***Chapitre 3 : Dans sa ligne de mire
Partie 8
Se retenant de peur d’endommager le train, il ne parcourut même pas dix mètres avant d’atterrir sur le toit d’un bâtiment voisin et de retrouver son équilibre.
« Encore un ! »
« Ouais ! »
Déployant ses ailes de particules noires, Kojou donna un second coup de pied.
À cet instant, Kojou sentit toute sa force l’abandonner. Les particules d’énergie démoniaque disparurent et il fut frappé par la gravité qui reprit ses droits.
« … ?! »
« Senpai ?! »
Ayant perdu le contrôle de la gravité, il perdit son équilibre. Il tomba à la renverse pour protéger Yukina. Protégée de la chute, elle se releva sans une égratignure.
D’un geste rapide, Yukina dégaina sa lance.
Elle dirigea sa pointe argentée vers une jeune fille de petite taille portant des lunettes de protection. Contrôler le vassal bestial de Kojou et annuler son pouvoir de contrôle de la gravité : c’est ce qu’elle venait de faire.
La chef de Tartarus Lapse se tenait devant eux, bloquant visiblement leur chemin.
« Tu es donc venu, Kojou Akatsuki. J’avais laissé à Takehito le soin de te persuader, mais il semble qu’il ait échoué. »
Tout comme la première fois qu’ils s’étaient rencontrés, December avait parlé sur un ton insouciant.
Kojou essuya le sang qui coulait de son front, puis se leva.
« Hors de mon chemin, December ! »
« Malheureusement, je ne peux pas faire ça. » Elle ôta ses lunettes. À la place de ses yeux apparurent des yeux bleus qui brillaient et scintillaient comme du feu. « Asagi Aiba ne peut pas être autorisée à vivre. Elle est tout simplement trop dangereuse pour… »
« N’essaie pas de m’arrêter ! »
Il n’attendit pas que December ait fini de parler. Il avait en effet vu la tireuse d’élite de Tartarus Lapse se préparer pour son tir. La cour devant l’immeuble de Yaze s’était embrasée.
Il ne savait pas si Asagi était morte ou vivante, mais grâce à cette attaque, il savait exactement où se trouvait le tireur.
Elle se trouvait au sommet d’un bâtiment, d’où elle avait une ligne de vue directe sur Kojou et Yukina, à un peu moins de deux kilomètres. S’il utilisait l’un des vassaux bestiaux du quatrième Primogéniteur, il pourrait facilement brûler quelque chose à cette distance.
« Viens par ici, Regulus Aurum ! »
Kojou posa les yeux sur le bâtiment en construction où se trouvait la tireuse d’élite, tandis qu’il libérait son Vassal Bestial.
Le lion géant qu’il avait invoqué dispersa des éclairs tout autour de lui.
Peu importait qui était cette tireuse d’élite, Carly. Le Vassal Bestial de Kojou, complètement déchaîné, la faucherait et l’anéantirait avant qu’elle n’ait le temps de tirer à nouveau.
Cependant, December lui avait bel et bien barré la route. Le Vassal Bestial qu’elle avait invoqué libéra son énergie démoniaque rougeoyante et argentée, bloquant ainsi la trajectoire du lion de foudre.
« Retire-toi, Regulus Aurum ! »
« Pourquoi, toi… !! » Kojou grogna. Du sang frais coulait de ses lèvres alors qu’il les mordait.
Les mouvements du lion de la foudre s’arrêtèrent, comme s’il était pris dans un filet invisible. Derrière, un énorme Vassal Bestial irradiait de la lumière, presque comme un cristal.
Un Vassal Bestial qui contrôle les vassaux des autres…
L’énergie démoniaque du Vassal Bestial avait vaincu le lion foudroyé par la force.
Cependant, cela n’avait pas fait hésiter Kojou.
La vie d’Asagi était en danger à cet instant. Si c’était ce que voulait December, Kojou n’avait pas d’autre choix que de l’écarter de force.
« Viens par ici ! »
Kojou leva les deux bras au-dessus de sa tête. L’énergie démoniaque qu’il libéra était si vaste qu’elle était hors norme, et l’impact fit se déformer l’air même. L’énergie démoniaque dense tourbillonnait autour de lui, fusionnant pour former de nouvelles bêtes invoquées.
« Venez, Mesarthim Adamas ! Al-Nasl Minium ! Al-Meissa Mercury ! »
« Retirez-vous, Mesarthim Adamas ! Al-Nasl Minium ! Al-Meissa Mercury ! » December cria par-dessus la voix de Kojou.
L’éclat sur le corps du Vassal Bestial transparent augmenta. Il prit le contrôle des trois nouveaux Vassaux bestiaux que Kojou avait invoqués.
Mais cet acte était imprudent, même pour elle. L’énergie démoniaque nécessaire pour faire obéir simultanément plusieurs Vassaux bestiaux augmentait à vue d’œil. Incapable de résister à la tension de cette énergie, la chair de December se déchira. Ses lèvres se tordirent de douleur et du sang frais coula de tous ses pores.
Tourmentée par le contrecoup de l’énergie démoniaque de Kojou, December était en proie à la douleur.
« Senpai, tu ne dois pas ! Si tu continues, tu vas… ! »
Yukina poussa un cri sans retenue. Kojou était blessé par la tension de l’énergie démoniaque dans une mesure égale. Sa chair se fissurait sur tout le corps et le sang coulait à chaque toux.
Malgré tout, il sourit férocement. Les capacités de December ne sont pas toutes puissantes. Elle ne pouvait pas contrôler les vassaux de Kojou sans en payer le prix. Il suffisait de le savoir.
« Viens par ici, Kiffa Ater ! »
Kojou en invoqua une autre. Une épée géante apparut, dont la lame mesurait plus de cent mètres de long. Sa pointe était tournée vers le bâtiment en construction derrière December.
