Wortenia Senki – Tome 4 – Chapitre 4

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Chapitre 4 : La vengeance d’Helena

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Chapitre 4 : La vengeance d’Helena

Partie 1

Cette nuit-là, la lune illuminait le ciel de sa douce lumière. Ils n’avaient fait qu’un petit feu de camp, mais grâce à la lumière de la lune, la visibilité était assez bonne.

« Nous n’avons vraiment pas de chance… »

« Effectivement… Devoir veiller toute la nuit aujourd’hui est vraiment chiant, surtout cette nuit… »

Deux chevaliers s’étaient plaints tout en regardant la forêt sombre. Ils étaient tous deux en armure et tenaient des lances acérées. Ils avaient tous deux le même âge, mais celui de droite était plus grand. Cette nuit-là, le général Albrecht donna à chacun la permission d’enlever son armure et de se reposer.

Mais quelques malheureux gardes, dont ces deux-là, furent chargés de monter la garde ce soir-là, et ne purent dormir sans leur armure. La marche avait certainement mis leur corps à rude épreuve. Bien sûr, étant des soldats professionnels, leur endurance était impressionnante. Mais ce n’étaient que des êtres humains et la tension était importante. Il était naturel qu’ils se plaignent de leur malheur.

« Mais nous traversons la frontière demain. Et une fois que nous l’aurons fait… » chuchota le plus grand des chevaliers.

« Oui… Après être venu jusqu’ici… » accepta l’autre chevalier.

« Mais en laissant Rhoadseria derrière nous, hein… ? »

Le plus grand chevalier soupira.

Il était né dans une famille de chevaliers qui avaient été fidèles au royaume pendant des générations. Ou du moins, cela avait été le cas jusqu’à la génération de son père. Ce chevalier n’avait aucune loyauté envers la famille royale, et c’était pourquoi il avait obéi au général Albrecht, qui l’avait aidé à réaliser ses aspirations et ses désirs. L’argent, les femmes, sa position au sein de l’ordre des chevaliers… Toutes les choses que la loyauté envers la famille royale ne lui accorderait jamais lui avaient été accordées en se rangeant du côté du général.

Mais à présent, les rouages étaient complètement déréglés.

La princesse Lupis, qui n’était rien d’autre que le porte-parole et la marionnette d’Albrecht, s’était libérée de son contrôle. Et maintenant, les nobles du pays abandonnaient le général Albrecht et sa faction. Ils n’avaient nulle part où vivre en Rhoadseria, et seules deux voies s’offraient à eux. Soit ils erraient sur le continent jusqu’à ce qu’ils trouvent un nouveau maître à servir, soit ils s’en tiennent au général Albrecht et attendent son retour.

Aucune des deux options n’est vraiment bonne…

Jusqu’à il y a quelques mois, ils vivaient leur meilleure vie. Mais maintenant, ils avaient été forcés de fuir leur pays, et la dureté de tout cela leur pesait au plus haut point.

« Ne dis pas ça ! »

Le chevalier l’avait grondé.

« Mais… »

Le plus grand chevalier essaya de s’accrocher à ses mots.

« Tais-toi ! Je sais tout ça sans avoir à l’entendre de ta bouche ! »

L’autre chevalier ressentait la même chose, mais entendre quelqu’un d’autre le dire l’ennuyait.

« Bon… Je suis désolé », s’excusa le plus grand chevalier, accablé par la rage de son ami.

« Oublie ça, pour l’instant, nous devons nous concentrer sur la surveillance ! Et demain, nous arriverons enfin à Tarja… »

Ils entendirent soudainement quelque chose se frayer un chemin dans l’air de la forêt, et les mots du chevalier le plus petit furent coupés à mi-chemin.

« Qu’est-ce qui ne va pas ? »

Le chevalier le plus grand regarda son ami avec suspicion.

Pour lui, il semblerait que son partenaire gardait le regard fixé sur la forêt, au garde-à-vous comme il le faisait toujours. Mais quelque chose l’avait frappé, quelque chose était différent.

Quoi ? Qu'est-ce qui ne va pas chez lui-

mais ses pensées se figèrent à jamais sur cette question, à cause d’une autre flèche tirée à travers la forêt…

Sakuya fixa son regard sur les deux chevaliers qui étaient maintenant réduits à l’état de cadavre silencieux, et relâcha la corde de son arc. Elle l’avait gardé amorcé pour tirer une autre flèche au cas où l’une de ses cibles parviendrait encore à respirer.

Une flèche teintée en noir était fixée à l’arc. Elle était noire jusqu’à sa pointe, et il était pratiquement impossible de la voir ou de l’éviter dans l’obscurité de la nuit. Et quoi qu’il en soit, la moindre entaille suffisait pour que le poison répandu sur la pointe de la flèche circule dans le corps de la victime et la fasse s’effondrer sur ses pieds, écumant de la bouche.

Il s’agissait d’un ensemble spécial d’arcs et de flèches, fabriqué pour les assassinats et transmis dans le clan Sakuya. En tant que clan de ninjas, ils étaient habiles à se fondre dans l’obscurité.

« Maître Ryoma… C’est fait. C’était les seuls gardes. »

Comme si les paroles de Sakuya l’avaient poussée à agir, un grand homme habillé de noir était apparu derrière elle.

« Oui… Allons-y. »

Ryoma fit un léger signe de tête.

Il fit un signe de la main en direction de Sara, qui se tenait derrière lui.

« Alors, tout se passe comme prévu », chuchota Sara à Ryoma.

Elle tourna son regard vers les mercenaires qui la suivaient.

« Oui, tout se passe bien pour l’instant. Assurez-vous de faire beaucoup de bruit. »

Sara acquiesça sans dire un mot aux instructions de Ryoma et s’approcha du camp tout en s’accroupissant. Elle était suivie par Lione et vingt autres mercenaires. Laura était probablement en train de terminer ses préparatifs dans un groupe séparé, avec Genou.

« Seigneur ! Les préparatifs sont terminés », rapporta l’un de leurs mercenaires.

« Commencez ! » ordonna Ryoma à ses hommes.

Plusieurs des mercenaires disparurent dans la forêt. De longues lumières rouges se mirent à s’élever au niveau du camp. Au début, il s’agissait de petites étincelles rouges dans l’obscurité, mais en quelques secondes, elles s’étaient répandues dans tout le camp, l’éclairant d’un rouge luminescent.

« Feeeuuu ! Un feu s’est déclaré ! Un feeeeeuuuu ! »

« Non, c’est l’ennemi ! Nous sommes attaqués ! »

Des cris avaient rempli le camp, qui était installé à proximité de la route. Bientôt, les bruits de métal s’étaient mêlés aux cris.

« Quoi ? ! Une attaque ennemie ?! »

Le général Albrecht s’assit dans son lit en toute hâte.

« Quelqu’un ! Expliquez ce qui se passe ! »

Déchirant la couverture, le général Albrecht se leva et prit son épée personnelle.

« Bien-aimé ? Que se passe-t-il ? »

Sa femme, qui dormait à côté de lui, se réveilla.

« Père… »

Sa fille, qui dormait un peu plus loin, avait également fait part de son inquiétude.

Le vacarme les avait probablement réveillées.

« Tout ira bien. Vous m’avez à vos côtés. Vous n’avez pas à vous inquiéter ! », leur dit doucement le général Albrecht.

« Seigneur ! »

Un des chevaliers cria de l’extérieur de la tente.

Apparemment, il n’avait pas eu le courage de faire irruption dans la tente de son seigneur sans permission.

« Oui ! »

Le général Albrecht lui parla par l’entrée de la tente.

« Qu’est-ce qui se passe là-bas ? J’ai entendu une voix parler d’un feu et une autre d’une attaque ennemie ! »

« C’est vrai, seigneur ! Toutes nos excuses, nous vous avons fait défaut. Seigneur Kael dirige nos hommes pour monter une défense, et il fait tout pour que vous puissiez partir immédiatement… »

Au moment où le chevalier avait dit cela, le général Albrecht était devenu pâle.

Je pensais qu’ils auraient abandonné à ce stade, mais apparemment je me suis trompé…

« J’ai compris… Vous l’avez entendu ? Vous devez partir d’ici ! »

Le général Albrecht n’avait pas hésité une seconde. Si cela suffisait à lui faire perdre son sens du jugement, il ne serait jamais général d’un pays. Son expression était déjà devenue celle d’un guerrier qui avait vécu de nombreuses batailles.

« Bien-aimé, nous sommes prêts. »

Le général Albrecht se retourna pour constater que sa famille était déjà habillée. Elles avaient apparemment pris conscience de la situation rapidement et s’étaient préparées en conséquence.

« Bien ! Allons-y ! »

Le général Albrecht prit sa famille et se dirigea vers leur voiture, accompagné de chevaliers.

« Milord ! Vous êtes en sécurité ! »

« Kael ! Qu’est-ce qui se passe ?! »

Alors que le général Albrecht faisait monter sa famille dans l’attelage, Kael s’approcha de lui. Il était apparu vêtu d’une armure complète et l’épée à la main. En voyant cela, l’expression du général Albrecht s’était adoucie. En voyant Kael prédire la possibilité d’une attaque ennemie et rester en armure, le général le considérait comme un subordonné fiable.

« Kael, sais-tu ce qui se passe ? »

Le général posa des questions à Kael en succession rapide.

« Ils ne portent pas de bannière, donc c’est difficile à dire avec certitude, mais… La vingtaine d’hommes que nous avons choisis comme garde engagent le combat avec l’ennemi. Le feu est le fait de l’ennemi ! »

Kael lui avait donné un rapport précis.

Les gardes avaient supposé que c’était des poursuivants envoyés par la princesse Lupis, mais étant donné l’obscurité et leur absence de bannière, il était assez difficile d’identifier l’ennemi. Mais qu’ils soient poursuivants ou simples bandits, il n’y avait que deux choix possibles lorsqu’ils étaient attaqués. Soit vous vous battez, soit vous fuyez.

« Je vois… Comment se présente la bataille ? Pouvez-vous retenir l’attaque de l’ennemi ? »

« J’ai peur que non. Mais nous pouvons vous faire gagner autant de temps que possible, Milord… Prenez votre famille et courez aussi vite que vous le pouvez. », dit Kael en secouant la tête.

Kael ouvrit la porte de la voiture, poussant le général à entrer.

« Dépêchez-vous, Seigneur. Vous devez vous dépêcher ! Nous allons les retenir ici. »

« Hmm. »

Albrecht le regarda et fit un signe de tête rapide.

« Je vous laisse le reste… Kael ! Retrouvons-nous à la capitale de Tarja. »

Et avec ces mots, Albrecht monta rapidement dans la voiture, laissant tout aux soins de Kael. Honnêtement, il n’y avait aucun sens à ce que le général reste derrière. Albrecht devait survivre à cela. Tant qu’il vivrait, ses subordonnés seraient remboursés pour leurs services. Aussi hautain que le général Albrecht puisse être, il n’était pas assez fou pour penser qu’il pouvait tout résoudre tout seul.

« Maintenant, allez-y, dépêchez-vous… ! Dépêche-toi de monter sur son cheval, imbécile ! »

En regardant le général Albrecht monter dans la voiture, Kael cria au chevalier qui tenait les rênes.

Le chevalier haussa la voix et son fouet traversa l’air, frappant le derrière du cheval et l’incitant à galoper. La calèche commença à accélérer progressivement, roulant sur la route sombre qui s’offrait à elle.

Les chevaliers de Kael se tenaient aux alentours, celui-ci leur ordonna de surveiller les environs. Ils tenaient des lances et regardaient prudemment, mais n’étaient pas en armure. Il y avait environ trente hommes présents. Kael avait envoyé les chevaliers qui étaient restés vigilants et qui avaient dormi avec leur armure pour accompagner le général Albrecht.

De nombreux chevaliers obéirent aux ordres du général Albrecht et avaient retiré leur armure, mais Kael, ainsi que quelques autres, choisirent de ne pas prendre de risques et gardèrent leur armure.

