Chapitre 21 : Conférence des souverains
Partie 4
« Enfin, blague à part… »
Oh, donc c’était juste une blague, Alus avait hoché la tête pour lui-même. Il ne se souciait pas particulièrement de ce qui arrivait aux magiciens novices des autres nations, mais il n’avait aucune raison de s’attirer la rancune de ces nations.
En y réfléchissant, bien que Jean le montrait rarement, il était une personne sincère et sérieuse. Au moins, il n’était pas du genre à dire quelque chose d’aussi peu scrupuleux et à le penser.
Soudain, Jean détourna le regard, confirmant qu’il n’y avait personne autour pour écouter aux portes avant de se rapprocher d’Alus. « As-tu entendu parler… de Balmes ? » murmure-t-il, se méfiant des regards indiscrets.
Balmes était un nom bien connu. C’était une nation de taille moyenne au nord d’Alpha. Cependant, Alus était actuellement étudiant, et il avait secoué la tête à la question de Jean.
Quand il l’avait fait, Jean avait rapproché son visage encore plus près. « Il semblerait qu’ils vont forcer une opération de récupération à grande échelle. Elle sera dirigée par, euhm… comment s’appelle-t-il ? Le plus haut magicien de Balmes. »
« Gileada ? » avait suggéré Alus.
Jean parlait probablement du seul magicien à un chiffre de Balmes. Alus n’avait vu que son nom écrit, mais c’était censé être une femme nommée Gileada.
En entendant parler de l’opération à grande échelle, Alus s’était souvenu de ce que Budna avait dit au sujet des AWRs dans Alpha, ainsi que des matériaux du Monde extérieur circulant vers d’autres pays. Les mouvements à l’échelle nationale nécessitaient une grande quantité de préparation. Mais Alus avait mis cela de côté pour le moment et s’était concentré sur sa discussion avec Jean.
« Non, Mme Gileada est classée 20e environ maintenant, » dit Jean.
C’était normal qu’il ne s’en souvienne pas. Le rang numero 9 était un rang turbulent qui changeait souvent de mains. De plus, la moitié inférieure des Singles n’était pas beaucoup plus forte que la partie supérieure des Doubles.
Il y avait également des rumeurs selon lesquelles les magiciens de Balmes avaient été élevés de force pour avoir un magicien dans les Singles, en raison du nombre d’entre eux qui avaient été dans les rangs inférieurs des Singles. Pas de fumée sans feu, comme on dit.
En tout cas, le rang 9 était très souvent occupé par un magicien de Balmes.
« C’est vrai ! C’est quelqu’un qui s’appelle Duncal maintenant, » dit Jean.
« Hmm. Et, qu’en est-il de lui ? »
« Cette opération de grande envergure sera menée avec Duncal au front, et ceux de Balmes mobilisent tous leurs magiciens. Mais la rumeur dit qu’ils ont encore des difficultés. »
Alus avait haussé les épaules devant ce que Jean avait à lui dire. « C’est une chose courante, n’est-ce pas ? N’est-ce pas simplement que leurs capacités ne sont pas à la hauteur du rang d’un Single ? »
Jean était d’accord, et il grogna légèrement. « J’en suis sûr. Mais même dans ce cas, il doit au moins avoir les capacités d’un Double. »
Même s’il avait été placé de force dans le rang des Singles, il devrait avoir des capacités considérables. Si Balmes poussait quelqu’un d’insignifiant dans le siège honoré d’un Simple Chiffre au nom de l’ego de la nation, ils finiraient par perdre la face.
Alus haussa à nouveau les épaules et dit avec un sourire sarcastique : « Si les gens de Balmes sont ici aujourd’hui, pourquoi ne pas le leur demander ? Bien qu’ils ne le diraient probablement pas. »
« C’est vrai. » Jean était plus informé de la situation internationale qu’Alus. C’était une différence claire entre Alus et les autres magiciens.
Alus croyait honnêtement qu’il se débrouillerait seul, quoi qu’il advînt de l’humanité. C’est pourquoi il n’avait pas pris la peine de se mêler des affaires des autres nations, mais les autres magiciens étaient différents.
Comme pour Jean, ils devaient se battre pour le bien de l’humanité. Ils ne pouvaient pas prendre la position de ne pas se soucier de ce qui arrivait aux autres nations. C’est pourquoi Jean avait sérieusement recueilli des informations.
