Strike the Blood – Tome 3 – Chapitre 4 – Partie 3

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Chapitre 4 : Faux Ange

Partie 3

La nacelle de sauvetage dans lequel La Folia se trouvait à bord s’était échouée sur la côte à l’ouest de l’île. C’était du côté de l’océan, du point de vue de l’île d’Itogami. C’était juste de l’autre côté de la casemate où se trouvaient Kojou et Yukina, avec la source juste au milieu d’eux.

« Alors vous êtes vraiment une princesse…, » Kojou murmura avec une émotion profonde et sincère en regardant la nacelle laissée sur la plage.

« Pourquoi aurais-je besoin de mentir ? » La Folia inclina la tête en voyant un Kojou confus.

Sa nacelle, équipée pour une reine, était d’une somptuosité effrayante dans sa construction. La coque en forme d’œuf était entourée d’une coque en plastique et d’un dispositif de flottaison automatique en caoutchouc. Sa taille et sa forme correspondaient à l’idée que Kojou se faisait de ce à quoi devrait ressembler une nacelle de sauvetage. Mais…

L’extérieur était d’une couleur gris métallique. Pas de rouille. Pas de corrosion. Peut-être cela l’avait-il maintenu très conducteur et donc résistant à la foudre.

La nacelle était doublée de cuir véritable et, malgré l’étroitesse de l’espace, elle était équipée d’un bon lit. Il y avait bien sûr de la nourriture et de l’eau, et cette installation comprenait même des toilettes et de l’eau chaude.

De toute façon, il n’y a aucune chance que quelqu’un dans une telle nacelle de sauvetage ne soit pas un membre de la royauté, pensa Kojou. Il pouvait même accepter que La Folia ait encore une hygiène impeccable alors qu’elle était à la dérive depuis plusieurs jours.

« Alors, comment devrais-je vous appeler ? Est-ce que “Votre Altesse” est correcte ? » demanda Kojou.

« Appelez-moi La Folia, Kojou. J’en ai assez d’entendre “Votre Excellence”, “Votre Altesse” et “Votre Majesté”. J’aimerais au moins que des amis d’un autre pays m’appellent par quelque chose de moins rigide et moins formel. C’est valable pour vous aussi, Yukina, » déclara La Folia.

« Hein ? Non, je veux dire que…, mais…, » déclara Yukina.

Yukina secoua la tête, apparemment surprise. Étant techniquement membre d’un organisme gouvernemental, elle résistait bien sûr à ce genre de situation. Mais voir Yukina réagir comme ça…

« Oui… On pourrait utiliser un surnom, » déclara Yukina.

« Mhmm, » La Folia acquiesça, avec un regard sérieux sur son visage. Puis, la princesse avait fait un sourire fier.

« Que diriez-vous d’un style japonais... Oui, vous pouvez m’appeler Foli-rin. En fait, je connais bien la culture japonaise, » déclara La Folia.

« … Non, si je puis me permettre d’être aussi présomptueuse, je m’adresserai à vous par votre prénom, La Folia, » déclara Yukina.

Yukina avait parlé avec un ton d’abandon. Elle avait sûrement senti qu’à ce rythme, ils risquaient vraiment de s’adresser à elle par un surnom idiot. Certes, elle parlait couramment le japonais, mais dans tous les cas, ce surnom n’était pas du tout à la japonaise.

D’ailleurs, Yukina avait récupéré son uniforme qui séchait et l’avait immédiatement mis. Comme les déluges étaient fréquents dans la région, l’Académie Saikai utilisait des tissus à séchage rapide pour ses uniformes scolaires.

« Au fait, qu’est-ce que vous faites dans un endroit comme ça ? » demanda Kojou en ressentant enfin des douleurs de la faim. Il devait être près de l’aube, mais naturellement, il n’avait pas très envie de dormir si tôt après s’être fait tirer dessus.

« Mon navire a été abattu alors que je me rendais à la cité d’Itogami, » répondit La Folia.

La Folia parlait comme si ce n’était pas une grande chose. C’étaient Kojou et Yukina qui avaient exprimé leur surprise.

« Abattu… ! !? »

« Par la Magus Craft, peut-être… ? »

Kojou et Yukina avaient tous deux posé des questions.

« C’est exact, probablement dans le but de m’emmener en captivité, » répondit La Folia.

Comme si elle déplorait le sacrifice de ses subordonnés, La Folia baissa un peu les yeux quand elle hocha la tête.

Le dirigeable blindé quand lequel elle se trouvait avait été abattu six jours auparavant. C’était le soir même des incidents avec les Masqués qui avaient commencé sur l’île d’Itogami.

