Wortenia Senki – Tome 4 – Chapitre 4 – Partie 5

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Chapitre 4 : La vengeance d’Helena

Partie 5

Mais c’était cette simplicité qui la rendait fiable et sans faille. Elle ne nécessitait pas de chant, et comme elle n’affectait que le corps, elle gaspillait beaucoup moins de prana. C’était ce qui en faisait la technique centrale utilisée dans les guerres de ce monde. La capacité à utiliser la magie était le mur qui séparait les dirigeants des dominés.

Trois aspects étaient essentiels au combat. L’esprit, la technique et le corps. Et parmi ces trois aspects, la magie renforçait le corps. Face à une puissance écrasante, la technique et l’esprit ne signifiaient pas grand-chose.

Mais… Ce n’est pas une compétence absolue… Il est toujours humain…

Les yeux de Ryoma étaient déjà fixés sur le point faible de Kael.

Kael… Je te tuerai ici, quoi qu’il arrive… Je vais te montrer à quel point les techniques que grand-père m’a transmises peuvent être puissantes… !

L’atmosphère autour de Ryoma était devenue froide et vive.

« Ryoma… Un katana est comme une partie de ton corps. Tu ne frappes pas avec ton katana, mais tes propres membres et ton habileté… Et tu ne dois jamais hésiter quand tu dégaines ta lame. Les doutes obscurciront ton jugement et ta concentration, et ils se transmettront à ta lame. Concentre-toi sur une seule chose, ton prochain coup d’épée ! Et crois… dans ton entraînement, tes compétences… dans la lame que tu manies ! »

Les mots de son grand-père refirent surface dans l’esprit de Ryoma.

Concentre-toi seulement sur ton prochain coup… Et il n’y a qu’un seul point que je dois viser !

Ryoma éleva la voix et poussa un autre cri de guerre. Il tenait son épée droite dans ce qu’on appelait les hasso gamae, et il réduisit la distance entre eux d’un seul souffle. (NdT : c’est l’une des 5 gardes du kendo)

Viens ! Je vais bloquer ton coup avec mon bouclier et te trancher !

Kael s’était préparé pour le coup. Mais soudainement, le sprint de Ryoma s’était transformé en un saut en l’air.

Quoi ? Il a sauté ? ! Tu as paniqué, imbécile !

En une fraction de seconde, Kael leva sa main gauche au-dessus de sa tête. Ryoma plia son corps au milieu du saut, en tenant sa lame parallèle à son dos. Et en concentrant sa conscience sur chaque fibre de son corps, il les avait toutes unies sous une même volonté, faisant preuve d’une force surhumaine dans le processus.

« Manges çaaaaaaaaa ! »

Il concentra toute la force emmagasinée dans son corps, qui était plié comme un arc, sur un seul endroit. Tout cela pourrait basculer sur Kael, avec tout le poids de Ryoma pour le soutenir.

Le bruit de quelque chose qui craqua se fit entendre. Et puis, Ryoma ressenti une sensation de résistance comme s’il coupait dans quelque chose rempli de liquide.

« Quoi… ? »

Le visage de Kael était déformé par le choc quand il regarda sa main gauche. La première chose qu’il vit, c’était son bouclier, coupé en deux en plein milieu. Puis il vit le katana enfoncé dans son bras gauche. Il pouvait sentir son bras se réchauffer progressivement, et quelque chose de mouillé sur sa peau. Un liquide chaud et visqueux coulait le long de son armure, vers son coude, et tombait sur le sol en gouttelettes.

Une sombre flaque noire commença à se former sur le sol.

« Merde ! »

Kael sortit de ses froides réflexions et fit pivoter son épée dans la direction de Ryoma. Mais ce n’était rien de plus qu’une lutte désespérée. Sa posture était mauvaise et son swing n’avait aucune force derrière lui. Ryoma l’évita facilement.

Mon bras gauche… Pas bon… Il ne bouge pas ! Il est tout engourdi… Ce n’est pas vrai ! Quel genre de monstre est-ce ? ! Il a coupé mon bras, avec mon bouclier ? ! Mon bras en armure ? ! Cet homme… Qu’est-ce qu’il… ?!

