir.

« Très bien. Je vais leur dire de protéger aussi Misa et Gran. Ce sera plus facile s'ils sont tous dans le carrosse. »

Marina m'avait remerciée et était retournée vers son groupe.

Après le dîner, nous avions commencé à nous préparer pour aller au lit. Marina informa tout le monde pendant notre repas. Elle avait dit à Noa, Misa et Fina de se mettre à l'abri dans le carrosse dès que le danger surviendra.

« Yuna, on va vraiment se faire attaquer ? »

« Ne t'inquiète pas. S'il arrive quelque chose, ces deux-là vous protégeront. », lui avais-je dit

Kumayuru et Kumakyu roucoulèrent en réponse.

« En plus, vous ne pensez pas que je puisse être battue, hein ? »

Noa et Fina en savaient plus sur mes capacités que Marina et les autres.

« Alors vous pouvez dormir tranquille. »

« Yuna, s'il te plaît, ne te surmène pas », dit Fina.

« Ça va aller. Comme l'a dit Marina, ce sont peut-être des voyageurs normaux qui nous utilisent comme gardes. »

J'avais donné une petite tape sur la tête de Fina pour calmer ses nerfs. Noa et Misa regardaient. Elles avaient l'air jalouses, alors je leur avais tapoté la tête de la même façon. C'était un petit prix à payer pour les mettre à l'aise.

« On repart tôt demain, alors allez vous coucher. »

« Oui, Yuna, bonne nuit », dit Fina.

« Yuna, bonne nuit », dit Noa.

« Bonne nuit », dit Misa.

Elles s’étaient endormies dans les bras de Kumayuru et Kumakyu. Marina et les autres avaient l'air un peu anxieux, alors j'avais décidé de confier aux ours le soin de faire le guet afin qu’elles puissent dormir un peu. Nous ne savions pas si nous allions être attaqués, après tout, et le sommeil était assez important.

Quelque chose m'avait bousculée. Quand j'avais ouvert les yeux, Kumakyu était là, me donnant un coup de coude.

« Kumakyu ? »

Le plan m’était revenu lentement alors que je commençais à me retourner. Je m’étais dit qu'il y avait une chance que nous soyons attaqués. J'avais activé mon radar. Oui, ils étaient bien là. Une foule commençait à se former. Dix, vingt, peut-être vingt-cinq personnes. N'était-ce pas un peu exagéré pour s'attaquer à quatre aventuriers ?

Je m’étais échappée de Kumakyu, en essayant de ne pas réveiller Fina. J'avais dit à Kumakyu de protéger tout le monde si les ennemis pénétraient dans notre camp. Non pas que j'avais l'intention de les laisser arriver ici.

« Ils sont encore là, hein ? » Marina et les autres étaient venus.

« Vous étiez encore éveillée ? »

Je m'attendais à ce qu'ils montent la garde à tour de rôle.

« Ce n'est pas comme si on pouvait dormir après que tu nous aies dit qu'on pourrait être attaqués. »

« Il y a un assez grand groupe de gens qui se rassemblent là-bas. »

« On devrait réveiller tout le monde pour les mettre dans le carrosse. »

« Laissez-les dormir. Je vais y aller. »

« Seule… ? »

« Ça va aller. Si l'un d'entre eux s’échappe, s'il vous plaît, occupez-vous-en. »

« J'irai avec toi. »

« Marina ?! »

Les autres aventuriers avaient l'air choqués.

« Tu me ralentirais », lui avais-je dit franchement. Elle serait vraiment un fardeau.

« Tu vas vraiment t'en sortir toute seule ? »

« Ça va aller. »

Je doutais qu'ils aient quelqu'un de plus fort qu'un roi-gobelin ou une vipère noire.

« Très bien. Alors, fais-le, s'il te plaît. »

« Bien sûr. Je m'en vais. Surveillez bien tout le monde. »

J'avais regardé l’endroit où Fina, Noa et Misa étaient blotties avec mes ours. Les trois filles dormaient comme des bébés. Confiant leur sécurité aux pattes de mes ours, je m’étais mise à courir dans le noir, en suivant le signal de mon détecteur d'ours.

Je voyais bien tout autour de moi. L'équipement de détection d’ours avait-il acquis des capacités de vision nocturne sans que je m’en rende compte ? Il y avait quelques personnes devant moi, regroupées dans le noir et tenant leurs épées bien serrées. Même si c'était en pleine nuit, ils n'avaient pas de feu. Je pouvais même entendre leur conversation dérangée.

C'était certainement des bandits, ce qui signifiait que j'étais vraiment libre de les attaquer avant qu'ils n'essaient de nous attaquer. Je m’étais attaquée à ce gang sans méfiance. Mes chaussures d'ours n’avaient pas fait de bruit et ma tenue d'ours noir s’était fondue dans l'obscurité. J'avais lancé un sort.

« Qu'est-ce que c'est ? »

Le temps qu'ils me remarquent, il était trop tard. J'avais assailli les bandits à coups de lame de vent, en prenant soin d'orienter mes tirs de façon à ce qu'ils touchent les personnes à cheval, mais pas leurs chevaux. Les chevaux n'avaient après tout fait de mal à personne. J'avais forcé le gang à se rassembler avec la première volée, et j'avais ensuite fait sortir des barres de terre du sol autour d'eux. Finalement, j'avais scellé le sommet avec un couvercle de pierre improvisé. La cage était complète.

« On ne peut pas les casser ! Les mages à l'avant ! »

Plusieurs des bandits jetèrent des sorts, mais ils rebondirent sur les barreaux et finirent par causer des dégâts à l'intérieur de la cage.

« Arrêtez avec la magie ! On va mourir ! »

« Ça fait mal ! Que diable se passe-t-il ? »

« Que quelqu'un fasse de la lumière ! »

« Bonsoir, bandits ! »

Ils n’avaient vraiment compris que j'étais là que lorsque j'avais commencé à leur parler.

« Un ours ? »

« Qu'est-ce que c'est que cet accoutrement ? »

« C'est toi qui as fait ça, petit crétin ? »

« Laisse-nous sortir d'ici ! »

« Tu es cet ours qui chevauchait un ours… »

L'un d'entre eux semblait déjà savoir qui j’étais. Je suppose qu'il faisait partie du groupe qui nous suivait. J'avais été surprise de voir qu'ils avaient décidé d'attaquer alors qu'ils savaient pour mes ours. Peut-être s’étaient-ils dit qu'ils pouvaient s'en sortir, puisqu'ils avaient des sorciers dans leur groupe.

« Tu penses vraiment que tu peux nous faire ça et vivre ?! »

Ces types sont-ils stupides ? Croyaient-ils vraiment pouvoir me combattre alors qu'ils étaient coincés dans une cage ? Je les avais arrosés avec un sort d'eau pour les faire taire.

« La prochaine fois que vous ouvrirez la bouche, je passerai au feu. »

« Ferme ta bouche ! Tu crois que tu peux faire ça au clan des bandits Zamon… ?! »

« Feu. »

J'avais lancé une masse de feu dans la cage.

« Chaud ! Chaud ! Qu'est-ce que tu crois que tu fais ? »

Les sorciers à l'intérieur de la cage avaient libéré de l'eau pour éteindre le feu.

« J'ai dit que si tu ouvrais à nouveau la bouche, je mettrais ensuite le feu. Es-tu stupide ? »

« Pourquoi, espèce de petit… »

Ils semblaient avoir beaucoup à dire, mais cette fois, ils se turent. J'avais utilisé un sort de terre pour soulever la cage de cinquante centimètres du sol. Certains des bandits qui se trouvaient à l'intérieur avaient perdu l'équilibre et tombèrent en faisant du bruit, mais je les avais ignorés. Ensuite, j'avais fixé des roues au-dessous de la cage pour la rendre mobile. Je ne me souciais pas de leur confort, alors je n'avais pas ajouté de ressorts pour absorber les secousses et les bosses de la route.

Il ne me manquait plus que quelque chose pour déplacer la cage. J'avais pensé que je pourrais utiliser les chevaux, mais ils s’étaient tous enfuis. J'avais réfléchi pour finalement trouver la solution. Ça allait attirer l'attention, mais c'était ma seule option.

« Viens, ours ! »

J'avais fait un golem de terre en forme d’ours, en suivant la même logique que lorsque j'avais fait les ours de feu et d'eau pour tuer les loups tigres et la vipère noire. Il mesurait environ trois mètres de haut.

« Un ours ! »

« C'est quoi cette chose ?! »

Les bandits faisaient du bruit dans leur cage.

« Que comptes-tu nous faire ? »

« Laisse-nous sortir d'ici ! »

Ils étaient si bruyants. Apparemment, les petits voleurs étaient des idiots, quel que soit le monde dans lequel vous viviez. Parfois, ils venaient avec un chef intelligent, mais cette bande ressemblait à une bande d'imbéciles. J'avais lancé une boule de feu dans la cage pour les faire taire, et comme la dernière fois, un des sorciers s’était mis à l'éteindre comme si sa vie en dépendait.

« La prochaine fois que vous ouvrirez la bouche, je vous la ferai manger. »

J'avais fait apparaître une boule de feu pour insister. Ils me regardèrent alors de travers en silence. N'avaient-ils vraiment pas compris la situation dans laquelle ils se trouvaient ? En tout cas, ils étaient restés silencieux. J'avais donc demandé à l'ours de terre de ramener la cage devant le chariot. Si je prenais trop de temps, Marina et les autres pourraient commencer à s'inquiéter.

***

Chapitre 55 : L’ours arrive à la capitale royale

Tout le monde était réveillé quand j’étais arrivée avec la cage. Fina et Noa attendaient sur Kumayuru. Je me demandais si elles se préparaient au cas où elles devraient s’enfuir d’elles-mêmes.

« Vous vous êtes levés ? »

« Ce n’est pas comme si on pouvait dormir en sachant que des bandits arrivaient ! »

« Effectivement, nous ne pouvions pas dormir quand il y avait une chance que des bandits nous attaquent ! »

Gran était aussi réveillée. Un gars comme lui aurait vraiment dû rester au lit.

« Yuna, je n’aurais jamais pensé que tu t’éclipserais sans dire un mot », dit Noa.

« Yuna, je pense que tu es allée trop loin cette fois… » dit Fina.

J’avais attrapé les bandits, alors pourquoi avais-je eu l’impression que c’était moi qui avais des problèmes ici ?

« Hum, par où je commence ? » dit Marina, faisant écho à ce que tout le monde pensait manifestement.

« Pour l’instant, pouvez-vous nous dire ce que vous avez fait des bandits ? »

Les yeux de tout le monde s’étaient focalisés sur moi, et le contre-interrogatoire commença. Pourquoi est-ce que ça arrive ? me suis-je dit.

« Comme vous pouvez le voir, j’ai attrapé les bandits, je les ai donc mis dans une cage. »

« Comment as-tu attrapé autant de gens toute seule ? »

« Je l’ai fait avec un peu de magie de terre. »

« Et cette cage ? »

« Je l’ai créé avec un peu de magie de terre. »

« Et pour finir, qu’en est-il de cet ours ? »

« J’en avais besoin pour déplacer la cage, alors j’ai fait cet ours. »

À voir leurs visages et la façon dont ils soupiraient un peu chaque fois que je répondais, j’avais l’impression de les exaspérer.

« Plus je t’entends parler, plus l’envie de rire de ce que tu dis est forte », déclara Marina.

Elle avait l’air d’en avoir assez.

« Alors, que vas-tu faire de ces bandits ? »

« Je ne sais pas, qu’est-ce que vous en pensez ? Devrions-nous les emmener dans la capitale royale ? Faut-il les tuer ici ? »

« Ça ne peut pas être les bandits de Zamon, n’est-ce pas ? »

Elle, la sorcière, parla dans le dos de Marina, en regardant le groupe.

« Les bandits de Zamon ? »

Je m’étais souvenue qu’ils avaient dit quelque chose de ce genre.

« C’est un groupe de bandits qui ont fait des ravages par ici. »

« Vous devez plaisanter. Vous avez attrapé les bandits de Zamon toute seule ? »

« Ils sont si importants que ça ? »

« J’ai entendu dire que c’est un groupe épouvantable qui dépouille ses victimes de tout argent et de tout objet de valeur, et viole toutes les femmes qu’il croise. »

Il était possible que leurs cibles soient Marina et les autres femmes. D’un autre côté, le simple fait de penser que Fina et les autres filles pouvaient être celles qu’ils recherchaient…

« Alors on devrait les tuer ? » avais-je suggéré.

« Je sais que ce sera beaucoup de travail, mais nous devrions les livrer aux gardes de la capitale et les forcer à nous informer de l’emplacement de leur cachette. Il se peut qu’ils y détiennent les femmes qu’ils ont enlevées, et nous ne savons pas où elle se trouve ni combien de personnes la gardent. Obtenir d’eux ces informations de manière vérifiable va prendre du temps, et nous sommes en pleine mission d’escorte. Je pense que notre meilleure chance est de nous diriger vers la capitale royale et de les livrer aux autorités sur place. »

Le plan de Marina était sans faille. Je n’avais aucune objection. Elle et son groupe voulaient probablement sauver les femmes capturées par les bandits le plus rapidement possible, mais ils avaient pris cette décision après avoir pesé leurs compétences et leur situation. Je n’avais pas non plus prévu de laisser Noa et Fina derrière moi pour aller à la cachette. Même si c’était vraiment pénible, nous emmènerions les bandits dans la capitale.

« Eh bien, nous avons décidé de ce qu’il faut faire à partir d’ici. Il fait encore nuit, alors on devrait se rendormir ? »

« Peux-tu dormir dans une telle situation ? »

« Je n’ai pas l’impression de pouvoir dormir après avoir vu tous ces bandits. »

« Moi non plus. »

« Yuna, je ne peux pas non plus dormir. »

« Yuna… »

« Naturellement, je n’ai pas l’impression de pouvoir dormir non plus. »

Pas une seule personne n’était avec moi. De toute façon, ils devaient dormir près de ces bandits le lendemain, et l’aube était encore loin. Qu’allaient-ils faire s’ils n’allaient pas dormir ?

« Alors », dit Gran, « que diriez-vous de partir tôt ? Si les chevaux montrent des signes de fatigue, nous pouvons leur permettre de se reposer à ce moment-là. »

Et ainsi, nous avions fini par reprendre notre voyage vers la capitale royale même si c’était encore le milieu de la nuit. J’allais dormir sur le dos de Kumakyu.

Quand le soleil se leva, nous avions décidé de prendre un petit déjeuner pour donner du repos aux chevaux. Cela avait provoqué un tollé chez les bandits.

« Donnez-nous à manger ! »

« Oui, oui, c’est ça. »

« Vous ne mourrez pas de faim avant quelques jours. »

« C’est une blague ! »

J’avais jeté de l’eau sur les bandits turbulents pour les faire taire. Nous avions confisqué les sacs sans fond de tous les bandits avec leurs armes, de sorte que même s’ils avaient de la nourriture, ils ne pourraient pas la manger maintenant. La seule chose qu’ils recevaient était l’eau que leur sorcier avait fabriquée.

Quelques jours après la capture des bandits, vers midi, le mur entourant la capitale royale apparut. De multiples routes convergeaient à ce moment-là, toutes remplies de chariots. Sur l’ordre de Gran, notre chariot s’arrêta.

« Si nous continuons plus loin, nous attirerons l’attention sur nous », dit-il.

« Yuna, désolé, mais s’il te plaît, attends ici. Nous allons appeler les gardes. »

Gran, Marina et les autres m’avaient dit que si je ne voulais pas me faire un nom absurde ou provoquer un tumulte, je ne devrais pas emmener l’ours Golem en ville. Nous avions décidé qu’ils iraient chercher les gardes pendant que je resterais derrière.

J’avais détruit le golem et j’avais démonté la cage. Ils étaient affaiblis par la faim et attachés, les bandits n’avaient pas la force de s’enfuir. J’avais rappelé Kumayuru et Kumakyu, il ne restait plus qu’à attendre le retour de Gran et des autres.

« C’est vraiment un grand mur. »

Même de loin, je pouvais dire qu’il était énorme. Fina avait l’air impressionnée de voir quelque chose d’aussi grand pour la première fois.

« Je ne pensais pas que j’irais un jour aussi loin de chez moi. Mon père est mort quand j’étais petite, et ma mère est tombée malade. Trouver de la nourriture tous les jours était une telle lutte que je ne pensais pas que j’irais un jour dans la capitale royale. Tout ça, c’est grâce à toi, Yuna. Encore une fois. »

« Il y aura aussi des choses amusantes à l’avenir. Amusons-nous bien à la capitale, d’accord ? »

« Oui ! »

Pendant que je parlais à Fina de nos plans, la voiture de Gran était revenue. J’avais vu une douzaine de gardes à cheval derrière lui.

« Madame Marina, ce sont les bandits de Zamon ? »

Les gardes regardèrent les bandits liés. Marina descendit du siège du conducteur de la voiture.

« Oui, c’est ça », dit-elle.

« Je suis impressionnée que vous en ayez capturé autant. »

« Oui, eh bien, cette fille a joué un grand rôle dans la réalisation de ce projet. »

« Vous voulez dire la fille avec les vêtements d’ours dont vous avez parlé plus tôt ? »

Ils m’avaient regardée d’une manière douteuse, mais peut-être parce qu’ils avaient accepté l’explication de Marina et Gran, ils n’avaient pas demandé plus. Ils chargèrent les bandits sur le carrosse du garde. Comme ils étaient tous épuisés, ils n’avaient pas résisté.

Un peu plus loin, Gran parlait à quelqu’un qui ressemblait au chef des gardes.

« Ranzel, on peut partir ? Nous sommes fatigués de notre long voyage et nous voulons nous reposer. »

C’était vrai. Je voulais aussi entrer rapidement dans la capitale royale.

« Oui, bien sûr. Merci pour votre coopération. »

« S’il y a quelque chose que vous devez savoir, venez me voir. »

Gran prenait toutes les questions qui m’auraient été adressées. Il me devait la vie, alors il avait dit que c’était le moins qu’il puisse faire. Il avait l’air d’être un bon gars. Je m’étais demandé si beaucoup d’aristocrates dans ce monde étaient vraiment des gens bien ?

« Eh bien dans ce cas, je vais prendre des dispositions pour obtenir une entrée préférentielle dans la capitale. », dit le garde

« Je vous en serais très reconnaissant. »

J’étais prête à marcher sur le reste du chemin quand Gran m’avait dit de monter dans la voiture. J’étais reconnaissante, mais je ne savais pas si j’étais à la hauteur à cause de ma tenue. Marina et deux de ses compagnons étaient assis à la place du conducteur. J’avais donc pris une place entre Fina et Noa. En face de nous, il y avait Misa, Gran et Elle. Bien qu’elles aient été serrées contre moi, Fina et Noa ne s’étaient pas du tout plaintes, elles semblaient assez heureuses d’être à côté de moi. Avec neuf personnes à bord, nous avions commencé à trotter vers l’entrée de la capitale royale.

Des gardes montés nous avaient guidés alors que nous sautions en tête de ligne. Je m’étais sentie un peu désolée pour toutes les personnes que nous avions croisées et qui faisaient encore la queue. Lorsque nous étions arrivés à l’entrée, les gardes avaient arrêté leurs chevaux et nous avaient dit de poser nos cartes de guilde et de résident sur le cristal pour vérification.

Pour ce faire, il fallait sortir de la voiture. Quand j’étais descendue, cela avait immédiatement provoqué une agitation des gens autour de moi.

« Un ours ? »

« C’est un ours ? »

« Qu’est-ce que c’est que cet accoutrement ? »

« Tu te démarques vraiment, Yuna. »

Ils n’avaient pas eu besoin de faire un effort pour dire quoi que ce soit. J’avais posé ma carte de guilde sur le panneau de cristal, et une fois qu’il avait confirmé que je n’avais pas de casier judiciaire, j’étais retournée dans la voiture. J’avais peut-être l’air drôle en le faisant, puisque Fina et les autres se moquaient de moi.

« Yuna, tout va bien. Tes vêtements sont mignons. »

Je ne savais pas comment répondre à une fille de dix ans qui me trouvait mignonne.

Une fois que nous étions tous remontés à bord, la voiture recommença à avancer. Gran avait eu la gentillesse de nous emmener jusqu’à la maison de la mère de Noa.

« Où est ta maison, Noa ? »

« Dans le quartier des classes supérieures. C’est un peu loin d’ici. »

La calèche se déplaçait au petit trot. La capitale royale avait l’air animée, d’après ce que je pouvais voir de la petite fenêtre. Fina regardait aussi dehors, avec sa petite bouche ouverte. En voyant ce regard sur son visage, j’avais été heureuse de l’emmener avec moi.

« Les gens se sont rassemblés de partout en raison de la fête d’anniversaire du roi. »

« La capitale a toujours eu beaucoup d’habitants, mais vous verrez de plus en plus de gens se rassembler au fil du temps », nous avait dit Marina depuis son siège aux rênes.

Peu à peu, le carrosse s’était dirigé vers des routes plus désertes. Les bâtiments autour de nous avaient changé, et les manoirs qui ressemblaient à d’élégantes propriétés étaient devenus plus fréquents.

« Yuna, je peux le voir maintenant. C’est là que se trouve la maison de ma mère. »

Elle était à peu près de la même taille que la maison du Seigneur de Crimonia. Je me demandais qui était la mère de Noa ? Elle n’était pas avec sa famille, et ils avaient dit qu’elle travaillait au château. J’avais essayé de le demander à Noa, mais apparemment, elle ne savait rien d’autre que l’endroit où sa mère travaillait.

La calèche s’était arrêtée devant le domaine.

« Alors, Noir, si tu as le temps pendant que tu es dans la capitale royale, viens rendre visite à Misa. », dit Gran

« Ne veux-tu pas rencontrer ma mère ? »

« Elle n’est probablement pas à la maison cette heure. Je viendrai la saluer à l’avenir, une fois que j’aurai reçu un rapport complet des gardes. »

« Chère Noa, Fina, chère Yuna, venez me voir, s’il vous plaît. »

« Oui, nous viendrons. »

« Si possible, j’aimerais jouer avec Kumayuru et Kumakyu. », dit Misa

« Bien sûr. Incluez-les dans votre temps de jeu. »

« Je le ferai ! »

Nous avions remercié Marina et les autres, puis nous étions descendus de la voiture.

« Vous nous avez vraiment aidés. Au début, j’ai pensé que vous étiez juste une fille bizarre. »

Marina riait, mais ce n’était pas une moquerie.

« Faites-moi savoir si vous avez besoin d’un coup de main. Si nous pouvons faire quelque chose pour vous aider, nous le ferons. »

Elle avait saisi les rênes et avait poussé les chevaux. La voiture s’était lentement animée et s’était éloignée.

***

Chapitre 56 : L’ours se bat avec la sœur aînée de Noa

« Eh bien, Yuna, Fina, allons à l’intérieur », dit Noa, en nous guidant vers les portes d’entrée.

Tmp-tmp-tmp-tmp-tmp-tmp-tmp-tmp-tmp-tmp-tmp-tmp…

Nous entendions le bruit de pas de course venant de quelque part.

Tmp-tmp-tmp-tmp-tmp-tmp-tmp-tmp-tmp-tmp…

Les pas s’approchaient régulièrement de nous par-derrière. Alors que je me retournais pour leur faire face, une femme blonde s’était précipitée vers nous.

« Nooo-aaaah ! »

« Mère ! »

« Noa, tu m’as manquée ! »

La femme pressa sa joue contre celle de Noa. Elles avaient les mêmes cheveux d’or. Elle avait environ vingt-cinq ans, à peu près, ce qui semblait assez jeune pour être la mère de Noa. Quand j’avais comparé leurs visages alors qu’elles étaient pressées l’une contre l’autre, j’avais réalisé qu’elles se ressemblaient aussi beaucoup. Quel âge avait-elle quand elle a eu Noa ? M’étais-je demandée.

« Cliff n’est pas là ? »

La mère de Noa regarda autour d’elle.

« Père travaille toujours en ville. Il m’a dit de partir avant lui à la capitale royale toute seule. »

« Il l’a vraiment fait ? Je ne peux pas croire qu’il t’ait laissée venir ici toute seule. »

« Il me l’a permis parce que Yuna m’a escortée. »

« Yuna ? Tu ne parles pas de cette fille aux vêtements amusants ? »

Bizarre, j’avais entendu beaucoup de choses, mais personne ne m’avait encore appelée « amusante ». Je suppose que c’était la même chose.

« Cette personne habillée comme un ours est l’aventurière Yuna. Elle m’a escortée jusqu’à la capitale. Et voici Fina. C’est une amie d’ours. »

Attend quoi ? Une amie d’ours ? Depuis quand est-ce arrivé ?

En tout cas. En mettant ça de côté, j’avais salué la mère de Noa.

« Yuna. Enchantée de vous rencontrer. »

« Je m’appelle Fina. Yuna m’a emmenée pour ce voyage », avait dit Fina en me copiant.

« Oh, mon Dieu, quelles adorables enfants ! Je suis Ellelaura, la mère de Noa. Allons à l’intérieur pour que vous puissiez me donner les détails. »

« Mais mère, comment as-tu su que j’arrivais dans la capitale royale ? »

« Oh, j’ai dit au gardien de la porte de m’envoyer un message urgent quand toi et Cliff arrivez. Puis quand le message est arrivé, j’ai confié tout mon travail à Sa Majesté et je suis venue en courant. »

Un message urgent ? Cela signifiait-il qu’ils avaient envoyé un messager au château avant notre arrivée ? N’était-ce pas très rapide ? En plus de cela, elle avait dit qu’elle avait jeté tout son travail sur le roi — est-ce vraiment bien ? Je suppose qu’elle n’avait pas pu s’en empêcher, car elle n’avait pas vu sa fille depuis si longtemps.

Ellelaura nous avait guidés dans l’immense intérieur de la résidence. Les servantes étaient venues nous saluer. Certaines d’entre elles ne pouvaient pas contrôler leur expression en me voyant, mais aucune n’avait ri. Nous avions été guidés vers une pièce spacieuse.

« S’il vous plaît, asseyez-vous n’importe où. Je suis sûre que vous êtes épuisées. »

Il y avait deux sofas luxueux pouvant accueillir cinq personnes chacun de chaque côté d’une table. Fina n’avait pas quitté mon côté depuis tout à l’heure, on aurait dit qu’elle imitait ce que je faisais. Quand je m’étais assise au milieu d’un canapé, Fina s’était mise à ma droite et Noa à ma gauche. Une fois que nous étions toutes assises, une bonne nous avait apporté à boire. Comme j’avais soif, je l’avais bu avec gratitude. C’était frais et délicieux. Fina avait pris sa tasse et l’avait aussi bu.

Après avoir étanché ma soif, j’avais regardé à nouveau Ellelaura.

« Le Seigneur Cliff m’a demandé de les garder en sécurité, madame. »

J’avais sorti la lettre et la boîte avec l’épée du roi-gobelin de la réserve d’ours.

« Oh, donc cet ours sur votre main est un sac sans fond », remarqua Ellelaura en ouvrant la lettre et en vérifiant son contenu. Elle hocha la tête plusieurs fois et me regarda. Une fois qu’elle avait fini de lire la lettre, elle la referma doucement.

« C’est donc l’épée du roi-gobelin. Il a trouvé l’objet rare. Et il semble que vous lui ayez même laissé l’avoir. »

« Oh, ce n’était pas du tout un problème, madame. »

« Oh, arrêtez d’être si formel. »

« Vous êtes sûre ? »

« C’est bon. C’était dans la lettre. »

Maintenant, je voulais savoir comment Cliff me décrivait dans la lettre…

« “Il vaut mieux ne pas s’inquiéter de la façon dont elle parle. Il vaut mieux que tu ne te renseignes pas sur ses vêtements. De plus, elle est plus forte qu’elle n’en a l’air. Elle s’attire facilement des ennuis à cause de ses vêtements, alors s’il te plaît, soutiens-la si nécessaire…” il y a beaucoup d’autres choses écrites ici aussi », avait lu Ellelaura.

Oui, il m’avait fait passer pour une nuisance ridicule. Pire encore, tout était vrai, alors je ne pouvais même pas le contester.

« Il dit aussi que tu es gentille et que tu es une aventurière que Noa aime beaucoup. Il semble que Cliff ait beaucoup de foi en toi. »

« Est-ce qu’il a vraiment confiance ? »

Il m’avait confié la sécurité de Noa, mais c’était gênant d’entendre quelqu’un le dire à voix haute. Je n’arrivais pas à croire qu’il ait fait autant confiance à une fille qui se promenait en pyjama.

« Qu’il t’ait chargé d’escorter notre fille toute seule en dit long. Au début, je doutais que tu puisses assurer la sécurité de Noa seule, mais tu as tué à toi seule une centaine de gobelins, un roi-gobelin, des orcs, des loups tigres et une vipère noire. J’ai presque cru que le contenu de cette lettre était une blague. »

« Oui, Yuna est incroyable. Quand nous sommes arrivées dans la capitale royale, elle a vaincu les orcs et a attrapé une bande de bandits toute seule ! » déclara Noa.

Ellelaura avait l’air choquée.

« C’est vraiment le cas ? »

« Oui, le Seigneur Gran était là aussi. Il peut te dire ce qu’il a vu. »

Noa parla joyeusement de ce qui s’était passé sur notre chemin vers la capitale. Elle devait avoir hâte de voir sa mère après si longtemps.

« Eh bien, regardez l’heure. Shia devrait bientôt rentrer. »

« Shia ? »

Encore un autre nom à retenir.

« Oui, c’est ma grande sœur. Elle va à l’académie royale en ce moment. », dit Noa

« Noa, tu as une grande sœur ? »

« Oui. Mais elle a cinq ans de plus que moi, donc on n’est pas très proches. »

Elle avait quinze ans ? J’avais regardé Ellelaura à nouveau. Quel âge avait-elle quand elle avait eu cet enfant ? Si j’avais supposé qu’elle avait vingt-huit ans, elle en aurait eu treize… Ça ne marcherait pas au Japon, mais peut-être que ce n’était pas impossible ici ?

« Yuna, est-ce que tu laisses des pensées étranges te traverser l’esprit ? »

Elle me lisait comme un livre. Je me demandais si elle était douée pour voir à travers les gens, ou si mon visage était aussi transparent. J’avais décidé d’être honnête.

« Tu as l’air si jeune, alors je me demandais quel âge tu avais quand tu as eu tes enfants. »

« Oh, tu penses que j’ai l’air si jeune ? »

Ellelaura avait rougi. On dirait que les femmes étaient toujours heureuses d’être appelées jeunes, quel que soit le monde. Même si je me mettais en colère chaque fois que les gens devinaient que j’étais plus jeune que je ne le suis vraiment.

« Au début, je pensais que tu avais environ 25 ans, mais quand j’ai appris que tu avais une fille de 15 ans, j’avais commencé à me poser des questions. »

« Oh, mon Dieu, quelle joie de t’entendre dire ça. Normalement, je ne dirais pas aux autres quel âge j’ai, mais je vais faire une exception spéciale pour toi. J’ai trente-cinq ans cette année. »

« Ma mère est célèbre pour sa beauté. »

« Oh, dans ce cas, ne penses-tu pas que ma petite fille deviendra elle aussi une beauté ? »

« J’espère que oui ! Cela me rendrait si heureuse ! »

Noa semblait heureuse.

Il y eut une agitation soudaine de l’autre côté de la porte, qui s’était ouverte pour faire entrer une fille en nattes qui était le portrait craché d’une Noa plus âgée.

« Je suis de retour, maman ! Noa est-elle vraiment là ? »

Je m’étais dit que c’était Shia. Elle portait des vêtements d’école. Je suppose qu’ils ont aussi des uniformes dans ce monde.

« Shia, tu as des invités devant toi. »

« Veuillez excuser mon impolitesse. Attends, tu veux dire cet ours ?! »

« Oui, c’est bien ça. Tu es grossière avec l’ours. »

Ellelaura, pensais-je, tu es aussi grossière qu’elle.

« Maman, s’il te plaît, ne plaisante pas. »

« Ha ha, ce n’est pas une blague. Cette fille habillée en ours est Yuna, l’aventurière qui a escorté Noa jusqu’à la capitale royale. La fille à côté d’elle est son amie, Fina », déclara Ellelaura.

« Tu dis que ces trois filles ont fait tout le chemin jusqu’à la capitale par leurs propres moyens ? Tu dois plaisanter. Ces petites filles sont venues de Crimonia ? »

Je m’étais demandé si j’étais censée être une de ces « petites filles » ? Je suppose que j’étais plus petite qu’elle.

« Hé toi, tu pourrais te lever pour moi ? »

Je m’étais levée comme on me l’avait demandé.

« Tu dois plaisanter. Cette mignonne petite fille ne peut pas être une aventurière. »

Une petite fille mignonne ? me suis-je dit. Excuse-moi, j’ai quinze ans, tout comme toi. J’étais plus petite que Shia, et ma poitrine était plus plate, mais je grandissais encore, alors ça ne comptait pas.

« Ma sœur, Yuna est forte. Elle est même incroyable, mais ses ours sont les plus incroyables de tous. »

« Ses ours ? »

Shia inclina la tête alors que le doute l’assaillait.

« Ah oui. Et si vous faisiez un entraînement ? Si on fait ça, je suis sûre que Shia comprendra. », dit Ellelaura

« Attendez »

Ne pourraient-ils pas prendre des décisions en mon nom ?

« Yuna, veux-tu bien prendre ma fille comme adversaire ? Oh, et ne te retiens pas, s’il te plaît. Mais pas de blessures majeures, puisqu’elle est une fille. »

« Très bien. J’accepte le match. », dit Shia

Moi non ! Cela devenait vraiment pénible, et ça s’aggravait de minute en minute.

La situation n’avait fait que progresser à partir de là, avec ou sans mon accord. Avant que je ne m’en rende compte, le match était lancé et nous étions dans la cour.

« Elle a pris la grosse tête parce qu’elle est la plus forte de son école, alors, assure-toi de la faire prendre conscience de la vérité. », dit Ellelaura

Euh. Je ne savais pas vraiment quoi faire. Même si je n’étais pas censée me retenir, c’était quand même un membre de la noblesse dont nous parlions. En plus, j’étais sûre que la blesser rendrait Noa triste.

« Maman ! Je n’ai pas une grosse tête. »

« Oh, tu n’en as pas ? Tu ne disais pas qu’il n’y a pas une seule fille plus forte que toi à l’école ? »

« Si, mais ça ne veut pas dire que j’ai une grosse tête ! »

« Ha ha, je plaisante. »

« Umm, tu t’appelles Yuna, n’est-ce pas ? »

Shia me fit une grimace.

« Oui. »

« Tu es meilleur avec une épée ou de la magie, Yuna ? Choisis ce que tu veux. »

« Une épée, alors. »

Une servante apporta des épées en bois pour que nous puissions choisir.

« Eh bien, quand tu seras prête », dit Shia en préparant son épée.

Les filles qui maniaient l’épée avaient l’air plutôt cool, surtout quand elles tenaient leurs armes avec une telle habileté. Ses longs cheveux dorés ne faisaient qu’ajouter à l’effet.

« Es-tu sûre que c’est cool d’y aller quand tu veux ? »

« C’est bon. »

« Alors, je te crois sur parole. Me voici. »

J’avais utilisé mon pas d’ours pour me frayer un chemin jusqu’à la poitrine de Shia en un instant, amenant mon épée pour mettre Shia hors d’état de nuire. Alors que son épée flottait dans les airs, j’avais arrêté la pointe de la mienne juste devant son visage.

« Est-ce que ça te suffit ? »

J’avais baissé mon épée et je m’étais retirée.

« H-hey, attends une minute. »

« Quoi ? »

« Faisons cela encore une fois, s’il te plaît », me demanda-t-elle, les yeux fermés avec les miens dans une expression sérieuse. Elle n’était pas seulement une mauvaise perdante — on aurait dit qu’elle voulait vraiment essayer à nouveau.

« S’il te plaît. »

« Je vais me battre avec toi jusqu’à ce que tu sois satisfaite. »

J’avais préparé mon épée et j’avais attendu le coup de Shia. Alors qu’elle faisait le premier mouvement, j’avais esquivé et j’avais fait tomber son épée. Elle tenait son bras comme s’il était engourdi. Malgré cela, elle avait immédiatement récupéré son épée, s’était préparée et avait attaqué.

Elle balança son épée lentement et sans grande force. Je ne connaissais aucune fille de son âge, je ne pouvais donc pas dire si elle était forte ou faible pour son niveau d’entraînement. J’avais balayé son coup et j’avais arrêté mon épée à l’arrière de son cou. Shia n’avait aucune stratégie lorsqu’elle se battait. Elle n’avait pas l’air de penser à la façon dont son adversaire se défendrait contre elle, à la façon dont il attaquerait, ou à quoi que ce soit d’autre.

J’avais jeté l’épée en bois de Shia et j’avais pointé mon épée sur son corps sans défense.

« Peu importe combien de fois nous faisons ça, ce sera toujours pareil. »

« Pardonne-moi, mais puis-je utiliser la magie ? »

« Aucun problème. »

« Merci beaucoup. »

Shia plaça son épée dans sa main gauche et recueillit le mana qui s’était transformé en flamme dans sa main droite.

« Boule de feu ! »

La boule de feu s’était envolée vers moi. Je m’étais écartée de son chemin. Shia attendait là, son épée levée au-dessus de moi. Mais elle était toujours aussi lente. J’avais paré le coup avec la main.

Shia sauta en arrière, prit de la distance, puis lança une autre boule de feu. Que lui enseignaient-ils à l’académie ? Ça ne servait à rien de connaître la magie et le maniement de l’épée si on ne les utilisait pas ensemble. Même les débutants n’ayant joué que quelques mois savaient mieux se battre. Peut-être était-ce une question d’expérience ? J’avais fait ma part de matchs joueurs contre joueurs dans les jeux RPG. C’était généralement contre des idiots qui se battaient sans espoir, mais il y avait eu des fois où je n’avais gagné que de justesse. Même si j’avais perdu, j’aurais quand même appris quelque chose.

On ne pouvait pas avoir ce genre d’expérience dans ce monde. Si vous perdiez, vous mourriez.

