Wortenia Senki – Tome 8 – Épilogue

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Épilogue

Le Saint Empire Qwiltantia régnait sur les régions occidentales du continent. Située dans son territoire méridional, près de la frontière avec les royaumes du sud, se trouvait la ville portuaire de Lentencia, le cœur florissant du commerce et des échanges dans le sud de Qwiltantia.

Alors que le soleil commençait à se lever au-dessus de l’horizon, un homme seul apparut dans cette ville. Il était vêtu d’une cape et d’une capuche qui cachait son visage. Au premier coup d’œil, il n’était pas évident de savoir s’il s’agissait d’un mercenaire, d’un aventurier ou d’une sorte de voyageur. Son apparence n’indiquait pas grand-chose, mais il n’était pas particulièrement suspect non plus. Au contraire, sa présence était étrangement faible.

L’homme passa rapidement les gardes de la porte, et se dirigea immédiatement vers le quartier des plaisirs de Lentencia.

« Hmm… est-ce ici ? »

Après avoir vérifié le panneau sur lequel était écrit « La Salle de l’Écho, Fournisseur de la Guilde », il entra dans la taverne.

« Oh, vous êtes là tôt, monsieur. »

Un homme plus jeune qui travaillait au bar remarqua son entrée.

« Vous buvez si tôt dans la journée ? »

« Mm. Un verre et quelque chose à manger », dit l’homme en soulevant la capuche de ses yeux.

« Oh… Toujours à l’aventure à votre âge ? C’est dur », dit l’employé tout en haussant les épaules en voyant le visage de l’homme.

Malgré l’insignifiance de la remarque, l’homme semblait s’en être offensé.

« Vous pouvez m’épargner les conneries… Maintenant, où sont ma nourriture et ma boisson ? Quelque chose pour remplir mon estomac serait apprécié. », dit l’homme en le regardant fixement.

« Ah, désolé… Eh bien, asseyez-vous où vous voulez. Toutes les filles sont cependant dehors jusqu’au soir. Ça ne vous dérange pas ? », dit respectueusement l’employé.

L’employé commença à parler en s’excusant. Son instinct tirait la sonnette d’alarme concernant cet homme. L’ordre public dans ce quartier de plaisir était plutôt mauvais, et donc le fait qu’il travaillait ici signifiait qu’il devait être assez fort par nécessité. Après tout, il n’y avait pas de téléphone pour appeler la police dans ce monde, et cet employé avait suffisamment d’expérience pour mettre à la porte des aventuriers et des mercenaires ivres.

Mais contre cet homme, même cinq personnes du niveau de cet employé n’auraient pas suffi.

Se moquant de la soudaine flagornerie de l’employé, l’homme détourna le regard comme s’il avait perdu son intérêt.

« Je n’ai pas besoin de vous donner mon ordre, n’est-ce pas ? Alors, dépêchez-vous… Et apportez-moi deux verres et un pichet d’eau. »

Sur ce, l’homme prit place à la table la plus éloignée de la porte. Ce n’était effectivement pas un endroit pratique pour porter sa commande.

C’est quoi son problème… ? Il n’a pas besoin de s’asseoir dans le coin comme ça…

S’asseoir près du comptoir leur faciliterait la tâche à tous les deux, mais comme il avait déjà pris place, l’employé ne pouvait pas vraiment lui demander de bouger.

Ah, tant pis…

Poussant un petit soupir afin que l’homme ne le remarque pas, l’employé disparut dans la cuisine. Et quelques minutes plus tard…

« Vous étiez là, monsieur… Merci d’avoir attendu. »

L’ouvrier apporta une grande assiette pleine de ce qui ressemblait à des pâtes et de la soupe.

« Ooh… », s’exclama l’homme, dont l’odeur des condiments lui ouvrant l’appétit.

À en juger par les épices ressemblant à du poivre sur le plat, c’était probablement quelque chose qui ressemblait à un peperoncino au bacon.

Mm… Ça a l’air bon, se dit l’homme.

Normalement, le peperoncino n’était préparé qu’avec des épices, des poivrons et de l’huile d’olive, et n’incluait pas de bacon ou de viande, mais ce plat appartenait à ce monde. Sans se plaindre, l’homme prit sa fourchette et commença à manger.

« Et voici votre bière et votre eau », dit l’ouvrier en posant les boissons sur la table.

Il avait rassemblé le peu de courage qu’il avait pour s’enquérir de l’humeur de l’homme. Jetant un coup d’œil furtif à l’employé, l’homme prit sa pochette de monnaie.

