Infinite Stratos – Tome 6

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Chapitre 1 : Le Silencieux

Partie 1

La base stratégique numéro 16, au fin fond du Nord-ouest américain. Son surnom : « Camp Disparu ». Normalement, son existence était si discrète que même le soldat moyen n’en avait pas entendu parler, mais aujourd’hui, elle était enveloppée de tirs assourdissants.

« Alerte intrusion ! Demande de renforts au secteur 6-D ! Je répète, w intrusion ! Demande de renforts au secteur 6-D ! »

Le rat-a-tat-tat des fusils d’assaut. Les cris d’hommes musclés. La cadence grondante des bottes de combat sur le béton. Tout ce bruit était dirigé vers un seul intrus.

Une fille toute seule marchait sur une passerelle métallique. Oui, c’était l’intrus. Elle avait regardé les hommes en bas, sans expression.

« Déploiement… » Au son de sa voix, elle fut baignée dans un voile de lumière. Il s’était transformé en matière solide, et en quelques secondes, elle était enveloppée d’une armure bleu vif.

« Un IS ? »

« Ça doit être le tango dont on nous a parlé ! »

La fille à l’IS, Zéphyr Silencieux — M — avait levé un gigantesque fusil dans sa main droite. Conçu pour tirer à la fois des munitions cinétiques et de l’énergie BT, il s’appelait le Briseur d’Étoile. Mais personne d’autre qu’elle ne le savait.

« Qu’est-ce que vous cherchez ? Ne croyez pas que vous allez pouvoir fuir et vous cacher de l’Amérique après ça ! »

C’était une question qui n’attendait aucune réponse — mais sous l’hypersenseur en forme de visière de M, elle avait marmonné quelques mots. « Silverio Gospel. L’IS que vous avez ici. »

« Quoi ? »

Un clin d’œil plus tard, ils tombaient sous une grêle de son feu. Pourtant, étrangement, elle n’évitait pas seulement les morts inutiles — elle évitait de tuer tout court. Les balles étaient mortelles à 100 %, mais elle visait très précisément à blesser plutôt qu’à tuer. Ce truc de « ne pas tuer » est… tellement ennuyeux. Mais son commandant Squall avait donné l’ordre de ne pas tuer avec un IS, et elle n’avait pas d’autre choix que d’obéir.

Non, ce n’était pas seulement de l’obéissance. On avait injecté à M des nanomachines de surveillance, et pas plus d’un souffle après qu’elle ait désobéi aux ordres, elles lui brûlaient la colonne vertébrale. C’était une autre des exigences de Squall, que M avait décidé d’endurer pour le moment.

« Argh… ! »

« Gah ! »

« Merde ! QG ! Répondez, QG ! On a besoin de renfort ! Je répète ! On a besoin de — ARGH ! »

M, lassée de viser avec précision, s’éleva dans les airs avant de plonger et de balayer ses ennemis au sol. Elle suivit la carte de la base superposée directement sur sa vision alors qu’elle montrait une route sinueuse, descendant dans ses profondeurs.

Alors que M entrait dans un couloir exceptionnellement grand — le plafond faisait au moins cinq mètres de haut —, une ombre traversa son champ de vision. Une femme, d’après sa silhouette. Alors que M commençait à se réjouir à l’idée de casser les côtes de la femme, une flèche de lumière lui transperça l’épaule droite.

« Qu-Quoi !? » Alors que M saisissait instinctivement la flèche en forme de plume pour la retirer, elle explosa dans ses mains. « Tch ! »

La force de l’explosion l’avait projetée vers le mur, et juste avant l’impact, elle avait culbuté et tiré sa rétrofusée. Mais dans la demi-seconde qui avait suivi, elle avait perdu de vue son ennemi.

Bzzzt ! Un autre éclair de lumière avait déchiré un morceau de son armure de jambe, le faisant exploser. Même M, rompue aux manœuvres rapides et précises, n’avait pas réussi à esquiver. Cela avait rongé sa confiance.

« Vous devez être… »

« Natasha Fairs. Armée américaine. Pilote d’essai d’IS. Et le pilote du Silverio Gospel. »

Natasha avait continué ses tirs pendant qu’elle parlait. Elle tenait dans ses bras une arme argentée étincelante, dont la forme rappelait une paire d’ailes. C’était la version prototype du canon à main de la cloche d’argent. Sa puissance de feu était encore plus élevée que la version finale, et Natasha l’utilisait à pied. Ses cheveux blonds et soyeux dansaient magnifiquement, ballottés d’un côté par le recul et soufflés de l’autre par les ondes de choc.

« Je ne vous laisserai pas l’avoir ! »

Natasha s’était battue aussi férocement qu’une mère protégeant sa progéniture. Mais encore, elle était seulement à pied. Une fois que M avait retrouvé sa concentration, elle était devenue imbattable.

« Argh… »

« Hors de mon chemin. »

Frappant sur l’aile, M avait donné un grand coup de poing droit à Natasha. Natasha avait été renvoyée contre le mur avec un bruit sourd.

« Est-ce tout ce que vous avez ? »

M se baissa, saisit la Natasha immobile par l’arrière de la tête, et la soulève dans les airs. À pied, Natasha était la femme la plus grande, mais M flottait dans l’air. Les bras et les jambes de Natasha pendaient inutilement. Chacun était visiblement cassé à plus d’un endroit. Il devait y avoir encore plus de fractures qui ne pouvaient pas être vues. Ils pendaient sans vie, comme les branches d’un saule. Mais…

« Ahahahahah. » La passion dans les yeux de Natasha brûlait sans sourciller. « Hahaha. »

« Qu’est-ce qui est si drôle ? »

« Mission accomplie. Je termine. »

« … ? » Avant que M puisse comprendre ce que Natasha voulait dire, le sol s’était effondré sous ses pieds. « … !? »

« Rendez-moi Nat — Phantom Task ! »

Un IS à rayures tigrées avait surgi de la fumée, attrapant Natasha des mains de M tout en plongeant un couteau de lancer dans l’armure du Zéphyr silencieux. M avait beau être une vétérante endurcie, elle avait tout de même esquivé instinctivement en arrière.

« C’est donc la nouvelle troisième génération d’Amérique, Fang Quake. »

« C’est sûr. Et je suis la cadette nationale, Iris Calling… Je vais vous rendre la monnaie de votre pièce pour ce que vous avez fait à Nat. » En parlant, elle avait laissé tomber Natasha au sol pour libérer ses mains pour le combat.

« Hey, Eye. »

« Quoi ? »

« Tu sais que je suis blessée, n’est-ce pas ? »

« Oh, je sais. Attendez une seconde. Je vais lui donner bien pire que ce que tu as eu. »

« Ce n’est pas vraiment ce que je voulais dire par là… » Alors que Natasha soupirait, Iris l’avait regardée avec confusion. On aurait dit qu’elle n’avait honnêtement pas réalisé.

« Alors, un autre nouvel IS pour nous, non ? » M s’était élancée avec un couteau.

« Hé, hé, tu n’as jamais regardé un film ? Tu es censée t’asseoir et attendre pendant que le héros se présente… Voilà ! »

Iris attrapa la lame dans son poing et l’arracha du Zéphyr dans un bruit d’étincelles et de gémissements de métal tordu. Arrachée, elle s’était retournée et s’était encastrée dans le plafond.

« Je vais te prévenir, je suis plutôt coriace. Es-tu prête à recevoir une raclée dont tu ne te souviendras pas ? Ce truc que tu as arraché aux Anglais n’est rien de plus qu’un banc d’essai. Ça ne te servira à rien contre moi. »

Le Fang Quake d’Iris était peut-être lui aussi un prototype, mais à en juger par ses performances jusqu’à présent, il s’inscrivait dans la lignée de Shenlong : appliquer encore mieux une technologie stable et éprouvée.

« M, tu m’entends ? » La voix de Squall était arrivée sur un canal privé. M était trop concentrée sur son ennemi pour répondre, mais Squall ne voyait pas l’intérêt d’attendre. Ses mots étaient aussi soudains que la tempête dont elle porte le nom. « Écoute, j’ai observé la situation, et je pense qu’il est temps de sortir de là. On vient de mettre la main sur le Zéphyr, on ne veut pas le perdre à nouveau. »

M ne pensait pas qu’elle perdrait le combat, mais elle réalisait que ce serait long. Et plus ça s’étirait, plus il était probable que d’autres IS arrivent en renfort.

« Roger. » M avait répondu sans émotion.

« Tu ne t’échapperas pas ! »

Iris se lança à sa poursuite avec ses boosters. Cependant, au même moment, M avait tourné ses propulseurs et avait également activé ses boosters, volant en arrière.

« Tu es une maline. »

Iris avait presque admiré l’habileté de son opposant, mais elle n’avait pas eu le temps de l’apprécier. M était déjà en train de s’enfuir en accélérant, tirant en volant vers l’arrière. Elle se faufilait avec agilité dans les couloirs souterrains sinueux, renvoyant des rayons d’énergie BT dans sa fuite.

« Hé, attends ! »

Iris se lança à sa poursuite, mais fut ralentie par la nécessité d’esquiver des tirs précis visant les articulations de son IS. Alors qu’il ne restait que 100 mètres avant la surface, M avait déjà 50 mètres d’avance sur elle.

Merde ! Si je ne l’attrape pas maintenant, elle va s’enfuir ! Iris se concentra, essayant de faire une poussée d’allumage avec ses quatre propulseurs. Elle n’avait peut-être que 40 % de chances de réussir, mais elle n’avait aucune chance de la rattraper autrement. C’est parti ! M, réalisant ce qu’Iris était sur le point d’essayer, déploya ses unités mobiles pour un tir en rafale.

« GRAAAHH ! »

La grêle de feu s’abattit sur Iris, mais elle continua à accélérer. Peu importe la quantité d’armure arrachée, peu importe la quantité d’énergie de bouclier perdue, elle n’allait pas s’arrêter.

« Je t’ai eu ! »

De près, Iris tendit son bras. M était à sa portée —, mais au moment où elle pensait enrouler ses doigts autour de M, ils avaient attrapé le parapluie énergétique d’un morceau de bouclier. Un bouclier rempli d’un bonus spécial d’explosifs puissants.

« Quoi ? »

La répulsion du bouclier énergétique et le choc de l’explosion l’avaient fait passer de la vitesse supersonique à un arrêt complet. Déjouée, elle avait été forcée de laisser M partir. Lorsqu’elle était sortie dans la lumière du soleil, tout ce qu’elle pouvait faire était de zoomer et de regarder Zéphyr silencieux disparaître derrière un nuage lointain.

« Ahh — Merde ! »

Elle tapa du poing dans sa paume en signe de frustration. Le bruit métallique des morceaux d’armure du Fang Quake frappant ensemble résonna dans le paysage.

 

« Quoi ? Ton anniversaire est ce mois-ci, Ichika !? »

« Oui. »

C’était l’heure du dîner dans les dortoirs, et les suspects habituels discutaient tranquillement autour de la table jusqu’à ce que Charl prenne soudainement la parole. Je m’étais demandé ce qui était si surprenant. Je ne m’attendais pas à ce que ce soit si surprenant qu’elle se lève de sa chaise.

« Quel jour ? »

« Le 27 septembre. Cependant, je ne vois pas où est le problème. »

« Ah d’accord. » Charl s’était rassise, puis elle avait soudainement dit : « Un dimanche !? »

Elle n’avait pas vraiment bondi cette fois, mais je pouvais dire qu’elle était prête à le faire. Qu’est-ce qui lui a pris ?

« Je suppose que oui. »

« Je vois… Hm, ouais, je suppose. Ouais ! »

Alors que je regardais confusément Charl marmonner pour elle-même tout en hochant la tête, Cécilia, qui était à côté de moi avec une assiette de bœuf bourguignon, posa son pain et commença à parler : « Ichika, tu dois simplement te rappeler de nous avertir correctement dans des situations comme celle-ci. »

« Hein ? Oh, bien sûr. Désolé. » Je m’étais excusé, sans vraiment savoir pourquoi.

« Très bien, alors. Dimanche 27 septembre. »

Cécilia dessina attentivement une étoile à côté de la date dans son agenda de poche relié en cuir blanc. Était-ce vraiment si important ?

« Pourquoi as-tu gardé le silence sur cette affaire ? » avait lancé Laura d’un ton sinistre. Elle était assise à côté de Charl, donc de l’autre côté de la table et un siège à ma droite.

« Hein ? Ce n’est pas grave, alors je ne vois pas pourquoi je l’aurais mentionné. »

« Hmph. Cela s’explique, mais tu n’es pas le seul à garder le secret. »

« Argh… » Le regard de Laura s’était tourné vers mes deux amies d’enfance, qui s’étaient raidies sur leurs sièges.

 

 

Avant d’aller plus loin, nos dîners : Laura avait pris une salade de macaroni avec des légumes de saison, Houki avait pris le repas sanma, et Rin le repas mapo. Et j’avais pris l’omelette salée. C’était l’une de mes préférées, le bouillon utilisé pour la cuisson était fantastique.

« Je ne le cachais pas ! Tu n’as juste jamais demandé ! »

« Elle a raison ! À quel point ce serait gênant si je commençais à en parler sans raison ? Trop gênant pour moi, voilà à quel point c’est gênant ! »

Houki et Rin avaient continué à engloutir leur riz tout en parlant. Elles se cherchaient certainement des excuses…

« De toute façon ! Le 27 septembre ! Tu ferais mieux de ne pas faire de plans, Ichika ! »

« Ah, hum, à propos de ça. J’allais réunir mes amis du collège chez moi. Pourquoi ne viendriez-vous pas aussi ? »

« Bien sûr que nous le ferons ! À quelle heure ? »

« Je suppose, vers quatre heures. Il y a aussi cet autre truc le même jour. » Pendant que je parlais, tout le monde grimaçait comme pour dire « oh, d’accord. »

***

Partie 2

La course de combat IS « Cannonball Fast ». Il s’agissait à l’origine d’un tournoi international, mais avec l’Académie IS, ce serait un peu différent. Les élèves de l’Académie allaient s’inscrire à un événement organisé par la ville. Bien sûr, ceux d’entre nous qui avaient un IS personnel auront un avantage majeur, donc il y aura des divisions séparées pour nous et pour les élèves normaux de l’Académie IS. Et comme il s’agirait d’un événement hors école utilisant des IS, il se déroulerait dans l’arène IS de la ville. C’était un endroit gigantesque près des docks, avec des places assises pour plus de 20 000 personnes. Une fois, un groupe d’idoles ou quelque chose comme ça l’avait réservé et n’avait même pas pu le remplir, ce qui avait pratiquement mis fin aux concerts là-bas. Bien sûr… c’était au départ censé être juste pour les IS, donc…

« Vous savez, maintenant que j’y pense, ne sommes-nous pas censés commencer nos ajustements de haute mobilité pour le Cannonball Fast demain ? D’ailleurs, comment ça marche exactement ? »

« Eh bien, nous sommes en train d’installer des configurations de haute mobilité, mais Byakushiki n’en a pas, » avait commencé Laura en mordant dans une tomate cerise.

« Tu vas donc probablement devoir ajuster tes propulseurs et réaffecter l’énergie produite, » avait poursuivi Charl en grignotant du poisson frit.

« Hmm. L’IS de Cécilia n’avait-il pas un pack haute mobilité ? »

« Bien sûr ! Mes Larmes Bleues peuvent être équipées du pack Strike Gunner, conçu spécifiquement pour les combats à grande vitesse ! »

Cécilia avait fièrement tapé du poing sur sa poitrine. Son autre main était posée sur sa hanche, dans une pose qui n’aurait pas dépareillé chez un top model. On dirait qu’elle est enfin sortie de sa crise. Je suppose qu’elle a surmonté ce qu’elle avait.

Dernièrement, elle s’était entraînée assez intensément après l’école. Je n’avais pas vraiment entendu de la raison, mais il semblait que cela avait quelque chose à voir avec le fait de laisser l’ennemi s’échapper après le festival de l’école. Laura ne voulait pas non plus me dire quoi que ce soit à ce sujet. Chifuyu lui avait dit de garder le silence. Je suppose que ce qui s’était passé était encore plus grave que ce que je pensais à l’époque.

« Unité Fantôme ». Ils avaient été actifs pendant plus de 50 ans. D’après le peu que j’avais pu rassembler à partir de rumeurs en ligne, ils avaient surgi du chaos de la Seconde Guerre mondiale. Ils n’étaient pas nationalistes. Ils n’étaient pas radicaux. Ils n’étaient pas fondamentalistes. Et ils n’étaient pas des suprématistes raciaux. Donc ce qu’ils recherchaient exactement était un mystère. Et l’ampleur de leurs opérations était tout aussi mystérieuse. Le nom « Fantôme » correspondait vraiment. Du moins, d’après Laura.

Les deux choses que nous savions étaient qu’ils étaient divisés en un conseil stratégique et des cellules opérationnelles. Et que dernièrement, ils avaient principalement ciblé des IS. Mais qu’est-ce qu’ils sont au juste ? J’avais entendu dire que le « Extracteur » qu’ils avaient utilisé était une « arme inexistante », c’est-à-dire quelque chose de top secret. Pourtant, d’une manière ou d’une autre, ils avaient réussi à l’« acquérir » quelque part et à l’utiliser. Ouf. Il n’y a pas vraiment lieu de s’en inquiéter. Du moins pas pour l’instant. J’avais reporté mon attention sur le Cannonball Fast.

« Heureusement qu’on t’a de notre côté, alors, Cécilia. Tu vas devoir m’apprendre à voler à des vitesses supersoniques. »

« Je suis désolée… Mais pas pour le moment. Peut-être pourrais-tu demander à Laura ? »

J’avais remarqué un froncement de sourcils sur son visage avant qu’elle ne le couvre d’un sourire. On aurait dit qu’elle voulait passer tout le temps qu’elle pouvait sur sa propre pratique. Oui, c’était écrit sur son visage.

« Oh ? Je vois. Alors, pourrais-tu m’apprendre, Laura ? »

« Très bien. Tu as passé beaucoup trop de temps avec cette femme ces derniers temps. Il vaut mieux que tu le passes avec moi. »

Cette femme était, bien sûr, la présidente du conseil des élèves de l’Académie IS, Sarashiki Tatenashi. Tatenashi avait finalement déménagé de ma chambre ces derniers jours, mais elle continuait à me harceler tous les jours après les cours. Je m’étais un peu amélioré, mais il semblerait que Laura me faisait encore à peine confiance pour le reste. Elle était vraiment l’élève de Chifuyu.

« Tu es dans le même cas, tu sais. Les spécifications de base du Byakushiki sont au même niveau que les équipements de haute mobilité des autres IS… Je suppose que l’Akatsubaki est pareil, » avait mentionné Rin.

Elle avait vraiment une tête pour les faits et les chiffres liés aux IS. Ce n’était pas son truc au collège, donc elle avait dû beaucoup étudier quand elle était en Chine. Ouais. Rin est assez impressionnante.

« De toute façon, je ne sais pas ce que mon pays est en train de faire. Il n’y a aucun moyen de faire venir le paquet de haute mobilité de Shenlong à temps. Et toi, Charlotte ? »

« Le Revive est un IS de seconde génération, donc ils ne le développent pas davantage. Mais il supporte les boosters auxiliaires. Pour le dire franchement, il a toujours été conçu pour être modifié pour la vitesse. Ils ne l’ont pas appelé “Rafale” pour rien. »

L’IS de Charl, le Revive, était plutôt appelé le « Rafale Revive », ou « Reborn Gust ». Oui, c’est logique.

« Mm-hm. Et toi, Laura ? Le tien est de troisième génération, non ? »

« Ils adapteront probablement le pack haute mobilité de son frère IS, le Schwarzer Zweig. Il est déployé en Allemagne, et c’est sur lui que se fait la plupart des développements. »

La conversation était devenue beaucoup plus sérieuse lorsqu’elle avait porté sur les détails des IS.

« Alors Schwarzer Regen a un IS frère ? Quel type d’armement possède-t-elle ? »

« Tu es peut-être ma fiancée, mais je ne peux toujours pas te le dire. C’est un secret national. »

Zweig — C’est de l’allemand pour « branche ». Comme il est associé au Regen de Laura, ou « pluie », il devait aussi s’agir d’un IS toutes gammes équipé d’un AIC.

« Joli sourire, recrue. » Laura m’avait rendu mon sourire en parlant.

« Merci pour le compliment, Major. »

Je commençais enfin à comprendre suffisamment la personnalité de Laura pour jouer le jeu de ses blagues. Sa frustration à la mention de Tatenashi avait été remplacée par de la gaieté — mais au fond de ses yeux, il y avait toujours un froid. La reine de glace teutonne, Laura Bodewig. Son regard était aussi beau et clair, mais tout aussi perçant qu’un glaçon.

« Alors il est temps pour notre premier vrai entraînement depuis longtemps. Nous commencerons à seize heures dans la seconde arène. Compris ? »

« M’dame ! Oui, M’dame. Cependant, ne t’attends pas à ce que cette fois-ci soit aussi unilatérale. »

Laura avait gloussé. « Peut-être. Ou peut-être, demain, je pourrais révéler les capacités de mon nouvel équipement. »

Laura tournait sa fourchette en même temps qu’elle parlait. Les dents avaient traversé les pâtes de sa salade de macaroni aussi précisément que des pistons.

« Maintenant, Ichika, j’attends de toi que tu restes vigilant pendant l’entraînement. »

« Je vais… »

« — Tu vas “vraiment finir tes nouilles”. »

« … C’est ce que tu allais dire, non ? »

« S’il te plaît, dis-moi que tu n’allais pas dire ça. »

Rin et Charl avaient toutes les deux prédit ce que j’allais dire au même moment. Argh…

« Hahaha, bien sûr que non. »

« Ichika, tu… »

Argh. Houki me fixait avec des yeux maléfiques. Non ! Ce n’est pas ça ! Ça m’a juste traversé l’esprit ! Ce n’est pas de ma faute !

« Bon, ça suffit avec cet idiot. »

Cet idiot ? Vraiment ?

« Ichika, est-ce que le conseil des étudiants a déjà trouvé comment te prêter de l’argent ? »

« Moi ? J’ai entendu dire qu’ils faisaient un dessin, puis qu’ils modifiaient les résultats. »

« Mm-hm… » Rin essaya de faire passer cela pour une conversation futile, alors qu’elle s’enfournait plus de tofu mapo chargé d’huile de piment dans la bouche.

« En fait, maintenant que tu le dis. Vous êtes toutes dans des clubs maintenant, non ? »

J’avais entendu ça récemment, et ça semblait être le bon moment pour voir si c’était vrai.

« Je suis dans le club de kendo depuis que je suis arrivée ici. »

C’était vrai si on comptait les membres fantômes, Houki. Mais dernièrement, on t’a vu plus souvent. Je suppose que c’est à cause de l’insistance du capitaine pendant le festival de l’école. Parfois, tu n’es pas de tout repos.

« Et toi, Rin ? »

« Lacrosse. »

« Vraiment ? Lacrosse ? Ouais, ça te ressemble vraiment. »

Au moins la partie « balancer des bâtons sur les gens ». Mais je ne le dirais pas à voix haute même si vous essayiez de me l’arracher de la bouche avec un couteau.

« Je suppose que oui. Je suis l’une des recrues pour lesquelles ils ont de grands espoirs depuis que j’ai commencé. Honnêtement, c’est un peu une douleur. »

Il semblait y avoir une ligne de démarcation claire entre les capacités physiques des personnes avec et sans IS personnel. J’avais hoché la tête en imaginant Rin en train de courir sur le terrain.

« Et toi, Charl ? »

« Eh, moi !? »

« Ouais. Quel club as-tu rejoint ? »

« Eh bien, hum… »

« Huh ? »

Charl avait remué ses doigts, comme si elle avait du mal à le dire. Elle regardait entre moi et la table, comme si elle ne savait pas comment je réagirais.

« Euh… le club de cuisine. »

« Le club de cuisine ? Ah oui, on y est allé ensemble pendant le festival ! »

« Ahh, Ichika ! Sssh ! Sssshhhh ! »

Hm ? Pourquoi Charl essayait-elle de me faire taire ? Pour une raison inconnue, j’avais l’impression d’entendre des gens se lever de la table du fond.

« Le club de cuisine, hein… »

« M-Mhm. Je voulais apprendre à cuisiner des plats japonais. »

« Je vois. Quand tu apprendras, j’aimerais bien essayer ce que tu fais. »

« Oh, bien sûr ! Bien sûr ! » Charl avait hoché la tête alors qu’elle parlait intensément. J’avais du mal à croire que c’est la même fille qui venait de me dire de me taire.

« Et toi, Cécilia ? »

« J’ai choisi un vrai sport anglais : le tennis. »

« Oh, je vois. As-tu déjà joué chez toi en Angleterre ? »

« En effet, je l’ai fait. Veux-tu te joindre à moi pour un match un jour ? »

« Je n’ai jamais joué au tennis. »

« Alors… » Cécilia s’était soudain redressée, les bras croisés. « Je pourrais te donner des leçons ! Comme une faveur spéciale, bien sûr. »

« Ça a l’air génial. J’ai hâte d’y être. »

« Bien sûr ! »

Le sourire sur le visage de Cécilia m’avait soulagé. Ces derniers temps, elle s’était beaucoup renfermée sur elle-même, mais si elle pouvait sourire comme ça, alors il n’y avait probablement pas de quoi s’inquiéter.

« Oh, et j’ai rejoint le club de cérémonie du thé. » C’était Laura, qui semblait avoir terminé ses pâtes.

