Bienvenue au Japon, Mademoiselle l’Elfe – Tome 7

Table des matières

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Chapitre 1 : Les débuts de Shirley

Partie 1

Tout le monde rêve quand il s’endort. Lorsqu’on se réveille dans son lit, on garde un vague souvenir de son rêve et on peut se dire que c’était étrange. On ne peut chercher ses rêves que dans ses souvenirs passés. Mais si quelqu’un était vraiment capable de voir ses rêves de ses propres yeux, il pourrait peut-être voir un spectacle comme celui-ci.

Il faisait sombre tout autour de moi. La vue était floue, et le son était brouillé. Lorsque j’avais voulu toucher les objets qui flottaient autour de moi, mes doigts étaient passés au travers et j’avais ressenti une sensation de glissement. Alors que je considérais cet endroit étrange, j’avais remarqué une femme qui marchait devant moi, ses cheveux noirs se balançaient et semblaient se fondre dans l’ombre. Elle s’était retournée pour me faire face.

Il s’agissait de l’être légendaire connu sous le nom d’Arkdragon, Wridra. C’était un individu assez étrange, j’avais entendu dire qu’elle était âgée de milliers d’années, et bien que je pouvais parfois ressentir sa grande majesté, il y avait aussi des moments où je ne la ressentais pas du tout.

En silence, elle avait entrouvert ses lèvres cramoisies pour me parler, mais je ne comprenais pas ce qu’elle disait. C’était comme si sa voix était diffusée avant de pouvoir m’atteindre.

Réalisant que je ne pouvais pas l’entendre, Wridra avait souri faiblement, puis avait pointé du doigt. J’avais suivi son doigt des yeux, puis j’avais remarqué que je tenais une main beaucoup plus pâle que la mienne.

Elle appartenait à l’elfe féérique, Mariabelle. Elle était aussi assez étrange. J’avais regardé de mon côté pour trouver son oreille, en forme de pointe de lance, et ses yeux de la couleur de l’améthyste avaient rencontré les miens. Il y avait une lumière de sagesse qui brillait dans ses yeux, leur beauté éclatant même dans l’obscurité. Peut-être était-ce dû au fait que la moitié de son être était connectée au royaume des fées. Mariabelle avait tiré sur ma manche, puis avait approché ses lèvres vives de mon oreille.

« J’ai entendu dire que cet endroit s’appelle le royaume des ombres. Les bassins de ténèbres que Wridra contrôle sont reliés à des mondes étranges. » Ses chuchotements donnaient l’impression que nous étions sous l’eau, ce qui les rendait difficiles à déchiffrer. Je n’avais pas pu m’empêcher de répondre par une question en entendant un terme peu familier.

« Le royaume des ombres ? »

« Oui, c’est comme ça qu’on l’appelle. Ton monde est né avec les mots “Que la lumière soit” selon la mythologie, non ? Mais peut-être que le royaume des ombres existait avant cela. Hé, tu te souviens quand nous avons combattu un être de ce monde ? »

Je l’avais regardé fixement pendant un moment en réponse à la question de Marie. Quand nous sommes-nous connectés et avons-nous combattu quelque chose dans ce monde ? J’avais scruté l’obscurité autour de nous et j’avais réfléchi à la question, et la sensation autour de moi m’avait semblé familière.

Puis, je m’étais souvenu des résidents du royaume des ombres qui étaient soudainement apparues lorsque j’avais combattu Shirley, le maître des lieux. Ils m’avaient fixé de leurs gros globes oculaires dorés, en balançant les griffes acérées de leurs deux mains vers moi. Lorsque j’avais regardé autour de moi, j’avais eu l’impression que ces créatures étaient tapies dans l’ombre.

« Wridra appelle cela “le monde de l’autre côté”. Elle dit aussi que c’est un endroit vide. Mais il n’y a pas de quoi avoir peur. Nous devons juste continuer à avancer, comme des enfants marchant dans la rue la nuit. Allons-y. »

Sur ce, elle m’avait tiré par la main. Wridra et Shirley nous attendaient devant, et bien que je ne puisse voir que leurs silhouettes floues, je pouvais dire qu’elles discutaient de quelque chose. Pour le maître d’étage et l’Arkdragon, ce n’était rien d’autre qu’un spectacle familier.

Les mots « monde de l’autre côté » que Mariabelle avait mentionnés avaient attiré mon attention. J’avais la capacité de voyager entre les sanctuaires en empruntant le pouvoir du dieu du voyage. La vue que je voyais en transit ressemblait elle aussi à un « monde de l’autre côté », et je m’étais demandé si cet endroit avait quelque chose à voir avec cela.

« Viens. Ne m’oblige pas à te laisser seul dans cette obscurité. » Mariabelle m’avait poussé à avancer. Je m’étais excusé et j’avais accéléré le pas. Quel que soit cet endroit, ça dépassait largement mon entendement. Dès que nous aurions quitté cette terre, elle reviendrait sûrement à un état sans son ni lumière, avec seulement une faible chaleur.

Lorsque nous avions rattrapé les autres, Wridra s’était retournée, les mains sur les hanches, semblant mécontente de notre retard. Elle s’était ensuite détournée à nouveau, sa grande queue nous faisant face alors qu’elle continuait son chemin.

« … Allez-y, vous devriez pouvoir entendre ma voix. »

Il semblerait que nous approchions de notre destination. Wridra fit un geste de la main, et les ombres qui s’étaient amassées autour d’elle s’amenuisèrent. Après un léger délai, sa voix emplie d’ennui parvint enfin à mes oreilles.

J’étais décontenancé. La lumière vive du soleil m’était tombée dessus brusquement. J’avais plissé les yeux devant la lumière, mettant une main devant moi pour faire de l’ombre pendant que je m’adaptais à la luminosité. Les rues à demi enterrées dans le sable étaient apparues progressivement, et au-delà, des rangées de bâtiments couleur sable.

Il semblerait que nous soyons arrivés dans le pays d’Arilai. Il aurait normalement fallu des jours pour arriver ici depuis le deuxième étage, mais cela n’avait pris que quelques heures avec l’aide de l’Arkdragon. Ses pouvoirs étaient très pratiques.

Le centre d’Arilai avait été développé autour d’une montagne en pente douce. J’avais remarqué que notre compagnon regardait le paysage avec grand intérêt, et nous avions ralenti notre rythme.

La femme avait des cheveux brillants, couleur miel, et était parée d’une tenue qui semblait plus facile à manœuvrer que sa robe habituelle. Mais j’avais l’impression que sa tenue n’affectait pas vraiment sa facilité à marcher dans les sables, compte tenu de sa forme spectrale. Peut-être avait-elle simplement envie de s’habiller ainsi.

« Hé, Shirley. C’est le pays désertique d’Arilai. En y réfléchissant, je ne l’ai jamais regardé tranquillement comme ça avant. » La dernière fois, nous l’avions invitée au manoir des Roses noires pour effrayer ensemble le candidat héros, Zarish. J’avais imaginé à quel point cela avait dû être horrible de recevoir une telle invitation, mais Shirley s’était alors tournée vers moi, son sourire s’élargissant.

Shirley n’était pas humaine, et elle vivait au deuxième étage de l’ancien labyrinthe. C’était étrange de la voir enveloppée dans la lumière vive du soleil avec le paysage urbain d’Arilai derrière elle, sans parler de l’ombre brumeuse que l’on pouvait voir à ses pieds.

Peut-être était-ce dû à tout le sable dans l’air, mais le ciel bleu avait une teinte blanchâtre, et le vent était complètement sec maintenant que la saison des pluies était terminée. Shirley passa un doigt dans ses cheveux rebelles et les plaça derrière son oreille.

Il était difficile de croire que sa véritable forme était en fait celle d’un fantôme, puisque son corps n’était pas dans son état semi-transparent habituel grâce à l’aide de l’Arkdragon. Cela n’affectait que son apparence extérieure, car la plupart des gens ne pouvaient pas le voir. Et ils n’auraient évidemment pas su qu’elle était un maître d’étage.

Juste à ce moment-là, je m’étais souvenu de quelque chose. J’avais fouillé dans mon sac et j’avais trouvé ce que je cherchais.

« Shirley, laisse-moi te montrer quelque chose. » Shirley s’était approchée avec une expression emplie de curiosités, et je lui avais montré un morceau de parchemin.

J’avais souri alors que ses yeux bleu ciel s’écarquillaient, puis j’avais soigneusement défait la reliure et étalé le parchemin pour révéler les mots « Jusqu’à quatre membres étrangers peuvent participer au raid. » C’était le permis pour entrer dans le labyrinthe antique, et nous atteindrions la limite maximale de quatre membres avec l’inclusion de Shirley.

« Écoute, le fait que tu te joignes à notre groupe a été officiellement approuvé par Arilai. J’ai entendu dire que le raid sur le labyrinthe antique est de nouveau ouvert, alors nous devrions aller présenter nos respects à tous ceux avec qui nous allons travailler. »

En réponse, Shirley plaça ses mains sur sa propre poitrine, puis elle fit un geste de gémissement pour une raison inconnue. Elle commença ensuite à s’occuper de ses cheveux… Attends, est-elle nerveuse ? Une maîtresse d’étage qui a peur de parler aux gens ?

« Oh, tu n’es pas douée pour rencontrer de nouvelles personnes ? Mais tu n’as pas paniqué quand tu nous as rencontrées, Marie et moi, » avais-je noté avec confusion, mais Shirley avait encore gémi et s’était éloignée de nous de deux pas. Elle avait expliqué en faisant des gestes avec ses mains et ses doigts, mais… selon elle, elle n’avait pas peur de nous parce que nous étions mignons et petits. Il était difficile de croire qu’elle était un terrifiant maître d’étage.

« Il n’y a pas besoin de s’inquiéter autant. » Je le lui avais conseillé, mais il semblerait que Shirley était en panique, faisant tourner ses cheveux avec son doigt et regardant le ciel. Alors que j’essayais de comprendre quel était le problème, Marie avait tiré sur ma manche à côté de moi.

« Shirley ne portait-elle pas une sorte de voile semi-transparent sur son visage quand on l’a rencontrée ? »

« Hm, maintenant que tu le dis… Peut-être qu’elle le portait parce qu’elle est timide. » Shirley avait cligné des yeux. Elle avait ensuite sorti un morceau de tissu brodé, et je l’avais regardée l’enrouler autour de ses yeux.

Attends, pourquoi elle a mis ça ? Cette broderie lui va bien, mais n’a-t-elle pas envie de regarder les gens dans les yeux à ce point ? Marie et moi avions beaucoup de questions, mais pendant ce temps, Shirley prenait une jolie pose victorieuse comme si tout allait bien maintenant.

J’avais pensé qu’elle ne ferait que se démarquer davantage, mais j’avais ravalé mes mots et je m’étais dit que ce n’était pas trop étrange pour un fantôme de se couvrir les yeux et de laisser faire. La mélancolie de Shirley semblait avoir été résolue. Je ne voulais pas la gâcher ou faire retomber son humeur.

Nous nous étions promenés dans l’enceinte du château d’Arilai pendant un certain temps, puis nous étions arrivés dans une zone bien entretenue. Diverses installations de stockage d’eau étaient visibles un peu partout, l’eau s’écoulant vers le bas par des voies d’eau. Les tissus colorés, les épices et les feuilles de thé alignés sur les devantures des magasins semblaient avoir un air de raffinement.

C’était dans cette zone que vivait la classe supérieure, qui avait le privilège d’entendre le bruit agréable de l’eau courante en se promenant dans les locaux. Mais il fallait être reconnu par le gouvernement comme une personne d’importance pour obtenir ce privilège, et cela impliquait de participer à des raids sur d’anciens labyrinthes, donc je n’avais pas particulièrement envie de vivre ici.

Alors que j’expliquais cela, Marie s’était soudainement mêlée à la conversation.

« Oh, mais c’est comme ça dans tous les pays. Les endroits agréables à vivre ont une grande valeur, et nous avons aussi fait des raids dans les anciens labyrinthes. Nous avons même battu les maîtres des étages deux fois. » Eh bien, Shirley avait perdu le combat au deuxième étage… J’avais failli le faire remarquer, mais une idée m’était venue.

Peut-être que Marie voulait vivre dans un beau manoir ou autre. Je m’étais souvenu de la fois où Zera et Puseri nous avaient laissés utiliser le leur. Il me semblait que Marie commençait à s’habituer au luxe.

« Mais nous n’avons pas accepté une mission de rang S, donc je ne pense pas que nous aurons beaucoup de crédit. »

« Peut-être aurions-nous dû l’accepter, » murmura-t-elle en fronçant les sourcils, et je sentis une perle de sueur rouler sur mon visage. Nous voulions explorer l’ancien labyrinthe, mais nous ne voulions pas nous lancer dans un travail sérieux, alors nous venions de refuser la mission de la famille royale l’autre jour. De toute façon, j’avais un travail à plein temps, il m’aurait été difficile de participer à une quelconque mission officielle.

***

Partie 2

La raison pour laquelle nous nous étions dirigés vers l’installation où les équipes de raid s’étaient rassemblées était simplement pour les saluer comme je l’avais mentionné plus tôt. On ne sait jamais quand quelque chose d’inattendu peut arriver dans le labyrinthe, alors j’avais pensé que ce serait une bonne idée d’être en bons termes avec eux.

Ainsi, nous avions traversé le quartier huppé et passé la zone sécurisée, et nous avions vu un grand bâtiment au loin. Nous étions arrivés à un lieu de rencontres sociales entre aristocrates connu sous le nom de Royal Arilai.

Un serviteur avait ouvert les portes pour que nous puissions entrer, et l’intérieur chic avec un haut plafond nous attendait. Il était construit avec une abondance de verre coûteux, mais l’endroit n’était que modérément lumineux grâce aux rideaux qui filtraient le soleil. Les yeux de Marie s’étaient illuminés à cette vue.

« Oh, oh, c’est donc à ça que ressemble la vie des gens riches ! On va enfin pouvoir visiter des endroits incroyables comme celui-ci, hein ? »

Pour être honnête, je ne comprenais pas ce qu’il y avait de si étonnant. Je veux dire, je pouvais bien sûr dire que tout était évidemment cher. Mais j’avais l’impression que je me ferais engueuler si je touchais à quoi que ce soit, donc l’endroit me mettait mal à l’aise, si ce n’est plus. Je l’avais dit à Marie, et elle avait fait une grimace, puis elle avait montré les choses autour de nous et avait commencé à expliquer.

« Tu ne comprends peut-être pas ce monde, puisque tu n’as fait que voyager tout le temps. Jette un coup d’œil à ça, là-bas. Tu vois ces épées alignées dans ce coin ? Cette zone est destinée à l’entraînement et aux tests de tes compétences. Cette zone est pour la pratique de la danse, et ça ressemble à la bibliothèque. Je suis sûre qu’il y a des livres très précieux là aussi. Nnh, j’aimerais bien y aller tout de suite et voir ce qu’ils ont ! » Marie parlait beaucoup plus vite que d’habitude, et ses yeux étaient brillants d’excitation. On aurait dit qu’elle exprimait simplement son grand intérêt plutôt que de me donner une explication, et je n’avais pu que répondre par un « D-D’accord » hésitant. Elle devait vraiment avoir envie de venir ici.

J’avais l’impression d’avoir maintenant une assez bonne idée de ce qu’était cet endroit. C’était un lieu de répit pour les personnes de haut rang social, et il servait également de lieu de divertissement. En voyant tous ces gens bien habillés discuter agréablement ensemble, je m’étais à nouveau rappelé à quel point je ne me sentais pas à ma place.

À ce moment-là, j’avais senti quelqu’un me taper sur l’épaule.

« Vous semblez toujours vous amuser où que vous alliez. » Je m’étais retourné pour trouver un grand homme qui me souriait. Cet homme bien bâti, aux cheveux noirs, était le chef de l’équipe Pierre de Sang, Zera. Il était généralement une personne amicale, et il s’était battu héroïquement avec l’instinct d’un animal sauvage lorsque nous avions fait équipe dans le labyrinthe antique.

« Oh, bonjour, Zera. Je suis désolé si nous avons été bruyants. »

« Je pensais avoir reconnu vos visages familiers, mais je vois que vous avez un nouveau membre de l’équipe. Oh, pas besoin d’avoir peur. J’ai peut-être l’air de ça, mais je suis en fait un gentleman, vraiment, » Zera s’était empressé d’expliquer ça quand il avait vu que Shirley s’était immédiatement cachée derrière moi. Une femme aux cheveux rouges flamboyants lui avait lancé un regard exaspéré de derrière lui.

« Toi ? Un gentleman ? Je t’en prie. »

« Doula, s’il te plaît, ne me regarde pas comme si j’étais complètement désespéré. D’ailleurs, n’étais-tu pas en train de te plaindre du fait que ces endroits huppés te mettent mal à l’aise ? »

« Oui, je les déteste. Mais on m’a appris à y faire face, et ma mère m’a déjà amenée ici de nombreuses fois. Je ne voudrais jamais revivre ça. » Il semblerait qu’on lui ait rappelé une sorte de traumatisme passé. La femme à l’air mécontent était Doula, la chef de l’équipe Andalousite. Nous étions en bons termes avec elle depuis que nous l’avions sauvée lors d’une mission. Marie s’était également rapprochée d’eux deux, même si elle était autrefois connue pour sa haine des humains.

« Puisque vous êtes là tous les deux, cela signifie que vous avez accepté la mission de rang S ? » demanda Marie avec un sourire agréable.

« Oui, nous sommes dans le même bateau que vous. Faisons de notre mieux et… »

« Oh, mais nous ne l’avons pas accepté, » déclara Marie, et la main de Zera s’était figée en l’air, alors qu’il voulait lui serrer la main. Son visage s’était crispé, son sourire s’était également figé et il avait jeté un coup d’œil entre Marie et Doula, comme s’il se demandait : « Alors pourquoi êtes-vous ici ? » Il avait dû penser que j’étais le plus facile à aborder, car il avait mis ses bras autour de mes épaules.

« Hmm ? Kazuhiho ? Pourquoi n’avez-vous pas accepté la mission après nous avoir invités à la faire ? Hm ? »

« Eh bien, j’en ai parlé avec Marie, et… » Ce n’était pas comme si je pouvais lui dire que j’avais du travail. J’avais fait une tentative maladroite d’explication, mais il ne m’avait pas du tout cru. Je regardai autour de moi, impuissant, mais Marie s’était éloignée vers le fond de la pièce et j’étais un peu choqué d’avoir été abandonné. Marie s’était retournée, peut-être pour m’aider à sortir de cette situation embarrassante.

« Tout le monde est déjà rassemblé. Vous ne voudriez pas vous faire gronder pour votre retard, n’est-ce pas ? »

« Oh, bon point. Très bien, Kazuhiho, je veux te parler plus tard de tout ça. » Avec ça, j’avais été libéré.

Le raid au troisième étage de l’ancien labyrinthe était sur le point de commencer, il n’y avait donc pas de temps à perdre. J’avais rapidement suivi les autres.

Un guide nous avait conduits dans une salle où une foule de personnes était déjà rassemblée. Il y avait un total de quarante-trois membres, dont l’équipe Diamant, l’équipe Pierre de sang, l’équipe Andalousite et notre équipe Améthyste.

Une elfe noire familière avait fait un signe de la main alors que nous nous dirigions vers nos sièges, et je lui avais fait un petit signe de la main en lui signalant « On en reparlera plus tard. » Eve semblait bien se porter, comme d’habitude.

J’avais tiré une chaise d’une table circulaire, et Marie avait murmuré ses remerciements en s’asseyant. J’avais pris place à côté d’elle, et quelqu’un d’autre était passé pour distribuer du thé. J’avais balayé la pièce du regard en prenant une gorgée.

Les hommes dans la salle avaient des regards étranges pour une réunion qui était censée nous unir. Ils n’étaient pas menaçants ou quoi que ce soit, mais il y avait un air d’agitation quand ils regardaient autour d’eux. Je m’étais demandé pourquoi, puis j’avais suivi leurs regards et j’avais trouvé la réponse.

L’équipe Diamant, également connue sous le nom des fleurs du champ de bataille, ainsi que la plupart de notre équipe, étaient composées de femmes. Cela signifie qu’environ un tiers des membres ici étaient des femmes, et de belles femmes en plus. Ceux qui n’étaient pas habitués à leur présence ne pouvaient s’empêcher d’être distraits. C’est sans doute pour cela que certains d’entre eux se recoiffaient ou affichaient leur meilleur visage masculin. Je comprenais ce qu’ils ressentaient, mais c’était aussi un peu triste à voir.

Le bourdonnement dans la pièce avait été rapidement calmé par le son de deux claquements forts. J’avais levé les yeux vers l’estrade, et là se tenait Hakam, le chef du raid dans l’ancien labyrinthe. Cet homme bien habillé, bronzé par le soleil, avait l’air d’avoir l’autorité d’un chef militaire.

« Je vous remercie tous d’être venus ici aujourd’hui. J’aimerais commencer le raid au troisième étage avec vous tous, mais il y a quelque chose que je dois dire avant. Sur les huit personnes qui avaient perdu connaissance lors du raid au deuxième étage, cinq d’entre elles se sont réveillées. »

Beaucoup étaient tombés pendant le raid au deuxième étage. Ils s’étaient réveillés en faucheurs après avoir été vidés de leur âme, et Marie et moi avions vaincu trois d’entre eux. Nous ne pouvions pas penser à un moyen de les sauver sur le moment, mais je m’étais parfois demandé si nous n’avions pas vraiment d’autre choix.

C’était un soulagement de savoir que les autres avaient retrouvé leurs âmes. C’était, bien sûr, grâce à l’aide de Shirley. Je l’avais regardée de profil avec le voile sur les yeux, mais son expression n’avait pas changé. Elle n’avait pas beaucoup d’émotion quand il s’agissait de la mort, malgré sa belle apparence, ce qui faisait probablement partie de sa nature de dieu de la mort.

Certains avaient répondu à la nouvelle par des applaudissements réservés. Ils semblaient célébrer ceux qui étaient rentrés et prier pour ceux qui ne l’étaient pas.

Hakam avait regardé la foule une fois qu’elle s’était calmée. Puis son regard acéré s’était posé sur moi pour une raison inconnue. Je m’étais demandé si j’avais fait quelque chose pour mériter son regard.

« Je vais maintenant parler du troisième étage, mais juste pour que vous soyez tous au courant : ce garçon-là ne s’est pas inscrit pour la mission. Il s’est inscrit juste pour s’amuser. Maintenant, certains d’entre vous peuvent être confus par cela. Je le suis aussi. Son équipe se trouvait juste ici pendant ce temps, donc s’ils laissent échapper des informations confidentielles, vous n’avez pas besoin de venir me les rapporter. Je préfère ne pas le savoir. » Il y avait eu un éclat de rire, et j’avais eu droit à des commentaires taquins comme « Je n’y peux rien si tu es ici pour t’amuser ! » Marie et moi avions rougi.

Je veux dire, nos actions devaient vraiment être inexplicables d’un point de vue extérieur. Personne ne voulait faire un raid au troisième étage, mais on le faisait pour le plaisir. Je devais quand même remercier Hakam et Aja d’avoir accepté notre demande. J’avais regardé Aja le magicien, et j’avais vu qu’il riait joyeusement près de la fenêtre. J’avais entendu dire qu’il avait pris quelques disciples depuis la dernière fois que je l’avais vu, et qu’ils passaient leurs journées à analyser et à faire des recherches sur l’utilisation des pierres magiques.

Hakam s’était à nouveau raclé la gorge, dirigeant l’attention de tous vers lui.

« Nous avons réduit le nombre de soldats de soixante-dix pour cent par rapport au dernier raid. Je suis sûr que cela a soulevé quelques inquiétudes pour certains d’entre vous. Si vous souhaitez vous retirer par crainte pour votre vie, c’est votre seule chance. Mais je n’ai rassemblé ici aujourd’hui que ceux en qui j’ai confiance. Je crois que c’est mon atout le plus important. Écoutez ceci, guerriers d’Arilai : vous tous, les combattants les plus distingués de ce pays, allez vous unir pour ne faire qu’un. Je suis impatient de relever le défi de ce prochain raid avec votre force combinée à mes côtés. Allez-y et déchaînez votre puissance jusqu’au bout de votre cœur. »

Avec cela, Hakam avait regardé la foule avec des yeux brûlants de passion. Puis, comme le bois de chauffage au moment où les braises étaient jetées dessus, leurs esprits aussi s’étaient enflammés. Ils croyaient tous qu’une réduction du nombre de soldats ne signifiait pas nécessairement que leurs prouesses au combat seraient également réduites.

À l’inverse, je n’avais pas pu m’empêcher de tourner mes yeux vers le bas.

Selon les rumeurs, l’équipe d’éclaireurs spécialisée dans l’espionnage avait été anéantie. Cette équipe était composée des plus habiles de la famille royale, ce qui en disait long sur la difficulté du troisième étage. Le danger que je sentais instinctivement avait gardé mon esprit calme.

Alors que je me demandais si nous aurions vraiment dû être là, j’avais remarqué que quelqu’un s’était rapproché de moi avec désinvolture. Les yeux en amande de Wridra s’étaient tournés vers moi, et elle avait murmuré à mon oreille.

***

Partie 3

« Kitase, que penses-tu de ce raid au troisième étage ? » J’avais jeté un coup d’œil à mon côté et j’avais pu voir ses yeux sombres se rétrécir dans un sourire amusé. L’expression de l’Arkdragon me disait qu’elle en savait peut-être beaucoup plus qu’elle ne le laissait entendre, mais je savais aussi qu’elle n’allait probablement pas me donner les réponses. La question était de savoir comment je pouvais lui soutirer des informations.

J’avais réfléchi à ma réponse pendant un certain temps, puis j’avais ouvert la bouche pour parler.

« Le but n’est pas de récupérer des pierres magiques ou un trésor, mais il y a quelque chose au troisième étage qui pourrait être une menace pour Arilai. Et ils n’ont plus beaucoup de temps. Je pense que les soi-disant rebelles ont quelque chose à voir avec ça, » avais-je dit pour évaluer sa réaction. Wridra avait fait un bruit montrant sa surprise, puis s’était éloignée de moi sans rien dire. Cela me disait que ma supposition était correcte, même si elle ne l’avait pas dit ouvertement.

Cela expliquait pourquoi la famille royale avait émis directement une mission de rang S. J’avais l’impression que les pièces du puzzle s’assemblaient enfin, et j’avais ressenti une immense gratitude envers Wridra pour avoir confirmé mes soupçons.

Ce n’est pas comme si j’avais lancé une hypothèse complètement folle.

Les membres de l’équipe de raid avaient été réduits à trente pour cent. Nous n’avions pas gagné grand-chose en nettoyant le deuxième étage, mais le raid continuait. En fait, les choses évoluaient maintenant à un rythme accéléré. Sans parler du fait que les guerriers d’élite de la famille royale avaient été envoyés pour une simple mission de reconnaissance.

Compte tenu de tout cela, ma conclusion était à peu près la seule plausible. Bien que, ce n’était pas une raison pour être soulagé en aucune façon.

Mais j’avais toujours une question : si Arilai était confronté à une telle menace, pourquoi n’avaient-ils pas tout fait pour rassembler leurs forces pour faire face à la situation ? Il me semblait qu’il y avait une menace horrible en dehors des rebelles et du labyrinthe ancien à laquelle ils se préparaient.

J’avais eu des sueurs froides à cette idée, mais j’avais ensuite entendu quelque chose d’inattendu.

« Tout le monde, j’aimerais vous présenter un puissant allié… Le meilleur des guerriers d’Arilai. »

Un allié puissant ? Nous avions déjà l’équipe Diamant ici, et je ne pouvais pas penser à quelqu’un de plus compétent qu’eux. Alors que j’étais pris par surprise, j’avais vu quelqu’un se frayer un chemin sur la plate-forme.

La foule s’était mise à bourdonner lorsqu’elle avait réalisé qu’il s’agissait d’un homme dont le niveau était estimé à 120. Il y avait des mèches blanches dans ses cheveux et des traits animaliers sur son visage qui ne semblaient pas correspondre à son âge. Il sourit.

« Hé, les morveux. Je doute que quiconque ici n’ait pas entendu parler de moi, mais je suis Gaston, le seul participant de l’équipe Ruby. Quoi que vous fassiez, ne me demandez pas mon âge ou si j’ai une petite amie ou non. » Dans le silence, j’avais cru entendre quelqu’un dire : « Tu n’as pas de petite amie ? »

Il avait l’air d’un de ces types agressifs et autoritaires. Je pensais que c’était un vieil homme à l’air féroce quand je l’avais vu de loin à l’oasis, et l’entendre parler ne changeait pas du tout cette impression.

Le vieux Gaston avait alors dit quelque chose d’étrange.

« Selon la prophétie, c’est dans cet ancien labyrinthe que je mourrai. C’est pourquoi je laisse les membres de mon équipe bien-aimée derrière moi. Mec, je ne peux pas attendre. Je vais enfin pouvoir rencontrer le faucheur en personne ! » Il avait ouvert la bouche en grand et avait ri. Je pouvais entendre les autres déglutir à cause de son intensité pure. Il y avait quelque chose d’étrangement puissant dans sa seule présence. Shirley s’était montrée du doigt, comme pour demander : « Est-ce qu’il parle de moi ? » J’avais secoué la tête.

Après avoir passé en revue les stratégies et les formations d’équipe, Hakam avait fait sortir le groupe de la salle de réunion. Le raid allait bientôt commencer, et nous mettrions les pieds dans l’ancien labyrinthe le lendemain de notre départ.

Pour l’anecdote, nous étions techniquement considérés comme des étrangers pour cette mission, nous avions donc été autorisés à les rencontrer sur le site. Je voulais garder secrète la capacité de Wridra à voyager sur de longues distances, donc c’était pratique pour nous.

C’est ainsi que le commando de quarante-quatre membres avait été formé.

§

Cette bibliothèque est vraiment lumineuse… C’est ce que je pensais en regardant l’installation pleine de verre coûteux. Les bibliothèques bloquaient généralement le soleil pour éviter que les pages ne s’abîment, mais il semblerait que cet endroit ait été construit différemment.

Il y avait de nombreuses grandes fenêtres partout, et les rideaux qui ondulaient doucement au soleil étaient ornés de broderies complexes. Il va sans dire que c’était l’endroit idéal pour passer un après-midi élégant à lire un livre. N’importe quel amateur de livres aurait sûrement été ravi de passer son temps ici.

« Wôw, c’est si joli. Allons voir quel genre de livres nous pouvons trouver ici à Royal Arilai. »

Sur ce, Marie s’était enfoncée dans la pièce sans hésiter. Je m’étais retourné et j’avais vu Wridra et Shirley commander du thé à un domestique, en agitant la main comme si elles nous disaient de nous amuser. Je m’étais demandé si un fantôme pouvait même boire du thé alors que je suivais Marie.

La réceptionniste avait vérifié ma preuve d’adhésion dès que j’étais entré dans la pièce, puis m’avait tranquillement accueilli à l’intérieur. Aja nous avait heureusement donné ces cartes plus tôt, nous permettant d’utiliser ces installations restreintes. Je m’étais rappelé comment le vieil homme nous regardait comme si nous étions ses petits-enfants. Lorsque j’avais rattrapé Marie, elle vérifiait les dos de certains livres un par un.

« Écoute, ils sont tous très vieux, mais ils sont bien entretenus. C’est dommage qu’ils ne soient pas très pratiques. » J’avais regardé les livres qu’elle désignait du geste et j’avais vu que la plupart d’entre eux traitaient de sujets relatifs au développement du pays, comme l’escrime, la construction, la tactique, l’histoire et le commerce. Il semblait qu’il n’y avait pas grand-chose ici qui aurait été utile pour une sorcière spirituelle comme Marie. Elle aurait probablement débordé d’enthousiasme s’il y avait eu des livres d’images comme dans ma bibliothèque locale.

Marie avait tourné ses yeux violets pâles vers les fenêtres. En voyant une femme qui sirotait du thé en lisant un livre, les yeux de Marie s’étaient illuminés.

« Boire du thé en lisant semble être une pratique merveilleuse. Nous devrions apprendre d’elle. » J’avais souri alors qu’elle s’affairait à choisir des livres, puis j’avais décidé de l’aider dans sa sélection. Les livres qu’elle m’avait tendus portaient sur l’agriculture et l’architecture. Je m’étais souvenu des graines de citrouille que nous avions plantées, et j’avais senti une main sur mon épaule.

« Vous voilà. Je vous ai cherché partout. Pourquoi choisissez-vous des livres ? » Je m’étais retourné et j’avais vu une femme à la peau sombre qui se tenait là. La femme aux longues oreilles était manifestement une elfe noire, ainsi qu’un membre de l’équipe Diamant.

« Oh, Eve. Je ne savais pas que tu t’intéressais aussi aux bibliothèques. »

« Je ne suis pas intéressée. Penses-tu vraiment que j’ai un quelconque intérêt pour un endroit comme celui-ci ? Argh, Marie, pourquoi lis-tu des livres sur l’architecture ? Tu me fais un peu peur, pour être honnête. »

« Ne dis pas ça quand tu n’en as jamais lu toi-même. En tant qu’elfe, tu vas vivre une longue vie. Pourquoi n’étudies-tu pas et n’apprends-tu pas une chose ou deux ? C’est important d’avoir des hobbies, tu sais. »

D-D’accord… Marie était un peu trop à fond dans ses hobbies et baignait dans la culture otaku, mais j’avais décidé de me taire. Je ne voulais pas qu’elle me regarde fixement.

Marie se tenait debout avec une montagne de livres dans son dos, et Eve était en train de se dérober à l’un de ses regards. Le visage de l’elfe noire devint alors suffisant pour une raison quelconque, et elle se désigna elle-même d’un pouce.

« Mon esprit et mon corps le rejettent automatiquement, alors rien à faire. » En d’autres termes, elle n’avait tout simplement pas envie d’étudier. Bien que ce ne soit pas une surprise. Je pensais qu’elle était un peu comme Zera dans ce sens, mais j’avais gardé le silence.

Marie avait laissé échapper un soupir exaspéré, puis avait tourné ses yeux violets vers Eve.

« Tu as dit que tu nous cherchais. Pourquoi ? »

« Eh bien, nous sommes sur le point de nous rendre à l’oasis, non ? Je n’ai pas envie de marcher jusqu’ici, alors j’espérais que vous pourriez y conduire rapidement mon équipe. »

« Attends, qui t’a parlé de ça ? » avais-je demandé sans réfléchir, et Marie avait rapidement mis sa main sur ma bouche. Il était trop tard. Eve venait de lancer une supposition, mais un sourire s’était répandu sur son visage lorsque ses soupçons avaient été confirmés. Elle nous avait fait signe d’un doigt, et nous l’avions suivie jusqu’à une fenêtre proche. Il semblerait qu’elle était sur le point de nous arracher nos secrets.

J’avais senti Marie me pincer les fesses par-derrière pour me réprimander de mon lapsus. Mais ça n’avait fait que me chatouiller, et quand je lui avais demandé de s’excuser, elle avait juste froncé les sourcils avec une expression mignonne.

Eve avait posé son menton dans sa main sur la table circulaire, puis avait rapproché son visage, comme pour exiger des réponses. Ce que je n’arrivais pas à comprendre, c’est comment elle avait deviné notre secret par simple instinct ? Elle aurait dû avoir besoin de quelques indices pour arriver à cette conclusion.

« Eve, comment as-tu su que nous avions un moyen de voyager ? »

« Eh bien, tout le monde était occupé à se préparer, mais l’équipe Améthyste était la seule qui se contentait de se détendre, alors j’ai pensé que c’était suspect. Je comprendrais si c’était juste Wridra, mais vous deux semblez plus prudents sur ce genre de choses. Alors j’ai pensé, pour quoi ne pas demander ? »

Ça me paraissait logique. J’avais hoché la tête. Je n’avais jamais pensé que le fait que nous choisissions des livres lui avait mis la puce à l’oreille. En y réfléchissant, elle avait la classe unique de ninja, alors peut-être était-elle particulièrement douée pour recueillir des informations. Ou peut-être que c’était juste l’intuition d’une femme.

J’avais jeté un coup d’œil à Marie, qui avait haussé les épaules comme pour dire : « Fais comme tu veux ». Je m’étais demandé si nous aurions dû révéler tout cela, mais Eve avait veillé à protéger notre secret au Manoir des Roses Noires. Elle connaissait déjà notre capacité à voyager entre ce monde et le Japon, alors je m’étais dit que cela n’aurait pas été un gros problème de lui parler de notre moyen de transport.

« Peux-tu garder un secret, Eve ? »

« Bien sûr ! Je ne briserais jamais une promesse faite à un ami, » avait-elle répondu avec assurance, et j’avais décidé de lui faire confiance. J’avais demandé à Marie de bloquer le son qui s’échappait de notre cercle, puis j’avais levé trois doigts vers Eve. Ses yeux bleus la fixaient avec un grand intérêt.

« Nous avons trois méthodes de voyage. Il y a ma compétence de voyage longue distance : Trayn, le guide du voyageur, dont je t’ai déjà parlé. Nous pouvons aussi voler dans le ciel avec la Pierre magique, et enfin, nous avons la magie de Wridra. »

« Attends, quoi ? Comment ça, tu peux voler avec une pierre magique ? Puis-je aussi la monter ? » Elle avait rapproché son visage d’un air excité, mais je lui avais demandé de me laisser finir.

***

Partie 4

Je ne pouvais qu’emmener Marie avec moi avec ma compétence de voyage longue distance, et c’était limité aux endroits où il y avait un sanctuaire dédié au dieu du voyage. De plus, il était limité à une utilisation par jour. La pierre magique nécessitait que Marie ou moi-même la chevauchions, et nous ne pouvions emmener qu’un passager supplémentaire au maximum. Cela signifie qu’aucune des deux méthodes n’était adaptée pour emmener l’équipe Diamant avec nous.

La magie de Wridra aurait pu résoudre ce problème, mais nous voulions garder cette méthode secrète autant que possible. C’était une compétence bien trop pratique, et nous voulions absolument éviter toute attention indésirable.

« Eh bien, ça ne va pas marcher. Vous êtes déjà le centre d’attention. Vous avez nettoyé le deuxième étage, et tous les aristocrates se battent entre eux pour vous avoir sous leur contrôle, » dit Eve.

« Oui, c’est pourquoi nous sommes restés chez Puseri et Zera. Comme tu l’as dit, ce serait un problème si les gens découvraient nos méthodes de voyage avec tout ce qui se passe, » ajouta Marie. Nous avions tous gémi en même temps. Si l’équipe Diamant arrivait aussi à l’oasis en un instant, beaucoup de gens commenceraient à poser des questions. Une compétence de transport de groupe était vraiment précieuse. Elle pouvait renverser le cours d’une bataille si elle était utilisée pour envoyer des soldats sur un champ de bataille, et elle serait recherchée comme moyen d’évasion dans l’ancien labyrinthe. »

« Hmm, d’accord. Alors, je vais laisser tomber. Mon équipe serait contrariée si je suis la seule à y aller sans effort et que je les laisse toutes derrière moi. Mais à propos de ce voyage à la plage dont vous avez parlé avant… ? Ne pouvez-vous pas utiliser cette magie pour m’emmener avec vous ? »

Elle avait raison. Nous avions déjà refusé sa demande une fois, mais cela aurait été possible avec cette méthode. Même Wridra n’était peut-être pas capable de voler dans des terres inconnues, mais nous pouvions arriver sur le site avec mes compétences, puis aller la chercher à partir de là. Nous devions d’abord nous occuper du troisième étage de l’ancien labyrinthe et des rebelles, mais nous pourrions probablement emmener Eve avec nous par la suite.

Marie avait également hoché la tête avec un regard qui disait qu’elle était impressionnée à contrecœur.

« Tu es vraiment doué pour être rusé quand ça t’arrange, n’est-ce pas ? Bien, autant avoir un objectif amusant à atteindre pendant cette mission. »

« Yay ! Merci, Marie. Je suis si heureuse que tu sois ma première amie elfe. Je t’aime ! » Eve avait serré Marie dans ses bras, qui avait cligné des yeux avec un air surpris. Je ne pouvais pas m’empêcher d’être heureux de les voir s’entendre comme ça, même si Marie criait quand Eve avait joyeusement pressé ses lèvres contre sa joue pour l’embrasser.

Après un certain temps, nous avions dit au revoir à Eve pour l’instant. C’est à peu près à ce moment que les fières élites d’Arilai étaient parties pour leur mission.

 

 

§

La zone autour des portes était particulièrement animée, les instruments des prêtres résonnant bruyamment. Ils étaient une bénédiction pour soutenir ceux qui partaient pour l’ancien labyrinthe.

Non seulement il y avait des prêtres qui vénéraient le dieu de la terre, mais d’innombrables fleurs étaient dispersées depuis le deuxième étage des bâtiments environnants en guise de bénédiction pour Puseri du clan de la Rose Noire. Les familles royales d’antan étaient toujours appréciées à ce jour, et le leader de la nouvelle équipe Diamant avait souri aux citoyens qui montraient leur soutien. Bien qu’intérieurement, elle pouvait ou non être en colère contre une certaine elfe noire qui perdait son temps à faire on ne sait quoi.

La foule qui poussait en avant ne faisait qu’ajouter à la clameur, et elle dirigeait ses regards passionnés vers les guerriers qui partaient, comme s’ils étaient la prochaine génération de héros. L’équipe de raid avait été une grande aubaine pour l’économie du pays d’Arilai. Les gens avaient souhaité leur retour triomphal et n’avaient pas retenu leurs mots de soutien. Cependant, parmi eux, il y avait quelqu’un qui regardait avec une intention différente de celle du reste du peuple.

Celui qui se tenait au balcon du château royal et jetait un regard froid en contrebas était un membre important de la famille royale. Il y avait une nuance de résignation et de mépris dans les yeux du jeune homme, et ceux qui l’entouraient fixaient le groupe du raid avec des expressions similaires.

L’homme qui se tenait à leur tête avait ouvert la bouche pour parler.

« Hmph… Savez-vous combien de membres de ce groupe de raid reviendront en vie ? »

« Lord Wallace, je ne… »

« Ils vont tous mourir d’ici quelques jours. Mon père s’est laissé berner par les promesses vides d’Hakam, mais cela me fait mal de penser qu’ils finiront bientôt tous comme des cadavres. »

Dehors, les gens continuaient à donner leurs mots de bénédiction. Les pétales de fleurs ajoutaient de belles couleurs à la scène alors qu’ils étaient dispersés dans le ciel, et malgré les sourires joyeux des soldats en partance, la royauté les regardait comme s’ils étaient déjà morts.

Le petit groupe de raid avait été le sujet de conversation de tout le pays. Tout le monde voulait savoir pourquoi sa taille avait été réduite à un tiers seulement de la précédente. La théorie populaire était qu’ils prévoyaient d’envoyer les élites pour ouvrir la voie, puis d’envoyer des renforts plus tard, comme la dernière fois. Envoyer une trop grande unité en une seule fois signifiait que la plupart des soldats n’auraient pas eu grand chose à faire au début. Il était donc plus efficace d’envoyer des unités supplémentaires plus tard, selon les besoins. Telle était la principale rumeur qui circulait ces derniers temps.

Cependant, certaines personnes connaissaient la vérité. Ce petit groupe devait conquérir le troisième étage par lui-même. Ils savaient qu’ils ne reviendraient pas vivants.

« En fait, j’ai de la peine pour eux. Ils sont considérés comme remplaçables, » dit le membre de la famille royale avant de tourner le dos. Le reste de la famille royale était réuni juste au-delà, et il les avait salués avant de concentrer son attention sur la grande carte sur la table.

De nombreuses pièces apparemment faites à la main étaient visibles sur la carte, et les personnes rassemblées donnaient leur avis les unes aux autres.

Avec le raid sur l’ancien labyrinthe en cours, une autre bataille était sur le point de commencer ici.

§

J’avais levé les yeux au son d’un gazouillis et je les aivais protégés du soleil alors qu’un oiseau volait au-dessus de ma tête.

Nous avions pris notre temps pour nous préparer. Je me sentais mal d’avoir eu la vie si facile, mais nous devions juste attendre les autres dans le hall du deuxième étage. J’avais entendu dire qu’ils arriveraient tard dans la nuit, donc nous aurions probablement déjà dormi. Le raid proprement dit ne commencerait pas avant demain matin, donc cela n’aurait pas été un problème si nous devions nous regrouper tard.

Apparemment, notre base d’opérations devait se trouver devant la porte menant au troisième étage. C’était un peu loin du deuxième étage, et ils utiliseraient un chemin qui fait le tour du hall, donc ils ne devraient pas être trop bruyants. Mais honnêtement, j’étais la personne la plus bruyante de la forêt alors que je martelais quelques pieux avec un bruit métallique. Le bruit avait continué, et quelques oiseaux avaient volé de loin pour voir ce qui se passait.

Il restait du temps, mais pas assez pour le gaspiller. Je voulais profiter de cette occasion pour vérifier les outils que nous avions achetés en ville et monter la tente instantanée. Puisque Wridra nous transportait jusqu’ici, j’avais fait des folies pour acheter des objets qui nous permettraient de passer notre temps en toute tranquillité.

Marie lisait un livre à l’ombre, mais il semblait qu’elle avait trouvé un bon endroit pour s’arrêter, alors elle s’était levée et s’était étirée. Elle avait brossé les feuilles de son derrière et m’avait regardé.

« Alors, pourquoi as-tu fini par acheter une si grande tente ? »

« Eh bien, nous allons partir en mission avec un groupe de personnes, mais nous ne voulons pas que les autres nous voient dormir. J’ai donc pensé que ce serait mieux si nous revenions ici pour nous reposer. Shirley pourra gérer sa forêt comme d’habitude, et nous pourrons nous reposer tranquillement. » Tant que nous avions notre compagnon fiable, Wridra, nous pouvions revenir ici quand nous le voulions. Si nous nous assurions un endroit confortable pour dormir, cela faciliterait sûrement la suite de notre mission. J’avais expliqué cela à Marie, qui avait l’air plutôt surprise et impressionnée.

« Maintenant que tu le dis, nous n’aurions pas non plus à transporter le pot. Ok, alors je vais aussi aider. »

« Oh, c’est bon, il n’y a pas trop de travail. J’ai déjà fini de monter le toit et les poteaux de soutien, » avais-je dit, mais j’avais noté intérieurement combien il était difficile de monter une tente. J’avais redressé les poteaux, fixé les fondations, puis placé un grand morceau de tissu par-dessus. Je me rendais douloureusement compte de la raison pour laquelle les gens faisaient généralement cela en groupe.

Après avoir fixé l’extérieur avec quelques cordes et étendu un tissu épais sur le sol, le processus était à peu près terminé. La tente d’un blanc laiteux étant montée, j’avais poussé le rideau de l’entrée pour vérifier si l’on pouvait y rester.

« Je pense que ça devrait le faire. Marie, tu peux entrer maintenant. » Elle pensait peut-être qu’elle allait s’effondrer sur nous. Marie était entrée dans la tente avec précaution, regardant la pièce circulaire avec circonspection. Une expression de satisfaction s’était ensuite imposée à elle après avoir observé l’intérieur spacieux.

« Oh, c’est sympa. Il y a plus de brise que je ne le pensais. C’est en fait assez confortable ici. »

« J’en ai acheté une qui est un peu plus cher. C’est bien d’avoir de l’argent pour des moments comme ceux-là. » Je trouvais inutile de m’attarder sur l’argent dans le monde des rêves. Pourtant, il était très avantageux de pouvoir acheter les choses dont on avait besoin quand on le voulait.

J’avais montré mes paumes à Marie, et elle avait fait le même geste. Au moment où nous nous frappions les mains pour nous congratuler, le rideau s’était ouvert et une voix familière nous avait appelés.

« Que faites-vous tous les deux là-dedans ? Il y a quelque chose dont je veux discuter. Cessez vos bêtises et venez ici. »

« Oh ? » avions-nous dit, l’air bête, les mains pressées l’une contre l’autre.

§

Wridra nous avait guidés vers un terrain vague de l’autre côté de la rivière. Curieusement, il n’y avait pas beaucoup de mauvaises herbes qui y poussaient, et c’était bien entretenu comme un terrain de sport. Il y avait un arbre isolé avec une table et une chaise sous celui-ci, ce qui semblait quelque peu déplacé.

« Huh, je pensais qu’il y avait des bois par ici. »

« J’ai demandé à Shirley de les enlever du chemin. Il va falloir penser à la disposition maintenant, après tout. Hé, Shirley ! »

Hm ? La disposition ?

Wridra nous avait conduits à une table circulaire et j’avais pris un siège. La table en métal avec des trous en forme de treillis semblait convenir à un jardin occidental. Je m’étais rendu compte que j’étais distrait et j’avais décidé de sortir nos repas de mon sac. Je n’avais pas beaucoup de temps pour cuisiner ces derniers temps, alors j’avais apporté de simples sandwichs aujourd’hui.

Les ingrédients, tels que les œufs, les tomates et le bacon, étaient tous pris en sandwich entre des tranches de pain blanc et offraient un repas vibrant et coloré à l’ombre des arbres. Une fois que le thé avait été distribué, il était temps de prendre un déjeuner tardif et de commencer une réunion.

« Om nom, délicieux… Mmf, ce sandwich au thon est mon préféré. La saveur qui fond dans la bouche est tout simplement à tomber par terre. Je ne peux m’empêcher d’apprécier sa pureté, » déclara Wridra.

« Tu manges toujours la même chose, Wridra. Le thon mayo était aussi ton type de boulette de riz préféré, » avais-je répondu.

« Je n’y peux rien tant c’est délectable. En tout cas, nous allons convenir que tous les sandwichs au thon m’appartiennent et commencer notre discussion. » Elle avait revendiqué les droits sur tout le thon et mayonnaise, tout naturellement. Marie avait ignoré la revendication de Wridra et avait pris un des sandwichs au thon, prenant une gorgée de son thé.

***

Partie 5

« Quel est le plan que tu as mentionné plus tôt ? Tu n’as pas l’intention de construire une maison ici, n’est-ce pas ? »

« Cela pose-t-il un problème ? J’ai des archives de jardins et de bâtiments avec des éléments japonais et occidentaux grâce à ma magie de projection. Vous voyez ? Regardez. »

Wridra avait fait apparaître dans l’air des images de Yamamoto-tei, l’une après l’autre. Marie et moi regardions, bouche bée, tandis que Shirley n’était pas du tout surprise. En y réfléchissant, ce champ vide avait à peu près la même taille que le manoir… Un coup de vent était passé, et nous avions finalement repris nos esprits.

« Mais nous aurions besoin de beaucoup de matériel et de main-d’œuvre, n’est-ce pas ? »

« Qu’est-ce que tu dis ? Avec Shirley et moi ici, il n’y a pratiquement rien que nous ne puissions faire. Après tout, c’est pour cela que nous sommes allés voir le jardin en personne. » Wridra m’avait regardé comme si elle demandait : « Est-ce que je me trompe ? », mais je ne savais rien de tout cela.

En voyant Shirley hocher la tête, j’avais enfin compris qu’elles voulaient vraiment construire cette maison. Je m’étais calmé en buvant une gorgée de thé, puis j’avais pris une profonde respiration. J’avais éparpillé quelques miettes de pain pour les oiseaux qui se rassemblaient, puis je m’étais tourné vers Wridra. Je pouvais sentir mon cœur battre dans ma poitrine.

« Alors, on construit vraiment une maison ? Et combien de temps penses-tu que cela prendra, Wridra ? »

« Nous devrons d’abord décider de la disposition des lieux. Pour une maison d’un étage relativement simple, il ne devrait pas falloir plus de quelques jours pour en construire la structure globale, » dit Wridra en se penchant plus près de moi. Marie s’était également penchée vers moi alors que la réalité de la situation commençait à se faire sentir, et j’avais eu l’impression que nous avions une sorte de réunion secrète.

Shirley avait raté l’occasion de rejoindre notre petit cercle, alors Marie et moi l’avions prise par la main et l’avions rapprochée de nous. Et ainsi, elle était la seule à avoir un grand sourire sur le visage lorsque notre réunion avait officiellement commencé.

« En fait, ça fait longtemps que je rêve de vivre dans une maison à un étage. Si on doit faire ça, je veux que ce soit parfait. Est-ce que ça convient à tout le monde ? » avais-je dit.

« Oh, wôw, c’est excitant. Je préfère quelque chose de simple et chaleureux à quelque chose de tape-à-l’œil. Ce serait bien s’il y avait aussi un endroit pour lire des livres, » répondit Marie. Wridra avait gloussé, puis avait pointé ses paumes vers la table. Le plan d’une maison avait alors été projeté dans l’air.

La vraie surprise était encore à venir. Des particules sombres avaient été expulsées du bout de ses doigts, prenant la forme de piliers et de meubles sur le plan et formant un bâtiment tridimensionnel miniature. Nous avions tous laissé sortir notre voix pour exprimer notre étonnement devant ses capacités. C’était comme voir une imprimante 3D magique au travail.

« Haha, ce sera la mise en page pour notre référence. Nous allons mettre en œuvre vos idées ici. Je suppose qu’il n’y a pas d’objections ? »

« Non, non, pas du tout. Nous aurons besoin d’un bain aussi. Un bain propre ! » dit Marie.

« Bien sûr, je n’ai pas non plus d’objection non plus. Je suis impatient. Créer des choses est ta spécialité, Wridra, mais je ne pensais pas que nous aurions l’occasion de voir quelque chose à une telle échelle. » En entendant nos compliments honnêtes, la bouche de Wridra s’était courbée en un sourire confiant.

C’était vraiment agréable d’avoir une amie Arkdragon. Dire que nous aurions notre propre maison au deuxième étage du labyrinthe alors que nous étions restés chez les autres jusqu’à présent. Je m’étais dit que nous pourrions utiliser la tente que nous avions montée plus tôt en attendant que la maison soit terminée.

« D’accord, si nous faisons ça, allons-y à fond. Nous ne la ferons pas inutilement grande, et nous ne voulons évidemment pas qu’elle soit trop petite. Faisons une maison avec une belle vue et dans laquelle il sera agréable de vivre. »

Nous avions tous mis nos mains ensemble, Shirley ayant mis la sienne en dernier avec précaution. Notre « Yeah ! » avait résonné dans la forêt, et les oiseaux qui picoraient leurs miettes de pain s’étaient retournés, surpris.

Le choix de l’aménagement avait été beaucoup plus difficile que prévu.

Nous avions chacun partagé nos opinions en nous basant sur la miniature que Wridra avait réalisée. Nous avions commencé à placer les choses par ordre d’importance, mais l’aspect s’était dégradé au fur et à mesure que nous avions ajouté des salles et des pièces individuelles. Des couloirs étranges et des espaces inutiles avaient commencé à être ajoutés à la conception, et Wridra avait dû refaire le plan à chaque fois. Marie avait fixé la miniature en fronçant les sourcils, puis avait marmonné.

« Hmm, on peut vraiment voir à quel point ces bâtiments sont bien conçus quand on les regarde comme ça. »

« Mon admiration pour ces architectes grandit au fur et à mesure que nous essayons de faire le nôtre. Les Japonais sont rompus à l’art d’utiliser au mieux les petits espaces. Mais cet endroit a été fait pour accueillir un grand nombre d’invités, il n’est donc pas forcément adapté pour y vivre. » Je ne m’attendais pas à ce que nous ayons du mal avec une architecture comme celle-ci.

Je ne pouvais pas compter combien de fois nous avions recommencé à zéro. Avant de m’en rendre compte, Shirley s’était déjà endormie. Un petit oiseau était posé sur sa tête, s’endormant également.

Nous aurions pu aller au Japon pour voir d’autres maisons modèles, mais je ne pouvais pas imaginer qu’aucune d’entre elles n’aurait un design adapté à cette forêt. En ce sens, Yamamoto-tei était vraiment le bâtiment idéal. Nous nous étions complètement heurtés à un mur, et Wridra s’était gratté la tête en signe de frustration.

Il faudrait du temps à des amateurs comme nous pour terminer la mise en place de ça. Mais il devait y avoir quelque chose que nous pouvions faire. Si seulement il y avait un moyen, même pour les amateurs, d’élaborer une maquette…

« Oh, je sais. Pourquoi ne pas demander aux esprits de Marie de construire les plans pour nous ? Nous ne pouvons pas nous empêcher de regarder l’image globale avec les miniatures, et nous ne sommes pas des architectes professionnels. Ce serait peut-être plus facile si nous voyions le bâtiment à l’échelle réelle, » avais-je suggéré.

« Oh, c’est une bonne idée. Nous avons déjà appris le concept des piliers. Nous pouvons faire quelque chose comme une maison, mais ne vous attendez pas à ce que ce soit trop solide. Cela m’aidera également à améliorer mes compétences dans le processus. »

« Alors je vais aussi donner un coup de main. La sorcellerie spirituelle de Marie n’est peut-être pas encore suffisante. J’apporterai mon soutien pour les parties les plus complexes, » dit Wridra. Peut-être pensait-elle que ce petit exercice l’aiderait à rester éveillée. Elles se levèrent toutes les deux de leurs sièges, puis commencèrent à travailler avec les esprits de pierre tout en regardant en arrière et en avant entre la miniature et le champ.

Pendant notre séjour dans l’ancien labyrinthe, nous avions rapidement adapté la structure tridimensionnelle des murs à notre stratégie de combat. Marie s’était entraînée à la sorcellerie des esprits depuis, et elle avait été capable de mettre en place le plan de la maison en un rien de temps. Je ne pouvais qu’applaudir, et voir les esprits de pierre changer sous mes yeux me donnait l’impression d’être dans un livre d’images. J’avais tendu la main vers l’un des murs de pierre pour constater qu’il était vraiment solide au toucher. Les murs étaient trop épais, et le plafond ne pouvait pas être maintenu en place à cause de son poids. Mais c’était vraiment plus facile à comprendre que le plan que nous avions utilisé.

« Marie, je suis impressionné. Je ne pense pas qu’il y ait beaucoup de personnes sur le continent qui pourraient construire ceci avec une telle précision. »

« Ahem. Je te ferais savoir que je suis en fait assez talentueuse, » répondit Marie. Eh bien, je savais à quel point elle était talentueuse depuis le jour où je l’avais rencontrée.

Une fois les piliers de soutien et les murs construits, nous étions tous entrés par l’entrée. Je m’étais amusé à observer le processus d’ajout de fenêtres pour éclairer l’endroit et à modifier la disposition au fur et à mesure.

« Gardons la salle de réception à côté de l’entrée telle quelle. Il y a beaucoup de soleil qui entre ici, donc ça devrait être un endroit agréable pour lire quelques livres. »

« Pas d’objection. Nous pourrions même la rendre plus spacieuse en combinant cette pièce avec l’espace à l’arrière. Nous devrions peut-être agrandir le terrain. Ce n’est pas comme si nous devions payer pour le terrain. »

Certains des murs s’étaient effondrés, et la salle de six tatamis avait été doublée pour passer à douze. Entre-temps, la taille du terrain s’était agrandie, ajoutant beaucoup d’espace à droite de l’entrée pour la salle de réception et un autre espace spacieux à gauche de celle-ci. Il y avait des jardins de chaque côté de la salle, et on pouvait ajouter des portes en moustiquaire shoji comme séparateurs d’où l’on pouvait avoir une belle vue.

« Ouais, c’est sympa. J’ai toujours rêvé d’une vue comme celle-ci. Ce sera encore mieux avec une grande salle de bains et une aire de repos au bout du jardin, » avais-je dit.

« Je sais ! J’ai entendu dire qu’il y avait un bain en plein air à notre destination à Izu. Nous pourrions attendre la fin de notre voyage pour décider de l’aménagement final. » Wridra hocha la tête en accord avec le commentaire de Marie.

Peut-être que cette maison se rapprocherait de son achèvement au fil de nos visites au Japon et de nos excursions. Nous avions déjà eu du mal avec les plans bâclés, mais nous ne nous préoccupions plus des petits détails. Nous avions réorganisé le plan à la volée, il était donc évident qu’il ne serait pas parfait. En fait, j’avais l’impression que ces petites imperfections étaient ce qui lui donnait une saveur unique qui nous convenait bien.

Le temps passe vite quand on fait ce qu’on aime. Nous avions fini de travailler sur les chambres d’hôtes, le hall principal, et le plan général approximatif pour aujourd’hui. Cependant, tout cela pouvait changer une fois que nous serions à l’auberge d’Izu.

Nous avions tous pris place dans la véranda improvisée et avions regardé le jardin vide. Nous avions visité Yamamoto-tei récemment. Le spectacle que nous avions vu alors était encore frais dans nos esprits. Il me suffisait de fermer les yeux pour voir le magnifique jardin verdoyant. Je ne pouvais m’empêcher de penser que notre jardin ressemblerait à celui-ci un jour, et que les choses deviendraient encore plus excitantes au fur et à mesure que notre exploitation agricole prendrait forme.

« Oh, je ne peux pas attendre ! » Wridra avait un énorme sourire sur le visage en s’allongeant sur le dos. Le reste d’entre nous avait également souri en s’allongeant sur le dos, puis on avait remarqué que le soleil commençait à se coucher. Peut-être qu’un jour, nous préparerions notre literie par une soirée comme celle-ci et cuisinerions un repas dans la cuisine. Marie s’étira, ses yeux se rétrécissant joyeusement comme si elle imaginait la même chose.

« Cela vous fait vraiment voir que le monde n’est pas qu’une question d’argent. J’apprécie tellement les moments comme celui-ci. » Je comprenais son sentiment, mais je ne pouvais pas imaginer combien d’argent il aurait fallu dépenser pour avoir un tel endroit au Japon. Et pourtant, il était vrai que je me sentais satisfait. Nous avions ri ensemble, puis nous nous étions dirigés vers la tente que nous avions plantée plus tôt. J’avais du travail demain, et une fois que j’aurais fini, le raid au troisième étage commencerait.

Les choses étaient de plus en plus occupées avec l’Obon qui approchait. Avec mes rêves, même le Japon se transformait en un lieu de loisirs, alors je me sentais un peu mal de m’amuser autant tout le temps.

Quant à savoir si c’était confortable ou non de dormir dans la tente, j’avais complètement oublié que je pouvais dormir n’importe où, n’importe quand.

***

Chapitre 8 : Alerte au typhon

Partie 1

C’était peut-être vrai pour n’importe quel ménage, mais nous regardions habituellement les nouvelles et la météo le matin. C’était l’un de ces matins-là, et nous écoutions le présentateur télévisé en rangeant la vaisselle. J’avais remarqué que les fenêtres claquaient, peut-être parce que le vent était particulièrement fort aujourd’hui.

Mariabelle fixait la télévision d’un air sérieux. Elle serrait le dossier de sa chaise, les oreilles dressées, et écoutait la voix du présentateur. Quand je m’étais mis à côté d’elle, ses yeux violets m’avaient regardé.

« Le temps semble particulièrement mauvais aujourd’hui. Pourquoi les humains vont-ils au travail même les jours comme celui-ci ? C’est vraiment incroyable. »

« Oh, ça sera là à midi, hein ? C’est plus tôt que prévu, » avais-je dit nonchalamment. J’aurais été heureux que nous ayons un jour de congé, mais malheureusement, je n’avais pas été prévenu. Mon patron aurait peut-être fini par nous dire de rentrer plus tôt chez nous à ce rythme, mais je rentrais toujours chez moi à heures fixes, alors les choses n’auraient pas été différentes.

Wridra avait entendu notre conversation depuis le siège d’en face et avait plié le journal qu’elle tenait dans ses mains. Elle portait des lunettes ces derniers temps, peut-être parce qu’elle aimait ce look. L’Arkdragon n’en aurait certainement pas besoin pour corriger sa vision.

« Hm, c’est ce qu’on appelle un “typhon”. Il pleut assez souvent ici, et il n’est pas inhabituel que les pays insulaires proches de la mer aient parfois du mauvais temps. » Toutes les chaînes parlaient de l’arrivée du typhon. Un tiers de l’écran affichait un message avertissant de son approche, avec des lettres géantes qui disaient « Typhon géant en approche ! » « La région de Kanto a été touchée ! » « Attention aux fortes rafales ! » Je ne pouvais pas blâmer Marie d’avoir peur, n’en ayant jamais connu auparavant. Elle s’était serrée contre le dossier, se concentrant sur la voix du journaliste.

J’étais inquiet de ne pas pouvoir être avec elle pour son premier typhon. Heureusement, Wridra serait présente. Elle était comme une grande sœur sur laquelle on peut compter, alors je me sentais beaucoup mieux avec elle dans les parages.

« Regarde, ça dit de se méfier. Les typhons sont-ils vraiment si effrayants ? »

« Eh bien, le Japon est proche de l’océan. Cela signifie que les gros typhons se forment souvent à partir d’air chaud. Ils sont connus pour leurs vents violents et pluvieux, et selon la région et l’échelle, il arrive que l’on ne puisse même pas se tenir debout. » Soit dit en passant, les pays de ce côté-ci de l’océan Pacifique les appelaient typhons, en Amérique, on les appelait ouragans, et dans l’océan Indien, on les appelait cyclones. Ils avaient donc en fait trois noms différents, selon la région.

Marie ouvrit grand les yeux. Une image terrifiante était diffusée à la télévision, avec des parapluies qui s’envolaient et des arbres déracinés par le vent puissant.

Même Marie, habituellement calme, avait pâli en voyant les dégâts qui s’affichaient sur l’écran. Je ne voulais pas trop l’effrayer, mais c’était un gros coup, alors je devais m’assurer qu’elle reste à l’intérieur.

« Si tu dois faire des courses, tu devras les faire avant midi. Nous avons des ingrédients pour le déjeuner, mais pas assez pour le dîner. Mais j’achèterai quelque chose sur le chemin du retour, alors ne t’inquiète pas pour ça. »

« O-Okay. Je vais rester à la maison et lire quelques livres. Sois prudent là-bas, d’accord ? Appelle-moi si quelque chose arrive. » C’était elle qui s’inquiétait pour moi. Mais j’étais habitué aux typhons, et je ne serais qu’un peu mouillé, alors je n’étais pas trop inquiet. J’avais tapoté ses cheveux soyeux en signe de gratitude, et elle avait souri, semblant apprécier.

J’avais fini par enfiler mon costume, Marie m’avait souhaité une bonne journée, et j’étais parti au travail.

