Chronicle Legion – La Route de la Conquête – Tome 2
Table des matières
- Chapitre 1 : Sous l'ombre du Chevalier Noir : Partie 1
- Chapitre 1 : Sous l'ombre du Chevalier Noir : Partie 2
- Chapitre 1 : Sous l'ombre du Chevalier Noir : Partie 3
- Chapitre 1 : Sous l'ombre du Chevalier Noir : Partie 4
- Chapitre 2 : Soldats de Fortune : Partie 1
- Chapitre 2 : Soldats de Fortune : Partie 2
- Chapitre 2 : Soldats de Fortune : Partie 3
- Chapitre 2 : Soldats de Fortune : Partie 4
- Chapitre 2 : Soldats de Fortune : Partie 5
- Chapitre 3 : Coeur de Lion : Partie 1
- Chapitre 3 : Coeur de Lion : Partie 2
- Chapitre 3 : Coeur de Lion : Partie 3
- Chapitre 3 : Coeur de Lion : Partie 4
- Chapitre 3 : Coeur de Lion : Partie 5
- Chapitre 4 : Les Chevaliers de la Grande-Bretagne : Partie 1
- Chapitre 4 : Les Chevaliers de la Grande-Bretagne : Partie 2
- Chapitre 4 : Les Chevaliers de la Grande-Bretagne : Partie 3
- Chapitre 4 : Les Chevaliers de la Grande-Bretagne : Partie 4
- Chapitre 4 : Les Chevaliers de la Grande-Bretagne : Partie 5
- Chapitre 5 : Bataille entre Lion et Chien (1) : Partie 1
- Chapitre 5 : Bataille entre Lion et Chien (1) : Partie 2
- Chapitre 5 : Bataille entre Lion et Chien (1) : Partie 3
- Chapitre 5 : Bataille entre Lion et Chien (1) : Partie 4
- Chapitre 6 : Bataille entre Lion et Chien (2) : Partie 1
- Chapitre 6 : Bataille entre Lion et Chien (2) : Partie 2
- Chapitre 6 : Bataille entre Lion et Chien (2) : Partie 3
- Chapitre 6 : Bataille entre Lion et Chien (2) : Partie 4
- Épilogue : Partie 1
- Épilogue : Partie 2
- Épilogue : Partie 3
- Illustrations
***
Chapitre 1 : Sous l’ombre du Chevalier Noir
Partie 1
Octobre de l’année Tenryuu 58...
Nous étions au milieu du mois et l’automne battait son plein.
Les personnes appelaient l’automne la saison de l’appétit et le temps des sports. Cependant, profiter de ces plaisirs serait un peu difficile dans la résidence actuelle de Tachibana Masatsugu, la Ville de Suruga.
Après tout, les armées ennemies occupaient les « environs » de la Ville de Suruga.
« Taisei, combien de jours se sont écoulés depuis l’attaque des troupes de l’Empire Britannique ? » demanda Taisei.
« Nous sommes le sixième jour. Le temps passe vite, ça va bientôt faire une semaine, » répondit Masatsugu.
En ce moment, Masatsugu discutait avec Okonogi Taisei, l’un de ses rares amis.
Ils étaient des camarades de classe qui étudiaient en deuxième année du lycée privé Rinzai. Ils s’étaient rencontrés dans la salle de classe de deuxième année, la 2 E qui était leur classe d’origine.
La loi martiale avait été proclamée dans la ville de Suruga, mais le lycée Rinzai avait décidé de reprendre les cours.
Cependant, cela ne signifiait pas que leur vie était revenue à la normale. Envahissant sous la bannière de l’Alliance pour la Restauration, l’Empire Britannique avait pris le contrôle de la préfecture de Shizuoka en utilisant une force militaire écrasante.
Sur les cinq forts tutélaires présents dans la préfecture, quatre étaient déjà tombés. La seule exception était celle de la région de Suruga, donc ici.
Grâce à la Chevalière Akigase Rikka qui s’était rendue par hasard au fort tutélaire de Suruga — ainsi qu’aux efforts de Tachibana Masatsugu — ils avaient réussi à arrêter l’avance de l’Alliance pour la Restauration.
Le problème était que les forces ennemies restaient à l’intérieur de la préfecture de Shizuoka.
Les réseaux de transport entrant et sortant de la ville de Suruga avaient tous été bloqués par l’Alliance pour la Restauration. Ni les trains ni les automobiles ne pouvaient circuler hors et vers la zone.
La ville de Suruga et ses environs immédiats étaient comme une île isolée sur terre.
La loi martiale avait été imposée il y a cinq jours lorsque les Britanniques avaient attaqué et elle n’avait toujours pas été levée. Normalement, les établissements d’enseignement suspendaient les cours pendant la loi martiale. Cependant, le lycée où Masatsugu et Taisei étudiaient avait vu certaines de ses classes qui recommençaient.
Cela n’avait rien à voir avec les nobles idéaux du dévouement à l’apprentissage ou de défi contre la brutalité militaire.
Comme il était impossible de fuir la région de Suruga, les gens n’avaient rien à faire. Pourquoi ne pas rassembler tous les élèves et les enseignants de la ville et organiser des cours... ? Ce n’était donc rien de plus que ça.
« À la fin, j’ai l’impression que nous sommes venus à l’école afin de pouvoir bavarder. Sans les enseignants et les élèves qui proviennent de l’extérieur de la ville, les classes normales ne peuvent pas vraiment continuer, » déclara Taisei.
« Même si tu veux tuer le temps en regardant la télévision, il n’y a pas de réception, » répliqua Masatsugu.
Les techniques de contrôle noétique afin de causer des interférences destructives vis-à-vis des ondes électromagnétiques, les communications sans fil et les ondes noétiques étaient connues sous le nom de « perturbation noétique ».
Après le déclenchement de la guerre, la zone de Suruga avait été gravement perturbée. Les téléphones, téléviseurs et autres appareils électroménagers ne pouvaient pas être utilisés.
« D’ailleurs, les habitants de la préfecture de Shizuoka ne peuvent pas regarder la télévision uniquement parce que l’émetteur principal de la préfecture est situé dans la préfecture de Suruga. Bien sûr, c’est une affaire différente pour ceux qui vivent dans des régions qui peuvent recevoir des signaux de Kantō ou d’Aichi, » déclara Taisei.
« Ce qui veut dire que tout le monde souffre à cause de nous, » déclara Masatsugu.
« Peut-être que cela fait également partie du plan de l’Alliance pour la Restauration, pour minimiser la quantité d’informations inutiles reçues par les résidents de la préfecture — Oh, ça me fait me souvenir d’un truc, » Taisei avait soudainement changé de sujet. « Pour la quatrième période, les étudiants et les enseignants doivent quitter le campus pour des travaux d’intérêt général. »
En passant, il s’agissait actuellement de la pause entre la deuxième et la troisième période.
Celui qui avait informé Masatsugu, Okonogi Taisei, était aussi le vice-président du Conseil des Étudiants. Il s’adressait maintenant à une troisième personne qui était restée silencieuse jusqu’à présent.
« Je suis terriblement désolé d’imposer cela à un Chevalier... et à Votre Altesse, Princesse, » déclara Taisei.
« Ne vous inquiétez pas pour ça. C’est plus important que de perdre du temps sans rien faire, » répondit la princesse.
Sa réponse élégante avait incité Taisei à rétracter son cou avec un « merci ».
Voyant son « camarade de classe » réagir si timidement, la jeune fille avait souri et avait dit : « Nous sommes tous des camarades de classe en quête commune d’apprentissage. Il n’y a pas besoin d’être si réservé. »
« C’est juste, mais c’est un peu trop difficile pour un roturier comme moi, » déclara Taisei.
Malgré le fait qu’il parlait d’égal à égal avec Masatsugu, Taisei s’était montré particulièrement respectueux envers la jeune fille.
C’était tout à fait naturel. La personne qui était face à lui était devenue un nom familier dans la ville de Suruga depuis peu. Elle était Fujinomiya Shiori, la princesse impériale.
Taisei et Masatsugu conversaient en se tenant debout devant son siège.
De plus, cette jeune et belle princesse avait les cheveux blond-platine attachés dans une queue de cheval et elle portait le blazer de l’école.
« Si je me souviens bien... Votre Altesse a seize ans, n’est-ce pas ? » demanda Taisei.
Bien qu’il ait dit qu’il allait rester réservé, Taisei avait activement entamé une conversation avec la princesse.
En parlant de cela, comme son ami Masatsugu, Taisei était le genre de gars qui marchait au rythme de son propre tambour. Ni arrogant, ni soumis, il utilisait des formes polies sans beaucoup de rigueur pour parler à Shiori.
« C’est exact, » répondit Shiori.
« Alors vous êtes une deuxième année comme nous parce que —, » commença-t-il à demander.
« Je suppose que ça compterait comme un saut de classe en raison de mes notes, » répondit Shiori. « Je sais que j’ai réussi l’examen de transfert, donc sauter une classe est le résultat basé sur les résultats académiques. » Shiori ajouta ça malicieusement, « Naturellement, c’était gentil de la part de l’école de m’assigner à la même classe que Masatsugu-sama. »
« Je le pense aussi, » déclara Taisei.
Techniquement, Fujinomiya Shiori était aussi un étudiant ayant une excellence académique.
Elle n’avait pas seulement suivi les cours de deuxième année sans effort, mais elle avait aussi fait preuve d’intelligence pour obtenir des résultats parfaits aux tests mineurs et à la participation en classe dans toutes les matières.
La seule exception était le cours d’éducation physique qu’elle avait choisi de ne pas suivre en utilisant une excuse de « santé fragile ».
... Mais bien sûr, Masatsugu était conscient de la vérité.
Il n’y avait rien de mal quant à la santé de la princesse. Elle avait boycotté la classe d’éducation physique uniquement parce qu’elle avait besoin de garder son secret absolu d’« inaptitude athlétique ».
Cependant, la belle et charmante princesse avait commenté nonchalamment. « Puisque Suruga est actuellement en crise, peut-être, que je ne devrais pas dire cela... Cependant, je suis franchement très heureuse. Depuis longtemps, j’ai toujours voulu faire l’expérience de la vie scolaire. »
Elle n’avait pas négligé de faire un sourire discret.
Elle n’avait pas oublié le reportage qu’elle avait utilisé lors de l’entrevue pour l’émission de nouvelles de la dernière fois. Ayant joué le rôle tant de fois, sa capacité à feindre la docilité était comme une seconde nature.
Masatsugu avait entendu dire que Shiori avait sauté des classes pour entrer à l’université pendant ses études à Rome.
L’inscription au lycée au Japon devait créer l’image de « la jeune et frivole princesse ». En vérité, la princesse qui avait l’ambition de s’emparer du Japon était une étudiante assidue qui avait, non seulement, maîtrisée toutes les disciplines académiques régulières, mais aussi la politique, la diplomatie, l’histoire et les études culturelles de diverses nations, et même la stratégie militaire...
Née à l’époque ancienne, elle serait qualifiée de stratège de premier ordre. C’était l’élite qu’elle était.
« Au fait, vice-président, » comme Taisei était membre du Conseil des Étudiants, Shiori s’adressait toujours à lui par son titre.
Ce n’était probablement pas intentionnel de sa part, mais cela donnait l’apparence d’une « princesse qui demandait l’avis d’un subalterne sur les affaires nationales ».
« Comme on peut s’y attendre, il n’y a pas beaucoup d’élèves à l’école, » déclara Shiori.
« Beaucoup de gens croient que ce n’est pas le moment d’aller à l’école, » répondit-il.
La salle de classe était calme et inoccupée pendant la pause.
Le nombre d’étudiants était faible. Aujourd’hui, la participation n’était que de 50 %.
« L’Alliance pour la Restauration n’a pas attaqué depuis avant-hier soir... Personne ne sait quand les combats reprendront. Je peux comprendre leurs sentiments de vouloir rester à la maison, » déclara Taisei.
« Mais ne ressentez-vous pas la même chose, vice-président ? » demanda Shiori.
« J’assume après tout les responsabilités du Conseil des Étudiants, » répondit Taisei. « Si d’autres étudiants viennent, je ne peux pas feindre l’ignorance. De plus, si je vais à l’école... Ou plutôt, si je vais près des dortoirs, il y a un Seigneur Chevalier qui nous protège. » Répondant à la princesse, Taisei jeta un regard oblique sur Masatsugu. « J’attends avec impatience que ta puissance puisse chasser l’Alliance pour la Restauration, Masatsugu-kun. »
« Certainement, j’essaierai de faire de mon mieux... » Masatsugu avait répondu avec un haussement d’épaules.
Il avait informé l’école de sa capacité de contrôler les Légionnaires et de son intention d’utiliser ce pouvoir pour protéger la ville de Suruga.
Ce n’est qu’ainsi qu’il avait obtenu la clémence nécessaire accordée au « chevalier de la princesse ».
« Indéniablement, il y a beaucoup de choses dans ce monde qui sont au-delà de mes capacités. Pense à moi comme un bout de bois qui se montre quand tout le monde se noie, » déclara Masatsugu.
« Oublie le bout de bois, mais au moins convaincs-nous que tu es un canot de sauvetage, » déclara Taisei avec un sourire ironique.
Taisei avait facilement accepté le fait que son camarade de classe était Chevalier.
Il connaissait les pertes de mémoire de Masatsugu et sa capacité de combat inhabituellement importante. En entendant la vérité, il avait montré une sorte de regard « qui explique tout ».
Alors que la princesse, le Chevalier et le lycéen bavardaient...
« ... En ce moment, il y a déjà deux Chevaliers dans cette école, » la voix claire d’une fille sévère interrompt leur conversation.
Une beauté aux cheveux noirs était arrivée dans la salle de classe, vêtue de l’uniforme d’officier de l’Armée Impériale japonaise plutôt que de l’uniforme féminin du lycée Rinzai.
Taisei avait été surpris.
La jeune fille en uniforme militaire avait poursuivi : « Ce n’est peut-être pas un canot de sauvetage, mais un certain niveau d’assurance pourrait être fourni. »
« Oh, c’est Akigase-dono, » déclara Shiori.
« Ça fait un moment, Hiji-No, Tachibana-dono. C’est merveilleux de vous voir en bonne santé, Votre Altesse, » répondit Rikka.
Il y avaitune épée japonaise dans le fourreau suspendu à la ceinture de la fille aux cheveux noirs.
Cette apparence galante appartenait à l’actuelle châtelaine du fort tutélaire de Suruga, la Chevalière Akigase Rikka. Masatsugu ne pouvait pas se tromper sur l’identité d’une beauté frappante de son calibre.
Masatsugu avait alors dit : « En vérité, cela ne fait pas très longtemps. Nous nous sommes rencontrés hier et avant-hier. »
« E-En effet, vous avez raison, » Rikka avait un peu paniqué quand Masatsugu le lui avait rappelé.
Il y a trois nuits, Masatsugu avait vaincu les Kamuys de l’Alliance pour la Restauration en son nom. Le lendemain, Rikka lui avait rendu visite pour le remercier. Le lendemain, elle était revenue pour exprimer solennellement sa gratitude.
Et aujourd’hui, Akigase Rikka était de nouveau ici.
Elle avait même visité l’école alors que les classes n’étaient pas encore terminées, laissant ses fonctions militaires derrière elle.
Bien que le fort tutélaire de Suruga et le lycée Rinzai étaient « voisins », à moins d’une demi-heure de route...
L’attitude de Rikka était inexplicablement courtoise, malgré son statut de « princesse » du fief. Son père était Akigase Shouzan, le gouverneur général statuant sur Tōkaidō.
« Au fait, Akigase-dono, puis-je vous demander ce que vous faites ici aujourd’hui ? » demanda Masatsugu.
« Tout à fait. Comme vous, Tachibana-dono, nous sommes des Chevaliers protégeant Suruga, » en lui parlant, Rikka avait évité tout contact visuel avec Masatsugu. « C’est simplement que nous pourrions tirer le meilleur parti des occasions d’interagir et de mieux nous connaître. C’est..., seulement si cela ne vous dérange pas. »
« Oh ! Je vois. Afin de partager des idées en tant que Chevalier ? » demanda Masatsugu.
« Oui, précisément, les Chevaliers ont beaucoup d’informations pertinentes à partager, » répondit Rikka.
« Est-il nécessaire que vous veniez jusqu’à l’école pour ça ? » demanda Masatsugu.
« Il se trouve que j’avais un peu de temps libre. Je m’inquiétais de vous déranger, mais je ne voulais pas perdre de temps. Alors, je suis venue vous rendre visite d’une manière effrontée, je le reconnais, » répondit Rikka.
« Akigase-dono. Vous êtes, en vérité, la personne la plus occupée de Suruga en ce moment, » répliqua Masatsugu.
« P-Pas du tout. Ayant reçu mon grade de l’État impérial, je ne fais que remplir mes obligations. S’il vous plaît, comprenez-le, » répliqua Rikka.
Rikka avait dû rassembler tout son courage pour converser avec Masatsugu.
Plutôt qu’un partage d’idées entre Chevaliers, cela ressemblait davantage à une jeune fille supprimant ses sentiments timides pour s’approcher audacieusement de « l’objet de son affection ».
Décidant de ne pas trop y penser, Masatsugu avait hoché la tête.
Introvertie et abritée, les jeunes femmes étaient à son goût, mais il trouvait aussi très mignon quand les filles exprimaient honnêtement leur affection.
Peu importe quel genre de fille Akigase Rikka était, au moins il n’y avait aucun doute qu’elle était très attirante. Ses sentiments l’avaient également enchanté.
Masatsugu lui avait alors dit : « Bien sûr, mais ne restons pas debout et ne parlons pas dans une salle de classe. Nous irons dehors. »
« D’accord. Ce serait avec plaisir. »
« Masatsugu-kun, le cours commence dans deux minutes, » déclara Taisei.
« Désolé, ça fait partie du travail, alors, aide-moi à arranger les choses avec le professeur, » devant son compagnon Chevalier ravi, Masatsugu demanda une faveur à son ami maussade.
Pendant ce temps, sa supérieure, Fujinomiya Shiori avait révélé un regard momentané de panique en écoutant sa conversation avec Rikka. Elle toussa légèrement et déclara : « Excusez-moi, Masatsugu-sama, veuillez permettre à Hatsune de vous accompagner s’il y a une discussion sur ce qui concerne les Chevalier. »
« Pour quelle raison ? » demanda Rikka.
« En considération de la situation, » répondit la princesse. « Ne l’avons-nous pas mentionné précédemment... ? Hatsune souhaite hériter de l’Appellation qui est l’héritage de la famille Tachibana ? Il va de soi que Hatsune aurait avantage à assister à une conversation entre Chevaliers. Oui, c’est décidé. D’ailleurs, après mûre réflexion... »
Shiori avait déclaré d’une voix innocente : « Je devrais aussi prendre part à votre discussion. C’est le devoir d’une princesse de répondre à la loyauté manifestée par vous, chevaliers. »
« ... Je vois, » répondit Masatsugu.
La princesse pouvait-elle être jalouse parce qu’il séchait les cours pour aller à un « rendez-vous » ?
Après avoir réfléchi à cette spéculation irrespectueuse, Masatsugu avait accepté la demande de Shiori. Surpris par le développement soudain, mais incapable d’offrir des mots d’objection, Rikka n’avait pas d’autre choix que d’acquiescer.
***
Partie 2
« C’est pourquoi... C’est le moment de faire un pas de géant, Onii-sama ! »
« Hatsune, je n’ai pas la moindre idée d’où tu veux en venir, » la déclaration sérieuse de Tachibana Hatsune avait été rejetée avec indifférence par Masatsugu.
Akigase Rikka s’était présenté vingt minutes plus tôt. Quittant la salle de classe de la deuxième année où ils se trouvaient auparavant, ils s’étaient rendus dans un café en plein air à l’extérieur de l’école, ce qui avait conduit à l’échange susmentionné.
Il s’agissait actuellement de la troisième période et il n’y avait pas de bruit autour d’eux.
Shiori et Rikka étaient présentes, mais Taisei n’était pas venu.
« En fait, pendant le cours d’aujourd’hui, j’ai réfléchi à quelque chose et je n’ai pas pu me concentrer sur la leçon, » déclara Hatsune. « Tout bien considéré, Suruga a actuellement — non, le Japon a besoin d’un grand héros comme Tachibana Hatsune. »
« N’est-ce pas un peu bizarre d’être le grand héros qui s’assoupit en classe ? » demanda Masatsugu.
Hatsune était une élève de première année de classe 1.
Après que Masatsugu soit allé la chercher dans sa classe, la dame d’honneur de Shiori s’était assise dans le café en plein air et avait commencé à parler en un charabia.
Hatsune avait abordé son sujet trop brusquement, c’est pourquoi Masatsugu l’avait ridiculisée au nom de tout le monde.
« En faisant un pas de géant, tu veux dire…, » demanda Masatsugu.
« Je parle bien sûr de devenir un Chevalier. J’ai déjà mis la main sur la précieuse Appellation, » répondit Hatsune.
« Tu es donc certaine de devenir un héros, » répliqua Masatsugu.
« Allez, dans une telle situation, un titre cool est obligatoire même si un peu de mensonge doit être de mise. Tout ce que je dois faire après coup, c’est d’expliquer que c’était mon opinion personnelle, Onii-sama, » déclara Hatsune.
« Je vois, » répliqua Masatsugu sans montrer la moindre émotion.
« Ceux qui se disent des producteurs professionnels créatifs sont tous comme ça, » répliqua Hatsune.
« D’après ce que j’ai entendu dire, les gens qui se disent producteurs exagèrent plus souvent que toute autre chose, » répliqua Masatsugu.
« Hatsune et Masatsugu-sama, ne prenez-vous pas une tangente ? » Shiori les avait mis en garde avec tact pour que la conversation revienne sur le sujet. « Actuellement en possession de Hatsune, le Kurou Hougan du clan Tachibana est le présent problème. »
« En effet, vous avez tout à fait raison, Princesse, » déclara Hatsune.
En démontrant qu’elle était capable de répondre couramment à sa noble dame, Hatsune n’était vraiment pas une personne ordinaire.
Elle avait sorti un rouleau bleu de son cartable. Considéré comme la manifestation de l’appellation Kurou Hougan Yoshitsune, il s’agissait d’un artefact très distingué.
De plus, Hatsune était comme d’habitude habillée dans le style Haikara-san.
Le kimono Meisen jumelé à un hakama et des bottes, un uniforme scolaire à l’ancienne pour les filles.
« Depuis cinquante ans, aucun membre du clan Tachibana n’a pu l’utiliser... Personne ne connaît le truc pour libérer le rituel de succession, » d’un ton décontracté, Hatsune avait révélé l’horrible vérité. « Il y avait sept ou huit challengers au cours des années, mais ils sont tous morts pendant le rituel de succession, donc ils n’ont fourni aucune valeur de référence. »
« Pour avoir eu tant de challengers, le clan Tachibana est à la hauteur de sa réputation de ruffians, » répliqua Shiori.
« Pendant un certain temps, il était apparemment à la mode d’utiliser ce test comme un rituel de maturité ♪. Pour cette raison, notre clan n’a pas de nos jours beaucoup de jeunes, » déclara Hatsune.
« Je vois, c’est tout à fait fascinant », remarqua Rikka avec émotion après avoir écouté la conversation entre la princesse et Hatsune. « C’est assez semblable aux chasseurs d’un certain pays. On dit qu’ils doivent chasser et tuer un lion à eux seuls avant d’être considérés comme des adultes à part entière ».
« C’est aussi l’esprit du samouraï, Rikka-sama, » avait déclaré Hatsune joyeusement à Rikka, l’héroïne qui était devenue Chevalier plus tôt qu’elle. « Les anciens Japonais étaient aussi assez barbares, comme se tuer d’eux-mêmes, ou décapiter des généraux ennemis en tant que trophées pour revendiquer le crédit dans les batailles. »
« C’est vrai aussi. En fait, quand j’ai hérité de Yasutsuna…, » déclara Rikka.
Elle parlait de l’épée précieuse de la lignée de Genji, Onikiri Yasutsuna. Rikka détacha l’Appellation qui était suspendue à sa ceinture sous la forme d’une épée japonaise et la posa sur une chaise.
La jeune fille Chevalier regarda son épée bien-aimée et déclara avec nostalgie : « Tout le monde disait que l’échec conduirait à la mort — au début, je me sentais aussi intimidée. »
« Oh ! C’est vrai ! Il y a quelque chose que je voulais vous demander, Rikka-sama. Qu’avez-vous ressenti lorsque vous avez hérité d’une Appellation ? Et comment avez-vous réussi ? » demanda Hatsune.
« Ça ne me dérange pas de vous le dire, mais ça ne sera probablement pas d’une grande aide, » déclara Rikka.
« Hein ? » s’exclama Hatsune.
« Lorsqu’on hérite d’une Appellation de haut niveau comme Yasutsuna ou Kurou Hougan, le test entrepris pendant le rituel est unique, » répondit Rikka. « La volonté résidant dans l’Appellation modifiera le test en fonction du challenger... C’est ce que j’ai appris. »
Après avoir écouté l’explication de Rikka, Masatsugu hocha la tête. En héritant d’Izumi-no-Kami Kanesada de Hijikata Toshizō, il avait aussi ressenti une sorte de volonté dans l’épée.
Rikka, le Premier Chevalier de Tōkaidō, avait de nouveau pris la parole, « Tout bien considéré... Le rituel de succession n’est qu’un début. Ce qui compte vraiment, ce sont les exploits de combat après être devenu Chevalier, et ces Appellations ne le savent que trop bien. »
« Mm-hmm, » murmura la dame d’honneur.
« Bien qu’il y ait un risque de mort, ce n’est en fin de compte qu’un test. Faites de votre mieux comme si vous faisiez un saut à l’élastique d’une falaise, Tachibana, » déclara Rikka.
« Compris ! » s’exclama Hatsune.
Rikka l’appelait naturellement par son nom de famille et Hatsune avait répondu avec énergie.
Leur style de conversation ressemblait presque à celui que l’on trouverait dans les clubs d’athlétisme entre les membres seniors et juniors. Les deux filles étaient toutes deux des « combattantes » accomplies dans les arts martiaux. Peut-être cela les rendait-il particulièrement compatibles et sur la même longueur d’onde.
Concluant le sujet avec un vague appel au pouvoir de l’esprit sur le corps, Rikka avait ensuite parlé sinistrement, « De nombreux points déconcertants sont présents dans la situation actuelle... Il y en a un qui me préoccupe le plus. »
« Qu’est-ce que c’est, Rikka-sama ? » Shiori avait immédiatement demandé en réponse au ton sérieux de la dame Chevalière.
Rikka était assise très droite, avec dignité, face à sa princesse respectée.
« Ce qui me dérange, c’est la fille qui est venue m’attaquer avant l’attaque de Suruga par les Légionnaires du Fief de Kinai. Elle a utilisé un pouvoir étrange pour m’ensorceler — à l’époque, j’étais prête à succomber à tout moment, » déclara Rikka.
Cet incident avait conduit Rikka à perdre connaissance et Tachibana Masatsugu à se battre à sa place.
« Votre Altesse a mentionné... qu’elle pourrait avoir un lien de parenté avec la famille royale britannique ? » demanda Masatsugu.
« Que je ne peux pas affirmer avec certitude, » répondit Shiori. « Tout ce que je peux dire, c’est que la probabilité n’est pas faible. »
Étant la petite-fille de la Bête Sacrée, le Seigneur Tenryuu, la princesse hocha tranquillement la tête.
Shiori avait spéculé que l’enchanteresse blonde devait avoir des liens effectifs avec les forces britanniques — peut-être qu’elle était une princesse de la royauté comme elle.
En d’autres termes, il était possible qu’elle appartînt à la lignée d’une Bête Sacrée divine et possède des pouvoirs mystiques.
« La méthode qu’elle a utilisée pour m’ensorceler... était certainement un puissant pouvoir semblable à la magie ou à la sorcellerie, » déclara Rikka. « Ce serait une très mauvaise situation si elle est capable d’utiliser cette technique à plusieurs reprises et successivement. Si des fonctionnaires importants à travers le Japon, ou même l’Impératrice elle-même à la capitale tombaient sous le coup d’une telle sorcellerie — . »
Rikka murmura avec inquiétude, mais Shiori rejeta immédiatement l’idée. « Non, je crois qu’il n’y a pas à s’en inquiéter. »
« Comment ça ? » demanda Rikka.
« Si une telle capacité puissante pouvait être invoquée à volonté, l’Empire Britannique aurait annexé le Japon il y a longtemps sans avoir besoin d’aller en guerre, » répondit Shiori. « Le rêve de conquérir le monde serait également réalisable. Cependant, la réalité indique le contraire — je pense qu’il devrait y avoir des conditions strictes pour son utilisation pratique. »
Par exemple, les restrictions d’heure ou de date et les conditions d’utilisation. Shiori avait évoqué quelques possibilités et avait souri à Rikka. « Pourquoi n’y pensons-nous pas de cette façon ? La Grande-Bretagne a dû recourir à leur précieux atout contre vous, Rikka-sama... Et leur opération a finalement échoué. Oubliez pour l’instant cette menace de sorcellerie, je crois qu’elle ne concerne pas tout le monde. »
« Je vois, c’est plein de bon sens, » l’explication claire et logique de la princesse était très persuasive et Rikka comprenait.
Souriante, elle hocha la tête et ne souleva plus jamais la question de la « fille mystérieuse », et elle ne montra pas de signes d’inquiétude à ce sujet.
Elle était attentionnée et méticuleuse, mais assez sensible pour ne pas tomber dans la paranoïa — .
Cette attitude était la marque du calibre d’un héros. Akigase Rikka était vraiment quelque chose. Masatsugu avait décidé qu’il devait l’informer de quelque chose.
« Akigase-dono et Hatsune, il y a quelque chose que vous devez savoir », commença Masatsugu. Puis il racontera patiemment toute l’histoire.
***
« Je n’aurais jamais pensé que vous aviez perdu la mémoire, Tachibana-dono, » déclara Rikka.
Assise dans le siège du conducteur et tenant le volant, Rikka était en état de choc.
Masatsugu était assis à côté d’elle sur le siège du passager avant. La dame Chevalière conduisait une voiture de sport domestique, roulant à toute vitesse le long d’une route de montagne vers le fort tutélaire de Suruga. Malgré la vitesse élevée de son véhicule, sa conduite n’était pas du tout dangereuse.
... En raison de sa perte de mémoire, Tachibana Masatsugu n’avait pas été en mesure de reconstituer le liquide ectoplasmique en utilisant la méthode normale.
Tout à l’heure, Masatsugu avait expliqué sa faiblesse de façon concise. Maintenant, ils reprenaient la conversation précédente alors qu’ils étaient sur la route parce que Rikka devait retourner au fort tutélaire.
« Je n’ai que des souvenirs que des deux dernières années, » déclara Masatsugu.
« En d’autres termes, vous n’avez aucun souvenir de votre vie passée... ou de votre vrai nom ? » demanda Rikka.
« C’est vrai », avait admis Masatsugu d’emblée, surprenant Rikka.
De plus, il était clair que le volant et les sièges n’étaient pas de série.
Ils avaient été modifiés. La voiture de Rikka était une transmission manuelle plutôt qu’une automatique. Comme les militaires ne fourniraient pas ce genre de véhicule, Masatsugu avait conclu qu’il devait être la propriété personnelle de Rikka.
Il pouvait dire qu’elle aimait bien les voitures.
« ... Cependant, je crois que votre vrai nom est déjà évident. Après tout, vous avez été capable d’utiliser Izumi-no-Kami Kanesada aussi familièrement que vos propres membres —, » déclara Rikka.
« Mais même ainsi, cela ne signifie pas nécessairement que je suis le propriétaire original, » répondit-il.
Masatsugu est-il en vérité Hijikata Toshizō ?
Cette question avait été très difficile à résoudre. À en juger par les fragments de souvenirs que Shiori lui avait montrés, la réponse semblait être non, mais il ne pouvait pas la rejeter complètement.
Pour être honnête, Masatsugu ne se souciait pas de savoir s’il était Hijikata Toshizō ou non.
Cependant, l’affection d’Akigase Rikka pour Tachibana Masatsugu découlait de cette possibilité.
Masatsugu avait besoin en premier d’éclaircir cette question avec elle. Puisqu’elle était l’alliée la plus fiable de Shiori ainsi que la sienne, Masatsugu ne voulait pas cacher entre eux des secrets qui pourraient les séparer à l’avenir.
« Akigase-dono, » Masatsugu avait appelé Rikka d’un ton un peu plus affirmé que d’habitude. « De votre point de vue... Est-ce que mon véritable nom est si important ? »
« O-Oui, » répondit Rikka.
« Mais pour moi, c’est sans importance. Que mon nom soit Hijikata ou non, pouvoir se battre à vos côtés contre les envahisseurs est déjà un grand honneur, » déclara Masatsugu.
« ... »
« Un vrai héros est le compagnon le plus précieux. Je suis très heureux de vous avoir rencontrée, » continua Masatsugu.
« Quel héros ? Ne vous moquez pas de moi ! » s’écria Rikka.
« Je ne plaisante pas, » répondit Masatsugu sur un ton sérieux. « Si je devais choisir un camarade d’armes et une épouse à l’instant, Akigase-dono, vous seriez mon choix. C’est à ce point que vous êtes une personne incroyable. »
« Camarade d’armes et... épouuuuseee !? » s’écria Rikka.
Rikka avait soudainement appuyé sur la pédale d’accélération.
La voiture accéléra instantanément puis elle avait rapidement ralenti. Le moment de surprise l’avait probablement amenée à appuyer par accident avec trop de force. Il était assez rare que la courageuse Rikka soit si agitée.
« T-Tachibana-dono. Q-Quand vous dites épouse, n’allez-vous pas trop loin avec votre blague... !? » s’écria Rikka.
« Pourquoi ? Akigase-dono, vous êtes forte, vertueuse, courageuse et magnanime. Je pense que tous les hommes voudraient certainement épouser une telle femme, » répondit Masatsugu.
« Personne ne m’a jamais dit ça…, » répondit Rikka en rougissant.
« Alors les hommes de ce pays sont aveugles, » déclara Masatsugu.
« Tachibana-dono…, » murmura Rikka.
« Masatsugu, cela serait mieux, » déclara Masatsugu.
Rikka s’était adressée à Masatsugu par son nom de famille, mais Masatsugu avait dit que : « L’utilisation de mon nom de famille facilite la confusion avec Hatsune, ce qui est déroutant. Pourquoi n’utilisez-vous pas directement mon prénom ? Nous sommes des camarades sur le champ de bataille, il n’y a pas besoin d’être formel. »
« Eh bien... Et Masatsugu-dono ? » demanda Rikka.
« Bien sûr, cela me va, » répondit Masatsugu.
Les camarades qui traversaient les champs de bataille devraient se dénuder l’un à l’autre.
Engagé dans une relation d’honnêteté, Masatsugu avait eu une conversation intermittente avec Rikka. Heureusement, Rikka ne s’y opposait pas. Malgré sa nervosité, elle avait répondu sincèrement à Masatsugu.
Mis à part la question de Hijikata Toshizō, les deux parties devaient d’abord apprendre à se connaître.
Alors que les efforts de Masatsugu commençaient à porter leurs fruits, Shiori avait finalement parlé après une longue période de silence sur le siège arrière.
« Vous deux semblez avoir une conversation merveilleusement engageante en tant que Chevaliers. » La voix de la princesse semblait inexplicablement sarcastique.
En fait, Shiori conduisait le même genre de voiture lorsqu’elle était allée au fort tutélaire.
À ce moment-là, Rikka avait répondu en panique en tant que membre du même sexe. « Je vous demande pardon, Votre Altesse ! »
« Détendez-vous. C’est une bonne chose de vous voir si bien vous entendre tous les deux, » répondit Shiori.
Le ton sarcastique ne pouvait plus être senti de la voix de la princesse.
Sur le rétroviseur, on pouvait voir le reflet du sourire habituel de Shiori, « l’innocence séduisante ». Peut-être Masatsugu s’était-il fait une fausse impression — probablement ?
En tout cas, Shiori parlait avec les airs gracieux d’une princesse, « Rikka-sama, avez-vous reçu des ordres de votre père à Nagoya... ? »
« Oui. Les ordres ont été transmis au fort tutélaire de Suruga ce matin, » répondit Rikka. « À ce sujet, j’aimerais avoir une discussion détaillée avec Votre Altesse et Hiji - Masatsugu-dono sur nos plans. »
Comme le téléphone et le courrier n’étaient pas disponibles, la communication avec le monde extérieur devait dépendre de bêtes de rétention.
Le gouverneur général du fief de Tōkaidō et sa fille Rikka avaient échangé des messages en utilisant la méthode magique primitive de « relayer les ordres par l’intermédiaire d’une bête de rétention ».
« Au fait, Votre Altesse, avez-vous reçu des instructions du palais impérial de Tokyo ? » demanda Rikka.
« Pas du tout. Silence complet, » répondit Shiori. « Il se pourrait bien que le palais espère que je disparaisse dans cette situation... Ça ne ressemble pas à une blague et c’est assez troublant, n’est-ce pas ? »
Shiori haussa les épaules et Rikka avait ri avec audace.
Alors que la voiture avait emmené les deux filles et Masatsugu dans la montagne, il n’y avait pas d’autres véhicules sur cette route militaire étant donné la présence de la loi martiale. Toute la route était dégagée et sans le moindre obstacle.
Bientôt, la voiture avait atteint les locaux du fort tutélaire.
Le fort tutélaire était situé sur le plus haut plateau de la ville de Suruga, également connu sous le nom de Nihondaira. C’était autrefois un endroit pittoresque célèbre offrant une vue du mont Fuji et de la Baie de Suruga de loin.
Il y avait une place de parking réservée au châtelain dans le parking des officiers de haut rang.
Après que Rikka avait garé sa voiture bien-aimée dans l’espace réservé, le trio avait marché ensemble dans le fort tutélaire. Leur destination était le donjon protecteur de la nation au centre du fort tutélaire.
Le donjon protecteur de la nation était un bâtiment de quarante mètres de brique, rappelant un ancien clocher.
En cours de route, de nombreux soldats les saluèrent avec des regards respectueux ou des saluts. Leur comportement n’était pas entièrement dû à la présence de la châtelaine ou de la princesse.
Masatsugu lui-même était également Chevalier avec une armée de Légionnaires.
Au sein de l’armée, les Chevaliers avaient été traités comme des officiers de haut rang.
De plus, c’était lui qui était responsable de la victoire il y a quelques jours. Et il y avait aussi des rumeurs.
(Est-il Hijikata-dono... ?)
(J’en ai aussi entendu parler...)
(Les gens disent même que l’épée qu’il porte est évidemment Izumi-no-Kami Kanesada...)
Les soldats et les officiers chuchotèrent entre eux pendant que Masatsugu passait.
Comme on s’y attend d’une installation militaire. En dehors de Rikka, d’autres avaient remarqué que Masatsugu contrôlait les Légionnaires, utilisant le style Tennen Rishin et l’Appellation Izumi-no-Kami Kanesada.
Par conséquent, les rumeurs avaient jailli de partout.
Et aussi grâce à cela, les soldats de Suruga avaient traité Tachibana Masatsugu avec le plus grand respect.
En réfléchissant à ce développement étrange, Masatsugu était arrivé au hall du donjon protecteur de la nation. Les deux filles qui étaient sa compagnie avaient commencé à discuter d’affaires pratiques.
« Mon père, le chef de l’Akigase, a l’intention de chasser l’Alliance pour la Restauration de Shizuoka en envoyant des forces du nord du Mont Fuji — en d’autres termes, Yamanashi, » expliqua Rikka. « Le premier endroit qui doit être repris est le fort tutélaire de Fuji qu’ils utilisent actuellement comme une forteresse cruciale... Le fort tutélaire de Fuji n’est qu’à des dizaines de kilomètres de Suruga. »
« En d’autres termes... Rikka-sama, vous allez soutenir l’opération depuis Suruga ? » demanda Shiori.
« Nous prévoyons également une coordination avec l’armée provinciale Kantō et la garnison de Rome orientale au Japon. Naturellement, mon père se prépare déjà sur ce front, » expliqua Rikka.
Rikka avait alors abordé le sujet de la stratégie militaire.
Son intention était d’une part de remplir son devoir d’expliquer la situation de crise à la princesse impériale dans le plus de détails possible tout en reconnaissant de l’autre la précieuse perspicacité de Shiori.
La princesse Shiori et la Chevalier Akigase Rikka.
Une solide relation de coopération s’était progressivement développée entre elles.
À l’instant où Masatsugu hochait la tête avec satisfaction, un bruit de sonnerie fut entendu sur les lieux. Un renard blanc de la taille de la paume de la main s’était manifesté sur l’épaule de Rikka.
Chargée de relayer les communications, la petite bête de rétention apportait des nouvelles.
« ... Quoi ? » s’écria Rikka.
Le renard de liaison avait apporté des nouvelles qui avaient grandement choqué Rikka.
Non seulement Rikka, mais Shiori et tous les soldats dans le hall du donjon protecteur de la nation avaient également été choqués. Masatsugu était le seul à écouter le rapport de la situation en silence.
« Le Point de Contrôle de Hakone — le Hakone est tombé en seulement une demi-journée ? » Rikka murmura à elle-même, doutant de ses oreilles.
Le Point de Contrôle de Hakone était réputé être le point le plus imprenable d’importance stratégique de Kantō. Situé dans la région montagneuse de Hakone, il avait fait construire des forts tutélaires à quatre endroits différents.
Ces quatre forts tutélaires avaient chacun plusieurs Chevaliers stationnés en tout temps.
Ces Chevaliers étaient tous des soldats expérimentés au service du fief de Kantō et avaient plus de quatre cents Légionnaies de type kamuy sous leur commandement.
De plus, les quatre forts tutélaires avaient chacun un ifrit qui leur était affecté.
Un total de quatre ifrits, respectivement Seiryuu, Suzaku, Byakko et Genbu. Cette puissante troupe protégeait la partie Ouest de la région Kantō, le cœur du Japon Impérial.
Les défenses imprenables de Hakone auraient été brisées par « le pouvoir d’un seul homme ».
« Cela signifie... que l’Empire Britannique a un nouveau Ressuscité ? » Shiori chuchota dès qu’elle entendit le nom de l’homme « Edward ».
***
Partie 3
Edward le Prince Noir avait commencé son illustre carrière de victoires glorieuses à l’âge de seize ans.
Cette victoire était entrée dans l’histoire sous le nom de la bataille de Crécy. Même aujourd’hui, à la fin du XXe siècle, elle était restée très bien connue par les chercheurs sur la guerre.
L’année 1346 après Jésus Christ faisait partie du Moyen Âge européen familier à tous.
Pour Edward, c’était une période nostalgique de son passé d’adolescent.
Entièrement éduqué comme il sied à un prince anglais, il avait perfectionné ses prouesses martiales et son caractère noble en tant que chevalier, et avait élevé ses compétences en tant que général tout au long de sa vie sur les champs de bataille et hors du champ de bataille — c’était l’époque.
À l’époque, l’Angleterre et la France étaient en guerre.
C’était le début de la guerre de Cent Ans. Au village de Crécy, en territoire français, une grande bataille avait eu lieu pour déterminer le sort des deux nations.
L’armée anglaise comptait dix mille hommes alors que l’armée française en comptait quarante mille...
Cependant, les Anglais avaient quand même remporté une victoire écrasante à Crécy. À l’époque, les forces armées anglaises étaient dirigées par le père d’Edward, le roi Edward III d’Angleterre (le père et le fils partageaient le même nom, ce qui facilitait leur confusion).
Le roi Edward avait organisé ses forces en trois divisions pour engager l’armée française.
Le prince-héritier Edward avait dirigé l’une des divisions. Il avait joué un rôle déterminant dans la victoire.
Cette bataille fut le prélude à une légende. La saga héroïque du jeune et célèbre général, le Prince Edward atteindra son apogée lors de la bataille de Poitiers, dix ans après Crécy.
Cette fois en tant que commandant en chef, Edward avait dirigé une armée de six mille hommes pour affronter une armée française de trente mille hommes.
La disparité en nombre était encore plus défavorable qu’à la bataille de Crécy. Néanmoins, Edward avait remporté une victoire tout aussi splendide et avait même réussi à capturer le roi de France Jean II.
En prenant le roi de France en otage, l’Angleterre avait profité à la fois d’une belle rançon et d’un avantage dans les négociations diplomatiques.
De plus, la guerre anglo-française durera jusqu’en 1453, longtemps après la mort d’Edward en raison de la maladie. Le « premier sauveur de la France » qui était apparu vers la fin était précisément Jeanne d’Arc.
Puis le temps avait continué à avancer, menant à l’année 1998 —
☆☆☆
« D’après ce que j’ai entendu dire, cette dame nommée Jeanne est très populaire dans le monde moderne », avait dit le « Prince Noir » qui était né à nouveau dans ce monde.
Conformément aux accords antérieurs, il se débarrasserait aujourd’hui de son alias temporaire de « Chevalier Noir ».
« Cependant, en tant qu’Anglais... J’aimerais profiter de cette occasion pour faire savoir à tout le monde que moi, Edward n’était en aucune façon inférieur, » continua-t-il.
C’était le matin avant qu’il parte à la conquête du Point de Contrôle de Hakone.
Tôt le matin, il était sorti du fort tutélaire de Fuji près de la montagne sacrée de Fuji, puis avait avancé vers l’est pour attaquer le Point de Contrôle de Hakone.
Actuellement, Edward était sur le dos d’une wyverne, planant tranquillement dans le ciel au-dessus de Hakone.
En quelques heures à peine, il avait vaincu toutes les forces japonaises dans les forts tutélaires de Hakone. Avec la victoire fermement entrent ses mains, il était d’humeur très décontracté.
L’ennemi se composait de cinq cents Kamuys, les samouraïs bleus du Japon Impérial.
Les mille Légionnaires noirs qui combattaient sous le commandement d’Edward étaient des Chevaliers de la Jarretière, une variante supérieure du pilier britannique des Croisés.
L’armée d’Edward avait mis en place leur formation dans le ciel au-dessus du vaste lac d’Ashi.
Les quatre forts tutélaires étaient positionnés respectivement au nord, à l’est, au sud et à l’ouest du lac. Le premier fort tutélaire à l’est était défendu par l’ifrit Seiryuu, le deuxième fort tutélaire au sud avait Suzaku, le troisième fort tutélaire à l’ouest avait Byakko, et le quatrième fort tutélaire au nord avait Gênes. L’ensemble uni de quatre déités gardiennes s’était vigoureusement battu pour résister à l’invasion britannique.
Malheureusement, ils n’avaient pas été de taille contre le millier de Chevaliers de la Jarretière menés par le Prince Noir.
La force Chevalier d’Edward était de 1256 et il avait fait appel à un millier d’hommes pour attaquer.
« Chevaliers de la Jarretière, vous vous êtes bien battus. Moi, Edward, j’applaudis votre bravoure ! »
Edward avait fait l’éloge des chevaliers noirs qui étaient en formation au-dessus du lac d’Ashi.
Normalement, le Légionnaire principal de l’Empire Britannique, le Croisé, était de couleur blanche. Les troupes d’Edward étaient totalement noires.
Au Moyen Âge, Edward lui-même avait parcouru les champs de bataille alors qu’il était vêtu d’une armure noire.
C’est ainsi qu’était né le surnom de Prince Noir. C’était aussi la raison pour laquelle chaque Légionnaire sous son commandement était un Chevalier Noir.
« En parlant de ça, je n’aurais jamais pensé que j’aurais une chance de combattre en Extrême-Orient... »
Partageant ses pensées poignantes, il regarda ses fiers chevaliers.
À l’heure actuelle, ces Légionnaires faisaient la démonstration de sa formation caractéristique dans le ciel bleu clair. Tout d’abord, trois cents des mille Légionnaires s’étaient transformés en archers et avaient grimpé en altitude.
Ces archers n’étaient pas équipés de l’arme standard du Légionnaire, la carabine à baïonnette.
Les trois cents archers portaient des arcs longs. C’était la nouvelle arme qui leur était accordée par la capacité spéciale d’Edward, son Fait d’Armes.
— Les Archers de Crécy.
En effet, cela fonctionnait comme avec le chevalier du fort tutélaire de Suruga qui avait donné des épées japonaises à ses subordonnés.
De plus, la monture-wyverne d’Edward volait gracieusement, à un kilomètre de ses fiers chevaliers. Il avait déterminé qu’il n’était pas nécessaire qu’il commande l’armée au premier plan.
« Dans le passé, j’ai remporté de glorieuses victoires sur la colline de Crécy et sur la terre de Poitiers. Faites savoir au monde entier que le Japon a maintenant rejoint cette liste... Mon destin a été vraiment imprévisible. »
Après avoir augmenté leur altitude, les trois cents archers étaient restés en position dans le ciel.
Ils se trouvaient à environ quatre cents mètres au-dessus de la surface du lac d’Ashi. Les sept cents Chevaliers de la Jarretière restants encerclent les archers.
Cependant, leur altitude était cent mètres plus basse que celle des archers.
Cette situation s’apparentait à « l’installation d’archers sur une colline à l’avance tout en concentrant la cavalerie à la base afin de défendre toute la colline ».
Edward était très bon à ce type de formation « mode anglais ».
« Prince, il semble y avoir des restes. »
« Oh ? »
Edward avait entendu un avertissement dans son oreille.
Il y avait une petite poupée assise sur l’épaule d’Edward. La voix d’une jeune fille était sortie de sa bouche.
La poupée était une fille blonde vêtue d’une tenue de marin, de petite taille, mais d’une construction extrêmement complexe. Elle était possédée par le génie Morrigan des forces armées britanniques.
Edward lui-même avait également remarqué les noesis. Il avait regardé la direction qu’il avait détectée.
... au sud du lac Ashi, il y avait un endroit nommé la Passe d’Hakone.
Le deuxième fort tutélaire de Hakone, une forteresse aux murs de fortification en forme d’étoile, connu au Japon Impérial sous le nom de « la Forteresse de Goryōkaku ».
Du deuxième fort tutélaire, trente-deux Légionnaires japonais, des Kamuys, avaient volé dans le ciel.
Ils visaient les milliers de Chevalier de la Jarretière en formation au-dessus du lac Ashi...
« Ce type d’offensive est connu sous le nom de “kamikaze” au Japon, n’est-ce pas ? »
« On dirait bien. »
La conversation entre le commandant et le génie s’était terminée ici.
Sans s’inquiéter, Edward avait fait descendre sa wyverne. Volant rapidement au-dessus de la surface du lac d’Ashi, il s’était dirigé vers le nord-est.
Dans l’eau près de la côte, il y avait un torii rouge.
Il était censé être l’entrée d’un sanctuaire shinto japonais — le sanctuaire de Hakone — et un symbole célèbre de la région.
Quand Edward l’avait repéré plus tôt, il avait été attiré par l’attrait exotique du torii et avait décidé d’y jeter un coup d’œil plus tard.
Le Prince Noir était déjà impatient d’aller faire du tourisme. Une bataille avait éclaté au-dessus de la tête.
... Les trente-deux Kamuys bleus avaient chargé en pleine force à l’armée noire de l’Empire Britannique.
... Les Chevaliers de la Jarretière chargés de l’interception étaient une équipe d’une centaine d’individus, en attente à basse altitude.
... Les deux camps avaient échangé des tirs avec leurs fusils à baïonnette.
... Cependant, les archers avaient aussi tendu leurs arcs en même temps. Ces trois cents chevaliers noirs avaient placé leur formation plus haut dans le ciel pour surplomber tout Hakone. Les arcs d’acier dans leurs mains gauches étaient extrêmement grands, presque plus longs que les huit mètres de hauteur des Légionnaires.
... Ensuite, une flèche de lumière était apparue simultanément dans la main droite de chacun des trois cents archers.
... Les Kamuys bloqués dans une fusillade avec les chevaliers noirs à basse altitude — c’est-à-dire les Kamuys dont l’avance était entravée — étaient devenus les cibles des archers noirs tirant à pleine force d’une position supérieure.
... Comme une pluie de pluie, les flèches de lumière transperçaient impitoyablement les trente-deux Kamuys.
... Contre les flèches anglaises, les barrières de protection des troupes japonaises bleues étaient aussi faibles que du papier.
... En une minute ou deux, les restes de la force de défense Hakone avaient été anéantis — .
« Il n’y a pas de plaisir à combattre des ennemis excessivement faibles. »
Edward marmonnait cela à lui-même, regardant les Légionnaires du Japon Impérial mourir loyalement.
Il avait vaincu sans effort l’imprenable Point de Contrôle d’Hakone.
Ce fut un exploit étonnant qui avait mené à la victoire, mais Edward n’y trouva que peu de gloire. Il avait simplement mené son armée à attaquer les forces de défense d’Hakone, les battant dans un assaut frontal, c’était tout.
Ce n’était qu’une victoire de la force brute, s’appuyant sur sa Force de Chevalier et ses troupes d’élite.
Ayant démontré la capacité de vaincre une armée ennemie six fois plus grande que la sienne, le Prince Noir serait gêné de se vanter d’une si petite victoire...
Alors que ses pensées arrivaient à ce point, le prince légendaire avait souri avec un sourire ironique et dit : « Non, c’est grâce à la bénédiction de Dieu et à la valeur des soldats que la victoire totale a été obtenue. Je dois maintenant louer mes chevaliers pour leurs efforts glorieux et réfréner mon désir d’une compétition de stratégie. »
Edward avait rafraîchi son esprit et déclara ça au simulacre de l’esprit de la petite fille sur son épaule : « Morrigan, pourriez-vous faire une recherche pour moi ? »
« S’il vous plaît, dites-le. »
« J’ai entendu dire que Hakone est une station thermale populaire depuis l’antiquité. J’aimerais essayer une source chaude japonaise pour effacer la fatigue provoquée par la bataille. Aidez-moi à trouver la source chaude qui a la meilleure réputation. »
« Compris. Cependant. »
« Y a-t-il un problème ? »
« Oui. Je préférerais ne pas participer à nouveau à un bain mixte. »
« Attendez une seconde. Je jure sur ma vie que je ne suis pas un homme qui compte sur une position d’autorité pour faire des jeux avec de jeunes filles. Et n’oubliez pas que votre corps est une poupée ! »
« Objection. Nous, les esprits de haut niveau, nous avons aussi, plus ou moins, les droits de l’homme. »
« Eh bien, excusez-moi. Laissez-moi être clair avec vous. Si on m’a demandé si je préférais les femmes plus âgées ou plus jeunes, je préfère les femmes plus âgées ! »
« Je vois. »
Pendant qu’Edward et sa subordonnée bavardaient sans conséquence...
Sa monture-wyverne volait près de la surface du lac Ashi. Instantanément, le Prince Noir avait senti vivement les noesis. Il y avait une soif de sang faible, mais aiguë visant sa tête.
« S’il vous plaît. »
Edward avait donné un ordre simple.
Immédiatement, un Chevalier de la Jarretière était apparu à côté de la wyverne volante.
De la côte du lac Ashi, une balle de fusil avait été envoyée. Le projectile mortel tiré à partir d’un fusil de tireur d’élite avait été bloqué par l’armure du Légionnaire britannique.
Le Légionnaire noir avait riposté avec son fusil à baïonnette.
L’éclair de lumière avait détruit l’immeuble au bord du lac, empêchant l’ennemi de poursuivre à nouveau l’attaque.
Vraisemblablement, le tireur faisait partie de la force de défense de Hakone et était un tireur d’élite très expérimenté.
« Enchanté de me voir tout seul, hein ? ... Quelle erreur ! Les tireurs d’élite ne fonctionnent jamais contre un puissant chevalier. »
Edward n’avait senti aucune soif de sang ni aucune noesis jusqu’à la dernière seconde.
De plus, l’ennemi avait effectué un tir précis de la tête sur une cible volante depuis la surface d’un lac venteux.
Ces points s’étaient additionnés pour montrer qu’un tireur d’élite était à l’œuvre. Même ainsi, l’ennemi avait déjà fait une erreur au moment où il pensait que le tireur d’élite fonctionnerait contre un chevalier de la trempe d’Edward. Si la cible avait été un Chevalier japonais manquant d’expérience pratique au combat ou d’éclaireurs parmi les chevaliers britanniques, l’histoire serait différente...
Même si Edward appréciait sa visite et semblait très détendu, il n’était pas difficile de revenir instantanément à son état d’esprit du champ de bataille. C’était le genre d’homme qu’il était.
Il convenait également de noter que la Charte de la Chevalerie énonçait de nombreuses règles interdisant aux forces armées d’attaquer les structures civiles. Cependant, les structures civiles utilisées à des fins militaires étaient considérées comme des exceptions, ce qui expliquait que le tir de représailles tout à l’heure était tout à fait légitime.
« Ah oui, ce Chevalier utilisant un katana que j’ai vu à Suruga la dernière fois... Il a aussi fait preuve de la même capacité. »
Il y a quelques jours, Edward avait rencontré « un homme qui était sans aucun doute un ennemi puissant ».
Se souvenant de cette brève rencontre, Edward avait souri sans crainte. En dehors de cet homme, le généralissime César allait venir au Japon de l’Empire romain d’Orient.
En effet, la véritable guerre avait à peine commencé. Ce n’était que le prélude.
***
Partie 4
Il s’agissait du soir après que Masatsugu ait fait un tour en voiture avec Rikka jusqu’au fort tutélaire de Suruga.
Lui et son seigneur Shiori étaient retournés ensemble au Dortoir de Lys Noir.
Bien qu’il s’agisse d’un dortoir, tout le bâtiment était réservé à l’usage exclusif de la princesse. Habillée dans un style Haikara-san avec un tablier sur le dessus, Hatsune préparait le repas.
Le menu comprenait du chinchard séché, de la salade de navet, du hijiki bouilli, des cornichons, du riz et de la soupe miso.
Après ce simple dîner, Masatsugu et Shiori étaient restés seuls. Les deux étudiants étaient allés dans la salle de lecture, qui servait en quelque sorte de petite bibliothèque pour les pensionnaires.
Cependant, la princesse avait simplement regardé les livres sur les étagères sans parler pendant tout ce temps.
Masatsugu avait rompu le silence. « Est-il possible que vous soyez contrariée ? »
« Bien sûr que non. Quelle raison aurais-je d’être ainsi ? » Shiori avait instantanément répondu.
Sa réponse avait été assez rapide, mais elle présentait clairement un air de déplaisir. Masatsugu avait alors lâché un, « je vois », puis il avait haussé les épaules et n’avait rien dit de plus.
L’expression de la princesse semblait vraiment indiquer qu’elle était maussade.
En public, Shiori avait toujours défendu son image de la douce princesse. Ce n’était que devant Masatsugu qu’elle avait exprimé ses émotions les plus sincères, et qu’elle boudait ou perdait son sang-froid dans certaines situations.
« Mais vous êtes déprimée depuis que nous avons quitté le fort tutélaire. Je me demandais si la chute de Hakone était la raison pour laquelle vous êtes contrariée, » demanda-t-il.