« Je vais rester jusqu’à la tombée de la nuit aujourd’hui. Combien pour les frais ? »

« Huh ? Jusqu’à la tombée de la nuit… ? Vous allez rester ici aussi longtemps ? », lui répondit l’employé avec surprise.

La taverne était ouverte toute la journée et toute la nuit. Étant dans un quartier de plaisir, l’endroit obtenait la plupart de ses affaires pendant la nuit, et était surtout ouvert comme restaurant pour les travailleurs de la ville pendant la journée. En tant que tel, il n’y avait pas vraiment de raison de refuser la demande de l’homme.

Mais il était sept heures du matin. Rester là jusqu’à la tombée de la nuit signifiait qu’il allait passer une demi-journée entière à rester assis là. Il était vrai que certaines personnes buvaient toute la nuit, mais les gens qui buvaient toute la journée n’étaient pas très courants.

« Quoi ? C’est un problème ? », demanda l’homme qui nota l’attitude surprise de l’employé du bar.

« Non, pas du tout, mais… », balbutie l’employé.

Il n’y avait pas de problème en soi. Mais même si la taverne était bien plus fréquentée la nuit, il avait toujours sa part de clients dans la journée. Vu le trafic de clients, une personne commandant un peu ne rapporterait pas beaucoup de bénéfices.

Mais l’homme, sentant l’hésitation de l’employé, sortit une pièce d’or de sa pochette et la tendit.

« Mes honoraires pour avoir pris de la place. Cela vous suffit ? », demanda-t-il en faisant glisser la pièce.

« Quoi… Monsieur, vous êtes fou ou quoi ? Si vous veniez la nuit, vous pourriez acheter de jolies filles. »

Après avoir confirmé le poids de la pièce d’or dans sa main, l’employé regarda l’homme d’un air interrogateur. Cette simple pièce d’or valait bien plus que le fait de rester dans le magasin pendant une journée. Elle n’aurait peut-être pas suffi à louer le magasin le plus cher de Lentencia pour une journée, mais dans un magasin comme celui-ci, il pouvait se faire servir par toutes les serveuses dont il se vantait. Y compris leurs services spéciaux de nuit.

Refuser le paiement d’un client était une chose étrange, certes, mais puisqu’ils servaient les clients, ils devaient savoir où mettre la limite.

Je pensais qu’il était peut-être un peu bizarre dans sa tête, mais… Il n’en a pas l’air…

Son apparence n’était pas assortie, mais elle restait dans les limites du raisonnable. Il ne dégageait pas le sentiment d’incohérence d’un fou. Et d’ailleurs, l’homme semblait l’avoir salué comme pour dire que la discussion était terminée, il était donc obligé d’accepter la pièce.

Oh, bien… Je suppose que je vais juste prendre ses honoraires pour la nourriture et la boisson.

Même avec ça, il devrait rendre une somme assez importante, mais au moins, ça ne lui tourmenterait pas trop la conscience. De plus, s’il avait l’intention de boire maintenant, il finirait par de toute façon dépenser le restant de la somme en plats.

Je demanderai au propriétaire ce qu’il faut faire plus tard… Attends, qu’est-ce que ce vieux type fait ?

Alors qu’il réfléchissait à la situation, le travailleur regarda derrière lui et vit l’homme verser de l’eau d’un pichet dans une tasse. Le fait qu’il boive en mangeant ne sortait pas de l’ordinaire, bien sûr, mais l’homme n’avait rempli la tasse qu’à moitié, puis l’avait recouverte d’une assiette vide. Cela ressemblait à la farce d’un enfant qui aurait été entraîné dans une situation ennuyeuse par ses parents. L’employé avait déjà vu cela dans le passé.

Mais l’expression de l’homme ne donnait pas l’impression qu’il essayait de faire une farce. En le regardant à nouveau, l’employé haussa les épaules et alla derrière le comptoir, sans comprendre le sens de l’action de l’homme…

 

*****

Cette nuit-là, une femme défila dans le quartier commerçant de Lentencia. Sa peau brune et saine et ses traits ciselés auraient fait croire à n’importe qui dans le monde de Ryoma qu’il s’agissait d’une femme d’origine arabe. Elle avait l’air d’avoir une trentaine d’années. Ses membres étaient toniques, et sa poitrine et ses fesses étaient rebondies. On pouvait dire qu’elle avait une apparence et un âge qui accentuaient sa féminité.

Son apparence donnait l’impression qu’elle était serveuse de taverne, ou une prostituée, une femme du quartier des plaisirs. Mais alors même qu’elle marchait, entourée de regards inquisiteurs, la femme s’était glissée dans l’entrée d’une certaine entreprise d’un mouvement fluide.

