Un nouveau jeu dans les profondeurs de la captivité! – Tome 1 – Chapitre 4

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Chapitre 4: Les grandes entreprises

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Chapitre 4 : Les grandes entreprises

Partie 1

La grande pièce était remplie d’une faible lumière.

Les murs étaient impossibles à voir, mais les quelques objets visibles semblaient assez précieux, y compris le sol.

En son centre se tenait un homme seul.

Son visage était pâle comme celui d’un fantôme, et des gouttes de sueur coulaient de son corps.

Il n’y avait pas trace de son odieuse expression habituelle.

« Grands dieux ! J’avais des attentes quant à toi, Gaitsu, » une voix déçue et masculine était sortie des ténèbres.

Même si Gaitsu ne pouvait pas voir qui lui parlait, il pouvait sentir la présence de plusieurs personnes autour de lui.

« Tu diriges une entreprise illégale dans les bidonvilles, n’est-ce pas ? Malgré l’environnement inférieur, maintenir quelque chose comme ça devrait valoir la peine, » alors que l’ombre prononçait ces mots, un autre soupira.

« C’est pourquoi nous avons accepté que tu nous rejoignes, mais... qui aurait pu s’attendre à ce qu’un enfant t’ait humilié comme ça ? » continua l’homme dans l’ombre.

« Je-Je vous demande pardon... mais j’ai encore des esclaves pour prendre ma revanche ! Je suis un marchand d’esclaves depuis longtemps, donc il n’y a rien à craindre..., » déclara Gaitsu.

« Tu oses dire ça, alors que tu as perdu face à ce gamin, » déclara l’une des ombres.

Gaitsu était resté silencieux après avoir subi cette remarque.

Il s’agissait d’une vérité indéniable, alors il n’avait rien à dire face à ça.

« Les rumeurs à propos du Marchand d’Esclaves au Cœur Tendre nous ont atteints même dans la partie supérieure, » continua l’ombre.

« Il-Il est vrai qu’il fournit toujours la meilleure solution pour n’importe quelle sorte de demande et qu’il est qualifié dans l’art de la conversation... mais il ne devrait pas être nécessaire de lui demander des esclaves qui seront utilisés dans les combats. »

« Nous savons cela. Les esclaves sont des vies jetables. Ce qu’il advient d’eux n’est pas pertinent. »

Les grandes entreprises de la partie supérieure développaient leurs activités et elles commençaient à organiser des paris illégaux.

Les matches n’étaient pas limités aux humains, et parfois des esclaves devaient combattre des demi-humains ou des monstres afin de divertir le public.

Il y avait une seule règle cruelle : tous les combats étaient à mort.

Les principaux spectateurs étaient des nobles ayant toujours trop de temps libre. Même s’ils savaient que c’était illégal et qu’ils pouvaient être arrêtés, les matches avaient ainsi pu diminuer temporairement leur ennui.

Le fait d’acheter des mendiants et des criminels dans des villages lointains et désertiques représentaient une ressource presque illimitée pour eux, et ensuite, grâce aux liens entre les organisations, ils corrompaient des gardes afin de créer une route illégale pour faire fonctionner l’entreprise... Gaitsu savait comment agir dans ces situations, alors il aurait dû être la personne parfaite pour les aider.

Il aurait pu gagner un poste important s’il leur avait fourni les techniques et les esclaves de Valeria.

C’est pourquoi il s’était vendu aux grandes entreprises.

Il avait même tourné le dos aux promesses qu’il avait avec son chef précédent.

Cependant, les choses ne s’étaient pas passées comme prévu.

« Bien plus que le fait de gérer correctement la salle de jeux, il est essentiel pour toi d’avoir un rythme soutenu en nous fournissant de nouveaux esclaves. Et... récemment, tu ne fais pas du bon travail, n’est-ce pas ? » demanda l’une des ombres.

« Nous manquons à la fois d’humains et de demi-humains, » Gaitsu serra les dents de frustration.

Les capacités physiques d’un demi-humain étaient généralement plus importantes que celles de l’humain, il était donc nécessaire de restreindre leurs mouvements avec des menottes spéciales, mais les capturer n’était pas difficile.

Ils avaient tendance à s’abstenir de se battre, compte tenu de leur tempérament calme, et certains n’avaient même pas résisté à leur capture. Le fait de profiter de cela en mettant en place des pièges était donc chose facile.

C’était l’une des raisons pour lesquelles leur prix était maintenant ridiculement bas.

Pourtant, les esclaves humains n’étaient pas toujours disponibles.

Des villages abandonnés remplis d’habitants affamés avaient rapidement vendu tous les enfants, et des organisations d’autres villes avaient commencé à les garder pour eux. Les guides permettant de trouver ces ressources avaient disparu, ainsi que les gardes et les bureaux de douane enclins à être soudoyés.

De plus, les demi-humains avaient lentement pris conscience des types de pièges utilisés pour les attraper, alors ils avaient commencé à se cacher dans des régions reculées inaccessibles aux personnes normales.

Rien ne se passait comme prévu.

Même Gaitsu avait compris que les personnes en face de lui avaient remarqué à quel point la situation était sombre.

« Nous envisagions de permettre à Valeria de nous rejoindre pour ainsi améliorer nos bénéfices. En mettant de côté tes capacités de négociation, on dit que le Marchand d’Esclaves au Cœur Tendre peut répondre à n’importe quelle demande, et c’est exactement ce que nous visons en ce moment, » déclara la voix.

La haine contenue dans Gaitsu était clairement visible dans son expression. Il s’agissait de la haine envers ceux qui se tenaient au-dessus de tout le monde et se moquaient de lui de là-haut.

« Tu es inutile. Si nous ne pouvons pas avoir Valeria comme nous en avions discuté, nous allons nous charger de ça par nous-mêmes, » déclara une autre voix.

« ... Attendez, s’il vous plaît. Si c’est une question d’esclaves, je peux déjà en rassembler assez, » déclara Gaitsu.

Quelqu’un avait éclaté d’un rire méprisant.

« Si tu es ici maintenant, c’est exactement parce que tu ne peux pas faire ça ! Nous ne nous laisserons pas facilement berner par un raté comme toi ! » déclara une autre voix.

Gaitsu avait alors souri à ces mots. « Je comprends ça. Ma naïveté est la raison pour laquelle je ne pouvais pas prédire que le Marchand d’Esclaves au Cœur Tendre verrait à travers mon plan. C’est la raison pour laquelle je suis ici en ce moment. »

Il pensait que la situation actuelle en était le résultat possible.

Il n’avait aucune preuve pour confirmer que Takumi, qui avait maintenant pris sa place dans la hiérarchie de Valeria, était derrière son faible stock d’esclaves.

Pourtant, la position du jeune homme lui avait permis de connaître le réseau d’informations de l’ancien chef mandataire afin qu’il ne soit pas difficile pour lui de le saboter.