J’avais évité la boule de feu et j’avais comblé la distance entre moi et Shia, puis je l’avais frappée à l’estomac avec un faible coup d’ours.

« Guh… »

Shia s’était penchée et tomba à genoux. Peut-être était-ce un peu trop fort ?

« Ça suffit », dit Ellelaura en terminant le match.

« Je peux encore… »

« Tu devrais savoir qu’elle y allait doucement avec toi. »

« Mais… »

« C’est fini. »

« … OK », répondit doucement Shia, en se levant.

« Tu t’appelles Yuna ? Tu es vraiment forte. Malgré les apparences, je suis en fait l’une des plus puissantes de l’académie. Je n’aurais jamais pensé que je perdrais contre quelqu’un de plus jeune que moi. »

« J’ai quinze ans. »

« Quoi ? »

« Comme je l’ai dit, j’ai quinze ans. J’ai le même âge que toi. »

« Pas possible, je pensais que tu étais plus jeune que moi. »

Bien sûr, j’étais plus petite que la moyenne, mais je n’étais pas si petite que ça… je crois.

« Alors, pourquoi ne pas organiser une fête pour fêter l’arrivée de Noa à la capitale, et pour accueillir Yuna et Fina ? »

Une fois le match terminé, nous nous étions assis ensemble pour un repas savoureux, bien que j’avais eu l’impression qu’il manquait quelque chose. Ce monde n’avait pas autant d’assaisonnements que le Japon. Ils avaient du sucre, du sel et des épices de base, mais j’avais envie de sauce soja et de miso.

Pendant ce temps, Fina se comportait bizarrement. Elle mangeait par petites bouchées, mais elle ne parlait pas beaucoup. Même quand quelqu’un lui parlait, elle ne semblait pas vouloir répondre beaucoup. Peut-être que la nourriture ne lui convenait pas ?

« Maman, tu crois que les professeurs et tout le monde à l’académie y vont doucement avec moi ? »

« Hmm, je n’en suis pas sûre. Yuna est une aberration. En termes d’aventuriers, je suis sûr que son niveau se situerait au moins autour du rang C. »

« Rang C… mère, c’est impossible. »

« Elle a vaincu une horde de cent gobelins. Elle a tué un roi-gobelin. Elle a tué des orcs. Elle a tué un couple de loups tigres. Elle a tué une vipère noire — et, bien sûr, elle a fait tout ça toute seule. »

Où étaient les lois sur la protection de la vie privée dans ce monde ?! Je souhaitais que les gens arrêtent de bavarder de mes exploits.

« Alors tu ne dois pas t’en vouloir. Je voulais juste que tu saches qu’il y a des enfants du même âge que toi qui sont plus forts. », poursuivit Ellelaura.

« Oui, elle était très forte. Yuna, je suis désolé pour tout à l’heure », dit Shia.

Après tout, peut-être que ce n’était pas une si mauvaise enfant.

« Mais tu peux aussi utiliser la magie, n’est-ce pas, Yuna ? »

« À peu près. »

« Et ta magie est-elle aussi forte ? »

« En plus de ça, Yuna a ses ours. Ils sont encore plus étonnants », dit Noa, s’insérant fièrement dans la conversation.

« Comme je l’ai déjà dit, qu’est-ce que ces ours sont censés être ? »

« Ce sont des convocations de Yuna. Ils sont super mignons. »

« Convocations… euh, me laisserais-tu voir cette invocation d’ours plus tard ? »

« Bien sûr », je l’avais promis à Shia.

Une fois qu’on avait fini de manger, on nous avait conduits aux chambres où on allait dormir cette nuit. Comme Fina l’avait demandé, on avait partagé la même chambre.

***

Chapitre 57 : L’ours va à la guilde des commerçants

Une fois qu’elles furent seules, Fina poussa un énorme soupir et se posa sur un lit.

« Yuna, cette journée a été épuisante. »

« Est-ce que ça va ? »

« Je vais bien, mais est-ce vraiment bien pour moi de passer la nuit dans une maison d’aristocrate ? »

« Je croyais que tu étais silencieuse. Est-ce ce que tu avais en tête ? »

« Si je laisse échapper quelque chose d’étrange ou si je fais quelque chose de grossier, ça pourrait être mauvais pour ma famille. »

« Bon, on a fini d’escorter Noa, on devrait donc chercher une auberge ou quelque chose comme ça ? Ça te mettrait plus à l’aise, non ? »

« Mais ça coûtera de l’argent… »

« C’est moi qui t’ai invitée à la capitale. Ne t’inquiète pas pour l’argent. »

« Mais… »

« Pas de “mais”. De toute façon, nous chercherons une auberge demain, ne te sens donc pas obligée d’être aussi tendue. »

« Oui, Yuna. Merci. »

Nous étions montées dans nos lits respectifs et nous nous étions vite endormies pour nous débarrasser de la fatigue de la journée. Le lendemain matin, Fina était assise sur son lit, les jambes écartées de chaque côté d’elle, elle avait l’air de s’ennuyer.

« Salut. »

« Bonjour. »

« Tu es déjà debout ? »

« Oui, je me suis réveillée comme d’habitude, mais je n’ai rien à faire. »

Fina s’était réveillée tôt le matin pour faire des corvées depuis que sa mère Tiermina était tombée malade. Lorsque les travaux ménagers étaient terminés, elle travaillait à la guilde des aventuriers. Être une lève-tôt était probablement une habitude maintenant.

« Dans ce cas, devrions-nous nous changer et aller dans la salle à manger ? »

« Ne crois-tu pas qu’il est encore trop tôt ? »

« Si on est en avance, on peut juste manger dehors. Comme ça, on pourra chercher une auberge juste après. »

« On va vraiment chercher une auberge ? »

« Je ne fais pas ça pour toi. Je ne me sens pas non plus chez moi ici. »

J’étais passée de ma tenue d’ours blanc à ma tenue noire et j’avais emmené Fina dans la salle à manger. Il n’y avait personne. Peut-être que nous étions vraiment trop matinales pour le petit déjeuner ? Pour l’instant, j’avais plutôt cherché quelqu’un pour faire savoir que nous partions. Quand nous avions quitté la salle à manger et étions allés dans le hall, nous avions trouvé la bonne que nous avions vue hier.

« Oh, quelle surprise de vous trouver ici, Mme Yuna et Mme Fina ! Vous êtes debout de bonne heure. »

« Bonjour. On voulait manger quelque chose, si ça vous va. Sinon, je pensais qu’on pourrait sortir manger. »

« Non, c’est bon. S’il vous plaît, attendez dans la salle à manger pour le moment. »

Pendant que nous attendions dans la salle à manger, Ellelaura était entrée.

« Oh, vous êtes déjà là. »

« Bonjour. »

« Bonjour. Vous êtes déjà là pour le petit déjeuner ? »

« Oui. »

« Alors, qu’est-ce que vous avez prévu pour aujourd’hui ? »

Comme elle me l’avait demandé, j’avais répondu honnêtement : « On pensait aller chercher une auberge. »

« Une auberge ? Pourquoi ça ? Vous pouvez rester ici jusqu’à la fin de la fête d’anniversaire du roi. »

« Une roturière comme moi ne peut pas se sentir à l’aise dans un si grand domaine », lui avais-je expliqué, agissant en tant que mandataire de Fina.

« Mais je ne suis pas sûre que vous puissiez trouver une auberge avec des chambres vides. Il y a beaucoup plus de gens en ville que d’habitude à cause de la fête. »

Hmm. Elle pourrait avoir raison. Dans ce cas, même si c’était un peu plus tôt que prévu, il serait peut-être judicieux de trouver un endroit pour installer la maison ours. Si j’avais une maison ours, je pourrais installer un portail de transport et je n’aurais plus à me soucier des auberges.

« On va quand même jeter un coup d’œil. »

« Sachez juste que vous pouvez rester ici aussi longtemps que vous le souhaitez. »

Après avoir fini le petit déjeuner, Fina et moi étions parties. Noa dormait encore, Shia était partie à l’académie dans son uniforme. Peut-être que Noa dormait pour la première fois depuis longtemps après toutes ces journées à lever le camp au lever du soleil.

Nous nous étions promenées dans la capitale royale et avions visité plusieurs auberges. Les gens de Crimonia s’étaient un peu habitués à moi, mais maintenant que nous étions dans un nouvel endroit, ma tenue d’ours attirait les regards partout où nous allions. Lorsque nous passions devant les gens, leurs yeux se tournaient vers moi. Puis, sans faute, je les entendais dire quelque chose.

« Un ours. »

« Un ours ? »

« Comme c’est mignon. »

« Mais qu’est-ce que c’est que ça ? »

« C’est un ours. »

« Fina, désolée d’avoir attiré toute cette attention. »

« C’est bon. J’ai l’habitude. »

Comme l’avait dit Ellelaura, toutes les auberges étaient pleines. À la dernière, j’étais passée au plan B et j’avais demandé où je pouvais trouver la guilde des commerçants.

Par rapport à la guilde de Crimonia, la guilde de la capitale royale était à un tout autre niveau. Tout d’abord, il y avait une tonne de gens qui entraient et sortaient. Peut-être venaient-ils de différentes villes et de différents villages ? Il y avait peut-être même des gens d’autres pays.

Ignorant les regards qui se concentraient sur moi, j’étais allée trouver la réception. Apparemment, vous deviez prendre un ticket numéroté et vous rendre à la réception lorsque votre numéro était appelé. J’avais fait la queue dans la ligne de distribution des billets et j’avais pris un billet numéroté.

Le billet que j’avais reçu était le 195. En ce moment, ils appelaient le 178. On aurait dit qu’il restait du temps avant que mon numéro soit appelé, mais il y avait dix bureaux d’accueil. Peut-être que ça ne prendra pas autant de temps ?

Après avoir attendu un court moment, mon numéro avait été appelé.

« Bienvenue. Quelles affaires avez-vous avec nous aujourd’hui ? »

Le sourire de la réceptionniste commença à s’effacer un moment lorsqu’elle vit mon apparition, mais il fut immédiatement revenu. Comme on pouvait s’y attendre de la part d’une réceptionniste de la capitale royale.

« Je cherche un terrain à l’intérieur de la capitale. Puis-je en acheter un ? »

« Pouvez-vous me montrer votre carte de résident ou une carte de guilde, si vous en avez une ? »

J’avais remis ma carte de guilde.

« Veuillez patienter un instant. »

Elle plaça la carte de guilde sur le panneau de cristal.

« Vous êtes Mme Yuna ? »

« Oui. »

« Au fait, comment comptez-vous utiliser le terrain ? »

« Je prévois de construire une maison. »

« En d’autres termes, vous allez vivre dans la capitale royale ? »

« Ce n’est pas encore certain. Ma résidence principale est à Crimonia, alors j’ai pensé utiliser celle d’ici comme lieu secondaire. »

« Compris. Alors, laissez-moi vous expliquer comment fonctionnent les biens fonciers ici. Tout d’abord, la zone proche du château est le secteur de la classe supérieure qui constitue le quartier aristocratique, donc je ne peux rien vous vendre là-bas. Ensuite, vous n’avez pas encore le droit d’acheter quoi que ce soit dans le quartier du milieu. Cela signifie donc qu’à l’heure actuelle, je ne peux vous vendre qu’un terrain dans le quartier inférieur. »

« Que dois-je faire pour obtenir quelque chose dans le quartier du milieu ? »

« Vous pouvez acheter un terrain là-bas si vous avez une lettre d’introduction de quelqu’un. »

Donc, une preuve de statut social ? Je m’étais souvenue de la lettre que Milaine, qui m’avait aidée à la guilde des commerçants de Crimonia, m’avait donnée.

« Est-ce que cela fonctionnera comme une lettre d’introduction ? »

« Laissez-moi vérifier. »

La réceptionniste déplia la lettre de Milaine pour la vérifier.

« C’est… ah. »

« Et ? »

« Pardonnez-moi, s’il vous plaît. Je ne suis pas sûre de pouvoir décider seule. S’il vous plaît, attendez un moment. »

La réceptionniste quitta son siège et disparu à l’arrière de la guilde.

« Yuna, tu vas construire une maison ? » demanda Fina.

« Je pensais que ça pourrait être utile à l’avenir. »

Si je construisais une maison, je pourrais mettre en place un portail de transport d’ours. En y pensant d’un point de vue transport, ce serait super pratique.

« Oh, mais n’est-ce pas Mlle Yuna et Mlle Fina ? »

On se retourna pour trouver Gran et Ellelaura.

« Gran ? Et Ellelaura ? Qu’est-ce que vous faites ici toutes les deux ? »

« C’est ce qu’on devrait vous dire. Et pourquoi êtes-vous à la guilde des commerçants, Yuna ? N’aviez-vous pas dit que vous cherchiez une auberge ? »

Je lui avais dit que trouver une auberge avait été impossible, comme elle l’avait dit.

« Je pensais donc acheter un terrain pour y construire une maison, mais apparemment je ne peux pas le faire sans une lettre de présentation. Quoi qu’il en soit, je leur ai donné une lettre d’introduction que j’ai reçue de la guilde des commerçants de Crimonia, mais je suppose que nous attendons qu’ils l’inspectent. »

« Vous alliez construire une maison parce que vous ne trouviez pas d’auberge… »

« Je ne sais même pas quoi dire. »

« Mais avez-vous assez d’argent ? »

« Je pense que ça va probablement aller. Si je ne peux pas me le permettre, je vais abandonner l’idée. »

« Dans ce cas, dois-je vous donner une lettre d’introduction ? » me dit Gran.

« Je peux aussi en écrire une pour toi », déclara Ellelaura.

« Ce serait d’une grande aide, mais êtes-vous sûre ? »

« Tu m’as après tout sauvé la vie. »

« Oui, depuis que vous avez aidé Cliff et ma fille. »

J’étais reconnaissante pour cela. Si j’avais deux approbations de nobles, il était bien plus probable que je puisse acheter quelque chose.

« Alors, pourquoi êtes-vous tous les deux ici ? »

« Je suis ici pour le travail. »

« Je suis aussi ici pour quelque chose de similaire. »

Pendant que je parlais avec Gran et Ellelaura, la réceptionniste était revenue.

« Je m’excuse pour le retard. Quant au terrain, vous pouvez acheter quelque chose dans la zone des classes inférieures du quartier des classes moyennes. »

Il semblerait que je puisse obtenir quelque chose dans le quartier moyen sans problème. Peut-être que je n’avais pas besoin des recommandations de ces deux personnes.

« Où est-ce que c’est ? »

La réceptionniste me montra une carte de la capitale royale. Il y avait la porte d’entrée de la capitale, il y avait le château. C’était un peu loin de la résidence de Noa, donc ce serait un peu pénible d’aller et venir.

« Oh, c’est dans la périphérie. »

« En effet, ça l’est. »

Les deux membres de ma basse-cour personnelle regardaient la carte de derrière moi.

« Mademoiselle, vous là-bas, prêtez-moi du papier, voulez-vous bien ? Je vais lui écrire une lettre d’introduction. »

« S’il vous plaît, donnez-moi aussi du papier. »

Il semblerait que l’endroit ne plaisait pas à mes amis aristocrates.

« Umm, qui êtes-vous ? »

« Gran Fahrengram. »

« Ellelaura Fochrose. »

« Vous êtes le comte Fahrengram et la femme du comte Fochrose ? »

La réceptionniste sursauta de surprise et devint visiblement pâle.

« C’est exact. Si la jeune fille a besoin d’une lettre d’introduction, je lui en écrirai une, alors, trouvez-lui un meilleur emplacement. »

« Oui, monsieur. Je vais en préparer un tout de suite. »

La réceptionniste se leva précipitamment de son siège et s’enfuit à nouveau. Quelques instants plus tard, une femme plus âgée apparut à sa place.

« Qu’est-ce qu’il y a encore ? Quand j’ai entendu que le comte Fahrengram lui-même était ici, j’ai pensé que c’était le plus jeune. Et voici que je trouve le vieux à la place. »

« Attention à ce que tu dis, espèce d’idiote. »

« Et voici la petite fille de Fochrose. »

« Je suis un peu trop vieille pour qu’on m’appelle petite fille. »

« Avez-vous l’intention de devenir tous les deux les garants de cette fille étrangement habillée ? »

Et voilà qu’une autre personne me traitait « d’étrange. »

« Je dois ma vie à cette jeune fille. »

« Elle a aussi aidé mon mari et ma fille. »

« Hm, elle l’a vraiment fait ? Bon, d’accord. Si vous êtes ses garants, alors nous préparerons un terrain adapté à cela. Alors, jeune fille, je suppose que vous avez au moins de l’argent ? »

Eh bien, ce n’était pas comme si ça servait à quelque chose de me trouver un terrain si je n’avais pas l’argent pour l’acheter.

« Je ne sais pas combien ça coûtera, mais j’ai reçu de l’argent pour avoir tué une vipère noire. »

« Et bien, être prête à aller aussi loin dans une blague, tu dois être certainement quelque chose. »

Je ne plaisantais pas… non pas qu’il soit utile d’expliquer.

« De toute façon, vous avez des préférences ? »

« Je préfère un endroit sûr, sans trop de circulation, si possible. Si j’ai le luxe de pouvoir choisir, j’aimerais un endroit proche de la guilde des aventuriers et de la maison d’Ellelaura. »

« Eh bien, n’es-tu pas une enfant avide. Eh bien, très bien. Dans ce cas, ce serait l’endroit idéal. »

Gran indiqua un endroit sur la carte.

« C’est près du quartier supérieur. Seuls les gens qui vivent ici passent, donc il n’y a pas beaucoup de circulation piétonne. Les gardes font aussi leurs patrouilles ici, donc c’est aussi très sûr. »

« C’est aussi proche de ma maison », dit Ellelaura.

« Si vous longez cette route principale, c’est aussi proche de la guilde des aventuriers », déclara Gran.

« Ça a l’air bien, ne trouves-tu pas, jeune fille ? »

Ils m’avaient donné leurs explications en pointant la carte.

« En tenant compte de tes connexions, voici le prix à payer. »

J’avais regardé le montant qui m’avait été présenté. C’était moins cher que ce que j’attendais. Était-ce à cause d’Ellelaura et de Gran ?

« Ne penses-tu pas que c’est cher ? Il n’y a pas de bâtiment là-bas, hein ? »

« Ne sois pas stupide. Pour un terrain bien situé dans la capitale royale, c’est bon marché », avait déclaré la vieille femme.

« Peux-tu payer cette somme, jeune femme ? »

« Je peux, mais je le négocierais volontiers si je le pouvais. »

« Peux-tu vraiment te le permettre, jeune fille ? Ce n’est pas l’argent de poche d’un enfant dont il est question ici. Même les nobles pourraient hésiter à sortir cette somme. »

« Ce n’est pas comme si elle devait le payer en une seule fois », dit Ellelaura, en essayant de me venir en aide.

« Si cette jeune fille était la fille d’un aristocrate ou d’un grand commerçant, ce serait parfait. Si ce n’est pas le cas, alors je ne peux pas approuver autre chose qu’une somme forfaitaire. En revanche, si tu peux payer d’un seul coup, j’envisagerai une réduction. »

« Dans ce cas, je l’achèterai, alors faites-le s’il vous plaît. »

La vieille femme rit.

« Es-tu sérieuse ? Si tu as l’argent, ce n’est pas un problème pour moi. »

« Dois-je le sortir ici ? »

Cela représentait un sacré paquet d’argent. Ce bureau était probablement trop petit.

« Bien sûr, ça me va. »

Si c’était sa réponse, je n’avais qu’à payer. J’avais commencé à sortir de l’argent de mon entrepôt d’ours.

« A-Attends un peu. »

Je l’avais ignorée et j’avais continué à sortir des pièces d’or. Les pièces d’or avaient commencé à former une montagne sur le dessus du comptoir.

« J’ai dit stop. Ne mets pas l’argent sur ce comptoir étroit. »

Sortez-les, ne les sortez pas, faites-vous une idée, pensais-je.

« Tu vas faire peur aux gens autour de nous. Tu as gagné. On ne peut pas faire de grosses transactions ici. Allons dans une autre pièce. »

J’avais rangé l’argent, et la vieille bique nous avait guidés vers une autre pièce.

« Je vais tenir ma promesse. J’ai dit que je pouvais te faire une petite réduction. Bien sûr, c’est le maximum que je puisse faire. »

J’avais sorti les pièces d’or correspondant au nouveau montant qu’elle m’avait présenté.

« Mais de toute façon, qui es-tu ? Es-tu l’enfant d’un marchand notoire, ou quelque chose comme ça ? Non, si c’était le cas, je te connaîtrais grâce à mon réseau d’information. Es-tu la bâtarde d’un noble ? »

« Je ne suis qu’une aventurière. »

« Heh, donc tu ne me diras rien ? Eh bien, je suis sûre que je peux le découvrir par moi-même. Si tu as des garants et de l’argent, c’est une transaction simple. Voilà, c’est le contrat. Maintenant, le terrain est à toi. »

« Merci. »

« Je n’ai pas besoin de tes remerciements. Si tu construis une maison, tu peux me consulter pour obtenir des conseils. »

« Pas besoin. Ce n’est pas mon premier achat. »

« C’est vrai ? Alors, on a fini. »

La grand-mère nous avait chassés de la pièce comme si nous étions des nuisances. Maintenant, j’avais juste besoin de construire une maison. Une fois que j’aurais fait ça et que j’aurais installé un portail de transport d’ours, je pourrais venir dans la capitale royale à tout moment.

En plus, je serais capable de soulager la tension de Fina, cela fera d’une pierre deux coups.

***

Chapitre 58 : L’ours construit une maison dans la capitale royale

Gran décida de nous emmener dans sa voiture sur le terrain que j’avais acheté. Ellelaura vint aussi le voir. Comme je ne connaissais pas très bien la capitale royale, cela m’avait été utile.

« Je suis contente que vous soyez là, mais êtes-vous sûr que vous ne devriez pas être au travail ? »

« Oh, j’ai déjà fini ça, alors ne vous inquiétez pas. »

« Oui, mon travail est aussi fini. J’ai rencontré le Seigneur Gran juste au moment où j’ai fini, et nous étions juste en train de parler. »

Nous avions trouvé plusieurs gardes postés à côté de sa voiture.

« Hmm, y a-t-il un problème ? »

« Seigneur Gran, c’est vous. Vous étiez donc avec Mlle Yuna et Lady Ellelaura ?! »

Un des gardes semblait surpris par la présence d’Ellelaura.

« Oh, Ranzel ? Qu’est-ce que tu fais ici ? », dit Ellelaura

« J’allais faire mon rapport sur l’incident des bandits d’hier au Seigneur Gran, j’étais donc en route pour rendre visite à son domaine. J’ai vu la voiture du Seigneur Gran et j’ai décidé de l’attendre ici. »

Oh ! Maintenant, je me souviens. Le type aux cheveux roux était le chef des gardes à qui Gran parlait quand nous avons livré les bandits. C’était certainement la personne la plus haut placée à l’époque.

« L’incident des bandits, ah. Tu parles des bandits que Yuna avait capturés, non ? »

« Alors, c’est quoi cette histoire de rapport ? »

« J’aimerais que vous et Mlle Yuna veniez au poste de garde avec moi, Seigneur Gran, si vous voulez bien. »

« Ça ne me dérangerait pas, mais… »

Gran me regarda. Ce n’était pas comme si Fina allait avoir des ulcères si on retardait d’un jour le déménagement.

« Ça me va aussi. Et toi, Fina ? »

« Oui. »

« Ellelaura, je m’excuse, mais on dirait qu’on doit se rendre au poste de garde », dit Gran.

« C’est bon. J’y vais avec toi. Yuna est l’invitée de Cliff, je serai donc son chaperon pendant qu’elle est ici dans la capitale royale. »

Je ne savais plus à quel moment elle s’était nommé mon chaperon, mais le fait qu’une personne influente m’accompagne pourrait être utile. Quand nous étions arrivés au poste de garde, nous avons été conduits dans une pièce.

« Alors, pourquoi aviez-vous besoin de nous ? »

« D’abord, nous avons obtenu l’emplacement la base secrète des bandits de Zamon, ainsi que leur nombre total. Il semble qu’ils soient dans une grotte dans les montagnes à l’ouest d’ici. Il en reste une trentaine. Il semble qu’ils aient encore plusieurs femmes captives dans cette grotte. »

« Eh bien, nous devons les sauver immédiatement. »

« Oui, mais il y a un léger problème. »

« Un problème ? »

« Oui. Un grand nombre de personnes se rassemblent actuellement dans la capitale royale pour la fête d’anniversaire du roi, et par conséquent, les soldats, les chevaliers et les gardes de la capitale sont tous chargés de la sécurité. Nous n’avons personne de disponible. »

« Alors, pourquoi ne pas envoyer une demande à la guilde des aventuriers ? »

« Je suis d’accord, Seigneur Gran, mais nous aurions besoin de la permission de Yuna. »

Tout le monde me regarda.

« La mienne ? »

« Ah, parce qu’elle a un droit de primeur sur le trésor des bandits, non ? » dit Gran, comme s’il venait de se rappeler quelque chose.

Expliquez-le pour que je sache aussi ce qui se passe, s’il vous plaît, pensais-je.

« Oui, c’est ça. Yuna a déjà capturé vingt-cinq membres du clan des bandits, mais nous n’avons pas pris le contrôle de leur cachette. Il n’y a rien à récolter des bandits comme nous pouvons le faire avec les monstres, donc à la place, les aventuriers qui aident à leur capture ou à leur défaite ont le droit de prendre toutes les armes, armures ou outils dont disposent les bandits. Cela inclut les trésors que les bandits ont récoltés. »

« En d’autres termes, si nous lançons une requête aux aventuriers, ceux qui acceptent la quête obtiendront les trésors des bandits ? »

« Nous n’avons pu obtenir cette information que parce que Mme Yuna a capturé les bandits par elle-même. Cependant, nous ne pouvons pas soumettre arbitrairement une demande à la guilde des aventuriers. Si nous le faisions, nous devrions d’abord obtenir l’approbation de Mme Yuna et décider de la récompense que nous lui donnerions. »

« Ça semble être vraiment pénible. »

« Ça ne sert à rien. Cependant, jeune fille, si vous éliminiez les bandits, ce ne serait pas un problème. »

« Ça semble être vraiment pénible », avais-je répété.

« Yuna… »

Fina semblait horrifiée en me regardant. Ne me regarde pas comme ça.

Si c’était chiant, alors c’était chiant. Nous étions venus jusqu’ici pour voir la capitale royale, alors pourquoi m’avait-on forcée à éliminer les bandits ?

« Dans ce cas, dois-je rassembler des soldats ? »

Ellelaura, qui écoutait silencieusement la conversation, était venue à mon secours.

« Dame Ellelaura ? »

« Êtes-vous sûre ? »

« C’est bon. Cela donnera aux soldats une expérience réelle, et je suis sûre que certains d’entre eux en ont assez de travailler dans la sécurité. »

« Mais ne défendent-ils pas la capitale ? »

« C’est bon. Ne vous inquiétez pas pour ça. J’ai juste modifié de la paperasse pour ça. »

Elle avait dit que c’était facile, mais pouvait-elle vraiment faire ça ?

« Je comprends. Alors, Ellelaura, nous te confierons les affaires. »

« Tu es d’accord avec ça, Yuna ? »

« Je ne comprends pas vraiment tout ce qui se passe, mais je suis d’accord. »

« Je m’inquiète pour les gens qu’ils ont capturés, alors je vais m’occuper des soldats immédiatement. »

Ellelaura m’avait regardée.

« Je dois retourner au travail. Assure-toi de rentrer à la maison, d’accord ? »

« Je rentrerai »

« Veuillez également prendre ceci, Mme Yuna. »

Des épées, des armures et des tonnes d’autres choses dégoûtantes étaient alignées devant moi.

« Ce sont les choses que les bandits que vous avez capturés tenaient. Comme je l’ai dit plus tôt, elles vous appartiennent maintenant. »

Encore une fois, tout était sale. Je ne voulais pas vraiment de toutes ces ordures.

« Serait-il possible pour vous de vous en débarrasser ? » avais-je essayé de demander.

« Compris. »

Alors que je vérifiais encore une fois les affaires des bandits, quelque chose attira mon attention : les sacs utilisés par les bandits. D’après ce que j’avais entendu, la quantité qui pouvait être contenue dans les sacs variait d’un sac à l’autre…

« Serais-je capable de prendre même les sacs ? »

« Oui, vous pouvez prendre tout ce qu’ils transportaient. Nous avons vérifié le contenu, mais tous les sacs étaient vides. Il semble qu’ils aient prévu d’y mettre ce qu’ils ont volé. »

« Lequel est le plus grand ? »

« Ce serait celui-ci. Comme le chef des bandits de Zamon portait celui-ci, c’est le plus grand. »

Donc l’un d’entre eux était le chef. Peut-être que c’était le plus bruyant ?

J’avais pris le sac. Il avait à peu près la taille d’un sac à main. Il ressemblait à peu près à tous les autres. Le plus petit était à peu près assez grand pour tenir dans une poche de pantalon.

« Pourrais-je prendre tous les sacs à objets que les bandits avaient ? »

Ils m’avaient donné tous les sacs, je les avais rangés avec gratitude dans mon stockage d’ours. À part ça, mes affaires étaient réglées, j’avais remercié Gran de m’avoir accompagnée.

« Oh, ce n’était pas un problème. Après tout, si vous ne les aviez pas capturés, nous serions probablement morts. »

J’avais fini tout ce que j’avais à faire, mais apparemment, il y avait d’autres choses dont ils avaient besoin de parler avec Gran. J’aurais bien voulu attendre, mais on avait fini par rentrer à la maison avant lui.

Nous avions quitté le poste de garde et nous nous étions dirigés vers la parcelle de terrain que j’avais achetée à la guilde des commerçants. J’avais au moins obtenu une carte, donc je savais où elle se trouvait, mais la capitale était si grande qu’ils avaient même des voitures qui la traversaient comme des bus. Je n’avais aucune idée de celui qui devait me conduire à l’endroit où je me rendais. Je n’étais pas pressée, j’avais donc décidé que nous irions lentement jusqu’à la parcelle que j’avais achetée en marchant dans la capitale.

« Ça va, Fina ? Tu n’es pas fatiguée ? »

« Je vais bien, mais il y a tellement de monde. »

« Tu as raison. Il y en a beaucoup — je suppose que c’est exactement ce que l’on doit attendre d’une capitale royale, même si c’est aussi à cause de la fête d’anniversaire. »

« Yuna, c’est bon si on se tient la main pour ne pas être séparés ? »

« Tu veux me tenir la main… »

J’avais regardé ma main ourse.

« Est-ce que ça va ? »

J’avais mis la main de Fina dans la bouche de ma main ourse.

« Oui, merci beaucoup. »

Fina semblait heureuse.

Nous étions arrivés à la parcelle de terrain que j’avais achetée.

« C’est le bon endroit, non ? »

J’avais vérifié la carte et mon environnement.

« Oui, je pense que c’est le bon endroit. »

« N’est-ce pas un peu énorme ? »

« C’est grand. »

L’endroit indiqué sur la carte était énorme. C’était environ quatre fois plus grand que la parcelle où j’avais construit la maison ours à Crimonia. En d’autres termes, je pouvais mettre quatre maisons ours bout à bout ici, même si je n’en avais pas tant que ça à disposition. Quand j’avais regardé les maisons voisines, elles étaient assez éloignées les unes des autres. Pour m’assurer que j’avais raison, j’avais vérifié les noms sur la carte.

« Yuna, as-tu vraiment acheté un si grand terrain ? »

« On dirait bien. »

Je n’aurais jamais pensé qu’il serait aussi grand. Pour l’instant, j’avais sorti la maison ours que j’avais faite pour la capitale royale. Elle était grande, contrairement à la maison ours itinérante, mais elle semblait petite par rapport à l’étendue du terrain quand je l’avais installée. Cela ne correspondait pas trop. Eh bien, elle semblait déjà déplacée, puisqu’elle avait la forme d’un ours.

« C’est un joli petit nid d’abeille. »

« Oui. »

Peut-être que je devrais faire une plus grande maison d’ours la prochaine fois ? En tout cas, on était entré.

« C’est la même que celle de Crimonia ? »

« En gros. Je ne me sentirais pas chez moi si c’était différent. »

Je n’étais pas fatiguée grâce aux chaussures d’ours, mais Fina devait être épuisée à force de marcher, nous avions donc fait une pause. J’avais sorti un jus de fruits froid.

« Qu’est-ce qu’on fera après ça ? »

« Tu n’es pas fatiguée, Fina ? »

« Si, un peu. »

« Alors je suppose qu’on va retourner chez Noa après s’être un peu reposés. »

« Oui, j’espère seulement que Mademoiselle Noir n’est pas bouleversée. »

« Oui, nous sommes partis sans rien lui dire, mais c’est de sa faute si elle ne s’est pas levée. »

Après nous être reposés un peu dans la maison ours, nous étions retournés chez Ellelaura.

« Yuna ! Pourquoi m’as-tu laissée seule ? »

Quand nous étions rentrés à la résidence, une Noa en colère était là pour nous accueillir.

« Nous ne l’avons pas fait sans raison. On a attendu un moment après le petit-déjeuner, mais tu ne t’es pas levée. »

« Hmph… »

« Bref, quand t’es-tu levée ? »

« Un peu avant midi… » répondit-elle, la tête penchée de honte.

« Et tu me blâmes ? »

« Tu aurais pu me réveiller ? » dit-elle tout en faisant la moue cette fois.

« Si nous étions encore en voyage, je l’aurais fait, mais comme tu as tant dormi, ton corps devait avoir sûrement besoin de repos. »

« Ugh, bien. Alors, où êtes-vous allées toutes les deux ? »

« Nous sommes allés à la guilde des commerçants pour acheter un terrain. »

« Vous avez acheté un terrain ? Yuna, tu viens vivre dans la capitale royale ? ! »

Sa voix s’était élevée de façon surprenante.

« Je ne vivrais pas ici. J’ai l’intention de venir ici de temps en temps, alors je l’ai acheté pour y construire une maison. »

« Je ne pense pas que les gens construisent normalement des maisons quand ils ne feront qu’y vivre de temps en temps. »

J’en avais besoin pour mettre en place une porte de transport d’ours.

« Ça veut dire que tu ne restes plus avec nous, Yuna ? »

« Je me sens plutôt mal à l’aise dans une chambre d’aristocrate. »

Je ne pouvais pas dire que c’était Fina qui n’était pas à l’aise.

« Mais je vais me sentir si seule. »

« Nous viendrons te voir, et tu pourras venir chez moi quand tu voudras. C’est tout près, donc on peut se voir n’importe quand. »

« Ça veut dire que tu as déjà construit la maison ? »

Normalement, ce serait une question bizarre, mais Noa savait à qui elle avait affaire.

« J’ai construit une maison à peu près de la même taille que celle de Crimonia. »

« Je suppose que ça veut dire que Fina ne reste pas non plus ici… »

« Oui, vu que je suis venue ici avec Yuna. »

« Mais je serai toute seule si vous êtes toutes les deux parties, sans compter Kumayuru et Kumakyu. »

Je pouvais voir la déception sur le visage de Noa, mais ce n’était pas comme si c’était un adieu pour toujours. De plus, nous vivions toutes à Crimonia, nous pouvions donc nous voir à tout moment.

« Nous ne partons pas encore tout de suite, alors n’aie pas l’air si déçu. Nous devons encore voir Ellelaura. »

Nous avions fini par rester sous leur garde un jour de plus.

Ellelaura était rentrée à la maison vers l’heure du dîner.

« Mère, bienvenue à la maison », dit Noa.

« Je suis rentrée. »

« Que faisais-tu avec tout ce monde ? »

« J’ai entendu ce qui s’est passé quand elles m’ont laissée derrière et sont sorties. Je n’arrive pas à croire ce qui s’est passé à la guilde des commerçants, et que tu aies été appelée à propos des bandits. J’aurais aimé pouvoir aussi y aller. »

« Tout ce que j’ai fait, c’est écouter. »

« Je déteste être laissé de côté. »

Quand je lui avais parlé des évènements du jour, ça l’avait rendue contrariée.

« Ellelaura, merci beaucoup pour aujourd’hui. »

Elle avait déjà tant fait pour moi.

« Ne t’en fais pas pour ça. Je n’ai fait qu’écrire une lettre d’introduction. Et les bandits de Zamon nous causaient aussi des ennuis. »

J’étais quand même reconnaissante.

« Alors, comment trouves-tu la zone ? »

« C’est calme et il n’y a pas beaucoup de circulation, c’est donc super. »

Mais je ne m’attendais pas à ce qu’il soit si grand.

« Alors, c’est bien. »

« Qu’est-ce qui s’est passé avec les bandits ? »

« J’ai envoyé des troupes juste après ça, donc je pense qu’ils les battront dans quelques jours. »

Super, me suis-je dit. On dirait qu’ils ont fait en sorte d’envoyer leur équipe de répression.

Nous avions dîné aux frais des Fochroses, et cette nuit-là, Noa avait fini par dormir dans la même chambre que nous.

***

Chapitre 59 : L’ours créé un parterre de fleurs avec la bonne

Avant de quitter le domaine, j’avais demandé à Noa si elle voulait quelque chose.

« Dans ce cas, je veux jouer avec les ours. »

Nous étions allés dans le jardin de la résidence. C’était le même endroit où j’avais eu un match avec Shia l’autre jour. Il y avait un mur, donc je n’avais même pas eu à me soucier des gens qui regardaient à l’intérieur. Comme j’avais promis de lui montrer ma convocation après le match, Shia était aussi venue avec nous. Comme c’était son jour de congé à l’académie, elle portait ses propres vêtements. Ils étaient plutôt mignons.

« Et vous êtes sûr qu’ils ne sont pas dangereux ? »

« Tout à fait. Kumayuru et Kumakyu sont très mignons », expliqua la jeune sœur à sa grande sœur inquiète.

Quand nous étions arrivées au jardin, j’avais tendu mes marionnettes d’ours droite et gauche devant moi et j’avais convoqué Kumayuru et Kumakyu.

« Kumayuru, Kumakyu », dit Noa tout en sautant de haut en bas. Shia était choquée. Fina s’était approchée d’eux lentement.