« Bien sûr que non. » Shiori secoua immédiatement la tête. « Pour que l’Alliance pour la Restauration marche vers Kantō, le premier point d’étranglement est Hakone. Je savais que la situation se passerait inévitablement de cette façon, même si la vitesse inattendue de leur attaque m’a surprise... Mais ce n’est pas une raison pour que je sois contrariée. »
« Ah ! En d’autres termes, vous êtes contrariée par d’autres raisons ? » s’exclama-t-il.
Masatsugu avait compris. Il hocha la tête en disant : « Alors, vous êtes contrariée parce qu’Akigase-dono et moi sommes trop proches ? »
« !? »
Masatsugu était allé droit au but, amenant une Shiori surprise à nier avec colère, « S’il vous plaît, ne suggérez rien de si grotesque ! »
« Toutes les autres raisons sont peu probables. En tant que votre chevalier, Princesse, j’ai eu des conversations amicales avec une autre fille pour développer une relation d’honnêteté mutuelle. Témoin de cela, on ne peut s’empêcher d’être jaloux — c’est le motif le plus convaincant. »
« M-Masatsugu-sama ! » s’écria la princesse.
« C’est pour ça que vous êtes bouleversée depuis ce moment, » continua Masatsugu.
« Vous vous trompez. Je suis restée calme pendant tout ce temps ! » une Shiori choquée avait nié fermement. Puis elle avait répondu sur un ton assertif, avec une attitude complètement différente de sa douceur habituelle ou de sa docilité feinte. « Mis à part ça, Masatsugu-sama, nous devons encore le faire aujourd’hui, n’est-ce pas ? Allons là-bas. »
Le beau visage de la princesse rougissait.
Malgré les émotions exacerbées dans son cœur, son ton était encore relativement calme.
Tous les deux étaient allés à la table au centre de la salle de lecture. Comme celles utilisées à l’école, la table était du mobilier de bureau banal. Il y avait quatre chaises à côté.
Bien sûr, ces meubles étaient destinés aux pensionnaires pour étudier et faire leurs devoirs.
Ignorant les livres, Masatsugu et Shiori s’étaient assis ensemble à la table.
Shiori avait étendu tranquillement sa main droite et avait caressé la main gauche de Masatsugu. Leurs mains qui se chevauchaient étaient parfaitement cachées sous la table.
« Un couple de lycéens gardant leur relation secrète, se rencontrant à la bibliothèque pour un essai, se tenant discrètement la main..., » murmura la princesse.
Ce qu’ils faisaient était très semblable à cela.
Cependant, c’était un rituel nécessaire. Alors qu’il était incapable de reconstituer le fluide ectoplasmique de la manière normale, Masatsugu Tachibana avait dû s’appuyer sur le pouvoir mystique des Chevaliers ou de la famille des Bêtes Sacrées — .
Le corps de Masatsugu était très froid, presque semblable à un état d’hypothermie.
Une pénurie chronique de liquide ectoplasmique avait entraîné un manque de chaleur dans son corps. Cependant, Shiori avait caressé avec douceur la main de Masatsugu, essayant de partager sa chaleur corporelle avec lui.
Cela s’était avéré efficace.
L’élégante et belle princesse transmettait la chaleur et le pouvoir mystique à travers sa paume.
Depuis leur serment d’allégeance, ils le faisaient en secret tous les jours.
« Après mûre réflexion, Hatsune sait aussi que j’ai perdu la mémoire », murmura Masatsugu à lui-même. « Nous n’avons plus besoin d’être secrets à ce sujet. »
« Non ! Cela ne doit pas être vu par les autres quoiqu’il arrive, c’est trop embarrassant..., » Shiori rejeta la suggestion et elle inclina la tête de honte.
Pendant ce temps, elle avait continué à caresser doucement la main de Masatsugu. Leurs corps étaient également appuyés l’un contre l’autre.
Indéniablement, ils ressemblaient actuellement à un couple affectueux l’un pour l’autre.
Il n’était pas surprenant qu’une jeune fille inexpérimentée en amour se sente timide. Masatsugu avait compris les réticences de la princesse et il accepta ses bonnes intentions.
« Au fait, Masatsugu-sama, » déclara la princesse.
Tout en continuant à réchauffer son chevalier, Shiori avait continué. « S’il vous plaît, ne parlez plus jamais aussi imprudemment comme vous venez de le faire. Franchement, je n’étais pas contrariée et je voudrais que vous vous absteniez de spéculations arbitraires quant à mes pensées. »
« Me suis-je trompé ? Désolé pour ça, » déclara-t-il.
La réponse têtue de la princesse était trop adorable, qu’est-ce qu’il allait donc bien faire d’elle ?
En hébergeant ces pensées irrespectueuses, Masatsugu s’était calmement excusé.
« Au fait, en ce qui concerne Hakone..., » tenant toujours la main de Masatsugu, Shiori avait changé de sujet. « Le problème sérieux ici est la chute de l’imprenable Hakone en moins d’une demi-journée. Ce qui est plus inquiétant, c’est... »
« Le nom du commandant ennemi ? » demanda-t-il.
« Oui, quand il s’agit des Ressuscités de l’Empire Britannique, il n’y a rien de plus important que l’amiral Horatio Nelson, qui a réussi à accaparer même l’empereur Napoléon de France, dont le nom est synonyme de héros ? C’est un commandant splendide et célèbre. Et ici, au pays de Hakone, un héros de son égal s’est montré. »
Le jeune chevalier avait dirigé une armée de Croisés noire, forte de mille hommes.
Ces Légionnaires étaient connus sous le nom de Chevaliers de la Jarretière. L’Exploit d’Armes transformant leurs fusils à baïonnette en longs arcs avait été nommé d’après la terre de Crécy.
En combinant tous ces rapports, il n’était pas difficile de déduire l’identité de leur commandant en tant qu’Edward, le Prince Noir.
« Pour être honnête, je n’ai jamais entendu parler de lui, » déclara-t-il.
« La majorité des Japonais non plus. Parmi ceux qui l’ont fait, la plupart auraient simplement lu le nom dans un manuel d’histoire, rien de plus. Mais c’est un héros légendaire connu de tous en Angleterre, » Shiori avait souri pour cacher ses inquiétudes et expliqua les origines de celle qui porte ce nom. « En tant que prince anglais, il a vaincu les armées de France à plusieurs reprises. À la fin, il a succombé à la maladie, mourant avant d’avoir pu succéder au trône... »
Masatsugu ne connaissait que le nom de l’homme et un bref profil.
Cependant, il était certain que c’était lui. La nuit où il avait repoussé l’Alliance pour la Restauration, il avait vu un jeune homme aux cheveux argentés, monté sur une wyverne britannique.
Le chevalier de cette rencontre devait sûrement être le Prince Edward.
C’était peut-être l’instinct d’un Ressuscité, mais Masatsugu se sentait inexplicablement certain de ce fait.
***
Chapitre 2 : Soldats de Fortune
Partie 1
La première brigade expéditionnaire de la flotte de l’Extrême-Orient.
Il s’agissait des forces armées de l’Empire Britannique dirigées par Edward le Prince Noir.
L’Alliance anglo-japonaise pour la restauration avait été formée à partir de cette brigade et de celle du fief du Kinai du Japon Impérial.
Les unités de combat attaquant Tōkaidō étaient composées à moitié-moitié par l’armée britannique et l’armée provinciale du Kinai. Cependant, la majorité des Chevaliers étaient britanniques et 80 % des Légionnaires étaient des Croisés.
Les chevaliers du Kinai étaient traités comme des « invités d’honneur » et rarement envoyés sur les champs de bataille.
Pour le dire simplement, le contrôle était entièrement entre les mains de l’Empire Britannique.
« Il y a un proverbe au Japon... Prêtez-leur la devanture et ils prendront la maison principale, n’est-ce pas ? » Le lieutenant-colonel Grayson marmonnait cela. « La description décrit bien notre relation avec le fief du Kinai. »
Le vieil homme parlait solennellement avec un ton poli.
Cependant, il y avait un soupçon de sarcasme dans ses paroles. Ce vieil homme partageait toujours son cynisme avec un visage tout à fait droit. Peut-être était-il le modèle responsable de la langue de vipère du génie Morrigan ?
Edward avait gardé son hypothèse pour lui-même alors qu’il lui avait parlé. « Pourquoi pas ? Les hauts gradés du Kinai l’ont également accepté. »
« En effet, grâce à la bénédiction des Trois Lions et de la famille royale britannique, » répliqua Grayson.
« C’est bien dit. Quand ils fournissent des miracles incroyables et pratiques de temps en temps, nous ferions mieux d’accomplir nos devoirs en tant que sujets loyaux au mieux de nos capacités, » déclara Edward.
« Le gouverneur général Kinai a dû être ému par la sincérité et la grandeur de notre princesse, » déclara Grayson.
Avec des visages stoïques, ils échangeaient de fausses platitudes.
Le jeune prince médiéval et l’homme âgé du XXe siècle moderne souriaient en même temps alors qu’ils conversaient tous deux.
« Alors, Grayson, je dois aller à Kyoto pour remonter le moral de notre princesse et m’occuper de quelques tâches diverses pendant que j’y serais. Je compte sur vous pour assurer la continuité, » déclara Edward.
« Affirmatif, » répliqua le vieux soldat.
Le soldat âgé avait accepté la demande d’Edward comme l’aurait fait un majordome expérimenté.
Également capitaine du destroyer Tintagel, Grayson était vêtu d’un uniforme d’officier de marine, d’une chemise blanche et d’une cravate avec un pantalon noir pour compléter le tout. Toutefois, son affectation actuelle n’était pas à bord du navire.
À la place, il était affecté au Point de Contrôle d’Hakone se trouvant dans la partie Ouest de la région Kantō du Japon.
En tant qu’adjudant du commandant Edward, il devait d’abord s’assurer du contrôle de la zone de Hakone pour servir de base d’opérations avancée pour pouvoir se déployer sur le site de Tōkaidō. C’était son dernier emploi en cours.
Le but était de construire une fondation pour soutenir les invasions de Tokyo et de la région du Kantō, le cœur du Japon Impérial.
« Comment voyagerez-vous jusqu’à Kyoto ? » lui demanda Grayson.
« D’abord le long de la mer, puis en entrant dans le Kinai par la péninsule de Shima, » répondit Edward.
Aujourd’hui, il s’agissait du deuxième jour après la chute d’Hakone.
Il y avait un héliport sur le deuxième fort tutélaire, situé au sud du lac Ashi.
Hakone était à l’origine défendue par l’armée provinciale du Kantō. Après avoir conquis les forts tutélaires, les forces britanniques avaient revendiqué le grand hélicoptère de transport de marque américaine qui s’y trouvait. L’hélicoptère était actuellement posé sur l’héliport.
De plus, les forces britanniques et du Kinai avaient été affectées à divers postes à Hakone.
Le plan était d’assujettir les installations militaires et administratives et de demander aux factions civiles de fournir une « assistance volontaire ».
Après le retour d’Edward, la situation trépidante devrait s’atténuer quelque peu. Les capacités de l’ancien combattant Grayson et de la première brigade expéditionnaire étaient irréprochables.
Leur commandant, un Ressuscité, avait encore d’autres devoirs à remplir.
Alors qu’Edward se dirigeait vers l’hélicoptère, une jeune fille l’avait appelé.
« Prince, si cela vous plaît, emmenez ceci avec vous, » déclara-t-elle.
Il s’agissait d’une petite fille blonde vêtue d’un costume de marin et d’un béret, ou plutôt une poupée.
La poupée était possédée par le génie Morrigan et elle se tenait derrière Grayson.
La poupée mesurait 150 cm, soit à peu près la taille humaine. Dans sa main se trouvait une version d’elle qu’Edward avait utilisée pendant le siège de Hakone.
Chaque fois qu’elle bougeait son corps, les articulations produisaient du bruit, faisant allusion à son identité non humaine.
« Morrigan, vous n’avez pas besoin de m’accompagner cette fois, » déclara Edward.
Le soutien d’un génie aurait rendu tout cela pratique, mais Edward avait quand même refusé.
« Vous devriez vous concentrer sur la mission à Hakone, » continua Edward.
« Pas un problème. Je suis un esprit de haut niveau. Des simulacres peuvent être envoyés à plusieurs endroits... Le multitâche, c’est possible, » déclara-t-elle.
« Je sais, mais jouer avec des poupées n’est pas mon truc, » répliqua Edward.
Au début de la vingtaine, Edward soupira.
« Si je continue d’avoir avec moi votre petite version, j’ai peur que des rumeurs bizarres commencent à surgir, » annonça Edward.
« S’il vous plaît, détendez-vous. Selon des recherches menées par les forces britanniques... Beaucoup d’hommes adultes au Japon Impérial apprécient ce type de poupée, » répliqua Morrigan.
« Je ne cherche pas à devenir comme certains passionnés ici ! » s’exclama-t-il.
L’esprit lui avait offert son conseil sans expression, mais Edward l’avait réprimandée et était monté seul à bord de l’hélicoptère.
C’est ainsi qu’un voyage aérien avait commencé. Une personne venant du XIVe siècle était assise dans un bloc de métal pour ainsi s’envoler dans les ciels. Pour être honnête, Edward avait trouvé que monter une wyverne ressemblait beaucoup à un cheval, donc il ne se sentait pas bizarre.
Cela dit, la locomotion mécanisée n’était pas mal non plus selon lui.
Après tout, la vitesse était un avantage majeur. L’hélicoptère de transport avait survolé le port de Numazu en passant par la Baie de Suruga pour entrer dans l’espace aérien de l’océan Pacifique.
Puis l’hélicoptère s’était dirigé vers l’ouest le long de la côte de l’île japonaise.
Les forces armées britanniques avaient établi une supériorité navale sur la quasi-totalité de la région maritime de Tōkaidō — de Nagoya et de la péninsule d’Atsumi à Izu et Atami.
Les chances d’être attaqué étaient très faibles. Dans le cas où un ennemi se présenterait, il pourrait simplement les engager en utilisant les Légionnaires.
Edward avait donc apprécié ce vol de loisir.
Les sièges de l’hélicoptère de transport étaient durs et peu confortables. Cependant, l’équitation consommait encore plus d’énergie, donc prendre un hélicoptère était encore relaxant de son point de vue.
Il était ainsi entré dans le Fief du Kinai par la péninsule de Shima puis s’était dirigé vers le nord, c’est-à-dire vers l’intérieur des terres.
Quelques heures après le décollage, l’hélicoptère avait atteint le ciel au-dessus de la ville de Kyoto. Avant le changement de nom du Japon en « Japon Impérial », Kyoto était l’ancienne capitale où se trouvait le palais royal.
***
Il s’agissait de la deuxième fois qu’Edward se rendait à Kyoto.
Avant l’opération d’invasion de Tōkaidō, il s’était déguisé en touriste étranger pour visiter cet endroit et s’entretenir avec des personnalités du fief du Kinai.
« Kyoto est une ville si exiguë..., » murmura Edward.
Le mode de locomotion d’Edward était passé d’un hélicoptère militaire à un véhicule de luxe noir.
Comme auparavant, l’utilisation du véhicule était laissée au conducteur. Bien qu’Edward soit doué pour contrôler des montures comme les wyvernes ou les chevaux, il n’était pas doué pour manipuler des engins mécaniques.
Heureusement, en tant que Ressuscité et Chevalier, il ne se retrouverait jamais sans chauffeur à proximité.
Dans l’après-midi du même jour, Edward se trouvait à l’arrière du véhicule de luxe, et il s’agissait d’un modèle d’élégance comme il convenait à son titre de prince. Il regardait tranquillement les rues de Kyoto.
« Entouré de montagnes, des routes étroites. Je n’aime pas l’atmosphère, » continua-t-il à se plaindre.
Kyoto était riche en traditions japonaises classiques, mais n’était pas une grande métropole.
Le château de Nijou, construit sur les ordres de Tokugawa Ieyasu, avait été remodelé plusieurs fois au fil des ans. Aujourd’hui, au XXe siècle, il était utilisé par le fief du Kinai comme « palais ».
En outre, il y avait Kyoto Gyoen, un vaste jardin appartenant à la famille impériale.
À l’intérieur se trouvait un palais d’une époque révolue où vivaient les prédécesseurs de la famille impériale et de vieilles maisons. Cela servait de « résidences officielles » de l’ancienne classe privilégiée, rappelant que ce lieu était le centre politique du Japon.
Edward avait débarqué près de Kyoto Gyoen.
Il voulait marcher avec bravoure dans les rues en uniforme militaire et revivre sa glorieuse adolescence de chevalier du passé... Cependant, il était aujourd’hui vêtu de vêtements décontractés.
Une chemise blanche avec un pantalon noir et un manteau gris était posée sur le dessus. C’était une apparence plutôt unie.
Avec l’invasion en cours de Tōkaidō par l’Empire Britannique, la position d’un Anglais vivant au Japon serait plutôt gênante. Dans un tel environnement, il n’était pas nécessaire de porter l’uniforme militaire pour attirer l’attention.
Pourtant, ici au Japon, l’apparence d’un homme grand et beau aux cheveux argentés le faisait encore ressortir.
On ne pouvait pas faire grand-chose contre le fait qu’il était tape-à-l’œil. Comme un soldat, il marchait la tête haute et la poitrine bien doit, sans être dérangée par les regards des habitants de Kyoto.
Assez rapidement, il avait atteint un manoir occidental à l’ancienne.
On disait qu’un Américain en avait ordonné la construction à l’époque meiji, au XIXe siècle.
Plutôt que le château de Nijou du fief du Kinai, il rendait visite aujourd’hui à une personne spéciale dont la résidence temporaire se trouvait ici. Dix minutes plus tard, Edward se trouvait dans la salle de réception du manoir, avec la dame avec qui il avait un rendez-vous prévu.
« Salutations, Princesse. Ce sont sûrement les bénédictions des Trois Lions qui m’ont permis d’avoir la chance de survivre au combat et de vous rencontrer à nouveau, » déclara Edward.
« Non, cette fortune vient de vos capacités personnelles, frère, » déclara la fille.
Les cheveux blonds de la fille avaient atteint la taille. Elle souriait avec élégance.
Il ne serait pas exagéré de comparer ses traits délicats et raffinés à ceux d’une déesse. Cela dit, son tempérament ne correspondrait pas à Aphrodite, la déesse de l’amour et de la beauté.
Strictement parlant, elle ressemblerait davantage à Hecate, la déesse de la lune enveloppée dans l’obscurité passagère.
Hecate était la terrifiante progéniture de la magie noire, une divinité de mauvais augure ayant une signification en tant que gardien des sorcières.
« Cela fait un moment, Prince Noir. Je suis sincèrement ravie d’avoir la chance de vous revoir, » la belle princesse Eleanor l’avait salué.
Elle portait une robe d’une seule pièce avec des manches bouffantes. Elle était noire et à la mode, alors que sa texture rappelait la robe noire d’une sorcière.
Tous les deux étaient assis dans un canapé dans la salle de réception.
Edward était allé droit au but : « J’ai entendu dire que vous étiez blessée. Dieu merci, ce n’était rien de grave. »
« Vous devriez savoir qu’avec les pouvoirs accordés par mon père —, le Souverain Lion Sacré —, la guérison des blessures mineures ne pose aucun problème..., » répondit-elle.
À la demande d’Edward, la princesse Eleanor avait infiltré le fort tutélaire de Suruga.
C’était arrivé il y a seulement cinq jours, une opération visant à recruter Chevalier Rikka Akigase, la fille aînée du gouverneur général de Tōkaidō, en lui plaçant une « malédiction de charme ».
Cependant, l’opération avait échoué et Rikka Akigase avait poignardé Eleanor avec une épée, la forçant à fuir pour sauver sa vie.
Son épaule gauche percée ne montrait déjà aucun signe de blessure, se rétablissant en seulement cinq jours, mais Edward secoua la tête et dit. « Princesse, je suis tout à fait conscient de la source de vos miracles. Cependant, nous ne devrions pas abuser de pouvoirs qui exigent un prix à utiliser. »
« En effet, je prendrai vos paroles à cœur, » répondit Eleanor.
La princesse Eleanor acquiesça d’un signe de tête obéissant. En souriant, elle lui avait dit. « Cependant, pour progresser sans compter sur les bénédictions des miracles, il faudrait de la ruse et des compétences supérieures. Frère, j’attends avec impatience les fruits de votre travail. »
« Compris, je m’en souviendrai, » répondit Edward avec un sourire ironique à la princesse qui s’adressait à lui en tant que « frère ».
« Tout d’abord, je dois rencontrer le gouverneur général du Kinai, n’est-ce pas ? » demanda Edward.
« Tous les arrangements sont en place. Je lui ai fait annuler tout son emploi du temps pour demain, » répondit Eleanor.
« Hé, une princesse de l’Empire Britannique ne devrait pas parler comme ça. Il sera le Premier ministre du Japon Impérial, alors n’oubliez pas vos manières, » déclara Edward.
« Eh bien... Mes excuses. J’ai été imprudente, » Eleanor avait élargi ostensiblement ses yeux et déclara ça malicieusement. « Pardonnez-moi de parler d’une manière si peu digne d’une dame. Permettez-moi de changer ma formulation. Grâce à la gentillesse et à la générosité du gouverneur général, il est prêt à réserver du temps pour vous rencontrer, frère. »
« Voilà notre bonne princesse. Après ça... comment gérer au mieux la question des renforts ? » lui demanda Edward.
Edward se souvient du visage d’un bel homme.
Il s’agissait du jeune homme qu’il avait repéré cette nuit-là lorsqu’il avait envoyé les Chevaliers du Kinai pour attaquer Suruga.
« On s’attend à ce que l’effort de guerre progresse surtout dans les limites des attentes. J’ai entendu dire que les négociations avec Tōsandō sont en bonne voie. Cependant... Certains éléments inattendus ont fait surface. Par précaution, il vaudrait mieux réaffecter quelques chevaliers fidèles d’Australie, » continue Edward.
« Pourquoi ne pas réaffecter du personnel britannique ? » lui demanda Eleanor.
« Je ne préférerais pas. Cet homme est resté chez nous et il s’ennuie. Même aujourd’hui, il ne peut toujours pas se débarrasser de son état d’esprit des campagnes d’évangélisation médiévales. Il voulait même prendre ma place et se rendre personnellement au Japon. Mais l’histoire lui a prouvé qu’il n’était pas fait pour le poste de commandant en chef, » déclara Edward.
Edward parlait avec élégance comme un chevalier pour exprimer une partie de son insatisfaction.
« Par conséquent, la décision de m’envoyer a été rapidement confirmée. S’il venait, cela rendrait mon travail très difficile. La Grande-Bretagne ne doit pas en être informée. J’admets qu’il est très charismatique en tant que général, » continua Edward.
Dans toute l’histoire de l’Angleterre, cet homme pourrait très bien être le roi le plus valeureux.
L’inconvénient était qu’il était difficile à utiliser.
Edward haussa les épaules et dit : « Pour le dire simplement, je préférerais trouver un excellent chien de chasse plutôt que de mettre un collier sur un lion déchaîné. »
« Mes condoléances, frère, » répliqua Eleanor.
« Qu’est-ce que vous voulez dire par là ? » lui demanda Edward.
« Richard a demandé instamment aux plus hauts gradés de l’armée. L’essentiel était le suivant. “C’est mon plus grand souhait de venir en aide à Edward, mon frère de sang. Soyez généreux et comprenez ma chevalerie.” Il devrait arriver au port de Kobe aujourd’hui, » déclara Eleanor.
« ... je n’en ai pas été informé, » déclara Edward.
« Il s’est précipité et a quitté l’Angleterre la nuit précédant l’autorisation du commandant en chef — l’amiral Nelson. Cela a forcé la main des plus hauts gradés, ne leur laissant pas d’autre choix que d’autoriser son envoi au Japon, » déclara Eleanor.
« Qu’ils soient maudits de m’avoir imposé le fardeau d’apprivoiser le lion..., » cracha Edward.
Le visage noble et beau d’Edward était instantanément devenu sombre.
***
Pendant que le Prince Edward le Noir et la Princesse Eleanor conversaient...
Le grand destroyer britannique Camelot naviguait vers la baie d’Osaka. Mesurant 180 m de long, il s’agissait du navire jumeau du Tintagel géré par le génie Morrigan.
Ce navire militaire était sur le point d’atteindre le port de Kobe à Kinai.
Sous le ciel ensoleillé, un homme se tenait seul sur le pont, profitant de la brise marine.
Ses cheveux blonds et fins flottaient dans le vent comme une crinière de lion. Son corps musclé était vêtu de l’uniforme militaire noir de la Grande-Bretagne... Ce n’est pas tout.
En plus de cela, il portait une cape cramoisie très tape-à-l’œil, donnant une impression de vouloir se faire remarquer de manière excessive.
« Mon fils Édouard... sera sûrement surpris quand il me verra, » déclara l’homme.
Riant à lui-même, cet homme était âgé d’environ quarante ans. Son visage était plein de majesté.
Il était probablement la seule personne dans le monde contemporain qui appellerait ainsi le Prince Noir « Edward ». Bien qu’il ait été le roi d’Angleterre dans le passé, il ne se sentait pas obligé d’utiliser la langue anglaise ou de suivre les normes britanniques.
« Après avoir mené une armée de croisés pour assiéger Acre dans le passé, je me dirige maintenant vers la nation insulaire de l’Extrême-Orient pour démontrer la justice chevaleresque... Oh, comme mon sang bouillonne d’excitation, » continua-t-il.
Récitant le nom d’une ancienne ville à l’est de la Méditerranée, il avait tranquillement enflammé son esprit combatif.
En même temps, son corps avait libéré des noesis. Cette vaste quantité avait pris de l’expansion et avait naturellement pris forme physique dans l’atmosphère au milieu de la brise marine.
Une armée de Légionnaires britanniques était apparue dans le ciel au-dessus du destroyer Camelot alors qu’il naviguait dans la baie d’Osaka.
Un total de deux cents Légionnaires était présent, mais cela n’était pas tout ce qu’il pouvait faire. Ce nombre dérisoire n’était certainement pas sa limite. Sa Force de Chevalier n’était pas si faible.
« Ô vent de l’Extrême-Orient, croyez-moi. Moi, Richard, j’irai au Japon. Que le nom de Cœur de Lion secoue le monde une fois de plus. Voici mon mode de vie ! » déclara-t-il.
Sa voix était remplie de l’exaltation d’un narcissique.
Les deux cents Légionnaires dans les airs avaient hurlé en réponse à la déclaration de leur maître.
« Ohhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh — . »
« Ohhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh — Ohhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh — Ohhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh —. »
Ils étaient identiques en apparence aux Légionnaires principaux britannique, le Croisée.
Cependant, la couleur était totalement différente. Ces Légionnaires étaient pourpres de la tête aux pieds. Ils étaient également équipés de fusils à baïonnette plus gros que ceux des Légionnaires typiques, avec des décorations présentes un peu partout.
Le maître déclara à cette armée de Croisées pourpres : « Merci, mes épées. Présentez-moi un exploit digne du nom d’Escalibor. »
Dans la légende, le roi Arthur d’Angleterre avait été servi par les Chevaliers de la Table Ronde.
Le nom Escalibor était l’équivalent de l’« Excalibur » qui figurait dans les histoires du roi Arthur.
Cet homme avait donné à ses Légionnaires le nom de l’épée magique du légendaire roi. Connu sous le nom de Richard I dans l’histoire anglaise, son surnom de Cœur de Lion était également très célèbre.
Richard était un chevalier aux prouesses martiales exceptionnelles et un général d’une férocité incomparable.
En même temps, il était le roi d’Angleterre au XIIe siècle et l’ancêtre du Prince Edward le noir.
***
Partie 2
Une semaine s’était écoulée depuis que les Croisés avaient attaqué Suruga pour la première fois.
Sept jours plus tard, nous étions bien entendu encore un vendredi. Pendant ce temps, les environs de Suruga étaient toujours bloqués par les forces militaires de l’Alliance pour la Restauration, empêchant la circulation et l’accès à l’information.
Malgré cela, du côté de Suruga, ils avaient envoyé des douzaines de bêtes de rétention comme éclaireurs.
Isolé derrière les lignes ennemies, le fort tutélaire de Suruga avait quand même réussi à obtenir des renseignements limités.
« ... En fin de compte, ce sont toutes des nouvelles défavorables, » Hatsune fronça les sourcils et tomba dans une profonde réflexion après ça.
Le Point de Contrôle d’Hakone était tombé avant-hier. Les routes principales et une partie de l’infrastructure ferroviaire allant de la préfecture de Shizuoka à Aichi et Yamanashi avaient également été endommagées par les Légionnaires de l’Alliance pour la Restauration, et donc elles avaient rendu inutilisables. Compte tenu de la situation actuelle, il serait difficile d’effectuer des réparations en temps opportun.
Et cela, ce n’étaient pas toutes les mauvaises nouvelles.
« Les effets de la capitulation du Point de Contrôle d’Hakone sont plus graves que prévu, » avait déploré la princesse Shiori en analysant la situation défavorable, alors que sa voix étant toujours aussi belle.
La princesse intelligente était accompagnée de sa dame d’honneur, Hatsune, et du chevalier Masatsugu, au café en plein air du Lycée de Rinzai. Midi venait de passer et l’école était finie. En raison des horaires inhabituels, toutes les leçons s’étaient déroulées sur une demi-journée.
« Le père de Rikka-sama, le gouverneur général Tōkaidō a apparemment proposé au Fief de Tōsandō d’unir ses forces de résistance et de chasser l’Alliance pour la Restauration de Shizuoka et d’Hakone, » déclara Shiori.
« Après tout, les deux fiefs sont très proches géographiquement, » déclara Hatsune.
Hatsune s’était remémoré d’une carte montrant le centre des îles du Japon.
Tōkaidō était la « route maritime », comprenant les régions d’Aichi, Shizuoka et Yamanashi face à l’océan Pacifique.
Directement au sommet se trouvait Tōsandō, la « route des montagnes ». Il s’agissait des chaînes de montagnes du Sud couvrant les régions de Gifa, Nagano, Gunma et Tochigi, la région de montagnes abruptes connue comme l’épine dorsale des îles du Japon.
Si les fiefs « montagne et mer » du Japon central unissaient leurs forces et que Kantō coopérait...
Cependant, Shiori avait soupiré à plusieurs reprises et avait exclu ce scénario.
« Malheureusement, Tōkaidō n’a pas obtenu le soutien de Tōsandō. Je crains que la puissance militaire démontrée par les Britanniques en conquérant Hakone en une demi-journée, combinée aux signes que les fiefs occidentaux ne sont pas opposés à l’Alliance pour la Restauration, les ait incités à attendre et à voir ce qui allait survenir, » déclara Shiori.
« S’ils sont intimidés si facilement, alors ce ne sont que des lâches, » déclara Hatsune.
« Ou plutôt, les Britanniques ont bien contribué, » répondit Masatsugu avec calme au commentaire de Hatsune.
« L’intimidation avant et après une guerre est très importante. L’idéal est de faire croire à l’adversaire que la résistance est futile et de lui faire imaginer ce qu’il risque de perdre dans la défaite. Une intimidation suffisante, comme dans ce cas, pourrait amener les futurs ennemis à se rendre ou à obéir sans combattre, » continua Masatsugu.
« En effet, l’Alliance pour la Restauration a très probablement choisi ses cibles en considération de l’effet publicitaire, » Shiori était d’accord avec le point de vue de Masatsugu. « Ils ont rapidement fait tomber Shizuoka et Hakone, faisant ainsi pencher l’ouest du Japon et Tōsandō en faveur d’un soutien à l’Alliance. À l’inverse, s’ils avaient commencé par attaquer Nagoya ou Tokyo — grandes métropoles avec beaucoup de Chevaliers et de Légionnaires — ils n’auraient probablement pas obtenu des résultats aussi impressionnants. »
La princesse intelligente ajouta cyniquement. « Bien sûr, il est possible que l’Alliance pour la Restauration et le Fief de Tōsandō aient un accord secret. »
« ... D’accord, » déclara Hatsune.
L’élégante dame que servait Hatsune et le fils aîné du clan Tachibana parlaient de stratégie militaire.
Hatsune avait pris sa décision. Elle n’avait pas assez d’expérience ou de perspicacité pour contribuer à cette discussion. Dans ce cas, elle obtiendrait rapidement le « pouvoir » en tirant le meilleur parti de ses propres talents particuliers, en tirant le meilleur parti des talents particuliers du clan Tachibana avec son abondance de héros.
« Princesse et Onii-sama, j’ai décidé, » Hatsune se leva soudainement, serra le poing et déclara : « Ici et maintenant, je vais commencer le rituel de succession ! »
« Hein ? Maintenant ? Ici ? Tout de suite ? » demanda Shiori.
« Oui, il n’y a plus de raison d’hésiter. Une femme est mesurée par le courage ! » déclara Hatsune.
« Vraiment ? Alors, bonne chance, » déclara Masatsugu.
Contrairement à la surprise de la princesse, l’attitude de Masatsugu était restée inchangée.
Hatsune ne pouvait pas s’empêcher de grogner, « Onii-sama, ne peux-tu pas au moins verser quelques larmes d’encouragement ? »
« Après tout, c’est toi qui accompliras le rituel. Que je pleure ou non, le résultat dépend toujours de ta capacité. Je n’ai rien d’autre à dire que j’espère que tu auras de la chance, » déclara Masatsugu.
« D’accord, j’ai compris, » répondit-elle.
Hatsune l’avait accepté sans problème. Après tout, elle était née et avait grandi dans un clan rempli de personnages plus grands que nature. Même lorsqu’elle était petite fille, elle avait été profondément influencée par les manières audacieuses et sans entraves du clan.
« Alors, attendez-moi avec impatience comme si vous regardiez une course de chevaux ! » déclara Hatsune.
« Compris, » déclara Masatsugu.
« Hatsune, même en tant que membre de la royauté, je n’ai pas le pouvoir d’empêcher une autre personne d’aspirer à devenir Chevalier, » une attitude solennelle était revenue sur le beau visage de Shiori. En regardant Hatsune, elle lui avait dit. « Parce qu’il s’agit de l’esprit de loyauté et de droiture des personnes comme vous qui a assuré la puissance militaire des Kamuys. Je ne ressens rien d’autre qu’une gratitude sans fin pour ce courage... Cependant, permets-moi de vous donner un ordre déraisonnable à cette occasion. »
La princesse soupira et déclara avec assurance. « Je n’ai aucun désir de devenir une invitée à vos funérailles. Alors, démontrez-moi un succès, quoi qu’il en coûte. »
« Ne vous inquiétez pas, Princesse. J’exécuterai votre commandement sans faute ! » déclara Hatsune.
☆☆☆
Bien sûr, le rituel ne pouvait pas avoir lieu dans un café en plein air.
Le dojo de l’école était inoccupé, alors Hatsune avait décidé de l’utiliser. Les clubs d’arts martiaux, notamment le judo et le kendo, avaient tous suspendu leurs activités pour cette période troublée.
Hatsune était entrée seule dans le dojo et s’était agenouillée en seiza sur le sol de tatami.
Avec sa tenue Haikara-san habituelle, composée d’un kimono Meisen et d’un hakama, elle ne semblait pas du tout déplacée dans un dojo japonais.
Le parchemin bleu placé devant elle était le trésor précieux du clan Tachibana.
Il s’agissait de la manifestation de l’Appellation Kurou Hougan Yoshitsune. Hatsune était restée en position de seiza devant elle avant de prendre une profonde respiration, regardant attentivement le parchemin.
Son frère de substitution Masatsugu et la princesse attendaient dehors. Elle ne pouvait compter que sur elle.
« J’implore l’appellation Kurou Hougan Yoshitsune. Je vous prie de m’accorder le sceau du combat m’autorisant à devenir un dieu de la guerre afin de défendre le Japon Impérial — montrez-vous et battez-vous ! » Hatsune avait récité le serment qu’elle avait appris, lançant un défi à la fin.
Elle avait saisi avec force le parchemin devant elle et sa vision s’était immédiatement assombrie.
... Quand sa vue s’était rétablie, elle n’était plus dans le dojo.
Elle se trouvait à l’extérieur. Puisqu’il y avait un ciel étoilé au-dessus de la tête, il était évident qu’elle était au milieu de la nuit.
« S-Suis-je sur un pont ? » murmura Hatsune.
En un instant, Hatsune avait été emmenée dans un endroit inconnu.
Actuellement, Hatsune se tenait debout sur un pont en bois au-dessus d’une rivière.
La rivière n’était ni grande ni impressionnante. Elle ne coulait pas non plus rapidement. La seule particularité là était que l’eau était très limpide. Un garçon se tenait à quelques mètres devant elle.
Le garçon avait l’air d’avoir environ douze ans. La beauté de son visage était époustouflante.
Comme Hatsune, il était vêtu de vêtements traditionnels japonais. Il s’agissait d’un kimono de la période Heian qui était communément connue sous le nom de kariginu signifiant « manteau de chasse », ou en d’autres termes, la tenue que les onmyouji portaient pour faciliter les mouvements.
« Cela fait si longtemps que personne n’est venu ici..., » le garçon examinait Hatsune froidement alors qu’il déclarait ça.
Ses traits faciaux étaient délicats, le faisant ressembler à une jeune et jolie fille au premier coup d’œil. Il était également très mince. Cependant, personne ne le confondrait avec une fille.
Sa voix et son expression étaient très viriles et exceptionnellement arrogantes.
« Inutile de dire que vous connaissez mon nom, n’est-ce pas ? Si vous ne le faites pas, je ne peux pas non plus vous le dire, » déclara-t-il.
« Ushiwakamaru..., » Hatsune avait donné le nom d’enfance de Yoshitsune au lieu de Kurou Hougan Yoshitsune.
Selon une légende, pendant l’enfance, ce héros était allé sur le pont Gojō à Kyoto, se faisant appeler Ushiwakamaru, et avait vaincu Musashibō Benkei qui était en quête pour obtenir un millier d’armes...
Maintenant que j’y pense, la rivière en dessous du pont doit être le Kamogawa, pensa-t-elle.
Hatsune avait visité Kyoto lors d’un voyage scolaire. Elle se souvenait des paysages de l’ancienne ville.
« Vous devez d’abord prouver votre valeur si vous voulez mon aide, » déclara le jeune homme.
« Ma valeur ? » demanda Hatsune.
« Vous réussissez si vous me vainquez... Même si j’aimerais dire ça, c’est impossible pour vous. Disons que vous réussissez si vous pouvez m’attraper, » déclara le jeune homme.
Ce que l’autre partie voulait, c’était que Hatsune démontre ses capacités martiales. Le combat était précisément l’une des spécialités du clan Tachibana. Juste au moment où Hatsune était sur le point d’avancer, le joli garçon avait ri avec fierté. « Je vous prêterai ceci, jeune fille. Coupez-moi si vous le pouvez. »
« Ehhhh !? » s’exclama Hatsune.
Il y avait un tachi à la taille du garçon nommé Ushiwakamaru.
Sa lame mesurait plus de deux pieds de long et était assez courbée. Il s’agissait d’une épée japonaise datant des dernières années de la période Heian.
Le garçon avait saisi le tachi dont la longueur ne convenait pas à sa petite taille et le lança à Hatsune, y compris le fourreau. Hatsune l’avait vite attrapé dans ses deux mains.
Hatsune pouvait ressentir le poids du tachi sur ses bras.
« Vous me sous-estimez trop... Bien sûr, il est possible que moi, Tachibana Hatsune, je ne sois pas à la hauteur de l’incomparable Minamoto no Yoshitsune, mais je ne suis pas non plus un boulet ! » Hatsune s’était encouragée avec cette déclaration audacieuse.
Il lui suffisait de lui faire face pour qu’elle ressente à quel point il s’agissait d’un adversaire difficile.
Le garçon devant elle était sans doute mille fois plus fort qu’elle. Contre un tel adversaire, est-ce que ses propres arts martiaux allaient vraiment pouvoir être efficaces ?
Alors qu’elle fit disparaître l’incertitude dans son cœur, Hatsune décida qu’au moins, elle ne devait pas perdre en vigueur verbale et au niveau de l’esprit.
« Vous pouvez aussi utiliser une arme. Je ne me plaindrai pas, » déclara Hatsune.
« Ne vous inquiétez pas, je n’ai nullement besoin d’une telle chose. Si je voulais en utiliser une, j’en aurais une en un instant, » le joli garçon désarmé s’était même moqué d’elle avec dédain.
Il semblait vraiment regarder Hatsune de haut, bien qu’il avait en lui la force de soutenir son attitude. Hatsune avait dégluti avec nervosité.
***
Partie 3
Qui était ce joli garçon qui ressemblait à Ushiwakamaru ?
En plus, où se situait cet endroit ? Hatsune croyait que sa personnalité « simple », capable d’ignorer facilement ce genre de questions, était sa force.
Un jugement terrifiant était sur le point de commencer. Donc, ces détails triviaux étaient sans importance.
La manière de donner une leçon à ce garçon arrogant était ce à quoi elle devrait vraiment réfléchir.
« Je serais une honte pour mes ancêtres Tachibana si je laissais cette relique rester enterrée dans l’obscurité, » murmura Hatsune.
Hatsune avait dégainé le tachi qu’il lui avait donné.
Une confiance excessive dans la bonne volonté de l’adversaire serait très dangereuse, c’est pourquoi Hatsune avait déplacé la lame pour la tester.
Le tachi était très agréable à utiliser. Par exemple, si le rivet fixant la soie était desserré, la lame pourrait glisser hors de la poignée pendant une frappe. Heureusement, il n’y avait pas eu de tels problèmes.
Hatsune avait mis en position le tachi sans s’inquiéter.
Puis, en dirigeant la pointe de l’épée vers le beau visage d’Ushiwakamaru, elle avait déclaré ceci. « Laissez-moi tester à quel point vous êtes bon. »
Et après cela, Hatsune se précipita sur le garçon.
En même temps qu’elle faisait ça, elle avait exécuté une frappe mortelle des deux mains, visant à percer le beau visage du garçon.
L’adversaire avait prêté son arme à Hatsune dans une démonstration de confiance en soi. En tant que membre du clan Tachibana, Hatsune n’avait pas eu la décence de montrer de la bonté envers un ennemi aussi arrogant. Alors qu’il analysait les mouvements offensifs de Hatsune, le garçon avait reculé afin d’éviter la frappe du tachi.
« Je ne suis pas en position de critiquer les autres..., » le joli garçon déclara ça avec un sourire ironique, « Pour une jeune fille, vous avez vraiment un tempérament féroce. »
« De quoi parlez-vous ? Les combats sont gagnés par des frappes préventives ! » déclara Hatsune.
Dans les confrontations entre maîtres épéistes, on attaquait rarement à la légère.
Pour éviter d’être contre-attaqué, il était préférable de laisser l’adversaire attaquer en premier, puis de trouver une ouverture pour riposter. Ce concept était connu sous le nom de « go no sen » dans l’art de l’épée japonaise.
Cependant, Hatsune avait attaqué dès le départ, comme si le monde était sur le point de s’achever.
Un coup de chance aurait conduit à une victoire immédiate. C’était aussi le principe de combattre avec de véritables épées.
« Mon clan déteste attendre l’ouverture et ne pas attaquer, » déclara Hatsune.
« Je suis d’accord sur ce point, mais je pense que les femmes devraient être un peu plus discrètes, » répliqua le garçon.
« J’ai entendu beaucoup de conseils aussi énervants ! » répliqua Hatsune.
Tout en s’échauffant lors de ces échanges verbaux, Hatsune n’avait pas cessé de bouger.
Le garçon avait reculé et Hatsune le poursuivait.
La frappe haute de Hatsune avait balayé horizontalement le côté du joli visage du garçon, mais il avait esquivé à temps avec une légère torsion du haut de son torse. Puis Hatsune avait effectué une fente d’attaque avec son bras tout en exécutant une attaque en diagonale avec son tibia droit. Cette attaque avait également été esquivée.
Le garçon s’était déplacé latéralement d’environ un pouce, se dérobant une fois de plus avec les marges les plus minces.
« Une autre ! » déclara Hatsune.
« Hahahahaha. Alors voilà un cheval vicieux qui donne des coups de pied ! » déclara le garçon.
Hatsune avait alors effectué un coup de pied bas, dans l’intention de briser les rotules du garçon. Le garçon avait encore une fois sauté en arrière, évitant le coup de pied.
Jusqu’à présent, toutes ses attaques étaient à un ou deux centimètres de l’ennemi, sans jamais le toucher.
Pourtant, le garçon niait complètement le succès de Hatsune.
En plus d’une vue exceptionnelle, il possédait une vitesse et une flexibilité semblables à celles d’un animal. Sans talent naturel, l’entraînement seul n’atteindrait jamais ce niveau d’arts martiaux.
Il ne serait pas exagéré de comparer ses mouvements agiles à ceux d’un chat ou d’un singe. Ses réflexes et sa vision cinétique rivalisent avec ceux des animaux.
« Comme prévu du disciple du tengu de Kurama..., » murmura Hatsune.
Le jeune garçon, Ushiwakamaru avait maîtrisé les arts de la guerre sous la tutelle du grand tengu de Kurama.
Se souvenant alors d’une scène du théâtre nô, Hatsune avait utilisé sa propre carte maîtresse.
Bien qu’elle ne soit pas aussi puissante qu’une « technique secrète ultime », elle était très utile...
« Hiyahhhhhhhhhhhhhhhh ! » cria Hatsune.
« Oh ? »
Le joli garçon avait affiché un changement d’expression lorsqu’il avait esquivé de peu la frappe horizontale de Hatsune.
Il avait finalement mis de côté son attitude irrévérencieuse. Après avoir attaqué le garçon dans une succession rapide d’attaques venant de la gauche et la droite, Hatsune s’était mise à tenter de lui poignarder le cœur d’une seule main.
Le garçon avait évité toutes les attaques avec brio, sans complaisance présente sur son visage.
À la place, il avait maintenu une distance de quelques dizaines de centimètres pour éviter le tachi de Hatsune.
« Vos petits tours sont plutôt amusants, » jetant un regard furtif sur la position de Hatsune, le garçon murmura ça à lui-même.
Il était vraiment extraordinaire d’avoir pu percer à jour le tour de Hatsune. Si Tachibana Hatsune était un moineau chantant sur une branche, alors lui serait un phénix planant dans le ciel. Telle était l’énorme disparité entre eux.
Cependant, la disparité n’était pas entièrement impossible à combler. Il était trop tôt pour abandonner !
« Que pensez-vous de ça !? » s’écria Hatsune.
Hatsune s’était placée dans une position de seigan de niveau moyen, frappant avec son épée sur le garçon de côté.
Sa manœuvre défensive était encore plus impressionnante. Sautant rapidement dans les airs, il survolait légèrement la frappe de Hatsune.
Plus incroyable encore, il avait marché sur le tachi qui se balançait vers lui et avait sauté par dessus la lame.
Puis il était monté haut dans les airs comme un oiseau avant de faire un saut périlleux et d’atterrir derrière Hatsune.
« !? » s’exclama Hatsune.
« Une assez bonne idée. Dommage que ça ne marche pas sur moi, » déclara le garçon avec désinvolture.
Hatsune se souvient d’une légende où Matsubayashi Henyasai, un maître épéiste de la période Edo, avait utilisé une manœuvre similaire.
Henya était un surnom qui comparait sa vitesse et son agilité à celle d’une chauve-souris.
« Vous avez sauté partout et vous avez aussi confondu ce grand Benkei..., » Hatsune jeta un coup d’œil rapide à ses mains tenant le tachi.
Le garçon lui avait prêté un tachi avec un manche d’une trentaine de centimètres. Au cours de la série d’offensives précédentes, Hatsune avait légèrement ajusté la position de sa prise à chaque coup.
« Ce n’est pas assez si même le naginata de Benkei ne l’a pas touché, » murmura-t-elle.
Comme le manche mesurait trente centimètres de long, le fait de saisir l’épée près de la garde ou vers l’extrémité modifierait la portée globale de la lame. Par conséquent, Hatsune avait glissé ses mains le long de la poignée avant d’attaquer, ajustant la position de sa poignée de manière flexible pour faire des ajustements mineurs à la portée offensive du tachi.
Cette variabilité d’une dizaine de centimètres avait été étonnamment efficace pour perturber les instincts défensifs de l’ennemi.
Les experts ayant une vue exceptionnelle étaient particulièrement sensibles aux changements infimes et donc encore plus facilement touchés. C’était une technique de combat pratique qui ne pouvait être utilisée qu’avec une épée japonaise à long manche.
Comprenant leur écart en tant qu’artiste martiale, Hatsune se léchait les lèvres.
« Petite fille, je tiendrai ma promesse, » déclara le garçon.
Le joli garçon avait sorti un éventail de sa poitrine.
Plutôt qu’un éventail en métal avec un cadre en acier, il s’agissait simplement d’un éventail en papier japonais. Sans ouvrir l’éventail, il fixa Hatsune du regard.
« Manipuler une épée contre vous serait une atteinte à ma réputation. Mais sachez que moi, Kurou Yoshitsune, je suis à un niveau complètement différent quand je suis armé, » déclara-t-il.
Finalement, en introduisant son nom et son titre, le joli garçon avait cessé tout mouvement.
Affichant une expression aiguisée, le garçon exsudait une aura calme et recueillie alors qu’il observait chaque mouvement de Hatsune. Hatsune était un peu contrariée par le fait qu’il n’avait sorti qu’un éventail, mais elle ne pouvait pas y faire grand-chose. Kurou Hougan avait décidé que c’était « assez ».
« On dirait que je vais devoir prendre un pari et aller jusqu’à la fin en attaque..., » Hatsune murmura et commença à élaborer une stratégie.
Cependant, elle ne pensait qu’à ce que ses amis lui avaient dit. Masatsugu avait dit que le résultat final dépendait en fin de compte de la capacité de Tachibana Hatsune. La princesse lui avait ordonné de réussir sans faute. Rikka croyait que ce qui importait vraiment, c’étaient les exploits de combat après être devenu Chevalier.
« D’accord ! » murmura Hatsune.
Ayant pris sa décision, Hatsune avait redressé son dos.
Puis elle avait jeté le tachi dans sa main, le laissant tomber dans la rivière sous le pont.
« Qu’est-ce que c’est que ça ? » s’exclama le garçon.
« Je peux trouver un moyen sans dépendre de ce genre de choses, » déclara Hatsune.
De plus, elle s’était assise les jambes croisées sur le sol.
« C’est à votre tour d’attaquer. Je ne vais nulle part. Alors, venez à moi quand vous le voulez ! » déclara Hatsune.
« Je n’aurais jamais cru que le Japon produirait un idiot qui me parlerait comme ça, » déclara le garçon.
Le garçon avait montré de la surprise, mais un sourire suffisant était apparu sur les coins de ses lèvres.
Le joli garçon du nom de Kurou Hougan Yoshitsune s’était approché avec un jeu de jambes agile. Devant Hatsune, il avait fait pivoter l’éventail de sa main droite à la vitesse de l’éclair.
L’éventail, un artisanat de bois et de papier, frappa Hatsune carrément sur la tête.
Le son de la frappe pouvait même être entendu, ce qui n’était normalement pas possible avec un éventail.
« Owww !? »
L’impact violent avait secoué le crâne et le cerveau de Hatsune, lui faisant voir des étoiles.
Il était vraiment incroyable qu’un éventail en papier puisse infliger un coup aussi puissant. C’était vraiment un exploit merveilleux aux proportions incomparables. Cependant, Hatsune avait rassemblé la force d’âme d’un jeune du clan Tachibana.
Hatsune imaginait que l’éventail pivoté par le bras droit de Kurou Hougan était un katana.
Elle avait réussi à exécuter une technique à mains nues pour contrer un adversaire armé. Hatsune avait eu la conviction que sa tête ou son visage aurait été la cible la plus probable puisque l’ennemi l’attaquait avec un éventail alors qu’elle était assise sur le sol. Déterminée à saisir son bras même au prix d’un coup, elle avait simplement attendu qu’il vienne jusqu’à elle.
« Yahhhhhhhhhh ! »
Hatsune se pencha en arrière, tirant le bras droit de Kurou Yoshitsune tout en plaçant ses jambes autour de son épaule.
Le garçon avait failli tomber vers l’avant. Ainsi, Hatsune était suspendue au bras du garçon.
Suspendue en plein air, Hatsune était naturellement tombée. Dès que son dos avait touché le sol, elle avait roulé, emmenant Kurou Yoshitsune. Tous les deux étaient entrés dans un état de combat au sol.
Tout en appliquant une pression sur l’articulation du coude, Hatsune avait exécuté une clef de bras.
La version face à elle d’Ushiwakamaru alias Kurou Yoshitsune était de petite taille. D’ailleurs, un combattant de la période Heian n’aurait probablement pas connaissance d’une attaque-surprise du jiu-jitsu brésilien.
L’attaque verbale avait été faite dans les règles de l’art par Hatsune afin de créer l’ouverture pour la victoire. Cependant, son attaque n’avait réussi qu’à mi-chemin.
« Tsk ! »
Avant que l’articulation ne soit complètement verrouillée, Kurou Yoshitsune avait déplacé vigoureusement son bras droit.
Hatsune avait presque redressé son coude, mais ne pouvait plus bouger son bras. Malgré l’apparence d’un garçon, la force des bras de Kurou Yoshitsune était extraordinaire. Hatsune ne pouvait pas le maîtriser, peu importe ses efforts.
Cependant, Hatsune avait déclaré avec fierté : « Et comment ça ? Est-ce correct si on vous attrape, pas vrai ? »
« En effet, je ne peux pas le nier, » répondit le jeune Kurou avec un peu d’amertume dans sa voix.
« Super ! » sachant qu’elle avait réussi, Hatsune avait crié en raison de son excitation.
Il se trouvait qu’elle exécutait ses attaques au sol sur le pont. Relâchant le bras droit du garçon, elle avait étendu ses membres, simplement allongée sur le sol dans une position en forme d’étoile.
Sa fatigue était intense, mais elle avait le même sentiment d’accomplissement.
Alors que Hatsune était allongée là, souriante, Kurou Yoshitsune se leva immédiatement.
« Au fait, je n’arrive pas à croire que vous ayez osé encaisser mon attaque, » déclara Kurou Yoshitsune.
Il fixa froidement Hatsune avec des paroles de louange.
« Bien sûr que c’était effrayant, mais ce rituel n’est en fin de compte qu’un test, » répliqua Hatsune.
Bien qu’il y ait un risque de mort, ce n’était en fin de compte qu’un test — .
Hatsune s’était souvenue des conseils de Rikka Akigase.
« À mon avis, ça ne devrait pas être trop dur. En plus, si vous vouliez vraiment me tuer, vous n’utiliseriez pas un éventail, n’est-ce pas ? » demanda Hatsune.
Un éventail de papier ne pouvait pas tuer, c’est pourquoi Hatsune avait osé prendre le pari.
Voyant Hatsune allongée sur le sol avec un sourire idiot, le jeune Kurou avait dit. « Je vois. »
« Vous êtes vraiment une idiote, » déclara Kurou.
« Arrêtez avec ça. N’êtes-vous pas trop grossier envers une dame ? » lui demanda Hatsune.
Hatsune était sur le point de protester quand elle avait sursauté de surprise.
Le jeune Kurou s’était approché d’une rambarde du pont et avait frappé avec l’éventail dans sa main droite. Touché par l’éventail, le bois épais s’était fissuré avant de s’effondrer après l’apparition de minuscule craquelure.
De plus, la destruction s’était limitée à ce seul endroit.
Cette attaque était plus puissante et choquante que son apparence ne l’avait suggéré.
Hatsune se leva lentement, fixant l’état tragique de la rampe.
« ... »
« Que je me serve d’un éventail ou d’une brindille, je peux facilement briser le crâne d’une petite fille. Je me suis délibérément retenu pour voir à quelle idée ridicule vous pensiez. Vraiment, vous avez réussi à piquer ma curiosité. C’est donc là votre victoire, » déclara-t-il.
« V-Vraiment ? » demanda Hatsune.
« En y réfléchissant bien, les idiots sont moins susceptibles d’être frappés par des flèches errantes sur les champs de bataille, » répliqua-t-il.
« C’est vraiment une remarque discriminatoire ! Sauter aux conclusions n’est pas agréable ! » s’écria Hatsune.
« Ne soyez pas trop pressée de le nier. En dépit d’être une idiote, en effet, vous avez un côté intelligent, ce qui fait de vous une idiote capable. Pour l’instant, je vous apporterai mon aide. Faites de votre mieux, » déclara-t-il.
Après s’être moqué de Hatsune, le corps du jeune Kurou avait peu à peu grandi.
Cette croissance n’était pas la maturation, mais l’expansion de la taille de son corps. Il s’était transformé en un soldat géant ailé de huit mètres de haut, très semblable à l’apparence du Kamuy, le pilier des Légionnaires impériaux du Japon.
Il était similaire, mais pas identique —
Après avoir vu la transformation jusqu’à sa conclusion, Hatsune avait perdu conscience.
☆☆☆
Quand elle s’était réveillée, Tachibana Hatsune s’était retrouvée allongée sur le tatami du dojo.
Elle s’était endormie sans même le vouloir. Le parchemin bleu encore serré dans sa main droite était la manifestation de l’Appellation Kurou Hougan Yoshitsune.
De plus, Hatsune le ressentait vaguement.
À l’intérieur du parchemin, il y avait une forte volonté ainsi que les émotions féroces d’un guerrier, assoiffé de batailles.
Dans son rêve, elle avait rencontré le général Kurou Hougan Yoshitsune. C’était la preuve que son puissant nom avait reconnu son prochain successeur.
***
Partie 4
« Présent... En position ! »
À la suite des ordres de l’instructeur, des centaines de soldats avaient exécuté l’action à l’unisson.
Ils avaient amené leurs fusils automatiques légers vers une position verticale, canon pointé vers le haut, puis avaient fait le salut connu sous le nom de présentations des armes.
Cette scène se déroulait sur la place du château de Nijou, le « palais » du fief du Kinai.
Un orchestre militaire jouait une mélodie héroïque, ajoutant à l’atmosphère de la cérémonie.
La garde d’élite de l’armée provinciale du Kinai saluait pour rendre hommage à un invité de marque.
Tout au long de la période Edo, le château de Nijou avait subi plusieurs incendies, détruisant le donjon central et diverses parties. Cependant, les travaux de reconstruction avaient été mis en œuvre il y a une dizaine d’années.
Grâce à cela, aujourd’hui, en 1998, on pouvait encore voir la pleine gloire du château de Nijou de l’ère Kan'ei.
Il s’agissait de douves extérieures, de douves intérieures, de la citadelle intérieure, de la citadelle extérieure, du donjon central, de la cour, etc.
Cependant, l’intérieur des bâtiments avait été équipé d’ascenseurs et d’autres installations, remodelé dans un style moderne.
