Une vie en prison est facile pour une Vilaine – Tome 1 – Chapitre 6 – Partie 1

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Chapitre 6 : La jeune demoiselle entend quelque chose de merveilleux

Partie 1

C’était arrivé quelques semaines avant que Rachel ne soit jetée dans le donjon.

Alors qu’il balayait la porte cochère le soir, le gardien de la maison ducale de Ferguson vit revenir un carrosse. Il appela à l’intérieur en disant : « La jeune demoiselle est revenue ! »

Les serviteurs s’empressèrent de l’accueillir, et le garde-barrière courut à son poste. Il ouvrit à peine les portes que le carrosse portant les armoiries de la famille passa sans ralentir. Rachel, la fiancée du prince héritier et future reine du pays, revenait tout juste de ses leçons particulières au palais.

Les serviteurs, menés par le majordome et la femme de chambre en chef, se tenaient de part et d’autre du hall, la tête baissée. Rachel marchait, souriante. Et lorsque le majordome lui demanda comment s’étaient passées ses études, elle lui donna alors une brève auto-évaluation, puis elle déclara à la femme de chambre qu’elle prendrait le dîner deux heures plus tard, comme elle en avait l’habitude.

Rachel monta le grand escalier, saluant joyeusement chacune des servantes et des domestiques qui la saluaient, et se dirigea vers sa chambre, où elle s’effondra promptement sur le lit.

« Oh… Je suis épuisée. »

Sofia et ses autres servantes personnelles la déshabillèrent sans mot dire, ignorant les plaintes de leur maîtresse. Ses leçons au palais étaient apparemment assez difficiles, comme en témoignait la façon dont elle s’effondrait toujours dès qu’elle rentrait chez elle. Pendant les deux heures qui suivirent, les préposés de Rachel s’en occupèrent, lui firent prendre un bain et la rendirent présentable pour le dîner avec le duc.

Le fait qu’elles étaient capables de rendre leur maîtresse complètement nue alors qu’elle était encore allongée sur le ventre pouvait paraître incroyable, mais ces servantes étaient effectivement capables de le faire. Depuis que Rachel avait commencé à prendre des leçons au palais, elles avaient travaillé dur pour perfectionner leurs talents afin de la soutenir. Elles pouvaient facilement enlever ses vêtements pendant qu’elle était allongée afin d’alléger le fardeau de leur maîtresse. Il n’y avait personne pour poser des questions parfaitement logiques, comme « Ne pourraient-elles pas la déshabiller quand elle est debout ? ». Ce que Rachel choisissait de faire était prioritaire.

Une fois que les servantes finirent de la déshabiller, elles étendirent un drap fin sur elle et se retirèrent. Sofia s’avança alors et utilisa ses index pour masser rapidement tout le corps de Rachel, de la tête aux pieds.

En se basant sur la tension des muscles de Rachel, Sofia demanda : « C’était quatre heures de cours assis, et deux heures de danse, suivies par… les manières de table, et une inspection des environs, correct ? »

Le visage toujours enfoui dans son oreiller, Rachel réussit habilement à secouer la tête.

« Non. C’était trois heures de conférences assises, deux de danse, une de marche, et deux sur la façon de regarder élégamment une pièce de théâtre — ainsi que l’apprentissage des bonnes manières pour un événement social auquel ne participent que des dames. Tout cela m’a laissé les épaules raides. »

« Comment regarder élégamment une pièce de théâtre ? », demanda Sofia.

« Tu te pavanes pompeusement tout en regardant attentivement la scène avec un sourire. Ou du moins, tu en donnes l’impression. Ces sorcières m’ont fait m’entraîner en regardant une scène vide pendant qu’elles me disaient que ma posture était mauvaise et que je devais montrer la dignité d’un roi. Puis elles m’ont dit que mes yeux étaient morts et qu’il fallait les faire briller d’hilarité. Il est certain que personne ne peut être passionné par une scène sans interprètes. »

« D’un point de vue extérieur, cela semble être une leçon idiote. »

« Du point de vue d’une initiée, c’est stupide. »

Au signal de Sofia, huit autres servantes entourèrent Rachel. Puis Sofia la réconforta en disant : « Oh, ma pauvre. Laissez-nous faire tout ce que nous pouvons pour soulager ton corps fatigué, jeune demoiselle. »

« Je sais que je dis toujours ça, mais allez-y doucement avec moi… »

« Certainement », dis Sofia en hochant la tête.