« Shia, les ours sont vraiment intelligents, ça veut dire qu’ils ne feront pas de mal aux gens. Ce n’est pas grave. Essaie de les caresser. »

Shia s’était approchée lentement et toucha Kumayuru. Une fois qu’elle réalisa que Kumayuru était docile, elle essaya de caresser doucement l’ours.

« Il est doux. »

« Oui, la texture n’est-elle pas merveilleuse ? », dit Noa

« Leur fourrure est aussi belle. Je n’ai jamais touché quelque chose comme ça avant. »

« Oui, c’est très agréable. Quand nous étions à Crimonia, j’ai même fait une sieste en haut de Kumayuru. »

Noa sauta sur le dos de Kumayuru.

« Tu devrais monter aussi, Shia. C’est si confortable ici. »

Shia semblait mal à l’aise, mais elle prit la main de Noa et monta derrière elle. Fina était montée sur Kumakyu.

« Ils sont vraiment si dociles ! »

Il semblerait que tout irait bien.

Pendant que Noa et les autres jouaient avec les ours dans le jardin, une servante était venue avec une pelle. Elle s’appelait Surilina. C’était la bonne qui était là quand j’avais eu mon match avec Shia, et c’était elle qui nous avait servi nos repas.

« Dame Noa ! Dame Shia ! »

Surilina avait vite préparé la pelle comme si elle tenait une épée.

« Que font les ours ici ?! »

« Ces ours sont mes invocations, ils ne sont donc pas dangereux. »

J’avais bondi pour arrêter Surilina, elle semblait encore prête à se battre.

« Ce sont vos invocations, Dame Yuna ? »

« Oui, alors s’il vous plaît, baissez votre pelle. »

« Surilina, c’est bon », dit Noa, s’accrochant à Kumayuru dans l’espoir de prouver que les ours étaient sûrs.

Surilina sembla hésiter un peu, mais baissa ensuite la pelle.

« C’est donc vraiment votre convocation, Dame Yuna ? Vous êtes surprenante à bien des égards. Alors, que faites-vous toutes ici ? »

« On joue avec les ours », dit Noa.

« Je leur ai promis qu’elles le pourraient. Désolée de vous avoir rendue nerveuse. »

« Pas du tout. J’étais un peu surprise, mais j’ai compris que tout irait bien quand j’ai réalisé qu’ils n’étaient pas dangereux. »

« Yuna, est-ce bon si je fais un tour dans la propriété ? » demanda Noa.

« Bien sûr, mais ne fais rien qui attire trop l’attention. »

« Compris. Très bien Fina, on va avoir un match ! »

Elle montra du doigt Fina, qui montait Kumakyu.

« Comme je l’ai dit, ne fais rien qui attire trop l’attention. Kumayuru, Kumakyu, pas de course. »

« Mais Yuna… »

Noa avait l’air triste quand j’avais donné mon ordre de ne pas courir.

« Non, c’est non. »

« OK. »

Noa hocha la tête à contrecœur et incita Kumayuru et Kumakyu à faire une petite promenade.

« Alors, Surilina, pourquoi portez-vous une pelle ? »

Elle n’était pas venue ici juste pour combattre les ours, n’est-ce pas ?

« La dame de la maison m’a donné la permission de planter un parterre de fleurs, alors je suis venue pour ça. »

« Vous n’allez pas faire ça toute seule ? »

« Si. C’est moi qui ai demandé le parterre de fleurs. J’ai l’intention de prendre mon temps avec ça. »

Mais ce n’était pas comme si ça allait rendre le travail plus facile. Je ne savais pas à quel point elle voulait faire ce truc, mais je savais que ce serait difficile à faire seule.

« Puis-je donner un coup de main ? »

« Êtes-vous sûre ? »

« Oui, je n’ai pas prévu de sortir aujourd’hui, et vu ce qu’elles font. »

J’avais regardé Noa et les autres pendant qu’elles chevauchaient les ours en faisant des tours lents dans le domaine. Même si je regardais leur dos, je pouvais dire qu’elles s’amusaient. Les petites queues de Kumakyu et Kumayuru bougeaient côte à côte.

« Ces ours sont adorables. »

J’avais commencé à creuser le parterre de fleurs avec Surilina.

« De quelle taille voulez-vous qu’elle soit ? »

« Voyons voir. J’avais l’intention de le planter d’ici à là. »

C’était plus grand que ce que je pensais. Avait-elle vraiment l’intention de planter tout ça elle-même ? Je doute qu’elle ait eu l’intention de le faire en un jour, mais c’était quand même une tâche considérable.

« Alors, dites-moi quoi faire. Je vais le faire avec de la magie. »

« Alors, vous savez comment utiliser la magie de la terre, Dame Yuna ? »

« Et vous ? »

« Juste un peu. Pas assez pour que je puisse me battre comme aventurier. »

Surilina tourna ses mains vers le sol, celui-ci avait légèrement gonflé.

Nous avions fait une ossature pour le parterre de fleurs, mis en place le drainage et préparé la terre pour les fleurs. La magie était vraiment pratique. J’aimais faire des choses que je n’aurais pas pu faire dans mon monde d’origine. J’avais perdu beaucoup de choses en venant ici, mais j’en avais aussi beaucoup gagné. Noa et les autres s’étaient parfois mis en travers de notre chemin en nous déconcentrant de notre tâche, mais à mi-chemin, elles avaient commencé à nous aider.

« Dame Yuna, pouvez-vous vous occuper de ça là-bas ? »

C’était peut-être juste sa personnalité, ou peut-être parce que j’étais douée pour faire les choses qu’elle demandait, mais Surilina m’avait donné des instructions étonnamment détaillées. J’étais en quelque sorte dans le coup, et nous avions fini par avoir un parterre de fleurs presque parfait.

« Dame Yuna, merci beaucoup. Je ne pensais pas que cela pouvait être fait en un seul jour. »

« Alors, avez-vous des plantes ? »

« Oui, j’ai préparé les fleurs préférées de la maîtresse de maison. »

« J’espère qu’elles fleurissent bien. »

« Oui, je vais m’assurer d’en prendre soin. »

Quand nous avions inspecté le jardin, deux ours et trois filles s’y étaient endormis rapidement. On aurait dit qu’elles s’étaient repliées sur eux-mêmes après avoir joué et donné un coup de main pour le parterre de fleurs. Il y avait encore de la boue sur leur visage. J’avais sorti un mouchoir et je les avais essuyées.

« Ha ha. Elles vont avoir besoin de bains. »

Surilina regardait les enfants sales, mais elle était aussi boueuse à cause du travail. Je n’étais pas sale du tout, grâce à mon équipement d’ours.

Quand j’étais allée réveiller les trois filles, Ellelaura était venue dans le jardin.

« Oh ? Qu’est-ce que vous faites toutes ici ? »

« Ma dame, bienvenue à la maison. »

« Oh, elles ont l’air si bien. »

Elle semblait ravie en regardant les trois endormies dans les pattes de Kumayuru et Kumakyu.

« Ce sont les ours que vous avez convoqués ? »

« Le noir, c’est Kumayuru. Le blanc, c’est Kumakyu. »

« Quels jolis noms ! Puis-je les toucher ? »

« Tant que vous ne leur faites pas de mal. »

Ellelaura s’était approchée de Kumayuru et avait touché l’ours.

« C’est chaud et agréable au toucher. Je comprends pourquoi elles se sont endormies. »

Elle avait souri en regardant les trois filles.

« Alors, que faisiez-vous toutes les deux ? »

« On faisait un parterre de fleurs », Surilina lui avait montré notre travail.

« Oh, celui dont vous parliez tout à l’heure. Vous l’avez fait en un jour ? C’est magnifique. »

« Oui. La magie de terre de Yuna est merveilleuse. Elle l’a fait exactement comme je l’avais imaginé. »

« Elle l’a vraiment fait ? Yuna, merci. Il semble que nous vous dérangeons toujours pour chaque petite chose. »

Elle regarda le parterre de fleurs magnifiquement fait et les filles endormies entourées par les ours.

« Je dois vraiment vous rembourser pour tout ça, d’une manière ou d’une autre. »

« Ce n’est pas la peine. Je me suis amusée à le faire. »

« Dans ce cas, nous aurons un dîner extravagant pour vous remercier. Surilina, s’il vous plaît, faites-le savoir au chef cuisinier. »

Elle regarda les enfants qui dormaient.

« Bon, on va bientôt les réveiller toutes les trois ? »

On les secoua simplement pour qu’elles s’accrochent aux ours.

« Maman ? »

Noa regarda sa mère avec un visage endormi.

« On se réveille. On dirait que vous avez bien dormi toutes les trois. »

On réveilla les trois enfants. J’avais fait disparaître des ours, ce qui, pour une raison quelconque, les avait fait paraître tristes toutes les trois, même Fina. Nous avions pris des bains, puis une fois que nous étions propres, nous avions festoyé autour du dîner promis.

***

Chapitre 60 : L’ours obtient des pommes de terre

Je me réveillais dans la maison d’ours le lendemain matin. Nous y étions retournés hier soir, après le dîner chez Ellelaura.

«Yuna, tu es sûre?»

«C’est bon.»

Pendant le dîner, Fina avait promis de sortir avec Noa. Elles avaient également parlé d’inviter Misa, il semblerait donc qu’elles allaient toutes les trois faire du tourisme dans la capitale royale.

«Tiens, c’est ton argent de poche. Vous allez probablement aller dans une tonne d’endroits toutes les trois. Je t’en donnerai plus que d’habitude, alors utilise-le pour tout ce que tu veux. Et, bien sûr, tu n’as pas à me le rendre.» lui avais-je dit

J’avais remis un peu d’argent à Fina.

«Mais…»

Elle ne prenait pas l’argent.

«C’est moi qui t’ai invitée à la capitale royale, alors ne t’inquiète pas. Tu ne veux pas causer d’ennuis aux deux autres parce que tu n’as pas d’argent, non?»

«D’accord… je le prends, mais je vais travailler dur pour te rembourser.»

«Ne t’inquiète pas pour ça. Tu travailles dur au dépeçage, alors considère ça comme un bonus.»

«Un bonus?»

Fina pencha la tête sur le côté, comme si elle n’avait pas compris ce que je disais.

«Tu travailles toujours si dur, alors c’est comme un paiement spécial pour ça. Alors, ne t’en fais pas pour ça. Dépense tout simplement et amuse-toi.»

«Merci, Yuna.»

Fina mit l’argent dans son sac sans fond et quitta la maison. Maintenant que Fina était partie, j’avais décidé de faire ma propre visite de la capitale.

En me promenant dans la capitale, j’avais reçu l’attention habituelle.

«Un ours?»

«C’est un ours?»

«Maman, qu’est-ce que c’est?»

«Comme c’est mignon.»

«Est-ce qu’un évènement spécial se déroule en ce moment?»

C’était gênant, mais je n’avais pas d’autre choix que de sourire et de le supporter. J’aurais aimé que le dieu qui m’avait amenée dans ce monde imaginaire m’ait au moins donné des vêtements dans lesquels je puisse me promener sans me sentir aussi mal. Il y avait des tonnes d’autres options, comme l’équipement cool que j’avais utilisé dans le jeu. Pourquoi fallait-il que ce soit des ours? Si j’étais un mec, ce serait complètement hors de question.

J’avais inventé mentalement de nouvelles façons d’insulter Dieu pendant que je me promenais dans la capitale royale.

Finalement, j’étais arrivée à un endroit qui ressemblait à une place. Il y avait des chiffons étalés sur le sol avec toutes sortes de marchandises. Peut-être y avait-il des choses inhabituelles par ici? Les commerçants avaient l’air surpris chaque fois que je m’arrêtais pour fouiller dans leurs marchandises, mais personne ne me regardait avec méchanceté.

«C’est…»

Je m’étais arrêtée.

«Hm? Quelle fille bien habillée! Bienvenue», dit un homme d’une trentaine d’années.

Il y avait des légumes dans le magasin. L’un d’eux, en particulier, attira mon attention.

«Ce sont des patates?»

«C’est ça. Voulez-vous en acheter, très chère?»

Enfin! J’avais enfin trouvé l’humble pomme de terre.

«Je les prends toutes.»

«Pardon? Mademoiselle l’ours, mais même si ces tubercules sont impopulaires, ce n’est pas comme si vous pouviez tous les acheter avec l’argent que vous auriez sur vous.»

L’homme semblait un peu contrarié.

«Combien coûtent-ils?»

«Bien. Voilà ce que ça vaut. Si vous pouvez payer ça, je vous les vends toutes.»

Il me présenta le montant de façon brusque.

Mais je lui avais répondu: «Vendues!»

«Comme je l’ai dit…»

J’avais retiré un peu plus que le montant spécifié et je l’avais remis à l’homme.

«Vraiment?»

Il regarda l’argent que j’avais retiré et m’avait ensuite regardée avec surprise.

«Vous êtes sûre de ça?»

«Je vais les prendre.»

Je pourrais les cuire à la vapeur ou en faire une salade de pommes de terre. Je pouvais les transformer en chips ou en frites pour un goûter. Il y avait un million de choses différentes que je pouvais faire avec. En tout cas, j’avais une envie irrésistible de chips salées.

«Si vous allez les manger, faites attention. Si vous n’avez pas de chance, elles peuvent vous faire vomir ou vous donner de vilains maux d’estomac.»

«Oui, à cause du poison.»

Les germes étaient empoisonnés.

«Les germes sont savoureux, mais peu de gens les achètent à cause de ça.»

«Oui, les parties qui germent ou qui deviennent vertes sont toxiques. Tant que vous faites attention à les éviter, elles sont bonnes.»

«C’est vrai?»

«Quoi?»

«Ce que vous venez de dire.»

«Oui, c’est vrai.»

C’était connu de tous chez nous.

«J’ai certainement entendu dire qu’ils causent plus de maux d’estomac une fois qu’ils ont commencé à germer. Mais comment le savez-vous, Mademoiselle Ours?»

«Là où j’ai grandi, tout le monde sait ça.»

«Est-ce qu’il y a un tel endroit? Personne ne le sait par ici, alors je n’en vends pas beaucoup.»

C’était peut-être pour ça qu’ils n’en avaient pas vendu à Crimonia?

«Pouvez-vous me dire de quel village vous venez, monsieur? La prochaine fois, j’irai vous les acheter.»

«J’apprécierais beaucoup, mais c’est assez loin.»

J’avais sorti un morceau de papier et je lui avais fait dessiner une carte. C’était la capitale royale, et peut-être que c’était Crimonia?

«On dirait que c’est près de Crimonia.»

«Mlle Ours, vous connaissez Crimonia?»

«Oui, j’y habite.»

«Vraiment? Si vous voulez vraiment me les acheter, je peux vous les apporter en Crimonia.»

«Vous êtes sûre?»

Ce serait d’une grande aide. Je voulais laisser les orphelins les essayer.

«Oui! Je n’en vends pas beaucoup dans la capitale royale, mais Crimonia est proche de mon village, et ça m’éviterait des ennuis.»

«Oui, je vais les acheter. Dans ce cas, la prochaine fois que vous arriverez à Crimonia, pourriez-vous les emmener à l’orphelinat? Je les préviendrai.»

«À l’orphelinat?»

«Il y a quelqu’un que je connais là-bas. Et voici l’avance.»

J’avais remis le même montant qu’avant.

«Vous êtes sûre? Et si je ne me présente pas?»

«Si cela arrive, j’irais les chercher dans votre village.»

«Je plaisantais. Je m’assurerai de les apporter. Je m’appelle Zamoru.»

«Je m’appelle Yuna.»

«Alors, qu’est-ce que vous allez faire avec ça? Si vous les emmenez quelque part, je peux vous aider.»

«C’est bon. Je vais les ranger.»

J’avais commencé à charger l’énorme tas de pommes de terre dans mon stockage d’ours. J’attendais avec impatience le casse-croûte qu’ils allaient devenir.

«Vous êtes vraiment quelque chose, Mlle Ours.»

L’homme m’avait regardée avec émerveillement pendant que je rangeais les pommes de terre.

«Alors, quand devrais-je en livrer d’autres à Crimonia?»

«Je serai ici jusqu’à la fin de la fête d’anniversaire, et même si je rentre chez moi juste après, ça fera quand même trois semaines, donc dans un mois environ, ce serait bien.»

«J’ai compris. Je serai sûrement là.»

J’avais quitté l’homme et j’avais visité les autres stands. J’avais acheté et mangé de délicieuses brochettes de viande et tout ce qui me semblait inhabituel, et j’avais acheté en vrac tous les ingrédients qui me plaisaient, s’ils passaient un test de goût. Ce n’était pas comme si j’avais fait des recherches dans tous les articles vendus sur place, mais je n’avais pas vu de sauce soja, de miso ou de riz. Je voulais des sushis à la sauce de soja — même du poulpe ou du calmar, idéalement grillés. J’avais décidé qu’il suffisait d’acquérir des pommes de terre pour aujourd’hui. Peut-être que je ferais des frites et des chips en rentrant à la maison.

Et bien qu’il soit un peu tôt, je m’étais décidée de rentrer.

Quand j’étais rentrée à la maison ours, Fina n’était toujours pas revenue. Très bien, me suis-je dit, je vais me préparer des chips.

J’étais allée à la cuisine, j’avais sorti des pommes de terre, je les avais coupées en tranches fines et je les avais fait frire dans de l’huile. Elles firent de super sons de claquement en chips bien croustillantes. Je les avais mises sur une assiette et j’avais saupoudré de sel. Avec cela, mes chips salées, qui me manquaient tant, étaient prêtes.

J’étais un peu déçue de ne pas pouvoir faire d’autres saveurs, mais j’avais fait sauter une seule chips dans ma bouche.

«Délicieux.»

Ah, le goût des chips me manquait. Comme je commençais à avoir soif, je m’étais acheté quelque chose à boire. Fina était rentrée à la maison pendant que je grignotais le reste des chips.

«Bienvenue à la maison», avais-je dit. Crunch crunch.

Fina avait l’air un peu hagarde.

«Tu t’es bien amusé?»

«Oui, c’était sympa.»

Alors pourquoi avait-elle l’air si fatiguée? Étaient-elles allées dans tellement d’endroits que ça l’avait fatiguée?

«Yuna, je te rends ça.»

Fina avait sorti le sac d’argent que je lui avais donné. Elle m’avait dit que Noa avait apparemment tout payé, donc qu’elle n’avait pas eu besoin d’en utiliser. Je devrais remercier Noa la prochaine fois que je la verrai.

«Tu en auras peut-être besoin plus tard, alors garde-le», lui avais-je dit. Crunch crunch.

« Qu’est-ce que tu manges, Yuna? »

Crunch crunch.

« Des chips. »

« Des chips? »

Fina pencha sa tête sur le côté.

«Tu veux en goûter?»

«Oui, merci.»

J’avais tendu l’assiette à Fina.

Crunch crunch

«Elles sont délicieuses.»

«Je suis contente que tu les aimes.»

Fina en mangea un autre.

«Manges-en autant que tu veux. Il y en a beaucoup plus.»

«Merci beaucoup. Est-ce qu’ils les vendaient?»

«Ils vendaient des patates, alors j’en ai acheté et je les ai transformées en chips.»

Quand elle m’entendit dire ça, Fina retira sa main comme si elle était surprise.

«Fina, tu sais ce que sont les patates?»

«Je ne sais pas grand-chose sur elles, mais j’ai entendu dire il y a longtemps qu’il fallait faire attention quand on les mangeait.»

«Il faut faire attention à ne pas manger les germes et les parties qui sont vertes, mais sinon, c’est bon.»

«Est-ce qu’elles le sont vraiment?»

«Si tu manges les morceaux de germes, cela va te donner mal au ventre. Et pire encore si tu n’as pas de chance. Il faut donc faire attention», lui avais-je expliqué alors qu’elle me regardait avec révérence.

Munch munch, crunch crunch

Ah, c’était parfait. J’avais vraiment envie de chips au goût de consommé, mais bien sûr, je ne pouvais pas les faire surgir de nulle part. Fina m’avait regardée manger, puis elle avait tendu la main et elle avait pris quelques chips de plus.

«Elles sont faciles à faire, elles sont donc bonnes comme en-cas.»

Avec nous deux, l’assiette s’était rapidement vidée. J’avais montré à Fina comment faire des chips, puis j’avais fait des frites pour le dîner. Sans surprise, celles-ci avaient aussi fait un tabac.

***

Chapitre 61 : L’ours se rend à la guilde des aventuriers de la capitale royale

Comme je devais signaler l’achèvement de ma quête d’escorte de Noa, j’avais décidé d’aller à la guilde des aventuriers le lendemain. J’avais dit à Fina de repartir chez Noa, juste au cas où il y aurait les problèmes habituels avec les aventuriers à cause de mon apparence. S’il arrivait quelque chose à Fina, je ne pourrais jamais l’expliquer à Tiermina.

J’avais laissé les regards inquisiteurs de la population m’envahir alors que je me rendais seule à la guilde des aventuriers. C’était exactement là où la guilde des commerçants avait dit qu’elle serait, tout droit dans la grande rue qui se trouvait près de la nouvelle maison d’ours. Le bâtiment de la guilde de la capitale était plus grand que celui de Crimonia. Une guilde plus grande signifiait plus d’aventuriers, et plus d’aventuriers signifiait plus de punks. Même en entrant, j’avais remarqué que des lourdauds venaient vers moi. Je me sentais comme un chaton qui se dirigeait vers un enclos de bêtes sauvages. J’avais eu raison de laisser Fina derrière moi.

S’il vous plaît, pas de blagues du genre « Tu es un ours sauvage, n’est-ce pas ? », merci.

J’avais baissé ma capuche d’ours et j’étais rentrée, sans poser les yeux sur personne. Au moment où j’étais entrée, les murmures avaient commencé.

« Est-ce qu’un ours mignon vient d’entrer ici ? »

« Vous avez raison, il y a un ours. »

« C’est un ours, d’accord. »

« Quelle jolie tenue ! »

« L’ours attaque. Quelqu’un l’a tué. Bwa ha ha ha. »

« Oh allez. Tu ne peux pas dire des trucs comme ça, même pour plaisanter. Tu vas faire peur à la jeune fille. »

« Et si je la tuais ? »

« Si tu t’approches d’elle, cet ours s’enfuira. »

Cliquetis.

J’avais entendu le bruit d’une chaise qui se renversait dans le dos.

« L’ours sanglant… » murmura un homme à l’arrière.

« Vous ne devriez pas poser une main sur cet ours. »

« Qu’est-ce qui t’arrive ? Pourquoi trembles-tu ? »

« Ne vous mêlez pas de ça. »

« Qu’est-ce qui se passe avec ce type ? »

« On s’en fout, que quelqu’un aille lui parler. »

« Dans ce cas, je vais aller l’avertir. »

Un géant de presque deux mètres de haut s’était approché de moi. Il souriait.

« Hé, la fille ourse. Pourquoi es-tu venue ici dans cette jolie tenue ? Ce n’est pas le genre d’endroit où les filles comme toi devraient être. »

« Je suis juste venue pour signaler l’achèvement de ma quête. »

« Tu fais un rapport sur une quête ? Es-tu une aventurière ? »

« Eh bien, oui. »

Des rires s’échappèrent de tout autour de moi.

« Attends un peu. Depuis quand les enfants peuvent-ils devenir des aventuriers par ici ? »

Je connaissais cette routine. On trouvait des gars comme ça partout. Je l’ignorais. Au moment où j’allais le dépasser, l’homme tendit la main vers ma capuche d’ours. Je l’avais pris par la main avec ma marionnette d’ours et l’avais jeté par la porte d’entrée. Les aventuriers regardaient ça avec confusion et stupéfaction.

« Que vient-il de se passer ? »

« Ne l’a-t-elle pas jeté d’une seule main ? »

« Ça devait être ton imagination. »

Ils continuèrent à crier alors que le gars que j’avais jeté dehors revenait.

« Qu’est-ce que tu crois faire ? » demanda-t-il, en s’approchant de moi tout en se frottant la tête.

Puis, alors qu’il tendait la main pour me saisir à nouveau, je lui avais pris le bras et l’avais jeté dehors une seconde fois. C’était de la légitime défense, n’est-ce pas ? La guilde s’était tue.

« Qu’est-ce que tu viens de faire ? »

« Il est venu m’attaquer, alors je l’ai juste jeté. »

Trois hommes m’encerclèrent.

« Vous êtes un peu sur mon chemin. »

« Tu pensais qu’on allait te laisser faire ça à notre copain, fille ourse ? »

« C’est lui qui m’a attaqué, sorti de nulle part. »

« Ne nous fais pas chier ! »

Les hommes venaient m’attaquer, alors j’avais attrapé leurs bras comme je l’avais fait avec l’autre gars il y a un instant, et j’avais sorti les poubelles. À ce moment-là, le reste de la guilde était devenu très silencieux. J’étais sortie, là où les hommes que j’avais jetés par-dessus le seuil essayaient de se lever.

« Espèce de petite… »

Cette farce allait-elle se reproduire chaque fois que j’allais entrer dans une nouvelle guilde ? J’étais vraiment contente de ne pas avoir amené Fina. Une fois que les hommes s’étaient levés, ils m’avaient regardée de travers. Et vu qu’ils ne sortaient pas leurs armes, j’avais au moins pensé que c’était une bonne chose.

Alors que les hommes se rapprochaient de moi, j’avais invoqué un sort de vent qui explosa comme un geyser sous eux. Ils s’envolèrent dans le ciel en un instant. Cela les emmena plus haut que je ne l’avais prévu. Du sol, ils avaient l’air aussi gros que des grains de riz. Ces petits grains étaient devenus de plus en plus bruyants à mesure qu’ils grandissaient.

« Gyaaaaaaaah ! »

« Que quelqu’un fasse attention ! »

« On va mourriiiiiiiiiiiiir ! »

« … »

Juste avant qu’ils n’atterrissent, j’avais fait un coussin de vent. Les hommes avaient été pris dans le coussin, et à l’instant suivant, je les avais lancés en l’air une seconde fois. Je l’avais répété plusieurs fois, et une fois qu’ils avaient cessé de crier, je les avais laissés redescendre sur le sol.

« Ne m’attaquez plus jamais, d’accord ? » avais-je dit aux hommes, mais ils n’écoutaient pas. On aurait dit qu’ils s’étaient évanouis. Au moins, ça voulait dire qu’ils ne se moqueraient plus de moi.

Je les avais laissés derrière moi et j’étais retournée à l’intérieur. Les autres aventuriers me surveillaient depuis l’entrée. Parmi eux, il y avait une femme qui s’approchait de moi.

« Eh bien, juste au moment où je sortais en pensant avoir entendu un vacarme, je trouve un adorable ours. »

La femme sourit en me regardant ainsi que les aventuriers effondrés. Une elfe ? Ses cheveux étaient longs et vert clair, et je pouvais voir de longues oreilles qui sortaient des mèches. Elle était belle et avait la peau claire.

« Tu utilises de la magie impressionnante. »

« Ce sont eux qui ont attaqué. Je ne faisais que me défendre. Je suis sûre que les aventuriers qui regardent de là-bas peuvent en témoigner. »

« Vraiment ? »

L’elfe se retourna et regarda la première rangée d’aventuriers. Ceux-ci hochèrent la tête, bien que vaguement.

« Je pense que tu en as un peu trop fait. »

C’était ce que je pensais aussi, mais les gens comme ça n’écouteraient pas si vous ne les ramenez pas vous-même à la raison.

« Eh bien, je suppose qu’ils ont appris une leçon. Assurez-vous qu’aucun d’entre vous ne cause de problèmes, d’accord ? »

La femme elfe avait averti les aventuriers en herbe.

Qui était-elle ? Les réactions des aventuriers m’avaient donné le sentiment qu’elle n’était pas juste une autre de ces aventuriers. Elle me mesurait d’une manière à laquelle je n’étais pas habituée.

« Je vois. Tu es cet ours dont on a parlé. »

« Hum, qui êtes-vous ? »

« Je suis Sanya, le maître de la guilde des aventuriers ici dans la capitale royale. »

Tout à coup, j’avais compris pourquoi tout le monde ici s’accrochait à ses paroles.

« J’ai entendu parler de toi par Gran, une fille en costume d’ours qui a vaincu une troupe de bandits à elle seule. Je pensais que Gran exagérait, mais il semble que ce soit vrai. »

Sanya regarda les aventuriers hébétés. L’un d’entre eux avait repris conscience, mais il ne semblait pas avoir l’intention de me combattre à nouveau, ce qu’il ne pouvait pas faire avec le maître de la guilde dans les parages. S’il revenait pour en avoir plus, je l’enverrais simplement se promener à nouveau dans le ciel.

« C’est pourquoi je vous ai dit de ne pas jouer avec l’ours », murmura un aventurier à l’arrière.

« Tu savais pour cet ours ? »

« Oui, je sais à quel point il est terrifiant et puissant. C’est pour ça que je t’ai dit d’arrêter. »

Je ne devais pas être la seule aventurière à venir de Crimonia. Et vu la façon dont il se recroquevillait, c’était peut-être un de ceux que j’avais battus.

« Eh bien, pourquoi es-tu ici aujourd’hui ? »

« Je suis venue pour faire un rapport de mission », avais-je dit.

Sanya m’emmena à la réception et s’était assise avec moi.

« Alors, pourrais-je avoir ton document d’achèvement de quête et ta carte de guilde ? »

J’avais remis ma carte de guilde et le document d’achèvement de la quête avec la signature d’Ellelaura.

« Une quête d’escorte pour la famille Fochrose, c’est ça ? Voici la récompense pour la quête, et voici la récompense pour l’escorte de Gran. »

« Pour avoir escorté Gran ? »

« Gran est passée l’autre jour. Il m’a demandé de m’occuper des frais de quête et des procédures d’achèvement de la quête quand tu te montrerais. »

C’était pour ça que le nom de Gran était apparu avant. Il avait fait tout ce qu’il pouvait pour que notre rencontre soit considérée comme une quête d’escorte. Je l’avais remercié mentalement en acceptant l’argent.

« Je vais traiter les quêtes d’escorte de Fahrengram et de la famille Fochrose comme des quêtes de rang D. »

Le compte du nombre de quêtes de rang D sur ma carte de guilde avait augmenté de deux fois quand elle avait dit ça. Apparemment, plus le nombre était élevé, plus les étrangers avaient une bonne impression de moi si je faisais leurs quêtes d’escorte. Comme cette partie des données était enregistrée sur la carte, vous ne pouviez pas la voir sans un écran de cristal.

« Le maître de la guilde de Crimonia m’a donné une lettre », avais-je dit.

J’avais reçu la lettre pour m’aider à éviter les ennuis, mais les ennuis m’avaient trouvée avant que je ne puisse la remettre.

« Ça doit être de Ralock. »

C’était donc son nom ? Sanya avait lu la lettre.

« On dirait qu’il est trop tard pour beaucoup de ces choses. »

Je pensais la même chose.

« Fais savoir au personnel de la guilde qui tu es, mais sois prudente. Cela dit, tu as une liste de mise à mort stupéfiante. J’ai du mal à croire la partie sur les tigres-loups, et encore moins le fait que tu as tué une vipère noire en solo. »

Elle lisait les données de la carte de guilde qui apparaissait sur l’écran de cristal. Je m’étais posé la question pendant un moment, mais comment ce panneau de cristal et les cartes de guilde fonctionnaient-ils ? Je supposais que c’était normal dans un monde fantaisiste.

« En considérant cela, je ne peux pas croire que tu sois au rang D. »

Sanya m’avait rendu ma carte de guilde. J’avais fini le rapport de quête et j’avais remis la lettre du maître de la guilde de Crimonia. Avec ça, mon affaire ici était réglée. Après cela, je jetterais un coup d’œil rapide sur les quêtes qu’ils avaient, puis je continuerais peut-être à faire du tourisme dans la capitale.

« Tu ne fais aucune quête ? »

« Je viens d’arriver à la capitale, alors la prochaine fois. »

« Oh, c’est dommage. »

« Je veux faire du tourisme dans la capitale, et je me demandais s’il y a des magasins dans le coin qui vendent des choses inhabituelles. »

« Inhabituelles ?? Comme quoi ? »

« Comme des ingrédients ou des outils, n’importe quoi serait bien. »

« La guilde des commerçants en saura plus à ce sujet. Mais je suppose qu’en ce moment, il faudrait s’y rendre. Ils ont toutes sortes de boutiques. »

« Donc, le quartier ouest. J’irai là-bas la prochaine fois. »

Je l’avais remerciée et j’avais quitté la guilde des aventuriers. Cette fois, les aventuriers n’avaient rien dit en me voyant partir.

***

Chapitre 62 : L’ours obtient du fromage

J’avais quitté la Guilde et m’étais dirigée vers la place où les stands étaient installés. Me mettre quelque chose dans le ventre était en haut de ma liste de choses à faire. Comme il y avait beaucoup de stands, j’avais l’impression qu’il faudrait des jours pour tous les voir si je prenais mon temps. En parcourant les objets exposés, j’avais vu quelques dos que j’avais reconnus. Je m’étais lentement approchée d’eux par-derrière pour les surprendre. On aurait dit qu’ils étaient pris en train de regarder quelque chose et n’avaient pas remarqué que je m’approchais d’eux.

« Fina ! Noa ! », leur criais-je.

« Y-Yuna ?! »

Noa s’était exclamée.

« Yuna ! Qu’est-ce que tu fais ici ? Et la guilde des aventuriers ? »

Elles se retournèrent toutes les deux en état de choc.

« J’en ai fini avec ça, alors je fais du lèche-vitrine. Alors, qu’est-ce que vous regardiez toutes les deux ? »

Quand j’avais regardé où elles avaient regardé, j’avais entendu une sorte de dispute.

« On dirait qu’il y a un vieil homme qui vend de la nourriture étrange qui fait du bruit. »

« Étrange comment ? »

« On dit que c’est moisi. »

De la moisissure, hein ? J’étais allée devant les filles pour voir par moi-même, et j’avais trouvé un homme plus âgé et un jeune homme qui se battaient devant l’étal.

« Comment peux-tu vendre quelque chose comme ça ? ! Tu ne fais que causer des problèmes à tout le monde autour de toi ! »

« Ce n’est pas n’importe quelle moisissure ordinaire. »

« La moisissure, c’est de la moisissure ! »

« Tu peux manger les parties intérieures de ça ! »

« Tu ne peux pas manger quelque chose qui produit de la moisissure comme ça ! »

Le vieil homme faisait de son mieux pour expliquer, mais l’autre homme ne voulait pas écouter et se plaignait simplement.

Ce qui m’intéressait, c’était les choses qui bordaient le magasin. C’était sans aucun doute de la moisissure. Mais ce n’était pas un problème. C’était du fromage. C’était incontestablement du fromage. On pouvait le manger seul, ou entre deux pains, et surtout, on pouvait l’utiliser pour faire des pizzas.

Je voulais aussi vraiment manger du gratin, bien que je sois encore loin d’y arriver.

« Vous deux, est-ce du fromage. »

« Du fromage ? »

« Vous ne savez pas ce que c’est ? »

« Non, je ne sais pas. »

« Je ne sais pas non plus. »

Si ces deux-là ne savaient pas ce qu’était le fromage, il devait être rare. Il fallait que je mette la main dessus par tous les moyens nécessaire.

« Comme je l’ai dit, c’est de la nourriture. »

« Personne ne va manger ce truc ! »

« Yuna ? »

Fina cria pour m’arrêter, mais je m’étais mise entre les deux.

« Monsieur, c’est du fromage, n’est-ce pas ? »

« Oui, en effet, vous savez ce que c’est ? Quelle belle tenue vous avez là, jeune fille ! »

« Mais qu’est-ce que c’est que ça ? Tu es sortie de nulle part. Et qu’est-ce que c’est que ces vêtements ? Je me fiche que tu ne sois qu’une fille, ne t’avise pas d’entrer ! »

En me tenant si près, j’avais réalisé qu’il puait l’alcool.

« C’est de la nourriture. Si tu ne le sais même pas, tu peux te taire. », avais-je dit

« Tu me dis que les trucs pleins de moisissure sont censés être de la nourriture ? Ne me fais pas rire ! »

Les ivrognes étaient méchants. Ils n’écoutaient pas les gens et si vous les ignoriez, ils se mettaient à se plaindre pour des raisons non fondées.

« Hé, tu m’écoutes ? ! »

Le type avait essayé de me prendre l’épaule. J’avais attrapé son bras et je lui avais donné un coup de poing d’ours sur le ventre avec ma main gauche. L’homme s’était penché et s’était effondré sur le sol, inconscient. Et moi qui pensais que j’y étais allée doucement avec lui.

Je l’avais laissé là où il était tombé, je m’étais tournée vers l’homme plus âgé et je lui avais parlé comme si rien ne s’était passé : « Monsieur, vous allez bien ? »

« Oui, vous m’avez sauvé la vie. Merci. »

Le vieil homme me regarda, moi et l’homme au sol.

« Alors, mademoiselle, vous connaissez le fromage ? »

« Vous faites fermenter le lait pour le faire, non ? Mais je ne connais pas tous les détails de sa fabrication. »

« C’est vrai. Vous en savez beaucoup pour une jeune. »

« Monsieur, puis-je avoir un échantillon ? »

« Bien sûr, s’il vous plaît, essayez-en un. »

L’homme coupa une fine tranche de fromage avec un couteau.

« Yuna, tu vas manger ça ? »

Fina et Noa semblaient inquiètes. Je mangeais quelque chose qui avait de la moisissure dessus, donc je suppose qu’elles n’avaient pas pu s’en empêcher.

« La moisissure est juste à la surface, donc c’est bon. »

J’avais mis la bouchée de fromage dans ma bouche. C’était un peu fort, mais c’était bien du fromage.

« Vous voulez aussi essayer ? »

Les deux secouèrent la tête. C’était pourtant délicieux.

« Monsieur, vous vendez ça ? »

« Oui, on avait besoin d’argent au village, alors je suis venu à la capitale royale pour vendre du fromage, mais personne ne voulait l’acheter. »

Oui, pensais-je, le fromage ne s’était pas vraiment répandu dans ce monde. Tout comme le gars de tout à l’heure, Fina et Noa ne savaient pas ce que c’était.

