Comment NE pas invoquer un Seigneur-Démon – Tome 5

Table des matières

***

Prologue

Ses doigts pâles repoussaient doucement la vapeur blanche et terne qui s’échappait de là. Des ondulations s’étaient répandues dans le liquide, atteignant son corps qui était trempé dans la baignoire. L’eau avait éclaboussé sa poitrine ronde.

« Ahhhh..., » la jeune femme appuya sa tête contre le marbre de la baignoire, étalant ses cheveux pourpres.

Elle était la gouverneur de Tour de Zircon, Fanis Laminitus.

Près du sommet de la tour se trouvait cette magnifique salle de bains, l’une de celle qu’on ne pouvait même pas trouver dans la Capitale Impériale. Une luxueuse installation d’une extravagance sans pareille était l’endroit où elle allait pour se refaire une santé mentale, afin de pouvoir continuer à exercer ses fonctions gouvernementales le jour suivant.

Les pensées de Laminitus dérivèrent vers le Sorcier qu’elle avait rencontré en ville cet après-midi...

 

« Que comptez-vous faire après avoir trouvé ce sorcier ? »

« Si Nous pouvons l’utiliser, alors bien sûr, Nous en ferons Notre subordonné ! Mais s’il n’écoute pas, alors Nous lui enseignerons la différence entre nos pouvoirs par la force ! » déclara Laminitus.

« Comme vous êtes sacré numéro vraiment vilain. »

 

Le fait d’appeler la dirigeante de cette terre un « sacré numéro vraiment vilain »...

« Hehe... Celui-là est un homme intéressant ! » déclara Laminitus.

La magie qu’il avait utilisée pour repousser la « Baleine des Sables » qui fonçait sur la ville était plus forte que tout ce qu’elle n’avait jamais vu. Il serait difficile de trouver un Sorcier Élémentaliste de ce calibre, encore moins dans le cadre de l’Association des Mages. Il avait sans aucun doute eu la chance d’avoir un talent extraordinaire.

Mais il y avait quelque chose de jeune et masculin dans ses yeux. Son désintéressement, indigne de quelqu’un de ses capacités, était en contradiction avec son attitude arrogante.

Laminitus caressa ses seins bien arrondis. En la voyant faire, cet homme aurait l’air un peu gêné, n’est-ce pas ?

« Avec le fait qu’il se promène avec ces esclaves à ses côtés... Se pourrait-il qu’il n’ait jamais connu de femme ? » demanda Laminitus.

Maintenant qu’elle y pensait, elle avait oublié de demander son nom. Elle devrait demander à quelqu’un de s’en occuper. Elle était du genre à mettre les choses en action dès que cela lui venait à l’esprit. Ainsi, alors qu’elle était encore submergée dans la baignoire, elle avait crié.

« Viens ici ! »

Habituellement, un intendant qui attendait dehors lui répondait instantanément...

Mais il n’y avait pas eu de réponse.

Alors qu’une étrange sensation de malaise remplissait son cœur, Laminitus s’était levée de la baignoire. L’eau coulait de son corps tonique et ses cheveux écarlates brillants.

Elle avait concentré ses sens apaisés par le bain. Alors qu’elle exposait son corps à l’air, elle avait senti quelque chose qu’elle ne remarquait pas jusqu’à maintenant.

— Qu’est-ce que c’est que ça ? Cette présence collante dans l’air..., se demanda-t-elle.

Laminitus avait immédiatement tendu la main. Une présence vaseuse et déformée s’approchait d’elle à une vitesse étonnante.

Puis, saisissant rapidement son arme magique de type revolver, elle se retourna — .

 

 

Une présence d’un noir de jais se dressait à la surface de l’eau du bain.

Sans même se donner la peine de confirmer son identité, Laminitus avait appuyé sur la détente, le coup de feu résonna alors à travers toute la pièce. La balle du Canon Magi avait sans aucun doute atteint sa cible, mais la silhouette n’avait pas du tout changé.

Il s’agissait d’un homme d’une vingtaine d’années, qu’on pourrait décrire comme un bel homme. Sa peau était d’un blanc nacré, avec une mâchoire élancée, des yeux fendus et un nez lisse et étroit. Il portait un smoking, comme s’il se préparait à assister à une soirée.

Dans l’ensemble, sa tenue vestimentaire était un peu, vieille école.

Si on prenait seulement son apparence en compte, on pourrait le confondre avec un jeune homme qui se mêlerait facilement à la haute société.

Mais il était debout à la surface de l’eau, et sur son dos se trouvait une paire d’ailes en forme de chauve-souris. Bien qu’une balle se soit logée dans le côté gauche de sa poitrine, il n’y avait pas de sang qui coulait de la blessure.

Il n’est clairement pas humain..., pensa Laminitus.

En arrivant à cette constatation, Laminitus essaya de stabiliser son souffle. Elle était nue, mais elle n’était pas du genre à se sentir gênée, et elle n’avait pas non plus le loisir de le faire actuellement.

« Vous êtes un Déchu, n’est-ce pas ? » demanda-t-elle.

« Heheheheh...  En effet, ma chère mademoiselle, » répondit-il.

« Fermez votre clapet. Nous sommes bien au-delà d’un âge où des gens comme vous pourraient Nous appeler “mademoiselle”. Nous pensions qu’un Déchu ne pourrait jamais envahir cette tour, » déclara-t-elle.

« Oh, c’était vraiment très simple. Contrairement aux Races, je suis capable de voler, » déclara le Déchu.

« Les guetteurs et les gardes auraient dû vous remarquer dans ce cas, » déclara Laminitus.

« Eh bien ! Il semble qu’ils soient un peu fatigués, vous voyez, alors je suis allé de l’avant et je les ai fait dormir... Un sommeil éternel, dirons-nous ? » déclara le Déchu.

« Espèce de salaud ! » cria Laminitus.

Laminitus tira une deuxième fois et la balle toucha de plein fouet son adversaire, mais cela n’avait pas semblé avoir d’effet.

— Est-il immortel !? se demanda-t-elle.

Elle réprima le malaise dans son cœur. Mais si elle essayait de rester calme, sa nudité la préoccupait. Tout ce qu’elle avait en main, c’était le pistolet magique qu’elle portait pour se défendre. Elle ne pouvait même pas espérer bluffer pour s’en sortir.

Le jeune homme déchu avait souri d’un air ironique. « Ce petit jouet ne m’égratignait même pas. Mais s’il vous plaît, ressaisissez-vous. Je ne suis venu que ce soir pour parler. »

« Hmph... Un “unique” Déchu veut parler..., » déclara-t-elle.

Les Déchus avaient toujours massacré les Races à vue. Il n’y avait jamais eu de discussion ou de négociation avec eux.

Ou du moins, c’était comme ça que cela aurait dû être...

Flottant toujours dans les airs, il changea de posture comme s’il était assis, croisant ses longues et minces jambes.

« Il serait approprié de commencer par les présentations, non ? Je suis connu sous le nom de Varakness, » déclara-t-il.

« Nous n’avons jamais eu le plaisir d’avoir un Déchu qui se présenter à Nous. Ne Nous dites pas que vous vous attendez à ce que Nous vous donnions Notre nom en contrepartie, » déclara-t-elle.

« C’est tout à fait naturel. Après tout, c’est moi qui suis venu vous voir, » déclara Varakness.

« Et pour quoi faire ? » demanda-t-elle.

Varakness frappa des mains, comme s’il l’applaudissait.

« Permettez-moi tout d’abord d’exprimer mon admiration envers vous. Vous avez bien fait d’abattre cette grande baleine. J’ai été véritablement étonné d’en trouver une parmi les Races qui avait la puissance de faire périr une telle bête, » déclara Varakness.

Les yeux de Laminitus s’étaient écarquillé alors qu’elle était en état de choc. « C’est donc vous qui avez lâché le Baleine de Sable sur Notre ville ? »

« Une conclusion judicieuse. Il y a ceux sous mon commandement qui sont capables de contrôler des bêtes magiques, mais contrôler la grande baleine était une tâche ardue. Je n’aurais jamais imaginé que vous la repousseriez, » déclara Varakness.

« Nous supposons donc que le navire de sables en fuite n’avait aucun rapport ? » demanda Laminitus.

« Disons qu’on en fait bon usage, » déclara Varakness.

Pour manipuler une bête magique de cette taille — c’était vraiment, un ennemi redoutable. Laminitus ne pouvait pas se permettre de le laisser ébranler sa façade confiante ici.

« Vous avez donc essayé d’utiliser une énorme bête magique pour détruire la Tour de Zircon. Nous voyons que les Déchus ont peur d’attaquer directement Notre ville. C’est la meilleure nouvelle que Nous ayons entendue depuis un moment, » déclara Varakness.

« Non, non, ne vous méprenez pas. » Varakness secoua la tête avec un sourire ironique. « C’était simplement ma tentative de miséricorde envers vous. »

« Nous sommes surpris. Je n’aurais jamais cru que Nous entendrions une blague venant d’un Déchu, » déclara Laminitus.

« Je pensais que vous trouveriez une mort instantanée et indolore dans la gueule de la baleine plutôt que d’être massacré lentement par mes armées, » expliqua Varakness.

Il avait déclaré quelque chose qu’elle ne pouvait pas facilement ignorer.

« Vos armées ? » demanda Laminitus.

« Oui, je suis le commandant en chef des armées du Seigneur Démon, » déclara-t-il.

Un frisson avait parcouru le long de la colonne vertébrale de Laminitus, alors que ses cheveux se dressaient sur le bout.

« Ce n’est pas possible..., » s’exclama Laminitus.

Avec la disparition de l’ancien Seigneur Démon, l’armée du Seigneur Démon aurait dû être anéantie. Le fait d’entendre ces mots venir des lèvres d’un Déchu avait dû signifier qu’elle avait été réorganisée d’une façon ou d’une autre.

« Je suis sûr que vous l’avez déjà deviné... mais Sa Majesté le Seigneur-Démon a été ressuscité, » déclara Varakness.

« Quoi !? » s’exclama Laminitus.

— Les Races se sont battues si longtemps pour empêcher le Seigneur Démon de renaître, mais si ce qu’il dit est vrai, alors il a déjà été ressuscité..., pensa-t-elle.

Il avait été dit que, si le Seigneur Démon revenait, les Déchus et les bêtes magiques augmenteraient en puissance. Et ce Déchu, Varakness, possédait déjà un grand pouvoir magique, capable de supporter la balle de Laminitus sans même avoir le moindre tremblement. Il se pouvait bien qu’il ait déjà reçu le pouvoir du Seigneur Démon ressuscité.

Laminitus se souvient avoir entendu des rumeurs selon lesquelles le sceau du Seigneur Démon apparaissait dans le ciel de Faltra. Apparemment, c’était plus qu’un ramassis d’absurdités maintenant.

Laminitus hocha la tête. « Et maintenant êtes-vous venu annoncer le retour du Seigneur Démon ? »

« Eh oui, il s’est déjà réveillé. Mais je ne venais pas juste pour vous en informer, » déclara Varakness.

« Alors, crachez le morceau. Nous ne sommes pas très patientes, » déclara Laminitus.

« Ah, comme vous le souhaitez. Alors, je vais le dire aussi crûment que possible : Rendez-vous, » déclara Varakness.

Une proposition inattendue avait été faite, et elle n’avait jamais imaginé qu’un Déchu tenterait de négocier.

« Ha ! Un Déchu, exigeant la reddition des Races ? » Laminitus haussa les épaules. « Que comptez-vous faire si Nous sommes d’accord, allez-vous gouverner une ville d’humains ? Ce serait un sacré spectacle. J’imagine déjà le Seigneur Démon s’adonnant à la politique. Quelle bouffonnerie ! »

« Heheheheh...  Le règne de Sa Majesté sera miséricordieux et juste, » déclara Varakness.

« Oh vraiment ! Et que fera-t-il ? » demanda Laminitus.

« Eh bien ! En vérité, tous les individus des Races devraient se suicider. Cela sera une fin bien plus miséricordieuse que d’être dévoré vivant par nos bêtes magiques, non ? » demanda Varakness.

La déception et l’excitation se mêlaient dans le cœur de Laminitus. En fin de compte, il n’y avait pas vraiment de coexistence possible avec les Déchus.

La constatation qu’il n’y avait vraiment aucun raisonnement avec eux l’avait remplie de déception. Mais d’un autre côté, elle ressentait une exaltation, et une excitation pour la bataille à venir.

Un esprit combatif avait rempli son corps et son âme, brûlant de vigueur.

« Dans notre langue, nous interprétons les Déchus comme des êtres vivants qui se tiennent aux côtés des démons. Puisque vous pouvez comprendre notre langue, laissez-Nous vous apprendre ce que nous disons chaque fois que quelque chose comme ça arrive —, » déclara Laminitus.

« Il semble que vous ayez une réponse. Qu’est-ce que ça va être ? » demanda Varakness.

 

« Allez vous faire foutre, » cria-t-elle.

 

Varakness s’était raidi avec son sourire ironique toujours sur ses lèvres, mais son expression paisible s’effondra peu à peu. Ses lèvres se séparèrent, révélant une bouche pleine de crocs.

« Hahahahahaha ! Alors je commencerai notre massacre en vous dévorant ! » déclara Varakness.

« Ne Nous méprisez pas, insignifiant petit avorton ! “Projectile Flamboyant” ! » déclara Laminitus.

Elle avait renforcé l’énergie magique contenue dans les balles de son Canon Magi avec de l’énergie magique, et avait tiré les trois coups restants dans son revolver.

Les projectiles avaient éclaté en flammes, et Varakness avait été recouvert de fumée noire.

Laminitus avait alors sauté hors de son bain. Son équipement puissant était dans la pièce voisine. Si elle pouvait arriver là-bas...

Mais quelque chose avait surgi de la fumée noire, et cela l’avait repoussé, l’écrasant contre le mur.

« Kuha... ! » cria-t-elle.

— Qu’est-ce qui vient de se passer !? Se demanda-t-elle.

La fumée noire s’était dissipée, révélant le poing de Varakness qui venait de la percuter. Son bras s’étirait anormalement, s’étendant telle la trompe d’un éléphant. Il était revenu à sa longueur normale avec un bruit de glissements écœurant.

« Heheheheh...  Est-ce donc des balles magiquement renforcées ? C’est une idée assez brillante. C’est vraiment très percutant, et je suis très honnête ici, vous savez ? » déclara Varakness.

Son smoking brûlait. N’était-ce que ses vêtements qui étaient en feu, ou est-ce qu’elle lui avait vraiment fait du mal ?

« Oh, comme c’est triste pour vous... ! Mais je suis beaucoup trop fort. Je n’ai aucun moyen de mesurer ma force avec précision, mais si je devais la mesurer selon vos critères... Je crois que je serais certainement au niveau 160, » déclara Varakness.

« Quoi !? C’est un mensonge ! » déclara Laminitus.

Pour bien gérer les quêtes, il fallait un système d’échelle et de mesure de la force d’un aventurier, ce système de mesure étant les niveaux. Mais le plus haut niveau que l’on pouvait atteindre était au maximum 100.

Dans le passé, le plus grand héros des Races, Alan, avait déjà revendiqué son niveau à 150. Il était alors communément admis que la limite supérieure pour les Races était de 150. Cela signifiait que ce Déchu était plus fort que n’importe qui d’autre parmi les Races.

Aussi exaspérant que cela puisse paraître, elle n’avait aucun moyen de se défendre comme elle était actuellement.

Laminitus avait placé sa main gauche contre le mur, se soutenant ainsi. Elle n’avait pas pu faire mieux que de se tenir droite.

La douleur dans son épaule apparemment disloquée lui avait fait perdre toutes ses forces. Sans parler du fait qu’elle avait laissé tomber son Canon Magi, même si cela n’avait pas vraiment d’importance puisque de toute façon, il n’y avait plus de balles.

Varakness s’était rapproché d’elle.

« J’ai changé d’avis vous concernant. Vous êtes plus forte que je ne le pensais. Je trouve que les femmes fortes sont les plus... séduisantes, » déclara Varakness.

« Qu’est-ce que vous venez de dire ? » demanda Laminitus.

Les doigts de Varakness, d’apparence entièrement humaine, parcouraient la peau de Laminitus, traçant les contours de ses seins. Ses griffes démoniaques tordaient le bout de sa poitrine, les saisissant en un clin d’œil.

Un choc avait parcouru la colonne vertébrale de Laminitus.

« Argh... ! »

Une goutte de sang suintait de l’endroit où la griffe l’avait touchée. Les lèvres de Varakness s’étaient déformées en un sourire.

« Hehe hehe hehe... Tout ce qu’il faut, c’est une petite touche, et vous vous déchirez. Je n’aurais jamais pensé qu’une personne si éphémère, si fragile, serait assez forte pour me blesser. Je trouve les femmes comme vous si attirantes, » déclara Varakness.

« Vous nous rendez malades, » déclara Laminitus.

« Votre forte volonté ne fait qu’aiguiser mon appétit. Vous êtes forte même si vous savez que tout ce que j’ai à faire pour mettre fin à ta vie, c’est de plonger mon poing dans votre douce poitrine, » déclara Varakness.

« Dans ce cas, essayez de le faire. Même si vous nous écrases le cœur, Nous vous arrachions la trachée, » déclara Laminitus.

« Fanis Laminitus... Je ne vous tuerai pas. Au lieu de cela, je vous introniserai dans mon harem, » déclara Varakness.

Les grandes mains de Varakness touchèrent le cou de Laminitus et saisirent son menton, la poussant une fois de plus contre le mur. Elle avait essayé d’utiliser sa main gauche encore fonctionnelle pour frapper son visage, mais il avait facilement saisi son poignet.

Il s’agissait d’un adversaire capable d’ignorer la balle d’un pistolet magique. Elle ne pouvait pas espérer le vaincre à mains nues.

Le visage de Varakness se rapprochait lentement du sien.

 

« Lady Laminitus ! »

 

Une voix s’était fait entendre de leur côté de la salle. À ce moment-là, une balle chargée d’énergie magique avait surgi dans la pièce, provoquant une petite explosion.

« Se mettre en travers d’un acte d’amour... c’est si grossier, » Varakness ricana avec mépris.

L’un des chevaliers subordonnés de Laminitus fit irruption dans la pièce, tirant avec une grosse arme magique en une succession rapide.

« Éloignez-vous de Lady Laminitus, sale Déchu ! » cria-t-il.

« Ah, impressionnant. Plus il y a d’obstacles sur son chemin, plus l’amour devient passionné. Je serais heureux de vous affronter, ici et maintenant, mais je ne voudrais pas que ma nouvelle bien-aimée soit prise dans ce feu croisé. Je suppose que je vais me retirer pour la nuit, » déclara Varakness.

Varakness lévitait dans l’air avec une expression calme, tout en étant entouré de balles magiques.

Ayant été libérée de son emprise, Laminitus respira enfin avec soulagement. « Argh... Vous allez vous enfuir, n’est-ce pas ? »

« Vous épargner serait plus approprié. Je viendrai vous chercher le soir de la prochaine pleine lune. Choisis bien votre robe de mariée, Ma douce Fanis, » déclara Varakness.

« Ne vous avisez pas de Nous appeler par Notre prénom, espèce de clown ! » déclara Laminitus.

« Hahahahahaha...  La prochaine fois, je vous revendiquerai entièrement, votre corps et votre esprit, » déclara Varakness, léchant les gouttelettes rouges de la griffe qui s’était enfoncée dans le bout de la poitrine de Laminitus.

« Argh..., » elle se couvrit la poitrine d’une seule main.

Les rires de Varakness résonnèrent dans la pièce. Il avait étendu l’un de ses bras, et le mur de la tour, qui était normalement assez solide pour résister même aux coups de canon, se brisa, révélant un trou vers l’extérieur.

Les yeux de Laminitus s’étaient écarquillé. Non seulement il était imperméable aux tirs de Canon Magi, mais il pouvait aussi briser les murs de la tour d’un geste de la main ?

« Un monstre..., » murmura-t-elle.

Le Déchu, vêtu de noir, était sorti de la tour par le trou qu’il venait de créer. Puis, en déployant ses ailes de chauve-souris, il disparut dans le ciel sans étoiles.

« Êtes-vous blessée ? » Le chevalier se précipita sur Laminitus.

« Bien sûr que non. Pour qui Nous prenez-vous ? » demanda Laminitus.

Son bras droit ne bougeait toujours pas. Aussi loin de la vérité qu’elle était, Laminitus prétendait toujours qu’elle allait bien. Même si elle n’était pas bien équipée pour la rencontre, cette défaite était beaucoup trop unilatérale.

Ses poings tremblaient de rage.

Le chevalier s’agenouilla devant elle. « Mes excuses ! Je n’aurais jamais imaginé que nous permettrions à l’ennemi d’aller si loin... »

« Et les gardes ? » demanda Laminitus.

« Quelques-uns d’entre eux sont encore en vie, mais..., » répondit le chevalier.

— Alors, Varakness ne mentait pas. La majorité d’entre eux ont été tués, pensa-t-elle.

Des serviteurs s’étaient précipités dans la pièce, portant des vêtements de rechange et l’équipement de Laminitus. Il n’était pas rare pour les aristocrates de laisser les serviteurs les aider à se changer et à s’habiller. Laminitus avait l’habitude que son corps soit vu par les autres. Mais contrairement aux autres personnes à son service, les chevaliers n’avaient pas l’habitude de voir le corps nu de Laminitus.

Le chevalier qui était venu à son secours détourna son regard, rougissant furieusement. Il était visiblement embarrassé.

Si elle s’en souvenait bien, son nom était — .

« Henric, c’est ça ? » demanda-t-elle.

« Oui, madame ! » répondit-il.

« Vous avez bien fait de venir à Notre aide, » déclara-t-elle.

« Oui ! Je suis content qu’il ne vous soit rien arrivé d’horrible, Lady Laminitus ! » Il s’inclina, la tête rouge jusqu’au cou.

Comme l’ancien domaine du Seigneur Démon était un endroit difficile à vivre, la plupart des subordonnés de Laminitus étaient du type grossier et vulgaire. Cet homme était plutôt candide en comparaison.

« Henric, rassemblez tous les commandants et chefs des guildes des Aventuriers et des Mages. Nous avons une annonce urgente à faire. Si quelqu’un dort, réveillez-le, » ordonna-t-elle.

« Compris ! » déclara-t-il.

Il se leva et salua, mais comme Laminitus était encore en train de s’habiller, il semblait plutôt dérangé alors que ses yeux se levèrent, ne sachant où regarder.

***

Chapitre 1 : La visite d’un donjon

Partie 1

Diablo abaissa l’autel qu’il avait fait léviter avec sa magie dans les environs de la Tour de Zircon. Il s’agissait d’un endroit à une certaine distance de la ville elle-même, donc il n’y avait personne dans les alentours. La région était presque entièrement désertique, et les seules choses qui parsèment le terrain étaient des roches de différentes tailles.

Le soleil se levait lentement à l’horizon...

C’était hier soir que Rem et Lumachina avaient été capturées par le capitaine Batutta. Diablo avait pris d’assaut la cachette souterraine, avait vaincu Batutta, et avait sauvé les deux filles.

Mais il y avait un problème...

« Tenez bon, Lumachina ! » s’écria Rem.

« O-Oui... Je vais... bien..., » elle répondit d’une voix qui sonnait tout sauf bien.

La jeune fille accroupie sur l’autel était la Grande Prêtresse, Lumachina Weselia. Elle était vêtue d’une tenue de prêtresse d’un blanc pur, mais ses vêtements étaient ébouriffés, exposant ses cuisses là où une marque violet-noirâtre faisait surface sur sa peau.

La Maladie de la Clochette de la Mort.

Une fois que neuf marques étaient apparues sur le corps de la victime, elles allaient à tous les coups décéder. Ce n’était pas une maladie, mais une malédiction.

Tout en défendant l’Église en tant que capitaine des paladins, Batutta s’était aussi répandu dans ses vices et avait utilisé un rituel de magie afin de créer cette malédiction. Seul le miracle d’un prêtre pouvait l’enlever.

Mais Lumachina était une exception à la règle. Elle avait le pouvoir d’invoquer elle-même de grands miracles, mais comme pour compenser cela, toutes les manières de faire des miracles n’avaient aucun effet sur son corps. Que ce soit la cicatrisation des blessures ou le traitement des maladies, ou plus important encore en ce moment, la dissipation des malédictions...

Si rien n’était fait, une fois que la neuvième marque apparaîtra sur sa peau, Lumachina mourrait.

— Je ne laisserai jamais ça arriver, pensa Diablo dans son cœur. Lumachina ne méritait pas de mourir comme ça.

En raison de son immense talent, elle était vénérée par l’Église. Mais elle était aussi une personne proactive et sincère qui recherchait la justice jusqu’au bout. Ayant appris la corruption de l’église, elle avait décidé d’agir pour la détruire.

Elle avait fait ce qu’il fallait.

En conséquence, les membres corrompus et égoïstes de l’Église l’avaient poursuivi pour lui ôter la vie, et elle était maintenant affligée par cette terrible malédiction.

— N’est-ce pas terrible !? Cette pauvre petite chose ! pensa-t-il.

Diablo connaissait une méthode qui pourrait sauver Lumachina de son sort. Dans le Croisement de la Rêverie, il y avait un objet capable de dissiper la Maladie de la Clochette de la Mort, et c’était une récompense obtenue pendant un temps limité. Ce n’était que pour « un événement où les habitants de la ville qui avaient été guéris de la Maladie de la Clochette de la Mort avait remercier leurs sauveurs. » Cela n’avait eu aucune utilité dans la bataille.

Mais cela devrait marcher sur Lumachina dans le cas présent. La prière d’un prêtre n’avait peut-être aucun effet sur elle, mais Diablo avait déjà confirmé que des objets et des potions avaient le pouvoir d’agir sur elle.

L’objet en question s’appelait la « Statue du Bœuf Blanc » et était caché dans son entrepôt. Selon l’historique du jeu, sa zone de rangement personnel devait se trouver au fond du donjon où il avait construit son espace personnel, dans une pièce appelée « La Caverne Aux Trésors ». Selon le marcheur des herbes et aventurier Horn, le donjon de Diablo était près de cette ville.

— Il faut que j’y aille, pensa-t-il.

Il voulait sauver Lumachina.

Horn leva la main. Il avait des oreilles de lapin et une queue de lapin combiné à l’apparence d’un jeune garçon. Les marcheurs des herbes étaient une race qui possédait l’apparence de jeunes enfants, quel que soit leur âge réel. Ils étaient agiles quand il s’agissait de course, et ils étaient adeptes de la magie et de l’espionnage, mais ils manquaient cruellement d’endurance et de force physique.

« Patron, pourquoi êtes-vous si décidé à aller au donjon tout d’un coup ? C’est vrai que je suis content que vous vouliez y aller, mais..., » commença Horn.

« L’objet dont Lumachina a besoin devrait être dans ce donjon, » déclara Diablo.

« Voulez-vous parler de ce donjon que j’ai découvert récemment ? Je crois que je n’ai mentionné qu’un seul..., » déclara Horn.

« Oui. Vu tout ce que tu m’as dit, je pense que c’est le bon endroit, » déclara Diablo.

« Seigneur Diablo, » Lumachina ouvrit la bouche pour parler, « Dois-je comprendre que cet objet peut lever la malédiction de la Maladie de la Clochette de la Mort ? » lui demanda-t-elle avec un regard implorant et confiant dans ses yeux.

Il ne savait pas avec certitude si c’était là, mais d’après ce que Horn lui avait dit, Diablo croyait volontiers que c’était le donjon qu’il avait fait dans son espace personnel. Dans ce cas, l’objet de l’événement, la Statue de Bœuf Blanc, devrait être là, et il devrait être capable de dissiper la malédiction.

C’était juste une possibilité, et il ne pouvait pas en être certain.

Il devrait probablement leur dire les circonstances...

— Mais diminuer leur confiance avec des informations incertaines n’est pas ce qu’un Seigneur Démon ferait ! Ce n’est pas ce qu’un Dieu ferait ! pensa-t-il.

 

« Crois en moi. Si tu le souhaites, je t’accorderai un trésor capable d’un vrai miracle ! » déclara Diablo.

 

Lumachina se prosterna devant lui, inclinant la tête vers le sol.

« Oui, je crois en vous, Seigneur Diablo ! Ma foi en vous ne faiblira jamais ! » déclara Lumachina.

Sa foi en Dieu était immense. C’était pour cela qu’on lui avait accordé de si grandes prouesses en matière de miracles.

— S’il y a un Dieu qui existe, il ne devrait pas abandonner une fille bien comme elle. Il devrait la sauver, pensa-t-il.

Diablo poussa un soupir en lui. Lumachina avait l’impression que Diablo était un « Dieu déguisé » parce qu’il était apparu par hasard quand elle avait appelé à l’aide son Dieu. Mais la vérité était qu’il était en fait « un joueur reclus prétendant être un Seigneur Démon »...

Mais s’il la laissait telle quelle, Lumachina mourrait de la malédiction en quelques jours. Même si c’était incertain, il n’avait d’autre choix que d’aller au donjon.

Mais s’ils voulaient s’en sortir, ils devraient tous se préparer.

Le long voyage combiné à la Maladie de la Clochette de la Mort allait faire des ravages sur Lumachina. Il vaudrait mieux qu’elle les attende dans une auberge.

« Pour l’instant, retournons en ville et faisons les préparatifs, » déclara Diablo.

Diablo avait peu ou pas d’expérience de travail en groupe. Ce n’était pas une suggestion aux autres, il s’était vraiment dit ça à lui-même.

Mais Rem, la Panthérienne pencha la tête d’une manière pensive. « ... Je ne sais pas si ce serait sage. »

Les Panthériens avaient généralement des oreilles et des queues rouges ou rousses, mais ceux de Rem étaient d’une couleur rare de noire. Ses cheveux, ses oreilles et sa queue étaient d’une teinte d’ébène lisse. Et même si cela n’avait probablement rien à voir, son corps manquait quelque peu de courbes, et elle était plutôt mince et agile pour une fille de quatorze ans.

Diablo hocha la tête à Rem, l’exhortant à s’expliquer.

« Dis-moi ce que tu penses. Je te le permets, » déclara Diablo.

« ... Les citoyens de la ville ont peut-être paniqué après cette énorme explosion magique. Si nous entrons dans la Tour de Zircon, je doute que les marchands soient enclins à nous aider maintenant. Nous pourrions même finir par être interrogés par la milice et l’armée, » déclara Rem.

« Quelle perte de temps... ! » déclara-t-il.

« Je crois qu’il est important de mettre en lumière les méfaits de Batutta, mais vu l’état de Lumachina, je pense que nous devrions nous diriger directement vers le donjon. Il s’agit d’un incident majeur, et il est impossible de dire combien de temps ils retiendraient des témoins cruciaux comme nous, » déclara Rem.

Rem était sage. Son expérience d’aventurière était vaste et ses suggestions étaient pour la plupart judicieuses. Ses craintes étaient également compréhensibles.

« Je suis d’accord ! » Shera leva la main en l’air avec enthousiasme. « Sauvons Lumachina au plus vite ! »

Shera L. Greenwood était une elfe, et en plus une princesse elfique. Elle s’était actuellement enfuie de chez elle, à la recherche de sa propre liberté. Avec un air mystique en elle et une carrure très courbée et magnifique. C’était comme si les dieux eux-mêmes étaient descendus pour les soutenir. Et pourtant, dès qu’elle ouvrait la bouche, il devenait évident qu’elle manquait cruellement dans le département « réflexion ».

— Devrions-nous vraiment aller tout de suite au donjon... ? Se demanda-t-il.

Cela leur éviterait probablement le plus d’ennuis. Mais Diablo pensait qu’il devait aussi se reposer en ville, si possible.

Au cours de son combat contre le capitaine Batutta, ses PV avaient été réduits à 1, et grâce aux effets de la « Couronne Déformée » qu’il avait équipée, sa santé se rétablissait progressivement, mais cela prenait beaucoup trop longtemps. S’il utilisait toutes les potions de Vie qu’il avait sur lui, il ne retrouverait même pas la moitié de sa santé totale.

Avec les matériaux qu’il avait acquis de Faltra, il n’avait pu faire que des potions de rareté « R ». Il aurait besoin d’une potion faite de matériaux « SSR » pour guérir complètement sa réserve de vie. Rien qu’avec l’équipement qu’il avait sur lui, même une semaine pourrait ne pas suffire pour récupérer complètement.

C’était stupéfiant qu’il soit encore en vie après s’être fait percer le cœur, mais c’était dans tous les cas de la magie.

 

Ses réflexes de joueur l’avaient ainsi poussé à donner la priorité à la récupération.

 

Le fait de se précipiter pour continuer l’histoire sans récupérer sa santé, puis perdre après s’être heurté à un adversaire puissant, était un événement très courant dans les jeux. Il était fondamental de se préparer à une situation où le jeu vous incitait à vous dépêcher et à passer à la partie suivante de la quête.

Il s’inquiétait pour Lumachina, mais cela prendrait du temps avant que la neuvième marque n’apparaisse. Ils avaient sûrement un jour ou deux d’avance.

Maintenant qu’il y pensait, Lumachina pourrait utiliser des miracles de guérison, et probablement du plus haut rang dans tout le royaume de Lyferia.

— Non, non, non, pensa-t-il.

Diablo secoua la tête dans le déni. L’« Anneau du Seigneur Démon » qu’il avait équipé refléterait un miracle de guérison. Il pourrait enlever l’anneau et lui demander de le guérir, mais... Rem et Shera avaient l’impression que sa réflexion de la magie était une capacité inhérente à sa nature de Seigneur-Démon. S’il leur disait que c’était l’effet de la bague, il aurait l’air si pathétique.

De plus, demander à un prêtre de guérir n’était pas quelque chose qu’un Seigneur Démon ferait, et encore moins un Dieu.

En tant que joueur professionnel qui accordait la priorité à l’efficacité, il serait parfaitement logique de lui demander de l’aide. Mais son jeu de rôle de Seigneur Démon avait fait en sorte qu’il n’avait jamais pu se révéler à elles. S’il le faisait, il ne pourrait pas leur parler sans bégayer. Ce serait comme marcher dans un blizzard complètement nu.

— Ouais, ce n’est pas possible, pensa-t-il.

Mis à part ça, les préoccupations de Rem étaient valables. Le fait de retourner en ville causerait probablement plus d’ennuis que cela n’en valait la peine. Fanis Laminitus, le gouverneur de la Tour de Zircon, semblait particulièrement difficile à raisonner, et dans ce cas...

 

« Diablo, regardez ça ! » Rem avait montré l’horizon.

 

En levant les yeux, il pouvait voir de petits points noirs qui s’approchaient progressivement de loin. Quelque chose se dirigeait vers eux, soulevant des nuages de poussière en s’approchant d’eux.

« Qu’est-ce que c’est que ça ? » demanda Diablo.

« ... Il semblerait que ce soit les navires des sables militaires, » répondit Rem.

La vue d’un Panthérien était excellente. Même de loin, Rem pouvait voir l’emblème sur les voiles des navires des sables.

En entendant le mot « militaire », les expressions de Shera et Horn se raidirent de peur.

Rem avait poursuivi son rapport : « L’un des navires est particulièrement grand, et a un emblème de deux canons croisés l’un sur l’autre... Peut-être le symbole du gouverneur ? Je me souviens avoir vu le même emblème sur son armure. »

« Hmph, cette imbécile a trop de temps à perdre, » déclara Diablo, faisant preuve d’une arrogance digne d’un Seigneur Démon.

Mais à l’intérieur de lui, il était loin d’être calme. Le fait de combattre un Artilleur Magi de haut niveau avec moins d’un dixième de son PV était une mauvaise idée. Et en plus, il n’avait pas beaucoup de PM...

S’il se trouvait face à un autre Sorcier, la réflexion de la magie de l’Anneau du Seigneur Démon le protégerait, mais cela n’avait aucun effet sur les balles d’un pistolet magique.

Cela dit, s’enfuir avec sa queue entre les jambes serait totalement nul. Il devait trouver un moyen d’éviter le combat tout en conservant sa dignité de Seigneur Démon !

Lumachina se leva, respirant encore difficilement. « Il semble que Lady Laminitus s’approche... Cela vous dérange-t-il si je lui explique notre situation ? »

« J’espère juste qu’elle est prête à accepter notre explication..., » déclara Rem nerveusement.

« Je suis sûre que si nous expliquons franchement notre situation, nous pourrons nous entendre avec elle, » déclara Lumachina.

Lumachina n’était pas une idiote, mais elle avait tendance à trop croire aux autres. Ils pouvaient s’expliquer aussi sérieusement que possible, mais la plupart des chances penchaient en faveur d’une réponse avec des balles mêlées avec de la magie volant sur leur chemin.

C’était bien à quel point la personne qu’ils affrontaient était dangereuse.

***

Partie 2

Alors qu’ils étudiaient leurs options, les militaires de la Tour de Zircon les avaient encerclés avec leur flotte de navires des sables. Il y avait dix navires, avec environ 2 000 hommes. Et, comme ils s’y attendaient, ils avaient pu voir le gouverneur, Laminitus, à bord du plus grand navire.

Derrière elle flottaient les « Ailes Cramoisies », un manteau qui donnait à celui qui le portait la capacité magique de voler, et elle était vêtue d’une armure ourlée d’or. Mais il y avait une différence marquée par rapport à la dernière fois qu’ils l’avaient vue :

Sa main droite était attachée et suspendue par des bandages.

— Elle est blessée ? Que lui est-il arrivé ? se demanda-t-il.

Laminitus les regardait de haut depuis le pont du navire. « Nos rapports affirment que vous êtes tous sortis des profondeurs de la terre. Les gens semblent croire que vous êtes un Seigneur Démon. Répondez immédiatement et honnêtement : Êtes-vous le Seigneur Démon ? »

Sa question allait droit au but.

Diablo avait souri avec mépris, la réponse à cette question était évidente.

Mais s’il avait les tripes et la volonté de penser à une meilleure réplique, il ne serait pas connu pour son appréhension de la communication. Il ne serait pas une personne recluse et accro aux jeux vidéo, menant un style de vie de NEET, et introverti au point que même dans le jeu, il insisterait pour jouer en solo.

Et le plus important de tout, un Seigneur-Démon ne répondrait jamais à cette question par « Seigneur-Démon ? Jamais entendu parler de lui ! » Ce serait la chose la plus nulle qui soit !

« Je suis Diablo, un Seigneur Démon d’un autre monde ! Et fais savoir que je ne reçois d’ordres de personne ! » déclara Diablo.

Il avait répondu avec confiance, mais à l’intérieur, il paniquait.

— Ohhhh, merde ! Je ne viens pas de le dire ! pensa-t-il.

Les soldats des navires de sable s’agitaient sans cesse. Diablo pouvait entendre le bruit des épées non gainées.

« É-Était-ce si sage de le dire, Diablo ? » Rem le regardait vers le haut avec anxiété. « Si vous dites ça, ils pourraient — . »

— Donc c’était une mauvaise idée ! pensa-t-il.

Shera inclina la tête d’une façon perplexe. « L’armée tue-t-elle aussi les Seigneurs Démons d’autres mondes ? »

— « Tuer » !?

« Fuahahahahahahaha ! » Diablo se mit alors à rire avec force, essayant de masquer sa propre anxiété. « Je ne fuirai pas, je ne me cacherai pas ! Quiconque veut mourir peut se présenter devant moi ! Je graverai le vrai sens de l’horreur dans leurs os ! »

« Oh non..., » Horn frissonnait de terreur.

Diablo frissonnait de terreur, lui aussi, mais dans son esprit.

Laminitus avait levé la main gauche très haut dans les airs. « Hehe... Quelle bravade vous avez là ! Comme vous le désirez, Nous vous détruirons ! Retournez à votre sommeil éternel, Seigneur Démon ! Tout le monde à son poste ! »

Les troupes à bord des navires de sable l’avaient pris pour cible avec leurs canons magiques.

Diablo était surpris. Les Artilleurs Magi étaient une classe avancée d’Archers de haut niveau. Seuls ceux qui avaient perfectionné leurs compétences en tir à l’arc au niveau de la maîtrise et qui avaient développé leur capacité à la magie avaient pu atteindre cette classe. Et il y en avait autant ici ?

— Maintenant que j’y pense, les Invocateurs sont beaucoup plus populaires ici que dans le jeu. Peut-être que tous les Archers ont une raison de se spécialiser pour devenir des Artilleurs Magi ? Se demanda-t-il.

Si tant d’entre eux l’attaquaient en même temps, il y avait de fortes chances qu’ils le tueraient réellement. Tout dépendait de leur niveau, mais... est-ce qu’il devrait tous les éliminer avant qu’ils ne tirent !?

« S’il vous plaît, attendez ! »

Lumachina s’avança. « Je suis le chef de l’église : la Grande Prêtresse Lumachina Weselia. Même si cet homme prétend être le Seigneur Démon, il n’est pas l’ennemi des Races, et il n’est pas non plus quelqu’un contre qui vous devriez diriger votre animosité ! »

Laminitus l’avait fusillée du regard. « Ha ! Donc le chef de ces escrocs est du côté d’un Seigneur Démon !? »

« Vous vous rappelez sûrement comment cet homme estimé a repoussé la bête magique qui menaçait la Tour de Zircon. S’il était vraiment une menace pour les Races, pourquoi vous sauverait-il ? » demanda Lumachina.

« La baleine de sable était contrôlée par les Déchus. Qui croirait qu’un misérable Sorcier Élémentaliste puisse la repousser ! » déclara Laminitus.

« Le Seigneur Diablo est un sorcier talentueux ! Il a défendu cette ville, m’a sauvée et s’est battu à chaque pas pour protéger les autres ! » déclara Lumachina.

« Pourquoi se fait-il appeler Seigneur Démon ? » demanda Laminitus.

— Parce que si je ne le fais pas, je ne peux parler qu’en « Uhhhh » et « Hmm » ! pensa-t-il.

S’il pouvait dire cela, il serait capable de s’en sortir, mais chaque fois qu’il essayait de parler avec ses propres mots, sa voix se coinçait dans sa gorge. Chaque fois qu’il songeait à dire la vérité, la pensée que les autres se moquaient de lui et se fâchaient contre lui, lui faisait l’effet d’une douche froide... et cela le paralysait.

Mais s’il s’agissait d’un rôle, peu importe la réaction négative qu’il avait eue, il pouvait l’expliquer en disant : « J’étais un Seigneur Démon, donc ce n’est pas ma faute. »

Il savait à quel point c’était gênant, mais c’est ce qu’il était. D’ailleurs, il ne pouvait pas se contenter de dire : « Je faisais semblant d’être un Seigneur Démon, teehee ~ » après tout ce temps.

Ce n’était pas seulement vis-à-vis de Laminitus, mais le fait d’imaginer comment les gens qui se disaient ses compagnons réagissaient le faisait se raidir d’horreur.

— Rester en vie est peut-être important, mais la honte seule me tuerait ! Peut-être pas physiquement, mais émotionnellement parlant, je serais vraiment mort ! pensa Diablo.

Rien que d’y penser, il transpirait abondamment et il frissonnait de terreur. Tout était devenu flou.

Diablo avait pointé le « Bâton de Tenma » vers le navire des sables.

« Pousse-toi, Lumachina. Si ces idiots choisissent de se mettre en travers de mon chemin, je n’ai d’autre choix que de les anéantir, » déclara Diablo.

« P-Pardonnez-leur, mon Seigneur ! Eux aussi sont des hommes et des femmes justes qui travaillent pour défendre les terres de l’humanité. Même si vous ne pouvez les voir que comme un obstacle à vos nobles objectifs, s’il vous plaît, épargnez leur vie ! » déclara Lumachina.

Lumachina étendit les bras entre eux. Cette petite fille essayait d’empêcher ce conflit d’éclater, toute seule.

— Elle est incroyable..., pensa Diablo.

Il était vraiment impressionné par elle. Même aujourd’hui, avec une malédiction qui pouvait lui coûter la vie sur elle lui rongeant la vie pendant des jours, le désir de défendre les autres l’avait toujours poussée à agir.

S’il se trouvait dans une situation où sa vie était en jeu, il doutait qu’il puisse même envisager la survie d’une autre personne.

Diablo avait baissé le Bâton de Tenma.

« Petite idiote. Par respect pour toi, je pardonne leur insolence. Mais juste cette fois-ci, » déclara Diablo.

« Merci pour votre gentillesse ! » Lumachina profondément baissa la tête, puis tourna son regard vers Laminitus. « Lady Laminitus, un Seigneur Démon sauverait-il ou même épargnerait-il une vie ? Le Seigneur Diablo a sauvé la mienne plus d’une fois. Et il a également proclamé qu’il nous accorderait un objet qui pourrait guérir cette ville de la Maladie de la Clochette de la Mort. Bien que cet homme estimé puisse être un Seigneur Démon, je n’ai aucun doute dans mon cœur qu’il est bienveillant ! »

Un Seigneur Démon bienveillant...

Laminitus ne croirait probablement jamais ces mots. Diablo ne pouvait penser qu’au moment où l’ordre d’attaquer serait donné.

Rem s’avança, debout à côté de Lumachina.

« ... Gouverneur de la Tour de Zircon, écoutez aussi ce que j’ai à vous dire. Nous étions sur le point d’aller dans un certain donjon, et Diablo nous a dit qu’il pouvait nous conduire là où se trouve un trésor qui peut guérir la Maladie de la Clochette de la Mort, » déclara Rem.

Laminitus avait eu un regard suspicieux avant de cracher, « Idiotie — . »

« Alors s’il vous plaît ! Si nous revenons les mains vides du donjon, vous pourrez alors porter votre jugement sur Diablo. Décidez à nouveau, sur la base de ses actions, si c’est un Seigneur Démon ou non. N’est-ce pas juste !? » demanda Rem.

« Nous ne pouvons approuver cela. Nous portons d’abord un jugement sur vous ! Si vous n’avez rien fait de mal, vous serez libre d’aller où bon vous semble. En supposant que vous n’avez rien fait de mal ! » déclara Laminitus.

« ... S’il vous plaît... S’il vous plaît, attendez. L’un de nos compagnons est infecté par la Maladie de la Clochette de la Mort. Nous n’avons vraiment pas de temps à perdre, » déclara Rem.

Les yeux de Laminitus s’étaient plissés. « Vous ne mentez pas, n’est-ce pas ? Montrez-nous des preuves. »

« Notre preuve est..., » commença Rem.

Rem avait hésité. À ce moment-là, Lumachina avait fait entendre sa voix.

« Votre preuve est juste là, » déclara-t-elle.

Elle souleva l’ourlet de la robe de prêtresse, révélant ses cuisses. Une fille de son âge serait probablement terriblement bouleversée en se révélant ainsi devant un si grand groupe de personnes... Et pourtant, elle l’avait fait. C’était à ce point-là que son désir d’arrêter les combats était sincère.

Voyant la marque sur la chair de Lumachina, Laminitus poussa un soupir. « Je vois... Nous n’avons jamais pensé que même la Grande Prêtresse serait infectée. »

« Je crois que c’est une épreuve que le Seigneur a placée sur moi. C’est peut-être sa façon de m’inciter à ramener le trésor et à sauver tous ceux qui sont affligés par la peste, » déclara Lumachina.

Les choses devenaient de plus en plus sérieuses.

— Mais que ferons-nous si ce donjon n’est pas le bon, ou s’il n’a pas la Statue du Bœuf Blanc ? Se demanda Diablo.

L’idée quant à cette tournure des événements avait fait frissonner Diablo jusqu’au tréfonds de sa colonne vertébrale.

« Nous ne sommes pas des imbéciles étroits d’esprit. » Laminitus hocha la tête. « Nous comprenons votre point de vue concernant toute cette affaire. En effet, le temps n’est pas en votre faveur. Quant au soi-disant Seigneur Démon... Il est vrai que, si Nous devons le juger, ce serait simplement le poursuivre sur la base de ses actions. Vos paroles sont vraies. »

Lumachina et Rem étaient devenues heureuses. D’autre part, les paroles de Laminitus étaient apparemment trop compliquées pour que Shera les suive, alors elle avait incliné sa tête dans la confusion. De plus, Horn semblait toujours paniquer.

Mais Diablo restait sur ses gardes. Il ne voyait pas Laminitus comme le type d’individu qui accepterait leur demande sans condition.

Bien sûr, elle poursuivrait en disant une chose qu’ils ne pouvaient pas accepter — .

« Très bien. Vous pouvez aller chercher votre trésor dans le donjon ! Nous l’accepterons comme preuve de votre innocence. »

« Merci beaucoup ! » déclara Rem en remerciement, mais Laminitus secoua la tête.

« Attendez. Nous n’avons aucune garantie que vous reviendrez, » déclara Laminitus.

« Quoi ? Mais il faudrait traverser le donjon pour..., » commença Lumachina.

La confusion de Lumachina venait de son manque d’expérience en tant qu’aventurière. C’est quelque chose qu’ils auraient dû naturellement considérer.

Laminitus était une femme intelligente.

« Nous devons prendre en considération la possibilité qu’il y ait une autre sortie au donjon. Vous laisserez l’un de vos compagnons derrière vous. Nous devrions... Oui, si vous ne revenez pas dans sept jours, il sera décapité. Il sera également décapité si vous revenez les mains vides. Si vous êtes prêt à le récupérer, alors Nous croirons en vos paroles, » déclara Laminitus.

Venant de ce gouverneur têtu, c’était tout un compromis.

— Mais dans le pire des cas, le trésor pourrait ne pas être là..., pensa Diablo.

« Horn. Quelle direction d’ici jusqu’au donjon ? » demanda Diablo en chuchotant.

« Euh... ? C’est au nord de la ville, » répondit Horn.

« Bien. Quand je donne le signal, courez, » déclara Diablo.

« C’est sûr, Patron ! » répondit Horn.

Rem et Lumachina avaient l’air étonnées.

Diablo avait touché le sol avec le Bâton de Tenma.

« “Tremblement de terre” ! »

Il s’agissait de la première fois qu’il l’utilisait dans un désert, mais... tout comme dans le jeu, l’écran — le sol avait commencé à trembler. La terre gronda, faisant trembler et vaciller son champ de vision. Après tout, Tremblement de terre était un sort élémentaire de la terre.

Les navires des sables à bord desquels se trouvaient les troupes avaient commencé à se balancer et à être secoués de haut en bas.

« Q-Qu’est-ce que c’est que ça ? »

« Ç-Ça tremble... Le navire tremble ! » 

« Qui vous a dit de déplacer les navires ? »

« Le sol bouge ! »

« Il l’a fait avec la magie !? Comment est-ce possible... !? »

Les navires des sables commencèrent à s’incliner vers l’avant, et les soldats firent entendre des voix horrifiées.

Vivant au Japon, Diablo était quelque peu habitué aux tremblements de terre, mais ce n’était pas le cas pour les habitants de ce monde.

En un instant, Diablo avait senti sa conscience vaciller, alors qu’un désir de se blottir dans le sable et de ne rien faire le submergeait.

Il n’avait plus de mana. Son corps était ainsi devenu paresseux, prenant le contrôle de son esprit maintenant léthargique.

Mais il devait sauver Lumachina. Il ne pouvait pas se permettre d’être attrapé maintenant par le gouverneur.

Diablo s’était ainsi enfui en courant. « Restez près de moi ! Ce tremblement est l’œuvre de ma magie ! »

Le rayon effectif du Tremblement de terre était de trente mètres autour du lanceur de sort. Au-delà, cela n’avait eu aucun effet. Mais le sol tremblait et il était difficile de marcher et de quitter cette zone.

