100 en Chance et une Compétence en Domptage de Dragons – Tome 3

Table des matières

***

Chapitre 52 : Neuf mois et un œuf

***Point de vue de Seryanna***

Alors que le moment du retour de mon bien-aimé Alkelios était imminent, je m’étais retrouvée à tenir la main de Collentra, tout en étant témoin du miracle de la vie.

« Vas-y ! Juste un peu plus, et l’œuf sortira ! Tu peux le faire ! » avait applaudi Kataryna alors qu’elle tenait une serviette propre.

« Je ne sais pas si je devrais être émerveillée ou terrifiée..., » déclara Kléo.

« Ne sois pas impolie. Accoucher n’est pas une mince affaire pour nous toutes, » déclarai-je en lui jetant un regard noir.

« Comme l’indique l’écaille rouge, si tu continues à te glisser dans la chambre d’Iolaus nuit après nuit, tu finiras également par finir lourde ! » taquina Kataryna.

« Q-Quoi ? C-Comment sais-tu… non, pourquoi penses-tu que je… non, penses-tu vraiment que je puisse tomber enceinte ? » demanda Kléo.

La dragonne était un peu confuse sur la première question à poser, mais elle ne semblait pas contre l’idée. Peut-être que je finirais bientôt tante ? Ou peut-être qu’elle le serait ?

« Arrêtez de rêver toutes les deux ? Il est sur le point d’arriver ! » Nous avait crié Kataryna.

« Arrêtez de crier ! OU JE VAIS TOUTES VOUS ÉTRANGLER ! » Cria Collentra.

« Ma chérie… est-ce que ça va ? » Demanda Bayuk.

Il se tenait dans un coin de la pièce, tenant un grand bouclier rond dans ses mains avec un casque sur la tête.

« Non ! » cria-t-elle en lâchant un souffle de flamme vers lui.

« Ah ! Ne me brûle pas ! » cria-t-il en se cachant derrière son bouclier.

Le but de ce bouclier était d’éviter les attaques soudaines de sa femme. Dans des moments comme ceux-là, les hommes étaient absolument inutiles…

« C’EST DE TA FAUTE ! » cria-t-elle.

« La tienne aussi. » Déclarai-je.

Elle me lança un regard noir, et j’avais détourné le regard.

Après quelque temps, l’œuf était en fin sorti. Collentra poussa un soupir de soulagement et Kataryna le nettoya. Kléo regardait ses hanches et secouait la tête, murmurant le mot impossible.

« C’est un gros et en bonne santé ! » déclara la dragonne aux écailles argentées.

Bayuk s’était débarrassé de son bouclier et de son casque et s’était approché de nous.

Elle me l’avait transmis et je l’avais soigneusement tenu dans mes mains.

« Tu n’as pas l’air si mal en tant que mère. » Collentra rigola en me regardant.

« Peut-être que..., » dis-je avec un doux sourire alors que je m’approchais de son lit, puis je le plaçais avec précaution dans ses bras. « Mais c’est ton œuf, pas le mien. » Je secouai la tête et m’éloignais pour permettre à Bayuk de mieux le regarder.

« C’est magnifique, je suis fier de toi, ma chérie, » déclara le dragon en versant une larme de bonheur.

« Oui… je me demande si notre enfant sera un garçon ou une fille, » se demanda-t-elle.

« Tu verras dans deux mois quand il éclora, » leur déclara Kataryna.

Nous avions toutes regardé le couple heureux alors qu’ils tenaient leur œuf fraîchement pondu. Ils étaient très heureux et ne pouvaient pas attendre de voir leur bébé sortir. Jusque-là, le petit continuerait à grandir et à absorber l’énergie magique de l’air l’entourant.

Les dragons, contrairement aux humains, pondaient des œufs, qui ensuite écloraient en bébés. Selon le nombre d’œufs portés par la mère, elle prendra une forme hybride ou complète de dragonne pendant toute la durée de sa grossesse. Une dragonne pouvait pondre entre un et dix œufs.

D’après ce que j’avais appris ces derniers jours, la coquille d’œuf n’était là que pour aider le bébé à absorber l’énergie et le protéger des prédateurs ou maladies éventuelles. Elle pouvait aussi résister à la chaleur d’un four et à une chute de plus de 100 mètres, car elle était imprégnée d’une puissante magie défensive. Le jour où l’enfant était sur le point de sortir de l’œuf, le sort disparaît et sa coquille devient aussi fragile qu’une fine couche de glace. Une mère savait habituellement instinctivement que le moment était venu pour l’enfant de sortir.

Malgré ce moment heureux où j’avais assisté pour la première fois à la ponte d’un œuf, je m’étais retrouvée avec une goutte d’inquiétude dans mon cœur, à la fois pour moi et ceux m’entourant.

Neuf mois s’étaient écoulés depuis le départ d’Alkelios pour qu’il aille s’entraîner. Bien que je sache qu’il était en vie et en bonne santé, il me manquait. Dernièrement, aucun jour ne passerait sans que j’aie une pensée pour lui, et j’étais même un peu jalouse de ma petite sœur qui envoyait souvent des lettres à son bien-aimé à Tomeron. Bien sûr, c’était avant qu’ils ne viennent ici à la demande du roi.

D’après ce que m’avait raconté Kléo, Iolaus et leur grand-père progressaient à merveille avec leur entraînement et leur force grandissait de jour en jour. Mais c’était aussi principalement dû au fait qu’ils étaient tous deux amis avec Alkelios et partageaient les avantages de sa capacité de Dompteur de Dragon.

Pendant ce temps, j’avais aussi changé. Je m’étais enfin éveillée et tout cela était grâce à mon bien-aimé.

Qui savait que j’avais d’aussi étranges exigences pour pouvoir m’éveiller ?

Kataryna avait mentionné une fois qu’il était incroyablement rare qu’une personne avec un Haut Élément atteigne l’éveil. Cela était dû à sa difficulté accrue et aux complots qui leur étaient destinés.

Mes parents et mon grand-père avaient bien fait de cacher mon élément, mais une fois éveillée, j’en avais pris conscience. Utiliser et contrôler le feu était devenue pour moi comme une seconde nature. Je pouvais l’utiliser sans chant et chaque sort que je lançai était bien plus puissant qu’un sort normal.

J’étais heureuse et franchement, j’avais considéré mon éveil comme un cadeau de la part de l’humain dont je suis tombée amoureuse. Avec cela, l’attitude de ceux m’entourant avait changé et peu de gens osaient me parler comme si j’étais encore une enfant. Cela ne voulait pas dire que j’avais oublié leurs anciennes attitudes, mais je n’étais pas non plus du genre à me venger d’eux. Les idiots devaient être laissés avec leur propre idiotie, à moins qu’ils n’osent essayer de mordre. À ce moment-là, ces imbéciles devraient apprendre à marcher sans leur tête.

Bien que je me sois améliorée, beaucoup l’avaient aussi fait. Le roi était sorti de sa chambre et s’était replacé sur son trône, bien que ce ne fût que pour une brève période de deux jours. Beaucoup craignaient qu’il se résigne à l’idée qu’il puisse perdre sa reine, alors que d’autres pensaient qu’elle pourrait se sentir mieux.

Lors de sa première apparition, Sa Majesté avait envoyé un courrier à Tomeron par lequel il avait demandé la présence de grand-père dans la capitale plus tard cette année. Il n’avait pas précisé la date exacte, mais lui avait simplement ordonné de venir, au cas où il déciderait de sortir de sa chambre. En tant que tel, à la fin du neuvième mois après le départ d’Alkelios, il arriva finalement à Drakaria, emmenant avec lui tous ses fidèles serviteurs ainsi que son disciple, Iolaus.

Les nobles de la capitale n’avaient pas montré beaucoup d’enthousiasme lors de leur arrivée et nombre d’entre eux lui jetèrent un regard de pitié. Ils ne savaient probablement pas que grand-père retrouvait rapidement ses forces.

Pour l’instant, il attend l’appel du roi dans sa propre chambre du palais. Il passait le plus clair de son temps à s’entraîner ou à bavarder avec la Troisième Princesse.

Quant à Iolaus, Kléo l’avait kidnappé ce jour-là et personne ne l’avait entendu ou vu pendant quelques jours. Lorsque cela s’était produit, je m’étais souvenue que Kléo avait reniflé puis s’était précipitée vers Iolaus dès qu’elle l’avait vu. Elle n’avait même pas pris la peine de l’embrasser ou une autre chose dans le genre. Elle l’avait attrapé par le col et l’avait tiré dehors alors qu’il implorait pour de l’aide.

Nous lui avions offert une prière silencieuse, car son sacrifice apaiserait la petite démone.

À leur retour, Iolaus était pâle comme un fantôme et pouvait à peine marcher. Il n’avait pas dormi pendant des jours. Kléo était heureuse et toute souriante.

Grâce à la présence de Kataryna, aucun imbécile n’avait osé essayer de s’approcher de nous avec de mauvaises intentions, mais quelques-uns ne l’avaient pas reconnue et l’avaient mise au défi de se battre. Ce jour-là, le Premier ministre Elovius s’était évanoui après avoir constaté le prix de réparation du mur sud. La dragonne ne s’était pas laissé aller, surtout après que l’une d’entre elles l’ait comparé à une prostituée. Il avait fallu trois mois à ses amis pour le sortir du bloc de glace.

Néanmoins, le changement le plus important survenu au cours de cette période était probablement la manière dont Sire Draejan avait commencé à agir. L’ancienne armée de Brekkar avait continué à rassembler des soldats, atteignant le double de ce qu’elle était, mais presque tous étaient des scélérats et des voleurs. Il y avait aussi des rumeurs selon lesquelles une étrange silhouette fantomatique travaillait pour Draejan et ces rapports avaient atteint un nombre assez important. Personne ne connaissait son nom, juste le fait qu’il était souvent vu autour de nobles draconiens ou donnait des ordres aux commandants de l’armée.

Avec une armée accrue, les factions parmi les nobles avaient également commencé à changer. Beaucoup soutenaient le jeune dragon prometteur, d’autres envisageaient de le rejoindre, alors que presque tous répandaient de mauvaises rumeurs sur la Troisième Princesse et les autres membres de la royauté. Avec cela, Kléo avait été très utile. Son habileté avec les ombres lui permettait de les écouter sans être détectée. Si, par hasard, elle trouvait quelqu’un avec des intentions malveillantes, elle pouvait immédiatement en informer Kataryna.

La dragonne aux écailles argentées était considérée comme un symbole de peur. Trois mois après le départ d’Alkelios, plusieurs nobles de rangs de Marquis et Vicomte appartenant à la faction de Draejan avaient tenté de menacer la dragonne afin de la convaincre de venir dans leur camp. Le résultat fut une impressionnante sculpture de glace placée au milieu du jardin devant le palais, où tout le monde pouvait la voir. En dessous, elle y a écrit : Qui va être le prochain ?

Depuis, tout le monde évitait son regard et les nobles agissaient de manière plus furtive.

Quant à ma relation avec Draejan, elle n’avait pas changé. Je le regardais toujours avec des yeux lançant des poignards. S’il osait s’approcher, j’augmentais la chaleur au point que cela devenait inconfortable. Si Kataryna était avec moi, elle dégainait généralement ou créait un pic de glace, le faisant reculer immédiatement. Je ne répondais pas lorsqu’il me parlait, je ne lui ferais pas le plaisir d’entendre ma voix.

Il était regrettable que je ne puisse pas moi-même le battre. J’étais encore trop faible par rapport à lui, mais j’étais beaucoup plus forte par rapport à avant mon éveil.

« Tout va bien, Seryanna ? » demanda Kataryna.

Je clignai des yeux de surprise et je l’avais regardée.

« Oui ? » avais-je répondu en inclinant la tête un peu vers la gauche.

« Tu avais l’air ailleurs. » Elle plissa les sourcils.

« Je m’excuse… je pensais juste à quelque chose... » Je souris avec ironie.

« Ne t’inquiète pas, chérie. Je suis sûre qu’il reviendra bientôt, » me déclara Collentra avec un doux sourire.

J’avais hoché la tête en réponse.

C’est vrai, il me manquait… Alkelios me manquait beaucoup, mais je devais attendre… Si tout se déroulait comme prévu, je devais attendre patiemment pour lui et prier dans mon cœur pour son retour en toute sécurité...

***

***Point de vue de Feryumstark***

« Le temps de son retour est proche... » Je parlai alors que je poussais un soupir.

« Es-tu inquiet ? » Elliessara, ma reine, parla doucement, tout en me faisant un doux sourire.

« Non. Il a promis de revenir demain. Je lui fais confiance même s’il est humain. » J’avais fermé les yeux et je m’étais remémoré de notre première rencontre.

Alkelios Yatagai, un humain amoureux d’une dragonne, détenait les preuves de la confiance de cette dragonne, de mon bon ami Brekkar et de ma propre fille. Un seul d’entre eux suffirait pour lui accorder une audience, mais avec trois, je n’avais pas besoin de douter de ses paroles.

Bien que cela ait été étrange, il n’avait pas demandé d’audience à mon fils, Elovius, mais connaissant le contenu de notre discussion, c’était peut-être mieux.

« Bien sûr que tu lui fais confiance, » déclara Elliessara en riant. « S’il n’était pas là, je serais déjà morte. Penser qu’un humain me permettrait de passer plus de temps à tes côtés. »

« Ses paroles étaient vraies, et moi seul n’aurais jamais découvert la trace d’un tel complot… de penser que quelqu’un a eu l’audace d’empoisonner ton thé médical. » Dis-je avec colère.

« Alkelios nous a promis qu’il allait me trouver un traitement… je me demande s’il y arrivera, » déclara Elliessara en laissant échapper un léger soupir.

Quand j’avais entendu les détails sur le poison tuant ma femme, j’avais pu sentir tout espoir quitter mon cœur. C’était trop puissant, sans remède, c’était ce qui avait toujours été dit. Mais Alkelios était celui ayant brisé ce cauchemar. Il y avait un remède, mais il ne savait pas encore comment le faire. La raison en était…

« Quelle chose effrayante de demander à un Grand Alchimiste Divin de faire le remède... » Dis-je.

« Il va le faire..., » déclara Elliessara.

« J’espère bien, mais d’ici là, je dois aller à sa rencontre dans notre grande pièce de théâtre, comme nous l’avons prévu, » j’avais souri.

C’était un plan plutôt sournois et ridicule. Un type de situation à haut risque et à haute récompense qui nous met tous en danger, mais qui allait amener tout le monde au point de révéler ses vraies couleurs. C’était pour cette raison que j’avais envoyé pour demain une convocation à tous les nobles importants du royaume à ma cour.

Si Alkelios se révélait être un monstre, un traître, un assassin des humains, alors le royaume d’Albeyater cesserait d’exister, mais pour que cela se produise, cela signifierait que non seulement cette dragonne à écailles argentées, mais aussi Brekkar et ma fille avaient eu tort à son propos… Ma fille, peut-être… Brekkar, j’en doute fortement. Quant à Kataryna Georg, cette vieille dragonne qui pouvait tuer toute une armée seule, elle était bien plus sournoise que ce qu’elle laissait montrer et beaucoup trop rancunière pour que quiconque puisse se jouer d’elle.

***

***Point de vue de Draejan***

Demain allait être un grand jour ! J’avais l’impression que le roi Feryumstark nous avait tous convoqués dans le but de me proclamer nouveau général de l’armée de Brekkar et de me permettre d’atteindre enfin ma juste place.

Il y avait tellement de choses que je prévoyais de faire dès que je recevrais cette autorité, bien que, pour le moment, il ne s’agisse que d’une formalité. L’armée de Brekkar, de nom, était déjà sous mon contrôle. Chacun de ces soldats a été contraint de m’obéir, à moi, et à personne d’autre, et pas même la famille royale. J’avais eu de grands projets pour ce royaume ! Et demain… ce serait le jour où je ferais le premier pas pour les mettre en lumière et les concrétiser.

« Qui aurait cru qu’une rencontre au hasard avec un aventurier humain quand j’étais jeune allait m’amener si près du contrôle de ce… royaume ? » J’avais souri en regardant par la fenêtre une Drakaria endormie.

À ce stade, même Kataryna n’allait pas être assez puissante pour m’arrêter, quand à Seryanna… elle allait simplement être une décoration jusqu’à ce que j’ai tout entre mes mains.

***

Chapitre 53 : Le retour du héros humain

Partie 1

***Point de vue d’Alkelios***

Voler dans le ciel était la meilleure des sensations !

Je pouvais sentir le vent lors qu’il passait autour de mes ailes, me soulevant dans les airs, et c’était amusant de contrôler la direction dans laquelle je me dirigeais d’un simple mouvement des muscles de mes ailes et de ma queue. Bien qu’un dragon ne soit pas l’espèce la plus aérodynamique entre toutes, le fait d’avoir beaucoup d’énergie magique pour les aider à maintenir leur masse est un facteur important pour les maintenir dans les airs. Dans mon cas, j’avais besoin de consommer beaucoup plus puisque je volais à l’aide de sorts en forme de demi-dragon. Contrairement à Kataryna et aux autres, je ne pouvais pas prendre une forme complète de dragon.

Lorsque je m’étais transformé pour la première fois, je ne savais pas à quoi m’attendre. Je craignais de ne plus pouvoir revenir en arrière ou le fait de ne pas pouvoir utiliser mon corps correctement dès le premier essaie. C’était en effet le cas, et j’avais dû rester sous cette forme deux semaines jusqu’à y être suffisamment habitué.

Voler était autre chose cependant. Ce n’est qu’il y a deux mois que j’avais enfin réussi à comprendre le processus. La suite s’était bien déroulée. Voler était devenu mon unique moyen de transport parce que j’appréciais le sentiment qu’il me procurait. C’était relaxant.

En tout cas, à ce moment, je me dirigeai vers Drakaria. Aujourd’hui était le jour de ma réunion avec le roi et mes amis. J’avais dépassé le village de Pertiko et j’approchais de Toros. Il était peut-être 9 ou 10 heures du matin, ce qui voulait dire que j’allais arriver à Drakaria vers midi.

J’avais hâte de revoir Seryanna.

En parlant d’elle, j’utilisais actuellement la dragonne rousse comme balise pour me guider via ma compétence Dompteur de Dragon. Si je n’avais pas cette fonction pratique, j’aurais été obligé de voyager par la voie terrestre ou de partir plus tôt afin de pouvoir y arriver à temps. La façon dont je me dirigeai maintenant était de simplement suivre la flèche verte que j’étais le seul à pouvoir voir en profitant d’un vol du matin.

Dans cette forme, j’étais plutôt rapide. Étonnamment, plus rapide ou peut-être aussi rapide que le poulet géant, donc la vitesse au sol pourrait atteindre les 100 km/h. C’était une vitesse folle pour ce monde, mais un cauchemar pour un passager, car les routes n’étaient pas si bonnes.

Ce n’est qu’après avoir utilisé cette monture plusieurs fois que j’avais réalisé que c’est principalement grâce à la qualité des routes et à la qualité des ressorts que l’humanité pouvait atteindre des vitesses aussi élevées. L’absorption des chocs était la seule chose qui m’avait manqué lors de mes déplacements au sol. En gros, c’était comme voyage avec une voiture de course indestructible, sans ressorts ni ceinture de sécurité sur une route de campagne.

« Hm ? Ce doit être Toros, » avais-je dit en repérant la ville fortifiée au bord du grand gouffre.

Vu d’en haut, ça n’avait pas l’air grand, mais les routes étaient en désordre. Ce modèle était cependant intentionnel. Ce n’était pas comme si les constructeurs n’avaient aucune idée de ce que c’était qu’une ligne droite, mais en cas d’attaque, les routes sinueuses familières leur donneraient un avantage.

Honnêtement, quand j’étais encore humain et que je vivais en Roumanie, je pensais souvent que les ingénieurs en bâtiment étaient des idiots qui ne savaient pas comment construire en ligne droite, mais au cours de mon voyage à travers Albeyater, j’avais développé quelques neurones entre mes oreilles. J’avais compris qu’il s’agissait à la fois de l’histoire et de la « sensation » d’une ville. Il n’était pas si difficile de construire des routes droites, mais chaque ville en Europe, contrairement aux États-Unis, avait une histoire de guerre qui s’étendait sur des siècles. Il n’y en a pas eu beaucoup qui avaient été épargnés par le sang. En tant que telles, elles avaient d’abord été construites dans l’intention de semer la confusion chez l’ennemi, puis avec l’évolution de la technologie et de la civilisation, les nouveaux bâtiments avaient été construits dans le prolongement des anciens, en gardant le même schéma. Si c’était un instinct de la population locale de le faire ou non, je ne savais pas, mais dans ce monde nouveau, tout cela avait du sens.

Après tout, la guerre frappait toujours à la porte du royaume dragon.

Survoler le grand gouffre avait également été une expérience intéressante. J’avais l’impression d’être aspiré dans l’obscurité, mais en même temps, j’étais complètement épargné par le simple fait de me trouver dans les airs.

C’était incroyable, et j’imaginais qu’à l’avenir ce serait une attraction touristique incroyable. C’était le Grand Canyon de ce royaume.

Une fois traversé, j’avais vu l’auberge où nous avions retrouvé Kléo et Kataryna après notre départ de Toros. Cette ville avait aussi un souvenir embarrassant. De là-haut, je pouvais voir de nombreux dragons se diriger vers la capitale ou les villages voisins.

À l’époque, je ne pouvais pas le voir, mais à travers ces plaines, il y avait beaucoup de petits villages. Même en volant jusqu’ici depuis la forêt Seculiar, je pouvais voir de la fumée blanche monter à gauche et à droite, et ma vue aiguisée pouvait capturer la forme de simples bâtiments. C’était dommage que je ne les aie pas remarqués lorsqu’on les avait passés avec Kléo et Kataryna.

Dernièrement, j’avais développé le désir de sortir, de découvrir ce monde. Il y avait beaucoup de choses que je n’avais pas encore vues et être coincé à Albeyater me paraissait vraiment dommage. Je voulais aussi rencontrer d’autres héros humains qui essayaient de rendre ce monde meilleur plutôt que de le subjuguer.

Peut-être une fois que mon travail à Drakaria sera terminé et que tout sera réglé, je pourrai aller découvrir le monde. Après tout, je suis plus ou moins immortel maintenant. Pensais-je.

Être un demi-dragon m’avait accordé une durée de vie similaire à celle d’un dragon. Si je n’avais pas réussi à atteindre l’éveil supérieur, j’aurai probablement juste vécu aussi longtemps que Seryanna, ce qui était déjà très bien. Cependant, avec mon éveil supérieur, j’avais acquis l’immortalité, tout comme Kataryna. Je n’allais plus vieillir, ce qui voulait dire que j’aurai 19 ans jusqu’à la fin.

S’occuper d’une superbe barbe n’était plus qu’un rêve éphémère…

Puis, alors que je me rapprochai de Drakaria, je commençais à voir certaines différences par rapport à la dernière fois où je l’avais vue. La ville était vaste comme d’habitude, magnifiquement construite comme une sculpture de marbre blanc. C’était un symbole de la grandeur d’Albeyater, de sa détermination, de son pouvoir. Mais autour se trouvait une tache appelée, l’« armée de Brekkar ».

Je m’étais arrêté en plein vol et j’avais regardé les innombrables tentes qui s’étalaient dans la plaine. Ils étaient deux, voire trois, fois plus qu’il y a neuf mois. Ils ne semblaient pas accueillants. Si je le désirais, je pourrais les éliminer maintenant, mais tous étaient des dragons employés dans une armée officielle. Tout acte de violence à leur encontre serait traité comme un geste contre le royaume, même si j’avais l’impression que les éveillés supérieurs échappaient à cette règle.

« Cela pourrait être un problème..., » m’étais-je dit en remarquant la grande ligne à l’entrée de la ville.

Ils vérifiaient tout le monde minutieusement, et nombreux étaient ceux souhaitant entrer. Ils ne ressemblaient pas à des réfugiés, mais je me demandais pourquoi la sécurité était renforcée de la sorte.

Quant à la raison pour laquelle cela poserait un problème, eh bien… c’était une longue histoire… une très longue histoire.

« Bah, je vais simplement passer furtivement et les survoler. » Je haussai les épaules puis passai à autre chose.

J’étais moi-même un éveillé supérieur et j’avais une réunion avec le roi. Il était hors de question que j’attende patiemment en ligne.

Alors sans plus tarder, j’avais souhaité qu’aucun dragon ne me voie alors que je me dirigeais en ville et, en même temps, j’utilisais un sort pour me camoufler dans mon environnement.

Je faisais très attention à tout le monde, au sol et dans les airs, puis j’avais choisi un endroit derrière un vieil immeuble où je voulais atterrir. Une fois fait, j’avais replié mes ailes et j’avais regardé autour de moi pour voir si quelqu’un m’avait vu.

C’est bon, pensais-je en poussant un soupir de soulagement.

Marcher dans la ville sous ma forme de demi-dragon ne représentait aucune menace, j’avais un corps anthropomorphique, mais le problème principal était mes écailles. L’or était un signe de royauté, et j’avais un mélange de rouge, d’or, de noir et de blanc, formant des motifs en stries, ce qui me donnait à la fois un aspect imposant et impressionnant. C’était comme si j’étais conçu pour de glorieuses batailles.

Heureusement, la couleur de mes écailles ne représentait pas mon affinité élémentaire. Au moment où j’avais changé d’espèce, j’avais littéralement obtenu TOUTES les affinités élémentaires. Il n’y avait pas de sorts que je ne pouvais utiliser. J’étais une sorte de Jack of All Trades, bon en tout, maître de tout.

En parlant de cela, ce sort de camouflage était aussi un sort de ma propre création, et non pas quelque chose que j’avais obtenu grâce à mes capacités de triches. Cela signifiait également que ce n’était pas facile à développer. C’était dur… Pénible, mais avec un mouton mangeur d’hommes derrière la queue, vous aviez tendance à apprendre rapidement.

Ainsi, j’étais passé à ma forme humaine, qui n’était pas différente d’avant. Je n’avais pas d’écailles sur mon corps et mes yeux étaient comme avant. J’avais l’air un peu plus vieux, autant qu’une croissance de quelques mois le permettait, mais c’était à peu près tout.

Je n’avais pas besoin de changer de tenue, elle s’était adaptée à ma nouvelle taille. C’était une armure que j’avais moi-même enchanté avec ma capacité Pony Power. Le nom, malheureusement, n’était pas quelque chose que je pouvais changer, mais chaque fois que j’utilisais cette compétence, je devais la crier. Moi, un puissant dragon anthropomorphe, tout en fabriquant mon armure dans la chaleur du feu et sous les coups puissants de mon marteau, je devais crier « Pony Power » chaque fois que je voulais faire un enchantement.

C’était vraiment le travail de Dieu, avec un sens de dénomination si mauvais que même le dieu de la mauvaise dénomination en serait ébranlé !

En conséquence, ma contrariété et mon embarras lorsque j’enchantais étaient à leur apogée…

J’avais aussi d’autres compétences d’artisanat qui me permettaient de tirer les meilleurs partis des armures et armes. Bien sûr, ils étaient tous au niveau 5 et j’avais beaucoup d’autres compétences de combat. La seule que je n’avais pas pu trouver était la compétence pour apprendre d’autres langues que le draconien d’Albeyater. Il est fort probable que quelqu’un d’autre l’avait appris, alors je n’ai obtenu qu’une compétence de troisième ordre qui me permettait d’apprendre les langues plus rapidement, mais pas incroyablement vite.

J’avais aussi beaucoup de points en stock. J’avais les compétences les plus importantes : le combat rapproché, le combat à distance, le combat magique, l’artisanat, la collecte, le stockage d’objet et une capacité pour traquer. Le stockage étant l’une des premières que j’avais obtenues. J’en avais désespérément besoin. Après tout, ma bague de stockage commençait à se remplir et je ne savais pas comment en créer une.

Bien que cette compétence soit pratique, chaque utilisation consommait de la magie, allant de 10 de magie à 100 si je sortais un laboratoire d’alchimie. La bague en revanche ne consommait pas de magie à l’utilisation. Je n’avais qu’à la recharger de temps en temps, tandis que ma capacité mangeait ma magie comme un mouton affamé.

En parlant de cela, l’armure que je portais actuellement était probablement à la hauteur de celle que Seryanna utilisait, si ce n’est pas mieux. C’était l’une de mes plus faibles cependant. Si je portais ma dernière armure de combat, c’était un monstre…

En ce qui concerne les armes, je portais une épée courte et une longue. En forme de demi-bête, elles étaient équivalentes à un poignard et une épée courte. Les enchanter les avait rendus incroyablement durables et impossibles à voler. Elles pouvaient aussi amplifier les éléments et me permettre de lancer un sort en pointant mon épée sur ma cible. L’épée longue avait été spécialement conçue pour donner une amélioration physique et son tranchant, tandis que l’épée courte servait davantage à lancer des sorts.

En d’autres termes, la plus grande était destinée au combat de mêlée, alors que la plus courte au combat à distance.

Je n’avais pas d’arc.

« Le palais devrait être… par là ! » avais-je dit en pointant à gauche en marchant.

Ainsi, j’avais atteint le mur extérieur.

« C’était de l’autre côté, n’est-ce pas ? » m’étais-je déclaré en poussant un soupir.

Quand je n’utilisais pas ma chance, j’avais tendance à me perdre… assez souvent.

Je n’avais jamais eu ce genre de problèmes quand j’étais humain, mais mes sens s’étaient améliorés. Comme Kataryna l’avait dit, je voyais le monde différemment, ou plutôt… je le voyais plus clairement. Les inquiétudes et les peurs que je gardais dans mon cœur semblaient avoir toutes disparu. Ce n’était pas un excès de confiance, mais le simple fait de ne plus prendre ces choses à cœur en les laissant avancer.

***

Partie 2

C’était un vrai éveil supérieur, tout comme Kataryna, et pour être honnête, je l’avais atteint bien avant le niveau 1000. En parlant de cela, dès que j’étais devenu un demi-dragon, mon niveau était retombé à 1, mais j’avais gardé mes compétences.

Cela m’avait tellement surpris que j’avais perdu une journée entière à regarder mon statut et à me demander si je n’avais pas mangé un champignon toxique me faisant voir des choses.

Mes statistiques de base étaient bien plus élevées que lorsque j’étais un humain de niveau 1. Ma force seule était de 300, donc dans l’ensemble, j’étais bien plus fort que lorsque j’étais arrivé pour la première fois dans la forêt.

Par la suite, j’étais entré dans un mode qui ne pourrait être appelé que farm d’un « hack and slash ». Tout ce que je faisais était de monter de niveau, d’améliorer mes compétences, de manger et de dormir.

Après avoir fait un souhait, il ne me fallut pas longtemps pour atteindre la rue principale, mais même à l’intérieur de la grande capitale, l’air avait vraiment changé. C’était lourd et tout le monde se regardait avec prudence. Le nombre de membres de l’armée de Brekkar était également élevé. Leurs armures et boucliers arboraient l’emblème de cette armée : deux épées croisées au-dessus d’une rivière.

Curieux à ce sujet, je m’étais approché d’un magasin à proximité pour acheter quelque chose. J’avais payé avec certaines des pièces que Kataryna m’avait données 9 mois plus tôt. La dette que j’avais accumulée envers ce dragon n’était pas petite…

« Hé, as-tu la moindre idée de ce qui se passe avec tous ces soldats ces derniers temps ? » avais-je demandé avec désinvolture alors que je nettoyais une des pommes que j’avais achetées. « Oh, c’est délicieux ! » déclarai-je en une remarque.

« N’est-ce pas ? Mes pommes sont cultivées avec la meilleure magie ! Elles sont garanties sans problème et sont délicieuses ! » Se vantait le vendeur.

Est-ce qu’il ignore ma question ? Me demandai-je en prenant une seconde bouchée.

« Monsieur, vous êtes nouveau en ville, n’est-ce pas ? » Demanda-t-il après un moment.

« Mhm ! Je suis arrivé ici il y a peu dans l’espoir d’être accepté par la Guilde des Aventuriers, » répondis-je avec un sourire.

« Vraiment ? Cependant, n’êtes-vous pas un peu trop jeune pour ça ? » Demanda-t-il avec un sourire ironique.

« Non, monsieur. Père a dit qu’il est préférable de commencer jeune pour bien se familiariser avant mon éveil ! » Je lui avais fait un sourire enfantin après avoir menti.

« Ah, est-ce le cas ? Vrai, vrai. » Le vendeur croisa les bras sur sa poitrine et hocha la tête.

« À propos de ma question précédente..., » lui avais-je demandé.

« Eh bien, je n’en sais pas grand-chose moi-même, mais apparemment, ce nouveau dragon, qui sera le général de l’armée de Brekkar, a déjà pris les choses en main et a commencé à la réorganiser. Beaucoup de gars que j’ai vus aujourd’hui voulaient en faire partie, mais avec tout le respect que je leur dois, ils ressemblaient juste à des voyous. » Il secoua la tête.

« Donc, c’est mauvais ? » Demandai-je.

« Non, pas exactement… bien, cela dépend de ce que le nouveau général fera une fois officiellement responsable, mais pour le moment, les gens se méfient un peu de ses troupes. Ils ne sont pas les meilleurs. J’ai même entendu dire que certains individus avaient commis des crimes comme des viols et des vols, mais ils n’ont jamais été punis pour cela. » Il laissa échapper un profond soupir.

« Comment ça peut être le cas ? N’est-ce pas une mauvaise chose de ne rien faire ? Qu’est-ce que le palais fait à ce sujet ? » demandai-je en prenant une autre bouchée.

« Rien... » Il haussa les épaules. « Les officiels répètent qu’il faut s’attendre à ce qu’un ou deux soldats disparaissent. Eh bien, les seuls qui font quelque chose à ce sujet sont ces trois sous la Troisième Princesse. » Il acquiesça.

« Ces trois ? » demandai-je avec curiosité.

« Sire Kataryna Georg, Sire Seryanna Draketerus, Sire Thaaraer… Thrakea… Ahem! La sœur de Sire Seryanna, » déclara-t-il.

« Qu’est-ce qu’elles ont fait ou font exactement ? »

« Eh bien, ce sont les seules à ne pas craindre de briser quelques os ou d’en tuer quelques-uns. Dernièrement, quand elles marchent dans la rue, les soldats crachent sur leur chemin. Elles les ont effrayés et il y a une rumeur qui circule que si ce n’est pas un ordre de la Troisième Princesse ou du Roi, il est peu probable qu’elles l’écoutent, ce qui est une bonne chose pour nous, les gens du peuple. » Il acquiesça.

« Vraiment ? Elles le font vraiment, hein ? Bon… on devrait bien s’attendre à ça de ses deux, mais même Kléo ? » Me murmurai-je.

« Qu’est-ce que c’est ? » Demanda l’homme puisqu’il ne m’avait pas entendu.

« Rien ! Je me parlais juste, mais merci pour l’information et les délicieuses pommes ! » J’avais souri et étais parti.

« De rien ! Vous êtes le bienvenu ! »

J’avais jeté les pommes restantes dans ma bague de stockage et j’avais sorti de la viande séchée cuite et assaisonnée. Cuisiner était quelque chose que j’avais appris tout seul. Je ne voulais pas perdre de points dans quelque chose comme ça.

Maintenant, il était temps de me diriger vers le palais, mais juste au moment où j’allais prendre un virage, deux soldats m’avaient bloqué. Ils souriaient et me regardaient. L’un d’eux avait des écailles vertes l’autre bleu. Les deux étaient dans leurs formes anthropomorphes.

« Toi ! Es-tu nouveau en ville ? » Demanda celui de droite, ce qui attira les regards des personnes présentes autour de nous.

« Euh, en quelque sorte… » Je haussai les épaules.

« Montre-nous ta plaque d’identification. » Demanda-t-il.

J’avais plissé les sourcils.

« Une quoi, maintenant ? »

« Oh ? Tu n’en as pas ? Alors, es-tu quelqu’un qui s’est faufilé à l’intérieur ? » m’avait-il demandé.

« Oui. » Je haussai les épaules.

« Quoi ? » Il cligna des yeux surpris.

Je suppose qu’ils ne s’attendaient pas à ce que je sois si direct.

« Oi! Oi! Es-tu sérieux ? » Demanda l’autre.

« Je n’en ai pas besoin. » Je haussai les épaules.

« Qu’est-ce que tu veux dire, tu n’en as pas besoin ? Hein ? Tu te moques de nous ? » Demanda le bleu en dégainant son épée.

« Il se moque vraiment de nous ! Il n’a pas de plaque d’identification, alors nous devons le démonter maintenant, n’est-ce pas ? » Sourit-il.

« Garçon ! Ne sois pas arrogant avec nous ! » Il avait essayé de saisir le cou.

J’avais attrapé sa main et puis… je l’avais cassé.

Le bruit avait fait taire tout le monde autour de moi.

« AAARGH! MA MAIN ! » Cria-t-il.

« C’est fini ! Tu vas morfler ! » L’autre me menaça légèrement et tenta de me frapper avec son épée.

Je l’avais arrêté à deux doigts, puis j’avais pris l’épée de sa main.

« Qu’est-ce que c’est que ça ? Un cure-dent ? » demandai-je en la brisant en deux.

Le dragon était devenu pâle.

« Hm… sais-tu voler ? » demandai-je avec un sourire innocent.

Il déglutit. « Non… je n’ai pas d’ailes... » Fit-il remarquer.

« Fais-en pousser. » Je souris. Puis je l’avais saisi par le cou et je l’avais jeté en l’air.

« GYAAAA! » Cria-t-il avant d’atterrir quelque part hors de la ville.

« S’il te plaît ! Je suis désolé ! J’abandonne ! » supplia l’autre soldat en essayant de courir.

« Tu dois aussi voler ! » J’avais souri puis je l’avais saisi par la queue pour le lancer dans la même direction que son ami.

Ce gars avait des ailes, alors peut-être qu’il n’allait pas se blesser lourdement. Ils avaient tous les deux dépassé le niveau 100, alors il était peu probable qu’il meurt de la chute, mais je ne pouvais pas garantir qu’ils n’aient aucun os cassé.

« Eh bien, c’était pour sortir les poubelles ! » déclarai-je avec un sourire alors que je me dirigeais vers le palais.

Ce serait un mensonge de dire que je ne souhaitais pas qu’un tel événement stéréotypé se produise. J’avais pratiquement prié pour que de la chair à canon apparaisse, mais c’était amusant.

Il était midi passé et la flèche me dirigeait vers le château. La raison pour laquelle je ne suivais pas cela était à cause du désordre complexe des routes ici. En outre, la flèche ne me dirigeait pas vers l’entrée de l’enceinte du palais. Si je la suivais, j’atteindrais le mur ou une impasse.

Pendant que je me rendais là-bas, le roi était probablement en train de gérer sa part du marché et de rassembler tout le monde là-bas en ce moment même. La réunion allait être amusante et j’espérais que mon jeu serait agréable pour lui et Kataryna. J’étais aussi à 100 % sûr que Seryanna allait soit me gronder après, soit me traîner dans sa chambre.

***

***Point de vue de Feryumstark***

À midi, j’avais réuni les nobles de mon royaume dans la salle du trône pour une annonce spéciale. Le fils du duc de Doesya était également présent avec son père. Il y avait plusieurs barons et marquis de la périphérie du royaume, en particulier autour du Champ de Bataille qui appartenait à Brekkar. Ma troisième fille, Elleyzabelle, était également présente avec ses assistantes, Seryanna Draketerus, Kataryna Georg et Thraherkleyoseya Draketerus. Brekkar était également présent, debout à ma droite, vêtu de sa vieille armure et toujours aussi vif.

Nombre d’entre eux se demandaient pourquoi un vieux général comme lui était présent à cette réunion et pourquoi il avait l’air de ne pas avoir été touché par la maladie, seulement par son âge. Je connaissais la réponse à cette question, mais jusqu’à présent, je n’avais pas encore parlé avec lui de l’affaire d’Alkelios.

Apparemment, son apprenti, l’ancien paladin Iolaus von Striggnyark, était également présent. Le garçon m’avait fait comprendre pourquoi il avait quitté son poste, mais vu qu’il était le fiancé de la petite-fille à écailles noires de Brekkar, j’avais l’impression qu’Alkelios était également derrière cela.

Les deux petits enfants de ce dragon étaient faits pour la grandeur et n’étaient pas non plus du genre à paraître faibles. Je pourrais parier mes écailles qu’elles étaient assez fortes pour être commandantes sur un champ de bataille.

« Pè… votre majesté, vous sentez-vous bien ? » Mon fils, Elovius me demanda.

Il s’était presque trompé.

Je hochais la tête.

Le garçon était toujours inquiet pour moi et sa mère. Depuis l’empoisonnement d’Elliessara, il avait fait preuve d’un caractère remarquablement fort ainsi que d’un comportement rigide et strict lui permettant de cacher toute faiblesse et tout défaut éventuel. Il gardait sa façade en tout temps, parce qu’il était le plus inquiet pour nous.

« Je me demande quel est le problème, » demanda Kataryna en poussant un soupir ennuyé.

Celle-ci était quelqu’un de dangereux. Elle quitterait cet endroit si elle sentait que ça n’importait pas pour elle, alors je lui jetai un regard et lui fit un sourire narquois.

La dragonne cligna des yeux, surprise, puis sourit en retour.

« Peut-être que je vais rester encore un peu, » déclara-t-elle en croisant les bras sur sa poitrine.

Parmi ceux comme nous, il n’y avait pas besoin de mots pour exprimer nos intentions.

Maintenant, il ne reste plus qu’à attendre Alkelios… Je me demande ce qu’il va nous montrer. J’avais réfléchi à ça puis j’avais dirigé mon regard vers les portes en face de moi.

***

Chapitre 54 : Que le jeu commence

***Point de vue d’Alkelios***

J’étais arrivé aux portes du palais tout en mangeant calmement ma pomme. Au lieu de voir les deux dragons habituels, il y en avait six. Ils avaient tous l’air plutôt féroces et portaient de puissantes armures. En guise d’armes, deux d’entre eux portaient des lances et des boucliers, les autres des épées et boucliers. C’était une combinaison intéressante, mais j’aurais aussi ajouté une paire d’archers derrière les portes. De cette façon, l’ennemi aurait besoin d’esquiver les flèches en veillant à ne pas se faire empaler ou couper.

« Salut ! » Dis-je avec une expression joyeuse sur le visage.

Ils avaient répondu avec un regard noir.

« Arrête-toi là ! Qui es-tu ? » Demanda l’un d’eux.

« Avoir ? » J’avais cligné des yeux surpris quand j’entendis le mauvais verbe.

« Qui es-tu ? » demanda-t-il à nouveau.

« JE SUIS un humain… ou l’étais. En quelque sorte, je ne suis ni un humain ni un dragon pour le moment. Mais encore une fois, peut-on vraiment dire qui l’on est alors que les mystères de l’univers n’ont pas été découverts et que les merveilles des dieux bénissent encore notre monde ? » J’avais répondu en toute honnêteté avec une absurdité.

« Hein ? Humain ? À Drakaria ? » déclara-t-il en regardant son collègue, ils éclatèrent tous de rire.

« Ne plaisante pas, garçon ! Éloigne-toi d’ici, sinon nous devrons faire quelque chose ! » Celui à la lance me menaça.

Hm, depuis quand les gardes du palais sont-ils aussi idiots ? me demandais-je tout en les regardant.

Ceux d’il y a neuf mois étaient un peu plus stricts et prudents, à la fois avec leurs mots, mais aussi leur comportement, mais ces gars-là, par contre, étaient pleins d’ouvertures et me rappelaient les soldats débiles de l’armée de Brekkar.

Est-il possible… ? Hm, je me le demande ? avais-je pensé avant de leur demander. « Êtes-vous directement sous les ordres de cet idiot Draejan ? »

« Oui. Hein ? Attends ! Tu viens d’appeler notre chef un idiot ? » répondit l’un d’eux en remarquant mon insulte.

« Nous ne pouvons pas te laisser comme ça après avoir insulté le fils du duc, » déclara un autre alors qu’il dégainait son épée.

Ils prirent tous une posture agressive, oubliant apparemment le fait qu’ils étaient des gardes ici qui ne devaient répondre à aucune insulte ou provocation.

« Imbéciles..., » déclarai-je en secouant la tête.

Celui avec la lance fut le premier à attaquer. Je pouvais voir tous leurs mouvements au ralenti parce que j’avais la capacité de réagir beaucoup plus rapidement qu’eux. Ma vitesse n’était pas une blague.

Attrapant la lance avec ma main gauche, je tirai puis poussai, la retirant de ses mains. Avec celle-ci, j’avais donné un coup à gauche et en avais frappé deux. La lance s’était brisée, mais j’avais utilisé ce qu’il restait comme projectile pour poignarder l’autre lancier à la jambe. J’avais évité le coup d’épée et j’avais bloqué avec mon gant, celui venant de l’autre côté. En frappant le sol, j’avais sauté en avant et j’avais attaqué le dragon sans arme que j’avais envoyé contre le mur. Saisissant son bouclier, je l’avais ensuite jeté à l’épéiste à gauche et couru vers l’autre à droite. Mon lancer avait été efficace et lui avait caché la lumière du jour. Quant au dernier, il m’avait vu venir et avait essayé de se défendre avec le bouclier, mais je l’avais frappé en plein milieu. La force derrière mon coup n’était pas à prendre à la légère, et il avait été envoyé dans la rue avec son bouclier brisé.

« Faible..., » murmurai-je.

En enlevant la poussière de mon armure, j’étais entré dans le palais comme si j’y rentrais après une longue absence, calme et détendue. Pendant ce temps, les témoins de la bataille précédente ne pouvaient en croire leurs yeux. C’était normal. Après tout, selon leurs critères, les gardes étaient forts, peut-être proches du rang Empereur si on les comparait au rang d’aventurier, mais j’avais la force d’un éveillé supérieur. C’était une blague d’envisager la possibilité qu’ils me portent un coup et encore plus de me vaincre.

Dès que j’avais franchi les portes, j’avais été accueilli par un groupe de dix gardes du palais. L’alarme d’intrusion devait avoir retenti à la suite au vacarme à la porte. Eh bien, ce n’était pas comme si cela importait. Entrer après que Draejan m’ait banni était tout à fait impossible à moins d’y aller furtivement ou avec de la force brute. J’avais choisi ce dernier parce que c’était plus amusant et aussi plus bruyant.

« Bien ! Encore plus de chair à canon ! » avais-je dit avec une acclamation alors que je craquais mes doigts.

Les gardes m’approchaient avec l’intention de me tuer sur place, mais cela ne se produirait pas.

Avec un sourire, je m’étais précipité vers eux et j’avais commencé mon massacre. Bien sûr, je m’étais assuré de ne pas les tuer, juste de casser quelques bras et jambes, de leur donner un bon bleu pour qu’ils se souviennent de moi.

En ce qui concerne l’armure, bien que la mienne ressemble à une cotte de mailles avec du cuir dur, elle était beaucoup plus robuste et puissante qu’il n’y paraissait. De leur côté, les leurs semblaient meilleures visuellement, mais leurs enchantements n’étaient pas au même niveau. Pony Power avait un nom étrange, mais c’était l’équivalent de Barman pour l’alchimie, la compétence ultime d’artisanat pour ce métier spécifique.

Mon entrée dans la salle du trône allait être GRANDIOSE !

 

***

***Point de vue de Feryumstark***

Ce jour-là, assis sur mon trône, j’avais vu les dinosaures s’habiller en nobles alors qu’ils murmuraient entre eux sur ce qui allait arriver. Quel genre de décret devais-je donner ou à qui m’adresser ? Tellement de personnes s’étaient rassemblées qu’il était donc clair que j’avais une annonce importante à faire.

Certains de ces imbéciles croyaient même que j’étais ici parce que ma femme bien aimée avait finalement succombé aux effets du poison dans son système. Peu savaient que c’était loin de là.

D’un autre côté, même mes propres enfants semblaient être inquiets. Peu importe comment elle essayait de le cacher, Elleyzabelle ne pourrait jamais cacher de telles choses à son père. Quant à Elovius, il était raide comme un nain pris en train de parler de l’importance de la forêt avec un elfe. Seuls ces deux-là étaient présents aujourd’hui, les autres avaient d’autres problèmes à régler.

Parmi les serviteurs apportés par les nobles, j’avais remarqué plusieurs d’entre eux qui avaient fait de fortes impressions lors de la dernière guerre. Parmi eux, j’avais aussi vu la chevalière de ma fille, Seryanna. Elle était devenue une belle dragonne à écailles rouges et elle faisait partie des rares personnes à ne montrer ni peur ni inquiétude. À ses côtés se trouvait Thraherkleyoseya, la farceuse toujours énergique louée par mon dernier fils, Coshun, comme étant quelqu’un ayant un grand potentiel guerrier et politique. Kataryna était curieuse et peut-être un peu impatiente, mais c’était ainsi qu’était les éveillés supérieurs.

Elleyzabelle était la seule ayant amené ses trois serviteurs. Kataryna n’était pas quelqu’un qui pouvait être arrêté et je souhaitais également voir les deux petites filles de Brekkar. En parlant de cela, ce vieil imbécile se tenait à ma gauche, juste à côté d’Elovius. Il avait également amené un serviteur, son jeune apprenti Iolaus. Je n’avais jamais eu l’occasion de parler avec ce vieux dragon depuis le jour où il était parti pour Tomeron, mais si les choses se passaient bien aujourd’hui, je comptais l’inviter à prendre un verre.

En regardant à ma droite, je vis Draejan et son disciple à la capuche noire, qui se tenaient dans le fond, à côté des gardes. Il ne faisait pas partie des personnes ayant un statut noble dans ce royaume, roturier au mieux, il ne lui était pas permis de s’approcher à une certaine distance de moi. Il en avait été de même pour tous les autres qui étaient serviteurs de membres de la noblesse sans être nobles.

Personne n’était autorisé dans un rayon de trois mètres autour de mon trône, à l’exception de ceux que j’appelais. En face de moi, la noblesse était stratégiquement placée des deux côtés, à gauche et à droite, tandis que tous les membres du personnel sans rang de noblesse se trouvaient à l’arrière.

J’avais ordonné qu’il en soit ainsi à la fois pour induire certaines personnes en erreur et afin de disposer d’un bras puissant des deux côtés par l’intermédiaire de Kataryna et de Brekkar. Une fois que les déchets essayeraient de s’enfuir, j’allais vite les attraper par le cou et les écraser complètement.

Pourtant, un étranger oserait demander : pourquoi ces serviteurs seraient-ils ici en premier lieu ? Eh bien, c’est parce qu’un noble convoqué devant moi était autorisé à en amener un avec lui. Si par hasard je l’exécutais, le dragon qu’il avait amené était censé ramener leurs restes sans âme à leur famille et annoncer mon décret. D’autre part, si je devais les promouvoir ou le féliciter de quelque manière que ce soit, il pourrait leur ordonner de retourner dans leur fief et annoncer ce grand honneur.

Malheureusement, ces jours-ci, la plupart d’entre eux n’étaient que des porte-bagages. J’avais parfois pitié de ces pauvres types.

Cependant, aujourd’hui, cela ne serait ni un jour de promotion ni de rétrogradation. Ce serait une journée de… cueillette.

« Votre Majesté ! Nous avons un intrus ! » Un garde entra dans la pièce et annonça cela.

Tout le monde avait immédiatement commencé à s’inquiéter et avait regardé autour d’eux sans cesse. Des mots d’assassinat et tout le reste avaient commencé à être entendus dans toute la pièce.

« SILENCE ! » J’avais rugi.

Ils se turent une fois de plus et déglutirent en me regardant.

« Votre Majesté, nous devons faire quelque chose. » Un des nobles les plus maigres avait osé demander.

Je lui avais jeté un regard meurtrier, et il avait reculé.

« Si qui que ce soit ose bouger, je lui arracherai la tête. » Je les avais avertis alors que je fermais les yeux et me penchais sur mon trône.

Les plus faibles déglutirent, tandis que les plus forts se crispèrent. Kataryna essayait de retenir un fou rire, alors je l’avais ignorée. Le seul parmi eux ayant une réaction différente était Brekkar. Il laissa échapper un soupir et secoua la tête. Même lui ne savait pas pourquoi il était convoqué, mais il savait que ça ne servait à rien de me demander.

Ainsi, nous avions attendu…

Peu de temps après, les portes s’ouvrirent et deux gardes royaux volèrent dans les airs, tombèrent par terre et roulèrent plusieurs fois jusqu’à ce qu’ils s’arrêtent. On pouvait entendre des gémissements de douleur et nous avions tous regardé les portes.

« Pardon ! Pardon ! Est-ce que je suis en retard pour la fête ? » Demanda Alkelios avec un sourire éclatant alors qu’il entrait dans la salle d’audience, tirant un garde gémissant par la nuque.

Au moment où je l’avais vu, j’avais su qu’il avait changé. L’air autour de lui était différent. La faiblesse à l’intérieur de lui avait disparu. Cet homme n’était pas du genre à s’amuser, et mon instinct me disait qu’il était dangereux.

Il ne plaisantait pas quand il a dit qu’il reviendrait plus fort que jamais… mais à quel point es-tu puissant, Alkelios ? J’avais réfléchi puis j’avais laissé apparaître un petit sourire narquois sur mes lèvres, mais seulement pendant une fraction de seconde.

Pour dire vrai, je voulais me battre avec lui maintenant… un combat sanglant à travers lequel je pourrais tester ses limites.

« Qui es-tu ?! Comment oses-tu entrer dans cette salle ! » Cria un noble.

Je crois que c’était un marquis du sud.

« Hm ? Je suis Alkelios Yatagai, ancien humain. Voilà, un cadeau. » Il se présenta puis jeta le garde qu’il traînait.

« AAAh ! » Les deux dragons crièrent avant de se heurter et de tomber au sol.

Se frottant les mains, il s’était approché de moi à travers la foule de nobles et serviteurs, indifférent aux personnes qui lui jetaient des regards noirs ou qui avaient leurs mains sur la poignée de leurs épées.

« Votre Majesté, permettez-moi de tuer cette peste. On dirait qu’il n’a pas retenu la leçon de la dernière fois, » déclara Draejan qui commençait à prendre son épée.

« Je pensais avoir dit de tous vous taire, » je lui jetai un regard noir.

Le dragon avait tressailli et avait dégluti.

En regardant Alkelios, je l’avais observé s’arrêter à environ cinq mètres de moi. Un seul pas était nécessaire pour me rejoindre.

« En effet, j’ai quelques affaires en suspens avec cet idiot là-bas, mais pour l’instant, j’ai des tâches bien plus importantes à régler. Alors, Mesdames et Messieurs, si je peux attirer votre attention, s’il vous plaît ! » Cria-t-il.

Les nobles qui ne pouvaient pas sentir sa force se moquèrent et le prirent pour un imbécile bientôt mort. Dans notre société, il avait commis plusieurs péchés en arrivant ici. Parmi tous, rompre sa promesse de duel était le pire. Mais tout cela était également conforme à son plan… après tout, j’avais besoin de certaines conditions pour pouvoir le pardonner et pour que les nobles les plus influents de ce royaume l’acceptent, et il savait ce qu’il fallait pour rendre cela… aussi réel que possible.

« Vous regardez tous ? Bien ! » Il avait souri puis se tourna vers moi.

« Quel est le sens de cette… blague ? » demandai-je avec un grognement.

« Oh, comme c’est effrayant ! Le grand dragon va me mordre ? » Il avait ri.

Insulter le plus haut rang de la royauté d’un pays était un geste insensé, mais c’était pour le mieux. Tandis que les nobles vomissaient des jurons, la queue de Kataryna remuait, révélant son excitation.

« Cet homme est fou ! Que quelqu’un le décapite et le fasse sortir immédiatement ! » déclara l’un baron de l’est.

« Hm ? Vraiment ? Mais je ne suis pas encore à la bonne partie, Kataryna, est-ce que tu vas laisser ça arriver ? » demanda-t-il avant de faire un clin d’œil à la dragonne.

C’était la première fois depuis des siècles que je voyais rougir cette dragonne gelée. Je pensais un instant voir des choses.

« Huhuhu ! Si quelqu’un ose le toucher, je l’embroche ! » Grogna-t-elle.

En regardant autour de moi, je vis que Brekkar souriait jusqu’aux oreilles, Iolaus soupirait et secouait la tête comme s’il voyait quelque chose d’impossible, Seryanna souriait avec ses joues devenues roses et Kléo souriait.

Ils savaient que cela faisait partie de ce retour, mais tout le monde n’était pas au courant de ce jeu, surtout Kataryna.

« Merci ! » déclara Alkelios.

Il se retourna et me regarda droit dans les yeux.

« Maintenant ! Je crois que nous avons quelque chose à nous dire ! Mais d’abord, laissez-moi prendre un selfie ! » Sourit-il.

« Un quoi ? » Demandèrent plusieurs dragons.

L’homme à la capuche noire amené par Draejan fut le seul à réagir en levant la tête. J’avais pris connaissance de cela.

« Soupir. Ça ne fait rien. La blague est trop nouvelle pour vous, mais enfin, comme je le disais. Avant de commencer à parler, je veux m’assurer que Votre Majesté ne fera pas une bêtise, » avait-il déclaré.

« Hm. Qui sait ? » Je haussai les épaules.

« Bien ! Voici ma garantie de ne pas me faire attaquer ! » déclara Alkelios avant de lever la main. « Itsy Itsy BOOM ! »

Au-dessus de sa main, une grande sphère rouge semblable à du magma était apparue. Elle faisait trois mètres de diamètre et m’avait même donné des frissons. Cette chose était sans aucun doute… dangereuse.

Je pensais qu’il plaisantait quand il m’a dit à quel point cette magie était puissante…, pensais-je.

« Maintenant, je n’ai pas encore lancé cette attaque, mais elle peut facilement faire disparaître toute la ville et empoisonner la région, rendant cette terre invivable pour quoi que ce soit pendant plusieurs siècles. Vous ne pouvez pas voir le poison. Vous ne pouvez pas le détecter avec vos connaissances. Vous ne pouvez rien faire à ce sujet. Si vous êtes frappé par elle et si vous survivez, vos futurs descendants auront d’horribles mutations. Ce n’est pas une blague. Ce n’est pas un exercice. Brekkar et Kataryna peuvent le confirmer pour vous, Votre Majesté, si je blague ou non, » nous avait-il dit.

Je savais déjà que ce n’était pas une blague. Je savais que c’était réel. Même moi, j’avais dégluti en voyant cette magie.

« Il dit la vérité… une vérité froide et effrayante..., » déclara — Kataryna avec un sourire narquois.

« En effet. » Brekkar hocha la tête et croisa les bras sur sa poitrine.

À ce stade, cela ne pourrait être considéré que comme une attaque directe contre la royauté. Même s’il se retirait maintenant, je serais obligé d’envoyer l’armée entière après lui et de le tuer. J’imagine que c’était la raison pour laquelle Draejan souriait… Il prévoyait ce résultat. Heureusement, il n’avait pas toutes les pièces du puzzle dont il avait besoin pour faire une vraie prévision. Comme tous les nobles ici présents, ils pensaient qu’Alkelios n’était qu’un fou sans aucune chance de s’échapper ou de survivre après ça.

« Maintenant, je vais dire ce que vous ne pouvez pas faire. Tout d’abord, si vous m’attaquez physiquement, magiquement, ou avec des sorts mentaux, je vais faire exploser ce sort. Si vous m’énervez, je le fais exploser. Si vous essayez d’agir vicieusement ou personnellement, je vais faire exploser ce sort. Si vous mentez, il explosera. Si vous essayez de me tuer ou même réussissez à me tuer, ce sort explosera. Si vous essayez de bloquer ce sort dans une sorte de bouclier, il explosera avant d’être bloqué. Si tel est le cas, tout le monde dans ce château et ses environs immédiats sera littéralement transformé en poussière. Est-ce que je me suis bien fait comprendre ? » demanda Alkelios en plissant les yeux.

J’avais hoché la tête. « Oui. J’ordonne par la présente à toutes les personnes présentes de ne pas lever un seul doigt contre cet homme pour le moment. »

C’est triste de le dire, mais cette démonstration de puissance brute et impitoyable est le meilleur moyen de communiquer avec les nobles idiots coincés qui mentent un peu trop souvent, ou qui essayent de tricher ou de prendre avantage sur les autres. Parfois, pour gagner le respect, vous deviez d’abord les frapper au visage jusqu’à ce qu’ils acceptent. Ce n’est qu’alors qu’ils pourraient vous reconnaître de ne pas oser agir bêtement. Je pensais que lorsque je me souvenais de ma jeunesse, j’avais l’habitude de faire des choses similairement imprudentes…

Il était malheureux que nous ne puissions pas régler les choses avec des mots, mais il y avait trop d’idiots autour du trône et trop de personnes qui refuseraient de le reconnaître. Des années de négligence de la couronne feraient de même pour n’importe quel roi ou empereur, peu importe, sa puissance.

Du bon côté des choses, une fois que cela sera terminé, les pays voisins auraient quelque chose de plus à craindre autre que ma faiblesse inexistante.

***

Chapitre 55 : Neuf mois plus tôt

Partie 1

***Point de vue d’Alkelios***

Je me tenais actuellement au milieu de la salle du trône du royaume d’Albeyater, tenant une bombe nucléaire au-dessus de ma tête et menaçant d’éliminer toute la capitale aux côtés de ma fiancée et mes amis.

Est-ce que j’étais fou ?

C’était une façon douce de le dire.

Toute cette mascarade avait commencé quand j’avais rencontré le dragon assis sur le trône devant moi pour la première fois neuf mois plus tôt.

Feryumstark Seyendraugher était un homme imposant à bien des égards. Il était un dirigeant juste avec une poigne de fer sur tous ceux pensant aller contre lui, mais ces derniers temps, il était un peu en retrait. La raison principale était son épouse, Elliessara, qui avait été empoisonnée 38 ans plus tôt par un « ambassadeur » humain.

Normalement, on pourrait penser que sa colère contre mon espèce aurait atteint des sommets insurmontables, mais ce n’était pas le cas comme je l’avais appris.

Juste en étant assis devant lui, je m’étais remémoré cette nuit-là…

***

[Neufs mois plus tôt]

Je me tenais devant le roi du royaume d’Albeyater, Feryumstark Seyendraugher, et derrière lui se trouvait sa bien aimée femme malade.

Le dragon lisait les lettres qu’il avait reçues de Brekkar et de sa petite fille Elleyzabelle. Pendant ce temps, j’attendais à la fenêtre, priant dans ma tête de ne pas me faire tuer. J’avais peur, une peur mortelle parce que ce dragon dépassait de loin mon imagination. Il n’était pas seulement puissant, il était en fait un vrai monstre doté d’une force insondable. Pour être honnête, je ne pouvais même pas imaginer Kataryna gagnée contre lui, et ce dragon n’était pas encore apparu dans un combat.

En même temps, moi, un héros humain, me tenais devant lui, attendant…

« Elles sont authentiques, » déclara-t-il en se calmant un peu.

La soif de sang dans l’air s’estompa et je pouvais sentir mon corps commencer à se détendre.

« Je sais… mais ça n’en restait pas moins effrayant, » m’étais-je plaint.

« Mes excuses. Le dernier humain en qui j’ai eu confiance… n’a pas été très honnête. » En disant cela, il se retourna et regarda sa femme endormie.

« Pour être honnête, il est sage d’agir ainsi, peu importe l’espèce. » Je lui fis un sourire ironique.

« C’est vrai. La lettre de Brekkar parle de quelque chose d’intéressant… Vous n’êtes pas de ce monde, semble-t-il ? » demanda-t-il en plissant les sourcils.

« Ah oui. Voulez-vous entendre mon histoire ? Cela prendra peut-être un peu de temps. » Je souris.

« J’aimerai beaucoup. Asseyez-vous. Je vais aller dire aux servantes de nous apporter une collation et du thé. » Il désigna une chaise à côté de moi.

« J’apprécie, merci. » Je hochai la tête en souriant.

« Honnêtement… j’aime ça. » Il sourit.

Ses mots m’avaient un peu dérouté.

Après que je me sois assis, le roi se dirigea vers la porte et, sans l’ouvrir ordonna au serviteur de l’autre côté de nous apporter du thé et des collations. Lorsqu’il entendit la confirmation, Feryumstark s’approcha de moi et tira une chaise sur laquelle il s’assit.

« Alors, par où devrais-je commencer ? Ah oui ! La Terre ! » déclarai-je avec un sourire.

J’avais alors commencé à lui dire comment j’étais arrivé dans ce monde. J’avais aussi dit comment j’avais rencontré Seryanna, Kléo, Brekkar, puis Kataryna et Iolaus. Je lui avais raconté comment j’avais rencontré le marchand à Tors et même comment j’avais fini par rencontrer Draejan. Je n’avais pas oublié de lui parler de l’événement à Pertiko et de la façon dont j’avais rencontré un autre terrien, mais j’avais laissé tous les détails précis de côté. D’une manière ou d’une autre, je doutais qu’il veuille savoir à quel point il était bon d’embrasser Seryanna.

Pour le dire franchement, je ne lui avais dit que la vérité et pas un seul mensonge.

Certains pourraient dire que c’était une chose stupide à faire. Même moi je l’aurais dit. L’information dans ce monde pourrait faire la différence entre la vie et la mort, cependant, étais-je vraiment dans une telle position où je pouvais cacher des choses ? J’étais devant le plus puissant dragon du royaume d’Albeyater, dont l’épouse avait été empoisonnée par un humain. Si je voulais même avoir une chance de recevoir de l’aide de sa part ou de prouver que j’étais de son côté, je devais lui dire la vérité, toute la vérité.

« Et puis j’ai finalement décidé que je passais assez de temps à attendre. J’ai écarté tous mes soucis et mes peurs, je me suis glissé dans le palais et suis allé rencontrer Seryanna. Après une conversation, je le lui ai proposé. C’était il y a plusieurs heures. Juste après avoir quitté sa chambre, je suis venu ici. » Je hochais la tête alors que je finissais mon récit.

« Alors, c’est son odeur qui s’attarde sur vous. » Il sourit.

« Tout à fait. » Je hochai la tête.

« Que pensez-vous de la possibilité d’épouser une dragonne ? » Me demanda-t-il.

« Pour être honnête, je me sens très excité et heureux. J’aime Seryanna, c’est pourquoi je veux rester à ses côtés aussi longtemps que je serai en vie. » Je hochai la tête.

« Et si les héros humains ou les rois de ce monde vous demandent de la trahir ? » Il plissa les yeux.

« Ensuite, j’espère qu’ils se sont déjà réservé une place dans le cimetière, car il n’y a aucun moyen que je puisse faire ça ! Je préfère devenir un traître envers l’humanité et embrasser la femme de ma vie que de la perdre et de gagner des points avec un roi inconnu ou un héros. » J’avais serré le poing et, sans le savoir, libéré un peu de mon intention meurtrière.

Quand j’avais réalisé cela, je m’étais calmé et avais présenté mes excuses.

« J’aime votre réaction, Alkelios. Si vous aviez menti tout à l’heure ou fait preuve d’hésitation, je me serais peut-être méfié de vous, mais je peux voir que votre cœur et votre tête sont au bon endroit. Seryanna a trouvé un bon compagnon. » Il sourit.

« Compagnon est un peu bizarre, mari peut-être ? » J’avais ri.

« Pour les dragons, c’est la même chose, alors ne le prenez pas comme une offense, jeune homme, » me déclara-t-il.

« D’accord, je m’en souviendrai. » Je hochai la tête.

« Maintenant, vous avez dit avoir guéri Brekkar, et sa lettre le confirme. Bien que ce soit difficile pour moi d’y croire… mais si c’est le cas, vous êtes l’un des meilleurs alchimistes de ce royaume. Non, vous êtes peut-être l’un des meilleurs de ce continent. » Il croisa les bras et baissa les yeux en pensant à quelque chose.

« Pourquoi ne pas essayer de voir si je peux aussi guérir la reine ? » avais-je demandé en haussant les épaules.

Le roi leva la tête et me regarda, surpris.

« Juste comme ça ? Que voulez-vous en retour ? » demanda-t-il.

« Rien vraiment. » Je haussai les épaules.

Il avait penché la tête, confus.

« Hm ! Mais je suppose que ne rien demander serait grossier. Pourtant, c’est la vérité, il n’y a rien de particulier que je veuille comme récompense. Pas maintenant, du moins peut-être plus tard ou peut-être jamais, mais ce que je sais, c’est qu’en la guérissant, je vous aiderai, vous et ce royaume. Ce royaume est aimé et protégé par Seryanna et Brekkar, mes amis. Si je peux les aider, je le ferai. » Je hochai la tête.

« C’est très généreux de votre part. » Il sourit.

« Ce que je veux, sans lien avec cette affaire, c’est si vous pouviez résoudre le problème avec Draejan. » Je lui avais dit ça avec un sourire ironique.

« Hm… je ne peux pas faire ça. » Il revint à sa position de réflexion.

« Pourquoi pas ? Pouvez-vous expliquer ? » avais-je demandé.

« Vous êtes humain de la Terre, alors vous ne savez pas comment les choses fonctionnent ici. Légalement, il n’a pas contredit ma parole ni abusé de son pouvoir selon les normes chez les dragons. D’autre part, vous avez perdu dans un duel contre lui, vous avez brisé la promesse faite lors de ce duel en prenant en plus la chasteté de sa fiancée légale. En plus de cela, vous êtes un humain sans statut, mais il est le fils d’un duc et aussi mon petit-fils. En somme, il a le droit de s’asseoir sur mon trône, tout comme la princesse Elleyzabelle. Sur le plan politique, vous êtes un intrus dans ce royaume en tant qu’humain, une espèce actuellement en guerre contre nous, alors qu’il est un dragon avec du sang royal coulant dans ses veines et un membre respecté de la noblesse de ce royaume. En gros, vous n’avez absolument aucun point me permettant de dissoudre son engagement avec Seryanna, peu importe la manière dont c’est arrivé. En même temps, sans vos amis dragons, en particulier Kataryna et Brekkar, je serais obligé de vous mettre en garde à vue et de vous faire arrêter pour violation de propriété, » avait-il expliqué d’un ton calme, mais froid.

Tout ce qu’il avait dit était absolument correct. Je n’avais rien sur quoi me tenir dans ce royaume et en rencontrant Seryanna, j’avais enfreint plus de règles que je ne pouvais compter. Peut-être me jeter derrière les barreaux était la punition la plus légère qu’il puisse me donner.

« N’y a-t-il pas moyen de tout faire… disparaître ? » avais-je demandé.

« Si vous me demandiez cela comme une récompense pour avoir sauvé ma femme, peut-être. Je donnerais l’impression de forcer les choses, mais votre position parmi les nobles ainsi que celle de ma fille tomberait en conséquence. Vous ne serez pas différent de tout autre être humain à leurs yeux, » déclara-t-il en secouant la tête.

« Ça ! J’aimerais l’éviter. » Je laissai échapper un gros soupir.

En entendant cela, je m’étais senti plutôt découragé.

« Habituellement, dans une telle situation… il est assez difficile de faire annuler des choses ainsi. Il y a aussi la question des pays voisins. Albeyater reçoit un soutien de guerre chaque fois que nous combattons les armées humaines envahissantes. Nous sommes la ligne de front, nous prenons donc la force principale. Nous subissons le plus de pertes, alors les autres royaumes compensent par une offrande d’or, d’armures, d’armes, de nourritures ou de dragons... Ce commerce dépend aussi fortement de la façon dont leurs politiciens me voient, » avait-il déclaré.

« La façon dont leurs politiciens vous perçoivent ? » avais-je demandé en fronçant les sourcils.

Dans mon esprit, je ne pouvais pas voir comment ces deux éléments étaient liés. Les affaires internes d’Albeyater étaient leurs propres affaires, alors pourquoi cela importait-il que le roi semble beau à leurs yeux ou non ? Encore une fois, qu’est-ce que cela impliquait même depuis qu’il s’était isolé dans cette pièce depuis l’empoisonnement de sa femme ?

« Les dragons vivent longtemps et certains ont des mémoires remarquables. Dans le monde extérieur, même si je ne suis pas sur la scène politique depuis longtemps, je suis toujours considéré comme un puissant et dominant dragon. Si un humain venait et me forçait à conclure un accord avec lui, les autres royaumes ne le verraient que comme si je cédais après que ma femme ait été empoisonnée. Ils s’en serviraient pour me désigner comme indigne de confiance et pour supprimer leurs fonds de soutien à la guerre. Cela porterait un coup dur à mon royaume et nous rendrait vulnérables lors d’une future invasion, » déclara-t-il en fermant les yeux.

« Et ce n’est pas tout, n’est-ce pas ? » demandai-je avec un sourire ironique.

Ouvrant les yeux, il me regarda et répondit « non. »

J’avais dégluti.

« Un royaume est soutenu par les roturiers, mais les nobles sont ceux qui les dirigent, tandis que le roi dirige les nobles. Toutes modifications apportées par le roi doivent être approuvées par les nobles avant d’atteindre les roturiers. Ne pas suivre ce processus conduit à la tyrannie et à la rébellion. Bien sûr, cela ne fonctionne pas lorsque le roi est bon, mais les nobles corrompus. Dans une telle situation, le roi et les roturiers vont faire partie de la rébellion, tandis que les nobles sont ceux qui veulent garder les vieilles coutumes, » avait-il expliqué.

« En d’autres termes, perdre la confiance des royaumes voisins signifie perdre la confiance des nobles de votre royaume ? » avais-je demandé.

« Précisément. Si l’extérieur me considère comme faible, il est dans leur intérêt de me remplacer. Par conséquent, une rébellion sera soutenue par l’extérieur par le biais du soutien pour la guerre qui devait aller à mes troupes. Cela ne signifie pas qu’un roi digne de confiance se lèverait pour faire le travail. Il y a de fortes chances que toute la rébellion soit dirigée par des nobles corrompus, ce qui peut conduire à l’ascension d’un tyran sur le trône, » avait-il expliqué.

« Cela rendrait la situation encore pire dans ce cas, hein ? » remarquai-je, laissant échapper un soupir.

« En effet. » Il acquiesça.

***

Partie 2

« Alors… Comment suis-je censé changer les choses ? Comment puis-je ne pas vous faire perdre de votre influence extérieure ? » demandai-je avec désespoir.

« Détendez-vous. Ce n’est pas quelque chose d’impossible, mais plutôt improbable. Avec votre force actuelle, c’est impossible, mais si vous deveniez un éveillé supérieur, cela pourrait changer. » Il acquiesça.

« Donc, il y a une chance, non ? Attendez… éveillé supérieur ? En quoi le fait que je devienne fort serait-il lié à tout cela ? » demandai-je, confus.

« Les humains sont des êtres valorisant davantage leur capacité à être rusé et conscient de leur environnement politique. D’autre part, les dragons valorisent la force individuelle et la force de groupe ainsi que leur assurance dans les affaires critiques, » avait-il répondu.

« Alors, les humains mentent et sont vicieux alors que les dragons se frappent la poitrine et rugissent ? » demandai-je en fronçant les sourcils.

Mes mots avaient fait éclater de rire Feryumstark.

« C’est tout à fait vrai, petit humain ! » déclara-t-il après s’être calmer.

« Hm... » Je m’étais penché en arrière et m’étais frotté le menton.

« Ho ? Y a-t-il quelque chose à laquelle vous pensez ? » demanda-t-il en plissant les yeux.

« Vous avez dit que je devais être sûr de moi et fort, non ? » avais-je demandé.

« Oui, » il acquiesça.

« Disons que j’atteigne ce niveau. Ce que je ne comprends pas, c’est comment cela me sortirait de ma situation actuelle, » demandai-je en fronçant les sourcils et haussant les épaules.

« C’est simple. Vous organisez une démonstration de force dans laquelle vous prouverez votre force. » Il sourit.

« Comme un duel ? » avais-je demandé en haussant un sourcil.

« Comme me lancer un défi directement. » Il sourit.

« Impossible ! Je vais mourir ! » m’étais-je immédiatement plaint.

« Allez ! Si vous avez combattu Brekkar ou Kataryna, alors vous pourriez sûrement lutter contre moi ! Votre chance vous permettra d’assurer votre survie ! » ajouta-t-il.

« Pas en un seul morceau ! » avais-je répondu.

Le regard dans les yeux du roi changea soudainement pour devenir sérieux et se dirigea vers la porte. Il l’ouvrit juste assez pour que son serviteur puisse passer le plateau avec deux tasses de thé chaudes et quelques collations. Sans dire un mot, il le prit et ferma la porte.

« Le thé est ici, » me déclara-t-il.

« Ah… OK. » Je hochai la tête.

Feryumstark posa le plateau sur la table à côté du mur puis m’apporta la tasse de thé.

« Merci ! » Je hochai la tête en l’acceptant poliment.

« De rien. Mais je dois dire que peu de personnes ont la chance de se faire servir du thé par un membre de la royauté, » déclara-t-il en s’asseyant sur sa chaise.

« Eh bien, je vous l’ai dit, n’est-ce pas ? Je ne viens pas d’un pays où la royauté est respectée. » Je souris.

« Cependant, ce n’est pas comme si vous ne connaissiez pas les manières avec les membres de la royauté. Seryanna a dû vous les apprendre, » déclara-t-il avant de prendre une gorgée de sa tasse.

« Oui, elle l’a fait, mais si je devais agir en gardant cela à l’esprit, comment seriez-vous capable de juger de mon vrai caractère et d’avoir une discussion plus simple avec moi ? Je suis bien conscient que vos mots peuvent être les mêmes que des ordres pour moi, mais maintenir une discussion soutenue n’aurait pas été très productif pour nous deux. En plus, c’est embêtant. » Je haussai les épaules puis pris une gorgée de thé.

C’était délicieux, mais malheureusement, je ne buvais pas beaucoup de thé. Je ne savais pas comment l’apprécier correctement. Pour moi, c’était chaud, calmant et délicieux.

« C’est le préféré de ma femme. Rossenrhode mélangé à des blueberries et une pincée de menthe. » Il me fit un doux sourire tout en regardant sa tasse de thé.

Je regardai la reine endormie et lui demandais. « J’avais l’intention de demander, mais n’allons-nous pas la réveiller avec notre conversation ? »

« Impossible. » Il secoua la tête. « Elle peut à peine rester éveillée plus de quelques minutes chaque jour. Quand elle se réveille, je suis habituellement ici, prêt à lui donner les médicaments prescrits par les guérisseurs. C’est la tasse là-bas, sur la table de nuit. » Il pointa du doigt une tasse de thé similaire à la nôtre, mais avec un liquide noir dedans.

« Puis-je regarder ? » avais-je demandé.

« Ne le renverse pas et ne le respire pas, » déclara-t-il en prenant calmement une gorgée de son thé.

Je hochai la tête puis m’approchai du thé.

« Activé..., » murmurai-je alors que je pensais utiliser Identificus Processus Juridicus.

À ce moment-là, le processus d’activation d’une compétence était encore un mystère pour moi. Il y avait des moments où je les utilisais sans dire un mot, tandis que d’autres fois, au lieu de dire « activer », je devais crier le nom de la compétence. Toutes ces options me venaient naturellement et je n’avais jamais remarqué de différence. Ce n’était qu’après avoir passé quelques mois dans la forêt Seculiar à m’entraîner que j’avais enfin compris l’astuce derrière tout cela.

Le système d’activation des compétences prenait en compte le fait que nous, les héros humains, n’avions jamais utilisé de magie sur Terre. C’était une sensation nouvelle et mystérieuse pour nous tous, c’est la raison pour laquelle notre cerveau n’était tout simplement pas prêt pour utiliser la magie et devait donc l’apprendre lentement. Il y avait aussi un facteur psychologique qui jouait. Si nous pensions pouvoir l’activer sans dire un mot, nous le pourrions, nous devions essayer de contourner ce que la peur ou les inquiétudes nous rendaient incapables de faire.

Identificus Processus Juridicus avait été activé avec succès et m’avait envoyé les informations suivantes :

Thé empoisonné de Rossenrhode au Ryumarry ; Thé revitalisant aromatisé à la Rossenrhode pour un goût plus agréable. Il a les propriétés de calmer les nerfs et d’induire une sensation relaxante pour le corps. La préparation a été empoisonnée avec des racines de Ryumarry, une substance inodore et insipide qui affaiblit le système immunitaire, provoque des vertiges, une somnolence intense et une sensation de fatigue générale.

Barman : Ingrédient, feuille de Rossenrhode. Racine de Rossenrhode. Racine de Ryumarry. Feuilles de Playas. Zeste de citron. Racinde d’Adeline. Eau. Sucre. Nécessite un Alchimiste de rang Compagnon pour le créer.

J’avais dégluti après avoir lu ceci.

« Pendant combien de temps avez-vous dit qu’elle a pris ce produit ? » Lui avais-je demandé.

« Un an après son empoisonnement. Pourquoi ? » répondit-il en plissant les yeux.

Voyant le changement dans mon expression, il posa son thé et vint vers moi.

« Avez-vous trouvé quelque chose de suspect ? » me demanda-t-il.

« J’ai juste besoin de confirmer quelque chose. Connaissez-vous la composition de cette... substance ? » lui avais-je demandé en montrant le thé.

« Oui. » Il acquiesça. « Des feuilles de Playas, des feuilles de Rossenrhode, de la racine de Rossenrhode, du zeste de citron, de la racine d’Adeline, de l’eau et du sucre en fonction des goûts de la personne le prenant, » déclara-t-il.

« En êtes-vous sûr ? » Je lui avais demandé cela.

« Oui. Absolument ! J’en ai moi-même bu quand ils ont commencé à en donner à ma femme. Il est destiné à l’aider à se rétablir et à la maintenir en vie dans l’espoir de trouver un antidote au poison. Malheureusement, au cours des huit dernières années, j’ai constaté une détérioration de son état de santé… Dernièrement, elle peut à peine garder les yeux ouverts et elle peine assez pour que je l’aide à boire le thé. » Il baissa les yeux avec tristesse.

« Je ne suis pas surpris. » Je haussai les épaules.

« Qu’est-ce que vous voulez dire par là ? » Il plissa les yeux vers moi.

« Eh bien ! Ma compétence Barman, celle dont je vous ai parlé, me permet de connaître les ingrédients des potions ou quelles potions je peux faire avec des ingrédients. Cela me dit également quel niveau d’alchimie je dois atteindre pour la créer, » expliquai-je.

« Qu’est-ce que vous avez trouvé ? » demanda-t-il d’un ton grave.

« Identificus Processus Juridicus m’a dit qu’il s’agit d’un thé empoisonné. Ma compétence m’a aussi indiqué quel est le poison utilisé. Maintenant, je vais vous lire exactement ce qui y est dit : La préparation a été empoisonnée avec des racines de Ryumarry, une substance inodore et insipide qui affaiblit le système immunitaire, provoque des vertiges, une somnolence intense et une sensation de fatigue générale, » répondis-je en le regardant.

L’intention meurtrière du roi était de retour, mais cette fois, elle ne m’était pas dirigée. Néanmoins, je pouvais sentir la pression de la puissance pure émanant de son corps. Il n’était pas du tout content de ce qu’il venait d’entendre.

« Vous dites que quelqu’un a empoisonné ma femme ? UNE FOIS DE PLUS ?! » Grogna-t-il.

« Oui. » Je hochai la tête. « Et si vous y réfléchissez, les effets du poison, bien que non mortels, coïncident avec ce que vous avez vu : la somnolence et la faiblesse du corps. » Je lui avais dit cela.

Il resta silencieux, ne cessant de regarder la tasse de thé qu’il avait personnellement fait boire à sa femme. Il était impossible pour moi de comprendre l’ouragan d’émotions qui sévissait dans son cœur, alors j’avais continué de parler.

« Le plus troublant est l’affaiblissement du système immunitaire. Celui-ci garantit fondamentalement que la précédente potion agisse plus rapidement et mieux que précédemment. Le fait que vous ayez mis si longtemps à le savoir était également dû au fait que vous avez probablement été amené à croire que cela faisait partie du processus naturel de l’autre poison. Si elle en est nourrie en petites quantités, cette racine de Ryumarry ne servira que de médicaments pour dormir, mais comme la reine en a bu pendant plus de huit ans, elle s’est lentement accumulée dans son corps. Celui-ci étant incapable de le traiter et de l’expulser complètement, cela a fini dans la situation actuelle où elle peut à peine garder les yeux ouverts pendant quelques minutes par jour. Peut-être que si elle n’était pas une dragonne, elle serait morte depuis longtemps. » J’avais hoché la tête.

« Qu’est-ce qui vous fait croire que cela fait huit ans et pas plus ? » avait-il demandé.

« D’après ce que vous m’avez dit, sa santé a commencé à se détériorer il y a environ huit ans. Jusque-là, le coupable n’y avait pas mélangé de poisons. Ils vous ont laissé croire qu’elle prenait quelque chose de bon, testé, jusqu’à ce qu’ils soient certains que c’était devenu une habitude. Juste le médicament habituel. La preuve en est que vous ne soupçonniez même pas que le thé soit empoisonné par autre chose, surtout par quelque chose d’aussi simple que de la Ryumarry, qui a lui seul ne pourra jamais tuer un dragon. Pendant tout ce temps, vous et tout le monde pensiez que c’était en fait le premier poison qui montrait ses effets, » avais-je expliqué.

« Y a-t-il quoi que ce soit que nous puissions faire maintenant ? » demanda-t-il alors que sa colère commençait doucement à se calmer.

Peut-être était-il arrivé à la conclusion que faire rage ici aurait été mauvais pour nous tous. Là encore, il finirait par faire fuir l’empoisonneur avant qu’il ne puisse le capturer.

« En ce moment, si je regarde son statut, je ne verrai que son nom et son niveau de puissance. Si vous pouvez la réveiller et la convaincre d’accepter de devenir mon amie, je pourrai alors voir à la fois le poison en question, ses effets et même comment y remédier, si je suis suffisamment habile, » lui avais-je dit.

« Cela ne devrait pas être un problème… Elle se réveillera bientôt, c’est pourquoi j’avais préparé le thé, » me déclara-t-il. Puis il se dirigea vers la tasse et la versa dans le seau à déchets qui heureusement était vide.

« J’avais l’impression qu’au lieu du seau, vous alliez le verser dans le pot d’une de ces plantes, » avais-je dit.

« Et tuer une plante innocente ? Ma femme me tuerait si elle le découvrait. » Il avait souri.

« Je vois… eh bien, je suppose que nous allons attendre son réveil ? » lui avais-je demandé.

« En effet… et merci. » Il inclina la tête devant moi.

« Hein ? Pour quoi ? » demandai-je, surpris par ce geste.

« Pour avoir découvert le poison dans le thé, » me déclara-t-il.

« Ne vous inquiétez pas pour cela. Maintenant, parlons un peu plus de l’utilité de ma force mentionnée plus tôt. » Je lui fis un sourire.

« En effet, élaborons davantage à ce sujet. Hm, vous pourriez commencer par me dire votre liste de compétences de combat ou tout ce que vous avez pouvant être utilisé à des fins d’intimidations. Votre Barman devrait être gardé secret, pour le moment. » Dit-il en hochant la tête.

Nous étions retournés à nos places et, par mesure de sécurité, j’avais aussi analysé le thé que nous buvions, mais celui-ci n’était pas empoisonné.

***

Partie 3

Pendant que nous attendions le réveil de la reine, nous avions trouvé plusieurs moyens de m’imposer à la cour et de faire en sorte que je devienne un sujet du roi. Malheureusement, aucune solution ne pouvait être appliquée pour le moment parce que je n’avais pas la force nécessaire. Si cela dépendait de lui, nous n’aurions pas besoin de passer par tous ces tracas. Le simple fait que Brekkar et Kataryna m’acceptent lui suffisait, le problème venait, comme il l’avait dit, du reste de la noblesse, qui devait également s’apaiser pour éviter une éventuelle rébellion ou des actes de trahisons.

Cependant, une fois que je lui avais parlé de mon voyage dans la forêt Seculiar, nous avions pris en compte la possibilité que je parvienne à atteindre l’éveil supérieur. Avec ma chance, c’était hautement probable. J’aurai à la fois la force et les capacités nécessaires pour y survivre et atteindre le niveau 1000. Mentalement, j’en étais proche, alors ce n’était pas un problème non plus.

À la fin, Itsy Bitsy BOOM ! s’était révélé être un outil d’intimidation très intéressant et remarquable que je pourrais utiliser, comme un atout pour que tout le monde reste tranquille et m’écoute.

Je lui ai expliqué les détails de cette compétence et il avait frémi à l’idée de la faire exploser dans une zone peuplée. C’était une arme impressionnante avec un effet redoutable sur la région. Il m’avait averti de ne jamais l’utiliser, à moins que les circonstances ne l’exigent absolument. Même dans ce cas, je devais réfléchir à trois fois avant de le faire. Ce ne serait pas drôle si je finissais par faire muter les monstres déjà puissants de ce monde. La plus grande peur du roi était un mouton à trois têtes crachant du feu, d’une hauteur de 60 mètres.

En imaginant ce monstre faire « baa baa » et raser la ville, cela m’avait donné l’impression que j’étais dans une sorte de film d’horreur mal écrit ou peut-être un dessin animé.

Mal dessiné.

« Il ne reste plus que les affaires du tribunal. Qui devrais-je avoir ici pour convaincre les bouffons que vous ne plaisantez pas ? » Demandai-je au roi alors qu’il se frottait le menton.

Il avait vraiment aimé élaborer ce plan avec moi. Sa queue se balançait de haut en bas alors qu’il avait une expression de profonde méditation sur le visage.

« Brekkar, Seryanna, Elleyzabelle et Kataryna ? » avais-je suggéré.

« En effet, ils seraient des témoins dignes. J’appellerai Brekkar peu de temps avant votre retour. Cela lui donnera suffisamment de temps pour augmenter sa force et le rapprocher du niveau d’un éveillé supérieur. Mais devrais-je essayer de reprendre mes activités royales habituelles ? » se demanda-t-il.