« Donc, en gros, ça veut dire que je peux acheter tout ce que vous avez, non ? »

« Vous en achèterez, ma belle ? »

« Ça dépend du prix. Combien ça coûte ? »

« En fait, je le vends au poids, mais un bloc, c’est à peu près ça. »

« Je vais l’acheter. Je vais tout prendre, s’il vous plaît ! »

« Vous êtes sérieuse ? »

L’homme m’avait regardée comme s’il ne me croyait pas. Je supposais que j’aurais du mal à croire quelqu’un qui me dirait qu’il allait acheter tout mon stock alors que personne n’avait jamais regardé le produit.

« Oui, je suis sérieuse. »

J’avais sorti l’argent. La surprise s’était formée sur le visage de l’homme.

« Merci, fille ourse. »

Alors que nous finissions notre accord, une agitation avait surgi derrière moi. On aurait dit que des soldats en patrouille étaient arrivés.

« On a entendu dire qu’il y avait un combat ici. Un ours ? Madame Yuna !? »

C’était Ranzel, le garde qui avait arrêté le groupe de bandits.

« Mme Yuna, que faites-vous ici ? J’ai entendu dire qu’une bagarre avait éclaté ici. »

« Il ne s’est rien passé. Un type ivre faisait une scène, il est tombé tout seul et s’est endormi. »

J’avais regardé l’homme que j’avais abattu plus tôt avec un coup de poing d’ours. Il était tombé pour une raison différente de ce que j’avais dit, mais il était vraiment ivre. Ranzel regarda l’homme effondré, puis la foule.

« Vraiment ? » me demanda-t-il, l’air douteux. L’ivrogne s’était mis à mousser légèrement à la bouche.

Il n’y avait pas moyen d’éviter ce type. J’avais décidé d’être honnête avec lui.

« L’ivrogne commençait à se battre avec cet homme, alors je suis venue à son secours. »

« Ce que la fille ourse dit est la vérité. Elle m’a sauvé. »

« Ce n’était pas la faute de Yuna », dit Noa.

« Yuna a protégé l’homme », dit Fina.

En plus de cela, les gens autour de nous avaient aussi commencé à défendre mes intérêts. J’imaginais que n’importe qui se rangerait du côté d’une fille en pyjama ours plutôt que du côté de l’ivrogne. Ranzel s’était gratté la tête.

« J’ai compris. Je vais fermer les yeux cette fois. »

Ranzel demanda à ses subordonnés de porter l’homme.

« Cette fois, je vais traiter ça comme un ivrogne qui dépasse les bornes, mais ne causez plus de problèmes, Mme Yuna. Il semble vous suivre partout où vous allez. »

Je ne pouvais rien dire à ce sujet.

« Même si ce n’était pas le cas, les gens se rassemblent de partout, et nous avons déjà du mal à rester civilisés. S’il vous plaît, restez à l’écart des disputes. »

Je serai incapable de vous faire une promesse à ce sujet.

« Alors, je vais partir », dit Ranzel en baissant la tête avant de partir avec ses subordonnés.

J’avais repris ma discussion sur le fromage avec le vieux.

« Mademoiselle, on dirait que je vous ai causé des ennuis. Merci pour ce que vous avez fait. »

« Ne vous inquiétez pas. Je voulais du fromage de toute façon. Supposons que vous en ayez encore, je l’achète. »

« Je suis désolé. J’ai seulement apporté ce que je pouvais porter du village. C’est tout ce que j’ai. Mais il y en a encore au village. »

Je n’avais pas besoin d’excuses de la part de cet homme… non, ce saint du fromage. Mais j’avais été ravie d’apprendre qu’il y en avait encore plus là d’où il venait.

« Alors, pourriez-vous me dire où se trouve votre village ? J’irai là-bas pour en acheter plus tard. »

« Je serais heureux si vous le faisiez, mais avez-vous vraiment besoin de fromage ? Je pense que c’est déjà une quantité considérable. »

« Je m’occupe en quelque sorte de quelques enfants dans un orphelinat. Je pensais utiliser ce fromage pour leur faire quelque chose à manger plus tard. »

« Je vois. Très bien, si vous venez au village, je vous accueillerai. »

« Merci. »

« Pas du tout, c’est moi qui devrais vous remercier. Si je ne pouvais pas vendre ça, j’aurais eu des ennuis. »

« Vraiment ? Dans ce cas, je peux payer un peu plus. »

« Vous êtes sûre ? »

« C’est bon. En échange, vendez-le-moi un peu moins cher quand je vous rendrai visite. »

« Oui, bien sûr. Si je n’ai pas à venir à la capitale, ça m’évitera des ennuis. »

L’homme m’avait indiqué l’emplacement du village et avait mis tout le fromage que j’avais acheté dans mon stockage ours.

Nous avions laissé l’homme, j’avais fini par faire le tour des stands avec Fina et Noa.

« Yuna, est-ce que le “fromage” de tout à l’heure est vraiment si bon ? » me demanda Noa. Je devais être optimiste.

Je pensais évidemment au pain, mais aussi à manger une pizza en rentrant à la maison. Entre ça et les pommes de terre de l’autre jour, c’était comme si quelqu’un me disait de faire une pizza. Un sourire s’était naturellement formé sur mon visage.

« Hmm, je suppose que ça dépend de la personne. J’aime ça, mais il y a aussi des gens qui détestent ça. »

« Alors… me laisserais-tu en goûter une ? »

« J’aimerais aussi en goûter. »

« Bon alors, et si on rentrait chez nous tout de suite pour faire une pizza ? Après tout, la plupart des gens aiment la pizza. »

Comme si j’avais besoin d’une excuse. Une partie de moi espérait qu’ils s’avéraient être des béotiens du fromage.

« Oui, j’aimerais en goûter. »

J’avais essayé de me souvenir des ingrédients que j’avais dans ma réserve d’ours en achetant les ingrédients qui me manquaient pour la pizza, et nous avions fini par retourner à la maison ours.

***

Chapitre 63 : L’ours se rend au château

J’avais commencé par faire un four en pierre dans ma grande cour inutile. Pendant la construction, je m’étais souvenue d’avoir déjà vu sa fabrication dans une émission de télévision. La magie était vraiment utile dans des moments comme celui-ci. Les choses étaient faciles à réparer, même si j’avais fait une erreur. Après quelques essais et erreurs, j’avais terminé mon premier four en pierre.

Pendant que je construisais le four, j’avais les deux autres filles qui étaient occupées à pétrir la pâte de blé. Une fois la pâte terminée, je pouvais préparer les garnitures : pommes de terre, volaille, poivrons, tomates et le fromage que j’avais acheté plus tôt. J’avais étalé la garniture et je l’avais mise dans le four à pierre. Ensuite, j’avais dû attendre que la pâte soit cuite. Le fromage avait fondu, une odeur alléchante s’était répandue.

« Ça me semble assez long. »

Je l’avais sorti juste au moment où elle finissait de cuire. Le fromage était tombant et fondu, il avait l’air délicieux.

« Est-ce de la pizza ? »

« Ça sent très bon. »

J’avais coupé la pizza en tranches, j’en avais mis sur des assiettes et je les avais remises aux deux filles.

« C’est chaud, alors ne vous brûlez pas »

Je les ai averties, puis j’avais préparé ma propre portion. Ça avait l’air délicieux. Il n’y avait aucune raison de se retenir, j’avais donc commencé. Le fromage s’était étiré. C’était chaud, mais incroyablement délicieux. C’était le goût de la nourriture de chez moi qui me manquait tant. J’aimerais un jour pouvoir la commander par téléphone et me la faire livrer dans les trente minutes comme avant.

Quand Fina et Noa m’avaient vue en profiter, elles commencèrent aussi à manger.

« C’est chaud ! Mais c’est savoureux. »

« C’est vraiment très bon. »

« N’est-ce pas ? On se demande pourquoi tout le monde n’en mange pas alors que c’est aussi délicieux. »

« Est-ce que c’est du fromage à pâte filante ? Voilà donc ce qui se passe quand il fond. »

« Les patates sont si tendres et délicieuses. »

« C’est parce que le fromage et les patates se marient bien. »

Je voulais essayer de faire d’autres types de pizza, mais je n’avais pas les ingrédients. Je voulais une pizza aux fruits de mer, avec des calamars, des mini-crevettes et des palourdes sur le dessus. Des saucisses et du bacon me conviendraient également. Pour l’instant, j’avais décidé d’être patiente avec ce type de pizza. Ce n’était pas comme si je pouvais tout manger si je faisais tout ça. Je doutais qu’on puisse finir cette énorme pizza avec deux petits enfants et moi.

« Ce n’est pas aussi bon si tu la laisses refroidir, alors mangez-la vite. »

Alors que nous étions toutes les trois en train de manger une pizza, j’avais entendu quelqu’un courir de très loin. Shia était apparue, elle portait son uniforme. Les Fochroses, était-ce le genre de famille qui courait partout ?

« Shia, pourquoi es-tu là ? »

« J’ai fini tôt à l’Académie, et on m’avait dit que tu n’étais pas rentrée. Je pensais que tu serais ici donc je suis venue. Alors, qu’est-ce que vous mangez toutes ? » demanda-t-elle.

Elle n’avait probablement pas vu ça avant.

« Ça s’appelle une pizza. »

« Pizza, dis-tu ? »

« C’est une sorte d’aliment où tu fais une pâte très fine, tu mets toutes sortes d’ingrédients dessus, puis tu mets du fromage dessus, et tu fais cuire le tout. »

Mon explication était peut-être un peu inexacte, mais elle était suffisante pour un débutant.

« Tu en veux, grande sœur Shia ? C’est vraiment délicieux », dit Noa.

J’avais remis le reste de la pizza à Shia.

« Est-ce que tu manges ça avec tes mains ? »

« En général, tu la tiens et la manges dans tes mains. Si tu ne veux pas faire ça, je peux te trouver une fourchette. »

Peut-être que les nobles avaient une aversion pour manger avec leurs mains ? Pourtant, Noa semblait bien manger avec ses mains.

« C’est très bien. Je vais le manger comme ça. »

« C’est chaud, alors fait attention. »

Shia porta habilement le fromage dégoulinant à sa bouche et en prit une bouchée.

« C’est bon… »

Shia mangea donc également, réduisant ainsi la quantité de pizza. Elles avaient un bon appétit.

« C’est vraiment dommage qu’on ne puisse pas manger ça avec Dame Misa. »

Maintenant qu’elle l’avait mentionné, elle n’était pas avec elles aujourd’hui.

« On ne pouvait rien y faire. Elle sortait avec sa famille aujourd’hui. »

C’était pour ça qu’elle n’était pas là.

« Si vous voulez encore manger, je vais en faire cuire. Qu’est-ce que vous en dites ? »

« J’aimerais en avoir un peu plus. »

« Moi aussi, s’il te plaît. »

« Moi aussi. »

On dirait que le trio avait encore de la place dans leur estomac. En réponse à leurs demandes, j’avais décidé de faire une pizza avec les mêmes ingrédients qu’avant. Si c’était comme ça qu’elles agissaient, alors peut-être que les enfants de l’orphelinat l’apprécieraient aussi ?

J’avais découpé la pizza nouvellement cuite en tranches et l’avais répartie entre les trois enfants.

« Faites attention à ne pas vous brûler. »

Toutes les trois répondirent par un « Oui » joyeux et se mirent à manger. Les deux grandes pizzas avaient disparu proprement dans nos quatre estomacs. Bien sûr, nous étions mal à l’aise à la fin. J’avais pensé à les faire un peu plus petites la prochaine fois.

Le lendemain matin, Ellelaura était venue à la maison ours.

« Bonjour. Qu’est-ce qui t’amène ici si tôt le matin ? »

« Mes filles m’ont dit qu’il semblerait que tu as de la nourriture délicieuse ici. »

Ça doit être la pizza d’hier, non ?

« Ce n’est pas quelque chose que l’on mange au petit déjeuner. »

Est-ce qu’Ellelaura était venue ici aussi matinalement juste pour quelque chose comme ça ?

« Ne peux-tu pas la manger le matin ? »

« Il y a peut-être des gens qui le font, mais en général on n’en mange pas le matin. »

C’était lourd pour un petit déjeuner.

« Eh bien, c’est malheureux. Mes filles n’ont pas pu dîner hier. Quand je les ai interrogées à ce sujet, elles ont dit qu’elles avaient mangé une chose délicieuse appelée pizza chez toi, et elles l’ont décrite comme si elle avait un goût divin. Cela m’a rendue si amère, étant donné que j’étais la seule à ne pas avoir pu en manger. »

Peu importe comment j’envisageais la situation, j’avais eu le sentiment que je ne pouvais pas refuser. J’avais l’impression que j’allais manger une pizza pour le deuxième jour de suite.

« Ahh, d’accord. Et si je la faisais pour le déjeuner ? »

« Vraiment ? On devra donc attendre jusqu’au déjeuner, et si je te faisais visiter le château ? »

« Veux-tu dire le château ? »

« Oui, l’autre jour, Fina a dit qu’elle voulait voir l’intérieur du château. Mais, on ne peut pas vraiment y entrer si on n’est pas censé y être. Mais vu que je suis là, vous pouvez entrer. Alors, faisons une sortie au château ce matin et faisons une pizza dans l’après-midi. »

Je supposais qu’il n’y aurait pas vraiment beaucoup d’occasions comme celle-ci. Je savais aussi que Fina voulait voir ça, nous avions donc accepté son offre. C’était ainsi que Fina et moi nous étions retrouvés au château.

La structure géante s’élevait devant nous. Deux soldats portant de longues lances se tenaient devant l’entrée du château. Fina était tendue lorsqu’elle avait saisi ma main d’ours. Ellelaura n’avait rien dit à ce sujet, mais je me demandais si je pouvais entrer dans cette tenue. Si nous étions arrêtés à l’entrée, je pourrais leur demander de ne faire entrer que Fina.

« Bonjour, Dame Ellelaura. Qui sont ces dames ? »

Bien qu’il ait été poli en parlant de nous, il me lançait un regard qui disait qu’il ne me faisait pas confiance. C’était son travail, donc je suppose qu’il n’avait pas le choix.

« Ce sont mes invitées. J’ai pensé leur faire visiter l’intérieur du château. Y aura-t-il un problème avec ça ? » dit Ellelaura au gardien de la porte, comme si elle le maîtrisait.

En réponse, le gardien prit du recul par rapport à Ellelaura.

« Non, pas du tout. Mon travail nécessite que je fasse ces vérifications. S’il vous plaît, allez-y. »

Le gardien nous salua et nous laissa entrer. Était-ce vraiment bon ?

« Y a-t-il quelque chose que vous voulez voir ? »

Ellelaura sourit à nouveau en nous regardant. Peut-être qu’elle était effrayante si vous la mettiez en colère ?

« Rien en particulier pour moi. »

Je ne savais même pas ce qu’il y avait dans le château.

« Je ne sais pas non plus. Je suis déjà contente avec ça. »

On aurait dit que Fina voulait rentrer chez elle après avoir franchi le portail. Elle avait sans doute envie de le voir, mais elle était en désaccord avec sa nervosité. Elle ne se sentait pas à sa place.

« Eh bien alors, allons nous promener. »

« Es-tu sûre qu’on aurait dû venir sans le dire à Noa ? »

Quand on avait quitté la maison ours, j’avais demandé des nouvelles de Noa. Comme la dernière fois que j’étais sortie avec Fina sans elle, il y avait une chance qu’elle boude.

« Ce n’est pas grave. C’est de sa faute si elle fait toujours la grasse matinée. Je me demande si Cliff l’a vraiment éduquée. Je dois m’assurer de le lui demander la prochaine fois que je le vois. »

Nous avions donc fini par nous promener toutes les trois dans le château sans but. Si je devais le dire en mots, le château était grand, joli et ressemblait à un château. Oui, ça n’expliquait vraiment rien, pas vrai ?

Chaque fois que nous passions devant quelqu’un, il inclinait la tête vers Ellelaura. Ensuite, ils avaient l’air surpris quand ils me voyaient. Je n’avais toujours aucune idée de son travail ici. Je savais au moins qu’elle travaillait au château. Son mari Cliff gérait un fief, j’avais donc pensé que la femme d’un seigneur l’aiderait normalement dans cette tâche.

« Que fais-tu au château, Ellelaura ? »

« Mon travail ? Plein de choses diverses. »

« Des choses diverses ? »

« Je commande les chevaliers, je traite les documents, je fais des consultations avec le roi, et diverses choses. La vérité est que je veux partir et aller là où se trouve Cliff, mais le roi, le chancelier, les chevaliers et les autres ne me laisseront pas partir. Donc, je vais travailler au château pendant que Shia est à l’académie. Mais au moment où Noa commencera à fréquenter l’académie, je serai probablement encore coincée au château. »

Je n’avais pas vraiment compris qu’elle était sa position, mais peut-être qu’Ellelaura était une personne super importante ici ? Est-ce pour cela que tout le monde avait baissé la tête devant elle ? Il y avait un risque que les choses deviennent terribles si je demandais plus de détails, alors j’avais décidé de ne pas mettre mon nez là-dedans.

« Bon, et si on voyait comment se passe la prochaine formation des chevaliers ? »

Nous avions traversé une cour au centre du château et étions arrivés dans une vaste zone d’entraînement remplie de soldats en armure s’entraînant à l’épée et à la lance. Lorsqu’Ellelaura était apparue sur le terrain d’entraînement, un chevalier était venu.

« Dame Ellelaura, qu’est-ce qui vous amène dans un endroit comme celui-ci ? Devons-nous faire une inspection ? »

« Je suis juste venue ici pour m’assurer que vous n’étiez pas en train de vous échapper. Vous pouvez retourner à votre entraînement. »

Le chevalier baissa la tête et retourna docilement aux exercices.

« Yuna, qu’est-ce que tu en penses ? »

« Qu’est-ce que tu veux dire ? »

« Crois-tu que tu pourrais battre ces chevaliers ? »

Je me demandais comment elle pouvait demander ça avec tous les chevaliers devant nous.

« Je ne pourrais pas gagner, » avais-je répondu.

Tous les chevaliers lançaient des regards fugaces à Ellelaura.

« On dirait qu’ils se sont beaucoup intéressés à toi, Yuna. »

Apparemment, ce n’est pas Ellelaura qu’ils regardaient, c’était moi. Eh bien, avoir quelqu’un d’aussi célèbre qu’Ellelaura dans le château, amener une personne en tenue d’ours et une petite fille avec elle attirerait la curiosité.

En regardant la scène, je m’étais souvenue de ma période de joueuse. Il y avait une intensité dans leur entraînement qui ne ressemblait en rien à ce que j’avais vu dans le jeu. Alors que je regardais avec impatience, Ellelaura dit quelque chose de ridicule.

« Yuna, veux-tu t’entraîner avec eux ? »

Je voulais les combattre pour voir à quel point ils étaient forts, mais si je gagnais ici, ils m’en voudraient à coup sûr. Cela aurait été faisable si c’était un jeu, mais je devais quand même vivre dans ce monde, je ne voulais donc pas faire ça. C’est pourquoi il n’y avait qu’une seule réponse à cette question.

« Je devrai respectueusement décliner. »

« Dommage. »

Peut-être qu’elle m’avait amenée ici parce qu’elle voulait me voir combattre ? Je ne pensais pas que quelqu’un aurait normalement amené des filles dans un endroit comme celui-ci. Même Fina se taisait. J’avais proposé d’aller dans un autre endroit. Ellelaura semblait déçue, mais elle nous avait montré un autre endroit. Quand je m’étais retournée pour retourner au château, j’avais vu une petite fille courir vers moi.

« C’est un ours ! »

Elle s’était accrochée à ma hanche avec un poomf. Euh, qui est-ce ? pensais-je. Elle avait quatre ou cinq ans. Elle portait de beaux vêtements de style occidental.

Elle portait de beaux vêtements dans un château. Est-ce que ça pourrait être… ?

« Mais ne serait-ce pas Mlle Flora ? Que faites-vous ici ? »

Mlle Flora ? Serait-ce possible ? Peut-être que c’était vraiment le cas ?

« Je me promenais dans le château. Tout le monde disait avoir vu un ours, alors je l’ai cherché. »

Par « un ours », elle voulait probablement dire moi.

« Pourquoi y a-t-il un ours dans le château ? »

« Cet ours est au milieu d’une visite du château », répondit Ellelaura.

Pourquoi m’appelait-elle aussi « ours » ?

« Vraiment ? »

Tout ce que je pouvais faire, c’était de hocher la tête sous la force de ces yeux de chiots agités.

« Est-ce vrai ? Dans ce cas, je vais te montrer ma chambre. »

Sa petite main avait saisi ma main d’ours. Je ne savais pas quoi faire, j’avais lancé un regard impuissant à Ellelaura.

« Eh bien, je suppose qu’on va la faire visiter. »

« Ellelaura ? »

« Tu ne peux bien sûr pas refuser une invitation de la princesse. »

Je le savais. C’était la princesse. Mais est-ce que c’était bien ? C’était la chambre de la princesse dont nous parlions. Je voulais refuser, mais je ne pouvais pas non plus. Avais-je même le droit d’aller dans la chambre de la princesse ? Je ne connaissais ces choses que par les mangas et les romans, mais les aventuriers normaux n’étaient pas censés entrer dans ces lieux, non ?

« Ellelaura, ne penses-tu pas que cela posera un problème ? C’est la princesse, et nous ne sommes que des roturiers. »

À côté de moi, Fina s’était figée et son visage était devenu pâle. Son esprit s’était probablement plus arrêté que le mien après l’entrée de quelqu’un qui était pratiquement au-dessus des nuages par rapport à elle.

« Je serai avec toi, alors c’est bon. J’en prends toute la responsabilité. »

« Ours, ne veux-tu pas venir dans ma chambre ? »

Elle m’avait encore jeté un regard de pitié. Il n’y avait pas d’issue. Je suppose que je ne pouvais rien faire d’autre que de partir. Mais je ne pouvais pas me débarrasser de la petite main qui tenait ma main d’ours.

« Je vais venir, ne pleure pas. »

Je lui avais doucement tapoté la tête avec ma main libre. C’était déjà du passé, mais était-ce vraiment bien de tapoter la tête d’un membre de la royauté ? Ellelaura n’avait rien dit, donc ça semblait bien. La princesse Flora semblait heureuse quand elle avait tiré sur ma main. Le visage de Fina était encore pâle lorsqu’elle nous avait suivis. Ellelaura suivit avec un sourire.

Le roi n’allait pas apparaître de nulle part, hein ?

Nous nous étions donc retrouvés dans la chambre de la princesse. Je ne savais pas comment la décrire autrement que comme étant magnifique.

Bien que je l’aie qualifiée de magnifique, ce n’était pas comme si elle était dorée, ou qu’elle avait des vases coûteux, ou des peintures de classe mondiale ou quoi que ce soit d’autre. Il y avait un beau tapis. Un lit avec un baldaquin. Un matelas d’apparence douce. Des tables et des chaises qui avaient l’air de grande classe. Voici donc à quoi ressemblait une chambre de princesse. Venir dans sa chambre était certainement une bonne chose, mais que devions-nous faire maintenant ?

« Mlle Flora, que devons-nous faire ? Voulez-vous qu’on vous lise un livre d’images ? »

« Les livres d’images sont ennuyeux. »

Le livre qu’Ellelaura avait apporté était l’histoire d’une princesse et d’un prince. Quand je l’avais lu, ma première pensée était que les illustrations n’étaient pas mignonnes pour un livre d’images. Celle-ci avait été dessinée de manière très réaliste.

« Ellelaura, y a-t-il du papier et quelque chose pour écrire ? »

« Oui, mais pourquoi ? »

« Je vais dessiner un livre d’images. »

Qui n’avait pas rêvé au moins une fois de devenir un artiste de manga ? Ce n’était pas comme si c’était mon objectif, mais à un moment dans ma retraite j’avais eu beaucoup de temps pour dessiner.

« Yuna, est-ce que ça marcherait ? »

Ellelaura apporta du papier et des ustensiles d’écriture. Je les avais pris et j’avais commencé à dessiner un livre d’images.

***

Chapitre 64 : Le livre illustré : L’ours et la fille (1)

(NdT ce chapitre est un peu spécial, on a le texte du livre, mais pas les images, je vais donc les prendre du manga, et les mettre comme texte principal. Le texte du LN n’est pas exactement le même que celui du manga, mais j’ai essayé de mettre les images au bon endroit. La grande image de fin est celle du LN)

Dans une certaine ville, il y avait une jeune fille.

La jeune fille avait une mère qu’elle aimait.

Mais, sa mère était malade et alitée.

La jeune fille n’avait pas de père.

La fille devait travailler pour le bien de sa mère afin d’obtenir des médicaments.

Il n’y avait pas de travail pour les petites filles.

C’est parce que personne ne voulait engager des enfants.

La fille avait besoin d’herbes et elle est allée les chercher dans les bois.

Il y avait beaucoup de monstres effrayants dans les bois.

Mais elle devait trouver des herbes pour sa mère, qu’elle aimait.

Peu importe comment elle regardait, elle ne pouvait pas trouver d’herbes.

Bien que ce fût dangereux, la jeune fille erra dans les profondeurs des bois.

La jeune fille s’était perdue et elle avait été entourée de loups.

Elle cria, mais personne n’était venu l’aider.

Mère, je suis désolée.

Je suis désolée de ne pas avoir trouvé d’herbes.

Je suis désolée. Je suis désolée.

Elle s’était excusée même si personne n’entendait.

Au moment où les loups semblaient sur le point d’attaquer, elle avait eu si peur qu’elle avait fermé les yeux.

Mais, peu importe combien de temps elle avait attendu, ils n’avaient pas attaqué.

Quand elle ouvrit les yeux lentement, les loups étaient morts.

Comment ?

La fille regarda autour d’elle.

Il y avait un ours.

« Est-ce que ça va ? »

L’ours lui avait parlé.

« Merci beaucoup. »

La fille avait remercié l’ours.

« Pourquoi es-tu dans un endroit comme ça ? »

Comme l’ours le lui demandait, la fille répondit honnêtement.

L’ours l’écouta.

Puis, l’ours lui déclara de se mettre sur le dos.

La fille s’était mise sur le dos de l’ours.

L’ours avait couru incroyablement vite.

L’ours s’était arrêté.

Il y avait des tonnes d’herbes là.

La fille remercia l’ours et ramassa les herbes.

Maintenant, elle pouvait faire des médicaments pour sa mère.

« Merci, l’ours. »

L’ours sourit gentiment.

L’ours avait vaincu tous les monstres qui s’approchaient d’elle en la portant jusqu’à la ville.

La fille remercia l’ours encore et encore.

L’ours avait gentiment tapoté la tête de la jeune fille.

L’ours lui fit signe de partir.

Après que la jeune fille ait incliné sa tête vers l’ours pour la dernière fois, elle courut vers la maison où se trouvait sa mère malade.

L’ours rentra chez lui dans les bois.

La jeune fille prépara le médicament de sa mère avec les herbes qu’elle avait rapportées à la maison.

Sa mère l’avait remerciée en souriant.

La jeune fille avait également souri.

Merci, l’ours.

***

Chapitre 65 : Le livre illustré : L’ours et la fille (2)

J’avais besoin de réfléchir à l’objet de l’histoire. Bien sûr, un thème sur les ours conviendrait bien, étant donné que la gamine ne voulait pas me laisser partir (un ours). Mais est-ce que je connaissais un livre d’images qui contenait des ours ? Le seul auquel je pouvais penser était l’ours qui apparaissait dans ce conte de Kintaro. La seule autre chose à laquelle je pouvais penser était cette chanson « Bear in the Woods ». J’avais essayé d’inventer des choses de mon enfance, mais j’avais réalisé qu’il n’y avait aucun moyen de se souvenir de choses dont on ne connaissait pas l’existence. Tout ce que j’avais pu faire, c’était de construire mon histoire sur la base d’une personne qui m’était proche et cher.

J’avais commencé à dessiner une fille.

Mlle Flora regardait à mes côtés. Elle s’émerveillait peut-être du fait que je dessinais, puisqu’elle était silencieuse. J’avais calqué la fille sur Fina. C’était plus facile de dessiner quand on avait une muse.

« Elle ressemble exactement à Fina, non ? »

« Eh bien, c’est parce que ça lui est vraiment arrivé. »

« Oh, c’est vraiment arrivé ? »

Fina, qui était le sujet de cette histoire, était loin, buvant nerveusement un truc que la bonne lui avait donné. Je supposais que normalement, un roturier n’aurait pas l’expérience de se faire préparer son thé par une bonne. J’avais terminé plusieurs feuilles de papier. Finalement, j’étais arrivée à la scène où l’ours (moi) faisait une apparition.

« Quel adorable ours ! »

J’avais dessiné un ours typique de dessin animé (jouant mon rôle). Celui qui faisait une apparition n’était pas moi, mais en fait un vrai ours de dessin animé.

J’aurais vraiment aimé avoir des couleurs, mais je pensais que je faisais un assez bon travail avec juste du noir et du blanc. Peut-être que la prochaine fois, j’essaierais de chercher des stylos de couleur.

« Whoa… »

Les yeux de Mlle Flora scintillèrent en regardant le dessin de l’ours.

« Quoi qu’il en soit, c’est la première fois que je vois des dessins aussi mignons. »

« Est-ce vraiment le cas ? »

« Je connais beaucoup d’artistes, mais je n’ai jamais vu de tels dessins auparavant. »

J’avais fini de dessiner la scène de la rencontre entre la fille et l’ours.

« Qu’est-ce qui arrive à la fille ? » me demanda Lady Flora.

« J’attends avec impatience le moment où je la dessinerai. »

« Alors, dépêche-toi de le dessiner, dépêche-toi ! »

J’avais commencé à dessiner les scènes suivantes. Après cela, j’avais fini les dessins sur plusieurs autres feuilles. J’avais dessiné la scène finale où la fille retournait dans sa ville et l’ours rentrait dans les bois, finissant ainsi le livre illustré.

« C’est fait… »

Il ne m’avait fallu que quelques heures pour dessiner ce qui était à peu près un tour de force. Je suppose que c’était ce à quoi il fallait s’attendre, étant donné que je n’étais pas une auteur de livres illustrés professionnelle. J’avais organisé les feuilles et les avais remis à Mlle Flora.

« C’est pour moi, Mlle ours ? »

« Je suppose que je serais plutôt contente si tu le lisais. »

« Merci, Mlle ours. »

Elle prit le livre avec joie.

« C’est bien, Mlle Flora. Je ferai relier ceci plus tard pour que les pages ne se séparent pas. »

Mlle Flora était absorbée par mon livre illustré. Le plus important était qu’elle soit heureuse. Je n’avais pas utilisé mes capacités d’ours, mais mes propres pouvoirs pour le dessiner à ce moment-là. J’avais l’impression que c’était la première fois que mes propres capacités étaient réellement utiles dans ce monde. Alors que j’étirais les muscles de mon dos et que je relâchais mes épaules, on frappa à la porte. Une femme de ménage entra.

« Lady Flora, c’est l’heure du repas. »

« Et si nous sortions aussi ? »

Ellelaura s’était levée. Je lui avais emboîté le pas.

« Tu rentres déjà à la maison, Mlle ours ? »

Quand Ellelaura avait dit à Lady Flora que nous partions, Lady Flora s’était accrochée à mes vêtements.

« Uhh, Mlle Flora, je reviendrai encore. »

« Le feras-tu vraiment ? »

« Je serai à la capitale pendant un certain temps, donc je reviendrai. »

« D’accord, je vois. »

Sa petite main lâcha mes vêtements.

« Fina, nous partons. Tu ne peux pas rester blanche comme un linge pour toujours. »

« Y-Yuna ? »

Fina était revenue à la réalité. C’était comme si elle était dans un tout autre monde jusqu’à maintenant. Je m’étais dit que Fina s’évanouirait si elle savait ce qu’il y avait dans le livre d’images, j’étais donc restée silencieuse.

Nous avions quitté Mlle Flora et le parc du château. En fin de compte, les seuls endroits que nous avions pu voir étaient le terrain d’entraînement des chevaliers et la chambre de la princesse, mais j’avais eu ma dose de château. J’avais des doutes sur le fait que Fina elle-même l’appréciait. Lorsque nous étions retournés à la maison d’ours, Noa était assise devant l’entrée principale. Lorsqu’elle nous remarqua, elle se leva et prit une pose furieuse.

« Où étiez-vous tous ? ! »

« Au château. »

Je lui avais donné une explication simple de la matinée.

« Maman ! Pourquoi vas-tu quelque part sans me le dire ? S’il te plaît, emmène-moi. »

« Mais tu ne veux pas te réveiller. De plus, nous avons décidé que nous irions au château après mon arrivée, donc il n’y avait pas moyen de t’inviter. », répondit calmement Ellelaura

« Tu aurais pu revenir à la maison ou faire quelque chose. S’il te plaît, ne me laisse pas en dehors. »

« Alors tu devrais te réveiller tôt et en pleine forme. »

« Argh… d’accord. Mais, s’il te plaît, fais en sorte de me réveiller vraiment la prochaine fois. »

« Je le ferai si tu ne me dis pas “juste un peu plus longtemps” dans ton sommeil. »

Noa était devenue rouge vif et s’était tue.

« Mais je ne peux pas croire que tu saches que nous serions ici. »

« Surilina a dit que tu marmonnais à propos d’une pizza quand tu es partie, maman. J’ai tout de suite su où tu étais allée. Mais quand je suis arrivée ici, il n’y avait personne autour. J’aimerais aussi avoir une autre pizza. »

« Eh bien, je vais en faire, tu pourrais me donner un coup de main ? »

Je m’étais dirigée vers le four à pierre et j’avais commencé à préparer la pizza. En fait, les ingrédients que j’avais préparés hier étaient encore dans la réserve d’ours, tout ce que j’avais donc à faire était de les mesurer, de mettre la garniture et de la faire cuire. J’avais terminé la préparation, le four commença à se remplir de chaleur et j’avais mis la pizza au four.

« Ça sent bon. »

« J’aimerais manger quelque chose d’aussi délicieux que ça tous les jours. »

« Tu vas devenir grosse. »

« Ça fait grossir ?! »

« Oui, vu qu’il y a beaucoup d’huile. Tu devrais en manger tout au plus quelques fois par mois. Et si tu en manges trop, tu t’en lasseras, alors il vaut mieux pratiquer la modération. »

Mais ce n’était pas comme si vous vous ennuyiez si vous aviez beaucoup de garnitures. Je devrais faire des recherches dans la capitale royale et chercher à nouveau d’autres ingrédients. La quête de riz, de soja et de miso continuait… La pizza avait fini de cuire, je l’avais donc sortie du four. Je l’avais découpée en quatre portions puis j’avais fait le service.

« Alors, je commence. »

« C’est chaud, alors fait attention », j’avais prévenu Ellelaura qui la mangeait pour la première fois. Ce ne serait pas bon si elle se brûlait.

« Oh ! C’est chaud ! Mais c’est très bon. »

Elle laissa le fromage s’étirer tout en le savourant.

« Oui, c’est délicieux », dit Fina.

Pendant que tout le monde mangeait, je m’étais préparée à en faire cuire une autre. Hier, nous nous étions gavés en essayant de manger deux pizzas à quatre. Nous étions encore quatre aujourd’hui, mais comme Ellelaura était adulte, j’avais pensé que deux seraient parfaites.

« Yuna, je peux le faire », Fina se proposa pour me donner un coup de main entre deux bouchées.

« Tu peux continuer à manger, Fina. Je vais finir ça tout de suite. »

« Mais… »

« Ne t’inquiète pas. »

« D’accord. »

Fina semblait s’excuser. Mais elle n’avait pas besoin de l’être. J’avais fini de préparer la deuxième pizza et j’avais mangé avec eux jusqu’à ce que la pizza soit cuite. Deux pizzas s’étaient avérées être la quantité idéale en présence d’un adulte. Ellelaura avait également une opinion favorable de la pizza.

« Je veux quelque chose de rafraîchissant maintenant. »

« Dans ce cas, voulez-vous du pudding pour finir le repas ? »

« Je vais en manger un ! » cria Noa tout en levant la main.

« Du pudding ? Qu’est-ce que ça peut être ? »

« C’est un aliment doux et délicieux. »

Noa commença à expliquer à ma place.

C’était plus facile de le montrer à Ellelaura, alors j’avais sorti les puddings de ma réserve d’ours.

« Est-ce du pudding ? »

« Un pour chacun d’entre vous. »

Il ne me restait plus qu’un petit stock de pudding. J’en avais mangé plusieurs sur le chemin vers la capitale et depuis que nous étions arrivés ici. Je manquais aussi d’œufs, car je les avais utilisés pour préparer les repas. Peut-être que je retournerais à Crimonia pour en acheter ?

« Qu’est-ce que c’est ? La pizza était merveilleuse, mais ce pudding est aussi délicieux ! Je pense que les gens l’achèteraient si tu te lançais dans les affaires. »

« Si tu avais un magasin, j’en achèterais tous les jours. »

Le parent et les enfants m’avaient félicitée en tandem. L’ouverture d’un magasin serait peut-être réalisable si nous avions plus d’oiseaux pour pondre, mais combien d’oiseaux avons-nous encore ? J’avais laissé Liz et Tiermina s’occuper de tout ça, je ne le savais donc pas vraiment. Une fois de retour à Crimonia, il faudrait que je pose la question.

Il semblerait qu’Ellelaura et Noa voulaient plus de pudding, mais je ne pouvais pas être aussi généreuse avec mon stock, alors elles devaient se débrouiller sans. Ce ne serait pas bon pour elles d’en faire trop de toute façon.

« Yuna, merci pour aujourd’hui », dit Ellelaura.

« Faire une excursion au château était amusant pour moi aussi. Merci beaucoup. »

Ce n’était pas un mensonge. J’avais eu plus qu’assez de plaisir à voir l’intérieur du château, même si cela avait failli causer un anévrisme à Fina. Je ne pensais pas qu’on m’appellerait dans la chambre de la princesse.

***

Chapitre 66 : L’ours fait de son mieux pour Noa

Quelques jours s’étaient écoulés depuis notre arrivée dans la capitale royale. J’avais appris que le groupe de bandits avait été exterminé, et que les captifs survivants avaient été sauvés. On m’avait demandé s’ils pouvaient donner la prime que j’étais censée recevoir aux victimes et à leurs familles. Comme les sacs sans fond des bandits étaient les seules choses dont je pouvais me servir, je les avais demandés et leur avais donné la permission de distribuer le reste du butin.