Ce jour-là, La Folia et la compagnie de chevaliers qui l’escortaient se rendirent sur l’île d’Itogami à bord d’un dirigeable royal blindé. Puis, alors qu’ils survolaient les eaux avoisinantes, ils furent soudain attaqués : une embuscade en pleine nuit, à mille mètres au-dessus du niveau de la mer.

La compagnie de chevaliers ayant perdu l’initiative et la plus grande partie de sa force de combat, ses serviteurs avaient jugé la situation perdue et avaient mis La Folia dans une nacelle de sauvetage. Elle n’avait pas eu le temps de résister, la nacelle lancée était ensuite tombée à l’eau.

La Folia avait apparemment dérivé dans l’océan pendant environ deux jours avant de s’échouer sur cette île déserte.

« … Est-ce que ces gens de la Magus Craft essayaient de faire des demandes de rançon ou quelque chose comme ça ? » demanda Kojou.

Kojou avait des doutes évidents, alors qu’il le lui demandait. Il ne voyait pas d’autre raison pour laquelle les démons à l’emploi de la corporation humaine de la Magus Craft auraient pu abattre un navire appartenant à la famille royale d’un pays.

Cependant, La Folia secoua tranquillement la tête.

« Ils en ont après mon corps… celui de la lignée royale aldégienne, » répondit La Folia.

« … La lignée ? » demanda Kojou.

« Oui. Les filles nées dans la famille royale d’Aldegian sont, pratiquement sans exception, des médiums spirituels puissants, » répondit La Folia.

« Les médiums spirituels… comme les jeunes filles du sanctuaire ? » Kojou avait jeté un coup d’œil à Yukina en disant les mots.

Yukina, découverte par l’Agence du Roi Lion, était sans aucun doute aussi un puissant médium spirituel. En effet, avec un siège au premier rang, Kojou était bien conscient de la force de sa Vision Spirituelle et de ses capacités de possession divine. Mais même Yukina n’avait pas fait venir quelqu’un pour essayer de l’enlever. Cela étant, Kojou ne pouvait même pas imaginer à quel point La Folia devait être une médium spirituelle.

La Folia continua, apparemment en réponse aux doutes de Kojou. « … Kensei Kanase, qui est employé par la Magus Craft, était autrefois l’ingénieur sorcier de la cour au palais royal d’Aldegian. Beaucoup des secrets magiques qu’il connaît nécessitent la force spirituelle de la famille royale d’Aldegian. C’est sans doute pour cela qu’ils ont pris le risque de tenter de me capturer. »

« Kensei Kanase… Vous voulez dire le père de Kanon Kanase ? » demanda Kojou.

Kojou avait bloqué son souffle à l’annonce inattendue de son nom.

La Folia regarda Kojou en réponse, son expression ne faiblissait jamais. « Cet homme n’est pas le vrai père de Kanon Kanase. »

« Je le sais bien. Kanase nous a après tout dit qu’elle vivait dans une abbaye quand elle était petite, » déclara Kojou.

Kojou poussa un grand soupir et se tourna carrément vers la princesse. Il lorgna droit dans ses yeux bleu pâle.

« … Quelle est votre relation avec Kanon Kanase ? Pourquoi vous ressemblez-vous autant ? » demanda Kojou.

« On se ressemble, vous dites ? J’ai entendu dire que les Japonais ont du mal à distinguer les visages étrangers, » La Folia cligna des yeux lorsqu’elle répondit par une question. Elle n’avait pas vraiment l’air d’esquiver le problème exprès.

« Ce n’est pas une ressemblance passagère ! Vous vous ressemblez trop l’une et l’autre ! » Kojou s’approcha de la princesse en criant sans essayer de le faire.

La Folia regarda Kojou en silence. Plutôt que d’essayer de cacher quelque chose, c’était un silence fait en hésitant à parler à un autre d’un secret d’une grande importance.

« Le père de Kanon Kanase… est mon grand-père, » avoua La Folia.

« … Grand-père ? Votre grand-père ? » Kojou avait répété le mot tout en n’arrivant pas à en saisir pleinement le sens. Le grand-père de La Folia, le précédent roi d’Aldegia ?

« Kanon Kanase est une enfant que mon grand-père a eue avec une Japonaise vivant en Aldegia il y a quinze ans, » avoua La Folia.

« … Hein ? » s’exclama Kojou.