« Non. Cela donnerait aux auteurs de cet incident d’empoisonnement une raison de se méfier de vous et d’être à l’abri de “mouvements étranges”. Hm, si c’était un jeu, je pense que vous devriez apparaître deux fois à des moments aléatoires, pour donner l’impression que rien n’a changé, mais que quelque chose pourrait se produire. Ensuite, lors de la troisième apparition, donnez l’impression que vous êtes sur le point de faire une grande annonce, par exemple prendre votre retraite ou quelque chose du genre, » je lui avais suggéré ça en me grattant la tête.

« La retraite n’est pas une bonne solution, Hm… je pourrais utiliser ce Draejan. Faire croire que je suis sur le point de le promouvoir au rang de général ? Si je le plaçai à ma droite et Brekkar à ma gauche, cela pourrait signaler aux nobles de ma présumée intention de faire ce changement. Déclarer l’armée de Brekkar comme faisant partie de l’armée de Draejan nécessiterait leur présence, ce qui alimenterait cette idée de promotion. Cela me donnerait aussi une raison d’appeler les nobles que je trouve… suspects. Je pense que je peux demander à Elovius de se pencher sur la question. Voir avec qui Draejan passe son temps et quelles sont les alliances entre factions qui vont changer au cours des prochains mois. Hm, maintenant que j’y pense, c’est une chose très sournoise à faire. Cependant, tout repose sur votre capacité à atteindre l’éveil supérieur et à arriver à cette heure ce jour-là. Si vous échouez, je serai obligé de mettre Draejan à la position de général. Je n’ai pas à expliquer maintenant ce que cela signifierait pour votre avenir avec Seryanna Draketerus, n’est-ce pas ? » Il me lança un regard noir.

« Ne vous inquiétez pas, je n’échouerai pas. Je parie toute ma chance sur le fait que, non seulement j’arriverai à l’heure, mais que je ferai aussi une grande entrée qui me permettra d’attirer toute l’attention sur moi, » je lui avais fait un sourire narquois.

« Souhaitez ça, maintenant, devant moi, » déclara-t-il.

« Très bien, Votre Majesté. » Je fis un salut poli. « Je souhaite de tout mon être que, lorsque nous nous reverrons, je sois un éveillé supérieur, capable de montrer facilement à la fois ma force et mon assurance devant votre cour. Je souhaite que notre réunion dans neuf mois et 14 jours, lorsque vous apparaîtrez devant la cour, j’arrive au moment idéal pour mettre en œuvre cette dernière partie de votre plan. Je souhaite que tout se passe exactement comme prévu, sans imprévu. Et pendant que j’y suis, je souhaite pouvoir à la fois guérir votre femme et trouver les auteurs qui l’ont empoisonné, » je parlais d’un ton déterminé, sans hésitation.

Le roi avait souri quand il m’entendit et hocha la tête en signe d’approbation.

« C’est l’attitude que vous devez garder ! » déclara-t-il.

Cela allait être un plan très risqué, avec de nombreuses variables inconnues, mais ma chance était certaine de faire en sorte que les choses se passent comme je le souhaite. Tout ce qui restait à faire était de monter de niveau et de devenir aussi fort que je l’avais promis. Pas facile, certes, mais pas non plus impossible à 100 %. Improbable, oui, mais pas impossible, et avec ma chance, totalement faisable.

Environ une demi-heure plus tard, la reine se réveilla. Sa peau pâle et ses cheveux blonds argentés la faisaient ressembler à une poupée de porcelaine. Avec un seul regard, je pouvais dire à quel point elle était affaiblie. Son souffle était doux, mais à peine présent, c’était presque comme si elle se battait avec ses dernières forces pour rester en vie et être éveillée en même temps. Pour autant qu’elle le sache, cela aurait pu être la dernière fois qu’elle voyait sa famille.

« Elliessara, mon amour, ne bouge pas trop. Tu es affaiblie…, j’ai peut-être trouvé quelqu’un qui peut t’aider, mais… c’est un humain, » le roi parla doucement, en lui brossant les cheveux.

« Lui fais-tu… confiance… ? » demanda-t-elle d’une voix à peine audible.

Feryumstark ferma les yeux puis me regarda. À ce moment-là, avec ses paroles, il pourrait envoyer son royaume et sa famille vers une fin certaine si, par hasard, je n’étais pas ce que je prétendais être.

De son point de vue, c’était un risque terrible à prendre et, à ce moment-là, je croyais devoir encore lui prouver que j’étais suffisamment digne de confiance. Cependant, je n’étais pas encore conscient du fait que tout au long de notre conversation, il m’avait testé à maintes reprises. Mon désir d’être honnête avec lui et de refuser son autorité comme protection était deux des principales raisons pour laquelle il pouvait répondre à sa femme.

« Oui, » déclara-t-il.

Quand j’avais entendu ce mot, j’avais poussé un soupir de soulagement. J’étais content que ce soit le cas. Cela signifiait que je pouvais facilement procéder à mon prochain mouvement.

« Votre Majesté, je m’appelle Alkelios Yatagai, je suis un ami de Brekkar et de Seryanna Draketerus, » je m’étais présenté.

« Un humain… ami de ces deux-là ? » Elle cligna des yeux de surprise puis elle leva les yeux vers Feryumstark.

Il acquiesça.

« Afin de découvrir ce qui vous fait mal, je dois devenir votre ami. Je voudrais être votre ami, votre majesté. Accepterez-vous ? » Je lui avais demandé avec un doux sourire.

« Quoi ? Q-quelque chose est apparu… une question ? » Elle regarda d’un air confus devant elle.

« C’est ma compétence. Ce message apparaît pour ceux avec qui j’ai le désir sincère de devenir ami et qui, en retour, souhaitent la même chose, » lui avais-je dit.

Elle m’avait fait un sourire.

[Vous avez une nouvelle amie : Elliessara Seyendraugher]

« De voir… qu’il y a des humains comme vous... qui souhaitent devenir ami avec des dragons… cela me rend heureuse… cela… me donne de l’espoir, » déclara-t-elle avec son dernier moment de conscience avant de se rendormir.

« Elliessara ? » Le roi vérifia si elle était toujours réveillée.

« Elle dort ? » demandai-je.

« Oui. » Il acquiesça puis la laissa se reposer.

« Dompteur de Dragon a été activé avec succès. Je vais maintenant regarder son statut. » Je lui avais dit ça.

Nom : Elliessara Seyendraugher

Espèce : Dragonne supérieure de la Lumière

Conditions d’éveils : 6 sur 6 validées

Niveau : 1206

Force : 12 (6545) + 373,2

Vitesse : 2 (7844) + 373,2

Dextérité : 1 (9328) +359

Magie : 1120 (12 545) + 271,2

Chance : 55

Excellence magique : 43 % + 4,48 %

Bonus actuel :

Dompteur de Dragon <multiplie par 5 l’absorption de force et énergie magique ainsi que la vitesse d’apprentissage. 10 % des statistiques du héros en plus à moins de 100 m de celui-ci>

Sagesse des anciens : Buff obtenu lors de l’éveil supérieur. Offre à l’individu une nouvelle vision du monde. Augmente l’intuition de la personne. Confère à la personne.

Malus actuel :

Empoisonnement au Ryumarry : Provoque une intense fatigue, une faiblesse dans les membres, un affaiblissement du système immunitaire. Guérison : Potion de Bartak, Thé d’Adeline, Potion de soin, Graine de Grayum

Poison de la mort de Dieu : Poison à action lente qui paralyse les canaux magiques de la victime, les amenant lentement à la mort par paralysie. Cela fonctionne particulièrement bien pour ceux ayant atteint l’éveil supérieur. À sa mort, le corps est imprégné de magie absorbée par le poison au fil des ans et en fait une sangsue ayant pour seul but d’éradiquer toute vie à moins de 600 km de son lieu de ponte. C’est l’unique poison connu qui affecte même les immortels dotés de puissantes capacités de régénération. On dit que c’est le poison utilisé pour tuer le dieu qui deviendra par la suite le premier dieu noir. Temps restant jusqu’à la transformation en sangsue : 4 ans 2 mois 9 jours 4 heures 20 minutes. Type de sangsue basé sur l’énergie magique absorbée : Sangsue suprême. Barman : nécessite un grand alchimiste divin pour le préparer. Cure : Potion aux larmes de Lumenos, Lumenya et Nocturnia. Niveau insuffisant pour afficher les ingrédients nécessaires.

J’avais ensuite expliqué ce que j’avais découvert en ce qui concerne les malus. Pour être honnête, j’avais également été surpris, mais ce qui avait attiré mon attention, c’étaient les 6 conditions qu’elle devait remplir pour pouvoir s’éveiller. Si les siennes étaient aussi ridicules que celles de Seryanna, alors Elliessara avait eu une période d’éveil difficile. Selon Kataryna, chaque dragon d’un élément supérieur était dans la même situation. Comme le sien était la lumière, cela expliquait la couleur blanche de ses écailles.

Feryumstark avait pâli en entendant la nouvelle. Il avait perdu la force dans ses jambes et était tombé sur ses genoux. L’expression de son visage me disait qu’il avait perdu tout espoir. Cependant, ce qui était probablement le plus choquant pour lui était la transformation en sangsue. Si cela devait arriver, non seulement il perdrait l’amour de sa vie, mais il devrait la tuer. C’était un destin qu’aucun homme ne devrait vivre.

« C’est bien cependant, » je lui avais dit ça avec un sourire.

« Bien ? COMMENT CELA PEUT-IL ÊTRE BIEN ?! » cria-t-il en me prenant par le col et me soulevant avec facilité.

Le dragon était si rapide que je ne pouvais même pas le voir arriver et son intention meurtrière me faisait trembler de peur. Voici à quoi ressemblait un roi-dragon enragé. Si les autres membres royaux de ce continent lui ressemblaient un peu, l’espère humaine n’aurait aucune chance de gagner la guerre contre eux. Ce roi seul suffirait pour essuyer le sol avec leurs armées.

***

Partie 4

« Argh ! Parce qu’il y a un remède ! » avais-je crié, dans l’espoir de l’atteindre.

À ce moment-là, son emprise s’était affaiblie et j’étais tombé par terre.

« Il y a un remède… vous vous souvenez ? Potions aux larmes de Lumenos, Lumenya et Nocturnia., » lui déclarai-je.

« Oui… mais vous avez dit que vous ne saviez pas comment faire… la compétence n’était pas assez bonne, et il n’y a pas d’alchimiste de ce niveau en vie dans Albeyater… en fait, je n’ai aucune idée de la façon dont les humains ont réussi à mettre la main sur ce poison de la mort de dieu..., » déclara-t-il puis il recula, regardant la pièce d’un air étourdi.

« Votre Majesté, détendez-vous s’il vous plaît… il nous reste encore 4 ans avant que nous n’ayons plus de solutions… cela devrait être plus que suffisant pour que je puisse aller chercher les ingrédients. Une fois que j’aurai atteint le niveau 5 de Barman, j’aurai une chance de réussir. Je ne garantis rien parce que je ne sais pas ce que l’avenir nous réserve, mais savoir que nous avons une chance est mieux que de sombrer dans le désespoir. » Je lui déclarai ça en me frottant le cou et en me redressant.

« Oui… c’est vrai… et si vous atteignez ce niveau, il ne vous restera plus qu’à obtenir les ingrédients. C’est vrai… oui… je devrais y aller tout de suite et ordonner aux troupes de les récupérer. NON ! Toute l’armée pour vous aider ! » déclara-t-il. Et il se releva aussitôt.

Avant qu’il n’atteigne la porte, je l’avais attrapé par la queue et l’avais tiré, le stoppant net.

« Attendez une seconde ! Si vous faites cela, alors tout ce que nous avons prévu et pour lequel nous avons travaillés jusqu’à présent tombera dans l’eau ! Les dragons qui ont empoisonné la reine seront laissés libres, et ils pourraient envoyer des assassins dans le but de m’arrêter ! Cela deviendrait un problème inutile pour nous tous ! » Je lui avais rappelé ce fait.

Il m’avait écouté et avait ensuite réfléchi longuement à ce sujet.

« Vous avez raison..., » il acquiesça et recula.

J’avais lâché sa queue.

« Ouf ! » J’exhalai, soulagé.

« Néanmoins, je ne peux m’empêcher de m’inquiéter du fait que cela pourrait ne pas fonctionner..., » déclara-t-il en fronçant les sourcils et en regardant le sol.

« Puis, dans les neuf prochains mois, établissez un plan au cas où je ne reviendrais pas, même si j’en doute fortement, car je veux embrasser Seryanna à nouveau. » Je hochai la tête.

« Vous avez raison… Je connais le nom du poison. Le nom du remède. Tout ce dont j’ai besoin maintenant, c’est un grand alchimiste divin. Un dragon avec une telle maîtrise n’hésitera pas à relever le défi de préparer ce fameux remède, » avait-il déclaré.

« Et vous savez également quelles potions acheter pour aider votre femme à se remettre du poison de Ryumarry : Potion de Bartak, Thé d’Adeline, Potion de soin et des Graines de Garyum. En plus de cela, je recommanderai de lui préparer beaucoup de jus de fruits frais, de soupes chaudes et d’autres choses saines et nutritives comme celles-ci. Bien sûr, étant donné les circonstances, vous devez agir avec prudence. hm, je sais. Appelez Kléo, la petite-fille de Brekkar. C’est une nécromancienne à écailles noires, mais est une personne très capable et qualifiée pour obtenir ce genre de choses. En outre, elle peut agir en tant que garde du corps pour vous. Pour ce qui est de la nourriture, vous pouvez toujours apprendre vous-même à cuisiner si vous craignez qu’elle ne se fasse encore empoisonner, » déclarai-je.

« C’est vrai… mais une nécromancienne… Hm, ce n’est peut-être pas une si mauvaise idée. Personne ne s’attendrait à ce que je fasse autant confiance à quelqu’un comme elle. » Il acquiesça de la tête.

« Faites juste attention à ses farces... » Je lui fis un sourire ironique.

« C’est ce que je fais toujours… je ne veux plus avoir ma paume collée à mon visage... » Soupira-t-il.

« WOW ! Elle est douée..., » avais-je souligné.

« Ahem! Eh bien, je suppose que cela règle nos affaires. Qu’allez-vous faire à partir de maintenant ? » me demanda-t-il.

« Je vais voler directement vers la forêt Seculiar. » Je lui avais fait un sourire narquois.

« Que les dieux soient avec vous et vous protègent, Alkelios Yatagai ! » déclara-t-il avant de s’incliner devant moi.

« Vous aussi, Votre Majesté ! » Je lui avais fait un sourire.

« Une question avant de partir… Pourquoi ne m’avez-vous pas demandé d’être votre ami ? » Il plissa les yeux vers moi.

« Parce que j’avais l’impression que vous déclineriez ? Eh bien… ça ne m’a pas vraiment traversé l’esprit. » Je haussai les épaules.

Il avait sourit.

« C’est vrai. Un roi doit rester impartial, après tout. »

« Et aussi, vous ne voulez pas que je voie vos statistiques, n’est-ce pas ? » Je plissai les yeux.

« Hahahaha ! Je ne sais pas de quoi vous parlez ! » Il détourna le regard.

C’était un vieux dragon sournois.

Ensuite, j’étais parti comme j’étais venu, le reste était de l’histoire…

[Point de vue de Feryumstark après le départ d’Alkelios]

J’étais resté seul avec ma femme. Mes pensées étaient embuées, mais grâce à cet homme, je pouvais en savoir plus sur les conditions de ma bien-aimée. Non seulement cela, mais j’avais aussi trouvé une lueur d’espoir alors qu’il n’y en aurait pas eu sans lui. Au lieu d’attendre qu’elle meure à mes côtés, je pourrais maintenant faire quelque chose pour essayer de la sauver.

À ce moment, mes deux plus jeunes enfants, Shezelle Eska et Ashernitz Kos, étaient entrés dans ma chambre. Ils souriaient et se dirigèrent vers le lit d’Elliessara. Ils étaient nés en tant que jumeaux.

Quand elle avait appris qu’elle était enceinte de leurs œufs, j’avais supplié ma femme de les abandonner, mais elle avait obstinément refusé de le faire, même si cela signifiait de perdre sa propre vie. Cela lui avait pris un certain temps, mais à la fin, elle m’avait convaincu d’accepter sa décision et j’avais prié chaque jour cette année-là auprès des dieux pour l’aider dans cette période difficile.

Leur naissance était un miracle et, heureusement pour eux, ils n’avaient aucune trace de ce poison ignoble dans leurs systèmes. J’avais été soulagé quand j’avais entendu cela.

Si je les avais perdus tous les trois, je serais certainement tombé dans le désespoir.

Peut-être que la chance était de mon côté ?

Ashernitz me regarda avec un sourire et me dit : « Nous t’avions dit qu’il viendrait. »

« Bien sûr, nous le lui avons dit ! » déclara Shezelle avec un signe de tête.

« Cependant, il ne vous a pas mentionné tous les deux. » Je leur avais dit ça.

« Pas besoin. Il ne se souvient même plus de la date où nous sommes apparus devant lui à moins que quelqu’un ne secoue sa mémoire, » déclara Shezelle.

À ce point, les deux se tenaient la main et leurs yeux brillaient d’une couleur éclatante et dorée. L’air autour d’eux changea et l’expression de leur visage devint plus sérieuse.

« Ce sont les mots de ceux que vous ne voyez pas, mais ressentez et priez pour. Faites confiance à Alkelios. Faites-lui confiance et il ne vous décevra pas. Cependant, chaque fois que le message apparaît devant vous, vous demandant d’être son ami, refusez. Soyez son ami, sans l’être en même temps. C’est la meilleure façon pour vous de l’aider. »

La voix semblait résonner dans ma tête et me donnait l’impression que j’écoutais un être beaucoup plus puissant que moi.

« C’est la première fois que vous me laissez entendre un message aussi long… Pourquoi interférez-vous dans le monde des mortels ? » Demandai-je, à la personne ou la chose qui parlait via mes enfants.

« Vous avez prié et j’ai répondu, » répondit-il.

« Ces mots que vous dites… sont-ils des prophéties ? » Demandai-je en plissant les yeux pour regarder les jumeaux.

« Non. » Ils secouèrent la tête en même temps. « Ce ne sont que des suggestions, alors souvenez-vous-en bien. En fin de compte, votre choix vous conduira sur votre propre chemin. »

Les enfants avaient alors fermé les yeux et étaient redevenus normaux.

Cet acte de canalisation les avait vidés de leurs énergies, alors ils s’étaient mis à bâiller et s’étaient dirigés vers le lit pour dormir à côté de leur mère. Je les laissai faire en les regardant.

Les deux étaient un vrai mystère, quant à la raison pourquoi et comment ils avaient acquis cette capacité ? Cependant, je pouvais dire que celui qui parle via eux n’avait jamais essayé de prendre le contrôle d’eux. S’ils avaient le sentiment que cet être avait quelque chose à dire, les jumeaux se serraient la main et le laissaient parler. Sans la volonté et le contact direct entre eux, ils ne pourraient pas analyser ses mots. Des phrases simples de temps en temps, mais jusqu’à présent, ils n’avaient révélé ce don qu’à moi. Pour ce qui est de combien de temps ils allaient l’avoir, je n’en avais aucune idée, pourtant quelque chose me disait que ce ne serait pas toujours le cas.

Je me demande si ce que les prêtres m’avaient dit à propos de la possibilité pour eux de devenir un jour les apôtres de dieu est vrai ? Si c’est ce qu’ils désirent faire, je les soutiendrai, mais je ne le forcerai pas à le devenir simplement parce qu’ils peuvent faire de la canalisation. J’avais souri et doucement caressé leurs têtes.

« Dormez bien, mes enfants, » murmurai-je.

***

Chapitre 56 : Folie à la cour

Partie 1

***Point de vue d’Alkelios***

Ainsi, je me tenais devant celui considéré et respecté comme étant le dragon le plus puissance du royaume d’Albeyater, le roi d’Albeyater, Feryumstark Seyendraugher.

Sa présence n’était pas à négliger. Même maintenant, je sentais qu’il n’allait pas me laisser faire d’erreurs. J’étais fort maintenant, certes, mais il l’était toujours plus. Pourtant, je me tenais maintenant devant lui, menaçant tout ce qui lui était cher, et avec une seule pensée, je pourrais tout éradiquer.

La réalité était telle : rien ne durait éternellement. Peu importe combien nous gardions certaines choses, elles finiraient inévitablement. Peu importe combien nous voudrions que quelque chose reste le même, un jour cela changera. La technologie était tombée en panne ou était devenue obsolète. Les personnes mouraient, déménageaient ou changeaient. La loyauté évoluait au fil du temps, laissant apparaître de nouvelles guerres ou de nouveaux moments de paix.

Rien n’était certain. Rien ne durerait. Mais… ce changement était absolument parfait. C’était ce qui était merveilleux dans la vie et l’univers même. Le changement était ce qui faisait bouger, ce qui faisait avancer même quand on semblait reculer. Le changement était ce qui créait absolument tout ce qui nous était cher au départ.

Cependant, accepter le changement n’était pas une chose facile à faire, et précisément à cause de cela, Feryumstark et moi avions compris que ceux qui le craignaient seraient les premiers à s’effondrer.

Dans ce cas, j’avais apporté le changement avec mon attaque inconcevable. J’avais exigé des choses en attaquant l’autorité du roi. Je m’étais posé devant tous en tant que... fou, instable et humain.

Ainsi, ne serait-il pas logique que les quelques personnes qui n’avaient pas encore atteint l’éveil supérieur et se souviennent de leur vie prennent la résolution de tenter de la sauver ? N’était-il pas logique que les quelques nobles qui haïssaient ou voyaient l’actuel roi comme faible tentent de se tenir à mes côtés ?

C’était normal, naturel, compréhensible…

Mais jusqu’à présent, rien ne leur donnait une raison de le faire… rien ne leur faisait assez peur pour se dégager de leur propre coquille et sauter sur le rebord qui donnait un sentiment de sécurité.

Ainsi, j’avais parlé… en essayant de faire sortir les rats…

« Votre Majesté, savez-vous qui je suis ? » avais-je demandé en inclinant la tête vers la gauche.

« Non. » Il avait menti.

« BIEN ! BIEN ! Je suppose que vous n’avez pas entendu parler d’Alkelios Yatagai ? » demandai-je.

« Si j’avais su d’avance qu’un élément dangereux comme vous existait, j’aurais tout fait pour vous arrêter avant, » déclara-t-il.

Ce n’était probablement pas un mensonge, mais la condition sous-jacente qu’il n’avait pas énoncée à haute voix était le fait que je devais prouver que j’étais contre ses règles.

« Eh bien, vos sujets n’avaient aucune raison d’expliquer l’apparition d’un ancien petit humain tel que moi, » je m’étais incliné.

« Humain ? » l’un des nobles laissa échapper ce mot.

Lorsque je m’étais présenté, j’avais déclaré être un ancien humain. Ceux qui connaissaient les détails de ma compétence comprirent immédiatement ce que cela impliquait. C’est pourquoi Seryanna s’efforçait de ne pas rougir et de me regarder avec un regard fébrile. Kataryna remuait sa queue comme un chien prêt à sauter sur une friandise…

S’il vous plaît, attendez, vous deux ! J’avais prié dans mon esprit.

Quoi qu’il en soit, le sens commun de ce monde dictait qu’il était absolument IMPOSSIBLE de changer simplement d’espèce. Personne auparavant n’avait rencontré un héros humain comme moi, alors ils ne savaient pas que nos compétences spéciales permettaient à certains d’entre nous de faire exactement cela. J’avais le sentiment que ceux qui avaient une capacité similaire pour les elfes les relliars, les nains et ainsi de suite se voyaient également la possibilité de changer de race au niveau 5 de la compétence.

Mais, comme je l’avais déjà mentionné, cette information était considérée comme absolument absurde par la majorité des habitants de ce monde. La minorité était composée uniquement de quelques-uns qui avaient eu une interaction suffisamment grande avec les héros pour le découvrir.

« Est-ce mauvais que je sois humain ? » demandai-je avec un sourire alors que je regardais le dragon.

Il fit de grands yeux et déglutit. « N-Non… je n’ai pas dit ça ! » Il secoua la tête, refusant de penser, mais quelque chose me dit que c’était autre chose qui l’avait surpris.

« Ha en parlant d’humain, la reine a été empoisonnée par l’un des miens, n’est-ce pas ? » avais-je dit avec un sourire narquois, j’avais plissé les yeux vers le roi.

Immédiatement, une puissante intention meurtrière avait été libérée de son corps, faisant pression sur tous ceux se trouvant dans cette pièce et envoyant des frissons dans le dos.

« Oh ! Terrifiant~ ! Mais arrête, lézard ! » Je lui avais fait signe.

Le roi semblait réticent, alors j’avais pointé la sphère que je tenais au-dessus de ma tête.

Immédiatement, l’intention meurtrière avait disparu.

Les nobles avaient dégluti et avaient commencé à murmurer entre eux.

« Bien… je suppose que je devrais faire part de mes revendications, mais je veux tout d’abord savoir… quelqu’un ici est du côté des humains ? » avais-je demandé.

Moi, un ancien humain, n’étais plus du côté des humains, mais peu le savaient.

Ceux qui me regardaient maintenant le croyaient, alors, quelques individus commençaient à s’agiter.

« Je vais simplement vous rappeler ceci, mais je peux faire exploser toute cette ville en un clin d’œil, alors dites-moi… QUI parmi vous est du côté humain ? » demandai-je avec un sourire.

« Q-Qu’est-ce que vous comptez faire si vous en découvrez ? » Demanda quelqu’un à ma gauche.

C’était un dragon maigre à écailles grises avec une longue barbe, des yeux de dragons, des cornes lisses poussant en arrière, mais ses mains, ses pieds et sa queue étaient ceux d’un lézard. Il avait l’air jeune ? Peut-être 30 ans selon mes estimations soit 200 de dragons ?

« Je pourrais NE pas les attaquer, » déclarai-je.

Je ne le ferais pas, mais le roi allait certainement le faire ensuite. Je n’avais pas menti, mais mes mots ne voulaient pas non plus dire que j’allais les protéger.

« Je le suis ! » Un gros dragon à l’arrière leva la main et s’avança.

« Marquis Belogna ? » Demanda le roi.

« J-j’ai secrètement échangé avec les humains… je suis de votre côté, humain... » Il déglutit et essaya fort d’éviter le regard des autres dragons et celui du roi.

« Bien ! Tenez-vous là-bas, à l’arrière, » j’avais pointé vers ma gauche à un endroit vide de la pièce.

Kataryna était de ce côté et, au moment où je l’avais regardée dans les yeux, elle avait compris qu’elle devait s’assurer de ne pas laisser les rats disparaître de sa vue.

« Je suis du côté des humains ! » déclara un autre dragon, il avait des écailles vertes, était maigre et était vêtu de vêtements assez chers.

« Vicomte Draghun ? » Demanda le roi, mais il fut à nouveau ignoré.

« Bien ! D’autres ? » Demandai-je.

Peu de temps après, plusieurs autres dragons levèrent la main et se séparèrent des autres nobles qui commençaient déjà à leur lancer des regards furieux. Le plus effrayant de tous était Elovius, le Premier ministre.

Je suppose qu’il ne les a jamais soupçonnés d’être des traîtres, hein ? pensais-je.

« Ceux qui ont déclaré être du côté des humains, je tiendrai ma parole, je ne vous attaquerai pas, » avais-je déclaré.

« Alors, vous nous laisserez partir ? » demanda Draghun.

« Pas encore, vous devrez informer vos alliés de ce qui va se passer ici, » déclarai-je en secouant la tête.

« Mais vous ne nous ferez pas de mal, n’est-ce pas ? » demanda-t-il.

« Je ne le ferai pas, » avais-je répondu en mettant l’accent sur le « Je ».

« Si vous voulez des contacts avec les humains, j’en ai plusieurs, » déclara tout à coup un dragon.

Il ne faisait pas partie du groupe mis de côté, mais de ceux restant encore.

« Vous ? Duc Pallause ? Comment osez-vous ! » Demanda Feryumstark dans un rugissement.

Vous ne l’avez pas vu venir, n’est-ce pas ? me demandais-je.

« C’est simple, Votre Majesté. Ce royaume est en train de pourrir. Depuis l’idiotie venant de la reine à propos de la paix avec les humains, les choses se sont très mal passées pour nous. Non seulement nos armées se sont affaiblies, mais notre commerce en a également souffert. Sans restaurer l’armée de Brekkar et ramener son territoire à son ancienne gloire, vous le laissez pourrir ainsi, niant le droit à une incursion en représailles de l’attaque humaines, » avait-il déclaré.

« Ça ne semble pas être bien pour les humains ? » avais-je souligné en penchant la tête vers la droite.

« Je me suis rangé du côté des humains il y a environ 28 ans. Vous ne le savez peut-être pas, Votre Majesté, mais les humains veulent la guerre parce que c’est rentable. Cependant, en raison de votre réticence à attaquer, des sympathisants des dragons ont commencé à apparaître dans leur population. Si les choses restent ainsi, la guerre pourrait prendre fin, mais nous avons aussi besoin de cette guerre. Le soutien que nous recevons des autres royaumes, la manière dont notre commerce fonctionne, la volonté de notre royaume tout entier est basé sur cette guerre. Albeyater s’est développé pendant la guerre et est resté stable avec elle ! Nos incursions et invasions sont indispensables ! » déclara-t-il en soulignant chaque détail.

« Alors, pourquoi être avec les humains ? » lui avais-je demandé.

« Pour écarter ceux qui souhaitent la paix, le roi et la reine, » répondit-il.

« Quoi ? » Cette fois, ce fut Elovius qui demanda, surprit.

« Avec ces deux personnes disparues, la guerre est garantie. Et il semble que ce soit le moment tant attendu. Je crois que l’empereur d’Akutan vous a envoyé ? Ou était-ce le roi des Dix Épées ? » me demanda-t-il.

« C’est un secret, » j’avais souri.

« Je vois… très bien, je vais aller me tenir là-bas le temps que vous vous occupiez d’eux, » déclara-t-il calmement.

Ce dragon à écailles rouge vêtu d’une élégante robe brodée de fil d’or ne se distinguait pas parmi les autres de mon point de vue. Il avait l’air plutôt fade à mon avis, mais son sourire confiant me déclara qu’il ne craignait pas le moins du monde de trahir le roi. En fait, j’avais l’impression qu’il était heureux de la tournure des choses.

« Intéressant..., » murmurai-je.

En regardant le roi, je l’avais vu à peine contenir sa colère. Bien sûr, il savait qu’il pourrait briser notre petite mise en scène à tout moment, car je n’avais jamais prévu de vraiment lancer cette arme nucléaire sur la ville, mais à part lui et mes amis, personne d’autre ne le savait.

Ce que j’avais trouvé étrangement inconfortable, c’est le fait que Draejan n’avait pas encore quitté son poste. Il ne montrait aucune émotion non plus. Non, ce qu’il faisait, c’était d’analyser calmement toute cette situation, presque comme s’il était au courant de notre petite pièce.

Peut-être que je devrais l’appâter ? Je me demandais en regardant à travers les nobles restants, essayant d’éviter son regard.

« J’ai entendu quelque chose d’intéressant à propos d’un thé… et de racines de Ryumarry ? Celui qui sait de quoi je parle, avancez-vous, » déclarai-je.

Le roi se figea sur place.

Les autres murmuraient.

Pallause plissa les yeux vers moi.

Mais jusqu’à présent, aucun d’entre eux n’avait réagi.

C’est étrange… N’est-il pas présent ? me demandais-je.

Après un moment, quelqu’un leva la main.

C’était un petit dragon gros qui transpirait beaucoup. Outre une paire d’ailes courtes et les yeux fendus, rien ne pourrait supposer qu’il n’était pas humain.

« Et vous êtes..., » déclarai-je, mais je m’arrêtai.

« Oui, je suis le vicomte Galbarion. J’ai fait ce qu’on m’avait dit et j’ai empoisonné le thé de la reine avec de la poussière de racine de Ryumarry..., » déclara-t-il en essuyant sa sueur avec un mouchoir.

Lorsqu’il rencontra le regard furieux du roi, il se mit à trembler de peur.

Ce dragon… il est terriblement faible, avais-je remarqué.

« Je vois ! Bon travail ! Maintenant, allez vous mettre à côté de Pallause, » déclarai-je en lui montrant du doigt.

« M-merci, merci..., » marmonna-t-il.

***

Partie 2

« Je suis curieux cependant, comment avez-vous réussi à le faire ? » lui avais-je demandé.

« Euh… j’ai menti à la femme de ménage qui avait apporté le thé et lui ai dit que la poussière de racine de Ryumarry devait y être ajoutée par la suite. Bien sûr, elle n’avait aucune idée de la nature réelle de la poussière et j’ai inventé une explication pompeuse qu’elle était incapable de comprendre, mais qui me donnait de la crédibilité. Je l’ai fait plusieurs fois jusqu’à ce qu’elle cesse d’essayer d’écouter l’explication longue et ennuyeuse. Parce que c’était une conversation étrange, les gardes n’avaient aucune idée de ce que je faisais et ne se donnaient pas la peine d’enquêter..., » avait-il expliqué.

« Bon travail. » Je lui avais fait un sourire.

C’était en fait un bon plan, bien qu’un peu risqué. J’aurai simplement changé le contenu d’une bouteille ou mélangé avec un ingrédient de mêmes couleurs. Bien qu’avec ma compétence Barman, j’aurais simplement pu en faire une goutte concentrée que je pourrais facilement ajouter à tout ce que je voulais.

Néanmoins, le fait qu’un vicomte ait dit et agi ainsi avait dissipé toute suspicion de la part de la femme de chambre. Après tout, elle ne pouvait pas ignorer ses mots. Bien que cela ne soit toujours pas toujours correct de l’accepter comme ça, mais peut-être que c’était la raison pour laquelle il fallait donner l’explication. Parce que le vicomte n’essayait pas de faire preuve de suspicion et venait juste vers elle, elle trouva facile de lui faire confiance.

« Et si tout cela n’avait pas fonctionné ? » avais-je demandé.

« Alors… ç’aurait été la fin pour moi, mais n’importe quelle autre méthode aurait échoué de toute façon. Si je rendais visite aux guérisseurs trop souvent, on se serait méfié de moi. De cette façon, j’ai juste reçu la mauvaise réputation de vouloir charmer les servantes du roi, » répondit-il.

« Hm, je vois. Je vois. » Je hochai la tête de compréhension.

En regardant derrière, je vis qu’il ne restait plus beaucoup de nobles aux côtés du roi, mais il était tout furieux de la trahison des autres. La balance avait étrangement basculé en faveur de la faction humaine. Mais je dois admettre que c’était un plan bien pensé, établissant des liens avec tant de dragons différents de statut élevé et séparément, leur donnant également leurs propres petites missions, tout fonctionnant ensemble comme une grande machine complexe visant à détruire le royaume de l’intérieur.

Celui qui était le cerveau derrière était bon, très bon.

« Et maintenant ? » Demanda l’un des nobles étant pour la faction « humaine ».

Pour être honnête, j’avais l’impression que cela était un peu trop simple, mais j’avais peut-être sous-estimé l’autorité de personnalités importantes comme Brekkar, Kataryna et Feryumstark. Pour moi, ils n’étaient qu’un groupe de dragons parmi tant d’autres, mais avec qui je m’entendais très bien. C’est pourquoi quelque chose me disait que ce n’était pas encore fini.

Il était fort probable que le cerveau devait encore se révéler. Cela m’inquiétait un peu.

Si je ne trouvais pas la cause réelle de tout ça, ils pourraient alors défaire ce sur quoi j’avais travaillé dur pour atteindre aujourd’hui. Soit ça, soit remplacer ces gars-là par d’autres pions.

Mais comment puis-je les faire agir ? m’étais demandé en fermant les yeux un instant.

En analysant la situation, plusieurs choses ne se passèrent pas comme prévu :

– Draejan n’a pas agi et a obéi au roi.

– Il y avait beaucoup plus de traîtres de haut rang, même un duc.

– Celui ayant empoisonné la reine l’a fait d’une manière à laquelle je n’avais pas pensé, parce que c’était trop… suspect de mon point de vue.

– Il y avait une preuve de l’existence d’un cerveau derrière tout cela, mais aucune preuve de leurs actions ou même de leur présence dans cette pièce pour le moment.

Avec les trois premiers, je pouvais vivre, mais le dernier était difficile à résoudre. Si je demandai à ces nobles un nom ou une preuve de cette affirmation, ils pourraient simplement répondre en disant que c’est des idioties ou qu’ils sont le cerveau. En même temps, cela prouverait que je ne suis pas ce que j’ai prétendu être, ou plutôt, qu’ils ont eux-mêmes mal compris.

Peut-être que je réfléchis trop à cela et que la vérité est en réalité juste sous mes yeux ? Je me demandais cela en scrutant la foule.

Kataryna, Elleyzabelle, Seryanna, Kléo, Iolaus et Brekkar étaient hors de question, mais pas parce que j’étais leur ami, mais parce qu’ils avaient prouvé à maintes reprises où se trouvait leur loyauté. Je veux dire, Seryanna a failli m’abandonner pour sa loyauté, et si elle l’avait fait, cela aurait été impossible qu’elle s’éveille.

Draejan était également suspect, mais son objectif semblait plutôt de rassembler une armée qui…

Attends un instant ! Une armée ? Je m’étais arrêté et j’avais réfléchi un peu à la façon dont cette armée s’était présentée, puis je l’avais comparé à l’idéal de base de la fierté des dragons. J’avais également pris note du type à capuchon noir dans le dos qui me semblait familier pour une raison quelconque, ainsi que de nombreux assistants apparemment normaux. Ces gars-là sont entraînés, armées et à en juger par leur statut, tous autour du niveau 500. avais-je pensé en déglutissant.

Ils n’étaient pas réellement une menace pour moi, peut-être juste pour un groupe de bandits. Ils ne représentaient même pas une menace pour un seul de mes amis, en particulier pour le roi, et il leur était impossible d’organiser un coup d’État. Certains commençaient même à s’inquiéter de la situation actuelle, prouvant qu’ils ne savaient pas que leurs maîtres étaient des traîtres au royaume.

Cela ne m’avait laissé qu’avec l’armée de Brekkar, qui était autrefois l’une des plus puissantes et disciplinées du royaume d’Albeyater, et qui n’était plus aujourd’hui que l’ombre d’elle-même. Le nombre de soldats avait augmenté de façon exponentielle, mais leur force était bien inférieure à celle des soldats de l’ancienne armée. La discipline et l’ordre étaient des notions étranges pour eux, mais ils partageaient tous une idéologie commune… ils suivraient Draejan jusqu’au bout.

Malgré tout cela, ça ne suffisait pas à prouver qu’il soit le cerveau derrière tout ça. Une bonne tactique aurait été d’augmenter le nombre de soldats dans l’armée de Brekkar et d’attirer des partisans parmi la noblesse. Une fois général, il pourrait réduire le nombre de soldats inutiles et l’organiser correctement en une puissante armée.

Normalement, cela ne nécessitait pas que Draejan soit un traître, mais un noble trop zélé qui voulait désespérément le titre de général. En outre, il n’avait rien à gagner par la mort de la reine. Elle était sa grand-mère. Ainsi, sa noblesse et son rang dans le pays étaient assurés.

Supposons qu’il veuille devenir le roi. Que devrait-il faire pour y parvenir ? m’étais-je demandé.

La réponse était simple : tuer tous les membres actuels de la famille royale ou les forcer à déclarer officiellement qu’ils renonçaient volontairement à la couronne. Mais la famille du roi était assez grande, et il y avait probablement beaucoup parmi ses enfants qui ne serait pas intéressé par le trône. Il y en aurait parmi eux qui bénéficiaient également du soutien de forces extérieur des dragons, comme Embryger, Solustia et Merganus.

Il y avait aussi la question de loyauté de tous les dragons ayant atteint l’éveil supérieur. Aux dernières nouvelles, il y en avait 16 dans ce royaume, sans compter moi-même. En effet, il n’avait aucune chance de devenir roi…

Mais si… ce n’était pas son but ? Et si… la guerre était son but ? Affaiblissant suffisamment le royaume pour qu’une force écrasante comme Embryger avait agi et corrigé les choses. Pensais-je.

Dans ce cas, une alliance avec les humains aurait été la solution. Comme l’avait dit Pallause, une guerre était plus ou moins souhaitée par les deux côtés. En d’autres termes, la noblesse pourrait en profiter.

Après tout, une armée nombreuse et puissante n’avait aucune utilité en temps de paix.

Malgré tout, ce n’était qu’une supposition. Je souhaitais que les choses finissent par atteindre une fin pacifique et que les choses soient réglées, mais je ne pouvais pas contrôler de quelle manière ou comment cela pourrait être possible. Plus je souhaitais que quelque chose se produise, plus cela serait rapide et facile à se manifester. D’autre part, un contrôle précis n’était pas nécessaire lorsque je ne souhaitais pas que certains événements négatifs possibles se produisent. Mais même dans ce cas, ce n’était pas garanti à 100 %, car parfois, pour que le souhait se réalise, il fallait que de mauvaises choses se produisent.

C’était comme le dicton disait : si vous voulez acheter une nouvelle voiture, vendez l’ancienne et faites de la place pour la nouvelle. Votre garage ne peut en contenir beaucoup, mais c’est à vous de choisir si vous vous cramponnez à l’ancienne ou si vous êtes prêt à la lâcher et à accepter la nouvelle.

Je suppose que tout est une question de chance maintenant. Les traîtres sont déjà marqués, et avec cela le roi et sa cour accorderont plus d’attention à de tels stratagèmes, mais la découverte du cerveau devra attendre un autre jour… Je laissai échapper un soupir et me gratta l’arrière de la tête.

Jusqu’à présent, j’étais resté silencieux, alors la plupart des personnes ici, n’avaient aucune idée de ce que j’allais faire ou dire par la suite. J’avais aussi une grosse boule de feu au-dessus de ma tête, qui était prête à exploser dès que j’en donnerai l’ordre.

« Je suppose que oui… Eh bien, avez-vous déjà parlé avec le chef ? » demandai-je en regardant les nobles.

Leur expression confuse m’avait dit qu’ils n’étaient pas au courant de l’existence d’un cerveau. Aucun des autres nobles, y compris Draejan, personne n’avait réagi de manière suspicieuse.

« Toi, dans le fond avec la cagoule… découvre-toi. » Lui dis-je.

Il n’avait pas répondu ni ne s’était conformé.

« Sire Draejan dit à ton subordonné de révéler son visage, » ordonna le roi dans un grondement sourd.

« Oui, Votre Majesté ? » Répondit le dragon, puis il acquiesça de la tête.

L’homme avait retiré sa capuche et avait révélé son visage. Il avait les yeux bruns et des écailles sur les joues.

« Hm, me suis-je trompé ? » Me demandai-je dans un murmure.

« Je lui ai ordonné d’utiliser la capuche pour cacher son identité afin de pouvoir facilement espionner les fauteurs de troubles dans l’armée de Brekkar. Je suis conscient qu’il y a quelques… problèmes, et c’est la solution que j’emploie actuellement, » répondit-il d’un ton calme, mais le regard dans ses yeux trahissait sa satisfaction pour quelque chose.

« Vraiment ? Bien que l’armée ne devrait pas avoir de problème si vous suiviez simplement les règles de Brekkar, n’est-ce pas ? » lui avais-je demandé en plissant les sourcils.

« Même si elle porte son nom, elle portera bientôt le mien. Je ne voyais aucune raison de suivre aveuglément les lois et les règles établies par mon prédécesseur. Si je devais arriver à la même conclusion, eh bien, il en sera de même, mais apprendre et comprendre le fonctionnement des choses est plus utile que de copier le savoir d’un autre et de le revendiquer comme sien, » avait-il déclaré.

Ses mots étaient sages, mais aussi légèrement idiots.

« Il n’y a pas de honte à copier ce que d’autres ont réalisé grâce à un dur travail, aussi longtemps que l’on admette et qu’ils le permettent. Si l’on s’efforce de l’améliorer par la suite ou de proposer de nouvelles solutions, ce sera son propre mérite. Partir de zéro, c’est… un peu irresponsable, » déclarai-je.

Draejan m’avait lancé un regard noir en entendant ce que je venais de dire, alors que Brekkar souriait.

« Alkelios Yatagai, vous avez prouvé à la cour qu’il y avait des traîtres, que comptez-vous faire maintenant ? Tous nous tuer ? » demanda le roi en plissant les yeux.

Je pense que c’est le bon moment pour conclure…, pensais-je.

Après m’être raclé la gorge, j’avais parlé haut et fort. « Moi, Alkelios Yatagai souhaite que les choses suivantes soient approuvées. La première est que mon précédent duel contre Sire Draejan Andrakaryus Doesya soit considéré comme nul et le résultat annulé. »

« Considère cela comme fait, » le roi acquiesça.

« Mais, Votre Majesté ! » Draejan essaya de faire objection.

« Ce n’est qu’un duel enfantin. Cela a toujours été sans importance à mes yeux, » déclara le roi avant de lui lancer un regard noir. « Des objections ? » Demanda-t-il alors en regardant les nobles restants se tenant à ses côtés.

« Aucun, Votre Majesté. » Répondit l’un d’eux.

Ils étaient tous d’accord et l’un d’entre eux était même allé jusqu’à considérer que tous les duels entre dragons et humains, sauf approbation du roi, devaient être considérés comme nuls, dans la mesure où ils impliquaient des membres de deux espèces en guerre.

« Deuxièmement, je souhaite que la cour rende le commandement de l’armée de Brekkar à Sire Brekkar Draketerus, » déclarai-je.

Des murmures et chuchotements pouvaient être entendus, tandis que ceux qui étaient de côté en tant que traître semblaient confus.

« Pourquoi devrions-nous accepter un vieux dragon incapable de se battre en tant que généraux ? » demanda l’un des nobles qui, jusqu’à présent, étaient restés silencieux.

***

Partie 3

« C’est une bonne question. » Fit remarquer le roi.

« Qui a dit que ce vieux dragon ne pouvait pas se battre ? » J’avais souri.

« Brekkar. As-tu quelque chose à dire à ce propos ? » demanda le roi.

« Ahem! Oui, Votre Majesté, j’allais l’annoncer tôt ou tard, mais je suis de retour en bonne santé. J’ai été guéri et je récupère rapidement ma force d’antan, » déclara-t-il avec un sourire tandis que sa queue rouge-sombre s’agitait lentement de gauche à droite.

« Est-ce vrai ? Et qui est celui qui t’a guéri ? » demanda-t-il.

« Alkelios Yatagai, Votre Majesté, » répondit-il en s’inclinant.

Les murmures envahirent une fois de plus la salle, augmentant encore le bruit de fond.

« SILENCE ! » Ordonna le roi alors qu’il les fixait tous.

Avec un bruit de prise de respiration par plusieurs d’entre eux, le roi se retourna vers Brekkar et lui demanda.

« Où se situe ta loyauté ? » lui demanda-t-il.

« Avec vous, Votre Majesté, » il s’inclina profondément devant le roi.

La confusion parmi les nobles avait augmenté.

« Hm, très bien. Si c’est comme ça, il n’y a aucun problème à faire de toi le général de l’armée de Brekkar, » le roi acquiesça de la tête, satisfait.

« Des objections ? » avais-je demandé en regardant les nobles.

Personne n’avait répondu.

Brekkar avait une bonne réputation parmi les nobles et son sacrifice 38 ans plus tôt n’était pas à prendre à la légère. S’il était soigné, ils préféreraient attendre qu’il retrouve ses forces plutôt que de remettre l’armée à un jeune dragon sans expérience comme Draejan.

Cette déclaration cependant, avait semblé déclencher quelque chose dans un certain dragon. Il avait l’air calme, comme s’il s’attendait à ce résultat, mais ses poings serrés saignaient presque en raison de la force avec laquelle il les serrait.

« Maintenant, pour ma troisième demande, je veux que Votre Majesté dissolve officiellement l’engagement entre Seryanna Draketerus et Draejan Andrakaryus Doesya, » déclarai-je.

« Je n’ai jamais su qu’elle lui était fiancée pour commencer, » le roi plissa les yeux. « Malgré cela, je ne peux le faire que si les parties impliquées le souhaitent également. »

« Votre Majesté, je ne me suis jamais considérée comme la fiancée de Draejan et on m’a dit que cet engagement était un ordre royal. » Seryanna s’avança et déclara cela.

« Est-ce le cas ? Alors qui l’a ordonné ? » demanda le roi en regardant autour de lui.

« C’était moi, Votre Majesté. » Elovius s’avança.

« Toi ? Pourquoi ? » demanda-t-il en se frottant le menton.

« Afin de faciliter la transition du chef de l’armée de Brekkar. À l’époque, je croyais que Brekkar était toujours malade et incapable de se battre davantage. En tant que tel, je souhaitais au moins préserver la puissance et l’héritage de son armée. Je l’ai également fait en pensant que le fait qu’Albeyater ne soit pas affaibli pourrait être un symbole à la fois extérieur et pour la population, » répondit Elovius en s’inclinant courtoisement.

Normalement, j’aurais pu soupçonner Elovius d’être le cerveau, mais lorsque j’avais rencontré le roi pour la première fois, il m’avait assuré que son fils était tout au plus difficile à comprendre, mais sa loyauté et ses intentions étaient toutes au bon endroit.

« Je comprends. Dans ces circonstances, crois-tu toujours que c’est la bonne chose ? » lui demanda Feryumstark.

Elovius jeta un coup d’œil à Brekkar puis à son père, le roi. « Non. » Répondit-il.

« Je vois. Alors, l’engagement entre Seryanna Draketerus et Draejan Andrakaryus Doesya n’a aucune raison d’être quand l’un des deux ne le souhaite pas, et que la raison d’origine qui la poussée n’est plus, » déclara le roi.

Les nobles hochèrent la tête, tandis que Draejan déglutissait.

« Quelque chose d’autre, Alkelios Yatagai ? » demanda le roi.

« J’aurai vraiment besoin d’un massage du dos, mais je ne peux pas vous le demander, » j’avais ri.

« Ce serait ridicule, » se moqua le roi.

Les autres avaient simplement réagi violemment à ma blague innocente.

« Ahem ! En tout cas, oui ! Je souhaite que Votre Majesté déclare que je suis pardonné de tous les crimes contre la couronne que quiconque pourrait croire que j’ai commis aujourd’hui ou dans le passé, tels que vous menacer et les autres choses du genre, » avais-je déclaré.

« Hm… où est votre fidélité, Alkelios Yatagai ? Déclarez ceci d’abord devant moi et les Dieux, et je vous répondrai. » Répondit le roi d’un ton sévère.

J’avais souri.

« Moi, Alkelios Yatagai déclare officiellement mon allégeance à la Troisième Princesse du royaume dragon d’Albeyater, Elleyzabelle Sojourn Seyendraugher et, par extension, Leurs Majestés le roi et la reine du royaume d’Albeyater, Feryumstark Seyendraugher et Elliessara Seyendraugher ! » déclarai-je d’un ton fort.

À l’exception des rares personnes qui me connaissaient, les expressions choquées sur leurs visages étaient inestimables. Elovius avait même la bouche grande ouverte malgré la grossièreté de ce geste. Même Draejan me regardait avec de grands yeux, comme s’il ne croyait pas ses oreilles. Quant au groupe qui avait ouvertement révélé le fait qu’ils avaient trahi le royaume parce qu’ils pensaient que j’étais un humain envoyé par des humains afin de les aider dans leur complot, ils avaient l’air d’être écrasés par le poids du monde et ils n’avaient pas la force de se relever.

« C-c’est fini..., » déclara Pallause.

Oui, ça l’est…, avais-je pensé.

Le roi ferma les yeux un instant puis éclata de rire.

« Vous l’avez entendu, non ? Avez-vous des objections ? » Demanda-t-il en regardant les nobles choqués qui se tenaient à ses côtés.

« Non, » déclara Brekkar.

« Moi non plus, » déclara Elleyzabelle avec un sourire poli.

« Je ne vois aucune raison pour laquelle il ne devrait pas être pardonné. Compte tenu de tout ce qui s’est passé jusqu’à présent, il mérite vraiment d’être gracié ! » avait déclaré l’un des nobles.

« Je suis d’accord. L’humain a des tripes ! Il pense plus comme un dragon que comme un humain, » déclara un autre.

« Bien que je sois également d’accord, je ne lui fais pas confiance, » annonça un autre.

« Je ne crois pas que tout cela concernait la confiance en premier lieu. Maintenant qu’il a déclaré cela, tout a du sens. J’ai trouvé étrange qu’il n’ait simplement pas utilisé cette capacité pour détruire tout simplement le royaume. Une attaque comme celle d’un humain haïssant les dragons aurait été ce qu’il y avait de mieux pour lui, » un autre avait fait cette remarque.

« Je suis juste déçu d’avoir appris que tant de dragons que je pensais respectables soient des… traîtres, » avait déclaré l’un des nobles en poussant un soupir.

Ils avaient continué à exprimer leurs opinions les uns après les autres, tandis que les traîtres étaient incapables de prononcer un seul mot. Ils étaient dévastés par l’état des choses.

« Bien, comme vous pouvez le voir, il n’y a pas d’objection. Alors oui, je vous pardonne officiellement, Alkelios Yatagai, pour tout crime commis contre la couronne jusqu’à ce moment. J’accepte également votre déclaration de fidélité, » déclara Feryumstark avec un sourire narquois.

« Merci, Votre Majesté ! Eh bien ! Finalement ! Tendre mon bras comme ça tout ce temps était fatigant ! » me plaignais-je en annulant le sort.

L’énorme menace qui pesait sur la vie de tous les habitants de cette ville avait été résorbée en tant qu’énergie magique dans mon corps.

En la voyant disparaître, tout le monde poussa un soupir de soulagement, en particulier les gardes. Cependant, il nous restait encore une chose à faire avant de célébrer le tout.

« Alkelios, voici votre premier ordre. Arrêtez ces imbéciles qui ont essayé de comploter contre moi, » déclara Feryumstark en montrant le groupe de traîtres.

« Avec plaisir ! » Je fis un salut courtois.

« Attendez ! Non ! Il doit y avoir une erreur ! » s’était plaint l’un d’eux.

« Tu nous as trompés ! » déclara Pallause.

Le vicomte Galbarion était déjà dans les pommes, en voyant la manière dont il avait annoncé avoir empoisonné délibérément la reine. Après qu’il ait tout révélé, la seule chose qui l’attendrait était la mort ou la potence, selon la miséricorde du roi.

Mon seul travail jusqu’à présent était de les révéler et les appréhender.

« Je ne comprends pas… pourquoi un humain comme vous nous aiderait-il ? » demanda Elovius alors qu’il s’approchait de moi.

« Pourquoi ne devrais-je pas aider mes amis ? » avais-je demandé en inclinant la tête vers la gauche.

« Pardon ? » Il cligna des yeux confus.

« Allez demander à votre père, je vais m’occuper de ses idiots. » J’avais souri et avais fait craquer mes doigts alors que je me préparais à les assommer puis à les attacher.

Mes cordes étaient enchantées et pouvaient même résister à un chien à quatre têtes que j’avais rencontré en arrivant dans ce monde.

« Ne pouvons-nous pas en parler ? » demanda l’un d’eux.

J’avais souri et l’avais frappé.

Quelques minutes plus tard, le travail était terminé et tous ceux qui se révélaient être des traîtres étaient en train d’être emmenés dans les cellules où le processus d’interrogatoire allait les faire révéler tous les petits secrets qu’ils avaient. C’était s’ils ne mouraient pas lors de l’interrogatoire. S’ils survivaient, une mort rapide les attendait à la place de davantage de tortures.

Avec un sourire, j’étais retourné vers le roi, qui disait quelque chose à Elovius. Quand il m’avait vu, les deux s’étaient arrêtés. Le Premier ministre avait été le premier à prendre la parole.

« Mes excuses, Alkelios Yatagai, si j’avais été au courant de tout cela..., » il baissa la tête.

« Tout va bien. J’ai dû apprendre beaucoup de choses ainsi. En plus, tout s’est bien passé et c’est ce qui est important ! » J’avais ri.

« Je vois. Je m’excuse néanmoins et je vais prendre cette leçon à cœur pour qu’à l’avenir je sois plus conscient de mon environnement, » déclara-t-il avant de revenir à sa place à côté du roi.

Le suivant à s’approcher de moi était Brekkar.

« Je ne t’ai pas vu depuis si longtemps, et tu m’as déjà dépassé en force ! Tu es un miracle marchant ! » Il avait ri et tapota mes épaules avec ses mains.

« C’est bon de te voir, mon ami. Je ne suis plus faible, » déclara Iolaus avec un sourire narquois.

« Si on parle de Kléo en revanche, ce garçon est inutile, » Brekkar laissa échapper un soupir.

« J-J… CE N’EST PAS VRAI ! » Répliqua le dragon.

« Bwahahaha! C’est bon d’être jeune ! » Brekkar tapa le dos du dragon.

« Bon retour, Alkelios ! Comme d’habitude, tu ne manques pas de m’impressionner ! Je savais que j’avais raison pour toi à l’époque ! Tu es vraiment un dragon intéressant ! » déclara Kataryna avec un sourire lorsqu’elle s’approcha. Avant que je ne le sache, elle vola mes lèvres. « Bon retour ! Fufu ! » Déclara la dragonne après que nos lèvres se soient séparées.

« Hey ! Il est à moi ! » Seryanna tira Kataryna en arrière, mais quand elle me regarda dans les yeux, son visage devint complètement rouge. « B-bon retour, » avait elle dit.

« Content d’être revenu, » déclarai-je. Cette fois, j'avais pris les devants pour l’embrasser.

« AHEM! » Le roi nous avait interrompus.

Nous avions tous cligné des yeux de surprise, puis nous avions regardé vers lui. Elovius soupira et secoua la tête. Les nobles levèrent les yeux au ciel et le roi nous regardait.

« C’est bien que vous ayez votre petite réunion juste devant moi, mais il y a des questions importantes qui nécessitent notre attention, en particulier avec la révélation faite aujourd’hui de tant de traîtres au sein de ma cour. De plus, ma femme aimerait aussi vous parler, » avait-il déclaré.

« Mère le ferait ? » Demanda Elovius, surpris.

« Oui, » le roi acquiesça.

Tout le monde recommença à murmurer. Cela devenait un peu ridicule.

« Chose sûre. Oh, mais avant cela, il me reste encore une chose à régler, » déclarai-je avec un sourire narquois.

« Qu’est-ce que c’est ? » demanda le roi avec les sourcils plissés.

« Sire Draejan Andrakaryus Doesya, je vous défie en duel. Si je gagne, il vous sera interdit d’essayer de redevenir général, à moins que je n’approuve officiellement ! » Je le pointais du doigt.

« Tu souhaites me défier, une fois de plus ? » demanda-t-il en plissant les sourcils.

« Oui. » Je hochai la tête.

« Tu es un humain insensé, comme toujours. Et moi qui pensais que tu avais changé, » il secoua la tête et soupira.

« Qui sait ? Eh bien, acceptez-vous ou non ? » lui avais-je demandé.

« Et qu’est-ce que j’y gagnerai ? » demanda-t-il.

« Mon approbation officielle et une armure complète que je ferai personnellement, » répondis-je avec un sourire.

Il plissa les sourcils. « Tu es forgeron ? » Demanda-t-il.

« Parmi beaucoup d’autres choses, je peux aussi faire de belles bagues enchantées. Grâce à ma compétence Artisant Brillant, je peux créer de nombreux bijoux et accessoires intéressants. » J’avais souri.

« Ça me paraît juste. Si je ne peux même pas vaincre un faible humain, comment puis-je oser demander le titre de général ? » se moqua-t-il.

« Un duel équitable. J’aime et j’approuve, » avait déclaré le roi.

« Allons tout de suite au terrain d’entraînement alors ! » déclara Brekkar à voix haute.

« Maintenant, ça va être intéressant ! » déclara Kataryna alors que sa queue se balançait dans les airs.

« J’ai l’impression d’avoir été complètement ignorée..., » Kléo laissa échapper un soupir et baissa les yeux.

« Pas vraiment. Je suis heureux de te revoir, Kléo, » lui avais-je dit avec un sourire avant de suivre Draejan vers le terrain d’entraînement.

***

Chapitre 57 : Duel

Partie 1

***Point de vue d’Alkelios***

La dernière fois que j’avais marché sur le terrain d’entraînement, c’était lors de mon premier duel avec Sire Draejan. À l’époque, en raison de mon manque de maturité et de mon manque d’adresse, je m’étais trouvé déshonoré et humilié en dépit de ma grande chance et de mes statistiques exceptionnelles. Peu importait le fait que je puisse invoquer un Phœnix de niveau 999 ou que j’étais ami avec Kataryna Georg. Ce qui importait, c’était ma capacité à combattre en utilisant tout ce que j’avais jusqu’à la dernière goutte de force que je pouvais rassembler.

En ce qui concerne cette humiliation que j’avais subie, j’étais en quelque sorte reconnaissant envers Sire Draejan, car cela m’avait fait comprendre que le simple fait d’avoir du pouvoir n’avait pas de sens si l’on ne pouvait pas l’utiliser correctement. Kataryna m’avait également beaucoup aidé à comprendre et à accepter ce fait.

Certes, j’avais beaucoup de points de statistiques, mais je n’avais jamais été capable de les exercer complètement. Ils représentaient en quelque sorte le maximum que je pouvais atteindre, mais même si je pouvais théoriquement soulever une tonne à une main, je ne pensais pas pouvoir le faire et je ne savais pas comment exactement je pouvais exercer cette force pour commencer. Bien que ce soit quelque chose de facile et naturel, même pour les habitants de ce monde, ceux de la Terre avaient d’autres idées en la matière.

Essentiellement, il s’agissait de la façon dont votre esprit percevait les choses et à cette époque, j’avais beaucoup de blocages mentaux et de peurs qui n’arrêtaient pas de me dire que c’était impossible.

Pendant mon séjour dans la forêt Seculiar, l’un des plus gros défis auquel j’avais été confronté n’avait pas été d’atteindre le niveau 1000 ni d’atteindre ma forme de demi-dragon. Non, le plus gros défi auquel j’avais dû faire face ici était d’accepter que le fait que mon corps était effectivement capable d’exercer la quantité de force et de vitesse affichée dans ma fenêtre de statistique.

C’était le truc, le truc derrière cette capacité unique des héros humains. C’est ce qui ne nous avait jamais été expliqué, y compris par ce Dieu.

Même si l’on obtenait soudainement un gain de 100 points de force, alors au premier essai, un terrien pourrait probablement en utiliser 16-20 points. Lorsque nous courions, notre vitesse moyenne n’était pas de 100 km/h, comme on le pouvait. Non, c’était peut-être un maximum de 30-40 km/h. L’utilisation maximale des points statistiques s’est produite lorsque nous essayions vraiment, lorsque nous luttions et essayions de dépasser nos limites.

Cela étant dit, j’étais dans l’impossibilité de combattre Sire Draejan qui s’était entraîné en repoussant constamment ses limites. Quand il utilisait 1000 points de force, je pouvais à peine en utiliser 800. C’était la vérité lors de cette dernière bataille.

J’avais eu des moments de poussées instantanées à la fois de vitesse et de force, mais je ne pouvais ni contrôler ni les utiliser correctement. Je n’étais donc apparu que comme un amateur chahuteur qui manquait à la fois de talent et de coordination aux yeux d’un guerrier entraîné. Kataryna m’avait montré cela très clairement lors de notre petit combat.

Cependant, j’étais différent de mon moi à l’époque. Je pouvais contrôler pleinement mon pouvoir, mes statistiques et toutes les compétences que j’avais acquises au cours de mes jours dans la forêt Seculiar. Plus encore, j’avais surpassé Draejan en tout. De ce fait, j’étais certain.

« Tu es sûr de ça, Alkelios ? » Me demanda Kataryna avec un sourire narquois.

« Il me reste encore quelque chose à te montrer, alors oui. » Je hochai la tête alors que je me préparais à entrer dans la bataille avec le dragon devant moi.

« En tant que roi du royaume d’Albeyater et de celui qui a approuvé ce duel, je demande aux deux duellistes de faire un pas en avant, » annonça Feryumstark en se tenant tout droit sur le podium qui lui était réservé.

Draejan et moi nous étions approchés du centre du terrain d’entraînement.

« Tous deux, voulez ce duel, n’est-ce pas ? » Demanda-t-il.

« Oui. » Avions-nous répondu en même temps ?

« Selon quelles règles souhaitez-vous vous battre ? » S’enquit-il.

« Avec nos meilleures armes et armures. » Déclara Draejan avec un sourire narquois sur les lèvres.

« Ça me va. » Répondis-je avec un haussement d’épaules.

Même s’il voulait que nous fassions une compétition de lutte de boue en bikini, je l’aurais tout de même approuvé, mais plutôt de voir Kataryna et Seryanna baver sur moi ou rire de moi, en fonction des cas, je préférerais voir Draejan porter ça. Cette image de CE dragon dans cette sorte de tenue était… gênante.

« Très bien. Vous avez une demi-heure pour vous équiper. Revenez ici après avoir équipé vos meilleures armes ! » Déclara le roi d’un ton impérieux.

Comme d’habitude, son aura intimidante et imposante était aussi forte que jamais, peu importe où il se tenait ou ce qu’il disait.

J’avais hoché la tête en confirmation, puis j’étais retourné à mon côté du terrain où mes amis m’attendaient.

« As-tu une armure et une arme utilisable ? » demanda Seryanna, inquiète.

« J’en ai. J’ai acquis une compétence de forgeron appelé Rock Hard ! Elle est au niveau maximum. Je peux littéralement fabriquer n’importe quel type d’armes ou d’armures. » Je hochai la tête.

« Hm, Dregarya sera très intéressée par ça. » Fit remarquer Seryanna.

« Qui ? » avais-je demandé, un peu confus.

« Mon amie forgeronne. » Elle me fit un sourire.

« Je vois. » Je hochai la tête.

« Euh… Tu as dit que tu avais une arme et une armure, mais sont-elles dans ta bague ? » Demanda Kléo.

« Non, elles sont dans ma compétence de stockage. Je vais les sortir maintenant et les équiper. » Je lui avais dit cela puis avais commencé à enlever mon armure actuelle.

« Ici ? En public ? » demanda Kataryna.

« À part toi et Seryanna, qui va être excitée en me voyant à moitié nu ? » Lui avais-je demandé en plissant les sourcils après avoir enlevé mon plastron.

J’avais une chemise enchantée à manches longues en dessous pour agir comme une protection entre ma peau et l’armure. Une chose que j’avais remarquée après avoir porté une armure dans ce monde, c’était le fait que ça grattait partout ! C’était un cauchemar…

« Mais euh... tu portes toujours des vêtements..., » déclara Kataryna, déçue.

« Perverse, » Je plissais les yeux vers elle.

« Moi ? Et elle ? » Elle désigna Seryanna… qui bavait.

« Euh… ça va ? » Lui avais-je demandé.

« Hein ? Oui… je vais bien… je pense… à… à des choses..., » répondit-elle en essuyant rapidement sa bave.

« Tu devrais faire attention ce soir. Verrouille la porte. » Murmura Kléo.

J’avais poussé un soupir en réponse.

Note à soi : faire un souhait contraceptif pour ce soir… Pensais-je en jetant un coup d’œil à une Seryanna gênée.

Avec cette armure enlevée, j’avais activé ma compétence de stockage nommé Trou Noir. Le nom convenait bien parce que ça créait littéralement un trou noir devant moi. Ce n’était pas de la matière ou quoi que ce soit, c’était juste un gros orbe noir qui surgissait de nulle part.

Quand je l’avais acquis, j’étais très inquiet de l’utiliser, car je pensais aux trous noirs trouvés dans l’espace et à l’effondrement d’une étoile. Cependant, le piège à souris caché dedans n’était pas drôle. Il y a eu un clack, et j’avais souffert au moment où j’avais placé ma main dedans. Parmi tous les objets pouvant s’y trouver, pourquoi un piège à souris ?

Quoi qu’il en soit, j’avais activé la compétence et stocké l’armure que je ne portai pas, puis j’avais sorti celle que je comptais utiliser lors de ce duel. Ce qui était sorti de l’orbe noir, c’était une armure élégante qui me recouvrait de la tête aux pieds. C’était une armure composite, ce qui signifiait que chaque plaque était conçue à partir de plusieurs matériaux différents, le tout dans le but d’améliorer l’un ou l’autre attribut. Le premier étant un amortisseur de choc physique, le second un absorbeur d’énergie magique, le troisième utilisait l’énergie magique pour améliorer encore les enchantements existant sur chaque plaque ou écaille individuelle comme je les appelais, celle-ci étant la matrice du matériau. Les couches internes améliorent le mouvement et réduisent les frottements entre certains éléments, rendant l’utilisation des compétences physiques plus faciles et naturelles. Il y avait aussi une couche thermique qui maintenait la température interne à 24 °, ce qui pouvait être ajusté à tout moment. La couche thermique externe se trouvait sous les écailles et pouvait résister aux températures de cuisson d’un four. Les enchantements m’avaient permis d’encore améliorer ces capacités, mais dans l’ensemble, il s’agissait d’une véritable armure optimisée par magie, le genre que l’on pouvait souvent voir dans les films ou les jeux de science-fiction. C’était génial, et elle pouvait même changer de forme et devenir plus grande quand je changeai de forme.

« C’est impressionnant ! » déclara Brekkar derrière moi.

« Gya! » J’avais sursauté quand je l’avais entendu.

« Qu’est-ce qu’il y a ? » demanda-t-il, un peu confus.

« Tu l’as surpris, grand-père. » Déclara Kléo en essayant de se retenir de rire.

« Ouais… ne te faufile pas comme ça, vieux ! Tu vas provoquer une crise cardiaque à quelqu’un ! » Répondis-je.

« Hey ! C’est méchant ! Je suis toujours considéré comme un beau dragon ! » Répondit-il.

Nous avions tous plissé les yeux vers lui, preuve que nous ne croyions pas ses paroles.

« Bon ! En tout cas, qu’en est-il de ton arme ? » demanda-t-il avec curiosité en changeant de sujet.

« Oh, je vais utiliser ces deux-là, » déclarai-je en réactivant ma compétence trou noir.

De l’intérieur, j’y avais retiré une paire d’épées longues, une noire comme du charbon, l’autre blanche comme de la neige. Les épées étaient aiguisées et brillantes, montrant la qualité de leurs matériaux. De petites runes brillant d’une lumière émeraude pouvaient être vues, et un cristal noir était placé dans le pommeau, enfermé dans le même métal luisant que celui composant l’épée. La poignée était recouverte d’une épaisse couche de peaux de monstres, qui offrait une bonne prise ainsi qu’un meilleur transfert de magie entre l’utilisateur et la lame.

En les sortant, une aura noire apparut autour de la lame noire, tandis qu’une blanche était apparue sur l’autre. Elles vibrèrent comme si elles étaient heureuses que je les utilise.

« Celle-ci est Enfer. Elle contrôle l’élément ténèbres. » J’avais dit ça en levant l’épée noire. « Celle-ci est Paradis. Elle contrôle l’élément lumière. » J’avais soulevé la blanche.

« Impressionnant… mais deux éléments opposés ? Ça ne sera pas difficile à contrôler ? » Demanda Brekkar.

« Pas du tout, » répondis-je en secouant la tête.

« Qui les a fabriqués ? » demanda Kataryna avec un regard curieux.

« Je les ai faites. » J’avais répondu avec un sourire.

« Si je ne me trompe pas, ces deux armes sont assez puissantes pour être appelés armes légendaires ou même artefacts inestimables… n’est-ce pas un peu trop de les utiliser en duel contre ce type ? » Demanda Kataryna en montrant l’autre camp.

« Je vais juste poser cette question une fois. Tu ne veux vraiment pas les voir en action ? » Lui avais-je demandé.

Après un moment de réflexion, la dragonne argentée répondit : « s’il te plaît, libère toutes leurs puissances contre ce dragon. »

« Je le pensais bien. » J’avais ri.

« Est-ce que ça va aller ? » Demanda Seryanna un peu inquiète.

« Si je fais attention et que je ne baisse pas ma garde, tout devrait aller bien pour moi. » Répondis-je d’un signe de tête.

« Vas-tu compter sur ta chance ? » Demanda Kataryna en haussant les sourcils.

« Pas autant qu’avant, » déclarai-je en secouant la tête. « J’ai appris ma leçon. La chance est une arme terrifiante si utilisée correctement, mais il ne faut pas en dépendre. » Répondis-je.

« C’est bien. » Elle acquiesça.

Après avoir correctement mis mon armure et mes armes, j’étais entré dans le cercle marqué de pierre au milieu du terrain d’entraînement, l’arène devant servir de lieu pour notre duel.

***

Partie 2

Les yeux des spectateurs étaient concentrés sur mon équipement. Leur fabrication exceptionnelle et leur apparence élégante avaient attiré leur attention et ils avaient compris d’un simple coup d’œil qu’aucun forgeron ordinaire ne pouvait créer quelque chose comme ceci. Si je devais donner le niveau exact de compétences requis pour les fabriquer, alors un forgeron qui devrait être de niveau divin serait le minimum recommandé pour fabriquer chaque plaque, et au moins un légendaire de confiance pour les enchantements. Pour tout assembler, c’était une autre affaire.

Le temps nécessaire pour les créer n’était pas une blague, c’est pourquoi j’avais la certitude que même sans les activer à pleine puissance, je pouvais facilement encaisser un coup de Draejan.

Pendant ce temps, l’armure de mon adversaire était une lourde armure typique de chevalier recouverte de plaques de métal et utilisant une cotte de mailles en dessous, mais qui manquait de l’éclat d’une armure décorative. Les couleurs principales étaient le marron, le noir et le rouge. Ils étaient censés mieux le cacher parmi ses soldats, mais, en même temps, leur faire savoir qu’il était un général. La peinture était matte, évitant ainsi le lustre métallique réfléchissant que l’on retrouve couramment sur les armures décoratives en or et en argent. Laisser son adversaire savoir où l’on était n’était pas forcément la meilleure idée qui soit. Dans mon cas, cependant, je pouvais le cacher avec un sort si besoin ou verser un pot de boue sur moi, mais en général, je voulais que l’ennemi connaisse ma position. Mon plan était d’agir comme un tank ou une diversion pour les forces pendant que les soldats en bas s’occuperaient du reste. En d’autres termes, j’étais un combattant d’avant-garde. Se moquer de l’ennemi était un plus pour moi.

En regardant son armure, j’avais remarqué que le niveau requis pour la fabriquer n’était pas si terrible. Je pourrais en faire des milliers de copies identiques sans problème. Il n’y avait aucune partie complexe ou d’accessoires détaillés dessus. C’était simple, mais en le faisant ainsi, les artisans n’atteignaient pas le potentiel maximal de l’armure. Un enchanteur pouvait faire beaucoup de choses s’il avait les compétences.

Quant à son arme, elle ressemblait à une simple épée longue destinée à un guerrier humain, mais ce dragon la tenait à une main. Pour être honnête, il avait l'air de mieux porter l’épée que moi avec Enfer et Paradis. Je ressemblais en quelque sorte à l’un de ces nains portant une énorme arme pour une chasse au dragon.

Eh bien, j’avais aussi des lames courtes pour les petits couloirs ou les endroits étroits, mais c’était une autre histoire.

En termes d’enchantements et de magies utilisées dessus, j’avais envie d’utiliser Identificus Processus Juridicus, mais j’avais trouvé que cela serait injuste. En outre, le duel n’avait pas encore commencé et, quel que soit le sort que je jetterai, ce serait considéré comme un acte criminel.

« Êtes-vous tous deux prêts ? » Demanda le roi en regardant chacun de nous.

J’avais regardé Draejan dans les yeux et avais répondu « Je le suis, » puis j’avais mis mon casque.

Un clic avait été entendu, car il était verrouillé et les enchantements activés.

« Je le suis, Votre Majesté. » Répondit Draejan en hochant la tête. Il plaça également son casque.

En ce qui concerne cette partie de l’armure, celle de Draejan avait été construite sur mesure pour également protéger ses cornes, ce qui lui donnait un aspect plutôt étrange. D’autre part, comme je n’avais pas de cornes, le mien avait l’aspect habituel d’un casque. Une fois que je me transformais en demi-bête, cela changerait de forme pour permettre à mes cornes de sortir. Leur protection était facultative dans mon cas, une seule activation par enchantement enverrait de minces plaques de mon casque pour les recouvrir.

« Alors, par ordre du roi, je vous ordonne à tous deux d’avoir un duel juste ! Que personne ne meure par la lame de l’autre ! Qu’il soit victorieux en assommant son adversaire ou en le faisant sortir du terrain ! Ainsi, moi, le roi, l’ordonne ! Commencez ! » Ordonna Feryumstark d’une voix forte et claire, remplie de l’autorité sévère de l’un des membres de la royauté.

Ainsi, le duel commence ! pensais-je.

Le premier à attaquer était Draejan. Dégainant son épée, il s’avança et se précipita en utilisant une technique que j’aurais précédemment confondue avec Flash, car il donnait l’impression de s’être téléporté en une fraction de seconde. Néanmoins, si je n’étais pas aussi puissant que je le suis maintenant, je n’aurais pas remarqué le fait qu’il s’était simplement déplacé avec une magie de vitesse plutôt que de téléportation. Un individu assez rapide aurait facilement pu éviter l’une de ses attaques, mais je ne l’avais pas fait.

J’avais laissé le coup toucher mon armure pour tester mon endurance.

On avait alors pu entendre un fort bruit de métal à l’impact, puis la lame avait rebondi comme si elle avait été repoussée par un sort. Draejan changea rapidement de direction et battit en retraite. S’il ne tenait pas fermement le manche de son épée, il l’aurait peut-être lâchée. Le recul était très puissant.

Mon armure était destinée au combat contre des boss ayant des forces égales à celle de dragons de niveau 1000. Leurs coups étaient des cauchemars pouvant détruire des pierres enchantées avec Durabilité et envoyer des guerriers robustes dans un vol plané.

Cela m’avait rappelé que lorsque j’étais à peine au niveau 678, j’avais rencontré une telle bête pour la première fois. Je ne faisais même pas attention lorsque j’avais reçu la première attaque à distance. Cela m’avait littéralement envoyé à plusieurs dizaines de mètres et avait détruit une grande partie de mon armure. Seule ma robustesse accordée par les compétences passives et les statistiques m’avait permis de survivre. Sinon, j’aurais rencontré ma fin là. Heureusement, chanceuse était une bonne façon d’appeler ma survie.

Puis vint la bataille avec la bête ayant un long cou. Cette Tortue Dragon crachait des rayons de lumière de sa bouche et avait une aura gelant et ralentissant quiconque s’approchait. Cet ennemi faisait croire qu’il fallait le combattre à longue distance, mais il créait un bouclier de vent dans la limite de son aura. Cela ferait croire à tout aventurier que seul un barrage de tirs soutenus à longue portée pourrait permettre de gagner contre ce monstre.

Heureusement, je n’avais pas pensé à utiliser des attaques à longue portée. Si je l’avais fait, j’aurais simplement gaspillé ma magie et la Tortue Dragon aurait continué à cracher ces rayons de lumières ridiculement précis. La raison était sa barrière même. Elle était ridiculement puissante, mais ce qu’un aventurier ordinaire n’aurait pas pris en compte était le fait que cette bête avait une précision moindre dans la portée de sa barrière, et les faisceaux ne faisaient pas autant de dégâts.

Donc, ce que j’avais fait était de me précipiter vers elle avec ma toute première épée longue que j’avais enchantée et j’avais espéré lui trancher le cou avant qu’elle ne me morde. La lenteur, le froid et le vent gênaient sérieusement, mais la bête avait du mal à m’attaquer. C’était comme se déplacer dans un blizzard glacial aveuglant. En raison de sa propre barrière, elle avait également eu du mal à me trouver. C’est la raison pour laquelle la plupart de ses attaques rataient leur cible et était esquivé au dernier moment.

Après les quelques premières attaques, elle était devenue furieuse et avait retiré sa barrière, d’autant plus qu’elle n’avait pas détecté d’attaques à distance. C’est alors que la précision de la tortue dragon avait augmenté et que je devais esquivé en sautillant comme un lapin. Finalement, je m’étais suffisamment rapproché pour déclencher un Millier de Frappes à la base de son cou. J’avais réussi à la toucher et la tuer.

Pour dire vrai, j’avais été extrêmement chanceux dans ce combat. Plus tard, quand j’avais rencontré le même type de monstre, j’avais tenté un barrage à longue distance. Le combat avait duré plus de deux heures, jusqu’à ce que sa barrière disparaisse enfin et qu’un coup la frappe. L’autre monstre que j’avais attaqué au corps à corps avait été tué en cinq minutes.

Après avoir fait face aux attaques de Tortue Dragon et après avoir brisé mon armure d’un coup à plusieurs reprises, j’avais décidé de changer le type d’enchantement se trouvant dessus. D’un type de protection ordinaire, j’étais passé à un type de dispersion et d’absorption. Ce que ça faisait en réalité, c’était de disperser l’énergie d’une attaque physique ou magique autour de l’armure, puis de la réabsorber en magie pure et de la concentrer sur d’autres enchantements.

De plus, il m’avait fallu beaucoup de temps pour comprendre comment faire cela et encore plus pour me souvenir que les attaques physiques avaient quelque chose appeler de l’énergie cinétique. Sans cela, les coups devenaient inoffensifs. Se souvenir du nom avait également été difficile… Je l’appelais au début : énergie physique.

Eh bien, toutes mes expériences dans la forêt Seculiar m’avaient amené à me créer une armure de combat scandaleuse et une paire d’épées l’étant tout autant. Je ne les utilisais que pour combattre des boss ou affronter des nids entiers de monstres. Ce n’était pas un problème de durabilité, mais plutôt le fait qu’elles étaient un peu trop fortes contre des ennemis normaux.

Actuellement, Draejan n’était même pas quelqu’un contre qui je voulais me battre avec Enfer et Paradis, mais c’était nécessaire… cette bataille était une revanche, et il devait être conscient de mes prouesses.

Il baissa les yeux vers son bras tremblant. Le recul était quelque chose.

Je lui avais alors fait un sourire narquois et lui avais dit : « De penser que tu ne pourrais même pas me frapper correctement… est-ce que je t’ai surestimé ? » Lui avais-je demandé.

Bien sûr que non. Je savais très bien à quel niveau le placer. J’avais compris sa puissance dès notre premier duel. Sans quelque chose de similaire à Dompteur de Dragon, il lui était impossible de faire des progrès remarquables comme tous mes amis. Je pouvais déjà dire que le précédant Iolaus n’était rien de plus qu’une ombre comparée à maintenant.

« Ridicule ! » avait-il affirmé.

Cela ne visait pas mes mots, mais la réaction après avoir frappé mon armure.

À vrai dire, avec ce genre d’attaque pathétique, il était impossible d'égratigner mon armure, peu importe le nombre de fois où il essaierait. Seule une force capable de dépasser le recul pourrait avoir une chance d’aller au-delà de la capacité de dispersion de l’armure.

Levant la main, il chanta rapidement puis cria le nom de son sort : Épée de Tonnerre. Il s’agissait d’un pic de glace chargé avec assez d’électricité pour devenir du plasma, mais la magie lui donnait l’apparence d’un pic de glace. Pourtant, ce n’était qu’une apparence.

J’avais soulevé Paradis et donné un coup. La glace avait été coupée en deux et l’eau électrifiée à l’intérieur m’est tombée dessus. L’électricité avait été relâchée et si n’importe qui d’autre l’avait reçu, il aurait été temporairement paralysé ou assommé. Cependant, ce n’était pas mon cas. Je faisais simplement semblant de ne pas pouvoir bouger.

Voyant cela, Draejan se précipita et tenta de m’empaler avec son épée.

Lâchant Enfer, j’avais saisi sa lame avec ma main protégée de gants et bloquais son coup.

« I-impossible ! » déclara-t-il.

Levant la tête, je le regardai dans les yeux et souris.

CRACK !

La lame de mon ennemi s’était alors brisée.

« Hm ? Ai-je utilisé trop de force ? » demandai-je en regardant les bouts d’épées dans ma main.

À la place de faire ça, le métal ne devrait pas plutôt se plier ?

Peut-être qu’il a été mal forgé ? Je me demandais.

J’avais laissé tomber les morceaux.

C’était pathétique de le regarder comme ça, alors j’avais récupéré une épée de ma bague.

« Prends-là. C’est un prêt. » Je lui avais dit ça en lui jetant l’épée.

Cette épée s’appelait Épée produite en série 17. Contrairement aux épées utilisées par la majorité des soldats autour de nous, celle-ci avait des enchantements plus sérieux. En général, le nombre indiquait également le type d’ennemis qu’elle pouvait gérer, du plus faible (1) au plus puissant, qui était actuellement 35. Le premier était capable de gérer les monstres de niveau 100 dans la forêt de Seculiar, tandis que les 35 étaient destinées aux boss les plus dangereux qui pouvaient apparaître de temps en temps.

Pourquoi avais-je donné à Draejan une 17 et non une 35 ? Eh bien, parce que l’épée que je venais de détruire était tout au plus comparable à une de la série 8. En d’autres termes, je lui avais donné une épée bien meilleure.

« Je n’ai pas besoin de ta pitié ou de tes épées ! J’en ai une meilleure ! » répliqua-t-il en me renvoyant l’épée.

Il avait sorti de sa bague, une autre épée, mais comparé à la mienne, celle-ci était à peine une 9. C’était en effet meilleur que la précédente, mais pas de beaucoup. En réalité, la 17 pouvait facilement la couper en deux.

« Comme tu veux. » Je haussai les épaules et avais repris l’épée.

En regardant à ma gauche, je l’avais jeté à Brekkar.

« Amuse-toi bien avec. » Je lui avais déclaré cela.

Le dragon l’attrapa en l’air, mais dès que ses yeux se posèrent dessus, son regard devint sérieux.

« Je le ferai, » répondit-il.

Le dragon était assez vieux et intelligent pour reconnaître une bonne épée. Même Seryanna, Kataryna et le roi l’examinaient sérieusement. Iolaus était confus, mais il réalisa que c’était un objet impressionnant, tandis que Kléo et la princesse Elleyzabelle ne comprenaient pas pourquoi il en était ainsi.

***

Partie 3

« Bien alors, allons-nous continuer ? » avais-je demandé en ramassant Enfer.

« Tu tomberas ici ! » Cria Draejan en me voyant atteindre la lame.

Je m’étais retourné et lui avais donné un coup de poing au visage, l’envoyant rouler sur le sol jusqu’au bord de l’arène.

Il toussa et gémit de douleur.

Haussant les épaules comme si je venais d’écraser une mouche, j’avais ramassé mon épée puis repris ma position de combat.

« Le garçon joue avec lui, » fit remarquer Brekkar dans un murmure.

Ce n’était pas dit assez fort pour atteindre les oreilles de Draejan, mais j’étais plus proche que lui, j’avais donc pu l’entendre.

« Effectivement. » Confirma Feryumstark.

Elovius avait également dit quelque chose, mais je ne pouvais pas dire quoi. Pendant ce temps, les nobles étaient immobiles et essayaient de ne pas avoir l’air trop surpris, car cela aurait été malpoli envers le noble combattant dans l’arène.

« Est-ce que ça va ? » avais-je demandé.

« Argh ! Je n’ai pas besoin de ton inquiétude ! » Rugit Draejan en trébuchant.

Il respirait difficilement et ses jambes tremblaient.

Est-ce que j’ai frappé trop fort ?

Alors qu’il se remettait, j’étais resté calme et l’avais simplement regardé. Jusqu’à présent, je n’avais pas encore pris la décision de faire un mouvement décisif.

« Je vais gagner ça ! » déclara-t-il après avoir retrouvé son calme.

Quand il avait levé son épée, j’avais plissé les yeux et fait attention au flux de magie autour de lui.

Le corps du dragon commença à changer et à grossir. Il prenait sa forme hybride, dans laquelle ses statistiques augmentaient.

Tant qu’ils restaient dans leur forme humaine, les dragons avaient à peu près la même force qu’un humain du même niveau. Cependant, la forme hybride augmentait considérablement leur puissance, au point où ils pourraient facilement vaincre ce même humain et même bien plus.

C’est exactement ce que Draejan faisait. Et grâce à l’enchantement de son armure Métamorphose, qui était plus ou moins obligatoire sur les armures draconiques et les vêtements, cela ne posait pas de problème. Les écailles de dragons étaient robustes, mais la protection supplémentaire offerte par une plaque de métal enchanté en valait la peine.

Pour ce qui était de son apparence, il avait une tête anthropomorphe recouverte d’écailles d’un blanc pur, avec plusieurs dorées sous le menton. Le bout de sa longue queue hérissée avait aussi des écailles dorées, tandis que sur ses ailes, seules deux rangées étaient visibles et suivaient le bout de pointes vers son dos. Ses cornes de chaque côté de sa tête étaient longues, blanches et lisses comme de l’ivoire poli. À cause de leur forme et de leur taille, le casque n’était pas capable de les recouvrir, ou peut-être que son intention était de les montrer. Les plaques à pointes émergeant de sa colonne vertébrale n’étaient visibles que sur sa nuque et sa queue, là où l’armure ne les recouvrait pas. Ils étaient petits et ressemblaient davantage à des bosses osseuses qu’à de véritables pointes.

« Maintenant, tu vas ressentir ma vraie force ! » Il avait dit une ligne très clichée à mon avis.

« Oh ! Sympa ! Est-ce que je peux aussi le faire ? » Demandai-je avec un sourire éclatant.

« Qu ? » Il cligna des yeux de surprise.

Des murmures et des chuchotements se répandirent sur tout le terrain d’entraînement, en particulier parmi les nobles et les soldats ne me voyant que comme un humain. Mes amis, cependant, avaient simplement regardé attentivement dans ma direction. Ils avaient un regard sérieux, en particulier Feryumstark et Brekkar. Pour une raison inconnue, Seryanna rougissait et Kataryna remuait la queue.

« Es-tu fou, humain ? » Grogna Draejan en serrant la poignée de son épée qui était maintenant une épée courte pour lui, il faisait environ quatre mètres de haut en se tenant droit.