Aujourd’hui, j’emmenais Fina, Noa et Misa faire un tour dans la capitale. J’avais évité les regards habituels, mais les filles étaient là, et nous n’allions pas dans un endroit dangereux. Pourtant, lorsque nous avions passé la guilde des aventuriers, j’avais essayé de contourner la zone.

« Yuna, on dirait qu’il se passe quelque chose devant. »

Noa observait une agitation aux portes de la guilde. Quand j’avais regardé, il y avait une tonne d’aventuriers à l’air agité qui se dirigeaient vers l’intérieur. S’était-il passé quelque chose ?

« Je suis un peu curieuse, alors je vais jeter un coup d’œil dans la guilde. Qu’est-ce que vous aimeriez faire toutes les trois ? »

« J’irai aussi », dit Fina.

« Moi aussi », dirent Noa et Misa, en se parlant l’une et l’autre.

Ce n’était pas comme si j’allais accepter une quête, donc ça irait probablement bien. Si quelque chose arrivait, on pouvait compter sur Sanya. À l’intérieur, j’avais rencontré des visages turbulents, inquiets et hésitants. Il y avait toutes sortes d’aventuriers là-dedans. Au milieu d’eux, je pouvais en entendre un crier.

« Mais qu’est-ce qui se passe ? »

« En ce moment, le maître de la guilde vérifie les résultats de l’enquête. Il y aura bientôt une annonce de la guilde, alors soyez patients. »

Un employé de la guilde faisait de son mieux pour faire face à la foule qui se pressait.

« Yuna, crois-tu qu’il s’est passé quelque chose ? » demanda Fina.

« On dirait bien. »

Pour le moment, j’avais regardé autour de moi, essayant de trouver quelqu’un pour expliquer ce qui se passait. Ce n’était pas comme si Sanya était là, et il n’y avait pas non plus de personnel libre.

« Yuna ? »

J’avais cherché la source de la voix familière et j’avais trouvé Marina et son groupe.

« Marina, tout est en émoi. Est-ce que quelque chose s’est passé ? »

« Tu ne sais pas ? Tout le monde dit qu’une horde de monstres est apparue près de la capitale et a tué quelques aventuriers. La guilde a ouvert une enquête, mais il semble que les nouvelles ne soient pas bonnes. »

« Qu’est-ce qu’on en sait pour l’instant ? »

« C’est une armée de gobelins, de loups et d’orcs, et il y a des rumeurs de wyvernes dans le ciel. »

« Y a-t-il habituellement des wyvernes près d’ici ? »

« Bien sûr que non. C’est du jamais vu. »

Alors que je rattrapais Marina, Sanya était sortie par l’arrière. La guilde était devenue encore plus frénétique.

« Je vais vous expliquer maintenant, alors calmez-vous », dit Sanya.

Le silence fut total dans la salle de la guilde.

« D’après nos reconnaissances, il y a plus de dix mille gobelins, loups et orcs au total. De plus, bien que nous n’ayons pas un compte précis, nous avons confirmé la présence de wyvernes. »

Une autre agitation s’ensuivit.

« Nous transmettons cette information au château en ce moment même. Les soldats de la capitale royale vont se battre à nos côtés. »

« Mais pourquoi n’avons-nous pas remarqué cela jusqu’à présent ? » s’écria quelqu’un.

« Un rapport a fait surface sur les orcs sur la route principale. Il y a aussi eu de plus en plus de rapports sur des gobelins et des loups. »

Peut-être que les orcs qui avaient attaqué Gran et les autres en faisaient partie ?

« Préparez-vous au combat. Mettez vos quêtes acceptées en attente. J’en fais une quête prioritaire. »

Je m’étais demandé si ça voulait dire que je devais aussi participer. Je ne pouvais pas ne pas participer.

« Marina, où se trouvent ces monstres ? », avais-je demandé

« Dans une forêt que nous avons traversée en venant ici. Ces orcs, à l’époque, étaient peut-être parmi eux. »

C’était assez probable. J’avais regardé Noa, qui était devenue un peu pâle.

« Est-ce que ça va Noa ? »

« Mon père… » m’avait-elle dit.

« Tu ne veux pas dire que Cliff est en route pour la capitale maintenant ? » dit Misa.

« Il a probablement une escorte, donc à moins qu’ils ne soient attaqués, ils devraient aller bien. », lui avais-je dit.

« Oui… »

Noa n’avait toujours pas l’air bien. Il serait probablement préférable de s’éloigner de cet endroit.

« Vous trois, on s’en va. »

J’avais fait sortir la nerveuse Noa de la guilde des aventuriers. C’était une erreur d’amener les filles avec moi, je n’avais jamais imaginé que quelque chose comme ça allait arriver.

« Yuna, tu penses que mon père va s’en sortir ? »

C’était facile de dire qu’elle n’avait pas à s’inquiéter, mais il était assez probable que la route que prendrait Cliff soit empruntée par un groupe de dix mille monstres. Répéter qu’il avait une escorte ne lui apporterait pas beaucoup de réconfort. Quand j’avais vu le visage anxieux de Noa, j’avais pris ma décision. J’avais fait tomber ma marionnette ours en forme de poing sur sa tête.

« Je vais chercher Cliff. »

« Yuna ? »

« Alors, ne t’inquiète pas, et attends à la maison. »

« Yuna ! », dit Fina.

« Fina, s’il te plaît, attend chez Noa jusqu’à ce que je revienne. Misa, tu t’occupes d’elles. »

« Je le ferai », déclara Misa.

« Yuna, tu ne vas pas mourir ? » demanda Fina.

« Pas question. »

J’avais donné une petite tape sur la tête de Fina en partant.

J’avais couru dans mon pyjama d’ours au milieu de la capitale royale, en me dirigeant vers la porte. Je devais encore m’arrêter et montrer ma carte de guilde. Il y avait beaucoup de gens qui entraient dans la capitale, mais pas beaucoup qui en sortaient. Quand le gardien de la porte avait vu à quoi je ressemblais, il avait été surpris, mais il ne m’avait pas arrêtée. On aurait dit que les monstres qui avançaient n’étaient pas encore arrivés.

Une fois les limites de la ville passées, j’avais convoqué et monté Kumayuru, puis je m’étais dirigée vers Crimonia pour intercepter Cliff. Je ne pouvais pas me regarder en face si je ne faisais rien et qu’il mourait, et je ne voulais pas voir Noa pleurer.

La vitesse de pointe de Kumayuru dépassait facilement celle des chevaux qui sortaient sur la route. Peut-être que quand j’étais devenue plus forte, mes ours l’étaient devenus aussi ? Ils étaient à tous les coups plus rapides qu’ils ne l’étaient quand je les avais appelés pour la première fois.

***

Chapitre 67 : L’ours détruit la meute

Nous avions continué à courir en direction de Crimonia, mais je n’avais pas trouvé Cliff. Comme j’utilisais la technique de détection, je ne pensais pas qu’il me manquerait. Il n’est pas mort, n’est-ce pas ? Je ne détectais aucun cadavre, bien que j’aie détecté plus de monstres que je ne pouvais en compter au bord de mon radar. J’avais regardé dans la direction des spots de monstres et je vis une forêt à proximité.

J’avais une décision à prendre. Vais-je continuer à chercher Cliff, ou allais-je tuer les monstres ?

Je n’avais jamais eu de problèmes avec les loups, les gobelins et les orcs lors de mes combats dans le passé. Ce qui m’intéressait, c’était mon mana. Avais-je assez de mana pour pouvoir vaincre dix mille monstres ? Je ne savais pas exactement combien de mana j’avais. Je n’avais jamais utilisé la magie au point de l’épuiser depuis que j’étais venue dans ce monde. Par conséquent, je ne savais pas exactement combien de magie je pouvais lancer ni combien de mana je pouvais libérer.

Je ne savais pas non plus à quel point les wyvernes étaient puissantes. Je les combattais dans le jeu, mais pas dans ce monde.

Je n’avais aucune idée de ce que je ferais de Cliff une fois que je l’aurais trouvé. Si nous étions attaqués par dix mille monstres à ce moment-là, il serait difficile de le combattre et de le garder en sécurité.

J’avais réfléchi un peu et j’avais pris une décision. Pour protéger le sourire de Noa, j’avais changé de cap vers la forêt. Si je pouvais vaincre les dix mille monstres en premier, tout s’arrangerait.

« Kumayuru, merci pour tout jusqu’à maintenant. »

J’avais tapoté Kumayuru pour le marathon que je lui avais fait subir, puis je l’avais échangé contre Kumakyu.

« Kumakyu, on va croiser des monstres, alors je compte sur toi. »

Alors que je leur avais doucement brossé le cou, ils s’étaient blottis contre moi et roucoulèrent. Je m’étais mise en selle, et nous nous étions précipités au milieu des bois. Dès que nous étions entrés dans la forêt, une bande de gobelins s’était dirigée vers nous. J’avais invoqué des lames de vent et je les avais lâchées vers le cou des gobelins. Ceux-ci disparurent de mon radar.

L’ours blanc chargea au milieu de la forêt. Des têtes de gobelins volèrent de tous les côtés quand nous étions passés. J’avais perdu la trace des cadavres de gobelins que nous avions laissés dans le sillage de l’ombre blanche de Kumakyu. Alors que nous courions, j’avais aperçu une autre horde devant nous. Soudainement, nous avions glissé au-delà de la limite des arbres et nous étions tombés dans un puits de lumière vive. Nous étions dans une clairière où se regroupaient des gobelins.

J’avais demandé à Kumakyu de courir vers le milieu du groupe. Je m’étais souvenue de mon passage dans le jeu, et de toutes ces heures passées en tête dans les épreuves de combat chronométré. Combien de mobs pouviez-vous éliminer en cinq minutes ? Deux minutes ? Trente secondes ?

J’avais purgé les gobelins dans la clairière avec quelques sorts, et j’avais encore du mana à revendre. J’avais fouillé mon environnement et je n’avais trouvé que des loups et des orcs. Je ne savais pas combien de temps mon mana allait encore tenir, alors j’avais décidé de tuer les orcs en premier, dans l’espoir qu’une fois à sec, je pourrais me rabattre sur les armes et les pierres lancées de temps en temps pour m’occuper des loups.

J’avais sorti du jus d’orange réfrigéré du stockage d’ours et je l’avais refroidi pendant que je me reposais un peu, puis j’avais demandé à Kumakyu de me conduire en direction des orcs.

« Désolée, Kumakyu. Tiens bon encore un peu. »

Je n’avais même pas encore fait la moitié du chemin.

Quelques minutes plus tard, je rencontrais la horde d’orcs. J’avais mis plus de mana dans mon sort de lame de vent que je n’en avais mis pour les gobelins, ce qui avait permis de surpasser la résilience des cous des orcs. Les lames tranchèrent proprement les orcs qui arrivaient, il semblerait donc que j’avais jugé correctement les niveaux de mana.

Je voulais continuer ce combat à longue distance. De près, ils auraient plus de force et de résistance que les gobelins. Les orcs brandissaient leurs armes et se précipitaient sur moi avec une vitesse qui ne correspondait pas à leur taille encombrante.

Des flèches nous avaient été lancées alors que Kumakyu courait. Des archers orcs ! Je me souvenais aussi de ceux du jeu, ici et là. Se faire écorcher de loin était ennuyeux. J’avais enveloppé Kumakyu dans un sort de vent protecteur. Un éclair de flamme s’était envolé devant mon visage.

« Ils ont des mages ? »

Ils avaient couvert toutes leurs bases de combat imaginaires. Et bien, pensais-je, combattons cette horde avec une horde. J’avais invoqué un sort de terre et j’avais fait dix golems d’ours de la même taille que mes convocations.

À ce moment, pour la première fois, j’avais senti mon mana diminuer. C’était presque déconcertant.

J’avais fait en sorte que les golems d’ours se précipitèrent sur les orcs. J’avais couru derrière eux sur Kumakyu. Ils utilisèrent leurs griffes acérées pour poignarder les orcs à la gorge. J’avais lâché des lames de vent par-dessus, en détachant les têtes là où je pouvais. Les golems d’ours ne s’arrêtaient pas, même quand les flèches les transperçaient. La magie les frappait de façon inoffensive. Même quand ils avaient subi des dégâts, je leur versais du mana pour les réparer. Les golems correspondaient aux mouvements des orcs, et je les avais achevés avec mes sorts. Même si j’étais encerclée, les golems me protégeaient.

Et bien, m’étais-je dit, pourquoi y a-t-il tant d’orcs dans les environs ? Si cela avait été le jeu, vous auriez pu faire comme si c’était un événement, mais c’était tout simplement ridicule. Il devait y avoir une raison pour laquelle ils étaient si près de la capitale et tous au même endroit.

J’avais coupé le cou du dernier orc. C’était fini. J’avais regardé derrière moi. Nous avions laissé une traînée de cadavres d’orcs. Même si je m’étais tant battue, grâce aux vêtements d’ours, je ne sentais pas beaucoup de fatigue. J’avais poussé un petit soupir et j’avais vérifié le mana qui me restait.

« Il reste encore… un peu de mana… mais j’ai l’impression qu’il y en a beaucoup moins. »

Si seulement je pouvais le convertir en une valeur numérique comme dans le jeu, j’en serais sûre.

Les derniers monstres étaient les loups et les wyvernes. J’avais baissé ma capuche et j’avais revérifié mon radar. Il y avait des signaux de wyvernes devant moi. On aurait dit qu’ils s’étaient rapprochés pendant que je m’occupais des orcs. Bizarrement, les wyvernes ne bougeaient pas. Et même quand j’avais regardé dans le ciel, je ne les avais pas vus voler. Faisaient-elles la sieste ou quelque chose comme ça ? Pas du tout.

Comme elles ne bougeaient pas, j’avais désactivé mes golems et j’avais mis les vêtements d’ours blanc pour récupérer un peu mon mana. Il n’y avait personne dans le coin ? Un sentiment de chaleur qui devait être la récupération de mon mana m’avait inondé lorsque j’avais commencé à ranger les corps des orcs, prenant leurs épées, arcs et carquois comme butin. La seule chose que je n’avais pas prise, c’étaient les têtes. Je veux dire, c’était des têtes. Même en m’approchant d’elles, j’avais instinctivement reculé, et vous ne pouviez pas les vendre.

Une fois que j’avais senti que j’avais récupéré assez de mana, j’avais repris la tenue d’ours noir. Personne ne regardait, hein ?

Très bien, me suis-je dit, il était temps de tuer quelques wyvernes.

J’étais montée sur Kumakyu, nous nous étions dirigés vers les wyvernes. Elles n’avaient pas bougé du tout jusqu’à présent, et j’avais vite appris pourquoi.

« Dorment-elles ? »

Je ne savais pas pourquoi elles étaient dans cette zone, mais je les vaincrais avant qu’elles ne se réveillent. J’étais descendue de Kumakyu et je m’étais lentement approchée des wyvernes endormies. Puis, une par une, je leur avais tranché la tête. Tout s’était terminé si simplement, c’était presque décevant. Même si je tranchais la tête de leurs voisins, les wyvernes ne s’étaient pas réveillées. Une fois que j’en avais fini, j’avais mis leurs corps dans mon stockage d’ours.

Venir récupérer les matériaux de wyvernes était si simples, une vraie tricherie, mais je suppose que j’accepterais cela comme une compensation pour tout mon travail. Au moment où j’avais fini de mettre la dernière wyverne dans le stockage d’ours, le sol avait commencé à trembler.

« Quoi ? »

Le sol avait gonflé, j’avais sauté en arrière.

J’avais vu un monstre, comme celui qui faisait des apparitions dans le jeu en s’élevant du sol. Il ressemblait à un ver de terre massif — c’était un wyrm. Il avait ouvert la bouche en grand et était sorti en rampant. Je ne l’avais pas remarqué en utilisant ma technique de détection. Il était possible que celui-ci ne puisse pas atteindre les profondeurs du sol, ou que je ne l’aie pas remarqué parce qu’il se trouvait sous les wyvernes. Le wyrm s’était tourné vers moi. De sa bouche sortaient de grands filets de bave. Je suppose que je sentais bon.

« Dégoûtant. »

Il fonça vers moi. J’avais sauté en arrière, hors de sa bouche. Rien d’aussi gros ne devrait bouger aussi vite. Je ne m’étais jamais battue avec un Wyrm dans le jeu, c’était juste méchant. Quand vous coupiez la peau, ça vaporisait du liquide partout et dégageait une odeur terrible, puis il guérissait instantanément. C’était très douloureux de se battre contre ça.

Mais maintenant, j’avais la magie des ours.

Au moment où j’avais essayé d’invoquer la magie, le wyrm plia son corps brusquement. J’avais esquivé vers l’arrière, mais il m’avait frappé de côté avec l’un de ses énormes serpentins. C’est une blague, pensais-je. J’avais été repoussée, mais grâce à l’équipement d’ours, je n’avais pas été blessée. J’avais pu corriger ma position et libérer un peu de magie du vent, mais je n’avais pas pu découper le corps du wyrm. J’avais lancé une boule de feu de la même manière, mais elle avait été repoussée.

Je savais que c’était répétitif, mais j’avais décidé de le vaincre de la même manière que j’avais vaincu la vipère noire. J’avais fait face au wyrm depuis un endroit un peu plus éloigné. Alors que la bouche du wyrm était ouverte, celui-ci rampa et s’était approché. J’avais fait dix mini ours à partir d’un feu invoqué. Puis je les avais fait se précipiter dans la grande gueule du wyrm.

« Allez ! »

Le wyrm avait peut-être pris les ours pour de la nourriture, car il avait essayé de les manger. Il était sans cervelle. Les ours de feu miniatures se déplaçaient à l’intérieur du corps du wyrm. Il se tordait sur le sol, crachant de la bave. Pour échapper à la douleur, il avait essayé de vomir les matières étrangères, mais les ours de feu miniatures avaient tenu bon à l’intérieur du wyrm. J’avais eu l’impression que c’était la magie la plus puissante que j’avais pour les grandes créatures. Peu importe le monstre, tant qu’il s’agissait d’une créature vivante, son intérieur était vulnérable.

Le wyrm se cogna contre le sol, mais peu à peu, il s’arrêta de bouger.

« Hum, est-ce que je vais pouvoir vendre ça ? »

Avec la vipère noire, j’avais pu vendre la viande, la peau et toutes sortes de choses. Je ne voulais pas manger ce truc, et je n’étais pas sûre pour la peau. Même si elle était comestible, je ne voulais pas que Fina et les autres la mangent. Pour l’instant, j’étais partie en pensant à la façon de traiter le wyrm plus tard et je l’avais mis dans le stockage d’ours.

Avec cela, il ne restait plus que les loups. Je n’avais pas utilisé de mana quand je m’étais battue contre les wyvernes et j’avais juste utilisé les ours de feu dans le combat avec le wyrm. Il me restait beaucoup de mana pour vaincre les loups. Ce serait une chose rapide, et ensuite je pourrais rentrer chez moi.

J’avais appelé Kumakyu et je m’étais dirigée vers la meute de loups. Le combat était à peine digne d’être mentionné, le plus dur était de ranger les corps. J’aurais pu les laisser tels quels, mais quand j’avais pensé à l’orphelinat qui se débattait pour manger, je ne voulais pas les gaspiller, alors je m’étais assurée de les ramasser. Ils ne risquaient pas de se détériorer tant qu’ils restaient dans le stockage d’ours.

J’avais demandé à Kumayuru et Kumakyu de m’aider à les rassembler, puis j’étais montée sur Kumakyu et j’avais quitté la forêt qui empestait maintenant le sang.

L’air était agréable à respirer. J’avais regardé le ciel, le soleil se couchait. C’était le crépuscule. Dans ce cas, je suppose qu’il serait plus logique de passer une nuit dehors que de me forcer à rentrer ?

J’avais sorti la maison de l’ours voyageur de mon stockage d’ours et j’avais décidé d’y passer la nuit.

Pour une raison inconnue, même si je n’étais pas physiquement fatiguée, j’étais quand même terriblement fatiguée. Je suppose que c’était un épuisement mental ? J’avais pris un simple dîner, et après avoir pris un bain, je m’étais effondrée dans mon lit et j’étais tombée dans le monde des rêves.

***

Chapitre 68 : L’ours gère ses affaires

Je m’étais réveillée quelques heures après le lever du soleil. J’avais dormi un peu, mais je n’avais pas besoin de me dépêcher de rentrer. J’avais pris mon petit déjeuner tranquillement et j’étais sortie, avant de tomber sur un visage familier.

« Cliff ? »

« Je le savais. Alors cette maison ours est à toi. »

« Pourquoi es-tu ici ? »

« C’est ma réplique. Je me dirige évidemment vers la capitale royale. »

Il y avait cinq personnes qui protégeaient Cliff. Je me souvenais les avoir déjà vues à la résidence de Cliff. Ils n’étaient pas dans une calèche, mais sur des chevaux. Faire voyager ainsi Noa sur une telle distance aurait été difficile pour elle. C’était peut-être pour cela qu’il m’avait confié sa garde et qu’il l’avait envoyée en avant.

« Je suis venue te chercher, mais maintenant je n’en ai plus besoin, alors j’étais sur le point de rentrer à la capitale. », lui avais-je dit.

« Tu venais me chercher ? »

« Une horde de monstres est apparue dans cette zone. Comme Noa s’inquiétait pour toi, je suis venu vous chercher. »

« Alors quand tu dis que tu n’as plus besoin de faire ça… qu’est-ce que tu veux dire par là ? »

« … »

Si je répondais à cette question, j’avais l’impression que cela finirait par devenir pénible, alors j’avais choisi de garder le silence.

« Yuna, réponds à ma question », demanda Cliff pour une réponse.

S’il répétait que j’avais vaincu dix mille monstres par moi-même, cela deviendrait sans aucun doute un énorme problème. Si cela se produisait, il était probable que ma vie calme et paisible s’effondrerait. Qu’étais-je censée faire ?

« Eh bien, tu as vaincu la vipère noire, donc tu pourrais probablement vaincre une horde de monstres. »

Il semblerait que Cliff avait déjà décidé dans son esprit que j’étais la tueuse de la horde de monstres. Je me demandais à quoi aurait ressemblé son visage s’il avait su combien de monstres il y avait. Si je ne le niais pas maintenant, j’aurais des problèmes une fois qu’il serait arrivé à la capitale. Il découvrirait combien il y en avait une fois que nous serions arrivés.

J’aurais dû rentrer chez moi au lieu de passer la nuit ici. J’aurais aimé pouvoir me le dire hier. Mais je ne pouvais pas retourner dans le passé. Il fallait donc que je fasse quelque chose.

« Cliff, tu es assez haut placé comme aristocrate, non ? Même si tu fais quelque chose de terrible, tu serais capable de cacher une chose ou deux, n’est-ce pas ? »

« Qu’est-ce que tu penses de moi ? Ce n’est pas comme si j’étais capable de faire quelque chose comme ça. »

« Alors tu ne peux pas ? ! Mais tu es un aristocrate, n’est-ce pas ? »

« Je n’ai aucune idée de la vision que tu as des aristocrates, mais je ne fais pas des choses comme ça. »

« … »

Eh bien, cela n’avait donc servi à rien. Je pensais qu’un aristocrate serait capable d’étouffer un crime ou deux.

« En d’autres termes, il y a quelque chose que tu veux que je cache ? » demanda-t-il comme s’il ne voulait pas savoir.

J’avais fait un petit clin d’œil à sa question.

Cliff poussa un petit soupir.

« Confie-toi à moi. »

J’avais jeté un coup d’œil aux gardes de Cliff. Cliff l’avait remarqué et avait encore une fois poussé un petit soupir.

« Arrête-toi là un instant. Yuna, on peut entrer ? »

On aurait dit qu’il m’écoutait. J’avais approuvé et j’avais fait entrer Cliff.

« J’ai été surpris par l’extérieur, mais l’intérieur est aussi scandaleux. Je veux en savoir plus sur cette maison, mais écoutons ce que tu as à dire pour l’instant. », laissa-t-il échapper.

J’avais sorti un jus frais pour Cliff et j’avais commencé à parler des monstres. Je lui avais raconté comment la horde était apparue. Je lui avais dit que les aventuriers et les chevaliers de la capitale royale étaient en route pour vaincre ces monstres. Je lui avais raconté que Noa était sur le point de pleurer parce qu’elle s’inquiétait de son départ pour la capitale, et le fait que j’étais venue le chercher. Je lui avais raconté comment, en chemin, j’avais découvert la horde, et comment je les avais vaincus moi-même. Je lui avais parlé des dix mille monstres, des wyvernes et du wyrm. Je lui avais dit que je voulais que tout cela disparaisse.

Pendant que Cliff écoutait mon histoire, celui-ci tenait sa tête et tapa des doigts sur la table.

« Ton histoire me cause un grand regret. Mais je te suis également reconnaissant. Je t’en remercie. »

Cliff baissa la tête. Whoa. Les nobles baissant la tête devant des roturiers étaient censés être rares, d’après les romans et les manga que j’avais lus.

« Je l’ai fait pour Noa, alors ne t’inquiète pas. »

« Je vois. Dans ce cas, je dois remercier Noa. Sur ce, je suppose que tu veux que je sois discret sur le fait que tu as tué les monstres. »

« Je ne veux pas attirer l’attention. »

« Pourquoi ça ? Tu serais un héros. Tu auras de l’argent et de la gloire. »

« Je ne suis pas intéressée par ça. Je veux vivre une vie agréable et paisible. C’est pour ça que je veux que tout cela ne soit jamais arrivé. »

« C’est ce que tu dis, mais tuer dix mille monstres, des wyvernes et un wyrm géant… C’est incroyable. »

« Veux-tu les voir ? »

« Laisse mes subordonnés enquêter sur la forêt d’abord. Pour l’instant, je n’ai que ta propre parole. »

Cliff sortit et ordonna à ses subordonnés d’enquêter sur la forêt, ne revenant que lorsqu’ils auraient confirmé l’existence de cadavres de gobelins partout. Je leur avais dit dans quelle direction aller. Les gardes étaient sortis.

« Très bien, montre-moi ces monstres que tu as tués. »

Quand les subordonnés de Cliff disparurent, j’avais sorti toutes les wyvernes. Le visage de Cliff devint rapidement choqué. Puis j’avais sorti le cadavre du wyrm, et le choc s’était transformé en terreur totale.

Et je n’avais pas encore fini. J’étais passée aux cadavres d’orcs.

« C’est assez. Tu n’as plus besoin d’en sortir. »

« Mais il y a encore des loups. »

« Non, c’est plus que suffisant. Range-les, s’il te plaît. »

C’était juste. J’avais commencé à ranger les monstres une fois de plus. Maintenant que j’avais revu le wyrm, c’était vraiment dégoûtant. Je n’aimais pas les insectes. Je n’avais pas touché un seul insecte depuis la maternelle. Avoir dû recommencer maintenant ne me rendait pas heureuse !

J’avais fini de ranger tous les monstres dans mon stockage d’ours et j’avais regardé Cliff, qui tenait son front.

« J’aimerais pouvoir croire que c’était une blague », avait-il dit.

« Alors si on garde le silence… », lui avais-je dit.

« D’après ce que tu as dit, les aventuriers et les chevaliers de la capitale royale sont en route. Il y aura un grand tumulte quand ils auront trouvé tous les monstres tués. »

« Hé, regarde, personne n’a rien vu. Si nous fermons nos lèvres, personne ne saura que c’était moi. »

« Tu sais quoi, tu… » Cliff avait l’air exaspéré.

J’avais dit quelque chose d’aussi bizarre ? Ce n’était pas comme si cacher ce que j’avais fait pouvait blesser quelqu’un. Les monstres étaient partis, et la menace avait disparu avec eux.

« Cela doit au moins être signalé au maître de la guilde. On verra la suite quand on aura des nouvelles des gens que j’ai envoyés dans les bois. », soupira-t-il.

Peu de temps après, les gardes étaient revenus de la forêt. Quand Cliff écouta leur rapport, il s’était tenu le front pour la énième fois ce jour-là. Mais ce n’était pas ma faute, d’accord ?

Après y avoir longuement réfléchi, il semblerait avoir décidé de discuter en tête-à-tête avec le maître de la guilde, qui, selon lui, se dirigerait dans cette direction. Je m’étais demandé si Sanya allait garder les choses secrètes en ce qui me concerne, et ce qui se passerait après si elle ne le faisait pas.

J’avais fini par aller dans la capitale royale avec Cliff. Comme je devais suivre le rythme des chevaux, ça allait lentement.

Il nous avait fallu une demi-journée pour intercepter le maître de la guilde et son groupe, juste au moment où ils faisaient une pause. J’avais rappelé Kumayuru pour éviter de les surprendre, et j’avais été derrière Cliff quand nous nous étions approchés. Bien sûr, j’avais quand même attiré l’attention, grâce à mes vêtements.

« Oh, si ce n’est pas Yuna la fugueuse », dit Sanya.

Avaient-ils pensé que j’avais tourné le dos et que j’avais fui ? Eh bien, j’étais une personne facilement reconnaissable, ils avaient donc dû entendre que j’avais quitté la ville.

« Sanya. Cela fait vraiment un an ? »

« Cliff. Ça fait longtemps qu’on ne s’est pas vus. Ta femme a été très utile. »

« Est-ce qu’elle va bien ? »

« Pourquoi voyages-tu en compagnie de Yuna ? »

« Yuna est ici à la demande de ma fille. Elle a demandé à Yuna de m’accompagner. »

C’était la couverture que nous avions décidée.

« Même si c’est vrai, ça ne change rien au fait qu’elle a fui la mission collective de la guilde. »

« Ne dis pas ça. Yuna est venue ici pour mon bien. Protéger un noble doit avoir sûrement autant d’importance que tuer des monstres. »

« Très bien, mais elle doit participer au massacre des monstres à partir de maintenant. Nous ne pouvons pas nous permettre de laisser un aventurier capable de vaincre des loups tigres et des vipères noires retourner à la capitale. »

« À ce sujet, puis-je te parler une minute ? », déclara Cliff avec hésitation.

On avait pris Sanya et on était partis dans un autre endroit. Cliff avait confirmé qu’il n’y avait personne dans les environs avant de reprendre son récit.

« À propos de cette situation, quelque chose de troublant s’est produit. À cause de cela, je voulais demander ton aide en tant que maître de la guilde. »

« Qu’est-ce qu’il y a ? »

Le ton de Sanya correspondait à l’expression de Cliff.

« Yuna a tué les dix mille monstres, y compris les wyvernes, toute seule. »

« Quoi ? »

Les yeux de Sanya étaient remplis de surprise.

« Apparemment, il y avait aussi un gigantesque wyrm. »

« Un… gigantesque… wyrm ? » répéta-t-elle.

« Si tu veux une preuve, elle a le cadavre. Je l’ai vu. Mais ça ferait du bruit si elle le montrait ici, alors je te suggère de ne pas le lui demander. »

« Pourquoi ? Pourquoi ne pas simplement le montrer ? »

« Nous voulions garder secret le fait que Yuna les a vaincus. Malgré sa façon de s’habiller, elle dit qu’elle veut vivre une vie tranquille. »

« Hum, tu plaisantes, n’est-ce pas ? »

« À propos de quoi ? À propos de tuer les monstres ? Ou sur le fait qu’elle veut une vie tranquille habillée comme ça ? »

« Les deux, bien sûr. »

« En tout cas, nous sommes venus te consulter avant d’aller plus loin. »

« Yuna, s’il te plaît, dis-moi tout ce que tu sais. »

Sanya m’avait regardée avec des yeux sérieux.

Je fis exactement ce qu’elle demanda.

« En d’autres termes, la forêt est remplie de masses de cadavres de gobelins et de têtes d’orcs ? »

« Je ne sais pas combien il y en a, mais je n’en avais pas besoin, alors je les ai laissés là. »

« J’ai fait vérifier les cadavres de gobelins par mon subordonné, donc ils sont sans aucun doute là. »

Sanya tenait sa tête comme Cliff l’avait fait plus tôt.

« Je ne sais pas si je dois être ravie ou ennuyée. C’est vraiment troublant. »

« Pourquoi ne pas être enchantée ? »

« Yuna, tu es sûre de ça ? Tu serais un héros, tu aurais la gloire, la célébrité, l’argent, tout. »

« Je n’en ai pas besoin. »

Ça ne valait pas la peine de perdre ma liberté pour ça.

« Mais c’est ce que tout aventurier voudrait… »

Sanya poussa un soupir.

« Très bien. Considérons cela comme une bonne chose. Nous avons vaincu les monstres sans que personne ne meure. Le problème est de savoir qui les a vaincus. »

« Que vas-tu faire ? »

« On va dire qu’un aventurier de Rang A est venu et les a tués. Nous dirons aussi qu’il a pris toutes les matières premières sauf les gobelins. »

« Qui donc pourrait être cet aventurier de classe A selon toi ? »

« Ça peut être n’importe qui. Ce sera un inconnu de rang A. »

« Et le wyrm ? »

« On peut se taire sur ce sujet. »

C’était réglé.

Sanya réunit tous les aventuriers et commença son explication : « Tout le monde, écoutez. On m’a rapporté que les dix mille monstres et les wyvernes ont été tués par un aventurier de Rang A. »

« Un aventurier de Rang A ? »

« Des aventuriers comme ça existent ? »

« Maître de la guilde, qui était cet aventurier de Rang A ? »

« C’est confidentiel. Comme vous le savez, un grand nombre d’aventuriers de Rang A sont des esprits libres. »

Toute la foule accepta sans hésiter. Les aventuriers de rang A étaient-ils vraiment comme ça ?

« Selon le rapport, il ne resterait que les cadavres des gobelins avec leurs pierres de mana et les têtes des orcs. Pour cette raison, nous allons nous séparer en deux groupes à partir d’ici : un qui retournera à la capitale et un autre qui s’occupera des restes des gobelins. »

« Les monstres sont-ils vraiment morts ? »

« Oui. Pourquoi mentirais-je à ce sujet ? Votre récompense sera les pierres de mana des gobelins. Cependant, une fois le dépeçage terminé, vous devrez vous occuper des cadavres. Ceux qui choisiront de retourner à la capitale ne recevront aucune récompense. Vous êtes libre de choisir. »

Une fois que Sanya eut fini d’expliquer, la plupart des aventuriers de haut rang finirent par partir, ce qui fut vérifié, car c’était surtout les aventuriers de bas rang qui pouvaient utiliser les pierres de mana. Comme Sanya avait besoin d’informer le roi des événements, elle était aussi repartie, en chargeant certains membres de la guilde de superviser le dépeçage des gobelins en son nom.

Le plan visant à attribuer le mérite à un samaritain de Rang A sans nom s’était déroulé sans problème.

« Cliff, merci. »

« Ne t’inquiète pas pour ça. C’est moi qui devrais te remercier. »

« Eh bien, je repars devant toi. »

« Tu ne viens pas avec nous ? »

« Je peux revenir en quelques heures avec mes ours. »

« Je vois. C’est impressionnant. »

J’avais convoqué Kumayuru et j’étais retournée dans la capitale royale, laissant derrière moi le tas de cadavres de monstres que j’avais créés.

***

Chapitre 69 : Des problèmes surgissent sans que l’ours n’en ait conscience

Il était une fois un certain sorcier. Il y a dix ans, ce sorcier avait été banni de la capitale royale. Il n’avait fait que sacrifier des criminels pour exercer sa magie, mais ils lui avaient coupé un bras et l’avaient banni de la capitale.

Le sorcier avait juré de se venger.

Que prétendent-ils que j’ai fait de mal ?

Je ne pardonnerai pas à ce roi.

Sa simple mort ne réglera pas le problème.

Je démolirai le royaume dont il a la charge.

Je le mènerai à sa ruine.

Je massacrerai ses citoyens.

Je lui apporterai le désespoir.

Je lui montrerai la ruine de son pays alors qu’il continue à vivre.

Une décennie s’est écoulée depuis que j’ai fait ce vœu.

J’ai rassemblé des gobelins, des loups et des orcs. Dix milles en tout.

Dix wyvernes et un wyrm que j’ai pu asservir.

Enfin, le temps de ma vengeance est venu.

L’homme s’était réjoui. Il était enfin arrivé jusqu’ici. Son corps était hagard, la vie s’écoulait de son visage. Il ne vivait que pour montrer au roi ce que signifiait le désespoir de son désir de vengeance. La magie qui contrôlait les monstres avait épuisé la force vitale de l’homme. Néanmoins, s’il pouvait juste se venger, il offrirait même sa vie.

Pour commencer, il voulait voir le visage du roi dans le désespoir. L’homme se rendit dans la capitale royale. Il se faufila dans le château. Comme il y travaillait autrefois, il connaissait un ou deux chemins secrets. Il entra dans le bureau du roi sans se faire remarquer.

« Qui êtes-vous ? »

« As-tu oublié ? Je suis celui que tu as exilé il y a dix ans, Ghoulzam. »

« Ghoulzam… »

Le roi n’avait pas reconnu l’homme décrépit. L’idée que l’homme se trouvait à l’intérieur du château lui-même était absurde.

« Que fais-tu ici ? »

« Je suis venu te voir, bien sûr. Oh, mais n’appelle personne, je t’en prie. Je suis juste venu pour parler. »

« Pour parler ? »

« En ce moment même, une horde de monstres a été découverte et te donne un sacré mal de tête. »

« Comment peux-tu savoir ça ? »

« Parce que c’est moi qui les ai rassemblés pour me venger de toi. »

« Tu dis que c’est une vengeance ? »

« Oui, la vengeance, la rancune, la haine, le dégoût — appelle ça comme tu veux. Je veux juste voir ton visage à l’agonie. »

« Dans ce cas, tu en as sûrement vu assez. »

« Non, pas encore. Je veux te voir désespéré alors que je laisse les wyvernes détruire ton pays, que les orcs violent et tuent tes citoyens, et que les gobelins et les loups se déchaînent et massacrent les enfants. »

Le simple fait de le dire à haute voix avait ravi Ghoulzam.

