Une elfe lesbienne et une princesse maudite – Tome 1 – Chapitre 4 – Partie 5

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Chapitre 4 : Le secret qui leur était caché

Partie 5

Quelques jours plus tard, le chariot atteignit un endroit très désolé. Est-ce que c’était aussi une forêt luxuriante avant ça ? Le sol était rocheux et stérile, un brouillard menaçant planait dans les airs et d’innombrables arbres morts se répandaient dans toutes les directions. Au fur et à mesure que les filles se déplaçaient dans le brouillard, une montagne couverte d’arbres en décomposition apparut lentement devant elles.

« Est-ce le Mont Kedros… ? » demanda Rem.

Rem sauta du siège du conducteur et jeta un coup d’œil en haut de la montagne. Même si le sommet n’était pas trop haut — même à pied, on pouvait probablement l’atteindre en moins d’une demi-journée — le chemin semblait beaucoup trop rocailleux et accidenté pour que le chariot puisse y circuler. Alors que l’elfe examinait la montagne plus en détail, elle remarqua quelque chose, à mi-chemin, derrière une grande falaise, quelque chose qui ressemblait à un toit. Sans aucun doute, ça devait être le manoir de la sorcière.

« Il n’y a probablement personne d’autre qui vivrait dans un endroit aussi dépourvu de vie, » déclara Rem.

Si Rem était seule, elle pourrait facilement gravir la montagne. Le problème était, comment transporterait-elle la princesse-chatte, souffrant de chaleur éternelle, avec elle ? Depuis l’auberge, l’elfe n’avait plus senti le pouvoir des esprits. S’envoler dans les airs avec Alferez dans les bras comme elle l’avait fait dans le passé serait difficile, voire impossible. Elle se retourna et regarda la fille, dormant à l’arrière du chariot, et réfléchit.

« Dois-je attendre la nuit… ? » demanda Rem.

Il serait sans doute beaucoup plus facile de la porter sous forme de chat, bien que traverser une montagne la nuit entraîne aussi ses propres dangers. De plus, la sorcière pourrait utiliser des bêtes magiques comme gardiennes, ce qu’une demi-elfe portant un chat n’aurait probablement aucune chance de franchir. Elles s’étaient bien débrouillées pour aller aussi vite qu’elles l’avaient fait, mais pour ce qui est des plans concernant la façon d’affronter la sorcière, Rem n’en avait aucun.

« Ce ne sera probablement pas aussi simple que de lui demander de briser la malédiction, hein… ? » demanda Rem pour elle-même.

Bien que sa destination se trouvait juste devant elle, elle ne savait pas quoi faire, l’elfe s’était préparée pour un voyage de plusieurs années et elle n’avait jamais arrêté pour penser à ce qu’elle allait faire une fois arriver ici.

« Maintenant, que faire... Hmm ? » murmura Rem.

Elle avait senti quelque chose bouger à l’arrière du chariot. Alferez s’était-elle réveillée ? La fille portait sa robe pendant qu’elle dormait, mais cette chose s’était probablement détachée immédiatement. Voyager alors qu’elle était une chatte semblait vraiment être l’option la plus sûre.

Juste à ce moment-là, une rafale contre nature avait soufflé. Il y avait quelqu’un qui utilisait des esprits ici, dans cette terre désertique. Tendue en un instant, elle se retourna et sortit son épée pour bloquer une frappe silencieuse d’une rapière qui se dirigeait vers sa tête.

« Je dois dire que je ne m’attendais pas à ce que tu viennes ici, » déclara l’attaquante d’un ton énervé en poussant son arme vers le bas.

« C’est ce que je voulais dire, tante Amita, » répondit Rem en sautant en arrière.

Les vêtements d’Amita étaient en lambeaux partout, d’où l’on pouvait supposer qu’elle les cherchait depuis le début. Il y avait aussi des signes de fatigue sur son visage, et la façon dont elle parlait n’était que violence.