« Monseigneur… Restez en sécurité ! » chuchota Kael en regardant autour de lui.

Les chevaliers avaient des lances et des épées à la main, mais comme ils n’avaient pas d’armure, on ne pouvait pas compter sur elles dans une bataille. Ils auraient de la chance si les ennemis étaient des amateurs, mais il était difficile de croire qu’un ennemi qui les attaquerait pendant la nuit serait aussi faible.

***

Partie 2

Toutes les personnes présentes attendaient les ordres de Kael. Ils savaient que leur seul moyen de se sortir de cette situation serait de l’écouter.

« Écoutez-moi. Nous devons former une formation horizontale ici. Rassemblez-vous en pelotons, et formez une colonne horizontale ! Vous n’avez pas d’armure, et votre seule chance de survie est donc de reculer progressivement tout en repoussant l’ennemi à la portée de vos lances ! Ne les laissez pas franchir cette distance ! »

Les chevaliers hochèrent la tête sans dire un mot à son ordre et commencèrent à se mettre en formation avec leurs lances à la main. La formation horizontale était pourtant l’une des plus simples au monde. Les soldats se tenaient simplement côte à côte, il n’y avait donc pas beaucoup de préparation à proprement parler. Mais c’était aussi la formation la plus efficace pour leur objectif, qui était d’aider le général Albrecht à s’échapper.

« Ils arrivent ! Ils sont prêts ! »

Sur l’ordre de Kael, les chevaliers mirent en position leurs lances. Ils étaient prêts à se battre pour leur vie.

Ryoma regarda Kael rassembler ce qui restait de ses forces et les disposer en formation horizontale. Ses lèvres firent apparaître un sourire.

« Oh, pas mal… Il les a fait prendre une position défensive assez rapidement étant donné l’attaque surprise. »

« C’est probablement Kael Iruna », dit Lione, debout à côté de lui.

« Oui, je m’en doutais bien. On l’a affronté une fois, mais je suppose que le fait qu’il ait battu Mikhail n’était pas un coup de chance. C’est un commandant compétent. »

Un sourire impitoyable se dessina sur les lèvres de Ryoma, comme pour dire qu’il venait de trouver une proie qui lui fera passer un bon moment.

« Alors, qu’est-ce qu’on fait, mon garçon… ? Charge-t-on en plein dedans ? On subira quelques pertes, mais on peut briser cette formation sans problème. »

La formation choisie par Kael était l’une des plus simples et des plus élémentaires possible. Les chevaliers étaient fiers de leurs compétences individuelles. Bien qu’ils puissent être formés aux arts martiaux et à la magie, peu d’entre eux consacraient du temps à l’entraînement tactique et à la formation. Bien sûr, certaines unités d’élite accordaient plus d’importance aux combats de groupe et étudiaient les tactiques en conséquence. Celles-ci dépendaient cependant entièrement de la personnalité et des choix du commandant.

De plus, la plupart des chevaliers ici n’avaient pas de relation étroite avec Kael. Et rien n’importait plus lors d’un combat en groupe que la confiance que les troupes accordaient à leur commandant. C’était pourquoi il avait choisi une formation aussi simple.

Mais Ryoma avait compris la véritable intention de Kael.

Ce Kael est vraiment malin. Il n’utilise pas une formation compliquée comme l’aile de la grue ici, mais une simple formation horizontale. C’est la preuve qu’il sait exactement ce que vaut chacun de ses hommes. Et en plus de cela…

Même une formation aussi simple pouvait être transformée en une formation redoutable en quelques tours de main. Leur ligne de front tenait de grands boucliers, et pointait leurs lances depuis les espaces entre eux. Les boucliers repoussaient les attaques ennemies, tandis que les lances servaient à réduire le nombre d’ennemis. En fin de compte, il s’agissait d’une formation défensive complète.

C’est ennuyeux… Mais quand même.

C’était juste une formation difficile à briser. Comme l’avait dit Lione, cela pouvait leur coûter quelques hommes, mais un assaut frontal pourrait la traverser de force. La victoire de Ryoma était solidement ancrée. En termes de force individuelle, les deux camps étaient à peu près à égalité, mais les hommes de Ryoma avaient le meilleur moral. Et la plupart des soldats ennemis ne portaient pas d’armure. En termes de puissance de combat, l’ennemi avait un désavantage écrasant.

« Non… Nous les éliminons d’un seul coup ! Que tout le monde reste en arrière, et envoie un message au groupe de Laura. Qu’ils fassent un détour et attaquent l’ennemi par-derrière. Nous les prendrons en tenaille. D’abord, nous les attaquerons de face à pleine puissance et nous ferons en sorte qu’ils se concentrent sur nous. »

Ryoma proposa une attaque en tenaille en utilisant l’unité de Laura, qu’il avait envoyée séparément pour traquer les traînards.

Ryoma avait l’intention de pourchasser l’unité de Kael. Il n’avait aucune intention de leur montrer de la pitié. Le général Albrecht, ainsi que Kael et les chevaliers qui servaient sous ses ordres, étaient des existences qu’il ne pouvait en aucun cas laisser en vie. Tant pour le royaume de Rhoadseria que pour celui de Ryoma.

Ou plutôt, les épargner signifierait maintenir en vie un facteur dangereux qui pourrait les menacer à l’avenir.

« Compris ! Nous devons donc maintenir leur attention sur nous, eh… La magie ne serait-elle pas plus efficace que les flèches pour cela ? », dit Lione.

Ryoma fit un signe de tête.

« Alors, laissons d’abord tomber la foudre sur eux ! Vous êtes prêts, les gars ? Activez un gros éclair et assurez-vous qu’ils nous regardent bien ! »

Obéissant à l’ordre de Lione, les mercenaires avaient tourné les mains vers la formation ennemie.

« Aux esprits qui gouvernent la foudre ! Manifestez vos pouvoirs devant nous, avec notre sang en récompense ! Respectez vos serments, et abattez nos ennemis ! »

Et au signal de Lione, ils se mirent immédiatement à incanter. De petites boules d’électricité crépitantes se formèrent dans leurs mains. Au fur et à mesure que leur chant continuait, les boules devenaient de plus en plus grosses.

« Tirez ! »

« « « Attaque de foudre! » » »

Les projectiles de foudre furent lancés de leurs mains, s’écrasant sur la formation ennemie. Chacun d’entre eux avait fusionné, formant finalement une seule et même énorme boule de foudre.

« À toutes les unités, en position défensive magique ! Levez vos boucliers ! », cria Kael.

Les chevaliers qui tenaient les boucliers baissèrent les cuisses, sollicitant tous les muscles de leur corps pour résister à l’attaque. Le bruit strident de la décharge électrique résonna dans la forêt, qui tremblait alors que la lumière blanche la traversait par intermittence. La boule de foudre éclaboussa les boucliers, faisant pleuvoir des éclairs d’électricité sur la zone.

« Les boucliers ont reçu des enchantements défensifs magiques ! Ne les lâchez pas, quoi qu’il arrive ! Maintenez-les jusqu’à ce que l’électricité se dissipe ! Rangée du fond ! Activez la magie défensive pour le premier rang, à pleine puissance ! », cria Kael, plissant les yeux face à l’éclair blanc.

Si une partie de la formation venait à se briser, la foudre se propagerait au reste des soldats à partir de là. Tout le monde se battait désespérément pour retenir le projectile de foudre, en attendant que la menace passe.

Leur esprit avait complètement oublié la défense de leurs arrières, car leur attention était entièrement fixée sur le sort qui les attaquait devant eux. C’était le plan de Ryoma.

« Deuxième rangée, commencez à incanter ! », ordonna Lione.

Les mercenaires qui étaient restés en arrière jusqu’à présent s’avancèrent, et commencèrent à incanter contre la formation de Kael.

« « Les esprits gouvernant le vent ! Vents turbulents ! Respectez votre contrat, et accomplissez votre mission ! À mon commandement, devenez une tempête, et balayez mes ennemis ! » »

« Feu ! »

Lione leur avait encore une fois donné le signal.

« Vent tourbillonnant ! »

Un coup de vent assez puissant pour emporter facilement un homme adulte sorti de leurs mains en rugissant. Celui-ci s’opposa à Kael et ses hommes.

« Tch, quels efforts inutiles ! Gardez vos boucliers levés ! »

Kael claqua la langue, mais en même temps, il était convaincu que leur position était bonne.

« Leur magie ne peut pas nous atteindre ! S’ils continuent à nous lancer des sorts, ils vont s’épuiser ! Tenez bon jusqu’à ce que cela soit le cas ! »

Hmph ! Je suppose que ce n’étaient vraiment que des voleurs… S’ils savaient que nous étions chevaliers, ils ne tenteraient pas ce genre d’attaque ! Je pensais qu’ils étaient des poursuivants de Rhoadseria, mais apparemment je me trompais… Ils peuvent nous lancer tous les sorts qu’ils veulent. Nous avons des boucliers avec des enchantements défensifs. Ils peuvent facilement bloquer la magie de bas niveau. Ce n’est qu’une question de temps avant qu’ils n’aient plus de prana.

Dans ce monde, la magie verbale était considérée comme une arme peu pratique. Ce qui ne voulait pas dire qu’elle n’avait pas ses limites d’utilisation. Certains en avaient fait leur domaine d’expertise, comme les mages de la cour de l’Empire d’O’ltormea.

Mais elle avait aussi son lot d’inconvénients paralysants. Tout d’abord, la plupart des magies verbales se manifestèrent par des attaques à longue distance. Le problème était que plus l’attaque était distante, plus le prana diminuait.

Ainsi la plupart des sorts de magies verbales s’affaiblissaient au fur et à mesure que l’attaque s’éloignait du lanceur. Cela signifiait que même si un lanceur de sorts lançait une attaque avec une force de cent sur une distance de dix mètres, l’attaque ne pouvait atteindre que quatre-vingt-dix à cause du prana perdu en cours de route. Plus la distance était grande, moins l’attaque était puissante.

De plus, non seulement les mages, mais tous les êtres vivants avaient inconsciemment du prana dans leur corps, formant ainsi une couche protectrice autour de leur corps. Cela était vrai pour toutes les personnes dans ce monde, indépendamment de leur capacité à utiliser la magie.

Bien sûr, cette couche protectrice était beaucoup plus fragile que tout ce qu’un magicien pouvait créer. Pour un simple roturier, elle assurait le même niveau de défense qu’un mince morceau de tissu. Mais c’était différent avec un magicien. Entre deux magiciens d’égale compétence, le côté défensif serait en fait avantagé.

De plus, dans des cas comme celui-ci, où l’on savait qu’il fallait s’attendre à une attaque magique de la part de l’ennemi, ils pouvaient utiliser leur prana pour augmenter temporairement leur résistance, formant ainsi une puissante défense. Les armures des chevaliers étaient également enchantées avec de la résistance à la magie.

Toutes ces techniques permettraient de repousser la plupart des attaques magiques verbales. Bien sûr, cela consommait du prana, et ne pouvait pas être maintenu indéfiniment.

Il en allait de même du côté des attaquants, sauf que ses attaques consommaient beaucoup plus de prana. C’est pourquoi les combats dans ce monde accordaient plus d’importance à la magie martiale qu’à la magie verbale, à l’exception des plus habiles des pratiquants.

Mais tout dépend de la façon dont elle est utilisée.

Ryoma sourit en regardant la thaumaturgie verbale des mercenaires être bloquée à plusieurs reprises par les boucliers. En effet, dans les jeux et autres supports de fantaisie, les lanceurs de sorts étaient ceux qui possédaient une puissance de feu écrasante, mais dans ce monde, les choses étaient quelque peu différentes. Ryoma lui-même ne pouvait imaginer ce genre de scènes de combat tape-à-l’œil que lorsqu’il pensait à la magie, il avait donc été déçu d’apprendre les restrictions de la magie.