Elle regarda alors les autres servantes et ordonna : « Aujourd’hui, je veux que vous vous concentriez sur les épaules, et la zone allant de ses tibias à la plante de ses pieds ! Elle semble assez raide, alors soyez minutieuses ! Tout le monde, c’est parti ! »

« Je vous ai dit d’y aller doucement avec moi, n’est-ce pas ? ! Gyaaaaaah ! »

Neuf servantes, dont Sofia, s’abattirent sur Rachel à l’unisson. Elles massaient et pressaient les points vitaux avec le plus grand zèle. Leur travail était également professionnel. Elles n’utilisaient pas seulement le bout de leurs doigts, mais aussi les secondes articulations, ainsi que des bâtons d’acupression. Elles travaillèrent sur tout son corps en même temps. En tant que chef des serviteurs personnels, Sofia a eu l’honneur de masser la zone la plus raide de Rachel, la plante de ses pieds.

« Haugh ?! Gwagh ! Engyaaaah ! Oww ! Ça fait maaaaal ! »

On disait souvent qu’un massage pouvait aider à trouver un sommeil réparateur, mais celui-ci n’avait rien d’aussi apprivoisé. C’était un assaut absolu sur le corps de Rachel. Les servantes la maintenaient au sol alors qu’elle se débattait dans la douleur, décontractant ses muscles de toutes leurs forces.

« Je sais que je demande ça à chaque fois, mais pourquoi devez-vous faire tout mon corps en même temps ?! », dit Rachel.

« Et j’explique à chaque fois que nous n’avons pas le temps de nous concentrer sur chaque point individuellement. Je suis désolée, mais c’est comme ça. »

« On dirait que ça te plaît beaucoup pour quelqu’un qui est désolé ! »

« Une petite pression de ma part fait bondir ma maîtresse de douleur. Comment ne pourrais-je pas être amusée ? », plaisanta Sofia.

« Si tu as des problèmes avec ta situation professionnelle, fais la grève, d’accord ?! »

« Nous faisons tout cela pour vous, jeune maîtresse. Oh, mon Dieu. Tes reins… »

« Agaaaaaah ! »

« Tu sembles assez épuisée », remarqua Sofia.

« Gyaaaah ! »

« Hmm, si ton yongquan te fait sauter autant, alors tes jambes doivent aussi être assez tendues. Lisa, Mimosa, faites particulièrement attention à son chengshan et à son zusanli. »

(NdT : points d’acupuncture situés sur le pied et la jambe)

« Oui, m’dame. »

« Arrêteeeeeeeeeeez ! »

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Elles portèrent délicatement leur maîtresse à demi conscientes jusqu’à la baignoire et la laissèrent mijoter à feu doux. Une fois que sa peau blanche comme neige prit une belle teinte rosée, elles la sortirent du bain, l’enveloppèrent dans un peignoir et lui firent un massage doux pour soulager les douleurs musculaires de la séance précédente. Une fois qu’elles lui donnèrent un verre de limonade froide à siroter, Rachel reprit finalement ses esprits.

« Jour après jour, j’assiste à des cours fatigants sur la façon d’agir en tant que reine, et puis ce tourment arrive comme faisant partie d’un décor. Ma vie est un enfer. Je n’aurais jamais dû me fiancer au prince. »

« Mais grâce à cela, nous pouvons nous amuser tous les jours », remarque Sofia.

« Évacuez le stress du travail en faisant du shopping ou en mangeant, c’est ça ? »

« Ce genre de choses est dur pour le portefeuille, et je préfère éviter les passe-temps qui me font prendre du poids. De plus, penses-tu qu’il existe un divertissement plus grand que les cris d’une jeune demoiselle aisée ? »

« Oui ? Il doit y avoir beaucoup de choses. »

Alors que Rachel s’installait, regardant les servantes préparer les vêtements et le maquillage qu’elle porterait pour le dîner, Sofia sortit pour elle un résumé des rapports de la journée.

« Il y a beaucoup de choses à noter, mais l’une d’entre elles est d’une grande urgence », l’informa Sofia.