« Le club de cérémonie du thé, hein. Tu es vraiment à fond dans la culture japonaise, n’est-ce pas ? Attends… Ce n’est pas le club que ma… »

« Mein Lehrerin — c’est-à-dire, Mme Orimura est la conseillère du club, oui. »

J’en avais déjà entendu parler. On dit qu’elle élimine ses fangirls en les faisant s’agenouiller pendant deux heures. Cependant. Chifuyu et le club de cérémonie du thé étaient une combinaison intéressante. J’avais toujours pensé qu’elle finirait par s’impliquer dans une équipe de sport.

« Ça va, à genoux, Laura ? »

« Bien sûr. Comparé à la torture, ce n’est presque rien. »

Je n’étais pas sûr d’être à l’aise avec cette comparaison. Et attendez, à quel genre de torture a-t-elle été soumise ?

« Tu sais, je ne peux même pas imaginer à quoi tu ressemblerais dans un kimono. Il faudra que tu me montres un jour. »

« V-Vraiment ? Je suppose que oui… Très bien. S’il y a une bonne opportunité. »

Si Laura devait porter un kimono, elle attacherait probablement ses cheveux. Et ça lui irait probablement très bien.

***

Partie 3

« Peut-être que je devrais de toute façon en posséder un. Peut-être que j’en achèterai un plus tard. »

« Hein ? Juste parce que je l’ai mentionné ? »

« N’y pense pas trop. Je suis sûre que j’aurai de nombreuses occasions de le porter. »

« D-D’accord. Je vois. Ouais… ça serait super pour le Nouvel An. Mais tu ne rentres pas chez toi pour les vacances ? »

« N-Non. Je vais rester au Japon… Après tout, tu es là… »

Je n’avais pas pu comprendre ce qu’elle avait dit à la fin, mais il semblerait que Laura serait au Japon pour les vacances.

« On devrait vraiment tous y aller ensemble. Peut-être arriver pour la sonnerie de la cloche, pour qu’on puisse profiter de tout ça. »

Plus on est nombreux, plus c’est amusant.

« Attendez, que faites-vous tous pour les vacances ? Je suppose que la plupart d’entre vous rentrent chez eux ? »

« Je reste ici, » dit Charl. Elle était vraiment en train de devenir une amie proche de Laura.

« Alors je vais aussi rester ! »

« Ce n’est pas comme si quelque chose d’amusant allait arriver en Chine. »

Cécilia, puis Rin. Il ne restait plus que Houki. Non, attends, je viens de le réaliser.

« Houki, vas-tu aller aider au sanctuaire ? Je sais que tu l’as fait pendant les vacances d’été. Quand tu auras fini, pourquoi ne pas reprendre là où nous en étions restés ? »

« Espèce d’idiot ! »

Houki m’avait donné une bonne claque.

« Aïe ! Pourquoi as-tu fait ça ? »

« Sérieusement, arrête ! Ne laisse pas tomber ça ! »

« Que veux-tu dire par “reprendre là où vous en étiez” ? »

C’était Rin, Cécilia, Charl, Laura… C’était tout le monde sauf Houki !

« Ichika ! Qu’as-tu fait pendant les vacances d’été ? »

« Pourquoi, Ichika ! Tu me déçois beaucoup ! »

« I-Ichika ? Qu’est-ce que tu as laissé tomber exactement ? »

« Se faufiler comme ça… Impardonnable. »

Les quatre filles s’étaient levées à l’unisson.

« Attendez ! Attendez, je peux expliquer ! On n’a rien fait qu’on ne veuille pas mentionner ! Pas vrai, Houki ? Pas vrai ? »

« Pourquoi faut-il que tu nies si fort… ? »

« Eh ? »

Smack ! En plein dans la tête.

« Hmph ! » Houki, ayant terminé son repas, était partie en emportant son plateau.

Hé, attends ! Ne me jette pas aux loups !

« Ah, de toute façon, j’ai fini, donc je vais retourner à mon — Bwah ! »

Au moment où je me levais, Rin m’avait attrapé et m’avait replacé dans mon siège. J’avais été encerclé avant même d’avoir pu dire « Aïe. »

« Ichika ! Je veux savoir ce que tu as fait l’été dernier ! »

« J’exige une explication ! »

« Il ne faut pas faire de favoritisme, Ichika. »

« Il semble que tu aies besoin d’une leçon plus concrète. »

Attendez ! Attendez juste ! Att — NOOOOOOONNNNN !

 

Hmph. Ichika est vraiment un idiot. Houki ferma la porte de sa chambre derrière elle, avant de s’affaler en arrière sur celle-ci. Heureusement, sa colocataire, Takatsuki Shizune, était toujours dehors, alors elle pouvait un peu respirer.

« Une fois que tu auras terminé, pourquoi ne pas reprendre là où nous en étions restés — »

Elle avait repensé aux mots d’Ichika. Ba-dum. Sa poitrine battait la chamade. Le simple fait de penser à ce qui s’était passé cet été-là suffisait à faire palpiter son cœur. Alors que son pouls s’emballait, son visage rougissait.

Je ne me suis pas assez entraînée… En appuyant ses mains sur ses joues brûlantes, Houki avait parcouru les positions des arts martiaux de l’école Shinonono. Elle s’était dit « calme-toi, calme-toi » encore et encore alors que les images des mouvements envahissaient son esprit, et elle avait comparé ses propres mouvements à ses souvenirs. Et voilà. Les pas sont plus rapides, le jeu de jambes est plus complexe… Son père, quand il saisissait l’acier vivant, était si vigoureux, si énergique. Il se déplaçait comme de l’eau qui coule, mais avec une netteté précise. Il est merveilleux.

L’objectif de Houki était de devenir comme son père et professeur, Shinonono Ryuuin. Elle avait une véritable admiration pour ses capacités. Et, en y réfléchissant, c’était un homme que rien n’effrayait. Vraiment différent d’Ichika dans ce sens. C’est vrai ! Les hommes doivent être imperturbables ! Alors que son esprit dérivait, l’homme dans ses images mentales passait de son père à Ichika. Mais cet Ichika était différent. Il était vigoureux, énergique, plein de ressources et vif. Sûr de lui. Magnanime.

« N-Non ! Non ! Ça ne peut pas être lui ! Il n’est pas du tout comme ça ! » Houki secoua la tête avec une telle énergie que sa queue de cheval rebondit comme la queue d’un cheval au galop.

« Shinonono… si tu ne bouges pas, je ne peux pas entrer. »

« Qu… »

Surprise par la voix venant de l’extérieur de la porte, Houki s’était élancée en avant, déplaçant son poids sur la porte.

« Nous y voilà. »

« Désolée… »

« C’est bon. Ne t’inquiète pas pour ça. » Shizune avait souri et elle s’était installée sur son lit avec un livre de poche. Le titre était « La voie du guerrier ». Mais l’ensemble était une parodie à l’américaine. Shizune pouvait sembler super-sérieuse, mais elle adorait les comédies trash — dans le bon sens du terme —. Si vous le lui demandiez, elle dirait qu’elles lui enlèvent ses soucis.

« Au fait, Shinonono. »

« Q-Quoi ? »

« Une autre plainte. Vous, les filles avec vos propres IS, vous continuez à monopoliser Orimura. »

« Ce n’est pas comme si je pouvais y faire quelque chose moi-même. »

« Le truc où il est prêté à des clubs ne va-t-il pas bientôt commencer ? »

Récemment, il avait été annoncé qu’Ichika, bien que faisant partie de la branche exécutive du conseil des élèves, serait prêté à d’autres clubs pour aider à tout ce qui devait être fait. Il y avait eu un certain nombre d’objections selon lesquelles cette épreuve devrait peut-être être réglée avec l’IS, mais la présidente du conseil des élèves Sarashiki Tatenashi avait calmé tout le monde avec le marché faustien de « Ne vous inquiétez pas. Les clubs les plus coopératifs auront la priorité ».

Bon sang, il est juste tellement… tellement… Pourtant, Houki était membre du club de kendo. La perspective de voir Ichika venir aux entraînements lui plaisait. Je suis sûre que s’il me voit, même Ichika réalisera… Elle avait secoué la tête une nouvelle fois pour se reprendre. Non, ce n’est pas ça ! Ce n’est pas ça, juste… C’est un peu comme ça. C’était une excuse faite à personne en particulier, mais Houki se sentait quand même un peu coupable. Argh… Ce n’est vraiment pas comme ça, pourtant ! Je ne serais jamais aussi inconstante que…

« Shinonono ? »

« O-Oui !? »

« Vas-tu bien ? Tu as l’air très préoccupée par quelque chose. »

« Je… Non. Je vais bien. »

« Oh. »

Shizune s’était retournée vers son livre. Pour Houki, la réaction blasée de Shizune n’avait fait que souligner encore plus sa propre maladresse, et elle avait sombré dans un profond embarras. C’est la faute d’Ichika… Tout est de la faute d’Ichika… Elle était juste en colère, mais cela l’avait consumée jusqu’à ce qu’elle s’endorme enfin.

 

« Argh… Elles m’ont mâché et recraché… »

Après avoir été libéré de mon interrogatoire, j’étais retourné dans ma chambre, hébété.

« Bienvenue à nouveau. Je me suis dit que j’allais passer. »

« Tatenashi… » Je m’étais effondré, résigné.

Sarashiki Tatenashi. Présidente du conseil des élèves de l’Académie IS. L’élève le plus fort de l’école. Un an de plus que moi.

Sa personnalité est… On pourrait dire qu’elle était « désinhibée », qu’elle était « libre d’esprit » ou qu’elle était tout simplement comme un chat. Elle devait être habituée à ouvrir ma chambre et à y entrer, alors qu’elle était vautrée sur le lit à lire un magazine de mode.

 

 

« … »

« Qu’est-ce qu’il y a ? Oh, tu essaies de regarder ma culotte ? »

« E-Euh, tu ne devrais pas lever les jambes comme ça quand tu portes une jupe, non ? Je n’ai même pas le droit de choisir si j’en ai envie ou pas ! »

« Mm-hm. Donc tu l’as vue ? »

« Eh bien… »

« Question, donc. De quelle couleur est elle ? »

« Elle… est rose. »

« Oh, mon Dieu. Tu es un tel pervers. »

Argh, qu’est-ce qu’il y a avec elle !? Est-elle juste là pour se moquer de moi ? Chaque fois qu’elle venait dans ma chambre, c’était comme ça.

« Bref, il y a quelque chose dont je voulais te parler aujourd’hui. »

« Quoi. »

« Ne sois pas si distant. C’est sérieux. C’est à propos de cette organisation. »

« Cette organisation » ne pouvait signifier qu’une chose : l’Unité Fantôme. J’avais soudainement retrouvé mon attention.

« C’est officieux, mais ils viennent d’attaquer une base américaine d’IS. Leur cible semble avoir été l’IS lui-même. Tu devrais t’assurer qu’ils n’arrivent pas à avoir le tien. »

« Bien sûr. Je n’ai pas l’intention de retomber dans le même piège. »

« Excellent. J’aime les hommes qui apprennent leurs leçons — maintenant, vas-tu continuer à les apprendre jusqu’à ce que je sois absolument fascinée par toi ? »

C’est… un obstacle assez important, mais elle devait avoir des critères élevés, avec une famille comme la sienne. Je ne pouvais même pas imaginer à quoi ressemblerait l’homme idéal pour elle. Et avec quel genre d’individu va-t-elle se retrouver ?

« Oh, tu t’inquiètes pour moi ? Ne t’inquiète pas, ça va aller. Après tout, les femmes ont aussi leurs priorités. Je suis sûr que je vais trouver quelqu’un. »

« Uhh… »

« Peut-être même que ce sera toi, Ichika. »

« Ahaha… » Encore cette blague. J’avais poussé un petit rire sec.

« Je n’arrive pas à te croire. Ça fait vraiment mal. »

« Eh bien, juste, euh… »

« Les enfants qui disent ce genre de choses ont besoin d’une bonne chatouille. »

« S’il te plaît, non. Ce n’était vraiment pas drôle. »

Le fait que, pendant qu’elle me chatouillait, sa poitrine voluptueuse et ses cuisses douces étaient pressées contre moi n’avait rien arrangé. En fait, c’était dangereux. À plus d’un titre.

« Je pense qu’il est temps de faire ce que ton corps réclame, Ichika. »

Tatenashi s’était rapprochée de moi, ses doigts s’approchaient de moi. Oh non ! Si je ne sors pas de là, je… Toc, toc.

« Ichika, as-tu une minute ? »

Le coup soudain avait été suivi par la voix de Charl. Je suis sauvé !

« Bien sûr ! Juste une seconde, je vais ouvrir la porte ! »

C’était ma façon d’échapper à la torture par chatouilles de Tatenashi ! Je levais pratiquement les bras en l’air en marchant vers la porte.

« Désolée de te déranger. »

« Entre ! »

« Eh ? » Charl s’était soudainement figée en voyant le sourire de Tatenashi. Son expression s’était raidie, passant de la surprise à un blanc terrifiant.

« Ichika, que faisiez-vous tous les deux ? »

« Oh ? Rien, je discute juste. »

« Hmm… Alors pourquoi as-tu dit que je pouvais entrer ? »

« Parce que — Hein ? Charl, es-tu fâchée à propos de quelque chose ? »

« Pourquoi penses-tu cela ? Bien sûr, ce n’est pas le cas. Je ne suis pas du tout en colère. »

Wôw ! Je pouvais pratiquement voir ses veines se gonfler de colère et les flammes danser derrière elle ! Pourquoi ? Pourquoi, Charl !?

« Je vais partir maintenant. Prends tout le temps du monde, Charlotte. »

« Compris. »

Alors quoi, elle se pointe pour foutre le bordel et s’enfuit ? Elle était quoi, une sorte d’armée de guérilla d’une seule femme ? Ah bon. La vie n’est pas juste. Tatenashi, ayant rendu les choses gênantes, s’en était allée.

« Hum… »

« … »

Un silence soudain était tombé sur nous.

« Euh, de toute façon, pourquoi ne pas s’asseoir ? Puis-je faire du thé ? »

« Oh, merci. Le thé me convient parfaitement. »

« D’accord. »

J’étais resté assis sur mon lit, sans rien faire pour atténuer la gêne. Pour une fois, Charl s’était assise à côté de moi plutôt qu’en face.

***

Partie 4

« Euh, hm… »

« Quoi ? »

« Oh, euh, ce n’est rien. » La voix de Charl, proche de moi, était claire et lumineuse. Si une voix pouvait faire des dégâts, j’aurais été criblé de trous. Je suppose que ce serait bien le cas. De toute façon, même si je n’avais rien à me reprocher, le silence me pesait toujours. C’était comme être sur des épingles et des aiguilles. Argh…

« Pff —, » Charl avait soudainement essayé de retenir un gloussement. « Haha. Vraiment, Ichika, je ne suis pas en colère. Tu n’as pas besoin d’être si nerveux. »

« Oh ? Euh… Vraiment ? »

« Tu te tortilles comme un gars qui vient d’être surpris en train de tricher. C’est hilarant, hahaha. »

Son sourire était pur, sans une once de suspicion. On aurait dit qu’elle n’était pas vraiment en colère.

« Bref, euh. Pourquoi étais-tu en colère avant ? »

« Tu deviens bien trop ami avec Tatenashi. »

« Hein ? Je ne pense pas. N’est-elle pas amie avec tout le monde ? »

« … Ce n’est pas ce que je voulais dire. »

Hein ? Qu’est-ce que c’était ? Charl avait murmuré quelque chose, mais je n’avais pas réussi à le comprendre.

« Bref, je voulais te parler de quelque chose. » Charl était soudainement devenue très agitée et se triturait les doigts en me regardant de travers. « Euh, eh bien. Tu te rappelles que tu m’as offert ce bracelet ? Je… Je voulais te rendre la pareille et t’offrir quelque chose à porter pour ton anniversaire. Qu’est-ce que tu en penses ? »

Elle semblait vraiment à bout de nerfs lorsqu’elle avait commencé à parler, mais lorsqu’elle avait terminé, elle était penchée vers moi et parlait avec attention.

« Oh, le bracelet de cet été ? Eh bien…, » j’avais remonté ma manche et lui avais montré mon bras droit. Sur celui-ci se trouvait un gantelet, mon IS Byakushiki en mode veille. « J’ai déjà ça. »

« Ah… Bien ! » Elle s’était rapprochée. « Que dirais-tu d’une montre ? Je suis sûre que ça pourrait être utile ! »

Tout en parlant, elle releva sa propre manche gauche, révélant une montre de femme à la fois délicate et mignonne.

« Hein. C’est une belle montre. »

« N’est-ce pas ? Et ils font un modèle pour homme, alors on pourrait avoir des accessoires assortis… »

« Mais je n’utilise pas vraiment de montres. Je sors juste mon téléphone. »

« … »

C’est drôle. Je pouvais voir sa grimace alors qu’elle essayait de garder son sourire. Mais pourquoi ?

« Ichika, si tu veux avoir l’air vif, il te faut une montre. »

« Euh. Si tu le dis comme ça… »

Il ne semblait pas que j’avais la possibilité de ne pas être d’accord. Mais pourquoi ?

« Bref, pourquoi ne pas aller faire du shopping en ville ce week-end ? Je voulais regarder les vêtements de toute façon. »

« Je suppose que oui. Pourquoi ne pas le faire ? »

« Vraiment !? Tu promets ? Promets-moi que tu le feras ! » Charl avait tendu son petit doigt. Depuis qu’elle avait appris que les serments du petit doigt étaient à l’origine un truc japonais, Charl avait fait une petite fixation sur eux. Je n’avais aucune raison de ne pas suivre le mouvement et c’était devenu une habitude entre nous.

« Je croise mon cœur et j’espère mourir, je te colle une bombe à fragmentation dans l’œil. »

Son interprétation… unique des mots était toujours un peu terrifiante. Charl serait certainement la plus effrayante de toutes si vous la rendiez folle.

« Alors, c’est scellé. »

« Oui. »

Charl avait gloussé et avait dit. « J’ai hâte d’être au week-end prochain. »

Ce n’était encore que lundi, donc c’était encore loin.

 

« I ! Chi ! Ka ! Es-tu réveillé ? Je sais que tu es réveillé là-dedans ! Ce week-end, on peut… »

Ma porte s’était ouverte avec fracas, révélant Rin. Quand elle avait vu à quel point Charl et moi étions proches, ses lèvres s’étaient tordues.

« … Que faites-vous tous les deux ? »

« Elle voulait faire un serment… »

« ICHIKA ! »

Charl, troublée, avait couvert ma bouche. Mais cela n’avait pas suffi à cacher mes paroles à Rin, et ses yeux avaient brillé.

« Un petit serment, hein ? Alors qu’est-ce que tu lui as promis ? Hein ? Crache le morceau ! »

« Nous allons faire du shopping ce week-end… »

« Hmph ! Ichika, espèce d’idiot ! »

Argh, elle était folle. Charl avait filé avec un « je ne te connais même plus. » Pourquoi ? Le shopping est plus amusant dans un plus grand groupe.

« Oh vraiment ? Je suppose que je vais aussi me joindre à vous. On se voit ce week-end, Charlotte ! »

« Oh, je suppose que oui… »

Rin souriait comme un chat qui avait volé le poisson du dîner, tandis que Charl faisait la moue. Je… Je ne pensais pas que Charl détestait Rin, si ?

« Alors cela sera tous les trois. »

Rin avait souri et avait répondu, « Je suppose que oui. À quelle heure se retrouve-t-on ? »

« Dix heures, devant la statue en face de la gare ? » Charl l’avait suggéré sans changer d’expression. Si elle continuait à faire la moue comme ça, j’allais devoir lui taper sur la joue.

« Charl. »

« Quoi ? »

Poke.

Poke, poke.

 

 

« … »

« … »

« Ahh… » Rin haussa les épaules en signe d’exaspération.

« Ichika, espèce d’idiot ! » Charl avait quitté ma chambre en claquant la porte derrière elle.

« Ichika, franchement. Tu es vraiment… »

« S’il te plaît, ne le dis pas. »

« Tu es vraiment un idiot. »

Eh bien, excuse-moi.

 

Oh, oh wôw… Charlotte se cacha le visage avec ses mains en retournant précipitamment dans sa chambre. Ses joues étaient déjà roses et commençaient à chauffer. Ichika a juste… Il a juste tendu la main et m’a touchée… Ahh… Si j’avais eu un peu plus de temps pour me préparer, je ne me serais jamais enfuie de la chambre comme ça…

En réalité, elle était toujours frustrée qu’il ait plaisanté sur sa colère au lieu de montrer un peu d’empathie. Mais elle était une adolescente de 15 ans amoureuse. Le battement dans sa poitrine dû à son béguin touchant ses joues et c’était bien plus intense que toute frustration.

Après avoir jeté un coup d’œil pour s’assurer que personne ne la regardait, elle passa lentement et avec hésitation un doigt sur l’endroit qu’Ichika avait touché. Maintenant que l’étincelle dans son cœur était allumée, Charlotte ne pouvait empêcher son visage de rougir.

Si Ling ne s’était pas montrée à ce moment-là, on aurait pu sortir ensemble… J’aurais aimé qu’il la rejette. Ah bon, ce qui est fait est fait.

Elle savait qu’Ichika n’était pas du genre à avoir des préférences, mais quand même… Pourtant, elle souhaitait que ça arrive. Juste une fois, j’aimerais qu’il me traite de façon spéciale… Un tel égoïsme était le privilège d’une fille amoureuse.

« Ouf… » Charlotte était arrivée à sa porte, et laissa échapper un profond soupir en la poussant.

« Ciao ! »

« Charlotte. Aide-moi à la faire sortir d’ici. »

Charlotte avait dû retenir un « wow ». Laura et Tatenashi étaient à la gorge l’une de l’autre — ou du moins, Laura était à la gorge de Tatenashi. Si elle avait été un chat, ses cheveux auraient été hérissés et sa queue se serait dressée comme une antenne. Son œil était plissé de 60 % de plus que d’habitude.

« Tu sais, on dit que chaque fois que tu laisses partir un soupir, c’est un peu de bonheur qui s’en va avec lui. »

« Euh, euh, bîen sûr. Je ferai attention à ça. »

« Charlotte ! Dis-moi comment me débarrasser d’elle ! »

« Euh… Laura… Je ne peux pas vraiment… » La bonne nature de Charlotte était prise entre le marteau et l’enclume. Elle pouvait pratiquement entendre son bonheur sprintant au loin.

« Allez, Laurie ! Ne peut-on pas être amies ? »

« Ne m’appelle pas Laurie ! Et je n’ai aucune raison d’être ton amie ! »

« Ah bon ? Eh bien, je vais devoir… »

« Quoi ? Attends, non, pas ça ! » L’expression de Laura s’était transformée en un regard de terreur.

Alors que Charlotte se demandait ce qui se passait, Tatenashi s’était approchée de Laura, paumes tendues et doigts en avant. Oh, c’est vrai, Laura est chatouilleuse. Chatouilleuse. Être capable de forcer les autres à sourire était le secret de la réussite de Tatenashi… Non, c’était son passe-temps favori.

« Non ! Non, arrête ! Espèce d’idiote ! Je vais vraiment me défendre ! »

« Fufufu. Et combien de temps vas-tu pouvoir continuer comme ça ? »

« Reste en arrière ! Je suis sérieuse ! Je vais te couper ! » Laura avait déjà dégainé son couteau tactique, mais son œil droit frémit d’un mélange de désarroi et d’effroi.

« Il te faudra plus qu’un couteau pour me tenir à l’écart ! »

« Bon sang… Si j’avais une arme, tu serais… »

« Faire des pupusas sur le champ de bataille est un bon moyen de se faire tuer. »

Elle faisait des jeux de mots sur les « excuses » pour une raison inconnue. Probablement. Du moins, c’est tout ce que Charlotte pouvait imaginer.

Eh bien, ça devrait être bientôt fini. Je devrais faire du chocolat. Charlotte avait récemment appris qu’une bonne tasse de chocolat chaud était le meilleur moyen de calmer Laura. Il suffisait de le faire bien épais, et même si elle se plaignait, Laura le buvait furtivement comme un écureuil devant une mangeoire.

« C’est l’heure du spectacle ! »

« Ah, attends… WAAAAAAAAH ! »

Il va sans dire que bientôt, la pièce avait été remplie des rires tendus de Laura.

 

« Argh, je ne peux pas te croire ! Pourquoi ne m’as-tu pas aidée ? Comment as-tu pu abandonner une camarade comme ça ? Tu as dû devenir folle ! On fait les choses différemment dans mon escouade. Peu importe à quel point la situation semble sombre. Nous n’abandonnons jamais nos alliés. Cette stratégie est ce qui nous permet de fonctionner comme une unité cohésive. C’est ce qui fait de nous une seule personne. En premier lieu —, » Laura avait siroté le cacao que Charlotte avait préparé en se plaignant à elle.

« Est-ce que tu m’écoutes au moins !? » Après une grande gorgée, elle s’était mise à crier. Mais Charlotte était habituée à ce genre de comportement et se contenta de hocher la tête tout en peignant les cheveux de Laura.

« Laura, que penses-tu du nouveau shampooing ? »

« Hmm ? Eh bien, je ne déteste pas l’odeur. »

« Je vois. C’est une bonne chose. Je ne t’avais jamais acheté un parfum à la lavande avant, alors je m’inquiétais de ce que je ferais si tu ne l’aimais pas. »

« Eh bien… Je veux dire, je ne l’aime pas non plus. Mais je ne le déteste pas. » Laura était toujours particulièrement bavarde après une chatouille de Tatenashi. Et dernièrement, quand Charlotte lui peignait les cheveux, elle fermait à moitié les yeux comme un chat satisfait. On aurait dit que ça lui faisait tellement de bien qu’elle s’endormait presque pendant. « Ahh… »

Bien sûr, Laura avait laissé échapper un petit bâillement, presque hypnotisée par le mouvement rythmique. Le pyjama à oreilles de chat qu’elle portait semblait faire partie de son rituel du coucher.