Si une seule nation laissait les Mamonos passer la barrière, Babel, la clé du maintien du royaume des humains, serait menacée. Si cela arrivait, l’humanité n’aurait nulle part où aller.
Mais même dans ce genre de situation, les nations ne pouvaient pas abandonner leurs motivations égoïstes pour travailler ensemble. Elles ne pouvaient pas faire confiance aux autres nations en état d’urgence. En tant que telles, elles ne pouvaient montrer la moindre faiblesse, et beaucoup considéraient que les nations travaillant vraiment ensemble n’étaient qu’un idéal vide.
« Au fait, Jean, j’ai entendu dire que les AWRs de type livre magique deviennent populaires à Rusalca. »
« Ah, ces… » La joue de Jean s’était légèrement contractée. Son propre AWR était une arme unique appelée Rage Balls, qui consistait en de multiples petites balles spéciales qui formaient un seul AWR.
Ainsi, c’était l’autre magicien à un chiffre de Rusalca qui utilisait un livre de magie AWR, une femme nommée Hispida Orfeen.
« Mme Hispida est obsédée par l’argent, après tout, » déclara Jean.
C’est là que le déclic s’était produit pour Alus. Le soutien d’un Single était parfait pour une marque commerciale. En transformant le type d’AWR qu’un magicien de premier ordre utilisait en une marque, ils seraient capables de créer une tendance et leurs affaires seraient en plein essor.
Alus pensait que c’était un bon truc, mais il ne pensait pas qu’il l’utiliserait lui-même.
Cependant, c’était une arme à double tranchant qui pouvait finir par nuire à la nation. Comme Budna l’avait dit, les AWRs de type livres de magie n’étaient pas quelque chose que n’importe qui pouvait prendre et utiliser. La nation pourrait finir par payer cher le fait que ses magiciens se laissent prendre au jeu d’une tendance et utilisent ces AWRs en ignorant le facteur de compatibilité. Il compatissait secrètement aux difficultés de Jean.
Après avoir terminé le petit-déjeuner, Alus et Jean avaient quitté la salle à manger en continuant leur petite conversation, bien que les sujets évoqués ne seraient probablement pas qualifiés comme tels par les autres, et s’étaient installés dans un coin de la salle d’attente.
Alus s’amusa tellement qu’il en oublia même l’heure, pour la première fois depuis longtemps. Il ne se souciait toujours pas des autres nations, mais en se tenant au courant de l’état des choses, il pouvait éviter que des étincelles potentielles ne lui tombent dessus.
Bien sûr, il comprenait l’importance de l’information. Bien qu’il s’agisse de paroles en l’air entre deux magiciens à un chiffre, leur contenu dépassait le cadre de ce que l’on entendait en public, surtout lorsqu’il s’agissait des motivations des mouvements politiques.
Ils n’avaient pas arrêté leur conversation jusqu’à ce qu’ils voient les serviteurs sortir en toute hâte.
« Je suppose qu’il est temps, » déclara Jean, en regardant l’horloge en cristal élaborée derrière Alus.
« N’est-ce pas un peu tôt ? »
« Non, ta souveraine et ma souveraine sont spéciales. » Jean avait haussé les épaules d’un air fatigué, et s’était levé de son siège.
Alus avait fait de même. Jean avait plus d’expérience avec ces conférences, il avait donc pensé qu’il serait sage de suivre l’exemple de Jean puisque c’était sa première fois ici.
Alus et Jean s’étaient appuyés contre le mur devant les grandes portes du hall d’entrée, fixant les serviteurs qui s’en échappaient.
Deux carrosses venaient d’arriver. L’instant d’après, les serviteurs s’étaient alignés de chaque côté de l’entrée pour accueillir les invités.
Au même moment, les portes des carrosses s’ouvrirent et deux élégantes silhouettes descendirent sur la passerelle qui leur avait été préparée.
L’une d’elles était une personne qu’Alus connaissait. C’était probablement la troisième fois qu’ils se rencontraient.
Ils s’étaient rencontrés pour la première fois lors d’une cérémonie de remise de prix, mais n’avaient parlé que lors de la célébration qui avait suivi, et encore, ce n’était qu’un simple salut. Il se souvient qu’ils se sentaient tous les deux à l’aise à ce moment-là.