Tout en suivant ses instructions, Rem, Shera, Lumachina et Horn s’étaient précipitées derrière lui. Avec le sol tremblant sous eux, il devrait être difficile de viser correctement avec un fusil. La seule exception était Laminitus, qui pouvait utiliser les Ailes Pourpres pour léviter dans les airs et les attaquer, quelle que soit la situation.

Cependant, sa main droite avait été blessée, de sorte qu’elle n’avait pas été en mesure de démontrer pleinement ses compétences.

De plus, pour un seul adversaire, s’élever dans les airs avec la lévitation en ferait une cible facile pour un sorcier du calibre de Diablo. Tout ce que vous auriez à faire était d’utiliser un sort avec une large gamme d’attaques que l’adversaire ne pourrait pas éviter.

En gardant cela à l’esprit, Diablo avait fusillé du regard Laminitus. Ne manifestant même pas un soupçon de panique, elle se tenait sur le pont du navire des sables, son propre regard fixé sur Diablo.

Elle était calme, comme si elle avait prédit que Diablo utiliserait la magie pour créer le chaos nécessaire pour s’échapper.

— À quoi pense-t-elle ? A-t-elle l’impression qu’on était coincés dans une impasse à cause de sa blessure au bras ? Ou peut-être..., pensa-t-il.

Elle devait considérer sa position. Peut-être que ses méthodes étaient plus compliquées que de capturer le Seigneur Démon et de tuer ceux qui l’avaient défiée.

En passant à travers les soldats confus, Diablo et son groupe s’étaient échappés au siège des navires des sables.

***

Partie 3

Rem, Shera et Horn étaient tous des aventuriers moyennement expérimentés.

Lumachina, cependant, avait du mal à suivre le rythme. Malgré tout, ils avaient réussi à s’échapper de l’armée de la Tour de Zircon sans que Diablo ait à la porter dans ses bras.

Ils s’arrêtèrent pour se cacher derrière un gros rocher. Alors que Lumachina reprenait son souffle, Shera lui tendit une gourde. Shera était étonnamment bien préparée pour ce genre de situation.

« Je n’ai pas grand-chose, mais j’ai de l’eau. On dirait que marcher autant est dur pour vous... Est-ce à cause de la Maladie de la Clochette de la Mort ? » demanda Shera.

« Non... C’est juste que courir sur le sable... m’a un peu fatiguée. Votre endurance est incroyable. Comme on peut s’y attendre de la part d’aventuriers chevronnés, » déclara Lumachina.

« Oh, j’ai toujours voulu partir en voyage, alors j’ai fait en sorte de garder mes jambes en forme, » déclara Shera, un peu mal à l’aise.

Effectuant un hochement de tête pour montrer son accord, Rem déclara. « Je me suis aussi entraînée pour renforcer mes jambes. Les Panthériens sont aussi naturellement doués pour la course à pied. »

« Pareil ici ! Après tout, ne pas pouvoir marcher signifie la mort dans un donjon, » déclara Horn avec une pointe de fierté dans sa voix.

Diablo n’avait pas vraiment agi pour rester en forme, mais son corps de niveau 150 ne serait pas fatigué par une petite course. Ce corps était différent de son corps réel, qui l’obligerait à haleter pour prendre de l’air juste après avoir monté une volée d’escaliers.

« Vous êtes tous incroyables, » Lumachina avait rétréci ses yeux en souriant. « Je devrais aussi m’efforcer de faire de l’exercice. »

« Faisons une pause, d’accord ? » Shera s’était assise à côté d’elle. « Ils ne pourront pas nous trouver si facilement ici, et s’ils se présentent, Diablo trouvera une solution ! »

« Très bien, » déclara Lumachina.

« Lumachina, vous ne sortez pas beaucoup, hein ? » demanda Rem.

« C’est vrai, ma position ne me permet pas de quitter très souvent le sanctuaire de la cathédrale de la capitale, » répondit Lumachina.

« Ohhhh... Donc vous étiez un peu comme moi, » déclara Shera.

« Comme vous... ? » demanda Lumachina.

« Bien qu’elle puisse paraître un peu bête, » intervint Rem, « Shera est la Princesse Elfique. Elle est en fugue. »

« Oh mon Dieu ! » Les yeux de Lumachina étaient écarquillés et emplis de surprise.

Après un « Teehee » embarrassé, Shera cria en colère, « Attends une seconde, Rem ! Qu’est-ce que tu veux dire par “bête” ? »

« ... Pardon, excuse-moi. “Bête” était un peu trop vague, donc j’aurais dû être plus clair. C’est une sacrée gaffe que j’ai faite à ce moment-là, » déclara Rem.

« Je ne suis pas une idiote ! » s’écria Shera.

Comme d’habitude, les deux filles commencèrent à se disputer bruyamment. Leurs petites bagarres de chattes de gouttière étaient déjà monnaie courante.

Diablo se retourna, regardant la gourde que Lumachina tenait.

En remarquant son regard, elle lui demanda : « Oh, voulez-vous de l’eau, mon Seigneur ? »

« Non, ce n’est pas ça, » déclara Diablo.

Mais en vérité, elle avait raison. Après tous les combats d’hier soir, il avait soif. Mais il n’avait pas pu le demander. S’il devait prendre la gourde dans laquelle Lumachina avait bu, et y mettait la bouche...

— ne serait-ce pas un baiser indirect ? se demanda-t-il.

Et ainsi, cela se verrait sur son visage. Tout cela ne serait pas convenable pour un Seigneur Démon.

Alors que Diablo était tourmenté à l’idée de l’embarras d’un baiser indirect, Rem hocha la tête afin de comprendre sa réaction.

« ... Vous faites attention à nos rations et à l’eau, n’est-ce pas, Diablo ? » demanda Rem.

Diablo acquiesça d’un signe de tête sage, avec des pensées beaucoup plus superficielles dans son esprit.

« En effet, je le faisais, » déclara Diablo.

« ... Après avoir fui l’armée, nous ne pouvons plus retourner en ville. Mais se diriger vers le donjon sans nourriture et sans eau serait imprudent, » déclara Rem.

« Vous pouvez me laisser faire ! » Horn s’était levée avant de dire ça.

« ... Qu’est-ce que tu prépares là ? J’espère que tu n’as pas l’intention d’aller voler en ville, » déclara Diablo.

« Bien sûr que non ! Je suis un Aventurier spécialisé en Détection, pas un Voleur ! » déclara Horn.

Diablo se souvenait comment Horn s’était faufilée pour voler du curry hier soir, mais il avait choisi de se taire à ce sujet.

« Les soldats savent de quoi j’ai l’air, » continua Horn, « alors il n’est pas question que je retourne seul en ville. Dans tous les cas, nous ne pouvons pas retourner à la Tour de Zircon sans le trésor. »

« ... Donc tu suggères qu’on s’approvisionne auprès des colporteurs de la banlieue de la ville ? » demanda Diablo.

« Ce n’est pas une mauvaise idée, mais j’ai autre chose en tête. Alors, laissez-moi m’en occuper. Je vais montrer à quel point je peux être utile ! » déclara Horn.

« Nous n’aurons pas seulement besoin de nourriture et d’eau jusqu’à la tombée de la nuit, mais aussi d’un endroit pour nous reposer, vous savez ? » demanda Rem.

« Je m’occupe de tout ! » déclara Horn.

« ... J’avoue que je suis un peu sceptique quant à ce que vous prévoyez, mais puisque vous êtes prêt à le faire, je vais vous faire confiance pour le moment. Après tout, vous êtes le plus expérimenté d’entre nous quand il s’agit de nettoyer des donjons, » déclara Rem.

« Laissez-moi m’occuper de tout ! » déclara Horn.

Diablo avait dû admettre qu’il était difficile de le prendre au sérieux alors qu’il était si facile à vivre.

« Le donjon est-il loin d’ici ? » demanda Diablo.

« Un petit navire des sables pourrait vous y amener en une demi-journée, alors à pied, ça devrait prendre... environ deux ou trois jours ? » déclara Horn.

« Je vois, » déclara Diablo.

Le donjon de Diablo n’apparaissait pas sur la carte du terrain dans le jeu, il n’existait qu’en tant qu’élément du décor. L’endroit où ils allaient était un endroit qu’il connaissait mieux que quiconque, mais en même temps, il était toujours entouré de mystère...

 

†††

 

Ce soir-là — .

Ils s’étaient retrouvés près d’un agglomérat comprenant de nombreuses roches qui parsemaient ici et là le désert. En se réfugiant à l’ombre des roches, ils avaient balayé le sable pour révéler une planche de bois.

Une porte...

En l’ouvrant, ils découvrirent une salle en profondeur et un escalier en bois qui y menait.

« Wôw, c’est le donjon !? » demanda Shera d’une voix aiguë.

Rem poussa un soupir. « Il a dit plus tôt que le donjon est encore à deux ou trois jours d’ici. N’est-ce pas un navire des sables ? »

« Ouaip ! » Horn acquiesça face à sa question. « Un naufrage. On n’a trouvé aucune trace de personnes dessus, alors je pense qu’un monstre l’a coulé. »

Cela signifiait que l’équipage avait quitté le navire ou qu’il avait été mangé par le monstre.

Ils descendirent dans les cabines du navire. L’escalier en bois grinça sous le poids de leurs pas. Rem toucha avec ses doigts le mur, et la surface s’effrita facilement contre son contact.

L’endroit semblait assez vieux.

« ... Y a-t-il de la nourriture et de l’eau ici... ? » demanda Rem.

« O-Ouais ! C’est ma base secrète. C’est super pratique, pour qu’on puisse se réapprovisionner ici en allant au donjon sans retourner en ville, » répondit Horn.

« ... Ça ne vous rapporterait-il pas une petite fortune de déterrer ça ? » demanda Rem.

« J’aimerais bien, mais les cabines sont la seule chose qui reste entière. La poupe et la proue du navire ont disparu, » répondit Horn.

« ... Je vois, » déclara Rem.

Lumachina observait le contenu de la cabine. Elle avait rassemblé ses mains en une prière, peut-être pour rendre grâce à Dieu de leur avoir donné ce lieu, ou peut-être pour prier pour les âmes défuntes des marins.

Shera s’était assise sur une chaise. « C’est comme si un fantôme pouvait sortir d’une seconde à l’autre, n’est-ce pas ? »

« Oh... S’il te plaît, ne dis pas ça, j’essaie de ne pas y penser ! » déclara Rem.

« Hahahahahaha..., » Shera avait ri pour repousser le problème.

Pendant ce temps, Rem essuyait le sable présent sur une table circulaire.

« ... Je suggère que nous nous reposions ici pour aujourd’hui. La nuit dernière a été épuisante, et nous avons encore beaucoup de chemin à parcourir à partir de demain, » déclara Rem.

« D’accord ! » s’exclama Shera.

Shera leva la main et Horn hocha la tête. Lumachina, cependant, serra les poings.

« Je... Je ferai de mon mieux, » déclara Lumachina.

Elle n’avait pas l’habitude de s’aventurer à pied, donc elle devait être troublée. La moitié de leur voyage de Faltra à la Tour de Zircon s’était après tout, effectué en calèche ou en navire des sables.

Rem tourna son regard vers Diablo. « Cela ne vous dérange pas, Diablo ? »

« Hein ? O-Oh, bien sûr que c’est bon, » déclara Diablo.

Elle lui avait aussi demandé son avis. C’était logique. Cela faisait un moment qu’il avait commencé agir avec Rem et Shera, mais il n’arrivait toujours pas à s’habituer à travailler en groupe. Sans s’en rendre compte, il avait supposé que tous ceux qui décidaient de leurs plans n’avaient rien à voir avec lui. Ses vieilles habitudes ne seraient pas facilement abandonnées.

Horn s’était alors mis à transporter de la nourriture et de l’eau qui étaient stockée à l’arrière de la cabine. « Rôtissons-les dehors ! »

« Ouais, des raisins secs ! » Shera avait sauté de joie.

« On a aussi du bœuf séché et plein d’autres trucs. Il reste encore un peu de temps avant la tombée de la nuit, alors profitons de l’occasion pour cuisiner dehors, » déclara Horn.

« ... Ce n’est pas une mauvaise idée, » déclara Rem, et c’est ainsi qu’il fut décidé à agir ainsi.

Il s’agissait de la nourriture sèche et en conserve, mais ils se battaient depuis hier soir et ils avaient passé toute la journée à marcher. Ce repas chaud était plus savoureux que d’habitude.

 

***

Partie 4

Laminitus était retournée à la Tour de Zircon. Certains des navires des sables avaient été endommagés par le tremblement de terre, et plusieurs soldats avaient été blessés, mais c’était seulement après être tombé du navire lors de ce chaos ou après avoir trébuché sur le pont. Ce n’était pas la faute des compétences des troupes.

Cela dit, il était inhabituel d’avoir pu s’échapper après avoir affronté un adversaire de la force de Diablo sans essuyer de pertes.

S’abaissant sur son grand siège, Laminitus soupira. Avec leurs forces actuelles, ils n’étaient pas à la hauteur de Diablo.

Lors de la prochaine pleine lune, Varakness réapparaîtra aussi devant elle. Serait-elle capable de le battre, même si elle prenait tout ce temps pour se préparer ?

— Ce serait difficile, pensa-t-elle.

Elle aurait besoin de renforcer ses forces, d’une façon ou d’une autre.

Quelqu’un s’approchait d’elle avec une démarche rapide. Il s’arrêta devant Laminitus et effectua un salut parfaitement discipliné, mais quelque peu agité.

Henric.

« Lady Laminitus, nous pensons avoir découvert où vont les aventuriers en fuite, » déclara Henric.

« Oh ? » s’exclama Laminitus.

« L’un des aventuriers de la Tour de Zircon, Horn, était parmi eux. Il s’est inscrit à la guilde il y a environ un an et a travaillé comme guide, escortant d’autres personnes dans des donjons. Il semble qu’il ait été catégorique récemment sur le fait d’aller dans un donjon qu’il a découvert récemment. »

Le Domaine du Seigneur-Démon avait de nombreux nids de bêtes magiques et des forteresses abandonnées qui servaient de donjons. On découvrait souvent de nouveaux donjons, ce qui n’était pas inhabituel en soi, mais la fixation de l’aventurier sur l’exploration était une autre histoire.

« Y avait-il quelque chose d’intéressant dans ce nouveau donjon ? » demanda Laminitus.

« Selon les aventuriers que nous avons interrogés, on y trouve des monstres assez puissants, ainsi que des armes et des objets dotés d’une puissante magie, » déclara Henric.

« Oh... ? » s’exclama Laminitus.

« Ils avaient un équipement comme je n’en ai jamais vu auparavant, comme une épée qui crache du feu et un bouclier qui bloque le froid et la glace. »

— Cela donnerait peut-être à notre armée l’avantage dont elle a besoin ? pensa-t-elle.

« Hehehe, quelle information intéressante... ! Henric, poursuivez le groupe de Diablo. Pendant que vous le faites, enquêtez sur ce donjon et rapportez tout l’équipement spécial que vous pouvez trouver, » ordonna Laminitus.

« Oui, madame ! » Le jeune chevalier salua de nouveau.

C’est alors qu’un soldat l’informa de l’arrivée d’un autre invité. Laminitus avait fait signe de permettre à l’invité d’entrer, et peu de temps après, un homme était entré dans la pièce avec une foulée calme.

 

☆☆☆

 

Il avait un corps grand et musclé, avec une longue épée gainée à la taille. Vêtu d’une armure bleue ornée de l’emblème de l’Église, il était clairement un Paladin.

Il s’inclina respectueusement.

« Salutations. Je me fais appeler Gewalt, et je suis un Paladin. Lady Laminitus, votre noble nom fait vaillamment écho même à travers la capitale. Vous rencontrer enfin, c’est —, » déclara-t-il.

« Épargnez-nous vos platitudes, nous en avons assez. Nous n’avons pas d’oreille à prêter aux exigences de l’Église. Partez — ce sont les seuls mots que Nous épargnerons pour un chien de la capitale, » déclara Laminitus.

« Ah, n-non, ne vous méprenez pas. Je ne suis pas venu ici pour relayer les demandes de l’Église... J’ai entendu dire que notre Grande Prêtresse est dans cette ville, alors je suis venu pour retrouver et protéger sa personne. »

L’objectif de Gewalt était, bien entendu, tout à fait différent. Il avait été engagé pour assassiner Lumachina, mais il avait été vaincu par Diablo avant d’avoir pu terminer sa mission. S’il devait retourner dans la capitale maintenant, il serait contraint de faire face au prix de l’échec et serait réduit au silence par la mort.

Non seulement il était inutile dans son travail, mais il était aussi au courant d’informations secrètes. Il n’y avait aucune chance que son client le laisse vivre. Il devrait terminer sa mission et prouver sa valeur.

Gewalt avait poursuivi Lumachina jusqu’à cet endroit, mais le domaine du capitaine Batutta le Paladin, où elle aurait dû être logée, avait été à moitié détruit. Il l’avait perdue de vue.

— Vu la tournure des événements, ils vont me tuer ! Je ne laisserai pas cette petite salope s’échapper ! pensa Gewalt.

Gewalt força un sourire, essayant d’étouffer les flammes sombres qui s’élevaient dans son cœur.

« Elle est capable de recevoir l’oracle de Dieu. Donc, le fait de protéger la grande prêtresse est la plus haute priorité de l’Église. Je vous demande en tant que gouverneur de la Tour de Zircon : Pourriez-vous m’aider à la retrouver ? » demanda-t-il.

Laminitus le regarda fixement. Normalement, n’importe quel gouverneur serait heureux de coopérer et d’avoir une dette de l’Église envers eux. L’influence de l’Église était assez vaste.

Mais elle était différente. Laminitus avait une aversion pour toute autre personne qui aurait de l’influence sur son territoire. C’était l’ancien Domaine du Seigneur-Démon, un endroit où la force de l’humanité était concentrée pour surmonter d’innombrables défis. Toute personne qui pourrait s’opposer aux vues du gouverneur ne serait pas tolérée.

« Hmph. Un Paladin, hein..., » Laminitus avait dû considérer cela.

— Je pourrais le repousser, mais... On dit que les Paladins ont un niveau d’au moins 100, et qu’ils sont porteurs d’un grand pouvoir, pensa-t-elle.

En ce moment, elle avait besoin de toute sa puissance de son côté.

Cela dit, si elle devait simplement lui dire. « Les Déchus vont arriver ici, alors coopérez avec Nous, » il était peu probable qu’il l’aide. Son objectif était apparemment seulement de défendre la Grande Prêtresse Lumachina.

« Nous savons déjà où elle est, » déclara Laminitus.

« Vraiment !? » s’exclama-t-il.

« La Grande Prêtresse se dirige vers un certain donjon, aux côtés d’un sorcier bien particulier, » déclara Laminitus.

« Un sorcier... Je suppose qu’il s’agit d’un démon qui s’appelle Diablo ? » demanda-t-il.

Le ton de Gewalt était devenu beaucoup plus rauque qu’auparavant. Laminitus, qui ne se souciait pas beaucoup des petits détails, avait simplement ignoré cela.

« Nous voyons que vous le connaissez déjà, » déclara Laminitus.

« Ce crétin a trompé notre Grande Prêtresse naïve et l’a enlevée ! » déclara Gewalt.

Cependant, Laminitus s’était peu souciée des circonstances de l’Église.

« Il y a de l’équipement unique et inouï dans le donjon où ils se dirigeaient. C’est ce qui nous intéresse. Si vous nous aidez à récupérer cet équipement, nos hommes vous escorteront jusqu’à la Grande Prêtresse, » déclara Laminitus.

« Oh ! Bien sûr, je serai ravi de vous aider ! » déclara Gewalt.

Gewalt avait rassemblé ses mains dans un geste de profonde gratitude. Mais dans son esprit, se dit-il, tant que je mets la main sur Lumachina, qui se soucie du reste !

Laminitus ne pensait pas que Paladin coopérerait pleinement avec elle. Mais elle avait envoyé Henric et quelques personnes sous son commandement. Elle n’était pas certaine de sa fiabilité. Si le Paladin pouvait les aider jusqu’à la moitié du chemin, ce serait suffisant.

« Nous ne nous soucions pas que vous donniez la priorité à la sécurité de la Grande Prêtresse, mais jusqu’à ce que vous la trouviez, coopérez avec Nos hommes. Si vous pouvez Nous le promettre, alors Nous vous aiderons à atteindre votre objectif, » déclara Laminitus.

« Merci beaucoup ! Je le jure au nom du Seigneur ! » Gewalt avait fait le signe sacré devant sa poitrine.

Laminitus hocha la tête.

Avec l’affaire décidée, Henric tendit la main droite. « C’est très rassurant de recevoir l’aide du célèbre Paladin Gewalt. J’ai hâte de travailler avec vous. »

« Mon Dieu, vous êtes plus mignon que je ne le pensais..., » déclara Gewalt.

« Je vous demande pardon... ? », demanda Henric.

« Oh, rien du tout. De même, c’est un plaisir de travailler avec vous, » déclara Henric.

Gewalt avait saisi la main droite tendue de Henric avec ses deux mains.

***

Partie 5

« “Explosion” ! »

Trois jours plus tard — .

Ils avaient trouvé un bâtiment qui semblait n’avoir été ajouté au désert que plus tard. Des portes en pierre servaient d’entrée à cette structure triangulaire en forme de pyramide, avec de grandes statues de lion en pierre qui montaient la garde et interdisaient à tous de s’y introduire.

La magie de Diablo s’était répandue, formant un rideau de fumée noire. Les statues en mouvement qui étaient en garnison avant l’entrée de la structure avaient été envoyées en vol plané, basculant sur le sable. Elles étaient parées d’ailes d’aigle et de queues de serpent — en d’autres termes, des chimères —. Elles étaient capables d’utiliser la magie d’attaque à l’aide du souffle et la foudre... ce qu’elles auraient fait si elles avaient eu l’occasion d’attaquer.

Les statues capables de bouger se taisaient en ce moment.

« Wôw ! Vous êtes incroyable, Patron ! » Horn frappa des mains avec enthousiasme.

« Bien sûr que je le suis. Ce n’est même pas un échauffement, » déclara Diablo.

« Je suis venu avec le plus fort guerrier de la ville la dernière fois, et il a eu du mal à gérer ces monstres, » déclara Horn.

« À quel niveau était le guerrier le plus fort de la Tour de Zircon ? » demanda Diablo.

« Je pense à 80 ? » déclara Horn.

« Hmm..., » murmura Diablo.

Ce n’était pas si bas que ça... Peut-être que leur équipement était mauvais. La qualité des armes en vente dans ce monde était inférieure à celle du Croisement de la Rêverie.

Le donjon de Diablo avait été conçu pour réguler la force des monstres en réponse à celle du joueur. Même s’il n’en comprenait pas le raisonnement, cela devrait être le donjon de la zone privée de Diablo. D’autres joueurs étaient censés collecter des objets spéciaux appelés « Fragments de Carte au Trésor » pour gagner le droit de défier le donjon. La propre équipe de Diablo n’avait pas de Fragment de la Carte au Trésor, cependant, ce genre de décorum était apparemment uniquement présent dans le jeu.

Les donjons personnels avaient été construits de sorte qu’une fois nettoyés, les joueurs pouvaient défier leur concepteur — dans ce cas-ci, Diablo — lors d’une bataille. D’ailleurs, les joueurs qui avaient déjà nettoyé le donjon une fois pouvaient demander une revanche quand ils le voulaient, bien que cela nécessite un objet spécial.

Dans le Croisement de la Rêverie, les événements où les joueurs devaient faire équipe pour battre de gros monstres étaient la norme. Il y avait aussi des combats en solo, mais ce n’était pas l’objectif principal du jeu.

Normalement, il n’y avait pas beaucoup de challengers, mais le jeu de rôle de Seigneur-Démon de Diablo lui avait valu une réputation, et de nombreux joueurs avaient demandé une chance de le battre en duel.

— Je n’aurais jamais pensé que je vivrais un jour où je serais celui qui défierait mon propre donjon..., pensa-t-il.

Dans le jeu, il pouvait entrer et sortir librement du donjon et se transporter au niveau le plus profond du donjon en un instant. Mais rien ne se passait maintenant qu’il était dans ce monde.

Bien sûr, si un écran d’état devait apparaître, ou un message demandant : « À quel étage aimeriez-vous aller ? » Diablo serait probablement encore plus choqué.

L’anxiété avait à nouveau rempli le cœur de Diablo.

— Est-ce vraiment mon donjon ? Je suppose que la seule façon de le savoir est d’entrer..., se demanda-t-il.

 

☆☆☆

 

Les statues de lions carbonisées s’étaient replacées vers leurs positions d’origine, alors que des fissures traversaient leurs magnifiques crinières. Dans le jeu, ils attendaient le prochain adversaire sans dommages visibles, mais dans ce monde, naturellement, ils s’épuisaient progressivement. Peut-être qu’un jour ils seraient complètement détruits, ou peut-être qu’il y avait des moyens de les réparer.

Les statues de pierre étaient restées silencieuses pendant que Shera se dirigeait vers les portes.

« Est-ce le donjon qu’on cherchait ? Nous y sommes enfin arrivés ! » déclara Shera.

« Pardonnez-moi... Ma lenteur a fait de ce voyage un voyage de quatre jours, » déclara Lumachina.

« Ce n’est pas votre faute, Lumachina. Ne vous inquiétez pas, ça ne nous dérange pas d’avoir perdu un peu de temps, » déclara Shera.

Shera avait essayé d’encourager Lumachina, aussi infondée que puisse être cette affirmation. Il était important de rester réaliste, mais Diablo pensait que ce genre de paroles de gentillesse sans fondement pouvait parfois avoir un sens. Au moins, cela avait servi à remonter le moral des filles.

Le seul problème était que la cinquième marque avait fait surface sur la peau de Lumachina... Il n’en restait que quatre.

Alors qu’ils se dirigeaient vers la porte, Rem avait parlé à Horn. « ... Je suis un peu surprise. »

« Hmm ? À propos de quoi ? » demanda Horn.

« ... Je suis désolée si cela semble impoli, mais... ces derniers jours, je t’ai observé et j’ai cru que ta force se situait autour du niveau 20, » déclara Rem.

« Euh !? Oh... Eh bien, c’est peut-être vrai en termes de combat... Je suis après tout un Éclaireur ! »

« ... Pour être honnête, je n’arrêtais pas de me demander : “Sera-t-il un guide inutile pour nous ?” S’il te plaît, pardonne-moi, » déclara Rem.

« Quoi... !? Ha, Hahaha... Non, pas de problème... Je suis super utile... tu sais ? » déclara Horn.

« ... Oui, si un guerrier de niveau 80 était prêt à former un groupe avec toi, cela doit vouloir dire qu’il a reconnu tes compétences. J’ai hâte de te voir en action. Si jamais tu as besoin d’aide, n’hésite pas à demander, » déclara Rem.

« Oh, euh... Merci... »

Horn avait forcé un sourire raide. L’expression sur le visage de Horn était celle que Diablo ne connaissait que trop bien.

— C’est le visage qu’une personne sans confiance fait quand les autres attendent quelque chose d’eux, et ils savent qu’ils ne peuvent rien faire, mais ils ne peuvent rien dire, pensa Diablo.

Selon toute vraisemblance, la pleine puissance de Horn était vraiment de niveau 20.

Diablo s’était souvenu comment Horn se disputait en ville au sujet de sa part du butin du donjon, et comment le guerrier panthérien l’avait maudit, le traitant de « bon à rien ». Ce Panthérien était peut-être le niveau 80, le plus fort guerrier de la ville mentionné par Horn.

Diablo marchait derrière tout le monde, profondément enfoncé dans ses pensées.

 

☆☆☆

 

Shera avait appuyé son poids contre les portes.

« Ho-Hisse ! » cria-t-elle.

Les portes commencèrent à s’ouvrir avec un grincement.

Rem haussa les épaules. « As-tu envisagé la possibilité qu’un piège se déclenche ? »

« Argh ! » s’écria Shera.

« ... Je plaisante, je plaisante. Horn est déjà venue ici une fois, donc s’il y avait eu des pièges, il nous aurait prévenus, » déclara Rem.

« Bon sang, ne me fais pas peur comme ça ! » s’exclama Shera.

« ... Mais fais attention en allant de l’avant. Essaye au moins de ne pas nous impliquer dans tes erreurs, » déclara Rem.

« Booo, » avait gémi Shera, mécontente.

« Vous pouvez dire ça, mais vous êtes inquiète pour Mademoiselle Shera, n’est-ce pas, Mademoiselle Rem ? » Lumachina souriait ironique.

« Quoi ? Quoi ? Elle l’est vraiment !? » s’exclama Shera.

« Hehe, oui, j’en suis sûre, » déclara Lumachina.

« Je vois, je vois ! Teehee ! » Shera avait souri avec satisfaction.

Rem était passée à côté d’elle avec une expression mécontente sur son visage. « Lumachina, s’il vous plaît, ne lui mettez pas d’idées idiotes dans la tête. Je ne veux vraiment pas être impliqué dans les mésaventures de cette imbécile d’elfe. Horn, peut-on compter sur toi pour nous guider ? »

« Tout à fait ! » s’exclama Horn.

 

☆☆☆

 

Tout en laissant les quatre autres personnes du groupe à leur petit échange, Diablo avança à l’intérieur du donjon, descendant un escalier de pierre. Certaines parties du plafond étaient éclairées, de sorte qu’il n’était jamais si sombre qu’il ne pouvait pas voir où il allait.

Rem et les autres l’avaient rattrapé en toute hâte.

« Attendez, Diablo... Pourquoi allez-vous de l’avant comme ça ? » demanda Rem.

« Hmm ? Il n’y a pas d’ennemis sur notre chemin, n’est-ce pas ? » demanda Shera.

« ... C’est... vrai. Je sais à quel point vous êtes fort, mais ne devrions-nous pas aborder ce donjon avec un peu plus de prudence ? » demanda Horn.

En fin de compte, Diablo ne leur avait jamais dit qu’il était celui qui avait fait ce donjon, parce qu’il ne savait pas comment l’expliquer. Il ne pouvait pas non plus leur dire qu’il se souvenait comment tous les monstres et les pièges étaient dispersés. Et si elles lui demandaient pourquoi il avait besoin de Horn pour le guider ici, ou pourquoi il n’était pas sûr que le donjon ait existé jusqu’à maintenant ? Il n’avait vraiment pas de bonnes réponses à ces questions.

Qu’était-il censé dire ? « Dans le jeu, tout ce que j’avais à faire était de cliquer sur un bouton dans le menu » ?

N’ayant pas d’autre choix, il était resté dans son rôle de Seigneur Démon.

 

« Ne vous méprenez pas, imbéciles. Je ne suis pas votre allié. Je vous laisse simplement m’accompagner. Fermez vos clapets et suivez-moi ! » déclara Diablo.

 

— Je sais tout sur ce donjon, alors vous devriez tous être en sécurité si vous restez derrière moi, pensa-t-il.

C’était ce qu’il essayait de faire comprendre, mais est-ce que cela leur avait fait comprendre ça ? Il l’espérait.

Rem avait couvert ses oreilles de félin. « O-Oui. Je suis désolée. »

Le malaise remplissait aussi les expressions de Shera et Lumachina, et Horn était gelée de terreur.

Cela s’était retourné contre lui. Ses paroles n’avaient servi qu’à aigrir l’atmosphère.

— C’est pourquoi jouer dans un groupe est un point d’étranglement impossible ! Défier le dernier boss tout seul est bien plus facile que ça ! pensa Diablo.

Après quelques instants de réflexion, il continua en silence, Rem et les autres lui emboîtèrent le pas.

Shera avait passé les derniers jours à encourager Lumachina, qui essayait de rester ferme face à son sort, et avait réussi à lui remonter le moral. Et maintenant, Diablo avait tout gâché à cause de ses paroles insouciantes.

Mais mis à part ça, en tant que groupe, leur équipe n’était pas mauvaise. Diablo, qui connaissait bien le donjon et le plus fort d’entre eux, avait servi d’avant-garde. Puis il y avait Rem, une Invocatrice. Venaient après Shera, une Archère de haut niveau (insistant sur le fait qu’elle est une Invocatrice), et Lumachina, qui allait servir comme guérisseuse. Et enfin, Horn était un Roublard qui excellait dans le scoutisme.

Peut-être à cause de la lourdeur de l’atmosphère, tout le monde était silencieux depuis leur entrée dans le donjon. Il n’y avait même pas le bruit du vent ou du feuillage.

— Maintenant que j’y pense, il n’y a pas de musique de fond dans ce monde..., pensa Diablo.

La musique du Croisement de la Rêverie était d’assez bonne qualité et avait été bien accueillie par les joueurs. Les développeurs avaient même organisé des événements musicaux réels, avec des concerts en direct avec les acteurs vocaux du jeu.

Non pas qu’il ne soit jamais allé à l’un d’entre eux, bien sûr. Un joueur enfermé n’irait jamais à un événement normal comme ça, bien qu’il ait regardé des vidéos plus tard...

Les joueurs qui jouaient ensemble en couple fréquentaient ces concerts. Certains écriraient « J’ai emmené ma copine au concert en direct ! » sur leurs profils, et Diablo les comblerait de magie s’il les repérait en ville.

 

— Si tu es si heureux dans la vraie vie, alors, je suppose que je vais devoir te faire souffrir dans le jeu ! pensa-t-il.

 

C’était le genre des sentiments pessimistes, détestables et sombres qui avaient poussé Diablo à avancer.

Rem et Shera chuchotaient, comme si elles parlaient en secret.

« Hey, hey, hey, pourquoi penses-tu que Diablo agit d’une manière si effrayante ? » demanda Rem.

« ... Qui sait ? Il agit bizarrement depuis qu’on est dans le donjon, » déclara Shera.

« Avons-nous fait quelque chose pour le mettre en colère ? » demanda Rem.

Tout était devenu gênant. Diablo voulait arranger les choses d’une manière ou d’une autre, mais il n’arrivait pas à trouver quoi que ce soit d’amusant à dire pour détendre l’atmosphère.

 

— Allez au diable les mecs qui traînent avec des filles comme si de rien n’était ! pensa-t-il.

***

Chapitre 2 : Nettoyage d’un donjon

Partie 1

Il aurait suffi d’une descente en ascenseur pour descendre au treizième niveau.

 

Mais malheureusement, ce monde n’avait pas ce genre de raccourci pratique. Lorsqu’il s’agissait de traverser le donjon, cela avait été conçu avec une difficulté très stoïque, démodée, à vif.

— Franchement, ce monde est vraiment aussi impitoyable que la réalité..., pensa Diablo.

La porte du rez-de-chaussée portait une pancarte sur laquelle on pouvait lire. « Pas de capture de drapeaux — seulement des combats à mort. »

Dans le jeu, c’était écrit en japonais, mais cette fois, c’était dans la langue locale. Diablo ne pouvait pas le lire, et Rem l’avait lu pour lui, avant d’en expliquer le sens aux autres :

« Nous devons battre tous les monstres de cet étage pour avoir l’escalier pour que le prochain apparaisse. Ce sont tous des monstres de bas niveau, » déclara Rem.

Horn hocha la tête en entendant ses paroles. « Certains monstres se cachent aussi. Les trouver a été pénible la dernière fois. »

« ... Hmm... Tu le sais vraiment, n’est-ce pas, Diablo ? » demanda Rem timidement.

« Hmm ? » répliqua Diablo.

« Je veux dire que ce donjon... Comment le connaissez-vous si bien ? Vous semblez aussi en savoir beaucoup sur l’ancien Domaine du Seigneur Démon... Mais ça devrait être la première fois que vous venez ici puisque vous avez été convoqué d’un autre monde, et il semblait que vous ne saviez pas où était le donjon sans Horn pour vous montrer le chemin. »

C’était normal qu’ils trouvent ça bizarre, vu qu’il connaissait si bien l’endroit à l’intérieur alors qu’il n’avait même pas su où il était à l’extérieur.

Il avait essayé de trouver une bonne excuse, mais s’il était le genre de personne qui pourrait penser à quelque chose d’aussi spirituel, il ne serait pas connu pour et cetera, et cetera...

 

« C’est parce que je suis un Seigneur Démon, » déclara Diablo.

 

« Je... vois, » naturellement, Rem ne semblait pas très satisfaite de cette réponse.

Diablo jeta son regard sur Lumachina, elle manquait de temps.

« Pour le moment, dépêchons-nous, » déclara Diablo.

« Très bien..., » déclara Rem.

Rem était rationnelle et sage, et savait qu’il fallait laisser tomber le sujet, du moins pour le moment.

Ils se tenaient à l’entrée d’un dédale de couloirs. Une série de murs de pierre formaient le dédale sinueux et tortueux qui les précédait. Les monstres du premier niveau du donjon étaient tous de bas niveau, mais les trouver dans ce dédale complexe en avait fait une quête difficile dans laquelle vous pourriez vous perdre.

Les monstres frayaient au hasard, et même Diablo n’avait aucun moyen de savoir où ils allaient apparaître. Certains d’entre eux étaient camouflés avec le sol ou les murs, et d’autres tombaient sur le joueur depuis le plafond à mesure qu’ils approchaient. En tant que personne qui l’avait planifié, Diablo espérait honnêtement pouvoir profiter de ce donjon, mais...

— C’est triste à dire, je n’ai pas le temps pour ça en ce moment, pensa Diablo.

Diablo avait alors pointé le Bâton de Tenma vers les ténèbres. En raison de la lenteur de Lumachina, le voyage avait duré plus de jours qu’il n’aurait dû, il avait récupéré un peu plus de mana. Il devrait avoir reconstitué environ un tiers de son stock total à ce jour, donc l’utilisation d’un sort un peu plus puissant ne devrait pas être un problème.

 

« “Nuage de Poison” ! »

 

Un rideau de vent était apparu devant ses yeux, et au-delà, un nuage noir s’étendait maintenant. Le nuage de gaz noir s’était répandu dans le donjon, alors que la présence des monstres stationnés dans le dédale disparaît progressivement alors que le nuage progressait.

« ... Diablo, qu’est-ce que c’était ? » demanda Rem d’une voix effrayée.

« De la magie de poison, » répondit Diablo.

C’était un sort de niveau 110 du Vent et des Ténèbres. Il était efficace pour éliminer les monstres faibles dans les petits espaces comme ce dédale, bien qu’il ne fonctionne pas sur les monstres qui ne respiraient pas d’air.

« P-Poison ? » demanda Rem.

« Inutile de perdre notre temps à chercher et à combattre tous ces monstres, » déclara Diablo.

« C’est vrai, mais... est-ce qu’on peut passer sans danger ? » demanda Rem.

« Calme-toi. Le sort ne dure pas longtemps, » répondit Diablo.

Dans le jeu, cela allait durer soixante secondes, mais la distance et le temps s’étaient toujours comportés différemment dans ce monde. Finalement, il avait fallu cinq minutes au nuage de gaz pour se dissiper, et un bruit sourd s’était fait entendre des profondeurs du donjon.

« L’escalier aurait dû apparaître maintenant, » déclara Diablo.

Il semblait que les monstres avaient été anéantis.

— Je ne peux pas dire que j’aime beaucoup cette triche, étant le concepteur du donjon et tout..., pensa Diablo.

Tout en mettant cette pensée de côté, Diablo avait simplement décidé de passer à l’étape suivante.

 

†††

L’escalier, qui semblait avoir été creusé dans le socle rocheux, les conduisait en spirale vers le bas. D’habitude, le jeu sautait cette partie pour vous conduire au prochain niveau d’un coup.

« Magnifique... Je n’ai jamais vu une structure aussi impressionnante..., » déclara Rem, les yeux grands ouverts.

« Moi non plus ! » Shera était d’accord avec l’admiration quand elle avait fait parcourir ses doigts contre le mur.

Horn hocha de nouveau la tête. « Moi aussi, j’ai été très choqué la première fois que je l’ai vu ! »

« Même la cathédrale de la capitale est pâle par rapport à cet endroit. Il se peut très bien qu’il ait été construit par quelqu’un d’autre que les Races, » déclara Lumachina.

« ... C’est très possible, » Rem hocha la tête face à la suggestion de Lumachina. « Peut-être qu’il a été formé en utilisant une grande magie, comme la Tour de Zircon. »

La Tour de Zircon, symbole de la région, avait été réalisée avec des pierres précieuses translucides. Il était imperméable aux dommages par des moyens normaux, et les Races ne savaient même pas comment le créer, car il était censé avoir été fabriqué par les Déchus.

Diablo et son groupe s’étaient rendus au deuxième étage.

 

†††

Le dédale de la transformation

 

« Ce dédale change de forme au fil du temps. Il devrait y avoir aussi des monstres qui rôdent, » déclara Diablo.

Au fur et à mesure que le joueur se perdait de plus en plus et perdait son sang-froid, le mur derrière lui s’ouvrait et un monstre s’abattait sur lui — c’était le genre de scène que Diablo avait en tête.

« ... Un dédale qui se transforme ? » déclara Rem, pensive. « Trouver le chemin à travers tout cela resonne comme étant difficiles... »

« Je parie que ce sera dur de retourner à l’entrée si nous sommes séparés..., » déclara Shera avec anxiété.

« ... Si cela se produit, nous pourrions ne pas être en mesure de nous regrouper du tout. Vous seriez probablement mangé par un monstre, affamé à mort ou tombé dans un piège, » déclara Rem.

« Argh !? » s’exclama Shera.

« ... Oh, tout ira bien, Shera. Je suis sûr que quelqu’un finira par arriver, même si d’ici là, tu seras peut-être réduit à des os blanchis..., » déclara Rem.

« Ça n’a pas l’air d’aller du tout ! » Shera s’accrocha au bras de Diablo, ses deux douces enflures s’écrasant contre lui. « Vous ne pouvez pas me laisser derrière vous, Diablo ! »

Elle s’était agrippée à lui si brusquement qu’il avait grimacé sans s’en rendre compte. Aucune réplique digne d’un Seigneur Démon qui apaiserait une jeune fille effrayée dans un donjon ne lui venait à l’esprit. Mais il ne pouvait pas la laisser s’accrocher à lui comme ça, il serait difficile de se battre si elle s’accrochait à son bras quand un monstre attaquait.

« Recule un peu, » ordonna Diablo.

« Ooh..., » elle avait l’air d’être sur le point de fondre en larmes.

— Qu’est-ce que je suis censé faire dans une telle situation !? Se demanda Diablo.

« Il n’y a rien à craindre, » Lumachina posa doucement ses mains sur les épaules de Shera. « Croyons au Seigneur Diablo. Si nous agissons avec découragement, cela le gênera sûrement lorsque le danger nous atteindra. »

« O-Oui... Tu as raison... Désolée, Diablo..., » déclara Shera.

« Hmph. »

Tout en se sentant un peu réticent à se séparer de la douceur qui se pressait contre lui, Diablo avait été soulagé. Il serait trop nerveux pour se concentrer sur le fait de surmonter le donjon avec ces deux melons qui pressaient contre lui.

« C’est la carte que j’ai dessinée la dernière fois que je suis venu ici, » Horn avait étalé un rouleau de parchemin. « Mais le labyrinthe a probablement changé depuis. »

« ... Maintenant que j’y pense, tu as dit que tu es arrivé au troisième étage, Horn ? » demanda Rem.

« O-Ouais. Il y avait cette pièce grouillante de monstres en bas. C’était vraiment dur, » déclara Horn.

« Combien de temps vous a pris ce dédale pour le traverser ? » demanda Rem.

« Ça nous a pris environ une demi-journée, » répondit Horn.

— Si longtemps que ça !? pensa Diablo.

Diablo était surpris, et pour une bonne raison. Dans le jeu, il aurait fallu cinq ou dix minutes pour surmonter le dédale de la transformation...

D’ailleurs, il n’avait fallu que quelques minutes pour rejoindre Faltra depuis la Tour des Météores en jeu, mais cela avait totalisé cinq heures dans ce monde.

Peut-être le labyrinthe était-il devenu beaucoup plus étendu et compliqué que Diablo ne le pensait au départ. S’ils essayaient de le faire normalement, il y avait de fortes chances qu’il leur faudrait en fait une demi-journée pour passer au travers.

— Que dois-je faire... ? Se demanda Diablo.

Le regard de Diablo s’était concentré sur l’un des murs. Il était fait de pierre et avait l’épaisseur de deux briques. Les murs n’avaient pas été rendus trop denses pour qu’ils puissent encore être mobiles.

— Dans le jeu, la magie n’avait aucun effet sur le terrain lui-même. Mais dans ce monde, c’est le cas..., pensa Diablo.

Ça valait le coup d’essayer.

« “Rafale d’Explosions” ! »

Une explosion rugissante avait retenti, suivit d’une série de détonations concentrées qui avait détruit la cible, emportant plusieurs couches du mur et laissant des espaces qui s’enfoncent plus profondément dans le labyrinthe. Les trous étaient assez grands pour passer à travers.

Si l’escalier menant à l’étage suivant avait changé de position par rapport au jeu, il aurait alors ouvert tous ces trous pour rien... Mais à en juger par son expérience jusqu’à présent, même si la distance de quelque chose était différente, sa position était restée la même.

« D’accord..., » déclara Diablo.

Il se retourna et trouva Rem et les autres qui le regardaient avec la bouche grande ouverte.

« C’était incroyable ! On peut traverser le labyrinthe en un rien de temps avec ça ! » s’exclama Shera, ses yeux s’enflammant d’excitation.

« Cela devrait être évident. Après tout, je suis un Seigneur Démon, » déclara Diablo.

Son ton était indifférent, comme pour dire qu’il n’y avait pas de quoi être fier, mais vraiment, il était tout aussi surpris qu’elles.

— Je n’aurais jamais pensé que ça se passerait aussi bien ! pensa-t-il.

La magie dans le jeu avait parfois des effets visuels comme le trou du sol, mais elle n’avait jamais vraiment changé le terrain. Cela n’était possible qu’ici, dans l’autre monde.

« Toujours aussi stupéfiante, Seigneur Diablo, » déclara Lumachina en regardant le mur effondré avec une expression impressionnée.

Horn était, comme toujours, effrayé et surpris. Pour un aventurier, il lui manquait certainement un peu de tripe.

Le sol s’était mis à gronder quand plusieurs murs avaient commencé à se déplacer autour d’eux.

« Restez près l’un de l’autre. On ne reviendra pas vous chercher si vous vous perdez, » déclara Diablo.

Face à l’avertissement de Diablo, Horn et Lumachina avaient traversé le premier trou en toute hâte.

***

Partie 2

La porte du troisième étage portait l’inscription « F43 », dans la langue de ce monde. Étant aussi court que cela l’était, Diablo pouvait le comprendre.

— C’est ainsi que vous l’écrivez ici... Ce ne serait probablement pas trop mal d’apprendre la langue de Lyferia, pensa Diablo.

L’idée derrière ce niveau était un hommage à un vieux jeu rétro... Mais comme ce jeu n’existait pas dans ce monde, il n’y avait pratiquement aucun indice sur la façon de le résoudre.

Essentiellement, vous devriez vaincre différents slimes colorés dans un certain ordre pour déverrouiller l’escalier menant à l’étage suivant. Leur positionnement et leurs mouvements étaient aléatoires, mais comme les slimes étaient lents à se déplacer et que le dédale n’était pas particulièrement grand, ils l’avaient nettoyé en un rien de temps.

 

Le quatrième étage —

Tu penses que tu peux passer au niveau suivant !? pensa-t-il.

Dès qu’ils avaient franchi la porte, des vagues de chaleur les avaient assaillis.

« Q-Qu’est-ce que c’est que ça ? » L’expression de Rem avait été déformée par la surprise.

« Heee ! Rem, regarde ça ! » hurla Shera, jetant un coup d’œil depuis la roche qui leur servait d’appui.

Là, ils avaient vu une flaque de lave rouge vif et bouillonnante. La chaleur torride qui en émanait remplissait la pièce d’une chaleur brûlante.

« ... Il ne devrait pas y avoir de volcans dans la région, » déclara Rem avec méfiance. « Et nous n’avons pas voyagé si profondément sous terre pour que nous trouvions normalement de la lave. Est-ce une sorte d’illusion magique ? »

« Une illusion serait-elle si... chaude ? » demanda Lumachina, tremblante de sueur. Peut-être qu’elle avait du mal dans les endroits chauds.

« ... C’est vrai, ce n’est pas une illusion. » Rem avait essuyé un peu de sueur sur son front. « Mais je crois qu’on peut supposer que cette lave a été invoquée à l’aide de la magie. »

« Quoi que ce soit, allons-y ! Si on reste ici plus longtemps, je vais me transformer en tarte au Marcheur des Herbes ! » déclara Horn.

Le plaidoyer de Horn était justifié, mais en regardant vers l’avant, la zone de roche sur laquelle ils se tenaient avait été coupée à quelques pas de là où ils se tenaient.

 

☆☆☆

Une fosse pleine de lave s’étendait au-delà, avec des fils qui rejoignaient d’un côté du ravin à l’autre. Une gondole se déplaçait le long de ces câbles.

« ... Peut-être qu’on peut aller de l’autre côté avec ça ? »

« Ouchie ! »

Touchant la surface de la gondole métallique, Shera grinça avec force, avec le bout de ses doigts rouge. On aurait dit qu’elle s’était brûlée.

« Oh mon Dieu..., » Lumachina avait tendu la main. « Dieu qui réside dans les terres bénies, ayez pitié de votre pieu croyant... “Soins Léger” ! »

La lumière avait jailli des mains de Lumachina, guérissant les doigts brûlés de Shera en un instant. La princesse elfe avait souri avec gratitude.

« Wôw, Lumachina ! Merci ! » déclara Shera.

« Toute appréciation que vous ressentez ne devrait pas s’adresser à moi, mais à Dieu, » déclara Lumachina.

« C’est vrai ! Merci mille fois, mon Dieu ! » déclara Shera.

« ... Tu sais bien à quel point cette zone est chaude. Alors pourquoi touches-tu une gondole métallique, espèce d’elfe stupide et attardée ? » Rem soupira d’exaspération. « Même Dieu finira par manquer de patience avec toi. »

« Mais je voulais voir si cela bougeait ! » déclara Shera.

« Alors tu aurais dû au moins mettre des gants en cuir ! » déclara Rem.

« Oh, c’est vrai ! Nous en avons, n’est-ce pas..., » déclara Shera.

Rem avait ses gants de fer. Elle était une invocatrice, mais elle était aussi capable d’utiliser ses poings dans les combats rapprochés, et elle portait des gantelets comme arme de prédilection.

« Rem, n’avez-vous pas aussi chaud ? » demanda Lumachina.

« ... Pourquoi ? Oui, j’ai très chaud..., » répondit Rem.

« J’ai l’impression de mourir ici..., » Horn était le plus épuisé du groupe.

— Un Roublard offensif, et un garçon en plus, perdant en force devant deux filles, l’une d’elles étant rien de moins qu’une guérisseuse. C’est pathétique, non ? Tu n’as pas seulement l’air d’un enfant, tu es aussi faible qu’un enfant à l’intérieur ! pensa Diablo.

Cela dit, Diablo n’aurait jamais imaginé qu’il ferait aussi chaud. Il avait conçu à la fois la lave et la nacelle, mais dans le jeu, ils n’étaient que des graphismes conçus pour ressembler à une grotte chaude et brûlante. C’était comme s’il était en train d’être cuit vif.

— Si on ne quitte pas cet étage rapidement, on va tous se déshydrater à mort, pensa-t-il.

Ils étaient montés à bord de la nacelle et, à l’aide d’un levier, ils avaient commencé à se déplacer dans le ravin, le compartiment secouant et basculant tout le long du chemin.

