Wortenia Senki – Tome 7 – Chapitre 5 – Partie 1

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Chapitre 5 : Démonstration de puissance

Partie 1

Un air tendu avait envahi la salle d’audience. Des soldats se tenaient sur les deux côtés du tapis rouge qui s’étendait de l’entrée au trône, immobiles. Derrière eux se tenaient des deux côtés des fonctionnaires civils et des officiers militaires. Beaucoup d’entre eux étaient également des nobles avec des titres.

Les fonctionnaires étaient vêtus de somptueux vêtements de soie, recouverts de fils d’argent et d’or dans lesquels étaient incrustées des pierres précieuses, comme pour symboliser leur autorité. La seule raison pour laquelle cette tenue n’était pas trop voyante était peut-être le sang noble qui coulait dans leurs veines… Malgré le sort de leur pays qui ne tenait qu’à un fil, ils s’efforçaient de conserver leur dignité, aussi vide soit-elle.

C’était tout aussi vrai pour les officiers que pour les chevaliers. Ils étaient bien sûr en armure et portaient leurs épées au fourreau. Mais leurs armures avaient des motifs élaborés, réalisés par des maîtres artisans. Les épées qu’ils portaient ne ressemblaient pas à des armes destinées à être utilisées sur le champ de bataille, mais plutôt à des œuvres d’art à admirer.

Je suppose qu’une apparence trop miteuse ne ferait que baisser le moral des troupes… Je suppose que c’est le genre de personnes avec qui je vais devoir composer…

Tout en reconnaissant dans une certaine mesure leur choix de décoration, Ryoma avait poussé un soupir intérieur. D’après son expérience, depuis qu’il avait été appelé dans ce monde, les nobles qui s’habillaient de vêtements coûteux pour prouver leur position étaient les personnes les plus dangereuses et les plus inutiles de toutes — indépendamment de leurs compétences ou de leur incompétence.

« S’il vous plaît, approchez. »

Un chambellan se tenant à côté de lui chuchota à son oreille, incitant Ryoma à s’avancer vers le trône.

Eh bien, regardez-moi ça…

La salle d’audience était remplie de chevaliers et de nobles, et ils arboraient tous des expressions variées. Excitation, attente, déception, exaspération, moquerie. C’était les cinq principales émotions qui semblaient remplir cette grande salle d’audience. L’excitation et l’attente représentaient environ 30 % de ces émotions, tandis que la déception, l’exaspération et la moquerie constituaient les 70 % restants.

Je suppose qu’ils attendaient des renforts et tout ce qu’ils voient est un gamin sans nom comme moi à la place. Il est donc logique qu’ils soient pessimistes. Une pensée masochiste traversa l’esprit de Ryoma.

Mais malgré cela, il observa calmement son environnement, prenant toutes sortes d’informations.

Ils sont… plus nombreux que je ne le pensais. Je suppose que c’est l’écart d’expérience entre Lupis, qui vient juste de monter sur le trône, et un souverain qui l’a conservé pendant trente ans.

C’était un palais où de nombreux complots et intentions se croisaient et agissaient les uns contre les autres, mais le fait que des gens soient là signifiait que Julianus Ier avait encore de l’influence. S’il était un monarque inexpérimenté comme Lupis, les nobles, avec leur penchant pour l’autopréservation auraient depuis longtemps fui le palais, tout comme l’avaient fait les aristocrates qui ne s’étaient pas rassemblés sous Lupis lorsque la guerre civile avait éclaté.

Contrairement aux chevaliers, qui n’avaient généralement pas de territoires et travaillaient simplement pour des employeurs, les nobles avaient leurs propres terres. Certains étaient plus ou moins fortunés que d’autres, mais ils avaient tous une influence indépendante, ce qui en faisait un groupe puissant.

En tant que tels, même s’ils permettaient un régime autoritaire centralisé sous la direction du roi en temps de paix, si la capacité du roi à gouverner était mise en doute, les nobles se tourneraient immédiatement vers l’autopréservation. Et à cet égard, puisque cela ne s’était pas produit ici, c’était la preuve que Xarooda avait encore de l’espoir en tant que royaume.

