Un nouveau jeu dans les profondeurs de la captivité! – Tome 2 – Chapitre 3 – Partie 5

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Chapitre 3 : La façon d’ouvrir la cage

Partie 5

Le carrosse se déplaçait en semblant glisser sur la route.

Personne parmi ses passagers ne murmurait un mot, et il en fut également ainsi du cocher, qui avait l’air occupé à faire son travail.

La servante qui s’occupait toujours de Lise était silencieuse pendant qu’elle vérifiait sa robe et son corps, puis, après avoir fini, elle avait tourné la tête.

La bouche de l’archevêque était restée scellée, car elle ne voulait pas parler. En fait, elle pensait que parler aurait été un acte impardonnable.

« Tu as pris ton temps, hein ? »

Elle sursauta en entendant la voix de l’homme assis à côté, et trembla.

Devant elle, le sourire aux lèvres, Kiad Fortesea était assis.

Elle commença à élaborer une réponse en resserrant son étau sur le panier qu’elle tenait dans ses bras. « ... je suis désolée. Je me suis endormie. »

« Oui, je le sais. Inutile de sursauter à ce point, tu sais ? Lise Crest, » déclara Kiad.

Il était probablement de bonne humeur en étouffant un rire dans sa gorge.

« Tu es une si grande actrice malgré ton jeune âge ! Il y a eu une sacrée fuite d’informations ! Je n’arrêtais pas de rire ! » s’exclama-t-il.

Elle s’était mordu la lèvre inférieure, mais il n’avait pas fait attention à elle et avait continué à parler.

« Quelle fantastique sainte chevalière que tu es ! Tu n’as pas seulement créé les outils magiques pour nous, mais tu as aussi entrelacé deux types différents de magie en eux ! » continua-t-il.

Depuis qu’elle était archevêque, Lise avait créé beaucoup de nouveaux outils magiques.

Elle avait optimisé les formules de loi jusqu’à leurs limites, en diminuant la quantité de pouvoir magique nécessaire pour les activer, et aussi en améliorant significativement les barrières qu’elles fournissaient pour la défense.

Les Fortesea, en tant que grande entreprise, commencèrent à les vendre à des nobles, et en seulement deux ans elles se répandirent largement... bien que personne ne savait que leurs formules de loi avaient un code secret en elles.

« Le fait d’écouter les conversations des gens sans être là, c’est très utile, non ? De cette façon, il est facile d’espionner les études de magie des autres familles, et... de cette façon, je peux savoir tout de suite à quel point les idiots qui s’opposent à moi sont forts et quand ils préparent quelque chose, » déclara-t-il.

Kiad avait entendu toutes les conversations que Takumi avait eues avec Lise.

Dans les formules de loi des outils magiques s’entremêlait une magie qui envoyait des messages à quelqu’un d’autre, de sorte que Kiad pouvait écouter n’importe quelle conversation librement.

« Toutefois... Haha, je n’arrive pas à croire que ce marchand d’esclaves n’ait pas de pouvoir magique ! Je ne peux m’empêcher de rire ! Comment peut-il essayer de s’opposer à moi avec un corps si maigre !? » s’exclama-t-il

Son sourire se tordit en raison de sa méchanceté et sa soif de sang se peignait dans son regard.

Il connaissait aussi l’entraînement de Kunon, le manque d’expérience au combat de Karin et le fait qu’aucun d’eux ne voulait utiliser des outils magiques... il savait tout.

Et c’était la faute de Lise, bien qu’elle n’ait pas eu le choix.

Sa mission était de confirmer ce qu’ils savaient de la magie, quelles tactiques ils préparaient et à quel point ils pouvaient être dangereux.

Au début, Lise aurait dû activer son propre outil magique, mais heureusement il y en avait dans le manoir de Fairstadt, donc elle n’avait pas à le faire et risquer d’être soupçonnée.

« Pourquoi as-tu été honnête avec eux à propos de la magie ? » demanda-t-il.

« ... Désolée, je ne suis pas douée pour mentir, alors j’ai préféré dire aussi peu de vérité que possible, » déclara Lise.

« Haha ! Ton expression ne change jamais. Comment ont-ils pu remarquer un mensonge ? Pourtant, tu es digne d’éloges pour t’en être inquiétée, » déclara-t-il.

Elle avait lutté pour garder son expression impassible malgré ses mensonges.

La vérité, c’était qu’elle ne voulait pas mentir.

Malgré tout, malgré son manque de clarté, Mirta lui avait tendu la main et Takumi ne semblait jamais mécontent de sa présence, même si elle était arrivée de nulle part.