« Ça tremble, ça tremble ! » cria Shera d’une manière hystérique.

Rem l’avait regardée avec dédain. « Tais-toi, il y a peut-être des monstres dans le coin. Essayes-tu de nous faire repérer ? »

« Ah, ouais..., » déclara Shera.

« Tu peux dormir tranquille. » Diablo haussa les épaules. « Il ne devrait pas y avoir de monstres au quatrième étage. Mais il ne s’agit pas seulement de se balancer en nacelle. C’est maintenant que nous allons vivre la véritable horreur de ce dédale. »

« Qu’est-ce que vous voulez dire par là ? » demanda Rem.

La nacelle s’arrêta soudain et Horn poussa un cri aigu.

« Aaaaaah, ça s’est arrêté ! On est foutus ! On va se faire griller ici ! » cria Horn.

« Silence. Si tu as si chaud, enlève ton équipement inutile. Une armure de cuir normal et non enchanté ne fera rien d’autre que de t’alourdir contre les monstres qui nous attendent, » déclara Diablo.

« Ohhhh..., » s’exclama Horn.

« Vous tous, ne vous embêtez pas avec ça et concentrez-vous sur vos questions. Votre tour viendra bientôt, » déclara Diablo.

« Hein ? »

Un ding, dong résonnait, comme si quelqu’un faisait sonner une cloche.

 

« Vous voulez passer par ici ? Oooooooooh !! »

 

Une voix leur avait crié dessus venant de nulle part.

Diablo avait essuyé la sueur de son visage. Il n’aurait jamais imaginé qu’il aurait à vivre cela, et avec rien de moins qu’un groupe... C’était vraiment une situation horrible.

 

« Nous allons maintenant faire un jeu-questionnaire ! Si vous répondez bien à votre question, la nacelle progressera ! Si vous vous trompez, les fils vont se relâcher ! Ce sera le paradis ou l’enfer ? C’est un jeu-questionnaire sur la lave, le cœur battant, l’ultra super jeu-questionnaire !! »

 

— Il y avait cette émission de télé que je regardais quand j’ai atteint ce niveau. Pour une raison quelconque, je suis resté debout trois nuits d’affilée à le regarder, et j’étais vraiment accro, pensa Diablo.

Mais en subissant l’expérience en direct, Diablo avait finalement réalisé...

C’est trop mielleux..., pensa-t-il.

Il aurait aimé pouvoir remonter le temps et se dire qu’il ne fallait pas mettre ça là-dedans. S’il le pouvait, il voulait rénover complètement ce niveau. Dès que possible. Genre, tout de suite.

Encore une autre raison de ne pas dire aux autres qu’il avait fait ce donjon...

 

« Tout le groupe répondra à tour de rôle aux questions de ce jeu-questionnaire ! »

 

La mâchoire de Diablo se serra. C’était lui qui avait fait le jeu-questionnaire, il pouvait donc répondre à n’importe quelle question, peu importe la difficulté. Mais les règles disaient que tout le monde devait participer. Si quelqu’un n’était pas assez malin pour répondre à la bonne question, il ferait tomber tout le monde.

C’était une règle destinée à briser les amitiés.

Les groupes avaient souvent des membres bons et d’autres inutiles. Cette règle avait été conçue pour pointer du doigt les perdants, les mettre dans le pétrin et les punir par le groupe. C’était comme un concours de corde à sauter à l’échelle de la classe : Si une seule personne avait eu le mauvais minutage pour sauter, toute la classe avait échoué. Une règle vicieuse, destinée uniquement à exposer les membres inutiles du groupe.

— Eh bien, ça ne marcherait pas vraiment avec des amis assez proches pour parler en chat ou dans la vraie vie, pensa-t-il.

Mais le problème avec cet étage était de savoir si Rem et les autres seraient capables de répondre un jeu-questionnaire plein de questions sur le Croisement de la Rêverie. C’était un autre monde, sans programme de discussion, sans téléphone ni amis dans votre chambre à consulter.

 

« Question ! Lequel n’a aucun effet sur un Cyclope Crocodile ? Magie ou armes ? »

 

Rem leva la main. « C’est la magie. »

Même si le jeu-questionnaire avait commencé si soudainement, Rem s’était spontanément portée volontaire pour répondre en premier. Son raisonnement et son assurance étaient extraordinaires. Après un moment de silence...

 

« La réponse est... La magie n’a aucun effet sur elle ! Fantastique ! »

 

La nacelle s’était mise à trembler à mesure qu’elle avançait de plusieurs mètres vers la sortie.

« À ce rythme, il ne nous reste plus qu’à répondre correctement cinq fois pour arriver de l’autre côté. » Rem hocha la tête avec satisfaction.

« En effet, » répondit Diablo.

« Ce sera une promenade dans le parc ! Laissez-moi répondre ensuite ! » Horn retroussa ses manches.

 

« Question ! Le Serpent Madara vit-il dans l’eau, à la cime des arbres ou dans des trous dans le sol ? »

 

« Euh... je dirais dans des trous dans le sol ! » déclara Horn.

 

« Bzzzt ! La bonne réponse est... Dans l’eau ! »

 

« Quoi — ? » s’exclama Horn.

Horn avait l’air mortifiée, Rem et Shera criaient d’horreur, et Diablo soupirait. Même sans dire un mot, les pensées du groupe resonnaient très clairement.

C’était la nature vraiment redoutable de la règle de la rupture de l’amitié.

 

« Une nacelle, en descendante, en descendante, en descendante, en descendante !! »

 

Les câbles de support s’étaient relâchés et la nacelle s’était inclinée vers le bas.

« Kya !? »

Diablo avait attrapé Lumachina, qui avait perdu l’équilibre.

« Sois prudente, » déclara Diablo.

« M-Merci beaucoup, » déclara Lumachina.

Si quelqu’un d’autre était brûlé, les miracles de Lumachina pourraient la guérir, mais si elle était blessée, personne ne pourrait l’aider. C’est vrai, les potions de vie pourraient la guérir, mais... lorsque le capitaine Batutta avait réduit sa vie à presque rien, Diablo avait dû utiliser toutes les potions qu’il avait sous la main. Il était complètement à sec maintenant.

La chaleur n’avait fait que s’intensifier au fur et à mesure qu’ils se rapprochaient de la lave. Rem enleva ses gantelets, et enleva aussi sa ceinture qui portait tous ses cristaux d’invocation, choisissant de la porter à la main à la place.

« Wôw... »

« C’est trop chaud ! » s’exclama Shera.

Shera avait enlevé sa cape et avait battu l’ourlet de sa jupe, s’éventant pour tenter d’échapper à la chaleur.

« Il fait vraiment très chaud..., » Lumachina avait aussi enlevé sa cape. « Pour être honnête, j’ai le vertige. »

« Argh..., » avait gémi Horn.

Seul Horn, trempé de sueur, refusa de se déshabiller. Peut-être qu’il essayait de montrer sa tolérance et d’agir comme un homme ?

Diablo voulait aussi enlever son manteau, mais il s’y était obstinément opposé, car ce ne serait pas « Seigneur-Démon ».

Shera leva les deux mains en l’air. « D’accord, moi, moi, moi ! Je répondrai ensuite ! »

 

« Question ! Combien de portes la citadelle de Faltra a-t-elle de portes ? Quatre, huit ou plus ? »

 

« Ah... ! » Rem avait fait entendre sa voix.

Diablo savait ce qu’elle ressentait, mais...

 

« Whoa là ! Si vous donnez des conseils ou faites quoi que ce soit pour donner la réponse, elle sera automatiquement considérée comme incorrecte ! »

 

Rem s’était arrêtée de peu. Le regard de Diablo était fixé sur Shera.

— Analyse ! Ne te fais pas avoir ! pensa-t-il.

Shera hocha la tête, les yeux brillants comme pour dire. « Je le sais ! »

« Hehehe, Faltra a deux murs, et chacun a quatre portes, donc ça fait huit ! » déclara Shera.

 

« Bzzzt ! La bonne réponse est... Plus que huit ! Il y a beaucoup de “portes” à Faltra, et la question n’a jamais mentionné “portes de ville” ! »

 

« Huuuh !? Attendez, ce n’est pas juste ! » cria Shera.

Une question piège typique, celui qui avait fait ce jeu-questionnaire était un vilain salaud.

— Eh bien, je suppose que c’est de moi qu’il s’agit..., pensa Diablo.

La nacelle redescendit, s’approchant de plus en plus de la lave.

« C’est trop chauuuuuuddd ! » cria Shera.

Shera avait finalement commencé à se déshabiller. Les yeux de Rem s’étaient élargis comme des soucoupes.

« Qu’est-ce que tu crois que tu fais !? » s’écria Rem.

« Regarde comme il fait chaud ! Je ne peux pas me concentrer sur ce genre d’énigmes ! » déclara Shera.

« ... Tu as peut-être raison... Maintenant que j’y pense, c’est pour surmonter ce donjon..., » déclara Rem.

Convaincue par la logique douteuse de Shera, Rem commença aussi à se déshabiller.

« C’est tellement... sans vergogne..., » le visage de Lumachina était devenu rouge.

« ... Les aventuriers privilégient la survie à la dignité. C’est de la stratégie. C’est la même chose que lorsque nous nous baignons. Quiconque pense que c’est sans vergogne est le vrai pervers ici, » déclara Rem.

Face à la sémantique un peu trop sérieuse de Rem, Lumachina semblait curieusement convaincue, et commença elle aussi à enlever sa propre robe plutôt épaisse.

Horn, toujours dans son armure légère, émettait un sifflement particulier lorsqu’il s’était évanoui dans la nacelle. La chaleur l’avait finalement atteint.

Après s’être déshabillée en sous-vêtements, Lumachina avait serré ses poings pour se donner du courage. « Je crois que c’est l’heure de mon tour ? »

 

« Question ! Lequel des monstres suivants est le plus grand ? Baleine des Sables, Béhémoth vert ou Dragon légendaire ? »

 

La panique avait pris le dessus sur Diablo. De toutes les questions possibles, elle en avait eu une qui s’adressait aux joueurs de haut niveau. Les joueurs dans le jeu pouvaient connaître la réponse s’ils avaient participé à des raids en grand groupe, mais... selon toute vraisemblance, Lumachina n’avait probablement jamais vu ces monstres. Ce n’était que récemment qu’elle avait vu une Baleine des Sables quand elle avait attaqué la Tour de Zircon.

« Selon les tomes que j’ai lus dans la bibliothèque de la capitale, ce devrait être un Dragon Légendaire, » répondit Lumachina.

 

« La bonne réponse est... Dragon légendaire ! Note maximale ! »

 

« Yayyyy ! Lumachina, tu es si intelligente ! » Shera déclara ça en serrant Lumachina dans ses bras, bien que les deux se séparèrent bientôt en souriant, se plaignant ensemble, « Il fait si chauuuddd... »

Comme on pourrait s’y attendre d’une Grande Prêtresse, Lumachina était érudite et sage. Son pouvoir sur les miracles était aussi vaste pour de bonnes raisons.

La nacelle avait progressé. Des perles de sueur roulaient le long du corps des filles, les gouttelettes tombant de leur peau lisse et claire. Leurs corps s’élevaient en soupirs lourds et laborieux, leurs joues rougissaient de couleur et le regard dans leurs yeux prenait peu à peu un éclat brillant et humide.

Alors que Diablo les regardait, il se trouva submergé par une sensation particulière. Ils ne souffraient que de la chaleur, alors pourquoi se sentait-il si gêné ?

— La chaleur me fait-elle mal à la tête ? Se demanda-t-il.

Le désir de tendre la main vers les filles l’avait poussé à aller de l’avant.

— Non, non, c’est absurde, pensa-t-il.

Les filles étaient membres de son groupe, et elles étaient en train de contester un donjon. La seule raison pour laquelle elles s’étaient déshabillées, c’était à cause de la chaleur de la lave.

 

 

« Quiconque pense que c’est sans vergogne est le vrai pervers ici. »

« Hmm... Diablo... C’est votre tour après... n’est-ce pas ? » demanda Shera, haletante.

« ... S’il vous plaît... Faites bien les choses... S’il fait plus chaud que ça, il faudra enlever nos sous-vêtements…, » Rem l’implora, essuyant la sueur de sa modeste poitrine.

« Elle a raison, mes sous-vêtements sont déjà trempés de sueur…, » dit Lumachina, le visage rougissant, pinçant sa culotte humide.

— Si je me trompe, elles seront complètement nues... !? pensa-t-il.

Diablo pouvait entendre son cœur battre violemment comme un tambour dans sa poitrine. D’épaisses perles de sueur avaient roulé le long de son front.

 

« Question ! Quand Croisement de la Rêverie a-t-il commencé à fonctionner ? Janvier, avril ou septembre ? »

 

Une méta question — .

Les filles inclinèrent la tête, déconcertées, car elles ne comprenaient même pas ce que la question signifiait.

Diablo, bien sûr, connaissait la réponse...

— Complètement nue…, pensa Diablo.

Diablo secoua la tête, essayant de bannir ces pensées de son esprit.

Non non non non non ! Est-ce une blague ? Je suis un Seigneur Démon, le Seigneur Démon Diablo, bon sang ! Les MMORPG sont plus qu’un simple jeu, c’est du sérieux ! C’est mon mode de vie, et je ne peux pas le nier comme ça ! pensa Diablo.

« Septembre. La période d’accès précoce était prévue pour avril, mais elle a été retardée à deux reprises et s’est terminée en septembre. Le jeu a été officiellement lancé en janvier de l’année prochaine, » déclara Diablo.

 

« C’est... exact ! »

 

Après une autre série de questions, le jeu-questionnaire s’était terminé assez facilement. Diablo et Rem avaient répondu aux deux questions restantes, et le groupe avait pu rejoindre l’autre côté en toute sécurité. Au moment où ils franchissaient la porte menant au niveau suivant, la chaleur de la lave avait disparu, comme si tout cela n’était qu’un mauvais rêve...

***

Interlude 1

Le soldat envoyé en éclaireur pour voir ce qui se trouvait derrière la porte s’était dépêché de revenir à vive allure. Il avait réfréné sa voix, mais n’avait pas été capable de masquer son excitation.

« Je les ai trouvés ! »

Le Chevalier, Henric, répondit d’un signe de tête à son rapport.

 

Ils se tenaient juste devant l’entrée du quatrième niveau du donjon, près de l’escalier.

« La chaleur est incroyable..., » le soldat essuya la sueur de son front. « Il y a de la lave sous le sol... sans doute, magique. »

« Cet endroit est une surprise après l’autre, » déclara Henric en croisant les bras.

« Oui, le premier niveau avec tous ses monstres morts empoisonnés, et le deuxième niveau avec les murs cassés... Il y a quelque chose de terrible dans cet endroit, » déclara l’autre soldat.

« La récupération des objets demandés par Lady Laminitus s’est toutefois déroulée sans heurts, grâce en grande partie à ces bizarreries pratiques, » déclara Henric.

« Certainement. »

Cependant, ils devaient encore déployer une centaine de soldats dans le donjon pour cette seule raison. Un simple groupe de vingt était tout ce qu’ils avaient pu reléguer à la poursuite de Diablo jusqu’au quatrième niveau.

Dans ce groupe se trouvait le Paladin, Gewalt.

« Et ? Quels sont les pièges artificiels de ce quatrième niveau ? » demanda Gewalt.

Le soldat l’avait salué. « Eh bien ! C’est une sorte de... voix, qui semble parler par énigmes. »

« Des énigmes ? Je ne peux pas dire que je vous comprends là... »

« Il semble que jusqu’à six personnes doivent monter à bord d’une nacelle vers l’autre côté d’un ravin, puis répondre à tour de rôle aux devinettes de la voix. S’ils répondent correctement, la nacelle se rapproche de l’autre côté. S’ils se trompent, la nacelle tombe plus près de la lave. »

« Ohohoho...  Assez fascinant... C’est une magie extraordinaire de haut niveau qui se trouve face à nous. Puisque cette voix semble parler notre langue, il va de soi que ce lieu a été fait par les Races, mais..., » déclara Gewalt.

Même l’Association des Mages de la capitale ne serait pas en mesure de créer quelque chose de cette envergure. La simple existence de cette structure avait été une découverte monumentale en soi. Le gouverneur Laminitus et ses troupes avaient les yeux fixés sur l’équipement enchanté éparpillé sur les lieux, mais la chose vraiment précieuse était le donjon en lui-même.

De temps en temps, les Races découvriraient des armes et des armures uniques. Ils avaient été apparemment créés pour être utilisés par les Races... mais ils étaient faits de connaissances qui échappaient à la portée de chacun d’entre eux.

C’était les trésors divins faits par les dieux, connus sous le nom de « Regalia ».

Ce donjon était sans aucun doute un Regalia. Et selon la Guilde des Aventuriers, aucun aventurier n’avait réussi à atteindre le niveau le plus bas de ce donjon.

— Le simple fait de signaler cet endroit à l’Église devrait me rapporter une jolie somme, pensa-t-il.

Henric avait choisi quelques soldats. « Quatre d’entre vous, les plus vifs d’esprit, nous accompagnerons, Sire Gewalt et moi, alors que nous avançons. Une fois la cabine revenue, les autres doivent trouver un moyen et se joindre à nous. Mais n’hésitez pas à vous retirer si vous pensez que vos vies sont en danger. »

« Oui, Sire ! »

« N’oubliez pas, notre vrai devoir est de défendre Lady Laminitus. Bien sûr, il est important de récupérer tout équipement puissant et d’examiner le Sorcier Diablo, mais nous ne sommes d’aucune utilité pour Notre Dame si nous mourions ici. »

« Compris, Sire ! »

« Bonne réponse, les gars ! » Henric était l’image même d’un chevalier modèle.

« Enquêtez-vous simplement sur Diablo ? » demanda Gewalt.

« Oui. Lady Laminitus semble tenir en haute estime le fait qu’il ait défendu la Tour de Zircon, et croit que, indépendamment de ses prétentions d’être un Seigneur Démon, il peut y avoir une chance de coopérer avec lui. »

« Si c’est le cas... ? » demanda Gewalt.

Il semblait que Diablo avait repoussé une énorme bête magique qui menaçait la Tour de Zircon.

— Est-ce qu’il essaie d’être une sorte de héros de la justice ? C’est si pathétique que je crois que je vais être malade ! Se demanda Gewalt.

Le maudissant toujours avec véhémence, Gewalt considérait le chevalier avec un sourire amical.

« Vous savez que mon but est de protéger Lady Lumachina, n’est-ce pas ? » demanda Gewalt.

« Nous avons bien entendu l’intention de coopérer avec vous à ce sujet. Mais la Grande Prêtresse est actuellement atteinte de la Maladie de la Clochette de la Mort, » déclara Henric.

« Elle l’est donc..., » murmura Gewalt.

« Diablo prétend être venu ici à la recherche d’un trésor capable de guérir ce fléau. Normalement, je ne serais pas enclin à le croire, mais c’est un sorcier extrêmement puissant, » déclara Henric.

« Je sais ce que vous ressentez. Quand ça vient de lui, ça vous fait vraiment croire ses paroles, n’est-ce pas ? » demanda Gewalt.

« Oui. Lady Laminitus nous a demandé d’aider Diablo à trouver le trésor, » déclara Henric.

« Oh, je vois, » déclara Gewalt.

« Dès qu’on aura traversé cette lave, on devrait pouvoir les rattraper et les aider, » déclara Henric.

« Oui, on devrait se dépêcher, » déclara Gewalt.

« Ce ne sera pas long maintenant. Nous sommes presque à leur portée, » déclara Henric.

— Alors, on va se regrouper avec eux, d’accord ? pensa Gewalt.

L’éclaireur était revenu et avait fait un autre rapport. Il semblerait que Diablo et son groupe aient déjà fait leur chemin vers le niveau suivant.

Et aussi, quelque chose à propos du fait qu’ils se déshabillaient à cause de la chaleur...

Enfin, il avait signalé que la nacelle était revenue jusqu’ici.

« Très bien, très bien. » Henric hocha la tête au soldat. « Sortons d’ici ! »

 

« Hmm... Je crois que j’ai assez besoin de vous, les gars... C’est la fin pour vous, d’accord ? »

 

Gewalt avait jeté un cristal au sol.

« Hein ? » s’exclama Henric.

Une grande ombre avait été projetée sur les soldats. Une énorme Invocation était apparue, alors que sa tête atteignait le plafond de la grotte et générait une petite pluie de cailloux d’en haut. Elle avait ouvert sa mâchoire, révélant une bouche garnie de dents acérées comme des lames de rasoir.

« Gaaah ! »

Alors qu’elle expirait un souffle puant de pourriture, chacun de ses bras, plus épais que le tronc d’un arbre, brandissait un énorme marteau. C’était assez grand pour écraser une personne.

Les soldats qui le regardaient se raidirent d’horreur.

« Qu-Qu’est-ce que c’est que ça ? » Les yeux d’Henric s’étaient écarquillé. « Pourquoi avez-vous... fait ça... !!? Une Invocation ? Pourquoi ? Sire Gewalt... Qu’est-ce que vous faites !? »

« Tu sais, tu étais vraiment un homme mignon et bon... Mais je suis désolée, je suis juste le genre de fille qui vit pour sa carrière. Maintenant que j’ai traqué la Grande Prêtresse, je n’ai pas besoin de vous, insectes insignifiants, sur mon chemin. Toodeloo, les garçons ~, » déclara Gewalt.

« Qu’est-ce que vous avez... !? » s’écria Henric.

Henric était parvenu à dégainer son épée. Gewalt affichait un sourire diabolique et il clignait des yeux d’une manière flash et exagérés.

« Écrase-les, “Archi-Démon”, et assure-toi de leur écraser les couilles pendant que tu y es ! » déclara Gewalt.

« Oooooooooooooooooooooooohhhhh — ! !! »

Le marteau massif de l’Invocation était descendu du plafond. L’épée d’argent d’Henric s’était brisée sous son poids comme une brindille — .

 

Le bruit distinctif du craquement des os écrasés résonna à travers la grotte.

***

Chapitre 3 : Nettoyage d’un donjon, suite

Partie 1

Le cinquième niveau — .

« @Maître, Charmante Vie et tout ça ! »

Même s’il était enfermé et accro au MMORPG, Diablo n’était pas un otaku idolâtre.

Cela dit, il fallait suivre les modes. Pour rester performant, le Croisement de la Rêverie avait inévitablement dû organiser des événements en collaboration. Ces événements, ou « collab » en abrégé, était des projets en lien avec d’autres franchises où des personnages ou des objets d’autres jeux étaient officiellement introduits dans le Croisement de la Rêverie.

À peu près au moment où il avait fait son donjon, il y avait une collaboration avec un jeu social appelé Sister Carnival, ou SisCarn pour faire court. Puisque le Croisement de la Rêverie et SisCarn avaient tous deux été réalisés par le même développeur, l’événement s’était avéré assez important, avec des équipements et des articles exclusifs que vous ne pouviez obtenir que durant ce collab.

Le truc, c’est qu’il fallait faire un compte dans SisCarn et obtenir quelques heures de progrès pour avancer le scénario dans le Croisement de la Rêverie. Donc, naturellement, Diablo avait joué SisCarn.

Il y avait une histoire un peu ridicule où « toutes les idoles de l’agence sont les petites sœurs du joueur ». Et pourtant, il y avait joué assez longtemps pour se souvenir des noms des principales héroïnes.

Tout cela n’avait peut-être rien à voir avec le fait que l’environnement de cet étage était similaire à celui de SisCarn.

Ils avaient ouvert la porte...

 

« Quoi... ? » Rem avait plissé ses yeux.

C’était une salle blanche. Peu importe où vous regardiez, le blanc était tout ce que vous pouviez voir.

« Hein ? N’est-ce pas de la neige ? » Shera fit entendre sa voix, alors que son souffle faisait sortir des bouffées blanches.

« C-C’est vrai, c’est de la neige... C’est incroyable. Même s’il y a de la lave sur l’étage au-dessus de nous..., » Lumachina avait l’air surprise alors qu’elle s’agenouillait pour ramasser de la neige.

« En parlant de ça, c’est pas un peu f-f-f-f-froid ? » demanda Horn.

Il s’était évanoui en raison d’un coup de chaleur plus tôt, mais il était revenu à la raison grâce aux miracles de Lumachina. Le fait d’avoir un guérisseur de haut niveau avec eux était vraiment pratique.

« Achoo ! » Horn éternua avec force. « Il fait vraiment froid ici... »

« ... Allons de l’avant, » déclara Rem. Elle avait essayé de faire semblant d’être calme, mais il y avait un frisson dans sa voix.

« Brrr, c’est trop froidddd ! » Shera gémit avec force.

« Vous devriez probablement savoir que les monstres à cet étage sont tous assez hauts en niveau, » déclara Diablo en haussant les épaules.

« Eeehhhhh !? » Shera se couvrit la bouche des deux mains, paniquée. Il aurait probablement été trop tard pour s’en inquiéter, mais les monstres ne les attaqueraient pas ici.

« ... Je crois que j’entends quelque chose. » Les oreilles du chat de Rem tremblaient.

 

La musique jouait venant depuis l’intérieur du donjon.

 

C’était une chanson d’idole, rythmée, et avec en plus, des voix. Il s’agissait du thème musical de SisCarn, qui avait été mis en œuvre dans le jeu comme une musique d’ambiance pendant le collab, et qui avait reçu un grand soutien passionné de la part de certains des joueurs. Cette chanson était jouée, en ce moment même, dans le donjon.

Et, dansant au rythme de la chanson — .

« Qu’est-ce que c’est que ça ? » s’exclama Shera. « Les monstres... dansent ? » Ses yeux s’étaient écarquillé en raison de l’étonnement.

Il s’agissait de monstres géants recouverts d’une fourrure duveteuse : des « Jeagers Blancs », une version plus forte du « Yeti ». Ils étaient une trentaine à former un cercle sur le passage étroit, dansant en rond au rythme de la musique.

Bien qu’ils aient pu paraître stupides, ils étaient des monstres de niveau 93. En plus d’avoir des PV élevés, ils étaient imperméables aux dommages causés par les armes normales et avaient une résistance magique élevée. Si Diablo était en pleine forme, ils ne poseraient pas de problème, mais il était à court de PV, de PM et de potions de récupération pour le moment. Franchement, il préférait éviter le combat ici si possible.

« ... À en juger par les autres étages, ce niveau n’est pas aussi simple que de battre les monstres, n’est-ce pas ? » demanda Rem.

« Alors tu l’as remarquée, » déclara Diablo.

Diablo savait, bien sûr, et aurait pu l’expliquer tout de suite. Mais en tant que créateur du donjon, il était curieux de voir si les autres allaient comprendre son plan.

« ... Il manque quelques espaces dans le cercle, » déclara Rem.

« Hm. »

« ... Et est-on censés les traverser ? Non... dans ce cas, pourquoi danseraient-ils ? » demanda Rem.

« Hmhmhm. »

« ... Sommes-nous censés rejoindre le cercle des monstres et danser avec eux ? » demanda Rem.

« Ah, tu l’as compris plus vite que je ne le pensais, » déclara Diablo.

L’expression de Rem avait pris une teinte exaspérée. « Celui qui a fait ce donjon a peut-être des pouvoirs divins, mais sa façon de penser est étonnamment enfantine. Quel est l’intérêt de cette bouffonnerie ? »

« Argh !? »

Ses paroles avaient percuté Diablo, infligeant des dommages psychologiques.

« Mais ça va être marrant. J’aime ça ! Je pense que danser et chanter sont beaucoup plus amusants que les épées et la magie, » déclara Shera en riant.

« ... Quand nous serons de retour en ville, va donc retirer ta licence d’aventurier et tu pourrais plutôt travailler comme danseuse, » déclara Rem.

« Je ne veux pas..., » répondit Shera.

Lumachina hocha la tête. « Je préfère aussi ce genre de truc au combat. On risque moins d’être blessés, non ? »

« Je ne serais pas si optimiste ! » Horn secoua la tête, montrant les monstres du doigt. « Ces types sont super forts ! Les Jeagers Blancs vivent dans les montagnes du nord, mais j’ai entendu dire que ce sont des créatures incroyablement sauvages qui ont détruit un des pays du nord ! S’ils nous attaquent, nous serons c-c-c-c-c-condamnés ! »

« ... Ils vont probablement nous attaquer si on se trompe de danse, » déclara Rem en hochant la tête solennellement.

« S’est-il passé quelque chose ? » Shera tourna soudain son regard vers Diablo et inclina curieusement la tête. « Vous avez l’air de vous amuser. »

Diablo avait raidi rapidement son expression, paniquant intérieurement. Voir les autres résoudre son puzzle était si amusant qu’il avait souri sans s’en rendre compte.

« N’y fais pas attention. L’astuce à ce niveau est comme tu l’as supposé. Allons-y, vous allez tous devoir mémoriser la danse. Le rythme se répète pendant un certain temps, mais restez attentif lorsque le rythme change, » déclara Diablo.

« Oui ! Je ferai de mon mieux. » Rem fit un signe de tête avec une expression sévère.

« Super ! Ça va être amusant ! » Shera avait levé les deux mains en l’air.

« Veillez sur nous, mon Seigneur..., » Lumachina avait fait le signe sacré devant sa poitrine.

« Hehe, je suis bon quand il s’agit de mémoriser des choses ! Je suis un Roublard, après tout ! » proclama Horn avec confiance.

 

Diablo avait commencé à les diriger, applaudissant tout le temps.

« Un-deux, un-deux, tourne à droite ! Un pas, un pas, saute ! Oui, c’est très bien. N’oublie pas de sourire, Rem ! » déclara Diablo.

« Oui, Diablo ! » déclara Rem.

« Je suis le “producteur” maintenant ! Appelle-moi comme ça, » déclara Diablo.

« H-Huh ? O-Oui, P-Pro... Producteur ? » demanda Rem.

« Tu prends du retard, Horn ! Attention à la foulée quand tu marches ! » déclara Diablo.

« D’accord, Patron ! »

Rem n’avait aucune expérience en matière de danse, mais ses capacités athlétiques étaient superbes, et elle était brillante, elle aussi, alors elle s’y était habituée assez facilement.

Shera adorait chanter et danser, alors elle l’avait mémorisée assez vite. Elle chantait déjà en dansant, et elle était assez douée pour faire honte à de vraies idoles.

Lumachina aurait dû se débattre étant donné sa condition physique, mais comme les rituels de Grande Prêtresse incluaient de la danse, sa performance avait une touche sublime et solennelle.

L’apparence jeune de Horn donnait l’impression qu’il jouait plus comme un enfant que comme un danseur... mais ses mouvements n’étaient pas mauvais.

« Bien, » Diablo avait fait un signe de tête fort.

« Ah... Ah... Est-il enfin temps, Producteur ? » demanda Horn.

« En effet ! C’est l’heure de le faire pour de vrai. Un spectacle en direct ! Éblouissez ce public monstrueux avec votre danse sincère ! » déclara Diablo.

« D’accord ! » Les quatre individus l’avaient dit à l’unisson, avec Horn ajoutant un « Patron » à la fin.

 

Une fois la chanson arrêtée, ils avaient tous sauté sur le ring, et tous les cinq occupant des places vides dans le cercle. Les regards des Jeagers Blancs s’étaient tous fixés sur eux, comme pour demander : « Qu’est-ce que c’est que ces imbéciles ? »

Mais les monstres ne les attaquaient pas, mais les observaient prudemment.

L’intro de la chanson avait recommencé une fois de plus, et le rideau s’était levé sur leur performance en direct.

La voix de Shera résonnait de l’autre côté du ring. Cela s’était mêlé au chant des idoles, ne manquant jamais un battement et certainement pas d’être en reste.

Puis vint la première pose.

Ils levèrent une main et firent un pas vers la droite. Un tour dans le sens des aiguilles d’une montre. Tournez-vous vers la gauche, les jambes vers l’avant, puis en arrière, en avant puis en arrière, un-deux.

Dans le jeu, c’était une combinaison de commandes de pose et de commandes de mouvement, mais ici, il fallait vraiment danser. Grâce aux capacités athlétiques de son corps, Diablo avait été capable de suivre, mais les mouvements étaient assez compliqués.

Lumachina, qui était loin d’être en pleine forme, était essoufflée, mais ils ne pouvaient pas l’aider. Rem la regarda avec inquiétude, mais elle répondit avec un sourire, comme pour dire : « Je vais bien ! »

Le chant de Shera se répandit plus clairement à travers la pièce, comme pour stimuler ses deux amies. Au fur et à mesure que son chant résonnait, sa danse devenait encore plus gracieuse. Elle était bien meilleure que lorsqu’ils s’étaient entraînés, si bien que Diablo avait eu la chair de poule rien qu’en la regardant.

Les yeux des Jeagers Blancs étaient fixés sur Shera.

Après Shera, la danse de Rem et Lumachina s’était aussi considérablement améliorée, elles se plaçaient dans le rythme de la musique. Diablo et Horn avaient du mal à les suivre.

La danse touchait rapidement à sa fin. À ce moment-là, ils ne dansaient plus tellement sur un ring. Shera, Rem et Lumachina étaient les principales attractions, tous les autres étant leurs danseurs remplaçants.

Alors qu’ils approchaient du dernier changement de tonalité, Diablo s’était retrouvé hypnotisé par les filles.

La chanson s’était terminée. Shera s’était figée, son corps dans une pose de finition, comme si un projecteur brillait sur elle.

 

 

Rem et Lumachina respiraient fortement.

« Ah... haha, haha... S-Stupide Shera... Qu’est-ce qui t’a... rendue si excitée pour... ? » demanda Rem.

« Teehee, c’était amusant, non ? » demanda Shera.

« Ah... ha... He… he… He... C’était... horrible... mais... c’était aussi très amusant. Je n’ai jamais... imaginé que danser... était si amusant... auparavant..., » déclara Lumachina.

Lumachina enlaça Shera.

 

« Oooooooooooooooooooh !! »

Soudain, les Jeagers Blancs se mirent à rugir. Ils n’auraient pas dû réagir si vous aviez bien dansé.

— A-t-on foiré quelque part ? Se demanda-t-il.

« … core! … core! … core! »

Ils semblaient répéter quelque chose. Diablo avait tendu les oreilles pour écouter plus attentivement.

« Encore ! Encore ! Encore ! »

Il n’en croyait pas ses oreilles, les monstres... demandaient une nouvelle tournée... ? Certains d’entre eux essuyaient même les larmes de leurs yeux.

S’ils se produisaient à nouveau, cela ne ferait que les ramener là où ils avaient commencé, et ils n’en avaient pas les moyens. Ils voulaient en finir ici, mais — .

Les Jeagers Blancs avaient fusillé du regard une partie du ring.

Horn était tombé par terre.

« J-J-J’étais... Je ne pouvais pas quitter Shera des yeux..., » déclarera Horn.

Apparemment, il avait raté la dernière étape et s’était heurté à un Jeager Blanc qui se tenait à côté de lui.

La haine des monstres était fixée sur Horn, mais ils ne pouvaient pas le laisser derrière eux...

Diablo avait sorti le Bâton de Tenma de sa poche.

« Horn, cours ! “Blizzard en Croix” !! »

Il s’agissait d’un sort d’eau et de vent de niveau 110. Deux tornades apparaissaient, gelant tout ce qui était en contact avec elles et brisant ce qui était gelé par des frappes de vent.

Les Jeagers Blancs étaient devenus des statues de glace et s’étaient brisés — ou du moins, ils auraient dû le faire. Ce qui s’était brisé, ce n’était qu’une couche de fourrure, alors que leurs corps n’avaient subi aucun dommage important. Le sort n’avait fait que les ralentir et leur cacher temporairement le groupe.

« Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaah !! » Horn s’était faufillé entre les monstres, se frayant un chemin entre leurs corps massifs.

« Vite ! Vite ! » Diablo avait montré la sortie.

« Dépêche-toi ! » Shera lui fit signe de la main.

« C’est... lourd... ! » Rem avait ouvert la porte de fer de toutes ses forces, poussant Lumachina, qui ne pouvait qu’attendre avec anxiété, de l’autre côté.

« Hya !? » s’écria Lumachina.

« Shera, toi aussi, vas-y ! » déclara Rem.

« D-D’accord ! » déclara Shera.

Horn avait finalement atteint la sortie, tâtonnant sur lui-même tout le temps, et traversa la porte de l’escalier.

« Diablooo ! » cria Rem.

« Hm ! »

Juste au moment où ils allaient le sortir de là, quelque chose s’était écrasé contre son dos.

— Oh merde... ! pensa-t-il.

Sa tête avait rattrapé le temps perdu, mais son corps était trop lent pour réagir. C’était peut-être la fatigue qu’il avait accumulée en passant de la chaleur accablante au froid glacial, mais il ne pouvait pas l’éviter.

Quelque chose l’avait touché dans le dos et l’avait fait tomber.

C’était une boule de neige, on aurait dit qu’elle était faite de morceaux de glace pressés les uns contre les autres.

La réduction des dommages produite par sa cape était en vigueur, mais la boule de neige avait quand même effectué suffisamment de dommages pour qu’il ne puisse tout simplement pas l’ignorer.

C’étaient des monstres de niveau 93, donc ce n’était pas rien.

Une boule de neige m’a blessé ? Vraiment !? se demanda-t-il.

Il avait du mal à respirer, car la boule l’avait frappé dans le dos. Mais il n’avait pas les moyens de rester en place, car d’autres boules de neige s’envolaient vers lui. Il devait les éviter d’une façon ou d’une autre, mais les Jeagers Blancs n’allaient pas lui permettre de retourner jusqu’à la porte. Leur tir constant bloquait son chemin vers la sortie alors que les monstres s’approchaient de lui.

Si une bande de monstres de haut niveau se liguaient contre lui comme ça, alors il y avait une chance qu’il puisse mourir.

Il entendait Rem crier et l’appeler depuis la sortie. Il avait simplement laissé ses lèvres se recroqueviller en souriant.

« Le temps est écoulé, » déclara-t-il.

L’intro de la chanson avait recommencé à jouer.

L’attaque des Jeagers Blancs s’était arrêtée alors qu’ils retournaient sur leurs positions avec une certaine excitation, formant une fois de plus un anneau.

Diablo se dirigea rapidement vers la porte, retrouvant ses compagnons.

Ainsi, la chanson suivante avait commencé...

***

Partie 2

Le sixième niveau — .

« À la recherche d’un repas dans un donjon... »

Ce niveau était une forêt emplie d’une dense végétation. Dans tous les cas, il ne faisait pas particulièrement chaud ou froid. Il y avait aussi une rivière avec un ruisseau calme, que Diablo et son groupe utilisaient pour remplir leurs gourdes.

 

« Je suis désolé..., » Horn avait l’air en colère de lui-même. « J’étais tellement impressionné que mon premier pas n’était pas assez long... L-La prochaine fois ! Je l’aurai la prochaine fois, Producteur-Patron ! »

— Nous sommes déjà passés à autre chose ! pensa Diablo.

Diablo haussa les épaules. « N’y fais pas attention. »

« Je vous promets que je serai d’une grande aide ! » déclara Horn.

« ... Tu n’as vraiment pas besoin d’essayer si fort. » Rem soupira légèrement. « Ne nous cause pas plus d’ennuis. »

Ses mots de consolation étaient plus profonds que des couteaux, tranchants et amers.

« C’est bon, ne t’inquiète pas. Nous allons tous bien et c’est ce qui compte. Je suis sûre qu’on s’en sortira quoiqu’il arrive, » déclara Shera en souriant.

Ses tentatives d’encouragement étaient plus infondées que jamais.

Lumachina acquiesça d’un signe de tête. « On n’est arrivés jusqu’ici qu’avec votre aide, Horn. Ne vous découragez pas. »

« D-D’accord ! Quel que soit le monstre qui nous viendra après ça, je le détruirai ! » Horn avait dit cela avec plus d’enthousiasme que jamais auparavant.

« Eh bien, voilà ton monstre. » Diablo avait pointé vers l’avant.

 

C’était un crabe géant, d’une trentaine de mètres de haut, qui montait la garde devant la porte.

 

Le « Grand Crabe » était un monstre de niveau 99 qui se classait parmi les meilleurs en matière de robustesse et de défense, avec des pinces assez fortes pour couper en deux l’armure d’un chevalier. Il était aussi étonnamment agile avec ses huit pattes, et avait une attaque d’haleine mousseuse capable d’empoisonner ceux qui étaient touchés. C’était un monstre aquatique, mais il était en vérité plus dangereux sur terre.

Horn était sur le point de charger le monstre, mais Diablo l’avait attrapé par le col.

« Tu vas mourir, » déclara Diablo.

« Est-ce trop foooort !? » demanda Horn.

Son poignard était une arme de Rang N sans enchantement, c’était en vérité que de la ferraille. Cela ne causerait pas un seul point de dommage au Grand Crabe, et même si Horn était agile pour quelqu’un qui était au niveau 20, il ne serait toujours pas assez rapide pour éviter une attaque d’un monstre de niveau 99. Sa charge se terminait seulement par le fait qu’il ne ferait aucun dommage, puis qu’il se ferait trancher en deux par les pinces du crabe.

Pendant qu’ils se disputaient, le monstre, qui serait normalement incapable de parler, avait commencé à parler :

 

« Offrez-moi un hommage, mes petits ! » déclara le crabe.

 

« J-Je crois que le crabe vient de parler ! » dit Shera, les yeux écarquillés par le choc.

« ... C’est probablement l’un des défis du donjon, tout comme les énigmes. » Rem secoua la tête. « Je ne peux pas dire que j’apprécie l’attitude condescendante, mais... qu’entendait-il par “hommage” ? »

 

« Offrez-moi l’hommage d’un succulent poulet grillé aux herbes et d’une soupe aux sept herbes parfumée ! » déclara le crabe.

 

« ... C’est terriblement précis, » dit Rem, en plissant les yeux.

Shera avait incliné la tête. « C’est comme si c’était en vérité une commande dans un restaurant... »

 

« Et il a aussi commandé à boire, » déclara Rem.

 

On aurait dit qu’il commandait dans un resto.

« Donc, en d’autres termes, nous allons cuisiner cette fois ? » Lumachina avait réuni ses mains.

« ... Il semblerait que oui. C’est un puzzle aussi absurde que jamais, mais je suppose qu’il est préférable que d’avoir à se battre, » déclara Rem, en surveillant leur environnement.

La roche constituant le plafond était luminescente, éclairant la zone comme si le soleil brillait sur eux. Tout autour d’eux, il y avait une forêt, et ils pouvaient discerner les bruissements de la rivière et le chant des oiseaux au loin.

« ... Je suppose que nous sommes censés cuisiner avec ça, » déclara Rem.

Un récipient en métal était placé sur un rocher lisse, à côté duquel se trouvaient des assiettes et une poêle à frire.

« J’ai un peu faim, maintenant que tu le dis..., » Shera se frotta le ventre d’un air maussade.

« ... Se reposer ici peut être une bonne idée. Après tout, mourir de faim ne nous servira à rien, » déclara Rem.

« Je suis d’accord. » Lumachina hocha la tête. « Dieu m’a dit que nous ne devons pas mourir ici. »

« Cuisiner, hein ! Laissez-moi m’occuper des outils ! » Horn serra les poings avec enthousiasme.

Avec cette situation, il était devenu évident que c’était un niveau où ils devaient préparer la nourriture que le crabe avait commandée. S’ils réussissaient, le Grand Crabe se retirerait de leur chemin et leur permettrait de passer au niveau suivant.

« Il a commandé deux choses, » déclara Rem, levant deux doigts. « Du poulet grillé et de la soupe... Mais je me demande ce qu’on entend par “grillé aux herbes” et “sept herbes” ? » Elle avait jeté un coup d’œil à Diablo.

— Peut-être que ces plats n’existent pas dans ce monde ? Se demanda-t-il.

« Un poulet grillé aux herbes est un poulet rôti saupoudré d’herbes. Les “sept herbes” font référence à un groupe d’herbes appelées les “herbes du printemps”. Vous pouvez considérer que toutes les herbes que vous trouverez à cet étage appartiennent à cette catégorie, » déclara Diablo.

« ... Je vois. On va donc cueillir des herbes dans cette forêt et préparer la soupe en même temps. Ce qui me rappelle... vous tous, à quel point êtes-vous doué en cuisine ? » demanda Rem.

C’était techniquement la première fois qu’il devait cuisiner. Ils avaient déjà fait quelques excursions d’une journée autour de Faltra, mais ces excursions étaient assez courtes pour qu’ils puissent se contenter de la nourriture qu’ils avaient dans leurs sacs. Ils utilisaient toujours les restaurants autour de l’« Auberge de la Tranquilité de l’Esprit » à l’heure des grands repas. Et quand ils dormaient dehors, ils ne faisaient que du rôti de bœuf séché et des patates douces.

« ... J’avoue que je ne suis pas très douée en cuisine, » expliqua Rem à propos de l’étendue de ses propres compétences. « Je préfère manger de la viande crue. »

« Ça ne te fait pas mal au ventre ? » demanda Shera, surprise.

« Un Panthérien n’aurait jamais mal à l’estomac en mangeant de la viande crue. » Rem avait gonflé sa poitrine de fierté.

« Vraiment !? » s’exclama Shera.

Les Panthériens étaient apparemment plus sauvages que Diablo ne le pensait.

« Je suis vraiment douée pour cueillir des baies ! » Shera avait levé les deux mains en l’air.

Les elfes vivaient dans d’abondantes forêts bénites par les dieux, qui leur fournissaient des fruits et des baies en cas de besoin.

— Inutile d’attendre d’elle des talents culinaires, pensa Diablo.

Un sourire éclatant jouait sur les lèvres de Lumachina. Une fille aussi bien informée et dévouée qu’elle serait sans doute très fiable dans cette situation.

« La nourriture n’apparaît-elle pas quand vous priez Dieu ? » demanda Lumachina.

— Oh, c’est vrai..., pensa-t-il.

Lumachina avait bel et bien vécu la vie d’une princesse authentique et protégée. La Grande Prêtresse devait passer tout son temps dans un sanctuaire. Dans toutes les aventures qu’ils avaient vécues jusqu’à présent, ils avaient mangé des conserves, donc Diablo ne pouvait pas le dire, mais... apparemment, Lumachina n’avait aucune compétence quand il s’agissait de tâches domestiques.

« Elle est plus inutile que je ne le pensais..., » chuchota Diablo sous son souffle.

« ... Inutile, en effet, » déclara Rem.

« Tu es plutôt inutile, n’est-ce pas !? » demanda Shera.

« Quoi !? » Lumachina avait l’air d’avoir eu le cœur brisé.

« Vous pouvez me laisser faire la cuisine, ouais ! » Horn leva la main.

« Oh ? » demanda Rem.

Il semblait étonnamment fiable pour une fois. Mais compte tenu de tout ce qui s’était passé, Rem l’avait regardé d’un air suspicieux.

« ... Dis-tu que tu es doué pour cuisiner ? Alors, as-tu déjà fait du poulet grillé aux herbes ou de la soupe aux sept herbes ? » demanda Rem.

« Je ne l’ai pas fait, mais je sais comment griller des trucs ! Tout est délicieux une fois que tu l’as grillé ! » déclara Horn.

« ... Je m’en souviens maintenant. Tu as parlé de rôtir le tout sur une brochette... Rejetée. Va allumer le feu ou quelque chose comme ça, » déclara Rem.

« Mmmgh, » grogna Horn avec déception.

« Heehee, je peux compter sur toi pour préparer la cuisine ? » demanda Shera, posant une main sur l’épaule de Horn. « Rem et moi, on va ramasser ces sept herbes. »

« C-C’est sûr ! Vous pouvez compter sur moi ! » Horn se frappa la poitrine dans un geste rassurant.

« Hmm ! Alors, qu’est-ce que je dois faire ? » Lumachina inclina sa tête de façon interrogative.

« ... Tu pourrais prier... Ou, non, tu peux te charger de faire la vaisselle et du pot, » déclara Rem.

« Très bien ! Je ferai de mon mieux ! » Lumachina avait souri, heureuse d’avoir obtenu un rôle. « Je vais chercher de l’eau, d’accord ? »

Même si la vie de Lumachina était en jeu, Rem et Shera étaient toujours très affirmatives.

« ... Alors, allons-y, Diablo, » déclara Rem.

« Hein ? » Il prononça avec sa voix naturelle sans s’en rendre compte.

En regardant les filles alors qu’elles s’étaient parlé ainsi, il était revenu au mode « mes camarades de classe sont tous pris dans leur discussion et je n’arrive pas à trouver un moyen de m’impliquer. »

Les vieilles habitudes étaient certainement difficiles à faire disparaître...

« D’accord, tu peux parler. » Diablo s’était corrigé, cette fois sur un ton plus digne d’un Seigneur Démon.

Rem inclina la tête, perplexe, mais continua quand même.

« Nous ne savons pas à quoi ressemblent les sept herbes. Vous devrez nous dire lesquels sont les bonnes herbes, et nous les choisirons, » déclara Rem.

« Cela me va, » déclara Diablo.

Il ne les avait jamais vues que sous forme d’icônes et de graphiques, il n’était donc pas sûr de pouvoir les reconnaître alors qu’elles poussaient dans une forêt. Même s’il n’avait pas beaucoup d’assurance, il devait quand même essayer.

Dans le Croisement de la Rêverie, Diablo n’avait jamais acquis la sous-classe « Chef ». Il ne pouvait pas s’attendre à faire le même genre de cascades impressionnantes que lorsqu’il combinait des objets pour des potions. En plus, il était du genre à dire : « Cuisiner ? Je peux réchauffer un surgelé, où est le micro-ondes ? »

— Mémoire, au travail ! Je dois me rappeler à quoi ressemblaient ces objets ! pensa-t-il.

D’habitude, on ne pouvait pas les trouver tous au même endroit, mais cette forêt aurait dû contenir les sept herbes qui convenaient.

Entre des touffes de plantes rouges et bleues suspectes, ils avaient pu trouver une herbe verte.

« C’est l’un d’eux, une bourse-à-pasteur [1]. Ou attends, c’est peut-être du lampsane commune ? Quoi qu’il en soit, c’est l’une des sept herbes, » déclara Diablo.

« Compris, » Rem avait ramassé les feuilles épaisses du sol.

« Regardez, regardez, Diablo ! J’ai trouvé du basilic ! » déclara Shera.

« Bien, » déclara Diablo.

Il ne l’avait jamais vu auparavant, mais dans le jeu, il était simplement décrit comme une « herbe fraîche ». Ils en auraient besoin pour faire le « succulent poulet grillé aux herbes » demandées.

Quand il avait fait le donjon, il l’avait réglé de façon à ce que la collecte des ingrédients soit facile. Grâce à cela, trouver toutes les herbes dont ils avaient besoin était assez simple.

 

☆☆☆

 

« ... Cela devrait suffire pour les sept herbes, » déclara Rem, en comptant les herbes qu’ils avaient ramassées. « Il nous faut maintenant juste de la viande de poulet. »

« Que devrions-nous faire ? » demanda Shera.

« ... Et si tu nous donnais ton invocation ? » demanda Rem.

« T-Tu ne peux pas manger ma “Dinde Tireuse” ! » s’écria Shera.

« ... Je plaisantais, c’est tout. Si nous essayions de le cuire, elle redeviendrait un cristal — ah ! Shera, regarde ça ! » déclara Rem.

Au moment où Rem avait pointé du doigt, l’arc de Shera était déjà tendu et prêt à tirer. Elles avaient repéré un poulet rond et dodu dans la végétation, un poulet dont la masse pouvait certainement produire assez de viande pour un petit groupe.

Mais il y avait un problème...

« Non, tu vas le pétrifier ! » s’exclama Diablo.