Edward, l’invité principal de la cérémonie d’honneur, avait déclaré : « L’hospitalité généreuse du Japon n’est vraiment pas mauvaise du tout. »
Il était midi le deuxième jour de sa visite à Kyoto.
Le donjon central était situé au centre d’un imposant mur de pierre. Edward était sur un balcon.
Son point d’observation lui permettait d’avoir une vue d’ensemble de la place à l’intérieur du château. Chaque fois qu’une cérémonie avait lieu, les VIP du fief du Kinai ou les membres en visite de la famille impériale se tenaient sur ce balcon pour rencontrer les civils et les soldats de la province.
Aujourd’hui, Edward portait contrairement à hier l’uniforme militaire noir de l’Empire Britannique.
En outre, Edward se tenait au « premier plan » du balcon à côté de la rambarde. Le gouverneur général Kinai, Izumi Tenzen, se tenait un peu plus en arrière.
« Sire Izumi, merci pour votre chaleureuse hospitalité, » déclara Edward.
« Pas du tout. Cette réception d’accueil est le moins que nous pouvons faire pour un chevalier de Grande-Bretagne, notre allié, et encore moins pour un légat légionnaire du passé antique, » déclara Izumi.
Étant également Chevalier, le gouverneur général Kinai portait l’uniforme d’officier militaire du Japon Impérial.
Dans la soixantaine, l’homme âgé semblait avoir poursuivi son entraînement martial. Malgré son âge avancé, son corps était assez fort et en bonne santé. Ses cheveux étaient aussi noirs.
« Notre nation n’aura un avenir que si nous alignons nos intérêts sur ceux de la Grande-Bretagne... Un jour, quand l’impératrice du palais impérial le comprendra, je vous ferai recevoir en tant qu’invité d’État, » déclara Izumi.
« Hahahahaha, j’ai hâte d’y être, » déclara Edward.
Le gouverneur général Kinai qui affichait en ce moment un air très digne jeta un coup d’œil avec un visage imposant.
Edward avait répondu avec cordialité à la promesse en l’air. Ce vieil homme avait une réputation de général féroce au Japon et était célèbre pour être un militant.
... Cependant, l’armée britannique connaissait la vérité.
Malgré sa position élevée de Chevalier, son expérience du combat réel était dérisoire. Au cours des opérations en cours, il avait été accompagné par des gardes du corps Chevaliers sous prétexte d’adjudant. La réputation du féroce général était une ruse. Un homme vaniteux, même ses cheveux noirs étaient le résultat d’une teinture capillaire.
Pour que ce genre d’homme serve de collaborateur de l’Empire Britannique, c’était vraiment un bon choix à exploiter.
« Merci de vous occuper de mon frère. Moi, Eleanor, j’offre ma plus grande gratitude, » déclara Eleanor.
La princesse présente, Eleanor, fit une révérence aussi élégamment.
Aujourd’hui, elle était vêtue d’une robe blanche, très pure et très belle.
Si l’on devait répondre à la question de savoir si cela lui allait bien, la réponse était assurément oui. Cependant, quiconque connaissait la vraie nature d’Eleanor en tant que sorcière, ressentirait une certaine dissonance quant à sa tenue vestimentaire.
De toute évidence, le gouverneur général Kinai n’avait pas eu cette impression.
« Tout le plaisir était pour moi. Comme preuve de notre amitié avec votre nation... ainsi que mon respect pour vous, rien de tout cela n’a été un problème pour nous, » déclara Izumi.
« Oh, mon Dieu, vous me flattez tellement, » déclara Eleanor.
« Se battre au nom de belles dames, c’est là, la chevalerie de votre nation, n’est-ce pas ? Princesse de Grande-Bretagne. En tant que Japonais, je serais ravi d’apprendre la Chevalerie pour vous. Vous êtes une femme digne de mon dévouement, » déclara Izumi.
La flagornerie du gouverneur général Kinai ne convenait pas très bien à son visage imposant.
Ses yeux étaient fixés sur Eleanor dans la fascination, comme un jeune garçon épris d’une femme plus âgée, ou un chevalier médiéval qui donnerait sa vie à une dame.
Edward observa brusquement.
Les noesis libérées du dos d’Eleanor affectaient le gouverneur général Kinai, enchevêtrant le corps d’Izumi Tenzen — et les ondes noétiques — agissait comme des tentacules.
Le vieil homme, malgré sa position et son honneur, adorait une jeune fille étrangère.
Cette malédiction noétique était précisément la sorcellerie utilisée par Eleanor.
☆☆☆
Après avoir trouvé ce moment approprié, Edward s’était excusé sur le balcon et était parti.
Comme l’esprit du gouverneur général Kinai était obsédé par Eleanor, Edward pouvait s’absenter sans problème. Alors qu’il se promenait seul dans le couloir du donjon central du château de Nijou, il se demandait s’il devait aller faire du tourisme dans l’après-midi.
De façon inattendue, il rencontra une connaissance mécontente.
« Bonjour, mon oncle, il y a quelque chose qui te contrarie ? » déclara Edward.
« En effet. Mon malheur est de ta faute, Édouard, » répliqua l’autre homme.
L’accueil d’Edward avait suscité la réponse attendue.
L’autre partie était un homme d’une quarantaine d’années, vêtu de l’uniforme noir de l’armée britannique avec une cape rouge sur le dessus. C’était Richard I, le Ressuscité qui avait quitté sans permission la Grande-Bretagne pour une expédition.
« J’ai pris grand soin de parcourir des kilomètres incalculables pour apporter mon aide au combat, mais tu ne m’as même pas demandé d’assister à la cérémonie... Cela aurait été une excellente occasion de permettre à ces Orientaux d’apprendre mon puissant et honorable nom de roi héroïque, » déclara Richard.
« Il vaut mieux rester discret afin de faire preuve de bravoure dans les moments critiques. Moi aussi, j’ai enduré une telle phase, » répliqua Edward.
Richard Cœur de Lion était un homme imposant.
Cependant, il avait un côté irréfléchi qui découlait de son intense désir d’exhibitionnisme, d’un sens exagéré de la chevalerie et du romantisme, et d’une âme de poète amoureux de la poésie.
Par conséquent, il n’était pas apte à prendre le commandement supérieur. Ses capacités en tant que roi étaient également faibles.
« En plus, mon oncle, la forêt a des oreilles et le champ a des yeux, » déclara Edward.
Edward citait un proverbe équivalent à l’expression japonaise « les murs ont des oreilles ».
« Sinon, nos soldats britanniques seraient mal à l’aise s’ils l’entendaient. Nous ne vivons plus à une époque où notre Maison de Plantagenet régnait sur la Grande-Bretagne. Nous devons respecter les coutumes et l’honneur britanniques. S’il te plaît, essaye de t’éloigner des manières continentales, » déclara Edward.
« Hmm…, » murmura Richard.
« Il est temps pour le Prince Edward et le Roi Richard de se retirer, » déclara Edward.
Du point de vue de Richard, Edward ressemblait davantage à un descendant qu’à quelqu’un de plus jeune.
De plus, Richard avait une personnalité fière et un tempérament ardent. Il ne serait pas inattendu pour quelqu’un comme lui d’insister sur sa position élevée. Cependant, les conseils de quelqu’un de quelques générations après lui s’étaient révélés étonnamment efficaces.
« Ho, comme les temps ont changé, je t’écouterai, » déclara Richard.
Richard avait fait preuve d’une indulgence inattendue à l’égard de ses petits-enfants, comme le ferait un grand-père pour un petit-fils.
Edward hocha la tête en réponse au Cœur de Lion souriant. Il s’adressa à lui en tant qu’« Oncle » par simple commodité. Leur vraie relation était beaucoup plus compliquée que cela.
Le grand-père de l’arrière-grand-père d’Edward était le frère cadet de Richard.
Le frère cadet de Richard était John Lackland, un roi notoirement impopulaire dans l’histoire de l’Angleterre. Qui aurait pu s’attendre à ce que sa lignée produise un certain nombre de rois célèbres ainsi qu’un général renommé comme Edward ?
« Alors, abordons le sujet de la guerre, » déclara Edward.
Essayer de garder une bête féroce comme Richard attaché ne marcherait pas.
À moins qu’on ne lui donne l’occasion d’évacuer au besoin, il allait finir par causer un chaos fatal. C’est cette inquiétude qui avait poussé Edward à évoquer délibérément son sujet de prédilection.
« Hohohohohoho, y a-t-il un champ de bataille digne de ma présence ? » demanda Richard.
« En effet, il y en a. J’ai quelques affaires à régler à Kyoto d’abord, mais dans la région de Tōkaidō que nos forces sont en train de conquérir, il y a une contre-attaque à grande échelle en cours de planification contre les Britanniques, » déclara Edward.
Maintenant que le Cœur de Lion était là, Edward n’avait pas d’autre choix que d’accepter sa présence et d’en faire le meilleur usage possible.
De plus, même s’il était mal adapté en tant que dirigeant ou commandant en chef, au moins il était loin d’être incompétent. Tant que le dompteur de lions était habile, il ne manquait pas de moyens pour le déployer.
Comme l’avait dit le commandant en chef des forces britanniques envahissant le Japon, Edward : « En ce moment, nous sommes en train de leur tendre un piège. Si tout va bien, mon oncle, je te céderai la chance de combattre à la base du mont Fuji. »
***
Partie 5
« ... Il s’agit là de l’étiquette pour établir un pacte, » Rikka Akigase était responsable de l’instruction du nouveau chevalier.
Tachibana Hatsune était l’auditrice. Hier, elle avait hérité de l’Appellation Kurou Yoshitsune afin de devenir Chevalier.
« En fin de compte, il n’y a pas de meilleure méthode que de l’essayer vraiment. Ne pensez pas trop, sentez-le dans votre corps, » déclara Rikka.
« Compris. Au fait, Rikka-sama, est-ce que quelqu’un vous a déjà traité de brute ? » demanda Hatsune.
« Vous êtes très perspicace. Des gens qui ont servi comme adjudants ou officiers d’état-major se sont plaints de la même chose. Comme mes jeunes frères à Nagoya, » déclara Rikka.
« Pas étonnant, » répliqua Hatsune.
Toutes deux conversaient dans le sanctuaire de l’eau sous le fort tutélaire de Suruga.
Hatsune avait suivi Rikka sous terre pour apprendre du Chevalier supérieur sur des sujets tels que le pacte tutélaire et la façon d’accomplir la tâche essentielle de réapprovisionnement en fluide ectoplasmique.
Hatsune était entourée d’un bassin de liquide ectoplasmique artificiel bleu marine.
Plusieurs colonnes grecques s’élevaient hors de l’eau, contribuant à une atmosphère solennelle comme celle d’un temple. La surface de l’eau était traversée par d’étroits passages.
En marchant le long des sentiers, les deux femmes avaient atteint le bassin plus loin à l’intérieur du sanctuaire.
En tête, Rikka avait partagé ses idées sur les Chevalier avec Hatsune. Ses explications n’étaient pas détaillées et se terminaient toujours en lui demandant de « le sentir avec son corps ».
À l’intérieur de la salle se trouvait une cuve ronde de liquide ectoplasmique semblable à une piscine.
Rikka avait enlevé son uniforme militaire puis elle l’avait placé sur le côté d’un simple geste. Hatsune se hâta de détacher ses vêtements et d’enlever son kimono rose, son hakama et son ruban de cheveux. Dans tous les cas, elle savait déjà que les Chevaliers devaient se tremper dans le fluide ectoplasmique pour permettre à la source des pouvoirs mystiques de s’infiltrer dans leur corps et leur âme.
« ... Wôw, c’est en effet assez fruste, » murmura Hatsune.
« Hmm ? Venez-vous de dire quelque chose ? » lui demanda Rikka.
« Rien ! Je me parlais à moi-même, » répliqua Hatsune.
Rikka pencha la tête en raison de la perplexité quand Hatsune regarda autour d’elle et commenta avec un sourire.
Hatsune avait confirmé ses impressions antérieures lorsqu’elle avait vu la dame Chevalière enlever son uniforme militaire avant de l’envoyer par terre avec un lancer rapide. Cependant, comme on pourrait s’y attendre d’un digne pratiquant de l’épée, Rikka avait soigneusement enlevé Onikiri Yasutsuna de sa taille et l’avait abaissé jusqu’au sol avec délicatesse.
Hatsune avait plié ses propres vêtements correctement et les avait rassemblés en un seul endroit.
Hatsune était tout aussi brutale, mais pendant son séjour au palais impérial en tant que stagiaire, elle avait été forcée d’apprendre la cuisine, le nettoyage, la lessive et les autres « accomplissements nécessaires ». Plier les vêtements immédiatement après s’être déshabillés était l’un des préceptes appris.
(...Incidemment, sa négligence et sa nature indisciplinée en tant que dame de compagnie en formation lui avaient donné un mal de tête, l’obligeant presque à concevoir un programme spécial pour former Hatsune).
Quoi qu’il en soit, les deux filles étaient entrées ensemble dans la cuve de liquide ectoplasmique.
« Il fait si froid ! » Hatsune avait hurlé dès qu’elle avait touché le fluide ectoplasmique glacial.
Luttant contre les larmes pendant qu’elle endurait le froid, elle s’immergea dans l’eau spirituelle mystérieuse jusqu’au niveau des épaules.
... Après avoir enduré le froid dans le fluide ectoplasmique pendant quelques minutes, Hatsune avait commencé à sentir tout son corps se réchauffer. Quelques minutes plus tard, sa température corporelle avait remonté à un niveau acceptable.
La température donnait l’impression de se tremper dans de l’eau chaude. Hatsune l’avait finalement compris.
Cette chaleur dans son corps était précisément la source des pouvoirs miraculeux de la mystique —
C’était aussi le pouvoir accordé au Japon Impérial par le Seigneur Tenryuu, le grand-père de la princesse Shiori.
En plus de l’augmentation de la température corporelle, il y avait aussi un sentiment d’excitation. Hatsune regarda ses vêtements enlevés. Le parchemin bleu placé sur le dessus était la preuve du Fait d’Armes qu’elle avait acquises.
À cet instant, elle avait eu des hallucinations auditives. C’était la voix arrogante du jeune Kurou.
La voix semblait hurler, demandant à Hatsune de lui donner plus de pouvoir et de se dépêcher de l’emmener sur les champs de bataille pour massacrer les ennemis...
« Il est temps, » déclara lentement Rikka, également immergée dans le fluide ectoplasmique. « Tachibana, formez le pacte tutélaire comme je vous l’ai appris. »
« D’accord... Euh, sur mon Appellation de Kurou Hougan Yoshitsune, je prie le sanctuaire local de Suruga. Accordez-moi la bénédiction de l’eau bénite et le sceau de guerre autorisant à devenir un dieu de la guerre pour défendre Suruga ! »
Après que Hatsune ait fini de parler d’un seul souffle, son corps avait commencé à briller faiblement.
Puis Hatsune remarqua qu’une grande quantité de pouvoir mystique coulait en elle à travers ses pieds — à travers les plantes des pieds liées à la terre de Suruga — l’étourdissant pendant un moment.
Rikka hocha la tête face à la surprise Hatsune et elle déclara. « Avec cela, vous êtes maintenant un Chevalier chargé de la défense de Suruga. J’ai hâte de travailler avec vous. »
« Oui ! Pareil ici aussi ! » Hatsune répondit avec joie alors qu’elle détendit ses épaules.
Plus tôt, elle avait été très nerveuse, mais maintenant elle avait acquis une confiance dans son cœur. Elle regarda Rikka se trouvant en face d’elle.
Hatsune était très intriguée. La silhouette de Rikka était parfaite, vraiment magnifique.
Le teint de Rikka Akigase était pâle avec une silhouette mince. Mais son buste et ses hanches étaient si voluptueux qu’on pouvait presque ajouter un effet sonore « bouing ! » Sans aucun doute, elle était très bien dotée.
De plus, sa taille était très étroite et sexy.
Même Hatsune ne pouvait s’empêcher de soupirer d’envie.
... Elle est si attirante, tout comme sa personnalité, pensa-t-elle.
Rikka n’était pas excessivement maigre comme un mannequin.
Son corps était mince et doté d’une volupté capable de voler le cœur des hommes. Ce genre de silhouette était très attirante même du point de vue du même sexe.
De plus, malgré ses habitudes dures et sèches, sa personnalité n’avait pas semblé assez négligée, étonnamment.
La raison en était son comportement digne. Vraisemblablement, cela était dû à la discipline et à l’étiquette cultivées par l’entraînement aux arts martiaux, à la belle façon dont elle bougeait son corps et à sa posture droite.
De plus, elle était une belle jeune fille avec des cheveux noirs allant jusqu’à la taille. Son aspect était impeccable.
« Tachibana, Masatsugu-dono et vous n’êtes pas de vrais frères et sœurs, n’est-ce pas ? » lui demanda Rikka.
« Nous ne le sommes pas. Moi-même, je ne connais pas vraiment les détails, mais de toute façon, notre relation formelle est “parents” ♪, » répondit Hatsune.
Cette description était beaucoup trop négligée et pas très formelle, mais Hatsune n’y voyait pas d’inconvénient.
Quoi qu’il en soit, elle croyait avec optimisme que tout allait bien tant qu’elle faisait passer son message. Cependant, Rikka semblait inexplicablement troublée alors qu’elle affichait un froncement de sourcils sur son visage.
« C’est donc la méthode qu’ils ont utilisée pour cacher sa véritable identité ? Puisque Tachibana n’est pas sa vraie sœur, peut-être..., » murmura Rikka.
Hatsune n’entendait pas clairement ce que Rikka murmurait.
Puis, Rikka regarda attentivement le corps de Hatsune et elle déclara. « Au fait, votre famille a dû bien vous élever. »
« Fufu, je suis une dame bien élevée, après tout ♪, » répliqua Hatsune.
« Non, ce n’est pas ce que je voulais dire. Je dis que vous êtes physiquement très mature, » déclara Rikka.
Hatsune était secrètement heureuse que son héritage en tant que descendante de jikisan hatamoto soit visible malgré le grand nombre de personnages grossiers du clan Tachibana, mais c’est alors que Rikka rejeta son interprétation et examina même son corps de près.
En effet, Tachibana Hatsune avait dans tous les cas un corps mature.
Rikka était voluptueuse, mais le niveau de Hatsune dépassait le sien.
Avant d’entrer au collège, Hatsune montrait déjà des signes de maturation. Cela s’était poursuivi, ce qui lui avait permis d’utiliser des soutiens-gorges de taille G à l’âge de seize ans.
Rikka avait probablement un E. Une victoire écrasante pour Hatsune.
Hatsune était consciente de sa propre silhouette, mais il y avait des éléments inquiétants.
« Oh, Hmm, je m’entraîne avec diligence, mais parce que les repas et les collations de minuit sont si savoureux, je mange involontairement souvent trop. Ne regardez pas de trop près..., » déclara Hatsune.
« Pas besoin d’être timide, vous n’avez pas du tout l’air grosse, » déclara Rikka.
Tout en louant Hatsune, l’expression de Rikka était très solennelle.
« Mes frères à la maison gardent secrètement des livres avec des photos. Beaucoup de photos montrent des femmes minces, mais voluptueuses en maillot de bain... Tachibana, votre silhouette ne perd pas du tout. En fait, vous pourriez être supérieur, » déclara Rikka.
« V-Vraiment ? » s’exclama Hatsune.
« Bien sûr que oui. Je fouille occasionnellement les chambres de mes frères et je leur dis qu’ils devraient afficher ouvertement ces photos en tant qu’hommes virils, » déclara Rikka.
Hatsune ne pouvait s’empêcher de sourire, mais une pensée lui vint à l’esprit.
Ainsi, les membres de la Maison des gouverneurs de Tōkaidō avaient également examiné ce genre de choses. Peut-être qu’à la maison, Rikka-sama était le genre de sœur qui terrorisait ses jeunes frères comme un démon ou un tyran ?
Cependant, une expression bien spécifique était apparue sur le visage de cette fille d’une maison noble, qui était peut-être démoniaque.
« En tant que Chevalier, j’aimerais confirmer quelque chose avec vous..., » déclara Rikka
Bégayante, Rikka avait rassemblé son courage pour demander, « Est-ce que Hiji — Masatsugu-dono a ce genre de livres de photos ? Pour le dire simplement, est-ce qu’il aime regarder les femmes avec des silhouettes bien développées... Comme la vôtre ? »
Hatsune avait été prise par la surprise. On aurait dit que Rikka avait dit quelque chose d’inaudible pendant sa faible pause, peut-être « des silhouettes bien développées dépassant la mienne... comme la vôtre ? »
Quoi qu’il en soit, Hatsune avait répondu à sa question avec incertitude. « C’est difficile à dire. Je n’en ai jamais vu dans sa chambre. Oh oui ! Je ne pense pas qu’il y ait quelque chose comme ça dans la maison de ses parents. »
« Je-je vois, » répondit Rikka.
« Mais après mûre réflexion, Onii-sama est responsable du concours de beauté pour le comité du festival de l’école, » déclara Hatsune.
« Concours de beauté !? C’est tellement scandaleux..., » s’exclama Rikka.
« Un festival scolaire est prévu en décembre, mais il n’est pas certain qu’il aura lieu. Onii-sama mentionne parfois qu’il fera de son mieux pour organiser un concours de beauté spectaculaire, » déclara Hatsune.
« Je vois... Puis-je poser une autre question ? » lui demanda Rikka.
Rikka était restée inquiète et elle avait demandé d’un ton de voix particulièrement sans émotion. « C’est quelque chose que je dois confirmer en tant que Chevalier. Masatsugu-dono est au service personnel de Son Altesse la princesse Shiori, n’est-ce pas ? Serait-il possible qu’il soit attiré par la belle princesse ? »
« Euh, eh bien, Onii-sama ne parle pas vraiment beaucoup..., » répondit Hatsune.
Qu’est-ce que ressent vraiment Rikka-sama... ? Se demandant cela, Hatsune avait dit. « Alors je ne sais pas vraiment. Bien sûr, comme Onii-sama est tellement bizarre, il n’a probablement pas de motivations de bon goût... » répondit Hatsune avec ambivalence. Rikka avait l’air un peu déçue.
Voyant son aînée un peu déprimée, les doutes de Hatsune s’étaient renforcés. Peut-être que ce qu’elle ressent pour Onii-sama, c’est — .
☆☆☆
« Rikka-sama et Onii-sama... C’est impossible, n’est-ce pas ? » murmura Hatsune.
« Hatsune, de quoi parles-tu ? » demanda Masatsugu.
« Rien, rien du tout. Oublie-le ♪, » déclara Hatsune.
Il s’agissait d’une certaine pièce au dernier étage d’un bâtiment de trois étages quelque part dans le fort tutélaire de Suruga.
Ils se trouvaient dans le bureau du châtelain, Rikka Akigase. Masatsugu se reposait sur le canapé pour recevoir des invités tandis que Hatsune, assise à côté de lui, regardait son visage, marmonnant ça à elle-même.
Le ton de Hatsune semblait suspect, mais ce qu’elle avait dit ne semblait pas important.
Masatsugu avait décidé de l’ignorer. La tâche actuelle du moment était de remettre des cadeaux de félicitations au nouveau Chevalier qui venait de terminer de se remplir en liquide ectoplasmique.
« Ceci vient d’arriver de l’intendance pour féliciter ton nouveau statut de Chevalier, » déclara Masatsugu.
« Eh, vraiment !? Je suis si heureuse. Il y a du jus, du cola, et tellement de collations ! Récemment, il a été impossible d’acheter ces choses ! » déclara Hatsune.
Masatsugu pointa du doigt les choses sur la table de réception, faisant briller les yeux de Hatsune.
Il y avait des canettes de boissons froides et des bouteilles en PET, ainsi que des collations et des tonnes de sucreries comme du chocolat. Peut-être qu’un enfant pourrait le faire, mais on ne s’attendrait pas à ce qu’une fille de seize ans s’enthousiasme pour de tels cadeaux.
Assise en face de Masatsugu et Hatsune, Shiori avait souri et avait dit. « La logistique alimentaire dans la périphérie de Suruga est maintenant sous la gestion du fort tutélaire. Cette tâche a été achevée au début de la semaine. Comme c’est efficace. »
Shiori avait loué la châtelaine Rikka, qui était assise à la table de travail à l’arrière de la pièce.
La dame Chevalier avait souri et haussé les épaules.
« Veuillez adresser ces louanges aux responsables du commissariat et de l’administration municipale. J’ai simplement donné des ordres et laissé les détails de l’exécution à leur discrétion, » déclara Rikka.
Les environs de Suruga avaient été bloqués par l’Alliance pour la Restauration, empêchant la liberté de mouvement.
En d’autres termes, toute la logistique avait été interrompue. Faute de marchandises et de soutien de l’extérieur, Suruga serait à court de nourriture. Par conséquent, les aliments devaient être achetés à l’avance auprès d’entreprises alimentaires, d’entreprises de transport et de magasins, puis transférés à un organisme gouvernemental pour être gérés.
Ces marchandises achetées, combinées aux provisions de l’armée en stock, étaient devenues les « rations » fournies aux civils.
Les forts tutélaires n’étaient pas seulement des bases militaires — .
Ils avaient également stocké de la nourriture en cas de catastrophes naturelles ou de situations d’urgence comme maintenant. De plus, les systèmes souterrains de production d’énergie par fluide utilisant du fluide ectoplasmique artificiel fournissaient normalement de grandes quantités d’électricité pour la région environnante. Si nécessaire, un certain niveau de vie régionale pourrait être soutenu, centré autour d’un fort tutélaire.
« Rikka-sama, combien de temps durera le rationnement ? » lui demanda Shiori.
« Deux mois... d’après les estimations de l’intendance. Mais comme nous le savons tous, les prédictions sur le champ de bataille atterrissent souvent loin de ses marques. Des événements inattendus se produisent fréquemment. À part ça..., » Rikka avait répondu à la question de Shiori avec inquiétude.
« Les habitants de la ville sont en train de comprendre la situation... mais le stress finira par s’accumuler et exploser d’une manière ou d’une autre. Lorsque cela se produira, des voix à l’intérieur de Suruga commenceront à prôner la coopération avec l’Alliance pour la Restauration. Combien de temps pouvons-nous maintenir cette “cage”... ? C’est difficile à le dire avec certitude, » déclara Rikka.
Le budget pour l’achat de nourriture avait été financé conjointement par le fort tutélaire et le gouvernement municipal.
En temps de guerre, de grandes quantités de certificats militaires étaient mises en circulation. Les certificats militaires faisaient référence à la monnaie de substitution utilisée par les militaires et pouvaient être échangés contre de l’argent comptant auprès du gouvernement.
Cela signifie également que Suruga avait dû résoudre sa crise alors que le gouvernement japonais était intact.
Pour les civils, l’utilisation de certificats militaires manquait d’assurance. Avec le temps, elle deviendrait également l’un des facteurs contribuant à l’agitation civile.
« Euh..., » Hatsune leva la main pour interrompre la conversation entre la fille du gouverneur général et la princesse impériale.
« L’Alliance pour la Restauration n’a pas attaqué dernièrement... Attendent-ils qu’on n’ait plus de provisions ? » leur demanda Hatsune.
« Probablement. Un château dont les défenses ne peuvent pas être atteintes immédiatement peut toujours être pris avec cette stratégie, » Rikka avait fait claquer sa langue et elle avait poursuivi. « D’après les messages de mon père, nos négociations avec Tōsandō ne se déroulent pas sans heurts. D’ailleurs, au fur et à mesure que les choses s’éternisent, l’Alliance pour la Restauration va s’enraciner. En conséquence, mon père m’a informé qu’il a l’intention de lancer une contre-attaque à partir de Yamanashi avant que la situation ne devienne catastrophique. Nous aimerions coordonner cette opération depuis Suruga, mais... »
Tōkaidō était une région étroite et allongée d’est en ouest.
Il était composé des trois préfectures d’Aichi, Shizuoka et Yamanashi. De toute la région de Shizuoka, Suruga était le seul endroit à tomber, tandis que Yamanashi n’avait pas encore été touché par l’Alliance pour la Restauration.
Cependant, Rikka avait déclaré cela, frustrée, « Morgan la Fée a déployé des barrières autour de Point de Contrôle d’Hakone et du fort tutélaire Fuji qui est voisin. Il est difficile pour les petits animaux de s’approcher pour la reconnaissance. La situation n’a pas l’air bonne. »
« Qu’est-ce que Morgan la Fée ? » demanda Masatsugu, ne reconnaissant pas le terme.
Rikka sourit ironiquement et dit : « Un ifrit de la flotte de l’Extrême-Orient britannique, et aussi l’un de leurs plus beaux spécimens. Ni les officiers noétiques actuellement à Suruga ni Sakuya ne sont capables de briser une barrière déployée par une divinité de cette classe. »
« Oh ? »
Le fort tutélaire de Suruga avait l’ifrit Seiryuu et son avatar, l’esprit Sakuya.
Cependant, les Britanniques avaient apparemment une divinité gardienne qui les surpassait. Masatsugu avait été profondément impressionné.
Shiori, connaissant bien les techniques noétiques, était tombée profondément dans ses pensées.
« J’ai une suggestion, » puis la princesse s’était mise à expliquer patiemment son plan.
***
Chapitre 3 : Coeur de Lion
Partie 1
Le fort tutélaire de Suruga était situé sur une région montagneuse formée de deux montagnes adjacentes dans un alignement nord-sud.
La ville de Suruga se trouvait à l’ouest de ces montagnes tandis que la ville de Shimizu se trouvait à l’est. Actuellement, Masatsugu Tachibana et ses deux compagnons voyageaient dans un véhicule domestique à l’allure simple, allant de Suruga vers Shimizu.
« Si calme..., » Masatsugu marmonnait depuis le siège du passager avant. Il regardait par la fenêtre les rues de Suruga.
Il était 9 h du matin. Mis à part l’heure matinale évidente, il y avait un certain manque de vie à l’extérieur. Dès le départ, la population était clairsemée dans cette ville régionale, mais il n’y avait pas de piétons à l’extérieur. Les voitures étaient aussi peu nombreuses.
C’était comme si tous les résidents étaient partis en vacances — .
« C’est naturel, Onii-sama. Contrairement à notre lycée, beaucoup d’écoles et d’entreprises sont en vacances. Après tout, tu as facilement faim si tu cours partout sans raison valable, » répondit Hatsune depuis le siège du conducteur, habillée comme d’habitude dans sa tenue Haikara-san.
La circulation sur la route était très légère et Hatsune roulait assez vite. De plus, elle avait formé son pacte de tutelle au sanctuaire de l’eau hier.
« Les rations distribuées aux civils ne sont pas particulièrement généreuses. Le fort tutélaire a également réquisitionné l’essence dans toute la ville. Il n’y a pas beaucoup de voitures qui se déplacent à l’extérieur, » continua Hatsune.
« En d’autres termes... La population se cache chez eux, retenant leur anxiété et leur insatisfaction, n’est-ce pas ? » La beauté installée sur la banquette arrière avait conclu ça avec sa belle voix.
Cette belle jeune fille était vêtue d’une blouse blanche et d’une jupe bleu-marine avec ses cheveux blond-platine noués en queue de cheval à l’aide d’un ruban rouge. Elle était Shiori Fujinomiya, une princesse du Japon Impérial.
Aujourd’hui, son joli et tape-à-l’œil visage était orné d’une paire de lunettes.
Son but était le camouflage. Cela avait également renforcé son aura de personne remplie « d’esprit et intellectuelle » par rapport à l’habituelle allure qu’elle avait.
De plus, elle utilisait une technique de déguisement réalisée avec des noesis provoquant une dissonance d’images, empêchant ceux qui ne la connaissaient pas de la reconnaître comme princesse.
D’ailleurs, Masatsugu portait un t-shirt blanc à manches longues couplé avec un pantalon noir.
Avec une veste noire sur le dessus, sa tenue vestimentaire était de couleur semblable à l’uniforme de l’école.
« Êtes-vous vraiment sûre, Princesse ? Une personne aussi importante que vous n’a pas besoin de se risquer en quittant Suruga pour mener à bien ce genre de mission..., » demanda Hatsune.
« C’est bien, parce que je suis la seule capable de le faire, » répondit Shiori à Hatsune de manière tout à fait décidée.
« Bien que Suruga ait le génie nommé Sakuya, il ne serait pas facile d’emmener cette enfant en dehors de la ville. En plus, elle doit encore gérer le fort tutélaire, » continue Shiori.
« Princesse, n’avez-vous pas mentionné qu’elle possède une timidité très humaine ? » demanda Hatsune.
« Et franchement, j’aimerais aussi quitter la ville pour changer de rythme, » continua Shiori.
« Princesse, votre tendance machiavélique à ruiner intentionnellement des histoires inspirantes est totalement géniale, » déclara Hatsune.
« Je dois remercier Rikka-sama d’avoir accepté ma suggestion, » déclara Shiori.
Masatsugu ressentait la même chose.
S’il arrivait quelque chose à la princesse, la responsabilité incomberait carrément à Rikka en tant que châtelaine de Suruga. Malgré cela, elle avait accepté la suggestion de Shiori sans la moindre hésitation.
« De penser que Votre Altesse serait adepte des techniques noétiques... Vous être vraiment à la hauteur du nom de la lignée du Seigneur Tenryuu. Il n’y a actuellement aucun maître noétique à Suruga plus accompli que vous voulez faire, Votre Altesse. S’il vous plaît, aidez-nous, » après que Shiori ait révélé sa propre « capacité », Rikka avait immédiatement donné la réponse ci-dessus.
La princesse Chevalier de la Maison Akigase avait donné la priorité à l’opportunisme plutôt qu’à la sécurité.
« Hatsune, notre travail est de protéger la princesse. Si nécessaire, cela ne sera pas seulement avec des épées. Il se peut que nous ayons à convoquer des troupes — Légionnaire. Prépare-toi, » déclara Masatsugu.
« Bien sûr, Onii-sama ! » déclara Hatsune.
La novice Chevalière répondit joyeusement au rappel de Masatsugu.
La position actuelle de Hatsune était la dame d’honneur de la princesse ainsi qu’un chevalier sous son commandement direct.
... En fait, Hatsune n’avait hérité de l’appellation Kurou Hougan Yoshitsune qu’hier. Lorsqu’elle avait tenté une convocation, un seul Légionnaire s’était présenté à elle.
Son pouvoir ne s’était pas pleinement éveillé — elle était dans un état proto-Chevalier.
Elle devrait être capable de convoquer des douzaines de Légionnaires une fois qu’elle s’y serait habituée. À l’heure actuelle, sa Force de Chevalier était provisoirement « juste » de 1.
Hatsune conduisait en ce moment la voiture le long d’une autoroute nationale, traversant la ville de Shimizu à toute vitesse.
Comme la ville de Suruga, cette région était aussi isolée telle « une île sur terre ».
Il y avait vraiment un manque marqué de vie dans cette zone. La circulation des piétons et des véhicules était faible. S’il continuait le long de l’autoroute nationale, ils allaient arriver au barrage routier de l’Alliance pour la Restauration.
« Au fait, Hatsune, tu as rencontré un garçon pendant le rituel. C’était Yoshitsune, te rendant visite dans un rêve pour tester ta succession au Kurou Hougan Yoshitsune, n’est-ce pas ? » demanda Masatsugu.
« Je pense que oui, » répondit Hatsune.
Masatsugu en était immédiatement certain. Kurou Hougan Yoshitsune était l’Appellation tirée directement du nom d’un général. Avant son amnésie, Masatsugu était retourné au royaume humain en tant que Ressuscité, mais pour certaines raisons, Yoshitsune ne l’avait pas fait — .
Masatsugu savait instinctivement que c’était la vérité.
D’un autre côté, Shiori avait dit : « Peut-être que le Seigneur Yoshitsune s’est avéré être une personne d’une aide inattendue. »
« Pourquoi dites-vous cela ? Il était si violent avec moi ~, » déclara Hatsune.
« Pensez-y un peu. Nous connaissons beaucoup d’anecdotes sur les anciens guerriers, y compris des légendes dont la véracité est difficile à confirmer... Il y a une histoire au sujet de Seigneur Yoshitsune, qui implique Ushiwakamaru qui a défait Benkei au Pont de Gojō à Kyoto. C’est probablement fictif, » déclara la princesse.
« Puis il a choisi de me tester au pont parce que..., » commença Hatsune.
« C’était peut-être une blague de sa part, puisqu’il savait qu’une telle légende circulait dans le monde futur, » répondit la princesse.
Ce n’était pas une possibilité si impossible que ça. Masatsugu hocha la tête en signe d’accord.
Même si Yoshitsune était un génie des arts martiaux, comment aurait-il pu remporter une victoire écrasante en tant qu’enfant contre le tout aussi rare héros, Musashibō Benkei ? À notre époque où les morts pouvaient renaître, tout pouvait arriver.
Cependant, la légende de la valeur martiale au pont de Gojō sonnait vraiment comme étant trop artificiel.
« Bien sûr, il est aussi possible que la vérité soit plus étrange que la fiction, » Shiori haussa les épaules et mit fin à cette conversation.
Le véhicule ordinaire avait continué de rouler en douceur avec les trois passagers à son bord.
Alors qu’ils traversaient la rivière Okitsu et s’apprêtaient à quitter la zone urbaine de Shimizu, Hatsune avait arrêté la voiture. L’altitude ici était relativement élevée.
... La voiture roulait en ce moment le long d’une route nationale qui longeait la côte de la Baie de Suruga.
C’était littéralement une route en bord de mer, et elle suivait presque le même parcours que l’ancienne autoroute de Tōkaidō à l’époque d’Edo. Des routes de montagne escarpées se trouvaient devant, tandis que le pont de Satsuta se trouvait à proximité. En passant par les stations postales de Yuijuku et Kanbarajuku, on atteindrait alors la rivière Fuji.
De l’autre côté de la rivière Fuji se trouvait la ville de Fuji, qui était aussi la ville où se trouvait le fort tutélaire de Fuji.
L’artiste ukiyo-e Utagawa Hiroshige avait également représenté une partie de ce paysage dans Les cinquante-trois stations du Tōkaidō.
Cette route qui traversait un terrain montagneux possédait en vérité moins de vingt kilomètres et c’était un trajet assez rapide. Cependant, Hatsune avait garé la voiture sur le côté et le trio avait débarqué.
« Pour l’instant, nous choisirons le côté le plus proche de la ville de Fuji comme destination... la rivière Fuji, » déclara Shiori.
Shiori avait utilisé des noesis pour projeter plusieurs images visuelles dans l’air.
Elles avaient toutes montré des routes larges dans les montagnes. Chaque endroit avait été enseveli sous les débris venant de glissements de terrain, étant manifestement impraticables pour le moment.
Shiori avait envoyé des bêtes de rétention en reconnaissance et avait utilisé le contrôle noétique pour afficher ce qu’elles avaient vu.
« La situation est la même pour toutes les routes sortantes de la ville de Suruga — toutes les routes sortantes sont bloquées par l’Alliance pour la Restauration. Au col de Satsuta, un peu plus loin le long de notre route actuelle, il y a eu des glissements de terrain. Mais plutôt que des catastrophes naturelles, ils ont tous été causés par les Croisés. »
Après ça, Shiori avait montré une image d’un poste de péage autoroutier.
Le poste de péage était un point de contrôle avec de nombreux soldats britanniques caucasiens se trouvant à l’intérieur.
« Ils ont dû laisser les autoroutes intactes afin de pouvoir à l’avenir les utiliser pour transporter des fournitures. Cependant, étant donné qu’il y a un certain nombre de points de contrôle de sécurité stricts et le fait qu’ils ont établi une supériorité navale dans la Baie de Suruga, si l’on voulait entrer dans les montagnes..., » Shiori sourit d’une manière sardoniquement.
« Dès que les bêtes de l’Alliance pour la Restauration capteront l’odeur des humains, elles attaqueront comme des ours affamés, » continua-t-elle.
« Princesse, j’ai une question ici. Quelles sont les chances d’être attaqué ? » demanda Hatsune.
« D’après ce que j’ai entendu, la probabilité de rencontrer une bête de rétention dans ce genre de situations est à peu près la même que les rencontres de monstres dans les jeux. Dans chaque zone, le nombre de bêtes de rétention est d’au moins trois chiffres au minimum, » répondit Shiori.
« ... En effet, » Masatsugu avait levé les yeux dans la direction de la ville de Fuji. « Trois wyvernes britanniques blanches volent là-bas. »
« Eh, tu peux voir ça, Onii-sama ? Je ne vois rien du tout, » déclara Hatsune alors qu’elle plissait les yeux, regardant attentivement dans la même direction.
Au bout de vingt secondes, elle avait finalement abandonné et avait dit avec surprise. « Franchement, j’ai été testé, et j’ai une acuité visuelle quasi parfaite... Onii-sama, ta vue est vraiment surhumaine. »
« Vraiment ? Je pensais que c’était assez normal de voir ainsi, » répondit-il.
Du point de vue de Masatsugu, il y avait trois points blancs qui volaient vers le nord-est. En y regardant de plus près, les points blancs possédaient des contours en forme de wyvernes.
Ignorant leur conversation, Shiori avait dit en toute confiance, « Cependant, la situation serait complètement différente pour ceux qui sont très habiles dans le contrôle noétique comme moi. Je trouverai une solution. Hatsune, pouvez-vous vous préparer ? »
« J’ai compris ~, » déclara-t-elle d’une manière enjouée.
Hatsune avait fait ce qu’on lui avait demandé, en prenant trois planches minces de format A3 et en les posant au sol.
Les trois planches étaient des talismans de bêtes de rétention. Shiori avait touché les talismans comme elle l’avait fait avant. Les talismans des bêtes de rétention s’étaient activés, se transformant en « loups ». Ils étaient couverts d’une belle fourrure argentée et possédaient des corps énormes aussi gros qu’un cheval.
Les trois bêtes de rétention de taille moyenne — les Loups Mibu — étaient apparues.
Selon la légende, Hijikata Toshizō avait mené une meute de ces Loups Mibu, se battant à travers divers champs de bataille dans l’est du Japon.
« Parmi toutes les bêtes de rétention, les Loups Mibu ont un sens de l’odorat particulièrement vif. Ils détecteront immédiatement les bêtes de rétention qui s’approchent. Si nous avons la malchance de rencontrer des bêtes de rétention ennemies... Je vais les chasser en utilisant les noesis, » déclara la princesse.
Tous les trois avaient alors chevauché un Loup Mibu différent.
Les loups avaient commencé à courir. Ils devaient se diriger vers l’est en direction de la rivière Fuji en traversant la montagne où il n’y avait pas de routes. Aussi rapides que le vent, les Loups Mibu avaient traversé des pentes et des forêts mixtes comme s’ils couraient sur un terrain plat.
À l’occasion, ils faisaient un détour, probablement parce qu’ils détectent l’odeur des bêtes de rétention britanniques.
Malgré cela, il avait fallu environ deux heures au trio pour atteindre leur destination. Après la descente de la forêt de montagne, ils étaient arrivés face à une vaste verdure provenant d’une plantation de thé.
Devant eux se trouvait la rivière Fuji emplie d’une eau claire et vive.
La rivière Fuji n’avait pas un débit massif. Il y avait beaucoup de gravier déposé sur le rivage ou sur les bancs de sable.
Dans le ciel du nord-est se trouvait une vue imprenable d’un sommet sacré, offrant le paysage majestueux du sommet enneigé du mont Fuji.
Il avait l’air encore plus grand et plus impressionnant que la vue depuis la ville de Suruga.
Le trio était descendu des Loups Mibu, marchant de nouveau sur leurs propres pieds.
« ... Princesse, n’est-ce pas déjà dans la sphère d’influence de l’Alliance pour la Restauration ? » demanda Hatsune.
« En effet. Cependant, ils ne nous demanderont pas de présenter des pièces d’identité à moins que nous ne fassions quelque chose de trop suspect. S’il vous plaît, soyez aussi calme que possible, » déclara la princesse.
« Hmm ? » murmura Masatsugu.
Masatsugu se sentait intrigué. Il avait senti un puissant bruit venant de l’autre côté de la rivière Fuji.
Il avait alors balayé son regard sur les rues de la ville de Fuji, une ville régionale semblable à Suruga. Le fort tutélaire de Fuji, qui avait été conquis par les Britanniques, se trouvait à plus de dix kilomètres dans cette direction.
« Hatsune, sais-tu d’où vient cette présence bizarre ? » demanda Masatsugu.
« Euh ? Hmmm... Wouah, c’est incroyable ! » la Chevalière novice avait regardé le ciel de l’est et avait instantanément sursauté en raison de la surprise.
Les gens ordinaires n’étaient pas très sensibles aux ondes néoétatiques. Après avoir hérité de Kurou Hougan Yoshitsune avec succès, les sens de Hatsune avaient été graduellement augmentés. Cette fois, Masatsugu et elle avaient détecté la même chose.
Actuellement, une puissante énergie noétique tourbillonnait dans le ciel au-dessus du fort tutélaire de Fuji.
Au centre de ce vortex se trouvait un gigantesque globe oculaire !
« Est-ce Morgane la Fée ? » demanda Masatsugu.
« Je pense que oui. L’image principale a été transportée au Point de Contrôle d’Hakone... Ce qui reste au fort tutélaire de Fuji est probablement son ombre, » expliqua Shiori à Masatsugu.
Les Loups Mibu qu’ils utilisaient comme locomotion grognaient avec férocité depuis leur arrivée ici.
Ils regardaient fixement l’autre côté de la rivière Fuji, se préparant au combat. Leur hostilité était dirigée contre la barrière que Morgane la Fée avait déployée pour repousser les bêtes de rétention.
Les bêtes de rétention de taille moyenne ou plus grande n’avaient pas été très affectées par la barrière, mais il semblait qu’elles ne se sentaient pas non plus à l’aise.
Shiori avait agité la main et les trois Loups Mibu avaient couru dans la montagne.
« Préparons-nous immédiatement, » déclara-t-elle.
Le trio avait traversé à pied la plantation de thé et les routes, se dirigeant vers la rive de la rivière Fuji.
Assez rapidement, ils étaient arrivés au bord de l’eau. Masatsugu et Hatsune avaient travaillé avec efficacité. À l’aide de pelles pliables, ils avaient creusé dix trous peu profonds.
Le fait de creuser dans le gravier sur les berges de la rivière était un travail pénible, mais heureusement, les deux individus étaient très confiants dans leur force physique. La tâche avait rapidement été terminée.
Shiori avait alors placé un talisman de bête de rétention dans chaque trou. Ces minces rectangles avaient la taille de cartes utilisées pour écrire des poèmes japonais. Une fois les talismans placés, les deux chevaliers avaient rapidement refermé les trous.
« Je vous supplie d’apparaître. Que les dieux soient avec vous, » Shiori toucha les trous refermés et récita une incantation pour compléter les préparatifs.
« Princesse, cela fera-t-il venir des bêtes qui ne perdront pas face à la barrière ? » lui demanda Hatsune.
« Je ne peux pas affirmer avec certitude. Le taux de réussite est d’environ 60 %, » répondit la princesse.
Le regard de Hatsune pouvait indiquer. « Eh, ce n’est pas 100 % », face à quoi Shiori toussa légèrement.
« On ne peut rien y faire. C’est un concours de technique pour voir si la force de mes noesis peut éclipser l’influence de Morgane la Fée, » déclara Shiori.
« D’accord, » déclara Hatsune.
« Si les noesis que j’ai versées dans un talisman sont plus fortes, elle produira une bête de rétention qui ne perdra pas face à la barrière. Cependant, puisqu’il s’agit en fin de compte d’une barrière déployée par le meilleur esprit des forces britanniques, il est difficile d’être optimiste ici, » déclara Shiori.
« C’est donc comme ça que ça marche, » déclara Hatsune.
« Naturellement, mon contrôle noétique est de première classe. Si j’échoue ici, cela signifie qu’il ne peut être accompli sans une équipe de maîtres experts du Bureau noétique, » déclara Shiori.
« Saisissez toutes les occasions de montrer votre confiance de temps en temps, Princesse, car vous êtes si impressionnante ♪, » déclara Hatsune.
En écoutant la conversation entre les deux filles, Masatsugu avait réalisé quelque chose.
Devant eux se trouvait une vue dégagée et magnifique centrée sur le sommet sacré numéro un du Japon, le mont Fuji, et une armée de Kamuys survolait cette vision.
Quelques centaines de Kamuys avançaient dans une formation sphérique.
Une armée de Légionnaires britanniques sortait également pour intercepter les Kamuys.
Surpassés en nombre dans un rapport de deux contre un du côté des Kamuys, ces Légionnaires étaient semblables en apparence à des Croisés, mais au lieu de la couleur blanche habituelle, elles étaient d’un pourpre vif.
***
Partie 2
Le roi Richard Ier, Coeur de Lion.
Hier, après avoir parlé au château de Nijou avec Édouard le Prince Noir, il avait immédiatement quitté Kyoto.
Prenant la même combinaison de voyage terrestre et aérien que son descendant avait utilisé pour se rendre à Kyoto, il était arrivé au fort tutélaire de Fuji dans la préfecture de Shizuoka dans la même journée.
Et aujourd’hui, Richard avait reçu le rapport tant attendu.
Trois cents Kamuys de l’armée provinciale du Tōkaidō s’approchaient du fort tutélaire de Fuji.
« Hohohohohoho. Les choses se déroulent selon Édoua... le plan d’Edward, » déclara Richard.
Richard riait fièrement de lui-même alors qu’il analysait la situation.
« Dans ce cas, ce serait un bref divertissement si j’ajoutais un peu de couleur rouge sang à son plan. Permettons à moi, Richard Coeur de Lion, l’ancêtre avec lequel il partage une lignée commune, de le faire..., » murmura Richard.
Au centre du fort tutélaire de Fuji était construit un donjon protecteur de la nation, tout comme dans le fort tutélaire de Suruga.
Richard était sur le toit, admirant la vue du mont Fuji qui se trouvait à vingt kilomètres au nord. Au sud de cette montagne se trouvait la préfecture de Shizuoka tandis qu’au nord se trouvait la préfecture de Yamanashi. Les deux zones étaient sous la juridiction de Tōkaidō.
Cependant, Shizuoka était tombée sous le contrôle des forces armées britanniques.
En essayant de contre-attaquer, l’armée provinciale de Tōkaidō avait mobilisé trois cents Kamuys venant de la partie la plus méridionale de Yamanashi — le fort tutélaire du Motosu aux Cinq Lacs du Fuji.
Le contingent ennemi volait en formation compacte, envahissant la ville de Fuji par le nord.
À côté de Richard, une fille vêtue d’un costume de marin et d’un béret avait alors déclaré. « Le Prince Noir de l’Empire Britannique reste à Kyoto. On dirait que... cette nouvelle a réussi à atteindre Tōkaidō plus tôt que prévu. »
« Le garçon s’amuse beaucoup à Kyoto, » Richard riait joyeusement alors qu’il annonçait ça.
« Après avoir assisté à la cérémonie dans le château hier, il s’est enfui dans les rues. Aujourd’hui, il a dû aller à une sorte de goûter et il s’est plaint de la difficulté d’attirer l’attention d’une manière naturelle, » déclara Richard.
« Morrigan pense... qu’il aime ça, » déclara-t-elle.
Coeur de Lion parlait à une poupée possédée par un génie.
Il s’agissait de l’unité 2. L’image principale de Morrigan et la poupée « Unité 1 » étaient restées à Hakone. Pour l’instant, elle transmettait des ondes noétiques depuis Hakone pour posséder l’unité 2 présente ici.
De plus, le ciel au-dessus du donjon protecteur de la nation était occupé par un gigantesque globe oculaire et une puissante force noétique.
Elle avait également été présente dans Fuji par l’intermédiaire de l’image principale de Morrigan, Morgane la Fée, pour produire l’effet de chasser les bêtes de rétention ennemi.
« Cependant, c’est grâce à son stratagème que les vieux renards de Tōkaidō ont mordu à l’hameçon, » déclara Richard.
Edward avait intentionnellement parcouru Kyoto, bien conscient que le réseau de renseignement de l’ennemi s’étendait jusqu’à Kyoto, afin donner à Tōkaidō l’impression que la zone de Hakone était affaiblie en matière de défense.
En utilisant cette méthode, il avait attiré l’armée ennemie, qui attendait passivement son heure, pour attaquer.
Le Prince Noir avait posé un piège mortel pour que l’ennemi vienne de sa propre initiative. Puisqu’il avait dû aller à Kyoto de toute façon, il en avait profité pour mettre en place ce stratagème.
« Comme c’est courageux de la part de l’ennemi d’attaquer avec joie pendant l’absence d’Edward. Esprit Morrigan, analysez l’alignement ennemi, » demanda Richard.
« Affirmatif, » répondit Morrigan.
Morrigan exécuta instantanément les ordres de Richard Cœur de Lion.
Elle commandait aux ondes noétiques s’attardant dans l’air au-dessus du donjon protecteur de la nation — c’est-à-dire la noesis tourbillonnant — pour projeter des ondes noétiques pour la détection ennemie. Le pouvoir mystique de Morgane la Fée s’était transformé en vagues, se répandant dans toute la ville de Fuji.
Ces vagues avaient touché l’armée de Kamuys volants dans le ciel au-dessus de la périphérie de la ville de Fuji.
« Kamuys ennemis... Total de 307. Chevaliers, six. Chevaliers de la région de Yamanashi sur Tōkaidō, soit un total estimé de dix à douze. Presque la moitié a été déployée dans cette opération, » déclara Morrigan.
« Excellent, alors j’enverrai la moitié de leur nombre, » déclara Richard.
« Euh, la moitié ? Trop peu, » déclara Morrigan.
« Je m’en fiche. C’est ma première bataille au Japon. Il est impératif de faire savoir aux Japonais que je suis un héros courageux qui triomphe malgré des désavantages numériques. Rassemblez-vous sous mon nom de Richard Coeur de Lion —, » déclara Richard.
Sur le toit du donjon protecteur de la nation, le roi anglais d’autrefois avait déplacé sa cape cramoisie.
« Octroyons le nom de l’épée royale Escalibor à mes Légionnaires ! » continua Richard.
De nombreux Légionnaires étaient apparus au-dessus de Richard et Morrigan.
Ils ressemblaient aux Croisés, mais pas exactement. Les noesis de l’écrasante Force de Chevalier de Richard, un trait de fierté, avaient donné naissance à une grande armée de Légionnaires britanniques en rouge.
« Maintenant, mes chevaliers. Sautons dans les cieux avec moi ! » déclara Richard.
Et ainsi, la bataille du lion commença.
☆☆☆
Le chef de l’ennemi, le Prince Edward, était absent de Hakone.
Les échelons supérieurs de Tōkaidō avaient donné l’ordre d’utiliser cette opportunité pour reprendre le fort tutélaire de Fuji. Si possible, ils utiliseraient leur succès pour capturer par la suite la zone d’Hakone.
Après avoir reçu ces ordres, six Chevaliers du Fief de Tōkaidō étaient sortis de la région de Motosu dans la zone des Cinq Lacs du Fuji pour entrer dans l’espace aérien de la ville de Fuji — c’était pour ainsi dire la situation actuelle.
« Quoi !? »
Le chef des forces de Tōkaidō, le Chevalier Ogura, doutait de ses yeux. La périphérie de la ville de Fuji se composait principalement de vastes parcs naturels ou de terrains de golf. Les 307 Kamuys volaient actuellement au-dessus de cette zone.
Les six Chevaliers étaient également sur des wyvernes bleues utilisées pour les transporter.
Le réapprovisionnement quotidien en fluide ectoplasmique avait également renforcé les corps des Chevaliers. Le vent froid qui soufflait à plusieurs centaines de mètres d’altitude ne leur semblait que légèrement froid. Ils étaient approchés par une armée britannique.
Les 150 Croisés étaient colorés d’un cramoisi ardent.
Les Chevaliers japonais n’avaient pas seulement été surpris par la couleur, mais aussi par le lieu de la rencontre.
Les Légionnaires n’avaient besoin que d’un jour pour renaître lorsqu’elles avaient été tuées au combat près du fort tutélaire servant de forteresse — .
En raison de cela, le côté défensif essayait autant que possible d’engager l’ennemi près de leur forteresse. C’était le bon sens en temps de guerre. Il était donc incroyable que cette armée se fût aventurée loin du fort tutélaire de Fuji pour se battre en banlieue !
« À quoi pense le commandant ennemi... ? » se demanda Ogura.
Alors qu’il voyait l’adversaire renoncer de lui-même à l’avantage du terrain, Chevalier Ogura avait été stupéfait.
Y avait-il un stratagème sournois ? Ou bien était-il un idiot sans cervelle qui voulait simplement attirer l’attention ? Il y avait encore un kilomètre entre les deux armées.
Puis, peu de temps après ça...
Une centaine de Croisés pourpres commencèrent à s’accélérer férocement, chargeant l’armée de Tōkaidō à une vitesse effrayante !
Les 307 Kamuys volaient en formation sphérique, prêts au combat.
Pendant ce temps, l’armée rouge de Croisés n’en avait envoyé qu’une centaine pour cette charge. Ils avaient formé une formation en forme de V pour attaquer un ennemi trois fois plus nombreux qu’eux.
« Après tout, c’est un imbécile ! » cria Ogura.
Le chevalier Ogura avait maudit son adversaire depuis la selle de sa wyverne. Cet ennemi était soit un imbécile, soit quelqu’un avec une bravoure excessive, soit un rêveur à la recherche de romantisme au combat, soit un personnage problématique trop confiant dans ses talents de général.
... Cependant, le Chevalier Ogura n’était pas au courant de l’horrible vérité.
Le général ennemi était un monstre pour lequel tout ce qui précédait s’appliquait, y compris l’étiquette de « fou ».
« Une charge chevaleresque est l’essence de la guerre..., » murmura son adversaire.
Les cent Escalibors à l’avant-garde avançaient comme un « coin rouge ».
Sur sa wyverne blanche, Richard regardait ses troupes charger l’ennemi pendant qu’il restait avec ses cinquante autres Légionnaires qui planaient dans les airs en attente.
Devant l’avant-garde de la charge, les 307 Kamuys de Tōkaidō attendaient.
Les Légionnaires impériaux japonais étaient vêtus d’armure et d’uniformes bleus. Leurs silhouettes étaient minces et bien ajustées, une taille plus petite que les imposants Légionnaires britanniques.
Les Kamuys étaient trop maigres, selon la sensibilité de Richard...
Ces Kamuys s’étaient placés dans une formation sphérique bondée et avaient continué à tirer avec leurs fusils à baïonnette. La pluie de lumière brève avait attaqué la formation en coin des Escalibors.
307 contre 100. La victoire semblait impossible. Cependant, Coeur de Lion avait continué à sourire.
« Hohohohohohoho. Vous êtes trop négligents, chevaliers d’Orient, » déclara Richard.
Au moment où il avait ordonné aux cent Escalibors de charger, Richard I était déjà certain de sa victoire. Dès qu’il avait senti de la complaisance dans les rangs ennemis, il avait su qu’il pouvait profiter de l’état d’esprit des généraux de Tōkaidō.