Mais même si la magie ne donnait pas la puissance de feu à laquelle on pouvait s’attendre, elle avait quand même son utilité.

« « « Oooooooh ! » » »

Soudainement, des cris de guerre jaillirent de la forêt derrière la formation de Kael, de nombreuses ombres surgirent de la forêt, se jetant sur les chevaliers.

« Tuez-les, tuez-les tous ! »

« Ne laissez pas un seul d’entre eux s’échapper, vous entendez ?! »

Les hommes les avaient chargés avec des épées à la main et une soif de sang flagrante dans les yeux, entaillant le dos sans défense des chevaliers.

« Quoi ?! Ennemis, il y a des ennemis derrière nous ! »

« Impossible ! D’où viennent-ils ?! L’ennemi n’est-il pas juste devant nous ?! »

« On s’en fout, imbécile ! Défends-toi aussi contre eux ! »

« C’est stupide ! On ne peut pas briser la formation maintenant ! »

« Tais-toi et arrête de pleurnicher ! Veux-tu mourir ?! »

***

Partie 3

Alors qu’ils s’efforçaient de bloquer les attaques magiques lancées par les hommes de Lione, ils avaient été attaqués par-derrière. Tout le monde criait ce qui leur venait à l’esprit. Certains voulaient donner la priorité au blocage de la magie. D’autres voulaient se défendre contre les attaques ennemies. Quelques-uns attendaient que Kael leur donne des instructions.

Aucun de ces choix n’était mauvais, mais aucun d’entre eux n’était bon non plus. Car ils avaient commis l’erreur fatale de permettre au groupe de Ryoma de les approcher par le front.

« Maintenant ! Chargez-les ! »

Sur l’ordre de Lione, les mercenaires dégainèrent leurs épées et se précipitèrent dans la formation ennemie.

« Kuh ! Au premier rang, ne les laissez pas vous approcher ! »

Kael éleva la voix désespérément.

La bataille n’était pas encore décidée. Si les chevaliers obéissaient à ses ordres, ils avaient encore une chance de gagner. Mais la voix de Kael n’atteignait à ce moment-là aucun des chevaliers. Et c’était tout naturel. Dans une situation où ils étaient attaqués simultanément par l’arrière et par le front, il faudrait un entraînement important et une grande confiance entre le commandant et les chevaliers pour maintenir la formation.

Mais Kael et ses chevaliers n’avaient ni l’un ni l’autre de ces éléments.

Pris en tenaille entre l’unité de Laura par derrière et l’assaut de Lione par devant, leur forte formation défensive perdait peu à peu sa forme comme un château de sable battu par les vagues.

« Seigneur Kael, nous ne pouvons pas tenir plus longtemps ! »

L’un des chevaliers cria.

« Nous devrions nous replier ! »

« C’est inutile… Où pouvons-nous aller dans cette situation… ? »

Kael secoua la tête d’une manière résignée.

Il restait moins de vingt hommes en vie autour de lui. L’attaque en tenaille avait divisé leurs forces, et maintenant ils étaient complètement coupés du reste des chevaliers. Certains d’entre eux avaient tenté de fuir dans la forêt, tandis que d’autres étaient restés là où ils étaient. Quelques-uns avaient essayé de se venger des forces de Ryoma. Mais, quel que soit leur choix, ils avaient tous connu le même sort.

La mort.

Bon sang ! Pourquoi est-ce arrivé… ? Une attaque en tenaille ? Donc ce ne sont pas seulement des bandits… Ces poursuivants sont donc du côté de la Princesse Lupis… ?

Kael avait retenu son désir de maudire à haute voix, car il savait qu’aucune plainte ne changerait les choses. Au moment où il perdrait son sang-froid, tout serait vraiment terminé.

Ce sont donc les seuls hommes qu’il me reste… Est-ce qu’on court dans la forêt… Ou essayons-nous de couper à travers l’ennemi… ? Quel choix dois-je prendre ? Si nous mourons ici, alors il n’y aurait aucun intérêt à prendre l’arrière-garde… J’ai pris ce rôle uniquement parce que je pensais pouvoir les bloquer avec ces forces…

Kael n’avait pas laissé le général Albrecht aller de l’avant par bonne volonté. Il n’avait laissé le général et sa famille s’enfuir que par intérêt personnel calculé.

Si nous pouvons bloquer l’ennemi ici, l’opinion que le général Albrecht aura de moi ne fera que s’améliorer. C’est parce qu’il est tombé si bas qu’il a désespérément besoin de trouver des subordonnés fiables !

C’était ce que Kael avait calculé. Il pensait qu’en montrant clairement sa loyauté au général, il contribuerait à améliorer sa position lorsqu’ils atteindraient Tarja. Sans cela, Kael n’aurait jamais donné la priorité au fait de laisser le général Albrecht et sa famille s’échapper en premier.

De plus, Kael n’avait pris ce risque que parce qu’il pensait être confronté à de simples bandits. Les petits voleurs n’auraient aucune chance contre Kael et ses chevaliers. Même s’ils étaient pris par surprise et s’ils étaient d’abord sur la défensive, ils auraient la compétence et l’équipement nécessaires pour sortir victorieux. Mais s’il s’agissait de poursuivants envoyés par la princesse Lupis, les choses étaient différentes.

Que faisons-nous… Comment en sortir vivant… ?

Kael regarda autour de lui, désespérément. Les bruits de métal qui s’entrechoquent se font de plus en plus faibles. Les chevaliers divisés étaient achevés par les mercenaires.

Ce n’est pas bon ! À ce rythme, ils vont nous couper toute voie de retraite ! Si la forêt n’est pas une possibilité… Alors la seule option est… !

Kael fixa son regard sur l’avenir. Même s’il essayait de s’enfuir, il serait poursuivi. Il devait confondre l’ennemi s’il voulait le secouer.

Là ! C’est la force principale de l’ennemi ! Ma seule issue est de frapper là !

Devant Kael se trouvait une formation ennemie qui restait complètement immobile. Kael discerna que c’était probablement là que se trouvait le commandant ennemi.

« Écoutez-moi ! Écrasez l’ennemi devant vous et tuez son commandant ! »

« Vous nous dites de foncer sur l’ennemi ?! »

Les chevaliers avaient été choqués par l’ordre de Kael.

Mais leur surprise s’était vite dissipée. Ils ne voyaient pas non plus de moyen de se sortir de cette situation.

« Concentrez-vous sur le fait de tuer les ennemis devant vous et rien d’autre ! Abattez tous ceux qui se mettent en travers de votre chemin ! »

Kael n’exigeait qu’une chose de ses chevaliers. Tuer l’ennemi, et rien d’autre. Cet ordre simple et clair ramena les chevaliers, qui étaient encore figés par la terreur de la mort, à la réalité.

C’est bien cela ! Tuer, tuer, tuer !

Nous devons les tuer si nous voulons survivre à cela !

Tuer l’ennemi ! Tuez-les !

Le désir de vivre des chevaliers et leur haine envers l’ennemi s’étaient tous deux enflammés.

« « « Oooooooh ! » » »

Le cœur des chevaliers s’était à nouveau enflammé d’un esprit combatif.

« Chaaaaaaargez ! »

Sur ordre de Kael, les chevaliers attaquèrent les mercenaires. Le désespoir avait transformé leur peur en courage. Ayant succombé aux tactiques de Ryoma, Kael et ses hommes étaient l’image même de l’animal acculé. Et là, ils étaient sur le point de jouer leur vie pour mordre à nouveau contre leur prédateur, Ryoma.

« Ugh ! C’est quoi ce bordel ?! Pourquoi deviennent-ils tout d’un coup plus courageux ?! »

« Restez calme ! C’est juste leur dernier moment de résistance avant la fin ! »

Les mouvements des mercenaires s’arrêtèrent lorsque les chevaliers se rassemblèrent contre eux.

« Idiots ! Qu’est-ce que vous faites ?! » Lione éleva la voix.

« Ce n’est pas bon, sœurette ! Vu la façon dont ça se passe maintenant, ils vont percer le front ! » dit Boltz.

Lione claqua la langue et sortit sa lame.

« Assez ! Je vais au front ! »

Pour commencer, elle avait toujours été une guerrière. Elle avait peut-être pris maintenant le commandement de soldats, mais elle montrait sa vraie valeur au moment où elle se trouvait sur le champ de bataille. Dû à l’excitation du combat, les yeux de Lione émirent une lumière rouge, mais Boltz ne pouvait pas se permettre de la laisser partir.

« Tu ne peux pas, sœurette ! As-tu oublié ce que le garçon a dit ?! »

« Idiot ! Est-ce que ça a une importance en ce moment ? ! À ce rythme, ils vont… ! »

La déesse de la bataille tournait cette fois son sourire vers Kael. Pendant que Lione et Boltz se disputaient, Kael et ses hommes avaient percé la ligne de front.

« Sœur, attention ! »

Boltz avait couvert Lione de son corps, et une lame avait balayé l’air au-dessus d’eux.

« Tch ! Il s’est mis en travers du chemin… »

Alors que Lione se dépêchait de rattraper la situation, une voix d’homme inconnu lui parvint aux oreilles.

« Toi ! », dit-elle.

« C’est vous le commandant ici ? ! Pourquoi nous avez-vous attaqués… ?! Peu importe que vous soyez des bandits ou des hommes de Lupis. Vous allez de toute façon mourir ici… »

« Meurs ! »

Kael passa son épée au-dessus de la tête de Lione. Il les regarda de haut avec une soif de sang confuse et pourtant palpable.

« Bon sang ! Sœur ! »

« Éloigne-toi, Boltz ! Esquive-le ! »

Boltz et Lione étaient prêts à mourir. Mais à ce moment précis, quelque chose coupa le vent et la lame de Kael fut déviée par une pluie d’étincelles.

« Qui était-ce ?! Qui s’est mis en travers de mon chemin ?! », cria Kael tout en serrant ses mains engourdies.

Kael avait désespérément fait tomber la lame qui lui avait été lancée de quelque part. Cinq autres chevaliers se tenaient autour de lui, et avaient réussi à percer. Ils regardèrent autour d’eux avec précaution. Et finalement, ils virent la silhouette d’un homme solitaire sortir des bois.

« Garçon… »

La forte stature de Ryoma se reflétait dans les yeux de Lione.

« Tu vas bien, Lione ? »

« O-Ouais ! » dit Lione, en saisissant la main tendue de Ryoma et en se levant enfin.

« Je me suis juste fait un peu mal aux jambes. Oublie ça, quand es-tu arrivé ici ?! »

Ryoma aurait dû mener le groupe qui traquait les soldats qui s’étaient enfuis, Lione fut choquée par son apparition soudaine.

« Ils se sont déplacés mieux que prévu, alors j’ai laissé le commandement à Sara et je suis retournée à l’arrière. Laisse-moi cet endroit… Toi et Boltz devriez vous regrouper avec Sara et l’aider à commander la chasse aux survivants. »

« Mais ! »

« C’est bon… Je vais l’achever. »

Ryoma lui coupa la parole, une lueur froide dans les yeux.

Son regard se porta sur Kael et les chevaliers qui l’entouraient.

« Alors c’est toi qui t’es mis en travers de mon chemin ! » cria Kael.

Mais Ryoma l’ignorait, il leva calmement son katana.

« Je vais te faire disparaître ici, Kael Iruna », dit Ryoma, en cachant la lame derrière son corps dans une position de flanc.

« Tu ne poseras pas la main sur Sire Kael, salaud ! »

Les chevaliers de Kael s’étaient renforcés, consolidant leur défense autour de Kael.

Mais l’instant suivant, du sang rouge jaillit de leur cou.

« Vous ne vous mettrez pas en travers du chemin du Seigneur, jeunes gens. »

Genou était apparu derrière leurs corps brisés, son propre katana dégoulinant de sang.

Sa frappe tranchante avait dû être incroyablement rapide. On était peut-être au milieu du chaos du champ de bataille, mais il avait quand même tranché le cou de cinq chevaliers entraînés d’un seul coup. Son habileté rappelait celle du faucheur au travail.