« Pardonnez-moi de venir à cette heure de la nuit », dit la femme en inclinant respectueusement la tête devant le portier.

« N’êtes-vous pas… Une des serveuses de la Salle de l’Écho ? », demanda-t-il.

Ce portier fréquentait la Salle de L’Écho avec ses amis pendant ses jours de congé, il connaissait donc son visage. Il ne pouvait cependant s’empêcher de penser qu’il était étrange de la trouver ici si tard dans la nuit.

« Oui. En fait, il y a un client dans notre établissement… J’aimerais voir Liu Daijin et rapporter quelque chose à son sujet ».

Sur ce, la femme sortit une carte de son décolleté et la présenta au portier.

Dans ce monde, on la reconnaîtrait comme la carte d’identification utilisée dans les banques et la guilde. Dès qu’il la vit, l’expression du portier changea. Se réprimandant d’avoir pensé qu’elle n’était qu’une serveuse, il avait rapidement pris la carte et y avait versé un peu de son prana.

« Mes excuses… Je vais aller vérifier et annoncer votre arrivée. Veuillez attendre ici. »

Après avoir confirmé le motif apparu sur la carte, le portier parla d’une manière tout à fait opposée à la suspicion qu’il lui avait montrée quelques instants auparavant. La femme ne s’en était bien sûr pas offusquée. Son comportement était simplement la preuve qu’elle avait bien fait son travail.

« Merci. »

Elle inclina la tête vers le portier alors qu’il disparaissait dans le bâtiment. Il n’avait fallu que quelques minutes avant que le portier ne revienne avec un homme derrière lui. C’était un homme d’âge moyen, de taille moyenne, vêtu d’une queue de pie. Il avait des cheveux noirs ramenés en arrière. Il semblerait bien que les mots du portier selon lesquels il annoncerait son arrivée n’étaient pas un mensonge.

« Je vous remercie de votre attente. Je m’appelle Zheng, je suis un majordome au service de Liu Daijin. J’ai entendu dire que vous souhaitiez rencontrer mon maître. Venez avec moi… »

En le suivant, la femme s’enfonça dans le bâtiment de l’entreprise. Ils empruntèrent un escalier souterrain, où la femme se retrouva face à une grande porte en bois. La pièce devant eux occupait probablement tout le sous-sol.

« Maître… J’ai amené l’invité », dit le majordome en frappant plusieurs fois à la porte.

« Entrez », une voix d’homme résonna derrière la porte.

« Veuillez donc m’excuser. »

Le majordome ouvrit alors la porte.

Une pièce pleine de couleurs chatoyantes accueillit la femme.

« C’est un plaisir de faire votre connaissance, Liu Daijin. Je suis Ruqaiya Redouane, l’envoyée de l’Organisation dans cette ville », dit la femme, s’agenouillant et baissant la tête dès qu’elle remarqua l’homme devant elle.

Liu était un homme de grande taille avec une longue barbe qui s’étendait jusqu’au sol.

« Nous faisons tous deux partie de l’Organisation. Tu n’as pas besoin d’insister sur le cérémonial… Lève-toi », dit Liu tout en l’incitant à se lever.

« Je ne suis pas digne, monsieur… »

Ruqaiya était relativement connue au sein de l’Organisation pour ses compétences, et on pouvait même la compter parmi les échelons supérieurs du groupe. Mais le vieil homme devant elle avait un statut complètement différent. Il était l’un des douze membres les plus éminents de l’Organisation, qui avait mis en place les fondations mêmes du groupe.

La magie martiale avait considérablement freiné son vieillissement, et on ne pouvait donc pas vraiment le voir à son apparence, mais cet homme approchait de la centaine d’années. Même si l’Organisation avait placé Ruqaiya en charge de Lentencia, Liu Daijin la dépassait en grade.

« J’ai entendu dire que tu avais quelque chose à me dire. Qu’est-ce que c’est ? », lui demanda Liu tout en allant droit au but.

« Eh bien… » marmonna évasivement Ruqaiya.

Elle n’était venue ici que parce qu’elle ne savait pas trop quoi faire, mais la perspective de parler à un ancien comme Liu la rendait plutôt timide. Comprenant son appréhension, Liu la regarda avec un sourire enjoué.

« Je vois. Je suppose que je devrais au moins te servir du thé, n’est-ce pas… ? », dit-il en prenant le service à thé.

« Oh, euh, uhh… », bégaya Ruqaiya.

« Ce sera prêt en un rien de temps. Assieds-toi là et attends », lui avait-il dit.

Ruqaiya avait obéi docilement.

