Saikyou Mahoushi no Inton Keikaku LN – Tome 4 – Chapitre 21

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Chapitre 21 : Conférence des souverains

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Chapitre 21 : Conférence des souverains

Partie 1

Cela devrait suffire pour l’entraînement pendant les vacances, acquiesça Alus dans son laboratoire. Il avait réservé les terrains d’entraînement pour un mois entier, pour le bien de Tesfia et d’Alice.

Comme Loki, Alice et Tesfia avaient déjà été choisies pour le tournoi qui approchait, ils avaient la priorité pour utiliser un coin du terrain. S’il y avait une quelconque opposition, il faudrait trouver une solution, mais il n’y en aurait probablement pas.

En effet, les étudiants qui n’avaient pas été sélectionnés pour le tournoi bénéficieraient également de la victoire du Second Institut de Magie. C’était une règle non écrite que la nation gagnante établirait de nouvelles unités qui accorderaient un traitement préférentiel aux diplômés des instituts ayant contribué à la victoire du tournoi.

En outre, un autre avantage pour les étudiants était la levée de la restriction quant à accepter des fonctions provisoires.

Les fonctions provisoires étaient gérées par l’Institut pour les étudiants de deuxième et troisième année. Il s’agissait essentiellement de stages dans l’armée, mais ils étaient également rémunérés, ce qui leur permettait de gagner un peu d’argent.

Grâce à ce système, les étudiants pouvaient accepter des demandes dans tout le pays, même si la plupart étaient centrées sur le maintien de l’ordre public.

Ils résolvaient les plaintes déposées contre les forces de sécurité, patrouillaient dans les villes, nettoyaient les bâtiments, etc. En bref, c’était comme un emploi à temps partiel. L’utilisation de la magie était, bien sûr, également autorisée.

Bien qu’il s’agisse de tâches militaires, elles étaient toutes simples par nature. Lorsque les restrictions avaient été levées, ils étaient autorisés à entreprendre des missions plus difficiles.

Comme cela incluait également l’assistance aux lignes défensives, c’était l’occasion parfaite pour les élèves de classe supérieure de faire en sorte que les supérieurs se souviennent de leurs visages. Pour cette raison, presque personne ne se serait plaint que les trois filles réservent une partie des terrains d’entraînement. Dans un sens, tout l’Institut s’était uni sur ce point.

Après avoir pris les dispositions nécessaires, Alus avait immédiatement donné aux trois filles leurs instructions d’entraînement. En fait, il s’agissait d’un entraînement au combat en direct centré sur Loki. Sur le terrain d’entraînement, il n’y avait pas non plus besoin de s’inquiéter des blessures.

Afin qu’elle puisse utiliser librement son épée de glace, la tâche qu’Alus avait confiée à Tesfia était d’enchanter son katana avec le sort, de la manifestation jusqu’à la sculpture.

Pour Alus, l’épée de glace n’était que du vent et pas de substance. Bien qu’elle soit puissante, elle était inutile dans un combat contre une autre personne si tout ce qu’elle pouvait faire était de la tenir.

Quant à la raison pour laquelle on lui faisait améliorer l’épée de glace, c’était parce qu’elle était tout simplement trop inutilisable pour un sort transmis dans la famille Fable.

De plus, après avoir analysé ses propriétés et sa composition, Alus avait conclu qu’elle avait le potentiel d’évoluer beaucoup plus. Franchement, être capable de l’utiliser de manière libre était plus important dans un combat réel que d’être simplement capable de la tenir dans sa main. Plus précisément, il serait beaucoup plus utile que Tesfia puisse facilement contrôler l’épée de glace lorsqu’elle flottait dans l’air.

De plus, il n’y avait pas besoin de la faire si stupidement grande. Elle s’adapterait mieux si à la place elle pouvait fabriquer plusieurs épées de taille normale.

Bien sûr, Alus n’accepterait pas quelque chose d’aussi peu raffiné que la faire exploser immédiatement après l’avoir créé.

Quoi qu’il en soit, c’était quelque chose qui devait être fait à petits pas. Même cette étape serait probablement assez difficile pour Tesfia, mais rien ne commencerait si elle ne tentait pas sa chance.

Quant à Alice, elle s’entraînerait avec Loki tout en essayant d’incorporer le Shiylereis dans ses tactiques. C’était une tâche pour améliorer sa force en matière d’arts martiaux. La seule façon d’entraîner la capacité à lancer un sort en douceur était l’expérience.

On lui avait également confié la tâche de saisir et de maintenir un ensemble de coordonnées spatiales par le biais de la magie sans attribut. Il s’agissait d’arrêter la matérialisation d’un sort à mi-chemin et de l’activer à un autre endroit.

Lorsqu’Alus le lui avait expliqué pour la première fois, Alice n’avait pu que le regarder avec confusion alors que son esprit s’éteignait. Mais si l’on demandait à Alus, c’est l’une des choses les plus faciles à faire. Il lui avait donné un certain nombre d’indications, et elle devait apprendre le reste au feeling. En termes de technique, cependant, c’était assez basique.

Compte tenu des sorts qu’Alice avait utilisés jusqu’à présent, elle n’avait probablement jamais eu à recourir à ce genre de construction stratégique. Pour savoir si elle y était parvenue, il faudrait placer un dispositif réagissant au mana à une certaine distance d’Alice et voir s’il pouvait détecter son mana.

Enfin, en ce qui concerne Loki, Alus avait hésité sur la tâche à lui confier.

Au début, il avait envisagé de lui faire apprendre la Force, le sort d’amélioration du corps utilisant l’attribut de la foudre. Il s’agissait d’un sort où l’utilisateur se couvrait d’un courant électrique, augmentant sa vitesse de réaction et améliorant de force ses capacités physiques.

Bien que cela mette le corps à rude épreuve et que la sensibilité de l’utilisateur à la douleur soit émoussée, il n’était pas rare que quelqu’un dépasse ses limites sans se rendre compte de l’état dans lequel il se trouvait. Vu la personnalité de Loki, Alus devait sérieusement y réfléchir.

Force était un sort dont tous ceux qui pouvaient utiliser l’attribut de foudre avaient entendu parler au moins une fois, mais c’était une arme à double tranchant. C’est pourquoi Alus avait laissé la décision d’apprendre ou non la Force à Loki.

Cela dit, ce n’était pas un sort que n’importe qui ayant une affinité avec la foudre pouvait utiliser. Il requiert une technique délicate pour convertir le mana. Puisque Loki pouvait utiliser la magie de détection, elle devrait être capable de le gérer.

C’était le programme général des vacances d’été, mais une fois qu’il était déterminé, Alus lui-même n’était plus là.

Où était-il, et que faisait-il ?

Pour cela, il faudrait remonter plusieurs jours en arrière…

 

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Alus avait travaillé jusqu’à tard dans la nuit à la création de l’AWR, apportant des ajustements à la formule qui serait gravée. En même temps, il cherchait aussi à créer de nouveaux sorts.

Loki ne put s’empêcher de laisser échapper un autre bâillement lors de cette nuit, et quand Alus jeta un coup d’œil dans sa direction, il décida qu’il était temps de conclure.

Soudain, un coup retentit, signalant l’arrivée d’un invité.

C’était problématique vu l’heure. Cependant, le coup ne venait pas de la porte, mais plutôt de la fenêtre derrière Alus, donc c’était plus que problématique.

Loki s’était immédiatement préparée au combat, et par instinct, elle avait tendu la main vers sa taille. Mais s’étant changée en vêtements de nuit, elle n’était pas équipée de ses couteaux AWRs.

Alus avait levé une main pour l’arrêter, et avait dit « Entrez » d’un ton sérieux. Il l’avait vue entrer sur le terrain, et s’attendait à ce qu’elle vienne ici.

« Veuillez excuser mon intrusion tardive, Sire Alus, » dit-elle en entrant. C’était une jeune femme portant une tenue de soubrette.

Ses cheveux bruns étaient coiffés de manière simple, exposant sa nuque blanche. Ses mèches descendaient jusqu’à sa poitrine et pendaient au-dessus de son ample poitrine. Elle était le modèle même de la femme de chambre, et pas seulement par son apparence. Son atmosphère et son attitude douce étaient tout à fait appropriées pour une servante. Tant que l’on ne tenait pas compte du fait qu’elle était entrée par la fenêtre, bien sûr.

 

 

« Ça fait un moment, Mme Rinne. »

« Oui. Un an, je crois. »

« — !! Pourriez-vous être cette Rinne Kimmel !? »

« … Oui. »

Loki avait haussé la voix en signe de surprise, et la jeune femme lui avait répondu par un sourire.

Ce n’était pas étonnant que Loki ait entendu parler d’elle. C’était une utilisatrice renommée de la magie de détection, et avec son rang de Spotter de 2, on l’appelait l’Œil d’Alpha.

Son comportement respirait l’élégance, mais son expression était immobile. Elle présentait une aura presque de poupée, semblable à celle de Loki. Ses yeux doux et les traits de son visage lui donnaient un air posé et gracieux.

Mais ce qui ressortait le plus était le sourire omniprésent sur son visage. Selon la situation, il avait presque l’air sarcastique. Et comme son expression ne donnait aucun indice, il était impossible de savoir ce qu’elle pensait.

Rinne elle-même avait une personnalité douce, mais elle n’était certainement pas sans émotion. Son atmosphère actuelle provenait d’une expérience passée. Cependant, en tant que servante modeste, elle n’en parlait presque jamais. C’était en quelque sorte une maladie professionnelle pour Rinne, qui servait à la fois de garde du corps et de domestique pour une certaine personne.

« Est-ce encore à propos de cette chose ? » demanda Alus à voix basse.