Bien sûr, il pouvait y avoir des traîtres qui se cachaient, et la plupart des gens adoptaient une approche attentiste. Mais le fait que les gens étaient prêts à attendre montrait qu’ils croyaient encore que Xarooda avait une chance de sortir victorieux. Même si cette chance n’était que de quelques pourcents, cette possibilité liait le cœur des nobles, leur interdisant de quitter le palais.

S’ils avaient senti que la défaite était imminente, les nobles auraient plongé pour se maintenir à flot, sans se soucier de ce que les autres pouvaient penser d’eux. Et c’était à ce moment-là que le royaume prendrait vraiment fin.

Ce doit vraiment être leur dernière chance… Celui qui a réalisé cela a bien lu la situation. Était-ce Lupis ou Meltina ? Non… C’était peut-être le comte Bergstone… Quoi qu’il en soit, c’est assez ironique.

La pression de Myest avait sûrement contribué, mais au final, ce furent les dirigeants de Rhoadseria qui avaient décidé d’envoyer des renforts à Xarooda malgré les risques. Et alors qu’ils ne voyaient pas les problèmes qui affligeaient leur propre pays, ils avaient su tirer parti de la situation de leur voisin.

Ryoma étouffa le sourire qui tentait de se glisser sur ses lèvres. Et ce fut alors qu’il le sentit. Des regards froids se posèrent sur lui alors qu’il s’approcha du trône.

Ce n’est pas du mépris ou une évaluation… C’est plus proche de la colère et de la soif de sang.

Ryoma tourna ses yeux vers la source de ces regards.

Ça doit être eux… On dirait qu’ils ne m’aiment pas trop.

Il fixa son regard sur ceux qui le dévisageaient, debout près du trône. Il s’agissait de personnes qu’il n’avait jamais rencontrées auparavant, et pourtant, les regards sombres qu’ils lui lançaient ne pouvaient se résumer à de la moquerie ou du mépris. Ils étaient remplis d’une claire inimitié. Leurs tenues étaient plus somptueuses que celles de leur entourage, ce qui impliquait qu’ils étaient d’un rang assez élevé. Et étant donné leur position dans la pièce, ils possédaient probablement un certain pouvoir et une certaine autorité…

La vérité était que le statut social d’une personne n’était pas toujours égal à son pouvoir effectif et à son influence. Certains ducs détenaient des titres qui n’étaient que nominaux et n’offraient aucune influence réelle, tandis qu’il y avait des barons qui avaient la confiance du roi et étaient nommés à des postes importants.

Mais le groupe qui observait Ryoma avec inimitié avait à la fois des positions et du pouvoir.

Tch… Ça va être ennuyeux. Pourquoi rien ne peut-il se passer comme prévu pour une fois… ?!

Cela s’était produit pendant la guerre civile rhodanienne et cela semble devoir se reproduire aujourd’hui, mais d’une manière ou d’une autre, il semblerait que Ryoma soit destiné à avoir toujours les nobles les plus influents et les plus puissants qui s’opposaient à lui.

Le gorille n’est pas là, par contre… je crois qu’il s’appelle Grahalt… ?

Retenant l’envie de soupirer devant son manque de chance, Ryoma chercha Grahalt. Sa position était ce qui l’intéressait le plus pour le moment, et tout sera plus clair en voyant sa position dans cette salle d’audience. Mais Ryoma ne pouvait pas repérer son visage parmi les chevaliers. Il tourna alors son regard vers le trône vide, trouvant Grahalt debout à la gauche du trône. Bien qu’il se tienne près du roi, il était toujours vêtu d’une armure et portait une épée, comme le reste des chevaliers.

Eh bien, wôw… Je suppose que le roi doit vraiment avoir confiance en lui.

Grahalt se tenait debout, comme pour montrer son grand physique, tel un bouclier gardant le trône.

Puisqu’il est si proche du roi… Son attitude de tout à l’heure a dû être suggérée par quelqu’un. Je ne peux pas exclure la possibilité qu’il ait eu l’idée tout seul, mais je suppose que le premier suspect serait Helena…

Ceux qui se tenaient le plus près du trône étaient ceux qui avaient plus d’influence et un statut plus élevé, mais se tenir à côté du trône était différent. Le rang et l’influence ne suffisaient pas pour cela — il fallait avoir la confiance du roi. La garde royale — les protecteurs du roi — était à la fois l’épée et le bouclier du monarque. Le fait que le roi laisse quelqu’un se tenir à ses côtés était la preuve de la grande confiance qu’il avait envers cette personne.