« Bon, ceci a été fait dans ce monde, mais son goût est très bon. Essaie-le. »

Liu plaça un pot de thé au-dessus d’un bol, y ajoutant des feuilles de thé et versant de l’eau chaude dans le bol.

Il semblait que l’eau était déjà en train de chauffer. Dix minutes plus tard, il présenta le bol de thé à Ruqaiya, qui a rapidement pris une gorgée.

« C’est… délicieux. »

Il avait un arôme floral et une saveur relaxante qui semblait s’infiltrer dans son corps.

« Merveilleux… Sa qualité n’est pas comparable à celle du vrai thé, bien sûr, mais je suis heureux que tu l’aies apprécié », dit Liu en versant plus de thé dans le bol.

Ils passèrent le temps calmement comme ça pendant un moment encore, après quoi Liu finit par entrouvrir à nouveau les lèvres.

« Bien, maintenant que tu t’es un peu calmé, parlons. Qu’est-ce qui t’amène chez moi ? »

Guidée par ses paroles, Ruqaiya lui parla de l’homme mystérieux qui était apparu dans son établissement.

« Ooh… Voilà qui est inhabituel. Quelqu’un qui connaît pourtant le mot de passe du Chawanjin… », dit Liu, pensif.

« Alors c’était vraiment le mot de passe… »

« Oui. Je ne peux pas deviner qui cela peut être sans le voir, mais d’après ce que tu m’as dit, il semblerait sûr de supposer qu’il est familier avec le Chawanjin… Le simple fait qu’il l’ait fait dans une taverne montre qu’il connaît les mots de passe de l’Organisation. », dit Liu en se caressant la barbe, les yeux bridés.

Sur ce, Ruqaiya comprit qu’elle avait eu raison de venir le voir. Le Chawanjin était le nom de code d’une société secrète basée en Chine. Son nom signifiait la « société du bol de thé » et, fidèle à ce nom, elle transmettait des informations sous forme de chiffres en utilisant des arrangements de bols de thé.

Suivant cette tradition, certains agents de l’Organisation avaient utilisé cette forme de code dans le passé. Cela dit, les Chawanjin laissaient leurs codes dans les salons de thé en Chine et non dans les tavernes. Mais comme les salons de thé étaient plus inhabituels et attiraient l’attention dans ce monde, les tavernes étaient utilisées à la place.

Mais le fait que l’homme ait utilisé les codes des Chawanjin avait soulevé un problème majeur.

« Combien d’années se sont écoulées depuis la dernière utilisation de ces mots de passe ? », demanda Liu.

« Et bien, je crois que cela fait une vingtaine d’années que nous avons commencé à utiliser des cartes comme moyen d’identification et que nous avons cessé d’utiliser les mots de passe Chawanjin. »

L’Organisation avait fait des efforts pour utiliser ou recréer la technologie de Rearth. Elle savait qu’étant donné le niveau technologique de ce monde, recréer ne serait-ce qu’un seul élément de technologie suffirait à lui donner un avantage écrasant. L’un de ces développements était ces cartes, qui affichaient une certaine marque lorsqu’elles étaient remplies de prana.

Ces cartes étaient fabriquées à partir de matériaux uniques, et leur création prenait donc du temps. En tant que telles, elles ne servaient qu’à transmettre les lettres et les documents les plus importants et les plus confidentiels, mais elles étaient aussi souvent utilisées pour identifier les membres de l’Organisation.

Avec ce genre de technologie, l’Organisation n’avait pas besoin que ses membres utilisent les codes Chawanjin pour s’identifier. Ruqaiya elle-même ne connaissait que les mots de passe, mais ne les avait jamais utilisés. C’était pourquoi elle était venue voir Liu, l’un des plus anciens membres de l’Organisation.

« Hmm… Qu’est-ce que cela peut signifier… ? »

Un homme mystérieux, utilisant une méthode de communication désormais abolie. Même en tant que membre de haut rang de l’Organisation envoyé pour surveiller Lentencia, Ruqaiya ne savait pas vraiment comment aborder cette question.

Il s’agit probablement de l’espion d’un pays qui a utilisé un vieux cryptogramme qu’il a vu par intérêt. Ou peut-être qu’il était juste ivre, et qu’il l’a accidentellement fait en tripotant…

Mais l’intérêt de Liu avait été piqué par la possibilité de l’identité de cet homme.

Le fait qu’il porte un katana japonais était en effet curieux… Je pense que je devrais le voir moi-même.

« Zheng, peux-tu envoyer quelques membres qualifiés ? Nous devrions aller confirmer l’identité de cet homme », dit Liu en se levant de son siège.

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Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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