« Oui. Pouvez-vous m’accompagner cette fois-ci ? Lady Lettie est en mission, et on m’a dit que je devais vous emmener, Sire Alus. »

Lady Lettie, bien sûr, faisait référence à Lettie Kultunca, la magicienne numéro 7. Alus s’était dit que sa mission avait dû durer plus longtemps que prévu, ce qui expliquait la présence de Rinne si tard dans la nuit.

« Eh bien, je pourrais également finir par participer au tournoi, donc j’allais vous accompagner de toute façon cette fois-ci si j’étais appelé pour cela. »

« C’est bon à entendre. » Rinne tenait ses mains fines devant sa poitrine, alors que son expression changeait pour la première fois depuis son arrivée ici.

Son visage s’était illuminé d’un grand sourire. « Alors, allons-y tout de suite, » dit-elle en lui prenant la main.

« Eh… Eh !? » Loki avait laissé échapper une voix étonnée.

Se disant qu’il allait devoir expliquer les choses, Alus avait dit : « Pouvez-vous attendre une minute, Mme Rinne ? Je dois faire quelques préparatifs. »

« Bien sûr. Dire que je me suis un peu emportée, comme c’est embarrassant. Après tout, c’est la première fois que vous acceptez. Et je ne savais pas ce qui allait se passer quand j’ai appris que Lady Lettie ne pourrait pas venir. »

Alice pourrait tirer la langue avec malice à ce moment-là, mais il était difficile d’imaginer cette femme de chambre se comporter ainsi.

Cela dit, bien qu’elle soit une servante, elle avait montré des signes adorables qui auraient calmé les gens.

« Je te laisse donc le reste, Loki. »

« Croyez-vous que je vais accepter ça !? »

En entendant la réponse qu’il attendait, Alus échangea un regard avec Rinne, qui lui rendit son signe de tête. Il semblerait qu’ils aient encore un peu de marge de manœuvre.

« Chaque année, avant le tournoi amical de magie des sept nations, les souverains de chaque nation se réunissent lors d’une conférence où toutes sortes de choses sont officiellement décidées. Et les règles sont que les dirigeants ne peuvent amener qu’une seule personne pour les accompagner. La norme est d’amener le magicien le plus haut placé de la nation, mais j’ai refusé chaque année et j’ai mis cela sur Lettie. Mais cette fois, je pourrais aussi finir par participer, et Lettie est en mission, donc je n’ai pas d’autre choix que d’y aller. »

Comme cela arrivait chaque année, Alus et Rinne se connaissaient. La personne qui accompagnait le souverain était par essence traitée comme une garde d’honneur, mais en réalité, elle n’était qu’une décoration. Les magiciens à un chiffre qui accompagnaient le souverain étaient une forme de démonstration de la puissance de cette nation.

« Par souverain… vous voulez dire Lady Cicelnia ? »

« C’est exact. »

L’utilisation du terme « souverain » était la même dans toutes les nations. Le terme « souverain » avait été utilisé par les nations pour remplacer les mots qui spécifiaient à l’origine que quelqu’un était le plus haut niveau de la lignée royale ou impériale, car le nombre de nations du monde s’était réduit à sept seulement.

En tant que souveraine actuelle, Cicelnia était au sommet de la nation. On fondait de grands espoirs sur elle pour l’avenir, et elle avait fait ses débuts en public il y a un certain temps.

Le nom commun de la princesse Cicelnia il Arlzeit, ainsi que sa beauté exceptionnelle, était connu de tous les citoyens d’Alpha.

Officiellement, elle était la 15e reine. Bien qu’elle soit reine, sa situation était quelque peu particulière. En effet, le gouverneur général était la plus haute autorité en matière d’armée et de sécurité.

Cela signifiait que la souveraine était au sommet du gouvernement de la nation, mais qu’elle n’avait pas grand-chose à dire sur les actions de l’armée ni sur le Monde extérieur où sévissait la plus grande menace de l’humanité. Les citoyens ordinaires mis à part, les magiciens n’étaient pas très familiers avec elle.

Cela dit, lorsqu’il s’agissait de questions de cérémonie entre les nations, c’était la souveraine qui avait le droit de décider, il ne faisait donc aucun doute qu’elle était la plus haute autorité en matière d’affaires intérieures et de diplomatie. En outre, les détails des événements internationaux étaient généralement décidés lors des conférences des souverains.

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Partie 2

Par ailleurs, Cicelnia avait également bénéficié d’un soutien massif de la part des citoyens. Elle était une sorte d’idole, mais Alus la reconnaissait comme quelqu’un d’intelligent et de compétent, et pas seulement comme une figure de proue.

Le souverain ayant également le pouvoir de nommer le gouverneur général, la rumeur voulait que la nomination de Berwick soit le résultat des machinations de Cicelnia.

Cependant, Alus n’avait pas directement confirmé cela avec Berwick, et il n’avait pas non plus trouvé de preuve décisive que Cicelnia avait fait quoi que ce soit, donc c’était une rumeur très faible. Il n’irait pas jusqu’à dire que c’était une rumeur qui avait échappé à tout contrôle, mais ce n’était probablement pas loin.

En réalité, l’autorité du souverain ne s’étendait pas jusqu’à la capacité de donner des ordres au gouverneur général. Le mieux que le souverain pouvait espérer était d’obtenir une compréhension des informations militaires et de l’état des affaires grâce aux rapports du gouverneur général.

Mais le dirigeant d’Alpha gardait traditionnellement une force d’élite personnelle sous son commandement.

D’après les rumeurs, ils étaient tous experts en combat antipersonnel pour protéger le souverain des ennemis extérieurs, mais dans cette ère moderne où la magie prospérait, les magiciens pouvaient aisément remplir ce rôle.

La force d’élite avait très peu d’avantages face aux magiciens capables de garder le souverain, c’était donc plutôt une coutume obsolète, c’est pourquoi la force d’élite qui servait sous Cicelnia était juste pour le spectacle, avec une seule personne servant réellement de garde du corps et d’aide proche.

Ce n’était nul autre que Rinne Kimmel.

« Voilà, tu as compris là. Occupe-toi de ces deux-là pendant mon absence de quelques jours. Il suffit de suivre le menu d’entraînement. »

« Alors, s’il te plaît, emmène-moi. »

Voyant le regard troublé d’Alus, Rinne lui avait donné un coup de main. D’une voix douce, elle avait appelé Loki comme si elle réprimandait un enfant égoïste. « Je suis désolée, Mlle Loki. Le lieu de la conférence est un secret. »

« Je vois. »

Les épaules de Loki s’étaient abaissées. Encore une fois… Je suis encore laissée pour compte.

On ne pouvait pas faire autrement, et Alus ressentait une douloureuse réticence à laisser Loki ici. « Loki, ton rayon de détection n’est toujours pas capable de couvrir les deux kilomètres nécessaires pour qu’il soit utile. Une fois que tu y arriveras, je ne verrais pas d’inconvénient à t’emmener partout avec moi, mais tu ne peux pas venir cette fois-ci. »

« Je comprends… »

Alus s’était gratté la tête devant la faiblesse de la réponse qui était si différente de ce à quoi il était habitué.

Derrière lui, Rinne avait haussé les sourcils, mais personne ne l’avait remarqué. N’importe où, n’est-ce pas ? Eh bien, en ce qui concerne Sire Alus, les secrets nationaux ne semblent pas avoir d’importance, se dit-elle, sentant un frisson lui parcourir l’échine.

« Bien, alors pourquoi ne pas t’emmener la prochaine fois que je vais à Folen ? »

« Vraiment ? »

Alus ne pouvait s’empêcher de penser que Loki ressemblait à un chiot remuant la queue lorsqu’elle s’égayait si soudainement. En voyant ses yeux pétillants, il ne pouvait se résoudre à se demander si une telle chose lui convenait. Il était sûr qu’elle aurait voulu rencontrer le chef d’État. Je ne comprends pas.

En tout cas, il s’était rattrapé auprès de Loki. Sur ce, il était libre de reprendre son souffle et de s’atteler à ses préparatifs, quand il se rendit compte qu’il n’avait pas de vêtements adaptés à une garde d’honneur. Il avait bien son uniforme militaire, mais cela lui semblait un peu trop strict. Et qu’est-ce que c’était que cette histoire de port d’armes déjà ?

« Mme Rinne, il n’y avait pas de raison de venir avec un AWR, n’est-ce pas ? »

« C’est exact. Les armes doivent être laissées à l’extérieur du lieu de rencontre. »

« Alors je n’en aurai pas besoin. » En fin de compte, il s’était contenté de changer ses vêtements de tous les jours pour des vêtements d’extérieur.

« Sire Alus, quand seras-tu de retour ? » demanda Loki.

« Je ne suis pas sûr, c’est la première fois que j’y vais. »

« Il est prévu que cela ne prenne qu’une journée. Même si les discussions prennent plus de temps, je pense que ce ne serait que deux, trois jours au maximum. »

« Tu l’as entendue. »

Loki s’inclina élégamment en signe de compréhension devant Alus d’une manière qui correspondait à celle de Rinne, et elle en était un peu fière.

Avec cela, Alus et Rinne étaient finalement partis. De façon assez inhabituelle, ils étaient partis par la fenêtre. Comme la vitre avait été brisée lors de la précédente attaque, elle avait été modifiée pour pouvoir être ouverte au cas où quelque chose se reproduirait.

Cela dit, elle n’était pas vraiment destinée à être utilisée comme une sortie normale, et Alus n’avait pu s’empêcher de sourire ironiquement. Je suppose que je ne suis pas du genre à pouvoir dire quelque chose sur ça.