Je suis inquiet. J’espère qu’elle va s’en sortir. Je devrais aller la voir plus tard. Ces pensées troublantes traversaient mon esprit alors que je marchais dans le vent puissant. Le ciel au-dessus de moi était complètement noir, et ce n’était pas du tout comme mes matins habituels.

§

Wridra était habituée aux changements de climat.

Ayant vécu si longtemps, elle comprenait mieux que quiconque le pouvoir de la nature. Elle avait vu des gens et des animaux périr sous sa force imparable et savait comment y faire face. À ses yeux, les immeubles d’habitation de Koto Ward étaient aussi sûrs que possible. La zone était bien préparée pour une inondation, et même si des objets étaient projetés en l’air par une rafale, ils ne seraient pas arrivés jusqu’ici.

Cependant, l’elfe assise à la table était vraiment agitée et nerveuse. Il était encore dix heures et peu de temps s’était écoulé depuis que Marie avait commencé à lire son livre. Son attention était tellement attirée par la vue au-delà de la fenêtre qu’elle n’avait pas beaucoup avancé.

Beaucoup considéraient sa maison, la forêt elfique, comme un lieu mystique. Les elfes étaient protégés par la bénédiction des esprits, et ils conféraient à ces derniers des pouvoirs qui leur permettaient d’atteindre une paix supérieure à celle que l’on peut trouver dans un village humain.

Même si Marie avait vécu une centaine d’années, cela ne faisait que quelques années qu’elle avait quitté son village. Sans compter que la région d’Alexei était particulièrement stable en termes de météo. Marie était considérée comme jeune parmi les elfes, et elle n’avait manifestement jamais connu un changement de temps aussi spectaculaire auparavant.

Le ciel s’assombrissait à mesure que le temps passait, et elle s’inquiétait en voyant les nuages devenir de plus en plus denses. Wridra ferma le magazine de voyage d’Izu qu’elle lisait et s’adressa à Marie.

« Le Japon est parfaitement préparé en cas de tremblement de terre ou d’inondation. Ces bâtiments semblent assez stables. Je doute que quelque chose se produise. »

« Oui, je suis sûre que c’est vrai, mais… ne sachant pas ce qui pourrait arriver, je ne peux m’empêcher de me sentir nerveuse. J’ai du mal à rester tranquille. » Wridra avait réfléchi pendant un moment. Il semblait que les typhons étaient assez courants, et même Marie comprenait que ça ne servait à rien d’avoir peur. Mais les espèces proches des esprits s’agitaient lorsqu’elles ne pouvaient pas comprendre les choses avec leurs cinq sens.

Les téléviseurs étaient très pratiques, et l’idée d’observer à distance l’endroit où frappait un typhon était un concept que les habitants du monde des rêves n’auraient jamais pu imaginer. Mais le fait de ne pas pouvoir le voir en personne ne faisait qu’amplifier l’anxiété de Marie, qui avait du mal à avancer dans son livre.

Ainsi, Wridra pensait secrètement qu’il aurait été préférable de l’emmener dehors. Comme Marie ne pouvait pas voir les esprits, il aurait été plus facile pour elle de l’accepter en allant dehors plutôt que de regarder des images. Sinon, elle aurait simplement supposé que c’était quelque chose d’effrayant sans le comprendre.

« Kitase est vraiment surprotecteur avec elle, » pensa l’Arkdragon et laissa échapper un soupir.

« Alors que dirais-tu de te préparer au typhon avec moi ? Par exemple, nous pourrions acheter les ingrédients pour le dîner de ce soir à sa place. »

« Mais il a dit qu’il récupérera… »

« Hm. J’ai le sentiment que le temps va empirer, et que le retour de Kitase sera assez tardif. J’ai entendu dire que ces trains sont assez vulnérables à la pluie et au vent. » Marie se retourna, les yeux écarquillés, et cessa d’essayer de lire son roman. Elle avait réalisé que Kazuhiro pouvait être en plus grand danger qu’elle. Wridra regretta d’avoir mentionné Kitase et s’adressa à la timide petite elfe.

« Même s’il finit par rentrer plus tôt, les restes peuvent être utilisés pour le repas de demain. Tu ne seras pas en danger avec moi. » Marie avait cligné des yeux et avait réfléchi.

L’intuition de Wridra était juste la plupart du temps. En fait, elle ne s’était jamais trompée jusqu’à présent. Elle avait dû se dire qu’il serait préférable d’aller faire du shopping avant l’arrivée du typhon.

Il y avait un portefeuille à la maison, juste au cas où. Marie avait regardé l’horloge sur le mur, se rappelant qu’on lui avait dit de faire les courses avant midi si elle voulait y aller.

Elle avait encore peur des fenêtres tremblantes, mais elle avait fait un petit signe de tête.

Marie avait enfilé un capris et un imperméable, puis elle était sortie et avait fermé la porte d’entrée derrière elle. Elle avait été déçue de voir que son amie portait son pantalon et sa chemise habituels, contrairement à sa propre tenue, tout à fait appropriée au temps.

« Wridra, tu sembles sous-estimer les typhons. Les vents sont si forts qu’ils peuvent arracher les toits des bâtiments ! » Alors même qu’elle réprimandait l’Arkdragon, Marie s’accrochait fermement à la chemise de Wridra et la regardait avec une expression inquiète. Elle avait un regard d’enfant dans les yeux que Wridra trouvait tout à fait adorable.

 

 

« Pourquoi souris-tu ? Hé, ne me tape pas la tête comme un enfant, » protesta Marie.

« Hah, hah, mon corps a bougé de sa propre volonté. Ne t’inquiète pas, j’ai apporté un parapluie. Je suis venue toute préparée, » dit Wridra en montrant son parapluie en plastique. Marie semblait satisfaite et se détourna. L’elfe tendit alors la main vers l’air vide à côté d’elle. Elle avait essayé de tenir la main de Kazuhiro, absent, par habitude.

Wridra avait saisi l’autre main de Marie avant qu’elle ne puisse faire une grimace. On aurait dit qu’elle voulait dire quelque chose, mais son sentiment de mécontentement avait semblé se dissiper lorsque l’Arkdragon avait serré sa main à plusieurs reprises. Marie avait serré la sienne en réponse, comme pour montrer qu’elle allait bien.

« D’accord, alors allons-y. Pour commencer, nous devrons appuyer sur le bouton de l’ascenseur avec précision. Si nous appuyons sur le mauvais, nous serons très embarrassées. »

« Hm, je souhaite également appuyer dessus. Ces boutons sont assez agréables à presser pour une raison inconnue. Sans compter qu’ils s’allument ! » Marie n’avait pas pu s’empêcher de sourire à cette explication trop dramatique. Alors qu’elles avaient des conversations aussi idiotes, Marie se surprenait à commencer à s’amuser.

Il y avait beaucoup d’humidité dans le vent rugissant. Lorsque Marie était sortie de l’ascenseur, elle avait levé les yeux vers le ciel sombre et avait senti l’air. Elle avait alors réalisé que la pluie approchait.

« Dépêchons-nous, les nuages de pluie sont beaucoup plus proches que ce qui était annoncé dans les rapports. » Les deux femmes se dirigèrent vers le supermarché à travers le ciel sombre et un sentiment de malaise, avec le vent dans le dos et l’imperméable de Marie qui battait au vent. Alors qu’elles progressaient régulièrement le long du lit de la rivière, elles étaient tombées sur un spectacle complètement différent de l’habitude.

« Wôw, l’eau de la rivière est si haute. Il doit vraiment pleuvoir fort en amont. »

« Hm, c’est beaucoup plus fort que d’habitude. Le système de contrôle des inondations est assez impressionnant. » Elles pouvaient entendre la rivière rugir bruyamment alors qu’elles marchaient sur le chemin qui la bordait. L’eau était beaucoup plus haute que d’habitude, et il aurait été assez dangereux qu’elles glissent et tombent. Cependant, une rivière qui s’agitait de façon aussi sauvage attirait les regards, qu’elles le veuillent ou non. Sa masse intimidante fascinait aussi bien les humains que les elfes. À ce moment-là, des nuages noirs avaient été aperçus au loin.

« Attends, est-ce que c’était…, » Marie avait glapi en entendant le tonnerre qui avait suivi, serrant involontairement la main de Wridra. Bien sûr, elle avait vu des éclairs à plusieurs reprises durant sa jeunesse. Cependant, c’était la première fois qu’elle était confrontée à un tonnerre provenant de nuages aussi épais. Les cieux grondèrent encore un peu, puis virent un éclair de lumière.

« Kya ! » Marie s’accrocha cette fois au bras de Wridra, puis se rendit compte du changement d’environnement en essayant de se calmer.

***

Partie 2

Le vent devenait beaucoup plus fort qu’il ne l’avait été quand elles avaient quitté l’appartement. Il les poussait par l’arrière et l’odeur de la pluie était plus forte qu’avant. Marie avait senti ses genoux faiblir alors qu’il la poussait vers la rivière. « Hm, » se dit Wridra en regardant.

La chose la plus facile à faire maintenant aurait été de prendre Marie par la main et de la ramener chez elle. Mais Wridra avait reconnu que sa façon de penser avait changé au fil du temps passée dans ce monde. Elle avait donc pensé au visage de Kitase, qui s’était accroupi et elle avait fixé les yeux de Marie. Elle avait alors parlé d’une manière lente et douce comme il l’aurait fait.

« J’ai entendu dire que les typhons sont quelque chose que l’on peut réellement apprécier tant que l’on se prépare correctement. »

« Qu-Qu’est-ce que tu veux dire ? »

« Hm, par exemple… Tu fais des provisions de bonbons, tu prépares un film digne d’un typhon et tu le regardes avec moi. Qu’est-ce que tu en penses ? »

Un changement s’opéra dans les yeux de Marie, qui étaient emplis de peur il y a quelques instants. Elle avait peut-être imaginé ce que ce serait de discuter de ce qu’elle avait aimé dans le film tout en mangeant de délicieuses collations. Bien que le typhon l’effraye toujours, elle avait senti que ce ne serait pas si terrifiant de passer son temps comme ça.

« Tu es plus compétente que moi en matière de cinéma. J’aimerais regarder quelque chose qui corresponde à ce temps clément. »

« Oh, d-d’accord. Et aussi, il y a un plat que j’ai toujours voulu faire. Je pense que ce serait parfait pour regarder un film, mais… peut-être que ce ne serait pas une bonne idée de dépenser de l’argent inutilement ? » Kitase aurait sûrement secoué la tête à ce sujet. Wridra sourit, réalisant que l’attitude facile de cet homme avait affecté sa propre personnalité. Elle devait admettre que cela lui convenait tout à fait.

« Haha, haha, j’ai hâte d’y être. Tu devrais t’entraîner à cuisiner lorsque tu regarderas des films avec Kitase. Je suis sûre qu’il sera ravi si tu le fais. » Les vents rugissants étaient encore assez terrifiants. Pourtant, l’elfe sourit joyeusement et serra la main de la dragonne, puis commença à avancer. Il était difficile de croire qu’elle était trop effrayée pour faire un autre pas en avant il n’y a pas si longtemps.

Et ainsi, les deux files avaient affronté leur premier typhon ensemble.

Le vent soufflait de toutes parts, faisant voler bruyamment leur sac en plastique. Cependant, la grande femme qui tenait le sac semblait indifférente et regardait autour d’elle tandis que ses cheveux dansaient dans le vent.

Les arbres du parc se balançaient de façon spectaculaire, éparpillant leurs feuilles dans les rues. Marie, qui se faisait conduire par la main, commençait à avoir du mal à marcher contre le vent violent sans s’en détourner.

Quelque chose avait éclaboussé sa joue, puis une autre, et avant qu’elle ne le sache, des gouttes de pluie avaient commencé à tomber partout. Le bruit du vent s’était rapidement transformé en quelque chose de lourd et de solide, et les yeux de Marie s’étaient ouverts en grand.

« Ah ! Il pleut ! Ça tombe fort, on devrait se dépêcher ! »

« Oui, c’est une sacrée averse. Si je lâche ta main, tu risques de t’envoler, petite elfe. J’aimerais voir si tu peux vraiment voler sur ces toits. »

« Oh, arrête ! » Marie avait entouré Wridra de ses bras par-derrière. L’Arkdragonne fut prise au dépourvu par cela, mais se retrouva à se sentir plutôt ravie. Les nuages denses qui volaient au-dessus de leur tête s’écoulaient aussi rapidement que la rivière qu’elles avaient vue plus tôt. Mais alors que les gouttes de pluie tombaient sur leurs vêtements et sur leur peau, elles s’amusaient bien plus qu’elles ne l’avaient jamais fait sous la pluie auparavant.

Le son vif des rires endiablés et des cris aigus semblait détourner le bruit du torrent pluvieux. Leurs voix résonnaient sur tout le chemin du retour.

Marie retira ses vêtements trempés de sa peau, puis elle fit une tête plutôt mécontente. Même dans la cabine d’essayage sombre et non éclairée, le bruit de la pluie pouvait encore être entendu.

« L’imperméable n’était pas de taille face à un typhon. Il était inutile d’en porter un. »

Ses vêtements étaient complètement mouillés. Il avait été difficile de se déshabiller tout de suite, et elle s’était plainte tout le temps en luttant pour les enlever. Elle frissonna au contact de l’air frais et de l’eau qui ruisselait dans ses cheveux et dans son dos.

Quand elle jeta un coup d’œil dans la salle de bain, elle vit que Wridra tournait le bouton de la douche. L’eau chaude commença à jaillir, remplissant la salle de bain de vapeur.

« Quel luxe que de pouvoir distribuer de l’eau chaude immédiatement ! »

« Wridra, tu devrais arrêter de l’apprécier et te déshabiller. Nous n’avons pas le temps de prendre une douche à tour de rôle alors que nous sommes toutes les deux trempées. Dépêchons-nous et entrons. »

Wridra hocha la tête, puis retira sa chemise et son pantalon d’un seul coup. Peut-être avait-elle prévu le coup et choisi de porter des vêtements faciles à enlever ? Alors que Wridra se tenait là, avec son corps séduisant exposé sans la moindre pudeur, Marie s’était aperçue que c’était elle qui était gênée pour une raison ou une autre. Sa bouche s’était ouverte avant de se fermer à la chaîne pendant un moment, puis elle avait émis une plainte.

« Tu devrais apprendre à être un peu plus modeste. Tu devras te changer correctement dans les vestiaires quand nous irons à Izu, tu sais ? »

« Hm ? Mais nous pouvons simplement nous habiller dans la voiture. Agh, fais comme tu veux. Je préférerais ne pas avoir affaire à une petite elfe et un humain acariâtres. J’utiliserai le soi-disant vestiaire si tu insistes. » Wridra savait déjà qu’il n’y avait pas à discuter quand Marie fronçait les sourcils et faisait cette moue mécontente. Elle avait agité ses mains dans un geste de reddition, et Marie avait semblé satisfaite.

La pluie continuait de s’abattre sur Koto Ward à l’extérieur, mais la douche chaude semblait atténuer un peu sa frayeur. « Tu as failli être emporté par le vent sur les toits, petite elfe, » taquina Wridra dans la salle de bain remplie de vapeur. Dans le salon, le DVD qu’elles avaient loué les attendait. Marie était impatiente de le regarder, et elle avait l’impression que sa peur des typhons sera complètement oubliée à ce rythme.

Juste à ce moment-là, de l’eau chaude avait été projetée sur elle, et elle avait éclaté de rire pour une raison quelconque. Peut-être était-ce à cause de la joie qu’elle avait vue sur le visage de Wridra.

Il y a un proverbe qui dit : « Danger passé, Dieu oublié. » Le typhon qui avait semé la peur dans le cœur de Marie changeait de forme à l’intérieur d’elle. Bien que ce soit toujours une journée effrayante dans l’ensemble, elle comprenait maintenant que ce n’était pas aussi terrible qu’elle l’avait pensé, tant qu’elle était préparée.

Lorsque le typhon était pleinement arrivé dans la zone, il avait répandu d’énormes perles de pluie et des vents de tempête tout autour de Koto Ward. Les fenêtres de la pièce avaient tremblé et grincé terriblement. Cependant, il semblait que le typhon s’éloignait de la résidence d’une certaine elfe, peut-être à cause des voix joyeuses qui résonnaient dans la salle de bain.

Quelque temps plus tard, Wridra avait sorti le DVD du sac pour y découvrir l’image d’un dinosaure montrant ses crocs. Le film qu’elles avaient choisi de regarder pendant le typhon portait sur les créatures anciennes connues sous le nom de dinosaures. Marie s’était demandé si elle pouvait utiliser la carte de membre de Kitase, et elle avait été soulagée lorsque l’employé du magasin de location n’avait rien dit à ce sujet.

« C’était plutôt amusant de ne pas avoir d’autres clients dans le coin à cause du typhon, » dit Marie en ouvrant le réfrigérateur pour prendre du jus. Elle avait déjà enfilé son pyjama à demi manches et une serviette de bain pendait sur son épaule.

« En effet, la ville avait l’air complètement différente aujourd’hui. Les volets étaient baissés un peu partout. Cela me rappelait le pays de l’autre côté… Ah, ce jus est pour moi ? Hm, tu feras une bonne épouse un jour, Marie. » Wridra sourit joyeusement en acceptant le verre de jus de pêche que Marie lui tendit.

Il n’y avait rien de mieux qu’un verre de jus de pêche bien frais après une douche chaude pour se laver de la pluie. La texture épaisse, l’arrière-goût rafraîchissant et la douceur fruitée étaient un pur bonheur lorsqu’elle le buvait.

« Simplement paradisiaque. Hm, tu sembles maintenant avoir une connaissance approfondie des boissons de ce pays. Ne me dis pas que tu as essayé différentes boissons tous les jours. » Les épaules de Marie se contractèrent, mais elle ne se retourna pas d’où elle se tenait dans la cuisine. À en juger par la façon dont ses longues oreilles se balançaient, la supposition de Wridra était probablement correcte.

Elle avait pris une autre gorgée de sa boisson rafraîchissante, puis regarda par la fenêtre. La pluie qui éclaboussait la vitre devint de plus en plus forte et gronda bruyamment.

***

Partie 3

Il était compréhensible qu’un enfant le trouve intimidant. Mais s’il restait simplement dans sa chambre, sa peur ne serait jamais résolue. Kitase était surprotecteur dans ce sens, mais s’il avait été en vie aussi longtemps que Wridra, il aurait également pu adopter son processus de pensée.

Wridra considérait à quel point elle avait été influencée par lui. Au début, elle était si fatiguée de s’occuper de ses petits, mais maintenant, elle ne pouvait plus s’en passer. C’était en partie la raison pour laquelle elle envoyait de moins en moins souvent son double au Japon. Mais il était difficile pour elle d’arrêter complètement les visites. Après tout, elle aimait Mariabelle et Kitase comme s’ils étaient ses propres enfants. Peut-être qu’un jour, elle les laisserait jouer avec sa propre progéniture. Si ce jour devait arriver, le manoir qu’ils construisaient au deuxième étage du labyrinthe serait l’endroit idéal pour le faire.

« Hah, hah, on dit que les enfants ont tendance à ressembler à leurs parents. Je ne m’attendais pas à devenir plus humaine à la place. » Elle ne pouvait plus empêcher son sourire de s’étendre. Wridra n’avait jamais imaginé qu’elle deviendrait le type de parent adorateur, mais il n’y avait pas grand-chose qu’elle pouvait faire maintenant qu’elle l’était. Elle continuerait à profiter de la vie et à les regarder grandir. Alors que ces pensées occupaient son esprit, une douce odeur avait rempli l’air. Cela ressemblait à des pommes de terre rôties, et cela semblait provenir de ce que Marie était en train de cuisiner. Mais quelle pouvait être cette odeur séduisante ?

Elle se leva et jeta un coup d’œil par-dessus l’épaule de Marie pour découvrir la nourriture appétissante qui se trouvait devant elle.

« Ah, un plat frit. Ça sent très bon. Je vais en goûter un morceau… »

« Quand as-tu l’intention de changer de serviette de bain ? Il est interdit de se promener en ne portant qu’une serviette de bain dans cette maison. Tu ferais mieux de t’habiller, ou pas de film et d’encas pour toi. »

« Non, attends ! Je vais m’habiller, donne-moi juste un instant ! » Il était difficile de croire que Marie avait été effrayée par le typhon qui s’était abattu sur elle plus tôt dans la journée. Wridra avait failli dire cela à voix haute, mais au lieu de cela, elle s’était précipitée à grandes enjambées de peur de se faire confisquer les collations.

Marie saupoudra de sel les pommes de terre fraîchement frites. Et ainsi, le plat parfait pour regarder des films était complet… celui que l’on appelait communément « frites ».

Cependant, il était essentiel de ne pas sous-estimer cet aliment en raison de sa simplicité. Il fallait enlever l’amidon en trempant les pommes de terre dans l’eau, puis les essuyer et les frire deux fois à feu doux et à feu vif. Les dents des filles s’étaient enfoncées dans l’extérieur croustillant des frites et dans leur intérieur chaud et doux. Elles avaient souri en goûtant la saveur simple, mais délicieuse sur leurs langues.

« Ah, c’est excellent ! Vraiment le casse-croûte parfait pour regarder des films. Non seulement tu es une beauté, mais tu sais aussi cuisiner. Tu feras une excellente épouse. »

« Héhé, je me suis entraînée tous les jours, tu sais. S’il y a bien une chose pour laquelle Kazuhiro-san est doué, c’est la cuisine. Je ne peux pas me permettre de perdre face à lui en tant que femme. » Hmm, elle ne nie même pas être appelée une épouse… pensa Wridra. Elle voulait le faire remarquer, mais décida que le risque de se voir retirer ses frites n’en valait pas la peine.

Et c’est ainsi que le film de dinosaures avait commencé avec le bruit du typhon en arrière-plan. Pour l’anecdote, elles avaient choisi ce film par curiosité, puisque les dinosaures n’existaient pas dans leur monde.

« Maintenant que j’y pense, ils sont similaires aux Koopahs qui sont apparus à l’oasis. »

« Oh, oh, regarde-moi ça ! Si grand. » C’était beaucoup plus réaliste que ce à quoi elles s’attendaient, et il y avait une variété étonnamment large d’espèces. Il semblait qu’elles étaient largement séparées entre les carnivores et les herbivores.

« Les humains sont assez audacieux pour utiliser ces créatures à des fins lucratives. Oh, cet herbivore a un si long cou. Ses yeux de fouine sont adorables. »

« Ils semblent être différents des dragons. Ils ont l’air super, cependant. J’apprécie tous les carnivores puissants aux crocs acérés. » Les deux femmes se regardèrent avec étonnement en mâchonnant leurs frites.

L’intrigue du film était assez simple. Les humains avaient ressuscité des dinosaures afin de les utiliser pour gagner de l’argent, mais un accident les avait rendus incontrôlables, provoquant une panique générale.

Elles avaient loué la vidéo par pure curiosité pour les dinosaures, mais il est devenu évident que l’histoire était parfaite à regarder pendant un typhon. Alors que les hommes du film criaient avec impuissance, un puissant torrent arrivait dans le quartier de Koto.

La pluie battante à l’extérieur leur donnait l’impression d’être vraiment dans le film, amplifiant leur tension et leur peur. Elles avaient l’impression qu’il était impossible d’échapper aux créatures terrifiantes, même en courant. Ce sentiment d’horreur faisait partie du plaisir, mais comme elle n’avait pas encore développé une grande tolérance pour ce genre de divertissement, Marie s’était simplement figée sur place avec des frites encore dans sa main.

Le prédateur colossal avait regardé l’un des personnages de ses yeux horribles et affamés. Tout être confronté à une telle créature était rendu complètement impuissant. Et ainsi, une autre victime était tombée.

« Je n’aime pas ça. Où sont passés tous les mignons herbivores ? »

« Hm, celui-ci est assez puissant. Peut-être même plus fort qu’un Koopah avancé. » L’homme à l’écran avait finalement trouvé la lampe qu’il avait fait tomber, et il l’avait allumée pour trouver du réconfort dans la lumière.

Cependant, la lumière avait révélé l’œil géant d’un reptile, et la façon dont ses pupilles s’étaient dilatées avait fait naître la peur dans le cœur des spectateurs. C’était le côté effrayant de ces films à suspense. Ils avaient toujours une façon de bercer le spectateur dans un faux sentiment de sécurité avant la frayeur. Bien que simple, cette méthode était très efficace.

« Eeeeeek ! » Wridra ne savait pas comment réagir lorsque Marie l’entoura de ses bras en réaction.

L’Arkdragon réalisa qu’elle pouvait murmurer quelque chose d’effrayant à l’oreille de l’elfe pour obtenir une réaction encore plus forte de sa part. L’idée était terriblement tentante. En même temps, elle était impressionnée que Kitase ait été capable de résister à une telle réaction pendant tout ce temps.

Marie s’accrocha à Wridra de toutes ses forces, tremblant au son de la pluie qui claquait contre les fenêtres. Maintenant qu’elle était à la place de Kitase, elle était étonnée qu’il puisse supporter la sensation du cœur battant et des seins de Marie pressés contre lui. On ne pouvait nier qu’il avait beaucoup de retenue.

« Hm, je te suggère de ne jamais regarder de films avec un autre homme. »

« Hein ? Qu’est-ce que tu… Oh non ! Il court après la voiture ! » Marie semblait plutôt angoissée, mais ce film était considéré comme l’un des films à suspense les plus gentils. Après tout, les bonnes personnes avaient survécu à la fin, et après le point culminant de l’histoire, la nuit d’horreur avait pris fin et le spectateur avait été récompensé par la vue d’un beau ciel bleu. Marie poussa un soupir de soulagement.

Puis, Wridra remarqua quelque chose.

Elle avait poussé l’épaule de l’elfe, puis elle fit un geste vers la fenêtre. On pouvait voir la lumière du soleil à l’extérieur. Après le passage d’une violente tempête, une vue fascinante était toujours laissée dans son sillage. Un beau ciel bleu et clair, à perte de vue.

« Wow… Ça s’est éclairci tout de suite. » En voyant l’expression de stupéfaction sur le visage de Marie, Wridra ne put s’empêcher d’éclater de rire. Elle avait ensuite ouvert complètement la fenêtre, laissant entrer une bouffée d’air frais. Les deux femmes prirent béatement de profondes respirations, leurs cheveux à moitié séchés ondulant dans le vent rafraîchissant.

« Mm, ça fait du bien ! »

« Hah, hah, tout à fait sensationnel. C’est donc à ça que ressemble le sillage d’un typhon. Je dois dire que je pourrais m’habituer à cette sensation. »

Il était difficile de croire que Marie était trop figée par la peur pour faire un seul pas en avant. « Ouais ! » Elle acquiesça aux paroles de la dragonne, ses yeux violets s’illuminent d’étonnement. Alors que le générique défilait derrière elle, elle fixa le ciel bleu.

À ce moment-là, elle avait eu le sentiment que la prochaine fois qu’un typhon arrivera, elle l’attendrait avec un cœur plein d’anticipation et d’émerveillement.

Les deux femmes se tenaient épaule contre épaule, profitant ensemble de la vue du ciel d’été.

§

Mariabelle était en train de lire lorsqu’elle entendit la porte d’entrée s’ouvrir, et elle se leva aussitôt de sa chaise. C’était, bien sûr, Kitase qui était apparu en costume et arborait une allure pleine d’excuses, si rare pour lui.

« Désolé d’être en retard, Marie. Le train a été retardé à cause des vents violents, et je n’ai pas pu acheter de nourriture pour le dîner. Attends, qu’est-ce qui sent si bon ? » Marie avait pris son sac avec une expression joyeuse, et Kitase avait desserré sa cravate en reniflant l’air, confus. La pièce était remplie d’une odeur d’épices et d’assaisonnement. Il ne put cacher sa surprise lorsqu’il vit ce qui se trouvait dans la cuisine.

« Wôw, tu as fait du curry ? C’est incroyable. Moi aussi, j’avais faim. »

« Héhé, je pensais bien que tu rentrerais tard. Maintenant, prends un siège une fois que tu t’es changé. Nous avons la descente au troisième étage qui arrive ce soir, tu sais. » Wridra avait observé les deux individus du coin de l’œil en lisant un magazine, et elle les avait trouvés réconfortants pour une raison inconnue. Elle ne pouvait pas s’en empêcher après avoir vu les efforts de Marie pour agir comme si elle n’avait pas eu peur du typhon. Sans compter que l’expression de son visage indiquait qu’elle était impatiente de lui faire goûter son curry.

Wridra prit une gorgée de son café et cacha son sourire pour que les autres ne le voient pas. Il semblerait que le typhon et la journée de travail de Kitase se soient terminés sans incident.

***

Chapitre 9 : Début du raid au troisième étage

Partie 1

La porte séparant le deuxième et le troisième étage s’étendait loin au-dessus de la tête, et des motifs simples en forme de treillis y étaient gravés. La gemme géante enchâssée en son centre émettait une lueur de platine, et il semblait avoir un mécanisme qui déverrouillait la porte une fois que le maître du deuxième étage était vaincu.

Des bruits sourds et lourds retentirent lorsque la porte s’ouvrit, et la poussière qui s’était accumulée pendant des centaines - non, des milliers d’années, fut remuée par le mouvement. Elle tomba comme une pluie de neige noire, révélant aux soldats l’escalier menant au troisième étage.

La quarantaine de personnes réunies là étaient entièrement armées, et chacune d’entre elles avait franchi la porte sans qu’aucun mot ne soit échangé. Parmi ces membres qui s’apprêtaient à affronter les épreuves inimaginables qui les attendaient, l’homme musclé connu sous le nom de Zera marmonnait pour lui-même,

« Ils ont dormi ici, n’est-ce pas ? »

« Chut ! Ne vois-tu pas que Sire Hakam est de mauvaise humeur ? »

Le raid au troisième étage était officiellement en cours, mais les recrues très attendues de l’équipe Améthyste, qui avaient déclaré qu’elles se joindraient à eux juste pour le plaisir, étaient absentes. Le chef du raid, Hakam, était resté silencieux avec un regard aigre sur son visage. Bien que leur absence soit due au fait qu’ils avaient été retardés par le typhon géant sur le chemin du retour, expliquer les circonstances météorologiques dans un autre monde ne ferait qu’engendrer la confusion.

Trente minutes plus tard, Kazuhiho et son groupe arrivèrent enfin sur les lieux et ils se rendirent directement au quartier général pour s’incliner profondément en signe d’excuse, comme s’ils s’adressaient à un supérieur au travail. Bien que Kazuhiho ait exécuté une révérence parfaitement respectueuse qui utilisait pleinement son expérience d’adulte actif, Hakam avait donné une réponse simple.

« Je suppose que vous ne faites ça que pour vous amuser, après tout. » Le jeune homme avait l’estomac retourné par le stress, même s’il était dans son rêve.

Pourtant, il avait ses propres circonstances, et il n’avait pas pu éviter le fait que la météo et ses obligations professionnelles l’avaient mis en retard. C’était exactement la raison pour laquelle il avait refusé l’invitation à participer à titre officiel, mais il était peu probable qu’il soit compris.

Et même si Marie avait clairement fait savoir qu’elle était profondément désolée, elle avait habilement utilisé des mots comme « Parce qu’il était en retard… » pour éviter de nuire à la réputation de la Guilde des Sorciers et à la sienne.

Malgré le déshonneur de devoir s’excuser et s’expliquer, l’équipe Améthyste avait également commencé à participer au raid.

Après s’être inclinés plusieurs fois, ils se dirigèrent finalement vers l’escalier menant droit devant. Kazuhiho se fit rabrouer par Marie tout au long du chemin, mais il semblait que l’humanité était à la merci de la météo, comme cela avait toujours été le cas.

§

Il était enfin temps que le raid sur le troisième étage commence.

Bien que nous ayons déjà reçu une réprimande le premier jour, il n’y avait pas de raison de s’inquiéter de cela maintenant. Nous aurions tout le temps de nous racheter, et c’est ce que Hakam voudrait que nous fassions.

Nos chaussures avaient claqué contre le sol en descendant l’escalier, et nous avions rapidement remarqué un changement dans le décor. Les murs étaient assez simples au début, mais les esprits de lumière qui flottaient autour de Marie avaient révélé les gravures gothiques sur les niveaux inférieurs. Les piliers et les murs étaient couverts de motifs complexes, et il était clair qu’on y avait consacré beaucoup plus de temps qu’aux autres étages.

« Les labyrinthes anciens ne sont vraiment pas comme les autres. Ils génèrent de précieuses pierres magiques, et les livres qui y sont stockés sont anciens et extrêmement précieux, » dit Marie d’un ton fasciné. Les motifs sur les murs avaient finalement été remplacés par des œuvres d’art murales. J’avais remarqué l’illustration d’un globe oculaire géant, et lorsque Marie avait dirigé l’esprit de lumière loin du mur, la lumière avait révélé l’image entière.

« Hmm, est-ce un monstre ? Ça ressemblait à un Koopah du premier étage, mais je me demande pourquoi ils sont reliés à ces cordes. Peut-être que c’était des animaux de compagnie ? »

« Je suis sûre qu’il y a quelque chose à cela. Ces types d’art mural ont tendance à représenter les structures et les rangs de la société, ou comment la vie était à cette époque. » L’illustration était faite de couleurs variées, et l’art mural semblait nous regarder et faire une grimace tandis que les esprits de lumière flottaient autour. J’avais tendu la main et j’avais découvert qu’elle était lisse et glissante au toucher.

Nous devions nous dépêcher pour rattraper le reste des équipes de raid, mais j’avais l’impression que ce serait du gâchis si nous passions devant cet art mural sans prendre le temps de l’apprécier. Pour nous, découvrir d’autres cultures comme celle-ci faisait partie du plaisir.

Plutôt que le contenu de l’œuvre en soi, je voulais ressentir l’intention de l’artiste qui l’avait réalisée. Comment pensait-il, et pourquoi avait-il laissé ces œuvres derrière lui ? En touchant le mur, j’avais posé une question à voix haute à un autre membre de l’équipe Améthyste.

« Shirley, sais-tu quelque chose sur le troisième étage ? » Elle secoua la tête en signe de regret. Ses cheveux blonds éclatants étaient attachés en arrière, et sa posture avec son dos droit ainsi que ses vêtements lui donnaient une apparence raffinée. À en juger par le fait qu’elle n’avait toujours pas couvert ses yeux, les autres membres de l’équipe du raid n’étaient pas encore tout près.

Si le maître du deuxième étage ne connaissait pas le troisième, peut-être les anciens l’avaient-ils liée d’une manière ou d’une autre pour qu’elle ne protège que le deuxième étage. Marie leva les yeux vers l’art mural pendant que nous continuions à marcher, puis elle parla.

« Regardez, il y a de plus en plus de monstres humanoïdes maintenant. Certains d’entre eux ont plusieurs yeux ou bras, mais… Oh, il y a même un dragon là-bas. Sa couleur noire me rappelle un peu Wridra. »

« C’est presque comme une encyclopédie des monstres. Géants, démons, personnes ailées, spectres et anges ? C’est étrange. Pourquoi des entités du royaume divin traînent-elles avec des monstres ? »

Wridra s’était retournée en entendant son nom mentionné. Comme d’habitude, elle était vêtue d’une armure noire qui avait la forme d’une robe. Elle ne sourit que faiblement en nous regardant, et ne semblait pas avoir l’intention de nous expliquer quoi que ce soit sur l’art mural.

Notre intérêt et notre curiosité s’étaient accrus à mesure que la mosaïque murale devenait de plus en plus complexe. Je savais que nous devions nous dépêcher, mais Marie et moi ne pouvions détacher nos yeux de l’art tout en continuant notre descente.

Les esprits de lumière avaient dansé dans quatre directions, révélant la vue d’ensemble du mur.

« Oh, il y a moins de monstres maintenant, mais ils deviennent plus gros à la place. Peut-être que le gros a mangé les autres ? »

« Hmm, peut-être que celui-là est humain ? On dirait qu’ils forment une petite colonie ici. Regarde par là, Marie. Ce dessin au-dessus de la ville… C’est presque comme Eden. » Marie avait laissé échapper un petit souffle, ses yeux s’étaient écarquillés.

La mosaïque représentait un être divin descendant des cieux. Peut-être que c’était censé être un dieu. Le concept de l’Eden était profondément ancré dans les esprits, ainsi que l’idée qu’il conduirait les âmes des courageux vers une terre de répit. L’équipe de Doula appartenait à une église avec de telles croyances, et il y avait des théories selon lesquelles ils empruntaient la force des dieux pour diriger le peuple.

Mais quelque chose semblait déranger la jeune fille elfe.

« C’est étrange. L’art se concentrait principalement sur les monstres jusqu’à présent, mais un dieu et Eden apparaissent soudainement ? Et ils ne sont pas représentés en opposition avec les monstres. En fait, ils sont traités comme s’ils étaient égaux. »

J’avais regardé son profil et fait un « Hein » sans engagement.

J’avais bien compris où elle voulait en venir. Jusqu’à présent, les monstres étaient illustrés comme s’ils faisaient partie d’une encyclopédie, mais on y voyait soudain l’apparition d’un dieu et le mode de vie des gens. Marie et moi, nous nous étions creusé la tête pour essayer de comprendre pourquoi.

« Mais cela montre que le concept d’Eden existe depuis les temps anciens, » avais-je noté.

« Je trouve cela étrange en soi. Parce que, par exemple, tes compétences empruntent le pouvoir des dieux, non ? »

En effet. Trayn, le guide du voyageur, fait référence au dieu qui veille sur les voyageurs. On dit qu’il n’est lié par rien, et j’emprunterais son territoire pour voyager sur de longues distances. J’avais hoché la tête en réponse à la question de Marie, et elle avait hoché la tête en retour.

« Oui, le dieu du voyage est un dieu particulièrement inconstant et difficile. Il n’accorde pas souvent son pouvoir aux autres, si bien que beaucoup de gens ne connaissent même pas son existence. On ne comprend toujours pas pourquoi il choisit de conférer ses pouvoirs aux gens. Mais à en juger par ce qu’il y a sur ce mur… » L’histoire s’était poursuivie alors que nous continuions à descendre les escaliers. Les humains étant de plus en plus nombreux, les forces des dieux avaient également augmenté, et le conflit s’était divisé en plusieurs factions. D’un côté, les dieux menant les humains, et de l’autre, les monstres.

Nous avions finalement compris l’intention de l’artiste. L’art mural était censé représenter la guerre antique. Les monstres se dévoraient et se frappaient mutuellement pour étendre leurs territoires. De là, les nouveaux êtres connus sous le nom de dieux s’étaient levés pour diriger le peuple.

L’art mural se terminait par une illustration de la Guerre des Démons, la bataille entre les démons et les dieux qui avait été racontée à travers les générations jusqu’à aujourd’hui. La couleur principale était un bleu vif, et je pouvais dire qu’elle avait dû être dessinée par un artiste de renom. Émues par l’énergie pure qui débordait de ce spectacle, Marie et moi, nous nous étions contentés de nous regarder en nous tenant la main.

« Et puis l’âge sombre, l’âge de la nuit, s’est finalement transformé en âge de l’humanité. » Marie n’avait pas répondu, toujours aussi fascinée par la mosaïque murale. Mais il y avait une chance que rien de tout cela ne soit vrai. Cet art avait été créé par un ancien, et non par quelqu’un de l’Âge des Démons ou de l’Âge de la Nuit.

Les dernières gravures étaient les mêmes mots que nous avions lus au premier étage.

La flèche libérée par l’étoile du matin a vaincu les démons.

Le tir arrivera jusqu’à l’étoile fixe avec une puissance qui n’appartient pas à ce monde.

Même les pensées du démon ont été effacées en un instant, et il finira par retourner dans le monde.

Car l’étoile du matin est la chose même qui l’a fait naître.

Au-delà de l’atmosphère, une étoile du matin était tombée des cieux pour être absorbée par l’origine des monstres. Toutes les créatures avaient levé les yeux pour voir ce spectacle, et l’âge de la nuit avait pris fin.

Qu’est-ce qui leur a traversé l’esprit en regardant la même vue après tous les conflits, les batailles et les destructions ? Cette image finale devait avoir été ce que l’artiste voulait le plus dessiner. Les couleurs utilisées en témoignaient, et Marie était étourdie par sa brillance lorsqu’elle parlait.

« Les couleurs sont si mystiques… »

« Ça vous attire vraiment, n’est-ce pas ? Même si c’est un monde bien antérieur à notre époque. » Elle acquiesça.

À ce moment-là, il nous a semblé pouvoir ressentir un souffle d’air venu des temps anciens.

***

Partie 2

Pendant ce temps, il y avait quelqu’un qui surveillait attentivement les environs.

Son corps était couvert d’écailles, et ses yeux étaient ceux d’un reptile.

D’après les quelques informations rapportées par l’équipe d’éclaireurs, il y avait un ennemi problématique quelque part au troisième étage. Cet ennemi avait la capacité particulière de changer les chemins dans l’ancien labyrinthe — un pouvoir qui ferait pâlir de peur toute personne ayant l’expérience du labyrinthe.

Celui qui perd son chemin de retraite devient faible et vulnérable. Par exemple, si quelqu’un se blessait, il serait toujours considéré comme relativement bien portant. C’est parce qu’elle connaît les conditions pour revenir en vie. Mais si elle perdait son chemin de fuite, tout serait jeté par la fenêtre, et elle devrait lutter pour contenir sa terreur. Il n’y a rien de plus horrible qu’une situation dans laquelle on n’a pas d’autre choix que d’aller de l’avant.

Il s’appelle Egriny. Les monstres portant un nom comme le sien étaient spéciaux. Ils avaient droit à une capacité unique grâce à leur puissance impressionnante, et ils étaient assez forts pour combattre d’innombrables envahisseurs à eux seuls. Dans son cas, il s’agirait plutôt d’une dévastation unilatérale que d’un combat.

Après s’être réveillé de son long sommeil, la première chose qu’il fit fut d’anéantir tout le groupe d’éclaireurs. Le spectacle des humains terrifiés qui tentaient désespérément de fuir et qui couraient en rond était assez ridicule. Cependant, Egriny ne ressentait aucune satisfaction à s’occuper d’eux. C’était simplement un travail.

Ses seules tâches consistaient à empêcher tout envahisseur de quitter cet endroit vivant et à le transformer en nourriture pour l’ancien labyrinthe lui-même.

Après tout, cet ancien labyrinthe était assez spécial, et il nécessitait des quantités massives d’énergie maintenant qu’il était à nouveau actif. Il avait entendu dire qu’il y avait eu beaucoup de morts l’autre jour, et qu’ils se rapprochaient du nombre cible.

Lorsque les humains étaient apparus sans avoir appris leur leçon, Egriny s’était demandé pourquoi ils se présentaient juste pour alimenter le labyrinthe, et il avait relevé les coins de sa bouche en un sourire étrange. Il s’était dit que ça ne servait à rien d’essayer de comprendre leurs pensées.

Et maintenant, il accomplissait à nouveau son devoir. Il était en train de fermer la porte géante et de prendre des dispositions pour qu’elle ne s’ouvre pas sans son autorisation.

Cependant, les anciens labyrinthes ne pouvaient pas piéger complètement les envahisseurs à l’intérieur. Un labyrinthe sans entrée ni sortie ne serait pas un labyrinthe. C’est pourquoi il y avait toujours une sorte de route avec un passage menant tout au long du chemin. Mais à cause de son interférence, le labyrinthe était devenu encore plus terrible qu’avant.

Ceux qui avaient emprunté ce chemin étaient morts, un par un. Et une fois qu’ils avaient tous péri, cette porte s’ouvrit enfin… pour accueillir la prochaine victime.

Cependant, il y avait une chose qu’il n’avait pas prise en compte.

C’était Kazuhiho et son groupe, qui avaient dormi et étaient arrivés en retard.

Les quatre fixaient Egriny d’un regard vide, et il réfléchissait. Il devait rapidement décider s’il était préférable pour lui de les éliminer maintenant ou de battre en retraite.

Le combat direct n’était pas son point fort, mais il était suffisamment fort pour atteindre le niveau 90. Sa vitalité pouvait être vue comme étant infinie comparée à celle d’un humain, et avec son corps amélioré par une magie avancée, il pouvait se déplacer si rapidement que l’œil humain ne pouvait pas le suivre.

La longue langue d’Egriny se déploya et se balança tandis qu’il faisait un pas de plus. Depuis qu’il avait goûté aux humains récemment, il avait du mal à contrôler son envie de dévorer.

Il ressemblait à un lézard de huit mètres de haut. Il traversa le mur en silence avant d’atterrir sur le sol. Il n’avait besoin que de quelques pas supplémentaires pour atteindre sa vitesse maximale, se déplaçant si rapidement qu’il laissait le son derrière lui. L’expression surprise du jeune garçon s’était immédiatement rapprochée, et il lui avait foncé dessus avec une puissance qui l’avait réduit en morceaux de viande volant dans toutes les directions… ou du moins c’est ce qu’il pensait.

Confus, Egriny s’était retourné pour trouver le garçon mettant une main sur sa poitrine et laissant échapper un soupir de soulagement. Il semblait qu’il avait manqué son coup. C’était compréhensible, vu que son corps n’était pas encore au mieux de sa forme après un long sommeil. Néanmoins, rater la cible sur cet enfant à l’air endormi était assez choquant.

Le garçon avait ensuite esquivé sa deuxième et sa troisième attaque, le laissant complètement abasourdi. Mais ses yeux étaient comme ceux d’un lézard, ils ne montraient donc pas beaucoup d’émotion.

Puis, la situation avait soudainement changé comme s’il était dans un cauchemar. Egriny pensait être passé à côté de sa cible, mais le garçon était apparu à l’endroit même où il s’était arrêté, brandissant une arme à l’allure impressionnante.

Pourtant, le garçon n’avait pas réussi à porter un seul coup, et même s’il l’avait fait, cela n’aurait eu aucun effet sur l’extérieur épais d’Egriny. Plus surprenante était l’agilité du garçon qui lui permettait de se rattraper instantanément.

Était-ce un rêve, un cauchemar ou une illusion ?

Au fil du temps, la précision du garçon avait augmenté à un rythme alarmant.

Il parlait à une elfe qui semblait être une sorcière, et ses mouvements d’évitement et d’attaque devenaient de plus en plus logiques chaque fois qu’ils échangeaient des mots. Plus troublant encore, il remarqua que le garçon attaquait sa source de magie d’amélioration. Il était clair que les attaques étaient destinées à ouvrir l’armure qui couvrait ses yeux et son dos, et Egriny avait été obligé de battre en retraite. Plus le combat se prolongeait, plus un sentiment inquiétant grandissait en lui, comme s’il avait mis le pied dans un marécage profond. Sans compter qu’il y avait quelque chose d’étrange avec les membres du groupe aux cheveux noirs et blonds du garçon. Elles ne faisaient rien pour aider le combat, mais Egriny les voyait à travers ses yeux spéciaux et trouvait que leurs contours étaient flous.

C’était probablement pour le mieux qu’il avait décidé de ne pas s’engager plus avant avec eux. Cependant, il aurait dû arriver à cette conclusion plus tôt.

Dès qu’il avait escaladé le mur, aucun humain n’aurait pu l’attraper. Mais son cauchemar n’était pas encore terminé. Le garçon était apparu soudainement dans le coin de sa vision, puis avait attaqué son bras qu’il utilisait pour s’agripper au mur. Il n’arrivait pas à croire ce qui se passait, vu qu’il avait grimpé cinquante mètres sur le mur en un instant.

Et ce n’est pas tout, le garçon avait créé une créature volante inconnue à partir d’une pierre magique, attaquant sans relâche Egriny depuis sa position. L’humain n’abandonnait pas, même s’il courait beaucoup.

Avant qu’il ne s’en rende compte, son extérieur endurci avait été terriblement endommagé, et il ne pouvait plus donner de force à ses membres.

Il ne comprenait pas pourquoi il était battu à ce point par quelqu’un qui semblait d’un niveau bien inférieur au sien. L’elfe lui envoyait de temps en temps de la magie par le bas, mais il l’esquivait chaque fois. Il semblait qu’il pouvait l’ignorer pour le moment.

Fwoooooom !

Puis, il avait entendu ce son désagréable. L’épée du garçon émettait un bruit de grincement qui lui fit imaginer l’image d’un météore volant. Quelle était cette chose ? Mais c’était aussi une opportunité inattendue. Tant qu’il pouvait utiliser son incroyable agilité pour esquiver l’attaque, il devait pouvoir se créer une ouverture pour s’échapper.

Il avait atterri sur le sol, se tenant face à face avec l’humain.

Egriny était complètement concentré, attendant le moment exact pour agir.

Et pourtant, ce cauchemar n’en finissait pas. Des murs de pierre avaient soudainement émergé de toutes les directions, et il avait été choqué de constater que sa vision avait été complètement obscurcie.

Il était trop tard pour réaliser que la jeune fille elfe qu’il avait ignorée lui avait tendu un piège. Les murs qui le recouvraient dans quatre directions augmentaient progressivement en épaisseur.

Le problème, c’est qu’il s’agissait de murs qu’Egriny ne pouvait pas contrôler. Ils étaient construits par de puissants esprits, il faudrait donc un temps extraordinaire pour les briser. Il ne leur avait toujours pas montré sa magie qui pouvait reconstruire le labyrinthe, donc c’est par pure coïncidence qu’ils avaient contré sa capacité. Il se trouve qu’il avait été capturé vivant, qu’il y avait un petit trou d’environ dix centimètres de large dans l’un des murs, et que le garçon humain avait une attaque puissante capable de vaincre l’énorme vitalité d’Egriny.

Vwoooooom ! Le monstre était resté bouche bée alors que le son devenait plus fort.

Ce n’est pas possible. Comment était-ce possible ? Pouvait-il vraiment périr par une simple coïncidence comme celle-ci ? Il était un être absolu et puissant, et il n’était pas du genre à mourir comme une grenouille sur laquelle on aurait marché par accident. Il était celui qui apporterait le désespoir et la mort au troisième étage.

Arrêtez…

Une lumière brillante comme celle d’étoiles étincelantes fit irruption dans la petite ouverture des murs, et une onde de choc jaillit de l’épée de l’humain. Egriny laissa échapper un soupir de reddition à la fin, l’impact le pressant de face et se reflétant dans toutes les directions, vaporisant son corps.

§

La porte s’est ouverte avec un bruit lourd et grinçant.

Il y avait un ennemi étonnamment puissant le long du chemin, mais nous venions juste d’entrer au troisième étage, donc nous allions sûrement rencontrer d’autres monstres puissants ici. Cela m’avait fait considérer que le troisième étage était un endroit bien plus effrayant que ce que j’avais imaginé. Je m’étais frotté le visage, me rendant compte que je commençais à sourire.

Eh bien, euh, ce n’est pas que j’aime me battre. C’est plutôt un moyen d’évacuer le stress du travail. C’est-à-dire que ça fait du bien de faire un peu d’exercice, et ce n’est pas que j’aime tuer ou quoi que ce soit dans le genre… Oh, ce n’était pas bon. Je commençais à me trouver des excuses dans ma propre tête.

J’avais pensé qu’il y avait peut-être un problème avec les adultes qui travaillent, mais alors que j’étais sur le point d’aborder quelque chose que je n’aurais probablement pas dû, la porte s’était ouverte avec un bruit sourd.

Les autres équipes de raid attendaient là, et il semblait qu’elles discutaient de ce qu’elles devaient faire après que la porte se soit soudainement refermée sur elles. Ils avaient fait des commentaires sur notre retard, mais nous avions pu ouvrir la porte et vaincre ce monstre sans nom sur le chemin. Pour moi, cela annulait notre retard.

Zera m’avait ensuite fait subir un gros coup de tête. Avec le terrible ennemi que nous devions encore rencontrer et qui allait nous faire perdre notre chemin dans le labyrinthe, j’avais pris douloureusement conscience du fait que la vie n’était pas juste.

À ce moment-là, Marie s’était approchée par-derrière et avait sauté sur mon dos.

« Vas-tu bien ? Encore fatigué de ce premier combat ? »

« Oh, non, c’était un excellent échauffement. Mais j’ai entendu dire qu’il y a un ennemi unique à cet étage qui va faire perdre une certaine elfe mignonne, » avais-je répondu, et un beau sourire s’était répandu sur son visage. Je m’étais demandé pourquoi elle n’avait pas l’air d’avoir peur de se perdre, mais en y réfléchissant, nous avions avec nous un Arkdragon qui pouvait invoquer des portes d’ombre. Alors oui, elle n’avait pas vraiment de raison d’avoir peur.

« Oh, mon Dieu, c’est assez effrayant. Viendrais-tu me chercher si jamais je me perdais ? »

« Si tu te perds, tu devrais laisser une trace de casse-croûte comme dans le livre que nous avons lu l’autre jour. Comme ça, je pourrais la suivre pour te retrouver. Alors, qu’as-tu apporté aujourd’hui ? » avais-je demandé. Elle avait gloussé joyeusement, puis avait fouillé dans son sac et en avait sorti du chocolat. Il était dans le genre de boîte que l’on pouvait ouvrir et secouer pour en faire sortir plusieurs morceaux à la fois. Mais l’expression de son visage me disait qu’elle n’en ferait jamais tomber par terre, même si elle se perdait.

J’avais regardé à côté pour trouver Shirley accroupie sur le sol. Je m’étais demandé ce qu’elle faisait et je m’étais approché d’elle, Marie toujours sur mon dos, puis j’avais remarqué qu’elle touchait le cadavre du monstre que nous avions vaincu plus tôt.

Il avait été frappé par un impact dévastateur. Le monstre ne conservait plus sa forme, et il avait été réduit à un tas de sable blanc. Je ne pouvais m’empêcher de me demander ce que faisait Shirley, alors que les restes étaient dispersés par un coup de vent. Curieux, j’avais fait descendre Marie de mon dos et j’avais jeté un coup d’œil pour le découvrir.

« Shirley, qu’est-ce que tu fais là ? »

Je venais de remarquer que Shirley avait déjà couvert ses yeux avec son voile. Elle s’était retournée, et ses lèvres lustrées avaient formé un sourire. D’habitude, elle avait des expressions enfantines, mais elle avait un air étrangement mature quand elle était en public comme ça. Mais en tant que faucheuse, c’était une femme tout à fait inhabituelle, et nous étions très intéressés par le genre de pouvoirs qu’elle avait. J’avais pensé qu’elle se battrait avec une faux comme avant, mais elle ne semblait pas avoir d’arme sur elle.

Shirley avait touché le tas de sable du bout du doigt. Il avait alors commencé à fondre soudainement, et s’était transformé en quelque chose comme de l’argile.

« Wow, je n’ai jamais entendu parler de quelqu’un qui puisse modifier un monstre vaincu, » déclara Marie, et j’étais tout aussi surpris qu’elle. Les monstres commençaient à se décomposer dès qu’ils mouraient, pour finalement être réduits en cendres et disparaître complètement. Mais la substance qu’il était devenu bouillonnait maintenant, devenant plus petite à mesure qu’elle devenait plus dense. Un objet métallique était alors apparu, et Shirley l’avait ramassé du bout des doigts.

« Oh, quel genre de clé est-ce… ? » Shirley observa l’expression de surprise de Marie, puis elle plaça l’objet dans sa main et elle sourit comme pour dire : « Pour toi. »

C’était une clé à l’aspect étrange. Son design était simple, et je pouvais vaguement ressentir une certaine magie. J’avais tout de suite ouvert l’écran d’état pour vérifier nos biens, mais la description ne disait que « Déverrouille une serrure invisible. »

***

Partie 3

« Hmm, un trou de serrure invisible ? Peut-être qu’il y a une porte spéciale quelque part dans l’ancien labyrinthe. » Je trouvais curieux qu’il soit question d’un trou de serrure invisible plutôt que d’une porte cachée. Nous avions déjà découvert des coffres au trésor et des portes secrètes, mais nous étions capables de les ouvrir normalement en utilisant la magie. Bien sûr, la fois où notre propre Arkdragon avait ouvert un coffre au trésor en grand était une exception.

Nous pourrions éventuellement avoir besoin de la clé pour quelque chose, alors j’avais décidé de la mettre dans mon sac pour la garder en sécurité.

« Oh, regardez ! Le sable change de forme ! » L’argile de tout à l’heure avait changé pendant que nous étions distraits par la clé. Je m’étais retourné pour voir de quoi Marie parlait et j’avais vu qu’elle avait pris la forme d’un lézard recouvert d’un extérieur lisse. Il clignait avec des yeux de fouine, et ressemblait à un animal de compagnie adorable.

Le lézard sauta sur le bras de Shirley et il s’arrêta là. Voyant Marie le regarder avec fascination, Shirley s’était rapprochée comme pour dire : « Tu peux le caresser si tu veux. »

« Oh, wôw, je peux ? Ça ne va pas mordre, hein ? Es-tu sûre ? O-Okay, j’y vais… »

Elle s’était approchée avec précaution et avait touché l’étrange créature nouveau-née. Elle l’avait légèrement pressé du doigt, mais il n’avait pas eu de réaction négative. J’avais été surpris par sa docilité, alors que nous venions de le combattre.

En un rien de temps, Marie avait frotté le menton du lézard, qui avait répondu en poussant un cri de joie. Les yeux violets de Marie s’étaient illuminés.

« Si adorable ! Comment t’appelles-tu ? »

Egriny.

Le mot avait soudainement surgi dans mon esprit, et mes yeux s’étaient élargis de surprise. Marie faisait la même tête, il avait donc dû projeter ses pensées sur nous tous en même temps. C’était une créature étrange en effet, si elle était capable d’envoyer des mots directement dans nos esprits.

Shirley, qui était tout sourire en regardant notre échange, avait fait apparaître un grand livre sorti de nulle part. Il était trop grand pour tenir dans une poche, et il était assez épais.

 

 

Elle feuilleta des pages vides avant d’atteindre la catégorie « créatures » et « reptiles », et je m’étais demandé ce qu’elle faisait maintenant.

Peut-être était-il temps de dire au revoir. Egriny grignota légèrement le doigt de Marie, puis sauta sur le livre. L’instant d’après, il était parti.

« Oh, est-ce qu’il vient de se fondre dans le livre ? Regarde ça, cette photo lui ressemble. »

« Tu as raison. C’est écrit “Egriny” juste au-dessus de sa tête. Peut-être que Shirley peut mettre les monstres dans les livres. »

« Hm, il y a aussi quelque chose d’étrange dans ce livre. On devrait peut-être l’appeler le livre des monstres. Mais ils contiennent de vrais monstres plutôt que de simples images. Tes pouvoirs sont très uniques et intéressants, Shirley. »

Elle semblait ravie du compliment. Shirley serra son livre contre sa poitrine, puis murmura « Merci. »

Nous étions surpris de voir tant de nouvelles choses, mais Shirley était la gardienne du deuxième étage verdoyant et une faucheuse qui présidait à la vie et à la mort. Il était clair que ses pouvoirs ne seraient pas les mêmes que ceux d’un aventurier normal. Il était difficile de prévoir l’ampleur de ce qu’elle accomplirait à l’avenir, mais en rougissant joyeusement devant nous, elle ressemblait à une jeune écolière ordinaire.

§

Il se trouve que plusieurs hommes étaient également réunis au même étage que Kitase et son groupe. Ils étaient dans une pièce en pierre faiblement éclairée, et à en juger par la couverture en fourrure sur le sol, ils venaient de prendre un court repos.

La raison pour laquelle ils avaient pu arriver plus vite que le commando d’Arilai était liée au sang qui coule dans leurs veines. Ils étaient bien plus proches des monstres que des humains, ce qui leur permettait de passer à côté des monstres du labyrinthe.

Les membres réunis ici étaient considérés comme des combattants d’élite. Ils avaient perdu beaucoup de leurs membres dans une embuscade à l’étage précédent, et ceux qui étaient tombés en premier étaient ceux qui étaient moins habiles que les survivants.

« Eh bien, nous nous sommes essentiellement débarrassés des mauviettes qui nous entraînaient vers le bas. Pas de problème. » L’orateur était un homme à l’air sournois avec une barbe non entretenue. Il s’était déjà battu avec un certain jeune homme à l’oasis et avait plus que tenu son rang.

La femme en armure connue sous le nom de Kartina était enragée par ce commentaire, et elle s’était approchée de lui par-derrière, puis elle l’avait attrapé par l’épaule.

« Bâtard ! Tu fuis au premier signe de danger, et tu oses traiter mes hommes de mauviettes !? »

L’homme observa la fureur dans les yeux de Kartina en silence, puis expira par le nez et attrapa son bras. Il déplaça son poids pour soulever Kartina de ses pieds, puis elle la jeta par-dessus son épaule et la plaqua sans pitié contre le sol.

Il s’agissait moins d’une technique habile que d’un adulte maîtrisant un enfant par sa seule force, et la femme était restée allongée, le souffle coupé. L’homme avait immédiatement reculé le bras de Kartina, la forçant à ramper sur le ventre.

La différence de puissance était évidente, et la raison en était simple.

Si un homme et une femme avaient un entraînement égal, l’homme aurait l’avantage en force sur la femme. Afin de combler cette lacune, Kartina avait traversé plusieurs pays pour s’entraîner à l’épée, mais son visage avait été écrasé avant qu’elle puisse en faire usage.

Après une légère pause, l’homme souleva le visage rouge de la femme. Il chuchota ensuite à son oreille.

« Hm… Maintenant, tu sais exactement pourquoi tes hommes se sont tous fait avoir. Petite miss chef des mauviettes, prétendant être un chevalier. Qu’est-ce qui ne va pas ? Ton nez saigne. »

Des rires éclatèrent tout autour de Kartina, et elle se sentit devenir enflammée de rage. Bien que le sang sauvage en elle se soit dilué au fil des générations, cela avait réveillé quelque chose en elle, rendant ses griffes et ses crocs plus acérés. Bientôt, elle ne verrait plus que du rouge et massacrerait ceux qui l’entourent dans un accès de fureur débridée. Au moment où cette pensée lui traversa l’esprit, un orteil s’enfonça dans son flanc avec un lourd bruit sourd. Elle tressaillit, puis vomit son acide gastrique sur le sol.

« Que fais-tu, Kartina ? Essaies-tu de me défier ? » Le coup de pied ne venait pas du même homme qui l’avait jetée à terre. Elle leva les yeux avec le liquide qui pendait encore de sa bouche et vit un homme debout avec une expression sans émotion. Il était le chef responsable de ce plan. Il avait fait un mouvement pour frapper l’attaquant original de Kartina afin de le punir également, mais il avait immédiatement relâché son emprise sur Kartina et s’était éloigné d’un bond.

« Silence, bande d’animaux. Si vous vous mettez en travers de la mission, je vous donne à manger aux monstres sur-le-champ. » Son ordre était comme un poids sur le groupe entier, et ils s’étaient tous tus immédiatement. Il y avait une présence puissante en lui, ce qui était nécessaire pour gérer un groupe brutal comme celui-ci.

Le capitaine avait ricané, puis il avait tourné le dos aux autres.

La « mission » dont le capitaine avait parlé plus tôt consistait à prendre le contrôle de la relique située au troisième étage. Quelques sorciers noirs encapuchonnés étaient assis sur le sol, lançant une malédiction pour contrôler le terminal qui avait été laissé par les anciens.

En raison de la densité de la magie canalisée, les motifs complexes émis par la malédiction pouvaient être vus même à l’œil nu. Un faisceau de lumière s’était étendu vers ce qui ressemblait à un réservoir d’eau géant. Il semblait qu’ils avaient fait une percée, et le réseau de malédictions avait commencé à se lier au terminal et au réservoir d’eau un par un.

La sagesse des anciens avait rapidement été démêlée. Une image était apparue dans l’air avec un vwoom électronique, et ils avaient tous élevé la voix de surprise en même temps.

« Ah ! Voilà donc la disposition et la position de chaque monstre au troisième étage ! »

« Niveau 82… 99… Ces chiffres sont incroyables. Mais avec ça, nous pouvons écraser n’importe quel envahisseur qui ose mettre un pied à l’intérieur ! »

Les monstres présentés étaient tous de haut niveau. Les chiffres représentant la puissance des monstres étaient tous bien plus élevés que ce à quoi ils s’attendaient. S’ils pouvaient contrôler ces monstres, ils pourraient repousser les forces d’Arilai avec facilité. C’est pourquoi le capitaine avait dit qu’ils comprendraient assez vite il y a quelques jours. Ceux qui étaient rassemblés là avaient une lueur d’espoir dans leurs yeux.

Mais une personne parmi eux, celle qui dirigeait le reste de l’équipe, s’était dit que quelque chose clochait. Il aurait dû y avoir un monstre unique capable de changer la structure du labyrinthe. Il fronça les sourcils en lisant la liste, ne voyant son nom écrit nulle part. Pourtant, il n’y avait pas de temps à perdre. Ses semelles claquent sur le sol et il fit un pas en avant.

« Commençons. Il est temps d’éradiquer les chiens d’Arilai. » Les coins de ses lèvres se retroussèrent en un sourire intense, et il commença à faire fonctionner le terminal. Sur l’écran, un monstre de haut niveau appelé dragon de chaleur était apparu.

Jusqu’à présent, le géant se promenait nonchalamment dans le labyrinthe pavé de pierres, mais il s’était soudainement arrêté. Il avait alors regardé autour de lui avec son long cou et avait reçu un signal du contrôle central.

Le dragon avait changé de direction, et des étincelles avaient jailli de ses griffes acérées alors qu’il se précipitait en avant. Il avait battu des ailes une fois pour voler juste au-dessus de la balustrade. Une falaise abrupte se trouvait juste devant, mais il avait plongé dans l’obscurité sans hésiter. D’après ses mouvements, il savait que les envahisseurs étaient en bas.

Le dragon qui avait reçu l’ordre d’exterminer tous ses ennemis était un monstre terrifiant d’un niveau supérieur à 100. Comme son nom l’indique, le dragon de chaleur pouvait expulser un fluide visqueux semblable à de la lave. Bien sûr, tout humain qu’il touchait était englouti par les flammes et brûlé vif.

Les dragons étaient des créatures spéciales.

Ils avaient en eux un organe appelé noyau de dragon, et la magie et la force vitale qu’il générait étaient pratiquement infinies du point de vue d’un humain. Même si quelqu’un réussissait à décapiter un dragon par miracle, il pouvait continuer à se battre sans sa tête pendant un mois d’affilée.