« Oh, mon Dieu. Qu’est-ce que ça peut être ? Nos voies de transmission de messages secrets à travers le palais ont-elles été compromises ? »

Rachel prit une gorgée de limonade, hochant la tête alors que Sofia lui tendait silencieusement le rapport.

« Voyons voir… “E complote pour mettre fin à ses fiançailles avec le patron.” Hein ? »

Elle fit une pause, l’air abasourdi.

« Il est même dit, “Il a déjà pris sa décision et prend des mesures concrètes pour mettre en place un plan.” »

Alors que Rachel se taisait et fixait le papier, Sofia expliqua : « Nous avons déjà rapporté que la jeune fille d’un baron s’est installée au palais récemment, et que les hommes de main du prince se sont tous entichés d’elle. Il semblerait qu’ils aient finalement décidé de la faire reine. Ils vont donc prendre des mesures pour t’écarter de l’équation. Malheureusement, le jeune maître George est l’un d’entre eux. Pour preuve, il a participé à leur réunion, il n’en a pourtant fait aucune mention à la maison. »

Ayant terminé son explication, Sofia baissa la voix et demanda : « Que devons-nous faire ? ».

Si Rachel déplaçait ceux qui lui étaient fidèles, il serait simple de faire échouer les plans du prince, voire le prince lui-même. Les agents qu’elle avait formés avaient assez de pouvoir pour le faire.

Rachel rendit le papier à Sofia.

« Eh bien… Je pense que nous devons utiliser plus de mots codés. On sait que trop bien qui est le patron dans ce message, hein ? »

« Je suis terriblement désolée. Lorsque nous avons créé notre code, nous n’avions évidemment pas prévu une situation comme celle-ci. »

Sofia mit le rapport dans sa poche, regarda sa maîtresse les yeux tournés vers le haut, et demanda : « Alors, qu’est-ce qu’on fait ? »

« Hmm. C’est vraiment un développement inattendu… »

Alors que Rachel se taisait, fixant l’air devant elle, Sofia continuait à l’observer tranquillement.

Le prince Elliott, l’homme que la maîtresse bien-aimée de Sophia devait épouser, était séduisant et populaire, surtout auprès des jeunes filles. Mais il y avait un certain nombre de rumeurs désagréables à son sujet. S’il avait une histoire sombre, ce serait une chose, mais il était simplement enclin à des gaffes incroyables.

Cela n’irait pas.

Évidemment, c’était une chance qu’il soit beau, mais si ce qui se cachait derrière cet extérieur ne pouvait pas se mesurer à l’esprit prodigieux de Rachel, leur vie de couple se détériorerait rapidement. Il n’était pas rare que des petits nobles soient dans un mariage sans amour maintenu uniquement pour les apparences, mais si le couple en question était le futur roi et la future reine du pays… Eh bien, il ne fallait pas être un des serviteurs de Rachel pour voir le danger.

S’il était un simplet qui faisait tout ce que Rachel lui disait, les choses seraient encore gérables, mais l’incompétence d’Elliott était inacceptable. Les gens disaient que, malgré son ineptie, il était exceptionnellement orgueilleux. Si Rachel lui disait de faire ceci ou cela, il s’indignerait forcément et s’opposerait à elle sur tout, et même s’il n’avait aucun talent. En fait, d’après ce que Rachel, et ses agents qui s’étaient infiltrés dans le palais lui avaient dit, ce prince débraillé ne s’entendait pas avec Rachel à cause de sa conduite irréprochable. Lorsque Rachel lui disait de se reprendre, il s’énervait et refusait d’écouter ce qu’elle disait.

Penser qu’un simple prince puisse défier la jeune demoiselle…

Sofia ressentit une rage meurtrière pour cet impertinent royal qui aurait dû savoir rester à sa place. Dès que Rachel lui en donnera la permission, elle prévoyait d’arracher un à un les membres de ce prince stupide, sans talent, tricheur, insensé et ordurier.

Sofia, d’ailleurs, n’avait jamais rencontré Elliott. Son estimation de sa valeur était entièrement basée sur des rumeurs. Et bien qu’elle essayait d’être impartiale, quand quelque chose était au désavantage de sa jeune demoiselle, Sofia avait tendance à perdre la tête, mais seulement un peu. Elle pensait que c’était un de ses petits défauts.

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Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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