L’impression d’Alus était que cette personne était différente des autres souverains qu’il trouvait imbéciles. En même temps, il l’avait catégorisée comme quelqu’un de désagréable.
Cette personne marchait maintenant élégamment avec Rinne à sa droite, qui lui tenait un parasol.
Elle s’appelait Cicelnia il Arlzeit. Elle avait eu 20 ans l’autre jour, et cela ne faisait que trois ans qu’elle était devenue souveraine.
Ses cheveux noirs bleutés descendaient jusqu’à ses genoux, ce qui, avec sa peau presque translucide, laissait une forte impression. Elle portait une robe d’un blanc pur, ses jambes d’un blanc laiteux dépassant de la robe étaient encore plus belles que sa tenue.
Comme tous les hauts fonctionnaires de l’État, elle portait un voile fin couvrant son visage, mais une fois enlevé, il révélait sûrement des traits de visage tout aussi beaux.
En tout cas, elle donnait une impression de grâce à tous ceux qui la voyaient. De plus, ses seins étaient suffisamment volumineux pour lui donner des proportions parfaites. Sa beauté presque mystique, qui suscitait un soutien massif de la part des citoyens, était toujours présente aujourd’hui.
Cependant, quant aux mots qui s’étaient échappés de ses belles lèvres… « Oh, quelle nuisance. Quelle déprime ! Puis-je vous demander de ne pas faire défiler une odeur aussi vulgaire autour de moi, Mme Lithia ? » dit Cicelnia à la femme tout aussi élégante à sa gauche.
La femme en question avait répondu avec grâce. « Il n’y a pas besoin d’être si envieuse, Mlle Cicelnia. Porter un noble parfum n’est que le minimum de soin que l’on doit apporter à son apparence. Cependant, je peux dire que je comprends votre jalousie à l’égard de la meilleure qualité d’herbes que l’on puisse trouver à Rusalca. »
La femme qui avait répondu avec un tel sarcasme était la souveraine de Rusalca, Lithia Touff Infratta. Elle avait le même âge que Cicelnia.
En entendant cela, Cicelnia avait froncé les sourcils sous son voile.
« Si vous voulez, je peux même vous laisser une bouteille. Vous ne profitez pas d’un tel luxe en Alpha, n’est-ce pas ? Certainement pas dans une nation qui pue le fer, où même le château royal est couvert de pétrole, n’est-ce pas, Mme Cicelnia ? »
Les cheveux dorés bouclés et étincelants de Lithia pendaient au-dessus de sa poitrine généreuse comme pour la décorer. Elle cachait son visage derrière un voile comme Cicelnia, mais sous celui-ci, elle avait des yeux bleu ciel inflexibles et des traits de visage réguliers, qui combinés à ses cheveux dorés lui donnaient une impression presque fantastique. En tant que souveraine de Rusalca, avec sa beauté séduisante, elle était connue comme la Fée par ses citoyens. C’était comme si elle sortait tout droit d’un conte de fées.
« Pourquoi en voudrais-je une ? Une odeur aussi épaisse qui couvre votre musc naturel est seulement la preuve que vous n’avez aucune confiance en tant que femme. Cette puanteur grossière et obscène convient à une femme dévergondée qui est constamment en chaleur comme vous. »
« ...! Qui appelez-vous une femme aux mœurs légères ? Madame Cicelnia, ne pouvez-vous pas être si jalouse de moi juste parce que vous n’êtes pas si bien dotée ? »
Contrairement à la robe moulante de Cicelnia, la souveraine de Rusalca portait une robe extravagante décorée de dentelle. La seule chose qu’elles avaient en commun était le voile que toutes les personnes importantes portaient.
Les sourcils de Cicelnia avaient visiblement tressailli sous le voile une fois de plus. « Ce n’est pas que je ne sois pas dotée, c’est simplement que je suis mince, Mlle Lithia. Peut-être que la raison pour laquelle vous manquez tant de vocabulaire est que la nourriture rusalcane inadéquate va dans votre poitrine vulgaire au lieu de votre cerveau ? J’ai de la peine pour vous, qui n’avez rien d’autre à montrer que ces masses de graisse. »
Les deux femmes avaient continué à échanger des mots vifs pendant toute la durée de leur marche jusqu’aux portes d’entrée.
merci pour le chapitre