Pour Ryoma, les chevaliers capables d’utiliser la magie, une puissance complètement étrangère au monde dont il est issu, étaient de véritables monstres. Mais l’un de ces monstres considérait maintenant Ryoma comme étant une menace contre nature. C’était presque comique, vraiment, de voir les deux se considérer comme aussi horrible l’un que l’autre.

« Avec un aussi grand saignement… J’ai coupé l’os et j’ai sectionné ton artère. C’est fini », déclara Ryoma sans pitié alors que Kael le dévisageait dangereusement.

Le fait même qu’il parlait seul était la preuve que le duel était terminé.

« Tais-toi, la bataille n’est pas encore terminée ! Je peux encore me battre ! »

Kael brandit son épée.

Il était vrai que Kael aurait pu continuer à se battre. Il était encore en vie, et son bras droit était indemne. Mais le duel avait déjà été décidé.

« C’est inutile… Tu ne pourras pas bloquer mon attaque avec un bouclier, alors comment comptes-tu la bloquer avec une simple épée ? Et regarde comment tu saignes. Tu auras une hémorragie si tu n’es pas soigné immédiatement. Et il n’y a personne pour soigner ta blessure… Tu as perdu. »

L’expression de Kael s’était déformée. Ryoma avait dit que le duel était déjà terminé. Le bras gauche de Kael était coupé jusqu’à l’os et ne bougeait pas. Tenir son bouclier et porter son armure l’avait empêché d’être coupé proprement, mais cela n’avait pas changé le fait que son bras gauche était maintenant effectivement mort. Ou du moins, il était mort, à moins qu’il ne reçoive un traitement immédiat ainsi que du temps pour se reposer.

Et le sang qui s’écoulait de son artère sectionnée le privait impitoyablement de ses forces. Si rien n’était fait pour arrêter l’hémorragie rapidement, il se viderait sûrement de son sang en quelques minutes. Mais il se tenait au milieu du champ de bataille, face à face avec l’ennemi et sans un seul allié vivant en vue. Il ne pouvait rien faire pour arrêter l’hémorragie.

« C’est donc ici que je mourrais… », chuchota Kael.

« Oui… C’est fini. »

Ryoma fit un signe de tête.

« Je ne pensais pas que je mourrais ici… Il semblerait que la chance m’ait vraiment tourné le dos. »

L’expression de Kael était remplie d’une certaine compréhension résignée, typique d’un guerrier qui réalisait que sa mort approchait.

« C’est bien toi Ryoma Mikoshiba ? »

« Oui… »

« Je vois… Donc tu n’es pas seulement un sage tacticien, tu es aussi un plus grand guerrier que moi… Tu es vraiment un monstre. »

Kael traita Ryoma de monstre, mais ce mot n’était pas méprisant. Bien au contraire, son expression montrait que c’était plutôt un éloge.

« Je suis fier du fait qu’il n’y a pas de chevalier plus grand que moi… Tant dans le maniement de l’épée que dans l’esprit ! Que je pouvais voir plus loin que n’importe quel chevalier dans n’importe quel pays… ! Mais je n’étais pas de taille face à toi dans chacun de ces domaines… En tant que commandant et en tant qu’épéiste… Pourquoi ai-je perdu… ? Était-ce parce que tu avais plus de talent que moi… ? »

« Non… Je ne suis pas meilleur que toi… Je ne pense pas être inférieur à toi, mais je ne suis pas non plus supérieur à toi. »

Ryoma répondit sérieusement à la question de Kael.

C’était la dignité qu’il montrerait à un homme qui avait un pied dans la tombe. Et en vérité, à cause des compétences inhabituelles de Kael Iruna, tout avait mal tourné pour Ryoma. En tant que guerrier et tacticien, les talents de Kael étaient bien au-dessus de la moyenne.

« Alors pourquoi ai-je perdu ? »

« Tu as perdu à cause de ton propre cœur. Tu as tellement cru en ta force que tu t’es noyé dans la vanité… »

Les yeux de Kael s’élargirent aux mots de Ryoma. En vérité, il y avait deux facteurs qui avaient contribué à la victoire de Ryoma. Le premier était le suivant : les stratégies de Kael reposaient toutes sur la force brute, ce qui émoussa son jeu d’épée.

