100 en Chance et une Compétence en Domptage de Dragons – Tome 2
Table des matières
- Chapitre 24 : Rattraper Seryanna
- Chapitre 25 : Un baiser sous la pluie : Partie 1
- Chapitre 25 : Un baiser sous la pluie : Partie 2
- Chapitre 26 : Pertiko et les paladins : Partie 1
- Chapitre 26 : Pertiko et les paladins : Partie 2
- Chapitre 27 : Une tournure inattendue des événements
- Chapitre 28 : Piégé : Partie 1
- Chapitre 28 : Piégé : Partie 2
- Chapitre 29 : Le dernier compte à rebours : Partie 1
- Chapitre 29 : Le dernier compte à rebours : Partie 2
- Chapitre 30 : Une bataille entre deux Héros : Partie 1
- Chapitre 30 : Une bataille entre deux Héros : Partie 2
- Chapitre 31 : La promesse impossible : Partie 1
- Chapitre 31 : La promesse impossible : Partie 2
- Chapitre 32 : Le voyage de Marook
- Chapitre 33 : Marook : Partie 1
- Chapitre 33 : Marook : Partie 2
- Chapitre 34 : La première quête
- Chapitre 35 : Puis-je sacrifier… ? : Partie 1
- Chapitre 35 : Puis-je sacrifier… ? : Partie 2
- Chapitre 36 : Grippe du dragon : Partie 1
- Chapitre 36 : Grippe du dragon : Partie 2
- Chapitre 37 : Guérison de la grippe du dragon : Partie 1
- Chapitre 37 : Guérison de la grippe du dragon : Partie 2
- Chapitre 38 : Chaleur
- Chapitre 39 : En chemin vers Drakaria : Partie 1
- Chapitre 39 : En chemin vers Drakaria : Partie 2
- Chapitre 40 : Drakaria : Partie 1
- Chapitre 40 : Drakaria : Partie 2
- Chapitre 41 : La lettre qui scelle leur destin : Partie 1
- Chapitre 41 : La lettre qui scelle leur destin : Partie 2
- Chapitre 42 : Un conseil d’amie : Partie 1
- Chapitre 42 : Un conseil d’amie : Partie 2
- Chapitre 43 : Rumeurs : Partie 1
- Chapitre 43 : Rumeurs : Partie 2
- Chapitre 44 : Politique draconique : Partie 1
- Chapitre 44 : Politique draconique : Partie 2
- Chapitre 45 : Duel officiel : Partie 1
- Chapitre 45 : Duel officiel : Partie 2
- Chapitre 46 : Histoire et honte : Partie 1
- Chapitre 46 : Histoire et honte : Partie 2
- Chapitre 47 : Conversation amicale : Partie 1
- Chapitre 47 : Conversation amicale : Partie 2
- Chapitre 48 : Auto destruction : Partie 1
- Chapitre 48 : Auto destruction : Partie 2
- Chapitre 49 : Une bonne raclée : Partie 1
- Chapitre 49 : Une bonne raclée : Partie 2
- Chapitre 49 : Une bonne raclée : Partie 3
- Chapitre 49 : Une bonne raclée : Partie 4
- Chapitre 50 : Preuve de ma résolution : Partie 1
- Chapitre 50 : Preuve de ma résolution : Partie 2
- Chapitre 50 : Preuve de ma résolution : Partie 3
- Chapitre 51 : Éveille
- Histoire annexe (1) : La résolution d’Iolaus
- Histoire annexe (2) : Les mémoires d’un vieux général : Partie 1
- Histoire annexe (2) : Les mémoires d’un vieux général : Partie 2
- Histoire annexe (2) : Les mémoires d’un vieux général : Partie 3
- Histoire annexe (3) : Les pêchés du maître chevalier : Partie 1
- Histoire annexe (3) : Les pêchés du maître chevalier : Partie 2
- Histoire annexe (3) : Les pêchés du maître chevalier : Partie 3
***
Chapitre 24 : Rattraper Seryanna
***Point de vue de Seryanna***
Six jours après mon départ de Tomeron, je m’étais retrouvée assise à une table dans l’auberge Turos à Dertan. C’était une ville située à l’extrême est dans les plaines d’Elmendyar, juste après avoir traversé la rivière Sparyx.
Jusqu’à hier, le temps était de mon côté, mais il avait commencé à pleuvoir. C’était une véritable averse, et j’avais même entendu des personnes dire qu’elles avaient à peine réussi à traverser la rivière. Voyager à travers ce genre de temps était possible, mais cela prenait trop de temps, mais surtout, je serais obligée de camper dehors. Malheureusement, sur la route d’ici au village Pertiko, il n’y avait même pas une auberge ou une caravane de voyageur où je pourrais m’abriter de la pluie. Je pourrais avancer non-stop. J’avais des potions, mais je n’étais pas d’humeur à courir comme ça.
Les derniers jours, je me sentais étrange. Peut-être que j’étais tout simplement un peu déprimée ? Mon esprit allait et venait entre ce qu’il m’attendait à la capitale et ce que j’avais laissé derrière à Tomeron. Alkelios faisait partie de la raison, mais j’étais une chevalière, et c’était quelque chose que je ne pouvais pas ne pas abandonner, quoi qu’il arrive. J’avais un devoir, un travail, une mission… Je ne pouvais pas dire si cela valait le risque… Les conséquences de ma trahison.
Je pouvais littéralement tout perdre… Je pensais souvent à ces questions.
Bien sûr, une chevalière dans ma position, quelqu’un ayant fait le serment de protéger son pays et son maître ne devrait même pas penser à quelque chose d’aussi absurde que de tomber amoureuse. Pour d’autres, c’était une aberration, mais je n’étais pas une déesse, j’étais une dragonne… On me permettait de faire des erreurs, de penser d’espérer et de rêver, d’être heureuse… Penser et agir étaient deux choses complètements différentes, et je craignais ce dernier.
Dans cette auberge de Dertan, je me suis retrouvée assise seule à contempler une chope à moitié remplie de vin de miel, également connu sous le nom d’hydromel.
Normalement, je n’étais pas une buveuse, mais après avoir quitté Tomeron, l’alcool était la seule capable de me faire garder l’esprit clair. Au moment où j’arriverais à la capitale, j’aurais besoin d’oublier Alkelios et de me retenir de penser à des choses inutiles.
Idiote… Pensais-je en laissant échapper un soupir.
Tandis que tout le monde discutait et buvait de l’hydromel, la porte de l’entrée s’ouvrit et la tempête se précipita à l’intérieur. Je devinais que c’était un aventurier local ou malchanceux, je n’avais même pas pris la peine de quitter les yeux de mon verre, mais ensuite je l’avais entendu… La seule personne que j’essayais d’oublier… L’idiot me faisant ressentir tout ça...
« Il pleut des cordes dehors ! ACHOOO! » s’était plaint Alkelios.
« Comme pourrait-il pleuvoir des nekatar ? » demanda Kataryna.
J’avais dégluti et serré la chope dans ma main. Des perles de sueur étaient présentes sur mon front.
Ça ne peut pas être lui… pourquoi sont-ils ici ? Comment sont-ils arrivés si vite ? Comment ? me demandai-je alors que j’étais incapable de croire mes oreilles.
Je ne pouvais pas le regarder…
Je n’avais pas le courage de le faire…
Quelqu’un avait tiré la chaise en face de la mienne et s’était assis, mais mes yeux restaient fixés sur ma chope, et tout mon corps était raide comme une pierre. Mon souffle était tremblotant, mais malgré tout cela, il ne disait pas un seul mot. Il attendait tout simplement là.
Après un très long moment, j’avais trouvé le courage de lever lentement les yeux de ma boisson et de le regarder.
Alkelios était assis juste devant moi, me faisant un grand sourire comme si de rien n’était.
C’est vraiment lui…, pensais-je.
***Point de vue d’Alkelios***
Après le long voyage à travers l’enfer, nous étions finalement arrivés à cette auberge dans cette ville. Si j’avais su quel genre de problèmes nous allions rencontrer si nous utilisions cet idiot de Coq Rapide, alors j’aurais pu suggérer quelque chose d’un peu différent, comme Kléo ou Kataryna se transformant en dragon et volant tout le long du trajet. Ça aurait pris moins de temps et moins d’effort, et à cette altitude, il n’y aurait certainement pas d’insectes volant et visant mon visage.
Quand nous étions rentrés dans l’auberge, Turos ou quelque chose comme ça, j’avais immédiatement cherché ma dragonne rousse. Quand je l’avais repérée, je voulais l’appeler, mais il y avait quelque chose qui clochait… elle ne levait pas les yeux vers nous, et ses doigts étaient serrés autour de la chope se trouvant devant elle.
Quel est le problème ? Est-elle énervée ? me demandais-je en me dirigeant vers elle.
Kataryna la vit et attendit patiemment au bar, empêchant la dragonne noire de poser problème. Une niveau 1296 était beaucoup plus puissante qu’une niveau 214. Quant à moi, j’étais seulement au niveau 156. J’ai rapidement monté de niveau, surtout depuis que je me suis perdu dans une mine près de la ville de Permundar…
En la regardant de loin, je m’étais rendu compte que je me sentais un peu mal à l’aise d’approcher la dragonne rousse. C’était comme si j’essayais de ramasser une fille pour la première fois de ma vie, sauf que je ne babillais pas, que mes mains tremblaient et que je ne transpirais pas. Pourtant, mon cœur battait très fort dans ma poitrine, et plus je la regardais, plus je me rendais compte de sa beauté, mais c’était peut-être parce qu’en tant que non-éveillée, elle était encore assez semblable à une humaine.
Pendant que d’autres personnes à l’auberge se demandaient qui nous étions, je les ignorais tous. Pour moi, seule Seryanna importait, tout le reste était un bruit de fond. Ainsi, je m’approchai de sa table et m’assis calmement devant elle.
Avec mes mains sur la table, de sombres pensées dans ma tête, et trempé de sueur, j’avais fixé mon regard vers la dragonne qui refusait de lever les yeux vers moi.
Maintenant, pourquoi agis-tu comme ça, Seryanna ? me demandais-je.
Je n’en avais aucune idée, mais j’avais prévu d’attendre jusqu’à ce qu’elle fasse le premier pas.
Cela n’avait pas pris longtemps, et elle avait finalement levé la tête pour me regarder.
« Yo ! » déclarai-je en souriant et en levant la main.
« Al-Alkelios ? » demanda-t-elle d’une voix tremblante.
« C’est moi, » avais-je hoché la tête.
« Comment ? » demanda-t-elle en secouant la tête en raison de son incrédulité.
« Tu veux la version courte ou la longue ? » demandai-je en inclinant la tête vers la gauche et plissant les sourcils.
Elle m’avait regardé.
« Eh bien, qu’est-ce que tu veux savoir ? » demandai-je en haussant les épaules.
Seryanna resta silencieuse un moment puis demanda. « Quand es-tu parti ? »
« Il y a trois jours juste après que Brekkar nous ait dit que tu te dirigeais vers la capitale sans même dire au revoir, » souriais-je alors que je lui répondais.
« Je ne voulais pas dire au revoir, » elle plissa les yeux vers moi.
« Pourquoi ? »
« Parce que je n’y croyais pas..., » elle s’arrêta et regarda sa boisson.
Il y avait un sentiment d’insécurité autour d’elle.
« Oui ? » demandai-je.
« Je ne croyais pas que tu me laisserais partir..., » avoua-t-elle.
« Pourquoi devrais-je faire ça ? Ce n’est pas comme si nous étions mariés ou quoi que ce soit » déclarai-je en haussant les épaules sans me rendre compte de la gaffe que je venais de faire en souriant.
Elle fronça les sourcils et serra les doigts autour de la chope.
« Oui… Tu as raison. Il n’y a rien entre nous, » déclara-t-elle, mais je n’avais pas compris ce qu’elle voulait dire par là.
« Seryanna, il n’y a pas besoin de t’inquiéter pour moi, » déclarai-je en souriant et en lui touchant la main. « Tu m’as sauvé de la forêt Seculiar, nous avons même vaincu les bandits locaux. Nous avons aussi sauvé ton grand-père, donc il n’y aura pas de problème là-bas. Si tu as un quelconque problème, tu peux compter sur moi, » avais-je dit comme un imbécile qui ne savait pas parler à une femme et ne comprenait pas ce qu’elle ressentait, j’avais dit toutes les pires choses que j’aurais pu dire.
Je suis un idiot… j’aurais dû juste avouer que je suis venu tout au long de ce chemin juste pour elle… Je suis un gros idiot…, pensais-je alors que j’étais incapable de retirer le sourire de mes lèvres.
En me regardant, Seryanna avait attrapé sa chope puis elle me la renversa au visage.
« Merci, mais je suis une chevalière, non pas une demoiselle en détresse ! Je peux me débrouiller seule ! » grogna-t-elle avant de quitter la table.
J’avais cligné des yeux en raison de la confusion.
« Hein ? Quoi ? Pourquoi ? » demandai-je alors que je regardais la chaise devant moi.
☆☆☆
***Point de vue de Kataryna***
Quand nous étions entrés dans l’auberge, j’étais trempée. Mes vêtements collaient à ma peau et j’avais une branche ou deux dans mes cheveux. La morveuse, Kléo, ne s’en sortait pas mieux, mais grâce à sa tenue, elle montrait plus de formes que souhaité, surtout avec la façon dont les vêtements la collaient.
En fait, scratch ça ! Cette morveuse était une perverse qui ne voulait pas laisser Alkelios « dormir » avec elle ou moi… oui, je savais où son esprit divaguait, et jusqu’à présent, je ne l’avais jamais vu aller trop loin.
Alors qu’Alkelios s’approchait de la dragonne, je m’assurai que la morveuse ne gâche pas l’ambiance, alors j’étais allée au bar et j’avais commandé du vin chaud.
« Pas de problème ! » déclara l’aubergiste.
« Merci..., » déclarai-je en laissant deux pièces de cuivres sur la table.
« Alors, d’où viens-tu ? Pas beaucoup de personnes osent braver ce temps, » dit-il en pointant du doigt la porte.
« Nous venons de Tomeron, eh oui, tu pourrais dire ça, » hochais-je la tête.
Pour être franche, j’étais surprise quand Alkelios avait sorti un Coq royal. C’était un gros oiseau d’environ quatre mètres de haut, avec des plumes rouges à sa queue, une crête rouge en arrière, de puissantes jambes et l’attitude de quelqu’un travaillant sous les ordres du roi. Je pensais rêver. Cet oiseau était connu pour n’écouter personne n’ayant pas de sang royal. Même Kléo lui avait demandé s’il n’était pas un prince étranger ou quelque chose du genre. Il avait prétendu qu’il ne l’était pas. Apparemment, l’oiseau avait été invoqué grâce à une compétence.
Au moment où nous étions montés sur son dos, l’oiseau avait commencé à courir dix fois plus vite qu’un Khosinni, et il se fichait de ce qu’il frappait. Alkelios avait essayé de le contrôler, mais comme prévu, c’était difficile pour lui de le faire. Pendant les deux premières heures, nous nous étions battus contre les arbres, ou plutôt leur branche. Nous les coupions plus vite qu’un jardinier royal. Après ça, nous nous sommes arrêtés quand nous avions atteint Andromède. Les pauses étaient si soudaines que nous étions tous envoyés voler depuis la monture en plein dans un mur. J’avais eu de la chance d’étendre mes ailes à temps pour éviter l’impact.
En repensant à ce moment, j’avais réalisé à quel point cet humain était chanceux. Au lieu de frapper le mur de pierre comme la fait une certaine dragonne nécromancienne, il avait frappé un point faible et avait atterri dans le bain chaud de la dragonne commandante stationnée ici. Bien qu’il avait survécu à l’impact avec une certaine facilité, la gifle qu’il avait reçue de la part de la dragonne nue était assez puissante pour le faire voler de l’autre côté de la pièce.
Nous avions été grondés par la commandante pendant près d’une heure, puis nous avions dû réparer le mur à la main. Je ne savais pas pourquoi je ne lui avais pas simplement fait manger la poussière. Comment ose-t-elle faire faire ça à une dragonne éveillée supérieure ?
De toute façon, nous avions eu un rapide repas à l’auberge et ensuite nous avions continué notre voyage. Quant au Coq royal, il avait été renvoyé dès que la commandante avait assommé Alkelios d’une gifle, alors personne ne l’avait vu. Il avait dû l’invoquer à nouveau hors de la ville.
Sans plus tarder, nous avions répété la bataille précédente contre les branches d’arbre à recommencer. L’humain avait réussi à obtenir un meilleur contrôle de la bête, mais il était encore embrouillé avec elle. Moi et Kléo étions en quelque sorte en train de nous demander pourquoi il ne nous demandait pas de nous transformer pour nous faire sortir de là. Je pourrais littéralement voler en continu pendant quelques jours. Rattraper Seryanna en trois jours aurait tout à fait été possible, mais je devais admettre que le Coq royal était très rapide. Pas étonnant qu’on l’appelait la monture la plus rapide.
« Des histoires intéressantes que vous souhaitez partager ? » demanda l’aubergiste.
Il était surtout à la recherche de potins qu’il pourrait dire à ses divers autres clients. Fondamentalement, quelque chose avec lequel il pourrait commencer ou se glisser dans une conversation.
« Peut-être ? » avais-je répondu en prenant une gorgée de ma tasse de vin chaud.
La boisson chaude était si agréable que je l’avais versée directement dans ma gorge sèche. C’était simplement incroyable !
Quant à ces histoires, je ne voulais rien lui dire. Il y avait une chance qu’il puisse poser plus de questions que ce à quoi je voulais répondre. Je ne savais toujours pas pourquoi Alkelios avait des compétences aussi mystérieuses, mais s’il y avait une personne dans cette auberge qui connaissait ses secrets, cela ne pouvait être que Seryanna, la raison pour laquelle nous étions venus ici à vitesse maximale.
Comme il était incapable de diriger correctement le Coq royal, nous nous étions retrouvés de l’autre côté de la montagne Permundar, d’où tous les habitants de la ville portant son nom extrayaient toutes sortes de minéraux et exportaient des bijoux. Cette fois, j’étais prête pour l’arrêt soudain et avait serré la selle de la monture. Alkelios avait été envoyé volé dans un arbre à proximité et Kléo vers un rocher. L’impact n’était pas assez fort pour les tuer, mais ils étaient un peu blessés. La dragonne à écailles noires s’était immédiatement plainte.
Cela m’avait rappelé un vieux jeu d’enfants où il se passait quelque chose comme ça : Greg ! Greg ! Greg de la jungle ! Fort comme il peut être ! Dragon Greg fait attention à ça… Oooh… ARBRE !
C’était un jeu amusant dans lequel nous devions sauter d’un arbre et atterrir en toute sécurité sur le sol. Si l’un de nous trébuchait ou atterrissait en dernier, ils finissaient par s’appeler Greg jusqu’à la fin de la journée.
Une fois qu’Alkelios et Kléo s’étaient rétablis, j’avais sauté du Coq royal, qui avait été renvoyé peu de temps après. Seule cette montagne nous séparait de la ville de Permundar. Nous aurions pu faire le tour, mais Alkelios avait refusé et pointé une mine abandonnée. Avec sa chance, il savait que c’était un chemin.
Le seul problème avec cette option était le fait qu’il avait oublié de souhaiter quoi que ce soit avant d’entrer. Nous nous étions alors retrouvés perdus dans un labyrinthe rempli de chauves-souris et d’araignées géantes jusqu’à ce que nous trouvions un chariot de mine. Nous avions sauté à l’intérieur en utilisant ma force, je nous avais donné un coup de pouce décent.
Le chariot de la mine nous avait envoyés directement vers un gouffre béant, où le chemin s’était fini. J’étais immédiatement partie et avais pris les deux autres avec moi, laissant le chariot rencontrer son destin au fond du gouffre. Je m’étais envolée et de là, nous avions continué à pied. Cette fois, Alkelios avait souhaité que nous trouvions rapidement une issue, et nous l’avions fait.
Une fois sortis, nous avions campé dehors et avions passé la nuit là-bas. L’humain était très câlin, mais la morveuse avait mordu ma queue dans son sommeil. J’étais si près d’écraser son visage dans le sol par réflexe.
Le matin était venu avec un réveil brutal d’une bande de loups. Pour moi, c’était l’heure du dîner, mais juste après que nous les ayons tués, une bande de monstres avait surgi de nulle part. Nous nous étions battus pendant une heure jusqu’à ce qu’ils soient tous partis. J’avais gagné beaucoup plus de puissances que ce que j’aurais dû gagner pour ces attaques. J’avais l’impression d’en avoir tué cinq fois plus. De toute façon, c’était une bonne expérience, alors Alkelios avait à nouveau invoqué le Coq royal et nous étions partis sans rien récupérer des monstres. Sur notre chemin, nous avions rencontré un tas de plus, donc nous les avions combattus du mieux que nous le pouvions.
Grâce aux attaques des branches, nous n’avions pas vu la rivière venir et le stupide oiseau nous avait fait sauté dans la rivière. Nous avions tous atterri dans l’eau avant que j’aie eu la chance d’étendre mes ailes. Pour aggraver cela, l’oiseau avait continué à courir jusqu’à ce que nous soyons sortis de là. À la fin, nous crachions tous de l’eau et j’avais même un poisson entre mes seins. C’était embarrassant, je dois l’admettre.
Après avoir sorti ce stupide poisson, je l’avais mangé sans pitié.
De là, nous avions voyagé un peu plus jusqu’à atteindre la seconde rivière. Nous nous étions arrêtés et avions campé sur le rivage. Pour le dîner, nous avions eu du poisson, et aucun monstre n’avait décidé de nous déranger ce soir-là. Le jour suivant, nous nous étions levés en même temps que le ciel. Nous n’avions même pas pris la peine de nous nettoyer. J’avais des feuilles et de la terre coincée dans tous les coins de mon armure.
En théorie, nous étions supposés suivre la route, mais grâce à la capacité d’Alkelios, le Dompteur de Dragon et son incapacité à contrôler le Coq royal, nous avions fini par dépasser complètement Permundar et Ihtyar. À la fin, nous avions atteint Dertan tout trempé, sale, fatigué, meurtri, et surtout affamé.
Alors que je finissais de raconter notre voyage jusqu’ici, j’entendis un bruit et tournai la tête pour voir Seryanna sortir d’ici furieusement. L’humain était maintenant recouvert d’hydromel…
Quelque chose est arrivé ? m’étais-je demandée. Puis j’avais bu le reste de mon vin.
« Va parler avec lui, Kléo. Je vais aller voir ce que notre chevalière a à dire, » je détachai ma queue d’autour du cou de la morveuse et quittai calmement la pièce.
« Pourquoi toi ! Pourquoi devrais-je ? » elle me regardait fixement.
« Parce que je peux te donner un coup de poing t’envoyant jusqu’à Tomeron, » répondis-je en plissant les yeux vers la morveuse.
« Bon point ! » elle hocha la tête puis alla s’asseoir à la même table qu’Alkelios.
L’une des branches dans mes cheveux devenait agaçante, alors je l’avais sorti et l’avais envoyé vers une table à proximité. Trouver la chambre de Seryanna allait être facile, je devais juste frapper à toutes les portes jusqu’à la trouver. La stratégie la plus ancienne est toujours la meilleure.
***
Chapitre 25 : Un baiser sous la pluie
Partie 1
***Point de vue de Seryanna***
La porte derrière moi avait été claquée, la clé tournée, verrouillée, et j’étais tombée à genoux au sol. Les larmes me montaient aux yeux, mes émotions éclatant ainsi.
J’étais fâchée, frustrée et en colère contre cet idiot d’humain ! De toutes les choses qu’il aurait pu dire, c’était les seuls mots que je ne voulais pas entendre !
Pourquoi ne pouvait-il pas simplement dire qu’il a fait tout ce chemin pour moi ?! avais-je crié intérieurement en serrant les poings, en perçant presque des trous dans mes paumes avec mes ongles.
Au moins, j’étais partie avant que tout le monde ne puisse me voir pleurer. En tant que chevalière, je devais toujours garder la tête haute, et être fière devant tout le monde. Rien n’était supposé m’affecter, me troubler, mais j’étais là, pleurant à cause de quelques mots prononcés par un simple humain stupide.
J’étais une honte…
Toc ! Toc !
« Qui est-ce ? » avais-je demandé en essuyant mes larmes.
« Ce n’est pas Alkelios, » une femme avait répondu.
J’avais immédiatement reconnu cette voix.
« Kataryna ? » demandai-je.
« Oui. Ouvre. Je suis seule. Le crétin est en bas avec ta sœur, » m’avait-elle répondu.
« Comment puis-je croire que tu dises la vérité ? » demandai-je pendant que je me levais.
« Franchement, fillette ? Ouvre, avant que je n’ouvre cette porte et te fasse manger ta propre queue ! » me menaça-t-elle.
En déglutissant, j’avais tourné la clé dans la serrure et avais ouvert la porte. La porte avait grincé, et j’avais regardé à l’extérieur. Là, j’avais vu la dragonne aux écailles argentées qui me regardait en haussant les sourcils et croisant les bras.
« Est-ce que tu vas me laisser entrer ou me laisser poiroter ici ? » demanda-t-elle.
J’avais hoché la tête et j’étais ensuite sortie du chemin. Après qu’elle fut entrée, j’avais fermé à nouveau la porte à clé et l’avais regardée.
« Le garçon t’a fait pleurer, n’est-ce pas ? » Elle avait souri.
« Ce n’est pas vrai. » Je lui avais répondu avec un regard, ne voulant pas admettre la vérité.
« Tes yeux sont rouges et tes larmes coulent alors que nous parlons, » avait-elle indiqué.
J’avais essuyé mes larmes, en essayant d’effacer la preuve, mais quelle en était l’utilité ? Elles n’arrêteraient pas de couler.
Le visage rouge et les joues humides, j’avais abandonné et je m’étais assise sur le lit. Kataryna s’était assise à côté de moi, mais elle n’avait rien dit. Elle resta silencieuse et regarda par la fenêtre pendant un moment.
« Comment était le voyage ? » demandai-je en essayant de ne pas pleurer.
« Assez amusant. Nous avons fini par voyager à dos de Coq Royal au lieu de venir en volant. Nous nous sommes perdus dans une mine abandonnée, quasiment noyés dans une rivière, avons été poursuivis par des monstres. Tu sais, les trucs habituels, » dit-elle en haussant les épaules, mais il n’y avait rien d’habituel dans cette aventure.
La plupart des aventuriers ou des voyageurs empruntaient généralement la route la plus sûre, voyageant sur des sentiers connus. Les monstres les évitaient généralement, et les bandits avaient plus de difficultés à choisir une proie appropriée. Pour moi, c’était un voyage plutôt ennuyeux sans aucune personne m’ayant attaquée. J’étais bien préparée, mais d’après les paroles de la dragonne, il n’y avait qu’une partie attirant ma curiosité.
« Un Coq Royal ? » demandai-je.
Même moi je connaissais ce nom. Mon Maître en avait aussi un, et il était terriblement possessif envers elle et était aussi fort que fier.
« Oui, il en a invoqué un en utilisant une compétence. C’était vraiment étrange, » elle hocha la tête.
« Une compétence ? » Je m’étais alors souvenue du fait qu’Alkelios était un humain d’un autre monde invoqué par un Dieu.
Si je n’avais pas déjà été témoin de ses talents et de sa chance, j’aurais peut-être pensé à lui comme d’un fou, mais trop de choses ne correspondaient pas quand je le comparais aux humains dépeints par mon grand-père. L’une d’elles était le fait que je le trouvais attirant. D’après ce qu’on m’avait dit, les humains méprisaient instinctivement toutes les autres espèces, d’autant plus qu’ils étaient ennemis de leur royaume. Alkelios n’avait jamais montré de haine ou de mépris pour moi, c’était en fait le contraire. Mais il s’agissait d’une raison de plus pour laquelle je ne comprenais pas les mots qu’il m’avait déclarés avant ça.
A-t-il changé d’avis après avoir sauvé Kléo ? m’étais-je demandé en regardant le sol.
« Il est l’humain le plus étrange et le plus intéressant que je n’ai jamais vu ! » déclara Kataryna en souriant.
« Pour moi, il est le premier humain que je n’ai jamais rencontré..., » déclarai-je à voix basse.
« Hm ? »
Je laissai échapper un soupir et regardais la dragonne argentée.
« Voulais-tu dire ses mots en les disant ? » demandai-je avec la voix tremblante.
« Quels mots ? » elle inclina la tête vers la gauche, et le bout de sa queue s’agita de gauche à droite comme un pendule à l’envers.
« À pro-propos de vouloir t’accoupler avec lui et d’avoir un œuf ? » continuai-je.
« Oui, » elle hocha la tête sans montrer le moindre doute.
« C’est ainsi..., » je laissai échapper un autre soupir puis baissai les yeux.
« Oh ? L’aimes-tu ? Tu l’aimes, n’est-ce pas ? » La dragonne avait souri en m’interrogeant.
« Je-Je..., » rougissante, je détournai la tête.
J’étais gênée, et même si je savais que je ne pouvais le cacher, je ne pouvais toujours pas dire ces mots.
« Ma pauvre enfant, tu n’as pas à t’inquiéter de moi ! » Elle me tapota la tête.
« Que veux-tu dire par là ? Tu as clairement dit que tu voulais t-t’accoupler avec lui ! » avais-je rétorqué en lui lançant un regard noir.
« Tu rougis comme une jeune fille venant de recevoir la confession du garçon qu’elle aime, » déclara Kataryna en me faisant un large sourire.
J’étais tombée dans son piège.
« Euh..., » j’avais baissé la tête et fermé les yeux.
« Comme je l’ai dit, je veux seulement qu’il me fasse un enfant, je ne veux pas être son amante. Je pense que tu es mieux adaptée pour ça, » déclara-t-elle en me tapotant l’épaule.
« N’est-ce pas… N’est-ce pas tromper ? » demandai-je en lui jetant lentement un coup d’œil.
« Pour les humains peut-être, » elle haussa les épaules.
« Pourquoi n’est-ce pas la même chose pour nous ? » lui avais-je demandé.
La dragonne avait souri et tout à coup, elle me repoussa sur le lit, se posant sur moi et me regardant droit dans les yeux.
« Parce que nous sommes des dragons, des enfants stupides, et j’ai atteint l’éveil supérieur. Une fois que tu l’auras atteint, tu réaliseras que toutes tes croyances passées ne seront plus les mêmes. Il n’y a pas de mal à vouloir porter l’enfant d’un homme que je trouve digne. D’ailleurs, je doute qu’il y ait une autre occasion pour moi avant longtemps… Cependant, alors que je ne reçois qu’une partie de lui, tu obtiens le reste et bien plus encore. Mais pour moi, c’est assez, car je ne souhaite rien de plus. Si les Dieux ont d’autres projets pour moi, seul le temps me le dira, » déclara-t-elle en gigotant.
J’avais attentivement écouté ses paroles. Le regard dans ses yeux était celui d’une femme disant la vérité et de quelqu’un n’ayant pas peur d’assumer ses choix. Après tout, porter l’œuf d’un homme n’étant même pas son compagnon n’était pas quelque chose, que n’importe quelle femme pouvait accepter avec une telle facilité et une détermination sans faille. En même temps, j’avais l’impression que si je la laissais faire, je pourrais perdre Alkelios pour de bon.
Et s’il la trouve meilleure que moi ? Elle est déjà éveillée… Elle est plus belle et plus forte que moi. Je suis une chevalière, donc, je ne suis pas sûre de pouvoir être avec lui, commençai-je à réfléchir, mais chaque mot qui circulait dans mon esprit provoquait une vive douleur dans mon cœur.
« Pourquoi ne le veux-tu pas comme compagnon ? » demandai-je en déglutissant.
Un doux sourire apparut sur ses lèvres, et elle me regarda avec des yeux attentifs pendant un moment avant de répondre.
« Parce que je ne suis pas dans son cœur de la même manière que toi. Avec moi, il est seulement un ami, et je respecte cela. D’autres hommes n’auraient pas hésité à me sauter dans les bras, mais pas lui… Même durant tout le voyage, il n’a jamais cessé de parler de toi ou de penser à toi. Nous avons tous dormi ensemble, mais il ne m’a pas touché comme il souhaiterait te toucher..., » elle avait ensuite fermé les yeux un moment. « Pourtant pour moi… ce n’est pas douloureux de le voir ainsi. » Elle avait ouvert les yeux. « Au contraire, j’admire en quelque sorte ce côté de lui… Comme je l’ai dit, peu d’hommes peuvent le faire. Quant à savoir pourquoi je veux qu’il me fasse un œuf, eh bien… C’est juste que je n’ai jamais eu de famille, et je ne pense pas que j’aurais la chance d’en avoir une de si tôt. C’est pourquoi je ne peux que lui demander de m’aider en tant qu’ami. Et toi… Tu ne le vois pas comme un ami. Tu ne veux pas juste être une amie pour lui, tu veux être plus. » Elle sourit.
Même si je ne voulais pas l’admettre, je savais qu’elle disait vrai. Je ne voulais pas juste être son amie, mais il y avait tellement de choses agissant contre nous, tant d’ombres se jetaient sur nous et menaçaient de briser le petit lien nous liant. J’avais peur de la façon dont nous pourrions finir, de l’endroit où ce chemin nous mènerait, et de notre rupture imminente.
Cela ne serait-il pas trop douloureux pour moi ? Mais encore une fois, Kataryna veut seulement qu’il lui fasse un œuf, alors que je pourrais l’avoir tout entier, même si ce n’était qu’un petit moment. Mais puis-je le faire ? pensais-je en regardant les yeux de la dragonne.
« Oui, je veux être plus que ça… Mais comment puis-je lui dire ? » Je fermai les yeux et versais à nouveau quelques larmes.
Si elle avait raison, alors les mots qu’il m’avait dits étaient là parce qu’il ne savait pas comment je me sentais. Fondamentalement, il avait trébuché dans ses propres sentiments.
« Eh bien..., » elle se recula, mais juste à ce moment, il y avait eu une grosse claque venant de la porte.
« Ooops ! Euh… je ne voulais pas… Je ne savais pas que vous étiez comme ça… Je veux dire… Je suis désolé… Et pour la porte… Au revoir, » déclara à ce moment-là un Alkelios agité alors qu’il lâchait la poignée cassée et se précipita dehors.
« De quoi parle-t-il ? » demanda la dragonne aux écailles argentées un peu confuse.
En regardant la situation, nous avions toutes les deux remarqué en même temps la position étrange dans laquelle nous nous trouvions.
Cet idiot a mal compris ! Non, attends ! Comment peut-il en premier lieu mal comprendre quelque chose comme ça !? avais-je crié intérieurement en rougissant.
« Eh bien, je ne suis pas contre ça de temps en temps. Un trio n’est pas si mal avec les bons dragons, tu sais ? » Kataryna m’avait déclaré ça avec un clin d’œil.
« S’il te plaît, arrête avec les blagues salaces ! » Je l’avais repoussée et avais couru après Alkelios.
Je devais arrêter cet idiot.
***Point de vue d’Alkelios***
Laissant échapper un long soupir déprimé, je me cognais la tête sur la table. L’hydromel était collant, mais j’étais trop énervé pour le laver maintenant. Eh bien, une chose était claire, j’avais fait une erreur, et ma seule et unique dragonne rousse s’était éloignée de moi… encore une fois.
« Je suis un idiot..., » grognai-je.
« Eh bien, d’habitude, je ne vois pas ma sœur si énervée à moins de faire quelque chose de très très stupide. Comme le fait de voler sa culotte et l’utiliser comme un drapeau pour conquérir des terres inconnues, » déclara la dragonne à écailles noire en s’asseyant devant moi.
Elle portait une robe de lolita gothique, légèrement déchirée et complètement trempée, semblable aux armures d’invocateur dans le MMORPG auquel je jouais sur Terre. Eh bien, mes quêtes journalières avaient probablement expiré maintenant, tout comme mes sept jours de bonus.
Je laissai échapper un soupir en me souvenant que je n’avais pas touché à un ordinateur depuis un mois. Eh bien, il n’y avait aucun moyen d’obtenir une connexion internet au milieu d’un royaume dragon sur une autre planète dans un autre univers… non ?
« Eh oh ! Est-ce que tu m’écoutes ? » Kléo m’avait pincé la joue.
Clack !
Je l’avais mordue.
« HAN ! H-hey ! Q-Qu’est-ce que tu fais ?! » Elle a crié et a rapidement retiré sa main.
« Laisse-moi tranquille..., » grognai-je.
***
Partie 2
« Non ! » Répondit-elle en secouant la tête.
« Pourquoi ? » Demandai-je en détournant la tête.
« Parce que tu n’as pas l’air… énergique ? »
« Je n’ai plus de piles… Va m’en acheter. Il y a un magasin de l’autre côté de la planète, » grommelai-je.
« Je ne sais pas ce que c’est, mais je suis certaine que je ne peux pas les utiliser pour quelque chose de pervers. Aussi ! Pourquoi essayes-tu de te débarrasser de moi, ton amie, comme ça ! Tu es méchant ! » déclara-t-elle en frottant son poing sur ma tête.
« Aïe ! Arrête ça ! » déclarais-je en écartant sa main et en frottant l’endroit douloureux.
Elle me fit un grand sourire.
« Quoi ? » Lui ai-je demandé.
« Huhuhu ! Tu aimes vraiment ma sœur, n’est-ce pas ? » m’avait-elle demandé en faisant un sourire malicieux.
« Nooon… Oui, » je laissai échapper un soupir vaincu.
« Alors ? Pourquoi ne peux-tu pas lui dire ça ? » Elle haussa les épaules en me demandant ça.
« Euh… Si je n’y pensais pas sérieusement, je pourrais le faire. Je le prendrais comme une blague, un jeu, mais je ne peux pas faire ça, » je m’étais effondré sur ma chaise.
« Donc, pour être clair, tu as juste peur de dire ces mots ? » avait-elle demandé en fronçant un sourcil.
« Ouais… je veux dire, et si elle me répond “non” ? » demandai-je.
« N’étais-tu pas dans la même situation quand tu l’as rencontrée ? Où est le problème ? » demanda Kléo.
« Euh…, » je m’étais gratté l’arrière de la tête.
J’avais techniquement couru tout le long du chemin jusqu’ici parce que je voulais être avec elle. Je savais que j’avais plus de sentiments vers elle que je n’avais jamais eus pour quelqu’un d’autre. Mais même ainsi, je ne me sentais pas prêt pour cette étape. Il y avait aussi la question de nos espèces… pourrais-je la rendre heureuse ? Serais-je capable de la satisfaire ? Et pas de cette façon… eh bien, peut-être de cette façon aussi.
« Et si je ne suis pas celui qu’il lui faut ? » demandai-je.
« Est-ce important ? » Elle haussa les épaules en me répondant.
« C’est le cas… n’est-ce pas ? » J’avais incliné la tête.
Tout en mettant un pied sur la table et me regardant comme un yakuza dans un bar, elle m’avait demandé : « Es-tu idiot ? Comment pourrais-tu savoir si c’est elle ou pas si tu n’as même pas le courage d’aller essayer ? »
« Mais... »
« PAS DE MAIS ! » M’avait-elle coupé, avec sa paume ; et avait secoué la tête. « Écoute ! Quand tu sens que tu aimes quelqu’un, tu dois l’accompagner et non pas fuir. Tu vas la rejoindre et te confesser ! Et quoi qu’il arrive, tu sauras que tu as au moins essayé. Elle pourrait ne pas être la seule, ou tu pourrais finir dans une relation durant deux jours. Mais cela n’a pas d’importance ! Tu auras au moins essayé, et tu pourrais passer à autre chose ! » déclara-t-elle fièrement.
« Mais c’est une chevalière, » avais-je ajouté.
« C’est vrai ! Cela pourrait compliquer les choses, mais..., » elle leva un doigt. « Cela ne t’a pas empêché de flirter avec elle jusqu’à présent. Tsk ! Tsk ! » Elle secoua la tête de gauche à droite.
J’avais baissé les yeux et soupiré.
Oui… ça ne m’avait pas arrêté… alors pourquoi j’hésite maintenant, me demandais-je.
Même si c’était Kléo la farceuse qui parlait d’amour, ses paroles étaient vraies, et au fond, j’étais d’accord avec elle. Peut-être que j’étais juste un imbécile qui regardait les choses avec peur plutôt que de simplement laisser aller comme avant.
Ai-je peur de perdre Seryanna ? Même si elle n’était pas humaine, ai-je peur de la perdre ? pensais-je en regardant la chope vide qu’elle m’avait jetée.
« Écoute..., » déclara Kléo, et j’ai levé les yeux. « Je pense que tu es juste un peu lâche. Alors, écoute-moi et va la voir maintenant et confesse-toi ! Dans le pire des cas, tu as Kataryna. Elle a déjà un faible pour toi. » Elle sourit.
Je levai seulement un sourcil à sa dernière remarque. La différence d’âge était un peu trop grande pour moi. Puis encore… Seryanna avait aussi l’âge d’une grand-mère d’un point de vue humain.
« Arg… ouais… Rien à perdre. Peut-être que je suis juste un lâche, » hochai-je la tête en me levant.
« Deux pièces d’argent qu’il se fait larguer, » déclara l’un des dragons nous ayant entendus.
« Oh ? Des paris ? J’en parie cinq ! » avait déclaré Kléo.
« Pourquoi est-ce que tu paries contre moi ? » demandai-je à Kléo.
« Hehehe ! » Elle avait simplement ri et se frotta l’arrière de la tête.
Laissant échapper un soupir, je m’étais retourné et m’étais dirigé vers le bar.
Est-ce que ça va vraiment aller ? me demandais-je.
« Excusez-moi, pouvez-vous..., » j’avais essayé de demander au barman.
« Troisième chambre sur la droite. Va la chercher, gamin. Je parie deux pièces d’argent sur toi ! » Il a souri.
« Vous aussi, hein ? » avais-je soupiré en montant les escaliers.
Je suppose que, d’une façon ou d’une autre, les gens avaient trouvé quelque chose d’intéressant à faire alors qu’ils s’ennuyaient à cause de la météo.
Dois-je aussi parier ? me demandais-je en montant les marches.
Une fois que j’étais arrivé devant la porte, j’avais pris une profonde inspiration, et avais tourné la poignée. Malheureusement, j’avais oublié de contrôler ma force et l’avais arraché de la porte.
« Oups ! » déclarai-je en remarquant alors Kataryna allongée sur Seryanna. « Euh… Je ne voulais pas..., » j’avais reculé alors que je commençais à marmonner quelque chose. « Je ne savais pas que Kataryna et toi étiez comme ça… Je veux dire… Je suis désolé… Et pour la porte… Au revoir, » j’avais laissé tomber la poignée et m’étais enfui.
Pourquoi est-ce que je cours ? Bordel ? pensais-je en descendant et en passant Kléo.
« Qu’est-il arrivé ? Où vas-tu ? » Me demanda-t-elle en me voyant. Cependant, j’étais déjà sorti par la porte.
Il pleuvait toujours, et mon esprit divaguait de gauche à droite, de haut en bas, en cercles, partout. Franchement, je ne savais pas quoi penser, et en tant qu’homme, je voulais me frapper au visage pour ce que je venais de faire.
Pourquoi ai-je fui ? Bon sang ! criai-je intérieurement alors que je m’arrêtais à l’extérieur de la ville, respirant fortement et laissant la pluie me tremper.
Le ciel avait été traversé par un éclair, et un bruit de tonnerre avait suivi. Je serrai les mâchoires et je me demandais si je pleurais, mais c’était vraiment stupide ;
Pourquoi ai-je l’impression d’avoir perdu ? Que se passe-t-il ? Je suis un homme ! J’avais essayé de me forcer à ne pas me sentir comme une merde, mais même je ne savais pas pourquoi je me sentais comme ça.
Normalement, la fille n’était-elle pas censée être celle s’enfuyant comme ça, et moi qui la suivrais ? C’était la façon normale dont les choses se déroulaient ! J’aurais pu être en colère contre elle ou quelque chose du genre, mais pas fuir comme ça !
« Merde..., » avais-je lâché un juron tout en frappant l’arbre.
Il avait cassé comme un cure-dent et était tombé.
« Alkelios ! » m’appela Seryanna.
Je ne m’étais pas retourné et je n’avais pas répondu.
Pourquoi est-elle ici ? me demandais-je.
« Ce n’était pas à quoi ça ressemblait ! Je te le jure ! Moi et Kataryna ne sommes pas comme ça..., » continua-t-elle.
Oh, mon Dieu ! S’il te plaît, tue-moi maintenant… En fait, j’ai une chance bizarre, alors dans ce cas et s’il te plaît ne le fais pas ? pensais-je en laissant échapper un soupir.
J’avais fermé les yeux et laissé passer un moment alors que je vidais mon esprit de toutes pensées inutiles.
Sans faire attention, je m’étais retourné et l’avais regardée droit dans les yeux.
Prenant une profonde inspiration, je m’étais confessé à elle. « Je t’aime. »
« Quoi ? » demanda-t-elle avec des yeux écarquillés.
« Je t’aime, » déclarai-je à nouveau en rougissant.
« C’est… euh… Je ne sais pas quoi dire..., » elle avait évité mon regard et avait baissé les yeux.
J’avais poussé un long soupir et avais levé les yeux.
« Aujourd’hui a vraiment été une montagne russe émotionnelle, » annonçai-je.
« Une quoi ? » Avait-elle demandé en étant confuse.
« Les émotions qui montent et descendent, et vont dans tous les sens… C’était un gâchis, un désordre étrange, à peine compréhensible. Je me suis probablement ridiculisé en courant comme ça, et même en pensant à Kataryna et toi comme ayant de tels goûts..., » soupirai-je.
« Moi et Kataryna ne sommes pas comme ça ! » rétorqua-t-elle fermement.
« Oui, je sais… ce n’était que mes pensées stupides…, » avais-je ri en pleurant peut-être en même temps ?
Je ne pouvais le dire, car il pleuvait trop fort.
« Alors, tes mots tout à l’heure ? » demanda-t-elle doucement.
« Ils étaient vrais… Je n’ai pas fait tout ce chemin juste pour te dire que nous sommes amis. Oui, nous sommes amis, mais je suis venu comme ça parce que je ne voulais pas te laisser partir. Parce que peut-être, quelque part au fond de moi, je veux être avec toi, » je lui avais répondu sincèrement.
Seryanna me regarda sans faire un seul geste. Grâce à la pluie, je ne pouvais pas dire si elle pleurait ou non. Pendant tout ce temps, les éclairs continuaient à frapper, tandis que les bruits du tonnerre essayaient de couvrir nos voix.
« Mais je suis une dragonne. »
« Et je suis humain. »
« Je suis une chevalière. »
« Et je suis techniquement un héros, » avais-je souri en le disant.
« Si mon maître me demande de choisir entre toi et le royaume… je..., » elle s’arrêta et serra un poing devant sa poitrine.
« Tu feras le bon choix. » Mais ce que je voulais dire, c’était : « Tu me choisiras ».
« Alkelios… je..., » elle s’approcha de moi et s’arrêta à deux pas.
« Seryanna... »
« Si nous pouvons être ensemble… je veux que nous soyons ensemble. Moi aussi je t’aime..., » m’avoua-t-elle avec un doux sourire.
En réponse à ses paroles, je m’étais avancé et l’avais embrassée. Notre baiser était le plus agréable que j’avais eu de toute ma vie. La pluie ne se calmait pas du tout, et le ciel grondait au-dessus de nous. Ce n’était pas exactement l’endroit le plus romantique où nous pouvions nous trouver, mais ce baiser était tout simplement divin. Cela avait rendu tout ce qui nous entourait insignifiant, y compris ce déluge, qui emportait nos peurs et nos problèmes.
***Point de vue de Kataryna***
Après que Seryanna se soit précipitée, je m’étais levée du lit et j’avais regardé la porte cassée.
« Je ne paie pas pour ça, » murmurai-je en descendant pour aller dans la salle à manger.
« Hey ! Hey ! Que s’est-il passé ? » demanda Kléo.
« Il s’agit d’une longue histoire, mais pour le dire rapidement, l’idiot a pensé que moi et la rousse étions ensemble, » lui avais-je répondu.
« Quoi ?! Toi et ma sœur êtes dans une telle relation ? Pourquoi ne m’as-tu pas appelée ? » se plaignit-elle.
J’avais haussé les sourcils et l’avais regardée en étant abasourdie.
« Franchement, qu’est-ce qui ne va pas avec toi ? » lui demandai-je.
« Rien… je suis une dragonne mignonne et tout à fait normale. Tehe ! » Elle avait tiré la langue.
« Dans quel royaume !? » rétorquai-je.
« De toute façon, vas-tu être pour ou contre Alkelios ? Huhu ! Tout le monde a déjà parié ! » Elle souriait en annonçant ça.
En regardant autour de moi, j’avais vu les personnes qui souriaient.
« D’accord ! Vingt pièces d’or sur Alkelios gagnant le cœur de Seryanna, » avais-je dit en souriant.
« Quoi ? » Kléo cligna des yeux en raison de la surprise.
« Pas de retrait maintenant, » avais-je souri.
« Hey ! Hey ! Pas juste ! C’est trop ! » se plaignit-elle.
« Bien… Dans ce cas, cinq pièces d’argent, » lui avais-je dit.
« Huhu ! C’est beaucoup mieux ! Maintenant, tous les paris sont fermés ! » annonça-t-elle en souriant.
Eh bien, je savais déjà ce qui allait se passer, et cela ne servait à rien de parier contre Alkelios. Si l’humain ne disait ou ne faisait pas quelque chose d’incroyablement stupide, alors il n’y avait rien pouvant les empêcher d’être ensemble. Là encore, l’idée du trio restait présente dans ma tête.
Peut-être que nous devrions essayer ? me demandai-je en m’asseyant devant le bar et payant un verre.
Alkelios et Seryanna revinrent en se tenant par la main. J’avais ainsi gagné une grosse somme, que j’utilisais pour plus de boissons. Le garçon avait payé pour la porte qu’il avait cassée, et elle était déjà réparée au moment où le dîner était prêt. Pourtant, certains dragons félicitaient Alkelios, mais s’ils savaient qu’il était humain, les choses auraient pu être un peu différentes. Même Seryanna pouvait ressembler à une humaine avec toute son armure.
Après que nous avions ainsi pu manger, nous avions décidé de rester dormir ici pour une nuit, mais en raison du manque de chambres, nous étions tous entassés dans la même pièce. Les deux amoureux dormaient ensemble dans le lit, tandis que moi et Kléo utilisions nos sacs de couchage.
***
Chapitre 26 : Pertiko et les paladins
Partie 1
***Point de vue de Seryanna***
Avec la lumière qui effleurait ma peau, j’ouvris les yeux et jetais mon regard sur l’humain endormi me tenant dans ses bras. Un sourire apparut sur mes lèvres quand je m’approchai de lui, et il resserra son étreinte autour de moi. Si j’avais eu une queue, alors je l’aurais enroulée autour de lui, mais je ne pouvais le faire. Je ne pouvais que jouer avec ses cheveux.
Alkelios dormait paisiblement, et je me sentais étrangement détendue et heureuse de me réveiller ainsi, dans ses bras. Il y avait un petit battement dans mon cœur, et je ne pouvais arrêter de sourire. Ce genre de sentiment était une première pour moi, et j’aimais ça ! Je voulais me réveiller comme ça tous les jours pour le reste de ma vie !
Mais il est humain… Alors peut-être seulement 60 ans au mieux ? pensais-je en lui faisant un baiser sur le front.
***Point de vue d’Alkelios***
Je m’étais réveillé au doux parfum de ma dragonne rousse. Je la serrais dans mes bras, enfouissant ma tête dans sa poitrine. Elle ne me repoussait même pas, ce qui signifiait qu’hier, n'était ni un rêve ni une illusion.. C’était vraiment arrivé. Ainsi, je m’étais confessé et elle aussi l’avait fait. Nous étions devenus un couple, et maintenant je la tenais dans mes bras.
Notre relation était encore au balbutiement, donc je ne cherchais pas à me précipiter en sautant trop rapidement le pas, bien que mes pensées s’orientaient déjà dans cette direction. Je ne pouvais rien y faire, elle était belle, et j’étais attiré par plus que ses captivants yeux bruns et ses cheveux roux. J’étais un homme, même si je n’avais que 18 ans.
Quand j’avais ouvert mes yeux, j’avais vu ses lèvres, et je m’étais déplacé pour les capturer. Le baiser était doux et simple, mais son gémissement était mignon. Je l’avais à nouveau embrassé. Ma main droite s’était déplacée lentement sur son dos, alors que mes doigts étaient à la recherche de ses écailles sensibles.
« Hm ? » Une certaine dragonne me regardait avec un grand sourire.
Avant que j’aie eu la chance de bouger à nouveau, j’avais vu Kataryna qui nous regardait comme une spectatrice d’un film.
« Hehehe… Bonjour, » avais-je dit avec un sourire maladroit.
« Bonjour, Alkelios. S’il vous plaît, n’arrêtez pas à cause de moi, ça devenait intéressant, » déclara-elle.
« Bonjour..., » avait dit Seryanna alors que son visage était rouge d’embarras.
« Mais euh ! Tu as tout gâché ! » Kléo avait pincé la dragonne aux écailles argentées sur la joue.
« Aïe ! Arrête ! » Elle avait tapé la main de Kléo.
« Qu’est-ce que vous faites toutes les deux ? » avait demandé Seryanna en les fixant.
« Rien, grande sœur ! Rien du tout ! » Kléo avait souri en reculant.
« Nous regardions les deux tourtereaux. »
J’avais eu le sentiment que Kataryna utilisait ses points de compétences dans sa brusquerie plutôt que dans la subtilité.
« Jalouse ? » avait demandé la rouquine avec un sourire.
« Nope ! J’attends juste le bon moment pour agir, » elle avait secoué la tête puis elle avait reculé.
« Nous serons en bas. Ne cassez pas le lit ! » Kléo avait crié alors qu’elle sortait de la chambre.
Après que les deux soient parties, nous avions tous deux poussé un soupir.
« Désolée..., » avait dit Seryanna.
« Pour ? » avais-je demandé en la tirant dans mon étreinte.
« Ma sœur est une teigne… Elle n’a pas toujours été comme ça..., » elle regarda au loin.
« Quelque chose lui est arrivé, n’est-ce pas ? » avais-je demandé.
« Oui, mais n’oublions pas que…, ne devrions-nous pas nous… changer ? » avait-elle demandé en baissant les yeux en raison de la gêne.
Seryanna était vêtue d’une chemise de nuit plutôt sexy. Elle couvrait tout, mais ne cachait en rien ses formes sensuelles. J’avais regardé vers le bas puis souri. Avec une main autour de sa taille, je la tirais vers moi et lui fit un gros baiser.
« Laissons-les attendre un peu, d’ailleurs, j’aime réellement être proche de toi et te tenir sans craindre d’être envoyé au sol, » avais-je ri.
« Moi aussi..., » répondit-elle en rougissant et puis m’embrassant.
Un peu plus tard, après que nous ayons eu notre petit-déjeuner, nous avions emballé nos affaires et avions quitté la ville de Dertan. Avec un ciel clair au-dessus de nous, il semblait presque que le seul but de la pluie était de garder en place Seryanna jusqu’à ce que nous la rejoignons. Mes 100 de chances devaient être à blâmer, et je m’étais sincèrement excusé intérieurement à toute personne ayant eu toute sorte de malchance durant cette période.
Étonnamment, quand j’avais suggéré d’utiliser ma compétence Coq Rapide et invoquer Gragh’jaggar pour nous emmener à la ville voisine, les trois dragonnes avaient refusé. Franchement, je ne voyais pas ce qui clochait avec cette monture. Elle appartenait à l’espèce de Coq royal, et nous avions tous eu du bon temps en le montant.
L’alternative à cette monture était le khosinni. Nous en avons donc loué deux. L’un était pour Seryanna et moi, l’autre pour Kataryna et Kléo. Les bêtes étaient assez grandes pour transporter nos sacs, mais l’un d’entre nous avait une « bourse » donc nous n’avions pas besoin de khosinni pour porter nos sacs.
Six heures plus tard, nous nous étions arrêtés pour laisser les khosinnis se reposer, et nous avions mangé. Il n’y avait aucune raison d’allumer un feu, car nous ne prévoyons pas de cuire ou rôtir de la viande. Nous avions du fromage, des légumes et des saucisses fumées. C’était plus que suffisant pour remplir nos ventres jusqu’à ce que nous arrivions à Pertiko.
Deux heures plus tard, nous avions emballé nos affaires et avions continué notre voyage. À notre vitesse actuelle, nous arriverions dans le village à la tombée de la nuit, il n’y avait absolument aucune raison pour nous de camper dans des plaines.
D’un point de vue technique, il nous aurait fallu au moins deux jours avec des chevaux normaux. Pour être honnête, si nous y étions allés à pied, il nous aurait fallu plus que trois ou quatre jours.
Les montures sur ce continent étaient rapides et puissantes, mais étant donné que je n’avais pas la chance de visiter les autres continents, je ne pouvais que présumer qu’elles étaient l’une des meilleures montures. De toute façon, je n’avais pas le droit de me plaindre parce que Seryanna guidait le khosinni, et j’étais assis derrière, en admirant le paysage.
Dertan et Pertiko étaient tous deux situés dans les plaines Elmendyar, qui étaient aussi grandes si ce n’est pas plus que Bărăgan. C’était magnifique, mais probablement entretenu par les dragons. Jusqu’ici, je n’avais vu aucun champ de maïs et autres, pour ce que je pouvais voir, il n’y avait pas de hautes herbes. Avec assez de temps, les dragons pourraient probablement faire disparaître les monstres ici et commencer à cultiver cette plaine.
En regardant le ciel, j’avais pu voir quelques nuages sombres se rassemblant devant nous, mais il n’y avait pas encore l’odeur de pluie. Peut-être que c’était les restes de la tempête d’hier ? Quoi qu’il en soit, nous arriverions au village avant de nous retrouver trempés par la pluie.
« Je peux voir le village ! » avait annoncé Kataryna, qui se trouvait environ dix mètres devant nous.
« Euh… est-ce censé être en feu ? » avais-je demandé en regardant à l’horizon.
« Non, mais j’espère que ce n’est pas un raid de bandit, » avait déclaré Seryanna.
« Peut-être que quelqu’un a essayé de faire cuire quelque chose et a incendié sa maison ? » haussai-je les épaules.
« Pour autant que je sache, je doute qu’il soit possible que quelqu’un ne connaisse pas au moins un sort d’eau. Non, ce feu a été laissé sans contrôle, » déclara Seryanna en hochant la tête.
Elle avait raison. Dans une société fondée sur la magie avec des individus jouant avec une boule de feu dans la rue, il était impossible pour une telle personne de ne pas savoir éteindre un feu. Même s’ils n’étaient pas spécialisés dans les sorts d’eau, ils pourraient juste déverser de la terre dessus et l’éteindre. Oui, ç’aurait été sale, mais également une bonne alternative.
Si je me souviens bien, l’eau n’est pas la meilleure chose à utiliser pour éteindre un feu, car elle s’évapore et se transforme en hydrogène et oxygène, fondamentalement du carburant. Quelque chose avec une consistance gélatineuse serait mieux. Du moins, c’était ce que disaient certains articles sur internet, pensais-je en me souvenant quand ils essayaient d’éteindre l’incendie du manoir de Brekkar.
À l’époque, ils avaient utilisé des sorts qui empêchaient l’eau de s’évaporer facilement. Cette eau y resterait jusqu’à ce que les flammes se soient éteintes. Au moins, certains d’entre eux l’avaient fait, les autres versaient juste de l’eau et en essayant de faire au mieux. J’aurais utilisé du sable.
En regardant de loin, le village de Pertiko était plutôt petit, couvrant seulement un quart de Dertan et peut-être la moitié de Tomeron. Le plus grand bâtiment était probablement le temple, et ce village n’avait probablement pas de hall de guilde. En parlant de ça, j’étais déterminé à m’inscrire en tant qu’aventurier dès que j’aurais atteint la capitale. Mon seul problème était de savoir si oui ou non le fait que je sois humain soit révélé. Finir entouré par une foule de dragons en colère n’était pas mon idée d’un accueil confortable.
Je m’attendais à avoir un mur entourant le village, mais il n’y avait pas de telles choses. Au mieux, seulement quelques maisons avaient une grande clôture autour, mais c’est tout. Peut-être que les monstres ici étaient plus faibles que ceux de la forêt ? Tomeron était assez proche de la forêt Seculiar, qui était considérée comme dangereuse, même par une certaine entité Divine.
Quelques minutes plus tard, nous étions arrivés à l’entrée. Deux gardes nous avaient accueillis avec leurs lances pointées sur nous. Ils portaient des armures de cuirs épais, une défense assez simple par rapport à l’armure de Seryanna. En ce qui concernait leurs apparences, l’un d’eux avait des écailles bleues, l’autre verte et tous deux étaient sous forme hybride, mais avec un visage humain au lieu de dragon.
« Halte ! Ordre des paladins, nul ne peut entrer ! » avait crié l’un d’eux.
Lorsqu’elle avait entendu le nom, Kléo dévisagea le garde, mais n’avait rien dit. C’était Kataryna qui avait parlé.
« Le quoi de qui maintenant ? » demanda-t-elle, en plissant ses sourcils.
« Les paladins ? Que font-ils ici ? » avait demandé Seryanna en approchant son Khosinni, sans tenir compte de la confusion de la dragonne aux écailles argentées.
« Je n’ai pas le pouvoir de répondre à cette question ! » avait déclaré le garde.
Seryanna poussa un soupir. Puis elle s’était frotté le front avec deux doigts comme pour souligner sa non-envie de discuter avec des gens comme lui.
Ça pourrait être amusant ! Rigolais-je intérieurement.
« Je suis Seryanna Draketerus, une chevalière royale. Si tu penses avoir une autorité supérieure à la mienne, alors dis-le que j’aille informer Son Altesse, la troisième princesse du royaume dragon Albeyater, Elleyzabelle Sojourn Seyendraugher, » déclara la rouquine.
Les deux gardes s’étaient regardés. Ils n’avaient certainement pas une telle autorité et même oser affirmer le contraire pourrait lui accorder le droit de les traiter comme elle l’entendait. Si je savais cela, alors ils le savaient certainement.
« Le village de Pertiko a récemment fait face à un afflux de zombies venant du donjon voisin. Les Paladins ont été envoyés par le temple de la lumière pour se débarrasser d’eux et empêcher le nombre de victimes d’augmenter. Nous sommes amenés à supposer que cela pourrait être l’œuvre d’un nécromancien récemment éveillé. Jusqu’ici, il y a eu six morts, y compris l’aîné du village et son fils cadet. Les paladins nous ont ordonné d’empêcher quiconque d’entrer ou de quitter le village jusqu’à ce qu’ils puissent déterminer qui est le coupable, » avait rapporté le garde.
Mes yeux étincelaient en entendant parler de zombies et donjons, mais ils s’étaient plissés en entendant que cela pouvait être dû à un dragon-nécromancien. Alors qu’il était intéressant de savoir que je pouvais aller dans des donjons dans ce monde, affronter quelqu’un comme Kléo me faisait me demander quelle était la relation entre toutes les « classes » de ce monde.
Par le passé, j’avais joué à de nombreux jeux où les nécromanciens étaient considérés comme les méchants, mais jouaient le rôle d’une bonne personne. C’était un point de vue plutôt étrange, mais je me souvenais que les paladins étaient leur ennemi mortel. Je n’aurais pas été surpris que ce soit le cas chez les dragons aussi. Le seul problème était que dans mes jeux, les paladins humains avaient une grande notoriété.
Cela me fait penser à ce MMO où si vous aviez un duel entre deux paladins spécialisés en soin, le match serait le plus long de l’histoire. Frapper, frapper, soigner, soigner. Se répétant. Le pire de tout, ils pouvaient se soigner instantanément lorsqu’ils tombaient sous les 20 % de points de vies. Leur permettant de se remettre à 100 %. Eh bien, n’importe quelle autre classe de soin était similaire, mais le paladin avait des boucliers et autres bluffs défensifs qui réduisaient les dégâts entrants sous la valeur de guérison. Pensais-je.
Sur la même note, la haute défense des paladins était aussi sa faiblesse, car la classe abandonnait la possibilité de produire des dégâts massifs. Si la même chose s’appliquait à ces paladins, tout ce que nous devions faire était de leur faire plus de dégâts qu’ils ne pouvaient se soigner.
***
Partie 2
« Peut-être que nous devrions faire un détour ? » Demanda tout à coup Kléo.
En y repensant, j’avais vu qu’elle était inquiète à l’idée de rencontrer ces paladins. Comme elle était une nécromancienne, il était fort probable qu’ils la voyaient comme ses ennemis.
Seryanna la regarda pendant un moment, puis elle laissa échapper un soupir. « Bien sûr… nous ferons un détour. »
« Merci..., » répondit la dragonne aux écailles noires.
Kataryna n’avait rien dit, et je n’avais pas eu l’impression que j’avais le droit de donner mon opinion. Pour ma part, je voulais voir ces soi-disant paladins, mais pas si cela signifiait de jeter Kléo sur leurs épées, sans blague perverties.
« Qui va-là ? » Quelqu’un nous avait crié dessus.
S’il vous plaît, dites-moi que ce n’est pas cette situation clichée où nous rencontrons celui nous amenant dans le village… Pensais-je en regardant à nouveau le gars.
C’était un dragon aux écailles blanches scintillantes, vêtu d’une lourde armure. C’était une armure de plaques épaisses, gravées de runes étranges, le protégeaient des attaques. Il était un char vivant avec une queue et une paire d’ailes. Un bouclier dans la main gauche et une épée dégainée dans sa main droite lui donnaient un air intimidant, mais contrairement à ce que je voyais souvent dans les jeux, ce type portait un casque.
Moi et ma chance maudite…, grognai-je intérieurement.
Amener les filles et moi-même dans des problèmes n’était pas mon idée de chance.
« Seryanna Draketerus, chevalière de la troisième princesse du Royaume dragon d’Albeyater, Elleyzabelle Sojourn Seyendraugher ! » s’était-elle identifiée.
« Qu’en est-il du reste ? » demanda-t-il en pointant son épée vers nous.
« Je n’ai pas envie de te donner mon nom, mais je vous avertis. Je ne suis pas quelqu’un qu’il faut énerver ! » l’avertit Kataryna avec un sourire effrayant.
« Je suis… euh… Je suis quoi exactement ? » demandai-je en inclinant la tête ;
Seryanna soupira et secoua la tête.
« Ils sont avec moi. Aucun d’eux ne présente de danger pour vous ou ce village. Nous avons entendu votre situation et comprenons. Nous allons contourner le village et reprendre notre route ! » avait-elle déclaré.
« Si vous êtes une chevalière, nous ne vous obligerons nullement à faire le tour du village ! Je me propose même pour vous guider jusqu’à l’autre côté de celui-ci ! » déclara le paladin en rengainant son épée.
Nous nous étions regardés un instant, mais en voyant qu’il proposait cela ainsi, cela serait devenu suspect ou impoli que nous refusions son offre. Kléo nous avait fait un petit signe de tête, et nous étions passés devant les gardes.
« Qu’est-ce qui vous amène dans une telle région éloignée, Sire Seryanna ? » demanda le paladin.
Elle n’avait pas répondu, et elle lui avait seulement lancé un long regard presque comme si elle voulait l’écraser sous son pied.
« Ah ! Excusez-moi ! Je m’appelle Blake Merchant. Je suis un paladin depuis six ans maintenant. C’est un plaisir de vous rencontrer ! » déclara-t-il en s’arrêtant et en s’inclinant comme un vrai gentleman.
Alors seulement, Seryanna détourna son regard.
« Je reviens tout simplement de chez mon grand-père. La dernière fois que je suis passée par ce village, il ne semblait pas être menacé. Quand est-ce que les zombies ont commencé à attaquer ? » demanda-t-elle froidement.
Elle est une vraie reine de glace… Content de pouvoir la réchauffer ! avais-je souri intérieurement, avec mes mains sur ses hanches.
« Il y a environ deux semaines. Le donjon situé au nord a commencé à devenir étrange, et une vague massive de zombies a surgi. Ils ont facilement été repoussés, mais ils ont continué à venir. De temps en temps, un dullahan ou un groupe de guerriers-squelettes essayent d’attaquer le village, mais nous avons réussi à les repousser, » expliqua Blake en nous guidant à travers le village.
À première vue, je pensais que nous traversions un village fantôme, mais y regardant de plus près, je remarquai les yeux effrayés des villageois qui nous regardaient derrière leurs fenêtres. Personne n’était dehors, sauf ceux assez courageux ou les paladins. Il y en avait beaucoup, et pas seulement un ou deux. Jusqu’à présent, j’en avais compté six et environ huit gardes villageois.
« Quand avez-vous commencé à soupçonner que cela pourrait être l’œuvre d’un nécromancien ? » demanda Seryanna.
En parlant de ça, Kléo se cachait le visage et s’accrochait fermement au dos de Kataryna. C’était clairement un signe qu’elle n’aimait pas la présence de ces individus en armure.
« Il y a quatre jours, certains des villageois disparus sont revenus en tant que zombies mangeurs de chair, » avait-il répondu.
« Y a-t-il une différence ? » demandai-je avec curiosité.
« De ceux engendrés par un donjon ? Certainement ! Ceux étant engendrés par le donjon ne peuvent pas quitter leur territoire et sont plus faciles à tuer. Les cadavres réanimés, d’autre part, doivent être découpés en morceaux et ensuite brûlés pour s’assurer qu’ils ne reviennent pas. Bien sûr, nous les paladins, sommes capable d’utiliser le sort Repousser les morts-vivants, Sainte lumière, et Libérer les âmes ! Avec ces sorts, aucun nécromancien ne peut nous barrer la route ! » déclara fièrement Blake.
« Pourtant, si votre niveau de puissance est inférieur à celui du nécromancien, vous échouerez et ne ferez que blesser leurs créations, » grogna Kataryna.
« Finalement, les couper en morceau est la meilleure option, hein ? » demandai-je en plissant les sourcils.
« Ahem! Oui, pour les non-paladins, c’est ainsi. » Il avait refusé d’admettre sa défaite.
« Ainsi, le feu que nous voyons là-bas ? » demanda Seryanna en montrant du doigt le pilier de fumée à notre droite.
« Des cadavres brûlants, rien de plus, » répondit Blake en secouant la tête.
Nous avions continué à marcher sur la route principale à travers ce village, tout en observant avec curiosité les villageois et les paladins patrouillant dans la région. Je commençais à deviner qu’ils se préparaient à quelque chose de plus grand, surtout avec leur nombre et leur rigueur.
Pendant tout ce temps, Kléo n’avait pas prononcé un seul mot et avait continué de se cacher entre les ailes de Kataryna. Peut-être qu’elle pourrait aussi cacher son énergie de nécromancienne derrière celle de Kataryna. Jusqu’à présent, le Paladin à côté de nous ne semblait pas l’avoir remarquée, mais s’il le faisait, je me demandais ce qu’ils allaient faire.
Par l’ordre des choses sur l’échelle de la stupidité, ils verront Seryanna comme une non éveillée et la dépouilleront de son autorité. Kataryna va probablement défendre Kléo, et je ne vais certainement pas en rester là à les regarder se faire attaquer par ces dragons. Dans le pire des cas, j’invoquerais Grag’jaggar pour nous sortir de là, et Jophiel pour nous frayer un chemin. Ou mieux encore, je vais tester l’effet de Tzuika et Style du super Chihuahua. D’une certaine manière, la seconde ressemble plus à un effet secondaire de la première. Pensais-je en regardant les paladins.
Quand nous étions arrivés au centre du village, nous avions vu les signes d’une bataille récente. Il y avait du sang sur le sol, une épée brisée à côté d’un puits, maintenant bouché par de la terre, et beaucoup de marques sur les bâtiments proches. En dehors de cela, le village ne semblait pas avoir subi de dégâts majeurs, ce qui signifiait que les assaillants avaient probablement été attirés ici, où il y avait de la place pour se battre.
En regardant autour de moi, j’avais repéré un groupe de quatre paladins se dirigeant vers nous. L’un d’eux avait une armure plus belle, avec des choses plus brillantes, donc je devinais qu’il était le meilleur chien/dragon par ici. Soit ça ou une roche zélée.
« Paladin Blake ! Qui sont ces gens ? Pourquoi les avez-vous laissé entrer ? » demanda l’homme avec l’armure brillante.
« Grand paladin Baltros ! Elle est Sire Seryanna Draketerus, et ce sont ses compagnons. Je les ai laissés entrer parce que je pensais qu’il serait impoli de ma part de leur dire de faire le tour du village, » avait-il rapporté après avoir fait un salut.
« Je comprends. Alors, Sire Seryanna, qu’est-ce qui vous amène vous et vos compagnons, dans cette région du pays ? » Demanda Baltros en jetant un long regard sur chacun de nous.
« Affaire personnelle, Grand paladin Baltros, » répondit-elle froidement.
Il la regarda dans les yeux puis il regarda vers moi. J’avais dégluti et me cachais derrière elle.
« Peu importe, s’il vous plaît sortez du village en parfait état. Comme vous pouvez le voir, nous avons les mains un peu prises en ce moment avec notre problème de zombies, » il étendit les bras pour faire référence à tout le village.
« Je vois. Alors, nous allons partir, » avait répondu Seryanna.
« Compris ! » Il hocha la tête.
C’est alors qu’un des paladins derrière Baltros s’avança.
« Attendez ! » cria-t-il.
Seryanna plissa les sourcils vers lui.
« Paladin Iolaus, quelle est la signification de tout ça ? » demanda Baltros, lançant un regard noir à son subordonné.
« Grand paladin Baltros, si elle est Sire Seryanna, alors celle derrière elle avec les écailles noires n’est autre que Thraherkleyoseya Draketerus, » déclara-t-il.
WOW ! Non seulement s’est-il souvenu de son nom complet, mais sait aussi comment le prononcer ?! C’était ma première pensée avant que le reste de mon cerveau ne réagisse et comprenne les problèmes dans lesquels il venait de nous mettre.
« Et ? » demanda Baltros.
« Thraherkleyoseya Draketerus est une dragonne aux écailles noires et une nécromancienne. Elle est peut-être celle ayant invoqué les zombies ! » déclara-t-il.
« Comment oses-tu m’accuser, tu m’as trompé ! » Cria Kléo.
« Trompé ? » avais-je demandé en étant confus.
Seryanna soupira et se frotta le front avec deux doigts.
« Je ne t’ai pas trompé ! Si j’avais su ce que tu étais à l’époque, je n’aurais jamais dit ces mots ! » cria-t-il.
« Sire Seryanna, est-ce que ce que mon subordonné a dit est vrai ? » demanda Baltros en posant sa main sur la poignée de son épée.
« À propos du fait qu’il l’ait trompé ? » demanda-t-elle un peu confuse.
« L’autre chose... »
« Même si c’était le cas, vous n’avez pas le pouvoir d’abattre ma sœur. Si vous l’osez, vous devrez passer par moi d’abord, » elle lui lança un regard glacial et posa sa main sur la poignée de son épée.
« J’ai peur de devoir le faire ! J’ai été chargé par le roi lui-même d’éliminer tous les nécromanciens traversant ce village avec les soupçons d’être la cause de la peste frappant ce pauvre village ! Si je laisse faire… cette chose, je ferais aussi bien de laisser ces pauvres gens à leurs croyances ! » Baltros déclara en dégainant son épée.
« Euh, on ne peut pas juste en discuter ? » demandai-je en espérant les calmer un peu.
« Tous ceux qui sont avec un nécromancien sont les ennemis du temple de la lumière et en tant que tels, les ennemis de ce royaume aussi ! » déclara Baltros rapidement.
Blake s’éloigna de nous et dégaina son épée, pendant que le reste de leurs camarades suivaient leur mouvement.
« Il n’écoute pas, n’est-ce pas ? » demandai-je.
« Nope ! » déclara Kataryna en riant.
« Question, Paladin Baltros ! » avais-je crié.
« C’est Grand paladin Baltros pour vous ! » m’avait-il corrigé.
« Alors, Grand paladin Baltros. Est-ce que l’un d’entre vous a dépassé le niveau de puissance 500 ou est passé par un éveil supérieur ? » lui avais-je demandé en souriant.
Le dragon plissa les yeux et me regarda. Pour être clair, ils étaient tous sous forme hybrides, ce qui signifiait un visage humain des yeux de dragons et quelques écailles, une longue queue, avec ou sans ailes en fonction de l’individu.
« Que voulez-vous dire par là ? Et si nous ne le sommes pas ? » demanda-t-il.
« Alors, vous ne pouvez pas ne serait-ce que vaincre l’un de nous. Vous aurez tous une mort misérable alors que nous vous casserons les os et que nous broierions vos muscles ! » avais-je souri. « Il ne restera même pas de la poussière de vous si nous vous attaquons. Zut, elle pourrait simplement éternuer et tous vous tuer ! » riais-je en pointant du doigt Kataryna.
Je bluffais à moitié en espérant que cela leur fasse assez peur pour ne pas essayer de nous attaquer sérieusement. Ils n’étaient pas méchants, juste des imbéciles, mais s’ils essayaient de nous tuer, ils étaient des imbéciles finis.
« Si cela ne suffit pas, alors Brekkar Draketerus s’assurera que vous mourriez pour avoir touché à ses petites-filles, » avais-je haussé les épaules, lâchant le nom du célèbre général dans la pile de menaces.
« Le vieux général a une maladie incurable ! Tout le monde le sait ! » Il essayait de remettre en question mes mots.
« L’est-il encore ? » demandai-je en souriant.
« Le gamin l’a guéri, alors il ne l’est plus maintenant, » Kataryna m’avait soutenu.
« Alors ? Qu’est-ce que vous allez faire ? Vous battre pour souffrir ou..., » demandai-je avec un sourire, mais avant que j’aie eu l’occasion de finir mes morts, quelqu’un était venu en criant.
« Les zombies arrivent ! Les zombies arrivent ! » cria-t-il en courant vers nous.
C’était un simple villageois sous forme hybride.
Nous l’avions tous regardé alors qu’il allait se cacher dans sa maison.
« Euh… » Je m’étais retourné vers Baltros.
Il avait plissé les yeux vers moi puis avait rengainé son épée.
« Sire Seryanna ! Est-ce que vous jurez sur le nom du roi que votre sœur n’est pas la coupable de ce désastre ? » Demanda-t-il.
« Je le jure sur le nom du roi que Thraherkleyoseya Draketerus n’est pas celle que vous cherchez ! » déclara-t-elle.
« Très bien alors, je vous crois. DRAGONS, à vos postes ! Nous avons une armée de zombie à renvoyer dans leurs tombes ! » cria Baltros en nous regardant. « Puisque vous êtes ici, votre puissance pourrait être nécessaire dans cette bataille. Vous ne quitteriez pas un village du roi pour éviter ce genre d’attaque, n’est-ce pas ? » demanda-t-il.
« Bien sûr que non ! Moi et mes compagnons vous aiderons à éliminer cette menace. De cette manière, je vais vous prouver que nous ne sommes pas vos ennemis ! » Seryanna avait déclaré ça en rengainant son épée.
« Attends, simplement en jurant, il a reculé de sa position ? Sérieusement ? » demandai-je en étant un peu confus ;
« Un chevalier jurant sur le nom de leur roi ne sera jamais pris à la légère, » Seryanna avait dit ça en me faisant descendre.
« Dragons ! Cette nuit nous nous battrons pour la lumière ! Prenons avantage sur nos ennemis morts-vivants ! » cria le Grand Paladin alors qu’il chargeait vers les zombies avec le reste de ses camarades.
***
Chapitre 27 : Une tournure inattendue des événements
L’ennemi auquel nous faisions face était une horde de morts-vivants. Des zombies en décomposition, des guerriers squelettes, des dullahans, des liches, des bêtes morts-vivantes et d’autres monstres, tous sortaient du donjon. C’était une vraie armée de morts-vivants. La seule chose manquante était une sorte de général, mais peut-être que c’était le nécromancien se terrant au fond.
Ceux qui défendaient le village étaient les paladins et notre groupe de quatre, composé d’un humain, d’une chevalière-dragon, d’une nécromancienne, et d’un bandit… Eh bien, un ancien bandit.
Pendant ce temps, les paladins regardaient les morts-vivants et brandissaient leurs boucliers, prêts à affronter leurs destins. La victoire était le but, la défaite n’était pas une option. Pendant ce temps de notre côté, Kléo regardait fixement le paladin qui la fixait, Seryanna se reposait dans mes bras sur le cheval, et Kataryna baillait en balançant sa queue de gauche à droite comme un chat s’ennuyant.
« Suis-je le seul à m’inquiéter, par rapport à l’armée de morts-vivants ? » demandai-je avec un sourire gêné en regardant les morts-vivants pourris.
« Tu t’inquiètes trop. Cette armée n’est pas aussi puissante que tu le penses. Leurs niveaux de puissance sont bien inférieurs au nôtre, du moins… les tiens, les miens, ceux de Kléo et de Kataryna, » déclara Seryanna en m’embrassant sur la joue.
« Mais même ainsi, devrions-nous être si détendus ? » demandai-je avec curiosité en serrant mes bras autour de sa taille.
« Bien que nous soyons arrivés ici il y a plus d’une heure, et les morts-vivants n’ont pas encore bougé. Jusqu’à ce que nous sachions ce qu’ils projettent, les charger serait simplement idiot, » avait expliqué Seryanna.
« Mais ne sommes-nous pas assez forts pour les vaincre ? » demandai-je. L’idée que nous serions trop faibles m’effrayait.
« Aucune chance ! À moi seule, je pourrai détruire tous ces monstres, » déclara Kataryna en reniflant.
« C’est vrai, » avait confirmé la rousse.
« Alors, qu’est-ce que vous pensez qu’ils font en ce moment ? » demandai-je en regardant l’armée de zombies.
« Ils attendent..., » répondit Kléo en plissant les yeux vers le futur de champs de bataille.
« Pour quelle raison ? » demandai-je.
« Ils attendent les ordres de leur maître, » répondit Kléo.
J’avais laissé échapper un soupir et avais regardé le village.
Lorsque le Grand Paladin Baltros avait lancé cet appel de bataille et nous étions tous allé de l’autre côté du village, je m’attendais à y rencontrer beaucoup d’ennemis. Quand nous étions arrivés, il n’y avait qu’un seul zombie qui trébuchait sur ses pieds et était tombé sur le sol. Le paladin Iolaus s’avança et lui fracassa la tête avec la poignée de son épée, puis le zombie avait disparu dans une fumée noire, laissant derrière lui seulement de la poussière et une pépite de fer.
Je m’attendais en fait à avoir des pièces de monnaie et peut-être une arme, mais apparemment les monstres créés par des donjons se transformaient en poudre magique et si vous aviez de la chance, une sorte de minéral sous la forme d’une pépite. Il y avait aussi des objets, mais ceux-ci pouvaient être trouvés au fond du donjon dans des salles spéciales emplies de pièges. Ceux-ci étaient généralement créés comme appât pour les aventuriers.
« Qu’est-ce qu’il se passe si l’on meurt dans un donjon ? » Demandai-je.
« Ton équipement te sera enlevé, ton corps sera réduit en pépites de minerais, et ton énergie magique sera absorbée par le donjon. S’il utilise des monstres vivants et pouvant se reproduire, alors ton corps sera transformé en nourriture pour eux, » expliqua Seryanna.
« Je vois, mais si tu attaques avec de l’énergie magique, le donjon ne l’absorbera pas ? » demandai-je.
« Seulement l’énergie magique résiduelle, qui représente environ 5 à 10 % de toute l’énergie magique de tes attaques. »
« Les donjons sont-ils des choses vivantes ? » demandai-je, me demandant s’il était possible qu’ils ressemblent à ceux de mes jeux et les romans que je connaissais.
« Non, ils sont la création d’une espèce neutre avec toutes les espèces intelligentes. Beaucoup les considèrent comme des génies de magies et de technologies, et comme ils nous fournissent les donjons, nous n’osons pas les attaquer ni les provoquer. Les royaumes négocient ou échangent généralement entre eux divers produits de base en échange de leur création. »
« J’ai l’impression qu’ils perdent à faire cela..., » dis-je en me grattant la tête.
De mon point de vue, s’ils étaient plus avancés technologiquement, alors ils auraient pu juste conquérir les races avec une technologie inférieure. S’ils ne l’avaient pas déjà fait, c’était probablement dû à certains facteurs et conditions. Ou, ils étaient une espèce pacifique qui ne voulait pas se mêler des affaires des autres.
« Nous ne savons pas vraiment… Leur continent est entouré d’une barrière imprenable, et jusqu’à présent... Et de ce que nous savons, personne n’a pu y entrer. En ce qui concerne leur puissance militaire et économique, tout reste un mystère, » elle haussa les épaules.
« Intéressant, » déclarai-je en me frottant le menton.
Ce que je me demandais, c’était si quelqu’un de la terre y avait atterri, comme moi sur le continent des dragons. Malheureusement, il n’y avait aucun moyen de savoir, je ne pouvais savoir non plus s’ils allaient être mes amis ou mes ennemis.
Après environ un quart d’heure, l’armée de morts-vivants avait finalement commencé à bouger. La première rangée de zombies avançait vers le village en silence. Si ce n’était pour notre vue aiguisé, nous ne les aurions pas remarqués avant qu’il ne soit trop tard.
« Ils arrivent ! » cria le Grand Paladin Baltros.
Voyant les mouvements, notre groupe avait également changé de nos positions détendues à quelque chose de plus sérieux. Même Kataryna, qui bâillait sans arrêt jusqu’à il y a un instant s’était préparé. Quant à Seryanna, elle était sortie de mon étreinte et avait dégainé son épée. J’avais suivi son exemple et m’étais tenu à côté d’elle, regardant l’armée redoutable qui s’approchait de nous.
« Rappelle-toi, Alkelios. Si tu veux les tuer, tu dois soit détruire leurs crânes ou briser les cristaux leur servant de cœurs. Cette règle s’applique à tous les monstres morts-vivants engendrés par un donjon, » me rappela Seryanna.
« Mais, je n’ai qu’une épée, est-ce qu’une masse ou un autre type d’arme contondante ne serait pas plus approprié ? » demandai-je.
« Pas besoin. Ton épée est enchantée, et ta force surpasse celle des paladins là-bas. Souviens-toi de mes paroles, et tout ira bien. D’ailleurs, nous serons là aussi pour toi, » m’avait-elle dit en me faisant un sourire empli de tendresse.
Environ cinq minutes plus tard, les deux forces s’affrontèrent. Les paladins avaient attaqué en premier. Maniant leurs épées et leurs massues, ils les dirigeaient vers leurs adversaires et les finissaient sans pitié. Un par un, les zombies s’étaient transformés en un tas de poussière ainsi qu’en pépite de métal.
En face de nous, une autre ligne de zombie avait alors avancé. Toute l’armée approchait, cependant, tous ces morts-vivants n’étaient pas humains, ils étaient tous des dragons morts-vivants. Certains avaient des queues, d’autres des ailes, il y en avait même sous forme hybride habituelle.
Cela m’avait un peu effrayé, alors avant que j’attaque, j’avais décidé d’essayer quelque chose.
« Identificus Processus Juridicus, » murmurai-je en me concentrant sur l’un des zombies.
Nom du monstre : Zombie mort-vivant
Type : Élite
Niveau : 96
Force : 400
Vitesse : 24
Dextérité : 65
Magie : 0
« Hein ? » Clignai-je des yeux de surprise.
Ces monstres sont faibles ! Très faible ! avais-je crié intérieurement en fermant la fenêtre.
Avec ma confiance restaurée, j’avais marché en avant avec Seryanna et j’avais choisi ma première cible. Après l’avoir verrouillée, j’avais décidé d’essayer une de mes compétences.
« Attaque aux Dix Frappes, » avais-je murmuré en laissant la magie traverser mon corps.
Au moment où j’avais activé le sort, j’avais avancé et avais rapidement exécuté dix attaques. Le zombie en face de moi avait été coupé en morceaux et même le sol avait subi un peu de dommages.
« WÔW ! » déclarai-je, surpris.
À ce moment-là, un zombie m’avait attaqué, mais ma compétence de Garde s’était activée, et j’avais réussi à éviter d’endommager mon armure. En voyant cela, j’avais compris que les compétences du Style du Super Chihuahua étaient séparées en active et passives, comme dans un jeu vidéo.
Eh bien, c’était pratique. Je n’avais pas besoin de crier le nom de la compétence chaque fois que je voulais l’utiliser. Peut-être qu’à l’avenir, j’apprendrais même à le faire sans utiliser le nom des compétences. Ce serait embarrassant si je me retrouvais avec un nom de sort bizarre. Cette idée me faisait frémir, et j’étais sûr à 100 % que c’était juste une idée amusante pour ce « Dieu ».
Ouais, les légendes seraient du genre... Et ainsi, le puissant guerrier, Alkelios, brandissant sa lame confiante, cria au ciel : Poulet Éclair ! Et ainsi, un puissant phœnix d’une puissance inimaginable est apparu ! pensais-je.
Le simple fait d’entendre cela dans ma tête ressemblait à une phrase d’une émission de comédie très mauvaise ou peut-être juste bizarre. Je frissonnais.
Pendant que je finissais le prochain monstre, les zombies effectuaient des attaques simples et Seryanna et Kataryna faisaient à peu près la même chose. La seule différence était que cette dernière ne faisait que leur faire des pichenettes au front. Les pauvres n’avaient aucune chance contre un dragon ayant atteint l’éveil supérieur.
J’avais donc profité de l’occasion pour regarder comment les paladins se débrouillaient.
« Restez en ligne ! Ne tombez pas ! Soigneurs, soignez ceux proches de vous et protégez-les ! » À crier le Grand Paladin Baltros.
Ils luttaient contre ce genre d’ennemis. Ces zombies faciles à tuer que je pourrai littéralement transformer en poussière étaient un ennemi contre lequel ces dragons à l’allure puissante devaient user de tactiques ? Et encore pire, il devait se soigner ayant été blessé ?
Sont-ils vraiment faibles ? pensai-je en les regardant.
Tournant mon regard vers un zombie proche, j’avais décidé d’essayer la technique de Kataryna et lui avais juste fait une pichenette avec toute ma force. Au moment où mon doigt avait touché son front, le zombie avait volé, brisant par la même occasion d’autres zombies, et je pourrais jurer avoir entendu un boom sonore.
« Hah… Est-il possible que je sois juste incroyablement fort comparé à eux ? » demandai-je en inclinant la tête vers la gauche.
Eh bien, après ça, je m’étais frotté les mains et avais décidé d’essayer quelques sorts avant de m’ennuyer. Ainsi, j’avais d’abord utilisé le plus basique des sorts de base… La boule de feu.
Visant avec ma paume une paire de guerriers zombies et squelettes arrivant, j’avais libéré la magie. Une boule de feu de la taille d’un ballon de basket s’était formée et avait été tirée à une vitesse de 100 km/h environ. À l’impact, elle avait explosé, envoyant des flammes aux morts-vivants et les brûlant, tandis que ceux que je ciblais initialement avaient été instantanément transformés en poussière. Cette attaque entre mes mains était très puissante. Mais de façon inattendue, elle me semblait très faible si je la comparais à celle que Seryanna avait utilisée dans la forêt quand elle m’avait sauvé de ce loup noir.
En continuant, j’avais essayé les pics de terres, cela avait créé un pic de roche qui avait été envoyé sur ce que je pointais du doigt. Malheureusement, j’étais très mauvais pour viser et j’avais fini par manquer ma cible même au troisième essai. J’avais abandonné et avais essayé Barrière d’air. Celle-ci formait un bouclier d’air autour de moi.
Pour essayer ce sort, je m’étais approché d’un zombie et l’avais laissé me frapper. J’étais un peu nerveux au début et avais prié les Dieux de ne pas mourir. Si je mourais, j’étais sûr que Kléo me ressusciterait pour que Seryanna puisse me tuer pour avoir été tué face à un tel adversaire.
Heureusement, la barrière avait fait son travail et avait arrêté les attaques des zombies, mais je pouvais sentir chaque coup, ma réserve de magie diminuait. Après avoir coupé la tête du zombie, j’avais désactivé le sort et avais continué de les vaincre avec de simples coups d’épée visant la tête ou leur torse. C’était une tuerie à sens unique pour moi.
Pourtant, même si nous pouvions broyer ces monstres stupides avec facilité, il y en avait encore beaucoup. Encore pires, ils ne me donnaient pas autant d’expériences que les monstres réels. En y pensant, cela représentait environ un dixième des autres monstres. Soit ça, soit j’étais habitué à attaquer des monstres de haut niveau. En tout cas, j’avais à peine entendu le niveau augmenter de temps en temps.
Après un moment, les paladins commencèrent à se fatiguer sérieusement, et Kataryna s’ennuyait. Pour être honnête, même moi je m’ennuyais, et nous avions seulement exterminé la moitié de l’armée. Les Dullahans n’étaient pas aussi redoutables que ce que je pensais au départ. Seryanna avait coupé un cheval en deux. Je les utilisais comme cible pour des pics de roches, et Kataryna les giflait.
La seule ne se battant pas activement était Kléo. Je ne l’avais pas vu lancer de sorts depuis le début de la bataille, et la plupart du temps, elle utilisait une épée courte pour les vaincre. Seryanna la protégeait la plupart du temps, mais à cause de cela, le nombre de morts-vivants tué par Kléo était de 1 ou 2 pour 20 de notre côté.
Cela aurait pu être parce que les sorts d’un nécromancien n’étaient pas aussi efficaces face aux morts-vivants qu’ils l’auraient été face à des êtres vivants. C’était à prévoir, c’est pourquoi ils avaient envoyé des paladins ici pour les vaincre et pas de simples aventuriers ou des mages.
Dans tous les cas, tant qu’elle était à moins de 100 mètres de moi, elle gagnait 10 % de toutes mes statistiques grâce à Dompteur de Dragon. Ma liste d’amis agissait également comme un groupe, et nous partagions en quelque sorte l’expérience gagnée, ou comme le disait les dragons : La force de vie et le Pouvoir Magique. Donc il n’y avait pas besoin de s’inquiéter qu’elle ne devienne pas plus puissante parce que nous en tuions plus qu’elle.
« Un autre bataillon de zombies arrive de l’autre côté du village, » cria l’un des gardes alors qu’il courait vers nous, mais il restait à l’écart de la horde.
« Par les Dieux ! » avait déclaré le Grand Paladin Baltros.
« Je vais y aller ! » cria Kléo de façon inattendue en courant vers cet endroit.
« Ah, attends ! Kléo ! » cria Seryanna.
La dragonne aux écailles noires ne l’avait pas écouté et avait continué à courir.
« Qu’est-ce qu’elle fait ? » demandai-je.
« Je pense qu’elle veut prouver qu’elle n’est pas la raison de l’attaque. Même si elle est une nécromancienne, créer des morts-vivants est l’un de ses tabous, » avait expliqué Seryanna.
« Paladin Iolaus, allez là-bas ! » avait crié Baltros.
Tournant la tête, j’avais vu le volontaire qui courait après Kléo.
« Ce type..., » murmurai-je.
J’avais un mauvais sentiment à ce sujet.
« J’y vais aussi, » avais-je annoncé.
« Fais attention ! » déclara Seryanna.
« Ne t’inquiète pas ! Si quelque chose arrive, je reviendrai en courant pour te serrer dans mes bras ! Ah, avant que j’y aille… Je souhaite que vous terminiez cette bataille sans pertes ni blessures sérieuses ! » avais-je souhaité à haute voix avant de partir.
« Merci, prends soin de toi ! » déclara Seryanna.
« Soit en sécurité ! » avait alors dit Kataryna.
Kléo était la première à arriver sur les lieux, où plus de 300 zombies et morts-vivants s’approchaient du village. Derrière se trouvait l’unité de Dullahans donnant les ordres.
C’est… C’est un pince Vancouver… Je m’étais arrêté et avais redémarré mon cerveau. Manœuvre en tenaille… pourquoi ai-je dit Vancouver ? N’est-ce pas comme une ville ou une région aux É.-U. ? soupirai-je en secouant la tête.
Cependant, avant ce bataillon de monstres impitoyables se tenait une fille toute seule, une dragonne aux écailles noires portant des vêtements de lolita gothique. Elle les regardait fixement et concentrait sa magie, qui commençait à s’échapper de son corps sous la forme d’un gaz noir, mais je pouvais dire que c’était très puissant.
« Démons de l’enfer, Goules des Ténèbres et Esprits d’abysses ! Entendez mon appel et venez sous forme d’ombres autour de moi ! Répondez à mes ordres et à ma volonté, démons des ténèbres ! » Cria-t-elle, puis une grande quantité de magie fut versé dans le sol, mais rien ne se produisit à première vue. « Je vous ordonne de tuer tous ces imbéciles de morts vivants qui se tiennent devant moi ! »
« À vos ordres. » Une voix sombre et effrayante résonna tout autour de nous.
Cela me donnait des frissons.
« Je le savais… elle est une ennemie ! » Iolaus avait accusé Kléo, en se tenant pas loin de moi.
« Elle ne l’est pas imbécile. Elle se bat contre eux, » avais-je dit en roulant les yeux.
Après que Kléo ait donné ses ordres, le bataillon de morts-vivants avait fait face à une attaque invisible. De leurs ombres, de mains sombres et noires étaient sorties et avaient écrasé leurs têtes l’une après l’autre. Parce qu’ils étaient lents, ils ne pouvaient pas se défendre, mais si c’était Seryanna ou moi, nous aurions pu sauter dans une autre direction ou bloquer l’attaque.
Les morts-vivants tombaient les uns après les autres, et de cette démonstration de magie et de puissance, j’avais compris que Kléo ne devait pas être sous-estimée. Cette incroyable quantité de magie était là pour une raison malgré le niveau plutôt bas qu’elle possédait.
La bataille ne dura qu’une minute et ensuite les Dullahans furent morts.
« C’est… C’est fini, » murmura Kléo alors qu’elle tombait à genoux.
La magie qu’elle avait utilisée s’était dissipée et le village était en sécurité de ce côté.
Voyant une faiblesse dans la posture de Kléo, Iolaus se précipita vers elle avec son épée prête à frapper. Kléo n’avait plus de magie et était faible. Si elle devait être attaquée par lui maintenant, elle mourrait. Je ne pouvais pas laisser cet imbécile la tuer, alors je lui avais couru après.
J’étais plus rapide et fort que lui, donc naturellement, j’étais arrivé avant qu’il ne puisse l’attaquer. Saisissant sa main, je l’arrêtai, mais Kléo se retourna et vit son regard haineux.
« Pourquoi ? » demanda Kléo avec un regard triste et des larmes gonflant ses yeux.
Voir cela m’avait choqué.
Pourquoi faisait-elle ce visage ? Me demandai-je.
Avant que j’aie eu la chance de dire quoi que ce soit, j’avais vu une lumière sous mes pieds et ceux-ci étaient collés à quelque chose. Nous étions tous debout dans un cercle magique.
« Ah bord… Je souhaite que nous survivions tous et nous en sortions indemnes, » avais-je dit avant que la lumière ne s’intensifie.
Nous avions disparu du champ de bataille.
***
Chapitre 28 : Piégé
Partie 1
***Point de vue de Alkelios***
« Arg... Lourd ! » avais-je gémi en déplaçant la plaque de métal présente devant mon visage.
« Arg... Aïe..., » gémit le paladin alors qu’il était poussé de force loin de moi.
Je m’étais ensuite levé puis j’avais regardé autour de moi en massant un peu mes épaules. Tout mon corps était douloureux, et j’avais l’impression que Seryanna m’avait à nouveau envoyé dans un arbre. Bien sûr, il n’y avait pas d’arbres autour de moi. Il n’y avait pas non plus de morts-vivants en colère ou de village. J’étais dans une sorte de tunnel, et la puanteur me rappelait celle de nourriture pourrie.
« Qu’est-ce que..., » dis-je en étant surpris alors que je me me dirigeais vers le mur.
Mon Dieu, j’espère ne pas être dans des égouts... pensais-je en frappant le mur.
Sans aucun doute, cet endroit était construit avec de la pierre dure et froide. La magie y circulait, mais je ne pouvais dire si le mur lui-même avait été créé par magie ou enchanté. C’était vraiment étrange.
En regardant derrière, je remarquais Iolaus qui se levait.
« Où sommes-nous ? » lui ai-je demandé.
« Pourquoi pensez-vous que je le sache ? Peut-être que cela fait partie du plan de Thraherkleyoseya pour nous tuer ? » Il sourit.
Je laissais échapper un soupir et me dirigeais vers lui. Avec un coup de poing, j’avais envoyé son visage arrogant vers le sol.
« D’un, j’aime bien que tu saches prononcer son nom correctement. Quant à moi, ma langue fourche quand j’essaie. De deux. Tu n’es qu’un imbécile, » je m’étais alors éloigné de lui, alors qu’il luttait pour se relever.
« Pourquoi... !? Comment osez-vous frapper un paladin ! » cria-t-il en se jetant avec son épée vers moi.
Je pouvais sentir la colère et la haine dans son regard, mais il était lent, terriblement lent !
Avec un simple pas en avant, je l’avais attrapé par le visage et l’avais envoyé au sol. L’air avait quitté ses poumons, et son corps s’était tendu à la suite du choc. Je ne l’avais pas tué, bien sûr, mais c’était de l’autodéfense.