Il était vrai qu’ils étaient entrés en formation et se rendaient sur le champ de bataille, mais ils étaient encore assez loin du fort tutélaire de Fuji.
Le nez de Richard tel une bête avait senti l’insouciance des samouraïs dans leur idée préconçue que les ennemis n’attaqueraient pas à une telle distance.
« Ceux qui ne peuvent pas distinguer la confiance et l’insouciance sont inaptes à être les adversaires au Cœur de Lion ? » déclara Richard.
Les Escalibors avaient foncé sur les Kamuys qui les attendaient.
Les deux armées avaient activé les barrières de protection. L’éclat de chaque barrière était proportionnel à l’effectif de l’armée. Dans une fusillade avec des fusils, les forces de Tōkaidō avaient vraiment un avantage écrasant.
« Hohoho, vous pouvez célébrer votre avantage maintenant, tant que vous le pouvez encore, » déclara Richard.
Les particules de lumière autour des Kamuys bloquaient pratiquement tous les tirs britanniques.
En revanche, la pluie de la lumière avait percé la barrière protectrice des cent Escalibors, frappant leur corps rouge à plusieurs reprises, embrochant leurs épaules, leur abdomen et leur tête.
Ce barrage de tirs était certainement suffisant pour anéantir l’armée britannique qui chargeait.
Malgré cela, les Escalibors avaient poursuivi leur combat. Même avec des trous massifs dans l’abdomen, des membres amputés, des têtes cassées et des casques — .
Il était comme les morts vivants, alors que l’armée britannique n’avait pas cessé d’avancer.
Non seulement cela, mais la centaine de Légionnaires accélérait en une seule unité.
En une dizaine de secondes, leur charge avait dépassé les 500 kilomètres à l’heure. Les Escalibors à grande vitesse s’étaient dirigés tout droit vers la formation sphérique de 307 Kamuys.
On aurait dit qu’un coin cramoisi s’enfonçait dans une gigantesque sphère bleue.
« Ô, Escalibors, j’assurerai la victoire en enjambant vos glorieux cadavres. Bataille implacable, » déclara Richard.
Alors qu’il regardait ses troupes se battre courageusement, la voix de Richard était émotive et extatique.
Pendant ce temps, les cent Escalibors avaient continué à charger malgré leurs blessures graves. Ils s’écrasèrent avec violence dans la formation des Kamuys !
Les fusils levés, ils plantèrent leurs baïonnettes dans la chair des Légionnaires bleues.
Associée à des lames, l’attaque de charge infligeait des dégâts équivalents à ceux d’un coup mortel. Plus de 90 % des Kamuys qui avaient encaissé un coup étaient morts sur place, s’écrasant sur le sol.
Actuellement, la cale cramoisie avait réussi à perforer la sphère bleue et était sur le point de percer l’autre côté.
« Seul un tel esprit de combat serait digne du Fait d’Armes du Cœur de Lion ! » déclara Richard.
Voyant la charge réussir, Richard était satisfait du fond du cœur.
De plus, l’offensive de l’avant-garde ne s’arrêtait pas là. Restant proprement en forme de « coin », les Escalibors avaient fait demi-tour et avaient éperonné à nouveau la formation sphérique des Kamuys.
... La même scène avait été reconstituée.
Le côté défensif avait tenté d’utiliser le tir rapide pour arrêter la charge de l’ennemi. L’équipe attaquante avait continué à charger à pleine puissance.
Les Légionnaires japonais étaient devenus des victimes de la charge. Les forces du côté de Tōkaidō avaient subi de graves pertes avec des cadavres bleus s’écrasant les uns après les autres.
La deuxième charge des Escalibors avait réussi. Richard hocha la tête puis il déclara. « Je vois que vous avez fait bon usage du Coeur de Lion que j’ai accordé ! »
« Coeur de Lion » était français, signifiant « Heart of the Lion » en anglais.
Un soi-disant Cœur de Lion faisait référence à une âme remplie de courage, de combativité et d’une persévérance indomptable. Le Fait d’Armes — Coeur de Lion était précisément la capacité de Richard I à conférer une telle force d’âme héroïque à ses Légionnaires.
... En invoquant ce Fait d’Armes, les Légionnaires sous son commandement devenaient des guerriers non intimidés par la mort elle-même.
Et même s’ils étaient déjà morts, ils avaient continué à charger jusqu’à la fin du pouvoir.
En vérité, après cette attaque, les cent Escalibors à l’avant-garde avaient finalement succombé. Le feu de la vie s’était éteint, alors qu’ils s’écrasèrent l’un après l’autre depuis les airs.
Perforés à plusieurs reprises par les coups de feu des Kamuys plus tôt, ils étaient déjà morts avant même d’arriver au corps à corps.
Après l’assaut féroce des deux charges suicidaires de l’armée britannique, les forces du côté de Tōkaidō étaient descendues à moins d’une centaine de Légionnaires.
« Une ouverture triomphale. La victoire est proche, » déclara Richard.
Richard avait encore cinquante Légionnaires à ses côtés.
Bien qu’il soit sûr de pouvoir gagner avec ce nombre, quelque chose d’autre avait pris une plus grande priorité.
« Rassemblez vous, mes épées royales. Il est impératif de démontrer une fois de plus la majesté d’un roi, » déclara Richard.
Après avoir dit cela, Richard avait regardé vers le sud-est.
Il avait souri. Parmi les soldats ailés géants en rouges qu’il avait convoqués au fort tutélaire plus tôt — les autres s’approchaient lentement. Il les avait appelés un peu plus tôt en utilisant des ondes noétiques.
Ces Escalibors étaient au nombre de 867.
Il s’agissait sans aucun doute d’une armée massive, et il venait rejoindre les 150 soldats sur le champ de bataille... En effet, la Force de Chevalier de Richard Ier avait atteint les 1017 !
« Maintenant, j’écraserai l’ennemi avec la puissance d’une armée massive. Mes chevaliers, suivez-moi ! » déclare majestueusement Richard.
Puis, sur sa wyverne, il avait personnellement mené la charge vers les Kamuys restants.
Les quelque neuf cents Escalibors qui l’accompagnaient s’étaient organisés en une formation sphérique autour du Coeur de Lion, commençant à charger telle une balle volante !
« Informez le fort tutélaire d’envoyé des escadrons. Tous les Chevaliers japonais trouvés sur le champ de bataille doivent être capturés vivants. Je vais mettre fin à cette bataille ici ! » déclara Richard.
Ce message avait été envoyé à une bête utilisée pour relayer ses ordres.
Pendant ce temps, les restes des troupes de Tōkaidō avaient commencé à battre en retraite et à fuir la grande armée du Cœur de Lion.
Ils s’étaient déplacés vers le nord aussi vite qu’ils avaient pu, vers le mont Fuji. Il était tout à fait louable que, même à ce stade, les Kamuys soient restés dans une sphère prêts à craquer sans sortir de la formation.
Le lion ne pensait pas qu’il était acceptable de laisser partir l’ennemi simplement parce qu’ils étaient moins d’une centaine.
« Poursuivez-les ! Mordez leurs queues ! » cria Richard.
Richard avait entièrement libéré la nature et la faim d’un prédateur carnivore quand il s’agissait de chasser la proie en fuite.
***
Partie 3
« Inconcevable..., » murmura Shiori.
Une bataille aérienne entre les Légionnaires se déroulait à la périphérie de la ville de Fuji.
Ayant été témoin de la bataille à sens unique, Shiori avait été choquée. Les 307 Kamuys de Tōkaidō avaient rapidement vaincu.
Les Kamuys et Chevaliers survivants s’étaient retirés vers le nord, en direction du mont Fuji.
Plus de huit cents Légionnaires rouges les avaient poursuivis, s’envolant d’une manière ordonnée.
En regardant cette scène, Hatsune se lamentait. « Lors de la première attaque, l’ennemi a simplement chargé en ligne droite, n’est-ce pas ? Est-ce qu’une charge directe est si efficace ? Oh, est-ce grâce à la puissance d’un coup mortel permis par un Fait d’Armes !? »
« C’est l’une des raisons, mais ce n’est pas tout, » Masatsugu s’était rendu compte qu’il souriait presque quand il avait répondu.
Rire de la défaite d’un allié n’était pas très respectable, mais son sourire était presque involontaire. La raison en était que l’ennemi était extrêmement fort et qu’il avait gagné par la force brute en utilisant des tactiques aussi ridicules.
L’ennemi avait dû voir à travers la confiance du côté de Tōkaidō... Ou plutôt, l’insouciance.
Il s’agissait de cette négligence qui avait poussé les Japonais à se fier aux nombres pour contrer l’attaque. L’ennemi était bien conscient qu’il détenait l’avantage dans un concours de force, c’est pourquoi il avait lancé cette charge imprudente.
« Ce Chevalier a un nez très fin, » déclara Masatsugu.
« Nez ? Veux-tu dire qu’il a un bon sens de l’odorat ? » demanda Hatsune.
« Oui. Au fait, Princesse, connaissez-vous le nom du commandant ennemi ? » Masatsugu hocha d’abord la tête à une Hatsune curieuse avant de se retourner pour demander à Shiori.
Cette force et cette présence de Chevalier avaient fait qu’il était très probablement un Ressuscité. Une Shiori bien informée avait alors instantanément donné une réponse.
« Un homme qui s’appelle lui-même le Coeur de Lion serait très probablement le roi Richard I de l’Angleterre médiévale. Je me souviens qu’il est le parent collatéral du Prince Edward... et cinq générations son aîné, » répondit Shiori.
Masatsugu avait rajouté ce nom inconnu dans sa mémoire.
De plus, le trio se trouvait actuellement au bord de la rivière Fuji. Le champ de bataille de banlieue était à quelques kilomètres d’eux. Normalement, il n’y avait aucun moyen de regarder la bataille en détail.
Cependant, un certain type de gadget leur permettait de le faire.
« Princesse, les bêtes de rétention sont bien sorties, Dieu merci ! » déclara Hatsune.
« J’ai mentionné que le taux de réussite dépassait rarement le 50 %, » déclara Shiori.
Hatsune félicita la princesse et Shiori répondit fièrement.
Des dix talismans de bêtes de rétention qu’ils avaient préparés plus tôt, il y a peu de temps, cinq individus s’étaient transformés en Yatagarasus, se matérialisant de sous terre.
Le Yatagarasu était semblable à un corbeau ordinaire par sa taille et son apparence.
Leur apparence commune leur permettait d’infiltrer n’importe quel endroit pour effectuer des reconnaissances, et c’était donc une capacité précieuse.
Après le début des combats, Shiori s’était empressée d’envoyer ces cinq bêtes sur le champ de bataille. Quand les Yatagarasus étaient revenus, elle avait utilisé le contrôle noétique pour projeter des vidéos de ce qu’ils avaient vu.
Les Yatagarasus se tenaient prêts sur le gravier de la rive.
« ... Oh mon Dieu ? Quelque chose s’est passé après la fin de la bataille, » déclara la princesse.
Trois fenêtres rectangulaires avaient été ouvertes devant la princesse.
Les cinq Yatagarasus avaient fourni des souvenirs visuels sous différents angles. Shiori se concentrait sur l’un d’eux.
La vidéo montrait quatre wyvernes blanches des forces britanniques volant dans les airs.
Une wyverne bleu japonais était encerclée par elles, volant difficilement avec un soldat monté dessus, qui avait vraisemblablement été capturé et emporté par l’ennemi.
Hatsune demandait, perplexe, « Alors c’est vraiment... un Chevalier de Tōkaidō, n’est-ce pas ? »
« Oui, capturé comme otage, » répondit Shiori.
« Eh, un otage !? » s’exclama Hatsune.
Le Chevalier novice était étonné et Masatsugu expliquait calmement. « Les otages ont beaucoup d’utilisations... Par exemple, les Britanniques pourraient torturer ou massacrer des otages devant le fort tutélaire de Suruga qu’ils n’ont pas réussi à conquérir jusqu’à présent. Quand notre côté se précipitera dans une fureur vertueuse, se battant pour récupérer les otages, ils peuvent simplement s’asseoir et attendre que nous venions à eux. C’est une méthode pour détruire un ennemi tortueux. »
« Onii-sama, c’est si maléfique ! » déclara Hatsune.
« Selon la Charte de la chevalerie dans le monde moderne, les tactiques de ce genre sont interdites. Du moins superficiellement. Cependant, ce que Masatsugu-sama a dit est correct. Les otages Chevalier sont une monnaie d’échange très efficace dans les négociations. Il est même possible d’en extraire des informations... Et ils ont attrapé plus d’un Chevalier, » déclara Shiori.
Shiori soupira et montra la vidéo.
Deux autres Chevaliers japonais avaient été montés sur des wyvernes et emportés.
« Le fait de capturer les chevaliers pour les otages démontre bien que Richard I est vraiment un héros médiéval. À cette époque, capturer des chevaliers de haute noblesse sur le champ de bataille était un exploit très distingué, » déclara Shiori.
« Les autres Chevaliers sont peut-être morts ou se sont échappés..., » déclara Masatsugu.
« Ou capturé ailleurs. Dans tous les cas, la situation est assez mauvaise, » acquiesça Shiori en accord avec Masatsugu et elle déclara. « Non seulement ils ont perdu une bataille qu’ils avaient lancée, mais ils ont aussi permis à une main-d’œuvre précieuse de tomber entre les mains de l’ennemi... Si seulement nous pouvions les sauver. »
La princesse fronça les sourcils dès qu’elle avait réfléchi à la difficulté d’une mission de sauvetage.
Hatsune, normalement joyeuse, avait aussi l’air déprimée.
Après une certaine contemplation de la situation actuelle, Masatsugu avait lentement exprimé son point de vue.
« Alors, Princesse, nous devons agir immédiatement, » déclara-t-il.
« Eh ? Agir... ? De quoi parlez-vous, Masatsugu-sama ? » lui demanda Shiori.
« Je veux dire sauver ces Chevaliers. Nous devons agir maintenant si nous voulons le faire, » déclara Masatsugu.
Shiori avait été surprise par la suggestion soudaine et Hatsune l’était tout autant.
« Ce type de mission devient de plus en plus difficile avec le temps. Comme nous avons eu la chance d’être sur place, nous devrions faire bon usage de cette opportunité. D’ailleurs, le Roi Lion est parti à la chasse aux troupes restantes, » Masatsugu avait parlé sur un ton indifférent et sans ferveur.
« Alors maintenant, c’est le moment. Il vaut mieux attaquer le fort tutélaire avant son retour, » continua Masatsugu.
« Attaquer !? Allez-vous attaquer le fort tutélaire de Fuji !? » s’écria Shiori.
« Franchement ! Avec juste nous deux, Onii-sama et moi !? » s’écria Hatsune.
Hatsune interjeta lors qu’elle était en état de choc.
Masatsugu hocha la tête, « Exactement. »
« C’est absolument fou. Même sans ce Richard, il y aura d’autres Chevaliers. D’ailleurs, ce n’est pas Suruga, Onii-sama, donc tu ne pourras pas convoquer beaucoup de Légionnaires, n’est-ce pas ? » lui demanda Hatsune.
« Pour l’instant, je pense que je ne peux pas utiliser plus de vingt-quatre ou cinq Kanesadas, » déclara Masatsugu.
Il y avait une diminution drastique du nombre de Légionnaires que l’on pouvait utiliser en dehors de leur zone de forteresse.
La Force de Chevalier était ainsi réduite d’environ 90 %. Ainsi...
☆☆☆
Le trio était entré dans la ville de Fuji quittant le bord de la rivière pour ce faire.
Leur cible, le fort tutélaire de Fuji était situé dans la banlieue, c’est-à-dire les terres marécageuses éloignées à l’est de la ville. Comme celui de Suruga, le fort tutélaire de Fuji avait été construit sur un terrain militaire loin des zones urbaines.
Au lieu d’y aller directement, le trio s’était d’abord rendu à Tagonoura, le port face à la Baie de Suruga.
« Hatsune, avant l’opération, j’ai besoin de faire quelques confirmations finales avec Masatsugu-sama, » déclara soudainement Shiori.
Shiori avait parlé dès qu’ils étaient entrés dans un grand parc à côté de l’embarcadère. Le parc comprenait de grandes pelouses, un jardin botanique et toutes sortes d’installations sportives. Pour Masatsugu, un Chevalier dont le fief était la Cité de Suruga, les faubourgs de Fuji étaient vraiment hors de portée.
« Ça ne suffit pas et je n’en ai qu’un ! » s’exclama Hatsune.
« Pas nécessairement. Cette fois, nous n’essayons pas de capturer un château, donc il y a toujours un moyen. Cependant, la grande hypothèse ici est que je compte sur toi pour jouer un rôle clé, » déclara Masatsugu alors qu’il regardait Hatsune.
« Hein ? » déclara la fille perplexe qui venait de devenir hier un Chevalier.
« Pourriez-vous attendre ici un moment ? » demanda Shiori.
« Oui, certainement, » répondit Hatsune.
Hatsune se sentait intriguée par cet ordre inattendu, mais elle l’acceptait facilement.
Elle s’était assise sur un banc à proximité afin de pouvoir savourer le thé vert et la confiture de haricots qu’elle venait d’acheter. « On ne peut pas se battre avec l’estomac vide ! ». C’était ce qu’elle avait dit plus tôt.
Elle s’était rapidement adaptée, n’étant plus surprise par le plan d’attaquer un fort tutélaire.
Cette ouverture d’esprit et sa simplicité pouvaient être considérées comme les points forts de Hatsune.
« La situation semble assez stable dans la Cité de Fuji, » déclara Masatsugu.
« Oui, et nous avons facilement réussi à atteindre ce port, » déclara Shiori.
Masatsugu et la princesse déguisée avaient marché côte à côte dans les profondeurs du parc.
« Une bataille vient d’avoir lieu, mais les gens sont déjà dans la rue, » déclara Masatsugu.
Il était juste après 14 h. Des couples et des familles pouvaient être vus à l’extérieur un peu partout.
Aujourd’hui, c’était dimanche, du moins, selon le calendrier.
Tous les deux s’étaient rendus sur une petite colline surplombant la Baie de Suruga. Il s’était avéré qu’il y avait un banc ici un peu isolé et ils avaient pris place dessus.
« Eh bien, c’est compréhensible. Le champ de bataille n’était pas seulement éloigné des zones urbaines, mais se déroulait aussi dans les montagnes. Les habitants de la ville n’auraient que l’impression que “les Légionnaires quittent le fort tutélaire pour attaquer quelque part”, » déclara Shiori avec un haussement d’épaules.
Cependant, la stabilité n’était pas synonyme de paix. Les bus étaient limités à l’intérieur de la ville de Fuji tandis que les trains étaient arrêtés à Suruga.
« Je pense que cette stabilité est due à la Charte de la chevalerie, » continua Shiori.
« Voulez-vous parler des règles interdisant la cruauté lors de guerre ou de blessé des civils ? » demanda Masatsugu.
« Oui. En surface, la Charte est “un ensemble de règles d’engagement international qui protège les civils”... Mais en vérité, elle “exige aussi des civils qu’ils obéissent à certaines règles”, » déclara Shiori.
« Comment ça ? » demanda Masatsugu.
« Après une bataille, les habitants d’une ville conquise ne sont pas autorisés à s’opposer aux forces d’occupation, ils sont obligés de coopérer au maximum, et ne doivent pas sortir de la ville sans autorisation... La Charte comprend ces règles que les civils doivent respecter pour être admissibles à la protection, » expliqua la princesse.
« ... Je vois, » répondit Masatsugu.
« Je présume que le maire de la Cité de Fuji a dû être forcé à signer un engagement écrit au nom de tous les résidents à “obéir à la Charte” dès le début de l’occupation, » continua Shiori.
En chemin, ils avaient été témoins de nombreuses unités d’infanterie de l’Alliance pour la Restauration.
L’infanterie patrouillait la ville en état d’alerte. Cependant, pour éviter de provoquer des sentiments négatifs auprès des habitants, les soldats chargés de patrouiller étaient tous des Japonais, c’est-à-dire des troupes du Kinai.
De plus, l’infanterie ne montrait aucun signe de brutalité à l’égard des résidents.
Cependant, les soldats vêtus d’uniformes de combat kaki et équipés de fusils automatiques, debout à côté de véhicules blindés, semblaient encore assez intimidants.
« Nous aurons des ennuis si nous restons trop longtemps dans la Cité de Fuji. Tôt ou tard, une certaine situation exigerait que nous montrions des pièces d’identité. Si les militaires découvrent que nous venons de l’extérieur de la ville et que nous n’avons pas d’autorisation de voyage, ils nous arrêteront assurément sur place, alors tout serait perdu, » déclara Shiori.
« Vous avez raison. Alors je ferais mieux de commencer, » déclara Masatsugu.
« O-Oui. Que la fortune soit de votre côté…, » déclara Shiori.
Il était temps de partir et Masatsugu s’était levé du banc. Maintenant que Shiori lui avait donné sa bénédiction quant au fait d’agir, il allait mettre le plan en mouvement.
Pour une raison inconnue, la princesse avait attrapé l’ourlet de la chemise de Masatsugu.
« ... Y a-t-il autre chose ? » lui demanda Masatsugu.
« Masatsugu-sama, considérez l’importance derrière la raison pour laquelle je suis venue vous voir partir seule ! » répondit Shiori en étant légèrement en colère.
« Signification ? » lui demanda Masatsugu.
« O-Oui. En ce moment, il n’y a personne…, » murmura Shiori.
En voyant la princesse lui reprocher sa non-compréhension avec colère tout en regardant timidement vers le bas, Masatsugu avait compris. Il s’était assis sur le banc à côté d’elle.
« Désolé pour ça, » déclara Masatsugu.
« N-Non, commence-t-on ? » lui demanda Shiori.
Il y avait à l’origine un écart entre eux, d’environ un mètre. Lorsque Masatsugu s’était de nouveau assis sur le banc, cet écart avait disparu. Il avait pris sa place juste à côté de Shiori.
Masatsugu regarda le seigneur qu’il servait, la belle princesse.
Shiori le regarda en réponse, montrant de l’inquiétude dans son expression.
« Princesse, » Masatsugu l’appela en premier, essayant de soulager sa tension.
Ils étaient si proches l’un de l’autre que Masatsugu pouvait presque sentir la chaleur corporelle du Shiori. Shiori avait lentement tendu la main droite et caressa la joue de Masatsugu.
« Masatsugu-sama, votre corps est encore si froid…, » déclara Shiori.
La voix de Shiori était très faible, elle ne devait être audible que pour celle qui se trouvait devant elle.
« Comme toujours, c’est comme la glace. N’avez-vous, vous-même pas froid ? » lui demanda Shiori.
« Pas particulièrement. La chaleur de votre sang si précieux, Princesse, est vraiment bien importante, » déclara Masatsugu.
« Alors, absorbez-en autant que vous le pouvez aujourd’hui. Vous êtes bientôt en route pour la prochaine bataille et vous aurez besoin de plus de fluide ectoplasmique…, » déclara Shiori.
Masatsugu Tachibana était un Ressuscité amnésique et incapable de reconstituer seul le fluide ectoplasmique.
Cependant, il avait la capacité de voler le fluide ectoplasmique des autres. C’était le Fait d’Armes de Masatsugu — une capacité spéciale pouvait réaliser des miracles impossibles.
Et c’est alors qu’il enlaça la princesse avec audace, en enterrant son visage contre le cou de la Princesse.
« Masatsugu-sama…, » murmura Shiori.
Shiori tenait Masatsugu fermement, se donnant à lui.
À travers leurs vêtements, Masatsugu pouvait sentir la chaleur de la peau tendre du Shiori ainsi que les courbes ondulantes d’une silhouette féminine.
Ce type de contact intime appartenait aux couples, mais ils ne s’arrêtaient pas là.
Avec son visage contre le cou de la princesse, Masatsugu embrassa sa peau pâle, absorbant le pouvoir mystique et le précurseur du fluide ectoplasmique présent dans le sang qui coulait en elle, hérités de la Bête Sacrée, le Seigneur Tenryuu.
« Ah... Hmmm…, » la princesse gémissait à la suite de ce contact.
La force vitale absorbée avait fusionné dans le corps de Masatsugu, ne faisant plus qu’un avec lui.
Sentant vaguement ce phénomène, Shiori avait gémi dans l’extase, incapable de réfréner sa voix. « Hmm... Uuuunn. Ahhhhh — ! »
La voix de Shiori s’était faite plus fort et tout son corps s’était réchauffé alors qu’elle avait rougi. Malgré cela, la dame de Masatsugu avait quand même rassemblé la force pour lui parler, « M-Masatsugu-sama. Plus fort... c’est aussi très bien, vous savez ? »
« Non, votre corps ne pourra pas le supporter, Princesse, » déclara Masatsugu.
Ayant obtenu une certaine puissance, Masatsugu avait cessé d’embrasser le cou de Shiori.
« Il y a encore beaucoup de choses dont vous devrez vous occuper plus tard, Princesse, » déclara Masatsugu.
« J-Je suppose que vous avez raison, » répondit Shiori.
Shiori était essoufflée après ça. De plus, elle avait fait la moue un peu déçue que cela ait cessée.
Cependant, elle secoua la tête et n’insista pas, se contentant de dire : « En effet, vous avez raison. Je dois encore aider Hatsune et je ne dois pas épuiser mon énergie ici. »
« J’espérais que vous pourriez rester en dehors de la ville et attendre mon retour, » déclara Masatsugu.
Cette opération avait été motivée par une évolution inattendue.
Le retour de la princesse à Suruga aurait dû être la priorité, alors Masatsugu voulait qu’elle reste dans un endroit sûr.
Cependant, Shiori déclara avec nonchalance, « Non, Masatsugu-sama, votre plan a sans doute besoin de l’aide de Hatsune, mais elle vient juste de commencer à maîtriser le pouvoir d’un Chevalier. Sans mon aide, le plan ne réussira pas. »
« ... »
« J’ai déjà mentionné que je suis ravie de pouvoir utiliser mes capacités, » continua Shiori.
Shiori avait analysé en détail les raisons pour lesquelles elle s’exposait à de tels risques.
Naturellement, son garde du corps Masatsugu n’était pas tout à fait d’accord avec elle. Pourtant, il l’avait quand même accepté. En tant que Ressuscité, il était là précisément pour réaliser les ambitions de Shiori Fujinomiya.
Si la princesse était prête à risquer sa vie, la surprotection ne ferait que mettre la charrue avant les bœufs.
À n’importe quelle époque, il fallait payer un prix pour réaliser l’ambition.
... Après avoir compris les sentiments de Shiori, Masatsugu Tachibana avait quitté le parc.
Alors qu’il s’était promené seul jusqu’à l’embarcadère, il trouva rapidement une cible appropriée.
Il s’agissait d’une unité d’infanteries en patrouille avec un véhicule blindé britannique.
Masatsugu s’était approché d’eux. Le plan était d’augmenter l’agitation, il fallait faire le plus de bruit possible.
Il avait récité le nom d’Izumi-no-Kami Kanesada dans son esprit. C’était l’Appellation de l’épée personnelle maniée par Hijikata Toshizō. Une épée japonaise dans son fourreau s’était soudain manifestée dans sa main gauche.
Les successeurs avaient pu convoquer et rejeter à volonté des manifestations physiques des Appellations.
Les quelque dix soldats britanniques fixèrent du regard le lycéen qui s’approchait d’eux en tenant une épée gainée dans sa main gauche.
« Désolé, » leur déclara Masatsugu, « Je vais vous envoyer par la poste, les gars de l’Alliance pour la Restauration. J’abattrai sans pitié quiconque osera m’arrêter. Appelez vos amis pour de l’aide si vous n’avez pas peur de mourir. »
Masatsugu avait lentement libéré ses noesis.
Instantanément, les troupes d’élite de Masatsugu Tachibana, les « Kamuys rouge pourpre » s’étaient matérialisés.
Il avait ainsi un total de trente Kanesadas. L’opération d’invasion du fort tutélaire de Fuji et de sauvetage des Chevaliers capturés commençait enfin officiellement...
***
Partie 4
Les Chevaliers étaient capables de manifester des armées de Légionnaires avec des corps tangibles à partir de leur propre noesis.
En utilisant cette capacité, les Chevaliers pourraient infiltrer des villes ennemies ou des installations importantes à eux seuls avant de convoquer les Légionnaires afin de causer des destructions malveillantes...
Le fait de mener une guerre d’une manière aussi déshonorante était possible.
Cependant, presque personne ne l’avait mis en pratique. Tout d’abord, cela violerait la Charte de la Chevalerie. Et c’était aussi plutôt inefficace.
Lorsqu’il est loin de la forteresse où le pacte tutélaire a été établi, un Chevalier n’était pas en mesure de convoquer tous leurs Légionnaires.
Tous les Chevaliers avaient porté une attention particulière à cette règle lors des combats.
Leur Force de Chevalier n’était qu’à 10 % de sa valeur maximale lorsqu’ils utilisaient les Légionnaires n’importe où en dehors de leur forteresse.
De plus, les différentes superpuissances avaient toutes placé des forts tutélaires près des villes importantes pour prévenir les attaques terroristes. Par conséquent, la destruction par infiltration était très inefficace.
(Un autre facteur était que les Chevaliers appartenaient à la classe privilégiée et ne pouvaient pas être gaspillés en missions suicidaires.)
Mais cette fois, Masatsugu avait délibérément convoqué des Légionnaires dans une zone urbaine — près d’un port.
La Force de Chevalier actuelle de Masatsugu était de 302. Shiori avait partagé un peu de liquide ectoplasmique avec lui tous les jours, et c’était bien plus que ce qu’elle lui avait donné avant sa première bataille, lui permettant finalement d’accumuler des réserves jusqu’à ce niveau.
Malheureusement, convoquer des Légionnaires en dehors de Suruga avait réduit leur nombre à 10 % — .
Il s’agissait donc de la trentaine de Légionnaires que Masatsugu avait convoqués au port de la Cité de Fuji.
« Restez en attente où vous êtes et ne faites rien, » ordonna calmement Masatsugu aux Kanesadas sous son commandement.
Il ne les avait pas fait voler. Les Légionnaires rouge pourpre s’étaient placés dans une formation circulaire au sol avec leurs fusils à baïonnette dirigés vers l’extérieur.
Il n’y avait qu’un seul Kanesada à l’intérieur du cercle et Masatsugu se tenait sur son épaule.
« Une agitation semble commencer à se produire, » murmura Masatsugu.
Les Légionnaires mesuraient environ huit mètres de haut. Se tenir debout sur l’épaule équivaudrait à un balcon du troisième étage d’un immeuble d’appartements, lui offrant une vue sur l’ensemble du paysage portuaire.
Voyant l’apparition soudaine de soldats géants ailés, les civils avaient fui pour sauver leur vie.
Les gens restaient à l’intérieur autant que possible pendant la guerre, mais il y avait encore des foules dans les installations portuaires, les magasins, les usines et les maisons.
Des dizaines de haut-parleurs dans la ville avaient sonné l’alarme.
Les soldats avaient également fui. L’unité de patrouille composée de soldats d’infanterie que Masatsugu avait provoquée plus tôt avait disparu. Et à la place...
« Ils sont là, hein ? » murmura Masatsugu.
Le fort tutélaire de Fuji avait envoyé quatre-vingt-quatre Croisés.
Les Croisés volaient lentement, s’approchant du ciel en venant de l’ouest. Le fort tutélaire se trouvait à l’ouest du port, à environ un arrêt de train de là.
Cependant, ces quatre-vingt-quatre Croisés n’avaient pas immédiatement attaqué les Kanesadas.
Leur commandant savait qu’une bataille urbaine avec des témoins oculaires risquerait d’enfreindre la règle de « destruction intentionnelle d’installations civiles » de la Charte de la Chevalerie. Il serait très difficile de traiter les actes d’accusation après coup.
L’ennemi avait formé une formation sphérique dans les airs, observant les Kanesadas à la recherche de mouvements.
Quatre-vingt-quatre contre trente, c’était vraiment une grande disparité dans les chiffres.
Masatsugu regarda calmement le fort tutélaire — L’ennemi vraiment gênant était là.
Ils étaient séparés par quatre ou cinq kilomètres. Masatsugu pouvait clairement voir le vortex de noesis et le globe oculaire dans le ciel.
Le globe oculaire était énorme, son diamètre dépassait les soixante mètres.
Il s’agissait de l’ombre de l’ifrit Morgane la Fée, ou plutôt, son avatar. Il avait été dit que Morgane était une déesse de la mort du folklore britannique.
Le globe oculaire de la déesse, réputée pour être la mort elle-même, fixait intensément l’armée de Masatsugu.
Cela devait permettre de prendre des mesures offensives ou défensives à tout moment si nécessaire.
Cependant, le globe oculaire n’avait pas fait un geste aussi loin, afin d’éviter de gaspiller la noesis et du pouvoir mystique. L’ifrit de la Grande-Bretagne semblait être un guerrier aguerri.
Ce que Masatsugu espérait, c’était précisément cette confiance et ce calme.
« Excellent, » murmura Masatsugu.
Le Chevalier britannique et l’ifrit attendaient tous les deux qu’il fasse un geste.
Masatsugu ne devait donc pas agir à la légère. Sa prochaine étape était de laisser les choses à Hatsune et de voir si elle pouvait saisir cette opportunité pour compléter la mission.
☆☆☆
« Êtes-vous mentalement préparé, Hatsune ? » lui demanda Shiori.
« B-Bien sûr, Princesse ! » déclara Hatsune.
La princesse Shiori avait appelé Hatsune, qui s’était redressé le dos.
Toutes les deux se trouvaient dans un parc au port de Dagonoura qui offrait une vue sur les vastes eaux de la Baie de Suruga et une vue de près du mont Fuji.
Ce paysage était magnifique, mais Hatsune n’était pas d’humeur à en profiter.
Son parent, Masatsugu Tachibana, était parti il y a trente minutes. Selon le plan, il était temps pour Tachibana Hatsune d’entrer sur le champ de bataille pour la première fois. Cependant, il y avait tellement de facteurs incertains.
« Mais les Légionnaires que je peux convoquer sont trop peu nombreux, je peux en faire qu’un seul. Ce n’est pas très rassurant..., » murmura Hatsune.
Actuellement, la Force de Chevalier d’Hatsune n’était qu’à un.
Une fois qu’elle serait devenue plus expérimentée, le nombre de Légionnaires augmenterait, ce qui permettrait de connaître sa Force de Chevalier. Il était vrai que sa puissance de combat n’était pas très fiable au stade actuel.
Cependant, Shiori lui avait dit. « Ne vous inquiétez pas à propos de ça, en vérité, cela convient mieux à votre mission. Un seul individu rendrait plus difficile le fait d’être découvert. »
Dans son rôle de stratège, Shiori était très confiante, contrastant avec l’insécurité de Hatsune.
Hatsune ne savait pas si elle essayait de l’encourager, ou si elle était confiante quant à ta victoire. Peut-être les deux.
« Je vous aiderai autant que possible, alors faite ce que vous pouvez, » déclara Shiori.
« Oui... Oh oui, Rikka-sama sera en colère plus tard, n’est-ce pas ? Après tout, Princesse, vous vous mettez en danger, » déclara Hatsune.
« On ne peut rien y faire. Nous devrons simplement nous excuser quand les réprimandes viendront, » déclara Shiori.
« Compris, je supporterai les réprimandes à vos côtés ! » déclara Hatsune.
« Trouvons un peu de boue sur Rikka-sama une autre fois. Ainsi, on peut riposter quand elle nous harcelle trop, » déclara Shiori.
Parfois, Hatsune ressentait le besoin de mettre de côté les manières de ruffian et plus grandes que nature de son clan pour avertir correctement sa dame, « Princesse, vous devriez agir plus comme une véritable princesse. »
Dans tous les cas, l’heure de l’opération était arrivée au cours de leur conversation.
« Hatsune, allez-y. Masatsugu-sama a convoqué les Kanesadas ! » déclara Shiori.
Shiori avait pointé du doigt le ciel — à l’ouest du fort tutélaire de Fuji.
L’armée britannique de quelque quatre-vingts Croisés volait vers le port de Dagonoura. Ils avançaient lentement à environ cinquante ou soixante kilomètres à l’heure parce que le vol à grande vitesse consommerait beaucoup de liquide ectoplasmique.
Il y avait aussi un œil gigantesque dans le ciel au-dessus du fort tutélaire.
Cet œil, un avatar de l’ifrit Morgane la Fée, avait libéré une puissante noesis. Son regard était dirigé vers un certain coin du port.
Masatsugu avait manifestement mis le plan en marche. Hatsune avait rugi, « Sur mon Appellation de Kurou Hougan Yoshitsune — rassemblez-vous, mes Légionnaires ! »
Un Légionnaire, de couleur rouge et blanc, s’était manifesté.
Son apparence était essentiellement la même que celle du Kamuy, à l’exception d’une armure rouge foncé et d’un vêtement blanc sur le dessus. Le haut du casque était allongé comme un eboshi, un type de couvre-chef porté par les nobles de la cour dans le passé.
Comme le Kanesada, le Légionnaire de Hatsune, « Kurou Hougan », était une variante du Kamuy.
« Emmenez-moi et la princesse et allons au fort tutélaire. Fais-le d’un seul coup, Kurou ! » ordonna Hatsune.
Le soldat portant le nom de Kurou Yoshitsune avait rapidement réagi.
Tenant son fusil, à la main le Légionnaire s’était penché vers le bas et avait pris les deux filles dans ses énormes mains — .
Puis il avait volé lentement vers le haut, accélérant après ça instantanément à une centaine de kilomètres à l’heure.
Le Kurou Hougan avait continué d’accélérer, se dirigeant directement vers le fort tutélaire de Fuji.
Cependant, il volait à très basse altitude, ses pieds touchent presque les toits des bâtiments à deux étages.
Contrainte de garder un profil bas, Hatsune ne pouvait pas aller plus haut. Masatsugu avait convoqué des Légionnaires dans la ville afin de faire diversion.
Il attirait l’attention des Chevaliers ennemis et de Morgane la Fée.
Cela devait retarder le plus longtemps possible le fort tutélaire de Fuji avant qu’ils ne remarquent l’approche de Kurou Hougan. Sinon, l’ennemi déploierait une barrière de noesis dans une telle situation.
Une fois qu’une barrière aura été érigée autour du fort tutélaire, il serait très difficile d’y entrer.
Le parc du port n’était qu’à quelques kilomètres du fort tutélaire. À leur vitesse actuelle, cela prendrait moins de cinq minutes.
Cependant, alors qu’il ne restait plus que quelques centaines de mètres...
Le globe oculaire de Morgane la Fée pivota soudainement avant d’apercevoir le Kurou Hougan qui s’approchait. Puis une voix chantante, ressemblant à un chœur solennel, résonna dans tout le ciel.
Ahhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh...
De concert avec le chant, une noesis à haute densité avait fusionné dans l’atmosphère.
Une barrière de noesis s’était progressivement formée pour couvrir le fort tutélaire de Fuji. En remarquant ces signes, Hatsune s’était empressée de crier. « Kurou Hougan ! Mon pouvoir — je partagerai mon sang avec vous, alors volez encore plus vite ! »
Instantanément, Hatsune avait failli s’évanouir.
Les symptômes ressemblaient à de l’anémie et étaient dus à l’épuisement rapide par Hatsune du liquide ectoplasmique qu’elle avait stocké en allant dans le sanctuaire d’eau. Après ça, le Kurou Hougan accéléra avec une puissance énorme.
« Kyahhhhhhhhhhhhhhhhhh ! »
« Arghhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh. » Hatsune avait crié comme si elle faisait des montagnes russes.
Shiori gémissait de douleur à cause des forces g massives qu’elle subissait. Sans la barrière protectrice qui protégeait le corps d’un Légionnaire, les os des passagers se seraient probablement brisés.
Dans tous les cas, pendant la fraction de seconde avant que la barrière de noesis ne puisse être complètement déployée...
Le Kurou Hougan se précipita instantanément au sein du fort tutélaire.
« Est-ce que cela va, Princesse !? » demanda Hatsune.
« Ne vous inquiétez pas. Dépêchons-nous et commençons, » déclara Shiori.
La disposition du fort tutélaire de Fuji était similaire à celle de Suruga.
Ses locaux couvraient une superficie d’environ cinq ou six dômes de Tokyo, entourés de murs périmétriques en forme d’étoile.
Il y avait un donjon protecteur de quarante mètres de haut au centre, avec des bâtiments et des entrepôts dispersés ailleurs. Directement au-dessus du donjon protecteur de la nation se trouvait un globe oculaire géant.
À l’intérieur du fort, le Kurou Hougan posa Shiori et Hatsune sur le sol.
« Quand les Chevaliers sont capturés, leurs Appellations sont d’abord scellées, » déclara Shiori, essayant de son mieux de retenir ses nausées.
Hatsune s’était précipitée afin de stabiliser sa dame.
« Il est donc nécessaire de faire appel à une grande équipe d’agents noétique pour retirer le mécanisme de scellage. Les chevaliers et les Appellations libèrent des ondes noétiques... Si nous nous dirigeons vers une forte source d’ondes noétiques, il est fort probable que nous trouverons les captifs, » déclara Shiori.
Au milieu de la conversation, la respiration de Shiori était revenue à la normale et son ton avait retrouvé son courage habituel.
« Cependant, nous ne devons pas rester trop longtemps dans la base ennemie. Que la recherche réussisse ou échoue, nous devons battre en retraite dans les dix minutes ! Utilisez les talismans le moment venu, » ordonna Shiori.
« Ne vous inquiétez pas, je me suis souvenue de les apporter ! » déclara Hatsune.
Hatsune avait sorti des morceaux de papier épais de format A3 pliés de l’avant de son kimono.
Il s’agissait de deux talismans de bêtes de rétention. Comme ils ne devaient pas être perdus, Hatsune les avait immédiatement remis là ou ils étaient avant. Après avoir vu les talismans, le corps de Shiori brillait d’or.
En même temps, il y avait des sonneries aiguës qui retentissaient.
On disait que c’était un phénomène lors de la projection de fortes ondes néoétatiques. Hatsune regarda avec étonnement et avec des yeux grands ouverts.
« ... Il y a quelque chose de louche dans le bâtiment à l’arrière. Allons de l’avant, » déclara Shiori.
« Merci beaucoup — Kurou ! » déclara Hatsune.
Sur l’ordre de Hatsune, le Légionnaire rouge et blanc les souleva jusqu’à ses épaules.
Shiori était à gauche alors que Hatsune était à droite. Le Kurou Hougan sauta gracieusement, franchissant une distance de deux cents mètres et atterrissant devant le bâtiment indiqué par la princesse sans provoquer de tremblements.
Le légionnaire massif de Kurou Hougan avait atterri silencieusement.
De tels mouvements légers étaient semblables à ceux démontrés par le jeune Yoshitsune dans le rêve de Hatsune. Malgré le poids de dizaines de tonnes, le Légionnaire était aussi agile qu’un chat.
Tout en se sentant impressionnée, Hatsune n’avait pas négligé de donner des ordres. « Ouvrez un trou dans le mur pour nous permettre de regarder à l’intérieur. On doit confirmer qui est là-dedans ! »
Il y avait un immeuble de sept étages de couleur noire devant eux.
Ce style d’architecture se retrouvait dans les immeubles de bureaux à la mode du centre-ville. Cependant, il s’agissait d’un fort tutélaire et tous les bâtiments étaient des installations militaires. Ainsi, on pourrait les endommager sans se retenir le moindrement.
Le Kurou Hougan avait donné un coup de poing à droite, perforant le mur extérieur du deuxième étage.
Face à la force d’un bras de Légionnaire, le béton armé d’acier n’était pas différent d’une porte en papier. Le Kurou Hougan avait retiré son poing, laissant un trou géant dans le côté du bâtiment, qui offrait une vue sur le mobilier de bureau se trouvant à l’intérieur.
De la même manière, le Kurou Hougan avait ouvert des trous supplémentaires dans le bâtiment.
Dans le quatrième trou, ils avaient trouvé plusieurs hommes portant des uniformes militaires du Japon Impérial.
***
Partie 5
En attendant, au port de Dagonoura...
Les trente Kanesadas de Masatsugu avaient continué à faire face aux quelque quatre-vingts Croisés.
L’armée de Kanesadas avait continué à maintenir un cercle avec leurs fusils orientés vers l’extérieur.
En revanche, les Croisés étaient en diagonale au-dessus d’eux, surplombant le cercle.
Ils étaient en formation en ligne à des dizaines de mètres en l’air avec des fusils visant les Kanesadas se trouvant au sol.
« Ils n’osent pas attaquer imprudemment, hein... ? Quelle grande aide ! » murmura Masatsugu à lui-même. La prudence de l’ennemi était en sa faveur.
Les Croisés dans les airs étaient en ligne. Derrière eux, sur une wyverne blanche, il y avait un chevalier britannique. Il s’agissait d’un homme dans la fleur de l’âge.
L’homme avait placé sa wyverne entourée par des Légionnaires britanniques pendant qu’il observait les Légionnaires japonais pour voir quels seraient leurs prochains mouvements.
C’était vraisemblablement parce que Masatsugu n’avait pas ordonné à ses Légionnaires d’attaquer qu’il agissait ainsi. Depuis le début, Masatsugu s’était simplement engagé dans une profonde manifestation silencieuse de sa présence.
Se battre dans des zones urbaines peuplées serait en fin de compte contraire à la Charte de la Chevalerie. Par conséquent, l’armée britannique n’avait pas osé tirer en premier. Ils ne voulaient pas violer activement les règles et semer les graines de problèmes, ils ne devraient pas commencer à agir.
Le résultat avait été l’immobilisme des deux côtés pendant près de dix minutes.
Si aucune impasse ne se produisait, le plan original de Masatsugu était de tenir le terrain défensivement afin de faire gagner une dizaine de minutes de temps aux deux autres. Bien sûr, le fait d’éviter les combats inutiles serait plus que bienvenue.
Alors que Masatsugu remerciait sa bonne fortune, l’« œil » dans le ciel au-dessus du fort tutélaire émettait des ondes noétiques et chantait.
« Ahhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh… »
Une barrière de noesis s’était actuellement formée, entourant l’ensemble du fort tutélaire. Est-ce que Hatsune et la princesse sont entrées dans le fort et ont réussi à trouver les otages ?
« Quel que soit le résultat, il y a après ça une lutte pour la survie, » dès qu’il avait dit cela, Masatsugu avait entendu un bruit fort.
« Ohhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhnnnnnnn ! »
Cela venait du fort tutélaire de Fuji et c’était vraisemblablement un rugissement.
Le son avait atteint la zone urbaine près du port en venant des zones rurales entre-deux. Un Légionnaire hurlait en utilisant sa bouche derrière le masque. Il s’agissait de quelque chose appelé un Cri de Guerre.
Ces chants et cris venaient d’un soldat géant ailé qui n’était pas humain.
— Lorsque vous vous retirez du fort tutélaire, utilisez la voix de Kurou Hougan comme signal.
Masatsugu avait donné cette instruction à Hatsune avant de déclencher le plan. Quand Masatsugu avait entendu le signal convenu, il avait calmement déclaré. « Que tous mes hommes dégainent leurs épées. Préparez-vous à charger. »
Les trente Kanesadas avaient immédiatement réagi à son ordre.
Leurs fusils à baïonnette — des fusils munis de lames — s’étaient instantanément transformés en épées japonaises. Et il s’agissait d’une épée fabuleuse renommée, Izumi-no-Kami Kanesada, la lame personnelle de Hijikata Toshizō.
Les trente Kanesadas avaient alors émis des particules de barrière protectrice provenant de l’intégralité de leur corps.
Les particules de la barrière brillaient généralement en blanc, mais les Kanesadas étaient rouge-violet, de la même couleur que leur armure. De plus, les Kanesadas exsudaient plus qu’une simple lueur lorsqu’ils avaient leur barrière protectrice activée à pleine puissance.
Tous les Kanesadas dégageaient une effrayante soif de sang, déterminés à franchir tous les obstacles se trouvant sur leur chemin.
Cette aura terrifiante appartenait sans aucun doute au « Sans Merci », le Vice-Commandant Shinsengumi.
« À l’attaque ! » cria Masatsugu.
Masatsugu ordonna à son armée et les Kanesadas entrèrent dans la position de la mer plate.
Les quatre-vingts quelques Croisés en alerte dans le ciel avaient également déployé une barrière protectrice et avaient tiré par réflexion avec leurs armes. Ils avaient probablement été intimidés par la soif de sang et l’aura terrifiante provenant de l’armée au katana.
Naturellement, les Croisés visaient les trente Kanesadas dans une formation circulaire posée au sol.
Alors que les fusils avaient tiré des projectiles capables de vaporiser l’asphalte...
L’armée de Masatsugu avait fait un coup de pied au sol et avait pris la fuite. Au lieu de se précipiter sur l’armée des Croisées se trouvant devant eux, ils firent un détour autour de l’ennemi et continuèrent à accélérer férocement.
Il s’était avéré que l’armée Kanesada volait à grande vitesse vers le fort tutélaire de Fuji !
Une pluie de projectiles de lumière avait frappé l’ancien emplacement des trente Kanesadas où ils se trouvaient deux secondes avant ça.
Ayant déjà fait feu, les Croisés n’avaient pas pu suivre le mouvement des Kanesadas à temps avec leur arme. Masatsugu avait exécuté une feinte en utilisant précisément la soif de sang afin d’en profiter.
La jetée du port se trouvait à moins de cinq kilomètres du fort tutélaire de Fuji.
Les Kanesadas avaient alors survolé la ville, quittant les quartiers résidentiels. Il n’avait fallu qu’une dizaine de secondes pour atteindre le magnifique paysage naturel des zones marécageuses.
La barrière protectrice autour des Légionnaires protégeait Masatsugu des effets de la vitesse et des forces g.
« Ignorez la foudre. Allez tout droit, » ordonna Masatsugu.
Le long du chemin, les Kanesadas avaient rencontré des éclairs descendants. Il s’agissait d’un décret météorologique invoqué par l’ifrit Morgane la Fée.
Heureusement, les trente Kanesadas étaient dans une formation sphérique bien tassée ainsi leurs barrières de protection seraient parfaitement capable de résister à plusieurs secondes d’éclairs continus.
Les murs en forme d’étoile du fort tutélaire étaient apparus dans leur champ de vision.
Cependant, un bouclier non physique — la barrière de noesis — bloquait le chemin. À moins que la barrière ne soit enlevée, il n’y avait aucun moyen d’aller à l’intérieur du fort tutélaire.
« Prochaine tâche — pénétrez ! » du haut de l’un des Kanesadas se trouvant au centre de la formation sphérique, Masatsugu avait donné des ordres à toute l’armée.
C’était un « mot mortel » ou plutôt, il avait annoncé une mort certaine. Tout d’abord, quatre Kanesadas avaient accéléré et quitté la formation sphérique pour entrer en collision avec une partie de la barrière de noesis.
Les quatre Kanesadas avaient formé une rangée en étendant leurs katanas des deux mains.
Quatre katanas avaient ainsi poignardé la barrière de noesis. Les vingt-cinq Kanesadas restants s’étaient précipités avec un élan à pleine puissance derrière les quatre premiers et avaient poussé leur dos à l’unisson. Seul le Kanesada portant Masatsugu n’avait pas agi de la sorte.
Cette attaque avait ouvert une série de quatre trous dans la barrière de noesis.
Les trous de taille similaire avaient alors grandi, devenant finalement un énorme trou. Les vingt-neuf Légionnaires sous les ordres de Masatsugu se précipitèrent alors dans le fort tutélaire.
L’offensive des katanas des Kanesadas avait même réussi à franchir une petite zone de la barrière de noesis imprenable — .
Il s’agissait de la puissance de la célèbre lame Izumi-no-Kami, le Fait d’armes de Kanesada — Gankouken. Son effet avait été de doter les Légionnaires de l’arme de Hijikata Toshizō et de leur avoir donné des tactiques d’infanterie permettant de massacrer leurs ennemis avec une épée.
Un Légionnaire de type kamuy s’envola vers l’armée Kanesada qui avait créé l’énorme surprise.
« Onii-sama, tu es vraiment venu ! » déclara Hatsune.
Ce Kamuy possédait une armure rouge avec un vêtement blanc sur le dessus — un Légionnaire Kurou Hougan.
Hatsune était assise sur son épaule droite. Une épaule n’était pas un endroit particulièrement stable, mais les Chevaliers et les Légionnaires étaient liés par un pouvoir mystique, de sorte que les cas de chutes de Chevaliers étaient extrêmement rares.
Hatsune avait l’air calme et confiante, s’habituant de toute évidence aux pouvoirs d’un Chevalier.
Deux wyvernes bleues étaient arrivées en volant depuis derrière elle. Shiori avait dit à Hatsune d’apporter des talismans de bêtes de rétention, donc les wyvernes avaient dû se manifester à partir d’eux.
Shiori montait sur l’une des wyvernes qui possédaient une selle afin de pouvoir s’asseoir dessus.
La seconde wyverne transportait trois Japonais vêtus d’uniformes d’officiers militaires. Ils avaient tous l’air sombres et apathiques, mais heureusement, leur vie n’était pas en danger.
Ainsi, la « princesse et ses chevaliers » avaient convergé avec succès, sortant de la barrière de la noesis.
« Princesse, est-ce que cela va ? » demanda Masatsugu.
« Oui, il n’y a pas de quoi s’inquiéter. Merci pour vos efforts, Masatsugu-sama, » répondit Shiori.
« Et ces trois-là ? » demanda Masatsugu.
Masatsugu regarda les trois Chevaliers qui étaient presque devenus des otages.
Il s’agissait de jeunes hommes âgés de vingt à trente ans. Leurs noms étaient respectivement Habuna, Maike et Tabi. Les trois Chevaliers avaient remercié humblement Masatsugu. Malheureusement, leurs Appellations avaient été scellées et elles devaient être descellées à Suruga avant de pouvoir convoquer à nouveau des Kamuys.
Alors qu’il était avant ça sur l’épaule de son Légionnaire, Masatsugu sauta derrière la princesse, sur la wyverne qu’elle montait.
Les deux s’étaient ainsi assis sur une selle pour monter la même wyverne. Il faisait ça afin d’aider Shiori qui n’était pas une cavalière habile. Et juste au moment où ils étaient sur le point de s’échapper — .
« Onii-sama, là-bas ! » déclara Hatsune.
Masatsugu avait l’air de comprendre ce qui se passait alors qu’il avait la tête tournée vers le port.
Les quelque quatre-vingts Croisés qu’il avait laissés derrière lui s’approchaient peu à peu de là. Leur vitesse de déplacement n’était pas élevée et ils avaient déjà pointé leurs fusils sur le groupe de Masatsugu. Alors qu’il se demandait comment s’échapper.
Hatsune se mit à parler depuis l’épaule du Kurou Hougan. « Attends, laisse-moi le reste ! »
« Qu’est-ce que tu as dit ? » lui demanda Masatsugu.
« Je le sens — que l’appellation Yoshitsune dit qu’il a un bon plan, » déclara Hatsune.
Hatsune n’était pas encore une Chevalière à part entière, mais ses capacités se développaient. Sentant qu’elle avait une idée, Masatsugu hocha la tête et dit : « J’ai compris. Vas-y et essaye donc. »
« Ouais, je m’en occupe ! » Hatsune répondit énergiquement puis elle baissa lentement sa voix. « ... Lorsque vous pénétrez en territoire ennemi, connaissez les endroits à éviter et identifiez les lignes de retraite mal gardées pour assurer une certaine évasion. Chargez l’ennemi, brisez leur formation, ne faites pas de prisonniers. Voici mon Fait d’Armes — Kotouhisshutsu ! »
Comme Masatsugu l’avait prédit, Hatsune allait invoquer un Fait d’Armes.
Après avoir récité un mantra qui ressemblait aux principes d’un classique militaire, Hatsune avait dit haut et fort : « Onii-sama, suis-moi ! »
Le Kurou Hougan avait libéré une puissante noesis et s’était envolé vers l’ouest.
Devant eux se trouvaient les quelque quatre-vingts Croisés auxquelles Masatsugu s’était confronté sur la jetée. Malgré cela, Masatsugu avait fait ce qu’on lui avait dit et avait ordonné à ses Légionnaires de suivre.
Les trente Kanesadas avaient rattrapé le Kurou Hougan qui avait commencé à bouger en premier.
... Immédiatement, la vision devant leurs yeux avait radicalement changé.
Spontanément, leur armée était arrivée dans le ciel au-dessus de la rivière Fuji. Il s’agissait de la rivière qu’ils avaient atteinte il y a quelques heures, en voyageant avec les loups de Mibu pour traverser les montagnes.
« Quoi ? » s’exclama Hatsune.
La rivière Fuji n’était pas traversée ici par une énorme quantité d’eau. Ses bancs de sable graveleux et ses rivages étaient très visibles.
Le fort tutélaire se trouvait à une dizaine de kilomètres de la rivière Fuji. D’une manière incroyable, leur armée avait instantanément parcouru cette distance. De plus, Masatsugu et les autres n’avaient pas ressenti de sensation de « vol à grande vitesse ».
En suivant le Kurou Hougan, ils étaient arrivés ici « comme ça ».
Il n’y avait aucune sensation de vitesse ou de force g. L’armée Kanesada n’avait pas non plus consommé de liquide ectoplasmique.
« Il semble que le Fait d’Armes de Kurou Hougan Yoshitsune…, » déclara Shiori avec une surprise bien visible sur son visage.
Pendant le processus, les Kanesadas et les wyvernes avaient continué à voler vers l’ouest — en d’autres termes, vers Suruga. Ils avaient traversé la rivière Fuji et étaient arrivés dans le ciel au-dessus des forêts des hautes terres du mont Oomaru, du mont Kanamaru, du mont Amagoi et du mont Arashi.
« ... Peut réaliser un mouvement instantané tant que la distance n’est pas trop grande — Un type de capacité de téléportation. Peut-être s’agit-il d’une reconstitution des légendes de l’assaut surprise de Hyodori-goe et du saut des huit navires, » déclara Shiori.
« P-P-P-P-P-P Probablement, Princesse…, » de toutes les personnes présentes, seule Hatsune était essoufflée.
Elle avait l’air d’avoir terminé une compétition de sprint. Ce Fait d’Armes avait évidemment coûté très cher au Chevalier se trouvant à la tête de l’armée.
Hatsune était si fatiguée que ses yeux tournoyaient. Masatsugu avait ordonné aux Kanesadas de s’arrêter en plein vol.
Les wyvernes qui le portaient, Shiori et les trois Chevaliers s’étaient également arrêtés. Les wyvernes battaient des ailes, flottant en un seul endroit dans les airs.
Pendant ce temps, Hatsune, épuisée, déclara fièrement : « D-Dans tous les cas, maintenant que nous sommes là, il ne nous reste plus qu’à partir aussi vite que possible ! Notre opération a été un succès ! »
« ... Non, il est encore trop tôt pour le dire, » déclara Masatsugu.
Masatsugu avait observé la ville de Fuji qu’ils venaient de traverser en utilisant la téléportation.