Le dragon de chaleur avait déployé ses ailes rouge sang et avait pris son envol. Il allait bientôt réduire en poussière les intrus stupides. Ensuite, la bataille se déroulera du labyrinthe obscur jusqu’à la surface.

§

Lorsque Marie et Shirley étaient retournées auprès des autres, les groupes étaient en pleine discussion. Il semblait qu’ils décidaient de la direction à prendre maintenant que les quatre équipes et l’organisation de taille moyenne de Gaston allaient travailler ensemble.

La discussion s’était centrée sur les leaders de chaque groupe, Kitase étant l’un d’entre eux. Marie se tenait à côté de lui, et Kitase l’avait saluée d’un « Bon retour. »

« Marie, c’était dans le rapport préliminaire, mais les outils magiques sont devenus instables au troisième étage. Notre liaison ne fonctionne pas non plus correctement, donc la carte ne sera pas d’une grande utilité. Nous devons supposer que nous ne pourrons pas entrer en contact avec le QG pendant un certain temps. »

« Oh, vraiment ? Donc, nous sommes essentiellement coupés du monde extérieur pour le moment. »

« Je me doutais que ça arriverait. Enregistrons notre groupe de raid tant que nous le pouvons. » Le groupe acquiesça à la remarque de Zera, puis chacun commença à utiliser son terminal. Même si les équipes étaient séparées, elles seraient maintenant capables d’avoir une idée générale de leurs positions grâce au Lien Mental.

La femme aux cheveux roux, Doula, qui avait vérifié son outil magique jusqu’à présent, avait alors scruté son environnement.

« Regardez, il y a des trucs qui poussent partout dans cet endroit. Ça doit être ce qui interfère avec le flux de la magie ici. La carte fonctionne toujours, mais la portée est beaucoup plus limitée. » Kitase avait pu voir que les bords de la carte étaient flous. Puisque le support d’Aja ne pouvait pas tout à fait les atteindre ici, c’était l’étendue de ce que la carte pouvait afficher. Si la structure du labyrinthe était modifiée dans cet état, le groupe serait en danger immédiat.

Puseri, le maître de l’équipe Diamant, s’était retournée, ses cheveux crépusculaires se balançant.

« Nous devrons rester vigilants face à ce monstre qui peut nous faire nous perdre notre chemin. Alertons-nous mutuellement si la carte change à tout moment. » Tout le monde s’était exprimé en même temps.

Bien que l’équipe de raid ait été constituée à la hâte, chaque membre était très expérimenté. En fait, l’équipe Améthyste, qui avait passé la plupart de son temps en électron libre plutôt qu’en groupe organisé comme les autres, était la plus susceptible de tirer les autres vers le bas. Même maintenant, ils fixaient les œuvres d’art murales et le mobilier avec grand intérêt, et ils ne semblaient pas trop fiables par rapport aux autres.

Il y avait une rambarde dans le couloir rectiligne, et au-delà se trouvait une crevasse abrupte, trop profonde pour en voir le fond. Il n’y avait aucun moyen de survivre à une chute de cette hauteur. Et comme c’était complètement silencieux, sans même le bruit du vent pour les accompagner, un sentiment de désespoir avait envahi l’air dès que les conversations avaient cessé. S’ils n’avaient pas été dans un grand groupe, le sentiment de solitude aurait pu être trop fort. C’est-à-dire, pour toute personne autre que l’équipe Améthyste.

***

Partie 4

Le groupe avait continué à avancer, exprimant ses dernières inquiétudes. Les fournitures qui avaient été envoyées du quartier général étaient limitées.

L’équipe Andalusite de Doula pouvait facilement soigner les blessés du fait qu’ils étaient des serviteurs divins, mais la nourriture et les consommables étaient une nécessité absolue. Mais le chemin entre la campagne, l’oasis et le deuxième étage était assez long, et ils devaient également faire face aux interférences sur leurs outils magiques. Cela signifiait qu’ils devaient être plus prudents que d’habitude. Le garçon avait compris cela, mais il avait tout de même exprimé sa plainte.

« Ils ont dit qu’ils enverraient autant de fournitures que nécessaire pour cette mission. J’ai demandé du thé, mais tout ce que nous avons eu, ce sont des feuilles de thé périmées. »

« As-tu vraiment l’intention de demander du thé à Sir Hakam et au Grand Aja ? Incroyable. Ah, je commence à avoir soif à force de parler. » Le garçon acquiesça, puis sortit sa gourde avec des mains expertes. C’était un récipient métallique inhabituel, et ils se turent en le regardant verser du thé chaud et fumant comme s’il venait d’être fraîchement infusé. Au moment où ils voulaient poser des questions sur cette étrange gourde, cela s’était produit.

Doula avait levé la main depuis l’avant, et tout le monde s’était immédiatement arrêté. Le silence était assourdissant. Ils avaient attendu un certain temps. Puis soudain, un bruit de grincement avait été entendu au loin.

Screeeeeech ! Le son destructeur se répercutait depuis le haut, signalant que quelque chose s’approchait avec un élan dévastateur. Certains hommes semblaient prudents, mais l’inébranlable équipe Diamant ouvrait la voie.

Puseri, qui avait probablement la meilleure défense du groupe, leva son grand bouclier crépusculaire. Mais même elle ne pouvait empêcher une perle de sueur froide de rouler sur sa joue. Ce qui s’approchait était si intense.

Booom, vwoosh… !

Quelque chose d’énorme s’était écrasé, causant des fissures sur le pavé de pierre tout autour. La chose qui avait déchiré la balustrade avec facilité et était tombée à travers le mur raide au-dessus était…

« Un d-dragon ! !! » La voix de quelqu’un s’était brisée en hurlant de terreur, et le dragon de chaleur avait montré pourquoi il avait mérité son nom. Il ouvrit ses branchies rouge vif, et son souffle était si chaud qu’il déformait l’air autour de lui. Quelque chose avait rugi dans ses poumons comme une flamme brûlante alors qu’il chargeait son souffle de dragon. Une fois que ce souffle se serait échappé de ses poumons, le nombre de victimes serait calamiteux.

Mais malgré l’apparition soudaine du dragon, les yeux de deux personnes brillaient d’étonnement.

L’un d’entre eux était un jeune garçon qui affirmait que ce monde était comme un rêve et vouait une profonde admiration aux monstres fantastiques tels que celui-ci.

« Wôw, c’est tellement grand ! C’est vraiment autre chose quand on les voit en vrai. » Il s’était mis à avancer de manière instable, comme hypnotisé, et l’autre personne avait fait son mouvement en même temps.

Le vieil homme était capable de contrôler son énergie, et il avait caché sa présence pour qu’elle ne soit pas détectée. Il s’était ensuite complètement volatilisé, ne pouvant être remarqué, même par le sens aigu de l’odorat du dragon.

C’était Gaston. Le vieil homme aux cheveux blancs qui avait la réputation d’être indéfectible avait parlé avec son habituelle décontraction, puis il s’était approché de l’aile du dragon sans être vu… Enfin, c’est ce qu’il pensait.

« Ka ha ha, prends ça… » Avant qu’il ait pu finir sa phrase, le dragon s’était arrêté. Ses yeux infernaux fixaient un certain individu. Il l’avait peut-être imaginé, mais il semblait que le dragon avait baissé la tête. Même le grognement grondant ressemblait presque à des excuses.

Alors que le groupe se demandait ce qui se passe, le dragon de chaleur avait disparu au-delà de la balustrade. Sa retraite fut aussi soudaine que son apparition. Gaston et les autres étaient restés abasourdis par la disparition soudaine de l’énorme créature.

Pendant ce temps, Kitase continuait à regarder fixement. Il regardait la grande femme aux cheveux noirs qui lui arrivaient à la taille, qui disait « Oui, je m’excuse ! », mais les autres ne comprenaient pas ses mots.

Wridra était un être bien supérieur aux dragons normaux, de sorte que sa propre espèce pouvait la reconnaître même si elle dissimulait sa présence. Elle était comme un seigneur qui tente de se fondre dans la société.

Quant au vieil homme qui était toujours figé avec son épée levée, les autres ne lui avaient jeté qu’un regard superficiel avant de l’oublier, et il n’avait pas eu de réelle chance de briller.

C’est à cet instant qu’il avait réalisé que le champ de bataille n’était plus celui qu’il avait connu. Le temps où la bataille signifiait grimper sur les cadavres de vos alliés et ne chercher que la tête de vos ennemis était révolu. Le vieil homme rengaina son épée et laissa échapper un soupir.

Il y a quelques jours, il avait dépensé une grande somme d’argent pour inviter une certaine fille dans son manoir.

Elle s’appelait Hakua de l’équipe Diamant, une jeune fille ordinaire aux longs cheveux châtains. Elle avait une capacité spéciale qui lui permettait de lire l’avenir en utilisant l’astrologie, et on lui avait récemment interdit d’utiliser ses pouvoirs pour les étrangers. La raison de ce changement de politique était peut-être liée à la capture de leur chef, Zarish.

La plupart des gens auraient sans doute une question en tête s’ils avaient l’occasion de s’interroger sur l’avenir. Dans le cas de Gaston, il en avait une très particulière.

« Quand est-ce que je vais crever ? » La plupart des gens pencheraient la tête à une telle question. Ce n’était pas comme s’il souffrait d’une maladie grave ou avait des tendances suicidaires. Le vieil homme voulait simplement savoir. Il avait surmonté trop de batailles pour les compter, et il se demandait quand cette vie insensée prendrait fin.

« L’ancien labyrinthe qui vous attend sera votre lieu de mort. » Les yeux du vieil homme s’étaient agrandis. Étrangement, Gaston sentait la force parcourir son corps maintenant qu’il savait que la fin était proche. Il était ravi d’affronter la fin de sa vie qui n’avait que trop duré.

Son expression avait changé comme s’il était en pleine bataille maintenant, puis il avait tapé son genou et il s’était levé avec vigueur. Ainsi, il avait volontairement rejoint la mission très impopulaire du troisième étage.

Alors pourquoi ? Ce n’est pas pour ça que j’ai signé. Gaston laissa échapper un lourd soupir pour une raison quelconque. Peut-être était-ce parce qu’une fille elfe créait avec joie un grand four en pierre à l’aide d’un esprit de pierre. Ou peut-être était-ce l’odeur appétissante qui se dégageait de la pâte aplatie qu’un jeune garçon y plaçait.

L’odeur était suffisante pour faire gronder l’estomac du vieil homme, même s’il n’avait pas particulièrement faim.

Le groupe avait décidé de faire une pause dans une grande salle qu’ils avaient rencontrée. Cela ne dérangeait pas Gaston. Après tout, il était important pour un guerrier de se maintenir dans une condition optimale à tout moment. Cependant…

« Imbéciles, pourquoi faites-vous la cuisine dans le labyrinthe !? »

« Whoa ! »

Gaston s’était levé en criant, et le gamin au nom stupide, Kazuhiho, avait tremblé de surprise.

Pourquoi personne d’autre ne soulignait-il l’absurdité de la situation ? Ils avaient joyeusement cuisiné ensemble, et certains d’entre eux faisaient même joyeusement la queue avec des assiettes à la main. Il pouvait au moins s’attendre à ça des membres de l’équipe Améthyste de Kazuhiho. Mais voir même l’elfe noire de l’équipe Diamant se joindre à l’absurdité était de trop. Le garçon ajusta finement la chaleur à l’aide d’un bâton à l’extrémité aplatie tout en regardant Gaston avec une expression d’excuse.

« Je suis désolé. J’ai pensé que ce serait une mauvaise idée de cuisiner ici, mais nous avons déjà décidé de faire une pizza aujourd’hui. »

« Hein ? Comment ça, tu as “décidé” ça ? Un homme doit juste se taire et manger ses rations militaires. C’est comme ça que ça a toujours été depuis que je suis né. Qu’est-ce qui se passe ? » Les Lézards de Feu semblaient avoir remarqué l’agitation et les fixaient de l’intérieur du four en pierre. La façon dont ils clignaient leurs yeux de fouine était suffisante pour faire oublier sa rage. Le sourire béat du garçon était plus distrayant que tout.

« J’ai toujours voulu avoir un four à pizza, j’ai donc été étonné que nous puissions en fabriquer un aussi facilement. Les céréales et les herbes que l’on peut obtenir d’Arilai sont d’une telle qualité, donc je suis sûr que l’on pourrait faire d’excellentes pizzas avec. Nous pourrions même utiliser de l’huile et… » Étonnamment, l’avorton à l’air endormi s’était mis à parler avec force.

Et pourquoi cette femme aux cheveux noirs le regardait-elle en réponse comme pour lui dire « Ne nous interromps pas, imbécile » ? Il devait admettre qu’il sentait son estomac se serrer à cause de son regard.

Comment est-ce possible ? Je n’ai même pas cédé face à ce morveux de Zarish… Il avait raison d’être confus. Le vieux Gaston avait vaincu plus de dix mille ennemis qui se dressaient devant lui. Et pourtant, il savait instinctivement que cette femme était d’un autre niveau.

« Oh, je pense que c’est le moment. Faisons-les sortir, » dit le garçon.

« Bien ! Je suis affamé ! » L’éruption d’arômes qui s’en dégageait était presque écrasante.

Du concentré de tomates rouges avait été appliqué sur la pâte à pizza circulaire, avec beaucoup de bacon sur le dessus. Le fromage fondu bouillonnant remplissait agressivement l’air de sa délicieuse odeur.

L’odeur fit couiner les elfes de plaisir, et les assiettes commencèrent à circuler. Gaston déglutit, parvenant à avaler sa salive avant qu’elle ne s’échappe de sa bouche, lui faisant ravaler ses paroles par la même occasion.

« Oh, Gaston », cria le garçon en coupant la croûte croustillante avec un couteau.

Ce n’était pas comme si Gaston s’attendait à recevoir quelque chose, mais il ne voulait pas être impoli. Il n’avait pas apporté d’assiette avec lui, mais il supposait qu’il supporterait la chaleur et prendrait une tranche.

« Je suis désolé si nous vous dérangeons. Ne faites pas attention à nous et profitez de vos rations militaires. » À l’expression du visage du garçon, Gaston pouvait voir qu’il n’était pas sarcastique ou malveillant. Cependant, c’est à ce moment-là qu’il a commencé à détester Kazuhiho. Il sentait grandir en lui l’envie de tuer ce morveux.

Au même moment, le vieil homme pressait ses doigts contre ses rides et se disait douloureusement. Peut-être que c’est ici que je vais mourir. Non, ce n’est pas possible. C’était impossible. Il devait y avoir une fin glorieuse plus appropriée pour lui.

Gaston gémit à l’agonie en ouvrant le sceau de ses rations militaires. Il avait autrefois aimé du fond du cœur l’odeur de l’argile et la consistance moelleuse…

§

L’ensemble de la salle obscure ne savait plus quoi dire.

Le lanceur de sorts qui contrôlait le terminal, le chef du groupe et chacun des membres de l’équipe présents dans la pièce n’en croyaient pas leurs yeux. Le chef du groupe fixait son regard d’un air glacial, mais il luttait secrètement pour garder son calme.

Le Dragon de Chaleur a fui la bataille ? En l’espace de quelques secondes ? On aurait même dit que le dragon baissait la tête, mais de quoi s’agissait-il ? Il avait donc donné l’ordre d’envoyer un autre dragon de patrouille qui n’était pas lié à une zone particulière pour attaquer le groupe, mais…

« Monsieur, ça ne marche pas. Il n’y a pas de réponse du tout ! »

« Est-ce leur volonté ? Est-ce qu’ils communiquent entre eux d’une manière ou d’une autre ? Se pourrait-il que l’ensemble du réseau de dragons défie notre ordre !? » Les lanceurs de sorts haussèrent la voix en signe de panique, et l’homme dissimula sa détresse en essayant de comprendre la situation.

Quelque chose n’allait pas. Ils ne s’attendaient pas du tout à cette situation. Depuis le deuxième étage, il ne pouvait se défaire du sentiment qu’une entité supérieure se cachait parmi l’équipe du raid. Le garçon qui s’était approché du dragon sans se mettre en garde et le vieil homme qui avait instantanément caché sa présence lui venaient à l’esprit.

L’un des lanceurs de sorts contrôlant le terminal avait élevé la voix. Contrairement à tout à l’heure, il y avait un soupçon d’espoir dans son ton.

« J’en ai trouvé un ! Il y a un monstre encore plus puissant qui patrouille. L’être terrifiant qui peut lancer la nécromancie et qui contrôle les innombrables âmes des morts… Une liche ! »

« Bien, envoyez-le immédiatement ! Détruisez-les ! » La liche leva sa faux géante sur son épaule, du sang s’écoulant de sa pointe.

Sa robe noire de jais flottait dans le vent et son crâne était couvert de runes qui lui permettaient d’activer sa magie immédiatement. Les runes servaient également à interférer avec les incantations sur une large portée, mais elles n’interféraient pas avec la nécromancie. C’est ce qui rendait les Liches si terribles. Ils n’avaient aucun mal à trancher la tête de leurs ennemis, même s’ils les suppliaient de les épargner, et les cadavres ne faisaient que grossir les rangs de l’armée des morts.

La liche reçut l’ordre d’anéantir l’équipe du raid, répondit par un simple « Compris, » puis s’enfonça dans le sol, entraînant avec elle les innombrables morts-vivants gorgés de sang.

***

Partie 5

« Ah, » j’avais entendu quelqu’un parler, et je m’étais retourné pour trouver un monstre semi-transparent, ressemblant à un squelette, regardant par la porte. Il regardait Shirley, qui portait son assiette à ce moment-là, alors j’avais pensé qu’ils se connaissaient et j’avais continué à cuisiner. La faux qu’il portait sur son épaule et son apparence squelettique me rappelait Shirley.

Le monstre aux orbites vides et Shirley avaient continué à se fixer l’un l’autre pendant un certain temps. Puis, le monstre dont j’ignorais le nom avait disparu derrière la porte.

« Qui était-ce, Shirley ? Un de tes amis ? » Shirley avait secoué la tête, donc je suppose que non. J’étais occupé de toute façon, alors j’avais décidé de ne pas y penser.

Bref, c’était l’heure de la dégustation des pizzas.

Je m’étais récemment rendu compte que nous pouvions simplement apporter des ingrédients de ce genre lorsque nous n’avions pas le temps de préparer des repas avant de venir. La façon dont les gens nous regardaient me dérangeait un peu — enfin, ça me dérangeait beaucoup, mais comme les filles m’avaient dit : « Je ne mangerai jamais de rations militaires » et « Tu peux les manger toi-même », je n’avais pas vraiment le choix. J’avais l’impression que l’équipe Améthyste était un peu plus joyeuse que les autres, mais notre groupe était composé d’une elfe, d’une Arkdragonne et d’un ancien maître d’étage, alors il valait peut-être mieux ne pas trop s’en faire.

Je commençais à m’habituer à nos habitudes alimentaires, et j’avais apporté notre pâte à pizza dans le monde des rêves. Après avoir mélangé de la farine à pain, du sel, de l’eau et de l’huile d’olive, puis pétri le tout et laissé reposer, il ne manquait plus que des garnitures.

Il était préférable d’amincir la pâte pour obtenir une texture croustillante et une saveur particulière. Nous avions parsemé la pâte de fromage, de bacon et de quelques herbes ressemblant à du basilic que nous avions cueillie au deuxième étage, puis nous l’avons fait cuire dans le four en pierre. C’était une pizza à l’italienne, ce qui était un peu différent du style américain.

Mais avec trois lézards de feu allongés à l’intérieur du four en pierre, je m’étais demandé ce qu’était vraiment une pizza. Ils se prélassaient sur le dos et levaient leurs yeux de fouine quand je leur apportais la pâte à pizza. J’avais plus l’impression d’apporter de la nourriture dans un sauna que de cuisiner. Marie, qui contrôlait les esprits, avait tiré sur ma manche.

« Comment est le feu ? Je peux les faire travailler plus dur si tu le veux. »

« Non, je pense que ça va. L’air du troisième étage est assez froid, donc le four en pierre est aussi bien pour nous garder au chaud. » Attirés par l’air chaud et l’odeur, les gens avaient commencé à se rassembler autour de nous. Ceux qui avaient fait le premier pas étaient le couple de fiancés, Zera et Doula, et les curieux comme Eve l’elfe noire. Ils fixaient sans broncher le four en pierre, et Eve avait même apporté sa propre assiette en bois.

Elle avait également pris part à des repas portables jusqu’à la dernière fois, alors peut-être savait-elle instinctivement qu’il fallait apporter une assiette ? Non, ça n’a pas pu être… J’avais secoué la tête. À ce moment-là, Zera s’était approché pour me parler.

« Hein, tu as une cuisine bizarre d’où que tu viennes, Kazuhiho. Veux-tu bien nous laisser goûter un morceau ? »

« Oh, salut, Zera. Bien sûr, tu peux en prendre un peu. » Nous n’avions qu’une quantité limitée de nourriture, et il n’y avait pas assez de temps ou de ressources pour en distribuer à toutes les personnes présentes. Je me sentais mal, mais j’avais dû me contenter de ça.

Après avoir attendu un certain temps, j’avais sorti la pizza du four en pierre. Le fromage avait bien fondu, et la couleur rôtie avait fait briller les yeux de tout le monde d’excitation. L’arôme délicieux avait rempli la pièce tandis que j’enfonçais mon couteau dans la croûte bien cuite.

Oui, il n’y avait rien de tel qu’une pizza fraîchement cuite. Sans compter que nous avions utilisé une méthode de cuisson à haute température qu’il n’était pas possible de faire à la maison, donc je ne pouvais pas m’empêcher de me sentir étourdi.

J’avais placé une tranche dans les assiettes de Marie, de Wridra et de Shirley. Puis j’avais coupé une autre tranche en trois et j’en ai placé une dans l’assiette en bois d’Eve. J’avais déjà placé les garnitures sur un autre morceau de pâte aplatie, alors je l’avais placé dans le four en pierre. Marie m’avait regardé en s’excusant.

« Je me sens mal de manger avant toi quand tu fais toute la cuisine. »

Ses sourcils étaient froncés, et Wridra se tenait derrière elle, la bouche grande ouverte. Elle s’était empêchée de prendre une bouchée à la dernière seconde. À ma surprise, il semblait qu’elle avait appris à lire l’ambiance.

« Non, non, je veux que vous le goûtiez pendant qu’il est chaud. Il ne sera pas aussi bon si vous attendez plus longtemps, après tout. » Je leur avais fait signe de se servir, et Marie avait hoché la tête avec hésitation.

La coutume voulait que l’on prenne la pizza sans utiliser de fourchette alors qu’elle est brûlante. Elles sentaient la chaleur sur leur peau lorsqu’ils la prenaient. Elles l’avaient mise dans leur bouche avec précaution, pour ne pas se brûler la langue. Elles n’avaient pas tardé à élever la voix de plaisir. La croûte s’était émiettée facilement lorsqu’elles avaient mordu dedans, et le goût fort de mon fromage préféré, le Parmigiano Reggiano, avait rempli leurs bouches. Il avait fondu avec la graisse de lard, et l’acidité de la sauce tomate avait équilibré et amélioré le goût vers de nouveaux sommets.

Le parfum de la croûte de la pizza, la saveur de la sauce et l’umami du fromage avaient assailli leurs papilles gustatives lorsqu’elles y avaient plongé leurs dents. Cela avait désarmé leur prudence face à la chaleur, et elles avaient continué à mâcher afin d’obtenir plus de saveur à chaque bouchée.

« Mm ! Mm ! Mm ! Si bon… ! »

« Nnnh ! Cette texture croustillante ! Aaargh, le fromage est criminellement délicieux ! »

J’étais heureux de les voir étirer le fromage, le sourire aux lèvres. Les yeux de Shirley s’illuminaient aussi de joie, et son contour devenait un peu flou… J’avais essayé de lui faire signe avec mes yeux de faire attention et de se calmer. Elle avait levé les deux poings dans une pose victorieuse, ce qui m’avait inquiété un peu plus.

« Mmm, le fromage est si extensible ! Nnf, nngh, j’adore la pizza ! »

« Hng ! La croûte fine met encore plus en valeur le fromage ! La texture croustillante est tout simplement divine ! » J’avais voulu corriger un peu sa prononciation, mais je l’avais gardé pour moi.

Quoi qu’il en soit, je m’étais senti chanceux rien qu’en observant les expressions heureuses de ces belles femmes alors qu’elles dégustaient de bons plats, y compris le moment où elles me tapaient dans le dos et sur l’épaule. Une fois qu’elles avaient fini de manger, elles m’avaient apporté leurs assiettes et m’avaient demandé d’en refaire.

Mais celle qui aimait le plus la pizza était Eve, l’elfe noire. Ses yeux s’étaient pratiquement transformés en cœurs, et elle était restée assise, rêveuse, la bouche entrouverte, pendant un certain temps après avoir fini de manger.

J’avais le vague sentiment qu’elle aimerait la malbouffe, mais c’était un peu inquiétant de la voir respirer lourdement avec ses sourcils en forme de V inversé. Elle me regardait avec impatience, et je ne pouvais pas m’empêcher de la gâter un peu.

« Eve, veux-tu une autre part ? »

« Je peux ? Yay, yay, yay ! Merci, Kazu ! » Elle avait bondi sur moi et m’avait enlacé par le côté, face à lequel j’avais cligné des yeux de surprise.

Je me sentais un peu comme son grand frère, mais elle était bien plus grande que moi dans le monde des rêves. Ses paroles et ses actions pouvaient être assez sévères, mais elle était comme un enfant quand elle voulait quelque chose. Cependant, la façon dont elle s’accrochait à moi par-derrière en faisant des bruits impressionnés quant au four en pierre était un peu gênante.

J’avais fourni une deuxième, puis une troisième tranche, et l’estomac de chacun avait commencé à se remplir. Wridra aurait pu en manger encore beaucoup, mais j’avais envie d’en manger moi-même.

Nous étions dans l’ancien labyrinthe, donc personne ne s’était soucié du fait que nous nous tenions debout en mangeant, contre l’étiquette. Alors que nous prenions du thé, Zera avait fait un commentaire.

« Maintenant que j’y pense, ce vieil homme Aja a dit qu’il nous enverrait des provisions si nécessaire. Peut-être qu’il nous enverrait des ingrédients comme ceux-ci si nous le demandions ? Nous avons quelques membres d’équipe compétents, donc je pense qu’ils pourraient cuisiner quelque chose à la place de Kazuhiho. »

« Ne sois pas stupide, Zera. Je ne suis pas assez effrontée pour leur demander de nous livrer de la nourriture. Pourtant, ça aiderait le moral, donc je dois admettre que je suis tentée, » dit Doula en essuyant les miettes de la bouche de Zera, montrant son côté maternel. C’était étrange de la voir prendre soin de son fiancé tout en l’insultant d’un air froid.

J’avais pensé à la proposition de Zera de commander des ingrédients. Arilai avait des épices, du thé et des céréales de grande qualité. Mon porte-monnaie apprécierait grandement qu’ils nous envoient ce dont nous avons besoin. Mais pour cela, nous devions raccourcir le chemin entre l’entrée du labyrinthe et le QG. Dans les jeux de type dungeon crawler, on débloque généralement des raccourcis après avoir nettoyé un donjon. Je m’étais dit que c’était trop demander et j’avais soupiré.

Je ne l’avais pas remarqué à ce moment-là, mais une étrange clé pendait à la taille de Marie, qui se frottait le ventre avec satisfaction. Elle scintillait à la lumière, mais personne ne l’avait remarquée alors qu’ils savouraient leur repas. Il faudrait encore un certain temps avant que le chemin ne s’ouvre.

Et ainsi, le raid d’aujourd’hui s’était terminé de manière relativement calme.

§

Un silence assourdissant règne dans la pièce. Il faisait si sombre que les personnes rassemblées ne pouvaient même pas voir le visage de leur voisin, mais elles n’avaient pas besoin de se voir pour savoir que leurs expressions étaient remplies de désespoir. Après tout, la liche était partie après avoir seulement dit « Ah ! »

« N’avaient-ils pas plus de mal à l’étage précédent !? »

« Hé, ferme-la ! Je faisais un effort pour ne pas le dire à voix haute ! » Le commandant du groupe tressaillit en réponse aux voix du bandit et de Kartina. Mais lorsqu’il observa les visages du groupe, il réalisa que tout le monde disait la même chose et décida de se taire. L’homme était habituellement froid et posé, mais il était véritablement ébranlé par le fait que ces puissants monstres partaient d’eux-mêmes, l’un après l’autre.

Il avait redressé son col distraitement, puis avait tranquillement réévalué la situation. Le système de défense était bien supérieur au troisième étage, et les monstres y étaient d’un tout autre niveau. Mais pour une raison inconnue, il avait l’impression que le vent avait tourné pour le pire sens ici.

Il n’arrivait pas à mettre le doigt sur le sentiment d’impuissance qui débordait en lui. Il avait beau avancer, il ne parvenait pas à progresser. En fait, les pièces à sa disposition disparaissaient à mesure qu’il avançait. Il serra les dents et fixa les images. Il pouvait les voir passer joyeusement leur temps ensemble.

Non. Ce n’est pas censé être comme ça.

Il avait prévu divers scénarios, mais pas la vision de la dégustation qui se déroulait devant lui. C’était même difficile à comprendre. En temps normal, il devrait être aux premières loges d’un paysage infernal palpitant. Il ne voulait pas entendre leurs rires résonner dans la pièce silencieuse et sombre. C’était terriblement déprimant d’une certaine façon.

« Je ne pense pas qu’ils aient remarqué cette fois-ci… »

« Espèce d’idiot ! Notre chef est brillant ! Bien sûr qu’il a un autre plan en tête ! » Il sentait sa tête s’engourdir. Il était même en train de se faire coincer par ses propres subordonnés.

Heureusement, il était assez résistant et capable de contenir ses émotions. Sinon, il aurait pu s’agripper à sa propre tête et crier. Ou peut-être aurait-il frappé un de ses hommes à la tête. Mais en tant que leader, il devait donner de l’espoir à son équipe. C’était son devoir.

« Bien sûr. C’est le troisième étage. Il y a toujours un moyen. »

« Oooh ! » Un soulagement visible avait envahi les membres de son équipe. Avec une lueur d’espoir en vue, ils étaient impatients de connaître la prochaine étape. Il afficha un sourire rassurant, puis s’adressa à ses subordonnés inutiles.

« J’ai un atout dans ma manche à tout moment. Oui, j’ai toujours mon dernier recours. »

« Attendez, en êtes-vous déjà à votre dernier recours ? » Il lança un regard furieux à son interlocuteur, et Kartina se couvrit la bouche de ses mains et détourna les yeux.

Il semblerait qu’il soit parfois nécessaire de laisser libre cours à ses émotions et de brandir ses poings, après tout.

Il retroussa ses manches.

***

Chapitre 10 : Vers la piscine à vagues

Partie 1

J’avais lentement ouvert les yeux. J’y avais vu des draps tout neufs et des cheveux encore plus blancs et lustrés. J’avais senti la texture soyeuse entre mes doigts, et quand je les avais caressés, une légère odeur féminine s’était répandue dans l’air.

Son souffle apaisé avait chatouillé ma clavicule. Elle avait l’air tellement sans défense, endormie dans le lit, et elle s’était accrochée à moi avec ses deux bras et une expression paisible.

Son cou pâle, ses cils d’une longueur captivante… Je pouvais sentir sa chaleur à travers le tissu fin de son pyjama. Quelque chose s’était emparé de moi et j’avais attrapé son dos, et mes mains s’étaient posées sur sa taille et son dos minces.

Encore plongée dans son sommeil, elle avait soudainement émis un joli bruit de somnolence. Alors que je fixais ses lèvres pleines, Marie avait lentement ouvert les yeux. J’avais peut-être attendu ce moment. Je voulais voir le moment où ses yeux améthystes s’ouvriraient alors qu’elle se réveillait ici au Japon.

Il y a certaines choses qui la différencient des humains. Ses yeux brillaient comme des pierres précieuses, et sa peau parfaitement lisse ne demandait qu’à être touchée. Je ne savais pas si c’était un trait commun aux elfes, ou si cela faisait partie du charme naturel de Mariabelle.

À ce moment-là, Marie avait posé sa cuisse sur ma hanche et s’était accrochée à moi pour que nos ventres se touchent. Je savais qu’elle était encore à moitié endormie, mais c’était un peu trop. Marie ne semblait pas se soucier de ma détresse et frissonnait. Elle avait ensuite laissé échapper un adorable bâillement et m’avait regardé de ses yeux violets et humides.

« Hee hee, le week-end est enfin arrivé. Je me demande quelle aventure amusante tu me réservas cette fois-ci ? Si tu ne penses à rien, je te fais faire des imitations. »

« Pourquoi des imitations ? Quoi qu’il en soit, je vais te donner quelques idées, alors tu me diras si l’une d’entre elles te semble intéressante ? »

Marie avait accepté et elle s’était assise, puis elle était montée sur moi pour une raison quelconque. Le geste était assez inoffensif, mais la chaleur de ses fesses pressées contre moi avait fait battre mon cœur plus vite.

Malgré cela, elle ne semblait pas du tout préoccupée et elle avait touché du bout du doigt la pierre précieuse noire. La pierre s’était alors immédiatement transformée en un chat noir, qui s’était posé sur le sol. C’était un peu comme le familier de l’Arkdragon, ou plutôt comme une pierre étrange qui lui permettait de visiter le Japon depuis l’autre monde.

J’avais regardé le chat miauler d’un regard en coin, puis une idée m’était venue.

« Je sais. Et si on allait à la piscine ? C’est l’été, après tout. On pourrait aller chercher des maillots de bain ensemble et conduire jusqu’à la piscine de là. » Je pensais que c’était une bonne idée, mais Marie m’avait jeté un regard dubitatif pour une raison inconnue.

C’est bizarre… Elle ne semble pas du tout intéressée.

« Ne sois pas stupide. Nous ne sommes pas riches. Il n’y a aucun moyen pour des roturiers comme nous d’aller dans une piscine. Il y a très peu de gens qui ont de telles installations, même dans l’autre monde. Tu devrais simplement l’appeler une rivière ou un lac au lieu de te donner l’air chic, tu sais. »

« Oh, je vois. Je pense qu’il y a une différence dans notre sens des valeurs. Cela dépend de la région, mais les piscines sont beaucoup plus accessibles que les rivières et les lacs dans ce pays. Vous voyez ? Regardez. » Sur ce, j’avais pris mon smartphone et j’avais regardé une vidéo promotionnelle pour une piscine publique. Marie et même la chatte avaient grimpé sur mon ventre et m’avaient fixé.

La vidéo montrait des enfants qui couraient joyeusement et descendaient un toboggan aquatique, avec des rires joyeux en arrière-plan. La vidéo s’était terminée au bout d’une minute environ et j’avais mis mon téléphone de côté. Le regard de Marie était complètement différent de ce qu’il était il y a un instant. Ses yeux améthystes brillaient d’intérêt.

« Qu’en pensez-vous ? Si vous êtes intéressées… »

« Allons-y ! » dit Marie avec enthousiasme, les joues rouges, et la chatte miaula en signe d’approbation. Ainsi, nos plans de week-end étaient fixés. J’étais soulagé de ne pas avoir à faire d’imitations. De plus, je voulais acheter nos maillots de bain avant de partir à la plage, et je voulais voir si Marie savait nager. Aller à la piscine était l’occasion parfaite pour moi.

J’avais frappé le chat sur le nez avec le bout de mon doigt, puis j’avais parlé à la femme dans l’autre monde.

« Si ça t’intéresse, que dirais-tu d’aller te chercher dans le monde des rêves une fois que nous aurons fini d’acheter des maillots de bain ? Il n’y a rien de tel qu’un repas chaud après être allé à la piscine. Le ramen est l’un de mes plats préférés. » Les yeux dorés de Wridra avaient brillé, et elle avait miaulé avec enthousiasme en réponse. Je pouvais voir à sa bave que mon commentaire avait stimulé l’appétit de Wridra. J’avais souri en voyant le chat et Marie se tenir la main et s’applaudir joyeusement.

« D’accord, alors c’est décidé. Nous allons choisir des maillots de bain aujourd’hui, puis nous irons à la piscine. »

« Yaaay ! »

J’avais gloussé et m’étais levé pendant qu’elles sautaient sur le lit, puis j’avais ouvert les rideaux. La lumière du soleil était entrée dans la pièce, me disant que c’était le jour parfait pour être dans la piscine.

C’était un soulagement, étant donné qu’elles m’auraient probablement détesté s’il pleuvait dehors après les avoir tant hypnotisées par cette sortie.

§

Il faisait clair dans le grand magasin en face de la gare de Kinshicho, et il y avait des ventes saisonnières dans toutes sortes de magasins. Le coin des maillots de bain était glamour à mes yeux… Par contre, je n’étais pas assez courageux pour y mettre les pieds. J’étais resté là à me débattre mentalement, et un groupe d’étudiants en uniforme est passé. Ils semblaient être sur le chemin du retour de leurs activités de club pendant les vacances d’été.

« Hé, tu l’as vue ? »

« Ouais ! Trop mignonne ! Pourquoi tenait-elle un chat ? »

Ils avaient discuté entre eux en s’éloignant, se demandant d’où venait Marie, et disant qu’ils auraient dû prendre des photos.

« Hm, » avais-je dit. Je ne pouvais pas laisser Marie seule là-dedans alors que nous étions venues faire du shopping ensemble. J’avais donc redressé mon dos et j’étais entré dans le coin des maillots de bain aussi naturellement que possible. Là, je l’avais vue marcher toute seule avec une expression inquiète, mais son visage s’était éclairci dès qu’elle m’avait vu.

« Oh, bien. J’espérais que tu viendrais avec moi. Tiens, prends Wridra. »

« C’est sûr. C’est la première fois que tu choisis des vêtements à porter dans l’eau, hein ? » J’avais pris Wridra, et elle était restée calmement suspendue à mes bras comme d’habitude. Marie était restée un moment dans ses pensées, puis elle avait levé les yeux comme si elle se souvenait de quelque chose.

« Dans l’eau… ? Attends, il y a eu cette fois pendant le typhon. »

« Oh, tu veux parler de l’imperméable. Tu n’as pas tort, mais c’était sous la pluie. » Je ne m’attendais vraiment pas à ça, mais j’aurais peut-être dû mieux le formuler. Comme « des vêtements dans lesquels il est facile de nager », par exemple.

« J’ai effectivement vu des filles porter quelque chose comme ça autour de moi. La plupart des elfes n’aiment pas les vêtements qui limitent les mouvements. »

« Maintenant que tu le dis, beaucoup d’entre eux portaient des vêtements révélateurs. Tu portes habituellement des robes, alors j’ai failli oublier. » On dirait qu’elle n’avait pas aimé ce commentaire. En la voyant gonfler ses joues de façon boudeuse, j’avais ressenti un peu de panique. Je pensais que c’était peut-être insensible de ma part de mentionner d’autres femmes, mais il semblerait que c’était faux.

« Ce n’est pas juste. Pourquoi ai-je toujours dû porter des robes grises alors que je suis aussi une elfe ? »

« Attends, c’est de ça que tu parlais ? Je veux dire, je n’avais pratiquement qu’une seule tenue là-bas aussi. En plus, n’est-ce pas agréable de ne pas avoir à se soucier de salir ou de déchirer ses vêtements ? » Elle m’avait lancé un regard, comme pour me dire qu’elle n’était pas une flemmarde comme moi. Puis elle avait commencé à se plaindre des robes, comme pour libérer ses frustrations refoulées.

« Bien sûr, il n’était pas obligatoire de les porter, mais je suis sûre qu’il y avait quelques droits et intérêts impliqués dans la raison pour laquelle elles ont été officiellement adoptées. Ne penses-tu pas aussi ? Sinon, pourquoi ne choisiraient-ils pas un design plus mignon ou ne nous donneraient-ils pas d’autres options ? »

« Oh, hum… Qui sait ! Mais Arilai est assez loin de la guilde des sorciers, donc tu peux probablement porter ce que tu veux là-bas. » Wridra avait miaulé, peut-être pour exprimer son accord. L’Arkdragon pouvait créer toutes sortes de choses, alors elle n’aurait sûrement aucun problème à fabriquer des vêtements. Marie aimait porter des tenues mignonnes, et je pouvais dire que cette robe n’était pas le genre de design qu’elle aimait.

« D-D’accord ! Je vais peut-être l’envisager si tu le dis ! » Je pensais que Marie avait déjà dit qu’il était convenable de porter la tenue officielle en tant que sorcière, mais il semblait qu’elle devenait plus flexible avec sa façon de penser.

Elle avait l’air heureuse et sa bouche s’était courbée en un sourire, mais je m’étais souvenu de quelque chose et j’avais secoué la tête.

« En fait, ce ne serait pas le bon moment. Je veux dire, nous sommes au milieu d’une mission dans le labyrinthe, donc ce n’est peut-être pas une bonne idée de changer de tenue de façon aussi radicale… »

« Ah ! » Marie avait titubé, puis elle s’était recroquevillée sur le sol. Elle avait été frappée par la dure réalité après avoir vu une lueur d’espoir, aussi ai-je mis du temps à la consoler.

Maintenant, il était temps de reprendre nos achats.

Nous avions d’abord fait le tour du magasin pour nous faire une idée de la dernière tendance générale, puis nous avions examiné les articles de plus près.

Cela s’appliquait également au choix des vêtements et des chaussures, mais Marie était très prudente lorsqu’il s’agissait de choisir un seul vêtement, et elle finissait parfois par ne rien acheter du tout lorsqu’elle ne trouvait pas quelque chose qui lui plaisait. J’avais vu que Marie regardait fixement une étiquette de prix.

« Qu’en penses-tu ? As-tu trouvé quelque chose qui te plaît ? »

« Jette un coup d’œil à ça. C’est une si jolie couleur. C’est plus vif que ce que je porte habituellement… Tu vois ? Ce maillot de bain bleu ciel est magnifique. Mais ne penses-tu pas qu’il est un peu trop révélateur ? »

« Oh, c’est une jolie couleur estivale. J’ai l’impression qu’elles t’iraient toutes bien, parce que tu es si mignonne, Marie. »

« Oh » Marie s’était retournée pour me regarder. Elle a fait une grimace, comme pour dire que je devrais la complimenter davantage. Pourtant, tout le monde aurait reconnu que Marie était plutôt jolie.

« Si tu n’es pas sûre de ce que tu veux, tu peux essayer des choses dans ce vestiaire. Tu peux en choisir quelques-uns qui te plaisent. »

« Oui, je pense que je le ferai. Aide-moi à choisir quelque chose, Wridra. » La chatte avait miaulé et avait hoché la tête, alors je l’avais confiée à Marie. Le sens de la mode de Wridra s’était amélioré ces derniers temps, et il semblait qu’elle avait gagné la confiance de Marie dans ce domaine. Peut-être que cela aurait été bien après tout que j’attende dehors. Alors que je pensais à cela, Marie s’était retournée.

« Tu es chargée de juger les maillots de bain. N’ose pas t’enfuir comme la dernière fois, d’accord ? » Elle avait fait un geste de pincement, et j’avais dû me rendre tout de suite. J’avais regardé les deux faire leur choix, puis nous nous étions dirigés vers les vestiaires.

***

Partie 2

Les rideaux s’étaient ouverts, révélant Marie dans un bikini de couleur aqua. Sa peau pâle et lisse, son adorable nombril et ses seins encore plus séduisants que je ne l’avais imaginé m’avaient laissé sans voix pendant un instant.

« Wôw, tu es superbe. On commence fort, n’est-ce pas ? » La première chose qui était sortie de ma bouche était un commentaire honnête. La tenue révélatrice accentuait vraiment son charme. Il était presque difficile de croire que j’avais passé autant de temps avec quelqu’un qui avait un corps si vibrant et si bien dessiné. Le visage de Marie s’était transformé en une nuance de rouge plus vive à mesure que le temps passait, et elle avait fermé les rideaux sans dire un mot.

Attends, ne voulait-elle pas que je juge sa tenue ?

« Pas grave ! C’est trop embarrassant de montrer autant de peau ! Argh, pourquoi ? J’étais tout à fait bien quand on l’a choisi ! »

« Mais il était vraiment bien sur toi. Tu as de longues jambes, donc je suis sûr que la plupart des maillots de bain le font. Tu étais le portrait craché d’une elfe mystique. »

« Ahhh ! Non, ce n’est pas possible ! » Il semblait que Marie était recroquevillée dans la cabine, car je pouvais voir ses fesses près de ses pieds, se balançant légèrement comme si elle secouait la tête d’un côté à l’autre. Maintenant, mon visage était sur le point de devenir rouge.

Je pouvais l’entendre marmonner des propos obscènes et sans vergogne, et je ne pouvais que sourire maladroitement avec la chatte. Eh bien, je considérerais cela comme une expérience rare et précieuse. Mais comme je ne serais pas le seul à la regarder en public, je voulais qu’elle choisisse une tenue dans laquelle elle se sente plus à l’aise.

J’avais attendu patiemment pendant un certain temps, et elle était enfin prête à passer à la tenue suivante.

« Es-tu là, Kazuhiro-san ? Il n’y a personne d’autre dans le coin, n’est-ce pas ? » Je lui avais dit que la voie était libre et elle avait ouvert le rideau avec hésitation.

J’avais été surpris par la vue qui s’offrait à moi. Contrairement au bikini précédent, elle portait maintenant un maillot de bain d’une pièce.

Le maillot de bain violet avait un ourlet plus court pour ne pas gêner la baignade, et elle dévoilait plus de ses cuisses que d’habitude. Il semblait que c’était encore dans la fourchette acceptable pour elle.

« C-Comme est-ce ? Est-ce qu’il a l’air étrange ? » demanda-t-elle timidement en tripotant la lanière violette sur son épaule. Son visage était rouge lorsqu’elle me regardait, et elle semblait préoccupée par ses cuisses et ses épaules exposées… Je ne pouvais m’empêcher de penser à la chance que j’avais d’être le premier à qui elle montrait ses maillots de bain.

Juste à ce moment-là, j’avais pu voir la plage derrière elle. Ce n’était que mon imagination, mais je pouvais sentir l’odeur du sel dans l’air et imaginer le soleil briller au-dessus de ma tête.

J’avais rencontré ses yeux, et des mots étaient venus naturellement.

« Ça te va à ravir. Il fait vraiment ressortir votre charme, comme si tu étais une fée qui prenait vie. »

« Merci… toi. Je vais prendre celui-là alors. Il n’était pas trop cher non plus. » Marie avait détourné le regard, puis elle avait décidé de l’achat.

Elle avait fini par m’éviter jusqu’à ce qu’elle ait fini d’acheter le maillot de bain, mais elle tenait le sac à provisions comme s’il était précieux pour elle et arborait une expression heureuse. Pourtant, j’avais l’impression que la chatte noire me regardait fixement. Je ne me rappelais pas avoir fait quelque chose de mal, mais je me demandais si je n’avais pas fait une erreur quelque part.

Marie avait commencé à fredonner alors que nous étions de retour au parking, et notre voiture avait commencé à rouler sous le ciel bleu.

Et donc, il était temps pour nous de visiter la piscine à vagues.

Il y avait des nuages denses dans le ciel bleu au-dessus de nous lorsque nous avions quitté le parking.

§

Quand j’avais ouvert les yeux, tout était sombre. Je pouvais voir un peu grâce à la lumière de la lune, mais j’avais peur de me cogner l’orteil sur quelque chose si je ne tâtonnais pas avec mes mains. Je pouvais dire que nous étions dans la tente que nous avions achetée récemment, mais je n’y étais pas assez habitué pour savoir où se trouvait l’entrée.

« Eh bien, ce n’est pas bon. Si seulement Marie était là, elle pourrait invoquer une lumière. » Je m’étais gratté la tête en réussissant à sortir de la tente, puis j’avais réalisé que je n’aurais aucun problème à trouver la direction dans laquelle je me dirigeais. De l’autre côté de la rivière, je pouvais voir une lumière terne dans la forêt.

« Oh, c’est dans la direction de notre maison. Est-ce qu’ils travaillent si tard dans la nuit ? » J’avais laissé mon sac derrière moi pour l’instant et j’avais commencé à marcher vers la lumière.

Ce n’était pas souvent que je marchais dans l’obscurité comme ça. Il y avait environ une demi-journée de décalage horaire entre ici et le monde des rêves, et je me déplaçais généralement du matin au soir. C’est pourquoi je n’avais pas de torches ou d’autres objets qui m’auraient aidé à naviguer dans l’obscurité. Ainsi, les jours où je me couchais pendant la journée, comme aujourd’hui, je devais faire attention à ne pas trébucher sur quelque chose.

Je venais chercher Wridra pour aller à la piscine, et j’avais pensé qu’elle était au feu de signalisation.

Une chose qui m’avait dérangé était le fait que la chatte semblait mécontente dans la voiture. Je m’étais demandé si j’avais fait quelque chose pour l’irriter en sautant à bas du rondin qui était placé là comme un pont.

J’entendais les hiboux hululer alors que je me dirigeais lentement le long d’un sentier. Je sentais l’odeur des arbres alors que je continuais à marcher dans la nuit paisible et rosée, et le jardin partiellement construit était apparu.

« Le jardin a vraiment pris forme ces derniers jours. » Les arbres qui poussaient en petites grappes ressemblent à des amis blottis les uns contre les autres. Cela semblait encore un peu morne, mais avec le gérant de la vie et de la mort qui prenait soin d’eux, j’étais sûr que cet endroit serait bientôt plein de vie.

Je m’étais approché distraitement de la source de lumière et j’avais vu les deux filles assises sur des chaises en métal. Il y avait le plan d’une maison sur une grande table avec des outils pour faire bouillir de l’eau et d’autres choses tout autour. Il semblerait que ce soit leur base d’opérations pour la construction. Quant à Wridra, elle arborait toujours la même expression maussade que le chat.

« Eh bien, eh bien, regardez qui est là. Regards, Shirley. C’est le visage de l’homme qui n’a même pas pensé à mon maillot de bain après m’avoir fait participer à leurs achats. » Une Shirley semi-transparente s’était couverte la bouche et elle avait incliné la tête, comme pour dire : « Vraiment ? » Ses yeux innocents m’avaient transpercé, et j’avais senti mon dos se glacer de sueur.

Non, non, c’est un malentendu. Wridra peut faire son propre maillot de bain, et je ne connais même pas sa taille.

Avant même que les excuses puissent sortir de ma bouche, l’Arkdragon avait croisé les jambes sur sa chaise et avait pointé son doigt vers moi.

« Sans compter que tu aurais dû voir sa tête quand il a reluqué Marie en maillot de bain. C’est son expression négligée de ce moment. »

« Attttends, stop ! N’utilise pas ta magie de projection pour ça ! » Je devais l’admettre, j’avais paniqué. Je n’aurais jamais imaginé qu’elle me montrerait mon propre visage au moment où j’appréciais à quel point Marie était mignonne.

Voir Shirley s’approcher avec précaution et me fixer sérieusement avec ses yeux bleu ciel était trop dur à supporter. J’étais tellement gêné que j’aurais pu tomber raide mort sur place. Je m’étais recroquevillé sur le sol, et Wridra avait l’air joyeuse pour une raison quelconque.

« Hm, maintenant qui était-ce qui n’a pas réveillé mon familier afin qu’il puisse avoir des affaires secrètes avec l’elfe ? Je doute que ce soit seulement une ou deux fois. »

« Ah !? T-Tu le savais ? » Je m’étais fait avoir. Je n’avais réalisé que maintenant que Wridra m’appâtait quand un sourire malicieux s’était répandu sur son visage.

« Hmm, hmm, bien maintenant. Je me demande quelles sortes d’affaires vous avez eues la nuit. Même en tant qu’Arkdragon, je dois respecter votre vie privée. Donc, si vous ne me dites pas ce que vous faites en détail, je pourrais vous interrompre accidentellement. N’êtes-vous pas d’accord ? »

Même Shirley s’était approchée de moi avec curiosité… et je savais que je n’avais pas d’autre choix que de partager. Mais même si le visage de Shirley était rouge, ses yeux étaient brillants d’empressement pour une raison quelconque. On m’avait attrapé par les épaules et forcé à m’asseoir. Shirley respirait bruyamment par le nez malgré son visage rougi, et je savais que je ne pouvais pas échapper à ce cauchemar.

« Maintenant, cesse toute résistance et parle. Quelles sortes de choses innommables faisiez-vous tous les deux ? » La cruauté dans la voix de Wridra alors qu’elle me chuchotait à l’oreille était vraiment quelque chose d’effrayante. Pourtant, je ne l’avais jamais vue aussi amusée. Sans compter que le visage de Shirley était bien trop proche du mien. Étaient-elles vraiment si intéressées par les affaires privées entre Marie et moi ? Je n’avais pas d’autre choix que de sortir mon arme secrète. J’avais donc lâché un « Hmph » et regardé directement Wridra.

« Je vois. Alors, le ramen ne t’intéresse pas, Wridra ? C’est dommage. Je crois que je vais en prendre avec Marie et rentrer à la maison. »

« Attends un peu ! Ce n’était rien d’autre qu’un badinage inoffensif ! Je peux simplement créer un maillot de bain avec ma capacité, donc ce n’est pas du tout un problème ! » J’étais enfin libre. Rien de mieux que d’être bien informé sur la nourriture après tout. Shirley avait l’air déçu pour une raison inconnue, mais je voulais qu’elle comprenne que je ne pouvais vraiment pas en supporter plus.

Quoi qu’il en soit, maintenant que j’avais Wridra avec moi, nous étions retournés ensemble à la tente. Shirley nous avait suivis d’un pas léger, puis elle avait fait un geste avec ses doigts, comme si elle essayait de nous dire quelque chose.

« Hm ? Tu veux t’accrocher à mes épaules ? C’est bien, bien sûr, mais peux-tu avoir un contact physique ? » Elle était beaucoup plus transparente que lorsque nous avions marché ensemble dans le labyrinthe, j’avais donc supposé qu’elle ne pourrait pas me toucher. Mais Shirley avait souri de façon charmante et s’était accrochée à mes épaules.

J’avais été un peu surpris lorsque j’avais senti sa chaleur à travers ses doigts, et qu’elle flottait dans l’air. Alors que sa robe coulait autour d’elle comme si elle dérivait sous l’eau, j’avais compris. Pendant qu’elle me hantait au Japon, elle avait acquis la capacité de s’accrocher à mon âme. Je m’étais déjà habitué à être hanté, alors ça ne me dérangeait pas.

« Veux-tu venir avec nous, Shirley ? Nous allons visiter un endroit qui s’appelle une piscine où tu peux nager. » Elle secoua la tête. Selon Wridra, quelqu’un devait s’occuper de la forêt, et Shirley avait donc profité de son absence du labyrinthe pour s’acquitter de cette tâche.

La raison pour laquelle elle était semi-transparente maintenant était probablement qu’elle allouait la plupart de ses pouvoirs à la forêt. Wridra me l’avait expliqué alors que je disposais la literie dans la tente.

***

Partie 3

« Alors peut-être que tu pourrais prendre un jour de congé du labyrinthe quand tu voudras visiter le Japon. Nous irons bientôt à Izu. Veux-tu te joindre à nous ? » Shirley m’avait bordé jusqu’à l’épaule et m’avait souri doucement. Il semblait qu’elle était intéressée. Elle avait ensuite sorti un livre d’images comme si elle allait me le lire.

« Hm ? Ne serait-ce pas des monstres du troisième étage ? C’est mignon, les illustrations ont l’air d’avoir été dessinées avec des crayons de couleur. »

« Hah, hah, ce n’est pas un livre d’images ordinaire, » dit Wridra en écartant la couverture et en se glissant à côté de moi. Elle avait tiré sur mon bras pour l’utiliser comme oreiller, et ses longs cheveux noirs s’étaient blottis contre moi.

« Hm, je suppose que je vais voir comment Marie se sent pour une fois et te tenir de face dans mes bras. »

« Ça ne me dérange pas, bien sûr, mais ne me serre pas trop fort. Je ne pourrai pas dormir. » Wridra m’avait lancé un regard furieux, puis s’était rapprochée, les épaules toujours nues.

Il me semblait qu’elle s’était déshabillée comme d’habitude, et je l’avais sentie poser sa cuisse sur moi sous les couvertures. Plus important encore, je me demandais ce qu’elle voulait dire quand elle disait que ce n’était pas un livre d’images ordinaire. J’avais de nouveau regardé le livre et j’avais vu que quelques pages étaient déjà remplies. Le truc du lézard blanc de tout à l’heure occupait une page entière, tandis que les autres illustrations étaient plus petites.

« Tu le comprendras bien assez tôt. En tant que gestionnaire de la vie et de la mort, les caractéristiques de Shirley sont complètement différentes de celles d’un aventurier normal. » Avec cela, Wridra avait laissé échapper un grand bâillement. Il faisait chaud sous les couvertures alors que nos corps se préparaient à s’endormir. La température augmentait encore plus lorsque je sentais son dos lisse tandis qu’elle se pressait contre moi.

« Nnh, ta chaleur me rend plutôt somnolente. Ce n’est pas facile de se séparer d’un tel confort. » Elle était déjà à moitié endormie quand elle avait marmonné quelques bruits et blotti son nez dans mon cou. La dragonne avait alors sombré dans un profond sommeil. La somnolence m’avait envahi alors que son corps se détendait complètement et que je sentais le confort de son corps nu et doux contre le mien. Shirley m’avait aidé à m’endormir, je devais donc lui dire au revoir avant que ma conscience ne s’éteigne.

« Bonne nuit, Shirley. Tu peux me hanter quand tu veux si jamais tu veux venir au Japon. Marie disait en fait que ce serait une bonne façon de faire un régime. » Encadrée par le clair de lune, Shirley avait souri chaleureusement. J’étais soulagé de voir qu’il n’y avait aucune trace de la peur de la solitude qu’elle avait autrefois dans son expression. Elle ressemblait maintenant à une mère veillant sur son enfant, et il y avait en elle un parfum réconfortant qui me rappelait le soleil.

J’aimais voir une telle expression, si libre de tout souci, par-dessus tout.

Je m’étais souvenu de l’inquiétude inexplicable que j’avais perçue dans l’expression de ma mère, il y a si longtemps. Ce n’est pas qu’elle l’avait exprimé franchement, en fait, je n’étais même pas dans son champ de vision. Je me souvenais avoir pensé que je n’existais déjà plus dans son esprit et avoir pleuré jusqu’au matin.

C’est peut-être pour ça que je me sentais si bien en voyant ce regard sur le visage de Shirley.

Ma conscience était devenue floue alors qu’elle me caressait doucement les cheveux.

La dernière chose dont je me souvienne, c’est le son d’une chouette qui hulule.

§

Au début, j’avais entendu quelqu’un crier avec force. Mes yeux s’étaient ouverts dans un étourdissement, ma conscience revenant lentement à moi.

Je pouvais voir l’intérieur de la voiture avec des rideaux tout autour et la lumière vive du soleil. J’étais enfin capable de comprendre pourquoi Marie criait. Une beauté nue, aux cheveux noirs, avait ses bras enroulés autour de moi en plein milieu de la journée.

« Whoa ! » avais-je crié, mais la belle aux cheveux noirs dormait confortablement, ses lèvres vives pressées contre ma clavicule. Elle devait être plongée dans un profond sommeil, car ses bras s’étaient refermés sur moi, même après que j’ai réussi à me lever.

« Kyaaa ! Wridra ! Ton derrière est complètement nu ! Les rideaux sont peut-être tirés, mais que se passera-t-il si quelqu’un te voit ? »

« Hnn… Je suppose que cinq minutes de plus suffiront… Je vais le permettre… » Même si elle était encore à moitié endormie, je n’étais pas de taille face à la force ridicule d’une dragonne. J’avais immédiatement capitulé lorsqu’elle m’avait serré autour du cou. Je ne pouvais pas ouvrir les yeux ou échapper à son emprise par moi-même.

« Marie, s’il te plaît ! »

« Oh, qu’est-ce que je t’ai dit sur ton habitude de dormir nu ? C’est impudique ! Indécent ! Prépare-toi, Wridra ! »

Un bruit sourd avait retenti dans la voiture, comme si quelqu’un avait reçu une gifle, très forte.

L’Arkdragon avait tressailli, mais je ne pouvais pas voir ce qui se passait avec quelque chose de mou qui me couvrait le visage.

 

 

« Maintenant, Mlle Arkdragon endormie, veux-tu une autre claque sur ton derrière !? »

« Bien, bien ! Je me réveille ! Mon Dieu, cette jeune elfe est hors de contrôle. Je ne peux pas croire que tu aies giflé le derrière d’un dragon ! » Wridra avait bâillé et avait soulevé son corps de moi. J’étais enfin capable de respirer à nouveau. J’avais laissé mes yeux fermés, bien sûr, bien que les mains de Marie les aient rapidement recouverts.

« Hm. Donc nous sommes sur le parking de la piscine, n’est-ce pas ? Alors je vais me changer pour mettre le soi-disant maillot de bain. Je suppose que je vais devoir me donner la peine de cacher mes cornes et ma queue également, » déclara Wridra, ce qui signifiait que je ne pouvais vraiment pas ouvrir les yeux maintenant. J’avais réalisé qu’elle couvrait son corps nu avec un maillot de bain tout en restant montée sur moi.

J’aurais aimé que Wridra apprenne à avoir honte pour une fois. Mais comme elle était une dragonne, être nue ne la dérangeait pas du tout.

« Oh, vas-tu assortir mon maillot de bain ? Ce serait mignon d’avoir le même motif avec des couleurs différentes. »

« Hmm, j’ai fait un essai, mais ces jupes à froufrous ne correspondent pas à mes goûts. Je préfère ce bikini à la place. »

« Oui, je pense qu’un design plus mature te conviendrait mieux qu’un design mignon. Mais c’est un peu trop simple, alors pourquoi ne pas y ajouter un peu plus de style ? » On aurait dit que Marie commençait à apprécier ça aussi. Je me demandais si elle avait réalisé que j’étais un homme, malgré mon air endormi…

« Hm, alors je vais ajouter des motifs complexes à l’ourlet du maillot de bain. Ça pourrait être bien si j’ajoute aussi un col. Qu’est-ce que tu en penses ? »

« Oh, oh, ce serait génial ! Peux-tu m’en faire un d’une autre couleur plus tard ? » Pourquoi étaient-elles si enthousiastes à ce sujet ? Et je souhaitais qu’elles arrêtent de faire un défilé de mode au-dessus de moi. Mais j’avais gardé mes plaintes pour moi et j’avais attendu que le temps passe, les yeux toujours fermés.

C’était agité dans la voiture pendant un certain temps après, mais nous avions finalement décidé d’aller à la piscine.

J’avais ouvert la porte et j’étais sorti pour voir un bâtiment en verre qui ressemblait beaucoup à un jardin botanique et j’avais entendu des rires joyeux au loin.

Ça m’avait vraiment ramené en arrière. J’avais essayé de me rappeler la dernière fois que j’avais porté un maillot de bain en regardant mon tout nouveau maillot de bain.

J’étais un peu gêné par ma peau pâle, alors j’en avais choisi un qui descendait jusqu’à mes genoux.

Nous nous étions rencontrés à l’extérieur des vestiaires. C’était assez bruyant dehors, le bruit se répercutant sur les vitres qui nous entouraient. L’humidité et le soleil traversant la vitre me faisaient transpirer. L’effort que j’avais fait pour gonfler le dispositif de flottaison en forme de dauphin ne m’avait fait que transpirer davantage. Nous venions également de l’acheter, et c’était un élément essentiel pour aider Marie à apprécier le processus d’apprentissage de la natation.

J’avais regardé autour de moi en continuant à gonfler le flotteur.

La piscine était publique, et la plupart des visiteurs étaient des enfants et leurs parents. C’était la première fois que mes invités du monde imaginaire venaient dans une piscine, j’avais donc pensé que ce genre d’installation à petite échelle serait mieux. Je doutais que quelqu’un ici essaie de les draguer.

Telles étaient mes pensées lorsque les deux dames étaient sorties du vestiaire.

Mais bon sang, ces deux-là s’étaient démarquées. Même si l’une-pièce de Marie n’était pas aussi révélateur, elle était déjà exceptionnellement mignonne. Ses cuisses exposées étaient éblouissantes, et ceux qui l’entouraient s’étaient tus, comme s’ils venaient d’assister à l’éclosion d’une fleur resplendissante.

Ses longs cheveux blancs étaient placés sur le côté et elle semblait faire attention à ce que ses longues oreilles ne soient pas exposées.

Quant à Wridra, elle portait un simple bikini noir, mais son corps n’avait rien de simple. Le tissu fin de son maillot de bain avait du mal à contenir sa silhouette aux courbes envoûtantes.

Elle attachait ses cheveux en arrière avec un élastique, ses yeux en amande me regardant droit dans les yeux. Les filles avaient salué en s’approchant de moi.

« Ah, ah, ça a grossi ! Qu’est-ce que c’est que ça ? C’est trop mignon ! »

« Oh, je suppose que tu ne saurais pas ce qu’est un dauphin si tu n’as jamais vu la mer. Alors, c’est un cadeau pour une certaine elfe adorable qui est très bien dans son maillot de bain. » Avec cela, j’avais scellé le dispositif de flottaison avant de lancer le dauphin vers Marie.

« Eep ! » Marie avait d’abord été surprise par la taille de l’objet qu’on lui avait lancé, puis elle l’avait attrapé à deux mains et ses yeux s’étaient agrandis en voyant à quel point il était léger. La manche de la couche extérieure de son maillot de bain s’était détachée avec le mouvement, révélant la couche violette en dessous, et un nouveau sentiment étrange s’était élevé en moi.

Avec le cœur battant la chamade, je m’étais répété que ce n’était qu’un maillot de bain, mais Wridra avait alors approché son visage du mien. On aurait dit qu’elle attendait quelque chose, mais je ne savais pas trop quoi.

« Où est ma bouée ? »

« Hein ? Il n’y en a qu’un. Je pensais que tu n’en aurais pas besoin, puisque tu es si grande. »

Elle avait enfoncé son poing dans mon flanc avec un sourire sur le visage. C’était en fait assez fort pour me faire tomber à genoux. Marie jouait avec le dauphin, indifférente, et je m’étais dit qu’elle s’était complètement habituée à Wridra depuis le temps. Mais bon sang, son coup de poing m’avait fait l’effet d’un poing qui avait traversé mes reins. Ce n’est pas qu’elle avait mis beaucoup de force dans son coup, mais plutôt que son objectif était beaucoup trop précis. Peut-être commençait-elle à acquérir d’étranges connaissances pendant son séjour au Japon.