« Toi… »

« Me tuer serait inutile. Ce n’est pas comme si j’étais venu ici sans me préparer une issue de secours. »

La main du roi s’était arrêtée sur la poignée de son épée.

« Dès que j’aurai jeté mon sort, les monstres s’approcheront de la capitale. Elle sera probablement attaquée dans quelques jours. Le sort sera lancé même si je dois mourir. Quoi qu’il arrive, tout ce que tu pourras faire, c’est regarder en silence. »

« Ce pays a des aventuriers, des soldats et des chevaliers. Ne pense pas qu’il sera si simple de faire tomber la capitale. »

« Je ne pensais pas qu’elle allait tomber. Il suffirait d’en ruiner la moitié. Je serais d’accord si les wyvernes ne faisaient que détruire la porte et laisser les monstres envahir la ville. Je me demande combien de citoyens mourraient si cela arrivait. »

Un sourire s’était formé sur le visage de Ghoulzam.

« Des aventuriers sont déjà partis pour tuer les monstres. Nous avons aussi préparé des soldats. Ils peuvent devenir des martyrs, mais ils protégeront les citoyens. »

« Ils ne sont pas de taille face à mon armée. »

« Quoi ? »

« J’ai aussi préparé un puissant wyrm. Les aventuriers seront probablement un délicieux apéritif avant de passer au plat principal. »

« Espèce de salaud ! »

« Si vous ne pouvez pas vaincre le wyrm, vous ne pourrez pas vaincre les gobelins et les loups. Le pays sera détruit. Je serai témoin de la douleur sur ton visage. »

« N’importe quoi ! »

« N’importe quoi, ce n’est pas vrai. J’ai passé ma vie sur ce sort… guh », Ghoulzam cracha du sang.

« Eh bien, ce n’est pas si accommodant. Cela sape mon mana et ma force vitale. C’est dommage que je ne puisse pas te voir souffrir jusqu’à la fin, mais je vais m’amuser tant que je le peux. »

Ghoulzam invoqua le sort. Tout son mana commença à s’écouler. Le peu de vie qu’il lui restait s’écoulait.

« Ghoulzam ! »

« Le wyrm se réveille, et mon armée va avancer. J’aurai plaisir à te regarder de loin. »

Ghoulzam sourit alors qu’il disparaissait.

« Ghoulzam !!! »

Le cri du roi ne l’atteignit pas.

« Qu’est-ce qui se passe, mon roi ?! »

Les gardes royaux étaient venus en courant aux cris du roi.

« Appelez immédiatement Zhang. »

« Oui, monsieur ! »

Les gardes royaux saluèrent et coururent. Peu de temps après, un homme âgé et barbu entra dans le bureau. C’était Zhang, le chancelier du pays.

« Vous avez appelé, votre majesté ? »

« Rassemblez immédiatement les chevaliers, les soldats et les sorciers et faites-les partir pour tuer les monstres. »

« Ellelaura, fais les préparatifs maintenant. »

« Dites-lui qu’il y a aussi un wyrm parmi les monstres, et qu’elle prenne des contre-mesures contre lui. »

« Un wyrm, vous dites ? »

« C’est ça. À ce rythme, beaucoup d’aventuriers de la capitale mourraient en vain. »

« Mon roi, où avez-vous eu cette information ? »

« Nous n’avons pas de temps à perdre. Je t’expliquerai plus tard, alors dépêche-toi. »

« Oui, mon roi. »

Zhang quitta le bureau.

« S’il vous plaît, faites-le à temps. »

Bien qu’il le pensait, le roi ne savait pas combien de dégâts il y aurait quand ils combattraient le wyrm. Il pouvait supposer que Ghoulzam avait choisi ce jour pour frapper en sachant combien il y aurait de visiteurs pour le festival. S’ils ne pouvaient pas le vaincre, il y aurait des pertes incalculables. Les aventuriers quittèrent d’abord la capitale, et le lendemain, les chevaliers, les sorciers et les soldats partirent.

Quelques jours après l’apparition de Ghoulzam, un rapport ridicule était arrivé. Un aventurier de Rang A avait vaincu la horde. Le roi ne savait plus quoi dire.

Ce rapport était une lettre du maître de la guilde des aventuriers. C’était quelque chose en quoi il pouvait croire. Bien que soulagé, il se demandait qui était cet aventurier de premier ordre. Était-il arrivé au bon moment ? Et bien qu’il avait encore beaucoup de questions, il savait au moins que le danger est passé. Après cela, la seule chose qui lui restait à faire était de trouver Ghoulzam quelque part dans la capitale royale.

Cependant, lorsque le roi était seul dans son bureau, Ghoulzam apparu de nulle part.

« Que se passe-t-il ? Pourquoi les soldats et les aventuriers sont-ils revenus ? », demanda Ghoulzam au roi d’une voix basse et froide.

« Il semblerait qu’un aventurier de Rang A ait tué tous les monstres que tu avais préparés. »

« Un aventurier de Rang A ? C’est impossible. Je les ai attirés au loin. »

« Je ne comprends pas non plus. C’est juste ce qui était écrit dans la lettre de rapport du maître de la guilde. »

« Mensonges. Guh-huh », Ghoulzam avait vomi du sang.

« Ma vengeance sera-t-elle finie sans avoir rien pu n’accomplir ? Et tout cela à cause d’un aventurier inconnu. Mon plan aurait dû être parfait… »

Avec un visage plein de désespoir, Ghoulzam fixa le roi du regard.

« Pourquoi ? Pourquoi souris-tu ? »

« C’est fini maintenant. »

Le roi sortit son épée et frappa Ghoulzam. Il n’avait plus de force, ni même la pensée d’esquiver. La seule pensée de ses efforts gaspillés remplissait tout son esprit. Le roi appela la garde royale et lui demanda de se débarrasser du corps de Ghoulzam.

« Je dois exprimer ma gratitude à cet aventurier. »

Cet aventurier avait après tout protégé la capitale royale, ainsi que la vie des citoyens, des aventuriers et des soldats.

***

Chapitre 70 : L’ours rencontre le roi

Comme j’étais rentrée avant tout le monde, je m’étais dirigée vers la résidence de Noa pour aller chercher Fina. La capitale royale était encore très animée, mais dans peu de temps, les messagers à cheval arriveront et tout se calmera immédiatement.

Quand j’étais arrivée à la maison, Surilina m’avait conduite au salon. Après avoir attendu un peu, j’avais entendu le bruit de pieds qui couraient, et la porte avait été ouverte.

« Yuna ! », dit Fina.

« Yuna ! », dit Noa.

« Vous allez bien toutes les deux ? »

« Yuna, vas-tu bien ?! », demanda Fina.

« Je vais bien. Tous les monstres ont été tués. »

Je n’avais pas dit que je les avais tués.

« Yuna, qu’est-il arrivé à mon père ? »

« Cliff va venir avec les aventuriers, il va donc bien. »

« Vraiment ? »

Le sourire de Noa était de retour. C’est bien. C’était mieux quand les enfants souriaient.

« Noa, merci de t’être occupée de Fina. »

« Pas du tout. Nous sommes amies, alors c’est naturel. »

« Mlle Noa… »

Fina semblait heureuse.

Quelques jours après avoir vaincu les monstres, les aventuriers et les soldats étaient revenus. Cliff était également revenu sain et sauf avec eux et avait retrouvé sa famille. Quelqu’un qui prétendait être un membre du personnel de la guilde des aventuriers était venu me voir et m’avait ordonné de me présenter à la salle de la guilde.

« Bienvenue, Yuna. »

J’avais été laissée seule dans une pièce avec Sanya.

« Avez-vous besoin de quelque chose de ma part ? »

« Bien, nous avons un léger problème. C’est Sa Majesté, le roi. Il veut vous rencontrer, ou plutôt, l’aventurier de rang A. »

Elle continua à parler en détournant les yeux.

« Le roi veut… Puis-je refuser ? »

« Il a dit qu’il doit absolument vous rencontrer. Il m’a même demandé de lui dire votre nom. Bien sûr, je ne lui ai rien dit sur vous, Yuna. »

L’équation « Roi = Pénible » s’était réalisée dans mon esprit.

« Sanya, merci pour votre aide. Je pars en voyage, alors s’il vous plaît ne me cherchez pas. »

C’était une excuse clichée, mais c’était tout ce que j’avais.

« Attends une seconde. Si vous vous enfuyez, vous finirez sur la liste des personnes recherchées. Je vais révéler votre nom. »

« Vous me menacez ? »

« Je dis juste qu’il faut chercher un compromis. Vous voulez que personne ne sache comment vous avez tout tué, n’est-ce pas ? »

« Oui. »

« Dans ce cas, pourquoi ne pas le dire seulement à Sa Majesté ? Je vais demander au roi de ne le dire à personne d’autre. »

« Pouvez-vous vraiment faire ça ? »

C’était le roi du pays. Est-ce qu’il consentirait vraiment à cela ? Je n’étais pas sûre qu’il rencontrerait vraiment un aventurier qu’il ne connaissait pas sans garde.

« C’est le genre d’individu qui tient ses promesses, donc si nous pouvons conclure cet accord, alors c’est possible. »

« Et s’il ne promet pas ? »

« Nous vous glorifierons en héros ou vous décorerons d’un prix. Peut-être que vous vous tiendrez à côté du roi pendant la fête d’anniversaire et lui serrerez la main. »

« Hum, combien de temps devrais-je voyager pour aller dans un autre pays ? Ce serait bien si je pouvais aller assez loin pour que ce pays n’ait aucune influence sur l’endroit. »

J’avais les portes de transport, donc je pouvais toujours voir Fina et les autres et ça ne serait pas un problème. Je vivrais simplement dans un nouvel endroit.

« S’il vous plaît, Yuna, pouvez-vous me donner votre réponse ? Si le roi me fait cette promesse, rencontrerez-vous Sa Majesté ? Si vous devez fuir la capitale, il ne serait pas trop tard pour attendre, n’est-ce pas ? »

Je pourrais certainement m’enfuir s’il y avait la possibilité qu’ils veuillent me transformer en héros. J’avais accepté à contrecœur la proposition de Sanya et j’avais quitté la guilde.

Alors que je passais le temps avec Fina après mon retour de la guilde, Sanya était venue à la maison ours le soir.

« Désolée d’arriver si tard. »

« Ce n’est pas un problème. Avez-vous pu en parler avec le roi ? »

« Oui. Il semble que Sa Majesté vous rencontrera seule. »

« Le roi sera-t-il vraiment seul ? C’est le roi. C’est la personne la plus importante du pays. Si j’étais un assassin, que feriez-vous ? »

« Au moins, je serais aussi avec vous. D’ailleurs, Sa Majesté veut désespérément remercier la personne qui a vaincu les monstres, quoi que cela implique. C’est pourquoi il a accepté toutes mes demandes. »

Si elle était allée aussi loin pour moi, je ne pouvais pas la repousser.

« Alors, quand devrais-je aller le rencontrer ? »

« Demain matin. Je viendrai vous chercher. »

Après cela, j’avais posé une question très importante.

« Est-ce que je peux y aller habillée comme ça ? Si je ne peux pas, je quitterai la capitale ce soir. »

Si je ne portais pas cette tenue d’ours et que quelque chose arrivait, je ne pourrais pas m’enfuir.

« Aucun souci. J’ai également demandé à Sa Majesté s’il voulait vous rencontrer malgré le fait que vous pourriez être habillée de façon étrange. Quand je lui ai demandé cela, il a dit que cela n’avait pas d’importance. »

Avec Sanya qui avait fait tout ça pour moi, tout ce que je pouvais faire c’était d’acquiescer.

Le lendemain, je me sentais encore réticente. J’avais prié pour que Sanya ne vienne pas, mais mes prières n’avaient pas atteint le ciel. Elle avait fini par venir me chercher. J’avais demandé à Fina de s’occuper de la maison et je m’étais rendue au château avec Sanya. J’y avais trouvé quelqu’un que je ne voulais pas rencontrer à ce moment-là.

« Oh, Yuna. Et si ce n’est pas Sanya. Qu’est-ce qui vous amène toutes les deux dans un endroit comme celui-ci ? »

Nous avions fini par croiser Ellelaura à l’intérieur du château. Ce n’était pas inhabituel de voir Ellelaura sur son lieu de travail. La rencontrer dans un si grand château maintenant, quel mauvais timing.

« Yuna et moi avons une affaire à régler. »

Comme Cliff, Sanya était détendue quand elle parlait à Ellelaura.

« Oh, vraiment ? Où vas-tu ? Je viens avec toi. »

« À propos de ça… »

« Oh, ne t’inquiète pas pour moi. Je suis libre maintenant. »

« Mais qu’en est-il de ton travail ? »

« J’ai d’excellents employés, tout devrait donc bien se passer. »

Sanya était dans une impasse. Bien sûr, moi aussi.

Quand elle vit nos visages, Ellelaura éclata de rire.

« Ha ha, je suis désolée. S’il vous plaît, n’ayez pas l’air si anxieuse, vous deux. J’ai entendu parler des monstres par Cliff. Je n’en ai parlé à personne, alors ça va. Vous allez voir Sa Majesté tout de suite, n’est-ce pas ? »

Même si je lui avais dit de ne pas en parler, Cliff avait craché le morceau. Il était si lâche.

« C’était mesquin, Ellelaura. »

« Mais Yuna ne voulait pas me le dire. »

« Je suppose qu’on ne pouvait pas l’éviter. Tu travailles après tout au château. »

« Pourquoi as-tu été jusqu’à interdire à Cliff d’en parler ? Il a fallu tant de travail pour le faire craquer. »

Donc Cliff avait vraiment fait de son mieux. Je ne pouvais pas me mettre en colère. Mais comment l’a-t-elle fait craquer ?

« Puisque tu as déjà entendu ce qui s’est passé, tu vas vraiment venir avec nous, Ellelaura ? » demanda Sanya à Ellelaura.

« Oui, je viendrai. J’ai entendu des choses de Cliff, donc je pourrais peut-être aider. »

Le trio nouvellement créé s’était donc dirigé vers le bureau du roi. Des gardes royaux se tenaient à l’entrée. Quelqu’un avait dû informer les gardes royaux, car, quand ils virent Sanya, ils nous laissèrent entrer. On aurait dit qu’ils voulaient dire quelque chose quand ils me virent, mais ils m’avaient laissé passer sans un mot.

« Je suis content que vous soyez venu… »

Quand j’étais entrée dans la pièce, il y avait un bel homme d’une quarantaine d’années à l’intérieur. Était-ce le roi ? Il ne portait pas de couronne comme dans les mangas. Quand le roi m’avait regardée, il avala ses paroles.

« Alors tu es là aussi, Ellelaura ? »

« L’aventurière qui a vaincu les monstres est une de mes connaissances. »

Ellelaura me regarda. Puis, comme pour l’égaler, le roi regarda à nouveau dans ma direction.

« Tu m’as dit que tu amenais un aventurier de rang A. Que fait cette fille étrangement habillée ici ? »

« Votre Majesté, veuillez accepter mes excuses. Il n’y avait pas d’aventurier de rang A. Cette fille a tué à elle seule la horde de monstres. Je pensais que personne ne croirait que cette fille puisse vaincre la horde, alors j’ai menti sur l’aventurier de rang A », rapporta Sanya tout en s’excusant.

« Je n’ai pas le temps de plaisanter. Quand est-ce que l’aventurier arrive ? »

Le roi était en colère. C’était compréhensible. Il voyait ses attentes renversées.

« C’est pourquoi je ne voulais pas que vous la rencontriez. Votre Majesté, c’est la vérité. Vous devez y croire. Je vous le garantis en tant que maître de la guilde. »

« Je peux aussi vous assurer que c’est la vérité », déclara Ellelaura.

« Même toi ? »

Après que le roi ait regardé dans la direction d’Ellelaura, il tourna ses yeux vers moi.

« Les avez-vous vraiment vaincus ? Enlevez cette étrange capuche et parlez. »

J’étais si nerveuse d’être devant le roi que je n’avais même pas enlevé ma capuche. Je l’avais enlevé et je l’avais salué.

« Je suis Yuna, l’aventurière. »

« Mais vous n’êtes encore qu’une enfant. Avez-vous vraiment vaincu plus de dix mille monstres toute seule ? »

J’étais de petite taille, mais j’avais quand même quinze ans.

« Sanya, qu’avez-vous fait pour confirmer la défaite des monstres ? Vous avez vérifié ça, n’est-ce pas ? »

« Nous avons vérifié les gobelins et les orcs. »

Je me demandais si elle lui parlait des têtes d’orcs ?

« Et pour les loups, les wyvernes et le wyrm ? »

Sanya avait été surprise quand il avait mentionné le wyrm. Seuls Sanya, Cliff et moi aurions dû le savoir.

« Votre Majesté, où avez-vous entendu parler du wyrm ? »

« Je l’ai entendu de l’architecte du chaos lui-même. »

« Qui cela peut-il être ? »

« Cela n’a pas d’importance pour l’instant. Que leur est-il arrivé ? »

« Les monstres tués sont dans son sac sans fond. »

« Ils sont dans un sac sans fond ? »

« Le sien est de la plus haute qualité. »

« Cette fille a quelque chose comme ça ? »

« C’est vrai. Cliff l’a confirmé. »

« Je n’arrivais pas à le croire quand on me l’avait dit si brusquement, mais c’est vrai que la menace a disparu. Vous n’auriez aucune raison de me mentir. »

Le roi réfléchit un peu, puis il s’approcha lentement de moi. Excusez-moi, pensai-je, c’est beaucoup trop près. Ce n’est pas comme si je pouvais reculer ? J’étais restée immobile pendant que le roi me regardait fixement.

« Vous avez toute ma gratitude. Je vous remercie d’avoir sauvé les citoyens, les aventuriers et les soldats de la capitale royale. »

Il n’avait pas baissé la tête, mais le roi m’avait remerciée.

« Ce n’est pas grave, j’ai juste réussi à vaincre les monstres. »

« Les avez-vous vaincus par hasard ? »

Merde, pensais-je. Je n’avais pas su comment répondre et j’avais dit ce que je pensais vraiment.

« Ha ha ha, c’est vrai. Yuna a vraiment vaincu les monstres pour ma fille. »

Ellelaura m’avait serrée dans ses bras avec un sourire bien visible.

« Elle a tué les monstres parce qu’une petite fille était sur le point de pleurer », avait-elle dit, comme s’il s’agissait d’un truc drôle

Le roi avait l’air déconcerté.

« Oh, mais n’est-ce pas une raison plus que suffisante ? Elle se bat pour ce qu’elle veut protéger. »

« Je comprends cela, mais si la personne qui a conçu le plan entendait cela, je ne pense pas qu’elle ne pourrait pas se reposer même dans la mort. »

« Quel plan ? »

La voix de Sanya et la mienne s’étaient harmonisées.

« Oui, c’est vrai. Je suppose que je pourrais le dire à chacune d’entre vous puisque vous êtes impliquées. »

Le roi expliqua que la tentative d’attaque de monstre était une tentative de vengeance d’un individu. Il y a donc une magie qui peut manipuler les monstres, hein ? Dans le jeu, vous pouviez apprivoiser les monstres et en faire vos compagnons, mais cela semblait différent. Je n’avais jamais entendu parler d’une magie qui vous aurait sucé la vie. Eh bien, le jeu n’était pas allé aussi loin dans la mise en place de quelque chose comme ça. Peut-être que c’était une forme de magie interdite dans ce monde.

Alors que je m’attardais sur ce point, il y avait de l’agitation devant la porte.

« Vous ne pouvez pas, Mlle Flora. Il y a des invités à l’intérieur. »

La porte s’était ouverte un peu, et j’avais pu entendre leurs voix.

« Non ! Je vais voir l’ours. »

« Je vous en prie, Mlle Flora. »

« Nooon. »

« Qu’est-ce qu’il y a ? »

« Eh bien, Mlle Flora a dit qu’elle aimerait rencontrer l’ours. »

Au moment où la garde royale ouvrit la porte pour expliquer, celle-ci utilisa son petit physique pour se glisser rapidement dans la pièce.

« L’ours ! »

Mlle Flora m’avait serrée dans ses bras.

« Je voulais vraiment te voir. »

Elle avait joyeusement frotté son visage contre mon ventre.

« Oh ? Vous connaissez Flora ? »

« Quand elle était venue au château avec moi la dernière fois, elle a rencontré Mlle Flora. », expliqua Ellelaura.

« Tu ne vas pas me dire que c’est elle qui a fait le livre illustré ? »

« Tu l’as vu ? C’est Yuna qui l’a dessiné. C’était bien, hein ? »

« Je ne sais pas comment le formuler ? Ces dessins étaient attachants. Quand j’ai demandé qui les avait dessinés, Flora a seulement dit que c’était un ours. Mais maintenant, je comprends. »

Le roi m’avait regardée une autre fois. Je suis un ours, et alors ?

« Ours, joue avec moi. »

« Euh, qu’est-ce que vous en pensez ? »

J’avais regardé tout le monde.

« Notre conversation est terminée, donc ça ne me dérange pas. Je pourrais vous contacter ultérieurement, alors donnez-moi simplement vos coordonnées. »

« Si c’est le cas, je peux être celle qui prendra contact », déclara Ellelaura.

« Dans ce cas, je vais aussi en parler à Cliff. Dites-lui que je le contacterais plus tard. »

Je m’étais intérieurement excusée auprès de Cliff. Il semblerait pourtant que toute cette situation se terminerait sans incident. J’avais regardé Mlle Flora, qui s’accrochait à moi. J’entendis ensuite un joli petit gargouillis venant de son petit estomac.

« Mlle Flora, as-tu faim ? »

« Uh-huh. »

Il restait encore du temps avant le déjeuner. J’avais du pudding dans mon stockage d’ours. Je supposais que lui donner cette petite chose serait bien ? Mais, était-ce bien de donner de la nourriture à une princesse ?

« Hum, puis-je offrir à Mlle Flora quelque chose à manger ? »

Eh bien, je doutais que j’y sois autorisée, mais je l’avais au moins demandé.

« Aucun problème. »

C’est de nourriture dont on parle ici, pensais-je. Ça aurait pu être dangereux. Pourrait-il vraiment me donner la permission de faire ça si bon gré mal gré ? Qu’aurait-il fait si je lui avais donné du poison ?

« Juste pour être sûr, êtes-vous vraiment d’accord avec ça ? Et si elle était empoisonnée ? »

« Quoi ? Allez-vous lui donner du poison ? »

« Je n’en ai pas l’intention. J’ai cependant pensé que la royauté serait un peu plus prudente à ce sujet. »

« Ellelaura et Sanya vous font confiance. Je n’ai pas besoin de m’inquiéter de quelque chose comme ça. »

S’il était d’accord avec ça, je suppose que c’était bon.

« Dans ce cas, Mlle Flora. Allons-nous dans ta chambre ? »

« Oui. »

J’avais saisi la petite main de Flora avec ma main d’ours.

« Vous pouvez la faire manger ici. De cette façon, il n’y aura pas de raison de se méfier. »

Alors que nous avions essayé de quitter la chambre, le roi nous avait arrêtés. Je le comprenais, mais je ne voulais pas sortir le pudding devant le roi. Je ne pouvais donc pas ne pas sortir le pudding à ce moment-là, et ce serait dommage qu’il ait des doutes bizarres à mon sujet. J’avais demandé à Mlle Flora de s’asseoir sur un canapé dans la pièce et j’avais sorti un pudding et une cuillère du garde-manger d’ours.

« Mlle Flora, prends ça, s’il te plaît. »

« Qu’est-ce que c’est ? »

« C’est une confiserie froide, sucrée et délicieuse. »

Mlle Flora avait tenu la cuillère dans sa petite main et porta le pudding à sa bouche. À ce moment-là, un sourire semblait arriver sur son petit visage. Une bouchée après l’autre, Lady Flora mit le pudding dans sa bouche. On aurait dit qu’elle s’amusait beaucoup.

« Est-ce que c’est bon ? »

« Uh-huh », elle fit un petit signe de tête.

Son sourire était adorable. J’avais ressenti l’envie de lui tapoter la tête et, à la fin, j’avais vraiment tapoté la tête de la princesse héritière. Mais personne ne m’avait grondée.

« Est-ce vraiment si bon que ça ? »

On aurait dit que j’avais éveillé sa curiosité.

« Yuna, j’aimerais en manger encore un peu. »

Ellelaura regarda avidement dans ma direction.

« Tu as déjà eu ça, Ellelaura ? » demanda Sanya, mais ses yeux étaient rivés sur le pudding.

Toi aussi ?

« Oui, elle m’en a déjà laissé manger. Il est doux, froid et savoureux. »

Tout le monde me regardait, moi et le pudding en alternance.

« Euh, vous en voulez ? »

« Oui, je vais en prendre un peu. »

« Merci, Yuna. »

« Je peux en avoir aussi ? »

Bref, j’avais sorti trois puddings.

Il me restait cinq puddings. Il faudrait peut-être que je retourne à Crimonia chercher des œufs pour faire du pudding maintenant ?

« Qu’est-ce que c’est que ça ? »

« Mmhmm, c’est délicieux. »

« Oh, mon Dieu, c’est vraiment bon. »

Le trio l’avait savouré avec joie, tout comme Mlle Flora. J’étais juste heureuse qu’ils soient heureux. À ce moment-là, je pouvais sentir un regard sur moi. Mlle Flora me regardait droit dans les yeux. Elle regardait sa tasse vide et moi.

« C’est la dernière. Si tu en manges trop, tu ne pourras pas déjeuner. »

« Uh-Hein ! »

Après l’avoir avertie, j’avais sorti un autre pudding.

« Est-ce qu’ils vendent vraiment quelque chose d’aussi délicieux que ça dans la capitale ? »

« Je ne savais pas non plus que ça existait. »

« Eh bien oui, bien sûr. Yuna a imaginé cette confiserie », m’expliqua Ellelaura, mais ce n’est pas comme si je l’avais inventée. En même temps, ce n’était pas comme si je pouvais dire que je l’avais faite en utilisant mes connaissances de la Terre.

« Est-ce vrai ? C’est assez savoureux. »

« C’est vraiment bon. »

« Pensez-vous que nos chefs puissent le faire s’ils connaissaient la recette ? »

« Ils pourraient. »

Mais je ne voulais pas leur dire.

« Vous ne pouvez pas. Yuna essaie d’aider les orphelins à ouvrir un magasin pour vendre cette nourriture. »

« Qu’est-ce que vous voulez dire par là ? »

Ellelaura avait entendu ça de Cliff ? Elle avait commencé à parler de ce que j’avais fait dans la ville. Elle leur avait dit que je m’occupais de l’orphelinat de la ville et qu’ils élevaient des kokekko pour les œufs utilisés dans le pudding. Elle leur avait dit que j’avais l’intention d’aider les enfants à ouvrir un magasin s’il y en avait qui voulaient apprendre à cuisiner.

« Comment en savez-vous autant sur le sujet ? »

« Je l’ai entendu de Cliff. Dès que Cliff est venu ici, il était tellement excité de parler de toi qu’il m’a dit toutes sortes de choses. »

Je suppose que je devrais rappeler à Cliff les lois existantes sur la protection des données personnelles.

« Dans ce cas, je ne demanderai pas la recette. Mais ma fille serait ravie que vous m’en apportiez de temps en temps, alors faites-le. »

Je suppose que cela ne représentait aucun problème particulier. J’avais la porte de transport d’ours. Je pouvais donc venir n’importe quand.

« Ellelaura, arrange-toi pour que Yuna puisse venir au château à tout moment. »

« Oui, compris. »

Ils avaient fini par mettre un permis d’entrée au château sur ma carte de guilde pour que je puisse venir livrer du pudding. Était-ce vraiment bien ?

***

Chapitre 71 : L’ours retourne à la Crimonia acheter des œufs

Je n’avais plus d’œufs. Je ne pouvais pas manger d’œufs au plat ou brouillés. Je ne pouvais pas faire de sandwiches aux œufs ni de pudding. C’était un problème très urgent. Je devais donc faire un réapprovisionnement d’urgence.

Alors…

« Fina, je vais retourner à Crimonia. Veux-tu aussi y retourner ? »

« Whu-Hein ? »

Fina me donna une réponse étrange.

« Je n’ai plus d’œufs, je pensais donc aller à l’orphelinat. »

« Tu rentres chez toi, Yuna ? »

J’allais juste rentrer très vite par la porte de transport.

« Je rentre. Mais tu pourrais faire un tour dans la capitale, si tu le veux. Qu’est-ce que tu veux faire ? »

« Je vais donc rentrer chez moi. Puis-je dire au revoir à Mlle Noa ? »

« Oh, tu n’as pas besoin. Nous reviendrons aujourd’hui. »

« … ? »

Fina pencha un peu la tête.

« En d’autres termes, nous allons à Crimonia aujourd’hui et nous retournons à la capitale royale aujourd’hui ? »

« C’est exact. »

Pour une raison inconnue, j’avais eu l’impression qu’elle ne comprenait pas ce que je disais.

« Si on est rapide, on peut rentrer dans l’après-midi. »

« Yuna, ce serait si cruel envers Kumayuru et Kumakyu. Ça ne me dérange pas de ne pas avoir d’œufs, alors s’il te plaît, ne leur fait pas quelque chose d’aussi terrible. »

« … ? »

Cette fois, c’était moi qui penchais la tête.

« Nous passerons par la porte de transport d’ours, donc nous n’utiliserons pas les ours. »

« C’est quoi une porte de transport d’ours ? »

Cette fois, Fina pencha la tête.

C’est vrai, je ne l’avais pas dit à Fina.

« Désolée, tu as toujours été avec moi, alors j’ai pensé que je te l’avais déjà dit. J’ai un portail de transport d’ours, donc on peut rentrer en ville immédiatement. »

« Yuna… Je ne comprends pas ce que tu dis. »

C’était ce que je me disais aussi. Si j’étais dans le monde réel et que quelqu’un m’avait dit quelque chose comme ça, j’aurais pensé qu’il avait perdu la tête. Je ne savais pas si la magie de téléportation existait au départ dans ce monde, donc si ce n’était pas le cas, il était évident que Fina le dirait.

« Umm, je voudrais te demander quelque chose, mais dans ce pays, existe-t-il un mécanisme de télétransport rapide ? Comme un moyen d’aller d’un endroit à un autre instantanément ? »

« … »

« Par exemple, y a-t-il une magie qui pourrait vous faire passer de la capitale royale à Crimonia en un instant ? »

« Je n’ai jamais entendu parler d’une telle chose. »

Oui, bien sûr qu’il n’y en avait pas. Je m’étais demandé si c’était bien de parler à Fina de la porte de transport d’ours. Fina n’était pas le genre de fille à répandre ça. Même si d’autres personnes le savaient, j’étais la seule à pouvoir l’utiliser, et je les avais seulement installés dans les maisons ours. J’avais fini par conclure que c’était bien.

« Fina, j’ai vraiment confiance en toi, d’accord. »

« Euh, oui ? »

Elle m’avait fait un signe de tête avec la tête toujours inclinée sur le côté.

Je m’étais dirigée vers l’entrepôt et j’avais installé une porte du transport d’ours.

« Je crois que tu en avais aussi une à l’entrepôt là-bas. »

Il y en avait une dans l’entrepôt, mais je n’avais pas expliqué ce que c’était à Fina. Nous étions ensemble depuis si longtemps que je pensais lui avoir déjà dit.

« Cette porte est reliée à celle de Crimonia. »

« Yuna, même moi je ne suis pas si crédule. Si je pouvais passer cette porte pour aller dans la ville où se trouve ma mère, personne n’aurait jamais de problèmes. »

C’était bien vrai.

« De toute façon, tu comprendras une fois que tu l’auras franchie. »

J’avais pris la main de Fina et j’avais ouvert la porte du transport d’ours. Au-delà, il y avait l’intérieur de l’entrepôt de la maison ours de Crimonia.

« Yuna ?! »

Fina avait l’air choquée. N’importe qui serait surpris.

« N’en parle à personne. De plus, tu ne peux pas l’utiliser pour voyager sans moi. »

Quand nous avions quitté l’entrepôt, nous étions dans notre chère et tendre ville de Crimonia.

« Tiermina devrait être à l’orphelinat en ce moment même. On y va ? »

Nous étions allées à l’orphelinat toutes les deux.

« La fille ourse ! »

Quand nous nous étions approchés de l’orphelinat, les enfants qui jouaient dehors s’étaient précipités. C’était eux que j’avais commencé à appeler « brigade des enfants » sans le leur demander. Ils étaient encore jeunes, mais c’était de bons enfants qui s’occupaient des plus jeunes. Quand l’un d’eux m’avait remarquée, un deuxième puis un troisième s’étaient précipités vers moi. Le groupe d’enfants qui m’entourait s’était agrandi. C’était peut-être mon imagination, mais j’avais l’impression qu’il y avait plus d’enfants autour de moi.

« Tout le monde, s’est-il passé quelque chose ? »

« Non, tout va bien. »

« On travaille dur. »

J’avais tapoté la tête de tout le monde.

« Tiermina est-elle là ? »

« Oui, elle est avec la maîtresse. »

J’avais dit à tout le monde de s’amuser en jouant et j’étais allée à l’orphelinat. Quand j’étais entrée, on avait trouvé la directrice, Tiermina, et Liz prenant le thé ensemble.

« Maman. »

« C’est Fina et Yuna ! Vous êtes revenues ? »

« On retourne tout de suite à la capitale royale. Je voulais des œufs, on est donc revenus temporairement. »

« Tu as besoin d’œufs ? »

« Y en a-t-il ? »

« Tous les œufs t’appartiennent, donc tant qu’il y en a, tu les as. Tu n’es pas revenue de la capitale royale juste pour des œufs, n’est-ce pas ? »

Comme elle ne savait pas qu’il y avait une porte de transport d’ours, c’était ce qu’elle avait pensé tout naturellement.

« Hum, oui. Kumayuru et Kumakyu ont vraiment travaillé dur. »

« Tes invocations sont-elles vraiment si rapides ? »

Comme je n’avais pas de réponse à lui donner, je m’étais juste répétée.

« Eh bien, ce sont des invocations. »

J’espérais qu’elle était satisfaite de ma vague non-réponse.

« Eh bien, quand retournez-vous dans la capitale royale ? »

« Si nous sommes rapides, nous pourrions même partir aujourd’hui. »

« C’est si tôt. »

« Si les œufs ne sont pas prêts avant demain, ça ne me dérange pas d’attendre. »

« C’est vrai. Combien en veux-tu ? »

« Une centaine ou deux, plus il y en a, mieux c’est. »

« Dans ce cas, pourrais-tu passer demain ? Je peux t’en avoir une centaine aujourd’hui et je devrais pouvoir en préparer encore plus demain. »

J’avais approuvé cela.

« Eh bien Fina, puisque tu pars demain, cela ne me dérange pas si tu restes avec Tiermina aujourd’hui. Si tu veux simplement rester ici, cela me conviendra également. »

« Non, je voudrais aussi retourner à la capitale. Je n’ai toujours pas dit au revoir à Mlle Noa. »

« Dans ce cas, rencontrons-nous à l’orphelinat demain. J’ai aussi une demande pour toi, Tiermina, et pour tous les autres. »

« Qu’est-ce que c’est ? »

« Je pense que dans un mois environ, une personne qui vend des patates devrait passer, alors peux-tu les accepter pour moi ? J’ai déjà payé une avance, alors paie le reste avec ce que tu gagnes avec les œufs. »

« Des patates ? J’en ai vu vendre de temps en temps, mais j’ai entendu dire qu’elles provoquaient des maux d’estomac. »

Je supposais donc qu’ils les vendaient parfois dans cette ville. Eh bien, je voulais les acheter régulièrement, ce n’était donc pas une grosse affaire.

« Ils sont bons tant que vous ne mangez pas les parties qui ont germé ou qui sont devenues vertes. »

« Vraiment ? »

« Alors, s’il te plaît, accepte-les pour moi. »

« Entendu. »

J’avais pris ma portion d’œufs du jour et j’étais partie de l’orphelinat. Par rapport à une promenade dans la capitale royale, j’attirais beaucoup moins les regards. De temps en temps, j’entendais un petit enfant dire : « Il y a un ours », mais c’était à peu près tout. Quand je leur faisais un petit signe de la main, ils avaient l’air ravis.

Quand j’étais rentrée chez moi, j’avais vu quelqu’un se tenir devant ma porte.

« Yuna, tu es enfin de retour. »

Milaine se tenait devant moi, me regardant comme si elle avait trouvé une proie.

« Milaine ? Qu’est-ce qui s’est passé ? »

« Ne me dis pas ce qui s’est passé. J’ai tellement de questions à te poser. »

Je me demandais ce qui se passait. Je ne me souvenais pas avoir fait quoi que ce soit qui aurait pu bouleverser Milaine.

« C’était quoi cette nourriture ? ! »

« Quelle nourriture ? »

« La nourriture que tu m’as donnée avant d’aller à la capitale royale. »

« Oh, tu veux dire le pudding. »

En y repensant, il me semblait bien lui en avoir donné.

« Oui, c’est ça. Cette délicieuse nourriture. »

« Je suis impressionnée que tu aies su que j’étais en ville. »

« Il n’y a pas une seule personne qui ne t’aurait pas remarqué dans cette tenue. Un membre du personnel de la guilde des commerçants m’a dit qu’il t’avait vu, alors j’ai attendu devant chez toi. »

Milaine avait fermement saisi mes épaules pour m’empêcher de m’échapper. J’aurais pu facilement la secouer, mais cela aurait certainement signifié des ennuis pour Milaine.

« Je ne m’enfuirai pas, alors pourrais-tu me laisser partir ? »

« Tu es sérieuse ? »

« Milaine, tu agis d’une manière qui ne te ressemble pas. »

Mon image digne de Milaine s’était effondrée.

« C’est de ta faute. C’est parce que tu m’as donné cette chose délicieuse et que tu as disparu. »

Ce n’était pas ce que je voulais faire. C’était juste un cadeau de remerciement pour elle.