« Fou ? Non, je suis cliniquement malade ! » Répondis-je, mais mes paroles ne faisaient que semer la confusion dans son esprit.

La blague était trop moderne pour que ça ait du sens.

Maintenant, tout comme il l’avait fait, j’avais commencé à rassembler de la magie de l’environnement et à la verser dans mon corps. Il n’y avait pas vraiment de condition me permettant de changer de forme. Tant que l’endroit était suffisamment grand pour me permettre de m’y tenir et que mes vêtements ne se déchiraient pas, je pouvais le faire n’importe quand.

Ainsi, mon changement de forme commença.

Mon corps avait alors grandi de sa taille initiale à une hauteur de 3,6 mètres, lorsque je me tenais droit. Dans une position plus détendue, je faisais environ trois mètres de haut parce que mes jambes étaient pliées et que mon corps penchait vers l’avant. J’avais une envergure d’environ neuf mètres, deux mètres de plus que Draejan. Tout mon corps était couvert d’écaille rouges, noires, blanches et doré, me donnant un air menaçant. Ce n’était pas seulement une écaille par ici et là, j’en étais littéralement couvert, et je ressemblais à un dragon de combat dont le seul but était de se précipiter au cœur de l’armée ennemie, puis de m’y frayer un chemin. J’avais aussi une paire de dents acérées me permettant de couper la viande avec facilité. J’étais un carnivore en regardant ma dentition.

Les pics de mon corps étaient tous noirs et lisses, et faisaient 2 à 5 centimètres de long, descendant le long de ma colonne jusqu’au bout de la queue. Plusieurs d’entre eux étaient également sur mes ailes, le bout.

Quant aux cornes, j’en avais une paire de chaque côté de la tête. Elles étaient forées avec une base blanche. Les plus hautes et longues étaient légèrement incurvées vers l’intérieur, tandis que les plus courtes, d’une dizaine de centimètres étaient droites.

Mes yeux étaient fendus comme ceux d’un lézard avec un iris rouge foncé. J’avais autour de mes yeux des écailles rouges avec une rangée d’écailles noires allant du milieu du museau au sommet de la crête de mes orbites et se terminant à la base de mes cornes. Les écailles rouges et noires, signe de férocité, étaient plus visibles sur ma tête.

Quand je prenais ma forme hybride, mon armure s’adaptait, transformant l’aspect de certaines de mes plaques protectrices d’une ronde à une pointue. La masse ne changeait pas, elle devenait juste plus mince, mais les enchantements étaient augmentés d’au moins 25 %, du moins je supposais.

Mon changement terminé, je ne les avais pas laissés reprendre leur souffle, j’ai donc soulevé Enfer et Paradis et récité un bref sortilège. Croyant que c’était une attaque, Draejan adopta une position défensive, mais ce qui se passa ensuite surprit tout le monde.

Les deux épées avaient fusionné en l’arme la plus puissante que je possédais actuellement dans mon arsenal. Elle s’appelait Chaos, une épée à deux mains que seul un dragon de ma taille pourrait correctement manipuler. C’était une épée bâtarde à double tranchant avec une longue poignée et une lame plate qui ressemblait à des dents de requin au niveau de la garde. Partant de la garde jusqu’au bout, une moitié de la lame était blanche et l’autre était noire, le milieu étant gris. Les gravures étaient des runes conçues par moi avec des enchantements incrustés de magie, chacune ayant un but spécifique. Lorsque j’activais une certaine rune, elle avait rougeoyé de toute la magie accumulée à l’intérieur, puis allait lancer une attaque par la pointe.

Construire les canaux magiques pour cette chose n’avait pas été facile.

Si je devais la remplir de magie, ce serait toujours une arme assez durable, mais pas aussi durable que ses composants individuels : Enfer et Paradis. Il était plus sage de les utiliser dans une zone saturée de magie sans les unir.

La lame elle-même était plus tranchante qu’Enfer ou Paradis, plus durable si elle était imprégnée de magie, elle avait de nombreux sorts de types annihilation gravés, elle était légère et, plus importante encore, elle avait l’air absolument BADASS ! C’était comme une sorte d’ancien artefact légendaire fabriqué par les Dieux pour la simple raison de régner sur les champs de bataille avec sa puissance ridicule.

Puis, tout à la fin, j’avais pris une profonde inspiration et activé la compétence innée Rugissement enflammée combinée avec Intimidation. Le résultat final avait été que je crachais un souffle de feu vers le ciel et laissais échapper un rugissement terrifiant avec une onde de choc autour de moi.

« *RUGISSSSSSSEMENT* !! »

Quand j’avais fini de le faire, j’avais serré la poignée de mon épée et l’avais levée, puis je l’avais laissée sur mon épaule. Je fixai Draejan et libérai une bouffée de fumée par les narines.

L’expression choquée sur son visage était inestimable, mais tous les autres étaient identiques.

Peut-être que l’intimidation était un peu exagérée ? m’étais-je demandé.

« T-oi… mais tu es humain… T-tu es humain. COMMENT ?! » Demanda Draejan abasourdi.

« Je me demande bien comment, » répondis-je avec un sourire narquois.

« N — non ! Non ! NON ! NON ! Ce doit être une illusion ! » Grogna-t-il avant de charger vers moi.

Je l’avais laissé s’approcher suffisamment puis j’avais balancé mon épée vers lui, mais avec le plat de la lame. Je ne voulais pas le couper en deux et aller contre l’ordre du roi.

« Guha ! » Le dragon fut frappé au visage et renvoyé dans les airs.

« PREMIER COUP ! » déclarai-je avant de me précipiter vers lui.

Draejan se rapprochait dangereusement du bord du terrain. S’il sortait, j’aurais gagné par défaut.

Avec une rapide avancée, je m’étais déplacé devant lui, debout sur le bord même de l’arène, puis je l’avais frappé une seconde fois avec le plat de mon épée.

« DEUXIÈME COUP ! » avais-je crié.

Je m’étais retourné de l’autre côté et juste avant qu’il sorte de l’arène, je l’avais frappé une troisième fois.

« TROISIÈME COUP ! TU ES DEHORS ! »

Le but était cette fois-ci vers le ciel, l’envoyant voler. Avec un battement d’ailes et un saut, je l’avais rattrapé. Le poing serré, je le frappais au visage et l’envoyai voler au sol. Plusieurs de ses dents avaient été cassées au cours du processus et l’impact de l’atterrissage avait formé un cratère autour de lui.

Je pointai ma main vers lui et comptais utiliser un sort, mais je m’arrêtai.

Il n’en vaut pas la peine, avais-je pensé.

Je m’étais laissé atterrir à côté de lui et je l’avais attrapé par la queue. D’un geste, je l’avais soulevé dans les airs, puis l’avais écrasé comme s’il était une marionnette sans vie. Je le tirai et le claquai de nouveau du côté opposé, mais cette fois-ci, je relâchais mon emprise et le laissais rebondir sur le sol alors qu’il crachait du sang.

Me précipitant vers lui, je l’avais frappé à la poitrine avec l’intention de ne pas le tuer, mais de briser son armure. Les enchantements n’avaient pas résisté et le métal s’était brisé en morceaux. Je m’étais déplacé au-dessus de lui, j’avais attrapé sa tête, puis je l’avais frappé si fort qu’il avait perdu connaissance. Quelques-unes de ses écailles avaient aussi volé.

Avec ça… c’était fini.

« Ai-je gagné ? » avais-je demandé en époussetant mon armure.

La réponse fut une salve d’applaudissements de tous ceux ayant assisté à la bataille. Il n’y avait pas de mots autres que cela. C’était une réponse claire que le résultat avait été accepté par tous ceux se trouvant ici.

Même sous sa forme hybride, Draejan s’était avéré être un faible face à moi.

« Je déclare ce duel remporté par Alkelios Yatagai ! » Annonça Feryumstark à travers les applaudissements.

***

Chapitre 58 : Fuite de Draejan

Partie 1

***Point de vue d’Alkelios***

Draejan avait été assommé au sol avec son armure et son arme brisée. C’était une défaite humiliante pour lui, car il ne pouvait rien me faire, pas même une seule égratignure sur mon armure. Deux de ses soldats l’avaient emmené après que le roi ait annoncé ma victoire.

En étirant un peu mes ailes, j’avais ramené Chaos à ses composants individuels : Enfer et Paradis. Avec mes armes au fourreau et un sourire narquois sur mon visage écailleux, je m’approchai de l’endroit où se trouvaient le roi et les autres.

« Je suppose qu’il n’y a pas de problème maintenant à ce que je prenne Seryanna comme épouse ? » demandai-je en plaçant mes mains sur mes hanches.

« Tu es un dragon, alors non..., » répondit Feryumstark, mais à en juger par le regard qu’il avait, quelque chose le gênait.

« Même si tu ne l’étais pas, je t’aurais épousé, Alkelios. » Répondit la dragonne avec un sourire alors qu’elle s’avançait et s’arrêtait devant moi.

Quand j’avais regardé dans ses yeux rouges captivants, je pouvais sentir son amour sans limites pour moi. Seryanna avait changé ses derniers mois en une femme beaucoup plus séduisante qu’avant. Je sentais mes joues rougir, eh bien… en quelque sorte, cela ne se voyait pas à cause des écailles, mais l’idée était que j’avais l’impression de rougir et que mon cœur battait plus fort que d’habitude dans ma poitrine. Ma queue remuait aussi, mais c’était un détail mineur que je n’avais pas remarqué. Peut-être que mon côté draconique réagissait à son éveil ?

« Et je suis également d’accord avec cette union ! » avait déclaré Brekkar.

Les paroles du vieux dragon m’avaient sorti de mon étourdissement.

« Techniquement parlant, je suis un hybride dragon-humain, c’est pourquoi je ne pourrai jamais prendre une forme complète de dragon. Ce que vous voyez est le mieux que je puisse faire. » Précisai-je.

« Bah ! Détails ! » Feryumstark l’avait écartée puis avait éclaté de rire.

Pendant que nous parlions comme ça, les nobles qui regardaient le duel s’étaient approchés de moi et m’avaient félicité pour ma victoire et de ce que j’avais accompli aujourd’hui. Ce geste de leur part m’avait pris au dépourvu et leurs mots polis ne cachèrent en aucun cas leur intention. L’un après l’autre, ils s’étaient approchés de moi et s’étaient ensuite inclinés devant le roi avant de partir.

« Ce fut un magnifique duel, Alkelios Yatagai ! Je vous félicite pour votre victoire et j’espère vous voir accomplir de grands exploits maintenant que vous avez officiellement déclaré votre allégeance à notre fier royaume ! » déclara un dragon à la silhouette élancée en levant le menton haut et en me souriant.

« Je vais essayer de faire de mon mieux… euh... » Dis-je, mais je m’étais arrêté, car je ne connaissais pas son nom.

« Marquis Eonstrak. » Se présenta-t-il.

« Un plaisir de vous rencontrer, Marquis Eonstrak. » Je répondis avec un signe de tête.

Il se tourna ensuite vers le roi et s’inclina profondément.

« Votre Majesté, si vous n’avez plus besoin de moi, je me retirerai dans ma chambre. Je dois immédiatement informer ma femme de ce qui s’est passé aujourd’hui et veiller à ce que nous fassions une recherche approfondie dans notre fief à la recherche de traîtres tels que ceux découverts aujourd’hui. » Lui déclara-t-il d’une manière polie et respectueuse.

« S’il vous plaît, faites donc, marquis Eonstrak. Si vous entendez parler de quelque chose de suspect, n’hésitez pas à envoyer des nouvelles au palais. » Répondit-il.

« Comme vous le souhaitez, Votre Majesté ! » Déclara-t-il.

Ensuite, il avait fait un petit salut vers moi et vers ceux qui m’entouraient avant de se retirer de la scène.

Ces mots avaient été plus ou moins répétés par tous les nobles qui venaient nous féliciter. Pas même l’un d’entre eux n’avait parlé d’échanger d’autres plaisanteries ou de nous inviter à une sorte d’événement comme je le pensais initialement. Après tout, avec tant de dragons célèbres et le roi aussi, cela semblait assez probable.

Ce à quoi je ne pensais pas à l’époque, c’était le fait qu’ils se soient sentis inquiets ou troublés par le fait qu’ils aient dû subir le même test que les traîtres. Cela signifiait que le roi les soupçonnait d’être des traîtres. Aujourd’hui, ils avaient prouvé leur loyauté, mais leur fierté en avait été terriblement touchée.

Ce que je n’avais pas compris, c’est pourquoi il était si important de parler de cette nouvelle à leur femme ? On aurait dit que TOUTES les dragonnes pensaient que leur mari les trompait ou leur mentait, ce qui, à mon avis, était un peu triste.

Une fois que tous les nobles étaient partis, nous avions ramené le roi dans la salle du trône. Je marchais avec Seryanna à ma gauche et Kataryna à ma droite. En face de moi, Brekkar marchait à côté du roi. Tous deux parlaient de la situation de l’armée de Brekkar. Derrière nous, Kléo et Iolaus marchaient côte à côte. Quant à Elovius, il était allé visiter les cachots pour interroger les traîtres. Les événements d’aujourd’hui avaient mis beaucoup de paperasse sur le bureau du Premier ministre.

Après s’être assis sur son trône, Feryumstark nous avait tous regardés, puis avait pris une profonde inspiration.

« Je tiens à vous féliciter pour le travail effectué ! Nous avons déniché des traîtres qui complotaient sous mon nez et nous avons même réussi à rétablir Brekkar dans ses fonctions de général. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’aucune de ces choses n’aurait été possible sans les efforts d’Alkelios Yatagai. En tant que tel, je ne vois que la possibilité de vous offrir un rang de noblesse et une place à ma cour. Puisque vous avez déjà prononcé votre allégeance à ma fille, Elleyzabelle, cela ne pose pas de problème et si quelqu’un ose se plaindre, je m’assurerai de raccourcir sa queue avec un poignard rouillé ! » Sourit-il.

« Merci, Votre Majesté. J’apprécie ! » Je baissai la tête respectueusement devant lui.

Comme j’étais encore dans ma forme hybride, j’étais plutôt imposant et j’étais actuellement le plus grand parmi tous les dragons présents.

En ce qui concerne ce titre de noblesse, je ne savais pas vraiment quoi dire. Cela ne m’avait pas beaucoup affecté et je ne m’étais senti ni flatté ni insulté. Si je comparais cela à quelque chose, c’était comme recevoir un cadeau avec désinvolture d’un ami au hasard. Je l’avais accepté et pris, mais je n’en avais pas fait tout un plat. Peut-être que cette attitude nonchalante était la cause de mon éveil.

« Pour le reste d’entre vous, j’ai fini par comprendre que vous avez joué un rôle essentiel non seulement pour amener Alkelios ici, mais également pour l’aider à prendre le parti des dragons. Pour cela, je veillerai à ce que vous soyez tous correctement récompensés. »

« Merci, Votre Majesté ! » avaient-ils tous répondu en s’inclinant en même temps.

« Maintenant, Alkelios, je vous parlerai de ce rang de noblesse en plus de détail après en avoir parlé avec ma femme et mon fils. En parlant de cela, ma femme, la reine d’Albeyater souhaite vous parler en personne lorsque vous aurez le temps. » Il sourit.

« Bien sûr ! Je suppose qu’elle va mieux maintenant ? » Demandai-je.

« Grâce à vous, oui. » Il acquiesça.

« C’est bon à entendre ! » J’avais souri.

« Votre Majesté, je m’excuse, mais je vous rendrai Alkelios demain ou peut-être après. » Déclara Seryanna tout à coup.

« Hein ? Rendre ? » Je clignai des yeux de surprise.

Est-ce qu’elle vient de dire « Non » au roi ? ET LA REINE ?! Je pensais en sentant mon cœur battre plus rapidement parce que je ne savais pas comment Sa Majesté allait réagir.

Je veux dire, c’était assez grave et compte tenu de l’ensemble des problèmes de la situation actuelle d’empoisonnement de la reine et de tout…

« Je vois. Très bien. » Le roi acquiesça en se frottant le menton.

« Hein ?! » Je m’étais retourné et avais regardé le dragon surpris.

« Hm ? Quelque chose ne va pas ? » Demanda-t-il.

« Eh bien… euh… » Je ne savais pas quoi dire, mais tout à coup, j’avais perdu l’équilibre et j’étais tombé au sol. « OMPH! » Gémis-je.

« Alors, nous partons ! Passez une bonne journée, Votre Majesté ! » déclara Seryanna en me traînant littéralement par le pied.

« ATTENDS UNE SECONDE ! Qu’est-ce qui se passe avec tout ça ?! » Me plaignis-je.

« Qu’est-ce que vous voulez dire ? » Demanda Feryumstark, et Seryanna m’avait aussi lancé un regard perplexe.

« Comment est-ce normal ? Un membre de la royauté ne devrait-elle pas avoir la priorité dans ce domaine ?! » demandai-je.

« Eh bien..., » le roi détournait le regard, évitant le mien.

« C’est une affaire entre dragonnes. D’ailleurs, je suis ta fiancée et je ne t’ai pas vu depuis un an. Il est naturel que tu me sois donné immédiatement, sans poser de questions., » déclara Seryanna avec un signe de tête.

« Que suis-je ? Un dragon à prêter ? » répliquai-je.

« Non, mais j’ai priorité, » avait-elle déclaré.

« Hein ? » J’avais cligné des yeux de surprises.

« Personne ne lui a dit ? » demanda Feryumstark.

« Me dire quoi ? » demandai-je en haussant les sourcils.

Tous mes « amis » regardaient ailleurs.

« J’ai peut-être oublié ce petit détail… ou je l’ai mentionné au hasard à un moment donné, mais aucune attention n’a été portée à cela, » avait déclaré Brekkar.

« Me dire QUOI ?! » avais-je répliqué.

« Ahem. Les dragons ont une société matriarcale, » avait déclaré le roi.

« Une quoi maintenant ?! Alors pourquoi tout cela s’est-il passé avec Draejan ?! » demandai-je.

Si cela était vrai, l’opinion de Seryanna à ce sujet était bien plus importante que celle de ce dragon.

« Eh bien, elle n’était pas encore éveillée à ce moment. Deuxièmement, ma femme était malade et ne pouvait être dérangée par de telles choses. Tous les dragons devaient connaître son état. Troisièmement, parce que j’avais assumé le rôle de figure dominante dans le royaume, beaucoup de dragons ont commencé à avoir plus de courage. Nous avons fini par former une société semi-patriarcale pendant une courte période, mais la vérité était que l’essentiel du pouvoir restait entre les mains des femmes. Quatrièmement, il y avait une différence notable entre les rangs et titres des deux. Seryanna était une chevalière royale et une noble, c’est vrai, mais elle n’avait aucun titre. Après la bataille d’il y a 39 ans, le Duché des Draketerus a été réduit en cendres, de même que le titre restant simplement nominatif, mais uniquement pour Brekkar. Globalement… c’est compliqué, et je suis certain que ma femme sympathiserait avec Seryanna. Je ne vois pas cela comme un problème non plus, alors avec ma bénédiction, Mademoiselle Draketerus, allez… l’emmener et l’enfermer dans votre chambre pour le moment. » Il me fit un sourire ironique.

« Pardon ?! » avais-je répondu.

« Tu vois ? Pas de problème ! » Et puis elle avait continué à me traîner.

« Au moins, laisse-moi marcher seul ! Ne me traîne pas comme si j’étais un ivrogne en fin de soirée ! » répliquai-je.

« Bien, » elle laissa échapper un soupir et lâcha ma jambe.

« Bien, » déclarai-je. Mais avant que je ne puisse me lever, elle me souleva par la taille et me jeta sur son épaule.

« Parfaiiiiit ! Je suis devenu un sac de pommes de terre. » Je plissai les yeux vers mes « amis » qui n’essayaient même pas de m’aider, ils essayaient de ne pas éclater de rire.

« Eh bien, tu es MON sac de pommes de terre, et je ne partage pas ! » déclara-t-elle en s’éloignant avec moi, agitant sa queue comme la dragonne heureuse qu’elle était.

« Ne devrait-on pas… l’aider ? » demanda Iolaus.

« Non ! Il ira bien ! Toi, en revanche, tu vas reprendre le jeu d’hier soir. » Kléo lui adressa un sourire sournois.

Iolaus se figea et chercha de l’aide avec un air désespéré.

« Ehehe, mon heu… je sens que ma femme m’appelle, » déclara Feryumstark en fuyant la scène.

« Oui. Ahem! J’ai besoin de… d’entraîner cette épée ! Je veux dire de m’entraîner avec cette épée ! » Brekkar courut vers la sortie la plus proche.

***

Partie 2

Kataryna essayait TRÈS DUR de ne pas rire maintenant. Quant à Elleyzabelle, elle était restée silencieuse tout ce temps.

Je laissai échapper un soupir et réfléchis sérieusement à la question de savoir si les dragons de ce royaume étaient impuissants face à leurs épouses ou s’il s’agissait d’une règle générale. Cela aurait aussi pu être quelque chose d’autre : les vieux dragons comprenant les besoins de la jeune génération, ils les laissaient simplement faire. Bien que Feryumstark soit le ROI ! Pourquoi fuyait-il ?! Comment un vieux dragon royal de plus pourrait-il prendre part à cette blague enfantine ?!

Eh bien, cela m’a fait comprendre qu’il soit un roi compréhensible, mais était-ce nécessaire… ? Étions-nous si proches de lui pour répondre et participer à ce genre de blagues ?

Ces blagues étaient-elles normales ?

Mon esprit tournait autour de ces questions jusqu’à ce que je renonce enfin, laissant ainsi la fumée s’échapper de mes oreilles et mon cerveau se refroidir. Ce n’était pas comme si j’étais opposé à ce que Seryanna soit si affirmée, mais compte tenu de tout ce qui s’était passé et de toute l’affaire Draejan, j’avais eu l’impression que c’était un peu précipité.

Il était également possible que ce soit simplement leur nature de dragon ?

Pour le dire franchement, je ne comprends rien du tout… Je m’étais plaint dans mon esprit alors que j’essayais de ne pas regarder les dragons qui passaient à côté de moi.

Je n’étais pas mécontent de cela, mais être porté comme une sorte de prix gagné dans un concours était un peu gênant… j’étais encore dans ma forme hybride, donc la différence de taille était notable…

***

***Point de vue de Draejan***

« Argh… Q-qu’est-ce qui est arrivé ? » J’avais gémi en essayant de me lever, mais une douleur terrible avait traversé tout mon corps. « ARGH ! » Avais-je crié.

Mes muscles me donnaient l’impression d’être déchiré de partout, mais je ne me souvenais pas avoir subi tant de dégâts. Dans le duel, oui… le duel… tout ce dont je me souvenais, c’était son sourire narquois à la fin… quand il m’avait frappé.

Après cela… que s’est-il passé ? Ai-je… ai-je perdu ? MOI ? Contre un sale humain ? Cette seule pensée m’avait rendu furieux.

J’avais serré les poings malgré ma douleur et jeté un regard noir au plafond. Je ne pouvais pas l’accepter… je ne voulais pas.

MOI ?! Un noble dragon avec du sang royal ?! Moi ?! Qui était sur le point de mettre tout ce royaume à genoux et de relancer la guerre entre dragons et humains ?! Non ! CE N’EST PAS POSSIBLE ! Ce n’est pas POSSIBLE ! avais-je crié intérieurement.

Je ne pouvais pas laisser entendre mes paroles, car je ne savais pas qui pouvait m’entendre. Ce réflexe avait été formé au fil des décennies et cela marchait lorsque j’avais été vraiment contrarié.

« Maître, calmez-vous, vous êtes blessé, » déclara l’esclave.

En le regardant, j’avais sorti mes crocs et demandai. « Qu’est-ce que le roi a déclaré ? »

« C’est… que vous avez perdu, » répondit-il.

« Tch ! » J’avais claqué la langue et me penchai sur mon lit.

« Le guérisseur a dit que vous deviez boire des potions de guérison et faire appel à une personne ayant la capacité de lancer de la magie de guérison, » déclara-t-il en plaçant une potion sur la table de nuit à côté de moi.

« Mes blessures sont-elles si graves ? » avais-je demandé avec un faible grognement.

« De l’extérieur… ça ne semble pas être le cas, mais vous devriez sentir que ce n’est pas le cas. Les attaques d’Alkelios ont envoyé des ondes de force pure dans votre corps, l’endommageant à tous les niveaux… c’est un miracle que vous ne soyez pas mort, » avait-il expliqué.

« Mort ? Il essayait de me tuer ? MOI ?! » demandai-je alors qu’un sourire se formait sur mes lèvres.

Je savais que je ressemblais à un fou, mais penser à quelqu’un comme lui tentant de me tuer était désagréable.

« Non… juste vous faire du mal de manière à ce que vous ayez besoin de quelques semaines pour guérir, » dit-il.

« Ridicule ! » avais-je grogné.

« Pourtant, c’est bien le cas. » Il haussa les épaules et se dirigea jusqu’au bout de mon lit.

En retirant sa capuche, j’avais vu le même visage avec des écailles qu’il avait montré au roi quand on lui avait ordonné de se montrer. Même moi, je l’aurais confondu avec un dragon de sang pur si je ne savais pas que ce n’était pas le cas.

« Vous savez, j’ai été surpris qu’Alkelios m’ait appelé… d’une manière ou d’une autre, il savait qui j’étais… il est devenu plus intelligent, et plus fort aussi..., » dit-il en regardant et serrant la main droite.

Les humains avaient tendance à faire des gestes plutôt étranges.

Le sort qu’il avait utilisé avait été désactivé et j’avais pu voir sa véritable apparence. Il avait une barbe noire touffue, des yeux marron foncé, et une coupe de cheveux en désordre. Dans les territoires humains, il aurait été confondu avec un clochard, pourtant cet homme était quelqu’un ayant dépassé le niveau 500, comme il le prétendait.

Son plan pour monter de niveau de puissance semblait avoir fonctionné à merveille jusqu’à présent, mais il n’était pas aussi puissant qu’un dragon doté d’un niveau de puissance équivalent. Cependant, si je le lançais dans un combat, sa capacité à téléporter des troupes où il le voulait en ferait un atout précieux et dangereux.

« Ou peut-être que c’est parce que tu as gardé les mêmes vêtements lors de la première rencontre ? » proposai-je.

Il leva les yeux vers moi et secoua la tête.

« J’en doute, » répondit-il.

Quel idiot… ! pensai-je. Puis, je me penchai en fermant les yeux.

Quelques heures plus tard, je m’étais réveillé et j’avais vu trois potions de guérison. Il n’était pas nécessaire qu’un guérisseur me lance sa magie. En tant que soldat et chevalier, j’avais appris quelques sorts de base sur le terrain et je les avais donc moi-même appliqués.

Deux heures plus tard, je pouvais bouger et me lever, mais à peine… tout mon corps me faisait mal et je sentais qu’à l’intérieur il était sur le point d’éclater.

Je ne peux pas rester ici… je dois profiter du fait qu’ils aient baissé la garde et me préparer pour la prochaine étape de mon plan. Il est hors de question que j’admette une défaite pareille… pas après avoir fait tant de sacrifices… pas après tous les projets que j’ai mis en marche… Pensais-je tout en serrant les dents, je me levai de mon lit.

La douleur était horrible et je pouvais à peine rester debout, mais je n’allais pas me permettre de succomber à la douleur.

« Kronius ! Viens ici ! » avais-je crié.

L’humain s’était téléporté devant moi et avait retiré sa cagoule.

« Oui, maître ? » Demanda-t-il.

« Apporte-moi mes bagues et utilise ta capacité pour voler autant d’armes et d’armures que tu le peux de l’armurerie. Reviens ici une fois que tu auras terminé, » lui avais-je ordonné.

« Comme vous le voulez, » répondit-il en s’inclinant.

Après sa téléportation, j’avais claqué la langue avant de me rendre à ma commode. De l’intérieur, j’avais récupéré un ensemble de vêtements discrets et les avais mis.

Ceux-là devraient le faire…, avais-je pensé en me regardant dans le miroir.

Je ressemblais à un noble d’un rang inférieur. La capuche devait m’aider à cacher mes cornes et mon visage, alors que le manteau était nécessaire pour garder ma queue cachée. Il n’y avait aucune raison de cacher mes écailles blanches, mais les écailles dorées sur mon visage et ma queue étaient un signe de la royauté, ou tout au moins un proche de famille royale par le sang.

En regardant autour de moi, je laissai échapper un soupir. Cela allait être la dernière fois que j’avais vu cet endroit. Ma résidence à Drakaria allait être la première à être fouillée après mon départ. Ainsi, j’étais prêt à disparaître sans laisser aucune trace derrière moi. Cela signifiait pas de vêtements, pas de documents, pas d’objets, rien pour suggérer même de loin que cet endroit était autrefois utilisé par moi.

Avec la douleur pulsant dans mon corps, j’étais allé jusqu’à la pièce que j’utilisais comme bureau. J’avais ouvert la porte et regardai longuement. Il y avait beaucoup de choses ici qui devaient disparaître : documents, livres, lettres avec des ordres secrets, des messages, toutes sortes de choses.

Une fois que j’aurais fini de rassembler tout cela, je devrais passer à la collecte des objets de valeur et des outils de cette maison. Puis je finirais en récupérant mes vêtements, mes armures et mes armes. Je devrais aussi m’assurer de vider les caves et le grenier…, pensais-je.

Ainsi, j’avais commencé à vider ma maison de tout ce que je considérais comme important. Les seules choses que j’avais laissées derrière moi étaient les meubles intouchés. Je n’avais des compartiments secrets installés que dans mon bureau et deux de mes chaises, que je prenais avec moi. Le coffre-fort dans le mur derrière la carte du duc de Doesya avait également été pris.

Kronius était revenu peu de temps après que j’eus fini. Il avait plus d’objets à stocker que moi.

« Cela a été fait, » rapporta l’esclave.

« Bien. Maintenant, téléporte-nous dans la tente du quartier général de l’armée de Brekkar à l’extérieur de Drakaria, » lui avais-je ordonné.

« Comme vous le voulez. » Il s’inclina puis ouvrit un portail à sa gauche.

Sa compétence, le Flash Pika Boo, était extrêmement utile aux mains d’un commandant capable. L’acquérir comme esclave n’était qu’un coup de chance. S’il avait été découvert par les humains avant moi, il aurait été un ennemi gênant à gérer.

En franchissant le portail, je m’étais retrouvé à l’intérieur de ma tente. Tout était là où je les avais laissés, y compris la carte de stratégie fictive, ce qui donnerait l’impression à un espion, que je pensais davantage à la défense et à la gestion des approvisionnements dans le royaume que le fait d’ajouter de l’huile dans la guerre entre les humains et Albeyater.

« Appelle Goryan, Talladov, Servorth, Colar, Jormungar, Kossan, Taranvik, Oldessa, et Patrianus pour qu’il vienne me voir. Peu importe ce qu’ils font ou ce qu’ils prévoyaient de faire. S’ils osent refuser mon appel, dis-leur qu’ils ne sont plus nécessaires, » lui avais-je ordonné.

« Comme vous le souhaitez, maître, » répondit Kronius en sortant en courant de la tente.

Il y avait une grande différence entre dire à un esclave de faire quelque chose et lui ordonner. Dans le cas de ce dernier, il n’avait pas d’autre choix que d’obéir à mes ordres, tandis que dans le cas du premier, il lui revenait de décider s’il décidait de le faire ou non. Le fait d’autoriser un humain comme lui à avoir un libre arbitre était absolument ridicule, ainsi, je lui avais TOUJOURS ordonné quoi faire.

En regardant la carte sur la table, j’avais poussé un soupir.

« Dire que cet humain maudit m’a poussé à commencer… éveillé ou non, je vais m’assurer de le tuer, » avais-je dit et déplacé la pièce maîtresse de Drakaria jusqu’à la plaine de l’est, à la frontière avec l’empire Embryger. « Tant que le roi ne vient pas ici, le plan est sans danger… mais..., » j’avais souri. « Avec la reine souffrant de ce terrible poison, je me demande s’il osera la quitter. »

Le plan que j’avais élaboré alors que j’étais un jeune garçon ne se concrétisait qu’à présent, après tant d’années écoulées depuis cette… réunion fatidique. Mon seul souci était de savoir si j’essayais de cueillir ce fruit avant qu’il ne soit mûr ou après qu’il ait déjà mal tourné. Quoi qu’il en soit, après avoir perdu contre Alkelios, je ne pouvais plus me montrer à nouveau devant la cour. Par conséquent, même si j’en avais encore l’occasion, je devais prendre la décision et mettre mon plan à exécution.

D’ici quelques mois, la reine ne sera plus, le roi mourra de chagrin, le pouvoir économique et militaire de ce royaume s’effondrera, et tout ce qui me restera à faire sera d’envahir, et mettre en place un nouveau règne… ou plutôt, mettre une digne marionnette sur le trône pendant que je déplace les choses de l’ombre. L’idée de la paix entre les humains et les dragons mourra avec mes stupides grands-parents ! Et à leurs côtés, tous ceux ayant osé les soutenir ! avais-je pensé et ensuite repris la pièce du roi. « L’histoire se souviendra de vous et vos alliés comme d’un imbécile et de moi comme du héros ayant équilibrés les valeurs des dragons ET du genre humain, » déclarai-je en serrant la pièce dans ma main jusqu’à ce qu’elle craque et tombe en poussière.

Quant à Alkelios Yatagai, jusqu’à ce que j’atteigne l’éveil supérieur ou trouve un moyen de l’affaiblir, toutes les batailles entre nous finiraient par ma défaite. Il avait bien précisé tout cela hier, et je n’étais pas un idiot inexpérimenté pour nier ce fait.

Afin de gagner cette guerre, ma stratégie devait être parfaite, mes objectifs clairement définis et mes alliés présents à côté de moi. Mais plus important encore, je devais trouver un moyen de neutraliser, affaiblir ou invalider la force des éveillés supérieurs de l’ennemi. Je devais trouver un moyen de garder la plupart de leurs éveillés supérieurs loin de mon champ de bataille…

Je suppose que… je devrais demander l’aide des humains… encore, avais-je réfléchi. Puis j’avais regardé vers l’entrée de ma tente.

Les dragons que j’avais appelés s’étaient présentés l’un après l’autre. Avec une expression grave sur leurs visages, ces dragons loyaux prêts au combat n’obéissaient qu’à MES ordres et à travers eux, une grande partie de cette armée.

« Ce soir, nous partons de Drakaria, » déclarai-je. Et avec cela, je commençai à leur donner des ordres spécifiques sur ce qu’il fallait faire, et comment agir à partir de maintenant.

***

Chapitre 59 : Une audience avec la reine

Partie 1

***Point de vue d’Alkelios***

Trois jours… trois longs jours sans sommeil… C’était la période durant laquelle Seryanna m’avait gardé dans sa chambre.

Bien que je ne sois pas du genre à me plaindre de tous les tumultes passionnés que nous avons eus, j’étais heureux de savoir que l’un de nous connaissait un sort capable d’insonoriser la pièce. Ce n’était pas la même chose que la barrière autour de la forge ici, mais c’était suffisant. Le sort s’appelait silence et appartenait à l’élément ténèbres. Il absorbait tous les sons le touchant, mais, malheureusement, il recouvrait également toute la pièce d’un manteau noir, nous obligeant à utiliser un sort de lumière afin de voir les… euh détails.

Au cours de ces trois longs jours, nous ne nous étions pas contentés de copuler comme des lapins. Lorsque nous prenions une pause, nous parlions de ce qui nous était arrivé pendant le temps où ne nous étions pas vus, de ce que nous avons vécu, de ce que nous avons vu, de ce que nous avons entendu. J’avais raconté à Seryanna mes aventures dans la forêt Seculiar et le désert du Nord. Les moments amusants avaient été privilégiés par rapport à tout le reste parce que je voulais la voir sourire et rire, mais je n’avais pas laissé de côté les points négatifs. En dépit de ma chance, il y avait eu des moments où je m’étais retrouvé dans une situation difficile. Lorsque j’étais tombé pour la première fois dans la forêt. Non, j’étais tombé dans la forêt, plus d’une fois, et je m’étais retrouvé à courir en étant poursuivi par une foule de monstres. La seule chose qui manquait était une chanson de chasse.

Nous n’avions pas de problème avec la nourriture ou l’eau. J’avais beaucoup de fournitures dans mes bagues et ma compétence de Trou noir.

À la fin, Seryanna avait appris tout ce qui m’était arrivé et j’avais aussi découvert ce qui lui était arrivé. J’avais eu l’impression qu’elle s’était éveillée peu de temps après mon départ, puis elle avait subi son premier changement et avait atteint sa forme actuelle. Les écailles sur son corps, la queue, les ailes, les cornes étaient toutes nouvelles pour moi, mais elles lui allaient naturellement, presque comme si elle était née avec.

Ses yeux étaient d’un rouge vif, fendus comme ceux de tout autre dragon éveillé. De chaque côté de sa tête, juste au-dessus de ses oreilles, une paire de cornes ivoire incurvées s’étendait vers l’arrière sur environ six centimètres. Les écailles sur son dos descendaient maintenant jusqu’à sa queue. Une paire d’ailes était maintenant sur son dos, s’étendant avec une impressionnante envergure de 6,3 m, tandis que sa queue atteignait une longueur de 1,6 m. Quand nous dormions, elle avait tendance à nous envelopper de ses ailes et à enrouler sa queue autour de ma taille. Même si je le voulais, je ne pourrais pas m’éloigner d’elle.

J’avais peut-être tort, mais j’avais aussi le sentiment qu’elle était devenue beaucoup plus sensuelle et attrayante. Peut-être que c’était son éveil qui lui donnait cette soudaine confiance, mais elle n’avait aucun problème à utiliser sa beauté naturelle pour m’attirer. Diriger la danse n’était devenu possible que si elle me laissait faire, sinon le charme du moment serait brisé et c’était quelque chose que je voulais éviter.

Pour être honnête, ces trois jours avaient été à la fois longs et courts. La raison était parce que nous avions vraiment apprécié notre temps ensemble. Après avoir été amené dans ce monde, il y avait eu très peu de moments où je m’étais retrouvé dans un état calme et détendu. Tous étaient envolés dans les bras de ma dragonne. Juste en étant près d’elle, en sentant la chaleur de son étreinte, en étant attiré par son odeur, en étant piégée par son regard, je pourrais oublier la Terre, la vie que j’avais eue jusqu’à présent, le devoir que j’avais pour ma planète d’origine… je pourrais oublier tout ce qui me dérangeait là-bas et même ici, dans ce Nouveau Monde. Tout ce qui m’importait, c’était d’apprécier ce moment avec Seryanna.

Si quelqu’un me disait que je pouvais passer tous mes jours comme cela avec elle, j’aurai accepté sans poser de question, mais encore une fois… aucun de nous n’était un reclus.

« J’ai dit à Sa Majesté que je te garderais au plus deux jours, mais ça fait trois jours maintenant, » déclara Seryanna en mettant son armure.

« Je n’ai aucun regret, en plus, je reviens ce soir, » lui avais-je dit avec un sourire alors que je mettais un t-shirt en coton noir de ma propre création.

« Tu ne veux pas demander ta propre chambre ? » demanda-t-elle, un peu surprise.

« Non. Je veux dormir avec toi, pas seul. » Je haussai les épaules.

Seryanna m’avait fait un doux sourire et avait acquiescé. « Je souhaite aussi m’endormir avec toi dans mes bras. »

« À propos, tu ne m’as jamais parlé du système matriarcal de ce royaume, n’est-ce pas ? » demandai-je.

« Je pense que nous en avons parlé quelques fois, mais pour nous, c’est un peu explicite, » répondit-elle en se grattant la tête, essayant de se souvenir.

« Ce n’était pas le cas pour moi, bien que cela puisse expliquer la raison pour laquelle l’autorité de Kataryna est si élevée… Bien que je ne puisse trouver une explication quant à ton terrible traitement par le passé, » dis-je.

« Terrible ? Par qui ? » me demanda-t-elle en plissant les yeux.

« À l’époque où nous étions à Tomeron et à Andromède, les dragons qui s’y trouvaient te jetaient tous des regards méchants, » avais-je répondu.

« Oh ça ! Eh bien, c’était surtout parce que je n’étais pas éveillée. Comme je l’ai expliqué, les dragons éveillés sont traités comme des adultes dans la société humaine, alors que les autres sont plus ou moins des enfants. C’est… en quelque sorte instinctif pour nous, » avait-elle expliqué.

« Est-ce que c’est faux de penser que c’est mauvais ? » avais-je demandé.

« Non, la plupart des autres espèces le croient également, c’est simplement que nous ne pouvons rien y changer en une nuit. C’est une partie de notre nature. Quand je me suis éveillée, les dragons du palais ainsi que ceux de la ville ont commencé à me traiter différemment. Cela ne signifie pas que je leur ai pardonné, mais que je comprends en quelque sorte leur point de vue, » répondit-elle.

« Instinctivement, tu dis… eh bien, c’est vrai, je te trouve plus attirante maintenant, mais c’était déjà le cas à l’époque, aux yeux d’un humain, tu étais magnifiquement belle. » J’avais un peu ri.

« J’apprécie le compliment, mon amour, mais tu ne vas pas être en retard ? Tu ne devrais pas faire plus attendre Sa Majesté, » déclara-t-elle avec un sourire séduisant en s’approchant de moi.

Ses hanches se balançaient de manière tentatrice à chaque pas qu’elle faisait, et quand elle s’arrêta devant moi, elle enroula ses bras autour de mes épaules et m’entraîna dans un long baiser passionné. Quand nos lèvres s’étaient séparées, son regard fiévreux me disait qu’elle en voulait plus, mais c’est elle qui m’avait repoussé.

« Tu devrais y aller avant que trois jours ne deviennent quatre. » Elle rigola et se retourna.

« Je pense que je commence à comprendre pourquoi les dragons ont une société matriarcale. » Je clignai des yeux de surprise.

Avec un autre rire, elle me regarda par dessus son épaule et dit : « peut-être, mais si tu le demandes directement à Sa Majesté, tu recevras une meilleure réponse. »

Je secouai la tête et enfilai une veste brune foncée.

« Je te vois plus tard, Seryanna ! » Lui déclarai-je en me dirigeant vers la porte.

« Passe une bonne journée, Alkelios, » répondit-elle.

Avant de sortir, j’avais supprimé le sort de silence, ce qui avait ramené la pièce à la normale.

Aujourd’hui, je ne voyais aucune raison de porter mon armure lourde en plaques. Je portais donc une tenue décontractée : un pantalon en coton, un t-shirt noir, un gilet en cuir et une paire de bottes militaires en cuir.

Je m’étais dirigé directement vers la chambre du roi où les gardes m’avaient arrêté. Après une brève présentation, l’un d’entre eux avait frappé à la porte et avait dit à Sa Majesté que j’étais arrivé.

« Laissez-le passer, » vint la réponse d’un ton sévère.

« Oui, Votre Majesté ! » Répondit le garde en s’écartant.

J’avais ouvert la porte et étais entré.

La reine semblait être éveillée et lisait un livre à ses enfants, tandis que le roi… tricotait.

C’est un étrange passe-temps pour un roi redoutable, m’étais-je dit en essayant de ne pas regarder.

« Vous devez être l’Alkelios Yatagai des rumeurs. C’est un plaisir de vous rencontrer. Je suis la reine d’Albeyater, Elliessara Seyendraugher. La dernière fois, j’étais un peu fatiguée, alors veuillez m’excuser si je n’ai pas souvenir de vous, » me déclara-t-elle poliment avec un petit sourire.

« Non, c’est bon. Je suis content de voir que vous vous sentez mieux, Votre Majesté ! » Je lui rendis un sourire et acquiesçai.

« Hm ! Vous vous comportez vraiment comme un éveillé supérieur. » Remarqua-t-elle en tapotant sa joue droite avec son doigt deux fois.

J’avais cligné des yeux surpris et incliné la tête vers la gauche.

« Pourquoi dites-vous cela ? » avais-je demandé.

« Seul un éveillé supérieur oserait agir de manière… désinvolte devant moi. Tout autre dragon se serait agenouillé et n’aurait même pas osé lever la tête si je ne le lui ordonnai pas, » avait-elle expliqué.

J’avais haussé les épaules.

« Meh. Vous êtes mon amie, alors agir de la sorte serait considéré comme beaucoup plus irrespectueux, n’est-ce pas ? » demandai-je.

« Aïe ! » Le roi se piqua le doigt.

La reine cligna des yeux, surprise d’entendre mes mots, puis gloussa lorsqu’elle vit son mari essayer de se guérir.

« Vous êtes comme mon Feryumstark vous a décrit, sans peur, sans malice, et pourtant… très honnête. Des qualités que l’on ne trouve pas normalement chez les humains ou les dragons. Et surtout, vous n’êtes pas de ce monde, n’est-ce pas ? » Demanda-t-elle.

« Oui. » Je hochai la tête.

« Vous êtes un homme fascinant, Alkelios, mais où sont mes manières ? Asseyez-vous, s’il vous plaît. J’étais sur le point de terminer cette histoire. Une fois que j’aurais terminé, nous pourrons avoir une conversation amicale. » Répondit-elle avec un sourire.

« Maintenant, vous savez pourquoi je tricote, » déclara le roi.

« Chut, mon chéri, j’ai besoin de me concentrer. » Rigola-t-elle.

Feryumstark m’avait regardé puis avait haussé les épaules comme si de rien n’était et était retourné à son tricot. Il ne faisait rien, il perdait juste son temps, ou peut-être que j’étais celui qui n’arrivait pas à deviner ce qu’il faisait.

Comme je n’avais rien à faire, j’avais décidé de m’asseoir et d’écouter aussi l’histoire de la reine.

Avec une voix calme, elle avait commencé, tandis que les jumeaux l’écoutaient avec de grands yeux curieux.

« Et alors… la nuit est tombée sur les terres Varkminsha. Le prince, blessé lors de son combat précédent, a lutté entre la vie et la mort, mais il n’avait aucune envie d’abandonner. Son échec n’était pas une option, car s’il échouait, tout son royaume tomberait tôt ou tard en ruine et son peuple en souffrirait terriblement. Il craignait bien plus de perdre les habitants de son royaume que de perdre les trésors sacrés cachés dans l’Euphorium. Si le destin ne lui permettait, non… s’il n’abandonnait pas, il l’atteindrait certainement avant l’aube. Alors, d’une main pressant son côté blessé, il s’avança dans les ruelles de la capitale, ne laissant qu’une traînée de sang... »

La reine était une bonne conteuse. La façon dont elle prononçait ces mots nous amenait à l’écouter. Elle donnait vie aux personnages du récit, et même moi m’étais retrouvé à perdre la notion du temps en écoutant les aventures du prince et de son improbable allié. C’était un conte assez approprié pour un jeune prince et une jeune princesse. Il s’agissait d’honneur, de devoir, d’amour et du désir de sauver les personnes vivant dans un royaume condamné à la destruction.

Elle arrêta de lire bien avant la fin de l’histoire, mais il s’agissait d’un livre plutôt épais. Il était donc préférable de s’arrêter avant qu’elle atteigne un cliffhanger. Les jumeaux avaient également montré des signes de fatigue. Cependant, avant qu’ils ne partent, ils s’étaient tournés vers moi.

« Bonjour..., » dis-je un peu confus.

« Merci d’avoir sauvé notre mère, Grand Héros ! » Les deux firent un salut formel puis me firent un sourire radieux.

« Même si je n’ai pas encore terminé, je ferai de mon mieux. » Je leur fis un signe de tête puis souris.

Ils s’étaient regardés puis m’avaient regardé à nouveau. « Nous croyons en vous. » Ils acquiescèrent.

Après cela, ils avaient quitté la pièce.

***

Partie 2

En regardant en arrière, j’avais vu le roi et la reine me regarder avec de grands yeux.

« Quoi ? » avais-je demandé d’incompréhension.

« Eh bien… les jumeaux… c’était surprenant, » déclara Feryumstark.

« Qu’est-ce qu’il y a avec eux ? Ce ne sont que des enfants. » Je haussai les épaules.

« Ah, ça ne fait rien. » Il soupira et secoua la tête.

Étant donné que c’était la première fois que je rencontrais les deux enfants, je ne comprenais pas pourquoi c’était si choquant pour leurs parents qu’ils soient venus me remercier. De mon point de vue, il n’y avait rien de bizarre dans ce qu’il venait de se passer, peut-être juste pour le fait que je n’avais pas encore complètement guéri leur mère.

Maintenant que les récits de la reine étaient terminés, le roi posa ses aiguilles à tricoter et se dirigea vers son lit en s’asseyant sur une chaise proche.

« Comment te sens-tu, mon amour ? » lui demanda-t-il.

« Je me sens un peu fatiguée, mais je vais bien. Je veux passer le plus de temps possible avec les petits. » Répondit-elle d’un ton doux et calme tout en regardant dans les yeux du vieux dragon avec un regard plein d’amour.

Feryumstark acquiesça et embrassa sa main.

Après ce doux moment entre eux, il s’était retourné et m’avait dit de me rapprocher. Je m’approchai du lit et allais pour m’asseoir sur une chaise.

« Votre fiancée, vous a-t-elle parlé de la structure de notre politique ? » avait demandé Elliessara.

« Euh, ne devrions-nous pas d’abord parler de votre bien-être ? » demandai-je.

« Il a raison, » répliqua Feryumstark.

« Cela peut attendre quelques minutes de plus. Ce n’est pas comme s’il pouvait instantanément me préparer le traitement. Et autant que je le sache, il me reste encore quelques années avant que ce poison ne gagne si je ne fais rien, » déclara-t-elle avec un sourire.

« Eh bien… vrai, mais... » Le roi essaya de la convaincre, mais elle ne le permit pas.

Secouant la tête, elle déclina sa demande et revint à moi pour répondre à sa question initiale.

« Euh… pas grand-chose, seulement que vous alliez m’en dire plus à ce sujet. » Je haussai les épaules.

« Je vois. Votre fiancée est une dragonne intelligente, » déclara-t-elle.

« En effet, elle l’est... » Je hochai la tête. Bien que la raison pourquoi elle était arrivée à cette conclusion m’échappait.

« Maintenant qu’est-ce que vous comprenez quand je dis : société matriarcale ? » Demanda-t-elle.

« Euh… une société dirigée et dominée par les femmes et dans laquelle les hommes n’ont aucun droit ? » répondis-je.

« Mais, je suppose que je n’ai pas la bonne définition. » Je haussai les épaules.

« Effectivement. C’est un peu extrême. À quoi cela servirait dans une société discréditons et minimisons les hommes ? » avait-elle demandé.

« Euh… je ne sais pas, mais quelqu’un a dû penser que c’était une bonne idée, » répondis-je.

« C’était un groupe d’imbéciles, peut-être des femmes qui n’avaient aucune idée de ce dont une société avait besoin pour commencer. » Elle secoua la tête.

« Eh bien, quelle est la bonne définition d’une société matriarcale ? » avais-je demandé.

« Bon. Si vous me le permettez, je commencerai par expliquer pourquoi NOUS sommes une société matriarcale, » avait-elle déclaré.

« D’accord, je vous écoute... » Ce n’est pas comme si j’avais le choix maintenant, et mon avenir est aussi en jeu ici… Pensai-je.

« À une époque révolue, les dragons avaient une différence notable de taille entre les mâles et femelles. Ces premiers étant plus petits, mais plus forts, tandis que les derniers étaient plus grands et intelligents. Au fur et à mesure que nous évoluions et formions notre propre civilisation, cette différence a perdu son sens au cours des millénaires. Le fait que nous puissions devenir plus forts en absorbant l’énergie magique nous entourant était un facteur important de ce… changement, » expliqua-t-elle calmement, mais son talent de narrateur se reflétait dans chacun des mots qu’elle disait.

« S’agit-il uniquement de rumeurs ou de faits réels ? » avais-je demandé.

« Des faits. Maintenant, comme je le disais, au fil du temps, cette différence de taille et de force est devenue à peine perceptible chez certains d’entre nous. Vous l’avez clairement vu, Kataryna est beaucoup plus forte que la plupart des mâles de ce palais. La sœur de votre fiancée, Thraherkleyoseya, est également beaucoup plus forte que son fiancé, » expliqua-t-elle.

« Hm, c’est vrai... » Je hochai la tête.

« Cependant, la différence d’intelligence est restée. Plus souvent, vous remarquerez que les femmes sont beaucoup plus intuitives et intelligentes que les hommes. En tant que tel, il est devenu naturel pour nos ancêtres de laisser les dragonnes diriger, tandis que les dragons prenaient les armes et utilisaient leur force pour les protéger, » avait-elle expliqué.

« Attendez, alors vous me dites que vous êtes l’actuel souverain du royaume ? » demandai-je, un peu confus.

« Ce n’est pas si simple. Je suis la dirigeante politique. J’ai le pouvoir de déclarer contre qui prendre les armes, comment combattre et quelles lois suivre. Bien que cela soit vrai, mon mari, le roi, a le pouvoir de diriger les armées et d’agir comme un symbole de puissance de notre royaume. Sur le champ de bataille, il est le dirigeant absolu, alors que je suis sur le trône du royaume, » avait-elle ajouté.

« Mais attendez, si je ne me trompe pas, même vos trônes sont de hauteur différente. Celui du roi était plus grand, non ? » demandai-je.

« Oui, c’est pour montrer le fait que tout acte d’agression contre moi ou ce royaume devra d’abord passer par lui. Mais s’il agit comme mon bouclier et mon épée, je suis libre de donner les ordres que je désire, » répondit-elle.

« Donc, l’un gère la politique, et l’autre… le champ de bataille ? » demandai-je en me grattant l’arrière de la tête.

Elliessara hocha la tête.

« Cette ramification du pouvoir s’étend à d’autres tâches telles que la nomination de chevaliers et la gestion des insurrections, » avait-elle expliqué.

« C’est donc pourquoi Seryanna m’a dit qu’elle ne pouvait pas désobéir aux ordres du roi ? » demandai-je.

« Effectivement. L’autorité de Feryumstark sur les militaires dépasse de loin la mienne, mais je reste seconde. Bien que je pense que les ennuis que Draejan a causés à votre fiancée tiennent également du fait qu’elle n’était pas éveillée. Si je comparais la situation avec un règne humain, ce serait la même chose que d’avoir un enfant de 12 ans qui se déclare soudainement comme un chevalier. Personne ne le prendrait au sérieux, même si c’était la vérité. La confiance et l’autorité viendraient avec l’âge, » avait-elle expliqué.

« Mais elle ne ressemblait pas du tout à une enfant ! Je veux dire, sérieusement, elle était loin de tout ce que je pouvais considérer comme une enfant ! » Je secouai la tête.

« Je comprends comment cela peut être ainsi. Bien que physiquement, elle ait mûri… son côté draconique ne l’avait pas encore fait. Nous, dragons, ne prenons pas en compte le premier, mais le dernier. Et techniquement, un dragon ne s’éveille jamais à un âge ou il pourrait être confondu avec un enfant, même par un humain, » expliqua-t-elle.

« Eh bien, c’est vrai que je la trouve plus attirante maintenant pour une raison quelconque..., » déclarai-je.

« C’est parce qu’elle s’est éveillée. Nul doute, que de nombreux dragons ont maintenant pris conscience de sa beauté, » fit remarquer Feryumstark.

« Dois-je m’inquiéter ? » Demanda la reine.

« Hm ? De quoi ? S’il y a un dragon qui essaie de la toucher, cette dragonne le frappera certainement ! Elle a la puissance de son grand-père ! » répondit le roi en rigolant.

« Eh bien... » Elle laissa échapper un soupir.

« Je pense que je comprends ce que vous entendez par différence d’intelligence, » déclarai-je.

« Hm ? Qu’est-ce qu’il y a ? » demanda le roi un peu confus.

« Il exagère juste. Il a compris ma petite blague, » Elliessara avait souri et tapota doucement sur la tête du dragon.

« Mais si ce royaume est matriarcal, pourquoi les nobles de la cour sont-ils tous des hommes ? » avais-je demandé.

« Tous ne sont pas mariés, Alkelios. Certains sont toujours célibataires parce qu’ils n’ont pas rencontré la bonne dragonne, ou qu’ils sont veufs à cause de la dernière guerre ou d’un accident, » avait-elle déclaré.

« Eh bien, certains d’entre eux ont dit qu’ils allaient retrouver leurs femmes, alors je suppose que certains d’entre eux n’étaient pas exactement… Seul, » dis-je.

« Je pense que je peux expliquer cette partie, » déclara Feryumstark.

« Fait donc. » Elliessara acquiesça une fois.

« Les dragonnes sont rusées et plus glissantes qu’une anguille. Bien que je ne détienne pas un pouvoir politique absolu comme ma femme, je suis juste après elle. En tant que tels, à ma convocation royale, les nobles ont été forcés d’envoyer un représentant. Les dragonnes, craignant que cela ne soit une sorte de piège, ont envoyé leurs maris et ceux sans femmes sont venus seuls. Faire parler un dragon est beaucoup plus simple qu’une dragonne. Après que leurs maris aient été déclarés traîtres, la plupart se sont enfuis du royaume, tandis que celles que nous avons capturées, ont déclaré qu’elles n’étaient pas en tord, jusqu’à ce qu’elles reçoivent un sort de vérité, » expliqua-t-il.

« En d’autres termes, elles ont sacrifié leurs maris afin de sauver leurs écailles ? » avais-je demandé.

« Précisément, » la reine hocha la tête.

« Mais l’autre jour, le roi a déclaré que les dragons de ce royaume étaient devenus un peu trop… audacieux ? » avais-je demandé.

« Vous parlez de l’augmentation de l’autorité des dragons au sein d’Albeyater, n’est-ce pas ? » avait demandé Elliessara.

« Oui. » Je hochai la tête.

« C’est un peu naturel d’en arriver là. En ce qui concerne le pouvoir politique au sein de la famille royale, il y a d’abord moi, puis mon mari, le Premier ministre, notre fils, Elovius. Après lui, les dragonnes sont les premières en ligne et seulement après viennent leurs frères. Les enfants adoptés ne pouvant revendiquer le trône et ils le savent très bien. Les dragons ont vu mon mari et mon fils jouer des rôles importants et ont cru par eux-mêmes qu’il y avait un changement de pouvoir. Bien qu’ils n’aient pas exprimé leurs opinions, leurs actions ont porté leurs fruits, » avait-elle expliqué.

« C’est aussi pourquoi Draejan a agi comme il l’a fait. Sa mère l’a beaucoup trop chouchouté, alors elle n’a pas essayé de le corriger, et son père ne pouvait pas outrepasser sa décision. Si vous me le demandez, ce dragon a toujours été un peu lâche, » elle laissa échapper un soupir et secoua la tête.

« Qu’est-ce qui lui est arrivé ? » avais-je demandé.

« Je pense qu’il récupère de votre duel, » déclara Feryumstark.

« Au moins, il n’est pas mort. C’est un bon début, » je haussai les épaules.

Je ne pouvais pas vraiment me soucier de ce qui lui était arrivé après avoir essayé de me voler Seryanna. Dire qu’il n’avait jamais eu une chance serait un peu faux. Si je n’avais pas été là, il aurait finalement pris le contrôle de l’armée de Brekkar et aurait été promu au rang de général. De ce fait, j’étais bien conscient.

« Alkelios, avez-vous maintenant une meilleure compréhension de comment nous, les dragons, fonctionnons en société matriarcale ? » demanda Feryumstark d’un ton sérieux.

« Oui, je le pense. Une dragonne régnera sur la scène politique, tandis que le dragon régnera sur la scène militaire. Cependant, à cause de l’empoisonnement de la reine, le roi fut contraint de prendre le contrôle des deux rôles, mais l’inquiétude pour la santé de sa femme l’empêcha de passer à l’action de manière appropriée, conduisant à une situation dans laquelle la société tendait davantage vers un système patriarcal ? » avais-je répondu.

« C’est correct. Bien que je doute fort que les nobles représentants du royaume permettent qu’une telle chose se produise. Alors que les ducs détiennent une puissance militaire ou économique impressionnante, ce sont eux qui gèrent toutes les questions importantes et critiques, » avait-il déclaré.

« Qu’en est-il des affaires familiales ? » demandai-je.

« Dans une famille de dragons typique, la dragonne prendra toute décision nécessitant une planification, tandis que le dragon s’occupera de toutes les tâches physiques si son corps le lui permet. Cela dépend toutefois beaucoup de la connaissance et de l’expérience de chacun dans leurs domaines respectifs. Il est déconseillé pour l’un d’entre eux de se faufiler en terrain inconnu à moins que l’expérience d’une telle chose soit ce qu’ils désirent, » avait expliqué la reine.

***

Partie 3

« En d’autres mots… c’est compliqué et dépend uniquement de la famille en question, mais la tendance est de laisser les femmes réfléchir, non ? » avais-je demandé.

« Oui. » Ils acquiescèrent tous deux en même temps.

« Très différent de ce à quoi je suis habitué. » Je m’étais gratté la tête.

« Les humains ont tendance à être patriarcaux. J’ai même entendu des récits sur la façon dont ils traitent leurs filles comme rien de plus que des pièces d’échecs afin d’obtenir plus de pouvoirs, » avait déclaré la reine.

« Mais n’avez-vous pas aussi fait épouser certaines de vos filles dans d’autres pays ? » demandai-je, curieux.

« Hahaha ! Alkelios, elles ont toutes épousé ces dragons parce qu’elles en sont tombées amoureuses. Mais ce qu’on craint le plus dans ma position, ce n’est pas de faire épouser mes filles dans des pays étrangers, mais bien d’avoir des princesses étrangères épousant mes fils ! » déclara le roi avec un grognement.

« Les humains croient souvent que ce sont les dragons qu’ils doivent surveiller, mais dans notre cas, ce sont les dragonnes, » avait déclaré Elliessara.

« Il n’y a rien de pire qu’une princesse rusée nous volant un fils ! » déclara le roi.

« Ne vous occupez pas de lui, Alkelios. Il est un peu… contrarié, car il a récemment découvert la cible de la première princesse d’Embryger, » rigola la reine.

« Oh… alors ce n’est pas une bonne chose, non ? » demandai-je en plissant les sourcils.

« Au contraire, ça l’est. La première princesse de cet empire n’est pas aussi rusée et insaisissable que certaines de ses plus jeunes sœurs, et celui qu’elle vise est en fait le second prince adoptif, Kryogan, qui y est ambassadeur. S’ils forment un couple, tout droit au trône lui sera automatiquement refusé, et elle n’aura pas beaucoup d’autorité au sein de l’empire. Les enfants adoptés n’ont aucun droit au trône, c’est donc comme épouser un noble d’un autre pays, » avait expliqué la reine.

« Eh bien, je crois que j’ai compris l’essentiel maintenant..., » dis-je.

« Ne vous inquiétez pas, jeune homme, avec le temps, vous apprendrez les tenants et aboutissants de notre royaume. Vous avez une fiancée et des amis puissants pour vous guider sur votre chemin, » déclara Feryumstark.

« En effet, y compris la reine Elliessara, mais en parlant de cela, devrais-je vérifier votre statut maintenant et voir ce dont nous avons besoin pour vous guérir ? » lui avais-je demandé.

« Eh bien, je suppose. S’il vous plaît, faites-le. » Elle acquiesça.

« Afficher le statut d’Elliessara Seyendraugher. » Dis-je, et la fenêtre que j’étais le seul à pouvoir voir apparu.

Nom : Elliessara Seyendraugher

Espèce : Dragonne supérieure de la haute lumière

Statut de l’éveil : 6 conditions achevées sur 6

Niveau : 1207

Force : 1245 (6556)

Vitesse : 540 (7868)

Dextérité : 2310 (9378)

Magie : 6540 (12 980)

Chance : 55

Excellence magique : 43 %

Bonus actuel : Dompteur de Dragon <multiplie par 5 l’absorption de force et énergie magique ainsi que la vitesse d’apprentissage>

Sagesse des anciens : Buff obtenu lors de l’éveil supérieur. Offre à l’individu une nouvelle vision du monde. Augmente l’intuition de la personne. Confère à la personne l’aura d’un sage.

Malus actuel : Poison de la mort de Dieu : Poison à action lente qui paralyse les canaux magiques de la victime, les amenant lentement à la mort par paralysie. Cela fonctionne particulièrement bien pour ceux ayant atteint l’éveil supérieur. À sa mort, le corps est imprégné de magie absorbée par le poison au fil des ans et en fait une sangsue ayant pour seul but d’éradiquer toute vie à moins de 600 km de son lieu de ponte. C’est l’unique poison connu qui affecte même les immortels dotés de puissantes capacités de régénération. On dit que c’est le poison utilisé pour tuer le dieu qui deviendra par la suite le premier dieu noir. Temps restant jusqu’à la transformation en sangsue : 4 ans 2 mois 9 jours 4 heures 20 minutes. Type de sangsue basé sur l’énergie magique absorbée : Sangsue suprême. Barman : nécessite un grand alchimiste divin pour le préparer. Cure : Potion aux larmes de Lumenos, Lumenya et Nocturnia.

Ingrédients : Une goutte de sang royal humain, des larmes de joie de la reine des elfes, une dent de lait de la royauté Relliar, de la poudre d’alliage Celestium-Zaradin infusée de magie naine ancienne, de la poudre d’os de la corne d’une wyrm squelettique, de la poudre d’écaille de dragon de la Haute flamme, de la Haute glace, de la Haute lumière, des Hauts ténèbres, de la Haute terre, de la Haute autorité, des feuilles d’une Plante Soigne-Tout, de l’eau enchantée, du jus d’orange.

Quand j’avais lu les ingrédients à haute voix, j’avais eu l’impression que le roi et la reine me regardaient avec des yeux de poisson morts.

« Et… jus d’orange… au moins, un ingrédient est facile à obtenir..., » avais-je souligné en faisant un sourire.

« Qu’est-ce qu’une orange ? » demanda le roi.

« Hein ? » Je clignai des yeux, surpris.

En cliquant sur l’ingrédient, les informations suivantes étaient apparues.

Jus d’orange : le jus extrait du fruit appelé douce orange. L’arbre qui le produit est un hybride entre un arbre Pomelo et d’un Mandarin. L’empire humain d’Akutan utilise les oranges comme plante sacrée pour déterminer le prochain souverain. Le rituel consiste à faire en sorte que les princes et princesses essaient de cultiver un oranger doux à partir du même Pomelo et Mandarin. La culture et la consommation d’orange hors du palais impérial et dans tout autre royaume humain sont considérées comme illégales et passibles de la peine de mort.

« Oh, pour l’amour de..., » j’avais presque fini ma phrase.

« Soupir… Bien que nous ayons la méthode, penser que c’était dans les endroits les plus inaccessibles de tous... » Le roi secoua la tête.

« Eh bien, cela dépend de la façon dont on le regarde. Honnêtement, je trouve que les autres ingrédients sont encore plus troublants à obtenir..., » soulignai-je.

« Un voleur doué pourrait voler quelques oranges. La seule chose dont nous aurions à nous préoccuper serait le contrecoup de l’empire. S’ils le découvraient, une invasion serait le moindre de nos soucis..., » suggéra la reine.

« Je pourrais aller là-bas et kidnapper le prince ou la princesse sachant comment en faire pousser, non ? » Demandai-je.

« Vous réalisez que c’est une terrible idée, non ? » me demanda-t-elle en plissant les yeux.

« Euh… en quelque sorte ? » Je penchai la tête vers la gauche.

Pour être honnête, j’avais trouvé cette idée comme étant la plus… intéressante et amusante de toutes.

« En effet, que ferons-nous avec le membre de la royauté après ? » Demanda Feryumstark.

« Je ne sais pas… je pense que faire l’échange contre un traité de paix ? » avais-je demandé.

« Cela pourrait fonctionner… je pense, mais rien ne les empêche de nous attaquer par la suite, » avait déclarer Elliessara.

« Eh bien, c’est compliqué... » Je hochai la tête et croisai les bras.

« Il y a aussi cette Plante Soigne-Tout… dont je n’ai jamais entendu parler… quant aux écailles de dragons, ces individus doivent être pleinement éveillés, » avait souligné Feryumstark.

« Ah, je pense que nous pourrons utiliser certaines de miennes au besoin. Vos Majestés ont à la fois les écailles de l’autorité et celle de la lumière, nous aurions juste besoin de trouver le reste, » suggérai-je.

« Vous savez, j’ai toujours pensé que les gens craignaient les dragons supérieurs d’un Haut élément en raison de leur capacité à contrôler les éléments, mais je commence à penser que c’est aussi parce que leurs écailles peuvent servir d’ingrédients pour ce genre de potions, » déclara Elliessara avec un soupir.

« Ne vous inquiétez pas, Votre Majesté. Nous serons sûrs de trouver le remède pour cela ! De plus, nous avons déjà l’un des ingrédients ! » déclarai-je en activant le trou noir.

De là, j’avais sorti la plante que j’avais découverte en rencontrant Seryanna. C’était la plante qui valait environ 30 pièces d’or. Sa rareté faisait monter son prix. Bien sûr, ce n’était pas la même plante, mais une autre que j’avais trouvée lors de mes voyages dans la forêt Seculiar. Celle que j’avais trouvée avec Seryanna avait été laissée avec Kataryna ou vendue, je ne me souvenais plus de ce qui lui était arrivé. Beaucoup de choses s’étaient passées depuis et j’avais en quelque sorte oublié.

« C’est une Plante Soigne-Tout, si je ne me trompe pas, on peut utiliser ses feuilles et ses pétales pour faire un thé spécial pour aider à ralentir les effets du poison. En fait, pourquoi n’utilisez-vous pas celle-là uniquement pour cela ? J’en ai plusieurs autres, et je pourrais probablement en trouver d’autres en le souhaitant. Si nous en donnons à un botaniste, peut-être qu’il trouvera un moyen de la cultiver ? » avais-je suggéré en plaçant la plante sur la table.

« Honnêtement, je ne sais pas quoi dire… Est-ce vraiment correct ? » demanda Elliessara.

« Oui. » Je hochai la tête.

« C’est une bonne nouvelle alors ! Hahaha ! Mais qu’en est-il de cette eau enchantée ? » Demanda le roi.

« C’est un type d’eau spéciale faite par un alchimiste. Je peux le faire, alors pas besoin de vous en soucier. Bien que je suppose que je devrai me faire quelques plans de voyage pour obtenir le reste, » déclarai-je en me grattant l’arrière de la tête.

« Je vais immédiatement envoyer mes meilleures dragonnes en tant qu’ambassadrice auprès des elfes, des relliars et des nains pour organiser une visite de votre part. Pour ce qui est des humains, je vais devoir consulter Brekkar et voir si nous pouvons obtenir des oranges sans déclencher une autre invasion… peut-être que Kataryna pourrait connaître quelqu’un, » avait déclaré Feryumstark alors qu’il faisait déjà des projets dans son esprit.

« Avec les événements récents, je vais une fois de plus prendre la direction des opérations et conseiller Elovius sur les problèmes à résoudre immédiatement, » avait déclaré Elliessara.

« Alors, que dois-je faire ? » demandai-je en clignant des yeux surpris.

« Préparez-vous pour le prochain tournoi ! Vous ne participerez pas, mais je vous ai organisé l’ouverture avec quelqu’un ! Je vous promets qu’il va certainement bien se battre ! » Feryumstark éclata de rire.

« Compris... Attendez, quoi ? » avais-je dit, puis j’avais penché la tête.

« Comme le tournoi avait été à l’origine créée pour rassembler des forces compétences au sein de l’armée de Brekkar, j’avais ordonné la veille que celui-ci devienne un tournoi destiné à repérer de puissants dragons aspirant à une carrière militaire. Les inscriptions ne sont plus limitées à l’armée de Brekkar. Toute personne avec une épée peut participer, mais ne doit pas être un criminel recherché ou d’une organisation suspecte. À cet égard, j’ai ordonné à Thraherkleyoseya Draketerus de s’occuper de tout ça habilement. » Expliqua la reine d’un ton doux.

« Euh… OK… je ferai de mon mieux alors, » déclarai-je avec un sourire forcé.

« Alkelios, » déclara Elliessara en me faisant un sourire chaleureux. « Merci de nous aider… je suis heureuse de savoir que tous les humains ne sont pas mauvais. Peut-être qu’avec le temps, nous pourrons mettre fin à ce conflit fatigant. C’est en quelque sorte un de mes rêves et vous… vous êtes la preuve vivante que je peux encore espérer que cela se réalise. »

« Pas de problème ! C’est ce que font les amis ! Ils s’entraident ! » Répondis-je d’un ton désinvolte en lui faisant un signe du pouce.

« Un ami… ça sonne bien..., » dit-elle avec un doux sourire.

***

Chapitre 60 : Un jour pas comme les autres

Partie 1

***Points de vue d’Alkelios***

Une semaine après avoir rencontré la reine Elliessara Seyendraugher du royaume d’Albeyater, je m’étais retrouvé à attendre devant les grandes portes menant à la salle du trône. Les dragons avaient réussi à les réparer, et aucun signe de mon entrée forcée ne pouvait être vu nulle part. Eh bien, étant donné l’importance de cette pièce et le fait que les dragons aient accès à la magie, il était très improbable qu’elle reste longtemps brisées. C’était inesthétique d’abord, et ensuite, les foudres du roi Seyendraugher et de son Premier ministre n’étaient pas quelque chose qu’un ouvrier voulait recevoir.

Je portais l’armure que j’avais utilisée lors de mon combat contre Draejan. Au niveau des hanches, Enfer et Paradis étaient dans leur fourreau enchanté. Il y avait aussi des gardes devant moi, et tous deux se méfiaient de ma présence. Après tout, la dernière fois que nous avions eu le plaisir de nous croiser, ils avaient fini par voler et étaient restés inconscients pendant la majeure partie de la journée.

La raison pour laquelle j’étais là était la cérémonie à laquelle j’allais prendre part. Selon la coutume, je devais attendre ici jusqu’à ce que je sois convoqué. Comme tous les précédents, je devais me présenter avec mes meilleurs armes et armures, pour paraître propre et présentable, et certainement pas ivre ou sous l’influence de stupéfiants. Apparemment, ils avaient fait cette règle après qu’un dragon soit arrivé tard à cette cérémonie, à moitié saoul, et également dans une tenue décontractée. Il avait quand même obtenu le rang, mais la plupart des nobles présents l’avaient vivement critiqué.

Seryanna, la Princesse Elleyzabelle et même la reine avaient pris soin de me le rappeler à plusieurs reprises. En parlant de cela, après une audience avec Sa Majesté, j’étais venu plus souvent dans le but de lui préparer le thé et de leur raconter mes aventures dans la forêt Seculiar.

Feryumstark avait craché son thé quand il entendit parler de l’armée de monstres insectes qui se dirigeaient vers Albeyater. Parce que c’était trop gênant, je lui avais dit qu’aucune récompense supplémentaire n’était nécessaire. Je me trouvais au bon moment au bon endroit, mais j’étais heureux d’apprendre qu’ils n’étaient pas des alliés ou quoi que ce soit du genre.

Malheureusement, étant donné les dangers de la forêt Seculiar, il n’y avait aucun moyen d’envoyer une équipe de surveillance dans le désert pour appuyer mes dires. Je lui avais cependant montré quelques pièces d’armures et des armes à moitié cassées que j’avais stockées.

Outre la reine et le roi, les jumeaux m’avaient aussi écouté avec grand intérêt, quand je parlais de mes histoires. Ils s’étaient retrouvés entraînés par les nombreuses batailles que j’avais eues et les choses que j’avais réussi à construire. Ils m’appelaient toujours, Grand héros, Héros humain, Héros-dragon, Héros courageux, mais ils n’avaient jamais prononcé ne serait-ce qu’une seule fois mon nom, même après que je leur ai demandé. Je n’avais aucun problème à être appelé ainsi, mais je ne voulais pas que les jeune prince et princesse grandissent avec une étrange idée de moi… ou s’attendent à ce que je sois une sorte d’être surnaturel ou une sorte d’être omnipotent.

Cette cérémonie à laquelle j’allais assister était celle du roi lui-même, et la reine l’accepta également. Voyant qu’elle se sentait beaucoup mieux, elle voulait trouver le moment idéal où elle pourrait se montrer à nouveau en public, et quelle meilleure occasion de le faire que la cérémonie d’anoblissement de celui qui lui avait sauvé la vie ?

L’événement avait été annoncé publiquement il y a exactement une semaine et j’avais entendu dire que d’innombrables dragons et dragonnes allaient assister à la cérémonie. Pour ma part, je n’en connaissais même pas un quart, mais après aujourd’hui, beaucoup d’entre eux essaieront de faire ma connaissance.

D’autre part, j’avais eu le sentiment que tout le monde vibrait de l’intérieur avec l’apparition soudaine de la reine, ce qui attirerait aussi PLUS d’attention sur moi. C’est pourquoi j’avais décidé de porter ma meilleure armure et mes meilleures armes.

« Maintenant, vous pouvez entrer, Alkelios Yatagai ! » Cria quelqu’un de l’autre côté de la porte, qui commença à s’ouvrir lentement.

J’avais dégluti et m’étais tenu droit. Même moi je voulais paraître au mieux possible.

Voilà…, pensais-je en m’avançant.

Des murmures et yeux curieux me tombèrent dessus au moment où j’étais entré.

Contrairement à l’époque où les traîtres étaient rassemblés, toute la pièce était emplie de dragons et dragonnes ainsi que de chevaliers qui se rangeaient à ma droite ou à ma gauche. Le nombre de femmes dépassait largement celui des hommes et les vêtements qu’elles portaient étaient tous exquis et représentatifs d’un goût raffiné. Il y avait d’innombrables visages que je ne pouvais pas reconnaître, mais je ne cherchais pas à regarder autour de moi. Je m’avançai et me dirigeai vers l’endroit devant la reine et le roi où je devais m’agenouiller. Faire autre chose aurait été impoli ou irrespectueux, et je voulais éviter cette possibilité à tout prix.

Cependant, dans un certain sens, je comprenais maintenant pourquoi Feryumstark avait déclaré que ce pays était matriarcal où les femmes dominaient l’intrigue politique et où les hommes s’épanouissaient sur les champs de bataille. Toutes les dragonnes présentes dans cette salle se tenaient devant les dragons, à l’exception du couple royal, dont les positions étaient symboliques. Ces femmes exerçaient une pression incroyable. Leur regard n’était que partiellement curieux et plus intrigué par mon existence même. Elles m’analysaient, disséquant ma personne pour trouver mes faiblesses ou mes points forts. Pour voir si j’étais plus utile en tant qu’allié ou ennemi. Les dragons avaient essayé de faire de même, mais leur présence était largement éclipsée par les dragonnes. Il n’y avait même pas de comparaison entre les deux.

Quand je m’étais arrêté devant Leurs Majestés, je m’étais agenouillé et j’avais incliné la tête. Le silence couvrait toute la pièce et l’attention de tout le monde était sur nous.

Le roi se leva et fit un pas en avant. Sa présence était imposante, comme toujours, faisant comprendre à tous ceux qui le regardaient quelle était leur place dans la chaîne alimentaire. La seule personne n’ayant pas été affectée était la reine, qui, rien qu’en étant présente, donna à toute la cérémonie un tout autre niveau d’importance.

« Alkelios Yatagai, vous avez fait preuve de courage, d’intelligence et de détermination lorsque le sort du royaume d’Albeyater était en jeu. Vous avez fait preuve de sagesse et de compréhension lorsqu’il a été prouvé que mon épouse, la reine Elliessara Seyendraugher, avait été empoisonnée par les traîtres cherchant à nuire à notre royaume. Vous avez montré une force semblable à celle d’un éveillé supérieur et une incroyable dévotion envers les dragons lorsque vous avez choisi de devenir un dragon ! En tant que dirigeant légitime, je suis parvenu à la conclusion qu’il serait à la fois imprudent et injuste de ne pas vous récompenser pour vos accomplissements ! » déclara-t-il d’un ton puissant, qui résonna dans toute la pièce.

Pendant qu’il parlait, tout le monde l’écoutait attentivement. Personne n’osait faire un seul bruit. J’avais aussi fait attention à ses mots.

Après avoir fini, la reine Elliessara se leva et se plaça à côté de son mari.

« Alkelios Yatagai, vous avez fait beaucoup pour le royaume d’Albeyater. Vous avez montré votre valeur non seulement pour moi, mais également pour de nombreuses personnalités importantes de ce pays. Le Général Brekkar Draketerus, Sire Seryanna Draketerus, Lady Thraherkleyoseya, Sire Kataryna Georg, le Premier ministre Elovius Seyendraugher, la Princesse Elleyzabelle Seyendraugher et beaucoup d’autres. Votre désir de protéger ce royaume a été démontré à plus d’une occasion et, comme l’a déclaré mon mari, cela ne peut rester sans récompense, » déclara-t-elle sur un ton laissant comprendre qu’elle était la dirigeante ici.

Quand on les regardait tous les deux, on pense normalement que le grand dragon est celui chargé de tout, mais quand ils parlent, il y a une nette différence entre les deux. La pression de leur présence était également différente.

« Nous avons longuement réfléchi à ce que cette récompense pourrait être. Voyant que vous n’avez ni rang ni titre, nous avons décidé de vous en attribuer un en fonction de vos capacités, relations et réalisations, » avait déclaré la reine.

« Mais avant de vous annoncer lequel, Alkelios Yatagai, levez la tête et tenez-vous droit ! » Déclara le roi.

« Comme vous le souhaitez, Votre Majesté ! » répondis-je en me levant.

« Bien ! Maintenant, je vous demande de faire un serment ici, devant tous ces dragons et nos dieux au-dessus. Alkelios Yatagai, jurez-vous de protéger et de défendre le royaume d’Albeyater comme vous le feriez avec votre propre famille ? » avait demandé Feryumstark.

« Je jure de protéger et de défendre désormais le royaume d’Albeyater comme s’il s’agissait de ma propre famille ! » avais-je répondu d’un ton ferme.

« Alkelios Yatagai, acceptez-vous moi et mon épouse en tant que votre roi et reine, à qui vous obéirez et dont vous acceptez les lois ? »

« Je jure d’accepter Feryumstark Seyendraugher et Elliessara Seyendraugher comme mon roi et ma reine à qui j’obéis et à leur loi ! » Répondis-je.

« Alors, à partir de maintenant, vous n’êtes plus seulement, Alkelios Yatagai, vous serez nommé Duc Yatagai du royaume d’Albeyater ! Dans tout ce que vous ferez à partir de maintenant, apportez la gloire à votre roi et votre reine ! Puissiez-vous apporter la gloire au royaume d’Albeyater ! » déclara Feryumstark Seyendraugher avec un ton puissant résonnant dans toute la salle pour que tous ceux présents puissent l’entendre haut et fort.

« Merci, Vos Majestés ! Je jure que je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour faire respecter vos lois et écouter vos ordres ! » Je m’inclinai jusqu’à ma hanche.

« Alors ainsi soit-il ! » déclara le roi.

Je m’étais redressé et avais fait un pas en arrière.

Avec cela, la cérémonie fut terminée et tout le monde dans la salle avait commencé à murmurer. La plupart des dragonnes ici semblaient être choquées par le fait que je sois devenue duc sur le coup. En fait, même moi étais surpris. Je m’attendais à devenir un baron, à un comte, peut-être même vicomte, mais certainement pas duc, un titre juste en dessous de prince.

Tandis que le roi et la reine regagnaient leurs trônes respectifs, plusieurs dragonnes m’avaient approché pour me féliciter de mon titre de duc. Bien que je ne possède aucune terre à proprement parler, je n’étais un duc que par mon titre et je jouais un rôle plus militaire dans le royaume. Ce n’était pas comme si cela me dérangeait, je n’aurais pas eu le temps nécessaire pour bien administrer les terres de toute façon, et j’avais même énoncé ce fait à plusieurs reprises à Leurs Majestés, soulignant que j’avais pour objectif de voyager à travers le monde et visiter d’autres nations. Alors que le royaume d’Albeyater allait désormais être mon pays d’origine, il était inutile que je m’enracine ici.

Quant à ceux m’ayant félicité, ils étaient formels et manifestaient de l’intérêt pour mon armure, mes armes et les couleurs de mes écailles. J’avais répondu avec les mots que la reine elle-même m’avait dit de dire :

« Un plaisir de vous rencontrer [Rang] [Nom de famille], mais je m’excuse, car pour le moment, je suis incapable de répondre à vos questions. Peut-être à une prochaine occasion ? Je serai ravi d’en discuter plus alors. »

Ce n’était qu’un problème formel, le nombre incroyable de nobles qui me félicitait ne permettait que de petites discussions. En outre, derrière moi se trouvaient deux dragonnes avec peu de patience qui jetaient un regard noir à quiconque tentait de s’approcher de trop ou de prolonger la discussion.

Une fois les formalités terminées, j’étais sorti de la salle du trône avec Kataryna et Seryanna, puis nous étions allés tous les trois chercher quelque chose à manger à l’auberge de Brekkar. Collentra et Bayuk nous attendaient avec un repas chaud et le petit Askanti, leur enfant, dormait dans la pièce au fond.

« Alors quel titre t’a-t-on donné, Alkelios ? » avait demandé Collentra en nous apportant trois bols de soupe, un pour chacun.

« Je suis duc maintenant, » répondis-je calmement après que la nourriture ait été placée sur la table.

« UN DUC ?! » Dit-elle en élevant la voix.

« Je t’avais dit qu’elle serait surprise. » Kataryna me sourit.

« Mes excuses, mais l’année dernière, tu étais sans aucun rang, et encore plus… tu étais humain, alors avant que je le sache, tu es devenu un dragon, et maintenant, un duc ! C’est comme si tu avais toute la chance des Dieux, Alkelios ! » commenta la dragonne en secouant la tête.

« Tu ne sais pas tout encore, » répondit Seryanna avec un petit sourire narquois.

« Eh bien, dans ce cas, je suis heureuse que tu continues à venir manger ici, Alkelios ! Faire venir de grands noms dans notre humble auberge ne peut être que bon pour les affaires ! » Collentra éclata de rire.

« Bien sûr ! La nourriture est bonne et l’ambiance est géniale ! » Dis-je en hochant la tête.

« Contente de l’entendre ! Bon appétit, alors tu en auras besoin pour l’événement principal de cette soirée ! » Elle me fit un clin d’œil puis partit.

« Eh bien, elle a raison à ce sujet. La journée vient de commencer et il reste encore la cérémonie, » avait déclaré Kataryna.

« Et comment te sens-tu à ce propos ? » demanda Seryanna en jetant un coup d’œil à la dragonne argentée.

« Ah, c’est une bonne question ! Qu’est-ce que j’en pense ? » Répondit Kataryna avant de s’asseoir dans son fauteuil. Levant les yeux vers le plafond, elle dit : « ça ne me dérange pas, et je suis vraiment heureuse pour vous deux… quant à moi, je ne sais pas vraiment ce que je ressens... » Elle secoua la tête et nous avait fait un sourire ironique.

« Ne voulais-tu pas avoir un œuf avec moi ? » demandai-je en plissant les sourcils.

« C’est le cas, et je le veux toujours. » Elle acquiesça.

« Des mots étranges à dire devant sa future femme. » Fit remarquer Seryanna.

« Es-tu contre ? » Demanda Kataryna.

Seryanna la regarda puis répondit : « je suis contre le fait d’être témoin de l’acte. Mais s’il veut te faire un œuf, ça ne me dérange pas… tant que ça. » Elle plissa les yeux. « Je voudrais garder Alkelios pour moi seule et laisser les choses ainsi. » Déclara-t-elle avant de pousser un soupir. « Mais toi… ça ne me dérangerait pas en tant que sœur épouse. » Elle avait souri à Kataryna.

La dragonne argentée cligna des yeux de surprise puis lui fit un sourire chaleureux. « Cela ne me dérange pas que tu gardes tes griffes sur lui tout le temps, tant que je peux l’avoir de temps en temps. » Dit-elle.

« Bien sûr. Nous pouvons gérer, mais... » Seryanna sourit. « Nous verrons si tu ressens toujours la même chose une fois que j’aurai eu mon premier œuf avec lui. Une fois que je l’aurai, tu pourras l’avoir. » Dit-elle.

« Euh… désolé de m’impliquer dans la conversation apparemment importante, mais cela ne vous dérangerait pas de ne pas parler comme si j’étais une sorte de “jouet” sans volonté que vous pouvez échanger sans aucune réserve ? Surtout quand ledit “jouet” est debout ici entre vous deux ? » Je leur avais demandé cela.

« Oh, ne t’inquiète pas, Seryanna, je vais m’assurer de ne pas le briser ! Je vais le ramener en bon état ! » dit Kataryna avec un petit rire.

« Assure-toi de bien le nourrir aussi. Je ne veux pas qu’il manque d’énergie pour me faire plaisir par la suite, » déclara Seryanna avec un clin d’œil.

« Bien sûr ! »

Les deux rirent.

« Tu m’ignores volontairement et t’amuses bien avec, n’est-ce pas ? » Demandai-je en plissant les yeux vers Seryanna.

« Quoi ? N’importe quoi ! » Ria-t-elle.

« Tu rigoles ! » avais-je souligné.

« Détends-toi, Alkelios, c’est une affaire entre dragonnes. » Kataryna me caressa l’épaule.

« Oui, à propos de qui m’entraîne en première dans son lit ! » Je plissai les yeux.

« Hé, c’est un royaume matriarcal, tu te souviens ? » me répondit-elle.

« Pourquoi tu… D’ACCORD ! Si tu veux jouer ainsi, alors j’ai aussi quelque chose à dire à ce sujet ! » déclarai-je en montrant le plafond.

***

Partie 2

« Oh, vraiment ? » Déclara Seryanna en regardant Kataryna puis de nouveau vers moi.

« Oui, vraiment. Euh… Si Kataryna veut toujours avoir un œuf avec moi après que j’en ai eu un avec Seryanna, alors ce sera avec plaisir ! » Dis-je en frappant la table de mon poing.

Cela avait eu pour résultat que les bols de soupe avaient volé et atterri juste au-dessus de nos têtes.

Splash !

La table se brisa en plusieurs morceaux...

Crack !

Les deux dragonnes avaient lentement tourné leurs regards furieux vers moi, et j’avais dégluti.