« Qu’est-ce que… Qui êtes-vous ? »

Les yeux de Kael s’élargirent de terreur.

***

Partie 4

« Qui je suis n’a pas d’importance. Votre adversaire est le seigneur… »

Les mots froids de Genou tombèrent sur le cœur de Kael.

En y repensant, c’était sa machination qui avait déclenché tout ça.

Ryoma pensait qu’il y avait un étrange retournement de situation. Ryoma Mikoshiba n’avait aucun lien avec les conflits internes de Rhoadseria, mais ce qui avait changé, c’était la machination de Kael. Et le lien entre Ryoma et Kael était sur le point de se terminer. Tous les autres sur ce champ de bataille ne pouvaient qu’avaler nerveusement en veillant sur eux deux.

Les cris autour d’eux s’éteignirent progressivement, et un silence s’installa sur la scène. Les mercenaires qui traquaient les chevaliers se rassemblèrent progressivement autour d’eux, formant un grand cercle autour des deux.

« Sœur… Que faisons-nous ? », demanda Boltz à Lione, qui restait immobile là où elle se tenait, d’une voix à demi résignée.

Il la connaissait depuis trop longtemps, et pouvait facilement dire ce qui se passait dans son esprit. Lione ne se retourna même pas pour le regarder lorsqu’elle lui répondit. Son regard était fixé sur l’impasse silencieuse dans laquelle se trouvaient Kael et Ryoma. Ses yeux refusaient de manquer un seul moment de leur combat.

« Les cris ont disparu, ce qui signifie probablement que les ennemis sont presque tous morts. Dans ce cas, nous n’avons plus de traînards à chasser… Et de côté… On n’a pas souvent l’occasion de voir un tel combat. Ton sang de guerrier doit aussi être excité, pas vrai ? »

Boltz ne pouvait que hocher la tête avec un sourire ironique. Lui aussi était un vétéran du champ de bataille. Il avait évité les combats de mêlée depuis qu’il avait perdu son bras gauche, mais son talent de guerrier n’avait pas du tout rouillé. Et comme l’avait dit Lione, les yeux expérimentés de Boltz pouvaient voir l’habileté transcendante de ces deux combattants. Une bataille entre deux hommes aussi compétents n’arrivait pas souvent.

Et les guerriers avaient une dignité qu’ils comprenaient et respectaient. Toutes les personnes présentes ici ressentaient la même chose. Aucun mercenaire n’oserait plus attaquer Kael par-derrière. Non… Peut-être serait-il plus juste de dire qu’ils étaient tous bloqués par la soif de sang que Kael avait fait naître.

« Mais quand même… J’ai entendu dire que ce Kael était doué, mais je ne pensais pas qu’il serait si bon… », dit Boltz.

« Oui. Si tu le combattais avec un seul bras, ce serait plutôt un suicide. Ce type… Je pense que je serais moi-même incapable de le faire tomber en un contre un », murmura amèrement Lione.

Cela signifiait que Lione avait compris que l’habileté de Kael à l’épée dépassait de loin la sienne. L’atout le plus important sur le champ de bataille était d’être capable de discerner les capacités de l’adversaire, pour savoir si votre adversaire était plus fort ou plus faible que vous. Si son équipement était de meilleure ou de moins bonne qualité que le vôtre. Si l’ennemi était plus habile dans les combats en face à face, ou dans les grandes batailles.

Ce pouvoir d’observation était essentiel pour survivre sur le champ de bataille. Peu importait la force de l’ennemi, ou si celui-ci était plus fort qu’eux. Des mercenaires vétérans comme Lione et Boltz avaient naturellement cette intuition. Et cette perspicacité leur avait donné un aperçu de l’habileté de Ryoma et de Kael, un aperçu dont ils étaient incapables de quitter les yeux.

« Je suppose qu’on ne peut pas s’en empêcher. Aucun d’entre nous n’a appris l’escrime… Nos compétences au sabre sont celles que l’on apprend sur le champ de bataille. Je pense que nous aurions beaucoup de chances de gagner si c’était une bataille de mêlée. », déclara Boltz

L’épée d’un mercenaire était affûtée dans les grandes batailles de mêlée. Elle n’était ni plus forte ni plus faible que l’épée traditionnelle, mais son utilité se trouvait simplement ailleurs. Les mercenaires avaient développé ce style d’escrime pour survivre sur les champs de bataille tumultueux, tandis que le style d’escrime de Kael était mieux adapté aux combats individuels.

Lione acquiesça légèrement aux paroles de Boltz. Elle se rendit compte de la vérité qu’ils véhiculaient.

« Pourtant, le garçon lui correspond… Il ne s’éloigne pas d’un pas de ce salaud de Kael… Regarde cette vigueur… Bon sang ! Même moi, je suis submergée d’ici… »

L’atmosphère avait clairement changé. Un air froid et vif s’était répandu entre les deux.

« Le garçon ne va pas bouger d’un pouce ? »

« Ils cherchent tous les deux une ouverture… Et Kael a aussi ce bouclier et cette armure… Ça va être difficile d’obtenir un bon coup avec ces défenses… »

Kael était vêtu d’une armure complète, avec une épée dans la main droite et un bouclier dans la gauche. C’était un chevalier entièrement armé. Ryoma, d’autre part, tenait dans ses deux mains le katana qui lui avait été donné par Genou, et sa seule forme de défense était une armure de cuir. C’était une tenue légère et maniable, mais qui le mettait dans une position très désavantageuse par rapport à Kael en matière de défense.

« Kael est lourdement armé… S’ils respectent les règles, ils se battront afin d’épuiser leur endurance. »

« Oui, mais comme la magie peut améliorer le corps, ce n’est peut-être pas une tactique entièrement fiable… »

« D’accord… Même avec cette lourde armure, l’agilité de Kael ne baissera pas facilement. Et puisque le garçon ne peut pas utiliser la magie, il est désavantagé ici… Alors, comment peut-il garder une aussi grande vigueur ? »

Boltz n’avait pas répondu à la question de Lione. Kael utilisait la thaumaturgie martiale pour renforcer son corps, et pouvait ainsi rester agile même avec son armure lourde. Le chakra Manipura était situé autour du nombril. En opérant sur ce troisième chakra, il avait déjà rempli son corps de prana, gagnant ainsi une force et une rapidité surhumaines.

Il semblait être l’égal de Lione et Boltz en termes de compétences en magie martiale. Le physique de Ryoma était presque le double du sien, mais à part ça Kael avait l’avantage dans presque tous les autres domaines. Il était capable de se déplacer tout aussi rapidement tout en conservant le bénéfice des défenses de son armure.

En regardant objectivement, les chances étaient désespérément élevées contre Ryoma. Et pourtant, le zèle et la vigueur émanant de Ryoma ne faiblissaient pas le moins du monde.

Son cœur était complètement dépourvu de toute pensée obstructive. Il n’y avait ni peur ni doute. Est-ce que cela provenait d’une confiance écrasante ? Ou était-ce encore un autre imbécile qui surestimait ses propres capacités ?

Des étincelles volaient soudain entre les deux. La distance qui les séparait se refermait en un instant lorsque l’épée et le katana s’affrontaient. Les deux lames se frottaient l’une contre l’autre, émettant des cris métalliques aigus.

Au début, les deux étaient de même niveau, mais la lame du katana s’était progressivement rapprochée de la nuque de Kael. Ryoma tenait son katana des deux mains, tandis que Kael ne tenait son épée que d’une seule. La différence entre une prise à deux mains et une prise à une seule main avait créé un écart entre les deux.

Mais le match était loin d’être décidé. Le son émoussé de la chair battue se fit entendre. Kael glissa rapidement son bouclier entre son corps et son épée, poussant de toutes ses forces pour dévier la charge de Ryoma. Les deux corps s’étaient éloignés l’un de l’autre, créant une fois de plus une distance.

Bon sang ! Qui est cet homme… ? ! Il me combat à armes égales ! Contre moi, l’un des chevaliers les plus éminents de Rhoadseria… ! Et quelle est cette arme qu’il utilise… ? Une épée courbée à un seul tranchant ? Une arme spécialisée pour les entailles…

Kael claque sa langue d’irritation à l’intérieur de son casque et brandit son bouclier pour renforcer ses défenses.

Non… Reste calme. L’ennemi est légèrement armé. Mon épée peut couper cette armure de cuir comme du papier… Je bloquerai sa charge avec mon bouclier, et une seule entaille sur son corps suffira à tout achever… Il n’a pas de bouclier, ça me donne un avantage… Je dois juste resserrer mes défenses et attendre qu’une ouverture se présente…

L’épée dans les mains de Kael était un héritage familial transmis de génération en génération. Il en allait de même pour son armure et son bouclier, qui dataient de l’époque où ses ancêtres étaient chevaliers de Rhoadseria. Contrairement à son armure, l’épée n’était pas imprégnée d’une quelconque magie, mais elle était néanmoins fabriquée par un maître artisan. Kael resserra sa prise sur sa poignée.

Mais le choc qui s’ensuivit fut le plus fort qu’il avait jamais ressenti.

« Keeeeeeeeeeeeeeee ! »

Un cri de guerre avait jailli de la bouche de Ryoma, et une onde de choc intense traversa la main gauche de Kael.

Sa main gauche, qui tenait le bouclier, devint complètement engourdie, et son bouclier fut poussé sur le côté de son corps.

Mais qu’est-ce que c’était que ce coup… ?! Mon bras est tout engourdi… C’était encore plus lourd que ses précédentes attaques ! Pas bon… ! Il me faut utiliser toute ma vigueur pour tenir le bouclier… Je n’ai pas le temps de chercher une ouverture et d’attaquer… Bon sang ! Quel monstre…

La lame, qui avait été balancée sur lui à grande vitesse, portait tout le poids de Ryoma, plus de cent kilos. Chaque muscle du corps de Ryoma avait agi, délivrant une taillade vraiment mortelle. Pour preuve, une profonde marque avait été gravée sur le bouclier à l’endroit où la lame frappa.

Les principales matières premières du bouclier étaient le bois et le cuir, la surface était ensuite recouverte d’une fine couche d’acier. Cette surface était maintenant coupée, exposant le bois en dessous. Les yeux de Ryoma avaient calmement remarqué ce fait.

J’ai coupé à travers la surface… Je suppose que ce n’était pas un bouclier en acier… C’est logique, puisqu’il peut le manipuler d’une seule main, mais qu’est-ce que j’en savais ? Ce monde possède donc lui aussi des monstres…

Même Ryoma ne pouvait pas couper un bouclier d’acier de plusieurs centimètres d’épaisseur. Mais la fissure dans le bouclier avait effacé un des doutes de Ryoma. Dans la logique de la Terre, il ne serait pas possible de tenir un bouclier d’acier et de se battre correctement en même temps, mais on n’était pas sur Terre. La magie existait, et pouvait renforcer son corps, cette possibilité existait donc.

C’est vraiment assez étonnant qu’il puisse se déplacer si rapidement avec cette armure faite de métal lourd…

Ryoma avait calmement comparé leur potentiel de combat. L’armure était exceptionnellement lourde et avait tendance à inhiber ses propres mouvements, d’autant plus si le fer était impliqué dans sa création. Mais il suivait toujours Ryoma, qui portait une armure de cuir, en termes de vitesse. Le fait que Kael ait bloqué le katana de Ryoma avec son bouclier le prouvait.

Il a maintenu les défenses de son armure, tout en ignorant son poids et en se déplaçant avec agilité. Il a montré clairement pourquoi les chevaliers étaient considérés comme une présence si écrasante sur le champ de bataille.

Tout en confirmant la sensation de la prise de son katana dans ses deux mains, Ryoma jeta un regard inquisiteur en direction de Kael.