« Alors, Yuna, c’est quoi cette nourriture ? »

« C’est fait avec des œufs. Je suis heureuse que tu y prennes goût. »

« Alors, j’ai quelque chose à te dire. Veux-tu bien ouvrir un magasin ? Ça se vendrait à coup sûr. »

Je savais qu’ils se vendraient. J’avais prévu cela depuis longtemps. J’étais sûre qu’il y aurait des enfants intéressés par la cuisine, et s’ils savaient juste comment faire, même les enfants pourraient faire du pudding. C’était pourquoi je n’avais pas appris la recette à Cliff ou même au roi.

« Comme je l’ai déjà dit, je fais du pudding avec des œufs. Quel est le prix des œufs en ce moment ? »

« Il a considérablement baissé. Nous en avons eu deux à trois cents par jour. »

Il semblerait que le prix ait baissé comme je le voulais. En gros, ils en avaient également vendu beaucoup plus à la guilde. Dans ce cas, si nous en vendions moins à la guilde, nous pourrions peut-être ouvrir un magasin ?

Selon Tiermina, nous avions environ quatre cents kokkeko à l’heure actuelle. Si je devais ouvrir un magasin, il nous en faudrait au moins cinq cents, mais à l’avenir, je voudrais en avoir mille. S’ils se multipliaient assez bien, peut-être que nous arriverions à cinq cents très rapidement ?

Si je limite les ventes, il serait possible d’ouvrir un magasin. Le seul problème, c’est que le magasin ne pouvait pas être géré uniquement par des enfants. J’avais besoin d’un adulte pour les surveiller. Je pouvais faire confiance à Liz ou Tiermina pour ce travail, mais Liz s’occupait des enfants et des oiseaux. Tiermina s’occupait des œufs. Elle disait qu’elle terminait son travail le matin, ce qui signifiait qu’elle avait du temps l’après-midi.

Je pourrais peut-être en discuter avec Tiermina.

« Je peux même préparer un chef. »

Je ne préférerais pas qu’elle le fasse. J’aurais des problèmes si la recette fuitait.

« Pour l’instant, je peux d’abord te demander d’aller chercher le magasin ? »

« Comment ça ? »

« Je ne veux pas donner la recette aux autres, je n’ai donc pas besoin d’un chef. »

« Je comprends. As-tu des préférences concernant le magasin ? »

« Je te laisse choisir la taille du magasin, mais veuille le faire près de l’orphelinat. Et si tu le peux, assure-toi qu’il soit situé dans un endroit où la foule ne sera pas un problème. »

Il y avait une chance que nous nous retrouvions avec des files d’attente. Si des centaines de personnes faisaient la queue, cela causerait des problèmes à tous les voisins.

« Pourquoi près de l’orphelinat ? »

« Quand j’ouvrirai le magasin, j’ai l’intention d’y faire travailler les enfants de l’orphelinat. »

« Tu vas faire travailler les orphelins ? »

« Je pense que ça les aiderait à gagner en indépendance. »

« Compris. »

« Je ne suis pas pressée, alors prend ton temps. Je retourne à la capitale royale demain. »

« Vraiment ? »

« J’ai fait quelques courses, je suis donc venue ici en passant. »

« Je pense que, pour quelques courses simples, la distance à parcourir est bien trop grande. »

« Mes invocations sont vraiment géniales. »

Je ne pouvais pas lui parler de la porte de transport, alors je m’étais rabattu sur mon explication de secours. Milaine n’avait pas posé d’autres questions. À la place, elle m’avait demandé autre chose.

« Alors, Yuna. Je voulais te demander si tu pouvais me donner le pudding, mais je ne pense pas que tu puisses faire ça. », avait-elle dit, comme si elle avait du mal à le dire.

Elle semblait très conviviale quand elle m’avait demandé ça, et elle m’avait beaucoup aidée. J’avais sorti quatre puddings de mon entrepôt à ours.

« C’est le dernier de ce que j’ai en ce moment. »

« Yuna, ma chérie, merci. »

Elle les avait acceptés avec joie et les avait soigneusement rangés dans son sac sans fond, en s’assurant de ne pas les faire tomber, puis elle partit.

Hmm ? Maintenant que j’y pense, est-ce que Milaine m’avait juste appelée « chérie » ? Cela devait être mon imagination.

J’avais décidé de faire du pudding avec les œufs que j’avais reçus de Tiermina. Avec ça, ma journée était terminée.

***

Chapitre 72 : L’ours harponne les boulangers (1)

Le lendemain, j’étais retournée dans la capitale après avoir récupéré mes œufs. J’aurais l’esprit tranquille pendant un moment avec eux sous la main. Mais pendant que je faisais la grasse matinée dans la maison ours, j’avais entendu quelqu’un m’appeler de l’extérieur. Au moment où j’étais sortie, je vis Noa faire la moue et se tenir debout de façon imposante. Elle avait l’air d’être en colère, mais elle avait l’air si mignonne avec ses joues gonflées comme ça.

« Yuna, où es-tu allée quand tu m’as laissé derrière toi hier ? »

Je ne pouvais pas lui parler de la porte de transport d’ours, j’avais donc décidé de réorienter la conversation.

« Puis-je aussi te poser une question ? »

« Laquelle ? »

« Je ne sais pas vraiment ce qui t’arrive, mais t’ennuies-tu ? N’as-tu pas besoin de saluer les autres aristocrates ou de te préparer à assister à la fête d’anniversaire ? »

Je pense que les aristocrates devraient préparer les vêtements qu’ils porteront pendant leur participation à la fête d’anniversaire ou autre chose.

« Je n’ai rien de ce genre à faire. Ma mère vit ici, donc il n’y a pas de raison de saluer les gens. Et même si je devais le faire, je les saluerais simplement à la fête proprement dite. Même dans ce cas, ma mère et mon père seraient présents avec moi, et d’ailleurs, c’est ma grande sœur qui est la vedette. Je ne suis qu’une figurante. Plus important encore, parlons d’hier. Je suis venue avec Misa. Elle a dit qu’elle voulait rencontrer les ours. »

J’avais ensuite fait quelque chose de terrible. Je n’avais pas pu m’expliquer pour hier, alors je m’étais bien gentiment excusée et j’avais invité Misa à venir jouer avec Kumayuru et Kumakyu. J’avais passé la journée à les regarder toutes les trois, Fina comprise, jouer avec les ours à la maison.

De plus en plus de jours s’étaient écoulés depuis mon arrivée à la capitale, et la fête d’anniversaire approchait. Bien sûr, plus elle approchait, plus Cliff et les autres nobles étaient occupés. Noa et Misa, qui s’ennuyaient, ne pouvaient plus sortir. Ces derniers temps, je sortais beaucoup plus avec Fina.

« Je pensais qu’il y avait une tonne de gens quand nous étions arrivés à la capitale, mais il y en a encore plus aujourd’hui. »

« C’est la première fois que je vois autant de monde. »

« Mais plus il y a de gens, plus je me fais foudroyer du regard. »

« C’est parce que tes vêtements ressortent, peu importe où tu vas, Yuna. »

Depuis que j’étais arrivée à la capitale, j’avais commencé à être douée pour ignorer les choses. Même si dire que ça ne me dérangeait pas serait un mensonge, on pouvait s’adapter à tout. Tant qu’ils n’essayaient pas de se battre avec moi, je décidais de les ignorer.

« Ça ne sert à rien de s’inquiéter de ça. Profitons juste de la fête d’anniversaire. »

« D’accord. »

Nous avions acheté et mangé des trucs, en visitant les stands, et nous nous étions promenées en regardant la capitale. Celle-ci était si vaste que peu importe le temps dont nous disposions, on n’avait pas assez de temps pour tout voir. En même temps, j’avais pu mettre la main sur toutes sortes de choses rares.

Bien que beaucoup de choses aient été pénibles, il y avait une tonne d’avantages à escorter Noa.

« Oh, c’est une belle odeur. »

L’odeur du pain fraîchement cuit nous venait de quelque part.

« Oui, ça sent très bon. »

« On dirait que ça vient de cette boulangerie. C’est le moment idéal, alors si on allait chercher quelque chose à manger là-bas ? »

J’avais vu le panneau devant moi. Bien que le magasin soit un peu petit, il y avait foule à l’intérieur. Comme moi, on aurait dit que tout le monde était attiré par l’odeur. Fina et moi avions fait la queue pour acheter du pain. Même si quelqu’un était surpris par mon apparence, personne ne nous avait rien dit. Puis, après avoir attendu une dizaine de minutes, notre tour était arrivé.

« On dirait du pain savoureux. »

Une fille de mon âge aidait les clients. Et bien qu’elle ait été surprise par mon apparence, elle m’avait tout de suite souri.

« Merci beaucoup. »

« Pourrais-je avoir deux de ce que vous pensez être le mieux ? »

« Oui, madame. »

La fille nous avait donné à chacune du pain fraîchement cuit. Ils sentaient bon.

« Si c’est bon, je reviendrai. »

« Nous nous réjouissons de vous revoir ! »

Fina et moi avions marché pendant que nous mangions le pain. Fina m’avait copiée, mais peut-être que je donnais le mauvais exemple en marchant et en mangeant ? Je m’étais excusée auprès de Tiermina dans mon esprit tout en continuant à le faire.

« C’est peut-être le meilleur pain que j’ai pu manger jusqu’à présent. »

« Oui, il a vraiment bon goût. »

Le pain était moelleux. Je m’étais souvenue des pains que j’avais au Japon. J’étais certaine que ce pain aurait été délicieux si je l’avais utilisé pour des sandwiches, ou comme j’avais du fromage, je pouvais faire des tartines. Il y avait beaucoup d’options. Je devais m’assurer de ne pas oublier d’en acheter d’autres avant de retourner à Crimonia. Puis j’avais réfléchi au nombre de clients qu’ils avaient. Ce n’était pas comme si je pouvais les acheter. Étant donné que j’avais la porte de transport d’ours, je pouvais aller leur acheter n’importe quand, mais je préférais en acheter une tonne d’un coup.

Après cela, Fina et moi avions continué à visiter la capitale tout en mangeant et en marchant. Comme nous passerons encore devant cette boulangerie sur le chemin du retour, j’avais décidé d’acheter du pain pour le lendemain matin. Fina donna son accord. Le pain était vraiment bon. J’espérais que la boulangerie était encore ouverte. Quand nous nous étions approchés, je n’avais vu aucun client dans les environs. Peut-être qu’ils avaient fermé ?

Pour vérifier, j’avais fait le tour du magasin. J’entendis alors une fille crier : « Arrêtez ! »

Quelqu’un avait laissé la porte ouverte. J’avais vu une femme d’une trentaine d’années qui criait. La fille de derrière le comptoir était derrière elle. Elles criaient sur les trois hommes qui frappaient des objets à l’intérieur. La mère s’était mise entre sa fille et les hommes, et faisait tout ce qu’elle pouvait pour leur tenir tête. La foule à l’extérieur s’éloignait de plus en plus.

« Dépêche-toi de sortir. Ce magasin n’est pas à toi, » déclara l’un des hommes.

Les trois hommes se déchaînaient. Le pain s’envola dans les airs.

Clac.

« Mais selon l’accord, nous avons jusqu’à la fête d’anniversaire. »

« Il y a quelqu’un qui veut vendre cet endroit ! »

Les hommes piétinèrent le pain tombé.

Clac.

« Mais l’accord… »

« Tu n’arrêtes pas de parler d’accords. Tais-toi ! Si tu veux travailler ici, tu ferais mieux de rembourser le reste de la dette de ton mari. Tu pourrais la payer avec le corps de ta petite fille. »

L’homme attrapa le bras de la fille.

Clac. Clac.

« Lâchez ma fille ! »

La mère attrapa l’homme pour sauver sa fille, mais l’homme la frappa.

J’avais fait irruption dans le magasin.

« Qui diable es-tu !? »

J’avais frappé le premier homme.

« Qu’est-ce que tu crois faire ?! »

J’avais frappé le second.

« Pourquoi crois-tu que tu peux… ? »

J’avais lancé le troisième.

« Lequel d’entre vous veut mourir en premier ? »

J’avais piétiné leurs corps effondrés.

« Qui donc es-tu ? »

« Eh bien, je suis une ourse. »

Je n’avais pas de nom à offrir à des hommes comme eux.

« Crois-tu que tu t’en tireras en nous faisant ça ? »

L’homme que j’avais jeté s’était levé et avait sorti un couteau.

« Tu as sorti une lame sur moi, tu n’as donc pas à te plaindre si tu finis par mourir. »

« Ne te fous pas de moi ! »

Je lui avais donné un coup de poing d’ours directement dans le plexus solaire.

« Qui est le prochain ? »

J’avais regardé les deux autres.

« On se souviendra maintenant de ton apparence. Ne pense pas que tu sortiras de la capitale en un seul morceau ! », dirent les deux survivants en traînant leur partenaire effondré.

« Allez-vous bien ? »

Je m’étais approchée de la mère et de la fille.

« Oui, merci. »

« Mais c’est un terrible gâchis. »

Tout leur pain fraîchement préparé était par terre. Comme tout sentait si bon, ça n’avait fait qu’empirer les choses. Rien qu’en le regardant, j’avais ressenti un élan de colère. J’aurais vraiment dû tout prendre à ce moment-là.

« Ils ont parlé d’une dette tout à l’heure ? »

« Nous avons contracté un prêt quand nous avons acheté cette vitrine, mais quand mon mari est décédé il y a quelques jours, ils nous ont dit de rembourser la dette ou de partir. »

« Mais vu que vous faites un si bon pain, ne pouvez-vous pas rembourser la dette très facilement ? »

Quand j’étais venue l’acheter l’après-midi, il y avait une queue. En plus, il avait bon goût. Ils auraient dû être capables de rembourser la dette en considérant cela. Mais la mère secoua la tête.

« Apparemment, mon défunt mari a été trompé, et ce n’était pas une somme que nous pourrions rembourser. »

Qu’importe le monde dans lequel on vivait, on ne pouvait pas échapper aux usuriers.

« Ils veulent donc notre boutique comme garantie de la dette. »

Qu’est-ce qu’il fallait faire ? Comme je voulais le pain, je voulais que la boulangerie reste ouverte.

« Nous avions prévu d’économiser un peu d’argent avant de partir d’ici afin d’avoir des fonds pour construire notre prochaine boulangerie. »

« L’accord était que nous avions jusqu’à la fête d’anniversaire. »

La fille ramassa tristement le pain sur le sol. La mère avait doucement serré sa fille par-dessus son épaule. Elles étaient probablement découragées. Je me demandais si je pouvais faire quelque chose pour elles. Un magasin, hein… !

« Allez-vous continuer à vendre du pain ? »

« Mon mari m’a confié son pain, donc je compte le faire jusqu’à ma mort. »

Je ne pouvais pas rester sans rien faire.

« D’accord, j’ai compris. Dans ce cas, voulez-vous travailler dans mon magasin ? »

« Dans votre magasin, mademoiselle ? »

« J’avais projeté d’ouvrir mon magasin, mais il y a un petit problème, je n’ai pas de gens pour y travailler. »

Tiermina et Liz étaient déjà assez occupées sans devoir faire des heures supplémentaires dans le nouveau magasin de Crimonia, et il serait sûrement vide si nous nous contentions de vendre du pudding. Ce serait génial de vendre le pain en même temps que le pudding. En plus, le pain avait un goût divin. Et elles avaient de l’expérience en matière de gestion. C’était exactement le genre de talent dont mon magasin avait besoin. En plus, si elles pouvaient faire du pain, nous pourrions vendre des pizzas. C’était une pierre deux coups.

« Qui êtes-vous, mademoiselle ? »

« Je suis une aventurière de Crimonia. J’ai eu cette idée de magasin, parce que… peu importe pourquoi. »

« Vous êtes une aventurière… »

La mère et l’enfant me regardaient avec émerveillement. Pendant que j’attendais leur réponse, Fina tira sur mes vêtements.

« Yuna, il y a des gens qui se rassemblent. »

Les gens avaient vraiment commencé à former une foule. Il y avait une chance que les hommes de tout à l’heure reviennent.

« Il faudrait vite partir d’ici et parler des détails chez moi. Si nous restons ici, votre fille pourrait être en danger. »

« Mais nous vous causerons des ennuis, mademoiselle. »

« Ne vous inquiétez pas. Votre fille aurait des ennuis si je la laissais comme ça. »

Une fois que la mère avait vérifié l’état du magasin, elle regarda finalement sa fille aux yeux larmoyants.

« Vous semblez être si gentille, » avait-elle dit.

La mère s’appelait Morin, et sa fille Karin. En marchant, je leur avais parlé du magasin de Crimonia. Je leur avais expliqué que nous allions vendre une confiserie appelée pudding et un aliment appelé pizza et que le magasin emploierait des orphelins, et que je voulais qu’elles en soient les gérantes.

« Fina et Yuna, qui êtes-vous au juste ? » demanda Karin.

« Yuna est une aventurière très gentille et une bonne personne. Elle m’a aussi beaucoup aidé. », déclara Fina.

« Et ces vêtements ? »

« Ce sont… eh bien, c’est parce que c’est Yuna. »

Je n’avais pas vraiment compris ce qu’elle voulait dire, mais c’était persuasif. Je ne pouvais pas dire le contraire.

Nous n’avions pas revu les hommes sur le chemin de la maison ours.

« Un ours ? »

Les deux femmes avaient la mâchoire ouverte à sa vue.

« Yuna, c’est quoi cet ours ? »

« C’est ma maison. On y va. »

Je les avais emmenées toutes les deux dans la maison.

« Vous pouvez vous reposer où vous voulez. »

« Euh, Yuna, étiez-vous vraiment sérieuse dans ce que vous avez dit tout à l’heure ? » demanda la mère, en regardant dans la pièce.

« Je l’étais. J’aurais besoin que vous quittiez la capitale et que vous alliez à Crimonia. »

Elles auraient besoin de dire au revoir aux gens qu’elles connaissaient dans la capitale. J’avais apporté du pudding et de la pizza pour les deux.

« Qu’est-ce que c’est ? »

« C’est de la pizza et du pudding, les choses que je voulais vendre au magasin quand je vous ai parlé tout à l’heure. J’espérais que vous pourriez vous occuper de ça en plus du pain. »

Les deux femmes avaient été choquées lorsqu’elles virent la pizza et le pudding pour la première fois. Quand je leur avais suggéré de prendre d’abord la pizza, elles l’avaient prise.

« Qu’est-ce que c’est ? »

« Yuna, c’est tellement bon », dit Karin.

« Allez-vous nous apprendre à faire ça ? »

« Oui, puisque je vais vous la faire cuire. »

Après avoir mangé la pizza, elles mangèrent le pudding.

« C’est aussi délicieux. »

« C’est vraiment délicieux. »

Une fois qu’elles avaient fini de manger, je le leur avais redemandé.

« Voulez-vous travailler dans ma boutique ? »

Morin et Karin se regardèrent.

« Nous donnez-vous vraiment du travail ? »

« Êtes-vous sûre que vous voulez qu’on le fasse ? »

« Oui, puisque je veux manger votre super pain. »

Pendant quelques secondes, Morin ferma les yeux et s’était mis à réfléchir. Puis, elle les avait lentement ouverts.

« Je ne sais pas à quel point nous serons utiles, mais ma fille et moi sommes impatientes de travailler avec vous. »

Morin inclina la tête. Quand elle vit cela, Karin baissa aussi la sienne. J’avais mis la main sur mes boulangers.

***

Chapitre 73 : L’ours harponne les boulangers (2)

Le lendemain, j’avais remarqué une agitation dehors au moment où je parlais à Morin et Karin de nos prochaines étapes.

« Viens ici ! »

« On va enfoncer la porte ! »

« Sors de là, l’ours ! »

C’était vraiment bruyant dehors. Il fallait peut-être que je m’isole un peu.

« Tu ne crois pas que ce sont ceux d’hier… »

Morin s’était levée.

« Yuna », dit Fina tout en me regardant d’un air inquiet.

Je lui avais fait un sourire pour qu’elle ne soit pas inquiète.

« Je vais jeter un coup d’œil. »

« Yuna ?! »

Morin avait l’air choqué quand j’avais dit ça.

« C’est dangereux. »

« Tu n’as pas à t’inquiéter. Malgré ma tenue, je suis vraiment une aventurière. »

Morin me regarda. Je ne ressemblais en rien à une aventurière. J’aurais pu la rendre encore plus inquiète.

« Vous m’avez vu quand je battais ces types lorsqu’ils étaient venus au magasin. »

« Effectivement… mais si quelque chose arrive… »

« En tant qu’employeur, c’est mon travail de protéger mes employés. »

Après leur avoir dit à toutes les trois de ne pas sortir, j’étais sortie seule. Il y avait un homme corpulent sur la pelouse à la tête d’un groupe d’une dizaine d’hommes.

« Alors tu es enfin sortie, petite oursonne », dit l’homme en souriant.

« Qui diable êtes-vous ? »

« Je suis le marchand, Lord Jowlz. »

« Lardy Jowlz ? Cela vous va comme un gant, pas vrai ? » (NdT Lardy signifiant Saindoux et Jowl bajoue, cela fait référence au corps corpulent du mec. Son nom signifierait Gros porc)

« Toi, espèce de petite… », cria un des sous-fifres.

On dirait qu’ils n’avaient pas envie d’entendre ça. Je trouvais que c’était un super nom.

« Reculez ! Alors, ma petite oursonne, on dirait que tu as vraiment fait un numéro à certains de mes hommes hier. »

« Ce sont eux qui m’ont menacée en premier avec un couteau. Aurais-je dû les découper en tranches ? »

« Tu crois que tu peux t’en tirer en défiant Lord Jowlz dans cette capitale ? Et si je te vendais avec la fille du boulanger ? » dit-il, toujours souriant.

J’aurais voulu le dégager de ma propriété à la manière d’un ballon de foot.

« Mais si tu rends la famille du boulanger, alors je te pardonnerai cette fois. », dit-il

« Vous savez quoi ? Vous vous trompez sérieusement si vous pensez que les choses vont toujours se passer comme vous le souhaitez. »

« On dirait que tu ne sais pas non plus comment le monde fonctionne. Il y a des gens avec qui tu ne peux pas te battre dans ce monde. Ce n’est pas parce que tu as du talent que tu peux mettre ton nez dans mes affaires. »

Les hommes de Jowlz sortirent leurs couteaux.

« Ça suffit. Pouvez-vous fermer votre bouche ? Ça pue. »

Je ne pouvais pas vraiment le sentir à cette distance, mais je me sentais nauséeuse.

J’avais ouvert le sol sous les pieds de ses hommes. Le marchand Jowlz était le seul qui restait debout alors que les autres tombaient tous dans un trou. C’était une chute d’environ cinq mètres, ils auraient sans doute des os cassés. S’ils n’avaient pas de chance, ils auraient peut-être même été tués.

« Petite… alors, tu es une sorcière ? »

« Je suis une aventurière. »

« Une fille habillée aussi bizarrement que toi est censée être une aventurière… »

Peu importe comment j’étais habillée, j’étais une aventurière. Je l’avais approché.

« Recule ! »

« Alors, voulez-vous vous-même aller dans le trou ? »

Je ne serais pas satisfaite tant que je ne l’aurai pas frappé au moins une fois pour Morin et Karin.

« Pour qui me prends-tu ? Je suis Jowlz le marchand. J’ai même de l’influence auprès du maître de la guilde des aventuriers. Qu’est-ce qu’une petite fille comme toi est censée pouvoir faire !? »

« Oh, mais je ne sais pas qui vous êtes. »

Jowlz avait été pris au dépourvu par cette réplique inattendue. Il s’était tourné, et une personne aux longues oreilles et aux longs cheveux vert clair se tenait devant lui.

« Sanya, que fais-tu ici ? », lui avais-je dit

« Il se trouve que je me promenais et que j’ai entendu ces hommes se dire des choses comme “La maison ours est par ici”, “L’ourse est forte, alors faites attention”, “S’il vous plaît, laissez-nous nous venger de l’ours”. J’ai donc pensé qu’il s’agissait de toi, Yuna, et je les ai suivis. »

S’ils disaient des choses comme ça, alors ils devaient effectivement parler de moi.

« Alors, j’ai entendu dire qu’on est censé se connaître. Est-ce bien ce que j’ai entendu ? »

Sanya avait l’air contrariée.

« Êtes-vous le maître de la guilde des aventuriers ? »

« En effet. Je ne vous connais pas vraiment, mais je connais cette ourse là-bas. »

« Ne me faites pas chier ! Qui se soucie des maîtres de la guilde ! Je suis proche du roi lui-même. Si je parlais de vous au roi, vous savez ce qui vous arrivera ? »

Ce marchand était-il un idiot ? Il y avait un dicton qui disait que ce qui arrive une fois, arrive deux fois ou quelque chose comme ça, non ?

« Qui êtes-vous ? Je ne vous ai jamais vu avant. »

Oui, pour une raison inconnue, le roi était venu. Pourrais-je plaisanter à ce sujet ?

« Le roi ? Il n’y a pas moyen que le roi soit ici. »

C’est ce que je pensais aussi. Pourquoi était-il ici ?

« Vous êtes libre de croire que ce n’est pas vrai, mais vous avez utilisé le nom du roi dans un délit criminel. Ne croyez pas que cela sera traité à la légère. Sanya, désolé de vous demander de faire ça, mais pourriez-vous le saisir ? S’il vous plaît, informez également le château. »

« Oh, entendu. Je suppose que je suis la seule à pouvoir le faire parmi nous. »

Sanya avait mis Jowlz dans une impasse. Je n’avais jamais pu le frapper.

« Laissez-moi partir. Savez-vous au moins qui je suis ? »

« Vous êtes assez turbulent. »

Sanya l’avait fait tomber par terre. Puisque Sanya l’avait frappé pour moi, je suppose que c’était suffisant pour moi.

On dirait que le duo avait réglé les choses proprement. Et comme cela m’avait évité des ennuis, je suppose que c’était bien.

« Alors, qu’est-ce que Sa Majesté le roi aurait à faire avec moi ? »

« Quoi ? N’allez-vous pas m’inviter à entrer ? », dit-il en regardant la maison ours.

« Vous voulez entrer ? »

Mais je ne voulais pas vraiment qu’il le fasse.

« N’importe qui voudrait entrer après avoir vu cette maison. »

« Avant ça, comment saviez-vous où était ma maison ? »

« Ellelaura me l’a dit, bien sûr. »

C’était la seule source d’information qu’il aurait pu avoir à ce sujet.

« Ahh, d’accord. »

Pour une raison inconnue, la personne la plus importante du pays avait fini par entrer dans la maison ours.

« Yuna, tout va bien ? », demanda Fina.

Fina et Morin semblaient inquiètes.

« C’est bon. Le maître de la guilde s’est interposé. »

« Vraiment, tant mieux. Alors, qui est cet homme ? », demanda Fina.

Eh bien, je suppose que n’importe qui serait curieux de savoir.

« C’est le roi. »

« Uhhh, le roi ? »

Fina inclina la tête sur le côté.

« Oui, le roi. »

« Tu parles bien de la personne la plus importante du pays ? »

« Oui. »

« Pourquoi quelqu’un comme ça serait-il ici ?! »

« Je ne sais pas. Pourquoi ne le lui demandes-tu pas ? »

Fina se mit à fouetter la tête à droite et à gauche. Morin et Karin étaient toutes les deux pâles. Elles auraient pu savoir à quoi ressemblait le roi.

« Alors qu’est-ce que vous vouliez me demander ? »

Avais-je demandé au roi tout en regardant dans la pièce.

« Oh, oui, bien sûr. Je voulais vous demander si vous pouviez faire le pudding de la dernière fois pour la fête d’anniversaire. Je suis sûr que ça fera une surprise pour tout le monde si nous le servons au banquet. »

À quoi pensait-il ? ! Est-ce que je pourrais dire non ?

« Alors, par hasard, pourrais-je refuser… ? »

« Quoi ? Vous dites que vous refusez une requête venant de moi, le roi ? »

Je suppose que l’on ne pouvait pas refuser une requête du roi si on voulait vivre en paix ici.

« Ce n’est pas ça. J’ai besoin d’ingrédients pour faire le pudding. »

« Si vous avez besoin d’argent, je le paierai. »

Ce n’était pas une question d’argent. Le problème, c’était les œufs. Je m’étais juste réapprovisionnée en œufs l’autre jour pour pouvoir faire le pudding. Le problème était de savoir combien j’aurais besoin d’en faire. Bien sûr, je ne pouvais pas retourner à Crimonia pour avoir plus d’œufs.

« Aussi, combien en aurais-je besoin pour faire ? Je ne peux pas en faire une tonne. »

« Si vous le pouvez, trois cents. »

Trois cents, hein…, pensais-je. Si j’utilisais le pudding que j’avais fait l’autre jour et les œufs restants, peut-être que ce serait possible ? Je viens de me réapprovisionner en œufs, peut-être que c’était le moment idéal pour montrer à Morin et Karin comment faire du pudding ?

« Et alors ? Pouvez-vous le faire ? »

Quand j’avais pensé à la manière dont était organisé l’anniversaire du roi, j’avais réalisé que je ne savais pas quand c’était vraiment.

« Je pense que cela devrait être possible, mais quand est-ce que se fera la fête ? »

« Allez ! », déclara le roi en plaisantant.

Je n’étais pas intéressée à le savoir. Ce n’était pas comme si je pouvais m’en empêcher. Tout ce que je savais, c’était que l’évènement était imminent.

« Yuna, c’est dans cinq jours », m’avait dit Fina à voix basse derrière moi.

« Dans ce cas, pourrais-je te les apporter le matin même ? »

« Oui, ça ira. »

« Je préfère aussi que personne ne sache que je les aie fais. »

« Bien sûr. On va vous faire entrer dans le château et les mettre dans une des pièces vides quelque part. »

« Si elles ne sont pas réfrigérées, elles sont deux fois moins bonnes. »

« Dans ce cas, nous allons préparer un réfrigérateur dans la chambre. »

S’il pouvait aller aussi loin, je n’avais plus de bonne raison de dire non. Le pudding avait fini par être ajouté au menu du banquet d’anniversaire du roi.

Le roi était rentré chez lui, et Sanya avait emmené les déchets qui faisaient du bruit dehors au poste de garde, ma maison était donc à nouveau tranquille.

Mais d’une certaine manière, l’atmosphère dans la pièce avait changé.

« Uhh, qu’est ce que vous avez toutes ? »

J’avais l’impression que tout le monde me regardait différemment.

« Uhh, Yuna, qui êtes-vous ? Êtes-vous vraiment une noble ? », me demanda prudemment Morin.

« Je n’en suis pas une. Je suis une aventurière normale. »

« Mais le roi semblait être si amical avec vous. »

« Il se trouve que nous avons eu l’occasion de nous rencontrer. »

« Mais le roi lui-même est venu chez vous. »

« C’était juste parce qu’il voulait avoir du pudding. »

« Mais… »

Ces deux-là ne me croyaient vraiment pas. Même Fina commençait à me regarder comme si j’étais une aristocrate. Tout ce que le roi m’avait apporté, c’était des ennuis inutiles. Qu’étaient-elles censées penser d’autre ? Quand quelqu’un qui était pratiquement un dieu apparaissait soudainement devant eux, toute personne que cette personne semblait connaître finirait par sembler être au même niveau. C’était la même chose dans n’importe quel monde. Si vous étiez un politicien, vous en connaissiez beaucoup. Si vous étiez médecin, vous connaissiez beaucoup de médecins. Si vous étiez professeur, vous en connaîtriez beaucoup. Si vous étiez un artiste, vous connaîtriez beaucoup d’artistes. Si vous étiez un clochard, vous connaîtriez beaucoup de clochards. (Vous les verriez beaucoup dans le jeu).

Quel que soit votre métier, vous connaissez beaucoup de gens dans le même cercle. Dans ce cas, la royauté connaîtrait beaucoup de nobles.

« Ahh ! De toute façon, je ne suis pas une aristocrate ou une personne impliquée dans la royauté. »

J’avais imposé la fin de cette conversation et j’avais parlé de la façon de faire du pudding.

« Donc, ce sera un peu plus tôt que prévu, mais je vais vous demander à toutes les deux de m’aider à faire du pudding à partir de demain. »

« Est-ce que ça veut dire qu’on va faire de la nourriture pour le banquet du roi ? »

J’avais fait un signe de tête. Si elles devaient apprendre à le faire, ce serait plus rapide si nous le faisions par la pratique.

« On ne peut pas faire ça. »

« Pourquoi pas ? »

« Est-ce que ça ira dans la bouche du roi lui-même ? »

« Eh bien, je pense qu’il en mangera. »

« Je ne peux pas faire quelque chose d’aussi effrayant. »

« Ce n’est pas comme si on allait les empoisonner. »

Il n’y avait pas lieu d’être si réticent, mais elles ne semblaient pas vraiment être d’accord.

« Vous n’y penserez tout de même pas ? »

J’avais l’impression de les intimider. D’un point de vue général, les roturiers qui préparaient la nourriture pour le roi auraient pu être incroyables. Si quelqu’un m’avait dit que j’allais préparer de la nourriture pour le Premier ministre ou le président d’un autre pays, je pense que j’aurais ressenti la même chose. Comme forcer l’impossible n’était pas une bonne idée, j’avais finalement décidé de faire une centaine de puddings avec Fina.

« Dans ce cas, Fina, nous devrons les faire toutes les deux. »

Mais Fina secoua la tête.

« Je ne peux pas ! »

Toi aussi Fina ? M’étais-je dit.

Le lendemain, j’avais fait les puddings toute seule après avoir échoué à persuader Fina de m’aider. Pour l’instant, j’avais fait en sorte que le trio me regarde afin qu’elles puissent apprendre à le faire. J’aimerais au moins qu’elles cassent les œufs, mais elles ne le feraient même pas. J’avais décidé de faire trois cents puddings toute seule, en les mélangeant avec les puddings que j’avais faits la veille. J’avais craqué les œufs en silence et je les avais fouettés. Les trois avaient juste regardé. Étaient-elles si réticentes à faire de la nourriture pour le roi et sa cour ?

Elles n’avaient pas compris les pensées amères que j’avais émises, et j’avais fini par faire les trois cents puddings.

J’avais aligné les énormes quantités de pudding dans un gigantesque réfrigérateur. Bien que la plupart des œufs que j’avais récupérés aient disparu, Morin avait promis de faire du pain, alors j’attendais le lendemain avec impatience.

***

Chapitre 74 : L’ours rentre dans sa maison de Crimonia

J’avais aussi mangé du pain que Morin avait fait ce matin. C’était vraiment délicieux.

« Ton four en pierre est plutôt génial, Yuna. »

J’étais contente qu’elle dise ça. Alors que je prenais mon temps pour le petit déjeuner, Ranzel était venu à la maison ours.

« Pourquoi es-tu ici si tôt ce matin ? »

« J’avais un rapport sur Jowlz, qu’on a attrapé l’autre jour. »

« C’est vrai, ce lard. »

Selon Ranzel, Jowlz avait essayé d’amadouer et de menacer les gens en utilisant les noms des rois d’autres pays. Il était également impliqué dans des actes de violence, des escroqueries et tout un tas d’autres choses. La boulangerie de Morin avait également fait partie de ce rapport. Morin avait écouté. Voilà comment s’était déroulée la discussion :

La dette serait effacée. La boulangerie deviendrait officiellement celle de Morin.

« Est-ce vraiment la vérité ? »

« Oui, les biens de Jowlz ont été confisqués, et il sera condamné à la peine de mort sur la base des résultats de l’enquête. »

« La peine de mort… »

« Utiliser le nom du roi pour commettre un crime, c’est le ternir. De plus, Sa Majesté l’a vu elle-même. Nous ne pouvons pas fermer les yeux. »

Eh bien, je supposais que non. Sa menace était qu’il était proche du roi. Il n’aurait pas été étrange que le peuple pense que le roi était impliqué avec des criminels. Ranzel apporta l’acte au magasin pour Morin. Elle pleura des larmes de joie en l’acceptant. Ranzel baissa la tête et partit. Un silence s’était fait sur toutes les personnes qui étaient restées là.

« N’est-ce pas formidable ? La boutique que ton mari a créée est en sécurité. »

« Yuna… »

« Mais je voulais vraiment que tu viennes à Crimonia. »

Morin était hors d’elle et n’avait aucune idée de ce qu’il fallait faire.

« Ne t’inquiète pas. Ton mari aurait probablement voulu que tu protèges le magasin. »

« Je suis vraiment désolée. Tu as tant fait pour nous. »

« C’est le moment où tu es censée être heureuse. »

« Yuna, merci. »

Après ça, Morin et Karin étaient retournés à leur boutique. C’était dommage, mais qu’est-ce que j’étais censée faire ? Les choses avaient pris une bonne direction, je devais donc voir Morin et Karin tracer leur propre chemin. Je n’avais plus qu’à aller acheter du pain.

Pendant que je préparais le dîner avec Fina, Morin et Karin étaient passés.

« Quoi de neuf ? »

« Puis-je te parler un peu ? », dit Morin.

Je m’étais demandé de quoi elle voulait parler. J’avais amené les deux dans une chambre.

Morin et Karin étaient assises à leur place et me regardaient. Morin prit une grande respiration, sortit un papier de sa poche et me l’avait offert.

« Yuna, on aimerait que tu aies ça. »

C’était l’acte de propriété du magasin.

« … ? »

Je ne savais pas pourquoi on me l’avait donné.

« Laissez-nous travailler dans votre magasin. »

« Pourquoi ? Vous n’avez pas besoin de venir à Crimonia. Vous pouvez garder votre magasin ouvert dans la capitale. »

« J’en ai parlé avec ma fille aujourd’hui pendant que nous nettoyions le magasin. Tu nous as sauvées, Yuna, et tu nous as fait confiance et tu nous as montré comment faire le pudding que le roi lui-même est venu te demander. Nous ne pouvons pas revenir sur notre accord juste parce que nous avons récupéré notre boutique. »

« Vous n’avez pas besoin de vous inquiéter pour ça. »

Morin secoua la tête.

« S’il te plaît, prends-le. »

Morin avait encore une fois forcé l’acte à se mettre de mon côté de la table.

« Je suis heureuse, mais je ne peux pas le prendre. »

« Yuna ? »

« Si tu finis par ne pas aimer ma boutique, tu peux toujours y retourner. Mais si tu aimes ma boutique, tu peux rester aussi longtemps que tu le souhaites. »

J’avais rendu l’acte à Morin.