Elle ne voulait pas mentir aux personnes comme eux, même si elle les avait déjà trahis, et voulait éviter de se sentir encore plus coupable.

Lorsqu’elle avait senti que ses sentiments allaient se répandre, elle s’était agrippée à son panier avec encore plus de force comme si elle essayait de les serrer avec ses mains.

Mais ce n’était pas la bonne décision.

« Au fait, qu’est-ce qu’il y a là-dedans ? » demanda-t-il.

Kiad lui fit un geste en regardant le panier.

« Laisse-moi voir ce qu’il y a à l’intérieur, » déclara-t-il.

« Mirta m’a donné de la tarte aux pommes..., » répondit-elle.

« Tu m’as entendu ? Je t’ai dit de me laisser voir ce qu’il y a à l’intérieur, » ordonna-t-il.

Son expression joyeuse s’était tordue en un instant, et une nuance de colère s’était fait entendre dans sa voix.

Timidement, l’enfant lui avait remis son cadeau. Il le lui avait arraché, puis en avait retiré la boîte emballée.

« Ooh... la forme n’est pas très bonne, mais ça ressemble à une tarte, » déclara-t-il.

Il l’avait ensuite déballée, avait regardé à l’intérieur et l’avait écrasée.

« Hmm... Je pensais qu’ils avaient caché quelque chose ici, mais je suppose qu’ils ne sont pas si intelligents, » déclara Kiad.

Une seconde plus tard, Kiad avait jeté la boîte et le panier puis il l’avait écrasée sur le sol, puis les avait poussés vers Lise.

« ... Ah... Ahhhh... ! » s’exclama Lise.

Lise ne pouvait pas arrêter sa voix en voyant le gâchis que sa tarte était en ce moment — le cadeau que Mirta voulait lui offrir.

Mais l’homme s’en fichait, et il était probablement amusé par son expression, qu’elle ne changea guère, il affichait un sourire désagréable.

« Quoi ? Ça t’a plu ? Alors, faisons en cuire une pour toi, » déclara-t-il.

« ... Non, je... je peux m’en passer..., » répliqua-t-elle.

Probablement irrité de la voir remettre la boîte dans le panier et l’enlacer à nouveau, l’homme fit entendre sa voix sans retenir sa colère. « Qu’est-ce qui ne va pas chez toi ? Comprends-tu ta position ? »

« ... Oui. Je la comprends, » déclara Lise.

« Alors, essaye de me le dire, » ordonna Kiad.

Il l’avait dévisagée d’un regard qui aurait brisé le bonheur de n’importe qui.

« Dis-le ! C’est quoi, ta position, bordel !? » cria Kiad.

« ... J’ai accepté la protection de Fortesea en tant qu’invitée, » répondit Lise.

« Exactement ! Qui s’est occupé de toi après la mort de ton père et l’effondrement de ta mère à cause de sa maladie !? » s’écria Kiad.

« ... Le Seigneur Kiad Fortesea, » répondit-elle.

« Oui, je l’ai fait ! J’ai confirmé ton talent de saint chevalier, je t’ai préparé un espace de travail, j’ai discuté avec mon père, et je t’ai fait devenir ce foutu archevêque ! Et à qui as-tu demandé de l’aide quand ta mère était alitée ? N’as-tu pas demandé, aux Fortesea, de t’aider !? As-tu oublié ça !? » s’écria Kiad.

« Non. Je n’oublierai jamais votre gentillesse, Seigneur Kiad, » répondit-elle.

Pendant qu’elle parlait, elle portait une expression impassible.

Elle se détestait.

D’avoir peur des puissantes Fortesea, et d’être si pathétique.

Lors de son sixième anniversaire, Lise était heureuse de faire partie de la famille Fortesea.

Elle était une sainte chevalière comme son défunt père, et grâce à la formule de loi qu’elle avait inventée, elle croyait pouvoir aider sa mère à aller mieux. Elle étudiait jour et nuit, oubliant parfois même de dormir.

Grâce à ses efforts et à son ingéniosité, elle avait très vite approfondi sa connaissance des formules magiques et de loi, et en trois ans à peine, elle était devenue un prodige. Puis, Elvis, chef de la famille des Fortesea, lui accorda le statut d’archevêque.

Elle croyait que sa création pouvait aider les gens... mais au cours des deux années suivantes, sa foi s’était effondrée.

« Sommes-nous arrivés ? Lise, tu as fait ton travail. Maintenant, va faire des recherches comme d’habitude, » déclara Kiad.

La voiture s’arrêta pendant qu’il prononçait ces mots, et revenant à la raison, l’archevêque sentit son humeur s’enfoncer.