« Tu es plutôt tenace, ma tante. Détestes-tu vraiment l’idée que je me lie d’amitié avec une humaine à ce point ? » demanda Rem.

« Ce n’est pas le problème ! » déclara Amita.

Le cri soudain de la femme avait fait trembler Rem. Malgré tout, elle n’avait pas fait tout ce chemin pour se faire arrêter par elle. De plus, quelque chose dans sa déclaration avait attiré l’attention de la jeune fille.

« Tante… Se pourrait-il que tu saches quel genre d’endroit c’est ? » demanda Rem.

« … Rencontrer la sorcière ne te servira à rien. Laisse tomber, » déclara Amita.

Elle le savait, c’est sûr. En plus, elle cachait encore quelque chose. Rem n’avait pas eu le temps de comprendre ce que c’était, cependant.

« Dégage de mon chemin, tante. Si tu veux parler, on peut le faire après que j’ai —, » commença Rem.

« Ton but est de briser la malédiction de la princesse, n’est-ce pas ? C’est impossible, » répondit Amita.

L’elfe, qui était sur le point de se frayer un chemin à travers Amita, se tenait maintenant figée. Amita savait pour Alferez. Et ce n’était même pas tout. Elle continua à parler, empêchant encore plus Rem de bouger.

« Rem. La raison pour laquelle tu étais enfermée dans le village était pour t’empêcher de rencontrer la princesse, » déclara Amita.

« Qu’est-ce que tu veux dire… ? » demanda Rem.

Elle avait essayé de fuir, mais son corps n’avait pas écouté. Pourquoi Amita disait-elle la même chose que la Reine ? C’est cette question qui l’avait complètement arrêtée.

Je le savais… Il y a une sorte de lien entre Al et moi…

Regardant sa nièce confuse, Amita soupira profondément, avant de tendre doucement son bras.

« Rentrons à la maison. Je t’expliquerai tout quand on sera de retour au village, » déclara Amita.

Le désir de Rem de connaître la vérité lui avait fait oublier ce qui était vraiment important. Elle fit ce qu’on lui avait dit et prit la main de sa tante.

Attends ! Si je rentre chez moi maintenant, que va-t-il arriver à Al !?

L’elfe se gronda, après quoi elle leva son épée et la pointa vers Amita.

« Désolée, ma tante. Je ne peux pas retourner au village. J’ai promis à Al que je briserais sa malédiction. Elle souffre. Je ne peux pas la laisser seule ! » déclara Rem.

« Ce n’est pas ton problème ! Dis-moi, Rem, pourquoi tiens-tu tant à cette fille ? » demanda Amita.

Le fait que sa nièce ne l’écoutait pas avait finalement fait perdre son sang-froid à Amita. Elle était plus furieuse que Rem ne l’eût jamais vue. Une partie de cette colère avait été transférée à la fille, et elle avait crié en réponse.

« N’est-ce pas évident !? Je l’aime ! » déclara Rem.

Au début, même Rem elle-même ne savait pas ce qu’elle voulait dire par là. Elle venait de le dire de façon impulsive. Elle aimait bien Alferez. Elle la voyait comme une amie, et parfois même comme sa petite sœur. L’elfe connaissait sa douleur et sympathisait avec elle.

Mais… est-ce vraiment tout ce qu’il y a à faire ?

Dans son cœur, elle savait que ce n’était pas le cas. La réponse était juste là devant elle, elle avait juste essayé de faire semblant de ne pas la voir.

Non. Je… Je devrais déjà savoir…

Rem décida d’essayer d’affronter ses propres mots avec honnêteté. Quand elle l’avait fait, son cœur s’était soudain éclairci, comme si tout le brouillard qui le recouvrait s’était évanoui. En un instant, l’amour envers la fille avait rempli sa poitrine. Elle avait souri doucement et une fois de plus, elle avait exprimé ses sentiments, non pas de façon impulsive cette fois-ci, mais en donnant un sens réel à ce qu’elle avait dit.