Une fois qu’ils furent sortis de l’enceinte de l’Institut, Alus demanda à Rinne, qui le précédait. « Le lieu est-il le même chaque année, n’est-ce pas ? »

« Oui, c’est dans un certain bâtiment dans les environs de Babel. »

« Alors, comment y va-t-on ? » Babel était à une certaine distance d’ici. De plus, s’ils s’y rendaient directement, ils rencontreraient un lac en chemin. Normalement, la porte de transfert juste avant le lac était utilisée pour voyager au-delà.

« Je n’ai pas vraiment décidé, mais ne serait-il pas plus rapide d’y courir ? » répondit Rinne d’une voix calme sans même se retourner.

« Ne pensez-vous pas que votre traitement est trop brutal sur les bords ? »

Il ne pouvait pas voir son expression de derrière elle, mais il avait reçu une réponse légèrement paniquée.

« Ce n’est pas vrai ! C’est juste que Lady Lettie est une personne très vive, alors c’est ce qu’elle fait chaque fois. Normalement, nous devrions faire venir une voiture magique, mais… ça m’est sorti de la tête. »

« Eh bien, c’est bon. »

« Nous nous dirigerons vers la porte de transfert, mais nous n’irons pas directement au lieu de rendez-vous de là. Nous entrerons les coordonnées secrètes avant le transport. »

« Je vois. Alors c’est pour ça que vous vous êtes assurée que nous n’étions pas suivis, n’est-ce pas ? » Alors qu’ils coupaient à travers le vent, Alus pouvait sentir qu’il était observé par quelqu’un. Mais il ne ressentait aucune hostilité ou soif de sang dans ce regard, il n’était donc pas difficile pour lui de deviner la vérité.

« C’est vrai. Mais je ne pensais pas que vous remarqueriez l’Oeil de la Providence. »

« Ce n’était qu’une coïncidence, » avait dit Alus — mais en réalité, il était surpris et très intéressé.

L’Oeil de la Providence était quelque chose qu’il connaissait de nom. Mais c’était moins de la magie et plus une capacité spéciale. C’était un pouvoir avec lequel on naissait, une sorte d’œil magique. Selon certains livres, il donnait à son détenteur un champ de vision étendu couvrant une vaste gamme.

En d’autres termes, Rinne voyait dans son esprit le paysage qui l’entourait à travers des milliers d’yeux.

Si l’on en croit les informations contenues dans le livre qu’Alus avait lu, Rinne devait être capable de voir à plusieurs kilomètres à la ronde. Sachant cela, presque personne ne pouvait échapper à sa détection.

Les gens qui avaient des yeux magiques étaient rares, et il n’y avait que deux autres personnes dans l’histoire qui avaient eu l’œil de la Providence.

Comme ils étaient en route vers un lieu secret, il n’y avait personne de plus fiable à avoir à ses côtés.

Mais ce n’est pas parce que vous avez une capacité spéciale que vous pouvez l’utiliser. Il y avait aussi le fait bien connu que les utilisateurs de l’Œil magique risquaient de voir leur sens de l’autonomie s’effondrer s’ils faisaient une erreur.

Contrôler l’Œil magique lorsqu’il se manifestait pour la première fois était une tâche difficile, car la capacité était constamment activée à son potentiel maximum. Parfois, elle pouvait déformer la perception de la réalité de l’utilisateur ou avoir une influence négative sur son cerveau, entraînant la perte de l’esprit de l’utilisateur.

En pensant à cela, Alus avait essayé de retenir sa curiosité et son envie de faire des recherches plus approfondies. Je suppose que ça ne marcherait pas avec elle.

Même Alus pouvait voir les conséquences de ses actes s’il utilisait l’aide de la souveraine pour ses recherches. Pourtant, il ne pouvait pas s’empêcher d’y penser. Après tout, c’était quelque chose de similaire à sa propre capacité spéciale.

Il avait fait des recherches sur de nombreux sujets en parallèle, mais il y en avait un en particulier sur lequel il était bloqué sans aucun progrès — mais maintenant il pouvait voir un aperçu d’une percée.

« Pourriez-vous me laisser voir votre œil pendant qu’il est utilisé ? »

«... Ah, bien sûr… Si vous le souhaitez, » répondit Rinne, avec une certaine hésitation.

La peur de l’inconnu était une chose qui n’avait jamais changé.

Il y avait eu des histoires de victimes d’utilisateurs d’Œils magiques lorsqu’ils étaient devenus incontrôlables, aussi le public avait-il tendance à rejeter ceux qui les maniaient.

De plus, certaines personnes avaient lancé des rumeurs infondées selon lesquelles c’était parce que leur sang était mélangé à celui des mamonos. Ainsi, les personnes dotées de capacités spéciales avaient rarement eu une enfance heureuse.

Heureusement, l’Oeil de la Providence n’avait pas fait de dégâts réels. Mais cela ne changeait rien au fait qu’il s’agissait d’un sens anormal, et il y avait ceux qui avaient écrasé leur propre œil à cause de la souffrance qu’ils avaient endurée.

Rinne s’arrêta de courir, et Alus se sentit coupable de les retarder par intérêt personnel. Il se dépêcha de se placer devant elle, sachant qu’elle acceptait ça parce qu’elle savait qu’il était un chercheur.

«...» Alus avait regardé de près l’œil de Rinne. Une lumière bleu pâle sortait du pourtour de sa pupille. Une étrange formule magique flottait également au dessus de son globe oculaire. « Je n’ai jamais vu une formule comme celle-là auparavant. Je me demande quelle est sa composition… »

«... Euh, Sire Alus ? »

La voix quelque peu embarrassée de Rinne avait ramené Alus à la raison. Il avait éloigné son visage du sien et s’était excusé.

J’ai entendu dire que lorsqu’il se manifeste pour la première fois, il dépense automatiquement du mana. Contrairement à Rinne, il n’y avait aucune gêne dans l’expression d’Alus lorsqu’il pensait à cela. Son esprit d’investigation en tant que chercheur passait avant tout.

Pour l’instant, Alus réfléchissait aux détails des connaissances qu’il avait glanées en observant son œil. « Merci beaucoup. Pouvons-nous continuer ? »

Sur ce, les deux individus s’étaient remis à courir, se déplaçant à travers le vent.

Finalement, Alus n’avait pu rassembler ses pensées qu’une fois arrivé à la porte de transfert. Il n’avait cessé d’avancer des théories et de les rejeter, sans parvenir à aucune conclusion. En fin de compte, il n’avait pas assez d’indices.

Pour l’instant, y penser plus longuement ne ferait que le faire tourner en rond, il avait donc relégué son enquête sur l’Œil magique au second plan.

Devant une grande porte de transfert, Rinne avait tenu sa main sur le panneau attaché. Il avait indiqué qu’il était en train de charger, puis que le processus était terminé. Leur environnement se déforma et se transforma comme si tout ce qui les entourait était en train d’être reconstruit.

Une fois le changement terminé, les deux individus avaient le lac dans le dos et se tenaient au sommet d’une colline dans une région couverte de collines.

Devant eux se dressait la grande et blanche Tour de Babel.

Même la plus petite partie avait un diamètre de plusieurs centaines de mètres. Et la plus grande partie faisait presque cinq kilomètres.

Au départ, il s’agissait d’une structure plus petite, mais elle avait été renforcée et rendue plus épaisse pour servir de barrière qui repoussait les Mamonos.

« Par ici, s’il vous plaît, Sire Alus. »

Se tournant dans la direction de sa voix, Alus vit Rinne debout près d’une calèche qui les attendait.

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Partie 3

Le cocher était déjà présent, et s’inclina profondément devant Alus. Il semblait bien âgé, mais n’avait pas l’air d’un magicien. Cependant, la façon dont il se comportait donnait l’impression qu’il n’était pas un cocher normal.

« C’est l’un des gardiens de l’établissement où se tient la conférence. »

La calèche était tirée par deux chevaux. C’était un spectacle très pittoresque à notre époque où les voitures magiques existaient, mais c’était une coutume cérémoniale pour la conférence des souverains.

Après cela, ils avaient passé un certain temps à l’intérieur de la calèche qui tremblait.

Le long de la route se trouvaient des lampes magiques, régulièrement espacées, qui éclairaient la route même dans l’obscurité. De plus, il ne semblait pas y avoir de zones boisées à perte de vue.

Au lieu de cela, ils roulaient le long de la circonférence extérieure de Babel, à travers une plaine herbeuse monotone.

Le mur circulaire géant qui entourait Babel comportait sept lignes partant de la tour pour marquer les frontières des sept nations. Il était facile de l’imaginer comme un gâteau coupé en sept morceaux avec une bougie au milieu.

À côté du mur extérieur de Babel, vous pourriez facilement traverser plusieurs nations après quelques minutes de voyage en calèche.

Cependant, les nations étaient parvenues à un accord selon lequel la zone entourant directement Babel était un territoire neutre qui n’appartenait à aucune nation.

Enfin, la voiture avait ralenti et Alus avait pu voir pour la première fois le lieu de la conférence des souverains.

Il s’agissait d’une ancienne forteresse à l’atmosphère très raffinée. Son échelle semblait réduite en raison de la présence de Babel en arrière-plan, mais la forteresse pouvait facilement accueillir 300 personnes et comptait plus de 50 pièces.

Les murs du château avaient été élevés dans les temps anciens, lorsque les humains se faisaient la guerre, et ce n’était clairement pas une forteresse conçue pour combattre les mamonos.

Elle était de la même couleur blanche que la Tour de Babel, avec trois flèches s’élevant dans les airs. D’ici, elle ressemblait à un trident menaçant de percer les cieux. Selon Rinne, la conférence des souverains se tenait au dernier étage.