« On va se coucher, Laura ? »

« Hm… Je suppose que oui…, » répondit langoureusement Laura, avec un hochement de tête, puis elle prit une autre petite gorgée de cacao. Son comportement la faisait passer encore plus pour un chaton, à tel point que Charlotte avait presque envie de la prendre dans ses bras.

« N’oublie pas de te brosser les dents. »

« Je le sais… »

Laura, déjà à moitié dans ses rêves, avait terminé son cacao d’une seule traite, puis était partie à la salle de bains. Trois minutes plus tard, elle revint et se jeta directement dans son lit, se faufilant sous sa couverture.

« Je vais éteindre les lumières. Bonne nuit, Laura. »

« Mhm. »

En un rien de temps, son souffle s’était stabilisé. Charlotte, qui entendait sa colocataire dormir, poussa un soupir de soulagement. Je suppose que ce sera amusant d’être trois… Ses pensées se tournèrent vers le week-end de shopping. Tournant les yeux vers le bracelet de son poignet gauche, qui scintillait dans l’obscurité, Charlotte commença son propre rituel du coucher.

Bonne nuit, Ichika… Elle l’embrassa légèrement, avant d’enfouir son propre visage dans sa couverture comme pour cacher son rougissement.

***

Chapitre 2 : Demoiselles, sonnez votre marche victorieuse

Partie 1

« Mm-hmm-hmm ~ ♪ »

Tina, la colocataire de Ling, se murmura « Encore ça ? » en voyant Ling de trop bonne humeur actuellement. Elle tenait dans ses mains une coupe de glace de haute qualité — et très calorique. Charlotte sera là, mais peu importe. Ça n’a pas d’importance. Je vais faire du shopping avec Ichika. Et c’est un rendez-vous, non ? Un rendez-vous ! Dans son esprit, elle était le centre de l’univers. Un autre privilège d’une fille amoureuse.

« Très bien, celle-là ! » Ling avait finalement choisi la tenue qu’elle allait porter et, après l’avoir montrée du doigt, commença à s’habiller. Tina, pendant ce temps, s’était lassée de la regarder et avait reporté son attention sur le talk-show du matin sur un écran de projection flottant.

« C’est bon, j’y vais ! »

« Bien sûr. Amuse-toi bien. »

Une seconde après que la porte se soit refermée derrière Ling, elle soupira en voyant qui l’attendait dans le hall.

« Bonjour, Cadet Huang Lingyin. »

« Bonjour… »

La femme avait une vingtaine d’années. Ses yeux étroits se cachaient derrière une paire de lunettes à monture épaisse, et elle portait un tailleur bien ajusté. Elle pouvait facilement être confondue avec Chifuyu par sa seule description, mais une chose les distinguait : son expression perpétuellement irritée.

« Pourquoi ? Qu’est-ce que ça peut être, Directeur Yang ? »

Ling pouvait sentir un tremblement de mauvais augure remonter le long de sa colonne vertébrale. Je croyais qu’elle était rentrée en Chine ! Que fait-elle au Japon ?

Faisant de ce pressentiment une réalité, la directrice des cadets Yang Lei-Lei avait relevé ses lunettes de la main droite et avait répondu : « Les modules de haute mobilité “Feng” pour le Cannonball Fast sont prêts. Nous aimerions commencer la configuration, l’installation et les premiers essais dès que possible. Préparez-vous. »

« Quoi ? Pas possible ! Euh, je veux dire, j’avais déjà fait des plans pour aujourd’hui, donc… »

Le regard de Yang s’était rétréci et elle avait murmuré, « Ne me faites pas répéter. »

« C-Compris… »

Les épaules de Ling s’étaient affaissées et elle avait rapidement tapé un texte dans son téléphone. C’est tout ce qu’elle avait écrit — tout ce qu’elle avait pu se résoudre à écrire — à Ichika.

« … Est-ce que le canon à impact est toujours disponible avec ce kit ? »

« Sa puissance de sortie a été réduite, et son motif modifié en un jet à courte portée, mais il est toujours utilisable. Les propulseurs auxiliaires sont d’un nouveau type, il faudra donc s’habituer à leur sensation. »

« Compris. »

Malgré tout ce qu’elle était, Ling était aussi une cadette nationale, et quand elle devait changer de mode, elle le faisait en un clin d’œil. Alors qu’elles se dirigeaient vers la salle d’installation d’IS, Ling vérifiait les données du kit, interrogeant de temps en temps Yang sur des détails.

Hmm… Honnêtement, ce n’est pas si mal. Ling avait un œil vif pour les détails sur les IS. Ses yeux brillaient comme ceux d’un chat. Mais… Je me suis vraiment fait avoir ici, n’est-ce pas ?

Ichika allait toujours faire du shopping. Ce qui signifiait qu’il serait seul avec Charlotte. Argh ! Nous allons à coup sûr nous rattraper, Ichika ! Ling avait serré si fort son ordinateur IS qu’il n’avait fallu que deux secondes pour qu’il affiche un avertissement de haute pression.

 

Est-ce que mes cheveux ont l’air bien ? Je devrais probablement les vérifier à nouveau. Charlotte, qui était arrivée à l’endroit où elle devait retrouver les autres avec 45 minutes d’avance, vérifiait anxieusement ses cheveux pour la douzième fois. Elle tenait dans sa main un poudrier pliable en laque de Wajima, qu’elle avait commandé en ligne sur un coup de tête quelques jours auparavant. Son design représentait de l’herbe de susuki sur une colline devant une pleine lune, parfait pour la saison.

« Mmn… » Alors qu’elle taquinait sa frange d’un côté à l’autre, elle gémissait doucement pour elle-même.

Je n’arrive pas à me décider… Ni l’un ni l’autre n’était sensiblement meilleur ou pire, mais pour Charlotte, c’était un jour spécial. Elle voulait être à 100 % pour le garçon qu’elle aimait. C’était naturel. Cependant, je suis arrivée trop tôt.

Rangeant son poudrier, elle vérifia la montre à son poignet droit. Il reste encore 40 minutes. Ouf… Je prends tout ça trop au sérieux. J’ai besoin de me détendre. Elle s’était entraînée à sourire. Malheureusement pour elle, elle leva la tête avec un sourire plein d’espoir, mais elle croisa le regard de deux play-boys à l’air louche.

« Salut, joues douces ! »

« Qu’est-ce que tu fais aujourd’hui ? Hein ? Veux-tu aller t’amuser ? »

La plupart des pays évoluant vers la supériorité des femmes, la position des hommes avait pris un sacré coup. Mais cela signifiait simplement que ceux qui avaient le bon physique — le genre d’homme qui aurait été un hôte ou une idole dans le passé — étaient encore plus attirés par l’idée de s’attacher à quelqu’un. Cela signifiait que ce genre de drague de jolies filles dans l’espoir vain, à plus d’un titre, se produisait encore.

« Désolée, j’ai des projets. »

« Vraiment ? Allez, ça va être amusant. »

« Ma voiture est juste là. On peut aller partout dans le monde ! Viens, je te dirai tout sur les voitures françaises pendant qu’on roule. »

Français — cela avait suffi à affecter Charlotte.

« Des voitures françaises ? Vous conduisez quelque chose avec un tel kilométrage au Japon ? Vraiment ? »

Le duo, abattu par un sourire empli de venin, s’était effondré. S’ils poussaient plus loin, Charlotte, grâce à sa maîtrise du Changement Rapide, pouvait les remplir de plomb en moins d’une seconde.

Argh, ils ruinent ma matinée… Elle avait imaginé au moins cinq façons de le faire. Le sourire qu’elle afficha les convainquit qu’ils avaient une chance, et l’un des hommes se déplaça pour poser sa main sur son épaule.

« Aïe ! Aïe ! Aïe ! »

Avant qu’il ne puisse la toucher, Charlotte avait pivoté et tordu son bras comme un bretzel. Elle se souvenait à tous les coups des bases du combat au corps à corps.

« Pouvez-vous garder vos mains loin de moi ? Je ne veux pas que l’odeur de cette eau de cologne bon marché déteigne sur moi. »

« Qu-Qu-Quoi !? »

« Hé ! Laisse-le… »

Le deuxième homme, confus, était sur le point d’aider son ami, jusqu’à ce qu’un coup de poing sur le côté le fasse tomber au milieu de sa phrase.

« Et que faites-vous à ma camarade ? »

« Ichika ! » Ichika était courageusement apparu pour la protéger des malfaiteurs ! … C’était sans doute exagéré, mais en tout cas, le sourire d’Ichika brillait positivement dans les yeux de Charlotte. Incroyable ! Il est comme un prince de conte de fées ! Charlotte était si enchantée qu’elle n’avait pas remarqué qu’elle continuait à tordre le bras de l’homme.

« Gyaaah ! »

Le craquement satisfaisant de quelque chose qui se disloquait et les cris de l’homme résonnèrent sur la place devant la station.

 

« Être aussi insistant avec les femmes est un crime, vous savez. Allez, par ici. Atta-boy. »

Les mots du sergent d’âge moyen étaient étrangement en décalage avec son ton alors qu’il conduisait les deux hommes vers la salle de détention de la gare. Ainsi, les festivités de la matinée s’étaient terminées.

« … »

« Ichika ? »

« Je suis vraiment désolé d’être en retard ! » J’avais frappé mes mains l’une contre l’autre en m’excusant. Charl était perplexe.

« Eh bien… Tu es encore là tôt, non ? Merci de m’avoir sauvée. »

« Qui ne le ferait pas ? »

Elle semblait vraiment reconnaissante envers moi, à sa manière modeste et réservée. Honnêtement, c’était un peu gênant d’être autant remercié. N’importe qui aiderait son amie dans une telle situation.

« … »

« … »

Bien sûr, nous étions à court de sujets de conversation. Charl avait transpiré en se défendant avec du judo ou ce qu’elle faisait plus tôt, et s’éventait avec sa paume.

« Cependant, Ling est plutôt en retard. »

« Oh ! C’est vrai ! Rin ne vient pas aujourd’hui. Il y a eu un imprévu. »

« EHH !? »

L’exclamation soudaine de Charl avait attiré l’attention des gens autour de nous. C’était un dimanche ensoleillé, et nous étions près de la statue devant la gare. Il y avait donc beaucoup de gens autour qui attendaient les autres.

« Alors aujourd’hui, il n’y a que nous deux… »

« Que dois-je faire ? »

« Hein ? »

« Juste… C’est si soudain, je ne suis pas prête… »

« Prête ? Hein ? »

« Bref ! Qu’est-ce que je fais !? »

Eh bien. Je n’étais pas vraiment capable de répondre à ça. Qu’est-ce que j’étais censé dire ? « Alors, on va la retrouver ? »

 

Pourquoi ? Pourquoi Ling ne vient-elle pas ? Qu’est-ce que je fais ? C’est trop, trop tôt ! Charlotte ignorait l’air perplexe d’Ichika devant elle pour se plonger à corps perdu dans sa propre panique intérieure. Parfois, être une experte du Changement Rapide avait ses propres problèmes. Qu’est-ce que je fais ? Qu’est-ce que je fais ? C’est trop tôt pour être ensemble… pour un rendez-vous comme celui-ci… Interpréter les choses de la meilleure façon possible pour elle était encore un autre privilège d’une fille amoureuse. Qu-Qu-Qu’est-ce que je fais !? Qu’est-ce que je fais de ça ?

Se calmant, elle réalisa que c’était une grande opportunité. Elle ne pouvait pas laisser passer l’occasion de « rendre la pareille pour ce bracelet » autant qu’elle le pouvait. Charlotte entrelaça ses mains derrière elle, le regardant du coin de l’œil comme pour s’assurer qu’il était toujours là. Le sentiment de courage que cela lui procurait était suffisant pour qu’elle aille jusqu’au bout de son pari.

« Alors, euh… »

« Oui.

« Passons la journée à nous promener ensemble ! »

« Bien sûr ! »

Charlotte était si catégorique qu’Ichika ne put s’empêcher de la suivre. Les regards perplexes des passants étaient suffisants pour qu’elle se dirige vers le centre commercial voisin en rougissant.

Je suis seule avec Ichika… Je suis seule avec Ichika… Est-ce que je devrais lui tenir la main ? Attends, non ! Il va probablement penser que je suis bizarre si je le fais. Mais ses mains sont si grandes et si… Attends, non ! Non, non ! Charlotte secoua la tête, essayant de s’éclaircir les idées. Elle serra les poings, se rappelant la sensation de la main d’Ichika dans la sienne.

« Je n’en ai pas besoin ! »

« Hein ? »

« Je n’en ai pas besoin, Ichika ! C’est ça ! Je n’en ai pas besoin du tout ! »

« Je vois. C’est bien. Alors, où devrions-nous aller ? »

« Euh, euh, là ! » Charlotte était si troublée qu’elle n’avait pas réalisé qu’elle désignait directement un magasin de lingerie.

« Eh ? Uh, c’est, umm, un peu… »

Ce n’est que lorsque le visage d’Ichika était devenu rouge vif que Charlotte avait compris où elle voulait aller. Son propre visage était devenu tout aussi rouge et elle avait commencé à agiter rapidement les mains.

« Désolée ! Je ne voulais pas dire celui-là ! C’était un autre ! Un autre ! »

« Bon… »

Rougissant tous les deux, ils s’étaient regardés un instant avant de fixer leurs pieds. La fois suivante où Ichika avait levé les yeux, par hasard, il remarqua ce qui ressemblait à un visage familier dans le magasin de lingerie.

« Hein ? »

« Qu’est-ce qu’il y a ? Ichika ? »

« J’ai juste… Hé, Ran ! » Il avait crié, se disant que ça devait être elle. Ran s’était crispée en sursaut en entendant ce cri soudain.

« I-Ichika !? »

Elle avait rapidement caché le sous-vêtement qu’elle regardait derrière son dos, avant de se figer, ne sachant pas quoi faire. Est-ce qu’il m’a vue !? Je choisissais juste une culotte, est-ce qu’il m’a vue !? C’était aussi la première fois qu’ils se voyaient depuis longtemps. Elle avait rougi d’un cramoisi profond, et avait souhaité ramper dans un trou et mourir.

***

Partie 2

Qu’est-ce que je dois faire ? Je veux dire, après avoir remis ça en place… Ran avait furtivement glissé la culotte rayée noire et blanche de derrière son dos sur l’étagère. Avec les soldes, c’était une bonne trouvaille à trois pour 1 000 yens, mais elle ne voulait quand même pas être repérée par son amoureux en prenant ça.

Hé, attends… Qui est cette fille avec lui ? C’est… Ce n’était pas Ling, et ce n’était pas Houki. Ce n’était personne que Ran connaissait. C’est une belle blonde, en plus. Elle ressemble à un mannequin. Rin avait comparé avec anxiété les cheveux de Charl à ses propres cheveux auburn. Les Gotanda avaient tous deux des cheveux auburn naturels sans décoloration, mais pour une fille amoureuse, c’était quand même anxiogène. Après avoir réalisé ce qu’elle ressentait pour Ichika, Ran avait souvent été tentée de teindre les siens en noir mat. Quoi qu’il en soit, il a dit bonjour, donc je suppose que je devrais aller voir ce qui se passe. L’aura de la fille à côté de lui — Charlotte — la faisait cependant hésiter.

Je peux le faire ! C’est bon ! Je peux aller de l’avant même si je suis la plus jeune ! Cinq petites Rans l’avaient encouragée dans sa tête. Ouais ! Mon idiot de frère m’a déjà coûté la chance d’aller au festival de l’école. C’est le moins que je puisse demander. Je suppose que…

Elle avait découvert par les voies détournées que seules les adolescentes semblent avoir qu’Ichika s’était habillé — et avait travaillé — comme un majordome. Une fois pour l’obtention du ticket. Une fois de plus quand elle avait vu les photos. Elle avait déjà giflé Dan deux fois pour ça, mais c’est le cœur innocent d’une fille amoureuse dont on parle. Deux fois étaient loin d’être suffisantes.

J’irai bien ! C’est l’anniversaire d’Ichika ce mois-ci ! Je le verrai aussi là-bas ! Ran avait en fait prévu d’acheter un cadeau aujourd’hui, mais elle s’était laissée distraire par les vêtements et les objets pour elle-même — en particulier la culotte. Son esprit était brutalement occupé par la conscience d’être vue en train de faire quelque chose d’embarrassant, mais son cœur faisait de son mieux pour libérer le territoire.

Ouais ! Je vais m’en sortir ! Les mains serrées et d’un pas formel, Ran s’était approchée d’Ichika. Elle ressemblait à s’y méprendre à la présidente du conseil des élèves de la Junior Académie pour filles de Sainte Marianne.

« Bonjour, Ichika. » Son sourire brillait de toute la pureté féminine qu’elle pouvait rassembler.

« Hé. Es-tu seule aujourd’hui ? »

« Ah, oui. Je ne faisais que me promener. »

« Je vois. Désolé pour la dernière fois. Tu voulais venir au festival, n’est-ce pas ? Surtout que tu y participeras l’année prochaine. »

« Eh bien, oui. Alors ce serait merveilleux si tu pensais à moi la prochaine fois que tu auras des billets. »

Alors que leurs plaisanteries amicales commençaient, Charlotte était celle qui se sentait comme la cinquième roue du carrosse.

Surtout que le fait qu’Ichika soit ami avec des filles extérieures à l’académie n’était pas vraiment réjouissant.

« Hum, Ichika… »

« Ah ! Je suis désolé ! Laissez-moi vous présenter ! »

Elle avait choisi le moment parfait, et Ichika avait interrompu sa conversation. Le peu de considération de la part d’Ichika l’avait fait se sentir beaucoup mieux.

Woooow, elle est magnifique quand elle sourit ! Je ne peux pas la laisser me battre ! Fais de ton mieux, Ran !

Elle doit être plus jeune. Ichika est toujours extrêmement prévenant et attentionné avec les personnes plus jeunes. J’aimerais qu’il soit aussi comme ça avec moi…

« Voici Charl. C’est une camarade de classe, et une cadette nationale française. »

« Charlotte Dunois. Enchantée de vous rencontrer. »

« Je suis Gotanda Ran. Enchantée de vous rencontrer. »

 

 

Charlotte avait pris le dessus, du moins métaphoriquement, dans la poignée de main. L’esprit de Ran s’était troublé en sentant la délicatesse soyeuse de sa peau.

« Hey, tu te souviens de mon ami Dan du festival ? C’est sa petite sœur. »

« Oui. »

« Je vois. »

« J’ai entendu dire qu’elle s’inscrirait à l’Académie IS l’année prochaine. Elle sera donc l’une de nos élèves de première année. »

« Oui ! Oui, je vais le faire ! Ce serait merveilleux si tu me montrais les ficelles du métier ! » Elle s’inclina rapidement à 90 degrés, puis se redressa, son sang lui montant à la tête.

« Oh. En parlant de billets. Ran, as-tu ton téléphone sur toi ? »

« O-Oui ! » Argh, j’ai complètement foiré ça ! Je suis tellement gênée… Jumelant les téléphones, Ichika avait envoyé les données du ticket. « Hein, qu’est-ce que… »

« Un billet VIP pour le Cannonball Fast le mois prochain. Tu voulais le voir, non ? »

« Oh. Oui ! Bien sûr ! »

« Comme pour le festival, je n’en ai qu’un seul à distribuer. Donc je n’en ai pas assez pour tes amies aussi. »

« Non, c’est bon ! C’est bien ! Toutes mes amies seront parfaitement heureuses de le regarder à la télévision ! »

« Je vois. »

Une fois le transfert terminé, Ichika avait rangé son téléphone. Quelques secondes plus tard, Ran avait remis le sien dans son sac.

Argh, j’aurais déjà dû décoller les autocollants. Il doit penser que je suis une telle petite enfante… Pour Ichika, ça semblait juste mignon, mais pour Ran, qui voulait être vue comme une amoureuse potentielle, ce serait encore un échec. Je… J’ai besoin de me rattraper pour ça… Mais comment ? Charlotte est magnifique, je n’ai aucune chance…

Ce n’est pas vrai !

Vas-y !

Ran aurait pu jurer qu’elle entendait des voix qui l’encourageaient, et c’était suffisant pour qu’elle prenne la parole une fois de plus : « Hum, pourquoi ne regardons-nous pas ensemble ? »

« OK. »

Un simple OK. L’apathie soudaine avait tellement dégonflé Ran qu’elle avait failli s’effondrer sur le sol, avant que Charlotte ne la rattrape rapidement.

« Qu’est-ce qui ne va pas ? Vas-tu bien ? »

« Y-Yep… »

Elle est incroyable ! Comme un chevalier en armure brillante ! Elle est si cool et si mignonne et si belle, c’est tellement injuste ! Il n’y a pas de Dieu ! Argh !

« Très bien, alors, regardons autour de nous. »

À l’appel nonchalant d’Ichika, Charlotte et Ran s’étaient fait un signe de tête avant de se déployer à ses côtés.

 

« Un, deux ! Un, deux ! »

« Vous êtes là ! »

« Verrouillage de la cible ! Mise à feu ! »

Troisième arène d’IS. Même les jours de congé, les étudiants désireux d’améliorer leur niveau s’entraînaient dans leur IS de l’aube au crépuscule.

« Haah… Ouf… »

D’un côté de l’arène, Cécilia reprenait son souffle. Elle n’avait cessé d’ordonner à ses modules volants de tirer en avançant à grande vitesse, en imaginant le laser se courber dans son esprit. Mais pas une seule fois, elle avait réussi à faire un tir flexible de son BT, et l’épuisement commençait à se lire sur son visage.

Une fois de plus, elle se concentra, levant le fusil BT Starlight Mk.III sur son épaule. Imaginant une piscine d’eau, elle tira au-dessus du ballon cible.

Bend !

Mais plutôt que sa vision désirée, le laser transperça directement jusqu’à ce qu’il frappe la butée arrière et se dissipe.

« C’est assez pour aujourd’hui… » Soupirant, elle rangea son fusil. Elle s’évapora de sa main droite, se transformant en étincelles de lumière.

En retournant dans la salle d’attente, son visage était devenu de plus en plus sombre, ne montrant que frustration et épuisement.

« Larmes bleues, mode veille. »

Cécilia, baignée de lumière, avait été portée lentement au sol par le PIC alors que son IS s’était éteint. J’ai besoin d’une douche chaude. Ça va peut-être me remonter le moral. En arrivant au vestiaire et en ouvrant la porte, un visage inattendu l’attendait à l’intérieur.

« Oh ? Cécilia ? Quoi de neuf, tu t’entraînes ? »

« Ling… Oui, ce genre de choses. »

Pour une raison inconnue, Cécilia avait ressenti le besoin de feindre un sourire pour sa partenaire d’entraînement habituelle. Pas seulement pour les apparences, mais par fierté.

Qu’elle le reconnaisse ou non pour la reconnaissance d’un égal qu’elle était, Ling passa au sujet suivant. « Je vais essayer de déployer mon nouvel équipement. J’allais utiliser la sixième arène, mais elle était pleine à craquer. »

« Un nouvel équipement ? Je suppose que tu veux dire ton paquetage de haute mobilité ? »

« C’est celle-là. Regarde, Cécilia. Je vais te battre avec ça. »

« Peut-être. J’ai hâte d’y être. »

Le défi lancé par une rivale avait suffi à attiser la passion de Cécilia. C’était peut-être même suffisant pour faire disparaître son épuisement mental. Ling avait toujours été douée pour comprendre ce qui fait tiquer les gens.

« À plus tard ! »

« En effet. Adieu pour le moment. »

Ling avait salué, Cécilia avait souri — un sourire honnête, cette fois — en retour, et elles s’étaient séparées. Je ne perdrai pas ! Pas contre quiconque à l’Académie IS ! Rafraîchie, Cécilia était entrée dans les vestiaires avec une vigueur dans son pas.

 

« Alors, est-ce que quelque chose attire ton attention ? »

« Hmm… »

En regardant l’étalage des montres, je fredonnais. Je ne savais pas comment choisir entre elles, alors je ne pouvais pas dire ce qui était bon et ce qui était mauvais. Honnêtement, même si on m’avait demandé de choisir en fonction du design, rien ne sortait vraiment du lot. Mais Charl veut m’en offrir une comme cadeau d’anniversaire, alors je veux avoir l’air heureux de ce que je choisis.

« Celui-ci est particulièrement populaire. Qu’en penses-tu ? »

« Oh, ça ? Ce n’est pas vraiment… »

« Je vois. » Même le vendeur de montres avait du mal à m’aider. Bon sang, je devais faire quelque chose.

« Oh, Ran, as-tu une montre ? »

« Moi ? Eh bien… »

« Hm ? »

« Je ne… D’habitude, je regarde l’heure sur mon téléphone. »

« Tu vois, je ne suis pas le seul. »

J’avais acquiescé tandis que Charl plaçait ses mains sur ses hanches et commençait à gronder en plaisantant : « Allez, tous les deux. Surtout toi, Ran. Les filles devraient être plus au fait de la mode que ça. »

« Vraiment ? Je vois. »

En regardant ça, Charl prenait déjà Ran sous son aile. Ran, pendant ce temps, l’admirait. Il semble que l’ancienneté ait déjà été établie.