Dans les airs, au-dessus du fort tutélaire, le gigantesque avatar oculaire de Morgane la Fée était resté visible. Son regard était dirigé directement sur Masatsugu et compagnie.
L’instinct aiguisé d’un Chevalier avait informé Masatsugu de ce fait.
Les ondes noétiques du globe oculaire et le regard les suivaient sans relâche.
« Morgane la Fée n’a pas perdu notre piste. Elle sait où nous sommes, » déclara Masatsugu.
« Euh !? » s’exclama Hatsune avec surprise.
Une « voix » s’est fait entendre instantanément dans cet espace aérien.
{C’est précisément le cas, donc… chevaliers du Japon. Je suis le génie Morrigan. Le contrôleur de l’ifrit Morgane la Fée.}
Ce n’était pas une vraie voix humaine, mais un son formé d’ondes noétiques.
La voix de soprano semblait adorable, mais le ton était un peu agité.
La source était aérienne. Un globe oculaire géant, de sept ou huit mètres de diamètre, planait dans l’air au-dessus, entouré d’un puissant tourbillon d’ondes noétiques.
Son apparence était très semblable à celle du gigantesque globe oculaire au-dessus du fort tutélaire de Fuji.
{Abandonnez quant à votre évasion futile. Même si vous atterrissez et vous cachez dans les montagnes, moi, l’esprit Morrigan, je ne perdrai jamais votre piste. Je vous rattraperai, c’est certain.}
Bien sûr, rien n’avait jamais été facile sur le champ de bataille.
Masatsugu haussa les épaules. Peu importe. En vérité, il ne s’en souciait pas vraiment. Après tout, il était prêt à se battre jusqu’au bout pour battre en retraite. Cependant, son front sillonnait légèrement lorsqu’il entendit l’avis suivant.
{Et aussi, voici quelques nouvelles malheureuses, pour vous. Morrigan a demandé à l’origine, à un Chevalier au fort tutélaire de Fuji... Sire Gary de vous poursuivre. Mais maintenant, un autre Chevalier est revenu.}
Serait-ce Richard Coeur de Lion ?
Masatsugu fronça les sourcils et avait réfléchi. Le Ressuscité qui avait effectué sa poursuite dans la direction de Motosu était-il revenu ? Cependant, un scénario encore pire avait renversé l’hypothèse de Masatsugu.
{Cette personne a des tendances flippantes bien qu’il soit le commandant en chef. Cette fois, il s’occupera sûrement de vous personnellement.}
« Morrigan ! Vous n’avez rien de mieux à dire que de m’appeler “flippant” ? »
Une jeune voix l’interrompit soudainement, ripostant contre le commentaire délivré par des ondes noétiques.
Instantanément, un cavalier sur une wyverne blanche britannique était arrivé. Il était vêtu d’un uniforme d’officier militaire noir. C’était un bel homme aux cheveux argentés.
Il était à tous les coups le Chevalier que Masatsugu avait repéré de loin, le jour où il avait prêté son serment de fidélité à Shiori.
Masatsugu était certain. Ce n’était pas une autre personne qu’Édouard le Prince Noir lui-même.
***
Chapitre 4 : Les Chevaliers de la Grande-Bretagne
Partie 1
« Hohohoho, quand j’ai entendu dire que l’armée de Tōkaidō se mobilisait à Motosu, je n’ai pas cru qu’il soit nécessaire de se précipiter jusqu’ici, » déclara le jeune homme.
Sur une wyverne blanche, le jeune homme était l’incarnation même d’un aristocrate.
Il s’agissait d’un bel homme aux cheveux argentés. L’uniforme d’officier militaire britannique avait l’air propre et élégant sur lui, tandis que son équilibre et son comportement véhiculaient une élégance naturelle et sans effort.
« Heureusement, j’ai changé d’avis. Cela valait la peine de revenir en toute hâte par avion de transport et en wyverne. J’ai enfin la chance de vous rencontrer, » continua l’homme.
L’aristocrate anglais regardait Masatsugu droit dans les yeux.
Sa wyverne planait dans les airs, tout comme les deux wyvernes et tous les Légionnaires du côté japonais. Cependant, son regard aiguisé n’était fixé que sur Masatsugu.
« Je m’excuse pour mon impolitesse passée. Je m’appelle Edward et beaucoup de personnes m’appellent le Prince Noir, » déclara Edward.
Un sourire exprimant une sorte de certitude apparut sur le beau visage de l’aristocratique Ressuscité.
« Veuillez vous présenter dès maintenant, » demanda Edward.
« Masatsugu Tachibana, » répondit l’autre Ressuscité sans afficher la moindre émotion.
« Je n’ai jamais entendu ce nom avant. Puis-je vous demander quand êtes-vous né dans ce pays ? » lui demanda Edward.
« Désolé, je ne peux pas répondre à cela, » répondit Masatsugu avec indifférence. Plutôt qu’agir froidement avec lui de manière provocatrice, il s’agissait de la personnalité innée de Masatsugu qui lui faisait faire les choses à son propre rythme. Cela avait naturellement conduit à un manque d’enthousiasme dans son ton.
En revanche, Edward avait souri avec joie.
« Maintenant, je comprends ! Jusqu’à il y a quelques jours, j’ai dû vivre mes jours sous un pseudonyme. Je présume qu’il en est de même pour vous, non ? » lui demanda Edward.
Masatsugu jeta un coup d’œil à ses compagnons.
Hatsune, assise sur l’épaule du Kurou Hougan, et les trois Chevaliers sur une wyverne écoutaient le Prince Noir qui le questionnait. Ils ne savaient pas que Masatsugu était un Ressuscité.
Quant à la réaction de la princesse Shiori...
Elle chevauchait la même wyverne avec Masatsugu, fixant attentivement le Prince Noir.
« Très bien, ce que je vais ensuite dire vient du désir d’un chevalier d’avoir un duel entre guerriers, plutôt que d’être “désinvolte” comme l’a dit mon esprit gardien Morrigan, » continua Edward.
Ignorant le regard de la princesse, Edward déclara ouvertement : « Mesdames et messieurs, auriez-vous l’amabilité de pardonner à mes chevaliers la grossièreté de se mettre en travers de votre chemin ? »
« Que nous leur pardonnions ou non, vous allez quand même nous bloquer le chemin, n’est-ce pas ? » demanda Masatsugu.
« Hohohohoho, vous êtes certainement rapide pour comprendre ça. Comme c’est splendide, » déclara Edward.
{... Prince. La ville de Fuji et ses environs n’est pas votre forteresse. Votre Force de Chevalier est descendue à 10 %. Dois-je envoyer Sire Gary pour qu’il converge avec vous ?} Cela avait été dit à travers les ondes noétiques de Morgane la Fée.
L’œil géant, « L’Œil de Morgane », que Masatsugu et sa compagnie avaient repéré au-dessus de sa tête, veillait maintenant sur son commandant en chef souriant.
Edward avait rejeté sa suggestion, « Mon oncle n’est-il pas actuellement au fort tutélaire de Fuji ? Assignez Gary à la défense. Puisque Tachibana-dono a fait une apparition en personne, il est possible que l’armée de Tōkaidō tente une attaque furtive. »
{Affirmatif.}
« Tachibana-dono... Commence-t-on ? » lui demanda Edward.
Sa voix aristocratique sonnait presque comme une invitation à Masatsugu pour une partie d’échecs.
Edward avait tiré sur les rênes de la wyverne comme un cheval, se distançant du groupe de Masatsugu. Malgré le ton décontracté de sa voix, le Prince Noir laissait sortir un puissant bruit de son corps et de son âme.
Après avoir reculé d’une centaine de mètres, il avait finalement libéré une noesis surpuissante !
Le corps de Shiori avait également brillé d’or pendant quelques secondes.
« Hatsune, prenez les trois Chevaliers et atterrissez. J’ai demandé des renforts sur le terrain. Utilisez leur aide pour retourner à Suruga aussi vite que possible, » ordonna Shiori.
« C-Compris. Et vous et Onii-sama, princesse ? » lui demanda Hatsune.
« Nous suivrons bientôt. Il n’est pas nécessaire de s’en inquiéter, » répondit Shiori.
Shiori ordonna solennellement cela à Hatsune, empêchant Hatsune de poser d’autres questions.
Hatsune ordonna hâtivement au Légionnaire Kurou Hougan de descendre, escortant la wyverne qui transportait les trois Chevaliers.
Ils avaient disparu dans la forêt de montagne de Tōkaidō se trouvant en contrebas.
Avec seulement Masatsugu restant à ses côtés, Shiori soupira.
« Princesse, j’espérais personnellement que vous vous échapperiez avec eux, » déclara Masatsugu.
« Si vous croyez vraiment que je ne suis d’aucune utilité, je m’y conformerai, » après avoir demandé aux spectateurs non désirés de partir, Shiori répliqua nonchalamment à Masatsugu.
Sa réponse avait apporté un sourire au visage de Masatsugu.
Faut-il être impressionné ou exaspéré ? En tant que princesse, Shiori n’avait aucun désir de rester dans les derniers rangs pour être protégée. Après avoir comparé Masatsugu et la force de combat de l’ennemi, elle avait lancé l’appel afin de « combattre à ses côtés ». Elle allait puiser dans tous ses talents pour trouver un moyen de sortir de cette situation difficile.
Ce tempérament ne convenait pas à une figure de proue, mais à une camarade qui voulait réaliser ensemble leur ambition, c’était plutôt une bonne chose.
« Alors, tenez-moi compagnie pour l’instant, » répondit Masatsugu.
« Avec plaisir ! » répliqua Shiori.
Contrairement à ce seigneur et son serviteur, Edward se préparait de son côté au combat.
D’une voix bien audible, il commandait aux noesis qu’il avait relâchées. « Honte à celui qui en pense du mal. Rassemblez-vous sur mon nom d’Edward le Prince Noir pour soutenir l’honneur chevaleresque — j’en appelle à ma garde personnelle, l’Ordre de la Jarretière ! »
Une armée noire était apparue de nulle part à côté d’Edward.
Le Prince Noir possédait des Légionnaires supérieurs sous la forme de Croisés noirs tandis que le Cœur de Lion avait ses chevaliers cramoisis. L’armée d’Edward comprenait 100 individus en ce moment.
Les Chevaliers ne pouvaient invoquer que 10 % de leur limite lorsqu’ils se trouvaient en dehors de leur forteresse.
En d’autres termes, convoquer ici une centaine de Légionnaires impliquait que la véritable Force de Chevalier d’Edward avait dépassé les 1000 !
En revanche, l’armée de Masatsugu Tachibana ne comptait qu’une trentaine de soldats. Non seulement il était confronté à un désavantage numérique de plus de trois contre un, mais l’ennemi était aussi un génie militaire célèbre dans l’histoire anglaise. Cette bataille était sur une ligue différente de celle d’aujourd’hui.
Masatsugu avait donné un léger coup de pied à sa wyverne.
Comprenant ce que voulait Masatsugu, la bête de rétention se retira derrière les Kanesadas.
Sur la même monture, la princesse s’appuyait contre la poitrine de Masatsugu. Son corps était raide en raison de la nervosité et de la peur.
On ne peut pas lui en vouloir. Après tout, c’était sa première bataille.
Cependant, la princesse intelligente déclara bravement. « Masatsugu-sama, ne vous inquiétez pas pour moi. Vous avez carte blanche ! »
« Compris. Dans tous les cas, je suivrai le courant et ferai ce qui est naturel, » répondit-il.
Masatsugu avait jeté un regard discret vers un endroit particulier.
Un globe oculaire géant de sept ou huit mètres de diamètre, l’avatar de Morgane la Fée, dominait le champ de bataille.
Masatsugu chuchota alors. « Atteindre l’objectif exigera beaucoup d’efforts. »
« ... Alors je vous informerai quand l’occasion se présentera, » répondit naturellement Shiori, incitant Masatsugu à la regarder.
En raison de l’urgence, Masatsugu n’avait pas expliqué son approche en détail, mais la princesse intelligente avait déduit ses pensées de son regard et des circonstances actuelles.
C’était peut-être aussi dû à leur relation d’intimité croissante lors de divers événements.
Alors qu’elle était embarrassée par son regard, Shiori avait rougi et elle détourna la tête.
« Masatsugu-sama, la bataille a commencé ! » déclara Shiori.
« Excusez-moi, » déclara Masatsugu.
Puis, Masatsugu ordonna à ses trente Kanesadas de se rassembler dans une sphère compacte.
Une formation sphérique n’était pas particulièrement intéressante, mais elle offrait une défense dans toutes les directions. Dans tous les cas, les katanas utilisés à la Cité de Fuji avaient tous été transformés en fusils à baïonnette.
Les effets du Fait d’Armes d’Izumi-no-Kami Kanesada avaient disparu. À l’inverse, Edward avait soudainement activé le sien !
« La bataille nostalgique de Crécy... Il est temps de revivre le triomphe de ce jour-là. Ô Chevaliers de la Jarretière, défendez la fierté de l’Angleterre et devenez des archers ! » déclara Edward.
Sur la centaine de Chevalier Noirs, une quarantaine d’exemplaires avaient changé.
Leurs fusils à baïonnette s’étaient transformés en longs arcs d’acier, tout comme les Kanesadas pouvaient soudainement transformer leurs armes en la fameuse lame, Izumi-no-Kami Kanesada.
« Archers, reculez. Les chevaliers restants serviront d’avant-garde ! » ordonna Edward.
Les Légionnaires du Prince Noir s’appelaient les Chevaliers de la Jarretière.
Ils suivirent les ordres de leur seigneur et changèrent leur formation.
Devant les quarante archers, les soixante autres Chevaliers de la Jarretière formèrent une formation rectangulaire tassée en une rangée de dix rangées par six colonnes.
Cette formation rapprochée était comme un « mur dans le ciel ».
Les archers à l’arrière étaient protégés par les soixante Légionnaires à l’avant-garde.
« Feu ! »
« Feu ! »
Les deux Ressuscités avaient donné simultanément l’ordre.
Cependant, les mesures prises par leurs soldats respectifs étaient complètement différentes.
Dans la sphère bondée des trente Kanesadas, seuls les Légionnaires du front avaient tiré avec leurs fusils à baïonnette.
Le « mur dans le ciel » des Chevaliers de la Jarretière d’avant-garde avait encaissé le barrage de tir. Cependant, ils n’avaient pas riposté et ils avaient uniquement déployé une barrière de protection pour résister aux tirs des Kanesadas.
La barrière britannique avait neutralisé tous les faisceaux de chaleur du côté japonais.
Les archers à l’arrière avaient attaqué à la place du « mur » immobile.
Les flèches de lumière positionnée sur les longs arcs noirs étaient maintenant visibles dans le ciel. Les flèches désormais relâchées avaient tracé des trajectoires paraboliques pour attaquer la formation sphérique des Kanesadas.
Les Britanniques et les Japonais continuaient à tirer.
Les fusils à baïonnette utilisés par les trente Kanesadas étaient capables de tirer dix faisceaux par seconde.
En comparaison, les quarante archers britanniques avaient tiré beaucoup plus lentement. L’ensemble du processus, de la mise en place jusqu’à la libération, avait pris au moins cinq à dix secondes. Les archers étaient hautement qualifiés, mais la vitesse du tir des armes modernes entièrement automatique était écrasante.
Cependant.
« N-Notre côté perd dans la fusillade !? » s’exclama Shiori.
« Comme on peut le soupçonner, les projectiles de l’ennemi sont plus puissants, » répondit Masatsugu.
Shiori fut très surprise alors que Masatsugu acquiesça de la tête. Ils regardaient la bataille à l’arrière des Légionnaires. Les flèches de lumière perçaient les armures et les corps gigantesques des trente Kanesadas devant eux.
La barrière protectrice de l’armée Kanesada avait complètement échoué à se défendre contre les tirs consécutifs des archers noirs anglais.
En revanche, les faisceaux tirés par les fusils ne pouvaient toucher leur ennemi. La barrière protectrice des soixante Légionnaires dans le « mur dans le ciel » restait sûre et imprenable.
« Je savais déjà que ce n’étaient pas des arcs et des flèches ordinaires, » déclara Masatsugu.
La dernière fois à Suruga, Masatsugu avait été presque tiré dessus par le même type d’arc et de flèches.
Il avait été témoin de la puissance de feu qu’il avait déjà pu estimer à l’époque.
Après avoir échangé des tirs pendant une minute ou deux, les Kanesadas protégeaient encore désespérément leur maître, se servant de leurs casques et de diverses armures pour bloquer les flèches ou diminuer leur puissance.
Cependant, la pluie de flèches continuait à tomber impitoyablement sur les Kanesadas.
Sept Kanesadas étaient déjà morts, soit en ayant été frappés dans les zones vitales à travers les lacunes de leur armure, soit en succombant aux dommages accumulés. Ces sept soldats s’étaient écrasés du ciel comme ça.
« Voyez-vous ça, Tachibana-dono ? C’est la formation en mode anglais de ma Maison de Plantagenet — la tactique de l’arc long anglais ! Qu’allez-vous répondre à cela ? » demanda le seigneur anglais.
« Je vois, » le Prince Noir avait l’air d’exposer un trésor, tandis que Masatsugu répondit avec une totale indifférence.
« Utiliser des arcs pour les rôles offensifs et défensifs, c’est bien le style anglais, » déclara Masatsugu.
Actuellement, Masatsugu Tachibana était à plus d’une centaine de mètres d’Edward.
Malgré cela, Masatsugu savait ce que son opposant pensait. C’était probablement la même chose pour Edward. Dans une rencontre entre joueurs d’échecs de premier ordre, il suffirait de regarder la situation sur l’échiquier pour lire les pensées de l’autre sans avoir besoin d’une conversation redondante.
En tant qu’experts tacticiens, Masatsugu et Edward étaient à un tel niveau.
« Masatsugu-sama..., » murmura Shiori.
« On dirait qu’on doit abandonner le tir, » déclara Masatsugu.
Masatsugu avait alors doucement enlacé une Shiori inquiète.
Ils étaient tous les deux sur la même monture. Le dos et le faible poids du corps de la princesse s’appuyaient contre la poitrine de Masatsugu alors qu’elle tenait la main gauche de Masatsugu bien serrée dans ses propres mains.
Elle touchait son chevalier de confiance pour soulager la peur et l’incertitude dans son cœur.
« À tous mes hommes, dégainez vos épées. Les lames seront vos boucliers, » sentant le corps délicat de la princesse contre lui, Masatsugu avait donné un nouvel ordre.
Les fusils des vingt-trois Kanesadas restants se transformèrent à nouveau en épées japonaises. Ils avaient gardé leurs épées levées verticalement devant leur visage pour protéger la ligne centrale de leur corps.
C’est-à-dire la ligne verticale passant par le front, le nez, la gorge, le sternum et l’entrejambe.
L’utilisation de l’épée pour garder le centre signifiait qu’un léger mouvement du poignet suffirait pour parer les flèches visant le visage, le cœur ou d’autres organes vitaux du corps.
Les flèches pénétrant la barrière étaient maintenant bloquées par l’épée bien-aimée de Hijikata Toshizō.
« Hohohohoho. Ce n’est pas une mauvaise solution, mais ce n’est pas suffisant, » déclara Edward.
« Vous avez raison, » Le Prince Noir souriait tandis que Masatsugu Tachibana restait sans expression.
La bataille entre les Légionnaires s’intensifia alors progressivement. Les archers noirs avaient continué à tirer à plusieurs reprises. Bien que les Kanesadas utilisaient des épées pour protéger leurs zones vitales près de la ligne centrale, leurs corps étaient encore percés par de nombreuses flèches.
Les blessures les plus graves avaient été infligées aux membres, saignant du sang bleu.
Le fluide ectoplasmique était la source d’énergie qui alimentait les Légionnaires. Une perte excessive de fluide ectoplasmique arrêterait naturellement leur mouvement. Trois autres Kanesadas étaient tombés du ciel en raison de blessures excessives.
À ce rythme, la défaite était inévitable, même si le taux de décès des Légionnaires avait diminué.
« Chargez le Chevalier Noirs en défense. Faites vite, » ordonna Masatsugu.
Masatsugu avait commandé aux Kanesadas dont le nombre avait diminué à vingt.
L’armée Kanesada avait exécuté le commandement consciencieusement. Accélérant vers le « mur dans le ciel » formé par les soixante Chevaliers de la Jarretière, ils déchaînèrent l’art du sabre du style Tennen Rishin — .
Même avec la supériorité numérique de leur côté, il était possible pour les Croisés normaux de devenir négligents et de perdre dans ce genre de situation.
Mais les fusils avaient disparu des mains des Chevalier Noirs dans le « mur » devant eux.
Ce qui avait pris leur place était un bouclier rectangulaire aussi haut qu’un Légionnaire. Tenant les boucliers dans leurs deux mains, les Chevaliers de la Jarretière avaient résisté aux épées acérées du Shinsengumi.
L’art de l’épée qui avait tranché l’armure d’un grand nombre de Croisés ne pouvait pas couper à travers ces boucliers !
« Honte à celui qui en pense du mal... Mes chevaliers, vous êtes protégés par l’insigne de la jarretière. Maintenant, levez vos boucliers de justice pour triompher du mal ! » Il s’agissait des paroles sacrées utilisées par le Prince Noir pour invoquer son Fait d’Armes.
La courte inscription « Honi soit qui mal y pense, » ressemblant au latin, et une croix figuraient sur chaque écu porté par les Chevaliers de la Jarretière.
« Le pouvoir de bloquer l’épée de Hijikata Toshizō... Un Fait d’Armes de bouclier, hein ? » Masatsugu cela murmura à lui-même en observant la bataille de loin.
L’armée de Chevalier Noirs se cachait derrière des boucliers. Même si c’était féroce, les mouvements du Style Tennen Rishin ne pouvaient pas gagner aussi facilement face à cela. Chaque oscillation de l’épée était déviée par un bouclier.
De plus, pendant que les Kanesadas attaquaient les porteurs de boucliers...
Les archers à l’origine dans le dos avaient encerclé et se tenaient maintenant derrière l’armée Kanesadas brandissant des katanas.
En retournant leurs longs arcs aux fusils à baïonnette, ils avaient attaqué l’armée japonaise rouge-violet par-derrière — en combat en mêlée !
... Pris en sandwich avant et arrière par les Chevaliers de la Jarretière, la défaite des Kanesadas avait été clairement scellée.
Réussissant leur attaque en tenaille, les Légionnaires britanniques avaient frappé avec les lames de leurs fusils à baïonnette pour trancher, poignarder, embrocher les corps des Kanesadas.
Un massacre impitoyable avait commencé.
« Masatsugu-sama... Il est presque temps..., » Shiori chuchota calmement cela à ce moment-là.
La princesse tenait la main de Masatsugu en silence pendant tout ce temps, appuyée contre sa poitrine. Sa posture était restée la même maintenant, mais il y avait une sorte de vibration dans sa voix qui appartenait à quelqu’un qui avait trouvé une lueur d’espoir.
Il ne restait que neuf Légionnaires rouge-violet.
Ce nombre était suffisant. La joue de Masatsugu se tortillait en souriant.
« Hurlez, mes hommes. Les Chevalier Noirs ne sont pas vos adversaires, » déclara Masatsugu.
La cible de Masatsugu était « L’Œil de Morgane ».
Comparé au gigantesque globe oculaire qui protégeait le fort tutélaire de Fuji, cet avatar n’était que d’un dixième de taille. Actuellement, il observait le champ de bataille, témoignant de la bataille d’Edward.
« Détruisez cet esprit. Faites-le, » ordonna Masatsugu.
Les neuf Kanesadas suivirent les ordres de Masatsugu et rugirent d’un coup de tonnerre.
« Ohhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh ! »
« Ohhhhhhhhhhhhhhhhhh ! Ohhhhhhhhhhhhhhhhhh ! Ohhhhhhhhhhhhhhhhhh ! »
Ce cri des Légionnaires était connu sous le nom de Cri de Guerre.
Ce féroce rugissement avait résonné tout autour d’eux. En utilisant leurs bouches cachées derrière leurs masques, les Légionnaires avaient émis un son de hurlement bien unique.
Le Cri de Guerre produisait des effets de perturbation noétique et pouvait annuler le rayonnement électromagnétique et les ondes noétiques.
Auparavant, les Croisés britanniques avaient utilisé la même tactique dans leur attaque sur Suruga.
{ — Prince, au rapport. Ennemi, début de la perturbation noétique. Avatar, ne peut pas être soutenu...}
La voix avait rapporté la situation de manière fragmentaire. Le globe oculaire de sept ou huit mètres de diamètre — la manifestation de Morgane la Fée — s’était lentement évanoui.
Voyant son esprit gardien vaincu, Edward avait fait l’éloge : « Oh ? Vous avez quand même réussi à faire renvoyer Morrigan en un instant malgré votre situation défavorable... »
« Cela a fonctionné d’un seul coup, précisément à cause de la situation défavorable. Sinon, un esprit de ce niveau ne présentera aucune ouverture. »
Edward et Masatsugu marmonnaient simultanément comme s’ils avaient une conversation face à face.
Masatsugu avait raisonné quant à l’utilisation irresponsable de la perturbation noétique qui ne permettrait pas d’obtenir grand-chose.
L’ennemi était un esprit de la classe la plus puissante du côté britannique. Cependant, peu importe la puissance de son esprit, il serait naturel qu’elle perde sa concentration en voyant son maître gagner avec un avantage écrasant.
Même si ce n’était pas jusqu’à l’insouciance, il y aurait sans doute une diminution de l’attention.
Shiori avait augmenté ses sens en tant que maître noétique, à la recherche d’une ouverture dans l’adversaire.
Et c’était peu après cet instant que Masatsugu — avait effectué un atterrissage sur le sol...
Il avait d’abord demandé aux Kanesadas de commencer un Cri de Guerre, puis il avait saisi une Shiori épuisée dans ses bras, et il avait rapidement donné un coup de pied du côté de sa wyverne, lui ordonnant de faire une descente rapide.
La wyverne avait battu des ailes et avait atterri dans la forêt de montagne.
Un loup blanc géant attendait déjà sur le sol.
Il s’agissait de l’un des Loups Mibu qu’ils avaient montés jusqu’à la rivière Fuji, puis relâchés dans la forêt. Masatsugu était rapidement descendu de la wyverne et il avait déplacé Shiori, qui était incapable de marcher, vers le dos du Loup Mibu.
« Nous avons réussi, Masatsugu-sama..., » murmura Shiori.
« Oui, avec cet esprit parti, nous n’aurons plus à nous soucier du suivi noétique. Maintenant, on peut s’échapper dans les montagnes sans avoir à surveiller nos arrières, » déclara Masatsugu.
Tenant dans ses bras une Shiori faiblement souriante, Masatsugu chevauchait le Loup Mibu.
Une fois de plus, ils chevauchaient la même bête de rétention, sauf que cette fois-ci, ils s’échappaient sur la terre ferme. Se cacher dans la forêt de montagne était vraiment mieux que de voler dans les airs puisque leur but était d’échapper à la poursuite de l’ennemi.
Passant à travers les arbres de la forêt de montagne, le Loup Mibu avait couru aussi vite que le vent.
Inutile de dire que leur destination était la Cité de Suruga.
« Merci pour votre soutien, Princesse. On n’aurait pas pu s’échapper autrement, » déclara Masatsugu.
« Non... Sans vous aux commandes, Masatsugu-sama, nous aurions été anéantis il y a longtemps... Je devrais être celle qui exprime sa gratitude..., » murmura Shiori.
La courageuse princesse s’était collée contre Masatsugu pour une raison.
Tout en lui permettant de soulager sa peur et son incertitude de son côté, d’autre part, elle lui fournissait également une petite quantité de fluide ectoplasmique par contact intime. En fait, l’offensive féroce des Chevaliers de la Jarretière avait porté un dur coup aux Kanesadas, provoquant une consommation de fluide ectoplasmique beaucoup plus élevée que d’habitude...
Sans l’aide de Shiori, les Kanesadas n’auraient peut-être pas eu la force de déclencher le rugissement final.
Dans tous les cas, Masatsugu « avait suivi le courant et avait fait ce qui était naturel » et avait réussi à faire respecter le principe de « s’échapper le plus vite possible d’un champ de bataille après une défaite certaine ».
☆☆☆
« Il semble que Tachibana-dono ne partage pas l’idéal chevaleresque d’un combat viril. Il s’est enfui avec une telle rapidité et une telle détermination, » murmura Edward.
Sur la selle de sa wyverne qui battait des ailes, Edward sourit ironiquement.
La dernière des Légionnaires rouge pourpre venait d’être anéantie sous ses yeux.
Tuer instantanément neuf survivants était un jeu d’enfant. Seuls le Prince Noir, sa wyverne et l’Ordre de la Jarretière étaient restés sur le champ de bataille aérien.
« Je pourrais brûler toute la montagne pour mener une recherche... mais il est peu probable qu’il traîne dans les environs, » continua-t-il.
Edward regarda la forêt de montagne, haussant les épaules.
Il se souvient de la fille qui s’appuyait contre la poitrine de Masatsugu Tachibana. Il pensait à l’origine qu’elle était simplement sur la route pour une raison inconnue et n’y avait accordé qu’une faible attention.
« Cette fille a un air assez semblable à celui d’Eleanor. Elle semble aussi très bien connaître les techniques noétiques..., » continua-t-il.
Le visage noble et joli de la belle jeune fille et ses cheveux blond-platine étaient très frappants.
Edward avait décidé qu’il devait enquêter sur ses antécédents.
☆☆☆
Tachibana Hatsune se déplaçait à toute vitesse dans la forêt.
Bien sûr, elle utilisait un Loup Mibu pour courir, au lieu de courir à pied.
Les renforts dont la princesse Shiori avait parlé avant de se séparer étaient une référence à cette bête blanche de taille moyenne. Un deuxième Loup Mibu portait les trois Chevaliers qu’ils venaient de sauver.
« J’espère que la princesse et Onii-sama vont bien…, » murmura Hatsune.
Jusqu’à présent, il n’y avait aucun signe de la dame qu’elle servait et du jeune homme de son clan qui devait les rattraper.
Alors qu’elle s’inquiétait de leur sécurité, Hatsune avait senti que quelqu’un ricanait derrière elle. Elle se souvenait de cette voix très sarcastique.
Il n’y a pas si longtemps, elle avait entendu la même voix avant d’activer le Fait d’Armes — Kotouhihisshutsu.
... Hatsune s’était rappelé comment la voix lui avait offert de lui enseigner un bon plan. Puis les principes de l’utilisation de ce mouvement secret avaient fait surface dans son esprit. En d’autres termes, Kurou Hougan Yoshitsune donnait à nouveau des conseils.
Hatsune s’était concentrée sur l’écoute. Bien sûr, le parchemin bleu était apparu dans sa main droite.
« Quoi de neuf, Yoshitsune-san ? » demanda-t-elle.
Le parchemin lui avait dit que ses amis étaient hors de danger... Du moins, c’était le message que Hatsune avait senti.
« Vraiment !? Ils ne se sont toujours pas montrés, et j’étais morte d’inquiétude. C’est une bonne nouvelle ! » déclara Hatsune.
... Eh bien, avec ce poisson mort sur l’affaire, l’échec serait une surprise.
« Parles-tu d’Onii-sama ? C’est vrai qu’il n’est pas très vivant, » déclara Hatsune.
Parler à elle-même devant un rouleau était une scène assez bizarre.
Cependant, Hatsune n’était pas d’humeur à se moquer d’elle-même, car elle avait appris une vérité choquante sans aucune préparation mentale préalable.
... Ce n’est pas ce que je voulais dire. Cet homme et moi sommes pareils. En d’autres termes, nous avons été réveillés de nos anciennes morts.
« Hein ? »
Hatsune avait sursauté alors qu’elle s’était retrouvée en état de choc. Maintenant, elle doutait vraiment que ses oreilles aient des hallucinations ou non.
***
Partie 2
L’expédition à Cité de Fuji s’était déroulée avec des développements inattendus.
Après avoir survécu à de nombreuses épreuves, Masatsugu avait finalement ramené Shiori à Suruga. En cours de route, ils avaient rencontré Hatsune et les trois Chevaliers qui avaient presque fini en otages. Personne n’avait été laissé pour compte. En outre, ils avaient recueilli beaucoup d’informations — .
Cependant, Rikka Akigase n’avait pas pu s’empêcher de froncer les sourcils après avoir écouté le rapport concernant tous ces événements.
« Votre Altesse, je ne devrais peut-être pas le dire après avoir demandé votre aide..., » Rikka était dans le bureau du châtelain, se plaignant à propos de Shiori et Masatsugu. « Que ferions-nous s’il arrivait quelque chose à notre princesse impériale ? S’il vous plaît, comprenez l’importance de votre sécurité. »
« Je suis terriblement désolée. En raison de la situation d’urgence, j’ai dépassé les bornes, » répondit Shiori.
La princesse grondée s’excusa docilement, démontrant de la contrition dans ses paroles alors que son comportement présentait une parfaite docilité. C’était vraiment une actrice expérimentée. En fin de compte, Rikka n’avait pas poursuivi l’affaire très loin.
Grâce à la princesse risquant elle-même sa sécurité, trois Chevaliers avaient été secourus.
Les trois jeunes Chevaliers se nommaient Habuna, Maike et Tabi, et ils étaient membres de l’armée provinciale de Tōkaidō stationnés à Yamanashi. Chacun avait une Force de Chevalier d’environ 50.
Les officiers noétiques du fort tutélaire de Suruga avaient descellé leurs Appellations pour eux.
« De toute façon, j’apprécie le fait de gagner plus de subordonnés, qui ont besoin qu’on s’occupe d’eux. Jusqu’à ce que Nagoya donne des directives, ils resteront à Suruga pour l’instant, » déclara Rikka.
Rikka avait souri alors qu’elle ne se plaignait plus de l’insouciance de la princesse.
Les trois nouvelles forces qui s’étaient ajoutées à leurs forces avaient également eu des effets inattendus. Ils avaient raconté avec enthousiasme à leurs camarades dans le fort tutélaire de Suruga ce qu’ils avaient vu et entendu.
À savoir, la conversation entre Edward le Prince Noir et Masatsugu Tachibana pendant la bataille de la retraite.
« Jusqu’à il y a quelques jours, j’ai dû vivre sous un pseudonyme. Je présume que l’affaire est la même pour vous ? »
Le Ressuscité à la tête des forces britanniques avait dit quelque chose de profond.
En plus des rumeurs originales sur l’identité de Masatsugu, une « certaine conviction » s’était répandue parmi les soldats de Suruga.
En effet, tout le monde était profondément convaincu que la véritable identité de Masatsugu Tachibana était précisément Hijikata Toshizō.
Le lendemain de leur retour de Cité de Fuji — .
Masatsugu avait accompagné la princesse au fort tutélaire. Pendant qu’ils étaient là, ils s’étaient séparés à un moment donné.
Pendant qu’il se promenait seul, l’attitude des soldats et des officiers à son égard était nettement plus prudente et polie qu’auparavant. Les trois Chevaliers, Habuna, Maike et Tabi avaient même fait des pieds et des mains pour l’accueillir.
À chaque occasion, ils demandaient discrètement à Masatsugu. « Tachibana-dono... êtes-vous le Seigneur Hijikata ? »
Chaque fois, Masatsugu réagissait indifféremment. « Non. » « Je n’en ai aucune idée. » « Pas vraiment. » « Qui sait ? » « Vous vous trompez de type, je crois ? » « Ne croyez pas aux rumeurs bizarres. »
Masatsugu avait simplement répété des refus monotones. Il ne pouvait pas se donner la peine d’expliquer la raison.
Les humains étaient des créatures qui ne croyaient que ce qu’ils voulaient croire. Peu importe combien Masatsugu l’avait nié, ils étaient toujours partis avec un air de : « Il est le Seigneur Hijikata..., » présents sur leur visage.
Après avoir répondu à ces questions, Masatsugu s’était retrouvé dans le mess réservé aux officiers de haut rang.
La salle de mess restreinte n’était ouverte qu’aux Chevaliers et aux soldats ayant le grade d’officier de campagne ou un grade supérieur, de sorte qu’il y avait peu d’utilisateurs. Masatsugu avait pris place, espérant que cela devrait réduire la quantité de tracas.
À ce moment, Hatsune arriva, portant pour une fois une expression de colère.
Masatsugu s’attendait à ce qu’elle soit venue dire des bêtises après avoir entendu parler de la rumeur Hijikata Toshizō
« Que tu sois vraiment Hijikata Toshizō ou non, Onii-sama, je garderai cette question pour une autre fois. Donc le vrai Masatsugu Tachibana qui jouait avec moi dans mon enfance... est-il déjà mort ? »
Hatsune avait mis en avant l’essentiel de la question dès le départ.
☆☆☆
« Je vois... Vous avez donc admis à Hatsune votre identité de Ressuscité ? » demanda la princesse.
« Oui, je lui ai dit à mon entière discrétion, » répondit Masatsugu.
Il s’agissait du lendemain matin après qu’il eut eu une longue conversation avec la jeune fille du clan Tachibana.
Masatsugu était venu au Dortoir de Lys Noir, réservé exclusivement à la princesse, pour rencontrer son seigneur dans le salon.
« Je ne connais pas mon vrai nom, j’ai été convoqué dans le monde actuel par le pouvoir divin de la princesse, le vrai Masatsugu Tachibana est mort depuis des années, etc. C’est pour ainsi dire l’essentiel de ce que je lui ai dit, » déclara Masatsugu.
« On ne peut rien y faire. La vérité devait être révélée tôt ou tard, » Shiori soupira légèrement alors qu’elle disait ça.
Autrefois, elle buvait souvent du thé noir dans le salon, mais actuellement, tout ce qu’elle avait devant elle était un verre d’eau.
Le problème alimentaire de Suruga s’aggravait de jour en jour. Les articles de luxe comme le café, le thé noir et les boissons alcoolisées étaient rares. Même la princesse ne pouvait pas en profiter librement.
« Cela explique pourquoi je ne l’ai pas vue depuis hier..., » déclara la princesse.
« Elle doit être en état de choc, découvrant que son parent est mort et que je suis quelqu’un sans aucun lien avec elle, » répondit Masatsugu.
« Ce ne serait pas pratique. Cela ne servirait à rien d’être distrait par des problèmes aussi insignifiants... Il y a tant de responsabilités qui dépendent d’elle, » déclara Shiori.
Tachibana Hatsune était la dame d’honneur de la princesse Shiori, sa garde du corps et une Chevalière.
Bien sûr, la compétence et le professionnalisme étaient essentiels. Il n’y avait rien de mal avec ce que Shiori avait dit. Mais la belle princesse ajouta sèchement, « Eh bien ! Je fermerai les yeux si elle veut un peu de temps pour mettre de l’ordre dans ses sentiments. Après tout, faire preuve d’indulgence envers ses subordonnés fait partie des actions sociales demandées par les employeurs. »
« Je vois, » déclara Masatsugu.
« Masatsugu-sama, souriez-vous ? » demanda Shiori.
« Vous imaginez des choses. Je ne savais pas que vous aviez également un côté naïf, Princesse, » déclara Masatsugu.
« Eh bien, c’était un lapsus ! » s’exclama Shiori.
Juste au moment où le seigneur et son subordonné avaient ce genre de conversation...
Un bruit de pas pressés s’était approché du salon et la porte avait été ouverte avec force. Habillée dans le style Haikara-san, Hatsune s’était précipitée dans la pièce et elle avait dit : « Princesse, Onii-sama ! Peut-être que la vraie identité d’Onii-sama est Oda Nobunaga !? »
Libérant tout cela dans un seul souffle, Hatsune avait proposé une hypothèse audacieuse avec énergie.
Après un moment de silence, Shiori fit une remarque avec une légère déception, « ... N’avez-vous pas dit qu’elle était en état de choc ? »
« C’était comme ça hier, » répondit Masatsugu sans expression.
Dans tous les cas, ils avaient regardé Hatsune, qui se comportait comme d’habitude. Shiori avait agi de manière attentionnée face à la fille vraiment joyeuse, « Alors, avez-vous mis de l’ordre dans vos sentiments ? »
« Oh, oui. C’est triste que mon parent éloigné soit décédé, et j’aimerais aussi lui rendre hommage sur sa tombe. Mais vos ambitions passent en premier, Princesse, donc on ne peut rien y faire, » répondit Hatsune.
« ... Je vous suis certainement reconnaissante de l’avoir compris, » déclara Shiori.
« Pas du tout, après tout, il s’agit du devoir du clan Tachibana, » répondit Hatsune.
La princesse avait été assez surprise par cette tournure des événements tandis que Hatsune avait répondu joyeusement.
La capacité de changer rapidement de mentalités était aussi un atout pour les guerriers. Se sentant plutôt impressionné, Masatsugu avait dit : « Vas-tu continuer à t’adresser à moi de la même façon ? »
« Pourquoi pas ? Ton nom est définitivement “Masatsugu Tachibana” dans le registre des familles. De plus, le changement d’habitude sera pénible à ce stade. D’ailleurs, maintenant que j’y pense..., » Hatsune baissa la voix comme si elle chuchotait. « Il y a beaucoup de gens dont l’identité est inconnue parmi les “tantes et oncles” qui ne se présentent qu’aux réunions de famille et aux services commémoratifs. Comparée à ces parents, Onii-sama, ma relation avec toi est vraiment plus réelle et substantielle. Ne t’inquiète pas, je vais bien à propos de ça. »
D’une certaine manière, ce tempérament joyeux et chanceux était aussi une qualité de héros.
De plus, c’était prétendument le père de Hatsune dans la capitale Tokyo qui avait fait que Masatsugu avait repris l’identité de l’original mort dans un accident.
« Revenons à la question principale. Pourquoi la vraie identité d’Onii-sama ne peut pas être Oda Nobunaga ? » demanda Hatsune.
« Qu’est-ce qui t’a fait penser à ça ? » demanda Masatsugu.
« En parlant de héros japonais, il s’agit du trio de Nobunaga, Hideyoshi et Ieyasu, n’est-ce pas ? Mais Toyotomi Hideyoshi ressemblait à un singe tandis que Tokugawa Ieyasu était un type rondouillard comme un tanuki, donc leurs apparences ne correspondent pas du tout à Onii-sama. C’est pourquoi j’ai décidé de parier sur Oda Nobunaga, » déclara Hatsune.
« Je vois, c’est logique, » répondit Masatsugu.
« Onii-sama, te souviens-tu de l’incident de Honnouji ? » lui demanda Hatsune.
« Maintenant que j’y pense, je n’ai visité aucun sanctuaire ou temple depuis deux ans. Peut-être que les souvenirs de ma mort se sont transformés en traumatisme mental, me faisant inconsciemment éviter les sanctuaires et les temples..., » répondit Masatsugu.
« C’est ce qu’on appelle la psychologie des profondeurs, n’est-ce pas ? »
Pendant que Hatsune et Masatsugu discutaient de la nouvelle hypothèse, Shiori toussait sur le côté.
« Examinons soigneusement ce non-sens — non, hypothèse audacieuse. Il y a 99 % de chances que la possibilité que Masatsugu-sama soit le Seigneur Nobunaga est fausse, » déclara Shiori.
« Oh ? » s’exclama Masatsugu.
« Princesse, 99 %. Cela va bien trop loin ! » s’exclama Hatsune.
« Le Seigneur Nobunaga était sans aucun doute un excellent politicien et stratège, mais ses capacités en tant que commandant sur le terrain ne sont pas des plus concluantes... Certains rapports sont plutôt suspects, » rapporta Shiori.
« Mais il a remporté des victoires spectaculaires à Okehazama et Nagashino, n’est-ce pas ? » demanda Hatsune.
Tandis que la princesse bien informée racontait l’histoire, Hatsune essayait de trouver une petite réfutation.
« Les représentations de batailles dans des romans ou des drames historiques sont presque toutes fausses. L’attaque-surprise sur Okehazama qui a vaincu Imagawa Yoshimoto et les trois rangées de coups de feu qui ont dévasté la cavalerie de Takeda étaient toutes des fictions produites par les romanciers de la période Edo, » déclara la princesse.
« V-Vraiment ? » s’exclama Hatsune.
« Il y a une théorie selon laquelle Nobunaga marchait sans éclaireur dans la région de Okehazama lorsqu’il est tombé par hasard sur l’ennemi. Avec le recul, l’attaque-surprise n’était qu’un coup de chance, » déclara Shiori.
« Ça n’a pas l’air cool ~, » murmura Hatsune.
« C’est pourquoi cela a été “embelli” pour devenir une histoire de bravoure inspirante. D’ailleurs, le seigneur Nobunaga est souvent décrit comme un génie innovateur et progressiste... Mais en vérité, il était très préoccupé par l’opinion publique. Un homme qui s’en tenait à des méthodes stables et fiables. Il reste de nombreuses lettres qu’il a écrites à ses serviteurs au sujet de ces questions. Il avait une personnalité très réfléchie, » déclara Shiori.
« N’est-il pas le Diable du Sixième Ciel !? » s’exclama Hatsune.
« Quand l’épouse légale de Hideyoshi a été frustrée par l’infidélité de son mari, il a même écrit des lettres pour la réconforter... Comprenez-vous maintenant ? Masatsugu-sama n’est pas quelqu’un d’aussi prévenant, » déclara Shiori.
« C’est tout à fait vrai ! » s’exclama Hatsune.
« Princesse, Hatsune ! Sautez aux conclusions n’est pas une bonne chose, » offensé, Masatsugu s’était opposé à l’accord de Hatsune quant à l’affirmation de Shiori.
« En fait, je suis un homme qui sait être attentionné et prévenant. En supposant que l’autre personne est une dame, bien entendu, » déclara Masatsugu.
« C’est vrai, vous avez mentionné que vous étiez une sorte de coureur de jupons dans votre vie antérieure, n’est-ce pas... !? » déclara Shiori afin d’enfoncer le couteau dans la plaie.
« Hein ? » s’exclama Hatsune.
Shiori grogna avec une consternation inexplicable face à la remarque de Masatsugu, faisant réagir Hatsune vers un état de choc.
« Pas possible ! Onii-sama — es-tu ce genre de gars !? » s’exclama Hatsune alors qu’elle le questionnait.
« Qu’y a-t-il de si surprenant ? Tous les hommes aiment les femmes attirantes, » répliqua-t-il sans émotion.
L’attitude de Masatsugu était blasée comme toujours, n’affichant aucune excuse quant à ce qu’il disait
Hatsune avait souri maladroitement. « Je suis désolée, Onii-sama. Tu as toujours eu l’air si sérieux, c’est pourquoi je l’ai trouvé surprenant... Oh, Onii-sama, ne me dis pas que j’ai également attiré ton attention ? »
« Non, je peux jurer devant Dieu et les Hauts Cieux, » déclara Masatsugu.
« C’est aussi assez grossier ce que tu dis. Je n’arrive pas à croire que tu m’aies rejetée si facilement et d’entrée de jeu, » déclara Hatsune.
La fille Tachibana avait penché sa tête dans la consternation.
Masatsugu haussa les épaules avant de déclarer. « Ne t’inquiète pas, je parle d’avant. Comme nous ne sommes pas liés par le sang, mais que tu es toujours prête à m’appeler comme ton frère aîné, je suppose que nous sommes des frères et sœurs assermentés liés par le destin. »
« Assermentés... frères et sœurs ? » demanda Hatsune.
« Tout à fait, et je suis un gars qui trouve les petites sœurs irrésistibles, » déclara Masatsugu.
« Onii-sama, tu ne devrais pas dire ça après avoir prononcé un discours si touchant ! » déclara Hatsune.
En fin de compte, Hatsune avait facilement repris son rythme habituel.
Les environs immédiats de la princesse Shiori étaient encore sécurisés. Cependant, un ennemi redoutable regardait vers la région de Suruga. De plus, l’Alliance pour la Restauration avait gagné le carnivore exceptionnel connu sous le nom de Richard Ier.
Peut-être qu’un changement dramatique dans la situation de combat était sur le point de se produire.
Masatsugu avait cette sorte de faible prémonition.
***
Partie 3
Un hélicoptère avait décollé du château de Nagoya puis il était finalement arrivé sur les lieux.
Il s’agissait d’un hélicoptère de transport spécial réservé aux VIP utilisé par le Fief de Tōkaidō et ayant une capacité de sept passagers. Les sièges étaient en cuir véritable et le décor de la cabine était très haut de gamme.
Il était environ 13 heures.
Sous le ciel ensoleillé, les rotors bruyants pouvaient être entendus tout au long du vol.
« Le fort tutélaire de Higashimikawa est en flammes..., » l’un des passagers, un Chevalier d’une quarantaine d’années, avait déclaré ça en état de choc.
« Higashimikawa » faisait référence à la partie orientale de la préfecture d’Aichi de Tōkaidō. Ce fort tutélaire était situé dans les montagnes, en plein centre entre la ville de Toyohashi et la ville de Gamagoori.
Il s’agissait d’un fort en étoile conçu avec une disposition de murs de fortification ayant la forme de cinq pointes.
Au centre, le donjon protecteur de la nation et divers bâtiments étaient tous en feu.
Il y avait plus de trois cents Croisés pourpres dans les airs au-dessus du fort tutélaire.
Ces Croisés provenaient du fort tutélaire de Hamamatsu à l’extrémité Ouest de la préfecture de Shizuoka. Utilisant leurs nombres écrasants, l’ennemi avait instantanément écrasé la garnison à Higashimikawa.
« C’est une variante spéciale qui est apparue pour la première fois au fort tutélaire de Fuji il y a trois jours. Selon le rapport de Rikka, le Chevalier ennemi est un Ressuscité qui prétend être Richard I... » Le vieil homme aux cheveux blancs fronça les sourcils avec du ressentiment dans sa voix.
Son nom et son titre étaient Akigase Shouzan, gouverneur général de Tōkaidō.
Akigase Shouzan était vêtu d’un kimono avec un manteau. Svelte et ressemblant à une grue, il était vraiment impressionnant. Cet homme de 68 ans donnait vraiment une impression saisissante.
Le Chevalier Rikka Akigase était l’enfant le plus âgé qu’il avait vu naître.
« Les chevaliers de la Restauration ont finalement empiété sur la terre de Mikawa ? »
L’Armée Impériale japonaise utilisait des bêtes de rétention de petite et moyenne taille pour la reconnaissance.
Bien sûr, Akigase Shouzan pouvait compter sur les rapports des renards ou des Yatagarasus, mais il avait quand même choisi de confirmer lui-même la situation sur place.
La raison en était — .
Au cours des deux derniers jours, trois autres forts tutélaires dans l’est d’Aichi étaient tombés.
« Hier, c’était Okumikawa, ce matin, c’était Atsumi... Et cet après-midi, c’était Higashimikawa. Ils font vraiment tout ce qu’ils veulent, » déclara-t-il.
Dans tous les cas, les attaques avaient été menées par des Croisés pourpres.
Il s’agissait de l’armée dirigée par Richard I, apparemment appelée les Escalibors.
Par la fenêtre de l’hélicoptère, Akigase Shouzan avait fixé son regard sur les silhouettes géantes des chevaliers rouges.
Sa forteresse de Nagoya était très près de Kinai. En allant vers l’ouest, puis en traversant la rivière Kiso, on atteindrait le fief du Kinai — la terre gouvernée par le chef de l’Alliance pour la Restauration.
La mobilisation imprudente des forces de Nagoya conduirait le Kinai à l’attaque.
Akigase Shouzan et l’armée provinciale Kinai se retenaient mutuellement de l’autre côté de la rivière Kiso. Entre-temps, il avait demandé des renforts de diverses régions voisines telles que Tōsandō, Hokuriku et Kantō. Alors qu’il négociait entre différentes factions, il avait cherché à se regrouper et à lancer une contre-attaque.
Cependant, les résultats n’étaient pas prometteurs.
Peut-être que leur plan était de sacrifier Tōkaidō — .
☆☆☆
« Edward. Que veux-tu dire par : arrêter pour l’instant l’attaque ? »
« Il faut bien se préparer avant que ces forts tutélaires conquis d’Okumikawa, d’Atsumi et d’Higashimikawa puissent servir de bases pour organiser une invasion contre Nagoya. Une simple demi-journée n’est pas suffisante pour accomplir toutes les tâches requises, comme faire signer par les résidents à proximité des promesses écrites d’obéir à la Charte de la Chevalerie, » répliqua Edward.
Quelques heures s’étaient écoulées après la chute de Higashimikawa.
Le ciel était sombre et Edward était dans le bureau du châtelain, recevant Richard qui était retourné triomphalement au fort tutélaire de Hamamatsu. C’est dans ce but qu’il avait spécialement fait un voyage depuis Hakone.
Tous les deux étaient assis sur des canapés séparés, l’un en face de l’autre avec une table basse entre eux.
« Une offensive éclair est une bonne chose, mais tu causes bien trop de destruction, » déclara Edward.
« Hmm..., » répliqua Richard.
« Et si on se reposait une semaine ? Viens avec moi à Hakone pendant cette période. Ce sera agréable de profiter des sources chaudes et des paysages d’automne, » déclara Edward.
« Hmph, » son ancêtre avec le titre de Coeur de Lion fronça les sourcils. « C’était la même chose il y a quelques jours. Je poursuivais l’ennemi après ma victoire à Fuji, mais tu m’as rappelé avant que je puisse conquérir Motosu... »
« C’était tout à fait normal. Après tout, il n’était pas nécessaire de traverser le mont Fuji pour entrer dans le territoire de Yamanashi, » expliqua Edward avec un haussement d’épaules, jamais fatigué par le lion en colère. « Même si tu as conquis les régions de Motosu et de Kouhujou, la région environnante est montagneuse et traître. Le mouvement des Légionnaires au-dessus des montagnes de ce genre, où résident de puissants esprits de la terre, entraînera une grave consommation de fluide ectoplasmique, et il n’y a pas de sanctuaires de l’eau à utiliser dans les montagnes. »
Daihosatsu, Yatsugatake, Okuchichibu, Okutama, Tanzawa, et autres...
Edward avait quelques vagues impressions quant à ces noms issus de la géographe. La région montagneuse entre Tōkaidō et Kantō était vaste avec de nombreux sommets. Il avait renoncé depuis longtemps à les mémoriser tous.
Plutôt que des noms géographiques, l’importance stratégique était plus grande.
« Si tu essaies d’envahir Tokyo en traversant les montagnes, épuisant ainsi ton armée... tu ne feras qu’agir dans le sens de l’ennemi qui attend patiemment dans le Fief du Kantō, » déclara Edward.
« C’est pourquoi je voulais marcher maintenant vers l’ouest, » déclara Richard.
« Oui, mon oncle. Mais si tu devais t’occuper de la capitale provinciale de Nagoya et que tu portais un coup mortel au Fief de Tōkaidō pendant que j’entreprendrais les préparatifs à Hakone pour envahir Kantō — ce serait le développement idéal selon moi, » déclara Edward.
Nagoya était à la fois la capitale provinciale et le cœur battant de Tōkaidō.
La préfecture d’Aichi, centrée autour de cette métropole, abritait une population et une capacité de production dépassant de loin Shizuoka et Yamanashi réunis.
Par conséquent, le Fief de Tōkaidō y avait maintenu un état de préparation militaire suffisant.
La préfecture d’Aichi comptait au total dix forts tutélaires, dont six étaient concentrés dans la périphérie de Nagoya.
« Il y a quinze Chevaliers stationnés dans ce secteur ainsi que le gouverneur général de Tōkaidō qui supervise tout. Bien qu’il ne soit pas Chevalier, j’ai entendu dire qu’il est plutôt malin et expérimenté, » déclara Edward.
S’il était Chevalier, ils auraient pu le recruter rapidement comme ils l’avaient fait avec le gouverneur général du Kinai.
Edward se souvient des pouvoirs magiques d’Eleanor qui était encore à Kyoto. D’autre part, Richard avait reniflé et avait de nouveau grogné en raison de son mécontentement.
Puis, il avait aussitôt souri d’une manière malicieuse.
« Sois honnête avec moi, Edward. Ce que tu veux, c’est me laisser cette proie inférieure de Nagoya pour que tu puisses avoir Kantō — ou plutôt la garnison romaine — tout à toi, n’est-ce pas ? » demanda Richard.
« C’est une façon assez méchante de présenter les choses, » Edward avait eu un sourire ironique lorsqu’il entendit ça, mais il ne confirma ni nia ce que venait de lui dire Richard. « Le Seigneur César n’est pas au Japon... Mais en fin de compte, c’est un grand héros. La rumeur dit qu’il a mis en place un certain nombre de plans pour protéger Tokyo en raison des faiblesses du Fief du Kantō et la Garde impériale. Même les Japonais sont dans l’obscurité quant à tout cela. »
« Oh ? »
« Le fait d’attaquer impulsivement comme un lion ne ferait que te faire tomber dans un piège. J’ai choisi d’attaquer Kantō uniquement parce que je crois que je suis plus adapté à la tâche. Mon oncle, s’il te plaît, comprends un peu ma position, » déclara Edward.
« Très bien, mais j’ai une condition. » Richard était allé directement à la chasse. « D’après ce que j’ai entendu, tu t’es bien amusé à Fuji. Il y a un groupe de Chevaliers intéressants à Suruga, qui résistent vaillamment à nos armées, n’est-ce pas ? »
« Oh, mon Dieu, mon oncle, c’est ce que tu veux dire par là, » déclara Edward.
Cet ancêtre féroce était vraiment un homme impulsive et une vision à court terme.
Cependant, le nez de Richard et divers instincts étaient exceptionnellement vifs. Il avait dû sentir la « délicieuse proie » cette fois sans même y réfléchir en profondeur.
De plus, c’était un dessert exquis qu’Edward le Prince Noir avait spécialement gardé pour plus tard.
« Très bien, qu’il en soit ainsi. Oncle, j’ai deux demandes, » déclara Edward.
« Dis-le-moi, on verra bien, » déclara Richard.
« Le premier est très simple. Avant de partir pour Suruga, j’aimerais d’abord que tu conquérais Nagoya, » déclara Edward.
« Qu’est-ce que c’est que ce bordel ? Mon sang chaud est sur le point de surgir en ce moment, » déclara Richard.
« Les risques l’emportent sur les avantages si tu fais intentionnellement un détour pour tomber dans un piège. Jusqu’à présent, l’homme qui rôde à Suruga... n’a pas encore révélé l’étendue réelle de ses pouvoirs. Ses talents de chasseur devraient être exceptionnels, » déclara Edward.
« Pour quelles raisons crois-tu cela ? » demanda Richard.
« Un homme qui excelle à s’échapper excellera aussi à piéger son ennemi. Dans le passé, j’ai fait face à une personne similaire, » déclara Edward.
Edward se souvient de son rival d’antan, un héros de France.
Il y avait quelque chose chez Masatsugu Tachibana qui sentait le même parfum que cet homme. Pendant ce temps, le Coeur de Lion l’avait rejeté avec un sourire sans peur. Bien que les pensées profondes ne soient pas son point fort, c’était un homme d’une capacité extraordinaire.