« Euh… désolé ? » Dis-je en faisant un sourire ironique alors qu’une pâte tombait de ma joue gauche.

« Alkelios… tu as dit que tu avais atteint l’éveil supérieur, non ? » demanda Collentra qui se tenait derrière moi.

Je déglutis de nouveau et me retournai lentement pour regarder la troisième dragonne en colère qui avait les bras croisés sur la poitrine.

« Euh… Oui ? » Répondis-je avec un sourire ironique.

« Bien ! Alors tu survivras à mon coup de poing ! » Dit-elle en serrant un poing.

« Attends ! Mais je suis un duc maintenant, non ? Est-ce que frapper un duc n’est pas mauvais ?! » J’avais essayé de me défendre.

« Oui, c’est pour ça que ces deux charmantes dames que tu as trempées de soupe vont te frapper aussi ! » Dit-elle.

« Attend quoi ? » Je clignai des yeux puis regardai Seryanna et Kataryna qui se levèrent en se préparant à me frapper. « D’accord, je sais que je mérite une petite gifle, mais je pense que vous exagérez un peu… Seryanna, s’il te plaît. Euh, Kataryna, pourquoi enveloppes-tu ton poing de glace ? Collentra… c’est un poêle à frire, pas un poing ! » déclarai-je en m’éloignant des trois.

« Nooooonnn, nous n’exagérons pas le moins du monde. Tu nous as renversé de la soupe et tu as cassé la table. Tu es un éveillé supérieur, alors tu devrais savoir quoi faire. Surtout, tu devrais savoir contrôler correctement ta propre force. » Seryanna me fit un sourire froid.

« Je m’en fiche, mais je suis juste le courant, » déclara Kataryna avec un haussement d’épaules et un sourire froid.

Comme si tu t’en fichais ! Pensais-je alors que je reculais jusqu’à atteindre le mur.

« Collentra ! Askanti vient de se réveiller… Euh, tu es occupée ? » Demanda Bayuk en arrivant avec le bébé.

« Abububu ! » Le petit fit un bruit mignon de bébé et les trois dragonnes avaient fondu, m’oubliant complètement.

« Awww ! Tellement mignon ! » Réagirent les trois.

Suis-je sauvé ? Me demandai-je.

Alors que j’essayais de me faufiler, Kataryna m’avait piégée dans une cage de glace allant jusqu’à mon cou.

« Ne pense pas que nous t’ayons oublié. Reste là jusqu’à ce que nous ayons fini de jouer avec le joli bébé, » déclara-t-elle avant de prendre des nouilles dans mes cheveux.

« Moi et ma foutue chance..., » m’étais-je murmuré.

On pourrait penser que mes statistiques auraient dû empêcher cet incident de se produire, mais l’univers ne le voyais pas comme une menace pour ma vie, moi non plus, et malgré la façon dont la conversation avançait, je n’avais pas l’impression d’être en danger imminent et souhaitais que cela ne se produise pas.

Une fois de plus, si l’on regardait la situation sous un autre angle, quelles étaient les chances pour moi de pouvoir envoyer les trois bols de soupes sur elle en même temps ainsi que de casser la table, en un seul coup ?

Peu de temps après, Seryanna me donna une tape sur la joue gauche, Kataryna me frappa sur la droite et Collentra me donna un coup de poêle sur la tête… toutes en même temps avec un timing parfait. Après avoir purgé la peine d’avoir brisé la table et de les arroser de soupe, Bayuk m’avait donné un balai et m’avait dit de nettoyer ce que j’ai fait… je l’avais fait… c’était probablement la première fois qu’un duc devait passer par quelque chose d’aussi embarrassant, mais j’avais cassé la table. J’aurais dû mieux contrôler ma force.

Une fois le nettoyage terminé, Collentra me donna un bol de soupe chaude à une nouvelle table, où Kataryna et Seryanna me rejoignirent. Nous avions parlé d’autre chose, comme du tournoi et de nouvelles choses que je pourrais faire pour elles. Seryanna m’avait parlé de sa rencontre avec la meilleure forgeronne du royaume d’Albeyater, son amie, Dregarya Gorrashy.

Ensuite, après avoir mangé, nous avions loué deux salles séparées à l’auberge pour nous permettre de nous laver et de nous changer. Je pensais que j’allais prendre un bain avec Seryanna, mais Kataryna l’éloigna.

Grâce à nos sorts, les armures trempées avaient toutes été nettoyées en un rien de temps. Nous avions quitté l’auberge et remercié Collentra pour son hospitalité… et son coup de poêle.

De retour au château, nous avions tous été à des endroits différents. J’étais allé dans une pièce que le roi m’avait préparée. Ici, j’avais retrouvé Brekkar et Feryumstark qui jouaient aux échecs. Je leur avais présenté le jeu il y a quelques jours sur un coup de tête, mais cela avait apparemment provoqué une rivalité entre les deux. Ils avaient tous deux réussi à me battre, peu de temps après que je leur avais montré comment jouer.

J’avais essayé de prendre ma revanche une fois de plus aujourd’hui, mais je ne pouvais pas le faire, alors je m’étais résigné au rôle d’humble observateur. Cependant, au fil du temps en étudiant leurs mouvements, le sentiment d’urgence en moi grandissait.

La raison étant assez importante et urgente que je devais traiter. Dans une heure à peine, je me rendrais au temple de Drakartus dans la capitale, où une autre cérémonie allait avoir lieu.

Cette fois, je n’allais pas recevoir de titre ni de grade dans le royaume d’Albeyater, mais j’allais devenir le mari de Seryanna. En effet, aujourd’hui… c’était le jour où j’épousais ma dragonne rousse.

« Alkelios, détends-toi. Ce n’est pas si dur, et tu as mémorisé tout ce que tu as à faire, » déclara Brekkar avant de déplacer un pion noir sur C5.

Ils commençaient une nouvelle partie.

« Vieux lézard, qu’est-ce que tu racontes ? » Grommela Feryumstark en regardant la table, puis en déplaçant son chevalier blanc en F3.

« Je suis totalement détendu, Brekkar, » répondis-je.

« Tu es suspendu au plafond dans ta forme hybride. Tu ressembles plus à une chauve-souris stressée qu’à un dragon. Chevalier en C6. » Dit-il.

« Hein ? Je n’avais pas remarqué, » déclarai-je alors que je descendais du plafond.

J’étais vraiment dans une position de chauve-souris.

Au moins, je n’ai pas dit : Silence ! Je rôde la nuit, car je suis batdragon ! J’avais réfléchi et j’avais secoué la tête.

Cela aurait été… embarrassant.

« Laisse-moi te dire quelque chose, jeune dragon. Même moi j’étais nerveux le jour de mon mariage avec Elliessara ! Pion G3. » Dit-il.

« Vous l’étiez ? » Demandai-je.

« Il n’y a pas de dragon qui puisse prétendre ne pas être nerveux le jour de son mariage. Pour toi, c’est aussi le jour de ton anoblissement, ce qui te rend d’autant plus digne de la main de ma petite-fille ! Pion E5. » avait déclaré Brekkar.

« Je suppose que c’est le cas… mais si je me trompais ? » avais-je demandé.

« Alors, souhaite que rien de mauvais n’arrive. » Suggéra le roi.

« Vous savez, vous avez raison. Je souhaite que rien de mal ne se passe lors de la cérémonie de mariage d’aujourd’hui ! » déclarai-je fièrement.

« Au fait, tu ne vas pas porter ÇA au mariage de ma fille ! » Brekkar leva la tête de la table et me montra du doigt.

« Que veux-tu dire ? » Demandai-je un peu confus.

« Tu portes ton armure à l’envers ! » rétorqua-t-il.

« Fou G2. Le garçon doit être plus nerveux qu’on ne le pensait. » Feryumstark soupira et secoua la tête.

« Oh, c’est… vraiment à l’envers… Comment est-ce arrivé ?! » Déclarai-je alors que je me retournais.

« Tu es chanceux, les enchantements font des trous pour tes ailes à l’endroit nécessaire sinon ton armure se serait brisée, » déclara Brekkar.

« En effet. » Acquiesça Feryumstark.

« Je suis doué avec les enchantements..., » déclarai-je en reprenant ma forme humaine. « D’ailleurs, quels est le score jusqu’à maintenant ? » Demandai-je.

« 45 à 45. » Répondit Brekkar.

« Ce vieux lézard est doué. » Fit remarquer Feryumstark.

« Je ne suis pas général uniquement pour le spectacle ! » Ria Brekkar.

« Et je ne suis pas non plus un roi juste pour le spectacle ! » Rit l’autre dragon.

« Vous aimez vraiment ce jeu, n’est-ce pas ? » Demandai-je.

« En effet. Nous en avons un similaire, mais celui-ci à des règles bien mieux définies. » Avait répondu Brekkar.

« Je vois… eh bien, je vais aller me changer puis relire les règles de la cérémonie d’aujourd’hui. » Dis-je alors que je me dirigeai vers la commode et m’habillais pour le mariage.

C’était une armure argentée avec de jolies décorations dorées. C’était la vieille armure du mariage de Brekkar qu’il avait conservé pour une telle occasion. Je n’en avais pas, mais même si je pouvais la faire à partir de zéro, il me semblait plus approprié d’accepter celle-ci. Cela avait… une valeur sentimentale. Apparemment, Seryanna allait porter la tenue de mariée de sa grand-mère… euh… une armure… quelque chose.

Je n’avais pas encore vu à quoi elle ressemblait, mais quand j’avais essayé de jeter un coup d’œil quand elle l’essayait, Kataryna m’avait donné un coup de poing m’envoyant à l’autre bout de la ville… j’avais atterri dans la charrette à poisson d'un pauvre dragon. Bien sûr, j’avais payé pour cela sans rien prendre. Je l’avais donné aux dragons pauvres des bidonvilles. Je leur avais également donné un tas de potions de guérison à ceux que je trouvais chétifs, raison pour laquelle j’étais apparemment devenu très apprécié d’eux.

Au moment de partir, Feryumstark et Brekkar avaient arrêté de jouer et étaient partis avec moi. Ils prirent tous deux le carrosse royal, alors que je devais y aller avec Iolaus. Seryanna, Kataryna et les autres femmes étaient déjà présentes, ce qui signifie que nous, les hommes, étions les derniers à arriver.

« Comment vas-tu ? » demanda Iolaus avec un sourire narquois.

« Tu le découvriras bientôt aussi, » répondis-je avec un sourire.

« Quoi ? Je… euh… ouais... » Il détourna le regard.

« Est-ce le chariot par lequel nous y allons ? » demandai-je en montant dans le chariot argenté à côté de lui.

« Bien sûr, tu es duc maintenant. Voyager à pied serait inconcevable, » répondit-il avec une expression sévère sur le visage.

« Je pense que je pourrai me débrouiller. Ça ne peut pas être pire que de fuir des moutons affamés. » Je haussai les épaules.

« Ah, ça a dû être horrible. » Dit-il.

« Oh oui ! Tu ne veux pas savoir comment je me suis échappé, mais disons simplement que cela implique la chance et que je tombe la tête la première dans quelque chose de dégoûtant. » Dis-je avec un sourire.

« Ew! » Grimaça-t-il.

« Hey ! Ça a fonctionné ! C’est ce qui compte ! » J’avais souri.

« Toujours dégoûtant. » Dit-il.

« Soupir. Allons-y… je ne veux pas laisser Seryanna attendre..., » dis-je.

« Tu ne le feras pas, crois-moi. Les filles ont travaillé très dur pour préparer ce mariage, en particulier la fête, » m’avait-il rappelé.

« En effet, elles ont fait de leur mieux..., » je hochai la tête puis nous étions montés dans le chariot.

« Pour ma part, je suis impatient de voir le moment où Brekkar te frappera au visage ! » Iolaus me fit un large sourire en disant cela.

« C’est un moment pour lequel je n’ai pas trop de hâte..., » rétorquai-je en plissant les yeux.

Le conducteur avait tiré les rênes et le Khosinni avait commencé à trotter et à doucement accélérer. Nous nous dirigions vers le temple de Drakartus et aucune pause n’était autorisée.

Pendant le trajet, on m’avait rappelé que lorsque les discussions sur les préparatifs avaient commencé, moi-même, Iolaus et Brekkar avions été littéralement éjectés de la salle par Kataryna et Kléo. Plus tard, la reine les avait également rejoints alors que le roi nous avait rejoints. Ces dragons m’avaient aidé à comprendre les traditions et à apprendre mes répliques pour la cérémonie à venir, mais bien que je les avais très bien pratiquées, j’étais beaucoup trop nerveux.

***

Partie 3

Alors que notre calèche arrivait devant le temple, je pouvais voir beaucoup d’autres invités pénétrer dans le temple. Beaucoup de ces personnes étaient nobles, mais il y aurait aussi des roturiers présents, comme Collentra, Bayuk et leur enfant.

Le temple de Drakartus était situé dans la zone noble à côté des temples des autres dieux. C’était comme un petit coin religieux où la plupart des nobles allaient prier. Il y en avait aussi dans la zone commune, mais elles n’étaient pas aussi grandes et bien décorées. Celui-ci était presque entièrement fait de marbre blanc, mais il était décoré de pierres rouges. Le thème de couleur général de ce temple était blanc, rouge et or. Chaque temple avait ses propres couleurs. Quant aux décorations elles-mêmes, elles étaient des représentations de dragons dans leur forme de bête. À l’intérieur, les murs étaient couverts de scènes représentant une grande importance dans leurs traditions religieuses, telles que des batailles à grande échelle ou un mariage.

Iolaus est sorti de la calèche en premier. J’étais sorti après lui et étais resté debout.

« Je ne peux pas croire que ce jour soit enfin arrivé..., » dis-je en levant les yeux vers le Temple.

« Ouais… qui aurait cru que le petit humain que j’ai rencontré à Pertiko allait épouser la petite-fille la plus âgée du général Brekkar Draketerus ? » commenta Iolaus.

« Je suis aussi devenu un éveillé supérieur et un duc. » Je lui avais souri.

« Avec autant de réalisations en une année, tu vas rentrer dans l’histoire, » avait-il déclaré.

« Je le sais… mais je ne me plains pas, » je haussais les épaules.

« Rappelle-toi juste ce que tu dois faire. Je vais annoncer ton arrivée, » avait déclaré Iolaus.

« Bien… je vais attendre ici..., » répondis-je avec un sourire narquois.

Pour les dragons, ce n’était pas : « Voici la mariée ! », mais « Voici le marié ! ». Bien que je n’aie jamais été témoin d’un mariage en Roumanie, j’avais une idée approximative de ce qui s’y passait grâce aux merveilles d’internet ! À cause de cela, je savais que les traditions des dragons et orthodoxes ainsi que catholiques présentaient plusieurs points de ressemblances.

La première partie se déroulait ainsi :

Après l’assemblée, le prêtre s’avançait et annonçait le début de la cérémonie. À l’arrière, une musique était interprétée par les acolytes et les prêtres du temple. Ce n’était qu’un instrumental, mais le son était calme, apaisant, et avait une certaine note heureuse.

Alors que le prêtre expliquait comment Drakartus unissait dans le saint mariage les Dieux Lumenya et Lumenos, l’assemblée écoutait en s’asseyant. À la fin de la première musique, l’histoire était terminée.

Maintenant, Seryanna, la future épouse, allait se tenir devant le prêtre et recevoir une prière. À travers elle, elle était informée sur la manière de prendre soin de la famille et de toujours en faire une priorité, mais jamais au-dessus des paroles de leurs dieux ou de leur roi et reine. Comme elle faisait également partie de forces militaires du royaume d’Albeyater, on lui avait également dit de se rappeler que son temps sur les champs de bataille était une période au cours de laquelle elle protégerait non seulement les habitants de ce pays, mais aussi sa propre famille, et elle devrait toujours se souvenir de ça lors de ses batailles à partir de maintenant.

À ce stade, Iolaus, qui était celui amenant le marié, avait annoncé mon arrivée et m’avait ouvert la porte. Jusqu’à présent, je devais attendre à côté du chariot pour ne pas entendre ce qui était dit à Seryanna, mais j’avais une bonne idée de ce qui pouvait lui être dit. Feryumstark et Brekkar m’avaient fourni une explication détaillée de la situation. La tradition dictait que je ne ferais pas un seul pas avant d’être appelé. Si je le faisais, cela serait perçu comme un mauvais présage et ce mariage serait semé d’embûches. Quand j’avais entendu cela pour la première fois, j’avais souri intérieurement.

« Le marié est arrivé ! » annonça Iolaus en ouvrant les grandes portes du temple.

C’est mon tour. Je pensais en me redressant.

Avec un sourire, je m’étais approché de l’entrée du temple. Là, j’avais fait un salut à gauche et à droite. Cela avait signifié mon acceptation de la bénédiction de Drakartus lors de la cérémonie.

Ensuite, j’étais entré dans le temple. Je tenais mon dos bien droit et une main sur la poitrine, la paume de ma main posée sur mon cœur. Cela signifiait que j’étais disposé à participer à cette cérémonie et à cette déclaration d’amour envers celle se tenant sur l’autel. Tandis que j’approchais la future mariée, une autre musique pouvait être entendue.

Seryanna à ce stage était dos à l’autel et me regardait. Elle avait également passé sa main sur sa poitrine, la paume vers son cœur, geste qui signifiait l’acception de mon amour.

En la voyant pour la première fois au mariage… euh… l’armure me fit rougir et m’étonna simplement de sa beauté.

Ses longs cheveux roux étaient enveloppés dans une chaîne dorée avec neuf épingles dans un petit chignon à l’arrière de sa tête. Sur ses épaules, elle portait un manteau blanc transparent en soie. L’armure était blanche et faite de fines plaques recouvrant un maillot léger. En dessous, elle portait une robe d’une seule pièce, qui s’étendait jusqu’au sol, dissimulant sa queue. Des plaques blanches d’armures constituées de trois parties étaient disposées autour de ses hanches. La robe avait des manches longues atteignant ses poignets, où elle s’étendait en plusieurs tailles. Dans sa main gauche, elle tenait un bouquet de multiples fleurs rouges et une bougie au milieu. Traditionnellement, elle devait toujours avoir la même couleur que les écailles de la mariée. C’était la raison pour laquelle un mariage n’était jamais célébré pour un dragon non éveillé.

Quand j’étais arrivé à l’autel, la musique s’était terminée. J’avais fait un salut devant Seryanna, un autre devant l’autel, puis je dus faire demi-tour et faire un autre salut au roi et à la reine qui se trouvaient au premier rang.

Enfin, je m’étais retourné pour faire face à Seryanna et j’avais dit : « Je suis béni d’être en ta présence aujourd’hui, mon amour. »

« Je suis bénie d’être en ta présence aujourd’hui, mon amour, » répondit-elle.

C’étaient les lignes de la cérémonie pour se saluer.

Après cela, je m’étais déplacé à sa droite. Ici, Brekkar, qui représentait le dragon de sa famille et remplaçait son père décédé, m’avait offert un bouquet de fleurs semblable au sien, mais avec des fleurs rouges, blanches, noires et jaunes. Encore une fois, cela représentait la couleur de mes écailles.

J’avais incliné la tête devant Brekkar en prenant le bouquet dans ma main droite. Je m’étais retourné pour faire face au prêtre.

« Béni soit ce jour ! Car nous sommes tous réunis ici pour témoigner que ces deux dragons se lient volontairement et égoïstement dans le mariage et l’amour ! » déclara le prêtre en prenant ma main gauche et la droite de Seryanna, puis les unissant dans l’air pour que tout le monde les voie.

« Avec amour, je déclare ma volonté de participer à cette cérémonie, » avais-je dit.

« Avec amour, je déclare ma volonté de participer à cette cérémonie, » avait-elle déclaré.

Une musique avait été jouée en arrière-plan et le prêtre avait baissé nos mains.

« L’amour est un cadeau bénit offert par les dieux. Et bien que peu de personnes le chérissent comme ils le font, je vous exhorte à toujours essayer et, comme Lumenos et Lumenya, de le garder haut dans vos cœurs ! Ne le laissez jamais vaciller ni se dessécher. L’amour est un acte de volonté et non une nécessité. Tant que vous le gardez en vous, les dieux vous bénissent. Maintenant, je me tiens ici en tant que représentant de notre grand dieu Drakartus pour unir ces deux individus lors de la cérémonie sacrée du mariage ! Je vous bénis, Alkelios Yatagai ! » déclara le prêtre en utilisant un petit sort de feu pour allumer ma bougie. « Puissent tous les deux chérir l’amour que vous vous portez et qu’il ne fléchisse jamais ni ne vacille tant que vous serez sur cette terre ! » Le prêtre leva les mains en l’air et un chœur chanta pour accompagner les instruments.

La mélodie dura environ une minute, puis il baissa les mains et revint à l’autel. De là-haut, il avait pris deux couronnes, une en or et l’autre en argent. Il s’était approché de nous et avait poursuivi la seconde partie de la cérémonie.

« Au nom de Drakartus, dieu de la vie et gardien de tous les dragons du monde, je vous bénis, Seryanna Draketerus, pour mener une vie heureuse, emplie d’amour et de moments précieux aux côtés de votre mari, Alkelios Yatagai. Puisse cette couronne en or signifier votre volonté d’accepter le rôle de diriger la famille et de la garder en sécurité. » Dit-il avant de placer la couronne en or sur sa tête.

Seryanna ferma les yeux et baissa la tête une fois, puis le prêtre se tourna vers moi.

« Au nom de Drakartus, dieu de la vie et gardien de tous les dragons du monde, je vous bénis, Alkelios Yatagai, pour mener une vie heureuse, emplie d’amour et de moments précieux aux côtés de votre femme, Seryanna Draketerus. Puisse cette couronne en argent signifier que vous êtes disposé à accepter le rôle de protéger votre famille, » dit-il avant de placer la couronne en argent sur ma tête.

J’avais aussi fermé les yeux et incliné la tête une fois.

Le prêtre avait levé les mains et un autre chœur avait chanté pendant environ une minute, il ne restait alors que la mélodie instrumentale.

« Devant notre dieu, Drakartus, Alkelios Yatagai, sortez les alliances du mariage, » avait-il déclaré.

À ce stade, j’avais activé ma compétence Trou Noir, ce qui avait surpris un peu tout le monde, vu que je ne les sortais pas de ma poche. De l’intérieur, j’avais sorti une boîte de cristal.

Après que le trou noir ait disparu, je m’étais retourné pour faire face au prêtre et j’ai ouvert la boîte. À l’intérieur se trouvaient deux bagues spéciales que j’avais moi-même fabriquées. C’étaient de simples bagues identiques en alliage enchanté de Celestium-Dregaryum, gravé avec les mots : « Que notre amour soit éternel. » Les enchantements que j’y avais placés étaient que la bague s’adapte à notre transformation et l’un d’eux donnait de la chance.

À ma surprise, un Grand Enchanteur Divin pouvait ajouter des enchantements très intéressants sur les objets. Celui que j’avais trouvé assez incroyable était celui ajoutant 10 points en chance. Bien sûr, il y avait un inconvénient : l’objet enchanté ne pouvait avoir d’autre enchantement au même niveau que celui qui s’adaptait à la forme de la personne. Je ne pouvais pas ajouter plus de 10 points, et un seul de cette sorte d’objet pouvait être porté par un individu. Si quelqu’un portait deux anneaux du même type, l’effet ne s’activerait que sur le premier. En outre, l’enchantement n’avait aucun effet sur moi et ne pouvait être fait sur des métaux communs comme l’or, l’argent, le fer, le cuivre, etc.

« Ce sont des bagues... assez remarquables, » déclara le prêtre, de surprise.

« C’est mon propre travail. Un alliage de Celestium-Dregaryum, et elles sont également enchantées, » avais-je dit.

« Celestium ? Le matériau utilisé pour les artefacts de niveau divin ? » demanda-t-il, surpris.

« Pour ma dragonne spéciale, seul le meilleur est digne d’elle, » déclarai-je avec un sourire alors que je tournai la tête pour la regarder dans les yeux.

En m’entendant dire cela, Seryanna avait souri et avait rougi.

« Très bien, alors nous allons procéder ! » Dit le prêtre puis il sortit les deux anneaux et les souleva.

Des murmures et des chuchotements se répandirent dans tout le temple après que tout le monde ait entendu les matériaux utilisés pour les créer.

« Oh, Drakartus, dieu de la vie, bénissez ces anneaux avec votre lumière et qu’ils soient la preuve physique de l’union entre Seryanna Draketerus et Alkelios Yatagai ! » déclara-t-il trois fois avant de les baisser.

« Seryanna Draketerus, prenez-vous Alkelios Yatagai comme votre mari légitime dans les bons et les mauvais moments, dans la maladie et la santé, pour l’aimer et l’honorer tous les jours que vous avez dans ce monde, comme l’a accordé Drakartus, le dieu de la vie ? Et vous, Alkelios Yatagai, considérez-vous Seryanna Draketerus comme épouse légitime dans les bons et les mauvais moments, dans la maladie et la santé, pour l’aimer et l’honorer tous les jours que vous avez dans ce monde, comme l’a accordé Drakartus, le dieu de la vie ? » demanda-t-il.

Nous avions chacun pris un anneau de la main du prêtre et nous nous étions regardés.

« Moi, Seryanna Draketerus, je prends Alkelios Yatagai pour mari légitime dans les bons et les mauvais moments, dans la maladie et la santé, pour l’aimer et l’honorer tous les jours que j’aie dans ce monde, accordé par Drakartus, le dieu de la vie. » Déclara-t-elle avant de placer l’anneau sur mon annulaire gauche.

« Moi, Alkelios Yatagai, je prends Seryanna Draketerus pour épouse légitime dans les bons et les mauvais moments, dans la maladie et la santé, pour l’aimer et l’honorer tous les jours que j’aie dans ce monde, accordé par Drakartus, le dieu de la vie. » Déclarai-je avant de placer l’anneau sur son annulaire gauche.

« Alors, au nom de Drakartus, je vous proclame mari et femme ! Puissiez-vous tous les deux mener une vie heureuse ensemble, dotés de richesses, d’amour et de nombreux enfants ! Vous pouvez maintenant embrasser la mariée ! »

Et c’est ce que j’avais fait.

Devant le prêtre du temple de Drakartus et l’assemblée qui s’était levée et avait applaudi, avec la musique de fond et les chœurs, j’avais pris Seryanna dans mes bras et l’avais embrassée.

Ce fut en effet une journée unique dont je me souviendrais toujours, peu importe où mon destin me mènera dans le futur.

***

Chapitre 61 : Un vent de changement

***Points de vue d’Alkelios***

La cérémonie de mariage était incroyable, et rien qu’en regardant l’anneau signifiant maintenant que j’étais marié, j’avais l’impression de planer dans le ciel. Je n’étais plus un simple célibataire, j’avais une femme et une nouvelle famille. J’avais enfin franchi l’une des étapes les plus importantes qu’un homme puisse franchir dans sa vie… accepter le fait de tellement aimer une femme qu’il veuille rester à ses côtés pour le reste de ses jours.

Bien que cela soit vrai que j’aurais souhaité que ma famille humaine soit aussi présente, j’avais le sentiment que ma mère aurait paniqué lorsqu’elle aurait vu ma belle femme. Laissant de côté le fait qu’elle était un peu plus grande que moi, elle avait des ailes, une queue et des écailles… ce n’est pas tout à fait pour une famille roumaine moyenne.

Une fois la cérémonie dans le temple finie, nous avions marché dans l’allée tout en nous tenant la main. Dehors, nous nous étions arrêtés devant la calèche qui devait nous emmener à la fête au château et nous avions tous les deux lancé nos bouquets de fleurs à la foule derrière. Bien sûr, nous n’avions pas regardé quelqu’un en particulier, et nous nous étions également assurés d’éteindre la bougie afin de ne pas allumer un feu par accident. Bien que, si cela devait commencer, je pouvais déjà imaginer les différents dragons qui lançaient des sorts d’eau.

Mon bouquet avait été attrapé par un jeune noble avec des écailles brunes, tandis que le bouquet de Seryanna avait été attrapé par Kléo. Elle avait en quelque sorte triché en laissant Kataryna la lancer après le bouquet. Heureusement qu’elle avait des ailes, sinon l’atterrissage aurait été comique.

« Iolaus ! Tu ne t’enfuiras pas cette fois ! » dit-elle en pointant le bouquet vers le pauvre dragon, qui ne pouvait que soupirer de défaite.

Le chariot nous avait emmenés directement au château, où nous avions ensuite été guidés par les servantes vers le jardin où la fête allait avoir lieu. C’était l’idée de la reine. C’est elle qui avait tout organisé, et je devais dire que c’était incroyable. On pouvait clairement voir qu’elle avait une touche professionnelle dans tous les détails, de la disposition des fleurs sur les tables à la disposition des sièges, à la position des décorations autour du chemin et au type de nourriture servi. Honnêtement, j’avais été impressionné par tout cela et je n’aurais pas pu faire le dixième de ce qu’elle avait accompli en quelques jours seulement.

À la fête, nous avions poliment attendu que tout le monde arrive, puisqu’ils prenaient chacun leur propre moyen de transport, Kataryna étant la seule à voler et à saisir la première bouteille de vin qu’elle pouvait voir pour étancher sa soif. Elle avait également été la première à nous féliciter. Une petite période de temps s’était passée comme ça.

« Je souhaite que vous soyez tous les deux heureux ! » déclara-t-elle avec un grand sourire avant que son attention ne soit attirée par une bouteille de vin.

Une fois que tout le monde s’était rassemblé et assis, l’un des principaux événements de la fête avait eu lieu ici… le coup de poing sur le marié.

Je m’étais éloigné des tables et regardai Brekkar qui se craquait les doigts.

« Est-ce qu’on ne peut pas tout simplement ignorer cela ? » avais-je demandé avec un sourire ironique.

« Non ! Cela fait très longtemps que j’attends ça ! » déclara-t-il avec un sourire.

« J’ai le sentiment que ma chance me fait défaut là… qui est-ce qui est heureux d’être frappé au visage par l’un des généraux les plus célèbres du royaume ? » avais-je répliqué.

« Eh bien, tu peux te considérer chanceux parce que je ne vais pas me retenir ! » sourit-il.

« Encore une fois, quelle chance est-ce ça ? » avais-je rétorqué.

« C’est pour moi ! » déclara-t-il en levant le poing.

« Ne te retiens pas, grand-père ! » Lui souhaita Seryanna.

« HEY ! Tu n’es pas supposé être de mon côté ?! » rétorquai-je.

Elle se contenta de tirer sa langue pour me répondre.

« Le voilà ! » Prévint Brekkar.

BOOM !

« TU AURAIS DÛ TE RETENIIIIIIR ! » Criai-je alors que je volais en l’air.

« Alors, tout le monde veut-il parier sur l’endroit où il va atterrir ? » déclara Kléo avec un sourire alors qu’elle sortait un cahier.

C’est la dernière chose que j’avais vue avant de me retrouver à foncer dans les airs et a atterrir dans un arbre à l’extérieur de Drakaria. Cela m’avait fait un peu mal, et j’avais traversé une volée d’oiseaux, en fin de compte, j’en avais attrapé un, mais je l’avais laissé partir après qu’il m’ait giflé. L’atterrissage avait été difficile, j’avais cassé quelques branches en descendant et j’étais tombé nez dans le sol, à la base d’un arbre, effrayant un loup solitaire endormi à proximité.

Quand je m’étais levé, j’avais levé les yeux et m’étais frotté le menton.

« Ça fait mal..., » murmurai-je.

Le moment était maintenant venu de retourner au château. Nous devions encore couper le gâteau et probablement faire un discours ou deux.

Quand j’avais atteint la porte, les gardes m’avaient demandé d’où je venais et j’avais répondu par :

« Je viens de recevoir un coup de poing de Brekkar à l’intérieur du château et j’ai atterri dans un arbre à l’extérieur de Drakaria. Dois-je en dire plus ? » avais-je demandé.

« Ah, vous devez être le marié alors. Oui, nous avons reçu des nouvelles du château à votre propos, mais s’il vous plaît, pouvez-vous nous dire votre nom, juste pour vérifier si c’est le cas ? » Demanda-t-il.

« Alkelios Yatagai, » marmonnai-je.

« Eh bien, plus maintenant, après que le général Brekkar Draketerus vous a frappé, vous serez connu sous le nom d’Alkelios Yatagai Draketerus, » l’autre avait ri.

J’avais hoché la tête en me frottant le menton, puis j’étais allé à l’intérieur.

C’était l’autre sens derrière le coup de poing. Le fiancé avait ainsi été accueilli par la famille de la dragonne et avait obtenu le droit de porter le nom de sa famille. Ce n’était jamais l’inverse, ou du moins personne ne m’avait parlé d’un tel cas où la dragonne aurait été amenée dans la famille du marié.

De plus, ces deux gardes étaient censés techniquement m’appeler duc Yatagai ou duc Draketerus, mais depuis que le titre m’avait été attribué ce matin, il était fort probable qu’ils n’aient pas encore été informés de ce changement particulier. Être frappé par Brekkar était un événement prévisible, mais le titre que je devais recevoir du roi et de la reine d’Albeyater n’était certainement pas quelque chose que l’on puisse savoir à l’avance.

De toute façon, peu importait pour moi s’ils se montraient ou non respectueux. Pour l’instant, je voulais juste retourner au château et continuer avec la fête.

Quand j’étais arrivé, tout le monde m’avait accueilli avec un sourire et m’avait accueilli dans la famille. Brekkar regrettait un peu de ne pas m’avoir fait m’évanouir, mais malgré ce que disait la tradition, il savait déjà que j’allais prendre soin de Seryanna et de notre famille comme elle le ferait de moi. Les principes matriarcaux dans une famille de dragon rendaient difficile de mettre tout le travail sur les épaules du dragon. Les soi-disant idées de la plupart des humains sur Terre d’être un « homme au foyer » avaient toutes été jetées par la fenêtre. En fait, cela aurait été perçu comme une insulte envers la dragonne si je prétendais avoir une telle chose.

Le dragon fait tout à la maison ? Absurdité ! Nous étions une famille, un couple marié, nous avions tous les deux nos propres rôles et responsabilités partagées !

Pour une raison quelconque, j’avais l’impression que nous allions tous les deux suivre les mêmes cours de cuisine…

La fête s’était terminée tard dans la nuit, mais au lieu de se retirer dans le confort de la chambre de Seryanna, la reine Elliessara avait ordonné à un garde de nous emmener à notre nouveau chez-soi. C’était une chambre conçue pour accueillir un duc et pas seulement un chevalier.

À noter cependant, j’étais un duc que par le titre, alors contrairement à beaucoup d’autres détenteurs du même titre, je n’avais ni terre à gérer ni armée à contrôler. Le roi Feryumstark, cependant, m’avait averti pendant la soirée que cela allait changer. Cela ne semblait pas très bien pour le royaume Albeyater, mais en ce qui concerne le territoire que j’allais obtenir, il avait laissé entendre que je pourrais éventuellement gérer l’ancien territoire de Brekkar si je parvenais à faire quelque chose pour remédier à la situation actuelle.

Bien qu’il n’y ait pas de concept de lune de miel, il nous avait été donné environ un mois pour simplement profiter de notre vie en tant que jeune couple marié. En même temps, nous attendions également un signe des ambassadeurs envoyés sur les autres continents, où je pourrais trouver les ingrédients manquants pour le traitement de la reine.

***

***Point de vue de Feryumstark***

« Vous dites donc que Draejan Andrakaryus Doesya a fui Drakaria ? » demandai-je au dragon qui se tenait devant moi.

Il faisait partie d’un groupe chargé de surveiller Draejan, mais apparemment, il avait disparu depuis un mois. J’avais supposé qu’il se cachait de honte et n’y avait pas beaucoup réfléchi, mais Brekkar m’avait demandé d’examiner plus en profondeur cette disparition soudaine. Le résultat : une maison vide, une armée avec plus de la moitié de ses soldats disparus sous mon nez, deux armureries dépouillées de toute armure et arme, des pots-de-vin et des dragons chargés de mentir et de faire comme s’il était toujours là.

« C’est la conclusion à laquelle nous sommes arrivés, il n’y a pas encore d’explication sur la manière de procéder, mais nous supposons qu’ils auraient pu utiliser un sort de camouflage pendant la nuit, » avait-il déclaré.

« Pour des milliers de dragons ? » J’avais plissé les sourcils.

« Je le sais, Votre Majesté. Cela semble impossible, mais jusqu’à présent… il n’y a aucune preuve concrète de leur départ… il aurait autrement été impossible de ne pas remarquer autant de dragons, de fournitures, d’armes et d’armures déplacés dans les plaines. À moins que… ils puissent disparaître dans les airs ? » répondit le dragon.

« Hm… faites savoir aux seigneurs de toutes les terres que Draejan Andrakaryus Doesya est par la présente recherché pour de possibles actions de trahison contre le royaume d’Albeyater ! Je veux que lui et ses complices soient amenés VIVANTS devant moi ! » Je lui avais ordonné en utilisant un ton de voix fort et clair qui avait secoué le dragon au plus profond de lui.

« Compris, Votre Majesté ! » Il s’inclina puis partit rapidement.

À l’intérieur de cette pièce, il n’y avait que la garde royale et moi-même, alors je m’étais laissé penser aux choses à faire.

Le plus urgent et le plus important avait bien sûr été la disparition soudaine de mon petit-fils Draejan, aux côtés d’innombrables armures et armes appartenant à différents arsenaux, ainsi qu’une grande partie de l’armée de Brekkar. Il y avait suffisamment de dragons pour lancer une petite rébellion s’il le voulait, mais cela en soi serait plutôt stupide.

Contrairement aux pays humains où tout homme pouvait lever un drapeau et aller à l’encontre de ceux qui le contrôlaient, dans le pays dragons, cela aurait été une folie. La rébellion était déclarée gagnante ou perdante au moment où tous les éveillés supérieurs du pays en question avaient décidé de leur camp. Selon leur puissance cumulée, ils seraient littéralement des facteurs décisifs de cette bataille.

Cependant, un autre élément devait être pris en compte pour ce faire. C’était à propos de qui dirigeait ladite rébellion. Une dragonne serait digne de confiance et acceptée, mais un dragon… pas tellement.

Une preuve de ce fait était l’ancien royaume du dragon Zerudan dont Kataryna Georg était issue. L’histoire de celle-ci était complexe et pleine de décisions désagréables. C’était l’un des rares royaumes patriarcaux à cette époque, mais contrairement à l’actuel Albeyater ou même à un royaume humain normal, la façon dont ils traitaient les dragonnes et partageaient leur pouvoir avec eux était… déplorable. Ces dragons exerçaient un contrôle absolu sur tout, alors que le travail d’une dragonne consistait uniquement à être jolie et à gagner le droit de devenir l’une des nombreuses épouses d’un puissant dragon.

Déclarer que les dragonnes de Zerudan manquaient de ruse et d’intelligence face aux dragonnes d’Albeyater serait faux. Dans ce royaume, ces traits précieux étaient ignorés ou considérés par les dragons comme inexistants. En tant que tel, il était donc naturel que, tôt ou tard, des discordes internes aident à réduire la puissance de ce royaume. Fait intéressant, cela avait atteint cet état lorsqu’une rébellion organisée par un dragon avait vaincu et avait par la suite imposé son règne au travers des nombreux dragons puissants qu’il commandait.

Je voulais croire que mon petit-fils n’était pas assez stupide pour croire qu’il pourrait réussir là où les anciens Zerudaniens avaient échoué. Pourtant, au cours du mois dernier, on m’avait apporté preuve après preuve de sa trahison. Outre les nombreux objets volés et les dragons contraints de le suivre, il y avait un élément particulier de ce qu’Alkelios m’avait dit concernant l’homme qu’il avait rencontré dans le donjon de Pertiko.

Un humain pouvant se téléporter… pouvant disparaître d’un endroit et réapparaître à un autre. Cela ressemble beaucoup à ce qui est arrivé à ces soldats, avais-je pensé.

Si Draejan avait une telle personne sous son commandement, cela l’expliquerait, mais ce que je ne pouvais pas comprendre, et pour ça, j’espérais que ma femme trouve un indice. Comment exactement avait-il prévu de former une rébellion pour se soulever contre mon règne alors qu’il n’avait pas autant d’éveillés supérieurs ?

Bien que je ne puisse pas dire que je pouvais tous les appeler en même temps non plus… La majorité d’entre eux défendent les frontières, éloignant les humains, avais-je pensé.

Alors que mon esprit était concentré sur cette affaire, les portes de ma salle d’audience s’ouvrirent largement et Kataryna Georg entra. Elle s’était arrêtée devant mon trône, mais elle n’avait pas pris la peine de s’incliner devant moi. Elle avait accepté mon règne, mes ordres, mais cette dangereuse éveillée supérieure refusait de s’incliner devant moi comme il en était d’usage.

« Votre Majesté, un plaisir de vous voir en vie ! » déclara-t-elle avec un sourire.

« Effectivement. Un plaisir de vous rencontrer également, Lady Georg. » Répondis-je en plissant les yeux.

Nous étions tous les deux en train de nous fixer du regard, une lutte inoffensive entre nous deux.

J’avais perdu quand j’avais cligné des yeux.

« Alors, pourquoi m’avez-vous appelée ? » demanda-t-elle avec un sourire narquois.

Sa queue se balançait de gauche à droite, ravie d’avoir gagné.

« Ahem. Oui. Je voulais discuter avec vous d’une question de la plus haute importance. C’est à propos de Draejan, » dis-je.

« J’écoute. » Son sourire disparut et sa queue s’arrêta net.

« J’ai une raison de croire qu’il a peut-être décidé de s’opposer à la couronne. Puisque vous avez habité dans l’ancien Zerudan, je peux supposer que vous comprenez ce qu’une rébellion dirigée par un dragon pourrait provoquer si elle réussissait, » avais-je dit.

« Mais il n’a pas le pouvoir de le faire. La plupart des éveillés sont de votre côté, » avait-elle souligné.

« Oui, et je sais que mon petit-fils n’est pas un idiot. Par conséquent, je ne peux que supposer qu’il peut avoir une sorte de moyen de rééquilibrer, » avais-je répondu d’un signe de tête.

« Alliés ? » Demanda-t-elle.

« Justement, à ce stade, je ne peux pointer aucun du doigt à moins que je souhaite une guerre. » Dis-je.

« Je peux voir comment cette affaire délicate pourrait conduire à une guerre, mais je ne vois pas pourquoi vous me dites cela et pas à Alkelios, » demanda-t-elle en croisant les bras à sa poitrine.

« Le dragon profite actuellement de son temps avec sa fiancée, et tout cela n’est qu’une simple hypothèse pour le moment. Cependant, vous êtes une éveillée supérieure et quelqu’un qui a choisi de prendre parti pour ma fille, Elleyzabelle. En tant que tel, je crois que vous n’êtes pas du genre à aller du côté de Draejan. En fait, si quelqu’un le prétendait, je pense que vous le verriez comme une offense. Ai-je raison ? » Lui avais-je demandé.

« Oui tout à fait. » Elle acquiesça.

« À la lumière de cela, je voulais savoir si je pouvais compter sur vous pour contrecarrer tout projet insensé que mon petit-fils pourrait comploter. Il n’a pas encore bougé, mais s’il le fait, est-ce que vous me prêterez votre force ? » Lui demandai-je.

« Hm… seulement si à ce moment-là, vous allez en parler à Alkelios et à Elleyzabelle également, » m’avait-elle dit.

« Bien sûr, vous avez ma parole. Mais comme je l’ai dit, ceci est simplement une hypothèse. En tant que tel, je ne peux pas faire de déclaration officielle, mais je peux suggérer et informer un éveillé supérieur en qui j’ai confiance de ce que j’en pense. » Je lui avais dit ça et je savais qu’elle comprenait ce que je voulais dire.

« Alors, ce que vous dites, c’est qu’avant de déranger Alkelios avec cette affaire, vous souhaitez avoir une preuve plus sûre ? » demanda-t-elle.

« Précisément. » Je hochai la tête.

« Très bien, je vais y réfléchir et je vais aussi en parler à la princesse Elleyzabelle. » Elle hocha la tête.

« Très bien, vous avez mon approbation. » Je hochai la tête.

« Lorsque Votre Majesté trouvera un indice ou aura besoin de vous le procurer, je vous donnerai un coup de main, » déclara-t-elle avec un hochement de tête.

« Je vous remercie. J’apprécie votre aide, Lady Georg. » Lui ai-je dit.

« Ça a l’air amusant, alors pourquoi pas ? Passez une bonne journée, Votre Majesté ! » Elle sourit puis se retourna pour quitter la pièce.

« Bonne journée à vous aussi, Lady Georg. » Je laissais échapper un soupir.

Normalement, on attendrait que je déclare qu’ils peuvent partir avant de partir. Les éveillés supérieurs, cependant, n’étaient pas vraiment liés à ces formalités. C’est la raison pour laquelle j’avais mis davantage l’accent sur la création d’un lien de confiance que sur celui de subordonné. Informer Kataryna de cette situation avant tout le monde serait la clé pour la convaincre d’être une alliée.

Quant à mon petit-fils, Draejan, il ne me restait plus qu’à envoyer des éclaireurs dans tout le royaume dans l’espoir de le retrouver. Jusqu’à ce qu’il fasse le premier pas, je ne pouvais rien déclarer non plus. Tout au plus, je pouvais déclarer que tous ces soldats disparus n’étaient rien d’autre que des déserteurs et des voleurs, mais même cela était un peu délicat, car ils auraient aussi pu partir de leur propre chef en choisissant une autre carrière. Le fait que toutes ces armures et armes aient été volées par eux ou par un seul voleur sans lien avec elle n’avait pas encore été prouvé.

Donc, jusqu’à ce que Draejan agisse ou que ces objets soient retrouvés, je n’avais rien d’autre qu’une hypothèse. Il aurait été plutôt imprudent de ma part de faire une déclaration officielle sur cette base, d’autant plus qu’il y avait encore une petite chance que je me trompe.

***

Chapitre 62 : Combat d’exhibition

Partie 1

***Point de vue d’Alkelios***

Cela fait plus d’un mois depuis ma cérémonie de mariage avec Seryanna, et Drakaria se préparait pour le début du grand tournoi de la force et de l’honneur, lancé par Draejan et réorganisé par la reine Elliessara. Mes amis et moi ne nous en sortions pas vraiment. Nous avions tous des problèmes plus importants à gérer. En plus, on m’avait déjà dit que je n’y participerais pas. J’étais beaucoup trop fort pour les candidats possibles et les faire se battre contre moi serait complètement injuste pour eux. Mais cela ne voulait pas dire que je ne devais pas y participer. Il allait y avoir un match d’exhibition pour commencer le tournoi, à travers lequel la reine espérait éveiller les esprits de ceux qui regardaient et qui participaient.

Au cours de ce mois, j’avais eu le plaisir d’en apprendre davantage sur ce monde et sur Drakaria même. À présent, beaucoup de personnes connaissaient mon existence. J’étais le nouveau Duc qui était un éveillé supérieur et aussi le petit-fils du général Brekkar Draketerus. M’appeler duc Draketerus n’était pas faux, mais la plupart préféraient m’appeler duc Yatagai.

Pour être honnête, j’avais le sentiment que tous les dragons et dragonnes nobles n’étaient pas satisfaits de mon nouveau rang. Quelques-uns me méprisaient ou évitaient de me parler tout court. Ils n’osaient pas me harceler, mais je n’étais pas du genre à garder de telles choses secrètes. Quand j’avais interrogé Seryanna, elle avait affirmé qu’il était impossible de ne pas rencontrer des imbéciles qui ne savaient pas où ils se trouvaient ni quelle était la différence entre nous et eux.

Il y avait aussi ceux croyant avoir plus d’autorité qu’ils n’avaient. En ce qui concerne ce type particulier, Kataryna m’avait raconté quelques histoires sur la façon dont certaines dragonnes avaient tenté de la corrompre ou de la soumettre avec des « mots ». La dragonne argentée avait apparemment dépouillé ces dragonnes de leurs vêtements et les avait jetées dans la rivière de l’écaille dorée, passant le long de Drakaria. En dépit du fait que le roi l’ait grondé, il ne lui avait pas fait grand-chose. La dragonne était un atout bien plus important que ces nobles qui essayaient de la gêner.

Malgré tous ces incidents, le nombre de personnes qui tentaient de mettre leurs mains sur moi, Seryanna ou Kataryna n’avait pas diminué. Chaque fois qu’un imbécile était réduit au silence, un autre semblait prendre sa place, mais ce qui avait changé était leur approche. Être nus dans la rivière ne figurait pas sur leur liste de priorités.

Kléo et Iolaus avaient tous deux poursuivi leur formation sous Kataryna et Brekkar respectivement. Je devais admettre qu’ils gagnaient rapidement en force. Il ne serait pas surprenant que dans quelques années, ils atteignent eux aussi l’éveil supérieur.

Imaginer que cette farceuse de dragonne noire devienne aussi puissante que Brekkar ou Kataryna me fît frissonner.

Au cours de ce mois, j’avais également eu le plaisir de rencontrer brièvement une amie de Seryanna, la forgeronne Dregarya Gorrashy. Apparemment, elle faisait partie des personnes qui avaient assisté au moment de mon ascension vers la noblesse, ainsi que celles qui avaient une place au premier rang lors de la cérémonie de mon mariage. Je devais penser très fort pour me souvenir d’elle, mais elle était bel et bien là, parmi tous ces dragons et dragonnes.

À ce moment maladroit, elle déclara que je ne me souvenais probablement pas d’elle parce qu’elle portait une robe et qu’elle détestait cela, mais Seryanna la lui fit porter. Apparemment, elle n’était pas consciente du fait qu’aller à un événement aussi important couvert de suie et porter un tablier de forgeron était considérée comme impoli.

Malheureusement, nous l’avons attrapée alors qu’elle était en train de préparer ses sacs. Elle devait se rendre dans une heure environ à la frontière occidentale, où elle rencontrerait le Premier Prince Charmeill et réparerait son armure.

En dépit du fait qu’elle devait bientôt partir, la dragonne n’avait pas encore fini de préparer ses sacs et elle était toujours couverte de suie. Seryanna, un peu en colère, la traîna par la queue vers les salles de bain. Après son retour, j’avais finalement découvert la couleur de Dregarya qui n’était pas noire, mais blanche et que ses cheveux étaient argentés avec une mèche bleue royale.

Seryanna l’avait ensuite aidée à faire ses valises, pendant que je discutais un peu avec elle. Ma femme avait interdit à son amie d’entrer dans sa forge et m’avait chargé de m’assurer qu’elle n’essayait pas de s’y faufiler. C’était un peu plus dur que je ne l’aurais imaginé, elle était comme une petite fille qui voulait récupérer son jouet préféré. Elle s’était finalement calmée quand je lui avais dit que j’avais fabriqué ma propre armure. À ce moment-là, ses yeux brillèrent et le reste de notre conversation se tourna vers une description détaillée des angles pour marteler une plaque d’armure. La plupart du temps j’étais d’accord avec elle.

Dans l’ensemble, c’était une période calme. Une fois cette « lune de miel » terminée, je devais commencer à me procurer les ingrédients nécessaires à la guérison de la reine et, parallèlement, faire des recherches sur l’histoire de ce monde. Je voulais savoir ce que je pourrais trouver au-delà des frontières d’Albeyater. Je voulais voir une carte du monde si je le pouvais, et avec mes nouveaux amis et mon autorité en tant que duc, je n’avais aucune raison de ne pas en trouver.

Cependant, je devais passer par un dernier petit… événement.

Le premier jour du grand tournoi de la force et de l’honneur, de nombreux dragons et dragonnes s’étaient rassemblés de tout le royaume. Drakaria elle-même n’avait jamais eu d’arène pour de tels événements. Draejan avait prévu d’acheter plusieurs bâtiments dans la zone des aventuriers et de les démolir pour construire un impressionnant Colisée. Grâce à moi, cependant, ce plan s’était arrêté, alors la reine avait changé les détails.

Utilisant son autorité de reine d’Albeyater, elle avait ordonné aux soldats de se rendre dans le bidonville et d’en démolir une partie. Les familles qui y vivaient s’étaient vu proposer une autre maison dans la zone des travailleurs. Ceux étant en conflit avec la loi avaient été arrêtés. Au cours de ce mois, elle avait balayé complètement les bidonvilles et avait enfermé ceux qui avaient été reconnus coupables en aidant les autres à se réinstaller ou à reprendre leurs vies. Elle voulait éliminer les bidonvilles de manière à aider tous les dragons qui y vivent plutôt que de les soumettre de force.

L’arène construite à cet endroit n’était pas destinée à être grande et luxueuse, mais très robuste et efficace. Elle était assez grande pour tous les concurrents, un peu plus de 100 par 100 mètres avec une hauteur de trois mètres au-dessus du sol et quatre en dessous. La chose était faite de pierre solide et enchantée pour survivre à de puissantes attaques magiques.

Le public était placé derrière trois barrières, mais la noblesse et les membres de la royauté avaient des sièges spéciaux. Pour le roi et la reine, ils avaient pratiquement construit une tour avec un balcon d’où ils pourraient profiter des combats. Pendant ce temps, les nobles avaient des plates-formes en bois plus petits placées à gauche et à droite de cette tour. Leurs familles et leurs invités avaient réservé des bancs, mais la haute noblesse était séparée de la petite noblesse par un mur.

Les seuls qui devaient se lever pour regarder le combat étaient les roturiers. Pour eux, une plate-forme à trois niveaux avait été construite, ce qui avait entouré le reste de l’arène. Il était grand et pouvait facilement contenir entre 500 et 1000 personnes, mais cela ne signifiait pas pour autant qu’il n’y avait pas d’autres options. Ceux qui avaient des ailes pouvaient voler pour regarder la bataille du ciel. S’ils connaissaient une magie d’espionnage, ils pourraient également l’utiliser pour mieux voir.

Comme tout le tournoi allait accueillir un nombre décent de spectateurs, la reine avait ordonné à un certain nombre de soldats de patrouiller dans la zone et d’agir en tant que gardes contre ceux souhaitant voler des personnes sans méfiance.

« Dragons et Dragonnes ! Bienvenue au grand tournoi de la force et de l’honneur organisé par Sa Majesté la reine Elliessara Seyendraugher ! » avait déclaré l’annonceur à l’aide d’un sort qui lui permettait de se faire entendre dans les environs.

D’innombrables acclamations avaient été entendues, montrant l’excitation des spectateurs.

L’annonceur avait attendu qu’ils s’installent un peu avant de continuer. « Nous allons commencer cet événement glorieux par un combat amical d’exhibition entre notre roi, Feryumstark Seyendraugher et le duc Yatagai ! Les règles sont simples : si vous sortez du ring, vous perdez ! Si vous êtes assommé, vous perdez ! L’utilisation de tout ce qui est autre que les armes et armures fournies par les organisateurs de ce tournoi est interdite ! L’utilisation de potions ou de sorts d’amplification lancés par d’autres dragons est interdite ! Bien sûr, le fait de tuer votre adversaire est également interdit ! Maintenant, souhaitons bonne chance à ces deux concurrents et que leur match commence ! »

C’était une brève explication avec les règles de notre combat. Il n’était pas nécessaire d’expliquer comment tout le tournoi allait se dérouler. C’était une information pour les participants même, pas à nous deux qui étions juste ici pour donner à ces personnes un spectacle d’ouverture.

En effet, ce que j’avais besoin de savoir, c’était ce qu’il ne fallait pas faire pour perdre.

Alors que l’annonceur finissait, j’étais entré sur le terrain. De l’autre côté se trouvait le roi, avec un grand sourire.

Donc, c’était la raison pour laquelle ce vieux lézard était si excité à propos du match… j’ai trouvé ça étrange que personne ne me dise qui était mon adversaire. Essayer de persuader Seryanna ne marchait pas non plus…, pensais-je en étirant un peu mes bras.

« Comment te sens-tu, jeunot ? » demanda Feryumstark.

« Un peu inquiet… et si je vous blessais ? » répondis-je en dégainant mon épée.

« Alors, essaye ! Viens sur moi de toutes tes forces ! » répondit-il en écartant les bras et en me faisant un grand sourire.

« Heureusement que je suis celui ayant enchanté nos équipements, » déclarai-je avec un sourire narquois.

Le premier à attaquer était… moi.

***

***Point de vue de Kataryna***

Pour ce tournoi, je devais être la garde du corps de Sa Majesté avec Brekkar. Seryanna se tenait à côté de la princesse Elleyzabelle, et je pouvais dire que toutes les deux étaient impatientes de voir ce combat entre Alkelios et le roi. Derrière nous se trouvait une petite armée de gardes royaux cachée dans la tour. Un bon nombre d’entre eux étaient également dans la foule, juste pour être sûr que personne n’essaye un quelconque mouvement sur la famille royale. Avec moi ici, cependant, je doutais que quiconque puisse faire quoi que ce soit, et Seryanna n’était pas non plus quelqu’un à ignorer.

« Est-ce que ça a été difficile de garder secret son adversaire ? » m’avait demandé Sa Majesté.

Avec un signe de tête, j’ai répondu : « Oui. Seryanna en particulier a eu beaucoup de mal avec lui. »

« Alkelios a essayé par divers moyens de me pousser à le lui dire, mais j’ai gardé les lèvres scellées… même si, je dois avouer que j’ai appréciée certaines choses qu’il a essayées, » rigola Seryanna.

« Vraiment ? Vous avez toutes deux bien fait alors. Mon mari ne pouvait pas attendre ce combat. Il voulait que ce soit une surprise pour Alkelios, » déclara-t-elle.

« Je suis sûre que ça l’était. » Je hochai la tête.

« Tout le monde, ils commencent, » déclara Elleyzabelle.

En tournant mon regard vers l’arène, je vis Alkelios dégainer son épée et prendre position. Le roi, cependant, étendit ses bras comme s’il voulait le serrer, mais la vérité était qu’il ne présentait aucune ouverture. C’était un dragon puissant, en fait, assez effrayant même.

Je me demande si Alkelios peut gagner? Me demandai-je.

Le premier à bouger était le demi-humain. Pour les dragons normaux, on aurait pu croire qu’il avait disparu un instant, mais il ne pouvait pas tromper mes yeux. Sa vitesse, cependant, était ridicule… le roi bloqua l’attaque avec sa propre épée au dernier moment.

Cette attaque avait créé une onde de choc qui avait soulevé la poussière et secoué l’arène. Chaque murmure et chaque son avait disparu du public. Les deux combattants avaient attiré leur attention dans un étonnant déploiement de puissance, mais ce n’était que le premier mouvement.

Alkelios sauta en arrière et tira une boule de feu dans la direction du roi, mais le vieux lézard la coupa en deux puis lança une pique de glace vers Alkelios. Utilisant le vent, il se poussa vers la gauche et évita le dangereux projectile. Ces deux attaques avaient eu lieu en une fraction de seconde.

Avec un grand sourire, le roi se précipita vers Alkelios et tenta de l’attaquer en utilisant une compétence d’épée. Quand il se déchaîna, d’innombrables frappes furent lancées, mais son adversaire avait réussi à en éviter la plupart, tandis que les autres effleuraient seulement son armure. Alkelios se poussa à gauche avec une rafale de boule de feu sur son adversaire, l’obligeant à les esquiver. Mais le roi n’était pas du genre à reculer. Tout comme lui, il s’était poussé en avant avec un vent violent et avait avancé sa main gauche afin de faire une série de piques de glace. Alkelios avait riposté avec un bouclier de feu, puis avait craché un souffle de feu à travers son bouclier, faisant fondre la magie de son adversaire et le forçant à créer un bouclier de glace.

Pendant tout ce temps, ils étaient dans les airs non pas avec leurs ailes, mais avec de la magie du vent appelé Rafale, qui avait pour seul but de créer un vent puissant qui soufflait le lanceur dans une direction choisie. Si utilisé au sol, il pourrait repousser un ennemi, mais s’il était utilisé dans les airs, il permettrait à l’utilisateur de bouger, cependant, cela nécessitait de la pratique.

Alkelios avait atterri sur le côté gauche de l’arène, tandis que le roi était de l’autre côté. Tous deux avaient montré une capacité de combat redoutable et n’avaient même pas encore pris leur forme hybride.

« Des pointes de glace ? Vraiment ? » Demanda Alkelios en plissant ses sourcils.

« Eh bien, c’est toi qui as commencé avec une boule de feu ! » Répondit le roi avec un sourire.

« Alors je devrais jouer un peu plus. » Dit-il.

« De même. » Répondit l’autre.

Les deux se regardèrent, mais je pouvais dire qu’ils s’amusaient avec ce combat. Ils étaient tous deux de bon adversaire pour l’autre, qui ne perdait pas après quelques coups. Rétrospectivement, Draejan n’était qu’une mouche comparée à eux.

***

Partie 2

Ils s’étaient lancés l’un contre l’autre. Leurs épées s’étaient entrechoquées dans l’air, mais à cause de la puissance qu’elle contenait, les lames s’étaient fissurées et brisées en mille morceaux. L’impact avait provoqué la formation d’une onde de choc qui s’était étendue vers les barrières entourant l’arène. La première se brisa et les autres tremblèrent. Certains nobles et spectateurs étaient trop abasourdis pour réagir, mais plusieurs dragons avaient alors commencé à ériger de nouvelles barrières autour de l’arène. Ils en avaient même ajouté une quatrième et une cinquième, mais quelque chose m’avait dit qu’ils ne seraient pas suffisants si ces deux-là se déchaînaient.

Alkelios jeta l’épée cassée. Le roi fit de même, mais ne recula pas. Sautant l’un vers l’autre, ils se livrèrent un combat acharné au corps à corps. La vitesse de leurs coups était assez rapide pour même me causer des problèmes à la compréhension, pourtant les deux se battaient et ne semblaient pas regarder où et comment leur adversaire allait frapper.

Coup de poing, bloc, parade, coup de pied, pied gauche frappé, haut du torse touché, leurs frappes semblaient interminables et assez précises. Chaque coup envoyait de puissantes ondes de choc qui soulevaient la poussière et provoquaient des tremblements et l’apparition de fissures sur les barrières. S’il frappait une barrière directement, elle serait complètement brisée.

Néanmoins, si j’avais du mal à suivre leur combat, je ne pouvais pas imaginer pour des spectateurs normaux. Ils ne voyaient probablement que des ombres et des images rémanentes. Même le son de leurs coups arrivait après, ce qui signifiait qu’il frappait plus rapidement que la vitesse du son.

Les regarder se battre m’avait donné des frissons et je savais que c’était pareil pour tout le monde. Tout comme Sa Majesté et la princesse, Brekkar et Seryanna étaient concentrés sur le combat. Cela ne voulait pas dire que nous ne gardions pas un œil sur d’autres menaces.

Alkelios brisa le rythme de la bataille et se couvrit la jambe gauche de foudre. Il donna un coup de pied. Le roi bloqua le coup, mais il reçut le choc. Ce n’était pas suffisant pour le repousser. Avec un sourire aux lèvres, il couvrit sa main droite de feu et la gauche de glace et commença un barrage de coups visant Alkelios. À l’aide des mêmes éléments, Alkelios avait bloqué chaque coup et lancé une contre-attaque.

Le roi attrapa les poignets de son adversaire puis le frappa à la tête. Le coup était efficace et ressemblait à du tonnerre. Alkelios répliqua avec un coup de genou dans les côtes du roi, fissurant l’armure. Les deux avaient ensuite utilisé un souffle de feu en même temps. Leurs corps étaient couverts de flammes et se repoussèrent, atterrissant de l’autre côté de l’arène.

Dès qu’il s’était relevé, Alkelios avait créé 10 murs de pierre devant lui. Le roi avait frappé le premier mur et en avait détruit la moitié, tandis que le reste était fissuré. Alkelios avait lancé un grand nombre de piques de terre du sol vers le roi, qui les avait bloqués ou esquivés. En voyant cela, Alkelios vola à sa gauche avec une rafale et lança un éclair en direction du roi, qu’il esquiva en fonçant sur Alkelios. Au dernier moment, il arrêta son sort et sauta en arrière. C’est à ce moment-là que le roi lui avait sauté dessus et avait frappé à l’endroit où il se trouvait un moment plus tôt.

À la suite de cette puissante attaque, l’arène entière était couverte de fissure et quelques morceaux tombaient au sol. Un cratère avait été formé à l’endroit où le roi avait frappé, mais la bataille était loin d’être terminée.

Les deux individus avaient immédiatement commencé une nouvelle vague d’attaques. Ils semblaient tous deux égaux et, alors qu’ils auraient pu utiliser beaucoup d’autres sorts, si un seul d’entre eux devenait incontrôlable, les dégâts causés autour auraient été considérables. Jusqu’à présent, tout ce qu’ils utilisaient pouvait être annulé au dernier moment. En fait, tous leurs pics de glace et leur boule de feu qui volaient à l’extérieur de l’arène étaient immédiatement annulés. Les attaques de glace fondaient, alors que les boules de feu s’éteignaient avant d’atteindre les barrières. Pourtant, avoir un tel contrôle sur ces sorts était tout simplement incroyable.

Cela me faisait peur d’imaginer ce que pourrait devenir Alkelios s’il continuait à s’améliorer à ce rythme pendant plusieurs années, voire des décennies. Conquérir le monde ne serait peut-être pas un exploit impossible, mais encore une fois… et si TOUS les héros de son monde étaient aussi puissants ?

Un frisson me parcourut la colonne vertébrale rien que d’y penser.

Ce combat avait attiré l’attention des spectateurs. C’était si intense, si puissant que vous auriez l’impression que vous ratiez beaucoup simplement en clignant les yeux.

Puis, lorsque la bataille donna l’impression qu’elle n’allait jamais finir… ou plus exactement lorsque tout le monde avait perdu la notion du temps, le roi fit un geste inattendu.

Pour la première fois depuis le début de ce combat, il avait utilisé sa queue pour frapper Alkelios. En conséquence, il n’avait pas pu esquiver ou bloquer à temps. Alkelios avait reçu le coup de grâce et avait été envoyé dans l’arène. Le roi ne manqua pas cette occasion et, tout en chargeant de la magie de glace dans sa main droite, il attaqua.

Et juste comme ça… c’était fini…

Alkelios avait perdu.

Le roi tenait une épée de glace au niveau de son cou.

Poussant un soupir, Alkelios leva les mains et la foule fit du bruit, félicitant le roi et montrant simplement leur excitation après avoir été témoin de ce merveilleux combat.

« Hahaha ! C’était un match magnifique ! » Déclara le roi.

« En effet, ça l’était. » Alkelios se leva et acquiesça, s’inclinant devant le vainqueur.

Feryumstark était heureux, montrant son sourire à la foule, mais il y avait quelqu’un à côté de moi qui n’étais pas de cette humeur…

« Feryumstark Seyendraugher et Alkelios Yatagai Draketerus ! » Cria la reine.

Ils se figèrent tous deux à leur endroit et avec un lent mouvement, ils tournèrent leur attention vers Sa Majesté.

Elle était debout et un de ses yeux tremblait.

Oulà, elle est en colère, avais-je pensé en reculant d’un pas.

« Bien que j’apprécie votre bataille impressionnante, vous deux, vous n’aviez pas à détruire mon arène ! » Leur cria-t-elle.

En regardant autour, tout l’endroit était détruit. L’arène elle-même avait été endommagée au point de ne pouvoir être réparée, elle tenait à peine en raison de l’enchantement qui y était. Techniquement, aucune des barrières n’avait survécu et la plupart des nobles avaient été évacués depuis longtemps vers un lieu plus « sûr ». La fureur et la puissance affichées dépassaient de loin ce qu’ils avaient imaginé et, une fois de plus, ils comprirent tous pourquoi Feryumstark Seyendraugher était le roi.

« Oups ? » Le puissant dragon faisait un sourire ironique.

Et à ce stade, quelques parties de son armure avaient volé en éclat. Celle d’Alkelios tenait encore à peine. Mais il est à noter que ni l’une ni l’autre n’était simple à briser. Quand je les avais vus pour la première fois, je pouvais confirmer qu’une personne ayant une puissance supérieure à 900 pourrait à peine la rayer. C’était bien fait, un chef-d’œuvre en quelque sorte, mais c’était quand même inutile devant leurs attaques.

« Ne dis pas oups, Feryumstark Seyendraugher ! Tu as brisé l’arène, tu vas la réparer ! Toi aussi, Alkelios ! » Déclara la reine d’un ton menaçant.

« Oui, ma chérie. » Répondit le roi en baissant la tête.

« Je comprends, Votre Majesté. » Dit Alkelios en s’inclinant.

Et maintenant tout le monde savait qui gouvernait le pays.

« Bien ! Pour ce match, je déclare Feryumstark Seyendraugher vainqueur et le grand tournoi de la force et de l’honneur peut commencer ! Dès que ces deux-là auront réparé l’arène..., » déclara la reine.

Toute la foule avait applaudi, tandis qu’Alkelios et Sa Majesté, le roi, commençaient à travailler. Considérant les choses, il ne faudrait pas longtemps pour que tout soit remis en état. Leur puissance magique leur permettrait d’aller vite.

Cependant, je devais admettre… que la bataille était impressionnante, mais je me demandais encore à quoi ressemblait Alkelios quand il était à pleine puissance contre quelqu’un.

À quel point est-il puissant ? Me demandai-je.

***

***Participant au tournoi***

En tant qu’aventurier, le grand tournoi de la force et de l’honneur pouvait me permettre de trouver un emploi stable. D’où je venais, j’étais considéré comme l’un des six plus fort. J’avais confiance en ma propre force et j’avais l’impression de bien me débrouiller avec la magie.

Dans mon esprit, tout ce tournoi allait être un jeu d’enfant. J’allais sûrement devenir l’un des plus forts de tout le royaume d’Albeyater. C’était un rêve que j’avais depuis que j’étais enfant, et dans ma tête, j’avais toujours pensé que les récits de ceux ayant atteint l’éveil supérieur étaient exagérés. J’espérais donc que le roi soit appelé sur le terrain pour prouver mon idée.

Ce que j’avais vu avait toutefois brisé mon sens commun. Ces deux-là étaient des monstres. Chaque coup était assez puissant pour me faire craindre pour ma vie même en étant loin d’eux. Chaque fois qu’ils jetaient un sort, je ne pouvais que penser au temps qu’il me fallait pour le chanter, mais ils le faisaient plus vite que je ne pouvais cligner des yeux. Je pensais que mes sorts étaient puissants, mais les leurs avaient détruit cette idée.

Monstres ? Non, il était plus facile de dire que deux demi-dieux se battaient en duel. La puissance qu’ils avaient démontrée m’avait donné des frissons.

Quand ils avaient brisé ces armes d’apparence coûteuse, j’avais regardé mon humble épée et j’avais eu l’impression que la lame s’enfuyait, me laissant seul avec la garde. J’avais même vérifié sa présence pour m’en assurer.

Quand l’arène s’était fissurée, j’avais eu le souffle coupé.

Je ne pouvais pas imaginer la puissance que le roi devait avoir pour accomplir une telle chose. Même si un million de dragons comme moi l’attaquaient, ils seraient tous éliminés sans trop de difficultés. Pour l’une ou l’autre de ces personnes, cela aurait été comme des mouches.

Puis la bataille s’était terminée, je ne comprenais toujours pas ce qui s’était passé, mais en un instant, ils se retrouvèrent tous les deux dans le ciel, puis au sol. C’était trop rapide pour moi.

« C’est une blague, n’est-ce pas… ? » déclara quelqu’un.

Nous étions tous des candidats pour ce tournoi. Nous nous considérions tous comme étant les plus forts, mais lorsque nous nous comparions au duc Yatagai et à Sa Majesté le roi Feryumstark, nous n’étions que des fourmis… nous étions faibles.

« Alors… on peut devenir aussi fort ? » déclara l’un de nous longtemps après la fin de la bataille.

Nous étions tous encore sous le choc de ce que nous avions vu, mais ces mots m’avaient touché profondément.

Même moi je peux devenir comme ça ? Non… ai-je plus à apprendre ? avais-je pensé.

Étonnamment, je n’y avais jamais pensé de cette façon. Je n’avais jamais cru qu’il y en avait plus parce que j’avais toujours pensé que plus de force et plus de pouvoir n’étaient que de mauvaise rumeur.

Mais il y en avait parmi nous qui ne pouvaient l’accepter.

À la fin, nous avions été séparés entre ceux qui voyaient le roi comme un monstre plus puissant que de simples dragons et ceux qui le voyaient comme un but à atteindre. Il y avait ceux qui ressentaient un frisson d’excitation. Après tout, cela nous avait été montré et prouvé que notre potentiel n’avait pas encore atteint sa limite… nous pouvions devenir plus forts.

Je peux devenir plus fort ! pensais-je en serrant le poing.

Peu importe que je gagne ou perde ce tournoi, je voulais devenir plus fort et devenir meilleur. Le roi et le duc Alkelios m’avaient montré que ce n’était pas impossible, et ce dernier n’était qu’un demi-dragon d’après les rumeurs.

Si un demi-dragon peut le faire, alors, pourquoi par un dragon complet ?

***

Chapitre 63 : Tentative d’assassinat

***Point de vue de Seryanna***

Deux mois s’étaient écoulés depuis mon mariage avec Alkelios, et en tant que chevalière au service de la Troisième Princesse Elleyzabelle Seyendraugher, j’avais la responsabilité de me tenir à ses côtés, prête à obéir à ses ordres et à participer au combat si elle me l’ordonnait. En même temps, je devais la protéger et la garder en sécurité. Mon devoir consistait également à patrouiller dans Drakaria ou dans des établissements et y maintenir l’ordre. Il était impératif pour moi de suivre mon entraînement et, si nécessaire, j’avais l’obligation de prendre un écuyer et de lui donner la formation de base des chevaliers avant qu’il s’engage lui-même à être loyal envers la couronne et à devenir un respectable chevalier.

Comme jusqu’à récemment, j’avais le statut de non éveillé, j’étais seulement chargée de veiller à la sécurité de la princesse et de patrouiller ici et là. Aucun dragon éveillé ne m’écouterait et ne me respecterait, donc je n’étais pas pressée avec cela. Même après mon éveil, je n’étais toujours pas pressée, car j’avais demandé à Son Altesse le temps de m’habituer à ce statut et d’apprendre comment devenir une meilleure chevalière.

La vérité était autre, cependant, nous ne savions pas à qui faire confiance. Le problème avec Draejan à cette époque était un problème sérieux qui devait être réglé avant que nous développions l’influence de la princesse. Puis, après la disparition de cet agaçant dragon, l’affaire de mon mariage avait surgi, ce qui m’avait laissé quelques mois de marge de manœuvre.

Avoir un écuyer n’était pas obligatoire, mais il y avait une certaine pression politique parce que certains voyaient cela comme une faiblesse ou une sorte d’opportunité. Avec Kataryna et Alkelios qui servait également Son Altesse, ceux qui savaient ne penseraient jamais cela. À l’heure actuelle, la Troisième Princesse Elleyzabelle était la seule de la royauté, à part le roi et la reine, avec deux éveillés supérieure à son service. Cela avait un poids suffisant sur le plan politique.

Ainsi, j’avais beaucoup plus de temps libre que d’autres chevaliers. J’avais donc passé chaque moment avec Alkelios ou mes amis. Depuis que Dregarya était partie au front pour réparer l’armure et l’équipement du prince héritier, je m’étais retrouvée à me promener tranquillement dans la capitale ou à me rendre à l’auberge de Brekkar pour jouer avec le petit Askanti. Le petit dragon était assez mignon pour faire fondre mon cœur, et plus je passais de temps avec lui, plus je pensais à en avoir un.

L’idée n’était pas nouvelle, elle était apparue dans ma tête et lors des discussions sur l’oreiller avec Alkelios. Ce sujet avait également été évoqué par mes amis et connaissances lorsque nous discutions, en particulier depuis que j’étais une éveillée et que je sois mariée. Cependant, nous avions tous deux l’impression que ce n’était pas encore le moment d’avoir un enfant. Nous n’étions pas si pressés.

Aujourd’hui était également l’un de ces jours où j’allais rendre visite à Collentra et Bayuk à l’auberge de Brekkar, mais je n’étais pas restée trop longtemps. Deux de leurs servantes étaient déjà en train de gâter le petit Askanti, ainsi je m’étais remise à le regarder seulement de loin. Après deux chopes de bière, j’avais quitté l’auberge et décidai de me dégourdir un peu mes ailes.

Je m’étais envolée et après avoir passé les gardes aériens, je m’étais dirigée vers la rivière. Grâce à une certaine dragonne argentée et à un certain mari, ces dragons et ces dragonnes avaient eu quelques difficultés avec leurs patrouilles. De temps en temps, ils voyaient quelqu’un venir, puis partir avec une vitesse folle qu’ils ne pouvaient pas suivre.

La première fois que cet incident s’était produit, cela avait provoqué beaucoup de paniques et de fausses informations à leur sujet. Les conversations d’espions et autres se propagèrent comme une traînée de poudre, mais après avoir appris à faire les distinctions entre les deux, ils ne se donnèrent même plus la peine d’essayer de les pourchasser. Néanmoins, il y avait un point positif à cela. Grâce aux problèmes qu’ils avaient causés, les gardes aériens étaient devenus plus vigilants et concentrés sur leur travail. De l’un des postes les plus calmes, que de nombreux gardes fainéants souhaitaient avoir, c’était devenu un poste exigeant une discipline stricte. Ce n’était pas un poste pour n’importe quel dragon éveillé.

Il était également devenu obligatoire pour tout dragon qui s’envolait de signaler ses intentions aux gardes afin de ne pas être attaqués par eux par accident. Le moins que l’on puisse dire, Alkelios et Kataryna étaient complètement inconscients de cette règle. Ils allaient et venaient à leur guise sans se soucier de prévenir qui que ce soit.

Après avoir atteint la rivière, j’avais atterri sur sa rive droite et commencé à me promener. Venir ici me calmait souvent et cela me rappelait ce que Kataryna m’avait dit cette nuit-là. Mon mari aussi aimait un peu cet endroit, car c’était aussi ici où elle l’avait aidé à réaliser ses propres erreurs et à trouver le courage d’aller sur le chemin qu’il souhaitait.

Sans Kataryna, nous n’aurions jamais fini ensemble. Depuis qu’elle était apparue devant nous, de gré ou de force, elle nous avait fait comprendre à quel point nous nous aimions. La dragonne argentée était manipulatrice, notre professeur, notre rivale et notre amie. C’était l’une des plus merveilleuses dragonnes que j’avais eu le plaisir de rencontrer même si notre première rencontre avait eu lieu au bout d’une lame. C’est pourquoi, au fond de moi, je n’avais aucun problème à ce qu’elle devienne la seconde femme d’Alkelios. C’est juste que je ne voulais pas lui dire que la polygamie était plus ou moins acceptée dans Albeyater pour les nobles. Pour ce qui est de la polyandrie, on savait très bien qu’une forte dragonne aurait plusieurs dragons autour d’elle. Bien que, autant que je sache, ma famille et celle du roi soient monogames et peut-être par pure chance, Alkelios n’avait pas eu la chance de dialoguer avec ceux qui pratiquaient la polygamie et la polyandrie.

Poussant un soupir, je m’étais arrêtée à un terrain dégagé et m’étais allongée sur le sol. Le son de l’eau qui coulait me mettait dans une humeur sereine et un petit sourire était apparu sur mes lèvres.

Alors que je me tenais ici comme cela, je m’étais souvenue du jour de mon mariage, plus précisément du moment où mon grand-père était arrivé avec Sa Majesté le roi.

J’attendais à l’intérieur du côté gauche de l’entrée du temple, comme le voulait la coutume. C’est d’ici que je devais commencer ma marche vers l’autel. Normalement, c’était mon père qui aurait dû me prendre la main et me guider, mais compte tenu de ma situation actuelle, mon grand-père avait assumé ce rôle.

Le vieux dragon éclata en sanglots quand il me vit, effrayant le roi, qui crut un instant qu’il avait marché sur la queue du vieux dragon. Tandis que Sa Majesté allait s’asseoir à côté de son épouse, la reine, mon grand-père m’avait dit que me voir ainsi n’aurait pu le rendre plus heureux et fier.

Secrètement, je lui avais demandé s’il croyait que je trahissais notre famille pour avoir épousé un humain né et élevé en tant qu’humain, mais face à cela, il avait secoué la tête et m’avait dit les mots suivants, dont je me souviendrais toujours et que je garderais dans mon cœur.

« Alkelios est l’un des dragons les plus courageux, les plus honorables et les plus honnêtes que j’ai jamais rencontrés ! Et je suis certain que tes parents, bénis soient leurs âmes, seraient d’accord avec moi. Ta grand-mère aussi, elle aurait adoré te voir dans cette robe et peut-être la changer ici et là à sa guise. Sendra était une vieille dragonne obstinée. Je suis vraiment fier de toi, Seryanna… tu t’en es bien tirée, et je ne peux que souhaiter que tu vives une vie merveilleuse aux côtés de ton compagnon choisi. » Il avait parlé avec les larmes aux yeux.

À la fin, il s’inclina devant moi.

Lorsque l’heure de commencer la cérémonie avait été annoncée par la chorale, mon grand-père m’avait pris la main et m’avait accompagnée jusqu’à l’autel. Là, il fit une prière à Drakartus.

Rares ont été les moments où j’avais vu mon grand-père verser de telles larmes honnêtes. Je me sentais comme si un poids avait été enlevé de mes épaules et je pouvais mieux respirer. Savoir que j’avais le soutien de ma famille était un sentiment agréable que je chérissais.

Puis vint le moment de la fête et grand-père envoya Alkelios voler à l’extérieur de Drakaria. Tous nos invités avaient ouvert en grand les yeux devant la scène.

« Tu as raté le mur, vieux fou ! » Fit remarquer Sa Majesté.

« Oups ! Meh, il survivra. » Le dragon haussa les épaules et éclata de rire.

« Devrais-je le poursuivre ? » lui demandai-je.

« Pas besoin. J’ai envoyé un ordre officiel pour lui permettre d’entrer dans la capitale sans avoir à rester en ligne ou payer les frais. » Sa Majesté m’avait rassurée.

Avec un sourire ironique, j’étais retournée à la fête. Mon mari n’avait pas tardé à se montrer au palais. À son retour, Alkelios avait été félicité par tout le monde, puis il avait exprimé comment il se sentait maintenant qu’il était un demi-dragon et mon mari.

« Alors un discours, hein ? » Il poussa un soupir puis regarda son auditoire. « Quand je suis arrivé sur ce continent, j’ai eu le grand plaisir de rencontrer Seryanna. Malheureusement, à cette époque, je fuyais un chien géant et j’étais beaucoup plus faible que maintenant. Et laissez-moi vous dire que la forêt Seculiar fourmille de danger à chaque pas ! Si l’on n’est pas assez fort, on peut finir rapidement dévoré. Et ce seul fait est suffisant pour vous parler de la force et du courage que ma femme avait en s’y aventurant alors qu’elle n’était pas encore éveillée. » Il me regarda et me fit un doux sourire. « Depuis que je l’ai vue pour la première fois, je suis tombé amoureux de cette dragonne. » Il jeta un regard sur la foule. « Il m’a fallu plus de temps que nécessaire pour l’accepter, mais finalement, grâce à mes amis, j’ai réalisé qu’elle était celle avec qui je voulais passer ma vie. Je ne regrette pas les décisions que j’ai prises pour arriver à ce point. Je ne regrette pas d’être devenu un demi-dragon. Au contraire, je suis reconnaissant d’avoir rencontré Seryanna et d’être tombé amoureux d’elle. Je suis également reconnaissant d’avoir autour de moi de merveilleux amis dragons et dragonnes. Ils m’ont beaucoup appris et m’ont toujours aidé de manière inattendue. Merci ! » Il inclina la tête devant la foule et tout le monde commença à applaudir.

Son discours était merveilleux, mais une fois la fête terminée, et alors que nous sommes retournés dans notre chambre, nous étions tous deux très désireux d’enlever nos vêtements et d’aller dans notre lit. D’une certaine manière, la saison des amours ne signifiait pas grand-chose pour nous. Bien qu’il ait raté deux fois, la troisième n’était pas le cas.

Cela m’avait rendue curieuse de savoir si, en sa qualité de demi-dragon, il passait aussi par cela ou non. Habituellement, au cours de cette période, notre corps devenait assez sensible et notre sens de l’odorat et du toucher était renforcé, nous rendant conscients des petits détails que nous ignorions jusque là.

En pensant à cela, j’avais senti la présence de plusieurs personnes qui m’approchaient par-derrière. Ils essayaient d’être discrets et me prendre par surprise, mais ils avaient encore beaucoup de chemin à faire avant de pouvoir se cacher de moi. Après tout, j’avais une petite sœur farceuse qui pouvait se fondre dans les ombres environnantes et je devais aiguiser mes sens dans la forêt Seculiar, où les araignées géantes et les serpents géants cachés dans la rivière étaient toujours à la recherche d’une proie peu méfiante. Comparés à eux, ces dragons étaient aussi bruyants que mon grand-père ivre.

« Montrez-vous. Je sais que vous êtes là. » Je parlais d’un ton calme et détendu alors que je me levais et me retournais.

Un couteau de lancée avait volé d’un buisson proche, mais j’avais simplement incliné la tête vers la droite pour l’éviter. Par la suite, six individus sans ailes étaient sortis de leur cachette et m’avaient encerclée. Ils avaient une intention meurtrière contre moi, clarifiant leurs intentions, mais leurs tenues dissimulaient leur identité.

Des capuches noires couvraient leurs têtes, leur laissant une ombre sur le visage, tandis que les longs manteaux sur leurs épaules dissimulaient le reste de leurs corps. Ils portaient également un masque pour se couvrir le nez et la bouche, ce qui rendait d’autant plus difficile leur identification.

J’aurai besoin d’au moins un d’entre eux en vie pour comprendre pourquoi ils se faufilent comme ça, avais-je pensé.

« Allez-vous au moins vous présenter ? » Leur avais-je demandé d’un ton poli alors que je dégainais mon épée.

Ils s’étaient regardés puis avaient acquiescé.

Sans avertissement, ils avaient lancé plusieurs sorts de feu sur moi. Deux d’entre eux étaient devenus des lance-flammes vivants, deux autres avaient lancé des boules de feu et les deux derniers avaient versé du feu liquide sur moi. Normalement, toutes ces attaques auraient suffi à mettre en danger même un aventurier divin, mais pour moi, c’était une blague.

J’avais sauté à gauche, ignorant leurs attaques de feux sur moi, et j’avais dirigé mon épée sur le premier d’entre eux. Il avait sauté en arrière et avait essayé de bloquer mon attaque avec son poignard, mais la différence de force et de qualité d’arme était évidente. Ma lame coupa son arme en deux.

Avant que son corps ne tombe au sol, j’avais sauté vers le suivant et j’avais essayé de le couper à la taille. Lui aussi avait essayé de le bloquer par réflexe et était mort en le faisant. Lorsque le corps du dragon précédent était tombé au sol, le corps de celui que je venais d’attaquer était séparé en deux moitiés. Je frappai le haut de la poitrine et l’envoyai voler vers le troisième assassin.

Celui-là sauta hors du chemin et dégaina ses deux épées courtes. Elle me fixait des yeux, mais je trouvais son intimidation plutôt mignonne. Avant qu’elle puisse agir, je l’avais frappé au menton avec mon genou, puis je l’avais frappé à la tête. La lame de mon épée avait traversé son dos, sectionnant son cœur en deux.

Trois étaient tombés, il en restait trois. Ils avaient reculé de peur devant ma puissance.

« Ce n’est pas ce qu’on nous a dit ! Pourquoi es-tu si puissante ?! Tu es à peine éveillé depuis un an ! » Me cria la dragonne-assassine.

« Dans des circonstances normales, je serais plus faible. Il est clair que vous avez tous plus de 400 de pouvoir, mais… c’est dans des circonstances normales. » J’avais souri et donnais un coup dans l’air, débarrassant mon épée du sang frais.

« Quoi ? » Elle me regarda avec surprise, mais je n’avais pas l’intention de révéler comment j’étais devenue si puissante rapidement.

C’était aussi la raison pour laquelle, malgré le fait que j’avais été appelée dans la capitale pour représenter la Troisième Princesse lors du prochain tournoi, je n’avais finalement pas été autorisée à participer. J’étais bien plus forte que la grande majorité des concurrents et même la reine ne voyait aucune raison pour laquelle je devrais prouver ma force dans l’arène. Ainsi, ma puissance était restée cachée pour le moment.

Bien entendu, Alkelios était conscient de ma force. Il était conscient des limites de mon corps et même des endroits sensibles. Mon mari avait pris son temps pour explorer et découvrir à quel point j'aimais être touchée par lui.

Ah pas bien ! Je dois me concentrer sur ce combat, ne pas avoir de pensées perverses…, pensais-je en poussant un soupir.

Sans attendre, je m’étais précipitée vers la dragonne qui avait parlé et l’avais frappée dans le ventre avant qu’elle ne puisse s’enfuir. Elle laissa échapper un cri de douleur puis tomba inconsciente au sol.

« Maintenant ! Plus que vous deux, » déclarai-je avec un sourire alors que je rengainais mon épée et commençais à craquer mes doigts.

Les autres dragons s’étaient regardés puis acquiescèrent une fois. Cela m’avait rendue curieuse de savoir ce qu’ils allaient essayer, mais je les avais ensuite vus s’enfuir aussi vite qu’ils le pouvaient. Cela m’avait déçue, alors je ne m’étais même pas donné la peine de les poursuivre.

Visant le dragon avec ma main, j’avais envoyé une lance de feu. C’était comme une lance de glace, mais après avoir pénétré la cible, elle explosait. L’armure du dragon était incapable de le protéger de mon sort et son corps avait explosé en morceaux.

« La suivante serait elle, non ? » Dis-je, en visant la dragonne courant dans la direction opposée.

Cette fois, je concentrais plus de magie dans mon sort et lançais une boule de feu à une vitesse supérieure à celle du son. Au moment où je l’avais lancée, cela avait provoqué une puissante onde de choc, soulevant la poussière autour de moi. En ce qui concerne ce qui s’était passé avec la cible, s’il ne traversait pas la cible, cela créerait une éclaboussure de feu liquide. Son simple contact pourrait faire fondre l’armure d’un soldat et carboniser instantanément le corps.