« Très bien, je suppose que nous devrons l’utiliser à tour de rôle. »

« Quoi ? Mais je ne veux pas. C’est mon dauphin. Hé, attends, stooop ! » J’avais entendu le plastique s’étirer, et… le visage du pauvre dauphin était déformé, ce qui lui donnait l’air contrarié.

Tiens bon, dauphin…

Je ne pouvais pas bouger avec ma main sur mon ventre, mais je souhaitais que le dauphin vive plus longtemps que moi.

Quoi qu’il en soit, nous avions finalement commencé à nous diriger vers la piscine.

***

Partie 4

Lorsque nous avions franchi la porte, un soleil éclatant nous attendait. Mais il y avait une bonne brise, ce qui avait aidé à lutter contre l’humidité. Les piscines chauffées à l’intérieur des auberges étaient accessibles toute l’année, mais étant donné que c’était l’été, je m’étais dit qu’il aurait été plus amusant d’être sous le soleil.

« Tellement chaud ! Hm, c’est donc l’été au Japon, hein ? » dit Marie en étirant largement ses membres.

Cela m’avait rappelé mes années d’études. Je me souvenais distinctement de la sensation de chatouillement lorsque je marchais sur la texture granuleuse du sol. Cela faisait longtemps que je n’avais pas ressenti l’odeur salée de l’air et l’eau aussi chaude que l’eau du bain lorsque j’y mettais les pieds.

Le bruit des cigales au loin et les nuages denses dans le ciel bleu étaient l’image même des vacances d’été. Mais en voyant les dames du monde imaginaire sautiller joyeusement, je pouvais dire qu’elles s’amusaient encore plus que moi.

Wridra tenait le flotteur sur une épaule, Marie s’accrochait à elle, et gaiement elles parlaient du sol qui leur chatouillait les pieds et du fait qu’il y avait tant de gens autour. La vue de la piscine bleue avec l’eau qui s’y déversait était probablement un spectacle qui n’aurait pas pu être trouvé dans leur monde. Elles m’avaient regardé avec des yeux pleins de curiosité et d’émerveillement.

« Dis, où est-ce qu’on entre dans la piscine ? »

« Tu peux y aller d’où tu veux. Mais tu dois d’abord t’habituer à l’eau. » Marie avait tiré sur ma main pour me presser à avancer, apparemment incapable d’attendre pour utiliser le dauphin. Je pouvais comprendre qu’elle s’impatientait à cause du plastique aqua très joli.

« D’abord, essayez de tremper vos pieds dans l’eau comme ceci. » Je m’étais approché de la piscine et j’avais mis mes pieds dans l’eau pour faire une démonstration. J’avais fait signe aux filles de s’approcher, et elles étaient aussi entrées dans l’eau jusqu’aux genoux.

« Nnh, c’est plus froid que je ne le pensais ! Et l’eau est si claire. Regarde, Wridra, ça fait tout le tour. »

« Je vois. Je me demande comment ça continue à circuler. On dirait presque une illusion d’optique. » Une fille avec un anneau de flottaison était passée par hasard devant nous, et Marie et elle s’étaient saluées. C’était un spectacle sain, mais j’avais remarqué que le maître-nageur regardait Marie et Wridra un peu trop intensément… J’avais décidé de ne pas trop m’en faire.

« Maintenant, versez un peu d’eau sur vous pour vous habituer un peu plus. »

« Aaah, c’est si froid ! » Nous nous étions aspergés d’eau, et nous étions prêts à y aller.

J’étais entré dans la piscine le premier et j’avais tendu les deux mains à Marie, qui les avait serrées en réponse. Elle avait froncé un peu les yeux, puis elle avait sauté dans la piscine d’un seul coup.

Elle avait dû glisser, car sa tête s’était enfoncée dans l’eau. Elle avait tiré sur mes mains, paniquée. Le visage de Marie était alors sorti de l’eau, ses cheveux collés à son front.

« Pwah ! Cela m’a surpris. Wridra, peux-tu me passer le dauphin ? »

« Hah, hah, tiens le bien. » Wridra avait lancé le dauphin à Marie, qui s’était empressée de tendre les mains. Elle avait attrapé le flotteur rempli d’air, puis elle avait affiché un sourire heureux.

« Laisse-moi te montrer comment utiliser le flotteur avant de commencer à nager. Écarte un peu les bras. »

« Comme ça ? » Je l’avais attrapée sous les deux aisselles et l’avais soulevée. Son corps était très léger sous l’eau, et elle avait fini par monter sur le dauphin. Elle avait attrapé la nageoire dorsale sans réfléchir et avait enroulé ses jambes autour de la nageoire caudale, et ses yeux s’étaient illuminés.

« Wôw, je l’ai fait ! Regarde-moi, je flotte ! » Marie me regardait avec une expression heureuse et innocente, mais avec ses fesses dans son maillot de bain juste en face de moi… cet angle était un peu troublant. Le tissu mouillé lui collait à la peau, et je pouvais voir les lignes de son derrière très clairement.

J’avais pensé que le design de ce maillot fin était relativement discret, mais les couleurs vives ressortaient une fois mouillées, et je m’étais senti un peu étourdi. Cela pourrait avoir été encore plus érotique qu’un bikini normal.

« Je vais aussi le monter ! » cria Wridra.

« Attends, non, non, non ! Ne le secoue pas maintenant, ou tu vas… Gyah ! » Le dauphin s’était retourné, et j’étais rapidement allé les aider. J’avais attrapé le poignet de Marie alors qu’elle se débattait sous l’eau, puis je l’avais tirée vers moi. Ses cheveux blancs avaient émergé de l’eau, et elle avait enroulé ses bras autour de mon cou.

« Wridra ! Oh, merci, Kazuhiro-san, » dit-elle, mais j’avais du mal à trouver comment réagir. Sa peau nue et humide était pressée contre moi, et je la soutenais par sa taille fine. Je pouvais sentir ses seins doux se presser contre moi.

L’eau ondulait en faisant de petites vagues. Ça éclaboussait ses clavicules, et son décolleté mouillé de gouttelettes d’eau était trop éblouissant pour être regardé. Complètement inconsciente de mon état mental, Marie avait posé son menton sur mon épaule.

« Ahh, si chaud. Oh, nous devrions poursuivre Wridra. J’aimerais récupérer le dauphin, mais nous devrions le faire à deux. »

« Oui, faisons ça. Nous allons nager lentement et la poursuivre. » Marie avait acquiescé et m’avait finalement relâché. J’avais ressenti un étrange mélange de soulagement et de déception. Je m’étais donc accroché à ses mains et nous avions commencé notre leçon de natation.

Nous pouvions entendre les enfants rire autour de nous. C’était une journée paisible comme les autres, mais personne ne semblait remarquer la présence d’une elfe et d’une dragonne parmi eux.

La bataille pour le dauphin s’était poursuivie, et les assauts de Marie étaient devenus plus complexes à mesure qu’elle ajoutait des tactiques de balancement et d’éclaboussement. J’étais heureux de voir les deux rire ensemble. Elles avaient appris à rire davantage au fil des jours. J’étais sûr qu’il en allait de même pour Shirley, qui gérait maintenant la forêt du deuxième étage. En y réfléchissant, c’était étrange de penser que nous jouions tous ensemble comme ça, alors qu’elles m’avaient chacune tué auparavant.

Alors que je réfléchissais à cette pensée, Marie avait serré ma main à côté de moi.

« Wridra est si méchante. Elle a secrètement utilisé la magie pour créer un courant d’eau et m’a fait tomber. Peux-tu la croire ? Faisons équipe et récupérons le dauphin ! »

« Oh, mais tu pourrais faire un trou dedans si tu es trop brutale, » avais-je dit, mais Wridra narguait Marie en lui donnant des claques sur l’arrière du dauphin de loin. C’était sa façon de dire qu’elle voulait plus d’attention. Nous avions ri, puis notre conseil de guerre pour récupérer le dauphin avait commencé.

« okay, si on fait ça, on y va à fond. Nous devons être silencieux et précis si nous voulons récupérer le dauphin sans que le maître-nageur ne se mette en colère contre nous, » avais-je dit.

« C’est le but. D'accord, nous ne pourrons pas utiliser le Chat de Lien Mental ici au Japon. Cela signifie que nous devrons définir tout le plan à l’avance. »

Nous avions fait des allers-retours pour trouver un plan, mais nous avions fini par le plan simple de « reprendre le dauphin par la force ». Qu’est-il arrivé à l’intelligence et à la coordination dont nous avions fait preuve dans le labyrinthe ? J’avais soulevé Marie par les aisselles, puis je l’avais déposée sur le dauphin où Wridra était couchée. J’avais ensuite chatouillé les flancs de Wridra, qui avait éclaté de rire.

« Haaa ha ha ! Est-ce ça que tu as trouvé après tout ce travail de planification ? Hng… Aha ha ha ! »

« Maintenant, rends-toi et relâche le dauphin ! Ou tu passeras le reste de ta journée à rire ! » C’était une menace plutôt inhabituelle. Mais la tactique semblait fonctionner, car Wridra perdait l’équilibre tout en gloussant joyeusement. Cependant, l’ennemie ne devait pas être sous-estimée. Juste avant de tomber, elle s’était accrochée à Marie, l’entraînant dans l’eau avec elle.

J’étais resté seul avec le dauphin, et quand je les avais vues s’approcher pour respirer au loin, une envie m’avait pris. J’avais décidé de profiter de la situation.

« Hé ! Arrête-toi là, Kazuhiro-san ! Qu’est-ce que tu crois faire !? »

« Ha ha ha, tu as perdu parce que tu n’as pas anticipé ma trahison. Et… Hup. »

Oh, c’est agréable. Je pouvais flotter ici sereinement, et le soleil était agréable dans mon dos. Donc c’est pour ça qu’elles voulaient tellement le dauphin.

Je profitais tranquillement du flotteur, mais mon tour s’était terminé aussi vite qu’il était venu. Wridra avait soulevé Marie sous les bras et l’avait fait monter sur le flotteur par le haut, en utilisant la même tactique que nous avions utilisée plus tôt. J’avais rapidement glissé sur le côté pour m’enfuir dans la piscine avant de pouvoir être éjecté.

« Hé, ce n’est pas juste ! Reviens ici pour que je puisse te chatouiller ! » Marie était vraiment pleine d’énergie. Elle riait sans inhibition, et sa nage s’améliorait naturellement avec le temps. J’avais ralenti exprès pour la laisser me rattraper, et elle s’était accrochée à mon dos en disant : « Je t’ai eue ! »

« Comment trouves-tu la piscine, Marie ? »

« Hee hee, c’est tellement amusant ! » Elle avait pressé sa joue contre la mienne et avait gloussé joyeusement.

Sa réaction m’avait fait chaud au cœur. J’étais un peu inquiet au début, car les piscines au Japon avaient tendance à être bondées. Après tout, Marie n’aimait pas vraiment les foules. J’avais été soulagé de voir qu’elle se laissait aller et qu’elle s’amusait comme d’habitude une fois que nous nous étions mis dans le bain.

« Hmm, tu es assez confortable à monter. Tu es le parfait remplaçant du dauphin. »

« Hein ? Suis-je censé nager pour toi ? Qu’est-il arrivé à l’entraînement de natation ? »

« Nous pouvons le faire plus tard. Maintenant, allons rattraper Wridra. » Marie s’était sérieusement appuyée contre mon dos et m’avait serré entre ses cuisses, et j’avais eu l’impression d’être devenu le dauphin. Je ne sentais pas beaucoup son poids dans l’eau, mais je ne savais pas si c’était une bonne chose ou non.

Alors que je nageais en faisant des brasses, Marie parlait joyeusement à côté de mon oreille.

« Ah, c’est facile et agréable. Sais-tu comment Shirley s’accroche à ton épaule ? J’ai l’impression de comprendre pourquoi maintenant. »

« Hein, est-ce pour ça ? Pourtant, elle avait l’air d’y aller doucement avec mon épaule. Juste pour que tu saches, tu fais la même tête qu’elle en ce moment. »

« Oh, je devrais peut-être ordonner à ce petit dauphin effronté de nager plus vite. » Maintenant que j’y pense, Marie semblait avoir pris l’habitude de s’accrocher à mon dos. Pourtant, je voulais qu’elle profite au maximum de cette journée.

La bataille pour le dauphin s’était terminée, mais malheureusement, Wridra était sortie victorieuse. Nous nous étions laissés dériver dans l’eau, profitant de cette journée de congé estival et bronzant au soleil.

C’était agréable de s’amuser comme un enfant de temps en temps. Comme j’avais tendance à rester enfermé à l’intérieur, je n’avais aucun intérêt à aller à la piscine, mais j’avais trouvé que c’était en fait assez agréable.

Après avoir passé beaucoup de temps dans la piscine à vagues, nous avions décidé de trouver autre chose à faire. Nous avions monté les escaliers pieds nus en direction des principales attractions de cet établissement.

Le bruit des enfants qui applaudissent se faisait entendre d’en haut, et c’est l’image même de vacances d’été animées. Il y avait un toboggan aquatique bleu en spirale menant à la piscine en contrebas.

Elle faisait environ cinquante mètres de long et n’était pas trop folle en termes de taille ou de hauteur. Mais à mesure que nous approchions du sommet, Marie avait commencé à ralentir sa foulée. Elle s’était accrochée à mon bras des deux mains, les genoux faibles alors qu’elle levait vers moi ses yeux améthystes.

« Attends, nous sommes trop haut. Comment pouvez-vous être si calmes tous les deux ? Incroyable. »

Wridra et moi nous étions regardés en clignant des yeux. Elle était une Arkdragon qui volait à des milliers de mètres dans le ciel, et moi, je me téléportais sans tenir compte de la hauteur ou de la distance. Marie semblait avoir compris cela d’après nos regards, et une sueur froide avait coulé sur son visage tandis que ses genoux tremblaient.

« Oui, je vois. C’est ma faute pour avoir demandé à des gens aussi illogiques. » Pour moi, il était plus étrange que quelqu’un comme Marie, qui avait tant accompli dans l’ancien labyrinthe, ait peur de ce niveau de hauteur.

Mais je comprenais un peu son sentiment. Non seulement on pouvait voir toute la piscine de là-haut, mais tout le parking était visible. Mais comme il y avait beaucoup de visiteurs avec leurs enfants ici, les mesures de sécurité appropriées étaient en place. J’avais regardé autour de moi, puis j’avais entendu à nouveau cette voix familière et mécontente.

***

Partie 5

« Oui, je suppose que je devrais au moins essayer d’avoir un état d’esprit positif. C’est très important, mais décidons de l’ordre dans lequel nous descendons le toboggan. Bien sûr, je refuse d’être la première ou la dernière. »

« Hah, hah, dans un esprit d’équité, on devrait régler ça avec pierre papier ciseaux. Maintenant… Pierre, papier… »

« Non ! Wridra d’abord, et Kazuhiro-san en dernier ! S’il vous plaît, s’il vous plaît, allons-y dans cet ordre, d’accord !? Je ne suis pas bonne à pierre-papier-ciseaux, alors je ne veux pas jouer ! »

Oui, Marie était vraiment mauvaise à pierre-papier-ciseaux, surtout parce qu’elle choisissait généralement le papier en premier. Elle commença à pleurer et à secouer la tête pour dire non, et Wridra et moi n’avons pas pu nous empêcher de rire. La façon dont elle tapait ses pieds nus et qu’elle pleurnichait était si mignonne qu’elle nous avait fait sourire.

« Suivant dans la file, veuillez vous asseoir ici, » avait dit le membre du personnel.

« Hm, c’est mon tour. Alors je vais y aller. » Wridra était pleine de curiosité alors qu’elle s’approchait de son tout premier toboggan aquatique, mais quelque chose d’étrange s’était produit. L’employée qui nous dirigeait fixait Wridra, les joues roses et une lueur dans les yeux.

Wridra était en effet magnifique. Marie et moi pouvions le dire sans hésiter. Ses longs cheveux noirs lustrés, ses yeux d’obsidienne encadrés de longs cils et ses proportions voluptueuses captivaient même son propre sexe. La condition préalable était que Wridra devait rester silencieuse et garder ses cornes et sa queue cachées, mais quelqu’un qui la rencontrait pour la première fois ne pouvait pas remarquer ses défauts.

L’employée se contenta d’agiter la bouche sans mot dire, et il était évident qu’elle était enchantée par l’apparence de Wridra. L’Arkdragon avait dit « Je vous remercie » de très près, et l’employée semblait avoir été envoûtée.

En raison de sa taille et de ses jolis traits de visage, Wridra attirait aussi bien les hommes que les femmes. Je pensais que cela avait quelque chose à voir avec le sang d’Arkdragon qu’elle avait en elle, et que c’était en partie la raison pour laquelle elle avait tendance à se faire discrète dans le labyrinthe. Mais elle avait pu se lâcher ici au Japon, et son sourire authentique débordait de son charme personnel. Il n’était pas étonnant que le membre du personnel soit troublé.

« Beauté - Ahem, je veux dire, mademoiselle, s’il vous plaît mettez vos bras sur votre poitrine comme… Ahh, oui, exactement comme ça, merveilleux. Maintenant, étendez vos jambes et… Oh, ohh, vous êtes impeccable ! »

« Hm ? Le service clientèle est très courtois ici, comme on peut s’y attendre au Japon. Bien, je vous attendrai tous les deux en bas. »

Ainsi, Wridra prit la tête de l’avant-garde et descendit le toboggan sous la direction du membre du personnel trop courtois. Le toboggan bleu se tordait en spirale et accélérait en se dirigeant vers une ligne droite. Une fois qu’elle avait pris beaucoup de vitesse, Wridra avait glissé sur la surface de l’eau et avait plongé dans la piscine au fond avec un plouf.

Elle avait envoyé des vagues dans la piscine en formant un cercle autour d’elle, puis la beauté aux cheveux noirs nous avait fait signe de suivre.

« okayk, maintenant baissez vos hanches. » Marie avait tressailli lorsque le membre du personnel avait donné ses instructions. Il y avait des enfants qui attendaient derrière nous, alors il n’y avait pas de retour en arrière possible. On aurait vraiment dit qu’elle ne voulait pas descendre. Marie avait opposé sa dernière résistance en serrant ma main pendant qu’elle se mettait en position.

« Eek ! C’est froid ! Pourquoi l’eau coule-t-elle ? C’est froid et effrayant ! »

« Cela te permet de gagner plus de vitesse de cette façon. Tu pourrais te blesser si tu bouges, alors assure-toi de rester immobile. »

Oh, c’était la mauvaise chose à dire. Dès que j’ai dit qu’elle risquait de se blesser, le visage de Marie avait pâli. Elle s’était accrochée à mon bras des deux mains dès qu’elle avait commencé à glisser vers le bas et ne l’avait plus lâché. J’avais été entraîné avec elle dans le tube bleu, qui m’avait fait vivre le plus terrifiant tour de toboggan aquatique de ma vie. Ma vision s’était immédiatement remplie de bleu, et Marie avait enroulé ses bras autour de mon cou…

D’accord, c’est vraiment effrayant !

« Hhhyaaaaaa ! »

« Calme-toi, calme-toi ! Ne me mets pas la tête en bas, s’il te plaît ! » Cela avait même fait disparaître l’expression endormie de mon visage. Avec le poids combiné de deux personnes, nous nous balancions sauvagement dans le tube à chaque courbe, Marie hurlant de peur tout le temps. Nous avions franchi la dernière courbe et glissé le long de la ligne droite, et les cris de Marie étaient devenus plus frénétiques à mesure que nous prenions de la vitesse.

« Aaaaaaaaaaaaaahhh ! » Je m’étais demandé pourquoi j’étais bloqué dans un mouvement de lutte pendant toute la durée de l’épreuve. Nous étions sortis du toboggan, et j’avais atterri dans l’eau avec un bruit sourd !

J’avais l’impression que nous étions venus jouer à la piscine, mais j’avais fini par manger un DDT peu orthodoxe d’une certaine elfe. Je n’étais pas sûr de ce que je ressentais alors que je m’enfonçais dans l’eau.

« Ouf, c’était étonnamment agréable. Oh, pourquoi as-tu glissé avec moi, Kazuhiro-san ? Tu étais inquiet pour moi ou quelque chose comme ça ? »

« Je me demande pourquoi… Aha… Tu devrais peut-être demander à Wridra qui se roule par terre en riant, là-bas. » Marie avait l’air plutôt perplexe, puis elle s’était accrochée à mes épaules. On aurait dit qu’elle voulait que je la porte jusqu’au bord de la piscine. J’étais impressionné de constater que Marie avait trouvé sa propre façon de passer son temps à la piscine en toute tranquillité.

Nous avions fini par descendre le toboggan aquatique une fois de plus, et Wridra avait souffert comme moi.

Il était difficile pour quiconque de remarquer la fatigue quand on s’amusait. Wridra était pleine d’énergie comme toujours, mais Mme Elf, pas tellement. Marie était plutôt du genre intellectuel, et ses prouesses physiques étaient à la hauteur de celles d’un enfant.

Ses doigts fins s’étaient agrippés à la main courante, et j’avais soutenu ses hanches par derrière alors qu’elle sortait de la piscine. Elle semblait être à court d’énergie et avait l’air un peu instable. L’eau avait éclaboussé son corps lorsqu’elle s’était retournée pour me remercier.

« Le soleil commence à se coucher. Je pense qu’il est temps de rentrer à la maison, » avais-je dit.

« Oh, c’est vrai… Mais je pense que nous pouvons rester un peu plus longtemps. Il y a encore beaucoup de monde ici. Je commence aussi à m’habituer à nager, alors je veux m’entraîner un peu plus. »

J’étais aussi sorti de la piscine. Wridra s’était approchée par derrière, l’eau dégoulinant de son corps sur le carrelage.

« Marie, dans ce monde, tu dois accepter ce que Kazuhiro décide. Il est parfois surprotecteur, mais il veille à ton bien-être, » dit Wridra en se penchant.

« C’est vrai. » Marie avait fait la moue. On aurait dit qu’elle était triste de la fin abrupte de notre plaisir.

J’étais heureux que Marie s’intéresse aux piscines, et j’avais envie de la laisser passer plus de temps ici. Mais Marie était mon amoureuse et elle n’était ici que depuis moins de six mois. Je voulais qu’elle prenne son temps pour s’habituer à cet environnement, alors ça ne me dérangeait pas d’être surprotecteur pour un petit moment.

« Alors que diriez-vous d’aller manger de délicieux ramen tous ensemble ? Marie, tu veux monter sur mon dos jusqu’aux vestiaires ? »

« Oui. » Je m’étais accroupi, et Marie avait mis son poids sur mon dos.

Je ne savais pas si elle frottait son nez contre mon cou parce qu’elle voulait se blottir ou parce qu’elle était triste. Son corps était un peu froid au toucher et sentait le chlore. Alors que je la soutenais par ses fesses encore humides, elle me semblait aussi légère qu’une plume.

« Eh bien, c’était comme un petit échauffement avant le voyage à Izu. Le vrai plaisir est encore à venir, donc j’espère que vous êtes impatientes. Je suis surpris que vous ayez appris à nager correctement si rapidement. »

« Bien sûr. J’avais aussi l’habitude de nager au village des elfes parfois. Je l’ai appris en un rien de temps puisque je m’amusais tellement ici. Ah, j’ai hâte d’aller à Izu. Je veux que tu tournes les pages du calendrier jusqu’au jour du voyage, d’accord ? » Eh bien, c’était une demande terriblement mignonne. Je voulais qu’elle soit plus franche sur ce qu’elle voulait à l’avenir. Ça m’avait fait plaisir de voir.

Le programme de la semaine prochaine incluait les vacances. Avec le raid sur l’ancien labyrinthe et les travaux sur la maison et la ferme à venir, le temps allait sûrement passer très vite.

Marie était de nouveau joyeuse avant même que je m’en rende compte, et ses pieds se balançaient d’avant en arrière lorsque je la portais sur mon dos.

§

« Bienvenue ! » J’avais ouvert la porte coulissante mal ajustée, et une odeur distincte s’était répandue dans la pièce. Je pouvais sentir l’odeur de diverses huiles et la chaleur des nouilles bouillantes alors que nous entrions.

Le propriétaire vieillissant qui nous avait accueillis bruyamment n’était pas trop surpris par mes deux compagnons à l’allure loin d’être japonaise, et il nous avait guidés vers le comptoir. Peut-être y avait-il plus de touristes étrangers par ici ces derniers temps.

« Hm. C’est un petit établissement plutôt confortable ici. Cependant, quelque chose sent bon, » dit Wridra.

« Oh, wôw ! mon estomac a grogné dès que je suis entré ici. Mon Dieu, c’est comme si j’étais devenu un glouton tout d’un coup. » Marie était une grande fan de cuisine avant même de visiter le Japon, mais je gardais cela pour moi. Les cheveux de Wridra et de Marie étaient encore humides lorsque nous avions pris place au comptoir. Il n’y avait pas beaucoup de clients autour, car un certain temps s’était déjà écoulé depuis l’heure du déjeuner. À côté de nous, il y avait une personne âgée qui lisait un journal et une famille qui semblait rentrer de la piscine. La radio qui jouait en arrière-plan et l’intérieur ancien, mais propre étaient l’image même d’un magasin de ramen de longue date.

J’avais ensuite porté mon attention sur les deux filles, qui fixaient le menu, les sourcils froncés. Elles faisaient toujours cette tête lorsque nous nous rendions dans un tel restaurant. C’était parce qu’elles voulaient éviter de commander quelque chose qui ne correspondait pas à leur palais ou de finir par être envieuses des plats des autres. Je les avais regardées délibérer pendant un moment encore, puis faire une suggestion.

« Et si on commandait chacun quelque chose de différent et qu’on partageait ? »

« D’accord ! »

« Moi aussi ! »

Elles avaient toutes les deux accepté avec un air comiquement déterminé sur leurs visages. C’est étrange, je ne me souviens pas qu’elles aient répondu de manière aussi décisive lorsque nous étions dans le labyrinthe antique.

Et donc, nous avions décidé de commander du shoyu chashu, du beurre de miso, et des ramens tonkotsu, chacun dans une grande taille. Cela aurait été une chose s’il n’y avait eu que Marie et moi, mais j’avais dû envisager de commander de plus grandes portions avec Wridra ici.

***

Partie 6

J’avais remarqué que beaucoup de magasins de ramen offraient une variété de ramens différents de nos jours. Alors que j’y pensais, le propriétaire à l’air sympathique était sorti de la cuisine.

« Oh, est-ce la première fois que vous mangez des ramens ? »

« Pour ces deux-là, oui. Elles sont arrivées au Japon récemment, » avais-je répondu. Marie avait hoché la tête, et le propriétaire grisonnant avait souri.

« C’est bien ça ? Haneda est proche d’ici, donc elle attire beaucoup de visiteurs étrangers. Je n’ai jamais vraiment pensé à cette ville comme à une ville cosmopolite, mais je suppose qu’ils passent. » Le propriétaire avait parlé d’une manière franche, comme si cela ne le concernait pas beaucoup. Bien que, techniquement, ce n’était pas un échange culturel international, puisqu’elles venaient d’un autre monde. Ce n’était pas comme s’il allait le comprendre si je le lui disais, alors j’avais gardé cette partie pour moi.

« Alors, vous êtes en visite guidée ? On dirait que vous revenez de la piscine, et vous n’avez pas l’air d’un guide touristique. »

« En fait, on sort ensemble, » avait dit Marie en me serrant le bras. Le propriétaire avait écarquillé les yeux devant son japonais éloquent et son geste mignon.

« Huh, vraiment ? Tu t’es trouvé une belle dame malgré ton air endormi, hein ? Voici votre shoyu chashu. Et voici quelques assiettes supplémentaires. » Le bol de ramen et les assiettes supplémentaires avaient été placés sur le comptoir. Les dames avaient une lueur dans les yeux, mais j’avais dû transférer une partie des ramens dans les assiettes supplémentaires. Une idée m’était venue à l’esprit à ce moment-là, mais je n’avais réalisé que j’allais me causer des problèmes que plus tard.

« En fait, on pourrait avoir l’impression que c’est plus savoureux si on mange directement dans le bol. Essaie, Marie. »

« Merci. Désolé, Wridra, si tu peux attendre juste un peu plus longtemps… »

Wridra déglutit, de la bave coulant de ses lèvres. Mais elle avait fini par adopter l’approche mature et avait fait signe à Marie d’aller de l’avant.

Marie avait fendu ses baguettes en bois avec des mains exercées. Au-delà de la vapeur vacillante se trouvait la soupe à base de sauce de soja avec de l’huile flottant à sa surface. On pouvait voir la graisse molle sur le morceau de porc lustré, et les épinards verts attisaient encore plus l’appétit.

J’avais fait un geste pour lui montrer comment manger, et elle avait pris avec précaution quelques nouilles avec ses baguettes. Elle avait ensuite repoussé ses cheveux d’une main et avait commencé à manger les nouilles.

Les nouilles avaient disparu dans sa bouche avec un bruit de slurp, et leur forme ondulée leur avait permis de transporter beaucoup de soupe dans le processus. Marie poussa un gémissement de satisfaction et ses yeux s’agrandirent lorsqu’elle goûta la saveur soulageante de la sauce soja, le bouillon rempli d’umami et la texture moelleuse des nouilles.

« Mmm ! » Elle expira une bouffée de vapeur et continua à mâcher.

C’était le repas parfait pour se réchauffer du froid. Lorsque les animaux sentent qu’ils manquent de quelque chose, leur cerveau envoie le signal que la nourriture est délicieuse, ce qui les incite à manger davantage. C’est pourquoi la nourriture a un goût extra bon après avoir perdu de la chaleur corporelle. Le premier goût des ramens avait été très fort. Alors que Marie engloutissait les nouilles, il me semblait que cette sorte d’instinct primaire la poussait à manger.

« Dites, n’est-ce pas maintenant mon tour ? Je comprends, tu dois être en colère contre moi pour avoir pris le dauphin. Je m’excuse sincèrement. C’était immature de ma part. » Wridra avait commencé à s’excuser, mais Marie était complètement concentrée sur les ramens. Elle avait donné un coup à la main de Wridra, puis avait pris un peu de soupe avec sa cuillère et avait pris une gorgée.

« Oh, je vois que vous appréciez la nourriture. Voici le beurre de miso pour vous, mademoiselle aux cheveux noirs, » dit le propriétaire.

« Ahh, enfin ! Hé, n’oubliez pas que nous échangerons nos bols plus tard. »

« Nngf (okay) ! »

Les ramens au beurre de miso étaient également délicieux, qu’ils aient été mangés après la visite de la piscine ou non. L’odeur du beurre s’élevant du bol était assez appétissante. Étant donné les tas de maïs, de germes de soja et de porc chashu mou mélangés au beurre, je savais avant de le goûter qu’il aurait un goût incroyable.

Il était quelque peu étrange de voir la beauté aux cheveux noirs engloutir des nouilles sans hésitation. Ses yeux en amande s’étaient ouverts en grand. Nos regards s’étaient croisés par hasard à ce moment-là, et son expression disait sans mot dire : « Le beurre est délicieux ! »

Le beurre avait rendu le bouillon encore plus riche en le faisant fondre au fil du temps, de sorte que l’on ne se lasse pas de son goût. Cela m’avait fait apprécier à quel point le plat était bien conçu.

Les désirs de Marie et de Wridra pour la bonne nourriture s’étaient synchronisés à ce moment-là, et elles avaient échangé leurs bols l’une avec l’autre.

« Mmf ! C’est incroyable ! Je n’ai jamais goûté quelque chose comme ça ! » s’exclama Marie.

« Délicieux ! Je ne pensais pas que les nouilles pouvaient avoir une telle profondeur de saveur. Le goût riche du chashu rehausse vraiment le plat tout entier ! » L’expression de leurs visages était celle d’un pur bonheur, mais le propriétaire semblait encore plus heureux. N’importe qui serait heureux d’être complimenté par des femmes aussi mignonnes, après tout. En fait, le propriétaire était tout sourire, et on aurait dit qu’il était heureux d’avoir décidé de tenir un magasin de ramens.

 

 

« Et voici le tonkotsu. Notre tonkotsu a un léger parfum, et nos invités étrangers l’aiment vraiment. Un seul goût, et vous mesdames allez être accrochées. »

« Oh, mes ramens sont enfin… » Les mains de Marie et Wridra avaient saisi le bol de ramen, et mon visage avait tressailli.

J’ai un mauvais pressentiment à ce sujet. Selon le propriétaire, les étrangers aimaient ces ramens tonkotsu… Je m’étais demandé si elles allaient m’en laisser, et la sonnette d’alarme a retenti dans ma tête.

« Oh, je suis désolée, je n’ai pas pu m’en empêcher…, » dit Marie.

« C’est bon. Pourquoi ne goûterait-on pas chacun un peu ? » Les ramens tonkotsu étaient enfin arrivés. J’allais bientôt découvrir que le propriétaire ne mentait pas et n’exagérait pas.

La soupe blanche était faite en faisant bouillir des os de porc jusqu’à ce que le bouillon devienne laiteux. Son goût était doux, mais il y avait une profondeur dans sa saveur qui se manifestait au fur et à mesure qu’elle descendait dans la gorge. Les filles avaient été surprises par sa saveur douce inattendue et sa texture crémeuse.

« Ohh, je ne peux pas ! Je ne peux pas m’empêcher de sourire ! » s’exclama Marie.

« Hmm ! Je ne me lasse pas de cette saveur, quelle que soit la quantité que je mange… Je ne m’attendais pas à découvrir un tel trésor ici ! » Il semblait que Wridra avait déjà oublié que je ne leur avais offert qu’un « avant-goût ». Il était inhabituel que je ressente l’envie de pincer Wridra, mais je ne pouvais pas l’atteindre avec Marie assise entre nous.

Puis, j’avais compris. Wridra me fixait avec un sourire méchant sur le visage.

Avait-elle prévu ça depuis le début ? Se pourrait-il que j’aie déjà perdu lorsque nous avions choisi nos sièges ?

Je ne pouvais pas refuser la demande de Marie, et je ne pouvais pas atteindre le bol une fois qu’il était passé à Wridra. Avait-elle vraiment employé des tactiques de si haut niveau pour nous faire asseoir ?

Mes soupçons continuaient à s’accumuler, mais j’avais un plan. J’avais souri, puis j’avais demandé avec enthousiasme au propriétaire : « Oh, peut-on avoir des nouilles en plus ? »

« Désolé, nous ne proposons pas ça ici. »

Ah. N’ayant pas d’autre choix, j’avais décidé d’ajouter une commande de shio ramen. Bien sûr, il y avait une lueur dans les yeux de l’Arkdragon qui fixait mon bol comme un tigre qui en avait après sa proie, alors je ne pouvais pas baisser ma garde.

La bataille silencieuse s’était poursuivie pendant un certain temps encore, et elle n’avait pris fin que lorsque Marie avait déclaré qu’elle était rassasiée.

Nous avions lentement roulé sur la route dans le soleil couchant.

Sans surprise, c’était calme dans la voiture. Nous avions mangé des ramens après avoir joué à la piscine, il ne restait donc plus qu’à faire une bonne sieste. C’était la bonne façon de passer son temps libre, et la raison pour laquelle on avait besoin d’une voiture pour aller à la piscine. Du moins, c’était la logique dans laquelle je vivais.

Je pouvais entendre les deux autres qui dormaient à l’arrière, et elles ressemblaient à des sœurs quand je regardais dans le rétroviseur. C’était comme ma propre récompense.

Le prix d’entrée pour la piscine était négligeable, mais c’était une véritable explosion grâce à ces deux-là. Leur joie et leur excitation étaient vraiment contagieuses. Le simple fait de me promener avec eux main dans la main m’avait rempli de bonheur.

Tout ce que nous avions fait, c’était d’aller à une piscine abordable et de manger des ramens, mais ma bouche s’était recourbée en un sourire sur le chemin du retour.

Bonne nuit, vous deux. N’oubliez pas de prendre un bain à votre réveil.

***

Chapitre 11 : La bonne façon de passer un jour de congé

Partie 1

Un verre de thé glacé avait été posé devant moi, et j’avais dit « Merci. »

Marie avait observé mon visage apathique, un plateau tenu contre sa poitrine, puis elle s’était assise sur le siège en face de moi.

Le ciel bleu était visible par la fenêtre en ce matin de week-end, et il semblait que des nuages allaient apparaître une fois la température montée. Marie portait une tenue appropriée pour l’été : une camisole qui pendait sur ses épaules avec de la dentelle et un short qui dévoilait ses cuisses.

« Tu as l’air abattu aujourd’hui. Est-ce que tu vas bien ? »

« Hmm, vraiment ? Vous allez peut-être rire, mais j’avais vraiment hâte d’être au troisième étage. Je pensais qu’on tomberait sur des adversaires puissants et qu’on livrerait une bataille désespérément serrée. Mais ensuite… » J’avais soupiré, puis Marie m’avait jeté un regard étrange en prenant une gorgée de son verre de thé glacé.

Le troisième étage avait vraiment été une déception.

Les ennemis y étaient assurément plus forts, et il y avait plus d’ennemis redoutables que jamais auparavant. Mais cela signifiait aussi qu’il y avait plus d’ennemis qui connaissaient immédiatement la vraie nature de Wridra et Shirley. Les monstres avaient donc fui sur-le-champ, pour ne plus jamais être revus. Quant à la grande Arkdragonne en question, elle était retournée se coucher pour faire une sieste après avoir pris son petit-déjeuner.

Je l’avais regardée dormir confortablement, puis j’avais ramassé le verre sur la table et l’avais présenté à la créature ressemblant à une méduse qui flottait dans la pièce. Elle avait laissé tomber de la glace sans impuretés dans le verre, refroidissant encore plus le thé glacé. Les esprits de la glace sont vraiment pratiques. Bien qu’elle ait été attirée par le congélateur pour une raison inconnue, elle y dérivait de temps en temps.

« Le troisième étage est étrange, n’est-ce pas ? J’étais particulièrement dégoûté de ne pas pouvoir combattre ce dragon de chaleur, » ai-je dit.

« Mais c’est mieux si on peut le faire facilement. Cela me donne plus de temps pour lire les livres, regarder les peintures murales et apprécier ta cuisine, alors ça ne me dérange pas du tout, » avait répondu Marie en attachant ses cheveux en arrière. Il y avait un anime du matin qui passait en ce moment, et j’avais réalisé que sa coiffure ressemblait au personnage de la série. Elle avait peigné ses cheveux avec une brosse qui était à proximité, puis les avait regroupés de chaque côté pour faire des nattes.

Il y avait quelque chose de magique dans son apparence, avec ses cheveux blancs, sa peau pâle et ses yeux comme des pierres précieuses. En fait, elle pouvait vraiment utiliser la magie. L’histoire de l’anime consistait à sauver des gens en utilisant la magie, sa coiffure était donc un choix approprié dans ce sens. J’avais donc pris des rubans sur l’étagère et j’avais décidé de l’aider.

Mais avec cette coiffure, il était difficile de cacher ses longues oreilles avec l’outil magique. Dans ce cas, il aurait probablement été préférable d’ajouter du volume sur les côtés, mais alors elle n’aurait pas autant ressemblé au personnage. Pendant que je faisais des allers-retours sur cette énigme inutile, Marie laissait ses pieds pendre sous elle.

« Ce n’est pas comme si tu n’avais pas pu te battre du tout. Les ennemis faibles qui ne pouvaient pas reconnaître Wridra nous ont attaqués de toute façon, » dit-elle.

« C’est vrai. Mais personnellement… Je ne suis pas sûr que tu comprennes, mais un homme veut le frisson d’une bataille serrée. » Elle avait fait une grimace comme pour dire qu’elle n’avait aucune idée de ce dont je parlais, et j’avais hoché la tête. Je m’étais dit qu’il devait être difficile pour une fille de saisir le concept de ce que je recherchais dans un donjon.

Notre exploration du labyrinthe s’était poursuivie pendant quelques jours depuis que nous avions commencé. Contrairement à mes attentes, les choses se déroulaient plutôt bien. Je souhaitais simplement que notre temps de paix soit compromis de temps en temps. Comme je l’avais déjà dit, je voulais juste vivre une bataille difficile.

L’une des particularités du troisième étage était que le nombre de monstres intelligents avait augmenté. Beaucoup d’entre eux pouvaient penser et agir de leur propre volonté, ce qui signifie que leurs schémas d’attaque avaient également augmenté en variété. Nous avions organisé des réunions sur la façon de les traiter à chaque fois, discutant des emplacements des points faibles de leurs organes, de la façon de les détruire et de l’ordre dans lequel nous devions vaincre les ennemis.

« Doula est vraiment fiable, n’est-ce pas ? Les équipes de raid ont chacune des membres avec des personnalités différentes, mais elle prend très bien les choses en main pendant les réunions. »

« J’ai été surpris. Son niveau n’est peut-être pas très élevé, mais elle est très douée pour diriger les gens. Peut-être que ça a à voir avec le fait qu’elle soit une guérisseuse. » Son équipe Andalusite s’était concentrée sur le soutien des autres équipes en matière de guérison et de mise en place de barrières. Cela signifie que sa capacité à évaluer l’ensemble du tableau et à déterminer comment fournir un soutien était utile. En ce sens, il était peut-être idéal pour un guérisseur de prendre en charge l’ensemble.

Doula avait dirigé tout le monde vers le but et avait veillé à ce que Zera ne soit pas trop tendu. Ils étaient parfaitement synchronisés l’un avec l’autre, presque comme un duo comique marié.

« Tout se passe bien grâce à la puissance de feu que nous avons en tant que groupe. Nous, l’équipe Diamant, et cet homme Gaston. Toutes les pièces s’assemblent pour former une unité cohérente. » Le crayon de Marie avait dansé sur son cahier.

Les rôles principaux étaient répartis comme suit : les équipes d’Eve et de Zera étaient chargées de la reconnaissance, l’équipe de Puseri défendait l’avant-garde, l’équipe de Doula apportait son soutien à l’arrière, et notre équipe recherchait les ennemis et agissait comme une unité d’attaque mobile.

L’équipe de Zera était la plus flexible et réorganisait le placement des unités en fonction du nombre et des caractéristiques de l’ennemi. Ajoutez à cela la capacité de Marie à remodeler le terrain, et vous obtenez une forteresse simple. La véritable force de Marie était le combat de groupe, et le fait qu’elle puisse scanner les ennemis avec le Gardien de Prison était un énorme avantage pour l’équipe.

« Hmm, j’ai entendu dire que nous étions une quarantaine au total. C’est peut-être la meilleure taille pour que nous puissions nous coordonner en tant que groupe, » avais-je dit.

« Oui, je pense que le fait que nous n’ayons pas beaucoup de personnes qui nous tirent vers le bas est un facteur important. Comme tu l’as déjà mentionné, le fait d’avoir plus de personnes ne se traduit pas nécessairement par un avantage. » Lorsque la taille de l’équipe devient trop importante, le principe de Pareto pouvait s’appliquer. Ceux qui pensaient ne pas avoir besoin de travailler s’enfuyaient devant le danger. C’était l’acte de quelqu’un qui ne pouvait pas prendre de responsabilités pour commencer, mais cette attitude diminuait également le moral de ceux qui l’entouraient. Dans ce cas, il valait mieux pour eux de ne pas être là en premier lieu.

« On comprend pourquoi Sire Hakam et Aje le Grand insistent pour travailler avec de petites équipes d’élite quand on y pense de cette façon. Je ne m’attendais pas à ce que le travail en équipe soit si intéressant. »

Nous devions encore trouver comment accepter les consommables et la nourriture. Cela nous coûtait beaucoup trop de temps de retourner à la base du deuxième étage chaque fois que nous avions besoin de quelque chose. Mais vu le danger, il était difficile d’envoyer seulement quelques personnes à la fois, nous n’avions donc pas d’autre choix que de nous déplacer tous ensemble.

« Il y a encore un problème que nous devons régler. Nous nous séparons quand nous allons dormir, n’est-ce pas ? Doula m’a demandé plusieurs fois si nous pouvions nous reposer tous ensemble, » déclara Marie.

« C’est vrai, les choses pourraient mal tourner s’ils se font attaquer pendant notre absence. » C’était en fait le plus gros problème pour le moment. C’était grâce à Wridra et Shirley que nous n’étions pas attaqués par des ennemis puissants. Je m’inquiétais de les voir s’éloigner des autres, mais pour une raison quelconque, il n’y avait pas eu d’embuscades nocturnes jusqu’à présent. C’est d’un ancien labyrinthe inexploré dont nous parlions. Des monstres auraient dû rôder dans cette zone, il était donc étrange que nous n’en ayons rencontré aucun.

Après que je l’ai dit, Marie avait levé les yeux au plafond.

« Maintenant que tu le dis, il y a quelque chose de spécial au troisième étage. On dirait que les monstres ne réapparaissent pas comme ils le font habituellement. C’est comme s’ils disparaissaient. »

« Disparaître… C’est peu probable, mais c’est la seule explication qui me vient à l’esprit. » Marie avait écrit « Monstres disparus » dans son carnet, comme le titre d’un roman à suspense. S’ils avaient vraiment disparu, où avaient-ils pu aller ? Avaient-ils fui comme le dragon de chaleur ?

Elle avait continué à remplir le cahier avec notre situation actuelle, nos questions et nos problèmes. C’était dans notre nature de nous laisser absorber par ce genre de choses, et nous avions réalisé qu’il était déjà huit heures.

« Oh, bonté divine. Il est presque l’heure pour toi de te préparer pour le travail. »

« Hm, j’ai complètement oublié Wridra. Peux-tu la réveiller plus tard ? »

« D’accord ! » Marie avait répondu. Je m’étais retourné pour aller m’habiller.

Mon trajet n’était pas trop long, mais je n’aimais pas attendre la dernière minute. Wridra dormait encore profondément, mais comme elle était en visite, j’avais décidé de commencer ma journée tôt.

Mais j’étais curieux de savoir ce que Marie et Wridra allaient faire ensemble. Rien qu’en regardant le ciel, je pouvais dire qu’il allait probablement faire chaud, mais je ne pouvais pas imaginer Wridra lire un livre à l’intérieur.

Eh bien, il n’y avait pas de raison de penser à cela trop profondément. Elles trouvaient toujours un moyen de s’amuser, alors elles allaient sûrement trouver un moyen unique de passer leur temps. J’avais resserré ma cravate et passé mes mains dans les manches de mon costume.

***

Partie 2

*Ding dong*

La grande femme se tenait debout, le doigt tendu vers le bouton de la sonnette, avec un air surpris sur le visage. Il semblait que c’était la première fois qu’elle sonnait à une porte, et ses yeux d’obsidienne étaient illuminés par la curiosité.

« Hm ! C’est aussi satisfaisant que le son du bambou qui se fend. Je doute que quelqu’un m’en veuille si j’appuie à nouveau dessus. »

« S’il te plaît, ne le fais pas. C’est embarrassant, et ils pourraient nous prendre pour des vendeurs de porte-à-porte. » Celle qui avait pris la parole pour protester était plus petite d’une tête que la première femme, la lumière du soleil se reflétant sur ses cheveux blancs. Elle avait froncé les sourcils en tirant sur la manche de la femme aux cheveux noirs. Ce mouvement accentuait la poitrine généreuse de Wridra, mais cela ne semblait pas la déranger le moins du monde.

Elle portait une tenue décontractée avec un débardeur qui dévoilait ses épaules et un jean moulant, mais sa silhouette de mannequin était belle même aux yeux des autres femmes. Malgré son physique, elle se comportait parfois comme une enfant et finissait par mettre ses compagnes dans l’embarras comme cela.

Quelques instants plus tard, elles avaient entendu des bruits de pas à l’intérieur, puis la porte s’était ouverte.

La femme à lunettes s’appelle Kaoruko Ichijo. Ses cheveux noirs descendaient jusqu’à ses épaules et elle les accueillit dans un chemisier propre qui ne différait pas trop des tenues qu’elle portait habituellement lorsqu’elle travaillait à la bibliothèque. Lorsqu’elle avait ouvert la porte, son attitude habituellement douce et stricte s’était transformée en un sourire.

« Bienvenue, vous deux. Je vous en prie, entrez. »

« Excusez-nous. » Les deux femmes étaient maintenant habituées à la culture japonaise et elles avaient incliné la tête avant d’entrer. Marie avait déjà visité l’appartement de Kaoruko, car elles vivaient dans le même complexe, mais c’était la première fois qu’elle amenait Wridra avec elle. Bien que ce soit sa première visite, Wridra était loin d’être nerveuse.

« Oui, ça ne me dérange pas si je le fais. Ah, Kitase m’a dit de vous donner ça. » Kaoruko avait accepté la boîte colorée de snacks, et ses yeux s’étaient élargis. Wridra avait des cheveux noirs et des yeux noirs, mais elle avait des traits occidentaux proéminents. C’est pourquoi Kaoruko avait été surprise par le geste japonais de Wridra. Pourtant, elle avait cligné des yeux et avait souri.

« C’est très gentil de votre part. Oh, est-ce un souvenir de Grimland ? »

« Oui, nous nous sommes beaucoup amusés là-bas grâce à vos conseils, » dit Marie avec un sourire, et le visage de Kaoruko devint rose. Marie avait semblé prudente lorsqu’elles s’étaient rencontrées pour la première fois, mais elle s’était adoucie avec le temps, au fur et à mesure qu’elles se voyaient à la bibliothèque et qu’elles appréciaient les repas ensemble, et Kaoruko avait l’impression qu’elle était une sorte de fée adorable ces jours-ci. Cela la rendait vraiment heureuse de travailler à la bibliothèque de Koto Ward.

Ah, quel merveilleux avantage ! Et dire que je peux même les inviter chez moi ! Kaoruko devenait émotive en criant intérieurement, tandis que ses deux invitées inclinaient la tête en signe de confusion.

Kaoruko avait choisi son appartement en tant que couple marié, et contrairement à l’appartement des Kitase, la disposition était conçue pour un usage familial. C’est pourquoi il s’agissait d’un 2LDK au lieu d’un 1DK, et il comprenait un espace de stockage supplémentaire avec des éléments de conception qui le rendaient plus facile à vivre. L’elfe et la dragonne avaient regardé autour d’elles avec grand intérêt.

L’intérieur sobre convenait à Kaoruko, et l’endroit semblait assez confortable. Le canapé et la grande télévision étaient parfaits pour regarder des films. Elles avaient regardé la porte à côté du salon.

« Ah ! C’est donc un de ces dressings dont on parle ! »

« Ah ! Pouvoir ranger des vêtements sans les plier, c’est tout un luxe au Japon ! » La porte s’était ouverte, et Marie et Wridra étaient stupéfaites. Kaoruko avait l’impression qu’elles ressemblaient à une paire de sœurs mignonnes ensemble, mais elle fit un visage perplexe en se demandant qui leur faisaient courir des rumeurs sur les dressings.

« Maintenant que j’y pense, vous n’en aviez pas dans votre appartement. Oh, vous restez aussi à l’appartement de Kitase, Wridra ? »

« À l’occasion, oui. Je ne peux pas m’empêcher de lui rendre visite parce que sa cuisine est si bonne, mais je m’inquiète du coût de la nourriture. Je suis certaine qu’il ne gagne pas beaucoup d’argent. »

Marie avait regardé Wridra comme si elle voulait dire : « Mais tu as mangé ta part sous forme de chat. » Pourtant, elle ne savait pas que Wridra s’inquiétait du coût de la nourriture, alors elle avait tiré sur son débardeur noir.

« Tu devrais arrêter de t’inquiéter pour ça et venir plus souvent. Hum, c’est amusant d’être avec toi, Wridra, et j’aime sortir avec toi comme ça. »

« Hah, hah, je dois admettre que c’est agréable à entendre. Cela me met un peu mal à l’aise de recevoir autant de mots gentils, mais peut-être que tous les trois, y compris Kaoruko, nous pourrions aller pique-niquer. » Kaoruko avait tressailli à cette suggestion inattendue. Depuis qu’elle avait déménagé de Hokkaido à Tokyo avec son mari Toru, elle ne s’était pas fait beaucoup d’amis locaux. Être invitée à sortir lui rappelait ses jours d’étudiante, et son visage rougissait d’excitation.

« Absolument ! J’adore aussi cuisiner, donc je peux apporter des sandwichs dans un panier de pique-nique ! »

« Oh, comme c’est amusant ! Alors, sortons tous ensemble quand nos emplois du temps s’aligneront. » Elles avaient discuté ensemble comme de vieux amis et avaient profité de cet après-midi de semaine.

§

Ses yeux violets s’écarquillèrent devant les rangées de livres qui garnissaient les étagères. Elles s’étendaient presque jusqu’au plafond, et il y avait des étagères de chaque côté. Il semblait que ce coin de la pièce était l’endroit où ils gardaient les affaires personnelles de Kaoruko, comme des romans, des mangas, et un ordinateur sur le dessus d’un bureau. Combiné avec la console de jeux vidéo dans le salon, il était clair qu’elle avait une variété de passe-temps.

« Wôw, tant de livres ! » s’exclama Marie.

« Mais ce n’est pas le genre de livres qu’on trouve à la bibliothèque. Je n’en ai peut-être pas l’air, mais je suis une grande fan de mangas. » Pendant que Marie regardait avec étonnement tous ces livres, Wridra se tenait devant la porte et se grattait la joue. On pouvait voir qu’elle n’était pas amusée sans même regarder son visage. Elle savait que Kitase et Marie se perdaient souvent dans les histoires et ne bougeaient plus une fois qu’elles avaient commencé à lire. Elle en avait fait l’expérience de nombreuses fois en tant que chatte, et elle soupira donc en se rappelant l’ennui.

« Je préfère regarder des films plutôt que de suivre un texte des yeux. Hm ? Ce livre a une couverture très colorée. »

« Oui, celui-ci est purement destiné au divertissement, contrairement à la plupart de ce que vous trouverez à la bibliothèque. Le Japon est connu pour ses mangas. Celui que vous tenez est sur la boxe. Vous connaissez ? C’est un sport où l’on frappe l’adversaire comme ça. C’est amusant de voir le protagoniste devenir plus fort en travaillant dur. »

En voyant Kaoruko lancer quelques coups, Wridra avait froncé les sourcils d’un air mécontent et avait dit « Hm. » Elle n’était pas intéressée par des choses aussi ennuyeuses que les livres en premier lieu. Mais il était difficile de le remettre sur l’étagère après une telle recommandation, aussi commença-t-elle à contrecœur à en feuilleter les pages. Puis, ses yeux d’obsidienne s’étaient légèrement élargis.

« Hm, il y a plus d’images que de texte. Hm, mhm, donc ces objets en forme de nuages contiennent les dialogues des personnages. »

« Oui, mais n’avez-vous jamais lu de manga auparavant ? Je suppose qu’ils ne sont pas très répandus en dehors du Japon. » Peut-être que les artistes asiatiques dextres étaient les plus aptes à dessiner et à assembler des panneaux pour créer une histoire cohérente. Les mangas avaient une longue histoire, qui remonte à des exemples tels que le Choju-giga de la période Heian. Mais les mangas mentionnés ici étaient plus couramment lus pour le divertissement, et le commentaire de Kaoruko faisait strictement référence aux ventes de mangas en dehors du Japon.

Hm… Contrairement à un roman, l’histoire est facile à comprendre juste en suivant les dessins. On a l’impression que les personnages eux-mêmes parlent vraiment. Et ces lignes ici donnent l’impression que les personnages bougent.

Wridra avait commencé à s’intéresser aux mangas et avait continué à tourner les pages.

Le protagoniste de l’histoire était un personnage timide qui était malmené par les autres. Alors qu’il passait ses journées sans joie, il avait découvert le sport de la boxe. Ce n’était pas qu’il souhaitait devenir plus fort, mais plutôt qu’il était curieux de découvrir l’étendue de son propre potentiel. Avec les conseils d’un boxeur sur lequel il pouvait compter, il s’était plongé plus profondément dans le monde de la boxe.

« Hmph, quel homme pathétique. Pourquoi ne pas mordre les jambes de son agresseur plutôt que de pleurer ? Un homme qui se contente de se recroqueviller et d’encaisser les mauvais traitements n’est pas un homme du tout. »

« Vous dites ça, mais je trouve ça merveilleux quand quelqu’un se donne à fond pour quelque chose. J’ai tellement envie de l’encourager que mon corps se met à bouger tout seul, » dit Kaoruko, l’air un peu gêné, mais Wridra continua de lire en ayant l’air plutôt contrariée.

Après un certain temps, le garçon timide avait changé. L’espace d’un instant, son expression était devenue celle d’un homme, et il avait montré un aperçu du talent que son aîné boxeur avait vu en lui… Lorsque Wridra tourna à nouveau la page, elle réalisa qu’elle avait terminé le volume.

« Voici le volume 2, » dit Kaoruko.

« Ah, je vous remercie. Ça s’est terminé juste au moment où les choses devenaient intéressantes. Comme c’est pathétique qu’ils soient aussi radins sur le nombre de pages. » Wridra était restée sur place tout en continuant à lire, puis elle avait soudainement pris un coussin à proximité et elle s’était assise sur le sol. Elle s’était assise avec ses jambes croisées, se penchant légèrement en mode lecture.

« Incroyable. Elle ne va pas s’arrêter de lire, n’est-ce pas ? » dit Marie.

« Il semble qu’elle ne bougera pas avant un certain temps. Je vais apporter du thé. »

« Merci, » dit Wridra sans même lever les yeux. Mais étrangement, le thé glacé et les snacks à côté d’elle avaient en quelque sorte disparu au fil du temps.

Elle se balançait de temps en temps d’un côté à l’autre, et la voir si concentrée sur la lecture de mangas n’était pas familière, même pour l’elfe qui vivait avec elle.

Wridra s’était transformée en une machine à tourner les pages, alors Kaoruko avait fait appel à Marie, qui avait l’air de s’ennuyer. Elle tenait un ordinateur portable dans sa main, et Marie regardait l’écran à l’aspect étrange.

« Est-ce que c’est… un jeu ? »

« Oui, c’est ça. Un personnage apparaît à l’écran, et vous le déplacez avec une manette… Attendez, ne connaissez-vous pas les jeux ? » Marie secoua la tête.

***

Partie 3

En y réfléchissant, Kitase ne jouait pas du tout à des jeux, mais sortait, cuisinait ou lisait des romans pendant son temps libre. En fait, il n’avait pas envie de jouer à des jeux parce qu’il s’amusait bien plus à partir à l’aventure dans le monde des rêves.

« Mon mari et moi jouons ensemble pendant ses jours de congé, mais sinon, ça prend la poussière. Voulez-vous jouer avec moi ? »

« Oh, mais je ne sais pas du tout comment jouer. »

« Vous vous y habituerez au fur et à mesure que vous jouerez. Essayez donc ! » Marie ne savait pas trop ce qui se passait lorsque Kaoruko l’avait fait asseoir et lui avait montré l’écran.

Elle éleva la voix en signe de surprise alors que des décors plus vivants que le monde réel s’étalent de l’autre côté de l’écran. Les personnages alignés là étaient équipés d’armures, d’épées et de bâtons, et ils lui rappelaient l’atmosphère du monde des rêves.

« Vous pouvez déplacer votre personnage avec ce bouton. »

« Oh, ça a bougé ! Quoi ? Comment ? Je suis désolée, puis-je avoir une minute ? J’ai besoin d’un peu de temps pour digérer tout ça. » Kaoruko était étonnée que Marie ne sache vraiment pas ce qu’étaient les jeux vidéo, et elle regarda l’elfe prendre plusieurs respirations profondes pour se calmer. Elle avait l’air d’une fille riche et protégée ou d’une sorte de fée adorable et ne semblait pas être du genre à jouer aux jeux vidéo.

Peut-être que ses parents étaient très stricts sur ce genre de choses.

Cette pensée avait traversé l’esprit de Kaoruko, et elle s’était demandé si elle n’aurait pas dû enseigner à Marie les jeux. Mais finalement, elle avait laissé Mariabelle décider d’elle-même. Elle jouerait avec elle si elle était intéressée, et elles feraient autre chose si elle ne l’était pas.

Marie avait pris une profonde inspiration, puis elle s’était retournée vers Kaoruko.

« Je crois que je comprends maintenant. C’est comme une image qui bouge, n’est-ce pas ? »

« Ah… C’est vrai, quelque chose comme ça… Je crois. » Le ton de Marie était un peu plus décontracté qu’auparavant, peut-être parce qu’elle était préoccupée à essayer de comprendre la nature du jeu vidéo. Mais Kaoruko était contente, car cela la faisait se sentir plus proche de Marie.

Quelle drôle de fille, pensa-t-elle en tendant la manette à Marie. Elle avait semblé décontenancée par son poids pendant un moment, mais le fait qu’elle puisse contrôler librement les personnages avait semblé piquer son intérêt.

« Les classes principales sont le tank, le soigneur et l’attaquant. Laquelle voulez-vous essayer ? » demanda Kaoruko.

« Hein !? » Marie avait levé les yeux vers Kaoruko avec de grands yeux. Cette vision était si adorable que Kaoruko devait faire un effort conscient pour ne pas se tenir la tête. Quand elle était plus jeune… Non, elle était toujours une grande fan des romans yuri, mais elle avait décidé de ne pas le mentionner à voix haute.

Marie était stupéfaite. Elle n’aurait jamais cru qu’il serait possible de partir à l’aventure dans des mondes aussi merveilleux en utilisant une manette. Le fait qu’elle puisse choisir librement une classe l’intriguait également beaucoup. Son visage était rose d’excitation lorsqu’elle avait répondu à Kaoruko.

« Guérisseur ! J’ai toujours admiré les guérisseurs ! Comme ce serait merveilleux de rester en arrière et de soutenir tout le monde ! »

« Oh, c’est une chose assez étrange à admirer. Alors, utilisez un de mes sous-personnages. Si vous finissez par aimer le jeu, vous pouvez créer votre propre personnage à partir de rien. Kitase-san est très indulgent quand il s’agit de vos demandes, alors il pourrait bien vous l’acheter si vous le demandez. » Marie avait joué à travers le tutoriel avec les conseils de Kaoruko.

Grâce à son intelligence, elle avait rapidement appris à soigner et à soutenir le tank, même lorsqu’un ennemi déclenchait une attaque puissante. Assez rapidement, elle avait appris des techniques avancées, comme lancer des sorts en marchant et des incantations continues.

« Hm, je peux obtenir un tour supplémentaire si je le fais de cette façon. Peut-être que je peux lancer une autre attaque ici. »

Elle est effrayante ! pensa Kaoruko en regardant Marie marmonner pour elle-même et sourire en apprenant de nouvelles stratégies.

Après avoir joué pendant une heure environ, il était temps de passer à la bataille. Le chevalier de Kaoruko avait mené le groupe dans un donjon.

Bien que Kaoruko ait été surprise par la rapidité avec laquelle Marie avait appris le jeu, elle était elle-même une joueuse expérimentée. Elle savait comment surveiller la situation globale, et elle était même assez calme pour regarder et apprécier la croissance de Marie.

C’était une bonne chose qu’elles soient assises l’un à côté de l’autre pendant qu’elles jouaient. Elles pouvaient se parler directement, et donc communiquer mieux que si elles jouaient en ligne. Ainsi, Marie regarda la horde de monstres devant eux et parla.

« Oh, c’est bon maintenant. Je vais m’occuper des autres, alors vous pouvez continuer. »

« Compris. Alors, je vais rassembler les mobs pour vous. »

Elles étaient terrifiantes de compétence et de rationalité dans leurs méthodes alors qu’elles fauchaient les ennemis. Elles s’amusaient à jouer à un jeu inhabituel : « avec quelle efficacité pouvons-nous vaincre tous les ennemis », et leur plaisir n’avait fait qu’améliorer leurs performances. Le donjon avait été nettoyé en un temps record.

Kaoruko avait cligné des yeux et avait fixé le score affiché sur l’écran.

« Mariabelle-chan, vous êtes si bonne que vous faites passer le jeu de mon mari pour de la camelote. »

« Hehe, j’ai pris le coup de main. Mais vous avez été si rapide pour passer vos appels. C’était satisfaisant de vous voir couper les alliés inutiles tout de suite. C’était merveilleusement joué de votre part. »

Elle est effrayante ! Kaoruko pensait encore.

Tout le monde pouvait réussir des jeux, à condition de faire des efforts. Cependant, le fait qu’un jeu convienne ou non à quelqu’un dépendait vraiment de l’individu, il était donc naturel qu’il y ait une différence de compétences entre une personne et une autre. Il était également vrai que la sorcière spirituelle qui avait accompli beaucoup de choses dans l’ancien labyrinthe était tout à fait compatible avec ce jeu.

Kaoruko avait senti que Marie était plus fiable que n’importe quelle personne qu’elle avait déjà rencontrée, et il semblait qu’ensemble, elle pourrait enfin réaliser son rêve de passer le contenu de haute difficulté.

Kaoruko avait gémi devant son ordinateur. La pièce climatisée était confortable même en été, et Marie mâchait une bouchée de yakisoba fraîchement cuit à côté d’elle. Il était mal vu de manger ainsi devant l’écran de jeu, mais aux yeux de Kaoruko, il semblait que Marie appréciait cette toute nouvelle expérience. Elle fixa son invitée et pensa : Nous ne devrions pas défier les niveaux de difficulté les plus élevés alors qu’elle vient de commencer il y a deux heures, n’est-ce pas ?

Toute personne ayant l’expérience des jeux dirait que c’était une mauvaise idée. En apparence, il s’agissait d’un jeu de fantaisie standard et décontracté, mais c’était loin d’être le cas. Le jeu avait été conçu de manière à ce qu’il soit impossible d’en venir à bout par la seule chance, et il fallait apprendre les différents schémas d’attaque des ennemis et la manière d’y faire face. Le joueur moyen avait besoin de plusieurs mois d’entraînement avant de pouvoir enfin dire : « Peut-être que je pourrai le battre… dans un mois environ. » Les rumeurs disaient que certains s’étaient tellement impliqués qu’ils avaient perdu leur emploi.