« Alors j’attaquerai d’une manière sérieuse au lieu de savourer de petites bouchées, » déclara Richard.
« En dehors de lui, Suruga a d’autres chevaliers compétents. Il vaudrait mieux être prudent, » déclara Edward.
« Et ta deuxième demande ? » demanda Richard.
« Après avoir conquis Suruga, localise une belle princesse aux cheveux platine éblouissants. Cette fille pourrait ostensiblement devenir un atout intéressant. Elle a un air assez semblable à celui d’Eleanor. Tu la reconnaîtras dès que tu l'aura vue, mon oncle, » déclara Edward.
Edward se souvenait de la noble dame que Masatsugu Tachibana servait à titre de chevalier.
Elle s’appelait Shiori Fujinomiya, la princesse évincée du Japon Impérial dans des circonstances curieuses.
***
Partie 4
31 octobre.
Un demi-mois s’était écoulé depuis l’invasion de Shizuoka par l’Alliance pour la Restauration.
Tôt ce matin, un renard utilisé comme messager et envoyé par Nagoya était arrivé au fort tutélaire de Suruga, apportant la nouvelle que trois forts tutélaires de Tōkaidō étaient tombés hier et avant-hier.
« Cela signifie que la situation de Nagoya devient désastreuse comme la nôtre ? » demanda Hatsune.
« Comparé à Suruga, qui pour l’instant est laissé seul, cela pourrait dans un certain sens être plus dangereux, » répondit Masatsugu.
Masatsugu accompagnait Hatsune pour rendre hommage à une tombe.
Il était environ 14 heures. Il n’y avait personne d’autre au cimetière à part eux. Ce paisible cimetière était situé au bord de la rivière Abe sur le côté ouest de Suruga et près de la maison du « vrai Masatsugu Tachibana ».
« Onii-sama... Désolée de ne pas être venu jusqu’à maintenant. Les devoirs du clan et le service pour la princesse seront assumés correctement par moi et cet Onii-sama ici. S’il te plaît, repose en paix, » déclara Hatsune.
« C’est une façon très compliquée d’organiser les choses, » murmura Masatsugu en rassemblant ses paumes devant le tombeau avec Hatsune.
Devant eux, il y avait une pierre tombale gravée de « Tombeau du clan Tachibana ». À côté se trouvait une petite tablette de pierre portant les noms des personnes ensevelis ici.
Le dernier nom était « Masatsugu Tachibana », précédé par les parents de Masatsugu, et ses grands-parents — .
« Quand ils ont enterré le vrai, ils ont gravé son nom sur la pierre... Heureusement, je n’ai volé que son identité, mais pas sa pierre tombale, » déclara Masatsugu.
C’était probablement une faible compensation secrètement fournie par le père de Hatsune et les anciens du clan quand ils avaient pris le nom du jeune Tachibana qui était mort prématurément pour le donner à un Ressuscité non identifié.
Masatsugu n’avait remarqué cette prévenance que lorsqu’il avait vu la tablette de pierre aujourd’hui.
Après avoir prié pour « le vrai », Masatsugu avait déclaré sur un ton formel. « Hatsune, veuillez accepter mes remerciements et mes excuses au vrai. » Puis il avait repris normalement. « Et si possible, reste derrière moi autant que possible sur le champ de bataille. »
« Oh, mon Dieu, Onii-sama, vas-tu me protéger ? » lui demanda Hatsune.
Hatsune semblait légèrement offensée, comme il sied à un membre d’un clan de héros qui s’enorgueillissait pour sa force.
Masatsugu secoua la tête. « Non, ce que je veux dire par là... c’est que tu dois m’observer attentivement pour apprendre comment les batailles sont livrées. Et tu devrais faire ça jusqu’à ce que tu sois une Chevalière à part entière. Jusque là, je suis prêt à faire ce que je peux pour t’aider. »
« C’est cool. Cependant, je suis un peu surprise, » déclara Hatsune.
« Surprise ? » lui demanda Masatsugu.
« Je pensais que tu serais plus comme un loup solitaire lors des combats, » déclara Hatsune.
« Une nouvelle recrue ne peut pas tout faire sur le champ de bataille et doit d’abord s’occuper d’elle-même. Et celui qui s’occupe de Hatsune Tachibana, c’est précisément moi, Masatsugu Tachibana, c’est tout et il n’y a rien à rajouter, » déclara Masatsugu.
Masatsugu avait partagé ses pensées et en était venu à réaliser quelque chose.
À en juger par ce fait, dans le passé, avait-il aussi suivi quelqu’un pour apprendre comment se déroulaient les batailles ? Probablement... Oui ?
Avait-il suivi des hommes forts, féroces et persévérants alors qu’il avait parcouru les extrémités de la terre à de nombreuses reprises — .
Il avait l’impression d’avoir vécu une telle vie...
« Oh mon Dieu ? Est-ce une alarme !? » s’exclama Hatsune.
Hatsune avait sursauté de peur. Une alarme retentissait à travers les haut-parleurs publics dans toute la ville de Suruga, accompagnée d’un message diffusé invitant les civils à se réfugier à l’intérieur des bâtiments.
Avec un accord tacite, les deux individus avaient immédiatement quitté le cimetière.
Naturellement, ils n’allaient pas s’abriter. Masatsugu Tachibana et Hatsune étaient Chevaliers défendant cette ville.
« Onii-sama, dépêchons-nous jusqu’au fort tutélaire ! » déclara Hatsune.
« Hmm ? » s’exclama Masatsugu.
Sur le parking du cimetière, Hatsune s’était précipitée jusqu’à arriver à côté de Masatsugu, mais il avait remarqué que quelque chose n’allait pas.
Quelque chose volait à grande vitesse depuis le sud de la Baie de Suruga, se dirigeant directement vers le centre de la ville près de la gare. La vue d’une personne normale le confondrait probablement avec celle d’un avion.
« C’est un Croisé rouge... C’est le Légionnaire du Roi Richard ! » déclara Masatsugu.
Ils avaient vu ce type de Croisé il y a trois jours, mais pour une raison inconnue, il n’y en avait qu’une seule qui volait.
Contrairement au centre-ville de la capitale, Suruga n’avait pas beaucoup de bâtiments de grande taille. Ainsi, l’excellente vue de Masatsugu avait pu voir le Croisé rouge depuis le cimetière de la banlieue.
Une autre ombre dans le ciel le préoccupait également.
Il y avait une wyverne volant à l’avant, menant le Croisé.
Masatsugu pouvait clairement voir un Chevalier chevauchant sur la wyverne.
***
Partie 5
La scène se déroulait maintenant dans la Capitale Impériale de Tokyo.
La résidence de l’impératrice du Japon Impérial s’appelait le « palais impérial ».
Même s’il était connu comme étant un château, il était en vérité complètement différent des châteaux japonais comme le château de Nijou.
Alors qu’il était entièrement dans le style d’un palais européen, il avait été construit dans le quartier d’Aoyama à Tokyo après la Seconde Guerre mondiale. Il avait été construit avec des briques et un cadre en acier dans une imitation de l’architecture baroque. Ce palais était solide et présentait une grande beauté.
Le magnifique palais utilisait une grande quantité de briques blanches, ce qui lui donnait un aspect extérieur d’élégance.
Quelque part dans le palais impérial se trouvait une salle d’attente utilisée exclusivement par les officiers militaires de l’Empire romain d’Orient.
Il y avait toutes sortes de meubles extravagants dans la pièce. Et plus important encore, la salle était équipée d’une ligne téléphonique directe avec les installations militaires romaines à l’extérieur du Japon.
Actuellement, Alexis Yang était en train d’utiliser cette ligne directe.
« Pas de sentiment de crise... cela ne serait pas une description correcte, » déclara Yang.
Yang tenait le récepteur dans une main, parlant d’une voix décontractée.
Il était vêtu de l’uniforme militaire de l’Empire romain d’Orient, de couleur bleue et portant une veste de style blazer. Les deux boutons supérieurs de son col de chemise n’étaient pas attachés et il ne portait pas non plus de cravate.
Yang avait des poils sur son menton, ce qui lui donnait un look sauvage qui convenait à sa tenue vestimentaire négligée.
« Ils se rendent compte que cette situation doit être gérée, mais n’ont aucune idée de ce qu’il faut faire, c’est pourquoi ils procrastinent sans rien accomplir... Cela couvre à peu près les réactions de tous ceux qui ont un certain poids dans le palais impérial, » déclara Yang.
Ces paroles cinglantes avaient été prononcées avec légèreté, sans aucun ton de sarcasme.
Yang était l’un des principaux membres de l’état-major militaire de la région administrative de l’Empire romain d’Asie de l’Est. L’homme à qui il parlait n’était pas seulement la personne la plus célèbre au monde, mais aussi le grand héros qui avait fondé l’Empire.
{Rien qui sorte de l’ordinaire. L’Impératrice n’est entourée que dames d’honneur inutiles.}
La voix de l’orateur était majestueuse sans avoir l’air prétentieuse.
Cette diction unique appartenait au Généralissime César de Rome.
Yang avait répondit : « Ces sorcières — correction, les vieilles dames — ne savent que se donner des airs et intimider les membres du même sexe. »
{J’aimerais vraiment que la Garde impériale ou le Fief du Kantō puisse faire preuve d’un peu de compétence.}
« Oui, je vérifierai les choses plus tard, » déclara Yang.
Se présentant comme le protecteur du Japon Impérial, César était actuellement absent du Japon.
Il y a un mois, Rome et l’Empire Britannique s’étaient affrontés sur l’île de Java. Alors qu’il était en attente sur l’île de Lantau à Hong Kong, César avait envoyé l’officier d’état-major Yang à Tokyo en son nom.
Yang était un maître noétique, capable de parler librement sans crainte d’être écouté.
Les techniques de détection des rayonnements électromagnétiques et des ondes noétiques avaient permis de confirmer tout risque d’être espionné. Le fait d’invoquer des ondes noétiques pour causer des interférences contrarierait également tout type d’équipement de surveillance.
« D’ailleurs, cette princesse que vous aimez tant — Son Altesse Shiori — a été abandonnée, clairement laissée vers une mort certaine sans aucune tentative de sauvetage... Il serait scandaleux que cette rumeur se répande, mais dans tous les cas, quelqu’un profitera de cette occasion pour la faire disparaître, » déclara Yang.
{Oh ? Ce n’est pas très bon.}
« Si les Britanniques capturaient une princesse de sang noble, cela pourrait causer toutes sortes d’ennuis. La prise de conscience du Japon est beaucoup trop laxiste, » déclara Yang.
{Comme c’est regrettable. Au fait, major Yang, en ce qui concerne votre nouvelle mission...}
« ... Une nouvelle mission ? » demanda Yang.
{La situation a changé ces derniers jours, n’est-ce pas ? J’ai mis au point quelques contre-mesures après avoir été informé. Tout d’abord — s’il vous plaît, infiltrer Suruga où Shiori est en ce moment. Allez visiter le fort tutélaire qui a combattu courageusement dans l’isolement et présentez-vous comme conseiller militaire.}
« ... Attendez un peu. J’ai promis à ma fille que je rentre à la maison dans une semaine, » déclara Yang.
Yang avait accidentellement commis le tabou d’un soldat quant au fait de défier un ordre. Il avait déjà trente-quatre ans et avait une fille vivant seule de onze ans à Hong Kong.
« J’ai déjà acheté des souvenirs au Japon, comme des vidéos de concert d’idoles et un cuiseur de riz, » déclara Yang.
{Il suffit de les faire envoyer par avion. Je vais demander à la section du personnel d’informer votre femme.}
« C’est mon ex, pas ma femme, d’accord ! D’ailleurs, l’infiltration n’est-elle pas le travail du service de renseignements ? Ces types n’ont-ils pas déjà dû se faufiler dans Suruga ? » demanda Yang.
Le grand héros historique devait se moquer de lui-même de l’autre côté. Alexis Yang en était certain et il avait essayé de protester.
César avait ri malicieusement avant de lui dire. {Votre travail est de faire des ajustements à la stratégie militaire de notre côté en fonction de mes souhaits et des circonstances locales. Le commandant de Suruga et moi avons besoin de quelqu’un pour jouer ce rôle.}
« Très bien, très bien. En d’autres termes, Votre Excellence n’enverra pas seulement des troupes de Kantō pour reprendre Hakone, » déclara Yang.
Yang arrêta de plaisanter et passa à un ton de voix boudeur.
« Vous avez l’intention de négocier avec Suruga pour lancer une attaque à l’ouest de Hakone dans une offensive en tenaille, n’est-ce pas ? Je travaillerai dur comme si mon salaire et ma pension en dépendaient. Actuellement, ce dont le Japon a le plus besoin, c’est sans aucun doute Votre Excellence... Généralissime César, » déclara Yang.
{Cela va sans dire. Puisque je souhaite que les choses soient bien gérées ici, je vais faire des ajustements.}
Même au téléphone, la voix de César résonnait encore pleine de vitalité.
Dans tous les cas, quelqu’un avait reçu des ordres du Généralissime de la Rome orientale et se préparait à se diriger vers Tōkaidō.
***
Chapitre 5 : Bataille entre Lion et Chien (1)
Partie 1
15 h 27, 31 octobre.
C’était à ce moment-là que Richard Coeur de Lion était arrivé à la Cité de Suruga.
Alors qu’il se trouvait sur sa wyverne blanche, il était lentement descendu avec un Légionnaire britannique « Escalibor » cramoisi à ses côtés. Le Légionnaire avait atterri avec un bruit sourd et lourd.
Il s’était placé en face de la station de Suruga.
Le terminal du train à grande vitesse était énorme et la zone en face de la gare était également très prospère.
Il y avait de grands magasins et de grands immeubles dans le style des quartiers de bureaux. Il était rare pour une ville régionale tranquille d’avoir une telle zone « métropolitaine ».
La wyverne et l’Escalibor étaient ainsi soudainement apparus à la gare routière d’ici.
Peu après que l’alarme ait résonné dans la ville, l’ancien roi d’Angleterre et son Légionnaire avaient rapidement envahi la Cité de Suruga, volant comme une étoile filante.
... Il y avait encore des civils autour de la station qui ne s’étaient pas échappés à temps.
Cent cinquante personnes devaient se trouver en ce moment dans la zone. Le géant rouge avait levé son fusil à baïonnette et avait tiré.
Mais plutôt que de viser les civils, le fusil était dirigé vers les nuages blancs se trouvant dans le ciel bleu. Le faisceau brûlant avait été envoyé dans le ciel, accompagné d’un tonnerre provoqué par le coup de feu.
Les foules avoisinantes étaient toutes obsédées par le Légionnaire rouge et le cavalier de la wyverne qui venait de faire irruption dans la zone.
« Peuple de Suruga, je suis Chevalier de l’Empire Britannique ainsi qu’un roi d’Angleterre dans le passé, Richard Cœur de Lion. Soyez à l’aise et levez la tête, » déclara Richard.
Les Légionnaires du roi d’Angleterre, les Escalibors, mesuraient plus de huit mètres de haut.
La wyverne de Richard planait près de l’épaule du géant rouge. Surplombant le paysage devant la gare, Richard hocha la tête avec satisfaction.
La voix de ce Ressuscité n’était pas très grossière. À la place, elle avait l’air magnanime.
C’était ainsi une voix sonore et belle, qui était claire et profonde.
« Hohohohohohoho. Il n’est pas nécessaire de s’enfuir comme des rats, vous, habitants de cette ville. Je ne suis pas venu aujourd’hui pour me battre. Je suis ici en tant que chevalier pour informer les résidents de Suruga qui ont vaillamment combattu, » déclara Richard.
L’Escalibor derrière Richard avait émis la même voix et les mêmes mots derrière son masque. Plus précisément, il ne s’agissait pas d’une voix, mais d’un son formé à partir d’ondes noétiques.
C’est pourquoi le son se répandait comme une onde.
Le volume lui-même n’était pas trop grand, mais chaque résident dans un rayon de plusieurs kilomètres pouvait l’entendre très clairement.
« Maintenant... Ça me fait mal au cœur d’entendre parler de votre détresse déchirante. Les Chevaliers de Suruga se sont battus courageusement contre nous de l’Alliance pour la Restauration, mais le résultat est qu’à travers le pays de Shizuoka, c’est la dernière ville qui n’a pas encore été sous la protection de l’Empire Britannique. Écoutez-moi, habitants de cette ville ! » continua Richard.
Sur sa wyverne, Richard avançait lentement le long de la route principale devant la gare.
Il volait à une altitude d’environ trois étages. Alors qu’il avançait le long de cette route, c’était presque comme un défilé de triomphe.
L’Escalibor était également en vol stationnaire dans les airs, à la suite de son commandant.
« Qui sont ceux qui souffrent à la guerre ? N’est-ce pas vous, les habitants de la ville ? Tant que les chevaliers de Suruga continueront à résister, vous serez emprisonnés dans cette ville, incapables de satisfaire vos estomacs, de réfréner votre faim, la peur et l’incertitude. Je compatis avec vous du fond du cœur ! »
Richard avait regardé les rues avec arrogance tout en prononçant un discours passionné.
La voix de Cœur de Lion comprenait des éléments de ravissement. Il semblait très ému par son propre discours.
« Je vous promets par la présente que je serai celui qui vous libérera. Je vais conquérir Suruga sans faute et vous guiderais tous pour que vous veniez sous la protection de l’Empire Britannique. Quand le temps viendra, j’enverrai un cadeau de dix mille tonneaux de vin pour organiser une célébration glorieuse qui durera trois jours et trois nuits. Je vous invite tous à vous joindre à moi pour partager ce beau vin de la victoire ! »
Richard avait levé le poing en l’air, ajoutant ainsi un peu de puissance à l’apogée de son discours.
À ce moment-là, il avait soudainement baissé la voix et avait dit : « Cependant, je vous demande votre compréhension sur une question. Car, je me reposerai pendant cinq jours, et une fois que je serai reposé, la première cible qui tombera face à moi sera Nagoya. C’est à Nagoya où je mettrai fin au Fief de Tōkaidō, » continua Richard.
Il y avait une couche de morosité dans l’expression passionnée de Coeur de Lion.
Avec un visage d’angoisse digne d’un protagoniste tragique, il leva les bras et cria au peuple : « S’il vous plaît, gardez cela à l’esprit. Je vais conquérir Nagoya dans les dix jours, puis retourner à Suruga le lendemain pour vous libérer. Jusqu’à ce moment-là, attendez patiemment ma seconde venue. À bientôt ! »
Après avoir dit tout ce qu’il voulait, Richard avait donné un léger coup de pied au côté de sa wyverne.
La wyverne avait battu des ailes et s’était dirigée vers l’est, vers la ville de Fuji. L’Escalibor l’avait suivi.
Le Légionnaire britannique cramoisi tenait un seau en bois dans sa main gauche.
Pendant qu’elle volait, le Légionnaire avait ouvert le couvercle du seau, laissant tomber des milliers de morceaux de papier.
L’énorme quantité de papier était éparpillée par le vent dans toute la ville de Suruga.
... Ce fut le début de « L’attaque de Richard I ». Les foules sur la scène avaient regardé dans l’envoûtement, oubliant complètement de s’échapper.
En fait, il y avait un Chevalier en attente près de la scène.
« À quoi pense cet homme ? »
Le véhicule militaire à quatre roues motrices avait arrêté son moteur sur la route devant la station.
La châtelaine Rikka Akigase avait froncé les sourcils alors qu’elle se tenait sur le siège arrière.
Le génie du fort tutélaire de Suruga, Sakuya, avait émis un avertissement — un seul Escalibor s’approchait de Suruga à grande vitesse. Rikka s’était enfuie à la hâte.
Cela lui permettait de détruire l’ennemi instantanément s’il se livrait à des activités destructrices violant la Charte de la Chevalerie.
Cependant, elle s’était heurtée à un discours inattendu.
☆☆☆
« Pour être franche... Je ne suis pas vraiment préoccupée par les répercussions de ce discours, » avait déclaré solennellement Rikka.
Cela se déroulait le lendemain du jour où Richard s’était rendu à Suruga pour prononcer un discours.
« Après tout, il a promis de sauver les habitants de la ville, puis a parlé de se reposer avant d’attaquer Nagoya. C’est totalement désorganisé, » continua Rikka.
Le 1er novembre, ce jour-là, Masatsugu s’était excusé auprès de l’école et s’était rendu dans une salle de conférence se trouvant dans le fort tutélaire de Suruga.
Rikka l’avait invité à se joindre à un conseil de guerre.
« Puisqu’il est un héros ressuscité et un Legatus Legionis qui surpasse les Chevaliers ordinaires, j’hésite à dire quoi que ce soit de trop dur —, » continua Rikka.
Après avoir utilisé un terme utilisé pour honorer les Ressuscités...
Elle l’avait dit tout de suite.
« Mais je le soupçonne d’être un idiot, » avait fini Rikka.
« R-Rikka-sama, vous êtes trop directe, » déclara Hatsune, un peu troublée, qui était à la table.
Les trois Chevaliers, Habuna, Maike et Tabi, avaient également souri maladroitement. Ce conseil de guerre avait réuni tous les Chevaliers à Suruga pour discuter de leurs prochaines actions.
De plus, le discours du roi d’Angleterre des temps anciens avait été sous la surveillance de Yatagarasus.
Masatsugu et les autres avaient regardé la vidéo après un traitement noétique.
« Cependant, je n’ose pas le traiter d’idiot maintenant. Après avoir lu les dépliants distribués par Richard I, certains résidents hésitent. Certains ont même proposé “il vaudrait mieux perdre contre l’Alliance pour la Restauration”, » avait analysé Rikka.
Masatsugu s’était souvenu du contenu du dépliant.
Il avait déclaré que les préfectures de Shizuoka et Nagoya étaient sur le point de tomber aux mains de l’Alliance pour la Restauration. Sa phrase de conclusion était la prédiction que « bientôt, le peuple de Suruga sera sous la protection du Coeur de Lion d’Angleterre »...
« Soupir, on ne peut non plus rien y faire. Il est vrai que nous, du Fief de Tōkaidō, ne sommes pas en mesure de fournir suffisamment de nourriture aux habitants de la ville. La situation de combat s’est clairement renversée contre nous, » Rikka avait admis d’une manière candide puis elle avait haussé les épaules.
« Il n’y a pas de problème pour l’instant, mais des émeutes pourraient finir par éclater, » déclara Hatsune.
« Ce Richard I..., » la plus noble participante à cette conférence avait soudainement pris la parole.
Tous les regards s’étaient tournés vers une personne, la princesse Shiori Fujinomiya du Japon Impérial, qui avait continué. « Il est indéniable que c’est un homme qui vit sa vie d’une manière très impulsive. Il est un féroce Chevalier, mais il a aussi un côté artistique avec un amour pour la poésie... C’est peut-être à cause de cela qu’il agit souvent de façon capricieuse, changeant d’avis sur un coup de tête. »
N’étant ni une guerrière ni une officière de haut rang, Shiori assistait également à ce conseil de guerre.
Il s’agissait là du premier pas dans l’« ascension » de la princesse évincée.
Les deux Chevaliers, Masatsugu Tachibana et Hatsune, étaient à son service personnel, faisant d’elle l’alliée la plus importante du fort tutélaire de Suruga. De plus, la princesse avait déjà démontré à ces personnes présentes ses capacités mystiques et sa perspicacité exceptionnelle. En conséquence...
« Puis-je assister à ce conseil de guerre ? » avait demandé Shiori un peu avant le conseil de guerre.
Quand Shiori avait demandé cela avec tact, Rikka n’avait nullement refusé.
Les trois jeunes hommes Chevaliers à table et les officiers militaires du fort tutélaire l’avaient également respectueusement acceptée.
Ayant obtenu le respect correspondant à son statut et à ses capacités, la princesse impériale expliqua d’un ton de voix sage comme toujours.
« Dès que le militant Richard Ier a été couronné roi d’Angleterre, il a vendu beaucoup de choses afin de collecter des fonds pour la guerre. Cela comprenait des biens précieux, des trésors nationaux, des châteaux, des territoires, des titres de noblesse et des cantons, » continua la princesse.
« Comment un dirigeant d’une nation peut-il agir de manière aussi irresponsable ? » Rikka était horrifiée.
Shiori hocha la tête et continua : « Oui, congédier les fonctionnaires locaux puis les forcer à racheter leurs postes était une ruse qu’il utilisait fréquemment. On dit qu’il a failli vendre la capitale de Londres. »
« Quel homme irresponsable... ! » s’exclama Rikka.
« Il ne ressentait probablement aucun attachement à l’Angleterre. La famille royale régnante sur l’Angleterre médiévale était à l’origine des nobles de France qui ont traversé la mer pour conquérir l’île de la Grande-Bretagne ».
Masatsugu avait été très surpris d’entendre le nom de la France.
« La famille Plantagenet de Richard Ier était une grande noblesse en France, détenant des terres comprenant le duché d’Aquitaine, le comté d’Anjou et le duché de Normandie. L’Angleterre elle-même n’était qu’un des territoires de la dynastie Plantagenet, » expliqua Shiori.
Shiori, bien informée du sujet, parlait sans problème de tout ça.
« Les Plantagenet ont essentiellement fait leur résidence en France, vivant en tant que nobles français, ne visitant la Grande-Bretagne que lorsqu’il leur était nécessaire de porter l’identité de la famille royale anglaise de la dynastie Plantagenet. Ils utilisaient presque toujours le français et ne parlaient jamais l’anglais, » déclara Shiori.
Les noms de Richard et Edward devraient être prononcés en français comme « Ree-shaar » et « Ay-doo-waar »...
Quand Shiori avait ajouté cette dernière partie, Hatsune avait une remarque de façon poignante, « C’est comme gérer une activité secondaire tout en ayant un travail de jour ».
« Une description très pertinente. En effet, la famille Plantagenet était un grand propriétaire terrien qui a même surpassé le roi de France lui-même. La France était leur véritable forteresse, tandis que le roi d’Angleterre n’était qu’un emploi à temps partiel. Mais après la mort de Richard Ier, les échecs de son frère cadet John Lackland ont conduit à la perte de la quasi-totalité de leurs biens sur le continent européen, les forçant à fuir en Angleterre, » expliqua Shiori.
Masatsugu s’était souvenu de quelque chose comme ça. Il avait entendu une anecdote pendant le cours d’histoire.
La perte de son territoire avait valu au roi Jean le surnom de « sans-terre ».
« Ces problèmes ont éclaté pendant la génération du père du Prince Edward le noir, ce qui a entraîné la guerre de Cent Ans entre l’Angleterre et la France. En vérité, les deux familles royales de l’époque étaient des parents..., » expliqua Shiori.
« Je vois, c’est donc ça la personnalité du roi Richard. » Rikka soupira.
« Maintenant, le problème est... Ce tyran était très bon à faire la guerre, personnalité mise à part — ou plutôt, ce type de personnalité est probablement un facteur contribuant à sa férocité hors pair. En utilisant avec aisance des méthodes que les gens normaux n’oseraient pas utiliser, il a obtenu des victoires grâce à des démonstrations ostentatoires de force brute, » expliqua Shiori.
La princesse Chevalier du Fief de Tōkaidō avait dit avec tristesse : « La prochaine fois que Richard viendra à Suruga, ce sera après avoir conquis Nagoya, n’est-ce pas ? Naturellement, j’ai informé mon père de sa déclaration... Mais Nagoya pourra-t-il tenir le coup ? La situation n’est pas optimiste. »
« Rikka-sama, il y a d’autres points d’inquiétude », Shiori avait de nouveau partagé son point de vue avec elle. « Une fois que Nagoya tombera et que Tōkaidō sera officiellement vaincu, l’Alliance pour la Restauration aura alors toute latitude pour déployer tous les Chevaliers pour attaquer Suruga. Confronté à Richard I et aux multiples Chevaliers de Sa Majesté — nous ferons face à une défaite inévitable. »
« Oui, auquel cas nos seules options sont de battre en retraite ou de se rendre, » déclara Rikka.
Rikka s’était tue après ça, les bras croisés devant sa poitrine. Elle réfléchissait à leur plan d’action.
Cinq minutes plus tard, elle n’avait toujours pas dit un mot, probablement parce qu’elle n’arrivait pas à trouver de bonnes idées. Les trois jeunes hommes Chevaliers, Hatsune et Shiori n’avaient également rien à dire.
Sous cette atmosphère grave, Masatsugu avait parlé, « Bien sûr, le Prince Edward est la personne impressionnante ici. »
« Onii-sama, notre discussion porte sur Richard, » déclara Hatsune.
« Je sais, mais la raison pour laquelle cet idiot à sang chaud est une nuisance est principalement parce que la chaîne du Prince Edward est fermement attachée à son collier, » répliqua Masatsugu.
« Qu’est-ce que tu veux dire ? » Hatsune était perplexe.
Masatsugu expliqua calmement, « Réfléchissez bien à tout cela. Pourquoi Richard a-t-il fait des pieds et des mains pour prononcer un discours à Suruga ? »
« Euh... sur un coup de tête ? » demanda Hatsune.
« Possible, mais selon Son Altesse, il est impulsif au point d’être irresponsable... On ne peut pas s’attendre à ce qu’un homme comme lui fasse preuve de retenue, n’est-ce pas ? En fait, j’ai senti qu’il prendrait le discours comme une chance de lancer une attaque-surprise. D’autant plus qu’il considère Suruga comme une “proie spéciale”, et c’est une raison de plus qu’il devrait le faire ainsi, » déclara Masatsugu.
Cependant, le lion n’était pas le seul à savoir chasser — .
Actuellement, Masatsugu prenait également le point de vue d’un chasseur pour analyser et examiner les habitudes et les tendances de la bête au Cœur de Lion, afin d’en tirer sa conclusion.
« Quelqu’un a persuadé Richard de se retenir et il est très malheureux à ce sujet. Il est en ce moment très frustré. C’est pourquoi il s’est rendu jusqu’à Suruga pour prononcer un discours glamour, afin d’exprimer son mécontentement, » déclara Masatsugu.
Masatsugu haussa légèrement les épaules puis il continua. « Quelle honte ! Si Richard attaquait Suruga en pleine force... Ce serait la meilleure opportunité de le vaincre. »
« Ehhhhhh !?? Pas possible ! Ce type a plus de mille en Force de Chevalier, tu t’en rends compte !? » s’exclama Hatsune.
Hatsune était très choquée. Non, tous les participants à ce conseil de guerre ressentaient la même chose. Au nom du groupe, la fille Tachibana avait interrogé Masatsugu, « Et aussi, son Fait d’Armes est puissant, et il est talentueux pour commander les Légionnaires... »
« Il s’agit simplement d’une question de comparaison. Richard attaquant seul ou alors un grand groupe de Chevaliers dans une offensive féroce après les chutes de Nagoya — que pensez-vous qu’il est plus facile de vaincre ? » demanda Masatsugu.
« Bien sûr, face à Richard seul. Mais même tout seul, il est formidable, n’est-ce pas ? » demanda Hatsune.
« Sur ce point... Il semblerait que je suis très doué pour gérer des adversaires comme lui, » répliqua Masatsugu.
La petite sœur avait averti Masatsugu, l’incitant à marmonner.
Sans élever délibérément la voix, ses paroles paisibles traduisaient une confiance en soi.
« Contre un homme comme lui, je connais un certain nombre de pièges efficaces pour gagner, » déclara Masatsugu.
« Vraiment, Onii-sama !? » Hatsune se pencha vers l’avant, ses yeux brillaient de mille feux.
« Al-Alors pourquoi ne pas prendre l’initiative d’attaquer ? » demanda Hatsune.
« Ce serait difficile. Les troupes que je peux actuellement utiliser ne dépasseront pas deux ou trois cents. Si je devais me fier à ces chiffres pour l’engager... Je dois l’attirer pour qu’il attaque Suruga d’une manière agressive, » Masatsugu secoua la tête alors qu’il disait ça. « Sinon, il n’y a aucun moyen de le conduire dans un piège d’une manière naturelle. »
Peut-être le Prince Noir avait-il aussi envisagé le risque d’un « piège au cours de la chasse », c’est pourquoi il persuadait le lion d’« attendre ».
Edward était vraiment remarquable. Non seulement il commandait habilement les troupes sur le champ de bataille, mais il avait aussi la capacité de contrôler un subordonné qui était comme une bête sauvage.
Masatsugu apercevait les prouesses du Prince Noir. Un ennemi redoutable qui surpassait largement Richard.
« Nous avons besoin d’appât. Et cet appât doit attirer l’impulsif Richard à Suruga avant que les forces britanniques n’attaquent Nagoya. Sinon, Suruga et Nagoya seront écrasés, » déclara Masatsugu.
« Dans ce cas... J’ai une idée. »
Celle qui avait offert cette idée — c’était précisément Shiori.
« C’est un pari dangereux. Mais puisque notre défaite est scellée si nous ne faisons pas le grand saut, faisons un spectacle extravagant de feux d’artifice pour attirer l’attention de cet homme, » déclara Shiori.
Avec les regards de tous les chevaliers concentrés sur elle, Shiori expliqua minutieusement son plan.
Son ton digne était identique à ce qu’on aurait entendu venant du chef d’une nation ou leur conseillère militaire.
***
Partie 2
Dans les premières heures du 2 octobre, au moment le plus sombre juste avant l’aube...
Un incendie avait éclaté dans la ville de Suruga, et plus exactement, dans la partie Nord de la ville, près du pied du mont Ryuusou dans le sud des montagnes.
Cela couvrait un marché d’un gros central commercial et les entrepôts de nombreuses entreprises de logistique.
Le feu avait commencé dans ce quartier.
L’incendie s’était instantanément propagé, brûlant un certain nombre d’entrepôts.
Après les efforts de lutte contre l’incendie, les entrepôts avaient été presque entièrement détruits, ne laissant que des charpentes d’acier.
La plus grande perte avait été la nourriture stockée dans ces entrepôts.
En raison du blocus, les magasins ordinaires n’avaient plus d’aliments frais comme les légumes, la viande et le poisson depuis longtemps.
Cependant, les denrées non périssables comme le riz, la farine de blé, les pommes de terre, les carottes, les tubercules et les aliments en conserve avaient été préalablement réquisitionnées par le gouvernement municipal de Suruga pour être gérées et distribuées aux masses par le biais du rationnement.
Malheureusement
Les entrepôts incinérés stockaient des rations.
Comme de grandes quantités de nourriture étaient nécessaires pour nourrir Suruga, son transport était laborieux et prenait beaucoup de temps, c’est pourquoi la nourriture était stockée directement dans les centres logistiques.
Dans le cadre du système de gestion, l’infanterie du fort tutélaire était stationnée dans les environs pour des raisons de sécurité.
Cependant, quelqu’un s’était glissé à travers le filet de sécurité et avait commis un incendie criminel contre ce qui était la ligne de vie des résidents de Suruga.
☆☆☆
« Eh bien, les provisions sont conservées dans toute la ville. Ce n’est pas comme si c’était le seul endroit, » Taisei Okonogi avait dit cela d’une voix manquant d’énergie.
Le meilleur ami de Masatsugu lui parlait, fixant les articles du journal.
« Selon le rapport, les aliments incinérés représentaient un peu moins de 40 % de l’approvisionnement. C’est une situation très grave, » continua Taisei.
« Après tout, Suruga ne peut pas compter sur les secours de l’extérieur, » Masatsugu était d’accord avec la plainte de son ami.
« L’Alliance pour la Restauration a assuré la supériorité navale dans la Baie de Suruga, bloquant les routes maritimes. Le chemin de fer s’est arrêté comme les routes sont bloquées. À moins que nous ne trouvions une solution rapidement, la reddition est la seule option, » déclara Taisei.
« Franchement, quelle épreuve ! »
Deux jours après l’incendie, les deux étaient près de la gare de Suruga.
C’est là que Richard I avait visité trois jours plus tôt. Après l’école, Taisei avait mentionné qu’il voulait y aller et Masatsugu s’était porté volontaire pour l’accompagner.
Leur destination était la succursale de Suruga du Journal de Tōkaidō.
En tant que vice-président du Conseil des Étudiants, Taisei avait également travaillé à temps partiel au bureau de Suruga du Journal de Tōkaidō.
Aujourd’hui, il était ici pour lire le journal à tirage limité plutôt que pour venir travailler. Pour économiser du papier, de l’encre et d’autres fournitures, les journaux normaux n’étaient pas publiés actuellement. Mais une fois tous les quelques jours, une centaine d’exemplaires étaient distribués dans les centres communautaires et les bibliothèques pour que les gens puissent les lire.
Taisei avait plaidé auprès de la réceptionniste et avait pris une copie du journal pour le lire.
« Si cet “Internet” inventé par les Américains se répand, nous pourrons lire les nouvelles sur nos ordinateurs à la maison, » déclara Taisei.
« Qu’est-ce que c’est ? » demanda Masatsugu.
« Je ne suis pas sûr des détails, mais pour le dire simplement... Il semble augmenter la fonctionnalité de communication d’un ordinateur, avec un réseau d’information qui relie le monde entier. Mais comme le téléphone, il est facilement affecté par une perturbation noétique, c’est pourquoi les progrès ont été lents, » expliqua Taisei.
« On dirait quelque chose de très compliqué, » déclara Masatsugu.
« Il y a des rumeurs selon lesquelles les militaires ont construit des systèmes de réseaux similaires en utilisant les ondes noétiques, » déclara Taisei.
Après avoir lu le journal, ils avaient quitté le bureau du journal.
Leur mode de locomotion était la bicyclette. Ils avaient décidé de se promener devant la gare au lieu de se diriger directement vers le parking.
« Au fait, Masatsugu-kun. Si tu n’es pas trop occupé avec tes tâches de Chevalier, pourquoi ne pas travailler comme bénévole ? Demain matin, les garçons de notre école vont à l’association des pêcheurs pour apporter des filets et attraper du poisson. Nous serons récompensés directement avec une partie de la prise. Après cela, nous organiserons un tournoi de pêche en mer avec toute personne intéressée. L’intention est d’attraper plus de poissons comme les girelles ou les chinchards et d’améliorer la situation alimentaire de Suruga, » expliqua Taisei.
« Le poisson est actuellement en saison. Les attraper est plutôt amusant, » répliqua Masatsugu.
« J’aimerais aussi utiliser les contacts du club de jardinage pour aider l’association des fermiers en échange de fruits et légumes, » déclara Taisei.
Leur enthousiasme pour le bénévolat aux motivations impures était illimité.
Pendant ce temps, il y avait une foule importante dans les rues aujourd’hui, ce qui était plutôt rare ces derniers temps. La raison en était évidemment l’« événement » qui s’était tenu devant la gare.
Des hommes et femmes, jeunes et vieux, toutes sortes de résidents étaient là.
Il y avait une trentaine ou une quarantaine de personnes, même des femmes au foyer qui amenaient des enfants.
Ils distribuaient des feuilles aux piétons devant la gare en hurlant :
« Le fort tutélaire de Suruga a besoin de se dépêcher de prendre la décision de rejoindre l’Alliance pour la Restauration ! »
« Nous ne voulons pas continuer à souffrir à cause de la guerre ! »
« S’il vous plaît, donnez assez de nourriture aux enfants ! »
Ils avaient appelé à la signature d’une pétition demandant la reddition du fort tutélaire de Suruga à l’Alliance pour la Restauration.
« Depuis un demi-mois... Depuis le blocus de Suruga, les gens mènent secrètement de telles activités de temps en temps, » regardant avec dédain les procédures perturbatrices, Taisei soupira d’impuissance. « La situation s’est aggravée ces derniers jours. Les habitants de la ville semblent les accepter avec un point de vue plus favorable. »
Les gens acceptaient souvent les tracts des mains des activistes.
Les gens qui les ignoraient s’étaient à la place avérés être la minorité. Certaines personnes avaient même donné leur signature à la table préparée par les organisateurs.
« L’incident de la perte de nourriture s’est produit récemment, donc les gens ne peuvent pas s’empêcher d’avoir peur, » déclara Masatsugu.
« C’était très probablement un incendie criminel, n’est-ce pas ? Selon la rumeur, les coupables sont des espions de l’Alliance pour la Restauration. —, » déclara Taisei.
« C’est difficile à dire. L’Alliance pour la Restauration veut laisser Suruga tranquille, » déclara Masatsugu.
« Dans ce cas... Une autre rumeur dit que ces types sont responsables, » chuchota Taisei.
Taisei jette un regard furtif sur les participants à la « signature de la pétition ».
« Si la situation alimentaire s’aggrave, le monde décidera du moindre de deux maux, et ainsi, de plus en plus de gens soutiendront l’abandon. C’est leur objectif — c’est ce que certains disent, » déclara Taisei.
« Il n’y a pas de preuve, mais c’est très convaincant, » déclara Masatsugu.
« D’accord, Masatsugu-kun, ne vas-tu pas supprimer ce genre d’activités ? » demanda Taisei.
« Ce n’est pas mon travail. D’ailleurs, des activités similaires se déroulent un peu partout. Disperser juste ce groupe n’a pas de sens, » déclara Masatsugu.
« Vrai. C’est dur de t’imaginer dire quelque chose d’aussi raisonnable, Masatsugu-kun, alors qu’il y a un demi-mois, tu étais encore obsédé par le concours de beauté, » déclara Taisei.
Taisei hocha la tête et fit une remarque poignante.
« De nos jours, tu agis vraiment comme un Chevalier. Je suis si touché, » continua Taisei.
« Je n’ai pas oublié le concours de beauté, c’est juste que je ne peux pas me concentrer sur l’organisation, c’est pourquoi tu as cru à tort que je le négligeais... En vérité, je n’ai pas renoncé à organiser le concours de beauté en décembre, » répliqua Masatsugu.
« Je suis sûr que personne ne s’y opposera, même si tu abandonnes l’idée, » déclara Taisei.
Le festival scolaire du Lycée Rinzai devait avoir lieu début décembre.
L’un des événements était un concours de beauté. Après avoir exprimé sa détermination en tant que membre du comité exécutif responsable du concours, Masatsugu avait changé de sujet.
« Mettons ça de côté. En vérité, j’ai besoin de te demander une faveur aujourd’hui, » déclara Masatsugu.
« Est-ce lié au concours de beauté ? » lui demanda Taisei.
« Malheureusement, ce n’est pas une demande amusante, » répondit Masatsugu.
Masatsugu avait sorti une carte de Suruga de son cartable.
Quelques cercles avaient été dessinés dessus, indiquant tous des entrepôts impliqués dans la logistique. C’était l’endroit où l’on gardait la nourriture pour les rations.
« Veux-tu bien rassembler vingt à trente étudiants au nom du Conseil des Étudiants ? Puis, demande-leur de mettre le feu à ces endroits marqués. Après cela, ils seront arrêtés par l’armée ou la police et détenus pendant quelques jours — c’est le genre de bénévole dont j’ai besoin. Utilise des pensionnaires, sinon le fait d’expliquer à la famille tout cela sera une source de tracas, » déclara Masatsugu.
« Hein ? » Son meilleur ami, le vice-président du Conseil des Étudiants, avait incliné la tête, stupéfait.
***
Partie 3
La visite de Richard à Suruga avait eu lieu le dernier jour d’octobre.
Aujourd’hui, nous étions le 6 novembre. Au cours de cette période, le Coeur de Lion avait repris des forces et s’était préparé à affronter sa prochaine bataille.
Demain — Il allait attaquer la capitale provinciale de Tōkaidō.
Richard devait partir demain après-midi pour son grand départ vers l’est pour prendre Nagoya.
La première cible était le château d’Okazaki, un château japonais à Nishimikawa et le lieu de naissance du Shogun Tokugawa Ieyasu, avec son architecture japonaise à l’ancienne avec un donjon central et des murs en pierre.
Cependant, comme le château de Nijou, son intérieur avait été remodelé.
Avec des Chevaliers et un ifrit stationné, le château servait aussi de fort tutélaire.
Après avoir pris le château d’Okazaki, ce n’est qu’à ce moment-là que l’on atteindrait la périphérie de Cité de Nagoya. Ensuite, en pénétrant dans le filet défensif formé par les différents forts tutélaires, dont le château de Kariya et le château de Kiyosu, on pénétrait dans le château de Nagoya.
Pendant ce temps, le Kinai enverrait aussi des chevaliers de l’Alliance pour la Restauration pour attaquer de l’ouest.
Les forces de la coalition anglo-japonaise se composaient des « chevaliers cramoisis », d’un millier d’Escalibors venant de l’est, et des « samouraïs bleus » kamuys venant de l’ouest dans une attaque simultanée sur la proie connue sous le nom de « Nagoya ».
De l’est, il y avait les « chevaliers cramoisis », mille Escalibors. De l’ouest, les « samouraïs bleus ».
« Quelle scène spectaculaire ! » Richard marmonnait à lui-même dans l’extase.
Cependant, il y avait une question qui peinait le cœur du roi Lion miséricordieux et compatissant.
... En tant que Chevalier, il était extrêmement facile de recueillir des renseignements à divers endroits. Comme Suruga était la proie que Richard apprécierait en dernier, il avait informé à l’avance les services de renseignement qu’il devait être informé immédiatement de tout mouvement à Suruga.
Richard avait donc appris une certaine nouvelle.
« Qui aurait cru que les habitants de Suruga me désiraient tellement..., » murmura-t-il.
Récemment, Richard s’était rendu à Cité de Suruga pour prononcer un discours passionné, exprimant la frustration présente dans son cœur.
Apparemment, sa performance passionnée avait touché le cœur des gens. La ville commençait à attendre avec impatience les signes de l’arrivée du Cœur de Lion.
Le fort tutélaire de Suruga devrait se rendre à l’Alliance pour la Restauration dès que possible.
Les civils qui demandaient aux responsables de Suruga de se rendre avaient mis le feu aux entrepôts de nourriture l’un après l’autre.
Leur but était de protester contre la résistance futile du fort tutélaire de Suruga.
Au début, un incendie s’était déclaré à un endroit, mais les crimes s’étaient répandus ces jours-ci. Quatre autres entrepôts avaient été incendiés.
La police de Suruga enquêtait désespérément et avait appréhendé des suspects de ses incendies criminels.
... Les suspects étaient tous des étudiants. Comme ils étaient mineurs, ni leur nom ni leur affiliation scolaire n’avaient été divulgués.
Le lendemain, après avoir brûlé avec succès le deuxième entrepôt, la succursale de Suruga de Journal de Tōkaidō avait reçu un manifeste criminel anonyme.
Le manifeste avait été publié dans le journal temporaire sous la forme d’un rapport spécial.
Les espions qui se cachaient dans la ville de Suruga avaient copié le contenu et l’avaient transmis au service de renseignement. Richard l’avait aussi lu. Il y avait une déclaration sincère selon laquelle « l’avenir de la Cité de Suruga repose sur l’Alliance pour la Restauration et le Chevalier Richard ».
Après avoir lu le manifeste éloquent et passionné, Richard avait été très ému.
Cependant, la réaction du fort tutélaire de Suruga avait été d’une stupidité incroyable. Ils soupçonnaient ces étudiants de « collusion secrète avec l’Alliance pour la Restauration pour avoir commis un acte d’incendie criminel » — .
Le fort tutélaire de Suruga avait remis des lettres de protestation officielles aux diverses forces britanniques stationnées à Shizuoka.
Leur message principal était que cette destruction intentionnelle des installations civiles était un comportement honteux qui contrevenait à la Charte de la Chevalerie.
Naturellement, les forces armées britanniques avaient nié solennellement. Le fort tutélaire de Suruga n’avait pas été convaincu et avait même déclaré qu’ils allaient mener d’autres enquêtes.
Ils prévoyaient d’interroger les étudiants incendiaires pour connaître la vérité.
« J’espère que ces jeunes ne seront pas soumis à la torture... Non, on ne peut pas attendre beaucoup des chevaliers de Suruga insensés et sans scrupules. J’ai vraiment pitié de ces étudiants, » déclara-t-il.
En tant que chevalier extrêmement chevaleresque, le cœur de Richard était très peiné.
Eh bien, mis à part les lourdes taxes et les lois sévères qu’il avait imposées au peuple sous son règne... Après tout, les domaines et les gens qui y vivaient étaient ses biens.
Les chevaliers, les nobles et les martyrs admirant le Coeur de Lion étaient différents.
« Je dois trouver un moyen de les sauver personnellement, » déclara-t-il.
Après cela, les pensées de Richard avaient commencé à s’accélérer dans une certaine direction.
Il était très doué pour laisser libre cours à son imagination, pour trouver une justification à ce qu’il voulait faire. Ce faisant, il mettait le feu à son cœur en allumant des étincelles de passion, tirant ainsi la conclusion qu’il voulait — .
« Sur mon honneur de chevalier, je dois sauver ces étudiants le plus vite possible. C’est une question de vie ou de mort, » déclara-t-il.
En passant...
Richard ne portait pas l’uniforme d’officier militaire britannique.
Il portait une tenue de combat kaki — en d’autres termes, il s’était déguisé en simple soldat. En effet, depuis longtemps, il avait toujours aimé voyager « incognito ».
Il se déguisait souvent en pèlerin ou en chevalier sans nom pour aller voyager.
En ce moment, il s’était faufilé à bord d’un navire de transport naviguant dans la Baie de Suruga pour un voyage en mer.
« Kukukukukuku. À ce stade, c’est comme si tous les préparatifs étaient terminés. »
Le navire était sur le point d’entrer dans le port de Tagonoura.
C’était le port de la ville de Fuji, la même ville le fort tutélaire de Fuji, qui était aussi le fort tutélaire le plus proche de Suruga — .
Il était actuellement 15 h 30 le 6 novembre.
Le plan de Richard était d’établir un pacte tutélaire au sanctuaire d’eau de Fuji pour en faire sa forteresse.
Il allait mobiliser toute sa Force de Chevalier pour appeler les Escalibors à prendre Suruga. Selon son raisonnement, il pourrait réussir en une seule fois avant l’attaque prévue sur Nagoya demain.
« Ces gens envoyés par Edward pour me surveiller... Quelle naïveté ! Croient-ils vraiment que le Coeur de Lion attendrait en étant obéissant alors qu’il y a encore une demi-journée avant la prochaine bataille ? »
Richard avait remarqué récemment des surveillants dans son entourage.
Faisant semblant d’être un lion qui faisait la sieste, il cherchait une chance de faire sortir ces gens de sa piste.
☆☆☆
La résidence habituelle de Masatsugu était le dortoir des garçons du Lycée Rinzai.
Après être devenu Chevalier, il avait continué à vivre dans sa chambre individuelle dans le dortoir.
Cependant, il se rendait tous les jours au dortoir personnel de la princesse et y prenait souvent ses repas. Pourtant, c’était après tout la résidence de la princesse Shiori et de sa dame d’honneur Hatsune, un domaine pour dames.
Comme toujours, il était parti à 21 h pour retourner au dortoir des garçons.
« C’est l’heure. »
Dans la nuit du 6 novembre, vers 23 heures, Masatsugu avait quitté sa chambre de dortoir.
Vêtu de son uniforme d’étudiant, il était sorti en toute confiance du dortoir des garçons et il s’était rendu au Dortoir de Lys Noir où vivait la princesse. Les deux dortoirs étaient situés dans la même zone.
Ce dortoir était un manoir occidental riche en style Rokumeikan.
Masatsugu avait déverrouillé l’entrée et était entré sur la pointe des pieds dans le dortoir.
Il avait pris soin d’éviter d’être vu par les autres. Finalement, il était arrivé devant une certaine pièce au deuxième étage. La porte de cette pièce n’était pas verrouillée.
En tournant la poignée, Masatsugu entra rapidement dans la pièce.
« Excusez-moi, » déclara-t-il.
« Je vous attendais, Masatsugu-sama, » répondit une voix féminine.
Il s’agissait de la chambre de la princesse.
Le décor et le mobilier de la chambre étaient simples et élégants sans aucun excès.
Shiori, bien éduquée, aimait lire, mais il n’y avait pas de bibliothèque dans sa chambre à coucher. Elle gardait la grande majorité de ses livres dans le salon de lecture. Par conséquent, sa chambre était très propre et bien rangée, sans les montagnes de livres qui affligeaient souvent les bibliophiles.
« Hatsune ne vous a pas vue... n’est-ce pas ? » lui demanda Shiori.
« Ne vous inquiétez pas. Je ne fais pas d’erreurs, » déclara Masatsugu.
Il s’agissait juste avant l’heure du coucher et la princesse était habillée de façon plutôt décontractée.
Elle avait détaché sa queue de cheval habituelle pour laisser tomber ses cheveux blond-platine et elle était vêtue d’un yukata blanc.
Tous les deux étaient seuls dans la chambre d’une fille au milieu de la nuit. De plus, l’autre partie était une princesse du Japon Impérial.
S’ils étaient découverts, Masatsugu serait condamné de toutes sortes de façons. Cependant, leurs réunions secrètes tard dans la nuit avaient déjà duré depuis plusieurs jours.
En effet, il avait commencé le jour où ils avaient mis en place un appât pour attirer le Cœur de Lion dans leur piège.
« Il est presque temps pour Richard de partir pour Nagoya, » déclara Shiori.
« Oui, probablement demain ou après-demain, » répondit Masatsugu.
« Cependant, il n’y a toujours pas de nouvelles de lui venant à Suruga, » Shiori soupira de déception. « Nous avons brûlé nos propres entrepôts dans la ville et remis des lettres de protestation aux forces britanniques, affirmant que “l’Alliance pour la Restauration recrute des jeunes pour commettre des crimes”. Nous avons causé un cas très controversé d’incendie criminel en série dont les auteurs étaient de jeunes étudiants de sexe masculin qui ont perdu le contrôle... »
Les élèves du Lycée Rinzai coupables étaient actuellement détenus au fort tutélaire de Suruga.
Masatsugu et son groupe avaient préparé une « organisation d’étudiants arrêtés » pour tromper les espions britanniques qui rôdaient dans la ville. Naturellement, ces étudiants étaient accueillis comme invités d’honneur à l’intérieur du fort tutélaire.
De plus, la fausse affaire d’incendie criminel n’avait brûlé qu’une petite fraction de la nourriture.
La grande majorité du stock avait été transporté avant les incendies et était resté intact.
« Nous avons préparé toutes sortes de facteurs pour faire appel aux préférences du Coeur de Lion... Mais malheureusement, nous semblons avoir échoué, » déclara Shiori.
La princesse qui avait conçu le plan haussa les épaules.
Masatsugu avait alors demandé. « Le fait d’utiliser les étudiants à dessein faisait-il également partie du plan ? »
« Oui, en effet. On dit que le Coeur de Lion était particulièrement bon envers les jeunes mâles. Il y en a même qui le soupçonnent d’être homo... homosexuel, » déclara Shiori.
« Oh ? »
Plus que cette information inattendue, Masatsugu s’intéressait davantage à Shiori en elle-même alors qu’elle parlait des préférences sexuelles du Cœur de Lion.
Son regard embarrassé était vraiment adorable. Dans tous les cas, la princesse avait poursuivi. « Les Britanniques ont ignoré nos protestations, ce qui était prévu. Et dire que je m’attendais vraiment à ce que Richard tombe dans le panneau, mais à la fin, nos efforts n’ont servi à rien ».
« Il est encore trop tôt pour le dire. Un homme enclin à se livrer à un narcissisme comme lui manque généralement de maîtrise de soi, » déclara Masatsugu tranquillement.
« La probabilité qu’un seul piège l’attrape n’est certainement pas faible, » continua-t-il.
« Je l’espère bien, » déclara Shiori.
« Au fait, Princesse, il est temps de commencer ce soir, » déclara Masatsugu.
« J-Je comprend. Même si le plan échoue, il vaut mieux être préparé par précaution, » déclara la princesse.
Entendant la demande de son chevalier, la dame accepta timidement.
Elle était assise sur son lit. Masatsugu avait pris place à côté d’elle. Ils étaient très proches l’un de l’autre, se touchant presque.
« Cette stratégie s’inspire de la méthode que j’ai mentionnée la dernière fois, avec une tournure moderne ? » demanda Masatsugu.
« Oui... Vous avez raison. Torturer des otages devant un château pour rendre ses ennemis en colère et les pousser à se précipiter au combat. Je suppose qu’une telle méthode pourrait s’avérer efficace contre quelqu’un comme Richard..., » répondit Shiori.
La voix de Shiori était instantanément devenue très faible à la fin, parce que Masatsugu lui avait tenu la main.
« Princesse, » murmura Masatsugu.
« S-S’il vous plaît, procédez... Vous pouvez commencer, » déclara Shiori.
Après avoir répété le même acte pendant plusieurs nuits consécutives, Shiori était encore très nerveuse.
Sa réaction innocente était très attachante. Alors qu’il tenait la main de Shiori, Masatsugu l’avait poussée sur le lit mou, la recouvrant de son corps.
« Masatsugu-sama..., » murmura Shiori.
« Toujours pas habituée ? » lui demanda Masatsugu.
« Non... C’est très embarrassant pour moi. Et c’est ma propre chambre — un homme et une femme de notre âge, seuls dans une chambre, si légèrement habillés, j’ai vraiment..., » normalement éloquente, Shiori bégayait.
La chaleur du sang coulant à travers le corps noble de la princesse était l’essence du fluide ectoplasmique. Pour permettre à Masatsugu de voler plus efficacement le fluide ectoplasmique, Shiori ne portait qu’un yukata léger.
Depuis le jour du conseil de guerre, ils faisaient la même chose tous les soirs.
C’était la raison.
« Désolé, c’est de ma faute d’avoir dû vous imposer un tel fardeau sur votre santé, Princesse, » déclara Masatsugu.
« N’y faites pas attention. En tant que votre seigneur, il est normal que je passe par des épreuves pour aider mon chevalier — pour aider celui qui met sa vie en jeu pour moi, » déclara Shiori.
Depuis un demi-mois, Masatsugu obtenait du liquide ectoplasmique de Shiori.
Cependant, il s’agissait en fin de compte d’extraire « quelque chose » du sang, la source de la vie. Au cours des derniers jours, Shiori avait eu de fréquents étourdissements.
De plus, sa force physique avait clairement diminué, ce qui la rendait particulièrement essoufflée.
Mais même ainsi, elle insistait toujours sur leurs réunions secrètes pour donner son fluide ectoplasmique à Masatsugu.
« M-Masatsugu-sama, s’il vous plaît, ne me regardez pas fixement..., » murmura Shiori.
« Ce serait un défi de taille, Princesse. En ce moment, vous êtes bien trop belle, » répondit Masatsugu.
« Bonté divine... Et c’est reparti, » s’exclama Shiori.
Masatsugu examinait attentivement la princesse coincée sous lui.
En revanche, Shiori n’osait pas regarder Masatsugu dans les yeux. Avec sa tête détournée timidement, elle était si mignonne et séduisante.
Quand il l’avait poussée sur le lit, et le col du yukata de Shiori s’était presque ouvert.
Le buste volontairement mis en évidence de la princesse était presque sorti. La princesse abritée avait enduré son embarras et avait courageusement accepté l’étreinte de Masatsugu.