« De trois, je suis au moins cent fois plus fort que toi, » lui avais-je dit, en l’attrapant par le col de son armure et le soulevant. Puis, le poussant vers le mur voisin, je l’avais regardé fixement puis je lui avais dit : « Maintenant, monsieur le paladin, à moins que tu aies oublié tes leçons de logiques de la capitale ou d’où que tu viennes, dis-moi. Comment Kléo pourrait-elle être responsable de la merde qui se passe ici alors qu’elle était avec MOI durant le dernier mois à Tomeron !? » Je l’avais alors laissé tomber, alors qu’il me regardait avec des yeux choqués.
Ce n’était pas mon habitude d’être si violent, et ça ne me plaisait pas particulièrement, mais les crétins comme lui ne comprenaient généralement rien si on ne leur crachait pas la vérité au visage.
« Cela n’est pas impossible de lancer un sort à distance, » le paladin me dévisagea.
Ce bâtard ne va pas abandonner, n’est-ce pas ? pensais-je pendant que ma joue se contractait.
« J’abandonne, tu es un cas perdu d’avance. Adieu, » avais-je dit en haussant les épaules et partant loin de lui comme s’il n’existait plus.
« Ah ! Attends ! Où vas-tu, allié de la nécromancienne ? » cria-t-il en me courant après.
« Je pars trouver Kléo et sortir de cet endroit ! Et je m’appelle Alkelios ! » rétorquai-je.
C’était ma première conversation avec le dragon se prénommant Iolaus. Le fait qu’il soit un paladin et qu’il agissait ainsi me faisait me demander s’il ne faisait pas partie des imbéciles endoctrinés qui étaient dans des sectes bizarres n’ayant aucun sens. Malheureusement, je ne me souvenais pas d’une seule fois où le fait d’avoir un fou pareil proche de soi soit une bonne chose.
Si la situation empirait encore, j’allais le laisser mourir, mais il y avait de fortes chances que mon sens de la justice me pousse à le sauver. C’était la vérité, une réalité incorrigible et inébranlable.
Peu de temps après avoir commencé à traverser ces tunnels, nous avions rencontré notre premier groupe de monstres, deux archers-squelettes, un guerrier-squelette et un mage-zombie. Quand je les avais vus, je n’avais pas attendu que monsieur le paladin agisse et j’avais immédiatement utilisé mes compétences pour les vaincre.
Avec une Charge, je m’étais retrouvé devant un mage et avais poignardé son cœur. J’avais ensuite utilisé le Pas de Coté pour éviter la flèche, puis la Garde pour arrêter l’attaque du guerrier et Pic de Terre pour le détruire. En utilisant Esquive, j’avais évité la seconde vague de flèches et avais immédiatement utilisé la Charge pour réduire la distance entre moi et les archers. Deux coups d’épée latéraux étaient suffisants pour finir les squelettes. La bataille était déjà finie et j’étais victorieux.
Le paladin Iolaus n’avait rien pu faire dans cette bataille. Au moment où il était arrivé là où j’étais, il n’y avait plus d’ennemi à combattre. J’avais ramassé les objets étant tombés des monstres : deux pépites d’argent, deux pépites de fer et quatre tas de poussière. Cette dernière pouvait s’utiliser dans des potions.
« Est-ce que ça va ? » demandai-je au paladin derrière moi.
Le dragon plissa les yeux vers moi puis à l’endroit où les morts vivants avaient été tués.
« Même sans l’attribut de lumière, vous êtes capable de les vaincre, » m’avait-il dit avec une expression d’égarement sur le visage.
« Bien sûr, n’as-tu pas vu comment je me suis battu ? » demandai-je en levant un sourcil.
Il secoua la tête.
« Je ne faisais pas attention. Vous êtes un non éveillé, n’est-ce pas ? » m’avait-il demandé.
Devrais-je lui dire la vérité ? Hm, question stupide... J’avais souri. « Oui, je suis un non éveillé, tout comme ma petite-amie Seryanna, » lui répondis-je.
« Petite amie ? Voulez-vous dire que vous trouvez cette chevalière attirante ? » demanda-t-il en plissant les sourcils.
Est-ce que les dragons avaient de la merde dans les yeux ? Qu’est-ce qui ne va pas avec Seryanna ? pensais-je en le regardant.
« Oui, je l’aime, » lui répondis-je directement, mais je faisais de mon mieux pour ne pas paraître trop agacé par lui.
Pour une raison inconnue, ce paladin me frottait dans le mauvais sens du poil.
« Ça ne va pas durer, » déclara-t-il en passant devant moi.
Saisissant son épaule, je lui avais demandé. « Qu’est-ce que tu veux dire par là ? » en lui faisant un regard noir.
En me frappant la main, il me regarda et me répondit. « Parce que vous ne savez pas encore quel élément elle sera. Si c’est un élément opposé au vôtre, alors vos chances en tant que couple sont inexistantes, surtout si c’est comme la Lumière et les Ténèbres. »
Ses mots avaient un sens, mais je ne voyais pas en quoi cela m’importerait, d’autant plus que je connaissais déjà son élément. Ça allait être Feu ou Haute Flamme. Quant au mien, cela n’avait pas d’importance. Je n’étais pas un dragon et je n’allais jamais changer. Mes chances avec elle resteraient les mêmes, peu importe son élément.
Je ne comprends vraiment pas ce qu’il se passe avec lui. Pensai-je tout en continuant d’explorer les tunnels.
***Point de vue de Kléo***
Avec un grognement, je m’étais réveillée, et avais essayé de me lever, mais je ne pouvais pas. Mes bras et jambes étaient attachés par des chaînes métalliques froides m’empêchant de bouger librement. Surprise par cela, j’avais ouvert les yeux et avais baissé les yeux vers mon corps.
Les chaînes noires me gardaient prisonnière.
« Ah ! Tu es réveillée ! » J’entendis la voix d’un inconnu et levai les yeux vers lui.
C’était un homme de la même taille que ma sœur, mais il portait une robe noire avec une capuche cachant son visage. Tout ce que je pouvais voir était sa barbe et son sourire. Il n’avait ni queue ni ailes, et il n’y avait pas de traces d’écailles sur ses mains, ce qui signifiait qu’il était un non éveillé.
« Qui es-tu ? » Demandai-je en essayant de concentrer ma magie sous mes paumes et me libérer de mes menottes, mais dès que je l’avais fait, un choc m’avait parcourut. « AHHH ! » avais-je crié en tombant au sol, tremblante.
Mes muscles me faisaient mal, et ma magie avait disparu. Des runes pourpres brillaient sur les chaînes me retenant.
« Je ne ferais pas ça si j’étais toi. Chaque fois que tu essaieras d’utiliser de la magie, tu recevras un choc désagréable, » expliqua calmement l’homme d’une voix galante.
« Arg..., » gémis-je en lui jetant un regard noir.
« Ah ! Tu t’es demandé qui j’étais, ai-je raison ? » Il se frotta la barbe. « Hm, je ne peux pas te dire qui je suis, mais je peux te dire que je suis... un humain... un héros humain pour être précis, » déclara-t-il en souriant.
Qu’est-ce qu’il vient de dire ? pensais-je en le regardant choquer.
« Tu sais. J’ai été très surpris de découvrir qu’il y avait une dragonne nécromancienne dans ces régions. » Il se leva et se dirigea vers un bureau voisin empli de potions et tubes à essai similaires à ceux utilisés par Alkelios dans son laboratoire d’alchimie. « J’ai entendu dire que ton espèce était assez rare. Les paladins vous chassent jusqu’à l’extinction ou quelque chose comme ça ? » Il se retourna pour me regarder dans les yeux. « Mais ce n’est pas vrai, n’est-ce pas ? » Il secoua la tête. « Non, ce n’est pas le cas. Les dragons peuvent naître avec n’importe quel élément. L’un est chanceux et l’autre, non. Mais... » Il leva un doigt vers le haut. « C’est possible. » Il sourit.
« Qu’est-ce que cela peut t’importer ? » demandai-je en me redressant pour m’asseoir.
« Hm ? Je suppose que tu pourrais dire... que je ne suis intéressé que par ta magie ? J’ai réussi à voler la magie de quelques dragons dans cet endroit, mais ils étaient faibles, ils m’ont à peine fait monter de quelques niveaux. Ton énergie magique, cependant... » Il me regarda. « Devrait me donner un gros bonus, d’autant plus que c’est du même élément, l’obscurité. » Il retourna à ses expériences.
Cet homme est fou, mais comment un humain a-t-il réussi à pénétrer si loin dans le continent dragon ? Est-il semblable à Alkelios ? Non... Ce fou n’est pas du tout comme Alkelios ! Cet humain... est dangereux... Je secouai la tête et fusillais ce salaud du regard.
Entre moi et lui ne se trouvaient que les chaînes noires enchantées. C’était vrai qu’elles pouvaient arrêter ma magie, mais j’avais aussi une force décente. Peut-être que je pourrais les briser ? C’était ma seule chance. Bien que je me demandais ce qu’il voulait dire par volé ma magie ?
Est-ce que quelque chose comme ça était vraiment possible ? me demandai-je.
***Point de vue d’Alkelios***
J’aimerais qu’il me dise la relation entre Kléo et lui, pensais-je un moment après que nous ayons vaincu le quatrième groupe de monstres.
Maintenant, nous en étions au 20e et il n’avait toujours rien dit.
« Mais sérieusement, qu’est-ce qu’il y a entre toi et Kléo ? » demandai-je finalement.
Iolaus fronça les sourcils.
« Qu’est-ce que vous voulez dire pas “qu’est-ce qu’il y a” ? Je ne comprends pas, » avait-il répondu.
Soupir... Je secouai la tête. « Je veux dire quel est ton problème avec elle. Pourquoi êtes-vous tous les deux comme ça ? » Je plissai les yeux sur lui et arrêtai de marcher.
« Même si vous êtes dans une relation avec sa sœur, alors que vous êtes tous deux des non éveillés..., vous ne savez donc pas ? » demanda-t-il.
« Non ! Et qu’importe que nous soyons éveillés ou non ? » lui dis-je avec un regard noir.
« Cela l’est ! Si vous tombez amoureux d’un non éveillé, vous finirez par souffrir ! » cria-t-il puis il se couvrit la bouche comme s’il en voulait ne rien dire.
« Qu’est-ce que tu viens de dire ? » plissai-je les yeux vers lui.
Mon 100 en chance a à nouveau frappé.
« Rien, » il détourna le regard.
« Oh non ! N’essaies pas d’éviter le sujet, toi le paladin ne pouvant même pas ne serait-ce que tuer un squelette ! » déclarai-je en le pointant du doigt.
« J’allais l’avoir ! Si tu n’étais pas intervenu, je l’aurai tué ! » avait-il dit en pointant son épée vers moi.
« Ouais, bien sûr... Peu importe, » répliquai-je ironiquement.
Bien sûr, je ne le croyais pas. Plus tôt, quand je lui avais laissé un peu de menu fretin, il arrivait à peine à tenir face à un squelette. Ce n’était pas comme s’il était faible, c’était juste que le monstre était très fort. Un humain normal aurait fini écrasé, mais ce type était un paladin-dragon, je m’attendais à ce qu’il soit capable de se battre plus que ça. À la fin, j’avais dû tuer le squelette pour lui.
Iolaus laissa échapper un soupir et baissa les yeux. Il avait un regard triste.
« Dis-moi ce qu’il s’est passé, » lui dis-je calmement.
« Nous étions jeunes... stupides. Aucun de nous ne connaissait son élément, mais on s’en fichait..., » expliqua-t-il.
« Attends ! Veux-tu dire que toi et Kléo étiez ensemble ? » demandai je, surpris.
« Oui... nous l’étions. » Il leva les yeux vers moi.
***
Partie 2
***Point de vue de Seryanna***
« Ils arrivent sans fin ! » criai-je.
« Ils sont ennuyeux ! » se plaignit Kataryna.
Je ne pouvais la blâmer, elle les giflait et les tuait instantanément. J’avais peur de penser à ce qu’il se passerait si elle utilisait des sorts ou des armes.
« Penses-tu qu’Alkelios va bien ? » me demanda-t-elle.
« Je suis plus inquiète pour ma sœur, » déclarai-je en entaillant un autre squelette.
« Ce paladin, quel est son nom ? » demanda-t-elle en plissant les sourcils.
La dragonne avait oublié d’attaquer, et un zombie essayait de mâcher son avant-bras. Quand elle le remarqua, elle lui fit une pichenette sur le front et l’envoya voler. J’avais coupé trois squelettes puis avais poignardé un zombie dans le cœur. Ils avaient disparu et s’étaient transformés en poussière. Aucun de nous ne prenait la peine de collecter les pépites de métaux.
« Eh bien, » je m’approchais d’elle pour que les autres dragons ne nous entendent pas. « Iolaus et Kléo étaient… des amis d’enfance, » lui répondis-je.
« C’est surprenant ! » déclara Kataryna. Puis elle décida qu’il était temps de m’écouter, puisque mon histoire était beaucoup plus intéressante que l’armée de morts-vivants.
Avec un sort, elle avait envoyé une vague de pics de glace vers eux. D’innombrables zombies, squelettes et dullahans s’étaient transformés en poussière en un clin d’œil, ce qui nous avait permis d’obtenir quelques minutes de pause. Mais c’était seulement le cas pour nous, les paladins continuaient à se battre de toutes leurs forces, bien que je ne sois pas sûre du temps qu’ils pouvaient continuer à ce rythme.
« Dis-m’en plus à ce sujet ! » demanda la dragonne en s’approchant de moi en agitant la queue et avec un grand sourire.
« Eh bien, quand nous étions jeunes, avant que grand-père tombe malade et alors que nos parents étaient encore en vie, nous vivions dans notre manoir dans le capital, Drakaria. Il y avait très peu d’enfants dans le quartier étant prêt à jouer avec nous. La réputation de notre sang noble et celle de notre grand-père, cela a rendu leurs parents prudents et craintifs à notre égard. C’était juste des adultes idiots qui croyaient que les enfants qui jouaient ensemble avaient le pouvoir de déclencher des guerres, » j’avais commencé à me souvenir du bon vieux temps, c’était le moment le plus paisible de ma vie.
« Le vieil homme ne m’a pas donné l’impression d’être un haut noble à Tomeron, » Commenta Kataryna.
« À ce moment-là, nous l’étions, mais après qu’il fut tombé malade et que mes parents soient morts, notre maison a décliné. Avec l’éveil de Kléo, le temple de la lumière et le temple de la vie ont fait pression sur le roi pour nous dépouiller de notre pouvoir jusqu’à ce que nous soyons obligés de quitter la capitale. La seule chose qui garde Kléo en vie et en sécurité, c’est mon statut de chevalière de la princesse et la réputation de grand-père, » laissai-je échapper un soupir.
En ce moment, je craignais que cela ne suffise pas et si l’on venait à savoir que j’étais tombée amoureuse d’un humain, la chose pourrait finir de manière désastreuse. Mon seul espoir était que l’existence de Kataryna et Alkelios agissant avec les dragons pourrait servir d’atout dans le pire des cas.
« Comme je le disais, Iolaus et Kléo sont des amis d’enfance. Ma relation avec lui était au mieux au niveau de connaissances. Il ne venait pas d’une famille riche, mais il ne se souciait pas non plus de notre statut. Il était un bon dragon, mais plus Kléo et lui passaient du temps ensemble, plus il devenait attaché. Finalement, ils sont tombés amoureux. C’était environ deux décennies plus tard quand il s’est éveillé en tant que dragon de lumière. Il a été recruté par le temple de la lumière et est devenu un paladin, » avais-je expliqué.
« Alors Kléo s’est éveillée, n’est-ce pas ? » Demanda Kataryna.
« Oui… Elle s’est alors éveillée… et elle était une dragonne des ténèbres, l’opposé complet de son élément. » Je laissai échapper un soupir.
« Les dragons des ténèbres opposés ne peuvent être ensemble…, » déclara Kataryna en baissant les yeux.
« C’était la pire chose pouvant leur arriver… Iolaus a changé après, ils ont rompu… maintenant, il la déteste, » déclarai-je en regardant les paladins.
Si leur ordre n’existait pas… pensais-je.
C’était l’autre raison pour laquelle les hommes éveillés ne regardaient jamais les femmes non éveillées. Même s’ils étaient beaux, leur élément était ce qui comptait le plus. Si l’un était d’un élément opposé à l’autre, il aurait été difficile d’avoir un œuf. Dans mon cas, avec Alkelios, nous ne risquions pas d’avoir ce problème, mais j’avais déjà abandonné cette idée. Tant que je pouvais être à ses côtés, j’étais heureuse.
« C’est malheureux en effet… Soupir, une vision si étroite de ceux n’ayant pas encore atteint un éveil supérieur, » déclara Kataryna en soupirant.
« Les revoilà, » déclarai-je en pointant la vague qui approchait.
« Bien ! J’ai envie de casser quelque chose maintenant ! » Elle avait souri.
***Point de vue d’Alkelios***
Je l’avais deviné après qu’il avait dit que deux non éveillés ne pourraient trouver le bonheur. Il en était tellement sûr, c’était presque comme s’il parlait de sa propre expérience. Apparemment, c’était le cas.
« Alors toi et Kléo étiez amoureux, hein ? » demandai-je en m’appuyant sur le mur.
« Oui. » Il acquiesça lentement.
« Qu’est-il arrivé ? » Demandai-je.
« Que veux-tu dire ? Nous étions tous deux éveillés et avons fini par avoir des éléments opposés. N’est-ce pas évident ? » Demanda-t-il en me regardant.
« Pas vraiment..., » dis-je en penchant la tête.
« Hahaha ! Maintenant, je comprends pourquoi tu n’es pas inquiet de ton futur avec Seryanna ! Tu ne sais pas ce que ça veut dire ! » Rit-il, et j’avais envie de lui donner un coup de poing au visage, mais je m’en étais abstenu, mon poing était trop beau pour briser son visage.
« Dis, pourquoi est-ce ainsi ? » demandai-je en soupirant.
« Si elle s’avère être de l’élément feu et toi de glace, vous ne pourrez jamais avoir d’œuf ! C’est impossible ! » Il sourit.
Je parie sur toutes mes compétences que si je le souhaite, ça arrivera. Mais hélas, il ne sait pas que j’ai 100 de chances. Autant le laisser vivre dans l’ignorance. Pensais-je en souriant.
« Je m’en fiche, je suis sûr que nous saurons nous débrouiller, » déclarai-je en haussant les épaules.
« Non, vous n’y arriverez pas ! Personne n’a jamais réussi ! C’est pourquoi Thraherkleyoseya et moi ne pourrons jamais être ensemble ! » Il me regarda fixement.
« Que veux-tu dire ? N’étiez-vous pas tous deux amants ? Qu’est-ce qui a changé ? » avais-je demandé.
« Vous n’avez vraiment pas compris, n’est-ce pas ? » Il plissa les yeux vers moi.
« Je suis un idiot, alors éclaire-moi. » Dis-je avec un regard ennuyé dans mes yeux.
« Hmph ! Avant que je m’éveille en effet, nous l’étions. Je l’aimais de tout mon cœur et de tout mon être. Même notre première nuit ensemble était un bonheur absolu ! » déclara-t-il en regardant sa paume.
« Attends ! Attends ! Attends ! Kléo n’est plus vierge ? » demandai-je, surpris.
« Non. Je suis à peu près sûr de la lui avoir prise cette nuit-là. » Dit-il en fronçant les sourcils.
Je lui avais donné un coup de poing au visage et l’avais envoyé voler dans le mur derrière lui.
« Ah… oups, » déclarai-je en réalisant ce que je venais de faire.
« Arg ! » cria-t-il en se tenant le nez saignant.
« Pardon ! Réflexe…, » j’avais haussé les épaules et lui offris une potion.
Il l’avait bue et m’avait ensuite lancé un regard noir.
« Quelle sorte de réflexe vous fait frapper le visage des gens ? » m’avait-il interrogé.
« Réflexe de frère aîné ? Maintenant, continue avec l’histoire, » lui avais-je dit en souriant tout en essayant de ne pas le frapper une fois de plus.
Ce salaud... comment a-t-il osé faire ça à Kléo ? pensais-je.
« Soupir… Eh bien, après m’être éveillé en tant que dragon de l’élément de lumière, j’ai été recruté par le temple de la lumière. Pendant ce temps, quelque chose a changé… J’ai toujours aimé Thraherkleyoseya, mais chaque fois que nous étions ensemble, c’était étrange. Puis j’ai découvert pourquoi quand elle s’est éveillée. Elle appartenait à l’élément ténèbres… Mon ennemi naturel. » Il baissa les yeux et regarda ses poings.
« En quoi cela fait-il d’elle ton ennemie ? Tu l’aimais toujours, n’est-ce pas ? » Demandai-je en penchant la tête.
« Oui, et c’est toujours le cas, mais pas pour la Thraherkleyoseya éveillée. Elle m’a trahi en devenant ça ! Vous n’avez aucune idée de ce que ça fait de vous faire trahir ainsi ! Tous les éléments auraient été bien, mais il a fallu qu’elle soit de l’élément ténèbres ! Thraherkleyoseya est devenue un monstre ! » avait-il crié vers moi.
Je l’avais frappé à nouveau et l’avais envoyé vers un autre mur. Il toussa et cracha le sang alors que j’avais dû lui briser quelques trucs.
« Cette fois, ce n’était pas un réflexe., » lui avais-je dit en marchant vers lui.
« Vous, bâtard ! » Il m’avait sauté dessus et m’avait frappé au visage.
Je n’avais rien senti, mais j’avais attrapé sa main et lui avais donné un coup de pied dans le ventre.
« Arg ! » Grogna-t-il.
Je l’avais frappé au visage et lui avais brisé le nez. L’envoyant dans le mur, son armure craqua et il lutta pour se libérer.
« Un monstre, dis-tu ? C’est toi qui es un monstre ! » avais-je crié.
« Arg… Lâchez-moi ! » Avait-il dit en luttant.
Je lui avais donné un coup dans le ventre et l’avais jeté au sol.
« Arg ! » Il gémit et toussa plusieurs fois.
Son armure était fissurée, mais toujours là. Si elle n’avait pas été là, je l’aurais probablement gravement blessé. En fait, j’étais surpris de pouvoir contrôler un peu ma force. Peut-être que c’était un réflexe ou de la pure chance, mais si je devais le frapper avec toute ma force, je le tuerais instantanément.
« Tu as dit que je n’avais aucune idée du sentiment que cela fait, non ? Eh bien, sais-tu qui se sentait comme ça à cause de toi ? Est-ce que c’est toi ? » lui avais-je demandé en le poussant au sol.
« N-Non... » Il gémissait en se levant.
« C’était Kléo. Tu l’as trahie. Toi, l’adepte de la lumière qui crie Justice sans raison, tu l’as trahie de la pire manière possible ! » Lui dis-je.
« Vous mentez ! Je ne l’ai jamais trahie ! » me cria-t-il dessus.
En le fixant du regard, je l’avais attrapé par le cou et l’avais soulevé.
« Alors, dis-moi ! Comme appelle-t-on quelqu’un qui te dit qu’il t’aime, mais qui t’attaque juste parce que tu as un peu changé ? »
« Elle n’a pas un peu changé ! Elle est de l’élément ténèbres ! »
« Et alors ? Sa personnalité a-t-elle changé ?! Son sourire a-t-il changé ?! Ses sentiments pour toi ont-ils changé ?! Ou attends, peut-être que tu ne l’as jamais aimé en fait, n’est-ce pas ? » avais-je crié de pures colères, puis je l’avais laissé tomber au sol. « Mes excuses ! Je me suis trompé, en premier lieu, tu ne l’as jamais aimée, alors ma colère était déplacée ? » Je lui avais dit d’un ton clair de dégoût et lui avais ensuite jeté une potion de guérison.
Il l’attrapa et me lança un regard noir.
« Je l’aimais ! Je l’ai vraiment aimé ! J’aime toujours Thraherkleyoseya non éveillée ! » m’avait-il crié dessus.
J’avais posé mon pied sur sa poitrine.
« Non, ce n’était pas le cas. » Je l’avais regardé dans les yeux. « Si tu l’aimais, tu l’aurais acceptée. Le fait qu’elle soit de l’élément des ténèbres, feu, eau, lumière, ou même humaine ! Tu l’aurais entièrement acceptée ! N’est-ce pas ce que le véritable amour signifie ? Accepter l’autre sans exception ? Ne pas avoir de doute dans ton cœur au sujet de la personne en question ? » Je lui avais demandé ça en le regardant fixement.
Il ne m’avait pas répondu, il m’avait regardé dans les yeux.
« Si tu l’aimes vraiment comme tu dis, alors tu ferais tout ce qui est en ton pouvoir pour rester à ses côtés. Tu combattrais même les Dieux si tu le devais… C’est ce qu’est le vrai amour… Ouais, ça semble boiteux, mais malheureusement, c’est la vérité, » j’avais enlevé mon pied de son torse et l’avais laissé là.
Au coin suivant, je m’étais arrêté et m’étais appuyé sur le mur. Mon corps tremblait et je respirais fortement. Toutes ces choses que j’avais dites, tous ces mots et la façon dont je me comportais n’étaient pas mon moi habituel. Je le savais en théorie, je lisais des choses sur le sujet dans les histoires, dans les jeux, mais à quel point je croyais dans ces mots était anormale…
Maintenant, après le passage de l’adrénaline, je ne pouvais même pas me reconnaître. En repensant à ces mots, c’était comme si je disais ces mots à moi-même et non à lui.
Est-ce que j’ai dit toutes ces choses à cause de ma compétence Dompteur de dragon ? Me demandai-je.
C’était possible. À l’époque où Seryanna et Kléo étaient en difficulté, cette capacité avait transformé quelque chose en moi. C’était une étincelle de courage, quelque chose me poussant en avant et me poussant à aider mes amis. Si c’était un instinct ou non, je ne pouvais pas le dire, mais c’était là.
Après ce qui s’était passé, je pouvais clairement me rappeler que j’avais eu de tels moments auparavant, mais je ne l’avais pas vraiment remarqué. Cette sensation se manifestait par quelques mots, ou un éclat, ou quelque chose de petit, mais cette fois, avec Iolaus, c’était la première fois que je réagissais d’une manière aussi violente et étrange.
En fait, je pouvais à peine me rappeler ce qu’ils disaient ou à quoi cela ressemblait quand je disais ces choses. Tout ce dont je me souvenais était ces mots, quoique légèrement modifiés : si tu l’aimais, tu l’aurais entièrement acceptée. Tu ne te serais pas soucié si elle était humaine ou non. Tu l’aurais aimée et tu n’aurais même pas gardé une goutte de doute dans ton cœur.
J’avais répété ces mots dans ma tête encore et encore tout en pensant à Seryanna. Je savais que j’étais supposé les suivre, je savais qu’ils disaient la vérité, mais mon cœur me disait que je manquais encore de quelque chose… Je n’en étais pas encore là. Je ne pouvais accepter ou aimer Seryanna entièrement pour qui est ce qu’elle était, mais je ne savais pas pourquoi.
C’était comme essayer de regarder une peinture cachée derrière un brouillard noir. Vous saviez que la peinture était là, mais vous ne pouviez en voir sa beauté.
Pourquoi suis-je ainsi ? Me demandai-je en remarquant mes mains tremblantes.
« Kakaka! » Le bruit d’un squelette m’avait fait sortir de mon étrange état d’esprit.
Je devrais me vider l’esprit… Détruire quelque crâne devrait m’aider… Oui. Pensais-je en me levant et serrant mes poings.
***
Chapitre 29 : Le dernier compte à rebours
Partie 1
***Point de vue de Kléo***
« Hm, il semblerait qu’il y ait des individus étranges qui arrivent ici. L’un d’eux est un paladin et l’autre est un dragon non éveillé, mais il est assez fort, » dit l’homme en regardant le cristal flottant.
De l’endroit où j’étais assise, je ne pouvais pas voir le cristal, mais j’avais mes suppositions quant à qui pourrait être ces deux-là. Les deux seules personnes étant à côté de moi quand j’avais été envoyée ici étaient Alkelios et Iolaus. Si c’était l’amoureux de ma sœur, alors il viendrait certainement me sauver, mais le paladin visait probablement à rompre ses liens avec moi… pour de bon.
Au cours des dernières heures, depuis que je m’étais réveillée dans cet endroit, j’avais réalisé quelques choses.
Tout d’abord, ces chaînes étaient assez puissantes pour bloquer ma magie et suffisamment solides pour résister à ma force. Bien que je puisse facilement plier l’épée d’acier d’un humain, je ne pouvais pas briser ces chaînes.
En second lieu, ce nécromancien ne contrôlait pas le donjon. En fait, il essayait activement de le détruire, mais il acceptait joyeusement les attaques. En utilisant un sort étrange, il envoyait tous les monstres visant à sa vie ailleurs.
La première fois que je l’avais vu, ce n’était pas longtemps après que je me sois réveillée. Deux squelettes s’étaient précipités dans cette pièce, mais il avait simplement tendu les mains vers eux et avait parlé dans une langue étrange. À ce moment-là, j’avais senti le flux d’énergie magique se déplacer et les monstres avaient disparu. Cet événement avait été répété à maintes reprises, mais je n’étais jamais exactement sûre où ils étaient envoyés.
La dernière chose que j’avais découverte était la raison pour laquelle il ne me tuait pas immédiatement. S’il ne voulait pas détruire ses propres canaux d’énergie magique, il devait se donner le temps de s’adapter à l’énergie qu’il allait absorber. En d’autres termes, mon temps était limité si je ne me libérais pas de ces chaînes ou si quelqu’un ne venait pas me sauver.
Du bon côté des choses, il prévoyait d’absorber mon énergie magique sous deux jours. C’était plus que suffisant pour que mes amis viennent me sauver. Mais même ainsi, je n’avais pas l’intention de rester assise tranquillement jusqu’à ce qu’il le fasse, je continuais à me débattre avec les chaînes pour tenter de les détendre un peu. Mes poignets me faisaient mal, mais même si je me brisais les poignets, je n’avais pas l’intention d’abandonner.
« Peut-être que je devais envoyer un boss à leur encontre ? » déclara l’homme d’une manière pensive.
« Pourquoi ferais-tu cela ? » Lui ai-je demandé.
« Pourquoi devrais-je te le dire ? » Il renifla puis me regarda. « Rien n’est sur à 100 %. Ils peuvent toujours avoir un atout dans leurs manches, c’est pourquoi je ne révélerai aucune information concernant ce que je fais et prévois de faire. Si tu veux, tu peux le deviner. Mais je ne vais pas non plus confirmer où le nier., » déclara-t-il en souriant.
Cet homme ne comptait pas me faire savoir quoi que ce soit. Il était prudent et voyait nos vies comme rien de plus qu’un moyen de stimuler son propre pouvoir. En tant que telle, je n’avais aucun doute qu’il était du genre à nous tuer sans pitié pour obtenir ce qu’il désirait. Mon seul problème était de savoir si nous étions assez forts pour le vaincre ou non.
***Point de vue d’Alkelios***
Cela faisait deux heures que nous avions été transportés ici. Ma compétence Dompteur de Dragon aurait été une bonne chose à utiliser si nous étions sur un terrain ouvert, cependant, il y avait deux problèmes avec son utilisation. D’une part, il était sur Seryanna, et d’autre part, c’était inutile dans un labyrinthe. En ce moment, il pointait derrière moi… au plafond.
« N’êtes-vous pas fatigué ? » me demanda Iolaus alors qu’il s’appuyait sur un mur pendant que je ramassais le butin de notre récente tuerie.
« Pas vraiment..., » avais-je dit en haussant les épaules.
« Vous êtes un monstre ! Et en plus, vous n’êtes même pas encore éveillé. » Il secoua la tête.
Après notre dernier combat qui avait eu pour résultat de l’avoir envoyé au sol, il avait gardé le silence la plupart du temps et quand il parlait, c’était pour dire des choses comme ça.
« J’ai fini. Allons-y, » déclarai-je en continuant à avancer.
Le dragon gémit et fouetta avec sa queue l’air pour montrer son agacement. Je l’avais ignoré et avais continué à marcher à travers ces tunnels interminables.
Les monstres changeaient de temps en temps, mais les groupes de base étaient constitués de zombies, de squelettes, et de temps en temps une liche ou un dullahan. Les autres types de monstres que nous avions rencontrés étaient des scorpions morts-vivants géants, des serpents morts-vivants et un squelette joueur de piano saoul. Ce dernier n’était pas une blague. Nous avions rencontré un squelette saoul jouant du piano, et il était plutôt bon. Nous ne l’avions pas tué, nous l’avions tranquillement contourné.
Quant aux boss, il n’y en avait pas. Nous étions arrivés dans ce que l’on pourrait appeler une salle de boss, mais elle était vide. Les coffres étaient vides le long du chemin, presque comme si quelqu’un était déjà passé et avait tout pris, il ne restait pas même une épée rouillée ou un boulier endommagé.
Une autre chose que j’avais remarquée était la fréquence à laquelle nous rencontrions ces groupes. Au lieu de les trouver dans chaque salle, nous avions de la chance d’en rencontrer un groupe toutes les quatre ou cinq salles. Quant aux tunnels, ils étaient pour la plupart vides. Cela m’avait amené à croire que peut-être, sinon sûrement, nous avions été assez chanceux de repérer ces deux groupes lorsque nous étions arrivés ici.
« Hey, paladin Iolaus, as-tu déjà visité un donjon à part celui-ci ? » avais-je demandé.
« Bien que ce soit la première fois que je rentre dans ce donjon particulier, je suis expérimenté avec d’autres donjons, » déclara-t-il fièrement.
« Vraiment ? À quelle fréquence y avais-tu rencontré les monstres dans ces donjons ? » lui avais-je demandé sans tourner la tête.
« Assez souvent en réalité. Je suis un peu surpris par la rareté des groupes ici. Normalement, vous ne trouveriez pas seulement un ou deux groupes de temps en temps, » répondit-il en regardant les restes du dernier groupe que nous avions tué.
« Combien alors ? » demandai-je.
« Vous savez… Je ne comprends pas. Vous êtes incroyablement puissant, mais je peux dire que vous n’êtes jamais entré dans un donjon avant. » Dit-il en secouant la tête.
« Eettt, où est le problème ? » lui avais-je demandé en plissant les sourcils.
« Eh bien… C’est juste que d’après ce que je sais, un dragon non éveillé ne peut pas devenir aussi puissant sans s’entraîner dans un donjon, » expliqua-t-il en plissant les yeux vers moi.
« J’ai vécu dans la forêt Seculiar jusqu’à présent, » lui avais-je immédiatement annoncé.
Durant les quelques jours que j’avais passés loin de Seryanna, je m’étais demandé ce que j’allais dire à ces dragons qui ne connaissaient pas mon secret, et qui ne cesseraient de me demander comment j’étais devenu si fort. Une option était de dire que je m’étais entraîné dans un donjon lointain, tandis que l’autre était de dire que j’avais vécu dans la forêt Seculiar. Cet endroit était connu par toutes les espèces pour être l’un des endroits les plus dangereux connus. Si c’était le plus dangereux entier au monde, c’était discutable. À en juger par ce que Seryanna m’avait dit au sujet de cette espèce neutre qui créait les donjons, il était fort probable que sur leur continent, ils avaient quelque chose de bien plus effrayant que la forêt Seculiar.
Iolaus n’avait rien dit d’autre après que je lui avais dit ça. Nous avions continué à marcher à travers le donjon en tuant tous les monstres se mettant en travers de notre chemin. La plupart du temps, je m’inquiétais pour la sécurité de Kléo. Avec Kataryna à la surface, j’étais certain que ma dragonne rousse n’aurait pas de problèmes.
Le village était probablement aussi sûr pour l’instant, mais j’avais l’impression qu’il y avait quelque chose de bizarre à propos de ce donjon. La quantité de monstres à l’extérieur était scandaleuse, et ils continuaient à apparaître l’un après l’autre. Ils étaient comme une vague sans fin, mais pourquoi attaquaient-ils en premier lieu ?
Pourquoi maintenant ? avais-je pensé après avoir détruit un autre groupe.
« Où pourrait être Thraherkleyoseya ? » avait demandé Iolaus. Avais-je réellement senti un soupçon d’inquiétude dans sa voix.
« Il semblerait qu’elle ne soit pas ici. Elle est probablement plus profondément dans le donjon..., » répondis-je en ramassant les pépites et en ignorant la poussière.
« Pourquoi un donjon enlèverait-il quelqu’un de la surface ? » demanda-t-il.
« Est-ce que les choses comme ça n’arrivent pas souvent ? » demandai-je.
« Non. Jamais ! Je n’ai jamais entendu parler de quelque chose comme ça ! » Il secoua la tête.
« Est-ce vrai ? Alors, peut-être que ce n’était pas le donjon qui a fait ça... » déclarais-je en réfléchissant et en me grattant l’arrière de la tête.
En regardant le chemin devant moi, j’avais commencé à me demander si ce donjon pouvait aussi penser qu’il était en danger et qu’il essayait d’attaquer un autre danger. Si c’était le cas, alors il gaspillait beaucoup d’énergie contre nous ici.
Laissant échapper un soupir, j’avais levé les yeux vers le plafond.
« Un donjon peut-il comprendre nos paroles ? » demandai-je.
« Je ne sais pas. À quoi pensez-vous ? » demanda Iolaus en s’éloignant du mur où il s’appuyait.
« Quelque chose... d’étrange, » avais-je répondu.
Si cela fonctionne, alors je suis un génie, sinon… au moins, j’aurais essayé. Je souhaite que ce donjon nous aide à trouver Kléo. Je fermai les yeux en exprimant mon souhait, laissant la chance faire son affaire, quand j’ouvris les yeux, je regardais le chemin devant moi.
« Alors, devrions-nous y aller ? » demanda Iolaus.
« Pas encore. » J’avais alors pris une profonde inspiration et crié. « Donjon ! Je sais que tu peux m’entendre et me comprendre ! » Je m’arrêtai et plissai les yeux.
« Que faites-vous ? » demanda Iolaus.
« Sh ! Ne m’interromps pas, » lui avais-je dit.
Le paladin croisa les bras et s’appuya sur le mur à côté de moi.
« Bien ! Laissez libre cours à votre folie, » avait-il dit d’une voix méprisante.
Je l’avais ignoré et avais crié à nouveau au donjon. « Nous ne sommes pas tes ennemis ! Nous souhaitons récupérer notre amie, la dragonne à écailles noires puis quitter cet endroit ! Si tu nous fais un chemin, même si c’est à côté de ton cœur, nous promettons de ne pas essayer de te détruire ou de te faire quoi que ce soit ! »
« Vous peut-être, » commenta Iolaus.
« Toi aussi ! Surtout si tu ne veux pas que je réarrange tous les os de ton corps, » l’avais-je menacé.
« Arg… Bien… je le promets aussi, » il détourna les yeux et marmonna quelque chose d’inaudible.
J’avais continué. « S’il y a quelqu’un qui la maintient contre sa volonté et en même temps utilise tes monstres pour attaquer la surface, je vais essayer de vaincre cette personne ! Alors, vas-tu nous laisser passer et nous montrer le chemin, donjon ? »
C’était mon plan.
Bien sûr, qui croirait que quelqu’un comme moi pourrait parler à une créature artificielle dont le seul but était d’exterminer tous les aventuriers osant la défier ? Eh bien, j’étais un peu en train de parier sur l’idée que peut-être… juste peut-être, ce donjon avait une sorte d’intelligence qui pouvait mesurer les menaces. Si notre statut passait d’ennemi à allié, alors il concentrerait toute son énergie à nous aider, et non à nous tuer. Bien sûr, il pourrait aussi nous ignorer, mais c’était bien aussi.
Quelques minutes plus tard, Iolaus laissa échapper un soupir.
« Vous voyez ! Cela n’a pas marché ! » se moqua-t-il.
« Attendons un peu plus longtemps… Peut-être que c’est en train de réfléchir, » lui dis-je.
« Comment nous tuer, peut-être ? » sourit-il.
« C’est mieux que rien..., » avais-je gémi.
« Eh bien, je vous le dis, vous êtes fou ! Quelque chose comme parler à un donjon est stuppppppp ! » Iolaus n’avait pas pu terminer sa phrase, car le mur derrière lui avait soudainement disparu et il était tombé.
« Tu disais ? » dis-je en me dirigeant vers lui en lui faisant un sourire.
« Ceci… ça ne peut pas être ! Je n’ai jamais entendu parler de quelque chose comme ça ! » déclara-t-il en étant étonné alors qu’il se relevait.
« C’est un peu logique quand on y pense. Nous ne sommes pas techniquement les ennemis de ce donjon. Nous voulons seulement récupérer Kléo et non pas conquérir cet endroit. » Je haussai les épaules en passant devant.
Il y avait un chemin droit descendant. Les murs étaient droits, à peine éclairés par des cristaux fluorescents, mais il n’y avait pas de pièges ou de monstres. Nous étions restés vigilants, mais il était clair que le chemin était fait pour nous permettre d’atteindre cet « ennemi ». Ma seule question était son savoir si nous étions confrontés à un seul individu ou à un groupe.
« Reste sur tes gardes Iolaus… Nous ne savons pas ce qui va se passer, » lui dis-je.
« C’est paladin Iolaus, et je sais ce qui est devant moi, un piège… Je suis certain que vous nous avez menés directement dans un piège ! » Il se moqua, mais je l’ignorai.
Pour être sûr, j’avais utilisé mes 100 de chances.
Je souhaite que nous sortions de cet endroit en toute sécurité. Bien que je déteste ça, je souhaite que toutes les choses entre Kléo et Iolaus soient résolues. Cette haine absurde… Tout comme mon manque de désir d’avancer et d’améliorer ma compétence Dompteur de Dragon, pensais-je.
***
Partie 2
**Point de vue de Kléo***
« NON ! Où sont-ils ?! Où sont-ils ?! » cria l’homme en attrapant le cristal à deux mains.
Il semblerait qu’il ait perdu la trace des deux personnes à l’intérieur du donjon. Ils n’étaient certainement pas morts, ils avaient juste disparu de l’intérieur des tunnels, ou peut-être qu’ils avaient trouvé qu’il les suivait et avait réussi à éviter son sort ?
Dans ma cage, je ne pouvais que faire un sourire moqueur. Si c’était bien Alkelios qui était dans le donjon, alors cet homme le sous-estimait lourdement. Il était le seul et unique humain avec une capacité lui permettant d’emprunter la puissance de ses amis dragons. J’étais l’un d’entre eux, mais aussi ma sœur, une chevalière, et Kataryna, qui était une dragonne ayant atteint l’éveil supérieur. Il y avait aussi le pouvoir emprunté à mon grand-père, mais ce qui était étonnant et simplement hallucinant à propos de sa capacité était le fait qu’il ne nous volait pas notre pouvoir, mais en faisait une copie.
En d’autres termes, plus nous étions forts, plus il devenait fort.
La seule chose dont je pouvais m’inquiéter était le fait que cet homme devant moi pouvait avoir une capacité semblable à la sienne, après tout, il était capable de m’amener ici contre ma volonté.
« C’est étrange… Je ne peux pas les localiser. C’est comme si le donjon les avait engloutis ! » Dit-il en colère.
Je n’avais rien dit.
Finalement, il se lassa de les chercher et s’éloigna du cristal. Cela ne servait à rien de les localiser s’ils trouvaient un moyen de contourner son sort, mais cela signifiait en soi qu’ils étaient plus ou moins conscients du fait qu’ils étaient surveillés. Comme je ne savais pas exactement comment fonctionnait ce sort, je ne savais pas quelles étaient les façons possibles d’interférer ou de le dissiper.
« Et nous y voilà, » j’avais entendu la voix d’Alkelios venir de l’extérieur de cette pièce.
« Ça ne peut pas être..., » l’homme avait l’air inquiet et réfléchissait à ce qu’il devait ensuite faire.
Son regard se dirigea vers moi et retourna à son bureau. En allant là-bas, il plaça une bague avec le sort de bourse et absorba l’ensemble du laboratoire. Il avait continué à faire la même chose avec tout le reste, en accordant une attention particulière à ses papiers écrits dans une langue étrangère. Il n’avait rien laissé derrière lui. J’étais restée là comme seule témoin.
« Hmph ! » Il se retourna et se dirigea vers la sortie.
Une baguette magique était apparue dans sa main gauche.
Qu’est-ce qu’il prépare ? Me demandai-je.
« Explosion, » avait-il dit avant de partir.
Un froid parcourut mon échine. Les chaînes autour de mes poignets avaient commencé à briller d’une forte lumière violette, et des caractères étranges étaient apparus sur eux. Ils changeaient chaque seconde, décomptant quelque chose.
« Non… Qu’est-ce que c’est ? » avais-je dit, surprise en essayant de me libérer de mes chaînes.
Je ne savais pas ce que c’était, mais c’était effrayant. L’énergie magique qui se rassemblait en elles n’était pas une blague, alors j’avais essayé désespérément de me libérer.
« Arg ! Je ne peux pas… Je ne peux pas les enlever..., » déclarai-je en luttant jusqu’à ce que mes poignets commencent à saigner.
J’avais entendu des pas à côté de moi, et je m’étais arrêtée un instant pour regarder en arrière. Là devant moi se tenait Iolaus. Son épée dégainée.
« Thraherkleyoseya..., » déclara-t-il en me regardant dans les yeux.
La peur avait traversé tout mon corps alors que je comprenais pourquoi il était là… et la raison pourquoi un paladin se tenait devant un nécromancien enchaîné avec son épée dégainée.
« Non, s’il te plaît..., » je me tortillai et fermai les yeux.
***Point de vue d’Iolaus***
Ce monstre absurde était fou en demandant de l’aide au donjon, mais qui étais-je pour dire ça ? Comparé à lui, j’étais faible. Je ne pouvais rien faire pour l’arrêter, mais là encore, aucun dragon n’avait jamais essayé quelque chose comme ça, du moins à ce que j’en savais.
Ce dragon avait dit qu’il avait gagné sa force absurde en vivant dans la forêt Seculiar, qui était renommée pour ses dangers terribles, mais je le trouvais absurde. Personne ne pourrait survivre seul dans cet endroit ! L’un de mes aînés avait essayé de défier cette forêt avant, mais il avait échoué lamentablement. Il avait un niveau de puissance de 146, pourtant il était revenu avec une main en moins et une cicatrice sur le visage. Même sa propre femme ne l’avait pas reconnu. Cela lui avait tout coûté, pourtant ce non éveillé prétendait avoir vécu là ?
Peut-être, que sa force pouvait ajouter une pointe de vérité en ses mots, mais quelque chose en moi ne le croyait pas.
« Nous sommes presque au bout de ce tunnel..., » déclarai-je marchant derrière lui.
« Oui. Attends un instant. » Nous nous sommes tous deux arrêtés, et il a fermé les yeux. « Yeux de chatons ! » déclara-t-il en activant son sort.
Ses pupilles étaient passées de normales à celles d’une bête. Ils étaient fendus verticalement.
Je n’avais aucune idée de ce qu’il essayait de faire, mais j’avais patiemment attendu. Peut-être que c’était une sorte de capacité de reconnaissance ? Si c’était le cas, je n’avais jamais entendu parler d’un sort avec un nom si étrange.
Quelques instants plus tard, ses yeux étaient revenus à la normale.
« Voici le plan. Tu restes tranquille, et je vais essayer de distraire le gars à capuche noir qui a kidnappé Kléo. Pendant que je l’attire, tu vas libérer Kléo, » m’avait-il dit.
« Pourquoi devrais-je te faire confiance, et pourquoi me ferais-tu confiance pour la vie de Thraherkleyoseya ? » lui avais-je demandé en le regardant les yeux.
« Eh bien... » Il détourna les yeux.
« Et si je voulais tout simplement… la tuer ? » lui demandai-je, mais ces mots pesaient lourdement sur mon âme.
Après ce que ce dragon non éveillé m’avait dit plus tôt aujourd’hui, je ne pouvais pas ressentir le même désir de tuer mon ancienne amoureuse. Ses paroles avaient bouleversé toutes mes mœurs, mais ce n’était pas la logique de ces mots, mais peut-être la confiance qu’il mettait derrière eux. Peut-être que j’étais un échec en tant que Paladin ?
« Tu as hésité un moment. C’est pourquoi je suis certain que tu ne le feras pas. En outre, je souhaite qu’elle ne soit pas blessée et que nous la sauvions en toute sécurité. Tu ne la tueras pas et si tu essayes… tu vas mourir. Je te le garantis, » m’avait-il dit avec une telle force et confiance que cela m’avait égaré.
Comment un dragon peut-il mettre autant de foi et de confiance dans un avenir incertain ? Je me demandais.
« Nous y sommes… Allons-y, » avait-il ordonné.
J’avais hoché la tête et dégainé mon épée.
Il s’était placé devant moi et avait tourné à gauche. J’étais allé à droite et m’étais caché à l’intérieur des ombres du labyrinthe. Là, j’avais trouvé un guerrier squeletté. Je m’arrêtais et déglutis, levant mon épée. Le monstre m’avait regardé et avait secoué ses os. Il n’avait pas attaqué, ce qui était étrange.
« Et nous y voilà ! » avait crié Alkelios.
Je l’avais entendu, mais je craignais que si j’attaque un squelette ou que je me fasse attaquer par celui-ci alors l’ennemi m’ait certainement repéré.
Je prie Lumenya, Déesse de la Lumière, et Lumenos, son mari, que ce qu’il a dit à propos du donjon étant notre allié temporaire soit vrai... alors encore, quel était le nom de ce dragon ? Par les Dieux, je mourrai à la suite d’un homme dont je ne me souvenais même pas le nom ! pensais-je intérieurement pendant que je regardais les trous servant d’yeux du squelette devant moi.
D’une manière surprenante, il n’avait pas agi. Il ne m’avait pas attaqué.
Bien qu’un peu étonné par ce fait, j’avais remarqué que l’homme à capuche quittait la pièce. Je savais que c’était le moment où je devais agir et je m’étais précipité à l’intérieur de la pièce. Il ne m’avait pas suivi.
Là, j’avais trouvé Thraherkleyoseya… ses poignets saignaient à cause de ses tentatives de luttes pour se libérer de ses chaînes, qui semblaient enchantées d’ailleurs.
À quel point a-t-elle lutté pour finir comme ça ? pensais-je d’un coup en ayant un frisson.
Le sang coulait de ses blessures et pour l’instant, elle ne semblait pas être consciente de moi, mais plus je la regardais, plus je voyais une femme, une ancienne amoureuse, essayant de se libérer de ses chaînes et non plus seulement une féroce nécromancienne.
Je m’étais arrêté devant sa cage, et c’est alors qu’elle m’avait remarqué.
En levant les yeux vers moi, des larmes coulaient sur ses joues. Elle avait peur.
Je pensais que les nécromanciens n’étaient que mes monstres sans cœur… Les ténèbres corrompues… alors pourquoi pleures-tu ? m’étais-je demandé alors que je sentais mon cœur vaciller.
« Thraherkleyoseya..., » je l’avais appelée, mais je m’étais arrêté.
Que vais-je lui dire ? Non… tout ce que ce dragon m’a dit est un mensonge ! Je dois la tuer ici ! Au nom de mes Dieux… Je dois la tuer… je dois tuer ça… ça…, pensais-je en saisissant la poignée de mon épée.
« Non, s’il te plaît..., » elle se tortilla jusqu’à ce qu’elle touche le mur.
Les mains levées vers moi et fermant les yeux, elle tremblait et essayait de se protéger de moi.
Le sang coulait sur ses poignets, sa peau était coupée et déchirée par ses tentatives pour se libérer. Des larmes coulaient sur ses joues et tout son corps tremblait.
Alors que j’étais devant une telle femme, je tenais mon épée prête à la tuer.
« S'il te plaît… S’il te plaît, ne me fais pas de mal, Iolaus..., » gémit-elle.
Mon cœur s’était gelé à cet instant.
Ma propre main tremblait lorsque j’ouvrais la porte.
« S’il te plaît…, » m’avait-elle supplié.
Mes Dieux exigent la mort de tous les nécromanciens… ils me demandent de vous tuer… de vous tuer, Thraherkleyoseya, pour la justice, pour la paix, pour… l’amour… Pensais-je en levant mon épée. Amour ? pensais-je à nouveau. Je m’étais souvenu des paroles de ce dragon. Je m’étais souvenu ce qu’il avait dit à propos de la signification d’aimer. Je m’étais souvenu de mes propres mots. Non ! Je secouai la tête et serrai les dents. Tout mon corps était tendu et tremblait, mais pas à cause de la peur, mais par l’indécision. Si elle n’avait pas ce pouvoir… alors, j’aurais continué de l’aimer… Je l’aime toujours… l’ancienne, mais… Je m’arrêtais et attrapais mon propre visage, luttant contre mes pensées.
« Je ne peux pas utiliser la magie… Ces chaînes me tueront quand même… si je dois mourir… alors au moins ça pourrait être par tes mains…, » Thraherkleyoseya avait dit quelque chose d’impensable.
Abaissant ses mains et pleurant, elle leva les yeux vers moi avec une expression envoyant des lances de culpabilité et de douleur dans ma poitrine. Il semblerait qu’elle soit à bout. Elle ne voyait pas d’échappatoire. Sa seule chance, le dragon non éveillé… n’était pas là.
Au lieu de cela, j’étais là, l’homme l’ayant trahie… l’homme qui l’aimait…
« Thraherkleyoseya..., » déclarai-je en levant mon épée.
Elle ferma les yeux et attendit. Les runes sur ses poignets changeaient de plus en plus rapidement. Maintenant était le moment de vérité… mon choix final. Elle était juste ici devant moi, sans défense, facile à tuer.
Je ne peux pas trahir mes dieux… Les Dieux de la Lumière ! Le… Je m’étais arrêté et puis m’étais souvenu de quelque chose… De la Déesse des ténèbres Nocturnia. Les Dieux… Les histoires… Non, pourquoi je pense à ça ? Je secouai la tête, mais le souvenir revint, l’histoire de deux anciens amants Lumenos et aussi le mari de Nocturnia… Elle est sa seconde épouse, mais tandis que le temple de la Lumière la voit comme une imposteuse, une voleuse, une menteuse, Lumenos ne l’était pas. Comment un Dieu de la Lumière peut-il partagé son amour entre la Déesse de la Lumière et une des Ténèbres… à moins que… Je me souvenais de ce que le dragon non éveillé avait dit à propos de l’amour.
« AARGH! » Criai-je de tous mes poumons en balançant mon épée.
Ma décision était prise, mais à travers elle… Je me demandais si j’avais trahi mes Dieux.
***
Chapitre 30 : Une bataille entre deux Héros
Partie 1
***Point de vue de Kléo***
« S’il te plaît… s’il te plaît, ne me fais pas de mal, Iolaus..., » avais-je dit en un gémissement.
Juste le fait de savoir et de penser que j’étais seule maintenant avec cet homme me faisait froid dans le dos. Maintenant, de tous les moments, je n’avais aucun moyen de me défendre, aucun moyen de le repousser.
Iolaus était en effet mon amoureux. Je l’aimais et m’étais donnée à lui, mais ensuite, il avait changé. D’un dragon gentil, amoureux merveilleux, il s’était transformé en monstre prêt à me traquer, peu importe ce qui arrivait.
C’était normal… Ma déesse était Nocturnia, tandis que Lumenya et Lumenos étaient ceux étant décrits comme amoureux parfaits par le temple de la lumière.
Comment pourrais-je être considérée comme digne de son amour, alors que j’étais sale touchée par l’élément des ténèbres ?
Depuis qu’il l’avait découvert, il ne m’avait jamais pardonné, et il ne m’avait jamais acceptée… Il m’avait trahie.
Maintenant, ma sœur ne pouvait me protéger. Mon grand-père ne pouvait me protéger. Même mon ami, Alkelios n’était pas là… sur qui devais-je compter ?
J’étais enchaînée et faible. Il n’y avait nulle part où se cacher, nulle part où aller, alors la seule chose que je pouvais faire était de trembler de peur.
« S’il te plaît..., » je l’avais supplié avec des larmes dans les yeux, mais je doutais qu’il ne m’écoute.
Pourquoi le ferait-il ?
Comment pouvait-il m’écouter, quand tout ce qu’il écoutait était les enseignements d’une religion ?
Pourtant, il hésita à me terminer rapidement.
Pourquoi prends-tu ton temps ? Me demandai-je.
Avec des yeux craintifs, j’avais regardé mes chaînes et j’avais vu les caractères violets changer de plus en plus vite.
A-t-il remarqué que c’était une bombe magique ? Attend-il que je meure à cause de cette chose ? Je ne veux pas… Pensais-je en me mordant la lèvre inférieure jusqu’à ce que du sang coule.
En face d’un tel choix, il pensait devoir prendre une décision, a-t-il cru qu’il tacherait son épée s’il me tuait ?
Est-ce qu’à ses yeux c’est mieux que je meure de cette chose ? me demandai-je.
Mon cœur battait si vite à cause de la peur, je pouvais à peine penser correctement.
Me voir comme ça, sans espoir, sans aucune chance de faire autre chose… je m’étais retrouvée à me demander ce qu’il me restait à faire même après avoir quitté cet endroit.
C’est vrai… Je ne peux pas fuir… nulle part où aller… Nulle part où me cacher, je suis une nécromancienne… Je n’apporte que la mort et la malchance à ceux qui m’entourent. Je sais cela… pourtant je n’espérais qu’un avenir pour moi aussi. Je voulais être libre et sourire… Pourquoi n’y avais-je pas le droit ? Pourquoi étais-je chassée par le temple de la lumière ? Qu’ai-je fait de mal ? pensais-je, et mes larmes ne cessaient de couler.
Plus j’y pensais, plus je réalisais à quel point ma situation actuelle était désespérée. Même si je survivais, les paladins enverraient certainement un message à tous les temples de la lumière à l’extérieur du royaume. Je serais bientôt reconnue coupable de respirer et mise à mort, peu importe qui était mon grand-père ou ma sœur.
Peut-être que je les avais assez troublés ? pensais-je en sentant l’espoir me quitter.
En regardant derrière, je l’avais vu lutter avec son épée dans ses mains.
Ah ? Pourquoi hésite-t-il ? J’avais regardé mes chaînes. Il doit chercher la meilleure manière de me tuer…, pensais-je en souriant intérieurement.
Sans une goutte d’espoir dans mon âme, je lui avais souri et lui avais dit : « Je ne peux pas utiliser la magie… Ces chaînes me tueront quand même… si je dois mourir… alors au moins ça pourrait être par tes mains… »
C’était mieux que d’être tuée par une bombe. Au moins, je serais tuée par un homme que j’aimais et peut-être… peut-être que je l’aimais encore ?
« Thraherkleyoseya..., » déclara-t-il en levant son épée.
J’avais fermé les yeux et avais attendu l’inévitable. J’étais simplement née malchanceuse… C’était tout. Les Dieux ne m’avaient jamais favorisée… Contrairement à ma sœur, Alkelios ou Kataryna. Si j’avais la force, je n’aurais pas besoin de m’inquiéter, mais quelque chose comme ça n’était qu’un rêve… de ma propre imagination.
« AARGH ! » cria Iolaus à pleins poumons.
Ça y est, avais-je pensé alors que j’avais retenu mon souffle.
Ma vie était finie.
J’avais entendu un *Clank*, mais je n’avais pas ressenti de douleur.
En ouvrant les yeux, j’avais vu Iolaus se pencher, le visage dans sa paume. Il suait énormément, son front était plissé, sa mâchoire serrée et tout son corps tremblaient.
« Les Dieux peuvent me maudire s’ils le veulent, mais… Je ne peux pas faire ça..., » déclara-t-il en baissant les yeux.
J’étais perdue. Je ne pouvais pas m’exprimer.
Est-ce qu’il… refuse de me tuer ? Que fait-il ? pensais-je.
Avant que je ne réalise ce qui se passe, mes poignets étaient libres, et il avait enroulé une main autour de ma taille.
« Q-Qu’est-ce que tu fais ? » demandai-je d’une voix tremblante.
« Je sauve la nécromancienne que j’aime, » me rétorqua-t-il en m’attirant vers lui, mais il ne m’enlaçait pas, il me cacha derrière son bouclier.
« Quoi ? » avais-je demandé.
Mais avant qu’il ne puisse répondre, il y eut une puissante explosion derrière moi, et j’avais vu Iolaus qui luttait pour garder les flammes loin. Le bouclier dévorait son énergie magique à un rythme accéléré. Vu la force de l’explosion, je serais certainement morte si je m’étais retrouvée dans l’explosion.
Ces chaînes étaient un piège intelligent. Elles bloquaient le pouvoir des dragons, les empêchant d’utiliser des sorts, y compris une barrière magique. Sans cela, j’aurai été à la merci de l’explosion. Même Kataryna aurait eu du mal à survivre à quelque chose de cette ampleur.
Quand ce fut fini, Iolaus respirait avec force en me faisant un sourire.
« Si tu sais la mettre sur un dragon, tu sais aussi comment l’enlever… Le crochet métallique entre les deux moitiés est solide contre la force brute, mais fragile face aux lames… Avec assez de force, n’importe qui peut les couper… ouvrir... » déclara-t-il avant de tomber sur moi.
Il était complètement épuisé, gardant à peine les yeux ouverts et même tremblant un peu. Iolaus exerça le peu de force restant dans son corps pour me protéger, ne se souciant pas de ce que je ferais par la suite, je pourrais faire n’importe quoi pour me venger de lui.
« Tu es un idiot..., » déclarai-je avec les larmes aux yeux alors que je le regardais. « Si je suis ta pire ennemie… pourquoi me montrer ce côté faible ? » demandai-je en appuyant sur son front.
Iolaus n’avait pas répondu, il était trop épuisé et s’était évanoui, alors je le laissais se reposer.
Rester là n’était pas une bonne idée, alors je l’avais placé sur son bouclier et en utilisant la magie, j’avais contrôlé les ombres sous lui. Sans qu’il infuse de lumière dans son armure, l’élément de lumière ne se manifestera pas pour les brûler.
« Sortons d’ici..., » déclarai-je en le regardant.
***Point de vue d’Alkelios***
Tandis qu’Iolaus allait récupérer Kléo, j’avais l’intention d’attirer l’homme à capuche noir et le vaincre. Si je pouvais le faire sortir vivant, je le ferais, mais je craignais qu’avec mes statistiques améliorées, je l’écrase comme une puce.
En ce qui concernait le paladin, j’étais certain qu’il n’allait pas faire de mal à Kléo. S’il y avait ne serait-ce que 1 % de chance que quelque chose se produise et l’empêche de la récupérer, alors ma chance bloquerait cette possibilité. Ainsi, ma seule préoccupation était celle nous ayant amenés ici.
Après avoir fait connaître ma présence, je m’étais caché derrière un mur à proximité et j’avais attendu qu’il vienne me chercher. La seule chose à laquelle je devais m’inquiéter était de savoir s’il était du genre à faire les présentations ou non. J’espérais que ce soit ce dernier parce que je voulais obtenir des informations sur lui.
Où est-il ? Je me demandais en tournant à un croisement.
Il n’y avait personne là-bas.
Tout à coup, j’avais senti un froid parcourir mon dos et instinctivement avais sauté, atterrissant quelques pas en avant. Une lame d’épée se trouvait dans le mur, là où mon cou était censé se trouver.
Bordel ?! avais-je crié intérieurement. Puis, j’avais vu l’homme à la capuche noire se tenant là.
« Petit lézard chanceux..., » déclara-t-il, agacé.
Je m’étais levé et avais dégainé mon épée. Cependant, j’étais un peu confus au sujet de la manière qu’il avait utilisée pour arriver là. Derrière moi, il y avait une impasse, donc il n’aurait jamais pu se faufiler derrière moi.
Peut-il devenir invisible ? Me demandais-je.
« Qui es-tu ? Pourquoi fais-tu cela ? » L’avais-je interrogé.
L’homme avait seulement souri et avait ensuite parlé en anglais, mais avec un accent britannique.
« Si tu le savais, primitif, tu serais surpris ! »
« Quoi ? » répondis-je, mais j’avais répondu en langue draconique orientale.
L’homme avait simplement secoué la tête et avait laissé échapper un soupir.
J’avais pensé à utiliser ce moment pour le charger, mais il avait disparu de ma vue.
Cette démonstration soudaine de ses capacités m’avait surpris, et j’avais été stupéfait un moment. Un éclair de lumière avait été vu dans le coin de mes yeux, et je m’étais éloigné de son trajet, esquivant sa lame de justesse.
« Tu as à nouveau esquivé. C’est étrange, » avait-il dit.
L’homme à capuche noire était assis juste derrière moi. Me retournant, j’étais à une longueur d’épée de distance de lui, mais il ne semblait pas être inquiété.
Il est rapide… je ne l’ai même pas vu bouger. Pensais-je.
Ce n’était pas impossible de croire qu’il y ait des individus qui pouvaient courir plus vite que ce que les yeux pouvaient voir, mais je ne sentais pas le mouvement de l’air autour de moi, pas de soudaine rafale à cause de cette action surhumaine. Cet homme avait simplement disparu pour réapparaître à un autre endroit d’un coup. Seules mes compétences et ma chance étaient ce qui m’avait sauvé d’une mort instantanée.
Avant qu’il n’ait le temps de disparaître à nouveau, je l’avais regardé et avais dit. « Statut de la cible ! »
Les informations suivantes me sont apparues :
Nom : Inconnu
Espèce : Humain
Niveau : 264
Statistiques inconnues.
Quand j’avais lu ces détails, j’avais été surpris et choqué en même temps. Cet homme, ce n’était pas un dragon, et en plus de cela, il était humain. Bien, j’aurais dû le deviner au moment où il avait parlé en anglais.
« Toi… tu es humain ? » demandai-je en le regardant avec de grands yeux.
« Quoi ? Comment le sais-tu ? » demanda-t-il en pointant son épée vers moi.
Sans aucun doute, il était comme moi, un terrien.
« États-Unis ou Royaume-Uni ? » lui demandai-je calmement.
Il y avait eu un moment de silence, et il avait baissé son arme.
« Royaume-Uni… mais comment ? D’où viens-tu ? » me demanda-t-il.
« Roumanie, » répondis-je.
« Ah ! La terre des gitans..., » déclara-t-il avec un certain dégoût dans la voix.
« Non, ils sont une minorité là-bas… Et les Roumains ne sont pas des gitans, » avais-je rétorqué.
« Dans ce monde, peu importe, alors tu es comme moi ? Un héros amené ici par ce Dieu ? Pourquoi es-tu du côté des ennemis ? » m’avait-il demandé.
« Quel ennemi ? Tu es celui nous ayant attaqués ! » déclarai-je en me pointant du doigt.
« Parce que je croyais que tu étais un dragon non éveillé. Mais réponds-moi ! Pourquoi prends-tu le parti de ces monstres ? » cria-t-il.
***
Partie 2
« Monstres ? »
L’entendre dire ça m’avait choqué. De mon point de vue, aucun des dragons que j’avais rencontrés ne mériterait ce nom. Certains d’entre eux étaient des idiots, en effet, mais ils n’étaient pas des bêtes vicieuses qui déchiraient tous ceux se dressant sur leur chemin. Bordel, mon amoureuse était une dragonne.
« N’es-tu pas au courant ? » demanda-t-il.
« Savoir quoi ? » avais-je répondu en fronçant les sourcils.
« Les humains sont en guerre avec les dragons depuis des siècles. Les dragons sont des brutes et des monstres qui n’hésiteraient pas à nous tuer en nous voyant ! S’ils te laissent vivre, c’est seulement pour jouer avec toi ! » déclara-t-il d’un ton amer.
Quoi je sais qu’ils sont en guerre, mais ils ne donnent pas l’impression de l’être… Je veux dire, compte tenu de ce que j’ai vécu, pourquoi je devrais croire de tels mots. pensais-je en affirmant ma résolution.
« Écoute, je ne souhaite pas tuer de confrère humain, surtout un héros de la terre. Nous voulons tous sauver notre précieuse planète, après tout… c’est la raison pour laquelle nous avons été amenés sur cette planète primitive, » il parlait d’un ton supérieur.
Pour une raison quelconque, il commençait à m’énerver. J’avais l’impression que ce gars-là était un Britannique pas si sage et poli. Ou en d’autres termes, le type même que ses compatriotes trouveraient désagréable.
« Baisse ton épée et rejoins-moi ! Si tu continues à vivre avec ces monstres, tu ne feras que souffrir ! Ils t’abandonneront ! Ils te feront du mal ! » Il serra le poing et parla avec conviction et détermination.
C’était presque comme s’il n’y avait pas d’autre solution que la sienne.
« Je ne le crois pas… J’ai rencontré des dragons très décents qui sont devenus mes amis, » rétorquai-je.
« Ils te mentent ! » se moqua-t-il de moi.
« Tu n’as jamais rencontré ou parlé avec l’un d’eux. Alors comment peux-tu être si partial ? » lui avais-je demandé.
« Parce que contrairement à toi, j’ai été sur le champ de bataille ! J’ai vu les horreurs dont ils sont capables ! Je sais qu’ils ne montrent jamais de pitié envers notre espèce ! Relation amicale ? Ce n’est qu’un mensonge ! Je suis certain qu’ils ne te serreront pas la main par dégoût ! » cria-t-il.
Eh bien, Kataryna a essayé de me traîner dans son lit, Seryanna m’a embrassé, Kléo m’a tenu la main, Brekkar m’a presque brisé la main avec sa puissante poignée de main, les charmantes servantes de la maison Brekkar m’ont beaucoup aidé et la liste continuait. Pensais-je en me souvenant de tous ces moments, et parmi eux, le baiser de Seryanna sous la pluie était le meilleur des souvenirs.
« Je suis certain que ce n’est pas vrai, » lui avais-je dit en plissant les yeux.
« Tu n’es qu’un imbécile..., » il soupira et secoua la tête.
« Peut-être..., » avais-je répondu en me préparant au combat.
« Bien que tu ne sois pas un dragon, je peux sentir que tu es assez puissant. J’aimerais voler ton pouvoir magique, mais détends-toi… Je ne te tuerai pas. Une fois que tu seras faible et sans défense, tu verras par toi-même avec quelle rapidité ces amis-dragons t’abandonneront. » Il sourit et la pièce autour de nous changea.
Nous étions maintenant dans une pièce dégagée avec un haut plafond et des murs couverts d’étranges inscriptions. Sur l’un d’entre eux, je pouvais voir un grand cristal noir, pulsant d’énergie magique. À ce moment, j’avais compris qu’elle était la capacité de l’homme.
Téléportation… Pensais-je en me préparant.
« Afficher le statut, » déclara l’homme en souriant.
Je l’avais regardé et m’étais préparé à une attaque.
« Un niveau si bas par rapport à moi… ce sera une victoire facile, » il avait ensuite donné un coup d’épée dans les airs dans ma direction.
« ARGH ! » Grognai-je en sentant la coupure sur ma main gauche, me forçant à laisser tomber mon épée.
Qu’est-ce qu’il vient de se passer ? M’étais-je demandé en regardant ma main saignante.
La coupure était au seul endroit où mon armure était plus réduite. Ce n’était pas si profond, mais je ne pouvais plus correctement tenir mon épée.
« Tu n’as aucune chance de gagner contre moi, » déclara-t-il avec arrogance.
Je souhaite gagner cette bataille ! Je veux battre ce bâtard ! Je souhaite sortir de cet endroit vivant et sans avoir perdu mon pouvoir ! pensais-je en préparant le terrain avec ma chance.
Il avait essayé de me couper à nouveau, mais j’avais laissé mon instinct me guider. La lame venait par la gauche cette fois, vers ma jambe droite. J’avais évité la blessure en sautant à gauche. Sans arme à portée de main, j’étais sans défense, alors j’avais essayé de la récupérer.
« Je ne te laisserais pas faire ! » cria-t-il. L’épée avait disparu.
Sa compétence est puissante ! pensais-je, mais je réfléchissais déjà à ses limitations.
Tout d’abord, je ne pensais pas qu’il puisse téléporter quelque chose de l’intérieur de mon corps. Il pouvait probablement me téléporter, mais il devait y avoir quelques conditions à cela, tout comme il y en avait avec Dompteur de dragons.
Après tout, il aurait été incroyablement facile pour moi de me faire des amis et d’obtenir des statistiques monstrueuses, mais la limite était que le lien devait être honnête et mutuelle. Si la personne ne voulait ou ne pouvait être mon ami, je ne pouvais passer outre leur opinion.
Peut-être qu’il y avait aussi ce genre de limite à cette capacité. Ensuite, il y avait le coût de cette capacité. Contrairement à Dompteur de dragons, celle-ci était une capacité active qui nécessitait du pouvoir magique. Considérant l’effet, c’était probablement un sort consommant beaucoup, et contrairement aux dragons, les humains avaient une plus petite quantité de magie.
Heureusement, j’avais d’autres capacités ne nécessitant pas une épée.
« Bouclier d’air ! Tremblement de terre ! » avais-je crié.
Le sol avait commencé à trembler sous nos pieds, et une barrière d’air s’était formée autour de moi, arrêtant son attaque d’épée. La pointe de l’épée ne s’était pas matérialisée à l’intérieur de la barrière, mais à l’extérieur.
« Tu peux aussi utiliser la magie ? Intéressant…, » murmura-t-il pour lui-même puis il recula d’un bond.
Instinctivement, j’avais sauté en même temps et un rocher était tombé à l’endroit où j’étais placé. Si je ne bougeais pas, ça m’aurait écrasé. Au minimum, cela m’aurait distrait en essayant de m’en sortir.
« Flèche de pierre ! » criai-je en utilisant le sort.
Malheureusement, sans une utilisation instantanée et silencieuse, je lui donnais le temps de réagir à mon attaque. Il leva simplement la main et la flèche disparue et réapparue derrière moi. La barrière l’avait dévié, et j’avais pu courir vers la gauche.
Que puis-je faire contre lui ? ai-je pensé.
Mon plus gros problème en ce moment était la manière donc je devais utiliser des tactiques. Contrairement à un jeu, où vous pouviez éventuellement faire une pause et réfléchir à quoi faire en étudiant la bataille à l’avance, je devais réfléchir directement sur place. Avec mon manque d’expérience dans le combat contre des adversaires à force égale, je faisais beaucoup d’erreurs.
Au lieu d’être en attaque, j’étais sur la défensive, essayant constamment d’éviter ses lames téléportées et mes propres attaques renvoyées vers moi. Aussi, pour une raison quelconque, j’avais continué à l’attaquer avec plus de sorts à distances comme si je n’avais pas une preuve suffisante qu’ils ne fonctionnaient pas sur lui !
En d’autres termes, je paniquais et ne pouvais pas réfléchir.
J’étais dans une position très dangereuse…
Que puis-je faire ? À ce rythme, je serais celui vaincu ! Est-il plus fort que moi ? pensais-je en luttant pour esquiver ses attaques.
Voyant qu’il n’était pas capable de m’avoir si facilement, l’homme avait soudainement disparu pour réapparaître devant moi. Avec un coup puissant de sa lame, la barrière avait disparu et c’est alors qu’il m’avait frappé au visage de toutes ses forces. Et pire que tout, j’avais oublié d’esquiver cette fois-ci.
Ça va faire mal…, pensais-je en fermant les yeux.
« Hein ? »
J’avais senti un léger coup sur mon visage, mais rien d’autre n’était arrivé.
En ouvrant mes yeux, je l’avais vu tenir son poing en gémissant.
Est-ce que c’est normal ?
« M’as-tu frappé ? » demandai-je, surpris.
« OUI ! De quoi est fait ton visage ? De béton ?! » cria-t-il.
« Hein ? » Ses mots m’avaient surpris parce que je n’avais pas entièrement compris ce qui était arrivé.
Est-il possible que… pensais-je en regardant son épée. « Identificus Processus Juridicus, » déclarai-je calmement.
Épée de Thonbar : épée légendaire brandie par le général humain Thonbar mort maintenant. Elle a le pouvoir d’ignorer la défense magique. Après avoir été imprégnée de pouvoir magique, elle a la propriété de couper 10 fois mieux qu’une épée en acier ordinaire. Fabriqué à partir de draconium, un métal légendaire pouvant facilement absorber l’énergie magique et, se faisant, augmenta sa résistance, elle est beaucoup plus robuste qu’une simple arme en acier.
Donc, la raison pour laquelle il était capable de me couper était grâce à son épée… Est-il possible qu’il ne soit pas si puissant ? m’étais-je demandé. Puis, afin de le tester, j’avais activé Charge, et je m’étais approché de lui.
Je l’avais frappé au visage, et en même temps, j’avais attrapé son épée.
Ces actions avaient été faites au cours d’une fraction de seconde. L’homme ne savait même pas ce qui l’avait frappé, mais j’étais sûr à 100 % que mon poing n’avait rencontré aucune sorte de résistance en frappant son visage. À la suite de cela, l’homme avait été envoyé contre le mur de l’autre côté de la pièce. Je ne m’inquiétais pas de le tuer, parce que je n’utilisais pas toute ma force. En outre, en tant que niveau 264, j’étais certain qu’il avait des statistiques intéressantes, mais il ne pouvait se comparer en force avec ma petite-amie ou même Kléo.
Il m’a probablement sous-estimé en croyant que j’aurais les mêmes statistiques que lui à ce niveau. Après tout… « Afficher le statut. » Ne montreraient pas les statistiques, qui sont ridiculement boostées grâce à mes amis. Pensais-je en souriant intérieurement.
Encore une fois, j’étais content d’avoir décidé d’être ami avec les dragons.
« Hein ? Alors c’est comme ça..., » déclarai-je en me précipitant vers lui avant qu’il récupère.
Je lui avais donné un coup de pied dans le ventre. Le choc l’avait fait tomber sur ses genoux et vomir ce qu’il avait mangé. Je n’avais qu’une fraction de seconde pour éviter ce qu’il vomissait, mais après ce coup, je savais qu’il était trop faible pour me battre. Son seul avantage était ses compétences et son épée, alors que j’avais la force brute pure et impressionnante venant de plusieurs dragons.
« Tu es fini, » avais-je dit en tirant sa capuche, révélant son visage.
Il était blond et plus vieux que moi, avec la moitié de son visage brûlé et couvert de tissu cicatriciel hideux. Il avait l’air méchant, et je ne pouvais qu’imaginer la douleur et la souffrance subies quand il avait eu cette blessure.
Un accident avec du feu ? pensais-je en imaginant l’histoire derrière cela.
Il y avait quelque chose d’autre que j’avais alors remarqué à propos de lui. Il portait un collier de cuir auquel était attachée une serrure noire. Plusieurs runes y étaient inscrites avec de l’encre noire, et je pouvais sentir la présence de magie pulsant à l’intérieur.
« Quel est ton nom ? » lui demandai-je.
Il avait ouvert la bouche, mais les runes sur son collier avaient commencé à briller en jaune. Au lieu de dire son nom, il sourit. Les runes s’étaient calmées en conséquence.
« Qu’est-ce qu’il y a avec ce collier ? Dis-le-moi ! » avais-je essayé de le lui ordonner, mais il n’était pas prêt à répondre.
Au moins, tant que je le tenais par la capuche, il ne pouvait pas se téléporter, ou alors c’était ce que je pensais.
« Pika Boo Blink. » C’était tout ce qu’il avait dit, puis il avait disparu.
Je m’étais retrouvé là seul, tenant seulement un morceau de sa capuche coupé. En colère, je l’avais jeté à côté.
« Ce lâche » criai-je.
Apparemment, son pouvoir fonctionnait aussi comme ça. J’étais un imbécile de pensée que tant que je tenais ses vêtements, il ne serait pas capable de l’utiliser, mais au niveau 264, il l’avait probablement mis à jour quelques fois ou peut-être qu’il se concentrait uniquement sur cette compétence.
Dans tous les cas, j’avais son épée comme butin. Je l’avais mis dans mon fourreau, je m’étais dirigé vers le cristal noir et l’avais inspecté.
« Identificus Processus Juridicus, » avais-je dit. Les informations suivantes étaient apparues devant moi.
Donjon : Rang de difficulté héroïque. Type : Nécromancien
{Niveau trop faible pour obtenir plus d’informations.}
J’avais soupiré en fermant la fenêtre.
« Durant le combat, nous aurions pu te briser, et tu sais bien que j’ai le pouvoir de le faire, mais je t’ai fait une promesse, et je ne te ferais rien. Amène-moi juste à la sortie, » avais-je dit au donjon.
Sur le mur opposé de cette pièce, un chemin s’était ouvert. J’avais suivi ce chemin et avais quitté l’endroit. Tout ce que je devais faire maintenant était de trouver Kléo et de revenir à la surface avec eux. Le donjon n’allait certainement pas me mettre en danger maintenant.
Pourtant le fait que je ne sois pas capable d’obtenir des informations sur ce héros m’ennuyait. Je voulais savoir qui l’avait envoyé ici ainsi que la raison. Je voulais savoir aussi s’il y en avait plus comme nous sur ce continent. Peut-être qu’il y avait d’autres moyens d’arriver ici ?
***Quelque part à la limite de Drakaria, capitale du royaume d’Albeyater***
Le héros humain avec la capacité de téléportation étrange était apparu près des vieilles ruines d’une maison. Il respirait difficilement et montrait des signes d’épuisements magiques. Bien qu’il ne le montre pas, il avait des côtes cassées et beaucoup de contusions. Pour se débarrasser d’elles, il avait ouvert une bouteille et avait bu son contenu jusqu’à la dernière goutte.
Avec un soupir de soulagement, il s’était assis sur une bûche et leva les yeux vers le ciel.
« De penser qu’il y ait d’autres humains sur ce continent… Dommage pour lui..., » il secoua la tête et se leva.
D’un pas hésitant, il se dirigea vers Drakaria, la ville où vivait son maître.
***
Chapitre 31 : La promesse impossible
Partie 1
***Point de vue d’Alkelios***
Nous étions retournés à la surface sans aucun problème, Iolaus et Kléo étaient tous deux en sécurité, bien que j’avais découvert que le grand Paladin s’était évanoui quelque part en chemin. Je devinais qu’il avait probablement vu une araignée, avait crié comme une petite fille, puis s’était écrasé dans un mur en la fuyant !
Pendant que je parcourais les couloirs sombres et humides, les monstres ici nous permettaient de passer sans problème, alors qu’aucun piège ne s’activait. Le donjon tenait apparemment sa parole, mais une fois que nous serions sortis de cet endroit, j’étais sûr à 100 % que nous redeviendrons ennemis. Les donjons de ce monde n’étaient pas vivants, ils étaient des constructions magiques conçues pour aider les aventuriers à grandir ou simplement les écraser. En tant que tels, ils n’avaient que des fonctions cognitives de base.
Ce qui m’inquiétait n’était pas le donjon, mais l’humain pouvant se téléporter. Ce qui lui était arrivé avait fait de lui un monstre, même selon mes critères. Sa haine déraisonnable envers les dragons était probablement due au fait qu’il soit arrivé dans un champ de bataille, mais cela n’expliquait pas pourquoi il était là, sur le continent des dragons. S’il voulait se battre contre les dragons, alors il aurait mieux valu se joindre aux humains et prendre d’assaut leurs forteresses et leurs châteaux, en prenant leur territoire morceau par morceau.
La façon dont il faisait les choses s’apparentait à un enfant voulant ennuyer les autres. Malheureusement, il s’agissait d’un enfant puissant qui avait la capacité se téléporter quand et où il le voulait. Pour autant que je puisse dire, il n’avait pas de limites, ou plutôt, je ne pouvais les déterminer pour le moment.
« Ça va être gênant..., » me plaignis-je en sortant du donjon.
Dehors, le ciel était vraiment nuageux, annonçant une tempête. Quant à l’heure qu’il était, je n’en avais aucune idée, peut-être tôt le matin ? À l’intérieur du donjon, j’avais perdu la trace du nombre d’heures passées.
Hélas, il était temps pour nous de revenir vers nos amis et de ramener à la maison de bonnes nouvelles.
« Nous sommes finalement sortis… Je pensais mourir là-bas ! » Kléo était soulagée de revoir le ciel.
« Si tu étais morte, ta sœur m’aurait fait te faire sortir de là avec une pioche. Considérant les chances, je t’aurais trouvé… finalement, » déclarai-je en faisant un sourire ironique, et elle avait ri.
« Oui, ce serait tout à fait vrai ! Hahaha ! » ria-t-elle de plus belle.
« Bien, rejoignons-les… elles doivent être en train de se reposer après la longue bataille, » avais-je souri.
Portant le paladin inconscient, nous étions retournés au village. Les signes d’une grande bataille étaient présents partout. Le sol était carbonisé, marqué et retourné. C’était comme si un monstre déchaîné avait été lâché ici, ou des dragons en furie.
Nous n’avions pas vu de morts-vivants sur notre chemin vers le village. Avec le camarade humain parti, le donjon avait probablement repris ses occupations normales et avait rappelé toutes ses forces. Nous étions passés devant un certain nombre d’entre eux en sortant, mais aucun ne nous avait attaqués.
En arrivant au village, nous avions été accueillis par une dragonne rousse inquiète. Elle s’était précipitée en nous voyant.
« Alkelios ! Kléo ! » avait-elle appelé.
« Nous sommes de retour ! » avais-je répondu en agitant la main.
S’arrêtant devant nous, Seryanna déclara : « Je suis contente de vous voir tous deux sains et saufs. Que s’est-il passé ? » elle regarda derrière nous et vit le paladin assommé et puis elle regarda de nouveau vers moi. « Est-ce qu’il va bien ? »
« Euh, beaucoup de choses… Quant à ce type, eh bien… je ne sais pas, » déclarai-je en haussant les épaules et regardant Kléo. « Apparemment, il a sauvé Kléo..., » ajoutai-je, et la dragonne confirma avec un hochement de tête.
« Ce gars ? » demanda Seryanna incrédule.
« Eh bien, c’est bon pour l’instant. Rentrons au village et prenons quelque chose à manger… je meurs de faim ! » déclarai-je en tapotant mon ventre pour l’empêcher de grogner.
« Nous sommes un peu affamés et fatigués..., » déclara Kléo en souriant faiblement.
« Je comprends, » Seryanna acquiesça puis m’embrassa. « Je suis heureuse que vous soyez vivants, tous les deux, » ajouta-t-elle.
Après avoir déposé notre « bagage supplémentaire », aux paladins les plus proches, nous avions été conduits à l’une des maisons qui nous avaient été fournies comme abris temporaires. Apparemment, les habitants étaient très heureux que nous ayons sauvé leurs écailles de la menace de l’invasion de morts-vivants.
Une fois que nous avions mangé un repas revigorant, à la fois moi et Kléo avions raconté nos parties individuelles de l’histoire. Je n’épargnais aucun détail et expliquais en détail ce que j’avais découvert à propos de ce camarade terrien.
« Si tous les humains venant de ton monde sont aussi puissants, alors… nous pourrions être confrontés à une crise, » déclara Kataryna en se frottant le menton.
Elle et Seryanna avaient écouté avec une expression sérieuse, mais c’était la première fois que l’une d’elles disait quelque chose.
« Nous ne savons pas avec certitude. Je sais que j’ai eu une croissance énorme grâce à la compétence Dompteur de Dragon, » déclarai-je en acquiesçant.
« Pourquoi crois-tu cela ? » Demanda Seryanna en fronçant les sourcils.
« Ces compétences sont dites uniques. Étant donné que leurs noms sont ridicules, quelqu’un de rationnel et calme essayerait de trouver un motif ou quelque chose pour obtenir de meilleures compétences. Pour être honnêtes, la plupart de mes compétences n’ont été obtenues que grâce à ma chance ! » déclarai-je en laissant échapper un long soupir alors que je me rappelais à quel point la première fois avait été confuse pour moi.
« Pourquoi penses-tu ça ? » demanda Kataryna.
« J’ai une compétence Poulet Éclair ! Qui me permet d’invoquer un Phœnix de niveau 999 ou supérieur. » J’avais répondu en plissant les yeux vers elle.
« Tu marques un point… J’aurais pensé que tu pourrais invoquer un animal de compagnie avec elle..., » avait déclaré Kataryna.
« Ah ! En parlant d’animaux de compagnie, je me demande où est ton écureuil. Je n’ai toujours pas eu l’occasion de le voir, » avais-je dit en changeant de sujet.
« Il est passé quand tu expérimentais dans ton laboratoire. Il est resté au manoir quelques jours. Grand-père s’en occupe, mais compte tenu de la saison, il est probablement à la recherche d’une compagne, » déclara-t-elle en haussant les épaules.
« Je vois… dommage. J’étais curieux de voir à quoi il ressemblait, » avais-je dit.
« Quand nous arriverons à la capitale, nous pourrons passer par une animalerie, et je t’en montrerais un, » sourit-elle.
« Haaa… Je n’ai jamais eu d’animal de compagnie, » Kataryna secoua la tête.
« Pas assez de temps pour en avoir un ? » lui avais-je demandé.
« Non… je n’ai jamais trouvé un que j’appréciais. Je ne veux pas avoir un animal de compagnie qui… eh bien… ne me va pas, » elle haussa les épaules, car elle avait du mal à expliquer la raison.
« Je vois. Et toi, Kléo ? » demandai-je en la regardant.
« J’ai passé un contrat avec un habitant des enfers. Un gars mignon, de longues dents, qui se cache dans l’ombre, et qui écoute mes ordres tant que je lui fournis de la magie. » Elle avait décrit quelque chose d’effrayant.
« C’est un larbin, pas un animal de compagnie, » déclarai-je en plissant les yeux vers elle.
« Eh bien, si tu demandes si j’ai quelque chose de VIVANT et de CE monde, la réponse est non… je n’en ai pas. Comme Kataryna, je n’en ai jamais trouvé un… me convenant, » déclara-t-elle en me faisant un sourire ironique.
« Veux-tu un animal de compagnie ? » me demanda Kataryna.
« Ouais…, » avais-je répondu en haussant les épaules.
« Eh bien, si tu trouves un jeune monstre ou un œuf, tu peux essayer de l’apprivoiser comme animal de compagnie. Si c’en est un de combat, c’est encore mieux, » déclara Seryanna en hochant la tête.
« Est-ce que ton écureuil est un animal de combat ? » demandai-je en plissant les sourcils.
« Non. C’est un animal sauvage, » elle secoua la tête.
« Hein ? » Je fronçais encore plus les sourcils face à sa réponse.
« Il y a des animaux de compagnie doux que l’on garde pour les caresser. Ils ont tendance à passer beaucoup de temps autour de toi, apprécient les câlins et sont mignons. Il y a les animaux de compagnie que l’on peut utiliser comme des khosinnis. Il y a les animaux de compagnie sauvage, que l’on garde quelques semaines, puis que l’on relâche. Ils viennent régulièrement vérifier que l’on va bien parce qu’ils nous considèrent comme un membre de sa famille ou meute. Ensuite, il y a les animaux de compagnies de combat, qui vous suivent partout et au lieu de les caresser, ils sont plus habitués à se battre à tes côtés, » avait expliqué Kléo.
« Oh ! Et les animaux sauvages peuvent également être utilisés pour établir des terrains de chasse pour éloigner les braconniers. En tant que membre de sa famille ou meute, tu serais autorisé à chasser dans leur territoire, mais il va attaquer ou venir t’avertir s’il voit un braconnier ou un dangereux prédateur, » ajouta Seryanna.
« Je vois… et je pensais que tous étaient des animaux de compagnie que l’on pouvait caresser, » déclarai-je me grattant l’arrière de la tête.
« Non. Ce ne sont que les animaux de compagnie doux. Innocent et très savoureux comme nourriture d’urgence ! » avait souligné Kataryna.
« Euh... » Je plissai les yeux vers elle.
« Quoi ? » Elle cligna des yeux de surprise.
« Rien, » avais-je secoué la tête.
Un moment de silence s’abattit sur nous, puis Kléo et moi avions commencé à bâiller. En nous regardant, nous avions commencé à rire.
« Nous devrions aller nous coucher, » avait déclaré Seryanna.
« Effectivement, les derniers jours ont été… fatigants, » Soupira Kataryna.
Avec tout le monde d’accord, nous avions pris un bain rapide. Les dragonnes en premières, puis moi. Pour être honnête, j’avais essayé de regarder, mais je m’étais arrêté en entendant la menace suivante :
« Cela ne me dérange pas que tu me regardes, Alkelios, mais si tu regardes Kataryna ou Kléo, tu dormiras dans le donjon. »
Et avant que j’aie eu l’occasion de le faire, je m’étais arrêté et étais parti.
Cette nuit-là, Kléo et Kataryna avaient dormi dans une pièce, tandis que Seryanna et moi dormions dans l’autre. Bien que nous nous soyons embrassé et étreint comme des amoureux, nous n’avions pas procédé à l’étape suivante. J’étais trop fatigué et j’avais l’impression que c’était trop tôt. Mon instinct d’adolescent me criait toujours de ne pas être idiot, car j’avais le temps… Ce n’était pas comme si Seryanna allait partir quelque part.
Le lendemain matin, je m’étais réveillé vers midi. J’étais seul dans le lit.
Avec les yeux à peine ouverts, j’avais un peu étiré mes muscles et étais sorti de la pièce. J’avais été accueilli par Kataryna.
« Bonjour, dormeur, » déclara-t-elle en souriant.
« Huh? Bonjour… quelle heure est-il ? » avais-je demandé.
« Une heure de l’après-midi. Tu as dormi pendant presque 48 heures, » rigola-t-elle.
« Hein ? Autant ?! Je n’ai rien senti..., » clignai-je des yeux de surprise.
« Ni Kléo. Fufufu ! » Elle ria à nouveau.
« Hein ? » clignai-je des yeux.
« Vous étiez tous les deux beaucoup plus fatigués que vous ne le pensiez. Franchement, nous commencions à nous en inquiéter, jusqu’à ce que Kléo se mette à ronfler, et tu marmonnais quelque chose à propos des seins de Seryanna dans ton sommeil, » ria-t-elle une fois de plus.
« Quoi ? J’ai fait quoi ? » clignai-je des yeux de surprise.
« Tu as dit qu’ils étaient rebondis et bons à tâtonner… et que ça ne te dérangeait pas de l’avoir comme femme pour le restant de tes jours, de la gâter, de l’aimer, de la caresser et de faire toutes sortes de choses avec elle. » Sourit-elle.
« Hein ? » J’étais confus et j’avais un peu peur en même temps.
Quel genre de choses ai-je dites pendant que je dormais ? Me demandai-je.
« Tu l’aurais vu rougir ! Elle t’a même giflé pour te réveiller, mais tu n’as pas eu de réaction. » Kataryna se mit à rire.
« Arg... » Je devenais gêné.
« Eh bien, de toute façon, change-toi et rejoins-nous dans la cuisine. Nous allons prendre un petit-déjeuner léger et ensuite partir, » m’avait-elle ensuite dit.
« Est-ce que tout est sûr dans la région ? » demandai-je.
Elle hocha la tête puis répondit. « Oui. Après votre retour, les morts-vivants ont cessé de sortir du donjon et celui-ci est revenu à la normale. Le ciel s’est éclairci, donc nous pouvons voyager à l’aise. »
« Je vois… eh bien, j’arrive, » avais-je dit en retournant dans la chambre.
Ai-je vraiment dit toutes ces choses dans mon sommeil ? Ou bien, est-ce qu’elle se fiche de moi ? Me demandais-je en me changeant.
Une fois que j’étais entré dans la cuisine, Seryanna se mit à rougir comme une dame innocente et détourna les yeux.
« B-bonjour, Alkelios. » Dit-elle.
Oh merde… Me dis-je en comprenant avec sa réaction que c’était vrai.
Kléo appréciait son steak. J’avais mangé tranquillement le mien. Pas un mot n’était prononcé, mais Kataryna essayait de ne pas rire de nous.
Quand ce fut fini, Seryanna s’était approchée de moi. Pendant que les deux autres quittaient les pièces, elle tira doucement sur la manche de ma chemise et baissa les yeux en rougissant.
« T-Tu… Est-ce que tu aimes vraiment autant ma p-poitrine ? » Demanda-t-elle.
« Euh… je t’aime tout entière… Poitrine incluse... » Souris-je.
Sauf pour le fait que cette fille soit une dragonne. Une pensée sauvage était apparue.
Je l’avais ignoré. Ignorer était efficace. Cette pensée avait alors disparu.
« Je t’aime, Seryanna, » déclarai-je, en l’entourant de mes bras.
Nos lèvres s’étaient touchées, et je lui avais offert un doux baiser. Elle avait répondu avec un gémissement mignon et s’était approchée.
« Voilà, cinq pièces d’argent, » déclara Kataryna depuis la fenêtre.
« Arg… voilà. J’étais sûre qu’elle ne dirait rien à ce sujet. Je suppose que ma sœur est plus audacieuse que je ne le pensais, » répondit Kléo en lui donnant les pièces.
En regardant par-dessus, nous pouvions voir les deux dragonnes curieuses bouger leur queue.
« Vous deux..., » murmurai-je.
Pendant ce temps, Seryanna essayait de cacher son expression embarrassée.
Mignonne… Pensais-je.
« N-nous devrions y aller maintenant..., » déclarai-je avec un sourire forcé tout en étant moi-même très embarrassé.
« Mhm… » Seryanna hocha la tête.
Après cet étrange moment, nous avions emballé nos affaires et nous étions dirigés vers nos khosinnis.
***
Partie 2
Ma suggestion d’utiliser le Coq Rapide avait été une fois de plus confrontée à une forte opposition par les dragonnes.
Sur notre chemin, les villageois nous avaient remerciés et même quelques paladins nous avaient accueillis. Maintenant, ils étaient neutres ou nous admiraient. Ce fut une tournure plutôt étrange, mais ce que je ne savais pas, c’était que pendant la plus grande partie de la bataille, Seryanna et Kataryna avaient agi comme la force principale repoussant les morts-vivants. Elles avaient même aidé les paladins à prendre un moment de repos lorsqu’ils étaient épuisés.
En d’autres termes, nous étions des héros locaux, et même Kléo avait sa petite renommée. De toute façon, avec le village sécurisé, nous n’avions aucune raison de rester, mais au moment où nous étions sur le point d’arriver à notre Khosinni, Iolaus s’était avancé vers nous.
« Je suppose que les vieilles rancunes ne peuvent pas si facilement être guéries..., » avait déclaré Kataryna.
Les paladins à proximité l’observaient tous, tandis que Seryanna jetait un regard sur le grand paladin Baltros. Le dragon haussa les épaules, même s’il ne savait pas de quoi il s’agissait.
« Qu’est-ce que tu veux, Iolaus ? » demanda Kléo d’un ton dur alors qu’elle s’avançait vers lui en le dévisageant.
Cette fois, elle ne voulait plus se cacher.
Le dragon baissa les yeux et serra les poings un moment. Il était clair qu’il allait faire un choix difficile.
En faisant quelques pas en avant, il plaça la main sur son épée et la dégaina. Seryanna fit un pas en avant et plaça sa main sur la poignée, et même les paladins avaient commencé à murmurer entre eux.
« Oi! Oi! Est-il sérieux ? » déclara l’un d’eux.
« Laisse tomber, Iolaus..., » l’exhorta un autre, mais le regard dans ses yeux était resté ferme.
Après ça, il laissa tomber l’épée à côté de lui. Il avait également laissé tomber son bouclier. Ceux-ci représentaient à la fois son orgueil et sa force, mais il les avait jetés comme s’ils n’étaient rien.
« Q-Qu’est-ce que tu fais ? Q-Que veux-tu de moi ? N’en as-tu pas déjà assez fait ? » cria Kléo.
Cette fois, elle était à la limite.
« Fufu ! C’est amusant ! » Kataryna était ravie pour une raison inconnue.
Et alors, devant tout le monde, Iolaus se laissa tomber à genoux et s’inclina devant elle.
« S’il te plaît, pardonne-moi, Thraherkleyoseya Draketerus » cria-t-il aussi fort qu’il le pouvait.
« Q-Quoi ? » déclara-t-elle en étant surprise.
« Iolaus ! Quoi qu’il en soit, se prosterner devant une nécromancienne est inacceptable pour un paladin ! » cria Baltros.
« Je m’en fiche ! Je ne suis pas ici en tant que Paladin ni en tant que disciple du temple de la lumière ! Je suis ici comme Iolaus von Striggnyark ! Un dragon tombé follement amoureux de Thraherkleyoseya Draketerus ! » avait-il alors crié.
« T-Toi... que dis-tu ? » demanda Kléo alors que ses joues rougissaient.
« Ton ami, Alkelios m’a dit qu’aimer, c’était accepter tout le monde ! Et que si je t’aimais vraiment, je me ficherais de ton élément s’il était même opposé au mien ! Que si je t’aime, je devrais entièrement t’accepter ! » Il avait crié les mots que je lui avais dits.
Apparemment, ils avaient eu un peu d’impact sur lui, plus que je ne le croyais.
« Dis-tu que tu m’aimes toujours... même si je suis... même si je suis une nécromancienne ? » demanda Kléo alors que quelques larmes coulaient sur ses joues.
« Oui ! »
« Même si nous sommes d’élément opposé l’un à l’autre ? » avait-elle demandé.
« Oui ! »
« Même si nous prions différents Dieux ? » demanda-t-elle.
« Oui ! Ni nos Dieux, ni nos éléments, ni même nos statuts sociaux ne peuvent dicter un véritable amour ! Je suis un disciple de la lumière, des Dieux Lumenya et Lumenos, et cela en soi me donne le droit de t’aimer encore plus que jamais ! » déclara-t-il d’une voix inébranlable.
« Qu’est-ce que tu dis, imbécile ? Le temple de la lumière interdit une telle chose ! » avait alors crié Baltros.
« Pff, enfoiré bruyant, » grognai-je.