Kaoruko ne connaissait toujours pas l’étendue des capacités de Marie. C’était son jour de congé aujourd’hui, alors elle voulait juste s’amuser en passant du temps ensemble. Mais maintenant, elle devait savoir si sa partenaire de jeu avait vraiment du talent. Elle avait souri à Marie.

« Marie-chan, et si je vous disais que tout ceci n’était qu’un jeu d’enfant jusqu’à présent ? » Elle lui avait expliqué qu’il y avait de plus grands objectifs à atteindre, un monde dans une tout autre dimension, et les yeux de Marie s’étaient illuminés.

Le soleil se couchait lentement, et la chambre de Kaoruko était inhabituellement chaude.

Le bruit des boutons qui cliquent résonna sans cesse, avec les voix de Marie et Kaoruko mélangées. Wridra était assise, les jambes croisées, dans le coin de leur vision, mais contrairement à d’habitude, elle restait presque immobile alors qu’elle continuait à lire le manga.

Si l’esprit de glace avait été là, il aurait probablement tourné les talons et fuit. L’expression de Mariabelle était tout aussi intense lorsqu’elle avait ouvert la bouche.

« Pas sous ma surveillance ! Je vais annuler ces dommages ! »

« Ce n’est pas vrai ! Votre timing était si parfait que je n’ai même pas vu mes PV diminuer ! »

« Restez sur vos gardes. La prochaine attaque est à venir. »

« O-Okie ! »

Le groupe était en pleine effervescence, avec des messages tels que « Ce guérisseur est fou » et « Quel dieu » apparaissant à l’écran. Cependant, non seulement Marie ne se joint pas à la fête, mais elle claqua la langue en signe de frustration. Elle était agacée par le fait que les autres perdent leur temps à taper de telles choses au milieu d’une bataille acharnée.

Le plan original était que Kaoruko soutienne Marie. En fait, c’est ce qu’elles avaient fait pendant la première heure environ. Elle avait enseigné à Marie les schémas d’attaque de l’ennemi et comment y faire face comme un professeur le ferait avec un élève, ce qui était évident par le cahier plein de notes à côté d’elle. Mais Kaoruko avait sous-estimé les capacités d’apprentissage de la jeune fille.

Le talent de Marie s’était déjà manifesté lors de la deuxième bataille. Avant, leur objectif était de s’entraîner ensemble, mais ils visaient maintenant à relever les défis qui se présentaient à eux. Non seulement elle avait appris à ne pas se faire assommer, mais elle avait commencé à jouer de manière à couvrir les erreurs de ses alliés.

Alors que les yeux de Kaoruko tournaient de façon vertigineuse, la jauge de vie du boss se rapprochait de plus en plus de zéro. Une fois que le boss avait atteint ce stade final, il avait commencé à distribuer des attaques terriblement méchantes. Le boss avait commencé à lancer des attaques à zone d’effet qui couvraient toutes les directions, et alors que ceux qui ne parvenaient pas à les éviter tombaient un par un, Marie avait renoncé à ressusciter ses alliés et avait crié d’une voix puissante.

« Prends ça ! Flèche de lumière, quintuple tir ! » Elle déchaîna cinq éclairs de lumière, des sons massifs de destruction suivirent, et l’écran devint sombre. Kaoruko fixa le moniteur avec confusion, puis devint sans voix lorsqu’une animation commença à jouer.

« Hein ? Quoi ? Mais ils viennent d’ajouter ce contenu… » Mais en voyant l’ennemi s’effondrer et les messages de célébration défiler dans le chat, elle s’était retrouvée dans un état de stupéfaction supplémentaire.

 

 

Kaoruko sentit une main sur son épaule et se retourna, ses lunettes toujours de travers. Marie se tenait là avec un sourire confiant, faisant signe de sa petite main pour un high five. Leurs mains s’étaient entrechoquées et un sourire s’était répandu sur le visage de Kaoruko alors que le sentiment d’accomplissement s’installait enfin.

« Marie-chan ! On a réussi ! »

« Hehe, bon travail ! » Elles s’acclamèrent et se serrèrent dans les bras, sautant de haut en bas après avoir surmonté cette bataille intense. Les heures de lutte et de persévérance avaient enfin pris fin, et Wridra avait même mis sa lecture de manga en pause pour lever les yeux vers les deux femmes. Cependant, son expression était celle de l’agacement face au bruit qu’elles faisaient.

Quand elles avaient regardé dehors, elles avaient réalisé que le soleil s’était couché depuis longtemps.

Wridra avait finalement terminé de lire son manga et s’était lentement levée du canapé. Mais les deux autres l’avaient regardée, et leurs yeux s’étaient agrandis.

« Hein ? Attends, le visage de Wridra a l’air vraiment vaillant en ce moment ! »

« Pourquoi avez-vous l’air d’avoir livré une bataille ? »

Une sorte de changement s’était opéré sur Wridra après qu’elle ait parcouru des dizaines de volumes du manga de boxe. Son visage présentait une expression intrépide, et la lumière qui l’éclairait la faisait ressembler au protagoniste d’un manga sportif.

« J’ai une envie inexplicable de faire du shadowboxing. Hm, la ficelle de cette lampe fluorescente semble parfaite pour frapper. » Avec ça, elle avait balancé ses bras, son poing claquant en avant comme si elle faisait claquer un fouet. En voyant cela, les deux autres avaient éclaté de rire, ce qui avait dégénéré en se tenant les côtés en riant à gorge déployée. Mais peut-être que Wridra avait vraiment la capacité de devenir championne du monde…

Ainsi, l’écran de leur ordinateur affichait un message indiquant qu’ils avaient obtenu un équipement légendaire, ainsi qu’un nombre massif de demandes d’amis.

Ils n’avaient pas accompli grand-chose, mais elles avaient terminé leur journée de semaine avec le sentiment du devoir accompli.

Ayant terminé son travail de la journée, l’homme arriva enfin à son appartement et leva les yeux. Il avait entendu des rires joyeux provenant de l’étage supérieur et avait reconnu les voix familières.

« Ah, Marie avait mentionné qu’elle irait chez elle. Je devrais lui apporter les poires que j’ai achetées. » Il imaginait leurs visages heureux lorsqu’elles mangeaient les poires et souriait. Ces sourires rendraient sûrement la chaleur de l’été plus tolérable. Kitase appuya sur le bouton de l’ascenseur, sans se douter que l’expression dramatisée de Wridra l’attendrait.

***

Chapitre 12 : Kartina, l’Armement Démoniaque

Partie 1

Troisième étage de l’ancien labyrinthe, salle de contrôle centrale —

Dans la pièce sombre, la lumière terne du terminal éclairait les environs.

Une femme au teint malsain était assise sur une chaise, marmonnant pour elle-même en fixant l’écran.

Leur groupe avait été piégé dans cette pièce, et plusieurs jours s’étaient écoulés depuis que leur approvisionnement en nourriture avait été coupé. Auparavant, ils auraient compté sur le soutien du candidat héros et volé des rations aux soldats ennemis, mais ce n’était plus une option. Zarish avait disparu, et maintenant qu’on n’envoyait plus que des combattants d’élite, il n’y avait plus d’occasions de prendre leurs provisions. Ils dépérissaient donc de jour en jour.

« Merde, celui-là est sur le chemin. Si on peut l’écraser plus tôt… » La jeune femme marmonnait pour elle-même alors qu’elle naviguait sur le terminal, passant en boucle des séquences d’images. Il s’agissait des journaux de combat de la semaine dernière, et elle s’était déjà habituée aux commandes.

Elle était tellement concentrée sur son analyse qu’elle n’avait pas réalisé que quelqu’un était à l’entrée. Lorsqu’une voix l’appela, Kartina frissonna comme si elle avait reçu une décharge électrique.

« Je vois que tu travailles dur. As-tu trouvé quelque chose ? »

« Ah !? Je m’excuse de ne pas vous avoir remarqué, Capitaine. » L’ancien chevalier voulut saluer par habitude, mais le capitaine à la barbe broussailleuse l’arrêta. Il lui fit alors un geste sans mot dire pour qu’elle rapporte son analyse. La femme s’était raclé la gorge, puis avait pointé du doigt les images.

« Oui, j’étais en train de revoir la stratégie de l’ennemi… ou plutôt, ses tactiques. Cette elfe est celle qui a attiré mon attention. Jetez un coup d’œil. » Le capitaine avait jeté un coup d’œil au terminal, et une jeune sorcière elfe était apparue à l’écran. Malgré sa belle apparence, il était clair d’après les images qu’elle était la clé de la bataille.

Elle était une sorcière spirituelle, une classe extrêmement rare qui pouvait modifier le terrain et révéler des soldats cachés si on la laissait en paix.

Ce qui était le plus effrayant chez elle, c’était ses réserves apparemment infinies de magie et le fait qu’elle pouvait mettre en place une ligne défensive pour se préparer à anéantir ses adversaires. Une fois qu’elle en était arrivée là, il n’y avait plus rien à faire. Alors que leurs forces tentaient d’abattre ces défenses, la puissante attaque de son équipe les avait percées et avait causé des dommages catastrophiques.

« Hm, si nous pouvons éliminer cette fille, toute leur équipe s’écroule. Mais les monstres ne peuvent pas suivre des ordres aussi précis. C’est-à-dire, à moins qu’il y ait une unité puissante parmi eux pour diriger le groupe. »

« Oui, c’est pourquoi je trouve cela si frustrant. »

Le capitaine se frotta le menton, plongé dans ses pensées. Il l’avait déjà remarqué il y a quelque temps. Cependant, les puissants monstres de type patrouille avaient déjà quitté le terrain, et il ne voyait pas comment contourner leurs problèmes. Mais était-ce tout ce qu’il y avait à faire ? Cet étage était-il si facile qu’une seule elfe dans leur groupe leur permettait de le traverser sans problème ? Il n’avait aucune raison de le penser, mais il ne pouvait s’empêcher de se demander si quelque chose de plus terrible ne se cachait pas parmi eux.

Mettant cette pensée de côté, il décida de proposer un plan pour traiter avec l’elfe. Et donc, il avait parlé à l’ancien chevalier.

« Viens avec moi. J’ai une piste pour toi. »

« Hein ? O-Oui, monsieur ! » La femme regarda le capitaine s’éloigner, ses bottes claquant contre le sol, puis le suivit d’un pas pressé. Elle n’avait pas remarqué le changement de son environnement tant elle était concentrée sur son analyse. Kartina ne trouvait pas étrange que la pièce soit devenue complètement silencieuse et qu’il n’y ait pas d’autre âme à trouver.

Ils passèrent devant la pièce voisine, où ses anciens collègues gisaient sur le sol. Leurs corps étaient convulsés, leurs yeux tournaient frénétiquement. Il semblerait qu’on leur ait administré une sorte de relaxant musculaire toxique.

Un homme bien bâti était également allongé parmi eux sur le sol. L’homme qui avait maltraité Kartina avait serré les dents en grognant contre elle.

« Ce… bâtard… ! » Les cris de rancœur des autres se répercutaient également dans la pièce sombre. Alors qu’ils pleuraient sans mot dire, le sorcier noir s’approcha d’eux par-derrière, une seringue à la main.

Il n’y avait pas de quoi s’inquiéter.

Ils ne faisaient qu’un pas de plus pour devenir des monstres.

Le bruit des talons qui claquaient sur le sol résonna dans le labyrinthe.

Les sculptures en relief sur les murs n’étaient pas seulement là pour la décoration. Elles contenaient une magie liée à la mort et pouvaient tuer les intrus en leur infligeant une malédiction. Les pièges, les monstres et la disposition du labyrinthe existaient tous pour tuer les intrus. Kartina les avait regardés d’un air inquiet.

« Pourquoi as-tu l’air si effrayée ? Ils ne vont pas nous attaquer. »

« Oui, mais ils sont si étranges. C’est comme s’ils nous observaient. » Le capitaine laissa échapper un soupir de déception devant son commentaire pathétique. La femme regardait toujours autour d’elle avec anxiété, puis prit la parole comme pour se distraire.

« Alors, pourquoi ne nous attaquent-ils pas ? Je sais bien sûr que nous avons du sang de monstre en nous. Mais je n’ai pas trop entendu parler des détails. »

« Hm ? Oui, je suis sûr que vous ne l’avez pas fait. Seuls quelques privilégiés connaissent les détails, même au sein de Gedovar. Je comprends pourquoi vous avez aussi peur de ce labyrinthe. »

« Je n’ai pas peur… ! C’est juste que je n’aime pas cette sensation d’être acculé. »

Acculé. Ce mot décrivait parfaitement leur patrie, le pays de Gedovar. Ce seul mot avait fait frémir le cœur de l’homme. Le capitaine ralentit légèrement son rythme, puis ouvrit la bouche après une pause.

« On nous appelait autrefois des monstres. À cette époque, nos ancêtres travaillaient durs pour l’Âge des Démons et l’Âge de la Nuit. Les vestiges de cette époque nous ont été transmis par notre sang… » Sa voix résonnante et l’environnement bizarre le faisaient ressembler à une sorte de prophète.

La jeune femme s’était tue, d’étranges émotions tourbillonnant en elle. Le capitaine, qui d’habitude ne parlait pas beaucoup, était en train de démêler le passé pour elle seule. Au fur et à mesure qu’ils marchaient, elle sentait de moins en moins la présence des autres autour d’elle.

« Après avoir été vaincus et avoir été dépouillés de leurs terres, nos ancêtres ont souffert, leur lignée s’affaiblissant au fil du temps. Mais ils nous ont laissé une arme puissante pour les générations futures. » Quelque chose était lentement apparu devant eux. Cela ressemblait à une sorte de figure démoniaque métallique qui avait été divisée en deux. C’est pourquoi elle pensait que les objets noirs éparpillés sur le sol étaient des entrailles.

Il était difficile d’en distinguer les détails, car elle était recroquevillée, mais elle mesurait environ deux mètres de haut. Quelque chose en lui était différent des monstres et des statues qu’elle avait vus jusqu’à présent. En le voyant assis au milieu de la pièce, Kartina avait senti que quelque chose n’allait pas.

« Est-ce l’arme dont vous avez parlé plus tôt ? »

« Non… Je parlais de vous tous, Kartina. De la chair et du sang. » Kartina ne comprenait pas. Mais la voix du capitaine était devenue froide comme la glace, lui donnant un frisson dans le dos. C’était comme si elle était attirée dans la forêt d’une sorcière. Son visage s’était raidi à l’idée du cauchemar qui l’attendait.

Sa main s’était refermée sur son poignet, et elle avait frissonné en voyant à quel point elle était froide. La peur. La peur pure la traversa tandis que ses instincts déclenchaient des sonneries d’alarme et que ses genoux se mettaient à trembler, violemment, et sans honte.

Oui, elle avait peur.

Quelque chose d’inconnu l’attendait, et elle craignait d’être changée à jamais.

En fait, ses mouvements étaient liés par une puissante malédiction. Kartina était restée là, à craindre son sort imminent comme un mouton sans défense, alors que ses vêtements et son armure étaient arrachés, puis elle avait réalisé qu’elle ne ressentait des sensations qu’à partir du cou.

« Haah ! Haah ! Haah ! Haah ! » Elle respirait lourdement, ses yeux papillonnaient frénétiquement.

Ses seins étaient exposés à l’air froid, ainsi que son ventre et ses fesses, et pourtant elle ne pouvait pas bouger d’un pouce. Comme une biche dans les phares, elle était figée sur place. Ses jambes tremblaient. Quelques instants avant sa mort, elle avait réussi à sortir les mots.

« C-C-Capitaine, a-att… S’il vous plaît, attendez… »

La paire d’yeux couleur miel la fixait avec curiosité. Cependant, ce n’était pas qu’il accédait à sa demande, mais il plaçait son doigt sur sa paupière, comme s’il cherchait quelque chose derrière son globe oculaire. On avait l’impression qu’il s’agissait d’une sorte de rituel qui dépassait les humains et les démons, et Kartina était tellement pétrifiée qu’elle n’avait pas remarqué que quelque chose de chaud coulait le long de sa jambe depuis son entrejambe.

« Le pouls est anormal, les niveaux de magie dans le sang sont conformes aux rapports. Bien. Hm, maintenant que tu as été exposée comme ça, je vois que tu as un corps assez sain. Dans un autre temps, je suis sûr que tu aurais laissé des enfants forts pour la prochaine génération. Cependant… »

Le dernier mot était sorti dans un faible murmure. Ses lèvres s’étaient rapprochées de son cou tremblant, puis il lui avait parlé doucement à l’oreille.

« Heureusement pour toi, une occasion de te rendre utile vient de se présenter. » Sa main glacée avait saisi son cou, et ses jambes se mirent à marcher contre sa volonté. Elle avança pieds nus, puis la silhouette démoniaque en métal de tout à l’heure fut placée devant elle.

« Maintenant, Kartina, assieds-toi ici. Remplis ton devoir envers ta patrie en tant qu’ancien chevalier. » Elle ne voulait absolument pas s’asseoir sur cette chose. Bien qu’elle le pensait, ses genoux s’étaient pliés d’eux-mêmes, et elle avait senti le métal froid contre son derrière. Elle frissonna, mais l’horreur ne faisait que commencer.

Un doigt contre son front l’enfonça plus profondément, et un choc soudain la traversa. Quelque chose de froid perça une zone de sa colonne vertébrale, et elle sentit le froid d’une sorte de fluide couler en elle.

« Ah ! Ah ! Ahhh ! Qu’est-ce... Qu’est-ce que c’est que ça ! ? Qu’est-ce qui vient de me poignarder ! ? »

« Ce sont des armes démoniaques, préparées depuis des temps immémoriaux. Maintenant, assieds-toi bien. Si ça ne rentre pas correctement, tu pourrais le regretter à jamais. » Son ton avait quelque chose d’obsédant et convaincant, et le liquide chaud qu’elle pensait avoir épuisé coula à nouveau le long de sa cuisse.

***

Partie 2

Elle voulait que ça s’arrête. Il aurait été préférable de perdre conscience plutôt que de vivre une telle terreur. Malgré ses souhaits, il lui restait encore beaucoup d’os dans sa colonne vertébrale. Un horrible bruit de déchirure se fit entendre alors que quelque chose s’enfonçait en elle l’un après l’autre, leur injectant une sorte de fluide et infligeant une peur bleue à son cœur. Elle ne s’attendait pas à ce qu’une telle chose se produise dans ses rêves les plus fous il y a quelques minutes à peine, et elle ne pouvait pas comprendre pourquoi cela se produisait maintenant.

« Agh, ah… Aaarghhh ! » Quelque chose de froid s’était enroulé autour de sa cuisse, et son fémur avait été injecté ensuite. Le corps nu de Kartina se déformait au fur et à mesure que l’infestation progressait, et elle convulsait avec ses orteils écartés au maximum. Finalement, son corps avait été laissé dans un état terriblement cruel.

« Ah, félicitations. Il semble t’apprécier. »

« Quoi ? » Kartina réalisa que sa vision était obscurcie, et ses yeux s’écarquillèrent avec un autre type d’horreur cette fois. La « chose » métallique essayait d’avaler tout son corps. Elle se débattit désespérément et cria à l’aide, mais la déclaration du capitaine qu’elle avait tant admiré n’avait aucun sens.

« Oui, ton analyse de tout à l’heure était correcte. Ton premier devoir, Kartina “l’Armement démoniaque”, est d’éliminer cette elfe. » Il avait fait un signe encourageant, et la vision de Kartina avait été complètement bloquée. Elle avait poussé un dernier cri quand tout était devenu noir.

§

La jeune fille elfe avait été la première à remarquer que quelque chose n’allait pas.

Ses yeux violets s’élargirent et se concentrèrent sur la tour miniature devant elle. La tour avait la capacité de détecter les ennemis dans la zone, c’est pourquoi elle avait été en mesure de remarquer plus rapidement que tout le monde. Elle attrapa la main du garçon à côté d’elle et commença à sprinter.

« Hein ? Qu’est-ce qui ne va pas, Marie ? »

« Je t’expliquerai plus tard ! Je dois faire mon rapport à Doula, maintenant ! » dit-elle avec une expression paniquée, en courant parmi les autres membres du groupe qui participaient à l’exploration. Ils étaient bien plus petits que ceux qui les entouraient, mais ils avaient finalement réussi à trouver la personne qu’ils cherchaient. La femme aux cheveux rouges, Doula, fut surprise de voir les deux personnes courir vers elle, essoufflés.

« Qu’est-ce qui ne va pas, Marie ? S’est-il passé quelque chose ? »

« Oui, c’est suspect qu’il y ait si peu de monstres au troisième étage, » répondit Marie, puis elle pointa son bâton vers l’outil magique dans la main de Doula. Ce geste communiqua sa capacité de Gardienne de Prison à Doula, et des points lumineux apparurent sur sa carte.

« Oh non… ! » Doula avait pâli. La carte montrait qu’il n’y avait absolument aucun monstre dans leur voisinage. Et plus loin, il y avait une horde massive de monstres prenant le long chemin autour de l’équipe de raid.

« Sauf erreur de ma part… on dirait que les monstres se déplacent comme une unité organisée. Ils ne font pas qu’attendre qu’on s’approche. » Même Zera n’avait pas pu cacher sa surprise. Les monstres qu’ils avaient vus jusqu’à présent étaient féroces, et ils attaquaient tous ceux qui se présentaient à eux. Mais leur mouvement était beaucoup plus systématique maintenant, et c’était complètement différent de leur comportement précédent.

Après y avoir réfléchi, Doula avait tourné les talons.

« Zera, tu continues à réfléchir avec ces deux-là et tu trouves comment gérer ça. Je vais arrêter l’avancée et rappeler l’équipe Diamant qui se trouve à l’avant-garde, » dit-elle, démontrant sa capacité à s’adapter à toute situation donnée. Mais avec si peu d’indices situationnels sur lesquels travailler, Doula s’était dit qu’il valait mieux se fier à l’instinct animal de Zera. Ce couple avait tendance à faciliter le développement de l’autre en étant ensemble. C’est ainsi qu’ils avaient réussi à devenir le centre de l’équipe de raid malgré leur niveau relativement bas par rapport aux autres.

« À toutes les unités, halte ! » ordonna Doula, et des dizaines de bottes s’arrêtèrent d’un coup. Zera observa la démonstration de contrôle et d’ordre, puis se frotta le menton en réfléchissant.

« Hm, les monstres prennent une autre route pour éviter d’être trouvés. Il y a quelque chose de louche, c’est sûr. Et selon le rapport d’Eve, il y a un grand hall ouvert droit devant. »

Le garçon avait répondu : « Oui, à en juger par leurs mouvements, ils pourraient essayer de nous coincer des deux côtés. Ce qui veut dire… »

« Ils pourraient préparer une embuscade dans le hall devant, » dit Marie. Le doigt de Zera tapota la poignée de son épée tandis qu’il écoutait. Il n’y avait pas d’autre route pour contourner le couloir, donc aller tout droit était leur seule option. Bien qu’ils progressaient bien, Zera avait l’impression qu’ils n’étaient qu’à mi-chemin du troisième étage.

Leur rythme était assez bon, grâce à une équipe petite, mais efficace, mais leur composition n’était pas sans inconvénient. Comme ils étaient peu nombreux, il leur faudrait plus de temps pour explorer complètement la zone. Mais malgré cet inconvénient, Zera pouvait sentir le moral de l’équipe du raid s’améliorer.

Le sentiment d’unité ici était palpable. Chaque soldat se donnait à fond dans cette mission, et les réserves et les frontières qui les divisaient autrefois s’estompaient. Les choses se présentaient bien jusqu’à présent, mais comme leurs forces ne pouvaient pas être remplacées, subir des pertes pourrait avoir des résultats catastrophiques.

Pourtant, dans l’esprit de Zera, il savait qu’ils ne pouvaient pas battre en retraite maintenant. Ils devaient découvrir les pièges qui les attendaient, il était donc inutile de faire demi-tour. En fait, cela n’aurait fait que donner plus de temps à l’ennemi pour se préparer, ils devaient donc avancer malgré le risque.

« Hmm, je commence à comprendre les schémas ici, mais une fois que nous entrons dans ce hall, il faut partir du principe que nous ne pourrons pas en sortir avant la fin de la bataille. »

« Je suis d’accord. Il semble que l’ennemi agisse aussi dans cette optique. »

« Dites, et si nous nous dirigions vers l’entrée du hall ? Je pourrais ainsi scanner la zone et mieux évaluer la situation, » suggéra Marie, mais Zera et Kazuhiho lui demandèrent d’attendre. Ils voulaient éviter de se faire attaquer des deux côtés si l’ennemi s’approchait par-derrière. Réalisant à quel point la situation était tendue, une goutte de sueur froide coula sur le front de la jeune elfe.

« On dirait que vous avez une petite discussion amusante ici. Puis-je me joindre à vous ? »

« Gaston, qu’est-ce que tu as fait jusqu’à présent ? » Kazuhiho demanda, et l’homme grisonnant lui lança un regard qui était étonnamment intimidant pour son âge. Pour une raison inconnue, il semblait ne pas aimer le jeune homme depuis l’incident de l’autre jour. Après tout, les rancunes liées à la nourriture étaient assez profondes. Il y avait une tension dans l’air, mais quand ils avaient expliqué la situation, le vieil homme avait affiché un sourire imperturbable.

« Hmm, ce troisième étage est plutôt… comment dire… humain. Tout monstre de merde ordinaire ne penserait jamais à élaborer une stratégie contre nous et à concentrer ses effectifs en un seul point. »

« Maintenant que tu le dis, c’est en quelque sorte un comportement humain… » Le jeune garçon répondit, et Mariabelle et lui gémirent en s’absorbant dans leurs pensées. Ils ne bougeraient pas jusqu’à ce qu’ils arriveraient à une conclusion une fois qu’ils étaient dans cet état, alors les autres les avaient laissés à leurs pensées et ils s’étaient regroupés avec l’équipe Diamant pour trouver un plan. Cependant, tout ce qu’ils pouvaient faire était une reconnaissance en force, ils avaient donc décidé de continuer leur marche en étant en alerte maximale. L’affrontement entre les forces d’élite d’Arilai et l’équipe de sabotage de Gedovar était sur le point de commencer.

§

Fsssh…

Le Gardien de Prison de Marie émergea du sol à un endroit situé immédiatement devant l’entrée du hall. Les pavés de pierre s’entrechoquèrent en se retournant l’un après l’autre, et une tour aussi épaisse qu’une bûche apparut. Son nombre d’étages augmentait avec le temps, étendant en même temps son champ de recherche. Un étage supplémentaire était ajouté toutes les trente secondes, et le nombre de lumières indiquant les ennemis sur la carte augmentait…

Crack ! La tour fut détruite par une puissante attaque à distance. L’elfe avait essayé de mettre en place une tour depuis une position sûre, mais il semblerait que l’ennemi apprenait. Ils comprenaient maintenant qu’ils subiraient les conséquences s’ils laissaient Mariabelle faire ce qu’elle voulait.

« Je voulais installer la tour à l’entrée parce que c’est loin d’être aussi efficace de l’extérieur, mais ça ne marche pas. »

« L’ennemi est en état d’alerte. On dirait qu’ils ont peur de ce que tu es capable de faire, » avais-je dit en souriant, mais j’avais ensuite poussé un soupir de malaise. Je ne pouvais m’empêcher d’être prudent en voyant que l’ennemi commençait à interférer dans nos opérations de recherche. Avec les mouvements étranges des monstres et maintenant cela, j’avais l’impression que quelqu’un tirait les ficelles en coulisse.

« Les rumeurs disent que les rebelles qui se cachent ont la capacité de dissimuler leur groupe entier, » avais-je dit.

« Je pensais la même chose. Les mouvements des monstres sont aussi étranges. Ils sont trop bien coordonnés, » répondit Marie.

« Oui, il y a quelque chose de louche. J’ai l’impression qu’une pièce du puzzle vient de se mettre en place. »

Les monstres n’étaient pas capables de penser assez pour faire de tels mouvements stratégiques. Il devait y avoir quelqu’un qui leur donnait des instructions… quelque part dans les profondeurs de cette pièce noire.

Les autres soldats avaient également senti la menace dans l’air. Et bientôt, ils seraient obligés de se battre sans que les positions de l’ennemi soient révélées. Beaucoup pourraient mourir en conséquence.

Mais en tant que fiers combattants d’élite, aucun d’entre eux ne craignait d’affronter la mort. Nous, de l’équipe Améthyste, avions toujours une issue, mais je ne voulais pas que d’autres meurent inutilement. J’avais fait craquer mon cou et j’avais regardé de mon côté pour voir Wridra vêtue d’une armure et Shirley, la femme blonde, qui me regardait.

« Qu’est-ce qu’il y a ? Tu ne sembles pas aussi excité que d’habitude. »

« Je n’en ai peut-être pas l’air, mais je sais lire l’ambiance. Plus important encore, j’espérais que tu pourrais garder Marie et Shirley en sécurité aujourd’hui. »

Elle avait laissé échapper un « Hmph » amusé, ce qui, pour moi, signifiait que ce serait un jeu d’enfant pour elle. J’étais soulagé. Il n’y avait pas beaucoup d’êtres qui étaient à la hauteur de Wridra, et si un tel adversaire existait, nous l’aurions probablement déjà découvert. C’était une chose de moins à craindre.

Cela signifiait qu’il était probablement mieux pour moi de me détendre et de me concentrer sur le maniement de mon épée. En d’autres termes, juste faire ce que je fais habituellement.

« Très bien, n’oubliez pas d’ajuster les paramètres pour le Chat de Lien Mental… Oh attends, Shirley ne peut pas parler. Bien, je vais juste garder un œil sur tes gestes. » Shirley avait souri, puis avait serré le poing pour montrer que tout irait bien. Je n’avais pas encore eu l’occasion de la voir déployer ses pouvoirs, mais j’avais l’impression qu’elle n’avait pas vraiment besoin d’être protégée. C’était étrange de voir à quel point elle semblait fiable, malgré son absence totale d’armes ou d’armure.

Juste à ce moment-là, j’avais entendu une voix à travers le Chat de Lien Mental.

***

Partie 3

« Tout le monde, préparez-vous à bouger. Comme nous ne savons pas ce que l’ennemi prépare, attendez-vous à être sur la défensive au début. Vous n’avez qu’à garder deux choses à l’esprit : restez à l’écoute de mes ordres à tout moment, et ne cédez pas à la peur et ne fuyez pas la bataille. »

Alors que Doula terminait sa déclaration, son équipe Andalouse avait commencé à chanter son hymne en même temps. Cela avait commencé par un « Ahhh » grave, qui s’était répercuté dans les oreilles de toutes les personnes rassemblées dans le couloir. Leurs voix avaient progressivement augmenté en volume, puis ils avaient commencé à introduire une mélodie dans le mélange.

Le son était comme un feu brûlant sur une bûche. Il semblait accélérer les battements de leur cœur, réveillant le sang du guerrier en eux. Le paladin avait regardé autour d’elle, puis sa voix aiguë avait résonné dans la pièce.

« Que nos âmes trouvent le chemin de l’Eden ! Équipe Pierre de Sang ! Formations ! »

« Rahhh ! » On pouvait entendre des bottes militaires piétiner le sol alors que les soldats se mettaient en formation, et leur intensité était suffisante pour faire dresser les cheveux sur la tête.

L’équipe Pierre de Sang avait été choisie pour prendre l’avant-garde en raison de sa grande capacité d’adaptation. Ils étaient l’unité la plus utile de Doula, car ils pouvaient librement passer d’un rôle offensif à un rôle défensif. L’homme à la tête de l’équipe affichait un sourire de maniaque, sans une once de peur dans son expression.

« Aha, tu vas encore tomber amoureux de moi, Doula ! Faisons des enfants à notre retour ! »

« Ça ne me dérangerait pas. »

Oof, ils avaient juste flirté sur le Chat de Lien Mental avec tout le monde qui écoutait. Mais cette équipe de raid n’était pas du genre à laisser une si petite chose les affecter. J’avais ri avec Marie au visage rouge, et l’unité d’avant-garde avait finalement commencé sa charge.

Ils franchirent la porte d’un pas organisé, militaires, et les esprits de lumière de Marie se faufilèrent dans l’ouverture. Les esprits brillent de mille feux, illuminant le vaste hall devant eux.

Le plafond était trop haut pour être vu, et les murs avaient un éclat noir et visqueux, comme si une sorte d’encre avait été appliquée sur eux. Les monstres qui nous attendaient ici étaient assez choquants à voir. Des dizaines de grands boucliers métalliques étaient placés côte à côte, d’innombrables paires d’yeux démoniaques scintillaient dans les espaces entre eux. Une silhouette géante et robuste pouvait être aperçue plus loin dans le fond.

La silhouette mesurait environ quatre mètres de haut. Sur ses épaules se trouvaient d’étranges attaches qui ressemblaient à des têtes de chenilles, et sa peau était disgracieuse et dense, comme du fer partiellement fondu. À en juger par la brume dans l’air qui l’entourait, elle devait dégager une chaleur considérable. Grâce à mes études en langues anciennes, je pouvais à peine distinguer le nom, Borlax Doudou.

La créature avait ouvert la bouche et elle avait crié.

Le bruit de grincement était suffisant pour que la personne moyenne s’arrache la tête.

L’air avait tremblé, mais les guerriers n’avaient pas arrêté leur marche. Ce n’était pas qu’ils ne ressentaient pas la peur. Ils savaient simplement que s’ils cédaient à la peur et perdaient leur volonté de se battre, la honte serait insupportable. Cela les rendrait indignes d’entrer dans l’Eden.

J’avais l’impression que quelqu’un d’autre nous observait aussi. C’était peut-être mon imagination, mais j’avais l’impression que quelqu’un en avait après une certaine fille elfe à côté de moi plutôt que moi-même. J’avais jeté un coup d’œil autour de moi, mais je n’avais pas trouvé la source, ce qui m’avait rendu encore plus mal à l’aise. Malgré l’air sinistre qui régnait dans la pièce, l’équipe du raid avait continué à avancer.

Une fois que tout le monde avait mis le pied à l’intérieur et que les deux forces s’étaient affrontées comme des pièces sur un échiquier, la porte se referma complètement. Mais personne ici n’avait peur de perdre son chemin vers la sortie. La rangée d’ennemis brandissant de grands boucliers devant eux montrait qu’ils étaient l’ennemi à vaincre. Cela signifiait qu’il n’y avait pas besoin de faire demi-tour avant qu’ils ne soient tous anéantis.

L’hymne de l’équipe Andalousite continuait avec son mélange de sons aigus et graves. Non seulement ils avaient remonté le moral de leurs forces, mais leurs muscles s’étaient visiblement gonflés en l’entendant. Tant que leur chant continuera, ils continueront à se battre comme des guerriers indomptables.

Le raid était composé de quatre équipes avec un total de quarante-quatre membres. De l’autre côté, les monstres étaient plusieurs fois plus nombreux que nous, avec des monstres protégés par des boucliers positionnés comme s’ils partaient en guerre et des soldats de réserve cachés à l’arrière.

L’imposant corps supérieur de Borlax Doudou était visible au-delà du mur de bouclier apparemment incassable. Les têtes supplémentaires sur ses épaules gémissaient sinistrement, et on pouvait voir des braises bleu pâle flotter derrière ses dents irrégulières.

« Celui-là a l’air fort. C’est peut-être un boss moyen, mais il pourrait même dépasser le niveau 100. »

Les yeux d’obsidienne de Wridra s’étaient tournés vers moi, mais j’avais souri, lui assurant que je ne lui demandais pas de conseils. Comme d’habitude, Wridra ne faisait pas partie de notre groupe, car son niveau était bien trop élevé pour nous. L’Arkdragon avait également pris soin de ne pas nous donner trop d’aide ou de conseils afin que nous puissions grandir et apprendre de notre propre chef.

Il en va de même pour Shirley. En fait, aucune d’entre elles n’avait le bracelet nécessaire pour ouvrir leur menu d’état, elles ne pouvaient donc pas se joindre à notre groupe. Le chat par liaison mentale était également une fonctionnalité du groupe, mais selon le grand Arkdragon, analyser et pénétrer dans le chat était assez facile pour elle.

Notre équipe était positionnée juste à côté de l’équipe Andalousite, dirigée par Doula. Nous étions dans la position la plus sûre, la plus centrale, où nous pouvions également recevoir des ordres directement de la chef. C’était probablement parce qu’elle voulait garder Mariabelle à proximité pour ses capacités tactiques et sa sorcellerie spirituelle.

« Franchement, le troisième étage a été froid, mais il fait plutôt chaud ici avec toute cette énergie dans l’air. » La ferveur et l’excitation qui nous entouraient étaient un peu étouffantes. J’avais remarqué que Marie avait l’air un peu nerveuse pendant que je faisais claquer mon col et j’avais décidé de lui parler.

« Ça va être beaucoup de travail, d’affronter autant d’entre eux en même temps, hein ? Veux-tu m’aider à trouver un moyen de les traiter facilement ? »

« Facilement… ? Mais nous ne savons même pas quels sont leurs capacités ou leur nombre. Je ne sais même pas où nous pouvons établir un périmètre défensif avec des esprits de pierre à ce stade. » Marie avait jeté un coup d’œil anxieux autour d’elle, et elle semblait un peu pâle en répondant. À en juger par son expression, elle devait être inquiète des pertes potentielles. C’était compréhensible, étant donné que nous étions pratiquement devenus des amis plus proches après avoir travaillé ensemble pendant tant de jours.

Mais être trop énervé ou nerveux aurait l’effet inverse pour nous. J’avais repensé aux batailles précédentes. Nous avions toujours surmonté les défis par la créativité et l’inspiration. Il valait mieux se détendre et essayer d’apprécier le combat. Même si un ennemi redoutable nous attendait, nous devions nous concentrer sur le fait de profiter du moment et d’écraser l’adversaire.

Et donc, j’avais affiché mon habituel sourire détendu.

« Tu te souviens de ce que tu as dit avant, Marie ? Dans ce monde, tu peux tester tes pouvoirs à ta guise, à condition que Wridra et moi soyons avec toi. »

« Oui, mais cette fois-ci, notre ennemi semble contrer ma tactique. » Elle avait lancé son Gardien de Prison depuis un moment déjà, mais cela ne semblait pas fonctionner à en juger par son regard et le fait que la tour ne sortait pas du sol. Il y avait peut-être un lanceur de sorts parmi les ennemis qui pouvait interférer avec sa magie. Comme nous ne pouvions pas encore être sûrs de ce qui se passait, il était préférable d’abandonner le balayage des ennemis pour le moment.

J’avais pris Marie par la main et j’avais regardé dans ses yeux violets.

« Pourquoi ne pas essayer de changer notre état d’esprit ? S’il s’agissait d’une armée et non d’une horde de monstres, comment devrions-nous faire face à un tel mur de boucliers ? »

« Oh, très bien. Je vais jouer le jeu. Voilà, tu me fais marcher comme ça, comme d’habitude. Alors, voyons voir. Puisque leurs défenses sont si serrées à l’avant, je voudrais les frapper par le flanc ou l’arrière. » Shirley avait observé notre conversation avec une expression curieuse, sa tenue étant plus adaptée à un manoir de noble qu’à un champ de bataille. Elle avait incliné la tête, et Wridra avait gloussé joyeusement à côté d’elle.

« Hah, hah, c’est tout simplement comme ça qu’ils sont. Ils trouvent des idées farfelues comme des enfants pour démolir les châteaux de sable que l’ennemi construit avec le moins d’effort possible. Pour leurs adversaires, rien ne peut être plus frustrant. » Shirley semblait plutôt impressionnée, ses yeux bleu ciel s’agrandissant à mesure qu’elle écoutait. Cela pouvait paraître étrange à leurs yeux, mais nous, les humains, devions utiliser notre tête pour survivre. Je devais faire ce que je pouvais pour trouver un moyen de réussir.

Marie était restée perdue dans ses pensées pendant un certain temps, mais elle avait ensuite mis un doigt sur son menton et avait pris la parole.

« Est-ce même possible ? Pouvons-nous organiser une formation qui protège notre ligne de front tout en attaquant leur flanc ? »

« Hmm, même si on pouvait, ça prendrait beaucoup de temps à mettre en place si l’échelle est trop grande. Peut-être que si nous la réduisons, comme une forme en “L’, ce serait possible. »

« Ah, si nous utilisions les coins de la salle, nous n’aurions pas besoin de couvrir une zone aussi large. Mais je n’aime pas la façon dont cela nous laisserait complètement acculés. Et si nous utilisions la hauteur à notre avantage, comme un bâtiment ? » Le fait que nous trouvions une idée après l’autre était un bon signe. Au fur et à mesure que nous évoquions des idées sur la façon d’aborder notre problème et de couvrir les zones où nous avions des lacunes, Marie avait commencé à se détendre visiblement.

Il semblait que Doula avait écouté pendant que nous élaborions notre stratégie défensive. Ses cheveux roux s’étaient balancés quand elle s’était retournée et nous avait montré un sourire fougueux.

« J’aime cette idée. J’espère que ça ne vous dérange pas que nous nous joignions à vous. Nous allons commencer par renforcer nos forces dans le coin droit et dégager suffisamment d’espace pour mettre en place un périmètre défensif. » Il semblerait que tout le monde avait fini d’entrer dans la pièce, et nous avions entendu la porte se fermer lentement. Doula avait crié ses ordres, et les troupes s’étaient immédiatement déplacées en formation diagonale.

La porte était à deux doigts de se fermer complètement.

Doula avait continué à donner ses ordres de manière calme.

« Kazuhiho, Gaston, Eve — vous trois, évaluez la situation et attaquez comme bon vous semble. Mais gardez à l’esprit de toujours suivre mes ordres. Et équipe Diamant, ne faites pas de mouvement drastique avant que je ne vous donne le feu vert. » Chaque unité répondit par l’affirmative, puis le bruit de la porte qui se refermait retentit dans le hall. Les longues oreilles de Marie tremblaient, mais il y avait beaucoup moins de peur dans son expression maintenant. Le fait que nous ayons mis au point un plan semblait l’avoir quelque peu rassurée.

***

Partie 4

Cette fois, j’avais beaucoup plus de tâches à accomplir que d’habitude. J’avais senti que quelqu’un visait Marie plus tôt, ce qui signifiait qu’il était probable que l’ennemi en savait beaucoup sur nos stratégies. Cela signifiait que je devais être attentif à tout mouvement étrange, essayer de trouver le lanceur de sorts qui interférait avec la magie de Marie, et me méfier de Borlax Doudou au fond de la pièce.

Cette pensée m’avait fait sourire.

C’était excitant d’avoir tant de choses à faire. J’aurais détesté qu’il s’agisse de tâches au travail, mais c’était un monde imaginaire où je pouvais m’amuser autant que je le voulais.

Sentant que je m’agitais, j’avais resserré la prise sur mon épée.

Juste à ce moment-là, la musique de combat avait commencé à jouer.

Soudain, des voix extrêmement aiguës retentirent. On aurait dit des femmes qui pleuraient, se superposant les unes aux autres pour percer les tympans des auditeurs, même s’ils étaient couverts. Le silence qui régnait quelques instants auparavant avait été brisé par les voix terrifiantes des femmes, qui avaient progressivement commencé à former un rythme. Le son des tambours s’y était ajouté, créant une sorte de musique hystérique.

Les troupes ennemies avaient commencé à se déplacer en suivant le rythme. Les boucliers de leur ligne de front s’étaient déplacés en diagonale pour s’adapter à notre formation, ressemblant à un mur de fer solide qui se rapprochait de nous.

« Notre bataille commence ! Équipe Pierre de Sang, dégainez vos épées ! »

Les épées d’acier furent brandies entre les rangées de boucliers en réponse à l’ordre crié. Les unités de boucliers muraux de l’ennemi s’étaient avancées exactement au même moment, marquant le début de leur marche de la mort au son de la musique.

Ils se déplaçaient lentement, soulignant à quel point leurs unités étaient lourdes. Mais voir le mur se refermer de l’avant était étouffant, et j’avais le sentiment que ce n’était pas des boucliers ordinaires. Mais Doula avait levé son épée sans crainte et avait crié son ordre.

« Sécurisez un périmètre défensif ! En avant, très lentement ! » Les bottes de l’équipe Pierre de Sang résonnaient, raclant le sol alors qu’ils se dirigeaient vers l’ennemi à un rythme déterminé. L’espace entre les deux forces diminuait progressivement en même temps que le rythme. Finalement, une rangée de lances noires émergea d’entre les boucliers des monstres. Un liquide noir ressemblant à du goudron avait été appliqué sur les pointes des lances, et j’avais réalisé qu’il était de la même couleur que les murs de la pièce.

J’avais détourné mon regard de l’armée des monstres et de leur drapeau noir pour jeter un coup d’œil vers l’arrière. Il y avait un petit espace qui s’était ouvert dans le coin le plus reculé après que leurs forces aient avancé. J’avais regardé Marie commencer à contrôler ses esprits de pierre après avoir lancé son incantation, j’avais confirmé que Wridra et Shirley veillaient sur elle, puis j’avais décidé d’agir.

« Je suppose que je vais aller vérifier les choses de ce côté-là. Je suis curieux de savoir ce qui se passe au-delà de ces boucliers. »

« Compris. Mais peux-tu continuer à parler dans le Chat par liaison mentale comme ça ? Je veux continuer à entendre ta voix. » Cela m’avait fait chaud au cœur de l’entendre dire ça. Cela me rendait heureux de savoir qu’elle comptait sur moi, et je voulais aussi entendre la jolie voix de Marie. Mais il semblait qu’elle avait une intention différente.

« Je veux dire, ta voix semble si insouciante. J’en suis venue à réaliser que c’est juste la bonne quantité d’énergie pour moi. »

Attends, insouciant ? Mais je suis sérieux là. Je lui avais dit que je revenais tout de suite et je m’étais téléporté sur le mur près du flanc de l’ennemi. Ma vue avait immédiatement changé, et j’avais rapidement dégainé mon épée pour empaler le mur. J’avais remarqué que la matière noire des lances des ennemis recouvrait également ce mur.

Accroché à l’épée avec laquelle j’avais poignardé le mur, je regardais directement en dessous de moi.

Je ne pouvais pas les voir avec leurs boucliers muraux, mais c’était bien des monstres. Ils avaient une carrure robuste, tout comme le boss intermédiaire, et leurs bras épais étaient assez longs pour atteindre le sol.

La façon dont les forces ennemies étaient rassemblées et se déplaçaient collectivement donnait l’impression qu’elles ne formaient qu’une seule créature. J’avais remarqué qu’une de leurs unités transportait quelque chose de gros, et que des utilisateurs de magie lançaient une incantation autour, puis j’avais senti les poils de ma nuque se hérisser.

« Whoa, c’est une mauvaise nouvelle. Cet ogre est un kamikaze, non ? » J’avais senti mon cœur sauter un battement. Je m’étais retourné pour faire face à la voix bourrue qui venait de juste à côté de moi. Gaston était tapi dans l’ombre, regardant fixement avec une lueur dans ses yeux qui ne correspondait pas à son âge.

« O-Oui… Depuis combien de temps êtes-vous là, Gaston ? »

« Hein ? De quoi tu parles ? C’est toi qui es venu me voir. De toute façon, il est temps de l’éliminer, Eve. » J’avais été pris par surprise pour la deuxième fois. Je n’avais même pas réalisé que quelqu’un avait atterri sur l’épée que j’avais plantée dans le mur et que je m’étais accroupi. J’aimais penser que j’avais une intuition bien entraînée pour ne pas être prise au dépourvu, mais cela ne semblait pas avoir d’effet sur ces deux-là.

« C’est sûr. Nous sommes l’équipe d’attaque mobile de fortune, non ? Kazu, Papy, montrons à tous ceux qui nous ont traités d’idiots tout ce temps, » dit Eve.

« Ha ha, ne me mets pas dans le même sac que vous deux, » répondit Gaston. Sur ce, le vieil homme avait relâché sa main sans hésiter. J’avais également donné un coup de pied dans le mur, atterrissant dans le groupe d’ennemis l’instant suivant. Je n’étais pas sûr que ce soit une bonne idée, mais j’avais été choqué pour la troisième fois lorsque j’avais réalisé que les deux autres étaient déjà là avec moi. Je ne savais pas comment ils avaient fait, mais ils étaient aussi rapides que ma capacité de téléportation.

Mais je devais montrer à ces deux-là que je n’étais pas non plus une mauviette.

Juste après avoir atterri, Gaston et moi avions balancé nos armes pour couper la tête des monstres de chaque côté de nous, et ils avaient finalement élevé la voix en signe d’alarme.

En tant qu’unité d’attaque mobile, Doula attendait de nous que nous perturbions l’ennemi aussi efficacement que possible, plutôt que d’attaquer au hasard. Ils comptaient sur nous pour notre mobilité, nos capacités offensives et notre perspicacité. Notre rôle était donc d’éliminer les kamikazes avant qu’ils ne puissent atteindre leurs cibles.

J’avais tranché le monstre avec des malédictions écrites sur tout son corps, puis j’avais immédiatement commencé à me déplacer vers la cible suivante. Pendant ce temps, Eve avait semblé être troublée par quelque chose pendant un moment, puis elle s’était glissée derrière moi. Bien qu’elle soit plus grande que moi dans cet état, elle se cachait complètement de la vue de l’ennemi en s’accroupissant comme un chat.

« Je vais de ce côté. Toi et Eve vous vous occupez de l’autre côté, » appela Gaston.

« Hmm, c’est la première fois que je fais équipe avec toi comme ça, Kazu. Comme c’est excitant. »

Il semblerait que les choses avançaient sans mon intervention. J’avais mentalement haussé les épaules, ignorant la hache qui se dirigeait vers ma tête et me téléportant en avant tout en perçant le cou d’un ennemi en un seul mouvement. Notre environnement empestait la puanteur des monstres, et le sang noir des monstres giclait sur le sol. Un autre ogre s’était approché par-derrière, mais sa vision avait été obscurcie par un ensemble de cuisses bronzées avant qu’il n’encaisse un puissant coup de pied par en dessous.

J’étais impressionné. Ses jambes avaient bougé en un arc de cercle parfait, laissant un ogre hébété devant moi. J’avais rapidement coupé sa trachée, puis la dague d’Eve avait coupé les tendons du bras massif du monstre qui se balançait vers moi depuis la gauche.

Oh, je vois. Elle m’avait soutenu. J’avais été surpris par l’habileté de ses mouvements, mais elle avait toujours semblé adepte des arts martiaux. J’avais pensé à quel point elle était un ninja compétent alors que je coupais le cou de l’ogre.

J’avais fini par me joindre à l’offensive, mais je n’aimais pas être au milieu d’une telle mêlée. C’était vraiment pénible d’avoir des ennemis qui me bloquaient la vue dans toutes les directions. Il y avait si peu de place que je ne pouvais me téléporter qu’à un ou deux pas, et ils pouvaient m’empêcher de me téléporter complètement s’ils m’encerclaient dans toutes les directions.

Mais nous pouvions attaquer rapidement grâce au soutien d’Eve, et l’ennemi était encombré par les explosifs. De plus, ils étaient regroupés, mais ils ne voulaient pas se prendre les uns les autres dans les explosions, donc nous avions plusieurs avantages de notre côté.

J’avais mémorisé les schémas d’attaque et d’évasion les plus optimaux avec Surcharge pendant que nous nous étions frayé un chemin dans l’espace confiné. Puis, comme avec la Reprise, j’avais commencé à avoir de moins en moins besoin de concentration pour la maintenir. Tout ce que j’avais à faire était de me tenir dans les positions optionnelles, et mon corps passait automatiquement par le schéma d’attaque.

« Eh bien, c’est agréable et facile. »

« N’est-ce pas ? Toi et moi faisons une bonne équipe. Pourquoi ne pas rejoindre l’équipe Diamant ? Nous avons des trucs fous dans notre manche. Nous avons même un membre qui peut lancer des enchantements de compétences. » Ils avaient donc quelqu’un qui pouvait accorder des compétences aux autres. C’était un peu différent des buffs qui augmentaient temporairement les statistiques d’une personne. Je devais admettre que j’étais curieux, mais nous devions nous occuper des kamikazes pour le moment.

Puis, cela m’avait frappé. Et si je mémorisais aussi les schémas d’attaque d’Eve ? Après tout, ma compétence avait été améliorée, et le nombre d’emplacements pour les coups avait également été augmenté. D’après ce que je voyais, Eve était extrêmement douée pour frapper ses ennemis en plein dans le menton et les assommer. J’avais décidé d’essayer, et notre travail d’équipe s’était affiné au fur et à mesure que je mémorisais différents schémas d’attaque.

Cela m’avait rappelé quelque chose… battre des mochi à deux. Ce que nous faisions maintenant était en fait une version accélérée du pilonnage de mochi avec un maillet.

Immédiatement après que le coup de pied d’Eve ait frappé un monstre au menton, mon épée l’avait empalé dans la gorge. Elle avait ensuite tourné sur son talon pour donner un coup de pied retourné dans le dos d’un ogre, et j’avais enchaîné avec le coup de grâce l’instant d’après. Alors que nous étions en train d’éliminer les ennemis, Eve semblait plutôt ravie.

« Whoa ! C’est fou, Kazu ! Nous sommes, comme, presque inarrêtables ! » Des perles de sueur perlaient sur la tête d’Eve pendant qu’elle parlait.

Je ne pouvais pas lui reprocher de se sentir bien à ce sujet. Dès qu’elle assommait l’ennemi d’un coup de paume, de genou ou de pied, il mourait. Ses mouvements s’étaient accélérés avec le temps, se transformant en une tempête furieuse qui ne pouvait être arrêtée par les monstres lents.

Commençant à s’emporter, Eve avait bondi en avant et avait terrassé ses ennemis en quelques secondes, tout en riant joyeusement. Les monstres qui l’entouraient avaient l’air un peu terrifiés, et même moi, je commençais à avoir de la peine pour eux.

***

Partie 5

Avant que je ne m’en rende compte, nous avions éliminé l’équipe de kamikazes, et les ennemis encore debout étaient ceux qui étaient lourdement blindés.

J’avais essuyé la sueur de mon front et appelé l’elfe noire.

« Je pense que ça devrait suffire pour le moment. Eve, on devrait rentrer. »

« Quoi ? Encore un peu. Allez, on continue. »

Donc, elle va être difficile. Mais je n’avais pas le temps de m’occuper de ça, alors je l’avais tenue par sa taille fine et je m’étais téléporté vers le mur.

« Kyaaa ! »

Nous avions laissé son cri derrière nous lorsque nous étions réapparus au nouvel endroit, et j’avais enfoncé mon épée dans le mur. Ma téléportation était auparavant limitée par le poids, mais j’avais une plus grande variété d’options de mouvement après la mise à niveau vers la Surcharge. Je me demandais ce que faisait Gaston, quand j’avais entendu un grand bruit venant d’en bas.

Le bruit des pieds qui chargeaient et des armes qui s’entrechoquaient. Le combat avait commencé. Les lignes de front des deux camps s’étaient affrontées. Nous avions éliminé les kamikazes, donc je n’avais pas à m’inquiéter de cela pour le moment. J’avais observé la situation juste en dessous de nous, attendant de voir comment la bataille allait se dérouler.

J’avais d’abord entendu un grand bruit sec.

Puis le bruit de quelque chose qui se brisait.

Les lances ennemies s’étaient brisées les unes après les autres, comme d’innombrables baguettes de bois.

La rangée de l’armée démoniaque était entrée en collision avec l’équipe Pierre de Sang et l’équipe Andalousite.

Dès qu’ils étaient entrés en contact, j’avais vu des barrières se mettre en place en plus des buffs de l’hymne. Les ogres possédaient une force inhumaine, mais leurs lances s’étaient brisées contre nos puissantes défenses, envoyant des éclats partout. Certaines personnes avaient été poignardées à l’épaule et avaient subi d’autres blessures mineures, mais l’équipe Pierre de Sang avait avancé presque indemne.

Ils marchaient à l’unisson, et lorsqu’ils atteignirent le mur de boucliers de l’ennemi, un bruit sourd retentit sur le champ de bataille.

Les boucliers mesuraient deux mètres de haut, et ils étaient trop grands pour qu’un adulte puisse sauter par-dessus. La vue de ce mur apparemment incassable qui les surplombait devait être très intimidante. Et pourtant, ils n’avaient pas faibli. Les soldats avaient poussé leurs cris de guerre et avaient semblé écraser l’ennemi par leur propre intensité.

« Allez-y ! Repoussez-les ! Montrez-leur qu’Arilai ne recule pas ! » Leurs voix couvraient le bruit du fer contre le fer. Le feu dans leurs cœurs brûlait plus fort à mesure qu’ils criaient, et les boucliers ennemis commencèrent à craquer.

Bien que la plupart de leurs lances aient été brisées, l’armée démoniaque avait dû en tenir compte, car elle avait reconstitué ses offensives. Les monstres levèrent d’autres lances et les abaissèrent pour percer la barrière d’en haut.

« Équipe Andalousite ! Boucliers ! En avant ! »

« Rahhh !! »

L’équipe Andalousite avait immédiatement levé des boucliers au-dessus de l’unité par-derrière. Ils avaient aussi toujours la barrière défensive. Ils s’étaient effectivement transformés en une forteresse de fortune, et il était difficile de croire qu’ils s’étaient adaptés aux attaques de l’ennemi sans en avoir discuté au préalable. Leur travail d’équipe était parfait. Peut-être était-ce parce que leurs chefs allaient se marier… Non, ces deux-là avaient toujours été en phase.

Les hommes avaient fait pression pour percer les boucliers ennemis, et leurs renforts avaient apporté un soutien puissant depuis l’arrière. La coordination étroite de notre équipe de raid était une chose, mais le fait que nous soyons allés perturber la ligne arrière de l’ennemi avait peut-être aidé à repousser le mur de boucliers.

Le rapport de force entre les humains et les ogres était pratiquement égal, mais lorsque les hommes avaient pu avancer d’un pas, ils avaient encore accru leur férocité.

L’un des grands boucliers s’était renversé, et Zera avait profité de ce moment pour se glisser et poignarder à travers l’ouverture. Il avait attaqué les ténèbres au-delà avec des coups sauvages, et du sang noir avait alors coulé sur le sol. Un cri bestial avait rempli l’air, et une figure démoniaque s’était effondrée de l’autre côté. Mais malheureusement, le trou dans leurs défenses avait été immédiatement comblé, et l’occasion s’était envolée.

Les échanges ne faisaient que commencer, et ce serait une guerre d’usure sans fin à partir de maintenant.

J’étais toujours suspendu à mon épée dans le mur, regardant avec émerveillement la scène qui se déroulait sous mes pieds.

Cela faisait longtemps que je n’avais pas vu deux armées s’affronter de la sorte. Même si cela semblait n’être qu’un jeu de nombres et de force brute, il y avait beaucoup de réflexion et d’intention derrière leurs formations. J’avais été complètement attiré par cette bataille dramatique.

« Franchement, c’est intense. On ne trouve pas ce genre d’action même dans les films. »

« J’aimerais aussi pouvoir le voir. L’ennemi à l’arrière n’a pas encore bougé, non ? » La jolie voix de Marie avait parlé dans mon oreille. J’avais regardé au loin pour vérifier, et le monstre géant était toujours là. Une aura infernale vacillait autour de Borax Doudou, apparemment en synchronisation avec sa respiration, mais il n’avait pas bougé d’un pas de sa position initiale.

« Je ne sais pas pourquoi, mais il semble encore calme pour le moment. Oh, et les monstres ont des lanceurs de sorts parmi eux, et ils ont l’air de vouloir bouger bientôt. »

« Quoi ? Comment sais-tu ça ? » avait dit Eve, s’immisçant dans notre conversation par chat. Elle était dans un groupe différent du nôtre, mais j’avais dit la dernière partie à haute voix, alors elle avait répondu à ma voix.

« Je n’en ai peut-être pas l’air, mais j’ai déjà participé à une guerre. J’ai aussi passé une journée entière à en regarder une avec un bento. Voyons voir… » Il pouvait être difficile de saisir la situation sur un champ de bataille chaotique. Dans ces cas-là, il valait mieux avoir un regard flou sur l’ensemble du tableau, puis décomposer leurs mouvements à partir de là.

« Ce groupe soutient leur avance depuis l’arrière. Peux-tu voir qu’ils fournissent des renforts lorsque leurs défenses commencent à tomber, et que ces gars près du centre se préparent à combler les lacunes ? »

« Je ne sais pas… Je suppose que ça en a l’air quand tu le montres. Peut-être que j’aurais aussi dû apprendre ce genre de choses, » répondit Eve.

« Je ne sais pas grand-chose non plus. C’est juste des trucs que j’ai appris… Hm ? »

Mes yeux avaient été attirés par une sorte de fluide qui avait commencé à couler jusqu’à mes doigts. Le mur scintillait d’un revêtement noir, qui semblait provenir d’une matière visqueuse non identifiée. Je l’avais frotté entre mes doigts et l’avais reniflé.

« Odeur âcre… Qu’est-ce que c’est ? Ça sent le goudron… Oh, Eve, tu ne devrais pas lécher ça ! »

« Ne t’inquiète pas, seul le plus fort des poisons aura un effet sur moi. Je peux dire à l’odeur que ce n’est pas si mauvais. » Avec ça, Eve avait craché sur le côté.

« Hm ? Ce n’est pas du poison ou de l’huile. Aucune idée de ce que c’est. »

« Hm, je me le demande. Je n’ai rien vu de tel au troisième étage jusqu’à présent. »

« Hah, hah, ce sont des éléments magiques connus sous le nom de matière démoniaque. On pourrait même dire que c’est une relique de négativité transmise depuis des temps anciens. »

Une voix était entrée dans notre chat à l’improviste, et Eve et moi nous étions regardées avec surprise. Wridra pouvait-elle aussi entrer dans le chat de Eve ? Si elle avait pu s’introduire dans le nôtre, il serait logique qu’elle puisse faire la même chose avec d’autres.

« Je crois que tu as déjà mentionné quelque chose à ce sujet. Tu parlais de quelque chose à propos de l’effondrement de la matière démoniaque dans les temps anciens. »

« Oui, bien qu’il soit rare de le voir ainsi souillé dans un espace aussi clos que celui-ci. Il n’a pas d’effets négatifs immédiats sur le corps humain, mais vous pouvez finir par être autre chose qu’un humain si vous passez une semaine ou deux ici. » Nous avions gémi, et Eve avait craché plusieurs fois de plus. Nous n’avions évidemment pas l’intention de rester ici à long terme, alors c’était probablement sa façon à elle de nous rassurer. Mais il semblerait que Wridra avait du mal à comprendre pourquoi nous trouvions ce truc psychologiquement répugnant.

Cette matière démoniaque semblait s’écouler d’en haut. À en juger par le commentaire précédent de Wridra, cela ne semblait pas être quelque chose qui apparaissait de manière naturelle dans la nature. Alors, qui avait pu recouvrir les murs de cette substance ? Et pourquoi ?

J’avais entendu ce qui ressemblait à des arbres cassés et j’étais revenu à la réalité. L’affrontement entre les lignes de front avait progressé d’un cran. L’équipe du raid avait repoussé les lances qui leur tombaient dessus depuis le haut avec de multiples barrières et les avait détruites en même temps.

« On enfonce le pieu ! Puseri de l’équipe Diamant, chargez au centre ! » Doula avait crié l’ordre au moment où l’infanterie lourde de l’ennemi avait fait un pas en arrière. Notre escouade défensive attendait déjà l’ordre, et elle s’était séparée de chaque côté pour laisser la place aux soldats qui chargeaient depuis le centre.

Vêtue d’une armure crépusculaire, une bouffée d’air glacé avait été expulsée de la bouche de Puseri alors qu’elle menait la charge. Son casque avait ce qui ressemblait à une queue de cheval dépassant de l’arrière, et elle était équipée d’un bouclier intégral et d’une grande lance à la main. Ceux qui avaient vu son comportement habituel avaient été surpris par la vue. D’habitude, elle avait l’air d’une femme noble et magnanime, mais elle avait l’aura d’une guerrière endurcie sur le champ de bataille.

Sa lance pouvait faire naître la peur dans le cœur de n’importe quel homme ou monstre. Sa présence même était différente de celle des autres. On pouvait dire instinctivement que ceux qui se tenaient sur son chemin allaient périr. Il y avait une peur primitive qui venait avec cette connaissance.

Un cheval d’ombre émergea du sol, et lorsque la femme du crépuscule le monta, l’air de mort qui l’entourait devint de plus en plus puissant. L’odeur âcre de cette mort remplissait l’air, et le sabot du cheval allumait des étincelles alors qu’il s’élançait en avant.

Les ennemis avaient empilé deux, puis trois boucliers alors que les galops tonitruants du cheval se rapprochaient. Mais l’effort était comparable à se tenir devant un camion à ordure. La charge faussement puissante avait fait plier les épais boucliers de fer, et du sang noir avait giclé dans l’air.

*Crash !!*

La charge avait violemment brisé les deuxième et troisième couches de défense de l’armée démoniaque, et un groupe voisin de lanceurs de sorts préparant un sort avait également fini par être anéanti. Les ogres se rassemblèrent, arme à la main, pour arrêter le cheval noir, mais d’innombrables flèches volèrent pour leur transpercer la tête.

C’était Cassey Pilaw. C’était un membre de l’équipe Diamant avec des cheveux et des yeux couleur pêche, et des oreilles aux caractéristiques d’une sorte d’espèce variante. Elle s’accrochait au mur avec les griffes de ses pieds, décochant des vagues de flèches de son arc lourd à une vitesse incroyable. C’était presque comme si elle pouvait lire dans le futur. Elles frappaient la tête des monstres comme si elles y étaient attirées par des aimants, éliminant les menaces pour Puseri avant même qu’elles ne puissent l’atteindre.

***

Partie 6

« Nous avons une ouverture ! Les gars, abattez-les ! » Doula n’était pas du genre à manquer une telle opportunité. Elle se fraya un chemin dans la large ouverture avec la redoutable ligne offensive de l’équipe Diamant. Ils se déployèrent de chaque côté, abattant le mur de bouclier immobile depuis leurs flancs.

Nous étions toujours accrochés au mur, regardant le spectacle d’en haut. J’aurais applaudi si une de mes mains n’avait pas été occupée.

« Wôw, c’était vraiment bien fait. Ils ont repoussé ce mur qui semblait presque invincible, » avais-je dit.