« C’est vrai ! » déclara Shera.

L’arc noir de Shera avait été enchanté par le Seigneur-Démon Krebskulm, et infligeait une « Pétrification » à toute cible qu’il touchait. La durée de l’effet était inconnue.

Shera avait lâché une flèche.

— Si elle frappe le poulet et qu’il se transforme en pierre, ce ne serait pas inutile !? se demanda-t-il.

C’est du moins ce que Diablo pensait : la flèche de Shera avait heurté une branche qui se trouvait juste au-dessus du poulet et l’avait fait tomber. La branche pétrifiée s’était écrasée sur la tête du poulet, et avec un « Hurlement !! », l’oiseau avait perdu connaissance.

Rem soupira. « Bien joué. »

« Je l’ai fait ! » s’écria Shera.

« ... C’est vraiment le travail d’un archer de haut niveau, » déclara Rem.

« Je suis une Invocatrice ! » Shera boudait, ses lèvres formant une ligne grincheuse et horizontale.

Mais même Diablo avait dû reconnaître qu’elle était une superbe Archère, une Archère qui ferait un attaquant d’arrière-garde fiable.

 

☆☆☆

 

Rem avait commencé à dépouiller habilement le poulet et, après l’avoir coupé en morceaux, elle l’avait placé sur un pic.

« Qu’est-ce que tu fais ? » demanda Shera en penchant la tête.

« ... Cela devrait rendre la viande plus tendre. Après tout, le crabe a commandé un poulet “succulent”, » répondit Rem.

« Oh, je vois, je vois, » répondit Shera.

« ... Personnellement, je pense que c’est aussi bon que ça... en parlant de ma préférence personnelle, » dit Rem, ramassant la viande avec une pointe de déception.

Diablo avait frotté du sel et du poivre des deux côtés de la viande. Il s’était dit qu’en le salant, cela se passerait bien, étant donné la montée de sueur qu’ils avaient eue plus tôt.

Le Grand Crabe avait commandé la nourriture, mais ils avaient décidé d’en faire pour eux aussi. Contrairement au jeu, dans ce monde, vous pourriez avoir faim et ne pas pouvoir bouger sans avoir eu de nourriture.

Il avait étalé les herbes que Shera avait trouvées sous la peau, et les avait enfoncées avec ses mains. La peau avait été coupée pour qu’il puisse facilement farcir le poulet.

« Savez-vous cuisiner, Diablo ? » demanda Rem, visiblement impressionnée.

« J’ai lu ça dans un mang — uhhhh, c’est parce que je suis un Seigneur Démon ! Évidemment ! » déclara Diablo.

« Je... vois... Vous connaissez bien des choses. J’aimerais pouvoir élargir mes horizons comme ça aussi, » déclara Rem.

Il se trouvait que c’était un plat qui était apparu dans un manga qu’il lisait au moment où il faisait le donjon. Quoi qu’il en soit, c’était quand même la première fois qu’il y arrivait.

Le plus dur, c’était de le faire frire à la poêle.

Des brindilles avaient allumé le feu sous le poêle que Horn avait préparé, et le feu n’était pas aussi stable que celui que vous obtiendriez d’un brûleur à gaz.

Ils avaient commencé par rôtir le côté garni d’herbes, en s’assurant de le soulever de temps en temps pour éviter qu’il ne brûle. Si le feu était trop fort, il brûlerait les aliments et la chaleur n’atteindrait pas le centre de la viande. Mais s’ils maintenaient le feu trop bas, cela prendrait beaucoup plus de temps à cuire et la viande durcirait. S’assurer que la chaleur atteignait la poêle à frire de la bonne façon était un travail difficile.

Après avoir fait frire le côté peau, ils avaient retourné la viande pour faire frire l’autre côté également. L’odeur des herbes remplissait leurs narines, et ils pouvaient même voir la bouche de Horn qui avait l’eau à la bouche en voyant à quel point elle avait l’air savoureuse.

« Incroyable ! C’est génial ! » s’écria Horn.

« Comment avance la soupe ? » demanda Rem.

Lumachina était sur le point de prendre une gorgée pour la tester. « L’assaisonnement est parfait. Je pense qu’un bouillon de poisson serait plus savoureux, mais quand même. »

« Si c’est prêt, alors c’est suffisant, » déclara Rem.

 

☆☆☆

 

Ils avaient déposé le repas dans les assiettes. Après que Lumachina eut rendu grâce à Dieu pour le repas, il était temps de manger.

« C’est tellement bon !! » Horn s’écria de joie.

« C’est vraiment délicieux, » déclara Lumachina, en coupant élégamment le poulet grillé aux herbes et en le portant à sa bouche en petits morceaux nets. Son expression s’illuminait à chaque bouchée qu’elle prenait.

« ... Le simple fait d’appeler ça une friandise ne lui rendrait pas justice. » Rem grignotait sa propre portion en entier, sans la couper en morceaux.

« C’est super délicieux ! Je pense que c’est la viande la plus délicieuse que j’ai jamais mangée ! » Même Shera, qui préférait les légumes à la viande, le louait.

Diablo avait mordu dedans. L’odeur des herbes et le jus de la viande étaient impeccables. La viande de poulet remplissait sa bouche d’une délicieuse saveur pendant qu’il la mastiquait.

« Bien..., » feignant le calme, il murmura ce mot, mais dans son esprit, il applaudissait.

— Hm. Nous venons de le faire pour la première fois, mais j’ai l’impression que la prochaine fois, nous pourrons faire encore mieux. Si nous le faisons cuire sous une cuisinière avec un feu stable, nous pourrions le faire frire plus facilement et le rendre plus parfumé, pensa Diablo.

Il n’y avait pas d’écran de statut dans ce monde, mais si c’était comme dans le Croisement de la Rêverie, Diablo aurait-il atteint le niveau 1 dans la sous-classe Chef ? Il avait eu l’impression qu’il l’avait fait.

« Comparée au poulet grillé aux herbes, la soupe serait probablement décevante, » déclara Lumachina, un peu déprimée.

« Hahahaha, c’est toujours bon, mais oui, » Shera était d’accord.

Lumachina n’avait aucune compétence en cuisine, mais bien qu’elle ait vécu dans le luxe jusqu’à présent, elle était une bonne juge de la saveur.

« Les sept herbes et l’assaisonnement sont parfaits, mais... il manque quelque chose. Je suppose qu’un bouillon de viande ou de poisson serait vraiment plus savoureux... La soupe n’est pas à la hauteur, » déclara Rem.

« Je pense qu’il a besoin d’une garniture tendre pour ça ? » Shera était aussi curieusement une connaisseuse, vu sa gloutonnerie.

Diablo avait aussi goûté la soupe. « Hm... ? C’est pas mal, mais il manque un peu... de saveur. »

« Mais si on y ajoutait le poulet, sa saveur dépasserait celle de la soupe. »

« Je pense que c’est savoureux... ? » Horn, qui n’avait pas beaucoup de sens du goût, n’avait pas l’air de s’en faire.

Rem, avec sa langue de chat sensible, avait soufflé sur la soupe pour la refroidir.

— Cette saveur... manquante..., pensa Diablo.

 

« Offrez-moi un hommage, mes petits ! » Le Grand Crabe s’écria de nouveau, toujours stationné devant la porte.

C’est vrai, ils avaient oublié que le crabe était celui qui avait commandé de la nourriture.

« Cette saveur manquante..., » chuchota Diablo sous son souffle.

 

☆☆☆

 

Dix minutes plus tard — .

« Comme c’est délicieux ! Je peux clairement dire que je n’ai jamais mangé de la soupe aussi bonne ! » s’exclama Lumachina joyeusement.

« C’est trop bon ! N’est-ce pas génial !? » Shera avait l’air contente aussi.

« C’est incroyable ! » Horn pleurait de gratitude et de joie. « Mes joues n’arrêtent pas de trembler... C’est comme ça que c’est quand quelque chose est si bon qu’il fond dans la bouche ! »

« ... Ce goût..., » Rem léchait le bol, apparemment en régression vers un enfant en bas âge.

« Oui, c’est ce que je pensais — rien ne vaut le ragoût de crabe ! » déclara Diablo.

 

Notes

  • 1 https://www.passeportsante.net/fr/Solutions/HerbierMedicinal/Plante.aspx?doc=bourse_pasteur_hm

***

Partie 3

Trois jours après être entré dans le donjon — .

Le groupe de Diablo avait atteint le neuvième niveau, qui avait à l’entrée, une « mise en garde face aux choses aériennes ».

Dans le jeu, un joueur pouvait franchir les treize étages en une heure et demie. Ici, en plus de franchir chaque niveau, la descente des escaliers leur coûtait aussi un temps précieux en plus de la traversée de chaque niveau individuel.

Et maintenant, la septième marque avait fait surface sur le corps de Lumachina, il n’en restait plus que deux.

Il n’y avait pas d’énigmes au treizième étage, il ne restait donc que quatre niveaux. D’après les calculs de Diablo, ils devraient pouvoir finir le donjon dans la journée.

« ... Je crois que j’entends le bruit d’une rivière. » Les oreilles félines de Rem frémissaient. « Une grosse, en plus. »

« Ça sent comme s’il y avait de l’eau à proximité, non ? » demanda Shera, reniflant l’air.

Diablo hocha la tête. « Pour franchir ce niveau, il faudra traverser un sentier étroit au bord de la falaise. Les monstres volants nous attaqueront au fur et à mesure. »

L’idée était que les aventuriers ne s’attendraient pas à voir des monstres voler dans un donjon et qu’ils seraient mal préparés à les affronter, ce qui entraînerait une bataille épuisante. Mais ça ne devrait pas être un problème avec ce groupe. Diablo avait à lui seul assez de puissance de feu pour éliminer les ennemis volants, et Shera pouvait utiliser son arc. Même s’ils devaient subir des dommages, Lumachina était aussi là pour les guérir.

Diablo, Rem, Lumachina, Horn, Shera s’étaient tous remis en formation dans cet ordre. De cette façon, les deux tireurs antiaériens étaient à l’avant et à l’arrière de la rangée, défendant le milieu.

« Attention où vous marchez, » prévient Diablo, avertissant tout le groupe.

Un ruisseau boueux sortait violemment sous la falaise, alors que le rugissement de l’eau résonnait dans leurs oreilles. Dans le jeu, tomber à l’eau et se faire emporter ne ferait que vous ramener au début du premier étage, mais Diablo savait à quel point ce monde pouvait être impitoyable quand il s’agissait de distance. S’ils tombaient en armure, il y avait de fortes chances qu’ils se noient jusqu’à en mourir.

« Tu devras être particulièrement prudent, Horn, » déclara Diablo.

« C’est compris, patron ! » déclara Horn.

 

☆☆☆

 

Comme Diablo l’avait conçu dans le jeu, il y avait une route assez large pour qu’une seule personne puisse marcher le long de la falaise, et malgré l’existence d’une falaise, elle était toujours dans le donjon. La montagne se trouvait à l’intérieur d’un creux spacieux. Le sentier étroit courait le long du mur, avec une source d’eau souterraine qui coulait sous la caverne.

Alors qu’ils commençaient à traverser, les monstres volants s’élancèrent en piqués, les ayant repérés.

« Whoa, ils arrivent ! » Shera avait poussé un petit cri.

Elle avait tiré une flèche, sa capacité de tir était certainement considérable, et l’arc était enchanté d’une puissante magie. Une seule égratignure de ses flèches avait pétrifié les monstres. Shera seule aurait probablement pu gérer toute la vague.

Il avait voulu préserver son mana, mais pour agir comme il se doit, Diablo avait aussi attaqué. Il avait montré la puissance du Bâton de Tenma.

« “Flèche de foudre” ! » déclara Diablo.

C’était un sort élémentaire de lumière qui tirait des projectiles de lumières. Il s’agissait de la version la mieux classée de « Flèche perçante ». Les flèches pénétrèrent facilement leurs cibles.

La force des monstres d’assaut et les schémas d’attaque étaient identiques à ceux dont il s’était souvenu les avoir mis en place. Tout se passait bien...

.. ou, cela aurait dû être ainsi.

 

☆☆☆

 

Un serpent ailé, un monstre que Diablo n’avait jamais vu auparavant les attaqua d’en haut.

— Attends, non... Je me souviens de ce monstre. N’est-ce pas une Invocation ? Se demanda-t-il.

En effet, il s’agissait d’une Invocation appelée « Ver volant ».

« Diablo ! Il y a un invocateur à cet étage ! » s’écria Rem.

« C’est ce qu’il semblerait ! » déclara Diablo.

S’ils vainquaient l’invocateur, l’invocation disparaîtrait. Mais même alors, ils ne pouvaient pas ignorer celui qui se trouvait juste devant eux.

Diablo avait pointé le Bâton de Tenma sur la bête.

« Explosion ! » déclara Diablo.

Une bouffée de fumée noire l’enveloppait. Mais à ce moment-là — .

Un « ver piégeur » avait jailli de l’étroit chemin, divisant le groupe en deux.

« Poussez-vous ! » Rem l’avait remarqué à un moment donné, repoussant Lumachina.

« Kya !? » Lumachina avait à peine réussi à rester équilibrée.

— Encore cette invocation !? Ne me dis pas que c’est le Paladin de la dernière fois ! Se demanda-t-il.

Après avoir évité l’attaque du ver, le groupe était divisé par le chemin maintenant détruit. D’un côté se trouvaient Diablo et Rem, de l’autre Lumachina, Shera et Horn.

L’adversaire ne voulait pas laisser passer cette opportunité.

« Ohohohohohohohoh ! Je te tiens maintenant ! »

Un homme vêtu d’une armure d’azur était apparu du trou que le ver avait creusé, son épée dégainée et prête.

« Gewalt !? » s’écria Lumachina.

Il s’agissait du Paladin qui avait essayé de tuer Lumachina près de Faltra. Dire qu’il l’aurait pourchassée jusqu’ici !

L’endroit où il était apparu était trop proche de Lumachina, privant ainsi Diablo de toute chance d’exercer sa magie. Diablo avait une pléthore de méthodes pour se défendre, mais aucun sort qui l’aiderait à protéger son groupe.

Rem, qui était une adepte du combat rapproché, était du côté de Diablo, et Shera venait juste de finir de descendre les autres monstres volants.

« Meurs au nom de ma généreuse récompense ! » Gewalt avait balancé son épée longue sur Lumachina.

« Ahhhh ! » Lumachina s’était raidie de terreur.

 

« Je ne vous laisserai pas faire ! » s’écria Horn.

 

Horn sauta vers l’avant, poussant Lumachina sur le côté. Si Horn avait essayé de brandir sa dague bon marché contre un guerrier de haut niveau comme Gewalt, le Paladin l’aurait abattu avec son arme puissante.

Sachant cela, Horn s’était jeté contre l’une des jambes de Gewalt. Normalement, tout ce qu’il aurait fait aurait été de faire perdre l’équilibre au Paladin, mais ils étaient sur un chemin étroit, et le terrier du ver-piégeur l’avait rendu encore plus petit.

« Quoiiii !? » La jambe du Paladin avait glissé hors du chemin. « Qu’est-ce que tu fais, petite merde !? » Gewalt poussa son épée vers Horn.

Une éclaboussure de sang s’était envolée dans l’air froid.

« Argh !? » Un petit cri s’échappa de ses lèvres, et Horn tomba dans la faille.

Diablo avait donné un coup de pied au sol, sautant en l’air pour aller vers lui.

« Rem, continue ! » s’exclama-t-il, n’ayant même pas le temps de confirmer si ses paroles lui étaient parvenues.

Avec le sifflement du vent dans les oreilles, il s’approcha rapidement du ruisseau violent.

 

« Diablo ! Diablooo ! » cria Rem.

 

Il pouvait entendre les lamentations douloureuses de Rem.

Gewalt fut le premier à tomber dans la rivière. Horn frappa l’eau avec une éclaboussure immédiatement après lui. Puis Diablo était tombé dedans, plongeant dans le ruisseau.

« Argh !? » Même son corps puissant et de haut niveau ne pouvait rien faire pour s’opposer à la force de l’eau, puisqu’il n’avait rien pour se préparer.

Il avait plongé sous l’eau, la jugeant un peu plus sûre par rapport à la surface de l’eau qui jaillissait.

En regardant plus loin dans le ruisseau...

— Le voilà ! pensa-t-il.

Horn s’enfonçait dans l’eau, alourdi par son armure.

Le paladin, avec son armure d’acier, aurait dû subir le même sort, mais on ne l’avait pas vu. Peut-être qu’il était plus bas dans le ruisseau.

Diablo n’avait pas eu le loisir de chercher Gewalt pour le moment. À la place, il avait nagé pour rejoindre Horn. Si c’était son vrai corps, il n’aurait jamais pu nager dans un courant aussi rapide, mais Diablo n’avait aucun doute dans son cœur qu’il pouvait le sauver tel qu’il était maintenant. C’était parce que, dans le Croisement de la Rêverie, Diablo avait appris la compétence « Action sous-marine ».

— Ne pense pas au comment ! Moins j’y pense, plus je pourrai utiliser mes capacités en jeu ! Je dois croire en moi... Non, je dois croire en Diablo ! Je rattraperai Horn, quoi qu’il arrive ! pensa Diablo.

Il avait tendu la main vers Horn, réduisant la distance. Il n’avait aucune idée de la façon dont il nageait comme ça, et pourtant...

Diablo avait saisi fermement la main de Horn.

***

Chapitre 4 : Sauver ses compagnons

Partie 1

Même Diablo, qui avait fait le donjon, ne savait pas où la rivière qui coulait à travers le niveau allait mener. Tout ce qu’il avait fait, c’était configurer une « voie navigable » dans le paysage du donjon. D’où venait l’eau et où elle allait n’étaient pas des choses qui le préoccupaient au moment de la création du donjon.

Il ne serait pas surpris si le ruisseau était réellement conjuré par magie, et disparaissait au bord de la grotte.

Mais l’eau du canal était réelle, et l’eau avait coulé jusqu’au bord de l’étage.

— Une cascade !? Se demanda-t-il.

Il était tombé en même temps que l’eau, et il s’agissait d’une chute si haute qu’il douterait de survivre s’il y avait des rochers à son arrivée. S’ils se séparaient à nouveau, il ne retrouverait probablement jamais Horn.

C’était dans cet état d’esprit que Diablo avait tenu le petit Marcheur des Herbes dans ses bras. Il n’avait pas le temps de mettre le Bâton de Tenma dans sa poche, alors il l’avait lâché, l’abandonnant au torrent écumant.

Puis, tout son sens de l’orientation avait quitté Diablo. Il avait tourné et s’était retourné dans l’eau, incapable de distinguer s’il faisait face vers le haut ou vers le bas.

— Je vais me noyer ! pensa Diablo.

L’anxiété et la panique menaçaient de l’emporter dans son esprit, mais sa technique d’action sous-marine avait agi à son plein effet. En stabilisant sa respiration, il avait regagné son centre de gravité. Tenant toujours Horn dans ses bras, Diablo avait donné un coup de pied contre l’eau, remontant à la surface à la nage.

 

« Aaah ! » il haleta quand sa tête transperça la surface de l’eau.

Ils étaient dans le bassin d’arrivée de la cascade. C’était situé dans les profondeurs d’une caverne spacieuse, et il avait à peu près la forme d’une flasque, donnant à Diablo l’impression qu’il était immergé dans l’eau au fond d’une tasse ou d’un bol.

Le ruisseau s’était calmé ici.

Alors qu’il mettait à nouveau en pratique sa technique d’action sous-marine, il avait nagé jusqu’au bord du bassin, plaçant Horn sur les rochers avant de grimper lui-même.

« Horn, vis-tu encore ? » demanda Diablo.

Horn, couché sur les roches sèches, n’avait fait aucune réponse. Il avait probablement bu en cours de route, parce que de l’eau s’échappait de sa bouche.

« Horn, réponds-moi ! » Diablo avait encore crié.

Il essayait de faire semblant d’être calme, mais il sentait son pouls s’accélérer chaque seconde. Un mauvais pressentiment était de s’agripper à son cœur. Il plaça une main sur les petites lèvres de Horn — et pouvait sentir sa respiration.

« Vivant... Tu es vivant ! » déclara Diablo.

Mais il était toujours inconscient.

— Et son pouls ? se demanda-t-il.

Il avait vérifié le poignet de Horn, mais il était trop paniqué pour vraiment le dire. Après quelques tentatives supplémentaires, il avait confirmé que Horn avait toujours un pouls.

— Son cœur fonctionne encore ! Il est vivant ! pensa Diablo.

Horn était un aventurier de niveau 20 et, fidèle à ce titre, était un combattant assez solide. Le fait d’être un Marcheur des Herbes très léger lui avait également sauvé la vie. Il semblait que pour l’instant, il s’était évanoui à cause du choc.

« Oh, Dieu merci..., » murmura Diablo.

Le soulagement avait empli Diablo. Avec Horn assommé, et comme il n’y avait personne d’autre autour de lui, Diablo avait parlé avec sa voix naturelle. Il s’était aussi retrouvé à rire de soulagement.

Il avait ensuite inspecté l’épaule de Horn, qui avait été poignardée par Gewalt.

« Hmm... Il saigne toujours, mais la blessure est superficielle. Je pense qu’elle se refermera d’elle-même si je la laisse telle quelle, » déclara Diablo.

Le fait d’avoir une potion de vie serait pratique à l’heure actuelle, mais Diablo avait dû les utiliser toutes avant d’entrer dans le donjon. La Couronne Déformante de Diablo avait un effet de régénération de la Vie, mais ne pouvait être équipée que de personnes de niveau 140 ou plus, il ne pouvait donc pas la prêter à Horn.

Soudain, il avait éternué.

« Merde, il fait si froid... C’est mauvais... Je vais bien parce que j’ai le “Rideau des Sombres Nuages”, mais..., » commença Diablo.

Son manteau le protégeait de tous les maux provoqués par des états, donc Diablo n’attrapait même pas froid avec ça. Mais Horn serait en danger comme ça.

Quelque chose qu’il avait lu une fois sur Internet lui était venu à l’esprit :

— Lorsque la température rectale d’un humain descend en dessous de 35 degrés Celsius, l’hypothermie s’installe, et rester trop longtemps dans cet état peut être mortel. Le fait de dormir l’été en portant des vêtements humides peut aussi faire baisser la température de votre corps au risque de mourir.

« Bon, je vais devoir m’occuper de sa blessure, donc je peux aussi bien enlever ses vêtements... Il faut aussi allumer un feu. Y a-t-il quelque chose que je puisse brûler... ? » demanda Diablo.

En regardant autour de lui, il ne voyait que des roches, des roches et encore plus de roches. De la mousse lumineuse poussait sur ces rochers où l’eau était entrée en contact avec eux. Grâce à cela, il ne faisait pas noir, mais ils ne voulaient pas brûler et ne pouvaient pas l’aider à allumer un feu. Il pouvait produire du feu avec sa magie, mais sans rien d’inflammable pour l’alimenter, ça ne durerait pas.

Depuis que son groupe était entré dans le donjon, il dépensait de plus en plus de Mana. Il n’y avait presque pas de temps pour les pauses, et il avait désespérément besoin de se rétablir. Il avait l’impression que s’il laissait son attention vaciller un peu, il s’endormirait à côté de Horn.

— Merde, toute ma motivation a disparu..., pensa-t-il.

Tout ressemblait à un énorme et fastidieux effort.

« Ah, peut-être que je peux juste faire une petite sieste..., » murmura Diablo.

Mais si Diablo n’agissait pas maintenant, Horn mourrait sous ses yeux.

« Non, bon sang non ! Je ne laisserai pas ça arriver ! Je suis peut-être une personne de merde, mais... Je ne peux pas le laisser mourir..., » déclara Diablo.

Il soupira désespérément, essayant de trouver quelque chose qu’il pourrait utiliser comme carburant.

« Bon sang... Je suppose que c’est tout ce que j’ai. »

Diablo enleva son Rideau des Sombres Nuages. Cela l’avait protégé des états et l’avait protégé de la mort en un seul coup, un objet de la classe SSR, rehaussé au plus haut niveau. Un joueur pouvait améliorer une pièce d’équipement jusqu’à sept niveaux, et un objet qui avait été amélioré tant de fois était considéré comme un « Rang EX » ou un « Septuple ». Diablo tenait un tel objet entre ses mains.

« Je ne vais pas mentir... J’étais plutôt attaché à toi... Mais il n’y a pas d’autre solution..., » déclara Diablo.

Aussi précieuse soit-elle pour lui, elle ne valait pas plus que la vie de quelqu’un.

« “Feu”, » Diablo chuchota son sort.

Naturellement, une fois qu’il l’avait enlevée, l’équipement n’accordait plus à Diablo les effets de ses enchantements. Comme c’était le cas maintenant, le Rideau des Sombres Nuages n’était rien de plus qu’un manteau humide.

Brûlées par des flammes magiques, les parties sèches du manteau avaient pris feu.

« Aaah... Il fait chaud, » murmura-t-il.

Il enleva alors sa tenue, l’« Abysse d’Ébène ». Le fait de garder ses vêtements mouillés l’exposait à un risque d’hypothermie, et la cape seule n’avait pas suffi à alimenter suffisamment le feu.

L’Abysse d’Ébène avait eu un effet de réduction des dégâts, et avait augmenté d’une manière importante ses stats de base.

Mais il avait gardé son pantalon. Être à poil quand il se serait regroupé avec Rem et les autres semblait être une mauvaise idée. Ça ne cadrerait certainement pas avec son rôle de Seigneur Démon.

« Exact, toujours pas assez... Je vais aussi devoir utiliser ton équipement, d’accord, Horn ? » déclara Diablo.

C’était inconfortable de devoir enlever les vêtements de quelqu’un d’autre.

« On est tous les deux des mecs, alors lâche-moi un peu, d’accord ? » déclara Diablo.

Le fait d’imaginer les protestations de Horn avait fait hésiter Diablo, mais... il s’était dit qu’il devrait compter sur son rôle de Seigneur-Démon pour s’en sortir et avait commencé à déshabiller Horn.

Il avait commencé avec la cape de Horn, un manteau normal sans enchantement. Il était aussi assez vieux et usé. Il espérait qu’il n’avait pas trop de valeur sentimentale pour Horn, mais il ne devrait pas valoir plus que sa propre vie... Du moins, il l’espérait.

Diablo avait ensuite enlevé la ceinture de la pochette sur la taille de Horn, ses bretelles puis ses épaulettes. Diablo ne pouvait pas le dire d’après les graphismes du jeu, mais apparemment de l’autre côté il y avait des pièces qui faisaient office de ceintures de cuir et un crochet utilisé pour les attacher. Rem avait une armure similaire, et après l’avoir vue l’enlever une fois, Diablo s’était souvenu de comment l’enlever.

Diablo avait alors commencé à enlever les vêtements mouillés de Horn. Son corps n’était pas seulement dépourvu de muscles, il avait même une certaine rondeur.

« Tu devrais travailler tes muscles, Horn. Même si tu es un Marcheur des Herbes, tu es toujours du genre guerrier, tu sais ? » déclara Diablo.

Après avoir complètement essoré la chemise, Diablo l’avait jetée dans le feu.

Il avait ensuite baissé le pantalon de Horn. Il utilisa les collants comme combustible, mais le fait de brûler les pantalons de Horn et de laisser Horn sans rien à porter lui faisait sentir toutes sortes de cruauté, alors pour l’instant, il les laissait juste sécher à sec. Laisser Horn nu dans le froid n’était pas bon, mais c’était quand même mieux que de le laisser dormir nu avec des vêtements froids.

« Attends..., » déclara Diablo.

Son regard était attiré par l’abdomen exposé de Horn. Il s’était efforcé de ne pas regarder, mais...

— Euh ?

 

Ce n’était pas là.

 

« Hmmm... ? » Un gémissement échappa aux lèvres de Horn alors qu’il s’asseyait et se frottait les yeux.

« Dieu merci, tu es vivant ! » C’était ce que Diablo ne pouvait pas dire, vu... les récents développements.

Horn était nu, Diablo tenait toujours le pantalon dans ses mains. Pour couronner le tout, ce qui aurait dû faire partie de l’entrejambe de Horn n’était pas là... Ce qui voulait dire que Horn n’était pas un « il », mais un...

— Les mâles Marcheurs des Herbes n’en ont-ils tout simplement pas !? Se demanda-t-il.

Diablo n’avait jamais rien entendu de tel.

Il s’était raidi, sentant des sueurs froides couler le long de sa colonne vertébrale. Horn, qui était encore dans les vapes jusqu’à présent, avait finalement réalisé dans quel état il se trouvait.

« Quoi !? Qu-Qu-Qu-Qu-Qu-Qu-Quoiiiiii... !? » Horn bégaya, devenant graduellement rouge au visage.

Diablo s’était levé avec le pantalon de Horn toujours dans ses mains.

 

« Hmph ! Tu es enfin revenu à la raison, espèce de mauviette ! » déclara-t-il d’une manière autoritaire et dominatrice. « Montre-moi toute ta gratitude, car ta vie a été sauvée en raison de la pitié du Seigneur Démon Diablo ! Ne t’y trompe pas, car ce n’était qu’un caprice de ma part, » déclara Diablo.

 

☆☆☆

« E-Euh !? Quoi !? » s’écria Horn.

« Les Races sont vraiment fragiles. Si tu dormais avec ces vêtements mouillés, tu mourrais sûrement ! C’est pour ça que je sèche tes vêtements... comme ça ! » déclara Diablo.

Diablo tordit le pantalon de Horn, faisant couler de l’eau du tissu sur le sol. Il les avait ensuite jetés dans le feu. Le tissu était vieux, mais brûlait assez bien.

— Oh, merde ! J’ai joué mon rôle et je l’ai fait maintenant ! Je voulais juste les enlever, pas les brûler ! pensa-t-il.

Étouffant son agitation intérieure, Diablo continua son rôle de Seigneur Démon.

« Hmph ! Tu ne prétendras quand même pas que tes vêtements valent plus que ta vie !? » déclara Diablo.

Accablée par la situation, Horn se tut, mais finit par réagir.

« Je... Je ne dirai pas ça... Après tout, rester en vie est... important..., » déclara Horn.

« Aussi longtemps que tu le comprends, c’est bien ! » déclara Diablo.

— Est-ce que j’ai vraiment réussi à m’en sortir en parlant !? Se demanda Diablo.

« M-Mais... J’ai juste été un peu surprise..., » déclara Horn, couvrant son corps extrêmement mince avec ses bras.

— Alors, on est deux ! pensa Diablo.

« N’y fais pas attention. Je suis après tout un Seigneur Démon. Ces détails insignifiants ne me dérangent pas, » déclara Diablo.

« O-Ouais, c’est vrai. Je parie que ça n’a pas d’importance pour vous si je suis un garçon ou une fille, Patron... Achoo ! » déclara Horn.

« Hm. Il semble que tu aies encore froid. Approche-toi, » déclara Diablo.

Diablo était assis près du feu de camp. Avec la disparition du Rideau des Sombres Nuages, il pourrait aussi tomber malade. Il faudrait qu’il soit prudent. Il avait sacrifié son équipement de haut rang, sans parler du pantalon de Horn, pour allumer ce feu, le moins qu’on puisse faire était de l’utiliser pour rester au chaud.

« Hmm... Est-ce que c’est vraiment bien... ? » Horn avait rougi jusqu’à ses oreilles de lapin.

« Arrête d’être modeste. Aurais-je plongé dans la rivière après toi si je n’avais pas eu l’intention de te sauver ? » demanda Diablo.

« J-Je suppose que non... Vraiment, merci... Vous m’avez sauvé, Patron..., » déclara Horn.

Horn se leva et se rapprocha. Il pensait qu’elle s’assiérait loin de lui, pour qu’ils entourent le feu de camp, mais au lieu de cela, elle s’était accroupie, assise juste à côté de lui.

— Euh ?

Il lui avait dit de « s’approcher », mais ne lui avait jamais dit de « s’approcher du feu de camp ».

Mais d’habitude, ne t’assiérais-tu pas près du feu ?

— Si elle est si gênée, pourquoi se blottit-elle contre moi comme ça ? Et en plus, n-n-n-nue..., pensa Diablo.

C’était Diablo qui l’avait déshabillée, et pourtant...

« Se blottir l’un contre l’autre quand il fait froid rend les choses plus chaudes, n’est-ce pas, Patron ? Je le faisais tout le temps avec ma famille..., » déclara Horn.

« V-Vraiment ? » demanda Diablo.

Il semblait un peu faux qu’un Seigneur Démon perde son sang-froid juste parce qu’une Marcheuse des Herbes, avec le physique d’un enfant, se blottissait contre lui.

— Attends, non. Un Seigneur Démon ne perdrait pas son sang-froid, peu importe qui se passe. Je dois rester au top de mon jeu d’acteur..., pensa Diablo.

Horn s’appuya contre lui. Son corps était glacial contre sa peau.

« Tu as encore froid, n’est-ce pas ? » demanda Diablo.

« Ah, ce n’est pas d’accord ? » Horn essaya de s’éloigner, mais Diablo l’attrapa et la prit dans ses bras.

« Encore une fois, cesse ta modestie inutile. Si tu attrapais froid, j’aurais allumé ce feu de camp pour rien, » déclara Diablo.

— J’ai dû brûler deux pièces d’équipement de rang EX pour ça, tu sais ? Et ton pantalon aussi..., pensa Diablo.

Horn était petite, son corps était petit, même comparé aux autres Marcheuses des Herbes, et elle était douce, elle aussi, comme un bébé lapin. Elle s’était tordue dans les bras de Diablo, comme si on la chatouillait.

« Il fait si chaud..., » murmura Horn.

« Tu aurais des ennuis si ce n’était pas le cas, » déclara Diablo.

« Hehe... »

Elle était nerveuse au début, mais avait fini par confier son corps à Diablo. Son petit dos nu avait appuyé contre sa peau, la chaleur revenant lentement dans son corps glacial. Diablo avait aussi senti son propre corps s’échauffer.

 

 

« Wôw... »

— Je suppose que d’une façon ou d’une autre, on s’en est sortis vivants..., pensa Diablo.

Horn avait couvert les mains de Diablo avec les siennes.

 

« Papa..., » murmura-t-elle.

 

« Quoi ? Qu’est-ce que tu viens juste de... ? » Diablo s’était raidi. Il avait difficilement réussi à faire sortir ces mots.

Réalisant un moment trop tard ce qu’elle venait de dire, Horn se leva dans la panique.

« Ah, non ! C’était... Ahhhh, Hmm ! C’était... du respect ! Ça veut dire que je vous respecte, en tant qu’aventurier ! Ce n’est donc pas ce que vous pensez ! » elle se hâta de répondre en bégayant.

« Je... Je comprends ! C’est bon, je comprends, alors arrête de gaspiller ton énergie précieuse pour ça ! » Diablo posa ses mains sur ses épaules pour la calmer.

« Uuuu., » Horn se recroquevilla, une fois de plus rouge jusqu’à ses oreilles duveteuses.

Diablo pouvait sentir le cœur de Horn battre plus vite à travers sa peau. Il s’était tu, se concentrant sur ce battement rythmique.

Mais en fait, il était aussi terriblement agité.

— P-P-P-P-Papa !? Quand ai-je eu le temps d’avoir un enfant ? Non non non non non, elle dit que c’est par respect, en tant qu’aventurier... mais est-ce que tu appellerais quelqu’un « papa » par respect ? Personne ne m’a jamais appelé comme ça avant ! Ai-je fait quelque chose pour qu’elle me fasse confiance à ce point !? Peut-être qu’elle m’a pris pour quelqu’un d’autre ! pensa Diablo.

Mais les mâles Marcheurs des Herbes, même s’ils étaient pères, avaient l’apparence physique d’enfants. Elle n’aurait jamais confondu Diablo avec un autre Marcheurs des Herbes, pas avec son physique.

— Mais peut-être que même les Marcheurs des Herbes se souvenaient que les mains de leurs pères étaient grandes, depuis leur plus jeune âge ? Ou peut-être qu’elle avait une autre signification attachée au mot « papa »... ? Non, pas possible, ce genre de culture n’existe pas dans ce monde..., pensa Diablo.

Il avait l’impression que son cerveau était en train de mijoter à cause de toutes les pensées qui se mélangeaient dans sa tête.

Alors que leurs deux visages devenaient rouges, ils s’étaient tus. Le temps s’écoula lentement...

***

Partie 2

Après s’être réchauffés, ils avaient finalement décidé qu’il était temps de bouger. Tout en utilisant les courants d’air pour les guider, ils s’enfoncèrent plus profondément dans le donjon. Le vent qui soufflait dans la grotte signifiait qu’elle devait provenir de la sortie, donc dans tous les cas, il ne devrait pas y avoir d’impasse.

— Je n’arrive pas à croire que je me suis retrouvé coincé dans mon propre donjon..., pensa Diablo.

Après avoir quitté le bassin de la chute d’eau, ils avaient trouvé un trou plus profond. Diablo n’avait que son pantalon et la ceinture à poches. Et même si cela n’allait pas vraiment l’aider, il avait le « Prototype de la Grande Faux » en main.

La faux de guerre pouvait sembler forte et intimidante, mais dans la pratique, elle était terriblement faible. C’était l’arme qu’il utilisait quand il essayait de se retenir contre un adversaire.

Horn était pratiquement nue, car tout ce qu’elle avait sur le corps était sa ceinture, ses bretelles et ses épaulettes. En appartenant à la race des Marcheurs des Herbes, elle avait le corps d’une enfant, quel que soit son âge réel, mais... Une fille avec un corps si plat et sans courbe, se promenant avec seulement une armure si réduite, était certainement le genre de chose que seules les personnes ayant certaines... inclinations trouveraient attirante. Si seulement elle avait encore son pantalon...

Attends, non, une fille aurait aussi besoin d’un haut, pensa Diablo.

Un homme grand, à moitié nu, se promenant avec une préadolescente pratiquement nue, était le genre de situation qui lui causerait d’énormes ennuis.

— Si j’avais su que c’était une fille, je n’aurais pas eu le courage de brûler ses vêtements..., pensa Diablo.

« Pourquoi t’es-tu habillée comme un homme ? » demanda Diablo, incapable de retenir la question plus longtemps.

« C’est, euhhhh..., » Horn s’était crispée alors que son expression se transformait en une expression de peur.

« Tu n’es pas obligé d’en parler si tu ne le souhaites pas, » déclara Diablo.

La façon dont il avait dit ça avait l’air d’aggraver la situation. Horn semblait encore plus effrayée.

« Je, euh... Ma famille... Nous sommes nés dans une ville de l’ancien domaine du Seigneur Démon, loin de la Tour de Zircon... Mais on s’est séparés de mes parents quand on était tous très jeunes, » déclara Horn.

« Oh ? » s’exclama Diablo.

La voix de Horn semblait plus naturelle, comme si elle ne forçait plus son ton à être aussi masculin.

« Je pense qu’ils nous ont peut-être abandonnées... Mais depuis toujours, il n’y avait que mes deux petites sœurs et moi, » déclara Horn.

« Je vois, » déclara Diablo.

Le fait de rester en vie était difficile dans l’ancien Domaine du Seigneur Démon. Et élever trois enfants dans ce genre d’environnement était certainement trop pénible pour que les parents de Horn veuillent prendre cette responsabilité.

« Je ne sais donc plus si mes parents sont morts ou vivants... Mais nous avons eu de la chance, car Prof est venu nous chercher peu après, » déclara Horn.

« Le Prof... Ton professeur, qui t’a appris à être un Roublard ? » demanda Diablo.

« Oui... Cependant, Prof était un véritable voleur..., » déclara Horn.

« Je vois, » répondit Diablo.

Lorsqu’il s’agissait de détecter le danger et de désarmer les pièges, les compétences de Horn étaient assez faibles pour un Roublard. Mais son agilité était décente, donc en termes de paramètres, elle était plus proche d’un véritable voleur que d’un aventurier de type Roublard.

« L’année dernière, Prof est décédé, et j’ai été séparée de mes petites sœurs... Alors j’ai fini par voyager seule jusqu’à la Tour de Zircon, » déclara Horn.

« Tes sœurs ne sont-elles pas venues avec toi ? » demanda Diablo.

« Non. Un commerçant les a pris comme employées. Il m’a aussi invitée à le faire, mais je ne suis pas douée pour ce genre de travail..., » déclara Horn.

« Je sais ce que tu ressens. Rien que l’idée de négocier avec d’autres personnes me donne envie de défier un dragon en solo, » déclara Diablo.

« Euh... ? Non, vendre des trucs bon marché à des prix importants ne me convient pas. Je sais que c’est comme ça que les affaires marchent, mais quand même..., » déclara Horn.

« Hm... Je vois, » répondit Diablo.

Horn n’avait pas d’anxiété sociale et, à bien y penser, elle s’était montrée très confiante lorsqu’elle avait invité Diablo et son groupe dans le donjon.

« Les Marcheurs des Herbes ont l’air d’enfants, quel que soit leur âge, mais quel âge as-tu exactement ? » demanda Diablo, essayant de changer l’orientation de la conversation en s’éloignant de son étrange commentaire.

« Argh... Juste... gardez ça secret pour tout le monde, OK ? Vous êtes le seul à qui je le dirai, patron... J’ai en fait douze ans, » déclara Horn.

— Quoi !? C’est donc vraiment une enfant !? Je pensais qu’elle avait l’air si jeune parce que c’est une Marcheuse des Herbes ! pensa Diablo.

« Je m’en doutais, » déclara Diablo, cachant sa surprise comme s’il l’avait toujours fait.

« Hehe... Alors vous le saviez, hein ? Mais si les autres l’apprenaient, personne ne voudrait s’aventurer avec moi. Alors, gardez ça secret, d’accord, patron ? » déclara Horn, en tirant la langue dans un geste enfantin.

C’était adorable.

— Attends, non ! Je ne suis pas un pédophile ! pensa Diablo.

Un Seigneur Démon pédophile, serait-il un jour capable de montrer son visage en public ? Et il venait d’embrasser Klem, qui ressemblait beaucoup à une petite fille, même si c’était pour le « Rituel de l’esclavage »...

Diablo secoua la tête, bannissant ces pensées de son esprit.

 

☆☆☆

 

« Nnn...  Il fait si sombre. » Horn regardant vers la grotte se trouvant devant elle.

« Ce n’est pas un problème. “Lumière” ! » déclara Diablo.

Diablo avait jeté le sort sur un caillou qu’il avait ramassé. La dernière fois qu’il l’avait lancé dans les airs, il avait découvert qu’il y avait un problème : il ne savait pas comment l’éteindre, alors il avait maintenant trouvé une nouvelle façon de l’utiliser. En jetant le sort sur un caillou, tout ce qu’il avait à faire était de le jeter quand il ne voulait plus que le sort fonctionne. Le porter comme une lanterne était aussi pratique et facile.

« Oooh, c’est incroyable ! » Les yeux de Horn brillaient d’excitation. « C’est la première fois que je fais un donjon avec un sorcier élémentaliste, mais je ne savais pas que la magie élémentaire pouvait être aussi utile ! »

« Les individus de ce monde n’ont tout simplement pas fait assez de recherches à ce sujet, » déclara Diablo.

« C’est vrai, peu de sorciers l’utilisent. Je n’ai jamais vu un Sorcier Élémentaliste aussi fort que vous, Patron. J’aimerais moi aussi apprendre la magie ! Non pas que j’en serais capable, hehe, » déclara Horn.

Ces mots avaient fait réfléchir Diablo...

« Je ne sais pas comment on apprend la magie dans ce monde, mais... pourquoi ne pas essayer de l’apprendre ? Tu n’as encore que douze ans, et les Marcheurs des Herbes sont bons en magie, » déclara Diablo.

« Quoiiii !? Ce n’est pas possible. Vous devez aller dans une des écoles de l’Association des Mages pour devenir un Sorcier... Je n’ai pas l’argent pour ça, » déclara Horn.

« Est-ce que c’est cher ? » demanda Diablo.

« Je ne sais pas vraiment combien, mais probablement quelques millions de friths ? » déclara Horn.

« Hmph..., » murmura Diablo.

Bien qu’il ait résolu un certain nombre d’incidents importants, lui et son groupe n’avaient pas beaucoup de friths en leur possession. Les habitudes de Klem en matière de biscuits les avaient presque ruinés, à tel point qu’Edelgard, une Déchue, avait dû se mettre au travail dans une boulangerie.

— Si sa couverture est démasquée, se faire chasser de la ville serait le cadet de ses soucis. Je me demande comment elle va..., pensa Diablo.

Même si les chevaliers de la région se liguaient contre elle, Edelgard s’en sortirait probablement indemne. Mais le gouverneur de Faltra, Galford, était fort. Selon l’estimation de Diablo, il serait plus fort qu’elle dans un rapport de 6:4.

Diablo espérait vraiment que rien de mal ne se soit passé...

« J’espère qu’elles vont bien..., » chuchota Horn.

« Je suis d’accord, » déclara Diablo.

« Je parle de Lumachina et des autres, » déclara Horn.

« Oh, elles, » sans s’en rendre compte, il avait chuchoté avec sa voix naturelle.

« Y a-t-il quelqu’un d’autre à qui vous inquiète... ? » Horn inclina la tête dans la confusion.

« Non... C’est parce que je suis un Seigneur Démon ! Oublie ça, je suis sûr qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter pour elles, » déclara Diablo.

« Croyez-vous qu’elles vont bien ? » demanda Horn.

Le plafond s’abaissait progressivement. Diablo avait continué, sans se cogner la tête.

Horn et lui s’étaient perdus dans le neuvième étage. Tout le groupe avait presque terminé l’étage avant d’être interrompu, et Shera aurait abattu tout ce qui se présentait à eux. Shera et Rem étaient passées au niveau supérieur, c’est sûr.

À bien y penser, le Paladin était aussi tombé dans l’eau...

« Ce niveau devrait avoir un gros monstre de type boss central vers la fin, mais il n’a pas de résistance face aux Debuffs. Shera pourrait probablement le vaincre avec sa pétrification, » déclara Diablo.

« Shera est incroyable, n’est-ce pas ? » demanda Horn.

Bien qu’il ne faisait aucun doute qu’elle était très compétente, son arc avait été enchanté par un vrai Seigneur Démon.

« Le dixième étage a un puzzle avec un étage en mouvement. Un faux pas, et on vous jette dans une pièce pleine de monstres, » déclara Diablo.

« Haaah !? Vont-elles s’en sortir ? Ça a l’air si dangereux ! » déclara Horn.

« Je suis sûr que Rem le résoudra. Elle est assez prudente et sage pour s’arrêter et analyser n’importe quelle situation, » déclara Diablo.

« Whoa, vous pouvez vraiment faire confiance à Rem, d’accord ! Elle a de l’intelligence à revendre ! » déclara Horn.

« Et le onzième étage est un cimetière, » annonça Diablo.

« Hum... des tombes ? Pourquoi y a-t-il des tombes en bas ? » demanda Horn.

« Parce que des cadavres en sortent sous forme de mort vivant, » déclara Diablo.

« Ehhhh !! Z-Zombies !? Voulez-vous parler de zombies ? Les morts-vivants sont super effrayants ! » cria Horn.

« Lumachina devrait pouvoir s’en occuper facilement. C’est une grande prêtresse, après tout. Personne dans Lyferia ne peut l’égaler en matière de “purification”, » déclara Diablo.

« Alors ce sera du gâteau ! Bravo, Lumachina ! » L’expression de Horn s’illumina, alors ses yeux brillaient à nouveau d’excitation.

« Oui, » déclara Diablo.

— Tant que la Maladie de la Clochette de la Mort n’aura pas empiré..., pensa Diablo.

Dans le jeu, l’état d’un patient n’était pas trop grave jusqu’à ce que la neuvième marque fasse surface. Avant ça, au moins, cela semblait être qu’un mauvais rhume. Mais le Croisement de la Rêverie avait adouci certains sujets pour éviter d’entrer dans une imagerie trop érotique ou violente graphiquement. Diablo n’avait aucun moyen de savoir si la Maladie de la Clochette de la Mort se comportait de la même façon dans ce monde.

« Mais je suis toujours inquiète ! » Horn se tenait nerveusement la tête. « Je n’arrive pas à croire que vous vous soyez séparé de Rem et des autres à cause de quelqu’un d’aussi inutile que moi ! »

— Elle ne devrait pas se dire inutile... Mais je ne suis pas du genre à parler d’estime de soi. Je sais exactement ce qu’elle ressent, pensa Diablo.

S’il la grondait en lui disant de ne pas se mépriser, cela ne ferait que la rendre encore plus malheureuse. Diablo avait donc choisi de ne rien dire.

Il n’avait pas regretté d’avoir sauvé Horn, même si cela signifiait se séparer d’elles. Ce n’étaient pas des amateurs.

Elles appelaient aussi Diablo leur « compagnon ». Elles avaient compté sur lui, mais en même temps, elles pouvaient s’enorgueillir de ne pas être « simplement dépendantes » de lui. Elles seraient certainement en mesure de dégager la voie jusqu’au onzième étage.

« Mais nous devons nous dépêcher et nous regrouper avec elles. Battre le douzième étage sera impossible pour ces trois-là, » déclara Diablo.

« Hein ? Pourquoi ça ? » demanda Horn.

« Leurs niveaux sont trop bas. Ce n’est pas une question de stratégie ou de compatibilité... Le dernier gardien du douzième niveau est tout simplement trop fort. Sa résistance à l’affaissement est élevée de sorte que la pétrification ne se déclencherait probablement pas, et il a une barrière qui annule tout dommage en dessous d’un certain seuil, » expliqua Diablo.

« Quel genre de monstre est-ce !? » demanda Horn.

« On ne peut pas prendre notre temps ici, » déclara Diablo.

Après avoir parcouru une courte distance à pied, ils pouvaient entendre le bruit du vent, son sifflement rebondissant à travers la grotte. Ils pouvaient aussi voir une lumière plus loin.

« On s’en est sortis, patron ? » demanda Horn.

— Cette cascade nous a fait tomber très loin du 9e étage... Il n’y a aucune chance que le tunnel mène dehors, n’est-ce pas ? Se demanda Diablo.

En sortant du tunnel, ils s’étaient retrouvés dans une zone très dégagée.

« M-M-Mon Dieu...!? »Horn frissonna de terreur.

Plusieurs créatures ressemblant à des coléoptères, chacune plus grosse qu’un monstre normal et portant de grosses cornes, se tenaient à l’affût. Ces monstres se déplaçaient en meute et s’enfouissaient dans le sol pour faire leur nid.

Il s’agissait de gros monstres noirs de type insecte appelés « coléoptères-fourmis », et il y en avait environ 30.

Diablo avait pu déterminer leur nombre non pas grâce à une compétence de son personnage en jeu, mais grâce à une aptitude spéciale qui lui avait été accordée en raison de son expérience en tant que joueur. Il se souvenait de ces monstres.

Si vous preniez un mauvais virage au dixième niveau, vous seriez jeté dans une colonie de coléoptères-fourmis, ce qui lui indiquait que c’était probablement là où se trouvaient Diablo et Horn en ce moment.

Les lèvres de Diablo se transformèrent en sourire.

— J’ai une idée de la situation actuelle... Si on peut passer par ici, on sera de retour sur la bonne route, pensa Diablo.

Diablo posa une main sur les épaules tremblantes de Horn. « Tu devrais être contente. »

« Je veux dire, bien sûr, je suis une aventurière, et si je devais choisir, je préférerais mourir dans une aventure, mais pas maintenant ! Je mourrai tôt ou tard, mais pas aujourd’hui ! » déclara Horn.

« Ce n’est pas ce que je voulais dire. Voici, une espèce de petite idiote découragée, » déclara Diablo.