« Masatsugu-sama, s’il vous plaît, absorbez de moi autant que vous le pouvez..., » ordonna Shiori.
Shiori avait finalement dirigé son regard passionné vers Masatsugu.
« Le pouvoir de mon grand-père présent en moi — absorbez ainsi la source de fluide ectoplasmique, » déclara Shiori.
Leurs visages étaient très proches. Masatsugu pouvait sentir les expirations venant de ses chuchotements. S’il s’aventurait légèrement en avant, un baiser empli de passion serait facilement accessible.
Et Shiori serait d’accord.
Masatsugu pouvait lire dans ses yeux qu’elle l’accepterait pleinement. Cependant, il n’avait pas mis cette notion en pratique.
Un tel comportement devrait attendre que leur relation prenne une forme différente.
Par conséquent, Masatsugu avait à la place fait un contact étroit avec le cou de Shiori, ouvrant sa bouche pour sucer la peau.
« Princesse, » murmura Masatsugu.
« Masatsugu-sama, votre visage est encore si froid..., » répondit-elle.
« Ça n’a pas d’importance. La chaleur que vous me donnez est suffisante, » répondit Masatsugu.
« A-Alors n’hésitez pas à aller plus loin — Mmmm, » Shiori s’était mise à gémir.
À l’instant où Masatsugu embrassa son cou pâle, suçant avec force la chaleur de sa tendre peau, Shiori s’était mise de plus en plus à gémir.
Shiori avait hérité du sang de la Bête Sacrée Tenryuu. La chaleur de son sang était précisément l’essence qui donnait naissance au fluide ectoplasmique ainsi que la nourriture dont avait besoin Masatsugu, qui ne pouvait pas se réapprovisionner normalement.
La chaleur volée s’était répandue dans le corps et l’âme de Masatsugu, provoquant un sentiment d’union.
Cette sensation rendait Shiori extatique, la plaçant lentement en transe.
Bizarrement, aujourd’hui, la princesse avait souri.
« Qu’y a-t-il, Princesse ? » lui demanda Masatsugu.
« Rien... J’ai été très heureuse dernièrement, » répondit la princesse.
« Heureuse ? » demanda Masatsugu.
« Dans le passé, je ne ressentais aucune affection pour ma lignée, mais maintenant, le sang que j’ai hérité de mon grand-père est devenu votre nourriture et votre énergie pour la bataille, Masatsugu-sama... Cela me remplit d’un bonheur indescriptible, apportant apparemment l’épanouissement à mon cœur, » en disant cela, Shiori avait à nouveau montré un sourire de bonheur. « Fufufufufufu, je dois agir bizarrement. »
Masatsugu avait aussi souri. Cette princesse était vraiment trop adorable.
Son sourire était très naturel, et ce n’était pas le frémissement de joue qu’il avait l’habitude de montrer. L’interaction avec les émotions profondes de Shiori avait dû lui réchauffer le cœur.
« Princesse, » Masatsugu avait appelé Shiori.
D’habitude, elle était la dame héroïque, intelligente et aiguisée, mais c’était dans des moments comme celui-ci qu’elle était particulièrement encline à montrer son côté innocent. On aurait du mal à trouver une femme plus aimable.
Rempli d’affection pour elle, Masatsugu lui avait encore sucé le cou. Il suçait avec force, traçant sa langue sur elle.
« Masatsugu-sama ! Mmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmm ! »
« Princesse. »
« Masatsugu-sama ! »
Ils s’étaient appelés involontairement, mais c’était bien ainsi. Cela faisait partie de l’approfondissement de leur lien.
Shiori n’était vêtue que d’un yukata léger et Masatsugu pouvait sentir la température élevée de son corps. Alors qu’ils étaient simplement allongés sur le lit, enlacé l’un et l’autre, la chaleur de la princesse s’étendait à son corps.
Les émotions présentes en Shiori faisaient qu’elle était extrêmement excitée en ce moment.
Sentant le poids de Masatsugu, elle l’avait aussi serré dans ses bras avec force.
Ses jambes pâles étaient également enroulées fermement autour de la jambe gauche de Masatsugu. Sa posture était comme si elle enlaçait Masatsugu de tout son cœur et de toute son âme.
Shiori avait crié comme ça. « Ah — Mmmm ! Masatsugu-sama... Ahhhhhhhhhhhhhhh ! »
L’absorption de la chaleur par Masatsugu générait un sentiment intime de connexion.
Ce sentiment avait atteint son paroxysme et Shiori s’était évanouie. Tout son corps était devenu sans force et Masatsugu avait fait par inadvertance quelque chose d’impertinent.
Il avait doucement caressé la joue de la princesse qui lui avait courageusement tout donné.
☆☆☆
« J-Je n’arrive pas à croire que la princesse et Onii-sama fassent quelque chose comme ça — ? » s’exclama Hatsune.
Devant la chambre de la princesse Shiori, Hatsune avait été choquée par ce qu’elle venait de voir.
Elle avait infusé du thé au gingembre avec du miel ajouté, pensant le servir à la princesse. Récemment, la santé de la princesse avait été mauvaise, alors elle voulait qu’elle dorme bien.
La porte de la chambre à coucher était légèrement entrouverte.
La dernière personne à entrer devait avoir échoué à la fermer correctement. Hatsune avait accidentellement entendu des voix venant de l’espace ouvert de la porte.
Juste au moment où Hatsune avait paniqué, la princesse s’était évanouie à l’intérieur de la pièce.
Cependant, elle ne pouvait pas oublier le dernier gémissement de la princesse Shiori avant de perdre connaissance. L’impression était trop frappante.
« Q... Q-Qu’est-ce qui se passe ici ? » demanda Hatsune.
Hatsune, agitée, avait failli faire irruption dans la pièce.
Heureusement, elle était immédiatement revenue à la raison et avait réfréné son impulsion. Quel genre d’excuse utiliserait-elle pour apparaître dans ce genre de situation ?
Cependant, Hatsune ne pouvait pas ignorer l’état de santé de la princesse.
Après avoir souffert de ne pas savoir quoi faire pendant un certain temps, Hatsune avait entendu un son.
Une sonnerie. Quelque chose comme une cloche avait sonné à l’intérieur de la chambre de la princesse.
« Un message ? » murmura Hatsune.
Elle avait également entendu les chuchotements de son Onii-sama à l’intérieur de la pièce.
C’était un renard de liaison utilisé par l’Armée Impériale japonaise pour les communications d’urgence. L’animal en forme de marmotte avait utilisé ses capacités de téléportation pour servir de messager de la princesse.
***
Partie 4
Il était minuit et le 7 novembre venait de commencer.
Tout à l’heure, le frère aîné de Hatsune, Masatsugu Tachibana, s’était envolé du dortoir, sur le dos d’une wyverne convoqué par la princesse Shiori après avoir utilisé les techniques noétiques.
Il était allé intercepter les milliers d’Escalibors venant du fort tutélaire de Fuji.
Ce soir, Richard I avait enfin fait son mouvement.
C’était un Yatagarasu qui avait signalé au fort tutélaire de Suruga l’avancée de Richard, en d’autres termes, la bête de rétention que Shiori avait convoquée sur la rive de la rivière Fuji et y avait laissée afin de faire une reconnaissance de la zone.
Hatsune était également préparée pour la bataille, mais cette fois, elle restait au niveau de la défense.
Après tout, c’était la plus grande armée ennemie à attaquer jusqu’à présent. Hatsune était encore une Chevalière novice et pouvait très probablement se mettre en travers du chemin de Masatsugu. Hatsune était remplie de sentiments mitigés, y compris du soulagement et de la déception.
« Princesse, la voiture sera bientôt au dortoir. Attendez un moment, s’il vous plaît ! » déclara Hatsune.
« Mm-hmm..., » murmura Shiori.
Alors qu’elle était avec sa dame épuisée, Hatsune avait prononcé des mots doux.
Elles venaient de quitter l’entrée du quartier privé de la princesse, le Dortoir de Lys Noir. Shiori avait changé du yukata qu’elle portait pour aller au lit en un chemisier et une jupe propres. Ses cheveux blond-platine avaient également été noués par Hatsune en une queue de cheval avec un ruban.
Elles étaient sur le point de se rendre au fort tutélaire de Suruga pour être présentes au centre de commandement pour l’opération d’interception.
Cependant, Shiori était vraiment épuisée ce soir. Alors qu’elle était incapable de se tenir debout toute seule, elle avait dû s’appuyer sur Hatsune pour obtenir du soutien.
Son visage était pâle et sa respiration était difficile. Les symptômes ressemblaient à de l’anémie.
« Princesse, avez-vous de la fièvre... ou bien avez-vous fait quelque chose pour vous surmener ? » lui demanda Hatsune.
Hatsune allait lui demander si elle avait de la fièvre, mais elle avait changé sa question à mi-chemin.
Elle ne pouvait pas oublier l’acte intime entre Shiori et Masatsugu dont elle avait secrètement été témoin avant l’arrivée de la nouvelle de l’attaque de Richard. À ce moment-là, Hatsune avait senti quelque chose qui ressemblait à un pouvoir mystique entre eux deux...
La princesse avait donné une réponse inattendue.
« J’ai déjà mentionné que Masatsugu-sama ne pouvait pas reconstituer son fluide ectoplasmique de la manière normale. Cependant, il est capable d’utiliser un Fait d’Armes pour voler le fluide ectoplasmique d’un Chevalier ou d’une princesse de la lignée d’une Bête Sacrée. Je lui en ai fourni tous les jours..., » annonça Shiori.
« Eh !? » s’exclama Hatsune.
« Peut-être que j’atteins la limite de mon endurance physique..., » déclara Shiori.
« P-Princesse, il n’y a rien de plus important que votre santé. Pourquoi devez-vous aller si loin ? » lui demanda Hatsune.
Hatsune exprima son inquiétude avec surprise, mais la princesse impériale secoua la tête avec dignité.
« En tant que leader, je dois tout engager ce que j’ai, afin d’aider mon serviteur à pouvoir utiliser toute l’étendue de sa puissance. D’ailleurs, Masatsugu-sama aussi —, » répondit Shiori.
Shiori avait doucement souri pendant un moment après ça.
« Fufu, il a dit qu’il était prêt à m’offrir sa vie, alors je dois lui répondre avec la même détermination. Si le sang qui coule à travers moi est vraiment noble, il s’agit là d’une raison de plus pour moi de le faire..., » continua Shiori.
« Princesse..., » murmura Hatsune.
La princesse avait exprimé la plus grande détermination possible et elle avait réellement démontré ses idéaux par l’action.
À cet égard, le frère de substitution de Hatsune — le Ressuscité dont l’identité véritable était inconnue — Masatsugu Tachibana, était dans le même cas. Il avait protégé la princesse de nombreuses fois et gardé Suruga en sécurité. En utilisant son esprit, sa vigueur et sa vie comme armes, il avait compensé le nombre limité de Légionnaires à sa disposition.
Une certaine détermination avait pris racine dans le cœur de Hatsune.
☆☆☆
Sur une wyverne bleue, Masatsugu Tachibana volait seul dans le ciel au-dessus de Cité de Suruga.
Il était accompagné d’une armée non humaine.
Cette armée se composait des Légionnaires Kamuy rouge pourpre connue sous le nom de « Kanesadas », au nombre de 360 — .
Masatsugu avait converti tout le fluide ectoplasmique accordé par la princesse Shiori en soldats géants ailés. Les Légionnaires entouraient Masatsugu dans une formation sphérique tassée.
Le fait de voler à une vitesse de cinquante à soixante kilomètres à l’heure serait considéré comme une vitesse de marche.
Le maintien de ce type de vol à basse vitesse n’avait nécessité presque aucune consommation de liquide ectoplasmique de la part des Légionnaires.
« ... Monter sur une telle monture n’est pas mal du tout, » murmura-t-il.
Le corps d’une wyverne faisait environ deux fois la taille d’un cheval de course.
Masatsugu montait le corps massif de la wyverne en utilisant une selle avec ses pieds plantés dans les étriers et des rênes serrées dans sa main.
Se souvenant d’avoir « chevauché » à de nombreuses reprises dans sa vie passée, Masatsugu était très habitué à le faire. C’était quelque chose qu’il avait réalisé pendant sa retraite de la ville de Fuji.
Bien sûr, les bêtes de rétention étaient nées pour servir les humains et étaient très intelligentes.
Elles volaient régulièrement et même les cavaliers amateurs n’avaient pas à s’inquiéter de tomber. De plus, il n’avait fallu que des directives minimales pour qu’elles comprennent l’intention du cavalier, contrairement aux chevaux qui exigeaient une compétence équestre expérimentée.
Quoi qu’il en soit, l’armée de Masatsugu avait volé le long de la côte de la Baie de Suruga.
Quand il avait atteint la route de montagne qui traversait Cité de Suruga, il avait découvert l’ennemi dans le ciel au-dessus de la crête de Satsuta.
L’armée britannique de rouge s’approchait de la direction du Fuji.
L’autre côté ne volait pas non plus à haute vitesse. L’armée de troupes d’élite qui s’approchait était précisément les Escalibors cramoisis.
« Exactement mille... soit trois fois plus nombreux que mon armée. On dirait que l’ennemi ne garde rien en réserve dans son attaque, » murmura-t-il.
Les Chevaliers pouvaient compter instantanément les armées des deux côtés en détectant leur noesis.
En regardant les milliers d’Escalibors, Masatsugu marmonnait à lui-même différentes choses.
L’armée rouge était également en formation sphérique. Les deux camps utilisaient la même formation. Dans un choc frontal entre 1000 contre 360, la bataille serait réglée en quelques minutes.
Le côté avec le nombre supérieur d’individus aurait une plus grande puissance de feu offerte par leurs fusils.
De plus, des Légionnaires bien entassés génèrent des barrières de protection dont les particules se chevauchaient, ce qui augmentait la puissance défensive.
Les deux armées étaient éloignées l’une de l’autre. À ce rythme, elles seraient bientôt à porter pour une fusillade. Masatsugu avait donné un ordre avant cela.
« Dispersion, » ordonna-t-il.
Instantanément, les 360 Kanesadas avaient brisé leur formation compacte.
Les Légionnaires de Masatsugu avaient volé en formation compacte à une longueur de bras l’un de l’autre jusqu’à maintenant.
Mais désormais, la formation s’était effondrée et tous les Kanesadas s’étaient dispersés.
Ils s’étaient éloignés l’un de l’autre, tous en même temps, et ils étaient maintenant séparés par des dizaines de mètres.
Les Kanesadas s’approchèrent des milliers d’Escalibors alors qu’ils étaient dispersés. Ainsi, les forces britanniques et japonaises s’étaient affrontées dans le ciel au-dessus du mont Satsuta.
Les milliers de chevaliers britanniques étaient dans une sphère bondée.
Vus de loin, ils ressemblaient à une « boule cramoisie géante » flottant dans l’air.
L’armée d’Escalibors de Richard s’arrêta au-dessus du mont Satsuta, planant sans bouger. C’était comme si un grand yokozuna s’attaquait avec confiance à un lutteur de sumo plus faible.
Naturellement, le côté de Suruga n’avait pas le luxe de faire la même chose.
Après s’être dispersés, les 360 Légionnaires de Masatsugu étaient devenus « une collection de points volants rouge-violet ». Ils avaient attaqué la sphère pourpre de toutes les directions.
« Commencez à tirer. Harcelez-les comme des moustiques ennuyeux. » Masatsugu avait ordonné en tant que commandant tout en restant en arrière sur sa wyverne.
Les troupes britanniques et japonaises avaient commencé à échanger des tirs de fusils.
De chaque canon des armes des Légionnaires, des rayons brûlants avaient été tirés sans cesse.
Les tirs du côté de Suruga avaient été inefficaces contre la solide barrière de protection des mille Escalibors. Se déplaçant au hasard dans les environs, les Kanesadas avaient attaqué, tirant avec leur fusil comme des piqûres d’insectes.
Même dix mille piqûres ne pouvaient pas nuire à la défense solide de la sphère.
Inutile de dire que les 360 « moustiques rouge-violet » qui essaimaient la « boule pourpre géante » avaient été abattus l’un après l’autre.
Masatsugu avait souri, sans se soucier de la situation défavorable.
Après tout, maintenir une formation compacte pour échanger des tirs aurait pour résultat l’annihilation rapide aux mains de l’ennemi.
« Commençons par dire bonjour à la voie d’Hijikata Toshizō — Shinsengumi, » déclara-t-il.
Le fait de tirer sur les Kanesadas dispersés signifiait répandre des coups de feu sur une vaste zone.
En d’autres termes, la densité des tirs diminuerait.
Bien sûr, les Légionnaires étaient capables de tirer avec leurs fusils à une cadence de dix coups par seconde, donc charger contre ce rideau de mort entraînerait inévitablement des pertes.
Cependant, l’utilisation de ce Fait d’Armes allongerait légèrement leur durée de survie.
« Que tous les hommes dégainent son épée. Il est temps pour vous d’entrer en scène, » ordonna-t-il.
Sur sa wyverne, Masatsugu portait la veste noire d’officier par-dessus son uniforme d’étudiant.
L’épée japonaise gainée accrochée à sa ceinture était sa lame personnelle, Izumi-no-Kami Kanesada. Avec sa main gauche sur la poignée de l’épée, il avait invoqué le Fait d’Armes — Gankouken.
Les armes des Légionnaires rouge-violet de Kanesada étaient toutes devenues la fameuse épée de Hijikata Toshizō.
Tout en protégeant leur ligne centrale, les Kanesadas avaient levé leurs épées pour les utiliser comme boucliers défensifs. C’était la tactique qu’ils avaient utilisée pour contrer la formation de l’arc long des Chevaliers de la Jarretière.
« Comparé aux flèches des Chevaliers de la Jarretière... Un simple tir de fusil n’est rien d’autre qu’un jeu d’enfant, » déclara-t-il.
Les Kanesadas avaient commencé à utiliser l’art de l’épée en réponse aux attentes de Masatsugu.
La pluie clignotante de lumière venant des Escalibors balayait toutes les directions. Les Kanesadas avaient bloqué les faisceaux qui s’approchaient avec des mouvements habiles de l’épée en utilisant de légères torsions du poignet.
Parmi eux, certains Kanesadas avaient directement évité les tirs.
En tournant légèrement le haut de leur torse, ils avaient évité les attaques meurtrières.
Ce niveau de perception était vraiment un exploit divin. En sentant la soif de sang à l’avance, il avait utilisé ce fait pour éviter les coups de feu — Izumi-no-Kami Kanesada avait donné aux Légionnaires le pouvoir de reconstituer les techniques expertes d’un Chevalier expérimenté.
Les Kanesadas n’étaient plus des « moustiques rouge pourpre ».
À la place, il s’agissait d’une équipe de maîtres épéistes envoyés pour réprimer la formation de l’armée britannique en venant de toutes les directions.
... Naturellement, la superbe maîtrise de l’épée n’avait pas suffi à elle seule à surmonter le rapport numérique défavorable de trois à un. Tout ce que l’ennemi avait à faire était de concentrer le feu, et d’abandonner l’offensive dispersée dans toutes les directions, et même le maniement de l’épée de Hijikata Toshizō aurait du mal à résister.
Cependant, le maniement de l’épée était en fin de compte l’un des rares avantages du côté de Suruga.
La priorité actuelle était de profiter pleinement de cet avantage pour gagner du temps. Il fallait s’approcher de l’ennemi d’un seul coup, provoquer le zèle de cet homme et l’attirer dans le « tous azimuts » — .
Juste au moment où Masatsugu se préparait à mettre son plan en mouvement...
« Quoi — ? » s’exclama Masatsugu.
Masatsugu Tachibana, habituellement calme et composé, avait élargi ses yeux de surprise.
Pour le meilleur ou pour le pire, le Coeur de Lion était enclin aux caprices de la fantaisie et cette fois-ci ne faisait pas exception.
☆☆☆
« Oh ? C’est donc le tachi légendaire des samouraïs... Quel éclat et quelle force éblouissante, un adversaire approprié pour mon Escalibor, l’épée du Roi Arthur, » déclara Richard.
Richard chevauchait une wyverne blanche.
La wyverne blanche était située au centre de la formation sphérique des mille Escalibors.
« Hohohohohohoho. Alors le méchant de Suruga s’avère être un homme qui confie aussi ses idéaux à l’épée ? » déclara Richard.
On disait que l’un des Chevaliers défendant Suruga pourrait être un Ressuscité.
Au lieu de se tortiller à l’intérieur du fort tutélaire, l’ennemi était sorti activement pour combattre lors d’une escarmouche.
Il était vraisemblable, il avait dû penser qu’il n’y avait aucun avantage à combattre Richard dans une bataille de siège. Ou peut-être était-il simplement un homme qui aimait se battre sur le terrain. Dans tous les cas, il n’était pas comme les anciens adversaires de Richard.
« Excellent, c’est un adversaire digne d’un chevalier. Mon armée, répondez correctement à l’esprit de l’ennemi ! » déclara Richard.
Richard s’était changé et il ne portait plus sa tenue de combat des soldats ordinaires.
Encore une fois, il portait l’uniforme noir d’un officier et sa cape cramoisie. Alors qu’il était assis sur la selle de sa wyverne, Richard avait dégainé l’épée suspendue à sa taille.
« Arrêtez de tirer, mes chevaliers ! Brandissez l’épée royale pour combattre vos adversaires ! » déclara Richard.
Tous les Escalibors avaient obéi aux ordres de leur maître et avaient cessé de tirer.
Les quelque trois cents Légionnaires rouge-violet étaient éparpillés tout autour de la formation sphérique de Richard, se battant avec des épées.
« Dispersez-vous aussi. Rompez la formation et combattez en mêlée comme vous le voulez, » ordonna Richard.
L’Europe médiévale était l’endroit où Richard le roi et le chevalier avaient erré sur les champs de bataille.
À l’époque, l’aristocratie évitait les projectiles, les condamnant comme des « armes cruelles ». La raison en était que de telles armes causeraient des pertes inutiles. En utilisant des arcs, même des roturiers sans nom avaient pu tuer de féroces chevaliers.
Cependant, Richard ne détestait pas les armes à projectiles.
Les projectiles permettaient de terminer les batailles plus rapidement et le Coeur de Lion avait aimé cet aspect. Sur le champ de bataille médiéval, lui aussi avait déployé activement des arbalètes.
Le Fait d’Armes de son descendant collatéral Edward impliquant des arcs et des flèches était peut-être la continuation de son héritage.
Cela dit, la véritable préférence du Coeur de Lion résidait dans l’épée, le cheval et la lance utilisée à cheval.
« Coupez les épées du samouraï et les hommes de Suruga, Escalibors ! » ordonna Richard.
Escalibor était l’épée magique apparaissant dans les légendes du roi Arthur et Richard avait donné son nom à son épée personnelle.
Escalibor représentait le nom anglais d’« Excalibur ». Richard Coeur de Lion était amoureux de l’idéal chevaleresque dans les légendes du roi Arthur.
« Alors, l’autre côté a aussi brisé sa formation ? » Masatsugu marmonnait en faisant un froncement de sourcils.
Les deux armées s’affrontaient dans le ciel au-dessus du mont Satsuta. Masatsugu menait 360 Légionnaires tandis que les Escalibors de Richard étaient au nombre de 1000 et s’étaient formés dans une formation compactée.
Normalement, la clé de la victoire résidait dans « comment faire s’effondrer la formation ennemie ».
Mais cette fois, Richard s’était débarrassé de la formation de sa propre initiative. Libres d’une formation, les mille Légionnaires britanniques attaquaient les Kanesadas sans aucune retenue.
« Impulsif... Pourtant, ses instincts sont plutôt aiguisés. Quel geste pénible il a fait ! » déclara Masatsugu.
Voyant les deux armées enfermées dans une escarmouche chaotique, Masatsugu avait fait claquer sa langue.
Les combats en mêlée pouvaient être vus partout dans le ciel au-dessus du mont Satsuta.
Au lieu de tirer avec leurs fusils, les Escalibors utilisaient les baïonnettes à l’avant du canon pour échanger des frappes avec les épées japonaises, déterminés à percer leurs ennemis avec des lames mortelles.
Les Kanesadas détenaient toujours l’avantage dans le combat en mêlée.
Brandissant leurs lames renommées, ils avaient démontré le maniement de l’épée de Hijikata Toshizō et du Shinsengumi encore et encore.
Par exemple, ils utilisaient la position de la mer plate pour exécuter des frappes de niveau intermédiaire, coupant les fusils des Légionnaires britanniques, ou bloquant la frappe de l’ennemi, puis poursuivant avec une entaille à travers leur abdomen pourpre, ou entrant dans une position basse, attirant les chevaliers britanniques pour qu’ils attaquent, puis coupant à travers la mâchoire et le visage de l’ennemi par le bas.
Toutes sortes de mouvements d’épée étonnants avaient démontré que la fierté des samouraïs était intacte.
En revanche, les Escalibors n’avaient pas de telles compétences à l’épée. Cependant, ils étaient physiquement deux tailles plus grandes que les Kanesadas et avaient une force écrasante.
Les chevaliers britanniques étaient grossiers dans l’utilisation des lames, mais beaucoup plus rapides et efficaces.
Ils avaient utilisé des coups légers dans le style de l’escrime, essayant de submerger leurs adversaires avec la vitesse. À l’instant où leurs armes s’étaient heurtées, ils avaient utilisé leurs corps pour fracasser les Kanesadas. Peu importe à quel point l’art de l’épée du style Tennen Rishin était difficile à affronter, ils n’avaient pas renoncé à trouver des ouvertures momentanées pour taillader les corps et l’armure des Kanesadas.
... Les Kanesadas étaient plus rapides pour massacrer les ennemis.
Cependant, les Escalibors n’étaient pas beaucoup plus mauvais. De plus, ils avaient toujours un avantage numérique de trois à un.
Alors que la bataille de mêlée persistait, l’armée du Cœur de Lion allait clairement gagner.
« S’il tenait la formation et me combattait lentement et régulièrement, je pourrais encore m’engager en utilisant toutes sortes de petits trucs…, » Masatsugu haussa les épaules.
Au cours d’une escarmouche, ce qui importait, c’était la force de chaque soldat et le nombre de soldats.
Richard I avait involontairement évité les calculs fastidieux et avait instinctivement choisi la vérité dorée du champ de bataille de « gagner par la simple force brute ».
C’était la tactique la plus propre vers la victoire, ne donnant à l’ennemi aucune place pour les tours et la ruse.
« Impressionnant, comme toujours, le Coeur de Lion. Même si c’est un imbécile téméraire... Non, précisément parce qu’il est un gros fou qui est super téméraire, c’est pourquoi il est particulièrement difficile à manipuler, » déclara-t-il.
Richard I était probablement un « génie de la guerre ».
Masatsugu avait été très impressionné. Le Cœur de Lion avait trouvé la méthode pour obtenir la victoire par l’instinct et la personnalité, surmontant la théorie et les tactiques établies au cours du processus. Si quelqu’un comme ça n’était pas un génie, qui serait un génie ?
« Comparé à lui, je ne suis tout au plus qu’un chien, » déclara Masatsugu.
Quittant le champ de bataille chaotique, Masatsugu avait regardé depuis les airs le champ de bataille.
Il avait fait monter sa wyverne à une altitude plus élevée pour lui permettre d’ignorer les deux armées enfermées dans la bataille. Les chevaliers britanniques cramoisis et les samouraïs rouge pourpre produisaient une clameur de lames s’affrontant et une pression de vent brûlante.
L’armure des Légionnaires s’ouvrait de temps en temps avec une éclaboussure de liquide ectoplasmique bleu.
Masatsugu avait trouvé sa cible.
Au milieu de la bataille chaotique, le Coeur de Lion errait sur le champ de bataille avec sa wyverne —
Le général ennemi avait été localisé. Les Chevaliers pouvaient ressentir ce que leurs Légionnaires voyaient et entendaient. Un Kanesada qui avait été témoin de Richard avait informé Masatsugu des coordonnées précises.
« ... Les chiens ont leur propre façon de se battre. Allons-y, » murmura Masatsugu.
Masatsugu avait tapoté le cou de sa wyverne bleu, lui ordonnant de charger.
Il allait charger dans le carnage pour obtenir un « duel individuel empli de bravoure ».
Bien sûr, l’ennemi était le féroce Richard I. Les joues de Masatsugu se tortillaient en un sourire empli de fierté. Le duel qui suivait n’avait rien à voir avec la chevalerie ou l’esprit samouraï.
Masatsugu avait décidé de faire un usage efficace de ses tactiques dont il était plus fier venant des temps anciens.
Si l’on devait décrire Masatsugu comme un chien, alors il serait certainement un « chien de chasse ».
La wyverne bleue avait progressivement accéléré, alors que son altitude diminuait. Il se dirigeait vers un coin du champ de bataille où se trouvait le roi Richard.
Il était enfin temps de chasser le lion.
***
Chapitre 6 : Bataille entre Lion et Chien (2)
Partie 1
Les Légionnaires étaient normalement décrits comme des « soldats géants ailés ».
Cependant, ils n’avaient pas de véritables ailes. À la place, ils avaient simplement des décorations en forme d’ailes sur le dos. Certains Légionnaires n’avaient même pas de telles décorations.
Par conséquent, leur capacité à voler n’avait rien à voir avec les ailes.
Ils avaient simplement la capacité de planer dans les airs, produisant une poussée à partir de leur corps. De plus, il y avait un secret caché sous leurs pieds. Leurs semelles étaient capables de produire de la flottabilité, ce qui leur permettait d’utiliser l’atmosphère comme un point d’appui, marchant sur l’air comme si c’était la terre mère elle-même.
C’était pourquoi les Légionnaires étaient capables d’utiliser le maniement du sabre, le combat sans armes et d’autres arts martiaux dans l’air comme s’il était sur la terre ferme.
Après tout, toutes ces compétences avaient été conçues et formées avec le terrain à l’esprit.
Eh bien, mener une bataille de mêlée en l’air a l’inconvénient d’avoir « une énorme consommation de fluide ectoplasmique ».
Et actuellement — .
Les deux armées étaient dans le ciel au-dessus du mont Satsuta, démontrant leurs arts martiaux respectifs.
Alors qu’il chargeait dans cette bataille chaotique, Masatsugu Tachibana était finalement arrivé devant cet homme. Masatsugu chevauchait une wyverne bleue du Japon Impérial tandis que l’autre était sur une wyverne blanche de Grande-Bretagne.
« Wôw ! » L’homme avait écarquillé les yeux de surprise lors de cette première rencontre.
Le roi Richard Ier, le Coeur de Lion. Il était le général qui dirigeait un millier d’Escalibors.
« Je vois — c’est donc votre objectif ? » demanda Richard.
« Qu’est-ce que vous voulez dire ? » lui demanda Masatsugu.
« S’il vous plaît, ne jouez pas à l’imbécile. Vous souhaitez avoir un duel avec moi, parce que gagner renverserait instantanément la disparité des nombres... Vous êtes un samouraï admirable, mon bon monsieur, » déclara Richard.
Avec des yeux brûlants de ferveur, Richard parlait avec de l’extase dans sa voix.
« Je suis très ému. Je ne m’attendais pas, dans cette nation insulaire d’Extrême-Orient, à rencontrer un chevalier bien versé dans l’esthétique du duel, » continua Richard.
« Pas du tout. Je ne suis pas digne de vos louanges, » répliqua Masatsugu.
Un terme un peu grossier était apparu dans l’esprit de Masatsugu. Le soi-disant « fanatique de jeu ».
Si c’était appliqué à Richard 1er, ce serait peut-être un fanatique du romantisme chevaleresque ? Ses pensées étaient simplistes et il aimait tout interpréter à travers le prisme de la chevalerie dramatique, comme Masatsugu le soupçonnait.
La grande majorité de son comportement consistait indubitablement en des caprices indisciplinés.
Shiori avait dit à Masatsugu qu’un certain historien avait fait un tel commentaire sur le Cœur de Lion.
Si quelqu’un comme lui n’était pas un « génie de la guerre », il aurait été vraiment très facile pour Masatsugu de gagner.
Pendant ce temps, ignorant les pensées de Masatsugu, le Coeur de Lion déclara. « Vous devez connaître mon nom, n’est-ce pas ? Samouraï, présentez-vous. »
« Masatsugu Tachibana, » déclara Masatsugu.
« J’ai bien saisi votre nom. Tachibana, hein ? Dans ce cas, commençons, » déclara Richard.
Richard avait levé l’épée qu’il avait utilisée comme un bâton de maréchal et pointa sa pointe sur Masatsugu.
Masatsugu hocha tranquillement la tête et dégaina également Izumi-no-Kami Kanesada. Les deux soldats s’étaient préparés à un duel rapide et efficace.
En effet, un duel n’avait pas besoin de mots.
Sans tenir compte des différences entre une épée japonaise et une épée occidentale à une main, ils utilisaient tous les deux des épées comme armes.
Les deux armes étaient comparables en longueur, et n’étaient ni des projectiles ni des lances, ce qui signifiait qu’ils devaient combattre de près...
Les deux combattants avaient donné un léger coup de pied dans le ventre de leur wyverne en même temps.
Les deux wyvernes battirent des ailes et s’envolèrent lentement vers l’avant.
Leur distance s’était progressivement réduite. C’était initialement à cinq mètres... quatre mètres, trois, deux, deux, un... finalement, la wyverne bleue et la wyverne blanche étaient sur le point de se croiser.
Soit dit en passant, Masatsugu et Richard portaient tous deux leur épée à la main droite.
Alors qu’ils baissèrent leurs bras droits à bout portant, leurs lames mortelles étaient sur le point de frapper leur adversaire...
« Ahhh ! »
« ... ! »
Richard avait poussé un puissant cri pendant que Masatsugu restait silencieux.
Un échange de coups. Les deux cavaliers tenaient les rênes dans leur main gauche, ne laissant ainsi que leur main droite disponible pour le combat. Le célèbre katana et l’épée occidentale étaient entrés en collision avec un puissant cliquetis, produisant une pluie d’étincelles.
« Coeur de Lion, vous avez une belle épée, » déclara Masatsugu.
« Hohohohohoho, le katana du samouraï n’est pas la seule épée célébrée dans le monde, » déclara Richard.
Masatsugu avait offert des éloges concis et Richard avait répondu avec fierté.
Quand les épées ordinaires se heurtaient à Izumi-no-Kami Kanesada, leurs lames finissaient par se couper aussi facilement qu’une cosse de haricot. Cependant, l’épée du roi Richard avait réussi à bloquer la lame japonaise.
Il utilisait probablement une sorte d’épée héritée que la famille royale anglaise chérissait.
Ils avaient échangé quatre ou cinq autres coups à la fois.
Une bataille d’attaque et de défense s’était déroulée, là où les deux camps avaient bloqué avec leur épée tout en essayant de trancher l’adversaire à l’aide de leurs lames.
Le son des lames qui s’affrontaient était aussi rythmé que les instruments de musique.
Seuls des épéistes de premier ordre étaient capables de produire une telle mélodie sur un champ de bataille.
De plus, leurs wyvernes n’étaient pas non plus en reste. Elles se regardaient d’un air sauvage, frappant violemment avec leurs ailes battantes. Les Wyvernes se poussaient aussi fortement l’une contre l’autre dans une compétition de force comme dans un match de sumo.
... Soudain, la wyverne de Richard avait donné un coup de pied avec sa patte droite.
Ce coup de pied avait touché près de la taille de son adversaire et la wyverne de Masatsugu avait reculé.
Les deux wyvernes s’étaient ainsi séparées de quatre ou cinq mètres, interrompant le combat à l’épée. Il n’y avait aucune chance de se taillader l’un et l’autre, quelle que soit la longueur de leurs bras.
« Un autre essai ? » Alors que Masatsugu murmura cela à lui-même, une bête de la taille d’une paume de la main apparut sur son épaule.
Un renard messager s’était téléporté ici. Les préparatifs étaient évidemment en ordre. Il n’était plus nécessaire de gagner du temps.
L’étape suivante était de voir à quel point il pouvait faire flamboyer le cœur de Richard. Voyant le renard se précipiter dans sa poche de poitrine, Masatsugu acquiesça de la tête.
Par contre, en raison de la séparation qui avait interrompu le combat, le Cœur de Lion déclara avec exaspération : « Hmph. Si seulement je pouvais voler tout seul. »
Richard avait souri sans crainte tout en exprimant son insatisfaction.
Il ne pouvait rien faire pour ça. Contrairement aux Légionnaires, les Ressuscités comme Masatsugu et Richard n’avaient pas la capacité de voler et ne pouvaient se battre qu’en montant des wyvernes — logiquement, cela devrait être le cas.
« C’est quoi ce truc ? » murmura Masatsugu.
Cependant, l’action suivante de Richard avait surpris Masatsugu.
Des noesis s’étaient soudainement rassemblées autour du bras gauche de Richard, scintillant comme un mirage, et s’étaient transformées en un bras gauche gigantesque. C’était clairement un bras d’un Escalibor.
Soulevant son bras gauche, qui s’était transformé en un bras gigantesque du Légionnaire comme ça, le Coeur de Lion avait serré un poing et avait attaqué — .
Une frappe de droite à gauche. Un poing d’acier cramoisi se dirigeait droit vers Masatsugu !
« Vous avez une grande ouverture dans votre défense, Tachibana ! » cria Richard.
« ... Kanesada ! » Masatsugu avait en toute hâte appelé le nom de son Légionnaire.
Il avait subconsciemment levé la main gauche, croyant que sa paume serait capable d’arrêter la frappe de droite à gauche d’un soldat géant ailé.
Après ça — Un bras géant s’était également créé autour de la paume de Masatsugu.
C’était un bras gauche du Légionnaire rouge pourpre, un bras gauche de Kanesada. Ce bras avait ouvert la paume de sa main et attrapa fermement le coup de poing mortel de l’Escalibor.
« Je comprends maintenant, » murmura-t-il.
Voyant l’exploit étonnant que son bras gauche avait accompli, Masatsugu avait compris.
La première fois qu’il avait sauvé la princesse Shiori au fort tutélaire de Suruga, il avait arrêté la chute d’un Kamuy en utilisant directement son corps de chair, repoussant même le corps lourd du Kamuy. Et comme il le faisait maintenant, il avait convoqué un Légionnaire dans son corps et utilisé sa force pour réaliser cet exploit surhumain.
« C’est un mouvement... que pratiquement tous les Chevaliers modernes sont incapables de faire, » avait souri Richard.
En examinant de plus près, on pouvait voir les « fantômes » des Légionnaires derrière les deux chevaliers et leurs wyvernes.
Les contours brumeux de deux soldats géants ailés scintillaient comme des mirages. Le chevalier rouge britannique Escalibor avait attaqué avec une frappée depuis sa position tandis que le samouraï rouge-violet Kanesada avait levé une paume pour bloquer — .
Ces silhouettes s’étaient manifestées après que Richard et Masatsugu aient fusionné avec leur propre Légionnaire.
« Tachibana, bien sûr... êtes-vous la même chose que moi ? » demanda Richard.
« Désolé, je ne peux pas vous répondre, » déclara Masatsugu.
« Alors je vous le redemanderai après avoir saisi la victoire, en supposant que vous surviviez ! » déclara Richard.
Puis les « géants fantômes » avaient disparu.
La capacité insouciante de convoquer un Légionnaire en soi-même était un lourd fardeau pour son corps. Il n’était pas censé être utilisé pendant de longues périodes inutilement.
Les deux wyvernes s’étaient rapprochées de nouveau pour faire un autre spectacle d’épée contre le Katana.
Cependant... Ce n’était pas le but ultime de Masatsugu.
Comme prévu, Richard était un excellent combattant.
À ce rythme, la petite armée de Kanesadas serait anéantie avant la fin du duel.
Et ainsi, Masatsugu avait permis intentionnellement à l’attaque de Richard de le toucher.
L’épée de Richard avait tranché le flanc droit de Masatsugu avec une éclaboussure de sang. La blessure n’était pas non plus superficielle.
« Guh — ! » s’exclama Masatsugu.
« Kukukukukuku. C’est donc l’étendue de l’art de l’épée des samouraïs !? » s’exclama Richard.
« ... Retraite. Remontez autant que possible pour éviter de vous faire prendre, » contrairement au triomphe glorieux de Richard, Masatsugu avait donné des ordres discrètement.
La wyverne bleue avait battu des ailes et avait reculé avant de s’élever rapidement, accélérant pour fuir la scène.
Masatsugu toucha doucement la poche de poitrine de son uniforme scolaire.
« Débarrassez-vous de votre idée de fuir. Combattez-moi jusqu’au bout ! » Richard criait de joie alors qu’il lui pestait dessus.
Il était complètement consumé par le désir de poursuivre Masatsugu. La seconde d’après, c’était au tour du Coeur de Lion de s’alarmer.
« Quoi !? » s’exclama-t-il.
Des coups de feu venant du sol attaquaient les Escalibors et les Kanesadas qui étaient enfermés dans une bataille aérienne.
☆☆☆
En fait, l’armée de Masatsugu n’était pas la seule unité de Légionnaires à être sortie du fort tutélaire de Suruga.
Les trois Chevaliers, Habuna, Maike et Tabi, s’étaient également rendus en banlieue.
Chacune de leurs Force de Chevalier était d’une cinquantaine d’unités et ils avaient convoqué 150 Kamuys... Ils déplaçaient leurs forces de manière extrêmement furtive.
Ils ne volaient pas dans le ciel au-dessus de Suruga comme Masatsugu Tachibana l’avait fait pour attirer l’attention de l’ennemi.
Le trio avait secrètement convoqué les Légionnaires dans la zone militaire face à la Baie de Suruga. Sous le ciel nocturne, les cent cinquante Légionnaires avaient marché sous l’eau sans sortir à la surface de la mer. L’armée rôdait dans les bas-fonds près de la côte, près de l’endroit où les Kanesadas de Masatsugu avaient intercepté l’armée britannique.
Naturellement, ils avaient évité de voler dans les airs pour empêcher Richard de les découvrir.
Cette tactique avait été décidée dès le départ. Ils allaient partir séparément par rapport aux Kanesadas, se déplaçant soit à travers la mer, soit à des altitudes extrêmement basses. Alors que Masatsugu était en train de gagner du temps, ils se mettaient en formation le plus rapidement possible...
Le champ de bataille où deux Ressuscités s’étaient affrontés était le ciel au-dessus du mont Satsuta.
Les 150 kamuys des trois Chevaliers avaient été placés sur les collines du mont Satsuta.
Le but était de porter le premier coup dévastateur à l’armée de mille soldats du roi Richard, tout en aidant Masatsugu Tachibana à s’échapper.
☆☆☆
« Rassemblement, mes chevaliers ! Entrez à nouveau en formation ! » pendant que Richard criait, un certain nombre de Légionnaires pourpres avaient à nouveau été abattues.
Pendant que Masatsugu jouait son rôle avec son duel entre généraux, une volée de tirs de fusil avait émergé de la ligne de crête du mont Satsuta en contrebas.
Les trois Chevaliers sauvés de la ville de Fuji étaient entrés dans la bataille avec les 150 Kamuys sous leur commandement.
Toute leur armée avait tiré depuis le sol sur les Escalibors et les Kanesadas qui étaient enfermés dans une bataille aérienne, les tuant l’un après l’autre. Les barrières de protection n’avaient pratiquement aucun effet.
« Cela valait la peine pour moi d’agir comme appât, » murmura Masatsugu tout en endurant la douleur aiguë venant de son flanc.
Les Kanesadas et les Escalibors s’étaient échappés de leurs formations compactes pour s’engager dans une escarmouche chaotique. Les barrières de protection étaient inefficaces à moins que les Légionnaires ne soient regroupés avec des forces amies.
Dans de telles circonstances, les milliers de Légionnaires du côté britannique subissaient des pertes plus lourdes.
Il n’y avait que 360 Kamuys alors que les Escalibors étaient à peu près trois fois plus nombreux. Les chances que des coups de feu aveugles frappent un Escalibor étaient naturellement plus élevées.
« Pas tout à fait comme prévu... Mais c’est un bon résultat, » murmura Masatsugu.
Jusqu’à présent, Masatsugu avait fait tout ce qu’il pouvait pour attirer l’attention de Richard, gagnant ainsi beaucoup de temps.
En jouant selon les préférences de Richard, Masatsugu avait ordonné à son armée de dégainer leurs épées et de charger l’ennemi, et il avait même joué avec un duel entre généraux. Naturellement, le romantisme de la chevalerie n’était pas son but.
Tout avait été fait pour tendre une embuscade venant du sol et attirer le lion féroce dans un piège.
À l’origine, il voulait charger en mêlée lorsque l’arrière ou le côté de l’armée de Richard présentait une ouverture. Cependant, ce serait trop luxueux.
Confrontés à des tirs antiaériens inattendus, les Escalibors étaient de nouveau entrés dans une formation compacte.
La sphère avait finalement pris forme. Les particules blanches de la barrière protectrice avaient brillé avec intensité, bloquant la pluie clignotante de lumières provenant du sol.
Voyant que l’armée britannique se regroupait dans leur formation défensive, les Légionnaires sur le mont Satsuta avaient cessé de tirer en masse.
Actuellement, le nombre de Légionnaires britanniques rouges était tombé à 812.
« Environ deux cents éliminés…, » murmura Masatsugu.
Cela n’avait été réalisé que par les Kanesadas tirant leurs épées pour engager les Escalibors, suivi par le barrage de tirs antiaériens de tout à l’heure.
Inversement, les Kanesadas dirigés par Masatsugu étaient tombés à 203. Sur les 360 premiers, près de la moitié avaient été tués au cours des combats plus tôt. C’était la limite de ce qui pouvait être atteint par des tactiques de confrontation directe.
« Que toutes les unités battent en retraite. Défendez-moi avec tout ce que vous avez, » Masatsugu donna son ordre tranquillement et jeta un coup d’œil à sa blessure.
La coupe n’était pas assez profonde pour atteindre les organes internes, mais la perte de sang avait persisté. Il y avait aussi des douleurs intermittentes. Il avait besoin de premiers soins le plus rapidement possible.
Le problème était qu’il n’avait pas le temps de se faire soigner, donc tout ce qu’il pouvait faire était d’ignorer la blessure.
Devant le commandant blessé, les 203 Kanesadas restants s’étaient retirés du ciel au-dessus du mont Satsuta. Sur sa wyverne, Masatsugu les avait suivis.
Dans tous les cas, ils devaient faire tout ce qu’ils pouvaient pour s’échapper vers la mer, c’est-à-dire vers la Baie de Suruga.
La deuxième phase de la chasse était sur le point de commencer.
***
Partie 2
« Après avoir reçu une blessure si grave... On dirait qu’Onii-sama doit beaucoup souffrir, » chuchota Hatsune, anxieuse.
Elle se trouvait actuellement dans le donjon protecteur de la nation au cœur du fort tutélaire de Suruga. Le donjon protecteur de la nation était un bâtiment de quarante mètres de haut en briques rouges. Un disque rond au sommet n’était pas une horloge, mais une gigantesque roue de feng shui.
Hatsune avait accompagné la princesse Shiori au rez-de-chaussée du donjon.
La reconnaissance avait été effectuée principalement par des bêtes de rétention comme les Yatagarasus, les Loups Mibu et les wyvernes. Les renseignements qu’ils avaient recueillis avaient été rassemblés ici pour servir de base à l’analyse et à la prise de décisions.
À l’intérieur du donjon se trouvaient de nombreux soldats chargés de cette tâche, ainsi que des officiers noétiques.
Ce que les bêtes de rétention avaient observé sur le champ de bataille avait été converti en vidéo par une technique noétique et rediffusé à divers endroits dans la salle. Maintenant qu’elle était devenue Chevalier, Hatsune avait le droit de demander aux soldats de lui rapporter ou de lui expliquer certaines des informations.
Cependant, voyant tout le monde si occupé, elle ne se sentait pas à l’aise d’ajouter à leur charge de travail en tant que débutante.
Alors qu’elle mobilisait pleinement ses yeux, ses oreilles et son cerveau, elle avait cherché à saisir la situation. En fait, elle avait déjà acquis une compréhension holistique.
... Masatsugu Tachibana était en plein déplacement avec 203 Kanesadas, se dirigeant vers les eaux de la Baie de Suruga.
... Les 150 Kamuys retranchés dans le mont Satsuta attaquaient l’armée britannique pour soutenir la retraite des Kanesadas.
... À la tête de 812 Escalibors, Richard Coeur de Lion en avait envoyé 200 soldats pour atterrir sur le mont Satsuta et attaquer les Kamuys des trois Chevaliers, tandis que les 612 autres étaient avec lui les menant pour continuer la poursuite.
« L’armée d’Onii-sama qui bat en retraite n’en a que deux cents, tandis que Richard qui le poursuit en a six cents. Il est toujours en infériorité numérique à trois contre un..., » déclara Hatsune.
De plus, la cible de Masatsugu était Suruga.
Il avait décidé à l’avance que, quel que soit le chemin emprunté, sa destination finale était le fort tutélaire de Suruga.
Rikka Akigase était également prête à se battre pour coordonner son arrivée.
La princesse Shiori avait convoqué le génie Sakuya et avait expliqué avec soin leur plan de bataille.
« C’est tout. Y a-t-il quelque chose que vous ne comprenez pas ? » demanda Shiori.
« Pas de problème, Princesse, Votre Altesse, » répondit Sakuya.
La princesse était assise sur une chaise. Son état physique était encore médiocre.
Une jeune fille habillée comme une jeune fille de sanctuaire se trouvait devant Shiori. Avec une frange coupée uniformément à la hauteur des sourcils, vieille de huit ou neuf ans, elle était l’image du génie Sakuya.
L’image immatérielle avait évité tout contact visuel avec Shiori.
« Je suis sur le point de quitter le donjon protecteur de la nation. Envoyez-moi un renard pour me demander si vous rencontrez des décisions difficiles, et je vous enverrai des instructions instantanées, » déclara Shiori.
« Compris... Laissez-moi faire, s’il vous plaît, » répondit Sakuya d’une voix faible.
Elle avait l’air adorable, mais comparée à Morgane la Fée de la Grande-Bretagne, elle était beaucoup trop peu fiable. Cependant, ce qui avait vraiment surpris Hatsune, c’était ce que la princesse avait dit.
« Princesse, vous partez ? Où va-t-on ? » demanda Hatsune.
« Je dois retrouver Masatsugu-sama. Il retournera bientôt à Suruga. Venez vers moi, d’accord ? » lui demanda Shiori.
« Oui, madame, » répondit Hatsune.
Hatsune avait alors soutenu Shiori, qui était instable sur ses pieds, et elles étaient sorties du donjon protecteur de la nation.
Maintenant qu’elles étaient loin de l’oreille du génie, Hatsune avait exprimé ce qu’elle soupçonnait.
« Onii-sama a délibérément intercepté Richard loin du fort tutélaire... Princesse, c’est parce que Sakuya n’est pas très fiable, n’est-ce pas ? » lui demanda Hatsune.
Les prouesses martiales seules n’étaient pas suffisantes pour faire un bon chevalier.
Hatsune avait besoin d’apprendre les tactiques, la vision stratégique et les méthodes pour gérer les troupes le plus rapidement possible afin de devenir un Chevalier à part entière. C’est pourquoi elle avait partagé ses propres déductions.
« C’est l’une des raisons, mais selon moi..., » Shiori avait donné une réponse inattendue. « Il semble que Masatsugu-sama n’aime pas se battre d’un côté ou de l’autre des batailles de siège. »
« Mais n’a-t-il pas réussi à défendre le fort tutélaire de Suruga la dernière fois, et à la Cité de Fuji, n’est-ce pas aussi lui qui a suggéré un raid sur le fort ennemi ? »
La princesse intelligente secoua la tête en désaccord avec la réfutation de Hatsune.
« Être capable de l’accomplir et l’aimer sont deux choses distinctes... En outre, dans le cas des sièges... Il devrait avoir beaucoup d’expérience, » répondit Shiori.
« Onii-sama en a-t-il parlé !? » demanda Hatsune.
« Non, c’est simplement ce que j’imagine de mon côté, » répondit Shiori.
« ... Princesse, ne me dites pas que vous avez déjà deviné l’identité d’Onii-sama ? » demanda Hatsune.
Le ton confiant de Shiori n’avait pas l’air d’être dans son imagination.
Hatsune avait demandé dans le doute, mais Shiori avait simplement souri de façon ambiguë et avait dit. « J’admets qu’un certain nombre d’idées m’ont traversé l’esprit, mais je n’ai ni preuve concrète ni un nom certain. J’observerai plus longtemps avant de partager mes pensées avec vous. »
Pendant qu’elles discutaient, un gigantesque loup blanc s’approcha d’elles.
C’était un Loup Mibu que Shiori avait invoqué en utilisant ses capacités noétiques. L’énorme bête de rétention, aussi grande qu’un cheval, s’allongea sur le sol de sa propre initiative.
La princesse était sur le point de chevaucher le loup, mais son pied était devenu instable.
Shiori s’était inclinée, tombant presque en arrière. Hatsune l’avait vite attrapée. En regardant le visage de la dame qu’elle servait, elle avait remarqué la pâleur de la princesse et une température corporelle anormalement élevée.
Shiori souffrait d’une forte fièvre. En tant que sa dame d’honneur et chevalier, Hatsune avait fait une demande.
« Princesse, vous devez arrêter de vous surmener ! » déclara Hatsune.
« C’est n’importe quoi, c’est à moi de prendre cette décision..., » répondit Shiori.
« Non, c’est la décision du médecin. Et en l’absence d’un médecin, c’est moi qui décide, » déclara Hatsune.
« N-Non, je dois me dépêcher d’aider Masatsugu-sama..., » répliqua Shiori.
« Ne vous inquiétez pas ! Je sais tout ce qu’il faut faire pour aider Onii-sama ! » déclara Hatsune.
« Eh — ? » s’exclama Shiori.
« Reposez-vous bien et laissez-moi m’occuper de tout, Princesse ! » déclara Hatsune.
Arrêtant net une princesse surprise, Hatsune avait monté sur le dos du loup de Mibu à sa place.
Elle avait tapoté le cou blanc du loup et il s’était immédiatement levé. Ses ordres étaient très simples.
« Trouve Onii-sama... Cherche l’odeur de Masatsugu Tachibana et emmène-moi là-bas. Princesse, je reviens tout de suite ! » déclara Hatsune.
« Attendez un instant. Vous savez tout ? Pas possible !? » s’exclama Shiori.
Shiori s’était effondrée et s’était assise sur le sol. Sa force physique avait atteint ses limites.
Montée sur un loup de Mibu, Hatsune s’était courageusement rendue sur le champ de bataille.
☆☆☆
Alors que les Légionnaires volaient à toute vitesse pour charger dans les rangs ennemis — .
Ils n’avaient presque jamais tiré. Alors qu’ils avaient consacré tout le fluide ectoplasmique à une attaque de charge, ils avaient utilisé l’impact pour planter leurs baïonnettes dans le corps des ennemis.
C’était le genre de charge que Richard Cœur de Lion avait révélé à la Cité de Fuji.
L’impact d’une charge à pleine puissance était stupéfiant, capable d’infliger des dommages critiques à l’armée ennemie en une seule frappe.
Cette tactique avait recréé la « charge de cavalerie » des anciens champs de bataille.
Certains disaient que la charge de cavalerie était un chef-d’œuvre du champ de bataille.
Masatsugu n’avait aucune objection à cela. En effet, il s’agissait sans aucun doute d’une tactique très gênante.
Les chevaliers ou cavaliers lourds étaient équipés d’armure et de cotte de mailles alors qu’ils chevauchaient des chevaux de guerre en galopant pour charger dans les rangs ennemis. Puis ils plantaient les pointes de leurs lances pendant l’affrontement en plein dans le cœur de leurs adversaires.
... Lorsqu’un cheval galopait, sa vitesse, son élan et son poids s’ajoutaient à la puissance de l’attaque effectuée lors de la charge.
La lance utilisée ainsi pourrait facilement percer les soldats ennemis. Il était également impossible pour le corps humain de résister au piétinement d’un cheval en pleine charge. Le plus terrifiant de tous, ce type de charge avait été menée par un nombre important de cavaliers, des dizaines, des centaines ou des milliers d’un coup.
Frappée par une charge de cavalerie, toute armée subirait d’importantes pertes.
Tout au long de l’Antiquité et du Moyen Âge, la cavalerie lourde avait la même valeur que le « char issu des inventions modernes ».
Bien qu’il s’agissait d’un point de vue commun, il y avait une mise en garde. La charge de cavalerie était aussi une tactique difficile à utiliser correctement.
En tant que créatures vivantes, les chevaux étaient incapables de maintenir un galop pendant de longues périodes de temps. Ils se fatigueraient rapidement.
La priorité était de conserver la force des chevaux et de l’utiliser au moment opportun. De plus, tout obstacle empêchant un chemin droit entraînerait également la fin d’une charge en cas d’échec.
De plus, les chevaux étaient chers et coûteux à nourrir. Garder des chevaux était une affaire laborieuse.
Cependant, une fois que toutes ces difficultés avaient été surmontées pour exécuter avec succès une charge de cavalerie — sa puissance était inégalée.
Lorsque la cavalerie chargeait au cœur des rangs ennemis à un moment critique pour vaincre l’ennemi général et la force principale, il ne restait plus qu’une foule désordonnée.
Même contre un ennemi plusieurs fois plus nombreux, il était facile de vaincre la populace dispersée après une telle charge.
L’ancien roi de Macédoine et génie pionnier de la guerre, Alexandre le Grand, était aussi très accompli dans de telles tactiques...
« Pas étonnant qu’un gars comme Richard aime tant l’utiliser, » avait remarqué Masatsugu de façon satirique.
Après s’être blessé au flanc droit, Masatsugu s’était d’abord dirigé vers le sud, c’est-à-dire vers la Baie de Suruga. Le champ de bataille du mont Satsuta était à côté de la mer et Masatsugu arriva bientôt au-dessus de la surface de l’eau.
Il était actuellement sur une wyverne, survolant l’océan la nuit.
Les 203 Kanesadas restants volaient dans les environs.
La douleur diminuait graduellement à cause de sa blessure abdominale et le saignement s’était arrêté. Le corps d’un Ressuscité était évidemment résilient jusqu’à un degré surnaturel.
« Nous sommes les morts qui sont ressuscités de nos tombes... Maintenant que j’y pense, c’est normal, » murmura-t-il.
Masatsugu avait supposé qu’il avait peut-être une constitution particulière qui faisait qu’il ne mourrait pas si facilement.
Cependant, sa conscience était sans doute en train de s’estomper. Une fois ses limites atteintes, il allait probablement directement s’évanouir.
Et le « non-mort » en pleine santé était juste derrière lui, pourchassant l’armée de Masatsugu.
« Hahahahahahaha. Je suis surpris que vous puissiez supporter ce genre de blessure pendant si longtemps ! » déclara Richard.
Sous le commandement du Cœur de Lion, 612 Escalibors avaient poursuivi sans relâche.
