Wortenia Senki – Tome 7 – Chapitre 5 – Partie 3

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Chapitre 5 : Démonstration de puissance

Partie 3

Julianus Ier sourit, il caressa sa barbe tout en parlant.

« Hmm, je comprends vos réticences, comte Schwartzheim… Cependant, je n’ai pas l’intention de demander au Seigneur Mikoshiba de partir. »

Ses paroles inébranlables avaient résonné dans la salle d’audience, faisant à nouveau murmurer toutes les personnes présentes.

« Pourquoi ?! Pourquoi pas ?! »

Le comte Schwartzheim s’était approché du trône, le visage rouge de colère.

« Arrêtez, comte Schwartzheim ! Vous êtes à la limite de l’irrévérence ! »

La carrure massive de Grahalt repoussa le comte.

« Bon sang ! Lâchez-moi ! »

Le comte Schwartzheim se débattait pour se dégager de l’emprise de Grahalt, le visage rougi par l’émotion.

« Votre Majesté, pourquoi ?! »

« Henschel, tout va bien. Lâchez-le », dit calmement Julianus Ier.

Le ton de la voix du roi fit comprendre au comte Schwartzheim la signification de ce qu’il venait de faire. Se jeter sur le trône avec colère pouvait facilement être pris pour une trahison.

« M-Mes excuses, Votre Majesté… Je… »

Le comte Schwartzheim était tombé à genoux, comme s’il se contractait, mais Julianus Ier lui fit signe de se relever.

« Tout va bien. Comme je l’ai dit, vos doutes sont clairs pour moi… », dit-il.

Puis il déplaça ses yeux calmes et amusés vers Ryoma, qui se tenait sur le côté.

« Qu’en dites-vous ? Je crois que toutes les personnes présentes partagent les doutes du Comte Schwartzheim. Aussi gênant que cela puisse vous paraître, voudriez-vous démontrer votre force, et celle de vos soldats ? »

Ayant gardé la bouche fermée en observant tout ce qui s’était déroulé jusqu’à présent, Ryoma entrouvrit les lèvres pour parler.

« Vous me demandez de combattre quelqu’un ? », demanda-t-il.

Les lèvres de Julianus I se retroussèrent en un sourire légèrement vicieux et provocateur.

Oh, je vois… C’est un peu agaçant d’avoir été mené par le bout du nez, mais peu importe. J’aurais eu besoin de faire ça tôt ou tard. Je devrais probablement me réjouir que les choses aillent plus vite…

Il n’avait pas fait tout ce chemin juste pour renforcer la défense de Xarooda. Maintenant qu’il avait obtenu le contrôle de la péninsule de Wortenia, il avait besoin de renommée pour faire ses prochains pas. Et gagner cette renommée était, à toutes fins utiles, son objectif principal ici.

Obtenir cette réputation nécessiterait un sacrifice. Plus le sang coulera, plus le nom de Ryoma Mikoshiba résonnera dans tout le continent occidental.

« En effet. Les doutes du comte Schwartzheim sont-ils fondés ? »

« Pas du tout. Les soldats de mon armée vont prouver leur force devant vous tous. »

« Alors c’est décidé. Nous pouvons organiser le défi dès ce soir. »

Au son de ces mots, l’expression de Ryoma s’était déformée. C’était le sourire d’un carnivore qui se léchait les babines à la vue d’une proie. Mais avec son visage baissé devant le trône, personne dans la salle d’audience ne pouvait voir le rictus vicieux qui envahissait les traits de Ryoma…

Les terrains de manœuvre étaient éclairés par des feux de joie alors qu’un grand nombre de nobles et de membres de la royauté se rassemblaient dans cette zone, habituellement peuplée uniquement de soldats.

« Ils ont tous du temps à perdre, hein ? » se moqua Ryoma tout en jetant un coup d’œil aux curieux rassemblés autour pour observer.