Les coléoptères-fourmis, remarquant les intrus sur leur territoire, avaient tourné leur attention vers Diablo et Horn. La partie qui aurait dû leur servir de visage s’était ouverte, révélant des rangées de gigantesques crocs. C’était bien plus horrible que tout ce que Diablo n’avait jamais vu dans le jeu.

Diablo avait placé sa faux de guerre vers les monstres.

« Écrase-les avec la vitesse du son : “Frappe Sonique” ! » cria Diablo.

***

Partie 3

Le douzième niveau — .

« Si vous tenez à votre vie, rebroussez chemin. »

En lisant les mots écrits sur la porte, Rem avait dégluti avec anxiété.

« ... Nous avons parcouru des étages avec des monstres de haut niveau, mais c’est la première fois qu’un avertissement est aussi direct. Il semblerait que nous devions rassembler notre volonté face à tout ça, » déclara Rem.

« Allons-y ! Allons-y ! On ne peut pas faire demi-tour après être venues si loin ! » La ligne de pensée de Shera était claire et simple, et comme elle l’avait dit, ce n’était pas le moment d’hésiter.

« ... C’est vrai. Mais nous devons nous préparer et procéder avec prudence, » déclara Rem.

« Je vous soutiendrai de toutes mes forces. » Lumachina hocha la tête. « Il serait insupportable que vous vous inquiétiez encore plus pour moi. »

« ... Merci de croire en nous. Nous allons certainement vous amener au niveau le plus bas. L’objet qui peut dissiper la Maladie de la Clochette de la Mort sera en bas... et je suis aussi sûre que Diablo viendra nous rejoindre. Allons-y et attendons qu’ils nous rejoignent au treizième étage, » déclara Rem.

« Allons-y, » déclara Lumachina.

« On fera de notre mieux, Rem, Lumachina ! » déclara Shera.

Les regards des filles s’étaient croisés alors qu’elles renforçaient leurs résolutions.

Rem avait mis ses mains contre la porte et l’avait poussé. L’air s’était répandu d’au-delà de là, dégageant une odeur acide et aigre.

 

☆☆☆

 

Une grande et large grotte les avait accueillies. Le plafond était plus haut que les étages précédents et semblait s’étendre au-delà de l’endroit où l’œil pouvait voir. Elles pouvaient aussi à peine distinguer...

— Un ciel bleu... ? pensa Rem.

Il s’agissait probablement d’un énorme puits profond qui remontait jusqu’à la surface à partir de ces profondeurs.

Aurions-nous pu utiliser le puits pour descendre plus vite ? pensa Rem.

Mais au moment où cette pensée lui vint à l’esprit, Rem réalisa qu’il y avait sûrement une raison pour laquelle Diablo ne l’avait pas fait. Les murs étaient lisses, comme s’ils avaient été brossés et polis un nombre incalculable de fois. Le sol était aussi dans le même état, bien qu’il ne soit pas exactement plat et de niveau, il était lisse au point qu’elles ne voyaient aucune végétation poussée dans les lieux.

Mais nous n’avons pas eu le temps de spéculer sur la nature de cet endroit, pensa-t-elle.

 

Quelqu’un les devançait, et cela venait de vaincre un monstre.

 

Un monstre humanoïde gisait au sol, vaincu. Rem ne l’avait jamais vu que dans les livres, mais... selon toute vraisemblance, cela semblait être un « Danseur de la Mort ». C’était un squelette avec plusieurs paires de bras, capable de couper les aventuriers en rondelles avec un coup spécial de finition appelé la « Dance Sanglante ». Les livres avaient aussi un avertissement strict : « Fuyez immédiatement si vous rencontrez ce monstre effrayant. »

Ce monstre était maintenant vaincu, réduit à un cadavre immobile et sans force. Celui qui l’avait vaincu était vêtu d’une armure d’azur.

« Oh, mon Dieu, vous étiez derrière moi ? » Il avait brossé ses longs cheveux. « C’est idiot, j’avais tellement hâte de vous rattraper que j’ai fini par vous devancer. »

Son ton était féminin, mais c’était sans aucun doute un homme. Lumachina avait pris du recul.

« Gewalt..., » déclara Lumachina.

« Ça fait un bail, Lumachina. N’est-il pas temps que tu crèves maintenant ? Je t’enverrai aux côtés de ton Dieu bien-aimé, alors rends-nous service et ne résiste pas, tu me comprends ? » demanda Gewalt.

« Vous êtes le Paladin qui nous a attaqués au 9e étage. » Rem était passée devant Lumachina. « Je ne vous laisserai pas poser la main sur elle ! »

« C’est ça ! » s’écria Shera, pointant une flèche encochée sur son arc.

« Hehe hehe hehe... J’ai vu ce que tu peux faire, petite elfe. » Gewalt avait brandi son épée d’une main. « Un arc qui peut pétrifier fait peur... Mais ça ne me fait toujours pas peur. »

Gewalt avait jeté un cristal.

— Une Invocation ! pensa Rem.

D’innombrables petits insectes ailés étaient apparus devant eux : « Abeilles de feu ». Bien que la force individuelle de chacun ne soit pas grande, ils étaient les pires adversaires que Shera pouvait affronter avec son arc. Même si elle essayait de combattre le groupe dans son ensemble, elle n’abattrait que quelques insectes.

Il en allait de même pour les Invocations de Rem, car elle n’avait rien dans son arsenal capable d’attaques à grande échelle.

« Argh... Dans ce cas, nous devons vaincre l’Invocateur ! “Asulau” ! » déclara Rem.

Rem avait aussi jeté un cristal. Un bœuf à trois cornes était apparu, mais lui seul ne pourrait pas rivaliser avec un Paladin. Elle ne le savait que trop bien.

Saddler, un Paladin qu’elle avait combattu dans le passé, l’avait facilement vaincue. Les capacités d’Asulau étaient égales à celles d’un guerrier de niveau 40, mais les Paladins étaient approximativement de niveau 100. Avec ça, Rem ne pouvait certainement pas gagner.

Rem avait commencé à appeler d’autres bêtes à son aide. « “Rockpup” et “Libellule”, sortez ! »

Rockpup était une invocation de loup de l’élément de terre de niveau 25. Un peu générique, mais sa morsure était puissante et il chargeait rapidement l’adversaire. Libellule n’était rien de plus qu’une libellule géante, une Invocation élémentaire du vent niveau 20. Elle ne pouvait pas faire beaucoup de dégâts au combat, mais son vol rapide en avait fait un adversaire plutôt agile.

Le maintien de trois Invocations à comparaître avait eu un effet néfaste sur la consommation de mana de Rem, mais sans en tenir compte, Rem avait essuyé la sueur de son front et leur avait donné des ordres.

« Allez, mes Invocations ! Maintenant, Shera ! » déclara Rem.

« C’est vrai ! »

Les trois Invocations avaient chargé le Paladin. Comme elles l’avaient fait, Shera, la véritable force offensive, avait attaqué leur cible. L’épée de Gewalt ne serait pas assez rapide pour faire face aux quatre menaces en même temps.

« Aaah ! Le fait de voir des filles faibles devenir si désespérées..., » les lèvres de Gewalt, décorées de rouge à lèvres, étaient déformées en un sourire extatique. « Je ne me lasserai jamais de ce sentiment de supériorité... Tout simplement ir-ré-sistible ! »

Il avait procédé à une nouvelle Invocation. Des vignes vertes apparurent du sol alors que des roses rouge sang s’épanouissaient devant Gewalt, le cachant de leur vue. Celles-ci avaient dévié à la fois les Invocations de Rem et la flèche de Shera.

« Quoi !? » s’écria Rem.

« Qu’est-ce que c’est que ça !? » demanda Shera.

« Hehe hehe, c’est mon invocation rare, la “Prison de Rose”, » déclara Gewalt avec frivolité, et un sourire fier sur les lèvres. « Il ne peut pas bouger, mais vos attaques n’auront aucun effet sur lui. Je peux juste me détendre ici et regarder mes abeilles de feu faire leur petit travail avec toi, Lumachina. »

D’une part, il avait une Invocation qui, bien que faible individuellement, se déplaçait comme un essaim, d’autre part, il avait une Invocation immobile qui excellait dans la défense. Chacun avait ses inconvénients, mais une fois réunis, ils couvraient les faiblesses de l’autre.

— Il est si fort ! pensa Rem.

Rem serra les dents. Ils étaient tous les deux des Invocateurs, mais la différence dans leurs capacités était le jour et la nuit.

« Dites-moi, Paladin ! Si vous êtes si fort, pourquoi vous êtes-vous tourné vers de tels actes maléfiques ? » demanda Rem.

« Hehe... Tu le dis à l’envers. Pourquoi vivre honnêtement quand j’ai tout ce pouvoir à ma disposition ? Ta logique est chamboulée, chérie. Maiiiiss, c’est assez avec les bavardages — c’est l’heure de mourir ~, » déclara-t-il.

L’essaim d’Abeilles de feu chargea vers elles. Rem s’était préparée au pire, incapable de trouver un moyen de se défendre.

Mais à ce moment-là, un coup de vent avait soufflé dans leur direction, et il s’agissait d’un coup de vent puissant. Le vent avait emporté les abeilles qui s’étaient transformées en un cristal après avoir touché le sol.

« Mes abeilles de feu ! » cria Gewalt en état de choc.

— Était-ce de la magie de l’air ? Serait-ce Diablo !? Se demanda Rem.

Mais les espoirs de Rem furent aussitôt anéantis. La source de cette rafale assez puissante pour projeter une personne dans les airs était descendue d’en haut. Son corps massif masquait la lumière du soleil qui provenait d’en haut. Avec lui qui se tenait dos au soleil, la lumière avait projeté une ombre impressionnante et menaçante en dessous.

« Quoi... ? » Shera, qui avait aussi levé les yeux vers le ciel, chuchota avec les yeux grands ouverts. « Un... dragon ? »

Les écailles de la magnifique créature étaient d’une noirceur pure. En tenant compte du sommet de sa tête cornée à l’extrémité de sa queue solide et lourde, le dragon mesurait probablement 30 mètres.

« Un grand... Dragon noir..., » elle se remémora de la vérité en la laissant sortir à travers ses lèvres tremblantes.

Parmi les espèces connues sous le nom de Dragons, il y en avait qui étaient considérées comme des bêtes magiques, et d’autres qui ne l’étaient pas. Les Dragons noirs n’étaient pas considérés comme des bêtes magiques et ils laissaient des cadavres derrière eux lorsqu’ils étaient vaincus. Les créatures qui n’entraient pas dans cette catégorie étaient généralement classées comme des bêtes ou des monstres.

Mais il y en avait beaucoup qui relevaient d’une troisième catégorie, qui n’était ni les Races ni les Déchus : Dragonkin. C’était parce qu’ils étaient capables — .

 

« Les stupides Dram One perturbent Notre terre. Nous vous donnerons une mort juste et équitable ! »

 

... de télépathie

Cette voix avait résonné dans leur tête. Les dragons étaient incapables de parler, mais ils pouvaient encore communiquer sous une forme. On ne savait pas comment ils l’avaient appris, mais ils étaient néanmoins capables d’employer un langage humain.

« Qu-Qu-Qu’est-ce qu’on va faire, Rem !? » Shera tremblait de terreur.

Il s’était avéré que le douzième étage n’était pas le repaire d’un danseur de la mort, mais d’un « Grand Dragon Noir ».

« ... Argh. C’est comme le panneau disait : Si nous tenions à notre vie, nous aurions dû fuir. Mais..., » déclara Rem.

Si elles rebroussaient chemin maintenant, elles n’obtiendraient jamais le trésor qui pourrait dissiper la Maladie de la Clochette de la Mort.

« Donc nous n’avons pas d’autre choix que de nous battre !? » déclara Rem.

Serrant les dents, Shera avait tendu son arc et projeta une flèche sur le dragon. Son tir avait touché sa cible, s’écrasant contre les écailles du dragon, mais la pétrification n’avait pas eu lieu.

« Pourquoi... !? » demanda Shera, les yeux écarquillés par le choc.

« Oooh... Nous ressentons la puissance du Seigneur Démon dans votre arme, Dram One. Fascinant... Mais cela n’a aucun effet contre Nous. »

« ... Selon toute vraisemblance, l’énergie magique que Klem a mise dans l’arc n’est pas suffisante pour briser à elle seule la résistance magique du dragon, » déclara Rem, essuyant la sueur froide de son front.

La force d’un dragon était déterminée par sa taille, avec un dragon de grande taille comme celui-ci servant probablement de roi dragon dans cette hiérarchie. La quantité de magie que Klem avait accordée pour l’autodéfense n’était tout simplement pas suffisante dans cette situation.

Le dragon avait atterri en provenance du ciel, se plaçant avec facilité sur le sol.

« Si vous n’êtes pas capable de faire plus, Dram Ones, montrez-Nous l’étendue de votre pouvoir ! Jusqu’à ce que le désespoir s’empare de tout, et que vous acceptiez la mort ! »

« Ça ne peut pas être réel ! » le Paladin cria depuis le centre de la grotte.

Après avoir rappelé sa Prison de Rose, Gewalt s’était enfui en courant, essayant de fuir le dragon, puis il avait finalement trouvé refuge en se recroquevillant contre le mur.

« S’il vous plaît, attendez — ne faites pas ça ! Je pars tout de suite ! Ce donjon ne m’a jamais intéressé ! Je voulais juste me débarrasser de ces salopes là-bas ! » cria Gewalt.

Les yeux massifs du dragon regardaient le Paladin de haut.

« Si ce n’est pas le cas, vous ne devez pas Nous interrompre... Nous vous achèverons rapidement par ceci ! »

Rem se souvenait de la description des livres qu’elle avait lus : « Les Dragons Noirs peuvent se servir d’une attaque par Souffle d’Acide pour asperger leurs adversaires d’acide. On dit qu’il est assez puissant pour faire fondre l’épée, l’armure et la chair humaine. »

« Tch ! Ne te crois pas meilleur que moi, espèce de lézard de merde ! Je vais te transformer en steak de dragon avec ça ! Viens à moi, “Ifrit” ! » Le Paladin avait jeté un autre cristal par terre.

Rem n’avait pas pu s’empêcher d’être choquée. Elle en avait entendu parler par des rumeurs, mais c’était la première fois qu’elle voyait cette Invocation de haut niveau. Alors que Gewalt était toujours aussi détestable, sa force était sans aucun doute proche des limites de ce que les Races pouvaient espérer atteindre.

Le cristal aux couleurs de l’arc-en-ciel s’était brisé et une colonne de flammes avait surgi, s’étendant jusqu’aux cieux. Rem avait l’impression que la vague de chaleur allait l’emporter alors qu’un monstre écarlate de flammes apparaissait. C’était comme si la lave avait reçu une forme humaine.

Sur le plant de leur hauteur, Ifrit se tenait debout à la même hauteur que le dragon, alors que le sol se fendait sous ses pieds.

« Argh... Je n’arrive pas à croire... qu’il avait ça dans sa manche pendant tout ce temps ! » Rem avait couvert son visage avec sa main, essayant de se protéger de la chaleur.

S’il avait convoqué Ifrit dès le début, Rem et les autres auraient été tuées avant qu’elles ne le sachent. Alors pourquoi ne l’avait-il pas utilisé ?

Pour une raison très simple. Gewalt agrippait sa poitrine en ce moment, respirant lourdement. Même pour un Invocateur habile comme lui, le maintien d’une invocation de la force d’Ifrit avait fait des ravages massifs sur son mana.

« Whoaaaaa... Qui devrions-nous encourager, Rem ? » Shera regarda les deux monstres, le suspense et l’horreur pesant sur son cœur.

« ... Le Grand Dragon Noir veut nous tuer. S’il bat Ifrit, il n’y a aucun doute que nous sommes les prochains, » déclara Rem.

« Tu as raison ! Alors on devrait encourager l’homme-paladin maintenant, hein !? » demanda Shera.

« ... Mais si Ifrit gagne, il s’en prendra à nous une fois qu’il aura fini avec le dragon, » déclara Rem.

« Eh !? » s’écria Shera.

« ... Notre seule issue est qu’ils finissent par s’entretuer. On devra soutenir celui qui semble perdre. »

Rem avait préparé un cristal dans sa main, en attendant l’occasion d’intervenir.

Shera hocha la tête. « Faisons tout ce qu’on peut pour s’en sortir ! »

Lumachina avait rassemblé ses mains en une prière. « Mon Seigneur, s’il vous plaît... protégez-nous... »

***

Partie 4

Ifrit avait commencé son attaque.

Tant qu’une Invocation restait matérialisée, elle consommait continuellement le mana de son Invocateur, de sorte que les Invocations étaient mal adaptées aux batailles longues. Pour cette raison, Gewalt n’avait pas passé beaucoup de temps à analyser la situation et il avait immédiatement ordonné l’attaque.

Les Dragonkins n’étaient pas seulement puissants, mais aussi emplis de connaissances et sagesses. Selon une théorie, les Dragons héritaient des souvenirs de leurs parents.

« Utilisez pleinement votre pouvoir, Dram One. »

« Oooooo!! »

Ifrit était entré en action pour frapper son adversaire, mais ce n’était qu’une feinte, car il avait saisi l’occasion pour prendre le dragon par les cornes.

« Shaaaa !! » l’invocation avait rugi, alors que de la lave coulait de son abdomen et emportait l’adversaire dans une chaleur infernale.

Il s’agissait de la capacité spéciale d’Ifrit.

L’air tremblait et brûlait. Rem avait mis une seconde à réaliser que c’était le cri du dragon. Sa prise sur le cristal dans sa main s’était resserrée.

— Ainsi, l’Invocation est plus forte... ? Dans ce cas, c’est l’occasion d’attaquer le Paladin pendant qu’il s’occupe de l’invocation d’Ifrit ! Mais si j’attaque trop vite, et que le dragon finit par prendre le dessus, nos vies seraient perdues... Je dois les jauger tous les deux avec soin. Combien de dégâts le Grand Dragon Noir a-t-il subis lors de cette dernière attaque... ? Se demanda Rem.

Ses écailles noires brûlaient et il semblait avoir subi des dommages importants.

« Pas encore ! Continue d’attaquer, Ifrit ! » hurla Gewalt d’un cri rauque.

Ayant changé la plus grande partie de son corps en lave, l’Invocation avait de nouveau pris une forme humanoïde et avait commencé à enfoncer ses poings dans le dragon. Le corps en feu de l’Ifrit n’était pas sa seule arme, même sa puissance d’attaque normale était extraordinaire.

Le corps du dragon, haut de 30 mètres, s’agitait de façon instable, mais les attaques ne cessaient pas. Tout en poussant le dragon contre le mur de la grotte, l’Invocation continua à le frapper impitoyablement.

Alors que l’attaque se poursuivait, le temps passait lentement, et Ifrit libéra une seconde fois sa capacité spéciale. Transformant à nouveau son corps en lave, il affronta le dragon, crachant l’enfer en fusion sur toute sa surface.

« Shhh ! » L’invocation avait sifflé pendant qu’elle attaquait.

— Est-ce fini !? Se demanda Rem.

Rem avait brandi le cristal au-dessus de la tête.

« Non..., » le souffle de Shera s’était coincé dans sa gorge.

En entendant ce murmure, Rem avait renoncé à invoquer quoi que ce soit, car la réaction de Shera était —

 

« Est-ce tout ce que vous avez là, Dram One ? N’avez-vous pas eu assez de désespoir ? Si ce n’est pas vrai, que la mort vous réclame ! »

 

Le dragon, qui avait été frappé sans se défendre jusqu’à présent, s’était élancé vers l’avant avec ses pattes avant en mouvement. Ses griffes avaient fauché Ifrit lorsque l’Invocation avait tenté de revenir à une forme humanoïde, écrasant la moitié supérieure du corps d’Ifrit.

« C’est impossible ! » cria Rem.

Ifrit était une Invocation avec une forme presque indéterminée. Même s’il perdait sa forme, il pourrait se restructurer. Il n’était pas redevenu un cristal, ce qui prouvait qu’il n’avait pas encore été vaincu.

Ifrit avait progressivement pris forme. Puis, visant l’Invocation, le dragon ouvrit ses mâchoires gigantesques.

Rem avait ressenti un frisson qui avait rapidement parcouru le long de sa colonne vertébrale.

— Souffle d’acide !? Et... Je pense qu’on est encore à portée de l’attaque ! Se demanda Rem.

« On doit courir, Lumachina ! » Rem l’avait attrapée par la main.

« O-Oui ! » répondit Lumachina.

« Toi aussi, Shera ! » cria Rem.

« Compris ! » déclara Shera.

Elles s’étaient éloignées de l’entrée. Immédiatement après ça, le Grand Dragon Noir avait craché un brouillard noir directement depuis sa bouche, frappant Ifrit à bout portant.

La lave s’était progressivement liquéfiée, d’une manière différente de son ancienne forme vigoureuse. Il avait fondu et s’était répandu sur le sol avant de disparaître, ne laissant dans son sillage qu’un cristal noir roulant sur le sol.

« Aaaaaaaahhhh ! » Gewalt se tortilla d’agonie. « C’est impossible ! Impossible ! Mon atout a été vaincu ! C’est le plus fort ! Comment l’Invocation la plus forte peut-elle perdre ? »

« Voici la limite des Races. »

Il y avait de la pitié mélangée dans la voix du dragon. Après avoir communiqué par télépathie, le dragon avait balancé la queue vers lui. Après avoir été touché par la chaleur et le souffle acide d’Ifrit, le sol s’était facilement effondré, entaillé par la queue.

Le bout de la queue avait frôlé Gewalt.

« Gah !? » s’écria Gewalt.

Son épée avait été envoyée dans les airs, ainsi que sa main droite, qui la tenait toujours. Le sang avait humidifié le sol sous lui.

« J-Je meurs..., » Gewalt s’écrasa sur le sol.

Le ver-piégeur était alors apparu en dessous de lui.

Les yeux de Rem s’étaient écarquillés. Elle trouvait étrange, d’après ce qu’elle avait entendu, que Gewalt ait été vaincu par l’un des sorts de Diablo, assez puissant pour détruire toute la zone qui les entourait. Alors comment était-il vivant ?

Apparemment, il avait utilisé le ver-piégeur. C’était une Invocation qui s’enfouissait sous terre et qui était capable d’engloutir des gens en entier. Habituellement, il servait à attirer les adversaires dans des pièges, mais Gewalt l’avait utilisé comme moyen de s’échapper.

— Quelle débrouillardise ! pensa Rem.

Il était, sans aucun doute, l’invocateur le plus impressionnant que Rem ait jamais rencontré.

Mais même lui n’était pas à la hauteur du Grand Dragon Noir. Il l’avait peut-être blessé, mais il ne restait aucune occasion dont Rem pouvait profiter.

La queue du dragon s’était encore une fois écrasée sur le sol.

« Nous ne vous permettrons pas de vous échapper ! »

La queue du dragon avait heurté le ver-piégeur, envoyant lui et Gewalt dans un vol plané.

« Gaaah !? »

Le ver s’était écrasé contre le mur et s’était effondré sur le sol, où il restait immobile, mou. Il s’agissait là d’un coup mortel.

— Je n’arrive pas à croire que l’écart de force entre eux était si grand ! pensa Rem.

Soudain, Lumachina, qui courait à côté de Rem, se retourna puis elle commença à courir dans l’autre sens, se précipitant du côté de Gewalt.

« Qu-Qu’est-ce que tu fais !? » s’exclama Rem, abasourdie. Elle avait rejoint Lumachina en toute hâte.

Shera avait également suivi Rem et Lumachina. « N’est-ce pas vraiment mauvais ? Le dragon nous regarde — il nous regarde droit dans les yeux ! »

Mais ces actes d’altruisme avaient fait de Lumachina ce qu’elle était. Les aventuriers comme Rem n’avaient jamais pu comprendre sa façon de penser.

« Êtes-vous toujours en vie !? » Lumachina s’agenouilla près de Gewalt.

« Argh... Euhh... Qu... ? Lu... ma... ma... porcelaine... ? » balbutia Gewalt.

« Tenez le coup, s’il vous plaît ! Je vais vous guérir ! » déclara Lumachina.

« Hehe, hehe... Il semble que j’ai... fait un peu de bêtise... Idiote, vieux moi..., » déclara Gewalt.

À chaque mot qu’il prononçait, le sang coulait de sa bouche. Ses organes internes avaient été apparemment rompus par l’impact. Ses respirations sortaient avec des sifflements bizarres et contre nature.

« Notre Seigneur qui est aux cieux, écoutez cette voix qui cherche le salut, » pria Lumachina. « Guérissez les blessures graves qui tourmentent cet homme. Donnez la clémence et le pardon à ses péchés, et épargnez-lui la vie... »

« Je voulais te tuer... et gagner tout cet argent... pour porter de jolies robes... et m’amuser avec les hommes..., » déclara Gewalt.

« Accordez-lui votre salut ! Accordez-lui votre pardon ! » continua Lumachina.

« Tu es si stupide que ça ? Je... voulais te tuer, et ce lézard de merde... Hehe, je le ferais toujours... si j’avais encore mes mains... Je t’étranglerais... tout de suite ! » déclara Gewalt.

Les deux mains de Gewalt avaient disparu, et ses jambes étaient pliées dans des directions étranges et contre nature. Il s’agissait d’un miracle qu’il soit encore en vie et qu’il respire. Il le devait peut-être à son armure de haut niveau et bien conçu.

« Certes, vos mains sont tachées de péchés douloureux, » déclara Lumachina, continuant à prier. « C’est précisément pourquoi vous devez réfléchir sur vos péchés et les expier. Il n’est pas encore temps pour vous de retourner au côté du Seigneur. S’il vous plaît, continuez à vivre ! »

« Arrête ça... Je ne le ferai jamais, argh — Ahh ! » De grandes quantités de sang avaient taché son armure de plaques d’azur.

« Je vous en supplie, mon Seigneur ! » déclara Lumachina.

« Kuh... Tu perds ton temps... Même Dieu abandonnerait... une vile femme comme moi..., » déclara Gewalt.

« Accordez-lui votre pardon ! Accordez-lui votre miséricorde ! » déclara Lumachina.

Lumachina joignit les mains à sa poitrine, serrant de toutes ses forces le symbole sacré. Une lumière blanche brillait depuis le symbole sacré, enveloppant progressivement le corps de Gewalt.

« La douleur... s’en va ! » déclara-t-il avec les dents serrées. « Arrête ça... S’il te plaît... arrête... As-tu la moindre idée de ce que j’ai fait tout ce temps !? »

« Même quand même, Dieu vous pardonnera sûrement ! » déclara Lumachina.

« Après tout ce temps !? » s’écria Gewalt.

Lumachina avait saisi les mains coupées de Gewalt, qui avaient réapparu à un moment donné.

— Les miracles de la Grande Prêtresse sont-ils vraiment si puissants ? Se demanda Rem.

Les yeux de Rem étaient en état de choc. Elle avait entendu dire que le talent de Lumachina était rare même dans l’histoire de l’Église, et avait déjà été témoin de ses miracles à plusieurs reprises... mais était-elle vraiment aussi douée ?

Rem avait été choquée au-delà des mots.

« Tout va bien se passer. » Lumachina avait souri vivement. « Même quand ils sont au bord de leurs derniers moments, tant que les individus se repentent, Dieu pardonnera tous leurs péchés. »

Les paupières de Gewalt se fermèrent, et une unique goutte transparente s’échappa du coin de ses yeux bien fermés.

« Vraiment... ? Dieu a l’air d’un... homme bon..., » murmura Gewalt.

Son souffle devint progressivement calme et rythmé. Malgré le fait qu’il avait été si profondément blessé, c’était un miracle qu’il soit encore en vie. Il dormait maintenant profondément, comme s’il n’était rien de plus qu’épuisé.

La puissance des miracles de Lumachina était stupéfiante...

Et pourtant, le fait qu’ils se trouvaient encore dans le pire scénario possible n’avait pas changé du tout.

Rem leva les yeux vers le dragon. « Nous n’avons aucune envie de nous battre. Pourriez-vous nous laisser partir ? »

« Oooh...  Une elfe avec un arc enchanté par un Seigneur Démon, et un humain qui a béni avec l’une des ailes de Dieu. Vraiment fascinant... Mais vous... N’êtes-vous pas le réceptacle ? »

« Euh... ? Est-ce que... vous savez pour moi ? » demanda Rem.

« L’âme du Seigneur Démon... Je la sens. »

« ... C’était en moi, dans le passé. Mais je l’ai déjà retiré de mon corps, » déclara Rem.

« À chaque instant, les Drams Ones ne parviennent pas à se comprendre eux-mêmes. Aussi faible soit-elle, elle demeure en vous. »

« Quoi !? Mais alors... » s’écria Rem.

L’âme du Seigneur Démon Krebskulm était scellée dans Rem, et la seule façon de la libérer était soit par la mort de Rem, soit par un certain rituel. Elle avait mis sa foi en Diablo et avait permis que le rituel ait lieu pour qu’ils puissent extraire le Seigneur Démon de l’intérieur de son corps et le vaincre. Mais le Seigneur Démon Krebskulm avait perdu la mémoire, réduit à une fille qui aimait les biscuits et qui ne voulait pas faire de mal aux Races.

Rem avait posé une main sur son ventre.

— Est-ce que l’âme du Seigneur Démon est toujours en moi !? Se demanda-t-elle.

« Nous connaissons le monde, ainsi que la Divine providence. Du Ciel et la Terre. Comme il serait naturel, car en Nous coule le sang des dragons. Nous sommes les héritiers d’un savoir qui remonte à la genèse de ce monde, car il coule dans nos veines, sans fin depuis les temps anciens. Et Nous savons que jusqu’à la fin du monde, cela sera pareil. »

« ... Si votre sagesse est si vaste, ne pourriez-vous pas comprendre notre situation ? S’il vous plaît, épargnez-nous ! » demanda Rem.

— L’âme du Seigneur Démon est toujours en moi ! C’était une raison de plus pour que je ne puisse pas mourir ici ! se dit Rem.

« La vie des Drams Ones n’est qu’un moment éphémère dans les annales du temps. »

« ... Du point de vue des Dragons, c’est peut-être ce qu’il peut vous sembler, » déclara Rem.

« Dans tous les cas, si Nous frappons le réceptacle avec Nos mains, ou les autres insignifiants, cela n’a pas d’importance pour Nous. »

« Quoi !? » s’écria Rem.

« Vos existences sont la même qu’un changement dans les courants des vents... C’est la même chose que de croiser de l’herbe aux couleurs étranges... Avec Notre vie éternelle, vos existences sont aussi insignifiantes qu’une pierre sur le bord de la route... »

« Non ! » cria Rem.

Le Grand Dragon Noir avait rassemblé sous souffle, aspirant l’air avec un sifflement strident.

— Va-t-il utiliser son souffle d’acide ? Se demanda Rem.

Ils n’avaient plus aucun moyen de s’éloigner de sa portée effective. Le fait d’utiliser une Invocation pour se défendre serait probablement inutile, car il pouvait même surmonter une Invocation puissante comme Ifrit d’un seul coup. Les Invocations avec lesquelles Rem avait passé un contrat ne lui auraient pas permis de gagner du temps.

Un brouillard noir avait surgi de l’énorme bouche du Dragon.

 

Mais une lance de lumière perça la mâchoire du dragon.

 

Sa tête avait été dirigée ailleurs, et le souffle d’acide qui s’était répandu sur le mur et les roches qui avaient jonché le sol de la grotte, les faisant fondre

« Une blessure... sur Nous !? Qui êtes-vous !? »

Rem et les deux autres filles avaient tourné leur regard vers l’endroit d’où la lance de lumière avait été tirée. La porte d’entrée était ouverte, et il se tenait là. Même avec une arme et une tenue différentes, et il n’y avait pas de malentendu possible.

Elles pouvaient le voir, la personne en qui elles avaient le plus confiance.

Saisissant une faux de guerre menaçante, l’homme avait ri avec arrogance.

 

« Tu te prends pour un Dieu avec un niveau de 140 ? Ne me fais pas rire, espèce de triton suffisant ! » déclara Diablo.

 

Rem n’avait pas pu retenir les larmes dans ses yeux pendant qu’elle criait : « Diablooo !! »

***

Partie 5

« Dram One ! » Une voix rauque résonnait dans l’esprit de Diablo. « Même si vous savez faire un peu de magie, comment osez-vous Nous frapper, c’est le comble de la folie ! Préparez-vous à abréger votre éphémère vie ! »

Le Grand Dragon Noir avait communiqué par télépathie et, bien qu’il ne l’ait pas laissé paraître, Diablo était surpris.

— Whoa, génial ! Voilà donc à quoi ressemble la télépathie ! C’est comme l’une de ces hallucinations que j’ai après avoir effectué à fond un événement pendant des jours, pensa-t-il.

Alors qu’il mettait de côté cet enthousiasme, malgré toute la fanfaronnade derrière ses railleries, Diablo était dans un état épouvantable en ce moment. Pour commencer, son équipement avait disparu, en termes d’armes et d’armures, il se battait effectivement nu. Et pour couronner le tout, sa vie et son mana avaient tous les deux considérablement diminué. Les perspectives de combattre un monstre de niveau 140 dans cet état étaient terriblement minces.

Diablo avait regardé le dragon de face.

— Cependant, je ne peux pas dire ça..., pensa-t-il.

Le fait que Rem et les autres filles soient encore en vie était un miracle en soi. Lorsqu’il avait entendu les bruits des combats venant du douzième niveau, il s’était senti désespéré et avait senti toute la difficulté quant au fait de le vaincre. En plus d’être de niveau 140, Diablo avait configuré le comportement du Grand Dragon Noir à « Super actif », donc chaque fois qu’il trouvait un aventurier, le dragon essayait toujours de tout faire pour le battre. Il n’y avait pas de place pour la diplomatie avec ce monstre. Il n’arriverait jamais qu’il dorme ou qu’il ne soit pas d’humeur à se battre. Et avec les niveaux de son groupe, la première attaque du dragon serait tout ce qu’il faudrait pour les anéantir.

On aurait dit que les combats étaient féroces. Quelqu’un d’autre que les filles avait-il combattu le dragon ? Qui que ce soit, grâce à lui, Diablo était arrivé à temps.

D’où il se tenait, il ne voyait pas qui était allongé à côté de Lumachina.

« W-Wow, patron..., » Horn s’était mise à cri, en regardant depuis l’ombre de la porte. « C’est un dragon ! Je n’ai jamais vu de dragon ! »

« Ils ne sont pas si rares si tu vas plus loin dans le Domaine du Seigneur Démon. Bien qu’ils soient un peu plus rusés que les bêtes magiques, » déclara Diablo.

« C-Cela sonne comme un problème ! » répliqua Horn.

« Arrête de paniquer. Si tu as si peur, ferme la porte. Je t’appellerai quand je m’en serai occupé. Son souffle d’acide peut t’affecter même derrière une couverture, il suffit de respirer l’acide dans l’air pour brûler tes poumons, » expliqua Diablo.

« Oh-hiss !? » Selon les instructions, Horn avait fermé la porte.

— Ce n’est pas comme si j’y étais moins sensible qu’elle, pensa Diablo.

Un sorcier élémentaliste spécialisé dans la puissance de frappe était faible face aux attaques de zone. L’Anneau du Seigneur Démon détournait tous les sorts, mais une attaque de souffle était considérée comme une aptitude spéciale.

Cependant, Diablo avait un style de combat réservé à ce type d’adversaires.

« Hmph... Je suis un peu pressé, là. Je n’ai ni le loisir ni le désir de perdre mon temps avec des trucs comme toi, Dragonkin inférieur, » déclara Diablo.

« Oh, vous osez rire de Nous. Dans ce cas, selon votre désir, Nous vous donnerons la mort. »

Diablo avait été surpris que le Dragon soit tombé dans le piège. Les monstres qu’il avait placés sur les autres étages avaient tous agi comme il l’avait configuré, à une exception près : lorsque les monstres étaient excités par le chant de Shera.

C’était peut-être parce que Dragonkin pouvait parler, mais les réactions du dragon étaient encore plus éloignées de ce qu’il aurait pu attendre d’une IA.

Diablo pointa sa faux de guerre vers le dragon.

« Viens ici, lumière, rassemble-toi. Fait disparaître les ténèbres et punis ceux qui s’opposent à la Providence —, » déclara Diablo.

« Mourrez sous le poids de votre orgueil, Dram One ! »

En battant des ailes, le Dragon s’éleva dans les airs et commença à charger à Diablo, brandissant ses griffes massives.

Comme Diablo n’avait plus l’effet de réduction du temps d’incantation du Bâton de Tenma, lancer des sorts prenait plus de temps que d’habitude.

— Fais-le à temps, fais-le à temps, je devrais le faire... Très bien ! pensa Diablo.

« “Lance d’Hercule” !! » cria Diablo.

Une lance de lumière, d’environ cinq mètres de long, apparut dans la main de Diablo et s’envola vers l’avant, s’opposant à la charge du dragon. Avec son grand corps, le Dragon n’avait aucun moyen de l’éviter.

La résistance magique de l’adversaire était élevée, mais le niveau de Diablo était plus élevé. L’excès d’énergie magique le compenserait, et Diablo avait déjà confirmé qu’il pouvait blesser le Dragon.

Le sort de l’élément de lumière de niveau 120 — la Lance d’Hercules. La lance de lumière perça le torse du dragon.

Un tremblement avait traversé l’air.

« Hehe, donc tu utilises ta voix quand tu cries, » déclara Diablo en souriant.

« Quel pouvoir ! Nous n’aurions jamais pensé que votre force puisse passer à travers Nos écailles. »

« C’est vrai, je suis puissant. Mais n’es-tu pas trop faible ? Je pensais que tu serais plus fort que ça, » déclara Diablo.

Les monstres dans ce donjon étaient tous du même niveau que Diablo leur avait donné. Ce n’était pas comme dans d’autres endroits où « ils sont plus faibles par rapport au jeu puisqu’ils n’ont pas l’habitude de se battre. »

Pourtant, le Grand Dragon Noir n’était pas aussi fort qu’il devrait l’être. Il avait prévu d’utiliser la Lance d’Hercules pour le menacer et créer une ouverture pour un vrai coup final, mais il n’avait pas prévu de faire autant de dégâts avec le matériel qu’il portait.

Il n’y avait aucune raison mathématique à ce que Diablo puisse faire face à autant de dégâts avec son équipement actuel. Une seule explication lui vient à l’esprit.

— Est-il possible que mon niveau soit supérieur à 150 maintenant ? Se demanda Diablo.

Même s’il considérait cette idée, il continuait à se dire que ses mouvements et le choix des instants où lancer ses sorts étaient impeccables grâce aux habitudes qui lui avaient été inculquées par les innombrables heures passées à jouer au Croisement de la Rêverie.

En l’inclinant de façon à ce qu’il ne touche pas Rem et les autres, Diablo avait lancé un autre sort de lumière sur le dragon. Le Grand Dragon Noir était de l’élément de noirceur, donc les sorts de lumière auraient dû lui infliger 50 % de dégâts en plus.

 

« Vous êtes incroyable, Diablo..., » déclara Rem, sa voix tremblante de crainte et d’étonnement.

« Nous sommes sauvés ! Il est venu nous sauver ! » Shera l’acclamait, enlaçant Lumachina avec excitation.

« Mon Seigneur... Je savais que vous nous protégeriez..., » les larmes de Lumachina coulaient de ses yeux.

 

Les écailles du dragon se brisèrent sous le sort, et du sang brun, de couleur terreuse, se répandit dans la grotte.

« C’est impossible. Cela ne peut pas arriver ! Un dragon... perdant contre un Dram One !? Nous avons été repoussés par l’une des Races !? Cela ne peut pas être... Si cela avait été un groupe, cela n’aurait déjà pas été concevable, mais... »

« Heheheheh... Tu ne comprends toujours pas ? Tu n’es pas face à un simple enfant des Races ! »

« Quoi... !? »

« Je suis Diablo ! Un Seigneur Démon d’un autre monde ! »

« Ah !?? Ce-Ce nom... Diablo... ? Nous en connaissons votre existence... Dans le passé, Nous avons... très certainement connu quelqu’un qui se faisait appeler par ce nom... »

« Oh... ? »

Diablo n’avait pas pu retenir sa surprise. Peut-être que le dragon se souvenait d’avoir été placé ici par Diablo. Pourrait-il avoir des souvenirs du jeu... ?

« Dis-moi crétin... Ces mots te semblent-ils familiers ? Le MMORPG, le Croisement de la Rêverie, » déclara Diablo.

« Argh. Nous ne voulons pas... périr... »

« Hmph. » Juste au moment où Diablo posait cette question, il avait lancé un sort de « Hache du tonnerre » sur le dragon, lui coupant l’une de ses ailes.

« Nous ne voulons pas... périr..., » le dragon s’éloigna en chancelant. « Il ne faut pas que nous mourions ! »

« N’as-tu pas dit tout à l’heure qu’il importe peu qu’ils meurent maintenant ou plus tard ? » demanda Diablo.

« Nous n’avons pas encore produit de descendance... C’est là qu’est, non, un... pour hériter de Nos souvenirs... »

« Espèce d’imbécile..., » déclara Diablo, en abaissant sa faux de guerre.

Alors qu’il tourna le dos au dragon, il refusa de poursuivre son attaque et poussa plutôt un lourd soupir morose.

 

— Je comprends maintenant. Toi aussi, tu es vierge, n’est-ce pas ?

 

Diablo pensait que, puisque les Dragonkins étaient si peu nombreux, trouver un compagnon devait avoir été difficile.

Le dragon s’était enfui vers l’arrière de la grotte, laissant des taches de son sang brun foncé sur le sol.

— Après tout, il ne peut plus voler, pensa Diablo.

Mais dans la direction où il se dirigeait, une fille toute seule se tenait debout.

« Quoi !? Non ! » s’exclama Diablo en état de choc.

Il n’avait aucune idée de qui était la fille, mais il l’avait remarquée beaucoup trop tard. Le Grand Dragon Noir fixa du regard la jeune fille qui se tenait sur son chemin avec des yeux injectés de sang.

« Ne vous mettez pas... sur Notre chemin ! Il ne faut pas que Nous mourions ! Nous ne pouvons pas encore mourir ! »

La jeune fille brossa ses cheveux violets, alors que l’expression de son visage ne changeait pas du tout.

 

« Qui a approuvé ta retraite ? Tu es le gardien du douzième étage... Désobéir aux ordres du Maître est passible de la peine de mort, » déclara la femme.

 

Les yeux de Diablo s’ouvrirent en grand en raison de la surprise. Ces vêtements, cette apparence...

Il se souvenait d’elle.

— Ce n’est pas possible, n’est-ce pas... !? pensa Diablo.

« Dégagez ! Si vous restez sur Notre chemin, vous n’échapperez pas à Notre colère, » le dragon l’avait menacée.

De la fumée noire s’échappait de sa gorge et de son corps perforés. Alors que sa puissance était quelque peu diminuée, le dragon lâcha son souffle d’acide sur la fille.

La jeune fille avait déplacé les objets se trouvant dans ses mains : une épée avec une lame double qui s’étendait de chaque extrémité et une tronçonneuse avec une lame faite de faisceaux d’énergie brillants qui tournait sur elle-même. Des armes aussi éloignées et étrangères qu’on pourrait l’être du Moyen-Âge.

« Alors, il est temps de nettoyer, » déclara la femme.

Au moment où l’haleine acide était sur le point de frapper la fille, cela s’était progressivement dissipé, et le brouillard acide ne l’avait pas atteinte.

« Comment osez-vous, simple outil de nettoyage... !? » le dragon hurla.

« Donc, tu appellerais Rose comme étant un outil... Très bien, très bien. Alors, Rose a d’autant plus de raisons de se débarrasser de toi. Le maître est le seul qui peut traiter Rose comme un outil, » déclara-t-elle.

La fille qui s’appelait Rose avait enfoncé ses armes dans le sol. Alors que son souffle avait été bloqué, le dragon se mit à la frapper avec ses griffes.

« Vous regretterez d’être resté debout face à Nous, Poupée ! »

Rose, qui n’avait pas changé d’expression jusqu’à présent, grinça des dents et beugla : « N’appelle pas Rose... une poupée !! »

Une épée massive était apparue de nulle part, très semblable en apparence à l’épée de science-fiction que la jeune fille maniait auparavant.

Une main d’acier avait saisi le manche de l’épée. Elle semblait blindée, mais Diablo avait remarqué les charnières au niveau de ses articulations. Des tuyaux le traversaient comme des artères, et Diablo pouvait voir des symboles et des lettres, comme ceux que l’on voyait sur un cercle magique, gravés sur eux. Les symboles brillaient jusqu’aux doigts, comme s’ils distribuaient de l’énergie.

Le bras mécanique s’était déplacé, déviant les griffes du dragon avec l’épée à deux lames et repoussant le dragon avec une unique frappe.

« Oh... Oh... Oh !? »

« Hehe... hehe... hehe... Hahahahaha ! Tu essayes de battre Rose dans un concours de force !? Espèce d’idiot de lézard ! » déclara Rose.

Le bras mécanique qui planait derrière Rose faisait partie d’elle. Il avait brisé les griffes du dragon et lui coupa les pattes avant écaillées, répandant de grandes quantités de sang sur le sol lorsque les cris de douleur du dragon secouèrent à nouveau l’air.

« Inconcevable... Le fait que vous Nous ayez fait autant de mal... »

« Malgré toutes tes vantardises, Rose pensait que tes écailles seraient un peu plus dures que ça. Rose te fera savoir qu’elle ne faisait que s’échauffer, » déclara Rose.

« Qu... oi... !? »

« Maintenant ! Il est temps pour toi d’expier tes crimes par la mort ! “Crius” !! » déclara Rose.

La main qui flottait derrière elle frappa horizontalement avec l’épée avec aisance, ce qui aurait dû être impossible vu son poids. L’épée bougeait si vite que Diablo avait du mal à suivre le fil du tranchant avec ses yeux.

Le vent avait hurlé et sifflé pendant qu’elle se déplaçait. L’épée dansait, brisant les écailles du dragon, fendant sa chair, brisant ses os et peignant la grotte avec son sang brun.

Finalement, le torse du Grand Dragon Noir fut coupé en deux.

« Gah! »

« Tais-toi, » déclara Rose.

Pour finir, elle avait enfoncé l’épée dans la tête de la bête écrasée sur le sol. La télépathie du dragon avait ainsi disparu de l’esprit de Diablo.

Puis, après ça, Rose tourna son regard vers Rem et les autres.

« Reste-t-il encore quelqu’un ? Rose n’est pas la gardienne du douzième étage, mais il y a encore besoin de vous nettoyer —, » commença Rose.

Les yeux d’émeraude de la fille avaient alors rencontré ceux de Diablo. Il n’y avait aucun doute — .

Il se souvenait d’elle.

Lorsqu’il avait réalisé son donjon dans le Croisement de la Rêverie, Diablo avait installé un certain meuble dans sa « Chambre du Seigneur Démon ». C’était un objet que l’on pouvait acheter avec la monnaie du jeu, appelée « Servante Magimatique ». Bien qu’elle ait l’air humaine, c’était en fait un automate qui fonctionnait à l’aide de la magie... ou du moins, c’était ce que disait la description du jeu. Selon cette même description, ses capacités de combat étaient censées être très élevées et elle aurait dû avoir de nombreuses caractéristiques pratiques, mais rien de tout cela n’avait été mis en œuvre dans le jeu. Elle se promenait sans but dans la pièce avec un aspirateur à la main, ce qui lui valut le surnom de « Roomba » sur les forums.

En se souvenant de cette époque, Diablo avait été saisi d’émotion.

« Tu te souviens de ces temps-là, Rose ? » demanda Diablo.

« Maî... tre... ? » demanda Rose.

« Je suis Diablo... Non. Peut-être me connais-tu mieux sous le nom de @Diablo-13, » déclara Diablo.

Rose se figea en état de choc. L’épée à deux lames tomba de sa main et claqua contre le sol avec une clameur puissante et retentissante. Le bras mécanique qui planait derrière elle avait disparu sans un son.

Peut-être que dans ce monde, cela avait agi comme une invocation ? Il n’existait que dans l’historique du jeu, mais n’avait jamais été réellement mis en service dans le jeu, donc Diablo n’avait aucun moyen de savoir, mais la force de Rose était sans doute exceptionnelle.

Diablo s’était approché d’elle.

« Je suis enfin de retour, Rose, » déclara Diablo.

Ses épaules tremblaient et ses yeux s’élargissaient sous le choc alors que de belles larmes transparentes coulaient le long de ses belles joues.

Elle chuchota de nouveau avec un tremblement dans sa voix, « B... Bon retour... mon Maître... »

***

Chapitre 5 : Changement d’équipement

Partie 1

Le treizième niveau — .

« La Chambre du Seigneur-Démon »

« Hm. » Diablo inspectait la pièce, alors que de la nostalgie remplissait son cœur.

« ... C’est dégoûtant. » Rem grimaça. « C’est comme si nous étions à l’intérieur du corps d’une énorme créature... »

« C’est vraiment le cas..., » Shera avait aussi l’air effrayée.

Horn avait refusé de quitter les côtés des filles. Elle avait recouvert son torse d’un grand tissu que Rem avait emporté pour servir de couverture. Diablo était nu au-dessus de la taille tandis que Horn était complètement nue. Le fait d’expliquer les circonstances derrière cela était assez difficile. Le fait que Horn était en vérité une fille était sans aucun doute la partie la plus surprenante de l’histoire... S’ils n’avaient pas été au milieu d’un donjon, et pressé de guérir la Maladie de la Clochette de la Mort de Lumachina, ils auraient sans doute été soumis à des questions plutôt impitoyables.

Après avoir provoqué un miracle aussi impressionnant, Lumachina était épuisée et avait dû emprunter leurs épaules pour pouvoir marcher. Sa bonne nature était inimaginable.

Elle avait guéri Gewalt de blessures graves alors que lui était venu pour lui ôter sa vie. Ce même Gewalt avait disparu à un moment donné pendant que Rose et le dragon se battaient.

— Un méchant comme lui se repentira-t-il vraiment ? Se demanda Diablo.

Il y avait encore une chance qu’il vienne à nouveau pour tuer Lumachina. Il serait sage de rester vigilant à cet égard.

Rose avait pris la tête du petit groupe, les conduisant plus loin dans la chambre.

« Rose croit vous avoir entendu critiquer les choix esthétiques du Maître, mais..., » Rose souriait sinistrement aux filles. « Non, les oreilles de Rose jouent sûrement des tours à Rose. »

« ... Quand vous dites “Maître”, vous parlez de Diablo, n’est-ce pas ? » demanda Rem.

« Mais, bien sûr, » répondit Rose.

« ... Donc cet endroit est... conçu selon vos goûts, Diablo ? » demanda Rem, visiblement déconcertée.

Il serait difficile de le cacher davantage. Mais comment était-il censé expliquer ça ? S’il avait pu trouver une explication convaincante, il l’aurait fait il y a des jours.

« Ce donjon était situé ailleurs auparavant, » commença à expliquer Rose, « Mais il a été transporté ici, par une puissance inexplicable. »

« ... Est-ce que c’est possible ? » demanda Rem.

« Étant donné que c’est ce qui s’est réellement passé, Rose supposerait que c’est le cas. Et quand ce donjon existait dans son lieu d’origine, c’est mon maître qui l’a créé, » déclara Rose.

« Quoi !? » Rem fixa son regard sur Diablo avec surprise.

Diablo sentait des sueurs froides sur lui. Il pensait aussi qu’un sourire suffisant à l’idée de conquérir son propre donjon ne ferait que compliquer les choses.