« Mais c’est difficile d’acheter une montre avec une allocation… »

« Oh, c’est vrai. En tant que cadets nationaux, nous sommes considérés comme des fonctionnaires, donc nous recevons une allocation. »

« Oh vraiment ? » Pour être honnête, j’étais extrêmement jaloux de ce fait.

« Oui, nous en avons. Tu n’es pas encore un cadet, n’est-ce pas, Ichika ? »

« C’est toujours bloqué par la paperasserie de l’Agence Internationale d’IS. »

« Mm-hm. Cela fait un moment, n’est-ce pas. »

« C’est sûr. »

On était déjà en septembre, et toujours aucun progrès. C’était le problème d’être le seul garçon au monde à pouvoir piloter un IS. Et probablement, bien que je n’en sois pas sûr, l’implication de Tabane dans la création de Byakushiki était aussi un obstacle. Ils semblaient très insistants pour s’assurer que le Japon n’avait pas la mainmise sur les dernières technologies. C’était vraiment pénible.

« De toute façon, si on continue comme ça, on ne choisira jamais une montre. » Charl avait ramené les choses à leur sujet. Elle avait dû avoir de la peine pour le pauvre vendeur.

« Je suppose… Hmm… »

« Et si je choisissais celui que je trouve le plus beau sur toi ? »

« Oh, ça a l’air génial. Tu as un bon sens de la mode. »

« Le penses-tu vraiment ? Merci. D’accord, je vais trouver quelque chose ! »

« … » Bien que ça ait illuminé Charl, Ran semblait frustrée pour une raison inconnue. Qu’est-ce qui se passe avec elle ?

***

Partie 3

Lorsque Charl s’était rendu compte de l’humeur de Ran, elle l’avait interpellée : « Pourquoi ne me donnes-tu pas un coup de main, toi aussi, Ran ? Tu n’as pas souvent l’occasion de le faire. »

« Eh ? Oh, oui ! »

« Ne t’inquiète pas non plus du prix. »

« OK ! »

« Hé, attends. Je ne veux pas que tu dépenses trop. »

« Oh ? Et qu’est-ce que ça peut te faire ? Après tout, tu es le destinataire. »

« Non, enfin, peut-être, mais… n’es-tu pas un peu inquiète quand tu mets quelque chose de cher ? »

« Alors, quelque chose qu’un lycéen peut acheter avec un travail à temps partiel. Est-ce que ça ira ? »

« Eh bien, euh… Souviens-toi juste que je dois obtenir en retour quelque chose de similaire pour ton anniversaire, Charl. »

« Moi ? Oh, merci ! »

« Et pour ton anniversaire aussi, bien sûr, Ran. »

« Vraiment ? Merci beaucoup ! »

Sur ce, Charl et Ran avaient passé une vingtaine de minutes à me choisir une montre. Finalement, elles étaient revenues avec leur sélection.

« Que dis-tu de ça ? » C’était un alliage qui brillait comme de l’or blanc. « Je pense qu’il te va mieux que l’argent. Tu vois, elle est assortie au gantelet de ta main droite. »

En l’écoutant, j’avais relevé ma manche droite. Sous celle-ci se trouvait un gantelet blanc, l’IS Byakushiki en mode veille.

« Tu as raison. Ils correspondent. »

« Je pense que ça te va bien ! Vraiment bien ! »

« Ouais. Merci pour ton aide, Ran. »

« Oh, pas de problème ! C’était du gâteau ! »

Cela avait dû frapper l’esprit de Ran, car son estomac s’était mis à gargouiller. Elle avait rougi. C’est vrai, il était midi. L’heure du déjeuner.

« Hahaha. Allons chercher quelque chose à manger après ça. »

« Ouais… Merci… »

Même ses oreilles étaient rouges. C’était adorable, et je lui avais tapoté la tête. Pendant ce temps, Charl demandait au vendeur d’emballer la montre.

« Charl, que veux-tu pour le déjeuner ? »

« Pas sûre, et toi ? »

« Ran ? Quelque chose en particulier ? Je vous invite toutes les deux. »

« Non, c’est bon ! Je vais couvrir ma part ! »

« Tu n’es pas obligé de le faire. Que diriez-vous de cette terrasse de café de l’autre côté de la rue ? »

« Cela semble assez cher. »

« Je te l’ai dit, je te le paie. Ou bien es-tu déjà venue ici ? »

« Juste pour boire… »

« Alors c’est décidé. Nous déjeunerons là-bas. »

« D’accord. Merci ! » Ran agitait ses doigts ensemble tout en regardant vers le bas, rougissant d’une gêne visible. Elle devait vraiment être gênée par son estomac qui grondait plus tôt. Je m’étais dit que c’était méchant de ma part de le lui rappeler.

« Bref, allons-y. »

« Bien sûr. »

Charl avait pris la montre en sac et nous avait conduits vers le café. Ran et moi l’avions suivie à l’intérieur.

« Wôw, cet endroit est vraiment chic. Par une chaude journée comme aujourd’hui, c’est le choix parfait. »

Charl sourit alors que le vent semblait caresser ses cheveux. Dans ces moments-là, elle avait vraiment l’air d’une jeune femme noble. Mon cœur avait sauté un battement.

« Bienvenue ! »

« Puis-je vous demander quels sont les spéciaux du jour ? »

« Bien sûr. Le plat du jour est des spaghettis à la crème de crabe. Le dessert est une tarte aux poires. »

« Trois de ceux-là, s’il vous plaît. »

« Très bien. » Après avoir pris notre commande, le serveur était parti en cuisine. J’avais remarqué que Charl et Ran me regardaient attentivement.

« Q-Quoi ? »

« Tu sembles vraiment habitué à ce genre de choses. »

« Eh bien, juste, euh… Je ne mange pas souvent au restaurant, mais Chifuyu m’a toujours dit que je devrais au moins apprendre à commander en douceur. »

« Mm-hm. »

« Viens-tu souvent dans ce genre d’endroit, Ichika ? »

« Non, comme je l’ai dit, je ne mange pas beaucoup au restaurant, sauf chez toi. »

« Le nôtre n’a rien à voir avec ça… »

« Allez. Il n’y a aucune raison d’être embarrassée. Les déjeuners chez Gotanda sont délicieux. »

« Le fait de l’appeler comme ça m’embarrasse. »

Les processus de pensée d’une adolescente étaient difficiles à comprendre. Personnellement, j’en aurais été fier.

« Bref, ah… » En regardant Charl, la bouche de Ran bougeait comme si elle essayait de dire quelque chose. Quoi que ce soit, il semblerait qu’elle ait du mal à le faire sortir.

« Oui ? »

« Ichika et Charlotte, vous sortez ensemble ? »

« Quoi ? »

« Hé, d’où ça vient ? »

« Juste… Vous vous entendez si bien ensemble… »

« Eh bien, je veux dire, nous avons fait équipe cette fois-là. Pas vrai, Charl ? »

« Hm. Je suppose que oui…, » Charl était choquée par cette question soudaine et elle avait rougi. Quelque chose s’était à tous les coups emparé de Ran aujourd’hui. Je me demande bien quoi ?

« … C’est bien. Au moins, ils ne sortent pas ensemble… »

« Hein ? »

« Oh, rien ! »

Pendant que nous parlions, le serveur était déjà revenu avec notre repas. Il avait apporté trois assiettes à notre table. Elles étaient superbes. Avec un « Mes excuses pour l’attente. » il les avait placées devant nous. Chaque assiette de spaghetti à la crème de crabe avait une pince perchée sur le dessus, comme pour nous faire signe. L’odeur du crabe dans la sauce crémeuse était alléchante. J’avais envie de plonger dedans.

« Je reviendrai plus tard avec vos desserts. » Le serveur était reparti. Chacun de nous avait pris sa fourchette et sa cuillère et s’était préparé à dîner.

« Mangeons. »

« Oui, mangeons. »

« M-Merci ! »

Moi, puis Charl, puis Ran, nous avions mis nos mains ensemble, et nous avions commencé notre repas.

« C’est génial ! »

« Oui. La pancarte dit qu’ils utilisent des pâtes fraîches. »

« C’est délicieux. »

Le plat du jour comprenait des verres gratuits de tisane glacée, et c’était l’accord parfait. Pendant un moment, nous avions arrêté de parler pour manger, et avions simplement gardé nos fourchettes en mouvement. C’est vraiment délicieux. Je me demande avec quoi ils l’assaisonnent.

« Hm ? Hey, Ran, attends une seconde. »

« Hein ? »

J’avais pris une serviette et je lui avais essuyé le visage.

« … !? »

« Tu avais de la sauce sur toi. »

« Tu aurais pu me le dire ! J’aurais pu l’essuyer moi-même. »

« Oh, c’est vrai. Désolé. »

« Ah, euh, je veux dire, ce n’est pas comme si ça me dérangeait… Merci. »

Ran était devenue rouge comme une betterave. Peut-être que je n’avais pas été assez délicat à ce sujet. Je devrais apprendre de cela.

 

Oh, oh wôw… Ran avait doucement porté une main à sa poitrine, comme pour retenir son cœur battant, alors qu’elle repassait dans sa tête ce qui venait de se passer. I-I-Ichika vient de m’essuyer la bouche ! Elle l’avait peut-être senti à travers une serviette, mais la tendre sensation de ses doigts doux lui traversait encore la bouche — les lèvres.

C’est bon, non ? Je me suis assurée de mettre mon rouge à lèvres aujourd’hui, donc je vais bien, n’est-ce pas ? Ran l’avait demandé à tout le monde et à personne dans sa tête, encore et encore. Les pensées des pâtes qu’elle avait appréciées à 120 % jusqu’à présent étaient complètement chassées de son esprit. À moitié paniquée, elle avait simplement fait tourner sa fourchette comme une machine.

Le fait qu’il ait dit qu’il l’offrait l’a aussi fait paraître très mature… Quand il l’avait fait dans le passé, ça avait toujours été quelque chose comme une canette de soda ou un jeu de tir à l’arcade. Il était aussi toujours très bon à ces jeux… Ran avait repensé à ses propres périodes de jeu. Elle se rappelait avoir observé Ichika du coin de l’œil en faisant semblant de prêter attention au jeu. Quand il tirait, si rapidement et précisément, il semblait aussi cool que le héros d’un film d’action.

Mais Charlotte est si belle et si adorable à la fois, et elle est aussi une cadette nationale… Ça ne semble pas juste… Une fois que Ran avait décidé de postuler à l’Académie IS, elle avait passé tout l’été à bachoter sur tout ce qui concerne l’IS. Huit ou neuf cadets nationaux sur dix acceptés à l’Académie IS avaient aussi leur propre IS. En d’autres termes, ils étaient l’élite de l’élite.

J’ai vu aux infos que la fille Houki a aussi son propre IS maintenant. Ils ont même dit qu’il avait été construit par le Dr. Shinonono elle-même… Argh… Ran se lamentait sur l’injustice de tout cela, ne réalisant pas ses propres avantages en tant que petite sœur du meilleur ami d’Ichika.

« Au fait, Ran. »

« Eh !? »

« Le billet pour le Cannonball Fast que je t’ai donné est pour le même jour que mon anniversaire. Ça te va si on commence la fête chez moi un peu plus tard ? »

« Oh, c’est bien ! Cet idio — euh, mon frère sera là aussi. »

« Oh, oui. C’est logique. »

« Ouais… » Ran réalisa soudain qu’il y avait un autre problème, à part le fait de rentrer chez lui. « Est-ce que quelqu’un de l’Académie IS va venir !? »

« En quoi est-ce important ? Je veux dire, bien sûr qu’elles vont le faire, mais… »

« C-Combien !? »

« Oh, cinq ou plus. »

« Cinq… »

Le monde tournait autour de Ran. Ling, Houki et Charlotte étaient des rivales assez fortes. L’idée d’en avoir deux de plus la faisait presque paniquer.

C’est mauvais, c’est vraiment mauvais. Il n’y a pas moyen qu’un gâteau fait à la main et quelque chose de petit soit un assez bon cadeau… Sa confiance en elle avait commencé à s’effondrer. Elle était plutôt fière de sa propre cuisine, mais Ichika était doué en cuisine à sa façon, et rien que de penser au prix de la montre que Charlotte avait achetée, elle se repliait sur elle-même. Mais je ne peux pas demander d’avance sur mon argent de poche, et mon école interdit les emplois à temps partiel… Argh !

Alors qu’elle ruminait, les pensées de Ran se tournaient vers Ling. Je me demande ce que Ling va faire… C’est aussi une cadette nationale. Elle doit donc recevoir beaucoup d’argent de l’armée… Elle avait repensé à l’époque où Ling était au collège et qu’elle semblait bien plus à égalité. Mais peut-être que c’était juste le choc entre la nourriture japonaise et chinoise.

Ouf… J’ai trop de concurrence… Ran s’était effondrée d’un air sombre. Comme elle avait arrêté de manger, Ichika s’était inquiété et avait demandé : « Qu’est-ce qui ne va pas ? Déjà pleine ? »

« N-Non ! Euh, je veux dire, ouais, je vais bien ! J’ai fini ! »

« Je vois. C’est génial, si tu es pleine, puis-je finir le tien. »

« M-Merci. »

***

Partie 4

Au moment même où elle parlait, Ran réalisa les implications de lui donner de la nourriture qui avait touché ses lèvres. En imaginant ce baiser peut-être indirect, ses joues étaient redevenues rouges. Ichika a probablement déjà embrassé quelqu’un… Avec cette pensée qui lui traversait l’esprit, elle se sentait de plus en plus gênée par les parties de ses lèvres qu’il venait de toucher. Alors qu’elle levait négligemment sa propre main et passait doucement le bout de ses doigts sur elles, elles semblaient presque brûler. Je me demande à quoi ressemble un baiser… Ran s’était perdue dans ses pensées jusqu’à ce que le déjeuner soit terminé et qu’il soit temps de passer au dessert.

« Hein ? Chacun de nos parfums de crème glacée est différent. »

« On dirait bien. Je me demande pourquoi ? »

« Hmm, le mien est à la fraise, celui d’Ichika à la vanille et celui de Charl au chocolat. »

« Tu as raison. » Alors que Ran regardait Ichika hocher la tête, une idée folle lui traversa l’esprit. Est-ce que… sommes-nous censés partager les différentes saveurs entre nous ? Un sourire involontaire avait surgi sur son visage alors qu’elle s’imaginait demander à Ichika d’ouvrir en grand sa bouche. Secouant son esprit lunatique, elle avait regardé sa crème glacée.

« Hey, pourquoi ne se nourrit-on pas l’un et l’autre ? »

« Quoiiiiii ? »

« Hmm ? »

« Err, qu’est-ce que tu viens de… »

« Je ne sais pas, ça semble juste être ce que tu es censé faire. »

« … ! » Ran se demanda si c’était juste un rêve. Si c’était le cas, pincer sa cuisse devrait la réveiller. Pincement !

« Aïe ! »

« Qu’est-ce qui ne va pas ? »

« Oh, rien ! Rien du tout ! »

Ce n’était pas un rêve ! La douleur du pincement l’avait ramenée à la réalité, mais Ichika était toujours là et il venait vraiment de dire ça ! Ahh, je ne peux pas le croire ! C’est comme un rêve ! Ichika va me nourrir !

« Très bien, commençons par ma vanille. Charl, dis “ahh”. »

« Ahh. »

Charlotte avait avalé la cuillerée de glace à la vanille. Le rougissement de son visage était la preuve pour Ran qu’elle était une rivale romantique.

« C’est délicieux. »

« Oh ? C’est bien. Tu es la prochaine, Ran. »

« OK ! »

« Dites “ahh”. »

« Ahh… »

Chomp.

Ahhhh, qu’est-ce que je fais ? Qu’est-ce que je fais ? Je ne peux même pas dire quel goût ça a… Mais c’est si bon… Ran, hébétée, continuait à passer sa langue sur la cuillère même après que la glace ait disparu.

« Ran. »

« Hm ? »

« Est-ce fini ? »

« Hein !? Oh, bien sûr ! C’était délicieux ! » Troublée, elle avait retiré la cuillère de sa bouche. Je ne peux pas croire que je viens de faire ça… La présidente du conseil des élèves Gotanda Ran n’aurait pas été surprise à faire quelque chose d’aussi embarrassant. Mais ce n’était pas elle. C’était juste une autre fille amoureuse.

 

Hmm, on dirait qu’elle aime aussi Ichika. En regardant les deux interagir, Charlotte avait confirmé ses soupçons. Je suppose qu’il attire vraiment les femmes sans même y penser. Avec un soupir discret et intime, elle prit une autre bouchée de glace. Fais de ton mieux, Charl !

« I-Ichika, laisse-moi te donner un peu du mien. »

« Bien sûr. »

« Dit “ahh”. »

« Ahh. »

Chomp.

« Comment ça se passe ? Est-ce que c’est bon ? »

« Hmm ! Il y a aussi des traces de poudre de cacao dedans ! C’est incroyable ! »

« Ohh ! C’est intéressant. »

Au fond de son cœur, Charlotte était un peu déçue qu’Ichika le décortique avec autant d’attention. Allez, Ichika, je te nourris. Tu n’as pas besoin de te concentrer autant. Ne peux-tu pas juste te détendre et ignorer la nourriture elle-même pour un petit moment ? Une petite Charl courait dans sa tête, tapant des poings. Pourtant, Charlotte était suffisamment sincère et consciencieuse pour partager également avec Ran.

« À toi, Ran. Dit “ahh”. »

« Ahh. »

Chomp.

Attends, hein ?

« C’est vraiment bien. » Ran sourit. Pendant ce temps, Charlotte était tout sauf calme à l’intérieur.

Est-ce que… Est-ce qu’elle vient d’avoir un baiser indirect avec Ichika ? Elle a tellement de chance… La jalousie de Charlotte brillait dans ses yeux. Sans même y penser, elle avait envie de lécher la cuillère elle aussi. Non. Non, je ne peux pas. C’est aller trop loin.

Seule sa volonté de fer l’avait retenue jusqu’à ce qu’elle réalise quelque chose. Oh, c’est vrai ! C’est à mon tour de faire un… Pour un baiser… indirect… Son cœur battant la chamade, elle regarda à nouveau la cuillère dans la main de Ran. Ses yeux brûlaient, et ses joues brillaient d’un rose cerise.

« Peu importe, Ichika ! Dit “ahh” ! »

« Ahh. »

Chomp.

« Hmm ! Il y a des fruits dedans, aussi ! C’est super. »

Ba-dum, ba-dum, ba-dum… Le cœur de Charlotte battait comme un tambour.

« À toi, Charlotte. Dit “ahh”. »

« A-Ahh. »

Chomp.

Un baiser indirect avec Ichika ! Je l’embrasse indirectement ! Qu’est-ce que je fais ? Elle ne pouvait même pas goûter la crème glacée. Elle pouvait sentir la texture presque croustillante du sorbet, mais même ça, c’était faible et distant.

« C’est… C’est doux. »

« Oh ! C’est bien. »

Charlotte regarda tristement la cuillère s’éloigner tandis que Ran la retirait de sa bouche. En réalisant à quel point son propre comportement était honteux, elle avait rougi davantage. Ran… Ran est vraiment une bonne fille. Elle avait délibérément nourri Ichika en premier, sinon le baiser indirect n’aurait pas eu lieu. Ou peut-être avait-elle simplement voulu nourrir Ichika en premier, mais Charlotte était heureuse de voir cela comme de la considération.

Oh franchement. Que dois-je faire ? Mon cœur n’arrête pas de battre… Elle avait l’impression que sa poitrine allait exploser de joie. Alors qu’ils finissaient leurs desserts, elle ne pouvait plus du tout goûter sa glace au chocolat.

 

« Merci de m’avoir raccompagnée chez moi. »

« Hm. Dis bonjour à Dan pour moi. »

« Bien sûr. »

Il était un peu plus de quatre heures de l’après-midi. Ichika, Charlotte et Ran se tenaient devant le restaurant Gotanda dans le crépuscule automnal. Après le déjeuner, ils avaient chacun fait leurs propres courses, jusqu’à ce que finalement, Ichika propose à Ran de la raccompagner chez elle — ce qui les avait amenés ici. Ran était presque tentée de leur proposer de dîner, mais comme il n’était encore que 16 heures, elle avait abandonné l’idée. Il était encore bien trop tôt.

« Bref, euh, on se voit à la fête. »

« Ouais. N’oublie pas de m’encourager au Cannonball Fast ! »

« Bien sûr ! Fais de ton mieux ! » Alors qu’elle parlait, Ran ne pouvait pas se résoudre à regarder directement Ichika, et continuait à regarder autour d’elle. On aurait dit qu’elle avait peur d’être repérée par sa famille, ou de ce qu’ils diraient après. S’il vous plaît… S’il vous plaît, ne laissez pas mon idiot de frère passer la porte… Pas papa non plus… S’il vous plaît…

Alors qu’elle réfléchissait, elle regarda une dernière fois le visage d’Ichika. Il est vraiment trop cool… Ran repensa à la première fois qu’ils s’étaient rencontrés. Le jour où elle était tombée amoureuse en 0,1 seconde. Le coup de foudre n’existe pas. C’est juste idiot. Le jour où elle avait appris à quel point elle était idiote de le penser. Les gens tombent amoureux pour les plus petites choses. Une raison plus complexe peut être trouvée plus tard. Ce qui compte, c’est cette première impression qui ne s’efface jamais. Et une fois que ça commence, ça ne s’arrête jamais. L’amour ne peut être arrêté.

« I-Ichika. »

« Oui ? »

« Um… Uh, bien… »

En tenant ses mains derrière elle, Ran avait tordu ses index l’un autour de l’autre. Agiter, agiter. Cherchant les mots qu’elle voulait dire, mais échouant dans sa recherche, elle finit par se contenter d’un regrettable « Bonne nuit ! »

Argh, je suis une telle idiote ! Une grosse idiote ! Elle était entrée dans sa maison, montant rapidement les escaliers tout en se réprimandant.

« Es-tu de retour ? »

En arrivant sur le palier du deuxième étage, elle s’était retrouvée face à face avec Dan. Dans sa main se trouvait un pot de glace hors de prix qu’elle avait gardé.

« IMBÉCILE ! » Ran avait libéré toute sa frustration refoulée d’un coup de pied.

 

Je rentre à la maison toute seule avec Ichika… Seuls… Ensemble… Charlotte et Ichika rentraient à l’Académie IS, enveloppés d’un étrange silence. La plupart du temps, c’était dû à l’inquiétude de Charlotte, mais la considération d’Ichika pour elle le rendait silencieux lui aussi.

« Aujourd’hui, c’était amusant. »

« Ah ? Ouais ! Oui, c’est vrai ! » Charlotte trébuchait dans un brouillard de confusion sur la façon d’utiliser cette chance et de frustration de ne pas trouver de moyen depuis qu’ils étaient arrivés à leur arrêt de bus. Les petites Charlottes dans sa tête étaient engagées dans un débat animé. Ahh, nous sommes presque à la porte. Ce n’est pas bon, une fois à l’intérieur, on va sûrement tomber sur quelqu’un. Qu’est-ce que je dois dire... Qu’est-ce que je dois dire...

« Hé, Ichika. »

« Oui ? »

« Écoutes-tu beaucoup de musique ? »

« Un de mes amis me prêtait tout le temps des CD au collège, mais je n’ai pas vraiment acheté de disques ces derniers temps. J’ai été trop occupée avec mon IS. »

« Oui, tu as raison. Heeey, en parlant de ça. »

« Oui ? »

« Le nouveau matériel que j’ai fait expédier de France est vraiment bien ! Il a une cadence de tir très élevée et un grand chargeur ! »

« Vraiment ? Ça a l’air cool. Ça doit vouloir dire que tu seras encore meilleure au tir. »

« Y-Yeah ! Ahahahah… »

Argh, je suis tellement stupide ! Ce n’était pas du tout féminin ! Je dois trouver quelque chose de mieux à dire ! Si Ichika n’avait pas été là, elle se serait frappée la tête de frustration.

« Oh, c’est Houki. »

Trop tard. Le cœur de Charlotte s’enfonça.

« Hé ! Hé, Houki ! » Ichika avait appelé Houki, comme Charlotte savait qu’il le ferait. Et bien sûr, elle s’était retournée et s’était précipitée à leur rencontre.

« Ichika et Charlotte. Vous êtes sorties quelque part ? »

« Oui, du shopping. Pas vrai ? »

« O-Ouais. »

« Ensembles ? »

« Non. Ran était là aussi. Eh bien, nous sommes tombés sur elle. Pas vrai ? »

« O-Ouais. »

Houki avait froncé les sourcils devant Charlotte et sa culpabilité évidente.

« Eh bien, je suppose que c’est bon si ce n’était pas juste vous deux. » Elle s’était raclé la gorge en se tenant debout, les bras croisés. « Mais si vous allez faire du shopping, vous devriez m’inviter. Ce n’est pas comme si je n’avais pas besoin d’acheter des choses pour moi aussi. »

« C’est sûr. Je t’enverrai un texto la prochaine fois. »

« Oui. C’est bien. » Houki avait hoché la tête, les joues rouges pâles. « De toute façon. Puisque tu rentres juste avant le dîner, pourquoi ne pas manger ensemble ? »

« Bien sûr ! »

« Je crois que je vais me joindre à vous. »

« Très bien. Pourquoi ne retournerions-nous pas chacun dans notre chambre, et nous retrouverions ensuite à l’entrée du réfectoire ? Disons, dans une dizaine de minutes ? »

« Si Laura est là, dois-je aussi l’inviter ? »

« Bien sûr. C’est plus amusant de manger en groupe. Je vais essayer de joindre Rin aussi. »

« Pourquoi Ling doit-elle être impliquée ? »

« Elle devait venir aujourd’hui, mais elle a eu un empêchement. Elle devrait avoir fini maintenant. »

« … Elle s’immisce vraiment dans absolument tout… »

« Hein ? »

« Oh, rien ! » Troublée, Houki s’était raclé la gorge pour changer de sujet. « Quoi qu’il en soit, à tout à l’heure. »

« Compris ! »

« Ouais ! » Charlotte et Houki avaient répondu chacune avec énergie et en souriant.