« Bien sûr, cela signifiait qu’il a été infidèle à ma grand-mère… qui régnait en reine à l’époque. La mère de Kanon Kanase est retournée au Japon juste après avoir accouché pour ne pas causer de difficultés à mon grand-père. Apprenant cela après coup, mon grand-père a construit pour elle…, » commença La Folia.

« … L’abbaye Kanase où elle a été élevée… vous voulez dire ? »

Yukina avait terminé la phrase de La Folia. Peut-être avait-elle senti que c’était quelque chose comme ça dès le moment où elle avait rencontré la princesse étrangère qui ressemblait beaucoup à Kanon.

Kojou repensa à l’abbaye située dans un coin désert du parc.

La Folia avait dit que l’abbaye avait été construite pour le bien de la mère de Kanon.

Si c’était le cas, sa mère devait y vivre avec elle.

En d’autres termes, Kanon aurait pu vivre avec sa mère biologique. Même si elle ne s’était jamais déclarée ainsi, la mère de Kanon aurait pu surveiller sa fille de près… mais…

« Attendez une minute. Votre grand-père est le dernier roi d’Aldegia, non ? Si c’est son père, alors Kanon Kanase est…, » déclara Kojou.

« Oui, cela ferait d’elle ma tante, » répondit La Folia.

La réponse de La Folia n’avait fait que plonger Kojou dans une confusion plus profonde. D’après son apparence, la princesse avait probablement dix-sept ou dix-huit ans. Elle était clairement plus âgée que Kanon. Mais du point de vue de Kanon, La Folia était apparemment sa nièce. Quoi qu’il en soit, les deux filles étaient des parents très proches par le sang. En d’autres termes…

« Elle ne possède aucun droit de succession, mais elle est certainement une membre de la famille royale, » déclara La Folia.

« Famille Royale… ? » demanda Kojou.

« Il y a quelques jours, un ministre et confident de confiance a appris l’existence de Kanon Kanase par le testament de mon grand-père. Mon grand-père s’est enfui et ma grand-mère a été bouleversée… Bref, la cour royale est dans un léger tumulte. Cependant, nous ne pouvons pas simplement laisser l’affaire de Kanon en l’état, » déclara La Folia.

La princesse fit ce qui était pour elle un soupir rare et frêle.

Kojou regarda silencieusement le ciel avant l’aube. Kanon était la fille d’un roi d’un pays étranger. L’échelle était si énorme qu’il n’avait pas l’impression d’être réel pour lui. C’est pourquoi il se sentait étrangement calme.

« Est-ce pour ça que vous alliez à la cité d’Itogami ? » demanda Kojou.

« Oui. J’avais prévu d’accueillir Kanon Kanase dans la famille à la place de mon grand-père, » déclara La Folia.

La Folia avait fait un signe de tête décontracté. Kojou s’était souvenu de l’appel téléphonique de quelques nuits auparavant.

« En y repensant, Kirasaka a parlé d’un problème avec un VIP d’Aldegia. Je suppose qu’elle parlait de vous ? » déclara Kojou.

« Sayaka Kirasaka de l’Agence du Roi Lion, c’est ça ? Votre maîtresse ? » demanda La Folia.

La Folia regarda Kojou avec un regard qui chevauchait entre curiosité et malice.

« … Maîtresse ? » demanda Kojou.

« J’ai entendu dire qu’elle est l’une des amantes du quatrième Primogéniteur et que votre relation en est une de passion intense et obscène, » déclara La Folia.

« Gwuh ! » s’exclama Kojou, s’éclaircissant férocement la gorge. De son côté, il pouvait sentir le regard glacial de Yukina piquer sa peau.

« … Bien sûr qu’elle ne l’est pas ! Qui répand une rumeur aussi irresponsable ? » s’exclama Kojou.

« Dimitrie Vattler, un noble de l’Empire du Seigneur de Guerre, » la princesse avait facilement divulgué sa source, même si ce n’était pas un nom qu’il s’attendait à entendre.

« Aaah, pourquoi ça… ! Et comment diable le connaissez-vous, de toute façon !? » s’exclama Kojou.

« Relations diplomatiques. Aldegia partage une frontière nationale avec une partie de son territoire, » déclara La Folia.

« Argh… »

Kojou ne pouvait même pas dire un mot. Maintenant qu’elle le mentionne, ce maniaque du combat frivole et ennuyeux est un — il s’était rendu compte que les noms des deux terres — le royaume d’Aldegia et le duché d’Aldeal de l’Empire du seigneur de guerre — étaient aussi un peu similaires.