En comparaison, c’était comme si Lupis faisait confiance à Meltina et Mikhail. Et une telle personne avait été envoyée à la périphérie de la capitale pour accueillir Ryoma. Il y avait peu de chance que Julianus I connaisse quelqu’un comme Ryoma, même à un niveau pratique. S’il possédait un réseau d’information lui permettant de connaître Ryoma de près, Xarooda n’aurait jamais été placé dans une telle position d’infériorité.

Quelqu’un a dû conseiller le roi — dans un but précis, bien sûr.

Mais même si c’était l’idée d’Helena, cela n’aurait servi à rien s’il n’avait pas eu la tolérance de l’accepter… Julianus I… je ne devrais pas le sous-estimer.

Ryoma s’agenouilla devant le trône vide et attendit nerveusement l’arrivée du soi-disant roi médiocre…

« Vous avez bien fait de venir ici de loin. »

Une voix sereine finit par parler au-dessus de la tête de Ryoma, en provenance de la direction du trône.

« Oui, votre Majesté ! »

« Allons donc ! Pas besoin de faire de cérémonie. Montrez-moi le visage du jeune héros de Rhoadseria. Vous n’êtes pas de la noblesse de Xarooda, vous pouvez donc être à l’aise. »

Ryoma leva la tête, fixant son regard sur un vieil homme à la barbe blanche et touffue. Il portait un manteau de soie rouge, et sur sa tête reposait une couronne garnie de diamants étincelants. Des rides profondes étaient gravées sur son visage serein, et il regardait Ryoma avec des yeux bleus.

Il n’était pas du tout un homme bien bâti. C’était difficile à dire puisqu’il était assis sur le trône, mais il semblait être de taille moyenne. Mais l’atmosphère qu’il dégageait était, sans aucun doute, celle d’un monarque.

« Je vous salue après votre long voyage. Je suis le roi du royaume de Xarooda, Johann Julianus I. »

Il avait le sang d’une longue lignée royale ininterrompue, et l’acquis certain d’avoir conservé son règne pendant des décennies. Les deux s’étaient mélangés, créant une sorte de pression étrange qui s’était abattue sur Ryoma.

Bon sang… Et ils qualifient Julianus Ier de roi médiocre, je suppose qu’il ne faut vraiment pas se fier aux rumeurs…

Il était vrai que son règne n’avait pas été marqué par de nombreux accomplissements, et que l’homme lui-même ne semblait pas exceller ou être excessivement mauvais en quoi que ce soit. Mais le fait était qu’il avait été capable de conserver les terres dont il avait hérité dans un monde en guerre constante, et c’était peut-être la seule preuve dont Ryoma avait besoin pour savoir qu’il n’était pas un homme médiocre ou moyen.

« Hmm, Dame Helena m’a parlé de vous, mais… oui, je vois », dit Julianus I avec un léger sourire sur les lèvres.

C’était donc bien l’idée d’Helena…

Les paroles du roi avaient confirmé les soupçons de Ryoma. Il y avait un lien profond entre Helena et le roi de Xarooda.

« En ce moment, mon pays est assiégé par l’Empire d’O’ltormea, et a été poussé au point de non-recours », dit Julianus I.

Ryoma acquiesça sans mot dire.

« Cependant, maintenant que nous avons des renforts de Rhoadseria et de Myest, nous avons peut-être une chance de reprendre nos terres. Qu’en dites-vous ? Avons-nous une chance ? », demanda le roi avec curiosité.

« Si je peux me permettre, Votre Majesté, je vous demande de me laisser du temps avant de répondre à cette question. », dit Ryoma en secouant la tête.

La réponse de Ryoma avait provoqué l’agitation de toutes les personnes présentes qui avaient commencé à chuchoter entre elles. Maintenant que Rhoadseria et Myest avaient envoyé leurs renforts, c’était le moment de tout risquer et de passer à l’offensive. C’était ce que la plupart des personnes présentes dans cette salle d’audience attendaient avec impatience.

Mais Ryoma leur avait déconseillé de se jeter inconsidérément dans la bataille. Il était arrivé dans ce pays pour gagner la guerre contre O’ltormea, et apaiser l’anxiété du peuple ou lui remonter le moral était secondaire pour lui.

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Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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