La magie martiale… Une compétence impressionnante… Elle est beaucoup plus difficile à gérer que la magie verbale et ses chants…

Bien sûr, la magie verbale n’était pas non plus à prendre à la légère. Tirer des éclairs et des pluies de flammes depuis le ciel ou à travers les mains avec juste quelques mots était une grande menace. Par rapport à cela, la magie martiale était loin d’être aussi tape-à-l’œil. En fait, cela semblerait même évident.

***

Partie 5

Mais c’était cette simplicité qui la rendait fiable et sans faille. Elle ne nécessitait pas de chant, et comme elle n’affectait que le corps, elle gaspillait beaucoup moins de prana. C’était ce qui en faisait la technique centrale utilisée dans les guerres de ce monde. La capacité à utiliser la magie était le mur qui séparait les dirigeants des dominés.

Trois aspects étaient essentiels au combat. L’esprit, la technique et le corps. Et parmi ces trois aspects, la magie renforçait le corps. Face à une puissance écrasante, la technique et l’esprit ne signifiaient pas grand-chose.

Mais… Ce n’est pas une compétence absolue… Il est toujours humain…

Les yeux de Ryoma étaient déjà fixés sur le point faible de Kael.

Kael… Je te tuerai ici, quoi qu’il arrive… Je vais te montrer à quel point les techniques que grand-père m’a transmises peuvent être puissantes… !

L’atmosphère autour de Ryoma était devenue froide et vive.

« Ryoma… Un katana est comme une partie de ton corps. Tu ne frappes pas avec ton katana, mais tes propres membres et ton habileté… Et tu ne dois jamais hésiter quand tu dégaines ta lame. Les doutes obscurciront ton jugement et ta concentration, et ils se transmettront à ta lame. Concentre-toi sur une seule chose, ton prochain coup d’épée ! Et crois… dans ton entraînement, tes compétences… dans la lame que tu manies ! »

Les mots de son grand-père refirent surface dans l’esprit de Ryoma.

Concentre-toi seulement sur ton prochain coup… Et il n’y a qu’un seul point que je dois viser !

Ryoma éleva la voix et poussa un autre cri de guerre. Il tenait son épée droite dans ce qu’on appelait les hasso gamae, et il réduisit la distance entre eux d’un seul souffle. (NdT : c’est l’une des 5 gardes du kendo)

Viens ! Je vais bloquer ton coup avec mon bouclier et te trancher !

Kael s’était préparé pour le coup. Mais soudainement, le sprint de Ryoma s’était transformé en un saut en l’air.

Quoi ? Il a sauté ? ! Tu as paniqué, imbécile !

En une fraction de seconde, Kael leva sa main gauche au-dessus de sa tête. Ryoma plia son corps au milieu du saut, en tenant sa lame parallèle à son dos. Et en concentrant sa conscience sur chaque fibre de son corps, il les avait toutes unies sous une même volonté, faisant preuve d’une force surhumaine dans le processus.

« Manges çaaaaaaaaa ! »

Il concentra toute la force emmagasinée dans son corps, qui était plié comme un arc, sur un seul endroit. Tout cela pourrait basculer sur Kael, avec tout le poids de Ryoma pour le soutenir.

Le bruit de quelque chose qui craqua se fit entendre. Et puis, Ryoma ressenti une sensation de résistance comme s’il coupait dans quelque chose rempli de liquide.

« Quoi… ? »

Le visage de Kael était déformé par le choc quand il regarda sa main gauche. La première chose qu’il vit, c’était son bouclier, coupé en deux en plein milieu. Puis il vit le katana enfoncé dans son bras gauche. Il pouvait sentir son bras se réchauffer progressivement, et quelque chose de mouillé sur sa peau. Un liquide chaud et visqueux coulait le long de son armure, vers son coude, et tombait sur le sol en gouttelettes.

Une sombre flaque noire commença à se former sur le sol.

« Merde ! »

Kael sortit de ses froides réflexions et fit pivoter son épée dans la direction de Ryoma. Mais ce n’était rien de plus qu’une lutte désespérée. Sa posture était mauvaise et son swing n’avait aucune force derrière lui. Ryoma l’évita facilement.

Mon bras gauche… Pas bon… Il ne bouge pas ! Il est tout engourdi… Ce n’est pas vrai ! Quel genre de monstre est-ce ? ! Il a coupé mon bras, avec mon bouclier ? ! Mon bras en armure ? ! Cet homme… Qu’est-ce qu’il… ?!

Pour Ryoma, les chevaliers capables d’utiliser la magie, une puissance complètement étrangère au monde dont il est issu, étaient de véritables monstres. Mais l’un de ces monstres considérait maintenant Ryoma comme étant une menace contre nature. C’était presque comique, vraiment, de voir les deux se considérer comme aussi horrible l’un que l’autre.

« Avec un aussi grand saignement… J’ai coupé l’os et j’ai sectionné ton artère. C’est fini », déclara Ryoma sans pitié alors que Kael le dévisageait dangereusement.

Le fait même qu’il parlait seul était la preuve que le duel était terminé.

« Tais-toi, la bataille n’est pas encore terminée ! Je peux encore me battre ! »

Kael brandit son épée.

Il était vrai que Kael aurait pu continuer à se battre. Il était encore en vie, et son bras droit était indemne. Mais le duel avait déjà été décidé.

« C’est inutile… Tu ne pourras pas bloquer mon attaque avec un bouclier, alors comment comptes-tu la bloquer avec une simple épée ? Et regarde comment tu saignes. Tu auras une hémorragie si tu n’es pas soigné immédiatement. Et il n’y a personne pour soigner ta blessure… Tu as perdu. »

L’expression de Kael s’était déformée. Ryoma avait dit que le duel était déjà terminé. Le bras gauche de Kael était coupé jusqu’à l’os et ne bougeait pas. Tenir son bouclier et porter son armure l’avait empêché d’être coupé proprement, mais cela n’avait pas changé le fait que son bras gauche était maintenant effectivement mort. Ou du moins, il était mort, à moins qu’il ne reçoive un traitement immédiat ainsi que du temps pour se reposer.

Et le sang qui s’écoulait de son artère sectionnée le privait impitoyablement de ses forces. Si rien n’était fait pour arrêter l’hémorragie rapidement, il se viderait sûrement de son sang en quelques minutes. Mais il se tenait au milieu du champ de bataille, face à face avec l’ennemi et sans un seul allié vivant en vue. Il ne pouvait rien faire pour arrêter l’hémorragie.

« C’est donc ici que je mourrais… », chuchota Kael.

« Oui… C’est fini. »

Ryoma fit un signe de tête.

« Je ne pensais pas que je mourrais ici… Il semblerait que la chance m’ait vraiment tourné le dos. »

L’expression de Kael était remplie d’une certaine compréhension résignée, typique d’un guerrier qui réalisait que sa mort approchait.

« C’est bien toi Ryoma Mikoshiba ? »

« Oui… »

« Je vois… Donc tu n’es pas seulement un sage tacticien, tu es aussi un plus grand guerrier que moi… Tu es vraiment un monstre. »

Kael traita Ryoma de monstre, mais ce mot n’était pas méprisant. Bien au contraire, son expression montrait que c’était plutôt un éloge.

« Je suis fier du fait qu’il n’y a pas de chevalier plus grand que moi… Tant dans le maniement de l’épée que dans l’esprit ! Que je pouvais voir plus loin que n’importe quel chevalier dans n’importe quel pays… ! Mais je n’étais pas de taille face à toi dans chacun de ces domaines… En tant que commandant et en tant qu’épéiste… Pourquoi ai-je perdu… ? Était-ce parce que tu avais plus de talent que moi… ? »

« Non… Je ne suis pas meilleur que toi… Je ne pense pas être inférieur à toi, mais je ne suis pas non plus supérieur à toi. »

Ryoma répondit sérieusement à la question de Kael.

C’était la dignité qu’il montrerait à un homme qui avait un pied dans la tombe. Et en vérité, à cause des compétences inhabituelles de Kael Iruna, tout avait mal tourné pour Ryoma. En tant que guerrier et tacticien, les talents de Kael étaient bien au-dessus de la moyenne.

« Alors pourquoi ai-je perdu ? »

« Tu as perdu à cause de ton propre cœur. Tu as tellement cru en ta force que tu t’es noyé dans la vanité… »

Les yeux de Kael s’élargirent aux mots de Ryoma. En vérité, il y avait deux facteurs qui avaient contribué à la victoire de Ryoma. Le premier était le suivant : les stratégies de Kael reposaient toutes sur la force brute, ce qui émoussa son jeu d’épée.

Ses frappes étaient certainement rapides et tranchantes. Son habileté était également bien plus raffinée que celle d’un chevalier ordinaire. Mais bien qu’il ait appris l’escrime dans une école légitime, sa dépendance à la magie martiale faisait qu’il s’appuyait trop sur la force brute. Le regard de Ryoma, aiguisé par des années d’entraînement avec son grand-père, pouvait discerner à quel point sa portée et sa respiration étaient grossières.

Le second facteur était le suivant : Kael avait recouvert son corps d’une armure complète, comme il l’avait fait sur le champ de bataille. Une armure pesait en moyenne entre trente et quarante kilos. Les chevaliers portaient cette armure ainsi qu’un casque, un bouclier et une épée. Le poids total s’élevait à près de cinquante kilos.

Cela limitait la mobilité des articulations, bien qu’on pouvait se déplacer comme si l’armure était légère en utilisant la magie pour supporter le poids. En soi, c’était extrêmement impressionnant. On pourrait comparer cela à un véhicule ayant le blindage d’un char d’assaut, ainsi que la vitesse et le moteur d’une Ferrari. On pouvait facilement comprendre pourquoi la magie martiale était devenue le symbole de la classe dirigeante dans ce monde.

Mais aussi impressionnante soit-elle, elle sacrifiait quand même la mobilité. En utilisant l’analogie de la voiture, Kael se déplaçait aussi vite qu’un véhicule de tourisme roulant à vitesse maximale. En effet, compte tenu de son blindage, pouvoir maintenir cette vitesse était déjà étonnant. Cependant, s’il n’avait pas ce blindage, il serait sûrement capable de se déplacer aussi vite qu’une voiture de course.

Dans quelle direction la bataille aurait-elle basculé si c’était le cas ? Personne ne pouvait le dire. Bloquer une frappe délivrée avec une vitesse surhumaine par une simple compétence serait encore difficile. Mais en fin de compte, Kael devait sa défaite à sa trop grande confiance dans la puissance de la magie martiale, et à sa propre capacité à l’utiliser. Cette croyance vaniteuse qui le faisait croire qu’être chevalier le rendait plus fort.

« La vanité… La vanité, tu dis… Héhé. Et dire que c’est exactement ce que Mikhail a dit… Laisse-moi te demander une chose. Pourquoi es-tu du côté de la princesse Lupis ? Est-ce à cause de l’argent ? Du pouvoir ? Ce ne sont que des promesses en l’air… Le mur du statut social est épais dans ce pays. Même si la princesse devait te rembourser, les nobles autour d’elle ne le permettraient jamais ! »

« Je n’ai pas l’intention de demander à la princesse de l’argent ou du pouvoir. »

Ryoma secoua la tête.

« Impossible… Alors pourquoi t’es-tu battu ? Pourquoi t’es-tu mis en travers de notre chemin ?! »

Le ton de Kael est devenu plus rude.

Il devait savoir pourquoi l’ennemi qui l’avait conduit à la porte de la mort avait choisi de se battre.

« C’est vraiment simple… Ton ingérence nous a fait prendre le parti de la princesse Lupis. »

« Mon ingérence… ? » L’expression de Kael montrait des signes de surprise.

« Oui… te souviens-tu de la manière dont tu as piégé Mikhail ? »

Après avoir réfléchi un moment, Kael hocha la tête comme s’il s’en souvenait.