***

Chapitre 3 : Cannonball Fast

Partie 1

Dimanche. Après l’école. Je traînais autour des courts de tennis, me sentant misérable. Ça avait enfin commencé. C’est le programme Prêter-un-Ichika du Conseil exécutif des étudiants.

« Ouf… »

Ils avaient fini par organiser un tournoi de bingo pour le premier prix. Et la première place avait fini par revenir à l’équipe de tennis. Mais ce n’était pas ce qui me déprimait le plus. Ce qui me déprimait vraiment, c’était la seconde partie de l’histoire, qui se déroulait sur le terrain en ce moment même : le massage de la coupe Ichika.

« Haaah ! »

« Je ne perdrai pas ! »

« Je vais avoir ce massage dont Cécilia n’arrête pas de parler ! »

Que leur as-tu dit, Cécilia ? Plus important encore, pourquoi te battais-tu si fort pour en avoir un autre ? Cela n’avait fait qu’empirer les choses.

« C’est parti ! »

« Argh ! Si vite ! »

« Est-ce tout ce que vous avez dans le ventre !? »

« Ahh ! »

Cécilia, tu prends vraiment ça au sérieux… Ah bon. Je suppose que c’était mieux que la façon dont elle agissait avant ça. Ces derniers temps, elle s’était surmenée, passant tout son temps libre dans les arènes. Si l’idée d’un massage de ma part était tout ce qu’il fallait pour la soulager de son épuisement, eh bien, c’était un petit prix à payer. Elle s’était qualifiée pour la finale et avait remporté la couronne en deux sets. Pendant ce temps, j’étais occupé à apporter aux concurrentes des serviettes fraîches et des boissons pour sportifs.

« Beau travail, Cécilia. Tu as tout gagné. »

« Haah… Haah… Bien sûr… Je l’ai fait… Ouf… »

« Voici une serviette. Et voici quelque chose pour que tu puisses te réhydrater. »

« Ah… Ichika ? Mes bras… Mes bras ressemblent à des nouilles… En ce moment… Tu pourrais peut-être… m’essuyer le visage ? »

« Bien sûr. Pas de problème. »

Ce n’était pas une surprise, puisque le vainqueur devait jouer le plus de matchs. J’avais essuyé la sueur qui coulait sur son visage, comme elle me l’avait demandé. Alors que je le faisais, des cris de tristesse s’étaient élevés de la foule autour de nous.

« Ah — »

« Que fais-tu, Cécilia ! »

« Je sais que tu as gagné, mais ce n’est quand même pas juste ! Ce n’est vraiment pas juste ! »

Nous nous étions fait huer depuis hors du terrain, mais Cécilia avait souri en retour, tout en chassant une mèche de cheveux de ses yeux.

« Injuste ? Mais c’est moi qui ai gagné. » Tout en parlant, elle posa une main sur sa hanche, semblant presque briller sous les regards furieux.

« Grrr… »

« Je déteste ça ! Je déteste la façon dont elle agit comme une jolie princesse ! »

« Orimura ! Tu vas devoir faire ça pour tout le monde maintenant ! »

Args. Pourquoi s’en prennent-elles à moi ?

« Je sais ! Quand on va se changer, on devrait lui faire sécher nos dos. »

« Ah ! C’est bien ! C’est une excellente idée ! »

« Je suis trempée de sueur, je pourrais vraiment en avoir besoin. »

« Ça sonne plutôt bien, Orimura ! »

J’avais été immédiatement entouré de filles qui attendaient leur tour, et j’avais cherché à tâtons un moyen de leur faire face.

« Il n’y a aucune chance que je puisse faire ça ! Quand vous allez vous changer… Je veux dire, vous allez toutes être en sous-vêtements… »

Je m’étais laissé aller à rêver de ce spectacle. Dans mes pensées, toutes les membres du club de tennis s’étaient dévêtues et s’étaient retrouvées en soutiens-gorge et culottes pendant que je déambulais dans la pièce, frottant les dos. Argh, bon sang ! Je ne peux pas !

« Ce n’est pas sur la liste de ce pour quoi je suis ici ! »

« EHHHHH !? »

Les huées n’avaient fait que s’intensifier.

« Allez, ça va aller ! »

« Ce sont des soutiens-gorge de sport, donc ce n’est pas gênant ! »

J’avais croisé les bras en signe de refus et j’avais crié alors qu’elles s’accrochaient comme des biches affamées dans un zoo : « Non ! Absolument pas ! »

Les huées étaient devenues si intenses qu’elles avaient résonné sur le court de tennis.

 

Ahh, quel bonheur de recevoir à nouveau un tel massage… ! Cécilia, après avoir lavé chaque goutte de sueur, fredonnait joyeusement en rinçant la mousse. C’était sa deuxième douche, la première après l’entraînement et la seconde après être rentrée dans sa chambre.

Le shiatsu est un peu douloureux, mais le massage lymphatique qui suit… Tout simplement merveilleux. Imaginant la sensation de ses paumes courant sur elle, elle ferma les yeux avec ravissement.

« Hmm ~ Hmm-hmm ~ ♪ »

Les notes des Quatre Saisons de Vivaldi avaient jailli de ses lèvres. Cette composition, qui pouvait être jouée au piano ou au violon, avait une mélodie, un rythme et un tempo purs et directs. La beauté de la voix de Cécilia était soutenue par les échos de la douche.

Après avoir fini de me laver, je mettrai un peu de parfum à la rose. Elle avait vraiment voulu se baigner avec des pétales de rose, mais avait renoncé à cette idée, jugée trop peu pratique. Pourtant, pour le garçon qui lui plaisait, elle voulait faire la meilleure impression possible. Mais que vais-je porter comme lingerie ? Cécilia se demandait si elle allait porter l’ensemble sexy qu’elle avait acheté lors de son séjour en Angleterre cet été, mais le conseil qu’elle avait reçu de sa femme de chambre et proche confidente Chelsea la tourmentait : « Je dois te dire que la lingerie trop voyante fait rarement ce qu’elle est censée faire. »

Je me demande si elle n’a pas raison… Mais attends, n’est-elle pas elle aussi célibataire ? Pourtant, le rire complice de Chelsea pendant qu’elle parlait faisait penser à Cécilia qu’il y avait un soupçon de vérité dans ses paroles. Peut-être que le meilleur choix est de ne pas choisir du tout. C’est assez risqué, certes, mais plus c’est tentant, plus elle y pense. C’est ça. Les vêtements ne feraient que gêner le massage, de toute façon… Quelque chose en bas, cependant, bien sûr !

Elle était sortie de la douche, ayant pris une décision. Dans son dressing, elle n’avait choisi qu’une culotte taille basse et un chemisier en soie. C’est… un peu trop osé… Soudain embarrassée, elle avait boutonné son chemisier.

 

 

La sensation de ses bras frôlant ses seins ne faisait qu’attiser sa déconfiture.

« Je dois, bien sûr, me comporter comme une vraie dame. »

Il avait fallu à Cécilia 30 minutes de plus pour finir de choisir sa tenue.

Enfin, devant la porte d’Ichika, elle se racla la gorge et annonça sa présence en frappant timidement.

« Salut. Je t’attendais, Cécilia. »

« Bien sûr. Mes sincères excuses pour l’attente. »

Finalement, elle avait fait le choix sûr d’un pyjama. Il était en soie, bien sûr, et son éclat brillait dans la lumière douce. J’ai choisi une lingerie plutôt conserveur et sûr, finalement… J’espère que ça ira. « Sûr » et « conservateur » étaient, bien sûr, des termes relatifs quand on parle d’une garde-robe qui coûte facilement trois fois le prix que payerait un lycéen moyen, mais c’était simplement une question de classe.

« Alors, on commence ? »

« Quoi !? Je… Je pensais que nous pourrions nous détendre avec du thé d’abord… »

« Oh, c’est vrai. Désolé. » Ichika avait tapoté le lit vide pour indiquer à Cécilia de s’asseoir puis il s’était dirigé vers la cuisine. « J’ai seulement du thé noir en sachet, est-ce bon ? »

« Je suppose que je vais endurer, juste pour cette fois. »

« Merci. »

Ba-dum.

Aussi décontractés que soient ses mots, ses émotions étaient tout sauf ça. Son cœur était stimulé par les pensées de faire de son béguin le sien et le sien seul. Il… Ses entraînements récents ont certainement été très efficaces. Ichika s’était également amélioré en tant que pilote d’IS, et commençait même à maîtriser la gestion de l’énergie. Cécilia avait observé ses progrès avec des émotions mitigées.

Je suis assez contente qu’il devienne fort, mais quant à ma propre position… Ces derniers temps, il n’avait pas du tout eu besoin de son aide, et ça faisait mal. Lorsqu’il avait demandé à être formé au combat à grande vitesse, elle avait refusé dans un accès de colère, mais peut-être était-il temps de reconsidérer la question. Alors qu’elle réfléchissait, Ichika était revenu avec le thé.

« Tiens. »

« Heu, merci. »

Il était légèrement plus frais que la normale et facile à boire alors qu’elle laissait son goût emplir sa bouche. Parce qu’un thé chaud nécessite une telle attention… La considération gracieuse avait seulement fait battre son cœur avec encore plus de force.

Ils étaient restés assis en silence, buvant leur thé, pendant dix minutes.

 

Non. Non ! Je ne peux pas le laisser penser que je suis si ennuyeuse que je ne peux même pas tenir une conversation ! Ichika, bien sûr, était tout aussi silencieux, mais Cécilia avait horreur du vide entre eux et cherchait un sujet.

« Je dois te demander, Ichika. Comment trouves-tu le conseil des élèves ? »

« Hein ? Hmm. J’ai donné un coup de main jusqu’à présent, mais maintenant je suis loué à d’autres clubs. Honnêtement, c’est un travail difficile. »

« Cela doit être merveilleux d’être si demandé. »

« Vraiment ? Est-ce que ça rend quelqu’un heureux que je sois là ? »

« Eh bien, je l’étais certainement ! » Cécilia, sans réfléchir, s’était penchée en avant avec enthousiasme.

« Je suppose que oui. Mais calme-toi un peu, d’accord ? »

« Compris… »

En se rasseyant à l’endroit qu’Ichika avait tapé, elle avait fini son thé.

« Hmm ? As-tu aussi fini ton thé ? Alors, commençons par le massage. »

« Bien sûr ! » Embarrassée par son bégaiement, Cécilia s’était allongée sur le lit. « Euh, Ichika… »

« Oui ? »

« Eh bien, hum… »

Dois-je le dire ? Attends, il va penser que je suis bizarre ? Non ! Laisse-le venir avec !

« Dois-je enlever ma culotte ? »

« Qu… »

« Je pensais que ça faciliterait le massage ! »

« Tout ira bien. Ne t’inquiète pas pour ça, Cécilia. Et s’il te plaît, ne commence pas à ressembler à Tatenashi. »

Hmph. Il a déjà entendu ça d’elle ? C’est tout simplement impardonnable. Juste… Je veux dire, juste comme une dame !

« Cécilia ? »

« Qu’est-ce qu’il y a ? »

« Essaie de te détendre un peu plus. Tu es toute tendue. »

« Compris. »

Elle prit une profonde inspiration et se détendit. Mais alors qu’elle commençait à se calmer, son pouls s’accéléra à nouveau lorsqu’elle réalisa qu’Ichika était sur le point de la toucher.

« Très bien, je vais commencer par tes jambes. »

« Très bien. »

Alors que son cœur s’emballait, il posa une paume sur sa jambe. Ba-dum !

Le massage commença lentement, accompagné du bruissement de son pyjama en soie qui frottait entre ses jambes. C’était tout ce qu’elle pouvait faire pour retenir son excitation, car même la sensation du massage atteignait à peine son esprit qui s’emballait. Ahh… C’est toujours aussi bon… Ses paumes libéraient le stress et l’épuisement qui emplissaient ses jambes. Non seulement par le seul toucher, mais aussi parce que c’était lui. Cécilia, remplie d’une satisfaction au-delà des mots, laissa échapper un soupir chaleureux.

« Ahh… Ichika, tu es plutôt douée pour ça… »

« Hm. Merci. »

Une fois les mollets terminés, Ichika passa aux cuisses. Ce contact fit frémir la colonne vertébrale comme si un éclair la frappait, et elle eut du mal à former une phrase cohérente.

***

Partie 2

« Alors, eux, qu’est-ce que tu en penses ? De ma silhouette. »

« Hmm ? Tes jambes sont belles et longues. As-tu déjà été mannequin ? »

« Un certain nombre de mes tâches en tant que cadette nationale ont été assez similaires. Ces derniers temps, nous avons presque été traitées comme des idoles. »

« Je vois. Il faudra me montrer des photos un jour. »

« Bien sûr. Je t’en apporterai plus tard. »

Les mots de Cécilia étaient nonchalants, mais son esprit s’emballait tandis qu’elle réfléchissait à ce qu’elle devait apporter. Il y en a une en robe, mais aussi beaucoup dans mes vêtements habituels… Et quelques-unes en maillot de bain… Elle regrettait de ne pas avoir pris les séances de photos plus au sérieux maintenant que ce moment était arrivé. En fait, elle se souvenait à peine de ce qu’elle avait porté cet été au manoir familial. En d’autres termes, c’était un échec total.

Ce n’est pas juste de me demander seulement maintenant, Ichika ! Cécilia, irritée, avait gonflé ses joues. Mais le massage était si bon que la frustration n’avait même pas duré deux minutes. C’est tellement merveilleux… Elle soupira langoureusement tandis qu’il passait de ses genoux à ses cuisses. Enfin, les articulations de ses hanches étant terminées, Ichika hésita un instant avant de passer à la suite.

« Ahh… Um, er… Dois-je éviter le bas de ton dos ? »

« Pas du tout ! J’aimerais que tu me masses tout, même… Même mes fesses… »

« D’accord. » Ichika hocha la tête comme s’il faisait preuve de jugeote, et prit une profonde inspiration.

Peut-être commence-t-il à me remarquer, lui aussi ? Que c’était une femme ! Qu’elle était une partenaire potentielle ! Quand même, c’est embarrassant d’être touché là…

« Eh bien, Cécilia. C’est parti. »

« Comme tu le veux. »

Le martèlement dans sa poitrine devenait douloureux. Cécilia déglutit nerveusement, prudente pour ne pas se faire remarquer, en attendant le contact d’Ichika. J’ai fait 30 minutes d’étirements du bas du corps par jour. C’est… Ça devrait être suffisant, non ?

Ba-dum, ba-dum, ba-dum.

Smoosh.

« Hm !? »

Les doigts d’Ichika s’étaient enfoncés dans la chair douce. Cécilia, qui pensait plus aux mains d’Ichika sur ses fesses qu’au massage, sentit son esprit s’embraser et son visage rougir.

« Suis-je tendue là-bas ? »

« Un peu, je suppose. Attends, je sais. Cécilia, joues-tu du piano ? »

« Oui. Quand je joue, je suis intensément concentrée, et bien sûre… Pendant la pratique, je suis assise pendant des heures… »

« Je vois… »

« En effet. »

Ichika et Cécilia cherchaient désespérément un sujet de conversation. Pendant ce temps, dans le cerveau d’Ichika… Wôw, c’est si doux ! C’est même plus doux que celles de Tatenashi ! Oh franchement, je dois me concentrer… Et ainsi de suite.

Espérant passer rapidement au bas de son dos, Ichika avait accéléré le mouvement. Mais cela n’avait fait que rendre les sensations sur ses paumes plus intenses, alors qu’il rougissait en se penchant sur elle.

« Dois-je passer à ton dos maintenant ? »

« Très bien. » Cécilia avait envie d’être touchée juste un peu plus, mais réalisant qu’elle approchait de ses propres limites, elle acquiesça à la suggestion d’Ichika. Un peu plus et… Eh bien, tout cela devrait arriver après que nous soyons sortis ensemble…

« Si tu as mal, dis-le-moi. »

« Bien sûr. »

Alors qu’il pratiquait le shiatsu sur son dos, elle était enveloppée par la pression, mais aussi par le confort de son contact léger. Contrairement à ses fesses, pour son dos, il travaillait chaque articulation avec attention, et bientôt un autre soupir de relaxation et quelque chose de plus s’échappèrent de ses lèvres. Ahhh… C’est si bon… Comme si mon épuisement d’aujourd’hui s’envolait…

Son euphorie s’était prolongée pendant encore cinq ou dix minutes. Puis, alors que ses mains atteignaient son cou, Ichika avait soudainement parlé, « Cécilia ? »

« Hmm !? »

Il avait chuchoté directement dans son oreille. La sensation de son souffle sur sa peau l’avait presque fait bondir.

« Tes cheveux sont magnifiques. Et ils sentent si bon. »

« Eh bien, euh, j’utilise un shampooing de qualité, et — Ahh ! »

Ichika glissa ses doigts dans ses cheveux, les faisant tourner d’avant en arrière. La sensation de son contact sur sa nuque fit tourner le monde de Cécilia. Ichika ? Qu’est-ce que tu fais tout d’un coup ? As-tu remarqué ma beauté ? La poitrine de Cécilia était douloureuse et son cœur battait si fort qu’elle n’avait même pas eu le temps d’ajouter un « enfin ». Ichika s’était allongé sur elle doucement, comme pour la couvrir, et elle pouvait sentir la chaleur de son corps.

« Cécilia… »

« O-Oui ? »

« Puis-je te toucher directement ? »

« Vas-y… »

Devant la réponse timide de Cécilia, Ichika glissa une main sous son pyjama. Eek ! Le choc et la passion avaient parcouru comme un seul homme ses nerfs. Ichika… Ahh, c’est comme un rêve…

« Ce n’est pas un rêve. »

Ahh, c’est vraiment en train d’arriver ! Attends, c’est étrange…

« Ce n’est pas étrange du tout. »

C’est reparti ! Il répond à des choses que je n’ai pas dites !

Cécilia s’était relevée, confuse. Et devant ses yeux se trouvait —

« Et après tous les conseils que je t’ai donnés pour choisir une lingerie modeste ? »

« Chelsea !? »

Sa femme de chambre personnelle, Chelsea, était venue d’Angleterre.

« C’est… »

« Oui. C’est un rêve. »

Cécilia avait entendu un bruit comme un ballon qui éclate. Alors que le monde devenait blanc autour d’elle, tout ce qu’elle pouvait voir était le sourire de Chelsea.

 

« … Juste terrible. C’est juste terrible ! »

Cécilia s’était réveillée en sursaut. Sur le côté de son lit brillait une horloge illuminée, dont les aiguilles indiquaient 2 heures du matin.

« Où suis-je ? »

Son lit était différent de la normale, et elle jeta un coup d’œil autour d’elle, essayant de comprendre où elle était. Dans le lit d’à côté, il y avait quelqu’un qui dormait.

« Ichika ? » Cela signifie que le massage n’était pas un rêve. La question était… Quand est-ce que ça en est devenu un ? Elle avait vraiment gagné le tournoi de tennis, gagné un massage comme récompense, s’était endormie pendant le massage, et s’était réveillée dans la chambre d’Ichika. « Ouf. »

D’une manière ou d’une autre, une vague d’épuisement l’avait envahie, et elle s’était affalée dans le lit. De l’autre côté de la pièce, Ichika dormait tranquillement. C’est un tel échec… Cécilia ne pouvait s’empêcher de rire de l’absurdité de tout cela, avant de jeter un regard affectueux à Ichika. Un jour, un jour, je volerai ton cœur.

Elle forma ses doigts en un pistolet, et visa soigneusement.

« Bang. » Un sourire enjoué était apparu sur son visage.

 

« QUOIIIIIIIIIIII !? » Un cri résonna dans la cafétéria du matin.

Ssh ! Ssssshhh !

« Chut ! Charl ! Rin ! Calme-toi ! »

« M-M-Mais ! Mais !

« Ichika ! Explique-toi ! »

Il y avait des larmes dans les yeux de Charl, tandis que Rin me regardait d’un air interrogateur.

« Pourquoi Cécilia a-t-elle quitté ta chambre en pyjama ce matin !? »

Il semblerait qu’il y ait eu un grave malentendu.

« C’était un parfait gentleman. N’est-ce pas ? » Cécilia s’était recoiffée en gloussant.

Cécilia ! Pourquoi faut-il que tu verses de l’huile sur le feu ? En me regardant d’un air narquois, elle continua à parler : « Nous avons simplement passé une merveilleuse soirée ensemble. C’est tout. »

« Je n’arrive pas à te croire ! »

« Ichika ! »

« Gah ! Attendez ! Allez ! Je lui ai juste fait un massage ! Elle s’est endormie pendant ce temps, et je n’allais pas la réveiller pour la mettre dehors ! C’est tout ! » Je disais la vérité et rien que la vérité. Sur ce, Charl et Rin étaient au moins assez apaisées pour soupirer de soulagement et se rasseoir.

« Est-ce tout ? »

« Je me suis dit que c’était quelque chose comme ça. »

Elles avaient reporté leur attention sur leurs repas : Charl avait un ragoût à la crème, tandis que Rin avait choisi le yakisoba maison.

« Tu n’avais pas besoin de leur dire la vérité, idiot. »

« Hm ? Je ne t’ai pas entendu, Cécilia. » Cécilia m’avait murmuré quelque chose en mangeant son bagel BLT. Je l’avais regardée, essayant de comprendre quoi.

« Oh, rien du tout. »

Hein ? Pourquoi était-elle en colère ? Je ne l’avais pas compris. J’étais juste content que Houki et Laura ne soient pas là. Elles auraient certainement eu des opinions très tranchées sur toute cette histoire.

« … »

« … »

Hein ? C’est drôle. Je pouvais sentir deux regards froids dans mon dos. Bien sûr, en me retournant, les deux terreurs jumelles étaient là, les bras croisés.

« Ichika… Tu as enfreint les règles des dortoirs. »

« Les règles ? »

« Règle spécial numéro 1 ! Les filles ne doivent pas passer la nuit dans la chambre d’un garçon ! »

« Calme-toi, Laura ! »

« Tais-toi ! Si tu es tellement à fond dans ce genre de choses, très bien ! Je vais rester chez toi ce soir ! »

« Quoi !? »

« Attends, de quoi parles-tu ? Si ça doit arriver, je reste comme chaperon ! Il faut trouver un équilibre ! » Houki avait également ajouté son grain de sel.

Pourquoi moi… ?

« Oh ! Ce n’est pas juste ! Alors je le ferai aussi ! »

« Ichika ! Prends-moi en première ! Nous sommes amies depuis l’enfance ! »

Argh, même Charl et Rin étaient dans le coup. Qu’est-ce qui se passe ici ?

« Et quel est ce vacarme ? » La pièce s’était figée lorsque tout le monde avait reconnu cette voix. Debout dans un costume noir de jais qui correspondait parfaitement à sa personnalité, les bras croisés et tapant des doigts, se trouvait ma sœur, Chifuyu Orimura. « Je suis entourée d’idiots, n’est-ce pas. »

C’était cinq gifles en un seul mouvement rapide. Et un coup de poing pour moi. Ça fait mal. Beaucoup.

« Alcott. »

« Oui !? »

« J’attends une note écrite de contrition. »

« O-Oui, madame… »

« Et Orimura. »

« Oui ? »

« Trois jours en cellule. Et soit reconnaissant que ce ne soit pas plus. »

« M-Merci… »

C’était très dur. Mais c’est comme ça que ma sœur était. « Maintenant ! Combien de temps allez-vous encore perdre à vous empiffrer avec vos visages idiots ? Finissez de manger, et allez en classe ! Rompez ! »

D’un claquement de mains, les filles étaient passées sur la pointe des pieds par la sortie de la cafétéria de manière désordonnée. Pendant ce temps, je buvais le miso de mon repas de saumon grillé. C’est moi, ou c’est un peu salé ? Ça doit être le sel de mes larmes.

J’avais mangé un autre coup de poing, peut-être parce qu’elle avait réalisé que je pensais à quelque chose d’aussi stupide.

***

Partie 3

« Très bien, tout le monde. Aujourd’hui, nous allons nous entraîner aux manœuvres à grande vitesse. » La voix de Maya Yamada, l’assistante du professeur principal de la classe 1-A, avait résonné dans la sixième arène. « Vous vous souviendrez que la semaine dernière, j’ai mentionné que l’arène six est connectée à la tour centrale afin que nous puissions effectuer des exercices de manœuvres à grande vitesse. Pour commencer, j’aimerais que ceux d’entre vous qui ont leur propre IS fassent une démonstration pour la classe. »

Sur ce, Mme Yamada nous avait montré du doigt Cécilia et moi avant de poursuivre : « Tout d’abord, Alcott, avec l’ensemble de haute mobilité Strike Gunner ! »

Il semblerait que la grande différence de cet ensemble soit l’utilisation des quatre canons qui étaient normalement fixés à ses attaches latérales et des deux missiles qui reposaient sur ses hanches comme propulseurs auxiliaires. Chaque canon était désactivé, et ils étaient montés sur ses hanches pour une vitesse et une mobilité élevées. À première vue, ils ressemblaient à une jupe bleue.

