Wortenia Senki – Tome 7 – Chapitre 5 – Partie 5

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Chapitre 5 : Démonstration de puissance

Partie 5

Elle balança ensuite sa main vers le bas comme si elle avait lancé quelque chose, frôlant à peine le dessus du sol avant de l’élever dans le ciel. Le sort qu’elle venait d’utiliser était considéré comme un sort de thaumaturgie verbale de bas niveau. Il n’était généralement pas mortel, et tout ce qu’il faisait était de libérer une vague de vent sur une grande surface. Il libérait le vent, mais sans le comprimer. Il était donc facile à acquérir.

Mais le prix à payer pour cette facilité, bien sûr, était qu’il n’avait pas la force nécessaire pour être utile en combat. En termes de sensation, c’était comme une légère rafale qui aurait tout au plus, obligé la personne à se protéger le visage avec la main.

Les chevaliers savaient quel sort elle utilisait, et ils avaient simplement ricané avec dédain. Mais ils ne savaient pas que son objectif était ailleurs. Le coup de vent effleura le sol en se dirigeant vers les chevaliers, soulevant la poussière dans l’air — formant un rideau de sable et de poussière.

« Merde ! Mes yeux ! »

La fumée et les poussières dans le vent bloquaient le champ de vision des chevaliers. Leurs visages étaient couverts par des casques intégraux qui limitaient déjà leur champ de vision, faisant en sorte qu’ils furent incapables de résister. Et alors qu’ils restaient là, aveuglés, les épées de Kevin et des trois autres enfants s’étaient abattues sur eux.

Kevin et les autres avaient mis de côté toute notion de discrétion, exposant la force physique accrue que leur conférait leur thaumaturgie martiale.

« Quoi ?! C’est impossible ! Comment des gamins comme eux peuvent-ils utiliser la thaumaturgie martiale ?! »

« Mais qui sont-ils ?! », s’étaient exclamés les soldats tout en brandissant leurs lances pour résister.

Mais comme les chevaliers étaient frappés de surprise, ils agitaient leurs armes maladroitement, sans aucun signe des poussées raffinées et entraînées qu’ils montraient habituellement. Et pour Kevin et les autres, qui avaient survécu maintes fois à des monstres sauvages, un adversaire qui lançait des attaques maladroites sans la moindre trace de soif de sang était comme une cible facile.

Kevin esquiva le coup de lance en s’éloignant et abattit son épée sur les doigts du chevalier qui tenaient son arme. Aussi bien armé que le chevalier puisse être, en raison de l’anatomie humaine, les zones articulées comme les doigts devaient être légèrement blindées. Si quelqu’un recouvrait complètement ses doigts de plaques de métal, il ne serait pas capable de saisir quoi que ce soit.

« Gaaaaah ! Cette petite merde a juste… Aaah, mes doigts ! »

La lame de Kevin avait coupé le long du manche de la lance, tranchant les doigts du chevalier. Normalement, le chevalier n’aurait pas élevé la voix dans un cri aussi pathétique, mais il n’était absolument pas préparé à ça.

« Mais qu’est-ce qui se passe, ce ne sont pas de simples gamins ?! », chuchota l’un des chevaliers, choqué, en regardant son camarade s’accroupir de douleur.

Ils étaient beaucoup trop sans défense, vu qu’ils étaient en plein combat. Et les ennemis qui leur fonçaient dessus n’étaient pas assez stupides pour ignorer une ouverture aussi claire. Kevin frappa de toutes ses forces le chevalier stupéfait, visant l’articulation de son genou. La sensation d’une brindille sèche qui craquait se répercuta dans la main de Kevin.

Mais les choses n’allaient pas s’arrêter là. Alors que le soldat s’accroupissait sur place pour tenter de réfréner la douleur, Annette s’élança derrière lui et balança son épée vers sa tête sans défense. La lame balaya en diagonale son casque. Si Ryoma ne leur avait pas demandé à l’avance de ne pas tuer leurs adversaires inutilement, Annette lui aurait sûrement tranché la tête. Cependant, sa force était encore renforcée par la thaumaturgie martiale, et le coup avait suffisamment de force pour assommer le robuste soldat. Et en effet, le soldat avait pris le coup et s’était effondré mollement sur le sol.