« Oui ! Le temple ! Les prêtres ! Même les Dieux eux-mêmes ! Dans toutes les légendes, dans toutes les histoires, nous apprenons que Lumenos n’est pas seulement le mari de Lumenya, mais aussi celui de Nocturnia ! Mon Dieu se permet à la fois d’aimer la lumière et les ténèbres, donc, moi aussi, son disciple je peux le faire ! C’est pourquoi je m’engage ici à vraiment aimer Thraherkleyoseya Draketerus ! » déclara-t-il à pleins poumons.
« Wôw ! » déclarai-je, surpris.
« Je ne le permettrai pas ! Tu vas perdre à la fois ton rang et ton statut, Iolaus ! » cria Baltros.
« Je m’en fous ! Ce n’est pas le temple qui dictera mon destin, c’est mon Dieu ! » répondit-il. Il était clair qu’il se débattait terriblement avec sa décision.
Pour le dire autrement, il marchait sur tout ce sur quoi il avait travaillé jusqu’alors pour être avec Kléo. Il pourrait même ainsi perdre sa vie.
« Toi, imbécile... Pourquoi ? Après tant d’années... Pourquoi ? » demanda Kléo en pleurant.
« Parce que je t’aime, ma douce Kléo... Et j’étais stupide de croire que quelque chose comme des éléments pouvaient nous barrer la route, » lui répondit-il en souriant alors qu’il avait les larmes aux yeux.
Jusque-là, il avait la tête baissée, mais maintenant, nous pouvions tous voir que ce fière dragon pleurait.
« Je n’ai jamais cessé de t’aimer... idiot, » répondit Kléo, et profitant de l’instant, je lui avais fait une légère tape dans le dos.
Iolaus l’avait pris dans ses bras, et les deux dragons avaient partagé leur premier baiser pour la première fois depuis qu’ils s’étaient séparés.
« Ce traître ! » avait crié l’un des paladins indignés.
« Oh, ferme-la ! »
Celle qui l’avait repris était Kataryna. Elle avait envoyé un petit morceau de glace froide et avait instantanément gelé le dragon.
« Il est toujours vivant, mais si quelqu’un veut le même traitement, j’ai assez de magie pour vous tous ! » les avait avertis Kataryna.
Les paladins secouèrent vigoureusement la tête et reculèrent légèrement. Après la bataille, ils étaient tous trop conscients de nos prouesses au combat. Et en plus, ils seraient même confrontés à Seryanna et moi. Ils n’avaient donc aucune chance de gagner.
« Pourtant, je ne peux toujours pas permettre cela, » déclara Seryanna en s’avançant.
« Quoi ? » avais-je dit surpris en la regardant.
« Reste tranquille un instant, Alkelios, » elle me lança un regard noir.
J’avais dégluti.
« Grande sœur, de quoi parles-tu, n’est-ce pas fini ? » demanda Kléo, surprise.
« Non, » Seryanna secoua la tête. « Il t’a blessée. Il t’a chassée. Il a nié ton droit d’être heureuse. Je n’ai pas de problème avec lui s’excusant, mais j’ai une question. Penses-tu être assez fort pour la protéger et te protéger ? » Elle pointa alors son épée vers lui.
Iolaus avait alors fait une expression compliquée, mais en me regardant, il avait répondu. « Non. »
« Je le pensais aussi..., » Seryanna rengaina son épée et laissa échapper un soupir.
« Toutefois ! Je vais le protéger ! » avait déclaré Kléo.
« Ce n’est pas le problème, » elle regarda alors droit dans les yeux d’Iolaus.
« Eh bien ! Si j’étais toi, laisse-moi parler un peu avec lui, » suggérais-je.
Seryanna me regarda, puis Iolaus.
« Très bien..., » déclara-t-elle.
« Je ne comprends pas, » déclara Kléo, confuse.
J’avais souri et m’étais approché de lui.
« Viens, » lui ai-je dit en tendant ma main.
« Je reviens tout de suite, mon amour..., » déclara Iolaus à Kléo en l’embrassant sur le front.
Puis, après avoir pris ma main, j’avais fait un puissant saut, qui nous avait envoyés au bord du village.
« Ah ! Merde ! J’ai oublié l’atterrissage ! »
J’avais glissé, trébuché et étais tombé comme un lemming suicidaire. Le fait d’avoir un dragon en armure complète tombant sur moi n’était pas non plus amusant.
« Arg... vas-tu bien ? » lui demandai-je.
« Oui... Qu’est-ce qui se passe ? » demanda-t-il en se frottant les épaules.
« Une erreur stupide... De toute façon, comprends-tu ce que Seryanna voulait te dire ? » lui avais-je demandé.
« Oui... Je ne suis même pas assez fort pour me protéger. Mais maintenant, je dois également la protéger. » Il serra le poing.
« Bien ! » avais-je souri.
« Mais même ainsi, ce n’est pas la fin, » lui avais-je tapoté l’épaule.
« Mais, que puis-je faire ? » m’avait-il demandé.
« Je sais ! Que dirais-tu d’aller à Tomeron et de demander à Brekkar d’être ton maître ? Je suis sûr que le vieux général sera plus que ravi d’avoir quelqu’un pour se battre ! » lui déclarai-je en hochant la tête.
Je pouvais sentir la peur dans les yeux d’Iolaus.
« Après ce que tu as dit là, je doute que les paladins te laissent facilement tranquille. Eh bien, au moment où ils parviendront à sortir l’idiot de la prison de glace de Kataryna, nous serons déjà partis depuis longtemps. Pendant ce temps, tu te dirigeras vers Tomeron. » J’avais hoché la tête.
Iolaus plissait les yeux.
« Cela pourrait fonctionner, mais à quel point dois-je devenir fort ? » avait-il demandé.
« Hm... » Je m’étais frotté le menton. « Que dirais-tu jusqu’à ce que tu atteignes l’éveil supérieur ? »
« QUOI !? » cria-t-il.
« Du calme ! Avec Brekkar et mon aide, cela sera facile. Ensuite, tu pourras protéger Kléo ! » J’avais hoché la tête, satisfait de moi-même.
« C’est vrai, mais... même en une vie, je ne serai jamais capable d’atteindre un tel niveau de puissance, » déclara-t-il, déprimé.
« Eh bien, c’est ce que cela signifie lutter contre toute attente. À quel point aimes-tu Kléo ? » demandai-je.
« J’ai pratiquement abandonné mon avenir pour elle... Je n’ai plus rien... y a-t-il autre chose que je puisse donner ? » me demanda-t-il avec un sourire ironique.
« Ta vie... » avais-je répondu.
« V-Veux-tu que je meure ? » me demanda-t-il, surpris.
« Non ! » déclarai-je en lui tapant sur la tête.
« Oh ! » Gémit-il.
« Donne-lui ta vie... et peut-être qu’elle te donnera la sienne, » je lui avais fait un clin d’œil.
« Hein !? » Il cligna des yeux confus.
« Es-tu sérieux ? Réfléchis à ce que je viens de dire, » déclarai-je en plissant les yeux.
Il ne peut pas être si dense ? Me demandai-je.
Cinq minutes plus tard.
« Euh… Veux-tu que je fasse un contrat maître esclave ? » me demanda-t-il.
J’avais abandonné.
« Non ! MARIE-LA ! » lui avais-je dit en donnant un autre coup sur la tête.
« Oh ! » Gémit-il.
Laissant échapper un soupir, je ne pouvais pas croire à quel point il était dense... j’avais vraiment envie d’éclater de rire en ce moment.
« Vas-y et déclare-lui ça. Ces paladins idiots penseront que tu es fou, et que tu ne réussiras jamais et te laisseront tranquille. Une fois que les choses se seront calmées, et que tu auras atteint ton éveil supérieur. Tu pourras ranimer tes sentiments pour Kléo. C’est probablement la seule façon que tu as pour être avec Kléo ! Problème résolu, non ? » déclarai-je en souriant.
« Vrai... ça pourrait fonctionner..., » il hocha la tête.
« Tu auras toujours besoin de demander de l’aide à Brekkar, » lui déclarai-je.
« Je comprends. » Il hocha la tête.
« Bien, revenons alors... mais nous marcherons cette fois. Je ne veux pas sauter et atterrir accidentellement dans un tas de fumier ! » J’avais frémi à la pensée d’un tel événement.
Inutile de dire que j’aurais pu souhaiter que cela ne se produise pas, mais ça m’avait un peu échappé.
« Merci, Alkelios, » m’avait-il dit.
« Quand tu veux ! » avais-je ri.
Nous étions tous deux retournés sur les lieux, où Kataryna avait pris une nouvelle position assise sur la tête de la sculpture de glace.
Là encore, Kléo se tenait devant Iolaus, mais cette fois, nous avions encore plus de spectateurs.
« La foule s’est agrandie, non ? » demandai-je à Seryanna.
« Oui. » Elle avait répondu puis m’avait demandé. « Qu’est-ce que tu lui as dit ? »
« Oh, tu verras ! » Avais-je dit en souriant.
« Thraherkleyoseya Draketerus..., » commença-t-il.
« O-Oui ? » Elle cligna des yeux emplis de surprise.
Le dragon s’était ensuite à nouveau laissé tomber sur un genou.
« Qu’est-ce que cet imbécile fait ? » demanda un paladin, mais le regard de Kataryna l’empêcha de commenter davantage.
« Thraherkleyoseya Draketerus, je prévois d’atteindre l’éveil supérieur. Une fois que je l’aurais atteint, je reviendrais te voir et ensuite... Je veux t’épouser, » déclara-t-il.
« Oh, mon Dieu ! » Kataryna gloussait.
« Il ne l’a pas fait, n’est-ce pas ? » Les paladins avaient commencé à murmurer entre eux.
« Si jeune... pour dire qu’il souhaite se marier si jeune. Quel imbécile ! » L’un d’eux avait commenté, mais je n’avais pu trouver qui.
« Je vais prier pour son âme. »
« Voilà où partent nos soirées à boire ! »
« Merci, j’ai raté mon coup ! »
Qu’est-ce que c’était que ce dernier ? Je voulais pleurer.
« Oui... je t’attendrai, mais si je l’atteins en première, je serai celle qui fera de toi mon mari ! » déclara-t-elle en souriant.
« Alors c’est une compétition ! » avait répliqué Iolaus.
C’est quoi ça maintenant ? ai-je pensé.
« Oui..., » avait-elle ri.
Les deux avaient alors partagé un tendre moment, tandis que le reste d’entre nous avait l’impression que nous étions témoins d’un moment incroyable. Quant à la dragonne à écailles argentées, elle était tout à fait heureuse à ce sujet.
Je me demandais ce qui se passait dans sa tête ? Peut-être qu’elle aimait tout simplement les moments comme celui-ci ?
De toute façon, l’affaire était réglée. Kléo et Iolaus étaient redevenus un couple.
« J’espère qu’il ne la trahira pas à nouveau, » murmura Seryanna.
« S’il le fait, je suis sûr que Kataryna aura son mot à dire, et nous aussi, » je l’ai embrassée sur la joue et lui avais tenu la main.
Après avoir fini cela, nous avions préparé notre Khosinni et avions décidé de nous séparer. Iolaus allait se rendre à Tomeron, tandis que nous quatre irions vers Drakaria, la capitale du royaume d’Albeyater.
Avant de partir, j’avais serré la main d’Iolaus et lui avais demandé : « Veux-tu devenir mon ami ? »
« Hein ? Quelle étrange demande... ? Qu’est-ce que c’est ? » Il fut surpris par l’apparition de la fenêtre.
« Ton choix ? » avais-je dit.
« Oui. » Il hocha la tête.
« Avec cela, tu devrais pouvoir progresser beaucoup plus vite. Donne mes salutations au vieux Brekkar ! » Lui dis-je.
« Ce sera fait, mon ami ! Et s’il te plaît, protège Kléo pour moi, » répondit-il en souriant.
« Je le ferai... le problème est de savoir qui va nous protéger de ses farces, » avais-je soupiré.
« Hahaha ! » Il était parti en riant.
« Il est bizarre..., » murmurai-je en rejoignant le groupe.
« Tu sais, tu aurais pu rester avec lui, » déclara Seryanna à Kléo.
« Non... » Elle secoua la tête. « J’aurais plus été une distraction pour lui qu’une aide, » avait-elle dit.
« En effet, » nous l’avions tous dit en même temps.
« Hey ! C’était méchant ! » bouda la dragonne aux écailles noires.
***
Chapitre 32 : Le voyage de Marook
***Point de vue d’Alkelios***
Une fois de plus, nous voyagions vers la capitale du royaume-dragon Albeyater, Drakaria. Pour l’atteindre, nous devrions traverser la ville de Marook pour atteindre la ville de Toros, où nous devions traverser le Grand Gouffre ou un truc dans le genre.
Pour être juste, sur la carte, la ville semblait être à un jet de bâton, mais les choses pourraient être trompeuses. C’était à plus d’un jour de là. Quand j’avais entendu cela, je pensais aux jours de la Terre, mais sur cette planète, un jour comptait 32 heures, ce qui signifiait que nous arriverions après deux jours terriens.
Spécial, je sais...
Eh bien, ce n’était pas le plus gros problème. Juste après notre départ de Pertiko, lors de notre arrêt, Seryanna avait sorti son épée et avait pointé son bout pointu vers moi.
« Battons-nous, » m’avait-elle demandé.
J’avais accepté, et le résultat avait été que j’avais gagné, mais elle n’en semblait pas heureuse.
« Tu comptes trop sur ta chance pour gagner. Ton rythme lors de l’usage des compétences est terne. Bien que tu aies gagné, c’était seulement parce que tu as plus de force que moi. Pourtant même si tu es plus puissant que moi, tu pourrais encore perdre. Une telle chose ne devrait pas être possible, surtout avec ta chance, » me gronda-t-elle dessus.
« Est-ce que c’est vraiment important ? J’ai réussi à gagner ! Je suis même plus fort que ces paladins, alors pourquoi devrais-je m’en soucier ? » demandai-je en haussant les épaules.
Seryanna plissa les yeux vers moi.
« Et si tu devais rencontrer quelqu’un d’aussi fort que toi ? » m’avait-elle demandé.
« Je gagnerai… probablement, » acquiesçai-je.
« Je ne crois pas, » déclara Kataryna en plissant les sourcils.
« Je t’ai vaincue, n’est-ce pas ? » demandai-je.
« Je me retenais contre toi, » sourit-elle.
« Arg… C’est vrai, mais..., » j’ai essayé de m’échapper.
« Tu aurais perdu si je m’étais battue avec tout ce que j’avais, surtout si j’utilisais certains sorts, » elle ne me laissa pas partir.
Pendant un moment, j’avais voulu rétorquer, mais ensuite je m’étais souvenu de ce qui arrivait aux personnages typiques dans les films et jeux qui dépendaient trop de certaines capacités. Ils finissaient comme de la chair à canon.
Si les choses sont pareilles ici, alors je devenais probablement trop arrogant à cause de ma chance, pensais-je en poussant un soupir.
« Très bien, faisons cela. Quel mal y a-t-il à aiguiser mes compétences ? » avais-je dit en haussant les épaules.
Seryanna me fit un sourire me faisant rougir.
« Alors, commençons-nous ? » avait-elle demandé.
« Oui ! » avais-je répondu.
Qu’est-ce que c’était ? Derniers mots célèbres ?
Ma belle dragonne rousse était un joyau en tant que femme et une véritable reine-démone en tant que formatrice. Je croyais que mes os s’étaient cassés plusieurs fois, et mes articulations s’étaient pliées de manière improbable. J’étais également devenu plutôt habitué à boire des potions de guérison et aussi très habile pour les créer.
Note à soi… Ne jamais mettre en colère une dragonne, pensais-je en buvant une potion de soins afin de guérir ma main cassée.
« Est-ce que ça va ? » m’avait-elle demandé.
« Oui, je peux encore sentir mes doigts piquer ! » avais-je plaisanté.
« Hm, alors ma formation n’est pas suffisante. Lors de notre prochain arrêt, nous ferons tout dès le départ et doublerons la quantité ! » Hocha-t-elle la tête, satisfaite.
J’avais laissé tomber ma potion.
« Quoi ? » avais-je demandé en état de choc.
« Ne t’inquiète pas, nous serons capables d’aiguiser tes compétences en un rien de temps ! » elle m’avait donné un baiser sur la joue, alors que j’étais gelé de peur.
« Doubler ? » demandai-je alors que mon esprit essayait déjà de comprendre et de refuser cela.
« Dois-je alors tripler ? » elle inclina la tête vers la gauche.
« Quoi ? Non ! Je vais mourir si tu le fais ! » m’étais-je plaint.
Normalement, grâce à mes statistiques insensées, il aurait littéralement été impossible de me faire autant de dégâts, mais Kataryna était celle donnant les coups de poings et de couteau. Je devais utiliser le moins de pouvoir possible pour me battre contre elle. C’était essayer d’arrêter un char avec un tricycle… et par char, je voulais dire un char moderne pouvant dépasser les 100 km/h… Simplement IMPOSSIBLE !
Tout ceci était destiné à aiguiser mes compétences, ma perception, mes réflexes, donc tout. Jusqu’à maintenant, grâce à ma chance, j’étais capable de m’en sortir indemne, mais quelqu’un de plus compétent pourrait m’infliger de sérieux dégâts. Cela signifiait que j’étais un adversaire difficile à battre, mais restait possible à vaincre. Kléo avait souligné le fait que la plupart des humains étaient assez agiles et intelligents quand il s’agissait de techniques de combat, alors ils avaient habilement utilisé cela à leur avantage contre les dragons naturellement puissants. Ces derniers n’étant pas bêtes, ils avaient finalement créé des techniques et des compétences propres pour combattre les humains. C’était la raison pour laquelle ils étaient capables d’avancer dans le continent-dragon, et puisque les dragons n’essayaient pas de conquérir le territoire humain, ils étaient sur la défensive.
Donc, alors que ma force, ma vitesse et ma dextérité augmentaient, mes compétences ne le faisaient pas. Pour apprendre une compétence, je devais finir de la développer naturellement, ou alors c’est ce qu’elles disaient. Là encore, il était possible que celles que j’avais acquises à travers le système de « Dieu » soient meilleures que celle que j’aurais pu apprendre normalement, mais je n’en avais rien dit. Je ne voulais pas avoir l’air d’un fanfaron… ou d’un idiot si je me trompais.
Quand la nuit était venue, nous avions préparé le camp comme d’habitude, mais cette fois, Kataryna avait cuisiné, pendant que je m’entraînais avec Seryanna. Kléo était sortie chasser quelque chose dans les airs. C’était la première fois que je mangeais un mille-pattes géant grillé. Il avait le goût de frites au poulet trempées dans une huile vieille d’une semaine. C’était ma conjecture, mais il y avait de fortes chances que je me trompe, puisque je n’avais jamais eu l’occasion de goûter de telles choses en Roumanie.
Après avoir mangé, nous avions dormi dans des tentes séparées. Eh bien, Kléo et Kataryna étaient dans une autre tente, et Seryanna avec moi. Malgré le fait que nous nous étreignons et nous nous enlacions, nous ne faisions rien d’autre, elle semblait plutôt attachée à moi. Si c’était le comportement normal des dragonnes, alors j’avais le sentiment que c’était plus instinctif que toute autre chose.
Cela ne me dérangeait pas du tout, mais chaque fois que je l’enlaçais, je me sentais toujours gêné, et tandis que la partie inférieure de moi risquait de devenir sauvage, je réussissais à le cacher. Malgré tout, je commençais à me demander combien de temps j’allais tenir avant de lui sauter dessus. La prendre dans mes bras et passer une nuit de passion comme dans ces… Ahem… vidéos éducatives était tentant, mais la fantaisie était une chose, la réalité une autre. Même ainsi, mon esprit tournait en rond… Les humains étaient des singes excités tout le temps, après tout…
Il y avait une bonne raison pour laquelle je ne le faisais pas… Pour une fois, je croyais que Seryanna voulait y aller doucement, et ce contact que nous avions présentement n’était que le résultat de ses instincts possessifs envers un possible partenaire. Deuxièmement, je ne voulais pas que notre première fois soit au milieu des bois avec une dragonne aux écailles argentés maniaque à cinq pas de nous. Les implications avec cela étaient terribles. Enfin, j’avais peur d’aller gâcher cela et ne pas savoir quoi faire, donc de m’embarrasser et de me faire haïr… ou pire… Qu’elle se moque de moi. Bien que le dernier était un peu tiré par les cheveux, il était toujours au fond de mon esprit.
Le manque d’expérience dans n’importe quel domaine était effrayant…, pensais-je en regardant la dragonne endormie dans mes bras.
Elle était belle, charmante… incroyablement attirante. Plus d’une fois, je m’étais demandé si je la méritais vraiment, mais c’était une question idiote. La peur d’aller plus loin avec elle était réelle. Malheureusement, je n’avais pas pu aller au bout des choses, pour savoir pourquoi. Ainsi, je n’avais aucune idée de comment surmonter cela, mais je savais que c’était présent. Si je n’étais pas capable de faire disparaître cela, j’avais décidé de demander l’avis de Kataryna ou Brekkar… certainement pas celui de Kléo. Elle l’utiliserait pour blaguer.
« Pourquoi ai-je encore peur de toi ? » je me l’étais demandé en un murmure en lui faisant un doux baiser sur le front avant de baisser les yeux.
***
***Point de vue de Kataryna***
Grâce à une certaine dragonne aux écailles noires bientôt morte, j’étais restée éveillée un bon moment. Je n’avais jamais aimé le café. J’y étais trop sensible, mais elle avait réussi à en mettre dans ma nourriture. Pas étonnant que ça ait été drôle. Les autres ne semblaient pas avoir de tels problèmes, cependant, pendant que j’étais dans cet état, mes sens étaient plutôt vifs, alors j’avais entendu ce qu’avait dit Alkelios.
Il a peur de Seryanna ? Pourquoi ? Je me demandais, et pour me fatiguer, j’avais essayé d’y réfléchir.
En me souvenant de tous les humains que j’avais rencontrés jusqu’ici, j’avais reconstitué petit à petit les raisons pour lesquelles elle pouvait lui faire peur, mais jusqu’ici, il y avait plus de raisons d’avoir peur de moi que d’elle, mais ça ne semblait pas être le cas.
Je me demande si c’est à cause du fait qu’elle soit une dragonne et que lui soit humain. Ils ne seraient certainement pas bien perçus par les deux espèces… et il y aussi l’affaire d’avoir un enfant. Bien que je n’ai aucun problème avec cela, elle n’en était pas encore à ce point. Je doute qu’Alkelios y ait même pensé jusqu’à maintenant. Et aussi, dans leur cas, s’il ne le voulait pas, les chances seraient encore plus basses. Sa chance peut être bonne, mais elle n’en est pas au point où il peut enfreindre la loi des Dieux. Hm, l’enfant ne serait pas bien vu non plus… puisqu’il serait mi-humain et mi-dragon. Est-ce que c’est ce qui le dérange ? Alors que je continuais à penser à cela, mes idées commençaient à virer dans les extrêmes.
Pour le moment, ce n’était pas comme si les deux étaient déjà mariés. Il y avait une chance que cela soit une relation temporaire. J’avais souvent vu cela dans ma longue vie. Même moi, j'en avais eu une… néanmoins quand l’on était dans cette position l’on savait si la personne était la bonne ou non. La réalité avait tendance à nous tomber dessus quand nous réalisions que ce n’était pas le cas.
Au final… je n’avais dormi que quelques heures, et je n’avais pas réussi à comprendre pourquoi Alkelios avait dit quelque chose comme ça. Seul le temps montrera la direction que prendrait leur relation ainsi que ces conséquences.
***
***Point de vue d’Alkelios***
Avec la lumière du jour qui passait sur nous, nous nous étions réveillés avant d’aller préparer le petit-déjeuner. J’étais responsable de la gestion du feu, tandis que Kléo et Seryanna s’occupaient de l’eau. Kataryna avait préparé les restes de viandes d’hier.
Nous avions mangé notre repas et ensuite attendu une autre demi-heure pour que la nourriture se tasse avant de partir. N’ayant rien d’autre à faire, j’avais demandé à Seryanna de me dire ce qu’elle savait sur le royaume, comment cela fonctionnait et ce à quoi je devais faire attention.
« Avec ta force, tu n’auras pas à faire attention à beaucoup de choses. Les bandits et les voleurs sont d’anciens débutants ou intermédiaires qui ont vu leur carte de guilde révoquée. Comme tu es maintenant, tu pourras facilement te battre avec les aventuriers de rang Dieu ou Suprême, » commença-t-elle son explication.
« Oh, j’en ai entendu parler avant ! Les rangs actuels sont : Débutant, Intermédiaire, Maître, Empereur, Divin et Suprême ! Cependant, une forme ABCD n’aurait-elle pas été plus simple ? » Demandai-je curieusement.
« ABCD ? » Elle me regardait, confuse.
« Pourquoi les aventuriers devraient-ils être ordonnés dans un ordre alphabétique chaotique ? » demanda Kataryna.
« Hein ? Cet alphabet n’est pas A, B, C, D, E, F, G et ainsi de suite ? » avais-je demandé.
« Non, » Seryanna secoua la tête.
« Chaque espèce et chaque langue ont leur propre alphabet. Pour les dragons, c’est généralement D, G, T, Er, Na, L, V, et ainsi de suite, » expliqua Kléo en souriant.
« Les humains utilisent T, N, G, F, D, et ainsi de suite, » avait déclaré Seryanna.
« Haaa… pour une raison inconnue, je pensais que l’alphabet serait semblable au mien, » j’ai haussé les épaules.
« J’en doute fortement. Nous parlons de différentes cultures et espèces ici. Il n’y a aucune raison pour que l’alphabet soit similaire, » expliqua Seryanna.
En effet, si j’y réfléchissais un peu mieux, le Japon, la Chine, la Russie et la Roumanie avaient tous des caractères différents. Bien qu’ils soient semblables d’une manière ou d’une autre, ils n’avaient été développés que plus tard dans notre histoire, après la généralisation de l’école publique et l’augmentation des niveaux d’alphabétisation.
« Utiliser des noms facilement reconnaissables par toutes les espèces est plus simple. Tout le monde sait ce que signifie un Suprême ou un Débutant. Si tout à coup ils venaient à utiliser des lettres, cela n’aurait pas beaucoup de sens pour la plupart des espèces et cultures différentes, » avait expliqué Seryanna.
« Les cultures sont-elles séparées par espèces ou y a-t-il plusieurs cultures pour chaque espèce ? » demandai-je par curiosité.
« Chaque espèce a plusieurs royaumes et empires. Alors qu’une espèce entière peut considérer une autre comme ennemis, il y a des groupes dans les deux qui se battent pour la coexistence ou la neutralité. Ainsi, il y a même des royaumes humains qui ne voient pas de raison de se battre contre nous. Ce sont ceux qui sont situés à l’autre bout du continent humain. Même parmi les dragons, Albeyater est l’un des nombreux royaumes. » Elle pointa alors l’ouest. « Par là, après Drakaria, il y a l’empire Embryger. Au sud, il y a le royaume Solustia. Après ça, il y a le royaume Merganus. Encore plus loin, tu en trouveras d’autres, » expliqua-t-elle.
« Les humains ont beaucoup plus de royaumes et d’empires que nous, mais ils sont plus faibles individuellement et plus petits. Si je me souviens bien, il y ceux-là : Royaume humain des dix épées, royaume humain de Shiva, royaume humain de Nocturne, royaume humain Opharya, royaume humain Majin, empire humain Akutan, empire humain Devaska, empire humain Treigun, et c’est à peu près tout, » déclara Kataryna en se grattant la tête.
« Eh bien, si tes informations datent de 300 ans, elles devraient être correctes, » avait déclaré Seryanna.
« Il y a cent ans en fait, mais les humains sont très chaotiques quand il s’agit de leur organisation. Les royaumes apparaissent et disparaissent dans la durée d’un bâillement de dragon, » elle haussa les épaules.
« C’est vrai..., » confirmai-je en repensant à quel point l’histoire de la Terre avait changé du 18e siècle au 21e.
Même maintenant, nous ne savions pas à quel point notre propre histoire était exacte, voyant comment la vérité était toujours écrite par les vainqueurs. Il y avait des chances que dans le passé il y ait eu beaucoup plus de cultures significatives, mais les historiens de l’époque avaient simplement nié leur existence.
Je m’étais rappelé que mon professeur d’histoire avait dit une fois que si l’humanité connaissait la véritable histoire de chaque pays, alors les dettes et compensations pour crimes de guerre atteindraient tout simplement des niveaux exponentiels. Sans parler du fait que même nos frontières deviendraient incroyablement instables. Il n’était pas inhabituel de fabriquer des mensonges sur le territoire ayant appartenu à quelqu’un d’autre. Avec cela, il avait souligné la Moldavie, la Transylvanie, la Crimée, les îles du nord du Japon, et beaucoup d’autres.
« Est-ce que le commerce existe entre les royaumes de différente espèce ? » demandai-je.
« Oui. La guilde marchande s’occupe de la plupart des transactions, mais l’importation et l’exportation vers d’autres espèces sont généralement très coûteuses à moins que les deux aient un traité de paix ou de commerce. Les échanges d’armes entre les royaumes en guerre ou les espèces en guerre telles que celles des dragons et des humains sont strictement interdits. » Expliqua Seryanna.
« Y a-t-il des hommes bêtes ? » demandai-je.
« Oui, et ils sont aussi appelé relliars. » Dis Kataryna.
« Ils aiment le commerce et la chasse plus que la guerre. Cependant, certains royaumes humains les considèrent comme inférieurs et les asservissent. Si je devais le dire, les humains ont les pires relations avec toutes les autres espèces, en particulier certains de leurs royaumes. D’après ce que je sais, il n’y en a même pas qui aspirent à la coexistence, » avait expliqué Seryanna.
« C’est triste… ça me fait avoir un peu peur de la façon dont je serai traité une fois dans la capitale, » déclarai-je en soupirant.
« Tant que tu ne te déshabilles pas, tu peux passer pour un dragon non éveillé, cependant, une fois que nous entrerons dans le palais, tu devras t’identifier comme humain et mon compagnon. »
« Quelles sont les chances que les dragons me détestent sans raison et tentent de m’assassiner ou de me tromper ? » Lui avais-je demandé en me rappelant les innombrables situations clichées des histoires que je lisais et expérimentais dans les jeux.
« Très haute. Les dragons ne sont pas sans préjugés, donc il y aura ceux ayant une rancune imméritée ou de la haine pour le simple fait que tu sois humain. Mais ne t’inquiète pas, je ferai tout ce que je peux pour te protéger, » elle avait sourit puis m’embrassa sur la joue.
« Nous serons là aussi. Étant une dragonne ayant atteint l’éveil supérieur, j’ai un peu d’influence, » déclara Kataryna en souriant.
« Mais en effet, ne baisse pas ta garde… il y a de bons dragons comme des déchets… il suffit de les ignorer surtout s’ils sont nobles, » fit remarqué Kléo.
« Je comprends, j’y ferai attention. » Avais-je hoché la tête, puis j’avais étreint Seryanna par-derrière.
« Awawa~ ! Qu’est-ce que tu fais ? » demanda-t-elle, embarrassée.
« J’enlace ma copine… c’est bon..., » lui dis-je avec un sourire en posant mon menton sur son épaule et enroulant mes bras autour de sa taille, me rapprochant d’elle.
« Je vais le permettre..., » dit-elle en rougissant.
« Quand vous prendrez une chambre tous les deux, faites-le-moi savoir ! Je veux regarder ! » annonça Kléo.
« NON ! » à la fois Seryanna et moi avions répondu en même temps.
Ainsi, nous avons tranquillement fait notre chemin à Marook, l’avant-dernière ville avant la capitale. Nous avions encore beaucoup de chemin à parcourir.
***
Chapitre 33 : Marook
Partie 1
***Point de vue d’Alkelios***
Grâce à l’entraînement infernal de ma belle dragonne rousse, j’avais commencé à me demander si j’étais éperdument amoureux d’elle ou si je commençais lentement à devenir masochiste. Cette dernière possibilité me faisait peur…
Cependant, je ne m’améliorais pas de manière visible. Sans l’aide de ma chance et en souhaitant constamment ne pas être touché par les attaques dangereuses de Kataryna, il était incroyablement difficile de contrôler mon énorme force et ma vitesse. Les actions de contrôles précises étaient hors de question. Vu sous un certain angle, je n’étais qu’un monstre libéré incapable de m’arrêter, mais si j’arrivai à utiliser les arts martiaux à ma pleine vitesse, le résultat pourrait être terrifiant.
Néanmoins, en parler et l’expérimenter étaient deux choses différentes.
« Arg… J’ai mal au dos, » gémis-je en me penchant sur Seryanna.
Être si proche d’une belle femme comme elle me donnait l’impression d’être l’homme le plus chanceux au monde. Techniquement parlant… ce n’était pas si loin de la vérité.
« Est-ce que ça fait si mal ? » demanda-t-elle un peu inquiète.
« OUI ! » m’étais-je plaint.
« Je m’excuse, je ne pensais pas que le corps humain était si… fragile, » répondit-elle.
À cette remarque, je ne pouvais que la regarder fixement. Le Khosinni sur lequel nous étions hocha la tête comme s’il pouvait comprendre nos mots.
« Sois motivé, Alkelios ! Même si tu te casses un bras ou deux, il poussera à nouveau ! » Kataryna avait essayé de me consoler.
« Je ne suis pas une salamandre ! » rétorquai-je.
« Eh bien, les dragons n’ont plus, mais il y a des potions pouvant aider à faire repousser un membre perdu, » elle haussa les épaules comme si ce n’était rien.
« Vraiment ?! Mais même ainsi… s’il te plaît ne m’arrache pas un membre ! J’y suis plutôt attaché ! » dis-je en la fusillant du regard.
« Même pas un ? » elle m’avait regardé avec un regard de chiot triste.
J’avais plissé les yeux vers elle.
« Non, » avais-je répondu comme un chat grincheux.
« Ne t’inquiète pas, Alkelios. Je ne la laisserai pas t’arracher de membres, » Seryanna me tapota la tête.
« Merci..., » soupirai-je.
« Je vais juste la laisser te battre jusqu’à ce que tu aies appris à maîtriser ta force et ta vitesse, » continua-t-elle nonchalamment.
« Es-tu ma petite-amie ou un bourreau ? » demandai-je.
« Je ne suis qu’une mignonne dragonne qui s’inquiète constamment pour ta sécurité, » elle me fit un clin d’œil et m’embrassa sur le bout du nez.
J’étais littéralement à court de mots. Il n’y avait pas de réponse sûre. Cela m’avait fait me demander si c’était ce dont parlait mon père quand il disait que les femmes étaient parfois des démones déguisées.
Pendant que nous parlions, nous nous étions rapprochés du mur extérieur de la ville de Marook.
Debout à près de dix mètres de haut, la chose était énorme et d’innombrables dragons patrouillaient. Ils étaient armés jusqu’aux dents et certains d’entre eux avaient même des apparences humanoïdes, ils avaient en vérité des dents et des griffes pouvant être utilisées au combat si jamais il y avait une situation qui les nécessitait.
À cause de la hauteur, je ne pouvais pas voir l’intérieur et jeter un coup d’œil à ce que protégeait ce mur, mais je pouvais voir devant nous une petite file d’environ quatre chariots attendant de franchir la porte. Ils étaient tous tirés par deux khosinnis, et les véhicules étaient deux à trois fois plus gros que ceux que j’avais vus sur terre. Tandis que deux avaient des conducteurs à l’allure minable, seul le plus gros des quatre avait un élégant dragon assis sur le siège du conducteur. Il était peut-être marchand ou un noble de quelque sorte que ce soit. De toute façon, nous étions les derniers de la file.
« C’est drôle… quand est-ce qu’un chariot nous est passé devant ? » demandai-je en ayant du mal à m’en souvenir.
« C’est une route qui est reliée à divers villages et villes, y compris la ville portuaire de Tunberdraken, » avait expliqué Seryanna.
« Est-ce vrai ? » demandais-je en regardant la route.
« Oui, » elle hocha la tête.
« Oh, ce chariot nous était passé devant pendant que nous nous entraînions. Ils campent pas loin de nous et sont partis un peu avant nous, » nous annonça Kataryna.
« Alors, ce type vient de Pertiko ? » demandai-je.
« Probablement, » elle haussa les épaules.
Il était impossible qu’elle sache quelque chose comme ça.
Ainsi, nous avions attendu patiemment au bout de la ligne jusqu’à ce que ça soit notre tour.
Un grand dragon à écailles marron avec une paire d’ailes plutôt petite nous avait approchés. Il était l’un des gardes placés à cette porte.
« Donnez votre nom et votre objectif en venant à Marook ! » A-t-il demandé.
« Je suis Sire Seryanna Draketerus. Ces dragons sont mes compagnons. Nous resterons à Marook pour quelques jours avant de continuer notre voyage, » déclara-t-elle calmement.
Le dragon regarda le blason sur sa poitrine, puis moi. Je lui fis un regard noir pour avoir regardé à un endroit inapproprié de ma copine.
« Pff, jeune non éveillé. Très bien, vous pouvez entrer, » il hocha la tête.
« Merci, » Seryanna avait fait déplacer le Khosinni et Kléo ainsi que Kataryna nous avaient suivis.
Nous avions tous simplement ignoré sa remarque grossière.
Au moment où nous étions entrés dans la ville, j’avais été surpris d’y voir autant de dragons, à la fois des éveillés comme des non éveillés. Cette ville ressemblait à une ville dans un jeu de thème fantasy, mais l’architecture était énorme, semblable à ceux de la ville d’Andromède. La population, cependant, l’avait largement surpassé. Pour couronner le tout, les femmes ici étaient belles, mais Seryanna et Kataryna étaient de loin des gemmes inestimables dans une mer de cailloux. En raison de sa personnalité, Kléo ne comptait pas.
« Tant de dragons..., » déclarai-je.
« Il y a beaucoup de dragons ici. C’est une ville d’aventuriers où beaucoup s’entraînent et se préparent à diverses quêtes ou incursions dans la forêt Seculiar, » expliqua ma dragonne rousse.
« Vraiment ? » clignai-je des yeux surpris.
En jetant un autre regard sur les masses, j’avais remarqué que beaucoup d’entre eux portaient un équipement pouvant être qualifié d’équipement de départ. La plupart des armes et armures que je voyais étaient faites de cuivre, d’autre en fer, et très peu en acier ou autres matériaux plus chers. Mais même ainsi, une vérification rapide avec ma compétence avait révélé que malgré le matériau dont ils étaient faits, ils pouvaient facilement être classés dans les jeux comme objet rare ou épique. Alors que les humains pouvaient utiliser ces choses dans leur état naturel, là les équipements étaient enchantés à l’extrême. Une telle épée de cuivre avait un ajout d’élément de feu, tandis qu’une autre pouvait invoquer des Merions.
En les regardant avec des yeux sans vie, je commençais à me demander quel genre de pouvoir ridicule ces dragons exerçaient habituellement. Eh bien ! Avec un regard sur les statistiques de ma petite-amie, je pouvais facilement dire qu’elle était très puissante. Après tout, quand j’avais été abandonné dans ce monde par ce Dieu, j’avais ce que beaucoup appelaient des « valeurs ridicules ».
« Quelque chose ne va pas ? » demanda Kléo quand elle remarqua la façon dont je regardais l’équipement des autres.
« Non… c’est juste que ce sont des enchantements ridicules, » avais-je répondu.
« Ces choses faibles ? Tout enchanteur même débutant pourrait les faire ! » répliqua-t-elle en riant.
« Est-ce la même chose sur le continent humain ? » demandai-je avec curiosité.
« Je n’en ai aucune idée. Kataryna ? » Elle se retourna vers la dragonne aux écailles argentées.
« Ne me regarde pas, je n’y suis jamais moi-même allée, » elle haussa les épaules.
« Moi non plus, mais grand-père a dit que la plupart des humains sont faibles. Ce sont leur nombre et leurs stratégies astucieuses qui sont effrayants, » avait déclaré Seryanna.
« Vraiment ? » J’étais empli de doute de cette réponse.
Eh bien, techniquement parlant, les humains avaient pu défendre leurs frontières et même avancer un peu sur le continent Dragon, mais c’était surtout parce que les dragons, de ce que j’en avais entendu, n’avaient jamais montré la moindre envie de conquérir le territoire d’autres espèces.
Afin de trouver notre chemin plus rapidement dans cette ville, nous avions décidé de choisir une auberge plus près des murs intérieurs qui séparaient la zone noble de la zone commune. De cette façon, si jamais nous nous perdions, nous aurons juste à atteindre le mur et le suivre. Tôt ou tard, nous arriverions à l’auberge. C’était simple et efficace.
Après nous être installés, moi et Seryanna dans une pièce, Kataryna et Kléo dans l’autre, nous avions pris quelque chose de rapide à manger et nous étions ensuite dirigés vers le hall de guilde. Il était enfin temps pour moi de m’inscrire en tant qu’aventurier.
« J’attendais ce jour depuis que je suis dans ce monde ! » déclarai-je en étant excité.
« Hehe ! Détends-toi, nous y sommes presque. D’ailleurs, ce n’est pas un gros problème. Les aventuriers sont en quelque sorte des professionnels à louer, » Seryanna haussa les épaules.
« Même ainsi, dans le monde d’où je viens, il n’y avait rien de tel qu’une guilde… sauf dans les histoires, »
« Hm, peut-être que je devrais aussi m’inscrire. J’ai en quelque sorte perdu la mienne il y a plusieurs décennies, » déclara Kataryna en se grattant la tête.
« En refaire une ne devrait pas coûter cher, » souligna Seryanna.
« C’est vrai, » la dragonne hocha la tête.
« Ces cartes sont-elles aussi utilisables dans d’autres continents ? » demandai-je avec curiosité.
« Les guildes sont toutes affiliées aux espèces ayant construit les donjons, donc le système entier est identique partout où tu pourrais aller. C’est très pratique comme ça, parce que les aventuriers n’ont aucune affiliation politique. Une fois que tu deviens chevalier ou acceptes un titre de noblesse dans un pays, tu deviens admissible uniquement aux quêtes pour l’intérieur du pays ou qui n’ont aucune affiliation politique, » expliqua Seryanna avec un ton plutôt sérieux.
« Grande sœur voulait aller au continent des relliars quand elle était plus jeune, mais après qu’elle soit devenue chevalière, elle n’en a plus été capable, » souligna Kléo en haussant les épaules.
« Est-ce vrai ? » demandai-je en me frottant le menton.
Donc, ma dragonne voulait visiter le continent des relliars. hm…. Pensais-je.
Laissant de côté ce petit fait, nous étions entrés dans le hall de guilde et avions été accueillis avec les regards curieux des nombreux dragons s’y trouvant. J’avais dégluti alors que je regardais nerveusement autour de moi, tandis que les dragonnes autour de moi étaient légèrement impressionnées.
Certains des dragons ici m’avaient fait douter de ma propre force, et leurs regards perçants n’étaient certainement pas d’un type amical. Kataryna avait reçu plusieurs regards concupiscents, alors que moi et Seryanna étions moqués parce que nous n’étions pas éveillés. Quant à Kléo, elle recevait des regards interrogateurs ou désapprobateurs de la part de ceux n’aimant pas ses écailles noires.
« Eh bien, allons-y ? » demanda Kataryna avec un sourire alors qu’elle s’avançait.
Nous avions marché jusqu’au bureau de la réceptionniste et attendu patiemment notre tour. Un aventurier regardait la dragonne à écailles verte avec le butin venant de sa dernière quête. J’avais regardé avec curiosité dans sa direction et j’avais vu une pile de dents incurvées et de cornes cassées sur la table. Il y avait aussi une pile d’oreilles pointues vertes, ce qui m’avait immédiatement amené à penser aux gobelins.
Après avoir fini avec l’aventurier, la réceptionniste s’était approchée de nous. Elle avait de longs cheveux châtains attachés en queue de cheval, des taches de rousseur sur ses joues et des yeux bleus fendus. Ses caractéristiques anthropomorphes étaient une longue queue, des mains griffues couvertes d’écailles vertes en forme de V, et une paire de cornes incurvées sur le dessus de sa tête. Elle portait une simple tenue de servante, avec le tablier et tout le reste.
« Comment puis-je vous servir ? » demanda-t-elle avec un sourire charmant.
« Oui. Je voudrais rééditer ma carte de guilde, et ce garçon veut rejoindre la guilde ! » avait déclaré Kataryna avec un sourire alors qu’elle tapotait mon dos.
« Regardez ça ! La maman a amené son enfant à s’inscrire. Pah! Cet endroit deviendra une maternelle avant que vous le sachiez ! » commenta l’un des aventuriers.
Nous l’avions ignoré.
« Bien sûr, mais puis-je vous demander depuis combien de temps avez-vous… égaré votre carte de guilde ? » demanda-t-elle en sortant quelques papiers sous le bureau.
« Euh, il y a plusieurs décennies ? » répondit Kataryna en faisant un sourire ironique.
La réceptionniste plissa les yeux, puis nous offrit deux formulaires semblables.
« Si c’est le cas, vous devrez tous les deux vous inscrire comme nouveaux aventuriers, » nous avait-elle dit.
« Pourquoi ? » avait demandé Kataryna.
Avec un soupir s’échappant de ses lèvres, la réceptionniste répondit. « Si plus de 10 ans se sont écoulés depuis que la carte de guilde a été perdue, le statut et le rang d’aventurier sont réinitialisés. »
« Oh, c’est donc comme ça ? Alors, je m’inscris en tant que nouvelle aventurière, » Kataryna avait abandonné l’affaire concernant son ancienne carte.
« Et vous, mademoiselle ? » la réceptionniste regarda Seryanna.
« Je suis déjà inscrite, » elle avait sorti sa carte de guilde.
En regardant pour la première fois, j’avais remarqué qu’elle était déjà de rang Maître. Nous avions beaucoup de travail devant nous pour la rattraper.
« Est-ce vrai ? Ensuite, une fois que vous aurez rempli ces formulaires, nous ferons un simple test de puissance. Après le test, tout ce que vous avez à faire est d’attendre que nous créions votre carte de guilde. Si vous ne savez pas lire et écrire, je peux les remplir pour vous, mais vous pouvez toujours demander à quelqu’un d’autre de le faire pour quelques pièces, » expliqua-t-elle poliment.
« Nous savons lire et écrire, donc ce ne sera pas un problème, » avait souligné Kataryna.
« Je vois. Eh bien, appelez-moi une fois que vous aurez terminé. Les frais d’inscriptions sont deux pièces d’argent, » avait-elle dit.
Nous avions remis quatre pièces d’argent et rempli les formulaires. Outre le nom, l’âge, l’affiliation politique et d’autres détails de base, il y avait une case où nous devions remplir la valeur de notre niveau de puissance si nous le connaissions. Sur la ligne pour les espèces, j’avais mis : humain.
« Quel est mon niveau de puissance, Alkelios ? » Demanda Kataryna à un moment donné.
Nom : Kataryna Georg
Espèce : Dragonne supérieure de l’étincelle de glaceStatut de l’éveil : 6 conditions sur 6 validées.
Niveau : 1301
Force : 6526 +362,9
Vitesse : 8470 +398,5
Dextérité : 7140 +357,98
Magie : 2438 +268,72
Chance : 41
Excellence magique : 30 % + 4,48 %
Buffs actuels : Dompteur de Dragon multiplie par cinq l’énergie obtenue par l’apprentissage et l’absorption lorsqu’un monstre est tué. Gagne 10 % des statistiques du Héros à moins de 100 mètres de celui-ci.
Sagesse des anciens : Buff obtenu lors de l’éveil supérieur. Offre à l’individu une nouvelle vision du monde. Augmente l’intuition de la personne. Confère à la personne l’aura d’un sage.
Nom : Seryanna Draketerus
Espèce : Dragonne supérieure de la haute flamme
Statut de l’éveil : 2 conditions sur 4 validées.Niveau : 341
Force : 1720 +362,9
Vitesse : 1213 +398,5
Dextérité : 1105 +357,98
Magie : 946 +268,72
Chance : 12
Excellence magique : 30 % + 4,48 %
Buffs actuels : Dompteur de Dragon multiplie par cinq l’énergie obtenue par l’apprentissage et l’absorption lorsqu’un monstre est tué. Gagne 10 % des statistiques du Héros à moins de 100 mètres de celui-ci.Debuffs actuels : Non-éveillé -60 % sur toutes les statistiques ; -1000 d’énergie magique ; attaques élémentaires +20 % de dégâts sous forme scellée ; forme de semi-dragon scellée ; 40 % moins attrayante pour le sexe opposé.
Malchanceux -50 % de chance.
Nom : Thraherkleyoseya Draketerus
Espèce : Dragonne supérieure des ténèbresStatut de l’éveil : 3 conditions sur 3 validées.
Niveau : 232
Force : 720 +362,9
Vitesse : 812 +398,5
Dextérité : 401 +357,98
Magie : 3620 +268,72
Chance : 34
Excellence magique : 46 % + 4,48 %
Buffs actuels : Dompteur de Dragon multiplie par cinq l’énergie obtenue par l’apprentissage et l’absorption lorsqu’un monstre est tué. Gagne 10 % des statistiques du Héros à moins de 100 mètres de celui-ci.
***
Partie 2
Les miennes étaient aux alentours :
Nom : Alkelios Yatagai
Espèce : humain
Niveau : 180
Force : 16 +516 +803 +216 +1957,8 +120,2
Vitesse : 14 +363,9 +576,5 +243,6 +2541 +246
Dextérité : 20 +331,5 +745 +120,3 +2142 +220,7
Magie : 16 +283,8 +410 +1086 +731,4 +160
Chance : 100
Excellence magique : 1 % +9 % +9 % +13,8 % +9 % +3 %
Compétences : montrer ? O/N.Points de compétences : 40
Points de statuts : 1790
Finalement, mes statistiques étaient de 3629 en force, 3985 en vitesse, 3579,5 en dextérité, 2687,2 en magie et 44,8 % en excellence magique. J’étais parti pour avoir un potentiel surpuissant. Quant au bonus de 10 % que je leur offrais, il augmentait facilement de plus de 300 points pour chaque statistique, sauf la magie.
En regardant mes statistiques, je pouvais dire que la dernière partie venait d’un certain paladin. Selon les statistiques… il était FAIBLE.
Franchement, s’il était parmi les meilleurs ou même dans la moyenne, alors Seryanna était plus que suffisante pour tous les battre. Quant à Kataryna, elle pourrait le faire avec à peine 30 % de sa puissance.
En poussant un soupir, j’avais fermé les fenêtres de statistiques.
« Eh bien ? » Kataryna demanda.
« Tu as un niveau de puissance de 1301. J’en ai un de 180. Seryanna 341, et Kléo 232. »
Les trois filles avaient cligné des yeux surpris en entendant les chiffres.
« Grande sœur, tu as progressé..., » déclara Kléo.
« Toi aussi… mais pourquoi ? » elle fronça les sourcils.
« Je pense que c’est lié à mon pouvoir ? » j’avais haussé les épaules.
« Je suis également surprise par ma croissance. En si peu de temps, j’ai monté quelques niveaux. Normalement, un tel exploit n’aurait pas dû être possible, » déclara Kataryna surprise.
« Eh bien, ça n’a pas vraiment d’importance, n’est-ce pas ? Je suis toujours le plus faible… même si en prenant la somme des statistiques, je suis le deuxième plus puissant, » déclarai-je en plissant les yeux vers la dragonne aux écailles argentées.
Ses statistiques étaient deux fois plus élevées que les miennes, les buffs inclus. J’aurais besoin de plusieurs amis ayant atteint l’éveil supérieur pour atteindre ce genre de puissance. Pour une raison inconnue, devenir surpuissant restait loin pour moi.
« Même ainsi, c’est un exploit… quand je t’ai rencontré, tu ne pouvais même pas te comparer à un ourson Dayuk, mais maintenant tu peux te battre seul face à plusieurs moutons, » Seryanna hocha la tête.
« Hein ? » Je fronçai les yeux pendant un moment, puis je m’étais souvenu. « Ah oui ! Ici, les moutons chassent les loups, et non l’inverse. »
« Devrions-nous remettre ces formulaires ? » demanda Kataryna.
« Oui ! » J’avais hoché la tête et avais souri.
Nous avions appelé la réceptionniste, puis nous avions tous deux remis les formulaires. Elle les regarda une fois, puis elle me regarda. Elle regarda à nouveau le formulaire, puis elle regarda Kataryna. Ce processus avait été répété plusieurs fois avant qu’elle nous fasse un sourire ironique et se précipite dans la pièce derrière le comptoir.
« Qu’est-ce qui vient de se passer ? » demandais je, surpris.
« Je ne sais pas, » Seryanna fronça les sourcils.
Quelques instants plus tard, la réceptionniste était revenue et nous avait demandé avec un sourire timide. « Les informations que vous avez écrites, sont-elles vraies ? »
« Oui, » Kataryna et moi avions répondu en hochant la tête en même temps.
La réceptionniste déglutit.
« Alors, s’il vous plaît, suivez-moi… Le maître de guilde aimerait vous parler. »
Pour une raison que j’ignorais, Kataryna et moi avions regardé Kléo, comme si elle était responsable si quelque chose ne tournait pas rond.
« Quoi ? » demanda la nécromancienne en plissant les sourcils.
« Rien..., » avais-je dit.
Nous avions suivi la réceptionniste dans la salle au fond, où nous avions été présentés au maître de guilde, Valkos. Il s’agissait d’un dragon aux écailles brunes avec beaucoup de cicatrices sur ses bras et une armure de plaques robuste. Une grande hache avec une brume rouge se déplaçant autour de sa lame était posée à côté de sa chaise. Devant lui, nous étions tous deux assis.
Ne sachant pas pourquoi nous avions été appelés, Kataryna et moi l’avons pris comme si c’était normal et nous nous étions assis en face de lui. Seryanna et Kléo attendaient à la porte, à côté de la réceptionniste.
« C’est dit que tu es humain, n’est-ce pas ? » demanda Valkos.
« Exact, » j’avais hoché la tête.
« Mais tu n’as pas écrit le royaume d’où tu viens ni le nom de ton village, » avait-il souligné.
« Euh… je ne pense pas pouvoir en écrire un. Je n’en ai aucune idée, » je haussai les épaules.
« Perte de mémoire, hein ? Eh bien, tu dois au moins écrire le nom d’une connaissance qui a une maison quelque part dans ce royaume, » Valkos m’a redonné le formulaire.
« Ah… D’accord. Je pensais que le fait que je sois humain posait problème, » j’avais haussé les épaules et pris le morceau de papier.
J’avais noté Tomeron et quant à la connaissance, j’avais écrit le nom de Brekkar.
« Quant à vous… Vous avez écrit que vous avez un niveau de puissance de 1301. C’est un peu… élevé. Je n’avais jamais entendu parler de vous avant, » déclara-t-il en plissant les sourcils et regardant Kataryna.
« Hm, je pourrais complètement geler cette ville comme preuve, » répondit-elle en souriant.
Un moment de silence était arrivé dans la pièce.
« Oh ! Ne fais pas de blague comme ça ! » la grondai-je.
« Eh ? Mais comment puis-je prouver quelque chose comme ça sans montrer mon pouvoir ? » La dragonne était un peu perdue.
« Ahem! Eh bien… vous pourriez utiliser un objet ? » avait demandé Valkos, puis avait ajouté d’une voix à peine audible. « Détruire la ville est… un peu extrême. »
« Très bien ! Quel genre d’objet ? Si c’en est un de pervers, je te briserai en deux, » ajouta-t-elle en souriant.
L’homme la regardait comme s’il voyait une cinglée. Je me sentais désolé pour Kataryna, mais Kléo semblait avoir eu une mauvaise influence sur elle.
« C’est un objet magique dont le seul pouvoir est d’augmenter son chiffre en fonction de la magie versée à l’intérieur. Si vous faites passer le nombre au-delà de 1000, je vous croirai, » le maître de guilde hocha la tête et regarda la réceptionniste.
La femme s’inclina une fois puis quitta la pièce.
« C’est donc ça ? » demanda Kataryna.
« Oui, » acquiesça le dragon.
Un moment plus tard, la réceptionniste revint avec une boîte noire. À l’intérieur se trouvait une barre hexagonale en métal avec un compteur à une extrémité. C’était un étrange outil, mais je me demandais comme cela fonctionnait. Les individus de ce monde semblaient être familiers avec le concept des objets enchantés.
Je me demande si je peux apprendre cette compétence. Hm… je vais simplement le souhaiter. Dieu, je voudrais acquérir la meilleure compétence d’enchantement de ton système, avais-je pensé.
« Hm. C’est léger. J’ai juste besoin de l’infuser avec ma magie, n’est-ce pas ? » demanda-t-elle.
« En effet. » Le maître de guilde hocha la tête.
« J’y vais ! » annonça-t-elle en y versant sa magie.
Soudain, les chiffres étaient passés de 1 à 100, puis 500, avait dépassé 1000 et s’étaient arrêtés vers 1500.
« Je peux aller plus loin, mais je n’en vois pas l’utilité. Cette chose est devenue un peu plus lourde, » souligna Kataryna.
« Vraiment ? » demandai-je avec curiosité.
« Oui. Tiens, » elle me l’avait donné. « En effet, c’est un peu lourd. »
« Regarde ! Regarde ! Je te l’avais dit ! » dit-elle en me faisant un sourire.
Pendant ce temps, la réceptionniste et le maître de guilde nous regardaient tous deux avec de grands yeux, tandis que Seryanna laissait échapper un soupir.
« Hm ? Quelque chose ne va pas ? » demandai je, surpris.
« Non… euh… en ce moment, vous pourriez être les deux personnes les plus puissantes parmi les aventuriers. Le dragon moyen n’atteint en moyenne que 700 points. Pour atteindre les 1500 et le considérer comme léger… eh bien..., » il se grattait la joue.
« On n’y peut rien, nous sommes tous deux terriblement puissants ! Hihi ! » gloussa la dragonne aux écailles d’argent.
« Oui… en quelque sorte..., » j’étais réticent à propos de ma propre réponse parce que j’étais conscient du fait que la majeure partie de ma force venait de ma compétence Dompteur de dragons.
S’il y avait une chance pour que mes amis cessent de l’être, toute cette force disparaîtrait presque immédiatement. Pour être honnête, j’étais un peu horrifié de la possibilité que nous finissions ennemis, ou de simples connaissances.
Eh bien, cela ne servait à rien de m’en inquiéter pour le moment. Ce n’était qu’un gaspillage d’énergie.
« Il n’y a rien d’autre que je veuille vous demander, mais si quelque chose arrive, je vous le ferai savoir… où par le maître de guilde dans la ville où vous serez. » Le dragon hocha la tête.
« Je vous remercie. Cela signifie-t-il que nous pouvons prendre des quêtes tout de suite ? » demandai-je un peu excité.
« Malgré votre force incroyable, vous aurez toujours besoin de monter en rangs. Ils représentent à la fois la confiance de la guilde et vos compétences pour mener à bien les demandes. Peu importe si vous pouvez raser le pays si vous ne pouvez même pas promener un animal de compagnie dans la rue, » avait expliqué Valkos.
« Donc, nous commençons à partir du rang Débutant ? » demandai-je.
« Effectivement. En fait, je crois que nous en avons quelques unes sur lesquelles vous pourrez vous entraîner. Compte tenu de votre force, ça ne devrait pas poser de problème, » sourit-il.
« Je comprends. Nous allons y jeter un coup d’œil, puis nous verrons si nous prenons des quêtes ou non, » déclara Kataryna en essayant de ne pas paraître ennuyée.
« Bien sûr ! Une fois que vous recevrez vos cartes de guildes demain, vous serez en mesure d’accepter toute demande disponible à votre rang, » le maître de guilde hocha la tête.
« De quoi avons-nous besoin pour monter de rang ? » demandai-je.
« Vous avez besoin de compléter des quêtes de votre rang, de gagner la confiance des membres de haut rang de la guilde, et de participer à des événements de groupes organisés par la guilde, » avait-il expliqué.
« Je comprends..., » répondis-je.
« S’il n’y a rien d’autre dont nous avons besoin d’être informés, nous allons prendre congé maintenant, » déclara Kataryna.
« Ce sera tout. » Il hocha la tête. « Puissiez-vous prospérer dans vos quêtes et apporter une grande renommée et de la fortune à notre guilde ! » déclara-t-il avec un grand sourire.
« Pareillement. Passe une bonne journée, maître de guilde Valkos, » avait déclaré Kataryna.
Après que nous ayons tous dit nos au revoir, nous étions sortis de la guilde et étions retournés à l’auberge. Nous nous étions un peu détendus puis étions sortis de la ville pour nous entraîner vigoureusement. En d’autres termes, j’avais été martelé au sol par une certaine dragonne aux écailles argentées tout en évitant les malédictions lancées par la dragonne aux écailles noires...
Au moins, à la fin de la journée, j’étais encore en vie… en quelque sorte…
***
Chapitre 34 : La première quête
Aujourd’hui, nous avions décidé d’accepter une demande de la Guilde des Aventuriers. C’était un simple rassemblement de fleurs dans les bois voisins. Si, par hasard, nous rencontrions des monstres le long du chemin, nous étions libres de les vaincre et de récupérer les parties pouvant être vendues ou que nous pensions utilisables. La destruction des restes était généralement faite par le mage du groupe ou en empilant les corps et en soumettant un rapport à la guilde quant à leur emplacement. Ensuite, une nouvelle quête apparaîtrait pour tous les aventuriers ayant les compétences requises. Être sur le continent-dragon ne signifiait pas que tout le monde pouvait cracher du feu. Tout dépendait de leur élément respectif, bien que quand il s’agit de sorts, tout le monde puisse au minimum lancer les sorts de niveau Débutant.
« On est bientôt arrivé ? » demandai-je en suivant Seryanna.
« Nous n’en sommes pas loin maintenant. Je crois que la clairière mentionnée dans la demande devrait être quelque part devant, » répondit-elle en vérifiant une petite carte de la région dessinée à la main.
Parmi les nombreuses choses que les personnes donnant la quête avaient à faire, une carte était nécessaire. Cela pouvait être une carte que les aventuriers pouvaient copier facilement ou alors il devait pouvoir utiliser leurs cartes existantes. Dans le cas où l’emplacement exact n’était pas connu, ils devaient placer une zone dans laquelle ils pourraient trouver leur cible.
Tout comme Seryanna l’avait mentionné, nous cherchions une petite clairière située à l’ouest de Marook. Les plantes qu’on nous avait dit de rassembler s’appelaient des tournesols Lili et étaient utilisées comme épices alimentaires. Pour être précis, les pétales étaient séchés puis broyés en fine poudre. Ça offrait une saveur épicée semblable au piment, mais pas aussi violente que le piment. C’était quelque chose entre le piment et le poivre.
Au moins, c’était ce que ma compétence d’identification me disait, mais selon Seryanna, nous avions mangé de la nourriture utilisant cette épice chez son grand-père. Au début, je pensais que c’était du poivre ou du piment, je ne pouvais pas faire la différence.
« Pourtant, si cette fleur est si importante, pourquoi ne pas la faire pousser plus près de la ville ? » demandai-je en sautant par dessus un grand tronc d’arbre.
Je me débrouillais mieux en contrôlant mon corps que lorsque j’avais reçu le premier bonus de ma compétence, mais les arbres du continent-dragon étaient certainement géants, même s’ils ne constituaient qu’une petite parcelle au milieu des plaines.
Dans ce monde, je devais encore voir un érable de Norvège ou Artar comme on l’appelait en Roumanie. C’était l’une des espèces les plus répandus autour de la Terre. Le Canada avait effectivement cette forme sur son drapeau. Bon vieux sirop d’érable, je te connaissais bien… il semblerait que j’avais très peu de chances de tomber sur ça dans ce monde.
« C’est une épice de nobles. Seuls certains commerçants issus de lignées communes sont autorisés à les cultiver, » avait expliqué Seryanna.
« Pardon ? » clignai-je des yeux en raison de la surprise.
« Qu’est-ce qui ne va pas ? » Elle s’arrêta et fronça les sourcils en me regardant.
« Qu’est-ce que tu veux dire par épice des nobles ? » demandai-je en plissant les sourcils.
« Hm… Tu sais, c’est comme dans ton pays où certaines personnes ne sont pas autorisées à cultiver ou à faire reproduire certains animaux et plantes ? C’est semblable à ça. Il y a des plantes et des animaux que seuls les nobles ont le droit d’élever, » expliqua-t-elle, mais il restait un petit problème…
« Heu, dans mon pays, il n’y a pas de telles choses. Tant que l’on a les fonds, la terre et les connaissances nécessaires pour cultiver ou élever du bétail ou des plantes, on est libre de le faire. Les seules lois sont contre certaines plantes pouvant être utilisées comme drogues ou poisons et que leurs propriétaires ont l’intention de les cultiver dans ce but, » avais-je expliqué.
« Il n’y a pas d’interdictions sur les épices ? » demanda-t-elle, surprise. « Alors, comment savez-vous ce qui est pour les nobles et les roturiers ? » elle demanda à nouveau une chose étrange.
« Parce que pour commencer, nous ne nous soucions pas vraiment des lignées nobles ou roturières ? » lui dis-je.
« Il doit y avoir une anarchie là-bas, » avait commenté Kataryna.
« Seulement quand il y a un match de football important. Mais en laissant de côté les blagues, nous avons simplement un système gouvernemental différent. En tant que tel, il n’y a pas beaucoup d’interdictions sur les marchandises et les produits tant qu’ils ne sont pas nocifs pour la population. Franchement, je trouve bizarre que vous le fassiez… un royaume sans ces ridicules interdictions ne pourrait-il pas prospérer grâce au commerce ? » lui demandai-je.
« Hm, maintenant que tu le dis... » Kataryna était celle disant cela.
« Même si c’est vrai, il n’y a rien que nous puissions faire à ce sujet. Seuls le roi et les nobles peuvent demander un tel changement. » Kléo haussa les épaules.
« En effet, ne gaspillons plus notre précieux temps en politique et trouvons rapidement ces fleurs, » déclara Seryanna.
Pour cela, nous nous étions mis d’accord et avions continué à traverser la petite parcelle de bois.
Lorsque nous étions arrivés à la clairière, ce n’était pas les fleurs que nous avions rencontrées, mais deux méchants dragons. Ils portaient des vêtements de bandits, avaient des visages de bandits, sentaient si fort que les fleurs leur tournaient le dos, et ils étaient vraiment là.
« Oi! Êtes-vous le groupe ayant accepté la demande en ce qui concerne les tournesols Lili ? » celui à gauche avec une massue dans ses mains nous avait demandé cela.
Je suis techniquement dans une zone de haut niveau, alors pourquoi devais-je rencontrer une massue ? me demandais-je.
« En effet, nous sommes. Qui êtes-vous ? » demanda Seryanna en posant la main sur la poignée de son épée.
« Je suis Tennant Patraku, un aventurier ayant accepté une quête d’élimination des Dayuks locaux. Nous deux, avons essayé de les attirer loin du champ de fleurs, mais pas moyen de le faire. Ils ont abattu un cerf à cornes de pierre et se régalent en ce moment même, » déclara-t-il avant de pousser un soupir.
« C’est comme mon frère l’a dit… Puisque nous savions que quelqu’un accepterait la quête des fleurs, nous pensions que faire une bataille de groupe ne serait pas une mauvaise idée, » déclara l’autre.
Frères ? Vous deux ? QUOI ?! J’étais un peu surpris de voir que la seule chose en commun entre eux semblait être leur armure et odeur.
« Je comprends, alors qu’est-ce que vous nous demandez de faire ? » demanda Seryanna.
« Eh bien… nous sommes coincés avec ce problème, vous voyez… moi et mon frère ne sommes pas très intelligents, mais nous sommes bons, alors nous avons réfléchi si peut-être vous aviez une idée sur la façon d’attirer les Dayuks hors de là ? » demanda-t-il en se frottant l’arrière de la tête… avec sa massue.
Alors qu’il disait ça, j’avais regardé le terrain et avais utilisé Identificus processus juridicus sur les monstres qui y étaient rassemblés.
Nom : Dayuk noir
Espèce : Élite élémentaire (Feu)
Niveau : 84
Attaques spéciales : Souffle de feu, pic de feu, rugissement paralysant, morsure venimeuse, charge.
Attends un instant ! Qu’est-ce que c’est que ce monstre ridicule ?! Êtes-vous en train de me dire que ces deux-là avaient l’intention de combattre ce truc avec leur armure et masse ?! criai-je intérieurement après avoir lu les informations m’étant présentées.
Sans hésitation, j’avais utilisé ma compétence sur leur massue.
Grande et solide massue : fabriquée à partir d’écorces de Leyas, cette massue robuste a été enchantée pour résister aux attaques élémentaires et augmenter la force de son utilisateur. Statistiques spéciales : Résistance à toutes les attaques élémentaires augmentée de 40 %. Augmente la force de l’utilisateur de 100 points.
Qu’est-ce que c’est ? Un objet rare ? Non, est-ce un légendaire ? Franchement... Quoi ? 40 % de résistance à tous les éléments ? C’est une blague j’espère ? C’est plus puissant que mon épée ! J’avais l’impression que les rouages dans ma tête s’étaient arrêtés.
Laissant de côté l’armure de chevalière de Seryanna, ce truc était assez ridicule pour qu’une personne ne comprenant rien puisse battre de faibles monstressi fort qu’il briserait tout. Je ne pouvais m’empêcher de me demander en premier lieu pourquoi ils avaient pris la peine de venir ici.
J’avais poussé un soupir en me massant les tempes, essayant de me débarrasser de la pointe soudaine de stress résultant des absurdités dont je venais d’être témoin.
« Est-ce que ça va ? » me demanda Kléo.
« Oui… juste un peu mal à la tête, » avais-je répondu.
« Comment devrions-nous nous débarrasser des monstres ? » me demanda Seryanna.
« Pourquoi ne pas simplement les sniper ? » lui demandai-je en réponse.
« Snipe ? » Elle fronça les sourcils et m’avait regardé en étant confuse.
« Erm… les tuer avec un tir à la tête et cela de loin ? » avais-je gentiment expliqué le terme.
« Oh ! Je peux faire ça ! » déclara Kataryna avec un sourire.
« Très bien, alors nous te laisserons faire. Quant à ces gars..., » j’avais regardé les deux autres.
« Nous allons prendre ce dont nous avons besoin pour accomplir notre quête, » avait déclaré Tennant.
« C’est correct de prendre tout le corps. Nous sommes juste ici pour les fleurs, » avais-je dit.
« Merci ! » Les deux avaient fait un rapide salut et avaient fait un grand sourire.
La dragonne aux écailles argentées s’avança et visa la meute de loups cornus mangeant un cadavre au milieu des fleurs. La beauté du paysage était complètement gâchée par les museaux sanglants des monstres canins. Avec des plaques d’armure dépassant de leur fourrure noire et une corne sortant de leur front, ils ne devaient pas être pris à la légère. En tant que telle, Kataryna avait mis un peu de puissance dans son sort.
Ce qu’elle avait utilisé était une version ciblée de Pic de glace, mais je ne l’avais pas encore obtenu, alors je n’avais aucune idée de la quantité de magie requise ou des détails spécifiques. Je ne lui avais jamais posé de questions à ce sujet, mais d’après ce que je pouvais en voir, c’était une attaque effrayante qui n’était pas plus faible qu’une balle contrôlée.
Quand elle avait tiré, les Dayuks s’en étaient rendu compte, mais trop tard. On pouvait entendre les hurlements de douleur dans tous les sens, alors que les monstres mouraient. Les lances étaient empalées à travers leurs peaux épaisses et leurs points vitaux étaient percés, les tuant rapidement et frappant de peur les autres, mais hélas, il était hautement improbable qu’ils y survivent.
« I-Incroyable..., » déclara Tennant alors que lui et son frère regardaient Kataryna avec leurs mâchoires au sol.
« Hmph ! Ce n’est rien ! » déclara-t-elle fièrement.
C’est vrai, cette dragonne astucieuse savait une ou deux choses à propos de puissantes attaques de glace, elle était après tout une dragonne supérieure de l’étincelle de glace.
« Allons-y, non ? » déclarai-je en m’approchant calmement de la zone du massacre.
Pour être honnête, je m’étais retrouvé à avoir une certaine résistance à voir le gore de toute sorte. Avec les récents événements d’attaques de monstres, de donjons rampants, et quoi d’autre, mon instinct de grincer des dents devant un cadavre avait été considérablement réduit. Je n’avais aucune idée si c’était une bonne ou une mauvaise chose, mais pour l’instant cela m’avait aidé à passer à travers sans montrer mon côté pathétique à mes amis.
« Je vais commencer à rassembler les fleurs, » avait annoncé Kléo en sortant un sac.
Avec une main habile, elle avait commencé à rassembler les fleurs. Dix exemplaires valaient 10 pièces de cuivre. Ce n’était pas beaucoup, mais en pensant à la quantité que l’on pouvait voir, nous pourrions facilement en ramener assez pour gagner plusieurs pièces d’or. Pourtant, la règle imposée à la collecte précisait que si nous en ramenions plus que demandé, nous ne serions pas payés plus. Cela avait été fait dans le but d’éviter que les aventuriers ne gardent les bonnes demandes.
Il était facile de deviner pourquoi les deux frères ne prenaient pas la peine de ramasser les fleurs avec nous et se concentraient plutôt sur les Dayuks. Même s’ils les rassemblaient, une fois en ville, ils ne seraient pas payés pour le lot. Quant à nous, nous devions uniquement en prendre 100, juste assez pour nous faire gagner une pièce d’argent.
Compte tenu de notre potentiel de combat et de nos compétences individuelles, c’était une totale perte de temps, mais nous n’étions pas intéressés par l’argent ou le défi. Ce que nous recherchions était l’expérience et la montée de notre rang d’aventurier. Pour le moment, Kataryna et moi étions au rang Débutant. Quant à Kléo… je n’avais pas eu l’occasion de lui demander si elle était enregistrée ou non. En parlant de ça, j’avais l’impression qu’elle était complètement ignorée à la guilde.
« C’est un peu étrange de demander ça maintenant, mais Kléo fait-elle partie de la guilde ? » murmurai-je discrètement à Seryanna.
« Ma sœur ? Non, elle ne l’a pas encore rejoint parce qu’elle croit que les autres dragons la regarderont avec des regards étranges. Je ne peux pas dire que ce n’est pas vrai, » elle m’avait fait un sourire ironique. « Tu as vu comment ils l’ont regardée là-bas, n’est-ce pas ? Ils n’ont même pas demandé si elle était une aventurière ou non, » déclara-t-elle en secouant la tête.
En effet, c’était le cas. À l’époque, la réceptionniste et le Maître de guilde n’avaient rien mentionné à propos de Kléo. En regardant cela d’un autre point de vue, c’était comme voir un groupe d’aventurier avec leur animal de compagnie ou quelque chose comme ça.
« Cette discrimination est fausse..., » je secouai la tête.
« Ça l’est, mais officiellement, si elle se rendait à la guilde et demandait à s’inscrire, elle n’aurait aucune raison de refuser sa candidature, surtout si elle se révélait assez puissante. Malgré tout, Kléo elle-même doit aller de l’avant et le demander. Même si la plupart des dragons ne regardent pas les nécromanciens d’un bon œil, tant qu’elle n’utilise pas de magie pour enfreindre les lois du royaume, ils n’ont aucune raison de la jeter en prison. Même s’ils essayaient de l’accuser de n’importe quoi, aussi longtemps que je serais là ainsi que Kataryna, elle ne devrait pas avoir de problèmes. »
« Je vois… on dirait que chaque espèce et chaque royaume ont leurs problèmes internes, n’est-ce pas ? » déclarai-je en regardant les fleurs dans mes mains.
« En effet, » confirma-t-elle.
Les humains semblaient haïr toutes les autres espèces, mais ils étaient tolérants pour les espèces humanoïdes comme les elfes. Les dragons avaient un problème pour certains éléments. Ils avaient peur de certains et en adoraient d’autres, mais ils ne voyaient aucune raison de haïr d’autres espèces. Ensuite, il y avait les héros comme moi qui venaient d’un autre monde où la discrimination fondée sur le sexe et la race était illégale et même perçue comme un acte commis par une personne faible.
Bien que je n’avais eu que peu ou pas d’informations sur la façon dont c’était réellement sur Terre, la seule chose qui était certaine était ce que je ne pouvais tout simplement pas comprendre pourquoi ils détesteraient les autres pour quelque chose d’aussi petit que ça ? C’était la même chose que de haïr son voisin parce qu’il avait les cheveux 1 cm plus court que les siens.
Je laissai ma tête refroidir sur des choses compliquées et continuai à rassembler les belles fleurs. Une fois que nous en avions ramassé une centaine, nous avions attendu que les deux frères finissent de rassembler les matériaux de Dayuks et ensuite étions retournés à Marook.
« Encore une fois, moi et mon frère vous remercions de nous avoir aidés ! » déclara-t-il en s’inclinant devant nous.
Son frère fit de même, mais était resté silencieux.
« Ne vous inquiétez pas pour ça, » avais-je répondu avec un sourire poli.
Après leur départ, nous avions tous poussé un soupir.
« Je pensais honnêtement qu’ils étaient des bandits, mais ils sont en réalité de bonnes personnes, » avait déclaré Kataryna.
« Vrai… même s’ils ont besoin de travailler plus sur leurs compétences de conversation, » déclarai-je en hochant la tête.
« En effet, ils étaient un peu ennuyants, » avoua Kléo.
« Laissez-les être ainsi, comme l’a dit Kataryna, ce sont de bons camarades, » remarquai-je.
Avec tout le monde d’accord, nous nous étions dirigés vers un étal de viande en brochette et avions pris un petit repas avant de revenir à la guilde.
Ce serait la toute première quête que j’allais valider dans ce monde. Il m’avait fallu un certain temps pour atteindre ce point, et je ne pouvais pas m’empêcher de me demander si les autres terriens étaient plus haut rang que moi. Mon esprit est immédiatement parti vers ceux qui aimaient plus que tout jouer aux jeux vidéo.
Là encore, c’était la vraie vie, pas un roman, un jeu ou une fiction d’un auteur fou… je pourrais lourdement me tromper sur qui avait vraiment le plus d’avantages de base dans ce monde.
***
Chapitre 35 : Puis-je sacrifier… ?
Partie 1
Marook était une ville intéressante remplie de toutes sortes de personnes et même un petit lac se trouvant dans ses murs. Quand nous étions arrivés ici, je n’avais aucune idée que quelque chose comme ça existait. J’avais dû me renseigner à ce sujet l’autre jour quand nous étions en train de faire les courses. Mon cerveau pensait que ce serait une bonne idée de gifler le derrière de Seryanna. Son coup de poing à mon visage m’avait fait changé d’avis... La vue du ciel était plutôt belle, et j’avais appris que je pouvais supporter des dégâts de niveau surhumain. J’avais atterri au beau milieu du lac, effrayant un couple de tourtereaux qui s’embrassait dans un bateau.
Plus tard dans la soirée, la dragonne rousse m’avait regardé durement, mais à la fin de la journée, elle se calma et me permit de l’embrasser à nouveau. C’était une leçon que je n’oublierais jamais.
Le lendemain, je m’étais réveillé tôt le matin et j’avais reçu une leçon de maniement de l’épée par Kataryna. Elle était également très désireuse de me planter avec son épée. Le moins que l’on puisse dire, c’était que je ne pouvais même pas donner un seul coup à la dragonne. Elle était beaucoup trop agile et forte, mais le plus important, c’était que je manquais de la capacité à contrôler correctement mon corps amélioré. Sans compter sur aucune de mes capacités, ou améliorations, je me sentais léthargique et maladroit, mais je m’améliorais. Donc c’était une bonne chose.
Puis, après le déjeuner, nous avions rassemblé nos affaires et avions quitté l’auberge. Il était temps de quitter Marook et de nous diriger vers la ville voisine. Les khosinnis étaient déjà préparés par Seryanna, donc tout ce que nous avions à faire était de les monter et de partir. Comme d’habitude, j’avais utilisé le même que ma copine.
Environ cinq minutes après que nous ayons quitté Marook, je leur avais demandé. « Donc, nous nous dirigeons vers Toros, n’est-ce pas ? »
« Hm, pas vraiment, c’est juste une ville moyenne au bord du Grand Gouffre ou de la Cicatrice Sombre comme beaucoup l’appellent, » répondit-elle.
« Cicatrice Sombre ? Ne me dis pas que des démons y apparaissent ou des monstres effrayants ? » demandai-je.
« Rien de la sorte, bien que les monstres volants et les monstres d’ombres aient tendance à faire leur nid là-bas. Malgré cela, la région autour de Toros est utilisée par les aventuriers pour chasser et augmenter leur force. Ils sont environ deux fois moins forts que ceux de la forêt Seculiar. »
« N’est-ce pas très fort ? De plus, le danger des monstres ne devrait pas diminuer en nous approchant de la capitale ? » demandai-je en plissant les sourcils.
« Pourquoi cela serait ainsi ? » demanda-t-elle en penchant la tête comme si je venais de dire quelque chose de bizarre.
« Eh bien, la capitale est censée être la zone la plus calme de toutes les villes, il serait donc naturel que les nids de monstres aux alentours soient détruits, n’est-ce pas ? » j’avais expliqué mon point de vue.
« Ce n’est certainement pas le cas, » elle secoua la tête.
« Alors ? » Je fronçai les sourcils.
« Les monstres font leurs nids dans les zones remplies de magie et obtiennent ainsi les meilleures conditions pour les jeunes. Comme certains d’entre eux peuvent passer de bébé à adulte en quelques jours, ils peuvent s’emparer de la région environnante en peu de temps. Nous avons également remarqué que même si nous ne les traquons pas, leur nombre n’atteint pas de valeurs ingérables. Tout au plus, ils ne se sépareront pas en deux groupes en cherchant un autre emplacement pour un nid. Cependant, si nous les traquons trop, ils pourraient finir par apparaître plus fréquemment et montrer des signes de comportements beaucoup plus violents que leurs générations précédentes, » avait-elle expliqué.
« Euh, donc en d’autres termes, l’écosystème de la région est équilibré aux habitudes de chasses des dragons ? » demandai-je en plissant les sourcils.
Cependant, cela avait du sens. Les dragons et toutes les autres espèces humanoïdes dans ce monde n’étaient pas nés hier, ils avaient des histoires s’étalant sur des milliers d’années. Dans une si longue période de temps, il était hautement improbable que des chasseurs trop zélés ou des croisades contre des monstres n’arrivent pas. En conséquence, leur nombre aurait chuté de manière drastique et ils auraient fini par s’éteindre, mais cela ne semblait pas être le cas.
J’avais eu le sentiment que le taux de natalité élevé s’était développé au fil du temps, peut-être en raison de la chasse accrue des espèces humanoïdes. Ensuite, il y avait les autres monstres qui étaient chargés de magie et corrompus d’une manière ou d’une autre. Si les dragons et les monstres corrompus commençaient à chasser les monstres normaux, leur extinction serait arrivée en quelques années.
Euh, j’ai l’impression d’avoir mal à la tête d’y avoir trop réfléchi..., pensais-je en me frottant les tempes.
« Est-ce que tu vas bien ? » Seryanna m’avait demandé ça quand elle avait vu mon expression troublée.
« Oui, je pense que mon cerveau a juste eu un court-circuit, » avais-je répondu en souriant.
« Un quoi ? » elle fronça les sourcils.
« Cela signifie que j’ai mal à la tête... argh... quoi qu’il en soit, les monstres font leurs nids dans les zones les plus appropriées pour leurs espèces en utilisant la magie pour grandir, non ? » avais-je demandé.
« Oui, » elle hocha la tête.
« Bon..., » j’avais hoché la tête.
Poussant un soupir, je m’étais appuyé sur son dos et avais enterré mon visage dans sa nuque.
« A-Alkelios ? » Elle était un peu troublée.
« C’est confortable... ton parfum aussi... Je t’aime, Seryanna..., » marmonnai-je.
« Mes sentiments sont réciproques..., » elle laissa échapper un soupir et garda les yeux sur la route.
Nous avions campé cette nuit dans la nature, et comme d’habitude, je m’étais entraîné avec Kataryna jusqu’à ce que je tombe de fatigue. Et une douche plus tard avec l’aide d’un sort d’eau, ainsi que plusieurs bouchées de viande cuite dans mon estomac, j’étais prêt à me coucher, mais juste au moment où j’allais entrer dans ma tente, Seryanna m’avait appelé.
« Alkelios, as-tu un moment ? »
En la regardant et en voyant son charmant sourire, même si mon corps était sur le point de s’écrouler comme un château de sable, je trouvais tout de même de l’énergie pour sourire et dire « bien sûr ! »
« Très bien, suis-moi..., » elle se leva et commença à s’éloigner du camp et des deux dragonnes fouineuses. « Vous deux, restez assises ! » leur ordonna-t-elle au moment où elles avaient essayé de nous suivre.
« Tch ! » Kataryna avait fait claquer sa langue et était retournée au camp traînant par la queue Kléo.
« Mais je ne veux pas ! » Se plaignit la dragonne à écailles noires.
Avec les deux fauteurs de troubles à distances, nous avions marché à travers les plaines épaisses, en regardant les étoiles. Seryanna était juste à côté de moi, et je pouvais sentir mon cœur battre très fort, et monter en rythme, plus le silence entre nous se prolongeait. Même si le ciel n’était pas parfaitement dégagé, il faisait bon pour une nuit.
« Awoooo ! » Hurla un loup quelque part au loin.
« Euh..., » j’avais tressailli en l’entendant.
« Détends-toi, ce n’est probablement qu’un mouton... » Gloussa Seryanna.
Un quoi ? pensais-je confus.
« Les loups et Dayuks ne sont-ils pas censés hurler ? » avais-je demandé.
« Ils le font, mais le hurlement du mouton est un peu différent. Si tu écoutes attentivement, ce n’est pas aussi féroce, » elle plaça ses paumes derrière ses oreilles et ferma les yeux.
« Awoooo ! » Hurla à nouveau le ‘mouton’.
« Ce monde à des animaux étranges..., » grognai-je en me demandant comment les moutons avaient fini par devenir plus vicieux et dangereux que les loups ou les Dayuks.
« Ne t’inquiète pas, si l’un d’eux essaie de te mordre, je te protégerai ! » déclara-t-elle en me tenant la main en souriant.
Ses joues étaient rouge vif, et j’étais certain que les miennes l’étaient aussi. Mon pouls était assez élevé pour commencer, et maintenant je lui tenais la main, je pouvais sentir mon cœur battre encore plus vite.
Être avec elle comme ça, juste nous deux, était... sympa. Je n’avais pas eu la chance de l’être avec quelqu’un sur terre, mais jusqu’à présent, je croyais avoir fait du bon travail en tant que petit-ami. Ça ou j’étais embarrassant au point ou même Seryanna ne pouvait me le dire.
D’un autre côté, bien que je sois un jeune adulte, fraîchement arraché à l’adolescence, j’avais un remarquable contrôle de moi. Je ne pensais pas constamment à des façons d’aller de l’avant et récemment, j’avais commencé à réfléchir plus avant d’agir. Peut-être que c’était le résultat de mon entraînement, ou peut-être que le changement soudain dans mon mode de vie avait donné un coup à mon cerveau dans le bon sens. De toute façon, j’étais content de ne pas agir de manière idiote avec Seryanna. La dernière chose que je voulais, c’était qu’elle en vienne à me détester.
Bien sûr, il y avait une grande part de moi qui voulait faire ces bêtises, et amener la belle dragonne dans ma chambre pour un moment intime entre nous deux.
« Tu sais, je pensais..., » déclara-t-elle en levant les yeux vers le ciel, le dos tourné vers moi.
Mes yeux s’étaient directement dirigés vers ses fesses.
Meh, je suis un humain. Je vais excuser mes mauvais instincts. Pensais-je calmement.
« À propos de quoi ? » Demandai-je.
« À notre propos... » M’a-t-elle dit.
Oh, mon Dieu, s’il te plaît, ne me dit pas que c’est l’une des discussions avant de rompre ! avais-je paniqué.
« Est-ce bon ou mauvais ? » demandai-je timidement.
« Je ne sais pas..., » elle inclina la tête vers la gauche, mais ne se retourna pas pour me regarder.
« Eh bien, dis-le..., » je laissai échapper un soupir en priant que je ne me fasse pas jeter.
« Quand j’ai vu Kléo et Iolaus, ça m’a fait penser au futur..., » elle me regarda, mais évita mon regard.
« Le futur ? » Demandai-je en levant un sourcil.
« Oui... tu es humain et même pas de ce monde, alors que je suis une dragonne et une chevalière. Les choses pourraient devenir compliquées pour nous deux. Ta durée de vie, ton espèce, ta lignée... alors qu’ils ne m’intéressent pas, pour d’autres... cela pourrait être vu de manières défavorables, » expliqua-t-elle.
Je pense qu’elle a dit un mot qui ne s’est pas traduit correctement..., pensais-je en secouant la tête. « Ça arriverait... même si j’étais un dragon, il y aurait toujours des gens qui seraient contre nous. Tu as une bonne position politique, donc du point de vue noble, tu es un ticket pour plus de pouvoir. Cela signifie que beaucoup voudraient te courtiser ou te faire porter leurs enfants afin d’utiliser ton influence, » avais-je dit en soupirant.
« Cependant, je ne pense pas que j’aie autant d’influence et de pouvoir, » elle fronça les sourcils de désapprobation.
« Toi, peut-être, mais ces idiots, qui sait ? » J’avais haussé les épaules.
« ... Vrai. De telles choses sont après tout arrivées par le passé, » elle se retourna à nouveau.
« Donc, est-ce que cela te dérange ? » demandai-je.
« Oui..., » elle laissa échapper un soupir.
« Ne me dis pas que tu as un fiancé ! » avais-je dit en état de choc.
« NON ! » avait-elle rétorqué avec ses joues rougies.
« ... C’est bon ! » j’avais laissé échapper un soupir de soulagement.
« Mais avec grand-père récupérant sa force et moi étant la chevalière d’une princesse... ce n’est pas tout à fait improbable que j’en aie un rapidement, surtout une fois éveillée, » déclara-t-elle en serrant fortement sa poitrine.
« Je vois... que se passerait-il alors ? » demandai-je.
« Si... » Elle prit une profonde inspiration et me regarda dans les yeux. « Si le roi est celui qui l’ordonne, je ne peux le refuser. Mais si un duc ou un marquis le décide, j’aurai encore une chance de refuser si la princesse l’annule. »
« Je ne comprends pas. Ne devrais-tu pas être celle décidant qui épouser ? » demandai-je en fronçant les sourcils.
Après tout, Cela semblait ridicule.
***
Partie 2
« Si je devais avoir un fiancé, alors ils ne peuvent décider égoïstement pour moi. Mon mariage serait aussi vu comme un moyen de me garder dans le royaume ou un moyen de me retenir. Annuler un engagement existant ne peut être fait que si le roi approuve. Mais tout ce gâchis pourrait arriver seulement parce que je suis une chevalière et la petite-fille d’un puissant général. C’est pourquoi je suis désolée..., » elle secoua la tête.
« Hey, il n’y a pas besoin de s’excuser, » j’ai souri et enroulé mes bras autour d’elle. « Ce n’est pas écrit dans la pierre que ça va arriver comme ça, et d’ailleurs, tout ce que j’ai à faire est de prouver ma valeur devant le roi, n’est-ce pas ? » demandai-je.
« En effet, » elle hocha la tête.
« Alors, il n’y a rien à craindre ! » J’ai souri.
« Est-ce que cela signifie que tu es prêt à demander ma main quand nous arriverons à la capitale ? » me demanda-t-elle.
Mon esprit s’était arrêté pendant quelques secondes alors qu’il tentait de traiter la logique derrière ce qu’il venait de se passer.
Ai-je juste ? Qu’est-ce que… Je ne comprends pas… Comment ? HEIN ?! avais-je pensé pendant que les pièces du puzzle s’assemblaient.
Donc, la conversation avait commencé comme ceci : Seryanna avait dit qu’elle avait quelque chose à me dire, puis nous avions fini par parler de la façon dont je ne serais pas approuvé par le roi à cause d’un possible mariage, mais alors… Pourquoi et quand la conversation avait-elle fini sur ça ?!
« Euh…, » j’avais cligné des yeux en raison de la surprise.
« Je suis désolée… C’est..., » elle baissa les yeux quand elle me vit hésiter et se retourna.
Ah merde ! Je l’ai maintenant fait ! J’avais reculé.
Les chances qu’elle commence à pleurer en ce moment étaient assez élevées…
La seule chose qui n’entrait pas dans mon crâne était le fait que c’était une société différente, une civilisation différente et une espèce différente. L’idée du mariage, des relations et d’autres choses semblables étaient assez différentes de ce que je connaissais sur terre. Notre société nous permettait d’être détendus quand il s’agissait de ce genre de choses. La première petite amie ne voulait pas toujours avoir la bague à son doigt. Mais ici, peut-être que les choses étaient différentes ?
« Seryanna… j’ai..., » j’étais arrêté et j’avais dégluti.
Je dois penser à cela… qu’est-ce que le mariage signifie pour elle dans cette vie ? Qu’est-ce que cela signifie pour moi ? Moi, je n’ai que dix-huit ans ! Je suis trop jeune pour mourir ! Euh… je veux dire me marier… Suis-je en proie aux idées fausses de la terre concernant le mariage ? pensais-je et j’avais du mal à trouver une réponse, mais pendant que j’étais comme ça, le dos de Seryanna semblait terriblement isolé.
En déglutissant et en prenant une profonde respiration, j’avais enlacé la dragonne par-derrière.
Maintenant quoi ? pensais-je tout en écoutant les battements de son cœur.
« Alkelios ? » avait-elle demandé après un moment, voyant que je ne parlais pas.
« C’est trop dur pour moi de répondre maintenant… je ne peux pas… Sur Terre les choses ne sont pas aussi… strictes qu’elles le sont ici. Je suis désolé..., » déclarai-je.
« Non, je devais être celle s’excusant… pas même une fois, j’ai pensé au fait que tu ne savais peut-être pas comment cela fonctionnait ici. Même sur le continent humain, ces choses sont assez similaires. Ici, les membres de la famille royale et les nobles agissent souvent comme des entremetteurs pour ceux de rang inférieur, » répondit-elle en me touchant la main.
À ce moment, j’avais vu une larme couler sur sa joue.
Je l’ai fait pleurer… super ! avais-je pensé.
« D’où je viens, les choses ne fonctionnent certainement pas comme ça… Est-ce trop pour moi de te demander d’attendre jusqu’à ce que nous arrivions à la capitale pour te donner ma réponse ? » lui demandai-je en lui faisant un baiser sur la joue.
« Non, c’est parfaitement normal… à moins qu’un ordre ne vienne du Roi ou que les nobles me harcèlent à ce sujet, il nous reste encore du temps pour décider, » répondit-elle d’un ton doux.
« Je comprends, merci, » je l’ai libérée de mon étreinte, et elle s’était tournée vers moi.
« Je t’aime, Alkelios… C’est pourquoi pour moi, il n’y a aucune hésitation dans mon cœur, » déclara-t-elle avec un sourire alors qu’elle pleurait.
« Je t’aime aussi… et je sais que normalement, je ne devrais même pas avoir à y penser à deux fois, » je secouai la tête. « Mais je suis qu’un stupide humain… Notre esprit travaille de manière stupide… Oui, nos esprits travaillent de manière stupide et à moins que je ne me débarrasse du doute, je n’aurais pas la paix. Je t’aime, mais l’idée de t’épouser est étrange. Je t’aime, mais quand je pense à toi comme ma femme, les rouages arrêtent de tourner dans ma tête…, » je secouai la tête et montrai que je n’étais pas du tout à l’aise avec l’idée.
« En effet, tu es un humain stupide. Si tu m’aimes, si tu veux me donner quelque chose et être avec moi, alors pourquoi hésiter ? » demanda-t-elle.
« Je ne sais pas..., » j’avais baissé les yeux.
« Je vois… peut-être que tu ne... » Je ne la laissai pas finir ces mots et lui volai les lèvres d’un baiser.
« Ne dis pas ça ! Ce doute est seulement présent parce que je suis encore jeune et peu sûr, quand il s’agit de choses comme ça. Sur Terre, les gens se marient après avant d’avoir dépassé les 20 ans, certains même après 30 ans. Tu es déjà une adulte à mes yeux, mais je suis encore un enfant. C’est pourquoi… donne-moi juste le temps de remettre en ordre mes pensées. Si, quelque chose, ici… je voudrais avoir tout le temps dont j’ai besoin pour prendre la bonne décision quant à savoir si nous devions ou non nous marier ! » avais-je déclaré.
De cette façon, même si j’étais un imbécile, je serais capable de prendre la meilleure décision pour nous. Même si j’avais attendu jusqu’à la dernière seconde, grâce à ma chance, ça devrait aller. J’espérais et pariais sur cela.
« Très bien. Mais, tu sais… je ne vais pas te laisser t’échapper pour m’avoir fait pleurer, » elle avait un doux sourire puis elle m’embrassa à nouveau.
« Je suis désolé… Comment puis-je me faire pardonner ? » lui demandai-je.
« Tu auras une séance d’entraînement avec moi maintenant, et n’utilises pas ta chance ! De plus, tu me laisseras te frapper quelques fois. »
Son doux sourire m’avait fait froid dans le dos.
« Euh… on ne peut pas en parler ? » demandai-je.
« Tu as fait pleurer une jeune fille ce soir, alors non ! » gloussa-t-elle en essuyant sa dernière larme.
J’avais laissé échapper un gémissement, mais elle m’avait ensuite fait un autre baiser. Celui-ci était très long et était profond.
Quand nous nous séparâmes les lèvres, elle avait rougi.
« Ne fuis pas… quelles que soient les adversités que nous puissions affronter, nous les traverserons ensemble..., » me déclara-t-elle avant de m’embrasser à nouveau.
Je n’avais pas le droit de me défendre contre ça, et ses mots étaient une sorte d’encouragement dans la bataille avec mes propres doutes et craintes. Ils avaient été très bien accueillis.
Cette nuit-là, après m’être littéralement détruit, je commençai à me demander si je ne deviendrais pas masochiste à cause d’elle. Nous étions allés nous coucher dans la même tente. Seryanna s’était endormie dans mes bras avec un sourire heureux sur les lèvres, alors que je repensais à tout ce que je disais aujourd’hui, sous les gémissements et les supplications pendant les séances d’entraînement. Je me souvenais aussi de ce que j’avais dit à Iolaus et de ce qui s’était passé pendant cette nuit où j’avais pour la première fois embrassé Seryanna.
En effet, pour moi, toute cette expérience avait été extrêmement précipitée. C’était comme si quelqu’un avait sauté dans une voiture de sport en appuyant sur l’accélérateur et conduisait comme un fou à l’heure de pointe. Ils ne s’arrêtaient pas pour la grand-mère traversant la rue ou bien pour les feux rouges. Ils n’avaient même pas arrêté quand le signal rouge était apparu. En dépit de tout cela, j’avais dû prendre des notes et absorber toutes les informations autour de moi.
C’était trop rapide pour un humain normal, mais… j’avais la capacité Héros passive. Peu importe combien je me plaignais, j’étais conscient de ma croissance rapide, sans parler du fait où il y a des moments où j’avais l’impression d’être dans un jeu en réalité virtuelle. Même ainsi, ces sentiments que j’avais avec Seryanna étaient la vraie affaire. Je l’aimais vraiment de tout mon cœur.
Peut-être que c’était parce qu’elle m’avait sauvé ? Peut-être que c’était parce que je l’avais dans mes bras tout ce temps ? Peut-être que c’était parce qu’elle était belle, forte volontaire, rousse ? Il y avait beaucoup de peut-être qui aurait pu être l’étincelle qui aurait enflammé cet amour, mais à la fin… ce qui importait était le résultat.
J’aime cette femme… j’aime Seryanna, mais… pensais-je en regardant son visage endormi. Mais tu es une dragonne…
À la fin… la raison pour laquelle j’avais tellement peur de ce mariage n’était pas parce que les coutumes étaient différentes… C’était juste moi qui étais différent et qui la regardais avec des yeux différents juste parce qu’elle n’était pas de la même espèce. C’était une peur biologique et instinctive qui me disait que je ne pouvais pas être avec elle en tant qu’humain, mais abandonner mon humanité était quelque chose que je craignais encore plus.
Je me demande… Puis-je sacrifier ma connexion avec la Terre, le sang de mes parents coulant dans ses veines, mon espèce et tout ce que je suis ou pourrais être en tant qu’humain ? Puis-je sacrifier tout cela pour la femme que j’aime ? m’étais-je demandé en caressant doucement sa joue.
Pour certains, c’était une question à laquelle ils auraient répondu sans sourciller, mais pour moi c’était une question à laquelle je ne pouvais répondre. En fin de compte, était-ce moi qui avais tort de penser comme ça, ou était-ce quelque chose de normal pour un être humain ?
***
Chapitre 36 : Grippe du dragon
Partie 1
Le fait d’atteindre Toros nous avait presque pris une journée entière du crépuscule jusqu’à l’aube, avec le temps d’entraînement inclus pendant les camps. Nous avions rencontré quelques monstres comme un arbre marchant et une petite meute de Dayuks, mais nous nous étions rapidement occupés d’eux. Il n’y avait pas de menaces sérieuses parce que je le souhaitais. Et disons-le franchement, l’entraînement me faisait déjà assez de mal alors je ne voulais pas affronter de monstres dangereux alors que je pouvais à peine tenir une épée.