En tant que dragonne supérieure des hautes flammes, mes attaques et ma résistance au feu étaient assez élevées par rapport à un dragon de flamme moyen. J’avais appris ce petit détail grâce à ma propre expérience et à ce que Kataryna m’avait appris.

Je ne peux sentir la présence d’aucun autre dragon, alors je pense que je suis en sécurité. Mais qui dans ce monde essaierait de m’assassiner ? Pensais-je en éteignant les incendies causés par mes attaques avec quelques sorts d’eau.

J’aurais pu absorber l’énergie des flammes, mais je devais aussi entraîner mes autres éléments. Donc, c’était une situation gagnante pour moi.

En regardant en arrière où la dragonne inconsciente se trouvait, je m’approchais d’elle et la déshabillais avant de l’attacher avec une corde. Avec des individus de leur espèce, il n’était jamais certain de savoir où ils cachaient un petit couteau pour s’enfuir. J’avais aussi regardé dans sa bouchée à la recherche de quelque chose de caché, comme du poison ou une aiguille. Ensuite, j’avais utilisé un petit aimant, mais puissant et j’avais recherché des lames cachées sous sa peau. J’en avais trouvé deux, que j’avais rapidement enlevés.

Normalement, je n’aurais pas vérifié de telles choses. En tant que chevalière, on m’avait appris que le seul moyen de traiter avec des espions ou des assassins était de les tuer rapidement. La raison de mon changement était Alkelios, à qui j’avais raconté il y a quelques jours l’impression d’être suivie. Sa première réaction fut plutôt amusante, car il pensait que c’était un pervers courant après ma queue. Il voulait le trouver et le battre.

Une fois que j’avais réussi à le convaincre que c’était peut-être un voleur idiot, un assassin ou un espion. Il s’était calmé un peu et m’avait demandé si je souhaitais qu’il s’en occupe. J’avais refusé son aide, mais il m’avait suggéré d’au moins essayer d’en capturer un afin de l’interroger. Il m’avait ensuite expliqué comment faire. Il m’avait même fourni l’aimant.

Après avoir vérifié dans les poches des assassins décédés pour trouver la raison de leur attaque, j’avais emmené la dragonne capturée et j’étais rentrée à Drakaria. Malheureusement, il n’y avait aucun indice.

***

Chapitre 64 : Des accidents arrivent

***Point de vue d’Alkelios***

Lors de mon mariage, j’avais eu le plaisir de rencontrer plusieurs nobles qui étaient en bons termes avec la famille Draketerus ainsi qu’avec Leurs Majestés, le roi et la reine d’Albeyater. Parmi eux se trouvait une certaine vicomtesse nommée Allevania Reyazes, une belle dragonne aux écailles argentées comme Kataryna, mais de couleur terne fanée par rapport aux siennes, aux cheveux blonds bouclés et un peu potelés. Le territoire qu’elle gérait se situait au sud de Drakaria et avait pour ville principale Ryuzar. Contrairement à d’autres territoires de ce type dans le royaume Albeyater, celle-ci était axée sur le commerce du papier et des outils d’écritures.

La raison pour laquelle cette vicomtesse avait suscité mon intérêt, c’est parce qu’elle avait le hobby de rassembler des cartes de toutes sortes. La dragonne aimait les cartes de toutes sortes, qu’elles soient fausses ou réelles, tout ce qui comptait pour elle était la qualité de celle-ci. Au même moment, elle importait et exportait des cartes de tous les continents vers divers nobles curieux ou intéressés du continent dragon.

Lors du mariage, elle m’avait même expliqué en détail presque à quel point elle aimait les cartes et en achetait une habituellement chaque fois qu’il lui restait un peu d’argent de poche. Contrairement aux autres dragons ou à certains nobles humains qui étaient habitués à dépenser des sommes ridicules venant de la fortune de leur famille pour leurs propres loisirs sans se soucier d’où ils étaient dans leur compte, cette dragonne surveillait de près ses finances. Même si elle trouvait la carte la plus rare parmi toutes, si son budget personnel ne suffisait pas à l’acquérir, elle n’utiliserait pas la fortune de sa famille ou l’argent des impôts de son territoire.

Après avoir discuté avec elle, j’avais accepté de visiter le territoire de la vicomtesse Reyazes afin d’avoir la chance de me procurer certaines de ses précieuses cartes à utiliser lors de mes voyages dans d’autres continents. Le roi et la reine avaient également eu leur mot à dire dans cette affaire et avaient exhorté la dragonne à accepter, en agissant comme une garantie pour moi.

Atteindre la ville de Ryuzar n’était rien de plus qu’une heure de vol sous ma forme de demi-bête. Une calèche de Khosinni m’aurait amené ici dans une dizaine d’heures, ce qui était beaucoup, même en considérant qu’une journée comptait 32 heures.

J’avais atterri tôt le matin, devant la porte d’entrée de la ville de Ryuzar, vers 10 heures du matin, selon mes estimations. Après avoir parlé avec les gardes postés ici, j’avais été conduit au manoir de la vicomtesse. À cette heure-là, tout le monde était déjà réveillé et je pouvais voir les boutiques spécialisées dans la vente de papier et d’ustensiles d’écriture essayant de séduire les voyageurs de passage pour acheter leurs marchandises.

En parlant de cela, je m’étais rappelé qu’Andromède et Tomeron étaient principalement concentrés sur la vente d’arme et d’armures à tous les aventuriers courageux qui voulaient mettre les pieds dans la forêt Seculiar. Inutile de dire que la capitale possédait les meilleures marchandises du royaume dans tous les domaines.

Pour être honnête, je n’avais pas eu la chance de pratiquer l’écriture depuis mon arrivée dans ce monde. Il est vrai que Seryanna m’avait beaucoup aidé, de même que mes autres amis, mais je ne m’étais jamais retrouvé dans la situation où je devais écrire une lettre officielle ou quelque chose du genre. D’une certaine manière, c’était bien. J’étais plus un combattant et un orateur qu’un écrivain.

La demeure de la vicomtesse Reyazes était située à l’est de la ville. Ce n’était pas le plus grand bâtiment de la ville, comme je m’y attendais. En interrogeant les gardes à ce sujet, ils m’avaient dit qu’au départ, cette ville appartenait à une autre famille, mais après un scandale de corruption, ils avaient été exécutés et la vicomtesse avait pris leur place. Le bâtiment au centre était en fait un camp pour les troupes dirigées par un capitaine-dragon approuvé par la vicomtesse et Sa Majesté, le roi Feryumstark. Le capitaine estimé était également son mari, le vicomte Leonar Reyazes.

En arrivant au manoir, un servant m’avait accueilli et guidé à l’intérieur et m’avait servi du thé et des biscuits pendant que j’attendais que la dragonne se prépare. Cela ne prit pas longtemps et pour une raison quelconque, il sentit le besoin de s’excuser pour ces « circonstances déplaisantes ». Honnêtement, je ne savais pas de quoi il parlait. Il venait juste d’arriver un peu en retard, ce n’est pas comme si j’avais avec moi tout un défilé et que je leur demandais de se tenir debout pendant que j’attendais.

Environ une demi-heure plus tard, la vicomtesse était entrée dans la pièce.

Elle était aussi charmante que la première fois que je l’avais rencontrée à mon mariage. La vicomtesse portait ce qui semblait être une longue robe victorienne luxueuse de couleur blanc caramel. Les bijoux sur elle, combiné à son doux sourire, son maniérisme élégant et son éventail argenté plié dans sa main, lui donnaient l’air d’une riche noble avec un peu d’autorité. Dans sa forme actuelle, elle semblait très humaine, à l’exception de ces yeux en fente et des écailles sur ses joues et son cou, ce qui lui donnait un charme étrange. Sa queue était cachée sous sa robe, mais malgré son surnom de dragon ailé, sous cette forme, elle ne montrait rien de cela.

Comparé à sa présence élégante, je portais actuellement mon armure de combat et j’avais Enfer et Paradis à ma taille.

« Toutes mes excuses, Duc Yatagai. Il est regrettable que je vous aie fait attendre, j’espère que vous me pardonnerez. » Dit-elle en s’inclinant.

Elle m’avait attrapé avec un biscuit dans la bouche, que j’avais rapidement avalé comme un hamster.

« Aucun problème ! Aucun problème ! En tout cas, c’est un plaisir de vous revoir, vicomtesse Reyazes. » Dis-je en me levant.

« Tout le plaisir est pour moi, Duc Yatagai. Vous semblez bien vous porter. Puis-je demander comment va la duchesse ? » Demanda-t-elle avec un sourire alors qu’elle se dirigeait de l’autre côté de la table et s’installa.

Je m’étais assis en même temps qu’elle, mais quand elle avait posé la question sur la duchesse, mon cerveau avait eu un retard.

Ha oui ! Seryanna ! Je suis duc alors elle est une duchesse maintenant ! Avais-je pensé. Et avec un sourire, j’avais répondu : « Seryanna va bien, merci. »

« Personnellement, je trouve assez étrange qu’elle soit si obstinée à garder sa position de chevalière royale, mais cette dragonne n’a jamais été du genre à suivre les autres comme le reste d’entre nous. » Rigola-t-elle.

« Suivre les autres ? » J’avais plissé les sourcils.

« Oui. La plupart des dragonnes de son âge occupent généralement une partie du territoire de leur famille et commencent à le gérer pendant que leurs maris occupent divers postes au sein de l’armée. Mon mari, par exemple, est le capitaine en poste dans cette ville, » avait-elle déclaré.

Est-ce que j’ai mal compris ? A-t-elle dit : Maris ? Comme plus d’un ? avais-je pensé, puis j’avais demandé. « Oh ? Je ne savais pas ça. Aurai-je le plaisir de le rencontrer aujourd’hui ? »

« Ce n’est pas impossible, mais avec votre arrivée imprévue comme ça, il n’est probablement pas encore informé de votre présence, » répondit-elle.

« Je m’excuse pour mon arrivée en avance. C’est juste que j’ai eu du temps libre, alors je suis venu aussi vite que possible. C’était un bon exercice pour moi aussi. Je ne peux pas laisser mes ailes rouiller maintenant, n’est-ce pas ? » Je ris.

« Je vous comprends parfaitement, Duc Yatagai. Moi aussi, je vais voler de temps en temps. Mais en ce qui concerne mon commentaire précédant au sujet de la duchesse, j’espère que vous ne le prenez pas comme si j’étais contre son poste actuel, en fait, je suis assez heureuse de la voir aller si bien. Depuis cette tragédie, il y a 39 ans, cette dragonne n’était plus la même. C’est vous, Duc Yatagai, qui avez réussi à la rendre meilleure. » Dit-elle.

« Ha non, je n’y pensais pas. Mais oui, moi aussi je suis heureux de la voir faire ce qu’elle aime. Après quelques décennies, nous allons peut-être nous installer quelque part et apprendre à gérer nos terres. Jusqu’à présent, nous sommes jeunes et souhaitons être aussi actifs que possible. » J’avais souri.

« Ce serait pour le mieux, en effet. » Elle hocha la tête.

« Maintenant, à propos des cartes dont nous avons parlé ? » Demandai-je.

« Ah oui, bien sûr ! Après mon retour sur mon territoire, j’ai utilisé mes relations pour faire venir un cartographe célèbre pour faire des copies des cartes que j’avais. Dans tous les cas, je ne pouvais pas simplement me séparer de mes bébés uniques. » Dit-elle en poussant un soupir.

Bébés ? avais-je pensé puis j’avais dit : « Peu importe tant que je peux comprendre ce qui est écrit dessus, et que j’ai tous les emplacements de colonies et autres formations géographiques majeures, » avais-je dit avec un sourire.

« Bien sûr. Maintenant, en ce qui concerne le paiement. » Elle me fit un sourire.

Hochant la tête, j’étais sur le point de sortir l’argent que j’avais préparé, quand tout à coup trois dragons sans ailes entrèrent par les fenêtres. Ils portaient tous une sorte de robe en tissu noir et cuir avec une capuche ainsi qu’un masque sur la bouche pour mieux cacher leurs identités.

« Flèche noire ! » Lança l’un.

« Faux de vent ! » Cria un second.

« Cage de poison ! » Cria le dernier.

Les trois avaient visé la vicomtesse, qui était trop surprise par l’intrusion soudaine pour faire quoi que ce soit. Celui qui avait pris sa défense n’était autre que moi.

Ces attaques étaient toutes assez dangereuses par le simple fait que même l’une d’entre elles pourrait facilement tuer quelqu’un comme la vicomtesse. La cage de poison piégeait sa victime avec des vignes trempées de poison anesthésiant tout en l’étranglant à mort. La Faux de vent était un sort de l’élément vent qui créez une faux d’air. Ce n’était pas aussi puissant qu’une Faux d’eau, mais c’était difficile à détecter et esquiver. Quant à la Flèche noire, c’était une attaque impitoyable de l’élément ténèbres, qui pouvait littéralement créer un trou, même à travers les armures les plus épaisses. L’appeler une attaque perçante était un euphémisme. Cependant, étant donné la gravité de toutes ces attaques, la vicomtesse n’aurait eu aucune chance.

Utilisant ma vitesse, je m’étais précipité devant elle et avais encaissé ces sorts. Des vignes empoisonnées s’étaient enroulées autour de mon corps, la faux de vent avait frappé mon torse et la flèche ma poitrine. Si j’étais aussi faible que la dragonne derrière moi, j’aurais été tué sur le coup. Ainsi, ces attaques m’avaient au mieux irrité.

« Ennuyant ! » Dis-je en saisissant les vignes avec mes mains et en les arrachant du sol, annulant le sort.

Le poison ne m’avait rien fait, car la vigne ne touchait pas ma peau nue, juste mon armure. Même si elle me touchait directement, ce poison était facilement gérable.

Les deux autres attaques n’avaient même pas égratigné mon armure.

« Quoi ? Comment ? » demanda l’un des assaillants.

« Afficher le statut de l’ennemi. » Dis-je le regardant.

Nom : Inconnu

Espèce : Dragon du vent

Statistiques inconnus

Wôw, si faible ! pensais-je en poussant un soupir.

« Peu importe ! Tuez-le ! » déclara l’autre.

Honnêtement, je n’avais même pas pris la peine de vérifier les autres statuts, mais celui-ci était suffisant pour me donner une bonne idée de la puissance de ces derniers. En tant que tel, je m’étais précipité vers celui qui avait crié et l’avais frappé à la poitrine.

BOOM ! SPLAT!

« Argh… dégouttant..., » murmurai-je.

Le problème avec mon coup… si je pouvais l’appeler comme ça, c’était le fait que je ne m’étais pas retenu. C’était l’un des coups que j’avais utilisé contre Sa Majesté, le roi Feryumstark. Plus encore, c’était un coup qui ne se concentrait pas sur la force pénétrante, mais plutôt sur l’envoi d’une onde de choc et de la force de l’impact dans tout le corps de l’adversaire. Le résultat était juste devant moi.

Il y avait un assez grand trou dans le mur et le sol était fissuré à plusieurs endroits. Les débris avaient été dispersés devant moi dans une zone conique et le corps du dragon avait été transformé en charpies. Ses restes étaient maintenant éparpillés dans une tache de sang mélangée avec des morceaux de chair, d’os et d’organes.

À cause de cet affichage de puissance sanglant, tout le monde dans la pièce était maintenant figé. Il était facile de s’attendre au fait qu’ils ne puissent rien faire pour gagner cette bataille. À moins que je ne sois confronté à un autre éveillé supérieur, il était probable que je n’ai pas besoin d’utiliser ne serait-ce que la moitié de ma véritable puissance.

Cependant, si ces trois-là étaient des assassins, il me restait un peu de temps avant qu’ils ne reprennent connaissance et consomme une pilule empoisonnée ou quelque chose d’autre afin de les empêcher de parler. Ainsi, je m’étais précipité jusque-là et je les avais frappés dans l’estomac. Cette fois, cependant, j’avais utilisé beaucoup moins de force, juste assez pour les assommer là où ils se trouvaient.

Avec ces deux au sol, je m’étais agenouillé à côté d’eux et avais vérifié s’ils avaient quelque chose dans la bouche. Ils avaient tous deux une sorte de pilule sous la langue. Je l’avais sortie de suite, puis je les avais attachés avec une corde enchantée comme une paire de cadeaux de Noël.

« Maintenant, où en étions-nous, Vicomtesse Reyazes ? » Demandai-je avec un sourire.

Avec un sourire ironique, elle me regarda puis les éclaboussures de sang des anciens dragons.

« Euh… prenez votre temps pour récupérer, alors je vais m’occuper de ces deux-là, » déclarai-je en me grattant la tête.

« Oui… je vais le faire..., » déclara-t-elle, mais peu de temps après, un majordome et deux gardes entrèrent pour connaître la raison de ce bruit.

Après une brève explication, ils avaient aidé la vicomtesse à sortir de la pièce et avaient envoyé un message à son mari, l’informant de la situation.

En attendant son arrivée, j’avais vérifié le contenu des poches des assassins et, à l’aide d’un aimant, j’avais sorti les lames dissimulées dans leur chair. Malheureusement, je n’avais trouvé aucune note ou aucun indice quant à la raison pour laquelle ils avaient ciblé la vicomtesse. Ma seule option était maintenant d’attendre qu’ils se réveillent, puis de les convaincre de parler.

Avant de quitter la salle, j’avais pris un moment pour regarder le dragon que j’avais tué. Honnêtement, je n’avais pas l’impression d’avoir fait quelque chose de mal, mais le fait de ne pas pouvoir contrôler ma force me gênait un peu. C’était une preuve suffisante que je n’avais pas encore maîtrisé pleinement ma puissance, et il y avait une chance que je ne puisse pas le faire avant un moment maintenant.

J’ai un peu peur maintenant de faire du mal à ceux étant beaucoup plus faibles que moi…, pensais-je en m’imaginant jouer avec mes futurs enfants et les blesser accidentellement à cause de mon manque de contrôle.

Honnêtement, juste l’imaginer me faisait mal au cœur, j’étais donc déterminé à apprendre à contrôler mon pouvoir correctement avant qu’une tragédie comme celle-ci ne se répète.

À tout le moins, je sais que je ne devrais pas laisser cette peur me contrôler. Je devrais en parler à Kataryna ou à Brekkar dès que j’en aurais l’occasion…, pensais-je alors que je baissais les yeux en relâchant mon poing serré.

Ce n’était pas la première fois que j’éprouvais la sensation de ne pas avoir le contrôle de ma propre force. À l’époque où j’étais encore dans la forêt Seculiar et alors que j’apprenais le métier de forgeron, je cassais souvent mes outils ou martelais trop le métal chauffé parce que je ne pouvais pas contrôler la force derrière chaque frappe.

Il m’avait fallu un certain temps pour m’y habituer, mais j’avais finalement réussi à le faire.

En ce moment, mon incapacité à contrôler ma force n’était pas si terrible que ça l’était plusieurs mois plus tôt lorsque je brisais presque tout ce que je touchais. Tant que je me concentrais sur ce que je faisais et n’oubliais pas ce dont j’étais capable, les accidents comme celui de l’assassin ne se produiraient normalement pas. Après tout, j’avais même vérifié son statut, j’aurais dû savoir à quel point il était faible, mais je n’avais pas réussi à réduire ma force et en une fraction de seconde je l’avais tué.

« Peut-être que c’était juste une erreur ? » me demandai-je à voix haute en regardant la tache sur le sol.

Je ne me sentais pas coupable de l’avoir tué. Je n’avais pas non plus ressenti de joie, juste un peu de peur de déception devant mon manque de contrôle.

Soupirant, j’étais sorti de la pièce et rejoignis la vicomtesse. Nous avions repris notre conversation et décidé d’un paiement différent pour les cartes. Au lieu d’or et de gemmes, je devais lui donner une de mes épées et armures produites en masses pour que son mari les utilise. C’était mieux comme ça parce qu’honnêtement, je n’avais aucune idée de ce que je devais faire des objets que j’avais créés et les donner simplement à l’armurerie ne me semblait pas juste.

La vicomtesse Reyazes m’avait annoncé qu’elle apporterait les cartes dès qu’elles seraient terminées. Peu de temps après, son mari était arrivé avec une dizaine de soldats armée jusqu’aux dents et qui semblaient sur le point de partir à la guerre.

Il nous avait fallu encore une demi-heure pour expliquer au vicomte ce qui s’était passé chez lui pendant son absence. Une fois que tout était clair et que la zone était considérée comme sûre, j’avais saisi les deux assassins que j’avais ligotés et j’étais revenu à Drakaria.

Normalement, ils m’auraient arrêté et interrogé pour voir si je ne faisais pas partie des assassins, mais j’avais le titre de duc et tous deux étaient trop conscients de mes liens. D’ailleurs, qu’aurais-je eu à gagner à tout cela ?

Pourtant, j’avais trouvé étrange que quelqu’un essaie d’assassiner la vicomtesse. Même elle, elle était surprise. Malheureusement, je n’avais pas le savoir-faire requis et le désir de torturer ces personnes sur place. Si je l’avais fait, elle serait morte. Ainsi, j’avais décidé qu’il serait plus judicieux de les envoyer au Premier ministre Elovius. Il avait de bons antécédents en ce qui concerne le fait de faire parler les dragons.

***

Chapitre 65 : Réunion de guerre

Partie 1

***Points de vue de Feryumstark***

Depuis le retour d’Alkelios de la forêt Seculiar, j’avais été plus actif et ma femme, la reine l’était aussi. Je passais de temps en temps ici au moins une heure par jour pour écouter diverses plaintes et propositions de nobles respectables.

En bref, nos vies en tant que roi et reine du royaume d’Albeyater revenaient à ce qu’elles étaient il y a tant d’années avant que cet événement maudit n’arrive. Presque perdre mon meilleur ami et ma femme en quelques décennies à cause de trahisons et de complots contre la couronne n’était pas une chose à laquelle je pouvais facilement faire face. Quant à ceux qui étaient derrière cela, c’était encore un mystère. Après tout, l’assassin devait avoir quelqu’un dans le royaume pour pouvoir franchir nos défenses. L’attaque sur l’ancienne terre des Draketerus avait également été planifiée presque parfaitement. Ils savaient quand et comment frapper.

En tant que roi et tacticien militaire, j’avais trouvé la stratégie presque parfaite. La raison pour laquelle je pensais que c’était « presque » parce que l’ennemi n’avait jamais considéré la véritable puissance de Brekkar. Il était le seul éveillé à participer à cette bataille et au moment où les autres arriveraient, il était déjà trop tard. Alkelios avait appelé cela une Blitzkrieg, une guerre rapide comme l’éclair qui avait duré plusieurs jours et non pas des mois ni des années.

Aujourd’hui, comme toujours, j’étais arrivé dans la salle de trône après avoir déjeuné et bu une tasse de thé avec ma femme. Je m’étais assis sur mon trône et j’avais pris la pile de papiers qu’Elovius m’avait préparés. C’était les rapports qu’il avait compilés, que je devais lire aujourd’hui. Normalement, ce travail était davantage destiné à un bureau ou à une salle d’étude, mais je n’avais pas envie de m’asseoir devant mon bureau aujourd’hui.

En les lisant, je fronçai les sourcils. Quand j’avais eu fini, j’avais mis la pile sur mes genoux et j’avais regardé le Premier ministre qui se tenait à côté de moi.

« As-tu vérifié que les informations écrites ici sont vraies ? » Je lui avais demandé cela.

« Oui, Votre Majesté. » Répondit Elovius en s’inclinant.

« Alors… ça veut dire que Draejan est un traître. » Je poussais un soupir.

Quelqu’un de ma propre famille m’avait trahi. Ce n’était pas impensable, mais pour les dragons, c’était un événement extrêmement rare. Dans le cas des humains, cependant, j’avais entendu dire que leurs rois ne faisaient même pas confiance à leurs propres femmes, encore moins à leurs enfants ou leurs neveux.

« Il semblerait que oui. Le prince Kryogan, qui est actuellement ambassadeur d’Albeyater dans l’empire d’Embryger, a envoyé un rapport dans lequel il affirmait qu’une des factions politiques de l’empire s’éloignait de leur autorité. Il semblerait qu’ils essaient de gagner des faveurs de la princesse qu’ils soutiennent pour monter sur le trône. Au même moment, la princesse Saluka Fer, qui est mariée à la famille ducale Bryghtanar de l’empire Embryger, a envoyé un rapport avec la signature de son mari nous avertissant de ce mouvement possible et que nous ne devions pas être trop directe à juger comme si c’était un ordre direct de l’impératrice ou de l’empereur, » avait-il expliqué.

« Hm, une faction ? Y a-t-il des factions dans notre royaume ? » Je lui avais demandé cela par curiosité. La principale différence entre une faction et un parti réside dans le fait que le premier vise le trône, tandis que le second se concentre sur les jeux politiques au sein du royaume, luttant pour la terre et l’autorité tout en maintenant leur loyauté envers le roi et la reine actuels.

« Aucune dont je suis au courant. Cependant, comme je l’ai mentionné, je pense personnellement que le prince Charmeill est un candidat fort après le départ à la retraite de Votre Majesté. Bien que, récemment, je vois la princesse Elleyzabelle et Joséphine se rattraper. Cependant, elles ont encore beaucoup à apprendre et malheureusement, la princesse Joséphine est trop obstinée pour trouver un moyen de mettre fin à la guerre contre les humains et, si elle est mise sur le trône, elle pourrait négliger notre propre politique draconienne, » avait expliqué Elovius.

Bien que Charmeill soit le premier prince et lui le second, il n’était pas intéressé par le trône et était bien actuellement avec son poste de Premier ministre. Si cela ne tenait qu’à moi, je penserais qu’Elovius était bien meilleur que Charmeill, mais ce dernier était également un éveillé supérieur. En ce qui concerne les dragonnes, seule la première princesse Natalia avait atteint l’éveil supérieur. Malheureusement, elle ne s’intéressait pas à la politique et préférait passer son temps sur le champ de bataille.

Il y avait aussi Baluth qui avait atteint l’éveil supérieur il n’y a pas si longtemps, mais son objectif était de devenir un général comme Brekkar, qu’il vénérait comme un modèle.

Ces enfants me faisaient craindre pour l’avenir de mon royaume et m’empêchaient de prendre une retraite anticipée.

Poussant un soupir, j’avais regardé Elovius et lui avais demandé : « nous devons donc nous attendre à un rassemblement possible des forces ennemies dans les prochains mois ? »

« Oui, mes estimations se situent dans les six à huit prochains mois, selon le temps qu’il faudra à ces troupes pour arriver à nos frontières. Quant à une estimation de leurs effectifs, environ 2 éveillés supérieur et 40 000 soldats, » avait-il déclaré en me montrant le rapport de la puissance de combat de ladite faction.

« Hm, donc, le duc Hallagan, le marquis Fervanis et plusieurs barons dont je n’ai jamais entendu parler… aucune dragonne ? » avais-je demandé en fronçant les sourcils.

« Aucune, Votre Majesté. C’est une faction exclusivement composée de dragon soutenant une princesse, » avait déclaré Elovius.

« Te rends-tu compte à quel point cela semble ridicule ? » Lui demandai-je en abaissant le rapport.

« Oui, Votre Majesté, et c’est pourquoi ni nous ni l’empire ne pensons qu’ils ont une chance d’atteindre le trône. À moins que… bien sûr, ils parviennent à conquérir Albeyater par eux-mêmes, » avait déclaré Elovius.

« Hm… dans ce cas, ils peuvent soit déclarer notre terre comme faisant partie de l’empire, soit la gouverner entièrement par eux-mêmes comme un État vassal, » avais-je dit en hochant la tête.

C’était une situation plutôt dangereuse, dans laquelle nous pourrions être ciblés par des dragons affamés.

« Cela signifie également que tes estimations sont fausses. Ils n’ont aucune chance de gagner avec une telle force, » déclarai-je en frappant l’estimation de mes doigts.

« Je le sais, mais les rapports confirment ces chiffres, Votre Majesté. » Répondit-il en s’inclinant.

Poussant un soupir, j’avais commencé à réfléchir à la façon dont Draejan était entré en jeu dans tout cela.

À ce moment, cependant, un messager était entré dans la salle du trône et s’était agenouillé devant nous. Sa respiration était agitée, montrant qu’il était venu en courant. J’avais pris cela comme un signe de l’urgence de ce message.

« Votre Majesté, je suis venu vous annoncer que la duchesse Marchialle a été assassinée par des dragons inconnus sans ailes il n’y a pas si longtemps, » avait-il déclaré en un souffle.

« QUOI ?! » avais-je crié en me levant du trône.

C’était une très mauvaise nouvelle. La duchesse était une amie proche de ma femme et elle entretenait également des liens étroits avec la guilde des marchands au sein du royaume. Entendre qu’elle avait été assassinée à avait fait bouillir mon sang et je ne pouvais qu’imaginer la douleur que ma femme allait subir après cela.

Ensuite, un autre messager était entré de la même manière.

« Votre Majesté, je suis venu vous annoncer que la vicomtesse Mercuria a été assassinée par des dragons inconnus sans ailes il n’y a pas longtemps, » avait-il déclaré en un souffle.

Et un autre entra peu après.

« Votre Majesté, je suis venu vous annoncer que le duc Galbarian a été assassiné par des dragons inconnus sans ailes il n’y a pas longtemps, » avait-il déclaré en un souffle.

Après lui, j’en avais vu un autre entrer et j’avais dégluti en me demandant ce qui se passait.

« Votre Majesté, je suis venu vous apprendre que la ville de Melles est assiégée par des bandits. La même chose pour la ville de Naver, Ugen et Unvar. Dans le rapport, il est écrit que les villes d’Onias, Nalta et de Nezv sont toutes tombées sous le siège des bandits, » expliqua-t-il.

J’avais dégluti quand j’avais entendu cela.

En regardant Elovius, j’avais vu qu’il était lui aussi choqué par cette nouvelle. Il était néanmoins absolument ridicule d’assiéger une ville avec des bandits. Ils ne pourraient jamais espérer gagner cette bataille, cependant, à long terme, cela signifiait obliger le personnel militaire à rester sur place pour protéger la ville. Les marchands étaient également contraints de s’arrêter avec leurs caravanes, ce qui allait entraîner une perte de profits et de biens, ce qui aurait un impact direct sur l’économie du royaume.

« Votre Majesté, c’est… » Elovius était à court de mots.

J’avais rapidement renvoyé les messagers et leur avais dit de voir quels autres rapports allaient arriver.

« Appelle Brekkar et vois si un autre assassinat a eu lieu aujourd’hui. Fais-en une priorité, » avais-je ordonné.

« Comme vous le souhaitez, Votre Majesté ! » Il s’inclina puis partit.

Poussant un lourd soupir, je m’étais adossé à mon trône et j’avais regardé le plafond. Dans mon esprit, j’avais répété les paroles prononcées par les messagers et marquées sur la carte de mon royaume. Avec ces attaques et la menace de la faction de l’Empire d’Embryger d’agir contre nous, je commençais à voir des liaisons. S’ils gagnaient cette guerre à venir, ces bandits assiégeant mes villes deviendraient les héros du nouvel âge.

C’était gênant et inquiétant. L’armée de mon royaume était déjà infirme et la majeure partie se trouvait sur le front occidentale sous le commandement de Charmeill et de Natalia, s’assurant que les humains n’attaquaient pas.

Cependant, si j’envoyais Kataryna et Alkelios dans ces villes, ces sièges se finiraient en quelques jours. Ceci, cependant, ne voulait pas dire que mes troupes ne souffriraient pas d’épuisement et d’une baisse de moral. Si tel était le but, il était fort probable que les quelques mois d’estimations d’Elovius se soient transformés en quelques semaines. Sinon, il n’y aurait aucun avantage à assiéger ces villes. Dans quelques mois, toutes les pertes seraient amorties.

Pour le moment, je m’étais levé et j’avais ordonné que tous les rapports urgents soient présentés directement au Premier ministre. Pendant ce temps, j’étais allé voir ma femme et vérifier comment elle allait. Je devais également lui annoncer la mort de son amie.

Cela ne va pas être facile… Pensais-je en quittant la salle du trône.

Elliessara avait appris la nouvelle de l’assassinat de la duchesse sans fondre en larme ni rien de ce genre. Si quelqu’un l’avait vue à ce moment, ils auraient pensé qu’elle n’était qu’une dragonne froide, mais je la connaissais mieux que quiconque. La nouvelle la frappe fort, mais ce n’était pas la première fois qu’elle perdait un ami ou un membre de sa famille. Ce ne serait pas la dernière fois non plus. Au cours des siècles passés, nous avions tous deux perdu beaucoup de ceux qui nous étaient chers. Ce n’était peut-être que par pure chance qu’un seul de nos enfants est décédé jusqu’à présent. Bien que, nous aurions tous deux préféré que tous survivent, mais peut-être que ce fût trop demander et les dieux nous ont prit Coshun ?

Pour le moment, je l’avais réconfortée du mieux que je le pouvais. Puis quelques heures plus tard, j’étais retourné sur mon trône, où je m’étais assis et j’avais attendu qu’Elovius se présente avec son rapport.

Le premier à entrer, cependant, fut Sire Seryanna Draketerus, la femme d’Alkelios Yatagai Draketerus. Elle traînait derrière elle une dragonne nue et inconsciente attachée avec une corde de manière à ce qu’aucune de ses parties intimes ne soit visible. Il vaudrait mieux dire qu’elle l’avait littéralement enroulée de corde.

« Votre Majesté. » Dit-elle en s’agenouillant devant moi.

« Sire Seryanna, qu’est-ce que c’est que… ça ? » Lui demandai-je en désignant celle qu’elle avait apportée.

« Un assassin. » Répondit-elle calmement.

« Hein ? » Je plissais les sourcils.

Puis, alors qu’elle expliquait l’attaque, les portes s’ouvrirent à nouveau. Cette fois, c’était Kataryna qui était entrée en traînant derrière elle deux dragons gelés. Ils étaient dans deux gros blocs de glace, et je pouvais dire que le temps qu’il avait fallu pour les emprisonner avait duré moins d’une seconde.

« Votre Majesté. » La dragonne me fit un sourire puis regarda Seryanna. Elle acquiesça et dit : « Bonjour, Seryanna. »

« Bonjour, Kataryna. Des assassins ? » Demanda Seryanna pendant que je regardais leurs « prises ».

« J’ai un mauvais pressentiment à ce sujet... » Murmurai-je.

À ce moment, Kléo entra dans la salle du trône et me salua avec un sourire.

« Votre Majesté. » Dit-elle.

***

Partie 2

« Kléo, est-ce que quelque chose ne va pas ? » Je lui avais demandé ça, en pensant qu’il n’y a pas si longtemps, je l’avais vu agir en tant que gardienne de ma femme.

« Ça. » Dit-elle.

L’ombre à ses pieds s’était étendue devant elle et avait formé un cercle parfaitement noir. De là, quatre mains noires tirèrent quatre dragons sans ailes qui avaient peur. Ils semblaient avoir été tourmentés par la pure peur par des diables et des monstres.

« Et ils sont ? » demandai-je en montrant les pauvres bâtards.

« Des assassins qui pensaient pouvoir prendre la vie de la reine. » Elle me dit un sourire calme.

Quand ces quatre-là avaient rencontré mon regard, trois d’entre eux s’étaient évanouis et le dernier s’est souillé.

J’avais parfaitement le droit d’être furieux. Bien que ce changement d’expression ait été instantané, avec tout ce qui se passait, personne ne pouvait me blâmer d’être sur les nerfs.

Non seulement ils visent les nobles importants, mais ils ont le courage de s’en prendre à ma FEMME ?! J’avais hurlé dans mon esprit alors que je bombardais ces quatre personnes avec une aura meurtrière.

À ce moment, la porte s’ouvrit à nouveau, mais cette fois, ce n’était pas un messager, c’était Elovius.

« Votre Majesté, je.. Euh… que se passe-t-il ici ? » demanda-t-il quand il vit la scène.

« Assassins. » Kataryna haussa les épaules.

« Ahem.. Oui… ça. » Dis-je en essayant de retrouver mon sang-froid. « Ma femme va-t-elle bien, Kléo ? » demandai-je à la nécromancienne.

« Elle n’a même pas su qu’ils étaient là. Je me suis occupée d’eux au moment où mes Chiens Noirs ont senti leur désir de meurtre. Ensuite, j’ai juste appelé les démons du monde souterrain et les ai lâchés. Je me suis assurée de les laisser intact, mais je ne garantirai pas leur santé mentale. » Elle parla d’un ton calme, tout en me faisant un sourire innocent.

Quand elle atteindra l’éveil supérieur, elle deviendra une dragonne effrayante… alooooors, je vais faire de mon mieux pour être de son bon côté. Pensais-je.

« De rien, Votre Majesté. Je vais laisser à Elovius poser les questions à ces quatre. » Dit-elle avant de regarder le Premier ministre.

« Reste-t-il quelque chose à l’intérieur de ces assassins qui puissent répondre à mes questions ? » Demanda-t-il en désignant les quatre.

« Peut-être ? Je ne sais pas. » Elle haussa les épaules. « Je vais vous donner un bâton des Ténèbres pour les fouiller et voir s’ils bougent. » Elle rigola.

« Bien sûr... » Il cligna des yeux surpris puis me regarda. « Ahem. Votre Majes... » Avant qu’il puisse finir ses mots, les portes s’ouvrirent à nouveau.

Cette fois, c’était Alkelios qui est venu en traînant deux dragons ayant été frappés jusqu’à ce qu’ils soient tous noirs et bleus.

« Laisse-moi deviner... Assassins ? » Demandai-je avec un soupir en secouant la tête.

« Comment le saviez-vous ? » Demanda Alkelios, surpris.

« Parce qu’aujourd’hui d’innombrables assassins ont apparemment choisi de s’en prendre aux nobles importants de ce royaume, des groupes de bandits ont décidé que c’était le jour d’assiéger des villes, et tout cela en même temps. Ce que je veux savoir, c’est pourquoi amenez-vous ces assassins vers moi ? » avais-je demandé en essayant de contrôler mon ton de voix exaspéré.

Je ne voulais même pas penser à ce que tout cela signifiait, mais je n’avais pas ressenti l’urgence de préparer mes troupes pour la guerre.

Ensuite, Sire Brekkar entra également dans la salle, emmenant six assassins ligotés.

« Vous aussi ? » Demanda-t-il en regardant autour de lui.

Ils avaient tous acquiescé.

« Je pense que la raison pour laquelle nous avons amené les assassins est que le Premier ministre sait comment les gérer au mieux. » Sire Seryanna a répondu à ma question avec la politesse d’une chevalière.

« En d’autres termes, ils n’ont aucune idée de la manière de procéder à un interrogatoire approprié, » déclara Sire Brekkar avec un reniflement.

« Toi non plus. » Je plissai les yeux vers le vieux dragon.

« Ahaha! Hey ! La dernière fois était un accident ! Je le jure ! » Se défendit-il.

« Tu as envoyé un dragon voler jusqu’à l’autre côté de la capitale et lui as fait perdre TOUS ses souvenirs parce que tu lui as frappé la tête ! » avais-je rétorqué.

« Comme je l’ai dit, c’était un accident. » Il fit un sourire forcé.

« Oui. Oui. » Je lui ai fait signe puis j’avais regardé Elovius. « Tu as entendu Sire Seryanna. Peux-tu le faire ? » Je lui ai demandé.

« Bien sûr. » Il acquiesça et me fit un gentil sourire.

Je commençais à avoir pitié de ces pauvres bâtards. Peut-être que son aspect effrayant était aussi la raison pour laquelle je préférais Elovius comme prochain roi possible plutôt que Charmeill. Ce garçon était un peu trop mou, mais la dragonne qu’il avait choisie n’était pas si mauvaise. Bien qu’elle ne soit pas non plus ce que j’appellerais une bonne future reine. En tout cas, je pouvais toujours organiser un mariage politique pour lui, afin qu’il ait quelqu’un à ses côtés qui auraient ces compétences. Ou bien, je pourrais demander à Elliessara de donner un cours intensif à la dragonne de son choix.

« Pourquoi avez-vous tous décidé de les capturer ? J’ai entendu l’histoire de Kléo et une partie de l’histoire de Sire Seryanna. Ils l’ont attaquée sur les rives de la rivière. Elle a riposté et a amené l’unique survivant ici, qui est la dragonne attachée là-bas. En allant dans l’ordre, Kataryna, et vous ? » Demandai-je.

« Oh, j’étais sur le point de sortir avec la princesse Elleyzabelle quand j’ai vu ces deux idiots entrer par la fenêtre. Je les ai soudain gelées et ensuite je m’apprêtais à les briser, mais la princesse m’a dit qu’il valait mieux les amener au Premier ministre, qui saura obtenir toutes les informations qu’il souhaiterait. » Dit-elle d’un ton calme.

« D’accord, et vous, Sire Alkelios ? » Avais-je demandé.

« J’étais chez la vicomtesse Reyazes lorsque trois assassins sont venus par la fenêtre et l’ont attaquée. J’ai arrêté leurs attaques et ensuite transformé l’un d’eux en bouillie. J’ai capturé ces deux-là et j’ai volé un peu trop bas et je les ai accidentellement abîmés avec les arbres et les rochers parce qu’ils étaient énervants. » Il me fit un sourire.

« Comment est-ce un accident ? » J’avais plissé les sourcils.

« Parce qu’ils ont frappé les arbres et les rochers sans que j’aie quoi que ce soit à voir avec, non ? » Demanda-t-il en levant un doigt.

« Soupir, inutile de m’en dire plus. Brekkar, et toi ? » Demandai-je en secouant la tête.

« Ils nous ont attaqués, moi et Iolaus, alors que nous nous entraînions, alors j’ai utilisé Iolaus pour les frapper. » Il acquiesça.

« Tu as quoi ? » Je clignai des yeux surpris.

« J’ai attrapé le garçon par les pieds et je l’ai utilisé comme bâton ! » M’avait-il répondu en levant le pouce.

« Hey ! Ne casse pas mon futur mari ! Je suis censée faire ça ! » Se plaignit Kléo, et je laissai échapper un soupir.

Dans tous les cas, ce groupe n’avait eu aucun problème à gérer les assassins, mais les autres...

« Elovius, qui est mort aujourd’hui ? » avais-je demandé.

« Les informations que j’ai reçues jusqu’ici parlent des assassinats suivants : la duchesse Marchialle, le duc Galbarian, la marquise Behavialla, la marquise Véronique, la marquise Massaria, le comte Hoghiannis, la comtesse Merialla, la comtesse Yehevajere, la comtesse Mafvajra, le comte Mafvajra, le comte Mossvajra, la comtesse Yehevajra, le comédien Mafvajra, la baronne Mejeve et la baronne Helberya. Ce sont des nobles, mais des mercenaires et des artisans ont également été visés. Beaucoup d’autres sont gravement blessés ou ont subi de nombreuses pertes en combattant contre les assaillants, » avait expliqué Elovius.

« Comment est-il possible d’attaquer autant de dragons en même temps ? Ce niveau d’organisation n’est pas normal. » Alkelios avait souligné.

« Ce n’est pas... » Je laissai échapper un soupir. « S’il vous plaît, suivez-moi pour le conseil de guerre. » Dis-je en me levant du trône.

Lorsqu’il avait entendu cela, le premier à réagir avait été Brekkar. Son sourire s’était transformé en une expression sérieuse. La seule raison pour laquelle je les avais invités ici était parce qu’il y avait une chance que nous soyons confrontés à un scénario de guerre.

« Qu’en est-il de Sa Majesté, la reine ? » Demanda Elovius.

« Je l’informerai de tout ce qui s’est passé là-bas par la suite. » Lui dis-je.

« Et les prisonniers ? » Demanda Seryanna en regardant l’assassin tremblant dans l’ombre de Kléo.

« Elovius ? » avais-je demandé en regardant mon fils.

« Si le duc et la duchesse Draketerus ont eu la gentillesse de leur retirer les pilules empoisonnées et les lames cachées, je les ordonnerai de les conduire dans les cachots afin de pouvoir commencer l’interrogatoire dès que possible. » Suggéra-t-il.

« Bien. Fais-le vite. » Dis-je en hochant la tête.

« Comme vous le voulez, Votre Majesté ! » Ils s’inclinèrent devant moi.

Alors qu’ils commençaient à travailler, plusieurs gardes avaient été appelés par Elovius pour emmener les prisonniers dans leur nouveau « domicile » .

Tout cela n’avait pas pris longtemps, juste quelques minutes, après, je m’étais rendu à la salle du conseil de guerre. Je marchais à l’avant tandis que tout le monde suivait derrière moi.

***

***Point de vue de Brekkar***

Pendant des siècles, la salle de conseil de guerre du royaume d’Albeyater n’avait été utilisée que lorsque la guerre était imminente. Tandis que Seryanna, Kléo et Alkelios étaient probablement trop jeunes pour comprendre le sens de ce message, moi qui avais été appelé ici d’innombrables fois dans le passé, en était bien conscient.

De base, toutes les convocations dans la salle de conseil de guerre se terminaient par un ordre de guerre ou un décret de paix écrit. Pour que l’on puisse donner l’une ou l’autre des conditions, quelques conditions devaient être remplies.

Tout d’abord, le roi et le Premier ministre devaient être présents. La reine n’avait pas besoin d’être présente, mais elle donnerait ensuite son approbation finale pour toute décision atteinte. Si elle refusait, elle participerait à la réunion suivante.

Outre les deux, un général devait être présent à cette réunion avec au moins deux autres éveillés supérieurs fidèles à la couronne.

À l’heure actuelle, toutes ces conditions étaient réunies au strict minimum et le roi pouvait donner l’ordre de rassembler les troupes et de mettre en place une stratégie. Après cette première réunion, il nommerait divers autres commandants militaires à différents postes. Il contacterait la guilde des marchands pour discuter des fournitures nécessaires pouvant être achetées et irait même jusqu’à inviter les aventuriers du royaume d’Albeyater à participer à cette bataille pour la défense de leurs terres. Le ministre des Finances, les ministres de la Marine et des Affaires aériennes seraient également convoqués à une réunion.

Cependant, tout cela serait basé sur la discussion initiale qui aurait lieu dans la salle du conseil de guerre. Une deuxième réunion n’aurait lieu que dans le cas absurde où nous avions été repoussés et où il était nécessaire de parler de reddition. Bien sûr, en cas de guerre totale contre plusieurs forces ennemies, cette salle était utilisée presque quotidiennement par Sa Majesté et les généraux qui le suivaient.

En d’autres termes, le fait d’être appelé dans la salle du conseil de guerre signifiait que Sa Majesté le Roi avait suffisamment de raisons de croire que le royaume d’Albeyater risquait d’être envahi par une force militaire.

Quand j’étais entré dans la pièce avec tout le monde, des souvenirs du passé s’étaient réveillés en moi. La table ridiculement énorme au milieu avec une carte sculptée de toutes les informations géographiques du Continent Dragon. Dans le coin extrême gauche se trouvait une grande bibliothèque remplie de cartes correspondant à des zones spécifiques et visant certains objectifs. À l’extrême droite de la pièce se trouvaient deux bibliothèques contenant des manuscrits avec des traités et des décrets donnés par Leurs Majestés depuis leur accession au trône. À ma gauche en entrant dans la pièce se trouvait une autre bibliothèque, mais cette fois-ci, elle était remplie de petites statues en métal censées représenter diverses troupes et bataillons. C’étaient les pièces d’échecs utilisées sur le grand échiquier appelé continent dragon.

Même si ce n’était pas la première fois que je pénétrais dans cette pièce, je restais toujours là, émerveillé par la minutie avec laquelle cette carte avait été conçue. Il est dit qu’il avait fallu 17 mois à l’artiste pour la réaliser. L’artiste avait fait sept copies de cette carte et en avait donné une à chacune des dragonnes les plus influentes de l’époque, dont la reine Elliessara.

***

Partie 3

Alkelios regardait la carte avec de grands yeux et mes petites-filles faisaient de leur mieux pour s’abstenir de la regarder, mais je pouvais les voir leurs queues remuer. C’était vraiment un objet de grande beauté.

Les seuls qui y étaient indifférents étaient le roi, le Premier ministre et Kataryna. Je pouvais comprendre les deux premiers, mais pas la dragonne glacée. « Nous commençons maintenant la réunion officielle de préparation à la guerre. » Déclara Sa Majesté en prenant un bâton de pointage enchanté et en le remplissant de magie.

Il l’utilisa ensuite pour dessiner dans l’air des X rouges sur plusieurs villes sur la carte.

« Préparation à la guerre ? » Demanda Alkelios, confus.

« Jeunot, cet endroit n’est jamais utilisé à moins que Sa Majesté ait des raisons suffisantes de croire que notre royaume pourrait être attaqué par une force militaire adverse, » lui avais-je murmuré.

« Quoi ? Es-tu sérieux ? » Il me regarda avec de grands yeux.

« Ssh ! » Seryanna nous lança un regard noir.

Je lui avais fait un sourire ironique puis nous avions tourné nos yeux vers la carte. Presque toutes les villes frontalières étaient remplies de X, y compris la capitale, mais il n’y en avait pas à la frontière orientale.

« Monsieur le Premier ministre, montre-moi quelles sont les colonies actuellement assiégées par des bandits, » demanda Sa Majesté en donnant le bâton à Elovius.

« Certainement. » Il acquiesça puis se tourna vers la carte. « Nous avons d’abord les villages : Pertiko, Myuer, Venya, Samaz, Somber, Essey, Ilvan, Nanera et Rovie. J’ai eu des nouvelles de l’unité d’éclaireurs avant de venir vous voir Votre Majesté. Il n’y a pas autant d’individus que d’assiéger les villes et les cités, mais c’est suffisamment pour empêcher les marchands et les soldats de partir en cas d’appel de sortie, » avait-il déclaré.

« Hm... » Je m’étais gratté le menton.

Pas mal. Pensais-je.

« Nous avons ensuite les villes de Melles, Naver, Unvar, Onias, Nezv, Ihe, Pustia, Andruka et Azuvian. Ensuite, nous avons les villes Ugen, Nalta, Vérone, Uhasah et Nomora. » Dit-il en les désignant sur la carte.

« Hm, y a-t-il des colonies qui n’ont pas encore été touchées ? Oh, attendez, Andromeda et Tomeron sont toujours en sécurité. » Alkelios se moqua.

« Le garçon est sur quelque chose. » Déclarai-je en le signalant.

« S’il te plaît, élabore. » Demanda Sa Majesté et le Premier ministre m’offrit le bâton de pointage.

« Eh bien, presque toutes les colonies situées après le Grand Gouffre ont été frappées soit par un assassinat, soit par un siège. Il est hautement improbable que les bandits souhaitent prendre le contrôle de ces colonies, mais ils maintiennent notre économie et notre puissance militaire à l’arrêt. Ils n’ont même pas fait un effort pour empêcher les messages de leurs actions de nous parvenir, ce qui montre que cela peut aussi être un appât. » Dis-je en hochant la tête.

« Un appât ? » Demanda Alkelios, mais il était clair qu’il ne voyait pas la stratégie en jeu ici.

« Regardez, si nous regardons la carte, nous pouvons voir que certains endroits assez importants de la frontière avec Embryger n’ont rien signalé d’inhabituel. La ville de Leone, la ville de Luka, la ville d’Eldenbar, la ville de Tes, sont des sites économiques et militaires importants, mais aucun d’eux n’a envoyé de rapport ni…, » avais-je dit en les indiquant du doigt la carte.

« Ils ne pouvaient pas. » Kataryna continua mes mots.

« Mais certains établissements de la côte et même ceux situés près de la forêt Seculiar autour de Tomeron n’ont pas été touchés non plus. » avais souligné Alkelios.

« Il n’y en avait pas besoin. » Dis-je.

« Si tu regardes la carte, Alkelios, tu verras que seules les colonies du centre ont été attaquées, mais une ville frontalière comme Royar n’a pas fait l’objet d’une tentative d’assassinat ni d’un siège des forces des bandits. En fait, je trouve que ce dernier est plutôt étrange. Les bandits ne sont pas très bien organisés. Les empêcher d’entrer dans un village ou une ville qu’ils savent conquérir est comme essayer d’empêcher une meute de moutons affamés de sauter sur le morceau de viande juteuse qui se trouve devant eux. Ce n’est tout simplement pas possible, » déclara Kataryna en secouant la tête.

« Ce ne sont pas des bandits, ce sont des soldats qui prétendent être des bandits. » Fit remarquer Seryanna, mais elle avait à moitié raison.

« Je pense qu’ils sont une combinaison de bandits, de mercenaires et de soldats. Les soldats agissent en tant que chefs. Les bandits sont les muscles, et les mercenaires sont la laisse des muscles. » Dis-je avec un sourire narquois.

« En bref, nos troupes ne peuvent pas bouger et l’économie est bloquée, » déclara Sa Majesté d’un signe de tête.

« Hm, je me trompe peut-être, mais ces dragons et dragonnes qui ont été tués sont-ils importants pour le Royaume ? » Demanda Alkelios en se grattant la tête.

« Oui très. Qu’il s’agisse d’une relation avec un groupe commercial étranger important, d’un commandant de renom dans l’armée ou d’une personnalité politique évoquée lors des fêtes pour les dragonnes, ils avaient tous une importance dans le bien-être de ce royaume. Même ceux qui ont survécu aux tentatives d’aujourd’hui étaient importants d’une manière ou d’une autre, tout en étant une pièce capable de renforcer notre puissance. Prenez la vicomtesse Reyazes par exemple. Bien qu’elle soit inférieure à une comtesse ou à une marquise, elle est une autorité reconnue en matière de cartographie. Si elle était décédée, nous aurions perdu une personne très importante du point de vue militaire et économique, » avait expliqué le Premier ministre d’un ton calme.

« Plus que cela, nous aurions perdu son réseau d’information, ce qui est tout aussi précieux en temps de guerre, » avait déclaré le roi.

« Ils essaient donc de paralyser indirectement l’économie et l’armée de ce royaume ? » avait-il demandé.

« Plutôt que de le paralyser, je dirais qu’ils essaient de le bloquer. Les marchands sont des créatures sournoises. Ils feront des profits, peu importe avec qui, mais si vous arrêtez leurs caravanes, l’or et les marchandises ne bougent plus. Cela pourrait entraîner une sortie tardive de l’armée ou... comme c’est le cas, un échec total de la mise en place de notre puissance militaire défensive. Les “bandits” s’en occupent, semble-t-il, » déclarai-je avec un sourire narquois en croisant les bras sur ma poitrine.

« Est-il possible que Draejan fasse partie de ce complot ? » Demanda Alkelios en me regardant.

Les paroles du garçon m’étonnèrent, mais ce n’était pas comme si je n’y avais pas déjà pensé. La seule chose que je voulais savoir était s’il y avait quelque chose à gagner pour le dragon ? S’il n’y en avait pas, sa possible trahison ne serait qu’une accusation mal placée. À un moment pareil, une telle accusation pourrait facilement mener à la chute de la maison de Doesya ou à la mort de ce dragon.

« Les rapports montrent que Draejan Andrakaryus Doesya a en fait trahi notre royaume pour une faction d’Embryger, qui rassemble actuellement ses forces de ce côté-ci. » Répondit le roi en montrant la frontière orientale du royaume, dont il parlait un instant plus tôt.

« Votre Majesté, si je peux me permettre. » Demanda le Premier ministre. Feryumstark hocha la tête et le dragon continua : « Actuellement, notre éclaireur a confirmé l’existence d’une force militaire rassemblée et il a maintenant sous son contrôle les colonies mentionnées précédemment les villes : Tes, Luka, Leone, Elden'bar et les villages ainsi que leurs avant-postes. »

Je lui avais donné le bâton pointu et il s’en est servi pour tracer une ligne devant ces colonies.

« Y a-t-il un nombre approximatif de soldats ? » Demandai-je avec curiosité.

« Actuellement, nous pensons que l’ennemi peut rassembler une force d’au moins 20 000 soldats si nous incluons les sièges de bandits et les assassins parmi les bandits, » avait déclaré le Premier ministre.

Ses paroles venaient juste d’aggraver la situation. Non, cela devenait lentement un échec, car, le premier geste allait être la libération de toutes les colonies assiégées afin que nous puissions rassembler nos propres forces, l’ennemi aurait déjà constitué une armée sur notre propre territoire.

20 000… je doute qu’ils en aient rassemblé si peu. Pensais-je en regardant la carte.

« Est-ce que cela signifie qu’Embryger souhaite entrer en guerre avec nous ? » Demanda Alkelios en posant la question à laquelle nous ne voulions pas obtenir de réponse affirmative.

« Non, nous avons des raisons de croire que ce n’est pas le cas. » Le Premier ministre avait dissipé cette inquiétude rapidement.

« Pourquoi ? » Demanda Alkelios.

« Le prince Kryogan, qui est actuellement ambassadeur d’Albeyater dans l’empire Embryger, a envoyé un rapport dans lequel il était écrit que l’une des factions politiques de l’empire était en train de s’éloigner de leur autorité. Il semblerait qu’ils essaient de gagner des points en faveur de la princesse qu’ils soutiennent pour monter sur le trône. Au même moment, la princesse Saluka Fer, mariée à la famille ducale Bryghtanar de l’empire Embryger, a envoyé un rapport avec la signature de son mari nous avertissant de ce mouvement possible et que nous ne devrions pas être pressés de le qualifier d’ordre de l’empereur ou de l’impératrice » a-t-il expliqué.

« Hein ? Ce sont des bâtards sournois, » déclarai-je avec un sourire narquois.

« Pouvons-nous vraiment croire que ces rapports sont vrais ? » avait demandé Alkelios.

« Que veux-tu dire, mon garçon ? » demandai-je, surpris.

« N’est-il pas normal qu’en temps de guerre, l’un de vos objectifs soit de tromper le réseau d’information de l’ennemi et de le laisser penser que votre stratégie et vos forces soient différentes de celles qui existent actuellement ? » avait-il demandé.

En effet, il avait marqué un point. Compte tenu de la façon dont les humains se battaient, ce n’était pas si scandaleux de croire qu’il y avait une possibilité de trahison. Draejan était en train de devenir un suspect principal en tant qu’auteur de cette action scandaleuse, alors que deux enfants de Sa Majesté étaient, au fond d’Embryger. Il était impossible de dire ce que les nobles leur chuchotaient des choses, ou essayait de les faire venir de leur côté. Pourtant, quand j’avais pensé à l’empire qui voulait se battre, j’avais trouvé difficile de le croire. Une faction ou deux, peut-être, mais l’empereur et l’impératrice actuels n’avaient absolument rien à gagner d’une telle action.

Le royaume d’Albeyater était également l’un des plus grands du royaume du Dragon, une bataille contre nous, qui s’efforçait également de tenir les humains à distance, n’aurait entraîné que des pertes pour l’Empire, et aurait également donné à notre ennemi commun une raison pour commencer une deuxième invasion et même réussir avec elle. Si vous deviez ajouter l’existence de héros comme Alkelios, les chances étaient plus grandes du côté de notre ennemi que du nôtre.

Non, si Embryger voulait commencer à conquérir quoi que ce soit, cela aurait été utile pour les petites nations comme Trusk, Shion, Otzir, Ozur, Novarak, Parand et Olvia. L’un ou l’autre aurait fait une excellente cible. Hm, peut-être pas Trusk, Olvia et Ozur, je crois que ces trois-là étaient des États vassaux.

« Je comprends vos inquiétudes, Alkelios Yatagai. » Sa Majesté s’exprima : « Ce genre de choses est de sens commun dans les royaumes humains, mais dans les royaumes dragons, ce serait une véritable folie, surtout lorsque lesdits informateurs sont mes propres enfants. Là encore, la princesse héritière de l’Empire Embryger semble être tombée amoureuse de mon fils, alors elle et son parti s’opposeraient définitivement à ce mouvement. En ce qui concerne la faction agissant de manière indépendante, ces choses sont bien plus courantes que ce que vous venez de suggérer, » avait-il expliqué.

« Qu’en est-il du royaume de Solustia ou de Lorak ? » Demanda Alkelios.

« Ni l’une ni l’autre ne sont une menace et n’ont rien à y gagner. » Sa Majesté secoua la tête.

« Cela ne veut pas dire qu’ils n’ont pas de raison dont vous ne vous êtes pas encore rendu compte. » Souligna le garçon.

« C’est vrai... » Le roi acquiesça et ferma les yeux un instant.

Compte tenu de la façon dont la situation évoluait, un signe de vulnérabilité de notre part pourrait conduire à une nouvelle guerre totale. Cependant, il y avait toujours le problème des éveillés supérieurs présents dans le pays, une chose à laquelle le garçon n’avait pas encore pensé. Albeyater en avait beaucoup plus par rapport à ces deux-là. Cela seul était un facteur décisif qui maintenait notre nation forte.

Ouvrant les yeux, Sa Majesté dit alors : « Si je voulais conquérir Albeyater, détruire mon économie serait le premier pas que je ferais. Au besoin, je brûlerais les champs dès que l’armée ennemie tenterait de les traverser. Grâce à la magie, cela ne poserait pas beaucoup de problèmes, mais même si la fumée montait haut dans le ciel, elle deviendrait un manteau pour un assaut aérien. En regardant la carte, je viserais une attaque du sud ou de l’est. Une attaque par la mer n’aurait pas de sens et le nord est relié à un désert. Je perdrais plus de troupes à la traverser que si je les envoyais par bateaux de l’Ouest. Compte tenu des circonstances politiques et militaires de toutes les nations sur cette carte, je penserais qu’envoyer toutes mes forces dans une seule bataille ou guerre ne ferait que conduire à la chute de mon pays. Nous savons déjà qu’une faction au sein d’Embryger se déplace de manière indépendante, alors tout au plus, je suppose que nous ferons face à quatre ou cinq révolutionnaires. »

***

Chapitre 66 : Les compétences d’un héros

Partie 1

***Points de vue d’Alkelios***

En montant dans le ciel, j’avais posé mon regard sur le champ de bataille qui s’étendait entre la ville de Pustia et celle d’Elden’bar. Les magnifiques champs de céréales avaient été brûlés et transformés en cendres. Les dragons de notre côté avaient du mal à contenir les flammes tandis que d’autres les éteignaient. Les animaux qui se trouvaient autrefois sous terre ou au-dessus avaient été transformés en charbon tout comme une forêt au Nord.

Ce n’était pas moi ni ceux de notre côté qui l’avions fait. C’était un acte de l’ennemi. Leurs acclamations pour la victoire avaient atteint le ciel et traversé les plaines.

364 000 dragons et dragonnes avaient été rassemblés pour s’opposer à nos 26000. La différence de force était aussi nette que le jour. Nous étions submergés par des nombres énormes et jamais auparavant je ne m’étais senti aussi dévasté… sauf peut-être ce jour-là où j’étais tombé par hasard sur la reine alors qu’elle était en train de se changer. La porte n’était pas verrouillée et ce n’était pas comme si je venais spécialement la voir. J’étais là parce que je voulais apporter à Sa Majesté une partie de la confiture que j’avais préparée. Ce jour-là, je m’étais retrouvé à courir un long marathon autour de Drakaria tout en étant poursuivi par certaines dragonnes royales.

Poussant un soupir, je tendis la main vers la force adverse et envisageai de leur tirer dessus, cependant…

« Les bâtards se tiennent trop près de la ville et si je la tire, cette terre sera irradiée… la principale route commerciale entre Embryger et Albeyater coupe également au milieu du champ de bataille. » Dis-je avant de baisser le bras.

C’était mon plus gros problème jusqu’à présent. Je ne pouvais pas attaquer avec mon arme la plus puissante, car je finirais par empoisonner la terre, mais aussi gravement endommager l’économie du royaume. Ils pourraient facilement se remettre d’une guerre comme celle-ci, mais si la terre devenait inhabitable, même pendant une décennie ou deux, cela pourrait porter un coup dur au royaume. Si c’était une terre inhabitée ou inutilisée, c’était autre chose, mais à ma gauche et à ma droite se trouvaient des champs de céréales.

Cette région faisait partie de ce que les dragons appelaient le grenier à grain d’Albeyater. Parce qu’ils avaient brûlé les récoltes ici, les marchands allaient augmenter le prix des céréales obtenu par importation. Cependant, ils devaient avoir une récolte abondante l’année prochaine. C’était, bien sûr, si je ne laissais pas tomber l’arme nucléaire.

« Si la bataille était plus proche de la frontière d’Embryger, j’aurais peut-être utilisé cette attaque..., » avais-je dit.

Pourtant, même si c’était le cas, je n’aurais toujours pas utilisé cette compétence si Sa Majesté, le roi Feryumstark Seyendraugher, n’était pas d’accord. Dans l’état actuel des choses, nous étions obligés d’utiliser des moyens moins destructeurs.

De notre côté, la plupart des troupes regardaient l’ennemi avec inquiétude, voyant comment lors de la bataille à venir, chaque soldat de notre côté devait vaincre quatorze ennemis. C’était un nombre ridicule sachant que ce n’étaient pas les élites du royaume. Cependant, nous pouvions dire que nous avions comme avantage le nombre d’éveillé supérieur.

Selon les éclaireurs, il y avait six éveillés supérieurs ennemis. Notre côté en avait dix, y compris le roi, moi et Kataryna. Brekkar n’avait pas encore atteint le statut d’éveillé supérieur, Seryanna n’était pas loin d’y être et Kléo était au même niveau qu’Iolaus. Tous étaient forts, c’est vrai, mais je ne savais pas s’ils étaient capables de survivre face à un éveillé supérieur ou non.

Globalement, nos statistiques semblaient correctes lorsque j’étais à moins de 100 mètres d’eux.

Nom : Seryanna Draketerus

Race : Dragonne supérieure de la Haute Flamme

Statut d’éveil : 4 conditions sur 4 atteintes

Niveau : 861

Force : 6845 +1821,1

Vitesse : 5138 +1918,2

Dextérité : 4810 +1915,4

Magie : 7804 +2768,8

Chance : 60

Excellence magique : 76,4 % + 13,69 %

Bonus actuel : Dompteur de Dragon <multiplie par 5 l’absorption de force et énergie magique ainsi que la vitesse d’apprentissage>

Chuchoteur des flammes <toutes les attaques de feu reçues infligent 70 % moins de dégâts. Tous les sorts de feu infligent 30 % plus de dégâts. Peut absorber le feu et la chaleur pour augmenter son énergie magique ou soigner des blessures. Peut utiliser la vision thermique.>

 

Nom : Brekkar Draketerus

Race : Dragon

Statut d’éveil : 2 conditions sur 2 atteintes

Niveau : 961

Force : 8640 +1821,1

Vitesse : 4310 +1918,2

Dextérité : 5670 +1915,4

Magie : 3840 +2768,8

Chance : 24

Excellence magique : 64 % + 13,69 %

Bonus actuel : Dompteur de Dragon <multiplie par 5 l’absorption de force et énergie magique ainsi que la vitesse d’apprentissage>

 

Nom : Thraherkleyoseya Draketerus

Race : dragonne supérieure des ténèbres

Statut d’éveil : 3 conditions sur 3 atteintes

Niveau : 541

Force : 2470 +1821,1

Vitesse : 3240 +1918,2

Dextérité : 4120 +1915,4

Magie : 10 000 +2768,8

Chance : 34

Excellence magique : 56 % + 13,69 %

Bonus actuel : Dompteur de Dragon <multiplie par 5 l’absorption de force et énergie magique ainsi que la vitesse d’apprentissage>

Maîtresse des Ténèbres <les démons des enfers obéissent à tous vos ordres. Les attaques de lumière sont 25 % moins efficaces. Les sorts des ténèbres sont 20 % plus puissants.>

 

Nom : Kataryna Georg

Race : Dragonne supérieure de l’étincelle de glace

Statut d’éveil : 6 conditions sur 6 atteintes

Niveau : 1336

Force : 7229 +1821,1

Vitesse : 8775 +1918,2

Dextérité : 7860 +1915,4

Magie : 5450 +2768,8

Chance : 41

Excellence magique : 31 % + 13,69 %

Bonus actuel : Dompteur de Dragon <multiplie par 5 l’absorption de force et énergie magique ainsi que la vitesse d’apprentissage>

Sagesse de l’ancien <bonus acquis grâce à un éveil supérieur. Il permet à l’individu d’avoir une nouvelle perspective du monde. Cela augmente l’intuition de la personne. Confère l’aura d’un sage.>

 

Nom : Iolaus von Striggnyark

Race : Dragon supérieur de la lumière

Statut d’éveil : 4 conditions sur 4 atteintes

Niveau : 681

Force : 3670 +1821,1

Vitesse : 3110 +1918,2

Dextérité : 4170 +1915,4

Magie : 4720 +2768,8

Chance : 44

Excellence magique : 36 % + 13,69 %

Bonus actuel : Dompteur de Dragon <multiplie par 5 l’absorption de force et énergie magique ainsi que la vitesse d’apprentissage>

Maître de la lumière <la lumière obéit à vos ordres. Les attaques des ténèbres sont 25 % moins efficaces. Les sorts d’élément de lumière sont 20 % plus puissants.>

 

Nom : Elliessara Seyendraugher

Race : Dragonne supérieure de la haute lumière

Statut d’éveil : 6 conditions sur 6 atteintes

Niveau : 1207

Force : 2245 (6556) +1821,1

Vitesse : 1040 (7868) +1918,2

Dextérité : 3810 (9378) +1915,4

Magie : 7940 (12 980) +2768,8

Chance : 55

Excellence magique : 43 % + 13,69 %

Bonus actuel : Dompteur de Dragon <multiplie par 5 l’absorption de force et énergie magique ainsi que la vitesse d’apprentissage>

Sagesse de l’ancien <bonus acquis grâce à un éveil supérieur. Il permet à l’individu d’avoir une nouvelle perspective du monde. Cela augmente l’intuition de la personne. Confère l’aura d’un sage.>

Malus : Poison de la mort de Dieu

 

Et ensuite, il y avait moi…

Nom : Alkelios Yatagai Draketerus

Race : demi-humain, demi-dragon (supérieur de la haute flamme, haute lumière, hautes ténèbres, haute autorité)

Niveau : 1346

Force : 7588 +2053,5 +2592 +741 +2168,7 +1101 +1966,8

Vitesse : 9450 +1541,4 +1293 +972 +2632,5 +933 +2360,4

Dextérité : 8760 +1443 +1293 +1236 +2358 +1251 +2813,4

Magie : 14 250 +2341,2 +1152 +3000 +1635 +1416 +3894

Chance : 100

Excellence magique : 45 % +22,92 % +19,2 % +16,8 % +9,3 % +10,8 % +12,9 %

Compétences : Montrer ? O/N

Points de compétences : 16

Points de statistiques : 0

Force : 18 211

Vitesse : 19 182,3

Dextérité : 19 154,4

Magie : 27 688,2

Chance : 100

Excellence magique : 136,92 %

***

Partie 2

Et penser que Sa Majesté, le roi Feryumstark, avait réussi à me vaincre malgré ces statistiques scandaleuses. C’était vrai que je n’utilisais pas toute ma force… je ne voulais pas tuer tout le monde. Le roi très probablement n’utilisait pas toute sa force non plus. Si je devais deviner, je dirais que nous avions utilisé autour de 8000 en chaque statistique et nous avons ensuite concouru en compétence et en expérience. C’était quelque chose dans lequel je manquais énormément par rapport à lui.

Malgré tout, mes statistiques avaient des valeurs insensées par rapport au moment où j’étais arrivé dans ce monde. Mais quelque chose d’intéressant était arrivé quand la statistique d’excellence magique avait dépassé 100 %. Elle avait atteint 136,92 %. Donc, techniquement, mes attaques n’étaient pas seulement incroyablement puissantes à présent, mais j’avais également une attaque gratuite. Si, par exemple, je lançais une boule de feu, mon énergie magique ne baisserait pas, mais la magie dans l’air autour de moi diminuerait un peu. En d’autres termes, j’utilisais la magie naturellement présente dans l’environnement, ce qui était génial !

Si je lançai deux boules de feu, la première serait gratuite, tandis que la seconde coûterait 36,92 % du coût normal, mais les dégâts bruts seraient à peu près les mêmes. Le compte à rebours se réinitialiserait alors, et je pourrais une fois encore lancer une attaque sans aucun coût.

En d’autres termes, lorsque j’étais arrivé pour la première fois à Drakaria, j’aurais pu utiliser cette astuce pour m’épargner de l’énergie magique, mais le coût initial de la Itsy bitsy boom ! Cela coûtant 10 000 points de magie ! J’aurais facilement pu finir par assécher toutes l’énergie magique de la zone et Sa Majesté le roi, aurait pu voir cela comme un changement de plan. Ou il aurait pu penser que j’avais vraiment décidé de trahir les dragons et ainsi de m’attaquer pour défendre son royaume.

J’avais remarqué quelque chose d’autre à ce sujet. Si je vidais la zone de magie, ma régénération de magie en serait ralentie, ce qui me laissait croire que la quantité de magie dans l’environnement était bien supérieure à celle dans nos corps. Eh bien, cela revenait avec le temps, mais je ne pouvais pas l’utiliser en combat. L’utiliser comme une sorte de compétence anti-mage n’était également pas possible SAUF si nous étions tous deux coincés dans la même pièce.

Ainsi, cela ne pourrait être utilisé uniquement dans une bataille où on se déplaçait rapidement… ou sur un champ de bataille comme celui-ci, ou j’étais certain de ne pas rester dans la même zone trop longtemps.

Maintenant, la partie amusante était que même les statistiques de mes amis étaient plutôt absurdes. C’était le genre de statistiques généralement acquises uniquement après des décennies d’entraînement. Cependant, à cause de l’effet de ma compétence Dompteur de Dragon, une telle chose était accélérée de manière absurde. Selon Brekkar, c’était comme le fait de s’entraîner 10 fois plus vite.

De mon point de vue, c’était un effet plutôt puissant, mais comme Kataryna me l’avait dit, les statistiques n’importaient pas autant que leur utilisation. Comme preuve de cette affirmation, le bas niveau comparé à leurs statistiques. Dans cette guerre, il allait être crucial pour eux de pouvoir utiliser autant celles-ci que possible.

Mais, pour dire vrai, ce n’était pas que ça… le niveau 2 de la compétence avait l’incroyable option d’ajouter 10 de statistiques partout où je le voulais, après chaque monté de leur niveau en ma présence. Seryanna était celle étant restée le plus longtemps avec moi et sa rapide montée de niveau avait fini par lui donner BEAUCOUP de points. Pour être exact, il y avait plus de 4000 points de statistiques. Cependant, individuellement, il y avait différentes valeurs, mais j’avais fait de mon mieux pour les répartir de manière avantageuse pour leur style de combat.

Ces points étaient en quelque sorte une récompense pour être mes amis, mais je ne savais pas du tout comment ils fonctionnaient de manière naturelle.

Les capacités d’un héros étaient complètement surpuissantes et ridicules dans certaines situations. Mon Dompteur de Dragon n’avait aucun sens à plusieurs égards, ou peut-être… j’étais trop stupide pour comprendre le processus complexe derrière tout cela. Si je ne connaissais pas les lois sur lesquelles elle était basée, je ne savais pas exactement comment cela fonctionnait et je ne pouvais que constater ses effets.

En parlant de cela, lorsque j’avais passé Dompteur de Dragon au niveau 5, mon niveau avait été réinitialisé à 1 et je pouvais gagner plus de points de statistiques et de compétences.

Si je n’avais dépensé AUCUN point de compétences après ce niveau, j’aurais alors environ 1388 points, dont 42 auparavant. Cela signifiait que je pouvais acquérir 138 compétences supplémentaires et améliorées 277 fois. À ce stade, honnêtement, je n’avais pas pris la peine de suivre ces chiffres. Ils étaient trop ridicules ! Qui prendrait la peine de consulter une liste de plus de 138 compétences ?!

Depuis le début, mes compétences étaient les suivantes :

Héros : Il s’agit d’une compétence passive qui donne à l’utilisateur la possibilité de gagner 10 points de statistiques et 1 de compétences pour chaque montée de niveau, ce qui permet l’avancement physique de l’individu sans avoir besoin de s’y entraîner réellement.

Celle-ci ne pouvait monter de niveau et m’offrait un coup de pouce monstrueux comparé aux habitants ordinaires de ce monde, c’était si je savais l’utiliser à bon escient.

Puis il y avait :

Dompteur de dragon (niveau 5) : Compétence passive d’amélioration. Lorsqu’un héros développe une relation amicale ou intime avec un dragon, cette compétence lui permet de créer un lien privilégié. Le lien est indestructible par toute autre compétence à moins que le héros ne le veuille. Le héros à son espèce de changée en permanence en demi-dragon. La variante du dragon est choisie en fonction de la personnalité et des compétences. Ce changement immunise le héros contre tout autre changement forcé d’espèce. Le héros acquiert les traits spéciaux de chaque variante ainsi que tous les traits des espèces draconiques en conservant ses traits humains. Le héros gagne 30 % des statistiques des dragons, et le dragon aura la possibilité de monter de niveau 10 fois plus rapidement, quel que soit l’endroit où il se trouve. Le dragon gagnera l’équivalent de 10 % des statistiques globales améliorées du héros lorsqu’il se trouve à moins de 100 mètres de lui.

Avancement I : le héros peut sentir la direction dans laquelle il peut trouvé son ami dragon (sélectionné). Nombre de dragons pouvant être sélectionnés simultanément : 5. Cibles actuelles : Seryanna, Kataryna, Thraherkleyoseya, Brekkar, Elliessara.

Avancement II : Tous les dragons gagnent 1 point de statistiques supplémentaires à chaque montée de niveau et tous les 10 niveaux gagnés en présence du héros permettent au dragon d’améliorer de façon aléatoire leurs compétences. Le héros peut choisir où ajouter les points de statistiques à tout moment. Si le lien est rompu avant de les appliquer, ils seront automatiquement ajoutés à la statistique ayant la valeur la plus élevée.

Avancement III : Le héros peut choisir de partager une partie de son XP gagnée avec jusqu’à 3 amis dragons. Dragons actuellement sélectionnés : Seryanna, Kataryna, Kléo.

Avancement IV : Permet à un dragon de connaître l’emplacement actuel et la direction générale du héros. Dragon actuellement sélectionné : Seryanna.

Inutile de dire que j’avais utilisé assez tôt le troisième avancement, mais cela dépendait beaucoup de ma distance. Plus loin j’étais, moins ils recevaient de XP, et cela dépendait aussi du niveau. Plus le niveau est élevé, plus la quantité de XP est faible.

Cependant, rien qu’en regardant les statistiques de Seryanna, je pouvais dire à quel point elle s’était entraînée pendant que j’étais dans la forêt Seculiar. Iolaus avait également progressé sous Brekkar. Même Kataryna a monté de plusieurs niveaux. Laissant de côté les bonus que Seryanna, Kléo et Kataryna avaient reçus de ma part, leurs efforts étaient visibles à travers les valeurs affichées dans leur fenêtre de statut.

Maintenant, cette compétence avait coûté 25 points pour monter au niveau 5 et 16 autres pour ces deux avancements. Si je devais supposer que je n’avais jamais dépensé un seul point de compétence après être devenu un demi-dragon, j’aurais maintenant 1347 points.

Yeux de chaton (niveau 5) : Remplace les iris du héros par ceux d’un félin lorsque cette capacité est utilisée. Peut voir n’importe quoi dans un rayon de 10 km autour du héros. Coût : 50 points de magie pour l’activation initiale et 100 de magie par kilomètres ajoutée sans perception corporelle.

Avancement I : La perception du héros peut traverser des murs atteignant 1 mètre d’épaisseur.

Avancement II : Le héros peut utiliser des rayons X pour avoir au travers de toute surface d’une épaisseur maximale de 10 centimètres. Ne peut être utilisé sur des êtres vivants.

Avancement III : Le héros peut partager sa vue avec un autre individu sélectionné.

Ce sort avait été monté de niveau assez tôt dans mon voyage parce que j’en avais besoin pour repérer toute proie potentielle ou tout ennemi gênant que je voulais éviter. Celle-ci coûtait cher, c’était 10 points pour le niveau 3, 15 points pour le niveau 4 et 30 pour le niveau 5. Le premier avancement ne coûtait que 2 points de compétences, le second 8 et les derniers 16 points. Un total de 81 points de compétences. Mon total était donc tombé à 1266.

Identificus Processus Juridicus : compétence permettant au héros d’évaluer n’importe quoi. Coût 10 point de magie.

I R Roboticus : permet au héros de tout exploiter. Permet au héros de rassembler tout type d’herbe. Permet au héros de récolter n’importe quel matériau. Passif.

Je n’avais pas essayé de monter de niveau ni l’une ni l’autre parce qu’elles étaient déjà au niveau maximum. C’était une compétence d’évaluation et une de collecte spécialisée sans valeurs puisqu’elles permettaient de travailler également avec des matériaux divins.

En parlant de cela, j’avais remarqué que normalement, mon Barman exigeait que j’aie les bons types et quantités d’ingrédients avant de me proposer intuitivement la formule. Cependant, Identificus Processus Juridicus rendait cela obsolète ou plutôt fonctionnait comme une extension. Cela rendait mon travail BEAUCOUP plus facile lorsque je composais de nouvelles potions que je n’avais jamais créé avant. Tout ce que j’avais à faire, c’était d’identifier un ingrédient, puis d’examiner le commentaire de Barman.

En ce qui concerne cette compétence, je l’avais montée au niveau 4 à la maison de Brekkar, mais j’avais ajouté le dernier niveau et toutes les avancées de cette compétence dans la forêt Seculiar, et cela ressemblait à ceci :

Barman (niveau 5) : Permet au héros de créer tous les types de potions existants jusqu’au rang divin. Nécessite un laboratoire d’alchimie. Pour les potions divines, cette compétence nécessite un laboratoire d’alchimie divin. Requiers les quantités d’ingrédients corrects avant d’offrir intuitivement la formule de la potion. Nécessite un objet ou une compétence de type stockage. Coût : dépends de la potion.

Avancement I : Une fois la formule d’une potion identifiée, le héros rassemble tous les ingrédients sans recourir à des compétences spécialisées

Avancement II : Difficulté de création des formules pour chaque potion réduite de 50 %.

Avancement III : Tous les effets positifs des potions sur le héros sont jusqu’à 50 % plus puissants. Tous les effets négatifs des potions sur le héros sont 50 % plus faibles.

Avancement IV : Fais apparaître le laboratoire d’alchimie divin.

Le niveau 5 avait coûté 25 points, tandis que les avancements avaient coûté, 2, 4, 8 puis 16 points. Cela faisait une amélioration de 55 points, ce qui a ramené mon total à 1211.

Coq rapide : Invoque Gragh’jaggar, la monture poulet géante blindée de niveau égale au héros, statistiques moins 100 du héros sauf la chance. Peut transporter jusqu’à 5 personnes. Coût 250 point de magie.

Avancement I : Gragh’jaggar possède maintenant une selle confortable de 5 places avec amortisseur de choc et un porte-gobelet pour le conducteur.

C’était le seul avancement que je pouvais ajouter à cette compétence et ce porte-gobelet a coûté 20 points ! Le total était descendu à 1191.

***

Partie 3

Poulet éclair (niveau 2) : Invoque un Phœnix de foudre géant au niveau 999 minimum, niveau maximum = celui du héros. Coût : 237 de magie. Durée une heure, coûte 100 de magie en plus pour chaque heure.

Avancement I : Le Phoenix de foudre peut maintenant rester invoquer autant qu’il ou qu’elle souhaite, mais le coût initial est maintenant de 2337 magies.

Bien sûr, je ne pouvais pas oublier Jophiel Thunderash. J’avais également amélioré cette capacité au maximum et elle avait été une aide précieuse pendant mon séjour dans la forêt Seculiar. Bien que j’aurais préféré qu’elle prenne une forme différente de ce qu’elle avait pris… mais bon, tout se résumait à lutter pour une plus grande efficacité en combat et la consommation de magie. Avec l’augmentation de ma réserve et l’amélioration de cette compétence, son temps avec moi était plus long et elle pouvait libérer tout son potentiel.

Pour le coût, il fallait 100 points pour passer au niveau supérieur et 30 autres pour l’avancement. Avec cela, le total est tombé à 1041.

Le Hamster Spart (niveau 5) : capacité passive qui confère une aura défensive à l’individu. 40 % de tous les types de dégâts physiques sont amortis. 40 % de toutes les attaques magiques sont absorbées et converties en magie de l’utilisateur.

Avancement I : Ajoute une capacité active qui augmente temporairement toutes les défenses à 80 % au prix de 100 de magie par minute. Chant : Je suis le hamster spart !

Après Poulet éclair !, c’était la seconde compétence que j’avais montée au niveau maximum. C’était moins cher, et ses effets m’avaient sauvé plus d’une fois, en particulier l’avancement.

Cela m’avait coûté 40 points.

Maintenant, il m’en restait 1001, mais tous ces 300 points et plus avaient été bien dépensés.

L’effet de Tzuika (niveau 5) : confère l’individu des compétences magiques d’expert. Actuellement, permets le contrôle de 6 éléments. La quantité de sorts utilisables avec cette capacité est de 1 pour chaque élément en même temps. Sorts disponibles : Boule de feu, Mur de feu, explosion, lance-flamme, tour de flamme, pic de terre, tremblement de terre, flèche de terre, tsunamis de pointe de terre, météorites, balle d’eau, mur d’eau, pistolet à eau, tsunamis, brise, barrière de vent, faux de vent, coup de vent, tornade de faux de vent, balle d’ombre, flèche d’ombre, aveuglement, annulation de lumière, barrière de lumière, flèche de lumière, tir rapide de flèches de lumière et illuminer.

Avancement I : Augmente l’affinité d’un élément. Actuellement : Feu

Avancement II : Augmente l’affinité d’un élément. Actuellement : Ombre

Avancement III : Augmente l’affinité d’un élément. Actuellement : Lumière

Avancement IV : Permets à l’utilisateur d’apprendre tous les sorts des éléments contrôlés. (Ces sorts ne sont pas listés).

Celle-ci était l’une de mes compétences les plus utilisées et aussi celle m’ayant permis de gagner l’affinité avec plusieurs éléments. Le feu pour l’attaque, les ombres pour la furtivité et la lumière pour guérir. Mais c’est aussi parce que ces éléments représentaient mes principaux pouvoirs : leur donner un peu plus de puissance ne semblait donc pas être une mauvaise idée. Comme ils ne se coordonnaient pas aussi bien, cela avait également fait qu’il était devenu plus difficile de me contrer.

Pour cette compétence j’avais dépensé 70 points.

Points restants : 931

Style Super Chihuahua (niveau 5) : confère la maîtrise des armes comme les épées, à une main ou à deux mains. Accorde les compétences suivantes : Charge, attaque en dix fois, pas de côté, parade, bloc, esquive, double saut, attaque de cent coups, danse de l’épée, contre-attaque, raillerie, attaque de mille coups, saut aérien, mouvement brusque de côté, image rémanente, attaque infinie à l’épée, attaque miroir, ralentissement du temps, et perception des faiblesses.

Avancement I : Permets au héros de continuer à développer ses compétences de combat avec des épées

Avancement II : Permets l’utilisation instinctive des compétences. Cet avancement transforme la compétence en passive avec une consommation de magie et d’endurance.

C’était une compétence que j’avais améliorée au maximum dès que j’avais pu. Je recherchais des techniques de combat, mais à cause de ma force insensée, je finissais souvent par briser mon épée ce qui me laissait frustré et agacé. Heureusement que j’en avais beaucoup de rechange.

Le total pour cette compétence était de 16 +20 points pour les niveaux et de 4 +8 pour les avancements, soit 48 points.

Le total restant était de 883 points.

L’artisan brillant (niveau 5) : Donne au héros la possibilité de fabriquer tout type de bijoux jusqu’au rang divin. Selon l’objet à fabriquer, un atelier de fabrication de bijoux pourrait être nécessaire. Nécessite une forge, une enclume, un marteau de forge. Les objets divins nécessitent un atelier de fabrication de bijoux divins. Coût : dépends de l’objet.

Avancement I : Permets au héros d’identifier tout minerai non traité et bijou

Avancement II : Les bijoux peuvent désormais obtenir la capacité de stocker de la magie ou des sorts

Avancement III : Coût de production en magie réduit

Avancement VI : Fais apparaître un atelier de fabrication de bijoux divin

Pony power! (niveau 5) : confère au héros la possibilité d’enchanter et d’imprégner n’importe quel objet jusqu’au rang divin de magie. Les enchantements nécessitent un élément non endommagé ou un objet test pour un objet temporaire. Le héros doit avoir une compréhension claire de l’enchantement souhaité pour pouvoir fonctionner correctement (ne s’applique pas pour les objets divins). L’imprégnation d’un objet ne peut être faite que lors de la création de l’objet et oblige le héros à crier le nom de la compétence. La force de chaque enchantement dépend de la quantité de magie versée au cours du processus.

Avancement I : Permets la création et le test de nouvel enchantement basé sur ceux déjà connus

Avancement II : Permets au héros d’enchanter

Avancement III : Les enchantements appliqués par le héros peuvent être concentrés sur le noyau de l’objet de sorte que les dégâts extérieurs ne les affectent pas autant

Avancement IV : La liste d’enchantement divin est maintenant disponible Liste d’enchantement divin

Rock Hard! (niveau 5) : donne au héros la possibilité de créer une arme ou une armure allant jusqu’au rang divin. Forger nécessite une forge, une enclume et des outils de forges. La fabrication du cuir nécessite un support de tannage et les outils pour le travailler. Les objets de rang divin nécessitent une forge divine, une enclume divine et des outils divins. Coût : dépends de l’objet.

Avancement I : 50 % de chance en moins de briser l’objet en le créant

Avancement II : Peu maintenant, insuffler l’objet de magies pour augmenter leur durabilité

Avancement III : Fais apparaître l’outil de forge divin

Avancement IV : Fais apparaître la forge divine, l’enclume divine, et les outils de créations divins pour le cuir.