« Désolé, ma tante. Je… J’aime Al... Vraiment, vraiment, vraiment… Du fond du cœur…, » déclara Rem.

« Est-ce que tu comprends ce que tu dis… ? » demanda Amita.

Toute couleur avait disparu du visage d’Amita. C’était compréhensible. Elles étaient toutes les deux des filles et, de plus, tomber amoureuses d’un humain avait été l’exacte « erreur » dont elle avait été témoin du côté de sa sœur. On ne pouvait pas s’attendre à ce qu’elle l’accepte si facilement.

Ou du moins, c’est ce que Rem pensait. Cependant, comme elle l’avait vite appris, la femme avait signifié quelque chose de complètement différent.

« Je ne peux pas vivre sans Al ! Je veux l’épouser et rester avec elle pour le reste de ma vie ! » déclara Rem.

« Arrête de parler ! Cette fille est ta sœur jumelle ! » déclara Amita.

Dès qu’elle eut prononcé ces mots, Amita se mit les mains sur la bouche. Il semblait qu’elle avait révélé un secret qu’elle n’avait pas voulu révéler.

Rem s’était aussi arrêtée. En silence, elle secoua la tête, rejetant ce qu’elle venait d’entendre.

Elle n’arrivait pas à y croire. Elle ne pouvait pas croire une chose pareille.

Cependant, malgré ce sentiment, elle avait accepté l’information étonnamment facilement. Peut-être à cause de la conversation qu’elle avait eue avec la Reine, au fond de son cœur, l’elfe savait que c’était vrai. Le regard intense dans les yeux d’Amita était aussi extrêmement persuasif.

« Al et moi… sommes sœurs ? » demanda Rem.

Si c’était vrai, ça voudrait dire qu’elle avait couché avec sa jumelle à plusieurs reprises. La force avait quitté le corps de Rem, et la main qui tenait son épée s’était affaissée. Amita secoua la tête, comme si elle regrettait de lui avoir dit.

« Tu as passé tout ce temps ensemble, mais tu n’as jamais eu l’occasion de le remarquer, hein ? Eh bien, peu importe. Si tu ne le savais pas déjà, oublie ce que j’ai dit. Et si tu refuses de le faire… Je vais devoir te ramener de force, » déclara Amita.

La femme avait mis en position son épée, et Rem avait fait la même chose. Son arc était à l’intérieur du chariot. Si Alferez avait été sous une forme normale, elle aurait pu lui demander de l’aide, mais malheureusement ce n’était pas le cas. Au cas où les sentiments de luxure de la jeune fille s’étaient atténués momentanément, l’elfe jeta un coup d’œil à l’endroit où elle dormait. C’était une ouverture qu’Amita ne voulait pas laisser passer. Elle avait donné un coup de pied au sol et avait bondi en avant. Pas vers Rem, cependant, mais vers le chariot.

« Tu ne seras plus triste quand cette fille aura disparu ! » déclara Amita.

Rem avait été prise au dépourvu, et sa réaction avait été tardive. Non seulement Amita était agile, mais elle avait des esprits de son côté. La fille n’avait jamais pu espérer égaler sa vitesse. Ce seul pas retardé était devenu fatal, et elle avait été jetée dans le désespoir.

« Noooooon !! »

Juste au moment où l’épée d’Amita était sur le point de trancher le côté du chariot, le monde devant Rem devint flou. Mais, pas avec des larmes. Tout s’était transformé en tourbillon géant, et comme aspiré, le corps de l’elfe s’était complètement engourdi.

« Quoi… ? »

Ses yeux tournoyaient, et toutes les couleurs se mêlèrent. Elle avait aussi l’impression qu’elle allait vomir. Une rotation de plus et Rem aurait pu le faire. Heureusement, juste avant cela, sa vision était redevenue normale.

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Un commentaire :

  1. Merci pour le chapitre.

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