Finalement, ils étaient arrivés justes au moment où le soleil commençait à se lever au loin.

Il semblait que leur voyage avait pris beaucoup plus de temps que prévu, et Alus pensait à la douleur que tout cela représentait, tandis qu’il levait la main pour couvrir le soleil à l’horizon, en plissant les yeux.

Il avait décidé de se reposer dans la chambre vers laquelle il avait été guidé par un membre du personnel. Compte tenu du moment où il avait quitté l’Institut, il souhaitait faire une sieste pendant les quelques heures qui restaient avant le début de la conférence.

 

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Alus s’était réveillé vers neuf heures, il avait donc dormi quatre ou cinq heures.

La raison pour laquelle il s’était réveillé était que la forteresse s’était soudainement animée. Peut-être parce qu’ils s’étaient réveillés tôt, les dirigeants avaient décidé qu’ils pouvaient aussi bien tenir la conférence plus tôt.

Terminant ses préparatifs, Alus avait sorti un costume noir du placard. Étant donné qu’il avait été assigné comme garde d’honneur, il était censé s’en tenir à une tenue formelle.

Alus, en particulier, avait hérité de l’aversion du gouverneur général pour les tenues pompeuses. C’était un compromis qui lui avait été accordé pour être au sommet de tous les magiciens.

Il avait mis une chemise blanche, puis la veste de costume. Elle semblait rigide, alors il avait tiré sur le col pour l’assouplir un peu.

C’est comme si j’étais un majordome, se dit-il, en défaisant le bouton supérieur de la chemise.

Rinne lui avait communiqué le programme à l’avance dans la calèche. S’il n’y avait pas d’objections au contenu, les souverains apposeraient leurs sceaux individuels et l’ouverture du Tournoi amical de magie des Sept Nations serait officiellement acceptée.

Alus avait estimé que c’était une perte de temps, mais il avait reconnu que c’était important aussi, tant qu’il n’était pas lui-même impliqué.

Les dirigeants se réunissant rarement si ce n’est pour des situations de ce genre, la conférence était aussi l’occasion pour l’humanité de réaffirmer qu’elle travaillait ensemble pour lutter contre son ennemi commun.

Cependant, ce n’était qu’une apparence. D’après ce qu’Alus avait entendu de Rinne, c’était vraiment un lieu de politique, et ils s’évaluaient constamment les uns les autres.

D’ailleurs, une fois que Rinne avait guidé Alus jusqu’au château, elle avait fait demi-tour, étant tenue de retourner auprès de la souveraine d’Alpha, Cicelnia.

Une fois qu’Alus était sorti de sa chambre, son regard avait rencontré l’un des serviteurs.

« Bonjour, Sire Alus. »

Son nom était connu. Il devait y avoir une liste d’invités, comme prévu pour une conférence importante.

« Bonjour. Est-ce que vous servez le petit-déjeuner ? »

« Mais bien sûr, » dit le serviteur, et commença à marcher, guidant Alus vers la salle à manger.

Alus se trouvait actuellement dans un recoin du troisième étage de la forteresse. Ils passèrent devant plusieurs pièces du couloir jusqu’à atteindre le grand escalier, descendant d’un étage et passant les doubles portes à leur droite, jusqu’à atteindre leur destination.

En franchissant les portes, Alus avait scruté les environs. La salle pouvait probablement accueillir une centaine de personnes. Il y avait encore beaucoup de sièges vides, mais il semblerait que la cuisine, à l’autre bout de la pièce, soit en plein travail, car une délicieuse odeur de nourriture flottait dans l’air.

Cela dit, en regardant de plus près, la salle à manger n’était pas complètement vide. Une seule personne était assise au milieu de la pièce, mangeant toute seule.

Alus avait jeté un coup d’œil au jeune homme. Autour de lui se trouvaient de grandes tables entourées de chaises. Pensant à la fatigue qu’il y aurait à dîner ici, Alus suivit le serviteur qui le guidait.

Et quand le serviteur avait tiré une chaise pour qu’Alus puisse s’asseoir derrière le jeune homme… Alus avait remarqué de façon inattendue que le dos du jeune homme lui rappelait une de ses connaissances.

«... Est-ce toi, Jean ? »

Lorsqu’il avait demandé cela, le jeune homme avait remis dans son bol la cuillère contenant la soupe qu’il s’apprêtait à manger.

La soupe avait une couleur dorée translucide, et une odeur appétissante se dégageait lorsque sa surface était remuée. Il y avait aussi un grand panier avec des pains assortis dont la vapeur s’élevait, révélant qu’ils étaient fraîchement cuits. L’odeur du beurre dominait la table, et du point de vue d’un spectateur, il semblerait qu’Alus avait été attiré par les arômes de la nourriture.

C’est alors que le jeune homme appelé Jean se retourna lentement, un sourire joyeux sur le visage. « Quelle surprise de te voir ici, Alus ! »

Il avait des cheveux blonds dans un style décontracté, une taille moyenne, et semblait être dans la mi-adolescence. Son nom complet était Jean Rumbulls. C’était le magicien de rang numéro 3 du pays voisin de Rusalca.

Au premier coup d’œil, on pourrait penser qu’il s’agit d’un jeune homme joyeux, ouvert et de bonne nature. En dehors de Lettie, il était le seul autre Single qu’Alus connaissait.

Jean et lui avaient été envoyés une fois sur une opération commune, et ils se connaissaient depuis. Alus ne le considérait pas vraiment comme son ami, mais Jean avait un côté étrangement affable. Il était du genre sociable, parlant même à Alus qui était difficile à approcher.

Jean était un peu plus âgé, mais il parlait à Alus comme s’ils étaient des amis du même âge, et même parmi les Singles excentriques, il avait une atmosphère amicale, presque enfantine et innocente.

Alus ne détestait pas particulièrement ce type. Au contraire, son côté joyeux et franc, qui lui permettait d’interpeller avec désinvolture Alus lui-même, ne lui déplaisait pas.

De même, il ne détestait pas Lettie Kultunca, l’autre magicien à un chiffre d’Alpha, qui avait une atmosphère similaire à la sienne. Mais dans son cas, elle se comportait comme une grande sœur, se moquant toujours de lui, ce qu’il trouvait un peu irritant.

Alors qu’Alus pensait à ça, Jean lui avait demandé. « Où est Mlle Lettie ? »

« Elle est en mission. Elle concerne un point stratégique pour le plan de rétablissement de Vanalis, donc les hauts gradés ne voulaient probablement pas la laisser partir. »

« Hmm, je vois. »

Alus avait ensuite dit au serviteur, qui attendait qu’il ait fini de parler à Jean, qu’il allait s’asseoir avec lui. Ce à quoi le serviteur avait tiré une chaise à la table avec un sourire. Alus avait également commandé la même nourriture que Jean.

« J’ai entendu dire que Rusalca allait également bientôt envoyer une force dans cette zone. Une fois qu’il sera récupéré, il y aura probablement une autre opération conjointe pour préparer le terrain, » avait noté Jean.

Si Rusalca et Alpha exécutaient ensemble le plan de récupération, les Mamonos ne seraient plus un problème très rapidement.

La vraie question était celle des enjeux pour les deux nations. Les conflits ne manqueraient pas pour savoir qui obtiendrait les droits territoriaux sur telle ou telle zone.

« Alors ils auraient dû le faire dès le début, » déclara Alus sans ambages.

Jean affichait lui-même une expression de ras-le-bol, laissant échapper un lourd soupir. « Nos militaires seraient plus intelligents s’ils pouvaient être aussi francs… »

Dans aucune des deux nations, la situation n’était entièrement sous contrôle. À cet égard, Berwick avait habilement gardé les choses organisées dans Alpha.

« Mais c’est quand même inhabituel de te voir ici. Même si Mlle Lettie est en mission, ils auraient pu envoyer un Double. »

« Cela aurait aussi fonctionné, mais je vais participer cette fois-ci. »

« Hein ? Participer à quoi ? »

« Le Tournoi amical de Magie. Je suis un étudiant en ce moment. »

« Sérieusement ? »

« Sérieusement. »

Jean avait laissé échapper un éclat de rire. « C’est forcément de la triche, » dit-il en se tapant le front.

« Eh bien, je m’en ficherais si je n’avais pas non plus à participer. Mais les hauts gradés ont leurs propres circonstances et ne laisseront pas cela se produire. D’ailleurs, n’as-tu pas participé lorsque tu étais étudiant ? »

« Non, eh bien… attends, je l’ai fait. »

Il était courant pour tout excellent magicien d’avoir participé au tournoi lorsqu’il était étudiant à l’institut, aussi Jean ne savait pas quoi dire. « Mais ce n’est pas comme si tu devais participer cette année…, » avait-il finalement dit.

En entendant cela, Alus s’était souvenu de quelque chose que Berwick avait dit à propos du gouverneur général de Rusalca qui se vantait d’avoir des étudiants prometteurs cette fois-ci. Cela avait piqué son intérêt et il avait décidé de demander à Jean ce qu’il en était.