« Deuxièmement, Orimura ! Bien qu’il n’utilise pas de package spécialisé, ses propulseurs ont été réglés pour une puissance accrue afin de fournir un ersatz du mode haute mobilité ! J’aimerais que vous fassiez chacun un tour de piste ! »

Des applaudissements d’encouragement avaient fusé du reste de la classe. Nous avions tous agité une main en signe de reconnaissance, puis nous nous étions concentrés sur la matérialisation de notre IS. Hmm, qu’est-ce que je fais avec cette visière d’assistance pour la mobilité élevée ?

« Ichika, y a-t-il quelque chose qui te pose problème ? » La voix de Cécilia sur un canal privé était aussi soulageante qu’un bateau qui passe pour un marin à la dérive.

« Bon timing. Dois-je vraiment changer de mode de visière ? Qu’en penses-tu ? »

« Oui, ce mode est spécialisé pour les grandes vitesses. Il faut aussi régler chaque propulseur en vision liée. »

« J’ai compris. »

Une rapide mise au point, et un voile de lumière m’avait envahi. Soudain, le monde était beaucoup plus clair.

« Cela peut te donner un peu la nausée si tu n’y es pas habitué. Fais attention. »

« Merci. »

« Oh, ce n’est rien. Pensais-tu vraiment que je ne pourrais pas t’aider avec ça ? » Je pouvais presque l’entendre rougir sur le canal privé alors que je flottais dans les airs.

« Alors… Trois, deux, un, partez ! »

Au signal de Mme Yamada, nous nous étions élevés dans les airs et avions rapidement franchi le mur du son. Le paysage ci-dessous défilait, mais grâce à la visière d’assistance, je pouvais le distinguer clairement. C’est vraiment incroyable ! J’étais abasourdi par la vitesse de notre IS, même si ce n’était rien de plus qu’un booster standard.

« Je t’ai devancé ! » Cécilia m’avait laissé dans la poussière alors que je perdais ma concentration en réfléchissant à ma vitesse. S’élevant plus haut, elle se dirigea vers la tour centrale, visible de partout sur le campus.

Wôw, elle a beaucoup d’expérience dans ce domaine. Je dois la suivre ! Ne me sentant pas dans mon élément, je faisais chaque mouvement comme si je marchais sur des œufs. Si je percutais cette tour à Mach 1, je n’aurais pas que des bleus. Et pas seulement pour moi, l’onde de choc de mon impact pourrait bien la faire s’effondrer. Je surveillais de près ma vitesse, mon cap et mon attitude tandis que je fonçais pour suivre Cécilia.

« C’est bon ! J’ai rattrapé mon retard ! »

« Oh ? Et moi qui pensais que tu voulais simplement voir mon derrière de plus près. »

« Quoi — Non, ce n’est pas comme ça ! »

« Ahaha, je plaisantais. » Cécilia était de bonne humeur pour une raison inconnue, et nous avions continué à bavarder amicalement jusqu’à ce que nous atteignions le sommet de la tour et fassions demi-tour. Après cela, nous avions avancé jusqu’à l’arène côte à côte.

« C’est tout. Excellent travail, tous les deux ! » Mme Yamada nous avait félicités avec un sourire.

Je m’étais demandé si c’était vraiment si agréable de voir ses élèves réussir, tandis que je regardais ses seins rebondir de haut en bas en contretemps de son joyeux saut. Argh, je ne sais jamais vraiment où je dois regarder quand je lui parle…

« Hé, Ichika ! Hey ! »

« Quoi, Laura ? »

« Alors tu… Tu… Tu es aussi un de ces hommes qui aimes les seins ? »

« Quoi ? Non, je veux dire, euh, je ne pense pas à quelque chose que je ne devrais pas ! »

« Hmph ! Vraiment ? Alors… Je… Je suppose que c’est bon… »

« B-Bon… ? »

« D-Dans tous les cas… ! Argh, ne me regarde pas ! » Laura, son IS déjà déployé, avait balayé un bras dans ma direction. Avec ce mouvement, son AIC s’était activé, tordant mon cou à un angle étrange et le maintenant là. Hé, attends une minute, c’est toi qui m’as parlé en premier lieu !

Pendant ce temps, Chifuyu avait attiré l’attention de la classe avec un clap. « Écoutez bien. Nous faisons une exception cette année pour permettre aux premières années de participer au Cannonball Fast, mais je ne veux pas seulement que vous vous présentiez, je veux aussi que vous réalisiez quelque chose. Les leçons que vous en tirerez vous feront probablement beaucoup de bien dans le futur. Je veux que vous formiez tous des groupes et que vous vous entraîniez en double. Allez-y ! »

La course Cannonball Fast était organisée chaque année, mais elle n’était généralement ouverte qu’aux deuxième années et plus qui avaient déjà été affectés à des équipes au sol. Mais comme il s’était passé beaucoup de choses cette année, et que beaucoup de premières années avaient leur propre IS, la course avait été ouverte à toutes les classes. Il semblerait que, puisque les groupes utilisant des IS d’entraînement allaient être des travaux d’équipe classe par classe, il y aurait des prix comme d’habitude.

« Très bien, on va gagner ! »

« Peut-être que je peux faire en sorte qu’elle me remarque enfin ! »

« Je veux ces desserts gratuits ! Il faut prendre ça au sérieux ! »

L’enthousiasme des filles était peut-être contagieux, car même les professeurs étaient enthousiastes. Mme Yamada, dans son habituelle tenue IS à col en V, semblait particulièrement enthousiaste.

Je parie qu’elle le porte comme ça parce que sinon, ça ne lui irait pas sur les seins… Honnêtement, penser à ça était juste trop pour une personne de 15 ans… Surtout qu’elle marchait droit vers moi.

« Orimura, tu t’es vraiment bien débrouillé là-bas. C’était incroyable, surtout pour ta première fois avec cette visière ! »

« M-Merci. »

Avec mon IS déployé, j’avais un angle encore plus élevé sur elle que d’habitude. Même si j’essayais de regarder son visage, je regardais directement son haut, alors j’avais laissé mon regard errer en grattant ma joue brûlante.

« Orimura ? Ah… » J’avais souvent remarqué que lorsque Mme Yamada se concentrait sur quelque chose, elle avait du mal à remarquer autre chose. Ce n’est que maintenant qu’elle remarqua où je regardais, et elle croisa ses bras pour couvrir sa poitrine tout en se tournant sur le côté.

« U-Um, est-ce que ce serait mieux si j’achetais un nouveau costume IS ? »

« P-Pourquoi ? »

« On dirait que vous avez du mal à être attentif en classe alors que je suis dans celle-ci… »

« Ahh… »

« Mais il faudrait que ce soit une commande spéciale, n’est-ce pas… Je n’ai eu que celui-là cette année et je l’ai aussi fait modifier, donc ce serait un tel gaspillage… » Ses mots s’étaient envolés. Pour une raison inconnue, son embarras la rendait encore plus attirante.

Alors que nous étions là, maladroitement, Chifuyu s’était approchée de nous.

« Orimura. »

« Oui ? »

Claque. Un coup dans le cou. Ça fait mal. Très mal. Une vague de déjà vu m’avait envahi en un instant.

« Aie un peu honte pour une fois. Vous ne devriez pas regarder votre professeur comme ça. »

« Attendez, non, je n’étais pas… »

« Si vous n’avez pas l’intention d’utiliser les propulseurs auxiliaires, vous devriez discuter avec Shinonono là-bas pour répartir la production d’énergie. Compris ? »

« Compris… »

Ma sœur était si prévenante. Assez prévenante pour me faire pleurer. J’avais fait ce qu’on m’avait dit et j’avais volé vers Houki. Avec mon IS déployé, je n’avais pas besoin de marcher. C’était tellement pratique.

« Heeeeeey, Houki. »

Pas de réponse. Houki, qui semblait avoir beaucoup de mal à répartir son énergie, fronçait les sourcils devant un écran de projection. J’avais augmenté le volume et l’avais appelée à nouveau.

« Allez, Houki ! Hé ! »

« Q-Quoi !? »

« Mme Orimura a dit que puisqu’aucun de nous n’utilise de modules spéciaux, nous devrions avoir une discussion. »

« Oh, je vois ! Désolée de t’imposer ça, Ichika, mais regarde ça. » Houki s’était illuminée à l’arrivée de l’aide, et s’était mise à côté de moi pour me montrer son écran. Il semblerait qu’elle n’avait pas assez d’énergie avec son armure à balayage variable active.

« C’est bien d’avoir un gros propulseur pour l’accélération dans Byakushiki, mais je suis vraiment impressionné par la façon dont Akatsubaki peut faire un peu de tout. Tout ce que tu as à faire, c’est de passer tes armures dorsales et jambières en mode haute mobilité. »

« Mais si je n’ai pas assez d’énergie, ça ne me sert à rien. Je te jure, ses dessins sont toujours comme ça… »

Le visage de Houki se tordait toujours en un froncement de sourcils quand Tabane apparaissait. Et je m’étais toujours demandé pourquoi elles ne pouvaient pas s’entendre. Après tout, elles étaient sœurs.

« Et Kenran Butou ? »

« Je… Je ne peux toujours pas l’utiliser. »

« Oh… Je veux dire, tu le sais mieux que moi, mais il me semble que l’Akatsubaki est conçu pour l’utiliser comme source d’énergie primaire. »

La capacité unique de l’IS de Houki, l’Akatsubaki, était appelée Kenran Butou. Elle était capable d’amplifier l’énergie. Ça devait donc être pratique quand l’armure à balayage variable était engagée et consommait autant d’énergie… Ou du moins, c’est ce que je pensais. Et ce qu’Akatsubaki avait gagné de cette dépendance à de multiples sources d’énergie, c’est l’utilisation de l’armure à balayage variable qui, comme les armes BT, était parfaitement adaptée à l’attaque, à la défense ou même à la mobilité. Mais sans l’approvisionnement fiable en énergie de Kenran Butou, elle s’épuisait rapidement. Pour le dire franchement, c’était assez semblable à mon propre Byakushiki.

« Pourquoi ne pas laisser ton armure de jambe en mode fixe, et n’utiliser que ton dos ? Utilise tes propulseurs standards pour contrôler ton équilibre. »

« J’y avais pensé, mais cela réduit trop la puissance de poussée. J’ai aussi envisagé de ne pas utiliser du tout le blindage à balayage variable, mais… »

« Tu ne gagneras jamais la course de cette façon. »

« C’est vrai… Argh. » Houki détestait perdre, donc c’était normal qu’elle ait les yeux rivés sur la première place. Je détestais perdre aussi, donc je pouvais vraiment comprendre ce qu’elle ressentait. « Ichika, comment configures-tu le tien ? »

« Moi ? J’ai désactivé complètement Yukihira Nigata, et toute l’énergie va à mes propulseurs. »

« Tout ça ? Et si tu es attaqué ? »

« Alors je vais juste esquiver. »

« Et si tu devais attaquer ? »

« Il y a toujours l’éperonnage comme option. »

Pour moi, c’était la seule option possible, mais quand Houki avait entendu ça, elle avait éclaté de rire.

« Ahahah. C’est bien approprié pour toi. »

« Argh… Tu sais, j’y ai aussi beaucoup pensé. »

« Hahaha. C’est, euh, vraiment très toi. Peut-être que… que je devrais réfléchir un peu plus. Merci, Ichika. »

« Pas de problème. Nous verrons bien qui gagne. »

« Nous le ferons certainement. »

« Quoi qu’il en soit, à plus tard. »

« Oui. »

En quittant Houki, j’étais allé voir Charl et Laura, qui faisaient partie du groupe utilisant les propulseurs auxiliaires. En parlant de ça, voici comment ça s’est passé :

Pack de haute mobilité : Cécilia, Rin.

Configuration haute mobilité : moi, Houki.

Propulseurs auxiliaires : Charl, Laura.

Rin semblait vraiment confiante. « Mon nouveau pack est encore meilleur que ce que j’attendais. Tu verras quand je te dépasserai le jour de la course. » J’avais repensé à Rin, les bras croisés, annonçant avec suffisance sa supériorité. Ça doit être bien d’avoir un pack. J’aimerais en avoir un aussi. Mais Byakushiki n’avait rien voulu savoir. Même Kuramochi Engineering, qui l’avait créé, avait renoncé à développer des équipements supplémentaires. C’était donc une cause perdue.

***

Partie 4

Si j’en avais vraiment besoin, je devrais probablement aller voir Tabane. Je me demande où elle a disparu ? Tabane avait disparu après l’incident de l’Évangile en été. Je suis sûr qu’elle causait des problèmes quelque part. Soupir…

« Hé, Ichika ! » Charl m’avait remarqué et m’avait fait signe de venir. Je lui avais fait un signe en réponse, et j’avais dématérialisé mon IS en atterrissant près d’elle et de Laura.

« Comment ça va, vous deux ? »

« Nous venons toutes les deux de finir d’installer nos propulseurs auxiliaires. La prochaine étape est de les régler, non ? »

« Correct. »

Maintenant qu’elle l’avait mentionné, j’avais remarqué qu’elles étaient tous deux en combinaison IS, avec seulement leur couvre-chef déployé. Celui de Charl ressemblait à un bandeau, tandis que celui de Laura se manifestait par des oreilles de lapin. Elles avaient presque l’air de deux adorables cosplayers. Chaque ensemble semblait charger les données nouvellement installées, car elles s’agitaient de temps en temps. Cela les faisait ressembler encore plus à d’adorables animaux.

 

 

« Puis-je jeter un coup d’œil ? »

« Hein ? Bien sûr. Laura, pourquoi ne ferait-on pas un tour de piste ? Je t’enverrai le flux vidéo. Branche-toi sur le canal 304. »

« Oh, merci. C’est vraiment génial de pouvoir regarder quelqu’un de meilleur que moi. Je suis content que l’IS puisse faire ça. »

Avec la Vision Directe, chaque élément d’information visuelle — c’est-à-dire tout ce que Charl avait vu — peut être envoyé directement à mon IS. C’est un peu comme la télévision, ou un stream.

« Je vais aussi envoyer de mon point de vue. Canal 305. »

« Merci. Mais Laura, ton acquisition de cible est si bonne que j’ai du mal à suivre ta vision. »

« Espèce d’idiot. Essaie de suivre le rythme. »

« Je sais, je sais. Merci pour les leçons, Mme Bodewig. »

« Hmph. Alors je suis ton professeur maintenant ? » Le rougissement de Laura trahissait le fait qu’elle était moins frustrée par cet arrangement que ses mots ne l’indiquaient. Au contraire, elle était un peu timide.

Très bien, il faut juste se connecter.

« Ichika, es-tu prêt ? »

« Oui, je suis prêt… cependant, ça fait un peu drôle de voir mon propre visage à l’écran. »

« Quoi — Je ne faisais pas que te regarder ! »

« Hein ? »

« Oh, rien. »

J’avais regardé Charl faire des signes de la main avec perplexité tandis que Laura matérialisait le Schwarzer Regen avant de flotter dans les airs.

« Je vais y aller en première. »

« Hé, attends ! Laura ! »

Un pas derrière, Charl avait déployé son propre Rafale Revive Custom II. Toutes deux avaient gardé un contrôle constant sur leur IS alors qu’elles volaient à travers le parcours de l’Arène Six puis vers la Tour Centrale.

Huh… C’est donc comme ça que je devrais accélérer… En faisant des allers-retours entre les écrans montrant leur vue, j’avais commencé à comprendre. Elles avaient chacune leur propre schéma d’accélération, mais leur décélération était si similaire que je savais que cela me serait utile.

« Comment était-ce, Ichika ? » Quelques instants plus tard, Charl et Laura étaient de retour.

« Bon retour parmi nous. C’était vraiment bien. Toutes les deux. »

« C’était juste l’essentiel. Nous n’avons rien fait d’inhabituel. »

« Wôw, les cadettes nationales sont vraiment quelque chose. Je vais devoir en tirer des leçons. »

« Hm. Espérons que tu seras en mesure de suivre. »

Après avoir parlé à toutes les autres avec leur propre IS — Rin était en classe B, donc elle n’était pas là, — j’étais retourné régler mon propre IS.

« Comment ça va, Orimura ? »

« Oh, Mlle Yamada. J’étais vraiment impressionnée par toutes les autres. »

« Vous devez aussi faire de votre mieux. Le Cannonball Fast est une course de combat en plein contact, il est donc important de maîtriser également les manœuvres de combat. »

« Ça va être difficile sans une seule attaque à distance, mais je vais essayer. »

« Je sais ! Ça fait un moment, alors pourquoi ne pas faire une simulation de combat ? À toute vitesse, comme cela sera pour le Cannonball Fast. »

« Êtes-vous sûre ? » J’étais surpris par son offre soudaine, mais vraiment reconnaissant d’avoir la chance de faire un peu de préparation.

« Bien sûr ! Mon IS est déjà configuré pour le combat à grande vitesse, nous pouvons donc commencer à tout moment. »

« Alors, bien sûr. »

« Pas de problème ! » Avec un large sourire, Mme Yamada avait déployé son Rafale Revive. Contrairement au Custom de Charl, le sien était principalement similaire au modèle de base. La plus grande chose qui le distinguait était le bouclier monté sur un bras.

« Ce bouclier peut aussi être utilisé comme propulseur latéral. Et j’ai trois propulseurs auxiliaires dans le dos. » Au fur et à mesure qu’elle parlait, Mme Yamada soulignait chaque partie. Entre le bouclier et les trois propulseurs musclés, son IS était vraiment imposant.

« Wôw, ils sont énormes. Celles de Charl et Laura sont loin d’être aussi grandes. »

« Ces propulseurs auxiliaires sont adaptés des boosters de lancement orbitaux. Ils doivent donc être très grands, pour contenir le carburant pour fusée. »

« Du carburant pour fusée ? N’est-ce pas dangereux ? »

« C’est assez sûr. En raison de la façon dont ils sont installés, les défenses d’urgence du système de survie s’étendent pour les couvrir. »

« Je vois… » Après cinq mois à l’école, je commençais à maîtriser les IS, grâce en grande partie aux leçons spéciales de Mlle Yamada.

« Alors, on commence ? Vous êtes prêt, Orimura ? »

« O-Oui. »

J’avais appelé Byakushiki, et nous nous étions accroupis sur la ligne de départ.

« Alors, commençons ! Trois, deux, un, partez ! »

« … ! »

Mon champ de vision s’était rétréci sur lui-même. Puis, soudainement, tout était clair comme le jour. C’était ma deuxième fois aujourd’hui à grande vitesse, et je commençais à m’y habituer.

« Vous apprenez vite, n’est-ce pas ? Très bien, je vais faire l’ascension maintenant. »

« D’accord ! »

J’avais suivi Mme Yamada pendant que je répondais sur un canal privé.

Pourquoi n’essaierais-je pas d’accélérer comme Charl l’a fait ? J’avais ralenti avant le virage, puis accéléré dans le virage. C’est bien ! J’ai réussi ! Gardant mon équilibre en manipulant mes propulseurs, j’avais enchaîné avec une tentative d’accélération en rafale comme celle de Laura. Laissant ma vitesse diminuer naturellement, j’avais soudainement accéléré à l’entrée du virage incliné, et j’étais presque à côté de Mme Yamada.

D’accord, j’ai attrapé — soudain, elle avait tendu un bras vers moi et avait tiré une rafale de sa mitraillette. Merde ! J’avais oublié qu’il s’agissait d’un combat !

« Pas mal, Orimura, mais vous avez encore beaucoup à apprendre. »

« Argh ! »

En roulant sur le côté, j’avais esquivé, seulement pour rencontrer une grenade avec la goupille tirée.

« … !! »

BOOM ! La grenade avait explosé sous mes yeux. Pris dans l’explosion, j’avais volé hors de la trajectoire et je m’étais écrasé au sol.

« Argh… » S’écraser sur terre était douloureux, même avec l’absorption des chocs des IS. Alors que je me relevais, Mme Yamada s’était mise à planer à côté de moi.

« Bon travail aujourd’hui, Orimura. »

« Vous aussi. »

C’était vraiment une ancienne cadette de l’armée japonaise. Je n’étais pas à la hauteur de sa pratique du pilotage en IS. C’est difficile de croire que c’est la même personne qui s’est effondrée pendant les examens d’entrée… Sans ce trac, je n’aurais pas eu la moindre chance.

« Pouvez-vous vous lever ? »

« Oui. Je le pense. »

En utilisant mes propulseurs, je m’étais poussé dans les airs avant de poser mes pieds sur le sol.

« Je vais aller voir tous les autres maintenant. »

« Bien sûr. Merci encore. »

« Ce n’était rien. » Mme Yamada s’était inclinée poliment, puis elle était partie vers les groupes en lutte dans la salle de formation IS.

Je suppose que je ferais mieux de revoir mes réglages. J’avais passé l’heure restante de la période à examiner les réglages.

 

« Ouf, c’était épuisant… »

C’était la veille de Cannonball Fast, et j’avais passé chaque minute possible dans les arènes à demander à Laura de m’inculquer tout ce qu’elle pouvait.

« La chose la plus importante dans le combat à grande vitesse est une pensée claire et froide. L’esprit de décision pour passer à l’action vient ensuite. Compris ? »

« Une décision en une fraction de seconde entre l’attaque, l’évasion et la défense ? Je pense que je me suis beaucoup amélioré dans ce domaine. »

« Tu as encore un long chemin à parcourir. Et tu brûles encore beaucoup trop d’énergie de ton bouclier. Si tu te contentais d’esquiver, tu y arriverais sans perdre d’énergie ni de vitesse. »

« Je vois. »

« Alors, passons à l’entraînement au combat ! »

« Oui, madame ! »

On a passé deux heures de plus à faire ça… Après avoir traîné ma carcasse épuisée jusqu’à ma chambre, j’étais allé directement à la douche. L’eau chaude avait d’abord nettoyé ma sueur, puis ma fatigue.

« Ouf… » En sortant, je m’étais habillé, puis j’avais plongé dans le lit. Je crois que j’ai pris le coup de main, mais ce n’est pas facile.

Toc, toc.

« Hmm ? Qui est là ? » Je m’étais levé et j’avais marché vers la porte. En l’ouvrant avec un clic, j’avais vu Laura.

« Oh ? Qu’est-ce qu’il y a ? »

« Oh, c’est juste que… Je pensais que nous pourrions aller dîner…, » pour une fois, Laura était un peu muette. Elle n’arrêtait pas de s’agiter, aussi, comme si elle n’arrivait pas à se calmer.

« Hmm ? C’est une jolie tenue que tu portes. »

« … !! »

« Je ne t’ai jamais vu dans cette tenue. Quelle est l’occasion spéciale ? »

Laura portait une robe d’une seule pièce, longue. Sa silhouette élancée allait bien avec sa carrure délicate, et ses cheveux blonds argentés ressortaient sur le tissu noir. La ceinture de corde qu’elle portait nonchalamment autour de la taille avait attiré mon attention.

« C’est… C’est juste… C’est quelque chose que j’ai acheté quand je faisais du shopping avec Charlotte ! »

« Hmm. Ça te va bien. Ça te donne l’air très classe. »

« Cl-Classe… !? »

« Quoi qu’il en soit, allons chercher quelque chose à manger. »

« Classe… Classe… »

« Laura ? »

« Oh, rien ! Bref, à propos du dîner ! Allons-y ! »

Elle commença à marcher nerveusement, en balançant son bras droit en même temps que sa jambe droite et vice-versa.

« Qu’est-ce qui se passe ? Quelque chose ne va pas ? »

« Argh ! Arrête de m’embêter avec ça ! » Elle m’avait infligé un coup de karaté dans les côtes. Pourquoi ? « Tout est de ta faute ! »

« Wôw ! Hé, attends, arrête ! … Argh, j’abandonne ! » J’avais attrapé la main qui donnait une rafale de coups, et j’avais balayé ses jambes avec un peu d’aïkido de base.

« … !? »

La petite forme de Laura avait flotté vers le ciel. Alors qu’elle le faisait, je l’avais arrachée des airs pour la prendre dans mes bras.

« Qu-Qu-Quoi !? »

« Veux-tu bien te calmer »

« Hm… »

Laura m’avait fait un signe de tête docile dans quelque chose qui ressemblait presque à un portage de princesse. Une fois ses attaques stoppées, je m’étais dirigé vers le réfectoire, toujours en la portant.

« Wooooow ! Pourquoi est-ce qu’elle se fait porter comme une princesse !? »

« Bodewig Chanceuse. »

« Moi aussi ! Fais-moi la prochaine fois ! »

« Grr ! Je ne supporte pas de voir à quel point elle est parfaite comme ça ! »

Merde… Dès que j’étais entré, les filles présentes l’avaient remarqué. Hein, je me demande pourquoi je n’ai croisé personne dans les couloirs. Eh bien, il n’y avait pas le temps de penser à ça. Je devais faire quelque chose à propos des filles qui se rapprochaient de moi.

« Hé, Laura, je te pose maintenant. »

« Oh. O-Oui… »

Pour une raison inconnue, elle avait l’air un peu déçue quand je l’avais déposée. Maintenant que j’y pense, elle était légère. Les filles en général étaient plutôt légères.

***

Partie 5

« Orimura ! »

« Ah, ce n’est pas quelque chose que je fais sur demande. »

« Pourquoi ? »

« Ce n’est pas correct de le faire juste pour Laura ! »

« Ouais ! »

D’une manière ou d’une autre, j’avais réussi à écarter leur bourdonnement furieux, et elles étaient retournées à leurs sièges. Rien que ça, cela avait pris presque cinq minutes de notre dîner.