Tordant la gravité à sa guise, l’épée jaillit parallèlement au sol. Le Vassal Bestial de December fut touché. La collision de cette énergie démoniaque colossale fit trembler le sol, provoquant l’effondrement des bâtiments les uns après les autres.
« Retirez-vous, mes frères, s’il vous plaît. ! »
December cria. Incapable de résister au contrecoup de l’énergie démoniaque, elle vacilla et tomba à genoux.
Cependant, Kojou avait déjà dépassé ses propres limites. La possession du vassal de December avait non seulement affecté ses vassaux, mais aussi Kojou, leur hôte et maître. Les dommages mentaux subis l’avaient laissé bien plus épuisé qu’elle.
« S’il te plaît, recule, Senpai ! Je vais m’occuper de… »
Yukina avait mis en place sa lance d’argent et s’était avancée. Même avec la puissance de son arme, il était difficile de briser le tourbillon d’énergie démoniaque massif qui tourbillonnait autour de December.
Malgré cela, Yukina n’avait pas faibli et avait réduit la distance qui les séparait.
Si l’énergie démoniaque de Kojou et de December continuait à se déchaîner, aucun des deux ne s’en sortirait indemne. La seule personne qui pouvait y mettre un terme était Yukina.
« — !!! »
Mais alors qu’elle n’était plus qu’à quelques pas de December, Yukina fit un bond en arrière par réflexe. Un geyser de flammes incroyables jaillit devant les yeux de la chamane épéiste.
C’était un mirage incandescent qui brûlait l’air lui-même — une attaque furtive utilisant la pyrokinésie.
« M. Logi… ?! »
L’homoncule aux cheveux indigo se précipita aux côtés de December. Le camarade de December chez Tartarus Lapse était apparu pour l’aider.
Puis, alors que Yukina se tenait raide, le coup de feu cruel retentit.
Kojou se retrouva à genoux, du sang frais jaillissant de son dos.
Derrière lui, Takehito Senga se tenait debout, un pistolet à la main. Il avait tiré sur Kojou par-derrière.
« Takehito Senga ! »
La lance d’argent en position, Yukina se lança dans un sprint. D’un seul élan, elle réduisit la distance qui les séparait et lui arracha le pistolet des mains.
Mais avant qu’elle n’y parvienne, Senga avait vidé le chargeur de son arme.
Kojou avait encaissé six coups au total, et son corps était maculé de sang. Malgré cela, Kojou n’avait jamais essayé d’arrêter d’invoquer ses vassaux bestiaux.
« … Viens par ici… Sadalmelik Albus ! Cor-tau… ri… ! »
« Gah... ! »
Les deux vassaux bestiaux, fraîchement invoqués par Kojou, se matérialisèrent.
December cracha du sang en essayant de les contrôler.
Incapable de résister à la puissance de l’énergie démoniaque qui jaillissait d’elle, ses lunettes éclatèrent et son casque tomba de sa tête. Ses longs cheveux, qu’elle avait gardés à l’intérieur, s’effilochèrent et se répandirent sauvagement.
Selon la réfraction de la lumière, ses cheveux, semblables à un arc-en-ciel, changeaient périodiquement de couleur. Des cheveux dorés, comme des flammes…
« December ! »
Logi et Senga se précipitèrent à ses côtés.
Kojou et Yukina regardaient le spectacle avec étonnement.
Ils ne furent pas choqués lorsqu’ils posèrent les yeux pour la première fois sur le visage chérubin et sans artifice de December. C’est tout le contraire. Kojou et Yukina connaissaient tous deux ce visage. Ils l’avaient déjà vu de nombreuses fois, dans les souvenirs de Kojou.
« Qu’est-ce que… ? Pourquoi… ? » Kojou murmura d’une voix cassée. Yukina se mordit la lèvre sans dire un mot.
Alors qu’ils regardaient December avec stupeur, son sourire semblait si triste. C’était un sourire empreint de solitude.
« Tu as bien fait, December, tu en as fait assez. »
Senga tenait la blessée dans ses bras, tandis que des tablettes de sorts en bois tourbillonnaient tout autour d’eux. Les marques gravées sur les tablettes brillaient, formant un cercle magique simplifié autour d’eux. C’était un rituel de téléportation.
« Le temps est écoulé. Raan, active les Roses ! »
Senga dirigea l’ordre vers le micro de son oreillette.
L’expression de Yukina se figea à l’écho du mot « Roses ».
Cependant, les formes de Senga et des autres avaient déjà disparu avant qu’elle ne puisse demander ce que cela signifiait. Le rituel de téléportation s’était activé. Le groupe avait disparu, ne laissant derrière lui qu’un léger scintillement, comme une ondulation dans l’air.
« December… Qu’est-ce que tu… ? »
Kojou, dont les forces semblaient épuisées, s’effondra à cet instant.
Du sang frais s’écoulait de lui sans qu’il y ait le moindre signe d’arrêt, s’accumulant tout autour de lui. Ses blessures étaient suffisamment graves pour qu’une personne normale en soit morte sur le coup. Cependant, Kojou était en proie à une telle colère qu’il ne semblait même pas se rendre compte de l’agonie dans laquelle il se trouvait.
« Senpai ! S’il te plaît, ressaisis-toi ! Senpai… ! »
Yukina prit Kojou dans ses bras en criant.
Sa voix fut noyée par la bourrasque malveillante, infusée d’énergie démoniaque.
Une fois que tous les vassaux bestiaux se furent dissipés, le ciel devint anormalement silencieux.
Ce jour-là, alors que le sanctuaire des démons de l’île d’Itogami était sur le point d’être détruit, une tranquillité effrayante l’enveloppait.
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