« Vous avez des gens qui sont compétents cette année ? »

« On peut dire ça. Ce sont des triplés rien que par leur rang, mais ils devraient pouvoir se débrouiller dans le monde extérieur sans problème. »

« C’est impressionnant. »

« Tu ne le penses pas du tout, n’est-ce pas ? »

Alus avait lancé quelques louanges vides, mais Jean avait facilement vu clair dans son jeu. Dans tous les cas, presque tous les mots que l’actuel numéro 1 pourrait dire pourraient passer pour sarcastiques. « Bien sûr. Quelqu’un de Rusalca n’est pas susceptible de m’être utile, même dans une opération conjointe. »

« Tu es toujours le même, » dit Jean en riant, sans s’inquiéter. Il poursuit, avec un sourire qui n’avait rien d’hostile. « Mais nous allons quand même gagner cette année. Tu peux essayer autant que tu le veux, mais au final, c’est un tournoi et tu n’es qu’une personne. »

« C’est ce que nous verrons. J’ai une récompense à la clé. »

« Quoi — !? As-tu été acheté ? »

« C’est juste une autre mission, » dit Alus avec une expression posée. Pour lui, le tournoi était juste un autre travail.

Se souvenant de l’aspect impitoyable et sans expression d’Alus pendant les missions, Jean sourit ironiquement en ramenant ses mains devant son visage. « Bon sang, peux-tu au moins y aller mollo avec nos magiciens ? »

Jean se méfiait des « accidents » qui se produisaient de temps en temps pendant les tournois. Comme il s’agissait d’un tournoi de combat réel, les tragédies occasionnelles et rares étaient connues pour frapper lorsque la différence de capacité entre deux participants était trop grande, ou lorsqu’un sort puissant touchait un point vital.

Il s’agissait d’événements où un potentiel précieux était malheureusement étouffé. Et il était particulièrement facile d’imaginer que cela se produise avec un simple étudiant face à l’actuel numéro 1 du classement.

« Je le sais. Pour qui me prends-tu ? »

« Je suis soulagé de l’entendre. Oh, mais tu n’as pas à te retenir contre les gens des autres nations, » déclara Jean avec un sourire malicieux.

Sa déclaration pourrait très bien être considérée comme une trahison, tentant de perturber l’unité entre les nations. Comme Jean affichait toujours une atmosphère joyeuse, Alus ne pouvait pas dire s’il plaisantait ou s’il était sérieux.

☆☆☆

Partie 4

« Enfin, blague à part… »

Oh, donc c’était juste une blague, Alus avait hoché la tête pour lui-même. Il ne se souciait pas particulièrement de ce qui arrivait aux magiciens novices des autres nations, mais il n’avait aucune raison de s’attirer la rancune de ces nations.

En y réfléchissant, bien que Jean le montrait rarement, il était une personne sincère et sérieuse. Au moins, il n’était pas du genre à dire quelque chose d’aussi peu scrupuleux et à le penser.

Soudain, Jean détourna le regard, confirmant qu’il n’y avait personne autour pour écouter aux portes avant de se rapprocher d’Alus. « As-tu entendu parler… de Balmes ? » murmure-t-il, se méfiant des regards indiscrets.

Balmes était un nom bien connu. C’était une nation de taille moyenne au nord d’Alpha. Cependant, Alus était actuellement étudiant, et il avait secoué la tête à la question de Jean.

Quand il l’avait fait, Jean avait rapproché son visage encore plus près. « Il semblerait qu’ils vont forcer une opération de récupération à grande échelle. Elle sera dirigée par, euhm… comment s’appelle-t-il ? Le plus haut magicien de Balmes. »

« Gileada ? » avait suggéré Alus.

Jean parlait probablement du seul magicien à un chiffre de Balmes. Alus n’avait vu que son nom écrit, mais c’était censé être une femme nommée Gileada.

En entendant parler de l’opération à grande échelle, Alus s’était souvenu de ce que Budna avait dit au sujet des AWRs dans Alpha, ainsi que des matériaux du Monde extérieur circulant vers d’autres pays. Les mouvements à l’échelle nationale nécessitaient une grande quantité de préparation. Mais Alus avait mis cela de côté pour le moment et s’était concentré sur sa discussion avec Jean.

« Non, Mme Gileada est classée 20e environ maintenant, » dit Jean.

C’était normal qu’il ne s’en souvienne pas. Le rang numero 9 était un rang turbulent qui changeait souvent de mains. De plus, la moitié inférieure des Singles n’était pas beaucoup plus forte que la partie supérieure des Doubles.

Il y avait également des rumeurs selon lesquelles les magiciens de Balmes avaient été élevés de force pour avoir un magicien dans les Singles, en raison du nombre d’entre eux qui avaient été dans les rangs inférieurs des Singles. Pas de fumée sans feu, comme on dit.

En tout cas, le rang 9 était très souvent occupé par un magicien de Balmes.

« C’est vrai ! C’est quelqu’un qui s’appelle Duncal maintenant, » dit Jean.

« Hmm. Et, qu’en est-il de lui ? »

« Cette opération de grande envergure sera menée avec Duncal au front, et ceux de Balmes mobilisent tous leurs magiciens. Mais la rumeur dit qu’ils ont encore des difficultés. »

Alus avait haussé les épaules devant ce que Jean avait à lui dire. « C’est une chose courante, n’est-ce pas ? N’est-ce pas simplement que leurs capacités ne sont pas à la hauteur du rang d’un Single ? »

Jean était d’accord, et il grogna légèrement. « J’en suis sûr. Mais même dans ce cas, il doit au moins avoir les capacités d’un Double. »

Même s’il avait été placé de force dans le rang des Singles, il devrait avoir des capacités considérables. Si Balmes poussait quelqu’un d’insignifiant dans le siège honoré d’un Simple Chiffre au nom de l’ego de la nation, ils finiraient par perdre la face.

Alus haussa à nouveau les épaules et dit avec un sourire sarcastique : « Si les gens de Balmes sont ici aujourd’hui, pourquoi ne pas le leur demander ? Bien qu’ils ne le diraient probablement pas. »

« C’est vrai. » Jean était plus informé de la situation internationale qu’Alus. C’était une différence claire entre Alus et les autres magiciens.

Alus croyait honnêtement qu’il se débrouillerait seul, quoi qu’il advînt de l’humanité. C’est pourquoi il n’avait pas pris la peine de se mêler des affaires des autres nations, mais les autres magiciens étaient différents.

Comme pour Jean, ils devaient se battre pour le bien de l’humanité. Ils ne pouvaient pas prendre la position de ne pas se soucier de ce qui arrivait aux autres nations. C’est pourquoi Jean avait sérieusement recueilli des informations.

Si une seule nation laissait les Mamonos passer la barrière, Babel, la clé du maintien du royaume des humains, serait menacée. Si cela arrivait, l’humanité n’aurait nulle part où aller.

Mais même dans ce genre de situation, les nations ne pouvaient pas abandonner leurs motivations égoïstes pour travailler ensemble. Elles ne pouvaient pas faire confiance aux autres nations en état d’urgence. En tant que telles, elles ne pouvaient montrer la moindre faiblesse, et beaucoup considéraient que les nations travaillant vraiment ensemble n’étaient qu’un idéal vide.

« Au fait, Jean, j’ai entendu dire que les AWRs de type livre magique deviennent populaires à Rusalca. »

« Ah, ces… » La joue de Jean s’était légèrement contractée. Son propre AWR était une arme unique appelée Rage Balls, qui consistait en de multiples petites balles spéciales qui formaient un seul AWR.

Ainsi, c’était l’autre magicien à un chiffre de Rusalca qui utilisait un livre de magie AWR, une femme nommée Hispida Orfeen.

« Mme Hispida est obsédée par l’argent, après tout, » déclara Jean.

C’est là que le déclic s’était produit pour Alus. Le soutien d’un Single était parfait pour une marque commerciale. En transformant le type d’AWR qu’un magicien de premier ordre utilisait en une marque, ils seraient capables de créer une tendance et leurs affaires seraient en plein essor.

Alus pensait que c’était un bon truc, mais il ne pensait pas qu’il l’utiliserait lui-même.

Cependant, c’était une arme à double tranchant qui pouvait finir par nuire à la nation. Comme Budna l’avait dit, les AWRs de type livres de magie n’étaient pas quelque chose que n’importe qui pouvait prendre et utiliser. La nation pourrait finir par payer cher le fait que ses magiciens se laissent prendre au jeu d’une tendance et utilisent ces AWRs en ignorant le facteur de compatibilité. Il compatissait secrètement aux difficultés de Jean.

Après avoir terminé le petit-déjeuner, Alus et Jean avaient quitté la salle à manger en continuant leur petite conversation, bien que les sujets évoqués ne seraient probablement pas qualifiés comme tels par les autres, et s’étaient installés dans un coin de la salle d’attente.

Alus s’amusa tellement qu’il en oublia même l’heure, pour la première fois depuis longtemps. Il ne se souciait toujours pas des autres nations, mais en se tenant au courant de l’état des choses, il pouvait éviter que des étincelles potentielles ne lui tombent dessus.

Bien sûr, il comprenait l’importance de l’information. Bien qu’il s’agisse de paroles en l’air entre deux magiciens à un chiffre, leur contenu dépassait le cadre de ce que l’on entendait en public, surtout lorsqu’il s’agissait des motivations des mouvements politiques.

Ils n’avaient pas arrêté leur conversation jusqu’à ce qu’ils voient les serviteurs sortir en toute hâte.

« Je suppose qu’il est temps, » déclara Jean, en regardant l’horloge en cristal élaborée derrière Alus.

« N’est-ce pas un peu tôt ? »

« Non, ta souveraine et ma souveraine sont spéciales. » Jean avait haussé les épaules d’un air fatigué, et s’était levé de son siège.

Alus avait fait de même. Jean avait plus d’expérience avec ces conférences, il avait donc pensé qu’il serait sage de suivre l’exemple de Jean puisque c’était sa première fois ici.

Alus et Jean s’étaient appuyés contre le mur devant les grandes portes du hall d’entrée, fixant les serviteurs qui s’en échappaient.

Deux carrosses venaient d’arriver. L’instant d’après, les serviteurs s’étaient alignés de chaque côté de l’entrée pour accueillir les invités.