Une fois la grande ville en vue, ma première réaction avait été d’être émerveillé. Une quarantaine de dragons patrouillaient dans le ciel sous forme de dragon complet. Les murs extérieurs étaient faits d’une pierre noire et étaient plus grands que ceux d’Andromède, avec d’innombrables soldats patrouillant.
Même de loin, nous ne pouvions pas voir ce qui se cachait derrière ces murs, mais peut-être qu’ils avaient été faits avec cette intention. En d’autres termes, plutôt qu’une ville, cet endroit était une forteresse préparée pour n’importe quel assaut. C’était impressionnant.
En regardant derrière Toros, je voyais le grand gouffre sombre, irrégulier, avec des crêtes déchiquetées des deux côtés, et se déployant plus loin que ce que l’œil pouvait voir. C’était comme si une sorte de grande force déchirait la surface en deux, séparant Drakaria du reste du royaume. Cela donnait l’impression que c’était prêt à vous engloutir à tout moment, ou que d’innombrables monstres allaient venir pour conquérir la surface.
« C’est un endroit pour mettre une ville… Je pense que c’est une ville. Est-ce une ville ? » Demandai-je en étant un peu confus.
« Toros est la seule ville du royaume d’Albeyater qui sert le double rôle de forteresse militaire et ville. C’est aussi l’une de nos meilleures lignes de défense contre les humains, » expliqua Seryanna.
« Attends ! Les humains arrivent-ils à venir jusqu’ici ? » demandai je, surpris.
« Pour le moment, non. Mais des stratèges militaires ont prédit et conseillé à maintes reprises que dans le cas où nous perdrions Tunberdraken, la ville portuaire, Toros deviendrait un emplacement stratégique important. D’un autre côté, elle pourrait également être utilisée comme capitale militaire si Drakaria était envahie, » avait-elle expliqué alors que nous nous approchions des hautes murailles de la ville.
Les portes elles-mêmes étaient de taille ordinaire, mais au lieu de deux, il y avait huit gardes placés ici, et certains d’eux semblaient avoir des armures différentes. De toute façon, grâce à eux, l’énorme ligne de dragons voulant traverser Toros pour atteindre la capitale avançait doucement. Il semblait que nous allions avoir besoin de beaucoup de temps.
« Hm, j’aurais pensé que ces stratèges allaient sans doute argumenter le fait que les humains n’arriveraient jamais à atteindre tout le chemin ici plutôt que de dire qu’il y avait une chance de le faire, » déclarai-je en me grattant la tête.
Dans la plupart des histoires que j’avais lues et vécues en jouant à des jeux, il y avait toujours des gens qui se vantaient constamment de l’impénétrabilité des défenses du royaume plutôt que d’admettre qu’elles avaient des défauts.
« À quoi sert un stratège s’il ne peut pas proposer de stratégies défensives dans les pires scénarios ? » Elle avait posé une bonne question.
« C’est vrai... » J’avais hoché la tête.
Maintenant que j’y pense, sur Terre, le Pentagone avait des stratégies pour toutes sortes de situations, y compris l’apocalypse zombie très improbable, l’invasion extraterrestre, ou même une prise de contrôle complète des États-Unis. Considérant ce que Seryanna a dit, je trouve très improbable qu’aucun des autres pays n’ait fait la même chose, pensais-je en regardant la grande ville fortifiée.
Quand nous étions arrivés à l’arrière de la file pour entrer dans la ville, j’avais vu là deux autres routes qui se croisaient. Celle qui venait du nord, au milieu des plaines, et l’autre au sud, après le grand gouffre. Quand j'avais suivi les routes avec mes yeux, j’avais pu voir qu’il y avait plusieurs autres voyageurs qui se dirigeaient vers nous. Ils essayaient probablement d’atteindre Toros avant la tombée de la nuit.
Devant nous, il y avait beaucoup de dragons voyageant à pied et deux grosses voitures tirées par des khosinnis ayant l'air fort. Beaucoup d’entre eux étaient probablement des aventuriers ou des escortes pour les chariots.
N'ayant rien d'autre à faire, nous avions patiemment attendu jusqu’à ce que notre tour arrive. Nous avions alors présenté nos cartes de guilde comme pièce d’identité et avions payé les frais de péage pour entrer, mais juste avant que le garde ne rende sa carte à Seryanna, il avait éternué sur elle.
« Ah ! Mes excuses ! Quelque chose me chatouillait le nez, » déclara-t-il immédiatement. Cependant, la rousse faisait de son mieux pour garder son épée dans son fourreau.
« Tu vas avoir besoin d’un bain, » avais-je plaisanté.
« Argh…, » gémit-elle en s’essuyant le visage de la main.
Eh bien, plus de baisers jusqu’à ce qu’elle se soit lavé le visage.
« Voilà ! Je vais t’aider ! » déclara Kataryna en la pointant de la main puis en lâchant un sort d’eau.
Au lieu d’une petite quantité d’eau, la pression était semblable à celle d’un tuyau d’incendie. Si elle n’était pas une dragonne avec une force et une endurance surhumaines, elle aurait été emportée.
« Ah… oups ! » déclara Kataryna avant de rire maladroitement.
Seryanna n’avait pas de mots pour répliquer à la dragonne à écailles argentées, qui ne cachait pas très bien ses excuses, voyant comment elle remuait sa queue en raison de l’amusement. Nous n’avions pas besoin d’une autre preuve, car celle-ci était plus que suffisante.
« Est-ce que ça va ? » demandai-je.
« Je n’ai jamais été mieux que là..., » grommela la dragonne.
Après ce petit incident, nous étions entrés dans Toros et avions été accueillis par une foule de… soldats. La ville entière était emplie de soldats, ce qui était surprenant, même pour les trois étant déjà venues ici. Beaucoup d’entre eux devaient camper dehors parce qu’il n’y avait plus de chambres pour rester. Cela en soi nous avait donné une prémonition effrayante.
« Je m’excuse, mais nous n’avons plus de chambres de libres, » déclara la dragonne aubergiste de la dernière auberge que nous pouvions trouver dans cette ville.
Nous étions allés aux trois autres, mais aucune n’avait de place. Chacune était emplie à ras bord de soldats, de commandants et d’autres militaires. Nous étions actuellement coincés.
« Arg… Je voulais dormir dans un lit douillet ! » se plaignit Kléo.
« Moi aussi ! Mais nous ne pouvons rien faire à ce sujet, » j’avais laissé échapper un soupir.
« Nous pourrions toujours faire partir les soldats par la force ? » avait suggéré Kataryna en souriant.
« Est-ce qu’on n’aurait pas des ennuis avec l’armée après ? » demandai-je.
« Tu penses que ces faibles sont capables de se battre contre nous ? Hahaha ! » elle avait ri.
Eh bien ! Honnêtement, la plupart d’eux étaient entre les niveaux 100 et 200. Mais statistiquement, je doutais que l’un d’eux puisse, ne serait-ce que se mesurer à l’un de nous. J’étais un peu un tricheur à cause de ma chance et mes compétences, surtout si j’appelais Jophiel, la Phoenix. Elle seule était au niveau 999.
En effet, nous pouvions facilement anéantir toute cette ville de la surface de la planète, mais nous aurions alors besoin de vivre en tant que criminel. Et pour quoi ? Une chambre d’auberge ? Non, merci. Pensais-je en regardant les soldats autour de nous.
« Nous pouvons aller au bar et y passer la nuit. Ensuite, nous nous dirigerons vers la capitale, » suggéra Seryanna.
« Ce n’est pas une mauvaise idée, » Kataryna avait accepté.
Ainsi, nous nous étions dirigés vers le bar le plus proche, nous avions trouvé qu’il était plein, puis nous étions dirigés vers le second. Cette fois, je souhaitais dans mon esprit que nous trouvions une table de libre.
« Cet endroit est bondé..., » avais-je dit.
« Il semblerait. Donc, nous n’avons tout simplement pas de chance, » Seryanna me regarda alors.
« Hey, si je savais qu’il y aurait autant de soldats ici, j’aurais fait un souhait à Tomeron, » lui répondis-je.
« C’est vrai. J’aurais aimé que tu l’aies fait. Mais même moi je ne pensais pas qu’il y aurait autant de dragons, » déclara-t-elle.
« Peut-être que certains généraux ont donné l’ordre de se rallier ? Je peux aller demander aux soldats à cette table si vous voulez, » suggéra Kataryna.
« Oui, mais d’abord, commandons. La serveuse est ici, » avais-je souligné.
« Qu’est-ce que ça sera pour vous tous ? » demanda-t-elle.
La serveuse était un peu plus âgée que Seryanna en termes d’apparence, mais elle était assez grosse aussi. Je m’étais abstenu de faire des commentaires désobligeants et j’avais tranquillement commandé quelque chose à manger et à boire. Les autres avaient fait de même, alors que nous attendions la commande, Kataryna était allée voir les soldats.
***
Partie 2
Quelques minutes plus tard, elle était revenue et s’était assise à notre table.
« Eh bien ? » avais-je demandé.
« Il semblerait qu’il y ait un nouveau général qui remplacera le grand-père de Seryanna. Le roi a décidé qu’il y avait besoin de quelqu’un pour gérer ses armées. Donc, ce nouveau général a apparemment donné l’ordre à ses troupes de se rassembler en dehors de Drakaria. La cérémonie d’inauguration aura lieu à l’automne de l’année prochaine, mais il souhaite voir qui sont les meilleurs de son armée et la réorganiser d’ici là, » avait-elle répondu.
« Est-ce que l’on sait quoi que ce soit à propos de ce dragon ? » demanda Seryanna.
« Draejan Andrakaryus est son nom, mais ils n’ont pas non plus entendu parler de lui, » répondit-elle.
« Je connais ce nom, »
« Est-ce le cas ? » demanda Kléo en regardant sa sœur.
« Oui, j’ai entendu dire de grand-père qu’il est le fils du Duc de Doesya et de la sixième princesse d’Albeyater, » répondit-elle.
« Sixième ? À quel point est grande la famille royale ? » demandai-je, surpris.
« La famille royale se compose de Leurs Majestés le roi et la reine, le prince héritier Charmeil, l’actuel premier ministre, le Prince Elovius, puis il y a la première Princesse, Natalia, la seconde Princesse, Joséphine, la troisième Princesse, que je sers, Elleyzabelle, la quatrième princesse, Mayelle, la cinquième Princesse, Decessere, la sixième Princesse, Saluka, la huitième Princesse..., » avant qu’elle ne continue, j’avais levé la main. « Quelque chose ne va pas ? » demanda-t-elle en fronçant les sourcils.
« Ouais, c’est beaucoup de noms. Combien de princes et princesses y a-t-il ? » demandai-je avec un sourire ironique.
« Huit princes, douze princesses, et quatre princes adoptés, » avait-elle répondu.
« Le roi a été occupé, » avais-je fait la remarque.
« Il y a en effet beaucoup d’héritiers possibles au trône, mais le roi actuel approche de la fin de sa vie. Il y a une différence entre les frères et sœurs d’au moins 50 ans. Quant aux adoptés, ils deviendront les aides du prochain roi. A... et... Atchoo ! » expliqua-t-elle calmement puis éternua d’une manière mignonne.
« À tes souhaits, » avais-je dit.
Seryanna cligna des yeux surpris et se frotta le nez.
« C’est bizarre..., » déclara-t-elle.
« Ah ! La nourriture est là ! » avait annoncé Kataryna.
Il était enfin temps de manger un peu et de remplir nos estomacs.
Nous avons mangé comme des loups et ensuite lentement apprécié nos boissons. Le temps passait incroyablement lentement, avec tout le monde autour de nous faisant des va-et-vient, mais il y avait quelques tables ne changeant pas. Il s’agissait des aventuriers ayant la même idée que nous, passer la nuit dans le bar, espérant partir le lendemain. D’un autre côté, les soldats ne pouvaient partir que si les commandants en donnaient l’ordre.
Comme nous n’avions pas de jeux auxquels nous pouvions jouer, et sachant qu’un jour faisait 32 heures, c’était une torture pour quelqu’un comme moi qui avait passé beaucoup de temps immergé dans des jeux vidéo. Mais je n’avais pas laissé passer ce temps en vain. Avec l’aide de Seryanna et Kataryna, j’avais fait un petit récapitulatif de toutes les informations acquises de ce monde.
Donc, le nom de ce royaume était Albeyater. C’était l’un des deux royaumes de taille moyenne sur ce continent, aux côtés de Solustia, qui était situé de l’autre côté du continent. Le royaume de Merganus était situé quelque part au Nord, et il y avait une nation neutre au Sud appelé la nation libre. Contrairement à d’autres royaumes et empires, celui-ci était étendu sur tous les continents, et elle avait été créée comme un moyen pour les marchands de toutes les nations de faire du libre-échange, peu importe l’état du pays.
L’empire des dragons nommé l’empire Embryger était situé au milieu et était connu pour être la nation la plus puissante de toutes. C’était également la principale nation économique, militaire et technologique sur le continent. La plupart des outils magiques y étaient développés. Ses armées avaient plus de 20 dragons ayant atteint l’éveil supérieur.
La monnaie utilisée dans ce royaume était la pièce d’Albeyater. Bien que nous l’appelions simplement pièces de cuivre, d’argent et d’or, elles étaient spécifiques à chaque nation. Ainsi, l’empire Embryger avait un autre type de monnaie, avec un design différent. La valeur d’échange était presque la même partout. Le seul problème était que si vous vouliez la même valeur d’échange, vous deviez aller à la ville des Nations libres, sinon cela dépendrait de la relation entre les deux nations. Si elles étaient en guerre, l’échange était la plupart du temps banni.
Le monde, en général, était politiquement séparé en royaumes et empires, selon les connaissances des dragons. La plupart d’entre eux étaient en guerre, tout en luttant contre la corruption interne de leurs territoires. Il n’y avait pas encore de trace de Seigneur-Démon ou de Roi, mais il semblait y avoir une différence entre les deux.
Pour autant que Kataryna l’explique, les Seigneurs-Démons étaient de puissants monstres au sein d’un royaume ou d’un empire, qui étaient au centre d’un conglomérat de monstres corrompus. Les Seigneurs-Démons étaient capables de conquérir une nation entière. Ils étaient des monstres légendaires avec la capacité de penser comme toutes autres espèces de sapiens et avaient même une forme humanoïde disponible. En plus de cela, aucun d’eux ne savait autre chose, ce qui m’avait fait me demander ce que valaient ces monstres corrompus.
Avec toutes ces informations étant versées dans mes oreilles jusqu’à 3 heures du matin, un mal de tête allait me frapper tôt ou tard. Une fois cela arrivé, j’avais arrêté la conversation et j’avais posé ma tête sur la table. Quelques heures plus tard, un silence digne d’un cimetière tomba dans le bar. Kataryna et Kléo avaient commencé à donner des points à tous les hommes en fonction de leur apparence. À ma grande surprise, j’avais eu un 7 glorieux. Je pensais que j’aurais au moins un 8, mais peut-être que la différence venait du fait que je n’étais pas un dragon ?
L’autre événement intéressant qui avait lieu fut l’éternuement de Seryanna qui, au lever du soleil, se transforma en une petite quinte de toux. Avec des yeux larmoyants, elle parvint à le contrôler à la fin, mais elle n’arrivait pas à comprendre la cause et les autres non plus. J’avais simplement pensé qu’elle avait une petite grippe.
Une fois le soleil levé, nous étions sortis du bar et avions parcouru tout le chemin jusqu’aux portes de la ville.
« Seryanna ? Es-tu sûre que tu vas bien ? » demandai-je en la regardant dans les yeux.
« Je vais bien..., » répondit-elle avec un faible sourire.
« Tu ne le parais pas, » répondis-je.
« Achoo! » elle éternua à nouveau.
« Je pense que tu as attrapé une grippe, » avais-je dit.
« Un quoi ? Les dragons n’attrapent pas de r-r-Atchoo ! »
« À tes souhaits, » déclarai-je. Puis j’avais vu Kléo et Kataryna se tenir à distance de nous.
Avec les sourcils plissés, je les regardai toutes deux dans les yeux. « Qu’est-ce qu’il ne va pas ? »
« Je ne sais pas ce qu’elle a attrapé, mais nous n’en voulons pas, » déclara la dragonne argentée en secouant la tête.
J’avais roulé les yeux.
« Prends une potion de guérison. Peut-être que cela t’aidera à te sentir mieux, » lui conseillai-je.
« Bonne idée, » Seryanna hocha la tête.
Après avoir bu la petite bouteille, nous nous étions dirigés vers la porte, mais nous avions été arrêtés avant de partir.
« Hey ! Laissez-moi passer ! » cria l’un des marchands en face de nous.
« Non ! Nos ordres sont clairs ! Aucun dragon avec des symptômes de grippe du dragon ne peut passer ! » rétorqua le soldat.
« Mais je n’ai pas de grippe ! Achoo! » Le marchand avait éternué.
« J’en doute, » il secoua la tête.
« Tch ! » en claquant de la langue, le dragon s’éloigna de la porte.
Plusieurs autres dragons avaient été vérifiés, et la plupart d’entre eux avaient été renvoyés, c’était ensuite notre tour.
« Vous trois pouvez y aller, mais elle ne le peut, » il désigna Seryanna, qui se frottait le nez.
« Pourquoi ça ? » demandai-je.
« N’as-tu pas entendu ? Elle a la grippe du dragon ! » avait-il dit.
« Mais qu’est-ce que c’est !? » avais-je rétorqué.
« Eh bien, nous les dragons ne tombons pas souvent malades, mais quand nous le faisons, c’est généralement une maladie magique, » avait déclaré Kataryna.
« Exactement comme le dit la miss. La grippe du dragon est une maladie qui se propage de manière inconnue. Nous avons confirmé l’épidémie hier soir, et le commandant a décidé de fermer les portes aujourd’hui, » avait déclaré le garde.
« Quelle est la cause de cette maladie ? » demandai-je.
« Nous ne savons pas, mais ça devrait passer sous quelques jours. Elle a juste besoin d’un bon repos et de beaucoup de nourritures saines, » nous avait-il dit.
« Donc, c’est semblable à la grippe chez les humains ? » demandai-je.
« Le quoi maintenant ? Je ne sais pas mon garçon, » il secoua la tête et haussa les épaules.
« Qu’allons-nous faire ? » avait demandé Kataryna.
« Hm... Allons trouver une chambre quelque part, » déclarai-je.
« Bonne chance pour ça, » se moqua le garde.
En effet, trouver une chambre pour se reposer allait être un peu difficile, mais cette fois, j’étais prêt.
« Oui, je souhaite vraiment trouver une chambre où Seryanna pourra se reposer et se remettre, » avais-je hoché la tête. Et j’avais souri.
Le garde leva un sourcil vers moi, mais mes compagnons savaient déjà que les rouages du destin avaient commencé à tourner en notre faveur.
« Allez, viens, » déclarai-je en prenant la main de Seryanna.
« Qu’en est-il de nous ? » avaient demandé Kataryna et Kléo.
« Vous deux, attendez-nous dehors. C’est mieux que de risquer de l’attraper, » avais-je répondu.
« Très bien. Mais si quelque chose se produit, tire une boule de feu en l’air ou quelque chose comme ça, » me déclara la dragonne argentée.
« Je le ferai, » avais-je hoché la tête.
« Prends soin de toi, grande sœur ! Remets-toi rapidement ! » déclara la dragonne aux écailles noires, mais elle garda une distance de sécurité.
« Je vais... allez-y maintenant ! » répondit Seryanna en souriant.
Nous étions retournés en ville, alors qu’elles passèrent par les portes de ville, et nous étions allés trouver une chambre... quelque part.
« Et toi ? » me demanda Seryanna.
« Pourquoi la grippe du dragon m’affecterait-elle ? Je suis humain, tu te souviens ? » avais-je répondu.
« Ah, oui... je l’oublie parfois, » elle avait souri.
***
Chapitre 37 : Guérison de la grippe du dragon
Partie 1
Au moment où je m’étais retrouvé à marcher dans toute la ville de Toros avec ma petite amie malade à la recherche d’une chambre pour la laisser se reposer, mon cerveau avait activé tous les boutons de panique ! Ça ne pouvait être qu’un ou deux... non, cela devait être tout à la fois !
Par conséquent, je marchais comme un robot avec des yeux qui tournoyaient et essayais de mon mieux de rester calme, mais ce n’était en soi qu’un rêve éphémère. Seryanna éternuait de temps en temps, mais je pouvais dire que beaucoup de dragons étaient atteints de cette maladie. Jusqu’à présent, aucun décès n’était survenu, ou peut-être que ce n’était au départ pas quelque chose de fatal.
Chaque fois que je pensais à une soi-disant maladie magique, mon esprit allait et venait entre les définitions. Penser qu’un virus ou bien une bactérie pouvait être amélioré par la magie n’était pas une idée absurde pour commencer. Après tout, d’autres organismes vivants pouvaient faire de même. Le problème était de savoir comment exactement l’énergie magique affectait l’individu. Dans le cas de Brekkar, je pouvais plus ou moins le comprendre, mais même alors, je ne savais pas pourquoi ni comment le remède n’avait pas fonctionné sur lui.
« Est-ce que ça va ? » me demanda Seryanna.
« Moi !? Bien sûr ! Je vais très bien ! Bien sûr ! » avais-je dit avec un signe de la tête effectué deux fois par seconde.
« Alkelios... Je suis ici. C’est un Khosinni à qui tu parles, » elle me tapota l’épaule.
« Hein ? » j’avais ajusté mes lunettes invisibles et plissé les yeux sur la créature en face de moi. « Oui, ce n’est pas vraiment toi, Seryanna. » Je parlais comme si je venais de découvrir quelque chose d’important.
Le Khosinni me souffla dessus avec un regard ennuyé.
« Non, franchement, est-ce que tu vas bien ? » demanda-t-elle. Puis elle éternua mignonnement à nouveau.
« Oui, je suis plus inquiet pour toi... trop inquiet peut-être ? » déclarai-je en m’éloignant du Khosinni tout en me frottant le nez.
« J’ai l’impression d’aller mieux que toi, » répondit-elle avec un doux sourire. Puis elle prit ma main.
« Je suis juste inquiet..., » je lui fis un petit sourire.
« Je le sais..., » elle avait doucement en réponse puis elle me toucha la joue.
Sa main était chaude, mais je ne pouvais pas dire si elle avait de la fièvre ou non. De toute façon, je devais me dépêcher de chercher une chambre dans une ville pleine à craquer de soldats. Seryanna comptait sur moi. Mais même ainsi, malgré ma chance, je me sentais toujours comme un poulet courant sans tête.
« Foutus gamins ! » cria un dragon.
Curieux, j’avais tourné la tête pour le regarder et avais vu ce vieil homme bien habillé agitant son bâton à un groupe d’enfants qui fuyaient de lui. En y regardant de plus près, j’avais remarqué que la roue de son chariot était cassée, et plusieurs caisses à l’intérieur étaient retournées.
« Je me demande si... Hm. Seryanna, je vais aller parler à ce vieux dragon. Je reviens, » lui avais-je dit.
Elle avait également remarqué le vieil homme et m’avait fait un signe de tête approbateur, alors je l’avais approché.
« Bonjour, est-ce que vous allez bien ? » lui ai-je demandé en souriant.
« Hm ? Qu’est-ce que tu veux ? Je n’ai pas d’argent à te donner ! Shoo ! Shoo ! » Il m’avait fait signe de partir.
« Non, je ne suis pas un mendiant. Je suis un aventurier de passage, et j’ai remarqué que vous étiez en difficulté. Avez-vous besoin d’un coup de main ? » lui avais-je demandé.
« Ai-je l’air si vieux ? » Il me lança un regard noir et souffla de la fumée hors de son nez.
Donc les dragons peuvent aussi faire ça ? pensais-je cela. Alors, j’avais répondu à sa question, tout en lui faisant un sourire calme. « Je ne pense pas que l’âge compte quand vous avez besoin d’un coup de main. »
« Hmph ! Sage gamin. Très bien, aide-moi à réparer mon chariot, » m’avait-il dit.
« Bien sûr ! » J’avais souri en réponse.
Grâce à ma force, j’avais facilement pu aider le vieux dragon à réparer la roue et remettre les caisses dans son chariot. À sa grande surprise, cela n’avait pas pris plus d’une demi-heure.
« Bien ! Je t’en suis reconnaissant, gamin ! Tu m’as beaucoup aidé ! Tu es aussi très fort ! » rit-il en me tapant le dos.
« Merci, » avais-je souri.
« Alors, combien dois-je te payer pour ça ? » il plissa les yeux vers moi.
« Je ne me souviens pas avoir demandé quoi que ce soit en retour ? » avais-je dit en inclinant la tête vers la gauche.
« Tu me dis que tu as fait cela par bonté de cœur ? » Il m’avait regardé avec de grands yeux comme si je venais de dire quelque chose d’incroyable.
« N’aurais-je pas dû ? » Je clignai des yeux en raison de la surprise.
« Non ! Non ! C’est juste que... eh bien... la plupart des gens qui souhaitent m’aider veulent généralement quelque chose en retour, » déclara-t-il en haussant les épaules.
« Non, monsieur. Eh bien... s’il y a bien une chose pour laquelle vous pourriez m’aider, » lui dis-je.
« Hm. » Il plissa les yeux vers moi.
« Est-ce que vous connaîtriez quelqu’un pouvant nous louer une chambre, à ma petite-amie et moi pour la nuit ? » avais-je demandé.
« Petite-amie ? » avait-il demandé en levant un sourcil.
« Oui. La dragonne, là-bas..., » déclarai-je. Quand je tournai la tête pour regarder Seryanna, je la vis qui s’appuyait sur le mur et respirait lourdement.
« Elle n’a pas l’air bien..., » marmonna-t-il.
« Elle a attrapé une grippe..., » lui avais-je dit. « D’où ma situation difficile. Mais si vous ne connaissez personne, il n’y a pas de problème. Passez une bonne journée, monsieur... » Lui déclarai-je en me dirigeant vers la dragonne.
« Ah ! Attends ! » déclara le vieil homme.
« Hm ? » Je m’étais retourné et l’avais regardé.
« Je connais peut-être quelqu’un pouvant vous aider. Suivez-moi, » déclara-t-il avant de sauter dans son chariot.
« Nous serons juste derrière, » lui avais-je dit. Puis j’étais allé auprès de Seryanna. « Comment vas-tu ? Désolé de t’avoir laissé comme ça. »
« Pas de problèmes... As-tu souhaité quelque chose ? » demanda-t-elle en se confiant à moi.
Grâce à ma force, je pouvais sentir son poids, mais elle était clairement affaiblie.
« Statut, » avais-je dit.
Nom : Seryanna Draketerus
Race : Dragonne supérieure de la haute flamme
Statut d’éveil : 2 conditions sur 4 atteintes
Niveau : 341
Force : 1720 +362,9 (-1390)
Vitesse : 1213 +398,5 (-890)
Dextérité : 1105 +357,95 (-759)
Magie : 946 +269,72 (-610)
Chance : 12
Excellence magique : 30 % +4,48 %
Bonus actuel : Dompteur de Dragon <multiplie par 5 l’absorption de force et énergie magique ainsi que la vitesse d’apprentissage>
Malus actuel : Non-éveillé : < -60 % pour toutes les statistiques, -1000 énergie magique, attaque élémentaire 20 % plus efficace, forme de dragon scellée, forme de demi-dragon scellé, 40 % moins attirant pour le sexe opposé>
Malchanceux < -50 % de chance>
Maladie : Grippe du dragon : <Maladie magique causée par l’un des nombreux virus améliorés par de la magie responsable d’une grippe. Causes : surmenage, contact avec un individu infecté (dépend de la chance de l’individu), affaiblissement du système immunitaire couplé à une consommation intensive d’énergie magique. Effet : forte fièvre, frissons, toux, éternuements, incapacité à canaliser le pouvoir magique, incapacité à se régénérer à grande vitesse. Cure : supplément de vitamine, bon repos, potion de Rotiqus>
Ça n’avait pas l’air si mal. Il avait même dit que c’était une forme de grippe, donc il n’y avait aucune raison de paniquer à ce sujet, bien que, si on ne se reposait pas assez et mangeait correctement, il y avait de fortes chances que cela s’aggrave.
J’avais choisi la potion de Rotiqus pour voir si je pouvais la faire.
Potion de Rotiqus : Requiers un grand apprenti alchimiste pour la créer. Ingrédients : herbe de dragon, racine d’Adeline, sel, eau.
C’était assez simple à faire et les ingrédients pouvaient être trouvés partout... littéralement partout parce que la soi-disant herbe de dragon était en fait l’herbe poussant partout, et la racine d’Adeline était la racine des arbres ici.
Avec un soupir de soulagement, j’avais fermé les fenêtres.
« Qu’est-ce qui ne va pas ? » demanda Seryanna en toussant une fois.
« J’ai découvert comment guérir cette maladie. Comme je l’ai deviné, ce n’est rien d’autre qu’une grippe améliorée avec de la magie..., » je laissai échapper un autre soupir.
« Est-ce que cette maladie est commune sur Terre ? » demanda-t-elle.
« Tout le monde l’attrape de temps en temps..., » j’avais haussé les épaules.
« Je vois..., » elle regarda ensuite devant elle et sourit doucement.
Elle devait être soulagée d’entendre que ce n’était pas grave. Mais pour l’aider à traverser cela, je devais lui donner beaucoup de liquide à boire. Cette potion de Rotiqus, des vitamines et enfin m’assurer qu’elle se repose.
« Gamin, nous sommes arrivés, » le vieux dragon avait arrêté le chariot après un moment devant ce qui ressemblait à l’un des plus grands magasins ici.
« Chic endroit..., » dis-je.
« Merci ! » Le vieux dragon sourit et frotta le bout de son nez avec un doigt.
« Est-ce à vous !? » Je l’avais regardé avec des yeux écarquillés.
« Bien sûr ! Je suis Rodrique Vanalez, le grand dragon qui possède ce magasin ! Mes marchandises sont connues pour être les meilleures de la ville ! » rigola-t-il en posant ses mains sur ses hanches.
Cela doit être la raison pour laquelle il a agi comme ça avant..., ai-je pensé, puis je m’étais aussi présenté. « Un plaisir de vous rencontrer, monsieur Vanalez. Je m’appelle Alkelios. »
J’avais oublié d’ajouter mon nom de famille, mais dans ce monde, il n’était pas obligatoire d’en avoir un.
« Je m’appelle Seryanna, » la dragonne se présenta aussi.
« Un plaisir de vous rencontrer tous les deux, maintenant, suivez-moi à l’intérieur ! » avait-il dit.
« Le plaisir est nôtre, monsieur Vanalez... »
Je l’avais suivi avec Seryanna. Là, plusieurs vendeurs se prosternèrent devant lui dès qu’ils le virent. J’avais été surpris par cela, mais si ce dragon allait nous aider, alors trouver une chambre serait un jeu d’enfant ! Ma chance avait encore frappé !
***
Partie 2
« Il y a une chambre à l’étage, » avait-il dit en m’offrant une clé.
« Hein ? Ici ? » demandai-je, une fois de plus surpris.
« Bien sûr ! » Il avait ri.
« Mais… eh bien..., » j’avais pris la clé en étant un peu abasourdie.
« Qu’est-ce qui ne va pas, gamin ? » demanda-t-il.
« Je crois qu’il pensait que vous alliez juste nous présenter à quelqu’un..., » Seryanna avait parlé pour moi.
« Oui… C’est ça. Je ne veux pas nous imposer. Mais si vous nous offrez cette chambre, merci beaucoup ! » avais-je dit en souriant.
« Tu m’as aidé, et je peux voir que tu es un enfant honnête. Alors, ne t’en fais pas pour ça ! Oh, j’ai quelques potions de Rotiqus ici si tu veux en acheter. J’ai entendu dire qu’elles sont utiles face à cette grippe du dragon, » il avait souri.
« Cela et beaucoup de repos, de la nourriture saine, et beaucoup de liquide, » avais-je dit en souriant.
« Hm, je n’ai jamais entendu parler des autres… Pourquoi ces choses sont-elles importantes ? » demanda-t-il.
« Je pense que cela permet au corps de guérir correctement. Cette maladie rend pour ainsi dire la régénération du corps aussi lente que celle d’un humain, alors… S’ils guérissent au même rythme, alors beaucoup de repos, de nourriture saine pour restaurer son énergie, et beaucoup de liquide pour remplacer la perte due à la sueur sont recommandés, » avais-je expliqué.
« Hm, je vois… je n’ai jamais pensé à ça. Je vais le garder à l’esprit, » déclara-t-il en se frottant le menton.
« Combien pour les potions de Rotiqus ? Eh bien, si vous avez de l’herbe de dragon, de la racine d’Adeline et du sel, je peux les faire moi-même, » déclarai-je.
« Oh, par hasard, es-tu un alchimiste ? » demanda-t-il avec curiosité.
« Oui, » avais-je hoché la tête.
« Quel rang ? »
« Grand Maître, » avais-je répondu.
Techniquement, j’étais un barman, mais l’équivalent du niveau 3 était un Grand Maître alchimiste.
« Oh ! Et si jeune ! » déclara-t-il, surpris.
« Sais-tu faire des potions de Virlullian ? » demanda-t-il.
« Euh… si vous m’en montrez une, je pense que je pourrai en faire, » répondis-je en hochant la tête.
« Si tu peux en faire une, je te donnerai autant de potion de Rotiqus, de nourriture gratuite, et tout ce dont tu auras besoin aussi longtemps que tu resteras ici ! » déclara-t-il avec un sourire.
« Bien sûr… Pourquoi pas ? » avais-je souri en réponse.
« Alors, cela me va, gamin ! Je t’en apporterai une, et tu pourras me dire ce dont tu as besoin pour la faire. En attendant, emmène la jeune femme dans la chambre au premier étage. C’est au premier étage sur la droite, » déclara-t-il avant de se diriger vers l’arrière du magasin.
« Encore une fois, merci, » lui avais-je dit.
La chambre elle-même était simple avec un lit, un bureau de l’autre côté, une table et deux chaises, une fenêtre avec vue sur la rue devant nous. Cela étant dit, le mobilier lui-même était quelques niveaux au-dessus de ce que je trouverais normalement dans une auberge. Cela ressemblait plus à la chambre d’un noble qu’autre chose.
En y regardant, je me demandais si normalement quelqu’un louerait une si belle chambre à quelqu’un qu’il venait de rencontrer dans la rue. Peut-être que c’était une occasion unique, alors il ne s’en souciait pas vraiment. Bien que, pour le dire vraiment, j’avais été surpris de découvrir qu’il nous avait laissé entrer dans son magasin même après avoir vu que Seryanna était malade.
Étrange dragon…, pensais-je. Mais je le remerciais intérieurement.
Cette chambre était exactement ce dont nous avions besoin.
« Alkelios… peux-tu m’aider avec mon armure ? » demanda faiblement la dragonne.
« Bien sûr, » avais-je répondu ainsi en la conduisant vers une chaise.
Après l’avoir assise, je l’avais aidé à enlever son armure pièce par pièce. Il m’avait fallu un certain temps parce que c’était serré, mais une fois que j’avais fini, elle m’avait fait un doux sourire. En mettant le dos de ma main sur son front, j’avais vérifié sa température, qui était assez élevée.
« Tu as besoin de repos et de nourriture pour restaurer ton énergie, » lui déclarai-je.
« Je vais devoir prendre un bain si je vais me coucher..., » déclara-t-elle.
« Oui, moi aussi..., » je parlais à voix basse en regardant les meubles de luxe.
Nous n’avions pas pris de bain depuis presque trois jours, donc l’odeur de la sueur était présente, surtout Seryanna qui transpirait constamment à cause de son état.
« Je vais descendre et leur demander une baignoire ou quelque chose du genre. Sinon, je vais juste apporter un tonneau, » déclarai-je en la regardant.
« Merci. »
Je quittai la pièce et descendis demander à un des employés une baignoire. Ce faisant, j’avais également rencontré monsieur Vanalez, qui m’avait montré une de ces potions de Virlullian. C’était une potion de repousse des cheveux qui servait également de tonique. Il fallait un alchimiste de confiance pour faire cette potion, donc c’était totalement dans mes capacités. Je lui avais dit les ingrédients dont j’avais besoin et que j’avais installés le laboratoire dans la pièce qu’il nous avait offerte, ensuite, on m’avait offert une baignoire métallique, deux serviettes et deux peignoirs de son stock. Je l’avais remercié et l’avais apporté dans la pièce. La remplir avec de l’eau et la chauffer allait être un peu plus délicat que prévu initialement, mais après beaucoup d’essais et de changements de sorts, j’avais réussi à le faire. Seryanna m’avait également guidé.
« Je vais descendre et préparer quelque chose de bon à manger pour toi. Je serai de retour dans vingt minutes environ..., » lui dis-je.
« Très bien..., » répondit-elle faiblement.
À en juger par ce que je savais, vingt minutes étaient suffisantes pour qu’elle puisse se laver. J’avais également fait en sorte de fermer les fenêtres afin qu’aucun pervers ne puisse se rincer l’œil sur MA dragonne.
Une fois en bas, je m’étais dirigé vers la cuisine et avec l’aide du cuisinier, j’avais rapidement préparé un repas. Ma chance était de nouveau apparue parce qu’il restait de la soupe. En plus de cela, j’avais également pris soin de prendre deux bouteilles de potion de Rotiqus. Elle était de couleur brune foncée et sentait la saleté, mais j’avais confirmé avec ma compétence d’analyse que c’était une vraie potion.
Une fois que j’avais fini, j’étais retourné dans la chambre. J’avais frappé la porte, et Seryanna avait répondu.
« Qui est-ce ? » demanda-t-elle.
« C’est moi, » répondis-je simplement.
« Alkelios ? Hum, tu peux entrer..., » demanda-t-elle.
J’avais ouvert la porte et entrai avec précaution en poussant la porte avec mon dos. Dans mes mains, je tenais le plateau avec les assiettes de nourriture, donc je devais faire attention à ne pas les renverser ou les faire tomber.
« Je t’ai apporté de la soupe, » lui déclarai-je.
« M-Merci, » avait-elle répondu.
Quand je m’étais retourné et avais fermé la porte avec mon pied, je m’étais retrouvé à regarder la dragonne nue encore dans le bain.
« Euh… » J’étais perplexe, mes yeux collés à son corps.
« A-Arrête de me fixer… c’est embarrassant, » elle détourna les yeux.
« J’aimerais pouvoir le faire, mais… franchement, tu es magnifique ! » déclarai-je en me dirigeant vers le bureau.
J’avais placé le plateau sur le bureau et m’étais assis sur la chaise.
« Tu me fixes toujours, » elle me regarda alors qu’elle me disait ça.
« Ne puis-je pas ? » demandai-je.
« Euh…, » elle avait refusé de répondre.
« As-tu besoin d’aide ? » avais-je demandé à nouveau.
Elle était silencieuse un moment, puis, avec un regard timide, elle hocha une fois la tête. Je m’étais levé de la chaise et m’étais approché d’elle. La dragonne cachait bien toutes ses parties importantes, mais comme elle avait donné son accord, j’allais la nettoyer.
Dix minutes plus tard, j’étais sur mes genoux avec un air choqué sur le visage.
Je l’ai fait de la manière la plus sérieuse possible ! Je n’ai pas essayé de jeter un coup d’œil ! Je n’ai pas essayé de la tripoter ! Les hommes du monde entier, je m’excuse… j’ai échoué ! avais-je pensé, quoiqu’exagérément.
« Cette soupe est bonne, » déclara-t-elle en la buvant tout en étant seulement couverte d’un peignoir blanc.
« Bon à entendre..., » répondis-je en essayant de retenir mes larmes.
C’était le plus mauvais moment pour devenir sérieux, mais si elle restait trop longtemps dans cet état, ça aurait pu finir par empirer. Mes inquiétudes inutiles m’avaient fait rater une bonne séance de « massage » avec elle.
Eh bien, il y aura d’autres chances dans le futur. J’en suis sûr et certain ! pensais-je en poussant un soupir.
« Je vais changer l’eau..., » déclarai-je en prenant la baignoire et sortant.
Si j’avais encore ma force d’un humain, je n’aurais pas été capable de soulever cette chose si facilement. Remercions Dieu pour la magie et les points de statistiques !
Une fois revenue, Seryanna mangeait toujours. Au moment où j’avais fini de remplir l’eau, elle avait déjà fini son repas, et elle s’était blottie dans le lit. Avant que je ne sois dans le bain, je lui avais donné la potion de Rotiqus.
Je m’étais permis quelques minutes pour me tremper dans l’eau chaude. C’était merveilleux pour mes articulations et mes pieds. Après m’être lavé, j’étais sorti de là. J’avais vidé la baignoire, je l’avais lavée et j’avais mangé quelques légumes et de la viande séchée pour dîner.
Sans rien d’autre à faire, je m’étais glissé dans le lit avec Seryanna.
« Comment te sens-tu ? » lui avais-je demandé.
« Mieux..., » répondit-elle les yeux fermés.
Nous étions tous les deux assis sur notre côté du lit, mais pour une raison quelconque, j’étais une épave nerveuse.
Ce n’est pas bon…, pensais-je.
J’étais dans une chambre avec une belle qui était aussi ma petite-amie, et j’étais là comme un meuble à côté d’elle. Mon cerveau était très agité, se demandant ce que je devais faire.
Il m’avait fallu encore dix minutes pour comprendre. La chance ne m’avait pas sauvé cette fois… mais j’avais juste pensé à ce qui serait impoli à faire. Évidemment, l’embrasser soudainement, cela ne serait pas bien dans ma tête, ainsi j’avais juste fait cela.
Quand je m’étais approché d’elle et que j’avais enroulé mes bras autour d’elle. Elle ne s’était pas éloignée, elle avait simplement ouvert les yeux et m’avait faiblement regardé.
« Que fais-tu ? » M’avait-elle demandé.
« J’agis comme un oreiller, » avais-je répondu avec un sourire.
« Bien… il m’en faut un..., » répondit-elle.
Fermant les yeux, elle se rapprocha de moi.
C’est alors que son peignoir avait été partiellement défait et sa peau avait touché la mienne. J’avais dégluti et étais resté gelé un moment. C’était trop beau pour être vrai, mais je n’avais pas reculé. Cela aurait pu être une chance de me conduire au Nirvana et finalement d’atteindre l’âge adulte. Avec une beauté comme elle dans les bras, comment pouvais-je refuser ? Alors je l’avais rapprochée de moi.
« Hmm..., » elle laissa échapper un doux gémissement quand une de mes mains se posa sur sa fesse.
L’autre était autour de sa taille.
Elle se blottit étroitement et ne se souciait pas du fait qu’il n’y avait pas de tissu entre nous. Cependant, malgré la chaleur de cette couverture elle frissonnait encore.
À quoi est-ce que je pense ? Elle est malade… soupir… au moins, je n’ai pas eu une montée de drapeau. Pensais-je intérieurement en remontant mes mains.
« Dors bien, Seryanna, » lui murmurai-je.
« Mhm..., » avait-elle répondu.
***
Chapitre 38 : Chaleur
***Point de vue de Seryanna***
Grâce à Alkelios, je me sentais déjà beaucoup mieux. Ma fièvre avait diminué et ma toux avait cessé. Après seulement une nuit, j’avais senti que je n’étais plus malade. Je ne savais pas s’il souhaitait que je me remette aussi rapidement ou s’il savait quoi faire pour m’aider, mais je me sentais déjà en pleine forme et prête à partir. Pourtant, il avait refusé de me laisser sortir du lit.
« J’ai dit que je me sentais bien, » je le foudroyais du regard.
« Oui ! Oui ! Nous partirons demain. Une fois que je serai sûr à 100 % que tu l’es ! » rétorqua-t-il en travaillant méticuleusement sur des flacons au laboratoire d’alchimie situé dans le coin.
Le marchand-dragon s’appelant Vanalez l’avait fait installer pour lui pendant que je dormais encore plus tôt ce matin.
« Argh…, » je laissai échapper un gémissement insatisfait et lui tournai le dos.
Il s’était retourné et m’avait fait un sourire.
« Détends-toi, Seryanna. Ce temps de détente et de repos te fera du bien, » avait-il déclaré.
Je n’avais pas répondu.
Après avoir pris le petit-déjeuner, il m’avait donné une autre potion de Rotiqus à boire et du jus de fruits. La potion avait un goût de terre, mais il disait que ça m’aiderait, je ne voyais donc aucune raison de ne pas le croire.
« Que fais-tu ? » demandai-je vers midi, après m’être tellement ennuyée que je ne pouvais plus le supporter.
« De la potion de Virlullian pour monsieur Vanalez. C’était la condition pour nous laisser rester ici. Il ne s’attend qu’à une potion par jour, mais je vais lui en faire 10 pour sa gentillesse, » avait-il répondu.
« N’est-il pas trop gentil avec nous, des étrangers ? » lui demandai-je, surprise.
Habituellement, nous, les dragons, faisions attention à ceux que nous accueillions chez nous, en particulier les marchands. Même grand-père était extrêmement méfiant envers Alkelios jusqu’à ce qu’il lui ait parlé, mais sa relation amicale avec moi et ma sœur avait dû aider. Lorsque je m’étais souvenue de cette scène, je ne pouvais m’empêcher de penser que la principale raison pour laquelle il agissait ainsi avec Alkelios était que, bien qu’humain, il n’était pas effrayé par un massacreur d’humain renommé sur le champ de bataille. Il n’avait pas non plus essayé de prendre avantage sur moi parce que je n’étais pas éveillée. Mais un autre facteur important état également la façon dont il avait traité ma sœur, Kléo.
Alors que d’autres dragons gardaient leurs distances ou même la considéraient comme quelque chose de sale, il la regarda non pas par ses écailles, mais comme une amie.
Après tout le temps que j’avais passé avec lui pendant nos voyages et aventures, je ne pouvais m’empêcher de me sentir étonnée par sa nature gentille et douce, complètement différente de ce que j’avais entendu des humains par les autres dragons. Même s’il était un dragon, ce serait difficile à trouver dans un monde où le fort dominait le faible, et parfois la famille dans laquelle vous naissiez pouvait décider pour vous de votre avenir.
D’une certaine manière, j’espérais aussi qu’il ne verrait jamais le mauvais côté de notre monde… et avec ce tournoi, la princesse m’avait appelée ainsi que la possibilité que quelqu’un prépare quelque chose derrière nous, les chances qu’Alkelios n’observe pas le côté sombre du monde étaient minces… au mieux.
Peut-être que c’était une des choses que je craignais pour nous… le fait qu’un jour il découvre le côté obscur de ce monde et ne soit entouré que de dragons, il finirait par le voir en moi… et finirait par me détester.
Dans la soirée, après qu’Alkelios ait terminé avec ses potions, il les avait donnés au vieil homme, Vanalez. Au moment où il les avait vus, il était ravi. Tellement, que je l’avais entendu de l’intérieur de ma chambre. Apparemment, il ne s’attendait pas à en recevoir autant et de si haute qualité.
Quand Alkelios revint, il avait un air médusé.
« Je pense qu’il était content, » déclarai-je avec un sourire.
« Ouais..., » dit-il avec un air étrange.
« Quelque chose est arrivé ? » lui avais-je demandé.
« Il m’a serré si fort que je pensais que mes os allaient se briser… et c’était la première fois qu’un dragon m’embrassait sur la joue… et un vieil homme en plus, » il cligna des yeux et vint vers mon lit.
Je penchai un peu ma tête vers la gauche.
« Hya ! » Je laissai échapper un petit cri quand il tomba soudainement sur le lit, le visage en premier.
« J’ai besoin de guérison..., » dit-il d’une voix étouffée.
« G-Guérison ? » Avais-je demandé, confuse.
« Oui, » il leva alors les yeux puis il m’enlaça. « J’ai besoin de ma belle dragonne rousse pour me faire un câlin. Pour effacer la sensation du vieil homme, » déclara-t-il presque en larmes.
Je laissai échapper un petit rire.
« S’il te plaît, ne ris pas… c’est sérieux..., » se plaignit-il.
« Voilà, voilà..., » déclarai-je en le serrant contre moi, lui tapotant doucement la tête. « Tu exagères beaucoup, n’est-ce pas ? » lui dis-je après un moment.
« Oui... »
« Tout va bien..., » lui dis-je.
Il était mon copain, cela ne me dérangeait pas.
Plus tard dans la nuit, après qu’il soit venu dans le lit, mon cœur s’était mis à battre très vite. C’était la première fois de ma vie que j’étais consciente d’un homme à côté de moi, et la veille, quand je pouvais à peine tenir debout, cela ne comptait pas. Et les nombreuses autres fois où nous nous étions retrouvés dans le même lit ne comptaient pas non plus. C’était aussi la première fois que j’étais certaine que Kléo ou Kataryna ne viendraient pas jeter un coup d’œil furtif dans notre chambre avec des yeux montrant qu’elles attendaient quelque chose.
Jusqu’à présent, je ne pensais pas de moi comme une femme possédant une beauté pouvant éclipser celle de dragonnes même simple. Comparée à une éveillée, je n’étais qu’une enfant sans queue ni ailes… Je n’étais pas belle. Pourtant, Alkelios… il…
« Penses-tu que je suis mignonne ? » lui demandai-je à voix basse. Puis j’avais caché mon visage embarrassé sous la couverture.
Qu’est-ce que je fais à lui demander ça ? ai-je pensé.
« Hm ? » Il se rapprocha de moi et tira la couverture. « Pas seulement mignonne, mais belle, forte, gentille, vaillante, ouverte d’esprit, charmante, et aussi incroyable, » déclara-t-il avec un sourire.
Mon cœur battait comme un fou et je savais que mes joues étaient aussi rouges que le souffle d’un dragon.
« Comment peux-tu dire quelque chose comme ça avec un visage aussi calme ? » lui avais-je demandé. Pour une raison quelconque, je lui lançai un regard furieux.
« Hé, ce n’est pas facile pour moi non plus… c’est difficile d’avouer ces choses..., » il baissa la tête. « Mais c’est la vérité… c’est comme ça que je te vois..., » me dit-il.
« M’aimes-tu ? » lui avais-je demandé.
« Oui… je t’aime..., » il me fit un sourire.
J’avais dégluti.
En regardant dans ses yeux marron foncé, je m’étais étrangement retrouvée entraînée dans une sorte de magie. J’étais gênée, mon cœur battait fort et si j’avais une queue, elle aurait sûrement oscillé sans relâche sous les couvertures, et pourtant je le regardais toujours. Alkelios était comme une drogue qui suscitait toutes sortes d’émotions en moi, et j’aime un imbécile téméraire… je voulais plus.
Comment ça serait s’il… s’il allait plus loin ? S’il était mon premier… M’étais-je demandée, mais au moment où cette phrase dans ma tête était prête, j’avais déjà passé ma main sur sa tête et l’avais approché.
Maintenant, nous partagions le même souffle. Son odeur, sa chaleur, son toucher… Ils soulevaient des flammes en moi. Il agitait une étrange énergie qui me disait que tout allait bien… non, cela me poussait vers lui et exigeait que je revendique cet être humain. Oui… humain, pas dragon… cette énergie, ce désir… exigeait Alkelios.
Je l’avais embrassé et il m’avait embrassée.
Je me fichais de tout…
Noblesse… classe… rang… statut… au diable ! Je voulais Alkelios… et je le voulais maintenant !
Mes baisers devinrent plus forts et avant que je ne le sache, j’étais au-dessus de lui. J’étais fiévreuse et chaude, mes joues rouges et j’étais en haleine. Je déglutis et l’embrassai encore et encore…
Qu’est-il arrivé et comment, je ne savais pas. Mais j’étais une dragonne, et comme tous ceux de mon espèce, nous revendiquions nos compagnons. Nous voulions les dominer ou être dominés par eux… Je voulais la même chose.
La chaleur dans mon corps, dans mon cœur… ça me brûlait comme la lave d’un volcan. Pourtant, je désirais cette chaleur torride et je voulais qu’elle grandisse et me libère.
J’avais enlevé ma blouse et avais continué à l’embrasser… à le vouloir…
Ses mains bougeaient aussi sur moi. Lui aussi me voulait. La chaleur à l’intérieur de lui était également excellente, elle exigeait la mienne. Une fusion de flammes était ce que notre nature voulait.
Par des baisers et des étreintes… je m’étais lentement perdue dans ma nature draconique, même ma vue était devenue étrange.
Pourtant, quand il était temps de passer à autre chose…
C’était mou.
« Hein ? » Je l’avais cassé.
« Je suis désolé..., » Alkelios détourna les yeux avec un air compliqué.
À l’intérieur de moi, les flammes tremblaient. Il m’avait dit qu’il m’aimait… qu’il me trouvait belle et attrayante, mais pourquoi était-il mou ? Comment ?
Je ne pouvais pas comprendre, mais à cause de ça… Les larmes coulaient sur mes jours. Quelques gouttes étaient tombées sur son visage.
Surpris, il leva les yeux vers moi.
« Seryanna ? » demanda-t-il avec de grands yeux.
« Non… je suis désolée, je ne suis pas… je ne suis pas..., » j’avais essayé de finir ma phrase, je ne suis pas assez bien pour toi.
Son corps était honnête avec les mots dans son cœur. Il m’aimait. Il prenait soin de moi. Peut-être, mais il ne me trouvait pas si attrayante. Après tout, j’étais une dragonne et il était humain… à quoi m’attendais-je ?
Malgré cela, il s’excusa et continua de s’excuser en me prenant dans ses bras en m’enlaçant. Je ne savais même pas pourquoi je pleurais si fort, pourquoi je me sentais si rejetée, mais il continuait à s’excuser et essayait de me calmer, d’essuyer les larmes que je versais… pourtant, la douleur dans mon cœur ne diminuait pas.
Je l’avais accepté et je voulais qu’il soit au cœur même de mon être, pourtant… ce n’étaient finalement que des sentiments unilatéraux ? Comment pourrais-je ne pas me sentir dévastée, triste… brisée ? Alors, j’avais pleuré… j’avais pleuré jusqu’à m’endormir dans ses bras, car peu importe à quel point je luttais, il ne m’avait pas laissé partir.
Mais à l’intérieur, j’étais heureuse qu’il l’ait fait. S’il m’avait libérée de son étreinte, s’il m’avait laissée pleurer seule… ça aurait été la fin de notre relation. Mais comme ça, je savais… d’une certaine manière qu’il essayait de son mieux pour surmonter ça parce que peut-être… juste peut-être, il me voulait autant que je le voulais ?
***
Chapitre 39 : En chemin vers Drakaria
Partie 1
***Point de vue d’Alkelios***
J’ai foiré…
Non, je n’ai pas seulement foiré… j’ai totalement échoué !
Et en premier lieu, je n’avais aucune idée de la raison pourquoi c’était ainsi. En regardant en arrière, il ne devrait pas y avoir de raison pour laquelle cela n’avait pu se lever ? C’était comme si mon corps rejetait simplement la pensée et l’idée d’être avec Seryanna… ou était-ce aussi une excuse ?
Je ne pouvais pas comprendre, je ne comprenais pas pourquoi cela s’était produit… et peu importe à quel point j’essayais d’y réfléchir, il y avait de moins en moins de raisons pour lesquelles j’aurais pu me retrouver dans cette situation. Plus j’essayais, plus je me voyais comme un perdant pathétique.
Pour le dire simplement, j’avais commencé à nourrir un certain dégoût pour moi-même… pour mon côté humain.
Après que Seryanna se soit endormie, je n’avais pas pu fermer les yeux. Étant incapable de comprendre pourquoi une telle chose était arrivée, dévoré par la culpabilité et le remords, je ne pouvais dormir. Je me tenais à ses côtés et la câlinai. Elle n’avait pas essayé de s’éloigner de moi, bien au contraire… toute la nuit, elle ne voulait pas partir, peu importe la chaleur.
En la regardant comme ça, je savais qu’elle ne voulait pas me laisser partir, mais il y avait aussi quelque chose en moi qui refusais de la libérer. Tout comme quand elle avait commencé à pleurer…, au début, je voulais fuir de honte, mais mes bras avaient refusé de la laisser quitter mon étreinte. C’était comme si mon corps avait sa propre volonté... quoi qu’il en soit, la laisser partir était un gros NON.
Ainsi, la nuit passa sans que j’arrive à dormir.
Le jour suivant, elle s’était réveillée, mais n’avait rien dit. Nous étions restés dans les bras comme ça pendant presque une heure avant qu’elle ne bouge et ne m’embrasse. J'avais agi comme une bête affamée et l’avais serrée dans mes bras.
« Tu m’aimes ? » m’avait-elle demandé après que nos lèvres se soient séparées.
Elle ne me regardait pas dans les yeux.
« Oui, » répondis-je sans un seul moment d’hésitation.
Avec un petit sourire, elle avait baissé la tête vers ma poitrine et m’avait chuchoté. « Je vais attendre... »
En l’entendant, la culpabilité avait augmenté de plusieurs niveaux. Cela m’avait étranglé de l’intérieur, mais le pire était que je n’avais aucune idée de ce dont je me sentais coupable. J’étais un imbécile ou peut-être un idiot pour ne pas être capable de le réaliser avant, mais telle était la nature humaine.
Parfois, les réponses les plus simples sont les plus dures à repérer même si elles sont placées juste sous son nez…, pensais-je en me rappelant ce que mon père m’avait dit une fois.
À midi, nous nous étions habillés, avions pris un rapide repas et étions ensuite allés dire nos adieux au marchand généreux qui nous avait laissé récupérer chez lui deux nuits.
« Êtes-vous sûrs que vous ne voulez pas rester un autre nuit ? » demanda-t-il en pensant probablement aux potions que je lui ferais en échange.
« Oui. Nous apprécions tout ce que vous avez fait pour nous, monsieur Vanalez, mais il est temps pour nous de reprendre notre voyage surtout maintenant que Seryanna est remise, » avais-je répondu avec un sourire.
« Est-ce vrai ? Eh bien, quand vous repasserez dans cette ville, si vous avez besoin d’une chambre, n’hésitez pas à passer par ma boutique ! Je serai ravi de vous accueillir à nouveau ! » déclara-t-il avec un grand sourire.
« Nous prendrons votre offre en considération la prochaine fois que nous passerons ici. Au revoir, monsieur Vanalez ! » répondis-je. Puis nous étions partis.
Plus je restais longtemps, plus il recevrait de potions gratuitement, chacune coûtant probablement plus qu’un loyer dans une auberge locale. Cependant, c’était beaucoup plus confortable et sécurisé ici que dans une auberge. Cela ne me dérangeait pas non plus de les faire aussi longtemps que l’on me donnait les ingrédients.
Cependant, ce que j’avais remarqué, c’était que j’avais vraiment besoin d’un objet de stockage. Peut-être comme un sac à dos ? Si je finissais par tomber dans une situation où je devais faire quelque chose, j’étais impuissant à moins que quelqu’un ne m’offre à la fois le matériel et le laboratoire.
Dans les jeux, il y avait toujours un menu pratique de création d’objets, à travers lequel en un seul clic, vous pouviez créer les plus complexes et puissantes des possibilités. Tout au plus, vous deviez avoir un laboratoire à proximité sans même le toucher.
Une fois que Seryanna et moi étions arrivés aux portes, nous avions vu une ligne presque sans fin. D’innombrables dragons essayaient de sortir de la ville, mais seules les personnes en santé étaient autorisées à le faire. Après tout, la ville juste après était Drakaria. Ils ne voulaient certainement pas que quelqu’un y apporte la Grippe du Dragon.
En tant que tel, tout ce que nous devions faire maintenant était d’attendre.
Quand notre tour vint finalement, nous avions été arrêtés par les gardes.
« Attendez, je me souviens de vous deux ! Elle était malade, repartez ! » Il nous regarda.
« C’est un peu grossier. Est-ce qu’elle a l’air malade ? » demandai-je en plissant les sourcils.
« Je l’ai vu de mes propres yeux. Elle toussait et éternuait ! » répliqua-t-il.
« Est-ce qu’elle éternue et tousse maintenant ? » lui avais-je demandé.
« Elle le cache ! » Il nous jeta un regard noir.
« Est-ce que tu m’accuses de mentir ? » demanda Seryanna en le regardant.
« Oui ! C’est ce que je suis en train de faire ! Vous mentez ! Alors qu’allez-vous pouvoir y faire ? » déclara-t-il avec un grand sourire.
Seryanna dégaina son épée et la pointa vers lui.
« Et si je t’envoyais en prison pour avoir insulté une chevalière royale ? » suggéra-t-elle.
« Quoi ? Penses-tu que tes mensonges vont fonctionner ici ? Hein ? » avait-il demandé.
« Eh bien, je suis presque sûr que si tu continues comme ça, tu vas finir par mourir, alors pourquoi n’appelles-tu pas ton supérieur ici avant que cela ne se produise, » lui avais-je conseillé.
« Tu penses que j’ai peur d’une femme... »
BONK!
Ses mots avaient été coupés comme quelqu’un l’avait assommé par-derrière.
« Pour que l’un de mes hommes agisse d’une manière si grossière devant une chevalière, quelle honte ! » avait déclaré un grand dragon portant une armure en attrapant le garde inconscient par la peau du cou.
« Êtes-vous le responsable ici ? » demanda Seryanna en baissant son épée.
« Oui. Mes excuses, Sire Draketerus, » répondit-il en s’inclinant devant elle.
« Me connaissez-vous ? » demanda-t-elle.
« Bien sûr. J’étais là quand le roi vous a donné le titre de Chevalière royale de la troisième Princesse du royaume d’Albeyater, Elleyzabelle Sojourn Seyendraugher. À ce moment-là, j’étais habillé comme un noble qui a simplement eu la chance d’assister à la cérémonie, » expliqua-t-il en souriant.
« Puis-je aussi vous demander votre nom ? » demanda Seryanna.
« Bien sûr ! Je suis le baron Theryan Overdaken ! Le chef des gardes de Toros, » répondit-il avec un sourire.
« Je me souviendrai de ce nom, » déclara-t-elle en rengainant son épée.
« Merci, ce sera un honneur. »
« Ensuite, je présume qu’il n’y a aucune raison de nous tenir ici aux portes, est-ce qu’il y en a ? » demanda Seryanna en plissant les yeux vers lui.
« Bien sûr que non ! Vous ne montrez aucun des symptômes, vous êtes libre de franchir les portes. Bon voyage, Sire Draketerus ! » déclara-t-il avec un sourire.
Pendant que je les fixais, les gardes s’éloignèrent pour nous laisser passer. Je suivis rapidement les pas de la rousse jusqu’à ce que nous soyons tous deux en dehors et que nous marchions vers le pont traversant le Grand Gouffre.
En le voyant pour la première fois, c’était un spectacle assez impressionnant. Le long pont blanc s’étendant d’un côté à l’autre du Grand Gouffre. Des pierres blanches solides et enchantées avaient été assemblées parfaitement pour former cette construction incroyable, bien que, sans magie, elle se serait certainement déjà écroulée. Le même symbole du royaume sur ses drapeaux était gravé tous les dix mètres sur les côtés, tandis qu’un cristal magique lévitait constamment. L’épée de feu était imposante et menaçante. Cela inspirait la force, mais le courage aussi à mon avis.
La première fois que j’avais vu un drapeau du royaume était chez Brekkar. C’était dans l’un des magasins. Si un passant n’avait pas dit ce que c’était, je ne l’aurais pas reconnu maintenant que nous traversions le pont.
Derrière nous, les hauts murs de Toros constituaient une dernière défense contre quiconque oserait traverser illégalement le pont. Imposants et forts, ils avaient également séparé un côté du royaume à un autre. C’était comme si vous disiez qu’une fois le pont traversé, vous rencontriez un monde entier et beaucoup plus dangereux.
« C’est… profond, » déclarai-je en regardant par-dessus le bord de l’abîme du Grand Gouffre.
C’était comme regarder dans les portes de l’enfer. Je m’attendais à tout moment à ce qu’un monstre sorte de là en m’y entraînant.
J’avais dégluti.
« Regarde où tu marches. » Seryanna m’avait prévenu.
« Ne t’inquiète pas, je ne vais pas tomber, » déclarai-je en revenant à ses côtés.
En la regardant dans ses yeux, je lui avais pris la main et ensuite lui fit un baiser sur la joue.
« Es-tu toujours en colère contre moi ? » avais-je demandé.
Elle avait baissé les yeux puis elle était revenue vers moi.
« Je ne sais pas si je suis fâchée… je ne sais pas ce qui s’est passé..., » répondit-elle en secouant la tête.
« Moi non plus… Franchement, je ne sais pas..., » déclarai-je en baissant les yeux.
« Merci..., » déclara Seryanna.
Je clignai des yeux, surpris.
« Pour ? » demandai-je
« Ne pas m’avoir laissé partir, » elle m’avait fait un sourire.
Je l’avais embrassé.
« Je l’ai fait parce que je t’aime..., » déclarai-je.
« Je t’aime aussi, » répondit-elle. Elle me rendit mon étreinte.
Après avoir partagé un baiser, nous avions continué à traverser le grand pont jusqu’à ce que nous atteignions l’autre côté.
Là-bas, nous avions trouvé une grande auberge, les écuries de Khosinni et plusieurs tentes.
« Tant de dragons..., » déclara Seryanna en regardant autour d’elle.
« Ouais, ils attendent probablement quelqu’un qu’ils connaissent à Toros. Il vaut mieux les attendre ici que de risquer de tomber malade, » avais-je proposé.
« Je ne nie pas ce fait. Je me demande où se trouvent Kataryna et Kléo, » déclara-t-elle en regardant autour d’elle.
C’était pareil pour moi, je ne pouvais pas les voir.
« Allons à l’intérieur. Peut-être qu’elles nous y attendent ? » suggéra Seryanna.
« Bien sûr, » j’avais hoché la tête.
Nous nous étions dirigés tous les deux vers la porte d’entrée de l’auberge et nous étions entrés. Il s’agissait d’un bâtiment de trois étages avec une écurie connectée et plusieurs chambres. C’était plus un manoir de noble qu’une auberge. À l’intérieur, l’ensemble était décoré de sculptures en bois et éclairé par plusieurs cristaux magiques. Si mes calculs n’étaient pas faux, il y avait au moins 30 tables au sol. La plupart d’entre elles étaient occupées par deux dragons ou plus. Six serveuses allaient et venaient de la cuisine, tenant des plateaux remplis de nourriture ou de chopes d’hydromel.
Il y avait deux barmans, mais sur les deux, l’un était un nain.
Pour la première fois depuis que j’étais arrivé dans ce monde, j’avais vu quelqu’un qui n’était pas un dragon. À l’intérieur, je criais presque d’excitation, mais en même temps, ma curiosité montait en flèche. Je ne pouvais m’empêcher de me demander comment et pourquoi ils étaient ici.
Juste pour être sûr, j’avais demandé à Seryanna. « Est-ce un nain ? »
« Oui. » Elle hocha la tête.
« Comment ? Pourquoi est-il ici ? » avais-je demandé, surpris.
Elle rigola. « Je pense que quelqu’un comme toi est bien plus incroyable que lui. »
« Comment ça ? » demandai-je.
« Les humains sont en guerre avec les dragons, tandis que les nains sont neutres. Ils sont pour la plupart des commerçants et des artisans, il est donc naturel que l’on puisse les trouver dans tous les royaumes. Les humains et elfes semblent les employer pour leur endurance et leur capacité à se battre dans des endroits étroits. Les dragons font la même chose pour les donjons difficiles. Ou du moins, c’est ce qu’il m’a dit, » elle désigna le nain qui remplissait une chope.
***
Partie 2
Avec un sourire aux lèvres, elle s’approcha du bar et je suivis juste derrière elle.
« George, comment vas-tu ? » le salua-t-elle.
« Hm ? Ah ! Seryanna ! Content de te voir ! » répondit-il avec un sourire éclatant.
Pour préciser, ce nain n’avait pas une grosse barbe étouffante ou des membres et des doigts incroyablement épais. Il ressemblait à un petit humain, mais avec une tête légèrement plus grande. Ses muscles étaient épais et fermes, et son front était rempli de rides. Une longue queue de cheval attachait ses longs cheveux gris sur son dos et il portait de simples vêtements de lin.
Après avoir rempli la chope, il l’avait placé sur un plateau à côté de sept autres.
« Table six, Lili ! »
Une serveuse dragonne mignonne avec deux couettes couleur châtaigne et des taches de rousseur était venue au comptoir et avait récupéré le plateau. Elle m’avait fait un clin d’œil puis était partie.
« Hum ! » La rousse avait attiré mon attention en toussant un peu.
Hein ? Pourquoi me regarde-t-elle comme ça ? me demandais-je. Mais je n’étais pas sur la même longueur d’onde.
« Alors, pourquoi es-tu ici, Seryanna ? » demanda George le nain.
« Nous nous dirigeons vers la capitale. As-tu vu une dragonne aux écailles noires vêtue en noir avec une autre aux écailles argentées ? » demanda-t-elle.
« Oh, ces deux-là sont avec vous ? » demanda-t-il, surpris.
« Tu les connais… ou plutôt, qu’ont-elles fait ? » Elle plissa les yeux.
« Elles ont loué la dernière chambre ici à l’auberge. Une vraie chance si tu veux mon avis. Alors la nuit dernière, elles prenaient un verre et une bande de gros dragons musclés ont commencé à se battre avec elles. »
« Un combat ? » Seryanna leva un sourcil.
« Ouais, un combat. Ils étaient juste une bande de bâtards excités qui pensaient que l’argentée était une proie facile. La fille leur a dit qu’elle était déjà prise..., »
Cette fois, c’est moi qui ai demandé. « Déjà prise ? »
« Ouais, et puis ils ont été un peu rudes avec elle, et ont fini par se faire tabasser comme une bande d’aventuriers débutants. Je dirais que cette dragonne est puissante ! » Il hocha la tête.
« Bien sûr qu’elle l’est. Alors, où sont-elles maintenant ? » demanda Seryanna.
« Je pense qu’elles sont encore dans leur chambre. Sont-elles vos compagnons ? » demanda-t-il.
« Oui, » elle hocha la tête.
« Eh bien, je peux vous dire la chambre dans laquelle elles séjournent. C’est au deuxième étage, tout au bout du couloir sur la droite. Vous ne pourrez pas les manquer, » il sourit.
« Merci. »
Nous avions quitté le bar et étions montés à l’étage. Tout comme le nain l’avait dit, nous avions facilement trouvé la chambre, car de l’autre côté il y avait un bain. Nous avions frappé deux fois, et Kléo avait ouvert la porte.
« Grande sœur ! » La joyeuse dragonne avait sauté dans les bras de Seryanna.
« C’est bon de te voir aussi, petite sœur, » répondit-elle.
« Oh ? Vous deux êtes enfin sortis ! Eh bien ! Avec Alkelios là-bas, j’étais sûre que tu ne resterais pas malade trop longtemps ! » déclara Kataryna en se dirigeant vers la porte.
« C’est bon de vous revoir toutes les deux. Comment s’est passé votre séjour ici ? Eh oui, ça n’a pas pris tant de temps. C’était une simple grippe, » j’avais haussé les épaules.
En m’entendant, Kataryna se mit à rire.
« Comme prévu de toi ! » déclara-t-elle.
« Nous étions bien, rien à craindre ! Allons-nous partir maintenant ? » demanda Kléo.
« Oui, comment sont les repas ici ? » demanda Seryanna.
« Assez bon. Allons-nous descendre et commander quelque chose ? » demanda Kataryna.
« Je suis partant pour ça ! » dis-je avec un sourire.
« P-Partant pour ça... ? » Kléo me regarda un peu confuse.
« C’est une expression… c’est comme si je disais : je suis d’accord avec ta suggestion, » expliquai-je.
« Je vois… Bizarre, » elle inclina la tête puis arrêta d’enlacer Seryanna.
« Allons-y, alors ! » déclara Kataryna en sortant, verrouillant la porte derrière elle.
Ainsi, nous étions tous descendus pour prendre à manger avant de partir pour la capitale. La nourriture était acceptable, mais quelques épices en plus n’auraient pas fait de mal.
☆☆☆
***Point de vue de Seryanna***
Pour moi, c’était un peu gênant d’agir comme si la nuit précédente n’était pas arrivée. Je me sentais toujours fautive de ce qui s’était passé, mais cela soulevait une autre question. Qu’allait-il se passer une fois que je me serais éveillée ?
La plupart des dragons changeaient complètement d’apparence quand ils passaient par l’éveil, il était donc très probable que je finisse avec une paire de cornes, une queue, peut-être une paire d’ailes, et beaucoup d’écaille sur le corps. Une telle apparence serait considérée comme indésirable d’un point de vue humain.
Si en ce moment je n’étais pas assez attirante pour lui, alors en viendrait-il à me détester dans le futur ?
Cela me faisait souhaiter pour la première fois de ma vie de ne pas m’éveiller et rester aussi humaine que possible. J’aimais de plus en plus Alkelios, mais… ça me faisait me sentir mal de ne pas pouvoir lui offrir ce qu’il souhaitait… je n’étais pas parfaite pour lui.
Avec ces sentiments dans mon cœur, je pouvais à peine profiter de mon repas. Les autres s’amusaient, et Alkelios aussi, mais pour moi, c’était comme si c’était un autre monde.
Après que nous ayons mangé, nous avions quelque chose à boire et avions attendu une demi-heure pour se remettre avant d’aller à l’écurie de Khosinni. Je chevauchais avec Alkelios, tandis que Kataryna et Kléo avaient une monture à part.
Plusieurs heures après notre départ de l’auberge, nous étions arrivés à notre premier point de bivouac. Nous avions cuisiné un repas simple et ensuite nous nous étions entraînés. J’avais essayé de me faire une sorte de masque pour éviter de montrer que j’avais un problème. Alkelios ne semblait pas l’avoir remarqué, mais une fois qu’il était allé se laver, j’avais pris Kataryna et Kléo à part.
Avec un cœur lourd, je leur avais dit ce qui s’était passé pendant le temps où nous étions séparés.
« C’est… inattendu, » avait déclaré Kléo.
Après m’avoir entendue, elle n’était pas d’humeur à blaguer.
« Oui… pour que quelque chose comme ça arrive, » Kataryna secoua la tête.
« Je sais… Depuis, ma poitrine me fait toujours mal et je me demande si peut-être il ne me voit tout simplement comme pas assez bien pour lui..., » déclarai-je en regardant le feu crépitant.
« Je ne pense pas que ça soit ça, » déclara Kataryna en secouant la tête.
« Mais… même si je sais que quelque chose comme ça n’était pas censé arrivé ! » rétorquai-je en la regardant dans les yeux.
« Ça dépend. Quand j’étais encore jeune, j’avais un ou deux mâles qui finissaient dans une position similaire, mais contrairement à Alkelios, ils me blâmaient tous pour ne pas être assez jolie ou d’autres absurdités comme ça, » elle haussa les épaules.
« Je ne comprends pas. Que veux-tu dire ? »
« Ah ! Ça me rappelle, Iolaus une fois est également devenu mou. C’était le lendemain de son réveil, je pense… Depuis, nous ne l’avons pas fait, » Kléo avait dit ça en se grattant l’arrière de la tête puis avait ajouté. « Il a beaucoup de nuits à rattraper. Hehehe, »
« Kléo, essuie ta bave, » avait déclaré Kataryna.
« Ah ! Désolé ! » Ma petite sœur avait alors ri.
☆☆☆
***Quelque part de loin. Point de vue d’Iolaus***
J’avais soudainement senti le regard d’un prédateur affamé et je m’étais rapidement retourné.
Il n’y avait rien là… pas même un lapin.
« Qu’est-ce que c’était ? » pensais-je à voix haute.
C’était comme si je me mettais soudainement dans un repaire de prédateurs sauvages qui attendaient juste le bon moment pour me déchirer en lambeaux. C’était si effrayant, j’avais dégluti involontairement. Par la suite, j’avais continué à me déplacer avec précaution, gardant mes yeux ouverts pour tout danger et mes oreilles pour les sons suspects.
☆☆☆
***De retour au point de vue du groupe d’Alkelios. Point de vue de Seryanna***
« Alors, tu dis… que des choses comme ça arrivent ? » lui avais-je demandé.
« Oui. Ce n’est pas… extraordinaire, » Kataryna haussa les épaules.
« Il ne t’a pas non plus blâmé pour son petit accident, comme dire que tu n’es pas assez jolie ou pas humaine, » souligna Kléo.
C’était vrai, il s’était simplement excusé et m’avait étreinte jusqu’à ce que j’arrête de pleurer. Peut-être que j’avais réagi d’une manière excessive ?
« Maintenant que j’y pense, tout ça pourrait être dû au stress ? » déclara Kataryna en se grattant la tête.
« Stress ? » avais-je demandé avec un froncement de sourcil.
« Oui. Je veux dire, c’est un humain entouré de dragons en tout temps. Le dernier membre de son espèce qu’il a trouvée a essayé de le tuer AINSI que ses amis. D’après ce que j’ai compris, c’était aussi le fait que jusqu’à maintenant, il n’avait jamais eu à s’inquiéter pour sa propre vie et celle des autres. Il est tout à fait possible qu’il ait vécu une vie extrêmement protégée, au point où il ne s’est pas livré à un vrai combat jusqu’à ce qu’il te rencontre, Seryanna, » expliqua Kataryna.
« N’est-ce pas un peu absurde ? Bien que… il m’ait dit que l’endroit où il vivait n’avait pas de chose comme de la magie, » je l’avais dit en regardant le feu.
Le froncement de sourcil n’avait jamais quitté mon visage parce que je n’arrêtais pas de réfléchir à ce sujet, essayant de comprendre ce qui n’allait pas chez moi ou lui.
« Nous devons également prendre en considération son âge. Comparé à nous, il est comme un petit sortant à peine de son œuf. Peu importe comment l’on regarde les choses, tout va à une vitesse anormale même pour nous… Cela étant dit, nous, dragons, avons une très longue durée de vie par rapport aux humains, qui meurent avant leur cinquième décennie. Je veux dire, j’ai déjà 759 ans. Tu n’as même pas encore deux siècles, et Kléo doit encore atteindre le premier, » avait dit Kataryna.
« Cette année, je vais sur mes 127 et Kléo 78..., » déclarai-je.
« Vous êtes littéralement des enfants par rapport à moi ! Hahaha ! » Elle avait ri.
« Non, tu es juste un fossile ayant expiré, » avait calmement répliqué Kléo.
« Regarde ça ! » elle lui fit une pichenette.
« Unu~ ! » Kléo gémit et frotta l’endroit frappé.
Leur blague m’avait fait rire, ce qui était une première depuis que nous nous étions retrouvés.
« Mais oui, Seryanna… détends-toi. C’était probablement juste à cause du stress. Donne-lui du temps, et de l’espace pour respirer. Ne le place pas dans une situation dangereuse, sinon il pourrait craquer…, » recommanda-t-elle.
« Craquer ? » demandai-je, surprise.
« Oui. Ce garçon ne le sait probablement pas lui-même, mais il est sur le point de craquer..., » il y avait un regard triste dans les yeux alors qu’elle disait ça. « Je pouvais le sentir chaque fois que je m’entraîne avec lui. Il ne met jamais toute sa force dans ses coups, et il y avait plusieurs fois quand il a tressailli ou fermé les yeux alors que j’étais sur le point de frapper. C’est clairement un signe qu’il n’est pas habitué aux situations dangereuses… ou à des batailles. Ces choses prennent du temps…, » déclara-t-elle en laissant échapper un soupir.
« Il y a aussi la fierté masculine que tu dois prendre en compte, » Kléo avait dit avec un sourire.
« Effectivement. Comme je l’ai déjà dit, la plupart des hommes, qu’ils soient dragons ou non, tiennent fermement à leur fierté. Ils ne peuvent apparemment pas se permettre de montrer une faiblesse devant les femmes, surtout si elles leur plaisent. J’ai vu beaucoup d’idiots se battre devant moi pour prouver leur… valeur. Bleah ! Comme si, ça m’intéressait, » elle roula les yeux.
« Je ne pense pas comprendre..., » dis-je.
La plupart du temps, les hommes m’ignoraient. En dehors d’Alkelios, aucun n’avait vraiment été intéressé par moi. En tant que tel, je n’avais jamais eu l’expérience d’avoir des hommes au-dessus de moi ou essayant de m’impressionner d’une façon quelconque.
« Tu es un peu trop dense, grande sœur, » Kléo me tapota la tête avec un regard de pitié.
Je lui avais lancé un regard noir et elle se recula.
« Donc, Alkelios n’a jamais agi comme un dragon typique ou un humain ? » demandai-je.
« Ouaip ! C’est pourquoi je peux dire qu’il n’y a aucun problème avec toi, et lui-même ne le pense pas. N’être pas assez belle où quoi que ce soit est tout simplement une pensée stupide de ta part. Il ne pourrait pas être parfait, mais garde à l’esprit, Alkelios n’est ni un dragon ni un humain normal. Il a à peine appris à se battre et a encore du mal à s’adapter. Je ne serais pas surprise s’il faisait une erreur stupide tôt ou tard, » déclara Kataryna en poussant un soupir.
« Je vois… mais s’il se trompe ? » demandai-je.
En regardant dans mes yeux et en utilisant un ton de voix grave, elle avait dit. « Tu te sentiras sans doute mal. Ça ne va pas être beau à entendre ou voir non plus. Il va probablement te montrer le pire côté de lui. »
Je déglutis.
« Alors… qu’est-ce que je devrais faire ? » demandai-je à nouveau.
« Toi ? Rien, » elle secoua la tête. « Tu as juste besoin de serrer les dents et de rester avec lui. Peu importe ce qu’il dit, ou bien comment il te regarde, rappelle-toi juste que ce sera son pire moment. Ce sera aussi un test pour vous deux… si tu peux encore l’aimer après ça, alors… Je doute que même le roi puisse vous séparer, » elle me fit un doux sourire.
« Donc, j’ai juste besoin de tenir le coup, mais qu’en est-il de lui ? » lui avais-je demandé. « Et s’il ne redevient pas lui-même ? »
« C’est là que nous intervenons ! » elle me fit un sourire.
« Je ne comprends pas, » je fronçai les sourcils.
« Peu importe quel côté de lui il va te montrer, il aura probablement mal après. Quand je verrai le bon moment, je vais m’assurer de le redresser d’une façon ou d’une autre. Après tout, nous sommes ses amies, et il a la chance d’avoir moi ayant déjà atteint l’éveil supérieur et qui a déjà été témoin de beaucoup de choses tout au long de ma longue vie. Je vais pouvoir lui faire passer cela, ne t’inquiète pas ! Tu as juste besoin d’être forte pendant ce moment de crise ! » elle me tapota l’épaule.
« Et si… même après tout ça, il ne redevient pas lui ou… pire… arrête de m’aimer ? » lui demandai-je, un peu craintive.
« Alors… Je le tuerai, » répondit-elle froidement.
« Quoi ? » J’avais cligné des yeux surpris.
« S’il devient si brisé au point que je ne puisse plus rien y faire, au lieu de le laisser sombrer dans la folie, je lui rendrais service en le tuant de mes propres mains. De cette façon, ni nous, ni le royaume, ni qui que ce soit d’autre n’auront à le craindre ou bien à souffrir à cause de son pouvoir qui se détraquera, » déclara-t-elle froidement.
Je déglutis en la regardant dans les yeux. Il n’y avait pas de mensonges dans ses mots. C’était son plan. Comme elle avait atteint l’éveil supérieur, je ne pouvais même pas dire que je pouvais encore faire quelque chose pour l’arrêter. Là encore, si Alkelios finissait comme ça, je ne pensais pas que j’aurais souhaité le faire.
« Pourtant, ce n’est pas comme si c’était ce que je souhaitais vraiment… c’est le pire des cas. Compte tenu de sa chance, je ne pense pas que les dieux le laisseront en arriver là, d’autant plus qu’aucune de nous ne le souhaite, » elle me fit un faible sourire.
« Oui… il souhaitait avoir tout le temps dont il avait besoin pour prendre la meilleure décision quant à savoir s’il devait m’épouser ou non. Peut-être que tout ce drame en est un résultat direct ? » demandai-je en me souvenant de ses paroles.
« Ça le pourrait. Après tout, il souhaite ne pas avoir une seule once de doute quand il arrivera à cette conclusion, n’est-ce pas ? » demanda Kataryna.
« Alors, toute cette affaire est sans aucun doute un test… un test basé sur la volonté, l’espoir et… l’amour, » acquiesçais-je.
***
Chapitre 40 : Drakaria
Partie 1
***Point de vue d’Alkelios***
Deux jours après avoir quitté l’auberge au bord du Grand Gouffre, nous pouvions finalement voir les murs géants de Drakaria.
Ce moment m’avait fortement rappelé un film de Fantasy où le héros arrivait au sommet de la colline dans de lointaines contrées, ils avaient vu la ville éblouissante qui marquait la fin de son long voyage. Quelques rayons de soleil traversaient le ciel nuageux, offrant une belle touche, tandis que le vent froid bruissait sur nos vêtements. Un seul hennissement avait échappé d’un Khosinni, et Kataryna s’était étirée.
« Wôw ! » déclarai-je en regardant la scène à couper le souffle.
« Pour voir Drakaria comme ça pour la première fois, tu es en effet chanceux, Alkelios, » fit remarquer Kléo tout en laissant échapper un soupir.
J’avais cligné des yeux de surprise et j’avais regardé en arrière.
« Ne t’occupe pas d’elle. La première fois qu’elle est arrivée ici, il faisait très chaud et elle était à bout, » déclara Seryanna avec un petit rire.
« Et toi ? » lui demandai-je.
« Hm, c’était pendant l’hiver, juste avant une grosse tempête, alors… n’est-ce pas la même chose que lorsqu’on la regarde pendant une journée normale en automne ? » Elle pencha la tête.
Sur le continent des dragons, la météo du royaume d’Albeyater était essentiellement tempérée, mais les températures étaient plus basses au nord et plus au sud, il fallait parcourir une très longue distance pour remarquer un changement. En ce qui concerne la durée de chaque saison, il semblerait que le printemps, l’été et l’automne duraient chacun deux à trois mois, la saison hivernale était la seule période s’étendant sur trois mois. Ils n’avaient pas de jour marquant le changement de saison, ils utilisaient le changement de climat en lui-même.
Ainsi, quand la première neige tombait, l’hiver commençait, et quand les fleurs montraient le bout de leurs têtes, elle était finie. L’été était marqué par l’apparition du fruit de Dios, qui ressemblait aux cerises, mais poussait dans des arbustes. L’automne commençait avec le début des chutes de feuilles. Dans l’ensemble, il y avait environ 10 mois. Du moins, de la manière dont les dragons comptaient.
Les humains comptaient apparemment en 12 mois, alors que les nains en avaient 6, un pour chaque fois que les deux lunes dans le ciel s’alignaient, avec la plus grande se tenant derrière la plus petite. Pour être juste, ce n’est que récemment que j’avais remarqué que ce monde avait deux lunes… jusqu’à présent, je croyais franchement qu’il n’y en avait qu’une. Pour une raison ou une autre, j’avais simplement pensé que cela allait ressembler à la terre, donc je n’avais jamais pris la peine de… vérifier.
Similaires aux nains, les elfes ne mesuraient pas les mois en jour, mais en saison. Ainsi, leurs années ne comportaient que 4 mois, alors que les Relliars en avaient deux : l’accouplement, le non-accouplement.
Quant à la fois dont j’étais tombé sur cette information, et bien, je pensais juste que je devrais le demander… car après tout, tant de semaines s’étaient déjà écoulées.
La fin de l’année en cours et le début de la nouvelle était quelque chose que toutes les espèces intelligentes étaient d’accord parce que c’était quelque chose qui leur avait été donné apparemment par les Dieux. Ce jour coïncidait avec la fin du 6e mois chez les nains, donc l’alignement des deux lunes était toujours un bon marqueur pour cela.
Bien, laissant cette chose compliquée de côté, nous approchions maintenant de la porte de la ville à un rythme modéré. La route principale sur laquelle nous étions reliée à d’autres qui venaient du nord, de ce côté du Grand Gouffre.
Drakaria était une ville entourée de hauts murs blancs, atteignant jusqu’à près de 30 mètres de haut, voire plus. La ville semblait fortement fortifiée et plus centrée sur les attaques aériennes plutôt que les attaques au sol. Considérant la capacité du genre dragon à passer d’une forme à l’autre, il était naturel de penser à construire la capitale de cette façon.
Le palais était situé sur un terrain plus élevé que le premier mur, avec un autre mur qui le séparait du reste de la ville. De l’extérieur, ou plutôt du sommet de la colline où nous étions, je remarquai que malgré la beauté de son exécution et la beauté de son design, le palais était fortement protégé par quatre grandes tours placées aux quatre coins.
Du nord, une rivière coulait vers la ville, se divisant en deux dès qu’elle atteignait les murs extérieurs. L’un des cours d’eau autour du mur extérieur agissant comme un fossé et se terminant avec un petit lac tandis que l’autre cours d’eau se dirigeait vers le sud, suivant une ligne parallèle au Grand Gouffre.
Malheureusement, je ne pouvais voir plus de détails que cela, mais j’avais le sentiment qu’il était divisé en parties similaires à la façon dont les anciennes villes d’Europe étaient, ce qui signifiait en une zone noble, une zone marchande et une zone commune. Au moins, c’était ce dont je présumais. Une fois à l’intérieur, j’allais demander à Seryanna plus de détails à ce sujet, pour l’instant, nous devrions juste passer par les portes.
« Eijeer Nayus Nerver Il, » déclara Seryanna et une lumière jaune brillante se forma autour d’elle, émanant de son armure.
Cela m’avait pris par surprise, surtout comme j’étais derrière elle. Un petit avertissement aurait été bien, mais une fois que c’était fini, quelque chose avait changé.
« Qu’est-ce qui vient de se passer ? » demandai-je, surpris.
« J’ai annulé le sort d’illusion qui cachait les emblèmes sur mon armure. Ils représentent mon rang, mon statut, ainsi que mon affiliation à la troisième princesse que je sers, » avait-elle répondu.
En me reculant un peu, je pouvais voir plus clairement.
C’était un bouclier gris avec une fleur de lys blanc. Quatre feuilles vertes à sa base, et une épée pointée vers le haut étaient derrière le bouclier, laissant seulement la pointe et la poignée visible. Un design plutôt intéressant, mais très difficile à dessiner à mon avis.
« Pourquoi l’épée est-elle cachée ? » demandai-je.
« Pour représenter ce que représente la princesse. C’est-à-dire la défense avant l’attaque, » expliqua la dragonne.
Je n’en demandais pas davantage pour le moment, mais je devinais qu’en révélant cet emblème, elle déclarait maintenant au monde qu’elle était de retour en service actif. Les gardes à la porte ne nous causeraient probablement pas de problèmes pour nous laisser passer. Avec un peu de chance, ils ne questionneraient même pas mon espèce.
À ma grande surprise, dès qu’ils nous avaient vus, ils avaient salué et nous avaient laissé passer sans même poser une seule question. Ainsi, nous avions traversé les énormes portes destinées à éloigner tous les méchants et indésirables.
Au moment où nous étions entrés dans la ville, une mer de dragon apparut devant nous. Des gens normaux qui vivaient leur quotidien, beaucoup portaient des armures, d’autres des vêtements décontractés. Il n’y avait pas de tension dans l’air comme celle à Toros. Les gens ne nous avaient pas jeté un regard méchant ou plutôt... ils nous évitaient. Les gardes saluèrent en passant et les enfants relevèrent la tête de curiosité. La puissance de l’emblème était certainement forte, mais je m’étais demandé pourquoi elle ne l’avait pas montré jusqu’à maintenant. Il aurait été beaucoup plus simple de traverser les précédentes villes.
« Est-ce que c’est bon ? » demandai-je après quelques instants, plissant les sourcils.
« Que veux-tu dire ? » demanda Seryanna.
« Par rapport à ce qui s’est passé là-bas. N’étaient-ils pas supposés nous demander une pièce d’identité ou exiger un droit d’entrée ? » Je pointais du doigt par dessus mon épaule.
« Non. Dès que mon emblème est visible, il est clair que je suis d’un rang plus élevé que les gardes. En tant que chevalière au service de la royauté, je suis exempte de taxes d’état et peux donner des ordres à des gardes de la ville comme je le désire, mais seulement dans une certaine mesure. Cependant, je n’ai aucune autorité sur les gardes du palais, seuls les gardes royaux l’ont, » avait-elle expliqué.
« Plus beaucoup d’autres choses, non ? » demandai-je.
« En effet, » elle hocha la tête.
« Habituellement, le prix d’entrée à Drakaria est de 5 pièces de cuivre pour une nuit, une pièce d’argent pour un laissez-passer annuel et une pièce d’or pour une résidence permanente. Sauf si tu es un noble, alors c’est la moitié. Si tu travailles au palais, alors c’est gratuit, » avait expliqué Kléo.
« Alors, pourquoi sommes-nous passés gratuitement ? » demandai-je.
« Parce que tu es avec moi. Le chevalier et leur compagnie peuvent passer gratuitement, » avait dit Seryanna, puis elle avait tiré les rênes du Khosinni, nous conduisant à une rue sur la droite.
« Où allons-nous, au fait ? » demandai-je.
« À une bonne auberge que je connais dans le quartier des aventuriers, » m’avait-elle dit.
« Quartier des aventuriers ? » avais-je demandé.
Aujourd’hui, j’étais plein de questions sans réponses ou presque.
« La ville de Drakaria est séparée au nord dans le quartier des aventuriers et des marchands. Si nous allons sur l’autre route qui menait à gauche, nous serions arrivés dans la zone commerciale. La zone de l’atelier, la zone du marché et la zone de vie des commerçants forment le quartier des marchands. Au sud d’ici, nous pouvons atteindre une porte qui nous mènera à la zone extérieure du quartier commercial, les bidonvilles, et la zone de vie des travailleurs, » avait-elle calmement expliqué.
« Le palais royal est entouré par la zone noble, où vivent la plupart des classes supérieures de la noblesse, comme les ducs et les vicomtes, » Kléo avait ajouté cette explication.
« Je pense que j’ai compris la base, » avais-je hoché la tête.
« L’auberge était située dans le quartier des aventuriers, juste à côté du Hall de la Guilde. Ils ont une bonne gestion, » Seryanna hocha la tête.
« Pourquoi allons-nous là et non au palais ? » demandai-je.
C’était une question normale de mon point de vue. Franchement, je ne voyais pas de raison pour lesquelles nous ne pourrions pas.
« Parce que je peux vous faire entrer en ville, mais je ne peux vous faire entrer au palais sans une convocation d’un des nobles ou des membres de la famille royale qui y travaillent. À moins que la princesse ne vous appelle spécifiquement, vous ne pouvez rentrer, » expliqua calmement Seryanna.
« Oh... »
Je suppose que je suis hors propos ici ? m’étais-je demandé.
Pour moi, il n’y avait pas de grandes différences entre les nobles et les roturiers, mais ceux qui m’entouraient ne le voyaient certainement pas de cette façon.
« Ne t’inquiète pas. Reste à l’écart des ennuis et attends mon retour après la fin de ma rencontre avec la princesse, » me déclara-t-elle avec un petit sourire.
J’avais hoché la tête en réponse.
« Au fait, doit-on toujours rester dans une auberge quand on est convoqué par la princesse ? » demandai-je.
« Non, » elle secoua la tête. « Parce que je suis sa chevalière, j’ai une chambre appropriée dans le palais, » répondit-elle.
« Déception… je suppose que nous ne dormirons pas ensemble ce soir ? » demandai-je en posant mon menton sur son épaule.
« Je m’excuse, » elle baissa les yeux.
« Ne t’inquiète pas pour ça ! Va faire ton travail sans t’en préoccuper ! » Je lui avais fait un baiser sur la joue et lui ai fait un sourire.
Elle hocha la tête en réponse.
Pas si longtemps après notre petite conversation, nous étions finalement arrivés à l’auberge. Elle était remplie d’aventuriers, et ils avaient même une écurie. En parlant de cela, ces locations de Khosinni n’avaient pas forcément besoin d’être ramenées à l’endroit de location. Apparemment, peu importe où nous nous étions arrêtés, aussi longtemps que nous spécifions l’endroit d’où venaient les khosinnis et signé le formulaire de retour, nous pouvions en louer un autre. Puisque l’attaque contre des bandits et la rencontre de monstres dangereux était une chose prévisible, nous paierons une amende de plusieurs pièces d’argent en cas de perte ou de mort du Khosinni.
En échange de tous ces frais, nous pourrions louer et rendre la bête à n’importe quelle écurie officielle du royaume. Par conséquent, nous ne pouvions pas en acheter un à moins d’être un fournisseur autorisé, et nous devions toujours détenir le contrat de propriété ou, au moment où nous entrions dans une écurie, il serait confisqué.
Nous avions d’abord apporté le Khosinni à l’écurie, et après que nous ayons signé le formulaire de retour, nous étions entrés dans l’auberge. Les dragons à l’intérieur, tous éveillés par leur apparence, nous regardaient rapidement et retournaient ensuite à leurs conversations. Ils n’étaient pas tous des aventuriers. Parmi eux, j’avais repéré un groupe de quatre soldats et même quelques personnes qui ressemblaient à des colporteurs ambulants.
***
Partie 2
L’établissement lui-même était assez grand, capable de contenir plus de 100 dragons à ses tables. Avec deux étages au-dessus du rez-de-chaussée, le nombre de chambres était également suffisant. Là encore, c’était placé à côté du Hall de la Guilde, il était donc naturel pour eux d’avoir plus de clients que d’autres. Plus de dragons signifiaient plus d’argent, et plus d’argent était le but de chaque entreprise prospère là-bas.
En ce qui concerne l’architecture, il était fait d’un bois brun foncé. C’était solide et avec un parfum de nourriture et d’alcool déjà infusé. Comparé à la dernière auberge où nous étions entrés, celle en dehors de Toros, celle-ci n’était pas très bien décorée. Plusieurs statues en bois sculpté pourraient être vues dans la pièce, mais elles n’étaient pas toutes en bon état. L’une avait une coupure à l’avant, une autre était tachée de sang, tandis qu’une autre avait la tête noircie par le feu. Le fait que le propriétaire ne les change pas ne pouvait que signifier qu’il y avait une histoire derrière elles et peut-être qu’il attendait de le dire aux personnes intéressées.
Comme d’habitude, le barman et l’aubergiste utilisaient le même comptoir. Il y avait un dragon qui avait un tas de verres et de bouteilles à sa gauche, tandis que l’autre avait un tableau entier rempli de clés pour les chambres disponibles. Avoir un bureau de réception semblait être une perte de temps pour ces dragons.
Après Seryanna, nous nous étions approchés d’eux.
« Bonjour, Bayuk, Collentra, » la dragonne rousse les avait salués.
« Sire Seryanna ! Un plaisir comme toujours ! » répondit le dragon Bayuk avec un grand sourire.
« Oh ! Sire Seryanna, bon retour ! Comment s’est passé ton voyage à Tomeron ? » demanda l’aubergiste avec un sourire.
Ouaip, c’était une femme. Elle avait aussi une queue, mais pas d’ailes. La couleur de ses écailles était vert pâle.
« C’était agréable, » Seryanna hocha la tête.
« Et qui sont-ils ? » demanda Collentra tout en regardant par-dessus son épaule, directement vers nous.
« Des aventuriers et amis avec qui j’ai fait ce voyage. Celle-ci en revanche est ma jeune sœur. Te souviens-tu de Kléo ? » leur demanda-t-elle.
« Kléo ? Tu veux parler de cette fille espiègle ? » Demanda Bayuk.
« Acha~ ! » La dragonne en question se cacha derrière Kataryna.
« Hahaha ! Tu dois encore payer pour la farce que tu m’as faite quand tu avais cinq ans ! » lui dit Bayuk.
« Je vais… payer pour ça., » répondit Kléo.
« Pas besoin, chérie. Cette vieille queue de lézard avait peut-être un ton dur à l’époque, mais cela ne le dérangeait pas énormément, » déclara l’aubergiste dragonne en secouant la tête.
« Je comprends..., » Kléo hocha la tête.
Le fait qu’elles aient des écailles noires ne semblait pas les gêner, et les dragons ne nous avaient pas fixés jusqu’à présent.
« J’ai quelques chambres de libres, comme tu peux le voir, » Collentra pointa du doigt le mur à côté d’elle.
« Les soldats n’ont-ils pas posé de problèmes ? » demanda Seryanna en fronçant les sourcils.
« Non, » elle avait répondu en secouant la tête.
« Grâce à Son Altesse, la troisième princesse, ils n’ont aucune autorité sur cet endroit. Nous avons précisé que nous acceptons toutes personnes disposées à payer, mais les aventuriers et ceux étant affiliés à elle sont toujours les premiers à faire la queue. Cet emblème que tu nous as fait accrocher au mur là-bas est pratique de plusieurs manières, » Bayuk sourit et désigna quelque chose derrière nous.
Quand je m’étais retourné, j’avais vu une sculpture en bois ayant le même emblème que celui qui était maintenant sur l’armure de Seryanna.
« Ces camarades semblent être proches de vous deux, » avait souligné Kataryna.
« Ils étaient de bons amis de nos parents, » répondit Seryanna.
« C’est pourquoi nous gardons toujours une chambre de libre juste au cas où sa famille passerait, » avait souligné Collentra.
« J’apprécie votre gentillesse, mais il n’est pas nécessaire de nous offrir des privilèges spéciaux, » déclara Seryanna en secouant la tête.
« Non-sens ! C’est mon affaire. Et si je dis que je garderai toujours une pièce libre pour les enfants de mon bon ami, je le ferai ! » déclara Collentra en pointant un doigt griffu vers le plafond.