« Tu ne peux pas leur en vouloir. Tu ne trouveras pas un tel spectacle en plein milieu d’une guerre. Et il n’y a pas qu’eux. Je suis moi aussi curieuse de voir comment ça se passe. », le réprimanda Helena qui se tenait à ses côtés.

Ils ne s’étaient pas beaucoup rencontrés depuis la fin de la guerre civile rhoadserienne, mais il n’y avait pas le moindre soupçon d’aliénation ou de gêne entre eux. Pour quiconque les regardait de côté, ils étaient l’image même d’une gentille grand-mère et de son petit-fils.

« Je te jure, Dame Helena, tu donnes l’impression que cela n’a rien à voir avec toi… »

Ryoma haussa les épaules avec un sourire sardonique.

Helena avait simplement souri paisiblement.

« Mais bien sûr. C’est une chance de voir ta force, et la puissance de tes soldats. À cet égard, ce n’est pas mon problème. », dit-elle.

« C’est bien, mais Xarooda a l’air plutôt sérieux à ce sujet… », dit Ryoma, en tournant son regard vers le groupe situé à l’opposé du champ de manœuvre.

Un combat en présence du roi était sur le point d’avoir lieu, entre la Garde du Monarque Xarooda et les soldats du Baron Mikoshiba. Normalement, les deux camps avaient limité les armes qu’ils étaient autorisés à utiliser, afin d’éviter que toute mauvaise volonté ne vienne perturber le match.

Cette fois, cependant, leur adversaire avait insisté pour que le match soit plus proche d’une véritable bataille, et donc aucune limitation n’avait été imposée sur les armes. Ils étaient vêtus d’armures de plaques et armés de lances dégainées. L’éclat terne de leurs lames montrait clairement que la bataille qui les attendait n’était pas un match d’entraînement.

« Te connaissant, je crois que tu as une chance de gagner, mais ne sois pas imprudent. Xarooda est connu pour avoir une lance et un bouclier pour repousser ses ennemis, et ils sont sans aucun doute cette lance… Et ils ont parfaitement l’intention de te tuer, toi et tes soldats, corrects ? »

À un moment donné, le sourire avait disparu des lèvres d’Helena. À sa place se trouvait une volonté d’acier. L’expression qu’elle arborait donnait l’impression que c’était elle qui était sur le point de se lancer sur le champ de bataille.

« Tu n’as pas à t’inquiéter autant. Tu crois que j’accepterais un combat dans lequel je ne suis pas sûr de gagner ? », dit Ryoma en lui adressant un regard taquin.

Helena soupira et secoua la tête.

« Ce n’est pas une blague. Je te connais, bien sûr, et je sais que tu as vaincu à toi seul Kael Iruna, l’un des plus grands épéistes de Rhoadseria. Tu es sûrement capable, mais je ne sais pas ce que valent ces enfants. Ce n’est pas trop tard, Ryoma. Je sais que tu as des mercenaires entraînés parmi tes soldats. Qu’ils prennent leur place… Et si tu ne peux pas te retirer, laisse-moi m’en occuper. Je trouverai une solution. »

Ryoma sourit simplement et garda le silence à sa suggestion. Helena n’était que le général des renforts, et même elle ne pourrait pas étouffer cette situation maintenant qu’elle était allée si loin. Même avec son lien avec Julianus I, elle n’exerçait pas une grande influence sur les nobles et les chevaliers de Xarooda. Au pire, elle pourrait même enfoncer davantage la position déjà difficile de Rhoadseria.

Mais même en sachant cela, Helena ne pouvait pas simplement rester sans rien dire, sans confirmer cela avec Ryoma. Ses yeux se tournèrent vers le groupe qui se tenait derrière eux. Et tout ce qu’elle pouvait voir était de jeunes soldats. On ne pouvait même pas dire qu’ils étaient inexpérimentés, ils étaient simplement jeunes. Et il n’y avait pas que des garçons, mais aussi des filles.

Bien sûr, la façon dont ils tenaient et entretenaient leurs armes correspondait à celle d’un mercenaire expérimenté, mais quand il s’agissait d’une véritable confrontation de lames, les choses pouvaient s’avérer très différentes.