« S’il te plaît, chéris la boutique qui est un souvenir de ton mari. »

« Merci. »

Les deux femmes baissèrent la tête. Elles avaient décidé de partir pour Crimonia le lendemain de la fête d’anniversaire. Après la fête d’anniversaire, les personnes qui s’étaient réunies retourneront chez elles. Comme les gens qui retournaient à Crimonia retourneraient en masse, elles ne se feraient pas attaquer par des monstres ou des bandits pendant leur voyage. Les deux femmes décidèrent de se rendre à Crimonia en tant que membre d’un de ces groupes.

Apparemment, elles nettoieraient le magasin et iraient voir les gens qui les avaient aidés dans la capitale jusqu’à leur départ. Pour elles, j’avais vraiment besoin de m’assurer que c’était un bon magasin.

Le jour même du festival, j’attendais Ellelaura pour pouvoir apporter le pudding au château. Il y avait des tonnes de gens qui entraient et sortaient ce jour-là, et même avec un permis, je ne pouvais pas entrer dans le château toute seule, alors Ellelaura allait m’accompagner.

« Fina, ne veux-tu vraiment pas venir ? »

« Oui, je vais surveiller la maison. »

Il semblerait que notre rencontre avec Mlle Flora l’autre jour, alors que nous étions en train de visiter le château, avait été pour elle une sorte de traumatisme, bien qu’il ne lui soit rien arrivé de grave. En tant que roturière, le simple fait de rencontrer la royauté avait suffi à la rendre tendue. Je ne voulais pas la forcer, alors j’avais fini par décider d’y aller seule. Mais je lui avais dit que je reviendrais à la maison dès que possible.

Finalement, Ellelaura était venue.

« Bonjour. »

« Bonjour. »

« Ha ha, j’aimerais voir les visages de tout le monde quand ils mangeront le pudding le plus vite possible. »

Ellelaura avait l’air diabolique. Elle était la même que le roi.

« S’il te plaît, assure-toi de ne pas répandre que je les ai faits. »

« Je ne le ferai pas. Tu sais, Sa Majesté a des idées amusantes. »

« Mais les gens qui se laissent entraîner dans ces idées finissent par avoir beaucoup de problèmes. »

« Ha ha, tu as raison. Mais c’est amusant à regarder. »

Quand nous étions arrivés au château, les carrosses qui semblaient bien adaptés aux sangs bleus entrèrent les uns après les autres. Il y en avait beaucoup qui étaient magnifiquement décorées. Je n’étais pas Fina, mais les voir m’avait donné envie de m’enfuir. C’était comme aller au mariage d’un ami et trouver des tonnes de gens dans des voitures de luxe alors que j’étais la seule à venir en bus.

Je ne faisais que livrer le pudding, et je n’allais pas participer à la fête, donc c’était bien. Quand j’étais entrée dans le château, on m’avait emmenée dans une pièce déserte où quelqu’un avait installé un réfrigérateur.

« S’il te plaît, mets les puddings là-dedans. »

Je les avais sortis de mon stockage d’ours et j’avais commencé à ranger les trois cents dans le frigo.

« Ils ont l’air délicieux. »

« Tu ne peux pas les manger. »

« Bien sûr, même moi, je n’oserais pas faire ça. Mais je ne pourrai plus les manger quand tu seras retourné à Crimonia. »

« Je t’en donnerai si tu passes. »

« Je rentrerai à la maison quand ma fille aura fait une pause à l’académie, alors je te prendrai au mot à ce moment-là. »

D’ici là, j’aurai probablement finalisé ma boutique, ça pourrait être bien qu’elle passe.

« Dans ce cas, je rentre à la maison. »

« Ne vas-tu vraiment pas venir à la fête ? Je peux te préparer une belle robe. »

« J’ai laissé Fina attendre toute seule, alors je vais rentrer. »

Laisser Fina toute seule serait tout simplement triste.

« Fina aurait aussi dû venir. »

« L’avoir avec moi pour l’anniversaire du roi aurait été trop dur pour elle. »

« Vraiment ? Je ne pense pas que le héros qui a tué la horde et son ami auraient des problèmes à venir. »

« Je n’ai pas l’intention de devenir un héros, donc je devrai respectueusement décliner. »

Quand j’étais retournée à la maison ours, j’avais trouvé Fina qui semblait triste en m’attendant. Revenir était la bonne chose à faire. Fina s’était relevée quand j’étais rentrée à la maison.

« Yuna, bienvenue à la maison. »

« Merci. Veux-tu aller voir la parade ou autre chose ? »

« Mais il n’y aura pas de place libre si on y va maintenant. »

« J’ai des places spéciales, donc ça ira. »

J’avais emmené Fina dehors. Quand nous nous étions dirigées vers la route principale, comme l’avait dit Fina, une foule s’était formée, nous n’avions pas pu voir le défilé à travers ça.

« Yuna, je ne pense pas que ça va marcher. »

« Pourquoi pas là-bas ? Je vais sauter, alors accroche-toi bien. »

J’avais tenu Fina et j’avais sauté, d’abord sur le toit d’une petite maison, puis sur un grand toit. Finalement, j’avais sauté sur la plus haute structure du coin.

« On a une belle vue d’ici, non ? »

Comme les gens allaient voir le défilé, cela grouillait de monde en bas. Tout le monde se rassemblait pour apercevoir le roi. Peut-être que c’était comme voir un artiste ? Un peu comme un défilé après une victoire au baseball professionnel ?

« Regarde, Fina. Les gens ressemblent à des points d’ici. »

« Yuna… »

Fina me regardait froidement. J’avais fait un travail magnifique en ignorant cela et j’avais sorti du pain que j’avais acheté à l’avance. Pendant que je mangeais et buvais en regardant la capitale du haut du toit, le défilé avait commencé. La cavalerie la menait. Ils avaient l’air en forme en brandissant leurs lances et leurs épées. Après les chevaliers, la fanfare était arrivée. Ils avaient accompagné le défilé du roi, déjà charmant, avec une belle musique. J’avais vu un grand carrosse derrière la fanfare, sur lequel le roi et une femme montaient.

C’était la reine ? Elle est très belle. Quand un bel homme et une belle femme ont un enfant, je suppose que vous allez finir par avoir une jolie fille comme Mlle Flora. Les gènes avaient vraiment leur mot à dire. Le roi, qui faisait signe au peuple, m’avait remarquée sur le toit. Il avait dit quelque chose à la reine et quand elle s’était retournée pour me regarder, celle-ci fit un signe de la main.

Que lui avait-il dit ? Je ne pouvais pas les ignorer, alors je leur avais fait un signe de la main. Le carrosse du roi passa. Le défilé circulait dans la capitale et semblait se terminer par leur entrée dans le château. Les festivités s’étaient poursuivies tard dans la nuit ce jour-là dans la capitale. Tout le monde avait fêté le quarantième anniversaire du roi. Le lendemain, Morin et Karin se rendirent à Crimonia. J’étais aussi allée voir les gens qui m’avaient aidée avant de retourner chez moi. La guilde des aventuriers étant la première dans la liste.

« Merci encore d’avoir tué les monstres. Vous êtes les bienvenus ici à tout moment, alors faites-moi savoir quand vous travaillez dans la capitale », déclara Sanya.

J’étais ensuite allée chez Ellelaura.

« Yuna, merci pour tout ce que tu as fait pour nous. Merci aussi au nom de mes filles », m’avait dit Cliff.

« Yuna, tu rentres à la maison avant nous », dit Noa.

« Yuna, s’il te plaît, joue encore avec moi la prochaine fois qu’on se verra », dit Shia.

« Yuna, si Cliff fait quelque chose de bizarre, fais-le-moi savoir », dit Ellelaura.

« Je m’assurerai que le parterre de fleurs soit en fleurs quand tu reviendras, alors viens vite le voir », dit Surilina.

Une fois le travail de Cliff terminé, Noa retournerait à Crimonia avec lui. J’avais été invitée à rester jusque-là, mais comme ils n’avaient pas besoin de moi pour les escorter cette fois-ci, j’avais poliment décliné l’invitation.

J’étais ensuite allée chez Gran.

« La prochaine fois que tu viens dans ma ville, viens chez moi. Je t’accueillerai à bras ouverts », a-t-il dit.

« Je veux dire au revoir aux ours », dit Misa.

J’avais convoqué les ours, comme Misa l’avait demandé, et elle leur avait dit au revoir.

Finalement, je m’étais dirigée vers le château.

« J’aurais aimé pouvoir vous montrer les visages des aristocrates quand ils ont mangé ce pudding. Tous sont venus et m’ont demandé de leur présenter la personne qui l’a fait », déclara le roi.

Il s’était moqué de ce souvenir.

« S’il vous plaît, assurez-vous de ne parler de moi à personne. »

« Alors, que voulez-vous faire pour le paiement ? »

Oh, j’avais oublié. Mais comme je n’étais pas en manque d’argent.

« Hmm, garder cela secret est un paiement suffisant pour ça. »

« Quoi ? Vous ne me faites pas confiance ? »

« Je n’ai pas vraiment de problèmes d’argent, donc si Mlle Flora semble sur le point de dire quelque chose, s’il vous plaît trouvez un moyen de régler ça. »

« Compris. Alors, vous n’allez pas voir Flora ? »

« Je vais encore apporter du pudding. Il se pourrait qu’elle se mette à pleurer si je la vois. »

Je ne pouvais pas faire pleurer les enfants.

« Je vois. J’aimerais aussi manger du pudding à nouveau, alors revenez le plus tôt possible. »

Après avoir fait mes adieux aux personnes qui avaient été si gentilles avec moi, j’avais décidé de retourner à Crimonia. Je pouvais revenir ici quand je le voulais.

***

Histoire bonus : Les trois filles visitent la capitale (1)

Parce que Mlle Noir m’avait invitée à sortir, j’étais sortie avec Mlle Noir et Mlle Misana. J’avais essayé d’inviter Yuna, mais elle avait refusé. Je me demande si je vais pouvoir le supporter. Ughhh, ça me rendait nerveuse.

J’étais en train de mijoter sur le canapé, en attendant le moment venu, quand Yuna mit de l’argent sur la table. Elle m’avait dit que j’aurais besoin d’argent si je faisais du tourisme dans la capitale, alors je devrais l’apporter.

Elle avait raison de le dire, faire du tourisme dans la capitale coûtait de l’argent. Nous pourrions manger quelque part. J’avais déjà reçu de l’argent de ma mère, mais Yuna avait dit que, puisqu’elle m’avait invitée à la capitale, elle paierait pour tout.

C’était juste que Yuna m’avait donné beaucoup d’argent. Je pensais que c’était parce qu’elle me faisait confiance, mais je pensais que c’était trop. Elle m’avait dit que je pouvais l’utiliser comme je voulais, mais que je ne pouvais pas utiliser autant d’argent.

Je voulais lui dire : « Yuna, tu peux le récupérer. C’est trop bizarre. » Finalement, je n’avais pas pu dire non et j’avais fini par le prendre. J’aimerais m’assurer d’en dépenser le moins possible.

 

Quand j’avais quitté Yuna, j’étais allée seule à la résidence de Mlle Noir. Quand j’étais arrivée chez elle, la bonne m’avait saluée en me faisant un salut très poli. J’avais aussi automatiquement incliné la tête et dit bonjour en retour. Je n’arrivais pas à m’habituer à cela, peu importe le nombre de fois que cela se produisait.

« Fina, bienvenue. »

« Bonjour, Mlle Noir. »

« Une fois que Misa sera là, nous partirons. »

Une fois que j’étais arrivée, nous n’avions pas eu à attendre très longtemps pour que Mlle Misana vienne.

« Mes très chères Noa et Fina, bonjour. »

« Mlle Misana, bonjour. »

« Misa, bonjour. Alors, on y va ? » dit Lady Noir.

Je me demandais toujours où nous irions. Même si Yuna m’avait donné de l’argent, je ne voulais vraiment pas aller dans un endroit qui coûterait cher.

« Chère Noa, où allons-nous aller ? » demanda Mlle Misana.

« Je connais un endroit où nous irons, mais y a-t-il des endroits où vous aimeriez aller ? »

Je ne savais pas quoi dire quand elle m’avait demandé où je voulais aller. Je ne savais pas ce qu’il y avait dans la capitale, donc je ne savais pas où je voulais aller. Je pensais qu’une promenade dans la capitale me suffirait, mais je n’étais pas sûre que ça marcherait. S’il y avait bien un endroit où je voulais aller, c’était le château. Je savais que vous ne pouviez pas y entrer, mais je voulais voir le château de l’extérieur. Je ne pouvais pas le dire à voix haute, alors j’avais retenu mes mots.

« N’y a-t-il pas un endroit où vous voulez aller tous les deux ? »

« En fait, où pensais-tu aller ? » demanda Mlle Misana.

« C’est encore un secret. »

Il semblait que Mlle Noir ne voulait pas nous dire où elle voulait aller. Quand je vis Mlle Noir sourire, je m’étais sentie nerveuse. J’espérais que ce serait un endroit où je n’aurais pas mal au ventre en y allant.

« Je suis déjà venue à la capitale plusieurs fois. C’est ta première fois à la capitale, n’est-ce pas, Fina ? N’y a-t-il pas un endroit où tu aimerais aller ? » me demanda Mlle Misana. Qu’est-ce que je devais faire ?

Elles me regardaient toutes les deux, j’avais donc décidé de me confesser.

« Je voudrais voir le château de près… »

« Le château ? »

« Oui, j’espérais voir le château quand je suis arrivée dans la capitale. »

Après avoir répondu honnêtement, Mlle Noir réfléchit un peu et hocha la tête.

« Dans ce cas, voyons d’abord le château. »

« Es-tu sûre ? »

« Je l’ai déjà dit, nous faisons cela pour devenir des amies plus proches, donc nous pouvons faire cela. »

« Bien sûr, je suis aussi d’accord avec ça. »

« Très bien, allons-y. »

Mlle Noir prit ma main et celle de Mlle Misana et se mit à courir. On pouvait voir le château de loin, mais quand on le voyait de près, on pouvait voir à quel point il était grand. C’était là que vivait le roi ? Je me demandais s’il y avait des princes et des princesses là-bas. Je voulais les voir, mais comme j’étais une roturière, je ne les verrais jamais de toute ma vie. J’avais entendu dire que je pourrais voir le roi et la reine de très loin pendant le défilé.

Si je les voyais, j’aurais une bonne histoire à raconter à ma mère et à Shuri. Bien sûr, je la raconterais aussi à mon père.

Il y avait beaucoup de gens comme moi autour qui regardaient le château.

« Il y a vraiment beaucoup de gens », dit Mlle Noir. Elle ne regardait pas le château. Elle regardait les gens autour de nous.

« C’est la fête d’anniversaire, alors c’est comme ça. Il y a des gens qui viennent aussi de loin. »

Cela signifie qu’il y avait des gens comme moi là-bas. J’avais entendu une famille parler tout près.

« Maman, comment est l’intérieur du château ? »

« Je me le demande. Je suis sûre que c’est un bel endroit. »

« J’aimerais le voir. »

J’étais aussi curieuse de savoir à quoi ressemblait l’intérieur du château, mais je ne pouvais pas y entrer. Et, comme c’était la fête d’anniversaire en ce moment, on pouvait voir beaucoup de gardes. C’était pour cette raison que vous ne pouviez même pas vous approcher de la porte du château.

« Puisque nous ne pouvons pas entrer, pourquoi ne pas faire le tour du château ? »

C’était une idée très charmante, mais était-ce vraiment bien ? Je voulais vraiment voir le château depuis toutes sortes d’endroits.

« C’est parce qu’on ne peut pas te guider à l’intérieur. Et comme nous voulons que tu t’amuses, Fina. »

Je pensais que Mlle Noir essayait d’être attentionnée envers moi. Elle était vraiment très gentille. Lady Misana étant tout aussi d’accord, elles me firent voir tout l’extérieur du château. Les deux m’avaient raconté à quoi ressemblait l’intérieur.

« Le terrain d’entraînement est devant ce mur. »

« Il y a même un joli jardin là-dedans. »

Elles étaient toutes les deux très gentilles. Je pensais que les aristocrates étaient plus autoritaires, mais elles n’étaient pas comme ça. Ou peut-être qu’elles étaient juste spéciales ? Après cela, Mlle Noir et Mlle Misana m’avaient parlé de ce qu’il y avait là-bas et de la beauté de la scène vue d’en haut. Nous avions terminé notre visite amusante du château.

« Mlle Noir, Mlle Misana, merci beaucoup. C’était très amusant. Je raconterai tout à ma famille quand je rentrerai à la maison. »

« Mais j’aurais vraiment aimé te faire visiter le château. »

« Pas du tout, c’était très bien. Vous m’en avez tellement dit que je me suis déjà beaucoup amusée. »

C’était ce que j’avais ressenti de tout mon cœur, comme si j’étais entrée dans le château avec leurs explications.

« Si c’est vrai, c’est bien. Dans ce cas, où devrions-nous aller ensuite ? » demanda Mlle Noir, mais j’étais déjà satisfaite en ayant vu le château, j’avais donc regardé Lady Misana.

« Je suis un peu fatiguée, Noa. »

Je bouge beaucoup plus chaque jour, donc je n’étais pas si fatiguée, mais Mlle Misana l’était.

« C’est vrai. Dans ce cas, si on allait se reposer sur la place centrale est ? »

Je ne pouvais pas dire si c’était proche, mais j’avais suivi ce que Mlle Noir avait dit. Quand nous étions allées sur la place, il y avait beaucoup plus de gens autour. Il fallait que je fasse attention, pour ne pas être séparée. Si je le faisais, je me perdrais probablement. Je m’étais surtout rappelée comment rentrer chez moi, mais à peine. De toute façon, je ne voulais pas qu’elles s’inquiètent pour moi.

J’avais failli rentrer dans quelqu’un, et cela m’avait un peu séparée de Lady Noir. Quand j’avais essayé de courir pour la suivre, Lady Noir s’était retournée et prit la main de Mlle Misana, puis elle prit la mienne.

 

 

« Mlle Noir ? »

« Ce serait mal si on te perdait. »

Mlle Noir tira sur ma main.

Sa main était très chaude.

Je fis un sourire au moment où Mlle Noir fit cela.

« Aussi, ne m’appelle pas Noir, appelle-moi Noa. Tous ceux qui sont proches de moi m’appellent Noa. »

« Dans ce cas, tu peux aussi m’appeler Misa. »

Je n’arrivais pas à croire ce qu’elles disaient. On ne peut pas appeler les gens par leur surnom, à moins de les connaître suffisamment bien. Si elles me laissaient les appeler par ces surnoms, cela voulait-il dire qu’elles considéraient une roturière comme leur amie ?

« Mlle Noir, Mlle Misana… »

« Non, c’est Noa. »

« Oui, c’est Misa. »

Elles avaient toutes les deux souri et avaient attendu que je dise quelque chose.

Apparemment, j’avais dû les appeler par leur nom.

« Mlle Noa, Mlle Misa… »

J’étais un peu gênée, mais quand j’avais dit leurs noms, elles semblaient heureuses.

« C’est un plaisir, Fina. »

« Fina, c’est un plaisir de te connaître. »

« Oui ! »

***

Histoire bonus : Les trois filles visitent la capitale (2)

« Nous y sommes. »

L’endroit dans lequel Mlle Noa nous avait amenées était bordé de nombreuses tables et chaises. C’était spacieux. J’avais vu beaucoup de gens assis et se reposant, ou mangeant, ou parlant. Comme il y avait des chaises libres, il semblerait que nous pouvions nous y reposer, mais j’avais pensé qu’il pourrait être angoissant de se reposer ici sans avoir rien à manger. Les stands et les tables autour d’eux dégageaient toutes sortes d’odeurs délicieuses.

J’avais l’impression que mon estomac allait se mettre soudainement à grogner. J’avais entendu l’estomac de quelqu’un d’autre grogner. On aurait dit que le son venait de Mlle Misa. Elle avait l’air gênée.

« Vous devez avoir faim. »

« Oui. »

J’avais ressenti la même chose. Apparemment, nous étions venues ici pour manger.

« Alors, achetons quelque chose et reposons-nous. »

J’étais d’accord avec cette suggestion.

Le premier stand où nous étions allés était un endroit qui vendait des brochettes. Je sentais une délicieuse odeur de viande grillée. Lady Noa s’était mise devant le stand et avait commandé.

« Excusez-moi. Trois brochettes, s’il vous plaît. »

« Bien reçu ! Je vais faire griller des morceaux savoureux pour vous, mes petites demoiselles. »

L’homme avait mis la sauce sur les brochettes, puis les avait fait griller. Elles sentaient très bon. J’avais avalé ma salive. J’espérais que les deux autres n’entendraient pas ça. Elles regardaient le grill, je ne pensais pas qu’elles m’avaient remarquée. J’étais contente.

« Voilà. Merci d’avoir attendu. Voici de délicieuses brochettes pour vous. »

Quand j’avais essayé de payer avec l’argent que Yuna m’avait donné, Mlle Noa m’avait arrêtée.

« Je vais payer. »

« Mais Yuna m’a donné de l’argent pour… »

« Je vais payer pour aujourd’hui. Ma mère m’a donné de l’argent pour tout le monde, alors ne t’inquiète pas. »

Qu’est-ce qu’elle a dit ? Mlle Noa avait reçu de l’argent de sa mère ? J’avais eu un vertige. Les gens n’arrêtaient pas de me donner de l’argent. Pour moi, c’était trop, surtout après le mal que j’avais à me procurer de la nourriture il y a peu de temps. Je pouvais travailler pour rendre l’argent de Yuna, mais si je recevais de l’argent des aristocrates, je ne savais pas comment les rembourser. Je ne pensais pas que Mlle Noa et Mlle Ellelaura voulaient être remboursées, mais je ne savais pas quoi faire. Il y avait certainement des murs entre les aristocrates et les roturiers que vous ne pouviez pas franchir.

J’avais essayé de trouver une raison de dire non, mais je n’avais pas réussi à faire sortir les mots. Je ne savais plus quoi faire. Pendant que je réfléchissais, Mlle Noa paya pour nous trois et elle finit par prendre les trois brochettes et m’en offrir une.

« C’est moi qui t’ai invitée à sortir aujourd’hui. Tiens, prends-la. Je vais acheter une tonne d’autres choses. », avait-elle dit.

Était-ce vraiment bien ? Ensuite, comme Mlle Noa l’avait dit, elle avait commencé à acheter des choses les unes après les autres. Mes mains, celles de Mlle Misa et de Mlle Noa étaient pleines de tant de choses différentes que nous pouvions à peine tout tenir.

Après avoir acheté notre nourriture, nous la déposions sur une table libre. Une fois que nous avions tout étalé, on s’aperçut de la quantité. Pouvions-nous vraiment tout manger toutes les trois ? Mlle Misa ne semblait pas avoir beaucoup d’expérience dans l’achat de nourriture aux stands, elle semblait donc embarrassée lorsqu’elle commandait. D’un autre côté, Mlle Noa semblait déjà savoir ce qu’elle faisait.

J’avais essayé de lui poser la question indirectement.

« C’est parce que j’achète toujours des choses dans les stands. »

Ainsi, même les aristocrates mangeaient dans la rue. Ou peut-être que Dame Noa était spéciale ? Nous avions chacune aligné la nourriture que nous avions apportée sur la table et nous nous étions assises sur les sièges. Bien sûr, je me sentais fatiguée de marcher.

« Alors, mangeons tous ce que nous aimons. S’il n’y en a pas assez, j’en achèterai d’autres. »

Non, Mlle Noa. C’était plus qu’il n’en faut. S’il vous plaît, n’en achetez pas plus. Je ne pouvais pas le dire à voix haute, alors je l’avais dit dans ma tête.

Mais j’avais vraiment faim. L’odeur délicieuse de la nourriture qui m’avait été servie m’avait donné encore plus faim. Je voulais rapidement manger, mais j’avais attendu que Mlle Noa et Mlle Misa commencent. Mlle Noa avait d’abord tendu la main vers la nourriture. Quand Mlle Misa vit cela, elle avait aussi choisi la nourriture qu’elle voulait le plus manger dans les stands. Après m’être assurée qu’elles mangeaient, j’avais aussi tendu la main à une brochette et l’avais portée à ma bouche.

Elle avait une saveur différente de celles des stands de Crimonia et me semblait nouvelle, mais elle était très savoureuse. J’étais triste de ne pas pouvoir en acheter et les ramener à la maison comme cadeaux.

« Alors, Fina, pourquoi ne nous racontes-tu pas quelque chose ? » dit Lady Noa pendant que je mangeais ma brochette.

J’étais tellement surprise que je ne savais pas quoi dire. Je m’étais demandé de quoi elle parlait.

« De toi et de Yuna. Pourrais-tu nous dire comment vous vous connaissez ? », m’avait-elle expliqué

« Moi et Yuna ? »

« Je veux aussi savoir ! » dit Mlle Misa.

« Je t’en ai parlé quand nous nous sommes rencontrés, Mlle Noa. »

Je lui avais dit pendant que nous étions à cheval sur les ours sur le chemin vers la capitale.

« Misa veut savoir, et je suis sûre qu’il y a des choses que tu ne m’as pas encore dites. »

Yuna m’avait dit que certaines parties étaient secrètes, et que je ne devais pas les partager. D’abord, j’avais raconté à Mlle Misa comment j’avais rencontré Yuna et le travail de dépeçage qu’elle m’avait donné.

« Fina, aller cueillir des herbes dans les bois seule est dangereux. »

« C’est ce que je pense. »

Elles m’avaient grondée. J’avais vraiment l’intention de chercher dans les environs, mais c’était de ma faute si j’avais dû aller les chercher plus loin.

« Mais alors Yuna était déjà dans ces vêtements à l’époque ? Je me demande pourquoi Yuna porte de tels vêtements », dit Mlle Misa.

Je ne connaissais pas la réponse à cette question.

« Kumayuru et Kumakyu sortent de ses gants d’ours, c’est sûr, alors je pense qu’elle pourrait en avoir besoin. Mais, je pense que si c’était le cas, elle n’aurait besoin que de ces gants. »

« Tu ne sais donc pas, Fina ? »

Je n’en savais pas plus, alors j’avais secoué la tête.

« C’est quand même incroyable qu’elle puisse battre des loups aussi facilement. Je veux aussi voir Yuna se battre », dit Mlle Misa.

Quand elle s’était battue avec les orcs, Mlle Misa se cachait dans le carrosse, elle ne l’avait donc apparemment pas vue, et personne ne l’avait vue combattre les bandits. En fait, je ne pensais pas avoir beaucoup vu Yuna se battre.

« Fina, tu as déjà vu Yuna se battre ? »

« Hum, je l’ai vue se battre contre les aventuriers. »

Je leur avais parlé de la première fois où j’avais emmené Yuna à la guilde des aventuriers. Yuna ne les avait pas combattus avec un seul couteau ? Elle ne l’avait pas utilisé comme une arme, les a-t-elle, comme je le suppose, combattus à mains nues ? Je leur avais raconté comment elle avait combattu de nombreux aventuriers avec ses gants d’ours.

« J’ai aussi vu Yuna se battre en ville », dit Mlle Noa.

Apparemment, Yuna avait combattu des aventuriers qui essayaient de se disputer avec elle en utilisant la magie. (NdT est-ce une erreur chronologique de l’auteur, le combat n’aura lieu dans la capitale que le lendemain.)

« Je suis jalouse de vous deux. »

La petite bouche de Mlle Misa fit la moue. Je ne savais pas quoi faire quand elle avait dit ça. Quand je l’avais vu au début, j’avais eu peur que Yuna soit blessée.

Je n’avais pas pensé que Yuna serait aussi forte.

« Alors, il y a quelque chose que je voulais te demander, Fina. »

« Oui, qu’est-ce que c’est ? »

Mlle Noa m’avait demandée avec des yeux sérieux, « Yuna a-t-elle vraiment vaincu des loups-tigres et une vipère noire ? Ce n’est pas que je n’y crois pas, mais je me demandais si une fille comme Yuna pourrait vraiment les battre. »

« C’est vrai. Quand elle a accepté la quête du tigre-loup, j’étais là avec elle. »

« Tu étais là ?! »

« Alors, tu as vu les tigres-loups ? »

J’avais secoué la tête.

« Je l’attendais au loin avec Kumakyu, mais elle m’a montré les tigres-loups qu’elle a tués. »

Comme la maison ours était un secret que Mlle Misa ne connaissait pas, je ne pouvais pas lui en parler.

« Tu n’étais pas avec elle quand elle a vaincu la vipère noire, hein ? »

« Non, je pense qu’elle était partie avec le maître de la guilde des aventuriers que pour cela, mais j’ai entendu dire qu’elle l’avait vaincu toute seule. »

« J’ai entendu ça de mon père. Il semble que ce soit vrai. »

« Oui, j’ai aidé au dépeçage. C’était super gros, il y avait donc beaucoup de travail. »

Le corps de la vipère noire était très dur. Il était surtout difficile d’obtenir une lame de couteau pour couper la peau. Mon père disait que si elle était vivante, la peau aurait été encore plus dure. Yuna devait être incroyable pour pouvoir vaincre un monstre comme ça.

« Maintenant que tu parles de dépeçage, tu peux faire ça, n’est-ce pas, Fina ? »

« Oui. Je l’ai fait avec ces orcs. Marina a dit que j’avais fait du bon travail. »

Mais ce n’était pas comme si c’était incroyable. C’était juste que j’avais dépecé des monstres depuis que je suis jeune, donc je savais comment le faire. Je ne pensais pas que c’était si incroyable, mais Yuna me faisait toujours des éloges.

« C’est parce que mon père n’était plus là, et ma mère était malade, alors j’ai dû travailler. »

Quand j’avais parlé de ma famille, l’ambiance était devenue morose.

« Tout va bien maintenant, alors ne vous inquiétez pas. Ma mère est guérie, et elle travaille pour Yuna. »

« Elle travaille pour Yuna ? Yuna n’est-elle pas une aventurière ? En d’autres termes, ta mère est une aventurière ? »

On aurait dit que Mlle Noa ne savait rien des oiseaux et des œufs. Je leur avais parlé de l’orphelinat.

« Alors Yuna fait tout ça ? »

« Yuna est tellement incroyable. »

Au moment où elles avaient dit des choses gentilles sur Yuna, pour une raison quelconque, je m’étais aussi sentie heureuse.

« Yuna a fait le pudding que vous avez toutes les deux mangé avec ces œufs. »

« Qui donc peut être cette Yuna ? »

Je ne le savais pas non plus. C’était une personne mystérieuse habillée en ours qui avait Kumayuru et Kumakyu, qui était une aventurière, qui avait sauvé un orphelinat et avait soigné ma mère. Je me demandais si Yuna avait de la famille. Elle n’avait pas parlé de sa famille une seule fois. J’étais sûre qu’il y avait une raison à cela, mais je ne pouvais pas le lui demander. Peu importe ce qu’elle portait, Yuna m’avait sauvé la vie, et c’était une personne que je chérissais.

***

Histoire bonus : Les trois filles visitent la capitale (3)

« Comment as-tu rencontré Yuna, Noa ? » demanda Mlle Misa.

J’avais posé la question quand nous étions venus à la capitale. Apparemment, elle avait vu Yuna en ville alors qu’elle combattait des aventuriers (NdT à Crimonia lors de son inscription à la guilde). Après cela, j’avais entendu dire qu’elle avait appelé Yuna à son manoir et qu’elle avait chevauché sur Kumayuru et Kumakyu. Depuis lors, Mlle Noa aimait ces ours. Je comprenais ce qu’elle ressentait. Avec la façon dont leur fourrure se comportait, on se sentait heureux rien qu’en les serrant dans ses bras.

« Je suis jalouse de vous deux. »

Mlle Misa écouta ce que Lady Noa avait dit et avait agi un peu comme si elle boudait.

« Mais, Fina est avec Yuna beaucoup plus souvent que moi, donc je suis aussi jalouse. »

« Mais c’est pour le travail… »

Quand je le leur avais expliqué, je les avais entendues dire : « C’est si gentil » et « C’est si injuste. »

Comme j’allais chez Yuna pour faire le dépeçage et que Yuna venait quand j’aidais ma mère, je la voyais beaucoup, et elle m’emmenait aussi beaucoup en ville parce qu’elle disait qu’elle s’ennuyait. Elle me disait des choses comme : « Allons manger » et « Allons nous promener ». L’autre jour, nous étions allées à cheval sur Kumayuru et Kumakyu et nous étions allées dans un village lointain.

J’étais vraiment souvent avec Yuna. Je suppose que c’était logique qu’elles soient jalouses.

Nous avions beaucoup parlé de Yuna pendant un certain temps, et la nourriture qui était sur la table avait disparu. J’étais rassasiée. Je pense que Lady Noa et Lady Misa l’étaient aussi.

Nous avions fait de notre mieux pour ne rien laisser derrière nous, toutes les trois. Ce serait du gâchis de tout jeter. Nous avions nettoyé la table et nous nous étions reposées.

« Et si nous allions bientôt au prochain endroit ? » dit soudainement Mlle Noa.

Cela ne me dérangeait pas vraiment, mais je me demandais où nous irions. Mlle Misa avait essayé de nous demander où nous allions, mais Mlle Noa n’avait pas voulu nous le dire.

« C’est un secret, mais je suis sûre qu’il y a quelque chose de grand qui a été terminé là-bas. »

Mlle Noa avait souri. Je m’étais demandé ce qu’elle voulait dire quand elle disait qu’il y avait quelque chose de grand qui était terminé là-bas ? Mlle Misa et moi avions incliné nos têtes.

On nous avait amenés à l’avant d’un magasin. Il n’y avait rien qui ressemblait à un panneau. Je m’étais demandé quel genre de magasin c’était ? Mlle Noa allait y entrer, alors nous y étions allés aussi.

« Excusez-moi. Je suis Noir Fochrose. »

Un homme était venu.

« C’est Mlle Noa. Vous êtes venues jusqu’ici ? Nous avions l’intention de l’apporter chez vous ce soir, comme promis. »

« Je suis désolée. Je la voulais un peu plus tôt. Est-ce déjà fait ? »

« Oui, c’est fait. »

L’homme était allé à l’arrière et était revenu immédiatement. Il portait quelque chose dans sa main. Ce n’était pas si grand. Je m’étais demandé ce que ça pouvait être ?

« Ce sera ça. Regardez, s’il vous plaît. »

Mlle Noa vérifia la chose qu’elle avait prise, elle avait l’air heureuse. Elle avait une carte de résidence, ou peut-être une carte de guilde ? Mais il semblerait qu’il y en avait beaucoup. Je me demandais combien il y en avait ?

« Merci beaucoup. Ils sont exactement comme je le voulais. »

Mlle Noa prit les cartes et dit merci, puis elle nous les montra. J’avais regardé les cartes et ce qu’elles disaient.

Carte de membre du Fan Club des ours

Numéro d’adhésion : 0000

Nom :

Âge :

J’avais regardé derrière.

Règles d’adhésion au fan-club des ours

1. Vous devez aimer les ours.

2. Vous devez avoir l’autorisation du président et du vice-président.

3. Garder le secret.

C’était ce qui était écrit dessus.

« Le Fan Club des Ours ? » demanda Mlle Misa.

« Oui, ce sont les cartes de membre du Fan Club des Ours. J’y pensais en venant à la capitale, alors j’ai demandé à ma mère de les faire. »

Mlle Noa avait l’air heureuse quand elle nous l’avait dit.

« J’allais les faire envoyer chez moi, mais je les voulais plus tôt. »

Je me demandais si Yuna allait se mettre en colère. Je pouvais voir Yuna avec un visage colérique, même si elle ne l’avait jamais été. C’était effrayant.

« Alors, ceci est pour vous deux. Et n’oubliez pas d’écrire aussi vos noms. »

Mlle Noa nous avait remis les cartes de membre.

Quand j’avais regardé la carte, il était écrit que mon numéro de membre était 0002.

Hum, s’il y avait un numéro 0000, alors c’était Mlle Noa. Je supposais donc que le 0001 était Lady Misa ?

« Je vais être le membre numéro un, Fina est le numéro deux, et Misa est le numéro trois. »

« Et le numéro zéro ? »

« C’est Yuna, bien sûr. »

Est-ce que je devais être le numéro deux ? Je m’étais demandé si Mlle Misa aurait vraiment dû être numéro trois alors que j’étais la numéro deux. J’avais essayé de parler plus fort.

« Puisque je suis présidente, je serai le membre numéro un. Et, Fina en tant que numéro deux sera vice-présidente. »

« Je suis la vice-présidente ? ! »

Le vice-président était-il la deuxième personne la plus importante ?

Je ne savais pas quoi faire. J’avais besoin de faire quelque chose pour dire non.

« Je pense que Mlle Misa serait une meilleure vice-présidente… »

« Misa n’a pas assez fréquenté Yuna, donc elle ne peut pas. »

Mlle Misa avait fait un signe de tête à ce sujet. C’était vrai, mais je n’arrivais pas à croire que je serais vice-présidente.

« Et tu es celle qui est la plus proche de Yuna, Fina. Tu dois nous faire des rapports sur toutes sortes de choses en tant que vice-présidente. »

Sur quoi étais-je censée faire un rapport ?

« Oh, bien sûr, garde ça secret pour Yuna. Vous ne pouvez pas en parler. »

Même si Yuna était le membre numéro 0000, apparemment nous avions dû la garder dans l’ignorance. Mais quelque chose me dérangeait plus que ça. Les numéros sur les cartes n’étaient pas très grands ?

J’avais posé des questions à ce sujet.

« Nous visons dix mille membres, bien sûr ! »

Yuna, s’il te plaît, sauve-moi. On dirait que ça va devenir une très grosse affaire. J’avais fini par devenir la vice-président du Fan-Club des Ours et le membre numéro 0002. J’avais soigneusement mis ma carte dans mon sac sans fond. S’il vous plaît, faite que Yuna ne la trouve jamais.

Apparemment, Mlle Noa n’avait fait qu’une centaine de cartes jusqu’à présent. Mlle Ellelaura avait promis qu’une fois qu’il y aurait plus de cent membres du fan-club, elle en ferait cent autres.

Même une centaine de personnes, c’était trop.

***

Illustrations

Fin du tome.

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