Gaitsu s’attendait à ce qu’il agisse d’une manière ou d’une autre après avoir essayé de faire entrer Valeria dans les grandes entreprises.

« Mais tant que je peux régler ça, il n’y a rien à craindre. J’ai juste besoin de préparer mon coup hors de portée du réseau de Valeria, » déclara Gaitsu.

Connaissant les mouvements de Takumi, il pouvait penser à une solution.

« J’ai déjà sécurisé des connexions personnelles fiables et des routes commerciales. Si je les utilise, je peux satisfaire votre demande d’esclaves, » continua Gaitsu.

« Pourquoi ne les as-tu pas déjà utilisées ? » demanda une voix dans l’ombre.

« Parce que c’était dangereux, mais j’ai finalement pu les rendre sûres, » répondit Gaitsu.

Gaitsu avait fait face aux hommes cachés dans l’obscurité avec un sourire filandreux sur son visage.

« En guise d’excuse pour mes erreurs, je vais vous apporter cinq fois plus d’esclaves que d’habitude avant le prochain spectacle, » déclara Gaitsu. « Cela sera possible si vous me laissez utiliser vos passages secrets. »

De l’ombre, il pouvait les entendre marmonner entre eux.

« Je suis devenu proche d’un groupe de nobles, et il m’est arrivé d’entendre qu’il y avait un chemin arrangé pour des gens importants, » expliqua Gaitsu. « Je sais aussi qu’il y en a qui l’utilisent pour le commerce illégal, en dépit de la désapprobation des combats arrangés. »

Les quatre grandes entreprises avaient été reconnues par le pays lui-même et ils avaient toujours géré les affaires commerciales dans la partie supérieure de la ville.

Les nobles utilisaient des routes secrètes en collusion les uns avec les autres afin que des marchandises illégales puissent circuler entre eux.

Ces chemins devaient rester cachés, donc seuls les quatre grandes compagnies et ceux qui les rejoignaient étaient autorisés à les utiliser. De cette façon, elles pourraient garder le profit pour elles-mêmes.

« Lorsque je faisais partie de Valeria, j’ai emprunté l’une des routes passant dans les égouts qui va de la partie haute de la ville au port de Verna, mais comme mes anciens camarades la connaissent aussi, nous devrons utiliser une route terrestre, » déclara Gaitsu, et le murmure avait augmenté pour devenir des voix. Il ne pouvait pas voir leurs visages, mais vu leur ton, il devina qu’ils n’étaient pas vraiment excités à cette idée.

« Quel est l’intérêt de le faire une fois si tu ne peux pas garder un flux régulier de marchandises ? Même si ça marche cette fois-ci, qui sait quand ce marchand d’esclaves pourrait nous déranger à nouveau ? » demanda l’une des ombres.

« Vous n’avez pas à vous inquiéter de ça, » répondit Gaitsu. « Je peux me débarrasser des membres de Valeria... et je ne permettrai à personne de nous barrer la route. Quiconque ose nous opposer sera rapidement traité. »

« Mmmh... ? Alors, écoutons ton plan..., » déclara la voix.

Il avait alors expliqué en détail ce qu’il avait en tête.

Les personnes présentes étaient toutes d’accord avec lui, et ses lèvres se recroquevillèrent en un étrange sourire.

« Merci... je ne trahirai pas vos attentes, » il avait dit cela alors que la cupidité et la vengeance étaient clairement visibles dans ses yeux.

***

Partie 2

La fête pour la victoire de Mirta avait duré jusqu’au lendemain.

Comme les habitants de la ville basse étaient tellement excités, cela avait fait qu’ils avaient célébré ce jour-là comme si s’agissait de la Fête de la Moisson, et bien que ce ne fut pas un festival officiel, tout le monde agissait comme s’il n’y avait aucun souci à se faire. Beaucoup de bagarres, certaines impliquant même les membres de Valeria, avaient éclaté.

Peut-être parce que les marchands étaient eux aussi portés par l’ambiance, ou simplement parce que Valéria payait pour tous ça, les marchands continuaient à apporter de la nourriture et des boissons en toute hâte.

Mais le mot « urgence » ne pouvait même pas commencer à décrire à quel point la situation était chaotique. Takumi attrapait la nourriture avec nonchalance, tandis que Mirta, qui avait l’air d’être avalée par la foule, tituba en essayant de l’atteindre.

« Hé, nouveau chef, excellent travail. N’est-ce pas fatigant ? » déclara Takumi.

« O-Oui... Je suis en effet un peu fatiguée, » répondit Mirta.

Son visage affichait des traces de fatigue, mais le fait de parler avec Takumi avait restauré une partie de sa vitalité, et elle souriait maintenant joyeusement tout en rougissant un peu.

« Je comprends que tout le monde me donne leur bénédiction, mais... même s’il est impoli de le dire, une plus petite fête aurait été..., » déclara-t-elle.

« Ce n’est pas vrai. Nous devions absolument faire les choses de cette façon. Tu as une petite taille par rapport à un homme, alors il était naturel que les amateurs de fête t’aient jeté tant de fois dans les airs, » déclara Takumi.

« Si-Si tu as vu ça, pourquoi ne m’as-tu pas sauvée ? C’était vraiment effrayant ! Ils m’ont lancé bien trop haut dans le ciel ! » cria Mirta.

« Tu as raison, désolé ! La prochaine fois, je t’aiderai, » déclara Takumi.

Elle était en colère, mais il avait décidé de caresser sa tête afin de l’apaiser.

À ce moment-là, quelqu’un nous avait appelés.

« Yaaay! Takumi, Mirtaaa ! Voulez-vous boiiiirre !? » Lilia s’approcha d’eux tout en portant une bouteille à la main, son visage légèrement rouge.

« Hey, Lilia. On dirait que tu t’amuses, hein ? » répliqua Mirta.

« Beaucoupppppp ! Mon bon Takumi, merci de m’avoir fait boiiiirrreee !! » déclara Lilia.

Elle était très bruyante. Habituellement, peu importe combien elle buvait, son visage n’avait jamais changé de couleur. Ainsi, le fait de la voir si rouge signifiant qu’elle avait vraiment beaucoup bu d’alcool.

« Killfer s’amuse et souffre en même temps... n’est-ce pas, monsieur le chaperon ? » demanda Lilia.

« Regardez-moi... Ai-je l’air de m’amuser ? » demanda Killfer.

Une ombre bleue couvrait son visage tandis qu’il se traînait derrière Lilia

« Eh bien, c’est ton problème. Je comprends que tu veuilles garder un œil sur elle, mais à quoi ça sert si tu es fatigué bien avant elle ? » demanda Takumi.