« Ouais, même nous ne pouvons pas arrêter Puseri une fois qu’elle est en mode “botteur de fesses”. Attends, est-ce que celui-là se rapproche de Puseri ? Celle avec la fourrure de couleur différente… » Peut-être qu’Eve s’est aussi habituée à évaluer le champ de bataille. Je regardai pour voir de quoi elle parlait et je sus immédiatement que c’était mauvais.

La créature était longiligne, contrairement aux ogres, et elle se tenait courbée vers l’avant en se faufilant sur le champ de bataille comme un assassin. Des piques sortaient de son corps et il coupait les flèches qui se déplaçaient à toute vitesse avec les lames qu’il tenait dans chaque main. Il utilisait également d’autres monstres comme boucliers pour éviter les attaques pendant qu’il avançait, et j’avais réalisé qu’ils étaient plusieurs à se faufiler comme des ombres. Le cheval noir avait fini par être complètement encerclé, tournant sur place en martelant le sol de ses sabots, laissant un espace dégagé au milieu de l’armée ennemie.

« Marie, je vais aider Puseri. Comment se passent tes préparatifs ? »

« J’ai deux structures prêtes à être utilisées. Je pensais en préparer une troisième pendant que nous avions l’avantage, mais il semble que nous n’aurons pas le temps pour cela. Je vais d’abord sécuriser une voie de sortie. » Elle savait ce que j’allais lui demander avant même que je ne le dise. Je laissai échapper un soupir de soulagement en sachant qu’elle restait pondérée, puis sortis mon Astroblade du mur couvert de matière démoniaque.

Mais alors que tous les regards étaient de nouveau tournés vers la bataille, un étrange bruit d’éclaboussure avait attiré mon attention. Il provenait de derrière Marie, du mur noir. Qui aurait pu remarquer ce son, comme un petit poisson qui saute hors de l’eau ?

La silhouette avait émergé du mur, et ses yeux s’étaient progressivement ouverts.

C’était « l’Armement Démoniaque » Kartina. Elle s’était lentement réveillée dans la pièce qui avait été préparée juste pour elle.

§

La matière noire qui dégoulinait le long des murs était connue sous le nom de matière démoniaque.

Il existait depuis les temps anciens et était un vestige de la puissante magie utilisée à l’époque. En raison du soupçon de magie stocké à l’intérieur, il bloquait complètement la détection magique dans la pièce, et il avait donné à Kartina la capacité de voyager librement dans la matière.

L’armure ancienne connue sous le nom de Bras démoniaque conférait à son porteur un pouvoir insondable. Elle augmentait le niveau de Kartina de plus du double du nombre original et la transformait en quelque chose de plus qu’un monstre en fusionnant avec ses os.

En même temps, ses émotions humaines avaient pratiquement disparu. Cependant, son humanité n’était qu’un sous-produit du temps passé dans des terres lointaines après avoir été bannie d’ici. Il ne lui avait pas fallu longtemps pour réaliser qu’elle n’en avait pas besoin.

Après tout, elle pouvait maintenant déchirer l’acier à mains nues et se déplacer aussi vite que la vitesse du son. Tout ce à quoi elle devait penser maintenant était de remplir son devoir.

Sa mission était d’éradiquer les intrus. Comme première étape vers l’accomplissement de son but, elle avait choisi la sorcière spirituelle elfe comme cible.

C’était l’occasion idéale, l’attention de tous étant concentrée sur le champ de bataille.

L’homme dans la salle de contrôle les regardait, pensant qu’ils couraient partout comme des imbéciles alors que toute la bataille avait été mise en place pour servir de distraction. Il avait ensuite donné l’ordre. Il savait déjà le résultat qui allait suivre.

« Maintenant, Kartina. » Kartina avait reçu l’ordre par le biais du chat de l’esprit et sortit du mur. Ses ongles s’étaient transformés en lames acérées, et ses yeux s’étaient illuminés d’une lueur platine.

Elle exécuterait la mission à la perfection. Ce n’était pas qu’elle avait trop confiance en elle, c’était simplement un fait. Peut-être que le destin aurait été une meilleure façon de le décrire.

Un bruit tel un poisson qui éclaboussait de l’eau était peut-être trop subtil pour marquer la fin d’une vie. En émergeant du mur, Kartina avait immédiatement accéléré à une vitesse folle. Sa cible ne l’aurait même pas entendu arriver.

*Thud, slam !* La seconde suivante, un impact puissant avait traversé le corps de Kartina.

 

 

Elle n’aurait plus dû ressentir de douleur, mais le coup avait été si fort que cela lui avait fait cracher de la matière démoniaque par la bouche. Tout ce dont elle se souvenait, c’est que son esprit était devenu complètement vide.

Une rafale passa, et les cheveux blancs de l’elfe dansèrent dans le vent. Elle était entièrement concentrée sur la canalisation de sa magie il y a un instant, mais elle ouvrit ses yeux d’améthystes et se retourna. Là, Kartina rampait, les mains sur le sol.

La cible de Kartina était juste là, devant elle. Mais elle ne pouvait pas bouger d’un pouce. Avec son domaine perceptuel étendu à sa limite, elle avait réalisé ce qui s’était passé.

Cette femme aux cheveux noirs l’avait frappée.

Cette prise de conscience avait rendu sa vision floue. Comment cette femme avait-elle pu la toucher alors qu’elle se déplaçait si rapidement ? En fait, son bras aurait dû être emporté par le vent juste à cause de l’impact.

Mais la femme aux cheveux noirs s’était contentée de sourire sans se soucier de rien. Sa beauté avait jeté en réponse un froid de Kartina. Comment pouvait-elle sourire comme si elle saluait simplement un invité ? La femme avait entrouvert les lèvres et avait fait un commentaire absurde.

« As-tu déjà entendu cette phrase ? “Celui qui gouverne avec son poing gauche gouverne le monde”. »

« Huh ? »

Cela n’avait vraiment aucun sens. D’après les souvenirs laissés par ses signaux de perception, cette femme l’avait frappée avec son poing droit. Plus important encore, comment cela aurait-il pu être un coup de poing ? Elle s’était regardée et avait constaté que du liquide noir s’échappait des fissures de ses bras démoniaques. Il était difficile de croire que de tels dommages aient pu être infligés par un simple poing.

Kartina ressentait une peur primitive au son du vent soufflant à proximité. Elle avait tressailli, puis s’était redressée en position semi-assise pour trouver la beauté aux cheveux noirs qui balançait ses poings à gauche et à droite, son sourire s’élargissant.

« J’ai été très intéressée par les soi-disant “arts martiaux étrangers” ces derniers temps. Hm, tu feras très bien l’affaire comme mannequin d’entraînement. Pas trop dur, pas trop mou… Parfait pour les coups de poing. Je me suis aussi sentie un peu stressée ces derniers temps. Je suppose que ce sera une bonne occasion de remplir mon rôle de tank. »

Mais c’est loin d’être ce que ferait un tank. Aucun tank n’étendrait ses bras comme des fouets, frappant sa cible apparemment hors de portée avec une force brutale.

Kartina ne pouvait en croire ses yeux alors que son armure s’effritait sous l’impact de chaque coup de poing lourd sur ses côtés. Des alarmes se déclenchaient dans son esprit comme des cris d’agonie, et elle titubait en arrière. Son sens aigu du devoir l’empêchait de fuir. De plus, elle ne pouvait pas laisser ce rituel horrifiant qu’elle avait enduré avoir été fait pour rien. Mais alors qu’un poing s’enfonçait dans son visage et que du sang jaillissait de son nez, elle eut l’impression qu’elle allait se mettre à transpirer malgré le fait que ses glandes sudoripares ne fonctionnaient plus.

C’est quoi cette femme ? Pour qui se prend-elle, à se battre contre moi sans arme comme ça ! ?

Kartina endura la rafale de coups et leva sa garde pour réduire la distance entre elle et son adversaire. Normalement, elle aurait dû bondir sur la femme en dehors de sa zone d’attaque et la trancher avec ses griffes acérées.

Elle aurait dû avoir un avantage massif en termes de puissance. Alors pourquoi était-elle la seule à se faire enfoncer le crâne par ces poings tels des béliers ? Pourquoi sa tête était-elle secouée par ces coups de poing incessants ?

« Ah, celui-là a bien frappé. On dirait qu’elle t’a étourdie. »

Kartina serra les dents lorsque la femme elfe reporta son attention sur le champ de bataille, comme si la femme aux cheveux noirs avait réglé la situation. Ce regard sur son visage disait qu’elle n’était pas le moins du monde inquiète pour sa sécurité, et la vision de Kartina devint rouge de rage.

Il en va de même pour la femme blonde aux yeux couverts. Non seulement elle n’avait pas peur, mais elle avait sorti une sorte de livre d’images et commençait à dessiner avec un stylo. Cependant, Kartina avait un sentiment inexplicablement inquiétant à ce sujet. Tout comme lorsqu’elle avait obtenu le Bras du Démon, elle avait peur qu’on lui impose un changement permanent.

Bien qu’elle ait perdu la capacité de transpirer, des sueurs froides jaillissaient des pores de Kartina, qui hurlait de terreur.

*Boooooom !*

Si on lui avait demandé quel était le pire jour de sa vie, elle aurait absolument répondu aujourd’hui. C’était vraiment horrible à tous points de vue. Plus elle luttait, plus elle endurait de blessures fatales, et les fissures avaient finalement atteint son cœur. Ses yeux étaient devenus d’un rouge flamboyant alors qu’elle libérait toute sa puissance, mais c’était inutile.

À quel niveau est cette femme ? Et pourquoi n’utilises-tu pas ton crochet gauche ? Il est censé dominer le monde, non ? Quand vas-tu l’utiliser !? Juste au moment où sa confusion atteignait son paroxysme, une voix avait parlé dans son esprit à travers le Chat.

« C’est assez. Bats en retraite, Kartina. Répare tes dégâts. Cette femme était insupportable. » Même si Kartina avait bondi pour fuir, elle avait simplement reporté son attention sur la bataille. Le « Armement démoniaque » Kartina avait disparu dans le mur couvert de matière démoniaque, sa rage meurtrière couvant en elle.

À ce moment-là, un grand changement se produisait sur le champ de bataille.

***

Partie 7

« G… ggr… GROAAAAAARRR ! »

Le cri soudain, qui faisait trembler le sol, provenait de Borlax Doudou, qui attendait silencieusement au centre jusqu’à présent. Quelque chose de sombre et de pointu avait surgi et avait transpercé la créature par le bas, drainant le sang dans le sol.

Le monstre avait griffé sa tête et s’était tordu de douleur. Des fissures s’étaient formées à l’extrémité de son bras droit, puis ils avaient éclaté à partir du coude. J’avais regardé avec de grands yeux le sang magmatique qui giclait partout, incinérant les ogres qui étaient près de ses pieds.

« On dirait qu’il se fait vider de sa force vitale, » avais-je marmonné en observant de loin, mais je ne pouvais pas rester inactif longtemps. Eh bien, ce n’était pas tout à fait vrai. Les monstres de type assassin qui se trouvaient devant moi étaient probablement de niveau 75 environ, et j’avais déjà mémorisé la plupart de leurs schémas d’attaque. Je pouvais automatiquement esquiver la majorité de leurs attaques grâce à mes compétences, j’avais donc décidé de surveiller le boss intermédiaire tout en m’occupant des assassins qui en avaient après Puseri.

Les deux lames tournaient en rond, mais elles ne servaient que de distraction, alors je n’y avais pas prêté attention. Le monstre portait un capuchon sur ses yeux et ses dents sales étaient visibles. Avec ses longs bras et le maniement habile de ses sabres, il me faudrait beaucoup de temps pour le vaincre.

« Non pas que je t’aie déjà battu ! » J’avais balancé ma lame vers l’épaule du monstre, et l’assassin avait tenté de la bloquer avec sa propre arme. L’adversaire était à peu près du même niveau que moi, mais mon arme était bien plus puissante. Mon épée s’était enfoncée dans l’épaule de la créature, qui avait hurlé de douleur.

« Héhé, je vais prendre ça ! »

S’il te plaît, aide-toi. Eve avait bondi derrière moi, avait glissé sur mon épée et avait frappé avec sa dague. Elle avait tranché le cou du monstre, projetant du sang noir dans l’air.

« Très bien ! Ça fait un moment que je n’ai pas atteint le niveau supérieur ! »

« Alors tu peux avoir celui-là aussi. »

« Vraiment ? Es-tu sûr ? Je me sens un peu mal, comme si je t’avais fait abandonner. Mais si tu insistes… »

Le dernier assassin avait déjà les tendons coupés, et il transpirait abondamment en imaginant son terrible destin. Mais malheureusement, les prédictions du monstre et les miennes s’étaient révélées fausses. Un cheval noir était soudainement apparu sur le flanc de l’assassin et avait piétiné sa tête, l’écrasant comme un melon. Tout s’était passé en un instant, et Eve était restée figée sur place.

« Heeey ! »

« Il n’y a pas besoin d’être si dramatique, Eve. Nous sommes dans le même groupe, donc notre expérience est partagée équitablement. » Le cavalier ouvrit l’avant de son casque, révélant le visage trempé de sueur de Puseri. Il semblait qu’elle avait réussi à percer les monstres qui l’avaient entourée. Soulagé, j’avais regardé au loin pour voir Gaston couper en deux les deux ennemis restants. Ce vieil homme était lui-même une bête de niveau 120, après tout. Cependant, il ne semblait même pas proche de sa limite jusqu’à présent.

« Bonjour, Puseri. J’ai pu éviter d’être encerclé grâce à toi qui a fait des ravages sur ton cheval. »

« Non, c’est moi qui ai été sauvée par vous. C’était beaucoup trop pour être considéré comme un remboursement d’une nuit d’hébergement et d’un repas. Oh, ce cadavre… » Puseri avait dit du haut de son cheval, et j’avais suivi son regard vers le cadavre et j’avais été surpris.

Le cadavre du monstre s’était progressivement rétréci tandis qu’un fluide noir en suintait.

« Attends, est-ce qu’ils pourraient être... »

« Les rebelles dont on a entendu parler dans les rapports ? » termina Eve. Ces monstres pourraient-ils être ce qu’il était advenu de ces rebelles ? Si le fluide qui s’échappait d’eux était de la matière démoniaque, leurs êtres mêmes auraient pu être transformés comme Wridra l’avait mentionné.

Les changements qui s’opéraient sur le champ de bataille ne faisaient que commencer.

« Grrrooooooaaarrr ! !! » Borlax Doudou poussa un rugissement titanesque, brisant le sol sous ses pieds d’un seul coup de pied.

Sur sa tête se tenait une silhouette inconnue. Vêtue d’une armure noire, la grande silhouette du monstre avait un air féminin. Les deux yeux du monstre brillaient d’une flamme infernale et meurtrière. Un tube noir reliait les deux monstres entre eux. Il me semblait que le monstre féminin absorbait la force vitale de Borlax Doudou pour se réparer.

Puis un autre changement inattendu s’était produit.

On pouvait entendre des bruits humides et grotesques alors que quelque chose sortait du sol. C’était le monstre assassin de tout à l’heure. Nous avions tous les trois regardé, abasourdis. Mais ça ne s’était pas arrêté là. Les cadavres éparpillés sur le champ de bataille avaient commencé à se lever, un par un. Nous les avions regardés sans rien dire, alors qu’ils se déplaçaient de façon anormale pour retourner sur le champ de bataille, malgré le fait qu’il manquait des membres à beaucoup d’entre eux.

En regardant de plus près, j’avais remarqué que la matière démoniaque qui s’écoulait des murs se répandait sur le sol. À en juger par la façon dont elle s’écoulait dans les cadavres, il semblait que la matière était ce qui contrôlait les cadavres. Je me tenais là, en état de choc, quand j’avais entendu la voix de Wridra dans mon esprit.

« J’ai entendu dire qu’ils l’appellent “Armement démoniaque” Kartina. C’est elle qui dirige les monstres. Je vais aller rendre visite à celui qui a mis en place ce spectacle de mauvais goût. Je te laisse le reste, Shirley. » Shirley pouvait-elle vraiment garder Marie à la place de Wridra ? J’étais un peu surpris que l’Arkdragon lui confie cette tâche. De plus, je m’étais demandé ce qu’elle voulait dire par « celui qui a mis en place ce spectacle de mauvais goût ».

Alors que je restais perplexe, un ordre avait été crié à travers le champ.

« Toutes les unités ! Retraite ! Courez vers le point de défense ! » Je n’avais pas eu le temps de demander des détails à Wridra au milieu de cette retraite. Nous avions sprinté à travers le champ de bataille en même temps que Puseri et son cheval, nous dirigeant vers le périmètre défensif que Marie avait mis en place.

Si ces rebelles s’étaient complètement transformés en monstres, peut-être que cette femme Kartina aussi… Je m’étais retourné avec cette pensée en tête, puis je l’avais vue déployer ses ailes noires.

Qu’est-ce qui a pu se passer pour que ses yeux brûlent de tant de haine ?

§

« Impossible ! Nous les surpassons de loin en niveau ! » Des cris de colère s’étaient fait entendre dans la pièce sombre, suivis du bruit d’un poing qui claquait contre un bureau.

L’homme visiblement irrité se frottait la barbe, puis expira lentement pour tenter de se calmer.

« Oui, il est temps d’adopter une approche différente. Au lieu d’attaquer l’elfe, je vais les forcer à battre en retraite en éliminant la moitié de leurs soldats. » Cela signifiait qu’il devait donner les ordres et créer une nouvelle armée. Il ne pouvait pas se permettre de paniquer. Il avait du mal à croire ce qu’il avait vu dans les images tout à l’heure, mais il était temps de changer de direction pour adopter une méthode qui était sûre de réussir. L’homme marmonna comme pour se rassurer.

Peu importe le nombre de fois qu’il l’avait repassé dans sa tête, il ne pouvait toujours pas croire ce qu’il avait vu dans la vidéo.

Il avait supposé que les intrus seraient anéantis par les anciennes armes démoniaques qu’il avait obtenues. C’était la raison pour laquelle il avait reconstruit le hall et les monstres et avait tendu un piège à ses ennemis. Mais les résultats avaient été complètement différents de ses attentes. Kartina n’avait fini par subir que de lourds dégâts de coups de poing et avait été obligée de battre en retraite. Il lui avait ordonné de réparer rapidement les dégâts, mais il était peu probable que son noyau soit entièrement réparé.

Qui était cette femme aux cheveux noirs sur la vidéo ? Un sentiment d’effroi s’était insinué en lui lorsqu’il avait vu qu’elle le fixait directement.

« Elle a dû remarquer l’outil magique de surveillance. Hmph. Elle est vive, je lui accorde ça. » Elle était belle et séduisante aussi. Étrangement, il ne pouvait pas détacher ses yeux d’elle. Mais quel était ce geste qu’elle faisait ? La femme avait levé sa main en l’air, comme si elle l’atteignait directement.

Il s’était frotté les sourcils en regardant fixement.

Ce n’est pas qu’elle lui faisait signe ou qu’elle le provoquait. Le bout de son doigt était apparu flou sur la vidéo, il n’était pas net.

Les doigts de l’homme étaient encore sur ses sourcils quand ils s’étaient figés sur place. Il y avait quelque chose d’anormal dans la vidéo. On aurait dit qu’une tache de ténèbres s’échappait du doigt de la femme et se répandait sur le moniteur.

« Qu’est-ce que… ? » L’homme avait touché le terminal sans raison particulière. Ses sourcils s’étaient froncés lorsqu’il avait réalisé qu’il était visqueux au toucher.

« Je ne me souvenais pas que c’était aussi sale… Attends, cette odeur… » L’odeur lui irritait le nez. Elle sentait le goudron produit par la combustion du charbon de bois.

Les yeux de l’homme s’étaient soudainement ouverts en grand et il avait crié.

« M-Matière démoniaque ! !! » Puis, elle était apparue. Une masse de matière démoniaque de la même forme que le doigt de la femme était sortit de l’écran.

L’homme se leva instinctivement, renversant sa chaise au passage. Il ravala son cri de peur, puis dégaina rapidement son épée et trancha sa cible en un seul mouvement.

*Cling !* Le son de l’acier brisé résonna fort et clair. C’était le son que l’on entendrait si quelqu’un avait saisi la lame entre ses doigts sans bouger d’un pouce. Un choc avait parcouru les mains de l’homme, comme s’il avait balancé son épée sur un rocher immobile. Son épée avait été brisée en deux.

Des bras étaient sortis de l’écran et s’étaient agrippés à l’un ou l’autre de ses côtés, puis un corps était sorti de l’écran. C’était comme si quelque chose était né du goudron. Même après avoir été témoin d’un événement aussi incroyable, il ne pouvait détacher son regard de la femme.

« Sorcière mystérieuse. Quelle sorte de bête es-tu ? »

« Oh ? Mais je te poserais la même question. Tu es celui qui a transformé tes alliés en monstres. » Elle s’était assise sur la table. Bien sûr, c’était la femme aux cheveux noirs de tout à l’heure. La matière démoniaque sur tout son corps avait glissé, et elle ressemblait exactement à ce qu’elle était sur la vidéo d’avant.

L’homme avait une arme de rechange sur lui, mais il avait pensé qu’elle serait inutile. En la voyant face à face comme ça, il avait réalisé que cette femme était d’un niveau complètement différent.

Elle souriait de manière envoûtante, mais la glace dans ses yeux lui donnait un frisson.

« Je vois que tu es un descendant des gardiens d’autrefois, mais oh, comme je te méprise. Tu as damné tes propres camarades et les as transformés en monstres alors que tu es assis ici en sécurité, survivant sans te soucier du monde. »

« Non, je n’ai pas l’intention de faire quelque chose d’aussi insensé. Il serait inutile que je survive seul. » L’homme était légèrement secoué par la mention des gardiens, mais il fouilla dans sa poche intérieure. Ce qu’il en avait sorti n’était pas une arme, mais une seringue. Elle était remplie d’une sorte de fluide argenté et lumineux, mais l’Arkdragon était capable d’identifier son contenu.

***

Partie 8

C’était de la matière démoniaque hautement purifiée.

Elle était probablement extraite d’un monstre de classe démoniaque, et une seule goutte suffisait à tuer un humain moyen. Son âme et sa conscience seraient englouties, le transformant en un monstre sauvage et incontrôlable.

C’était bien plus dangereux que la substance qui avait été injectée à Kartina, et l’homme aurait dû périr en se l’injectant dans le cou, mais il l’avait supporté avec sa volonté d’acier. Il aurait été beaucoup plus facile de céder à la mort.

Il déchira ses vêtements alors que son corps gonflait, mais il réussit à le contrôler tout en libérant la puissance démoniaque à son plein potentiel. Si l’époque avait été différente, il aurait gravé son nom dans l’histoire.

Ses bras brillaient, et ils craquèrent le sol avec un lourd bruit sourd. Wridra regarda avec pitié les innombrables queues qui sortaient du dos de l’homme et qui transperçaient les terminaux de la pièce.

Il n’y avait pas de retour en arrière pour lui maintenant. Cela s’appliquait aussi à cette femme Kartina.

Wridra s’était assise et avait attendu que l’homme maîtrise parfaitement sa transformation, puis elle avait discrètement entrouvert ses lèvres cramoisies.

« Quel est ton nom, descendant de gardiens ? »

« Je n’ai pas besoin de transmettre mon nom. Je ne suis que le vestige d’un homme qui rêvait de jours anciens. » Il fit craquer son cou, et le combat commença.

Le pied de la femme avait décollé du sol.

Sa robe fortement blindée avait été mise en lambeaux, révélant un éclat de peau magnifique sur ses cuisses. Wridra tenait l’ourlet de sa robe pour le maintenir à l’écart alors qu’elle passait la porte et sortait.

Il aurait été irrespectueux de se retourner. L’homme avait mis son corps et son âme dans la bataille, et elle n’avait eu à contempler son visage mourant qu’une seule fois.

« Le vestige d’un homme qui rêvait des jours anciens… Alors je suppose qu’il ne connaît pas l’Arkdragon qui est resté neutre à travers ces temps. » Il y avait une pointe de tristesse dans sa voix, mais elle s’estompa sans atteindre les oreilles de quiconque.

Un grand trou avait été laissé dans la pièce, et il ne restait que la moitié supérieure de l’homme près de la fenêtre.

§

*Fsssh… *

Le sol gronda dans une large zone tandis que la structure tridimensionnelle de Mariabelle se construisait. La forteresse en forme de L qu’elle avait positionnée dans le coin de la pièce tentait de s’étendre sur environ trois étages.

Au même moment, des obstacles de forme carrée s’élevaient du sol tout en laissant un chemin dégagé le long de l’itinéraire de fuite de l’équipe de raid. Ces obstacles mesuraient environ un mètre de haut et ne semblaient pas très efficaces pour arrêter les poursuivants. J’avais regardé tout cela se dérouler pendant que je courais.

Il aurait été beaucoup plus facile de se téléporter au lieu de courir, mais avec Puseri sur son cheval et Eve en train de sprinter, je n’avais pas pu me résoudre à dire « À plus ! » et de les laisser derrière moi. C’était probablement le salarié en moi qui parlait. Pourtant, je n’avais aucun problème à rentrer chez moi avant mes collègues après les heures de travail.

« C’est donc ce que vous vouliez dire par sécuriser une issue de secours plus tôt. Aurais-je raison de supposer qu’elle explose aussi ? »

« Bien sûr. Héhé, j’ai utilisé la Double Incantation, et sa puissance est encore amplifiée en les piégeant entre les deux. J’utilise aussi des lézards de feu grincheux, alors quoi que tu fasses, assure-toi de ne pas leur donner de coups de pied. » Elle n’avait pas eu besoin de me le dire deux fois. Ça devait être quelque chose d’autre si Marie s’en vantait.

Je m’étais retourné pour voir que l’ennemi s’était divisé en deux groupes. L’un courait à toute vitesse pour poursuivre le groupe de raid qui battait en retraite, tandis que l’autre se mettait lentement en formation défensive.

« Huh, je pensais qu’ils seraient trop en colère pour se soucier de la défense. » De grands boucliers ombrageux furent créés à partir de la matière démoniaque, et les ogres massifs les ramassèrent un par un. Il semblerait qu’ils se soient aussi réapprovisionnés avec des armes comme des lances.

J’avais pensé qu’ils nous attaqueraient de plein fouet, mais ils étaient étonnamment calmes. Considérant que l’ennemi renforçait ses défenses, peut-être que ce monstre connut sous le nom de l’« Armement démoniaque » Kartina avait encore besoin de temps pour récupérer. Je m’étais demandé si les fissures sur tout son corps avaient été infligées par notre tank Wridra.

Ces pensées occupaient mon esprit tandis que je continuais à courir vers la sortie qui s’ouvrait devant moi.

Lorsque la horde d’ogres était entrée dans le périmètre que Mariabelle avait mis en place, les choses étaient devenues… désordonnées. Nous les avions appâtés à mi-chemin quand une tempête de feu avait éclaté pour les éliminer tous en même temps.

L’impact et les bruits assourdissants des explosions derrière nous nous avaient plongés dans une quasi-panique.

« Ahhh ! Puseri, Puseri ! Laisse-moi aussi venir sur ton cheval ! Non, non, non, ne me laisse pas ! » avait crié Eve.

« Whoa, c’est exactement comme un film de guerre ! Peut-être que les regarder avec elle n’était pas une si bonne idée ! » Le souffle de chaleur derrière moi m’avait brûlé la peau, mais je n’avais pas l’intention de me retourner. Je ne voyais pas les monstres se faire prendre dans l’explosion, ce qui rendait leurs cris d’autant plus terrifiants que mon esprit remplissait les blancs.

Nos propres alliés couraient aussi en criant, la tête dans les mains. C’est peut-être le moment le plus effrayant de ce combat jusqu’à présent.

Puseri, Eve et moi avions hurlé à pleins poumons en fonçant dans la structure tridimensionnelle que Marie avait construite. Heureusement, personne de notre côté n’avait été blessé.

§

Les talons de Doula claquent contre le sol alors qu’elle avançait à grandes enjambées dans le couloir sombre et étroit.

Ses cheveux roux s’envolaient comme du feu, et ceux qui se reposaient lui cédèrent rapidement le passage en voyant l’intensité sur son visage.

La structure de Mariabelle était un bâtiment massif de trois étages. Pourtant, il y avait près de cinquante personnes à l’intérieur en même temps, et avec certains d’entre eux tirant des flèches et de la magie sur les ennemis, c’était assez agité, comme on peut l’imaginer.

Doula n’avait pas adressé un mot d’encouragement aux hommes sur son passage. En fait, elle n’avait même pas semblé les remarquer et avait continué à marcher avec une expression austère. Ceux qui étaient en pause ne pouvaient s’empêcher de fixer son apparence intimidante. Ils se demandaient pourquoi elle arborait une expression si sévère alors qu’ils n’avaient subi aucune perte jusqu’à présent.

En effet, les pertes pour cette bataille, et au troisième étage en général, avaient atteint un niveau record. L’équipe de raid composée de quatre équipes différentes était puissante, mais le faible nombre de victimes était la partie la plus impressionnante de toute cette épreuve.

L’une des raisons en était le changement de l’équipe Andalousite de Doula. Leur équipe avait presque été anéantie dans le passé. Ils avaient appris de cette expérience et entraîné leurs pouvoirs sacrés pour se préparer à affronter les monstres à l’avenir. Ils protégeaient leurs alliés à l’aide de multiples barrières et soignaient les blessés pour limiter au maximum les pertes. Doula s’était entraînée et avait appris à diriger efficacement ses troupes, et les choses se mettaient enfin en place pendant leur séjour au troisième étage.

Puis c’était arrivé.

Ils étaient arrivés dans une pièce un peu spacieuse, et la rage de Doula atteignit un point d’ébullition lorsqu’elle vit ce qui l’attendait. Ses cheveux roux se hérissaient faiblement, et ses yeux écarquillés scrutaient la pièce.

Elle avait dégluti de manière audible, incapable de comprendre ce qu’elle voyait.

Il y avait environ cinq blessés sur le sol. Leurs coéquipiers essayaient désespérément de soigner leurs blessures, mais les gémissements agonisants des blessés remplissaient la pièce. Du sang noir coulait de leurs blessures, et même leurs veines étaient noires et saillantes sur leur peau, comme si l’infection s’aggravait sous ses yeux.

« Capitaine ! Ce n’est pas bon, la blessure ne se referme pas… » Ceux qui étaient dans un état critique se débattaient, et il était clair qu’ils n’avaient plus beaucoup de temps. Ils pourraient très bien se retrouver avec plus d’une victime. Zera, qui avait parlé aux autres membres de l’équipe jusqu’à présent, fit signe à Doula de le rejoindre.

« Regarde, ce truc noir est même dans leurs yeux. Si nous ne faisons pas quelque chose, ils pourraient finir par se transformer en monstres. »

« Tenez-les pour moi, je vais canaliser ma force vitale en eux pour qu’ils puissent se battre. »

C’était un puissant poison… Non, quelque chose de pire. La seule explication à laquelle elle pouvait penser était qu’ils avaient été poignardés avec ces lances noires pendant l’affrontement de tout à l’heure. Elle avait eu un mauvais pressentiment à leur sujet, mais elle n’avait pas réalisé à quel point ces armes étaient dangereuses.

Se sentant frustrée et en colère, elle posa une main sur la poitrine musclée d’un homme blessé. L’homme avait saisi son poignet avec sa propre main pâle.

« Non… S’il te plaît, ne le fais pas. C’est trop tard pour moi. Tu ne peux pas te permettre de gaspiller votre énergie sur moi alors que la bataille n’est pas terminée. »

« Sois tranquille et dors, Loki. Je ne te laisserai pas te transformer en monstre. »

« Alors, je te demande de me couper le cou avec ton épée. S’il te plaît… » La colère de Doula augmentait encore.

Ayant été atteinte d’une maladie mortelle, la suggestion de Loki était sensée. Une femme sainte ne pouvait pas faire grand-chose pour combattre des maladies inconnues. L’homme aurait probablement connu une fin terrible avant d’avoir une chance de guérir.

Mais même si son corps de guerrier était souillé, son esprit brûlant le poussait à continuer à se battre. Ainsi, Doula avait laissé sa frustration prendre le dessus et s’était déchaînée en remarquant les personnes qui étaient entrées dans la pièce.

« Mariabelle, Shirley, reculez ! Cela pourrait être contagieux ! » La jeune elfe était visiblement secouée et serra instinctivement la main de l’autre femme. La voix de Doula se répercutait dans l’espace confiné, la rendant d’autant plus intimidante. Shirley semblait troublée et regardait de part et d’autre entre les deux autres. Elle avait ensuite approché ses lèvres de l’oreille de Marie et lui avait murmuré quelque chose.

Bien qu’elle soit clairement effrayée, Marie avait regardé Doula avec ses yeux violets.

« Cette maladie est censée être causée par une chose appelée matière démoniaque présente dans le corps de la victime. Si vous essayez de les guérir, cela affectera la matière démoniaque et accélérera leur infestation. »

« Ah ! ? Tout le monde, arrêtez de vous soigner ! Comment le sais-tu ? » Mariabelle et Shirley se regardèrent, comme si elles ne savaient pas trop comment répondre. Après qu’un moment se soit écoulé, la jeune fille elfe avait hoché la tête. C’était comme si elle disait à l’autre fille qu’elle était d’accord pour révéler une sorte de secret.

Et donc, Shirley s’était lentement avancée.

Shirley était un être ancien qui connaissait très bien les démons. Lorsqu’elle avait retiré son bandeau brodé, les soldats qui s’étaient préparés à accepter leur mort l’avaient regardée, les yeux écarquillés.

Shirley avait un peu changé d’apparence. Le contour de son corps était légèrement flou, et ses yeux bleus ciel encadrés de longs cils étaient maintenant complètement dénudés. Doula s’était écartée de son chemin sans réfléchir, et Shirley avait touché la blessure du soldat tombé au combat du bout de son doigt pâle.

***

Partie 9

Mariabelle avait entendu dire que le rôle de Shirley était de faciliter le cycle de la vie et de la mort. C’est pourquoi le hall du deuxième étage s’était transformé en un paysage verdoyant. Mais c’est à ce moment que Marie avait vraiment compris ce que cela signifiait. Elle avait regardé, choquée, Shirley presser ses lèvres légèrement colorées contre la blessure sombre et souillée.

Du sang coulait de la blessure, mais Shirley ne semblait pas s’en soucier. La matière démoniaque, source du sang contaminé, a rapidement coulé dans la bouche de Shirley comme si elle était purifiée. Elle l’avait englouti dans sa gorge pâle, ne laissant qu’une plaie rouge et fraîche.

« Comment est-ce possible… ! ? Elle n’a même pas utilisé le pouvoir des dieux ! »

Ce n’était pas tout à fait exact. Shirley était elle-même proche d’une déesse. Ayant été libérée de l’ancien labyrinthe qui la liait, on pouvait au moins dire qu’elle était un être opposé aux démons maintenant. Pourtant, personne ici ne semblait s’en rendre compte.

Tout le monde, y compris Doula, avait regardé avec incrédulité le spectacle fantastique qui s’offrait à eux. Mais l’homme guéri avait ressenti le plus intensément la puissance de sa présence, et des larmes avaient coulé sur son visage alors qu’il était submergé par une émotion inexplicable.

Qu’est-ce que c’est ? pensa-t-il.

Il n’arrivait pas à mettre le doigt sur le sentiment qui continuait à monter en lui.

La sensation de ses lèvres qui se pressaient contre sa poitrine sans se soucier d’être souillées était une sensation qu’il n’oublierait jamais. C’était chaud comme la lumière du soleil, et il avait l’impression qu’une force vitale dorée coulait dans son corps. Il y avait une sensation rafraîchissante, comme regarder le ciel d’Arilai à l’ombre d’un arbre. Peut-être était-ce ses yeux bleu ciel.

La sensation s’était enfoncée profondément dans la poitrine du soldat, et elle avait murmuré « Bon rétablissement » après avoir drainé les impuretés que l’on croyait autrefois incurables. Il voulait apprendre à la connaître. Il voulait être proche d’elle. Si possible, il voulait lui promettre sa fidélité et la servir avec une loyauté sans faille comme si elle était une reine.

« Lady… Shirley… » Les sourcils de Shirley s’étaient froncés pour former une expression adorable et confuse, mais il y avait beaucoup d’autres personnes gravement malades à soigner. Le soldat avait essayé de donner à Shirley un baiser respectueux sur le dos de sa main, mais Doula l’avait arrêté d’un coup de poing.

Cinq vies avaient été sauvées ce jour-là. Les hommes qui avaient été sauvés commenceront plus tard l’étrange coutume de servir Shirley comme ses gardes personnels, mais cela n’arrivera qu’à une date ultérieure.

§

Je n’avais pas pu m’empêcher de laisser échapper un « Whoa » de surprise. La structure que Marie avait réalisée cette fois-ci était à une échelle beaucoup plus grande que d’habitude. Il semblerait que le temps supplémentaire qu’elle y avait consacré ait porté ses fruits. Il y avait maintenant une structure tridimensionnelle en forme de L dans la pièce, et un escalier en pierre avait été placé à l’intérieur, juste à côté de l’entrée.

Le premier étage servait simplement de couche de protection. Comme pour les châteaux, il était beaucoup plus efficace de défendre un endroit depuis une position plus élevée. Marie avait dû décider de cette conception après avoir analysé la taille et les caractéristiques de l’ennemi.

Le plafond était bas, et il était suffisamment étroit pour que nous devions éviter de nous heurter aux autres membres lorsque plusieurs personnes étaient à l’intérieur. Elle avait clairement été conçue dans un souci de durabilité plutôt que d’habitabilité.

« Il y a trois étages de ça ? Tu t’améliores vraiment de jour en jour, Marie. »

« Je suis impressionnée qu’elle ait réussi à fabriquer un objet de cette taille toute seule. Nos sorciers ont encore du mal à comprendre comment elle peut posséder autant d’énergie magique, » déclara Puseri en enlevant son casque et en se retournant. Ses cheveux crépusculaires tombaient en cascade, quelques perles de sueur scintillaient sur son visage. Elle les essuya avec sa main, puis sourit.

Je ne pouvais pas vraiment lui dire que Marie était soutenue par un Arkdragon qui pouvait générer de la magie juste en respirant. Mais ce qu’il y avait de bien avec Marie, c’est qu’elle essayait toujours d’utiliser sa tête pour trouver les solutions les plus efficaces sans se fier uniquement aux prouesses magiques.

« Cependant, la capacité de se reposer en territoire ennemi est extrêmement utile. L’équipe Diamant serait heureuse d’accueillir une autre sorcière dans ses rangs. » Il semblait que son recrutement passionné était toujours en cours. Je voulais juste m’amuser sans que des responsabilités me pèsent, donc je n’avais pas l’intention de rejoindre une autre équipe. D’ailleurs, si nous devions fusionner les équipes, nous devrions aussi changer notre résidence à Arilai. Mais, en y réfléchissant, je ne serais pas si opposé à déménager là-bas maintenant, comparé à ce que j’avais ressenti auparavant.

J’avais réfléchi à la raison de tout cela alors que je montais les escaliers.

J’avais compris que c’était parce que j’avais beaucoup plus d’amis maintenant qu’il y a quelques mois. J’avais voyagé seul pendant près de vingt ans, mais ma vie avait radicalement changé depuis ma rencontre avec Marie. J’étais proche de beaucoup plus de personnes dans les deux mondes, et mon environnement changeait à un rythme rapide. Étrangement, je trouvais cela plutôt réconfortant. Mais ce n’était pas vraiment le meilleur moment pour y penser, alors j’avais décidé de garder cela pour plus tard.

Je lui avais dit que nous allions réfléchir à son offre, et Puseri et Eve avaient fait un signe d’au revoir et elles étaient parties. L’équipe Diamant avait alors remarqué le retour des deux et elles avaient pris Puseri dans leur bras en disant des choses comme « Lady Puseri ! » et « C’était une belle charge ! »

Je m’étais inquiété pour elles avant, mais elles semblaient bien s’entendre maintenant. C’était une sorte de soulagement de le voir.

J’avais commencé à monter les escaliers après Puseri et les autres, puis j’avais remarqué une fille qui descendait les escaliers une marche à la fois. Elle tenait l’ourlet de sa robe et apparaissait lentement…

« Ka-zu-hi-ro-san. » La voix adorable venait de Mariabelle, qui tenait une bouteille en plastique. Shirley était aussi avec elle.

Marie avait sauté de la dernière marche, et l’adorable fille elfe avait rempli ma vision.

J’avais instinctivement attrapé la boisson qu’elle m’avait passée, remarquant à quel point elle était froide. J’avais ensuite remarqué la méduse qui flottait à côté d’elle.

« On dirait que l’esprit des glaces fait aussi son travail dans ce monde. Je ne pensais pas que j’aurais un jour la chance d’avoir du jus de fruits frais dans un endroit comme celui-ci. En fait, je pense que notre très chère Mme Elf mérite le plus de crédit. »

« Oh, je ne sais pas. J’attendais juste ici pendant que tu faisais tout le travail. J’avais peur que tous les ennemis soient vaincus avant que cette forteresse ne serve à quelque chose. » J’étais aussi inquiet à ce sujet. Mais, même si cela s’était produit, il aurait été amusant de voir Marie gonfler ses joues et bouder.

J’avais enlevé le bouchon de la bouteille et versé le liquide clair dans ma gorge. Il avait un léger goût de pêche, et j’avais plissé les yeux devant sa douceur modérée. Il semblerait que ma force de préhension ait été affaiblie par cette courte bataille, aussi j’étais reconnaissant de pouvoir me reposer ici.

« Ouf, froid et savoureux. Mais franchement, je dois travailler un peu sur mon endurance. »

« Hm ? Ne t’en rends-tu compte que maintenant ? » Je m’étais tourné vers la source de la voix bourrue pour voir un vieil homme aux cheveux grisonnants descendre les escaliers. Marie s’était aussi retournée, puis s’était cachée derrière moi. Elle n’aurait pas eu de problème avec Gaston en temps normal, mais une aura meurtrière planait encore sur lui à cause de la bagarre d’il n’y a pas si longtemps.

En le voyant de près comme ça, j’avais vu qu’il était aussi grand que Zera, mais qu’il était plus musclé. Même si ses cheveux commençaient à s’effacer légèrement, il semblait encore dans la force de l’âge. Gaston avait levé un sourcil et m’avait lancé un regard.

« Ton manque d’endurance est un problème, mais ton manque de considération l’est tout autant. Tu plonges dans les problèmes la tête la première, alors j’avais des sueurs froides rien qu’en te regardant. J’avais peur que tu te fasses tuer tôt ou tard. » Je ne pouvais pas lui dire qu’en fait, je mourais assez souvent.

Après un moment passé sans réponse de ma part, Gaston avait fait une grimace, puis avait monté les escaliers en me disant de le suivre. Je regardai Marie et les autres avec confusion, puis décidai de monter les escaliers à sa suite.

Le couloir était étroit, et il faisait plutôt chaud à cause de toutes les flèches et de la magie qui étaient tirées d’ici. Mais nous avions notre fidèle méduse qui rafraîchissait l’air, alors cela ne nous dérangeait pas vraiment. Elle flottait dans l’air devant nous, et Gaston avait touché l’esprit de glace du bout du doigt, semblant apprécier la fraîcheur.

« Alors. Si tu veux, je peux te fouetter pour te remettre en forme. C’est aussi valable pour la fille Puseri, mais c’est dur de vous voir tous vous tuer presque sous mes yeux. »

« À mes yeux, tu sembles toi-même assez téméraire… N’y pense plus ! » J’avais retiré mes paroles lorsqu’il m’avait lancé un regard noir. Il était étrangement intimidant pour quelqu’un de son âge. Mais il semblait plutôt gentil, vu qu’il s’inquiétait pour nous. Alors que je réfléchissais à la question, Gaston avait posé sa main sur le mur de pierre et s’était retourné.

« C’est toi qui as vaincu Zarish, n’est-ce pas ? »

« Nngk… » Je m’étais un peu étouffé.

« Haha ! » Il avait gloussé, apparemment satisfait que ma réaction ait confirmé ses soupçons. Les rides au coin de ses yeux s’étaient creusées et il m’avait regardé.

« J’ai entendu dire qu’il était détenu au château. J’étais content au début, je pensais qu’il avait enfin montré son vrai visage. Mais quelque chose ne va pas. Il n’est pas du genre à sortir et à confesser ses méfaits. »

« Eh bien, je suppose que tu as raison, » avais-je dit sans conviction en montant lentement les escaliers.

« Alors quand je t’ai vu te battre, ça m’a fait réfléchir. Tu pourrais peut-être t’attaquer à Zarish. Il n’y a pas grand monde d’autre que moi qui pourrais le battre. » Une goutte de sueur froide avait coulé sur mon visage. Peut-être était-ce la sagesse de ses années, ou peut-être était-il simplement très perspicace en général.

« Je suis surpris. Tu es assez vif, Gaston. »

« Ha ha, eh bien, n’importe qui pourrait mettre deux et deux ensembles quand ils voient que tu es proche d’Eve après avoir été des ennemis. Cependant, tout le monde autour de toi semble être assez stupide. » Il avait souri. Gaston savait maintenant que c’était moi qui avais vaincu Zarish. Je m’étais dit qu’il n’irait pas le dire à tout le monde, mais ce n’est pas comme si ça me dérangeait qu’il le fasse.

Il semblait que c’était tout ce qu’il voulait dire, et le vieil homme plutôt excentrique était parti.

Quand j’étais arrivé à l’étage supérieur, j’avais vu que les autres soldats étaient là.

Ils tiraient des flèches et de la magie à travers les petites fenêtres, et quand j’avais jeté un coup d’œil, j’avais vu que les forces ennemies marchaient vers nous avec des murs de boucliers levés.

Beaucoup d’ogres étaient d’apparence sombre, et ils avaient formé des cercles pour avancer vers nous. Mais avec notre bâtiment en forme de L et les projectiles qui pleuvaient sur eux depuis le haut, ils avaient dû faire face à des attaques de flanc alors qu’ils se rapprochaient de notre position.

***

Partie 10

« Pendant ce temps, nos forces se reposent à tour de rôle. On dirait qu’on a ces ogres sous contrôle. » Si on en arrivait là, Marie pourrait utiliser sa magie pour faire exploser ses esprits comme des mines terrestres. Elle pourrait essentiellement accumuler de l’expérience sans aucun risque.

Il ne nous restait donc plus qu’à nous occuper de ce soi-disant Armement du démon. Elle semblait absorber la force vitale de ce géant pour l’instant, mais nous n’avions aucune idée du moment où elle allait agir. C’était probablement mieux pour nous d’agir rapidement.

« Cette “Armement démoniaque” Kartina, c’est ça ? Comment ce monstre a-t-il pu être si endommagé ? Était-ce Wridra ? »

« Oui, j’étais trop préoccupé pour regarder longtemps, mais Wridra la réduisait en bouillie. Tu devrais lui dire plus tard que ce n’est pas le rôle du tank. »

Attends, elle a vraiment donné une raclée au boss avec ses poings nus ? J’avais réfléchi à ça avec de grands yeux, et j’avais vu Shirley faire des gestes de frappe dans le dos de Marie. Il semblerait que Wridra ait vraiment eu une bataille de poings, et cette pensée m’avait donné le vertige.

Donc, même elle n’était pas imperméable aux mauvaises influences du Japon. Mais elle avait protégé Marie comme elle l’avait dit, donc je n’avais pas à me plaindre.

En parlant de Wridra, elle avait dit qu’elle allait « rendre visite à celui qui a mis en place ce spectacle de mauvais goût » et n’était pas revenue depuis. Shirley avait veillé sur Marie à sa place, alors j’avais pensé qu’elle serait en sécurité.

« Hmm, je vois. Alors je vais peut-être essayer de faire un mouvement. Cela fait un moment que je n’ai pas combattu un ennemi puissant, alors j’ai hâte d’y être. »

« Mon Dieu, tu es toujours comme ça. Je veux bien que tu partes, mais…, » Marie avait regardé autour d’elle pour s’assurer que les autres soldats n’écoutaient pas, puis elle avait murmuré à mon oreille. Sa jolie voix avait parlé à travers ses lèvres lisses, chatouillant mes oreilles.

« Ce serait une douleur à gérer si quelqu’un te voit mourir ici. Alors, assure-toi de revenir, même si tu es gravement blessé. Je suis sûre que Shirley et Doula te soigneront. »

« Je le ferai. » Je n’avais pas réalisé que Shirley pouvait aussi guérir les gens. Mais comme elle contrôlait le cycle de la vie et de la mort, c’était logique.

« De plus, tu seras en congé pour Obon à partir d’aujourd’hui, n’est-ce pas ? Il faudra fêter ça et préparer des repas en bento dès notre retour. Allons faire les courses au supermarché ensemble. »

« Ok, j’ai compris. »

Marie avait froncé les sourcils, puis avait chuchoté un peu plus.

« Et c’est important, mais j’ai entendu dire qu’un autre typhon arrivait. Penses-tu que le parc Banana Wani à Izu pourra résister à la pluie ? Les alligators qui s’y trouvent ne rentreront pas chez eux s’ils sont mouillés, n’est-ce pas ? »

« Je pense que ça va aller. Wridra a dit que tout ira bien pour nous aussi. »

« Es-tu sûr ? » Marie me l’avait demandé avec un geste de ses yeux, et je lui avais donné un regard rassurant en retour. Elle était de bonne humeur après ça, donc il semblait que j’étais prêt à affronter Kartina.

J’avais sorti une pierre magique turquoise de ma poche intérieure et l’avais jetée par la fenêtre. La créature qui avait émergé avec un fort vrombissement était un étrange monstre ailé appelé Roon.

« Maintenant, je peux voler juste au-dessus de l’armée ennemie. D’accord, je vais y aller maintenant. »

« Fais attention ! » Et c’est ainsi que j’étais reparti sur le champ de bataille avec une attitude plutôt légère.

J’allais bientôt apprendre à connaître l’outil magique maudit laissé par les anciens.

Comme c’est excitant.

J’avais volé à travers la pièce sur le dos de Roon et j’avais senti une aura meurtrière qui semblait secouer l’air même à mesure que j’avançais. Elle provenait manifestement de cette « Armement démoniaque » Kartina. Le monstre était vêtu d’une armure noire, mais j’étais presque sûr qu’il s’agissait d’une femme en le voyant de loin. Malgré une taille d’environ deux mètres, il y avait une féminité dans sa structure osseuse.

Face à sa rage meurtrière, j’avais l’impression d’être au milieu d’un champ glacé. Je n’étais qu’à une centaine de mètres, mais la vitesse de vol de Roon était beaucoup plus lente que d’habitude. Il devait avoir peur des monstres qui le surpassaient clairement.

Je m’étais senti trembler d’excitation. Non, la moitié était peut-être due à la peur. J’avais expiré doucement, réalisant que c’était la première fois que je me sentais comme ça depuis longtemps.

L’énorme créature à ses pieds était bien plus grande que les ogres et était probablement le boss original ici. Mais maintenant, sa moitié supérieure s’était presque entièrement effondrée. Son existence même serait consommée par Kartina, ne laissant rien derrière elle.

Lorsque j’avais observé la cible, Roon avait émis un bruit pour m’alerter.

Roon, roon.

« Oui, elle nous a remarqués. Je me demande jusqu’où on peut s’approcher avant… Whoa ! » Mon pied avait tremblé et ma vision avait tourné sur elle-même. J’avais l’impression de descendre une montagne russe en spirale, puis je m’étais empressé de regarder sur le côté pour voir que Roon avait perdu une de ses ailes. Je m’étais retourné vers l’endroit où se trouvait Kartina et j’avais vu qu’elle avait disparu.

« Quoi ! ? On nous attaque déjà ? C’est si rapide ! » Je ne voulais pas que la pierre magique soit complètement brisée. Je posai mes deux pieds sur Roon alors que nous tournions sur nous-mêmes et lui ordonnai de revenir au moment même où je me téléportais. Le pavé de pierre qui se trouvait à une dizaine de mètres apparut juste devant moi.

Je m’étais téléporté à un nouvel endroit, mais je n’étais pas encore à l’abri. L’élan en vrille s’appliquait toujours à mon corps, alors j’avais adouci l’impact de l’atterrissage en utilisant mon corps comme un ressort et j’avais roulé sur le sol, puis je m’étais relevé.

Oh, je ne peux pas laisser tomber la pierre magique. J’avais coupé la tête d’un ogre qui s’approchait, puis j’avais tranché proprement un autre et j’avais attrapé la pierre turquoise dans ma main.

« Ah… Il y a une fissure. Je vais devoir l’apporter à Mewi plus tard. » Mewi le Neko était notre homme de confiance quand nous avions besoin d’aide avec les pierres magiques.

Alors que je mettais la pierre dans ma poche intérieure, mon ennemi était déjà dans mon dos.

C’était quelque chose de noir et d’inhumain, émettant une pression si intimidante que je n’avais pas pu me résoudre à me retourner.

Mon cœur battait frénétiquement dans ma poitrine.

Mais pour être honnête, j’adorais ces moments.

« C’est un peu comme lorsque quelqu’un vous invite à le rencontrer derrière le bâtiment de l’école. Votre cœur battait la chamade parce que vous ne savez pas qui vous attend. Et toi, “Armement démoniaque” Kartina ? Comment te sens-tu en ce moment ? »

Je n’aurais pas dû me retourner. Des fissures partant de sa poitrine la divisaient en deux, et l’expression de son visage était séparée à droite et à gauche, ce qui lui donnait l’air déformé.

Elle mesurait environ deux mètres, ce qui était dans la moyenne pour un monstre. L’armure qui recouvrait tout son corps brillait, et même quelqu’un d’aussi ennuyeux que moi avait eu peur lorsqu’elle m’avait regardé fixement avec ses ailes qui sortaient de son dos. Des images rémanentes étaient apparues de chaque côté d’elle, et un instant plus tard, des étincelles avaient jailli de mon Astroblade. Je devais admettre que j’étais assez fier de la rapidité avec laquelle j’avais dégainé mon épée.

Et pourtant, je n’étais pas assez rapide.

Je n’avais même pas eu le temps de faire claquer la langue en signe de frustration alors que j’avais été projeté en arrière par l’impact.

Les muscles de mes bras avaient fait des bruits inquiétants en se gonflant et en se contractant. Si mes pieds n’avaient pas heureusement touché le sol pour me permettre de me téléporter, je serais probablement mort sur le coup. J’avais entendu un étrange Vwooosh ! dans mon oreille, puis j’avais disparu et réapparu quelque part hors de portée de la lame ennemie.

Je ne pouvais atterrir que dans des endroits situés dans mon champ de vision. J’avais atterri sur un mur du côté opposé, puis Kartina s’était lentement tournée vers moi. Ses yeux étaient légèrement injectés de sang, et je pouvais entendre d’étranges gargouillis sortir de sa bouche.

Je me laissai descendre du mur, en gardant les yeux sur mon adversaire tout le temps.

Un clignement de paupière, et je pourrais finir mort. J’avais senti une poussée dans tout mon corps. On disait que le corps se battait désespérément pour survivre quand il sentait une mort imminente. Même si c’était un rêve — non, un autre monde, mon corps savait. Je devais vivre à travers ça. Je devais me battre pour survivre.

Mes yeux s’étaient ouverts en grand et, par miracle, j’avais réussi à esquiver l’attaque qui me visait avant d’atterrir. Mon Accélération était pleinement active, mais Kartina était encore si rapide qu’elle semblait être un flou.

Rappelle-toi ces griffes acérées. Repasse ce moment dans ton esprit. Grave-le dans ta mémoire. Cette trajectoire, cette puissance, cette vitesse, les mouvements de ses muscles. Souviens-toi d’eux parfaitement, dans les moindres détails. Mon cerveau était en surrégime alors que je me concentrais au maximum de mes capacités, et mon premier créneau était rempli.

Ma compétence Surcharge pouvait traiter en parallèle plusieurs choses à la fois. Elle s’appelait autrefois Reprise, mais elle avait évolué en fusionnant avec Sur la Route.

Si je pouvais l’utiliser à son plein potentiel…

Un bruit sinistre m’avait fait dresser les cheveux sur la tête. Mon adversaire s’était courbé en arrière comme un saule, puis s’était élancé en avant avec des griffes telles cinq épées, faisant gicler le sang de ma joue.

Le mur derrière moi avait été découpé en tranches comme du tofu, mais je n’avais pas le temps d’y prêter attention. Je devais mémoriser cette attaque terrifiante au plus vite si j’espérais avancer. L’ennemi était bien plus fort que moi, mais je devais gagner d’une manière ou d’une autre.

Un puissant coup de pied s’était enfoncé profondément dans mon estomac. J’avais activé Accélération au moment de l’impact, mémorisant la vitesse et la puissance de cette attaque dans mon deuxième emplacement. J’avais réduit les dégâts en faisant un bond en arrière au moment de l’impact, mais l’attaque était suffisamment puissante pour m’enlever une bonne partie de ma santé.

J’avais alors posé mes deux pieds au sol alors que j’étais envoyé en arrière, dérapant sur plusieurs dizaines de mètres pour m’arrêter. Le monstre avait semblé se rendre compte que quelque chose n’allait pas et avait décidé de ne pas poursuivre avec une autre attaque.

On aurait dit qu’elle avait remarqué. Si j’étais elle, j’aurais aussi été effrayé. J’avais fixé mes yeux endormis, en observant. Lentement mais sûrement, je m’adaptais à son attaque.

« Hé là. Tu m’entends, Kartina ? Alors pourquoi ne parlerions-nous pas un peu ? Sinon, l’un de nous pourrait mourir dans quelques minutes. » C’était peut-être plus provocateur que je ne le pensais. J’avais l’intention de dire que je pourrais être celui qui finirait par mourir.

« J’ai peut-être l’air faible à tes yeux, mais je suis de niveau 77. Quel est ton niveau ? »

Kartina n’avait pas répondu. Elle étendit ses ailes vers l’arrière et bondit sur moi pour attaquer encore plus vite qu’avant. Si elle avait été transformée en monstre contre sa volonté, je voulais voir s’il y avait un moyen de la sauver. Cependant, il était possible qu’elle écoute ce que j’avais à dire. Était-il possible de parler pour m’en sortir.

***

Partie 11

Je n’avais pas vraiment eu le temps d’y penser.

Elle était si rapide que je pouvais à peine la voir.

Au moment où je pensais qu’elle avait disparu, elle avait franchi le mur du son et fait disparaître la moitié supérieure de mon corps. L’attaque était trop rapide pour que je puisse la mémoriser avec Surcharge. Après tout, je ne pouvais même pas la voir.

« Hm !? » Mais c’est Kartina qui avait fini par être choquée. Elle avait été choquée que ma moitié inférieure disparaisse également comme de la brume.

J’avais observé sa réaction par-derrière, soulagé de constater que l’illusion que j’avais créée avec l’Image Fantôme était efficace pour esquiver ses attaques.

« Mon apparence et mon niveau ne sont peut-être pas très impressionnants, mais je peux me défendre. »

J’avais balancé ma lame sur son flanc par-derrière pour voir comment elle allait réagir, mais elle s’était retournée avec des réactions surhumaines, des étincelles jaillissant de ses griffes alors qu’elle bloquait le coup en une fraction de seconde. Mais je n’allais pas laisser cela me décourager.

L’épée noire dans ma main avait scintillé comme une étoile filante et avait fait un bruit de vrombissement. Kartina avait immédiatement changé de position, s’avachissant légèrement en avant et changeant la trajectoire de ma lame avec le dos de sa main.

L’armement démoniaque était en effet terriblement rapide. Mais d’après ce que je pouvais voir, il avait besoin de se recharger légèrement avant d’agir. Il était impossible d’arrêter sa charge si je lui laissais un moment pour respirer. Je veux dire, j’avais réussi à l’arrêter plus tôt, mais je m’étais dit que je pourrais peut-être renverser la situation si je continuais à la combattre de très près.

*Clang ! Clash ! Crack !*

Je balançai l’Astroblade dans une rafale de coups, des étincelles bleu pâle volant dans l’air à chaque fois que nous nous heurtions. Il semblait que la matière démoniaque se consumait, mais rien ne permettait d’en être sûr. Je n’avais pas le temps de vérifier. Ma vision changeait complètement à chaque seconde qui passait.

Mes attaques étaient des coups d’épée assez simples. J’avais exécuté le mouvement immédiatement après m’être téléporté autour d’elle dans le sens des aiguilles d’une montre. J’avais répété ce mouvement avec moins d’une seconde d’intervalle entre chaque coup. J’avais laissé une image rémanente derrière moi alors que je continuais mon attaque, et Kartina s’était accroupie davantage en levant ses griffes pour repousser mes attaques. Elle avait l’air plutôt à l’étroit dans cette position, mais ses réflexes étaient encore incroyablement rapides. Elle avait bloqué, paré, esquivé et lu mes attaques, puis elle m’avait coupé la joue avec sa griffe acérée.

Je ne m’attendais pas à en sortir indemne. Les choses ne se passaient pas non plus exactement comme prévu. Mon plan de jeu habituel consistait à passer à des schémas d’attaque plus compliqués une fois que l’ennemi s’était habitué à mes schémas simples. Mais Kartina s’adaptait à mes attaques bien plus vite que je ne l’avais imaginé.

J’avais pu esquiver ses griffes qui visaient mon front, mais ma contre-attaque avait été un échec total. Kartina avait tourné sur elle-même comme une toupie avait esquivé mon coup, puis elle m’avait donné un coup de pied sur le côté de la tête. Mes attaques s’étaient arrêtées. Ma respiration avait été perturbée.

La façon dont j’avais épuisé ma patience montrait vraiment tout ce que j’avais encore à apprendre. La hâte entraîne le gaspillage, comme on dit. Alors que j’étais envoyé en vrille vers le sol, une jambe noire couverte de ce qui ressemblait à de l’armure vint s’écraser sur moi. J’avais réussi à mettre mon épée devant mon estomac pour bloquer, mais l’impact s’était enfoncé dans mon corps, et j’avais été envoyé en l’air dans un angle.

« Gah ! » Mon corps s’était écrasé contre un pilier de pierre, et j’avais eu le souffle coupé. Alors que j’étais sur le point de tomber en chute libre, j’avais vu des bras démoniaques voler vers moi. C’était mauvais. J’avais été frappé par une rafale de coups, sans même pouvoir atterrir sur le sol. Elle semblait savoir que je ne pouvais pas me téléporter si je ne touchais pas le sol avec mes deux pieds.

J’avais essayé d’utiliser mon épée pour esquiver les attaques alors que j’étais encastré dans le pilier de pierre, mais je savais que je ne tiendrais pas longtemps. Chaque coup tombait avec un bruit sourd et la faible lueur d’espoir commençait à disparaître quand j’avais réalisé que l’ennemi n’était même pas essoufflé.

*Boooooom !*

Eh bien, c’était fort. Des éclats de pierre brisés s’enfonçaient dans mon corps, et je ne pouvais plus dire si j’esquivais ou si j’étais touché par ses attaques. Les bruits autour de moi étaient si forts que mon ouïe était engourdie. Je continuais à me débattre désespérément, mais je pouvais voir dans ma faible vision que le poing de Kartina avait maintenant la forme de la tête d’une lance. Elle se préparait à donner le coup de grâce.

Je suis désolé, Marie. Je sais que j’ai promis de ne pas mourir. Je suis sur le point de perdre, mais j’espère que tu pourras distraire tout le monde loin de moi d’une manière ou d’une autre. Ensuite, je me rendormirai et je reviendrai.

Alors que cette pensée me traversait l’esprit, la dernière chose à laquelle je m’attendais était qu’un bouclier surgisse du sol pour me protéger. J’avais entendu quelque chose de dur se heurter à quelque chose, et j’avais vu que les griffes de Kartina s’étaient arrêtées à quelques centimètres de moi. Sa main avait pénétré le bouclier à peu près à mi-chemin, mais n’avait pas réussi à m’achever.

« Ngh !? »

Non, non. Ce n’était pas ma compétence.

Cette vision inconnue — ou plutôt, peut-être que c’est parce que son coup fatal avait été interrompu — quoi qu’il en soit, Kartina était entrée dans une rage aveugle et avait commencé à frapper le bouclier blanc comme l’œuf. Mais ce n’était pas le seul bouclier. D’autres étaient apparus du sol, l’un après l’autre. J’avais regardé dans le vide alors qu’ils commençaient à la repousser loin de moi.

« Est-ce que c’est… ? » J’avais glissé et touché le sol, mais je n’avais même pas l’énergie pour me téléporter. Je ne pouvais pas bouger alors que je respirais fortement, puis j’avais remarqué que quelqu’un se tenait doucement sur mes épaules. C’était la main d’une femme, et j’ai été surpris par l’odeur d’un parfum fleuri et élégant.

« Est-ce que c’est... Shirley ? » J’avais dû me faire une coupure au front, car ma vision était remplie de sang. J’avais du mal à bouger, mais il semblait que ma supposition était correcte. Alors que mon corps glissait vers le bas, j’avais été placé dans une position telle que ma tête reposait sur ses genoux. Juste devant moi se trouvaient ces yeux bleu ciel. Ses cheveux de couleur vive dansaient devant mon visage, et son expression sereine apparaissait à l’envers dans mes yeux.

Ses lèvres disaient : « Ça va ? », mais honnêtement, je n’allais pas bien. Les boucliers de tout à l’heure s’effritaient, mais je n’avais même pas la vitalité de courir.

Shirley avait incliné la tête comme pour dire « C’est troublant ! », mais je n’avais pu qu’acquiescer. Elle avait ensuite fait un geste comme pour dire : « Reste immobile, s’il te plaît. », son doigt fin avait touché mon menton, et j’avais été attiré… Après cela, j’avais senti que je tenais sur ses cuisses.

Je ne comprenais pas ce qui s’était passé, mais c’était comme si j’étais à moitié enterré en elle. Elle avait ensuite expiré de l’air chaud sur moi, directement au-dessus.

À ce moment-là, j’avais senti une vague splendide, presque dorée, de force vitale se déversant en moi.

D’une certaine manière, cela m’avait rappelé des vacances. C’était comme un moment dans le temps où vous pouviez simplement vous amuser sans avoir à vous soucier de la réalité.

C’était comme si je marchais sous un ciel bleu rafraîchissant et que je touchais du bout du doigt l’épi doré d’un plant de riz. J’avais ressenti cette bénédiction avec mes cinq sens, et j’avais fermé les yeux de façon rêveuse pour me laisser aller à cette sensation.