Ils chargeaient à pleine vitesse par-derrière, essayant de mettre fin à la bataille en une seule fois.
« Chargez, mes Escalibors ! Permettez aux samouraïs de l’Orient d’être témoins de nos voies chevaleresques ! » déclara Richard.
Les Légionnaires britanniques avaient formé une formation en forme de V, la même que celle que Richard avait exposée à la Cité de Fuji, une formation spécialisée pour la charge de cavalerie.
Sa fonction principale était de pénétrer l’armée ennemie avec sa pointe pointue et de déchirer leur formation.
« Quel homme au sang chaud ! Dès que j’ai fui, il m’a pourchassé dans la joie, » murmura Masatsugu.
Masatsugu, le chassé et Richard, le Chasseur allaient tous les deux à plus de 500 kilomètres à l’heure. Les deux armées étaient séparées par une centaine de mètres.
En tant que bêtes de rétention, les wyvernes étaient en fait incapables d’atteindre de telles vitesses.
Un « fantôme de Kanesada » était apparu autour de Masatsugu et de sa monture wyverne.
Réutilisant la technique de convoquer un Légionnaire et de la fusionner avec son corps, Masatsugu avait utilisé la capacité de vol d’un Kanesada pour se transporter lui-même et la wyverne.
« Kukukukukuku ! C’est aussi la première fois que j’utilise cette méthode pour charger à côté de mes Escalibors... Tu es vraiment un adversaire charmant, Tachibana ! » Richard utilisait la même technique pour voler à une vitesse extrême.
Le légendaire roi anglais avait invoqué le fantôme d’un Légionnaire rouge pour transporter sa monture volante.
Cependant, la vitesse globale des deux armées avait chuté.
La bataille de mêlée aérienne avait consommé une grande quantité de liquide ectoplasmique. Par la suite, avec une évasion et une poursuite à pleine vitesse, les forces japonaises et britanniques étaient épuisées. Tous les Légionnaires commençaient à diminuer en matière de puissance disponible.
« Hohohohohoho, votre fière évasion ralentit, » déclara Richard.
« Il en va de même pour vous. La poursuite du Coeur de Lion n’est pas non plus impressionnante, » déclara Masatsugu.
Séparé par une distance importante, aucun des deux côtés ne pouvait s’entendre.
Cependant, Masatsugu pouvait deviner ce à quoi le Coeur de Lion pensait, plus ou moins. Il marmonnait à lui-même, livrant des réfutations aux paroles imaginaires de son ennemi.
Masatsugu s’était concentré et avait préparé son prochain coup.
Dans une telle situation, Richard Coeur de Lion n’était certainement pas un homme qui se retiendrait.
« Mes chevaliers, merci d’avoir enduré jusqu’ici. Par la présente, je vous accorde le Coeur de Lion ! » déclara Richard.
« Je le savais. Il utilise ce mouvement ! » s’exclama Masatsugu.
Les 612 Escalibors en poursuite avaient libéré une énorme quantité de puissance mystique.
En sentant la libération, Masatsugu remarqua Richard activant le Fait d’Armes — Coeur de Lion. Son effet était de s’assurer que son Légionnaire compléterait la charge même en ignorant la mort — .
Jusqu’à présent, les Escalibors avaient consommé beaucoup de liquide ectoplasmique et leur vitesse de vol avait clairement chuté.
Mais bientôt, leur vitesse augmenta lentement... Non, ils avaient retrouvé leur vitesse initiale. Le Fait d’Armes du Coeur de Lion avait permis à l’armée britannique de charger au plus haut niveau.
Par contre, la vitesse de vol du Kanesada était demeurée lente.
L’équilibre avait finalement été rompu quant à l’avance qu’ils avaient maintenue jusqu’à présent dans la poursuite.
L’armée de Richard se refermera peu à peu. Après s’être échappés jusqu’à présent, les 203 Kanesadas allaient être rattrapé en quelques minutes, pour cela aboutirait à une extermination totale.
Tous les préparatifs préalables seraient vains s’ils étaient attrapés.
Masatsugu ordonna hâtivement, « Tirez vers l’arrière ! »
« Tsk, des petits tours ! » s’exclama Richard.
L’armée de Masatsugu volait à l’origine en faisant face vers l’avant.
Tout en conservant la même direction de vol et la même vitesse, les 203, Kanesadas s’étaient retournés pour pouvoir tirer. Ils avaient continué à voler droit vers leur destination, sauf que leur corps était tourné vers l’arrière.
Bien sûr, leurs fusils étaient dirigés vers l’arrière — vers l’armée qui approchait de Richard.
Tous les Kanesadas avaient appuyé sur la gâchette.
Toute l’armée avait alors dirigé un tir continu à l’opposé de leur direction de vol. C’était comme une cascade.
Les 612 Légionnaires britanniques qui se rapprochaient prirent les tirs dans leur formation en coin. Les Kanesadas visaient le bout de la cale.
... Le but de cette vague de feu continu n’était pas d’infliger des dommages.
Après tout, bénis par les effets de Coeur de Lion, ils étaient effectivement immortels jusqu’à la fin de la charge.
Cependant, le feu continu des quelque deux cents Kanesadas avait permis de frapper les Escalibors en charge.
Le rideau dense de coups de feu avait fonctionné. La formation en coin avait momentanément cessé de se refermer sur eux.
Cependant, la distance par rapport à l’ennemi continuait de se réduire lentement.
Les puissantes ondes noétiques du Coeur de Lion avaient poussé la force et la vitesse des Escalibors au maximum.
Il restait cinquante mètres jusqu’à ce que les lions en furie les attrapent.
Quarante mètres, trente mètres, puis vingt mètres — Masatsugu savait que son plan était un succès.
Le donjon protecteur du fort tutélaire de Suruga n’était pas loin.
... Initialement, Masatsugu s’était retiré du ciel au-dessus du mont Satsuta puis survolait la Baie de Suruga.
Une fois que Richard avait invoqué le Coeur de Lion, Masatsugu s’était tourné vers Nihondaira où se trouvait le fort tutélaire de Suruga. Il savait que le moment était arrivé.
En survolant le terrain montagneux de la zone militaire, Masatsugu était enfin retourné au fort tutélaire.
« Dispersion ! » ordonna Masatsugu.
« Quoi !? » s’exclama Richard.
À la suite de l’ordre de Masatsugu, les 203 Kanesadas se dispersèrent dans différentes directions.
Les Escalibors qui chargeaient à pleine puissance ne s’arrêtèrent pas. Aucun d’eux n’avait pu s’arrêter. Et droit devant eux se trouvant un dragon gigantesque qui les attendait.
Il s’agissait de l’ifrit Seiryuuu chargé de protéger le fort tutélaire de Suruga.
***
Partie 3
Un cercle magique de soixante-dix mètres de diamètre s’était manifesté dans le ciel au-dessus du fort tutélaire.
Le cercle magique était le produit d’une magie orientale utilisant des motifs compliqués et des caractères sanskrits. La gigantesque « image du dragon », comparable au cercle magique en taille, était précisément l’ifrit Seiryuu.
Son corps serpentin était recouvert d’écailles bleu-saphir avec deux bois de cerf sur la tête et des membres courts.
La gigantesque image du dragon avait occupé l’air majestueusement.
Les Ifrits étaient censés libérer une puissante énergie noétique pour créer une barrière de noesis en forme de dôme pour couvrir tout le fort tutélaire.
Mais en ce moment, Seiryuu n’utilisait pas son énergie noétique pour la défense.
Seiryuu avait rugi férocement et attaqua les Légionnaires britanniques.
L’image du dragon bleu avait ouvert ses mâchoires gigantesques et elle s’élança vers les 612 Escalibors qui chargeaient à pleine puissance dans une formation de coin.
« Ahhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh ! »
En tant que divinités noétiques, les ifrits étaient en fin de compte des conglomérats d’énergie noétique. Leurs corps gigantesques n’étaient pas corporels.
Par conséquent, les mâchoires massives de Seiryuu avaient libéré de l’énergie noétique qui était normalement utilisée pour créer des barrières de noesis.
L’onde d’énergie noétique s’était transformée en un gigantesque cercle magique, rayonnant d’une puissance divine.
Et bien sûr, les Légionnaires britanniques s’écrasèrent dans le cercle, de face.
De l’énergie noétique avait été versée dans le cercle magique, suffisamment pour servir de mur défensif d’un fort tutélaire, et équivalait à une barrière de noesis comprimée en une forme ronde.
Une collision avec quelque chose de ce genre causerait des blessures massives du côté de ceux qui chargeaient.
Les Escalibors se trouvant dans la pointe de la formation en coin, atteignant un tiers de l’armée entière avaient été frappés par un impact violent lors de l’éclatement de l’armure, provoquant le démembrement ou la décapitation de beaucoup d’entre eux au cours du processus.
Souffrant de telles blessures au cerveau et aux organes internes, les humains seraient morts sur place.
L’armée de Richard avait souffert lors de charge excessivement puissante. Cependant, les Escalibors grièvement blessés n’avaient pas été découragés.
« Comme c’est intéressant…, » Richard Coeur de Lion souriait fièrement face à ça.
Avec le fantôme Escalibor derrière lui, il était à l’arrière de la formation en coin.
« Selon la légende, nous, Plantagenet, nous sommes une lignée maudite avec le sang du diable qui coule dans nos veines ! Un diable sur terre... ne craindra jamais un simple dragon ! » déclara Richard.
La pointe du coin rouge, un tiers de l’armée, était déjà à l’arrêt.
Cependant, les 612 Escalibors de la formation avaient continué à charger, franchissant le cercle magique de la barrière noétique.
Même l’image géante du dragon bleu avait été presque réduite en poussière.
« Ahhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh — ! » Le cri de Seiryuu avait résonné dans le ciel nocturne de Suruga.
L’armée de Richard était finalement arrivée dans le ciel au-dessus du fort tutélaire et était sur le point d’envahir la base ennemie.
Le reste du travail était simple. Il continuerait à pousser vers l’avant et à se débarrasser de l’armée de samouraïs pourpres rouges, à faire échec et mat aux soldats qui défendaient le fort et à mettre fin à la bataille.
À ce moment-là, le Cœur de Lion fronça les sourcils.
« Hmm ? »
Après avoir chargé à pleine puissance contre le dragon géant, les 612 Escalibors avaient rapidement perdu de la vitesse de vol. Les effets du Fait d’Armes avaient pris fin.
À savoir, les effets permettant aux Légionnaires de terminer une charge même faire face à la mort — .
Les effets étonnants et miraculeux de Coeur de Lion avaient disparu.
Après avoir chargé à pleine puissance et à pleine vitesse, la formation en coin s’était de plus en plus ralentie. Enfin, il n’était pas plus rapide qu’une voiture circulant dans les rues urbaines.
Ce n’était pas la pire chose.
Le fait de charger l’ifrit avait causé de graves dommages à plus d’un tiers de l’armée.
Parmi eux, les Escalibors avec des blessures mortelles telles que des cous brisés et des organes internes rompus avaient commencé à s’écraser l’un après l’autre. La mort les avait pris il y a longtemps.
Richard haussa les épaules et dit : « Eh bien, les quatre cents restants suffiront. »
Il y avait encore 432 Escalibors survivants.
Ils n’auraient aucun mal à vaincre les samouraïs rouges-violets dispersés qui s’étaient enfuis ou les forces dépendantes de Surugu.
« Regroupez-vous et rassemblez-vous à mes côtés, » ordonna Richard.
En contrôlant sa wyverne, Richard s’était dirigé vers le centre de l’armée qui s’était considérablement ralentie.
Les 432 Escalibors commençaient à former une sphère lorsqu’ils avaient été violemment attaqués par des tirs focalisés sur le côté.
Les Légionnaires bleus du Japon Impérial, 150 Kamuys, s’étaient envolés pour entrer dans la mêlée.
Toutes les troupes de ce corps avaient tiré à l’unisson. Les Escalibors avaient recommencé à s’écraser, du moins ceux qui n’avaient pas eu la chance d’être abattus avant ça.
« Nouveaux ennemis ? Activez vos barrières, mes chevaliers ! » Richard commandait avec confiance, mais fut accueilli par un résultat surprenant.
Les particules blanches de la formation sphérique des 432 Escalibors étaient assez faibles, environ la moitié moins forte que d’habitude. Trop de leur fluide ectoplasmique avait été consommé.
Un Richard surpris avait instantanément compris la raison.
« Tachibana, c’était votre plan depuis le début ! » s’écria Richard.
Les 203 Légionnaires rouge-violet étaient retournés sur le champ de bataille pour soutenir leurs alliés.
Les Légionnaires rouge pourpre étaient identiques en apparence et en taille avec les Kamuys, sauf en couleur. Leurs épées japonaises spéciales s’étaient aussi transformées en fusils à baïonnette. Comparé à l’Escalibor ou au Croisé — les puissants Légionnaires britanniques —, leur physique était plus petit.
Jugées selon l’esthétique du Cœur de Lion, ces troupes étaient faibles et maigres.
En jetant un regard aiguisé sur les forces japonaises, Richard grinça des dents.
☆☆☆
« Il est finalement tombé dans le piège…, » Rikka Akigase murmura cela à elle-même, s’envolant vers le ciel sur sa wyverne.
Elle volait seule à une certaine distance du fort tutélaire. Un peu plus tôt, l’ifrit Seiryuu avait été brisé, ne parvenant pas à bloquer l’invasion des centaines d’Escalibors.
Cependant, les soldats rouges de cette armée britannique s’écrasaient les uns après les autres.
Saisissant le moment où l’ennemi était à court de liquide ectoplasmique, Rikka avait ordonné aux 150 Kamuys qu’elle avait convoqués d’ouvrir le feu.
De plus, les 203 Kanesadas dirigés par Masatsugu Tachibana s’étaient rassemblés de l’autre côté de l’armée de Rikka.
Les deux unités attaquaient les quelque 430 Légionnaires de l’armée de Richard en une attaque en tenaille. Avec les forces de Rikka à gauche et les forces de Masatsugu à droite, ils avaient été frappés des coups de feu simultanément.
Le côté Suruga avait mis en place deux formations en croissant en forme de « (() ».
L’armée de Richard était parfaitement prise en sandwich entre eux.
« Ne lâchez pas l’attaque. Ne leur laissez pas de temps pour respirer ! » cria Rikka.
Sous l’attaque des deux côtés, l’armée de Cœur de Lion avait formé une sphère et déployé une barrière protectrice.
Le côté gauche de la sphère avait désespérément riposté contre les Kamuys de Rikka tandis que le côté droit s’occupait des Kanesadas de Masatsugu.
Les Britanniques avaient le nombre de leur côté, mais ils étaient coincés dans une situation désespérée.
Du côté de Suruga, les forces de Rikka et Masatsugu ne totalisaient qu’environ 350 hommes.
La barrière protectrice des Escalibors était alimentée par environ 430 Légionnaires, normalement capables de neutraliser une grande partie des volées de tir du côté de Suruga, mais l’épuisement du fluide ectoplasmique avait fortement réduit son efficacité.
La moitié des tirs avaient pénétré les particules de la barrière, frappant directement l’armée de Richard.
Les Escalibors avaient fini par mourir et s’écraser l’un après l’autre.
« Maintenant, une chance de victoire est en vue, » en arpentant le champ de bataille, Rikka poussa un soupir de soulagement.
La théorie derrière le piège de Masatsugu Tachibana pour chasser le lion était en fait assez simple.
« Je vais d’abord intercepter son armée à l’extérieur du fort tutélaire et l’attirer à Suruga tout en épuisant son fluide ectoplasmique. Enfin, nous l’attaquons tous ensemble. »
Pour ce faire, Masatsugu Tachibana avait utilisé toutes sortes de feintes intelligentes.
Il avait d’abord utilisé l’art du sabre des samouraïs et avait mis en œuvre un duel pour stimuler l’esprit combatif et la passion de la cible, puis s’était délibérément blessé pour faire semblant d’être mis en déroute. Son excitation atteignant son paroxysme, le roi des chevaliers ordonnerait à toute sa force de charger contre la retraite de Masatsugu.
Sans ces arrangements intelligents, le nez vif du lion aurait pu sentir la présence d’un piège.
De plus, au cours de ce processus, l’ennemi était assuré de lancer une offensive écrasante. Et enfin, alors qu’il se battait en fuite, Masatsugu avait réussi à attirer l’ennemi pour l’attaquer à pleine force, en utilisant une tactique qui avait épuisé ses troupes les plus importantes.
La poursuite lors de l’étape finale faisait également partie du piège de Masatsugu.
Les Kanesadas et les Kamuys étaient plus petits que les Escalibors en termes de physique.
Des carrures plus petites signifiaient naturellement un poids plus léger. En volant à la même vitesse, le côté le plus lourd se fatiguerait davantage, ce qui signifiait une plus grande consommation de liquide ectoplasmique. Rikka hocha la tête dans la compréhension.
« Les Kamuys sont plus petits et perdent toujours face aux Croisés dans les concours de force, » déclara Rikka.
En utilisant cette tactique qui avait renversé le désavantage physique, ils avaient réussi à porter un coup dur au roi des chevaliers. Rikka se sentait exaltée, mais la bataille exigeait encore une attention particulière.
Ne s’en tirant qu’un peu mieux que du côté britannique, les Kanesadas étaient également épuisés en termes de liquide ectoplasmique.
Rikka avait commencé à le réfléchir, en supposant qu’elle était dans la bonne position pour contrer Richard Ier — .
***
Partie 4
« Argh... Je pense que j’en ai peut-être un peu trop fait, » murmura Masatsugu.
Sur sa wyverne, Masatsugu avait lentement quitté l’armée de Kanesadas.
Actuellement, les Légionnaires rouge pourpre s’étaient joints aux Kamuys de Rikka Akigase pour frapper l’armée du Cœur de Lion avec une attaque en tenaille, ce qui leur donnait un avantage écrasant.
Cependant, la perte de sang de Masatsugu était trop grave.
Alors que sa conscience s’estompait peu à peu, il faisait souvent des erreurs de contrôle.
Quand il s’était rendu compte qu’il était finalement loin du champ de bataille, il avait serré les rênes de sa monture, avec l’intention de retourner sur le champ de bataille, mais c’est alors qu’un renard messager était apparu sur son épaule.
« Onii-sama, regarde en bas. Viens vers moi ! » avait transmis le renard.
« Quoi ? » s’exclama Masatsugu.
À l’aide d’ondes noétiques, le renard avait transmis le message de Hatsune.
Le mont Udo était en contrebas. Le fort tutélaire de Suruga était situé sur les hautes terres formées par les deux petites montagnes du mont Kunou et du mont Udo. Le plus haut sommet n’était qu’à environ trois cents mètres d’altitude.
En regardant en bas depuis les airs, Masatsugu avait immédiatement remarqué quelque chose d’inhabituel.
Il faisait tard dans la nuit et tout était sombre dans les montagnes de basse altitude. Cependant, une faible lumière se déplaçait en un va-et-vient. Masatsugu avait alors essayé d’atterrir là-bas.
Comme prévu, c’était Hatsune.
Alors qu’elle était habillée dans le style Haikara-san, sa petite sœur agitait une lampe de poche depuis le sol.
Hatsune était sur une route militaire avec un loup blanc géant à côté de là — un Loup Mibu allongé sur le sol en attente. Quand la wyverne avait atterri sur la route, le Loup Mibu était resté imperturbable. Discipliné et loyal, il avait été bien entraîné.
Masatsugu avait alors dit depuis la selle de sa wyverne. « Et maintenant ? Je suis un peu occupé en ce moment... Au contraire, je suis extrêmement occupé en ce moment. »
« Richard ciblera les Kanesadas, n’est-ce pas ? » demanda Hatsune.
« Tout à fait. As-tu aussi compris cela ? » lui demanda-t-il.
« Bien sûr. Je ferais la même chose à sa place. Les Kanesadas ont aussi livré une longue bataille... C’est juste qu’ils sont moins épuisés que les Escalibors, » déclara Hatsune.
Hatsune avait gonflé sa poitrine et avait annoncé son analyse avec confiance.
Même derrière le kimono, on pouvait voir les rondeurs et le gonflement de sa poitrine.
« Dans le pire des cas, il lui suffit d’attaquer les Kanesadas en force tout en ignorant l’armée encore pleine d’énergie de Rikka-sama. Ce sera certainement plus facile de gagner ainsi, » déclara Hatsune.
« C’est exact. Bonne intuition, » déclara Masatsugu.
Les joues de Masatsugu se tortillèrent en un sourire.
Il avait du mal à imaginer Hatsune devenir un maître stratège. Mais un jour, son instinct et sa bravoure lui permettront de se distinguer sur le champ de bataille avec de nombreuses réalisations glorieuses à son actif.
Comme l’avait fait le roi Richard Cœur de Lion.
« Si tu sais tout ça... Alors tu comprends ce que tu dois faire ? » lui demanda Masatsugu.
« Bien sûr ! Sur mon Appellation de Kurou Hougan Yoshitsune —, » déclara Hatsune.
Masatsugu avait testé Hatsune et elle avait immédiatement chanté les paroles sacrées de sa convocation.
La fille en kimono avait libéré une impulsion d’énergie noétique. Bien que sa force et sa compétence ne puissent pas égaler celles d’Edward le Prince Noir, Masatsugu avait été stupéfait.
La force des noesis de Hatsune était clairement différente de celle qu’elle avait obtenue d’avant.
« Rassemblez-vous maintenant, mes Légionnaires ! » Hatsune avait crié son ordre.
Les noesis qu’elle avait relâchées dans les airs s’étaient transformées en soixante-douze Légionnaires.
Ils ressemblaient à des Kamuys, mais n’étaient pas des Kamuys. Le haut de leurs casques était allongé comme l’eboshi tandis que leur armure était rouge foncé avec un vêtement blanc sur le dessus.
La variante de Kamuy rouge et blanche avait reçu le nom de « Kurou Hougan » de Tachibana Hatsune.
Un total de soixante-douze Légionnaires. Le pouvoir de Hatsune en tant que Chevalier s’était complètement réveillé. Normalement, les Chevaliers japonais n’avaient qu’une Force de Chevalier d’environ 30 à 50.
Avec une Force de Chevalier de 72, le premier successeur de Kurou Hougan Yoshitsune avait une force formidable.
De plus, Hatsune était encore jeune et avait de la place pour une croissance future.
« Allez-y, mes Kurous. Allez aider l’armée d’Onii-sama à se battre ! » Hatsune ordonna hâtivement aux Légionnaires qui était apparue au-dessus de la tête.
Les soixante-douze Kurou Hougans s’étaient mis à voler avec agilité vers le ciel où les forces conjointes des Kamuys et des Kanesadas combattaient les Escalibors.
« Commandons d’ici, » déclara Masatsugu.
Il n’était pas nécessaire de charger sur les lignes de front. Masatsugu décida de rester au sol et de descendre de sa selle.
Il avait trébuché lorsqu’il était arrivé sur le sol.
« Ça va, Onii-sama !? » s’exclama Hatsune.
« En quelque sorte. Ne t’inquiète pas, je peux tenir un peu plus longtemps, » répondit Masatsugu.
Finalement, Hatsune avait prêté une épaule à Masatsugu pour qu’il s’appuie dessus et l’avait emmené sur le côté de la route militaire.
Masatsugu s’était assis et s’était appuyé contre la rambarde, ce qui lui donna enfin l’occasion de reposer son corps blessé. Le fait de voler sur une wyverne était physiquement épuisant.
Heureusement, Hatsune avait apporté une trousse de premiers soins.
En retirant rapidement la veste de Masatsugu et l’uniforme à col rigide, Hatsune avait dénudé la moitié supérieure de Masatsugu.
Elle avait d’abord appliqué de l’alcool désinfectant sur la plaie sur son flanc, mis de la gaze, puis enroulé des bandages autour de tout son abdomen. Ses mouvements étaient adroits et sans hésitation.
« Jolies compétences. As-tu de l’expérience dans le traitement des plaies ? » demanda Masatsugu.
« Oui, j’ai souvent été blessée avec mes compagnons quand on apprenait toutes sortes de choses, » répondit Hatsune.
Après avoir donné une réponse digne d’un membre d’un clan de personnages plus grands que nature, Hatsune soupira légèrement et elle déclara. « Avant de partir au combat, Onii-sama, tu as dit que prendre un coup de Richard pourrait être une bonne méthode. Je n’aurais jamais pensé que tu le ferais pour de vrai... »
« C’était une simple nécessité. Si je ne l’avais pas fait, il se serait méfié de ma retraite, » répondit Masatsugu.
Dès que le maître mourait, les Légionnaires sous son commandement devenaient une armée désorganisée.
Il était très logique qu’un chevalier blessé se retire pour éviter de mourir au combat.
« En outre, il s’agit d’une blessure avec relativement peu de répercussions à part la perte de sang tout au plus. Quoi qu’il en soit, ça devrait aller. Donne-moi un peu d’alcool et on le coudra plus tard, et tout ira bien. »
« Wôw, on dirait vraiment un ancien général de la période Sengoku. C’est fantastique, » s’exclama Hatsune.
« Pas comme. Je suis un ancien général, » déclara Masatsugu.
« C’est vrai. O-Oh c’est vrai, Onii-sama, » déclara Hatsune.
Masatsugu s’appuyait actuellement la rambarde de la route.
Hatsune était assise à côté de lui. Soudain, elle baissa les yeux et bégaya dans un rare moment de timidité.
« Au fait... J’ai promis quelque chose à la princesse, » déclara Hatsune.
« Tu lui as promis quoi ? » lui demanda Masatsugu.
« À l’origine, elle était censée venir t’aider... pour te donner du liquide ectoplasmique. Mais son corps est à sa limite, alors je suis venue à sa place..., » déclara Hatsune.
« Oh ? » s’exclama Masatsugu.
Habituellement énergique et joyeuse, Hatsune avait du mal à aborder le sujet.
Ce côté inédit de Hatsune était tout à fait adorable. Masatsugu s’était penché vers elle, mais la blessure abdominale avait piqué, ce qui l’avait fait froncer les sourcils.
« V-Vas-tu bien, Onii-sama... ? » lui demanda Hatsune.
« Je vais bien. Dis-moi, Hatsune, » déclara Masatsugu.
Masatsugu avait tendu la main vers sa petite sœur.
Les épaules de la fille au kimono frissonnaient. Elle avait l’air si douce et innocente. Masatsugu avait appris quelque chose de sa réaction.
« Tu es venu partager le fluide ectoplasmique avec moi, sachant ce que j’ai fait à la princesse, n’est-ce pas ? » lui demanda Masatsugu.
« Euh, oui... J-Je suis tombée dessus par hasard et je n’ai pas pu m’empêcher d’entendre..., » déclara Hatsune.
Hatsune rougissait jusqu’aux oreilles en raison de l’embarras.
Elle n’avait pas l’habitude de parler de sujets scandaleux. Considérant la personnalité pure et innocente de Hatsune... Peut-être qu’elle n’avait aucune expérience dans ce domaine.
« D’accord, et tu es maintenant un Chevalier, » chuchota Masatsugu à l’oreille de Hatsune. Son corps s’était de plus en plus raidi.
Elle était très tendue au niveau du corps et de l’esprit. Masatsugu n’avait pas prévu de faire quoi que ce soit jusqu’à ce qu’elle se détende. Tenant la main de la petite sœur dans sa paume froide, il lui avait dit calmement.
« J’ai négligé la possibilité de te demander de l’aide. Mais je n’aime pas non plus forcer une fille à faire des choses, » déclara Masatsugu.
« J-Je suis venue ici pour t’aider, donc ce n’est pas comme si tu me forçais, » déclara Hatsune avec fermeté, mais en continuant à agir timidement, « C’est juste que... Hmm, c’est effrayant de s’engager, je n’ai jamais été dans une situation similaire, donc c’est très bizarre en ce moment... »
« C’est normal qu’une jeune fille se sente ainsi. Ne t’inquiète pas pour ça, » déclara Masatsugu.
« C-C’est arrivé à ce stade, mais j’ai l’impression que... enlacer un homme est peut-être trop tôt pour moi. Dans une certaine mesure, je pense que c’est quelque chose qui devrait être fait après un rendez-vous officiel avec un œil vers le mariage ! » déclara Hatsune.
« Mariage, hein ? » demanda Masatsugu.
« M-Mais ne t’inquiète pas, Onii-sama ! » Hatsune avait serré le poing et avait souri courageusement. « C’est commun pour un homme et une femme de s’enlacer l’un et l’autre pour des gens comme les danseurs ou les ballerines. C’est bon, je me suis préparée. Franchement, ce n’est pas grave. »
« Ce qui veut dire que c’est bien tant que je t’épouse, n’est-ce pas ? » lui demanda Masatsugu.
« Hein ? » s’exclama Hatsune.
Puis Masatsugu déclara à la petite sœur surprise. « Pour moi, tu n’es pas seulement une partenaire appropriée pour le mariage... mais aussi une femme que j’admire beaucoup. Si c’est le genre de relation que tu veux construire, je suis prêt à y réfléchir sérieusement. »
« Q-Qu’est-ce que tu racontes, Onii-sama !? » s’exclama Hatsune.
« Tu es une artiste martiale accomplie avec un cœur courageux. Ton énergie est illimitée, ta gaieté vibrante et ton comportement imprévisible te rendent très adorable à mes yeux, » déclara Masatsugu.
« Tu n’as pas déjà dit que tu ne pensais pas du tout à moi !? » s’exclama Hatsune.
« Bien sûr. Mais maintenant, on parle de mariage, » déclara Masatsugu.
Hatsune était très agitée.
Masatsugu continua calmement, « Cependant, si je te considère comme l’une des possibilités pour le mariage... Je crois que l’homme qui passera sa vie avec Tachibana Hatsune sera un homme heureux. »
« O-Onii-sama ! Arrête tes paroles mielleuses ! » s’écria Hatsune.
Hatsune avait détendu son corps sans le savoir.
Peut-être que la conversation avait quelque peu soulagé ses sentiments nerveux. Tenant sa main tout le temps, Masatsugu savait que son épaule n’était plus tendue.
En regardant leurs mains serrées l’une contre l’autre, Hatsune baissa de nouveau la tête.
Elle était encore timide, mais n’exprimait plus de résistance.
« Alors... Qu’est-ce qu’on fait ensuite ? Dis-moi, Onii-sama, » lui demanda Hatsune.
« C’est dur pour moi de bouger, alors peux-tu t’approcher de moi ? » lui demanda Masatsugu.
« N-Nous sommes déjà très proches. Ne suis-je pas à côté de toi ? » lui demanda-t-elle.
« Approche-toi plus, » déclara Masatsugu.
Masatsugu tirait doucement la main de Hatsune et elle avait compris son intention. Hatsune hocha la tête et s’approcha lentement de lui.
Hatsune regarda Masatsugu dans les yeux.
Encore dix centimètres de plus, et Masatsugu pourrait l’enlacer.
Ils étaient justes à côté l’un de l’autre. Cette fois, Masatsugu l’avait tirée avec force et Hatsune avait fait preuve de détermination en l’étreignant timidement.
« Oh —, » murmura Hatsune.
« Hatsune, tu es si chaude, » déclara Masatsugu.
Appuyé contre la rambarde, Masatsugu ne pouvait que soulever son torse.
Hatsune était allongée sur lui. À travers le kimono meisen, Masatsugu pouvait sentir la volupté et la chaleur de sa petite sœur.
« O-Onii-sama, tu es si glacial..., » murmura Hatsune.
Hatsune avait déshabillé Masatsugu plus tôt pour soigner sa blessure, donc elle était au courant des changements de la température de son corps.
En raison de la lourde perte de sang et de la nécessité d’approvisionner les Kanesadas en liquide ectoplasmique, le corps de Masatsugu était encore plus froid que d’habitude.
« En partageant le fluide ectoplasmique avec toi, la princesse s’habille très légèrement... Y a-t-il une signification particulière à cela ? » lui demanda Hatsune.
« Bien sûr. S’habiller légèrement signifie qu’il m’est plus facile de sentir la température du sang qui circule sous la peau et à l’intérieur du corps de ma partenaire. J’ai besoin du fluide ectoplasmique qui s’est fondu dans la chair et le sang, » expliqua Masatsugu.
« Je... vois, » déclara Hatsune.
Après un moment de réflexion, Hatsune se leva.
Elle enleva timidement son kimono meisen et son hakama devant Masatsugu, ne laissant qu’un maillot de chanvre.
Le tissu blanc et fragile permettait de voir à travers la peau de Hatsune.
Ensuite, elle avait détaché la ficelle à sa taille. Le devant du vêtement s’était ouvert pour révéler une vue d’ensemble des sous-vêtements séduisants se trouvant en dessous. Au-dessus de sa poitrine, elle portait un soutien-gorge spécial de style débardeur pour l’assortir aux vêtements traditionnels japonais.
« A-Arrête de regarder fixement, Onii-sama, » demanda Hatsune.
En disant cela, Hatsune tourna la tête, trop gênée pour établir un contact visuel.
Rougissant jusqu’aux oreilles, elle s’approcha et se positionna de nouveau sur lui. Grâce à son déshabillage, Masatsugu avait pu admirer de près le magnifique décolleté de Hatsune.
« C-Comment est-ce que c’est ? » demanda Hatsune.
« Excellent. Désolé pour le dérangement, » déclara Masatsugu.
« Non, c’est bon. Onii-sama, toi et la princesse travailliez dur et faites tout personnellement. Je ne peux pas perdre face à cela, » déclara Hatsune.
Maintenant que Hatsune avait enlevé ses vêtements, il était plus facile pour Masatsugu de sentir sa chaleur.
Pratiquement à moitié nue, Hatsune était allongée sur le dessus de Masatsugu, utilisant ses paumes pour réchauffer ses épaules et son bras, mais sa température restait froide.
Hatsune avait rassemblé son courage et l’avait serré dans ses bras autour du cou de Masatsugu.
Leurs corps étaient encore plus serrés l’un contre l’autre. Le buste généreux de Hatsune était également comprimé contre la poitrine de Masatsugu.
La sensation de douceur et de lourdeur était mélangée à une tendre élasticité.
Jusqu’à présent, Masatsugu avait apprécié ce genre de contact intime.
Maintenant, la sensation était devenue encore plus claire. Plongé dans un plaisir indescriptible, Masatsugu absorbait la chaleur corporelle qu’elle lui offrait.
Mais Hatsune avait alors dit tristement. « Désolée, je ne suis pas habituée à ça. Est-ce que je le fais mal ? »
« Pas du tout. Qu’est-ce qui te fait penser ça ? » lui demanda Masatsugu.
« Parce que ton corps est encore si froid..., » déclara Hatsune.
« Ne t’inquiète pas, ça prend du temps, » répondit Masatsugu.
« Vraiment... ? Mais s’il y a un autre moyen, tu dois me le dire, d’accord ? Après tout, c’est un problème permanent et je dois travailler dur pour apprendre à t’aider, » déclara Hatsune.
« Problème permanent ? » lui demanda-t-il.
Hatsune n’était devenue Chevalier que récemment.
Elle n’avait pas reconstitué son fluide ectoplasmique de nombreuses fois, de sorte que le pouvoir mystique stocké dans son corps était assez faible. Masatsugu ne voulait pas trop la fatiguer aujourd’hui — .
« L’état de santé de la princesse n’est pas très bon, n’est-ce pas ? Si c’est pour cette raison, j’aiderais à partir de demain, » déclara Hatsune.
« C’est exact. Je n’y ai pas pensé, » répondit Masatsugu.
« Ah, » s’exclama Hatsune.
« Qu’est-ce qui ne va pas ? » lui demanda Masatsugu.
« Onii-sama, ton corps s’échauffe légèrement, » répondit Hatsune.
« C’est grâce à toi, » déclara Masatsugu.
« Fufufufufufufu. Je suis si heureuse. Ce sentiment est incroyable, » déclara Hatsune.
Hatsune avait souri tendrement, pressant encore plus fort sa poitrine contre lui.
Cette sensation procurait un plaisir différent de celui d’obtenir de la chaleur. De plus, il semblait que Hatsune, dont la personnalité n’était pas complètement mûre, agissait avec affection, ce que Masatsugu trouvait délicieux.
« Ah oui, Onii-sama. De ce dont nous parlions tout à l’heure..., » Hatsune avait changé de sujet.
« N’as-tu pas parlé... d’avoir un rendez-vous avec une pensée pour le mariage ? Peux-tu me laisser le temps d’y réfléchir lentement ? C’est notre promesse, d’accord ? » demanda Hatsune.
« Si tu dis oui, ça ne me dérange pas d’aller m’enregistrer demain, » déclara Masatsugu.
« A-Arrête avec cette idiotie, OK ? C’est pour toute une vie, il faut donc y réfléchir sérieusement ! En plus, Onii-sama, tu as oublié la chose la plus importante ! » déclara Hatsune.
« Quoi ? » demanda Masatsugu.
« D’après les registres de la famille, Masatsugu Tachibana n’a pas encore 18 ans. Tu ne peux pas te marier ! » déclara Hatsune.
« Ah oui, c’est comme ça avec la loi japonaise, » déclara Masatsugu.
Le fait de converser avec Hatsune tout en s’étreignant — .
Masatsugu pouvait sentir son corps devenir progressivement brûlant.
Masatsugu avait pu obtenir un fluide ectoplasmique substantiel à partir des réserves fournies par le corps et l’âme de Hatsune en tant que nouveau Chevalier.
Les Kanesadas nés des noesis de Masatsugu Tachibana étaient lourdement fatigués après les longs combats.
Mais maintenant, ils avaient gagné en force. Masatsugu acquiesça d’un signe de tête content, reconnaissant pour le travail de sa petite sœur.
☆☆☆
Pendant ce temps, le roi Richard Coeur de Lion était sur le champ de bataille — .
« Hmm. »
La bataille devenait de plus en plus intense, mais il se forçait à se détendre.
Richard avait lâché les rênes dans sa main et avait tourné la tête. Puis, supprimant sa ferveur naturelle, il avait examiné la situation actuelle.
... Ils avaient été attaqués des deux côtés après avoir chargé le fort tutélaire de Suruga, et après ça, les Escalibors étaient tombés à moins de deux cent cinquante.
... Mais un fait quelque peu ennuyeux était que soixante-dix Kamuys différents avec des têtes allongées s’étaient joints à la bataille.
... Les deux camps avaient abandonné les formations et étaient passés à des combats de mêlée chaotiques.
... Les plus exaspérantes de toutes étaient les Légionnaires rouge pourpre.
Les Légionnaires utilisateurs de katana de Masatsugu Tachibana étaient épuisés, et ils ne se débrouillaient pas beaucoup mieux que les Escalibors. Cependant, par un tour de magie inconnu — .
Un peu plus tôt, les Légionnaires rouge pourpre avaient retrouvé leur vigueur.
Du coin de l’œil, Richard avait vu un autre « rouge-violet » couper un Escalibor avec une frappe décisive.
— Si les rouges violets étaient épuisés, il y aurait au moins une chance de gagner...
À ce rythme, un déchaînement violent et un abandon imprudent n’aboutiraient qu’à une mort futile.
« C’est l’heure ? Hmph. »
Richard était furieux dès qu’il s’imaginait devoir rentrer et affronter le Prince Noir, le sermonnant avec un regard empli d’exaspération.
Cependant, il n’aurait une chance de savourer ce déplaisir que s’il revenait vivant.
« Escalibors, écoutez-moi. Vous vous battrez jusqu’à la fin amère ici sur cette terre de Suruga et vous vous sacrifierez pour moi. Que sept individus reviennent avec moi. »
Richard avait ordonné aux troupes restantes de gagner du temps pendant qu’il s’échappait.
Après avoir pris sa décision, Richard avait pris la tête de sept Escalibors et avait ordonné à sa wyverne d’atterrir sur le terrain montagneux en contrebas. Il allait se glisser dans les montagnes sous le couvert de la nuit pour se rendre jusqu’à la Baie de Suruga. Puis, volant à la surface de la mer ou se déplaçant sous l’eau, il retournerait au fort tutélaire de Fuji.
« Qu’il en soit ainsi. La fortune capricieuse a décidé de s’opposer à moi aujourd’hui, c’est tout, » déclara Richard en grinçant des dents.
Le roi Richard Cœur de Lion était un homme passionné et intense. Cependant, il y avait eu des moments sur le champ de bataille où il était impératif d’être calme. Quand le temps l’appelait à la maîtrise de soi, il était toujours capable de se maîtriser.
Plus il était tenu en échec, et plus les flammes qui allaient explosé dans le futur — .
Il s’était convaincu de garder un esprit calme pour l’instant.
« Tachibana, je vous concéderai la victoire pour aujourd’hui. » En disant cela, Richard 1er avait quitté le champ de bataille.
***
Épilogue
Partie 1
Le 7 novembre, il était tard, juste après minuit.
Richard I avait attaqué Suruga, mais les forces défensives du fort tutélaire de Suruga avaient réussi à s’en sortir.
Après la longue nuit, l’aube était finalement apparue à l’horizon.
« Franchement... Quelle nuit turbulente ! » murmura Rikka.
Rikka Akigase se trouvait actuellement au donjon protecteur de la nation du fort tutélaire de Suruga.
Le donjon faisait quarante mètres de haut et Rikka était sur le toit. Le fort tutélaire était situé sur le plus haut plateau de la région, Nihondaira.
C’était le meilleur point de vue de la Cité de Suruga.
Seule, elle profitait du magnifique paysage du mont Fuji et de la Baie de Suruga sous le soleil du matin.
Cette extravagance était l’un des rares privilèges accordés au châtelain de Suruga après une nuit blanche. Rikka s’était étirée.
« Maintenant que j’y pense... Je crois que j’ai déjà vu les méthodes de Masatsugu-dono quelque part auparavant, » déclara Rikka.
Suivant les instructions de Masatsugu Tachibana, Rikka avait fort heureusement gagné la bataille d’hier soir.
Il avait utilisé toutes sortes d’astuces pour attirer le roi chevalier d’une férocité sans pareille, ce qui l’avait conduit à tomber dans un piège d’encerclement — .
Rikka avait l’impression d’avoir lu des tactiques similaires dans un manuel de stratégie ou d’histoire militaire.
« Peu importe, » Rikka haussa les épaules et ne s’attarda pas trop longtemps sur la question.
Cela signifiait seulement que « Masatsugu-dono » avait utilisé des méthodes raisonnables et efficaces.
Le point crucial de la bataille d’hier soir était de savoir comment faire ressortir la passion de Richard I et l’attaque de charge. Le fait louable était que Masatsugu Tachibana avait accompli cela habilement. La théorie derrière l’opération était en fait assez simple.
« Mis à part le fait qu’il soit Seigneur Hijikata ou non, il n’y a aucun doute qu’il est incroyablement talentueux, » murmura Rikka.
En fin de compte, les tactiques dans les livres n’étaient pas très significatives.
Le point crucial était de pouvoir appliquer ces tactiques « sur les champs de bataille dans des conditions extrêmes ».
Si la connaissance seule pouvait gagner des batailles, il n’y aurait pas besoin de généraux. Il suffirait de trouver un élève au hasard, de lui faire lire un manuel de stratégie et de tactique, puis de l’installer en tant que commandant. Et voilà.
« Je dois saluer Masatsugu-dono... et la princesse, » murmura Rikka.
Le premier nom avait fait glisser la corde sensible de Rikka, c’était incroyable.
Elle ressentait une étrange envie de fredonner. À ce moment-là, un soldat s’était placé devant lui. Rikka avait réfréné l’envie de fredonner et avait dit avec une expression nonchalante. « Qu’est-ce qu’il y a ? »
Après avoir entendu la réponse du soldat, Rikka murmura avec perplexité. « Si tôt le matin... Un homme veut me voir ? »
☆☆☆
« Bon sang. » Une demi-heure plus tard, Rikka portait un regard exaspéré dans le bureau du châtelain. « Comment pouvais-je savoir qui est Alexis Yang ? Dites juste que vous êtes Yang Zhongda, descendant des “Généraux de la famille Yang”, et j’aurais su immédiatement. »
« Je n’aime pas vraiment m’appeler comme ça…, » déclara l’autre.
Le citoyen de Rome orientale, la trentaine tardive, répondit d’une manière un peu frivole.
Rikka était assise derrière le lourd bureau. L’homme debout la saluait. Bien qu’il soit habillé de façon décontractée dans une veste bleu foncé avec un pantalon beige, il était un soldat en service actif.
Le nom chinois d’Alexis Yang était Yang Zhongda.
Il était une connaissance de l’époque où Rikka Akigase avait été envoyée pour servir l’allié du Japon Impérial, la Rome orientale.
« Même si la famille Yang est célèbre pour nos généraux, les femmes ont une volonté particulièrement forte et occupent des postes plus élevés dans l’armée. Je ne veux pas vraiment que les gens sachent que je suis un homme de la famille Yang, c’est trop embarrassant. Je suis sérieux, » déclara l’autre.
« Au fait, votre femme... non, votre ex-femme est aussi une parente éloignée de la famille Yang, n’est-ce pas ? » demanda Rikka.
« Nous étions dans la même cohorte pendant l’académie militaire. Maintenant, c’est ma supérieure, » déclara l’homme.
Après la bataille contre l’armée de Richard — .
Un homme étrange était arrivé à la porte du fort tutélaire de Suruga et demanda à voir le châtelain. Ce frivole roturier avait revendiqué son affiliation à la « région administrative militaire de l’Empire romain d’Asie de l’Est » et qu’il expliquerait son but après avoir vu le châtelain...
« Je suis surprise que vous ayez réussi à atteindre Suruga. Vous venez de Tokyo ? » lui demanda Rikka.
« Ouais, ça n’a pas été facile de traverser le Point de Contrôle d’Hakone. Il m’a fallu beaucoup de travail, » déclara l’homme.
Rikka hocha la tête pour comprendre l’histoire.
Yang Zhongda avait rejoint l’état-major militaire depuis longtemps, mais ses capacités en tant qu’officier d’état-major étaient médiocres. Cependant, il était doué pour le contrôle noétique et cultivait des liens avec des gros bonnets civils ou des individus suspects.
Cette fois, il avait dû utiliser une combinaison de ses propres capacités et de l’aide des autres pour arriver ici.
« Major Yang, quel est votre but ici à Suruga ? » demanda Rikka.
« Son Excellence m’a demandé de venir ici et d’être votre conseiller militaire. Considérez-moi comme un agent de liaison. Je serai chargé de vous mettre en contact avec l’armée romaine, » déclara-t-il.
Rikka avait entendu que Alexis Yang servait actuellement comme officier d’état-major.
Elle avait haussé les épaules. Le soi-disant « Son Excellence » ne pouvait être personne d’autre.
« Pourquoi le Seigneur César vous a-t-il envoyé directement à moi, en contournant mon père, le gouverneur général Tōkaidō ? » demanda Rikka.
« Peut-être... Il pense que Nagoya ne tiendra pas longtemps, alors il se prépare, comme mesure de précaution…, » répondit l’autre.
« Si seulement le Seigneur César, qui se dit protecteur du Japon Impérial, avait agi plus tôt…, » Rikka parlait sur un ton sarcastique plutôt que grognon. « Il n’aurait pas eu besoin de mesures de précaution s’il avait aidé Tōkaidō à se débarrasser des forces britanniques, n’est-ce pas ? »
« Eh bien, il y a plusieurs difficultés. Tout bien considéré, le Japon Impérial est un allié, pas une province romaine, n’est-ce pas ? On ne peut pas dépasser les bornes, » répondit l’homme.
« C’est vrai. D’ailleurs, si la rébellion persiste à long terme…, » déclara Rikka.
Yang avait balayé la question sous le tapis en mettant un regard de fou et Rikka l’avait regardé fixement.
« Le Japon oriental avec ses liens forts avec Rome deviendra votre état vassal, tandis que le Japon occidental sera annexé par l’Empire Britannique... conduisant ainsi à une division est-ouest, » déclara Rikka.
« Situé en plein centre, Tōkaidō deviendra la version japonaise de l’Alsace-Lorraine, n’est-ce pas ? » demanda l’homme.
« Cet endroit dont vous parlez, je me souviens que c’est un territoire frontalier qui a changé plusieurs fois de mains entre l’Allemagne et la France, n’est-ce pas ? En d’autres termes, Rome et la Grande-Bretagne envahiront Tōkaidō à plusieurs reprises, » déclara Rikka.
« C’est le pire scénario basé sur la spéculation. Personnellement, je n’ai pas de commentaire à faire. » Yang avait souri d’un air ironique et se mit à déclarer sérieusement. « Son Excellence m’a communiqué quelques plans pour aider la ville isolée de Suruga et éviter le pire des scénarios. »
***
Partie 2
« Quoi qu’il en soit, même sans l’aide de mon oncle, nous attaquerons Nagoya comme prévu, » déclara Edward.
Edward se promenait le long de la rive du lac Ashi, l’un des sites célèbres de Hakone.
Il était accompagné de la poupée possédée par l’esprit Morrigan.
C’était tôt le matin et dans les montagnes à une altitude de plus de 700m. L’air était incroyablement propre et pur tandis que l’eau du lac était bleue et claire.
« Pendant que mon oncle était dans un tel acte de saccage, j’ai envoyé plusieurs Chevaliers de Sa Majesté qui étaient en attente pour contenir Nagoya. Ils ont le contrôle total de la mer maintenant. Il est temps de retourner à leur mission d’origine. Tous les chevaliers veulent se déchaîner. Naturellement…, » déclara Edward.
Edward était habillé avec un yukata d’une auberge de source chaude. Il venait de prendre un bain et était sur le point de rentrer.
Profitant des paysages pittoresques de Hakone, le Prince Noir avait les mains dans les manches. En marchant sur des sabots de bois qui s’entrechoquaient, il déclara solennellement : « J’ai beaucoup de plaintes. Je me demande ce qui a rendu mon oncle fou, alors que j’attendais avec impatience sa capacité à pénétrer les défenses. Oublions ça, je laisse tomber pour l’instant. »
« Prince. Au sujet de l’utilisateur de katana de Suruga, » déclara Morrigan.
Vêtue d’un béret et en tenue de marin, Morrigan murmura, « Selon les rapports des espions qui infiltraient Suruga... Ils ont trouvé le nom “Hijikata Toshizō”. »
« Je le confirmerai plus tard. De penser que Suruga abrite un samouraï qui pique l’intérêt des chevaliers britanniques comme nous, ainsi qu’une belle princesse du Japon Impérial. Comme c’est fascinant, » déclara Edward.
Le beau visage d’Edward avait souri avec joie. Cet aristocrate de la dynastie Plantagenet avait alors dit. « On dirait que le jour où je dois me battre directement n’est pas loin. »
« À mon avis... Il n’est pas nécessaire que le commandant en chef le fasse, » déclara Morrigan.
Une situation tendue s’installait entre le Point de Contrôle d’Hakone et Suruga.
Actuellement, seulement deux personnes étaient assez aiguisées pour le remarquer. Le Prince Noir de l’Empire Britannique et le mystérieux samouraï de Suruga.
Edward acquiesça d’un signe de tête à lui-même au cours de sa profonde réflexion.
***
Partie 3
« Il y a encore tant de problèmes..., » allongée sur le lit dans la chambre pour les patients, Shiori murmura.
Habillée d’une robe bleue, elle s’était assise. Il s’agissait d’un service privé spécial présent dans la division médicale du fort tutélaire de Suruga.
« Cependant, Masatsugu-sama et Hatsune sont sains et saufs, alors célébrons cette victoire pour l’instant, » murmura Shiori.
Hier soir, la force physique de Shiori s’était affaiblie et elle s’était évanouie.
Par conséquent, elle avait été admise dans la chambre pour les patients pour lui laisser se reposer.
À cinq heures du matin du 7 novembre, les deux chevaliers qui s’étaient battus hier soir, Masatsugu Tachibana et Tachibana Hatsune étaient venus rendre visite à Shiori dans son lit.
« Bien sûr, je dois aussi prier pour ceux qui ont été tués au combat..., » murmura Shiori.
Bien que la bataille se soit terminée par une victoire, il y a eu quelques mauvaises nouvelles.
Dans la bataille précédente, 150 Kamuys s’étaient cachés sur le mont Satsuta pour soutenir les 360 Kanesadas.
Les forces de soutien étaient dirigées par les trois Chevaliers, Habuna, Maike et Tabi. Le Coeur de Lion avait laissé 200 Escalibors au mont Satsuta pour les empêcher de frapper son armée par-derrière.
Même sans la présence de leur commandant, les Légionnaires britanniques avaient toujours une supériorité numérique. Les trois Chevaliers s’étaient battus vaillamment.
En fin de compte, les deux camps de cette bataille localisée s’étaient anéantis l’un et l’autre. Malheureusement, le Chevalier Tabi était mort au combat.
Dans tous les cas, Shiori avait exprimé sa préoccupation pour le Chevalier mort en service.
« Masatsugu-sama, comment va votre blessure ? » lui demanda Shiori.
« Ne vous inquiétez pas, au pire, j’ai du mal à exercer de la force dans certaines parties, » répondit-il.
La réponse de Masatsugu Tachibana était très simple.
Après le duel contre Richard Ier hier soir, et une blessure intentionnelle, le Ressuscité était finalement retourné au fort tutélaire et avait reçu des soins à la division médicale.
« Princesse, Onii-sama est si drôle, » L’autre Chevalier, Hatsune riait à côté de son frère aîné.
« Il a dit au médecin : “Pour ce genre de blessure mineure, donnez-moi un peu d’alcool et recousez-le”. Le médecin a décidé d’écouter et de jouer le jeu, » déclara Hatsune.
« Après avoir appliqué l’anesthésie locale, il a cousu mon abdomen très soigneusement, » constata Masatsugu.
« En voyant Onii-sama ne montrer sur son visage aucune réaction à la douleur, le docteur a été totalement stupéfait, » déclara Hatsune.
« J-Je vois..., » déclara Shiori.
La jeune fille Chevalier parlait joyeusement de son « frère ».
Masatsugu lui-même écoutait sur le côté. C’était clairement une scène d’harmonie après une victoire. Cependant, une certaine inquiétude avait pris racine dans le cœur de Shiori.
Avant de se précipiter sur le champ de bataille, Hatsune avait dit. « Ne vous inquiétez pas ! Je sais tout ce qu’il faut faire pour aider Onii-sama ! »
Pendant cette intense bataille, Masatsugu Tachibana avait dû avoir besoin de recharger le fluide ectoplasmique.
En parlant logiquement, sa source aurait été... Shiori voulait éclaircir la question, mais se sentait trop gênée pour le demander.
Si par hasard la réponse était oui, elle — .
« Hé, Onii-sama, passons plus tard au commissariat pour prendre le foie en conserve qu’ils ont caché ? Tu as perdu beaucoup de sang et tu as besoin de suppléments de fer, » déclara Hatsune.
« Ça a l’air bien », répondit-il.
« Je les cuisinerai spécialement pour toi, d’accord ♪, » déclara Hatsune.
« Puisqu’il est en conserve, il n’y a pas besoin d’assaisonnement, non ? » demanda Masatsugu.
« Les aliments en conserve ont encore meilleur goût si tu fais des efforts supplémentaires pour les faire cuire. En utilisant mes talents de cuisinière, je te récompenserai pour avoir combattu bravement, Onii-sama, » déclara Hatsune.
« Es-tu très confiante dans tes talents culinaires ? » demanda Masatsugu.
« Oui, je suis une experte en cuisine avec raccourcis en utilisant des conserves, » déclara Hatsune.
« ... Qu’en est-il de la cuisine sans raccourcis ? » demanda Masatsugu.
« Je suis consciente que mon autre cuisine peut encore être améliorée — Oh, ne me dis pas... En ce qui concerne l’avenir, Onii-sama, tu t’inquiètes de mes talents de cuisinière ? » demanda Hatsune.
« Non, je ne suis pas trop exigeant sur le goût des aliments, » déclara Masatsugu.
« J-Je vois. Mais je dois quand même travailler dur dans ce domaine..., » déclara Hatsune.
Les deux Chevaliers au service direct de la princesse bavardaient comme d’habitude.
Cependant, Shiori avait été secrètement surprise. Hatsune se comportait tout à fait différemment de la normale. Surtout quand elle avait dit le mot « futur », elle semblait inexplicablement timide, exhalant une allure d’innocente et de vierge.
Comme on le soupçonnait, cette question devait être éclaircie sans l’ombre d’un doute. Alors que Shiori avait pris sa décision...
Elle avait entendu un bruit bizarre qui ressemblait à des éclats de métal.
Plus précisément, il ne s’agissait pas d’un bruit, mais d’ondes noétiques. Masatsugu et Hatsune avaient également regardé autour d’eux en se posant des questions.
« Qu’est-ce que c’était... ? » demanda Shiori.
« P-Princesse, savez-vous ce qui s’est passé ? » demanda Hatsune.
« Une sorte de puissante technique noétique a été appliquée à cette zone ou même à l’ensemble de Suruga... Non, c’est le contraire. Une technique noétique qui était à l’origine en vigueur a été levée — ? »
Shiori avait alors parlé aux deux chevaliers présents. « Allons trouver Rikka-sama. Ça pourrait être quelque chose d’important. »
☆☆☆
Depuis la mi-octobre, lorsque les Croisés avaient attaqué pour la première fois...
La ville de Suruga et la région environnante avaient été sous la perturbation noétique de l’Alliance pour la Restauration. Une fois activée, cette technique de barrière de type noétique empêchait l’utilisation de toutes les ondes et les communications sans fil à l’intérieur de la zone affectée.
En conséquence, la télévision et les téléphones étaient hors service dans la ville depuis plus d’un demi-mois.
Le bruit étrange entendu par Shiori et ses Chevaliers, ainsi que par d’autres officiers noétiques, étaient les ondes noétiques résultant du désengagement de cette technique noétique à large zone.
« Il semble que ce n’était pas dû à un tiers qui l’a neutralisé de force, » murmura Rikka.
Trois heures après le bruit étrange, Rikka parlait dans une salle de conférence à l’intérieur du fort tutélaire.
Le résultat avait été rendu public après une enquête d’urgence. Outre Shiori, Masatsugu Tachibana, Tachibana Hatsune, et les Chevaliers Habuna et Maike, il y avait aussi un jeune homme en tenue décontractée qui prétendait être un soldat de Rome orientale.
« Les forces britanniques, qui en étaient responsables, l’ont apparemment arrêté de leur propre chef. »
« Ils ont dû décider qu’il n’était pas nécessaire de perturber cette zone... Ou peut-être qu’il y a une mission plus importante qui exigeait qu’ils changent d’orientation. Je me demande laquelle est la plus probable. »
S’exprimant d’une voix détendue, le soldat romain avait dit. « Euh, j’ai de mauvaises nouvelles pour tout le monde. Maintenant que la perturbation noétique est levée, je peux recevoir des communications sans fil de l’extérieur. Ces gars de l’Alliance pour la Restauration poursuivent l’attaque de Nagoya même sans la participation de Richard Ier. Selon le plan initial, ils commenceront aujourd’hui à midi... »
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Illustrations
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Merci pour l’opération Grande Évasion 🙂