La dragonne avait déjà pris sa décision, et je doutais fort que nous puissions la changer.
« Notre affaire..., » la corrigea Bayuk.
« Oui, oui, ma chérie. » Il hocha la tête et tapota la dragonne sur l’épaule.
« De toute façon… combien de nuits, Sire Seryanna ? » Bayuk ignora sa femme.
« Je comprends. Utiliseras-tu ta chambre ? » demanda Collentra.
« Kléo l’utilisera. Je dois faire mon rapport au palais, alors il nous faudra trois chambres, » répondit la dragonne rousse.
Eh bien, elle avait sa chambre au palais, alors elle n’avait pas besoin d’être ici. Pas comme si elle ne pouvait pas dormir dans ma chambre ou celle de Kléo si jamais ce n’était pas le cas.
« Bien. Voici. Ce sera trois pièces d’argent. Les repas ne sont pas inclus, » Collentra avait déclaré ça en nous donnant les clés.
« Cela semble bon marché, » avais-je dit.
« Les aventuriers ont une réduction spéciale. En plus de cela, vous êtes avec Sire Seryanna. C’est tout naturel que j’ajoute une autre réduction ! » répondit joyeusement la dragonne.
« Nous obtenons ZÉRO bénéfice à cela, mais ce n’est pas comme si nous n’avions pas de chambres libres, » Bayuk souligna et regarda ensuite le mur où les clés étaient conservées.
« Effectivement. Pour nous, c’est comme si ce n’était rien, » Collentra sourit.
« En parlant de ça, pourquoi as-tu posé des questions sur les soldats, Seryanna ? » demandai-je à la dragonne en me souvenant de la conversation précédente.
« À en juger par la situation à Toros, j’avais présumé que ce nouveau général de la rumeur allait remplir les auberges de la ville avec ses troupes. Parfois, ça arrive, » avait-elle expliqué.
« Veux-tu parler de Sire Draejan Andrakaryus Doesya ? » Demanda Bayuk.
« Oui, c’est lui. » Seryanna hocha la tête.
« C’est bien le cas. L’un de ses hommes de main est venu il y a quelques jours et nous a ordonné de vider les chambres pour certains de ses commandants. J’ai haussé les épaules, et j'ai montré l’emblème sur le mur et lui ai dit avoir reçu des ordres de Son Altesse, la troisième Princesse, de ne pas écouter de telles demandes. Ils sont restés silencieux un moment, puis sont partis, mais l’un d’entre eux a dit quelque chose... » Bayuk baissa les yeux, et je pouvais y voir un signe d’inquiétude.
« Qu’est-ce qu’il a dit ? » Demanda Seryanna.
« Il a dit… “pas pour longtemps”. Je ne peux m’empêcher de me demander si quelque chose se passe au palais, » répondit Bayuk en se grattant la barbe.
Seryanna regarda l’emblème accroché au mur et plissa les yeux. Je pouvais dire que quelque chose n’allait pas, et je n’étais pas le seul.
« Quelque chose ne va pas, grande sœur ? » Demanda Kléo.
« Je ne sais pas… mais quelque chose ne va pas avec ce nouveau général. Je suis tout à fait certaine que grand-père a informé Sa Majesté de son état actuel, alors pourquoi ce général prend-il le dessus ? » se demanda-t-elle.
« Peut-être que quelqu’un est en train de comploter quelque chose dans le dos du roi ou l’a forcé à prendre cette décision ? » j’avais exprimé mon opinion, même si je ne savais pas comment la politique fonctionnait dans ce pays.
« Hm... » L’expression de Seryanna devint grave.
« Euh..., » j’ai cligné des yeux, surpris.
« Je m’excuse, mais je pars maintenant pour le palais. Êtes-vous d’accord ? » demanda-t-elle alors qu’elle me regardait, puis les deux autres dragonnes.
« Ne t’inquiète pas, grande sœur ! Nous avons même une éveillée supérieure ! » Souris Kléo.
« Une éveillée supérieure ? » Collentra cligna des yeux de surprise en regardant Kataryna.
La dragonne en question avait simplement haussé les épaules comme si ce n’était rien d’important.
« Oui, nous irons bien. Tu peux aller prendre soin de ce que tu dois faire. Quand tu voudras nous rejoindre, fais juste passer le mot, » lui avais-je fait un sourire.
Elle hocha la tête puis nous avons partagé un rapide baiser.
« Prends soin de toi, » me déclara-t-elle avec un sourire attentionné.
Après son départ, je m’étais retourné et avais vu que l’aubergiste et le barman me regardaient avec la bouche béate. En fait, il y avait quelques dragons ici nous regardant de la même manière.
« Quoi ? » avais-je demandé en étant un peu confus.
« Toi… et Sire Seryanna… COMMENT ? » Bayuk était celui ayant demandé.
« C’est arrivé comme ça, » avais-je haussé les épaules comme si de rien n’était.
« Oh, mon Dieu, quels invités intéressants nous avons cette fois ! » rigola Collentra.
J’avais penché la tête vers la gauche, mais après un moment de réflexion, j’avais réalisé qu’être dans un groupe avec une éveillée supérieure et une chevalière comme Seryanna n’était pas quelque chose de commun. C’était juste que nous nous y étions habitués et que ça ne nous dérangeait pas trop. Pour les dragons normaux, nous étions un groupe assez spécial.
Quant à moi… j’avais probablement l’air le plus normal du groupe. D’ailleurs, j’étais aussi un humain, ce qui soulevait encore plus de questions.
☆☆☆
***Point de vue de Draejan Andrakaryus Doesya***
J’avais regardé par la fenêtre de mes chambres au palais et avais vu Sire Seryanna passer les portes.
« Alors le pion est enfin arrivé, » avais-je souri.
Ce n’était pas par hasard qu’elle était ici à un moment si important. Le soi-disant tournoi n’était qu’un moyen pour moi de réorganiser mes troupes, et un spectacle agréable aux yeux du public. Les dragons respectaient la force, et j’avais l’intention d'enfoncer de force ce fait dans leur tête. Ceux qui voulaient gravir les échelons de la société devaient avoir la force de le faire.
Bien sûr, à l’insu des autres, c’était aussi un moyen d’affaiblir la faction de ma tante, la troisième princesse d’Albeyater. Je n’avais aucun désaccord officiel avec elle, mais la façon dont elle faisait les choses était indigne d’un dragon. Même son emblème était honteux pour notre espèce.
Néanmoins, elle était de sang royal, et ma propre tante, mais cela en soi m’avait permis de prendre possession de l’un de ses atouts les plus précieux… l’armée de Brekkar.
Depuis que le vieil homme était tombé malade, j’avais toujours veillé à tirer toutes les ficelles possibles pour acquérir le poste de général. Si j’échouais maintenant, alors ma prochaine chance serait dans plusieurs centaines d’années ou quand un de nos généraux tomberait au combat.
Je ne voulais pas attendre aussi longtemps, mais je n’étais pas assez stupide pour lancer une attaque sur l’un des atouts les plus précieux du royaume. Affaiblir notre armée équivaudrait à m’affaiblir.
« Sire… je crois que j’ai des nouvelles intéressantes... »
Celui ayant parlé était à l’entrée. Non, pour être plus précis, il venait de se téléporter ici. Il n’y avait qu’un seul individu pouvant le faire.
En me retournant, j’avais regardé mon esclave, un héros humain avec une capacité de téléportation.
« Parle, Kronius ! »
« Oui, maître. » Il s’inclina. « Celui qui accompagne Sire Seryanna est un héros humain comme moi. Je crois qu’il détient une capacité de renforcement. Quand nous nous sommes battus, j’ai pu le couper avec mon épée, mais quand je l’ai frappé, j’ai failli me casser le poing. »
« Jusque là, tu n’as rien dit d’intéressant. » J’ai plissé les yeux vers lui.
« Cet... humain a embrassé Sire Seryanna. » Il sourit.
Ma main tenant mon épée s’était resserrée, et j’avais laissé échapper une aura exerçant une forte pression tout autour de moi.
« Un humain a fait quoi ? » demandai-je avec colère.
***
Chapitre 41 : La lettre qui scelle leur destin
Partie 1
***Point de vue de Seryanna***
Dès qu’Alkelios avait mentionné la possibilité d’un complot, je m’étais précipitée hors de l’auberge et étais retournée au palais. Il n’y avait pas de temps à perdre, et je devais rencontrer Son Altesse, la troisième Princesse, maintenant plutôt que tard.
Actuellement, l’armée de Brekkar était l’atout dans la manche de Son Altesse, mais avec leur général dans un état critique présumé depuis plus de 30 ans, il y avait de fortes chances que Sa Majesté, le roi, essaierait de la restaurer.
Quand nous étions à Tomeron, grand-père avait dit à Alkelios qu’il avait été général pendant 50 ans. Ce n’était pas faux, mais ce n’était pas non plus correct. Ayant atteint l’éveil supérieur à l’âge de 234 ans, il était rapidement devenu l’un des combattants les plus estimés du Roi. À l’âge de 300 ans, il était déjà considéré comme la main droite de Sa Majesté. Pendant plus de 100 ans, mon grand-père fut le général le plus puissant de notre royaume, jusqu’à la naissance de la troisième princesse. À ce moment-là, le Premier ministre avait suggéré que grand-père fasse partie du camp de la troisième Princesse et proclama ses réalisations en son nom.
D’un point de vue militaire, cela n’avait rien changé. Tout cela était un jeu politique pour garder la troisième Princesse à l’abri des éventuels nobles corrompus qui auraient fait n’importe quoi pour rentrer dans la famille royale ou utiliser leur pouvoir pour leur propre profit. Grand-père était devenu l’outil parfait pour cela, mais alors… cet événement avait eu lieu… Grand-père avait été estropié, et le pouvoir soutenant la princesse avait diminué d’année en année.
Il y a trente ans, elle avait plus de vingt chevaliers… maintenant, elle n’avait plus que moi. Si elle devait perdre à la fois l’armée de Brekkar et moi-même, alors la troisième Princesse finirait par jouer le rôle d’une pièce politique. Son libre arbitre sera enchaîné et sa liberté sera prise.
Je ne peux laisser ça arriver… Je ne peux pas la laisser finir comme ça... En tant que Chevalière royale, c’est mon devoir de la protéger… Peu importe le coût, m’étais-je dit en entrant dans le palais et me précipitant dans ses appartements.
Dès que j’avais atteint le couloir, j’avais remarqué qu’il n’y avait même plus de gardes qui la protégeaient.
En déglutissant, j’avais frappé à la porte.
« Princesse Elleyzabelle ? C’est moi, Sire Seryanna. Je suis revenue selon votre demande, » déclarai-je.
« Entrez. » La voix calme que je connaissais avait répondu de l’autre côté du mur.
En me tenant bien droite, j’avais ouvert la porte et étais entrée dans sa chambre.
Là, devant la fenêtre, j’avais vu la dragonne que j’avais décidé de servir dans cette vie.
Debout et faisant une tête de moins que moi, elle portait une belle robe blanche d’un design simple, mais élégant. Des fleurs étaient cousues au bas de l’ourlet, tandis que des feuilles d’or étaient brodées sur la partie supérieure. Le corsage était simple et faisait ressortir sa poitrine, mais cela la cachait derrière les fioritures de son décolleté. Elle avait des manches longues qui s’étendaient plus grandes que son bras, mais ne touchait pas le sol.
En ce qui concerne ses traits de dragonne éveillée, sa queue était totalement blanche et dépourvue de pointes, mais elle était longue et simple à contrôler. Ses ailes étaient grandes, plus que celles de Kataryna, mais bien qu’apparaissant blanc, il y avait une ligne d’écailles dorées au-dessus de l’os, et je savais que cette ligne d’écailles continuait sous ses vêtements et le long de son dos, se terminant au commencement de la queue. Ses yeux dorés étaient fendus comme ceux d’un dragon en forme de bête, et une paire de cornes blanches droites avait commencé juste derrière ses oreilles pointues. Sur la gauche et la droite de mâchoire inférieure, trois écailles étaient alignées et pointaient vers son menton. Une seule écaille dorée s’était formée sur chacune de ses pommettes.
« Je suis contente de vous voir arrivée en bonne santé. Comment s’est passé votre voyage ? » demanda-t-elle.
Son sourire était doux comme toujours, apaisant le cœur et l’âme.
« Le voyage s’est bien passé et j’ai rencontré des personnes intéressantes, » répondis-je après m’être agenouillée devant elle comme un chevalier devant son maître.
« Relève-toi, » déclara-t-elle, puis elle se retourna pour regarder par la fenêtre.
« Oui, Votre Altesse. » Répondis-je respectueusement, puis me redressai.
J’avais attendu patiemment que la princesse soit la première à parler, donc je ne serai pas considérée comme impolie ou irrespectueuse envers elle. Lorsque vous parliez avec quelqu’un de la royauté, peu importe si vous étiez un ami ou non, il fallait respecter le code et les règles déclarées depuis les temps anciens étaient une pratique courante, sinon, nos gestes et nos paroles auraient pu facilement être interprétés comme un acte de trahison envers le royaume lui-même.
En tant que telle, je me sentais un peu méfiante à l’idée de laisser Alkelios rencontrer Son Altesse. Il était important de lui enseigner les manières de la cour et l’étiquette, malheureusement, je ne pouvais pas le faire tout au long de notre voyage. Je pensais aussi en premier lieu que je n’étais pas la plus apte à le faire.
« T’es-tu fait de nouveaux amis ? Lady Gorrashy a demandé à propos de toi la dernière fois que nous nous sommes rencontrés, » demanda-t-elle d’un ton calme.
« Merci, Votre Altesse, de me l’avoir fait savoir. Je veillerai à la rencontrer dès que j’en aurai le temps. Eh oui, je me suis fait deux nouveaux amis. Une dragonne qui a atteint l’éveil supérieur, qui s’appelle Kataryna Georg, et un héros humain qui s’appelle Alkelios Yatagai, » j’avais répondu honnêtement d’une voix respectueuse et calme.
Mentir ou se faufiler face à mon maître serait une sorte de trahison. Ses ordres pour moi étaient absolus tout comme ceux de Sa Majesté le roi. En tant que chevalière, j’étais obligée de répondre et de suivre les ordres de ces deux personnes. Le Premier ministre ne pouvait tout au plus agir que comme un simple messager en cas de simples instructions.
« Un humain et une éveillée supérieure dont je n’ai pas entendu parler jusqu’à présent ? » elle se retourna. Puis elle me regarda avec une expression sérieuse.
« Oui, » avais-je répondu en baissant la tête.
J’étais restée dans cette position, car j’avais compris que cette affaire n’était pas à prendre à la légère.
« Cet humain… tu as dit qu’il était un héros humain, n’est-ce pas ? Qu’est-ce que cela implique ? » demanda-t-elle.
« Oui. Alkelios m’a dit qu’il y a quelque mois, lors de notre rencontre, qu’une entité semblable à Dieu a amené 10 millions d’humains de son monde à nous, lui inclus, et leur a donné des pouvoirs et des capacités uniques. D’après ce que j’ai compris, ils ont été dispersés dans notre monde et se sont mêlés à toutes les civilisations, » avais-je répondu.
« Alors, sont-ils des alliés des royaumes humains ? » me demanda-t-elle. Et je pouvais sentir un peu d’inquiétude dans sa voix.
« Non. J’ai confirmé par le comportement et les paroles d’Alkelios qu’au moment de leur arrivée, aucun de ces 10 millions ne peut être considéré comme les alliés du règne humain, » répondis-je.
« Pourquoi est-ce ainsi ? » demanda-t-elle.
« Alkelios est un humain qui ne fait pas de différence entre roturier et noble. Ils se comportent tous de la même manière. J’irais même jusqu’à dire que son comportement ressemble beaucoup à celui d’un éveillé supérieur. C’est parce que dans son monde, ils ont un système politique différent n’ayant pas de telles classes et tout le monde est considéré comme plus ou moins égal, » répondis-je.
« C’est absurde ! Comment quelque chose comme ça pourrait-il être vrai ? Sans une autorité comme un roi, un pays tomberait dans le chaos ! Pire encore, il succomberait lentement à la corruption et à la cupidité de ceux qui prospèrent dans le monde de la politique ! Sans un roi, un tel ravageur ferait ce qu’il voudrait dans le pays et les roturiers en dessous souffriraient beaucoup ! » La princesse parla d’une voix rude, montrant son mécontentement et sa désapprobation face à un tel système.
« Pourtant, c’est ce qu’il prétend, et je peux constater que jusqu’ici, il n’a pas dit de mensonges. Même mon grand-père l’a approuvé, » avais-je ajouté.
« Quoi ? Même Sire Brekkar… C’est… inattendu, » la princesse semblait être choquée par cette information.
C’était une information énorme, surtout quand on regardait tout ce qui s’était passé au cours des 100 dernières années et plus précisément pendant la guerre il y a 38 ans. Normalement, je ne devrais pas regarder Alkelios comme un amoureux… mais avec un regard de haine.
Heureusement, mon grand-père pensait mieux, et c’était lui qui avait déclaré que tous les humains qu’il rencontrait n’étaient pas mauvais. Certains avaient été forcés par leur société à agir comme ils l’avaient fait, tandis que d’autres avaient été menacés. En réalité, il y avait beaucoup d’humains désapprouvant cette guerre autant que les dragons, mais la différence entre les opinions des roturiers et celles de la famille royale était aussi différente que celle entre le soleil et les lunes. C’était une vérité absolue.
« Alkelios Yatagai est aussi l’homme que j’aime, » déclarai-je.
« Quoi ? Mais c’est un humain ? Surtout après ce que son genre a fait à ta famille, tu… pourquoi ? » demanda-t-elle, mais j’avais compris par son ton qu’elle n’était pas seulement confuse, mais aussi inquiète pour mon bien-être.
« Je crois fermement qu’il n’est pas comme ceux ayant causé du tort à nos deux familles… je ne pense pas non plus que ses paroles soient des mensonges et que ses sentiments soient faux, » ai-je répondu d’une voix calme.
« Si c’est ce que tu crois, alors je vais avoir foi en toi. » Elle laissa échapper un soupir.
« Merci, Votre Altesse. »
« Malheureusement, je ne crois pas que mon père et les autres nobles du palais seront d’accord avec cela, en particulier Draejan Andrakaryus Doesya, » elle laissa échapper un autre soupir.
« C’est peut-être le cas, mais si vous ou le roi m’ordonnez de rompre tout lien avec lui, alors… avec un cœur lourd, je le ferai, » répondis-je.
Je sentais que ces mots avaient du mal à sortir, et mon cœur battait de douleur. Sans m’en rendre compte, même mes paumes détendues s’étaient serrées, montrant mon envie que l’on n’en vienne pas là.
Après un moment de silence, la princesse avait parlé. « Je ne t’ordonnerai jamais une telle chose, mais mon père… l’a déjà fait. »
Ces derniers mots m’avaient frappée comme le poing du monstre le plus fort de la forêt Seculiar. Ils avaient arrêté mon train de pensée et m’avaient amené dans un état où je regardais la princesse avec une expression confuse.
« Soupir… Dans quel état penses-tu que notre groupe est actuellement ? » demanda-t-elle.
« Euh… je m’excuse, mais je suis partie de la capitale depuis un moment, maintenant. Si je me souviens bien, il y avait au moins une douzaine de gardes sous votre commandement, l’armée de Brekkar, moi-même, Dregarya Gorrashy, et environ sept maisons nobles, » avais-je répondu.
« C’était le cas. Maintenant, seules toi et Dregarya Gorrashy êtes encore à mes côtés. Je n’ai plus de gardes à commander et pas de soutien de la part d’une famille noble, sauf la tienne, » elle baissa les yeux.
« Quoi ? Comment cela peut-il être le cas ? » demandai-je, perplexe.
Il n’y avait aucun moyen que le parti de la troisième princesse ait succombé à un tel degré si rapidement.
Tournant son regard vers le bureau à côté du mur, elle m’avait alors dit : « S’il te plaît, lis la lettre. »
J’avais hoché la tête, puis je me dirigeai vers elle.
Je l’avais prise et avais lu les lignes suivantes.
À la troisième Princesse du Royaume dragon Albeyater, Elleyzabelle Sojourn Seyendraugher, je souhaite officiellement vous informer que Sa Majesté, le Roi d’Albeyater, Feryumstark Seyendraugher, déclare que mon engagement avec Seryanna Draketerus était officiel et d’une grande importance pour le royaume d’Albeyater.
Leur estimée Altesse, le prince Charmeill Seyendraugher et le prince Elovius Seyendraugher ont tous deux exprimé leur accord et leurs remarques positives à l’égard de la sage décision de Sa Majesté.
En tant que prochain général de l’armée de Brekkar, je crois que cette union apportera un avenir des plus florissants pour nos deux parties.
De Draejan Andrakaryus Doesya, le fils estimé du duc de Doesya et de la sixième princesse d’Albeyater.
Une seule pensée me traversa l’esprit quand je lisais ces mots : quelle sorte de blague est-ce ? Engagement ? Depuis quand ?
La même chose dont j’avais parlé avec Alkelios il y a peu de temps s’était révélée être une vérité inévitable, tout comme un mouton attendant le moment opportun pour bondir sur un loup. La seule autorité qui pouvait déplacer tout le monde à sa guise, le roi, était celle acceptant et… ayant ordonné cet engagement.
En tant que chevalière, peu importe à quel point j’étais contre, nier cet ordre équivaudrait à trahir tout le pays et, plus important encore, la princesse que je servais. Il ne me restait plus qu’à m’incliner et obéir comme le sujet loyal que j’étais… Je ne pouvais même pas crier et m’enfuir avec la queue entre les jambes.
Avec mes mains figées sur la lettre, mes émotions étaient secouées dans ma poitrine. La rage, la colère, le chagrin et le désespoir… Ils s’entassaient tous et déchiraient mon cœur. Il n’y avait pas d’issue, pas d’échappatoire. Mais il était clair qu’il y avait plus à cette lettre, plus à cette moquerie de mes sentiments.
Puis, comme si elle lisait l’atmosphère qui régnait dans mon cœur, la princesse parla.
« Drôle comment les choses se sont déroulées… comme un château de cartes, tout est tombé à ce moment-là, il y a 38 ans, » la princesse laissa échapper un soupir.
« Votre Altesse..., » j’avais essayé de parler, mais soudain… mes joues étaient mouillées.
Je pleure ? Pourquoi ? pensais-je en état de choc, mais j’avais rapidement essuyé mes larmes, mais elles continuaient à couler.
***
Partie 2
Une main douce fut placée sur mon épaule et une paire d’yeux dorés emplis de culpabilité me regarda. La princesse s’était mordu la lèvre inférieure et avait baissé les yeux.
« Je suis désolée... je n’ai pu vous protéger, ma dernière chevalière, » déclara-t-elle.
Mes genoux étaient devenus faibles, mais j’avais refusé d’abandonner et de tomber. J’avais refusé de le faire, pourtant... il n’y avait rien que je puisse faire.
« Je... pourquoi ? » Était tout ce que je pouvais demander alors qu’un gémissement s’échappait de mes lèvres.
« Draejan a frappé deux oiseaux avec une pierre comme ils disent... l’occasion est venue, alors il l’a saisi. » La princesse secoua la tête. « Tu sais, dès que j’ai reçu cette lettre, j’ai appris que les gardes à l’extérieur de ma chambre avaient été convoqués. À ce moment, je n’avais pas le pouvoir de m’en protéger. Malgré tout, je me suis précipitée chez mon père, pour le supplier d’annuler ces fiançailles, mais les gardes ne m’ont pas laissé le voir. Mon frère, le Premier ministre Elovius, est venu me parler au nom de mon père. Il m’a dit qu’il était trop occupé pour faire face à ma “crise de colère” du moment. » Elle serra ses poings délicats et fixa le sol.
Même si elle était comme ça, le ton de sa voix restait calme. Même maintenant, elle se forçait à agir comme une princesse diligente et élégante, comme le veut son statut royal.
Mais à partir de ses mots, j’avais bien compris ce que cela signifiait... le groupe de la Troisième Princesse s’était effondré. J’étais son dernier piédestal... C’était un mouvement presque brillant, mais dévastateur pour tous nos futurs.
« Merci pour vos efforts, Votre Altesse... j’apprécie, » j’avais parlé, mais ma voix sortait à peine.
« Il n’y a rien à me remercier, j’ai échoué. » Elle ferma les yeux et tourna la tête vers la gauche. « Avec Draejan nommé comme général de l’armée de Brekkar, je pensais qu’il ne durerait pas longtemps parce que les soldats ne seraient pas à l’écoute comme ils le seraient pour mon grand-père. Mais ensuite, il est venu avec cette idée de tournoi pour promouvoir les plus forts parmi eux, gagner la faveur de beaucoup dans les rangs de commandement. Le coup final vint lorsqu’il proposa à mon père de le laisser te prendre pour épouse... ainsi, le nouveau général. Le moral des soldats s’élèverait au lieu de baisser. Et avec l’approbation de mes frères, il a pratiquement enlevé mon armée... et ma dernière chevalière. Il a gagné... »
« Il n’y a rien que nous puissions faire ? » avais-je demandé en espérant quelque chose... n’importe quoi.
« C’est une déclaration de mon père... non pas une suggestion, » avait-elle souligné.
En effet, cela ressemblait à un ordre. Si c’était ce dernier cas, j’aurais pu amener Alkelios et peut-être le convaincre de ne pas le faire. Cela aurait pu être ma dernière chance, mon dernier recours, mais malheureusement, cela aussi a été annulé.
« Tu dis que tu aimes cet Alkelios, correct ? » m’avait-elle demandé.
« Oui, c’est le cas, » répondis-je sans le moindre signe d’hésitation.
« Alors... peut-être... Hm, amène-le-moi. Si notre interview se passe bien, il y aura peut-être encore une chance de renverser la situation. Au mieux, annuler les fiançailles ou les retarder en convaincant Père qu’Alkelios est de notre côté et non de celui des humains, » elle me regarda avec un regard déterminé dans les yeux.
« Mais qu’en est-il de vous, Votre Altesse ? » demandai-je.
« Mon destin est déjà scellé comme une simple pièce sur l’échiquier politique à échanger lorsque cela sera nécessaire. De cette façon, je peux au moins essayer de te garder, ma dernière chevalière et aussi amie, loin de la poigne de ce dragon, » elle m’avait fait un sourire.
« Je vous remercie du fond du cœur ! » Je répondis et m’agenouillai devant elle.
Pour penser que même avec cette dernière goutte de sa force, elle essayait toujours de m’aider. Dans mon cœur, je savais que j’avais choisi le bon maître à servir, même si son pouvoir politique était maintenant presque inexistant.
« Mais vous devriez d’abord aller visiter Dregarya Gorrashy. Demande-lui de réparer ton armure, on dirait que tu viens de rentrer d’une bataille féroce, » m’avait-elle dit.
« Oui, Votre Altesse. Pour être plus précis, j’ai affronté Kataryna Georg en combat et ensuite, une armée de morts-vivants dragons engendrés par le donjon près du village Pertiko. Dans les deux cas, je suis très reconnaissante pour la coopération d’Alkelios, car c’est lui qui a réussi à mettre fin aux deux batailles, » j’avais exprimé mon opinion honnête.
« Est-ce vrai ? J’en tiendrai compte quand nous nous rencontrerons pour la première fois, » elle hocha la tête.
« Ensuite, je vais aller voir Dregarya Gorrashy avant d’émettre la convocation officielle à Alkelios Yatagai, Kataryna Georg, et ma sœur Thraherkleyoseya Draketerus, » avais-je dit. Puis j’avais fait un salut respectueux devant ma princesse.
J’avais mentionné leurs noms parce que je pensais qu’ils pourraient aussi être utiles maintenant, quand son groupe manquait à la fois en nombre et en force pour la garder à flot dans le palais. Avec un peu de chance et peut-être un souhait d’Alkelios, je pourrais aussi sauver la princesse.
« S’il te plaît, fais-le, » elle hocha la tête et je quittai sa chambre.
☆☆☆
***Point de vue de la Princesse Elleyzabelle***
Lorsque ma dernière chevalière, Seryanna Draketerus, avait quitté ma chambre, j’avais poussé un soupir et m’étais allongée sur mon lit. Bien que je ne l’ai jamais mentionné pendant notre conversation, mais cette lettre avait été reçue l’autre jour. C’était écrit d’une telle manière présentant une confiance absolue que je n’avais pas d’issues.
Sans un chevalier à mes côtés, je n’avais littéralement aucune protection, ce qui, en soi, pousserait les nobles à demander de me marier dans une famille étrangère. La plupart de mes jeunes sœurs avaient toutes été mariées dans des familles nobles prospères afin de maintenir leur sécurité et leur style de vie luxueux, tout en maintenant leur loyauté absolue à la couronne. Ma plus jeune sœur, Decessere Jenne Seyendraugher, la cinquième princesse d’Albeyater, avait été mariée au quatrième prince de l’Empire dragon Embryger.
Pendant ce temps, la Première et la Seconde Princesse devaient être mariées à la famille ducale la plus en vue lors du couronnement du Premier Prince, Charmeill. Mon second frère aîné a été forcé dans le rôle du Premier ministre et en cas de la disparition du Premier Prince, il monterait sur le trône.
C’était drôle, d’un point de vue extérieur, on pourrait aller jusqu’à considérer qu’il y avait beaucoup de luttes internes, mais la vérité était loin de là. Nos soutiens et nos pouvoirs politiques déclaraient notre statut social et notre capacité à évoluer dans le royaume. Cette sorte de force était approuvée à la fois par la noblesse et la royauté. L’assassinat et autres étaient détestés. Seul le plus bas des nobles pouvait penser à de telles choses.
En d’autres termes, comme nous étions si nombreux, essayer de nous tuer les uns après les autres aurait été trop difficile et finalement inutile. Cependant, en déplaçant leur faveur et en soutenant ceux avec un bon futur promis, les familles nobles auraient beaucoup plus à gagner.
Cette faveur et ce soutien étaient comptés par le nombre de chevaliers servants sous nos ordres, la force de nos armées individuelles et la force des individus que nous pouvions commander directement. Ainsi, après avoir quelqu’un ayant atteint l’éveil supérieur sous quelqu’un de la famille royale était suffisant pour garantir notre valeur dans le royaume.
La raison en était simple en soi. Les éveillés supérieurs avaient tous une façon de penser très particulière qui différait de la notre, qui étaient simplement éveillés. Ils ne voyaient ni la noblesse ni les gens ordinaires, seulement la valeur de la force. Pour le dire simplement, il était hautement impossible de forcer l’un d’eux à penser comme le souhaitent les nobles pourris. Ainsi, si j’en avais un sous mon commandement comme pour Brekkar par le passé, alors ma valeur sur le plan politique et sur le terrain militaire resterait incontestée.
Il y a 40 ans, mon armée menait la campagne anti-humaine. Pour cette raison, mon pouvoir politique était aussi élevé que celui du prince héritier. Mais maintenant... je n’avais même pas la certitude que je peux demander à l’un des gardes du palais de m’escorter à l’extérieur et que je peux revenir en toute sécurité. S’ils n’avaient rien à faire, peut-être, mais si l’un de mes frères et sœurs leur donnait un autre ordre, ils ne m’écouteraient pas et ne les écouteraient pas.
En prenant une profonde inspiration, je laissais échapper un lourd soupir puis levai les yeux vers le plafond.
« Si cela se passe bien... si je peux convaincre Kataryna Georg de me suivre, je pourrais reprendre mon pouvoir même en ayant perdu l’armée de Brekkar. En fait, je pourrais probablement en construire une autre avec sa force. Quant à Alkelios, s’il est un humain ayant attiré l’attention de ma chevalière, sa valeur est aussi inestimable... si je peux avoir un conseiller militaire humain dans les prochaines guerres, alors les dragons n’auraient rien à craindre lors d’une autre incursion comme celui d’il y a 38 ans... mais me suivra-t-il ? Si je libère Seryanna, il devrait... mais nous trahira-t-il ? C’est ce que j’ai besoin de savoir... S’il est un humain sans valeur, alors je suppose que Seryanna vient de commettre une erreur puérile. Elle doit encore s’éveiller, alors ce n’est pas impossible. Tous les enfants font des erreurs..., » m’étais-je dit en laissant échapper un soupir.
Peut-être que c’était mauvais de penser à mes amis comme des pions dans mon jeu, mais... à ce moment-là, c’était soit cela ou souffrir la vie d’une pièce politique. Ma chasteté et ma liberté seraient échangées comme une sorte d’accord entre les royaumes... ou simplement pour améliorer les relations entre Albeyater et Embryger.
Ce n’était pas comme s’ils ne pouvaient pas utiliser une autre de mes sœurs, mais j’étais la seule parmi elles à avoir la capacité politique et militaire pour finir par être utile à Albeyater, tout en ayant si peu de soutien que personne ne s’opposerait à ce que j’épouse un prince étranger.
Chacun d’entre nous avait ses propres jeux en politiques, et le mien avait fini par me faire perdre. Mais quand j’avais pensé à l’arbre généalogique de la famille royale d’Albeyater Seyendraugher et que je l’avais organisé par âge, j’avais eu un mal de tête.
Prince héritier, Charmeill 324 ans.
Second fils, Premier ministre, Prince Elovius 318 ans.
Première princesse, Natalia 302 ans.
Troisième prince, Baluth 280 ans.
Quatrième prince, Navarus 261 ans.
Seconde princesse, Joséphine 250 ans.
Cinquième prince, Dorrian 231 ans.
Sixième prince, Zadangarok 201 ans.
Septième prince, Basphermus 188 ans.
Premier prince adopté, Coshun 180 ans, morts.
Second prince adopté, Kryogan 162 ans.
Troisième prince adopté, Mostrack 160 ans.
Quatrième prince adopté, Pluvius 140 ans.
Troisième princesse, Elleyzabelle Sojourn 110 ans.
Quatrième princesse, Mayelle Kristoff 102 ans.
Cinquième princesse, Decessere Jenne 94 ans.
Sixième princesse, Noyelle Praz 92 ans
Septième princesse, Saluka Fer 86 ans.
Huitième princesse, Constance 80 ans.
Neuvième princesse, Jaquelinne 62 ans.
Dixième princesse, Corsonna 58 ans.
Onzième princesse, Neptuneya 34 ans.
Les jumeaux:
Douzième princesse, Shezelle Eska 12 ans.
Huitième prince, Ashernitz Kos 12 ans.
Mais dans cette liste, je n’avais compté aucun de leurs conjoints et donc des familles élargies, des enfants, etc.
Quand j’y pense, cela ressemble plus à une situation politique gagnant-gagnant pour tout le monde sauf moi et Seryanna. Si j’étais à la place de mon père, je n’hésiterais pas à me marier à l’un des princes célibataires de l’empire pour consolider davantage la relation entre nous. D’ici à une alliance officielle, cela ne prendrait pas trop de temps, et cela résoudrait aussi le problème actuel des campagnes agressives liées aux invasions humaines. Les armées de l’empire Embryger ne sont pas une blague. Pensais-je en regardant dans ma tête la carte politique globale de notre continent.
Notre ennemi principal était situé sur le continent humain, l’empire humain Akutan...
***
Chapitre 42 : Un conseil d’amie
Partie 1
***Point de vue de Seryanna***
La nouvelle que m’avait apportée la princesse Elleyzabelle était dévastatrice. Quand j’avais fermé la porte derrière moi, je me sentais comme si ma force m’avait quittée, mais en tant que chevalière, je ne pouvais pas me permettre de succomber face à ma situation. Je n’avais pas le droit de montrer une telle faiblesse...
J’avais essayé de penser d’une manière positive que peut-être quelque part il y avait encore une petite lumière d’espoir. Si maintenant je me battais dans une campagne et me trouvais prise au piège dans une forteresse encerclée d’ennemis, abandonner ou succomber au désespoir ne ferait que réduire le moral de mes troupes. Ainsi, je devais rester forte et me battre jusqu’à la toute fin parce que je ne pourrais jamais savoir quand ce rayon d’espoir apparaîtra.
Prenant une profonde inspiration et avec un regard calme, je me frayai un chemin à travers le palais royal jusqu’à ce que j’atteigne la sortie à l’arrière. De là, c’était un chemin droit vers la grande forge à côté du mur, où les meilleurs forgerons du royaume forgeaient leurs armes et armures.
Trois grands fours étaient alignés l’un à côté de l’autre, soufflant de la fumée à travers leurs hautes cheminées. Plus d’une douzaine d’enclumes étaient alignées devant eux et plusieurs dragons frappaient énergiquement des morceaux de métal chauffé tenu avec leur pince. Parmi eux, j’y avais vu mon amie, Dregarya Gorrashy.
Avec le tablier de cuir typique que portaient la plupart des forgerons, des gants de cuir épais et un gros marteau dans la main droite, elle ne cessait de frapper la lame d’une épée. Ses yeux noirs étaient concentrés sur le morceau de métal devant elle, ignorant tous et toutes le monde autour d’elle. Grâce à son talent exceptionnel de forgeronne, elle devenait comme ça chaque fois qu’elle a commencé à travailler.
Elle est toujours comme d’habitude. Pensais-je en laissant apparaître un petit sourire.
J’avais franchi la barrière insonorisée devant la forge, ce qui avait empêché tout le bruit de la forge d’atteindre les oreilles sensibles de la noblesse vivant à l’intérieur du palais, et je m’étais dirigée vers elle.
Les sons forts de métal en cours de travail pouvaient être entendus venant de partout à l’intérieur de la forge. Presque aucun des forgerons ici ne m’avait prêté attention, et ceux qui l’avaient fait avaient simplement hoché la tête pour me saluer.
Une fois arrivée à l’emplacement de la dragonne, je m’étais assise sur une chaise voisine et attendis patiemment qu’elle finisse son travail. L’interrompre aurait été grossier, et la dernière fois que je l’avais fait, elle m’avait fait la morale pendant une demi-heure.
En ce qui concerne son apparence, elle était d’une taille moyenne avec des écailles blanches. La couleur indiquait son affinité avec l’élément de la lumière. Bien qu’elle n’avait pas d’ailes comme la plupart des dragons de ces couleurs d’écailles, elle avait une longue queue sans pointe. Ses cheveux argentés n’étaient pas lavés comme d’habitude et maintenus dans une queue de cheval, tandis qu’un seul brin de couleur bleu royal coulait sur sa joue droite. En tant que femme, elle était belle, et la paire d’écailles blanches en forme de losange sur ses joues accentuait cette beauté.
J’étais un peu jalouse, mais je devais encore m’éveiller, donc j’avais toujours mis ces choses de côté.
Environ une heure plus tard, Dregarya avait finalement terminé sa lame et l’avait refroidie dans un baril d’eau à proximité.
« Ouf ! Cela a pris assez de temps ! » Elle essuya la sueur de son front puis se retourna.
Nos yeux s’étaient rencontrés un moment, mais son regard tomba rapidement sur mon armure.
« Ack! Qu’as-tu fait à mon bébé ? » avait-elle crié.
« Bonjour, Dregarya. Je m’excuse, mais mon armure a fini dans cet état après une bataille contre une éveillée supérieure et une armée de dragon mort-vivant sur le chemin de la capitale, » avais-je répondu en me levant.
« Ah ! Enlève-la ! Enlève-la ! J’ai besoin de la réparer ! » déclara-t-elle. Et immédiatement après ça, elle commença à défaire les sangles de mon armure.
Sa queue était un peu trop habituée à enlever des armures, mais avant qu’elle ne puisse finir, je l’avais arrêté d’un coup sur la tête.
« Owie! Pourquoi m’as-tu frappé ? » demanda-t-elle avec les yeux larmoyants en frottant l’endroit frappé.
« Tu ne vas pas me déshabiller comme ça devant tous ces hommes, » déclarai-je en désignant les dragons rougissants derrière moi.
Au moment où elle avait commencé à défaire mes sangles, toute la forge était devenue silencieuse.
« Ah ! Que regardez-vous ! Reprenez votre travail ! » leur cria-t-elle.
« Oui, M’Dam ! » avaient-ils répondu et le bruit du travail était revenu.
« Difficile d’imaginer que tu es la cheffe ici, » j’avais secoué la tête tout en retenant mon armure pour qu’elle ne tombe pas.
« Que puis-je dire, c’est juste arrivé. » Elle haussa les épaules comme si ce n’était rien.
« Je doute que ça puisse juste être arrivé, après tout, tu es aussi connue sous le nom de Dreggor le légendaire forgeron. » J’avais souri.
« Et grâce à ce surnom stupide, tout le monde ne cesse de supposer que je suis un homme, » elle secoua la tête.
« Eh bien, où puis-je me changer dans une intimité relative ? » demandai-je.
« Utilise la pièce là-bas, » elle avait indiqué une porte à côté de la forge.
C’était la cuisine utilisée par les forgerons ici. Pour être trop paresseux pour aller déranger le cuisinier pour leur faire un repas et être trop têtu pour bouger jusqu’à ce qu’ils aient fini leur travail, le roi avait été obligé de leur construire cela afin de les empêcher de s’évanouir et de ressembler à des fantômes en train de marteler le métal.
« Un vêtement de rechange, s’il te plaît ? » lui avais-je demandé.
« Hm... » Elle se frotta le menton et regarda ensuite vers le gauche à un tas d’armures.
Quelques instants plus tard, elle était revenue avec un ensemble à ma taille.
« Utilise ceci. » Elle sourit.
Je hochai la tête et emportais l’ensemble avec moi dans la cuisine. Une fois à l’intérieur, j’avais commencé à changer d’armure. Ce n’était pas comme si je n’avais rien en dessous, mais depuis qu’Alkelios m’avait vue nue, franchement, je ne souhaitais pas qu’un autre homme me voie même par pur hasard. C’était probablement faux de ma part de ressentir tout cela en tant que chevalière, mais pour le moment, cela ne me dérangeait pas beaucoup.
Une fois que j’avais été changée, je ressemblais à n’importe quel autre garde royal dans le palais.
J’étais sortie de la cuisine avec l’armure cassée dans les mains et l’avais remise à Dregarya. Elle avait commencé à pleurer quand elle avait vérifié les fissures.
« Qu’est-ce qui t’a frappé, Seryanna ? Une montagne ? » Demanda-t-elle.
« C’est proche de ça. Mais non, juste une très puissante dragonne, » répondis-je.
« Alors, qui était-ce ? » avait-elle demandé.
« Kataryna Georg, » avais-je répondu calmement en prenant place sur la chaise que j’avais utilisée plus tôt.
« Jamais entendu parler d’elle. Est-elle forte ? A-t-elle une bonne armure ou arme ? » s’enquit-elle.
« Elle est très forte, mais je n’ai pas vu d’armes ou armure hors de l’ordinaire. Elle portait principalement des vêtements décontractés en coton ou en cuir. Pas de robes, seulement des pantalons, et de temps en temps, il m’arrive de la voir porter des protège-bras en acier, » répondis-je.
« Es-tu sérieuse !? Comment a-t-elle pu se battre sans ça ? » demanda-t-elle.
« Kataryna est une mage de glace très puissante. Elle pourrait facilement geler un champ de bataille entier ou lancer d’innombrables lances de glaces. Cependant, je soupçonne que sa spécialité pourrait être une autre forme de combat rapproché, » avais-je répondu.
« Alors, elle n’utilise la magie que contre les faibles ? ACK! Elle a craqué en plus ! » déclara-t-elle alors qu’un morceau de mon armure s’était cassé dans sa main.
« Ton armure m’a sauvé la vie, Dregarya, merci, » lui déclarai-je.
« C’est le rôle d’une armure. Si cela a été fait, alors ça a fonctionné ! » avait-elle dit.
« Au fait, est-ce que quelqu’un d’ordinaire est passé par ici ? » demandai-je.
« Ouaip ! Tu vois, monsieur soleil qui veut prendre l’armée de ton grand-père m’a rendu visite l’autre jour, » déclara-t-elle.
« Est-ce vrai ? » Je clignai des yeux, surprise.
« Oui. Il m’a ordonné de lui faire une sorte d’armure avec les matériaux qu’il avait apportés. Sais-tu ce que sont ces matériaux ? » demanda-t-elle en me regardant.
« Non. » Je secouai la tête.
« Draconitium et Dregaryum. » déclara-t-elle.
J’avais cligné des yeux, surprise. J’avais entendu parler de ces deux métaux et ils étaient considérés comme rares et de grande valeur. Tout le monde ne pouvait pas se permettre une armure ou une arme faite à partir de ces matériaux, la raison était la résistance de ceux-ci, leurs propriétés uniques ainsi que la facilité avec laquelle ils pouvaient être enchantés.
Le Draconitium était un métal rare découvert par les dragons il y a très longtemps. Il avait la propriété d’absorber rapidement la magie. Ce faisant, son endurance augmentait. La plupart des armures et armes des chevaliers royaux étaient fabriquées à partir de ce matériel. Quant au Dregaryum, c’était un autre métal rare qui avait été découvert par Dregarya. Il avait la propriété d’amortir les effets de toute attaque physique ou magique.
Grâce à l’armure spéciale qu’elle avait créée pour mon grand-père, Brekkar Draketerus, elle avait été amenée au palais et avait reçu le titre de forgeron légendaire. En conséquence, elle avait fait une armure pour le roi, le premier prince et plusieurs de leurs chevaliers dignes de confiance. Ensuite, parce que d’autres nobles et chevaliers l’avaient harcelé pour en faire, elle demanda au roi la permission d’accepter uniquement les demandes qu’elle voulait. En tant que tel, le harcèlement s’était arrêté parce que personne ne voulait aller à l’encontre de Sa Majesté.
« Qu’est-ce qu’il a dit ? » demandai-je en plissant les yeux vers elle.
« Que ça va être nécessaire dans la guerre à venir, alors je ferais bien de ne pas trahir le royaume. » Elle me fit un sourire en coin.
« Je doute fortement que quelque chose comme ça puisse arriver, étant donné tes circonstances spéciales, mais de quelle guerre parle-t-il ? » demandai-je en plissant les sourcils.
« Hey ! Garde ça secret ! Je veux toujours être tranquille la semaine prochaine ! » Elle me tira la langue.
« Tu devrais faire attention à ton langage. » Souris-je.
« Bah ! Détails ! » Ria-t-elle.
« Toujours, cette nouvelle d’une guerre... Que pouvait-il vouloir dire ? Les humains n’ont pas fait de mouvement sérieux depuis leur défaite il y a 38 ans. Outre les escarmouches habituelles sur l’île Ragold et le champ de bataille au sud, il n’y a aucun signe d’une guerre, » déclarai-je en me frottant le menton.
« Je sais. Le Champ de Bataille des Cicatrices est un désordre. Toutes les plaines ont été transformées en charbon par Brekkar, et l’île Ragold est là où le prince Charmeill et la princesse Natalia se trouvent. Avec ces deux-là, les humains auront besoin d’au moins deux éveillés supérieurs. » Fit-elle remarquer en démontant habilement mon armure.
« Étrange en effet... peut-être qu’il sait quelque chose que nous ne savons pas ? » demandai-je.
« J’en doute. Ce type m’aurait dit s’il y avait un danger de quelque chose de plus gros, » dit-elle avec un sourire.
« Ce mec ? Soupir... » Je secouai la tête à la façon dont elle s’adressait à quelqu’un de son statut.
« Détails. » Elle haussa les épaules.
« Quoi qu’il en soit, combien de temps faudra-t-il pour réparer mon armure ? » Demandai-je.
« Je n’en ai aucune idée... Même les enchantements ont subi des dégâts... Honnêtement, plus je regarde cette armure, plus je ne peux m’empêcher de penser que tu as été ridiculement chanceuse d’avoir pu survivre à ces combats. » Elle laissa échapper un soupir tandis qu’une autre pièce cassait dans sa main.
En entendant le mot « chanceuse », mon cœur se serra, et je fronçai mon front.
« Q-que veux-tu dire ? » demandai-je d’une voix hésitante.
« Regarde ça. » Elle m’avait montré mon protège bras.
« Je ne vois aucun problème. » Je secouai la tête.
« Regarde. » Dregarya avait dit en plaçant le morceau de métal sur l’enclume.
En levant le marteau, elle le laissa tomber sous la gravité. Normalement, un coup comme ça n’aurait rien dû faire, j’avais reçu pire, alors je ne montrais aucun signe d’inquiétude sur mon visage, mais quand le marteau avait frappé, le protège-bras s’était brisé comme s’il était un morceau de verre.
Je me gelai.
« Mon amie, ton armure n’est rien de plus qu’un déchet en ce moment... Elle doit être reforgée et réenchantée à partir de 0. » Elle attrapa les restes et les jeta dans une pile avec d’autres armures endommagées.
« Il n’y a rien que tu puisses faire ? » Demandai-je.
« Non. Endommagé au-delà de toute réparation possible. Mais comme je l’ai dit, tu as vraiment été chanceuse... trop chanceuse... Comment as-tu survécue à ça ? » Demanda-t-elle une fois de plus en penchant la tête.
J’avais laissé échapper un soupir.
« Je suppose que mon petit-ami m’a aidée, » déclarai-je.
« Ton, quoi ? » Dregarya m’avait regardée avec des yeux étincelants.
Je pense que j’ai fait une erreur... Pensais-je, mais c’était trop tard.
La queue de la dragonne se balançait dans les airs comme à l’époque quand elle avait trouvé un moyen de combiner les avantages du Draconitium et du Dregaryum pour faire une armure puissante pour mon grand-père. Le regard dans ses yeux était celui d’un prédateur devant une proie juteuse.
En déglutissant, j’essayai de regarder autour et de trouver un moyen de m’en sortir, mais avant que je puisse agir, elle posa ses mains sur mes épaules et me fit un grand sourire.
« Je veux TOUT entendre à ce sujet ! Y compris ta première fois avec lui ! » Elle a reniflé.
« Je suis toujours... vierge, » avais-je chuchoté ce dernier mot.
« Encore mieux ! Je vais t’apprendre comment le capturer ! » Elle renifla à nouveau.
« Pourquoi es-tu dans cet état ? » Demandai-je en gémissant.
« Parce que c’est super, absolument AMUSANT ! » Rit-elle.
J’avais dégluti.
Sans pouvoir prononcer un seul mot, je fus ramenée dans la cuisine, où nous aurions un peu plus d’intimité. À tout le moins, je n’avais pas à raconter tous mes secrets devant les autres forgerons. C’était un sujet un peu sensible.
***
Partie 2
Après m’être un peu calmée, je lui avais tout dit, comment j’avais rencontré Alkelios, comment j’avais rencontré Kataryna, comment il avait guéri Brekkar, comment il m’avait embrassée, cette nuit étrange où je me sentais toute chaude puis je lui avais parlé de Draejan.
« C’est... inattendu, » déclara-t-elle en fronçant les sourcils.
Sa queue ne se balançait plus.
« S’il t’a amené les minerais, alors il a l’intention de tout prendre jusqu’à la fin, » avais-je dit.
« Vrai, mais il est aussi une personne connue pour détester les humains. Je ne pense pas qu’il prendra à la légère le fait que tu ronronnes autour d’un humain. Plus encore s’il découvre qu’il a réussi à t’embrasser, même si tu n’as rien fait... Hm, pourquoi au nom de tous les dieux ne t’a-t-il pas sauté dessus ? D’un point de vue humain, tu es magnifique ! » Dregarya laissa échapper un soupir exaspéré, et me regarda dans les yeux. « Tu ne penches pas ce côté, n’est-ce pas ? » me demanda-t-elle.
« Non ! » rétorquai-je.
« Bien... bien que si je n’étais pas dans une relation, je n’aurai pas hésité à passer la nuit avec toi, » elle cligna d’un œil.
« S’il te plaît, garde ces blagues pour toi, Dregarya, » avais-je boudé.
« Je le ferai ! » Elle me fit un sourire éclatant.
Je poussais un soupir puis baissais les yeux.
« Honnêtement, je ne sais pas quoi faire... je ne veux pas épouser Draejan, mais si le roi lui-même l’ordonne, je ne serai pas capable de faire quelque chose. Il prend clairement le rôle de général au sérieux, et tout le monde verra comme normal le fait de m’épouser parce que mon grand-père était celui ayant créé cette armée. Même le prince héritier et le Premier ministre ont accepté... » Je laissai échapper un autre soupir.
« Ne t’inquiète pas pour ces deux derniers, ils vont avec le flux politique. Je suis plus inquiète de ce Draejan va faire à ton humain... J’imagine une mauvaise fin, » elle secoua la tête.
« Que penses-tu qu’il va se passer ? » demandai-je.
« Premièrement, d’après ce que je peux comprendre, il ne semble pas trop sûr de lui-même en ce qui concerne votre relation. Le placer devant le roi comme moyen de le faire changer d’avis pour le mariage pourrait se retourner contre toi. En outre, tu n’es pas éveillée. Ainsi, tu es toujours considérée comme une enfant par beaucoup. Ensuite, nous avons Draejan, qui va essayer de planifier quelque chose pour transformer votre relation en sa faveur, » elle avait expliqué en utilisant des légumes à portée de main comme exemple.
« Comment exactement ? » demandai-je, confuse.
« Simple. Prouver qu’il n’est pas digne de toi selon les normes draconiennes. Même si maintenant il fait face à beaucoup de stress et de trucs comme ça, qui penses-tu qui va prendre son parti ? L’embarrasser devant lui et lui faire perdre sa face devant la royauté obligera sans doute Alkelios à se retirer. »
« Pourquoi ne pas simplement le tuer ? Pourquoi passer par tout cela ? » avais-je demandé.
« Pour que tu te soumettes à lui. Pour te prouver combien tu as eu tort de le choisir. En se gonflant l’ego pour se donner l’impression qu’il est au-dessus de tout le monde, » expliqua-t-elle en secouant la tête.
« Penses-tu qu’il va... réussir ? » demandai-je.
« Alkelios ? Non... il sera dévasté s’il rencontre Draejan ou tombe dans son piège, » répondit-elle.
« Puis-je faire quelque chose pour arrêter cela ? » demandai-je.
« Toi ? Non... Tu l’as dit toi-même, le roi l’a ordonné. À moins que tu ne puisses faire changer d’avis ce dragon têtu, tu devras épouser Draejan et agir comme une bonne et loyale épouse, » elle baissa les yeux et poussa un soupir.
Aucune d’entre nous n’aimait ces prévisions, mais elle avait raison à propos de quelque chose... Le roi détenait tout le pouvoir sur ma situation actuelle. À moins que je ne le fasse changer d’avis, je deviendrais la femme de Draejan même si je n’étais pas encore éveillée.
« Et pour Alkelios ? Puis-je faire quelque chose ? » demandai-je.
« Hm... » Elle ferma les yeux et y réfléchit un long moment. « Oui. » déclara-t-elle en ouvrant les yeux. « Si tu le vois tomber dans le piège de Draejan... peut-être que tu devrais y réfléchir à deux fois avant de décider si Alkelios est le vrai ou non. »
« Le vrai ? » demandai-je, confuse.
« Les dragons, comme les humains, ont tendance à se cacher derrière des façades complexes de mensonges, de stress et d’idée de ce qui est bon à faire. Eh bien ! C’est aussi quelque chose que j’ai appris récemment après ma dernière querelle avec ce gars, » elle me fit un clin d’œil.
« Vous deux ? Ce... n’est pas surprenant..., » dis-je.
« Oui ! Celui qui a commencé n’était pas moi d’ailleurs. En bref, il avait beaucoup de choses en tête et le stress de son travail avait atteint le point d’ébullition. La dernière fois que je l’ai vu remuer la queue, c’était après que je l’ai traîné au lit... de force. Donc, nous en avons parlé. Une chose en entraînant une autre, je me suis rendu compte que celui à qui je parlais était juste le masque qu’il portait devant ces nobles. Sais-tu comment je l’ai attrapé ? » Elle m’avait fait un sourire espiègle.
J’avais secoué la tête.
« Je me suis déshabillée devant lui. Sans vêtements ou quoi que ce soit pour me couvrir ! J’ai tout laissé tomber et il m’a dit. “Je crois que madame Dregarya Gorrashy devrait remettre quelques vêtements, sinon elle pourrait attraper un rhume. Au cours d’une conversation de ce degré, un tel comportement pourrait être considéré comme impoli” ! » Elle gesticula et utilisa le ton habituel que l’homme utilisait en public.
J’avais simplement cligné des yeux de surprise. Faire quelque chose comme ça était audacieux, et je doutais vraiment que je puisse faire quelque chose comme ça avec Alkelios. En fait... cela impliquait déjà de connaître la personne se cachant derrière le masque.
« Que penses-tu que j’ai fait ? » Elle avait demandé.
« Je ne sais pas. » J’ai secoué la tête.
« Je me suis approchée de lui. Il a continué à cracher toutes ces bêtises. Je ne l’ai pas laissé partir et l’ai poussé sur le lit. Il a continué à parler comme ça, alors je lui ai demandé où il pensait que nous étions et en face de qui il pensait parler. Quand il s’est rendu compte que son masque ne fonctionnait pas, il a ri jusqu’à en pleurer. Le stress venait vraiment de changer sa personnalité. » Elle soupira et secoua la tête.
« Tu penses que c’est pareil pour tout le monde ? » demandai-je.
Elle acquiesça.
« Lui et moi avons vécu quelque chose de similaire... quand j’étais plus jeune, c’est toi qui m’as sorti de cette transe, tu te souviens ? Je martelais toute la journée et toute la nuit jusqu’à faire saigner ma main. Tu m’as arrêtée en me traînant sur le champ de bataille. Tu as même combattu avec moi jusqu’à ce que je ne puisse plus me défendre. Si tu n’étais pas une si bonne amie pour moi, en ce moment je serais peut-être déjà morte de surmenage, » elle poussa un soupir.
« Je n’ai fait que ce que je considérais comme normal... Mais Alkelios, je ne sais pas ce qu’est son vrai lui... ou si j’étais tombée amoureuse de ce masque ou du vrai ? » Voici mes propres sentiments que je ressentais alors que je serrai mes poings.
« Hey, détends-toi, » déclara Dregarya en posant ses mains sur les miennes. Je levai les yeux et la vit me sourire doucement. « Ne pense pas à celle que tu vois maintenant comme là vraie. Tu pourrais être un peu inexpérimentée avec les hommes, mais tu as de bons instincts. Suis-les. Ils te diront quoi faire. Quant à ce qui va arriver à partir de maintenant, il y a de fortes chances que cela fasse aussi parti de son épreuve. S’il ne peut pas surmonter cette épreuve et se tenir à tes côtés à la fin, alors... Tu pourrais aussi bien l’abandonner parce que les dragons ici le dévoreront vivant avec leur politique. »
J’avais hoché la tête et baissé les yeux. Des larmes s’étaient accumulées dans mes yeux à cause de la tourmente dans mon cœur. Les sentiments d’anxiété, de culpabilité et d’insécurité se retournaient et se tordaient en moi. Je ne pouvais pas les laisser sortir, et je ne pouvais les calmer non plus. Ils poussaient, essayant de se libérer.
Après tout, je ne pouvais pas accepter l’idée que j’étais tombée amoureuse d’un mensonge et que je doive l’abandonner comme ça.
Toute cette agitation intérieure pouvait être vue sur mon visage grimaçant alors que des larmes roulaient sur mes joues, et j’avais essayé de ne pas pleurer.
« Laisse tout sortir, Seryanna. C’est juste moi ici... je sais que c’est difficile, mais tu vas passer au travers de cela, j’en suis sûre, » déclara Dregarya en me serrant dans ses bras.
Quand elle avait fait cela, j’avais pleuré comme une enfant frappée par la douleur et la tristesse. Je m’étais accrochée à mon amie et j’avais tremblé. Mon propre masque de chevalière s’était brisé, laissant derrière lui la femme qui ne voulait pas que les choses finissent comme ça. Qui ne voulait pas être traité comme une sorte de pion politique. Qui ne voulait pas se marier avec un dragon pour qui elle ne ressentait rien...
Pour être honnête, je sentais que si je venais à épouser Draejan... à l’intérieur, je mourrais...
***
Après m’être calmée, nous avions parlé des détails de ma nouvelle armure ainsi que d’une nouvelle épée possible. Dregarya n’avait pas l’intention de faire une nouvelle armure à Draejan à moins que le roi ne lui ordonne, mais elle m’avait dit qu’elle avait prévu de parler longuement avec son amoureux à son retour de campagne. Le sujet serait le contenu d’une certaine lettre et comment remédier au problème.
Quant à moi, j’allais devoir renoncer au désir de m’en prendre à Draejan et rester calme jusqu’à ce qu’une solution soit proposée. Je traitais ici de pouvoir politique bien au-dessus de mon influence ou de celle de la troisième princesse. Cependant, il était clair que ce dragon connaissait certaines choses dont peut-être même le roi n’était pas au courant.
J’avais quitté Dregarya quand le ciel s’était assombri. Cette heure, j’étais sûre de retrouver Alkelios à l’auberge et, profitant de l’occasion, je lui tendis l’invitation de la troisième princesse. Après cela, j’avais prévu de retourner au palais et d’informer les gardes de la convocation officielle ainsi que de faire en sorte que quelqu’un me fasse savoir le moment où il arrivera. Si je ne les avais pas informés, cela finirait par causer beaucoup de problèmes.
Cependant, au moment où je quittais l’aile sud du palais et entrais dans le couloir menant à la sortie, un dragon se plaça devant moi. Il avait de fines ailes blanches sur le dos, plus petites que celles de la princesse Elleyzabelle. Une longue queue avec des pointes pliées sur la colonne vertébrale vers la pointe. Grands pieds griffus semblables à ceux d’un dragon en forme de bête. Une tête humaine avec des yeux noirs fendus et plusieurs écailles qui couraient le long de son menton. Il portait une armure de plaque typique de chevalier royal avec l’emblème de la maison ducale et Doesya à l’avant.
Comme un dragon, il n’avait pas l’air mal, et ses cheveux noirs coupés cours étaient typiques parmi ceux qui travaillaient dans l’armée, cependant, ce qui avait attiré mon attention était la couleur de ses écailles. Il en avait deux types : blanc, qui était la majorité, et d’or, qui pouvaient être vu sur le bout de sa queue, ses ailes, et une paire d’écaille sur son menton.
« Salutation, Sire Seryanna. C’est un plaisir d’enfin vous rencontrer. Mon nom est Draejan Andrakaryus Doesya. » Il fit un salut poli devant moi.
Je me figeai sans parvenir à retourner le message d’accueil. Ce dragon n’était autre que celui qui m’avait amenée dans son jeu politique, mon futur mari.
« Oh, mon dieu, je suppose qu’il est naturel d’être surpris de rencontre leur fiancé d’une telle manière. » Il sourit.
J’avais craqué en entendant le mot « fiancé ».
« Je ne sais pas à quels jeux vous jouez, mais je n’ai pas l’intention de devenir votre femme. Je ne suis même pas encore éveillée, donc notre compatibilité élémentaire est inconnue, » déclarai-je d’un ton ferme.
« Ces choses sont des détails. Pour un héritier, je pourrais toujours trouver une femme appropriée avec le bon élément. Si tu désires tellement un enfant, tu pourrais en avoir toi-même, ça ne me dérange pas... tant que cette personne est un dragon, » il plissa les yeux vers moi.
« Déclarer votre infidélité avant même de mettre une bague à mon doigt. Comme c’est décevant. » Rétorquai-je, agissant comme si je n’avais pas entendu sa dernière remarque.
« Un dragon ou une dragonne, surtout ceux de rang noble ne sont pas interdits par le roi d’avoir plusieurs amants. Quand des questions d’héritage sont en jeu, c’est une solution plutôt merveilleuse. » Il sourit.
« Je m’excuse, mais je ne crois pas en de telles choses. » Je l’avais réprimandé.
« Peu importe ce que tu crois, mais quelle est la vérité de ce monde ? En tant que tel, je n’ai pas besoin de te dire que ton avenir est déjà scellé, à moins que tu ne souhaitasses être déclaré traître. » Il sourit.
Mes doigts se resserrèrent autour de la poignée de l’épée.
« Je ne vais jamais aller contre les ordres de Sa Majesté. » Je lui fis un regard noir.
« Bien, en soi, il en est purement et simplement de la volonté de Sa Majesté qui a pris en considération le bien-être du royaume, cette décision de mariage. Avec toi à mes côtés, la petite-fille de Brekkar Draketerus, j’aurai un contrôle total sur l’armée de Brekkar, tout comme Sa Majesté le souhaite, » Il avait parlé solennellement en s’approchant de moi.
Je ne pouvais absolument pas rétorquer à ses paroles. Ce serait seulement considéré comme un acte de traîtrise envers Sa Majesté. En tant que chevalière, c’était au-delà de la honte et de l’impensable. Ainsi, tout comme mon amie le suggérait, je m’étais abstenue de le dire et m’étais abstenue de le faire.
En me voyant comme ça, Draejan sourit et passa devant moi. Avec cela, notre première réunion se terminerait, mais avant qu’il ne parte, il m’avait dit une dernière chose.
« Oh ! Et ne prends pas la peine de rendre visite à ton animal humain ce soir. Il y a un instant, je lui ai envoyé une invitation officielle au palais avec tes autres amis. Bien sûr, je vais te permettre de les amener d’abord devant la troisième princesse. Après tout, une telle rencontre ne ferait que mieux faire comprendre à cet humain la vérité sur ce monde... que les humains ne sont pas bienvenus ici, et qu’une relation quelconque avec eux ne peut être considérée que comme... honteuse. Et ceux qui vont à l’encontre de cette règle finiront par... souffrir. »
Alors que Draejan s’éloignait, je restais là debout, serrant la poignée de mon épée en jetant un regard noir au sol. Il n’y avait absolument rien que je puisse faire pour arrêter ce dragon. Son pouvoir dépassait largement le mien.
Que dois-je faire... ? Comment puis-je les protéger ? Me demandais-je en maudissant mon propre manque de pouvoir.
Si seulement j’étais éveillée. Si seulement j’étais plus forte. Si seulement... j’avais déjà épousé Alkelios.
Telles étaient les pensées qui me tourmenteraient quand je retournai dans ma chambre.
***
Chapitre 43 : Rumeurs
Partie 1
***Point de vue d’Alkelios***
Seryanna était rapidement partie dès que nous avions payé les frais et reçu les clés de nos chambres. Je ne réfléchissais pas trop à son départ précipité, elle avait ses problèmes à régler, et le fait d’y mettre mon nez pouvait accidentellement aggraver la situation.
Après nous être mis à l’aise à l’auberge, je m’étais rendu compte que je n’avais pas grand-chose à faire dans ma chambre. Ne pas avoir un ordinateur pour jouer à des jeux ou naviguer sur internet était dur, alors j’étais allé vérifier ce que faisaient Kataryna et Kléo. Avec un objet de stockage, c’était assez facile de se mettre à l’aise, alors la chambre de Kataryna avait déjà l’air légèrement différente, le lit en particulier, c’était un king-size.
« Je vois que tu redécores. En as-tu un autre ? » demandai-je.
« Non, mais il y a la place pour deux, » elle sourit.
« Non, merci. Je vais passer, » je secouai la tête.
« Dommage~, » elle rigola.
« Donc, qu’allez-vous faire, Kléo et toi maintenant ? Je m’ennuie et je n’ai rien à faire, alors je suis ouvert aux suggestions, » lui dis-je.
« Je prévoyais de visiter la ville pour voir comment les choses ont évolué ici. La dernière fois que je suis passée, cet endroit était en pleine guerre, » elle haussa les épaules.
« Je vois, eh bien, même 100 ans serait suffisant pour changer beaucoup de choses, » acquiesçais-je.
« Vrai, » elle sourit.
« Au fait, où est Kléo ? » lui avais-je demandé.
« Elle est descendue pour envoyer une lettre à son grand-père, » elle avait répondu.
« Oh, vraiment ? » avais-je dit, surpris.
« Elle a fait ça dans chaque ville avec un bureau de poste, » avait-elle révélé.
« Quoi ? Comment se fait-il que je n’aie pas remarqué ça ? » demandai je, surpris.
« Si je disais que tes yeux étaient constamment collés sur la poitrine et le derrière d’une certaine dragonne rousse, comprendrais-tu ? » demanda-t-elle avec un sourire.
« Hm. Peut-être ? » répondis-je avec un regard sérieux.
Eh bien, Seryanna était une femme vraiment enchanteresse, donc c’était naturel pour moi de me comporter ainsi, bien que je ne nierai pas le fait que Kataryna soit belle aussi, surtout après qu’elle soit rentrée un jour de pluie. La façon dont ses vêtements collaient à sa peau ferait baver n’importe quel homme.
« Attendons en bas pour Kléo, puis allons visiter la ville ? » suggérais-je.
« Je suis d’accord, » elle hocha la tête.
Je quittai sa chambre et m’assis à une table. La dragonne argentée était descendue peu de temps après et nous avions alors commencé à faire un petit plan sur ce que nous allions faire. Collentra nous avait entendu parler et avait suggéré que nous devions aller visiter les ateliers au sud de la ville juste à l’extérieur des murs. Apparemment, leurs marchandises étaient moins chères, mais en aucun cas inférieures à celles de la zone du marché ou de l’atelier ici dans la ville.
Elle m’avait rendu curieux à ce sujet, mais nous avons décidé de ne pas sortir des murs, car nous ne voulions pas payer la pièce supplémentaire pour y revenir. Si par hasard nous avions passé beaucoup de temps à Drakaria, j’allais finir par rendre visite à cette zone et voir de quoi parlait cette dragonne.
Quand Kléo était revenue, nous avions déjà décidé où aller et quoi voir. La dragonne à écaille noire avait été traînée dehors par nous au moment où elle était entrée. En infériorité numérique, elle n’avait d’autre choix que de suivre nos caprices à travers la ville.
L’une des choses qui m’intéressaient le plus était les bagues avec l’option de stockage. Alors elle nous avait guidés vers l’une des boutiques de la zone du marché. Apparemment, les seuls pouvant en faire étaient les donjons ou un grand maître enchanteur. Pour ce dernier, il avait une chance sur dix de réussir, et le résultat serait un anneau très spacieux. Ce que Kataryna utilisait pour transporter nos sacs et autres était quelque chose que seul un grand enchanteur légendaire pourrait essayer de faire, mais même lui aurait juste une petite chance de succès.
Pour cette raison, les prix affichés dans le magasin étaient scandaleux. 100 pièces d’or étaient le prix minimum et n’étaient même pas suffisantes pour contenir un de nos sacs. Tout au plus, il pouvait stocker autant que le sac à dos pour champignons que Seryanna m’avait fait porter. D’un autre côté, un semblable à celui de Kataryna coûtait 10 000 pièces.
Seryanna nous avait dit à l’époque que ces choses n’étaient pas bon marché, mais bordel, ils étaient chers !
« Et voilà que part mon espoir d’en obtenir un, » je laissai échapper un soupir déçu.
« Maintenant, tu comprends pourquoi mon groupe des Dagues Jumelles a tellement prospéré. En faisant la location de tels anneaux, nous pouvions obtenir un flux stable de revenus, » avait déclaré Kataryna avec un sourire en me tapotant l’épaule.
« En parlant de ça où sont les autres bagues ? » demandai je, surpris.
« Après avoir appris que toi et Seryanna avez exterminé les groupes des Dagues Jumelles, aucun de nos anciens clients n’a osé révéler qu’ils nous avaient loué ces bagues. Ils ont disparu comme le vent, » elle laissa échapper un soupir.
« N’aviez-vous pas une liste des personnes à qui vous les louiez ? » demandai-je.
« Te rappelles-tu de ce trou que tu as fait dans mon repaire ? » demanda-t-elle.
« Erm... peut-être ? » avais-je répondu.
« Eh bien, devine où était ce livre, » elle avait souri.
« Oups..., » avais-je dit.
« Eh bien, ne t’inquiète pas à ce propos, » elle agita la main comme si de rien n’était.
« J’aurais aimé qu’on réussisse à obtenir au moins une de ces bagues... ou que Seryanna n’ait pas rendu la sienne, » je laissai échapper un soupir.
« Eh bien, si tu souhaites en trouver une, alors qui sait ? Nous pourrions tomber sur l’un de mes anciens clients et la “récupérer”, » déclara la dragonne en souriant tout en balançant sa queue.
Par ses gestes, je pouvais seulement comprendre qu’elle allait écraser le pauvre dans le sol et reprendre la bague.
« Ouais, qui sait. Bien que ce que je souhaite vraiment, c’est obtenir une compétence avec un effet similaire à celui de ces bagues, » avais-je dit en soupirant une fois de plus.
« D’ailleurs, quand vas-tu rendre les sacs à ma sœur ? Elle est partie sans eux, je pense ? » souligna Kléo.
« Si elle vient et les demande, je les sortirai pour elle. Aucun problème de ce côté, » avait répondu Kataryna.
« Cela me rappelle, à Toros, j’ai complètement oublié de te demander de prendre certaines de nos affaires, » avais-je dit.
« Je ne m’en suis pas rendu compte avant que nous nous enregistrions à cette auberge, » déclara Kataryna.
« Oui, » Kléo hocha la tête.
« En parlant de ça, quel est le nom de l’auberge actuelle ? » demandai-je.
« Hm, ma sœur ne l’a jamais dit, n’est-ce pas ? » demanda Kléo.
« Non, » je secouai la tête.
« On la surnomme l’auberge Brekkar, » répondit-elle.
« Ah, alors c’est là d’où vient la connexion avec le vieil homme, » j’avais hoché la tête.
« Oui, » elle avait souri.
« C’est plutôt comme s’ils utilisaient son nom pour sa célébrité, et il ne s’en soucie pas du tout, » sourit Kataryna.
« Oui, » Kléo hocha la tête.
Après notre petite discussion et l’échec de l’acquisition d’une bague, nous avions regardé les divers magasins alentour qui vendaient des armes et armures. Grâce à ma compétence d’identification, je pouvais voir la qualité et les enchantements sur les équipements. Pour cette raison, je me sentais comme si je marchais dans une ville d’un MMORPG après avoir fini le jeu. C’était carrément fou ! Non, c’était TOUS des équipements monstrueux, mais la plupart des dragons ici les considéraient comme de qualité moyenne.
Kataryna s’intéressa aux épées, tandis que Kléo regardait les lances. Je n’avais aucune idée de quoi chercher, alors je m’étais promené dans l’espoir de voir quelque chose attirant mon attention. Cependant, ne parlons pas de la partie où Kataryna avait accidentellement transformé une épée très tranchante en boomerang, et du moment où Kléo avait accidentellement maudit une lance. Nous étions partis tranquillement avant que quelqu’un ne puisse nous désigner comme coupables.
Alors que nous cherchions dans les équipements, j’avais entendu plusieurs rumeurs circulantes dans le marché.
« On dit que le roi ne va pas très bien récemment..., » chuchota un des marchands.
« Oui, j’ai entendu dire que la reine était gravement malade aussi. Je ne l’ai jamais revu depuis le festival il y a 12 ans, » avait répondu un acheteur.
« Peut-être que donner naissance à des jumeaux était un peu trop pour elle ? »
« Qui sait ? J’espère juste que cette rumeur selon laquelle elle aurait été empoisonnée par des humains est fausse. »
Si c’est vrai, j’espère ne pas rencontrer le roi de si tôt. Il pourrait me tuer avant même que je ne me présente, pensais-je en déglutissant.
Une demi-heure plus tard, nous avions entendu des soldats parler de quelque chose sur le stand opposé. Nous nous étions tous amusés et nous avions écouté la conversation.
« Le nouveau général est strict, » avait déclaré l’un d’eux.
« Il n’est pas encore général. Le roi le fera après le tournoi l’année prochaine, » déclara l’autre.
« Il pourrait aussi bien le faire maintenant, parce qu’il n’y a personne d’autre pouvant prendre ce travail. D’ailleurs, Sire Brekkar va bientôt mourir à cause de sa maladie... c’est une honte, mais nous ne pouvons pas non plus laisser l’armée sans général. »
« Aussi vrai que cela puisse être, je le déteste toujours... nous faisions partie de la faction de la troisième princesse, maintenant nous serons dans la faction de la sixième princesse... ou est-ce la faction de la famille ducale ? » En se grattant l’arrière de la tête.
« On appelle ça un groupe et non une faction, parce qu’ils ne se battent pas pour le trône. Quand ils le voudront, ils seront appelés faction, » le corrigea-t-il.
« Ne veulent-ils pas dire la même chose ? » demanda-t-il.
« Erm... je pense que oui. »
« Qui sait, c’est quelque chose que les nobles gèrent. Je préférerais honnêtement rester avec le terme faction, » il haussa les épaules.
« Une chose de noble ? Je ne comprends pas..., » il secoua la tête et tous deux s’éloignèrent.
En regardant Kataryna, je lui avais demandé. « Une chose de nobles ? »
« Pour le dire simplement, un groupe qui soutient ou montre des faveurs vers un certain membre noble pour royal qui déclare qu’ils n’essaieront pas de viser le siège du dirigeant. Le groupe est aussi un indicateur de leur potentiel politique, ce qui signifie qu’ils ont plus de valeur à l’intérieur du pays qu’à l’extérieur. D’autre part, une faction est un groupe qui soutient des personnes visant le siège du roi. Dans ce cas, quand le moment vient, celui ayant la plus puissante faction gagne, » avait-elle expliqué.
« Donc basiquement, c’est un jeu politique ? » Demandai-je.
« Oui, » elle hocha la tête.
« Je vois... alors cela signifie-t-il que le parti de la troisième princesse s’affaiblit ? » demandai-je.
« Si ce que nous avons entendu est vrai, alors certainement, » déclara Kataryna alors qu’elle regardait dans la direction de ces deux soldats.
« C’est inquiétant... le groupe de la troisième princesse est celui duquel appartient Seryanna, » avait déclaré Kléo.
« Que se passe-t-il si ceux soutenant un groupe tombent à zéro ? » avais-je demandé.
« Alors... cet individu, en l’occurrence la troisième princesse, n’aura absolument aucune valeur politique dans le royaume, » avait répondu Kataryna.
« Pourrions-nous rejoindre son groupe ? » demandai-je.
« En tant qu’éveillée supérieur, je le peux, mais toi tu ne peux la joindre qu’en épousant Seryanna, mais même alors, tu ne seras pas considéré comme ayant beaucoup de valeur dans leur monde. D’autre part, Kléo a beaucoup de valeurs dans leurs mondes. D’autre part, Kléo a beaucoup plus de pouvoir politique que la fiancée d’un paladin formé par Brekkar lui-même. Les deux sont des nobles, donc leur statut est beaucoup plus élevé que le tien. Là encore, tu es un humain, ton statut pourrait être vu négativement par certains, » Kataryna m’avait offert une explication plutôt détaillée.
« Pour une raison quelconque, cela me déprime, » je laissai échapper un soupir.
***
Partie 2
Nous avions continué notre tour de la ville, visitant autant de magasins que possible sans passer trop rapidement. Nous voulions profiter de notre petit tour. En même temps, je gardais les yeux ouverts sur tous les endroits appropriés pouvant être utilisés pour un rendez-vous futur avec Seryanna. Malheureusement, cette ville n’était pas très bonne en ce qui concerne les rendez-vous romantiques. Il y avait aussi autre chose que j’avais remarqué ici…
« Est-ce juste moi où les dragons ici agissent un peu différemment les uns par rapport aux autres ? » demandai-je.
« Que veux-tu dire ? » demanda Kataryna.
« Ces deux là-bas… pourquoi le plus gros agit-il comme ça ? » demandai-je en montrant le gros dragon avec de petites ailes vertes dans le dos, grondant un dragon plus jeune avec de grandes ailes bleues.
« Ah ces deux.., » Kataryna laissa échapper un soupir en les voyant.
« Hein ? » J’étais un peu confus.
« Le gros est un noble et l’autre un roturier, » avait-elle expliqué.
« Mais pourquoi le regarde-t-il comme ça ? » demandai-je.
« Ne l’as-tu pas remarqué dans les villes précédentes ? » demanda-t-elle.
« Hein ? Pas vraiment..., » je secouai la tête.
« Eh bien, nous étions ensemble avec grande sœur, une chevalière qui ne juge pas les autres en fonction de la classe, » avait souligné Kléo.
« C’est vrai..., » Kataryna se gratta l’arrière de la tête. « Maintenant que j’y pense, tes chances d’interagir avec les nobles d’un point de vue de roturier étaient… presque inexistantes, » elle haussa les épaules.
« Avec une éveillée supérieure et deux nobles voyageant avec lui, qui le ferait ? » Kléo haussa un sourcil.
« Ça pourrait être une raison, » elle acquiesça.
« Je n’ai pas.. , » je m’étais répété.
« Comme tu le vois, dans cette société, il est normal que les nobles agissent de cette manière. Franchement, d’un point de vue moral, le gros pourrait avoir tord, mais légalement, il a le droit de mépriser le roturier qui est toujours censé s’incliner devant les nobles. Même si tu es vraiment talentueux dans une profession, à moins que tu n’atteignes le rang légendaire ou que tu deviennes un éveillé supérieur, il est probable que la majorité des nobles te traitent comme de la terre. Plus encore, s’ils découvrent que tu n’es pas simplement non éveillé, mais un humain, ils pourraient aller jusqu’à essayer de te tuer, » expliqua-t-elle.
« Aïe… je préférerais éviter ça, » je hochai la tête.
« C’est pour ça que je crois que dès que d’autres nobles découvriront que Seryanna t’aime, ils essaieront de t’enlever. Tuer un être humain n’est en aucun cas un crime à Albeyater ou dans tout autre royaume dragon, » avait souligné Kataryna.
« Super..., » soupirai-je.
« Eh bien, tu as un bon point. Le fait que tu aies soigné Brekkar et que tu aies même obtenu son approbation est suffisant pour au moins te garder en vie, mais à la fin… tout dépend du roi si tu gardes ta tête ou non, » Kléo poussa aussi un soupir.
« C’est pourquoi je déteste la politique, et mon conseil est de ne jamais t’impliquer. Les idiots qui affichent leur noble statut ne peuvent même pas voir le bout de leurs queues, et encore moins juger de leur juste valeur, » grogna Kataryna, montrant son dégoût envers de tels individus.
Maintenant que j’y pensais, sa propre expérience de la politique n’était pas très bonne. Elle avait perdu un ami pour les projets de politiciens qui ne souhaitaient pas l’éveil supérieur d’un dragon d’un élément supérieur, fondamentalement quelqu’un comme Seryanna.
En déglutissant, j’avais fait un vœu dans mon cœur au cas où… Quoi qu’il arrive, je souhaiterais pouvoir sauver Seryanna si elle finit par être en danger à cause du fait qu’elle soit une dragonne supérieure de la haute flamme.
Cela étant dit, nous avions continué notre exploration de la ville, mais au fur et à mesure, nous avions commencé à entendre de plus en plus de rumeurs sur ce nouveau général.
Apparemment, il faisait stationner l’armée de Brekkar en dehors de la ville en attente du tournoi qu’il organisait. Nombreux étaient ceux qui affirmaient qu’il était un génie, tout comme Brekkar autrefois, tandis que d’autres affirmaient qu’il n’était qu’un tricheur avisé. Ce dernier lui avait reproché le fait que de nombreux soldats étaient menacés de licenciement, tandis que d’autres étaient promus s’ils réussissaient bien dans le tournoi. Brekkar valorisait apparemment le commandement, le leadership et les tactiques employées par chaque escouade plus que le pouvoir individuel de chaque soldat. En tant que tels, les commandants faibles ayant de bonnes compétences en leadership avaient souvent de forts soldats sous leur commandement. La façon dont Draejan voulait faire les choses signifiait le contraire.
Nous avions également entendu plus d’une fois que le parti de la troisième princesse s’affaiblissait de jour en jour. En ce moment, il était dit qu’elle n’avait plus qu’un chevalier, Seryanna. Si rien ne changeait dans les années à venir, elle perdrait toute faveur et finirait peut-être par se marier avec une famille ducale ou quelqu’un de la royauté étrangère, comme un prince de l’empire Embryger.
Si les rumeurs atteignaient même les personnes normales autour de nous, alors il était clair qu’elle ne se débrouillait pas très bien, ce qui en soi me préoccupait. Je commençais à sentir de plus en plus comme si j’avais commis une terrible erreur à Toros, que j’aie dû accepter Seryanna telle qu’elle était ou au moins avoir une réaction. Eh bien, ça ne pouvait pas être utile que mon drapeau ne se lève pas, mais j’aurais pu l’empêcher de partir le lendemain... Attends, non, le faire dans la maison du marchand aurait été grossier, mais… au moins, j’aurais pu lui dire que ce que je voyais ne me dérangeait pas et même si j’échouais une fois de plus, je voulais essayer encore et encore jusqu’à ce que le drapeau se lève.
Au lieu de la rassurer sur le fait que je ne l’abandonnerais pas… j’avais agi comme un imbécile. Je n’avais rien dit. Je n’avais même pas essayé de la tâtonner quand nous étions seuls dans la tente.
Il y a quelque chose qui ne va pas avec moi… Je secouai la tête.
Malheureusement, je n’avais aucune idée de quoi, et comme nous revenions à l’auberge, je ne pouvais m’empêcher de remarquer autre chose… où que je regarde, les dragons non éveillés étaient méprisés par tous les éveillés. Peu importe qu’ils soient nobles ou non, les regards étaient les mêmes… à leurs yeux, ne pas avoir été éveillé en tant que dragon était la même chose qu’être encore un enfant, peu importe son âge physique ou mental.
« Ne pas être éveillé est un gros problème pour les dragons, n’est-ce pas ? » déclarai-je d’un ton bas.
« Oui..., » Kataryna hocha la tête.
J’avais poussé un soupir et essayé de détourner le regard. Aujourd’hui, j’avais appris beaucoup de choses, mais j’ai surtout été confronté à la vérité selon laquelle ce monde était très différent de celui d’où je venais. Plus important encore, j’avais réalisé une fois de plus que les dragons étaient une espèce complètement différente de celle des humains. Ils choisissaient leurs partenaires de vie en fonction des éléments qu’ils possédaient et étaient considérés comme adulte, non pas quand ils atteignaient un certain âge, mais lorsqu’ils s’éveillaient. J’avais aussi appris que les gens ne prenaient pas au sérieux ceux ne l’étant pas, à moins qu’ils détiennent une position élevée dans leur société, comme Seryanna détenait le statut de chevalière royale.
En même temps, j’avais appris que, bien que la Terre soit différente de ce monde sous de nombreux aspects… à la fin, ils étaient tous deux gouvernés par les lois encombrantes de la politique. Les jeux politiques pouvaient modifier l’équilibre des pouvoirs ou même faire la différence entre la vie et la mort de certains groupes ou individus.
Je n’étais pas au courant ou peut-être que j’avais simplement ignoré parce que j’en avais peur, mais la vérité était que j’étais humain dans un royaume de dragon, que les deux espèces étaient en guerre. Plus encore, j’étais amoureux d’une dragonne qui servait de chevalière royale à une princesse dont le pouvoir était en train de décliner. Pire encore, la tête de Seryanna aussi pourrait tomber.
Je frissonnais de peur à la pensée même et mon cœur se resserrait à ces pensées contradictoires. Je n’avais aucun pouvoir… pas de réponse dans la ligne de conduite de ce pays. Je ne pouvais rien faire pour arrêter ou sauver si Seryanna était accusée de traîtrise ou même condamnée à mort.
En entrant dans l’auberge Brekkar, nous avions été accueillis par deux soldats portant une armure typique en cotte de mailles et portant à leur taille une épée courte.
« Es-tu celui s’appelant Alkelios ? » À demander l’un d’eux.
« Euh… peut-être ? » répondis-je.
« Réponds avec oui ou non, » me déclara-t-il.
« De quoi s’agit-il ? » demanda calmement Kataryna.
« Nous avons reçu des ordres pour apporter un message à celui qui s’appelle Alkelios, » avait déclaré l’autre soldat.
« D’accord, oui, je suis Alkelios… Quel est le message ? » demandai-je en soupirant.
« Tu es convoqué au palais avec Kataryna Georg et Thrarher… Tahar… la jeune fille de la famille Draketerus. Vous devez vous présenter aux portes demain dès que le soleil sera levé. C’est tout, » déclara-t-il en massacrant le nom de Kléo.
« C’est Thraherkleyoseya, idiot, » leur lança Kléo.
« Toutes mes excuses, » avait-il déclaré, mais il ne semblait pas considérer cela comme une erreur.
« Qui nous a convoqués exactement ? » demandai-je puisque, d’après ces détails, la personne en question aurait même pu être l’agent d’entretien du palace.
« Vous êtes convoqué par Seigneur Draejan Andrakaryus Doesya ! » avait-il déclaré fièrement.
Ah, pas l’agent d’entretien, mais assez proche… génial, avais-je pensé.
Jusqu’à présent, mon impression de ce dragon n’était pas très positive. D’après ce que j’avais entendu, il faisait un désordre total à l’armée de Brekkar, et avait même organisé un tournoi dont le but était de faire encore plus de dégâts.
Je laissai échapper un soupir puis acquiesçai.
« Je pense que je vais décliner, » déclarai-je en souriant.
« Quoi ? Comment peux-tu refuser la convocation de Monseigneur ? Es-tu fou ? » demanda-t-il.
« Euh… mais je ne le connais pas, quel que soit son nom, » je haussai les épaules.
« Si tu oses ne pas respecter le nom de Monseigneur, je n’aurai d’autre choix que de t’embrocher, » avait-il déclaré.
« Est-ce que ça irait si… disons que j’étais son invité ? » demandai-je avec un sourire.
« Urk.., » le dragon s’arrêta et rengaina son épée.
« Très bien… Monseigneur a prévu une telle possibilité, alors dans le cas où cela se produit, il nous a ordonné de te dire que l’honneur de Sire Seryanna est en jeu. Si tu ne veux pas cracher sur son nom, tu devrais accepter la convocation, » déclara-t-il en souriant.
Je plissai les yeux et, alors que j’allais bouger, je sentis une forte poigne sur mon épaule droite. En regardant derrière, j’avais vu Kataryna m’ayant arrêté.
« Nous serons là, » déclara-t-elle à ma place.
« Très bien, » acquiesça-t-il.
« Mais dis-le à la bonne personne. Si je découvre que cette convocation est une blague, je ferai en sorte qu’il paie cher pour cette… impolitesse, » Déclara la dragonne avec un regard froid.
Avant que les soldats aient une chance de répliquer quoi que ce soit, ils frissonnaient à cause de l’air froid autour d’eux.
« N-nous le ferons, » avait déclaré les soldats.
« Bien, » elle sourit et les laissa partir.
Après leur départ, j’avais poussé un profond soupir.
« C’était bien de m’arrêter..., » déclarai-je.
« Tu aurais agi comme un enfant, Alkelios. Je sais que tu te soucies de Seryanna, mais tu n’as aucune force pour te soutenir. Tu dois au moins atteindre le niveau d’éveillé supérieur pour être pris en considération, » elle m’avait fait un sourire et m’avait serré dans ses bras par-derrière. « Mais ne t’inquiète pas, je ne laisserai personne te mordre… si quelqu’un devait le faire, ce sera moi, » elle rit, mais au lieu de me sentir soulagé, je sentis un frisson me parcourir le dos.
Ce qu’elle voulait dire par me « mordre » n’était pas du tout agréable, elle parlait en fait… de me faire du mal.
Peut-être que c'est juste mon imagination ? Je me demandais.
***
Chapitre 44 : Politique draconique
Partie 1
***Point de vue d’Alkelios***
Je n’avais pas pu dormir correctement cette nuit-là. Je m’étais retourné dans tous les sens dans mon lit en continuant à penser aux paroles de ce soldat et à ma visite au palais. Qu’est-ce qui allait arriver ? Qui allais-je rencontrer ? Qu’est-ce que j’allais dire ? Comment devais-je agir ? Qu’est-ce que j’allais faire si… ?
Ce n’était pas de l’excitation ou de l’anticipation que je ressentais… mais de la peur.
Après tout, j’étais un humain et ils étaient des dragons. J’étais faible et ils étaient forts. Sans eux, j’étais encore plus faible. Sans eux, je mourrai, mais avec eux, ma vie serait constamment menacée. J’étais humain et différent, alors ils allaient chercher à m’éliminer. J’étais faible et différent, alors c’était naturel pour eux d’essayer d’attaquer ceux comme moi.
De telles pensées et inquiétudes avaient traversé mon esprit et mon cœur comme d’agaçants moustiques par une chaude journée d’été, me tourmentant toute la nuit, pendant l’intégralité des douze heures. Je commençais à détester le fait qu’un jour sur cette planète signifiait 32 heures. Dans l’ensemble, même une année était plus longue, mais là encore, c’était une autre planète.
Se réveiller le matin avait été un processus cruel et angoissant pour moi, qui n’avait pas bien dormi. Je plissai les yeux vers le plafond pendant plusieurs minutes, puis je roulai sur le côté et tombais du lit. Le plancher en bois dur était assez accueillant pour que j’essaie de gagner quelques minutes de sommeil, mais je savais bien que je ne fermerais pas les yeux si facilement.
Avec une malédiction s’échappant de mes lèvres, je me levais et marchais vers le seau empli d’eau. Je m’étais lavé plusieurs fois le visage puis m’étais séché. Trois bâillements plus tard, j’avais décidé que j’étais trop fatigué pour fonctionner normalement dans un monde rempli de dragon, alors j’avais décidé de prendre une potion de guérison et de Rotiqus afin de récupérer une partie de mes forces. Mon esprit était encore brumeux. Il continuait de penser à ce qui pourrait arriver aujourd’hui une fois au palais.
Pour le dire simplement, j’étais effrayé.
C’était la conclusion à laquelle j’étais arrivé après une nuit de turbulences. J’avais peur des dragons, mais pas de ceux étant devenus mes amis. En fait, j’avais l’impression que c’était le seul moyen que j’avais pour les empêcher de me tuer.
Je savais que j’exagérais probablement parce que j’avais la force suffisante pour me défendre contre la majorité des dragons qui essaieraient de m’attaquer, mais cela ne m’empêchait pas de penser à ceux contre lesquels je ne le pouvais pas.
C’était foireux, je le savais… mais que pouvais-je y faire ?
En renonçant à chercher la cause de mes peurs et à les résoudre, je me suis dirigé vers la salle de restauration de l’auberge. C’était ici que j’attendais Kataryna et Kléo, je me sentais en sécurité avec elles aux alentours.
Après avoir pris un petit-déjeuner, nous avions quitté l’auberge.
Quelques minutes plus tard, nous étions assis devant les portes du mur extérieur du palais royal et nous bâillions à tour de rôle.
« Vous trois êtes ici à cause d’une convocation ? » Nous avait demandé l’une des gardes avec un sourcil levé.
« Oui. Je m’appelle Alkelios. » J’avais répondu.
« Est-ce vrai ? Donnez-moi un moment, » déclara-t-il avant de regarder un registre.
Après environ deux minutes, il était revenu à son poste.
« Eh bien ? » avais-je demandé.
« Un garde a été envoyé pour informer Sire Seryanna de votre arrivée. Vous allez attendre ici, » déclara-t-il.
J’avais cligné des yeux surpris.
Je pensais que nous étions convoqués par Draejan, et non pas par elle. Que se passe-t-il ? Me demandais-je.
« Attendons alors, » déclara Kataryna après avoir laissé échapper un autre bâillement.
J’avais haussé les épaules et avais essayé de trouver quelque chose à faire pour passer le temps.
Environ vingt minutes plus tard, la dragonne rousse était finalement arrivée à la porte.
« Ouvrez les portes et laissez-les passer, » ordonna-t-elle.
« Oui, Sire Seryanna ! » Ils avaient tous fait un salut et avaient agi comme ordonnée.
Après que nous soyons entrés, la dragonne nous avait accueillis avec un câlin.
« Je m’excuse pour cette convocation inhabituelle, mes amis, » nous avait-elle dit.
« Pas besoin de t’en soucier. Mais pourquoi ce Draejan nous a appelés ? » demandai-je curieusement.
Seryanna détourna le regard un moment, mais elle ne répondit pas.
« Suivez-moi, la princesse Elleyzabelle a demandé à vous rencontrer, » avait-elle déclaré.
J’avais cligné des yeux de surprises puis avais regardé Kléo et Kataryna, qui haussèrent simplement les épaules. Elles aussi ne savaient pas de quoi il s’agissait. Par contre, je souhaitais que cette réunion se déroule bien ou que, au bout du compte, je sois encore en vie sans être enfermé dans une cellule en attente de mon exécution.
En suivant Seryanna, j’avais regardé le palais. Cela m’avait rappelé beaucoup de bâtiments que j’avais vus dans les jeux en films de fantasy. Chaque pierre, chaque colonne et même les haies du jardin semblaient indiquer que c’était un lieu de grande élégance et de raffinement. Juste en suivant la dragonne rousse à travers cet endroit, j’avais ressenti le besoin de gonfler ma poitrine, de me tenir plus droit et d’apparaître plus digne qu’avant.
Le nombre de gardes patrouillant dans cet endroit dégageait un certain sentiment de sécurité, mais aussi de danger. Si quelque chose arrivait, ça n’aurait pas été beau à voir. S’échapper de cet endroit était un exploit qu’aucune personne ordinaire ne pourrait accomplir, mais grâce à tous les jeux d’infiltrations auxquels j’avais joué, j’avais trouvé une quantité surprenante de faille dans leur sécurité. Le manque de caméra en était la principale raison, mais il y avait aussi la manière dont les gardes eux-mêmes patrouillaient. Même s’ils semblaient intimidants, un assassin expérimenté pouvait même marcher derrière eux sans se faire repérer.
« Est-ce que c’est moi ou il serait très simple d’infiltrer cet endroit ? » avais-je demandé en regardant autour de moi.
« Le palais royal de Drakaria possède le titre d’endroit le plus sécurisé du royaume d’Albeyater. Je ne crois pas que ça soit si simple d’infiltrer cet endroit, » répondit Seryanna.
« Je pourrais toujours passer par les portes de devant, » renifla Kataryna.
« J’utiliserai juste mes ombres pour me cacher. Donne-moi n’importe quelle nuit de l’année et je pourrai même atteindre les chambres du roi et de la reine, » se vantait Kléo.
« Je me garderai de déclarer de telles choses dans le palais, ça pourrait être mal pris, » nous avait avertis Kataryna d’un ton sérieux.
Après avoir traversé le grand jardin, nous étions finalement arrivés à l’entrée. Alors que cet endroit était assez grand, j’avais l’impression que le palais du parlement de Bucarest était bien plus grand.
Les deux gardes à l’entrée saluèrent Seryanna et nous laissèrent passer. Une fois à l’intérieur, je m’étais retrouvé une fois de plus à court de mots pour décrire la beauté du lieu. Les peintures exquises accrochées au mur, la tapisserie, aux colonnes en spirale avec des dragons sculptés, à la moquette conduisant à un escalier en colimaçon, aux élégants lustres suspendus au plafond par une chaîne dorée. Tout ça m’avait rendu muet.
« Tu vas gober une mouche comme ça, » gloussa Kléo.
« Ouais… j’étais juste… cet endroit est… wôw, » dis-je, stupéfait.
« C’est l’un des nombreux palais dont notre royaume est fier. On dit que plus de 1000 dragons ont travaillé sans relâche pour le construire, » avait déclaré Seryanna.
« Incroyable..., » dis-je.
Au bout du tapis, juste entre les deux escaliers, j’avais vu deux grandes portes dorées sur lesquelles se trouvaient deux sculptures de dragons européens.
Curieux à ce sujet, j’avais demandé. « Qu’est-ce qu’il y a là-dedans ? »
« C’est la salle du trône où Sa Majesté accueille habituellement ses invités ou pour tenir des audiences. » Répondit Seryanna.
« La salle du trône ? Hm, mais pourquoi habituellement ? Quelque chose est arrivé ? Est-ce qu’ils font des réparations ? » avais-je demandé.
« Ah, non… Sa Majesté a actuellement certaines circonstances, elle n’est pas apparue en public récemment..., » répondit Seryanna en baissant les yeux vers le sol avec un regard triste.
Nous avions monté les escaliers de droite et, au moment où nous avions atteint le sommet, nous avions rencontré un dragon portant une longue robe bleue brodée de fil d’or et rose. Il avait de longs cheveux bruns, tombants plus bas que ses épaules et avait une expression grave sur le visage. En tant que dragon, sa queue était cachée sous la robe et ses ailes étaient de taille moyenne et couverte d’écailles brunes et dorées.
« Bonjour, monsieur le Premier ministre Elovius, » déclara Seryanna en s’inclinant devant lui.
Nous avions tous suivi son exemple, sauf Kataryna qui avait plissé les sourcils.
« Bonjour, Sire Seryanna. Je vois que vous amenez des invités particuliers dans le palais. Sur convocation, si je peux demander ? » Il nous regarda le menton levé.
« Sire Draejan Andrakaryus Doesya les a convoqués, mais la Troisième Princesse Elleyzabelle Sojourn Seyendraugher souhaite les voir en premier, » répondit-elle docilement.
« Je vois. Ma sœur l’a fait, Hm ? » Il avait ensuite plissé les yeux en me regardant.
Qu’est-ce qu’il y a avec lui ? Je m’étais demandé en déglutissant.
« Je suis surpris que vous ameniez… un humain à l’intérieur du palais royal, Sire Seryanna, » Dit Elovius, montrant clairement à quel point il était dégoûté face à mon espèce.
J’avais dégluti et je ne pouvais que me demander ce qui m’avait fait découvrir.
« Il a reçu une convocation officielle et je peux vous assurer que…, » Seryanna avait essayé d’expliquer, mais il a levé la main pour l’arrêter.