« Ouf, je ne peux pas dire que ça arrive souvent, mais c’est quand même pénible. »

Laura avait tranquillement enroulé ses bras l’un autour de l’autre, comme si elle gardait pour elle les endroits que j’avais touchés, et ses joues étaient d’un rose vif.

« Qu’est-ce que tu prends, Laura ? Je vais prendre du pilaf de riz et d’orge avec de la gelée d’igname. »

« … »

« Hé, Laura. Laura ? »

« Q-Quoi !? »

« Qu’est-ce que tu prends ? »

« Oh, c’est vrai ! La salade de fruits et un cho… »

« Du chocolat ? »

« N-Non ! Pas ça ! Je me suis mal exprimée ! »

« Oh, le pudding au chocolat ? C’est un bon produit. »

« … »

« Mais inattendu. Je ne pensais pas que tu aimais ce genre de choses. »

« Charlotte a partagé un peu du sien avec moi plus tôt, et c’était délicieux, donc… »

« Oh, je vois. Eh bien, si tu le veux, vas-y, et prends-le. »

« Hm… »

Sur ce, nous avions chacun pris notre repas et pris place.

Au fait, le repas de pilaf était accompagné de tripes grillées. La meilleure partie de ce plat était la sauce spéciale wasabi. La façon dont le picotement sur ma langue avait été refroidi par la gelée d’igname était l’une de mes consolations secrètes.

« Es-tu sûre que ça suffit pour toi, Laura ? »

« J’ai entendu dire qu’il est plus sain de manger des dîners plus petits… »

« Oh, c’est vrai. J’ai entendu parler de ça. Mais ce n’est pas comme si tu faisais un régime ou autre, donc tu n’as pas besoin de t’en inquiéter, n’est-ce pas ? Après tout, tu es si mince. »

« M-Mince !? »

« Attends ! Ne te fâche pas ! C’est bon d’être mince ! »

« Je… Je suppose que oui. Hmph… »

Laura s’était retournée vers son repas, visiblement pas tout à fait d’accord. La regarder manger une salade dans cette robe, c’était comme regarder une sorte de publicité ou de film pour nana. Honnêtement, c’est un peu envoûtant…

« Hm ? Y a-t-il quelque chose sur mon visage ? »

« Oh, rien. »

« Je vois. »

Nous étions retournés manger. Après cela, aucun de nous n’avait vraiment quelque chose à dire, non pas que cela sorte de l’ordinaire. Pendant que nous mangions, un silence planait dans l’air. Cependant, aucun d’entre nous n’avait envie de manger en silence comme ça. Au contraire, c’était un moment de répit dans la vie trépidante de l’Académie.

« Ichika. »

« Oui ? »

Laura avait pris la parole. C’était inhabituel pour elle. J’avais arrêté de manger et j’avais levé les yeux.

« Demain sera bientôt là. »

« Ouais, c’est l’heure du Cannonball Fast. On doit faire de notre mieux. »

« Je devrais te le dire. Je ne veux pas perdre. »

« C’est sûr. Ce ne serait pas drôle si tu n’essayais pas d’y aller à fond. »

Avec cela, nous avions continué avec nos repas. Penser à ma première bataille officielle, à grande vitesse qui plus est, remplissait mon cœur de tension, mais aussi d’impatience.

 

Le jour de Cannonball Fast. Les stands étaient bondés, et les feux d’artifice explosaient dans le ciel.

« Beau temps aujourd’hui, hein. »

En regardant le ciel clair d’automne, j’avais protégé mes yeux du soleil. La journée commençait avec les deuxièmes années, puis les premières années avec leurs propres IS, puis une course entre les premières années en équipement standard. Enfin, il y aurait une course d’exhibition entre les troisièmes années.

« Te voilà, Ichika. Dépêche-toi de te préparer. »

« Salut, Houki. Je pensais juste au nombre de personnes qui regardaient. »

« Oui, on dirait qu’il y a beaucoup de VIP de l’industrie et du gouvernement, comme d’habitude. Il y aurait une grande foule avec seulement les gardes du corps. »

Même sans eux, le nombre de personnes qui les regardaient illustrait l’attention portée aux IS. Je voulais m’assurer de ne pas me mettre dans l’embarras devant tant de gens avec mes résultats.

Hé, je me demande où est Ran ? Hmm… Je m’étais souvenu de son numéro de siège et j’avais regardé dans sa direction. Alors que j’utilisais le Byakushiki pour zoomer, j’avais senti un pincement sur mon oreille.

« Aïe ! »

« Dépêche-toi ! Tu n’es plus un petit enfant ! »

« Alors pourquoi tu me traites comme tel !? »

« Si tu ne viens pas, les professeurs vont être furieux ! »

« Je sais ! J’ai compris ! Alors, laisse-moi partir ! »

« Hmph. »

Ça fait vraiment mal. J’avais cru qu’elle allait me tirer l’oreille. Mais ça ne m’aurait servi à rien de discuter avec elle, alors j’étais parti vers les stands. J’espère que Ran ne s’est pas perdue. Nah, ça ne lui ressemble pas.

 

« Hmm, F-45, F-45… » Ran marchait en regardant la carte des places assises.

Bump.

« Qu… »

« Oh ? »

Elle avait dû se cogner à quelqu’un en cherchant sa place. Ran s’était rapidement redressée, avec embarras, et s’était légèrement inclinée.

« Je suis désolée. »

« C’est bon. Ne vous inquiétez pas pour ça. »

La femme était plus âgée qu’elle, avec des cheveux blonds et débordant d’allure. Wôw, elle est belle…

La femme avait une vingtaine d’années. Elle portait un fabuleux tailleur rouge qui montrait vraiment qu’elle était au sommet de sa forme. Ses lunettes de soleil à la mode couvraient ses yeux. Ses seins voluptueux et ses hanches galbées, séparés par une taille fine, étaient du genre à attirer le regard des hommes et des femmes. Se comparant silencieusement à cette femme, Ran s’était repliée sur elle-même, car elle n’était pas à la hauteur, même dans son propre esprit.

« Êtes-vous blessée ? »

« Non. Encore désolée. »

« Alors, c’est bon. Mais essayez de faire plus attention où vous marchez. »

« Oui. »

La femme blonde avait salué et était passée devant Ran. Ses boucles d’oreilles en or scintillaient dans la lumière. C’est un événement IS. Il doit donc y avoir des gens du monde entier. Alors qu’elle pensait ça, Ran avait baissé les yeux par réflexe sur sa propre poitrine. Je suis toujours en train de grandir. Je n’ai pas besoin de m’inquiéter… pour l’instant.

Dix minutes plus tard, après avoir rejoint son siège, le pouls de Ran battait à tout rompre. Je vais pouvoir voir Ichika dans son IS ! Et puis il y avait sa fête d’anniversaire plus tard. Ran était normalement une présidente du conseil des élèves calme et tranquille, mais en ce moment, elle était comme un petit enfant qui attendait que le cirque commence.

 

On pouvait entendre l’étonnement de la foule jusque dans les stands. Les deuxièmes années étaient en course maintenant. Cela ressemblait à un duel serré, où le gagnant pouvait être n’importe qui.

« Hé, cette Sarah Welkin est une cadette de l’armée britannique, non ? »

« En effet. Elle n’a pas son propre IS, mais elle est assez douée. En effet, elle m’a appris quelques trucs, » ajouta Cécilia, qui avait déjà déployé son IS Larmes Bleues avec son paquetage de haute mobilité Strike Gunner.

Elle s’y met vraiment. Je dois moi aussi la prendre aux sérieuses. J’avais déployé Byakushiki et j’avais commencé à me préparer. Les autres coureurs, Houki, Rin, Laura et Charl, nous attendaient dans les stands.

« Wôw, ce truc est vraiment costaud, Rin. »

« Mhm. Elle a l’air bien, n’est-ce pas ? Il a une vitesse de pointe qui peut même suivre celle de Cécilia. »

Le pack de haute mobilité de Feng était équipé de quatre propulseurs auxiliaires et d’une armure thoracique qui poussait vers l’avant. Je m’étais presque demandé si elle n’avait pas l’intention de nous écarter du chemin avec ça… Les deux canons à impact pointaient vers le côté, probablement moins pour nous abattre que pour nous couvrir. C’est vraiment spécialisé pour le Cannonball Fast. En regardant de cette façon, elle pourrait avoir l’avantage. Le paquetage de Cécilia était plus construit pour des opérations de type hit-and-run, et le reste d’entre nous avait fait avec ce que nous pouvions. Par rapport à ça, la solution de Rin, conçue spécialement pour elle, pourrait lui donner une longueur d’avance.

« Hmph. Je vais te montrer que l’arme ne fait pas le guerrier. » Le commentaire de Houki était tout à fait badass. Il semblait qu’elle couvrait ses problèmes d’énergie avec le contrôle manuel de son armure à balayage variable.

« Il y a un flux dans chaque bataille. Celui qui le maîtrise sera le vainqueur. » Laura, avec trois propulseurs auxiliaires sur son dos, avait rejoint la conversation. Ils n’avaient peut-être pas été conçus spécifiquement pour elle, mais elle semblait plutôt confiante que ce nouveau modèle de propulseur était suffisant pour la mener à la victoire.

« Faisons tous de notre mieux. » Charl en était restée là. Comme Laura, elle avait trois propulseurs auxiliaires, mais les siens étaient sur chaque épaule et sur le dos. L’IS de Charl avait déjà été personnalisé avec deux propulseurs d’aile sur mesure, mais ceux-ci augmenteraient encore plus sa puissance de pointe.

« Tout le monde est-il prêt ? Il est temps d’aller sur la ligne de départ ! » La voix de Mme Yamada, qui semblait un peu trop détendue, avait résonné dans les stands. Nous avions tous hoché la tête et suivi la navigation vers nos marques. Byakushiki est en pleine forme aujourd’hui. Je dois aussi faire de mon mieux.

« Et maintenant, la course entre les étudiants de première année avec leur propre IS ! » La voix de l’annonceur avait résonné dans les tribunes. À nos marques, nous avions allumé nos propulseurs.

Fshhirrrrr…

J’avais abaissé ma visière hypersensorisée et je m’étais concentré. Sous les yeux de la foule, le signal de départ s’était allumé.

3... 2… 1… Allez !

« Mmf — . » Alors que j’accélérais, le monde se brouillait autour de moi. L’aide à la vision de l’hypersenseur allait bientôt se mettre en place, mais pendant une seconde, la vitesse m’avait fait perdre mes repères. Cécilia prend déjà de l’avance ! Au premier virage, Cécilia avait déjà pris la tête.

« Je te reverrais plus tard, Ichika ! » Rin s’était soudainement déplacée sur le côté pour passer.

« Hé ! »

« Je te tiens, Cécilia ! » En s’approchant de Cécilia, elle avait tiré avec son canon à impact. Cécilia avait roulé sur le côté pour esquiver. Pendant ce temps, Rin utilisait son accélération massive pour avancer.

« Argh ! Pas mal du tout ! »

« Hehehe ! Tu es lente ! »

« … Quelle bêtise ! »

« … !? »

Laura avait parfaitement suivi Rin, et elle avait pris de l’avance. Il semble que son plan était de se glisser derrière les autres IS.

« Merde ! »

« Trop lent ! »

Alors que Rin paniquait et essayait de viser avec son canon à impact, une langue de flamme s’était étirée du canon revolver de Laura. Ce n’était pas un coup direct, mais l’impact à cette vitesse était suffisant pour envoyer Rin hors de sa trajectoire. Pendant ce temps, elle avait ouvert un feu de couverture, s’étendant même jusqu’à moi et lui donnant encore plus d’avance.

« Argh ! Je savais que Laura allait avoir des problèmes ! » J’avais accéléré en essayant de rester proche, mais elle avait pris de la distance à chaque coin.

« À plus tard, Ichika. »

« Même toi, Charl !? »

« Le timing est tout ce qui compte dans le Cannonball Fast. On se voit à la ligne d’arrivée. » Charl avait poussé ses propulseurs plus fortement, se rapprochant de Laura. J’avais essayé de me concentrer pour la suivre, mais un laser rouge avait traversé mes yeux.

« C’est… Houki ! »

« Désolée, mais je passe à côté de toi ! »

« Plus facile à dire qu’à faire ! »

Le katana d’Akatsubaki, avec des attaques à courte et à longue portée, avait tiré des lasers rouges sur moi. J’avais sorti la griffe du Setsura et j’avais commencé à riposter.

« Pas mal ! »

« Tu ne me feras pas tomber aussi facilement ! »

Alors que nous nous rapprochions du combat, Cécilia et Rin avaient ajouté leurs propres attaques. Blam ! Un tir de canon à impact s’était écarté du parcours et avait explosé contre l’un des murs de soutènement.

« Ce n’est pas encore fini ! »

« Nous ne faisons que commencer ! »

Juste au moment où nous terminions notre premier tour et que la bataille commençait à s’intensifier, c’est arrivé.

Soudain, un IS était descendu du ciel, tirant sur Laura et Charl.

« … !? »

« C’est… C’est le Zéphyr silencieux ! »

Sans même regarder Laura et Charl qui avaient dévié de leur trajectoire, la bouche de l’agresseur s’était recourbée en un rictus.

***

Chapitre 4 : Briseur de cœur

Partie 1

« Ahhh ! » Quelqu’un avait crié. La panique s’était répandue dans la foule avant que le personnel de la course ne puisse trouver comment gérer ce qui venait de se passer.

« Calmez-vous ! Veuillez vous calmer et évacuer dans le calme ! » L’annonce retentit dans les tribunes, mais personne n’écoutait.

« Eek ! » Ran avait été déséquilibrée par les bras de quelqu’un. Alors qu’elle était sur le point de basculer, une main douce l’arrêta.

« Allez-vous bien ? »

« Oui… »

La main était celle de Tatenashi. C’était la deuxième fois ce jour-là qu’une beauté plus âgée faisait battre le cœur de Ran. Elle est si cool…

« Quelle pagaille ! Nous ferions mieux de rester en dehors du chemin jusqu’à ce que les choses se calment. Suivez-moi. »

« O-Okay. » Prenant automatiquement la main de Tatenashi, Ran suivit. Ouvrant une porte marquée « réservé au personnel, » Tatenashi avait entraîné Ran dans la pièce qui se trouvait derrière.

« J’ai un petit truc à régler, alors pourquoi ne pas attendre ici pour le moment ? »

« Hum… »

« Si quelqu’un vient, dites-lui que la présidente du conseil des élèves a dit que vous pouviez être ici. »

« Présidente du conseil des élèves… »

Elles étaient toutes deux présidentes du conseil des élèves, mais la différence entre elles était comme le jour et la nuit, et ça rongeait Ran de l’intérieur.

« Quoi qu’il en soit — . »

Même la pose qu’elle avait prise en pointant du doigt était cool. Ran était restée abasourdie pendant quelques instants après le départ de Tatenashi.

Attends, Ichika ! Ran avait repensé au moment où l’attaquant avait tiré sur Ichika. J’espère qu’il va bien… Serrant ses mains, elle espérait — priait presque — qu’Ichika soit sain et sauf.

 

« Allez-vous bien ? Laura ! Charl ! » Je m’étais précipité vers l’endroit où elles s’étaient écrasées contre un mur et j’avais déployé le bouclier énergétique du Setsura. Un instant plus tard, une grêle de tirs de fusils BT s’y était écrasée.

« Argh… »

« Ichika ! C’EST… Je… ! »

« Cécilia !? Hé, attends ! »

« C’est le deuxième IS BT, Zéphyr Silencieux ! Cette fois-ci ! Cette fois, je… ! »

Bien que j’aie essayé de l’arrêter, Cécilia était partie seule à la poursuite de l’attaquant, le Zéphyr silencieux. Mais avec son paquetage de haute mobilité installé, ses unités mobiles ne pouvaient pas du tout tirer. Elle avait toujours son fusil BT, mais il était réglé au plus bas. Ça ne lui servira pas à grand-chose.

« Ichika ! Tu as la ligne de fond ! »

Alors que Cécilia se dirigeait vers le Zéphyr silencieux, Rin s’était précipitée pour fournir des renforts. Les tirs de faisceau de Cécilia, et les tirs de canon d’impact de Rin, s’étaient dirigés vers la cible.

« Tu ne t’échapperas pas ! »

« Allez-y ! »

Le Zéphyr silencieux, plutôt que d’essayer d’esquiver, se contenta de sourire avec insolence. Un moment avant que l’attaque la frappe, il avait ouvert un parasol à rayons.

« Qu… »

« Argh ! Je le savais, ce satané bouclier… Rin ! Nous allons faire une attaque en tenaille ! »

« Ne me dis pas ce que je dois faire ! Je vais essayer, mais… »

Cécilia et Rin avaient tiré de différents côtés. Comme une chorégraphie, le Zéphyr silencieux s’était soudainement élevé dans le ciel.

« C’est l’IS qui a été capturé en Angleterre… »

« Laura ! Peux-tu bouger ? »

« Pas assez pour être utile au combat. Je peux à peine gérer l’appui-feu. » En parlant, Laura s’était relevée et elle avait commencé à tirer sur le Zéphyr silencieux. Cependant, celui-ci esquiva agilement, presque comme pour montrer sa supériorité absolue par le nombre.

« Argh ! »

Tout en combattant Cécilia et Rin, le Zéphyr silencieux dansait dans les airs.

« Ichika ! Laisse-la-moi ! Rejoins Houki et aide Cécilia ! »

« Charl ! Rapport d’avarie ! »

« Mes propulseurs sont morts. Je peux m’élever dans les airs avec le PIC, mais il n’y a aucune chance que je puisse affronter ce truc. » Pendant qu’elle parlait, Charl avait purgé ses propulseurs auxiliaires. Une telle épave ne verra probablement plus jamais le ciel dégagé. « Je vais couvrir Laura pendant qu’elle tire. Vas-y, Ichika ! »

« J’ai compris ! »

Laissant à Charl le soin de protéger Laura, je m’étais envolé à la poursuite du Zéphyr silencieux. À mi-chemin, j’avais rencontré Houki, et nous avions cherché une occasion de nous approcher à distance de mêlée avec une attaque coordonnée.

« Prends… CECI ! »

Le Zéphyr silencieux avait répondu avec des coups rapides de la baïonnette de son fusil. Alors que j’attaquais avec Yukihira Nigata dans ma main droite et Setsura, sa griffe en mode lame, dans ma main gauche, les sections du bouclier du Zéphyr avaient plongé avec un timing parfait, et je n’avais pas pu porter de coup.

« Qu’est-ce que tu cherches, Unité Fantôme !? »

« … C’est une farce. »

« Quoi ? »

Alors qu’elle avait paré Yukihira Nigata, elle m’avait donné un coup de pied féroce.

« Argh ! »

« Ichika ! » Houki m’avait poussé de justesse pour éviter un tir à bout portant. Mais c’est alors que le Zéphyr silencieux avait fait usage de son tir flexible BT. Le rayon s’était tordu vers moi, me suivant.

« Aaaargh ! » J’avais à peine réussi à le bloquer avec le Setsura en mode bouclier, mais mon dos s’était écrasé contre le mur. « Argh ! »

J’avais fait une erreur fatale, et le Zéphyr silencieux avait saisi l’occasion.

« Meurs… »

Son fusil s’était divisé en deux au centre et il avait tiré à pleine charge. Alors que son énergie crépitait dans l’air, il se lâchait — .

 

« M fait de l’excellent travail en retenant tant d’IS personnels. »

Elle plissa les yeux à travers ses lunettes de soleil en observant l’agresseur — M. En y regardant de plus près, il s’agissait de la femme qui avait heurté Ran plus tôt.

« Mais elle ne se donne toujours pas à fond. J’aimerais qu’elle essaie un peu plus. »

Quelqu’un avait interpellé la femme qui avait soupiré : « N’est-ce pas un peu cruel ? Ce n’est pas comme si elle avait le choix de participer ou non. »

La femme ne s’était pas retournée. Elle pouvait dire à la voix qui c’était. Sarashiki Tatenashi. Présidente du conseil des élèves de l’Académie IS. Une femme qui, même en tant que lycéenne, pouvait se faire une place partout dans le monde grâce à son talent de génie. Actuellement pilote russe. Pas un cadet, un pilote à part entière.

« Votre IS — lequel était-ce, le Gustoi Tuman Moskva ? » demanda la femme.

« C’est son ancien nom. C’est la Dame mystérieuse maintenant. »

« Oh. » La femme s’était retournée, jetant un couteau étincelant en un clin d’œil.

« Je n’aime pas les femmes qui ont de mauvaises manières. »

Déployant immédiatement son IS, Tatenashi avait repoussé le couteau avec son épée à chaîne. Puis, d’un seul mouvement, elle l’avait balancée sur la femme comme un fouet.

« Pourquoi, n’est-ce pas une façon impolie de traiter quelqu’un que vous venez de rencontrer ? » En enlevant ses lunettes de soleil, la femme l’avait attrapé avec le gantelet de son propre IS.

 

 

« Qu’est-ce que tu cherches, unité fantôme ? »

« Pourquoi te le dirais-je ? Surtout avec une installation aussi bonne que celle-ci. »

« J’insiste. »

« Oh, mais tu peux ? Sarashiki Tatenashi. »

« Je le ferai, Squall. » Tatenashi laissa tomber son épée à chaîne et prit sa lance. Les quatre mitrailleuses montées à l’intérieur s’étaient mises en marche et avaient tiré une salve coordonnée. Rat-a-tat-tat !

Tatenashi avait visé juste, mais il n’y avait pas une once de soulagement sur son visage. Un cocon doré enveloppait Squall, et pas une seule balle ne faisait mouche.

« On arrête ça ? »

« … »

« Ton IS ne peut pas traverser le mien. Tu comprends ça, n’est-ce pas ? »

« Si tu ne peux pas gagner — si tu ne peux pas vaincre ton ennemi —, il n’y a aucune raison de se battre. C’est peut-être une sage décision… Mais…, » le voile d’eau de Tatenashi s’était transformé en lame et était passé à l’attaque. « Je m’appelle Sarashiki Tatenashi. Je suis la présidente du conseil des élèves de l’Académie IS. Je dois être à la hauteur des attentes ! »

Esquivant rapidement une poussée d’une lance formée d’eau, Squall avait lancé un autre couteau et avait hurlé : « Tu auras besoin de plus que ça ! »

Une lame d’eau avait frappé le couteau en l’air. Mais au moment du contact, le couteau avait explosé.

« … !? » L’air était rempli d’une épaisse fumée noire. Bien sûr, ce n’était pas suffisant pour bloquer la vision d’un IS, et grâce à son hypersenseur, Tatenashi avait vu Squall tourner la queue et fuir. « Argh… C’est la deuxième fois qu’elle s’enfuit… »

Tatenashi était une ennemie féroce dans un combat frontal. Mais si son adversaire choisissait de fuir, tout ce qu’elle pouvait faire était de le regarder s’échapper. Personne n’est parfait.

Soupir… Je n’ai rien fait dont je puisse être fière ces derniers temps. Je suppose que je n’ai pas le droit de me moquer d’Ichika. Tatenashi s’était levée, du regret se trouvant à la place de son habituelle espièglerie.

 

« Eeeeeek ! »

« Rin !? » Rin avait été envoyée dans les airs par le tir à pleine puissance du fusil BT. « Espèce d’idiote ! Pourquoi m’as-tu couverte... Hey ! Rin ! »

« Arrête de te plaindre… C’est parce que… Tu es si lent… Tousse… »

« Rin ! »

Rin, qui avait encaissé le tir à ma place, s’était évanouie en essayant de me donner un coup de poing. Les systèmes de survie de son IS avaient dû se mettre en mode de survie totale et la plonger dans un coma artificiel, car il avait subi des dommages quasi mortels. J’avais vécu cet été-là, et c’était assez intense.

« Merde ! » Au moment où je me relevais, l’énergie du Setsura était à sec. Le Zéphyr silencieux avait de nouveau pointé son fusil sur moi, et cette fois, j’étais sans bouclier.

« Je ne laisserai pas cela se produire ! »

Avant qu’il ne puisse déclencher son tir, Cécilia s’était interposée entre moi et le Zéphyr. Pas pour me couvrir, mais pour une attaque en force avec toute la puissance de son ensemble de haute mobilité.

« Cécilia ! »

« Récupère de l’énergie de Houki ! Maintenant ! Je vais te faire gagner du temps ! » Cécilia avait saisi le Zéphyr comme si elle voulait lui immobiliser les bras, et l’envoya contre le mur de l’arène. Elle utilisa ses propulseurs, le frappant contre la barrière encore et encore, jusqu’à ce qu’au quatrième coup, elle craque enfin.

« Maudit sois-tu… !? »

« Je vais te montrer le pouvoir de l’unité BT 01, les larmes bleues ! »

Deux IS bleus avaient volé à travers la fissure de la barrière. Prenant de la vitesse, elles s’étaient dirigées vers la ville.

« Argh ! Tiens bon, Cécilia ! » Houki avait volé vers moi, et quand j’avais pris sa main, de l’énergie avait commencé à couler dans mon IS. « S’il te plaît, Houki ! Active le Kenran Butou ! »

« C’est… Ce n’est pas quelque chose que je peux utiliser n’importe quand… »

« S’il te plaît, trouve un moyen de le faire ! Cécilia ne peut pas retenir cette chose toute seule ! »

***

Partie 2

J’avais secoué son bras en signe de frustration, mais elle avait répondu par un hochement de tête ferme, comme si cela suffisait à lui montrer la gravité de la situation.