« Vous avez dit que les sorts utilisés par Kensei Kanase nécessitent le pouvoir de la famille royale aldégienne ? » demanda Yukina à la place de Kojou, qui ne s’était pas encore remis du choc.

La Folia, aussi, avait une expression sérieuse quand elle hochait la tête.

« Je sais qu’il y a eu un incident à l’abbaye où Kanon Kanase a été élevé il y a cinq ans. Je me demande si les capacités de médium spirituel de la jeune Kanon Kanase, dont elle ignorait l’existence, ne sont pas devenues hors contrôle à ce moment-là ? Puis, peut-être que Kensei s’est rendu compte qu’elle faisait partie de la famille royale d’Aldegian à la suite de cet incident, » déclara La Folia.

« C’est pourquoi il a adopté Kanase comme sa propre fille. Il voulait l’utiliser pour son rituel magique, » murmura Kojou avec une expression amère sur son visage. Ses pires craintes au sujet de la relation entre le père et la fille Kanase avaient été confirmées.

« … Savez-vous quel genre de rituel magique Kensei exécute, Kojou ? » demanda La Folia.

Dans la question de La Folia, Kojou entendit une réverbération grave qui n’avait jamais existé auparavant.

Submergée par sa présence digne, l’expression de Kojou s’était aussi durcie.

« Quand on l’a vue, Kanase s’était transformée en monstre et tuait les siens, » déclara Kojou.

« Vraiment ? Kensei va donc de l’avant avec le Faux Ange, » déclara La Folia.

« … Faux Ange ? » demanda Kojou.

Kojou plissa les sourcils au son inquiétant du mot inconnu.

« Un rituel magique que Kensei recherchait. L’objectif est de forcer une évolution spirituelle artificielle pour qu’un être humain renaisse sous une forme d’existence supérieure, » répondit La Folia.

« Était-ce donc Kanase dans un état d’évolution spirituelle… ? » demanda Kojou.

Kojou paraissait étourdi alors qu’il élargissait les yeux et secouait légèrement la tête. La vue de Kanon, ses ailes laides et mal assorties qui s’étaient déployées, arrachant la gorge de sa camarade avec ses propres dents, n’avait pas quitté son esprit. Qui croirait que cela pourrait être un état spirituellement évolué, sans parler d’une sorte d’ange… ?

« … ! »

Au milieu du silence gênant alors que Kojou et La Folia se fixaient l’un l’autre, Yukina se leva soudainement. Avec un son lisse et glissant, elle déploya les lames de la lance d’argent qu’elle tenait.

« Yukina ? » demanda Kojou.

« Un aéroglisseur, » dit Yukina à Kojou et La Folia, surprit. Elle regardait un navire noir dans un coin de l’horizon, soulevant des embruns à mesure qu’il avançait. Il était identique au navire amphibie que Kojou avait détruit.

« Cet aéroglisseur… Plus d’Automates ? » Kojou sentait une gêne aiguë en gémissant.

Des soldats mécanisés étaient venus les attaquer plusieurs fois, mais le résultat n’avait jamais changé. Le Vassal Bestial de Kojou les avait détruits avec un préjudice extrême.

Le module de sauvetage de La Folia était équipé d’un émetteur de signaux de détresse. Apparemment, elle ne l’avait pas utilisé jusqu’à présent de peur que la Magus Craft ne capte le signal, mais maintenant qu’elle s’était jointe à Kojou et Yukina, ils n’avaient plus de telles préoccupations. Il ne fait aucun doute qu’une force de recherche et de sauvetage avait été envoyée dans les eaux avoisinantes à la recherche de la princesse ; s’ils transmettaient un appel de détresse, la force le capterait probablement et s’enfuirait immédiatement.

C’est pourquoi ils pouvaient détruire le bateau sans équipage de la Magus Craft sans la moindre retenue, car il était inutile pour eux même s’ils en prenaient le contrôle. C’est ainsi que Kojou commença à convoquer son Vassal Bestial. Mais…

« Non, c’est…, » Yukina avait parlé, comme pour arrêter Kojou avant qu’il ne le fasse.

En regardant où elle montrait du doigt, Kojou comprit pourquoi il y avait de l’indécision mélangée à sa voix.

Il y avait une silhouette familière sur le pont de l’aéroglisseur sans style.

Il y avait une grande et belle femme et un homme qui semblait un peu trop maigre. Béatrice et Kirishima.

Kojou eut un léger mal de tête lorsqu’il réalisa avec quoi Kirishima leur faisait signe : un grand tissu uni. C’était un drapeau blanc indiquant un cessez-le-feu.

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Claramiel

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