Au même moment, les portes des carrosses s’ouvrirent et deux élégantes silhouettes descendirent sur la passerelle qui leur avait été préparée.

L’une d’elles était une personne qu’Alus connaissait. C’était probablement la troisième fois qu’ils se rencontraient.

Ils s’étaient rencontrés pour la première fois lors d’une cérémonie de remise de prix, mais n’avaient parlé que lors de la célébration qui avait suivi, et encore, ce n’était qu’un simple salut. Il se souvient qu’ils se sentaient tous les deux à l’aise à ce moment-là.

L’impression d’Alus était que cette personne était différente des autres souverains qu’il trouvait imbéciles. En même temps, il l’avait catégorisée comme quelqu’un de désagréable.

Cette personne marchait maintenant élégamment avec Rinne à sa droite, qui lui tenait un parasol.

Elle s’appelait Cicelnia il Arlzeit. Elle avait eu 20 ans l’autre jour, et cela ne faisait que trois ans qu’elle était devenue souveraine.

Ses cheveux noirs bleutés descendaient jusqu’à ses genoux, ce qui, avec sa peau presque translucide, laissait une forte impression. Elle portait une robe d’un blanc pur, ses jambes d’un blanc laiteux dépassant de la robe étaient encore plus belles que sa tenue.

Comme tous les hauts fonctionnaires de l’État, elle portait un voile fin couvrant son visage, mais une fois enlevé, il révélait sûrement des traits de visage tout aussi beaux.

En tout cas, elle donnait une impression de grâce à tous ceux qui la voyaient. De plus, ses seins étaient suffisamment volumineux pour lui donner des proportions parfaites. Sa beauté presque mystique, qui suscitait un soutien massif de la part des citoyens, était toujours présente aujourd’hui.

Cependant, quant aux mots qui s’étaient échappés de ses belles lèvres… « Oh, quelle nuisance. Quelle déprime ! Puis-je vous demander de ne pas faire défiler une odeur aussi vulgaire autour de moi, Mme Lithia ? » dit Cicelnia à la femme tout aussi élégante à sa gauche.

La femme en question avait répondu avec grâce. « Il n’y a pas besoin d’être si envieuse, Mlle Cicelnia. Porter un noble parfum n’est que le minimum de soin que l’on doit apporter à son apparence. Cependant, je peux dire que je comprends votre jalousie à l’égard de la meilleure qualité d’herbes que l’on puisse trouver à Rusalca. »

La femme qui avait répondu avec un tel sarcasme était la souveraine de Rusalca, Lithia Touff Infratta. Elle avait le même âge que Cicelnia.

En entendant cela, Cicelnia avait froncé les sourcils sous son voile.

« Si vous voulez, je peux même vous laisser une bouteille. Vous ne profitez pas d’un tel luxe en Alpha, n’est-ce pas ? Certainement pas dans une nation qui pue le fer, où même le château royal est couvert de pétrole, n’est-ce pas, Mme Cicelnia ? »

Les cheveux dorés bouclés et étincelants de Lithia pendaient au-dessus de sa poitrine généreuse comme pour la décorer. Elle cachait son visage derrière un voile comme Cicelnia, mais sous celui-ci, elle avait des yeux bleu ciel inflexibles et des traits de visage réguliers, qui combinés à ses cheveux dorés lui donnaient une impression presque fantastique. En tant que souveraine de Rusalca, avec sa beauté séduisante, elle était connue comme la Fée par ses citoyens. C’était comme si elle sortait tout droit d’un conte de fées.

« Pourquoi en voudrais-je une ? Une odeur aussi épaisse qui couvre votre musc naturel est seulement la preuve que vous n’avez aucune confiance en tant que femme. Cette puanteur grossière et obscène convient à une femme dévergondée qui est constamment en chaleur comme vous. »

« ...! Qui appelez-vous une femme aux mœurs légères ? Madame Cicelnia, ne pouvez-vous pas être si jalouse de moi juste parce que vous n’êtes pas si bien dotée ? »

Contrairement à la robe moulante de Cicelnia, la souveraine de Rusalca portait une robe extravagante décorée de dentelle. La seule chose qu’elles avaient en commun était le voile que toutes les personnes importantes portaient.

Les sourcils de Cicelnia avaient visiblement tressailli sous le voile une fois de plus. « Ce n’est pas que je ne sois pas dotée, c’est simplement que je suis mince, Mlle Lithia. Peut-être que la raison pour laquelle vous manquez tant de vocabulaire est que la nourriture rusalcane inadéquate va dans votre poitrine vulgaire au lieu de votre cerveau ? J’ai de la peine pour vous, qui n’avez rien d’autre à montrer que ces masses de graisse. »

Les deux femmes avaient continué à échanger des mots vifs pendant toute la durée de leur marche jusqu’aux portes d’entrée.

☆☆☆

Partie 5

Alus fixait les deux souveraines, abasourdi. De penser que ce n’était pas seulement les gouverneurs généraux mais même les souverains qui étaient en si mauvais termes…

Quand Alus se retourna vers Jean, le jeune homme blond n’était plus à ses côtés. En regardant autour de lui, il avait vu Jean devant lui, s’approchant des deux souveraines avec des épaules affaissées.

« Mesdemoiselles, pouvez-vous en rester là ? Il faut penser aux yeux qui nous entourent, » implora Jean en désignant les domestiques du regard.

Mais comme on s’y attendait de la part des professionnels, ni Rinne ni les serviteurs n’avaient eu le moindre changement d’expression, comme si rien ne s’était passé, bien que certains aient baissé les yeux.

Les mots de Jean étaient efficaces pour maintenir la paix, et voyant que les deux souveraines étaient momentanément à court de mots, il avait profité de cette occasion pour adoucir les choses. « Cela fait un moment, Dame Cicelnia. »

« En effet, Jean Rumbulls. Je vois que vous êtes aussi sincère aujourd’hui que d’habitude. »

« Jean, ce n’est pas la peine de baisser la tête devant cette femme grossière. »

La joue de Cicelnia avait tressailli aux paroles acérées de Lithia.

Jean avait fait semblant de ne pas remarquer et avait continué. « Dame Lithia, j’ai quelqu’un à vous présenter ». Il s’était ensuite tourné vers Alus, qui était toujours appuyé contre le mur.

Cependant, avant que Lithia n’ait pu poser ses yeux sur Alus, Cicelnia avait accéléré de force sa vitesse de marche, essayant de maintenir son apparence élégante alors qu’elle courait vers lui.

« Vous êtes enfin là, Alus. »

« Bonjour… ça fait un moment, Lady Cicelnia. »

« Je l’ai déjà oublié. Plus importants encore, les gens ont parlé derrière mon dos parce que vous ne vous montrez jamais. Ils disent des choses comme le fait que le numéro 1 d’Alpha ne vient jamais à la conférence parce que c’est un faux qui a été soutenu. » Un soupir avait soulevé le voile.

« Alors, pourquoi ne pas les laisser parler ? »

« Je ne peux pas les laisser regarder Alpha de haut. C’est nécessaire pour ce genre d’événements, afin d’éviter que certains ne soient imbus d’eux-mêmes et ne profitent de nous. »

Ses mots semblaient presque empreints de venin. Quand ils se tenaient l’un à côté de l’autre comme ça, il n’y avait presque aucune différence de taille entre Alus et Cicelnia. Elle était plutôt grande pour une femme.

Alus avait l’impression que les yeux de Cicelnia le regardaient de derrière son voile.

« Pourquoi n’allons-nous pas plus loin à l’intérieur, Alus ? »

« Attendez un moment ! » Lithia, qui marchait à côté de Jean, avait haussé la voix.

Entendant le ton irrité de sa souveraine, Jean s’était rapidement interposé entre elles et avait tenté de faire une médiation pacifique entre les souveraines. « Dame Cicelnia, je voudrais présenter Alus à la souveraine de ma nation. Puis-je ? » dit Jean avec un sourire parfait.

« Jean Rumbulls… Avez-vous besoin de ma permission pour ça ? »

Peut-être parce qu’elle avait déjà fait quelques pas dans les escaliers, lorsque Cicelnia s’était retournée, c’était comme si elle exerçait une pression sur tout le monde en les regardant de haut. Elle n’avait certainement pas parlé sur un ton amical.

Au lieu de cela, elle avait parlé sarcastiquement comme pour dire à Lithia qu’elle n’avait aucune obligation de présenter les deux.

« Alors… »

« Oh, s’il vous plaît, faites vite. »

Le sourire de Jean était toujours présent, malgré la voix mécontente de Cicelnia.

En pensant qu’il devait lui rendre la pareille pour les informations que Jean lui avait données auparavant, Alus s’était avancé pour aider. Cependant, il ne pouvait pas faire quelque chose d’aussi irrespectueux que de se présenter du haut de Lithia.

En même temps, il sentait qu’il devait mettre la souveraine en échec.

Mais pas Lithia — plutôt sa propre souveraine.

Pour le meilleur ou pour le pire, il n’avait pas pu lire en Cicelnia. Même l’échange autour de l’introduction d’Alus semblait avoir un certain degré de calcul derrière lui.

Elle parlait comme si Alus était son protégé, utilisant sa valeur pour exercer sa propre autorité sur les deux Rusalcans. Du point de vue d’Alus, ce n’était pas une façon de construire une bonne relation, même si elle était une souveraine. Forcer une distance appropriée serait nécessaire.

Alus avait d’abord descendu les marches jusqu’au niveau de Lithia, puis il s’était agenouillé.

« — !! » Tout le monde avait réagi en étant choqué.