Ces trois compétences avaient été acquises en même temps et elles avaient été essentielles à ma survie dans la forêt, mais je ne les avais pas améliorées au maximum tant que je n’étais pas sûr de pouvoir épargner les points. Je voulais être sûr que je n’avais pas besoin d’eux pour autre chose. Leur coût était à peu près identique, soit 30 points pour l’achat et 2 +4 +8 +16 +32=62 pour l’amélioration. Chaque avancement coûtait 2,4, 8 et 16 respectivement.

Cela signifiait que chaque compétence m’avait coûté 122 points soit 366 points au total. C’était une valeur insensée, mais grâce à elles, je pouvais maintenant fabriquer des objets de rang divin, ce qui en valait la peine !

Mon total de points est tombé à 517.

Trou noir : permets au héros d’obtenir un coffre-fort unique avec un volume de 25 km³. À la mort, les objets stockés seront dispersés de manière aléatoire sur la surface de la planète. Immunisé contre toutes sortes de magies de vol. Coût à l’utilisation : 50 points de magie.

Avancement I : Permets d’autoriser un accès temporaire et limité à certains objets à une autre personne. Personne sélectionnée : Seryanna Draketerus.

Celui-ci était un sort important, je ne pouvais pas simplement passer à côté. J’avais dépensé 50 points pour l’obtenir et 10 pour l’améliorer. Quant à son utilisation, c’était évident. Je l’avais acquise bien avant de monter mes compétences d’artisanats.

Ce qui avait amené mon total à 457.

Jeu des ombres : Permets au héros de maîtriser parfaitement les éléments des ténèbres et de la lumière. Tous les effets négatifs des deux éléments sont réduits de 30 % et tous les effets positifs augmentés de 30 %.

Compétences débloquées dans l’élément ténèbres :

Invocation de démons, chasseur d’ombre, cape des ténèbres, météorite noire, lame d’ombre, malédiction, corruption des ténèbres, enfer de pointes d’ombre, lame des ténèbres, barrière de silence, barrière d’ombre, bouclier des ténèbres, mammouth des ténèbres, fouet fantôme, mangeur d’âme, rupture, annulation de toute lumière et rire sinistre.

Compétences débloquées dans l’élément de lumière :

Purification, soin, zone de soin, restauration, illuminer, sphère de lumière, insecte de lumière, invocation d’esprit de lumière, esprit calme, aveuglement, exorciser, rayon laser, lame de lumière, faux de lumière, tornade de lame de lumière, explosion de lumière, brûlure, barrière de lumière, illusion, bouclier de lumière, géant de lumière, et que la lumière soit.

Avancement I : Permets au héros d’apprendre facilement les sorts de l’élément ténèbres ou lumière.

Ce sort ridiculement puissant était ce que j’appellerais un jackpot. Pour moi, c’était une compétence parfaite me permettant de transformer les spécialités de mes compétences précédentes en : Feu, Lumière et Ténèbres. En ce qui concerne la quantité massive de sorts débloqués, ma survie dans la forêt avait été garantie par cela jusqu’à mon éveil supérieur où je n’avais plus à m’inquiéter de quoi que ce soit.

L’achat était de 100 points, alors que le premier avancement était de 1 point. Oui, le coût de cette compétence insensée était quasi nul pour l’avancement. C’était aussi la seule…

Ainsi, mon total de points est tombé à 356.

Fatty McFat : donne au héros la possibilité d’insuffler plus de magie lors de l’activation d’un sort.

Cette capacité ne coûtait que 10 points, et je ne pouvais pas l’améliorer, mais je n’avais pas le sentiment que cela était nécessaire. En ce qui concerne son effet, cette chose était fondamentalement un bonus monstrueux pour n’importe lequel de mes sorts.

Si j’infusais mon rugissement de dragon, je pouvais avoir une portée insensée. Cependant, son utilisation la plus dangereuse était en infusant Itsy Bitsy Boom !, qui pouvait doubler voire même tripler le pouvoir. Effacer une montagne en un instant était possible. Mais pour être honnête, j’avais trop peur de l’utiliser. Son pouvoir destructeur était fou, et je ne l’étais pas assez pour la tester. La version normale, OK, mais pas la version améliorée !

Avec ça, mon total est descendu à 346 points.

***

Partie 4

Grandma Fu (niveau 6 - pratiquant) : Compétence passive qui donne au héros les connaissances nécessaires pour utiliser un art martial particulier qui ne peut être utilisé que par les espèces avec une queue. Cette compétence peut être améliorée en l’utilisant au combat ou en pratiquant.

Comme j’avais une forme de demi-bête en tant que dragon, cela signifiait que je devais apprendre à combattre comme ça, n’est-ce pas ? Une nuit, alors que je me souvenais de scènes de films d’art martial de Terre, j’avais eu l’idée de rechercher parmi les compétences quelque chose qui pourrait être utilisé sous mon autre forme. C’est comme ça que j’étais tombé sur Grandma Fu. Inutile de dire que je le pratiquais souvent et que je l’utilisais autant que possible, c’est pourquoi elle était maintenant au niveau 6.

En ce qui concerne ses rangs, du niveau 1 au niveau 5 était apprenti. Ensuite, pratiquant jusqu’au niveau 10. J’avais eu le sentiment que du niveau 11 au 15 ce serait le rang maître. J’étais impatient d’atteindre ce niveau. En ce qui concerne le fonctionnement de la compétence, tout était 100 % instinctif. C’était comme si je savais déjà quoi faire et comment le faire.

Celle-ci m’a coûté 60 points, me ramenant au total de 286 points. 

Le pape (niveau 5) : donne au héros la possibilité d’envoyer des rayons élémentaires depuis ses paumes. Éléments débloqués : eau, feu, air, lumière, et ténèbres. Les dégâts sont doublés pour chaque élément. Le héros peut maintenant utiliser les rayons pour changer d’éléments. Coût : 50 points de magies à l’activation et 10 de magie chaque seconde par faisceau.

Avancement I : Le héros ne subit aucun dommage de ses rayons.

Maintenant cette compétence… elle était… comment dire… une surprise ? Le prix n’était que de 20 points, tandis que la monter jusqu’au niveau 5 était de 1 5 10 15 20 = 51 et l’avancement de 4 points.

Cela avait amené mon total à 211 points.

Dictionnaire des navets : capacité passive qui donne au héros la possibilité d’apprendre de nouvelles langues 10 fois plus rapidement qu’il ne le pourrait. Le héros est maintenant capable de différencier facilement les langues.

C’était une technique que j’avais acquise une nuit parce que je commençais à me demander ce que je ferais lorsque je rencontrerai d’autres humains et ne serais pas en mesure de communiquer avec eux. Cela ne réglait pas vraiment le problème, mais avec un peu de travail, je pourrais les comprendre et éviter tout malentendu possible en matière de traduction.

À cette époque, je ne considérais pas le fait qu’apprendre la langue d’un autre pays serait un signe de respect de ma part, qui portait désormais le titre de duc du royaume d’Albeyater.

Quant au coût, celle-ci était bon marché. Ce n’était que 10 points.

Donc, mon total était de 201 points maintenant.

Senilicus Perviticus : Capacité passive qui permet au héros d’améliorer ses compétences sexuelles et d’offrir plus de plaisir à sa partenaire. Cette compétence n’est pas limitée au genre ou aux espèces.

Ça… eh bien… je crois qu’en tant qu’homme, j’avais parfaitement le droit de consulter cette liste de compétences pendant plus de deux heures pour la trouver. La chance et la persévérance avaient été la clé pour l’acquérir. Quant au coût de celle-ci… 50 points de compétences.

Mon total est tombé à 151 points.

Grand-père constipé : Compétence passive qui confère au héros la maîtrise de deux épées en même temps. En criant « HYOH !’ et en adoptant une position de combat, le héros peut utiliser les compétences actives suivantes : frappe longue de dix mètres, épées d’ombre, tornade de lame, ombre illimitée, tempête de lames enragées, frappe de cent mètres, frappe d’acier, méditer, guerrier intérieur, renvoie de projectiles, jeu miroir, empalé de 10 mètres de loin, empalés de 100 mètres de loin, coupure au clair de lune, et Roi grand-père coureur.

Avec ma création d’Enfer et Paradis, j’avais obtenu une compétence pouvant tirer le meilleur parti de cette compétence. Ce qui est encore plus surprenant, c’était que Chaos en profitait également. Si je tenais une épée, cette compétence était activée et je pouvais utiliser certaines de ses capacités avec ma lame à deux mains. C’était un petit bug ou un problème que j’avais découvert par hasard. De toute façon, avec Chaos, il était incroyablement puissant, mais avec Enfer et Paradis, c’était fou.

Si je devais décrire mon style de combat, alors deux épées signifiaient que j’allais au corps à corps, alors qu’une épée à deux mains signifiait que je visais des attaques plus lentes, mais beaucoup plus dévastatrices. Cela signifiait également que je combinais magie et combat à l’épée.

En tant que tel, cela constituait un bon investissement. Elle m’avait coûté 80 points de compétences.

Mon total a chuté à 71 points.

Effaceur clair de lune : Donne au héros la possibilité de créer un crayon, un morceau de papier et une gomme avec le mot clair de lune écrit dessus. Les objets disparaissent après une heure. Coût 10 points de magies et 10 points par heure supplémentaire.

C’était la capacité inutile la plus absolue dans ma liste. Non, c’était la capacité la plus inutile existante ! Cependant, ce n’était vrai que pour le combat. Pour quelqu’un ayant perdu la voix, cela pourrait être une compétence très bénéfique, car cela pourrait lui permettre d’écrire ses pensées sur un papier qui disparaitrait en une heure… cependant, j’avais trouvé d’autres illustrations. Mes compétences d’artisanats en avaient tiré le plus grand profit en dessinant des gribouillis et des idées et en pratiquant. L’autre utilisation était... comme du papier toilette.

Quoi qu’il en soit, cela m’avait coûté 5 points pour l’acheter, alors… je me demandais toujours s’il s’agissait d’une perte ou non.

Et maintenant, il me restait 66 points.

Licorne scintillante : donne au héros la possibilité de créer une zone d’attaque autour de lui sous la forme d’une sphère s’étendant vers l’extérieur. Pour activer cette capacité, le héros doit crier le nom de la compétence. Coût initial de 160 de magie. Le sort peut monter de cinq niveaux, chaque niveau coûte 100 de magies et augmente la portée et les dégâts globaux de l’attaque.

Butt Kissing Champion ! : donne au héros la possibilité d’augmenter rapidement son charme vers un autre individu. Cette compétence offre une augmentation de charme de 10 % au héros en tant que passif. Cette compétence peut cibler des individus précis. Lors de l’activation, le charme du héros vers la cible tombe au négatif maximum. Pour désactiver cette compétence, le héros doit dire : « C’est une blague !’ ou quelque chose de similaire. Coût : 50 points de magies.

Ces deux dernières compétences étaient au comble de l’embarras. Alors que la première était utilisable dans certaines situations et avait un effet dévastateur, la dernière n’était utilisable que dans un groupe dans lequel les membres ne pouvaient pas vous fuir. C’est le genre de compétence que vous pouviez utiliser que si tous les membres vous détestaient déjà. Si je devais l’utiliser lors d’une réunion politique plus formelle, il était probable que j’allais finir par avoir des personnes me fonçant dessus avec leur épée en main.

En fait, j’avais demandé conseil à Feryumstark à ce sujet et, lorsque je lui avais décrit la compétence, il m’avait prié de ne jamais l’utiliser lors d’une réunion politique. Si la partie adverse devait atteindre une valeur négative en matière de charme, il était tout à fait possible que la réunion ne dure pas assez longtemps, même pour atteindre une valeur neutre. À de nombreuses reprises dans l’histoire, les réunions politiques avaient été reportées simplement parce que le roi ou la reine n’aimaient pas le visage de l’ambassadeur.

À tout le moins, cela me donnait également une capacité passive, ce qui était mieux que rien. Elles m’avaient coûté chacune 25 points, me laissant avec 16 points.

Itsy Bitsy BOOM ! : niveau maximum : Créer une explosion thermonucléaire contenue avec l’équivalent de 100 Mégatonnes de TNT en utilisant la fission d’un noyau d’énergie magique renforcé par la fusion de gaz de deutérium et de tritium. ATTENTION ! Cette compétence entraînera des retombées toxiques sur une zone de 25 km autour du point 0 d’explosion. Le contenant est obtenu grâce à l’utilisation de trois barrières spéciales. La première contient la boule de feu qui peut atteindre un rayon de 16 km du point d’explosion. La seconde contient la chaleur et une partie de l’onde de choc s’étendant sur 20 km autour du centre d’explosion. La troisième et dernière barrière s’étant sur un rayon 25 km autour du point d’explosion et a pour but d’arrêter tout rayonnement pouvant se propager plus loin que cela. ATTENTION ! NE PAS UTILISER EN INTÉRIEUR !!! Sérieusement ! C’est emmerdant de recoller les continents ensemble, alors faites-en une faveur divine et ne le placez pas dans une caverne ou un donjon ! Coût : 10 000 de magie.

Bien sûr, je ne pouvais pas du tout améliorer cette compétence. C’était l’une de ces compétences déjà au maximum dès le début.

En regardant toute ma liste, j’avais acquis beaucoup de compétences. Mon pouvoir était bien plus grand maintenant que je ne l’étais en arrivant. En tant que dragon, je contrôlais également quatre éléments : autorité, feu, lumière et ténèbres. Le premier était plutôt étrange, et je ne l’avais pas encore bien compris. Cependant, ce que j’avais découvert jusqu’à présent, c’est que cela avait un effet sur les personnes autour de moi. Cela les faisait compter sur moi comme une force suffisante ou un chef à suivre.

Si Draejan avait également cet élément, cela expliquait pourquoi il pouvait constituer une telle armée en si peu de temps. Cela expliquait également pourquoi tout le monde le suivait.

Dans tous les cas, en parcourant tout le champ de bataille, et plus spécifiquement mon groupe d’amis, j’avais l’impression que notre équipe était bien préparée pour la bataille à venir. Nous étions moins nombreux qu’eux, mais nous étions beaucoup plus forts. Je ne devrais pas être pris à la légère, et même si par hasard ils essayaient de le faire, je leur ferais regretter.

***

Chapitre 67 : Le son du cor

Partie 1

***Points de vue de Kataryna***

En regardant ce champ de bataille où les traînées de fumée de ces incendies s’élevaient haut dans le ciel, je m’étais demandé depuis combien de temps je ne m’étais pas retrouvée en train d’attaquer une armée ?

Autour de moi, j’avais des alliés et des amis, devant moi, j’avais un ennemi que je pouvais abattre librement. C’était tous des dragons qui avaient peut-être une famille quelque part, qui étaient peut-être gentils et honnêtes, qui rêvaient et sentaient le monde comme moi, mais dans une guerre, ils n’étaient que des morceaux de viande qui n’hésiteraient pas à me tuer si je ne les tuais pas en premier.

Est-ce que je devais me sentir dérangée ou malade ?

Quand on arrive sur le champ de bataille, on devrait…

S’ils ressentaient de la joie ou du bonheur en prenant la vie d’un autre dragon, ils n’étaient pas des soldats agissant sur ordre, mais des monstres. Un soldat poserait son épée si l’ordre lui était donné, mais l’autre continuerait de poursuivre une quête trempée dans le sang d'innocent.

En fermant les yeux, j’entendais mes alliés parler entre eux, les supérieurs donnant des ordres et leurs subordonnés les suivant. Pour l’instant… il n’y avait pas de sons d’épées se heurtant.

Nous nous préparions à l’attaque imminente. Celle qui était impossible à éviter, du moins pas avec les cartes que nous avions encore dans nos mains.

Sur ce champ de bataille, les dragons seraient ceux qui montreraient leur puissance et les dragonnes leur sagesse, mais mes amis et moi ne faisions pas partie de la norme. Nous étions des dragonnes ne pouvant pas seulement nous battre.

En parlant de cela, Alkelios nous avait dit, alors que nous nous dirigions ici, de nous tenir à moins de 100 mètres de lui pendant notre bataille pour recevoir un bonus de force de sa part. C’était vrai, alors que je restais à ses côtés, je me sentais plus forte, plus rapide, capable de manier plus de magies. La sensation que j’avais de lui était-elle celle de la sécurité ? Ça aussi, mais je recevais aussi une poussée d’énergie, une pointe d’adrénaline tout en gardant le sentiment que je pouvais faire plus que d’habitude, que je pouvais pousser plus loin que mes limites.

Tous les amis d’Alkelios ressentaient cela…

En même temps, j’avais moi-même constaté à quelle vitesse tout le monde avait progressé. Il avait dit que c’était juste dix fois le taux normal, une valeur ridicule, mais en réalité, c’était beaucoup plus.

Comment serait-il préférable pour moi de décrire ce bonus ? Si un dragon pouvait s’entraîner pendant dix ans et atteindre seulement 100 de puissance, il connaîtrait alors des moments de progression lente, normale ou rapide.

Eh bien, le bonus d’Alkelios avait tout simplement brisé ce concept. Chaque goutte de force de vie que nous recevions d’un monstre ou chaque fois que nous nous entraînions, c’était comme si nous le faisions avec les performances maximales et un taux d’amélioration rapide, peu importe l’état de nos conditions réelles. Je pouvais tuer accidentellement un Dayuk blessé et bénéficier de la vie obtenue après avoir combattu à la mort contre lui. Si cela ne suffisait pas, alors tout cela avait été amplifié dix fois.

C’était ridicule, mais grâce à cela, moi qui n’avais pas augmenté en puissance depuis je ne sais combien de décennies, j’étais devenue plus forte.

Ceux qui avaient montré la plus grande croissance, cependant, étaient bien sûr Iolaus et Seryanna. Tous deux avaient suivi un régime d’entraînement infernal dans lequel ils se poussaient au-delà de leurs limites. Ils n’avaient pas tenu le coup de pouce pour acquis et avaient plutôt pensé à cela comme si cela n’avait jamais été le cas.

À ce rythme, ces deux individus deviendraient des éveillés supérieurs dans un an ou deux ? Mentalement parlant, ils étaient déjà proches de cet état. Seryanna avait également eu un bon coup de pouce grâce au fait qu’elle était une dragonne supérieure de la Haute Flamme.

Néanmoins, tous pourraient probablement gérer eux-mêmes un éveil supérieur. Ce n’est pas parce qu’une personne atteint le niveau de puissance 1000 qu’il avait la force d’atteindre ce statut et si l’on ne s’entraînait pas correctement, il était normal que nos compétences se rouillent.

« À quoi penses-tu ? » me demanda Seryanna en m’approchant par-derrière.

Elle portait l’armure et une arme fabriquée par Alkelios. C’était des objets ridicules qui pouvaient soigner le porteur et offrir une défense incroyable. Et surtout, il avait été conçu à la fois pour améliorer les compétences de Seryanna et pour être utilisé par elle personnellement. Je ne pouvais même pas entrer dans cette fichue armure, et encore moins l’utiliser.

Son arme s’appelait Drachenkrieg. Je ne savais pas ce que ce nom signifiait, mais Alkelios non plus. Apparemment, quand il fabriquait une arme très puissante, son nom était donné par les dieux, comme le disaient les anciennes rumeurs. C’était la même chose avec mon arme, une épée longue à deux mains portant le nom Ledyanoy Potseluy, mais si je devais deviner, cela signifiait peut-être Baiser Glacé ?

Alkelios m’avait dit qu’il se souvenait de l’époque où je l’avais embrassé quand il l’avait fait, mais cette épée, lorsqu’elle était tenue, dégageait une aura froide qui était chaude au toucher, mais qui était froide pour tout le monde. C’était en effet comme un baiser de glace, chaud quand partager avec son bien-aimé et froid mordant, quand donné à un ennemi. Cette arme pouvait également amplifier ma magie de glace, mais je pouvais aussi la sentir se synchroniser avec ma magie d’éclair. Lorsque j’avais essayé d’utiliser un sort de combo élémentaire, je l’avais parfaitement canalisé à travers la lame et le lancement avait été fait plus rapidement que jamais auparavant.

L’épée de Seryanna était semblable en ce qui concerne le feu, mais j’avais compris que si elle était complètement déchaînée, elle transformerait tout ce qui l’entourait en un enfer ardant où elle seule pourrait marcher en sécurité.

J’avais également reçu une armure d’Alkelios. Elle était bleue avec des taches blanches ici et là, contrairement à celle de Seryanna qui était un mélange de rouge et de noir, mais tout comme la sienne, la mienne avait renforcé mes défenses par un nombre ridicule et ne m’avait pas restreinte du tout. Je misais beaucoup sur ma vitesse lors de mes attaques, et cette armure était parfaite à cet égard. Elle pouvait aussi renforcer ma magie élémentaire, me permettant ainsi d’utiliser des techniques de renforcement du corps avec de la glace ou de la foudre.

Pour être honnête, je sentais que mon pouvoir avait au moins doublé avec ses dons.

« À propos de cette guerre… et d’Alkelios. » Répondis-je à Seryanna.

« C’est sa première, n’est-ce pas ? » Dit-elle alors qu’elle s’approchait de moi et regardait dans les confins du champ de bataille.

« En fonction de la manière dont il agira et se sentira après cela, nous saurons avec certitude s’il nous faut apprivoiser un monstre ou guérir un saint blessé. » Lui dis-je.

« Heh. Alkelios n’est pas un saint, il n’aura pas de problème à tuer des dragons, mais ce qui m’inquiète, c’est comment il va réagir face à l’autre humain s’il se montre. » Elle répondit et ferma les yeux pendant une seconde.

« Je suis juste heureuse qu’il ne soit pas un de ces nobles enfants idiots qui tremblent sous leurs tentes en criant après les soldats et en disant que dans les guerres, des dragons meurent. Ou si vous tuez quelqu’un, ils meurent… c’est comme si vous veniez de découvrir que l’eau est humide et que le feu brûle. » Je secouai la tête.

« Je suppose que tu as entendu le fils du baron pleurer dans sa tente ? » Demanda-t-elle avec un sourire ironique.

« Malheureusement oui. Alors, j’ai décidé de le geler jusqu’à son cou et lui dire ensuite que s’il ne veut pas se battre, il peut rester comme ça jusqu’à la fin du combat, mais si les ennemis percent et finissent par tuer tout le monde à qui il tient dans sa ville natale, il devrait savoir que tout aurait pu être de sa faute. » Je riais.

« Ce n’est pas un peu exagéré ? » M’avait-elle demandée.

« Nah! Faire trop, ç’aurait été de le geler complètement, puis de donner à son père un pic à glace pour le faire sortir. » Je haussai les épaules.

« Tu devrais entrer. Le roi est prêt à partager sa stratégie de combat avec nous. Cela devait être révisé après avoir vu ce que l’ennemi avait fait dans ces champs. La reine a déjà pris des mesures pour importer plus de nourriture des royaumes voisins et augmenter les productions dans les zones non touchées. » Me dit-elle.

« Est-elle là maintenant ? Eh bien, c’est une bonne chose qu’elle prenne des mesures pour limiter au maximum les dégâts causés, cependant... » Dis-je avant de plisser les yeux vers la ligne ennemie « Qui aurait pu deviner que Dankyun réussirait à réunir 364 000 dragons pour se battre sous lui ? »

« Et six éveillés supérieurs... » Fit remarquer Seryanna.

« Ce n’est pas si mal, nous en avons dix de notre côté et tu pourrais être considéré comme la 11e. » Je lui avais fait un sourire ironique.

« Je me demande à propos de cela. » Elle sourit ironiquement.

« Aie plus confiance en ton pouvoir. » Je lui avais dit cela puis m’étais dirigée vers la tente servant de quartier général.

***

***Point de vue d’Alkelios***

C’était une bonne chose que je révise mes compétences plus tôt. Les valeurs dans les statistiques de mes amis étaient impressionnantes et les miennes étaient carrément ridicules. Cependant, je n’avais toujours pas la confiance de pouvoir sortir de ce combat sans accrocs.

En premier lieu, c’était une guerre. Tout pouvait mal tourner, peu importe sa puissance. Un seul moment de distraction suffit à faire succomber même un éveillé supérieur face à la lame d’un simple soldat. Tout ce qu’ils avaient à faire était de s’approcher suffisamment et d’être prêt à frapper, à porter un coup à cet instant précis.

De retour sur Terre, c’était la même chose. Cela s’appelait les balles perdues ou quelque chose du genre. Essentiellement, les gens étaient blessés ou tués par des balles perdues qui avaient volé dans tous les sens à cause d’une fusillade ou d’un déchargement accidentel du voisin de l’autre côté de la ville. En fait, j’avais entendu la même chose à propos d’un certain stand de tir militaire en Roumanie où les balles avaient survolé le mur de protection et avaient atterri dans la cour des civils, cassant des objets et y laissant des trous. Heureusement, personne n’était encore mort et, grâce aux médias, l’armée avait été obligée de faire amende honorable.

Parce que je ne voulais pas que quelque chose comme cela se produise et que je craigne que mes amis se blessent gravement ou soient tués pendant cette guerre, j’avais fait plusieurs souhaits fondés sur ma chance qui visaient à les protéger des flèches et des sorts.

Si un soldat normal de la Terre m’entendait, il se serait probablement moqué et m’aurait dit que je m’inquiétais trop. La mort sur le champ de bataille était inévitable, peu importe le camp, et c’était l’un des risques à prendre en compte lorsque l’on y entrait. Espérer ou prier que rien ne se produise était un point de vue idéaliste qui ne se réalisera jamais.

Pourtant, je poursuivais toujours cet idéal avec le pouvoir de ma chance.

Quand j’étais revenu au sol, je m’étais rendu à la tente du quartier général où une réunion stratégique allait avoir lieu. Tous mes amis étaient déjà là et portaient leurs armures et armes que je leur avais fabriquées. Ils étaient reconnaissants pour ça et très impressionnés quand je leur avais dit ce qu’elles pouvaient faire.

« Alkelios, vous êtes le dernier à arriver, » déclara Feryumstark qui se tenait de l’autre côté d’une grande table sur laquelle était disposée la carte de la région.

Contrairement à moi, tous les autres dragons et toutes les dragonnes ici étaient dans leur forme humaine, pas dans leur forme hybride, ce qui m’avait obligé à les regarder de haut.

« Je m’excuse, je suis allé jeter un coup d’œil depuis le ciel à la force de l’ennemi. » Lui dis-je alors que je m’inclinais respectueusement devant lui et les autres.

Ce n’était pas poli ou sage de faire attendre son supérieur.

« Pas besoin de vous excuser, mais dites-moi, comment les choses se passent de là-haut ? » Demanda-t-il en me regardant.

La reine Elliessara était également présente à côté de lui avec la princesse Elleyzabelle. Le Premier ministre Elovius était dans la capitale. En cette période de guerre, ne pas avoir le pouvoir au centre de l’état est absolument idiot.

Je fermai les yeux pendant une seconde et lui dis : « En utilisant une version optimisée de “cette” compétence, je pourrais éliminer une grande majorité de leurs forces, mais cela ne ferait que causer des dommages à la région au point qu’une reconstruction à grande échelle serait nécessaire ainsi que d’empoisonner les terres pour les décennies à venir. Voulez-vous que je l’utilise ? » Demandai-je en ouvrant les yeux et en le regardant directement.

« Non. » Répondit la reine à sa place.

« Je suis d’accord avec mon épouse sur ce point, mais j’aimerais également connaître l’opinion de chacun sur ce point. » Avait déclaré le roi en jetant un regard à tous ceux présents ici.

***

Partie 2

« Si ce dragon a un pouvoir aussi terrifiant, alors pourquoi ne pas simplement leur jeter une version plus faible en guise d’avertissement ? Cela baisserait le moral de leurs forces et renforcerait celui des nôtres. » Suggéra un dragon avec des écailles brunes foncées et une armure à plaque en Dregaryum.

Ce dragon au regard féroce avec une épée à deux mains dans son dos s’appelait Reyades Undrakan. Comme tous les six autres présents, il était l’un des nombreux éveillés supérieurs sous le commandement du roi et de la reine.

« Parce que cette région fait partie du royaume. Si nous gagnons cette guerre, les cultures pourront repousser dans un an ou deux et les pertes seraient récupérées, mais si j’utilisais cette attaque, la région concernée n’aurait aucune chance de se rétablir pendant des décennies. » Répondis-je en exprimant mon désir de ne pas utiliser Itsy Bitsy Boom!

Peu importe la qualité d’une arme nucléaire pour gagner une guerre facilement, si je n’avais aucun moyen de m’en occuper, ce serait la même chose que d’empoisonner ma propre terre. En outre, il y avait des innocents dans ces régions et peut-être que tous les soldats de cette armée ridicule ne s’étaient pas rendus sur le champ de bataille volontairement. Je pouvais imaginer Draejan enrôler les dragons locaux capables dans ses forces tout en prenant les armes et armures des dragonnes combattantes.

« Je ne vois pas le problème ? Ne pouvons-nous pas simplement l’envoyer là-bas ? » Demanda Reyades en se grattant l’arrière de la tête.

« Si nous ne pouvons gagner sans compter sur le puissant sort d’Alkelios sur nos propres terres, il serait préférable de ne pas prétendre que nous sommes de fiers guerriers-dragons défendant l’honneur et la justice ! » Déclara Feryumstark.

« Soupir. Sa Majesté a toujours été quelqu’un qui préférerait ne pas employer des moyens sournois à moins que cela ne soit absolument nécessaire. »

Celui ayant parlé était Leone Sylvara, un dragon de vent avec des écailles vert claire, de beaux cheveux longs argentés noués derrière et portant une longue robe bleue. Il était le spécialiste de la communication du royaume.

Moyens sournois ? Eh bien... vous pourriez dire que c’est une manière lâche d’attaquer... Même si en temps de guerre, faut-il vraiment se soucier autant des moyens utilisés pour y mettre fin ? Même le massacre de milliers d’innocents ne serait-il pas alors justifié par le malheur du vaincu ? Je veux dire, j’ai utilisé cette compétence sur cette armée d’insectes et je ne me sentais pas vraiment coupable, mais c’était une armée au milieu d’une terre en friche..., pensais-je alors que j’essayais de trouver en moi une raison de l’utiliser.

Ce n’était pas un terrain vague avec une armée d’insectes ressemblant à des extra-terrestres en plein milieu... Des villes et villages étaient à proximité, des villages habités par des dragons innocents, espérant et priant les Dieux que cette guerre n’emporte pas leurs proches. Les tuer de sang-froid ou détruire leurs moyens de survie en irradiant ces plaines n’était pas quelque chose que je voulais faire…

« Je suis d’accord avec cette décision. En matière de guerre stratégique, il est certes judicieux d’empoisonner les réserves de nourriture et d’eau de l’ennemi, mais dans ce cas, ils envahissent nos terres. Empoisonner nos propres provisions équivaudrait à leur accorder une victoire provisoire, » déclara la dragonne se tenant du côté gauche de la reine.

Elle avait de longs cheveux noirs soyeux qui lui descendaient jusqu’à la taille et contrastaient avec ses écailles d’un blanc pur. En tant que dragonne de l’élément de lumière, elle était une guérisseuse renommée, du moins c’est ce qu’elle disait.

Ah oui, cette terre n’appartient pas à Embryger. Ces colonies font partie d’Albeyater, avais-je pensé en laissant échapper un soupir de soulagement dans mon esprit.

J’étais heureux d’avoir trouvé une autre raison de ne pas utiliser mes compétences.

« Je préférerais gagner cette guerre avec de l’acier et du sang, pas avec un sort qui semble faire plus de mal que de bien. » Se moqua Moros Onias.

Ce dragon avait des écailles grises et était de deux éléments : la glace et la terre. Il était du genre à laisser ses épées parler, c’est pourquoi, lorsqu’il m’avait rencontré pour la première fois, il avait immédiatement demandé un duel avec moi. J’avais respectueusement décliné. Se battre contre un éveillé allié juste avant le début d’une guerre n’était pas ce qu’on pourrait appeler intelligent.

« Moi aussi, je suis d’accord avec Onias ici, peu importe à quel point mes paroles me surprennent. » Berros Mandrakea laissa échapper un soupir, puis plissa les yeux au regard du dragon en question.

Ce dragon était une avant-garde. Sa grande taille, son armure solide, son grand bouclier et sa lance en guise d’arme lui avaient valu d’être l’un des mieux à même de prendre le poids d’une attaque. C’était un dragon avec des écailles brunes, ce qui montrait qu’il était de l’élément Terre.

« Je m’en fiche tant que je peux couper quelques têtes et laisser mes invocations se déchaîner ! Hihi! » avait déclaré Mendeles Unvar.

Ce dragon était de l’élément eau, et ses écailles bleues étaient brillantes et bien entretenues. Mendeles était, comme il l’avait dit, un dragon spécialisé dans l’invocation de la magie, qu’il renforçait avec des sorts à longue portée. Ce qui m’inquiétait pour lui, c’était sa personnalité plutôt enfantine. En dépit d’être un assez vieux éveillé, il se comportait plus ou moins comme un garçon de 12 ans. Cependant, Feryumstark m’avait assuré que, lorsqu’il s’agissait de combattre, il était un petit diable dangereux et sournois. Il n’était pas un dragon qui devrait être sous-estimé à cause de cela.

« Quant à moi, je suis plus curieux de savoir ce que ce puissant dragon peut faire au lit, » déclara Novias Oshika avec un doux ronronnement dans le ton de sa voix.

Son armure laissait peu à l’imagination. Ses écailles vertes et son corps voluptueux pourraient faire ressortir le désir intérieur de tout homme, mais c’était exactement son but. Oshika était une séductrice de l’élément Vent, qui utilisait la douce caresse du vent pour attirer autant les dragons que les dragonnes dans le but qu’ils commettent des erreurs pendant leur combat et laissent une ouverture par laquelle elle pourrait décrocher une frappe fatale. On m’avait également dit qu’elle était très bonne avec les attaques à distance et les sorts de restriction. Elle pouvait arrêter des milliers de dragons si elle le souhaitait, puis les frapper sans merci avec sa magie à distance.

« Arrête ! » Seryanna lança un regard noir à la dragonne en plaçant sa main sur le manche de son épée.

« Oh, mon Dieu, la femme est effrayante ! Mais… » Oshika lui fit un clin d’œil. « Ça ne me dérange pas de faire un plan à trois avec toi. »

« Tu devrais arrêter, à moins de vouloir savoir comment c’est d’être congelée et cuite vivante. » Kataryna fixa Oshika du regard.

« Tout le monde, s’il vous plaît, calmez-vous, » déclara Feryumstark. Les deux dragonnes se tournèrent le dos avec un « hmph ! » Seryanna avait aussi choisi de l’ignorer. « Bien, maintenant Brekkar, quel est ton point de vue sur tout cela ? » Demanda-t-il.

« Je pense, votre Majesté, que nous devrions suivre le jugement d’Alkelios. Il connaît ses compétences mieux que quiconque et s’il prétend fermement que cela nous ferait plus de mal que de bien, alors je m’oppose à son utilisation. » Dit le dragon à la taille rouge, avec un signe de tête.

« Je vois... Dans ce cas, le vote a été donné. Alkelios, vous ne devez utiliser cette compétence que si c’est notre dernier recours. Je ne veux pas détruire et empoisonner mes terres à un tel degré non plus. C’était autre chose si nous parlions du territoire de l’ennemi. » Feryumstark déclara ça puis laissa échapper un soupir.

« En parlant de ça, qu’est-il arrivé de l’invasion humaine ? » Demanda Sylvara.

« Oui, j’en ai entendu parler aussi. Leone, Malavan et moi-même sommes rentrés de notre quête pour trouver un traitement curatif à la reine, à cause de l’Appel Général, » avait-il déclaré.

Je vois, donc il y avait un groupe qui a été envoyé pour trouver un remède après tout. Je pensais que c’était un peu étrange qu’il n’y ait personne pour le rechercher, mais n’ont-ils pas reçu la note indiquant qu’un remède avait été trouvé ? J’ai pensé et puis j’ai demandé : « Comment ça s’est passé ? »

« Malheureusement, il y a beaucoup d’impasses. » Dit-il en secouant la tête.

« J’ai la recette si vous le voulez. » Je haussai les épaules.

« Quoi ? » L’homme m’avait regardé avec de grands yeux.

« Nous nous éloignons du sujet là. Parlons de mon traitement plus tard, concentrons-nous maintenant sur cette bataille. De plus, je vous ai envoyé plusieurs lettres, mais grâce à des espions, elles ne sont jamais parvenues, semble-t-il, » déclara Elliessara en déployant l’éventail qu’elle tenait à la main et regardant Leone Sylvara.

« J’ai entendu parler de cela aussi... Néanmoins, c’est une joie que quelqu’un ait trouvé un traitement, mais en ce qui concerne l’invasion humaine, je me demande si ce n’était pas une distraction afin de garder nos forces séparées, » Sylvara demanda d’un ton calme, mais sa queue remuait comme celle d’un chien heureux.

« C’est exactement ce qui s’est passé, » avait déclaré Feryumstark.

« Avec la mobilisation soudaine de notre armée sur deux fronts séparés, j’ai dû écrire beaucoup de lettres et rassembler beaucoup de preuves à envoyer aux pays voisins. La dernière chose que nous voudrions serait de nous faire attaquer par eux aussi, car ils pensaient que nous avions lancé une campagne d’invasion, » avait expliquer Elliessara.

« Votre Majesté, mais comment pouvez-vous être sûre que ces lettres parviendront à la destination ? » Demanda Vérone.

« En fait, ils ont déjà atteint leur destination. J’ai utilisé la vitesse de vol de Kataryna pour cela. » Répondit-elle d’un ton calme.

« Tu m’as vraiment fait beaucoup voler... » La dragonne aux écailles argentées laissa échapper un soupir.

« Une fois que j’ai découvert que mes lettres n’avaient jamais atteint leur objectif, je devais changer de stratégie. Pour cela, comme je l’ai déjà dit, et je renforcerai encore cette déclaration devant toutes les personnes présentes ici, Kataryna Georg, je vous suis redevable, » déclara Elliessara en lui faisant un signe de tête.

« Soupir, ne t’inquiète pas. » Kataryna haussa les épaules.

« Vos Majestés, quel est le plan d’attaque ? » Demanda Brekkar, s’assurant que la conversation ne s’éloignait plus.

S’il s’agissait d’une réunion entre dragons réguliers, cette réunion aurait atteint son point culminant il y a bien longtemps, et Leurs Majestés auraient été les seules à parler jusqu’à présent. Cependant, tout le monde ici était un éveillé supérieur ou pas loin de là. Notre état d’esprit général et notre façon de voir les choses étaient plutôt en retrait.

« Faisons un petit récapitulatif des forces ennemi. Ils ont six éveillés supérieurs confirmés. L’un d’eux est un mercenaire d’Ozur, deux ont été envoyés par la faction dans Embryger, l’un vient de l’état vassal Novarak, l’un est un mercenaire errant sans pays d’origine, et le dernier vient d’Olvia. Cependant, ce ne sont que les éveillés supérieurs connus et confirmés rapportés par nos espions. J’ai des raisons de penser que Draejan et ses hommes ont peut-être amené d’autres personnes ou qu’il est lui-même devenu un éveillé supérieur, » avait expliqué le roi en plaçant une sculpture en bois représentant un soldat dragon sur la carte.

« J’ai entendu dire que nous étions confrontés à 364 000 dragons. Comment souhaitez-vous que nous combattions contre eux avec nos 26 000 ? » avait demandé Brekkar.

« S’attaquer de front serait une erreur. Ils peuvent nous submerger avec le nombre, et c’était probablement ce qu’ils visaient depuis le début. » Feryumstark avait répondu.

« Je me demande si mon histoire va se répéter, » se demanda Kataryna avec un sourire aux lèvres.

« C’est possible, mais je veux que vous et Alkelios vous occupiez des éveillés supérieurs. Vous formerez une équipe de chasseurs. Les sœurs Draketerus ainsi que l’apprenti de Brekkar viseront les commandants-dragons de l’armée ennemie. Quant à moi et Brekkar, nous formerons un groupe et agirons en tant que généraux de cette armée, ainsi que chasseur d’éveillé supérieurs, » avait-il expliqué.

« Et le reste d’entre nous ? » Demanda Undrakan.

« Reyades Undrakan, Leone Sylvaran et Malavan Verona agiront en tant que gardes de la reine du royaume d’Albeyater. Ils doivent la défendre de leurs vies et si la situation empire, vous devez vous retirer avec elle à Drakaria et appliquer une stratégie défensive. » Feryumstark ordonna d’un ton ferme.

« Comme vous le souhaitez, Votre Majesté ! » avaient répondu tous les trois en même temps en saluant.

Pourquoi ai-je le sentiment que mon groupe reçoit un traitement différent de celui de ces autres éveillés supérieurs ? Ou peut-être que nous ne sommes pas habitués aux ordres ou à la procédure standard ? Cela pourrait être aussi bien… pensai-je.

« Berros Mandrakea, Mendeles Unvar, Novias Oshika et Moros Oniar, vous quatre devez avancer et soutenir notre armée de 26 000 hommes, qui seront séparés en quatre groupes différents. Ne vous engagez pas dans des batailles avec des éveillés supérieures, sauf en cas d’absolue nécessité. Les chasseurs vont essayer de les éliminer avant qu’ils ne deviennent un problème pour vous. Dans cette bataille, nous avons un désavantage en nombre de soldats, mais nous avons l’avantage en nombre d’éveillés supérieurs, » avait déclaré Feryumstark en les regardant tous.

« Comme vous le souhaitez, Votre Majesté ! » avaient répondu tous les quatre en même temps et avaient salué, tout comme les trois précédents.

« Euh ! si vous le voulez, Votre Majesté, je pourrais offrir mes armures et mes armes produites en masse aux commandants de notre armée et à des officiers importants ? » Proposai-je en levant la main.

« Ce serait utile. Vous avez déjà prouvé que vous étiez un excellent forgeron et enchanteur ! » Feryumstark m’avait félicité et avait hoché la tête.

« En effet, les dragonnes ont de très bonnes armes et armures. La tienne aussi est impressionnante ! » déclara Unvar avant de laisser échapper un soupir.

« C’est ma meilleure œuvre jusqu’à présent, » avais-je répondu.

« Mais est-il sage de changer d’équipement si tard ? Pourront-ils l’utiliser au maximum des possibilités ? » S’interroge Sylvara.

« Ils devront le faire, bien qu’il soit vrai qu’il aurait été préférable que vous le fassiez plus tôt, » avait déclaré Brekkar.

« Désolé, cela ne m’était simplement pas venu à l’esprit, » répondis-je en me grattant l’arrière de la tête.

Les griffes de dragon étaient très bonnes pour le dos.

« C’est mieux s’ils ont une épée solide au combat, même s’ils ne sont pas encore complètement habitués, qu’elle se casse après la première frappe, » déclara Unvar en hochant la tête.

« Je ne vois donc aucun problème à ce que nos commandants et nos capitaines changent d’équipements. En tant que telle, je déclare la réunion ajournée ! Que les dieux nous surveillent et nous guident sur le chemin de la victoire ! » Déclara Feryumstark avec fermeté.

« Que la victoire soit avec le royaume Albeyater ! » Avions-nous tous répondu d’un ton fort en saluant le roi et la reine.

Après avoir quitté la tente, j’avais rendu visite à chaque commandant et capitaine de notre armée et leur avais remis à chacun un ensemble d’armure et arme fabriquée par moi. Ils étaient de loin supérieurs à ce qu’ils avaient jusqu’à présent et étaient censés les protéger contre la plupart des attaques de niveau 500 à 700. Je doutais cependant qu’ils soient capables d’affronter un éveillé supérieur. Il y avait peu de chance que cela se produise.

En ce qui concerne l’armure et l’arme, j’avais dit à tous les dragons et dragonnes à qui je l’avais donnée qu’il s’agissait d’un prêt du royaume d’Albeyater et qu’il ne fallait pas le voir comme un cadeau. À la fin de cette guerre, si Sa Majesté jugeait que c’était acceptable pour eux, cela ne me dérangeait pas qu’ils me fassent les demandes nécessaires à cet effet. Bien sûr, je n’avais pas peur qu’ils n’acceptent pas cette offre. Une fois qu’ils avaient vu mes objets prêtés pour le combat, ils étaient certains de passer des commandes, même pour plus ! Transformer cela en un joli bénéfice et me faire dormir sur une grosse pile d’or ne me semblait pas si mauvais. Eh bien, j’espérais juste qu’aucun petit nain agaçant ne viendrait voler mon trésor.

Et peu de temps après avoir équipé le dernier commandant, j’avais entendu le son du cor qui annonçait l’attaque imminente de l’ennemi.

« Alors, ça a commencé... » Dis-je en me rendant à l’endroit où étaient mes amis.

***

Légendaire

Partie 1

***Point de vue d’Alkelios***

« Ça en fait beaucoup..., » déclara Kataryna.

L’armée de Draejan avançait avec des dragons planant dans les cieux et des soldats se chiffrant par centaines de milliers marchant vers nous sous leur forme de demi-bête. Ils étaient tous en quête de victoire, me faisant sentir une pression sur mes épaules et mon âme.

On ne peut pas gagner ça… J’avais été amené à penser ça, mais j’avais refusé de laisser cette fausse pensée me gagner.

Ma femme se tenait à mes côtés et dans ses yeux, je voyais la volonté ardente de combattre et de repousser cette force ennemie. À côté d’elle se trouvait Kléo, et bien qu’Iolaus lui tienne la main, je pouvais constater la détermination et le désir en eux de se battre ensemble et de ne pas laisser l’ennemi les séparer.

Kataryna se trouvait à ma droite et sa queue était immobile. Elle regardait le tsunami d’ennemis cracheurs de feu avec des yeux sérieux et planifiait la façon de les éliminer. Dire que cela n’était rien pour elle aurait signifié surestimer ses capacités. Je connaissais son passé, mais à l’époque, elle faisait face à un plus petit nombre d’ennemis et elle avait de la chance de ne pas souffrir de la maladie du Berserker comme l’avait subie Brekkar.

Il y avait beaucoup de tension dans l’air alentour. Il y avait beaucoup de chuchotements d’inquiétude, et même moi sentais la possibilité imminente d’une défaite.

« Je n’aime vraiment pas ça... » Dis-je.

En regardant en arrière, j’ai vu la reine entourée de ses trois gardes éveillés supérieurs : Reyades Undrakan, Leone Sylvaran et Malavan Verona. Sa Majesté était assise sur une chaise alors qu’elle cachait son visage derrière l’éventail d’argent qu’elle portait. Seuls ses yeux fixaient le champ de bataille.

Cette demoiselle à écaille blanche était la figure la plus en vue du royaume d’Albeyater. Sa voix et sa volonté régissaient tout le monde, y compris le roi. Normalement, j’aurais pensé que la laisser rester à l’extérieur était un choix de stratégie très médiocre, mais grâce à son action risquée, la reine avait non seulement fait preuve de courage, mais aussi montrer sa volonté de défendre son peuple. Cela avait apporté du courage aux dragons et aux dragonnes qui se tenaient devant moi, aux simples soldats amenés ici par les ordres des nobles sous lesquels ils travaillaient.

Honnêtement, j’avais eu l’impression que la seule raison pour laquelle ils n’avaient pas fui malgré la vague accablante qui s’approchait de nous était uniquement la reine Elliessara Seyendraugher. Comment pourraient-ils tourner la queue et courir quand elle était ici pour veiller sur eux ?

Ils ne se permettaient pas de fuir, mais quand même... c’était effrayant de regarder cette masse de dragons qui couraient vers nous uniquement avec l’intention de nous tuer.

Nous nous étions tous sentis plus ou moins dépassés et inquiets.

La théorie, la planification, la simulation d’une bataille que vous aviez menée dans votre esprit, c'était une chose mais s'en était une autre que de rester sur le champ de bataille, regardant dans les yeux de votre ennemi en vous demandant comment et quand vous devez appuyer sur la gâchette.

« Dragons et dragonnes du royaume d’Albeyater ! » Cria la reine « Il est temps de se battre pour défendre votre pays, vos familles et votre liberté ! Il est temps de montrer à ces misérables imbéciles que des chiffres simples ne font pas le poids face à notre volonté et à notre force ! » Elle replia son éventail et le souleva. Le regard dans ses yeux contenait une détermination et une résolution absolues. « Enfants d’Albeyater ! Marchez en avant et rapportez la victoire ! » Cria-t-elle en baissant son éventail et le pointant vers la vague ennemie.

« POUR ALBEYATER ! POUR ALBEYATER ! » Crièrent les soldats en même temps, levant leurs épées et leurs boucliers.

« Vous avez entendu la reine ! Montrons à ces dragons bâtards qu’ils ne peuvent pas jouer avec nous ! Suivez-moi au combat et à la gloire ! Suivez-moi pour la victoire ! » Cria Feryumstark puis il laissa échapper un rugissement.

Ce rugissement unique et puissant ressemblait à une poussée d’énergie. C’était une compétence limitée à ces quelques dragons ayant l’élément Autorité. Cela avait remonté le moral et donné du courage à ceux qui en manquaient.

« POUR ALBEYATER ! POUR ALBEYATER ! » Crièrent à nouveau les soldats.

« ALLEZ ! » Les quatre perceurs de front chargés de diriger l’armée de 26 000 hommes avaient donné l’ordre.

Tous les soldats avaient avancé, prêts à entrer en collision avec les forces ennemies.

Voir autant de dragons et de dragonnes se déplacer pour combattre un nombre bien supérieur au leur m’avait donné un sentiment étrange. C’était peut-être à cause du rugissement d’autorité de Feryumstark, mais je sentais au fond de mon âme que cette bataille allait être… légendaire.

Cela allait être quelque chose de digne d’être mentionné dans les livres d’histoire et raconté par des bardes du monde entier comme la bataille la plus époustouflante de tous les temps.

Et ces histoires... allaient probablement concerner mes amis et moi ici. Ils allaient parler de ceux qui avaient inversé le cours de la bataille.

Puis, alors que je regardais les deux forces s’approcher, je sentais comme si ma respiration s’était arrêtée.

Les cris venaient des deux côtés.

Les rugissements étaient répartis partout.

Il n’y avait pas de dragons humanoïdes, seulement des mi-bêtes et des bêtes. Rester dans leurs formes les plus faibles aurait été idiot. À l’exception de la reine, nous nous étions tous transformés en forme de demi-bêtes, serrant la poignée de nos épées, prêts à nous lancer dans la bataille, prêts à nous couper et à leur montrer tout ce dont nous avions été exclus.

« Cela a commencé…, » avait déclaré Kataryna lorsque les premières épées s’étaient affrontées et que les deux vagues s’étaient rencontrées.

Du sang avait été versé à ce moment des deux côtés. Pourtant, l’ennemi qui était plus nombreux que nous avait continué à avancer.

J’avais dégluti.

« C’est le moment. » Dis-je.

« Tout le monde, montrons-leur nos crocs ! » déclara Seryanna en se changeant en bête avec tout le monde.

Ils n’avaient pas besoin de s’inquiéter de mes armures et armes, ils étaient censés prendre la forme d’une couche protectrice autour de leurs parties les plus sensibles, tandis que les armes se transformaient en une armure de griffe.

J’étais le seul à ne pas pouvoir changer, mais pour moi, cette forme mi-bête suffisait.

J’avais dégainé Enfer et Paradis dès que la transformation de chacun s’était arrêtée.

Seryanna était une belle dragonne avec des écailles rose-rouge et de courtes pointes dans son dos. Ses ailes déployées, montrant qu’elle était plus que capable de dompter les vents, et son armure couvrait sa poitrine, son ventre, sa colonne vertébrale et son cou. L’arme que je lui avais donnée s’était transformée en armure de griffe rouge vif sur sa main droite.

Kataryna était une dragonne couverte d’écailles d’argent, mais avec des pointes plus courtes que Seryanna. Le regard dans ses yeux et la façon dont elle se présentait lui donnaient une sensation élégante, presque royale, mais tout comme dans le cas de ma femme, son armure bleue et blanche couvrait son ventre, sa poitrine, sa colonne vertébrale et son cou. L’épée que je lui avais donnée avait la forme d’une griffe d’armure bleue autour du doigt de sa patte droite.

La forme de bête de Kléo avait été la première que j’avais eu le « plaisir » de rencontrer et ce fut la même chose : grande, majestueuse, effrayante et complètement recouverte d’écailles brillantes noires. À côté d’elle se trouvait Iolaus qui ressemblait à un dragon étonnamment mince et maigre par rapport à Kléo, mais son cou ainsi que sa queue étaient plus longue, et ses ailes étaient un peu plus petites. Il était le seul à être complètement recouvert par mon armure parce que c’était le type de protection max.

« Tout le monde est-il prêt ? » avais-je demandé.

Seryanna souffla un nuage de fumée. Kataryna hocha la tête. Kléo avait un sourire sinistre et je pouvais jurer avoir vu quelque chose bouger dans son ombre. Iolaus claqua la queue et acquiesça.

« Alors..., » j’avais pris une profonde inspiration et fermai les yeux.

Le son des épées qui s’entrechoquent et des dragons qui se battent... Qui aurait su que je pourrais voir une scène aussi ridicule, non... participer à cette bataille ridicule ? Ah, mais... je suis l’un d’eux maintenant, n’est-ce pas ? avais-je réfléchi. Puis, j’avais ouvert les yeux.

Du fond de mes poumons, je laissai échapper le rugissement le plus puissant que je pus produire.

« RUGISSSSEMMENNNT !!! »

C’était beaucoup plus puissant que celui du roi parce que je l’avais amplifié avec la compétence [Fatty McFat], ce qui lui avait permis de se répandre jusqu’au bout de ce champ de bataille. Tous ceux qui se trouvaient près de moi sentiraient tout son effet, mon rugissement affecterait également ceux que je pensais être des alliés et ceux que je pensais être des ennemis de différentes manières.

L’une des raisons pour lesquelles je m’étais envolé plus tôt dans le ciel était pour les marquer tous comme ennemis et accepter ceux de ce côté-ci du camp comme des alliés.

Mon rugissement renforcerait la force et le moral de mes alliés et ferait tomber ceux de l’ennemi. Cependant, j’y avais également ajouté Intimidation, qui sous cet effet amplifié rendrait mon camp encore plus fort.

« C’était un sacré rugissement, Alkelios ! » Me complimenta Kataryna.

« Je sens que je peux affronter toute l’armée maintenant ! » avait déclaré Seryanna.

« S’il te plaît... laisse-nous en quelques-uns. » Lui dis-je.

Pendant que nous volions, j’avais sauté et je l’avais chevauchée. C’était probablement l’image la plus redoutable que je puisse imaginer... Un demi-dragon qui brandissait deux épées longues, puissantes et incroyables, aux éléments complètement opposés : Ténèbres et Lumière, tout en portant une puissante armure aux lignes épurées de couleurs noires et argent métallisé, tout en chevauchant une puissante dragonne rouge et entouré de trois autres.

Nous avions survolé notre armée de cette manière, puis nous nous étions affrontés dans le camp des dragons volants ennemis.

« Ne laisse personne en vie ! » Rugit Seryanna.

Kataryna laissa échapper un souffle de glace qui gela trois dragons et Kléo les brisa avec des lances noires. Iolaus laissa échapper un éclair de lumière aveuglant sur l’un des dragons, puis le heurta, l’envoyant s’écraser sur ses troupes alliées. Créant une lance de lumière, il la jeta ensuite au dragon et l’empala.

Je sautai de Seryanna et volai vers un énorme dragon avec des écailles rouge foncé. Il avait ouvert la bouche remplie de dents acérées et forma une volée de boules de feu qu’il me tira dessus. Je les avais toutes esquivées et j’avais fait en sorte qu’Enfer mange toutes celles qui auraient frappé mes amis. Le dragon se prépara alors à rugir, mais je passai à côté de son cou et avec Paradis, je lui coupai net la chair. La tête massive avait été séparée de son corps et était tombée au sol.

En utilisant Saut dans l’Air, je m’étais repoussé et j’avais évité la grande hallebarde qui m’était destinée. Avec Ralentissement, tout s’était passé autour de moi beaucoup plus lentement que d’habitude, environ dix fois plus lentement. J’avais identifié ma cible et dès que j’avais annulé cette compétence, j’avais utilisé Tornade d’Épées de Lumières sur lui, l’une de mes attaques les plus puissantes de Jeu des Ténèbres. L’attaque avait créé une tornade de lumière tourbillonnante et des épées de lumière qui avaient englouti le dragon aux écailles brunes. Ses hurlements d’agonie cessèrent rapidement et seuls des morceaux de viande hachée tombèrent du ciel.

En baissant les yeux, j’avais vu Seryanna sauter sur l’un des dragons à écailles blanches. Elle avait ouvert avec force la bouche en le tenant avec ses mains griffues avant de laisser échapper un souffle de feu imparable. Le dragon avait gémi de douleur avant de périr carbonisé de l’intérieur. Elle lâcha son corps sans vie et utilisa ensuite une Épée de feu pour couper un dragon proche en deux. Saisissant les restes avec la tête, elle le jeta sur un groupe de dragons sur le sol qui repoussaient nos alliés.

« Je vais te tuer. » M’avait crié dessus un dragon et avait essayé de m’attaquer dans mon moment de distraction. Mais un énorme Pique de Glace avait volé d’en bas et avait embroché le dragon, le tuant sur le coup.

C’était Kataryna. Elle m’avait fait un sourire narquois et avait ensuite libéré un souffle de glace sur les ennemis en bas, des milliers avaient été gelés sur place, permettant à nos alliés de les tuer facilement.

J’avais tourné la tête vers l’arrière puis regardai plusieurs dragons voler vers moi.

C’était à mon tour d’utiliser cette compétence...

« HYOH ! » J’avais crié et j’avais pris une position de combat.

L’instant suivant, j’avais ciblé le torse d’un des dragons et utilisé Frappe de 100 mètres de long. Lorsque j’avais libéré la compétence, j’avais poussé Paradis vers l’avant dans une frappe d’art martial parfaite qui avait envoyé une frappe invisible dans les airs et avait coupé le cœur de mon ennemi en deux. Bien sûr, s’il était habile, il aurait vu les nuages se séparer et aurait évité le coup ou ne l’aurait pas touchée. Heureusement, il ne l’était pas.

Avec Paradis dans ma main gauche et Enfer dans ma main droite, j’avais activé Jeu de Miroir, ce qui avait fait apparaître trois illusions de moi. Chacune d’elles s’était avancé dans une direction différente, tandis que le vrai moi avait attaqué la cible à l’arrière, un dragon argenté. Il avait essayé de se défendre avec ses griffes, mais Enfer ne serait pas arrêté par quelque chose comme ça. Le dragon avait été frappé par ma lame et ses restes s’étaient écrasés sur ses alliés présents sur le sol.

Le prochain avait été un dragon à écailles vertes, dont les ailes avaient été détachées et son cœur transpercé par Enfer. De lui, j’avais sauté sur l’autre à écailles blanches, qui venait de remarquer que celui contre lequel il se battait n’était qu’illusion. Quand il s’était retourné, j’avais coupé son cou avec mes épées et laissé son corps sans vie tomber par terre.

Le dernier était un dragon à écailles bleues. Lorsqu’il s’était vu devant moi, il avait tremblé et avait ensuite tenté de s’enfuir. J’avais levé la main et pensai à la descendre, mais je m’étais arrêté.

C’est vrai, c’est un champ de bataille… c’est la guerre… Mais tuer quelqu’un qui a déjà perdu sa volonté de se battre et qui tente seulement de fuir est un acte lâche. Non... c’est inhumain. Ou... indragon ? J’avais réfléchi, secouai la tête et laissai échapper un soupir.

Je combattrai ceux qui m’attaquaient et tuerai ceux qui croisaient les lames avec moi, mais je ne voulais pas jouer le rôle de chasseur pour ceux qui tournaient la queue et s’enfuyaient. Si je faisais cela, je craignais que mon cœur se brise et que je finisse par marcher sur un chemin que je ne devrais pas...

Quand je serai grand, je ne veux pas être le genre de père qui doit expliquer à ses enfants pourquoi il a tué de sang-froid un ennemi qui s’est enfui, avais-je pensé.

Je ne voulais tout simplement pas être l’un de ces gars...

CLANG ! CRACK !

« Hein ? » Je clignai des yeux surpris quand j’entendis ce son.

En regardant en arrière, j’avais vu un dragon avec des écailles brunes tenant une grosse épée dans ses mains, mais elle était cassée au milieu.

J’avais penché ma tête à gauche et il m’avait montré un sourire ironique.

Est-ce qu’il m’a frappé avec ça ? avais-je pensé.

Je n’avais rien senti...

Déposant les restes de l’épée, il commença à lancer deux sorts d’éclair, mais je le visais et jetais des Flèches d’ombre amplifiée avec Fatty McFat. Le projectile le traversa, l’empêchant de lancer ses sorts.

En regardant le trou dans sa poitrine, il commença à perdre la force présente dans ses ailes et tomba sur le sol.

***

Partie 2

« Alkelios ! » Cria Kataryna en survolant la zone.

« Je suis là ! » avais-je répondu.

« Il y a deux éveillés supérieurs qui arrivent ! » M’avertit-elle alors qu’elle volait à mes côtés puis regardait dans leurs directions. L’un d’eux avait des écailles bleues et brandissait deux épées géantes, tandis que l’autre avait des écailles vertes claires et chargeait déjà une sorte de magie.

« Qu’est-ce qui se passe avec ces dragons et ces grosses armes ?! » me plaignis-je.

« Les soldats sous forme de bête pure sont les unités lourdes, alors que celles au sol sont les unités légères. » Expliqua Kataryna avant de sauter pour engager celui aux écailles vertes.

« Au nom de Novarak, je vais vous faire mourir ici ! » Cria-t-il.

« Et toi, mon petit, tu mourras par mes lames ! » déclara celui aux écailles bleues.

J’avais bloqué l’attaque avec Enfer et Paradis, mais cette puissance était quelque chose, et comme je n’avais jamais eu de batailles aériennes, je ne savais pas comment compenser cette force. Ainsi, j’avais été envoyé au sol. Comment je n’étais pas tombé quand ce dragon m’avait frappé avec sa grande épée avait été un mystère !

« Hahaha ! Quel faible ! » Dit-il en me regardant.

J’avais atterri au milieu des troupes ennemies, mais grâce à l’onde de choc libérée lors de mon impact, ils s’étaient un peu dispersés. Il y avait un espace entre moi et eux, alors je m’étais relevé et j’ai lancé un Tsunami de piques de terre autour de moi. Les cris des dragons mourants avaient rapidement été entendus et, profitant de ce moment, j’avais utilisé Perception des faiblesses sur l’ennemi au-dessus de moi.

La compétence m’avait dit où je devrais attaquer. Cela ne m’avait pas montré quelque chose comme une superposition sur le dragon avec des zones marquées en rouge ou en vert, mais je savais instinctivement que frapper un endroit précis pouvait causer plus de dégâts.

Les guerriers expérimentés n’avaient pas besoin de cette compétence, leur instinct était déjà formé à cet égard, mais je ne pouvais pas être assez idiot pour croire qu’après avoir passé moins de deux ans dans ce monde, je savais déjà où étaient les points faibles mes ennemis.

Avec un air sérieux sur mon visage, j’avais sauté et me dirigeai droit vers le dragon contre lequel je me battais. Nos épées s’étaient encore croisées. Une petite onde de choc avait été libérée et des étincelles avaient volé dans toutes les directions.

« Ce sont des lames robustes que tu as là  ! » Sourit-il.

« Tu es le mercenaire, n’est-ce pas ? » avais-je demandé.

« Ouais, et alors  ? » Demanda-t-il avec un sourire narquois en essayant de me repousser, mais en utilisant Saut aérien et mes propres ailes pour la stabilité, je ne le laissai pas faire.

« Combien Draejan te paie-t-il ? » avais-je demandé.

« Oh ! Un dragon d’affaires ! Désolé gamin, mais ces anciennes écailles ne passent pas pour celui qui paient plus, mais celui qui embauche en premier ! J’ai une certaine réputation à tenir, tu sais ? » Il me fit un sourire.

« Tu ne peux pas me reprocher d’essayer, mais puis-je te demander ce pour quoi tu as été embauché  ? » Je lui sautai dessus.

« Eh bien, c’est simple. On m’a dit de tuer tous les éveillés supérieurs qui me gênaient, le roi, la reine et tout autre dragon ou toute autre dragonne qui se trouvaient sur mon chemin. Quelque chose comme ça  ? » il avait ri.

« C’est un contrat assez coûteux, mais si tu te trompes, je ne te tuerai pas. Qu’en est-il ? » J’avais demandé.

« Pas d’accord gamin. Tourner la queue face à une bataille ne serait qu’une insulte à moi ! Alors, s’il te plaît... meurs ? »  Il leva la main et lança des Lances d’eau comme une mitraillette.

J’avais évité deux d’entre elles et les autres ont utilisé ma Barrière de vent, Barrière des ombres et Barrière lumineuse pour les arrêter. Utiliser le feu aurait été le moyen le plus efficace, mais cela aurait créé de la vapeur, ce qui aurait bloqué ma vue et permis à mon ennemi de me tuer.

Quant aux lances que j’avais esquivées, elles avaient frappé les soldats en dessous, des soldats d’Albeyater. Le résultat avait été deux cratères chacun avec un diamètre de huit mètres. Il y avait eu plusieurs morts et beaucoup de blessés. Les lances avaient été conçues pour exploser également lors de l’impact. La seule façon pour elle de ne pas le faire était d’être bloqués par une barrière magique. Bien sûr, on pouvait aussi les faire exploser avant l’impact, mais ce n’était pas le cas.

Voyant que son attaque ne me faisait rien, il s’arrêta et me chargea de nouveau avec ses deux épées, mais cette fois, il utilisa Jeu de Miroir, provoquant la création de trois autres illusions. J’avais claqué ma langue, mais au lieu de toutes les engager, j’avais utilisé Tornade de lames enragée, ce qui m’avait fait me mettre un peu en colère et faire monter la température autour de moi, mais en même temps mes épées avaient bougé à une vitesse qui les rendait extrêmement difficiles à voir même pour ceux comme moi. Après tout, toutes mes compétences en matière d’épée utilisaient également mes statistiques de force, de vitesse et de dextérité.

« Qu’est-ce que c’est ? » Le dragon s’arrêta net alors qu’il me regardait avec de grands yeux.

« Annulation de toutes lumières. » Avais-je dit, faisant en sorte que seuls mes alliés ne soient pas affectés.

Lorsque j’avais lancé ce sort, qui avait été amplifié par Fatty McFat, la moitié du champ de bataille était devenue complètement noire. L’ennemi verrait le monde qui les entourait comme s’il était devenu aveugle, tandis que les alliés voyaient le monde qui les entourait comme si quelqu’un éteignait la lumière alors que la lumière continuait de se réfléchir sur les corps des objets.

Si cela n’était pas fait par magie, je penserais qu’il serait absolument impossible de reproduire dans la vie réelle. Sur un ordinateur peut-être, mais certainement pas dans la vraie vie. Les lois de la physique ne fonctionnaient tout simplement pas de cette façon.

« Qu’est-ce que tu as fait ?! » Cria le dragon à la taille bleue.

« Des cookies ! » avais-je répondu.

« Hein ? » Il avait émis un son stupide, mais la prochaine chose que j’entendrais de lui serait un gémissement.

Mes lames avaient tailladé son corps, coupant son armure et sa chair, laissant son sang couler.

« C-C’est... de la triche... » gémit-il en essayant de m’attaquer, mais j’étais déjà parti au moment où il avait frappé.

J’étais plus petit que lui, mais j’étais plus rapide et je pouvais voir. Avant qu’il ne concentre ses sens, je comptais le blesser suffisamment pour le tuer ou le forcer à abandonner.

Quant à sa remarque. Non, ce n’était pas de la triche. C’était utiliser vos propres compétences pour combattre un ennemi avec tout ce que vous aviez.

« Là  ! » Cria-t-il avant de me frapper.

J’avais paré et avais repoussé l’épée à ma droite. Je m’étais glissé à travers la brèche et j’avais percé son cou avec Paradis.

Ce fut une attaque en une fraction de seconde, un moment imprévisible.

« M-Ma... défaite... » Dit-il, et je retirais l’épée de son corps.

L’attaque avait sectionné sa jugulaire, mais pas sa trachée. Sans guérison immédiate, il mourrait et, compte tenu de toutes les blessures que je lui avais infligées jusqu’à présent, ce grand dragon n’allait probablement pas voir le jour de demain.

En regardant son corps s’effondrer au sol, je laissai échapper un soupir et fermai les yeux un instant. Je ne priais pas, j’étais juste... un peu déçu. J’espérais en avoir plus de lui, mais peut-être que Kataryna et Feryumstark étaient dans une ligue différente de lui ?

« Je suppose que je devrais aussi la convoquer... » murmurai-je avant de lever les yeux.

Les ténèbres autour de moi étaient une bonne couverture pour empêcher tout le monde de voir ce que je faisais, alors avant de prendre fin, je levai la main et appelai Jophiel Thunderash, le Phœnix foudroyant.

« Poulet éclair ! » avais-je crié en lançant le sort.

Normalement, j’aurais vu une lumière aveuglante suivie d’une vague de chaleur, mais cette fois-ci, grâce à l’Annulation de toutes lumières, je n’avais ressenti que cette dernière. Ce que j’avais vu à la place, c’est un portail de feu qui s’ouvrait devant moi et Jophiel en sortit.

« Comment ça va, maître ? Et qui a éteint le soleil ? » Demanda-t-elle avec un sourire éclatant.

Contrairement à avant quand elle ressemblait à un oiseau, cette fois-ci, c’était une petite fille ailée aux cheveux roux brillant le long de ses épaules. Elle avait l’air adorable, mais visiblement pas humaine. Ses ailes étaient couvertes de belles plumes avec des lignes dorées à la fin. Leur envergure avait doublé, voire triplé, la taille de tout son corps, et elles rayonnaient d’une étrange aura hypnotisant. La robe qu’elle portait était rose et ornée de marques dorées. Ses iris étaient de couleur or, mais ils étaient entourés d’un anneau rouge vif.

« Jophiel, ravi de te voir. Comment s’est passé le tournoi de la flamme sacrée ? » Lui avais-je demandé.

« Tu ne peux pas voir ? » Elle tournoya en l’air, puis me fit un sourire éclatant « J’ai gagné ! »

La robe est-elle la preuve ? La dernière fois, elle en portait une bleu. J’avais réfléchi et je lui avais dit « Bien pour toi. Alors, est-ce que ça veut dire que tu n’es plus une apprentie ? »

« Oui ! Grâce au maître, je suis maintenant une Phoenix à part entière ! Cela signifie que je serai autorisée à voyager dans d’autres mondes et même à passer plus de temps avec le maître ! » Dit-elle avec un gloussement alors qu’elle volait et s’asseyait au-dessus de ma tête.

« Je vois que tu utilises toujours ma tête comme un perchoir. » Je laissai échapper un soupir.

« Ta tête doit bien servir à quelque chose, n’est-ce pas ? » Rigola-t-elle.

« Quoi qu’il en soit, je t’ai invoquée maintenant parce que je suis en guerre. » Lui déclarai-je.

« Une guerre tu dis ? Ces gars sont les alliés et ce sont les ennemis ? » Demanda-t-elle en montrant Albeyater, puis les forces de Draejan.

« Oui, comment peux-tu le dire ? » Demandai-je.

« Le Maître les a déjà marqués comme tel, n’est-ce pas ? Les bonus qui fonctionnent pour tes autres sorts fonctionnent également pour moi, mais n’utilisent plus jamais Fatty McFat pour m’invoquer... ne l’utilise JAMAIS à nouveau ! » Elle secoua la tête et me tapota le front avec sa main minuscule. Une sorte de claque d’éveillée.

« Aie ! Ouch ! » m’étais-je plaint. « Je suis désolé ! Je ne vais pas l’utiliser à nouveau ! Je te le promets ! »

« Soupir ! Bien ! J’ai dû passer deux heures sous cette forme hideuse à cause de toi ! » Elle se pencha et me fixa droit dans les yeux.

L’incident dont elle parlait s’était produit dans la forêt Seculiar peu de temps après mon acquisition de Fatty McFat, mais lorsque je l’avais utilisé en association avec Poulet Éclair, j’avais invoqué une Jophiel TRÈS TRÈS TRÈS grosse.

Pendant deux heures, elle ne pouvait plus bouger et roulait littéralement dans la pièce en se plaignant et en m’appelant. En attendant, j’avais fait de mon mieux pour ne pas rire.

La disparition de lumière était arrivée à sa fin et tout était revenu à la normale.

« Jophiel ! Vas-y ! » Criai-je.

« Comme tu veux, maître ! » Répondit la petite fille avec un couinement d’oiseau à la fin alors qu’elle plongeait vers les armées en conflit.

Lorsqu’elle se trouvait à environ dix mètres du sol, elle déploya ses magnifiques ailes et se dirigea vers les soldats de Draejan, qui étaient maintenant repoussés malgré leur nombre supérieur.

La Phœnix, qui était au même niveau que moi, relâcha sa puissance et lança une vague de feu inextinguible. Les cris de douleur et d’horreur atteignirent le ciel, alors qu’elle les ignorait et chargeait dans ses petites mains un sort de foudre et un sort de lumière. Ciblant deux groupes différents, elle laissa tomber ses sorts.

À sa droite, les soldats-dragons qui attendaient leur tour pour tuer un soldat d’Albeyater avaient été électrocutés par des éclairs à la chaîne les uns aux autres. La magie allait créer cette puissante intensité et aussi le « fil » par lequel elle devait passer, sinon j’étais sûr que cela se serait arrêté au premier soldat. Ils ne savaient pas ce qui les frappait. La puissante électricité avait grillé leurs cerveaux et avait arrêté leurs cœurs. L’odeur nauséabonde de la viande cuite pouvait être sentie, se répandant de leurs cadavres.

À sa droite, les soldats-dragons étaient transpercés dans la poitrine par de puissantes lances. Chacune avait frappé sa cible dans le cœur avec une précision extrême. C’était comme un coup exécuté par un tireur expert, mais encore une fois, Jophiel avait le même niveau que moi maintenant et elle était loin de montrer sa vraie puissance.

Après avoir tué les soldats autour d’elle, elle s’était envolée puis avait plongé vers une autre masse de dragons. De ses mains, elle lâcha plusieurs boules de feu d’un mètre de diamètre. Avec la dernière, elle se leva et vola de nouveau vers le ciel, répétant la manœuvre de plongée.

En d’autres termes, elle les bombardait vu que ses boules de feu n’étaient pas de simples pétards du Nouvel An. Lorsqu’une de ces choses frappait une cible, elle était réduite à néant, ne laissant que le sol en feu.

Les hurlements et les cris des dragons avaient atteint les cieux alors qu’ils essayaient de fuir le Phénix qui n’avait pas l’air différent d’une enfant ailée.

Avec son aide, j’étais certain que le nombre de nos ennemis diminuerait rapidement.

En attendant, je n’avais pas oublié Kataryna. Elle jouait avec le dragon de Novarak.

L’éveiller à écailles vertes faisait de son mieux pour l’attaquer avec des combos de magie du vent, de feu, d’eau et de ténèbres, mais Kataryna continuait à les esquiver avec talent. Il était également clair qu’il se débrouillait beaucoup mieux dans la magie du vent que les autres parce que celle-ci était la plus forte.

Cela ne voulait pas dire que ce gars était faible. Ses attaques avaient déchiqueté un dragon malheureux qui volait pour intercepter nos alliés. Il n’avait même pas crié. C’était une mort instantanée. Quant à l’attaque magique du feu, celle-ci a atterri au-dessus d’un groupe de nos soldats, et ils avaient tous été brûlés.

Elle est bloquée là-dedans... Et Seryanna ? Je me demandai alors que je quittais des yeux la bataille de Kataryna pendant une seconde et baissai les yeux sur ma femme, qui fixait un dragon à écailles brunes foncées. Ils étaient tous les deux dans leur forme de demi-bête, ce qui signifiait qu’elle avait été obligée de revenir à cette taille pour le combattre.

La raison pour laquelle elle se trouvait dans cette situation était que peu de temps après avoir terminé mon combat avec ce dragon mercenaire, je l’avais vue éviter certaines attaques à longue portée, des piques de terres. Le lanceur de sorts était le gars ci-dessous.

Quand j’avais abattu les ténèbres sur le champ de bataille, Seryanna avait tué tous les ennemis autour d’elle, puis s’était frayé un chemin à travers la chair des dragons jusqu’au bout. Maintenant, il était temps de se battre seul.

À ma gauche, Iolaus et Kléo se déchaînaient ensemble sur le champ de bataille, restant à peine dans ma portée de 100 mètres. Ils chassaient les commandants comme il leur avait été ordonné, tout en éliminant le plus d’ennemis possible.

Un peu plus à droite de l’endroit où se trouvait Seryanna, le roi était également au milieu d’une bataille avec un autre dragon, tandis que Brekkar couvrait ses arrières face aux troupes ennemies.

Partout où je regardais, la bataille faisait rage et nous gagnions régulièrement.

Je pense qu’ils ne peuvent rien faire pour nous arrêter maintenant. Pensais-je en les voyant tous sur le point de gagner leurs combats individuels.

Puis, comme je regardais devant moi, j’avais vu un dragon qui portait une armure noire et dorée qui volait directement vers moi. Il y avait de la rage dans ses yeux et il libérait beaucoup d’intentions meurtrières contre moi.

Au début, je ne l’avais pas reconnu, mais à mesure qu’il se rapprochait, je réalisai qui il était...

« ALKELIOS !! » cria le dragon.

« Draejan... » répondis-je d’un ton calme alors que je me préparais pour notre… confrontation finale.

***

Leurs combats

Partie 1

***Point de vue de Kléo***

Lorsque le rugissement d’Alkelios s’était répandu sur tout le champ de bataille, j’avais senti une poussée d’énergie passer à travers moi. La peur et le doute que j’avais à propos de cette bataille à venir avaient complètement disparu. Iolaus m’avait pris la main puis il me fit un sourire rassurant.

Dans cette guerre, nous ne pouvions combattre ensemble que grâce à notre ami Alkelios. Il nous avait réunis quand nous pensions que nous étions des ennemis jurés. Il nous avait aidés à grandir et nous avait montré que même des éléments opposés pouvaient s’aimer.

Une dragonne avec des écailles noires et un dragon avec des écailles blanches avaient survolé le champ de bataille.

Deux amoureux engagés qui souhaitaient se créer un avenir... C’était nous.

Iolaus était mon avant-garde, et je jetais mes sorts de loin, en abattant les dragons qui osaient se mettre en travers de notre chemin. Grâce à l’entraînement de mon grand-père, mon fiancé était maintenant beaucoup plus puissant qu’il ne l’était auparavant. Avec une frappe de son épée, il fendit un dragon en deux, tandis que mes lances d’ombre poignardaient ceux qui essayaient de l’attaquer à ce moment-là.

Quand l’un attaquait, l’autre défendait. Nous nous étions battus avec une parfaite harmonie pour détruire des dragons avec des boucliers de lumière et les percer de lances des ténèbres.

Nos batailles n’étaient pourtant rien comparées à nos amis. Ils régnaient sur le champ de bataille comme des dieux, écrasant tous ceux qui se trouvaient sur leur chemin. Les cris d’agonie de leurs victimes étaient tout ce qui leur restait alors qu’ils se perdaient dans les échos de leurs épées et de leurs rugissements.

Mais juste au moment où nous pensions gagner, nous avions entendu un cri qui a percé les cieux.

« ALKELIOS !!! »

C’était ce dragon ignoble Draejan qui se précipitait vers nous avec une vague innombrable de dragons. Le sol devint sombre à cause des ombres des dragons volants, tandis que la terre tremblait.

J’avais dégluti quand j’avais vu la quantité de dragons, mais je pouvais toujours voir ceux qui étaient désignés comme commandants.

« Grande sœur..., » dis-je en tournant mon regard vers Seryanna, mais elle venait de terminer son combat contre un dragon avec des écailles brun foncé et deux haches dans les mains.

J’avais levé les yeux vers Kataryna et je la vis se débattre contre deux dragons, l’un à écailles bleues et l’autre blanche. Mon grand-père était avec le roi, faisant face à un dragon à écailles rouges. Une explosion avait attiré mon attention et lorsque je m’étais retournée, j’avais vu les gardes de la reine repousser une attaque sournoise.

Il n’y a nulle part où chercher de l’aide…, pensai-je en regardant devant moi la masse de dragons qui s’approchaient de nous avec le désir de nous tuer tous. Pouvons-nous gagner cela ? pensais-je en sentant mon corps trembler.

Alors que je commençais à paniquer, Iolaus avait volé devant moi et m’avait fait un sourire. Un dragon en forme de bête n’avait pas le meilleur des sourires, mais il avait au moins essayé.

« Je suis là mon amour. Nous allons nous en sortir. » Me dit-il avant de lécher le bout de mon museau.

C’était un petit baiser de dragon.

Je lui avais fait un sourire et avais acquiescé.

« Allons-y ! » Dis-je avec un sourire.

Il n’y avait nulle part où aller et pas de retour en arrière. C’était aussi mon combat même si je me sentais un peu déconnectée de tous les dragons en dessous de moi. J’avais des écailles noires, et ce n’était pas la plus aimée des couleurs de dragons, cependant, la reine ne m’avait montré aucune haine, pas plus que le roi et la plupart des dragons du palais. Ils savaient que j’étais là en tant que garde spéciale et que, parce que Leurs Majestés avaient confiance en moi, les autres aussi avaient confiance en moi.

Peut-être que la haine envers les écailles noires ne disparaîtrait jamais, mais au minimum, je devais stopper la haine contre moi… Je devais leur prouver à tous que j’avais une place à côté de mes amis !

« Tornade de... » Nous avons tous deux commencé en même temps en nous tenant la main.

« ... Lumière. » « ... Ténèbres. » Avons-nous dit en même temps et avons libéré l’énergie magique sous la forme d’un sort.

Nous avions volé vers la vague de dragons en tournant dans les airs. De mon corps, des ombres créées par la magie des ténèbres avaient commencé à s’étendre, se fondant avec la lumière émanant du corps d’Iolaus. Notre énergie magique avait dansé ensemble. La lumière et les ténèbres avaient commencé à se mélanger comme de l’eau et du pétrole, sans perdre leur essence et leur éclat.

Au fur et à mesure que nous nous approchions de nos ennemis, l’énergie magique autour de nous commençait à se propager, prenant la forme d’un vortex avec nous au centre. C’était une tornade de lumière et de ténèbres dont les bords étaient plus tranchants que la lame d’une épée.

« Mourez ! » avait crié un ennemi, mais quand nous les avons écrasés, leur voix avait été réduite au silence.

Les lames de lumière ainsi que celles de ténèbres traversèrent leur armure et leur chair. Leurs corps étaient tombés sur les troupes en dessous de nous, mais nous ne nous étions pas arrêtés. Nous nous étions frayé un chemin à travers leur sang et leur chair en cherchant les commandants qui dirigeaient les dragons.

« Gah! NON ! » Le premier d’entre eux était mort alors qu’il était déchiré par la tornade de lumière et de ténèbres.

Il était incroyablement difficile de se défendre contre cette attaque, car celle-ci était composée de deux éléments opposés. On pouvait se protéger des ténèbres, mais la lumière les couperait.

Une fois que nous avions senti notre magie commencer à s’épuiser, nous nous étions retirés de la masse de dragons et avions arrêté le sort à une distance de sécurité de nos ennemis.

« Ce n’est pas encore fini..., » me déclara Iolaus à travers de grandes respirations.

Il était fatigué et moi aussi, mais j’avais encore assez d’énergie magique pour faire tomber ces imbéciles à genoux !

« Démons de l’autre monde... » J’avais commencé à chanter, en invitant mes familiers qui vivaient dans l’ombre.

***

***Point de vue de Seryanna***

Une fois que je m’étais séparée d’Alkelios, j’avais sauté dans la bataille contre plusieurs dragons volants. Ma force dépassait de loin la leur, et leurs attaques n’égratignaient même pas mon armure.

Plus je me battais, plus je sentais mon sang bouillir et tout mon corps et cela me remplissait d’une énergie brûlante.

Je veux me battre ! avais-je pensé alors que je plongeais vers un dragon en dessous de moi.

Il avait crié et avait lutté, mais alors que nous plongions vers le sol, j’avais mordu ses ailes et les avais déchirées. Mes griffes lui avaient alors coupé le dos et lui avaient transpercé la chair au moment de l’impact. Il était mort et mes mains étaient tachées de sang.

Il y avait plusieurs dragons en forme de demi-bête devant moi, tremblants et me regardant avec des yeux remplis de peur.

J’avais pris une profonde inspiration et je leur lâchai un torrent de flammes. Ils avaient crié de douleur alors qu’ils mouraient l’un après l’autre. Un dragon avait essayé de m’attaquer par-derrière, mais son épée s’était cassée en deux au contact de mon armure. Je l’avais attrapé à deux mains, puis je l’avais déchiré à moitié.

« M-Monstre ! » Cria un dragon alors qu’il tentait de s’éloigner de moi, mais je lui jetai les restes du dragon mort, le faisant s’écrouler.

D’un bond, je l’avais atteint et l’avais écrasé sous mes griffes.

J’avais poussé un rugissement puis j’avais déployé mes ailes pour voler dans le ciel.

Un pic de terre avait volé vers moi, mais il avait rebondi sur mon armure. Quand j’avais tourné la tête pour voir qui avait osé m’attaquer, j’avais vu un dragon en forme de demi-bête brandissant deux haches. Il souriait. Dans l’instant d’après, j’avais vu plusieurs pointes de terre se former à partir du sol. Ils étaient tous dirigés contre moi.

« MEURS ! » Cria-t-il.

Je me laissais tomber au sol et esquivais l’attaque imminente. Un des pics avait frappé un dragon qui essayait de m’attaquer par-derrière. Cela lui traversa la poitrine, laissant un trou là-bas.

Ce n’est pas un pic de terre normale, avais-je pensé.

Mon ennemi était probablement quelqu’un proche de l’éveil supérieur ou était un éveillé supérieur.

J’avais souri.

Quand j’étais au lit avec Alkelios hier soir, il m’avait dit à quoi ressemblaient mes statistiques. Bien que mon niveau ne soit pas si éloigné d’être considéré comme celui d’un éveillé supérieur, mes capacités étaient très probablement à égalité avec un. Même grand-père avait souligné ce petit détail.

Pourtant, je ne peux pas partir du principe que je peux en affronter un…, pensai-je.

C’était un peu difficile de me battre sous ma forme actuelle. Ce n’était pas celle dans laquelle j’étais la plus habituée, alors j’avais fermé les yeux et j’étais revenue à ma forme de demi-bête. Des écailles rouge vif recouvraient mon corps et, même si je conservais encore un aspect draconique, je n’étais plus aussi large qu’avant. Ma taille était maintenant de 3,4 mètres, avec 20 centimètres de moins que mon mari.

Avec Drachenkrieg maintenant dans ma main, j’étais prête à me battre. Cette épée à deux mains était parfaite pour moi. Elle n’était pas aussi longue que celle de Kataryna, mais juste pour que je puisse la manier avec une main et un bouclier si je le souhaitais.

« Tuez-la ! » Ordonna le dragon qui m’attaquait et plus de 50 dragons chargèrent vers moi.

J’avais souri, et le feu s’était propagé sur mon épée, léchant mon armure et couvrant tout mon corps de ses flammes.

« Qu’est-ce que... » Dit un dragon en s’arrêtant avant de m’attaquer.

Son ami n’était pas si intelligent. J’avais esquivé, puis je l’avais coupé en deux avec mon épée. Le feu sur mon corps s’était étendu à lui, mais cette fois, cela l’avait réduit en cendres.

Tout en continuant le mouvement de mon épée, je m’étais retournée et j’avais ensuite profité de cet élan pour décapiter un autre dragon. J’avais écarté mes bras et j’avais saisi un autre par la gorge, l’écrasant et transformant ses cris en gargouillis.

Un pic de terre vint voler vers moi, mais je l’esquivai à la longueur d’un cheveu. Marchant sur le côté, j’avais coupé en deux un autre dragon. Drachenkrieg était une belle épée avec une lame impitoyable. Elle avait coupé avec facilité à travers quelque chose comme si c’était du beurre.

C’est alors que la magie d’Alkelios s’était abattue sur la région et que la lumière avait été volée aux yeux de mon ennemi.

J’avais ri.

« Maintenant..., » déclarai-je en pointant ma main vers mes ennemis et en utilisant la Tornade infernale.

Des flammes montèrent autour de moi, atteignant le ciel, s’enroulant autour de moi comme des démons affamés. Les objectifs fixés, je déclenchai l’attaque contre eux et d’innombrables épées de feu submergèrent mon ennemi. C’était comme une inondation de lames faites de feu. Ils avaient brûlé, été coupés, déchiré et déchiqueté tant leurs armes et armures qu’eux.

« GYAAA! »

« ÇA BRÛLE !!! »

« HNGAAAH! »

Leurs cris, tous variés, avaient pourtant tous chanté la même chanson de douleur et d’horreur.

Je n’avais pas aimé cet enfer que j’avais créé, mais ce n’était pas la fin, car parmi eux se trouvaient ceux qui étaient de l’élément feu et réussissaient à se protéger de mes flammes. Alors j’avais pris Drachenkrieg et l’avais soulevée au niveau de mes yeux. Ma queue se balança derrière moi et mes yeux se fixèrent sur mes cibles. Mes ailes étaient repliées sur mon dos et l’odeur de chair brûlante m’entourait.

« J’arrive..., » murmurai-je alors que je me dirigeais vers ma première victime.

Mon épée le coupa en deux, mais avant que ses restes ne tombent au sol, je sautai vers le suivant et ouvris sa poitrine d’un seul coup. Je m’étais retournée et j’avais tendu la main, en gardant la lame parallèle au sol. Le bord pointu avait rencontré le cou d’un autre dragon, puis sa tête avait été séparée de son corps.

J’avais continué à courir à travers les flammes de ma précédente attaque et à éliminer tous les dragons à écailles rouges qui y avaient survécu. Puis, quand j’avais atteint leur chef, le dragon à la peau brune indemne, j’avais pris Drachenkrieg et l’avais poignardée dans le sol, à quelques mètres de lui.