« Compris. Je vais essayer. » Houki m’avait touché l’épaule. Je m’étais agenouillé instinctivement, la tête baissée.

« Très bien ! S’il te plaît ! »

« Je ressens la même chose qu’à l’époque… Je… » Houki avait fermé les yeux pour se concentrer. « Je… veux me battre aux côtés d’Ichika. Je veux lui donner de la force ! »

Vrrrr…

« Réponds-moi, Akatsubaki ! HAAAH ! » À ce moment-là, j’avais senti un flux de chaleur provenant de la main de Houki. « Ça… Ça a marché, Ichika ! Kenran Butou activé ! »

« Ah ! Merci, Houki ! »

« Je… C’est… Si cela t’a donné de la force, c’est déjà bien. »

« Très bien, je te laisse faire. Donne aussi à Rin un peu d’énergie. »

« J’ai compris. Dépêche-toi de rattraper Cécilia. »

« Ouais ! » En répondant, j’avais allumé mes propulseurs à pleine puissance. « J’arrive, Cécilia ! »

 

Argh ! Elle est coriace ! Alors qu’elle fonçait pour garder le rythme, Cécilia déplaça son long fusil BT à haut rendement sur le Zéphyr silencieux. Mais, comme si elle lisait son timing, les unités du bouclier s’interposaient toujours ou le Zéphyr s’éloignait toujours au bon moment.

Pendant ce temps, M continua tranquillement, presque indifféremment, sa grêle d’attaques sur Cécilia, qui avait du mal avec les tirs des unités mobiles précises, rapides et surtout imprévisibles.

À ce rythme, l’un d’entre eux va finir par me toucher. Alors si on en arrive là… ! Cécilia invoqua sa lame de combat rapproché, l’Intercepteur, et fonça sur le Zéphyr silencieux.

« Je te tiens maintenant ! »

« Hmph. »

M, comme si elle découvrait un nouveau jeu à jouer, invoqua un couteau dans sa propre main gauche et se mit en mêlée avec Cécilia. Clang ! Les lames s’entrechoquèrent avec une pluie d’étincelles.

« Argh… ! »

Le combat de mêlée à des vitesses supersoniques était très éprouvant pour l’esprit. Mais Cécilia, obstinée jusqu’au bout, s’était battue. Clang ! Clang ! Ching ! Alors qu’elle se battait d’une seule main, M avait freiné avec audace. Cécilia, toujours à sa poursuite, avait vu sa vision se remplir soudainement d’un viaduc d’autoroute.

« Va te faire voir ! »

Sa manoeuvre l’avait mise hors de danger, mais sa rage déborda devant le sourire moqueur de M. Est-ce qu’elle se moque de moi ? Encore une fois, Cécilia frappa avec sa lame vers le bas. Mais M l’avait fait voler en un éclair.

« … !? »

« … Meurs maintenant, » dit une voix assez froide pour glacer le sang. Immédiatement après, une cruelle volée de feu s’abattit sur Cécilia.

« AHH ! » L’énergie de son bouclier étant épuisée, le fusil dans sa main gauche explosa. D’une manière ou d’une autre, elle réussit à grimper rapidement juste avant de s’écraser sur le sol.

« C’est fini. »

La baïonnette sur le fusil du Zéphyr brilla en bleu.

« Non… Pas encore. J’ai encore un dernier tour ! » En hurlant, Cécilia avait appuyé sur la gâchette dans son cœur. Le paquetage de haute mobilité, Strike Gunner. Il y avait une tactique interdite, une chose qu’on lui avait dit de ne jamais utiliser avec chaque unité mobile dédiée à l’augmentation de la poussée.

« LET'S GO ! LARMES BLEUES PLEINE EXPLOSION ! »

Une grêle de feu avait jailli des canons couverts. Quatre canons avaient tiré, faisant exploser la matière au-dessus. Dans le pire des cas, son IS se désagrégerait en l’air. Mais sans le Feu Flexible, c’était l’attaque la plus puissante qu’elle avait pour les moments de vie ou de mort.

« Est-ce tout ce que tu as dans le ventre ? Ne me fais pas rire ! » La voix de M s’était brisée. En riant, elle roula, esquivant chaque tir.

« Qu — !? »

« Meurs. »

La baïonnette transperça les deux bras de Cécilia dans un crissement écœurant.

« AHHHHHHH ! » La douleur soudaine et intense l’avait fait crier. En entendant les cris de Cécilia, la bouche de M s’était tordue cruellement.

« … S’il te plaît, larmes bleues… » Les mains de Cécilia, qui ne pouvaient plus s’agripper à quelque chose, se tendirent vers M. Dans son cœur, des gouttes bleues tombèrent, ondulant à la surface d’une piscine. Ah, c’est vrai. Larmes bleues signifie…

« … ? »

M regardait, incertaine du plan de Cécilia. Et un lent sourire se répandit sur le visage de Cécilia.

« Bang. »

Sa main s’était transformée en pistolet. Aucune balle ne quitterait son doigt. Mais l’instant d’après, quatre faisceaux avaient déchiré le dos de M.

 

 

« … !? »

Feu flexible, uniquement disponible avec l’énergie BT à pleine utilisation. Dans ses derniers instants, Cécilia l’avait finalement fait sien, mais maintenant son IS, ayant perdu sa poussée et son équilibre à la vitesse supersonique, ne pouvait plus se maintenir.

Ça doit être la fin pour moi… Mais au moins, j’ai donné ce que j’ai reçu. Son visage affichait une paix parfaite, mais au moment où elle se résignait à son sort, elle entendit une voix.

« Je t’ai fait attendre, hein ? »

Byakushiki s’était élancé, coupant en deux le fusil du Zéphyr silencieux tout en enveloppant Cécilia dans ses bras.

 

« Cécilia ! Tiens bon ! »

« Pourquoi, Ichika... Tu es en retard… »

« Désolé ! »

« Qu’est-ce qu’on va faire ? Tu vas… Tu vas devoir te rattraper avec… Avec un rendez-vous… »

« Un rend — Hé, Cécilia ! Cécilia ! » Alors que je criais à Cécilia, ses signes vitaux étaient apparus sur mon hypersenseur. Heureusement, elle était juste inconsciente. Bon sang, tu as vraiment poussé trop loin… J’avais trouvé un bâtiment qui pourrait nous soutenir, et j’avais touché terre.

On dirait que son IS a arrêté l’hémorragie de ses bras… Mais je dois quand même la faire soigner, ou qui sait ce qui va se passer. L’Académie IS possédait des installations médicales comparables à un hôpital de recherche. J’avais décidé de l’emmener là-bas pour le moment.

« Ah… ! » J’étais sur le point de redécoller quand les poils de ma nuque s’étaient dressés. Le Zéphyr silencieux flottait là, le soleil dans le dos, et nous regardait. Son regard était aussi glaçant qu’un couteau sous ma gorge. « Maudit sois-tu... »

J’avais levé les yeux vers le pilote qui avait fait tant de mal à Cécilia. Sa visière couvrait son visage, mais je pouvais encore sentir son hostilité. Que dois-je faire ? Puis-je la combattre tout en gardant Cécilia en sécurité ? Probablement pas. Mais je devais au moins essayer. C’était le seul moyen de protéger tout le monde. En serrant les dents, j’avais serré la poignée du Yukihira Nigata.

« Quoi, Squall ? … Wilco. Je m’en vais. »

« Quoi… ? »

« Hmph… » Le Zéphyr silencieux m’avait lancé un regard furieux, puis s’était retourné et avait battu en retraite.

« Que diable faisait cette chose ? »

Ressentant toujours la pression de sa malveillance même après son départ, j’avais hésité un instant.

 

« Tous ensemble, maintenant ! »

« Joyeux anniversaire, Ichika ! »

Au signal de Charl, une volée de pétards avait été tirée.

« Oui, merci. »

Il était 7 h 30 du soir et cela se déroulait à la résidence Orimura… Jusqu’ici, tout va bien. Mais…

« Wôw, c’est plein à craquer ici. »

Dressons la liste des participants. Il y avait les suspects habituels. Houki, Cécilia, Rin, et Charl. Puis il y avait Ran. Pour les garçons, il y avait mes amis Gotanda Dan et Mitarai Kazuma. Et pour les autres élèves, Tatenashi, Miss Casual, et Utsuho. Et puis, pour une raison ou une autre, Mayuzumi Kaoruko, le membre le plus actif du club de journalisme, s’était aussi montrée. Mon salon n’était pas particulièrement grand, il était donc presque plein à craquer.

Ouf… Je n’arrive pas à croire que tout le monde fasse la fête aussi fort après ce qui vient de se passer. Non, en vérité, cela avait un certain sens. Nous avions tous besoin de quelque chose pour nous remonter le moral après ça.

Les choses s’étaient calmées pour l’instant, mais nous n’étions toujours pas sûrs de ce que l’Unité Fantôme recherchait. Mais voir le personnel de l’académie comme Chifuyu et Mme Yamada sur les nerfs alors qu’elles répondaient, montrait clairement que c’était une affaire sérieuse. Surtout depuis que nous avons amené notre IS dans un combat urbain… Ils m’avaient gardé pour un débriefing complet, et je n’étais sorti qu’après quatre heures.

« Alors, hum, Ichika ! Je t’ai fait un gâteau ! »

« Oh, merci, Ran. Hey, comment était ta journée ? T’es-tu amusée ? Je veux dire, je sais que c’était un peu le bordel, mais… »

« Bien sûr ! Tu étais superbe ! Voilà ton gâteau ! »

« Merci. »

J’avais pris l’assiette qu’elle m’avait offerte et j’avais commencé à manger la tranche de gâteau qui s’y trouvait. C’était un gâteau éponge au cacao, avec de la crème fouettée et du chocolat. La crème fouettée, douce et moelleuse, répandait une légère douceur dans ma bouche lorsque je mâchais.

« C’est vraiment bien. L’as-tu fait toute seule ? »

« O-Oui ! »

« Tu es bonne en cuisine. Je suis sûr que tu feras une bonne épouse un jour. »

« Une… Une épouse !? »

« Voici quelques ramens, Ichika. »

« Wôw ! Où est-ce que tu cachais ça, Rin ? »

« Je viens de les terminer. Sers-toi pendant que c’est encore chaud. J’ai fait les nouilles moi-même. » Rin avait gonflé fièrement sa poitrine. Les nouilles ondulées flottant dans le bouillon doré avaient vraiment l’air délicieuses. Avait-elle fait le char siu elle-même aussi ? Ça devait être beaucoup de travail.

« Allez, Ling… »

« Hmm ? Oh, c’est toi, Ran ? Tu es devenue tellement plus grande ! »

« C’est drôle que tu aies remarqué ça. »

Rin et Ran se disputaient déjà comme deux chats. Je me demande pourquoi elles ne s’entendaient pas. Elles étaient comme ça depuis le collège. À un moment donné, j’avais failli demander quel était leur problème, mais j’avais eu l’impression que ce serait provoquer le nid de frelons.

« Alors, merci ! » J’avais englouti le ramen. Le bouillon était à base de dashi de fruits de mer avec un arrière-goût rafraîchissant. Les nouilles al dente se remettaient en place au fur et à mesure que je mâche. Plus je mâchais, plus ma bouche se remplissait de ce mélange relaxant.

« Wow. C’est bon. Tu t’améliores encore plus en cuisine, n’est-ce pas ? »

« Je suppose que oui ! Je suis peut-être une cadette nationale, mais je dois encore apprendre ce que je ferai en tant que mariée. »

« Je vois. C’est logique. »

« Allez… joue un peu le jeu… »

« Eh ? »

« Oh, rien ! » Je m’étais demandé pourquoi elle était en colère. Bref, j’avais posé le bol et je m’étais dirigé vers la cuisine.

« Cécilia ? »

« Oui ? »

Cécilia était assise là, son bras droit enveloppé de bandages. Ses blessures n’étaient pas légères, mais une semaine environ de thérapie régénératrice appliquée lui permettrait de reprendre ses activités. Ils voulaient la garder pour la nuit à l’hôpital, mais elle avait insisté pour venir à ma fête d’anniversaire.

« Tu te sens bien ? Si ça fait trop mal, tu peux toujours aller te reposer. »

« Mais bien sûr ! J’ai été à peine égratigné ! Mais le plus important. »

« Hm ? »

« Joyeux anniversaire, Ichika. Tiens, j’ai acheté ça pour toi. »

« Qu’est-ce qu’il y a là-dedans ? »

« Pourquoi, un cadeau, bien sûr ! Ouvre-le ! »

« Bien sûr. »

 

 

J’avais retiré l’emballage et j’avais ouvert la boîte.

« Oh, un service à thé. »

***

Partie 3

« Ahem ! C’est un set Aynsley, du genre de ceux utilisés par la famille royale. J’ai aussi inclus un peu de mon thé noir préféré. »

« Wôw, c’est incroyable. Merci beaucoup. Je vais m’assurer d’en prendre soin. »

« C’est le moins que je puisse faire. Plus important encore, peut-être pourrions-nous… »

« I-chi-ka, tu manges bien ? »

« T-Tatenashi !? Ne m’enlace pas par derrière comme ça. »

« Pourquoi pas ? Ça ne fait pas de mal ! »

« Oui, c’est vrai ! Ça fait mal à mon cœur pur ! »

« Oh mon dieu. Eh bien, alors peut-être que je peux guérir ce cœur meurtri. »

« Umm. »

Pendant qu’on parlait, Tatenashi pressait ses seins contre mon dos.

« Hé ! Présidente Sarashiki ! » Cécilia n’avait pas pu empêcher sa voix de se briser. Elle essayait de nous séparer tous les deux, mais Tatenashi s’était accrochée à moi comme une sangsue. « Lâchez-le ! »

« Appelle-moi Tatenashi, s’il te plaît. »

« Qui s’en soucie ? Lâche juste Ichi — Aïe ! »

« Allez, ne sois pas bête. Cécilia, tu dois te ménager le temps que ton bras guérisse. Vas-tu bien ? »

« Je vais parfaitement bie — Non ! Je ne vais pas bien. Ichika ! »

« Bon sang, décide-toi. »

« Bref. Puisque mon bras est blessé, pourrais-tu me donner du gâteau ? »

« Bien sûr. » J’avais pris une autre part de gâteau et j’avais préparé Cécilia. « Ouvre en grand. »

« Ahh… »

« Ouah ! Qu’est-ce que tu fais, Cécilia ? C’est la fête d’Ichika ! » Merde, Charl nous avait trouvés.

Cécilia avait fermé les yeux et avait soupiré de bonheur en prenant une bouchée, « Ahh, quel luxe. »

« I-Ichika ! Ce n’est pas juste ! Hé, attends, qu’est-ce que tu fais, Tatenashi !? Argh, j’abandonne ! » Charl filait entre les soucis. Elle finissait toujours par tirer la courte paille, n’est-ce pas…

« Oh là là. Alors, on continue ? »

« Bien sûr. Je suis tout à fait satisfaite. Ahh… »

Le duo, apparemment très content de lui, était parti vers le salon. Pendant que je restais seul avec Charl dans la cuisine, j’en avais profité pour ouvrir son cadeau.

« Merci. Je suis sûr que ça va m’être très utile. »

« Oh, bien sûr ! J’espère que ça ira bien sur toi ! »

La montre-bracelet en or blanc était pleine de fonctions. Elle pouvait afficher l’humidité, les précipitations, la météo, et même les nouvelles. En cliquant sur le sommet, un écran de projection apparaissait. Elle utilisait les toutes dernières piles à vide, et pouvait se recharger via un panneau solaire ou la chaleur du corps. C’était vraiment étonnant.

« Charl, tu dois me dire quand est ton anniversaire, pour que je puisse t’offrir quelque chose d’aussi joli. »

« Hm. J’ai hâte d’y être. »

« Cette journée a été un vrai désordre, n’est-ce pas ? Je me demande ce qu’elle cherchait. »

« … Tu n’as pas besoin d’être toujours super-sérieux avec moi. »

« Eh ? »

« Oh, rien ! » Charl avait agité ses mains. Après s’être éclairci la gorge, elle avait repris la parole : « Je savais qu’ils étaient une organisation terroriste internationale, mais le fait qu’ils aient des IS rend les choses encore pires. Même un seul IS peut les mettre sur un pied d’égalité avec une armée nationale entière s’il est utilisé correctement. Au moins, ils n’ont pas trouvé de solution pour contourner la limite d’armement qu’ils peuvent installer. »

« Je vois… »

« Il semble que l’Académie surveille la situation, alors je pense que nous pouvons nous détendre pour le moment. »

« Je l’espère bien. »

J’avais pensé à l’agresseur aujourd’hui. Même si son visage était couvert par sa visière, je pouvais voir à quel point elle me détestait. Rien que le fait d’y penser me dérangeait un peu.

« Allez, ne fronce pas les sourcils comme ça. »

« Eh ? Je le faisais ? »

« Oui. Si tu t’inquiètes trop, tu ne trouveras jamais le bonheur. Souris un peu. »

« Ouais. » Charl avait levé la main et avait fait un sourire avec ses propres lèvres. Voir ce sourire incroyable m’avait remonté le cœur. « Oh, c’est vrai. Laura m’a dit de te dire d’aller dans le jardin plus tard. »

« Hmm ? Je suppose que je vais le faire maintenant. »

« Bien sûr. On se voit dans un petit moment, Ichika. »

En quittant Charl, j’avais traversé le salon et étais sorti.

« Tu es en retard ! »

« Argh, désolé. »

« Eh bien, euh, je veux dire… C’était mon choix de t’attendre de toute façon. Je retire ce que j’ai dit. »

« Huh. »

Ce n’était pas le genre de Laura de retirer les choses après les avoir dites. Bien que j’aimais plutôt son côté direct et inflexible.

« I-I-Ichika ! »

« Hmm ? Wôw ! »

Soudain, elle avait pointé un couteau droit sur ma gorge. J’avais fait un bond en arrière, ne remarquant que plus tard qu’elle avait arrêté le coup avant qu’il n’atteigne sa cible. Je pensais qu’elle allait me tuer !

« Tu peux avoir ce couteau ! »

« … Eh ? »

« Pour ton cadeau d’anniversaire ! Je l’ai utilisé en combat. Il est tranchant, et durable. Prends-le ! »

« Bien sûr ! »

J’avais pris le couteau de la main de Laura, et elle m’avait également donné son étui. La lame mesurait plus de 20 centimètres de long, et c’était le genre d’engin militaire qui n’aurait pas dépareillé, menaçant, sur une couverture d’album de black metal. C’était vraiment un outil pour tuer.

« Ah… »

« Q-Quoi !? »

« Il a une très bonne prise en main. »

« Je vois. Le fourreau est bien aussi. Tu vois ? »

« Merci. »

Le fourreau avait une boucle pour le suspendre à ma ceinture. Avec cela sur le côté, je pouvais l’utiliser en un rien de temps.

« Tu devrais comprendre ce que cela signifie quand une guerrière te donne son arme… »

« Hein ? Quoi ? »

« R-Rien ! De toute façon, on a fini ici ! Je m’en vais ! »

« Hé, attends. »

« Q-Quoi !? »

« Merci, Laura. »

« … !! »

Je ne savais pas si c’était par surprise ou par timidité, mais dans tous les cas, le visage de Laura était devenu rouge jusqu’aux oreilles et elle s’était détournée avec un « Hmph ! » Qu’est-ce qu’elle a aujourd’hui ?

« Te voilà, Ichika. »

« Oh, Houki. Qu’est-ce qu’il y a ? As-tu assez mangé ? »

« C’est ton anniversaire, pas le mien. Ou bien penses-tu juste que je mange tout le temps ? »

« Je ne voulais pas dire ça… »

« Relax, je plaisantais. » Houki s’était esclaffée tandis que je restais là, confus. On dirait qu’elle est de bonne humeur aujourd’hui.

« Voici ton cadeau d’anniversaire. » Houki m’avait tendu un sac en parlant. À l’intérieur se trouvait un gros paquet enveloppé dans du papier.

« Qu’est-ce qu’il y a, Houki ? »

« Ouvre-le. » J’avais pris le sac et ouvert le papier d’emballage. Et… « Oh ? Un kimono ! »

« J’ai trouvé du bon tissu à la maison, alors je l’ai fait coudre. »

« Wôw ! Je vais devoir l’essayer plus tard ! Merci, Houki. »

« Hm. Il y a aussi une ceinture là-dedans, non ? »

« Oh, oui. Ça a l’air cher. »

« Ne t’inquiète pas pour le prix. D’ailleurs… Il correspond au mien… »

« Oui ? »

« Tu n’étais pas censé entendre ça ! » Houki était soudainement très énervée. Qu’est-ce qu’elle avait ?

« Je devrais le porter aux dortoirs un jour. »

« Hm. Tu dois me le montrer quand tu le feras. Okay !? »

« Bien sûr, bien sûr. Quand même, un kimono. Je me disais justement que j’en voulais un aussi. »

Il avait un joli motif, sophistiqué. Je pouvais le porter dans ma chambre. C’était toujours relaxant de porter un yukata quand j’allais aux sources thermales.

« Ça fout en l’air le cadeau que je t’ai fait, n’est-ce pas ? »

« Non, c’est bon. J’aimais aussi beaucoup le mien. » Tout en parlant, Houki avait touché le ruban qui retenait sa queue de cheval. C’était le ruban blanc pâle que je lui avais offert pour son anniversaire, le 7 juillet.

« … »

« Tu as continué à le porter depuis, n’est-ce pas ? J’en suis heureux. »

« Je veux dire, ce n’est pas comme si je le portais tous les jours ! »

« Je sais, je sais. Mais deux fois par semaine, non ? »

« Tu… Tu y prêtes beaucoup d’attention. »

« Je veux dire, c’est toi. »

« Vraiment… Parce que c’est moi ? »

Houki devait être heureuse que je l’aie remarqué, car ses joues étaient devenues rouges tandis qu’elle remuait ses doigts. Je savais comment elle était normalement, alors quand elle était devenue soudainement timide comme ça, mon cœur avait fait un bond.

« I-Ichika. Peut-être que plus tard, on pourrait… »

« Hé, il y a Dan et Utsuho. Je me demande ce qu’ils sont en train de faire. Je n’arrive pas à les entendre d’ici. »

« Ichika. Ce n’est pas bien d’écouter aux portes. »

« Allez, juste un peu. » J’avais pris le bras de Houki et je l’avais rapprochée de leur coin du salon.

« On se rencontre à nouveau, » gloussa maladroitement Utsuho.

« Je suppose que oui… »

« … »

« … »

« Umm… »

Les deux avaient essayé de briser la glace en même temps. Voyant que l’autre commençait à parler, ils avaient tous deux détourné le regard.

« Tu commences. »

« Non, toi d’abord. »

« … »

« … »

Le silence avait continué. Ils rougissaient tous les deux d’un rouge vif.

 

« Que font-ils ? »

« Je ne sais pas. Probablement un échange de coordonnées ? »

« Oui, comme des adresses e-mail ou autre. »

« C’est assez. Partons avant qu’ils ne nous remarquent. »

« Ouais. » Alors qu’on s’éloignait, j’avais remarqué que je tenais toujours la main de Houki. « Ah, désolé. »

« Non, c’est… Ça ne me dérange pas… »

« Je vois. Bref, retournons à la fête. »

« Ouais ! »

Houki et moi étions retournés vers le canapé. Rin était déjà là, avec un jeu de société installé pour tout le monde. Et juste comme ça, les heures du soir s’étaient envolées.

***

Épilogue : Reflet dans l’eau

« Super. Ils ne sont pas encore épuisés. »

J’étais au distributeur le plus proche de chez moi. On n’avait plus de boissons, alors j’étais là pour prendre une dizaine de canettes. Charl avait été la première, mais pas la dernière, à dire que c’était ma fête et que je ne devais pas y aller, mais honnêtement, comme je n’avais rien fait jusque là, je voulais y aller.

Voyons voir. Tatenashi c’était du café, Houki du thé vert, Rin du oolong et Charl du jus d’orange, Laura voulait une boisson sportive, Cécilia du thé noir, et… J’avais rempli mes bras de canettes. Ça devrait suffire. Il est temps de rentrer.

Au moment où je m’étais retourné pour partir, j’avais remarqué une ombre qui se tenait à l’écart de la lumière de la machine. Hein ? La machine était assez loin de chez moi. Ce qui signifiait que ça ne pouvait pas être quelqu’un que je connaissais.

Après que j’ai fait mon deuxième pas, l’ombre était entrée dans la lumière. C’était une fille. Une fille avec un visage que j’avais certainement reconnu. Non, un visage que je connaissais comme le dos de ma main.

« Chifuyu… ? »

C’était une fille de 15 ou 16 ans. Mais son visage était le portrait craché de Chifuyu à cet âge.

 

 

« Non, » la fille avait ouvert la bouche. Son faible sourire ne ressemblait en rien à celui que j’avais vu chez Chifuyu. « Je suis toi, Ichika Orimura. »

« Quoi ? »

« On dirait que je t’ai causée beaucoup de problèmes tout à l’heure. »

« Hein !? Attendez, vous êtes la pilote du Zéphyr silencieux — . »

« Oui. » Elle avait fait un pas vers moi.

« Et votre nom est…, »

« Orimura Madoka. »

Orimura… Madoka ? C’était un nom que je n’avais jamais entendu. Mais son nom de famille était le même que le mien. Et elle ressemblait exactement à Chifuyu.

« Pour que je puisse être moi-même… Je vais prendre ta vie. »

Une arme de poing brillait dans son poing.

Bang ! Le son d’un coup de feu résonna dans le ciel nocturne.

***

Illustrations

 

Fin de tome.

***

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