« Tu veux dire quand nous avons fait entrer clandestinement la princesse Radine en Rhoadseria ? »

« C’est ça… Nous avons accepté une demande de la guilde, et avons été attaqués en chemin. Nous avons subi l’attaque au nom de la princesse Radine. »

« Oui, j’ai divulgué l’information sur la fausse princesse à Mikhail et je l’ai fait attaquer. Et pendant qu’il faisait ça, nous avons fait entrer la vraie princesse dans le pays… Ça s’est bien passé, en effet… Et c’est grâce à cela que le Duc Gelhart a accepté ma défection à ses côtés ! »

Les paroles de Kael avaient une teinte de fierté face au succès de son propre stratagème.

***

Partie 6

« Oui, ça s’est bien passé. Sauf que ça nous a impliqués dans tout ce bordel ! », dit Ryoma avec un sourire amer.

Peut-être qu’on ne pouvait pas dire que c’était vraiment la faute de Kael. Il se trouvait que les cheveux de Laura étaient de la bonne nuance d’argent. Elle était à ce moment-là la seule mercenaire aux cheveux d’argent de Pherzaad. De nombreuses petites coïncidences s’étaient accumulées jusqu’à ce que Ryoma affronte Kael aujourd’hui. Et si une seule de ces coïncidences n’avait pas eu lieu, le sort de Kael aurait pu être différent.

« Aaah. Je pensais vous avoir vu quelque part, mais c’était donc vous ce jour-là… » Le visage de Kael se tordait amèrement.

N’importe qui maudirait son destin si seulement il entendait l’explication de Ryoma. Ce qui était au départ son propre stratagème devint soudainement la corde qui se resserrait autour de son cou.

« Donc, c’était juste de la malchance… »

Les mots glissèrent des lèvres de Kael.

Tel était le remords de l’homme trahi par la déesse de la fortune et ses caprices.

« Oui. C’était juste de la malchance… »

Ryoma fit un signe de tête silencieux.

En vérité, si les fils s’étaient croisés d’une autre manière, c’était peut-être Ryoma qui serait mort ici. La seule différence entre eux était juste une question de chance.

« J’ai une dernière requête », dit Kael.

Ryoma hocha la tête en silence. Le visage de Kael était déjà pâle à cause de la perte de sang, et la seule chose qui l’attendait était la mort. Et Ryoma n’était pas suffisamment insensible pour ignorer les paroles d’un mourant.

« Je voulais mourir en me battant… comme un chevalier. Seriez-vous mon adversaire ? »

Ryoma fit un autre signe de tête silencieux, et soutint son katana.

« Vous avez ma gratitude… Merci. »

Ryoma leva sa lame. La position du feu. La position optimale pour que Ryoma puisse porter un coup. Kael tenait son épée sur son flanc, et se lança dans un sprint, s’avançant vers Ryoma avec la force qui lui restait.

Ce sera la dernière bataille que je n’aurai jamais…

Au moment où Kael s’apprêtait à trancher l’abdomen de Ryoma, un cri de guerre éclata des lèvres de Ryoma. L’instant d’après, la lame s’était relevée au-dessus de sa tête et avait heurté le casque de Kael. Le corps de Kael était passé à côté de Ryoma. Il fit deux autres pas… un troisième… un quatrième…

La vitesse de course de Kael s’était progressivement ralentie, il avait fini par s’élancer vers l’avant, tombant la tête la première au sol.

Au moment où Kael avait été abattu par la lame de Ryoma, la vengeance d’Helena approchait de son point culminant dans les profondeurs de la forêt.

« Merde ! Nous devons protéger le général et sa famille ! »

« Suivez-moi ! Nous brisons l’encerclement ! »

Des ordres contradictoires s’étaient succédé de toutes parts, compliquant encore la bataille. Certains chevaliers dirent qu’ils devaient protéger la personne d’Albrecht, tandis que d’autres avaient essayé de rassembler les autres chevaliers et tentèrent de briser l’encerclement de leurs poursuivants. Ils évitaient tous désespérément les lames de l’ennemi, leur armure grinçant à mesure qu’ils se déplaçaient.

Mais la réalité était impitoyable. Leurs efforts désespérés ne seraient pas récompensés. Ils levèrent leurs boucliers et brandirent leurs épées pour tenter de percer l’encerclement de l’ennemi, mais ils s’écroulèrent tous, morts, les uns après les autres.

Trente gardes partirent du camp avec Albrecht, mais il en restait moins de vingt. L’unité d’Helena, en revanche, comptait plus de deux cents hommes. Les deux camps étaient des chevaliers entièrement armés, mais la différence de nombre était claire et absolue.

Après avoir été pris en embuscade dans son camp par Ryoma, Albrecht tomba ensuite dans le piège d’Helena. Mais c’était ainsi que leur piège était prévu. Ryoma était le chien de chasse qui le chasserait hors du camp, afin que la chasseuse, Helena, puisse l’achever. C’était effectivement un stratagème mortel.

« Dame Helena… Tout se passe comme vous l’avez ordonné. Il ne reste plus qu’à prendre la tête d’Albrecht et de sa famille. », rapporta l’un des chevaliers.

« Oui, je pense que la fin est en vue. Ryoma a bien agi. »

Helena fit un signe de tête avec un sourire sombre.

« Mais quand même… De voir les choses si bien se dérouler… Ce garçon, il est… terrifiant », chuchota Chris en regardant les combats… ou plutôt, le massacre perpétré devant lui.

Bien sûr, c’était Helena et ses forces qui avaient écrasé l’ennemi. Chaque chevalier ennemi était battu par quatre ou cinq des chevaliers d’Helena, et tout le monde, sauf le plus puissant des guerriers, tombait à la renverse. Ils étaient également entourés d’une multitude d’autres chevaliers qui faisaient obstacle à toute tentative d’évasion. Le seul avenir que les chevaliers d’Albrecht avaient devant eux était la mort.

Et ce qui avait créé cette situation était le plan de Ryoma Mikoshiba. Les yeux de Chris étaient remplis de peur envers Ryoma.

« Oui, il est certainement impressionnant », complimenta Helena au sujet du plan de Ryoma, puis se tourna vers Chris.

« Est-ce qu’il te fait peur ? »

Le sourire qui se trouvait sur son expression d’avant avait totalement disparu. Chris avait simplement tenu sa langue, conservant ainsi ces sentiments en lui-même. Il n’en restait pas moins que Ryoma n’avait rien fait qui n’ait pas profité au royaume de Rhoadseria. Il ne serait pas étrange de le louer comme un allié fiable. Mais Chris ne pouvait pas se débarrasser d’une certaine inquiétude.

Il a obtenu des résultats impressionnants. Il est capable d’élaborer et d’exécuter des plans et c’est un commandant compétent… Mais ce n’est pas un homme de ce pays. C’est un étranger, un vagabond… Si un tacticien comme lui devait se joindre à un pays ennemi, puis tenter d’envahir la Rhoadseria…

Chris avait reconnu ouvertement les compétences de Ryoma, et il avait aussi compris que ses pensées étaient sans fondement. Mais même en sachant tout cela, Chris était terrifié par Ryoma, et cela provenait du fait que Ryoma n’avait absolument aucun lien avec Rhoadseria en tant que pays. Il n’avait pas prêté allégeance à la princesse Lupis, et ne se sentait pas non plus très proche du royaume.

La seule chose qui liait Ryoma à la princesse Lupis était une série de coïncidences empilées, et c’était une opinion partagée par de nombreux lieutenants de la princesse Lupis. C’était pourquoi Chris craignait Ryoma.

Helena et Chris échangèrent des regards en silence pendant un long moment.

« Je pensais que… Je comprends pourquoi tu es anxieux, Chris… Plusieurs autres sont déjà venus me voir avec des doutes similaires. », Helena avait fini par chuchoter tristement.

L’expression de Chris changea à ses mots. Un seul type d’intrigue était utilisé contre les personnages dangereux. Ce choix avait traversé l’esprit de Chris. Le choix dangereux de l’assassinat…

« Je leur ai dit à tous de ne rien faire d’inutile… afin de ne pas remuer le nid de frelons », dit Helena en haussant les épaules.

« Vous voulez dire… assassiner Ryoma Mikoshiba ? »

Helena n’avait pas répondu à la question de Chris. Au moins, les gens semblaient l’avoir proposé.

En enfonçant le clou qui dépasse, hein…

Le cœur de Chris vacillait dans quelque chose comme un mélange de solitude et de frustration. Certes, il craignait Ryoma, mais il n’avait pas envisagé de l’assassiner pour le retirer de la liste des menaces.

Personne n’a gagné autant de mérite que lui dans cette guerre civile. C’est grâce à lui que la princesse Lupis a réussi à écarter le général Albrecht et le duc Gelhart… Même s’il n’est pas un citoyen de Rhoadseria et qu’il n’est qu’un vagabond, rembourser par un assassinat le plus grand contributeur à la conclusion de cette guerre serait…

On ne pourrait pas maintenir un pays sans se salir un peu les mains. Chris l’avait parfaitement compris. Mais il n’était toujours pas à l’aise avec l’idée d’assassiner Ryoma, et ce n’était même pas un problème de sentiments. Même si la situation exigeait son assassinat, il fallait quand même qu’une certaine condition soit remplie.

La condition étant qu’ils puissent réellement l’assassiner.

Il ne pouvait pas y avoir d’échec. Car s’il survivait, le royaume de Rhoadseria se serait créé de ses propres mains un ennemi bien plus dangereux que le général Albrecht ou le duc Gelhart ne l’avaient jamais été. C’était pourquoi Chris n’avait pas ressenti le besoin d’assassiner Ryoma malgré ses craintes.

La meilleure solution possible étant de le faire servir le royaume… De cette façon, Rhoadseria s’épanouirait à ses côtés…

Mais bien sûr, c’était beaucoup plus facile à dire qu’à faire. Le mur du statut social en Rhoadseria était trop haut, et donc Ryoma, qui n’était même pas citoyen du royaume, allait rencontrer trop de problèmes.

« Quelle est votre opinion à ce sujet, Dame Helena ? » demanda soudain Chris à Helena.

« Moi… ? Je suis contre, bien sûr… C’est seulement grâce à ce garçon que je peux tuer Albrecht. Et si quelqu’un essayait de le tuer et échouait, ce pays serait confronté à une menace bien plus grande… »

Helena répondit de façon ambiguë.

N’importe qui arriverait à cette conclusion avec un peu de réflexion.

Ses compétences en tant que guerrier sont exceptionnellement élevées, et c’est un tacticien et un commandant de premier ordre. Et il y a toujours des gens autour de lui, attirés par son charisme…

Lione des lions cramoisis et son lieutenant, Boltz. Leurs noms en tant que mercenaires étaient bien connus sur tout le continent occidental. Grâce à leurs relations, Ryoma avait pu engager les services de nombreux mercenaires qualifiés. Mais le problème était que leur relation avec Ryoma ressemblait davantage à la relation entre maître et serviteur.

Les mercenaires l’avaient méprisé en raison de son faible rang et de sa jeunesse, mais après sa victoire contre Branzo l’araignée noire et son succès à la rivière de Thèbes, l’opinion de tous sur lui avait basculé en faveur d’un véritable éloge.

À ce moment-là, on pouvait dire que Lione des lions cramoisis était positionnée en tant que chef des gardes du corps de Ryoma. Ce comportement était extrêmement inhabituel pour des mercenaires qui avaient toujours survécu sur le champ de bataille par leurs propres forces.

Ce n’était pas pour rien qu’on disait des mercenaires qu’ils n’étaient loyaux envers personne, et c’était aussi la raison pour laquelle leurs conditions d’emploi et leurs exigences salariales étaient aussi sévères qu’elles l’étaient. Leurs employeurs pouvaient leur couper les vivres à tout moment pour n’importe quelle raison, et les mercenaires ne travaillaient donc jamais plus qu’ils n’étaient payés. Bien entendu, ils pouvaient sembler sérieux dans leur travail, mais à l’inverse, ils gardaient une approche professionnelle pour tout ce qui dépassait le cadre de leur contrat.