Elles étaient probablement dégoûtées par lui maintenant. Elles penseraient sans doute que c’est un idiot, un otaku idolâtre et ridicule.

« Je vois..., » Rem effectua un signe de tête pensif et sérieux. « C’est comme ça que vous avez su pour tous les pièges... Oui, c’est logique. »

« Vous avez fait ce donjon, Diablo !? C’est époustouflant ! » Shera s’exclama avec enthousiasme, ses yeux brillaient positivement d’excitation.

Il ne s’attendait pas à ce qu’elles réagissent comme ça.

« Mais n’étiez-vous pas perdu plus tôt... ? » demanda Horn avec une expression de curiosité.

— Merde, elle fait des trous dans mon histoire maintenant ! pensa Diablo.

Diablo était agité en lui, mais il gardait la tête froide en apparence.

« Le Maître a précisé la conception interne et l’emplacement des pièges pour chaque étage, » expliqua Rose. « Il va de soi qu’il ne connaît pas tous les petits passages. Pour commencer, Rose aurait dû l’accueillir à l’entrée et le transporter au niveau le plus bas..., » Rose avait penché sa tête et avait serré ses dents avec frustration. « Rose ne peut pas croire que Rose n’ait pas remarqué le retour joyeux du Maître... Rose est l’échec d’une servante défectueuse. S’il vous plaît, débarrassez-vous de Rose comme bon vous semble. »

« Ne t’en fais pas, Rose, » répondit Diablo d’un ton calme et recueilli.

Ce monde était différent de celui du Croisement de la Rêverie. Il n’y avait pas d’écran de connexion ou de menus pour naviguer, donc il n’avait aucun moyen de partir de son espace personnel.

« Quelle gentillesse ! Mais c’est bon, mon Maître ! » déclara Rose, se balançant et se tortillant là où elle se tenait. « Si cela peut apaiser votre colère, Rose se soumettra volontiers à une punition ! Déchirez les bras de Rose, écrasez la tête de Rose, comme vous le voulez ! Peu importe ce que le Maître désire, Rose le fera ! Oui, Rose le fera ! »

L’expression de Rose avait pris une tournure plus extatique et jubilatoire que ce à quoi on pourrait s’attendre d’une personne qui discutait de sa propre punition. Sa respiration aussi était irrégulière.

Diablo était un peu effrayé par son comportement, mais un Seigneur Démon n’hésiterait jamais devant les paroles d’une servante. Il haussa les épaules en feignant d’être calme.

« Ne t’avais-je pas dit de ne pas y penser ? » demanda Diablo.

« O-Oui ! Bien sûr que oui. Excusez Rose pour son comportement. Punissez Rose comme bon vous semble pour cette transgression ! De préférence physiquement ! » déclara Rose.

— Pourquoi est-elle si obsédée par la punition ? Se demanda Diablo.

« Hmm, Diablo..., » demanda Rem, en les regardant d’un air soupçonneux. « Puis-je vous demander quel genre de relation vous avez avec elle ? Pardonnez-moi si c’est une question personnelle... »

Ses paroles semblaient anormalement froides. Et juste au moment où il essayait de trouver une bonne façon de s’expliquer, Rose avait répondu à la question en levant l’index.

« Hehehehe... Bien sûr, Rose existe pour servir le Maître. Chaque doigt et chaque digit, chaque recoin et courbe du corps de Rose, chaque mèche de cheveux — tout cela existe pour satisfaire le Maître, » déclara Rose.

« ... Je suis sûr que nous pouvons tous voir comment... votre loyauté est sérieuse. Mais j’ai demandé ça à Diablo, pas à vous, » répliqua Rem.

Bien qu’elle ait vu la puissance de Rose il y a quelques instants, Rem l’avait tout de même affrontée sans hésiter. Diablo avait été impressionné par son courage et ses nerfs. Les deux se fixèrent du regard l’une et l’autre.

« Si elle n’avait pas été l’une des invitées du Maître, Rose l’aurait découpée en morceaux avec “Asterismos”..., » chuchota Rose.

« ... Vous êtes la servante de Diablo, tandis que je suis sa camarade. Il va sans dire, laquelle d’entre nous est le plus haut, non ? » demanda Rem.

Rose fit claquer sa langue d’un ton maussade. L’Asterismos qu’elle avait mentionné était l’épée géante à deux lames qu’elle avait maniée plus tôt. L’épée avait douze techniques uniques qui traçaient les constellations... Du moins, c’est ce qui était écrit, mais elle n’était pas sortie dans le jeu proprement dit.

Diablo n’arrivait pas à croire qu’elle soit capable de tuer un Grand Dragon Noir. Si cela avait été mis en œuvre dans le jeu, cela aurait totalement rompu l’équilibre des raids personnels dans les donjons.

Diablo se souvint soudain que Rem et Shera se disputaient tout le temps alors qu’il venait à peine de les rencontrer. Elles se querellaient encore, mais c’était devenu moins pour des raisons « réelles » et plus de petites querelles amicales.

« Assez de cette bêtise, » déclara Diablo, en coupant entre Rem et Rose. « Nous n’avons pas le temps de discuter du passé, nous avons des questions plus urgentes à régler. Rose, mon coffre au trésor existe-t-il toujours ? »

Son explication était assez convaincante, alors il avait décidé de s’y tenir. Rem et les autres semblaient avoir encore beaucoup de choses qu’elles ne comprenaient pas et qu’elles voulaient demander, mais elles n’avaient pas coupé les paroles de Diablo, car elles avaient réalisé ce que Diablo essayait de prioriser à ce moment.

Elles devaient encore faire partir la Maladie de la Clochette de la Mort se trouvant dans le corps de Lumachina. S’ils n’avaient pas la possibilité d’avoir l’article ici, il n’y aurait eu aucune raison d’aller aussi loin.

« Bien sûr, le coffre au trésor est parfaitement intact. Suivez Rose, s’il vous plaît. » Elle s’enfonça plus profondément dans la chambre.

***

Partie 2

La porte derrière le trône de Diablo conduisait à un vaste espace qui semblait s’étendre à l’infini. Personne ne croirait que quelque chose comme ça aurait été enterré sous le désert. Peut-être que cet endroit fonctionnait selon la même logique que la poche de Diablo, qui était magiquement relié à un autre endroit, ou peut-être que le vide lui-même avait été créé par magie.

D’innombrables rangées de socles de pierre étaient alignées dans cet espace, s’étendant à perte de vue. Un objet avait été placé sur chaque piédestal.

Rem avait plissé ses yeux. « ... Cet endroit ressemble à un cimetière. Diablo, est-ce vous qui avez fait ça aussi ? »

Il secoua la tête en réponse. « Dans l’autre monde, tout ce que j’avais à faire était de préciser ce que je voulais et il me serait immédiatement livré. »

« Wooow, on dirait que vous étiez un roi ! » s’exclama Shera.

« Bien sûr que oui. Je suis après tout un Seigneur Démon, » déclara Diablo.

En d’autres termes, dans le jeu, tout ce qu’il avait à faire était de choisir un article dans sa liste de stockage, mais il n’avait pas l’intention d’entrer dans les détails.

En regardant les innombrables objets, Diablo avait été submergé par le nombre. Il aurait dû y avoir une fonction pour les trier selon leur type et leur rareté...

« Hmm... »

« Vous cherchez quelque chose en particulier, Maître ? » demanda Rose.

« J’ai besoin de la Statue du Bœuf Blanc, » déclara Diablo.

Il s’agissait d’un cadeau obtenu lors d’un événement d’une durée limitée, qui avait été classé dans la catégorie « Éléments importants ».

« Alors, cela devrait être là-bas. » Rose hocha la tête. « Suivez Rose, s’il vous plaît. »

— Très bien, elle se souvient où c’est ! Rose, tu es si utile ! Je suis désolé de t’avoir traité de Roomba alors que je venais de t’avoir ! pensa Diablo.

« Je te le permets. Montre-nous le chemin. » Dansant une petite danse de la victoire dans son esprit, Diablo acquiesça d’un signe de tête solennel, à la manière appropriée pour un Seigneur-Démon.

« Comme vous voudrez, mon Maître. » Rose s’inclina respectueusement et commença à les guider à travers la chambre forte.

Rapidement, Diablo avait détecté un objet familier reposant sur l’un des piédestaux. Il s’agissait d’une statue de bœuf de couleur ivoire qui brillait d’une faible lumière. Il voulait se précipiter en avant et l’attraper, mais...

— Non, je ne peux pas. Un Seigneur Démon ne ferait jamais ça. Calme-toi. Calme-toi, pensa-t-il.

Diablo jouait le rôle d’un Seigneur Démon. S’il ne prétendait pas être quelqu’un d’autre, il serait incapable de parler à qui que ce soit. S’il essayait de parler avec sa propre voix, il ne ferait que bégayer et s’étouffer avec ses paroles. Le souvenir de tous ses échecs passés le hantait, lui enlevant sa capacité à penser correctement.

— En ce moment, je suis le Seigneur Démon Diablo. C’est important de garder les apparences de cette manière, pensa Diablo.

Seul un aventurier novice sauterait de joie après avoir trouvé le coffre au trésor. Diablo était au-dessus de ça. Il avait mis toute sa volonté à ne pas hâter sa démarche en s’approchant du piédestal.

« Hehe... Tous ces ennuis pour cet objet stupide. » Il ricana avec l’arrogance comme ce que l’on pourrait attendre d’un Seigneur Démon.

« C’est ça, Diablo ? » demanda Rem.

« En effet. » Diablo acquiesça d’un signe de tête. « C’est la statue du bœuf blanc. »

Enfin ! Tout le monde avait fait entendre leur voix en une acclamation. Les yeux de Shera et Horn brillaient d’excitation, tandis que Lumachina se mettait à genoux et mettait ses mains ensemble en remerciement.

« ... Comment sommes-nous censés l’utiliser ? » demanda Rem.

« Hmph, ne le sais-tu même pas ? » demanda Diablo.

— En vérité, je suis aussi paumé que toi, pensa Diablo.

Dans l’histoire du Croisement de la Rêverie, la Statue du Bœuf Blanc ne faisait que briller. Comme c’était souvent le cas dans le jeu, l’écran clignotait en blanc et servait de substitut à la cutscene, puis un dialogue avec les PNJ guéris de la maladie avait surgi, où ils avaient remercié les joueurs pour leur héroïsme.

« Hm... Je crois que je sais m’en servir. » Lumachina s’avança.

« Je n’en attendais pas moins de toi. Va de l’avant et utilise-la. Je te l’autorise, » déclara Diablo.

Ne laissant pas apparaître la surprise sur son visage, Diablo s’était écarté, permettant à Lumachina de s’approcher de la statue. Lumachina posa une main sur la tête de la Statue du Bœuf Blanc.

« Je peux le sentir... Cette chaleur... C’est de la puissance du Seigneur, » déclara Lumachina.

Lumachina ferma les yeux. Qu’est-ce qui est passé au plus profond de son cœur en ce moment ? Diablo n’avait aucun moyen de savoir.

Une lueur blanche émanait maintenant de la statue.

« Wôw..., » Shera se pencha vers l’avant, regardant le spectacle devant elle les yeux grands ouverts.

Rem, en revanche, avait pris du recul et avait observé le rituel avec prudence. Horn se cacha derrière elle, visiblement effrayée.

Diablo observait les choses se dérouler avec un air de sang-froid, essayant d’étouffer son anxiété.

— Je suis presque sûr que ça se passera bien, mais je suis quand même toujours nerveux, pensa Diablo.

La statue aurait-elle le même effet que dans le jeu ?

« Ngh...., » un halètement s’échappa alors des lèvres de Lumachina. Ses joues devinrent peu à peu plus rouges et des perles de sueur apparurent sur sa peau pâle. « Argh... Aaah... Aaah... Nnngh... »

Un frisson avait traversé tout son corps. Sa main libre, qui ne touchait pas la statue, semblait caresser son abdomen.

« Nnngh...  Aaah... »

« Est-ce que ça va ? » demanda Diablo.

Lumachina hocha la tête. « Oui. Je peux... sentir la présence de Dieu... Il est tout près... »

« Je vois, » murmura Diablo.

Pour qu’elle puisse sentir Sa présence...

Un brouillard noir avait commencé à sortir du corps de Lumachina alors qu’une lumière s’approchait d’elle depuis la statue.

« Aaah... Hng ! »

Le brouillard noir semblait être bien plus dense proche de la fente de la robe de Lumachina.

« Aaagh...  C’est... c-c’est chaud ! » Ses gémissements étaient mélangés à l’angoisse.

« Ça va, Lumachina ? » Shera se précipita à ses côtés, soulevant sa jupe.

La Maladie de la Clochette de la Mort était une maladie mortelle. C’était une urgence, et cela pouvait être considéré comme une sorte de traitement médical, donc il serait fou de voir cela comme indécent.

Se calmant face au changement soudain de situation, Diablo avait gardé le regard fixé sur les deux femmes, avalant sa salive dans l’anxiété.

Shera releva la jupe de Lumachina, exposant l’intérieur de ses cuisses, là où les marques de la Maladie de la Clochette de la Mort avaient fait surface.

« Oh... Je crois qu’ils perdent de leur intensité ! » déclara Shera.

« Ngh...  Aaah... Oui... Cette statue est... remplie de la puissance de Dieu... Nnngh ! »

Le corps de Lumachina tremblait et se tortillait... Shera la soutenait dans le dos, l’empêchant de s’effondrer.

« Continue, Lumachina ! » déclara Shera.

« O-Oui ! » répondit Lumachina.

« Regarde, on voit à peine les marques ! Encore un peu et tu seras guéri, j’en suis sûre ! » déclara Shera.

Shera caressa la cuisse de Lumachina, près de l’endroit où les marques s’estompaient. Le corps de Lumachina avait immédiatement réagi, comme s’il avait été frappé par l’électricité.

« Aaah ! C’est... Cet endroit... C’est sensible... en ce moment ! » déclara Lumachina.

« Oh, désolée ! » déclara Shera.

« M-Mais je pense que... ça commence à aller... mieux..., » déclara Lumachina.

« Vraiment ? Alors, que penses-tu de ça ? Est-ce que ça fait mal ? » Shera caressa doucement la peau de Lumachina.

Lumachina avait inhalé brusquement. Comme si elle se concentrait sur le toucher des doigts de Shera, elle stabilisait sa respiration.

« Ngh...  Mgh... Aaah... Aaah... Ngh ! »

« Comment ça, Lumachina ? » demanda Shera.

« Quand tu me touches... ça me fait frissonner... vraiment beaucoup..., » déclara Lumachina.

« Ça sonne un peu comme ce qu’on ressent quand quelqu’un envoie de la magie en quelqu’un, » déclara Shera.

« Je suis... Aaah... je reçois la puissance de Dieu... après tout... en moi... Ngh...., » murmura Lumachina.

« Ouais ! Je peux vraiment te le dire vu que la lumière pénètre en toi, et qu’elle évacue tous les trucs sombres et dégoûtants ! »

Shera pouvait voir le flux de la magie dans les choses. Bien qu’il ait été difficile de le dire d’après ses pensées habituellement lentes, elle était en vérité un génie quand il s’agissait de ces choses-là.

Ses doigts caressaient doucement la peau de Lumachina, et chaque fois, la Grande Prêtresse gémissait avec coquetterie.

 

 

« Je-Je... Je ne peux plus supporter plus... plus..., » gémit Lumachina.

Incapable de maintenir son équilibre plus longtemps, les genoux de Lumachina semblaient sur le point de ne plus la porter, mais Shera l’avait prise dans ses bras par-derrière, la soutenant.

« Encore un peu, Lumachina ! Juste un tout petit peu plus et tous ces mauvais trucs en toi disparaîtront ! Tout ira très loin, très loin de toi ! » déclara Shera.

Les doigts fins et blancs de Shera s’agrippaient à l’intérieur de la cuisse de Lumachina, là où se trouvaient les marques de la maladie, serrant la peau avec force.

Lumachina avait alors eu le dos courbé comme un arc.

« Aaah ! Ngh ! Aaaaaaaaaaaaaaaaah !! » Un cri aigu s’était échappé de ses lèvres.

Diablo pouvait le voir clairement : Une masse d’énergie magique noire s’échappa du corps de Lumachina, comme si elle avait été chassée par la lumière blanche. La Statue de Bœuf Blanc absorba la masse inquiétante d’énergie magique, puis l’éclat de la statue s’estompa peu à peu.

C’était terminé.

Lumachina gisait épuisée, les membres sans force. Même Shera, qui l’avait soutenue, semblait complètement vidée de ses forces.

***

Partie 3

Diablo avait attrapé les deux femmes, les soutenants.

« Est-ce que ça va ? » demanda Diablo.

« Lumachina s’est endormie. Je pense qu’elle va bien maintenant, » répondit Shera.

La respiration de Lumachina était calme et détendue. Diablo n’avait rien pu détecter de mal avec le flux de magie dans son corps.

« Je vois. C’est donc chose faite, » déclara Diablo.

« Ouaip ! La malédiction a disparu, » déclara avec joie Shera en soulevant la jupe de Lumachina.

C’est vrai, l’intérieur de sa cuisse était blanc et sans tache. Les marques violettes foncées avaient toutes disparu, ce qui signifiait que la Maladie de la Clochette de la Mort avait complètement disparu.

— Nous pouvons maintenant respirer plus facilement..., pensa Diablo.

Il avait fallu beaucoup de difficultés pour y parvenir, et Diablo avait parfaitement compris à quel point cela avait dû rendre Shera heureuse, mais...

Avec la jupe de Lumachina relevée, il pouvait voir non seulement l’intérieur de ses cuisses, mais aussi sa culotte. Si elle ne dormait pas en ce moment, elle serait probablement en train de crier de panique.

Peu de temps après qu’elle ait gémi comme elle l’avait fait, sa culotte avait été dans la ligne de mire de Diablo. Le fait de pouvoir maintenir son calme avait été incroyablement difficile. Il voyageait avec Rem et Shera depuis son arrivée dans ce monde, mais il n’avait aucune expérience préalable en matière d’interaction avec les filles. Franchement, c’était beaucoup trop stimulant pour lui. Mais le fait de rougir comme un garçon inexpérimenté était quelque chose qu’aucun Seigneur Démon qui se respecte ne serait jamais vu à faire.

Diablo se tourna vers Rem, essayant de cacher sa gêne.

« On a enfin réglé ça, » déclara Diablo.

« Oh... Ah, oui. Diablo, je savais que vous viendriez nous aider, » répondit Rem.

Son visage était rouge comme une betterave et elle se frottait les cuisses. Peut-être qu’elle était aussi gênée de voir ainsi Lumachina.

Horn, qui se tenait à côté d’elle, était dans une situation semblable, avec ses yeux plus humides que d’habitude.

« Pouvez-vous me dire où sont les toilettes ? » demanda Horn.

— Les toilettes !? Se demanda Diablo.

Diablo n’avait jamais pensé à en ajouter au donjon quand il l’avait planifié dans le jeu. Il ne pensait pas qu’un donjon du Seigneur Démon aurait besoin d’une telle chose.

— Une toilette par ici, une salle de bain par là... et une cuisine par ici... Comme si ! Ce serait une maison de poupée Barbie, pas un donjon du Seigneur Démon ! pensa Diablo.

Mais il ne pouvait pas dire ça après tout ce temps, n’est-ce pas ? Mais il aurait probablement besoin d’aller lui-même aux toilettes à un moment ou à un autre.

Il s’était tourné vers Rose, une Bonne Magimatique serait probablement la bonne personne à qui poser des questions à ce sujet.

« Hehe... C’est une question idiote, n’est-ce pas, Maître ? » Rose souriait froidement, regardant Horn avec dédain. « Une installation aussi sale n’a pas sa place dans la sombre demeure d’un Seigneur Démon. »

« Quoiiiii !? Les repaires du Seigneur Démon ont l’air plutôt effrayants pour y vivre ! » s’écria Horn.

Horn n’était pas la seule à se plaindre, Shera et Rem avaient aussi l’air horrifiées. Diablo était également perplexe.

— Je n’arrive pas à le croire ! J’aurais dû installer une toilette ici quand je l’ai faite... La prochaine fois, j’en inclurai un à chaque étage, pensa Diablo.

Horn, avec le visage pâle comme un drap, regarda désespérément autour d’elle... puis saisit une grande coupe d’argent se trouvant sur l’un des piédestaux. En termes de taille, c’était plus un vase qu’une tasse.

« Ceci ! Ceci ! Je peux vous l’emprunter ? » Horn supplia avec une expression sévère et désespérée.

« B-Bien sûr ! » Diablo n’avait pas d’autre choix que d’accepter, il avait le sentiment que quelque chose de terrible allait arriver s’il ne le faisait pas.

Horn s’était enfuie dans un coin lointain de la salle, hors de portée de voix, et se cacha entre les piédestaux.

Rose fronça les sourcils, plissant ses sourcils. Pour une poupée mécanique, ses expressions étaient incroyablement détaillées.

« Êtes-vous certain que c’était acceptable, mon Maître ? N’était-ce pas... ? » demanda Rose.

« Je sais très bien ce que c’est. Mais je n’en ai plus besoin, » répondit Diablo.

— C’est un article que j’ai reçu d’un collab. Il avait aussi un nom assez tape-à-l’œil..., pensa Diablo.

« Le Saint Graal, » murmura Diablo.

S’il s’en souvenait correctement, la description de l’article ressemblait à ceci :

« Ceux qui répondent correctement à la requête du Saint Graal recevront la bénédiction divine des cieux. »

Diablo avait fait de son mieux pour ne pas penser à la façon dont Horn l’utiliserait.

« Rose ne comprend pas pourquoi vous prêteriez vos trésors à un tel rustre..., » déclara Rose, toujours mécontente de la situation.

« Qu’il en soit ainsi. De toute façon, j’avais l’intention de prêter mon équipement à ces personnes, » déclara Diablo.

« Quoi !? Vous laisserez votre précieuse collection tomber entre les mains de ces mécréants !? Impossible ! Vos biens n’appartiennent à personne d’autre que vous, Maître, et le rôle de Rose est de s’occuper —, » commença Rose.

« Le fait qu’elles aient un meilleur équipement pour se défendre me facilitera la tâche. Ils n’appartiennent à personne d’autre que moi, non ? Je suis libre de les utiliser comme bon me semble, » déclara Diablo.

« Ngh...  Comme vous le voulez, Maître..., » Rose s’inclina, grinçant des dents tout le temps.

Diablo posa sa main sur sa tête et lui caressa doucement les cheveux. Ils étaient soyeux, doux et agréables au toucher.

« Je te suis reconnaissant pour ton aide, Rose. Si tu n’étais pas là, le fait de trouver ce pour quoi je suis venu ici serait un défi, » déclara Diablo.

Rose s’était raidie, alors que ses épaules tremblaient comme si elle était en état de choc. Diablo s’était souvenu ensuite d’une chose qu’il avait lue une fois sur Internet, à savoir qu’il ne fallait pas toucher les cheveux d’une fille sans permission.

— Attends. Même si c’est une mecha-maid, Rose est quand même une fille... Serait-ce du harcèlement sexuel ? Alors, est-ce que ça fait de moi un Seigneur Démon agresseur... ? J’ai vraiment merdé !? Se demanda Diablo.

Cela dit, s’excuser auprès d’une servante pour harcèlement sexuel ne ressemblait pas du tout aux agissements appropriés d’un Seigneur Démon. Il faudrait qu’il trouve un moyen de s’en sortir.

Alors que Diablo luttait pour trouver quelque chose, Rose leva la tête pour rencontrer son regard. Ses joues étaient rouges et ses yeux brillaient de joie.

« Rose fera tout ce que vous voudrez, Maître ! » déclara-t-elle d’une voix aiguë et animée.

Diablo hocha la tête en réponse. Il ne comprenait pas vraiment ce qui venait de se passer, mais il semblait que d’une façon ou d’une autre, elle était heureuse.

Après avoir réglé la situation avec Rose, Diablo s’était tourné vers Rem et les autres. « Je vous ai fait attendre. Maintenant, venez ! Je vous accorderai mes trésors. »

La surprise avait rempli les yeux des filles.

***

Partie 4

« Dommage que je n’aie pas d’Invocation à te prêter, » déclara Diablo.

Diablo n’était pas un Invocateur, donc il n’avait pas de Cristaux d’Invocation en sa possession. Bien qu’il ne s’agissait pas tout à fait d’un remplacement à une meilleure Invocation, Diablo avait été en mesure de préparer une armure légère qui pourrait s’adapter à Rem.

« ... Qu-Qu’est-ce que c’est que ça ? » demanda Rem.

« Il s’agit d’un “Jaque de Gemmes”. C’est un objet plutôt rare, » répondit Diablo.

C’était un gilet couvrant tout le torse de rang SSR qui offrait une haute défense physique et une résistance magique, tout en augmentant la vitesse de celui qui le portait. S’il était correctement augmenté en niveau, il aurait des effets encore plus bénéfiques, mais Diablo l’avait simplement stocké dès qu’il l’avait reçu, donc il était resté un « Zéro pli ».

Rem avait hésité à prendre le Jaque de Gemmes. « Puis-je vraiment avoir ça ? »

« Essaie-le. Tu devrais pouvoir l’équiper, » déclara Diablo.

L’équipement enchanté avait des exigences de niveau, de sorte que les personnages en dessous d’un certain niveau seraient incapables de les équiper. Du moins, c’était comme ça que ça marchait dans le jeu.

Mais il avait d’autres objets à lui donner. Rose portait l’objet qu’il avait spécifié : une bague avec une pierre aux couleurs de l’arc-en-ciel.

« Maître, Rose a apporté la “Bague de la nature sauvage”, » déclara Rose.

« Excellent. Rem, cet anneau renforcera tes Invocations. Cela triplera ta consommation de mana, mais ton invocation sera d’autant plus forte, » expliqua Diablo.

Si elle avait dépassé le niveau 100, il aurait pu lui donner de meilleurs objets... Après tout, les niveaux étaient une mesure de la force, et un effort honnête était le seul moyen d’augmenter son niveau. Ni ce monde ni le MMORPG n’avaient été assez indulgents pour laisser les faibles remporter des victoires simplement parce qu’ils s’étaient retrouvés avec du bon matériel.

« I-Impossible..., » Rem frissonna dans la crainte. « S’ils devenaient plus forts, cela serait des Invocations presque entièrement différentes. »

« C’est ainsi que les Invocateurs deviennent plus forts. Ton équipement et ta magie renforcent et fortifient tes Invocations, sinon tu serais dépassé par des guerriers avec un équipement supérieur, » déclara Diablo.

Les classes de type guerrier utilisaient des armes et des armures qui augmentaient leur force et leurs dégâts. Une Invocation sans aucune sorte d’amélioration ne pourrait pas espérer l’égaler. Parce que les Invocations étaient si inutiles si elles ne s’étaient pas vues améliorées par la magie, les Invocateurs avaient été ridiculisés dans le jeu comme une « classe gadget ».

Mais ce monde n’était pas une copie exacte du jeu.

Rem était habile au combat rapproché, mais cela ne voulait pas dire qu’elle était bien adaptée à un rôle défensif. Même si elle ne mourait pas nécessairement, elle pourrait quand même être gravement blessée. C’est pour ça que l’Invocation était une alternative sûre pour elle.

Finalement, il lui avait tendu une paire de gantelets.

« C’est ce qu’on appelle les “Bracelets bestiaux”. Eux aussi augmentent ta vitesse et infligent des dégâts supplémentaires contre les ennemis de type bête. Bêtes sauvages, Invocation, bêtes magiques... des ennemis fréquemment rencontrés, » expliqua Diablo.

« ... C’est vrai, » déclara Rem.

« Pour l’instant, essaye de les mettre, » déclara Diablo.

« ... Compris. Merci beaucoup, Diablo, » répondit Rem.

« N’y pense pas trop, » déclara Diablo.

« ... Hmm..., » murmura Rem.

« Qu’est-ce qu’il y a ? As-tu besoin d’autre chose ? » demanda Diablo.

« ... Non, bien sûr que non, vous m’avez déjà tant donné. C’est juste que... euh..., » répondit Rem.

« Hm ? »

« Je ne peux pas changer... si vous continuez à me regarder, » répondit-elle en devenant rouge au niveau du visage.

« Oh !? » s’exclama Diablo.

Diablo ne s’en était pas rendu compte parce que pour lui, c’était juste de l’équipement à équiper. Mais l’armure complète était essentiellement un vêtement, alors Rem devait se déshabiller jusqu’à être en sous-vêtements pour pouvoir l’enfiler.

« ... Je vais l’essayer, » déclara Rem.

Rem était partie en courant, tenant l’équipement que Diablo lui avait donné dans ses bras. Diablo détourna le regard vers la prochaine personne.

« D-D’accord. Shera est la suivante, » annonça-t-il.

***

Partie 5

« Oui ! » Shera leva la main avec enthousiasme.

Diablo l’avait examinée de fond en comble.

« Hmm... Je vois... D’accord, c’est bon. Je n’ai rien à te donner. Suivante ! » déclara Diablo.

« Huuuh !? C’est si méchant, Diablo ! Vous avez donné tout ça à Rem, mais vous ne me donnez rien !? Donnez-moi aussi des vêtements ou quelque chose comme ça ! » supplia Shera.

« Mais ce que tu portes est un héritage de la famille royale elfique, n’est-ce pas ? Il doit déjà y avoir beaucoup d’enchantements dessus, » déclara Diablo.

« Probablement ! » répliqua Shera.

« Si tu étais au-dessus du niveau 100, je pourrais t’obtenir une meilleure armure que ça, mais à ton niveau actuel, c’est la limite, » répondit Diablo.

Rose hocha la tête, debout à côté de Diablo. « D’après les compétences supérieures de Rose en matière d’évaluation, cette armure intégrale est le “manteau de la princesse”. »

Diablo n’avait jamais entendu parler de cette armure, elle n’avait probablement jamais été implémentée dans le jeu.

« Rose, peux-tu dire combien de fois il a été enchanté et amélioré ? » demanda Diablo.

« Bien sûr, Maître... Son manteau de la princesse a été amélioré sept fois. Il a été un enchantement afin d’augmenter tous les attributs physiques, ainsi que d’augmenter la défense magique, » déclara Rose.

— Donc, c’est aussi de l’équipement de Rang EX, pensa Diablo.

Il s’agissait du même rang que le Rideau des Sombres Nuages de Diablo, mais il y avait probablement une différence en termes de niveau requis pour l’équiper.

Inutile de dire qu’aucun des équipements qu’il avait ici, qui n’étaient pas améliorés étant donné qu’il venait de les placer dans le coffre-fort dès qu’il les avait obtenus, ne pouvait égaler celui-là. Il en était de même pour son arme.

« Ton arc était à l’origine puissant, mais il a été enchanté par Klem. Je doute que tu trouves un arc plus fort à ton niveau, » déclara Diablo.

Selon l’évaluation de Rose, Diablo avait également appris que l’arc s’appelait « Arc Sylvain de la Noirceur ». Il avait une puissance de feu et une précision accrue, et il avait aussi une grande chance de pétrifier chaque fois qu’il infligeait des dégâts.

La partie choquante, cependant, était qu’il faille un niveau de 70 ou plus pour l’équiper, ce qui signifiait que le niveau de Shera comme Archer était supérieur à 70. Rem serait mortifiée si elle entendait ça.

« Oh, phooey, » déclara Shera, la tête penchée en signe de déception.

« Espèce d’imbécile sans espoir. Ne devrais-tu pas être heureuse de savoir que tu as eu la chance d’avoir un équipement puissant ? » demanda Diablo.

« Mais je suis triste que seule Rem reçoive des cadeaux de vous, Diablo..., » déclara Shera.

— C’est ça qui la tracasse ? se demanda Diablo.

« Fille turbulente... Maintenant que j’y pense, je devrais avoir des flèches. Utilise-les bien. Il devrait aussi y avoir une centaine de “Flèches de Tempête”, » déclara Diablo.

« Wôw ! C’est incroyable ! » s’exclama Shera.

Diablo avait demandé à Rose d’apporter plusieurs types de flèches enchantées, ce qui aurait dû être un pas de plus par rapport aux « Flèches aux feuillages persistants » couramment vendues dans les magasins dans le jeu.

« Je peux vraiment les utiliser ? Wooow, que devrais-je choisir..., » Shera courait largement à la vue des carquois pleins de flèches colorées. « Lesquels devrais-je prendre... ? Oh merci, Diablo ! »

« Celles-ci t’aideront sûrement à devenir plus forte..., » déclara Diablo.

« Ouaip ! » s’exclama Shera.

« En tant qu’Archer, » continua Diablo.

« Beurk... Je ne sais pas si je devrais être heureuse à ce sujet... Dois-je vraiment utiliser ces... ? » demanda Shera.

Toute son excitation s’était envolée en un clin d’œil. Après tout, elle voulait devenir Invocatrice. Mais Diablo pensait qu’il vaudrait mieux qu’elle se concentre sur la classe d’Archer.

Diablo avait déplacé son regard vers la personne suivante.

« C’est l’heure pour toi, Horn. Commençons par te trouver des vêtements, » déclara Diablo.

Le regard de Shera tomba soudain sur un objet placé sur l’un des piédestaux : une bague argentée.

« Tu as donné une bague à Rem, n’est-ce pas ? Je veux aussi une bague ! Je peux avoir celle-là ? » demanda Shera.

« Comme tu le souhaites, » répliqua Diablo.

Il n’aurait pas dû y avoir d’objets maudits dans la chambre forte, et il y avait beaucoup d’objets de collection inutiles ici. C’est pourquoi Diablo n’avait pas pris la peine de vérifier ce qu’elle prenait. De toute façon, il ne l’utiliserait pas puisqu’il portait l’Anneau du Seigneur Démon.

Shera glissa joyeusement l’anneau sur son annulaire gauche.

***

Partie 6

« Pourquoi cette Marcheuse des Herbes est-elle nue ? Rose ne comprend pas ce que cela signifie, » Rose inclina avec curiosité la tête.

« Parce que je l’ai déshabillée, » répondit Diablo.

Diablo répondit brutalement, mais cette explication ne clarifia pas la situation, et la tête de Rose restait inclinée.

« Vous auriez au moins pu laisser mon pantalon ! » se plaignait Horn, le visage rouge.

« Tu devrais être reconnaissante que je t’ai sauvée la vie. En plus, j’ai préparé des vêtements pour toi, » déclara Diablo.

« Ah, alors merci, Patron ! Je ne pourrais pas retourner en ville comme ça ! » déclara Horn.

« Tu es une voleuse, n’est-ce pas ? » demanda Diablo.

« Ça peut sembler être du pinaillage, mais je suis une Roublarde, pas une Voleuse ! » déclara Horn.

Ignorant ce commentaire, Diablo avait trié les articles qu’il avait, essayant de penser à ce qui serait le mieux pour elle. Horn étant au niveau 20, il n’y avait pas beaucoup d’options à disposition, mais Diablo avait néanmoins demandé à Rose d’apporter quelques articles.

Comme Horn ne pouvait pas voir au-dessus des piédestaux à cause de sa taille, les objets étaient étalés sur le sol.

« Celui-ci s’appelle le “Mini Trésor”. Il augmente ta vitesse, et te donne aussi un peu de résistance magique. Bien sûr, c’est aussi enchanté afin d’augmenter ta défense physique, » déclara Diablo.

Il était équitable au niveau 20, mais il s’agissait d’un équipement de rang supérieur SR. Mais même si tout cela était très bien, il y avait une différence importante par rapport aux vêtements que Diablo avait brûlés.

« Une jupe !? » Les yeux de Horn étaient aussi larges que des soucoupes. « Et une mini-jupe, en plus !? »

« Alors tu l’as remarqué. Impressionnant ! » déclara Diablo.

« Bien sûr que je l’ai fait ! N’importe qui le ferait ! » répliqua Horn.

« Ne te laisse pas être dérangé par des détails insignifiants, » répliqua Diablo.

« Vous pouvez parier vos fesses que ça me dérangera ! Et si nous devions gravir une échelle, ou si je devais me pencher vers l’avant... Et si je tombe !? Tout le monde verra ma culotte ! Quel genre de perverse va ramper dans un donjon en mini-jupe !? » s’écria Horn.

 

 

— OK, Missy, ça suffit comme ça. As-tu la moindre idée du nombre de personnes contre qui tu te disputerais si on savait pour l’objet ? pensa Diablo.

Diablo avait croisé les bras de façon menaçante, afin d’empêcher Horn de faire d’autres déclarations potentiellement catastrophiques.

« Cela peut aussi remonter le moral des membres masculins du groupe, » annonça Diablo.

« Je ne veux pas faire un groupe avec quelqu’un qui s’amuse à regarder ma culotte ! » s’écria Horn.

Elle avait après tout douze ans.

« Dis ce que tu veux, mais c’est le meilleur équipement que je puisse offrir à quelqu’un qui est au niveau 20, » déclara Diablo.

« Trouver des fautes dans la générosité de mon maître..., » Rose avait fait un sourire discret et sans joie. « Rose devrait vous abandonner pour pourrir au cinquième étage. Je suis sûre que cela vous apprendra l’étendue de votre bêtise. »

« N’est-ce pas le niveau enneigé ? » Horn hurla de terreur.

« Hehehehehe... Ne vous inquiétez pas. Rose vous garantit qu’en dix minutes, vous ne sentirez plus du tout le froid..., » déclara Rose.

« Oui, parce que je serai morte ! S’il vous plaît, non ! Je ne veux pas mourir ! » cria Horn.

— Attends une seconde, pourquoi tu ne..., pensa Diablo.

« Si tu es contre, » Diablo a coupé dans leur échange « je peux trouver autre chose pour toi. Mais cela peut t’aider à éviter un coup fatal ou à réduire les effets d’un coup mortel. Es-tu sûre que tu n’en veux pas ? »

Le souffle de Horn s’était coincé dans sa gorge avec un « Argh », et elle était restée immobile pendant un long moment. Tous les instants où elle s’imaginait sur le point de mourir lui passait probablement par la tête en ce moment même.

« Nnng... B-Bien. Je suppose qu’une aventurière devrait donner la priorité à sa vie plutôt qu’à sa culotte..., » déclara Horn.

« C’est un bon jugement. » Horn était après tout du genre à risquer sa vie souvent.

Après ça, il lui avait tendu une cape et un poignard.

« Cette “Cape de Transparence” devrait augmenter tes compétences de furtivité. Et voici le “Couteau de l’Ombre”. C’est une arme, mais pour une raison ou une autre, elle te donne un bonus à l’esquive. C’est inestimable pour une arme de bas niveau, » déclara Diablo.

« Hmm... Dois-je vraiment jeter l’ancienne arme ? » demanda Horn.

Horn caressa avec affection son vieux poignard. C’était un poignard normal, sans enchantement ni amélioration, le genre d’objet qu’un joueur se contenterait de hausser les épaules en le considérant comme de la ferraille avant de le détruire pour produire des matériaux d’amélioration.

« Y a-t-il une raison particulière pour laquelle tu veux le garder ? » demanda Diablo.

« C’est, euh... un souvenir de Prof, » déclara Horn avec tristesse. « Un piège a fait s’effondrer le plafond sur lui. Il a été totalement écrasé... La dague est tout ce qu’il me reste de lui. »

C’était difficile de croire qu’un voleur puisse se faire tuer par un tel piège. Et si ce morceau de ferraille inutile était sa seule arme, il n’était probablement pas à un niveau approprié pour embaucher des apprentis.

« Hm..., » Diablo était à court de mots.

« C’est absurde qu’il se qualifie d’enseignant alors qu’il était si faible, » déclara froidement Rose. « Vide bravade dans toute sa splendeur. »

Elle avait déclaré sans pitié quelque chose que Diablo savait comme ne devant pas être dit.

— Mais je suppose que c’est logique, pour un robot Magimatique..., pensa Diablo.

« Oui, vous avez raison, » déclara Horn en se grattant la tête. « Je n’ai jamais pensé que le Prof était quelqu’un d’incroyable... Mais il a quand même fait ce qu’il a pu pour s’occuper de nous, et je lui en suis reconnaissante. »

« Oh..., » Rose s’était arrêtée.

Diablo avait retenu un reniflement. Il avait toujours eu un faible pour les histoires réconfortantes.

« Choisis ce que tu veux, » déclara-t-il en plaçant les deux mains sur les épaules de Horn. « Je suis sûr que même sans enchantement, ce poignard te protégera. »

« Merci beaucoup, Patron ! » avait souri Horn.

Son sourire avait un éclat qui n’avait rien à voir avec sa race ou par le fait qu’elle soit une aventurière ou non. C’était simplement le sourire pur d’une fillette de douze ans.

***

Partie 7

Horn s’était mise à courir entre les piédestaux, berçant ses nouveaux vêtements, cette fois pour ne pas utiliser... le Saint Graal, mais pour aller revêtir son nouvel équipement.

Rem était aussi encore en train de se changer. Shera s’était dirigée plus loin dans la salle au trésor pour voir si quelque chose ne l’intéressait pas.

Diablo, pendant ce temps, tourna son regard vers Lumachina. Il n’y avait rien qui pouvait servir de lit par ici, alors ils avaient étalé une épaisse cape pour qu’elle puisse dormir. Elle ne s’était toujours pas réveillée.

« Hmph, on trouvera quelque chose à lui donner plus tard. Il ne me reste plus que mon équipement... Hm ? Qu’y a-t-il, Rose ? » demanda Diablo.

« S’il vous plaît, ne vous méprenez pas... obéir à la volonté du Maître est la plus grande joie que Rose puisse connaître, mais..., » Rose avait penché la tête. « Voir tant de vos précieux trésors dans les mains de ces voyous... »

« Cela ne sert à rien de les collecter si je ne trouve pas un moyen de les utiliser, » déclara Diablo.

Il les avait rassemblées lorsqu’il avait joué au jeu par désir de faire une sorte de collection, mais le fait d’avoir quelqu’un avec qui il pourrait les partager était agréable à sa façon. Si les filles pouvaient acquérir une certaine puissance de leur côté, cela rendrait sûrement les choses beaucoup plus faciles pour Diablo.

Rose hocha la tête, mais la joie et la tristesse semblaient se mêler dans son expression.

« Tout est comme vous dit. Pouvoir obéir à vos ordres remplit Rose avec plus de plaisir qu’elle ne sait le faire. Mais en même temps, Rose sent son cœur se déchirer de jalousie..., » déclara Rose.

« H-Hey, maintenant..., » s’exclama Diablo.

« Avant tout cela, Rose était la seule que le Maître chérissait..., » murmura Rose.

— Parce que je n’ai jamais eu d’amis à amener dans mon espace personnel..., pensa Diablo.

En repensant à son passé, il s’était rendu compte qu’il était le genre de personne solitaire qui parlait à ses propres meubles. Ce n’était pas des souvenirs agréables à se remémorer.

Diablo secoua la tête, essayant de se débarrasser de ces pensées négatives. Le présent et l’avenir étaient tout ce qui comptait, alors il était inutile de s’attarder sur le passé. Ici et maintenant, c’était le Seigneur Démon Diablo et c’était le plus important.

« J’avais trouvé du réconfort dans la solitude, mais c’est tout ce que cela a toujours été, » déclara Diablo.

« Et êtes-vous différent maintenant, Maître ? » demanda Rose.

« Non, ce n’est pas tout à fait ça, » répondit Diablo.

Il aimait être entouré de Rem et Shera, mais il trouvait quand même plus facile de se détendre quand il était seul.

« Si le silence est ce que vous désirez, Maître, Rose peut complètement effacer toutes les sources de bruit dans les environs, » déclara Rose avec un sourire.

« Ne fais pas ça, » déclara Diablo.

« Comme vous le souhaitez..., » elle hocha la tête, apparemment déçue.

— Quelle main-d’œuvre !

Son propre état mental était déjà précaire, il ne pouvait donc pas s’attendre à ce qu’elle s’occupe des angoisses de quelqu’un d’autre. Elle avait dit quelque chose sur la jalousie, mais il n’avait pas d’équipement qu’il pouvait donner à une Servante Magimatique...

Mais c’est alors...

— Dans le Croisement de la Rêverie, on ne pouvait pas donner de l’équipement à une Servante Magimatique. Mais c’est un autre monde. La magie peut affecter et modifier le terrain même, et les dragons et les Servantes Magimatiques peuvent parler. Cet endroit est plus réaliste qu’un jeu qui a nécessité sept milliards de yens pour être développé. C’est vraiment comme une autre réalité, pensa Diablo.

Diablo s’était approché vers l’un des piédestaux et avait pris un ornement de cheveux de couleur bleue.

« Qu’y a-t-il, Maître ? » demanda Rose, sa tête pencha avec curiosité. « C’est le “Ruban à Cheveux de l’Eau”, un objet de rang N sans restriction de niveau qui confère au porteur une résistance à l’eau de 3 % — . »

« C’est le premier objet que j’ai reçu dans le Croisement de la Rêverie... Ah, désolé. Comprends-tu ce que signifient les mots “Croisement de la Rêverie” et “jeu” ? » demanda Diablo.

« Pardonnez à Rose, Maître..., » déclara Rose.

Il semblerait qu’elle ne le comprenait pas. Elle comprenait tout ce qu’il y avait en relation avec le donjon et qu’ils n’étaient pas originaires de ce monde, mais elle ne comprenait pas qu’elle faisait partie à l’origine d’un jeu vidéo.

 

Il semblait que Diablo était le seul à connaître le Croisement de la Rêverie.

 

Diablo avait décidé de le formuler différemment.

« C’est le premier objet que j’ai jamais obtenu, » déclara Diablo.

« Euh... ? » murmura Rose.

Il avait après ça placé le ruban sur la tête de Rose. Il n’avait pas prévu de le faire à la base, et cela lui avait fait de la peine de lui donner ça par rapport à tout ce qu’il y avait à proximité de bien mieux, mais il voulait lui montrer sa gratitude d’une manière ou d’une autre. Si le fait de voir les autres filles avoir quelque chose la rendait jalouse, il espérait qu’elle se sentirait un peu mieux.

Diablo n’était pas assez spirituel pour exprimer ses sentiments correctement, alors il avait simplement placé l’ornement sur ses cheveux en silence. Rose était restée plantée là, rigide et raide comme une planche. Diablo avait relâché l’ornement, avec la même prudence et la même douceur qu’on aurait en essayant d’équilibrer une pièce de monnaie sur une table.

Il n’avait aucun moyen de savoir si son effet fonctionnait, mais le Ruban à Cheveux de l’Eau était fermement attaché aux cheveux de Rose.

Ce monde était vraiment trop réaliste.

« Je ne pense pas que cela fera grand-chose sur toi vu ta force..., » commença Diablo.

« Rose doit-elle le garder en sécurité ? » demanda Rose.

Il semblerait qu’elle ne comprenait pas pourquoi il l’avait mis sans un mot, alors Diablo avait analysé attentivement ses prochains mots.

« Non, ce n’est pas pour que tu le protèges. C’est... Si ça ne te plaît pas, je ne te forcerai pas à le mettre. Mais il s’agit d’un... pré... C’est un hommage pour tes services envers moi, un Seigneur Démon ! » déclara Diablo.

Son embarras avait fait qu’il avait automatiquement repris son rôle de Seigneur Démon.

Rose était en état de choc. Dans le jeu, il ne pouvait pas lui parler ou lui donner des cadeaux, alors cela devait lui avoir semblé un peu... bizarre.

« Le Maître... donne ça... à Rose ? » Les épaules de Rose tremblaient.

« Cela n’a peut-être pas beaucoup de valeur, mais cet objet a son lot de souvenirs, » déclara Diablo.

Peut-être qu’une poupée Magimatique ne serait pas capable de comprendre la valeur d’une telle chose. En ce moment, il pensait qu’il lui avait donné le mauvais cadeau. C’était ce qui se trouvait en lui alors que son trouble de la communication faisait apparaître sa tête laide... Il n’avait pas pu s’empêcher d’être déçu par lui-même.

Toute trace de colère avait alors disparu du visage de Rose, et elle revint à son masque avec une absence d’expression.

« Merci beaucoup, Maître... Pardonnez à Rose d’avoir inquiété le Maître. Rose va bien maintenant, » déclara Rose.

« Je vois, » déclara Diablo.

Diablo soupira de soulagement. Il n’aurait jamais imaginé qu’il aurait dû offrir un cadeau à une fille pour réprimer sa jalousie dans un monde basé sur le Croisement de la Rêverie.

— Ce n’est pas un dungeon crawling RPG , c’est une sorte de simulation de rencontre ! L’équilibre du jeu est impitoyable, tout comme les anciens jeux..., pensa Diablo.

Le fait d’effectuer des choses avec lesquelles il n’avait aucune expérience l’épuisait, mais dans tous les cas, Rose semblait se sentir mieux.

En changeant de rythme, Diablo avait donné à Rose les noms des articles dont il avait besoin pour sa nouvelle tenue. Rose hocha la tête sans rien dire.

***

Partie 8

« Nnn... »

« Oh ? Ah, tu es réveillée, » déclara Diablo.

Lumachina avait ouvert les yeux. Remarquant Diablo, elle se hâta de se lever, mais elle perdit l’équilibre et trébucha. Diablo l’avait attrapée, la forçant avec douceur à s’asseoir.

« Tu ne devrais pas bouger si tôt. Même si elle a été dissipée, le fait est que tu as été affligée par la malédiction pendant des jours. C’est normal que tu sois épuisée. Et j’ai entendu dire que tu avais aussi utilisé un grand miracle de guérison... Espèce d’idiote imprudente, » déclara Diablo.

— Et en plus, tu l’as utilisé sur une personne qui a essayé de te tuer... Tu es vraiment trop gentille, pensa Diablo.

Lumachina avait fait un petit signe de tête avant de s’asseoir sur la cape, se tenant les genoux. Il y avait quelque chose d’étrange dans la façon dont elle le faisait. Peut-être que les habitants de ce pays n’étaient pas habitués à s’asseoir par terre ? Ce n’était probablement pas la coutume pour les filles de s’asseoir avec les jambes croisées. Elle était assise comme si elle était assise sur une chaise, les fesses basses, les genoux dans les bras.

Lumachina avait ajusté ses vêtements ébouriffés, cachant ses cuisses exposées, alors que ses joues rougissaient.

« S’il vous plaît, pardonnez-moi. Ma conduite tout à l’heure était... éhontée, » déclara Lumachina.

« Pas du tout. C’était un régal pour les —, » commença Diablo.

« Hein ? » s’exclama Lumachina.

Il était sur le point de laisser s’échapper quelque chose d’indécent...

« Hmm ! » Diablo avait toussé, essayant de changer de sujet. « Ne t’inquiète pas, c’était à cause de la malédiction. »

« Merci beaucoup... Vous entendre dire ça me met à l’aise, » répondit Lumachina.

« Je viens de partager des objets dans cette chambre forte avec Rem et les autres, mais tu es comme Shera, non ? L’équipement que tu portes doit déjà être remarquable, » déclara Diablo.

« Hein ? Voulez-vous parler de mes vêtements ? Batutta a préparé cette tenue pour moi... Je crois que c’est approprié pour une grande prêtresse, non ? » demanda Lumachina.

Il semblerait qu’il avait un bonus important en défense physique et en défense magique, et qu’il était bien fait et aussi élégant. Mais il y avait de meilleurs articles avec des effets supérieurs à ce que Lumachina portait dans la chambre forte. Et puisque le niveau de Lumachina en tant que guérisseuse dépassait les 100, elle devrait être capable de les équiper. Mais elle avait son poste de Grande Prêtresse à considérer, et la robe de prêtresse qu’elle portait actuellement serait l’idéal à cet égard.