« Que puis-je faire... ? Nous avons vidé les verres de vin les uns après les autres... Sais-tu combien de fois elle m’a mis au défi lors d’un concours de boisson... ? Argg..., » déclara Killfer.

À ce moment-là, il porta ses mains à sa bouche après s’être probablement souvenu de la quantité d’alcool qu’il avait déjà bu. Pendant ce temps, la personne en question riait sans pitié face à ce spectacle.

« Mon vieux, c’est simplement que tu ne tiens pas l’alcool ! » déclara Lilia.

« Err... Lilia, tu as bu beaucoup d’alcool, mais... est-ce que cela va aller ? » demanda Mirta.

« Eheheh~ ! Vous n’avez passss à vous inquiéter ! Ce n’est rien pour moiiiiii ! » répondit Lilia.

Mirta pencha la tête, incertaine quant à la signification de ses paroles.

« Vous avezzzzz fait beaucoup pour la basse villeeee, et nous le savons mieux que n’importttte qui d’autreeeee ! Tout le monde sait queeeee les choses que vous avez dites auparavantttt sur la place étaient vos vééééritables sentiments ! C’est pourquoi nous devrionnnns célébrer votre succès du fond de nos coeuuuurrrrss ! » déclara Lilia.

Afin de confirmer les paroles joyeuses de Lilia, les personnes environnantes avaient commencé à crier en plein délire le nom de Valeria et de son chef.

La déclaration de Mirta avait résonné avec les cœurs des habitants de la ville basse, et ils bénissaient maintenant sa sincérité.

« En outre, Takumiiii a arrangé tout celaaaa ! Ce serait vraiment dommmmage de perdre cette occasionnnn ! » déclara Lilia.

« J’ai seulement dit que nous allions payer pour la nourriture et les boissons, » déclara Takumi.

« Voilà, il remet çaaaa ! Tu es toujours si humble, Takumiii ~ vient iciiii, je vais te montrer maaaa gratitude ! » déclara Lilia.

Une joyeuse Lilia lui offrit alors la bouteille qu’elle tenait.

Voyant cela, Mirta avait essayé de l’arrêter. « Quoi !? Non... Takumi, tu n’as pas le droit de boire, compris ? Elsa va bientôt venir vérifier ce qui se passe, alors nous devrons tout lui expliquer. »

« Hein !? En ce moment, j’ai bien envie de boire un peu avec eux. Ne t’inquiète pas, je ne vais pas me saouler, » répondit Takumi.

« Je ne suis pas inquiète pour ça... De toute façon, tu ne peux pas ! Je ne dis pas que tu ne peux pas boire pour le reste de tes jours, je dis que ce n’est pas le bon moment pour ça ! » déclara Mirta avec force. Elle semblait très obstinée sur le sujet.

Alors que Takumi pensait à quoi faire, Lilia plissa les yeux et chuchota. « Quel spectacle intéressant que vous avons là... ! Le mari soûlard qui se retrouve grondé par son épouse... »

« M-Moi, É-Épouse... ? A-As-tu dit que j’étais l’épouse de Takumi !? » demanda Mirta.

« Ouais ! Tu sais, tu t’entends plutôt bien avec lui, non ? » demanda Lilia.

Plus elle buvait, plus son visage rougissait, plus sa langue se déliait et plus ses mouvements ressemblaient à ceux d’une ivrogne.

« Bon sang Lilia... tu as bien trop bu, » déclara Takumi. « Killfer, qu’attends-tu ? Emmène-la avec toi et laisse-la reposer. »

« Désolé... mais je ne peux pas faire ça. Si je fais ça, elle me fera boire à nouveau en chemin, et je finirais tout simplement par m’évanouir après avoir vomi, » répondit Killfer.

« Monsieur le Chaperon, il te suffit de trouver le courage de refuser... bien que je pense que tu ne refuseras jamais l’invitation de Lilia, » déclara Takumi.

Puisque Killfer n’avait jamais essayé de restreindre le comportement de Lilia, elle était maintenant tel un ouragan.

« Parfaitementttttt ! Célébronssss ensemble votre cérémonie de mariage au lieu de sa victoire ! Portons tous un autre toast !! » cria Lilia.

« Bien sûr que non, ivrogne ! Allez, Mirta, dis-lui quelque chose, » déclara Takumi.

Takumi tourna son regard vers la jeune fille, mais elle murmurait. « Ton épouse... Elle a dit que je suis ta femme... ! » avec son visage aussi rouge que celui de Mirta. On dirait qu’elle n’allait pas faire grand-chose pour aider.

À ce moment-là, les choses étaient devenues encore plus compliquées.

« Quoi !? La patronne de Valeria et ce marchand d’esclaves vont se marier !? Pour de vrai !? »

« Bien joué, marchand d’esclaves au cœur tendre ! »

« Il ne peut pas s’en tirer ainsi ! Les gars, jetons-le en l’air ! Montrons à ce bâtard chanceux la bénédiction de la ville basse ! »

« Bon sang, ouais ! Après tout, il a également aidé Mirta et Valeria ! Les gars, jetons-le dans les airs ! »

Alors que l’absurdité d’une ivrogne se propageait, un autre vacarme se propagea.

Takumi laissa échapper un doux soupir. « Eh bien... Je suis l’organisateur de cette fête, alors on dirait que je mérite ça... »

Il s’était résigné à son destin, et alors que ces hommes robustes allaient l’attraper avec leurs mains rugueuses, une voix couvrit leurs rugissements. « Hé ! Silence ! Fermez là ! Qu’est-ce que c’est ça ? Un autre festival ? Personne ne m’a prévenu à ce sujet ! Je veux des explications ! Marchand d’esclaves, montre-toi ! »

Un groupe de gardes avait forcé le passage à travers la foule. Ils portaient tous des uniformes, et leur chef avait les cheveux rouges attachés dans un chignon.

Haletant lourdement, Elsa apparut devant Takumi.

« Hey, Elsa, » déclara Takumi. « Tu as pris ton temps, mais merci de me sauver d’un vol ! »

« T-Toi... !? Que se passe-t-il donc ici !? » demanda-t-elle. « Je veux entendre de ta bouche qu’est-ce que c’est que ça, comment cela a-t-il pu se produire, et pourquoi c’est ainsi. M’as-tu bien entendu ? »

Il avait souri face à cette rage. « Eh bien, le Festival de la Moisson n’était pas suffisant. »

« ... Quoi !? » s’écria Elsa.

« Ce que je veux dire, c’est qu’une fête comme celle-là n’avait pas pu satisfaire toutes ces personnes énergiques présentes dans la ville basse. Alors j’ai organisé une autre fête pour elles, » expliqua Takumi.

« P-Pas du tout ! La vérité est que Valeria a choisi aujourd’hui son nouveau che... !? » Mirta avait commencé à expliquer la situation, mais Takumi lui avait fermé la bouche en plaçant sa main sur la bouche de Mirta.