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« Je vois. Alors c’est pour ça. C’est pour ça qu’il était si confiant… »

Helena, qui regardait le match avec Julianus I et Grahalt, murmura de surprise.

L’échange qui se déroulait sous leurs yeux rendait évidents le niveau et la qualité des soldats que Ryoma avait entraînés.

« Impossible… Comment des enfants peuvent-ils être capables de thaumaturgie ? C’est impossible, ce sont des roturiers », marmonna Grahalt, l’expression abasourdie.

« Grahalt, ne vois-tu pas ce qui se passe sous nos yeux », Helena lui lance un regard froid.

« Admets-le. Tu ne voudrais pas que je doute de ta valeur en tant que capitaine de la garde royale. »

Grahalt devint rouge de honte. Un homme qui ne pouvait pas admettre la réalité devant ses yeux n’était pas digne de commander les autres.

« M-Mes excuses, ma conduite était honteuse… S’il vous plaît, pardonnez-moi. »

Grahalt baissa alors la tête précipitamment.

« Hmm, donc tous les soldats qu’il a amenés sont au niveau de ceux qui se battent là-bas. Dans ce cas… Ils sont une force avec laquelle il faut compter », murmura Julianus I tout en caressant sa barbe blanche.

« Votre Majesté, vous ne voulez pas dire que chacun de ces trois cents soldats… ?! »

Grahalt secoua la tête, incrédule.

Son hypothèse n’était pas fausse — selon les normes de ce monde, le territoire de Ryoma aurait dû être limité dans le nombre de soldats qu’il pouvait soutenir. Grahalt lui-même pensait que l’estimation de Schwartzheim était correcte. Des rumeurs concernant la péninsule de Wortenia étaient également parvenues à Xarooda, et ils savaient que ces terres non développées ne rapporteraient aucun profit. Et sans impôts, on ne pouvait pas entretenir une armée.

« Et pourtant, nous n’avons aucune raison de penser que ces soldats sont les seuls à posséder de telles compétences. Sans tenir compte de la façon dont ils ont acquis la thaumaturgie en tant que roturiers, si ces cinq-là ont pu l’apprendre, il n’y a aucune raison pour que le reste d’entre eux n’en soit pas capable. N’est-il pas logique de supposer que les trois cents soldats du Seigneur Mikoshiba ont acquis ce pouvoir ? Bien sûr, il pourrait s’agir d’un bluff, destiné à nous faire croire qu’ils sont tous aussi doués. », déclara Julianus I, les lèvres retroussées par intérêt.

Le roi regardait le match se dérouler non pas avec les yeux d’un gentil vieillard, mais avec les yeux aiguisés d’un aigle ayant détecté sa proie.

« C’est absurde… Cela ne peut pas arriver… »

Orson Greed n’arrivait pas à croire ce qu’il voyait.

C’était un brave soldat qui avait combattu sur le champ de bataille depuis sa jeunesse, mais maintenant ce murmure s’échappait de ses lèvres. Il avait remarqué qu’à un moment donné, son poing serré dégoulinait de sueur. Xarooda était loué comme une puissance militaire qui avait tenu en échec l’Empire d’O’ltormea pendant de nombreuses années, et la Garde Royale était composée de la fine fleur de ses soldats. Les soldats élus pour le match étaient également les membres les plus certifiés de la Garde Royale.

Bien sûr, Orson n’avait pas envoyé ses hommes les plus qualifiés parce qu’il pensait que les forces de renfort étaient inférieures, mais c’était tous des soldats très talentueux et extrêmement expérimentés. Il était persuadé qu’ils feraient plus que jeu égal avec n’importe quelle armée capable de tenir son rang sur le continent occidental.

Mais ces puissants soldats dont il était si fier étaient mis à genoux par l’assaut de ces jeunes bêtes adolescentes.

« Ce n’est pas possible… Comment des enfants ordinaires ont-ils pu acquérir la thaumaturgie à un tel âge… ? », s’exclama l’une des personnes qui observaient le combat, ce à quoi les personnes qui l’entouraient acquiescèrent.