Dans le sous-sol du château royal se trouvaient la salle de développement et le laboratoire pour les formules de loi.

« Avec ton dernier rapport, j’imagine que tes progrès ne vont pas très bien... mais tu ne vas pas te décourager maintenant, n’est-ce pas ? » déclara-t-il.

« ... Non. Ce que je recherche actuellement est assez difficile, donc j’ai seulement besoin de plus de temps, » déclara-t-elle.

« Haha, c’est dur même pour un prodige comme toi ? Alors, n’hésite pas à t’y enfermer jusqu’au jour du match. Je vais préparer tout ce dont tu as besoin, » déclara-t-il.

Elle était clairement assignée à résidence et il lui était impossible de s’échapper.

Faisant de son mieux pour ne pas regarder le sourire dégoûtant de Kiad, Lise était descendue de la voiture.

« Vas-y, maintenant. Et n’oublie pas qui t’a laissé vivre avec ta mère, » déclara Kiad.

« Je le sais. Mais pourrais-je manger quelque chose avant ? » demanda-t-elle.

« Tu me refais le coup ? Les domestiques t’apporteront n’importe quoi n’importe quand, » déclara Kiad.

« Non... Je ne veux pas de repas. Je veux juste manger ça avant qu’il ne refroidisse, » répliqua-t-elle.

Elle leva le panier dans sa main, et l’homme grogna en la voyant agir ainsi.

« Fais ce que tu veux. Après avoir mangé cette merde, va tout de suite au laboratoire, » ordonna Kiad.

Après qu’il eut craché ces affreuses paroles, la voiture se remit à bouger avec le hennissement des chevaux.

Ne s’en souciant pas, elle se précipita dans sa chambre, qui était en fait une chambre d’amis dans le château royal.

Malgré son enfance, elle était à la fois archevêque et invitée de Fortesea, de sorte que sa chambre était d’une beauté folle et très spacieuse.

Ils pensaient qu’elle serait heureuse d’aller au sous-sol et d’en revenir s’ils lui donnaient cette pièce, et cette décision n’était qu’un aperçu du pouvoir que les Fortesea détenaient en tant que famille.

Lise s’était déplacée seule dans la pièce et avait posé avec douceur le panier sur le bureau, puis avait ouvert la boîte écrasée et avait regardé la tarte écrasée.

Elle apporta à sa bouche un morceau encore chaud et sentit la saveur du sucre se mélanger parfaitement avec le fruit aigre.

« Ce n’est... nullement de la merde, » déclara-t-elle.

 

 

Incapable de contenir les émotions qui remplissaient son murmure, des larmes coulèrent le long de ses joues et tombèrent sur le dos de sa main.

Plus cette saveur douce se répandit dans sa bouche, plus ses sentiments s’approfondissaient.

« Ce n’est... rien à voir avec la merde, » continua-t-elle.

Cette tarte avait été faite par quelqu’un qui pensait tendrement à elle.

Le goût doux et chaleureux de ce cadeau rappelait à Lise la cuisine de sa mère quand elle était encore en bonne santé. Elle méprisait Kiad pour l’avoir écrasée et l’avoir traitée de merde.

Mais elle n’avait pas eu le courage de l’affronter directement.

Elle n’avait pas la confiance de Takumi, qui pouvait parler clairement devant ce monstre.

La seule chose qu’elle pouvait faire était d’enfermer ses sentiments et de suivre les ordres de Fortesea.

C’était le seul sacrifice nécessaire pour les garder en vie, elle et sa mère. Vivre en lui donnant tout et en réfrénant son cœur.

Ce n’était pas différent de vivre comme... une esclave.

Elle avait essayé de sécher ses larmes jusqu’à ce que, sans s’en rendre compte, elle s’était retrouvée devant de l’air. Il ne restait rien de la tarte.

« La prochaine fois qu’on se rencontrera, je dois la remercier, » murmura-t-elle.

Tout en chuchotant ces mots, elle s’essuya le visage avec ses manches, puis fixa le papier au fond de la boîte.

Elle voulait faire attention à son cadeau jusqu’à la fin, alors elle l’avait soigneusement pris tout en ressentant l’envie de nier les paroles de Kiad, mais...

« ... Hmm ? »

Le papier ne semblait pas plissé.

Maintenant qu’elle l’avait constaté, bien que Kiad ait écrasé la boîte, cette feuille de papier avait parfaitement conservé sa forme originale.

Puis, elle s’était souvenue des paroles de Mirta — ne pas froisser le papier quand tu le soulèves — et c’était ce qu’elle avait fait.

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