« Libération ! » avais-je crié en versant de l’énergie magique dans mon épée.

***

Partie 2

« Qu’est-ce que c’est ?! » Demanda le dragon avec surprise, mais ce furent peut-être ses derniers mots.

Du sol autour de moi, des geysers de feu étaient montés vers le ciel, brûlant tout ce qui était en vue. Une vague de chaleur et de flammes brûlantes m’avait entourée puis s’était étendue vers l’avant.

Chaque fois que j’utilisais une magie du feu, je pouvais là sentir me chuchoter, me disant qu’elle n’allait pas me faire mal, mais que ça allait brûler tout le reste autour de moi. Incontrôlée, elle pouvait se répandre autant qu’elle le souhaiterait et, grâce à ma magie, le feu en moi pourrait étendre ses flammes au loin.

Feu ? Il pouvait être contrôlé, être apprivoisé, lui dire de faire ce que l’on désirait, mais la meilleure partie était quand on le laissait déchaînée. J’avais fait confiance à mes flammes et en retour, elles ne m’avaient pas brûlée...

C’était peut-être ce que signifiait être une Dragonne supérieure de la Haute Flamme… j’avais une relation privilégiée avec mon élément, une relation de confiance et d’amitié…

« ARGH ! » Gémis le dragon à la taille brune.

Je levai la tête et vis un grand cocon de pierre.

Je vois... Il s’est caché à l’intérieur, avais-je pensé, et j’avais donc serré la poignée de Drachenkrieg.

Si mes flammes pouvaient sourire, elles auraient probablement l’air de folles. Quand je leur avais dit de se concentrer sur le cocon devant moi, toutes les flammes autour de moi avaient balayé et claqué sur son cocon dur.

DON ! DON ! DON !

C’était le son de mon feu qui martelait l’armure du dragon devant moi, pourtant cette armure était très bonne. Elle pouvait supporter autant de chaleur et survivre à une telle force explosive...

Pas étonnant qu’il soit un éveillé... Un dragon normal serait mort avant même d’avoir mis en place ce bouclier, avais-je pensé.

Eh bien, mon mari m’avait aussi un peu aidée grâce aux ténèbres qui nous entouraient.

J’avais sorti Drachenkrieg du sol, puis je m’étais dirigée vers le cocon, à travers ces flammes infernales. Elles ne m’avaient pas brûlée, elles m’avaient caressée… elles m’avaient enlacée et m’avaient aidée à acquérir la force nécessaire pour abattre cette coquille.

« HA ! » J’avais crié et coupé avec Drachenkrieg.

La lame coupa à travers, laissant un trou à travers lequel mes flammes pourraient glisser et faire cuire ce lézard à l’intérieur, mais ensuite j’avais senti quelque chose. C’était l’instinct que j’avais entraîné dans la forêt Seculiar, celui qui m’avait gardée en vie lorsque j’étais entourée de toutes ces araignées.

J’avais sauté en arrière.

À ce moment précis, le cocon s’était transformé en boule hérissée. À ma place précédente, il y avait une saillie en forme d’aiguille sortant de la balle.

« Ne pensez pas que vous avez gagné ! » Cria le dragon de l’intérieur en sautant, brandissant une grosse hache dans chaque main.

Il me visait et je pouvais voir la fureur et la rage dans ses yeux. Son armure avait été brûlée et son corps avait été éclairé par mes flammes, mais il avait quand même bougé… Même dans cet état, il pouvait toujours m’attaquer.

Il n’était pas étonnant que les dragons d’éléments de la Terre aient été considérés comme les plus solides parmi nous.

« Même alors... C’était une erreur de m’attaquer comme ça... » déclarai-je d’un ton calme.

J’avais laissé l’attaque me frapper.

Les lames s’étaient heurtées à mon armure et j’avais été projetée à plusieurs mètres, mais...

« Comme prévu..., » déclarai-je en ayant un doux sourire sur mes lèvres.

J’étais indemne et levant les yeux, j’avais vu Alkelios convoquer Jophiel.

Mon mari bien-aimé m’a sûrement dotée d’une armure monstrueuse..., pensai-je puis je me levai.

Le dragon qui m’avait attaquée respirait fort et pouvait à peine se tenir debout. Il était recouvert d’une armure de terre, une tentative pour empêcher mes flammes de le brûler.

« Futile. » Dis-je en prenant position, Drachenkrieg dans mes mains.

Les flammes avaient couvert ma lame et je m’étais précipitée vers lui. Bien qu’il ne puisse pas me voir maintenant, il pouvait encore m’entendre et peut-être sentir mon approche grâce au sol sur lequel je marchais.

C’était maintenant que la lumière commençait à revenir aussi. Le dragon tourna la tête au dernier moment pour me regarder.

Je me demande quel regard je lui fais, pensais-je.

Il essaya de se défendre avec ses haches, mais la lame de Drachenkrieg les coupa comme du beurre.

Le dragon à écailles brunes avait été coupé en deux et j’avais finalement calmé les flammes autour de moi.

Lorsque son corps était tombé au sol, j’avais regardé autour de moi et j’avais vu le sol brûlant autour de moi. Quand il faisait noir, je ne pouvais pas estimer combien j’avais brûlé, mais maintenant... je pouvais le voir clairement.

Tout autour de moi, sur un rayon de cinquante à soixante mètres, le sol était brûlé jusqu’à ce qu’il devienne noir et partout où je regardais, je pouvais voir les restes de toutes les âmes des pauvres qui avaient été les proies de mes flammes.

« ALKELIOS !!! »

J’avais entendu la voix du dragon imbécile qui avait déjà tenté de réclamer mon cœur et mon corps.

Alkelios, je t’en prie, met fin à la vie de ce misérable imbécile qui a essayé de me prendre pour femme... Tue-le, je t’appartiens, mon amour, avais-je pensé et j’avais souri doucement.

*

***Point de vue de Kataryna***

L’éveillé-supérieur de Novarak ne s’était même pas présenté. Comme beaucoup d’autres dragons du côté de Draejan, ils ne voyaient aucun honneur au combat ni ne se souciaient des affrontements entre puissants ennemis. À leurs yeux, nous étions tous faibles, mais la quantité de corps de leur côté semblait contredire ce fait.

Bien qu’Alkelios n’ait pas surveillé toute la bataille, je l’avais fait.

Berros Mandrakea était le plus éloigné de nous, et il tenait les dragons ennemis à distance avec sa puissante lance tout en attaquant ceux qui ne se méfiaient pas avec sa magie de Terre. D’un coup, des dizaines de dragons étaient tombés, mais il n’attaquait pas sérieusement. Cette bataille était une d’attrition. Moins nous utilisions de magie pour vaincre notre ennemi, mieux ce sera. Malheureusement, nous n’étions pas tous habitués à cela ni dans une situation où ils pouvaient se permettre de se battre avec moins d’énergie. Ce fut le cas pour de Kléo et Seryanna.

Les deux utilisèrent au mieux leur magie élémentaire et d’innombrables dragons succombèrent à leur puissance.

J’aurais dit la même chose pour Mendeles Unvar, qui avait convoqué une centaine de guerriers élémentaires d’eau et les avait fait combattre l’ennemi. Tant qu’il leur fournissait de la magie, ils étaient presque impossibles à vaincre à moins de réussir à les faire s’évaporer, à geler ou à disperser complètement l’eau dans laquelle ils étaient faits.

Ce dragon, bien qu’il soit le plus jeune parmi nous, s’amusait en massacrant des centaines d’ennemis. Ses lames d’eau étaient aussi quelque chose d’horrible alors qu’elles découpaient toute armure et arme qui se dressait sur leur chemin.

Pendant ce temps, cette dragonne, Novias Oshika, transformait les ennemis en imbéciles gaffeurs avec son armure surexposée. Les sorts d’esprit contrôlaient ceux qui étaient tombés dans son piège et les faisaient tourner leurs armes contre leurs alliés.

Au lieu de lutter contre Albeyater contre des soldats ennemis, l’ennemi se battait entre eux.

Ceux qui étaient assez forts pour résister à son influence avaient également été vaincus par des frappes de vent ou par les soldats d’Albeyater.

Enfin, celui qui se trouvait à l’opposé du champ de bataille de Berros Mandrakea était Moros Onias. Il utilisait des éléments doubles comme moi, les siens étaient Glace et Terre.

Avec des épées enchantées et une magie rapide et précise, ce dragon tuait les dragons ennemis à gauche et à droite. Son talent avec l’épée était certainement bien meilleur que les autres, mais ses sorts manquaient de puissance.

Malgré tout, j’avais entendu dire que ses exploits sur les champs de bataille et contre divers ennemis lui avaient valu une grande renommée, une petite ville avait même changé de nom.

Tandis qu’ils dirigeaient l’armée d’Albeyater, ces quatre éveillés-supérieurs étaient comme des hachoirs à viande. Tout dragon qui oserait croiser les armes avec eux finirait par perdre la vie, mais ce n’était pas comme si l’ennemi restait assis, attendant d’être massacré par eux. Il y avait ceux qui avaient contourné les éveillés supérieurs et avaient affronté avec les soldats d’Albeyater, cependant, la puissance de ces derniers était plus grande.

Après le rugissement d’Alkelios, ils étaient tous remplis d’énergie et s’en servaient pour abattre leurs ennemis. Nos commandants et nos capitaines, dont les armes et les armures avaient été changées, tenaient également le terrain face à de multiples ennemis. C’était comme regarder une armée de vétérans affronter une de débutante.

À ce stade, j’avais eu l’impression que le nombre de 364 000 soldats n’était qu’une blague, mais nous n’avions pas encore tué la moitié d’entre eux. Cette bataille allait prendre beaucoup de temps, surtout si Draejan jouait bien ses cartes. Encore une fois... sa première erreur était d’envoyer ce dragon Novarak après moi.

Il était faible. Non seulement il avait commis l’erreur insensée de m’attaquer sous sa forme de bête, mais ses attaques étaient lentes et elles ne touchaient même pas. Ses sorts étaient un peu plus puissants que la moyenne, mais même si je le combattais nue, je pouvais quand même affronter plusieurs de ces attaques sans problème. Avec l’armure d’Alkelios, j’avais l’impression de jouer avec un enfant.

Dans une bataille entre éveillé supérieur, il était normal que quelqu’un prenne la forme dans laquelle il combattait le mieux, soit la bête féroce comme celle qui affrontait Alkelios au combat, soit une forme demi-bête comme l’ennemi de Seryanna.

Dans mon cas, c’était ma forme de demi-bête, et je soupçonnais que c’était la même chose pour ce dragon devant moi, mais pour une raison quelconque, il n’avait pas changé de forme. S’il l’avait fait, il n’aurait peut-être pas l’air si pathétique.

Eh bien, ce n’est pas comme si on enseignait à tous les dragons à se battre avec la tête. Certains d’entre nous atteignent leur éveil supérieur sans même comprendre ce qui s’était passé. J’avais réfléchi à cela avant de m’envoler vers mon ennemi au moment même où l’obscurité d’Alkelios se formait autour de moi.

Je m’étais arrêtée dans les airs et regardai le dragon aveuglé commencer à tirer sa magie comme un fou autour de lui.

« Je ne sais pas quel tour tu as utilisé, mais je vais te tuer ! » Cria-t-il avec colère.

Tous les dragons de Novarak sont-ils de tels imbéciles ? me demandais-je. J’avais penché ma tête à gauche.

Je n’avais même pas besoin d’esquiver pour le moment, mais j’étais parvenue à la conclusion qu’il n’était peut-être pas le seul éveillé qui nous visait. Profitant de ce moment d’obscurité, j’étais passée de ma forme de bête à une forme de demi-bête.

L’armure bleue et blanche qu’Alkelios m’avait donnée était parfaitement ajustée aux courbes de mon corps et je ne sentais pas du tout mes mouvements se ralentir ou bloquer. Je pouvais voler librement et attaquer comme si je portais à peine quelque chose sur moi. C’était un peu tape-à-l’œil, mais certainement la meilleure armure que j’avais eu le plaisir de porter.

Quant à mon épée, le Ledyanoy Potseluy était une belle épée à deux mains, plus grosse que celle de Seryanna et d’un tout autre élément. Avec une lame qui ne montrait aucune pitié envers mes adversaires et un manche qui me donnait l’impression que je l’avais dans ma main depuis ma naissance, cette arme surpassait même celles réputées être des trésors nationaux.

Pour être honnête, j’avais l’impression que même si j’étais seule contre ces 364 000 dragons, je pouvais quand même sortir victorieuse. Même si, si je devais me battre contre des éveillés supérieurs, mes chances de gagner étaient un peu faibles. Même dans ce cas, elles étaient toujours là, ce qui signifiait qu’avec le support de tant d’autres dragons et d’éveillés supérieurs, il était impossible pour nous de perdre.

Levant les yeux vers Alkelios, je le vis convoquer Jophiel.

Je pense que s’il combattait seul contre toute cette armée, il gagnerait quand même, mais contrairement à moi, je doute que son esprit en ressorte indemne. Après tout... on ne peut pas dire que tuer un dragon sur le champ de bataille n’est pas tuer, mais une justice ou une autre absurdité. Tant que leur sang chaud coulera sur le bord de votre épée, vous vous souviendrez de leur dernier souffle pour le reste de votre vie, ou jusqu’à ce que vous appreniez à l’accepter tel quel et à passer à autre chose, avais-je pensé.

***

Partie 3

« Où es-tu ?! » Cria le dragon de Novarak.

« Je suis ici. » Répondis-je calmement alors que je volais vers lui. Les ténèbres autour de moi s’étaient estompées et je l’avais attaqué. Avec Ledyanoy Potseluy, j’avais coupé son côté et son armure tout en laissant une marque de brûlure de glace derrière. Il hurla de douleur et libéra une vague de chaleur de son corps, un obus de feu que la plupart des dragons de l’élément feu utilisaient pour créer une attaque se propageant autour d’eux, mais contre Ledyanoy Potseluy, c’était inutile.  

J’avais sauté en avant, me déplaçant derrière lui et coupant les muscles du dos avec un coup. Comme il était une cible aussi grande et lente, il était facile pour moi, qui étais en forme de demi-bête, de me déplacer et de le frapper.

Pourtant, je jouais seulement avec lui maintenant.

Il avait essayé de m’attaquer en lançant une série de sorts sur moi, tous d’éléments différents. J’imagine que c’était son fort, la magie, mais utiliser comme ça, c’était plutôt idiot. Il avait fini par tuer des dragons de son propre côté.

Finissons ça. Pensai-je alors que je volais sous lui, puis poignardai Ledyanoy Potseluy dans sa poitrine.

La lame tranchante coupa son armure, ses écailles et ses os jusqu’à atteindre sa chair. Là, la glace s’était répandue, gelant ses organes internes, cependant, je n’avais pas prévu de le laisser partir avec ça.

Avec un sourire sur mes lèvres, j’avais libéré une décharge électrique à travers mon épée.

« GRAAAH! » Cria-t-il avant que ses organes ne cessent de fonctionner.

La moitié d’entre eux étaient maintenant gelés, alors que le reste avait été frit par ma foudre. J’avais tordu le manche de la lame et j’entendis la fissure de ses os et le fracas de la glace.

Il est mort... pensai-je avant de sortir Ledyanoy Potseluy.

J’avais volé sous lui et laissai son corps géant tomber au-dessus des soldats ennemis en dessous.

« ALKELIOS !!! » J’avais entendu le cri de Draejan.

Je suppose qu’il n’est pas aussi intelligent qu’il le pensait ou est-ce que la colère l’a finalement emporté ? Me demandais-je.

Même les plus grands généraux étaient connus pour faire des erreurs quand ils laissaient leurs émotions prendre le dessus. Dans ce cas, Draejan avait laissé sa haine pour Alkelios obscurcir son esprit.

Alors que je pensais me joindre à lui au combat, j’avais été attaquée de loin par une lance à eau et une faux de vent. Je les avais esquivées et je m’étais retournée pour voir qui avait osé m’attaquer.

Deux dragons se tenaient devant moi, l’un portant une armure noire magnifiquement décorée, et l’autre une armure en plaques peinte en brun et blanc. Ces deux-là étaient à tous les coups des éveillés supérieurs.

« Je m’appelle Johanas Lovarad ! Je viens d’Ozur en tant que mercenaire engagé pour combattre dans cette bataille. Je déclare qu’il s’agit d’un contrat payé et qu’en tant que tel, le roi de mon pays d’origine n’a aucun rapport avec cela. » Déclara le dragon portant l’armure brune et blanche.

La couleur de ses écailles était marron, mais il était possible qu’il fût un double élément comme moi.

Un dragon avec un peu d’honneur ou l’a-t-il dit juste pour s’assurer de ne pas causer de problèmes à la nation d’Ozur ? Je me demandais.

« Et je suis Vanaziarum Baldagash ! Je viens d’Embryger suite aux ordres de celui que j’ai reconnu comme mon seigneur ! » Déclara celui à l’armure noire élégante.

Sa couleur d’écailles était vert foncé ou bleu ? C’était une couleur inhabituelle qui m’avait empêchée de deviner son élément, mais il était assez courant pour les dragons sérieux de cacher leur couleur derrière une couche de peinture.

« Je suis Kataryna Greorg. Je suis un simple chevalier d’Albeyater qui a pris part à la bataille en raison d’un ami. » Dis-je avec un sourire alors que je fonçais Ledyanoy Potseluy dans les airs.

« Tu vas mourir ici ! » Déclara Vanaziarum Baldagash.

« Et nous nous ferons un plaisir de te tuer ! » Déclara Johanas Lovarad.

« Oh ! Que dois-je faire ? J’ai tellement peur ~. » avais-je dit en riant.

Le temps était venu pour une autre bataille, mais cette fois, je devais être un peu plus sérieuse avec mes ennemis. Ils étaient tous deux des éveillés supérieurs qui étaient plus forts que le dragon anonyme de Novarak.

***

***Point de vue de Feryumstark***

C’était un peu gênant de l’admettre, mais le rugissement d’Alkelios était bien plus puissant que le mien. Pour atteindre tout le champ de bataille, aucun dragon de l’élément Autorité ne pouvait le faire, mais cela devenait un problème en soi.

Certes, Alkelios n’était plus qu’un demi-dragon et utilisait quatre éléments différents. Il possédait également les meilleures compétences d’artisanat dans tout le royaume et était également un éveillé supérieur. Tous ces facteurs avaient fait de lui une cible de choix pour toutes les nobles dragonnes.

Mon royaume n’interdisait pas la polygamie ni la polyandrie, mais leur intention n’était pas l’amour, mais l’avidité. Avec lui en tant que mari, elles pourraient atteindre des choses qu’elles ne pouvaient pas jusqu’à présent.

Eh bien... c’est un problème, mais je vais devoir le résoudre plus tard. En attendant, je vais simplement ordonner que toutes les propositions de mariage me soient envoyées. De cette façon, je peux les arrêter avant qu’elles ne deviennent une gêne pour lui et Seryanna. Pensais-je en regardant le champ de bataille devant moi.

Avec les deux armées qui s’affrontaient, ce n’était pas le moment de réfléchir et de penser à de telles questions. J’avais pris mon épée et m’étais précipité à l’avant avec Brekkar à mes côtés.

« Comme au bon vieux temps ! » déclara le vieux dragon.

« Oui, mon ami ! » avais-je répondu avant d’engager l’ennemi.

Les imbéciles qui s’étaient précipités sur moi en pensant qu’ils pourraient me vaincre étaient tous tombés sous ma lame et leur sang avait souillé le sol. Brekkar n’avait montré lui aussi aucune pitié. Tous ses mouvements étaient précis et il frappait avec une force incomparable, brisant les armures et les armes de ses ennemis.

C’était comme si on revoyait l’ancien éveillé supérieur, mais je savais qu’une partie de sa force venait de l’armure rouge sombre que lui avait préparée Alkelios. En le voyant au combat, je me sentais un peu jaloux de lui, mais une fois que tout serait calmé, j’allais demander à ce dragon de me fabriquer une armure et une arme.

Tandis que nous combattions, les ténèbres s’abattirent sur nous, aveuglant nos ennemis, mais pas nous.

Qui aurait pu faire ça ? me demandais-je et au début je pensais que c’était la plus jeune nièce de Brekkar, Kléo. Elle ne pouvait pas être celle l’ayant fait, elle jette un autre sort maintenant… Pensai-je en voyant le tourbillon de lumière et d’obscurité se frayer un chemin à travers la masse de dragons volants. Mes yeux se posèrent ensuite sur Alkelios, qui combattait un dragon ennemi, probablement un éveillé supérieur. Alors il l’a fait..., avais-je pensé.

Prenant une profonde inspiration, j’avais crié en direction de mes troupes : « PROFITEZ DE CETTE OPPORTUNITÉ QUE LE DUC YATAGAI VOUS A DONNÉE ET ÉCRASEZ NOS ENNEMIS ! »

« POUR ALBEYATER ! » Répondirent-ils en criant, et avec eux les cris de nos ennemis tués.

Moi aussi, je ne m’étais pas laissé dépasser par Brekkar et avais laissé mon épée goûter au sang de dragon à chaque attaque que je faisais. Il n’était pas nécessaire que j’utilise ma magie, ces ennemis en étaient indignes. Mes poings, mes griffes et mon épée suffisaient à ces bâtards.

Puis, alors que l’obscurité autour de nous s’estompait et que la lumière revenait dans les yeux de notre ennemi, je m’étais retrouvé devant un grand dragon à écailles bleues. Il portait une épaisse plaque d’armure bleue et me fit un grand sourire jusqu’aux cornes. Sous cette forme mi-bête, il brandissait une hallebarde presque deux fois plus grande que lui. Nul doute que c’était une arme destinée à être utilisée contre plus d’un ennemi ou en forme de bête.

« Je m’appelle Garravian Le Grand ! Mon maître est l’empire d’Embryger et je suis venu ici pour réclamer la tête de Brekkar Draketerus et de Feryumstark Seyendraugher ! Soyez heureux, car le grand MOI vous tuera tous les deux ! » Déclara-t-il, en éclatant de rire.

« Un autre imbécile qui souhaite me tuer... Soupir. » Dis-je et secouai la tête.

« Votre Majesté, il est fort. » Me déclara Brekkar en fronçant les sourcils.

« Pour toi peut-être. Mais tu dois encore récupérer, mon ami. Protège mes arrières et je vais m’occuper de ce bébé ! » Déclarai-je alors que je faisais un pas en avant.

« Comme vous le souhaitez, Votre Majesté ! » Déclara Brekkar en s’inclinant.

Avec lui, gardant les autres aux alentours aux abois, je pourrais libérer un peu de mon vrai pouvoir. Je n’avais pas pu le faire contre Alkelios, mais avec ce dragon, peut-être que je pourrais ?

« J’arrive ! » Annonçai-je alors que je me précipitais vers lui à une vitesse supérieure à celle que l’œil pouvait voir. Je ne visais pas avec mon épée, mais avec mon poing, et je l’avais touché avant que Garravian ne sache ce qui l’avait frappé.

Mon coup de poing avait fissuré son armure et l’avait renvoyé, mais il s’était remis sur ses pieds et avait toussé.

C’était un coup de poing plus fort que celui que j’ai utilisé contre Alkelios. Je suis content qu’il ne soit pas mort d’un coup ! avais-je pensé et lui avais montré un sourire.

« Qu’est-ce que c’est que cette force ? » Se plaignit le dragon à écailles bleues.

« Quoi ? Tu penses que c’était fort ? » Je clignai des yeux surpris.

Ai-je surestimé cet homme ? me demandais-je.

Serrant mon poing, je m’étais à nouveau précipité vers lui. Il m’avait vu et avait essayé de protéger son visage avec sa main droite, mais je m’étais écarté du côté gauche et lui avais donné un coup de poing à la mâchoire. Le coup était suffisamment puissant pour que son casque se décolle et qu’il s’envole aussi.

J’avais regardé le dragon qui essayait de se lever et je m’étais demandé pourquoi il viendrait se battre avec moi alors qu’il était si faible.

« ALKELIOS !!! » La voix de Draejan avait été entendue d’en haut.

Lorsque j’avais levé la tête pour voir le petit lâche qui avait provoqué tout ce bazar, Garravian avait pris cela comme un moment de distraction et avait essayé de me tuer avec son épée. J’avais esquivé avec un minimum de mouvement, puis je lui avais donné un coup de pied dans son côté. Le dragon traversa le champ de bataille en direction de Brekkar.

En le remarquant du coin de l’œil, le vieux dragon avait brandi son épée et le frappa. La coupe était parfaite et le corps de Garravian s’était divisé en deux.

« Ah ! C’était ma proie ! »

« Hein ? Je pensais que c’était des ordures qui volaient. Mes excuses, Votre Majesté ! » Le dragon s’inclina devant moi et décapita ainsi un ennemi qui tentait de l’attaquer par-derrière.

« Pour cela, je vous disputerai plus tard ! » Déclarai-je en le pointant du doigt.

« QUOI ? S’il vous plaît, épargnez-moi, Votre Majesté ! » Se plaignit-t-il.

« Pas d’excuses ! Ce devrait être un honneur d’être battu par moi ! »

« Qui serait honoré par ça ! » Se plaignit-il en lançant une boule de feu à sa gauche, transformant un autre soldat ennemi en cendre.

Je poussai un soupir et levai les yeux sur Alkelios.

Le garçon va gagner, certes, mais... est-ce juste moi ou ces éveillés auxquelles nous faisons face étaient plutôt faibles ? Non... avais-je pensé, puis j’avais secoué la tête Ce ne sont pas eux qui sont faibles, c’est juste que nous sommes beaucoup plus puissants que ne le pensait notre ennemi. Après tout, même moi, je ne pense pas que je pourrais gagner si Alkelios et ses amis m’attaquaient en même temps ! Eh bien, si Elliessara le faisait, alors elle pourrait me faire abandonner avec un simple baiser ! J’avais ri et avais regardé ensuite la horde de dragons qui venaient vers nous.

« Pas le temps de flâner ! » déclarai-je, puis j’avais laissé échapper un autre rugissement pour renforcer la confiance de mes troupes.

***

Partie 4

***Point de vue d’Elliessara***

Quelle était la meilleure façon de décrire cette scène qui se déroulait devant moi ?

Un massacre joué par les dieux de la légende ?

Initialement, je pensais que ce serait un combat assez serré avec notre camp qui réussissait à peine à remporter la victoire, mais aucun de ceux qui avaient reçu de l’équipement d’Alkelios n’était mort et tous les membres éveillés supérieurs du côté ennemi tombaient comme des mouches face aux nôtres.

Il y avait aussi la question de son rugissement. Un dragon avec une autorité aussi puissante ne devait pas m’échapper. Certes, Alkelios était déjà marié et, même s’il avait juré fidélité à notre royaume, cela ne suffisait pas.

Embryger enverrait certainement une princesse pour tenter de conquérir son cœur ou utiliserait cette bataille pour s’assurer qu’il ne tomberait pas dans nos mains. Il est trop précieux pour permettre à quiconque d’autre que la famille Seyendraugher de l’avoir, du moins des familles royales. J’avais réfléchi à ça puis j’avais fermé les yeux, pensant à un complot pour le faire nôtre.

« Seryanna est le problème... » Murmurai-je.

« Qu’est-ce qu’il y a, maman ? » Me demanda Elleyzabelle.

Quand j’avais ouvert les yeux et que je l’avais regardée, je lui avais demandé : « Ma fille, as-tu déjà choisi un mari ? »

« Hein ? Est-ce vraiment le bon endroit pour en parler ? » Demanda-t-elle avec un sourire ironique.

« GAAH! CELA BRÛLE ! » Cria un dragon de douleur alors qu’il était brûlé par les flammes d’autres dragons.

Il devait être de l’élément du vent, sinon sa voix n’aurait pas pu nous atteindre. De telles choses se produisaient de temps en temps avec ces dragons, mais quel choix du moment il avait ? Néanmoins, je n’avais pas quitté ma fille du regard.

« Oui. » Répondis-je avec un sourire.

Elle avait regardé à gauche où nos troupes massacraient l’ennemi, puis s’était retournée vers moi.

« Non, maman, je ne l’ai pas fait. » Me dit-elle.

« Est-ce vrai ? » Répondis-je, puis j’avais levé les yeux au ciel.

« Pourquoi me demandes-tu cela ? » Elle fronça les sourcils.

En la regardant, je lui avais dit avec un sourire « Tu devrais savoir pourquoi, mais est-ce que tu veux jouer cette carte dangereuse ou pas ? » Lui avais-je demandé.

Elleyzabelle était l’une de mes filles qui n’avaient encore accepté aucun dragon pour faire partie de sa vie. En même temps, elle avait fait de son mieux dans le monde politique compliqué de notre royaume. Si c’était elle, alors certainement elle savait de quoi je parlais.

« Sera-t-il le seul ? » me demanda-t-elle.

J’avais secoué ma tête.

« Non, ce sera juste une formalité pour empêcher les autres nobles et princesses d’essayer de nous l’enlever. De cette façon, Seryanna et peut-être plus tard Kataryna pourront toutes les deux jouir de leur monopole sur lui, » lui avais-je dit.

« Si c’est comme ça, ça ne me dérange pas, mère. » Elleyzabelle hocha la tête.

Je savais que je pouvais compter sur elle, avais-je pensé.

BOOM !

Une explosion s’était produite non loin de moi, mais Reyades avait bloqué l’onde de choc et les débris avant qu’ils ne nous parviennent.

« Qu’est-ce qui se passe ? » Demandai-je alors que je me couvrais la bouche avec ma manche pour ne pas respirer la poussière.

« Il semble que nous soyons attaqués, mais… étrange… J’étais certain d’avoir sécurisé la zone il n’y a pas si longtemps. Comment ont-ils pu se faufiler devant moi ? » Se demanda Leone en s’approchant de moi.

« Ce doit être l’homme humain qui se téléporte, » déclara Elleyzabelle.

« Tch ! Ce Draejan pourri et ses petits tours ! » Murmura Reyades en gardant les yeux rivés sur l’ennemi, prêt à me défendre de toute attaque imminente.

« Tuez la reine ! » Cria l’un des soldats ennemis.

Quelques milliers de personnes s’étaient précipitées hors de la forêt et avaient affronté les soldats postés à cet endroit. Normalement, cela aurait été une sage décision qui aurait abouti à la perte de vie, mais j’avais avec moi trois des meilleurs éveillés supérieurs du royaume.

« Tuez-les tous. » Je leur avais ordonné cela et j’avais couvert ma bouche et mon nez avec mon éventail, pour que l’ennemi ne puisse pas me voir lancer de la magie défensive.

C’était vrai que le poison m’avait affaiblie, mais grâce à Alkelios, je me sentais mieux jour après jour. Si je devais intervenir, je pourrais même me battre avec eux, mais il était trop tôt pour révéler cette carte à mon ennemi.

« Comment osez-vous ! » Cria Malavan alors qu’elle lançait plusieurs centaines de lances d’un coup.

Elle était ma meilleure guérisseuse et quelqu’un qui avait généralement un comportement calme, mais quand quelqu’un lui marchait sur la queue, cette dragonne aux cheveux noirs pouvait se montrer très méchante.

Tandis qu’elle visait l’ennemi avec ses lances, je pouvais voir Leone lançant plusieurs faux du vent et se préparant à attaquer avec une volée de flèches de vent. Il était doué pour répandre ma voix sur le terrain, mais était également un excellent combattant. Leone n’était pas le type de dragon que l’on devrait sous-estimer à cause de son attitude calme.

Sur le champ de bataille, il était le meilleur dragon pouvant lancer de la magie à longue portée. Ses vents et ses flèches pourraient percer n’importe quelle armure et traverser tout un champ de bataille avec une précision extrême. Son meilleur sortilège s’appelait Flèche de vent et, grâce à cela, il pouvait tuer un dragon à une distance de deux kilomètres, mais plus la cible était éloignée, plus l’attaque était faible. C’est la raison pour laquelle il n’était pas préférable d’utiliser contre des commandants ou des dragons de haut rang, à moins de savoir avec certitude que cette attaque pourrait le tuer.

De courtes distances, cependant, c’était une attaque perçante.

« Flèche de vent ! » Leone jeta le sort et celui-ci fit un trou dans au moins vingt dragons qui faisaient la queue.

Ensuite, il avait lancé une Salve de Vent et plus de cent dragons étaient tombés au sol, leurs corps transpercés et découpés par ses flèches.

« Leone, assure-toi de raconter à mon mari ce qui s’est passé ici. Je ne souhaite pas qu’il revienne pour vérifier si tout va bien pour moi. » avais-je dit au dragon.

« Comme vous l’ordonnez, Votre Majesté ! » déclara-t-il en inclinant la tête.

« Tsunami de Piques de terre ! » avait crié Reyades en lançant l’une de ses attaques les plus puissantes.

Du sol, des pointes aussi pointues que des aiguilles et atteignant six mètres de long avaient poussé vers le ciel, perçant et embrochant tout pauvre dragon qui se trouvait sous elles. D’innombrables dragons avaient succombé à cette attaque qui s’était étendue plus loin vers la forêt comme une vague imparable.

Malavan n’avait accordé aucun moment de repos à ses adversaires et les avait immédiatement attaqués à distance avec des flèches de lumières dirigées vers leurs organes vitaux. Leone avait fait de même avec ses faux de vent.

Pendant ce temps, je restais sur mon siège et attendais patiemment que leur combat se termine. Cela ne durerait pas longtemps. Après tout, ils étaient trois éveillés supérieurs à qui on avait confié la tâche de me protéger. Cependant, même si, par une chance absurde, ils réussissaient à se glisser au travers, j’avais encore quelques tours dans mon sac pour m’échapper ou tuer mon adversaire.

Si les ténèbres d’Alkelios persistaient encore maintenant, cette attaque sournoise aurait été gérée avec une facilité déconcertante. Ainsi, ils avaient encore la possibilité d’esquiver ou de bloquer une ou deux attaques. C’était pour eux une perte de temps, car je m’assurerais qu’aucun d’entre eux ne survive. Mon ordre était assez clair, après tout.

Maintenant, je me demande comment Alkelios va traiter avec mon petit-fils. Va-t-il le tuer ou l’épargner ? avais-je pensé alors que je levais les yeux et regardais les deux dragons s’affronter au loin.

***

***Point de vue d’un soldat au hasard***

J’avais rejoint cette guerre parce que je voulais protéger ma famille. Je voulais me battre et montrer que j’étais un dragon digne d’être appelé père et mari, mais lorsque j’avais jeté un œil à la horde que nous avions devant nous, je n’avais pu m’empêcher de frissonner de peur.

C’était alors que le rugissement de Sa Majesté nous était parvenu. Cela nous avait remplis d’espoir et d’énergie. Je pouvais me sentir prêt à serrer mon épée et à repousser la peur dans mon cœur, mais j’avais toujours du mal à faire un pas en avant et je n’étais pas le seul...

Tout le monde autour de moi marchait d’une manière incertaine parce que nous ne savions pas si nous pourrions gagner cette bataille. Que pourrions-nous faire ? Nous étions si peu nombreux... et tellement nombreux...

C’était alors quand le deuxième rugissement était venu.

Comme une vague d’énergie pure, il s’était précipité sur nous, enlevant toute sorte de peur et de doute de nos cœurs. Mes mains tremblaient et mon cœur battait vite, mais pas à cause de la peur, non... c’était la confiance et l’envie de se battre.

Je... je souris ? avais-je pensé en sentant les coins de mes lèvres se lever.

Tout le monde autour de moi était comme ça. Il y avait une énergie imparable à l’intérieur de nous, une poussée d’adrénaline qui nous disait qu’il était impossible de perdre, alors nous avons crié :

« POUR ALBEYATER ! »

Alors que nous courions vers l’ennemi, j’avais levé les yeux et vu une scène que je n’oublierais jamais de toute ma vie.

Sur une dragonne rouge en forme de bête, entourée d’une dragonne à écailles noires, et d’une à écailles d’argent et d’un dragon à écailles blanches, un seul dragon en forme de demi-bête brandissait deux épées une de ténèbres et une de lumière.

Quand je l’avais vu chargé comme ça vers la horde de dragons ennemis, j’avais eu l’impression de voir un héros, non... une légende vivante.

Sans crainte, sans doute, avec une force inégalée et la volonté de vaincre des armées, ce dragon s’était précipité au combat.

Y avait-il des mots pouvant décrire ce dragon ? Y avait-il un moyen d’expliquer sa grandeur ? Plus que le roi, plus que la reine, je pensais que si je le suivais, et que si nous le suivions dans une bataille, nous gagnerions.

Ce dragon était comme une étoile intouchable, un sommet inaccessible... ou alors j’étais inspiré de le croire, mais je me sentais comme si je n’étais pas le seul.

Quand j’avais regardé autour de moi, j’avais vu d’innombrables autres personnes regarder le ciel, suivre ces braves dragons des yeux, se demandant qui ils étaient et comment ils pourraient être si héroïques ?

« POUR ALBEYATER ! » avais-je encore crié, mais cette fois en les regardant alors qu’ils se heurtaient à l’ennemi.

Avec eux devant nous, je sentais que cette bataille serait notre victoire garantie. Nous avions des légendes de notre côté tandis que notre ennemi avait des traîtres. Peu importe leur nombre, nous finirions par gagner !

***

Chapitre 70 : Contre Draejan

***Point de vue d’Alkelios***

Au moment où je l’avais vu charger dans les airs, j’ai utilisé Enfer et Paradis pour bloquer son attaque. Des étincelles avaient volé lorsque les trois épées étaient entrées en collision et j’avais été repoussé avec une force considérable. Son coup était plus lourd que celui de tous les dragons précédents contre lesquels je m’étais battu jusqu’à présent, me forçant à rassembler mes forces pour pouvoir y résister. « HAAA !!! » cria Draejan alors qu’il utilisait toute sa magie dans son épée.

BOOM !

Une puissante onde de choc avait été créée au point de contact entre son épée et la mienne, et j’avais été envoyé m’écraser au sol.

Un nuage de poussière s’était élevé dans les airs et un cratère s’était formé autour de moi. Mon armure me protégeait de tout danger, mais je devais l’admettre, je ne m’attendais pas à ce que ce dragon soit si puissant.

C’était ridicule même.

« Hahaha ! » Commença-t-il à rire alors que je toussai plusieurs fois et me levai. « Tu vois ?! Je suis beaucoup plus puissant que toi ! Avec cette force, même tuer le roi sera un jeu d’enfant ! » Se vantait-il.

Est-il sain d’esprit ? Comprend-il ce qu’il vient de déclarer ? me demandais-je, mais c’était lui qui avait incité Embryger et Albeyater à entrer en guerre. Le fait qu’il envisage de tuer la famille royale n’aurait pas dû être un tel choc pour moi.

Volant dans les airs, j’avais maintenu une altitude au même niveau que lui et gardais ma garde. Compte tenu du coup que j’avais reçu plus tôt, je devais admettre qu’il était plus fort que tous les autres éveillés qui m’avaient affronté jusqu’à présent, mais je me demandai s’il pouvait vraiment vaincre le roi. Cela ne semblait pas différent de la part d’un aventurier débutant pensant qu’il pouvait abattre un Roi-Démon simplement parce qu’il pouvait vaincre un roi gobelin.

Néanmoins, si Draejan avait utilisé cette attaque contre Kléo, Iolaus ou Seryanna, je doutais qu’elles puissent survivre sans l’aide de mon armure.

« Hmph ! Je dois admettre, Alkelios, que tu es le seul imbécile qui a réussi à me mettre en colère de telle manière, c’est pourquoi je prendrai mon temps pour te vaincre ! » Dit-il avant de me charger, mais en levant mon épée pour bloquer son attaque, il avait disparu.

Quoi ?! pensais-je, surpris. Mais j’avais ensuite senti une intention meurtrière derrière moi. Quand je m’étais retourné, il était trop tard pour bloquer et l’épée de Draejan avait frappé mon armure, me renvoyant au sol.

Son attaque m’avait donné l’impression d’être frappé par l’un de ces monstres géants dans la forêt séculaire ou le désert du Nord. La seule différence était que ces derniers étaient plus mignons...

En me levant du cratère et en tapotant ma poitrine, j’avais été soulagé de constater que je n’avais pas une seule égratignure. Mes objets actuellement équipés avaient été forgés avec mes compétences de rang Dieu, en tant que forgeron, mais cela ne garantissait pas un résultat sans dommage. Ce n’était pas des objets indestructibles, il était très difficile de les rayer.

Son arme doit au moins être au début du rang légendaire pour avoir un effet aussi puissant... pensai-je et en levant les yeux vers lui, j’activai mon Identificus Processus Juridicus sur son armure et son épée.

Armure du Sacrifice Légendaire : Armure de Draconium et de Zaradin fabriquée par un forgeron légendaire. L’autre nom qu’elle porte est l’armure de sang. Elle amortit toutes les attaques physiques jusqu’à 50 %. Elle peut absorber 89 % de l’énergie magique d’un sort lancé contre l’utilisateur. Enchantement Surgissant : consomme la force de vie accumulée à l’intérieur de l’armure afin d’augmenter de façon exponentielle la puissance de l’utilisateur. Chances d’instabilité mentale résultant de ce processus : 56 %. Force, vitesse, endurance et énergie magique sont considérablement renforcées. Une fois que toute la force de vie stockée dans les cristaux incorporés dans l’armure est consommée, tous ses enchantements sont désactivés. Force de vie restante : 96 %. Boost à 4000 pour toutes les statistiques. Statut : activé.

Faucheron de corrosion à deux mains : épée de Dregaryum renforcée de cristaux magiques. Un objet de donjon qui augmente la force de l’utilisateur proportionnellement à la quantité de force de vie qui lui est fournie. Taux de conversion actuel : 36 % de la force totale à un taux de 1,2 % de la force vitale par minute.

En tant que personne ayant fabriqué des armes et des armures de rang divine, je ne pouvais pas m’empêcher de me sentir dégoûté de ce que je lisais. Habituellement, plus les armes étaient puissantes, plus la pénalité qu’elle entraînait était dure. Dans ce cas, ce qui était écrit ici comme force vitale signifiait plus que ce que Seryanna m’avait expliqué.

À l’époque où je m’entraînais encore dans la forêt Seculiar, j’avais compris que le niveau, l’expérience et chaque point de statut représentaient quelque chose dans la vie réelle. L’expérience, dans sa forme la plus simple, pourrait être définie comme un réflexe acquis au combat et ajoutée à l’augmentation de la force et de la vitesse. Un niveau n’avait été atteint que lorsque ledit individu avait dépassé ses propres limites et que son corps s’était adapté à la force acquise. Selon cette définition, ceux qui, comme moi, avaient des compétences et des capacités qui augmentaient la vitesse à laquelle nous progressions et gagnions en force ne pouvaient être considérés que comme des monstres anormaux.

Dans le même temps, ces objets qui utilisaient la force vitale pour améliorer le corps avaient pour but d’enchanter temporairement le corps de l’utilisateur. Après tout, si les objets pouvaient être enchantés avec l’énergie magique, ne serait-il pas possible de faire la même chose avec un corps de chair et de sang ?

La vérité était qu’il était tout à fait possible de le faire. La différence était que le corps d’un être vivant consommait et libérait cette énergie à un rythme beaucoup plus rapide qu’un objet inanimé. En même temps, il fallait se demander : la force de vie était-elle vraiment la même chose que l’énergie magique ?

La réponse était simple : non.

La force de vie était une construction complexe non seulement de l’énergie magique, mais aussi de la matière et peut-être de l’âme. Certains appelaient l’expérience force de vie, d’autres leur vitalité totale, tandis que d’autres avaient juste acquis la force de tuer un monstre. La vérité était que c’était tout ce qui précède, mais lorsqu’on l’appliquait sur un objet, pour que la force vitale soit écrit dans sa description et non pas pour Vitalité, Force, Vitesse, Expérience, etc., il fallait faire l’une des deux choses : consommez la chair et le corps de l’utilisateur en tant que forme d’énergie ou utilisez celle d’un autre être vivant.

Alors que je m’envolais à nouveau, j’avais demandé à cet imbécile de dragon : « De combien de vies as-tu nourri cette maudite armure ? »

« Hooo? Donc, ce que Kronius m’a dit était correct. Tu as une sorte de compétence d’évaluation ? L’as-tu gagné de cette sorte de dieu ? » Demanda-t-il avec un sourire sauvage, puis il se mit à rire.

« Instabilité mentale... » dis-je en un murmure.

Dans la description, il était dit que l’utilisation de l’armure avait une chance de rendre instable l’utilisateur, après tout, en insérant la force de vie d’un autre être de cette manière, il y avait une chance que vous absorbiez également ses dernières pensées. Cela aurait pour conséquence que l’utilisateur entende ou voit des choses inexistantes. C’était une folie temporaire, si je devais lui donner un nom.

Néanmoins, je n’avais pas été surpris par le fait qu’il connaissait le « dieu ». L’être humain qu’il tenait en laisse lui avait probablement dit tout ce qu’il savait de la Terre et des circonstances dans lesquelles nous avions été envoyés dans ce monde. Cela étant dit, si ce type avait également une expérience de jeu, il savait certainement comment gérer son statut et ses compétences. Bien que ce ne soit que s’il les pratiquait dans des situations de combat réelles, il pouvait les maîtriser et apprendre à les utiliser judicieusement.

« Veux-tu vraiment savoir ? » Demanda-t-il.

« Oui. » Répondis-je en plissant les yeux.

Bien que ce soit un champ de bataille, aucun autre soldat ne profite de cette situation pour m’attaquer. D’après ce que je peux voir, je suppose qu’ils essaient tous de nous donner le plus de place possible... Non, ils font un cercle autour de nous. Les hommes de Draejan veillent à ce que je ne reçoive aucun renfort... Plusieurs d’entre eux se jettent déjà devant la lame de Seryanna, essayant de l’empêcher d’avancer. Pensai-je alors que je jetais un coup d’œil aux innombrables batailles qui se déroulaient autour de nous.

« Alors, je vais t’expliquer ! Mais commence par mourir ! » Rit-il puis il lança une puissante attaque de lumière.

Des centaines de lances de lumière s’étaient formées autour de lui et avaient volé vers moi. J’avais déplacé Paradis et avais coupé la zone devant moi, en envoyant une vague de lumière sur elles. La moitié d’entre elles avaient explosé devant moi, mais Draejan était ensuite apparu à ma gauche et avait essayé de me poignarder. J’avais esquivé à temps et avais utilisé ma queue pour frapper son estomac exposé.

Il toussa et vola dans les airs avant de disparaître à nouveau.

Je suis tout à fait certain que ce n’est pas ses compétences. Est-ce que l’humain est celui qui le téléporte ? Je me demandais alors que j’essayais de le trouver dans le ciel.

« Kuh ! C’était un sacré coup... Mais tu es vraiment un monstre... Hehe. » Draejan déclara en face de moi et s’essuya la bouche avec le dos de son gant.

En avançant, il s’était révélé avec cette étrange épée recouverte d’une aura verte. Son armure était de la même couleur, car il s’agissait d’une combinaison de vert foncé et de noir.

« À ce stade, je ne peux pas dire si tu as vraiment atteint l’éveil supérieur ou si tu ne fais que dépendre de tes objets. » Avais-je dit.

Au moins, il ne transporte pas une centaine de potions de soins... C’est tellement frustrant de rencontrer un boss qui se guérit à 100 % après avoir réduit ses PV à un pixel ! Avais-je réfléchi puis j’avais laissé échapper un soupir Même c’est une stratégie à considérer. Bien que ce ne soit pas vraiment différent des romans chinois où les héros consomment plus de pilules qu’un hôpital national lors d’une crise sanitaire ! avais-je pensé.

À ce stade, j’étais certain qu’il n’allait pas me dire combien de personnes il avait tuées pour remplir son armure, et il se moquait bien de savoir que son épée dévorait littéralement son corps, plus il l’utilisait.

Je ne peux que le frapper jusqu’à ce que son armure cesse de fonctionner et que son épée se brise... m’étais-je dit : « Enfer, Paradis, allons-nous amuser ! » J’avais souri et les deux épées résonnèrent.

Prenant la pose, j’avais crié « HYOH ! » Et activer ma compétence : Grand-père Constipé.

Les attaques magiques étaient inutiles contre l’armure de ce type, alors je n’avais qu’à le frapper avec des attaques physiques jusqu’à ce que son armure se décompose en mille morceaux.

Avec Guerrier Intérieur, j’étais entré dans une transe de combat, puis j’avais activé les Ténèbres Illimitées avec King Grandpa Blade Runner, ce qui m’avait permis d’utiliser des mouvements plutôt insensés.

C’est ainsi que j’avais commencé mon assaut contre le dragon traître qui souhaitait faire tomber ma maison et ma famille, celui qui ne cherchait pas la prospérité, mais la destruction.

Son armure et son arme augmentaient sa vitesse et sa force bien au-delà de mes statistiques de base, mais pas de celles du total. Même s’il avait 12 000 points en force, j’en avais plus de 19 000 et je savais comment les utiliser. Contrairement à moi, Draejan avait également un état d’esprit instable donné par l’utilisation de ses objets, ce pour quoi il compensait ça avec une attaque combinée avec le héros humain doté de capacités de téléportation.

Au moment où j’avais volé vers lui, mon augmentation de vitesse était nette et je n’avais pas encore commencé à utiliser les enchantements sur ma propre armure et mes armes. Jusqu’ici, ce n’était que la force brute pure.

« Qu’est-ce que... » dit-il, mais au moment où il était sur le point de dire le troisième mot, je l’avais frappé.

Draejan avait été téléporté dans les délais les plus brefs, mais je m’étais tourné vers la gauche et j’avais tiré une boule de feu à une vitesse lente, puis une lance en glace en son centre. Les deux sorts étaient entrés en collision et avaient explosé, formant un nuage de vapeur. Je m’étais précipité dedans, l’utilisant comme couverture, tandis que Draejan, qui, de son côté, n’avait aucune idée de l’endroit où j’étais.

En un clin d’œil, je m’avançai à ses côtés et avais fait un coup avec mon épée. L’armure avait essayé de résister à l’attaque de force brute, mais la lame de mon arme était plus solide que sa plaque d’armure. Ce dernier avait cédé et avait craqué, mais il n’avait pas laissé passer l’attaque tranchante. En conséquence, Draejan s’était envolé à l’horizon.

Il avait essayé d’ajuster sa vitesse et maudit quelques mots, mais je l’avais ignoré et je m’étais précipité sur lui.

Il avait disparu quand je m’étais rapproché.

Au-dessus. Pensais-je alors que je faisais un tonneau et que je lui jetais Enfer.

La lame lui heurta la poitrine et le fit basculer alors qu’Enfer revenait sur moi comme si elle était tirée par une ficelle.

« C’est impossible ! » Cria-t-il en stabilisant son vol.

« Pas vraiment, mais c’est drôle, tu sais ? » Dis-je avec un sourire alors que je chargeais Enfer et Paradis avec de la magie, améliorant leurs tranchants.

Draejan me fixait des yeux alors qu’il versait une plus grande partie de force vitale dans son épée et consommait ce qui était stocké dans son armure pour l’améliorer. Plus il le ferait, plus la pénalité serait lourde une fois que cela s’arrêterait. Cette arme pourrait facilement le tirer au niveau d’un éveillé supérieur.

« Tu dis que tu vas me vaincre puis vaincre Sa Majesté, n’est-ce pas ? Mais sais-tu que j’ai perdu face au roi ? » Demandai-je avec un sourire narquois.

« Et alors ? » Me fixa-t-il.

« Cela signifie, si tu ne peux pas me vaincre... » Je pointai Enfer sur lui « Tu n’auras aucune chance. » Puis j’avais invoqué les illusions des ténèbres illimitées, dans lesquelles j’avais déversé ma magie depuis que j’avais commencé mon assaut.

Le ciel autour de Draejan était rempli d’illusions de moi et tous agissaient de manière indépendante comme de vrais clones.

« Tu n’as aucune chance de gagner Draejan ! » Résonnèrent mes voix autour de lui. « Ton armée manque de suprêmes nécessaires pour vaincre l’armée d’Albeyater. Tes troupes se font massacrer tout autour de nous. Il n’y a aucune chance que vous gagniez. Abandonne maintenant, et peut-être que Sa Majesté t’épargnera ! » Lui avais-je dit.

« Tais-toi ! Je me fiche de mes troupes ! Je vais te tuer, ce roi pourri et tous les autres ! Je n’ai besoin de personne ! Je peux tous vous battre ! » Cria-t-il.

Son instabilité mentale a progressé à cause de la quantité de force de vie qu’il a déversée dans son épée. Cela signifie que je dois faire attention à ne pas être frappé par ça... pensai-je en regardant le dragon.

Même s’il était dans sa forme de demi-bête, tout comme moi, il commençait à ressembler à un animal sauvage avec ses yeux injectés de sang et ses grognements constants. Il était un peu imprévisible, mais c’était le coût d’avoir utilisé sa propre force de vie pour alimenter un objet enchanté, parmi de nombreux autres effets secondaires.

Il était clair que sans l’aide de ces équipements dangereux, Draejan n’aurait aucune chance de me vaincre. Même s’il réalisait un éveil supérieur, il était beaucoup trop bas sur son échelle de pouvoir. Il était bien conscient de ce fait, c’est pourquoi cette version folle était son atout.

Alors que j’avais ordonné à la majorité de mes illusions d’attaquer Draejan, les autres étaient allés chercher l’humain qui l’aidait. Je devais le tenir occupé assez longtemps pour que je puisse vaincre ce dragon.

« OÙ ES-TU ? MONTRE-TOI ! » Cria-t-il en détruisant continuellement mes illusions.

J’avais volé parmi elles et j’étais arrivé de derrière. Mon épée avait touché son dos, mais mon objectif n’était pas son armure. Les dragons en forme de demi-bête avaient la plupart de leurs ailes exposées afin de les utiliser pour voler. Sans armure ni sortilège magique pour les protéger, elles étaient en chair et en os et pouvaient être facilement coupées par une bonne épée.

Un coup était tout ce dont j’avais besoin pour lui couper une aile. Au moment où elle avait été séparée de son corps, Draejan avait crié de douleur. J’avais profité de ce moment pour voler à ses côtés, puis j’avais utilisé Tranchant d’Acier en direction de son poignet, juste à l’endroit où les plaques de blindage étaient connectées. L’attaque avait séparé sa main de son bras, la laissant tomber au sol avec l’épée légendaire qui le faisait agir comme un fou. Descendant, je m’étais alors déplacé devant lui et avais utilisé Empalement de 100 mètres, qui de cette courte portée était dévastateur, comme attaque physique. Le but était au centre de ses muscles abdominaux. L’attaque avait dépassé les limites de son armure et les plaques de cette région s’étaient brisées en mille morceaux. L’attaque perçante avait traversé sa chair et avait endommagé ses entrailles, mais cela n’était pas passé de l’autre côté.

Alors que je revenais en volant, je le regardais tomber. En fin de compte, il pensait qu’il avait un avantage sur moi, mais je n’aurais perdu que si c’était l’ancien moi, celui qu’il avait facilement battu il y a plus d’un an.

En levant les yeux, j’avais vu mes illusions harceler une ombre dans le ciel. Sans elles, je n’aurais pas eu une victoire aussi douce. Si je faisais face à un dragon avec les statistiques améliorées de Draejan, mais sans l’instabilité mentale, j’aurais eu un peu plus de problèmes qu’aujourd’hui, et il y avait une chance que je doive dépendre des enchantements de mon armure avec lui étant constamment téléporté comme une mouche embêtante.

Je ne pense pas qu’il soit mort de cette chute, mais avec sa disparition, cette bataille est maintenant terminée... Pensais-je.

Inutile de dire que pendant que je le combattais, tous mes amis avaient réussi à gagner leurs propres batailles et ils étaient maintenant sur le point d’assister aux derniers instants de Draejan. Les troupes ennemies s’étaient également retrouvées à un arrêt lorsqu’elles avaient vu leur chef tomber du ciel. Sa défaite avait signifié la fin de cette bataille.

***

Chapitre 71 : La raison derrière tout cela

Partie 1

***Point de vue de Kronius***

Dans cette bataille contre l’ancien humain Alkelios, mon travail était simple. Tout ce que j’avais à faire, c’était d’aider le maître Draejan à obtenir une meilleure position afin qu’il puisse faire tomber son ennemi. C’était une attaque que j’avais été forcé d’apprendre lors de mes déplacements sur le continent du Dragon pour monter mon niveau, observer un emplacement stratégique important et lutter contre divers monstres terrifiants. Il était hautement improbable qu’il y ait un donjon dans lequel je n’avais pas encore mis les pieds dans le royaume d’Albeyater ou dans l’empire Embryger.

Lorsque j’ai éveillé ma compétence, mon maître m’avait immédiatement ordonné de l’entraîner jusqu’à ce que j’en ai le contrôle complet.

Maintenant, je pouvais le faire les yeux fermés et grâce à un sort de lévitation et un de vent, je pouvais me positionner dans le ciel afin d’avoir une vue parfaite sur le champ de bataille. Ce n’était pas un véritable vol comme les dragons, mais si je combinais ces deux sorts avec mes compétences en téléportation, je pourrais facilement me déplacer plus rapidement que n’importe lequel d’entre eux.

En regardant la bataille en bas, j’avais remarqué à quel point j’étais calme au milieu de ce champ de bataille et cela m’avait rappelé à quel point j’étais un lâche à l’époque, quand j’étais arrivé sur cette planète.

Il y a près de deux ans, dix millions d’êtres humains avaient été enlevés de la Terre, puis jetés comme des déchets jetables dans un monde primitif dont le niveau technologique n’était pas plus avancé que celui observé au Moyen Âge en Europe. J’avais complètement omis de chercher comment utiliser une telle quantité d’énergie pour nous envoyer ici, mais plus encore, je ne voyais pas comment j’allais être utile à ce monde duquel je ne voulais pas faire partie.

En tant qu’être humain, je suis né dans la belle et grande Angleterre. Mes parents étaient des roturiers, mais à l’époque des temps modernes, il était plutôt inutile de faire la distinction entre les classes, bien que l’on sache généralement que les personnes nobles avaient tendance à adopter un statut et une mentalité différents que ceux de nous autres.

Ma façon de voir les choses, leur façon de grandir, leurs principes et leurs leçons de vie étaient toutes différents de celles des gens du peuple, à différents points de vue, en particulier pour ce qui était de savoir qui avait le droit de gouverner qui.

Durant ma jeunesse, j’avais tendance à être plus intéressé par les sorties avec mes amis et à regarder un bon match de football à la télévision. J’avais toujours pensé que les jeux en général et les intérêts commerciaux de cette industrie étaient plutôt farfelus et indignes de quelqu’un qui avait grandi au Royaume-Uni. Quoi qu’il en soit, je n’avais pas vu son utilisation dans notre grande société.

Quand il s’agissait d’étudier, je n’étais pas le plus brillant de la classe, mais j’avais tendance à me distinguer dans les cours d’économie ou d’histoire. Il était simple d’obtenir une note de passage pourvu que je m’assure de mémoriser ce qui était écrit dans ces livres stupides.

Plus tard, j’avais été admis à l’Université de Strathclyde à Glasgow pour les cours de premier cycle en entrepreneuriat. J’avais fini avec des notes moyennes et j’avais immédiatement commencé à créer une entreprise avec des amis que j’avais rencontrés dans le hall de la résidence. Puis, peu de temps après la signature de notre premier gros contrat, une sorte de dieu m’avait kidnappé et envoyé dans ce monde perdu.

En effet, j’avais été privé de ma bonne fortune et jeté dans ce monde abandonné de Dieu, où le taux d’imbéciles était aussi stupéfiant que leur utilisation de la magie.

Le premier problème que j’avais rencontré était le système de statut ridicule avec lequel Dieu nous avait maudits. Il était impossible pour moi de le comprendre. Je n’avais pas vu l’intérêt d’assigner ces points. Il était totalement inutile et débile de penser que cela puisse avoir un effet quelconque, mais contrairement à mes convictions, la réalité était plutôt cruelle. Chaque point placé dans le bon attribut pourrait faire la différence entre la vie et la mort.

La première chose que j’avais vue à mon arrivée sur cette planète avait été une cruelle bataille entre un bataillon d’humains et une escouade de dragons. Ces derniers avaient perdu et avaient été exécutés rapidement sans hésiter. Je pouvais parler la langue des humains aussi bien que l’anglais, mais je ne comprenais pas comment cela était possible. C’était plutôt ridicule que je puisse le faire sans étude et pratique appropriées.

Les humains m’avaient pris sous leur aile et avaient utilisé ma capacité, Pika Boo Blink, dans diverses tactiques. Je n’avais aucun autre choix que de suivre la chaîne de commandement, sinon, ces primitifs me tueraient comme ils l’avaient fait avec les dragons. La fuite était hors de question, car je ne pouvais pas aller loin même avec mon pouvoir.

Puis, une semaine plus tard, une autre équipe de dragons avait intercepté notre bataillon, mais cette fois-ci, nous avions complètement perdu et tous les humains, sauf moi, avaient été exécutés. Quand l’un des dragons avait essayé de m’abattre, je m’étais téléporté à quelques mètres et j’avais évité le coup. Voyant cela, leur chef, Draejan Andrakaryus Doesya, décida de m’épargner en échange de devenir son esclave personnel.

Je n’avais d’autre choix que d’accepter, mais bien que je sois resté en vie, ma vie s’était transformée en un enfer. Insatisfait de l’étendue de mes pouvoirs, mon nouveau maître m’avait ordonné de m’entraîner jusqu’à ce que je m’évanouisse ou ne puisse plus bouger.

Parmi ses routines d’entraînement spartiates, qui consistaient à me faire frapper encore et encore par ses troupes, je devais me rendre dans divers donjons et trouver mon chemin jusqu’à son centre. Bien sûr, je n’avais pas le droit de garder des objets pour moi, mais il ne m’avait pas interdit de faire des recherches par moi-même avec mes compétences et autres. En fait, il encourageait ce type de réflexion, car plus je serais fort, mieux il pourrait utiliser ma campagne pour vaincre Albeyater.

En parlant de cela, maître s’était avéré très sage quant à la façon dont il avait abordé toute cette guerre. Quand j’étais devenu son esclave, il avait déjà lancé son plan depuis plus de quarante ans maintenant. Tout avait commencé avec la dernière invasion de l’armée humaine. À ce moment-là, juste après que le général Brekkar Draketerus eut gagné sa bataille contre l’éveillé-supérieur humain, le maître Draejan, bien que relativement jeune à cette époque, quitta la capitale et rassembla les nobles en fuite de ces terres. En leur offrant un abri, il les avait endettés, ce qu’il comptait recouvrer plus tard.

Bien qu’il ne soit pas éveillé, les autres avaient été impressionnés par ses actions et lui avaient valu de grandes faveurs parmi les plus haut placés de la société. Voyant qu’il était aussi de sang royal, sa grand-mère étant la reine respectée, le maître Draejan était capable de tirer des ficelles qui, autrement, auraient été hors de sa portée.

Profitant de ces faveurs et sous le prétexte d’établir de bonnes relations avec les royaumes voisins, Maître Draejan parcourut les années suivantes le monde entier afin de rassembler la force militaire dont il aurait besoin pour cette bataille. Bien sûr, il ne m’avait jamais dit cela, mais ceux avec qui il avait passé des contrats avaient tendance à le lui rappeler même quand j’étais là. Assembler les morceaux de l’énigme n’aurait pas été si difficile pour quelqu’un avec mon éducation.

Mon travail dans son plan était d’un autre genre. Au début, je devais faire office de messager, me téléporter pour transmettre ses précieux messages à ceux qu’il considérait comme des alliés ou des pions. Les chances que je sois attrapé étaient plutôt faibles.

Quand j’avais du temps libre, j’avais été envoyé dans divers endroits du royaume pour pouvoir m’y téléporter à nouveau plus tard.

Le village Pertiko avait été mon premier vrai travail pour lequel j’avais agi de manière indépendante. Ma mission était de provoquer une distraction suffisante pour forcer le Royaume à déplacer une troupe dans ce petit village et offrir à mon maître la chance parfaite de concrétiser une autre partie de son plan. Je n’avais aucune idée de ce que c’était exactement, mais j’avais l’impression que cela avait quelque chose à voir avec l’armée de Brekkar, qui avait été rappelé dans la capitale.

Près de Pertiko se trouvait un petit donjon de morts-vivants où je m’étais entraîné pour atteindre un niveau décent. Maintenant que j’étais rentré, je savais exactement où téléporter. J’avais donc fait en sorte que tous les monstres morts-vivants s’éparpillent à l’extérieur, près du village. J’avais continué à le faire pendant un certain temps jusqu’à ce qu’un grand nombre d’entre eux soit amassé à la surface. Pour me faciliter la tâche, j’avais menacé de détruire le cœur du donjon s’il ne m’obéissait pas. Il ne me restait plus qu’à attendre et assister au massacre des troupes de dragons envoyées ici.

Malheureusement, c’est à ce moment-là qu’IL avait fait sa première apparition... Alkelios Yatagai, un héros de la Terre comme moi. La différence entre nous, cependant, n’était pas seulement en âge, mais aussi en force. Il s’était avéré être beaucoup plus puissant que moi, même à un niveau ridicule.

Je lui avais à peine échappé avec ma vie, mais lorsque Maître Draejan avait entendu mon histoire, il n’avait pas du tout semblé impressionné, ou plutôt il avait eu du mal à croire mes paroles. Alkelios était déjà un individu très scandaleux, ayant acquis une telle puissance en si peu de temps, sans suivre un entraînement infernal comme moi, mais pensant qu’il pourrait devenir beaucoup plus puissant que cela, j’en avais frissonné.

Cette nuit-là, j’avais décidé que, dans mon plan pour échapper aux griffes de Draejan, je devrais inclure quelques méthodes pour me débarrasser des menaces telles qu’Alkelios si je devais les rencontrer à l’avenir. Malheureusement, planifier était un travail beaucoup plus facile que de le faire réellement. Je n’avais aucune idée de l’étendue des capacités de cet homme et il restait à déterminer quel genre de compétences il avait acquises grâce à Dieu. Avant tout, je manquais moi-même de compétences utiles.

Jusqu’à présent, j’avais reçu peu de compétences utiles en combat. Tout ce que je retirais de la liste de compétences de Dieu ressemblait à une récompense pour une loterie en magasin. La plupart d’entre elles m’aidaient simplement au quotidien, comme la compétence Chat Mouillé, qui était essentiellement un sort de nettoyage du corps. Je ne pouvais même pas l’utiliser sur d’autres personnes et dépenser plus de 10 points de compétence pour cela était une véritable arnaque.

C’est à peu près à l’époque où Alkelios était arrivé dans la capitale que je m’entraînais dans un donjon quelque part dans l’empire Embryger. Je me suis amélioré comme d’habitude, mais cette fois, j’avais reçu une nouvelle compétence utile, bien que le nom laisse beaucoup à désirer.

La compétence s’appelait Période de la déesse. Cela m’avait permis de créer des gouttelettes de sang cristallisé, qui pourraient ensuite être imprégnées de la force vitale des monstres. Contrairement à l’absorption naturelle, celle-ci consommait même le corps du monstre, ne laissant rien derrière. L’avantage était qu’une fois que j’utilisais le cristal de sang, cela me donnait le double, et récemment même le triple de la force de vie obtenue normalement.

Peu de temps après avoir utilisé la compétence Période de la déesse pour augmenter mon niveau de puissance, j’avais remarqué que je ne recevais plus de points de compétence. C’était le coût que je devais payer pour ça. Au lieu d’utiliser les cristaux de sang sur moi-même, je les avais surtout rassemblés pour le maître Draejan. Il n’avait pas acquis de nouveaux points de compétence comme moi. Ils avaient donc été utilisés au mieux.

En le regardant se battre contre Alkelios, je pouvais dire que sans cette compétence ridicule, le maître Draejan n’aurait jamais été assez puissant pour même décocher un seul coup décent sur ce monstre volant.

En fait, appeler cet ancien humain un monstre serait une erreur... Tous ces dragons n’étaient que des monstres et des brutes. S’il y a quelque chose que j’avais appris en parcourant le continent des dragons, c’est que le seul bon dragon était un dragon mort. Les humains avaient parfaitement le droit de se battre et d’essayer de les exterminer. Non seulement ils étaient différents de nous, mais ils n’avaient aucun remords envers ceux qui étaient plus faibles qu’eux. S’ils semblaient amicaux au début, au moment où vous tourniez le dos, ils vous sautaient dessus comme des hyènes sauvages.

Ils étaient tous des monstres sanglants.

« Peu importe si Alkelios gagne ou non, je le tuerai... » Dis-je dans un murmure.

Il y avait plusieurs façons d’accomplir cela, je devais juste être préparé, c’était tout. Ce n’était pas comme si je n’avais rien fait pendant que le maître Draejan s’améliorait. Si je ne faisais rien, j’étais sûr de mourir tôt ou tard. Pour moi, c’était une bataille pour la survie, pas une simple promenade dans le parc comme ce fut le cas pour Alkelios. Être le protégé de ces puissants dragons lui avait permis d’accéder rapidement au succès. Même sa défaite contre Draejan il y a plus d’un an n’était qu’un accident malheureux.

Pika Boo Blink et Période de la déesse n’étaient pas les seules compétences spéciales que j’avais acquises grâce à cette infernale loterie. J’avais réussi à en acquérir d’autres, utiles, en combat. Elles n’avaient rien d’extraordinaire ni de puissant, et elles étaient trop peu nombreuses par rapport aux autres semblables au Chat mouillé. Mais deux d’entre elles s’étaient démarquées.

Boisson de taureau volant était une compétence qui me permettait d’absorber la force de vie d’ennemis tués à la vitesse et à la quantité doublée comme je le faisais naturellement. Après avoir amélioré cette compétence, le taux était passé du double au triple puis au quadruple puis à l’octuple. Je progressais comme un fou grâce à cette compétence.

Il y a deux mois, alors que je terminais le septième étage d’un donjon du royaume de Novarak, j’avais enfin acquis une nouvelle compétence de combat utile...

Grand-père de 10 ans était son nom et cela me permettait de capturer des monstres que j’avais affaiblis au combat. Tout ce que j’avais à faire était de pointer dessus puis de crier : « Je vais tous les attraper ! » C’était ridicule, mais cela fonctionnait. Le monstre finirait par être rétréci et piégé dans une boule transparente de 4 centimètres de diamètre. Je pouvais le voir à l’intérieur sous une forme miniature, grogner et faire de son mieux pour sortir.

C’était impossible. Sauf si je criais « Libérez-vous (nom du monstre) ! » En jetant la balle, ils ne seraient pas libérés. Si je le jetais sur un ennemi, le monstre finirait par être contraint par la magie d’attaquer mon ennemi. Et quand la bataille serait finie, le monstre reviendrait tout seul à sa balle.

***

Partie 2

Je n’avais jamais parlé à Maître Draejan de cette compétence. C’était un secret et aussi mon atout au cas où quelque chose d’inattendu se produirait, même lui ne pouvait pas gagner contre plusieurs boss de donjon qui l’attaquaient en même temps.

Pour le moment, je surveillais leur combat tout en planifiant la manière dont j’allais vaincre le vainqueur. Après tout, enlever un collier d’esclavage n’était plus une tâche difficile. La seule raison pour laquelle je l’avais gardé, c’est parce que j’avais toujours besoin de Draejan pour tuer ou tout au moins affaiblir Alkelios suffisamment pour que je puisse porter le coup final.

Cela ne devait plus être long maintenant… Au rythme où les choses allaient, j’allais vite agir et ensuite… rien ne m’empêcherait d’aller sur le continent humain et de mobiliser une force suffisamment puissante pour exterminer les dragons. Les richesses que j’avais tirées de mes exploits sur le continent du Dragon me permettraient sûrement d’atteindre mes objectifs. Après tout, maître Draejan m’avait ordonné de rapporter tout objet utile, mais ce que l’on entendait par utile pouvait être interprété de différentes manières.

Comme on dit : les déchets d’une personne sont le trésor d’une autre personne.

Hein ? A-t-il utilisé une compétence pour créer des clones d’illusion de lui-même ? avais-je pensé en en voyant plusieurs voler vers moi.

***

***Point de vue d’Alkelios***

La bataille était enfin terminée.

Draejan était tombé et son armée était en train de se retirer maintenant que tous leurs éveillés supérieurs avaient été tués. Celle qui avait eu la bataille la plus difficile a probablement été Kataryna, qui avait dû affronter seule deux, mais grâce à mon armure et arme, elle était sortie victorieuse.

En y réfléchissant, peut-être même que des armures et armes de rang légendaires auraient suffi, mais contrairement aux armures divines, elles auraient eu des effets secondaires bien pires en utilisant leurs pouvoirs. Elles étaient également à l’écoute de leurs éléments et de leurs compétences.

Quand j’avais commencé à les forger, j’étais un peu hésitant à savoir si je devais consommer autant de matériaux précieux, mais à la fin, j’étais heureux de ne pas avoir été gourmand et de verser tout ce que j’avais dedans. À l’heure actuelle, j’en avais probablement seulement eu assez pour faire une paire de gantelets de rang divin, mais après cette guerre, j’aurais assez de temps pour aller chercher des matériaux.

En regardant l’armée ennemie en fuite, j’avais remarqué que leur nombre avait été réduit de plus de la moitié. Tous leurs commandants étaient tombés sur le sol et beaucoup de nobles s’étaient rendus.

Tout ce qui reste maintenant est de faire le nettoyage. Je pensais à ça en descendant par terre.

J’avais atterri à environ 20 mètres de l’endroit où Draejan s’était écrasé et l’avait approché tout en gardant ma garde haute. Qui savait quel genre de tour il avait encore ?

« T-Tue-moi. » Il avait gémi.

Je m’étais arrêté et l’avais regardé.

L’aile coupée se trouvait à plusieurs mètres de lui. Du sang rouge coulait de ses blessures, il crachait du sang à cause des dommages internes que je lui avais causés. Un humain normal serait déjà mort, sans aucun doute, mais ce n’était pas un humain, c’était un dragon. Même ainsi, sans guérison appropriée, il était certain de mourir dans une heure ou deux.

L’épée de rang légendaire avec laquelle il m’avait combattu était loin d’ici, coincée dans le rocher sur lequel elle avait atterri en premier. L’armure de rang légendaire qu’il portait n’émanait même pas d’une seule once de magie, ce n’était rien de plus qu’un bout de métal. Les enchantements avaient disparu et les cristaux utilisés pour stocker la force vitale avaient été brisés.

En raison de la façon dont il avait utilisé son équipement, Draejan ne pouvait même plus bouger un seul doigt maintenant. Je voulais le tuer, je pouvais le tuer très facilement, mais je ne l’avais pas fait.

« Non. » Je lui avais dit ça, puis je l’avais fouillé à la recherche d’autres objets dangereux, mais je n’avais trouvé qu’un petit poignard de rang maître et deux bagues de stockage. Je les avais enlevés juste au cas où. « Pas de collier ? » Demandai-je.

« Keh... piller le corps d’un dragon mort ? Tu n’as pas honte ? » Cracha-t-il.

« Je ne pille pas, je m’assure que tu ne puisses pas te défendre. » Dis-je et vérifiai à nouveau.

Cette fois, j’avais remarqué un petit anneau autour de sa corne gauche. Avec une rapide évaluation, j’avais découvert que c’était une capacité télépathique, mais qu’elle était inactive pour le moment.

« Qu’est-ce que tu vas faire de moi ? » Demanda-t-il avec un gémissement.

« Ne pas te tuer pour commencer, » répondis-je. Puis j’avais pris une potion rouge dans mon Trou noir. « Bois ça. C’est une potion de guérison. » Lui dis-je.

Draejan ouvrit les yeux de surprise.

« Tu me laisses partir ? » demanda-t-il.

« Non. Mais je ne peux pas te laisser mourir ou t’évanouir maintenant, n’est-ce pas ? » Je lui avais dit ça puis j’avais poussé la bouteille contre ses lèvres. « Bois. » Lui ordonnai-je.

Il détourna les yeux et serra la mâchoire.

Je lui avais donné un coup de poing dans une plaie, le faisant cracher du sang et ouvrir la bouche de douleur. J’avais ensuite saisi sa mâchoire et le forçai à rester ouvert pendant que je lui versais le liquide dans la gorge. Quelques gouttes étaient tombées de là et il avait commencé à tousser.

« Qu’est-ce que tu m’as fait boire ?! » Demanda-t-il, furieux.

« Une potion de guérison qui a pour effet secondaire d’engourdir ton corps à partir du cou. Tu pourras te tenir debout, mais ta force ne sera pas différente de celle d’un dragon de Puissance 10 ou moins. » Je lui avais dit ça en sortant une corde.

« Quoi ? » Il me lança un regard noir, mais les effets de l’agent anesthésiant étaient déjà visibles.

Après lui avoir attaché les mains dans le dos, je l’avais soulevé du sol, puis je l’avais tiré vers le camp de la reine tout en gardant ma main sur son épaule. Le pouvoir de l’homme qui se téléportait ne fonctionnait que si Draejan ne touchait personne, et j’en étais à moitié certain, car il n’avait jamais été téléporté après que j’eus réussi à l’attaquer proprement, seulement avant ou après.

Quelques minutes plus tard, nous étions arrivés au camp. Quand les soldats avaient vu son visage, ils avaient commencé à le huer et à le maudire, l’appelant ainsi, et lui jetant un regard haineux.

« Traître ! »

« Lâche ! »

« Meurtrier ! »

« Loup blanc ! »

Et ce n’étaient que les plus simples. Pourtant, peu importe ce qu’ils lui lançaient, Draejan ne faillissait même pas, il continua de marcher comme s’il n’écoutait que le vent et non une foule de dragons en colère.

Au moment où nous étions arrivés devant la reine, Feryumstark et mes amis étaient déjà à ses côtés.

« Kuku. Alors, vous tous, salauds, vous êtes rejoints ici pour assister à ma disparition ? Pour me faire exécuter publiquement devant eux ? » Avait-il demandé.

Je ne l’avais pas écouté et j’avais simplement dit à la reine : « Votre Majesté, j’ai capturé le chef de l’armée ennemie. » Je m’étais incliné devant eux et j’avais forcé Draejan à se mettre à genoux.

« Vous avez bien fait, Duc Yatagai, » déclara Elliessara avec un signe de tête, puis regarda deux de ses gardes royaux. « Tenez ce traître. » Leur ordonna-t-elle.

Les dragons hochèrent la tête et fixèrent Draejan en place, me permettant de marcher de l’autre côté et d’agir désormais comme un simple témoin de son jugement.

« Avant de poursuivre, j’aimerais demander... Pourquoi as-tu fait tout cela, Draejan ? En tant que tes grands-parents, nous avons le droit de savoir, alors parlent ! » Lui ordonna Feryumstark.

« Hahaha ! Grands-parents ? Vous deux ?! Oui, peut-être sommes-nous liés par le sang, mais cela ne vaut rien pour moi ! » Il cracha aux pieds du roi et le fixa.

« Qu’est-ce qui t’a fait penser ainsi ? » demanda le dragon.

Je pouvais voir que ce n’était pas facile pour eux, même s’ils avaient un front fort. À la fin, Draejan était leur petit-fils et j’avais déjà vu à quel point ils se souciaient de leur famille. J’étais aussi curieux de savoir pourquoi il était devenu comme ça. À l’intérieur de mon cœur, je craignais d’être blâmé également pour ce sombre changement.

« Permets-moi de clarifier une chose, grand-père... » Dit-il d’un ton moqueur envers celui qui était devant lui « Je prépare cette petite guerre depuis l’âge de douze ans. Ce n’est pas quelque chose qui est apparu soudainement après un mauvais rêve. Penses-tu vraiment que j’aurais même pu rassembler une armée de 364 000 dragons en si peu de temps ? » Rit-il. « Cette armée est en construction constante depuis vingt ans... » dit-il en lui montrant un sourire narquois. « Pour être plus précis, cela a pris de la vigueur à partir du moment où j’ai empoisonné ma chère grand-mère. »

« Quoi ? » Le roi fut choqué, de même que tout le monde ici.

Avec son autorité au sein du palais, se faufiler et empoisonner la reine n’aurait pas dû être si difficile, après tout... De l’avis de tous, Draejan n’a jamais été considéré comme quelqu’un qui oserait conspirer contre Sa Majesté. Il y avait trop de raisons pour qu’il ne le fasse pas... sa famille entière du côté de sa mère, le fait que toute sa carrière n’aurait pas pu le rapprocher du rôle d’un général, le manque de soutien de la noblesse ou la grande improbabilité à saisir le trône pour lui-même, et il y avait aussi le fait qu’il n’était pas encore devenu un éveillé supérieur, pensais-je. Et comme tout le monde ici, je ne pouvais pas comprendre ce qu’il voulait faire avec ça.

« Vous n’avez pas entendu ? Laissez-moi-le répéter, celui qui a permis à l’assassin humain de s’infiltrer à l’intérieur du palais n’était autre que moi ! C’est plutôt moi qui ai élaboré ce plan en premier lieu. Vous voyez, ces humains stupides ont continué à croire que dans notre société, les dragons étaient ceux qui dirigeaient les dragonnes. Personnellement, j’aurais préféré que ce soit ainsi. » Il regarda la reine avec dégoût : « Pourquoi les dragons ne devraient-ils pas être ceux qui gouvernent ? Après tout, c’est Feryumstark qui a formé l’armée lorsqu’il a fondé Albeyater. »

« Espèce de fou ! Surveille ta langue ou autrement..., » gronda le roi en utilisant son élément d’autorité pour exercer une pression mentale sur Draejan.

« Keh ... Ou quoi ? Tu vas me tuer ? » Il lui fit un sourire narquois bien qu’il eut du mal à lever les yeux du sol.

Je ne pense pas pouvoir utiliser mon autorité de cette manière..., pensai-je en voyant un véritable maître l’utiliser.

« Tu ne vas même pas mendier ta vie ? » Demanda Elliessara d’un ton calme.

« Mendier ? HA ! Pourquoi ? Pas comme si ça allait changer mon destin. Je n’ai rien à gagner et rien à perdre, » Draejan avait ri.

Relâchant la pression de sa présence, Feryumstark laissa échapper un soupir et secoua la tête.

« Hahaha ! » Draejan éclata de rire et se laissa tomber sur ses fesses. Il leva les yeux vers le ciel puis parla d’un ton changé. « Quand j’avais douze ans... » commença-t-il à se souvenir de son passé, et leur Majesté le permit. « J’ai suivi ma mère lors d’un voyage dans l’une des villes frontalières... elle a disparu maintenant, incendiée lors de l’invasion il y a quarante ans... J’ai rencontré là-bas celui que les humains ont appelé “Héros”, un éveillé, un révolutionnaire, peu importe comment vous voulez l’appeler. C’est celui que le général Brekkar a tué sur le champ de bataille. »

« Ce gars-là ? Hm, il était fort. » Commenta le vieux dragon en fronçant les sourcils.

« Oui, il était fort… Il m’a aussi pris pour un enfant humain à l’époque. Peut-être que s’il savait que j’étais un dragon, il n’aurait jamais parlé avec moi. Peut-être que la chance était de mon côté ? Hahaha ! » Après avoir arrêté de rire, il leva les yeux et continua à parler après une courte pause. « Il m’a parlé de la beauté de la guerre et, étonnamment, du fait qu’il ne détestait pas les dragons. En fait, il nous en était reconnaissant, car grâce à nos confrontations, il a pu atteindre son rang actuel. »

« Quel était son niveau de pouvoir ? » Demanda Feryumstark.

« Je n’en ai aucune idée, mais c’était élevé... supérieur à ce que j’ai... eh bien, eu. » Il se retourna vers Sa Majesté « Cet homme m’a aussi appris que la guerre est synonyme de force et que la paix est synonyme de faiblesse... vous voyez, je suis resté en contact avec lui après. Une lettre tous les quelques mois environ suffisait amplement pour que je puisse apprendre les choses que mon père et ma mère ne m’auraient jamais dites. Il a parlé de l’étendue du monde et de la similitude de notre isolement avec un péché. »

***

Partie 3

« As-tu quelque chose à voir avec l’invasion ? » Demanda Feryumstark.

« Je lui ai peut-être dit où se trouvaient l’armée, les emplacements de nos forts et je pense l’avoir informé de la possibilité d’une attaque. Ce n’était pas si difficile de savoir quand la petite-fille bien-aimée du général allait passer son examen de chevalier. »  Il lui fit un sourire narquois. « Je ne m’attendais pas à ce qu’il gagne la bataille, et lui non plus. Tout ce que nous voulions, c’était déclencher une guerre, mais la reine a réussi à empêcher cela. Tous nos efforts ont été brûlés par les flammes... C’est pourquoi j’ai changé de cible. » Il regarda la reine. « En t’écartant de la politique, commencer une guerre avec les humains aurait été un jeu d’enfant, mais... »  Il me regarda ensuite. « Je ne m’attendais pas à ce qu’un monstre comme toi se présente. » Il se mit à rire.

« Que veux-tu dire ? » Demandai-je en fronçant les sourcils.

« Qu’est-ce que je veux dire ? Ne fais pas l’idiot, Alkelios Yatagai ! » Cria-t-il. « Chacun de mes plans a échoué dès que tu es intervenu ! C’était comme si tu avais toute la chance du monde ! Toujours au bon moment et au bon endroit ! J’ai même commencé à croire que tu parvenais en quelque sorte à lire dans mes pensées ou à garder une trace de mes actions ! » Cria-t-il en me fixant.

« Pas vraiment, je voulais juste dormir avec ma dragonne rousse. » Je haussai les épaules. « Tu étais juste sur le chemin, non ? » Je penchai la tête vers la gauche.

« QUOI ?! » Cria-t-il avec colère.

Seryanna rougit et me regarda avec un regard plein d’amour.

« Tu me dis que toutes tes ingérences étaient dues à une dragonne ?! N’aurais-tu pas pu aller dans un bordel si tu ne pouvais pas le garder dans ton pantalon ? Où je ne sais pas, violer quelqu’un dans la rue ? Qu’en est-il de sa sœur ou de celle aux écailles argentées ? » Il me lança un regard noir.

« Tu sais que le viol est un crime, n’est-ce pas ? De plus, Seryanna est ma dragonne, tant que je peux la tenir dans mes bras, je ne risque pas me donner la peine d’essayer de coucher avec quelqu’un d’autre. Hm, peut-être Kataryna, mais certainement pas quelqu’un d’un bordel ou sa sœur. » Je hochais la tête.

« Tu es un idiot. Qu’est-ce qui fait la particularité d’une dragonne ? Ha ! C’était ce dont je parlais, les dragons doivent régner sur les dragonnes, et non l’inverse. Finir comme ce fou est une honte, une honte ! »

« Peut-être, mais j’ai toujours la dragonne à la fin et j’ai même gagné la guerre. » Je lui fis un grand sourire.

Il avait grogné.

« Assez de ça ! » Rugit Feryumstark « Tu nous as déjà donné plus de raisons que nécessaire pour te mettre une épée dans la poitrine, mais je souhaite encore entendre une dernière chose... Es-tu derrière les récents assassinats ? » Il a demandé.

« Oui. Bien sûr. J’ai ordonné à mon esclave d’utiliser sa capacité de téléportation pour envoyer les groupes d’assassins partout dans Albeyater à peu près au même moment. C’était une attaque facile et personne ne s’y attendait. J’ai aussi payé les bandits pour détruire les caravanes des marchands venant de l’extérieur. J’ai soudoyé les seigneurs locaux dans chaque port d’Albeyater pour qu’ils augmentent les prix et s’ingèrent de la manière qu’ils jugent convenable avec les marchands étrangers. J’ai même causé l’incident de Pertiko. Hahaha ! Vous pensiez tous que c’était un malheureux donjon qui se déchaînait, mais c’est mon esclave qui l’a rendu sauvage ! » Confessa-t-il.

« Mais j’ai arrêté le donjon. » Je lui avais rappelé ce fait.

« Oui, grâce à toi, les paladins qui étaient censés mourir à l’époque ont survécu et j’ai perdu un contrat précieux. S’ils mouraient, j’aurais eu au moins 380 000 soldats aujourd’hui. Tu as également ruiné mes affaires avec les Dagues Jumelles. As-tu une idée de la quantité d’or que j’ai perdue parce que tu as détruit cette organisation ? » Me demanda-t-il.

« Je ne sais pas, mais j’ai convaincu la responsable de l’organisation de devenir mon amie et de dissoudre le groupe ! » Dis-je avec un sourire.

« Une organisation aussi puissante que celle qui faisait des marchés dans tout Albeyater a été dissoute à cause de toi ? C’est difficile à croire. » Rit-il.

« Était-ce aussi puissant ? » avais-je demandé à Kataryna.

« Euh, on s’en fiche, » répondit-elle avec un haussement d’épaules.

La dragonne n’avait jamais regretté sa décision. L’organisation des Dagues Jumelles n’était pour elle qu’un passe-temps qu’elle n’avait jamais vraiment pris au sérieux. Si elle ne m’avait pas rencontré, elle serait peut-être encore dans sa caverne, laissant le temps passer sans que rien ne change.

À mon avis, elle avait obtenu un meilleur accord en dissolvant cette organisation. Ainsi, elle avait pu rencontrer de nouvelles personnes, se faire des amis et déployer un peu plus ses ailes.

« Maintenant, tu vas me dire que tu as également contribué à enrayer la propagation de la grippe du dragon à Toros ? » demanda-t-il en plissant les sourcils.

« Euh, non. J’ai aidé un marchand en lui préparant un tas de potions Virlullian et lui ai expliqué les conditions supplémentaires nécessaires pour le soigner, en plus de la potion de Rotiqus. » Je haussai les épaules.

« Pourquoi ne suis-je pas surpris ? J’ai dépensé beaucoup d’argent pour que cela commence et se répande jusqu’à ce que cela atteigne cet état. C’était le moyen idéal de gagner du temps et de forcer les commandants de l’armée de Brekkar à aller dans la capitale avant que je réussisse à réorganiser les rangs. À cause de toi, j’ai dû dépenser plus d’or et corrompre plus de dragonnes pour obtenir les dragons que je voulais au sein de l’armée. » Il laissa échapper un soupir et secoua la tête.