Peu importe à quel point elle était enchantée, une tenue révélatrice qui exposait son nombril ou avec un important décolleté serait inacceptable.

– Pour une raison ou une autre, les tenues féminines deviennent de plus en plus révélatrices à mesure que leur niveau est élevé..., pensa Diablo.

Diablo avait présenté les articles qu’il avait préparés pour elle.

« Il y a aussi des bracelets et des colliers. Choisis ce qui te convient. Cela te sera utile si tu as l’intention de continuer à te battre pour réformer l’Église, » déclara Diablo.

« Il y a tant de... merci, Seigneur Diablo, » déclara Lumachina.

Le regard de Lumachina errait sans cesse.

« Hm ? Quelque chose te tracasse ? » demanda Diablo.

« Non, mais... où sont les autres ? » demanda Lumachina.

C’était logique que ce soit la première chose à laquelle elle penserait.

Diablo s’était rendu compte que c’était bizarre de sa part de parler de l’équipement avant d’expliquer où étaient les autres. Ses mauvaises habitudes de personne solitaire refaisaient surface.

S’il ne jouait pas le rôle d’un Seigneur Démon, elle douterait probablement de son bon sens. Ce n’était pas passé loin.

« Elles vont très bien. Elles étaient toutes épuisées, alors elles se reposent dans la chambre du Seigneur Démon, » déclara Diablo.

« Oh, c’est bon à entendre..., » déclara Lumachina, alors son expression devenait plus douce et plus gentille, mais elle continua la discussion sur un autre point immédiatement après ça. « Hmm... Il y a en vérité un objet que j’aimerais que vous me prêtiez. »

« Oh ? » demanda Diablo.

Diablo était surpris. D’après sa personnalité, il pensait qu’elle ne demanderait rien.

« Pourriez-vous me donner la Statue du Bœuf Blanc ? » demanda-t-elle, fixant son regard sur lui. « Il y a encore beaucoup de personnes qui souffrent de la Maladie de la Clochette de la Mort dans la Tour de Zircon. »

« Ah, je vois. C’est tout à fait toi. Comme toujours, tu mets les autres avant toi, » déclara Diablo.

« Je ne peux me voir que comme une autre personne normale... Est-ce vraiment si étrange ? » demanda Lumachina.

« Cela l’est. Mais tu devrais rester ainsi. S’il t’arrivait quelque chose, je serais là pour l’écraser. Ne change jamais, Lumachina, » déclara Diablo.

Dans un monde où les monstres erraient un peu partout, où la discrimination raciale sévissait et où l’Église était corrompue, Lumachina restait pure et sans tache... Diablo avait trouvé que c’était si précieux, alors il voulait l’aider.

« Je suis si contente..., » Lumachina essuya une larme. « Entendre de telles paroles de la part de Dieu lui-même... »

« Non, euh... »

Elle croyait que Diablo était Dieu ayant pris la forme d’un aventurier prétendant être un Seigneur Démon. Selon elle, Dieu était descendu dans ce monde... C’était de cette histoire que Lumachina s’était convaincue. Mais comme Diablo l’avait vue dans son état le plus vulnérable, elle aurait dû l’épouser s’il n’était qu’un autre membre des Races ! C’était donc la logique avec laquelle Lumachina semblait agir.

Lumachina était vertueuse, belle et avait en plus un corps vraiment parfait. Mais quelqu’un d’aussi incompétent socialement que lui ne pourrait jamais devenir l’époux d’une Grande Prêtresse. Les cochons voleraient bien avant que cela ne soit possible.

Et ainsi, Diablo ne pouvait pas nier quand elle prétendait qu’il était Dieu.

— Mais Lumachina est intelligente... Elle verrait certainement à travers mon mensonge, n’est-ce pas ? pensa Diablo.

Diablo la regarda et elle le regarda aussi dans les yeux, n’osant pas cligner des yeux.

— Elle est mignonne.

Elle était incroyablement mignonne... mais Diablo, qui ne supportait pas de voir les autres le regarder dans les yeux, avait rompu en premier le contact visuel. Il avait l’impression que son regard verrait à travers lui.

« Hm, mon Seigneur..., » Lumachina écarta ses lèvres roses pour parler. « Pourrais-je maintenant recevoir la Statue du Bœuf Blanc ? »

« Hein ? O-Oh, ça. Bien sûr, tu peux la prendre... Attends, non. C’est assez lourd, il te faudra un chariot pour le transporter..., » déclara Diablo.

« Oh, je ne pourrais pas en demander plus de vous. Je ferai tout ce que je peux pour la porter moi-même. Je veux la livrer à la ville dès que possible, » déclara Lumachina.

 

« ... Nous serions ravis de t’aider. »

 

Une voix s’était soudainement fait entendre depuis derrière eux, incitant Diablo à faire demi-tour.

C’était Rem, avec un sourire ironique sur son visage.

« ... Tu te donnes toujours à fond pour aider les autres, Lumachina, » déclara Rem.

« Oh, mon Dieu, Rem... et tout le monde sont là aussi..., » s’exclama Lumachina.

« Tu vas mieux maintenant, Lumachina ! Je suis si heureuse ! » s’exclama Shera en courant vers elle.

Shera plaça ses bras autour de Lumachina dans un câlin. Lumachina avait rendu l’accolade avec beaucoup de joie.

« Oh, merci beaucoup... Tu m’as été d’une grande aide tout à l’heure, Shera, » déclara Lumachina.

« Pas de problème ! Les compagnons sont là pour s’entraider ! » déclara Shera.

« Compagnons... Ça me rend si heureuse de savoir que tu me considères comme ton compagnon, » déclara Lumachina.

« C’est presque un blasphème, Shera. » Rem haussa les épaules. « Appeler quelqu’un d’aussi important que la Grande Prêtresse un simple compagnon... Oh, c’est vrai... Tu es un membre de la royauté, n’est-ce pas ? »

« Oh, qui se soucie des titres ? Toi, Lumachina, Horn... et Diablo et aussi Rose ! Vous êtes tous mes compagnons ! » déclara Shera.

Les paroles de Shera firent rougir Rem, tandis que Horn semblait choquée.

« Moi aussi ? Vraiment !? Ah, tu veux dire seulement jusqu’à ce qu’on sorte d’ici, n’est-ce pas... ? » demanda Horn.

« Non, idiote. Nous serons toujours des compagnons ! Après tout, nous avons travaillé si dur ensemble sur cette aventure ! » déclara Shera.

« Rose n’a participé à aucune aventure..., » déclara Rose avec une expression légèrement mécontente, debout à une faible distance d’eux.

« Et si on en faisait une maintenant ? » demanda Shera.

« Non..., » répliqua Rose, visiblement déconcertée par les paroles de Shera. « Le maître placera Rose au treizième étage pour s’en occuper... »

Une pensée avait traversé l’esprit de Diablo.

« Les servantes magmatiques sont-elles incapables de quitter leur poste de travail ? » demanda Diablo.

« Rose ne le sait pas. Rose n’a jamais quitté ce donjon, » répondit Rose.

« Je vois... Dans ce cas, cela vaut la peine de vérifier si tu le peux. Nous retournerons bientôt à Tour de Zircon. Lumachina souhaite que nous apportions la Statue du Bœuf Blanc aux habitants de la ville. »

C’était difficile d’imaginer un Seigneur Démon travaillant dur pour sauver les autres. Cela dit, il était en désaccord avec cette image dès le moment où il avait commencé à coopérer avec une Grande Prêtresse...

Mais les véritables sentiments de Diablo étaient que s’il était possible de sauver ceux qui étaient dans le besoin, il devrait le faire. Diablo était, au fond, une personne ordinaire élevée dans un pays qui valorisait l’aide aux autres.

« Tour de Zircon, dites-vous..., » déclara Rose en plissant ses sourcils. « Rose doute qu’en portant la statue maintenant, ça résolve le problème. »

« Quoi ? Quoi ? Qu’est-ce que vous voulez dire ? » demanda Lumachina.

La Maladie de la Clochette de la Mort avait peut-être progressé plus vite que prévu ?

Lumachina retenait son souffle en raison de la peur, et les expressions des autres filles se durcissaient.

Rose avait répondu à sa question sur un ton simple et concret :

 

« Parce que l’armée du Seigneur Démon marche sur la Tour de Zircon en ce moment même. »

***

Interlude 2

Calendrier lyferien : Mois 7, jour 27, année 164, après-midi —

 

Sur le pont d’un navire des sables, sur un trône surélevé, était assise Laminitus, alors que son regard était fixé sur l’horizon.

Un soldat se précipita à ses côtés.

« Un rapport, Lady ! L’évacuation des civils est à mi-chemin ! » déclara-t-il.

« Seulement la moitié... Ça prend trop de temps, » déclara Laminitus.

« Toutes mes excuses ! En raison de l’absence du capitaine Paladin, notre coordination avec l’Église est difficile. L’évacuation des malades et des blessés se fait —, » expliqua le soldat.

« Ne vous avons-Nous pas ordonné de vous en occuper plus tôt ? » demanda Laminitus.

S’en prendre au messager ne servirait à rien pour l’instant, mais Laminitus n’avait pas pu réfréner sa colère. Elle avait prédit que cela se produirait depuis le jour où le commandant en chef de l’Armée du Seigneur Démon, Varakness était apparu devant elle. Elle s’était préparée à l’attaque lors de la prochaine pleine lune.

— Mais la pleine lune est encore dans trois jours ! pensa-t-elle.

Laminitus fit claquer sa langue avec amertume. Elle n’aimait pas les hommes qui se contentaient de petits détails, mais elle détestait encore plus les hommes qui mentaient carrément.

Un autre messager se précipita à ses côtés.

« L’Armée du Seigneur Démon est à 5 000 mètres ! Nos éclaireurs l’ont confirmé ! Ils sont environ 300, et nous avons aussi détecté des bêtes magiques de grande classe ! »

— 300, hein...

Si c’était des individus des Races, un groupe de 300 personnes ne servirait à rien dans des batailles de cette envergure, et un navire des sables empli de soldats suffirait pour s’occuper d’eux.

En peu de temps, Laminitus avait rassemblé une force de 40 000 soldats et aventuriers, et leur flotte se composait de 200 navires des sables de différentes tailles. Elle avait une force impressionnante, à grande échelle...

Mais ce ne serait toujours pas suffisant.

Ils étaient confrontés à l’armée du Seigneur Démon, une force mixte de Déchus et de bêtes magiques. Chacun d’eux avait dépassé de loin un seul des soldats de Laminitus en termes de force. Même avec un rapport de 40 000 contre 300, ils n’étaient toujours pas à la hauteur.

C’était tout ce qui l’occupait dans son esprit.

« Nous avons besoin de renseignements sur leur formation, vite ! » Laminitus commença à lui donner des ordres. « L’ennemi a des espèces capables de s’envoler, alors gardez les yeux vers le ciel ! Si un oiseau s’approche de la flotte, abattez-le ! »

« Oui, madame ! »

Les rapports étaient arrivés l’un après l’autre. L’armée du Seigneur Démon s’approchait rapidement, maintenant sa vitesse. Les bêtes magiques de taille moyenne formaient leur avant-garde et, au centre de leur formation, ce qui semblait être leur commandant était monté sur le dos d’une grande bête magique semblable à une tortue.

Varakness, le beau jeune homme aux ailes de chauve-souris.

L’armée ennemie s’était suffisamment rapprochée pour que Laminitus puisse les voir de ses propres yeux. Un tireur d’élite pouvait leur tirer dessus à cette distance avec un Canon Magi, mais un tir ou deux ne ferait rien pour arrêter leur avance. Au contraire, ils devraient consolider leur position et essayer de prolonger la bataille aussi longtemps qu’ils le pourraient.

Ils devaient finir d’évacuer la Tour de Zircon...

Il faut avoir autant de civils que possible qui peut fuir les combats. Assurons-nous de perdre le moins de troupes possible. Et nous devons survivre à cette bataille, quoi qu’il arrive..., pensa-t-elle.

Elle n’avait aucune chance de gagner avec ses forces. Selon toute probabilité, la Tour de Zircon tomberait. Mais tant qu’ils pouvaient minimiser leurs pertes, il y avait toujours une chance d’organiser des représailles.

Un éclaireur, qui surveillait les mouvements de l’ennemi avec des jumelles, fit entendre sa voix.

« La grande bête magique au centre de leurs forces se sépare de la formation et vient par ici ! Le commandant ennemi est sur son dos ! »

« Quoi ? » s’exclama Laminitus.

Selon les théories de guerre, même les plus élémentaires, le commandant serait toujours au milieu ou à l’arrière d’une formation. Aucun fou ne sortirait jamais le Roi loin de la sécurité des lignes arrière dans une partie d’échecs.

Pourtant, c’était exactement ce que l’ennemi avait fait.

Laminitus hésita. Cela devait être une tentative de provocation. Elle pouvait donner l’ordre de tirer à volonté, mais les rumeurs sur l’infiltration de Varakness dans la Tour de Zircon s’étaient déjà répandues parmi les soldats.

— Si Nous nous retirons maintenant, le moral des soldats s’effondrerait, pensa-t-elle.

Les soldats croyaient alors que leur commandant, Laminitus, avait peur des Déchus, et ainsi, il deviendrait impossible de maintenir la ligne de front.

Elle avait claqué sa langue en raison de sa frustration.

— Je n’aurais jamais pensé qu’un Déchu aurait recours à une guerre psychologique comme celle-ci..., pensa-t-elle.

« Capitaine ! » Laminitus fit entendre sa voix. « Faites avancer le “Gallcarius” ! Aucun navire d’escorte n’est nécessaire ! »

Répondant aux railleries, Laminitus ordonna au navire sur lequel elle se trouvait, le Gallcarius, d’avancer seule pour rencontrer le commandant ennemi. Le capitaine du navire était un vétéran chevronné, mais même lui hésitait à défier l’armée du Seigneur Démon avec un seul navire.

Malgré ses doutes, le capitaine avait fidèlement obéi à ses ordres.

« Déployez les canons 3 et 4 ! En avant à mi-vitesse ! » ordonna Laminitus.

Les voiles enchantées du navire se répandirent, poussées par le vent. Le grand navire des sables avait continué sa route, laissant le reste de la flotte derrière lui.

Laminitus pouvait dire que les troupes présentes dans son unité devenaient de plus en plus anxieuses à chaque seconde qui s’écoulait.

L’ennemi approchait. Ils n’étaient plus seulement à portée d’un sort ou d’un tir à l’arc, mais ils étaient également à portée de voix.

 

†††

 

Pile à l’endroit où les deux armées s’étaient rencontrées...

Varakness et Laminitus se fusillaient du regard l’un et l’autre, le premier assis sur la carapace d’une bête magique géante, et la seconde à bord d’un navire des sables.

Varakness était vêtu d’un smoking, comme quand il était apparu il y a quelques nuits. Sa tenue semblait mieux adaptée à une soirée dans une salle de bal qu’à une escarmouche sur un champ de bataille. Quatre femmes, certaines avec des queues de lézard ou des ailes de corbeau étaient collées à lui.

— Il a dit quelque chose à propos d’un « harem », n’est-ce pas ? pensa-t-elle.

« Amener des épouses sur un champ de bataille !? Vous vous moquez de Nous ! » cria en colère Laminitus. « Nous vous enterrons avec votre orgueil insensé ! »

« Hehe hehe hehe hehe... Ces belles fleurs sont mes épouses bien-aimées, ainsi que les officiers de l’armée du Seigneur Démon. Et... elles seront aussi vos sœurs épouses, Fanis, » déclara Varakness.

« Quoi !? » s’écria Laminitus, alors que son regard devenait plus vif. « Qu’entendez-vous par “sœurs épouses” ? »

« Ce que je veux dire, c’est qu’une fois que je vous aurai admise dans mon harem, ce seront vos sœurs, » Varakness souriait avant d’étendre ses bras. « Amusez-vous bien avec elles... Après tout, j’ai vraiment peur quand les femmes se battent pour moi. »

Il avait une bague en argent à son doigt, et les quatre femmes qui l’entouraient arboraient fièrement leurs bagues assorties.

« Nous n’accepterons jamais qu’un Déchu soit Notre mari ou Notre sœur, sale gredin ! » Laminitus cria cela amèrement.

« Mais j’ai aussi préparé une bague pour vous. Je me suis assuré que c’est pile votre taille. Oh, comme j’ai hâte de vous la mettre au doigt... et de faire l’amour passionné avec vous, » déclara Varakness.

« Espèce de crétin misérable... Il se trouve que Nous vous avons aussi préparé un petit cadeau, » déclara Laminitus.

« Oh mon Dieu ! Quelle bonne surprise ! » Varakness étendit à nouveau les bras.

Laminitus avait saisi un fusil magique qui était placé à côté d’elle, un grand fusil qui correspondait à sa taille.

« Prenez ça, espèce de voyou nauséabond ! » cria Laminitus.

Elle se pencha, soutenant le fusil des deux mains, alors que son épaule droite blessée s’était déjà remise.

« Foutez le camp de mon territoire, bande de monstres ! “Tir de Foudre” ! » cria Laminitus.

Elle avait chargé son tir avec de la magie, augmentant sa puissance de feu, et avait appuyé sur la détente. La balle avait également été dentelée et renforcée par plusieurs couches d’enchantements.

Et à l’endroit où les deux armées s’étaient rencontrées, le premier coup de feu de la bataille avait résonné avec force.

 

La balle avait percé le côté gauche de la poitrine de Varakness.

 

Une onde de choc s’était propagée sous l’effet produit par un grand trou percé dans la poitrine de l’adversaire.

Varakness baissa les yeux vers sa blessure. « Spectaculaire... »

En prononçant ce seul mot, il s’était effondré, tombant sur le dos. Un grondement d’excitation s’éleva de l’armée des Races.

« Roi ! Roi ! Roi ! » Certains avaient chanté, chantant leurs louanges.

Laminitus avait souri, savourant la sensation de frapper son adversaire d’une manière décisive. Cela ébranlerait sans doute la chaîne de commandement de l’ennemi et lui donnerait une chance de gagner.

L’une des épouses s’était précipitée au côté de Varakness. Non, courir n’était pas la bonne façon de le dire, car même si sa moitié supérieure était humaine, sa moitié inférieure était celle d’un poisson. Dès que la sirène avait touché le corps.

Varakness se leva soudainement. Il y avait encore un trou dans son costume, mais la peau en dessous avait été guérie.

« Hehe hehe hehe..., » il souriait avec assurance. « Je ne mentirai pas à propos du fait que je suis vraiment surpris. Même avant de recevoir l’énergie du Seigneur Démon, je n’ai jamais connu une blessure aussi grave. Fanis, mon amour... Je ferai de vous ma femme, sans faute. Je le jure sur cette poitrine que vous avez blessée. »

« Vous avez donc un Guérisseur... Espèce d’enfoiré rusé, » déclara Laminitus.

« Vous verrez bientôt cette belle chérie comme votre sœur épouse. Traitez-la avec bonté, si vous le pouvez... C’est une fille très timide, comprenez-vous ? »

Lors de la présentation de Varakness, la sirène se couvrit timidement le visage de ses mains.

Laminitus serra les dents nerveusement. Elle avait frappé trois fois sur le plancher avec la semelle de ses bottes, et le capitaine du navire avait levé la main en réponse à ce signal. Sans qu’il soit nécessaire de donner un ordre verbal, l’équipage du navire avait commencé à manœuvrer les voiles. Les voiles se déployèrent, captant le vent. Le Gallcarius s’était mis à se déplacer, effectuant une percée dans le sable alors qu’il naviguait à la vitesse maximale, essayant de s’éloigner de l’ennemi.

C’était Laminitus qui avait donné l’ordre : « À toutes les forces, chargez ! Ne leur donnez pas la chance de s’enfuir de là ! »

Les navires des sables, qui étaient en attente jusqu’à présent, avaient finalement commencé à charger. Les navires de guerre servaient d’avant-garde, et les aventuriers se joindraient plus tard à eux... C’était leur plan.

S’ils avaient forcé une bataille en mêlée avec le commandant ennemi hors de la formation, sur les lignes de front, l’armée déchue n’aurait pas été capable de maintenir une chaîne de commandement appropriée. Mais la bête magique en forme de tortue n’avait pas l’intention de battre en retraite.

La femme à la queue de lézard, qui était assise à côté de Varakness jusqu’à présent, se leva.

« Puis-je... ? Même si je les détruisais... tous... ? » demanda-t-elle.

« Oui, fait comme tu le veux, mon amour. C’est pour cette raison que j’ai séparé Fanis d’eux, » déclara Varakness.

— Qu’est-ce qu’il vient de dire ? Se demanda Laminitus.

Un frisson avait parcouru la colonne vertébrale de Laminitus. La femme lézard étendit les bras et éleva la voix en criant.

« Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah !! »

L’air s’était mis à trembler, et en même temps, une grande déchirure traversa le sol, formant une grande falaise sur le chemin des navires de guerre. Les navires des sables tombèrent dans l’abîme, accompagnés des cascades de sable.

D’innombrables cris résonnaient sur le champ de bataille. Certains navires avaient été capables de manœuvrer habilement et d’éviter de tomber dans l’abîme, mais de nombreux soldats d’élite de valeur avaient été perdus dans le chaos.

— Qui penserait qu’ils pourraient utiliser une magie d’une telle ampleur ! pensa-t-elle.

Laminitus serra le poing. Ses forces étaient tombées dans le chaos et la confusion. Il était difficile de simplement tenter de compter le nombre de navires perdus.

L’armée du Seigneur Démon n’avait pas eu la gentillesse de rester là et de les regarder se débattre. Les Déchus et leurs bêtes magiques les chargeaient, produisant des hurlements cauchemardesques. La grande bête magique de Varakness était restée là où elle était, et la charge de l’armée avait fait en sorte qu’elle se trouvait maintenant dans l’arrière-garde, la position parfaite pour la commander.

— On dansait dans la paume de sa main tout le temps ! pensa Laminitus.

Laminitus avait encore une fois serré les dents en raison de la frustration.

« Utilisez la magie à grande échelle pour confondre l’armée ennemie, puis lancez une offensive..., » déclara Varakness avec un sourire. « C’était une stratégie de base pendant la dernière guerre. Les Races vieillissent vraiment et oublient beaucoup trop vite... Mais je ne trouve pas votre folie passagère désagréable. Maintenant, acceptez votre sommeil éternel dans l’étreinte de mon merveilleux cauchemar ! »

 

†††

 

Les cris et les hurlements remplissaient le champ de bataille. Laminitus avait été surpassée.

— Les lignes de front se sont effondrées en un jour, d’innombrables soldats sont perdus... Même Nous sommes maintenant au-delà de pouvoir gagnés avec de l’aide..., pensa-t-elle.

« Argh... La mort est... préférable... que d’être déshonorée par les Déchus..., » Laminitus avait mis une balle dans son pistolet Magi.

Elle avait crié aux soldats en attendant ses ordres. « Même si nous tombons ! Nous ne montrerons jamais le dos à l’ennemi ! Car Nous sommes le roi de ce pays des sables ! »

Les soldats avaient levé le poing en signe d’accord.

« Votre cible est le commandant ennemi ! Chargez la grande bête magique ! » ordonna Laminitus.

« Gallcarius, avancez à toute vitesse ! Artilleurs, gardez les yeux devant vous ! » le capitaine du navire avait donné ses instructions.

Tous les soldats portant des Fusils Magi se rassemblèrent sur le pont avant et commencèrent à tirer sur les Déchus et les bêtes magiques.

Les Déchus n’étaient pas tous aussi résistants que Varakness, il était simplement trop puissant. Les balles d’un Fusil Magi les blesseraient certainement.

« Le problème est de se débarrasser des laquais de Varakness..., » Laminitus avait son regard fixé sur la formation ennemie. « Les autres femmes ont probablement aussi des pouvoirs anormaux. »

 

« Tu as raison ♪. »

 

Les yeux du Laminitus s’étaient écarquillés. Depuis très proche d’elle, la voix d’une femme lui parlait d’une voix d’une clarté inappropriée. Un instant plus tard, une douleur aiguë avait traversé le flanc de Laminitus.

« Gah !? »

À l’instant d’après, Laminitus savait qu’elle était tombée et qu’elle était maintenant allongée sur le pont du navire. Un côté de son corps brûlait de douleur, alors que de grandes quantités de sang s’accumulaient tout autour d’elle.

Une masse noire s’éleva depuis son ombre, prenant une forme humaine.

— Elle est sortie de Notre ombre... !? pensa-t-elle.

Il s’agissait de l’une des femmes de Varakness, celle aux ailes de corbeau.

« Coucou ♪ ! » Les boucles noires de la femme avaient tremblé alors qu’elle regardait Laminitus d’un air moqueur.

« V-Vous... !!? » s’écria Laminitus.

« Hehehehe... Varakness m’a dit d’arrêter le navire, mais... Je déteste vraiment les femmes qui ont de plus grosses poitrines que moi, alors je ne veux pas que tu rejoignes le harem, alors vas-y et meurs pour moi, OK ? Je vais te faire mourir ! » déclara la Déchue.

Les soldats qui se tenaient autour d’elle n’avaient réalisé ce qui se passait qu’à ce moment-là, et c’était un instant trop tard.

Ils brandirent leurs épées, criant sur la femme, mais la Déchue avait bloqué leurs armes à mains nues, avec des serres en forme d’oiseaux.

Sa capacité à sortir de l’ombre n’était pas la seule chose qui la rendait menaçante. C’était à la base une assez puissante Déchue.

« F-Fuyez ! » Laminitus avait gémi de douleur. Mais avant que ses mots ne puissent les atteindre...

Des bruits d’éclatement étranges avaient retenti en cadence. Il s’agissait du bruit de la Déchue qui écrasait la tête des soldats se trouvant face à elle, les casques et tout ce qui était dedans. Les troupes avaient été réduites en cadavres en un clin d’œil, alors que des flaques de leur sang se répandaient autour d’elle.

Le désespoir avait submergé Laminitus.

— Qu’est-ce qui se passe ici... !? Se demanda Laminitus.

Un commandant qui n’était pas mort même s’il avait reçu une balle dans le cœur. Un guérisseur qui pouvait guérir des blessures graves en un instant. Un Sorcier capable d’anéantir une flotte en un clin d’œil. Un assassin qui pouvait attaquer depuis l’ombre de sa cible...

— Un cauchemar... Les Races ont battu ces monstres dans la dernière guerre... !? Impossible ! pensa-t-elle.

Ce n’était pas pour un combat.

« Pouvez-vous même appeler ça une guerre... ? » chuchota Laminitus.

« D’accord, on ne peut pas appeler ça une guerre ~ C’est plus un spectacle où les Déchus massacrent les Races. » La Déchue riait d’un air fou, brandissant ses serres tachées de sang. « Adieu ♪. C’était amusant — pas vraiment... Vous tous, vous êtes trop faibles pour être une distraction ~. »

« Que-Que... Quelqu’un..., » murmura Laminitus.

« Hmm ? »

« Que quelqu’un... sauvez-les... les soldats ! Les civils ! » Toujours allongée sur le pont du navire, Laminitus avait fait entendre sa voix en un cri.

« Espèce de salope idiote ~ Si tu ne voulais pas mourir, tout ce que tu avais à faire était... Eh bien, tu n’aurais même pas dû naître ♪ ! » déclara la Déchue assassine.

 

Puis, à cet instant, un flash de lumière aveugla la vision de Laminitus alors que d’innombrables éclairs tombaient sur ce champ de bataille déjà bien ravagé par le massacre.

 

Le grondement du tonnerre avait fait frissonner l’air. La Déchue regarda autour d’elle, le visage empli par la surprise.

« Qu’est-ce qui se passe !? » s’écria la Déchue.

« Qu’est-ce que... c’est... !? » demanda Laminitus.

Le temps aurait dû être clair. Ce phénomène était totalement inconnu pour Laminitus.

Elle pouvait entendre des soldats crier depuis une zone proche d’elle. « La force de frappe ennemie a été réduite de moitié ! Ils-Ils sont confus ! On-On dirait que la foudre... est tombée sur eux !? »

Il s’agissait d’une autre surprise alors qu’une magie à grande échelle avait frappé les navires où l’ennemi avait avancé et s’était répandu parmi les soldats.

 

« Retire-toi. La situation a changé. »

 

Laminitus pouvait entendre la voix de Varakness. Sa voix résonnait en provenance de la boucle d’oreille se trouvant à l’oreille de la Déchue.

« M’as-tu entendue ? » demanda Varakness.

« Reculer !? Pourquoi !? Laisse-moi d’abord les tuer ! » déclara la Déchue.

« Non. Je ne te laisserai pas être coincée au milieu de la formation ennemie. Je ne veux pas te perdre, » déclara Varakness.

« Coincée ? Moi ? De quoi parles-tu !? » demanda la Déchue.

La femme regarda autour d’elle alors que Laminitus se leva.

Et puis, elle l’avait vu : quelqu’un flottant dans le ciel.

— Qui est... -ce ? Se demanda-t-elle.

Il s’agissait d’un homme vêtu d’une armure noire de jais, tenant un bâton dans sa main.

 

« “Pluie de Foudres” !! »

L’homme avait fait basculer son bâton, et d’innombrables éclairs avaient plu sur le champ de bataille.

Un sorcier élémentaliste...

L’atmosphère tremblait alors que les bêtes magiques étaient réduites en cendres. La magie de ce niveau allait clairement au-delà de tout ce que les Races seraient capables de produire.

 

***

Chapitre 6 : Utilisation d’une nouvelle arme

Partie 1

« Maître, vous ne pensez pas vraiment à les sauver, n’est-ce pas ? » demanda Rose, vraiment très surprise.

Diablo avait réfléchi à ce que cela impliquerait : Si la ville était menacée par les Déchus, il voudrait certainement la sauver. Ce n’était pas seulement par pure empathie, mais c’était également parce que la défense des Races contre les Déchus était un élément fondamental de l’histoire du Croisement de la Rêverie. En tant que joueur, il ne pouvait pas s’empêcher de vouloir le faire. Mais, se précipiter pour défendre une ville en danger s’était mise en conflit avec son image de Seigneur Démon.

« Hmph, je ne me soucie pas d’une ville humaine, » Diablo avait reniflé haut et fort. « Mais pour ce qui en est de l’armée du Seigneur Démon ? Ils oseraient se rassembler sous la bannière du Seigneur Démon sans ma permission ? Inacceptable ! »

« Je comprends ! Pour ne pas avoir remarqué votre colère, Maître... Rose est à la fois honteuse et humiliée ! » déclara Rose.

L’explication semblait l’avoir convaincue.

« ... Je ne peux pas dire que je compatisse avec votre raison, mais je vous accompagnerai, » déclara Rem, se préparant aussi à partir. « Si une ville est attaquée par les Déchus, on ne peut pas les laisser se débrouiller seuls. »

« C’est vrai ! On doit se serrer les coudes quand de mauvaises choses arrivent ! » Shera accepta aussi, plaçant son arc sur son épaule.

Horn serra le poing. « J’y vais aussi ! Les habitants de la ville ont toujours été si gentils avec moi, alors je veux les sauver ! »

Mais ses genoux tremblaient visiblement. Elle avait une peur énorme en ce moment.

« Je suis sûre que le Seigneur nous a guidés ensemble pour le faire. » Lumachina hocha la tête. « Je vous aiderai aussi à sauver la ville ! »

Rose regarda les filles, la tête penchée par la curiosité. « Je ne vois pas en quoi vous serez d’une quelconque utilité pour renverser le cours de cette guerre. Ne voulez-vous quand même pas vous mettre en travers du chemin du Maître ? »

Rem secoua la tête. « La guerre ne se limite pas au fait de combattre un ennemi. Avez-vous déjà été sur un vrai champ de bataille ? »

« Nnngh. Rose n’a... jamais quitté le donjon depuis que Maître l’a créé, » déclara Rose.

« ... Laissez-moi vous dire que vous avez plus de chance que vous le pensez. Diablo, nous sommes prêtes. Dépêchons-nous, » déclara Rem.

Rem avait coupé court à la conversation, mais Rose n’avait pas effectué de réplique. Ils devaient certainement se dépêcher, et il semblerait que Rem était plus occupée à penser à la façon la plus rapide possible de se rendre en ville.

« ... Peu importe à quel point on se dépêche, il nous faudra deux jours pour arriver à la Tour de Zircon. Si nous avons de la chance, la ville sera toujours en état à notre arrivée. »

Il était difficile de croire que la Tour de Zircon, une ville sans barrière magique, puisse retenir une armée de Déchus. Il s’agissait exactement de la raison pour laquelle Faltra était une base de première ligne, car elle en avait une.

Diablo avait arrêté les filles, qui allaient se précipiter vers la porte.

« Il n’y a pas de raison de se précipiter ainsi, » déclara Diablo.

« ... Diablo ? » demanda Rem.

« Si nous mettons deux jours pour y arriver, la ville sera effondrée d’ici là. C’est impossible d’arriver à temps en utilisant de telles méthodes de transport, » déclara Diablo.

« C’est probablement la vérité, mais..., » commença Rem.

Tous les autres semblaient dans le désarroi, tout comme Rem. Horn semblait même sur le point de pleurer.

Diablo avait sorti un objet, une plume blanche qui brillait d’une teinte nacrée.

Il s’agissait d’une « Plume d’Ange ». Son utilisation transférerait le groupe de l’utilisateur à n’importe quel autre endroit dans le monde. Dans le jeu, c’était limité aux endroits que tout le groupe avait déjà visités afin que les débutants ne puissent pas se joindre à des vétérans pour en profiter.

Est-ce que cela fonctionnerait de la même façon dans ce monde ? Et pour commencer, est-ce que ça marcherait vraiment ? Il avait eu ses appréhensions lorsqu’il avait envisagé d’utiliser le sort « Retour » il y a quelque temps, avec la possibilité d’apparaître à l’intérieur d’une roche. C’était vraiment une pensée particulièrement effrayante. Ils seraient enterrés vivants si cela se produisait.

Devrait-il leur parler des risques ? En vérité, cela ne servait à rien. Même s’il les avait prévenues, les filles lui auraient probablement dit d’essayer quand même de le faire. Et s’ils n’essayaient pas, ils n’arriveraient jamais à temps pour sauver la ville attaquée par l’armée du Seigneur Démon.

Mais plus que tout, le fait d’expliquer le risque lié à l’utilisation d’un objet n’avait rien à voir avec les agissements convenables pour un Seigneur-Démon qui se respecte.

« C’est ce qu’on appelle une Plume d’Ange, » déclara Diablo, en leur montrant à toute la plume. « Il s’agit d’un trésor capable de transporter instantanément tout le monde jusqu’à un point donné. »

« Est-ce que c’est... ? » Les yeux de Rem étaient écarquillés et emplis de surprise. « Diablo, est-ce que c’est ce que vous avez utilisé pour vous transférer instantanément avec Shera du “Pont d’Ulug” jusqu’à Faltra... ? »

« C’est un peu différent à l’époque, mais c’est quand même de la magie de la téléportation, » déclara Diablo.

« ... Dans ce cas, nous y parviendrons à temps, » déclara Rem.

« Bien sûr, il n’y aurait pas beaucoup d’intérêt à l’utiliser autrement, » déclara Diablo.

« Euh, Hmm..., » commença Rem.

« Qu’est-ce qu’il y a ? » demanda Diablo.

« Est-ce que je peux... fermer les yeux pendant qu’on fait ça... ? » demanda Rem, rougissante.

Cela lui avait fait se remémorer à quel point elle était terrifiée quand ils avaient dû monter sur un navire des sables. Elle détestait voyager autrement qu’avec ses deux jambes. Il y avait quelque chose de charmant dans ce côté-là d’elle.

« Ah, voulez-vous dire qu’on va faire le truc de cette fois-là ? On recommence !? » Shera se pencha vers l’avant avec enthousiasme.

Elle était avec Diablo la dernière fois qu’il avait essayé de se téléporter. À l’opposé de Rem, elle avait trouvé ça très amusant.

« Qu’est-ce que vous racontez ? » demanda Horn, intriguée.

Lumachina, en revanche, ne l’avait même pas interrogé. Il semblerait qu’elle avait mis toute sa confiance en Diablo. Mais sa manière de penser était effrayée à sa façon...

« Maître, Rose n’est jamais allée dans une ville auparavant, » déclara Rose avec un sourire triste.

« Hm, » murmura Diablo.

« Alors, c’est... au revoir, n’est-ce pas ? J’attendrai que le Maître... je vais rêvé du jour ou le Maître reviendra. Toujours..., » commença Rose.

« Attends un peu. C’est vrai que tu n’as jamais visité un autre endroit, mais dans le jeu... Attends, non. Dans cet autre monde, la Servante Magimatique n’était pas considérée comme une personne. Je devrais pouvoir te téléporter avec moi si tu es considérée comme un objet en ma possession..., » déclara Diablo alors qu’il analysait à voix haute.

Mais après avoir dit ça, Diablo s’était rendu compte que la traiter comme un objet était assez terrible.

« Maître ! » Rose avait l’air prête à pleurer.

« Oh, ah... désolé... Non..., » balbutia Diablo

Un Seigneur Démon ne s’excuserait jamais auprès d’une Servante Magimatique, mais il ne savait pas comment arranger les choses. Toutefois, cette préoccupation s’était révélée infondée.

« C’est merveilleux ! » déclara Rose, alors que son expression s’illuminait d’un sourire éclatant. « Rose n’arrive pas à croire que Maître considère Rose comme un objet... Rose est la femme de chambre la plus heureuse qui soit ! »

« C-C’est vrai..., » déclara Diablo.

« Chaque fois que quelqu’un d’autre appelle Rose en tant qu’outil ou poupée, Rose les écrase en bouillie avec Asterismos... Mais s’il vous plaît, utilisez Rose comme un objet pour toujours, mon Maître. Que ce soit le jour ou la nuit..., » déclara Rose.

« Jour... ou nuit..., » répéta Diablo.

« Rose se demande comment le Maître utiliserait Rose pendant la nuit..., » elle réfléchissait, alors que ses joues devenaient progressivement d’un ton rosé.

— Ne t’attends pas à ce que je t’utilise d’une façon bizarre ! pensa Diablo.

Les Servantes Magimatiques étaient considérées comme des outils, de sorte qu’il semblerait que son ensemble de valeurs était un peu différent par rapport à ce que d’autres avaient.

« De toute façon ! Nous n’avons pas de temps à perdre. Utilisons-la, » déclara Diablo.

Alors qu’il s’imaginait ce qui passerait si, tout d’un coup, il s’avérait que « Les plumes d’ange ne fonctionnent pas dans ce monde ~ », cela faisait que Diablo avait des sueurs froides.

Rem avait tendu la main. « Hmm... Pourriez-vous s’il vous plaît... me tenir la main pendant que nous faisons ça... ? »

« O-Oh, bien sûr, » déclara Diablo.

Diablo avait attrapé sa main. Elle était petite, un peu froide au toucher et douce.

« Je prends celui-là ! » proclama Shera.

Shera s’était agrippée à l’autre main de Diablo, alors ils avaient tous les deux tenu la Plume d’Ange.

« Quoi... !? » L’expression de Rose s’était obscurcie en voyant Shera le faire, mais la princesse elfe l’ignora.

« Vous êtes considérée comme l’objet de Diablo, n’est-ce pas, Rose ? Il peut vous porter sur son dos ! » déclara Shera.

« Argh... C’est une idée... très tentante... mais Rose est plus lourde que l’apparence de Rose ne le suggère, alors Rose se contentera... de cela, » déclara Rose.

Rose avait pincé l’ourlet des vêtements de Diablo. Bien qu’elle ait l’apparence d’une fille, elle était toujours une machine. Elle pouvait très bien être aussi lourde qu’un bloc de fer, et cette énorme épée à double lame et la main métallique qu’elle pouvait faire aussi apparaître pourraient être incluses dans son poids. Même le corps de Diablo au niveau 150 ne serait pas capable de supporter ce genre de poids.

Lumachina et Horn se tenaient la main, et ensemble, ils formaient un cercle avec une servante. Dans le jeu, il n’était pas nécessaire de former un cercle comme celui-ci, mais lorsqu’ils formaient un tel cercle, il n’y avait aucune erreur : C’était vraiment le groupe de Diablo.

Il concentra sa conscience sur la Plume d’Ange, un peu comme lorsqu’il utilisait sa magie.

— Téléporte-nous, à la Tour de Zircon ! pensa-t-il.

Il évoqua dans son esprit l’image de la tour en pierres précieuses.

***

Partie 2

Bien sûr, la téléportation avait parfaitement fonctionné.

Après avoir recueilli des informations en ville, ils étaient partis vers le champ de bataille. Rem et les filles étaient à bord d’un navire des sables, et Diablo avait utilisé sa magie de vol. Une fois qu’ils étaient arrivés, les hostilités avaient déjà commencé, et il semblerait que les Races étaient déjà au bord de la défaite. D’innombrables navires des sables étaient tombés dans un ravin apparemment créé à l’aide de la magie, et les forces restantes ne pouvaient que crier face à l’assaut des Déchus, incapables d’offrir une quelconque résistance organisée.

En observant la bataille d’en haut, Diablo commença à tisser ses sorts.

« Pluie d’Éclairs !! » déclara Diablo, envoyant le premier de ses sorts.

D’innombrables éclairs s’étaient alors mis à pleuvoir sur l’armée des Déchus, les brûlant jusqu’au sol. Leur regroupement n’avait fait qu’augmenter l’efficacité du sort.

Mais il ne pouvait pas facilement utiliser sa magie là où les deux forces s’étaient retrouvées dans une mêlée. Dans le jeu, les attaques magiques n’affectaient que les ennemis, mais, dans ce monde, elles ne faisaient pas cette distinction, emportant amis et ennemis.

« Je peux leur laisser la gestion de cet endroit, » murmura Diablo.

 

☆☆☆

 

Une Invocation revêtue d’une lumière blanche avait chargé à travers le champ de bataille. Il s’agissait d’un énorme taureau à trois cornes, considérablement renforcé par le nouvel équipement de son maître.

« Avance, Asulau ! » s’exclama Rem, stimulant son Invocation.

Asulau s’était battu contre un Déchu, pris dans le chaos de la bataille.

« Gaha !? »

Le Déchu, qui possédait la tête d’un lion, avait été emporté par la frappe. Mais une telle attaque n’avait pas produit assez de dégâts pour l’achever, mais ils se trouvaient sur un champ de bataille tumultueux, alors il y avait beaucoup de guerriers du côté des Races qui se tenaient là. Ils abattirent ainsi leurs épées et leurs haches sur le Déchu renversé, le frappant comme des houes se plantant dans des terres agricoles.

« Gaaah !? Imbéciles, vous ! Juste... des humains faibles... Vous osez... !? » cria le Déchu.

« Ouais, nous les humains sommes vraiment faibles ! C’est pour ça qu’on doit se regrouper chaque fois qu’on voit un Déchu merdique comme toi tomber par terre ! » cria l’un des soldats.

« A... gah... Arrêtez ! » cria le Déchu.

Un coup assez fort pour écraser la tête en forme de lion du Déchu avait réduit son corps en particules de lumière.

À leur mort, les Déchus et bêtes magiques se transformaient en lumière avant de disparaître. C’était la différence la plus frappante entre eux et les autres bêtes et monstres sauvages.

« Le suivant est le Déchu qui ressemble à un ours ! Allons-y ensemble ! » cria Rem.

« Oui, madame ! » les soldats avaient répondu à l’unisson.

Il s’agissait d’une aventurière qui sortait de nulle part — et qui plus est, une Panthérienne — mais son jugement précis et ses sages directives lui avaient permis d’être facilement concédé comme celle qui commandait par les soldats. Et chaque fois qu’elle se lançait dans la bataille, de plus en plus de soldats venaient sous son commandement. Le fait d’avoir amélioré ses Invocations, capable d’abattre des bêtes magiques de grande classe, et d’avoir bon nombre de potions de mana, l’avait grandement aidée. Rem avait progressivement repris le contrôle du champ de bataille chaotique.

 

☆☆☆

 

Une grande bête magique en forme de bête carnivore descendait en ce moment du ciel, alors que la largeur de ses ailes déployées atteignait plus de dix mètres.

« Gyaaaaaaaaaa !! » cria la bête.

« Encaisse donc ça, “Tir Triple” ! » La voix stridente d’une fille résonnait sur le champ de bataille.

Trois flèches frappèrent simultanément la créature, chacune d’elles étant une Flèche de Tempête capable de pénétrer la défense physique considérable de la bête magique. S’il infligeait des dommages, il y avait une chance que la pétrification se déclenche, alors que la probabilité triplait puisque trois flèches le toucheraient.

L’énorme bête magique s’était instantanément transformée en pierre, avant de tomber en raison de la gravité. Elle s’était brisée contre le sol, se transformant en éclat de lumière après ça.

Shera l’avait attaquée avec ses nouvelles flèches spéciales. Elle avait couru sur les sommets des navires des sables, sautant des voiles comme si elles étaient à la cime des arbres, et abattant les bêtes magiques les unes après les autres avec une adresse supérieure. Son allure était digne et belle, à tel point qu’une rumeur s’était répandue parmi les soldats qu’ils avaient été sauvés par une déesse : « Une déesse nous a sauvés. »

 

☆☆☆

 

Un grand groupe de soldats s’était précipité sur le champ de bataille, se regroupant avec une escouade d’autres combattants.

« Nous sommes là pour vous aider ! » déclara l’un des nouveaux arrivants.

« Merci, les gars ! Ah, attendez ! N’aviez-vous pas été transporté à la tente médicale il n’y a que quelques minutes de ça... ? » demanda l’officier déjà présent.

« Ouais, mais pourriez-vous vraiment croire ? Apparemment, la Grande Prêtresse nous a tous guéris ! »

« Alors que vous étiez dans un état si critique !? Nom d’un chien ! » s’écria l’officier.

Le miracle de guérison avait fait bien plus que simplement panser les blessures des soldats. Cela leur avait donné l’assurance que, même s’ils devaient être blessés, quelqu’un serait là pour les guérir.

L’église de la Tour de Zircon était fermée, et il y avait beaucoup de méfiance envers les prêtres à cause de leurs demandes de dons. Pourtant, de nombreux soldats comptaient encore sur la religion pour soutenir leur cœur. Et maintenant l’orgueil de l’Église, la Grande Prêtresse bien-aimée, était venue à leur secours. Il ne pourrait pas y avoir de plus grand soutien pour eux.

Leur peur de l’armée du Seigneur Démon diminua, et les renforts leur permirent de réprimer les combats autour d’eux, faisant pencher la balance en leur faveur.

 

☆☆☆

 

Il y avait une partie du champ de bataille où quelque chose d’inhabituel s’était produit...

Dans cette zone, toutes les unités appartenant à l’armée du Seigneur Démon furent soudainement éliminées. C’était arrivé si vite qu’il n’y avait pas eu de véritables combats. Les cadavres des Déchus et leurs bêtes magiques furent réduits à la lumière et disparurent, ne laissant aucune trace de leur présence. Une fille toute seule se tenait là, vêtue de ce qui ressemblait à une tenue de femme de chambre ouverte au niveau du dos.

La Servante Magimatique, Rose, avait regardé le ciel avec ses yeux d’émeraude.

« Aaah, Maître... Le Maître est si merveilleux ! Voir le Maître être le seigneur au-dessus de la bataille alors qu’il se tient dans les cieux est magnifique. Il fait pleuvoir le jugement et la foudre sur tous ceux qui s’opposent au Maître ! C’est vraiment l’image éclatante d’un Seigneur Démon ! Regardez, vous tous, imbéciles, et rampez par terre ! Ceci est un véritable Seigneur Démon, et l’estimé Maître de Rose ! » déclara Rose.

« Cette femme... Qui... ! !? Petite... faible... Mangeons-la !! » cria une voix depuis derrière elle.

Un Déchu avec la tête d’un amphibien s’était précipité vers elle. Il y en avait eu trois autres qui étaient avec lui. Chacun avait placé la tête des guerriers qu’ils avaient tués suspendus à leur ceinture, comme s’ils étaient fiers d’une collection. Il s’agissait d’un spectacle épouvantable qui produirait sûrement un cri de la part de n’importe quelle fille ordinaire, mais Rose dirigea un regard de pur mécontentement vers eux pour s’être mise en travers de son « Temps jouissifs de contemplation de Diablo. »

« Espèce de grenouille insensée et stupide... Vous osez vous mettre en travers du chemin de l’adoration respectueuse de Rose envers le Maître ! » déclara Rose.

Une langue épaisse s’était étendue de la bouche du Déchus amphibien, avant de s’enrouler autour de Rose, la liant en place.

« Elle, moi, manger ! » déclara le Déchu.

« Votre puanteur dégoûtante de Déchu s’accroche aux beaux vêtements que le Maître a donnés à Rose... Comment comptez-vous compenser cela ? Vous êtes le seul à qui Rose n’accordera pas la miséricorde d’une mort rapide. Asterismos ! » déclara Rose.

Une épée géante à deux lames était apparue derrière Rose. Après l’avoir vue, les Déchus n’avaient pas hésité ou semblé surpris, car lorsqu’il s’agissait de combattre, les Déchus n’avaient jamais d’hésitations, ils ne faiblissaient jamais et ils ne montraient jamais de pitié.

Voyant l’épée géante et la main mécanique qui la maniait, les quatre Déchus passèrent à l’offensive et l’attaquèrent immédiatement.

 

 

« Hehe... Hehehe... Hahahahahahahaha ! Vous défieriez Rose avec une si faible force !? » Rose riait d’un rire excité. « Par rapport à la taille de votre corps, votre cerveau est si petit qu’il doit sonner dans vos crânes épais ! Rose gravera le vrai sens de l’horreur dans vos os ! Maintenant, acceptez votre mort ! “Dídymos”, “Karkinos”, “Leon”, “Parthenos” !! »

Elle invoquait les constellations en chantant leurs noms. L’épée à deux lames dansait dans les airs, comme si elle traçait la position des étoiles.

Cela avait traversé la peau des Déchus assez épaisse pour dévier les armes des Races, et cela leur avait brisé les os. Les yeux des Déchus, assez acérés pour voir des projectiles dans les airs, ne pouvaient pas suivre la trajectoire de la lame. Leur corps pouvait régénérer les membres perdus, mais ils s’étaient désintégrés en particules de lumière avant même d’en avoir eu la chance.

Encore une fois, il n’y avait pas eu de combats dans le cas présent. La seule façon de le décrire était un acte de nettoyage et de balayage effectué par la Servante Magimatique Rose.

Les Déchus de bas rang n’avaient aucun moyen de s’opposer à une fille capable de soumettre sans effort, même un dragon de haut rang.

Alors qu’elle regarda après ça le champ de bataille maintenant vide, Rose poussa un soupir exaspéré. « Ah, Rose ne peut pas le croire... Rose avait l’intention de punir ces Déchus insolents, mais ils sont morts avant que Rose ne puisse le faire. Rose est une femme de ménage si négligente... Rose doit faire disparaître cette habitude ou le Maître pourrait se mettre en colère contre Rose. »

***

Partie 3

Le cours de la bataille changeait en ce moment. Si on regardait l’armée qui avait fait le plus de victimes, alors l’armée du Seigneur Démon avait largement surpassé celle des Races. Mais dès le début, l’armée des Races était cent fois plus nombreuse que celle des Déchus. L’armée du Seigneur Démon comptait 300 individus, mais leur nombre avait déjà été réduit de moitié. En revanche, l’armée des Races comptait encore 30 000 hommes en état de combat.