« Je ne me soucie pas de telles choses. Chevalière royale, mais vous devriez savoir très bien quelle honte est d’être juste à ses côtés pourrait apporter à la troisième Princesse, sans parler de votre propre réputation. Je le dis par inquiétude, mais vous devriez le faire sortir de la capitale avant qu’il ne montre ses vraies couleurs et ne commence à mordre le bout de votre queue. »
« Je comprends, votre excellence, » déglutit Seryanna.
« Je me demande si vous le faites… dois-je vous rappeler la douleur et la souffrance que son genre a causée à la famille royale ? Vous de tous, devez savoir ce dont ils sont capables, Sire Seryanna. Votre famille a le plus souffert à cause d’eux et a fait face à la possibilité de ne plus exister. Où avez-vous oublié les larmes que vous avez versées sur la tombe de vos parents ? » demanda-t-il froidement.
« Non, votre excellence… mais je crois que tous les humains ne sont pas comme ça. » Elle parlait à peine assez fort pour les deniers mots, mais il était clair qu’elle était secouée à la fois par la présence de ce dragon et par ses paroles.
Pendant ce temps, je ne savais pas quoi dire. Tout ce que je savais c’était qu’Albeyater, comme tous les autres royaumes dragon, était en guerre contre les humains et que Brekkar se trouvait il y a quelque temps dans une bataille qui avait failli lui coûter la vie. Cependant, le vieux dragon était maintenant complètement guéri. Quant aux parents de Seryanna, tout ce que je savais, c’était qu’ils n’étaient plus en vie, mais leur mort avait-elle à voir avec la guerre ?
« Je prie pour que vous réfléchissiez, Sire Seryanna. Contrairement à moi, Sa Majesté ne peut pas prendre cette… intrusion à la légère. Bonne journée, » déclara-t-il avant de partir.
Nous étions tous restés inclinés quelques secondes de plus puis nous avions repris notre chemin. Pourtant, les choses dont ce dragon avait parlé m’avaient un peu inquiété. Il semblerait que le passé de Seryanna n’était pas aussi simple que ce que je pensais.
Je me demande ce que cela signifie pour elle d’être tombée amoureuse de moi ? Avec quel genre de sentiments luttait-elle ? pensais-je en la regardant alors qu’elle nous faisait avancer dans les couloirs.
Ni Kataryna ni Kléo n’avaient dit quoi que ce soit. Nous l’avions calmement suivie en espérant qu’aucun autre dragon ne se dresse sur notre chemin. En même temps, je priais pour ne pas rencontrer le roi aujourd’hui parce que je voulais vraiment rester en vie, ne pas devenir une tache de sang sur ces murs exquis.
S’arrêtant devant une porte en bois noire, Seryanna frappa trois fois et annonça son arrivée.
« Votre chevalière, Seryanna Draketerus, a amené ceux que vous avez convoqués, Votre Altesse. »
« Entrez. » La voix d’une femme vint de l’autre côté.
J’avais dégluti.
***
Partie 2
En poussant sur la porte, Seryanna l’ouvrit et nous étions entrés dans l’élégante chambre d’une femme noble de grande classe. Rentrer dans la chambre de la troisième Princesse était... inattendu, mais je devais dire que le luxe et le goût exquis étaient une chose définissant quelqu’un de sang royal.
La dragonne était très belle, mais l’air raffiné l’entourant augmentait sûrement sa qualité de plusieurs façons. Comme le dragon qui était Premier ministre, elle avait deux couleurs d’écailles, blanches et dorées, mais pour elle, je ne ressentais pas la même aura oppressante.
« Oh, alors tu es celle que cette chevalière appelle “Maître”, » demanda calmement Kataryna.
« En effet, je le suis, » la princesse Elleyzabelle hocha la tête et répondit d’un ton calme.
Seryanna marcha à côté d’elle et se tenait à ses côtés avec sa main sur la poignée de son épée. Dans un instant, cette réunion avait pris une note très sérieuse.
« Un plaisir de vous rencontrer, Votre Altesse ! Je suis Thraherkleyoseya Draketerus, » s’est présentée Kléo et s’était inclinée poliment comme il se devait.
Hm, et là je pensais qu’elle était incapable de montrer un côté poli et élégant ? L’apocalypse doit être arrivée… pensais-je en la regardant.
« Kataryna Georg, » se présenta la dragonne argentée.
« Je m’appelle Alkelios Yatagai, » je fis de même et m’inclina devant la princesse.
« Un plaisir de rencontrer ceux que ma Chevalière royale considère comme ses amis, » elle acquiesça.
« Je devrais dire que le plaisir est à nous, mais votre convocation est un peu étrange. Tout d’abord, nous avons été appelés au palais par des gens impolis suivant ce Draejan, et le comité d’accueil était en fait composé uniquement de Seryanna. Maintenant, il semble que le premier que nous allons rencontrer n’est pas le soi-disant général qui a envoyé la convocation, mais vous, la troisième Princesse qui aurait énormément perdu de pouvoir, » déclara Kataryna avec un sourire en regardant la dragonne droit dans les yeux.
Seryanna ne pouvait réfuter ses paroles. Elle ne pouvait que détourner le regard et faire une grimace.
Quant à moi, j’avais été un peu surpris par l’attaque soudaine.
« C’est vrai. Mon parti est seulement composé de ceux que vous voyez présents dans cette salle et d’une forgeronne qui n’a pu venir, et dont je vous prie d’excuser son absence, » avait-elle révélé calmement.
« Sommes-nous aussi inclus ? » demanda Kataryna en plissant les yeux.
« Bien que votre force fournirait une aide impressionnante, je ne souhaite en aucun cas vous forcer à me soutenir, » avait-elle répondu.
« Dis le mouton déguisé en louve, » sourit Kataryna.
Heu… Eh bien, j’ai vécu pour entendre celle-ci aussi… J’avais regardé la dragonne avec une expression vide.
« Dans le passé, vous m’avez peut-être considéré comme un mouton, mais maintenant… je suis plutôt une louve, » sourit-elle.
S’il vous plaît, arrêtez avec l’analogie de mouton et du loup, vous faites saigner mon cerveau ! pleurai-je intérieurement.
Il y avait eu un moment de silence tendu entre nous avant que Kataryna ne laisse échapper un soupir et parle en notre nom.
« Alors, dis-nous, Troisième Princesse, pour quelle raison nous as-tu convoqués… ou pour être précis, pourquoi Alkelios a-t-il été convoqué au palais ? »
« Une bonne question. » Elle hocha la tête et ferma les yeux pendant un moment avant de répondre en me regardant directement. « Comme vous le savez, ce n’est pas moi qui ai envoyé cette convocation, mais Draejan Andrakaryus Doesya. Ce dragon fait partie du groupe de la sixième princesse et deviendra bientôt le général responsable de l’armée de Brekkar. Les soldats rassemblés devant les murs de la ville qui ont été au combat il y a 38 ans par le grand-père de Sire Seryanna, Brekkar Draketerus, » avait-elle expliqué calmement.
« Et pourquoi ce dragon aurait-il besoin de voir Alkelios ? » demanda Kataryna, mettant la pression sur le mot « besoin ».
La princesse avait souri et avait répondu. « Fu~ pourquoi croyez-VOUS qu’il a besoin de cet humain ? »
Kataryna plissa les yeux et laissa échapper un grognement. Sa queue bougeait, ce qui montrait son impatience.
« Je n’ai pas le temps pour de tels jeux, écaille dorée. Soit tu révèles ce que tu sais, soit nous partons, » avait-elle menacé.
« Je ne pense pas que ce serait une bonne idée..., » avais-je souligné.
« Les jeux politiques ne sont pas quelque chose que j’apprécie ou dans lesquels je souhaite participer, » grogna-t-elle.
Ah oui, elle les déteste absolument à cause de ce qui est arrivé à son amie, m’étais-je souvenu.
« Très bien, alors. La raison de la convocation est de simplement voir l’homme qui prétend être l’amoureux de Sire Seryanna. C’était ma seule intention, mais… Draejan pourrait avoir autre chose en tête. » Elle ferma les yeux un instant. « C’est un dragon qui méprise les humains, donc je ne crois pas que ses intentions soient amicales, » avait-elle déclaré.
J’avais dégluti.
« Mais qu’est-ce que j’ai fait ? » demandai-je, surpris.
« Vous êtes humain et cela suffirait à attirer sa colère et celle de la plupart des dragons du palais, mais à part cela, vous avez également volé le cœur de sa… fiancée, » répondit-elle calmement.
« Hein ? Eh bien, je suis humain… Je ne peux rien faire à ce sujet, mais nous ne sommes pas tous mauvais et… attendez… Fiancée ? » Je fronçai les sourcils. « Qui ? Quand ? » Je tirai ma tête à gauche.
« Moi, » Seryanna répondit à mes questions.
« Grande sœur ? » déclara Kléo, surprise.
« Hooo~ ? » Kataryna était également intriguée.
J’étais choqué. Ces mots m’avaient pris par surprise et m’avaient donné un coup dans le menton. Mon esprit avait cessé de fonctionner, l’air était coincé dans mes poumons et mon cœur était comme pris dans des barbelés.
Personne ne disait rien, attendant ma réaction, tandis que Seryanna me regardait avec un regard d’excuse. Honnêtement, je ne savais pas quoi faire.
M’avait-elle menti tout ce temps ?
Était-ce une blague ?
Était-ce une stratégie pour m’agacer et m’utiliser ?
Je ne savais pas et j’avais aussi peur de la vérité. Mon monde s’effondrait soudainement autour de moi. Le sol se brisait sous mes pieds. Ma force quittait mon corps.
Qu’est-ce qu’il se passe ? me demandais-je.
« Je suis désolée..., » s’excusa-t-elle en baissant les yeux.
« Pourquoi ? » avais-je demandé.
« Si je disais que c’est parce que vous n’êtes pas assez fort pour la protéger, comprendrais-tu ? » demanda la princesse.
« Quoi ? Bien sûr que non ! Qu’est-ce que cela a à voir avec le fait qu’elle soit fiancée avec ce mec ?! » criai-je.
« Alkelios, s’il te plaît calme-toi, » me déclara Seryanna d’un ton apaisant.
« Me calmer ? Comment veux-tu que je le fasse ?! Tu viens d’être présentée comme fiancée de ce dragon ! Ne fait-il pas partie d’un autre groupe politique ? Cela ne signifie-t-il pas que tu trahis également la troisième princesse ? Et moi dans tout ça ? Quand étais-je censé le découvrir ? À ton mariage ? Il suffit de passer et de me demander : “Veux-tu être l’homme d’honneur de mon mariage avec l’homme dont je ne t’ai jamais parlé ?” » demandai-je, outré.
Il était clair que mes émotions et mes sentiments allaient tous mal. Rien dans mon esprit n’avait de sens. Tout ce que je savais, c’était que j’avais été trahi et qu’on se moquait de moi. Tout ce que je savais, c’était que la dragonne pour laquelle je voulais presque tout sacrifier, y compris ma propre espèce, se révélait avoir un fiancé dont elle ne m’avait jamais parlé.
N’était-il pas clair que j’avais été abandonné ? N’était-ce pas clair que j’étais utilisé ?
Comment pourrais-je expliquer mes sentiments ? Comment pourrais-je même la regarder après cela ?
Était-ce aussi la raison pour laquelle elle avait soudainement posé des questions sur un mariage et avait mentionné que si elle en avait reçu l’ordre, elle devrait le faire ? Où était le combat pour nous ? Où était cette lutte ? Est-ce que je ne signifiais rien pour elle ?
Toutes ces questions, toutes ces pensées bouleversaient mon esprit et mon cœur. Je ne savais pas quoi croire, regarder où penser.
D’apprendre que la femme que j’aime à un fiancé… était… choquant. Et cela s’était clairement vu sur mon visage.
« Sire Seryanna, peut-être que vous avez eu tort de choisir cet homme, » déclara alors la princesse.
« Quoi ? » Dis-je en sentant ma rage atteindre son apogée.
« Non, je ne le crois pas… Alkelios, calme-toi et écoute. Ce n’est pas ce que je veux… Le roi a envoyé une déclaration officielle. Ce fut un geste politique qui permet de voler le pouvoir politique de la troisième princesse. Comme elle l’a dit plus tôt, il ne reste plus que moi sous ses ordres. Ce dragon, je ne l’ai même jamais rencontré avant hier, et cet engagement m’a choqué autant que toi maintenant. S’il te plaît, crois-moi, mon cœur t’appartient et non à Draejan, » me dit-elle d’un ton déchirant, alors qu’elle luttait dur pour ne pas pleurer.
Je l’avais écoutée. Je l’avais regardée, mais les mots confiance ne sonnaient plus en moi.
Je me sentais vide et perdu… je me sentais abandonné.
« Alors… Qu’est-ce que tu veux faire ? » lui ai-je demandé.
« Je... » Elle s’arrêta et baissa les yeux.
Pourquoi hésites-tu ? Pourquoi ? avais-je pensé.
Si elle m’aimait, elle aurait immédiatement dû déclarer qu’elle voulait être avec moi et non avec lui.
« Seryanna..., » j’avais pris une profonde inspiration. Puis je lui demandais d’un ton tremblant. « Le roi te l’a ordonné… ordonner d’épouser cet homme. » J’avais dégluti. « Ta maîtresse, la Troisième Princesse, ne semble pas contre… alors..., » je serrai les poings et déglutis à nouveau. « Tu… Qu’est-ce que tu… qu’est-ce que tu veux faire ? » Lui ai-je demandé.
La dragonne rousse serra son poing contre sa poitrine et baissa les yeux, avec un visage troublé.
Il n’y avait qu’un mot que je voulais entendre d’elle, une seule phrase… Qu’elle se battrait pour être avec moi.
« Je veux être avec toi, mais je vais épouser Draejan pour l’empêcher de te faire du mal..., » répondit-elle en me regardant.
Ses mots s’étaient arrêtés à son nom. Le reste n’avait pas été capté par mon esprit.
Me sentant faible dans les jambes, je m’étais affalé sur le sol et j’avais eu l’impression que le monde entier s’était brisé autour de moi. Une étrange obscurité tourna et se tordit dans mon cœur alors que des lances de douleur surgissaient et le poignardaient sans pitié. Je voulais pleurer, mais j’étais vide à l’intérieur. Je voulais crier, mais je n’avais pas la force d’ouvrir la bouche. Je voulais faire quelque chose, mais je n’avais pas idée de quoi… j’étais perdu…
Non, j’avais perdu… et j’étais perdu.
Mon amoureuse m’avait abandonné, mais peut-être que tout cela avait été une rétribution à ce qui s’était passé avant, quand je n’avais pas réussi à lui rendre son amour, quand j’étais resté mou. J’avais échoué tant de fois que peut-être elle était celle qui se sentait la plus trahie.
Je ne savais pas quoi faire, alors j’avais levé les yeux et avais dit « je vois… alors c’est un adieu… pour nous... » Je m’étais alors levé et étais retourné vers la porte.
Kléo m’avait appelé ainsi que Kataryna, mais je ne pouvais les entendre.
J’étais dévasté…
***Point de vue de Kataryna***
Après qu’Alkelios ait prononcé ces mots et se soit retourné, Seryanna l’avait appelé, mais il n’avait pas répondu. Blessée par ce qui était arrivé et leur relation, elle s’était effondrée sur le sol et avait pleuré.
Cette scène était déchirante et je ne pouvais qu’imaginer ce que ces deux traversaient. Quelle sorte de douleur ressentaient-ils pour qu’ils s’effondrent tous deux comme ça ?
Kléo se précipita vers sa sœur pour la réconforter, tandis que la princesse serrait ses poings. Peut-être que ça n’était pas le résultat qu’elle espérait, ou peut-être que Draejan était arrivé auprès d’Alkelios avant nous. Ce qui m’avait surprise c’était la décision de Seryanna. La volonté et la force dont elle aurait besoin pour se sacrifier pour l’homme qu’elle aimait n’étaient pas quelque chose qu’une femme normale pouvait faire. Pour cela, j’avais développé un sentiment d’admiration pour elle.
Mais, à mon avis, cela ne laissait qu’une chose sans réponse, alors j’avais tourné mon regard vers la princesse.
« Est-ce vraiment la fin pour eux ? » avais-je demandé.
« Je ne voulais pas que ça soit le cas..., » répondit-elle en laissant de côté son masque de royauté.
Elle parlait comme une dragonne regardant son amie blessée et partageait aussi sa douleur.
« Alors ? » avais-je demandé.
« C’est la vérité… Alkelios n’est pas assez fort pour rivaliser avec Draejan. Non seulement dans une bataille de force, mais aussi de mots. Quant à moi, je n’ai pas le soutien nécessaire pour changer l’idée du roi, » avait-elle déclaré.
« Espères-tu que je te donnerai un coup de main ? » avais-je demandé.
« Je voulais vous le demander… mais seulement si Alkelios se montrait assez fort pour supporter la décision de Seryanna. Cependant, vous l’avez vu vous-même… il a abandonné, » elle m’avait regardé dans les yeux, et il y avait de la colère en eux.
« Le garçon est juste confus en raison de tout ce qu’il a vécu jusqu’à maintenant… donne-lui du temps. » Je laissai échapper un soupir.
« Il ne nous reste plus de temps ! » Cria-t-elle.
« Alors, utilise mon nom et gagne un peu de temps. » Je lui fis un sourire en coin.
« Quoi ? » Elle cligna des yeux confus.
« Je vais m’occuper d’Alkelios… Ah, Seryanna… tu te souviens de cette conversation ? » Lui avais-je demandé.
Elle n’avait pas réagi.
« Eh bien, je suppose que nous en parlerons plus tard… pour le moment, je vais aller voir ce qui lui est arrivé. Oh, et si à la fin, Alkelios ne traverse pas cela… Je finirai peut-être par faire quelque chose... de mal. » Je penchai ma tête sur le côté en souriant avant de partir.
Je ne voulais pas donner d’explication à la princesse. C’était son travail de le comprendre avant qu’il ne soit trop tard. Quant à moi, j’étais une éveillée supérieure. Ceux comme moi n’avaient pas à suivre les règles classiques et en tant que telles, traiter avec nous pouvait être considéré comme dangereux.
« Soupir… c’est pour ça que je déteste la politique des dragons, » déclarai-je en me grattant la tête.
***
Chapitre 45 : Duel officiel
Partie 1
***Point de vue d’Alkelios***
Brisé et confus, je m’étais promené dans le couloir du palais royal, perdu dans mes pensées et ma douleur. Je n’avais répondu à aucun appel ni regardé les gardes qui passaient près de moi. Je ne craignais même pas la possibilité d’être vu comme un intrus et tué sur place.
Il n’y avait plus de force dans mes membres, plus de désir de me battre. Avec la réponse de Seryanna, j’avais tout perdu… Du moins en ce qui me concernait. Même le combat pour la Terre ne semblait pas être une raison suffisante pour continuer à se battre.
C’est drôle… maintenant que je l’ai perdue, pourquoi est-ce que j’ai l’impression de ne jamais pouvoir aimer une autre femme ? Pourquoi ai-je l’impression d’avoir eu qu’une seule chance et que j’ai fini par la gaspiller avec une peur stupide ? avais-je pensé en m’arrêtant.
En levant les yeux vers le plafond, je sentais que plus rien ne comptait. Ensuite, j’avais réalisé qu’il n’y avait pas de place certaine pour moi dans ce monde.
L’idée d’aller dans les royaumes humains m’avait traversé l’esprit, mais je ne savais pas si je pouvais communiquer avec eux. Je ne connaissais que la langue parlée à Albeyater. Même si je réussissais à l’apprendre, je n’avais aucune idée de comment les atteindre. En ce moment, j’étais à Drakaria, la capitale du royaume d’Albeyater. J’avais été amené ici par mes amis, par mon ex-petite-amie… alors je ne savais pas comment y aller. J’étais complètement perdu.
« Hein ? Est-ce que je suis inutile ? » avais-je pensé à voix haute. Puis j’avais regardé à gauche.
Sur le mur, il y avait une peinture représentant une sorte de paysage, mais cela ne m’était pas familier. Les dragons vivant dans ce palais avaient peut-être été en mesure de le reconnaître, mais je ne pouvais le faire. Cela ressemblait à quelque chose de composé même si ce n’était que la peinture d’une simple montagne telle qu’elle était vue du rivage d’un lac au lever du soleil.
Est-ce que ce monde même est réel ? Ça ne peut être le cas non ? Des choses aussi folles se passent autour de moi… Des dragons, de la magie… Peut-être que je suis tout simplement devenu fou devant un jeu ? Où peut-être… suis-je pris au piège dans un jeu de réalité virtuelle que je ne rappelle pas avoir acheté ? Qu’est-ce qui m’arrive ? Pourquoi ai-je été choisi, tu es stupide comme Dieu ! J’aimerais que tu me montres ton visage et que tu me dises… Dis-moi… être avec Seryanna n’était-ce qu’un rêve ? Je secouai la tête et je l’attrapai dans mes mains.
J’avais envie de me tirer les cheveux et même de crier au désespoir, mais je ne pouvais pas relâcher les bruits coincés dans ma poitrine, car j’avais toujours peur… des dragons… des gardes… tout le monde autour de moi, des meurtriers fous qui ne pensaient aux humains que comme des ennemis.
« Eh bien ! Eh bien ! Qu’avons-nous là ? » La voix moqueuse était venue de derrière moi.
Je voulais répondre : un fou. Mais je m’étais abstenu et avais pris une profonde respiration.
« Qui êtes-vous et que voulez-vous ? » demandai-je froidement.
« Ce n’est pas une manière de parler à celui qui va bientôt devenir le général de l’armée de Brekkar, » répondit-il avec un ton moqueur.
Général ? Est-ce que c’est... lui ? avais-je pensé, puis je m’étais retourné.
Le bâtard à écaille blanche qui m’avait volé Seryanna était juste là, me regardant avec un sourire triomphant. Je voulais le frapper, alors j’avais serré le poing, mais je n’avais pas attaqué.
« Je n’ai rien à vous dire. Laissez-moi tranquille, » déclarai-je en le foudroyant du regard.
« Eh bien ! Autant que je veuille le faire, c’est un peu impossible pour moi, » il tapa la garde de son épée.
« Vous avez déjà gagné. Seryanna est à vous. Le groupe de la troisième princesse est vaincu. Qu’est-ce que vous voulez de moi ? » demandai-je en colère.
« Vrai. C’est vrai, » acquiesça-t-il. « Mais tu dois encore faire quelque chose de plus, » sourit-il.
« Quoi ? » demandai-je.
« Ramper à mes pieds en demandant pardon pour être né humain de… parents humains puants, » sourit-il.
J’avais dégluti et serré les poings.
Si un regard pouvait tuer, je l’aurais détruit maintenant, pourtant il était toujours là, se moquant de moi, insultant moi et ma famille.
« Ramper à vos propres pieds, bâtards ! » rétorquai-je.
« Comme tu vois. Je suis un noble avec du sang royal dans mes veines. Regarde les écailles dorées ? » Il se tapa le menton. « C’est une preuve de cela. En tant que tel, je ne peux pas prendre une insulte à la légère et simplement l’ignorer, d’autant plus qu’elle provient d’un humain. Penser qu’ici, dans le palais royal de Drakaria, un humain comme toi au lieu de mendier pour être pardonné le fait d’être né et de respirer le même air que nous, dragons, il se dresse et ose me défier ! Ah~ ! Une telle honte et manque de respect ! Eh bien, peu importe. Je suis un dragon miséricordieux, alors je vais devoir te donner une chance de te repentir… dans un duel, » sourit-il.
« Un duel ? Pourquoi devrais-je accepter ? » demandai-je en lui lançant un regard noir.
« Parce que sinon je suis libre de te tuer. Alors je peux juste dire que je le fais parce que tu as comploté quelque chose contre Sa Majesté. Tu es humain, personne ne va chercher la vérité, » il haussa les épaules comme si de rien n’était.
« Quoi ? » Je fronçai les sourcils.
« Tu ne comprends pas ? C’est pour ça que je déteste ton genre… tellement stupide de ne pas comprendre la plus simple des choses ! Eh bien ! Disons les choses ainsi, je m’ennuie. On dit que tu es assez fort, alors un duel contre moi devrait être considéré comme un honneur ! Mais détends-toi, je te promets de ne pas te tuer si je gagne. Tu seras tout simplement expulsé du palais et interdis de revoir Seryanna. Toutefois ! Si tu gagnes, je vais… que vais-je faire… Hm. » Il se gratta le menton. « Oh oui ! Que dirais-tu si je… j’envoie une lettre à Sa Majesté par laquelle je lui demande de dissoudre mon engagement avec Sire Seryanna ? » demanda-t-il avec un sourire narquois sur les lèvres.
C’était un piège, je le sentais… je le savais, mais c’était la seule chance que je n’aurais jamais de faire les choses. Si j’avais encore une chance avec Seryanna. Si je pouvais encore venir et lui dire… non, lui prouver que j’étais assez fort pour être à ses côtés, alors… alors… les choses se passeraient différemment.
C’était le raisonnement dans ma tête. Le résultat de ma logique m’avait dit que c’était la seule chance, la seule que je n’aurais jamais.
Même si ce n’est qu’un rêve ou un jeu bizarre de réalité virtuelle… Même si c’est la réalité, j’ai déjà tout perdu, alors je n’ai absolument aucune raison de ne pas l’accepter. Pensais-je en regarder ce dragon.
« D’accord. Nous avons un accord, » lui avais-je dit.
« Génial ! Je te rencontrerai dehors dans la cour, où les chevaliers royaux s’entraînent habituellement. Ne sois pas en retard ! » déclara-t-il avec un sourire narquois en me laissant seul dans le couloir.
J’avais poussé un soupir en essayant de me calmer.
Quelques minutes plus tard, quelqu’un avait posé sa main sur mon épaule. Clignant des yeux surpris, je me retournai et vis Kataryna.
« Comment vas-tu ? » demanda-t-elle d’un air doux.
« Je suis désolé… je dois avoir l’air pathétique..., » je détournai les yeux, fixant mon regard vers le sol.
« Oui, je ne le nierai pas, mais tu as aussi beaucoup de choses en tête, n’est-ce pas ? » demanda-t-elle.
Je n’avais pas répondu.
« Retournons vers les autres. Nous devons voir ce que veut Draejan, » me déclara-t-elle.
« Je ne vais pas revenir, et je l’ai déjà rencontré… il m’a lancé un duel officiel et je l’ai accepté. Je vais aller le combattre maintenant, » déclarai-je en lui serrant la main avant de m’éloigner.
***
***Point de vue de Kataryna***
Qu’est-ce qu’il vient de dire ? pensais-je en l’entendant parler du duel.
J’étais trop choquée et n’ai pu l’arrêter. Faisant claquer ma langue, je secouai la tête et serrai mes poings.
« Je ne peux pas laisser ça se reproduire, » grognai-je.
Il était impossible que la tragédie se répète. Il était hors de question que je laisse Alkelios tomber dans le même piège politique que mon ami. Ces duels de nobles étaient tous un moyen pratique d’essayer de tuer quelqu’un. C’était un moyen pour les plus forts d’affronter les faibles, mais surtout la noblesse contre les roturiers.
Alkelios ne savait pas, mais dans un duel comme celui-ci, un roturier n’était pas autorisé à tuer le noble, mais l’inverse était considéré la plupart du temps comme une erreur malheureuse. L’idée que les nobles soient plus puissants que les roturiers flottait autour de ces duels et permettait à la tragédie de se reproduire encore et encore.
En outre, il était impossible de savoir si le gagnant du duel allait tenir sa promesse ou non. Si c’était entre nobles, alors la promesse devait être tenue. Même le roi lui-même imposerait cela, mais Alkelios était humain. Il était un ennemi. Ainsi, si Draejan le tue, ce ne sera pas considéré comme une erreur, mais comme un honneur. Même si Alkelios était un noble lui-même, cela n’avait pas vraiment d’importance.
Maudits soient ces couloirs ! Si je ne m’étais pas perdue ou que je ne suis pas tombée par hasard sur ces deux gamins, j’aurais atteint Alkelios à temps ! Je maudissais dans mon esprit et me précipitais vers Seryanna et les autres.
Elles devaient être au courant pour ce duel et être là pour y mettre un terme, sinon j’allais le faire, et ça ne serait pas beau.
***
***Point de vue d’Alkelios***
Les terrains d’entraînement pour les chevaliers royaux se trouvaient justes à droite de l’endroit où nous étions rentrés en arrivant. J’y étais arrivé grâce aux conseils d’une femme de chambre qui travaillait par là, sinon je me serai retrouvé perdu dans ces couloirs luxueux. Quoi qu’il en soit, j’étais bien trop énervé et distrait pour remarquer leur beauté ou même penser que peut-être ce duel entier était quelque chose dans laquelle je m’étais laissé séduire.
En fait, cela n’aurait pas été surprenant si ce Draejan visait ce duel depuis le moment où la convocation avait été envoyée. Cela avait du sens, cependant, il avait mal calculé un facteur très important.
Je suis la personne avec 100 de chances. Le seul avec une chance parfaite ! Je ne peux pas perdre ! Il n’y a absolument pas moyen ! avais-je pensé en me dirigeant vers le terrain d’entraînement.
Honnêtement, Draejan était peut-être un dragon puissant. Il pourrait devenir un général dirigeant l’armée de Brekkar, mais j’étais un humain ayant vaincu une éveillée supérieure. J’étais quelqu’un pouvant lutter contre le destin lui-même parce que je tenais tous les dés.
Dans cette épreuve, il n’y avait pas moyen de perdre contre une mauvaise personne comme Draejan.
Je ne peux pas perdre… il n’y a pas moyen, j’avais continué à penser cela.
Lorsque j’avais atteint le terrain, j’avais à peine retenu ma colère, mais j’étais content de cela, car je pouvais entièrement la libérer sur ce dragon.
Comment ose-t-il voler ma dragonne ! avais-je pensé.
Le terrain d’entraînement était un grand morceau de terre avec un cercle au milieu. Il y avait une piste de course autour et avec plusieurs mannequins éparpillés au centre pour l’entraînement à l’épée. Ce n’était pas très impressionnant de mon point de vue. J’avais vu de plus grandes choses sur les images de camps militaires sur terre.
Comme prévu, il y avait beaucoup de regards sur moi. J’étais un nouveau et plus encore, je ressemblais à un dragon non éveillé. C’était normal et d’après ce que j’avais entendu de Seryanna, bien que ce ne soit pas impensable, c’était encore très rare. Les dragons ne traitaient pas ceux n’étant pas éveillés avec le même respect que s’ils l’étaient. C’était presque instinctif pour eux.
Malgré tout, je les avais ignorés et avais patiemment attendu que cet enfoiré fasse son apparition. J’étais là pour me battre contre un général dragon pas pour me socialiser avec les chevaliers ou quelque chose comme ça.
Après plusieurs minutes, Draejan était finalement arrivé, mais il portait une armure complètement différente. Celle-ci était plus volumineuse et n’avait pas d’emblème, mais je pouvais y sentir un flux de magie beaucoup plus intense.
***
Partie 2
Sans même penser si c’était une bonne idée ou non, j’avais activé l’une de mes compétences.
« Identificus processus juridicus. »
Armure du Général Dragon : Lié à Draejan Andrakaryus Doesya. Armure-dragon faite par un Grand Maître forgeron. Peut uniquement être lié à un dragon à la fois : Augmente toutes les statistiques de 25 %, immunité aux hautes et basses températures, immunité au contrôle mental, augmentation de la régénération magique de 10 %, absorbe 10 % de toutes les attaques en énergie pour une barrière magique.
Compétence spéciale : passif, réduit le poids de 10 %, passif, Buff de protection (nullifie 10 % des dégâts subits), actif, paralyse au contact, actif, produit de l’ombre autour de l’utilisateur, actif, onde de choc d’une valeur de 75 % de toute l’énergie magique absorbée stockée, actif, télépathie avec les dragons liés.
C’était une armure bizarre. C’était probablement aussi impressionnant que celle de Seryanna, même si j’avais le léger sentiment que le sien était plus puissant. Bien qu’elle n’ait aucune compétence active sur son armure, elle se concentrait davantage sur les passifs et permettait à la dragonne de gérer le reste. C’était une armure spécialisée par son style de combat. Au même moment, celle-ci avait été créée par un Grand Maître forgeron alors que l’autre par un légendaire. Si ce dernier était un titre honorifique ou le niveau réel de leurs compétences, il restait à voir, mais à en juger par les statistiques marquées, j’étais enclin à croire que c’était un peu des deux.
« Je vois que tu n’as pas fui. Bien ! » déclara Draejan avec un sourire en coin en mettant son casque.
J’étais entré sur le terrain sans m’embêter avec une armure ou en prenant une bonne arme. Ma chance m’assurerait que je ne mourais pas, alors pour quoi me préparer comme ça ?
« Drôle. Je pensais que tu serais celui à fuir, » m’étais-je moqué.
« Impudent humain, tu vas recevoir une très dure leçon aujourd’hui, » déclara-t-il, avant d’ajouter, « une que la Terre n’a pas, » sourit-il en avançant sur le terrain.
Qu’est-ce qu’il vient de dire ? Je l’avais regardé, surpris.
Même s’il avait vu ma réaction, il n’avait pas pris la peine d’expliquer pourquoi il connaissait ce nom, mais je devais deviner… Il avait réussi à mettre la main sur l’un des humains convoqués.
« Bonjour à vous deux. Pour ce duel officiel, je serai celui qui jugera le vainqueur et le perdant, » avait déclaré un vieux dragon en entrant dans le ring.
Il avait des écailles argentées, des ailes de tailles moyennes et une paire de cornes jaillissant de ses tempes. Sa queue était longue et couverte d’épines pointues, mais elle était coupée à la pointé, une vieille plaie par apparence. Ses yeux fendus cachaient une profonde note de sagesse en eux, mais portaient également une force que je savais en un instant très supérieur à la mienne. Ce vieux dragon ne devait pas être contesté avec témérité dans une bataille.
Je l’avais regardé avec un sourcil levé.
« Bien sûr. J’accepte, Maître Teolas. »
« Qui ? » demandai-je.
« Ici, c’est l’estimé Teolas Draegu, l’un des révolutionnaires de notre royaume et aussi le maître des chevaliers de ce palais. Au fait, je ne suis que deux ou trois niveaux en dessous de lui en termes de force, » avait expliqué Draejan en faisant un sourire confiant.
Ça signifie qu’il était aux alentours du niveau 990, pensais-je.
« Encore quelques années, et vous en deviendrez également un, » déclara Teolas avec un signe de tête.
« Merci, » Draejan s’était incliné poliment devant le dragon.
« Maintenant, si je comprends bien, toi… l’humain, as accepté ce duel ? » demanda Teolas en me regardant.
Quand il avait mentionné mon espèce, tout le monde avait commencé à murmurer. Cela ne m’avait que contrarié, mais je lui avais répondu avec un signe de tête.
« Alors, Sire Draejan, quelles sont les conditions de ce duel ? » demanda-t-il en regardant l’autre dragon.
« Tout peut arriver, mais nous avons tous deux convenu de ne pas nous tuer, » avait répondu Draejan.
J’avais hoché la tête.
« Qu’est-ce que chaque côté a à gagner dans ce duel ? » avait-il demandé.
« Si je gagne, cet humain partira honteusement du palais et ne montrera plus jamais son visage devant Sire Seryanna. S’il gagne, je vais adresser une demande au roi et demander s’il est possible de dissoudre mon engagement avec Sire Seryanna, » répondit-il.
« Quoi ? Tu as dit que tu allais dissoudre ton engagement, pas demander ! » rétorquai-je en le pointant du doigt.
« J’ai dit demander, ce qui signifie se renseigner. Penses-tu vraiment que moi, un noble, oserais utiliser des méthodes sournoises contre une personne de naissance et d’espèce inférieure ? » demanda-t-il en souriant.
« C’est vrai, tu devrais être heureux d’avoir accepté ce duel en premier lieu, » acquiesça Teolas.
« Quoi ? Mais c’était lui qui..., » je m’étais arrêté quand j’avais vu ce regard perçant du dragon à écailles argentées.
« Fais attention à ton ton, humain. On est à Drakaria et je suis un dragon noble avec du sang royal coulant dans ses veines. Si je demande ta tête, je l’aurai. Jusqu’à présent, je t’ai montré une certaine indulgence. Ne me le fais pas regretter, » Draejan me lança un regard noir.
J’avais retenu mes mots en jetant un regard noir au sol.
J’ai creusé ma propre tombe…, pensais-je.
« Avec les deux parties ayant accepté les conditions, je déclare ce duel officiel et légal prêt à commencer, » déclara Teolas.
J’avais serré les poings et m’étais préparé à combattre ce dragon. Je m’étais même battu contre Kataryna quand j’étais beaucoup plus faible que maintenant. Il n’y avait aucun moyen que je perde contre lui ! J’avais toute la chance du monde après tout !
« Attendez ! » cria Seryanna.
Draejan avait levé la main pour me dire qu’il souhaitait attendre et voir de quoi il s’agissait.
J’étais d’accord.
« Sire Seryanna, un plaisir de vous revoir, » déclara Draejan en s’inclinant.
« Que signifie cela ? Pourquoi êtes-vous ici à faire un duel avec Alkelios ? » demanda-t-elle avec un regard noir.
« Oh mon dieu ! Mais, j’ai simplement répondu à ses paroles, » se défendit-il.
« Il ment, » déclarai-je simplement.
Seryanna ne pouvait pas le croire plutôt que moi.
« J’ai du mal à croire que ce soit le cas, mais arrêtez ce duel immédiatement, » avait-elle demandé.
« J’ai peur que ce soit impossible. Je l’ai déclaré comme officiel il y a un instant. Si vous n’étiez pas en retard, je l’aurais peut-être empêché, » Teolas s’était approché et lui avait dit ça.
« Maître… pourquoi êtes-vous ici ? » demanda-t-elle.
« Sire Draejan m’a demandé de superviser ce duel pour m’assurer que rien d’impoli ne se produirait, » répondit-il, puis en me regardant, il avait ajouté. « Bien que je doute qu’il ait quelque chose à craindre… même s’il tue ce garçon. »
« Et moi ? » demanda Kataryna en s’avançant.
« Hm ? Toi ? Que fais-tu ici ? » demanda Teolas, et son attitude changea soudainement.
C’était du choc… ou peut-être de la peur ?
« Je suis sortie de ma cave parce que je voulais voir le soleil. Tu sais que c’est bon pour les écailles argentées, » lui sourit-elle.
« Hm, pour voir un vieux fossile comme toi après si longtemps, je commence à me demander si je deviens trop vieux et que mes yeux me font défaut, » Teolas secoua la tête.
« Les dragons ayant atteint l’éveil supérieur ne craignent pas l’âge, » répondit-elle avec un sourire, défiant celui détenant le titre de maître chevalier.
« Peut-être, mais pourquoi te soucies-tu de cet humain ? » demanda-t-il en plissant les yeux.
« Il est mon ami, » elle baissa alors le menton et le regarda droit dans les yeux. « Et tu sais comment je deviens quand je perds un ami, n’est-ce pas ? » sourit-elle.
Teolas déglutit.
« Je ferai en sorte qu’une telle tragédie ne se répète pas..., » soupira-t-il.
« Bien. Je détesterais voir Drakaria détruit à cause de cet incident, » elle sourit et même moi je pouvais sentir l’effrayante menace derrière ses mots.
Cette dragonne avait le pouvoir nécessaire pour tuer la plupart des dragons vivant ici.
« Seryanna ne t’inquiète pas, je te libérerai de ce dragon, » déclarai-je en plissant les yeux vers Draejan.
« Comme c’est grossier, » commenta le dragon.
« Alkelios, c’est un duel officiel… si tu perds, tu devras faire exactement ce qu’il dit, sinon même le roi ne pourra garantir ta sécurité, » m’avait-elle prévenu.
« Eh bien… SI je perds, » avais-je dit. Mais j’étais assez sûr que je ne perdrai pas.
« Ne fais rien de stupide, Alkelios. Ces idiots ne le valent pas, » m’avait prévenu Kataryna.
« Je ne le ferai pas, » déclarai-je.
« Oho? Tu es bien confiante dans le jeune humain, » remarqua Teolas.
« Tu verras, » sourit-elle.
« Il va perdre, tu sais, » déclara-t-il.
« Même si tel est le cas, je suis certaine qu’il trouvera un moyen de se remettre, » avait-elle répondu.
Merci mon amie…, pensais-je intérieurement.
Avec cela, notre duel avait finalement commencé.
***
Chapitre 46 : Histoire et honte
Partie 1
***Point de vue d’Alkelios***
Je n’avais pas hésité à être le premier à attaquer. Ma vitesse avait été entraînée avec Kataryna, donc j’étais assez sûr que je lui porterais un coup. Cependant, il avait esquivé.
« C’était proche, » déclara-t-il d’un ton moqueur.
J’avais encore essayé de donner un coup, mais il l’avait évité et avait contre attaqué.
Le coup visait mon épaule droite, et cela aurait fait beaucoup de dégât si ça avait touché, alors j’avais esquivé. La pointe de la lame m’avait manqué d’un centimètre. Il l’avait retiré vers l’arrière et s’était précipité en avant dans l’intention de me donner un coup d’épaule. J’avais utilisé « Pas de Coté » et évité le coup à nouveau.
Nous avions échangé de place sur le terrain d’entraînement.
« Il semble que je t’ai peut-être un peu sous-estimé, » déclara Draejan en se moquant.
« Les apparences peuvent être trompeuses, » avais-je dit en utilisant Charge.
Dès qu’il était entré dans ma zone de frappe, j’avais utilisé Pas de Coté à nouveau et Dix Coups de derrière lui.
Les coups consécutifs avaient été plus rapides que mes attaques précédentes, car elles faisaient partie d’une compétence utilisant la force brute de mes statistiques. En conséquence, Draejan avait grimacé et avait sauté en arrière, mais je savais que quelques coups l’avaient touché, mais il était resté sans égratignure.
« Intéressant..., » marmonna-t-il avant de commencer à chanter.
Sa paume était dirigée vers moi, alors j’avais sauté en arrière en lançant un mur de feu.
C’était de la chance, mais il avait lancé une boule de feu et ma barrière avait été très efficace.
« Tch, » il fit claquer la langue et fit un pas de côté pour passer ma magie.
J’avais utilisé la Charge vers lui tout en activant une barrière de vent et j’avais préparé une faux de vent. Le dragon avait été surpris par mon attaque soudaine et avait tenté de contre-attaquer, mais ma barrière avait bloqué sa frappe, me permettant de lancer mon sort. Incapable de bloquer, il fut renvoyé de quelques mètres, mais il était encore debout.
« Tu as réussi à me frapper… Je suis surpris, » avait-il dit.
« Ce n’est pas le premier coup, tu sais, » j’avais souri.
« Jusqu’à présent, peu de personnes ont réussi à me toucher avec un sort. Malgré tout, contre cette armure, quelque chose de ce degré est inutile, » rigola-t-il.
« Quoi ? » Je fronçai les sourcils avec confusion.
Lorsque j’avais regardé vers les spectateurs, vers Kataryna et Seryanna, elles exprimaient leur inquiétude sur leur visage, mais je ne comprenais pas pourquoi. Malheureusement, je n’avais jamais pensé que leur inquiétude pouvait viser la différence de qualité d’équipement entre moi et ce dragon.
Étant submergé par ma propre colère, j’avais même oublié de penser logiquement et de réaliser que les combats dans ce monde étaient peut-être aussi dépendante de l’équipement. Dans le cas de deux adversaires égaux en termes de statistiques et de niveaux, l’expérience de combat et équipements faisait la différence. Après tout, dans la plupart des jeux, il y avait souvent des personnages de bas niveau défiant un ennemi de niveau supérieur. Dans dragon hunt, le jeu auquel je jouais sur Terre, je participais souvent à de telles batailles, car mon équipement me le permettait. Même ce donjon était un défi quand le message de dieu était arrivé, je ne pouvais le faire que parce que mon équipement était l’un des meilleurs que le jeu avait à offrir.
Dans mon esprit, cette connaissance et cette expérience appartenaient à un jeu et je me battais dans la vraie vie. Ainsi, ils ne comptaient pas. Les lois ne s’appliquaient pas ici, mais j’avais oublié et nié le fait qu’il pourrait y avoir des similitudes entre les deux. Mon esprit avait simplement ignoré le fait que même les armées de la Terre étaient dépendantes des équipements, enfin dans une bataille quand leurs compétences, tactiques, et leur expérience étaient équivalentes. Pourtant au lieu de cela, je pensais à deux combattants d’arts martiaux qui utilisaient toujours la même armure ou arme pour se défier sur un ring.
Ces batailles et ces règles avaient été conçues pour valoriser l’expérience et la compétence par rapport à la qualité de l’objet, mais la réalité dans laquelle je me trouvais, les règles de duel dans lequel je me battais actuellement, dictaient que ce qui comptait le plus était de gagner et survivre.
À l’heure actuelle, Draejan portait une armure de général-dragon. Je ne savais pas si c’était général comme le grade ou un rang d’équipement, mais contrairement à moi, il portait quelque chose. Son arme était aussi plus puissante et meilleure. D’un autre côté, je portais ce qui ne pouvait être décrit que comme une arme et une armure d’aventurier moyen. Plus encore, ce n’était même pas quelque chose que quelqu’un de ma puissance de combat pouvait combattre.
Encore une fois, c’était le cas où un niveau 1 défait un Boss. La différence d’équipement et d’expérience était visible, mais comme je me trouvais dans le feu de l’action et que j’étais complètement distrait par ce qui s’était passé aujourd’hui avec Seryanna, je n’avais pas réussi à le réaliser.
Si je l’avais fait, j’aurais peut-être remporté ce duel ou l’aurais refusé. Ou au moins, j’aurais changé de style de combat…
Malheureusement, cela ne s’était pas passé comme ça.
Au fur et à mesure du duel, nous nous retrouvions surtout à échanger des coups d’épée, plus ou moins bloqués ou parés avec nos compétences. J’étais celui qui continuait à utiliser la magie, et cela drainait lentement mon énergie. Si je n’avais pas Kléo en amie, j’aurais peut-être déjà eu des problèmes.
Pourtant, l’épuisement commençait à se voir sur moi. Mon épée, de qualité inférieure et pas manipulée par un maître, commençait à montrer de signes d’usures. Mon armure n’était pas non plus en bon état. Les coups répétés continuaient à les pousser à leurs limites.
Draejan par contre ne montrait pas de signes de faiblesses ou d’usure. J’étais le seul à perdre du terrain et je ne me sentais pas très bien. C’était presque comme si ma chance m’avait quitté. Ou plutôt qu’elle n’était pas de mon côté depuis le tout début, et que c’était à peine là, pas assez pour que je puisse gagner, mais assez pour me garder en vie.
Je dois mettre fin à cela rapidement, sinon…, pensais-je pendant que la peur commençait à se sentir dans mon cœur.
En serrant la poignée de mon épée, je m’étais préparé à lancer une autre attaque en préparant mon Poulet Éclair, grâce auquel je pourrais invoquer Jophiel. Avec son aide, je serais plus que capable de vaincre cette blague d’un chevalier dragon.
« Tu sais, alors que je suis un peu surpris de ta puissance malgré ton niveau… Il y a une grande différence entre nous, » déclara le chevalier en me regardant.
Il utilisa Charge, j’avais essayé de m’éloigner, mais au lieu de me viser avec son épée, il avait donné un coup de poing. C’était plus rapide et je n’avais pu l’éviter. J’avais reçu directement le coup dans le ventre et avais volé de plusieurs mètres. Tous les sorts que j’essayais d’utiliser dans ma tête avaient été annulés et le flux de magie interrompu.
« Alors que tu n'as pratiquement aucune expérience en matière de combat réel, j’ai été initié dès le plus jeune âge. Ce n’est pas parce que je suis un chevalier que je ne peux utiliser mes poings, » sourit-il.
« Argh… » Je gémis et toussa.
Mes entrailles me faisaient mal et ma tête tournait.
« Cette petite attaque d’arts martiaux s’appelle Choc. Elle envoie essentiellement une impulsion d’énergie à travers le corps de l’adversaire quand le poing touche l’ennemi. Bien que ce ne soit pas facile à bloquer, un dragon risque de perdre sa posture un moment et un humain de tomber inconscient. Je te félicite pour être resté conscient, » sourit-il à nouveau.
Bordel…, pensais-je en me tenant le ventre et essayant de me lever.
Il avait utilisé une autre charge et m’avait frappé avec le genou droit au visage. J’avais à peine évité de me faire casser le nez, mais on m’avait renvoyé deux mètres plus loin. Le monde entier tournait autour de moi et je ne pensais pas pouvoir tenir plus.
Bordel ! Ne me dis pas que ça va finir comme ça ! Maudissais-je intérieurement.
Une attaque si simple et pourtant si efficace. Si j’avais une meilleure arme ou un meilleur bouclier, je ne l’aurais même pas senti. Si j’avais été préparé, j’aurais eu de meilleures chances de victoire. En y réfléchissant bien, je ne pouvais m’empêcher de me rendre compte de mes propres faiblesses face à de telles batailles.
« Pour être honnête, quand j’ai entendu la première fois que tu as été amené ici par Sire Seryanna en tant qu’ami, j’ai été surpris et confus en même temps. Je ne pouvais croire que quelqu’un avec son passé puisse se lier d’amitié avec un humain, » déclara Draejan en secouant la tête.
« De quoi parlez-vous ? » gémis-je en roulant pour essayer de me relever.
« Oh, ne me dis pas qu’elle ne t’en a pas parlé ? Je vois… Elle ne t’a pas parlé de ce qui lui est arrivé par le passé, n’est-ce pas ? » demanda-t-il.
« Quoi ? » J’étais confus et le regardais avec un front plissé, puis mes yeux tombèrent sur la dragonne en question.
Elle serrait les poings et baissait la tête comme si elle regrettait.
« Nous avons encore un peu de temps, alors je peux te le dire. Ce sera plus amusant de cette façon, » rit-il.
« Quoi ? » Je n’avais pas compris de quoi parlait ce dragon.
« Ne le faites pas, Draejan ! » Cria Seryanna.
« Pourquoi pas ? Je crois qu’en tant que personne qui prétend être ton amant, il a le droit de connaître le passé de ta famille, n’est-ce pas ? » déclara-t-il.
« Je ne comprends pas… Quel passé ? » demandai-je en essayant de me lever. Mais le vertige ne disparaissait pas comme au cinéma.
« L’histoire que tous les dragons et humains connaissent, mais un mystère pour ceux comme vous, » avait-il déclaré, soulignant une fois de plus le fait qu’il savait que j’étais un héros.
Je ne pouvais que le regarder.
« C’est arrivé il y a 38 ans, lorsque la dernière bataille entre les humains et les dragons. Sur le terrain, maintenant connu sous le nom de la cicatrice du champ de bataille, sur le domaine autrefois prospère de la famille ducale Draketerus. Oh oui, au départ, Sire Seryanna avait le même statut que moi, le fils d’un Duc ! » déclara-t-il en s’inclinant un peu.
Les Draketerus étaient autrefois des ducs ? Me disais-je étonné.
« Dans leur domaine, ils contrôlaient trois puissantes forteresses : Sendra, Callus et Thorn. Il y a 38 ans, l’armée humaine a envahi. Menés par un groupe révolutionnaire, ils ont conquis tout le domaine des Draketerus et ont assiégé ces trois forteresses. En trois jours, ils les ont renversés, » sourit-il.
Il s’arrêta un moment et me regarda dans les yeux pour s’assurer que je lui prêtais attention. Cela signifiait qu’il atteignait un moment important dans l’histoire.
« Au moment de l’invasion, Sire Brekkar Draketerus visitait Drakaria avec ses deux nièces, Seryanna Draketerus et Thraherkleyoseya Draketerus. L’une d’elles a été amenée ici pour passer son examen de chevalier royal. Tu peux deviner qu’elle l’a passé, non ? » Il sourit et regarda Seryanna.
« Qu’est-il arrivé dans le domaine Draketerus ? » avais-je demandé.
« Eh bien, tu es peut-être humain, mais même toi as peut-être remarqué le manque de membres dans leur famille ? » demanda-t-il.
Je clignai des yeux surpris. Maintenant qu’il le mentionnait, je n’avais jamais entendu Brekkar parler de sa femme ou de ses enfants. Kléo et Seryanna n’avaient jamais parlé de leur famille non plus.
Est-ce à cause de moi ? Je me demandais.
« Ces trois forteresses dont j’ai parlé plus tôt étaient dirigées par toute la famille Draketerus. L’épouse de Sire Brekkar était à Sendra, qui portait son nom, alors que les parents de Sire Seryanna étaient à Thorn, » expliqua-t-il.
« Quoi ? » Je clignai des yeux surpris.
« Non seulement cela, mais les cousins, les oncles et les tantes de Sire Seryanna étaient tous là aussi. Parmi eux, il y avait même le prince Coshun. Bien qu’il soit un fils adoptif de la famille royale, il faisait néanmoins partie de la famille royale et était un prince légitime. Son altesse avec chaque membre de la famille Draketerus a été BRUTALEMENT TUÉE par les envahisseurs humains. Leurs corps ont été PENDUS par le cou aux murs de la forteresse comme preuve… de la GRANDEUR des humains, » déclara-t-il en mettant beaucoup de pressions sur certains mots clés.
***
Partie 2
J’avais dégluti d’horreur en entendant cela, mais personne ne le nia et certains dragons en l’entendant montraient même des signes de haine et de dégoût pour ceux ayant fait cela. Des sentiments et des émotions se répandaient encore plus sur moi.
« Quand Sire Brekkar a entendu cela, il a demandé l’autorisation du roi pour emmener son armée sur le champ de bataille. Sa Majesté a accepté et Brekkar y est arrivé à l’aube le lendemain. Son armée a marché sans repos jusqu’à ce qu’ils atteignent le champ de bataille. Sire Brekkar lui-même prit son arme et riposta de toutes ses forces. En un mois seulement, il a repris son domaine, mais ce faisant, il a également brûlé la terre. De plus, parmi les ennemis humains, il y en avait un ayant atteint l’éveil supérieur. Il a lutté contre Sire Brekkar, mais le courageux général a finalement gagné aux dépens de son propre corps. Bien qu’il soit sorti victorieux, il avait perdu tout ce qu’il pouvait célébrer et même le pouvoir de retourner sur le champ de bataille. Il s’est retiré à Tomeron, mais sa bataille héroïque était sans aucun doute une vengeance, » Draejan avait déclaré cela sur un ton glorifiant l’ancien général.
Je pouvais seulement m’asseoir et écouter d’un air hébété. Tout ce que ce dragon me disait ressemblait à la vérité absolue et même Seryanna ne nia pas. En pensant que ce vieux dragon avait un tel passé, je ne pouvais que me demander ce qu’il avait traversé quand j’étais entré chez lui et lui avais demandé de devenir son ami.
Pour être l’ami de l’ennemi qui t’a pris ta femme et tes enfants… qui ont tout pris… Pourquoi n’a-t-il rien dit ? m’étais-je demandé.
« C’est pourquoi je ne comprends pas pourquoi Sire Seryanna a décidé d’épargner ta vie. Je ne peux même pas commencer à comprendre comment elle pourrait avoir des sentiments pour toi, autre que de la haine et du dégoût. Après tout, ton espèce… ton espèce a ruiné ce qui était sa famille, son bonheur, et peut être considérée comme la principale raison de la perte de pouvoir de la Troisième Princesse, » avait-il déclaré.
« Ça ne veut rien dire ! Je ne fais pas partie de ceux ayant participé à cette guerre ! » Lui avais-je crié.
Il plissa les yeux.
« Je ne pense pas que tu comprennes… mais je vais le répéter. Les humains sont ceux qui ont massacré sa famille, ses amis et tous ceux dont elle se souciait dans l’ancien domaine Draketerus. Ton espèce a causé la ruine de sa famille, de sa vie… et ton apparence même est un symbole de rappel de cette souffrance, » il avait clairement exprimé ces mots et les mises en évidence.
Je m’étais retrouvé perdu.
Ma volonté de combattre avait disparu, et puis… j’avais reçu un coup.
Draejan avait utilisé Charge et ne m’avait pas donné de coup de poing, mais m’avait donné une gifle si fort que j’avais roulé en l’air et avais atterri hors du terrain.
« Je déclare ce duel officiel terminé. Sire Draejan gagne, » déclara Teolas en levant la main.
« J’ai perdu ? Pas question… mais ma chance n’aurait pas dû me laisser… Je… non, c’est impossible, » déclarai-je, choquer.
Quand j’avais regardé derrière, j’avais vu le regard triste dans les yeux de Seryanna.
Est-ce que ça signifie… que je l’ai perdue pour de bon ? pensai-je en sentant mon cœur se serrer.
« Bien sûr, tu as perdu. À qui penses-tu faire face ? Si j’avais perdu contre un humain pathétique comme toi, j’aurais été enterré dans la honte, » déclara Draejan en enlevant son casque et sortant du terrain.
La colère coulait en moi et, serrant mon poing, je m’étais levé. Je m’étais précipité vers lui, voulant le frapper au moins une fois, mais Seryanna était venue devant moi avec ses bras écartés. Elle était là pour m’arrêter et sur ces joues je pouvais voir… des larmes.
« Arrête ça, Alkelios… Il n’y a rien d’autre que tu puisses faire… tu as perdu… tu es tombé dans son piège. Ce duel n’aurait pas pu dissoudre mon engagement de toute façon parce que le roi lui-même l’avait ordonné, » déclara-t-elle en serrant les poings.
« Effectivement. Ah ! Tu ne sais pas. Eh bien, je vais te le dire. Sa Majesté la reine a été empoisonnée il y a 12 ans par un être humain, après avoir accouché. L’humain était un ambassadeur de la paix ayant été envoyé ici pour discuter de la possibilité de mettre fin à cette guerre. Le roi l’a permis et… tu peux voir ce qui s’est passé. Ainsi, je doute fortement que Sa Majesté ne t’ait jamais écouté en premier lieu, » il ria.
J’avais serré les dents et avais baissé les yeux. J’étais fou furieux, mais j’avais perdu sur tous les fronts.
« Est-ce vrai ? » J’avais demandé en serrant les dents.
« Oui..., » dis Seryanna.
J’ai perdu… hein ? avais-je pensé.
« Adieu..., » déclarai-je... brisé intérieurement.
Avec la rage, la colère et une sensation de perte complète tourbillonnant dans ma poitrine, je m’étais enfui. Je ne voulais même pas la regarder dans les yeux. Je ne voulais même pas voir le visage de Draejan. Je ne m’étais même pas arrêté pour écouter le dernier appel de Seryanna… tout ce que j’avais fait, c’est de fuir aussi vite que possible où j’étais pris pour un imbécile, où j’étais détesté et… humain.
Donc, j’avais couru… j’avais couru aussi vite que possible, ignorant tous ceux m’appelant, essayant de m’arrêter, qui me regardaient d’une manière étrange. Tout ce qui m’importait, c’était de trouver la sortie et quitter cet endroit, toute cette expérience derrière moi. Je voulais oublier Seryanna et tous les autres. Je voulais rester seul… Après tout, il n’y avait plus rien pour moi ici… rien.
Au moment où j’atteignais les portes, deux enfants se tenaient sur mon chemin. C’était une petite fille et un petit garçon, tous deux avaient les yeux dorés et des cheveux blond pâle. Ils ressemblaient à deux poupées de porcelaine, étrangement belles.
« Q-Quoi ? » demandai je, surpris.
« S’il vous plaît, sauvez notre mère, » m’avaient-ils dit en parfaite synchronisation.
J’avais serré le poing et la mâchoire pendant un moment.
Quelle blague..., avais-je pensé.
« Je suis désolé, mais je suis un perdant… je ne suis ni un sauveur ni un héros. Je ne vous connais pas et je n’ai aucune idée de qui est votre mère. Je suis désolé, » avais-je dit avant de partir.
Les gardes à l’entrée ne m’avaient pas arrêté et m’avaient laissé passer, tandis que les deux enfants me regardaient en train de partir. C’était bizarre, mais j’avais l’impression qu’ils ne croyaient pas ce que je venais de dire.
Ce palais n’a plus rien à voir… Rien… Seryanna et tout le monde… je ne suis rien pour eux…, pensais-je en courant dans les rues animées de Drakaria.
***
***Point de vue de Kataryna***
« N’es-tu pas heureuse d’être débarrassée de cette peste ? » demanda Draejan à Seryanna.
« Tu as gagné aujourd’hui. Tu as peut-être gagné le droit de m’épouser. Tu as peut-être gagné le droit de revendiquer mon corps comme étant tien… Mais mon cœur lui appartient toujours et lui appartiendra toujours, » déclara-t-elle, mais… la lumière dans ses yeux avait disparu.
La dragonne quitta le terrain d’entraînement pour retourner vers sa chambre. L’énergie autour d’elle avait disparu. Le feu sans fin que j’avais ressenti lorsque je m’étais battue contre elle et avec elle était maintenant parti… comme si toutes les larmes qu’elle avait versées à l’intérieur l’avaient emportée.
J’avais poussé un soupir et avais approché Draejan et Teolas.
« Je vais te donner un avertissement, toi, gamin. Si tu oses toucher à nouveau à Alkelios, tu découvriras pourquoi l’histoire d’Albeyater ne me mentionne jamais. Interroge le vieil homme à ce sujet, il devrait savoir, » j’avais parlé calmement, mais pour la première fois depuis des siècles, j’avais libéré une vague effrayante d’envie de tuer.
Les deux avaient dégluti en me regardant.
Ceci dit, je m’étais éloignée d’eux et étais retournée vers Kléo, qui protégeait la troisième princesse. Demain, j’avais prévu de visiter Seryanna et ensuite Alkelios à l’auberge. C’était l’endroit où il était le plus susceptible de revenir, mais avant de le faire, j’avais crié quelque chose à ces autres imbéciles.
« Kataryna Georg, une éveillée supérieure, déclare officiellement son allégeance TEMPORAIRE à la troisième princesse et à l’humain Alkelios Yatagai. »
C’était la dernière chose que je devais faire. Dans ce jeu auquel ils jouaient, ces imbéciles savaient tous maintenant qu’ils ne devaient pas toucher à ceux-là, du moins jusqu’à ce que je déclare le contraire, ce qui serait le cas lorsque toute cette pagaille sera arrivée à une conclusion plus définitive.
***
***Point de vue de Teolas***
Pendant toute ma longue vie, je n’avais jamais pensé voir ce vieux fossile se relever ou même déclarer quelque chose d’aussi effrayant. Penser qu’ELLE ait fait un geste était simplement… terrifiant. C’est pour cela que j’avais décidé de faire attention à cet avertissement et de le transmettre à ce jeune fou qui remuait un troupeau de moutons avec un bâton.
« Qu’est-ce que cette dragonne pense être ? » Sire Draejan avait parlé d’un ton moqueur.
Je m’étais approché de lui et l’avais regardé dans les yeux. Mon regard perçant le fit tressaillir.
« Êtes-vous aveugle ? N’avez-vous pas senti sa force et son pouvoir ? » lui avais-je demandé.
« Eh bien, elle semblait forte, mais… je suis certain que le chevalier maître Teolas pourrait facilement la gérer, » déclara-t-il avec un sourire.
« Ne sois pas idiot. J’aurais besoin d’au moins mille vies avant même d’avoir pu la toucher ! » déclarai-je.
« Quoi ? » Il m’avait regardé comme si je venais de dire quelque chose de scandaleux.
« Écoutez-moi bien, il y a environ 500 ans, sur un champ de bataille loin d’ici, les armées d’Albeyater se sont affrontées avec celle de Zerudan. De tous les points de vue, nous n’aurions pas dû avoir de chance face à eux… cependant, au milieu de la bataille, une seule dragonne est venue et, bien qu’elle soit du côté de l’ennemi, elle a commencé à attaquer ses alliés sans pitié. Sans ménagement et avec un sourire fou sur le visage, elle dansa avec ses épées, » j’avais fermé les yeux en me souvenant de la scène où j’étais juste un jeune sachant à peine comment mettre son armure. J’étais l’un des plus jeunes commandants qui se tenaient à côté de notre roi.
Le choc des épées et des cris de fureur avait disparu alors que cette dragonne dansait parmi ses ennemis et ses alliés. Tous ceux qui se tenaient trop près étaient abattus par ses épées. Les commandants ennemis avaient essayé de l’abattre, mais elle les abattait en un clin d’œil. L’un après l’autre, elle les coupa et se fraya un chemin à travers la chair de ses alliés jusqu’à ce qu’elle atteigne leur général.
« Dans cette bataille, celle que nous craignions le plus était leur générale éveillée supérieure, mais ce dragon a été abattu par Kataryna Georg. Notre côté, par les ordres du roi, n’a pas bougé jusqu’à ce que leur conflit soit terminé. Leur armée… était presque deux fois plus grande que la nôtre, mais à partir du moment où la dragonne est entrée sur le champ de bataille jusqu’à ce qu’elle coupe la tête du général, elle l’a réduite à un nombre inférieur au nôtre, » j’avais dégluti.
« C’est impossible ! » avait déclaré Draejan.
« Gamin… n’osez pas m’insulter. » Je le regardai et il se figea.
« Je m’excuse, Sire Teolas. » Il inclina la tête.
« Soupire, c’est normal, vous pensez de cette façon. À moins que vous ne la voyiez en combat, vous ne le croiriez pas non plus… Pourtant, c’est la vérité… Plus encore, Kataryna Georg était la SEULE dragonne dont j’ai entendu parler jusqu’à présent qui est en mesure de vaincre un éveillé supérieur avant même d’en être elle-même une, » avais-je dit. Puis j’avais regardé vers la dragonne qui venait de partir.
« Si elle est quelqu’un de si fort, pourquoi mon histoire de la mentionne pas ? » demanda-t-il.
« Parce qu’après avoir gagné, elle a amené la tête du général ennemi aux pieds de notre roi et a ensuite pointé son épée vers lui. En échange de sa vie et de celle de tous les membres de son armée, elle a demandé à Albeyater de la laisser seule et d’effacer son nom de l’histoire. Si jamais elle souhaitait revenir en tant qu’alliée ou ennemie, elle voulait que ce soit de son propre chef, » J’avais poussé un soupir.
« Quelqu’un comme ça… Le roi a accepté ? » demanda-t-il.
« Oui. » Je hochai la tête. « Nous avons fait comme demandé, et elle est partie paisiblement. »
« Alors... » Draejan semblait confus.
« Gamin, si cet humain est capable de faire sortir ce vieux fossile de sa caverne… il pourrait aussi être celui amenant cette dragonne à nos côtés ou la fera se battre contre nous. Je crains que ce duel ne soit une idiotie en tant que telle, si elle le demande, je le ferai ANNULER. » J’avais déclaré avec un ton de voix aigu.
« Vous ne pouvez pas être sérieux, Sire ! C’était un duel officiel ! Plus encore, mon adversaire était un humain ! » rétorqua-t-il.
« Je préfère que vous perdiez la face que ce royaume perde plusieurs villes et d’innombrables vies, » j’avais répondu puis je l’avais laissé réfléchir.
***
Chapitre 47 : Conversation amicale
Partie 1
***Point de vue de Kataryna***
Le lendemain du duel entre Alkelios et Draejan, j’étais allée rendre visite à la Troisième princesse. Elle avait exprimé ses remerciements pour mon désir de la soutenir durant ces moments difficiles. C’étaient les mots remplis de miel que n’importe quel noble ou personne de la royauté aurait dits dans sa position.
« Juste pour être clair, avec moi, tu peux laisser tomber la manière de parler politique. » L’avertis-je, coupant à travers son masque avant qu’elle ne m’agace trop.
Elle déglutit puis acquiesça.
« Pour être honnête, je ne savais pas quoi faire… J’étais perdu en ce qui concerne ma position politique, mais avec vous à mes côtés, j’ai encore une chance de ne pas couler. Ceux ayant des éveillés supérieurs à leur côté ne sont pas si nombreux dans notre royaume, et les politiciens sont comme des requins quand on parle… de les collectionner, » déclara-t-elle en poussant un soupir. « Je m’excuse d’avance pour les problèmes que mon peuple va vous causer. » Elle s’inclina devant moi.
Je hochai la tête.
« Et pour Alkelios et Seryanna ? » demandai-je.
Elle fronça les sourcils et baissa les yeux. « Je n’ai pas eu la chance de parler avec eux depuis l’incident depuis hier. »
« Ma grande sœur n’a pas répondu même après que j’aie toqué à la porte pendant une demi-heure, » Kléo exprima ses inquiétudes.
Je poussai un soupir et me grattai l’arrière de la tête.
« J’avais le sentiment que ça pourrait arriver. Je vais aller leur parler..., » dis-je.
« S’il vous plaît, faites… Je laisse mon amie entre vos mains, » déclara la princesse.
« Amis, » la corrigeai-je en partant.
Une demi-heure plus tard, après que j’avais réussi à trouver dans ce palace complet, j’avais ouvert sa porte puis étais rentrée. C’était au premier étage de l’aile ouest. Cette zone était strictement réservée aux chevaliers, alors que les chambres au rez-de-chaussée étaient pour les servantes et serviteurs.
À l’intérieur, j’avais vu un simple lit, un bureau à gauche et une petite armoire pour stocker les vêtements qu’une personne pourrait devoir porter dans le palais. La dragonne en question était assise à la table à côté de la fenêtre et regardait les nuages.
Ses yeux manquaient de vie comme la dernière fois que je l’avais vu. C’était comme si elle avait perdu tout espoir et ne pouvait voir un autre chemin.
La Seryanna actuelle était décevante.
« Toujours en train de t'apitoyer sur ton sort ? » Demandai-je en allant m’arrêter à côté d’elle.
« Je pense me rappeler avoir verrouillé la porte..., » murmura-t-elle.
Je clignai des yeux et regardai derrière… vers l’épave.
« Les portes ne sont pas chères pour une chevalière royale, non ? Juste, achètes-en une autre, de plus, tu n’as pas répondu quand j’ai toqué. » Je haussai les épaules et la regardai.
« Tu n’as pas toqué. »
« Détails. » J’avais ensuite placé ma main sur sa tête en relâchant une vague de froid.
« Q-Qu’est-ce que tu fais ?! » Elle frissonna et sauta en arrière, atterrissant sur son lit.
Elle respirait rapidement, et il y avait quelques glaçons sur sa tête maintenant.
Je souris.
« Regarde donc. Il y a encore de la lumière ici. »
Clignant des yeux de surprises, Seryanna enleva la glace dans ses cheveux.
Pendant qu’elle faisait ça, j’avais pris une chaise et m’étais assise en face d’elle en croisant les jambes.
« Donc, prête à parler ? » demandai-je en souriant.
« À quel propos ? » Elle me fixa du regard.
« Alkelios. » Répondis-je.
Quand j’avais dit ça, elle regarda au loin et tira ses genoux vers son torse.
« Il n’y a rien à dire à propos de ça. » Murmura-t-elle.
« Oh, vraiment ? » déclarai-je en plissant les sourcils.
L’air dans la chambre commença à se rafraîchir. Elle me fixa du regard, mais elle refusait toujours de parler et tirait sa couette sur elle.
Je restais comme ça, sans dire quoi que ce soit pendant quelques heures, jusqu’à ce que son estomac commence à grogner.
« Faim ? » Lui demandai-je.
Elle avait sorti la tête du cocon de couette et me regarda. Il faisait si froid, je pouvais voir son souffle. Si je devais la comparer à quelque chose, ce serait un nouveau-né sortant la tête de son œuf et jetant un coup d’œil curieux au monde autour. D’une certaine manière, elle était mignonne, surtout la manière dont elle faisait la moue vers moi.
« Non. » Grogna-t-elle en retournant dans son cocon.
Je riais un peu, mais je n’étais pas partie.
Quelques heures passèrent et il commençait à faire nuit à l’extérieur, elle finit par dire quelques mots.
« Pourquoi es-tu encore là ? »
« Je suis curieuse de découvrir quelle nouvelle créature j’ai trouvée. Elle vit dans un cocon de couverture. » Riais-je.
« Pas drôle. » Murmura-t-elle en sortant un peu la tête.
Ma queue se balançait, de haut en bas. Je m’amusais avec cette dragonne rousse.
Quelques minutes plus tard en continuant à me fixer, elle réalisa finalement que je n’allais pas partir, alors elle abandonna le fait de me fixer. Cette dragonne était trop jeune de 500 ans pour essayer de me confronter !
En sortant la tête, elle me demanda. « Peux-tu au moins arrêter avec ce froid ? »
« Bien sûr. » Souris-je en acquiesçant.
La température redeviendrait équivalente avec la chaleur de l’extérieur une fois que la glace à l’intérieur aura fondu. Ça allait prendre au moins deux heures pour que ça arrive, donc j’aie pensé à changer d’endroit.
« Que dirais-tu de voler et de manger quelques morceaux de viande ? » Demandai-je en lui montrant ma bague.
C’était la spéciale que j’utilisais, qui pouvait transporter tout un entrepôt de marchandises. J’avais toujours nos bagages de voyage avec moi, y compris les siens. Une fois ma conversation terminée, je comptais les rendre. Je ne voyais aucun besoin de les retenir.
« Ouais... » Répondit-elle en hochant la tête.
Une fois sortie de son cocon, je l’avais saisie et j’avais sauté par la fenêtre. Le temps était beau et parfait pour un vol. Alors, j’avais étendu mes ailes et volé. Plusieurs gardes nous avaient suivis et avaient essayé de nous arrêter, mais une fois qu’ils avaient compris qui nous étions, ils nous avaient laissé passer.
J’avais continué de voler jusqu’à ce que nous atteignions un bel endroit au bord de la rivière qui passait par Drakaria. J’avais atterri là et mis en place un petit camp. Le feu était allumé en quelques instants et brûlait magnifiquement sous le ciel étoilé de la nuit. Il ne me restait plus qu’à préparer le gril pour la viande. Juste au cas où, je m’étais assuré qu’il n’y avait pas de monstres ou d’autres dragons aux alentours. Après tout, je n’avais pas besoin que quiconque vienne gâcher ce moment après toutes les difficultés que j’avais rencontré pour la faire sortir de son cocon.
« La viande sera près d’ici une dizaine de minutes. » Je lui avais fait savoir, puis me suis approchée d’elle.
La dragonne était assise sur le bord de la rivière, observant le reflet des deux lunes dans les eaux calmes. C’était presque la fin du mois nain. Personnellement, j’avais préféré leur calendrier aux nôtres. C’était précis et facile à suivre. Une fois que les deux lunes étaient parfaitement alignées, je savais qu’un mois se terminait et le suivant commençait.
« Merci..., » déclara Seryanna après avoir laissé échapper un soupir.
« Je t’en prie. » Dis-je en m’asseyant à côté d’elle.
J’avais ramassé un caillou et je l’avais jeté dans l’eau. Cela l’avait fait rebondir quatre fois avant qu’il ne tombe.
« Avais-tu un amant ? À Zerudan ? » Me demanda-t-elle.
« Hm... » Je m’étais penchée en arrière avec mes bras appuyés sur le sol et j’avais regardé le ciel. « Un amant, hein ? » Dis-je en fermant les yeux.
J’avais repensé à l’époque où j’étais encore chevalière dans l’armée de Zerudan. Il y avait quelqu’un que je visais aussi, après tout, je pouvais contrôler l’élément de glace, mais à la fin… j’étais encore une dragonne à l’intérieur.
Mon dernier souhait, hein ? Oui, j’en ai une… Destinée à une certaine dragonne… Si tu es ici, dans cette foule, sache que je t’ai toujours aimée. C’est pourquoi, du fond du cœur, je souhaite que tu sois heureuse…
Ces mots… cette scène… ça me revenait à l’esprit comme un mauvais souvenir.
C’était le jour où j’avais assisté à l’exécution d’un brillant dragon. Il était quelqu’un qui avait été reconnu coupable par ceux qu’on appelle « de sang noble ». Quand je les avais coupés en morceaux, leur sang était le même que celui d’un soldat, rien de spécial à ce sujet. Mais oui, son crime… avait été inventé parce qu’ils craignaient qu’il devienne plus puissant qu’eux. C’était stupide. Pour survivre, notre royaume exigeait sa force, mais le roi ne voyait pas sa valeur, juste la cupidité et l’envie des nobles l’entourant.
Quand sa tête avait roulé sur le sol… alors les leurs l’avaient aussi fait.
« Ah, je me souviens de quelque chose de désagréable. » Je soupirai.
« Est-ce ainsi… alors pourquoi as-tu demandé à Alkelios de te donner un œuf ? » Me demanda-t-elle.
« Ah, l’affaire de l’œuf..., » déclarai-je en fermant les yeux.
« Pour quelqu’un qui a de la force, ce n’est pas normal. Tu aurais même pu demander cela à un prince. » Dit-elle en secouant la tête.
« Penses-tu que sa valeur serait différente s’il était de sang royal ? » Je lui avais demandé cela.
« Ce n’est pas le cas ? » Me demanda-t-elle.
« Seryanna, tu es très jeune, tu ne le sais peut-être pas, mais plus un dragon place de l’importance sur le sang, la position, la couleur de ses écailles, plus bas est sa valeur. Qu’est-ce que nous sommes, Seryanna ? » Lui demandai-je en faisant un signe de tête.
« Hmm… Des chevalières ? » Demanda-t-elle.
Je secouai ma tête.
« Nous sommes des femmes. » Je l’avais regardé dans les yeux.
« Les femmes n’ont pas de force, n’est-ce pas ? » Elle baissa les yeux.
Quand j’ai entendu ça, je ne pouvais m’empêcher de me mettre à rire du fond du cœur.
« Q-quoi ? Est-ce que j’ai dit quelque chose de drôle. » Demanda-t-elle.
« Oui. » Je hochai la tête en essuyant une larme.
« Explique, » elle me fixa du regard.
« Un moment, » déclarai-je en me levant.
Je m’étais dirigée vers la viande et le retournai. Juste quelques minutes et nous aurions notre repas. Avec un bâton, j’avais également attisé un peu le feu, pour m’assurer qu’il soit bien réparti. Ensuite, j’étais retournée du côté de Seryanna.
« Où en étais-je ? Ah oui ! » Et ensuite en continuant de rire.
« Arrête ça ! » Elle me frappa l’épaule.
« Très bien, mais la réponse est ce que nous en faisons, » j’avais souri.
« Qu’est-ce que tu veux dire ? » Demanda-t-elle.
Je souris et regardai le ciel.
« Avec un seul baiser, nous pouvons faire tomber des pays. Avec un clin d’œil, nous pouvons changer l’avis d’un roi. Avec un mouvement de main, nous pouvons faire changer l’histoire… Si tu sais comment utiliser ce pouvoir et l’accepter, de telles choses ne sont pas impossibles, » déclarai-je.
« Je ne comprends pas. »
« Hm. Il y a un dicton qui dit ça : ne crains pas le roi, mais sa Reine, car toute femme capable de voler son cœur peut sûrement renverser le cours de la guerre ! » Je l’avais regardé dans les yeux.
« Je ne comprends pas. »
Je soupirai.
***
Partie 2
« Désolée… Bien que je sois généralement celle qui dit aux autres de ne pas parler en énigmes, finalement, il semble que je n’ai pas écouté mes propres mots. » Je m’étais frotté la tête et je lui avais fait un faible sourire.
« Alors, parle sans, s’il te plaît… Peut-être, que comme ça je pourrai je pourrai comprendre, » me déclara-t-elle.
J’avais hoché la tête.
« Avant de parler de la force d’une femme, je pense que je dois parler de ta force en tant que dragonne. Je ne sais pas si quelqu’un te l’a dit, mais être éveillé a plus à voir avec le sens fondamental du mot qu’avec la croissance physique. S’éveiller signifie trouver ce qui est vrai pour soi. Cela signifie devenir celle qui est fidèle à la voix de son cœur, » déclarai-je.
« Est-ce vrai ? » Elle fronça les sourcils.
J’avais hoché la tête à nouveau.
« C’était peut-être une croyance de Zerudan, mais je ne l’ai pas trouvée à Albeyater. Peut-être que personne n’a pris la peine de le vérifier, cependant, je peux le prouver très simplement. Combien de dragons as-tu connus avant qu’ils ne s’éveillent ? » demandai-je.
« Quelques-uns, » répondit-elle.
« As-tu remarqué un changement après leur éveil ? Leur personnalité reste en grande partie la même, mais quelques aspects différents les font qu’ils semblent changés. Dans certains cas, ils se sont probablement éloignés de toi, n’est-ce pas ? » demandai-je.
« Oui, mais n’est-ce pas parce qu’ils se sont éveillés et ne me voient que comme une enfant ? » me demanda-t-elle.
J’avais secoué la tête.
« Les dragons ne sont pas idiots. En général, nos instincts sont plutôt bons. Pour la société, ceux ayant dépassé l’âge de maturité sont juste ceux après leur éveil. Ceux comme tu es actuellement sont considéré comme des dragons n’ayant pas encore trouvé leur véritable soi. Ce sont des dragons qui portent encore un masque très épais et s’interdisent de faire beaucoup de choses, » avais-je expliqué.
« Quoi ? » Répondit-elle confuse.
« L’éveil signifie devenir le vrai soi. Rappelle-toi juste ça, et quand tu te rendras compte que tu vas à l’encontre de ce que tu crois… ou de ce que ton cœur et ton âme croient, alors essaye de les suivre pour une fois. Tu pourrais te retrouver inopinément en train de débloquer les conditions pour t’éveiller. » J’avais souri et lui tapotai la tête. « C’est pour cela que tu es vue comme une enfant. »
Elle fronça les sourcils et regarda le sol.
« Si seulement c’était aussi simple… Peut-être que je ne suis pas destinée à m’éveiller. » Grommela-t-elle.
« Faux. » Je secouai la tête.
« C’est vrai, après tout… après tout… » Elle avait hoqueté. « Si j’étais éveillée avec plus de pouvoir… si je n’étais pas si faible… j’aurais pu arrêter ce duel… j’aurais pu protéger Alkelios, et il… il ne m’aurait pas dit “Adieu” ! » Rétorqua-t-elle alors que ses larmes coulaient.
Je m’étais levée et étais allée au feu pour vérifier la viande. C’était presque prêt, alors j’avais attendu là un moment. Une fois prête, je l’avais rassemblé dans une assiette et étais revenue vers Seryanna. J’avais placé le plat entre nous et avais pris une bouchée de viande grillée.
« C’est bon, » avais-je dit.
Elle avait également pris un morceau. Son estomac l’exigeait par une bruyante protestation.
Nous avions tout mangé en silence. Une fois que nous avions été rassasiés, nous nous étions lavé les mains dans la rivière et j’avais sorti quelques fruits juteux pour étancher notre soif. À ce moment-là, le ciel s’était complètement obscurci. C’était la nuit.
« Je ne pense pas que tu sois à blâmer pour ce qui est arrivé à Alkelios. C’est quelqu’un qui doit apprendre à se prendre en main. La force que l’on a dépend de beaucoup de choses, y compris certaines décisions pouvant changer une vie, » déclarai-je en jetant une autre pierre dans la rivière, elle avait rebondi trois fois.
« Non, c’est de ma faute… J’étais trop faible… Il n’est qu’un humain, » grommela-t-elle.
« N’es-tu pas en train de le regarder de haut là ? » Demandai-je en plissant les sourcils.
« Je ne le ferai jamais..., » Elle s’arrêta à la moitié de sa phrase. « Oui… Je l’ai fait, n’est-ce pas ? » demanda-t-elle.
Je hochai la tête.
« De toutes les personnes, je devrais être celle ne pensant jamais cela ! » Elle grogna en attrapant un caillou à côté d’elle et en le jetant dans la rivière, il avait rebondi sept fois.
« Ne sois pas si dure envers toi-même, » lui déclarai-je.
« Alors… Qu’est-ce que je devrais faire, Kataryna ? Qu’est-ce que je peux faire ? Je ne peux même pas rester avec mon amoureux ! » Elle pleura en se cachant le visage avec les mains.
Des gémissements s’échappaient de ses lèvres alors que plus de larmes encore coulaient sur ses joues.
« Apprends à être ce que tu es vraiment..., » lui déclarai-je en souriant.
« Ce que je suis ? Une femme ? » Demanda-t-elle.
« Une chevalière royale qui est aussi la femme étant tombée amoureuse de cet humain d’un autre monde, » répondis-je.
« Ça semble étrange. » Répondit-elle.
« Apprends tout cela, et tu n’auras plus de difficulté à t’opposer à quelqu’un comme Draejan. » Je souris.
« Comment ? Il est beaucoup plus fort que moi ! »
« Alors, deviens plus forte. Combats, combats, explore des donjons si nécessaire. Mais fais tout ce qu’il faudra pour devenir plus forte. » Lui avais-je dit.
« Mais il a tout ce pouvoir politique avec lui ! Je ne peux rien faire contre lui, » avait-elle ajouté comme pour s’en excuser.
« Alors, apprends à les vaincre. Deviens rusée et habile à rassembler des informations. Apprends à lire tes amis comme tes ennemis, puis utilise cela contre eux. Apprends les lois. » Je lui avais dit ça.
« Mais je suis une chevalière royale… mes devoirs sont envers la troisième princesse. » Gémit-elle.
« Fie-toi à tes amis pour t’aider en cas de besoin, » lui avais-je dit.
« Toi… tu me dis que je ne peux pas reculer… qu’il y a encore de l’espoir ? Sais-tu ce que tu me demandes de faire ? » Demanda-t-elle.
« Être toi-même. Mais si tu ne me crois pas… pour l’instant, attends simplement, » j’avais fermé les yeux et m’étais allongée.
« Attendre… pour quoi ? » Demanda-t-elle.
« Pour Alkelios… ou sa réponse à tes désirs, » déclarai-je.
« Mes désirs ? » Demanda-t-elle une fois de plus.
« Tu veux réclamer cet humain comme étant tiens, n’est-ce pas ? » avais-je demandé.
« Quoi ? »
Quand j’avais ouvert les yeux et l’avais regardé, j’avais vu qu’elle était rouge comme une tomate.
« Tu veux enlacer Alkelios, enrouler ta queue autour de lui, et feuler comme une dragonne folle contre n’importe quelle autre femme osant l’approcher. Moi exclue, bien sûr, » j’avais rigolé.
« Quoi ? Je ne le ferais jamais..., » déclara-t-elle, mais je l’avais arrêtée quand elle m’avait vue plisser les sourcils.
« Tu ne ferais jamais quoi ? Le réclamer comme étant tiens ? Alors, pourquoi souffrir et pleurer ici si tu ne veux pas de lui ? Laisse-le à une autre femme. Laisse-le devenir leur problème maintenant. » Je haussai les épaules.
« Comment peux-tu dire ça ? » Rétorqua-t-elle.
« Alors ? Es-tu en train de dire que tu ne le laisseras pas à une autre ? » Demandai-je.
« Je n’ai pas exactement... » Elle s’arrêta et baissa les yeux en fronçant les sourcils.
Je laissai échapper un autre soupir.
Peut-être qu’elle n’est pas encore prête ? Je me demandais ça.
Cela aurait pu être un peu tôt, mais nous étions bien partis pour le moment. Seryanna devait s’occuper de ses propres sentiments et réfléchir à ce qu’elle voulait pour son propre avenir, mais si je la laissais maintenant, elle penserait sûrement à quelque chose de stupide, alors j’avais décidé de lui donner matière à penser.
« Cela pourrait être un peu trop tôt ou juste le bon moment, mais il est clair que toi et Alkelios traversez une période très difficile. À mes yeux, tout cela n’est pas si grave, mais ce n’est que moi. Je suis une éveillée supérieure et mon esprit ne suit plus la logique normale. Comme c’est comme ça, cependant, pourquoi n’acceptes-tu pas de faire un petit quelque chose pour moi jusqu’à ce que tu aies la réponse d’Alkelios ? » Demandai-je.
« Mais il lui est interdit de me voir... » Dit-elle.
« Oublie ça. Concentre-toi sur ce que j’ai dit et prends-le comme quelque chose de tout à fait possible. Qu’en dis-tu ? » Demandai-je.
« Hm... » Elle se frotta le menton et regarda le sol.
La dragonne prit son temps pour répondre, mais je n’avais pas parlé pour me plaindre. Plus je la pousserai à se dépêcher, plus les chances qu’elle se brise et retourne dans son cocon seraient grandes.
« D’accord, je vais te croire parce que tu es mon amie. » Elle hocha la tête.
Amie, hein ? pensais-je.
C’était bon de savoir que j’avais de nouveau des amis, mais cette fois, je n’allais pas les perdre avec des jeux politiques idiots. Non seulement j’étais beaucoup plus puissante maintenant, mais je savais aussi comment complètement arrêter leurs bouches bruyantes quand je le voulais.
« Pendant que je m’occupe d’Alkelios et obtiens de sa part une réponse par rapport à ce qu’il souhaite pour vous à partir de maintenant, réfléchis à la même chose. Juste, penses-y sans te soucier des résultats du duel. Ne te préoccupe même pas de mettre la force politique et militaire d’Alkelios en équilibre avec les autres, pense simplement à cela du point de vue de Seryanna Draketerus. Pas la chevalière royale, pas la noble, pas la guerrière, juste la femme étant tombée amoureuse d’un homme. Après y avoir réfléchi, établis un plan sur la manière dont tu souhaites l’avenir. Deviens plus forte et élimine tes faiblesses en t’améliorant. Si tu es faible, deviens plus puissante. Si tu n’es pas suffisamment confiante, alors donne-toi les raisons de l’être. Construis-toi petit à petit, pas à pas, et ne t’inquiètes pas du résultat final, d’accord ? » Lui expliquai-je.
« Je pense que je comprends… Heu, pourrais-tu le répéter une fois de plus ? » Demanda-t-elle en penchant la tête.
« Bien sûr. » Je lui avais fait un sourire et m’étais répétée.
De la façon dont je voyais les choses, Seryanna n’était pas une dragonne qui avait du mal à comprendre de telles choses, mais il y avait beaucoup de nouveaux objectifs et tâches à prendre en compte à partir de maintenant. Beaucoup d’entre eux étaient des choses dont elle ne se souciait pas de faire avec qui que ce soit, cependant, ce que je lui avais dit était le moyen le plus rapide et le meilleur qu’elle pouvait prendre sans traverser un drame interminable. Alkelios ne quittera certainement pas Drakaria et la dragonne obstinée finirait par le rencontrer tôt ou tard. Une seule nuit de passion était tout ce dont ils avaient besoin pour relancer les choses, mais à ce moment-là, les problèmes non résolus entraîneraient plus de drames, et honnêtement, je n’avais ni le temps ni la patience de tout gérer. C’est pourquoi j’étais en train de forcer mes conseils dans la tête de Seryanna.
Une fois que la dragonne avait compris, j’avais prévu de faire la même chose avec Alkelios.
***
Chapitre 48 : Auto destruction
Partie 1
***Point de vue de Kataryna***
Seryanna était une forte dragonne. Elle avait retenu ses larmes de toutes ses forces et essaya de ne pas montrer sa souffrance aux personnes l’entourant. Normalement, cette discussion d’encouragement aurait dû être faite par son maître, une collègue en qui elle avait confiance, ou Kléo, mais honnêtement, je ne croyais pas que l’une d'elles soit capable de l’aider.
Tous se seraient juste arrêtés à sa porte et elles n’auraient pas essayé de se forcer à l’intérieur comme je l’avais fait. Si je m’étais engagée dans cette voie, Seryanna m’aurait finalement laissé entrer, mais seulement APRÈS que la lumière dans ses yeux ait complètement disparu sans possibilité de revenir. À ce moment, même moi je n’aurais rien pu faire. Les paroles de tout le monde lui seraient simplement passées au travers, et le seul qui pourrait avoir un effet ne pourrait pas l’atteindre.
En ce qui concerne l’éveil… même si peu semblaient en parler, il y avait d’innombrables dragons morts de vieillesse ne s’étant jamais éveillés. J’avais fait tout ce que je pouvais pour Seryanna, maintenant tout dépendait de la force, de sa volonté et de son désir de se libérer de ses propres chaînes.
Alkelios était un autre travail… c’était un humain, même pas de ce monde, à ma connaissance. La façon dont il voyait le monde ressemblait beaucoup à celui de quelqu’un ayant atteint l’éveil supérieur, mais contrairement à eux, il n’avait ni le pouvoir ni la conviction de renforcer ses propres croyances. En tant que tel, il finirait par être mis à l’écart ou giflé par les convictions des autres. Il avait tort quand ils avaient raison.
Cela étant dit, je ne savais pas trop comment l’approcher… S’il pensait comme un éveillé supérieur, son obstination serait aussi grande que la mienne. La dernière fois que j’avais fini par souffrir énormément, je m'étais isolée pendant plusieurs siècles, laissant le monde comme si de rien n’était. Si je prenais cette période comme exemple, alors cette fois je devrais faire le contraire de ce que j’avais fait avec Seryanna, ce qui voulait dire attendre que ses sentiments se calment un peu et ensuite essayer de lui parler.
« Qu’est-ce que tu veux dire par "il n’est pas là" ? » demandai-je en plissant le front.
« Alkelios n’est pas revenu depuis votre départ. Quelque chose est arrivé ? » Demanda Collentra.
Il n’était pas à l’auberge. Cela signifiait qu’il se déplaçait autour de Drakaria ou que quelque chose lui était arrivé. Puisqu’il était dans ce genre d’état, je ne serais pas surprise qu’il se batte avec un garde et se fasse jeter en prison.
« Disons simplement qu’il ne se sent pas trop bien, » déclarai-je en me grattant la tête.
« Est-ce vrai ? Voulez-vous rester plus longtemps ici ? » Demanda-t-elle.
« Non. Nous restons actuellement au Palais. Alkelios continuera à rester ici. Je paierai un mois d’avance, » déclarai-je en sortant mon porte-monnaie.
« Merci pour votre parrainage. » Collentra m’avait fait un sourire.
Après avoir payé les frais requis, j’étais partie à la recherche de l’homme insensé.
Maintenant, où pourrait-il être ? Je me le demandais.
***
***Point de vue d’Alkelios***
C’est bizarre comme une rupture peut avoir un tel effet sur moi. Je me sentais bizarre comme si le monde entier était sur mes épaules. Je ne pouvais pas voir directement, mes pas étaient lourds et même respirer était une corvée.
Depuis que j’avais quitté le palais, je m’étais traîné dans la ville, attendant le moment où mon corps serait à bout de forces et où je m’effondrerais, mais mes statistiques étaient trop élevées, car cela faisait bien plus de 48 heures et je marchais toujours.
À un moment donné, quelqu’un avait réussi à me voler mon épée. C’était la seule chose de valeur sur ma personne. Je n’avais pas de monnaie, pas de bijoux, rien… le voleur avait craché dessus en me demandant pourquoi j’étais plus pauvre que lui. J’avais ri de sa remarque en continuant à me déplacer dans la ville, marchant dans les rues comme un vieux bateau à la recherche d’un endroit où il pourrait devenir une épave.
J’avais pensé à boire sans fin, mais je détestais l’alcool. Non, pour être plus précis, ils n’avaient pas de bière. Ce n’est pas comme si j’avais beaucoup d’expérience en tant que buveur non plus. La loi roumaine sur la consommation d’alcool était de 18 ans, mais comme tout enfant, j’avais bu quelques gorgées de bière et de vin avant d’être majeur. Je ne m’étais jamais saoulé, tout au plus un peu éméché, mais compte tenu de mon âge, un verre de vin était suffisant.
J’avais pensé à me battre, mais sérieusement, est-ce que l’un de ces dragons pourrait être un bon adversaire ? Si je le souhaitais assez fort, je tomberais probablement sur quelqu’un pouvant me tuer d’une gifle, mais à ce moment-là, je ne me sentais même pas capable de souhaiter réellement quelque chose.
Pour le dire simplement, j’étais déprimé et plus rien n’avait d’importance.
Quand le ciel s’assombrit à nouveau, je songeai à essayer de fuir la ville en courant. Peu importait que je revienne ici ou non. Qui m’attendrait ? Je n’avais plus de famille… J’étais seul dans ce monde étrange où le seul humain que j’avais rencontré a essayé de me tuer !
Tant de fois, j’avais eu envie de crier au ciel et de demander à ce « Dieu » pourquoi il m’avait envoyé ici. Pourquoi étais-je tombé amoureux de Seryanna ? Pourquoi devais-je traverser ça ?! N’aurais-je pas pu vivre mieux si j’avais été envoyé au même endroit que les autres terriens ? Au moins… avec eux… je n’aurais pas à me sentir étrange tous les jours. Je n’aurais pas besoin de m’inquiéter pour ma vie et de mettre constamment le masque de quelqu’un qui s’en fichait.
J’étais un humain de 18 ans… Encore un enfant, peut-être ? J’avais peur… j’avais peur… mais je savais… que je n’étais pas censé être comme ça, montrer mes peurs, mes incertitudes. Dans un pays peuplé de dragons puissants et imposants… comment pourrais-je montrer de la peur ?
Mais… même ainsi… je suis humain… n’ai-je pas le droit d’avoir peur ? Je ne suis pas autorisé à trembler ? Hah! Amour… de toutes les personnes, je suis tombé amoureux d’une dragonne. Et même alors… je n’ai pu la retenir, je l’ai perdue… Je l’ai laissée tomber… je l’ai laissée partir… je suppose que peu importe ma chance, certaines choses ne sont jamais censées se passer. Où peut-être… ne la méritais-je pas depuis le début ? Qui suis-je pour mériter Seryanna ? Elle est une dragonne et je suis un humain… Elle doit être avec ses semblables, pas moi… qui suis de la même espèce que ceux ayant tué sa famille. Est-ce qu’elle y pensait à chaque fois qu’elle me regardait ? Qu’a-t-elle ressenti quand je l’ai embrassée… ? Est-ce que je l’ai forcée à se trahir… et à ses parents morts ? Pourquoi est-ce qu’elle ne m’a pas tué à l’époque ? Pourquoi ? POURQUOI ?! POURQUOI ?!!
En pensant cela, j’étais tombé sur quelqu’un. Je ne m’étais pas excusé, je l’avais contourné, mais elle m’avait attrapé par le cou et un froid soudain avait balayé mon corps ainsi que l’air autour.
« Oho~ c’est donc là que tu as erré ? »
J’avais reconnu la voix. C’était Kataryna.
En la regardant, je vis l’un de ses yeux se contracter.
« Heu… peux-tu me laisser aller... » Dis-je.
« Non. Tu penses faire quelque chose de stupide, n’est-ce pas ? » me demanda-t-elle en plissant les yeux.
« Juste courir à travers les champs jusqu’à ce que mes jambes me lâchent… écoute, je peux me défendre si quelque chose arrive. » Dis-je en essayant de toucher mon épée, mais elle n’était plus là. « Ah, elle a été volée. J’ai oublié, » avais-je dit avec un haussement d’épaules. « Alors je vais les frapper ou appeler Jophiel..., » murmurai-je.
« Comme si ce Phoenix allait répondre à ton appel dans ton état, » elle renifla.
« Laisse-moi partir, Kataryna, je ne suis pas d’humeur pour quoi que ce soit, » déclarai-je.
« Non, » m’avait-elle dit avant de me frapper dans l’estomac.
Je ne sais pas ce qu’il s’était ensuite passé parce que j’avais perdu connaissance.
Quand je m’étais réveillé, j’étais dans mon lit à l’auberge. Mon armure avait été remplacée par des vêtements de tous les jours. Les morceaux d’armures étaient posés sur la chaise à côté de la table. Tout était en lambeaux et semblait à peine tenir ensemble. Aucun aventurier sensé ne porterait quelque chose comme ça.
« Tu t’es finalement réveillé. Je commençai à m’inquiéter, » avait déclaré Kataryna après être entrée dans la pièce, une cruche d’eau à la main.
« Inquiète ? Pourquoi ? » avais-je demandé.
« Tu es inconscient depuis deux jours, » me déclara-t-elle.
« Argh… Vraiment ? » demandai-je en me frottant le front.
« Ouais. Un total de 34 heures ! » déclara-t-elle en posant la cruche sur la table puis en s’approchant de moi.
« Étais-je malade ? » Demandai-je.
« Non, juste très fatigué. Quand je t’ai trouvé, tu étais pâle comme un cadavre et tu bougeais aussi comme eux. Les gens commençaient à se demander si, par hasard, tu commençais à en devenir un. Un garde envisageait même de t’abattre, » répondit-elle.
« À ce point ? » J’avais plissé les sourcils.
« Ouais. Comment te sens-tu maintenant ? » Me demanda-t-elle.
« Mieux… mais qui m’a changé ? » avais-je demandé.
« Je l’ai fait. » Elle avait souri.
« Tu as oublié le pantalon. » Je plissai les yeux.
« Ne t’inquiète pas, j’ai essayé de t’attaquer dans ton sommeil, mais ton corps était trop fatigué pour réagir à quoi que ce soit. En fait, j’ai dormi nue à côté de toi et tu n’as eu aucune réaction. » Elle l’avait dit comme si ce n’était rien.
« Tu as essayé… tu as réellement essayé ? N’est-ce pas un crime ?! » Demandai-je en fronçant les sourcils.
« Le reporterais-tu ? » Elle sourit et gonfla la poitrine.
J’avais détourné le regard. « Non... »
J’avais alors ri, elle aussi.
« Alkelios... » Elle commença à parler. « Je sais que tu traverses beaucoup de choses à cause de ce qui s’est passé. Seryanna est aussi... »
J’avais ramené mes genoux vers ma poitrine et regardai par la fenêtre.
« Je ne suis pas digne d’elle..., » déclarai-je.