Et quand j’avais ouvert les yeux, j’avais été surpris de constater que mes blessures étaient toutes guéries. Je m’étais redressé, mais Shirley m’avait entouré délicatement de ses bras, comme pour me dire : « Encore un peu, » et elle m’avait reposé sur ses genoux.

Elle était comme d’habitude et elle avait mis un doigt sur mes lèvres en faisant un geste de « chut ». Elle était si douce et calme que j’avais presque oublié que nous étions au milieu d’une bataille.

C’était vraiment étrange d’être dorloté comme ça sur un champ de bataille. Juste à ce moment-là, j’avais réalisé quelque chose. Alors que j’étais allongé, j’avais senti une chaleur se répandre en moi, jusqu’au bout de mes doigts.

J’avais presque envie de frotter mes joues contre les cuisses lisses qui soutenaient ma tête. Un sentiment de douceur et de confort m’avait envahi, et mes paupières s’étaient alourdies. Je veux dire, je n’allais pas m’endormir ou quoi que ce soit. Kartina était toujours en train de se déchaîner juste à côté de nous, hurlant de colère contre les boucliers qui lui barraient la route.

Mais d’une certaine manière, l’espace autour de moi était serein. Cela devait être dû au charme particulier de Shirley. L’air doux qui nous entourait sentait légèrement les fleurs, et j’avais l’impression de me reposer dans notre chambre du deuxième étage.

Pendant ce temps, Shirley caressait mes cheveux, ce qui me donnait l’impression d’être chatouilleux. On aurait dit qu’elle voulait me dire que mes blessures étaient guéries, mais que je devais encore récupérer mon énergie. Je pouvais sentir les battements de son cœur, et mon corps retrouvait progressivement ses forces.

« Eh bien, je n’ai vraiment jamais été guéri comme ça avant. Merci, Shirley. J’aimerais beaucoup que tu me soignes à nouveau un jour. » J’avais levé les yeux vers Shirley qui s’était renversée et je l’avais remerciée sincèrement. Sa main s’était arrêtée au moment où elle me tapotait la tête, et ses yeux bleu ciel s’étaient agrandis. Elle s’était alors légèrement détournée et avait ri.

C’était difficile de croire qu’elle était le maître du deuxième étage. C’était tout simplement une déesse, me suis-je dit comme un idiot. Mais elle m’avait regardé à nouveau, comme si un autre compliment la démangeait, et je m’étais ravisé, me disant que c’était peut-être un ange plutôt qu’une déesse.

« Je n’ai jamais vu quelqu’un guérir aussi vite. Et tu n’as même pas eu à prononcer une incantation. Je suis fier d’être le chef de l’équipe Améthyste avec quelqu’un d’aussi doué que toi avec nous. » Shirley avait secoué la tête d’un côté à l’autre comme si elle était gênée, mais elle devait être très flattée, car elle avait commencé à me frotter les épaules.

Whoa, ça fait vraiment du bien.

Alors qu’elle s’occupait des nœuds de mes épaules, je sentais mon corps se réchauffer progressivement. L’échelle mentale dans mon esprit faisait des allers-retours entre la déesse et l’ange. Elle penchait vers la déesse, puis sa gentillesse favorisait le côté ange, et l’évaluation inutile continuait.

***

Partie 12

« Oh, c’est vrai. Si tu es ici, cela signifie-t-il que Wridra est rentrée saine et sauve ? » Il semblerait que oui. Shirley avait hoché la tête, puis elle avait désigné la forteresse au loin. Je ne pouvais pas vraiment la voir d’ici, mais j’étais soulagé par la réponse de Shirley. J’étais inquiet pour Wridra après qu’elle nous ait quittés sans beaucoup d’explications. L’Arkdragon se serait probablement moqué si je lui avais dit. Ou peut-être aurait-elle souri. Je n’étais pas sûr.

« Alors je ne peux pas rester assis ici à ne rien faire. Alors, Shirley, quelle est ta méthode de combat préférée ? Peux-tu me dire quelles autres capacités tu as ? » J’avais jeté un coup d’œil sur le côté pour voir que ses boucliers avaient presque été brisés, bien qu’ils ne soient clairement pas des boucliers ordinaires, vu qu’ils avaient résisté aux attaques de Kartina pendant si longtemps.

Maintenant que j’y pense, ces boucliers me semblaient familiers. Alors que j’essayais de me souvenir, Shirley avait défait la ficelle autour de son livre. J’avais l’impression d’être un enfant à qui on lit une histoire avant de dormir, mais j’avais décidé de ne pas trop y penser.

On aurait dit que les images avaient été dessinées avec des crayons de couleur ou autre. Le livre était plein de dessins colorés, dont la plupart avaient été dessinés à la main par Shirley. Sur certaines pages, des noms étaient simplement écrits dans l’ancienne langue. Mes yeux avaient été attirés par une entrée particulière.

« Attends, est-ce que c’est… un ogre ? » Juste après ma question, un monstre blanc avait émergé du sol. En voyant la créature musclée se tenir là, un grand bouclier à la main, j’avais finalement eu un déclic.

« Oh, j’ai compris. Tu peux transformer les ennemis que tu vaincs en tes alliés. Je pensais que tu avais dessiné dans ton journal intime ou quelque chose comme ça… »

Shirley avait penché la tête comme pour dire : « Quelle est la différence ? »

Je m’étais alors dit que si les ennemis ne réapparaissaient pas, c’était peut-être grâce à elle. Cela expliquait pourquoi les choses se passaient si bien à cet étage. C’était beaucoup plus facile à gérer quand on n’avait pas à s’inquiéter des ennemis qui nous attaquaient par-derrière.

Shirley avait touché son livre, et quelque chose avait sauté sur son doigt. Cela ressemblait à un lézard blanc, et il m’avait lancé un regard méchant. Le doigt de Shirley avait alors pointé le mot « Egriny » écrit dans la langue ancienne.

« Oh, je me souviens de toi, Egriny. Ce groupe est un peu bruyant, mais je te garantis au moins de la bonne nourriture. J’ai hâte de travailler avec toi. » J’avais rapproché mon doigt, et Egriny avait semblé réfléchir un moment avant de le mordre en guise de salutation. Il s’était ensuite retourné et avait sauté dans le livre.

« C’est impressionnant. Je suis vraiment curieux de savoir comment il fonctionne. Je n’ai jamais vu un livre aussi merveilleux. Je suppose que le nom de Livre des Monstres lui convient bien après tout. » Shirley avait ensuite serré son livre dans ses bras comme s’il s’agissait d’un trésor précieux et avait souri, me faisant sourire en même temps qu’elle. Je me considérais comme quelqu’un d’assez doux, mais je n’étais pas à la hauteur de Shirley.

Maintenant, il était temps pour moi de me remettre en action. Je m’étais levé, et Shirley avait enlevé la saleté sur mon dos et mes fesses pour moi. Juste à ce moment-là, Kartina avait brisé les défenses de l’ogre.

« Rrroooaaaaaarrr ! »

Ayant accompli son devoir, l’ogre se décomposa en particules et se retira dans le livre. Ma vue s’était alors éclaircie, révélant la rageuse « Armement démoniaque » Kartina se tenant devant nous. Elle semblait surprise par le fait que mes blessures aient été guéries, mais je fus moi-même surpris par le changement soudain de température. C’était comme si l’hiver était soudainement arrivé.

« Hmm, préfères-tu plutôt un tête-à-tête ? Nous pouvons nous arrêter si tu le souhaites. Qu’en dis-tu ? »

« Graaaaaarrr !! »

Oh, elle nous fonce dessus. Il semblait qu’il n’y avait pas de place pour la discussion. Je me demandais quand notre adversaire remarquerait qu’une horde de ces méduses que j’aimais tant flottait tout autour d’elle.

Au moment où sa griffe toucha l’un des esprits, celui-ci libéra un souffle d’air glacial. L’esprit de glace avait enveloppé son bras de glace du poignet au coude, et Kartina avait fait un bond en arrière dès qu’elle l’avait remarqué. Le truc, c’est qu’il y avait une autre méduse juste derrière elle.

Kartina avait l’air déconcertée alors qu’elle était frappée dans le dos par des éclairs de glace consécutifs. C’était le pouvoir d’une sorcière spirituelle : une attaque préventive qui avait été préparée.

Je lui avais demandé si elle préférait un tête-à-tête. Comme ça n’avait pas l’air de la déranger, ça ne devait pas avoir d’importance que ce soit un deux contre un ou un trois contre un, non ?

« N’oublie pas que nous pouvons communiquer par Chat. Je suis peut-être encore un débutant, mais pas autant que toi, Kartina. »

Elle avait facilement brisé la glace autour de son bras, mais semblait avoir du mal à se débarrasser de la glace qui entourait ses ailes. Elle aurait probablement pu la briser aussi si elle avait pris le temps de le faire, mais je n’allais pas laisser passer la chance que Marie m’avait donnée. Non, je ne dirais pas que c’est injuste. C’était un effort coopératif.

« Merci, Marie. J’aimerais bien que tu puisses continuer à bloquer son environnement. Au fait, est-ce que ça ira si je touche les esprits ? »

« Oui, bien sûr. Mais comme je contrôle autant d’esprits à la fois, je ne pourrai pas la piéger avec des murs de pierre comme d’habitude. Les esprits de glace sont également limités à des mouvements simples seulement. »

« Je m’en doutais, » avais-je répondu en chat. L’ennemi pouvait se déplacer à des vitesses anormalement rapides, il aurait donc été difficile de le piéger avec des murs de pierre ou d’envoyer des esprits de glace sur lui de toute façon. C’est pourquoi il valait mieux à la place qu’ils soient nombreux à entourer l’adversaire.

Eeeeee…

Au moment où j’avais sorti ma lame de son fourreau, un son semblable au hennissement d’un cheval avait retenti. Astroblade avait commencé à drainer goulûment mon énergie, et Shirley avait invoqué des boucliers gardiens depuis le sol. Le mur de boucliers blancs nous avait entourés en cercle.

Hmm, c’est plutôt étroit ici.

C’était à peu près de la même taille qu’un ring de boxe.

« Deuxième round, combat… Eh bien, ça sonnait un peu mieux dans ma tête. D’accord, Kartina, on commence à compter jusqu’à… Whoa ! » Kartina avait chargé en avant avec une rage explosive. Elle avait l’air terriblement intense, mais sa vitesse était réduite à cause de la restriction de ses ailes. Cependant, une personne normale serait quand même morte instantanément.

Ma vue avait complètement changé quand j’étais apparu presque automatiquement à côté de Kartina. L’Astroblade avait brillé, et ces yeux infernaux s’étaient tournés vers moi.

J’avais une ouverture. Je devais rester concentré. Mon adversaire était beaucoup plus rapide que moi, je devais y aller doucement et sûrement. C’est ce que j’avais appris de mon erreur précédente.

Kartina avait tranché mon illusion, et j’avais volé en avant de derrière elle alors qu’elle se dispersait. Mon épée brillait comme une étoile filante et fut attirée par la paume noire de l’ennemi, s’y heurtant avec un bruit métallique.

Cela avait complètement stoppé mon élan, et elle avait lancé un coup de pied frontal sur moi alors que je faisais un pas en avant. L’attaque était si rapide qu’elle aurait pu rompre mes organes si elle avait touché, mais j’avais déjà enregistré ce mouvement dans l’un de mes emplacements. La contre-attaque que j’avais programmée m’avait permis de me téléporter sur son flanc en une fraction de seconde et de lui entailler le tendon d’Achille en même temps.

*Clang !* Enfin.

J’avais finalement fait une entaille dans cette armure cristalline.

Kartina avait perdu l’équilibre après que je lui ai entaillé la moitié de la cheville, mais elle s’était retournée pour me donner un coup de griffes en réponse. Je pensais qu’elle avait réussi à me raser un peu, car j’avais remarqué que du sang coulait de ma joue fendue.

« Hm. Je pensais l’avoir esquivée, mais elle a étendu sa portée en écartant ses doigts. » J’avais ajusté le schéma d’attaque que j’avais mémorisé et augmenté la vitesse de mes attaques.

Auparavant, je me contentais d’utiliser mes illusions, de me téléporter sur de courtes distances et d’espérer que ça marche. Mais j’avais décidé de changer mon approche. En optimisant chacun de mes mouvements, je serais capable d’esquiver et d’attaquer avec précision en même temps.

J’avais habilement esquivé chaque attaque tout en reculant loin de mon adversaire. C’était manifestement une tentative pour la provoquer. Je pouvais voir son sang bouillir à chaque coup qui ne faisait que toucher l’air.

« Grrraaaaaarrr !! »

Heh, comme c’est effrayant. Son rugissement de près était suffisant pour faire s’évanouir un enfant innocent. Mais j’étais loin d’être un enfant, alors j’avais en réponse fait un sourire effrayant à l’horrible armement démoniaque.

« Kartina, il semble que toi et moi ayons des goûts similaires. Maintenant, il est temps de se battre. Un avorton comme moi ne sera peut-être pas l’adversaire puissant que tu espérais, mais ce sera amusant à sa façon. Tu verras. »

J’avais tendance à parler comme ça. Ce n’était pas que je le faisais pour me moquer de l’adversaire, je profitais pleinement de ce combat tendu. Kartina m’avait lancé un regard noir et s’était empressée de réparer sa cheville, mais pensait-elle vraiment avoir le temps de le faire maintenant ? J’avais frappé l’estomac de Kartina. Tout s’était passé en un éclair. La téléportation s’était produite en un instant, il n’y avait donc aucun moyen pour un adversaire de réagir. Mon ennemie avait été surprise par mon apparition soudaine, et je lui avais adressé un sourire. Bien que ce sourire n’ait pas été tout à fait adapté au visage d’un enfant.

« Hé là, tu sembles avoir du mal. Si ton pied ne fonctionne pas, je vais t’approcher comme ça. »

Son visage s’était déformé comme si elle voulait crier : « Silence, insecte ! » Si c’était vraiment ce qu’elle pensait, alors elle n’avait pas dû remarquer mon épée lumineuse. C’était plutôt malheureux qu’elle soit si myope, simpliste et monotone. J’avais espéré qu’elle serait l’ennemie idéale dont je rêvais.

Mon épée scintillante s’était chargée en énergie depuis le début du combat. Elle brillait beaucoup plus maintenant, et elle pouvait probablement effectuer un coup directement à travers cette armure solide.

« ROOOOOOAAAAAAR ! !! »

Une entaille en forme de X était apparue instantanément à l’endroit où je me trouvais. On dirait que Kartina avait finalement réalisé qu’elle était dans le pétrin et avait bêtement foncé sur moi.

Kartina, si tu es une combattante de type rapide comme moi, tu ne dois jamais perdre ton sang-froid comme ça. Sinon, tes attaques deviendront simples, ce qui les rendra faciles à prévoir comme tout à l’heure.

Une méduse était apparue juste devant ses yeux. De la gelée blanche flottait autour de l’esprit, et c’était clairement le même genre que tout à l’heure. Ils étaient mignons à nos yeux, mais Kartina n’avait probablement pas ressenti la même chose.

***

Partie 13

Kartina avait trébuché en essayant de s’arrêter, mais elle n’avait pas pu éviter mon swing à pleine puissance. J’avais regardé comme elle avait faiblement déplacé ses griffes…

*Fwsh ! Clang !*

J’avais mis tout mon corps dans le swing.

La contre-attaque avait parfaitement frappé son casque, envoyant des fragments noirs dans les airs. Les genoux de Kartina s’affaiblirent, et elle étendit ses jambes pour s’arrêter sur place.

Sa respiration laborieuse et la vue qui s’offrait à moi m’avaient empêché de lancer une nouvelle attaque. La lueur étoilée d’Astroblade avait disparu.

« Kartina… »

Le casque à moitié brisé avait révélé le visage d’une femme émaciée et baignée de larmes.

Ses yeux avaient leurs blancs et leurs noirs inversés, une caractéristique des démons. Ils semblaient plutôt grands pour son visage, mais c’était peut-être parce que ses joues étaient si creuses.

Ses cheveux étaient trempés de sueur. Je pouvais voir que les parties exposées d’elle étaient devenues brunes, et même noires dans les parties plus profondes, à cause de l’influence de l’Armement démoniaque. Ses yeux larmoyants et démoniaques ne me regardaient pas, mais quelque part au loin.

 

 

« Je suis… la seule qui reste… Pourquoi ? Pourquoi est-ce arrivé, capitaine ? S’il vous plaît, répondez-moi… Capitaine ! »

Je n’arrivais pas à trouver les mots. Devant mes yeux ne se trouvait pas l’ennemi que j’avais imaginé dans ma tête, mais une femme qui ne pouvait s’arrêter de pleurer.

« Je vois. Les rebelles ont été transformés en monstres. Alors tu es la dernière… »

« Nous ne sommes pas des rebelles ! I… J’ai le devoir d’arrêter Arilai, même si cela me coûte la vie… Raaahhh ! » Kartina avait soudainement accéléré, mais je savais déjà comment la combattre. Des tonnes d’esprits de glace étaient apparues lorsque je m’étais téléporté en arrière, et elle avait dû les esquiver désespérément en essayant de me frapper.

Mais pour être honnête, je me sentais mal pour elle. Je ne pouvais pas supporter de la voir pleurer pendant qu’elle tentait à plusieurs reprises ses attaques futiles, subissant des blessures partout sur son corps pendant qu’elle le faisait. Kartina s’était coupé la joue sur un fragment cassé de son armure, et quand elle avait ouvert les yeux, un esprit de glace était juste devant son visage.

« Ah ! » Et donc, j’avais attrapé l’esprit de glace qui était sur le point de toucher Kartina. C’était aussi froid que la glace, et l’esprit de glace s’était tortillé dans ma main pour tenter de se libérer.

Quand je l’avais écarté, j’avais vu le visage plein de taches de rousseur de la femme et ses cheveux bruns. Elle était couverte de glace et, ses articulations ayant été désactivées, elle avait perdu sa capacité à fonctionner. Je lui avais chuchoté, tout près de son visage.

« Kartina. Je ne suis pas d’Arilai. C’est pourquoi je ne connais pas trop son histoire. »

« Ne me sors pas ça. Tu profanes l’ancien labyrinthe sacré, espèce d’ordure. Que mes ancêtres te maudissent pour l’éternité. » Sa rage brûlante était palpable. Il y avait une intensité militariste en elle, mais elle n’était pas si intimidante si elle ne pouvait même pas battre un seul enfant.

Puis, pour une raison inconnue, Kartina avait tressailli.

Il semblerait que Kartina était tout aussi confuse que moi, et elle regardait sans cesse autour d’elle. Son armement démoniaque se tortillait contre sa volonté…

Il voulait fuir. C’est ce qu’il semblait à nos yeux.

Puis, j’avais finalement réalisé que Shirley arrivait par-derrière. Mais il n’y avait aucune hostilité en elle, comme si elle allait simplement faire une promenade nocturne. Shirley avait tendu son doigt, et le geste avait suffi à faire trembler de peur l’armement démoniaque. Kartina avait crié, le désespoir dans les yeux. Pas contre nous, mais contre sa propre armure.

« Ne fuis pas ! Non, non, j’ai dit NON ! Tu fais ça à mon corps, et maintenant tu veux t’enfuir, salaud ! ? »

C’était comme s’ils jouaient au tir à la corde. Kartina s’accrochait au sol à quatre pattes, et son armure essayait de s’éloigner le plus possible de Shirley. J’avais entendu quelque chose se déchirer, et j’avais été choqué quand l’armure s’était détachée de son corps, révélant une peau nue.

L’armement démoniaque s’étendait comme du caoutchouc, et le haut du corps de Kartina, bien bâti, était exposé. Mais elle ne laissa pas l’armure s’échapper. Elle s’agrippa au sol avec ses griffes, saisit l’armure qui tentait de se retirer, et tira de toutes ses forces. Il était clair qu’elle ferait tout ce qu’il fallait pour l’empêcher de s’enfuir.

« Hnng, nnngh ! Ne t’enfuis pas… loin… de moi. Tu veux t’enfuir d’un gamin qui ne faisait que s’amuser sur un coussin de genoux !? Ne t’avise pas de le faire, Armement démoniaque ! ! » Elle avait mis toute son âme dans ce cri, mais Shirley et moi avions échangé des regards vides.

Je veux dire, peut-être que ça semblait être le cas pour Kartina, mais c’était nécessaire pour que je guérisse.

J’avais demandé à Shirley de confirmer, mais elle avait détourné le regard en réponse.

Attends, qu’est-ce que ça veut dire ? C’était nécessaire que je m’allonge sur tes genoux, non ? Ce n’était pas nécessaire ? Mais ensuite, je m’étais souvenu de quelque chose.

Elle m’avait dit un jour qu’elle avait la capacité de mettre des monstres vaincus dans son livre. Une fois que le monstre était stocké dans le livre, il était probable que sa volonté et son être même soient changés. C’est peut-être pour cela que l’armure avait instinctivement essayé de fuir Shirley.

C’était une bataille pour leur propre existence. Kartina, qui préférait mourir plutôt que de fuir ce combat, et l’Armement démoniaque, qui ne voulait pas périr.

La lutte allait bientôt prendre fin. L’Armement démoniaque semblait avoir abandonné et retourna à sa position initiale avec un ronronnement aigu. C’était comme un chien qui aurait reçu un ordre de son maître. L’armure percée de trous et battue recouvrait le corps en sueur de Kartina. Juste à ce moment-là, quelqu’un qui nous appelait de loin était soudainement apparu.

« Ah, donc tu as été capable de le faire obéir par la force. Alors peut-être y a-t-il encore un moyen. »

« Hein ? Tu es là, Wridra ? » Une tache noire s’était étendue sur un mur voisin, et une beauté aux cheveux noirs en était sortie. Elle avait ensuite passé la main derrière elle et avait pris une certaine fille elfe dans ses bras.

Je m’étais retourné, et… les ogres au loin avaient déjà été éliminés. Bien que, je me suis dit que Marie aurait probablement pu les éliminer quand elle le voulait.

Wridra s’était avancée. Elle avait séparé ses lèvres et avait continué là où elle s’était arrêtée plus tôt.

« Ton capitaine t’a-t-il déjà dit ce qui arrive à ceux qui succombent aux pouvoirs démoniaques ? » Ayant épuisé toute son énergie, Kartina avait du mal à respirer et levait les yeux à quatre pattes avec une expression confuse. Elle secoua ensuite la tête comme si elle avait abandonné. Wridra laissa échapper un lourd soupir.

« Tu ne meurs pas. C’est plutôt malheureux pour toi. Ton corps brisé redeviendra entier, se transformant en quelque chose d’entièrement différent, et tu continueras à attaquer tous les intrus qui entrent dans ce lieu. Tu sais ce qu’est la réapparition, n’est-ce pas ? Tel sera ton destin. » Kartina avait dégluti avec une expression choquée sur son visage. Il semblait qu’elle ne savait pas si elle devait ressentir de l’espoir ou du désespoir à la suite de ces mots. Malheureusement, ce serait le dernier.

« Tes parties organiques mourront pour la plupart, et ta conscience deviendra complètement confuse. Souhaites-tu être définitivement piégé dans ce labyrinthe dans un tel état ? » Il était clair dans le regard de Wridra qu’elle ne disait que la vérité.

Kartina avait commencé à trembler. Elle avait enfin compris. Elle était condamnée à vivre éternellement, incapable de s’échapper de cet ancien labyrinthe. Elle devait le ressentir d’autant plus clairement maintenant qu’elle était au bord de la mort.

« Cependant, tu as beaucoup de chance en effet. Même moi, j’avais déjà abandonné. » Avec cela, l’Arkdragon avait placé une main sur la joue de Kartina. Il y avait une telle gentillesse dans son contact, il était difficile de croire qu’elles s’étaient battues plus tôt.

Mais en y réfléchissant, c’est plutôt logique. Wridra vivait depuis des temps anciens, et elle avait vu beaucoup de personnes impliquées avec les pouvoirs démoniaques jusqu’à maintenant. Peut-être était-ce la raison pour laquelle elle était capable de la toucher avec une telle gentillesse.

Wridra avait fixé les yeux de Kartina, gonflés de larmes, puis avait hoché la tête.

« Oui, tu maîtrises bien l’Armement démoniaque. Shirley est celle qui contrôle le cycle de la vie et de la mort. Par conséquent, tu peux choisir ce que tu veux devenir. Tu peux mourir, passer à ta prochaine vie, ou être libéré de ce labyrinthe et continuer à vivre dans ce monde. Bien que tu auras l’espérance de vie d’un humain normal, bien sûr. »

Kartina n’aurait probablement pas été convaincue si ce n’était que des mots ordinaires. Mais alors qu’elle sentait la chaleur de Wridra tandis que l’Arkdragon mettait ses bras autour de son cou comme un vieil ami, elle sentit des larmes couler de façon incontrôlable de ses yeux. Se battre toute seule dans ce labyrinthe pour toujours serait bien trop triste. Kartina regarda la pièce jonchée des cadavres de ses anciens camarades et parla avec des larmes qui coulaient encore sur son visage.

« Je suis désolée, je suis désolée… Ayez pitié. Je ne peux plus me battre. Je n’ai plus la volonté de me battre. Je suis désolée, tout le monde… Maudissez-moi si vous le souhaitez… » Kartina avait ouvert la bouche en grand et avait crié à tue-tête.

C’était un spectacle étrange.

Kartina avait joint ses mains comme si elle priait Dieu, et Shirley avait posé une main sur sa tête. Il y avait quelque chose de sacré dans la façon dont les ténèbres qui couvraient son corps se dissipaient.

La poussière qui restait des monstres tombés s’était dispersée dans l’air tandis que le troisième étage brûlait. Marie et moi avions regardé en nous tenant la main, alors que même ces restes étaient purifiés comme de la neige blanche.

Lorsque nous avions annoncé que l’Armement démoniaque avait été vaincu, des acclamations avaient éclaté dans la forteresse. Lorsque les troupes étaient sorties de la forteresse, elles avaient regardé en silence la pièce qui semblait s’être recouverte de neige.

C’était comme s’il neigeait pour célébrer leur victoire, et cela marquait en fait la libération des monstres qui avaient travaillé pendant des milliers d’années. Le paysage blanc était la destination de ceux qui s’étaient battus pendant si longtemps. Sachant cela, nous n’avions pas fait la fête, mais nous avions regardé, main dans la main, tout devenir blanc.

À notre insu, la même chose se passait à la salle de contrôle centrale.

Le gardien qui s’était battu jusqu’au bout et dont le bas du corps était réduit en poussière, ouvrit faiblement les yeux et leva les yeux vers la lumière du salut. Cette lumière était émise par celle qui se trouvait dans la grande salle, cela traversa la vitre et toucha le front de l’homme. L’homme finit par se décomposer en particules et prononça les mots « Je suis désolé » avant de disparaître complètement.

Shirley était probablement différente de tous les autres êtres du labyrinthe.

Elle pourrait mettre fin à la circulation des démons et pourrait révéler des chemins qui n’étaient pas possibles auparavant.

Un jour, elle pourrait bien changer complètement cet ancien labyrinthe. Mais la façon dont elle avait ouvert son livre de monstres et montré fièrement sa nouvelle illustration lui avait donné un air enfantin à mes yeux.

Kartina s’était levée, vêtue d’une armure d’un blanc pur. D’après son regard, le chagrin qui la hantait avait disparu… mais je ne comprenais pas pourquoi elle me fixait comme pour me dire : « Tu vas payer pour ça. »

***

Partie 14

Les citoyens allaient et venaient comme d’habitude tandis que les soldats renforçaient les défenses du château.

Le soleil s’était couché, mais la discussion autour de la table ronde n’avait pas encore atteint sa conclusion. L’un des membres de la famille royale, Wallace, fixait la carte sur la table et grognait.

« Ce n’est qu’une question de temps avant que l’ancien labyrinthe de l’oasis ne tombe. » Bien qu’Hakam et les autres soient encore au milieu de leur raid, aucune voix discordante ne s’éleva de la table. Maintenant que les monstres les plus puissants du troisième étage avaient été vaincus, sa chute était pratiquement garantie. La carte sur la table montrait les forces ennemies estimées, dont la plupart étaient concentrées sur le côté ouest.

« Malheureusement, nous ne sommes pas en mesure de contacter l’équipe là-bas en raison de quelque chose qui interfère avec notre liaison. Mais cela fait déjà une dizaine de jours. Il est possible que nos communications ne soient pas bloquées, mais il n’y a plus personne pour répondre à nos appels. Le bon côté des choses, c’est que cela ne nous fera pas trop de mal, vu que nous avons réduit le nombre de membres de l’équipe de raid au minimum… Oh, pardonnez-moi. J’avais oublié que votre fils était parmi eux, Général Gido. » Il avait tourné son regard froid vers un homme bien bâti.

L’homme en question était le maître de maison des Milles et le père de Zera. Il dégageait un air puissant malgré ses cheveux grisonnants. Comme son nom l’indiquait, il avait la capacité de contrôler un millier de lames à la fois, et il pouvait renverser le cours d’une bataille, quelle que soit la situation.

« Mon fils a choisi de se battre sur ce champ de bataille. Je n’ai rien à dire à ce sujet. » Il n’y avait ni colère ni tristesse dans ses paroles. La mort pouvait atteindre quiconque s’engage dans la bataille. C’était le message que l’attitude calme de l’homme transmettait. Alors qu’ils étaient sur le point de reprendre leur discussion, le maître de maison des Milles prit à nouveau la parole.

« Mon fils est peut-être encore inexpérimenté, mais son odorat est aussi bon que le mien. Et j’ai entendu dire que Gaston, le Barracuda mangeur d’hommes, fait aussi partie de l’équipe de raid. Je ne peux pas imaginer que cet homme bestial puisse réellement mourir. » Plusieurs personnes à la table avaient hoché la tête à ce commentaire.

Gaston en était venu à choisir des champs de bataille plus dangereux en vieillissant, mais il revenait toujours sans avoir subi de dommages. Gaston lui-même s’était plaint : « Quand pourrai-je mourir ? »

Wallace s’était moqué.

« Impossible. Selon les archives, il y a une arme puissante des temps anciens connue sous le nom d’Armement démoniaque à l’intérieur. Même si j’admets que ces hommes sont très doués, ne devriez-vous pas être plus réaliste à ce sujet, Général ? Vous devriez faire attention à ne pas perdre votre position en étant si borné. »

« Il semble que vous ayez une pensée trop réaliste, Prince Wallace. En tant que général, je vais donner la priorité à ma propre intuition. Je crois que ceux qui déterminent l’état d’un champ de bataille devraient être ceux qui ont réellement combattu sur un tel champ. »

« Vous avez peut-être raison, » répondit le prince, mais son sourire n’atteignait pas ses yeux. Peu de gens savaient que ces deux-là s’étaient souvent affrontés. C’est en partie la raison pour laquelle la discussion s’éternisait, et beaucoup de ceux qui étaient assis commençaient à être visiblement fatigués. Certains d’entre eux avaient carrément laissé échapper un soupir lorsque le prince Wallace s’était approché du général pour l’affronter.

« Mais c’est peut-être cette façon de penser qui a conduit nos jeunes soldats à la mort ? Je trouve inhumain que quelqu’un envoie son propre fils dans un combat qu’il n’a aucun espoir de gagner et lui ordonne de résoudre cette situation sans précédent. »

« C’est la nature de la bataille. Si nous cédions aux difficultés, ce pays aurait été englouti dans le sable depuis longtemps. Ils ont relevé le défi en croyant qu’ils avaient un moyen de gagner. Se battre, c’est se confier à l’espoir, Votre Altesse Royale. »

« Haha, si vous voulez compter sur l’espoir, alors pourquoi n’allez-vous pas à l’église et vénérer le dieu de la terre ? Ou peut-être devriez-vous joindre vos mains et prier une étoile filante la nuit. »

« Pardonnez-moi, mais de tels endroits sans ennemi en vue ne sont pas le genre de champ de bataille que je connais. »

« Eh bien, je pense que si vous le faites, vous ressemblerez plus à un parent. »

Ni l’un ni l’autre n’avaient l’intention de reculer, et les membres de la famille royale rassemblés là lèvent les yeux au plafond comme s’ils en avaient marre. Alors qu’ils se lamentaient à l’idée de perdre encore du temps aujourd’hui, la porte de la salle s’était ouverte en claquant.

« J’ai un message de l’équipe de raid du troisième étage ! Ils ont réussi à vaincre l’Armement démoniaque et les forces de Gedovar ! » La voix du messager avait résonné dans la pièce. Il y eut un faible silence avant que tous ne se lèvent comme s’ils avaient été secoués par de l’électricité.

« Quoi !? » Celui qui était le plus surpris était le prince Wallace, qui était censé évaluer la situation de façon réaliste.

Cette nouvelle impliquait que l’équipe de raid avait retourné la situation malgré l’affrontement de la horde de monstres vivant au troisième étage, y compris leurs unités d’élite, tout en étant en infériorité numérique et de niveau. Les archives montraient que l’Armement démoniaque était un être terrifiant capable d’abattre des châteaux à lui tout seul.

Leur surprise était compréhensible. Mais seul le maître de maison des Milles laissa échapper un « Hmph » et se dirigea lentement vers la table.

« On peut enfin avoir une vraie discussion. L’avant-garde ennemie, notre plus grande menace, a maintenant été anéantie. Leur pays est probablement plus surpris que nous. » Il avait souri pour la première fois depuis qu’il était entré dans la pièce. Ce n’était pas le sourire d’un combattant, mais le sourire de quelqu’un qui appréciait la situation. Maintenant que les choses avaient changé si radicalement, il était peu probable qu’aucun des membres de la famille royale réunis ne puisse se reposer avant le matin.

§

Il était déjà midi passé quand nous étions rentrés à l’appartement. Je ne savais pas si c’était parce qu’elle avait utilisé trop de magie ou parce qu’elle s’était concentrée pendant si longtemps, mais Marie était étalée sur le lit et ne bougeait pas. Quand je l’avais regardée, elle m’avait rendu mon regard avec une expression de mécontentement.

« Vas-tu bien, Marie ? »

« Je suis fatiguée. Sache que personne n’aurait jamais pu contrôler autant d’esprits à la fois dans des circonstances normales. Tu dois comprendre que ce n’était possible que parce que c’était moi qui le faisais. » Elle sortit ses lèvres et prit une expression renfrognée, que je trouvai adorable.

Je m’étais rapproché, et elle avait tendu les mains comme pour demander un câlin. À contrecœur, je l’avais soutenue par le dos et sous les genoux et je l’avais prise dans mes bras comme une princesse… Bon, d’accord, j’étais heureux de le faire.

Elle était incroyablement légère. Pourtant, elle était si douce, et quand elle avait enroulé ses bras autour de mon cou, j’avais su que les prochaines vacances à Obon seraient extraordinaires.

Quand je m’étais retourné, j’avais vu Wridra à la table. Il semblerait qu’elle avait vraiment pris goût à lire le journal avec des lunettes. Elle avait redressé les pages et déplacé le journal à la lumière du soleil.

« Donc, Kartina n’a pas péri après tout. »

« Oui, j’ai entendu dire qu’elle allait servir Shirley pendant un certain temps. Il serait préférable pour elle de rester dans ce monde, au moins jusqu’à ce qu’elle soit témoin du destin de l’ancien labyrinthe et de son propre pays. »

Ce serait quelque chose dont elle se soucierait. Bien qu’elle soit une source précieuse d’informations sur le pays ennemi, je ne pouvais pas me résoudre à l’interroger. J’avais entendu dire qu’elle avait été forcée de rejoindre l’Armement démoniaque, il était donc probablement préférable qu’elle se repose un moment.

« Oh, quelque chose sent bon. Qu’est-ce qui est en train de cuire ? » demanda Marie.

« Pancakes. On devrait en manger avant de partir. » L’elfe et la dragonne adoraient toutes deux les crêpes couvertes de beurre et de miel. Marie avait balancé ses pieds joyeusement en attendant et avait appelé la cuisinière juste au moment où elle avait retourné la poêle à frire.

« Merci, Shirley. Tu es une si bonne cuisinière ! » Il semblerait que Shirley s’était habituée au Japon en grande partie. Elle s’était retournée et avait levé le pouce, et j’avais du mal à croire qu’elle était un ancien maître d’étage. C’était bien qu’elle ait acquis la capacité d’annuler sa transparence après qu’une partie de son sceau ait été défait l’autre jour. Mais apparemment, elle devenait floue dès qu’elle baissait sa garde, et ça me faisait peur chaque fois que ça arrivait.

« Nous partons demain, donc nous devons nous préparer. Il existe au Japon un bento à caractère, où les ingrédients d’une boîte à lunch sont arrangés pour ressembler à certains personnages. » Les longues oreilles de Marie s’étaient dressées. Il semblait que quelque chose lui soit immédiatement venu à l’esprit suite à mon commentaire. Les yeux violets de Marie s’illuminaient d’excitation quand elle me regardait.

« Mais… n’est-ce pas pour les enfants ? Tu devrais savoir que je suis bien plus mature que tu ne le penses. »

« Pas du tout, cela fait partie de la culture des adultes. Les enfants ne font pas vraiment leur propre bento. » Cette pratique avait aussi commencé à se répandre à l’étranger. Il y avait quelque chose d’étrange dans la culture qui consiste à profiter pleinement de la nourriture. Bien que, si je devais faire un commentaire, je pensais qu’être porté comme une princesse était plus enfantin.

« Vraiment ? Mhm… Alors, je suppose que si tu insistes, nous pourrions faire un essai. Je vais te laisser celui-ci et profiter de cette chance pour apprendre la culture étrangère. »

« Oui, je vis dans ce pays depuis longtemps. Tu devrais écouter les gens qui ont plus d’expérience dans ce domaine. Alors, quel genre de personnage aimerais-tu ? » J’avais demandé, et Marie m’avait murmuré quelque chose à l’oreille. Cela m’avait chatouillé quand elle avait parlé, mais j’avais été encore plus amusé quand j’avais imaginé le personnage qu’elle avait mentionné. C’était un choix plutôt évident.

Je savais qu’il était difficile pour une personne d’oublier le premier anime qu’elle avait vu. Au moment où j’imaginais le visage souriant du personnage, les crêpes avaient fini de cuire. Tout ce qu’il nous restait à faire était d’éloigner le Livre des Monstres de la table et… Attends, le livre des monstres ?

Cette chose ne peut pas activer ses pouvoirs même au Japon… N’est-ce pas ?

Il y avait probablement d’innombrables monstres enfermés dans ces pages, mais… Ce n’est pas possible. Il n’y avait aucune chance. Pourtant, en regardant le livre, j’avais cru voir une photo de « Armement démoniaque » Kartina, posée avec un bouclier et une lance d’ogre.

Je devais l’avoir imaginé. J’avais fermé le livre, et les crêpes dans leurs assiettes respectives avaient rapidement été apportées à la table.

« Ah, elles sont faites, » dit Wridra en pliant son journal. Notre humble petit déjeuner au lendemain d’une bataille intense était sur le point de commencer.

J’avais fait asseoir Marie sur une chaise, j’avais guidé Shirley jusqu’à la table et j’avais opté pour un petit-déjeuner viril debout. J’avais levé les yeux vers le ciel d’été en pensant qu’il fallait vraiment que j’achète bientôt des chaises supplémentaires.

Et donc, nos vacances Obon et notre voyage à Izu étaient sur le point de commencer.

Les crêpes fraîchement préparées étaient chaudes et sucrées, et l’odeur du beurre remplissait la pièce. J’avais pensé que la saveur était nostalgique pour une raison quelconque pendant que je mangeais.

***

Chapitre 13 : Voyage à Izu

Partie 1

Quatre heures du matin…

C’est ce qui était apparu sur l’écran de l’horloge lorsque j’avais appuyé sur le bouton.

J’avais laissé échapper un bâillement. Marie et Wridra étaient, bien sûr, toujours en train de dormir. Elles semblaient plutôt à l’aise, car elles respiraient légèrement dans leur sommeil. J’avais écarté leurs membres de moi sans me retenir, et les deux filles s’étaient roulées sur le ventre.

Il semblait qu’elles allaient dormir encore un moment, et j’avais encore beaucoup de préparation à faire. J’avais décidé de les laisser dormir un peu et je m’étais frotté les yeux en me réveillant.

J’avais marché pieds nus dans le couloir sombre, puis j’avais pris la télécommande de la télévision. La lumière de l’écran éclaira son environnement, et le présentateur de la météo affichait un sourire éclatant malgré l’heure matinale.

« Hm, donc le typhon a dévié loin à l’est. Les pressentiments de Wridra sont vraiment précis. » Le typhon que je craignais s’était éloigné de nous et le temps devrait être ensoleillé. Marie s’en était inquiétée hier, mais j’étais content de voir que ce ne serait pas un problème. Peut-être qu’il n’y aurait pas non plus beaucoup de circulation. J’y avais pensé en commençant à faire bouillir de l’eau.

Alors que j’allumais la cuisinière, une main semi-transparente était apparue derrière moi. Mon cœur avait failli exploser, mais je m’étais calmé. Ces frayeurs ne pouvaient pas être bonnes pour mon cœur, mais Shirley était le bon genre de fantôme. Je ne devrais crier que si l’autre sorte apparaît.

« B-Bonjour, Shirley. N’as-tu pas sommeil ? » Je m’étais retourné et j’avais vu une femme à l’air endormi devant moi. Je n’avais pas réalisé que les fantômes dormaient. Elle s’était couvert la bouche en lâchant un gros bâillement, puis avait pointé du doigt la petite casserole sur la cuisinière, comme pour dire : « Laisse-moi faire. »

« D’accord, alors, occupe-toi de ça. Je vais aller réveiller les autres. Il y a du café instantané dans la bouteille là-bas. Et voici le sucre. N’hésite pas à aussi ajouter du lait. »

Ses yeux bleu ciel fixèrent chacun des objets, puis elle répondit par ce qui aurait pu être un hochement de tête affirmatif… ou peut-être s’était-elle réveillée à nouveau après s’être presque assoupie. Réveiller Marie était une chose, mais réveiller Wridra alors qu’elle dormait profondément, demandait un certain effort. J’avais essayé d’allumer l’éclairage indirect à côté du lit à sa luminosité maximale. Puis, le pied de Wridra m’avait donné un coup de pied aux fesses.

« Aïe ! » Est-ce qu’elle vient de… me donner un coup de pied dans son sommeil ?

Je m’étais frotté les fesses en m’éloignant, mais son pied nu s’était levé et avait pointé dans ma direction comme s’il était doté d’une compétence de visée automatique. C’était mauvais. Pas seulement parce que je pouvais recevoir un coup de pied, mais parce qu’elle était nue sous la fine literie qui couvrait son corps. Ce dernier point était particulièrement dangereux.

Ses clavicules étaient nues, et les monticules galbés de sa poitrine empêchaient la couette de glisser vers le bas. Et ses cuisses… Non, je ne pouvais pas regarder. Pourtant, elle me donnait des coups de pied avec une précision étonnante, donc c’était une épreuve.

Réveiller les filles avait ainsi été un vrai combat. J’avais fini par être suspendu à l’envers par la queue du dragon. On dit que c’est l’oiseau qui se lève tôt qui attrape le ver, mais j’aurais simplement souri à celui qui avait inventé cette phrase et je lui aurais dit d’essayer par lui-même.

§

Le sable crissait sous les pneus alors que je commençais à conduire lentement la voiture.

Il faisait encore nuit dehors, donc il n’y avait pas beaucoup de voitures sur la route. Les phares montraient que l’asphalte était encore humide, probablement à cause du typhon qui avait changé de direction.

Notre sac de voyage était dans le coffre, et notre bento avait déjà été préparé hier soir. J’avais dit aux autres dans le monde des rêves que nous allions prendre une longue pause, et que nous ne faisions que suivre pour le plaisir, donc ce n’était pas comme si quelqu’un avait le droit de se plaindre.

Pourtant, Doula nous avait mis la pression sans rien dire.

Je savais qu’elle était une personne gentille qui se souciait de ses subordonnés, mais je pouvais dire qu’elle n’était pas heureuse que nous nous défilions à mi-chemin. Je veux dire, elle semblait calme, mais il y avait quelque chose de glacial dans sa façon de parler…

Son équipe l’appréciait, et elle semblait être la supérieure idéale à mes yeux. Elle était capable de travailler, d’assurer le suivi de ses tâches et de toujours produire des résultats. Si elle avait travaillé dans mon entreprise, j’aurais pu rester tard, même si je détestais travailler après les heures de bureau.

Bien que Borlax Doudou ne soit après tout pas le maître des lieux, les monstres de la zone avaient tous disparu après que nous ayons pris le contrôle de la grande salle. La question des démons s’était éclaircie avec le temps, et il semblait possible de réparer le lien de communication de nos outils magiques. Nous devions encore nous réapprovisionner, donc les équipes allaient probablement retourner à leur base et se reposer un moment.

Le visage de Doula était devenu rouge quand Zera avait dit : « Nous devrions aussi nous détendre pour l’instant. » Je m’étais demandé de quoi il s’agissait.

Doula était étonnamment troublée lorsqu’elle avait répondu, « Oui, tu as peut-être raison, » et ses hommes avaient tous applaudi, mais… J’avais décidé de ne pas y penser. Maintenant que j’y pense, ils avaient dit quelque chose à propos de faire des enfants. C’est donc pour ça qu’elle ne s’était pas plainte de nos projets de voyage.

J’avais allumé mes clignotants, et ma voiture avait lentement tourné vers l’autoroute. C’était très calme, et les seuls bruits étaient ceux des voitures qui passaient sur la voie opposée. Cela faisait longtemps que je n’avais pas fait de balade matinale, mais ma somnolence avait complètement disparu.

Nous laissions Tokyo derrière nous, en direction d’Izu. Mes passagers dormaient à poings fermés, mais il me semblait que la bataille acharnée de l’autre jour avait laissé une pénalité sur elles. Même Shirley se frottait les yeux d’un air somnolent après le combat.

J’avais réajusté la couverture qui était tombée des genoux de Marie alors que nous étions arrêtés à un feu rouge. Ses longs cils et ses sourcils bien formés feraient probablement l’envie de toutes les filles de son âge. En fait, les filles de son âge seraient plus âgées que mon grand-père.

Hmm… Elle est adorable. Si je n’avais pas été au volant, j’aurais adoré prendre une photo. J’avais pris une gorgée de café chaud et j’avais expiré. Dans le rétroviseur, je pouvais voir que Shirley n’était pas complètement réveillée après tout. Elle s’accrochait à mes épaules, s’assoupissant avec son corps semi-transparent.

« Shirley, tu pourrais me hanter si tu as sommeil. Ce ne serait pas plus facile pour toi ? »

Ses yeux bleus ciel me fixaient en somnolant, et elle m’avait fait un léger signe de tête. Elle s’était glissée dans mon corps, puis l’ancienne maîtresse d’étage s’était lentement endormie. Je pouvais sentir son soulagement, comme si elle venait de trouver un endroit chaud et accueillant pour dormir, et cela me rendait heureux.

Oui, j’étais heureux. Le simple fait de regarder Marie et les autres me remplissait de joie. J’étais sûr qu’elles allaient recommencer à faire du bruit à leur réveil, mais ce serait amusant à sa façon.

J’avais pris le café, puis je m’étais arrêté. J’avais Shirley en moi maintenant, je ne pouvais pas boire quelque chose qui me réveillerait. Je devais laisser tomber pour l’instant, mais j’avais réalisé que ma bouche s’était recourbée en un sourire. Il semblait que j’étais très excité par le voyage à Izu.

Le ciel sombre avait commencé à s’éclaircir, lentement, depuis l’est.

Nous avions quitté la maison assez tôt, mais Obon étant la période la plus chargée de l’année, il était inévitable que les rues soient bondées. J’avais observé la circulation et j’avais décidé que nous aurions probablement beaucoup de temps pour faire du tourisme avant d’arriver à l’hôtel. Mais comme nous avions évité ce typhon, l’autoroute était beaucoup plus ouverte que je ne le pensais.

J’avais entendu dire qu’il y aurait du monde vers sept heures, donc nous avions encore du temps pour voyager. Cela signifiait que nous arriverions probablement à notre destination plus tôt aussi. Peut-être pourrions-nous faire un détour avant d’aller au parc Banana Wani que Marie attendait avec impatience.

Alors que je tambourinais le volant avec mes doigts, quelqu’un s’était réveillé lentement, comme s’il luttait encore contre la somnolence. La luminosité était devenue totale, et seule la banquette arrière avait des rideaux pour filtrer la lumière du soleil. Marie avait dû être réveillée par cette lumière.

Elle avait frotté ses yeux violets, puis ils s’étaient ouverts lentement.

Elle avait dû être surprise par l’autoroute à trois voies qui ne lui était pas familière. Il y avait un long tronçon de murs pour l’isolation sonore, avec des lumières placées à un intervalle déterminé. Marie les fixa un moment, jeta plusieurs fois un regard en avant et en arrière, puis s’étira. Un instant plus tard, elle bâilla.

« As-tu bien dormi ? Nous avons encore du chemin à faire, alors tu peux te reposer pour l’instant, » avais-je dit.

« Je suis désolée, je me suis endormie profondément. Je ne me souviens même pas m’être changée. » Elle était à moitié endormie quand elle s’était changée. C’était probablement pour cela qu’elle avait mal fait ses boutons, ce qu’elle était en train de corriger.

« Ce doit donc être l’autoroute. Cette vue inhabituelle m’a réveillée. Es-tu sûr que ça ne te dérange pas de conduire plus vite que d’habitude ? »

« J’aurais aimé prendre mon temps sur un trajet tranquille, mais il y a une vitesse minimale à respecter sur cette route. Ils vous font payer parce que c’est beaucoup plus rapide, mais nous allons bientôt aller beaucoup plus lentement une fois que la route sera plus encombrée. On est juste à côté en ce moment. As-tu appris à te servir de ça ? »

Sur ce, j’avais sorti mon smartphone de ma poche de poitrine et l’avais tendu à Marie. Grâce à l’application de navigation, je pouvais faire des balades en voiture sans avoir recours à des appareils GPS coûteux. Il n’avait pas toutes les fonctions de navigation, mais ce n’était pas comme si nous faisions des balades en voiture tout le temps, alors ça ne me dérangeait pas.

« Kanagawa-ken, Ebina-shi… ? Comme c’est pratique, notre emplacement apparaît sur la carte. Quand je suis arrivée au Japon, je pensais que ce pays utilisait la magie à coup sûr. Je ne pensais pas qu’il n’y avait pas de magie du tout ici. »

« Ouaip, la magie n’existe que dans la fiction et le monde des rêves. Mais c’est intéressant que nous comprenions tous ce qu’est la magie. » Il semblerait que j’avais réussi à piquer un peu sa curiosité. Ses yeux violets s’étaient illuminés, et elle avait doucement posé sa main sur ma cuisse. Elle était assez chaude, car elle venait de se réveiller, et sa jolie voix résonnait avec un léger accent elfique. Oh, comme j’aimais cette voix.

« Oui, et les esprits et les monstres sont aussi connus ici. N’est-ce pas un peu comme si nos mondes étaient connectés d’une certaine manière ? »

« Hm, intéressant. S’ils sont connectés, je me demande pourquoi. Il n’y a pas beaucoup de gens dans les deux mondes qui le savent, mais peut-être qu’ils sont liés à un niveau fondamental d’une manière ou d’une autre. » Cela m’avait fait tellement plaisir de parler à Marie que j’avais formulé ma question de manière à attirer son attention. Ses yeux s’étaient illuminés encore plus, et j’avais failli les fixer pendant que je conduisais.

« Bien que, tout cela pourrait être juste une coïncidence. »

« Le penses-tu vraiment ? Tant que nous reconnaissons les similitudes entre nos mondes, et puisque nous sommes capables de voyager entre eux, je pense qu’il y a une sorte de terrain d’entente. Peut-être qu’il y a une sorte de dieu puissant qui les relie, » déclara Marie sur le ton de la plaisanterie, puis elle regarda la banquette arrière. Je m’étais dit qu’elle cherchait à boire, alors j’avais montré mon sac, et elle m’avait remercié.

***

Partie 2

« Un dieu, hein ? Ça a l’air grandiose. »Les gens avaient tendance à chercher du réconfort auprès des dieux, dans ce monde aussi. Ils pouvaient accorder des pouvoirs de guérison dans l’autre monde, mais une chose que les deux mondes avaient en commun, c’est que nous ne pouvions pas communiquer directement avec les dieux. Je m’étais soudain souvenu de l’autre passager. La maîtresse d’étage endormie, Shirley, ne parlait jamais à voix haute. Elle communiquait par son comportement doux et ses gestes amusants, et je m’étais demandé pourquoi elle ne disait jamais rien.

L’autoroute avait continué, baignée par la lumière du soleil. La route était un peu humide, mais elle allait s’assécher au fur et à mesure que nous roulions. Marie avait versé le contenu de la gourde dans une tasse, et l’odeur agréable des feuilles de thé avait envahi la voiture.

« Si je pouvais parler aux dieux, je suis sûre que les gens du monde entier m’envieraient. Doula m’a dit un jour qu’ils chantent leurs hymnes pour plaire aux dieux… mais personne ne sait s’ils leur plaisent vraiment. Ils peuvent même les trouver ennuyeux. Il y a beaucoup de personnes impliquées avec les dieux. Probablement plus que ce que nous pouvons imaginer. » Sur ce, Marie avait pris une gorgée de thé chaud. Ses lèvres aux couleurs vives étaient courbées en un sourire, et elle semblait apprécier la conversation comme moi. Mais il semblait y avoir quelque chose d’autre derrière son sourire.

« Je dis que ce n’est pas grave si nos mondes se mélangent un peu. Au moins, je suis contente qu’ils l’aient fait. C’est tellement agréable que tu sois toujours là quand je me réveille. »

Marie, tu vas me faire sourire si tu dis des choses comme ça.

Mais Marie semblait apprécier ma réaction, et elle gloussait en me regardant avec ses yeux violets pâles. Pour être honnête, elle était bien trop adorable.

Marie avait fouillé dans le sac et en avait sorti quelque chose d’autre. C’était un morceau de tissu coloré, qu’elle avait utilisé pour couvrir ses cheveux sur le siège passager. Puis, ses oreilles d’elfe avaient disparu, et son expression m’avait montré qu’elle appréciait ce voyage au Japon du fond du cœur.

C’était vraiment bien d’avoir quelqu’un à qui parler. L’autoroute n’était qu’un long tronçon de la même vue, ce qui m’avait donné un peu de somnolence. Bien que, dans mon cas, je ne m’endorme jamais une fois que j’ai décidé de rester debout. Marie avait souri.

« Ce voyage à Izu est très spécial pour moi. Héhé, nous serons bientôt au parc Banana Wani. Je suis sûr que ces mignons alligators me feront signe une fois que nous serons là-bas. Oh, je ne peux pas attendre ! »

Euh… Les alligators ne vont probablement pas te faire signe. Ce n’est pas comme si nous étions dans le monde des rêves… Bien qu’ils ne nous feraient pas signe non plus là-bas. En fait, je me souviens d’hommes-lézards qui me faisaient signe.

Alors que je me débattais pour trouver quoi dire, j’avais senti quelque chose de doux se presser contre ma joue avec un bruit de bécotage. Une odeur douce et féminine était restée, et Marie avait frotté ma joue avec son pouce. Quand j’avais réalisé ce qu’était cette sensation, mon cœur s’était mis à battre plus vite.

« Bonjour, Kazuhiro-san. C’est une belle matinée, n’est-ce pas ? » Cette voix que j’aimais tant avait murmuré, et j’avais senti son souffle chaud sur mon oreille. Non seulement mon cœur battait plus fort, mais je me sentais devenir plus chaud, et ma bouche s’était desserrée en un sourire.

Marie avait gloussé, mais elle semblait avoir baissé sa garde. Quand elle avait regardé la banquette arrière tout à l’heure, elle avait dû voir Wridra profondément endormie. C’est pourquoi elle pensait que Wridra ne la verrait pas, mais ses yeux s’étaient agrandis lorsque Shirley était sortie de mon corps.

Même une fille brillante comme elle ne pouvait pas remarquer le fantôme qui me hantait. Marie avait sursauté, les yeux écarquillés, et Shirley s’était frotté la joue d’un air perplexe. Elle avait ensuite incliné la tête comme pour demander : « Qu’est-ce que c’était à l’instant ? » et c’est Marie qui était devenue toute rouge cette fois-ci.

 

 

« C-C’est rien ! Écoute. C’était juste une sorte de salutation. C’est ce que les gens font le matin. C’est tout à fait normal au Japon, d’accord ? C’est normal ! »

D-D’accord… C’était un peu exagéré. Mais cela avait mis fin aux taquineries de Marie, et Shirley s’était finalement réveillée et elle avait quitté mon corps. Maintenant, je pouvais me réveiller avec plus de café, alors j’avais pris ma tasse qui était devenue froide.

Shirley était réveillée maintenant, et sa peau devenait lentement plus opaque. Elle semblait avoir compris l’explication de Marie, et elle avait mis une main sur le menton de l’elfe, avait incliné sa tête vers le haut et l’avait embrassée sur la joue.

J’avais recraché mon café.

Marie était devenue de plus en plus rouge et elle tremblait. On aurait dit qu’elle n’avait rien vu venir. Pendant ce temps, Shirley semblait apprécier la douceur de la joue de Marie et continuait à faire des bruits de baiser. C’était suffisant pour me réveiller en sursaut.

Alors que Marie criait, la dragonne endormie s’était finalement réveillée.

« Fwaaah… Hm ? Vous êtes aussi bruyants que d’habitude…, » dit Wridra en s’étirant, puis en nous jetant un regard exaspéré. Elle était probablement sur le point d’être la prochaine cible, alors je m’étais dit que ce serait elle qui crierait dans une minute.

« Gah ! » Une voix avait crié peu après, mais les résidents du monde fantastique allaient bientôt arriver à Odawara. Les choses allaient devenir folles une fois que ce serait fait, car nous aurions une belle vue sur la mer. Les filles étaient excitées comme prévu, mais je souriais pour une raison inconnue.

La voiture roulait lentement sur la rocade de Seishou.

On pouvait voir le chemin de fer en pente douce au-dessus de nous, et mes passagères s’étaient toutes pressées contre la fenêtre, s’émerveillant du design tridimensionnel. Alors qu’elles regardaient vers l’avant, un véhicule bleu avait traversé la route devant eux.

« Oh, oh, regardez ! Un shinkansen ! On est déjà monté dans un de ces trains. J’étais sur le siège spécial côté fenêtre, bien sûr. Ils sont très rapides, mais tellement confortables. Les voitures tirées par des chevaux sont nulles en comparaison. »

« Arrête ça, Shirley ! Ne passe pas ta tête par la voiture dès que tu trouves quelque chose d’intéressant ! Les gens vont se rendre compte que tu es un fantôme ! Kitase, tu aurais dû lui apprendre les règles de ce monde pendant que je dormais, espèce d’idiot ! »

Aha, je n’avais pas vraiment le temps pour ça. Je ne pensais pas que Shirley serait bien plus dangereuse que l’Arkdragon sauvagement imprévisible ou l’elfe trop curieuse. J’avais baissé ma garde parce qu’elle était si calme. Mais je m’étais dit que la colère de Wridra se calmerait bien assez tôt. La route s’inclinait progressivement devant nous, et des paysages colorés devaient nous attendre.

Marie regarda par la fenêtre et sursauta légèrement lorsqu’elle vit la vue. Ayant grandi et appris la magie dans la forêt elfique et la région d’Alexei, c’était la première fois qu’elle voyait un tel spectacle.

« Wow, wow, wow ! La… la mer ! Regarde, regarde, c’est la mer !? » Marie était adorable en faisant des allers-retours entre moi et la fenêtre. Je ne pouvais m’empêcher de sourire en la voyant avec la lumière du soleil qui l’éclairait, encadrée par l’horizon en arrière-plan.

Quand quelqu’un allait voir cette vue pour la première fois de sa vie, je devais m’assurer qu’il la chérissait. En y repensant, mon grand-père avait fait la même chose pour moi.

Heureusement, il faisait beau et nous avions pu arriver ici sans être pris dans les embouteillages. J’avais apprécié le fait que cela valait la peine de se lever tôt. Alors que je prenais une gorgée de café, nous étions passés devant le mur qui obstruait notre vue, et la fenêtre de gauche avait été remplie d’un horizon bleu.

« Wooow ! C’est la mer ! Si grande ! »

« Hm, c’est assez extravagant de leur part de construire une route le long de la côte. Le ciel et la mer sont d’un bleu magnifique. Hah, hah, ça va être très agréable, » fit remarqué Wridra.

Cette vue était la raison pour laquelle ce chemin était si populaire. Mais je passais la plupart de mon temps à l’intérieur, alors je ne sortais presque jamais pour conduire.

Aujourd’hui, nous allions prendre notre temps en longeant la côte. On pouvait voir la vaste étendue de la mer sur la gauche, et une verdure éclatante remplissait notre vue sur la droite. Grâce au temps clair après le passage du typhon, nous avions pu profiter pleinement de cette vue.

Les filles étaient plaquées contre les fenêtres, et lorsque je les avais baissées, le vent humide avait soufflé dans la voiture. Le vent légèrement salé faisait voler leurs cheveux dans toutes les directions, et elles riaient joyeusement.

« Nos vacances en mer commencent ici. C’est peut-être la première fois que tu vois cette vue, mais comment est-ce, Shirley ? »

Elle avait pointé l’horizon, puis avait fait la forme d’un zéro avec ses doigts dans le rétroviseur. Je connaissais déjà la réponse en voyant son sourire, et Marie avait ri en disant : « C’est bien ce que je pensais. » J’espérais qu’elles profiteraient encore un peu de la vue.

Même les yeux de Wridra étaient remplis de joie, mais l’Arkdragon pouvait voler, alors je m’étais dit qu’elle était déjà habituée à voir cette vue. Alors que je considérais cela, elle avait tourné ses yeux noirs vers moi.

« Hah, hah, dans mon cas, le vol était simplement un moyen de déplacement pour moi. Considère ceci. Le simple fait de me voir voler fait naître la peur dans le cœur des humains. J’étais enfermée dans ma tanière parce que je les trouvais ennuyeux à gérer, alors c’est la première fois que je le regarde depuis le rivage, et encore moins en voiture. » Elle avait rétréci ses yeux en souriant joyeusement, ce qui lui donnait l’air d’un chat amical. Ses cheveux noirs lustrés étaient aussi secoués par le vent, mais elle ne semblait pas s’en soucier du tout.

« Oh, oh, c’est si grand ! C’est exactement comme dans les livres, mais ça n’a rien à voir avec les livres ! Dis, je peux aller dehors et regarder ? J’ai lu qu’on pouvait entendre le bruit infini des vagues qui s’écrasent ! »

« Ouais, on dirait qu’on va arriver tôt, alors pourquoi ne pas s’arrêter à ce magasin de souvenirs ? Oh, on dirait qu’ils vendent des manju. Qu’est-ce que vous en pensez ? »

« C’est parti ! »

Même Shirley avait fait la moue avec les autres filles, ce qui m’avait fait sourire d’une oreille à l’autre. Je n’avais pas pu m’empêcher d’éclater de rire quand je les avais vues toutes les trois se comporter comme des sœurs. C’était étrange à voir, étant donné qu’elles étaient une elfe, une dragonne et un ancien maître d’étage.

J’avais fermé la porte derrière moi et j’avais laissé échapper un « Whoa ! » quand j’avais contemplé la vue. Mon corps s’était dirigé de lui-même vers les clôtures derrière le parking. Juste au-delà, il y avait le ciel d’été et une vue de la vaste mer scintillant sous le soleil.

***

Partie 3

On pouvait entendre les vagues se précipiter contre les rochers en contrebas, et on pouvait voir de l’écume blanche quand je regardais depuis la clôture. Il y avait un peu de vent aujourd’hui, et Marie se tenait debout avec une main tenant l’ourlet de sa robe et l’autre tenant ses cheveux.

Elle regardait le spectacle sans dire un mot. Pourtant, d’une manière ou d’une autre, je sentais qu’elle trouvait ce moment gratifiant. Elle avait vécu en tant qu’elfe, sorcière et utilisatrice d’esprit pendant longtemps, mais elle n’aurait pas pu connaître cette vue sans une sorte de miracle. Elle se tenait debout avec le large horizon devant elle, et ses yeux brillaient comme des pierres précieuses lorsqu’elle s’était retournée.

« Héhé, regarde-moi ça. Je suis enfin venue visiter la mer. » La vision fantastique de son sourire éclairé par le soleil du matin m’a rempli de joie. Mais de son point de vue, mon visage avait probablement juste l’air endormi comme d’habitude.

Je m’étais approché de Marie, et elle avait naturellement pris ma main comme d’habitude. Sa peau douce contre la mienne, j’avais remarqué que le bout de ses doigts était un peu froid. Ses cheveux blancs dansaient dans le vent tandis qu’elle gloussait à côté de moi.

« Je suis sûre que les autres elfes auraient été choqués s’ils avaient appris que j’étais arrivée à la mer juste après avoir passé du temps dans les déserts d’Arilai. Ils auraient été tellement surpris que je pourrais imaginer leurs oreilles pointées vers le haut. »

« Je suis sûr qu’ils seraient tout aussi surpris s’ils apprenaient tout ce que tu as fait dans le labyrinthe antique. Ces explosions après que nous ayons passé l’issue de secours m’ont donné des frissons. »

« Oh, c’est malheureux. Cela signifie-t-il que tu n’as pas fait confiance à mes compétences en tant que sorcière spirituelle ? Je connaissais les distances exactes avec lesquelles je travaillais, et j’ai fait des ajustements pour que tu ne sois pas blessé. »

Et voilà le résultat ! ? J’avais failli le dire tout haut, mais en y réfléchissant, personne n’avait été blessé. Cependant, la chaleur m’avait brûlé les cheveux et j’étais tombé, alors ce n’est pas comme si tout s’était passé sans heurts. Puis, j’avais remarqué que Marie gloussait, et j’avais vu ce regard malicieux dans ses yeux.