L’agitation s’apaisait progressivement et la bataille tombait lentement sous le contrôle des Races. Les troupes avaient pu sortir des navires des sables tombés dans la crevasse et elles avaient pu se réorganiser en unités.

 

☆☆☆

 

Diablo descendit sur le navire des sables qui se trouvait à l’avant-garde de la flotte. Les bottes qu’il avait équipées, les « Gambades du Vide Céleste », possédaient un enchantement de vol sur elles. Cela avait cependant consommé son mana, et il avait préféré conserver son mana s’il le pouvait.

Mais il avait repéré un visage familier sur le bateau...

— C’était donc son vaisseau !? constata Diablo.

« Je vois que tu es toujours en vie, gouverneur de la Tour de Zircon, » étouffant sa surprise, Diablo avait parlé comme s’il le savait dès le début.

« Notre nom est Laminitus, » répondit-elle.

La blessure sur son flanc exigeait des soins médicaux immédiats. Une potion de vie pourrait refermer la plaie, mais elle ne récupérerait pas le sang qu’elle avait perdu. Le fait de perdre une grande quantité la laisserait dans un état d’anémie.

Son visage était d’une pâleur mortelle. Diablo avait applaudi sans sa tête la volonté qui lui avait permis de lui tenir tête même quand elle était si grièvement blessée.

« Nous apprécions l’aide..., » déclara Laminitus, montrant du doigt les forces ennemies. « Mais ne baissez pas votre garde ! La bataille est loin d’être terminée ! »

« Quoi ? » demanda Diablo.

« Le commandant de l’ennemi est le commandant en chef de l’Armée du Seigneur Démon, Varakness. Nous lui avons tiré une balle en plein cœur et ce salaud n’est toujours pas mort. Il a aussi une puissante Sorcière et une Soigneuse sous ses ordres, ainsi qu’un assassin Déchue qui peut frapper depuis l’ombre des autres ! » expliqua Laminitus.

Diablo hocha la tête. « Sois sans crainte, j’ai déjà prévu tout ça. J’admets que la magie géante peut être gênante, mais ce n’est rien de bien grave finalement... »

Diablo fixa son regard dans la direction que Laminitus désignait. Il y trouva la forme d’une bête magique de grande classe, semblable à une tortue. Un jeune homme vêtu d’un smoking était allongé sur un canapé fixé sur le dos massif de la tortue. Ses ailes en forme de chauve-souris étaient particulièrement remarquables, et ses bras étaient enroulés autour d’une femme aux ailes de corbeau.

— Hein... ?

Le corps de Diablo était devenu raide en voyant ça. Il y avait aussi une Déchue avec la queue d’un lézard. Son visage se frottait si près de celui du jeune homme qu’il semblait qu’ils allaient s’embrasser à tout instant. Une autre Déchue, cette fois qui ressemblait à une sirène se tenait à côté d’eux avec un rougissement sur le visage pendant que le Déchu — Diablo doutait de ses propres yeux — caressait ses seins charnus.

Diablo ne pouvait pas vraiment assimiler ce qu’il voyait en ce moment. Il ne pouvait tout simplement pas le croire.

« C’est... Ce n’est pas ce qui se passe..., » Diablo reconnaissait à peine la voix rauque qui sortait de ses lèvres comme étant la sienne.

 

Il caresse... ses seins..., pensa Diablo.

 

Puis il vit les anneaux d’argent se trouvant à leurs doigts.

— Des bagues de mariage !? Réalisa-t-il.

Un couple...

Il n’y a pas eu d’erreur : Il s’agissait d’un couple. Un couple amoureux, svelte et langoureux, s’embrassant devant ses yeux en plein jour.

L’esprit de Diablo était devenu complètement vide. Il pouvait entendre quelqu’un rire, mais qui était-ce ?

Au bout d’un moment, Diablo s’était rendu compte que c’était lui qui riait.

« Hehe... Ha... Hahahaha... Hahahahahahahahahahaha... »

« Qu-Qu’est-ce qui se passe ? Qu’est-ce qui ne va pas chez vous, Diablo ? » Laminitus avait fait un pas en arrière en voyant l’attitude de Diablo.

L’expression de son visage était-elle si effrayante ? Diablo ne pouvait pas dire, et tout ce qu’il savait, c’était qu’une émotion noire surgissait et tourbillonnait dans sa poitrine.

Inconsciemment, il avait tendu la main dans sa poche et avait pris une potion spéciale. Il s’agissait d’une potion d’augmentation qui renforçait temporairement son pouvoir magique. Il avait tout bu d’un seul coup, et son énergie magique s’était renforcée jusqu’à sa limite extrême.

Diablo ordonna après ça à son bâton qu’il tenait en main, l’« Empereur du Tonnerre », de se transformer. Le haut du bâton noir s’était ouvert, comme une paire de ciseaux, et la foudre pourpre traversa le bâton maintenant séparé, s’étendant dans ce qui semblait être une lame de plasma.

C’était ainsi devenu une épée de lumière pure.

« Qu’est-ce qui ne va pas chez vous, Diablo !? Dites-le-Nous ! » Laminitus le pressa à nouveau pour obtenir une réponse, sentant l’atmosphère horrible qui l’entourait.

« Je vais bien... Tout va bien, tout va vraiment très bien, » déclara Diablo.

« Ce n’est certainement pas ce que Nous pensons, » déclara Laminitus.

Diablo n’avait aucune idée de l’expression que son visage portait en ce moment. Ainsi, tout ce qu’il avait fait, c’était dire à la personne qui venait de lui parler ce qu’il allait faire.

 

« Je vais aller tous le tuer très vite, » déclara Diablo.

 

« Quoi !? » s’exclama Laminitus.

Après avoir infusé de mana dans ses bottes enchantées, Diablo avait décollé, volant plus vite que jamais puisque ses pouvoirs magiques avaient été renforcés. Diablo chargea vers la grande bête magique, se glissant dans les airs tels une balle.

Le jeune Déchu, Varakness, se leva. « N’êtes-vous pas terriblement agressif ? Et d’après ce que je vois, vous n’êtes qu’un pur Sorcier, mais vous nous défiez dans une bataille en mêlée... »

La bête magique, qui servait de quartier général, était gardée par d’autres bêtes magiques volantes. Diablo avait brandi son épée de lumière, l’Empereur du Tonnerre vers les bêtes, en chantant son prochain sort.

« Flèche de Foudre ! »

L’effet spécial de l’épée s’était alors activé, déclenchant le sort sept fois de suite.

Entre la magie du vol, l’épée de lumière et le sort jeté sept fois, le mana de Diablo s’épuisait rapidement, alors il avait sorti une potion de mana de sa poche et l’avait immédiatement bue.

Au diable l’efficacité — le coût des choses n’était plus une considération dans un tel moment.

— Destruction totale ! Il me faut la plus grande magie possible ! J’ai besoin d’une annihilation jusqu’à la moindre particule, impitoyable, sans pitié et sans faille ! pensa Diablo.

La Flèche de Foudre avait parcouru le ciel au-dessus de la grande bête magique, anéantissant les plus petites bêtes qui la protégeaient et les réduisant en particules de lumière.

Le visage de Varakness avait figé par le choc.

« Qui est ce Sorcier... !? », s’écria Varakness.

***

Partie 4

« Je... le ferai ! »

La sorcière femme-lézard se tenait à côté de Varakness, alors qu’elle relâcha son sort, criant d’une voix aiguë.

« Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa !! »

Il s’agissait d’un chant tout à fait spécial.

Diablo souriait.

— Ah, tu veux te battre en te tenant la main et en coopérant ? Espèces de frimeurs prétentieux ! pensa Diablo.

Il s’agissait d’une sorte de sort de l’élément terre. Cela lança un petit caillou de la taille de la paume de la main sur son adversaire à la vitesse du son.

Le sort que la Déchue avait utilisé était de bas niveau, mais cela avait une puissance de frappe importante. Il s’agissait probablement du sort de niveau 70, « Fronde de Diamant ». Quand les Races l’utilisaient, la pierre se déplaçait beaucoup plus lentement.

— De toute façon, peu m’importe, pensa Diablo.

L’Anneau du Seigneur Démon s’était alors activé, reflétant tous les sorts. Au moment de l’impact sur Diablo, le caillou avait rebondi vers le lanceur du sort. La femme lézard était une pure sorcière sans aucun moyen d’esquiver ou de se défendre face à ça.

Un trou de la taille d’un poing s’était ouvert dans son torse mince.

« Kha !? » Ses yeux s’étaient écarquillés alors qu’elle avait craché du sang vert.

« Que... se passe-t-il... ? » Varakness se tenait à côté d’elle, complètement choqué.

« Aaah... Va... rak..., » prononçant son nom, la femme lézard s’était transformée en fragments de lumière avant de disparaître totalement.

La sirène déchue avait aussi crié ce qui était apparemment son nom.

Diablo avait après ça atterri sur le dos de la grande bête magique, à une distance de dix pas entre lui et son adversaire.

Ils étaient à porter pour un combat rapproché. Les sorciers seraient généralement désavantagés, mais quand Diablo combattait sérieusement, il préférait se battre comme ça, même contre des adversaires qui excellaient au combat en mêlée.

 

☆☆☆

 

L’ombre au pied de Diablo s’était agitée et déformée alors qu’une main à griffes en avait jailli.

« Comment oses-tu ? Tu as tué ma sœur ! Maintenant, je vais te tuer !! » hurla la Déchue aux ailes de corbeau.

Son attaque avait presque atteint la gorge de Diablo, mais il avait esquivé, ne bougeant que légèrement la tête tout en attrapant son agresseur par le poignet en même temps.

Il avait alors activé un sort qui exigeait un contact avec la cible.

« Tout disparaîtra... dans un monde d’immobilité totale... “Zéro Absolu”, » déclara Diablo.

« Hein !? » s’exclama la Déchue.

Au niveau de l’endroit où Diablo l’avait touchée, le corps de la Déchue avait commencé à geler.

« N-Non, je ne... Je ne veux pas disparaître ! Je ne veux pas mourir... Sauvez-moi..., » supplia-t-elle, les yeux écarquillés par la terreur.

« Oh, ça me fait me souvenir d’un truc... N’est-ce pas toi qui as dit : “Si tu ne voulais pas mourir, il ne fallait pas naître” ? » demanda Diablo.

« Ne me tuez pas ! » demanda-t-elle.

« C’est un peu trop tard pour ça, » déclara Diablo.

L’effet de l’« Empereur du Tonnerre : Libéré » avait empilé sept Zéros Absolus sur elle.

Il était impressionné, même si elle était une Déchue. Elle était capable de résister à un sort qui figeait habituellement la cible en une seconde assez longtemps pour la supplier de lui sauver la vie.

La Déchue aux ailes de corbeau s’était transformée en statue de glace translucide, avec seulement sa moitié supérieure sortant de l’ombre de Diablo. Au bout d’un moment, elle aussi s’était transformée en particules de lumière avant de disparaître.

« Est-ce une blague... ? Batutta était plus difficile à battre que ces bozos., » chuchota Diablo.

 

☆☆☆

 

La sirène déchue semblait crier quelque chose, mais sa voix était si faible que Diablo ne pouvait pas l’entendre. Puis, elle avait levé les mains. Allait-elle jeter un sort ? Ou peut-être, utiliser une compétence unique ?

Varakness avait levé la main et l’avait arrêtée.

« Arrête. Cet homme a la capacité de dévier la magie. Si tu lances ta magie spéciale de l’eau, il n’en résultera rien d’autre que ta propre mort, » déclara Varakness.

— Oooh. Pour qu’il puisse le dire en le voyant juste une fois, hein..., pensa Diablo.

Les mouvements de Varakness étaient élégants, surtout dans un moment comme celui-ci.

« Je n’aurais jamais imaginé que deux de mes femmes soient vaincues comme ça... Vous n’êtes pas un sorcier des Races comme les autres, n’est-ce pas ? » demanda Varakness.

« Quel sang-froid, le tombeur ! Alors, tu ferais mieux de garder un œil sur ta troisième fille... Des flammes incandescentes et brûlantes explosent : Explosion Flamboyante, » déclara Diablo.

« Qu’est-ce que vous êtes... ? » L’expression de Varakness avait finalement changé.

L’effet des Explosions Flamboyantes empilées avait même réduit en cendres la carapace de la grande bête magique. La créature poussa un cri de douleur, et la carapace qui lui servait de dos se mit à trembler.

Le canapé rouge sur lequel l’homme et ses épouses s’étaient enlacés avait été réduit en cendre. Encore une fois, Diablo avait consommé une autre potion de mana, reconstituant ainsi la quantité même qu’il venait de perdre.

***

Partie 5

La fumée s’était dissipée. Seul Varakness était resté au sommet de la carapace en ruines de la bête magique alors que la sirène déchue disparaissait de ses bras. Il fixa Diablo d’un regard furieux, ses yeux brillaient d’un rouge profond.

« Pourquoi !? Pourquoi l’avez-vous impliquée ? » demanda Varakness.

« Quelle question stupide ! Qu’y a-t-il de mal à attaquer l’adversaire alors qu’il est juste devant vous ? De plus, éliminer le guérisseur en premier est une stratégie de base, » déclara Diablo.

« Je vous maudis ! Je jure sur tout que je vais moi-même mettre fin à votre vie !! » déclara Varakness.

Varakness avait donné un coup de pied dans le sol, réduisant la distance entre lui et Diablo en un clin d’œil.

— Donc, comme prévu, c’est un type de mêlée, pensa Diablo.

Diablo avait consacré toute sa concentration à éviter que le coup ne le frappe. Le fait d’utiliser son épée pour intercepter Varakness n’était pas une option.

L’« Empereur du Tonnerre : Libéré » fonctionnait comme une épée puissante, mais il ne l’avait équipée que pour l’effet de lancer de sorts en septuple. Il n’était pas assez fou pour essayer de s’opposer à un guerrier dans un combat rapproché avec une arme avec laquelle il n’avait aucune expérience.

« Comment !? Comment avez-vous pu esquiver ça !? Grâce à la bénédiction du Seigneur Démon, je surpasse maintenant la puissance des Races ! Ma puissance devrait être équivalente au niveau 160 ! » demanda Varakness.

« Ton équipement craint, » déclara Diablo.

« Quoi... !? » s’écria Varakness.

« Je ne sais pas ce que le Seigneur Démon t’a donné comme pouvoir, mais... augmenter ton niveau au maximum est la partie évidente et facile. Mais il y a d’autres facteurs qui déterminent la force, comme l’équipement que tu utilises. L’autre facteur est la technique, comme la vitesse de réaction et ta capacité à évaluer correctement les situations. Ce sont eux qui décident des batailles, » expliqua Diablo.

« Impossible... Quoi... ? Qu’est-ce que vous dites !? » s’écria Varakness.

« Tu ne comprends toujours pas, n’est-ce pas ? Voici donc le genre de monde d’où je viens. Un Déchu qui n’a aucune expérience en combattant d’autres personnages de niveau maximal ne pourra jamais espérer m’égaler, » déclara Diablo.

« La ferme ! La ferme ! Je dois juste vous frapper ! Si seulement je pouvais vous frapper une fois ! Juste un seul ! » cria Varakness.

Diablo avait esquivé le poing, et le suivant, et le suivant, et celui d’après...

« D’accord... ça suffit. Il est temps qu’on finisse ça, » déclara Diablo.

« Quoi !? » s’exclama Varakness.

« Une fois que tu auras goûté à ça, tu ne penseras probablement plus jamais à attaquer une ville des Races. Non pas que de toute façon, tu seras encore en état de penser..., » déclara Diablo.

Il avait sorti une « Pierre Fantomatique » de sa poche et l’avait utilisée. Son effet permettait d’échapper à l’attaque d’une seule cible une seule fois, mais cela, sans faute. Cela lui avait donné le temps nécessaire pour jeter son sort.

« Blancheur brillante ! Sublime tout à travers la lumière et l’incandescence, et réduis tout à un vide d’ivoire ! “Nova Blanche” !! » cria Diablo.

Diablo avait ouvert ses bras et une sphère de lumière, de la taille d’une balle de ping-pong, se manifesta juste au-dessus de la paume de sa main. Il l’avait jeté à terre, ou plutôt, sur la grande bête magique en dessous d’eux. Dès que la boule de lumière avait touché la carapace...

Un éclair de blancheur avait rempli le champ de bataille. Une explosion tonitruante frappa impitoyablement les tympans de Diablo et sa vue fut remplie d’une lumière blanche aveuglante.

 

☆☆☆

 

« I-Impossible..., » Varakness gisait sur le sol sablonneux, alors que ses lèvres s’effritaient pendant qu’il parlait. « Tout a... disparu ! »

« Et tu es toujours en vie..., » déclara Diablo.

Diablo se tenait à côté de Varakness, le regardant de haut. Diablo était surpris.

— Donc, voici l’endurance d’un Déchu dont la puissance a été augmentée par un Seigneur Démon..., pensa Diablo.

Laminitus avait dit qu’il « ne mourrait pas », et, fidèle à ces paroles, il était encore en vie après avoir été frappé sept fois de suite par une Nova Blanche. Tous les autres Déchus et bêtes magiques dans la zone d’effet du sort avaient disparu sans laisser de trace, complètement et irrémédiablement anéantie. Mais Varakness était encore en vie, et s’était même levé.

« Je vous maudis... Je vous maudis !! » hurla-t-il, ses yeux brûlant d’un rouge éclatant. « Je ne vous pardonnerai jamais ! Jamais ! »

« Dire que tu ferais en sorte que le Seigneur Démon utilise tout son pouvoir... Sois fier. Tu as sans aucun doute, presque atteint ma limite, » déclara Diablo.

« Comment osez-vous utiliser ce titre ! Vous n’êtes pas le Seigneur Démon ! » cria Varakness.

Varakness avait tendu son bras. Cela s’était étiré bien au-delà de sa longueur normale, essayant de s’agripper au cou de Diablo.

« Quoi ? » s’exclama Diablo.

« “Drain d’Énergie” ! » déclara Varakness.

« Hmm... C’est ça, ton atout ? C’est un talent caché assez ennuyeux que tu as là, » déclara Diablo.

Diablo avait fait bouger l’« Empereur du Tonnerre : Libéré » latéralement. L’épée magique avait tranché le corps de Varakness.

« Gaaah...  Ghu... U-Une telle puissance... Mais quand même ! Le Seigneur Démon est plus fort ! » déclara Varakness.

« Peu importe quel Seigneur Démon tu feras revivre. Le véritable Seigneur Démon, Diablo, va tous les piétiner ! » déclara Diablo.

L’effet de l’arme avait amplifié la coupure, le tranchant sept fois. Alors qu’il était en une forme qui le rendait difficile perceptible comme étant un humanoïde, Varakness s’était transformé en particules de lumière avant de disparaître totalement. La main qui tenait la gorge de Diablo s’était aussi brisée en lumière et avait disparu. Ce qui restait de l’armée du Seigneur Démon s’enfuyait en ce moment, abandonnant tout semblant de rang et d’ordre.

Diablo se retourna, trouvant les soldats acclamant leur victoire, bien que peu d’entre eux aient vraiment compris ce qui venait de se passer. Mais ils avaient tous parfaitement compris une seule chose : L’armée ennemie avait été décimée.

Diablo avait bu une autre potion de mana puis il avait commencé à marcher vers les soldats qui célébraient et applaudissaient leur victoire.

***

Épilogue

Partie 1

« Diabloooooooo ! Vous avez été incroyable ! » Shera avait couru vers lui depuis l’ouest, alors que le soleil couchant se trouvait dans son dos.

« Il était plus faible que je ne le pensais, » Diablo acquiesça d’un signe de tête en disant que cette victoire était le résultat évident.

« Cette lumière étincelante était incroyable ! Tous les Déchus ont disparu, tous, on fait “whoosh” comme ça ! » déclara Shera.

« Je pourrais faire ce genre de magie à tout moment, si j’en avais les moyens. C’est juste que, jusqu’à présent, je devais économiser mes ressources, » déclara Diablo.

La salle au trésor de Diablo contenait un stock presque illimité des différents types de potions. Il avait même des stocks de potions qu’il avait préparées pour l’entraînement lorsqu’il avait augmenté ses compétences dans la sous-classe d’Alchimiste. Il n’aurait pas à s’inquiéter d’être à court d’argent dans un avenir prévisible.

« Vraiment !? C’est incroyable ! Vous êtes trop cool, Diablo ! » cria Shera.

Shera avait serré le bras de Diablo dans ses bras. Ses douces boursouflures se pressaient contre lui, faisant jaillir le désir de les toucher avec sa main. Mais il ne pouvait pas céder à ses désirs charnels et caresser les seins d’une fille, en tout cas, pas s’il espérait garder leur relation telle quelle.

Il avait renforcé son cœur et il avait résisté à la tentation, pleurant des larmes amères dans son esprit pendant tout ce temps. Si elle n’était pas sous ses yeux, il n’aurait pas à souffrir de ces terribles pulsions...

Inconsciente du conflit intérieur de Diablo, Shera avait continué à le couvrir de louanges, alors que ses seins mous se frottaient contre lui.

Rebond ~ Rebond ~  

 

Rem avait fait irruption sur les lieux.

« Diablo ! Il y a du grabuge ! » cria Rem.

« Hein ? » s’exclama Diablo.

Elle ne semblait pas se réjouir de leur victoire. À la place, son visage était pâle en raison de l’anxiété.

« Dépêchez-vous. Par ici, s’il vous plaît ! » demanda Rem.

Guidés par Rem, Diablo et son groupe s’étaient précipités vers le bord du champ de bataille. Seule, dans le champ vide, se trouvait la silhouette immobile et solitaire d’une jeune fille. Elle était restée immobile, comme une statue. Elle ne courait pas et ne tournait pas son regard vers eux.

« ... R-Rose... ne réagit pas..., » déclara Rem. Sa voix frissonnait. « Elle ne respire pas... et ne bouge pas... »

« Ce n’est pas possible ! Mais elle les battait si facilement ! C’était facile comme bonjour pour elle ! » Shera semblait au bord des larmes.

Diablo se rapprocha de Rose, qui était aussi immobile qu’une vraie poupée.

« Ce qui t’est arrivé, Rose... ? » demanda Diablo.

— Ne me regarderas-tu plus jamais, ne me souriras plus jamais... ? Qu’est-ce qui a fait que cela s’est produit ainsi... ? Est-ce parce que je t’ai sortie du donjon... ? Se demanda Diablo.

 

« Piiipiii ! Proximité effective avec le Maître confirmée. Désactivation du mode veille. Charge actuelle à 15 %. »

 

Rose, qui était aussi immobile qu’un mannequin, cligna des yeux plusieurs fois.

« Ah, Rose constate que vous avez fini. Un travail spectaculaire, Maître. » Elle souriait largement.

« Quoi... ? Rose, tout à l’heure... Qu’est-ce qui t’est arrivé ? » demanda Diablo.

« Rose était presque à court d’énergie magique, alors Rose est entrée en mode économiseur de magie. Tant que Rose ne se trouve pas dans la base du Maître, ou à proximité du Maître lui-même, Rose ne pourra pas recharger son énergie magique..., » déclara Rose.

« Je croyais que l’armée du Seigneur Démon t’avait eu..., » déclara Diablo.

« Hehe... Rose est la Servante Magimatique du Maître. Des faibles comme eux n’ont jamais pu espérer égaler Rose. Cependant, Rose admettra que Rose n’a pas réussi à calculer correctement le taux de consommation d’énergie magique qu’entraînerait le passage en mode combat, » déclara Rose.

« Ne m’inquiète pas comme ça, » déclara Diablo.

« Rose demande pardon au Maître. Ce n’était pas l’intention de Rose de causer de l’inquiétude au Maître. Mais savoir que le Maître était inquiet pour le bien-être de Rose remplit Rose d’une telle joie... Rose craint que les circuits internes de Rose surchauffent et court-circuitent..., » déclara-t-elle, alors qu’un rougissement rose était présent sur ses joues.

— Quel tourment cette fille mécanique me causera-t-elle... ? Se demanda Diablo.

« Il n’y a pas que moi... Rem et Shera s’inquiétaient aussi pour toi, » déclara Diablo.

« Inquiète... à propos de Rose ? » Elle regardait les autres filles d’un air interrogateur.

« ... Je suis contente, » déclara Rem, essuyant ses larmes. « Il semble... que tu vas bien maintenant... »

« Whoooooooooooooooa, je croyais que tu étais morte, Rooose ! » Shera avait essayé d’enlacer Rose, mais la femme de chambre l’avait repoussée avec un bras.

« Qu’est-ce que vous faites ? Seul le Maître peut toucher Rose. Rose garantit que Rose n’est pas tombée si bas pour justifier votre inquiétude, » déclara Rose.

« ... C’est exact, » déclara Rem, hochant la tête avec un sourire. « Je suis contente de voir que tu es toujours toi-même. »

« Booo... »

Shera, toujours apparemment emplie de l’envie de serrer quelqu’un dans ses bras, tituba vers Diablo et pressa une fois de plus ses seins contre son bras. Ce serait probablement suffisant pour faire surgir la colère de Rose, mais...

Diablo haussa les épaules et déclara aux filles qu’ils devaient retourner à la Tour de Zircon.

— Je suis contente qu’elles aillent toutes bien, pensa Diablo.

Un soulagement remplissait le cœur de Diablo sachant que les trois personnes qui l’avaient rejoint sur les lignes de front allaient toutes bien.

 

†††

 

L’arrière-garde du champ de bataille — .

Lumachina s’occupait des blessés. Les combats avaient pris fin, mais c’était maintenant que les choses allaient devenir les plus occupées sur ce front. Il y avait beaucoup de soldats gravement blessés que seule Lumachina pouvait soigner.

« Pardonnez-moi, Seigneur Diablo. » Lumachina baissa la tête, dans un geste de fatigue. « Je ne pense pas pouvoir m’en détacher avant un moment... »

« Hm, c’est ce qu’il semble. Tu n’as pas besoin de te soucier de moi. Fais-moi savoir si tu as besoin de quoi que ce soit. Si c’est quelque chose de ma chambre forte, je pourrais te le faire livrer, » déclara Diablo.

« Merci beaucoup... Oh ! Et au fait, une fois que les choses se seront calmées ici, j’utiliserai la chapelle de la ville. Je veux purger les habitants de la Maladie de la Clochette de la Mort, » déclara Lumachina.

« En as-tu discuté avec Laminitus ? » demanda Diablo.

La chapelle fut fermée sur ordre du gouverneur Laminitus. Elle avait également prévenu que le loyer serait extrêmement élevé.

« Pas encore. » Lumachina secoua la tête. « Mais il n’y a pas d’autre endroit où nous pourrions l’utiliser... Je lui demanderai plus tard. »

« Dans ce cas, je lui parlerai aussi, » déclara Diablo.

« ... C’est vrai, » Rem hocha la tête en entendant les mots de Diablo. « Je pense que nous avons tous travaillé dur dans cette guerre, même si cela n’est pas autant que Diablo. Je suis sûre qu’on aura la permission d’utiliser la chapelle. »

« Ouaip ouaip ! » Shera était d’accord avec Rem.

« Si elle refuse la demande du Maître, Rose va..., » commença Rose, avec un sourire mince et glacial sur ses lèvres.

« ... Cela ne ferait que compliquer les choses. S’il te plaît, garde ces... méthodes pour le bon moment, le bon endroit, ou la bonne personne, si tu le peux, » Rem l’avait avertie.

Rose l’avait regardée fixement. On aurait dit qu’elles n’allaient pas commencer à bien s’entendre aussi vite, même s’elles s’étaient battus dos à dos sur le champ de bataille...

 

« Ah, donc c’est ici que vous étiez. »

 

Une voix les a salués. Il s’agissait justement de la personne dont ils parlaient : le gouverneur, Laminitus.

Diablo ne s’attendait pas à la voir ici.

« Quoi ? Êtes-vous venue ici pour recevoir des soins ? » demanda Rem.

« C’est vrai, nous ne sommes pas sortis indemnes des combats... Mais il s’agit de la tente pour soigner les simples soldats. Nous sommes venues pour inspecter les lieux et encourager Nos hommes. C’est grâce à tout le monde ici que la Tour de Zircon est en sécurité, » déclara Laminitus.

« Hmph..., » il ne savait pas qu’elle était aussi dévouée.

« Bien qu’il va sans dire que les plus grandes réalisations ont été les vôtres, » continua Laminitus.

Elle fixa son regard sur Diablo. Franchement, c’était plutôt embarrassant pour lui.

« H-Hmph. Ne te méprends pas sur mes intentions ! J’ai simplement enseigné à ces imbéciles qui ont osé prendre le nom de l’armée du Seigneur Démon la puissance du véritable Seigneur Démon, Diablo ! Je n’ai pas fait ça pour sauver une ville des Races, » déclara Diablo.

« Hehe... Nous comprenons. Eh bien, c’est une aussi bonne raison que n’importe quel autre. Mais vos motivations mises à part, rejetteriez-vous Notre offre d’hospitalité ? » demanda Laminitus.

« Hm ? L’hospitalité ? » demanda Diablo.

« Super ! De la nourriture, de la nourriture ! De la nourriture chaude et savoureuse ! » Shera l’acclama, levant les deux mains en l’air. Elle était si heureuse qu’on ait dit qu’elle allait chanter et danser.

Maintenant qu’ils y pensaient, ils n’avaient rien mangé depuis le repas qu’ils avaient préparé dans le donjon.

« Très bien, » Laminitus sourit ironiquement. « La Tour de Zircon mettra toute l’énergie qu’elle peut rassembler pour vous fournir le meilleur repas. »

« Superrrrr ! » cria Shera.

Il semblerait qu’ils allaient devoir participer au banquet de la victoire, et Diablo ne voyait aucune raison de refuser.

« ... Hmm, nous aimerions en fait vous consulter au sujet de la chapelle, » déclara Rem en levant la main.

« Oh ? » demanda Laminitus.

« ... Nous avons ramené le trésor capable d’éradiquer la Maladie de la Clochette de la Mort. Nous aimerions l’entreposer dans un endroit où il serait ouvert au public. Pourriez-vous nous laisser utiliser la chapelle pour un prix raisonnable ? C’est aussi une demande de la Grande Prêtresse, » déclara Rem.

Laminitus fixa son regard sur Lumachina, qui était encore occupée à soigner les soldats blessés. Les autres prêtres faisaient de même.

Laminitus la tète. « Nous refusons. »

« ... Pourquoi !? » s’écria Rem.

« Nous ne pouvons pas exiger une rétribution de ceux qui ont rendu un tel service à notre ville. Nous ne vous remercierons jamais assez, ni vous ni la Grande Prêtresse. Vous êtes libre d’utiliser la chapelle comme bon vous semble, et cela sans frais. S’il y a des sections qui ont besoin d’entretien ou de réparation, nous ferons tout Notre possible pour les faire réparer, » déclara Laminitus.

Les prêtres firent entendre des voix heureuses, « Oh ! » Lumachina avait réuni ses mains, rendant grâce à Dieu et au gouverneur. Les soldats blessés et le personnel médical s’étaient joints aux prêtres pour offrir une prière.

« Tu t’es un peu adoucie, Laminitus, » déclara Diablo calmement.

« Ha ! » Elle haussa les épaules. « Ne pas savoir s’adapter aux situations est la marque d’un imbécile. Avec l’éveil du Seigneur Démon, tout le monde de tous les coins du royaume aurait besoin de coopérer. Dans le cas contraire, Nous pouvons oublier la Tour de Zircon, car toutes les Races seraient décimées. Réparer une chapelle est un petit prix à payer, si cela peut améliorer Nos relations avec l’Église. C’est tout ce qu’il y a à faire, » déclara-t-elle.

« Hehe... Je suppose qu’on peut s’en tenir là, » déclara Diablo.

« Quoi... !? H-Hmph. Je pourrais vous dire la même chose. Vous êtes complètement différent de ce que vous étiez avant ça ! » déclara Laminitus.

« Avant ça ? » demanda Diablo.

« Quand vous affrontiez Varakness. Pendant une seconde, nous avons cru honnêtement que vous étiez le Seigneur Démon. Voilà à quel point votre expression était menaçante, » déclara Laminitus.

Tout le sang lui était monté à la tête à ce moment-là et il ne s’en souvenait pas du tout. Était-il vraiment si différent maintenant ?

« Il n’est pas nécessaire que tu en connaisses la raison, » déclara Diablo en tournant la tête et en détournant son regard d’elle.

— On s’en fiche si je l’ai fait par jalousie, tant que les Déchus ont été battus à la fin, non ? Se demanda Diablo.

Le préposé de Laminitus était entré sous la tente et il l’avait appelée. Elle avait d’autres affaires à régler, mais elle avait dit à Diablo et à ses amis de se rendre sur la place de la Tour de Zircon à la tombée de la nuit.

 

†††

 

Ce soir-là, sur la place de la Tour de Zircon — .

Une somptueuse fête de la victoire avait été organisée pour commémorer les événements de la journée. Ils avaient utilisé des rations, habituellement conservées pour les périodes de crise, pour la faire.

Diablo et ses compagnons avaient découvert, à leur grande surprise, que leurs sièges étaient juste à côté de Laminitus. Le gouverneur n’avait pas encore fait son apparition, mais une fois qu’elle l’aurait fait, les festivités commenceraient pour de bon.

 

À la droite du siège du gouverneur se trouvaient les officiers et à gauche les aventuriers et les représentants de l’Église. La table avait été dressée comme telle.

Diablo était assis tout au début du côté gauche.

— Tu ne peux pas me laisser m’asseoir dans un endroit qui se démarque comme ça ! Je suis une personne enfermée, est-ce qu’elle essaie de me faire faire une crise cardiaque !? pensa Diablo.

Rose se tenait derrière Diablo, car elle n’avait pas besoin d’ingérer de nourriture. En fait, elle était en train de recharger son énergie magique en étant près de Diablo, donc on pourrait dire qu’elle était en train de manger... en quelque sorte.

Assis à sa gauche se trouvaient Rem, Shera et Lumachina, dans cet ordre. Un autre siège était vide.

« Où est Horn ? » demanda Diablo.

« Je me souviens qu’elle a aidé à soigner les blessés..., » répondit Lumachina, la tête penchée, curieuse.

« Elle était aussi sur la place, même si je pense qu’elle était plutôt hésitante quand il était temps de monter sur scène. »

— Moi aussi, je ne veux pas être dans un endroit aussi visible ! pensa Diablo.

Décliner après qu’ils soient venus à la fête avait l’air boiteux, alors il avait pris le siège.

« N’avait-elle pas l’air un peu troublée ? » demanda Diablo.

« ... Maintenant que vous le dites, c’était bien le cas, » répondit Lumachina.

Diablo n’avait rien remarqué d’étrange chez Horn.

Il s’était levé. « Je vais prendre l’air. »

« Je viendrai avec..., » commença Rem.

Diablo leva la main, empêchant Rem et les autres de se lever. Si tout le monde était parti, Laminitus le prendrait mal.

« ... Vous avez raison, » Rem hocha la tête. « Nous devons nous pencher sur la question de la chapelle. Le fait de s’assurer que nous sommes en règle avec le gouverneur et les officiers est aussi une tâche importante. »

« Oh, je vois. » Lumachina hocha la tête. Elle était, comme il le pensait, plutôt ignorante quand il s’agissait des subtilités de la politique.

« Je m’assurerai de manger plus pour compenser votre part, Diablo ! » déclara Shera, ses yeux ne quittant pas la nourriture une seule fois.

« Apportez-en au moins un peu dans ma chambre, d’accord ? » demanda Diablo.

Il avait quitté l’estrade.

— Ne pas être au centre de l’attention est un tel soulagement ! pensa Diablo.

 

« Horn ? Horn ? Allez, sors de là. »

L’appeler comme si c’était un chat caché ne la ferait pas sortir.

La promenade de Diablo l’avait mené dans une ruelle. La route principale était pleine de festivités. Après être passés du désespoir total à une grande victoire, les habitants de la ville avaient été ravis.

— Elle éviterait probablement tout ça..., pensa Diablo.

Si Horn était troublée, elle chercherait un endroit tranquille.

« Peut-être est-elle à l’auberge ? » murmura Diablo pour lui-même.

Il retourna à l’auberge que Laminitus leur avait préparée. Il y trouva le Couteau de l’Ombre, ainsi que la cape enchantée, les accessoires et les potions de vie. C’était tout ce que Diablo lui avait donné. La seule exception était le Mini Trésor. Et même sa part de l’argent que le gouverneur leur avait donné pour les récompenser pour leur service dans la bataille avait été laissée là.

« À quoi pense-t-elle ? » murmura Diablo.

— A-t-elle laissé tout son équipement d’aventurier derrière elle et est-elle partie ? Se demanda Diablo.

Non, ça n’en avait pas l’air. Il n’y aurait aucune raison pour elle d’enlever les accessoires. Même si elle était partie avec son vieux poignard, pourquoi laisser le Couteau de l’Ombre ?

— Peut-être qu’elle n’a pas l’intention de revenir... ? pensa-t-il.

Diablo fit claquer sa langue. Si elle voulait partir, il ne devrait pas l’en empêcher...

C’était ce qui avait traversé l’esprit de Diablo. Les personnes qui l’avaient laissé derrière elles avaient toujours laissé Diablo ébranlé et traumatisé. Son cœur était trop blessé, trop fragile pour ce genre de chose.

« Mais, s’il y a quelque chose à se dire avant qu’on se dise au revoir, alors je devrais lui parler face à face... peu importe si c’est douloureux, » déclara Diablo.

— Je ne répéterai pas les mêmes erreurs que j’ai faites quand Shera était sur le point de partir ! pensa Diablo.

Diablo s’était précipité hors de l’auberge. Le soleil s’était déjà couché, et il pouvait entendre le bruit des chopes qui s’entrechoquaient sur la place pendant que les gens portaient des toasts pour célébrer la victoire.

***

Partie 2

« Aïe ! »

Diablo avait entendu ce qui ressemblait à la voix de Horn. Bien qu’il n’ait pas été aussi affûté que celle de Shera, son acuité auditive était bien meilleure que celle d’un simple humain. Cela venait de la zone de stockage, là où l’on rassemblait le matériel de guerre. Diablo avait jeté un coup d’œil sur la zone depuis derrière les boîtes en bois.

 

Horn !

 

Elle était tombée sur le dos, regardant en l’air avec anxiété.

On aurait dit qu’un groupe de quatre Panthériens s’était battu avec elle. S’il se souvenait bien, il s’agissait du gang avec lequel Horn s’était disputé au sujet de sa compensation pour avoir exploré un donjon lorsque Diablo et le groupe l’avaient rencontrée pour la première fois.

L’un d’eux était particulièrement bien charpenté et il avait une « Épée Rouge » gainée à la taille.

« Salut, petite Horn. Avant ça, je ne savais pas que tu étais une nana ~, » déclara l’un d’eux.

« Argh..., » avait gémi Horn.

« On a aussi participé à la guerre, tu sais. Mais je n’ai pas rencontré de Déchu très fort. Je pensais que cette guerre durerait un certain temps, mais elle s’est terminée si vite... Nous avons donc toute cette énergie refoulée et nous n’avons nulle part où la libérer. Et on est aussi un peu court au niveau des friths. Est-ce que tu vois ou je veux en venir ? » demanda le plus gros.

« Franchement... ? » demanda Horn.

« Mais j’ai été surpris, tu sais ? Une trouillarde comme toi, dans le groupe des héros... C’est la meilleure blague de tous les temps, je te le dis. Mais on a de la chance maintenant, et je ne vais pas laisser passer cette chance. Tu as eu une grosse récompense, n’est-ce pas ? » demanda le Panthérien.

« Je l’ai bien reçue... mais je l’ai laissée aux autres, » déclara Horn.

« Arrête de mentir, tu es un minable. Allez, donne-nous un petit quelque chose. N’a-t-on pas toujours veillé sur toi ? Montre-nous à quel point tu es reconnaissante, en espèces sonnantes et trébuchantes, » déclara l’autre.

« Même si nous participions à la même aventure... c’est totalement différent, » déclara Horn.

« Huuuh ? »

« Partir à l’aventure avec eux était amusant ! Même si tout ce que j’ai fait, c’était de me mettre en travers du chemin de tout le monde, c’était tellement amusant ! Tout ce que je fais, c’est tout gâcher et je ne peux rien y faire, mais... Ils sont tous si... si incroyables ! » déclara Horn.

Les yeux de Horn étaient mouillés de larmes. Le Panthérien inclina la tête en raison de la confusion.

« Qu’est-ce qui te prend ? Nous n’avons pas beaucoup de temps à perdre, alors laisse tes bavardages pour plus tard. Il n’y aura plus de places à la taverne à ce rythme, » déclara le chef de la bande.

« Qui se soucie de ton niveau 80 ! Tu n’es même pas la moitié de ce qu’est Shera ! » déclara Horn.

« Eh bien, dans ce cas..., » murmura le chef.

L’attitude des Panthériens s’était rapidement assombrie. Ils étaient passés d’une moquerie désinvolte à l’hostilité pure et simple. Même les novices comme eux étaient encore des aventuriers, et leur animosité était donc encore assez intimidante.

« Je ne vous..., » déclara Horn, dégainant son poignard bon marché de son fourreau, « Je ne vous laisserai plus me faire peur pour me faire ce que vous voulez ! »

« Je crois que tu as un problème, Horn..., » déclara le chef.

« Quoi... ? » demanda Horn.

« Je parie que tu t’es dégonflée après avoir vu à quel point ils te félicitent après que tu te sois accroupie et que tu te sois enfuie. Tu devrais être aux festivités maintenant, n’est-ce pas ? La vedette de la table et tout ça, » déclara le chef.

« Hmm..., » murmura Horn.

Horn vacilla. Cette attaque acharnée contre sa confiance avait brisé le peu de courage qu’elle avait réussi à rassembler.

Les Panthériens avaient ri avec force.

« As-tu vraiment ta place là-bas ? Une petite lâche Roublarde comme toi n’a pas sa place avec les grands héros ! Je peux te remplacer si tu veux ! Vas-y, va me les présenter ! » déclara le chef.

Les Panthériens se moquaient d’elle, disant tout ce qui leur venait à l’esprit.

« As-tu vu la mignonne petite avec les cheveux noirs ? Je pense qu’elle te va bien, mec ! »

« Tu sais quoi ? Je pensais la même chose ! »

« Cette nana elfe était géniale aussi ! Je ne savais pas qu’il y avait des elfes avec des seins aussi gros... »

« La seule déception est la Grande Prêtresse. C’est une belle fille, mais elle a l’air d’une nana emmerdante et chiante... »

Leur chef haussa les épaules. « C’est ça le truc, tu vois ? N’était-ce pas tous les laquais de la Grande Prêtresse ? Je suppose qu’ils l’ont escortée, et c’est comme ça qu’ils ont fait leur “grosse contribution”. »

— Il est probablement temps que je me montre..., pensa Diablo.

Il avait l’impression que s’il entendait un mot de plus sortir de leur bouche, il péterait les plombs. Mais juste au moment où Diablo était sur le point de se déplacer —

Horn leur cria dessus. « Retirez ce que vous avez dit ! »

« Retirez ce que vous avez dit ! » s’écria-t-elle à nouveau, agrippant son poignard. « Ne vous moquez pas de mes... mes... mes... compagnons ! Ils sont tous super géniaux, vous avez compris !? Ils ont tous travaillé si dur pour protéger cette ville ! Ce ne sont pas des crétins étroits d’esprit comme vous, qui n’obtiennent des résultats qu’en se précipitant dans des combats faciles et au bon moment ! »

Le Panthérien le plus massif hocha la tête plusieurs fois. « C’est vrai. Je suppose qu’on s’en souviendra comme de tes dernières paroles. Parce que demain matin, ils vont te trouver en train de patauger dans un étang, tu piges ? »

Les trois autres Panthériens avaient ri.

« Oh, mon pote ! Mon frère veut vraiment répandre ton sang partout, » déclara le premier.

« Tu viens de te tuer, Horn, ou plutôt, Hornie. Tu t’es fait tuer avec un “T” majuscule, » déclara le deuxième.

« Pour l’instant, crache ces pièces. Je pourrais te laisser tranquille si tu le fais, » déclara le troisième.

Horn n’avait nullement faibli.

« Si je ne me bats pas après que vous ayez insulté mes compagnons... Je ne pourrai jamais me pardonner ! » cria Horn.

« Espèce de petite idiote de merde ! On s’en fout si tu ne peux pas te pardonner quand je ne te pardonnerai pas ! Crève, espèce d’abruti ! » cria le chef.

Le Panthérien avait dégainé son épée rouge, et des cendres s’en élevèrent en la sortant de son fourreau. Il avait brandi l’épée longue au-dessus de sa tête, et...

Diablo avait réprimé son désir d’entrer dans le combat. Il voulait croire en Horn.

Une frappe avait traversé l’air. Horn s’était déplacée horizontalement, en l’esquivant.

« Ah ! »

Un poignard coupé au niveau de la main du Panthérien.

Un coup direct.

Un peu de sang avait éclaboussé le sol. Le Panthérien avait fait quelques pas en arrière.

« Merde, ça fait mal ! Espèce d’avorton stupide ! Qui a dit que tu avais le droit de me couper comme ça ! » cria le chef.

— Elle est bonne, celle-là ! pensa Diablo.

Diablo avait serré le poing.

« Qu’est-ce que vous faites là !? » cria le Panthérien à ses amis. « Plaquez ce pique-assiette au sol ! Je vais l’achever, comme d’habitude ! »

— Ont-ils vraiment réussi à monter de niveau avec cette disposition ? Se demanda Diablo.

Même si Horn se battait aussi vaillamment qu’elle le pouvait, elle ne gagnerait jamais avec une cote de quatre à un contre elle.

Sans parler du fait qu’elle était également contre des Panthériens. En termes de force physique, ils s’étaient bien classés dans les Races.

Ils avaient appuyé sur Horn et l’avaient bloquée contre le sol. Le Panthérien à la main blessée avait alors souri d’une manière vulgaire.

« Maintenant, tu l’as bel et bien fait, Hornie. Je vais te déshabiller et te fourrer cette épée dans le cul. Hé, les gars, on devrait parier sur la profondeur avant qu’elle ne crève, » déclara le chef.

Diablo était arrivé dans les lieux, en marchant sur le sol bruyamment alors qu’il avançait.

« C’est une sacrée puanteur que nous avons là ! Pour moi, vous sentez les ordures comme des monstres, » déclara Diablo.

Les Panthériens tournèrent leurs regards dans la direction de Diablo. En se révélant, il était sorti de la couverture offerte par les caisses en bois.

« Je pensais que tu saurais mieux que moi qu’il ne faut pas marcher dans la rue après la tombée de la nuit, Horn. Ne savais-tu pas que les monstres peuvent te sauter dessus, même en ville ? » demanda Diablo.

« P-Patron ! Pourquoi êtes-vous... !? » s’écria Horn.

Les hommes crièrent.

« N’étais-tu pas dans le groupe des héros ? »

« Tsk, peu importe ! Tuons ce type et obtenons son prix en argent ! Après ça, on peut attraper cette mignonne fille à fourrure noire tant qu’on y est ! »

« C’est donc ainsi. On ne peut pas te laisser partir après nous avoir vus. »

Diablo s’approcha du Panthérien avec l’Épée Rouge à la main. Il ricana d’une manière vulgaire, alors que sa langue sortait de sa bouche.

« Regardez le “grand héros”. Tu es un sorcier, n’est-ce pas ? Tu n’as aucune chance de gagner une fois que tu es si près d’un guerrier de niveau 80, » déclara-t-il.

Il avait fait balancer son épée, mais Diablo l’avait attrapée à main nue.

« Comparé à un Déchu de type guerrier de niveau 160, tu es beaucoup trop lent et incroyablement faible. C’est comme si je me battais contre un enfant. Pathétique, » déclara Diablo.

L’armure qu’il avait maintenant équipée, la « Cotte de Mailles des Géants », se concentrait sur l’augmentation exponentielle de ses statistiques physiques. Il avait décidé que, dans ce monde, ce serait probablement un bon choix de la porter. Juste devant ses yeux se trouvait une situation qui prouvait cette hypothèse.

Le Panthérien avait paniqué quand il avait remarqué que Diablo avait attrapé son épée.

« Qu-Quoi ? Pourquoi !? Lâche-moi ! Lâche-moi ça ! Pourquoi ça ne te coupe pas ? » s’écria l’homme.

— Parce que j’ai équipé le « Bracelet du Monarque », et qu’il réduit tous les dégâts en dessous d’un certain seuil à zéro. Attraper une lame avec mes doigts ne causera même plus de blessure, pensa Diablo.

« Qu’est-ce que c’est que ça ? As-tu des ennuis face au “Laquais de la Grande Prêtresse” ? » demanda Diablo.

« Argh ! Arrête de te moquer de moi... Ne restez pas planté là ! Tuez-le ! » cria le chef.

Les Panthériens qui tenaient Horn à terre se précipitèrent vers Diablo, dégainant leur épée.

« Oooh! »

« On va te tuer ! »

« Meurs ! »

« Puisque vous voulez tellement me tuer, ça veut dire que vous êtes vous-mêmes prêts à vous faire tuer, n’est-ce pas ? » demanda Diablo.

Diablo scanda sa magie, et le lotissement vide s’était instantanément figé dans la glace.

 

†††

 

Diablo retourna à l’auberge en portant Horn sur le dos, alors qu’elle était encore trop effrayée pour se tenir debout.

« Ne t’y habitue pas. Je ne le ferai qu’une fois, » déclara Diablo.

« Très bien... D’accord... J’ai compris. Alors, euh... Pourquoi étiez-vous là ? » demanda Horn.

« C’est parce que je te cherchais. Cela devrait être évident, » déclara Diablo.

« Pour moi !? Mais la fête est en cours en ce moment..., » déclara Horn.

— Comme si je pouvais manger paisiblement avec tout le monde qui me regarde sur l’estrade..., pensa Diablo.

Diablo ne savait pas comment Horn interprétait son silence, mais les larmes commençaient à couler de ses yeux.

« Je... Je suis complètement inutile... alors j’ai pensé... que je n’avais pas ma place sur cette estrade..., » déclara Horn en pleurs.

« Inutile ? Toi ? Et alors ? » demanda Diablo.

« Euh... ? »

« L’un d’entre nous t’a-t-il déjà dit de partir ? » demanda Diablo.

« Non..., » répondit Horn.

« Alors, veux-tu partir ? » demanda Diablo.

« B-Bien sûr que non ! Mais... dans votre groupe, vous n’avez pas besoin de quelqu’un comme moi qui fous tout en l’air..., » déclara Horn.

« Je me fiche de la façon dont les autres te jugent. Aucun de nous ne t’a dit de partir, et tu ne veux pas non plus partir. Donc, tu n’as pas besoin d’aller nulle part. Est-ce que je me trompe ? » demanda Diablo.

Horn trembla, appuyée contre le dos de Diablo. Des gouttes transparentes coulaient sur ses joues alors qu’elle pleurait de tristesse.

« Vous-Vous... Vous ne vous trompez pas. Je... Je veux rester... avec vous... avec tout le monde ! » déclara Horn.

 

†††

 

Diablo avait ouvert la porte de l’auberge.

« Dans ce cas, tu peux rester avec nous aussi longtemps que tu le souhaites. Personne ne te dira de partir ! » déclara Diablo.

 

 

À suivre...

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Illustrations

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4 commentaires :

  1. Merci pour le chapitre.

  2. Merci pour le chapitre !

  3. Je ne me’trompe pas le sceptre et le haut des vêtement dont la cape de Diablo on été perdu ou brûler et on parle pas de son éventuel nouvel équipement ?

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