« C’est un plaisir de vous rencontrer, Lady Lithia Touff Infratta. Je m’appelle Alus Reigin. »

« Et c’est un plaisir de vous rencontrer, Monsieur Alus. Je suis désolé d’avoir fait s’agenouiller le plus fort des magiciens. Personne ici ne peut forcer un Single à le faire. » Lithia avait une expression un peu troublée, mais elle souriait quand même et tendait la main.

Alus tendit la main et prit sa main dans la sienne. Il aperçut son visage derrière le voile, et le trouva étonnamment enfantin. Puis, murmurant d’une voix calme, il déclara. « Je suis conscient que vous pourriez trouver cela inconfortable, mais je vous demande d’oublier l’impolitesse de tout à l’heure dite en mon nom. »

Lithia avait immédiatement compris qu’il parlait de Cicelnia. Elle leva les yeux vers Cicelnia qui était toujours debout sur les marches, et répondit d’une voix posée. « Bien sûr. Je peux négliger quelque chose d’aussi petit pour vous. » Son expression derrière son voile était probablement remplie de suffisance.

Il était impossible de voir l’expression de Cicelnia, mais son corps semblait figé sur place par le choc.

Un Single s’agenouillant devant son propre souverain était une chose, mais devant le souverain d’une autre nation, c’était quelque chose de complètement différent. C’était un signe du plus grand respect, et c’était particulièrement étonnant pour ceux qui savaient quel genre d’individu était Alus.

En réalité, Alus s’était déjà agenouillé devant Cicelnia lors des deux cérémonies de remise de prix, mais jamais depuis. En fait, il avait cessé de se présenter aux cérémonies après la deuxième, en signe d’irrespect.

« Alus, ça suffit. Nous devons y aller, » Cicelnia avait réussi à dire ça, mais son expression restait cachée par le voile.

Alus avait baissé la tête vers Lithia une fois de plus, et avait suivi Cicelnia.

Ce petit acte était la façon d’Alus de mettre Cicelnia en échec, afin qu’il ne soit pas seulement une carte à jouer pour elle dans son jeu politique. Il s’attendait aussi à ce que Lithia reconnaisse la même chose, ce qui serait utile à un moment donné.

Que Lithia ait été consciente ou non de l’intention d’Alus, elle lui avait lancé un appel dans le dos. « M. Alus, vous devriez venir à Rusalca un jour. Il y a beaucoup de choses là-bas qui n’existent pas en Alpha. Je suis sûre que cela vous plaira. »

« Je comprends. J’ai hâte de vous rendre visite un jour. »

Pendant ce temps, Jean avait haussé les épaules devant le comportement inattendu d’Alus.

Alors que l’expression de Cicelnia ne pouvait pas être vue derrière son voile, en observant l’expression de son accompagnatrice Rinne, il était possible de deviner quel genre de sentiments tourbillonnaient en elle. Alus n’avait aucun moyen de savoir, mais Rinne avait laissé échapper un claquement de langue frustré, et avait grincé des dents.

Quelques instants plus tard…

« Jean, est-ce vraiment l’homme qui se tient au sommet des magiciens ? »

« Si vous lui parlez négligemment, vous aurez les jambes balayées sous vous, Dame Lithia. Si notre armée a subi si peu de pertes durant cette excursion, c’était uniquement parce qu’Alus était là. »

« C’est donc bien ainsi. »

Lithia et Jean avaient regardé en haut des escaliers. Alus et Cicelnia avaient déjà disparu dans la forteresse.

Alus, pourquoi as-tu fait ça... Eh bien, je suis sûr qu’il n’y avait pas de mauvaise volonté à notre égard. Probablement. Jean n’avait pas trop réfléchi à la question. Mais il ne pouvait s’empêcher d’être gêné par la façon dont Alus avait traité la souveraine de Rusalca devant la sienne.

Il serait trop superficiel de supposer qu’Alus avait l’intention de déménager à Rusalca. Ce qui veut dire que c’est peut-être la courtoisie qu’il avait montrée à Lithia en tant qu’individu.

Cependant… connaissant la personnalité d’Alus, Jean s’était moqué de cette idée. Ça ne pouvait pas être ça.

Alors peut-être que c’était pour contrarier Cicelnia. Tout s’additionnait si c’était la cause, mais la raison restait inconnue. Connaissant leurs personnalités, ils s’étaient peut-être disputés avant ça. Peut-être que Lady Cicelnia a mal jugé la façon de le traiter.

Jean savait très bien qu’Alus n’agissait pas en fonction de son âge et de son apparence. Cependant, il avait décidé d’oublier la politique, car il avait déjà trouvé autre chose à attendre avec impatience. Après tout, c’était la première fois que les Singles des autres nations voyaient le magicien le mieux classé.

Lithia, qui fixait le profil de Jean, avait dû deviner ce qu’il pensait, car elle avait également eu un sourire satisfait. « Je vois. C’est ses débuts, après tout. Il ne serait pas étrange que quelque chose se produise. »

«... Oui, mais il faut faire attention à ce que quelqu’un ne s’attire pas des ennuis, » répondit Jean, mais il avait l’air d’attendre que le divertissement commence.

 

* * *

Dans une pièce adaptée à un souverain.

Contrairement à la chambre dans laquelle Alus s’était reposé, le mobilier de cette pièce avait été soigneusement étudié. Cela pouvait être déduit du lit à baldaquin qui s’y trouvait.

Les plus grands efforts avaient été mis dans l’extravagance de la pièce, mais Alus avait l’impression d’être malade à la seule idée d’y passer plus d’une journée.

En ce moment, une atmosphère lourde dominait la pièce. La raison, bien sûr, était Alus.

Cicelnia était assise sur un luxueux canapé, les jambes croisées, avec une table en marbre devant elle. À côté d’elle se trouvait Rinne, qui s’était gracieusement retenue pour ne pas irriter davantage la bête.

« Et maintenant, vous l’avez fait. »

« Fait quoi ? » Alus s’était assis sur le canapé face à eux, et avait incliné la tête exprès.

« Il est impossible que vous ne soyez pas au courant. Je le sais. Je le sais très bien. »

Cicelnia avait arraché le voile qui couvrait son visage. On pouvait voir ses sourcils tels des plumes sous sa frange soigneusement taillée. Elle avait de longs cils recourbés et des yeux dorés qui vous attiraient. Ni les sculpteurs ni les peintres ne seraient capables de reproduire parfaitement sa beauté.

 

 

Alus n’avait aucun intérêt pour elle, mais si on lui demandait quelle était la plus belle femme qu’il connaissait, il n’aurait d’autre choix que de dire le nom de Cicelnia.

La souveraine elle-même semblait assez contrariée, mais elle restait quand même avec une apparence magnifique. Elle présentait un air maussade, faisant la moue avec des joues arrondies, ce qui lui donnait une impression adorable en plus de sa beauté.

Alus déclara. « Ce sera ma première rencontre avec les Singles des autres nations, donc une certaine distance serait appropriée. »

« Laissez-moi être le chef, voulez-vous bien ? » dit Cicelnia.

Les actions d’Alus étaient une vérification pour s’assurer que Cicelnia ne l’utiliserait pas, et c’était aussi une menace, disant qu’il ne serait pas contre le fait de déménager dans une autre nation.

Et il avait utilisé Lithia pour le faire. Comme Rusalca avait une force égale à celle d’Alpha, la menace était encore plus réaliste. Et la mauvaise relation entre Cicelnia et Lithia avait aussi joué en sa faveur.

Il était clair que Cicelnia pensait qu’Alus lui obéirait puisqu’il était l’un des magiciens d’Alpha. C’est ce qu’Alus n’aimait pas.

Alus se doutait qu’elle cherchait à dominer politiquement, mais il était inutile de s’en inquiéter. Elle pourrait avoir ce genre de penchant en elle, mais elle ne montrerait pas ses vraies couleurs si facilement.

Bien qu’elle ne cherchait pas à devenir la chef des sept nations, elle voulait avoir le plus d’influence de tous les dirigeants. C’était pratiquement une évidence pour ceux dans sa position. Et pour cette raison, elle avait besoin d’utiliser efficacement le magicien numéro 1.

Cependant, son adversaire n’allait pas devenir son pion aussi facilement.

Non seulement ses intentions avaient été écrasées, mais elle avait perdu la face, alors elle avait craché des mots d’irritation. « Alus, vous êtes un magicien d’Alpha, alors vous devez agir de manière à ce qu’Alpha en profite. »

«...»

« Comme vous le savez sûrement, votre transfert vers une autre nation ne sera jamais accepté. »

«...»

« Il vous suffit d’écouter ce que je dis. Alus, avec votre force, nous pourrons mettre les autres nations à notre merci. Pour commencer, reprendre une région éloignée serait peut-être… une… bonne… »

À cet instant, l’atmosphère de la pièce s’était figée.

Passant de lourd à écrasant avec un mélange de soif de sang.

☆☆☆

Partie 6

Ce n’était pas quelque chose qui se passait lorsqu’on adressait à un souverain. Et cela venait bien sûr du garçon insolent assis de l’autre côté de la table.

En une fraction de seconde, Rinne s’était sentie mourir, bien qu’elle ait été la garde du corps de la souveraine et qu’elle soit rompue aux arts militaires.

Le front couvert de sueur, Rinne s’était placée devant Cicelnia. Un acte digne d’éloges.

Quant à Cicelnia, qui n’était même pas magicienne… elle tenait sa main contre sa poitrine et luttait pour respirer. Ses belles lèvres brillantes bougeaient comme si elle était désireuse d’oxygène.

Bien qu’elle soit une dirigeante acérée, elle était dans sa position grâce à sa lignée royale et n’avait pas beaucoup de résistance contre ce genre de choses.