« Parfois, j’ai juste envie de voir ta tête surprise. C’est tellement drôle, tu sais ? »

« UAgh, donc tu l’as conçu pour être risqué. Je savais que quelque chose n’allait pas. Puseri était avec moi à ce moment-là, mais elle a filé sur son cheval et m’a laissé derrière. »

En entendant cela, les yeux de Marie s’étaient écarquillés un instant, puis elle s’était serrée les côtes dans un éclat de rire. Elle avait dû s’imaginer mon visage pathétique, mais Eve et moi étions plutôt pâles à ce moment-là, alors je ne pouvais pas le nier. En la voyant rire si joyeusement, j’avais commencé à me demander si nous étions vraiment ensemble.

Une fois qu’elle eut fini de rire, Marie regarda à nouveau la mer, sa jupe flottant au vent.

« Il y a beaucoup de vent aujourd’hui. C’est peut-être à cause du typhon qui est passé. » Le vent de la mer était assez agressif, et il dégageait une odeur étrangement primitive. Même si c’était complètement différent, il y avait quelque chose qui me rappelait le labyrinthe antique.

« J’ai entendu dire que ça devrait se calmer dans l’après-midi. Pour une raison inconnue, le bulletin météo de Lady Arkdragon est toujours très précis. Pour être honnête, je me suis demandé si nous devions ou non reporter le voyage. Je suis vraiment reconnaissant envers elle. »

J’avais jeté un coup d’œil sur le côté pour voir Wridra nous faire un signe de paix. Elle était la dernière de l’équipe Améthyste à se réveiller, mais on ne peut pas nier qu’elle était la plus grande contributrice au voyage d’Izu. Il semblerait qu’elle était bien réveillée maintenant, et ses bottes avaient fait crisser le sable alors qu’elle marchait vers nous.

« Haha, haha, comme c’est étrange de voir un humain montrer de la reconnaissance à un dragon. Cependant, j’ai entendu dire qu’il n’est pas rare que nous soyons vénérés comme des dieux dans ce pays. Dans ce cas, il serait naturel que vous me fassiez des offrandes. »

Wridra avait jeté un coup d’œil au vendeur au loin, ce qui m’avait semblé signifier qu’elle voulait de la nourriture savoureuse. Elle avait raison de dire que de nombreux sanctuaires vénéraient les dieux dragons, mais je me demandais si certains de ces dragons étaient aussi gloutons qu’elle. J’avais froncé les sourcils à cette idée, mais un tel dragon existait juste en face de moi, alors il était inutile d’y penser. Puis, j’avais remarqué que Wridra avait l’air malheureuse pour une raison quelconque.

« Cette clôture est dans le chemin. Elle gâche le paysage. »

« Tu sais, il y a un célèbre point de vue à Izu. Nous sommes sur le point d’aller dans cette direction, et nous verrons le parc Banana Wani si nous roulons un peu plus. »

Marie semblait excitée d’entendre cela, et Shirley inclina la tête avec curiosité au son de « Parc Banana Wani ». En y repensant, nous l’avions emmenée sans lui donner beaucoup d’explications. Je me souviens lui avoir demandé en passant si elle voulait nous accompagner à Izu alors que nous étions sur le point de nous endormir au deuxième étage. Il va sans dire qu’elle avait sauté dans mon corps comme pour dire, « Je veux y aller ! »

« C’est une sorte d’endroit sauvage, plein d’animaux et de verdure. Au fait, les bananes sont ces fruits tropicaux savoureux et sucrés, et “wani” signifie “alligator” en japonais. Ils sont, euh… un peu comme des lézards de feu. »

« Hah, hah, espèce d’idiot. Ta comparaison est complètement à côté de la plaque. Maintenant, dépêche-toi de nous emmener dans cet endroit avec vue. Après avoir acheté ces confections de manju, bien sûr. »

C’était une bonne chose que nous soyons partis tôt pour éviter le trafic. Cela nous avait donné plus de temps pour nous arrêter dans ces boutiques, et nous n’avions pas eu à lutter contre l’envie d’aller aux toilettes. Nous avions donc acheté des boissons et du manju et nous étions retournés immédiatement à la voiture.

C’était agréable de voir de nouveaux sites et de faire des choses que nous ne faisions pas habituellement.

Les filles avaient applaudi et chanté ensemble dans la voiture. Elles avaient chanté une chanson de pique-nique pour enfants, et elles avaient une règle adorable où elles devaient imiter les animaux lorsqu’ils étaient mentionnés dans la chanson.

« Lalalala, et M. Chèvre aussi ! » Marie avait fait un bruit de chèvre en même temps que la chanson, et mon visage était dangereusement près de faire un grand sourire. Ses cheveux blancs et raides et sa robe aérienne en une pièce la faisaient ressembler à une adorable biche à mes yeux.

La mer, brillante et majestueuse, s’étendait devant nous, et la circulation n’était pas aussi mauvaise que je l’avais prévu. J’avais pu profiter du temps estival et de l’air salin à travers les fenêtres en écoutant les jolis chants des filles.

« Lalalala, et M. Vache aussi ! » Mais quand Wridra avait imité une vache qui meugle… Désolé, j’avais essayé, mais je ne pouvais plus me retenir. Au moment où j’avais éclaté de rire, elle avait enfoncé un manju dans ma bouche en représailles.

Mm, doux et savoureux.

Des rires et des applaudissements joyeux avaient suivi une fois la chanson terminée, et notre voiture était entrée dans un tunnel. Une fois que nous aurions traversé le tunnel, la côte de Jogasaki serait juste là.

§

Les bâtiments résidentiels de ce quartier étaient complètement différents de ceux de la ville. Les maisons de style pension se démarquaient ici, et il y avait beaucoup plus de magasins destinés aux vacanciers.

J’aimais bien l’atmosphère de loisir. Nous étions sortis de la voiture après nous être arrêtés sur un parking de taille modeste, et j’avais ressenti l’air paisible des lieux touristiques ainsi que la brise marine. Marie semblait ressentir la même chose et elle s’était approchée de moi en sautillant.

« Nous sommes enfin arrivés ! J’ai mal au dos. »

« Vas-tu bien ? Je sais que c’est la première fois que tu montes dans une voiture depuis si longtemps. » Nous nous étions mis à côté l’un de l’autre et avions étiré nos membres. Mon dos avait fait un bruit de craquement après toute cette conduite.

Il n’y avait pas beaucoup de touristes, car il était encore huit heures du matin, et la plupart des gens autour de nous étaient venus en famille. Mes compagnons avaient certainement attiré beaucoup d’attention. Elles avaient attiré beaucoup de regards simplement en marchant, mais cela ne semblait pas les déranger, alors j’avais décidé de ne pas y penser non plus. J’avais jeté un coup d’œil de mon côté pour voir Marie tendre les deux mains en l’air, et mon cœur avait fait un bond dans ma poitrine en voyant ses aisselles lisses.

« Oh, regarde ! Ça ressemble à un joli chemin pour se promener. Je me demande où il mène ? » Ses yeux étaient pleins de curiosité alors qu’elle fixait le chemin, et nous avions naturellement commencé à marcher dans cette direction. Ce qui attendait les filles était une surprise pour une fois que nous étions arrivés.

Les bois étaient pleins d’arbres et principalement constitués de pins noirs. Avant de nous en rendre compte, nous étions complètement à l’ombre des arbres. Mais le chemin était un peu différent de ceux de la campagne, avec de temps en temps une brise de mer agitée et des aperçus de la mer bleue entre les arbres. Marie semblait apprécier ces vues inconnues, et elle regardait tout autour d’elle en me parlant.

« Le chemin est pavé, mais il est toujours un peu cahoteux. Fais attention à ne pas trébucher, d’accord ? » Marie avait l’habitude d’agir comme une grande sœur parfois. Ça faisait chaud au cœur de le voir, mais c’était elle qui s’accrochait à moi. Marie avait regardé sa propre main tenant la mienne et avait semblé confuse pour une raison quelconque.

« Oh, je n’avais même pas remarqué que je te tenais la main. Depuis quand est-ce ainsi ? »

« Hm, c’est une question difficile. Je pense qu’il serait plus facile de se rappeler quand tu as lâché prise. »

« Je suppose que tu as raison, » avait dit Marie, et elle avait souri alors que nous continuions à marcher en cette matinée tranquille.

De petites fleurs poussaient le long de notre chemin, et j’avais considéré que c’était l’itinéraire parfait pour une belle promenade. En continuant à marcher tout au long du chemin, la fatigue de la longue route s’était pratiquement envolée.

« Ah, la vue est si belle quand il fait clair dehors. En tant qu’elfe, on m’a traitée d’étrange parce que je lisais tout le temps, mais j’aimais quand même me promener tous les matins, alors j’ai cru devenir folle quand j’ai déménagé à Alexei. »

En y repensant, elle semblait toujours de mauvaise humeur lorsque je la retrouvais là-bas. Je me souviens qu’elle disait qu’elle en avait assez que sa chambre sente le noinoi bouilli, un légume qui ressemblait beaucoup aux oignons.

***

Partie 4

« Dernièrement, nous nous sommes promenés sur le chemin près du lit de la rivière et à travers le deuxième étage. C’est aussi vraiment agréable de se promener dans des endroits comme ceux-là. » J’avais hoché la tête en signe d’accord. J’aimais explorer le monde des rêves depuis que j’étais jeune, et la marche faisait partie intégrante de mon quotidien. Le sentiment de paix que l’on ressent en regardant les plantes indigènes à chaque région et en voyant les animaux qui y vivent était quelque chose qui pouvait être apprécié par les elfes et les humains.

« Bien que, dans mon cas, ce n’est que récemment que j’ai pris conscience des charmes du Japon, » avais-je dit.

« Qu’est-ce que c’est que ça ? À t’entendre, on dirait que c’est moi qui t’ai invité ici. Héhé, tu es si étrange, » déclara Marie en riant, mais elle avait raison. Dans mes souvenirs d’avoir vu des cerisiers en fleurs un jour de semaine, d’avoir fait une excursion aux sources chaudes et d’être retournée à Aomori, Marie était toujours là. C’était comme si nous étions complètement opposés. Je menais Marie par la main dans le monde des rêves, tandis que Marie me menait par la curiosité ici au Japon. Peut-être avons-nous vu les charmes du monde de l’autre parce que nous pensions que l’herbe était plus verte de l’autre côté.

Le chemin négligemment pavé était assez cahoteux, avec de nombreuses montées et descentes, car il avait été conçu sans beaucoup aplanir la forme naturelle du sol. De ce fait, Marie s’essoufflait peu à peu et tomba dans le silence. Bien que son sang elfique fasse d’elle une bonne marcheuse, elle n’avait pas beaucoup d’endurance en tant que sorcière spirituelle.

Peut-être que ce chemin avait été fait intentionnellement comme ça. Cette pensée m’était venue lorsque nous avions atteint le sommet de la pente et que la brise marine nous avait étreints.

On entendait le bruit des vagues qui s’écrasaient, et la vaste mer emplissait notre vision. Marie avait haleté lorsqu’une rafale était passée et que les vagues s’étaient écrasées contre les rochers, l’ourlet de sa robe flottant au vent.

« C’est si joli… Le mélange complexe de différents bleus me donne l’impression de regarder une sorte de peinture. » Sa voix sonnait comme un rêve à mes oreilles.

La mer japonaise était assez agréable. Elle avait l’air majestueuse, et il y avait une grandeur qui faisait allusion à la taille de cette terre et au fait qu’il y avait des mondes encore plus grands au-delà. Nous étions restés immobiles pendant un moment, essayant de comprendre ce que nous voyions. Il y avait une telle surcharge d’informations que nous ne pouvions pas les traiter, et nous nous étions contentés de fixer les profondeurs colorées de la mer. À la fin, mon cerveau avait trouvé un mot simple : beau. Marie avait gardé son regard fixé sur la mer qui était aussi brillante que le ciel et avait parlé faiblement.

« Je suis tellement contente d’être venue. C’est vraiment une vue que tout le monde devrait voir au moins une fois dans sa vie. »

« Je pense qu’il est un peu trop tôt pour dire ça. Notre voyage ne fait que commencer, et il y a encore beaucoup à voir. » Marie s’était lentement retournée. Son expression me disait qu’elle avait tiré quelque chose de cette expérience. Elle avait replacé les cheveux qui se balançaient dans le vent et avait rapproché ses épaules nues de moi.

« Je me demande si le vent est si fort à cause du typhon. Continuons. Je veux voir ce qu’il y a d’autre. »Et finalement, la jeune elfe s’était remise à marcher.

Les chemins le long de la mer étaient l’un des points forts de Jogasaki. La magnifique mer bleue occupait la majeure partie de mon champ de vision, mais le sol était pauvre, car il se trouvait sur un plateau de lave. Pourtant, comme il y avait beaucoup de lumière du soleil, les plantes étaient sorties victorieuses de ces conditions défavorables.

Nous avions parcouru le chemin entouré de plantes, appréciant le contraste entre la verdure, les rochers et la mer ornée de pins noirs. Les vagues frappaient constamment les rochers noirs à pic, et nous nous perdions à les regarder passer du bleu marin au blanc platine.

« Les couleurs sont si jolies. C’est comme de l’aigue-marine qui fond dans l’eau. »

« J’ai entendu dire que cette pierre précieuse signifie “eau de mer”. Au fait, je crois qu’il y a une autre place devant, Marie, » avais-je dit en me retournant, puis j’avais réalisé que nous avions laissé Wridra et Shirley derrière nous. Je ne savais pas si elles gardaient leurs distances par égard pour nous ou parce qu’elles réfléchissaient à la manière d’aménager le deuxième étage.

Nous avions continué à suivre le chemin en courbe douce, et notre destination était apparue lentement. Le pont retenu par des fils était suspendu à un affleurement rocheux et soutenu par des poteaux bruns d’apparence robuste. Ici, nous pouvions voir la mer sous nos pieds en plus du paysage qui s’offrait à nous.

Il faisait cinquante mètres de haut et était sécurisé par des fils, mais il offrait une excellente vue sans que rien ne bloque le passage. Le panneau indiquait : « Pas plus de cent personnes à la fois sur le pont, » ce qui avait l’air plutôt effrayant. Je m’étais placé devant le pont pour que Marie ne puisse pas le voir. Sinon, nous aurions peut-être dû faire demi-tour.

« Ah, un pont suspendu ! Hm, ça doit valoir le coup d’œil ! » s’exclama Wridra.

« J’ai entendu dire qu’il y a eu une éruption volcanique par ici il y a 4 000 ans. On dit qu’il y a des sites étonnants de beauté naturelle. Vous devriez vous en réjouir. » Wridra devait avoir volé beaucoup plus haut auparavant, mais elle semblait étourdie par ces endroits à haute altitude pour une raison inconnue. J’avais fait un pas en avant pour que nous puissions le vérifier en personne, puis j’avais senti quelqu’un me prendre la main. Je m’étais retourné et j’avais vu que Marie était plutôt pâle.

« Qu’est-ce qui ne va pas, Marie ? »

« Tout le monde, ne baissez pas votre garde. Regardez, le pont bouge. » J’avais regardé le pont comme on me l’avait dit, et… Eh bien, je suppose qu’il était en quelque sorte en mouvement.

« C’est un pont suspendu. Un typhon est passé récemment. Quoi qu’il en soit, un peu de vent le ferait évidemment osciller dans une certaine mesure, » dit Wridra, puis rit. « Ne sois pas si lâche. » Bien que j’aie déjà abandonné à ce stade. Marie avait une peur terrible des tremblements de terre, et il était hors de question pour elle de marcher sur un sol instable.

« Nous n’avons pas le choix. Abandonnons l’idée, » avais-je dit.

« Oui, c’est une sage décision, » avait convenu Marie. « Même s’il y a la meilleure vue d’Izu, ce n’est pas la peine de se mettre en danger juste pour le voir. On peut garder les aventures pour le labyrinthe antique. »

Wridra nous avait regardés, bouche bée, sous le choc.

« Arrête-toi là ! Kitase, tu dorlotes beaucoup trop Marie. Elle n’est pas un nouveau-né ! D’ailleurs, qu’est-ce qui rend le labyrinthe antique acceptable alors que tu te détournes d’un pont suspendu ? Je ne peux même pas comprendre ton raisonnement ! » J’avais eu du mal à décider comment répondre.

« Hum, eh bien, le labyrinthe antique n’est pas vraiment dangereux. C’est plutôt un endroit pour s’amuser et faire de l’exercice. Quand des ennemis puissants se présentent, c’est une bonne forme de soulagement du stress, et… »

« Non !! Penses-tu que c’est une sorte de terrain de sport ? ! Regards, même Shirley est confuse. »

Avec cela, Wridra avait tiré Shirley plus près par son épaule, mais j’avais entendu dire que Wridra elle-même avait frappé « L’Armement Démoniaque » Kartina après avoir été influencée par un certain manga de boxe, et en plus, c’était avec ses mains nues.

Shirley n’avait pas dit un mot, mais je pouvais voir qu’elle comprenait un peu où nous voulions en venir. Entre la dégustation de pizzas, les amis gentils, le temps passé à gribouiller dans son livre de monstres, et notre petit moment d’oreiller sur les genoux, il n’y avait pas vraiment de moment où nous étions en danger.

Shirley avait tenu sans mot dire la main de Marie, puis elle l’avait levée au-dessus de sa tête. Ce geste signifiait qu’elle avait déclaré la gagnante.

« Nous avons gagné, » avais-je dit.

« Oui, » avait répondu Marie.

« Donc, nous le savons. Le labyrinthe antique est l’endroit idéal pour perdre du poids. »

« Espèce de traître ! Non, non, je veux traverser le pont ! Je ne veux pas partir après avoir fait tout ce chemin à pied sans avoir vécu la meilleure partie du voyage ! »

Je ne suis pas sûr qu’un Arkdragon devrait pleurnicher comme un enfant en public… Sans compter que les autres familles à proximité nous regardaient fixement.

Finalement, Shirley et Wridra avaient fini par traverser le pont ensemble, et nous les avions regardées prendre un tas de photos à notre place.

Après avoir attendu un certain temps, les deux femmes étaient finalement revenues.

« Ohh, c’était une vue magnifique. Une telle majesté ne peut être expérimentée qu’en personne. Je suis vraiment heureuse que nous soyons venus visiter l’est d’Izu. Il semble que cet humain et cette elfe là-bas ne comprennent pas. Bleh, » s’était vantée Wridra avant de nous tirer la langue. Elle jetait des regards en coin à Marie, et je me demandais si elle essayait de l’inciter à nous suivre.

Bien que Marie ait eu du mal avec les tremblements de terre et les hauteurs, elle était d’une nature incroyablement curieuse. Je sentais son agitation en lui tenant la main, et je pouvais dire qu’elle luttait entre sa peur et son envie de voir l’inconnu. Tout ce que je pouvais faire ici était de l’encourager un peu.

« Il n’est pas nécessaire de traverser le pont jusqu’au bout. Pourquoi ne pas essayer de jeter un coup d’œil, puis de revenir tout de suite ? »

« Oui, tu as raison. Faisons cela. J’aimerais prendre une seule photo avec la mer dans le dos. » J’étais plus qu’heureux de la prendre pour elle, bien sûr.

Marie avait tenu ma main avec une poigne bien plus forte que d’habitude, puis avait courageusement fait son premier pas en avant.

Le contraste entre la mer majestueuse à l’arrière-plan et la posture faible de Marie avait fait une belle photo. Il était assez rare de voir une photo de Mme Elf aux yeux pleins de larmes faisant un signe de paix, je devais donc remercier Wridra plus tard.

Tout le monde commençait à avoir faim après toute cette excitation. Nous avions donc décidé de prendre une boîte à lunch pour pouvoir regarder la mer pendant notre repas.

Le soleil s’était levé, et l’autoroute Higashiizu devenait assez encombrée. Mais cela ne nous dérangeait pas, et notre voiture était restée immobile. Après tout, nous avions une vue sur l’océan Pacifique depuis notre voiture garée, ce qui en faisait l’endroit idéal pour déjeuner.

Tout ce que l’on pouvait voir par la fenêtre était une courte haie. Il y avait une falaise abrupte et arquée dans la direction à laquelle la voiture faisait face, et une fois que nous avions ouvert les fenêtres et coupé le moteur, nous pouvions entendre les vagues au loin. Je m’étais retourné et j’avais demandé aux filles ce qu’elles pensaient de cet endroit, et toutes les trois avaient hoché la tête.

« C’est parfait ! C’est lumineux, la vue est jolie, et on a l’impression d’avoir l’océan pour nous toutes seules ! » Marie tapait du pied avec bonheur. Il y avait un peu de vent, mais notre repas aurait sans doute meilleur goût avec la mer devant nous.

« Ah, quelle vue magnifique ! Déjeuner avec une vue sur l’océan Pacifique est un vrai luxe. »

« Oui, je suis content qu’on ait trouvé un si bel endroit. Peux-tu prendre ce sac là-bas ? La nourriture est dedans. Il n’y a que trois boîtes à lunch, alors ça ne me dérange pas de partager avec Shirley. » Et par « partager », je voulais dire que je mangerais le repas pendant qu’elle me hanterait. Shirley avait regardé la nourriture avec envie, et elle avait hoché la tête joyeusement en entendant ma suggestion.

***

Partie 5

À en juger par son regard, il semblait qu’elle n’était pas contre l’idée de me hanter. Son corps était devenu semi-transparent, alors j’avais supposé que c’était parce qu’elle se préparait. Elle s’était agrippée à mes épaules, puis je l’avais sentie entrer en moi quand j’avais cru entendre quelqu’un dire « Pardon. » Je ne savais pas si son cœur battait la chamade à cause de l’excitation de la vue ou de l’attente du repas.

« Celui-ci est pour Marie, et le grand est pour Wridra. » J’avais tendu les repas à chacune d’elles, et elles avaient souri et m’avaient remercié. La vue magnifique des cheveux blancs de l’elfe et des cheveux noirs de la dragonne flottant dans le vent avec la mer dans le dos m’avait fait penser que je rêvais. Eh bien, elles venaient littéralement d’un monde de rêve.

Il était à peu près midi, et le soleil était haut dans le ciel de l’est. La voiture était lumineuse grâce aux reflets du soleil sur l’eau, et Marie avait défait avec plaisir les emballages bleu ciel de sa boîte à lunch.

« Je suis affamée. C’est peut-être parce que j’ai eu cette expérience terrifiante sur le pont. »

« Tu n’en as traversé qu’une petite partie. Et quand tu as enfin réussi à parler, tu as à peine dit que tu voulais rentrer, » avait fait remarquer Wridra.

« Hé ! Tu n’auras rien de ce que nous avons fait si tu dis des choses comme ça. C’est dommage, c’est ce que nous avons fait de mieux après avoir passé tant de temps à les préparer, » déclara Marie, les sourcils froncés, mais Wridra serra la boîte à lunch sur la défensive.

« Je ne le rendrai pas ! »

Il est vrai que nous avions passé beaucoup de temps sur eux. En fait, il avait fallu environ deux heures de travail. C’était probablement… non, certainement le plus de temps que j’avais passé à cuisiner pour quoi que ce soit. La raison pour laquelle cela avait pris si longtemps était…

Wridra s’était figée en défaisant l’emballage de la boîte à lunch. Elle y avait trouvé un adorable personnage qui lui souriait en réponse. Elle avait cligné des yeux plusieurs fois, puis elle avait ouvert la bouche en grand.

« Aha ha ha ! La ressemblance est troublante ! »

« Oh mon dieu, c’est trop mignon ! !! »

Je pouvais comprendre leurs réactions de se rouler par terre en riant et en se tortillant. Nos déjeuners étaient des bentos de personnages, qui étaient littéralement des boîtes à lunch arrangées pour ressembler à des personnages célèbres.

Les boules de riz elliptiques avaient utilisé des algues pour former des yeux et des bouches, et elles nous avaient accueillis avec les deux mains levées en signe de célébration. Le motif original était populaire auprès des enfants et des adultes, et c’était la raison principale pour laquelle Marie au départ avait pris un tel goût pour l’anime.

Les personnages avaient des visages adorables avec des boulettes de viande et des œufs de caille pour yeux. Les décorations colorées composées de laitue, d’omelettes roulées et de mini tomates avaient fait naître sur le visage de Marie un sourire adorable.

« Ohh, je n’arrive pas à y croire ! Comment des bentos aussi adorables peuvent-ils exister ! ? Oh, des photos, des photos ! Prends une photo pour moi, vite ! »

Whoa, elle est vraiment excitée.

Je ne pouvais pas lui en vouloir, étant donné qu’elle venait de voir l’une de ses choses préférées dans un lieu de détente parfait après avoir passé tout ce temps à préparer ces déjeuners. J’avais donc sorti mon smartphone et l’avais pointé sur Marie qui souriait avec la boîte à lunch à la main. Wridra avait également rapproché son visage et avait affiché un sourire tout comme le personnage principal, et j’avais pris une photo.

Hmm, cette photo est parfaite. Je la garde pour toujours.

« Eh bien, mangeons. Ça a l’air délicieux ! »

« … »

Mais Marie s’était figée sur place. Elle avait fixé le personnage devant elle, ses baguettes à la main, puis avait jeté plusieurs fois un coup d’œil au reste d’entre nous, et son expression était devenue de plus en plus triste. On aurait dit que des larmes allaient couler de ses yeux d’une minute à l’autre.

Pour une raison quelconque, son sourire joyeux s’était effondré d’un seul coup. Wridra et moi avions regardé Marie.

« Je ne suis pas une enfant. Ce n’est pas comme si… Je ne peux pas le manger… » C’était comme si elle essayait de nous trouver des excuses. Je m’y attendais un peu, mais elle s’était attachée émotionnellement à ce personnage mignon.

Wridra et moi avions échangé des regards. Apparemment, c’était mon rôle d’intervenir dans ces moments-là, car l’Arkdragon avait levé un sourcil vers moi. Le geste signifiait probablement quelque chose comme, « Bonne chance, » ou « Occupe-toi de ça ». Bien sûr, je ne pouvais pas lui faire manger son personnage préféré. Mais je n’avais pas besoin de la convaincre avec mes propres mots. Puisque c’était un personnage qu’elle aimait, tout ce que j’avais à faire était de le laisser lui parler.

« Marie, la meilleure partie des bentos à personnage est d’apprécier leur mignonnerie et de s’amuser à les manger. Si tu ne le fais pas, tu risques de le rendre triste. » J’avais pris une paire de baguettes et j’avais légèrement déplacé les pupilles du personnage.

Il regardait maintenant Marie, comme pour dire : « Ne vas-tu pas me manger ? » Marie et le personnage s’étaient regardés et j’avais vu ses yeux violets s’illuminer.

« A-t-il dit quelque chose ? »

« … Il me demande pourquoi je ne le mange pas, même s’il est délicieux. Ce n’est pas juste. Comment peut-il vouloir que je le mange alors qu’il est si adorable ? Ne sait-il pas ce que je ressens ? » Elle avait froncé les lèvres en prenant ses baguettes. Puis, elle avait montré ses dents blanches pour correspondre à l’expression du personnage.

« Oh, très bien. Alors, allons-y. » Wridra m’avait jeté un regard approbateur, puis nous avions tous dit notre salutation habituelle d’avant repas : « Itadakimasu. »

Et ainsi, notre déjeuner avec vue sur l’océan Pacifique avait commencé. L’attraction principale était le personnage au physique particulier. Il était enveloppé dans des algues comme une boule de riz, et il y avait quelques surprises amusantes à l’intérieur une fois ouvert.

« Hm !? Il y a de la mayonnaise au thon là-dedans ! Tout à fait admirable de ta part de connaître mon plat préféré ! »

« Oui, nous avons secrètement mis les choses que tu aimes. Kazuhiro -san a fait le mien, donc je ne suis pas sûre de ce qu’il y a là-dedans… Oh, un steak haché avec du fromage ! » Oui, les personnages avaient un rôle important. Ils devaient répandre le bonheur et satisfaire les papilles de chacun en contenant en leur sein leurs plats préférés. La joie s’était allumée dans les yeux de Marie et de Wridra pendant qu’elles mangeaient.

Quant à moi, mon sens du goût était émoussé à cause de Shirley qui me hantait. Bien que ce soit insipide et inodore, je pouvais sentir ses émotions lorsqu’elle appréciait la nourriture, c’était donc très satisfaisant pour moi.

Je ne pouvais pas vraiment la voir, mais l’idée qu’elle se tortille béatement à chaque bouchée me rendait plutôt heureux. C’était une partie de la raison pour laquelle je faisais tant d’efforts en cuisine.

« Mmm, je l’adore ! On se sent encore mieux que d’habitude avec cette vue. » Le ciel bleu et la mer bleue. On pouvait voir l’île d’Izu Oshima à l’horizon. C’était un déjeuner animé avec des résidents d’un monde fantastique et des personnages d’anime se réunissant. Le soleil d’été était assez fort, mais le vent passant à travers les fenêtres de la voiture rendait la chaleur plus gérable.

« Oh, prenons du thé. Je crois que le thé Uva est un peu similaire aux feuilles de thé d’Arilai. » La méduse que Marie avait invoquée plus tôt avait ajouté de la glace dans nos gobelets en papier. Les feuilles de thé qui sortaient de la théière sentaient comme des roses douces et parfumées. Ce qu’il y a de bien avec le thé uva, c’est que l’on peut apprécier le parfum aussi bien que la saveur.

« Oh, ça sent beaucoup comme ce que l’on trouve à Arilai ! Jm, c’est agréable et rafraîchissant quand c’est frais comme ça. »

« Grâce à vous deux, j’ai également appris à apprécier le thé. Cela semble assez dépravé pour un dragon de savourer de telles indulgences. »

C’est bizarre. N’est-ce pas le même dragon qui s’est gavé de bière et d’un bol de katsu le jour de notre rencontre ?

Ils semblaient se souvenir de la lointaine terre d’Arilai en sentant le thé. Apparemment, ils avaient pris goût à cet endroit après y avoir accumulé tant de souvenirs amusants.

« Alors, on va finalement aller au parc Banana Wani après ça ? »

« Bien sûr. C’est tout près, donc on devrait y arriver en un rien de temps, même s’il y a un peu de trafic. Il y a beaucoup de plantes et d’animaux, donc je suis sûr que Shirley s’amusera aussi. » Je sentais son cœur battre à l’intérieur de moi. Son excitation enfantine me chatouillait un peu, et je me tortillais légèrement à cause de cette sensation.

J’avais pris quelques photos supplémentaires pendant que les filles mangeaient, et après avoir pris quelques photos de leurs sourires heureux et de leurs signes de paix, nos boîtes à bento étaient vite devenues vides. Après avoir terminé notre repas, nous étions montés dans la voiture et j’avais commencé à rouler lentement. Je n’avais pas été capable de goûter la nourriture, mais c’était un merveilleux déjeuner.

§

Le trafic s’était considérablement calmé lorsque nous avions pris les routes secondaires qui s’éloignaient de la côte. Le paysage était remplacé par des montagnes, et c’était un peu terne sans vue sur la mer. Marie regardait par la fenêtre alors que nous roulions sur une pente, et elle avait soudainement élevé la voix en signe de surprise. Une structure en forme de dôme qui ressemblait à un jardin botanique était apparue. J’avais allumé mes clignotants et garé la voiture.

J’avais considéré combien les attractions touristiques japonaises avaient tendance à être étranges. Le bâtiment du parc Banana Wani ressemblait tout simplement à un centre communautaire, et je m’étais demandé un instant si nous étions vraiment au bon endroit. Le parking ne présentait aucun autre signe distinctif que les quelques plantes tropicales qui y poussaient, il était donc naturel de se poser la question. Je m’étais murmuré à moi-même en sortant de la voiture, puis j’avais remarqué que Marie agitait son index d’un côté à l’autre pour une raison inconnue.

« Tu vis au Japon depuis vingt-cinq ans et tu ne comprends toujours pas ? »

« Qu’est-ce que tu veux dire ? » Je ne savais pas pourquoi elle me demandait ça. Alors que j’essayais de comprendre, Marie s’était alignée à côté de moi. Elle m’avait regardé d’un air suffisant.

« Les attractions touristiques japonaises vous trompent d’abord par leur apparence. Vous baissez votre garde, puis ils vous rattrapent par l’écart entre vos attentes et la réalité. » Elle avait fait un geste pour manger avec ses mains, et j’avais eu peur que Marie soit un peu trop indulgente pour tout ce qui concerne le Japon. J’espérais qu’elle ne serait pas déçue.

***

Partie 6

Alors que je réfléchissais à cette question, j’avais remarqué que la main de Marie se baladait dans l’air, comme si elle cherchait quelque chose. Elle m’avait dit qu’elle ne le remarquait pas quand elle me tenait la main, mais il semblerait que sa main cherchait vraiment la mienne inconsciemment. Nos mains s’étaient rencontrées comme si c’était la chose la plus naturelle du monde, et ses doigts fins s’étaient enroulés autour des miens. Il semblerait qu’elle n’ait même pas remarqué, et elle avait levé les yeux vers moi et avait incliné la tête comme pour demander, « Qu’est-ce qu’il y a ? »

« Oh, non, ce n’est rien. Je l’accueille de tout cœur. »

« Mais de quoi parles-tu ? De toute façon, ce serait terrible s’il y avait trop de monde ou s’ils n’avaient plus de billets. Nous devrions nous dépêcher, à moins que tu ne veuilles pleurer jusqu’à t’endormir ce soir. »

Whoa, elle a l’air sérieuse.

Marie avait appelé les autres à se dépêcher lorsqu’elles étaient sorties de la voiture, et je pouvais voir qu’elle était impatiente d’y aller. Maintenant que j’y pense, c’était la principale destination de Marie pour le voyage.

Wridra m’avait lancé un regard étrange qui semblait vouloir dire : « Que se passe-t-il avec Marie ? » mais je n’avais pas pu répondre, car j’étais mené par la main.

Au milieu de l’atmosphère animée, nous étions entrés dans le bâtiment intitulé « Parc Atagawa Banana Wani. »

Le bâtiment était assez… confortable. Si ce n’était pas pour Marie, je doute que je l’aurais choisi comme destination touristique. L’ancien moi n’aurait même pas quitté ma chambre pendant la semaine d’Obon, pour commencer. Cela dit, j’avais l’impression étrange d’être venu dans un endroit étranger comme celui-ci, et l’idée que quelque chose de nouveau m’attendait faisait battre mon cœur d’impatience. J’avais presque l’impression de voyager dans le monde des rêves.

« Wow… »

Le ciel bleu brillait à travers la serre en forme de dôme, apportant une grande partie de la lumière du soleil d’été. Mais cela signifiait que la chaleur saisonnière était encore pire qu’à l’extérieur, et je regrettais d’être venu ici en plein été.

« Si chauuuuuuddd ! » Mais pour une raison inconnue, Marie était tout sourire.

Elle s’éventait le visage dans la chaleur de midi, mais son sourire était tout aussi éclatant que la lumière du soleil. Ce n’était pas étonnant, elle était ici dans le parc Banana Wani, l’installation qu’elle attendait tellement qu’elle apparaissait dans ses rêves… Bien qu’elle ne rêvait pas vraiment, étant donné que nous ne faisions que voyager entre les mondes lorsque nous nous endormions.

Il y avait beaucoup de couples et de familles avec des enfants parmi les autres clients. Ils étaient tous habillés légèrement avec des manches courtes, et ils transpiraient abondamment tout en se plaignant de la chaleur comme nous. Il semblerait qu’ils profitaient tous de leur temps libre pendant les vacances d’Obon. Maintenant que j’y pense, le calendrier Obon d’Izu était différent des autres. Il allait de fin juillet à début août, si je me souviens bien. Donc, les gens qui profitaient de leurs vacances étaient pour la plupart des gens qui avaient Obon aux alentours du 15 août.

Bien sûr, cette installation n’était pas seulement chaude. Il y avait des plantes qui ressemblaient à des palmiers tropicaux partout, et les rochers brun pâle qui décoraient l’endroit lui donnaient une atmosphère de type attraction touristique. L’odeur aquatique dans l’air me donnait l’impression de voyager dans un lointain monde tropical.

« Cet endroit a une sorte d’atmosphère décontractée, n’est-ce pas ? Je me demande si ce n’est pas à cause de ce personnage à l’air stupide, » avais-je dit en désignant la peluche de mascotte à l’entrée. Cet alligator bipède à l’allure ridicule et aux vêtements amples avait quelque chose d’humoristique. Mais Marie en avait profité pour se moquer de moi et m’avait donné un petit coup sur la poitrine avec son épaule nue.

« Oh, regardez qui est le premier à parler. Tu es la mascotte décontractée de l’équipe Améthyste, tu sais. C’est facile à le dire rien qu’avec ton nom, Kazuhiho. » Je n’avais pas réalisé que même mon nom avait l’air décontracté. Bien que j’avais l’impression que Marie était plus décontractée que moi ces derniers temps.

En tout cas, il semblerait que cela ne la dérangeait pas de transpirer autant dans l’environnement tropical. En fait, elle affirmait que sentir la sueur sur sa peau faisait partie de l’expérience et ajoutait à l’ambiance. J’avais plus ou moins compris ce qu’elle voulait dire, peut-être parce que j’avais ressenti un sentiment de nostalgie qui m’avait rappelé l’ère Showa. J’avais entendu dire que c’était un endroit que les adultes pouvaient aussi apprécier, probablement à cause de l’atmosphère familière qui ramenait l’enfant en lui.

Peut-être que « de bon goût » était une façon appropriée de le dire. Plutôt que d’être simplement immaculé, l’atmosphère distincte de l’ère Showa lui donnait un sens de l’histoire. Nous avions fait le tour du parc pendant que je réfléchissais à tout cela, puis j’avais senti quelqu’un me serrer la main. Je m’étais retourné et j’avais vu Marie qui me regardait comme si elle ne pouvait plus attendre.

« Allez, viens ! Allons voir les alligators ! »

« Ha ha, bien sûr. Allons trouver les effrayants alligators qui en ont après une certaine elfe. » Lorsque j’avais fait un geste de morsure avec ma main ouverte, Marie avait haussé la tête comme si cela la chatouillait et avait montré ses dents blanches avec un grand sourire. Elle était vraiment la plus mignonne quand elle souriait.

« Oh, comme c’est effrayant. Mais ils pourraient préférer les humains endormis aux elfes. Après tout, ils seraient faciles à attraper et à dévorer. » Elle n’avait pas tout à fait tort. Je veux dire, je me faisais attraper par des monstres tout le temps.

Je m’étais retourné en me laissant guider par ma main, et j’avais vu que Wridra et Shirley nous suivaient en regardant autour d’elles avec curiosité. Elles ne semblaient pas comprendre quel genre d’endroit c’était, mais il serait plus rapide de leur montrer plutôt que de leur expliquer. Et donc, j’avais continué à marcher avec Marie qui me guidait vers l’avant. J’avais senti un sourire s’esquisser à cause de toute l’exubérance que je pouvais sentir dans sa main.

Les vedettes du spectacle, les alligators, nous regardaient au-delà de la clôture brune. Les yeux violets clairs de Marie s’étaient illuminés d’excitation lorsqu’elle avait vu les créatures aux grandes écailles déchiquetées, de la couleur des rochers, sur la rive, la bouche entrouverte.

Elle m’avait fait signe de m’approcher, puis s’était mise sur la pointe des pieds pour me chuchoter quelque chose à l’oreille. Elle avait mis une main autour de mon oreille et avait dit, « Monstre ! » tout bas dans mon oreille. J’avais dû corriger son erreur avant qu’elle ne transforme mon visage en un sourire béat.

« Ce ne sont pas des monstres. Ce sont des animaux qui vivent dans les tropiques. »

« Oh, tu dois avoir raison. Ils nous auraient déjà attaqués si c’était des monstres. » Elle avait peut-être été un peu troublée par ce qu’elle avait vu. Les animaux étaient allongés, complètement immobiles, au soleil. Ils semblaient prendre un bain de soleil, chacun d’entre eux se reposant paisiblement à son endroit préféré, près des rochers ou de l’eau.

Ils semblaient assez puissants, avec leur dos hérissé et leurs mâchoires massives. Mais ils étaient bien plus immobiles que ce à quoi nous nous attendions, et j’avais l’impression que nous regardions des statues de pierre élaborées. Marie s’était accroupie près de la clôture, ses genoux dépassant de sa robe blanche.

« Voilà ce qui arrive quand on enlève l’homme d’un homme-lézard. »

« Hm, ils se ressemblent vraiment. C’est peut-être à cela qu’ils ressembleraient s’ils décidaient de ne plus marcher sur deux pieds, » dit Wridra en s’approchant par derrière, puis en posant sa main sur l’épaule de Marie et en regardant par-dessus. J’avais été surpris de voir à quel point ils étaient immobiles. Certains d’entre eux dormaient avec la bouche grande ouverte, ce qui faisait ricaner Marie.

« Les alligators et les crocodiles sont surtout nocturnes. C’est pourquoi ils se prélassent au soleil comme ça pendant la journée, » avais-je expliqué, et Wridra et Marie m’avaient regardé, impressionnées.

« Ils sont encore plus semblables que je ne le pensais. Je les ai fait travailler sous mes ordres depuis un certain temps maintenant, mais il n’y a pas eu d’intrus ces derniers temps, et ils sont un peu trop grossiers pour s’occuper de mes enfants. Comme ils ont moins de travail, ils passent la plupart de leur temps à dormir comme ça. »

« C’était de si gentils hommes-lézards. Je me souviens qu’ils m’ont appris à parler leur langue. En y repensant, ils m’ont aussi montré où se trouve ton lieu de sommeil. »

« Oui, ils ne sont pas très intelligents, donc donner des conseils et nettoyer sont à peu près tout ce qu’ils peuvent faire. Cependant, ils sont assez utiles pour les tâches simples… Hm. » Wridra avait semblé réaliser quelque chose et s’était tournée vers Shirley à côté d’elle. Shirley semblait curieuse de cette créature inconnue, et elle fixait ses yeux bleu ciel à travers la clôture.

« Shirley, ça ne me dérangerait pas de laisser les hommes-lézards travailler sous tes ordres. Tu dois penser à agrandir le deuxième étage bientôt. Ce serait beaucoup mieux que de les laisser s’ennuyer. » Marie et moi avions cligné des yeux. Nous ne nous attendions pas à ce que Wridra parle d’agrandir le deuxième étage, et nous étions même surprises que ce soit possible, vu qu’il était déjà aussi spacieux que le Dome de Tokyo. Shirley avait souri.

« Attends, es-tu sérieuse ? Cet endroit va-t-il devenir encore plus grand ? »

« Qu’est-ce qui te surprend ? Ne te souviens-tu pas du nombre de monstres qui ont été ajoutés au livre de Shirley au troisième étage ? Il est tout à fait logique que nous devions agrandir l’espace pour la circulation des âmes. » Je n’y avais jamais pensé de cette façon. Nous avions écouté ses explications sur le deuxième étage en nous promenant dans le parc. Les petits alligators que nous avions vus à travers le bassin avaient des expressions amusantes, un peu nihilistes, sur leur visage. Un alligator avait fixé Marie pendant un moment, puis avait fait une bulle avec sa bouche.

« Si tu agrandis l’endroit, il doit être difficile de le gérer. J’aimerais m’amuser davantage avec Shirley et continuer à faire des raids avec elle, si possible. »

En entendant cela, un large sourire s’était répandu sur le visage de Shirley. Son sourire était si authentique que je pouvais ressentir ses émotions, même sans l’aide de mots. Étrangement, je m’étais demandé si les mots étaient vraiment nécessaires.

« À ce propos… Il y a beaucoup de monstres très intelligents qui servent également Shirley. Ce “Armement Démoniaque” Kartina est l’un d’entre eux, et il y aura beaucoup moins de travail pour Shirley avec l’aide supplémentaire de mes hommes-lézards. »

« Hein, je n’avais pas réalisé que Kartina était considérée comme un monstre. Je ne pouvais pas vraiment dire si l’Armement Démoniaque était un équipement ou un monstre. Mais je suppose que si elle est stockée dans le livre des monstres, ça explique tout. » Wridra avait souri comme si elle était d’accord.

Cela signifiait que le deuxième étage allait devenir encore plus animé. Les graines de citrouille que nous avions semées ne germeraient pas avant un certain temps, mais nous pourrions peut-être demander aux monstres de s’occuper de la culture des légumes. J’avais regardé la clôture en pensant à cela, puis j’avais poussé un cri de surprise. Une créature d’environ quatre mètres de long flottait dans l’eau. Il va sans dire que Marie avait également réagi à son apparition.

« Wow ! Si grand ! Regarde, Kazuhiro-san, celui-là pourrait probablement t’avaler en entier. » Et elle avait fait des mouvements de griffes sur mon épaule. Ça chatouillait, mais au moins je n’étais pas en train de me faire manger.

« Attends, pourquoi veux-tu tant que je sois englouti ? Mais bon sang, ce truc est aussi gros qu’une voiture. » Les animaux massifs avaient quelque chose de fascinant. Bien qu’il se déplaçait plutôt lentement, il y avait un sentiment de présence massif, car il avait vécu pendant tant d’années.

***

Partie 7

À en juger par le fait qu’il était dans une cage tout seul, peut-être était-il trop agressif pour se mêler aux autres. C’était des carnivores après tout, donc cela pourrait être un moyen de les empêcher de se battre entre eux. La membrane oculaire du crocodile s’était ouverte lorsqu’il était sorti de l’eau, et son comportement avait changé lorsque ses yeux dorés et reptiliens s’étaient tournés vers nous. La créature avait éclaboussé tout en nageant jusqu’à la clôture.

Il avait appuyé ses énormes pattes avant sur le rebord et avait poussé avec force contre celui-ci. La barrière avait grincé contre les écailles du crocodile, et les spectateurs autour de nous avaient applaudi à l’intensité du mouvement. Le parc rempli de créatures nocturnes était plutôt calme, mais les animaux qui s’y trouvaient devenaient féroces dès qu’ils commençaient à bouger.

« Hah, hah, quelle magnifique femelle. Je vois, je vois. Tu as eu beaucoup d’enfants ici, n’est-ce pas ? » Seule Wridra n’avait pas été impressionnée, et elle avait simplement souri au reptile. En tant qu’amie des hommes-lézards, l’Arkdragon semblait être capable de communiquer même avec les grands crocodiles estuariens. Ils se fixèrent l’un l’autre pendant un certain temps. Puis, apparemment satisfait, le crocodile ferma les yeux, puis s’éloigna lentement à la nage.

Le parc était redevenu calme, comme si rien ne s’était passé, et Wridra avait marmonné.

« J’avais supposé qu’ils méprisaient le fait d’être en cage ici, mais il semblerait que l’un d’eux ne s’en soucie pas trop. Elle dit qu’elle a apprécié son temps libre ici. Et apparemment, la nourriture est assez bonne. » Je ne m’attendais vraiment pas à ce qu’elle soit capable de communiquer aussi bien avec ces reptiles. Mais vu qu’elle était un Arkdragon, il n’y avait probablement pas beaucoup de choses qu’elle ne pouvait pas faire. Juste à ce moment-là, je m’étais souvenu de quelque chose.

« Oh ouais, j’ai entendu dire que tu as mis Kartina à terre en un coup de poing. J’aurais aimé être là pour voir ça. »

« Aha, c’était une sacrée bataille. Mon coup signature, la Gauche fantomatique, a été le facteur décisif. J’ai maintenant aussi un intérêt pour les arts martiaux japonais, donc je peux te l’enseigner un jour si tu le souhaites. »

Euh, non merci.

Pourquoi diable voudrais-je apprendre la boxe dans un monde imaginaire ? J’avais fait une grimace qui signifiait que j’étais manifestement contre cette idée, mais Wridra n’y avait pas prêté attention. Ses yeux étaient pleins d’excitation alors qu’elle lançait des coups droits rapides comme l’éclair. Je voulais l’avertir que les pères qui nous entouraient allaient dévisager ses seins si elle continuait à donner des coups de poing dans son débardeur comme ça.

« Je te ferais savoir que je suis un professeur assez strict. Mais si tu peux supporter mon entraînement, tu peux devenir le plus grand du monde. »

« Alors je vais devoir refuser. Ha ha, je puerais probablement la sueur si je me mettais à la boxe de toute façon. » Un poing s’était enfoncé dans mon estomac.

Je vois, Kartina a dû crier « Guh ! » et s’écrouler au sol juste comme ça. Il aurait été impossible de gagner contre ça. J’aurais probablement été encore plus mal en point si Wridra avait décidé de me frapper avec sa soi-disant « Gauche fantomatique ». « Ah ! » Ma petite amie Marie était complètement absorbée par le crocodile et n’avait même pas remarqué que j’étais recroquevillé sur le sol.

Nous nous étions arrêtés dans notre élan dès que nous étions entrés dans la serre. C’était dû à la lumière du soleil qui nous éclairait à travers la vitre et à l’humidité qui était encore plus élevée que dans le parc des crocodiles et des alligators où nous venions de nous rendre.

« Wow, c’est exactement comme notre bain à la maison ! » avait dit Marie, en se tournant de face pour nous faire face. Son expression était joyeuse malgré la situation, et ses yeux violets clairs étaient plus colorés que les fleurs d’hibiscus autour de nous. Wridra avait levé les yeux vers les plantes aux feuilles pliées avec une étincelle dans les yeux.

« Hum, ce sont les plantes qui poussent dans les forêts tropicales. Elles ont des formes si particulières et flexibles. Je ne pensais pas qu’on pouvait cueillir des plantes pour les utiliser dans une entreprise comme celle-ci. »

Des perles de sueur s’étaient formées sur leur cou à cause de l’humidité. Mais leur curiosité piquée par ce spectacle intéressant semblait avoir la priorité, et elles se contentaient de tripoter les plantes décoratives sans se soucier de la chaleur. Les yeux bleu ciel de Shirley pétillaient également d’étonnement, sa bouche étant à moitié ouverte. Sa tête se balançait de gauche à droite comme si elle dansait, et elle était complètement hypnotisée par les rangées de diverses plantes inhabituelles ici.

« Shirley, si ça t’intéresse, pourquoi ne pas faire un jardin botanique ? Je suis sûr que tu pourrais aussi faire une serre avec l’aide de Wridra, » avais-je murmuré, et ses yeux s’étaient éclairés encore plus. La verdure du deuxième étage était magnifique, et je me sentais en paix rien qu’en la regardant. Elle avait dû imaginer l’ajout de petits sentiers avec de jolies fleurs plantées de chaque côté, et une serre remplie de plantes rares et étrangères. J’avais entendu Wridra parler d’expansion plus tôt, mais j’étais sûr qu’ils pouvaient aussi travailler sur d’autres types de développement.

Submergée par l’émotion, Shirley avait exprimé sa joie en tapant des pieds sur place. C’était rare de voir Shirley aussi excitée. En y réfléchissant, elle existait depuis très, très longtemps. Ayant continué à protéger sa forêt pendant tout ce temps, cela devait être une sensation incroyable de découvrir des plantes qu’elle n’avait jamais vues auparavant.

« Puisque nous sommes ici, tu devrais les regarder à ta guise. Mais certains d’entre eux sont intéressants à toucher. Regards, comme celle-là. » J’avais attiré leur attention sur une plante qui semblait être une sorte de fougère. Je m’étais accroupi devant la plante, puis je leur avais fait signe de la toucher. Marie avait tendu son doigt avec précaution, puis…

« Wow ! C’est fermé ! Qu’est-ce que c’est ? »

« Hm, quelle plante curieuse ! Elle ferme ses feuilles au toucher. »

J’avais également touché les feuilles, qui s’étaient refermées en réponse. C’était un peu chatouilleux au toucher, et cela m’avait rappelé mon enfance. J’avais jeté un coup d’œil aux filles qui regardaient avec étonnement et j’avais désigné un panneau à proximité.

« Ils sont appelés Mimosa pudica. On dit qu’ils rétrécissent leurs feuilles pour que les animaux ne les mangent pas. » Ce n’était qu’une théorie commune, mais elle semblait être efficace, vu qu’on en trouve partout dans le monde.

« Mon Dieu, quelle plante intelligente ! Ça leur donne l’air flétri et peu appétissant. Il y a des plantes qui vous attaquent dans l’autre monde, alors celles-ci sont tout le contraire. »

« Oh, ceux-là. Je ne sais pas combien de fois j’ai été dissous par elles. Elles sont étonnamment fortes. » Il était difficile de les distinguer des autres plantes, alors je devais généralement les combattre avec mon pied pris dans leurs lianes. Elles étaient le parfait contrepoids pour un combattant mobile comme moi. Nous nous étions tous remémoré le passé et avions ri ensemble.

Voir quelque chose pour la première fois était toujours une expérience curieuse. Je m’amusais aussi à voir des plantes que l’on ne trouve que dans les climats tropicaux. On disait qu’il y avait plus de cinq mille espèces de ces plantes, et la fille elfe, le dragon et le fantôme regardaient tous avec un émerveillement d’enfant.

Le nénuphar, un type de fleur qui ressemblait aux yeux de Marie, en faisait partie. Les pétales ouverts avaient une couleur violette qui devenait plus foncée vers l’extrémité et donnait envie de se rapprocher pour mieux voir. Ils avaient une sorte de parfum doux et propre qui me chatouillait le nez. Il y avait d’autres plantes flottant dans l’étang, comme la Victoria amazonica, connue comme la reine des nénuphars et qui pouvait même soutenir des petits enfants.

Au début, je pensais que le parc Banana Wani était quelque peu banal, mais je m’étais rendu compte que c’était un endroit où je pouvais découvrir de nouvelles choses partout où je regardais. C’était un sentiment étrange, et je n’avais pu m’empêcher d’exprimer ce que je ressentais.

« Ils ont fait un si bon travail pour rendre cet endroit divertissant malgré son bâtiment sans prétention. »

« Oh, je vois que tu as enfin compris. Les attractions touristiques japonaises ne sont jamais ce qu’elles semblent être à l’extérieur. C’est pourquoi tu…, » Marie s’était interrompu. Elle avait été distraite par la grande créature ronde qui dérivait au-delà du panneau acrylique au milieu du Jardin botanique. L’animal aux yeux de perles, connu sous le nom de sirène des amazones, flottait sereinement dans l’eau. C’était le seul endroit au Japon où l’on pouvait voir le lamantin d’Amazonie.

« Wooow… » Il s’était d’abord détourné de nous, mais dès qu’il avait remarqué Marie, il avait soufflé quelques bulles et s’était retourné. Il avait alors bougé ses courtes nageoires et avait pointé son museau bouffi, semblable à celui d’un cochon, vers elle.

C’était un spectacle étrange, de voir un lamantin et une elfe se rencontrer pour la première fois. Ils étaient chacun dans leur propre monde de bleus vifs et de verts verdoyants. D’une certaine manière, je sentais qu’il y avait une qualité fantastique à la scène.

Marie avait posé sa main pâle et fine sur le panneau acrylique, et le lamantin avait appuyé son nez sur l’autre côté. Cette image du parc Banana Wani était restée gravée dans mon esprit. C’était ça, créer des souvenirs en voyage.

Voir ces deux êtres merveilleux se rencontrer était étrangement touchant. J’avais pris une photo pour immortaliser ce moment, et j’étais sûr que Marie, le visage rose, l’apprécierait. J’avais décidé de la lui montrer à notre retour de voyage.

 

 

Le ciel était dégagé au-dessus du toit-terrasse, avec une vue qui valait complètement le voyage jusqu’à la montagne. Les montagnes nous entouraient des deux côtés, et devant nous se trouvait une mer d’un bleu cobalt. C’était un spectacle estival et coloré, et nous pouvions même voir l’île Izu Oshima au loin.

La crème glacée jaune vif était quelque peu inhabituelle. Elle était faite avec le thème du parc, les bananes. Marie m’avait jeté un regard curieux quand elle en avait vu une pour la première fois.

Les filles s’étaient appuyées contre la balustrade et avaient commencé à grignoter leur crème glacée. La crème glacée aérienne avait fondu sur leurs langues, laissant une douceur naturelle lorsqu’elle passait dans leurs gorges. Cette friandise glacée était parfaite pour se rafraîchir après avoir traîné dans la serre, et elle laissait un arrière-goût sucré, tropical, au goût de banane.

« Mmm, si froid et si savoureux ! »

« Mmf, je peux goûter la banane dans la douceur ! »

Leurs corps l’avaient interprété comme une nourriture nécessaire, il ne leur restait donc plus qu’à en profiter au maximum. Elles avaient admiré la zone de loisirs environnante, remplie d’hôtels, tout en continuant à déguster le délicieux dessert. Je m’amusais à les regarder s’amuser.

Marie avait étiré ses membres, puis avait poussé un soupir de satisfaction.

« La mer magnifique, toute cette nature autour de nous… Je suis si heureuse que nous soyons venus à Izu. »

« C’est tout à fait injuste. Le Japon est tout simplement imbattable en matière de saveur. Je ne peux m’empêcher de me sentir heureuse d’être ici chaque fois que je mange quelque chose de délicieux. »

Malgré sa pseudo-complainte, Wridra souriait joyeusement, complètement hypnotisée par son dessert. Shirley hocha la tête avec une expression rêveuse, peut-être parce qu’elle avait tellement aimé la serre, ou parce qu’elle venait de goûter une glace pour la première fois. Elle n’avait pas fait attention à ses cheveux blonds qui flottaient dans le vent et elle avait simplement apprécié la saveur et la vue. En les regardant, j’avais senti qu’elles m’avaient appris à m’amuser en vacances.

J’avais regardé la mer avec les filles, j’avais travaillé comme un fou, et j’avais senti un sentiment d’excitation et d’émerveillement monter en moi.

La légère odeur de sel portée par le vent m’avait rappelé que nous étions effectivement en voyage loin de chez nous. C’était complètement différent de la ville à laquelle j’étais habitué, et cela me semblait encore étrange que nous soyons ici à nous amuser. J’avais même senti une tension que je ne connaissais pas s’échapper de mes épaules.

Puis j’avais remarqué que quelqu’un m’enlaçait chaleureusement sur le côté. La fille elfe était douce et mince, et mon doigt avait effleuré ses omoplates alors que je passais mon bras autour d’elle.

« J’attendais de venir ici depuis si longtemps, et je suis heureuse de l’avoir fait. Merci de m’avoir amené ici, Kazuhiro-san. »

Son sourire heureux m’avait fait plisser la bouche un peu plus que d’habitude. On aurait dit que Marie était complètement détendue, tout comme moi. Pour être honnête, c’est elle qui avait rendu tout cela agréable pour moi. J’étais un peu gêné de le dire à voix haute, alors j’avais décidé de dire autre chose à la place.

« Nous allons bientôt rentrer à l’hôtel, mais c’est toujours une bonne idée de prendre un bain chaud après une longue journée de voyage. Que dirais-tu de passer un peu de temps dans un bain en plein air ? » Les yeux de Marie n’étaient pas les seuls à s’écarquiller de surprise. Avec la mer magnifique et vive et le ciel clair d’ici, la vue depuis le bain serait exquise.

« Oh, oh, ça a l’air génial ! Je ne peux pas attendre ! » Elle tapait des pieds sur place de façon adorable, et je m’étais dit mentalement que je devais m’assurer qu’elle passerait le meilleur moment de sa vie.

Les filles étaient absolument étourdies lorsque nous avions quitté la terrasse pour nous diriger vers l’hôtel.

Oh, c’est vrai. J’ai oublié qu’il y a quelque chose que je dois demander à Shirley d’abord.

***

Épilogue

Il va sans dire que les auberges existaient aussi dans le monde des rêves. Beaucoup d’entre elles avaient un réfectoire et une salle de réception au premier étage, avec des chambres pour l’hébergement au deuxième étage, et le paiement se faisait généralement à la carte. Il y avait même des auberges comme des masures ou des écuries délabrées dans le monde des rêves, mais leurs principes de base restaient les mêmes. Cela dit, les travailleurs de ces établissements ne faisaient pas du tout confiance à leurs hôtes. Ils devaient souvent intimider leurs hôtes pour s’assurer qu’ils crachaient leur dû, car il était très courant que les ruffians refusent de payer.

« Wôw, si spacieux ! Cet endroit a un design tellement moderne. »

« Hm. Malgré le design de style japonais, le sol est en marbre. Sans compter que je sens l’encens dans l’air. Il est difficile de croire que c’est la réception d’une auberge… Je me demande bien pourquoi tant d’argent a été dépensé pour l’entrée. »

Quant aux auberges au Japon, c’était tout le contraire du monde des rêves.

Bien qu’elles se ressemblent dans le sens où elles prennent soin de gérer leurs clients, dans ce cas, elles fournissaient la carotte plutôt que le bâton. Par exemple, le sofa ensoleillé que l’on pouvait voir de l’autre côté avait été placé là pour les voyageurs fatigués, ou peut-être pour les clients qui voulaient prendre un thé après leur promenade matinale. De telles attentions avaient été placées un peu partout dans l’établissement.

Ce que les clients voulaient différait grandement selon qu’ils étaient là pour la vue sur l’océan, la paix et le calme, ou quelque chose pour remplir leur estomac. La direction de l’auberge avait prévu ces lieux de répit de manière à ce que les clients s’y dirigent naturellement.

Ces petits éléments de design astucieux avaient été tempérés par des années d’accueil de clients depuis toujours. Alors que les filles étaient sous le choc, je les avais interpellées.

« Vous devriez profiter de cet endroit à votre guise. Il est préférable que vous ne vous éloigniez pas des choses qui vous intéressent. »

Elles m’avaient regardé avec des yeux attentifs et avaient hoché la tête. Je n’étais pas vraiment inquiet pour Wridra, mais Marie avait tendance à être un peu trop réservée en tant qu’elfe ayant vécu en ville. Mais puisque nous étions venus jusqu’ici, je voulais qu’elle s’amuse autant que possible.

J’avais remarqué qu’elle avait doucement pris ma main, alors je m’étais légèrement accroupi pour établir un contact visuel avec elle. J’avais murmuré : « Ne sois pas timide. » Marie avait cligné des yeux, puis s’était tournée vers moi.

« Veux-tu dire comme ça ? » J’avais fait un bruit sourd en sentant quelque chose toucher faiblement mes lèvres. Elle m’avait pris complètement par surprise, et son sourire s’était accentué quand elle avait vu l’expression de mon visage. Elle avait mis un doigt sur ses lèvres pour me dire de me taire.

« Combien de temps penses-tu que nous avons passé ensemble ? Maintenant, ne t’inquiète pas pour moi. Allons à la réception, d’accord ? Le membre du personnel nous regarde d’un air inquiet. » Je voulais faire remarquer que c’était probablement de sa faute si la réceptionniste avait l’air troublée, et je pouvais voir Wridra me fixer avec un sourire taquin. Cacher mon visage rouge avec mes mains n’était pas suffisant pour que je me remette du choc, alors je me raclai la gorge.

Nous avions franchi l’entrée à l’ancienne, et la réceptionniste nous avait salués. Elle devait savoir que nous étions des clients, vu les sacs de voyage que nous avions apportés.

« Bienvenue, M. Kitase. Nous vous remercions tous les trois d’être restés avec nous aujourd’hui. »

« Merci. Ces deux-là peuvent parler japonais sans problème, alors n’hésitez pas à interagir avec elles. » La femme à l’uniforme discret avait jeté un coup d’œil aux deux filles qui regardaient autour d’elles, puis elle avait souri.

« Oui, bien sûr. Faites-nous savoir si vous souhaitez parler à un membre du personnel parlant anglais. Maintenant, j’aimerais vous montrer à tous la salle Shiosai. Par ici, s’il vous plaît. »

Les filles avaient dû être surprises d’être guidées vers nos chambres par un membre du personnel comme celui-ci. Marie, en particulier, était déconcertée d’être traitée comme une princesse, et elle semblait se demander s’ils nous prenaient pour quelqu’un d’autre.

Le membre du personnel avait souri pendant que nous montions les escaliers. Elle avait l’air très jeune. Je m’étais demandé si elle était une étudiante travaillant ici à temps partiel.

« Vous devez être fatigué de votre voyage. Je m’excuse pour la longueur des escaliers. »

« Oh, ce n’est rien. Cet endroit doit avoir une longue histoire. »

La femme à la coupe au carré avait ri agréablement, puis elle avait dit : « Oh, c’est simplement vieux. » J’avais vu une pointe de fierté dans ses yeux et je m’étais demandé si elle était un parent des propriétaires.

Nous étions arrivés dans une zone lumineuse, et elle avait fait un geste derrière elle. Nous nous étions retournés comme indiqué et avions été surpris de trouver de grandes baies vitrées donnant sur l’océan.

« Ah, quel luxe. Quand je pense que nous pouvons profiter d’une telle vue depuis l’escalier. »

« Oui, nous sommes assez fiers de cette vue. Elle a été conçue comme telle pour que nos invités puissent apprécier leur longue montée des escaliers. »

Wridra semblait être très impressionnée. En y réfléchissant, le verre était rare en soi dans l’autre monde, et c’était le matériau parfait pour profiter de paysages comme celui-ci. Le bâtiment du deuxième étage était encore en construction, et elle avait mentionné l’utilisation des auberges d’Izu comme référence, donc nous avions peut-être touché le jackpot ici. Alors que je considérais cela, la femme du personnel nous avait parlé une fois de plus.

« Vous avez de la chance. Le concours de feux d’artifice a été retardé à cause du typhon, il aura donc lieu ce soir à la place. Peut-être aimeriez-vous aller y jeter un coup d’œil ? »

« Oh, vraiment ? Je pensais qu’Obon était déjà fi… »

« Oui, c’est terminé depuis un certain temps. Nous avons été déçus que le feu d’artifice soit repoussé à cause du typhon. C’est pourquoi j’avais prévu d’aller le voir ce soir avec un de mes amis. » Elle tira la langue avec une expression juvénile, puis ouvrit la porte d’une pièce.

La lumière du soleil entrait à flots, et on pouvait voir l’océan au-delà de la fenêtre. Le bâtiment apparemment démodé avait une excellente vue, et je me souvenais avoir entendu quelque part que les bâtiments historiques avaient le monopole des emplacements avec de bonnes vues.

Dans le jardin, il y avait un bain en plein air d’où jaillissait de l’eau chaude et d’où l’on entendait le bruit de la mer. L’ancienneté de l’endroit ne nous dérangeait plus du tout, en fait, il nous semblait être un tout autre monde.

L’employée semblait plutôt satisfaite de notre réaction.

« Bienvenue dans la chambre Shiosai, également connue sous le nom de chambre du Grondement de la Mer. Nous espérons que vous apprécierez votre séjour, » dit-elle joyeusement, avec un sourire éclatant.

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Illustrations

Fin de tome.

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