« C’est ce que tu crois, mais tu sais que ce n’est pas la vérité... » Elle s’arrêta et se gratta l’arrière de la tête. « Ah, donner des conseils, c’est dur... »
« Désolé d’être pénible, mais hé ! Regarde le bon côté des choses, je suis le bâtard qui n’a pas su réagir même lorsque deux beautés se sont proposées à lui ! Vos efforts pour ce bout de chair humaine ont été vains ! » Je ris, mais c’était forcé.
« Ce n’est pas vrai. » Elle fronça les sourcils.
« Comment cela pourrait ne PAS L’ÊTRE ? » Criai-je en la regardant.
« Alkelios... » Elle avait essayé de parler, mais je l’avais arrêtée.
« Écoute, Kataryna, j’apprécie tes efforts, mais… regardons les choses en face… je ne suis pas bon. Comme ce bâtard l’a dit, je suis faible. Je ne peux même pas protéger la femme que j’aime ! Et honnêtement, je n’ai pas envie d’en aimer une autre… je ne suis plus qu’un être en ruine. Ma copine et mes amis étaient dans une situation difficile et tout ce que j’ai fait était d’empire tout cela… je ne pense pas que tu puisses comprendre ce que je ressens. » Je la foudroyai du regard.
Au lieu de lever un sourcil avec une expression de suffisance, Kataryna sembla peinée et baissa les yeux.
« Tu ne peux pas non plus savoir ce que j’ai vécu dans ma vie, Alkelios, mais laisse-moi te donner un conseil... » Elle me regarda ensuite dans les yeux, elle avait un regard doux. « En ce moment, tu es un chaos émotionnel. À mon avis, tu ne peux même pas penser clairement et dès que quelque chose t’énerve, tu te mets à crier comme tu viens de le faire. En ce moment, tu te détestes probablement, tu détestes la façon dont tu agis et penses, mais ce n’est PAS le vrai toi. Alkelios, tu n’es pas quelqu’un comme ça. Peu importe combien toutes ces voix dans ta tête crient que ce n’est pas la vérité, tu sais que ce n’est pas le cas. Si tu n’y crois pas, crois en moi, ton amie. La seule raison pour laquelle je suis ici. La seule raison pour laquelle je t’ai ramené à l’auberge avant de mourir d’épuisement, c’est parce que je TIENS à toi comme ami. » Elle s’arrêta et prit une profonde inspiration.
Je ne pouvais pas répondre quoi que ce soit. Non, il y avait des choses que je voulais dire, mais elles sortaient toutes de cette partie de moi que je ne voulais pas montrer, cette obscurité qui murmurait à mes oreilles que je n’étais qu’un déchet. Je n’osais pas dire ces mots… ils n’étaient pas les miens, peut-être.
« Au cours des 500 dernières années, tu as été la première personne, humaine comme dragon ou autre, à être venu et à m’avoir demandé honnêtement de devenir mon ami… sans aucune condition. Tous ceux m’ayant approché me voulaient pour mon pouvoir ou mon corps. Au moment où ils prononçaient le mot “ami”, je les tuais. Mais toi… tu, là-bas, dans cette grotte, tu m’as demandé d’être ton amie parce que tu le voulais vraiment. J’ai aussi le sentiment que ta compétence ne s’est activée que parce que je cherchais un véritable ami et non un pseudo-ami aux intentions cachées, » dit-elle avant de se lever et de se diriger vers la porte.
***
Partie 2
Kataryna s’arrêta avant de tourner la poignée et me regarda.
« Est-ce que nous apparaissons toujours comme amis dans ta compétence ? » Demanda-t-elle.
J’avais baissé les yeux et avais murmuré les mots « Afficher le statut. »
J’y avais vu :
Nom : Alkelios Yatagai
Espèce : humain
Niveau : 182
Force : 124 +518 +826 +218 +1958,2 +164
Vitesse : 18 +366,1 +584 +246 +2548 +286
Dextérité : 22 +333,4 +784 +121,4 +2146 +242,8
Magie : 17 +286 + 510 +1090 +734 +178
Chance : 100
Excellence magique : 1 % +9 % +9 % +13,8 % +9 % +3 %
Compétences : montrer ? O/N.
Points de compétences : 42
Points de statuts : 1810
Les statistiques étaient un peu différentes de la dernière fois que je les ai vues et il semblait qu’Iolaus faisait de réels efforts pour devenir plus fort, mais tout le monde a gagné quelques points de plus depuis que nous nous étions inscrits à la Guilde des Aventuriers.
« Est-ce que j’y suis toujours ? » Me demanda-t-elle.
« Oui... » Ai-je répondu.
« Alors, c’est la vérité du monde qui t’entoure. Ce n’est pas ce que les autres disent… Alkelios réfléchis-y bien et, quand tu auras pris ta décision, laisse un message pour moi à Collentra. Je viendrai parler avec toi à ce moment. Écoute, je t’ai laissé sur la table quelques pièces d’or à utiliser comme tu le souhaites. Tu peux t’enivrer, remplacer ton équipement et partir à la chasse aux monstres, je m’en fiche tant que cela t’aide à surmonter l’état dans lequel tu es. Ne t’inquiète pas non plus pour tes repas ou frais pour l’auberge. Je vais payer pour tout cela… je fais tout cela parce que je me considère comme ton amie, » déclara Kataryna avant de quitter la pièce.
J’étais laissé seul à mes propres pensées. Pendant un moment, je pensais réellement que Kléo allait faire irruption à l’intérieur et faire une sorte de blague à partir de tout ça, mais personne n’était venu.
Je n’arrêtais pas de regarder la fenêtre de statistiques et les points de compétences inutilisés. Tout me semblait si ridicule maintenant, tous ces points de statistiques, tout. Quand je m’étais souvenu du duel entre moi et Draejan, je ne pouvais même pas croire à quel point j’étais idiot parce que je ne pensais pas correctement… eh bien, je ne réfléchissais pas même maintenant, alors tout ce que je pouvais faire, c’était de rire de moi-même.
Puis, lorsque le ciel avait commencé à s’assombrir, j’avais regardé dehors les dragons voler dans le ciel. Ils avaient l’air si libres, si forts, mais je savais que même seul, je pouvais tous les abattre. Cette fenêtre de statistiques était si ridicule. Cela n’avait tout simplement aucun sens pour moi… pas du tout. Même comment j’avais perdu restait un mystère.
Ai-je même utilisé toute ma puissance ? Je me demandais.
Étrange, mais plus j’y pensais, plus je sentais que j’étais censé perdre… comme si je n’étais pas prêt à gagner.
Quand la nuit était venue et que la lune était dans le ciel, j’ouvris de nouveau ma fenêtre de statistiques et regardais ces chiffres.
« Attribue tous les points de statistiques… à la chance, » avais-je dit.
Rien ne s’était passé.
« Bien sûr. » J’avais ri.
Quand j’avais arrêté, j’avais à nouveau dit. « Attribue tous les points de statistiques à... » Je m’arrêtais… une pensée me traversa l’esprit. Es-tu sûr ? Cela pourrait apporter ta fin ? Je serrai les poings et jetai ces pensées. « Oui, je suis sûr… quel est le pire qui peut m’arriver. » Je fixai la couverture.
C’était ce que l’on appelait le point d’autodestruction quand on était submergé par le stress, la dépression et la situation même de la vie quotidienne. Quand on subissait un choc si puissant, on ne voyait plus aucun espoir d’essayer de s’améliorer. On ne faisait que détruire les chances d’avenir dans l’espoir d’être anéantis par l’état dans lequel on était… et peut-être… quelqu’un nous achèverait.
J’étais dans cet état à ce moment. Je ne réfléchissais pas correctement. Je n’espérais pas m’améliorer ni a mieux agir.
« Attribue tous les points de statistiques à… la magie. » Dis-je.
Magie : 1826 +286 + 510 +1090 +734 +178
Puis j’avais ouvert la fenêtre de compétences.
« Je souhaite… je souhaite de tout mon être acquérir le plus dangereux et puissant sort de cette liste, » déclarai-je.
J’avais donc fait défiler la liste au hasard, puis j’avais choisi au petit bonheur la chance.
Itsy Bitsy BOOM ! Était le nom de la nouvelle compétence que j’avais obtenue.
Voulez-vous dépenser 35 points pour obtenir cette compétence ? Oui/Non.
« Oui. »
Êtes-vous sûr ?
« Oui. »
C’était la première fois qu’on me demandait quelque chose comme ça, alors ça m’avait encore plus déterminé à l’obtenir. En plus, comme ça, je tenterai aussi de devenir un demi-dragon. Je n’avais aucun moyen de gagner suffisamment de points maintenant si je ne sortais pas chasser sérieusement. Mais quelque chose comme cela était impossible pour le « moi » actuel.
« Voyons voir ce que j’ai eu..., » avais-je dit en ouvrant la liste des compétences.
Itsy Bitsy BOOM ! : niveau maximum : Créer une explosion thermonucléaire contenue avec l’équivalent de 100 Mégatonnes de TNT en utilisant la fission d’un noyau d’énergie magique renforcé par la fusion de gaz de deutérium et de tritium.
ATTENTION ! Cette compétence entraînera des retombées toxiques sur une zone de 25 km autour du point 0 d’explosion.
Le contenant est obtenu grâce à l’utilisation de trois barrières spéciales. La première contient la boule de feu qui peut atteindre un rayon de 16 km du point d’explosion. La seconde contient la chaleur et une partie de l’onde de choc s’étendant sur 20 km autour du centre d’explosion. La troisième et dernière barrière s’étant sur un rayon 25 km autour du point d’explosion et a pour but d’arrêter tout rayonnement pouvant se propager plus loin que cela.
ATTENTION ! NE PAS UTILISER EN INTÉRIEUR !!! Sérieusement ! C’est emmerdant de recoller les continents ensemble, alors faites-en une faveur divine et ne le placez pas dans une caverne ou un donjon !
Coût : 1000 de magie.
Après avoir lu la description et le coût, je n’avais pu m’empêcher d’éclater de rire. Malheureusement, à force de rire, j’avais fini par pleurer. Ma chance stupide ne me laissait même pas m’autodétruire…
« Qu’est-ce qu’il se passe avec cette situation ? » avais-je dit, puis j’avais continué à pleurer jusqu’à ce que je m’endorme.
Le lendemain, je n’avais pas quitté ma chambre… ni le suivant.
***
Chapitre 49 : Une bonne raclée
Partie 1
***Point de vue d’Alkelios***
Deux mois et plusieurs jours s’étaient écoulés depuis la dernière fois que j’avais vu Seryanna… je n’avais ni vu Kataryna ou Kléo, mais je savais qu’elles passaient toutes les deux à cette auberge de temps en temps et demandaient comment j’allais.
Chaque fois que j’entendais Collentra m’informer de cela, je commençais à rire de moi-même et retournai dans ma chambre. Je ne restais même pas écouter ce que la dragonne avait à dire, je l’ignorai simplement.
Je pense que c’était il y a environ une semaine lorsque Kataryna s’est arrêtée et a dit à l’aubergiste qu’elle cesserait de payer mon loyer. Aujourd’hui était le grand jour où j’allais me faire virer.
Honnêtement, je m’en fichais… j’étais dans le pétrin et je me détestais pour cela ! Je n’avais ni le désir ni l’intention de m’améliorer.
Quelle utilité de toute façon ? J’étais un humain au milieu d’un continent de dragons où tout le monde détestait mon existence même. J’avais perdu la femme que j’aimais parce que j’avais été idiot et, pour être plus précis, j’étais un idiot encore plus grand parce que, pour une raison quelconque, je croyais que je ne pourrais jamais L’AIMER VRAIMENT parce que nous étions d’espèces différentes.
En effet, j’étais le pire déchet ! J’étais un produit défectueux de l’espèce humaine ! Un échec !
Et là, j’étais assis sur mon lit, pas lavé depuis Dieu sait quand, avec un grand sourire au visage et une bouteille d’hydromel à la main. C’était uniquement pour le spectacle, j’avais essayé de me saouler une fois, mais comme prévu j’avais échoué. Je portais les mêmes vêtements qu’il y a deux mois. C’était un miracle qu’ils ne soient pas déjà désintégrés.
Dans cet état dégoûtant, j’allais accueillir dans ma chambre l’une des plus puissantes dragonnes du continent : Kataryna. Aujourd’hui était le grand jour où elle viendrait certainement me dire à quel point j’étais un échec. Pourquoi ? Parce que je le souhaitais et que ma chance ferait en sorte que ça arrive !
Alors, finalement… la clé avait tourné dans la porte et s’était ouverte. Mon cœur battait très vite et j’avais peur, mais j’avais un grand sourire sur le visage. Le sourire d’un homme désespéré… de quelqu’un croyant avoir tout perdu.
Eh bien… avec Seryanna épousant Draejan, c’était le cas, non ?
Quand la porte fut complètement ouverte, je lui jetai la bouteille d’hydromel… Elle se brisa contre le mur, projetant l’alcool sur tout, sauf elle. Un bouclier de glace empêchait le liquide de la toucher.
Je ne voulais pas faire ça… merde, avais-je pensé.
« Doooonc… Tu es ici pour me demander de te faire un œuf ? » demandai-je en étant le pire.
Je ne voulais pas dire ça ! Qu’est-ce qui m’arrive ?! pensais-je à nouveau.
À l’intérieur, j’étais dans un état de panique, de folie et au bord du gouffre. Je repoussais les limites de ce que je pouvais atteindre, me demandant si je serais capable de me briser et de tout bouleverser. C’était cette sorte de logique tordue dans laquelle mon esprit était.
Deux mois d’isolement et de dépression avaient tendance à faire ça aux personnes… malheureusement, je ne m’attendais jamais à ce que ce soit si grave au point que quelque chose d’autre que moi parle. En fait, ce qui sortait de ma bouche n’était que des déchets.
« Il semblerait que tu te débrouilles bien, Alkelios, » déclara Kataryna, puis elle fracassa le bouclier de glace avant d’entrer dans la pièce.
L’hydromel gelé était tombé au sol et je l’avais regardée de la tête aux pieds, mais j’avais forcé mes yeux au niveau de sa poitrine.
« Déshabille-toi, » avais-je ordonné en souriant.
« Hm ? » Elle sourit et inclina la tête vers la gauche.
« Déshabille-toi, » me répétais-je.
Un pic de glace avait été envoyé et avait frappé le mur à un centimètre de mon cou.
Je n’avais même pas bronché. J’avais souri à la place et laissais ces détritus s’échapper de mes lèvres.
« Déshabille-toi, » ordonnai-je une fois de plus.
Kataryna secoua la tête et poussa un soupir.
« J’ai peut-être attendu trop longtemps ? » se demanda-t-elle à voix haute.
« Qui sait ? Est-ce que tu vas te déshabiller ou non ? » demandai-je, s’il te plaît non… Pensais-je.
« Dis-moi… Seryanna est-elle toujours sur ta liste ? » demanda-t-elle.
« Oui… et alors ? » demandai-je d’un ton moqueur.
« Je vois… et moi et Kléo ? » demanda-t-elle.
« Oui..., » répondis-je.
« Bien..., » elle acquiesça.
Je m’étais éloigné du lit et je l’avais approchée.
« Il n’y a que nous deux ici… je suis jeune, je peux en supporter plus, » je souriais. S’il vous plaît, que quelqu’un me frappe…, pensais-je.
Et ma prière avait été accordée, le poing de Kataryna m’avait frappé droit dans le ventre. C’était un coup si puissant que j’avais vomi tous mes repas de ce jour.
« Tu as oublié de dire “s’il te plaît”. Maintenant, je crois que je suis celle devant m’excuser. Après une semaine, j’aurais dû savoir que les choses se passeraient ainsi. Mais je te considérais comme un dragon et non comme un humain. Pour nous, il faut plus de temps pour atteindre ton état actuel, » me déclara-t-elle avec un sourire me donnant des frissons.
« Je vais... parfaitement bien… ! » rétorquai-je en toussant.
« Vraiment ? » déclara-t-elle d’un ton moqueur.
« Oui… Je n’ai pas besoin de toi, Seryanna, Kléo, Brekkar ou qui que ce soit D’AUTRE ! Laissez-moi tout seul ! Je suis un humain, n’est-ce pas ?! Juste un imbécile ! Un jouet pour vous, les dragons ! » Je la foudroyai du regard et tentai de la repousser, mais elle esquiva et je tombai au sol.
« Je peux voir ça. Tu vas si bien que tu vis comme un porc dans un endroit où le soleil ne brille pas, » répliqua-t-elle.
« Ha ! Bien joué ! » Je la pointai du doigt. « Alors, est-ce que tu vas te déshabiller ou non ? » Lui demandai-je à nouveau avec un sourire moqueur.
« D’abord tu me demandes de te laisser seul, puis de me déshabiller. » Elle inclina la tête. « Si j’étais Seryanna, j’essaierais peut-être de te réconforter comme ça, mais… je suis assez sage pour comprendre que ça n’est pas le remède dont tu as besoin. » Elle sourit.
« Et qu’est-ce que c’est ? » demandai-je en rigolant.
Je n’avais aucune idée de ce qui s’était passé, car je savais maintenant que je me trouvais à l’envers au milieu de la rue dans une bande de détritus. Je clignai des yeux surpris et regardai les dragons effrayés.
« Qu’est-ce que… argh ! Mon corps me fait mal..., » avais-je gémi.
« Je n’aurais pas pensé que tu ne peux même pas esquiver quelque chose d’aussi lent que ça. Comme le puissant est tombé bien bas~, » déclara Kataryna en secouant la tête.
En suivant la direction de sa voix… depuis la position dans laquelle je me trouvais, je la vis avancer dans un grand trou dans l’auberge où j’étais.
Cette folle m’a actuellement envoyé à travers le mur ?! Et... j’ai survécu ? pensais-je, sans savoir quelle partie m’étonnait le plus.
« Je suis juste un peu rouillé..., » commentai-je en essayant de me relever, mais j’étais tombé au sol.
En me heurtant à quelque chose, j’avais regardé en arrière et j’avais vu Kataryna debout avec sept pics de glace flottant derrière elle. J’avais dégluti en sautant hors du chemin. Un de ces pics de glace avait poignardé le sol où je me tenais un instant plus tôt.
« Essaies-tu de me tuer ?! » avais-je crié.
« OUI ! » répondit-elle en riant.
« Tu es folle ! » J’avais crié en commençant à courir.
« Je suis une éveillée supérieure ! Folle est mon petit surnom ! » Cria-t-elle en me suivant.
Comme prévu, les gardes et tous les autres se tenaient à l’écart de notre chemin. En fait, maintenant que j’avais l’air d’aller mieux, Kataryna portait un badge avec l’emblème de la troisième princesse. Peut-être l’avait-elle mise pour ne pas être dérangée par les gardes et autres personnes. S’il y avait deux aventuriers se disputant, ils auraient essayé d’intervenir, mais si quelqu’un comme moi, qui n’avais pas l’air différent d’un idiot, était poursuivi par quelqu’un représentant la royauté, ils n’auraient certainement pas osé intervenir.
Dès que je m’en étais rendu compte, j’avais essayé de courir plus vite, mais les pics qu’elle me lançait n’étaient pas une illusion. L’un d’eux était passé assez près pour m’érafler. Après celui-là, j’avais souhaité ardemment qu’aucun d’eux ne me frappe.
« Arrête de courir et meurs ! » Me cria-t-elle.
« Non ! » avais-je rétorqué en sautant sur un bâtiment.
Courir à travers la foule était difficile, alors je m’étais servi de mes statistiques pour sauter sur les toits. Au moment même où j’allais atterrir, j’avais entendu Kataryna crier derrière moi.
« Une ouverture ! »
Quand je m’étais retourné, je l’avais vue voler vers moi avec les ailes déployées. J’avais essayé de bloquer, mais avant même de pouvoir souhaiter quoi que ce soit, j’avais été frappé. Le coup de poing m’avait envoyé m’écraser sur le toit d’un immeuble à travers la fenêtre d’un autre. Plusieurs dragons hurlaient de peur, surpris par la soudaine bataille.
J’avais toussé et craché un peu de sang. Le coup m’avait ouvert la lèvre.
En la maudissant, je m’étais relevé, mais en levant la tête, j’avais vu Kataryna debout à côté de moi souriante. Elle m’avait donné un coup de pied aussi fort que possible dans la poitrine. Le coup était si puissant que j’avais de nouveau volé à travers le mur d’un bâtiment et percuté le mur entourant Drakaria.
« Ne t’inquiète pas, la troisième princesse paiera pour les dégâts ! » Annonça Kataryna peu après son attaque.
La gravité m’avait décollée du mur et j’étais tombé au sol avec un bruit sourd. Tout mon corps me faisait mal. J’avais toussé plusieurs fois avant d’essayer de me lever.
Bordel… Je ne me souviens pas qu’elle soit si puissante… Peut-être que ma chance ne fonctionne pas comme prévu ? Argh… j’espère pouvoir m’en sortir vivant..., pensais-je dans l’espoir de ne pas mourir.
C’était drôle, car je cherchais jusqu’à présent la mort ou une chose me poussant plus profondément dans ce trou de souffrance, et que maintenant j’espérais ne pas mourir.
« Alors, tu veux toujours que je me déshabille pour toi ? » demanda-t-elle avec un sourire alors qu’elle se posait à quelques mètres de moi.
Les dragons autour avaient été surpris et s’étaient enfuis, sauf un.
« Ça ne me dérangerait pas si tu déshabillais pour moi, Miss. » Répondit un idiot à moitié saoul.
Kataryna ne perdit même pas une seconde et le décapita avec un pic de glace.
« Je ne te parlais pas, » elle sourit puis brisa la pointe avec laquelle elle l’avait tué. « Maintenant, Alkelios… Où en étions-nous ? Ah oui, je te chasse ! » Acquiesça-t-elle avec satisfaction.
Est-ce qu’elle essaie réellement de me tuer ? pensais-je, horrifié.
En la voyant préparer un sort, je levai immédiatement la main devant moi et tentai de lancer une boule de feu, mais elle ne sortit pas… non, je n’avais pas le courage de l’attaquer.
Je m’étais maudit, puis j’avais esquivé au mieux avant de m’enfuir.
« Allons ! Ça devenait intéressant ! » déclara-t-elle en se dirigeant vers moi.
Elle m’avait attrapé par l’arrière de mes vêtements puis s’était envolée.
« Argh ! Lâche-moi ! » Lui avais-je crié.
« Non. Je veux que tu voies quelque chose en premier. » Me déclara-t-elle.
« Quoi ? » avais-je demandé en espérant que ce n’était pas ma vie qui brillait sous mes yeux.
Étonnamment, je n’avais pas peur d’elle. Pour une raison quelconque, j’avais l’impression qu’elle n’allait pas me tuer. Tout au plus, elle allait juste me battre à moitié mort.
« Regarde là-bas, » déclara-t-elle en s’arrêtant de monter.
Nous étions assez haut dans le ciel. Tellement haut, que je voyais un pingouin volant passer.
« Hein ? » Je clignai des yeux surpris en voyant l’oiseau en costard aux ailes gigantesques s’éloignant, sans nous déranger.
« Alkelios ! Oublie cet oiseau stupide et baisse les yeux ! » Cria Kataryna en me secouant dans les airs.
« Oui ! Oui ! » déclarai-je en regardant en bas.
***
Partie 2
Ce que j’avais vu de si haut, à part la fumée provenant des bâtiments que nous venions de détruire à l’intérieur de la capitale et près de ses murs, s’étendait sur tout le terrain et c’était un camp militaire. Des milliers de tentes et de multiples feux de camp recouvraient le terrain. Quelques zones d’entraînement avaient été aménagées et à côté de la rivière se trouvaient la cavalerie de Khosinni.
« Qu’est-ce que c’est ? » demandai-je, confus.
« C’est l’armée de Brekkar maintenant sous le contrôle de Draejan. Elle fait trois fois la taille de celle ayant été vers la Cicatrice du Champ de Bataille. Cependant, très peu de soldats, voire aucun de ceux ayant participé à cette bataille sont présents…. La plupart d’entre eux sont des voyous et des bandits. Les commandants sont des dragons sans cervelle, et contrairement à l’ancienne armée, celle-ci n’accepte pas de dragonnes, et encore moins de hauts rangs. Ils les regardent de haut, » m’avait-elle dit.
« Et c’est mauvais, non ? Mais je ne savais pas que l’armée de Brekkar avait des dragonnes, » lui avais-je dit.
« Il est dit que personne ne rugit plus fort qu’une dragonne sur qui on a marché sur la queue. Et les Dieux n’ont aucune pitié pour ceux ayant mis en colère une dragonne enceinte. Mais tu ne crois pas vraiment que tous ces serviteurs au manoir des Brekkar étaient TOUS des dragons locaux, n’est-ce pas ? » demanda-t-elle avec un grand sourire narquois.
« Ne le sont-ils pas ? » clignais-je des yeux de surprise.
« Ces “serviteurs” ont éliminé plus de la moitié des bandits ayant envahi le manoir avant même que Brekkar ne se joigne à la bataille, » me déclara-t-elle.
« Cela ne ressemblait pas à ça pour moi… sont-ils tous aussi forts ? » Clignai-je des yeux encore plus surpris.
« Oui. Brekkar s’est vanté une fois d’à quel point les dragonnes dans son armée étaient au top. C’était les meilleurs commandants qu’il ait pu trouver. Les serviteurs étaient tous des hommes, » répondit-elle.
« Brekkar a-t-il un fétiche des servantes ? » demandai-je.
En me tirant vers le haut, Kataryna m’avait alors murmuré : « Je ne sais pas, mais si tu veux, un jour… qui sait..., » en me lâchant.
« Hein ? TU M’AS LÂCHÉ ! » criai-je en tombant.
« Tehe~ oups ? » Ria-t-elle.
Cette dragonne s’amusait beaucoup trop à me battre. Eh bien, j’avais autre chose à faire que de me mettre en colère contre elle, c’était de réussir à atterrir. À la vitesse où j’allais, peu importe mes statistiques, je n’en sortirai pas indemne.
« Un jour, elle paiera pour ça..., » grommelai-je alors que je pointai mes mains vers le sol, en chantant le sort pour une Barrière d’Air.
J’en avais jeté plusieurs les unes sur les autres et j’avais prié tous les Dieux pour ne pas mourir en tombant au sol.
Ce moment avait semblé durer une éternité et avait poussé mon adrénaline au maximum. J’avais serré les dents, les poings et tout mon corps s’étaient contracté. Ma vie était en jeu, et la seule chose pouvant me tirer d’affaire était ma magie, mes réflexes et, espérons-le, un bon jugement.
L’atterrissage était tout sauf agréable. Les barrières s’étaient brisées les unes après les autres jusqu’à ce que la dernière se brise, et j’avais heurté le sol avec la force restante. Mes mains avaient touché le sol et j’avais pu sentir mes muscles crier et abandonner alors que mon torse touchait le sol. Comme je n’étais pas tombé droit, j’avais rebondi et tourné en l’air, avant d’atterrir sur mon derrière. Il n’y avait pas assez de force pour un second rebond, et donc j’avais glissé sur le sol. Mes vêtements étaient déchirés, mais ma peau était toujours intacte.
Ma chance avait fait en sorte que je puisse survivre, mais ma poitrine me faisait tellement mal que je sentais que j’allais m’évanouir de douleur à chaque respiration.
« Qu’est-ce que c’était ? » demanda quelqu’un alors que la poussière se déposait autour de moi.
« Quelqu’un est tombé du ciel, » déclara un autre.
« Peut-être que c’est un idiot ne sachant pas contrôler ses ailes ? » proposa quelqu’un.
« Est-il mort ? » demanda un autre.
« S’il est mort, je prends son argent. »
« Hey ! Il bouge ! Tch ! »
Alors que j’étais couché par terre, gémissant de douleur, je m’étais rendu compte que je n’étais pas entouré par les meilleurs dragons qui soient. Une fois la poussière retombée, je pouvais mieux voir où je me trouvais… en plein milieu de l’armée de Brekkar. Si ce que Kataryna avait dit était vrai, il ne restait plus que le nom du glorieux groupe qui avait marché pour sauver Albeyater de l’invasion humaine.
Alors… à quoi sert Seryanna ? Était-ce que je me demandais.
« Hey ! Qui es-tu ? » Un demanda.
« Regarde son dos… pas d’écailles. » Fit remarquer l’un d’eux alors que je me relevais.
C’était vrai, ma chemise au niveau de mon dos avant disparu et le haut de mon corps était visible.
« Pas possible… un humain ? » Quelqu’un demanda.
« Ici ? Quand les humains ont-ils appris à voler ? » Demanda l’un d’entre eux.
Je me tenais la poitrine, mes côtes me faisaient mal et je pouvais à peine tenir debout. Si ces gars pensaient m’attaquer, je ne pourrais pas faire grand-chose.
« Ah ! Regarde cette beauté ! »
J’avais cligné des yeux de surprise.
J’espère qu’il ne parle pas de moi…, priai-je.
Soudain, j’avais réalisé que Kataryna était également descendue et avait atterri à plusieurs mètres de moi.
« Regarde cette poitrine ! » Fit remarquer l’un d’eux.
« Es-tu seule beauté ? »
« Enfin, une femme ! » déclara l’un d’eux, exaspéré.
« J’étais fatigué de chasser les filles s’aventurant hors de la ville… Argh. »
Le dernier qui avait parlé s’était retrouvé avec un pic de glace au milieu de la poitrine. Kataryna n’avait même pas bronché en le tuant.
« Par les Dieux ! Elle a tué le commandant Prampus ! » Cria quelqu’un, et tout à coup les dragons commencèrent à dégainer leurs armes et à nous entourer.
« Qui penses-tu être ? »
« Une fois que nous t’aurons bien battue, nous allons te transformer en la salope de notre camp ! »
« Les femmes n’ont aucun droit ici ! »
« Nous allons te tuer ! »
« Nous allons te violer ! »
Leurs cris devenaient énervants au point où même moi je commençais à être en colère, mais Kataryna n’avait même pas sourcillé. Elle restait juste là à me regarder.
Avec sa force, elle pourrait facilement tous les tuer… Pourquoi ne les menace-t-elle pas ? Me demandais-je ?
Soudain, l’un d’entre eux s’était déplacé derrière elle et avait tenté de l’attaquer. Par réflexe, je lui avais lancé une flèche de terre. La pointe avait traversé sa poitrine et en avait tué deux autres derrière lui, puis avait continué à voler jusqu’à s’arrêter, en s’enfonçant à moitié dans l’armure posée près d’une des tentes.
Ça m’avait choqué.
« Hé… tu as vu ça ? » déclara l’un d’eux, secoué.
« Impossible… Quel pouvoir..., » déclara un autre.
C’était… cette attaque n’était pas censée être puissante, pensais-je.
Quand j’ai regardé Kataryna, je l’ai vue sourire. J’avais dégluti.
« Tuez ce gars en premier ! » Cria l’un d’eux et environ six personnes coururent vers moi.
Surpris, j’avais lancé un mur de feu et une faux de vent avec la même force et vitesse que lorsque j’avais combattu Draejan. Deux soldats étaient tombés dans le mur de feu, en hurlant de douleur à cause de brûlures, tandis que les autres avaient été coupés en deux.
En un clin d’œil, j’avais tué six autres dragons.
Puis, j’avais vu un autre se précipiter vers Kataryna, mais comme elle ne faisait rien pour l’arrêter, j’avais lancé une balle d’eau. Au moment où l’attaque l’avait frappé, tout son corps avait été écrasé. La dragonne avait lancé une barrière de glace pour se protéger des morceaux volants, mais elle me faisait un très large sourire.
« Est-ce que c’était ce que tu cherchais ? » Demandai-je en me dirigeant vers elle.
À ce stade, aucun des soldats n’osait s’approcher de nous. Je m’étais arrêté juste devant elle, mais ma poitrine me faisait mal et j’avais senti un peu de sang au coin de ma bouche.
Elle n’avait pas répondu.
« Hey ! Qui êtes-vous ? Qu’est-ce que tu es… et cette dragonne ? » l’un d’eux demanda.
J’étais juste en train de regarder Kataryna qui ne répondait pas, et souriait.
J’abandonne… Je dois abandonner ! Je ne peux pas gagner contre toi… je ne sais juste pas comment tu penses… toi et tes jeux de manipulation. TU me rends fou ! Tu as Gagné, dragonne argentée ! pensais-je avant de fermer les yeux pour une seconde.
Pour être honnête à ce moment, mon esprit était vide.
La persévérance de Kataryna avait battu le faible d’esprit. J’avais dit que je voulais mourir, et j’avais fui comme un lâche. J’avais essayé de la repousser, mais je la suppliais en fait de rester. J’avais essayé de lui montrer que je ne pensais pas à elle, mais je l’avais sauvée quand elle avait été attaquée. Dans tous les cas, cette dragonne obstinée et puissante avait réussi à me prouver que tout ce que je lui avais dit n’était pas le vrai moi... Mes vraies intentions, mon vrai moi étaient différents.
J’avais dégluti puis pris une profonde inspiration.
« Je suis celui qui va battre Draejan Doesya à mort. » J’avais ouvert l’œil et regardé Kataryna. « Et elle est mon amie, » déclarai-je.
« Et ? » demanda-t-elle.
« Ma seconde femme après Seryanna ! » avais-je ajouté.
Je n’arrive pas à croire que tu m’aies poussé à dire quelque chose d’aussi absurde devant ces idiots ! avais-je pensé.
« Bien ! » Elle m’avait ensuite pris dans ses bras.
« Oi! » avais-je dit en lui faisant un regard noir.
« Quoi ? » demanda-t-elle en penchant la tête.
« Vraiment ? Une portée de princesse ? » Je plissais les sourcils.
« Parce que tu es ma mignonne petite princesse ! » Rigola-t-elle en déployant ses ailes.
« Vous deux ! Ne pensez même pas vous en sortir après ça ! » Cria l’un d’eux.
« Hm ? J’ai entendu un insecte, » déclara Kataryna avant de libérer une vague de froid.
En un instant, tout le monde à moins de 50 mètres de nous avait été gelé. Elle n’avait montré aucune pitié face à eux. Elle ne les regarda même pas, elle me fixait simplement avec un grand sourire.
« Tu aimes vraiment tes sculptures de glace..., » déclarai-je.
« J’ai beaucoup pratiqué quand j’étais plus jeune, » répondit-elle. Puis elle sauta en l’air.
Nous nous étions envolés du camp, alors que l’apparition soudaine de soldats gelés avait suscité beaucoup de bordel.
À ma grande surprise, je n’étais pas inquiet des conséquences d’avoir tué tous ces dragons. Sur Terre, cet exemple de meurtre de masse n’aurait pas été pris à la légère. Tout le pays se serait mobilisé pour attraper le criminel, mais ici, cela dépendait de nombreux facteurs. Même si on voulait attraper et menotter Kataryna, ils avaient toujours affaire à une éveillée supérieure, ce qui signifiait qu’ils devaient mettre dans la balance la raison pour laquelle elle les avait tués.
En fin de compte, s’inquiéter de leur vie n’était qu’une perte de temps. Penser que quelqu’un essaierait de nous rendre responsables l’était aussi.
***
Partie 3
Quelque temps plus tard, Kataryna avait atterri sur la rive d’une rivière. Je ne savais pas où nous étions exactement, à savoir que cet endroit était loin de Drakaria, à une heure de vol environ.
Au moment où elle m’avait posé au sol, j’avais senti mon corps entier me faire mal à nouveau, et la dragonne m’avait jeté une potion de guérison.
« Je n’en ai pas besoin..., » déclarai-je obstinément.
« Bois, ou je te la fais boire. » Elle me montra son poing et un sourire.
J’avais bu comme un soldat obéissant à un ordre.
Une fois que ce fut fini, je poussai un soupir de soulagement et senti mon corps commencé à guérir. Il me faudrait plus qu’une potion pour me remettre entièrement, mais c’était un bon début.
« Je suis désolée d’avoir dû te battre comme ça..., » déclara-t-elle en s’asseyant sur l’herbe.
J’avais pris place à côté d’elle et je m’étais couché.
« Entre nous… je l’ai mérité..., » déclarai-je.
Pendant ce vol, j’avais réfléchi à beaucoup de choses.
« Je le sais..., » elle acquiesça.
« Mais, merci..., » déclarai-je en fermant les yeux.
« Mais, de rien. »
Un moment de silence avait suivi, alors que nous n’écoutions que le doux son de l’eau coulant. C’était agréable. De temps en temps, nous entendions un poisson sauter, puis revenir avec un plongeon. C’était étonnamment apaisant et relaxant, pas le type de sentiment que j’attendrais de ressentir après qu’on m’ait donné une fessée.
« Tu sais, ta chance n’est pas sans faille..., » me dit-elle.
« Je l’ai remarqué..., » répondis-je.
« Si tu ne l’utilises pas, c’est la même chose que pour tout le monde. »
« Oui… et j’ai oublié de l’utiliser dans le combat contre Draejan… Ah ! Parce que tu as tué ses soldats, personne n’ira lui parler de ma déclaration, géniale ! » Ris-je.
« Tu auras une autre chance. » Rigola-t-elle.
J’avais entendu un bruissement et j’avais ouvert les yeux. Kataryna s’était assise derrière moi et tapota sa cuisse quand je la regardai. La dragonne m’offrait un coussin de genoux et je n’osais pas refuser.
Après m’être installé, elle avait commencé à me caresser les cheveux.
« Tu dois prendre un bain, » commenta-t-elle.
« Je le sais. Mais n’ose pas me jeter dans la rivière. Mes côtes sont encore en train de se ressouder, » lui dis-je.
« Tch. » Elle fit claquer sa langue.
Un autre moment passa comme ça, à juste écouter le son de la rivière. Le premier à rompre le silence cette fois était moi.
« Kataryna ? Où est-ce que je me suis trompé ? » Lui avais-je demandé.
« Ça dépend..., » répondit-elle.
« J’ai fait de mon mieux depuis que je suis arrivé ici… j’ai essayé de ne pas me démarquer ni causer de problèmes à qui que ce soit. Tu sais, il y a un an, je n’aurais jamais cru possible de tuer quelqu’un sans même broncher, mais je me suis retrouvé capable de le faire vraiment facilement et cela me fait peur. Cela me fait vraiment peur..., » dis-je.
« Je sais... »
« J’ai aussi pensé à Seryanna… J’ai réfléchi longtemps après notre départ, mais je ne pouvais que me voir échouer. C’est une bonne femme, une bonne chevalière, je ne la mérite pas, c’est ce que je pensais, mais je ne veux pas la donner à qui que ce soit d’autre ! » Je plaçai ma main sur mon visage, essayant de cacher mes larmes, mais elle l’a enlevé.
« Pleurs, si tu le dois… je veux voir le vrai toi. » Elle sourit.
« Mais je suis faible… Je suis si faible, n’est-ce pas ? » Demandai-je.
« Tu as tué ces dragons en une fraction de seconde. Tu n’as pas hésité à me protéger alors même que tu savais que je n’en avais pas besoin… Un faible ne pourrait faire cela. Un faible n’aurait pas déclaré que quelqu’un comme moi, une éveillée supérieure soit sienne devant autant de dragons sans craindre d’être tué par moi. »
« Je m’en fiche de ça… je savais que tu voulais que je le dise. Depuis que tu as dit que tu voulais avoir un œuf avec moi, je savais que tu étais sérieuse, mais j’avais trop peur de l’accepter. J’avais trop peur de la responsabilité, de l’avenir, de ce monde, de toute… je veux dire, je n’ai que 18 ans ! Eh bien, presque 19. Mais je suis toujours un enfant ! » Pleurai-je
« Alors… grandis. » Déclara-t-elle avec un sourire.
« Grandir ? » Je la regardai à travers mes larmes.
« Sais-tu que lorsque je t’ai dit ces mots, je m’attendais à ce que tu me refuses ? Je penserais que tu serais dégoûté à l’idée de devoir coucher avec une dragonne comme moi. Je penserais me faire abandonner, ou quelque chose comme ça..., » dit-elle.
« Je n’ai vu aucune raison de faire cela... » Dis-je en fronçant les sourcils.
Kataryna se pencha et m’embrassa sur le front, puis, lorsqu’elle se recula, elle sourit.
« Qu’est-ce que c’était ? » avais-je demandé.
« Pour voir comment tu allais réagir. » Elle sourit.
« Ai-je passé le test ? »
« Oui. » Elle acquiesça.
« Bien… Maintenant, s’il te plaît, explique… pense à moi comme un idiot, un bébé… Explique… s’il te plaît. » Dis-je en fermant les yeux.
« Bien sûr. Par quoi commencer alors… ? Hm… Ah oui, sais-tu ce qu’est une personne éveillée ? » Demanda-t-elle.
« Atteindre le niveau 1000 ? » Répondis-je.
« C’est une percée forcée. »
« Il existe des variantes de l’éveil ? »
« Oui, mais peu le savent… Tu vois, de retour dans Zerudan, j’étais considérée comme une dragonne très faible étant jeune. La plupart des dragons ont essayé avec moi, et si je n’avais pas eu de chances, j’aurai fini violée ou pire. À l’époque, les dragons n’étaient pas aussi civilisés que maintenant, ou peut-être que c’était juste Zerudan qui était comme ça. » Dit-elle en haussant les épaules.
« Comment ça ? » Demandai-je.
« La famille royale ne s’est jamais mariée en dehors de leur lignée. La noblesse, bien que composée de quatre grandes familles seulement, était liée par le sang. Les femmes n’avaient presque aucun rôle dans la société à part donner beaucoup d’œufs à leurs mâles. Ils pratiquaient l’esclavagisme et, dans une certaine mesure, les quatrième et cinquième enfants d’une famille, finissaient toujours par devenir esclaves. La moitié de l’armée était composée de personnes comme eux. Et ce n’était que ce qui était visible… Si tu vivais dans l’ombre comme moi, il était possible de voir des choses bien pires… Les expériences sur les dragons et les tortures faisaient partie des pires. Tu vois, la plupart des nobles ont essayé de comprendre de quelle manière il était préférable de s’éveiller. Ils ont réalisé qu’il y avait certaines conditions derrière cela, mais ils n’ont jamais compris lesquelles. Celui l’ayant atteint était mon premier ami, un dragon à écailles bleues, qui était beau, intelligent et courageux... »
Quand elle l’avait décrit, j’avais senti un certain changement dans sa voix. C’était comme si elle se souvenait d’un amant pas simplement d’un ami.
« Il ressemblait à Seryanna, un dragon supérieur d’un haut élément. Contrairement à elle cependant, c’était de l’eau et, comme on pouvait s’y attendre, il s’efforçait de devenir un bon guérisseur et agriculteur. Il rêvait d’un jour planté son propre verger avec lequel il nourrirait les orphelinats voisins. » Elle laissa échapper un soupir puis poursuivit. « À l’époque, moi aussi je me croyais trop faible pour le protéger... »
Deux gouttes d’eau étaient tombées sur mon front. J’avais ouvert les yeux et vis l’expression compliquée de Kataryna alors qu’elle se battait avec ses sentiments. Cette dragonne incroyablement puissante pleurait devant ce faible… humain.
« Je pensais que je n’avais pas assez de force pour être à ses côtés. Quand ces moutons ont sauté à l’intérieur et l’ont mordu, ils m’ont repoussé… ils m’ont accusé de choses que je n’avais pas faites. » Elle secoua la tête. « Alors, j’ai couru… en pensant qu’il serait préférable de commencer par acquérir de la force, puis de retourner à ses côtés. Je suis partie sans dire un mot. Je me suis cachée et j’ai grandi… Mais... » Elle ferma les yeux et laissa échapper un gémissement. « Je continue de penser… qu’est-ce qui se serait passé si je n’étais pas partie ? Que se serait-il passé si j’avais demandé de l’aide ? Qu’est-ce qui se serait passé si je l’avais simplement regardé dans les yeux et lui avais dit la vérité ? » Dit-elle d’une voix tremblante alors que ses larmes coulaient sans cesse sur ses joues.
Pour moi, celui que je croyais le plus faible de tous, le fait de voir cette puissante dragonne pleurant, était tout simplement choquant. Je m’étais demandé quelle était la véritable signification de la force. Cela m’avait fait me demander ce que je cherchais en étant fort et ce que cela voulait dire. Quand est-ce que j’y arriverais ? Le faible me posait ces questions, et la forte Kataryna y avait répondu en pleurant.
« Ce dragon… sans personne à ses côtés, il s’est battu pour son rêve. Mais il y a tellement de choses que l’on peut supporter, et ces moutons l’ont finalement attrapé à la gorge. Quand je suis rentrée… j’ai assisté à sa disparition, mais même alors… avec un sourire indulgent... Il me l’a dit… il m’a dit, à celle qui s’est enfuie et qui l’a laissé comme ça, qu’il m’aimait. Il m’a souhaité une vie heureuse..., » dit-elle en fermant les yeux, mais ses larmes ne s’arrêtaient pas.
Levant la main, je touchais doucement sa joue et lui demandai : « Est-ce pour cela que tu souhaites un enfant ? » Lui avais-je demandé.
Elle ouvrit les yeux et hocha la tête. « Tu me plais, Alkelios, mais l’amour, c’est trop pour moi… pas pour le moment du moins. Avec le temps, peut-être… mais maintenant, je ne peux tout simplement pas aimer quelqu’un d’autre que lui, et tu ne veux certainement pas être perçu comme son remplaçant. Cependant, une famille est quelque chose que je pense qui peut toujours me rendre heureuse. Avoir moi-même un enfant est quelque chose que je désire ardemment, mais pas tant que j’étais faible… C’est drôle comme ma faiblesse a pu être ton salut. » Elle se mit à rire, mais elle pleurait toujours.
« Est-ce que je vais faire la même erreur que toi ? Est-ce la raison derrière le fait que tu fais ça pour nous ? » avais-je demandé.
Elle acquiesça.
J’avais dégluti.
« Qu’est-ce que j’allais finir par faire… ? » Demandai-je.
« Tu serais parti comme moi pour devenir fort. À ce moment-là, Seryanna aurait été seule… elle se serait sentie seule, abandonnée et responsable de ton départ. Cela l’aurait rongée intérieurement, et à la fin, elle aurait cédé. Elle aurait commis une erreur, parce que c’est naturel d’en faire. Nous ne sommes pas des Dieux parfaits, Alkelios, nous avons des cœurs, des émotions et vivons avec l’idée que demain et aujourd’hui aussi nous apporterons un sourire. Et tu serais rentré quand il serait trop tard..., » elle essuya ses larmes.
« Es-tu certaine de ça ? » avais-je demandé.
« Oui..., » elle acquiesça. « Après ton départ comme ça… l’énergie de Seryanna a disparu. »
« Que veux-tu dire ? » Je fronçai mon front. « La lumière dans ses yeux s’est estompée et elle se sentait très mal. Rien ne semblait l’affecter, mais elle n’avait pas non plus la force de faire quoi que ce soit. Elle marchait sur une route vide en direction de ce panneau qui disait… “STOP”. » Elle leva les yeux au ciel.
J’avais dégluti et senti la culpabilité s’accumuler à l’intérieur de moi. Je ne savais pas que Seryanna traversait quelque chose comme ça, que mon départ l’avait autant affectée. Je pensais être le seul affecté, mais… je suppose que ce n’était pas le cas.
« Tout le monde veut s’éveiller afin de “grandir”. Ensuite, tout le monde veut réaliser une percée pour être “fort”. Mais tu sais, comme son nom l’indique, cela signifie de devenir fidèle à soi-même et accepter ce que tu es. Cela signifie, s’éveiller en tant qu’individu et non de changer son apparence physique, comme le pensent la plupart des gens. L’éveil des dragons est le moment de la maturité MENTALE, mais à travers les âges, il a fini par être confondu avec la maturité PHYSIQUE. Pendant ce temps, une percée signifie la “force”, mais cela a été confondu avec l’idée qu’il faut ATTEINDRE le niveau 1000 selon la divination du temple. Une autre idée fausse… Il est vrai qu’atteindre ce niveau de puissance donne un coup de pouce en force, en vitesse et en magie, mais… ce n’est rien comparer à une VRAIE percée, que tu peux réaliser même à un niveau inférieur, » elle baissa les yeux vers moi.
« Je vois..., » déclarai-je.
***
Partie 4
« C’est pourquoi, même si Draejan est si proche du niveau de puissance 1000, il est encore loin d’atteindre l’état d’Éveillé supérieur. C’est un dragon qui convoite le pouvoir politique et militaire. Il croit qu’il y a une GRANDE différence entre la noblesse et les roturiers et, plus important encore, sa mentalité ne peut voir au-delà des lois établies dans la société dans laquelle il vit. C’est pourquoi la nature fera tout ce qu’elle peut pour ralentir sa croissance. En même temps, cela explique pourquoi la tienne était incroyablement rapide… Tu ne t’es pas opposé à cela et tu as essayé de t’adapter, d’apprendre, de grandir… en quelques mois, tu as réalisé ce qu’il faut aux humains ordinaires des dizaines d’années et aux dragons des siècles, » sourit-elle.
« Est-ce le cas ? »
« Oui. » Elle acquiesça. « Voir un humain avec la mentalité de quelqu’un ayant atteint un éveil supérieur, mais sans avoir atteint le niveau 200 est plus qu’étonnant. Je suis tombée amoureuse de toi à cause de ça. »
« Tu ne m’aimes pourtant pas encore, n’est-ce pas ? » Je levai un sourcil.
« Je t’aime. Je dormirai avec toi. Je te laisserai même me féconder, mais je ne te laisserai pas avoir mon cœur… pas encore. Pour cela, tu devras attendre que je sois prête… si jamais je le serai un jour. Jusque là, je serai ta meilleure amie. » Elle me fit un sourire gentil.
« Je ne sais pas si je devrais être surpris ou choqué, » déclarai-je.
« C’est la même chose, » rigola-t-elle.
« Ah ! Eh bien… dans ce cas, heu… heureux ? » J’avais plissé les sourcils.
Elle secoua la tête. « Sois ce que tu veux être. Je ne vais pas te forcer à faire quoi que ce soit et si je n’en ai pas envie, je te transformerai en sculpture de glace de même si tu essaies de les pousser sur moi, » elle me fit un sourire rusé.
« Je vois... »
Elle soupira puis dit. « Eh bien, revenons à ce dont nous parlions… un véritable éveillé supérieur revient à accepter le monde tel qu’il est, à voir au-delà de ses lois et à avoir la force intérieure nécessaire. Beaucoup ont tendance à reculer et à fuir au moment où ils entrent dans cet état. En tant que telle, je m’en suis rendu compte pour la première fois peu de temps après avoir assisté à sa mort… J’étais à un niveau de puissance inférieur à 1000, voire même de 500 ? Quoi qu’il en soit, un mois plus tard, j’ai appris que l’armée de Zerudan allait faire face à l’armée d’Albeyater. Ce serait une bataille décisive. » Elle sourit.
« Qu’est-il arrivé ? Eh bien… Albeyater a gagné, je le sais, mais dis-moi ce qui t’est arrivé, » demandai-je.
Elle avait ri. « Oui, ils ont gagné, mais sais-tu que l’armée de Zerudan était presque deux fois plus grande que la leur, et pourtant, ils n’ont même pas perdu un dixième de leurs soldats ? » avait-elle déclaré.
« Comment ? » avais-je demandé, perplexe.
« À cause de moi… atteindre un éveil supérieur m’a permis d’atteindre un pouvoir plus puissant que ce que je n’avais jamais ressenti avant. Je n’étais plus accablée par les lois de ce monde ou, plus précisément, par les lois des mortels vivant dans ce monde. Je suis entrée dans la bataille… et j’ai dansé. Pour le seul que j’ai aimé et avec lequel je ne pourrai jamais être, j’ai dansé… C’était ma dernière danse, ma dernière performance, la preuve de ma puissance. Bien que je sois incapable de lui montrer cette danse, je croyais que son âme pourrait la voir encore. Mes lames ont coupé la chair de mes alliés et des soldats d’Albeyater qui s’étaient trop approchés. J’ai sauté dans tous les sens et je les ai découpés en morceaux… Mon niveau de puissance a augmenté plus rapidement que jamais et puis… j’ai tué le commandant de l’armée, le général éveillé supérieur. C’est à ce moment que j’ai également dépassé le niveau de puissance 1000. » Elle me regarda dans les yeux.
« Tu as fait la dernière danse pour ton amoureux décédé… Penses-tu qu’il l’a aimé ? » demandai-je avec un sourire.
« Il aurait voulu me voir essayer..., » elle avait souri puis elle se pencha et embrassa mes lèvres.
Je ne l’avais pas repoussée et j’avais accepté son baiser. C’était long, mais quand nous nous étions séparés, elle avait souri et avait dit. « Tu sais, si tu acceptes vraiment cette offre de me donner un enfant, tu seras le tout premier homme ou dragon, à poser une main sur mon corps. »
« Quoi ?! Alors tu l’es ?! » Je clignai des yeux en raison de la surprise.
Elle rougit et détourna le regard.
Je laissai échapper un soupir et secouai la tête.
« Qui l’aurait cru ? »
« Je suis une dragonne difficile, peu de gens peuvent m’apprivoiser, et je n’ai laissé personne essayer. » Rigola-t-elle.
J’avais pris une profonde inspiration et levai les yeux vers le ciel. Il faisait complètement nuit maintenant, et les étoiles brillaient fort là-haut. La vue était différente de celle que je voyais chez moi, eh bien… chaque fois que je quittais Bucarest.
« Je veux sauver Seryanna de Draejan, mais je n’en ai pas la force. Je veux être celui le frappant au visage et non quelqu’un d’autre. » J’avais laissé mes désirs être entendus.
« Je vois, alors que veux-tu que je fasse ? Demande et pour toi… je vais le faire. » Elle sourit.
« Sois là pour Seryanna, afin de l’aider. La protéger pendant que je serais parti..., » déclarai-je.
« Alors tu prévois de partir ? » Demanda-t-elle.
« Oui, mais je vais prévenir Seryanna où, pourquoi et pour combien de temps. Et c’est la même chose pour toi et Kléo..., » j’avais regardé vers elle.
« Où veux-tu aller ? » demanda-t-elle.
« À la forêt de Seculiar… Je veux aller chasser et m’entraîner là-bas. J’aurai besoin d’une de ces bagues et quelques ressources. J’aurai aussi besoin d’un nouvel équipement et de trois ou quatre épées, mais après avoir acquis suffisamment de niveaux, mes compétences et ma chance feront le reste, » répondis-je avec toute honnêteté.
« Quand as-tu eu cette idée ? »
« Il y a une semaine, mais je le voyais plutôt comme un moyen de voir combien de temps je pourrai survivre avant de me faire tuer par les monstres… Je voulais y aller avec l’intention d’en faire ma tombe, mais j’ai réalisé que j’étais trop jeune et lâche pour abandonner ma vie comme ça. À cause de cela, j’y vais maintenant avec l’intention de chasser, de m’entraîner et de revenir en vie. » Je lui fis un sourire confiant.
« Je suis heureuse que tu penses de cette façon. » Dit-elle.
« J’aurais voulu rencontrer ce roi d’Albeyater. Je voulais aussi lui dire certaines choses, mais je crains ne pas pouvoir le faire si facilement... » Je soupirai.
« Si tu penses comme un dragon normal et un humain, oui, mais que ferait un éveillé supérieur ? » avait-elle demandé.
« Ignorer les gardes et grimper à la fenêtre ? » J’avais plissé les sourcils.
Elle sourit.
« Tu es sérieuse ? »
Elle acquiesça.
« Ne va-t-il pas me tuer au moment où il me verra ? »
Elle secoua la tête.
« Pourquoi ? Comment puis-je l’empêcher de le faire ? » Avais-je demandé.
« Prends ça. » Elle enleva alors un petit collier et me le montra.
Il avait la forme d’une étoile pointue et portait l’emblème d’Albeyater au centre, mais il y avait une rayure qui allait du centre à la marque des deux heures.
« Qu’est-ce que c’est ? » demandai-je.
« Dans cette bataille, il y a 500 ans, le roi d’Albeyater m’a donné cette médaille d’honneur unique en son genre. Il a lui-même fait cette marque pour la différencier des autres. À ce moment-là, je l’ai reçue afin de l’utiliser comme moyen de prouver mon identité à l’avenir. Si tu la lui présentes, il le saura, mais je recommanderais quand même l’ajout de preuves infaillibles. Quelque chose qui appartient à Brekkar, et une lettre de la Troisième princesse qui se porte garante pour toi. Je m’occuperai de la lettre et tu obtiendras l’autre de Seryanna, » me déclara-t-elle avec un sourire.
« Eh bien, alors ça ressemble comme un plan, » j’avais ri.
« Oui. Alors, comment te sens-tu d’avoir fait tes premiers pas pour devenir adulte ? Qu’est-ce que ça fait de… grandir ? » demanda-t-elle.
« Bien..., » je hochai la tête.
Cette nuit-là, Kataryna m’avait probablement sauvé la vie bien plus que ma chance.
***
Chapitre 50 : Preuve de ma résolution
Partie 1
***Point de vue d’Alkelios***
Les leçons de Kataryna et les paroles de cette nuit-là étaient des choses que je n’allais pas oublier de si tôt. Elles avaient été prononcées à travers des larmes et des sourires, mais aussi avec une sagesse recueillie au cours des siècles. Sans cela, j’aurais peut-être eu du mal à le croire.
Quand nous étions rentrés en ville, Kataryna m’avait prêté quelques pièces pour payer une autre semaine à l’auberge… dans une autre pièce, en voyant comment elle avait détruit la précédente. J’en avais aussi eu assez pour m’acheter de nouveaux vêtements et prendre un bain. Pour le reste de mon équipement, y compris une bague de stockage et des fournitures pour camper, elle allait s’en occuper.
À cause de notre combat, la plupart des dragons et même des gardes se tenaient à distance de nous. Je me sentais mal d’avoir gâché tant de bâtiments, mais Kataryna m’avait assuré que la Troisième Princesse veillerait à ce qu’ils soient tous remboursés correctement, en particulier les propriétaires de l’auberge.
La dragonne aux écailles argentées m’avait escorté jusqu’à la rue où se trouvait l’auberge, mais elle avait ensuite fait demi-tour et était partie. Quand je l’avais appelée, elle s’était excusée en disant qu’elle n’aimait pas le sentiment sinistre que l’auberge dégageait. Je ne ressentais rien de la sorte.
Les débris à l’extérieur avaient été en grande partie nettoyés. J’étais donc entré avec l’idée de m’excuser auprès des propriétaires pour le dérangement occasionné, même si j’avais une bonne excuse. En tant qu’ami de Brekkar et sa famille, il était mal de ma part de me comporter de la sorte.
Après avoir vu mon état, Collentra m’avait bien regardé de la tête aux pieds puis m’avait poliment demandé. « As-tu fini de dégriser maintenant ? »
« Oui, je m’excuse pour mon comportement inesthétique. » Je baissai la tête.
« Bien. Si Kataryna ne l’avait pas fait, j’aurais peut-être été celle à aller te gifler jusqu’à l’autre côté de Drakaria ! » Elle me jeta un regard noir.
« J’apprécie l’intention, mais je peux vous assurer que Kataryna m’a donné un coup de poing m’ayant fait traverser TOUT Drakaria, » déclarai-je en faisant un sourire ironique.
« Le méritais-tu ? » demanda-t-elle en plissant les sourcils.
J’avais baissé les yeux et fermé les yeux en répondant : « Oui. »
Collentra s’était approchée de moi et m’avait tapoté la joue gauche. Quand j’avais ouvert les yeux, elle me faisait un doux sourire.
« Je peux ne pas savoir ce qu’il t’est arrivé quand tu es allé au palais, mais je sais quelque chose. Je n’avais JAMAIS vu ni Seryanna ni Kléo aussi brillante et heureuse depuis ce jour-là, il y a 38 ans, lorsque Brekkar les a amenés. Après la mort de leurs parents, elles n’étaient plus pareilles. » Elle secoua la tête et soupira. « Il ne faut pas être un génie pour se rendre compte que tu es la raison pour ces sourires. »
« Même si celui ayant apporté ces sourires est un humain ? » demandai-je.
Elle avait souri : « Cela signifie d’autant plus que notre roi avait raison et qu’il y a encore de l’espoir dans ton espèce… tu peux très bien être l’incarnation de cet espoir. Eh bien, c’est probablement trop demander pour le moment, mais au moins… n’abandonne pas ces deux filles. Si tu peux toujours être leur ami et les aider au besoin, fais-le. »
Elle me tapota la joue puis recommença à balayer.
« En outre, dis à cette demoiselle à écailles argentée que je ne la lâcherai pas aussi facilement pour avoir brisé ma maison ! » déclara-t-elle
J’avais souri et répondu. « Je le ferai, mais d’abord… j’ai besoin d’un bain. » Je ris.
« Merci aux Dieux, il l’a remarqué ! » déclara Bayuk en levant les mains au ciel.
« Hey ! Je ne pue pas autant ! » Je le pointais du doigt.
« Effectivement ! Tu pourrais tuer tout un troupeau de moutons avec ton odeur ! Je vais te faire un bain de la maison juste pour te laver ! » répondit-il.
« Oui, Monsieur Bayuk… et merci ! » Je lui fis un petit salut.
Une semaine plus tard, au coucher de soleil, je retrouvai Kataryna et Kléo dans ma chambre à l’auberge. Pour des raisons que je ne connaissais pas, la dragonne argentée grognait quelque chose à propos d’un uniforme de serveuse, tandis que la dragonne gothique se retenait de rire.
Nous avions d’abord regardé tout ce que Kataryna avait apporté pour mon voyage. J’allais passer quelques mois dans la forêt Seculiar et, quelle que soit ma chance, j’avais appris que le simple fait de compter dessus ne me permettrait pas d’arriver à ce que je voulais à chaque fois. En fait, il y avait des défauts et des effets secondaires possibles chaque fois que je forçais. Ainsi, je devais regarder ma situation actuelle comme j’avais peu de chance.
La bague que Kataryna a apportée n’était pas aussi bien que la sienne, mais elle pouvait contenir à peu près la même quantité d’objets que celle que Seryanna avait lors de notre première rencontre. Elle m’avait également apporté quelques sacs pour tout type de matériaux ou de plantes ne pouvant être stockés dans la bague.
Une fois que tout était prêt, j’avais expliqué le reste du plan ainsi de la manière dont j’allais tenter d’entrer par effraction dans le bâtiment le plus sécurisé de tout le royaume.
« C’est complètement fou..., » déclara Kléo en entendant mon plan.
« Mon premier plan consistait à emprunter l’écureuil de Seryanna et tes démons de l’autre monde, mais je me suis dit qu’apporter l’apocalypse était un peu trop pour cela. » Je haussai les épaules.
Kataryna avait ri en entendant cela.
« Ouais… ça aurait été trop. » La dragonne à écailles noires me regarda en plissant les sourcils. « Les quatre cavaliers ne sont qu’un mythe. Ils sont plus de 500… et chers. Bâtards gourmands..., » ajouta-t-elle.
Apparemment, ma blague avait une part de vérité.
« Alors, quand tu auras fini de parler à Seryanna, tu reviendras ici ? » demanda Kataryna.
« Oui. Je reviendrai ensuite avec vous deux pour voler vers la forêt Seculiar, » répondis-je.
« Voler ? » Demanda Kléo.
« Votre forme de dragon est bien plus rapide qu’un typique Khosinni, et vous pouvez aller en ligne droite, » déclarai-je.
« Vraiment ? Un humain chevauchant un dragon… ce sera quelque… de jamais vu. » Rigola Kataryna.
« Bien, qu’en penses-tu ? » avais-je demandé avec un sourire narquois.
« C’est bien, mais tu oublies quelque chose. » Fit-elle remarquer.
J’avais cligné des yeux emplis de surprise.
« Quoi ? »
« Ça. » Elle me tendit ensuite une lettre avec l’emblème de la Troisième Princesse.
« Est-ce que… ? » Demandai-je.
« Oui. La princesse l’a écrit et scellé en ma présence, tu peux donc être assuré de l’authenticité. » Elle hocha la tête.
« Génial ! Ensuite, cela signifie que je n’ai plus qu’à obtenir maintenant quelque chose prouvant que je suis l’ami de la famille Draketerus, » déclarai-je avec un grand sourire.
« Je l’ai ici, » déclara Kléo avant de remettre une autre lettre scellée, mais celle-ci portait l’emblème de la famille Draketerus.
« Quand l’as-tu obtenue ? » avais-je demandé en la recevant avec soin.
« Quand nous avons quitté Tomeron, grand-père me l’a donné et m’a dit de te la remettre si tu allais rendre visite au roi. » Elle sourit fièrement.
« Je vois… Merci. » Je hochai la tête.
« Alkelios, j’ai encore le sentiment que tu ne comprends pas ce que signifie d’avoir guéri mon grand-père et d’être devenu notre ami..., » m’avait dit Kléo.
« S’agit-il de la bataille d’il y a 38 ans ? » avais-je demandé.
Elle acquiesça.
« Ce que tu as entre les mains… est essentiellement la preuve que deux des familles lourdement frappées par les humains ont mis toutes leurs fois en toi, » déclara-t-elle d’un ton grave.
« Souviens-toi que c’est pareil quand tu as rencontré Seryanna, Alkelios. Tu n’es pas quelqu’un qui devrait penser légèrement de lui-même. À mes yeux, tu es déjà quelqu’un vraiment sur la voie de devenir l’individu le plus ridicule sur tous les continents, » avais déclaré Kataryna.
« Et qui serait-ce ? » avais-je demandé.
« Le héros humain des dragons qui gouverne le royaume d’Albeyater. » Elle sourit.
J’avais dégluti et même s’il me manquait quelques réalisations, je n’avais pas l’impression que c’était une prédiction si fausse.
***
***Trois heures et 24 minutes plus tard***
Au milieu de la nuit, quand les dragons dormaient, j’avais ouvert la fenêtre de ma chambre. Je fermai les yeux et pris une profonde inspiration pour calmer mon cœur.
Avec un esprit calme et de toutes les fibres de mon être, je souhaite atteindre la chambre de Seryanna ce soir sans qu’un seul dragon me repère. Je souhaite que lorsque j’atteindrai sa chambre, je l’y retrouve. Je souhaite atteindre les objectifs que je me suis fixés ce soir.
N’importe quel mauvais mouvement à partir de maintenant pourrait me conduire en prison ou me faire tuer. Ce que j’étais sur le point de faire était risqué, stupide et impensable pour le dragon commun, mais pour moi… c’était ma seule chance.
Je ne faisais pas cela pour un pays. Je ne faisais pas ça pour sauver la Terre. Je ne faisais pas ça parce qu’on me l’avait ordonné. J’allais le faire parce que j’étais tombé amoureux d’une dragonne rousse. C’était tout.
J’avais donc grimpé par la fenêtre et j’avais sauté dans l’allée. Avec une vitesse dépassant de loin celle d’un humain, je commençai à courir à travers les bâtiments, ne restant que dans l’obscurité.
Pour ce soir, je portais des vêtements noirs, avec une cape et une capuche pour mieux me cacher au fur et à mesure que je progressais. Juste au cas où, je portais aussi une paire de gants en cuir noir, pour éviter de me faire repérer ou couper. À ce moment-là, je ne pensais pas que, grâce à mes statistiques, ce genre de choses aurait presque été impossible.
Grâce aux informations que ces deux dragonnes m’avaient fournies, éviter les gardes au sol et se cacher de ceux dans le ciel n’était pas bien difficile.
Malgré tout, il y a eu des moments où j’avais attendu plusieurs minutes dans l’ombre avant de pouvoir avancer, mais petit à petit j’étais arrivé aux murs entourant le palais. En plus, les patrouilles étaient constituées de gardes royaux au lieu de gardes normaux. Ils étaient différents dans leurs capacités et forces. La moitié de ces groupes se déplaçaient dans le sens des aiguilles d’une montre au-dessus des murs, tandis que l’autre moitié dans le sens inverse.
Utilisant ma force et mon agilité, je grimpai rapidement jusqu’au sommet et attendis un peu jusqu’à ce que deux patrouilles se croisent. À ce moment-là, j’avais sauté et étais tombé dans un buisson de l’autre côté du mur. Là, j’avais attendu quelques minutes avant d’avancer à nouveau.
Tous ces arbustes et statues étaient parfaits pour que je puisse me cacher et passer inaperçu. Le nombre de patrouilles ici était également moins important que celles au-dessus des murs, ce qui montrait qu’elles s’attachaient davantage d'empêcher les intrus d'entrer que d’essayer de repérer ceux ayant pu passer. J’étais donc bien arrivé au palais. De là où j’étais à la chambre de Seryanna, il n’y avait pas une grande distance, mais je ne pouvais pas me permettre de baisser ma garde maintenant.
Avec un bon chronométrage et en restant à l’affût, j’avais réussi à passer à travers et enfin atteindre sa fenêtre, que j’avais ouverte avec facilité puisqu’elle n’était pas verrouillée de l’intérieur. Cela avait marqué la fin de la première étape : l’entrée par effraction dans le palais royal de nuit.
Mais, à vrai dire, même si à l’extérieur, le trajet était lisse, j’avais eu plus d’un moment où j’avais presque paniqué et prié comme un fou pour ne pas être vu. Le plus gros danger pour moi était les patrouilles aériennes qui, bien que moins nombreuses, avaient une vue plongeante de l’ensemble de la région.
Malgré le danger et le fait de faire quelque chose que beaucoup auraient pensé à la fois impossible et fou, j’avais finalement pu atteindre cet endroit et, devant moi, j’avais vu celle que je voulais rencontrer.
« Hey ! Ça fait longtemps que je ne t’ai pas vue, » déclarai-je avec un doux sourire en baissant ma capuche.
***
Partie 2
Seryanna se tenait de l’autre côté de la pièce. Elle portait son armure et avait son épée dégainée. Elle la dirigeait contre moi et son regard me disait qu’elle ne plaisantait pas.
« Tu es en train d’empiéter sur le terrain du palais, » me déclara-t-elle d’un ton sévère.
« Je le sais. » Je hochai la tête et fis un pas en avant.
« Arrête-toi là ! Si tu recules maintenant et quittes cet endroit, je ne te tuerai pas, » avait-elle déclaré.
« Des mots durs, mais tu ne le feras pas, et je ne partirai pas avant d’avoir eu ce que je voulais, » déclarai-je en m’approchant d’elle.
« J’ai dit stop ! Je suis une chevalière royale ! Il est de mon devoir d’arrêter les intrus ! » rétorqua-t-elle.
« Ce que je suis venu chercher est juste devant moi, alors pourquoi devrais-je partir ? » avais-je demandé.
« Parce que je vais te tuer pour être entré ! Pour… avoir brisé ton serment avec Sire Draejan, mon fiancé, » déclara-t-elle.
« Je me fiche de ce stupide duel. Je me fiche qu’il t’ait été imposé comme fiancé, » je plissai des yeux et attrapai son épée avec ma main.
Je portais des gants en cuir. Par conséquent, à moins qu’elle ne mette un peu de force, je ne me ferais pas couper aussi facilement.
« L-lâche-là..., » déclara-t-elle, mais elle ne tira ou ne poussa pas.
« Qu’est-ce que ton devoir, tes lois te disent de faire ? » Je lui avais demandé en retirant l’épée de ses mains et en la jetant à côté.
Elle avait reculé jusqu’à ce que son dos touche le mur.
« De t’arrêter… T-te tuer… P-pour défendre mon honneur et celui de mon fiancé… et les… lois de ce royaume ! » déclara-t-elle, mais elle bégayait.
Je m’étais arrêté à deux pas d’elle.
« Tu ne le feras pas, » avais-je dit.
« Je le ferai ! » répondit-elle.
« Tu ne le feras pas. » Je secouai la tête.
« P-pourquoi continues-tu à dire ça ? » demanda-t-elle.
« Parce que tu m’aimes. » Je lui fis un petit sourire.
« Ce n’est pas le cas ! » Elle cria en levant la main pour me gifler.
Je l’avais attrapée avant qu’elle ne puisse le faire et l’avais poussé contre le mur. Elle avait détourné le regard.
« Seryanna… je ne suis pas venu ici pour me venger de Draejan. Je ne suis pas venu ici pour te menacer ou te kidnapper, » déclarai-je.
« Alors, pourquoi es-tu venu ? » demanda-t-elle.
« Parce que je t’aime et que je ne veux que toi..., » je lâchai sa main et reculai.
Seryanna était une femme fière, mais je n’étais pas là pour briser cette fierté ou la forcer à se soumettre. Je n’étais pas un animal… je m’étais reculé parce que je voulais qu’elle choisisse de venir vers moi.
Quand j’avais dit ces mots, quelques larmes s’étaient formées dans le coin de ses yeux et elle ne m’avait pas regardé en répondant.
« Je suis une dragonne, Alkelios… pas une humaine, » déclara-t-elle.
« Je le sais. »
« Je suis une chevalière… tu as eu un duel officiel avec l’homme qui a été nommé comme mon fiancé par le roi que je sers ! » déclara-t-elle en élevant un peu la voix.
Je ne m’inquiétais pas pour le bruit, Kataryna avait dit qu’elle allait faire quelque chose à ce sujet, mais je ne savais pas quoi exactement. Quoi qu’il en soit, je lui faisais confiance. C’est pourquoi je pouvais garder mon calme, l’écouter et lui répondre comme si j’avais tout le temps du monde.
« C’est un duel que j’ai perdu à cause de ma propre stupidité. Mais je me fiche du résultat. Et ton roi dont les ordres ne peuvent pas être suivis parce que je suis humain et dont les ordres vont à l’encontre de notre amour, » répondis-je en retirant mes gants et les fourrant dans une poche.
« Tu n’as pas d’honneur, Alkelios ? » me demanda-t-elle en me regardant.
« Non. » J’avais souri.
« N’as-tu aucune honte ou aucun respect pour le roi ? » demanda-t-elle.
« Pas vraiment, » je haussai les épaules.
« Veux-tu que je trahisse mon roi ? » demanda-t-elle en serrant les mains.
« Non. » Je secouai la tête. « Juste Draejan. » Déclarai-je.
« Alkelios, le roi m’a directement ordonné d’épouser Draejan ! Veux-tu que j’aille à l’encontre de cet ordre ? » demanda-t-elle les larmes aux yeux.
« Oui. » Je hochai la tête.
« Pourquoi ? Pourquoi devrais-je trahir mon royaume, ma famille, mon roi et mon fiancé pour toi, un humain ? » demanda-t-elle les dents serrées.
« Parce que je t’aime, » déclarai-je.
« Ce n’est pas une raison suffisante, Alkelios. Tu me demandes d’abandonner trop de choses ! Tu me demandes de faire quelque chose que chaque fibre de mon être me dit de ne pas faire ! » répliqua-t-elle en détournant le regard.
« Alors pourquoi trembles-tu et veux-tu me rejoindre ? Pourquoi dis-tu que chaque fibre de ton être te dit de ne pas le faire alors que ton cœur hurle pour moi ? » demandai-je en tapotant ma poitrine avec ma paume.
« Parce que je ne sais pas si tu… si tu me veux vraiment… je ne sais pas si c’est juste un stratagème, un tour ou un sort… je ne sais pas si tu m’aimes vraiment… quand j’ai essayé de le confirmer, tu m’as repoussé une fois, deux fois… puis avec le duel… trois fois, » déclara-t-elle avec un gémissement en me regardant.
Faisant un pas en avant, elle me regarda dans les yeux et, les larmes coulant sur ses joues, elle dit : « Je ne veux pas vivre la même chose une quatrième fois... »
« Tu ne vas pas... » Et j’avais fermé les yeux. « Je souhaite épouser la dragonne Seryanna Draketerus. Je souhaite devenir son mari et élever une famille heureuse avec elle. Je souhaite devenir son amant et qu’elle devienne mon amante. Je souhaite que Seryanna Draketerus devienne ma femme. Si j’ai menti. Si les dieux sont contre cette union, alors je souhaite que quelque chose se passe dans les cinq prochaines minutes qui m’éloignent d’ici, » j’avais ouvert les yeux et regardai droit dans les siens.
« Alkelios… si tu dis quelque chose comme ça… si les dieux sont vraiment contre… ou..., » elle grimaça et baissa les yeux. Elle me saisit par le col et serra comme si elle-même ne voulait pas que j’y aille. « Tu es stupide… et si cela se produit réellement ? » demanda-t-elle en sanglotant.
« Alors, attendons. Si cela se produit… alors c’est que les dieux en ont décidé ainsi et peu importe ma puissance, je ne pourrai jamais aller à leur encontre. Cela pourrait également signifier que peut-être… quelqu’un d’autre nous est destiné. Mais honnêtement, je ne veux personne d’autre que toi, » déclarai-je en levant le menton.
« Pourquoi moi ? Pourquoi une dragonne promise à quelqu’un d’autre ? Pourquoi moi qui ne peux t’offrir aucun soutien politique ou militaire ? Pourquoi moi, dont la voix dans ce royaume est beaucoup plus faible que celle d’autres ? » demanda-t-elle les larmes aux yeux.
« Parce que j’aime tout chez toi… et que je veux que tu sois à moi comme tu l’es maintenant, sans être éveillée, sans voix politique, sans pouvoir militaire, sans atouts de valeur économique. Je veux tes lèvres, ton étreinte, ton souffle, ton amour… tout le reste n’est que… un extra, » j’avais souri et ensuite essayais de l’embrasser.
Si elle se retirait, j’étais prêt à arrêter, mais elle ne l’avait pas fait. Si elle me repoussait, j’étais prêt à me laisser repousser, mais elle ne l’avait pas fait. Ce qu’elle avait fait avait été de se rapprocher de moi, passer ses bras autour de moi et me tirer vers elle, en savourant ce baiser comme s’il pouvait être le dernier.
Quand nous nous étions embrassés, le temps avait passé et lorsque nous avions ouvert les yeux, je lui avais demandé : « Tu penses que ça fait plus de cinq minutes ? »
« Oui..., » elle avait acquiescé.
« Alors je suis tien..., » dis-je.
« Je sais… mais à l’intérieur… j’ai l’impression de trahir tout le monde, mon but même en tant que chevalière. Même le simple fait de t’avoir laissé entrer dans ma chambre et que je ne t’ai pas immédiatement chassé est un délit… tu t’es faufilé dans la chambre d’une femme fiancée au milieu de la nuit. Cela ne passerait avec personne..., » elle secoua la tête.
« Non, ça n’irait pas, mais comment puis-je te montrer ma détermination ? Je suis prêt à devenir un criminel aux yeux des lois de ce royaume. Je suis prêt à rejeter toute fierté ou tout honneur que j’ai en moi pour te rejoindre. Je suis disposé à écouter mon cœur plutôt que les lois et les mots crachés par ceux qui ne me comprennent même pas… ou toi, » dis-je.
« Et tu me demandes de faire de même..., » elle ferma les yeux.
« Tu sais ? Peut-être que tu penses trop à cela, aux conséquences et à ce que les autres vont dire ou penser. Pourquoi ne pas simplement… suivre le courant et voir où il t’emmène ? En fin de compte, toute cette trahison dont tu parles pourrait finir par être pardonnée ou complètement ignorée, » j’avais souri.
« C’est peut-être très risqué, » me déclara-t-elle.
« Alors, je me renforcerai une fois de plus. »
Alors que je disais cela, je m’étais agenouillé devant elle, comme je l’avais vu dans tous ces films à la maison, et bien que je ne sois pas préparé avec une bague, je pensais à ce moment depuis deux mois. Après tout, si je voulais aller jusque là, je devais me comporter comme un homme adulte et assumer pleinement mes responsabilités, ne pas jouer avec son cœur et montrer de l’insécurité face à notre avenir. Je devais lui montrer que c’était aussi quelque chose que je voulais, que j’étais prêt à parier le reste de ma vie sur le bonheur qu’elle pouvait m’offrir.
« Seryanna Draketerus, je sais que je suis jeune et stupide. Je sais que je suis humain et que tu es une dragonne. Je sais que tu es une chevalière royale et que je ne suis même pas un roturier. Malgré cela, Seryanna Draketerus, seras-tu ma femme ? » demandai-je d’un ton clair et ferme.
Pour être honnête, j’avais répété ces mots toute la semaine, mais les dire vraiment était bien plus intense que je ne l’avais imaginé. En fait, dès le début, j’avais senti qu’elle avait plus de raisons de me rejeter que d’accepter. Je ne croyais pas que j’étais préparé à un rejet et je ne savais pas comment y faire face. L’intensité du moment était tout simplement trop forte et mon cœur était comme sur le point d’éclater à tout moment.
Je ne voulais pas être rejeté et j’étais fermement convaincu que c’était ce que je voulais faire, surtout après mon combat et ma discussion avec Kataryna. C’est vrai, j’étais venu ici d’un autre monde, d’un monde plus avancé technologiquement que celui-ci de plusieurs siècles, mais j’étais ici comme un enfant.
Si on me demandait ce que j’étais il y a 2 mois, je leur aurais répondu simplement, un enfant de 18 ans qui avait trop peur de tous les changements qui se produisaient autour de lui à une vitesse qui semblait peu naturelle. Un enfant de 18 ans qui, jusqu’à présent, n’a jamais pris la peine de réfléchir sérieusement à son avenir et à ce que ses propres choix pourraient apporter. Un enfant de 18 ans qui voit le monde et y vit comme s’il était dans un jeu jusqu’à ce que la réalité le frappe. Un enfant de 18 ans tombé amoureux de la sorte pour la première fois de sa vie et qui n’avait ni parent ni amis d’enfance pouvant le conseiller. Un enfant de 18 ans issu d’un monde où aimer, respecter et essayer de comprendre une femme de cet âge était perçu comme une blague ou quelque chose d’impossible.
Si on me demandait ce que j’étais maintenant, je voudrais répondre que j’étais un adulte qui était prêt à faire ses premiers pas dans une vie mûre en s’en tenant à ses propres décisions et en ne les fuyant pas au dernier moment.
J’avais demandé la main de Seryanna ce soir comme preuve de ma propre résolution ainsi que de mon courage pour préserver ma décision de l’aimer jusqu’au bout… Je n’étais plus un enfant qui voyait l’amour comme une pièce de théâtre où les hommes et les femmes se parlaient avec des mots mielleux et qui finissaient en larme lorsqu’on leur demandait de vivre en les respectant. Aimer signifiait plus que tout ressentir de l’amour, pas avoir le courage de prononcer ces mots.
C’est pourquoi, lorsque j’avais rencontré Kataryna il y a une semaine, je l’avais traitée comme je l’avais fait parce que j’avais toujours peur de cette vérité. J’avais toujours peur du fait que je n’étais plus un enfant et que je devais être honnête envers moi-même et Seryanna. J’avais peur de pouvoir jouer au jeu de l’amour fictif et je m’étais détesté pour ce fait. J’avais peur de pouvoir aimer une femme comme elle et de vouloir rester à ses côtés toute ma vie. J’avais peur d’une chose stupide...
***
Partie 3
Je sentais comme si mon amour pour Seryanna était faux et juste une illusion créée par mon esprit. Quoi qu’il en soit, il ne me serait pas possible de me sentir comme cela parce que j’étais trop jeune ou un membre d’une autre espèce. Pourtant, ses larmes… ses gémissements… sa douleur… sa lutte… elles étaient réelles. Seulement, j’étais celui qui refusait de les accepter comme tels, le seul agissant comme un enfant.
Mes pensées, ces faits dont j’ai pris conscience ne s’étaient pas produits en une nuit…. C’était le résultat de ma lutte et de ma douleur, de mes cris étouffés et de mes larmes silencieuses pendant plus de deux mois. Non, ils étaient le résultat de mon doute intérieur, de ma bataille intérieure depuis le moment où j’avais réalisé que j’aimais vraiment Seryanna. Pourtant, pour surmonter cette peur, il me fallait juste un pas de plus… et Kataryna m’avait aidé à le faire.
C’est drôle comme tout ce temps j’avais pu dire que j’aimais Seryanna, tout en me demandant si je pouvais l’accepter. Mais dans tous les cas, j’avais pu apprendre ma leçon. Maintenant, tout avait une réponse. Notre avenir et notre amour pourraient vraiment commencer ou se terminer par sa décision.
« Est-ce que… c’est correct si je réponds ce que je veux et non ce que je devrais répondre ? » demanda-t-elle, les larmes aux yeux.
J’avais hoché la tête.
« Alors… Oui… Je veux être ta femme et pas celle de Draejan ! Je veux être aimée par toi et être avec toi ! » cria-t-elle. « Je veux ça… mais… pour nous... »
J’étais heureux et soulagé par ses paroles, cependant, je ne voulais pas qu’elle commence à douter, alors je me levai rapidement et scellai ses paroles d’un baiser.
Quand nous avions séparé nos lèvres, je lui avais dit : « Non, mais… pas ce soir... » déclarai-je en secouant la tête.
« Est-ce vraiment correct ? Est-ce vraiment bien pour moi d’aller à l’encontre des paroles de mon roi ? » Elle déglutit et trembla.
« Oui… Pour ce soir, il n’y a pas de roi d’Albeyater… c’est juste nous..., » déclarai-je.
« Pour ce soir..., » elle sourit.
« Je t’aime, Seryanna, » dis-je.
« Je t’aime, Alkelios, » répondit-elle.
Nous avions terminé notre conversation par un baiser et ce qui était arrivé et ensuite, nous nous étions unis de corps et de cœur. Enlever son armure était plus facile pour moi maintenant, et je ne me débattais pas non plus avec la mienne. Seryanna s’était laissée aller à la chaleur se trouvant à l’intérieur d’elle et n’avait pas tardé à montrer à quel point elle me voulait, et je ne m’étais pas permis de prendre du retard.
Sans entrer dans trop de détails intimes, notre première fois avait été assez impressionnante, et grâce aux quelques potions qu’elle avait sous la main, nous avions pu continuer longtemps. J’avais gravement sous-estimé ses désirs…
Quand nous avions fini, c’était presque l’aube. Nous nous reposions en nous enlaçant nus avec la fine couverture sur nous. Ma main caressant ses longs cheveux roux, alors qu’elle me souriait doucement.
« Nous l’avons fait..., » déclara-t-elle.
« Oui. »
« Ce n’était pas aussi grave que je le pensais, mais je pense qu’après cela, je pourrais avoir besoin de changer de lit, » rigola-t-elle.
« Oui, j’ai entendu un craquement à un moment donné..., » je souris ironiquement.
« C’est de ta faute, » dit-elle en me prenant la tête dans ses mains.
Ses lèvres avaient posé un baiser sur mon menton et avaient ensuite demandé : « Qu’est-ce qu’on va faire maintenant ? »
« Nous ne pouvons pas nous enfuir… ce serait trop lâche et nous avons encore des cartes à jouer. »
« Cela m’a traversé l’esprit, mais je ne voudrais pas abandonner la princesse Elleyzabelle ou ma sœur. Mon grand-père serait aussi très triste et, comme mon père est parti, je voulais que ce soit lui qui m’emmène à l’autel le jour de mon mariage, » elle laissa échapper un soupir.
« Vous avez cette coutume ici aussi ? » demandai-je, surpris.
« Normalement, ce sont les pères qui amènent leurs filles à l’autel, alors que les hommes doivent attendre pour les recevoir. Dans certains cas, les pères frappent leur futur gendre. S’il peut supporter le coup de poing, il est dit qu’il deviendra quelqu’un qui peut prendre soin de sa fille. S’il ne le supporte pas, on dit que c’est la fille qui dirigera le ménage, » elle avait souri.
« Donc… je vais me faire frapper au visage par Brekkar Draketerus ? Celui qui a repoussé l’invasion humaine il y a 38 ans ? » avais-je demandé en plissant les sourcils.
« Oui, mais ne t’inquiète pas. Je suis sûre qu’il ne t’enverra pas voler vers un mur dangereux, » elle me tapota la tête.
« Mais je vais quand même être projeté dans un mur ? » Je clignai des yeux surpris.
« Oui ! » Rigola-t-elle.
« Eh bien, je ferais mieux de m’assurer de m’entraîner dur pour résister à son coup. » J’avais ri.
« Alors… je demande une fois de plus, qu’est-ce qu’on va faire ? » Elle me demanda ça avec un sourire et s’approcha de moi.
Je l’avais serrée dans mes bras, puis je lui avais dit ce que j’avais prévu de faire… tout, incluant ce que je n’avais pas encore dit à Kléo et Kataryna.
« C’est… dangereux… et stupide, » me déclara-t-elle en secouant la tête.
« Oui, mais le prix de la réussite en vaut la peine ! » avais-je dit en lui giflant le derrière.
« Et tu n’as même pas parlé à Kataryna de cette partie ? » demanda-t-elle.
« Elle sait que je vais revenir plus fort que jamais, mais pas à propos de cette partie. La connaissant, ça gâcherait juste le plaisir. C’est un remboursement. Fais-le-lui savoir le moment venu, » je lui fis un clin d’œil.
« Soupir… Eh bien, ce qui me surprend le plus, c’est ta compétence Dompteur de Dragon… Veux-tu vraiment passer par ça ? » me demanda-t-elle inquiète.
« Je t’aime, Seryanna. Un jour, je vais demander à ce vieux de t’amener dans cette allée, et le moment venu, je veux pouvoir avoir des enfants avec toi. Peut-être pas maintenant ou dans les prochaines années, mais dans un avenir proche… je fais cela étape par étape… pourtant, comme ça, j’aurai de meilleures chances. » Je hochai la tête.
« Alors, pourquoi ne l’as-tu pas fait plus tôt ? Si tu l’avais fait... » Elle s’arrêta alors et baissa les yeux. « Si tu l’avais fait, tu serais devenu une cible pour beaucoup de nobles ici… dans une bonne et mauvaise manière, » elle me serra dans ses bras.
« Ça aussi, mais j’étais trop effrayé de perdre mon humanité..., » je laissai échapper un soupir et lui tapotai doucement la tête. « En ce moment, ça ne me dérange pas de l’abandonner pour être avec toi. »
« Nous appelons cela la draconité. Les nains l’appellent le nanisme. Les Elfes, elfité. Les Relliars, relliarité. Mais au final, c’est la même chose avec des différences mineures… Je ne pense pas que tu perdras ton humanité, Alkelios, au contraire, tu pourrais aussi gagner la draconité. »
« Vraiment ? » déclarai-je en fronçant les sourcils.
« Oui. » Elle ria.
« Hah~ cela me fait me sentir mieux, et maintenant que j’y pense, tu as peut-être raison. Avoir une humanité n’est pas ce qui me définit comme un être humain, mais plutôt notre façon de penser et d’agir, n’est-ce pas ? En fait, maintenant que j’y pense, il y avait des histoires dans mon monde avec des personnages qui n’étaient pas exactement humains, » déclarai-je en levant les yeux essayant de me rappeler exactement comment j’étais venu à la conclusion que j’allais perdre mon humanité si mon corps changeait.
« Tu es idiot. Si j’avais su plus tôt que tu avais de telles inquiétudes, j’aurais pu te dire beaucoup plus tôt de ne pas t’en préoccuper, » dit-elle en frottant son nez contre le mien.
« À partir de maintenant, si quelque chose me dérange, je viendrai directement vers toi, mon amour, » déclarai-je avec un sourire.
« De même pour moi, mon amour. » Elle m’avait embrassé.
Après cela, nous avions parlé d’autres sujets, et elle m’avait donné des conseils de survie pour le moment où j’allais chasser dans la forêt. Elle m’avait également dit que je devrais aussi garder l’œil ouvert sur les œufs de monstres, car avec ma chance, je pourrais facilement trouver un animal de compagnie.
Quand il était temps pour moi de partir, je m’étais habillé et lui avais fait un baiser d’au revoir. J’avais également souhaité qu’elle soit en sécurité pendant mon absence et que Draejan reste loin de mes amis.
« Au revoir, mon amour. On se revoit dans neuf mois, » lui dis-je.
« Au revoir, prends soin de toi, » répondit-elle.
Avec cela, j’étais sorti par sa fenêtre et étais parti en direction du balcon du roi.
Après cette nuit avec Seryanna, je me sentais assez confiant pour la conversation à venir avec Sa Majesté. J’avais souhaité que cela se termine en douceur dès le moment où j’avais quitté l’auberge et y eût expliqué une partie de mon plan. Le seul qui pouvait surveiller Draejan était lui. En même temps, il était le seul avec l’approbation duquel je pouvais faire un retour et m’assurer que le souhait de Seryanna soit également réalisé.
Je vais te voir en robe de mariée, Seryanna, et je serais celui qui t’attendra à l’autel, pas Draejan ou qui que ce soit d’autre ! Moi ! Alkelios Yatagai ! pensais-je en sautant par-dessus la rambarde du balcon du roi.
Sortant le collier et les deux lettres, avec les sceaux de cire visibles, j’avais ouvert la porte et étais rentré.
Là, j’avais vu le roi d’Albeyater, Feryumstark Seyendraugher, assis au chevet de son épouse, la reine d’Albeyater, Elliessara Seyendraugher. Ses imposantes grandes ailes à écailles dorées étaient pliées dans son dos, mais sa présence imposante me donnait l’impression que ma vie avait été perdue au moment où j’étais entré.
« Donne-moi une bonne raison pour laquelle je ne devrais pas te tuer, humain, » déclara-t-il avec un faible grognement sans se retourner.
« Je suis venu en paix et en tant qu’ami de Kataryna Georg, Brekkar Draketerus, et de votre fille, la troisième princesse Elleyzabelle Sojourn Seyendraugher. Je tiens les preuves dans mes mains, » déclarai-je d’un ton ferme, mais je ne pus m’empêcher de déglutir à la fin.
Le dragon devant moi dégageait une intention meurtrière suffisante pour faire frémir toute une armée. Il en avait probablement la force aussi. Chaque cellule de mon corps m’avertissait que l’entité face à moi était de loin le dragon le plus puissant que j’ai jamais rencontré jusqu’à présent, et il n’était pas du tout amical. Un faux pas et c’était la fin pour moi.
« C’est un nom que je n’ai pas entendu depuis plus de 500 ans et je peux difficilement croire que mon ami Brekkar, qui devrait être déjà mort aux mains des humains t’aurait envoyé. » Gronda-t-il.
« Hein ? Que voulez-vous dire par mort ? La potion que je lui ai faite l’a complètement guéri. Je veux dire, bien sûr, ça avait l’air d’être assez mauvais pour qu’il s’évanouisse, mais il courait le lendemain, hurlant qu’il ne pouvait pas attendre pour retourner sur le champ de bataille. Êtes-vous sûr que vous êtes au courant des dernières choses se déroulant dans votre royaume ? » J’avais demandé en étant un peu surpris par son commentaire, et pendant un moment, j’avais complètement oublié de garder un ton calme et respectueux, pour revenir à mon habituel.
« Quoi ? » Le roi se retourna et, avec une paire d’yeux brillants dorés, il me jeta son regard perçant.
J’avais dégluti.
J’ai foiré. Pensais-je.
« As-tu dit la vérité tout à l’heure ? » demanda-t-il.
J’avais acquiescé si vite que j’avais eu l’impression que ma tête allait s’envoler de mes épaules.
« Donne-moi ces lettres et cette médaille. MAINTENANT ! Je vais évaluer de mes propres yeux s’ils sont des originaux ou non. » Il tendit la main.
J’avais dégluti. « Bien sûr, voilà... »
Il les attrapa puis me jeta un coup d’œil.
« Tu as vraiment du courage de venir ici après avoir couché avec une femme. Eh bien, peu importe… si c’est un mensonge, alors c’est ton dernier jour, et c’est excusé, » déclara-t-il.
« Non, je ne le pense pas. Je souhaite bien prendre Seryanna Draketerus comme épouse. » Je hochai la tête et je souris.
« Quoi ? » Il plissa les yeux vers moi.
« Elle est aussi la principale raison de ma présence ici. Alors, allez-y, lisez ces lettres et voyez par vous-même si elles proviennent bien des dragons en question, » déclarai-je en souriant.
C’était ça...
***
Chapitre 51 : Éveille
***Point de vue de Seryanna***
Après le départ d’Alkelios, j’étais allongée sur mon lit, la fine couverture étant le seul tissu qui recouvrait mon corps, quand un mal de tête m’avait soudain frappée. Je me sentais étourdie et mes tempes palpitaient, mais je pensais que c’était dû à l’épuisement après que nous l’ayons fait tant de fois.
Il y avait une autre potion de guérison sur la table, alors je l’avais avalée et m’étais allongée.
Mes yeux semblaient brûler et mon ventre se réchauffait également. Je n’avais pas paniqué parce que je ne me sentais pas du tout en danger, cependant, quelque chose m’arrivait…
J’avais fait porter le blâme à mon épuisement et peut-être une légère indigestion de potion, mais quand j’avais ouvert les yeux, j’avais une vision floue. Un battement d’ailes attira mon attention et, lorsque je regardai par la fenêtre, je vis Kléo en forme de bête, une belle dragonne noire alors qu’elle s’éloignait du palais.
Est-elle avec Alkelios ? Je me le demandais en fermant les yeux.
Après cela, je m’étais endormie.
Quand je m’étais réveillée, il était presque déjà midi. J’avais ouvert les yeux et le flou avait disparu. Je m’étais sentie rafraîchie et remplie d’énergie.
Je devais être fatiguée. J’avais réfléchi puis j’avais regardé autour de moi.
L’odeur de ma nuit d’amour était toujours forte autour de moi. Je rigolai toute seule puis me levai du lit. Plus tard dans la journée, je devrais nettoyer les draps. Maintenant, non seulement ils sentaient mauvais, mais il y avait aussi une petite tache de sang.
En me dirigeant vers le seau d’eau, je m’étais lavé le visage et le cou, mais ensuite… j’avais remarqué quelque chose d’étrange dans mon reflet.
Qu’est-ce que c’est que ça ? avais-je pensé.
Surprise, je m’étais levée et m’étais précipitée vers mon épée et l’avais sorti du fourreau. À l’aide de mon chiffon, je l’avais essuyé plusieurs fois, puis j’avais regardé la lame. Sur elle, je pouvais voir quelque chose que je ne pensais jamais voir…
« Des yeux rouges..., » déclarai-je en déglutissant.
Lorsqu’un dragon expérimentait son éveil, la première chose à changer serait ses yeux. Ils se fendaient et la plupart du temps, ils changeaient de couleur. Les miens étaient maintenant fendus et rouges, comme ceux de n’importe quel autre dragon éveillé.
Lorsque j’avais baissé l’épée, j’étais heureuse, mais je ne pouvais pas comprendre comment ou pourquoi…
Mon regard tomba sur le lit, puis je me souvins de ce qu’Alkelios m’avait dit une fois.
Deux conditions sur quatre étaient remplies… Ainsi... ai-je validé les deux autres ? Qu’est-ce qu’elles étaient ? pensais-je en me souvenant de ce que Kataryna m’avait dit à propos du processus d’éveil. Cet éveil signifie d’être fidèle à moi-même.
Presque immédiatement, la réponse à ma question me vint à l’esprit et je réalisai quelles étaient ces deux autres conditions.
J’avais ri en y pensant. J’avais beaucoup ri.
Quand je m’étais arrêtée, je regardais le plafond avec des larmes de joies.
Alkelios, petit humain stupide… tu sous-estimes vraiment à quel point tu es bon…, pensais-je.
Après tout, si cela n’était pas pour lui, je ne me serais peut-être jamais éveillée.
Les deux autres conditions pour mon éveil étaient simples. La première concernait le fait de me permettre de me libérer de la cage dans laquelle je m’étais enfermée, le monde de la politique, des lois et des règles, des ordres et de la justice dictée. J’avais achevé celui-ci lorsque j’avais dépassé les ordres suprêmes du roi et je m’étais laissée prendre par Alkelios, même si j’étais promise à Draejan. En fait, ce dragon n’avait aucun droit sur moi pour le moment.
Le dernier était probablement encore plus difficile… accepter que quelqu’un puisse m’aimer et souhaiter rester avec moi malgré le fait que je sois une dragonne non éveillée. Cependant, je devais être sûr à 100 % dans mon cœur et que cela était vrai et prouvé de TOUTES les manières. Alkelios avait agi ainsi en enfreignant les lois, en risquant la peine de mort ou la réclusion à perpétuité, le tout pour être avec moi cette nuit-là… il m’avait même demandé ma main… celui auquel je m’étais fiancée était lui, pas Draejan. Les nobles pourraient voir ce dernier comme mon fiancé, mais en vérité… Alkelios avait réécrit ça ce soir.
Oui… J’appartiens à Alkelios maintenant, et il est à moi… et… je ne laisserai personne changer CELA. avais-je pensé et convoqué avec facilité une petite boule de feu.
Je n’avais plus besoin de chant maintenant… parce que c’était mon élément.
***Point de vue d’Alkelios***
« Sommes-nous arrivés ? » demandai-je.
« Si tu demandes ça une fois de plus, je te jette. » Grommela Kléo.
Après ma discussion avec le roi, qui s’était terminée étonnamment bien… dans le sens où j’avais toujours ma tête sur les épaules, j’avais appelé Kléo comme nous l’avions planifié, puis je m’étais envolé avec elle pour quitter Drakaria. Comme Kataryna et elle étaient toutes deux reconnues comme faisant partie du parti de la troisième Princesse, les gardes ne s’étaient pas posé de questions sur leur identité et leur destination.
Ainsi, elles avaient pu facilement m’emmener loin de là.
Maintenant, deux jours plus tard, Kléo volait pour la seconde fois et nous avions la forêt Seculiar sous les yeux. Dans une demi-heure, nous y arriverions.
« Es-tu prêt ? » Demanda Kataryna.