« Nous ne pouvons pas déranger la Capitaine de la Garde, alors notre chef va essayer de contrôler cette agitation pour l’honneur de Valeria. Mademoiselle, je devrais venir avec toi pour expliquer différentes choses, » déclara-t-il.

« Si tu pars avec Elsa, je devrais aussi..., » commença Mirta.

« Non, cela ne sera pas nécessaire. Je reviendrai plus tard à Valeria, alors replace la situation sous contrôle en attendant. Nous avons déjà entraîné Elsa dans cette situation, mais nous ne devrions pas déranger également les autres gardes. »

Valeria avait gagné le soutien de la ville basse grâce à ce qui s’était passé avec Gaitsu. Ainsi, le chahut avait fait venir à la fois Elsa et les gardes. Tout cela se déroulait exactement comme Takumi le voulait.

« Ceci est ta première mission officielle en tant que chef : finis ceci avant que je revienne auprès de toi ! Je crois que tu peux le faire, » déclara Takumi.

Il pressa Mirta en la repoussant doucement, puis il fit face au Capitaine des Gardes.

« Je vais tout t’expliquer en détail. Pourrions-nous aller à ton poste de garde ? » demanda Takumi.

« Nous allons avoir une longue conversation ! C’est bon, allons-y ! » Déclara Elsa. Elle l’avait attrapé par le col et l’avait traîné vers leur destination.

« Ah, Elsa. Désolé de te demander ça, mais pourrais-tu attendre une minute ? » demanda Takumi.

« ... Pour quelle raison ? Essaye donc de fuir et je t’assomme direct, » déclara Elsa.

« Je ne vais pas fuir, mais si tu me laisses quelques minutes, j’aimerais bien prendre un peu de nourriture, » déclara Takumi.

« J’en ai déjà là où nous allons ! Alors, arrête avec des idioties et dépêche-toi ! » déclara Elsa.

Même si elle avait refusé sa demande, le capitaine des gardes avait démontré son côté tendre.

***

Partie 3

Quand le nouveau festival avait pris fin, nous étions déjà tard le soir. Un long moment s’était écoulé depuis que Takumi avait été traîné de force par Elsa jusqu’à une pièce spartiate.

Seuls un bureau, deux chaises et quelques lampes étaient présents dans cette pièce.

Takumi avait continué à bouger, faisant craquer sa chaise, tandis qu’Elsa, qui était assise devant lui, avait les bras croisés. Ses sourcils se tordaient en raison de sa colère.

« ... Takumi, pourquoi as-tu commencé ce soulèvement ? Dis-le-moi avec sincérité, » demanda Elsa.

« Elsa, je l’ai dit plusieurs fois. Il s’agit juste d’une fête avec tous les habitants de la ville basse. Je pense aussi que nous étions un peu trop bruyants, mais n’ai-je pas demandé pardon pour ça ? » demanda Takumi.

« Oh, tu penses que c’est juste un “petit peu” ça !? Idiot ! » cria Elsa.

Ses cheveux attachés se balançaient alors qu’elle faisait claquer son poing sur le bureau.

« Nous pouvions entendre vos cris même depuis ce poste de garde, et pour t’atteindre, en raison de tout ce tumulte, j’ai dû me frayer un chemin à travers une foule d’ivrognes ! » cria Elsa. « Sais-tu au moins comment tout ça a été dur pour moi !? Aucun d’eux ne m’écoutait et je ne comprenais pas un mot de ce qu’ils disaient ! »

« Oh, je vois, » répondit Takumi. « Je ne savais rien à ce sujet, mais je suis toujours le coupable, donc ça n’a pas d’importance. »

« Ne regrettes-tu pas tes actes ? N’as-tu aucun remords ? Vraiment !? » s’écria Elsa.

« Eh bien, la ville basse a toujours été bruyante. Si tu es exagérément inquiète, tu vas ruiner ta peau, » déclara Takumi.

« Hmm... ? Tu es si attentionné, toi, le marchand d’esclaves au cœur tendre, mais je suis un garde et également une chevalière. Comprends-tu que me traiter comme une femme m’insulte ? » demanda-t-elle.

« C’est absurde ! Je n’essaierais jamais d’insulter la fille de la famille Fairstadt, » répliqua Takumi.

« Alors quel était le sens de tes mots ? » demanda Elsa.

« Tu es drôle quand tu es en colère, alors je pensais te taquiner un peu plus, » déclara Takumi.

« C’est donc ça ! Tu voulais m’insulter ! » cria Elsa.

Alors que son visage rougissait de colère, elle continuait de frapper le bureau encore et encore.

C’était exactement la réaction amusante qu’il voulait voir, mais elle ne semblait pas en être consciente.

« Hier, tu m’as même dit que tu n’avais pas le temps ou l’intention de causer des ennuis ! Est-ce que tu t’en souviens !? » cria Elsa.

« J’ai juste dit “Aujourd’hui”, non ? Ce qui signifie qu’aujourd’hui, qui est le jour après le Festival des Moissons, je pourrais tout à fait causer toutes sortes de problèmes, » déclara Takumi.

« Ne fais pas ça ! Voilà pourquoi les personnes comme toi sont... ! » s’écria Elsa.

« Oh, franchement, calme-toi, Capitaine des Gardes, » déclara Takumi. « Je ne t’ai pas laissé me traîner ici seulement pour te taquiner. »

« Pff... D’accord, c’est bon. Ce n’est pas la première fois que tu fais quelque chose comme ça, et ce ne sera pas la dernière, » déclara Elsa. « Si tu l’as vraiment fait en tant que fête, il n’y a pas besoin de creuser plus loin dans la question. »

« Wôw, aujourd’hui, tu es vraiment super franche. Soyons plus amicaux l’un avec l’autre, d’accord ? » demanda Takumi.

« Écoute, peux-tu comprendre que je ne veux pas être ton amie... ? » La colère de la chevalière avait disparu, la laissant plaider pour ça d’une voix larmoyante.

L’agitation du festival et son travail quotidien avaient dû considérablement l’épuiser pour qu’elle agisse ainsi.

« Je fais de mon mieux en tant que chevalière, mais les personnes sont envieuses puisque je suis une femme, » avoua Elsa. « J’ai essayé de garder un œil sur Mirta parce que j’étais inquiète et j’ai fini par accepter le rôle de capitaine des gardes de la ville basse que personne ne voulait, et maintenant je suis là, en train de parler avec l’avatar même de l’exaspération... »

« Oui, dans ce cas, puis-je maintenant rentrer à la maison ? C’est trop long pour moi, » déclara Takumi.

« Si tu continues, je vais te frapper, » déclara Elsa.

« Et tu ne l’as pas encore fait. Je suis profondément ému par ta gentillesse, » déclara Takumi.