Ses frappes étaient certainement rapides et tranchantes. Son habileté était également bien plus raffinée que celle d’un chevalier ordinaire. Mais bien qu’il ait appris l’escrime dans une école légitime, sa dépendance à la magie martiale faisait qu’il s’appuyait trop sur la force brute. Le regard de Ryoma, aiguisé par des années d’entraînement avec son grand-père, pouvait discerner à quel point sa portée et sa respiration étaient grossières.

Le second facteur était le suivant : Kael avait recouvert son corps d’une armure complète, comme il l’avait fait sur le champ de bataille. Une armure pesait en moyenne entre trente et quarante kilos. Les chevaliers portaient cette armure ainsi qu’un casque, un bouclier et une épée. Le poids total s’élevait à près de cinquante kilos.

Cela limitait la mobilité des articulations, bien qu’on pouvait se déplacer comme si l’armure était légère en utilisant la magie pour supporter le poids. En soi, c’était extrêmement impressionnant. On pourrait comparer cela à un véhicule ayant le blindage d’un char d’assaut, ainsi que la vitesse et le moteur d’une Ferrari. On pouvait facilement comprendre pourquoi la magie martiale était devenue le symbole de la classe dirigeante dans ce monde.

Mais aussi impressionnante soit-elle, elle sacrifiait quand même la mobilité. En utilisant l’analogie de la voiture, Kael se déplaçait aussi vite qu’un véhicule de tourisme roulant à vitesse maximale. En effet, compte tenu de son blindage, pouvoir maintenir cette vitesse était déjà étonnant. Cependant, s’il n’avait pas ce blindage, il serait sûrement capable de se déplacer aussi vite qu’une voiture de course.

Dans quelle direction la bataille aurait-elle basculé si c’était le cas ? Personne ne pouvait le dire. Bloquer une frappe délivrée avec une vitesse surhumaine par une simple compétence serait encore difficile. Mais en fin de compte, Kael devait sa défaite à sa trop grande confiance dans la puissance de la magie martiale, et à sa propre capacité à l’utiliser. Cette croyance vaniteuse qui le faisait croire qu’être chevalier le rendait plus fort.

« La vanité… La vanité, tu dis… Héhé. Et dire que c’est exactement ce que Mikhail a dit… Laisse-moi te demander une chose. Pourquoi es-tu du côté de la princesse Lupis ? Est-ce à cause de l’argent ? Du pouvoir ? Ce ne sont que des promesses en l’air… Le mur du statut social est épais dans ce pays. Même si la princesse devait te rembourser, les nobles autour d’elle ne le permettraient jamais ! »

« Je n’ai pas l’intention de demander à la princesse de l’argent ou du pouvoir. »

Ryoma secoua la tête.

« Impossible… Alors pourquoi t’es-tu battu ? Pourquoi t’es-tu mis en travers de notre chemin ?! »

Le ton de Kael est devenu plus rude.

Il devait savoir pourquoi l’ennemi qui l’avait conduit à la porte de la mort avait choisi de se battre.

« C’est vraiment simple… Ton ingérence nous a fait prendre le parti de la princesse Lupis. »

« Mon ingérence… ? » L’expression de Kael montrait des signes de surprise.

« Oui… te souviens-tu de la manière dont tu as piégé Mikhail ? »

Après avoir réfléchi un moment, Kael hocha la tête comme s’il s’en souvenait.

« Tu veux dire quand nous avons fait entrer clandestinement la princesse Radine en Rhoadseria ? »

« C’est ça… Nous avons accepté une demande de la guilde, et avons été attaqués en chemin. Nous avons subi l’attaque au nom de la princesse Radine. »

« Oui, j’ai divulgué l’information sur la fausse princesse à Mikhail et je l’ai fait attaquer. Et pendant qu’il faisait ça, nous avons fait entrer la vraie princesse dans le pays… Ça s’est bien passé, en effet… Et c’est grâce à cela que le Duc Gelhart a accepté ma défection à ses côtés ! »

Les paroles de Kael avaient une teinte de fierté face au succès de son propre stratagème.

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Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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