Pour les mercenaires, un employeur était une existence temporaire, et non quelqu’un qu’ils serviraient pour toujours. Si l’on s’en tenait aux termes du monde de Ryoma, c’était un peu comme la différence entre les employés temporaires et les employés à plein temps.

Et donc, si ces mercenaires obéissaient aux ordres d’une personne jeune et inexpérimentée comme Ryoma, ce ne pouvait être que parce qu’il avait réussi à gagner leur cœur.

Il doit avoir le calibre d’un général.

Ryoma Mikoshiba possédait quelque chose qu’Helena avait dû avoir dans sa jeunesse.

Un assassinat est une mauvaise idée. Même s’il réussissait, le groupe de Lione riposterait et cela conduirait à un nouveau bain de sang… Et qui sait si on pourra le tuer…

Cette inquiétude secoua le cœur d’Helena. Elle n’avait aucune intention de l’assassiner ni d’admettre qu’elle y réfléchissait. Si l’un de ses subordonnés le suggérait, elle rejetterait simplement l’idée.

***

Partie 7

Mais le problème était que quelqu’un pourrait décider de le faire sans qu’elle le sache. Dans ce cas, tout irait bien si l’assassinat se déroulait sans problème. Si cela dissipait les inquiétudes de Rhoadseria, Helena n’aurait qu’à ravaler ses propres appréhensions et sentiments sur la question.

Mais que se passerait-il si l’assassinat échouait ?

Si cela devait arriver, Ryoma Mikoshiba ne pardonnerait jamais le royaume de Rhoadseria. Il le verrait comme le royaume qui l’avait trahi. Et pourtant, Helena était un chevalier de Rhoadseria. Elle devait combattre quiconque cherchait à nuire à son pays.

« Mais s’il devait se lever contre Rhoadseria… Alors… »

Ce fut une décision terriblement amère pour Helena, et un avenir qu’elle ne souhaitait pas voir se réaliser.

Mais Chris n’avait pas pu entendre Helena finir cette phrase.

« « « Ooooooooh ! » » »

« « « Nous les avons attrapés ! Nous les avons ! » » »

Les acclamations qui s’élevaient du champ de bataille noyèrent ses paroles…

« Vous n’êtes pas blessé, n’est-ce pas ? Nous allons briser l’encerclement ici… Ne lâchez pas mes mains, compris ? Ne vous retournez pas, et gardez les yeux sur moi ! »

Albrecht courait pour tenter de briser l’encerclement, avec sa femme et sa fille dans son dos. Les chevaux de leur voiture avaient été rapidement tués, réduisant le véhicule en une masse de bois immobile. Albrecht avait rapidement aidé sa famille à descendre de la voiture et ils tentèrent de s’enfuir dans la forêt.

Cependant, à ce stade, l’encerclement d’Helena n’était pas un filet déployé autour d’eux, c’était une cage, les enfermant et bloquant tout chemin de fuite. Il n’avait pas d’autre choix que de vaincre les chevaliers qui se rapprochaient de lui. Le monde n’était pas été assez gentil pour permettre à une tactique aussi téméraire de réussir. Ses tentatives d’évasion répétées avaient coûté la vie à quelques-uns des chevaliers qui étaient encore à ses côtés, et il était désormais complètement entouré d’ennemis.

« Père… » Sa fille le regarda avec une expression pâle, sentant la soif de sang qui les entourait.

Il y avait quelques semaines à peine, elle était l’une des jeunes femmes les plus importantes du pays. Elle n’était pas du tout assez endurcie pour résister à la sauvagerie sanguinaire du champ de bataille. Le voyage à Tarja avait également épuisé son endurance.

« Ça va aller, suivez-moi ! Vous n’avez qu’à courir et à garder les yeux sur mon dos ! »

Albrecht éleva la voix pour encourager les deux femmes.

Il pouvait dire que s’il montrait le moindre signe de faiblesse, leur cœur allait probablement se briser.

« Tout ira bien. Crois-en ton père », dit sa femme, à laquelle sa fille fit un signe de tête.

Bien qu’elle n’avait pas vraiment le choix.

« Allons-y ! », dit Albrecht.

Les chevaliers qui l’accompagnaient firent un signe de tête. Seuls quatre d’entre eux restèrent sur les trente envoyés avec sa voiture.

« « « Ooooooooh ! » » »

Tous les quatre chargèrent le mur de soldats qui leur bloquaient le chemin. Ils brandirent leur épée, levèrent leur bouclier, forçant leur corps à passer. La vision de ces chevaliers agitant leur épée et criants était similaire à celle d’un groupe de chiens enragés. Ils avaient complètement abandonné l’idée de se défendre, sachant que la fin du général Albrecht signifierait de toute façon leur propre fin. Cette connaissance les réduisait à tenter des choses téméraires.

« Seigneur, maintenant ! Là-bas ! »

Les soldats de la défense avaient été accablés par leur charge imprudente, faisant s’effondrer l’encerclement pendant un moment.

« Allons-y ! Gardez les yeux en avant et allez droit dans la forêt ! »

La femme et la fille d’Albrecht hochèrent la tête et, après confirmation de sa part, le trio s’était mis à courir.

« Dépêchez-vous, seigneur ! »

Avec les cris de leurs chevaliers qui les poussaient à avancer, le trio se précipitait vers l’avant sans se retourner. Ils n’étaient plus qu’à quelques mètres des bois.

Juste un peu plus ! Si nous pouvons courir dans la forêt, nous pourrons probablement nous enfuir ! Nous devons juste continuer à avancer !

Bien sûr, entrer dans la forêt ne garantissait pas leur sécurité. Mais leurs chances de survie étaient d’autant plus élevées qu’ils pouvaient briser ce blocus.

« Aaaaaaaaah ! »

Sa fille cria dans son dos.

« Comment osez-vous ! Retirez vos mains ! Lâchez-moi… ! »

La voix de sa femme avait également été entendue, mais elle avait été coupée par le son émoussé de la chair battue.

« Mère… ! Arrêtez ! Ne la frappez pas ! »

Le général Albrecht se retourna, mais il était confronté à la vue de sa femme accroupie et de sa fille tourmentée par les soldats. La bouche de sa femme dégoulinait de salive et de vomi. Elle avait probablement été frappée. Lever la main sur une femme était méprisable du point de vue de la chevalerie, mais un tel idéalisme avait rarement sa place sur le champ de bataille. Le général Albrecht hésita.

Bon sang ! Nous étions si près… ! Qu’est-ce que je fais, je les sauve… ? Non, je n’y arriverai jamais. Est-ce que je retourne dans cette situation… ? Mais je ne peux pas abandonner ma fille ici…

Le regard du général Albrecht croisa celui de sa fille. Ses yeux l’imploraient de la sauver, elle et sa mère. Mais le général Albrecht ne bougea pas. Il était à deux doigts, à deux doigts de s’en sortir… !

Sauver sa femme et sa fille ici était tout simplement impossible. Son côté froid l’incitait à privilégier le pragmatisme. Mais cela aussi était impossible. Il ne pouvait pas non plus les abandonner et s’enfuir. Cela lui enlèverait toute chance de faire un retour.

Les abandonner et m’enfuir seul ? Qu’est-ce que cela me donnerait ? Je doute que Tarja me donne même un refuge dans ce cas…

La seule raison pour laquelle le royaume de Tarja lui donnerait asile était que sa femme était la fille d’une famille de nobles de Tarjan. S’il devait abandonner sa femme et s’enfuir, sa famille ne lui pardonnerait jamais. L’instinct de conservation liait son corps. Quel que soit le choix qu’il ferait, il le mènerait tout droit à sa perte.

« Jetez vos armes, Général Albrecht ! »

Un des chevaliers s’avança.

« Faites-le, ou choisissez la mort ! »

L’hésitation du général Albrecht donna aux chevaliers d’Helena la possibilité de l’encercler, rendant sa situation complètement désespérée.

Bon sang !

Les chevaliers lui barraient la route vers la forêt, et il ne semblait pas qu’il soit capable de percer. Toutes les chances qu’il avait de sauver sa famille ou de fuir en toute sécurité s’étaient envolées.

« Que ferez-vous ? Allez-vous rester là à nous regarder décapiter votre femme et votre fille ?! »

Des mots sans aucune pitié avaient été prononcés une fois de plus à l’encontre du général Albrecht. Sa femme et sa fille avaient les mains coincées dans le dos, avec des épées pointées dans leur direction.

« Bien-aimé… »

« Père… »

Leurs deux yeux l’appelaient en tant que mari et père. Cette bataille était déjà bien décidée.

Faire du boucan ici ne me donnera rien. Toute tentative de résistance ne ferait que leur donner une excuse pour nous exécuter. La justification… Tant que j’ai la possibilité de me disculper, je peux faire quelque chose ! Au moins, Lupis n’exécutera pas ma femme et ma fille !

Albrecht jeta son épée au sol.

« Très bien. »

Albrecht fit sortir les mots du fond de son cœur.

« Je… je me soumets. »

Mais tandis qu’il prononçait ces mots, son esprit s’accrochait à l’unique espoir qui lui restait.

« Très bien ! »

Les chevaliers firent un léger signe de tête et levèrent les mains.

Plusieurs chevaliers se précipitèrent sur le général Albrecht, et lui lièrent les mains avec des chaînes.

« « « Ooooooooh ! » » »

« « « Nous les avons attrapés ! Nous les avons ! » » »

Les acclamations résonnaient à travers la forêt. Tous levèrent leur épée en l’air pour célébrer.

« C’est enfin terminé ! Une nouvelle ère pour le Royaume de Rhoadseria commence ! »

« Gloire à Son Altesse ! Prospérité éternelle pour le Royaume de Rhoadseria ! »

Les chevaliers élevèrent la voix dans des acclamations enthousiastes.

« Que vais-je devenir maintenant ? Où aura lieu mon procès ? Garantissez-vous ma sécurité jusqu’au verdict ? », demanda le général Albrecht à un chevalier voisin.

« Un procès ? Vous pensez être en mesure d’exiger un procès ? », répondit le chevalier avec un regard froid et glacial.

« Quoi ? Qu’est-ce que vous dites ?! »

Le général Albrecht oublia qu’il venait d’être arrêté et essaya d’attraper le chevalier.

« Je me suis rendu ! J’ai droit à un procès équitable ! »

Il s’était rendu uniquement parce qu’il pensait que la princesse Lupis le ferait juger. Il ne serait pas tué sans qu’aucune question ne lui soit posée, et sa sécurité serait garantie jusqu’à ce que le procès soit décidé. Il comptait sur la gentillesse et la crédulité de la princesse, croyant qu’au moins sa famille serait épargnée.

Mais tout cela avait été complètement renversé.

« Qu’est-ce que cela signifie ? Est-ce que la princesse, est-ce que la princesse Lupis a ordonné cela ?! »

Si c’était le cas, alors le général Albrecht avait complètement mal jugé Lupis Rhoadseria en tant que personne.

C’est impossible, cette femme n’a pas la capacité d’ordonner quelque chose comme ça… !

Lorsqu’elle était poussée trop loin, la pitié n’était rien d’autre que de la naïveté, et c’est la raison pour laquelle le général Albrecht n’avait jamais vu en Lupis qu’une marionnette à manipuler. Si elle était vraiment capable de cela, alors le général Albrecht serait volontairement entré de lui-même dans une mort honteuse et exaspérante.

Mais la réalité était encore plus impitoyable qu’il ne l’avait imaginé.

« Non, c’est faux ! »

Les chevaliers entourant Albrecht s’écartèrent, ouvrant la voie. Et le long du chemin qu’ils avaient ouvert, un chevalier en blanc, vêtu d’une armure d’ébène, d’un casque et d’une cape, marchait d’un pas assuré.

« Vous semblez mal comprendre les choses… Général Albrecht. »

« Cette voix… Et cette armure ! »

Le général Albrecht était devenu pâle.

« Tu es Helena… Helena Steiner ! Comment peux-tu être ici… ?! Tu devrais être dans l’attaque d’Héraklion ! »

Le chevalier retira son casque, se révélant en effet être Helena Steiner.