« Tu es toujours comme ça. Je ne peux pas simplement demander à mes subordonnés de s’occuper de toi, alors je dois moi-même prendre cette responsabilité... le dernier gars qui a essayé, a démissionné et est retourné chez lui, » déclara Elsa.

« Eh bien, Listina est une grande cité. C’est normal que quelqu’un de la campagne soit débordé, » répliqua Takumi.

« Je parie que tu as fait quelque chose, n’est-ce pas !? » demanda Elsa. « Eh bien, il était bien trop amical et il a tenté de me toucher. En outre, il m’a regardé d’une manière étrange, donc je suis plus à l’aise maintenant qu’il a quitté ce poste. »

« C’est génial. Si un garde causait un scandale, même ta dignité aurait pu être entachée, » déclara Takumi. « Tu as eu de la chance qu’il soit parti avant qu’il ne puisse essayer de poser ses sales mains sur toi. »

Takumi avait commencé à siffler sans vergogne, et Elsa avait serré son poing alors qu’elle essayait de retenir sa colère. À la fin, elle poussa un profond soupir, comme si elle avait décidé d’abandonner la lutte.

« Alors ? Chaque fois que tu me laisses t’attraper, il se passe toujours quelque chose de mal. Qu’est-ce qu’il y a eu cette fois-ci ? » demanda Elsa.

« Bonne idée, ça me fait gagner du temps, » répondit Takumi. « Je ne voulais pas que les habitants nous voient parler en public, alors je t’ai laissé m’arrêter, même si tu penses que ce n’était pas nécessaire. »

« Alors, crache le morceau. Je vais t’écouter, » déclara Elsa.

« Eh bien... tu devrais déjà avoir entendu parler de l’affaire qui nous intéresse, » déclara Takumi.

Elle le regarda d’un air perplexe.

« Récemment, des paris illégaux se répandent dans la ville basse, » annonça Takumi.

« ... Comment as-tu appris leur existence ? » demanda Elsa.

« Veux-tu vraiment savoir cela maintenant ? » demanda en retour Takumi.

« Eh bien ! Non, mais le fait de réaliser ça me fait mal..., » son visage se raidit, puis elle soupira encore plus profondément qu’avant.

« Désolée, Takumi, mais je ne te dirai rien à ce sujet. Même si je cherche des informations, je n’en échangerai aucune pour de l’argent, » déclara Elsa.

« Bien sûr, je ne peux pas acheter de l’information du capitaine des gardes avec de l’argent. Alors... tu n’en as pas, n’est-ce pas ? » demanda Takumi.

Takumi avait faiblement souri alors qu’il remarquait sa réaction.

« Les rumeurs les concernant se répandent, » déclara Takumi. « Tu sais qu’ils sont hébergés dans la ville basse et que les clients moyens sont des nobles avec beaucoup de temps libre, mais tu ne sais pas qui est derrière tout ça, donc tu n’as aucun indice... ai-je raison ? »

Elsa répliqua. « ... Pour être plus précise, les gardes déployés dans la ville basse n’ont pas la capacité pour continuer à enquêter par eux-mêmes, alors ils ont abandonné... En tant que chevalier, je me demande où sont allées leur fierté et leur dignité. »

« Tes pensées découlent des enseignements de ta famille, » répondit Takumi. « Une personne ordinaire ne penserait pas à s’opposer au mal et risquer sa vie ainsi que sa famille et son rang. »

Elsa faisait partie de la famille Fairstadt, l’une des trois grandes familles de Listina. Ils avaient une longue et honorable tradition et s’occupent des affaires judiciaires et royales depuis des générations.

Ils avaient un sens aigu de la justice et étaient comme l’incarnation de l’équité, il était donc normal que les gardes soient un peu intimidés par l’un de ses membres.

« ... J’ai lu des rapports sur le jeu illégal. Le fait de profiter des esclaves se battant à mort n’est pas humain, » son poing avait commencé à trembler alors qu’elle imaginait ça.

Takumi lui sourit. « Hé, Elsa, ils ne devraient pas s’en tirer après ça, ne le crois-tu pas ? » demanda Takumi.

« Bien sûr ! En tant que fière chevalière de Richtert, je ne peux pas autoriser de tels actes inhumains ! » s’écria Elsa.

« Tu n’es pas seule, tes subordonnés pensent la même chose. Ils doivent toujours faire face à la racaille, mais ils ne sont pas enivrés par leur pouvoir comme les gardes de la partie supérieure, n’est-ce pas ? » demanda-t-il.

« Exactement ! » répondit Elsa. « Ils peuvent réprimer les fauteurs de troubles en cas de besoin et ils ne manquent jamais une journée de formation ! »

« Alors pouvons-nous localiser et écraser ces criminels ? » demanda Takumi.

« Oui, nous devrions punir ces malfaiteurs ! Attends, quoi !? » s’écria Elsa.

Takumi affichait un sourire à pleines dents tout en regardant la bouche béante d’Elsa.

« Viens avec moi. Je vais te donner les détails une fois arrivés à Valeria, » déclara Takumi.

« Hein !? Non... es-tu sérieux là !? » s’écria Elsa.

« Bien sûr, » répondit Takumi. « Ces gars ont même causé du tort à notre chef, alors j’ai pensé à tracer une ligne claire entre nous et eux. »

« A-Attends une minute ! » s’écria Elsa. « Sais-tu vraiment qui nous allons devoir affronter ? S’il y a quelqu’un d’important, les nobles ne resteront pas silencieux. »

« Où as-tu mis la fierté du chevalier dont tu parlais il y a quelques minutes ? » demanda Takumi.

« C-C’est toujours là, je n’hésite pas ! » répondit Elsa. « Je veux les arrêter de mes propres mains, si je peux, mais... Je n’ai pas assez d’informations. Les nobles et le clergé sont privilégiés dans la ville basse. Ils ne peuvent être visités que par quelques personnes et seulement dans des lieux privés, donc même si nous commençons une enquête publique, ils détruiront toutes les preuves dès qu’ils remarqueront qu’il se passe quelque chose. »

Fronçant les sourcils, elle laissa échapper un autre soupir. Elsa vivait dans la ville basse, alors elle savait très bien comment ça fonctionnait.

En regardant la fille découragée, Takumi ouvrit sa bouche blasphématoire. « Les paris illégaux sont mis en place par Amberg, l’une des quatre grandes entreprises, et ses organisations affiliées. Ils utilisent plusieurs endroits, comme les bâtiments de l’entreprise ou les résidences secondaires offertes par les investisseurs. Le prochain événement aura lieu dans le sous-sol de l’une des maisons du marquis de Kelbeg dans deux semaines. »

« ... Hein !? » Incapable de traiter toutes ces informations, elle ne pouvait que répondre d’une voix stupide.