« Une coïncidence ? » avais-je demandé en inclinant la tête vers la gauche.

« Je refuse de croire que c’était le cas. Si ce n’était pas à cause de toi, je n’aurais pas été obligé de quitter la capitale comme je l’ai fait ! Tu m’as tout volé ! »

« Je ne comprends toujours pas. Qu’avais-tu prévu d’obtenir avec tout ce complot ? » Lui avais-je demandé.

« Déstabilisation interne du pays et diminution de la qualité des relations externes. De cette façon, le roi aurait été contraint d’étendre son armée. Si tout s’était passé comme prévu, il y aurait eu à ce moment-là d’innombrables nobles se levant contre la famille royale. L’Armée de la Coalition humaine aurait simulé une attaque, entraînant l’essentiel de l’armée dans une position défensive sur les îles de l’Ouest pour empêcher une éventuelle attaque humaine. Si j’avais épousé Seryanna à ce moment-là, j’aurais utilisé son nom pour attirer encore plus de nobles de mon côté, puis j’aurais agi tout surpris lorsque l’armée d’invasion massive aurait frappé à la porte de Drakaria inopinément. Hehe ! J’ai même réussi à envoyer un message à la reine insectoïde et à lui faire envoyer une partie de son armée pour attaquer Albeyater depuis le nord. Une triple attaque... » Il sourit. « Ça aurait été merveilleux ! »

Nord ? Reine insectoïde ? Est-ce que ça pourrait être ? pensais-je en me souvenant d’une certaine armée d’insectes que j’avais écrasés alors que je n’avais rien d’autre à faire dans le désert du Nord.

« Mais Alkelios a mis un terme à tout cela. Il a aidé à rassembler le reste de l’armée, a sauvé d’importants nobles et a même permis de révéler la plupart des traîtres de votre côté. En ce moment, la plupart des nobles sont de mon côté plutôt que du tien. L’armée du Nord n’est jamais venue non plus, et tu n’as jamais eu à épouser Seryanna. Elle a pris Alkelios comme son mari à la place de toi et Brekkar s’est rétabli également, me permettant de le remettre sur son siège de général légitime. Quant à la reine, tu ne t’es jamais attendu à ce qu’Alkelios lui trouve un remède, n’est-ce pas ? » Feryumstark avait tout résumé.

Je ne pense pas avoir jamais eu l’intention ou le désir d’être celui qui arrêtait sa stratégie trop complexe... pensai-je et quand je regardai en réponse Seryanna, je me souvins de mes innombrables souhaits, parmi lesquels le plus puissant était celui dans lequel je voulais être avec elle.

Je ne pensais pas l’avoir jamais dit en mots, mais dès la première fois que je l’avais rencontrée, j’avais pensé que ce serait bien si je pouvais devenir son amant, son petit ami, mais... n’était-ce pas l’un des meilleurs moyens de faire un vœu ? C’était honnête, pur et venant des profondeurs de mon âme... Vu le fonctionnement de ma chance, il était fort probable que je me tirais inconsciemment vers des événements et des situations qui, s’ils avaient été laissés tels quels, auraient finalement conduit à nous séparer.

En fin de compte, il était vrai qu’il était juste une nuisance dans le grand projet de nous réunir avec ma belle épouse dragonne. S’il n’avait pas eu l’intention de faire de Seryanna une partie de son stratagème, il aurait peut-être eu une chance de gagner.

« Non, je ne m’attendais pas à ce qu’il fasse ça. » Répondit Draejan en secouant la tête.

« Alors, je vais te demander une fois de plus... Pourquoi l’as-tu fait ? » Demanda Feryumstark en dégainant son épée et en la pointant sur le cou de Draejan.

« Parce qu’il n’y a pas d’honneur à être pacifique. Il n’y a pas de gloire sans champ de bataille et pas d’avenir sans mort. Les guerres humano-draconiennes nous ont rendus forts et puissants, de part et d’autre, alors que la paix ne ferait que faire l’inverse. Nous avons besoin de la guerre tout autant que la guerre a besoin de nous. » Déclara-t-il d’un ton ferme, en regardant dans les yeux Feryumstark avec un regard inébranlable.

« Alors, même si ça me fait mal de faire cela en tant que grand-père, tes crimes ont trop de poids. Que les dieux aient pitié de ton âme, Draejan. » Dit-il en poussant la lame dans la poitrine de son petit-fils.

Le dragon avait reçu l’épée froide avec les yeux fermés et avec un dernier mouvement de la poignée, Feryumstark avait mis fin à ses jours.

Après avoir sorti l’épée de sa poitrine, il la nettoya avec un morceau de tissu.

« C’est fini, » déclara Seryanna.

« Oui. » Je hochai la tête.

« Cette guerre... De penser que ça a été orchestré depuis si longtemps. Soupir… je vieillis ? » déclara la reine avant de se frotter les tempes avec deux doigts.

« J’en doute, mon amour. Ce dragon a simplement réussi à nous tromper. Il était bon, mais dommage qu’il ait utilisé ses talents pour susciter le chaos et la mort, » avait déclaré Feryumstark.

« C’est vrai... mais je suis toujours inquiète pour son esclave. »

Tout comme Elliessara avait dit cela, un rire fort avait attiré notre attention. Cela venait d’au-dessus de nous.

En levant les yeux, j’avais vu le héros humain qui avait cette capacité de téléportation. Il portait une armure gothique noire avec une cagoule sur la tête. Les mains sur le ventre, il riait comme un fou.

« Dire qu’il est mort comme ça ! Renverser tout ! Qu’a-t-il essayé de faire ? Était-il un idiot ? » L’homme éclata de rire.

Nos yeux étaient sur l’homme volant, alors que nos mains reposaient sur les poignées de nos épées. Pour l’instant, nous ne savions pas quelles étaient ses intentions, mais sans son maître, il était techniquement libre. S’il s’était enfui dans les royaumes humains, nous ne l’aurions probablement pas poursuivi, mais si nous avions essayé quelque chose, nous étions tous prêts à intervenir et à l’achever.

« Ah ! Honnêtement, je ne m’attendais pas à me sentir tellement bien quand je l’ai vu mourir ! Ah… c’était adorable. » Puis il rit à nouveau.

Lorsqu’il s’était arrêté, il m’avait regardé et avait dit : « C’est dommage que tu aies renoncé à être humain. Maintenant, tu ne seras plus aussi bien accueilli par nos camarades de combat. Après tout, nous sommes ici sur cette planète de merde dans le seul but de garder la Terre en vie ! As-tu oublié ça ? Es-tu aussi un idiot ? Hahaha ! Maintenant, il est temps de se débarrasser de ce collier ennuyeux ! » Dit-il, puis il se téléporta.

« J’ai fait mon choix et j’en suis content ! » Déclarai-je.

« Dommage, cependant. » Dit-il en attrapant le collier avant qu’il ne tombe au sol. « Je vais garder ça. Juste un souvenir de mon temps en enfer, c’est tout ! » Rit-il. « Tu sais ? J’aurais pu me débarrasser du collier il y a bien longtemps, mais je voulais vraiment voir comment ce bâtard allait mourir ! Je voulais vraiment voir ça, et maintenant, je me sens enfin libre ! » Rit-il à nouveau.

« Quelles sont tes intentions, humain ? » Demanda Feryumstark.

« Mes intentions ? HM hm ? Hmmm. » Il avait feint d’y réfléchir, mais il disparut ensuite de notre vue.

CLANG !

Quand j’avais tourné la tête, j’avais vu l’homme qui se tenait derrière Feryumstark. Il essaya de le tuer, mais l’armure du dragon était trop dure pour être transpercée par une telle attaque.

Par réflexe, Feryumstark se retourna et frappa celui qu’il percevait maintenant comme un ennemi. Avant que le coup ne soit porté, l’homme avait fait un bond en arrière et s’était téléporté à quelques mètres de lui.

« Oh ! C’était proche ! » Il se mit à rire puis regarda son épée. La lame était en morceaux. « J’aurais dû m’attendre à ce que cela ne se fasse pas, il est un roi après tout. » Il secoua la tête et le jeta par terre. « Un instant, s’il vous plaît ! » Dit-il avec un sourire, puis il sortit quelque chose de sa bague de stockage.

C’était l’épée de rang légendaire de Draejan.

« Pourquoi personne n’a-t-il récupéré cette chose  ? » Demandai-je.

« Elle avait déjà disparu quand j’y suis arrivé. » Répondit Seryanna.

« Il a dû le prendre peu de temps après que j’ai saisi Draejan pour le faire comparaître devant Leurs Majestés, » avais-je dit.

« Maintenant ! Il y avait beaucoup de choses que ce dragon inutile m’a forcé à faire, mais les mensonges et les déceptions sont un minimum pour pouvoir marcher parmi ces sauvages ! Tu vois… » Il leva l’épée à hauteur de ses yeux puis sortit un gros cristal rouge de sa poche. « Draejan a toujours supposé que ces petites choses ne pouvaient pas être utilisées pour charger ce monstre. Bien… » il avait souri et une étrange énergie sous la forme d’un éclair rouge mélangée à un brouillard rouge passa du cristal à l’épée. « Il ne l’utilisait tout simplement pas correctement. »

Quand la charge fut terminée, il frappa l’épée au sol et une fissure apparut. L’arme retrouvait tout son potentiel, mais cette fois, sans que son utilisateur perde sa santé mentale. À ce stade cependant, je commençais à me demander s’il en avait encore.

« Maintenant ! Alkelios ! » Il pointa le bout de l’épée sur moi. « Je vais te tuer ici ! » Avait-il déclaré.

« Ce mec est cinglé ! » Dis-je en dégainant Enfer et Paradis, puis en les soulevant au-dessus de ma tête « Chaos ! Apparais ! » Criai-je, bien que ce ne fut pas nécessaire, et les deux épées fusionnèrent dans la puissante arme à deux mains que je connaissais le mieux.

De l’intérieur du Trou noir, j’avais sorti une autre épée à deux mains, qui ne servait qu’à me permettre d’activer ma capacité double.

C’était l’heure de la vraie bataille finale... et cette fois, contre un humain de mon propre monde.

***

Chapitre 72 : Round Final

***Point de vue d’Alkelios***

Puisque ce type voulait commencer sa série de meurtres avec moi, j’avais décidé de l’attirer dans une zone dégagée où je pouvais me battre sans me retenir. Bien qu’il aurait pu m’empêcher de le faire, cela ne semblait pas avoir d’importance pour lui lorsque nous nous étions déplacés.

« Essayes-tu d’éviter les meurtres involontaires ? » M’avait-il demandé en chemin.

« Et alors ? » Répondis-je.

« Ça n’a pas d’importance, tu sais ? Une fois que je te tue, ils te suivront peu après en enfer ! » Rit-il.

« Tu les attaqueras après en avoir fini avec moi ? » Demandai-je.

« Est-ce que j’ai l’air si idiot que ça ? Une fois que je t’aurais battu, je vais fuir d’ici, je vais récupérer, et c’est seulement à ce moment-là que je commencerai à les tuer les uns après les autres. Même si tu n’avais pas fait tout ce trajet, je me serais téléporté dans un lieu similaire et t’y aurais attiré. » Répliqua-t-il.

Je n’avais pas répondu à ces mots, mais il m’avait surpris en choisissant de le faire. Peu importe sa puissance, il y avait encore plusieurs éveillés dans le camp qui avait encore assez d’énergie pour se battre. Feryumstark était resté sur place pour protéger son épouse, la reine, mais Kataryna et Seryanna ne volaient pas très loin derrière nous. Cependant, elles étaient toutes les deux fatiguées après leurs combats précédents. Si la situation était trop difficile à gérer pour moi, je pouvais les imaginer sautées pour me donner un coup de main, mais je ne pouvais pas les voir être capables de se battre à mes côtés dès le début. Elles auraient été un fardeau.

Une fois arrivés à « l’arène », une partie vide du champ de bataille brûlé, nous nous étions fait face.

« Veux-tu me donner ton nom ? » Demandai-je.

« Je m’appelle Kronius Zevedar. Malheureusement, je ne me souviens pas de mon nom alors que je vivais encore sur Terre. » Répondit-il.

« C’est la même chose pour moi. » Je lui fis un sourire narquois. « Je ne me souviens pas de comment on m’appelait sur Terre, mais me voilà.. »

« Alkelios Yatagai, un duc du royaume d’Albeyater. Oh, je le sais ! » M’interrompit-il, puis il se mit à rire.

« Qu’est-ce qui est si drôle ? » avais-je demandé.

« Ce bavardage, c’est ça ! » Répondit-il. « Dans le futur, je m’en souviendrai quand je polirai ton crâne et le placerai au-dessus de ma cheminée ! » Rit-il.

« C’est un passe-temps malsain que tu as là. » Je lui avais fait un air dégoûté.

« On s’en fout ? Maintenant, combattons ! » Cria-t-il avant de lancer... une balle ? « Libération du KRAKEN ! »

« Libération de quoi maintenant ?! » Demandai-je, perplexe.

Soudainement, la balle brillait dans une lumière vive et un monstre géant apparut. C’était au moins de la taille d’un dragon en forme de bête. Avec des écailles couvrant son corps et un long cou se terminant par une tête à quatre mâchoires, ce monstre était une sorte de cauchemars. Si sa face laide ne suffisait pas à vous faire peur, alors les huit tentacules qui se terminaient par une puissante pince de crabe le feraient. La queue était celle d’un serpent couvert d’épis comme une crinière épaisse.

La bête avait rugi puissamment et avait ensuite déplacé un tentacule sur moi. J’avais fait un pas de côté et utilisé Chaos pour le couper. Du sang acide avait jailli et je m’étais presque fait imbiber de la chose.

« SKRYEEE !!! »

Avec un cri effrayant, il commença à absorber de l’énergie magique dans sa bouche. J’avais senti un souffle de feu venir vers moi, alors j’avais esquivé, mais ce qui était sorti de sa bouche laide était plutôt un glaçon empoisonné qui avait explosé sous l’impact.

« DE QUOI ?! » avais-je crié en lançant plusieurs boucliers d’air devant moi pour arrêter les débris.

« Libération du goliath ! » Vint un autre cri et au-dessus, une grande ombre s’approcha.

« Meep. » avais-je dit, puis j’avais évité l’enfer.

« MOI ÉCRASER TOUT ! » Cria le géant.

En regardant en arrière, il ressemblait beaucoup à un cyclope aussi haut que le Kraken et portant des plaques de protection en carapaces de monstre géant. Pour lui donner un air plus féroce, il avait de minuscules petits diablotins rampant sur son corps comme un parasite symbiotique. Dans ses mains, il brandissait ce qui ressemblait à une gigantesque massue de métal.

« TUER ! FRACASSER ! RUGISSEMENT ! » Rugit-il, puis ces diablotins me tirèrent des boules de feu.

« KISHAAA! » Le Kraken envoya ses glaçons empoisonnés.

Voyant les attaques imminentes, j’avais fait un bond en arrière et lancé un tsunami de piques de terre sans chant qui leur était destiné.

« Libération du Ragnarakya ! »

Et bien sûr, il a appelé quelque chose d’autre ! pensais-je alors que les deux autres monstres hurlaient de douleur après mon attaque.

Sans laisser un moment de vide et en ignorant l’autre boss, j’avais déplacé mon épée, je l’avais alimentée en magie et je m’étais précipité devant le Goliath. Plusieurs diablotins avaient essayé de m’attaquer, mais je les avais tranchés. Lorsque ma lame toucha la peau du boss, elle la trancha comme un couteau de chasse dans du beurre. Avec une seule impulsion d’énergie magique, j’avais ordonné à Chaos de déchaîner deux vagues coupantes d’Obscurité et de Lumière. Elles allèrent toutes les deux dans des directions différentes, coupant le monstre en trois gros morceaux.

Alors qu’une cascade de sang coulait hors de lui, j’avais pointé mon épée vers le Kraken puis je m’étais précipité vers lui. Avec plusieurs Faux de vent simultanément lancées et dirigées vers sa tête, j’avais réalimenté Chaos et dirigé les deux vagues d’énergie coupantes vers son cou.

Le monstre n’avait aucune chance, et il se débattit bientôt comme un poulet sans tête.

Avant que je puisse atterrir sur le sol, Kronius était apparu devant moi. Avec un sourire sur ses lèvres, il jeta une vague d’air vers mon ventre. J’avais bloqué l’attaque avec mon épée et avancé en battant des ailes.

Voyant que cela ne me faisait rien, il récupéra son épée, le Falchion à deux mains de la corrosion, et tenta de m’attaquer avec. J’avais paré avec mon épée, mais ce faisant, je pouvais sentir que la force derrière cela n’était pas une blague.

Cet humain était plus puissant que Draejan.

« Le contre-coût de l’épée ne t’affecte pas ? » avais-je demandé alors que des étincelles volaient du contact entre nos lames.

« Pas du tout. Après tout, je n’utilise pas ma propre force de vie. » Il sourit puis se téléporta derrière moi.

J’avais esquivé à temps, mais il s’était téléporté devant moi et m’avait donné un coup dans le ventre avec son genou. L’attaque m’avait envoyé voler quelques mètres puis une main géante m’avait attrapé, c’était le troisième monstre qu’il avait appelé.

Cette chose n’était pas aussi grosse que les deux autres, mais elle était plus forte et sa peau brûlait. Mon armure m’avait protégé, mais mes ailes avaient été brûlées là où elles pouvaient être touchées.

« AARGH! » J’avais crié de douleur.

Le monstre m’avait envoyé voler au sol. Je n’avais pas pu résister et un cratère s’était formé à l’impact, puis cette chose avait vomi de la lave sur moi.

Si je n’avais pas préparé plusieurs couches de bouclier autour de moi, j’aurais davantage souffert qu’une légère brûlure. Pour fuir, je m’étais propulsé à gauche de toutes mes forces, parvenant à me libérer de la coulée de lave.

Au moment où j’étais sorti, je m’étais soigné et j’avais guéri mes brûlures. Le Ragnarakya m’avait vu et avait arrêté son vomi de lave.

Ce monstre ressemblait à un cyclope en feu avec une peau de lave fissurée sur plusieurs parties de son corps. Au milieu de sa poitrine, il y avait un gros cristal rouge et, à la place de son œil, il avait une flamme bleue mystérieuse. De son dos, deux grandes pointes de métal surgissaient, qui puisaient dans la magie proche dans l’air.

Le caractère unique de ces monstres m’avait surpris, mais ils étaient à peu près les mêmes que les monstres que j’avais l’habitude de combattre dans la Forêt Seculiar, peut-être un peu plus faibles, car ceux de la forêt pouvaient généralement survivre à plus d’une de mes attaques.

À l’aide d’une version amplifiée du Pape avec Fatty McFat, j’avais projeté un faisceau d’énergie élémentaire d’eau directement sur le cristal situé dans sa poitrine. Il était directement passé à travers et le monstre avait cessé de bouger définitivement.

Bon, maintenant où est ce bâtard ? avais-je réfléchi en cherchant Kronius.

Je l’avais vu très haut dans les airs, me faisant un large sourire narquois et tenant dans chaque main quatre de ces capsules contenant des monstres. Il n’hésita pas et les jeta sur moi.

J’avais immédiatement pris ma position de combat et j’avais crié « HYOH ! »

Alors que la magie se répandait dans Chaos, je me levai et volai vers lui.

« Libération du cerbère ! Libération du kraken élémentaire ! Libération de l’empereur gobelin ! Libération du Spidarakia ! Libération du loup géant mort-vivant ! Libération du Nyad corrompu ! Libération du Goliath Berserk ! Libération du slime de magma ! » Il avait parlé comme une mitrailleuse.

Maintenant, tous ces monstres venaient droit vers moi, et ils avaient tous l’air très désireux de me déchirer.

Cette attaque serait plutôt terrifiante et agaçante, mais tous tes monstres ont un gros défaut... Ils ne peuvent pas voler, avais-je pensé en esquivant le chien géant à trois têtes et en le laissant tomber par terre.

Je savais que les forces d’Albeyater étaient suffisamment puissantes pour gérer ces monstres, alors je n’avais pas hésité à les écarter et à me rendre directement à leur invocateur. Bien sûr, cela ne m’avait pas empêché de leur envoyer quelques coups, les blessant juste assez pour qu’ils ne représentent pas un problème pour les personnes au sol, à l’exception du slime.

En ce qui concerne ce monstre, le slime de magma, j’avais déjà rencontré son parent, le Slime empereur. Cette chose était incroyablement ennuyeuse et difficile à tuer dans le désert du Nord, surtout si l’on était assez stupide pour croire que les attaques magiques étaient les plus efficaces contre lui, car ce monstre absorbait la magie comme une éponge et la transformait en une magie de renforcement. À cause de cela, la plupart de mes attaques avaient été quasiment inutiles. La seule chose que je pouvais faire contre lui était de percer sa défense avec mon épée puis de tirer sur son noyau avec un faisceau d’énergie. Si l’attaque était trop faible, elle finirait par être absorbée. Elle devait donc être plus puissante que le taux d’absorption du monstre.

C’était difficile, mais en plus de le fourrer avec des pointes de terre comme un coussin d’épingles, je ne pouvais rien faire d’autre. Les autres éveillés supérieurs avaient peut-être des moyens plus simples de résoudre ce problème, mais je ne pouvais pas prendre le risque d’essayer avec différentes méthodes avant d’avoir réussi.

En chargeant un faisceau d’énergie élémentaire d’eau, j’avais frappé le cœur du Slime de magma. Mon attaque était passée comme un laser et le slime arrêta de bouger.

Tout cela s’était passé en l’espace de quelques secondes peut-être depuis que j’avais commencé à voler.

« Tu es vraiment un monstre. » Kronius cracha et pointa sa paume sur moi.

J’avais invoqué une barrière à trois couches ce qui arrêta la boule de feu. Les flammes avaient bloqué ma vue pendant une fraction de seconde, permettant ainsi à mon ennemi comme à son habitude de se téléporter hors de ma vue.

Avec un coup d’épée, j’avais fait disparaître la distraction et l’avais cherché parmi les nuages. Quand je l’avais repéré, je l’avais vu en train de nourrir son épée de plusieurs de ces étranges cristaux rouges. Je m’étais précipité vers lui, mais j’avais commencé à comprendre que j’avais besoin de plus de vitesse et de puissance si je voulais l’arrêter. C’est pourquoi j’avais versé de l’énergie magique dans mon armure, puis j’avais bu une potion pour la récupérer.

Une fois mises sous tension, des lignes d’énergie rouge sombre couvraient mon armure et je pouvais sentir la puissance intense la traverser.

Je souhaite gagner ce combat, avais-je pensé, en activant ma chance.

« Tch ! » Kronius fit claquer sa langue et cessa de nourrir son épée d’un autre cristal, mais il était devenu assez puissant pour bloquer et parer mes attaques.

J’avais frappé, et il s’était téléporté, puis il m’avait attaqué et j’avais esquivé le coup.

À une vitesse supérieure à celle de l’œil d’un dragon, nous avions échangé ces attaques brutales qui pourraient facilement déchiqueter n’importe lequel de ces boss situés en dessous.

En fait, j’avais été impressionné par le fait qu’il soit devenu si puissant avec son épée. Cependant, cette bataille ne durera pas beaucoup plus longtemps. Voyant comment il était capable de suivre ces attaques insensées, je changeais d’objectif en essayant de percer ses défenses et visais plutôt à transformer son arme en un tas de ferraille inutile.

À chaque coup, l’épée de mon ennemi avait vu sa force brisée. En tant que forgeron de rang divin, j’avais pu non seulement comprendre comment fabriquer ce type d’armes, mais aussi comment les détruire. Puis, quand il s’y attendait moins, la lame de l’épée se brisa en deux et l’explosion d’énergie qui en résulta nous envoya tous deux volés.

Je savais que cela allait arriver, alors je m’étais protégé rapidement, mais Kronius avait été pris au dépourvu et avait pris l’attaque de plein fouet.

« GYAH! » Cria-t-il avec douleur.

Quand je l’avais entendu, j’espérais qu’il aurait reçu plus que quelques os brisés. Cela aurait été génial s’il s’était évanoui ou était décédé, mais il était trop résilient pour que cela se produise. Après qu’il soit tombé sur une certaine distance, je l’avais vu s’arrêter dans les airs et y flotter.

J’avais claqué la langue et avais volé vers lui. Déversant de la magie dans mon épée, je me préparais à l’envoyer dans le monde des morts.

Et s’il était un humain de la Terre ? Et si le fait de tuer quelqu’un comme ça sans procès était considéré par d’autres êtres humains comme un acte de meurtre ? Alors, que se passerait-il si j’allais finir avec leur ennemi parce que je prenais le sang d’un des nôtres ? En fin de compte, c’était un champ de bataille et toutes ces questions n’avaient pas de sens ici.

Cet homme avait choisi d’attaquer et de menacer mes amis et ma nouvelle maison. Alors, naturellement, je me lèverais contre lui et je dirigerais ma lame à travers son cœur s’il le fallait !

Quelle que soit la prochaine étape… quelle que soit la culpabilité que je ressente… quelle que soit l’innocence que je croie que je perdrais à cause de cela… Tout cela se passera dans le futur…

« MEURS ! » Avais-je crié alors que je volais vers lui, la puissance traversant tout mon corps et la magie pénétrant dans mon épée et mon armure.

Un seul coup était tout ce dont j’avais besoin pour réduire cet humain...

Avec des taches de sang aux coins de sa bouche, un saignement de nez et une tenue déchirée, Kronius me regarda avec des yeux remplis de haine et de peur. Peut-être qu’il ne s’était jamais attendu à ce que les choses se passent ainsi, mais tout cela était de sa faute. Il aurait pu s’enfuir une fois libérer. Il aurait pu plaider innocent et espérer que nous le laissions partir. Il n’y avait pas besoin d’attaquer Feryumstark, pas besoin de vouloir me tuer...

Pourquoi as-tu fait ça ? Je me l’étais demandé dans ce dernier moment.

Levant sa paume vers moi, je sentis un frisson me parcourir le dos.

Quelque chose ne va pas, avais-je pensé.

« DISPARITION ! » Cria-t-il.

Hein ? J’avais cligné des yeux une fois et le monde autour de moi avait commencé à se tordre. Je me sentais coincé sur place, incapable de bouger ou de dire un mot, et tout ce que je pouvais voir, c’était que le monde autour de moi avait disparu... et s’était transformé en ténèbres.

***

Chapitre 73 : La Vérité Divine

Partie 1

***Point de vue de Kronius***

Je l’ai fait..., avais-je pensé alors que je tombais du ciel.

Avec cette dernière explosion de magie, j’étais complètement épuisé et je ne pouvais plus continuer mon vol. Le sol approchait rapidement, et ma seule chance de survie si je ne voulais pas me retrouver comme une simple tache rouge sur le sol était de boire une potion qui rétablirait mon énergie magique.

« Viens ! » J’avais lutté contre le vent en sortant une petite bouteille bleue, mais en étant affaibli, je ne pouvais pas la tenir et elle s’échappa de mon étreinte. « NON ! » J’avais essayé de l’attraper à nouveau, mais c’était en vain.

N’abandonnant pas, j’avais pris une autre potion, mais cette fois, je l’avais mieux tenue. Après avoir fait partir le bouchon, je l’avais bu avec précipitation. Au moment où le liquide acide avait touché mes lèvres, je pouvais sentir l’énergie couler à nouveau à travers moi.

Je n’avais pas de temps à perdre. J’avais placé une barrière autour de moi puis appelais les vents pour ralentir ma chute.

Au moment où j’étais entré en contact avec le sol, ma barrière avait éclaté, mais seule une petite partie du choc m’avait assailli, ce qui signifiait qu’à part quelques ecchymoses ici et là, j’avais survécu.

« Toux ! Toux ! Je l’ai fait ! » déclarai-je avec un sourire alors que je me relevais et me retournais sur le dos tout en levant les yeux au ciel.

Alkelios est maintenant mort et je suis en vie ! J’ai gagné ! avais-je pensé en souriant.

CRACK !

Un flot de douleur me submergea depuis la jambe gauche et je laissai échapper un cri : « AAARGH! »

Ça fait mal ! Ça fait mal ! J’avais crié dans mon esprit, mais quand j’avais regardé la source de la douleur, je l’avais vue…

Seryanna Draketerus, la dragonne à écailles rouge, me regardait avec un regard froid et je pouvais sentir sa soif sanguinaire me recouvrir. Trois autres ont atterri à côté d’elle : la dragonne à écailles argentées Kataryna Greorg, la dragonne à écailles noires Thraherkleyoseya Draketerus et le dragon à écailles blanches dont j’avais oublié le nom.

Ils me regardaient avec les mêmes yeux perçants et froids. Sous leur forme hybride, ils n’étaient pas différents de monstres mangeurs d’hommes. J’avais senti un frisson de peur me précipiter dans le dos parce que je savais qu’il n’y avait aucun moyen de raisonner avec ces… choses.

Le dieu avait raison, ce continent n’était rempli que de monstres.

« Où est-il ? » Demanda Seryanna avec un grognement guttural menaçant.

J’avais souri.

« Mort, » lui avais-je dit.

Elle avait tordu son pied sur ma jambe cassée, envoyant une nouvelle vague de douleur dans mon corps. J’avais crié, mais elle avait fermé ma bouche en me frappant la mâchoire avec sa queue.

« Où est-il humain ? » demanda-t-elle à nouveau.

« Je te l’ai dit, il est mort. » Je crachais du sang.

« Que veux-tu dire ? Explique-toi. » Demanda Kataryna.

Je lui avais fait un sourire narquois. « Cette dernière attaque était ma plus puissante à ce jour même si je n’ai pas le plein contrôle sur elle. Vous voyez, cela utilise toute mon énergie magique pour envoyer ma cible à un endroit aléatoire du système solaire. Par aléatoire, je veux dire que cela pourrait être sur une autre planète, le vide froid entre les étoiles, un astéroïde, ou même dans la croûte ou le manteau d’une planète. » J’avais souri triomphalement. « Il y a aussi un autre piège. Non seulement il est envoyé dans un endroit aléatoire de ce système solaire, mais il est aussi envoyé vers le passé ou vers le futur. »

« Quoi ? » La dragonne me montra une expression confuse.

« Laissez-moi vous dire de cette façon, mon sort aurait pu l’envoyer cent ans dans le futur, au beau milieu du soleil. Ou cela aurait pu l’envoyer cent ans dans le passé, au beau milieu de cette planète, à des milliers de kilomètres sous la surface. Pensez-vous vraiment que quiconque ou quoi que ce soit puisse survivre à cela ? » Demandai-je avec un sourire. « Regardez les choses en face, il est mort. » Lui dis-je.

« Comment savons-nous que tu n’es pas en train de mentir ? » demanda la dragonne à écailles noire en poussant un grognement.

« Pourquoi le ferais-je ? D’ailleurs j’abandonne. Tu peux m’emmener en prison ou me mettre un autre collier d’esclave, je m’en fiche. » Dis-je alors que je levais les mains en signe de soumission.

Les dragonnes se regardèrent un instant puis me regardèrent froidement.

Que se passe-t-il ? me demandais-je.

« Tu sembles toujours te tromper à propos de quelque chose, » déclara Seryanna. Puis, avant que je puisse faire quoi que ce soit, elle avait poignardé son épée dans mon ventre.

« Gah! » Je crachais du sang et grimaçais de douleur.

Ça fait mal ! J’ai été poignardé ! Je saigne ! avais-je pensé en étant en état de choc.

« Alkelios nous a parlé de ton petit tour de téléportation. Tant que je garde le pied sur ta jambe, tu ne peux pas t’enfuir. En outre, tu te trompes profondément sur le fait qu’il soit mort. Je suis sa femme, sa compagne, je saurais s’il était mort ou non. Peu importe, où tu l’as envoyé, que ce soit le passé ou l’avenir, il reviendra vers moi et je le reverrai. Cet homme, contrairement à toi, possède 100 points de chance. Il a atteint le maximum. Ce qui signifie que même s’il y a une chance de survie, il le fera. Non seulement cela, mais nous, ses amis et sa famille, souhaitons également profondément qu’il nous revienne sain et sauf. » Me dit-elle avec son regard froid alors qu’elle enfonçait lentement la lame de son épée plus profondément en moi.

« Tu es folle ! J’ai dit que j’abandonnai ! » avais-je crié en essayant d’empêcher la lame de s’enfoncer plus profondément.

Je pourrais toujours être sauvé si je buvais une potion de guérison ou si quelqu’un me lançait une magie de guérison. La magie dans ce monde pourrait faire ce qu’aucune technologie moderne ne pourrait faire. Il était encore temps. Il y avait encore un moyen pour moi de survivre !

« Tu te trompes également sur autre chose, petit humain. Penses-tu vraiment que moi, l’épouse d’Alkelios Yatagai, te laisserais calmement partir après avoir tenté d’assassiner mon mari ? » Demanda-t-elle alors qu’elle s’approchait de moi avec sa tête écarlate de dragonne.

« Q-Quoi ? » avais-je demandé horrifié en comprenant ce que ses mots impliquaient.

« Tu ne vas pas en prison, et tu ne porteras certainement pas de collier d’esclave. J’ai vu ce que tu as fait là-bas, et aussi comme tu l’as facilement enlevé. Penses-tu que je suis stupide ? Non, ce qui t’attend n’est rien d’autre que la mort. » Elle m’avait dit ceci, et je pouvais le dire… je pouvais voir… qu’elle l’appréciait.

E-Elle veut me tuer ? Non ! Je ne peux pas mourir ! avais-je pensé. Et j’avais lutté en vain pour me libérer.

Il n’y avait aucun moyen de m’en sortir. Je n’avais plus assez d’énergie magique pour lancer un sort, pas même une simple barrière, encore moins utiliser ma capacité à me téléporter. J’étais piégé.

J’étais piégé comme un lièvre dans la tanière d’un renard.

Il n’y a pas d’issue… Ce sont vraiment des monstres… Des monstres qui marchent et parlent comme des humains, pensais-je, horrifié.

Dans l’instant qui avait suivi, elle avait sorti son épée, me faisant cracher du sang, et lorsque nos yeux s’étaient croisés, elle avait donné un coup horizontalement. Le monde commença à se pencher sur le côté et je ne pouvais plus sentir mon corps.

Non... je ne veux pas mourir... NOOON !!! J’avais hurlé dans mon esprit alors que le monde devenait noir.

***

***Point de vue de Seryanna***

Je haletais des efforts et de la rage qui me traversaient. Le corps de l’homme qui avait fait disparaître mon mari était étendu à mes pieds, coupé en plusieurs morceaux. Je n’étais pas du tout satisfaite de cela, alors j’avais lâché mon souffle de feu sur sa dépouille.

Je l’avais brûlé jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien, même pas ses os.

« AAARGH! » J’avais crié de colère et j’avais lâché un autre souffle de feu vers le ciel.

En retenant mon souffle, j’étais tombée à genoux, tremblante et effrayée par la possibilité qu’il ne revienne jamais à moi.

« Seryanna..., » déclara Kataryna en plaçant sa main sur mon épaule gauche.

En la regardant, j’avais vu que même elle retenait à peine sa colère. Ma sœur pleurait dans les bras d’Iolaus, pensant probablement qu’Alkelios avait disparu.

« Si les paroles de cet homme sont vraies et qu’Alkelios a été envoyé dans le passé ou le futur à un endroit aléatoire de l’espace, il est également le seul à pouvoir y survivre. Si quelqu’un peut espérer avoir la chance de s’en sortir, alors c’est Alkelios. Tu l’as dit toi-même, n’est-ce pas ? » Me déclara Kataryna avec un doux sourire, mais elle ne semblait pas non plus croire entièrement à ces mots.

« Oui, tu as raison..., » déclarai-je en baissant les yeux vers le sol calciné autour de nous. « Si quelqu’un peut le faire, c’est bien lui... » Je fermai les poings puis me relevai.

« Qu’est-ce que tu vas faire, grande sœur ? » Me demanda Kléo, mais elle pleurait toujours.

« Je vais l’attendre, » répondis-je en la regardant dans les yeux. « Quoi qu’il arrive, je l’attendrai. Je sais qu’il est en vie quelque part… Il faut juste que j’attende… » Dis-je.

« Et qu’est-ce qui se passerait si... »

Je savais ce que Kataryna voulait dire, mais je lui avais fait un regard noir pour l’empêcher de finir sa phrase.

« Je sais qu’il est en vie, Kataryna. Au moment où j’ai tué cette ordure humaine, j’ai senti sa force vitale entrer dans mon corps, comme cela se produit habituellement lorsque je tue quelqu’un ou un monstre. Ce n’était pas comme si je ne l’avais jamais ressenti avant de rencontrer Alkelios, mais c’était comme si le bonus qu’il nous offrait était toujours présent, » lui avais-je dit.

« Tu dis donc que sa capacité n’a pas été annulée ? Tu utilises cela comme preuve ? Mais que se passe-t-il si c’est quelque chose qui n’est pas influencé par le fait qu’il soit vivant ou mort ? » Avait-elle demandé.

« Je refuse de croire ça. Il est en vie, je le sais, et en tant que femme, je l’attendrai ! » Lui déclarai-je en rétrécissant un peu les yeux.

Il était hors de question que j’abandonne Alkelios. Il était impossible qu’il soit mort. Les dieux ne le laisseraient pas...

« Pour être honnête, je veux aussi y croire, mais je n’y peux rien s’il y a une petite partie de moi qui se demande si peut-être juste peut-être qu’il ne reviendra plus jamais... Cependant, l’abandonner juste comme ça serait une honte pour nous tous qui l’aimons comme un ami ou un amoureux. Je ne l’abandonnerai pas non plus, mais dans le cas où il prendra un certain temps pour revenir à nous, nous ferions mieux d’être prêtes. Seryanna, il faut que tu atteignes l’éveil supérieur, » me déclara Kataryna.

« Je vais le faire. Je vais devenir plus forte que je ne suis. Je montrerai à tout le monde le vrai pouvoir d’une dragonne supérieure de la Haute Flamme, et la prochaine fois, je serai à ses côtés lorsqu’il ira affronter ses ennemis ! Je jure que je deviendrai quelqu’un sur qui il pourra compter et non pas sur quelqu’un dont il doive s’inquiéter ! » Déclarai-je alors que je serrais le poing.

« Nous le ferons tous ! » déclara Kléo.

Peu importe ce que ce déchet humain avait dit, Alkelios Yatagai n’était pas parti, il n’était pas mort. Nous le déclarerions comme disparu, mais pas mort.

C’est pourquoi... mon amour, reviens-moi vite. Tu me manques déjà. Pensai-je en levant les yeux au ciel.

***

Partie 2

***Point de vue d’Alkelios***

Quand j’étais arrivé à ma destination, je ne pouvais pas entendre les bruits du champ de bataille autour de moi ni sentir le contact froid du vent dans le ciel. Où que je regarde, je ne pouvais voir que l’obscurité, une obscurité noire, sans son ni lumière.

Que se passe-t-il ? Est-ce que je suis mort ? me demandais-je, mais en fermant mon poing et en l’ouvrant à nouveau, j’entendais mon cœur battre et je savais que j’étais en vie.

J’avais essayé de voler en espérant que j’étais peut-être aveuglé temporairement ou quelque chose du genre, mais peu importe où je me déplaçais, vers le haut ou le bas, à gauche ou à droite, je ne pouvais pas sentir de vent. C’était à la fois étrange et effrayant.

Que se passe-t-il ? me demandais-je.

Ensuite, j’avais vu un faisceau de lumière venant de derrière moi. Je m’étais retourné et ce que j’avais vu était des... rideaux.

Au milieu de nulle part, il y avait des rideaux de velours pourpre derrière lesquels je pouvais voir une lumière blanche percer à travers.

Avec précaution et méfiant des pièges ou des attaques sournoises, je m’étais approché des rideaux et étais passé à travers.

À ce moment-là, au moment où je passais de l’autre côté des rideaux, je me trouvais dans une salle blanche et, devant moi, je vis l’entité semblable à Dieu qui m’avait amené dans ce monde.

« Est-ce que vous jouez à des jeux ? » Étaient les premiers mots qui sortirent de ma bouche.

« Quoi ? » Se retourna-t-il, mais en une fraction de seconde, son personnage mourut et le message « GAME OVER. » Apparu à l’écran. « QUOI ?! NON ! C’était le dernier boss ! » S’écria-t-il.

J’avais reconnu le jeu, c’était celui que je jouais sur Terre avant tout cela. Cela m’avait ramené de tels sentiments nostalgiques.

« Dragon hunt » était un jeu dans lequel vous étiez comme un « héros » parcourant le monde à la recherche de dragons maléfiques. La plupart des espèces dans le jeu étaient des dragons. Il y avait même eu une plainte à un moment donné selon laquelle les reptiles étaient bien plus nombreux que les mammifères, ce qui avait amené à s’interroger sur la façon dont les humains et d’autres espèces sagaces à sang chaud avaient vu le jour.

Eh bien, certains avaient dit que c’était juste un jeu, mais une fois que vous y aviez pensé, ça avait brisé l’immersion.

« Est-ce que c’est un Bloodheart Dungeon ? » avais-je demandé.

« Ouais..., » répondit Dieu alors qu’il faisait réapparaître son personnage au point de réapparition.

Il jouait sur ce qui semblait être un énorme téléviseur à écran plasma connecté à un ordinateur de bureau. Le système était installé devant un confortable canapé blanc et une table à bonne hauteur pour utiliser confortablement la souris et le clavier. Les outils qu’il utilisait avaient l’air coûteux et davantage destinés aux joueurs professionnels. Pourtant, j’avais trouvé ça plutôt bizarre qu’il joue à ce jeu juste au moment où j’étais entré.

« Alors où suis-je exactement ? Est-ce que je suis mort ? » demandai-je alors que je m’approchais de lui.

« Hm ? Non. » Il secoua la tête.

Il se leva de son siège et se retourna pour me regarder.

« Alors où suis-je ? » avais-je demandé.

« Tu es dans un endroit où normalement les mortels ne devraient pas pouvoir entrer. Je savais qu’il y avait une très petite chance que la capacité de Kronius t’envoie ici, mais sans ta chance, il était littéralement impossible que cela se produise, » déclara-t-il en poussant un soupir.

« Kronius, le gars que je viens de combattre, que lui est-il arrivé ? » demandai-je en étant un peu inquiet.

« Ta femme l’a tué après que tu aies disparu de cet endroit, » répondit-il, puis il me montra à travers un portail le moment où Seryanna le décapita en un seul geste.

Sa magie donnait l’impression de regarder à travers la fenêtre transparente d’une pièce.

« Bien. Il ne va plus être un problème. » Dis-je en poussant un soupir de soulagement.

Dieu fit disparaître la fenêtre puis me regarda dans les yeux.

« Ouais... eh bien, tu sais qu’il était censé être ta Némésis au cas où tu deviendrais trop puissant et méchant, n’est-ce pas ? » me demanda-t-il.

« Quoi ? Je ne comprends pas. Que voulez-vous dire par là ? » avais-je demandé un peu confus.

« Très bien, puisque tu es déjà ici et que nous avons un peu de temps, laisse-moi te poser une question. Pourquoi penses-tu que je vous ai tous envoyés dans ce monde ? »

« Pour le sauver et, ce faisant, sauver notre monde, la Terre ? » avais-je demandé.

« En fin de compte, oui. Mais tu dois admettre que cela ne peut pas être la seule raison. J’aurais pu simplement vous accorder ces pouvoirs et vous laisser ensuite les utiliser sur Terre ou simplement les faire pour que vous reveniez combattre les envahisseurs, n’est-ce pas ? » m’avait-il dit en plissant les sourcils.

« Attendez, je ne comprends pas ce que cela a à voir avec le fait que Kronius soit ma Némésis ? » lui avais-je demandé en étant un peu confus.

« Accepte ça, tu comprendras à la fin, » répondit-il.

« D’accord... pas comme si j’avais le choix. » Je hochai la tête.

« Alors à propos de ce que j’ai dit il y a un instant, qu’en penses-tu ? » demanda-t-il.

« Cela semble plausible, d’accord. Encore une fois, étant donné vos pouvoirs, vous auriez pu nous accorder des pouvoirs aléatoires tels que les superhéros de bandes dessinées, » répondis-je.

« Oui, mais le taux d’acceptation et le développement auraient été extrêmement différents de ce qu’ils sont ici, dans mon monde. Pense simplement à ce que deux ou trois superhéros ont fait dans vos bandes dessinées quand ils sont apparus soudainement, puis imaginez leur nombre à 10 millions de personnes fortes qui sont soudainement apparues sur toute la planète. Le taux de criminalité augmenterait considérablement et les terriens se disputeraient plutôt que de se concentrer sur un ennemi commun, » avait-il expliqué.

« Que voulez-vous dire ? Le taux de criminalité ne devrait-il pas baisser ? » avais-je demandé en étant confus.

« L’âme d’un héros n’est pas quelque chose que tout le monde a, gamin. La plupart des gens, dans des circonstances normales, n’utiliseront pas leurs capacités pour le bien ou pour sauver les autres. Certes, certains le feraient au début, mais ils essaieraient alors de voir comment ils pourraient utiliser leurs capacités pour gagner de l’argent rapidement. Un grand nombre d’entre eux seraient plus enclins à voler et à assassiner les autres plutôt que de les aider, car la montée en pouvoir suffisait à les enivrer et à déformer leur morale, » avait-il expliqué.

« Comment pouvez-vous en être sûr ? » avais-je demandé.

« Disons simplement que votre Terre n’est pas la seule Terre là-bas, comme dans l’Univers. En outre, c’est une chose psychologique. Pour la plupart des humains en général, la majorité en fait, il est extrêmement difficile de s’empêcher d’abuser de son pouvoir. Tu connais le dicton ? Il n’est pas difficile de tuer, il est difficile de s’empêcher de tuer une fois que l’on a un motif et une façon de le faire. Ou le dicton : Il est facile d’être maléfique, mais difficile d’être bon, cependant, le chemin du mal prend plus en vous et donne moins, tandis que le bon chemin prend peu, mais vous donne beaucoup, » avait-il dit.

« Je pense que je comprends. Donc, fondamentalement, ce que vous dites, c’est que les humains sont leur propre pire ennemi, n’est-ce pas ? » avais-je demandé.

« Justement, mais cette loi ne s’applique pas seulement aux humains. La faiblesse d’être corrompu par un vaste pouvoir qui vous a été attribué est une caractéristique intrinsèque de toutes les espèces sagaces qui n’ont pas encore atteint un certain stade d’évolution biologique et sociale. Les êtres humains, comme beaucoup d’autres, trouvent plus facile, à ce stade, d’abuser de leur pouvoir et de nourrir leur côté égoïste plutôt que de s’abstenir d’abuser et de réfléchir à la façon de l’utiliser au profit de la société, » avait expliqué Dieu.

« Et si quelqu’un veut utiliser ses pouvoirs uniquement pour s’amuser ? » avais-je demandé.

« Comme je l’ai dit plus tôt, un certain niveau d’évolution sociale est nécessaire pour que les personnes avec le pouvoir puissent accepter le simple fait qu’ils veulent uniquement utiliser leurs capacités pour s’amuser. À ce moment, les humains perçoivent généralement l’idée du pouvoir comme un impératif lié aux héros et aux vilains, » avait-il déclaré.

« Je pense que je comprends plus ou moins. Alors, vous nous avez envoyés dans un monde où presque tout le monde a un pouvoir, des sorts, des compétences et autres, pour ne pas nous laisser corrompre par nos propres capacités ? » avais-je demandé.

« C’est une des raisons, oui, mais j’avais aussi d’autres projets. Tu sais que seuls les héros peuvent voir leur statut, n’est-ce pas ? » demanda-t-il.

« Oui. » Je hochai la tête.

« Eh bien, cette capacité, celle du héros, celle de voir l’écran de statut, est quelque chose qui peut être transmis à sa descendance. » Il avait souri.

« Donc, vous dites que mes enfants pourront voir le statut des autres ? »

« Oui. Maintenant, voici une autre question. Quelle est la population minimum requise pour repeupler une planète entière à partir de rien ? » avait-il demandé.

« Je ne sais pas… quelques millions ? » répondis-je avec un haussement d’épaules.

« Tu ne pourrais pas avoir plus tort. Quelques milliers seulement pour les couples monogames, mais s’ils ont certaines connaissances génétiques et ne se préoccupent pas de la polygamie, ils ne peuvent en avoir que quelques centaines et offrirent tout de même suffisamment de diversité génétique pour repeupler la planète, » avait-il expliqué calmement.

« Attendez, cela ne signifie-t-il pas que si la Terre devait subir un cataclysme... ? » demandai-je, mais je ne finis pas mes mots, Dieu le fit.

« Compte tenu de la technologie et des connaissances actuelles de la Terre, je dirais que même en cas d’armageddon nucléaire, votre espèce aura suffisamment d’individus pour repeupler la planète. Les grands pays de la Terre, tels que les États-Unis, la Russie, l’Allemagne, le Royaume-Uni, le Japon, la Chine, la Corée et quelques autres, ont déjà des bunkers et des abris souterrains capables de loger au moins quelques centaines d’individus. Ils peuvent survivre là-bas pendant quelques siècles, si nécessaire, grâce au recyclage, à l’exploitation minière, etc., mais aucun gouvernement ne craint que l’espèce humaine ne puisse survivre, » avait-il déclaré avec un sourire.

« Et tous les autres ? » Demandai-je.

« Leur mentalité et leur façon de penser sont les suivantes : à quoi sert-il de gaspiller tant de ressources pour sauver des milliards quand on peut en avoir quelques-uns pour survivre et recréer le monde à sa guise ? Imagine juste un monde sans faim, épidémies et plus de langues et de différences culturelles. Quittez le monde actuel, cachez-vous dans un abri pendant quelques siècles et, lorsque vous sortez, vous pouvez littéralement créer ce monde, » avait-il expliqué.

Je ne pouvais qu’accepter, car il n’y avait aucun moyen de réfuter cette logique. Même moi, j’étais conscient du fait que de nombreux grands pays avaient commencé la construction de tels projets dès que l’idée d’une guerre nucléaire était devenue de plus en plus réelle.

« Alors, les dix millions qui ont été envoyés ici sont destinés à repeupler ce monde ? » demandai-je.

« Non, il suffit de lui donner un nouvel élan génétique. Les humains de la Terre sont un peu plus génétiquement évolués que ceux de ce monde, que ce soit leur espérance de vie ou leur capacité naturelle de traitement de la pensée. Cela ne veut pas dire que la population autochtone est faite de crétins, mais ils ne penseront pas trop tôt à la théorie de la relativité. En fait, je dirais même qu’ils se dirigent vers l’extinction si vous, les humains de la Terre, n’étiez pas venu, » déclara-t-il.

« D’accord, mais je ne suis plus 100 % humain et, autant que je sache, sans Kronius, il n’y a plus d’humain sur le continent. Cela ne devrait-il pas être un problème ? » avais-je demandé.

« Penses-tu vraiment que tu es le seul humain qui était censé arriver sur le continent du dragon ou qui a été envoyé là-bas ? Aussi, penses-tu vraiment que, parce que tu es maintenant à moitié dragon, c’est une mauvaise chose ? C’est en fait un excellent bonus de mon point de vue  ! » déclara-t-il avec un sourire narquois.

« Quoi ? » Je clignai des yeux surpris.

« Chaque humain qui a été envoyé sur ce monde a été envoyé là-bas en fonction de ses capacités. Nombreux sont ceux qui sont morts aussitôt après avoir atterri pour diverses raisons, mais ne t’inquiètent pas, ils ne nous manqueront pas. J’avais prévu d’envoyer des personnes puissantes aux quatre coins de la planète pour se mêler à la population locale et donner naissance à de nombreux hybrides. Les humains qui ont été choisis n’ont pas été choisis au hasard non plus, vous avez dû passer un test de personnalité et un test de fertilité. Si un être humain autochtone a 25 %, voire 30 % de chances d’imprégner une dragonne, tu as plus de 60 % de chance de le faire. Et les dragons ont les plus faibles chances de tous, » déclara-t-il avec un sourire.

J’avais dégluti.

« Cependant, ne t’inquiète pas, devenir des échantillons géniteurs n’était pas mon intention. Cela est venu comme un beau bonus. Votre objectif et votre mission initiaux sont, comme je l’avais dit au début, de changer ce monde pour le mieux. Vous le ferez non seulement en vous associant à la population autochtone et en donnant la possibilité à des personnes de lire le Statut, mais également à travers vos actions, vos principes et même les idées technologiques que votre peuple mettra en œuvre dans le monde entier. Quelqu’un a déjà fabriqué de la bière, alors c’est un très beau début ! »

« Mais nous ne ferons pas tout cela, non ? » avais-je demandé.

« Bien sûr que non. Dix millions de personnes représentent dix millions de volontés libres, dix millions de personnalités et dix millions de points de vue différents sur ce que devrait être le monde. Dans la plupart des cas, vous pouvez être d’accord, mais ce sont les détails qui importent ici, » avait-il souligné.

« Certains seront bons... et d’autres mauvais, » déclarai-je.

« Oui. La faiblesse de se noyer dans son pouvoir et d’être corrompu par lui n’a encore quitté aucun de vous. Nombreux sont ceux qui y ont déjà succombé alors qu’ils étaient au début de bons individus, » déclara-t-il avec un sourire.

« Que s’est-il passé  ? » avais-je demandé d’un ton légèrement tremblant alors que je commençais à comprendre ce qu’un humain moderne pouvait faire pour une société moins évoluée comme celle-ci.

***

Partie 3

« Il y a le soulèvement néonazi dans le continent humain oriental, les néocommunistes dans le continent humain occidental, les impérialistes se tiennent aux côtés des monarques actuels, et même ce que j’appellerais la démocratie extrémiste commence à se lever à un certain endroit, bien sûr, à travers la mort des leaders précédents. Si cela ne suffisait pas, vous avez les sangs purs qui se pensent supérieurs aux autres. À propos d’eux, disons simplement qu’il n’y a plus de chasse noire, mais plutôt une chasse blanche. Bien que, je vais faire remarquer qu’un membre de Neo KKK a réussi à s’infiltrer dans un certain royaume et à donner naissance au Mouvement de la suprématie humaine plutôt qu’à celui de la suprématie blanche. Pourquoi tuer d’autres humains alors que vous avez des continents de non-humains ? » avait-il déclaré en me montrant à travers des portails les images actuelles de ces mouvements.

Considérant combien d’effusions de sang, de tristesse et de mort tous ces mouvements avaient apportés sur Terre, je n’aurais jamais pensé qu’il y aurait quelqu’un qui veuille les recommencer ici. Même dans mes rêves les plus fous, je n’aurais jamais envisagé cette possibilité, mais j’étais peut-être trop naïf, trop jeune, trop bête ? Cependant, j’étais certain que tous ces mouvements étaient dirigés par des humains de la Terre et ne voyaient certainement pas le Continent des Dragons avec de bons yeux.

« Pourquoi avez-vous amené de tels monstres dans ce monde ? Vous rendez-vous compte de ce que vous avez fait ? » avais-je demandé d’un ton tremblant.

Dieu me fit un sourire puis répondit : « J’ai apporté une diversité qui n’a jamais été censée être présente dans ce monde. Maintenant, tous ces mouvements ont une autre chance de prouver qu’ils ont raison, mais je n’ai jamais dit qu’ils étaient seuls. Il y a des héros qui ne reculeront devant rien pour les tuer. Ceci est juste un jeu du bien contre le mal. Il est impératif de sortir ce monde de son évolution stagnante. Après tout, l’histoire n’a jamais changé ni n’a progressé par rapport à son état médiéval depuis plusieurs milliers d’années. À ce rythme, toutes les espèces allaient être menacées d’extinction d’une manière ou d’une autre. » Il avait ensuite créé un autre portail et m’avait montré un paysage en ruine.

« Cet endroit..., » dis-je en le reconnaissant.

« Drakaria dans le futur, plus de mille ans pour être exact, » expliqua-t-il.

« Qu’est-ce que... comment est-ce arrivé ? » demandai-je.

« Les rois démoniaques sont d’abord nés de la malice du monde et ont mis toutes les civilisations à genoux. Viennent ensuite les fléaux, nouveaux virus et bactéries issus du flux d’énergie magique et du rayonnement cosmique. Vinrent ensuite les cataclysmes naturels, l’éruption de volcans, les super volcans et, pire encore, les impacts de météorites. Chaque monde est censé souffrir de ce genre de choses, c’est la nature et la physique, après tout... En réalité, seule une espèce sage qui est suffisamment avancée sur le plan technologique peut les arrêter, mais tu vois... ce monde n’allait jamais l’atteindre malgré l’énorme diversité en eux. C’est pourquoi je vous ai amené, vous, les humains de la Terre ici. Vous êtes la seule chance que ce monde a. » M’avait-il expliqué.

« Vous dites donc que si nous… les bons gars, battons ces mouvements et apportons un changement positif au monde, nous changerons l’avenir ? » avais-je demandé.

« C’est déjà le cas, mais vous êtes tous liés par votre libre arbitre. Je ne peux pas dicter vos choix pour vous, alors je parie tout en vous. Mais ce que je peux dire, c’est que j’étais bien conscient du fait que cela risquait d’être corrompu par une grande puissance. C’est pourquoi j’ai veillé à ce que les héros dotés de puissantes capacités aient un marqueur, y compris une Némésis. » M’expliqua-t-il.

« Donc, le mien était ce gars avec la capacité de téléporter, » déclarai-je.

« Pika Boo Blink n’est pas très puissant comparé à d’autres capacités, mais lorsqu’il atteint le niveau maximum, sa capacité ultime téléporte aléatoirement dans le système solaire actuel et à un autre moment. Si tu n’avais pas eu ta chance, tu serais apparu au centre d’une géante gazeuse, toujours inconnu, dans les 1458 années à venir. Tu serais mort sur le coup à cause de la seule pression, » avait-il expliqué.

J’avais dégluti quand j’avais entendu ce qui aurait pu m’arriver.

« Pourquoi... pourquoi lui avez-vous donné une capacité aussi effrayante ? » Demandai-je.

« Bien que je l’avoue, c’est un peu trop puissant, mais c’est aussi le seul qui puisse t’arrêter à ce moment-là. Tu vois... en fonction de tes choix, ton chemin aurait été différent. Tu aurais pu ne jamais rencontrer Seryanna et rencontrer cette dragonne des Dagues Jumelles. Tu aurais rencontré Kataryna à la place, mais à ce moment-là, tu aurais perdu toute confiance dans les dragons et tu ne les aurais vus plus que comme des monstres. Dans cette chronologie, Kronius est celui qui se lie d’amitié avec les dragons après avoir rencontré Seryanna à la capitale. Il existe un autre scénario où tu n’avoues jamais tes véritables sentiments pour Seryanna, et elle finit par épouser Draejan. Pendant que tu restes toujours autour d’eux, tu finis par épouser Kataryna. Il y a aussi une chronologie où tu épouses Kléo et tu tues Seryanna et une autre où tu crées ton propre harem de mille dragonnes. Ce sont tous des futurs possibles à partir du moment où tu posais le pied sur cette planète, » avait-il expliqué.

Entendre toutes ces possibilités était surprenant, mais je ne pouvais ni voir ni comprendre comment je pouvais en venir à les concrétiser, en particulier le harem. Je pouvais à peine gérer une seule dragonne, sans parler de mille. Bien que, pour une raison quelconque, j’avais été soulagé d’apprendre qu’épouser Kataryna était également une possibilité. Peut-être que ma relation avec elle changera dans le futur ?

« Alors, si je devenais méchant, Kronius devenait le bon gars, et ainsi de suite ? » avais-je demandé.

« Oui. C’est pourquoi j’ai dit qu’il était ta Némésis. Non seulement en termes de capacités, mais également en termes de destin, » avait-il expliqué.

« Est-ce que chaque humain a un tel adversaire ? » demandai-je.

« Non. Toi seul es le Némésis de beaucoup d’humains. Les forts en général sont comme ça, » avait-il déclaré.

« Alors, pourquoi me raconter tout ça ? » Je posai cette question que je ne pouvais pas poser jusqu’à présent.

« Parce que maintenant tu es prêt à l’écouter et à l’accepter comme une vérité. Peux-tu imaginer ce que tu aurais dit ou pensé si j’avais agi de la sorte dès le début ? » demanda-t-il en plissant les sourcils.

« Je ne vous aurais pas cru... ou j’aurais tout rejeté comme moyen de me rebeller. » Répondis-je après un instant de réflexion.

« Exactement. Et tu n’aurais pas été le seul. Certaines personnes auraient continué à tuer des individus lambda en pensant que cela allait me faire les renvoyer sur Terre, » avait-il déclaré.

« En parlant de ça, nous ne pourrons jamais revenir en arrière, n’est-ce pas ? » avais-je demandé.

« Non. » Il secoua la tête. « Au moment où vous êtes arrivé ici, je m’étais déjà assuré d’aider la Terre à surmonter son... épreuve. Alors, dans tous les cas, tu peux être rassuré que ta famille là-bas soit en sécurité. » Il me fit un petit sourire.

« C’est bon à entendre, mais ne craignez-vous pas que j’en parle à d’autres humains ? » avais-je demandé.

« Tu peux, et je pense qu’il est temps que la vérité leur soit communiquée... Après tout, il s’est déjà passé un peu de temps depuis que tu as atterri ici. » M’avait-il dit.

« Temps ? Combien de temps ai-je été absent ? » Demandai-je immédiatement, depuis que je me souvenais de la capacité de Kronius.

Je craignais d’être coincé quelque part dans l’avenir, comme dans quelques centaines d’années.

« Depuis le moment où tu as été envoyé dans ce monde jusqu’à maintenant, exactement cinq ans se sont écoulés. Comme je l’ai dit, tu as eu de la chance que ce ne soit pas plus. » Me dit-il avec un sourire.

« Est-ce que cela signifie que je suis loin de Seryanna depuis trois ans ? » Demandai-je alors que je revenais en arrière.

« Oui. Mais comme je l’ai dit, tu as de la chance que ce ne soit pas 10, 100 ou 1 000 ans dans le futur. » Il acquiesça.

« Je vois... Merci... Alors, et maintenant ? » Ai-je demandé.

« Je vais te renvoyer dans ce monde, mais… je ne t’emmènerai pas sur le continent des dragons. Ta présence est nécessaire ailleurs, sur le continent humain. » Me dit-il avec un sourire.

« Continent humain, mais je veux voir Seryanna... être loin d’elle pendant trois ans... » Dis-je en m’inquiétant qu’elle puisse m’abandonner.

« Inutile de t’inquiéter pour elle, elle le saura à ton retour. En guise de faveur, je lui ferai savoir cela par le biais d’un rêve ou de quelque chose du genre. En attendant, je veux que tu prennes ton temps dans le royaume humain et que tu constates directement comment sont les humains de ce monde. Le royaume dans lequel tu arriveras sera celui qui subira le moins d’influence des terriens, » avait-il déclaré.

« Quoi ? Rêves ? Royaume ? Quoi ? » Dis-je en clignant des yeux surpris.

« Soupir... Il suffit de ralentir. Au revoir et à bientôt Alkelios. Oh ! Et avant que je n’oublie, je vais te donner la version diminuée de Pika Boo Blink. Tu comprendras pourquoi plus tard. » Il avait fait un clin d’œil et le monde autour de moi avait changé une fois de plus.

Au lieu de la salle blanche, j’étais maintenant entouré de nuages.

Hein ? Des nuages ?! J’avais cligné des yeux surpris et quand je m’étais retourné, je m’étais vu tomber vers le sol.

« OH ! BORDEL ! » Criai-je. Je battis immédiatement des ailes pour ralentir ma descente.

J’étais à quelques centaines de mètres dans les airs et je me dirigeais vers le sol à une vitesse folle.

Cela m’avait pris un peu d’effort, mais j’avais réussi à atterrir en toute sécurité.

Avec un souffle lourd, j’avais levé les yeux vers le ciel et m’étais rappelé ce que Dieu m’avait dit.

Trois ans dans l’avenir... c’est un grand saut dans le temps, mais c’est mieux que mille ans.

Un slime était proche de moi. Remuant son corps, cela m’avait visé puis avait sauté pour une attaque de corps. Parce que j’étais trop confus avec tout ce qui s’était passé, je n’avais même pas esquivé. Cependant, au moment où le slime m’avait touché, il avait explosé...

« Qu’est-ce que… » Dis-je surpris en essuyant les restes du slime de mon visage.

En regardant autour de moi, je pouvais voir que la créature s’autodétruisait ou quelque chose du genre.

Peut-être que ça me marquait comme cible ? me demandais-je.

Puis un autre slime bleu sortit d’un buisson.

« Identificus processus juridicus ! » J’avais activé mon pouvoir sur le monstre ciblé.

Voici les informations de base que j’ai obtenues :

Nom : Aucun

Espèce : Slime

Niveau 1

« Hein ? Niveau 1 ? Où est-ce que Dieu m’a envoyé ?! » murmurai-je quand je regardai avec surprise le petit slime glissant que je n’avais qu’à toucher pour tuer.

***

Histoire annexe (5) : Le fantôme ivre

Partie 1

***Point de vue de Dieu***

Quand j’avais décidé d’envoyer dix millions d’âmes sur Ex... Ah ! Woops ! J’ai failli donner le nom du monde. Quel idiot je suis ~ !

Eh bien, pas besoin de vous en préoccuper. Vous ne le devinerez jamais de toute façon ! Hahaha ! Alors maintenant, les dix millions d’êtres humains qui vivaient jusqu’à récemment sur Terre, un monde de science avait été soudainement envoyé dans un monde d’épée et de magie, où tout ce qu’ils savaient était mis à l’épreuve à chaque étape de leur parcours. Leur mission était simple si on la considérait à l’échelle individuelle, mais qu’ils puissent ou non survivre jusqu’à la fin de leurs jours n’était vraiment pas aussi important que les changements qu’ils provoquaient chaque seconde.

Restait à voir quels changements Alkelios et ses compagnons terriens allaient apporter à cet incroyable monde diversifié.

Maintenant… Et si je vous disais qu’en plus de notre univers, il y en avait d’autres, et que dans chacun d’eux se déroulait une histoire semblable à la nôtre ?

Et si je vous disais qu’il existe un monde dans un autre univers, là où Alkelios Yatagai n’était jamais né, ou un monde où il avait pour objectif de devenir le mal ultime ? Eh bien, probablement la moitié d’entre vous allait se demander ce que j’avais bu, l’autre moitié me demanderait une gorgée, et les rares qui ne correspondraient pas à ces deux choix seraient intrigués.

Eh bien, cette histoire que je vais vous raconter s’est déroulée dans des circonstances assez étranges… et n’est qu’un simple aperçu de cet univers si différent de celui-ci que vous ne pourriez pas dire dès le premier instant.

Ceci, mes chers amis, est l’histoire d’un jeune demi-dragon et d’un fantôme ivre…

***

***Quelque part dans un autre univers, où la loi était faite par les armes à feu et les chapeaux de cow-boy étaient encore à la mode***

À Drakaria, capitale du vieux royaume sauvage d’Albeyater, dans un bar au soleil rempli de serpents à la langue fourchue qui préféreraient vendre leurs propres mères plutôt que de payer la note pour leurs boissons, un type plutôt étrange avait fait son apparition. Ses vêtements étaient noirs et son chapeau de cow-boy avait l’air d’avoir eu un rendez-vous avec un lance-flammes. Pour ne pas cracher sur les vêtements du dragon, un mulet bourré le dimanche savait comment s’habiller mieux.

Marchant comme s’il possédait l’endroit, le dragon vérifia les bâtards écailleux à sa gauche, puis ceux à sa droite. Les gars avaient arrêté ce qu’ils faisaient, qu’il s’agisse de jouer aux cartes ou de partager des histoires de leurs aventures, pour regarder l’étranger. C’est son étrangeté qui avait attiré leur attention. Ils ne pouvaient pas dire s’il cachait des diamants sous une couche de charbon ou s’il s’agissait simplement d’un vieux rocher recouvert de suie. Ce qui était certain, c’est qu’ils avaient tous l’impression que quelque chose n’allait pas chez lui.

Pas du tout dérangé par eux, l’étranger s’approcha du bar et s’assit sur le tabouret vide le plus à droite. Il tapa deux fois sur le bar et commanda une boisson.

Bayuk lui fit un signe de tête compréhensif et alla servir le verre au pauvre dragon. Collentra, sa femme, était près du grand piano dans l’autre coin de la pièce. Au début, elle s’était approchée avec l’intention de jouer une mélodie pour les garçons, mais maintenant elle s’appuyait contre le piano et regardait l’étranger avec un regard empli de curiosité. Elle était une jolie dragonne au regard séduisant et aux écailles brillantes. Sa robe rouge à froufrous possédait un décolleté généreux et juste assez de bosses autour des hanches lui valaient l’attention de tous les dragons du bar chaque fois qu’elle allait jouer une chanson. C’était pourtant le plan : donner aux cow-boys quelque chose d’adorable à regarder afin de les inciter à prendre un autre verre et faire monter leur facture au bar.

Cependant, cet étranger n’avait même pas essayé de lui rendre son regard. Il ignora les curieux et attendit son verre avec la patience d’un roi Khosinni devant un mouton.

Bayuk lui versa un verre de whisky et le glissa jusqu’à la table.

L’inconnu l’avait attrapé avant qu’il ne passe devant lui et, tout en tirant son chapeau, il déclara : « Bien obligé. »

À l’heure actuelle, les cow-boys tapageurs assis à leurs tables auraient recommencé à s’occuper de leurs propres affaires, jetant l’alcool brûlant dans leur gorge, demandant à Collentra de leur jouer une chanson ou de jouer leur jeu de cartes.

En effet, si quelqu’un se tenait derrière cet étranger et le regardait d’un œil attentif, il pouvait voir le verre de whisky à mesure qu’il remontait, puis le liquide coulant dans la gorge du dragon uniquement pour qu’il disparaisse dans les airs.

Et cette chose étrange ici-bas était ce qui empêchait tout le monde dans ce bar d’oser même murmurer.

En fait, tous les jeunes et les vieux dragons connaissaient le récit de ce monsieur qui ne portait que du noir et commandait un verre qu’il payait avec des pièces de monnaie aussi vieilles que le bon royaume d’Albeyater.

Pourtant, au sein de Drakaria, il y avait un gars qui ignorait complètement son récit, et il se trouve qu’il était d’humeur à prendre un verre.

D’un pas audacieux, il entra dans le bar, attirant l’attention de tout le monde pour le moment. Il se dirigea vers Bayuk et se plaça à trois places de l’étrange étranger.

Maintenant, ce type ici, son nom était Alkelios Yatagai, un être humain qui, il n’y a pas si longtemps, était parvenu à émouvoir toute la capitale avec sa déclaration d’amour envers la belle dragonne aux écailles rouges, Seryanna Draketerus. Il était la seule âme à ne rien savoir du conte du dragon en noir.

« Donne-moi quelque chose d’assez fort pour faire fondre les tripes, Bayuk. » Ordonna Alkelios alors qu’il inclinait son chapeau vers lui.

Le barman répondit par un signe de tête et alla lui verser un verre de whisky du bon lot.

En termes de look, Alkelios arborait un bon chapeau de cow-boy noir à doublure rouge, une cape montrant la belle marque de la maison Draketerus, qui dans ce monde était une paire de revolvers croisés avec des barils fumants, une combinaison en cuir recouverte d’enchantements magiques, une bonne paire de bottes avec des éperons fabriqués à partir des meilleurs métaux, et une paire de fusils qui feraient du meilleur armurier verser des larmes d’envie.

« Pourquoi tout le monde ici est-il si silencieux ? Quelqu’un est-il mort ? » Demanda l’homme quand il eut son verre.

Bayuk, le barman, la main tremblante, désigna l’inconnu en noir, qui buvait dans son verre avec un regard lourd comme un cow-boy troublé par l’hiver à venir.

« Ami, ils ont peur de moi. » Lui dit l’étranger avant d’avoir eu l’occasion de demander.

« Pourquoi ? »

En entendant cela, le dragon retroussa ses lèvres en un sourire narquois comme un renard qui attrapait son lièvre.

« As-tu déjà entendu l’histoire du Gunslinger Malchanceux ? » Demanda-t-il les yeux rivés sur la boisson devant lui.

« Je ne pense pas que je l’ai fait, » répondit l’autre dans sa naïveté.

Quand ils entendirent les mots qui étaient sortis de ses lèvres, tout le monde dans le bar se figea une seconde fois. Ils pâlirent et prièrent dans leurs esprits pour le pauvre garçon assez fou pour demander à cette figure affreuse une telle chose. Personne n’avait eu le courage de lui dire de se taire, pas même Bayuk. S’il l’avait fait, le bandit aurait bu son verre et serait parti paisiblement, mais maintenant… tout le monde craignait le pire.

« Bien, n’est-ce pas une surprise ? » Le dragon avait ri et fit un signe au barman pour lui apporter un autre verre.

À ce moment, un dragon était entré dans le bar, mais quand il vit l’expression de chacun, puis la silhouette horrible au bar, il recula lentement avant de s’enfuir comme un bandit poursuivi par des moutons affamés.

« Bien, partenaire, laisse-moi te raconter une belle histoire à propos d’un voleur très chanceux. » Il sourit.

« Chanceux ? » Alkelios haussa un sourcil, il était déjà intrigué.

« Oui, chanceux. Ce dragon adorait boire plus que le soleil n’aimait la terre et il visita chaque bar d’ici à la forêt Seculiar ! » Il prit une grande gorgée de son verre et lorsqu’il le reposa sur le bar, il laissa échapper un « Hah… ça me manque de me saouler… » Après avoir secoué la tête, l’étranger continua : « Ce dragon, tu vois, ce n’était pas un mauvais œuf, il venait juste d’avoir une mauvaise bosse. Trinket était le nom de son Khosinni, et le garçon était sauvage ! Ne laissant jamais un dragon autre que son maître montez sur son dos, et il préférerait même piétiner un chevalier sous ses six sabots plutôt que de le laisser le caresser ! » Il éclata de rire et versa tout le verre dans sa gorge.

Le verre fut placé sur le bar avec un bruit sourd puis regarda le barman une fois de plus. Bayuk sentit un frisson lui parcourir le dos quand il rencontra les yeux du dragon et fut immédiatement obligé de l’accepter, lui envoyant un autre verre rempli à ras bord.

« Le voilà ! » Rit-il en attrapant son verre avant qu’il ne glisse du bar.

« Alors, que lui est-il arrivé ? » Demanda Alkelios après avoir vidé son verre à moitié.

« Que lui est-il arrivé ? Eh bien, à cette époque, le dragon s’appelait Lucky Barking Irons ! »

« Barking Irons? Ses armes étaient-elles célèbres aussi ? » Demanda Alkelios en plissant les sourcils en regardant le dragon.

« Célèbre ? Nah, ils étaient comme les miens… une paire de Dingos rouillés avec un canon trop long pour leur propre bien. » Il avait souri d’un air satisfait en sortant son arme et la posa ensuite sur le bar.

Le pistolet ressemblait beaucoup à un vieux revolver Colt Paterson, mais il était légèrement plus gros puisqu’il tirait du 12,7 mm au lieu de 9 mm. Contrairement à la main humaine fragile, celle d’un dragon était beaucoup plus solide. 12,7 mm dans ce monde était le 9 mm de la Terre.

« Oh ? Dingos ? Jamais vu un avant. Ma femme a un Rollcaster Razor. Cette bête tire des balles de 58 mm. C’est une vraie bête avec des enchantements qui en font encore plus un monstre qu’il ne l’est déjà ! » Alkelios éclata de rire.

L’apparence du Rollcaster Razor est assez semblable à celle du Smith & Wesson XVR 460 Magnum, un puissant pistolet qui donnait au Dingo sur la table une apparence de mauvaise blague.

« Et toi ? Quel est ton fer ? » Demanda le dragon.

« Le mien ? Eh bien, le mien est un peu différent, tu vois. Je l’ai fait moi-même, et c’est ça…, » Dit Alkelios en sortant son arme de son étui et la plaçant sur la table.

L’arme ressemblait à une pièce d’équipement de haute technologie extraite d’un film de science-fiction grâce à ses attaches latérales, sa prise et son design général qui lui donnaient une sensation froide et rapide avec ses angles aigus plutôt des formes courbées comme on le verrait normalement. Il était totalement noir avec des rayures de lumière rouge entre certaines de ses pièces métalliques, donnant l’impression d’une cage noire dans laquelle un alcool rouge était piégé. Le canon mesurait environ 36 cm de long, de la pointe au dos, 9,1 cm de hauteur et 8,6 cm de largeur, son calibre était de 58 mm.

C’était un vrai monstre face à une arme à feu de taille normale dans la main d’une demi-bête draconienne, et absolument énorme dans celle d’un humain. Depuis qu’elle avait été fabriquée par Alkelios, il était certainement capable de faire plus que tirer de simples balles. La curiosité de cet homme et son amusement avec la technologie ne l’auraient pas laissé fabriquer son propre fer à aboyer aussi simple.

« Impressionnant… » Le dragon regarda le pistolet, mais c’était tout ce qu’il pouvait dire.

Il était impossible pour cet étranger de savoir à quel point l’arme était puissante. Les quelques dragons qui en avaient été témoins lors des duels de la semaine dernière se souviennent encore de la façon dont il avait balayé le dragon et le mur extérieur derrière lui. L’explosion les avait déchiquetés comme s’ils étaient en papier toilette.

Les gardes et les habitants étaient plus inquiets par la suite pour boucher le trou dans le mur de protection que le dragon déchiré en morceaux. Et ce coup n’était même pas le plus puissant pour le moment.

« Oui, je sais » Alkelios avait souri bêtement puis il rangea son arme.

« Eh bien, je vais continuer là où je me suis arrêté, Lucky Barking Irons avait une autre habitude, celle de boire énormément, ou plutôt de dire que c’était la passion de défier tout ce qui croise son chemin. Un jour, cependant, il a osé défier le diable. » Dit-il avant de prendre un autre verre.

« Le diable ? Était-il aussi un célèbre combattant ? » Demanda Alkelios.

« Non, partenaire, il était le diable, la bête des dix cieux impies, le vagabond du malheur, le chasseur d’âmes. C’était ce diable. »

***

Partie 2

« Oh. Alors, que s’est-il passé ensuite ? »

« Le diable a passé un marché avec lui pour son âme. Si cet homme remportait le défi, alors le diable exaucerait tout souhait de son choix. Cependant, s’il perdait, son âme errerait dans le monde pour l’éternité, récoltant des âmes pour lui en proposant des défis presque insurmontables, un type de défis que l’autre partie ne pouvait pas reculer. » En se prononçant ainsi, il se tourna vers Alkelios. Ses yeux et sa silhouette étaient devenus plus transparents, alors que son visage semblait subir un processus de décomposition accéléré jusqu’à ce qu’il ne reste plus que les os nus et blancs sous sa peau. Les yeux bleus brillants, le dragon lui demanda alors « Qui a gagné, selon toi ? »

Alkelios ne souriait plus. Il le regardait avec des yeux sérieux, car il était maintenant clair pour lui que cette entité devant lui n’était autre que Lucky Barking Irons ou le Malchanceux Gunslinger, comme l’appelaient d’autres personnes.

« Je suppose qu’il n’a pas remporté le défi. » Répondit-il.

« Oui, il ne l’a pas fait. » Lucky secoua la tête.

« Alors, et maintenant ? Vas-tu aussi me lancer un défi ? » Demanda Alkelios.

« J’en ai bien peur, partenaire. Tu sembles être un bon gars et je ne suis pas un mauvais œuf moi-même. Cette malédiction ici est liée à des forces bien au-delà de notre compréhension mortelle. » Il laissa échapper un lourd soupir puis se tourna vers Bayuk. « Chien de bar, sers-nous avec un autre. Le garçon aura besoin de son dernier verre. »

Avec un signe de tête tremblant, le dragon écouta l’ordre, mais les yeux d’Alkelios n’étaient pas ceux d’un homme prêt à sauter dans un trou de moins de six pieds.

« Et si je remportais le défi ? » Avait-il demandé.

Lucky était habitué aux dragons qui prétendaient avoir une chance de gagner, mais il savait que c’était faible, voire impossible.

« Tu ne peux gagner. » Commença-t-il. « Mais si par miracle tu gagnes, alors tu continueras à marcher comme si de rien n’était, et je pourrais reposer mes os dans ce cercueil vide que j’ai eu pour mon anniversaire quelque temps en arrière. » Il a souri.

« Je vois. Très bien, alors. » Alkelios hocha la tête et attrapa son verre quand Bayuk le glissa à travers le bar. « Alors, portons un toast à ma victoire. » Il leva son verre haut.

« Tu veux dire pour ta damnation éternelle, n’est-ce pas ? » Le dragon tint son verre et sourit.

D’un souffle, Alkelios but le whisky et se leva de son siège.

« Quel sera le défi ? » Demanda-t-il.

Après que Lucky ait fini de boire, il répondit d’un ton calme : « Tu embrasseras le premier éveillé supérieur qui entrera dans ce bar dans les dix prochaines minutes et il aimera cela. » Il sourit.

Dans des circonstances normales, c’était en effet non seulement un défi insensé à accepter, mais aussi un défi impossible. Personne de sain d’esprit ne l’accepterait. Après tout, les chances pour un éveillé supérieures d’entrer dans le bar à ce moment précis étaient ridicules, et il était presque impossible qu’il apprécie ça.

Eh bien, c’était si vous n’étiez pas quelqu’un comme Alkelios… un certain individu avec une chance maximale.

« Défi accepté ! Je souhaite par la puissance de tout cet univers que cette éveillée vienne ici et me laisse embrasser ses lèvres délicieuses ! » Déclara Alkelios avec un grand sourire.

« Hahaha ! Quelle sotte chose à souhaiter, mon garçon ! Le ciel deviendra vert avant que les dieux ne répondent à ton appel ! » Lucky avait ri.

« Peut-être, » répondit Alkelios. Puis, avec sa compétence Dompteur de Dragon, il envoya un ping de localisation à la dragonne qu’il ciblait actuellement.

Ce n’était désormais qu’une question de chance et de temps. Ainsi, les deux cow-boys se regardèrent comme des lutteurs en duel à midi.

Tic ! Tac ! L’horloge avançait. La vieille horloge était placée sur le piano, à côté duquel Collentra était en train de graver dans sa mémoire la scène de ces deux dragons légendaires qui menaient une épreuve de force sans pareil.

La pression était si forte que certains dragons avaient oublié de mouiller leur bouche et les avaient laissés sécher à cause de l’air chaud à l’intérieur. Personne ne buvait, personne ne jouait plus aux cartes, personne n’osait même se lever de leur siège, ils regardaient tous les deux au bar, attendant l’inévitable.

« Cinq minutes sont écoulées et ton éveillé supérieur n’est pas encore arrivé. Peut-être qu’ils ont peur ? » Lucky avait souri à Alkelios, mais l’homme ne lui prêta aucune attention.

La tension continuait dans ce bar qui semblait être arraché au monde lui-même.

Tic ! Tac ! L’horloge avançait. Les secondes s’écoulent comme des anguilles dans les mains d’un pêcheur.

DING ! DONG !

L’appel de la cloche de la ville avait été entendu soudainement, surprenant tout le monde. Le pic soudain d’adrénaline les fit se tourner vers la porte puis vers Alkelios. C’était comme si la pendule laissait savoir à tout le monde que le temps s’écoulait.

La tension était à son plus haut niveau. Tout le monde retenait son souffle, mais ni Lucky ni Alkelios ne bougeaient, pourtant ils avaient tous les deux la main sur la main de leur fusil.

« Encore deux minutes… » murmura Lucky une fois que l’horloge de la ville se fut calmée.

« Deux minutes de plus… oui, » acquiesça Alkelios qui, pendant une minute, n’arrêtait pas d’envoyer des pings, et essayait de son mieux de conserver une apparence fraîche, calme et recueillie.

Pendant ce temps, son esprit était dans un chaos total…

Oh non ! Oh non ! Allez ! Allez ! Allez ! Dépêche-toi ! Dépêche-toi ! Je ne veux pas mourir ! Allons ! Stupide chance ! OÙ EST-ELLE ?! Je souhaite qu’elle arrive ici rapidement ! Je souhaite qu’elle bouge sa queue pour arriver plus vite ! Allons ! C’était ce à quoi pensait le demi-dragon, à l’air stoïque.

Ce n’était même pas un instant plus tard que les portes du bar furent frappées par un puissant coup de pied.

« VEUX-TU BIEN ARRÊTER AVEC CES PINGS !!! JE NE PEUX PLUS M’ENTENDRE PENSER ! La seule chose pour laquelle ils sont bons, c’est d’aider mon cerveau à mourir ! » Cria une grande dragonne dès qu’elle entra dans le bar.

« OUI ! » Cria Alkelios. En un clin d’œil, il se retrouva devant Kataryna.

Sans réserve, il lui vola les lèvres en un baiser profond qui la fit se pencher en arrière.

« Eh bien, je serais tout comme un déjeuner de moutons pendant les vacances d’un loup, mais ce garçon peut embrasser une dame ! » déclara Lucky, qui fut également surpris par les mouvements soudains d’Alkelios.

Quand les deux lèvres se séparèrent, Kataryna s’effondra sur le sol, les genoux moelleux, les joues rouge vif comme du charbon de bois brûlant et sans pouvoir parler comme un dragon devant un mouton végétarien.

« As-tu apprécié cela ? » demanda Alkelios avec un grand sourire.

« Ah… euh… hein ? Oui…, » répondit Kataryna.

Son cerveau essayait toujours de traiter tout ce qui venait de se passer.

« OUI ! » avait applaudi Alkelios. Puis regardant Lucky avec un grand sourire, il demanda : « Alors ? Ai-je gagné le défi ? »

Avec un sourire sur ses lèvres mort-vivant, alors que la peau de son visage reprenait forme, il donna son chapeau de cendre à Alkelios puis lui dit : « Tu as bien fait, partenaire… Dire qu’un baiser d’une si belle dragonne sauverait ta vie et ma pauvre âme… Ceci…, » il se leva de sa chaise et commença à marcher vers la sortie, son corps commençant à disparaître lentement comme il le faisait « est une histoire à raconter aux petits-enfants… »

Le corps de Lucky s’effaça lentement dans le néant et, au moment où il atteignit Alkelios, il n’était plus. Un coup de vent était sorti par la porte. La légende du Malchanceux Gunslinger ou l’histoire de Lucky Barking Irons s’était terminée par ces derniers mots.

Tout le monde avait mis un moment à comprendre ce qui venait de se passer, mais quand ils l’avaient fait, ils l’avaient applaudie aussi fort que possible, jetant leurs chapeaux en l’air et trinquant. Le bar allait être plein jusqu’au lendemain.

Poussant un soupir de soulagement, Alkelios regarda Kataryna et lui tendit la main. Rougissant, elle accepta et se releva. Contrairement à la plupart des dragonnes, elle préférait porter un pantalon de cow-boy plutôt qu’une robe ample à volants. À sa ceinture, elle avait son fidèle pistolet fabriqué par Alkelios, Ledyanoy Potseluy. La prise froide l’empêchait d’être tenue par une autre personne.

« Qu’est-ce qui vient de se passer ? » demanda Kataryna, aussi confuse que jamais.

« Eh bien, tu te souviens que je t’avais dit que j’allais te pinguer une fois mon travail terminé ? Tu sais, le fais de venir chercher le cadeau de Seryanna ? » Demanda-t-il.

« Oui. » Elle acquiesça. « C’était ça le marché, c’est pourquoi je ne comprends pas d’où vient le baiser. » Elle inclina la tête vers la gauche puis ajouta. « Pas que c’était mauvais… juste inattendu. » Elle rougit et détourna le regard.

« Eh bien, oui… Il se trouve que lorsque je me suis arrêté au Bar Brekkar, il m’est arrivé de tomber sur une sorte de… bien… de fantôme de cow-boy maudit, ou quelque chose du genre. » Il haussa les épaules. « Il m’a mis au défi de passer un test de chance, et bien… j’ai gagné. » Il lui fit un sourire ironique.

« Qui serait assez en fou pour défier quelqu’un avec ta chance ? C’est comme si on aboyait sur un nœud ! » Elle plissa les sourcils.

« Je ne sais pas. » Alkelios haussa les épaules. « Un fantôme désespéré peut-être ? »

« Peu importe, laissons cette bande tapageuse et allons chercher le cadeau de Seryanna, » déclara Kataryna en secouant la tête.

« Tout de suite, milady ! » Il s’inclina.

« Pourquoi tu agis tout étrange ? » Elle a demandé.

« Je ne sais pas, mais tout à coup, j’ai eu le sentiment d’être un chevalier. » Il se mit à rire.

« Idiot, comment peux-tu être un chevalier alors que tu as toujours été un cow-boy ? Mais je dois admettre que ce fut une rencontre plutôt chanceuse. Je crois que maintenant j’aime que tu voles mes lèvres. Recommence de temps en temps. » Elle fit un clin d’œil puis sortit du bar en riant.

Et c’était l’histoire d’un univers différent de celui-ci, mais tout ce que vous deviez faire était de jeter un coup d’œil sur les autres pour voir qu’il y en avait beaucoup d’autres comme celui-ci. Qui sait ? Peut-être qu’un jour, vous en entendrez un autre. Ou peut-être que vous comprendrez quelque chose à propos de cet imbécile appelé Alkelios Yatagai, le dragon, l’humain, le bâtard le plus chanceux à n’avoir jamais vécu ! Hahahaha !

***

Si vous avez trouvé une faute d’orthographe, informez-nous en sélectionnant le texte en question et en appuyant sur Ctrl + Entrée s’il vous plaît. Il est conseillé de se connecter sur un compte avant de le faire.

3 commentaires :

  1. Merci pour le chapitre

  2. Merci pour ces chapitres

  3. Super histoire ! Et quelle traduction réussie !!! Merci pour tout les chapitres !

Laisser un commentaire