« Nous avons fait les derniers contrôles ce matin. Tout est là. » Je tapotai la bague, ce chant n’était pas aussi facile à apprendre que je le pensais au début.
Au moins, Kléo s’était amusée de mes erreurs.
« Je ne parlais pas de ça… mais ici, » elle plaça ensuite sa main sur ma poitrine.
J’avais hoché la tête et lui avais souri.
« Grâce à toi, j’ai pu me réveiller… et je crois avoir bien agi avec Seryanna… Maintenant, tout ce qu’il reste à faire, c’est de devenir assez puissant pour nettoyer la saleté avec Draejan. » Déclarai-je avec un sourire narquois.
« Alors, c’est bien, » elle acquiesça.
Environ vingt minutes plus tard, nous étions enfin au-dessus de la forêt. En effet, voler était bien mieux que d’utiliser un Khosinni.
« Pourquoi n’avons-nous pas fait ça dès le début ? » avais-je demandé alors que je me préparais à sauter.
« Parce que je ne voulais pas blesser les sentiments de ma sœur… elle n’est pas éveillée, tu sais ? » Répondit Kléo.
« Les dragons, en particulier les dragonnes, sont très attentifs à ce qu’ils portent. En plus, vous deux n’avez jamais demandé, » répondit Kataryna en haussant les épaules.
« Je vois… ça à du sens..., » je hochai la tête.
« Oh, avant que tu partes. » Kataryna s’arrêta puis me tira vers elle.
Elle avait enroulé ses bras autour de moi et nous avait couverts de ses ailes.
« Un petit cadeau d’adieu, » me dit-elle avec un sourire, puis elle m’embrassa.
J’avais été surpris par cette « attaque » soudaine, mais puisque c’était elle… je l’avais acceptée. Quand nos lèvres s’étaient séparées, elle me poussa du dos de Kléo.
« Reviens fort, jeune bébé ! Fais-moi vibrer d’excitation la prochaine fois que je te verrai ! » Cria-t-elle.
« Je le ferai ! » J’avais levé le pouce, puis étais tombé à travers les arbres, comme un personnage de dessins animés… « Aïe ! Omph ! Ow! Pouah ! Pas le visage ! Aïe ! Gah ! Aïe ! Pouah ! Owie! »
‘CHUTE’
« Ça va ? » demanda Kléo un peu inquiète.
J’avais probablement frappé toutes les branches en tombant.
« Je vais bien ! Mon visage a amorti l’impact avec le sol ! » répondis-je.
***
***Point de vue de Kataryna***
« Partons… il ira bien, » lui avais-je dit.
« Es-tu sûre ? Je suis un peu inquiète, » répondit Kléo.
« Oui, » je hochai la tête. « En plus, nous devons aussi nous entraîner, » lui répondis-je.
« Hein ?! Pourquoi dois-je m’entraîner ? » demanda-t-elle, surprise.
« Parce que la Troisième Princesse a besoin de toute la puissance de combat possible. Aussi, tant que tu es aussi faible que maintenant… tout le monde va te critiquer pour ta couleur d’écailles. Tu dois leur prouver qu’ils ne peuvent pas le faire. Après tout, tu es aussi une Draketerus, non ? » répliquai-je.
Kléo était ensuite restée silencieuse et avait continué à nous ramener vers la capitale. Maintenant qu’Alkelios avait pris au sérieux sa formation, je devais former cette petite fille jusqu’à son retour. Pourtant, j’étais très curieuse de voir à quel point il allait se renforcer dans les prochains mois.
Montre-moi quelque chose d’amusant, Alkelios… Pensais-je alors que je souriais.
***
***Point de vue d’Alkelios***
Après avoir enlevé la poussière de mes vêtements, j’avais revêtu mon armure en draconium enchantée nouvellement acquise et équipé mon épée de draconium enchantée. Les statistiques de ces choses étaient ridicules, mais ce que j’étais sur le point de faire nécessitait au moins cela.
Prenant une profonde inspiration, j’avais crié : « JE VEUX SURVIVRE À TOUS LES DANGERS DE CETTE FORÊT ! JE SOUHAITE MONTER DE NIVEAU AUSSI VITE QUE POSSIBLE EN TUANT DES MONSTRES ET EN FABRIQUANT DES OBJETS DANS CETTE FORÊT ! JE SOUHAITE DANS LES 9 MOIS À VENIR ATTEINDRE LE NIVEAU 1000 ! VOUS M’AVEZ ENTENDU ?! VENEZ MAINTENANT ! »
Quand j’avais fini, j’avais dégluti et avais serré la poignée de mon épée.
« GRRRRRR ! »
« RUGISSEMENT ! »
« KYAKAKA! »
D’innombrables rugissements avaient soudainement pu être entendus. C’était comme si toute la forêt m’avait entendu et répondait à mon souhait.
En face de moi… j’avais vu une horde arriver…
J’avais dégluti.
« Les voilà..., » m’étais-je dit à voix haute en prenant une profonde inspiration.
***
***Point de vue de Seryanna***
Une semaine après le départ d’Alkelios et le début de l’entraînement de Kléo avec Kataryna, j’étais en chemin pour rejoindre la Troisième Princesse lorsque Draejan m’avait soudainement appelée.
« Sire Seryanna ! Un plaisir de vous voir après tout ce temps ! » déclara-t-il, mais je ne m’étais pas retournée.
Je m’étais arrêtée et j’avais regardé le sol. À l’intérieur de moi, il y avait un feu vengeur qui voulait le réduire en cendres, alors je faisais de mon mieux pour le calmer. Avec mon éveil en cours, j’étais un peu irritable, et regarder le visage de ce bâtard était la dernière chose que je voulais.
« Sire Draejan, ce n’est pas un plaisir, je vous l’assure. Maintenant, si vous voulez bien m’excuser, je dois y aller, » déclarai-je d’un ton légèrement contrarié.
« Attendez une seconde, » déclara-t-il en plaçant sa main sur mon épaule.
Je m’étais figée et j’avais serré la mâchoire.
« Je vais simplement vous dire ceci de bonté de cœur, mais vous devriez oublier cet humain sans valeur. Il n’est rien comparé à nous. Vous êtes destinée à occuper une place à mes côtés, menant la grande armée de Brekkar et en la transformant en une gemme pour Albeyater. Un humain comme lui ne vous aurait apporté que de la honte, » cracha-t-il.
J’avais fermé les yeux un instant et posai ma main sur la sienne.
« J’étais certain que vous alliez reprendre vos esprits… Argh ! » déclara-t-il avant de gémir.
Bien sûr que ça ferait mal, j’avais serré sa main et appliqué de la chaleur. En me retournant lentement, je le regardai et vis à quel point il n’avait aucune valeur.
Je ne peux pas croire que j’avais peur de lui… Un rang supérieur au mien ? Comme si je m’en souciais…, pensais-je.
« S-Sire Seryanna ? » Il cligna des yeux surpris en voyant mes yeux rouges.
« Draejan… Je vous dis cela par “bonté de cœur”. Si vous osez me toucher à nouveau… je vous tuerai, » j’avais lâché sa main et j’étais partie.
J’étais certaine que mon changement soudain était à la fois une surprise et un choc pour lui, mais je m’en fichais. Tant que je serais à l’intérieur du palais et que Kataryna serait mon amie, ce dragon n’oserait rien faire pour essayer de me ridiculiser.
***
[9 mois et un jour après le départ d’Alkelios du palais]
***Point de vue d’Alkelios***
« Is Bitsy BOOM ! » avais-je crié à pleins poumons en déchaînant l’attaque dévastatrice du haut des nuages.
La sphère d’environ trois mètres de diamètre de feu rouge vif avait volé de ma main griffue et s’était dirigée vers le centre de l’armée que j’avais ciblée sur ces terres stériles. Je souriais en la lâchant… C’était l’une de mes attaques les plus puissantes, et aussi la plus meurtrière à ce jour.
« Je suis assez curieux de voir ce que ça va faire..., » m’étais-je dit à voix haute.
Dommage que leurs armures et matériaux se transforment en poussière après l’explosion… avais-je pensé en regrettant un peu, mais ce n’est pas comme si je ne les avais pas avertis.
C’était un groupe de créatures ressemblant à des insectes qui étaient soudainement arrivés sur la Côte-Nord du continent. Je savais que cet endroit était stérile, mais les monstres ici n’étaient pas une décoration. Tous avaient dépassé le niveau 700. Malheureusement, parce que j’utilisais cet endroit pour récupérer des matériaux et de la viande savoureuse, j’avais fini par anéantir presque toute la faune… et ainsi, leur accordant un passage libre vers Albeyater. Oops.
Quoi qu’il en soit, lorsque les monstres étaient arrivés, j’avais d’abord essayé de négocier avec eux. Je m’étais approché et avais eu une petite discussion avec leur commandant, qui parlait un peu le draconien. Je leur avais dit qu’au-delà de cet endroit se trouvait la forêt Seculiar qui appartenait au royaume d’Albeyater. Continuer avec leurs armées comme cela ne ferait que violer leurs frontières… Apparemment, c’était leur intention… Des bâtards sanglants avaient essayé de me tuer après. Si je ne portais pas mon armure, je serais mort !
Eh bien… tant pis pour leur armée, la totalité des 40 000 individus allait y passer.
L’attaque que j’avais lancée contre l’armée visait leur centre. Bien sûr, j’étais hors des 25 km de portée, pour être plus précis, je volais dans les airs à environ 2 km d’altitude et à une distance d’environ 30 km de leur ligne d’avant garde.
« 3... 2... 1..., » déclarai-je en faisant le compte à rebours jusqu’à impact.
BOOOM !
Les trois dômes de confinement avaient été instantanément libérés et la dévastation provoquée pouvait facilement être observée. Ça avait englouti toute leur armée en un clin d’œil et ravagea les terres arides, bien que… rien ne pouvait vraiment être détruit ici de toute façon.
Il faut aussi noter que l’explosion avait également touché la majorité de leurs bateaux, mais les survivants allaient probablement mourir à cause des radiations. Heureusement pour moi, je portais des sous-vêtements en plomb. C’était une précaution supplémentaire, mais ça me démangeait.
« C’était… incroyable, » déclarai-je.
Je n’avais aucun regret au fait d’avoir anéanti l’armée d’insectes. Si je ne l’avais pas fait, Seryanna et les autres l’auraient combattu, mais jusqu’à ce que cela se produise, ils auraient atteint Tomeron, où vit actuellement mon ami, Brekkar. Le nombre de dragons morts suite à cette attaque aurait été une grande perte pour le royaume.
Maintenant, de la grande armée de 40 000 insectes, il n’y avait même pas assez pour envoyer une force d’exploration. Je doutais sérieusement qu’ils puissent même retourner dans leur pays natal, où que ce soit.
Avec un haussement d’épaules, j’étais sur le point de partir, quand, tout à coup…
« Brillant ? » avais-je demandé.
Ouaip… l’explosion avait révélé un gisement caché de minéraux. Plusieurs en fait…
« BRILLANT ! » criai-je m’y dirigeant.
Bien sûr, j’avais changé d’armure en vol pour équiper une armure antiradiation que j’avais développée dans mon temps libre, au cas où je devais utiliser cette compétence. J’avais également sorti une pioche en alliage de draconium et de Dregaryum que j’avais créée avec mes compétences de forgerons.
Eh bien, rien ne presse de rentrer à Drakaria. Je pouvais l’atteindre en 4 ou 5 jours, selon le temps qu’il me faudrait pour emballer toutes mes affaires, mais jusque là… c’était le moment de l’extraction !
Ouaip ! Il n’y avait aucune honte à admettre le fait que j’étais un joueur accumulant les ressources… un demi-dragon !
***
Histoire annexe (1) : La résolution d’Iolaus
***Point de vue d’Iolaus***
Le jour où j’avais finalement vu la ville de Tomeron devant moi, j’avais laissé un sourire se dessiner sur mes lèvres. Le voyage avait été long et difficile pour moi, surtout après avoir quitté le groupe de paladins stationné à Pertiko. Nul doute qu’ils me haïraient. Si j’échouais dans ma quête ici, je n’aurais nul par où aller, nul part où je pourrais retourner… nul part où me cacher. Après tout, j’avais choisi de tomber amoureux d’une dragonne à écailles noires, qui était généralement la cible de la persécution des paladins.
Tout était au nom de la Lumière, mais après avoir rencontré Alkelios, mes doutes enfouis depuis longtemps s’étaient manifestés et s’étaient révélés. À l’époque, dans le donjon, devant une Thraherkleyoseya tremblante, blessée et pleurante, j’avais choisi de regarder une fois de plus ces doutes, et j’avais finalement réalisé que la tuer n’avait jamais été mon souhait.
Si j’avais choisi de la tuer là-bas, je doute que j’aie vécu pour le raconter. Certes, mes pairs m’auraient félicité, mais peu de temps après, je me serai noyé dans le regret... parce qu’au fond de moi, je ne l’avais jamais détestée… je disais seulement que je le faisais. J’avais agi comme tel. Je m’étais toujours forcé à croire que c’était le cas, mais la vérité était que je ne l’avais jamais détestée.
Je ne pouvais pas parce que… j’aimais et j’aimerais toujours Thraherkleyoseya Draketerus, une dragonne à écailles noires.
Maintenant, je m’étais retrouvé sur la route regardant vers Tomeron. Il y avait un air paisible et apaisant qui entourait la ville. Il n’y avait aucun sentiment de danger ou de peur malgré le fait qu’il y ait l’endroit le plus dangereux de tout le royaume, la forêt Seculiar. Au contraire, je penserais plutôt que cette petite ville n’était pas différente de l’une de ces villes que l’ont trouvé dans les parties les plus sûres de l’empire Embryger.
J’avais apprécié la vue et contemplé le paysage un moment avant de décider d’aller retrouver Brekkar Draketerus, le grand-père de ma fiancée. Il était la cible de mon voyage. J’espérais m’entraîner sous sa supervision et acquérir la force nécessaire pour protéger mes proches, tout comme je l’avais promis à Thraherkleyoseya.
On pourrait dire que la partie difficile venait de commencer. Je disais ça, car il était bien connu que Brekkar était un dragon têtu, mais encore plus impitoyable quand il s’agissait de sa petite famille.
La dernière fois que j’avais vu ma bien-aimée Thraherkleyoseya, c’était quand je me trouvais encore dans le village de Pertiko, avant de démissionner de chez les paladins.
Bien sûr, j’avais conservé ma noblesse, mais je n’avais pas eu le courage d’informer ma famille de ma situation actuelle. De plus, j’avais ma promesse à tenir d’abord. Je devais devenir assez fort pour protéger ma future femme de toutes les injustices et de la haine que le monde pourrait avoir contre elle parce qu’elle était une dragonne à écailles noires.
Mon ami Alkelios m’avait fait comprendre que je devais arrêter de fuir et que je devais plutôt faire face à mes défis. Je devais me battre pour mon amoureuse, peu importe les difficultés. Ne jamais abandonner et toujours aller de l’avant, cela allait être mon nouveau credo. Je devais le remercier pour ça.
En tant que tel, je ne pouvais pas simplement perdre mon temps à ne rien faire. Aussi, dès que j’étais entré dans Tomeron, j’avais demandé des indications sur la direction à suivre pour me rendre à la maison des Draketerus. Les gens ici avaient été assez gentils et m’avaient montré le chemin.
Il était environ midi quand je m’étais retrouvé devant le grand manoir. Ça ressemblait plus à un petit palais compte tenu de sa conception et de son architecture, mais il semblait être en train de le réparer, il y avait encore des signes de l’incendie qui avaient presque tout détruit deux mois plus tôt. Les gens de la ville m’en avaient parlé, mais je ne connaissais pas les détails.
Ce qu’ils m’avaient dit, cependant, c’est que le jeune homme amené par Seryanna avait joué un rôle crucial dans la destruction du groupe de bandits appelé les Dagues Jumelles. Il avait également soigné le seigneur local, Brekkar, de sorte qu’il n’y avait que des rumeurs positives à son sujet.
Prenant une profonde inspiration, je m’avançai et frappai à la grande porte de métal. Je frappai fort, laissant savoir que quelqu’un était là, puis attendis patiemment.
Peu de temps après, une femme de chambre avait ouvert la porte. Elle semblait être assez jeune, mais j’avais l’impression qu’elle cachait une force terrible derrière son sourire poli.
« Bonjour, puis-je vous être utile ? » Demanda-t-elle.
« Bonjour, je m’appelle Iolaus von Striggnyark. Je suis venu voir Sire Brekkar Draketerus. Puis-je demander une audience ? » Je me tenais droit et tenais une main sur ma poitrine pendant que je prononçais ces mots.
« Hm ? Un moment, s’il vous plaît, » déclara-t-elle avant de fermer la porte.
J’avais cligné des yeux de surprise, mais j’avais attendu patiemment.
Un quart d’heure plus tard, la porte s’ouvrit à nouveau et je vis le vieux dragon Brekkar se tenir debout, essuyant sa sueur avec une serviette propre. Il portait un pantalon léger et une chemise par-dessus. Son regard sévère était toujours intimidant et je pouvais sentir la pression qu’il exerçait. En dépit de son âge et de sa maladie, ce dragon avait conservé la force de caractère qu’il avait forgée tout au long de sa vie de guerrier et de général.
J’avais dégluti.
« Bonjour, monsieur Brekk… UGHO ! »
Avant que je ne puisse finir mes mots, il m’avait frappé au visage, et les lumières s’étaient éteintes pour moi.
Quand je m’étais réveillé, je regardais le ciel du matin. Les oiseaux piaillaient dans les arbres voisins et une douce brise balayait l’herbe autour de moi. Je clignai des yeux de surprise puis me levai. Ma joue me faisait mal, alors je la massai un peu.
« Que s’est-il passé ? » Me demandai-je en regardant autour de moi pour comprendre mon environnement.
J’étais au milieu d’un champ derrière le manoir Draketerus. Mes sacs, mon armure et mon arme avaient tous disparu. J’avais paniqué un moment, mais en me levant, je m’étais souvenu au dernier moment avant d’être assommé.
Sire Brekkar m’avait donné un coup de poing…
« Ces rumeurs étaient toutes fausses, il ne s’est pas du tout affaibli ! » Me plaignis-je en époussetant mes vêtements.
Actuellement, je ne portais plus mon armure de paladin, mais seulement un ample pantalon et une chemise en lin. Je ne pouvais pas m’empêcher de me demander si on m’avait volé ou un truc dans le genre. Cela aurait été une honte s’il en était ainsi, mais je me tenais derrière le manoir Draketerus, pas au milieu de la forêt ou de la route. Je n’avais pas été pillé par des voleurs.
« Est-ce Brekkar qui a fait ça ? » me demandai-je à voix haute.
Je m’approchais du manoir et je vis là l’ancien général se tenir droit, les deux mains sur le manche de sa grande épée, enfonçant la pointe dans le sol. Bien que plusieurs années se soient écoulées depuis son dernier pas sur un champ de bataille et que des rumeurs voulaient qu’il soit sur son lit de mort, il ne semblait en aucun cas l’être.
Juste en me tenant devant lui et en le regardant si imposant, j’avais senti une pression sur mes épaules qui menaçait de m’écraser. La différence de force entre nous était tout simplement immense. Il était clair pour moi que si je devais entrer en combat contre ce dragon, je serais transformé en poussière d’un seul coup d’épée.
Ainsi, je m’étais incliné.
« Tu es Iolaus, n’est-ce pas ? » me demanda-t-il avec un ton de voix empli d’intention meurtrière.
« Oui, Sire Brekkar, » répondis-je comme un soldat obéissant.
« Pourquoi es-tu venu ici ? » demanda-t-il.
Ma tête était inclinée, mais je savais qu’il me fixait.
Comment ne pouvait-il pas être en train de le faire ? Après tout, dans ma jeunesse, j’avais rejeté Thraherkleyoseya quand j’avais vu la différence de couleur de nos écailles.
« Pour m’entraîner sous vos ordres, » répondis-je.
« Pourquoi ? » demanda-t-il.
Au son de son épée se rapprochant de moi, j’avais dégluti.
« Donne-moi la raison et si je ne l’aime pas, je te tuerai directement. Dans cette tenue, je ne peux pas te voir comme un paladin, mais comme un simple voleur. Si quelqu’un me le demandait, je ne ferais que tuer un voleur étant entré dans ma propriété, » déclara-t-il en s’arrêtant à un pas de moi.
J’avais dégluti à nouveau.
C’est pourquoi il m’a assommé et m’a pris tout ce que je portais… de cette manière, n’importe qui pourrait facilement me prendre pour un voleur ou un bandit, avais-je pensé.
« Je souhaite m’entraîner sous vos ordres parce que je veux devenir assez fort pour protéger la femme que j’aime, votre petite-fille, Thraherkleyoseya Draketerus ! » déclarai-je sans hésiter.
La réponse que j’avais reçue était une botte dans mon visage.
Il m’avait donné un coup de pied assez fort pour que je sois envoyé en arrière et roula plusieurs fois sur l’herbe. Ma lèvre avait été coupée et j’avais craché du sang. J’avais la tête qui tournait, mais j’avais essayé de me lever. C’était inesthétique de ma part de ne pas essayer de le faire.
« Si tu pars maintenant, je t’épargnerais, » m’avait-il dit.
Est-ce qu’il me dit d’abandonner et de fuir ? ai-je pensé.
J’avais dégluti, mais je savais que je ne pouvais pas faire ça… Je ne pouvais pas la trahir à nouveau.
Revenant à ma position agenouillée et inclinant la tête jusqu’à ce que mon front touche le sol, je criai : « je suis venu de Pertiko pour que vous m’entraîniez ! Je souhaite devenir assez fort pour protéger Thraherkleyoseya ! Je ne veux plus jamais la trahir comme je l’ai fait ! Je l’aime et je souhaite être là pour elle, peu importe ce que les autres pensent ! C’est pourquoi j’ai besoin d’être fort ! Assez fort pour survivre contre tous ceux qui nous haïssent. Assez fort pour la protéger et rester à ses côtés quoiqu’il arrive ! »
Mes paroles étaient sincères, honnêtes et provenaient du fond de mon cœur. Si ce vieux dragon ne pouvait pas me pardonner pour ce que j’avais fait, alors mon destin était scellé.
« Hmph ! » Il renifla puis coupa le sol devant moi.
Le coup avait presque atteint ma paume, et il était si proche que mes doigts avaient presque été coupés.
Après ça, le vieux dragon se retourna et partit.
Peut-être qu’il ne me croyait pas…
Peut-être qu’il pensait que j’étais inutile à entraîner parce que j’allais trahir à nouveau Thraherkleyoseya…
Je ne lui ferai jamais à nouveau ça… JAMAIS ! pensais-je en refusant de bouger.
Avec ma tête au sol, en face du coup qu’il avait fait dans le sol, j’avais attendu qu’il revienne et me réponde.
Sire Brekkar n’était pas revenu même après plusieurs heures… Le soir était venu et il ne s’était toujours pas montré. Le ciel était devenu nuageux, et bientôt, il s’était mis à pleuvoir, mais je n’avais pas bougé.
C’était froid et je tremblais, mes muscles et mes articulations me faisaient si mal. J’avais envie de pleurer, mais je refusais de bouger.
La nuit était venue et j’étais toujours incliné sur le sol humide alors que la pluie frappait mon dos. Je n’étais même pas en forme de semi-dragon pour me protéger avec mes écailles blanches et utiliser mes ailes pour éviter la pluie. J’étais dans ma forme la plus faible, agenouillé dans la boue, inclinant la tête sous la pluie, tout ça parce que je ne pouvais pas abandonner ici… Pas avant que j’aie dit ces mots à Thraherkleyoseya.
Quand le matin était venu, j’étais à ma limite. Tout mon corps tremblait, et je ne pouvais plus sentir certaines parties de mon corps. J’avais l’impression que j’allais m’évanouir à n’importe quel moment, mais je m’étais forcé à rester dans cette position.
« Pourquoi veux-tu t’entraîner ? » Quelqu’un demanda.
Ma tête était légère, et je ne savais pas si c’était Brekkar ou non.
« Parce que… j… j’aime Thraherkleyoseya Draketerus… je l’aime… du fond du cœur… je ne veux pas la faire pleurer une seconde fois…. Je ne veux pas la rendre triste à nouveau… je veux être à ses côtés, et avoir une famille avec elle… je veux me marier avec elle..., » dis-je dans le brouillard.
Bien que j’avais beaucoup parlé, je ne pouvais même pas me rappeler de la moitié.
Ensuite, le silence était revenu.
« Et si je te dis que je ne veux pas t’entraîner ? »
Cette fois, j’en étais sûr, c’était Brekkar.
« Alors… je m’entraînerai seul… je ferai tout ce qu’il faut pour atteindre l’éveil supérieur et revenir vers elle… peu importe le temps ou la difficulté..., » répondis-je.
« Même si tu meurs ? » demanda-t-il.
« Non, je vais rester en vie, peu importe ce qu’il faut… si je meurs, elle serait triste, et je ne veux pas ça..., » dis-je.
Une main s’était placée sur mon épaule et m’avait soulevé. Tout mon corps était douloureux et toutes mes articulations avaient craqué par le mouvement soudain.
« Si ta résolution est si forte, alors je ne vais pas te repousser, mais sois prêt à souffrir ! » déclara Brekkar en souriant.
Il était celui m’ayant soulevé.
« Oui, Sire Brekkar..., » répondis-je en souriant.
« Bien, maintenant va te reposer ! Nous commencerons dès que tu te seras réveillé et que tu auras bien mangé ! » Il se mit à rire.
Je n’avais pas répondu, mais entendre ça m’avait rendu heureux et comme une flamme de bougie s’éteint je m’étais évanoui.
Plus tard ce jour, je m’étais réveillé dans une chambre d’invité. J’étais propre. Je n’avais plus de boue sur moi, et quelqu’un m’avait même changé. C’était probablement l’une des servantes qui l’avait fait. Sur le mur en face, je pouvais voir mon armure, arme et tout le reste, mais ce qui avait attiré mon attention était la lettre posée sur mon sac.
Avec un grognement s’échappant de mes lèvres, je m’étais levé et l’avais ramassée.
C’était de Thraherkleyoseya et m’était adressé.
Cher Iolaus,
Si tu lis cette lettre, ça veut dire que tu es arrivé à la maison de mon grand-père. Ne sois pas effrayé par ce vieux. Il peut avoir l’air dur, mais il est doux à l’intérieur ! Achète-lui des sucreries quand tu passeras à Tomeron ou Andromède, et tu vas gagner ses faveurs !
Reste en sécurité et sois en bonne santé, Iolaus. Ne fais rien d’insensé ou de stupide comme de rester sous la pluie toute la journée ou des trucs dans le genre. De plus, écoute tout ce que mon grand-père a à dire et si tu n’es pas sûr de quelque chose, demande-le-lui, surtout s’il s’agit du temple de la Lumière. Cependant, je crains que cela ne t’en demande un peu trop. Je ne veux pas empiéter sur ta foi.
Si tu veux m’envoyer une lettre, écris-en une et remet-là à mon grand-père, il veillera à ce qu’elle me parvienne.
Je t’aime, Iolaus reste en sécurité et n’oublie pas ta promesse.
Cordialement, Thraherkleyoseya Draketerus.
PS : J’ai hâte de (…)
J’avais poussé un soupir. Le reste de la lettre était juste un gros morceau de délires sexuels couvrant deux pages supplémentaires.
Même si je savais d’expérience qu’elle n’aimait pas vraiment ça, c’était tellement dans sa manière d’exagérer les choses presque à l’extrême pour pouvoir ensuite faire une blague. À l’intérieur, elle était une farceuse innocente et un peu excitée…
« Je me demande si je n’ai pas libéré quelque chose que je n’aurai pas dû. » Déclarai-je en regardant la lettre avec soin, puis en la plaçant dans le tiroir d’un bureau.
Demain, j’avais prévu de lui écrire une lettre.
Pourtant, c’était bien ainsi… que commença ma formation sous les instructions de Brekkar Draketerus, celui ayant le surnom du plus fort général du royaume.
***
Histoire annexe (2) : Les mémoires d’un vieux général
Partie 1
[38 ans plus tôt dans le royaume d’Albeyater]
***Point de vue de Brekkar***
Le voyage était long et périlleux, mais avec mes conseils et ma protection, nous n’avions rien à craindre ! À la tombée de la nuit, nous atteindrions Drakaria, la merveilleuse capitale de notre royaume Albeyater. Demain allait être un jour glorieux pour notre famille, ma petite-fille, Seryanna, allait passer l’examen de Chevalier Royale et elle allait très certainement réussir !
Pourquoi ? Je serais un Merion desséché si cela ne se produisait pas.
J’avais moi-même formé ma petite-fille et elle avait les compétences et la sagesse nécessaires pour se tenir sur les champs de bataille à mes côtés ! C’était quelque chose dont je me vantais souvent, vers cette vieille queue de lézard, Feryumstark !
« Grand-père ? Pourquoi m’as-tu aussi traînée ? » avait demandé ma troisième petite-fille, Thraherkleyoseya.
Mon fils était sage, mais parfois son sens du nommage donnait l’impression qu’il avait été projeté sur une montagne rocheuse et qu’il n’essayait même pas d’éviter les falaises déchiquetées en descendant.
« Parce que ta grand-mère n’était pas très contente de ta dernière blague. À quoi pensais-tu en catapultant des gardes dans la salle de bain des dames de cette façon ? Les femmes de chambre ont failli avoir une crise cardiaque ! » Je lui avais ébouriffé les cheveux.
« Arrête ça, grand-père ! » se plaignit-elle.
Je souris fièrement.
Cette petite farceuse n’avait jamais été mal intentionnée. Nous savions tout cela…
Malheureusement, elle s’était éveillée comme une dragonne à écailles noires les plus détestées en raison de leur affinité avec les arts noirs. Bien qu’imbattables en tant qu’espions et assassins, leurs compétences n’avaient que peu de valeur en dehors des complots militaires et politiques.
Quand elle était jeune, elle voulait être une marionnettiste de l’ombre, mais après avoir eu le cœur brisé par ce garçon, Iolaus, les choses s’étaient dégradées pour mon petit ange. Pour aggraver les choses, il s'éveilla en tant qu’élément opposé à Thraherkleyoseya avec des écailles blanches. Et si cela ne suffisait pas, ce stupide garçon avait fini par être recruté par le Temple de la Lumière, qui méprisait absolument tous les dragons à écailles noirs.
Même avec ma renommée et ma réputation de général, je ne pouvais rien faire à ce sujet. C’était leur destin, mais si les Dieux le voulaient, je voulais qu’on me donne l’occasion de donner à ce garçon une bonne raclée ! Une qu’il n’oubliera jamais !
En effet, j’étais déterminé à le faire ! Peut-être que la prochaine fois que je le verrai, je le frapperais droit dans le visage, sans poser de question !
« Ma sœur, c’était de ta faute, tu sais ? Mais ne sois pas désespérée, nous allons voir Drakaria ! C’est incroyable ! » déclara Seryanna avec un sourire éclatant.
C’était une fille joyeuse, toujours pleine d’énergie et désireuse d’aider les autres. Si je devais le deviner, alors elle l’avait hérité de sa mère ainsi que sa brillante personnalité, même si, au lieu de devenir une femme raffinée, elle avait emprunté le chemin de la guerre comme son père.
J’avais poussé un soupir et j’avais regardé devant nous dans la grande capitale du royaume d’Albeyater, Drakaria. C’était une ville merveilleuse réputée pour sa résilience au temps et redoutée pour la force de ses gardes. Et là-bas, au cœur de la ville, ma petite-fille allait passer son examen de chevalier royal, puis prêter sa loyauté à la troisième fille de ce vieux lézard.
***
[Deux jours plus tard, après l’examen]
« Je pense qu’elle va devenir une bonne chevalière une fois éveillée, Brekkar, » fit remarquer le vieux lézard.
« Je pense qu’elle est déjà une bonne chevalière ! Ta fille sera entre de bonnes mains, je te le promets ! » répondis-je avec un sourire narquois.
Nous étions tous les deux en train de faire un petit combat. Les étincelles volaient à gauche et à droite lorsque nos épées entraient en collision. Nous n’utilisions pas le Boost ni aucun autre sort d’amélioration corporelle en plus de ceux nécessaires à la défense. Nous avions également promis de ne pas utiliser de sorts pendant le match. Si nous le faisions, nous pourrions accidentellement faire sauter la moitié de Drakaria.
« Toutefois, je me demande… tu ne rouillerais pas un peu, vieux fou ? » déclara le vieux lézard avec un sourire narquois en pointant sa lame sur mon cou.
Le bord tranchant avait été évité d’une épaisseur d’écailles, et je l’avais poussé en avant, en frappant sa poitrine avec mon épaule. Il fut repoussé de deux pas et laissa échapper une toux.
« Non ! Je me sens bien ! Toujours prêt à tirer tes écailles sur le terrain ! Tu es peut-être roi, mon ami, mais ta couronne ne peut pas m'empêcher de te mettre une culottée. ! » déclarai-je avec un large sourire.
« Non-sens ! Ce sera toi qui finiras par manger les pissenlits par la racine ! » Le vieux lézard se vantait en prenant position.
Eh bien, je pourrais l’appeler un vieux lézard, mais il n’avait pas l’air vieux. Le roi du royaume d’Albeyater était au sommet de sa force, comme il l’était il y a des siècles, peut-être même plus fort. Nous l’étions tous les deux, mais dans nos petits combats, nous étions presque égaux… eh bien, en quelque sorte… j’avais l’impression que le vieil imbécile cachait sa vraie force parce qu’il craignait que je cesse de m’entraîner avec lui si j’apprenais qu’il était beaucoup plus fort que moi.
Juste au moment où nous allions à nouveau croiser le fer, un messager était arrivé.
« Mon Roi ! Mon Roi ! Des nouvelles urgentes venant de l’Ouest ! » déclara-t-il avant de s’arrêter au bord du terrain d’entraînement pour reprendre son souffle.
« L’ouest ? Cela vient-il de mon domaine ? » avais-je demandé avec curiosité.
« Oui, Sire Brekkar..., » répondit-il, mais je n’aimais pas son regard.
Alors, il apporte de mauvaises nouvelles, hein ? avais-je pensé, mais je ne pouvais même soupçonner à quel point les nouvelles étaient mauvaises.
« Parle, dragon ! » déclara le roi.
« Oui, Votre Majesté ! » Salua-t-il en se redressant. « Les plaines de Brekkar ont été attaquées par une armée humaine envahissante. Nos éclaireurs ont découvert qu’ils étaient dirigés par un humain supérieur. Les forteresses Sendra, Callus et Thorn sont tombées et l’armée s’installe actuellement sur le territoire. L’attaque a été rapide, pas plus de trois jours. Cela s’est passé il y a un jour..., » il s’arrêta pour il déglutit.
J’avais serré la mâchoire et serré la poignée de l’épée si fort que j’avais l’impression que le métal se déformait sous ma main. Toute ma famille était installée dans ces trois forteresses. Le fils adoptif du roi, Coshun, y était aussi.
S’ils ont déjà été conquis, alors… et eux ? Sont-ils encore en vie ? Je m’étais posé la question, mais je savais que je priai pour rien.
« Pourquoi la nouvelle d’une armée qui nous envahit a-t-elle quatre jours de retard ? » Demanda le roi avec un regard noir.
Les messagers des royaumes dragons étaient des dragons connus pour être parmi les plus rapides en vol. Des plaines de Brekkar à Drakaria, cela n’aurait pas dû prendre plus d’une journée.
« Ils ont tué tous les messagers dès leur départ. Des groupes d’aventuriers cachés dans la forêt les ont abattus. Je devais emprunter la route terrestre jusqu’à ce que je sois assez loin pour me transformer, » répondit-il.
« Une telle chose… comment est-ce possible ? » Demanda le roi avec colère.
J’avais posé ma main sur l’épaule du vieux lézard, puis lui avais dit. « Laisse-moi me venger, » avais-je demandé.
Je n’avais plus besoin de demander. Mon vieil ami se serait probablement envolé sur le champ de bataille, mais compte tenu de la situation, je ne pouvais pas lui permettre de prendre un tel risque. Un roi comme lui pouvait m’aider de nombreuses autres manières sans faire face à la bataille à mes côtés.
Tout de même… comment étais-je censé annoncer la nouvelle à mes petites-filles ?
***
[Quelques heures plus tard]
L’armée de Brekkar, ce qu’il en restait, se rassemblait à la périphérie de Drakaria. Des messagers volaient dans toutes les directions pour informer mes troupes de la bataille à venir. Ils s’étaient tous précipités ici ou s’étaient dirigés vers un endroit où ils pourraient nous rencontrer. J’avais prévu de ne pas perdre la moindre seconde en attendant que l’armée soit complètement mobilisée. D’ailleurs, sur l’ordre du roi, l’autre général m’avait également prêté plusieurs de leurs troupes.
La puissance de combat de mon armée une fois que nous avions atteint les plaines de Brekkar était composée de 27 000 dragons. La moitié de la force originale de l’armée de Brekkar, mais avec moi à l’avant elle était plus forte qu’une armée de 70 000.
« Grand-père… mère… père…, » déclara Seryanna, les larmes aux yeux tout en serrant les poings.
Je laissai échapper un soupir et lui tapotai doucement la tête. « Tu devrais rester ici, jeune fille. Ta bataille n’est pas au combat. En tant que Chevalière Royale, tu as la responsabilité de te tenir aux côtés de ton seigneur et de la protéger de tous ceux qui lui porteront préjudice. Comprends-tu, Sire Seryanna ? » Demandai-je, laissant connaître mes intentions.
L’enfant hocha la tête, mais ses larmes ne s’arrêtaient pas.
En voyant son expression de colère, je m’étais rendu compte à quel point je chérissais son sourire innocent. C’était malheureux qu’elle doive traverser une chose pareille, mais tel était le destin offert par les Dieux… peut-être que le fait que ces deux enfants aient été épargnés était aussi leur volonté ?
Hélas, j’étais assez vieux pour savoir comment cacher ma propre colère…
J’avais fermé les yeux et pensais : Sendra… Je suis désolé de ne pas avoir été à tes côtés. Je prie pour que tu aies échappé aux feux de la guerre et que nous nous rencontrions quelque part en toute sécurité… J’avais ouvert les yeux puis revêtu mon armure de plaques.
Le général Brekkar Draketerus était sur le point de se présenter une nouvelle fois sur le champ de bataille, mais cette fois… le sang des humains recouvrirait le sol de rouge !
***
[Deux jours plus tard, après avoir conquis Thorn]
Les cornes de la victoire avaient sonné sur le champ de bataille, mais j’y étais sourd. Les dragons applaudissaient, car ils avaient gagné et levaient les bras au ciel, comme pour louer les dieux, tandis que les corps des humains jonchaient le sol qui les entourait.
Tous avaient été coupés en deux, déchirés, brûlés et brisés, par des épées, coupés par de la lumière, écrasés par des armes contondantes, ou avec un autre moyen horrible de mourir. J’avais même tenu dans ma main droite l’épine déchirée du général qui avait conquis cette forteresse.
Mon propre corps était trempé dans le sang de mon ennemi. Mon épée avait mis fin à la vie d’innombrables humains, mais je ne ressentais rien pour eux.
Ni la rage, ni la haine, ni la colère n’étaient présentes dans mon cœur.
Il n’y avait rien… ou peut-être était-il préférable de dire que j’étais désespéré au point que mes émotions s’étaient brisées en morceaux et m’empêchaient de ressentir quoi que ce soit.
Comment pourrais-je ? Non, qu’est-ce que j’étais supposé ressentir en regardant les corps de mes enfants et petits-enfants bien-aimés ? Qu’est-ce que j’étais supposé ressentir quand je ne voyais que de… la douleur ?
Des larmes avaient essayé de se former dans les coins de mes yeux, mais rien n’avait coulé sur mes joues. J’avais dégluti, mais je ne pouvais rien sentir dans ma bouche.
Les bâtards… ils les avaient assassinés puis les avaient suspendus aux murs comme des criminels. D’un seul coup d’œil, j’avais pu constater que leur fin n’était pas agréable. Ils avaient souffert. Ils avaient été torturés pour le plaisir… pour le plaisir.
Ces humains… étaient pires que des monstres… pires que des animaux.
C’était la raison pour laquelle nous, l’armée de Brekkar, les avions tous tués de sang-froid. Aucun ne s’en était échappé.
« Étais-je trop en retard ? » avais-je osé demander.
« Non, monsieur Brekkar, ils sont morts depuis presque trois jours maintenant. Ils n’ont jamais eu l’intention de les garder en vie. » Decizor, un honorable commandant, avait répondu en sortant avec une serviette pour que je puisse essuyer le sang de mes ennemis.
Le dragon était en forme hybride, portant ses écailles brunes et me regardant avec ses yeux noirs respectueux.
« Je vois… Des survivants ? » Demandai-je.
« Aucun. » Vint sa réponse.
Le dragon ferma les yeux et baissa la tête. « Mes condoléances, Sire Brekkar, » déclara-t-il.
« Oui..., » avais-je marmonné puis j’avais regardé les corps pendants de mes enfants.
Un père pourrait-il ressentir une douleur plus horrible que celle-ci ?
C’était une question à laquelle je ne souhaitais pas entendre la réponse...
***
Partie 2
[Un jour après la conquête de Callus]
« Deux de tombées, plus qu’une..., » déclarai-je en regardant le commandant humain capturé.
« Vous ne gagnerez pas ! L’humanité n’a pas encore montré sa puissance ! » Le pauvre imbécile me lança un regard noir.
Il parlait dans la langue humaine de son royaume.
« Est-ce vrai ? » avais-je répondu dans la même langue.
Il n’y avait même pas une goutte d’énergie dans le ton de ma voix. C’était comme si je parlai en étant enfermé dans un rêve très ennuyeux.
Je m’étais approché de lui, j’avais saisi son bras gauche et son épaule.
« Qu-qu’est-ce que tu fais ? » demanda-t-il, la peur apparaissant sur son visage.
« Moi ? Rien ? Juste… ça..., » déclarai-je. Puis j’avais arraché brutalement son bras gauche.
J’avais lancé le membre à l’animal de combat appartenant à Decizor tout en ignorant les cris de l’homme. L’animal mangea la chair fraîche en aspergeant de sang. C’était un grand Dayuk de l’élément de glace. Une bête puissante, mais pas facile à apprivoiser.
« Tu es bruyant. » Je lui avais giflé la mâchoire, puis je lui avais donné un coup de poing dans le ventre, le faisant vomir son dernier repas.
« Qu’allons-nous faire de lui ? » demanda le soldat en charge.
« Tuez-le, » répondis-je calmement, puis je me tournai vers le reste des soldats humains capturés.
Ils tremblaient tous et me regardaient avec de la peur dans les yeux.
« C’est l’armée humaine ? Pathétique..., » j’avais parlé dans la langue humaine.
Ils n’avaient montré aucune pitié aux civils, donc je n’avais aucune intention de leur montrer la moindre pitié.
Je pris une profonde inspiration puis lâchai un feu diabolique sur eux. C’était juste un sort moyen Souffle de feu sans chant. N’ayant aucun moyen de se défendre, ils avaient tous pris feu et étaient morts en hurlant de douleur.
J’avais regardé la scène, laissant leurs souffrances étancher la soif de ma vengeance.
***
[Deux heures plus tard]
Decizor marcha rapidement vers moi et m’empêcha d’avancer. La forteresse de Sendra était la suivante.
« Sire Brekkar ! Nous avons trouvé quelque chose ! » déclara-t-il.
« Qu’est-ce que c’est ? » demandai-je.
« Ceci..., » il m’avait montré une lettre inachevée.
Je l’avais pris et fronçai les sourcils. La lettre avait été écrite en langue humaine.
Laquelle est-ce ? Euh... Nocturne ? Non… Démon ? Non… Opharya ? Ah ! La langue du royaume des dix épées ! avais-je pensé après avoir réussi à le comprendre.
Connaître la langue de l’ennemi était une compétence importante que tous les généraux dragons avaient acquise au fil du temps.
« Qu’est-ce que c’est ? Est-ce vrai ? » avais-je demandé en regardant Decizor.
« Oui, Sire Brekkar. » Il acquiesça.
« Alors… cela va attrister Sa Majesté… Renvoyez un message à Drakaria et dites-lui de prendre cette lettre également. Demandez aux hommes de fouiller les champs et de rechercher le corps du prince Coshun, » avais-je ordonné.
« Oui, Sire Brekkar. Mais… Les troupes ne devraient-elles pas se reposer avant d’avancer ? » demanda-t-il.
Je lui lançai un regard noir. Un instant, j’étais sur le point de lui crier dessus avec colère. Seule la vue des soldats fatigués adossés au mur, loin derrière lui, m’avait empêché de le faire. C’est alors que j’avais réalisé que je les avais fait marcher pendant trois jours d’affilée. S’ils n’étaient pas des dragons, ils seraient certainement déjà morts ou effondrés de fatigue.
Je me perds face à mes propres émotions… Pensai-je en secouant la tête.
Poussant un autre soupir, j’avais appuyé un doigt sur mon front. Même moi j’étais fatigué, mais pas autant qu’eux. Parfois, j’oubliai que les dragons éveillés supérieurs étaient bien plus résistants que les simples éveillés. Il y avait assez d’énergie dans mes vieux os pour vaincre dix autres forteresses !
Eh bien, je me croyais vieux, mais à vrai dire, j’avais plutôt l’air jeune, tout comme ce vieux lézard sur le trône de ce royaume. C’était l’avantage des éveillés supérieurs. Malheureusement, ma chère Sendra n’était qu’une éveillée et le temps l’avait lentement rattrapée. Les rides de la vieillesse et les douleurs dans ses os avaient commencé à apparaître récemment. Eh bien, je l’aimais toujours autant que dans ma jeunesse, alors j’étais aussi en partie responsable de cela.
Je suppose que… Je n’aurai plus jamais la chance de la tenir dans mes bras… Pensai-je et la douleur de la perdre se répandit dans ma poitrine.
***
[Le matin suivant]
Je m’étais réveillé avec des larmes coulant sur mes joues. C’était la première fois que je pleurais depuis avoir entendu parler de l’invasion humaine. Pendant un moment, j’avais souhaité que ce soit un mauvais rêve, mais je n’avais pas de telle chance. L’horrible vérité était devant moi… de ma fenêtre, je pouvais voir les tombes fraîches des victimes, victime de cette invasion. Leurs corps avaient été réduits en cendre pour les empêcher de revenir en tant que morts-vivants, et il ne restait qu’un poteau en bois sur lequel était gravé le nom du défunt, s’ils avaient été identifiés. Ceux qui ne l’avaient pas encore été étaient laissés comme « victime inconnue ».
Bien sûr, j’avais suivi le difficile processus d’identification de toutes les personnes possibles. Amis, famille ou simples connaissances. Tous étaient présents, aucun n’avait survécu.
Un coup à la porte m’avait obligé à arrêter mes larmes et à me redresser. Un tel visage n’était pas celui qu’un général d’une armée était censé avoir.
« Entrez ! » avais-je ordonné.
Decizor était entré et avait salué.
Je me tenais devant la fenêtre.
« Qu’est-ce qu’il y a ? » demandai-je.
« Nous avons trouvé des survivants… mais..., » il s’arrêta et déglutit. « Il y a un humain parmi eux... »
Ses paroles m’avaient fait froncer les sourcils avec confusion.
« Que veux-tu dire par humain ? » demandai-je.
« Vous devriez vous-même parler avec lui, Sire Brekkar. Les dragons prétendent qu’il les a sauvés..., » répondit Decizor.
« Ce n’est pas possible..., » dis-je en secouant la tête. « Où sont-ils ? » demandai-je.
« Dans la caserne. Les soldats les surveillent. Ils ont pu se cacher dans une pièce du sous-sol à l’arrière du bâtiment. L’un de nos soldats les a trouvés par hasard, » répondit-il.
« Je vois..., » je fermai les yeux un instant. « Attends-moi là. Je vais me changer et j'arrive, » lui avais-je dit.
« Oui, Sire Brekkar ! » il salua avant de sortir de ma chambre.
Après son départ, j’avais secoué la tête. Je pouvais deviner que cet humain ne préparait rien de bon. Peut-être était-il l’un des aventuriers qui ont abattu les messagers ? Je n’avais pas encore découvert comment leur groupe avait réussi à s’infiltrer si facilement dans le royaume. J’imaginais qu’ils avaient utilisé une partie plus éloignée du rivage, où peut-être avaient-ils gravi le flanc d’une falaise abrupte ? Si on avait la force et les moyens, ce n’était pas impossible.
Lorsque j’étais arrivé à la caserne, j’avais trouvé l’humain en train de partager sa soupe chaude avec une dragonne. C’était une scène assez étrange, mais une fois que je m’étais présenté, ils avaient arrêté de manger.
Cet humain ne me craint pas ni ne me déteste… Pensai-je en le regardant, puis je retournai mon regard vers la dragonne. Est-elle inquiète… pour sa sécurité ?
Les signes étaient clairement présents, mais cela n’avait aucun sens. Je savais que tous les humains n’étaient pas forcément mauvais, de même que tous les dragons n’étaient pas tous bons, mais… ça… je l’ai trouvé étrange.
« Ils disent que tu as sauvé les dragons ici… Est-ce vrai ? » avais-je demandé en le regardant.
Il déglutit.
Premier signe de peur, avais-je pensé.
« Oui, Sire Brekkar. » Il acquiesça.
« Pourquoi ? »
« Ils sont mes amis et je suis désolé de ne pas avoir pu en sauver plus..., » il inclina la tête.
Non, maintenant il s’est incliné devant moi…
Est-ce qu’il verse des larmes ? Pourquoi ? avais-je pensé.
« Toi. Parle. Est-ce vrai ? » ordonnai-je à la dragonne à côté de lui.
« Oui, mon mari a dit la vérité, mon seigneur, » elle s’inclina aussi devant moi.
Mari ? Quoi ? Mon esprit avait bloqué sur ce mot.
Ce qu’elle m’avait dit m’avait non seulement surpris, mais aussi tous les autres dragons autour de moi. Je ne voyais pas cela comme une trahison, mais plutôt comme un fait impossible. Pourtant, je devais bien admettre que même si j’avais entendu la rumeur lointaine de couples dragon-humain ou dragon-elfe vivant à la périphérie du royaume. En voir un était… inattendu.
« Tu as épousé un humain ? Pourquoi ? » avais-je demandé, confus.
« Par amour, mon seigneur, » déclara-t-elle.
« Tu aimes cet humain ? » avais-je demandé à nouveau.
« Oui, » répondit-elle sans hésiter.
« Je l’aime aussi, c’est pourquoi je n’ai pas hésité à trahir les miens pour elle, » répondit l’humain sans hésiter.
Qu’est-ce que c’est ? Une sorte de blague ? Je voulais demander, mais je gardais ces questions à l’intérieur.
En regardant les survivants, j’avais vu des dragons d’âges variés, hommes et femmes, ainsi que des enfants. C’étaient tous des civils, des dragons ne sachant pas tenir une épée et n’en avait jamais tenu.
Pourtant, comment sont-ils entrés dans la caserne ? Je me demandais.
C’était une question que j’avais posée.
« Mon père est… était un noble qui travaillait pour la forteresse de la famille Draketerus. Quand j’étais jeune, il m’a parlé d’une pièce secrète à l’arrière de la caserne. Lorsque la bataille a commencé, nous nous y sommes réfugiés, alors que les autres groupes de civils s’étaient réfugiés dans la forteresse. » Répondit la dragonne.
« Elle dit la vérité, mon seigneur. » L’un des vieux dragons ici témoigna en sa présence.
Plusieurs autres avaient suivi.
« Je comprends… Et comment n’avez-vous pas été trouvé ? » avais-je demandé.
« Le soldat qui est venu vérifier cet endroit… je l’ai tué puis j’ai porté son armure afin de distraire les autres de la recherche de cet endroit. Quant votre armée est arrivée, je me suis de nouveau réfugié avec ma femme..., » répondit l’humain.
« Où sont l’armure et le corps de l’homme ? » demandai-je.
« L’armure est sur cette table. » Il la pointa du doigt. « Et le corps est dans le tonneau, là-bas. » Il déplaça sa main vers la gauche.
J’avais regardé, puis j’avais fait signe à un de mes soldats de vérifier.
Le dragon s’y dirigea et ouvrit le couvercle. Il grimaça à la puanteur.
« C’est vraiment le corps d’un humain… ça pue, » déclara-t-il.
J’avais hoché la tête.
« Très bien. Tu peux vivre humain, » déclarai-je.
« Merci, mon seigneur ! » Il inclina la tête, pareil pour sa femme.
Un couple dragon-humain… je n’aurais jamais pensé en voir un… J’avais secoué la tête, puis j’étais parti.
Cet événement m’avait fait penser que peut-être… tous les humains ne sont pas mauvais ?
***
Partie 3
[À la fin de la bataille de Sendra]
La forteresse qui portait le nom de ma femme bien-aimée avait également son corps mutilé pendu aux murs du château. Dans ma fureur et ma colère, je n’avais cherché que le désir de trouver et de tuer les responsables. Mon corps brûlait d’énergie alors que je combattais l’humain ayant atteint un éveil supérieur.
Après avoir massacré la moitié de son armée seul, je lui avais finalement fait face et laissé ma puissance se déchaîner sur le champ de bataille brûlée. La bataille était impitoyable et avait pris beaucoup plus de temps que prévu initialement. Le lâche utilisait constamment ses propres hommes pour repousser mes attaques, esquivant chaque fois qu’il en avait l’occasion, reculant plutôt que d’attaquer.
J’étais peut-être trop enragé, mais je me poussais constamment sans me soucier des dommages causés à mon corps. Pour être honnête, je n’étais même pas au courant avant qu’il soit déjà trop tard pour faire quoi que ce soit.
Ainsi, notre bataille avait continué et s’était étendue sur l’ensemble des plaines de Brekkar… eh bien, ce n’était plus qu’un champ de bataille marqué par des blessures. Des corps d’êtres humains et de dragons jonchaient l’endroit, l’herbe était brûlée et je doutais fortement que rien ne pousse ici pendant de nombreuses années.
Ma maison portait maintenant les cicatrices de ma perte et le châtiment de ma colère déchaînée…
À la fin, j’avais gagné… l’éveillé avait été tué… brisé par mes poings.
Finalement, je n’avais pas pu sauver ma famille bien-aimée, mais… j’avais à peine réussi à prendre ma revanche. J’étais en paix, alors je m’étais laissé tomber là… je m’étais évanoui de douleur.
***
[Plusieurs jours plus tard]
Je m’étais réveillé sur un lit à Drakaria. Mon armée avait fini le travail et était revenue victorieuse à la capitale. Plusieurs escouades avaient été laissées pour gérer les vestiges de l’invasion humaine, mais dans l’ensemble, c’était notre victoire.
Il s’était avéré que tous les soldats humains n’étaient pas conformes à la façon dont les royaumes humains avaient agi dans cette bataille. Ils avaient déserté les armées ou eux-mêmes sauvé des dragons. Mes hommes avaient clairement été surpris quand ils les avaient trouvés. Les rapports étaient… difficiles à croire si je n’avais pas rencontré ce couple dragon-humain.
Plus tard dans la journée, après avoir reçu les informations, mes petites-filles étaient venues me rendre visite.
La première que j’avais vue était Seryanna. Elle était en colère et ne souriait plus du tout. Il y avait des signes qu’elle pleurait depuis longtemps. Ses beaux yeux avaient répondu à la douleur dans son cœur et cela… m’avait attristé.
C’était peut-être un peu honteux pour moi de parler de cela, mais je ne souhaitais pas que Seryanna prenne en elle-même la colère que j’avais ressentie. Il valait mieux pour elle d’être forte et sage, ne pas être conduite par la haine et la colère. Une chevalière avec de tels sentiments dans son cœur finirait toujours par devenir méchante et corrompue… je ne souhaitais pas cela pour elle… après tout, pour ce vieux lézard, j’en avais massacré ma part afin de nettoyer le royaume plusieurs fois.
« Seryanna..., » je lui avais parlé, mais je ne pouvais même pas bouger un doigt.
Tout mon corps me faisait mal comme si j’avais été utilisé comme enclume par un forgeron furieux.
« Grand-père… n’essaye pas de bouger. Les guérisseurs disent que tu es malade… une sorte de maladie..., » déclara-t-elle en serrant la mâchoire et les poings.
Elle est en colère…, pensais-je.
« Ne t’inquiète pas… Je vais m’éveiller et atteindre l’éveil supérieur, et… et je tuerai tous ces humains qui ont tué ma famille ! Je vais tous les tuer ! » déclara-t-elle avec rage.
La jeune dragonne qui souriait brillamment avait disparu et avait été remplacée par un monstre assoiffé de sang...
Est-ce que je devrais être fier ou en colère ? Je me le demandais.
Bien que je veuille que ma petite-fille poursuive mon combat, elles étaient, sa sœur et elle les derniers membres de ma famille, mais je ne pouvais pas leur souhaiter de porter un avenir aussi triste.
Ainsi, je lui avais fait un doux sourire et lui avais dit. « S’il te plaît, ne fais pas ça... »
« Q-Quoi ? Pourquoi grand-père ?! Ils ont tué ma mère ! Ils ont tué mon père ! Ils ont tué tout le monde de sang-froid ! POURQUOI DEVRAIS-JE LAISSER LES HUMAINS VIVRE ! C’est à toi de me DIRE de TOUS les TUER ! » cria-t-elle en pleurant.
C’était douloureux de la voir comme ça.
Je voulais que ma petite-fille soit toujours souriante et gaie. Je ne voulais surtout pas qu’elle ait un tel regard empli de haine.
« Tout comme il y a de mauvais dragons, il y a aussi de mauvais humains, même si ceux-ci représentent la majorité de leur espèce. En tant que tels, il y en a aussi de bons..., » déclarai-je.
« Je ne comprends pas grand-père… Tu veux que je ne tue pas les humains ? » Demanda-t-elle en reniflant.
« Non… seulement les mauvais..., » déclarai-je.
« NON ! Je devrais tous les tuer ! Pourquoi devrais-je laisser les autres vivre ? Pourquoi devrais-je laisser l’un d’entre eux vivre après ce qu’ils ont fait à notre famille ?! » avait-elle demandé avec colère.
« Si tu penses qu’il y en a un qui vaut la peine d’être épargné, alors tu le devrais… après tout, ces types sont rares. » Je souris.
« Ça ne fait aucun sens..., » elle secoua la tête.
« Ma petite-fille… tu veux être une chevalière, n’est-ce pas ? » lui avais-je demandé.
« Je SUIS une chevalière ! J’ai réussi l’examen ! » déclara-t-elle.
« Ce n’est que la première étape… tu vois, une chevalière devrait être capable de distinguer le bien du mal. Ils ne devraient pas agir avec un cœur empli de vengeance, mais avec de la justice. Ils devraient être compréhensifs et sages… pas violents, sauvages et sans merci, » lui avais-je dit.
« Eh bien… c’est normal, n’est-ce pas ? » demanda-t-elle en inclinant la tête, confuse.
« Oui… mais toi qui souhaites emprunter le chemin d’une tueuse aveugle d’humains ne peux devenir une véritable chevalière. Celle qui a de telles pensées sera frappée tôt ou tard par les dieux… je veux dire, regarde-moi… ton grand-père a perdu à cause de la douleur et a souhaité se venger du fond de son cœur. Certes, j’ai épargné des humains, mais ils étaient spéciaux. Malgré tout, je n’aurais pas dû me battre comme ça..., » je secouai la tête avec regret.
C’était une vérité un peu lointaine, mais c’était la dure leçon que ma petite-fille devait apprendre en tant que chevalière.
Je souhaitais qu’elle ait un avenir meilleur, un avenir dans lequel elle serait capable de sourire à nouveau, et non pas un avenir remplit de complots et de désirs de tuer une autre espèce… cela n’était pas nécessaire à Albeyater, et j’étais certain que le vieux lézard abattrait même ma petite-fille si elle était en faute.
« Je ne comprends pas grand-père… quelle sorte d’humains as-tu pu épargner ? » demanda-t-elle, les larmes aux yeux.
« Un qui est tombé amoureux d’une dragonne… et qui a trahi ses semblables pour être avec elle, » j’avais répondu avec un sourire.
« C’est un mensonge ! Les humains sont trop égoïstes, trop ignorants, trop stupides pour faire quelque chose d’aussi noble ! » Elle refusa d’écouter.
Je laissai échapper un soupir.
« C’est correct si tu n’y crois pas, mais au moins, promets-moi que tu ne passeras pas ta vie à essayer de provoquer l’extermination d’une espèce. Tu peux mettre fin à la vie de ceux que tu trouves mauvais, mais s’il te plaît, essayes de pardonner à ceux qui ne se comportent pas comme les autres. Promets-moi que tu ne chercheras pas à te venger… Que tu ne chercheras pas à te venger de notre famille et de nos amis ! Je l’ai fait à ta place, ma petite-fille adorée… C’est assez comme ça..., » je lui avais parlé d’un ton calme et doux.
« M-Mais… ils ont tué ma mère… ils ont tué mon père… je ne pense pas pouvoir leur pardonner… je ne peux pas..., » se lamenta-t-elle.
« Tu n’en as pas besoin maintenant… tu as de nombreuses années devant toi… ne te contente pas de vivre sur de telles pensées et sentiments indignes d’une chevalière, d’accord ? » Je souris.
« Je ne te promets rien… je ne suis pas..., » elle serra les poings et baissa les yeux.
« Tout va bien… tant que tu essayes au moins... » Lui dis-je.
« Je ne vais pas..., » répondit-elle.
***
[Actuellement. Pendant l’entraînement infernal d’Iolaus]
En lisant la lettre que j’avais reçue de ma petite-fille, Seryanna, je m’étais souvenu de cette histoire douloureuse… qui savait qu’après toutes ces années, un humain nous sauverait ? Non seulement cela, mais il semblerait que cet humain ait même rendu son sourire à ma fille ainsi que la possibilité qu’elle s’éveille…
« Le destin est une chose étrange, n’est-ce pas, Alkelios ? » M’étais-je parlé en regardant par la fenêtre un pauvre dragon qui courait, poursuivi par notre écureuil de compagnie.
À l’époque, si ma chère Sandra ne m’avait pas convaincu d’escorter ces deux filles jusqu’à Drakaria, aurais-je pu vaincre la force humaine envahissante ? Hm… probablement pas… grâce à leur attaque rapide, ils avaient dispersé leur force principale en trois et j’avais pu gagner contre eux. Et même si j’aime me vanter, cet éveillé supérieur était plutôt puissant pour un humain. Si je ne l’avais pas arrêté, Sa Majesté aurait été obligée de prendre l’épée contre lui, pensais-je en poussant un soupir.
Un esprit simple ne verrait pas le détriment, mais il faudra peut-être se demander si ces quelques vies que nous avions sauvées auraient pu être sauvées à la fin. Combien de village et de villes seraient tombés face aux armes du reste de l’armée ? Et à notre victoire, les pays voisins auraient-ils pansé nos blessures ou auraient-ils lancé une attaque rapide pour nous vaincre alors que nous pouvions à peine tenir debout ?
Ce vieux lézard et moi-même avions peur pour ce dernier et nous étions reconnaissants de ne jamais l’avoir été.
J’avais plié la lettre et l’avais posée sur le bureau.
« Je me demande… si c’est leur chance ou leur destin qui a réuni ces jeunes, » avais-je dit en tapotant la lettre une fois, puis en partant pour reprendre ma formation.
Peut-être que je ne le saurais jamais, mais j’étais au moins heureux de savoir que 38 ans de plaies s’étaient finalement refermées… tout cela grâce à un humain vraiment stupide.
***
Histoire annexe (3) : Les pêchés du maître chevalier
Partie 1
[Point de vue de Teolas Draegan]
Il y a 38 ans, j’ai vu pour la première fois cette petite-fille brillante et enjouée de Brekkar s’avancer dans l’arène pour prouver sa valeur en tant que chevalière. Comme tous les autres maîtres chevaliers de l’époque, moi aussi, j’avais trouvé plutôt étrange de voir une jeune fille ne s’étant pas encore éveillée, venir essayer d’assumer le lourd rôle de chevalière et de rejoindre l’un de nos ordres.
La raison derrière cette opinion partagée était le simple fait que Seryanna Draketerus n’avait pas encore atteint l’état adulte. Nous, les dragons, grandissons en force et en sagesse lorsque nous nous éveillons, mais nous obtenions surtout la couleur de nos écailles et l’élément nous convenant le mieux. Dans les rangs des chevaliers, par exemple, très peu de personnes avaient les écailles : noires, blanches, argentées ou vertes. Ces types de dragons avaient le plus faible potentiel de combat, ils étaient donc mieux adaptés à d’autres emplois. Les écailles bleues et brunes étaient acceptables, mais de nombreux maîtres chevalier recherchaient les rouges. Les écailles rouges pouvaient contrôler aussi bien le feu que la chaleur, mais tous avait le trait commun d’avoir un tempérament explosif et une loyauté sans faille.
Bien sûr, au cours de mes 716 années de vie, j’avais vu différents types de chevaliers, de génies prétendant pouvoir tout faire, comme le jeune de la famille Doesya, ou de ceux rejoignant les rangs à cause de privilèges. La loyauté n’était pas une compétence, mais quelque chose que les membres de la famille royale devaient gagner de leurs chevaliers. Les écailles rouges, en revanche, avaient tendance à offrir leur loyauté beaucoup plus rapidement que les autres, alors que les écailles noires… eh bien, je n’avais jamais entendu parler d’un étant soldat ou chevalier. Ils convenaient plus aux rôles d’assassins. Les écailles vertes étaient spécialisées dans le poison, tandis que les écailles bleues avaient tendance à prendre trop de bains.
Ainsi, en tant que Maître chevalier, j’étais l’un de ceux s’opposant même à ce qu’elle puisse participer. Seryanna Draketerus n’était pas encore éveillée, nous ne savions donc pas comment correctement la former. Elle était une variable inconnue, et nous ne pouvions pas avoir quelqu’un d’aussi instable dans nos rangs.
« Seryanna a remporté son 26e match consécutif ! » avait annoncé l’annonceur.
Malgré mes propres pensées, cette jeune dragonne était restée invaincue dans les rangs des participants.
Un jour avant l’épreuve, j’avais parlé avec les autres maîtres chevaliers et leur avais demandé de modifier un peu les règles afin que notre longue tradition reste intacte. Nous ne pouvions pas faire entrer une non éveillée dans nos rangs, ce serait honteux.
Le test typique serait généralement celui d’un futur chevalier combattant un chevalier faible de bas rang. S’il gagnait, il entrerait dans l’un des ordres Chevalier. Dans le cas de Seryanna, cependant, j’avais demandé à l’un de nos meilleurs chevaliers du rang le plus bas de participes. Mais autant que nécessaire, jusqu’à ce qu’elle se fatigue ou soit déclarée vaincue.
Cela avait été fait de manière à montrer notre ferme résolution à ne pas plier nos règles en faveur d’une non éveillée, même si elle était la petite-fille de Brekkar.
C’était le plan, du moins, mais lors du 26e match, Brekkar entra dans l’arène et tapota doucement sur l’épaule de la dragonne. Elle était épuisée et à bout de souffle. Un autre combat et cela auraient été finis, mais ce vieux dragon avait mis fin à cela.
« Je pense que cela a suffi pour montrer à tous qu’elle est digne du titre de chevalière. Après tout, si ce n’est pas le cas, que devrions-nous faire de ces pauvres qui ont été vaincus par elle en combat régulier ? » demanda le dragon en nous regardant tous avec un regard noir.
« En effet, c’est vrai. Ça devrait suffire. » Blachuar, un vieil imbécile avait été le premier à céder à la pression.
« Moi aussi, je suis d’accord avec ça. » Malkinor hocha la tête avec un sourire, il n’osera jamais à aller à l’encontre de Brekkar.
« Eh bien, je ne le suis pas, » déclarai-je en le regardant droit dans les yeux.
Tu ne peux pas me faire peur, vieux fou, pensais-je.
« Oh ? » Brekkar me fit un sourire et je pouvais sentir un puissant flux de magie s’accumuler autour de lui.
Impressionnant, mais pas suffisant pour me faire changer d’avis, pensais-je en restant ferme sur ma décision.
« Alors, à partir de maintenant, tu seras celui qui la formera ! » déclara Brekkar avec un sourire en poussant Seryanna vers moi.
« Hein ? » Je clignai des yeux surpris quand je vis la timide dragonne lever les yeux vers moi.
« Pourquoi devrais-je le faire ? » demandai-je en fronçant les sourcils.
« Parce que le roi m’a dit que je pouvais choisir le maître chevalier que je voulais qu’elle serve. En outre, elle deviendra la chevalière royale de la Troisième Princesse alors, tu n’as pas besoin de te soucier d’avoir dans tes rangs une non éveillée. Je suis à peu près certain qu’elle créera le sien bien assez tôt ! » annonça Brekkar avant de laisser échapper un rire.
La dragonne était emplie d’espoir et brillait de joie. Elle était beaucoup trop gaie pour une chevalière, nous devions être sérieux, sans émotion, car nous étions les symboles de nos seigneurs.
« Si c’est un ordre du Roi, très bien. » Je hochai la tête et acceptais la décision.
La joyeuse dragonne vint vers moi avec un sourire radieux, elle déclara qu’elle deviendrait si forte que je ne serais jamais déçu d’elle. C’était un beau rêve que j’allais me dépêcher de briser. La jeune fille devait comprendre la dure réalité de ce monde avant de pouvoir grandir.
Je pensais à la jeter parmi les chevaliers les plus expérimentés et les laisser l’emmener dans une mission difficile où la faire combattre des ennemis bien plus puissants. Il y avait beaucoup de façons d’éliminer ce sourire joyeux de son visage. Savoir quand cacher ses émotions était après tout crucial pour un chevalier.
Heureusement pour moi et malheureusement pour elle, je n’avais jamais eu à la pousser dans ces situations. La tragédie ayant marqué l’histoire d’Albeyater l’avait à jamais affecté. Non seulement ses parents, mais la plupart des membres de sa famille étaient morts à la suite de cet événement, massacrés comme des animaux par de vils humains.
Maintenant, au lieu d’un sourire enjoué, je devais me soucier de cette haine brûlante qui remplissait ses coups et son regard. Ma stratégie avait fait un tournant de 180 °, mais c’était le travail d’un maître chevalier. Nous devions prendre un diamant brut et le polir au mieux possible.
En théorie, je pourrais maintenant utiliser un certain nombre de raisons pour lui retirer son titre de chevalière royale, mais après avoir entendu dire que Brekkar souffrait de l’Explosion Berserker, j’avais décidé de ne pas le faire. Si je le faisais, je craignais de recevoir plus de haine que nécessaire. Tout Albeyater manifestait de la sympathie pour la famille Draketerus et je n’avais jamais eu l’intention de devenir l’ennemi public numéro un.
Dans tous les cas, j’avais le génie de la famille Doesya, qui était un plaisir à entraîner. Draejan suivait toujours mes ordres à la lettre et faisait tout son possible pour faire ses preuves. Pour moi, il était la véritable image idéale d’un chevalier, tandis que Seryanna, avec son tempérament brûlant et le cœur taché de haine et de rage envers les humains, était loin d’être idéale.
Malgré tout, je l’avais entraînée au mieux de mes capacités. C’était mon devoir.
Puis, 30 ans plus tard, après avoir réussi à étancher toute sa haine, je pouvais enfin la voir comme une personne digne du titre de chevalière royale. Personne ne la regardait avec des yeux méprisants ou douteux, et sa force était souvent prouvée dans des duels amicaux et les missions réussies.
Je pensais depuis un moment déjà qu’une fois éveillée, elle deviendrait l’un de mes meilleurs chevaliers, mais elle ne l’avait pas fait. La plupart des chevaliers de mon ordre, tout en acceptant sa force et ses exploits, avaient renoncé à la possibilité qu’elle devienne une vraie dragonne adulte. C’était une chose tellement étrange que même moi, je commençais à me demander pourquoi elle ne s’était pas encore éveillée. Aucun dragon que j’avais rencontré ne s’était développé aussi lentement.
Ce n’était pas la seule chose étrange chez elle. Il semblait que presque tous les dragons autour d’elle ne la voyaient pas autrement que comme une enfant. Ses prouesses au combat, son esprit tactique et ses coups sans merci étaient pour la plupart ignorés. Mais ceux qui étaient mariés à une dragonne éveillée ne pouvaient pas être attirés du tout par elle. C’était comme si elle avait une aura qui éloignait les hommes. C’était étrange, très étrange.
Habituellement, après avoir servie en tant que chevalier pendant deux ou trois ans, une dragonne recevrait beaucoup de demandes de mariage tout au moins, elle aurait au moins trois ou quatre dragons remuant la queue derrière elle.
Si c’était à cause de son attitude difficile à aborder ou autre, je n’en avais aucune idée.
Chaque chevalier au service de la royauté pouvait prendre au plus deux à trois semaines de vacances chaque année pour rendre visite à leur famille ou s’occuper d’autre chose. Au cours des huit dernières années, cependant, Sire Seryanna avait repoussé cette limite plus d’une fois pour récolter des Champignons Sanglants, indispensable pour la potion permettant de retenir l’Explosion Berserker.
Ce champignon était assez rarement vu dans le marché et peu de personnes savaient comment le cultiver. Il était encore plus difficile de les chercher lorsque d’autres dragonnes visaient les terres de Brekkar. Le matriarcat de ce pays était parfois assez effrayant, surtout quand elles ciblaient certains dragons.
Néanmoins, si cela continuait, il ne faudrait pas attendre longtemps avant que Sire Seryanna ait un couteau sous la gorge et qu’elle soit forcée de choisir entre son grand-père et servir ce pays. Je la connaissais bien, donc j’étais certain que même si cela lui brisait le cœur, elle choisirait de servir Albeyater.
Environ 30 ans après que j’ai pris Seryanna sous mon aile en tant que son Maître Chevalier, mon meilleur élève, Draejan Andrakarus Doesya, était venu me voir un jour et m’avait remercié de lui avoir appris ce qu’il connaissait sur le fait d’être un chevalier. Les nobles supérieurs semblaient l’apprécier et lui avaient proposé de se voir attribuer son propre ordre de chevalier. Cela m’avait fait plaisir de l’entendre et de lui donner ma bénédiction. Maintenant, si seulement Seryanna s’éveillait, alors avec un peu de chance, elle suivrait ses traces.
Honnêtement, j’avais toujours pensé que ces deux élèves se marieraient et donneraient naissance à une puissante famille de chevaliers prestigieux. C’était mon propre rêve idiot, mais sept ans plus tard, Draejan s’était approché de moi et m’avait demandé si je connaissais Sire Seryanna.
Le choc que j’avais reçu en entendant cette question avait fait tomber ma mâchoire au sol. Comment était-il possible que je ne me sois jamais rendu compte que ces deux-là étaient si idiots ? J’étais leur maître chevalier et ils avaient sûrement eux beaucoup de missions ensemble. Il était donc impossible pour moi de comprendre comment il était possible que Draejan ne l’ait jamais remarquée.
Est-ce que l’aura de Seryanna était si puissante qu’elle en était devenue invisible ?
En poussant, un gros soupire, j’avais commencé à lui parler de la jeune dragonne et de sa performance en tant que chevalière, parfois sous son propre commandement sur une ou deux missions.
« Maître Teolas, excusez mon impolitesse, mais je peux lire les rapports de missions moi-même. Ce qui m’intéresse, c’est comment elle est en tant que dragonne, » me dit-il avec un sourire.
Eh bien, regarde donc ça ! Il s’intéresse à elle en tant que dragonne. Je n’aurais jamais pensé que parmi toutes les personnes, il serait immunisé contre l’aura de Seryanna, pensais-je en lui faisant un sourire narquois. « Est-ce qu’elle a attiré ton attention, Draejan ? »
« C’est peut-être vrai. » Il acquiesça. « Mais ce que je veux savoir, c’est si la rumeur selon laquelle elle serait liée à ce Brekkar Draketerus est vraie. »
« Oh ? Brekkar ? Oui. Sire Seryanna est sa petite-fille. » Je hochai la tête. « Mais comment se fait-il que tu ne le saches pas ? » Demandai-je en plissant les yeux.
« Maître Teolas, jusqu’à présent, je me souciais peu des dragonnes, alors je me suis simplement concentré sur l’entraînement. On m’avait dit d’être assez réfractaire à tout ça en tant que chevalier de votre ordre, mais je peux vous assurer que c’était intentionnel, » déclara-t-il avec une étrange fierté dans la voix.
« Est-ce vrai ? » Je fronçai les sourcils et me demandai si j’avais peut-être tort de croire qu’il était immunisé contre son aura.
Il se pourrait bien qu’une telle chose n’ait jamais existé et Sire Seryanna elle-même était une dragonne inaccessible en raison de sa personnalité et de son attitude générale.
***
Partie 2
Après cette série de questions, nous avions parlé un peu de ses missions récentes et d’autres choses du monde, mais c’était probablement la dernière fois que j’avais eu l’occasion de lui parler de manière aussi décontracté.
L’année suivante avait été marquée par d’innombrables changements, dont le plus désagréable avait été la restructuration de l’armée de Brekkar. J’avais connu plusieurs dragons et dragonnes de là. J’en avais même formé quelques-uns moi-même, mais à ma grande surprise, presque tous ceux ayant même un peu de loyauté envers la reine et le roi d’Albeyater avaient été démis de leurs fonctions.
Quand je m’étais promené un jour dans leur camp à l’extérieur de Drakaria, j’avais été surpris de voir autant de voyous et de canailles portant la prestigieuse armure de notre pays. Certains de ces imbéciles avaient même essayé de m’approcher avec l’intention de me voler en pleine journée.
Ayez pitié de l’insensé qui tente de voler les dieux, car ils abattront son âme et son cœur, non son corps !
Ou alors comme dit le proverbe. Je n’étais pas un dieu, mais j’étais un éveillé supérieur avec un rang élevé dans l’armée d’Albeyater. Ainsi, mon choix était de détruire leur corps, mais pas leurs âmes. J’avais clairement fait savoir à tous les membres de l’armée que ce comportement était inacceptable et qu’ils devaient à moins de vouloir finir comme leurs amis, apprendre à se contrôler.
Une semaine plus tard, les activités odieuses de cette armée réformée de Brekkar avaient été réduites en gravité et en fréquence. La rumeur se répandit parmi eux que s’ils faisaient quelque chose de trop évident ou de trop violent, ils n’auraient même pas l’occasion de mendier pour une peine d’emprisonnement.
Plusieurs mois après cet événement, j’avais été surpris d’apprendre que Sire Seryanna était revenue au château de Seyendraugher, mais notre première réunion était tout sauf favorable. Il semblerait que Sire Draejan ait été mis au défi de se battre en duel avec un jeune humain, le prix étant le droit d’épouser Sire Seryanna.
Pourquoi proposerais-tu un duel alors que tu aurais pu le tuer directement là ? C’est un humain et il ne ressemble même pas à un noble, pensais-je en entendant l’histoire de Sire Draejan pour la première fois.
Je ne pouvais même pas avoir de pitié pour ce jeune garçon qui semblait plus faible que mon plus bas chevalier. En toute honnêteté, j’espérais que le duel se terminerait en un clin d’œil, mais avant même que je puisse commencer, Sire Seryanna arriva.
« Attendez ! » Cria-t-elle.
Son apparition soudaine ici m’avait définitivement surpris, mais ce qui m’avait encore plus surpris, c’était de découvrir qu’elle traînait avec la bête du champ de bataille, Kataryna Georg. J’étais l’un des rares à avoir assisté à sa bataille cinq siècles plus tôt, lorsqu’elle avait massacré sans pitié nos ennemis.
Cette dragonne était comme un tourbillon de mort et de carnage, attirant vers elle tous les ennemis autour d’elle pour les couper en petits morceaux. Quand ses épées s’étaient brisées, elle les avait jetés et avait volé celle de l’ennemi. Quand elle avait besoin d’un bouclier, elle le prenait sur un cadavre du sol. Lorsque son armure s’était brisée, elle utilisé de la glace pour se protéger des coups de l’ennemi.
Peu importe qui se tenait devant elle, elle ne s’arrêtait pas avant que leurs têtes ne roulent sur le sol. Certains l’avaient appelée la fureur de glace, d’autres la sorcière de glace sanglante. Du côté de l’ennemi, ils l’appelaient la traîtresse Berserk. Elle avait beaucoup d’autres surnoms, mais peu importe comment on l’appelait, cette dragonne était à la fois crainte et admirée.
Sa Majesté, le roi Feryumstark, nous avait ordonné de ne pas l’attaquer et de rester à l’écart jusqu’à ce qu’elle ait fini. À la fin du combat, la dragonne était venue vers nous, couverte de sang, de la tête aux pieds, et son armure de glace donnait l’impression qu’elle avait été faite à base de sang. Dans sa main droite, elle tenait une épée à deux mains brisée et dans la gauche, elle tenait la tête du général ennemi.
Cette jeune dragonne se tenait devant quelqu’un d’aussi important qu’un dragon à écaille d’or et pourtant elle ne bronchait pas et ne montrait aucune expression sur son visage. C’était comme si elle regardait l’horizon lointain avec les yeux d’un dragon mort.
Je me sentais frissonner juste en me tenant près d’elle, et je savais à ce moment que peu importe ce que je ferais, je ne pourrais pas la vaincre.
Cette fureur de glace se tenait maintenant devant moi et affirmait que cet humain était son ami.
En un instant, j’avais eu l’impression que tout le destin d’Albeyater reposait sur les épaules de ce faible. Qu’est-ce qu’un jeune humain comme lui pourrait faire sans équipement et arme appropriés contre quelqu’un comme Draejan, qui était armé jusqu’aux dents ?
Je pouvais le voir maintenant, un seul coup et la tête du garçon s’envoleraient, puis la fureur de glace nous transformerait tous en une œuvre d’art à base de notre sang et tripes. Son humour artistique sombre se répandrait ensuite dans tout Drakaria jusqu’à ce qu’elle devienne une ville fantôme.
Dire que je transpirai ou que j’avais l’air effrayé ? Nan ! Ma peur et ma sueur s’échappaient avant que mon corps ne me donne vraiment l’impression de l’être. Maintenant, j’attendais l’inévitable.
Mais alors, l’impensable était arrivé. Le garçon fut le premier à attaquer, mais Draejan esquiva à la dernière seconde. Le dragon jouait, mais je savais que si cette frappe avait touché, cela aurait été dur pour lui. Draejan avait été sauvé par une chance.
Avec la bataille qui se déroulait devant moi, je pouvais sentir la force de leurs coups. Tous deux pourraient combattre à armes égales contre certains de mes meilleurs chevaliers. Non, j’irai même jusqu’à dire qu’à part les Maîtres chevaliers, il n’y avait personne ayant la force de les défier, et j’étais un éveillé supérieur.
Ce qui était le plus effrayant dans cette bataille, à l’exception de la présence effrayante de Kataryna Georg, était le fait qu’un seul coup de Draejan pourrait tuer Alkelios, mais que l’inverse n’était pas vrai. La différence d’armes et armures était un si grand fossé que l’humain n’avait aucune chance, alors qu’il avait probablement plus de force et de vitesse.
J’avais moi-même entraîné Draejan, alors je savais qu’il ne pouvait pas avoir ce pouvoir sans compter uniquement sur sa force. Il utilisait de la magie comme fou et jouait comme s’il possédait la scène.
Peut-être que la seule personne pouvant constater à quel point Draejan était chanceux que l’humain utilise une épée de basse qualité était Kataryna Georg. Ses yeux pouvaient suivre tous leurs mouvements et sa sagesse surpassait de loin la mienne. Je ne pouvais donc que deviner qu’elle voyait facilement ce que je ne pouvais pas voir.
Quand j’avais vu la possibilité de mettre fin au duel, j’avais rapidement levé la main et dit : « Je déclare officiellement ce duel terminé. Sir Draejan gagne. »
Si je ne l’avais pas annoncé, les deux auraient probablement continué et l’humain serait finalement mort.
Ce qui avait ensuite suivi avait été la déclaration de soutien de Kataryna Georg à la Troisième Princesse. En d’autres termes, elle avait fait un geste politique qui ferait marcher la plupart des nobles dragonnes avec la queue entre les jambes. Elle n’était vraiment pas un pouvoir contre lequel on pouvait jouer.
Malheureusement, mon ancien élève, Draejan, n’avait pas pu voir l’horreur que je voyais. J’avais essayé de lui expliquer tout en laissant de côté certains détails, mais il ne semblait pas que j’aie réussi.
Pendant un moment, je pensais que les choses avaient repris leur cours naturel. Alkelios avait tenu sa promesse à ne pas entrer dans le palais de Seyendraugher et Kataryna Georg avait choisi la jeune sœur de sire Seryanna comme apprentie. J’avais entendu dire que son programme d’entraînement était assez dur. Tellement, qu'après un jour, la dragonne à écaille noire avait essayé de fuir son professeur en utilisant toute sa puissance. Elle avait été attrapée en plein vol puis transformée en sculpture de glace. Elle resta ainsi pendant quelques heures jusqu’à ce que le soleil la dégèle enfin.
J’avais aussi entendu une autre étrange rumeur à propos de Kataryna Georg. Apparemment, elle s’était battue avec quelqu’un au milieu de la ville. Les dégâts causés avaient suffi à faire perdre connaissance au Premier ministre Elovius, mais ce dragon avait réussi à s’en sortir.
Je n’étais pas allé voir les conséquences parce que je ne voyais aucune raison de le faire. Au lieu de cela, ce que j’avais fait était d’envoyer quelques-uns de mes chevaliers pour espionner Alkelios. Il y a environ deux semaines, ils avaient perdu sa trace. Il avait probablement fui la ville.
Personne ne blâmerait l’humain de s’être enfui. Après avoir affronté Sire Draejan et perdu, il était devenu la risée des Chevaliers et probablement une cible de harcèlement pour les nobles idiots. À propos de ces derniers, je doute qu’ils aient réellement le courage de faire quelque chose à ce sujet. Avec Kataryna Georg les regardant comme un mouton regardant un délicieux troupeau de loups, je parierais avec mon salaire d’une année qu’ils n’auraient même pas la chance d’essayer ce qu’ils avaient prévu.
Environ une semaine après la disparition d’Alkelios de Drakaria, j’avais reçu une convocation de Sa Majesté, le roi Feryumstark. Au début, j’avais trouvé cela étrange, mais si mon roi avait besoin de moi, je ne pouvais qu’obéir.
Alors que je me dirigeais vers le bureau de Sa Majesté, il m’était arrivé de voir Sire Seryanna et Sire Draejan de l’autre côté du couloir.
Pendant un moment, je ne pouvais pas en croire mes yeux, mais cette dragonne s’était finalement éveillée. J’étais honnêtement très heureux de la voir devenir adulte, comme si elle était ma propre fille. Sire Draejan la félicitait probablement pour ça aussi, elle était sa fiancée après tout.
« Draejan... Je vous dis cela par “bonté de cœur”. Si vous osez me toucher à nouveau… je vous tuerai, » lui dit-elle soudainement. Puis elle s’éloigna.
J’avais dégluti.
Sont-ils en mauvais termes ? Mais n’est-ce pas sa fiancée ? Que se passe-t-il ? J’avais réfléchi un moment, alors que je me souvenais de tous les événements passés, y compris son inquiétude inhabituelle qu’elle avait manifestée pour Alkelios, je réalisai tout à coup que j’avais peut-être fait une erreur.
Laissant échapper un gros soupir, j’avais décidé d’aller lui parler plus tard et peut-être aussi réprimandé cet idiot de Draejan, mais je devais d’abord aller voir Sa Majesté, le roi Feryumstark.
Je m’étais approché de la porte du bureau du second étage et j’avais frappé trois fois.
« Entrez. »
Avec une respiration calme et un air stoïque sur le visage, je pénétrai dans la pièce assez grande. Il y avait de grandes bibliothèques couvrant les murs et un grand bureau en bois à l’arrière, près de la fenêtre. Le dragon ayant fabriqué ces meubles était une personne que j’avais rencontrée par hasard deux siècles plus tôt. Il était assez vieux et malgré ses mains tremblantes, il avait fait un travail magnifique sur plusieurs morceaux de bois. Les dessins inspiraient l’élégance et le sens de l’art. Les lignes gravées me donnaient souvent l’impression qu’elles étaient vivantes ou coulaient comme si elles étaient faites d’une sorte de liquide.
Il me faudrait au moins quatre siècles pour atteindre ce niveau de compétence, mais je pensais souvent que si je prenais ma retraite un jour, ramasser des boiseries et les travailler pourrait ne pas être une si mauvaise idée. Mon vieux cœur serait apaisé par le travail effectué sur des détails aussi fins et minutieux.
Dans cette pièce impressionnante, Sa Majesté se tenait devant la fenêtre, regardant Drakaria. Ses ailes dorées étaient pliées et ses mains étaient dans le dos. La façon dont la lumière du soleil baignait ce dragon me faisait souvent me demander si je regardais vraiment un mortel.
Pourtant, cela ne semblait pas être une simple convocation occasionnelle. La présence qu’il dégageait malgré son apparence calme et pacifique était écrasante, même pour quelqu’un comme moi.
« Votre Majesté, pourquoi ai-je été convoqué ? » demandai-je à voix basse tout en restant à la porte.
« Viens plus près, » m’avait-il dit.
J’avais obéi et m’étais approché du bureau. Sans sa permission, il était considéré comme extrêmement impoli de se rapprocher de lui. Faire irruption dans sa pièce même par erreur pourrait faire perdre son cou à un dragon et valoir à sa famille une sévère punition. Après tout, il y avait des choses que personne n’était autorisé à faire, quoi qu’il arrive.
Pour Sa Majesté, quiconque s’approchant de lui sans exposer son objectif ni demander à s’approcher était un assassin potentiel ou alors, c’était quelqu’un ne sachant pas comment respecter ses écailles dorées.
« Teolas, tu m’as bien servi ces derniers siècles, mais je ne peux m’empêcher de me demander si tu ne commences peut-être pas à rouiller, » demanda-t-il.
« Votre Majesté, mes os ont toujours craqué comme une vieille porte rouillée, mais c’est uniquement parce que j’ai réussi à atteindre l’éveil supérieur tardivement, » j’avais répondu d’une manière calme et polie.
« Vraiment ? Alors pourquoi n’as-tu pas pu voir le joyau que Sire Seryanna avait amené avec elle au palais ? » demanda-t-il. Puis il tourna légèrement la tête, juste assez pour pouvoir me regarder du coin de l’œil.
« Joyau ? Puis-je vous demander de quoi vous parlez, Votre Majesté ? A-t-elle découvert un trésor perdu depuis longtemps ? » demandai-je alors que je fronçai mon front.
***
Partie 3
Même si j’étais vieux, j’étais loin d’être sénile. Si Sire Seryanna avait effectivement trouvé quelque chose de précieux, j’aurais été l’un des premiers dragons à le savoir. Si c’était une arme, elle aurait alors demandé mon avis sur la manière de la manier correctement. Son amie Dregarya l’aurait également sentie et le chahut qu’elle aurait provoqué aurait suffi à alerter mes yeux dans le palais.
Malgré tous mes efforts pour comprendre, je ne pouvais pas y arriver. Sa Majesté avait alors prononcé un nom.
« Alkelios Yatagai. »
« Hein ? » Je clignai des yeux en raison de la surprise.
Comment ? Ce garçon serait-il une gemme ? Je me demandais alors que j’étais encore plus confus.
« Soupir, il semble que la vieillesse ait vraiment atteint ton esprit. » Sa Majesté se retourna et secoua la tête.
« Je vous demande pardon, mais il n’est qu’un paysan humain qui a failli être tué par Drajean et..., » je n’avais pas pu finir mes mots, car les doigts du roi étaient enroulés autour de mon cou et j’avais été soulevé du sol. « Argh… Votre Majesté ? » Demandai-je tout en me débâtant. Mais c’était comme lutter pour ouvrir la gueule d’un lézard géant des rivières.
« Le fait même que cet humain soit venu ici avec Sire Seryanna aurait dû te faire comprendre qu’il y avait quelque chose de spécial. Je veux dire, même moi je connais la profondeur de sa haine pour les humains. D’après ce qu’on m’a dit, cette dragonne n’a jamais souri depuis 38 ans, » m’avait-il dit.
« Je ne comprends toujours pas, Votre Majesté, » déclarai-je alors que je tenais sa main plutôt que d’essayer de l’ouvrir.
« Bien que je reste actuellement aux côtés de ma femme plus que ce que le public sait, cela ne signifie pas que je suis devenu sourd et aveugle, Teolas, » il m’avait lancé un regard noir.
« Q-Qu'est-ce qui a à voir avec Draejan ? » demandai-je.
« Tout, » il me lança un regard noir et je pouvais sentir ses griffes transpercer ma peau.
« GAH! » avais-je crié de douleur.
« Il a osé revendiquer la pleine propriété de l’armée de Brekkar, alors même que j’avais l’intention de la lui confier uniquement temporairement. Il a forcé la petite-fille de mon ami à se livrer à des fiançailles qu’elle n’a jamais voulues et méprises du fond du cœur, mais il a surtout failli tuer l’humain qu’elle a amené, » il l’avait résumé pour moi, mais je craignais que l’élément le plus important soit le dernier bout.
« P-Pourquoi cet humain est-il si important, Votre Majesté ? » Demandai-je.
« Pourquoi ? » Il plissa les yeux et la pression de sa présence augmenta au point de me donner l’impression que chaque respiration allait être ma dernière.
Le fait qu’il ait réussi à entrer dans le lit de Seryanna ou à devenir ami avec Kataryna Georg ne devrait pas le rendre si important pour que le roi d’Albeyater puisse agir ainsi. Non, c’était ridicule pour lui d’agir pour un humain, alors qu’il l’aurait à peine fait pour un dragon. Même quand l’annonce de l’Explosion de Berserk prochaine de Brekkar, il n’avait même pas donné l’ordre de chercher un traitement.
Certains avaient dit que Brekkar lui-même avait demandé de ne pas gaspiller les ressources du pays pour un vieux dragon mourant comme lui, mais cela devait être un mensonge. Le royaume d’Albeyater aurait certainement souffert de la perte d’un grand général comme lui.
« Peut-être que tu es vraiment devenu aveugle, vieux lézard, » déclara Sa Majesté en me libérant.
J’étais tombé au sol et m’étais senti trop faible pour me relever. J’étais à bout de souffle, et je tremblais de partout. C’était à moitié dû à la peur d’avoir fait quelque chose de mal et l’autre venait de la présence de Sa Majesté elle-même.
« C-C’est possible… Votre Majesté, mais… puis-je vous demander en quoi ? Q-qu’est-ce que Votre Majesté a vu chez cet humain que je n’ai pu voir ? » demandai-je alors que j’utilisais toutes mes forces pour ne pas m’évanouir.
Sa Majesté se dirigea une nouvelle fois vers la fenêtre et relâcha son aura qui me cloua au sol.
« Courage. Passion. Détermination. La force de lutter contre l’impossible... » Il s’arrêta puis me regarda. « Et la possibilité d’accomplir le rêve de ma femme. »
« Le rêve de la Reine ? Une alliance… avec les humains ? Une fin à la Grande Guerre ? » demandai-je alors que mes yeux sortaient presque de leurs orbites.
Si cet humain pouvait amener notre pays vers un futur meilleur, je pourrais alors comprendre pourquoi le roi le chérissait tant. Même pour la population générale d’Albeyater, le rêve de la reine était bien plus important que celui du roi. Après tout, nous étions une société matriarcale, malgré le fait que le Premier ministre Elovius avait récemment repris l’essentiel du travail de la reine.
« Votre Majesté, je comprends maintenant pourquoi vous voudriez garder cet Alkelios Yatagai à votre portée, bien que je ne vois pas en quoi il pourrait être utile pour ce rêve. Cependant, puis-je demander ce que j’ai fait de mal pour m’attirer votre rancune ? » demandai-je en m’agenouillant.
« Ne vois-tu pas comment il serait utile ? Laisse-moi clarifier cela. Tout d’abord, il est l’un des rares humains étant tombés amoureux d’une dragonne. Deuxièmement, cette dragonne est connue pour avoir une haine très profonde pour les humains. Troisièmement, elle a une influence politique assez élevée au sein de la famille Draketerus, même si elle n’en est pas consciente. Sire Seryanna en fin de compte est la dernière matriarche de sa famille. Les terres brûlées du Champ de Bataille font toujours partie de son domaine, » avait-il expliqué.
Maintenant, je vois pourquoi Draejan voulait tellement l’épouser. En faisant cela, il aurait accès à la fois à l’armée de Brekkar et aux terres du Champ de Bataille, qu’il pourrait ensuite développer à sa guise. Non seulement cela, mais il pourrait utiliser son influence. Après tout, les paroles de la matriarche sont bien plus importantes que celle de leur mari. Pensais-je alors que tout commençait à se reconstituer dans mon esprit.
Ses mouvements étaient stratégiques, mais dans cet âge d’attitude et de grande agitation, ils apparaissaient comme invisibles.
« Imagine simplement ce qui se passerait si Albeyater annonçait le mariage entre la matriarche d’une maison ducale avec un humain sans statut ni rang sur le continent humain, » m’avait-il dit.
« Les rumeurs propagées par les échelons supérieurs de la société humaine perdraient leur crédibilité. Jusqu’à présent, ils ne nous ont décrits que comme des monstres déchaînés incapables de ressentir de l’amour ou de l’affection, » avais-je dit.
« Exactement. De là à l’établissement d’un traité d’alliance avec l’un des pays étrangers, comme le Royaume des Dix Épées, par exemple, ce ne serait plus un rêve fou. »
« Mais quelque chose comme cela ne peut arriver que si Alkelios réussit à la fois sur les champs de bataille politique et militaire, » avais-je souligné.
« Je suis certain que nous pouvons lui trouver de bons professeurs s’il ne laisse pas sa propre marque ici. Quant à ce que tu m’as fait subir… non, à Albeyater. Eh bien, tu as presque chassé cette personne irremplaçable, » me déclara-t-il en baissant les yeux.
J’avais senti un nœud dans la gorge et j’avais dégluti.
« Le duel… j’aurais dû l’arrêter. » Dis-je.
« Effectivement. Tu aurais dû te rendre compte que quelque chose n’allait pas, qu’un humain ordinaire ne peut pas simplement apparaître dans le palais de Seyendraugher de cette manière. Tu aurais dû être le premier à te demander pourquoi il était là, mais tu pensais plutôt à lui comme un insecte inutile. Si Kataryna Georg et Sire Seryanna n’étaient pas arrivées à temps au duel, le garçon serait mort n’est-ce pas ? » demanda-t-il.
J’avais hoché la tête.
Draejan à ce moment-là avait l’intention de le mutiler gravement ou de le tuer. Le fait que ces deux-là soient arrivés à ce moment-là. C’était comme si les cieux eux-mêmes tordaient les lois de ce monde juste pour qu’il puisse avoir une autre chance de vivre.
« Alkelios n’est probablement même pas conscient qu’il était vraiment proche de la mort. Mais en laissant de côté le rêve de ma reine, s’il mourait, notre guerre aurait alors été contre Kataryna Georg et Brekkar Draketerus lui-même, » déclara Sa Majesté.
« Quoi ? Pourquoi Brekkar ? » demandai-je, surpris.
« Parce qu’Alkelios est l’individu l’ayant soigné de l’Explosion de Berserk. Je n’ai pas besoin de te dire ce qu’un dragon pense d’une dette de vie ? » expliqua-t-il.
En entendant cette histoire improbable, j’avais senti le sang quitter mon visage et mes genoux faiblir.
Cela faisait plus de sept siècles que je vivais et j’avais vu plus de choses que je ne pourrais compter, mais je ne pouvais même pas commencer à comprendre quelle sorte d’entité était cet Alkelios Yatagai. Il serait préférable de le décrire simplement comme une catastrophe naturelle ambulante qui avait tordu et avait changé le destin de tous ceux avec qui il était entré en contact.
Ce garçon humain a-t-il gagné la faveur des dieux pour avoir un tel pouvoir ? Me demandai-je.
« Comprends-tu maintenant ce que tu as fait ? » m’avait-il demandé.
« À peine, Votre Majesté, mais je ne peux que demander comment réparer mes erreurs ? » Demandai-je en baissant les têtes jusqu’à ce que mon front touche le sol.
« Va chez la famille Doesya. Parle avec ma fille et son mari. Vois ce qu’ils savent de Sire Draejan et découvre s’ils complotent contre moi. Au cas où ils le seraient, je pourrais difficilement croire que ma fille puisse être capable de quelque chose comme ça, alors il doit y avoir quelqu’un qui la manipule depuis l’ombre, lui insufflant des pensées folles. Découvre qui est cette personne ou cette organisation. Découvre toutes les saletés sur les Doesya que tu peux trouver, et je voudrais que tu établisses une liste pour moi de tous les alliés et connaissances de Draejan. Comprends-tu quelle est ta mission, Sire Teolas Draegan ? » Ordonna-t-il d’un ton ferme et puissant.
« Oui, Votre Majesté. Votre humble serviteur comprend et procédera à cela immédiatement, » répondis-je avec mon front touchant toujours le sol.
***
Merci pour le chapitre, 100 pour 100 de chances qu’ils vont se frotter au nécromancien 🙂
Bah oui lol
Super histoire j’attends la suite avec impatience 🙂
Ouh ça va faire mal quand il va revenir de son entraînement. Merci encore pour ces deux chapitres !
Merci pour les chapitres !
Super histoire ! Et quelle traduction réussie !!! Merci pour tout les chapitres !