« Eh oui, Elsa, tu es la bienvenue là-bas. Je peux même te dire la taille des forces privées qui y seront déployées, » continua Takumi. « Si tu veux vraiment les capturer et tu n’es pas comme ces lâches de la ville basse, alors nous pouvons le faire. »

Il avait souri avec confiance.

« Et alors, ta réponse ? » demanda Takumi. « N’agite pas simplement ta justice devant moi. Cette chance apportera beaucoup de mérites aux gardes. Je te laisse choisir si tu veux prendre cette opportunité. »

Il avait admiré son visage abasourdi pendant quelques instants, puis avait recommencé à parler. « Oh, et ne me demande pas comment je sais tout ça, s’il te plaît. »

***

Partie 4

Après avoir quitté le poste de garde, Takumi avait été escorté jusqu’à Valeria avec l’un des chariots des gardes. Bien entendu, Elsa était avec lui.

Une fois arrivée et assise sur le canapé du salon, elle s’était mise à parler sur un ton pétillant. « Soyons clairs, je ne suis pas là pour faire de la garde d’enfants ou un autre truc qui pourrait surgir dans ton esprit. J’accepterai simplement les informations que vous, habitants de la ville basse de Listina, m’offrez. »

« Comment dire cela... tu as l’air d’être en conflit d’intérêts, » déclara Mirta.

« Mirta, tu es bien trop honnête par rapport à quelqu’un que je connais qui ne coopère jamais... alors, s’il te plaît, surveille tes arrières, » déclara Elsa.

« Hahaha... désolée, mais c’est dur de l’arrêter toute seule, » riait Mirta.

« Puisque tu es le chef ici, ne peux-tu pas contrôler cette situation correctement ? Sinon, mon mal de ventre ne passera jamais, » répliqua Elsa.

Puis, regardant Mirta soupirer amèrement, Elsa avait recommencé à soupirer.

« ... Quoi qu’il en soit, parlons des paris illégaux. Takumi, Amberg est-il vraiment derrière tout ça ? Je veux en être sûre, » demanda Elsa.

« Oui, et toutes les autres grandes entreprises sont complices. Je peux même dire que puisqu’aucune d’elles ne peut le montrer publiquement, elles font semblant d’être ignorantes, » déclara Takumi.

Entendant que de nombreuses personnalités importantes prenaient part à des actes illicites, Elsa avait inconsciemment saisi sa tête.

« Rien que d’y penser me fait mal à la tête... Alors, qu’est-ce qu’on est censés faire ? Honnêtement, je ne soutiendrai aucun acte illégal, » déclara Elsa.

« Je ne veux pas non plus que tu fasses ça. Te laisser entrer par effraction à l’endroit prévu au début de la fête et arrêter toutes les personnes présentes sont plus qu’il n’en faut, » répondit Takumi.

Alors qu’il disait ça, elle semblait de plus en plus douter.

« Je sais que tu n’es pas le genre de gars qui détruirait une entreprise illégale mue uniquement par un sens de la justice. Qu’est-ce que tu complotes ? » demanda Elsa.

« Je ne nie pas que je prépare quelque chose, mais ce n’est pas le moment d’en parler. Faisons semblant que je veux juste continuer à punir Gaitsu Ejistan. Nous devons empêcher les esclaves d’y être amenés, c’est pourquoi je veux que tu penses au reste, » déclara Takumi.

« Empêcher les esclaves d’être amenés là-dedans... ? » demanda Elsa.

« Oui, mais ce ne sera pas une conversation facile pour toi, » déclara Takumi. « Généralement, l’achat d’un esclave ordinaire est un gaspillage d’argent, car ils ne savent pas comment faire leur travail correctement, mais si tu les utilises pour des jeux illégaux, tu as la chance de récupérer ce que tu as dépensé pour eux, et même bien plus. »

« Donc les laisser s’entretuer est un moyen de gagner de l’argent et de se débarrasser de quelque chose d’inutile... ? C’est dégoûtant, même pour une racaille de bas étage, » Elsa avait craché ses mots sans cacher ses émotions.

« Gaitsu... nous a trahis. D’autant plus qu’il a profité du fait que Vatel, qui a tant fait pour la ville basse, a disparu, » déclara Takumi.

Quand l’ancien mandataire avait le contrôle de Valeria, il avait fait beaucoup de choses impardonnables.

Il n’avait pas seulement fait passer l’argent avant la morale, mais il avait même utilisé sans honte l’autorité que Vatel avait construite. Il avait utilisé son pouvoir à maintes reprises et avait profité de quelque chose que les gardes auraient dû faire par devoir.

Takumi avait quand même reconnu ses capacités.

« C’est un égoïste et un avare... mais il est intelligent. Si l’on met de côté l’idéologie de Vatel, l’affiliation à Amberg aurait été une bonne chose pour Valeria, » déclara Takumi.

Même s’ils avaient beaucoup d’influence dans la ville basse, ils avaient pris du retard par rapport aux organisations de la partie moyenne et supérieure.

C’est pourquoi l’affiliation avec Amberg aurait permis à Valeria de devenir une organisation autorisée. Valeria aurait connu une croissance constante et aurait élargi ses activités.

« Pourtant, il est lent. Pour arriver au sommet à partir d’une organisation en pleine croissance, cela prendrait de nombreuses années et il aurait besoin d’agir un nombre incalculable de fois. Si on abandonne la ville basse comme ça et qu’on la laisse dégénérer... le gouvernement décidera de la détruire entièrement et d’éradiquer tous ses habitants, » déclara Takumi.

La ville basse était remplie de criminels et d’orphelins. Les mendiants et les bons à rien étaient aussi très nombreux.

Cela ne signifiait pas qu’ils étaient tous de mauvaises personnes, c’est pourquoi Vatel avait décidé de leur accorder un meilleur endroit où vivre et avait essayé de changer la ville basse pour le meilleur et pour le pire.

Pour y parvenir, le plan de Takumi devait être un succès.

Le marchand d’esclaves au cœur tendre avait de nouveau affronté Elsa. « Pour être honnête, on ne peut pas faire ça tout seul. Nous avons besoin de personnes qui peuvent bloquer les armées privées des grandes compagnies. C’est pourquoi j’ai besoin de l’aide de tes gardes. »

Il s’inclina énormément devant elle. « Cette fois, nous ne nous écartons pas de la volonté de Mirta Famille. Il ne s’agit pas de la ville basse ou de Listina... Nous voulons agir au nom du Saint Royaume de Richtert, et je le jure au nom de notre déesse Filia. » Ses paroles étaient fermes.

Quelques instants plus tard, Elsa avait saisi la situation et elle poussa un profond soupir. « ... qu’il en soit ainsi. Moi, Elsa Fairstadt, en tant que capitaine des gardes qui protège la ville basse de Listina, je fais le vœu d’entreprendre cette mission. »

L’expression raide sur le visage de Takumi s’était effondrée en un sourire.