Sur de nombreux champs de bataille, Helena avait vu les corps de jeunes enfants. Des soldats roturiers enrôlés, des jeunes fils de familles de chevaliers distingués. La faucheuse descendait pour saluer tout le monde de la même manière sur le champ de bataille — quel que soit leur statut social ou leur âge. C’était une réalité inéluctable.

Et donc, Helena ne souhaitait pas du tout voir les corps des enfants éparpillés sur le champ de bataille.

En fin de compte, ce n’est qu’au nom de mon autosatisfaction… Une pensée coupable traversa l’esprit d’Helena.

Et cette pensée ne pouvait être sans rapport avec le fait qu’elle avait perdu sa propre fille dans une lutte de pouvoir.

« Nous allons maintenant commencer le match », s’exclama le vieux noble qui servait d’arbitre, sa voix faisant taire tous les chuchotements.

« Baron Ryoma Mikoshiba du Royaume de Rhoadseria, et Capitaine de la Garde du Monarque Xaroodian, Seigneur Orson Greed. Tous les deux, approchez du centre du terrain. »

« Oh, ils m’appellent… Je reviens vite », dit Ryoma avec un sourire en coin.

Le match était un combat de groupe de cinq contre cinq. Le Comte Schwartzheim voulait voir leurs capacités en combat de groupe plutôt que leurs prouesses martiales personnelles. Il semblerait que le Comte n’aimait pas beaucoup Ryoma. Et comme Grahalt n’avait pas rapporté la vérité sur les troupes de Ryoma à Julianus I, il avait insisté pour que Ryoma affronte la garde du monarque et non la garde royale. De son point de vue, Grahalt et sa garde royale risquaient de gâcher le match intentionnellement.

« Ça ira. Oh, pourquoi ne pas faire un pari sur qui va gagner ? Tu pourrais faire une fortune. En fait, j’ai déjà placé mes paris… Oh, mais garde le secret », chuchota Ryoma à Helena

Il fit ensuite un signe de la main aux soldats afin qu’ils s’avancent.

Des paris… ? Ma parole, ce garçon…

Apparemment, Ryoma jouait dans les coulisses avec les nobles de Xarooda. Cela semblait assez audacieux étant donné que la survie du royaume était en jeu, mais les gens stupides n’étaient jamais en manque, où que l’on aille. Cela dit, même Helena devait admettre que c’était peut-être inévitable, les gens ne pouvaient pas tenir longtemps sans un exutoire pour le stress constant.

Il n’est pas du genre à changer d’avis sur mes mots… Mais quand même, d’où vient cette confiance ?

Helena ne pouvait s’empêcher de se poser cette question en voyant le sourire confiant de Ryoma. Pourquoi était-il si sûr de gagner ce match ? Un spectateur qui pariait pourrait sembler irrespectueux, mais Helena ne pouvait pas vraiment leur reprocher de le faire. Mais Ryoma pariant sur lui-même apparaissait comme extrêmement effronté.

A-t-il une raison de croire qu’il gagnerait… ?

Ryoma était doté d’un intellect et d’une ingéniosité aussi tranchants qu’une lame de glace. C’était un tranchant qu’Helena ne connaissait que trop bien, car c’était grâce à lui qu’elle avait obtenu la vengeance qu’elle cherchait depuis tant d’années…

Deux émotions contradictoires s’affrontaient dans le cœur d’Helena. Son cœur de guerrière aspirait à voir les compétences des soldats que Ryoma avait élevés. Mais son côté maternel lui faisait mal à l’idée de voir des enfants mourir. Les deux choses qu’elle avait dites à Ryoma plus tôt étaient ses sentiments sincères.

Je crois en toi, Ryoma… pensa Helena en regardant le dos de Ryoma avec à la fois de l’attente et du chagrin.

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2 commentaires :

  1. merci pour le chapitre

  2. Merci pour le chapitre.

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