Cette surprise était à prévoir. N’importe qui pouvait acquérir la thaumaturgie avec un entraînement suffisant, mais les roturiers avaient rarement la chance de l’apprendre. Il y avait deux méthodes pour obtenir la thaumaturgie. La première consistait à voler la vie de nombreuses autres créatures vivantes jusqu’à ce que le prana de son corps atteigne naturellement ses chakras, ou à recevoir l’enseignement d’un professeur qui avait déjà acquis la thaumaturgie.

Un tel professeur n’était cependant pas facile à trouver. La principale raison était le coût de l’apprentissage de la thaumaturgie. Dans son ensemble, la thaumaturgie était une arme puissante, un bouclier et un art de la guérison qui était, à toutes fins utiles, un symbole de statut social. Toutes les personnes ayant appris la thaumaturgie n’étaient pas des nobles, bien sûr, mais tous les nobles devaient avoir appris à l’utiliser.

Au cœur de cette pensée se trouvait l’influence de la croyance élitiste selon laquelle ceux qui avaient obtenu la thaumaturgie étaient choisis par les dieux. Une technique aussi précieuse ne pouvait donc être enseignée facilement. Et si l’on mettait de côté la question de l’implication des dieux dans cette affaire, il était réaliste de penser que ceux qui avaient acquis la thaumaturgie n’avaient pas besoin de vivre sans emploi. Les roturiers pouvaient travailler pour la maison royale en tant que chevaliers, et si leurs services à la guerre étaient suffisamment distingués, ils pouvaient même accéder à la noblesse.

Même s’ils ne choisissaient pas de devenir des chevaliers au service de la couronne, ils pouvaient devenir des aventuriers ou des mercenaires, gagnant suffisamment pour mener une vie aisée. La thaumaturgie était une technique qui permettait de gagner de l’argent facilement, et qui pouvait changer complètement la vie d’un homme. Et quelque chose d’aussi précieux ne pouvait pas être acquis aussi facilement.

Si un roturier cherchait un professeur de thaumaturgie, il aurait du mal à en trouver un, à moins d’avoir un lien de parenté avec lui. Et même s’il en trouvait un, tout professeur exigerait une grosse somme d’argent pour ses services. Dans certains cas, les professeurs s’intéressaient à un étudiant en raison de son potentiel, mais il s’agissait d’exceptions heureuses et rares.

Ainsi, la plupart des roturiers qui acquéraient la thaumaturgie ne le faisaient inévitablement que par la première méthode, ils devenaient des aventuriers ou des mercenaires, et acquéraient suffisamment de prana en combattant pour forcer naturellement leurs chakras à fonctionner.

Mais contrairement à tous les autres spectateurs, qui étaient choqués à l’idée même que les enfants utilisent la thaumaturgie, Greed avait remarqué avec justesse quelque chose que Kevin et les autres enfants avaient en commun et que les autres ne pouvaient pas déceler.

Comment cela peut-il être… ? Ils utilisent parfaitement la thaumaturgie à un tel âge… Mais la façon dont ils sont organisés… Cela demande beaucoup d’entraînement et d’expérience en combat réel…

La thaumaturgie était une technique puissante, et la manier pouvait donc être difficile. Les chevaliers avaient tendance à surestimer la force que leur procurait la thaumaturgie martiale et à défier leurs ennemis seuls. Le spectacle d’un chevalier solitaire battu par plusieurs soldats n’était en fait pas si inhabituel.

La quantité de prana que le corps humain pouvait contenir diffère d’une personne à l’autre, mais personne ne pouvait en posséder des quantités infinies. De la même manière qu’une voiture consommait de l’essence pour se déplacer, la thaumaturgie consommait du prana pour conférer des pouvoirs surhumains à ses utilisateurs, et si quelqu’un venait à manquer de prana, il serait incapable d’utiliser ces pouvoirs.

Et sans la thaumaturgie, un chevalier n’était que légèrement plus fort qu’un roturier. Ainsi, même les chevaliers — qui étaient considérés comme des armées d’un seul homme — ne pouvaient espérer gagner et revenir vivants en fonçant seuls dans les lignes ennemies.

Et pourtant, il y avait toujours des gens parmi les chevaliers qui chargeaient imprudemment, et la raison en était que la thaumaturgie était tout simplement une technique puissante. Elle avait une façon de séduire ceux qui l’utilisaient.

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2 commentaires :

  1. merci pour le chapitre

  2. Merci pour le chapitre.

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