« Au lieu d’être si insouciant, pourquoi ne te comportes-tu pas toujours comme ça ? Si c’était le cas, alors peut-être que j’écouterais tes demandes n’importe quand, » me déclara une Elsa exaspérée.

« Je ne peux pas faire ça. Si j’affichais une expression sérieuse comme toi tout le temps, je m’étoufferais à mort, » répondit Takumi.

« Ça ne me dérangerait pas. Il est... assez tard maintenant. Envoie-moi ton elfe pour les détails, » déclara Elsa.

« Bien sûr. J’ai une autre demande, si c’est possible... Je veux parler de ça avec ton grand frère. Quand les choses se seront arrangées, peux-tu bien nous trouver un lieu de rencontre ? » lui demanda Takumi.

« ... Veux-tu parler avec mon Frère, Lux ? Il se creuse les méninges sur certains sujets, et cela devrait être plus important que tout le reste…, » me répondit Elsa.

« Je comprends qu’il faut beaucoup de travail pour s’occuper des affaires judiciaires. Dis-moi juste quand il est libre, pour que je puisse ajuster mon emploi du temps en conséquence, » répondit Takumi.

« Je ne peux pas le garantir, mais... d’accord. Si tu peux aller jusqu’à parler avec les gardes de la partie supérieure, je suppose que nous devrons vraiment nous déplacer et nous coordonner. Je lui rapporterai ce que tu as dit, » répondit Elsa.

Après une pause, Elsa s’était levée et avait commencé à quitter la pièce.

« Je n’ai pas eu l’occasion de te dire quelque chose, » Elsa avait fait face à Mirta et lui avait souri tendrement. « Félicitations, Mirta Famille, le nouveau chef de Valeria. Tu es trop gentille, mais je crois que la ville basse a besoin de ta gentillesse. Je suis vraiment heureuse que ce soit devenu officiel. »

« Merci beaucoup ! » Elle avait souri à son amie, qui avait ensuite quitté la pièce.

Le silence était descendu sur les deux individus qui étaient restés là.

« Désolé de ne pas t’avoir laissé parler, » déclara Takumi d’une voix grave, et Mirta agita les mains.

« Ne t’inquiète pas de ça ! Ce n’est pas comme si j’avais déjà beaucoup parlé avant de devenir le chef... De plus, j’ai compris que tu fais cela pour la ville basse puisque tu as même incliné la tête devant quelqu’un, » me répondit-elle.

Son tendre sourire l’avait fait se détendre un peu.

« Je te laisserai t’occuper de ce genre de choses à partir de maintenant, alors tu n’as pas à avoir l’air triste, » déclara Takumi.

« Je ne le suis pas ! Le chef de Valeria ne peut pas être triste ! » répliqua Mirta.

« Même le capitaine des Gardes t’a reconnue. Pourquoi ne pas répandre une rumeur et la mettre en colère ? » demanda Takumi.

« Je ne pense pas que ce soit une bonne idée, alors ne le faisons pas, d’accord... ? » demanda Mirta.

Tout en échangeant de telles remarques légères, Takumi s’était levé.

« Laisse-moi m’en occuper, chef, » déclara Takumi.

« Oui. Je protégerai Valeria jusqu’à ton retour, » répondit Mirta.

Elle acquiesça d’un signe de tête et il se dirigea vers la porte.

 

☆☆☆

 

Alors qu’il marchait dans les rues presque désertes, il parlait dans la direction de la noirceur de la nuit.

« Kunon, viens ici, il faut qu’on parle. »

« Yeeep ! » De l’obscurité, quelqu’un avait répondu d’un ton joyeux. Puis une petite femme-chien était apparue de l’ombre.

Comme elle s’approchait à vive allure, elle avait suivi son rythme et il avait recommencé à parler.

« De combien de temps avons-nous besoin avant que les demi-humains que j’ai achetés soient prêts ? »

« Jusqu’à ce qu’ils soient ajustés ? » demanda Kunon.

« Oui. Ils sont déjà sous notre contrôle, alors je suis obligé de te laisser t’en charger, » déclara Takumi.

« Je pense qu’une semaine suffira. Les demi-humains hésitent à attaquer les personnes, donc ils ont besoin d’un peu de temps pour s’habituer aux combats, mais il n’y aura pas de problèmes tant que l’unité de redressement fera son travail, » elle avait répondu avec froideur, comme la fois où elle avait attaqué Gaitsu, mais son attitude n’avait pas vraiment changé.

« Alors, donne-leur le temps nécessaire pour le finir. Si un problème survient, laisse Karin s’en occuper, » déclara Takumi.

« Eeeh ?! Vas-tu encore me faire attendre !? » Découragée, elle gonfla ses joues et il les pressa du bout des doigts.

« Non, cette fois, j’ai un travail super dur pour toi, » répondit Takumi.

« Super dur ?! Mais, est-ce quelque chose de vraiment -super-dur !? » Ses yeux brillaient face à ces mots.

Elle aimait les tâches difficiles, car plus elles étaient difficiles, plus elles devenaient intéressantes.

« C’est quelque chose que toi seule peux faire. J’ai de grandes attentes à cet égard, » déclara Takumi.

« D’accord ! Alors, laisse-moi faire ! » Elle avait répondu avec un sourire innocent. « Aaah, j’ai hâte d’y être ! »

C’était si innocent que cela dissimulait parfaitement ce qui était caché derrière lui.

« Alors, je vais finir ce que j’ai à faire ! » déclara Kunon.

Les oreilles de nouveau droites, elle retourna dans l’obscurité avec des pas légers, passant devant Karin qui s’approchait d’eux à un rythme décontracter.

Puis, l’elfe avait commencé à marcher aux côtés de Takumi.

« De quoi s’agissait-il ? Elle avait l’air très heureuse en ce moment... lui as-tu donné à manger ? » demanda Karin.

« Non, elle a maintenant deux travaux à faire et l’un d’entre eux concerne les combats, » répondit Takumi.

« Je vois... eh bien, ces derniers temps, elle est toujours pleine d’énergie, même pour l’un de ses congénères. Au moins, elle aime vraiment son travail, » déclara Karin.

« La laisser jouer de temps en temps, c’est mon devoir. Comment vont les choses de ton côté ? » demanda Takumi.

« Tout se déroule sans heurts. Ils cherchent désespérément des esclaves dans des villes voisines et même des régions éloignées, mais même s’ils ne trouvent rien, ils n’arrêtent pas leur chasse, » répondit Karin.

« Je parie que Gaitsu ne peut pas faire ça. Et pour le reste ? » demanda Takumi.

« C’est toi qui as élaboré ce plan, alors as-tu vraiment besoin d’entendre ça ? » demanda Karin en retour.