« Dame Helena Steiner ? La déesse blanche de la guerre de Rhoadseria ? »

« Est-ce… vraiment Dame Helena ? »

La femme et la fille d’Albrecht s’étonnèrent de l’apparition soudaine d’Helena. Elles ne s’attendaient pas à rencontrer une héroïne nationale ici. Helena fit un doux signe de tête aux deux femmes et leva un doigt sur ses lèvres pour les faire taire. Elle rendit ensuite son regard au général Albrecht.

« Pensais-tu que je ne pouvais pas prédire ce que tu allais penser ? »

« Tu dis que tu as anticipé ce que je ferais ?! C’est impossible… ! Tu ne pourrais jamais faire ça ! »

Albrecht éleva la voix avec colère.

***

Partie 8

Pendant de nombreuses années, Albrecht avait regardé Helena de haut comme une humble paysanne, il ne pouvait donc jamais admettre qu’elle verrait à travers lui de manière aussi approfondie.

« Mon Dieu… Je vois que tu es toujours aussi aveugle sur les réalités. Tu surestimes tes propres capacités et méprises celles des autres… Tu n’as pas changé depuis le jour où nous nous sommes rencontrés. Mais en réalité, je t’ai capturé et coincé ici. N’est-ce pas tout ce qui compte ? »

« Tais-toi, sale roturière ! Je suis… Je suis un descendant de la maison Albrecht ! Je ne peux pas perdre face à des gens comme toi ! »

Helena répondit au cri d’Albrecht avec un sourire amer.

Espèce d’idiot… Tu as de l’ambition, de l’intelligence, du pouvoir et la lignée… Comment quelqu’un qui a tant de talent peut-il être aussi stupide… ?

« Pas par toi ! Pas par une roturière comme toi… ! Tu ne peux pas et ne pourras jamais être meilleur que moi ! »

« Toi, homme pathétique… C’est pourquoi l’ancien général m’a désigné comme son successeur à ta place. Il savait que tu es un privilégié et que ta vanité rongerait ce pays… Et il avait raison ! Regarde autour de toi ! Regarde comment tous les chevaliers qui se tiennent ici te regardent ! »

« Tais-toi ! L’ancien général n’avait pas l’œil pour sonder les gens ! S’il l’avait fait, il n’aurait jamais choisi une roturière comme toi plutôt qu’un héritier de la famille Albrecht ! Vous tous ! Vous ne pensez pas que c’est mal ?! De fiers chevaliers de Rhoadseria comme vous devraient-ils être dirigés par une roturière ?! » cria Albrecht tout en regardant autour de lui.

Mais aucun des chevaliers n’était d’accord avec lui. Au contraire, ils le regardaient tous avec une froide répugnance.

« Qu’est-ce qui vous arrive à tous ? Pourquoi me regardez-vous comme ça ? ! »

La façon dont les chevaliers regardaient Albrecht… C’était le même regard avec lequel il regardait les roturiers. La seule différence, c’est qu’ils étaient aussi imprégnés de la haine et du mépris des opprimés.

« Espèce de stupide et pitoyable homme minable… Ce sont tous des chevaliers de bas rang, de descendance commune. Les personnes que toi et les nobles chevaliers avez opprimées et extorquées… Penses-tu qu’ils vont sympathiser avec toi ? En fin de compte, tu ne vois vraiment pas plus loin que le bout de ton nez. Tu t’assois simplement les jambes croisées sur ton trône de statut et de lignage, et tu ne penses jamais une seule fois aux personnes qui soutiennent ton poids ! »

Parmi la masse des chevaliers, certains étaient les enfants de maisons de chevaliers de longue date, tandis que d’autres étaient des roturiers qui avaient gravi les échelons jusqu’à la chevalerie au prix de nombreux efforts. Mais les chevaliers roturiers devaient passer par une porte d’entrée dont le seuil était bien plus petit. Et cela demandait encore des efforts considérables.

Mais à Rhoadseria, même ceux qui avaient fourni tous ces efforts étaient confrontés à un mur distinct qui les séparait des chevaliers de noble naissance. Voir des personnes de naissance commune lutter pour que leur nom ait enfin un certain mérite, pour se le faire arracher par un chevalier de naissance noble, était un événement quotidien.

Les personnes choisies pour participer fièrement aux défilés étaient toujours des chevaliers de noble naissance. Ceux de naissance commune étaient laissés derrière pour faire les tâches en coulisses. Certains des chevaliers présents s’étaient même fait enlever de force leurs amantes par un collègue.

Toute tentative de dénoncer cette corruption n’avait eu pour seul résultat que de les rendre coupables. Certains avaient même été traduits en cour martiale pour leurs problèmes. Les nobles chevaliers étaient toujours les seuls à s’en attribuer le mérite, tandis que les chevaliers du peuple faisaient le sale boulot et assumaient toute la responsabilité.

Et tout cela parce que le général au sommet, Hodram Albrecht, était un chevalier privilégié, partial et dur d’esprit, de noble naissance. La corruption du responsable signifiait que ses subordonnés seraient inévitablement tout aussi pourris.

« Tais-toi ! Nous ne sommes pas égaux ! »

Les émotions d’Albrecht prenaient le dessus sur lui et son visage rougissait de colère.

« Vous les roturiers, vous permettre de devenir chevaliers était dès le départ une erreur ! Nous vous avons simplement laissé devenir chevaliers par pitié, alors taisez-vous, baissez la tête et faites ce que nous disons ! »

Les propos qu’il tenait devenaient incohérents, mais toutes les personnes présentes avaient compris ce qu’il essayait de dire. Les chevaliers du peuple doivent obéir aux nobles chevaliers, comme lui.

« Tu es vraiment un imbécile exaspérant… Mais, bon, ainsi soit-il… Aujourd’hui, c’est la dernière fois que nous devons supporter tes attitudes désagréables… », dit Helena.

« Espèce d’idiote ! As-tu l’intention d’enfreindre la loi nationale… ?! J’ai le droit d’être jugé ! »

Albrecht n’avait pas pu se retenir suite au choc.

Il avait lui-même enfreint de nombreuses règles jusqu’à présent. Il avait injustement réparti ses ressources humaines, envoyant des gens qu’il n’aimait pas monter la garde dans des régions éloignées. Il avait détourné des fonds militaires et avait accepté des pots-de-vin des marchands. Il mettait au pas des collègues qui s’étaient mis en travers de ses promotions et leur fit porter le chapeau.

Mais quand sa vie touchait à sa fin, il voulait dépendre de la loi. Peu importait que son acte soit déraisonnable, car c’était la seule chose à laquelle il pouvait s’accrocher.

« Oh, ne te méprends pas. Il sera consigné dans les archives qu’Hodram Albrecht a prétendu se rendre, pour ensuite tenter de tuer Helena Steiner. N’ayant pas le choix, elle a dû le tuer en légitime défense. Et sa famille a été abattue par les chevaliers qui l’ont aidé à s’échapper. Et tout cela sera fait… par ces bonnes vieilles méthodes que tu as toujours su utiliser. », dit Helena avec un sourire plein d’ironie.

« C’est de la folie ! Tu appelles ça de la justice ?! »

« Justice ? Non, ce n’est pas de la justice… C’est de la vengeance… Pour le mari et la fille que tu m’as pris. »

L’expression d’Albrecht se figea sur ces mots. Sa femme et sa fille avaient réagi avec un choc horrifié.

« Qu’est-ce que tu dis ? ! Je n’ai aucune idée de ce que tu veux dire ! Je ne sais rien de ta famille ! »

« Ne te fous pas de moi… Il y a cinq ans, j’ai battu le marchand d’esclaves que tu avais engagé, Heinz. Et j’ai le témoin qui a aidé à l’interroger à l’époque. »

Un des assistants d’Helena, debout à ses côtés, hocha la tête.

« Je ne sais rien ! Je ne connais aucun Heinz ! Il a de toute façon déjà été exécuté ! Comment peux-tu le prouver ? ! Ce témoignage ne vaut rien ! »

« Bien-aimé… Qu’est-ce qu’elle dit ? As-tu vraiment… fait cela à la famille de Dame Helena… ? »

« Père… ? »

La famille d’Albrecht le regardait avec des regards indignés et douteux.

« Pourquoi me regardez-vous comme ça ? ! J’ai dit que je ne sais rien ! Ne crois-tu pas ton propre père ?! »

Mais plus il essayait de trouver des excuses, plus leurs regards se refroidissaient. Il était évident pour tout le monde qu’Albrecht l’avait fait.

« Tu as raison. Cela ne peut pas servir de preuve… Mais tu vois, je n’ai pas besoin de preuve. Je veux juste te tuer… »

« Toi… »

Albrecht avait finalement remarqué la folie dans les yeux d’Helena.

Et à ce moment-là, il le réalisa. Rien de ce qu’il fera ou dira ne l’aidera à échapper à sa lame.

« Ne t’inquiète pas… Nous donnerons à ta femme et à ta fille une mort rapide… Ma fille a dû être violée à mort par un marchand d’esclaves, mais… C’est bien. Je leur pardonnerai avec ça. », dit Helena tout en sortant son épée.

Elle s’était ensuite dirigée vers sa femme et sa fille.

« Attends ! Elles n’ont rien à voir avec ça ! »

Albrecht essaya de sauter et de se mettre sur son chemin, mais les chevaliers l’avaient coincé.

« Oh, je dirais qu’elles ont toutes les deux à voir avec ça. C’est bien ta famille. »

« Attendez, quelqu’un ! Quelqu’un ! »

Albrecht criait désespérément à l’aide.

« Arrêtez-la ! Elle ne peut pas s’en tirer comme ça ! »

Mais aucune des deux cents personnes présentes ne voulut lui prêter l’oreille. Ils voulaient toute sa mort et celle de sa famille.

« Non… S’il vous plaît… Aidez-moi… »

Des larmes coulèrent dans les yeux de sa fille.

Elle réalisa la gravité du péché de son père, et combien il était détesté par tous les autres. Le fait qu’aucun des chevaliers présents ne lui avait témoigné de pitié en était la preuve.

« Au revoir… Tu n’as rien fait de mal, mais… La chance n’était pas de ton côté. Je vais au moins m’assurer que tu ne souffres pas… »

« Stoooooooooop ! »

Le cri d’Albrecht résonnait en vain. Helena brandit son épée, puis l’enfonça dans le cou de la fille. Le corps de la jeune fille s’était aussitôt affaissé, tombant à terre, maculé de sang cramoisi. Helena avait alors ramené sa lame en arrière, l’enfonçant cette fois en plein cœur de la femme.

« Espèce de salope ! Ma femme ! Ma fille ! Je vais te tuer ! Je te tuerai ! », cria Albrecht, les yeux écarquillés de rage et la salive qui s’écoulait de sa bouche.

Mais plusieurs chevaliers le retenaient, il ne pouvait plus du tout bouger. Ses yeux seuls brûlaient de noires flammes de colère.

« Oui ! Ce sont les mots que je voulais entendre ! C’est pourquoi je me suis accrochée à la vie jusqu’à présent ! », dit Helena avec un sourire innocent alors qu’elle s’approchait d’Albrecht.

Maintenant… c’est fini… C’est enfin terminé… Bien-aimés… Salia… Tu peux reposer en paix maintenant, pas vrai… ? Tes rancunes sont enfin remboursées…

Elle allait enfin être libérée des regrets et du ressentiment qu’elle avait dû porter pendant une décennie. Elle pouvait voir son mari et sa fille dans les yeux de son esprit.

« C’est ainsi que tout se termine… Hodram Albrecht ! »

Helena brandit son épée.

« Merde ! Pas par toi ! Pas par une roturière ! »

C’était ainsi que Hodram Albrecht, général du royaume de Rhoadseria et chef de file de la rébellion, avait connu sa fin. Et c’était aussi ainsi que la guerre civile qui avait tourmenté Rhoadseria pendant des mois prit fin.

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