« Tu sais à quel point il est important d’entendre ces rapports, n’est-ce pas ? » demanda Takumi.

« ... Oui, c’est vrai. Je disais ça comme ça, » répondit Karin.

Elle bouda légèrement, puis s’éclaircit la gorge et retrouva son calme.

« Beaucoup d’habitants de la campagne ont été vendus comme esclaves, mais nous les avons déjà tous collectés. D’autres organisations prennent des mesures pour ne pas s’impliquer avec nous. Les guides de Meld ont accepté l’argent et ont quitté les lieux, tandis que les gardes et les corruptions au sein des douanes ont pris fin, » répondit Karin.

« Super. Comment vivent les demis-humains dans les montagnes ? » demanda Takumi.

« Aigle et Lewin ont dit que personne n’a été capturé. Il y a eu quelques bagarres, mais les demi-hommes sont particulièrement bons pour ce genre de situations. Certains ont été blessés, mais rien de plus. Ils ont dû désactiver les pièges et ils ont soutenu les autres depuis l’ombre, » répondit Karin.

« Parle-moi de leur soutien logistique. Ils n’ont jamais raté la cible, n’est-ce pas ? » demanda Takumi.

Karin avait alors poussé un doux soupir.

« Nous ne l’avons pas autorisé pour cette expédition, mais... il semble qu’Aigle ait utilisé l’arc long dont il est si fier. Il semble qu’il ait soufflé la partie supérieure ou inférieure du corps de plusieurs criminels, » répondit Karin.

« C’est une honte. J’avais pourtant dit que cette arme arracherait les membres de quelqu’un en les touchant avec l’une de ses flèches, » déclara Takumi.

« Bon sang... et j’ai même clairement dit de ne pas attirer l’attention. Il semble qu’il ait récupéré toutes les flèches, mais si Gaitsu voit ces cadavres, il pourrait savoir qui a fait ça, » déclara Karin.

« Il n’est pas stupide, je parie qu’il a déjà deviné que je suis derrière tout ça. Ou plutôt, c’est encore mieux s’il y croit, » Takumi répondit de bonne humeur à Karin, qui s’inquiétait de sa mauvaise gestion.

« Dis à Kunon de parler à Aigle et dis-lui de le frapper un peu. Peut-être que le démon peut donner un peu de bon sens à ce cerveau d’oiseau, » déclara Takumi.

« Si ça ne te dérange pas, ça ne me dérange pas. Au fait, son travail est différent de nous, n’est-ce pas ? » demanda Karin.

« Oui, bien sûr. C’est à toi de décider. Je vais permettre à tout le monde d’y aller ce jour-là, de sorte que tu es libre de montrer tes capacités, » répondit Takumi.

« Hmm... J’achèterai plus de l’huile que tu m’as achetée et je réparerai ma brosse. Le manque d’action m’ennuyait, » répondit Karin.

Takumi avait souri amèrement à sa remarque vivante et ajusta son expression.

« Cela dépendra de la pierre angulaire de notre plan, » déclara Karin.

« Tu as raison. Maintenant, en ce qui concerne la partie la plus importante…, » commença Takumi.

« Gaitsu a pris contact avec les villes de la côte et a arrangé quelques grands navires. Il a déplacé les esclaves qu’il a en eux, et il attend maintenant le grand jour, mais…, » commença Karin.

« Quoi ? Il y a un problème ? » demanda Takumi.

Elle secoua la tête et soupira profondément d’une expression ennuyée. « Je me demandais juste ce qui se passe dans ta tête. Normalement, les choses ne se dérouleraient pas aussi bien, et tu savais que tout cela allait se produire il y a deux ans. »

« J’ai tout fait pour en finir avec cette situation. Je n’avais qu’à préarranger les choses et à agir en conséquence. C’est simple, n’est-ce pas ? »

« Tu es le seul à penser que c’est simple. Je ne peux vraiment pas te suivre, » elle affichait une expression d’insatisfaction pendant qu’il souriait amèrement à sa remarque.

« Tu es toi-même tout à fait étonnante, puisque tu peux organiser et rapporter cette quantité d’informations. C’est pour ça que je te laisse les choses importantes, » déclara Takumi.

« ... Dirais-tu que même si je n’avais pas mon pouvoir... ? » Demanda Karin.

Elle regardait son visage avec ses yeux dorés et diaboliques qui pouvaient jeter un coup d’œil dans l’esprit des gens. Elle pouvait comprendre quand quelqu’un mentait, mais elle devait aussi percevoir même ce qu’elle ne voulait pas. C’est pour ça qu’elle ne pouvait croire en personne.

Takumi lui caressa alors la tête.

« A -Arrête ! Qu’est-ce qui te prend !? » s’écria-t-elle.

« Ne repousse pas les limites de ton pouvoir. Tes yeux sont un fardeau pour ton corps, alors ne les utilise pas comme si ce n’était rien, » déclara Takumi.

« Je les avais utilisés parce que c’était important pour moi, » répondit Karin.

« Tu sais déjà que je ne dirai pas de mensonges insignifiants. Tu serais importante pour moi comme tu l’es même sans ton pouvoir, et même dans un tel cas, je te confierais quand même ce travail. Vas-y, essaie de voir par toi-même si je dis la vérité, » déclara Takumi.

Un sourire se répandit sur son visage alors que leurs regards se rencontraient.

Pendant un bref instant, la couleur de ses yeux avait semblé plus intense... puis elle avait laissé échapper un léger rire.

« Comment le dire... tu n’es pas dans mes cordes, » répondit-elle.

« Je suis content que tu sois satisfaite maintenant. Si possible, j’aimerais voir ton visage souriant plus souvent, » déclara Takumi.

« C’est impossible. J’ai cherché pendant une seconde et j’ai déjà mal à la tête, » répondit Karin.

Tandis qu’elle endurait les conséquences de ses actes, une expression brillante avait écrasé son air renfrogné.

« Bon sang, comment peux-tu être aussi stupide, la mademoiselle autoproclamée, » déclara Takumi.

« Ferme ta grande gueule ou je vais continuer à t’appeler le morveux, » répliqua Karin.

« Je ne nierai pas la vérité et ça ne me dérangerait pas non plus qu’on m’appelle ainsi. Pourtant, nous allons avoir un travail important. N’utilise pas ton pouvoir sans réfléchir. Tu ne peux pas risquer maintenant un épuisement, » tandis que sa main caressait doucement la tête de Karin, ses lèvres se recourbèrent en un sourire.

« Il est temps... de laisser tout le monde se joindre à la fête, » murmura-t-il, et les deux silhouettes disparurent finalement dans l’obscurité de la nuit.

***

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2 commentaires :

  1. Merci pour le chapitre 🙂

  2. Merci pour les chapitres.

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