Alus savait que son charisme n’était pas uniquement dû à son sang. Cependant.

« Ne vous méprenez pas. » Sa voix froide avait déchiré l’atmosphère gelée. Et ses mots avaient percuté les oreilles de Cicelnia comme s’il s’agissait de glaçons. « Alpha n’a aucune importance pour moi. Je suis seulement ici parce que je suis redevable envers Berwick. En ce sens, je suppose que vous pouvez dire que votre choix de le nommer au poste de gouverneur général était une bonne décision… mais ne pensez pas que cela vous donne le droit de me donner des ordres. »

Avec son corps tremblant, Cicelnia était incapable de répondre. Le visage pâle, elle baissa les yeux et fixa le dessin de la table en marbre.

« Mais je ne pense pas que Berwick serait amusé d’entendre que vous regardez de haut les autres nations… »

« Sire Alus !! » Finalement, Rinne avait réussi à laisser sortir sa voix.

Alus avait jeté un coup d’œil à Cicelnia, et avait retenu sa soif de sang. Émettre de la soif de sang était quelque chose qu’il avait appris en travaillant dans les coulisses. C’était complètement différent de ce que les magiciens normaux pouvaient faire.

Il arrivait que les magiciens laissent délibérément échapper du mana pour intimider ou faire une démonstration de force. Mais la soif de sang d’Alus faisait que ses adversaires faisaient l’expérience de la mort, au point même de l’halluciner.

« Quoi qu’il en soit, je m’excuse d’avoir été impoli… mais bon, maintenant que vous en avez fait l’expérience une fois, vous devriez être capable d’affronter les autres Singles, » dit Alus sans émotion à Cicelnia, qui réussit de justesse à éviter de s’effondrer dans le canapé.

Rinne avait pris de grandes respirations et avait ensuite posé une question. Le fait que cela ait pris plusieurs secondes ne pouvait être évité. « Que voulez-vous dire ? Lady Cicelnia affronte les Singles chaque année. »

« Je serai là cette fois. Et on ne peut pas la laisser se mouiller devant les dirigeants des autres nations. »

« Mouillée ? ...! »

Comprenant ce qu’il voulait dire, Rinne avait tenu sa langue.

Les mots d’Alus n’étaient qu’un coup d’épée dans l’eau afin de donner en exemple… c’était une gaffe indigne d’une dame, mais en regardant Cicelnia rougir de honte, il était clair que c’était la vérité.

« Qui… qui, selon vous, ferait une chose pareille ? » lâcha Cicelnia.

« Hmm, donc vous ne tenez pas le siège de dirigeant pour rien. »

Les yeux inflexibles de Cicelnia fixaient obstinément les yeux froids d’Alus. Elle avait violemment ébouriffé sa frange collée à cause de perles de sueur sur son front avec une respiration laborieuse, tout en continuant à respirer rudement en silence.

Mais un sourire intrépide était déjà revenu sur ses lèvres, bien que ce ne soit que par fierté. Ce sentiment était également accompagné d’une certaine honte lorsqu’elle avait ressenti la sensation de ses cuisses humides.

« Qu’allez-vous faire ? Me condamner à mort pour lèse-majesté ? Je m’en fous. »

« Si je fais ça, vous allez vraiment passer à une autre nation. »

Quand je pense qu’elle pouvait encore faire face à ses répliques après tout ça… L’évaluation d’Alus quant à sa force de volonté avait augmenté. Elle ne pouvait vraiment pas être sous-estimée.

Alus avait retenu sa soif de sang pour qu’elle ne s’évanouisse pas. Mais il avait l’intention de lui faire perdre son attitude hautaine afin qu’elle ne puisse pas agir de manière aussi effrontée contre les Singles. Il l’avait sous-estimée, pensant qu’elle n’aurait pas le courage de poursuivre l’affaire, mais en réfléchissant à ses actions, il avait senti qu’il était allé un peu trop loin.

En même temps — .

« Sire Alus, je n’hésiterai pas la prochaine fois, » dit Rinne.

Bien sûr, elle ne pensait pas être capable de faire quelque chose contre lui s’il était sérieux. Mais elle avait toujours ses devoirs en tant que garde du corps. Elle l’avait dit pour le garder sous contrôle, mais son effet était au mieux discutable.

De plus, la conférence à venir était également préoccupante. Comme c’était la première fois qu’Alus y assistait, il allait attirer l’attention, qu’il le veuille ou non, à cause de son rang.

Il était plus que possible que les Singles des autres nations se moquent de lui en raison de son jeune âge et tentent de s’en mêler. En réalité, Alus était presque convaincu que cela se produirait, c’est pourquoi il avait fait quelque chose d’aussi imprudent que de tester Cicelnia à l’avance.

Les choses seraient si faciles si tous les Singles étaient comme Jean, pensait Alus, mais après avoir bien réfléchi, il avait un côté très curieux.

Cela pourrait apporter son lot de problèmes.

 

+++

Un certain temps s’était écoulé.

Alus avait attendu que les deux femmes s’en remettent. Après quelques minutes, Rinne était redevenue normale, mais Cicelnia avait encore du chemin à faire.

Elle avait passé plus de dix minutes à boire de l’eau et à reposer son corps jusqu’à ce que sa respiration se calme enfin. Pendant ce temps, elle jetait un coup d’œil dans la direction d’Alus et soupirait de manière significative.

« … En voyant à quel point vous avez l’air mal en point, je me sens même un peu coupable. »

« À qui la faute, selon vous ? Vivez cette culpabilité dans toute son ampleur ! … Si vous êtes capable de ressentir de la culpabilité, bien sûr. » Il semblerait qu’elle avait au moins récupéré assez pour lancer des insultes.

L’instant d’après, elle s’était affaissée sur la table comme si elle en avait marre de tout ça. Elle avait laissé échapper un doux soupir en pressant son visage contre le marbre froid. Après avoir murmuré un « Je vais aller me changer », elle avait relevé la tête et s’était levée comme si elle était complètement remise. « J’ai beaucoup transpiré à cause d’une certaine personne, alors je vais me changer. Rinne, préparatifs ! »

« O-Oui, bien sûr ! »

La dignité était revenue dans la voix de Cicelnia, qui avait résonné dans toute la pièce.

Les deux femmes avaient disparu dans les pièces intérieures, tandis qu’Alus avait été mis à la porte.

Une fois dans le vestiaire, Cicelnia avait laissé échapper un lourd soupir en confiant son corps à Rinne.

Rinne avait souri ironiquement en réponse. « Il l’a vraiment fait, mais c’est bien le genre d’individu qu’est Sire Alus. »

« Je le sais ! Il est seulement venu cette fois-ci parce que Lettie est en mission, non ? »

« Eh bien, Sire Alus participe également au Tournoi amical de magie. Si ce n’était pas le cas, il aurait agi comme d’habitude, et il ne se serait peut-être pas montré. »

Dans ce cas, Cicelnia aurait dû amener un magicien à deux chiffres. C’était quelque chose qu’elle préférait éviter. Étant la souveraine d’Alpha, le magicien qu’elle apportait devait servir de symbole à la force d’Alpha.

Si ce magicien était dominé par les magiciens des autres nations, Alpha perdrait toute sa dignité.

Le simple fait de l’imaginer faisait grimacer Cicelnia. Alors qu’elle le faisait, la sangle qui retenait sa robe avait été retirée, et elle était tombée au sol sans un bruit.

Sans montrer aucune inquiétude quant à l’exposition de son corps, Cicelnia fit un pas en avant et se dépouilla complètement du reste de ses vêtements.

Rinne avait posé sans mot dire ses mains sur les sous-vêtements de Cicelnia pour les changer comme d’habitude, mais… au moment où elle les avait touchés, elle s’était arrêtée.

Elle avait repéré une tache humide dans le tissu blanc. « Euh, Lady Cicelnia… avez-vous vraiment… ? » Bien sûr, il était impossible qu’elle aille bien après avoir été exposée à ce genre de soif de sang.

Pourtant, Cicelnia afficha un visage courageux, et Rinne leva les yeux vers elle. Alors qu’elle le faisait, Cicelnia, incapable de supporter la honte, détourna la tête et hocha une fois la tête.

Ayant vu un côté vulnérable inattendu de son maître, Rinne avait gardé le silence par égard pour ses sentiments.

Cependant, Rinne était censée avoir vécu la même chose, aussi sa maîtresse lui demanda-t-elle d’un air soupçonneux : « Rinne, et toi ? »

« Eh ? Je n’ai pas vraiment…, » Rinne secoua la tête, mais son maître ne l’accepta pas, car son expression devint malicieuse.

« Toi aussi… n’est-ce pas ? » demanda Cicelnia avec un grand sourire, en attrapant les seins bien formés de Rinne.

« … Oui. » Rinne n’avait pas la force de continuer à secouer la tête si le souverain insistait autrement.

« Alors, allons nous doucher ensemble, » dit Cicelnia, ordonnant ça avec sadisme à sa fidèle subordonnée, comme si elle se débarrassait des souvenirs désagréables d’avant.

 

 

 

***

La conférence des souverains se déroulait dans la grande salle de conférence au cinquième et dernier étage de la forteresse.

Les trois individus étaient ensemble jusqu’au quatrième étage, mais en tant que serviteur, Rinne n’était pas autorisée à aller au-delà. Seuls le souverain et sa garde d’honneur étaient autorisés, autrement dit, seuls Cicelnia et Alus passaient par les scanners tenus par des serviteurs. C’était une procédure normale pour s’assurer qu’aucun AWR ou arme ne soit introduit.

Après qu’ils soient passés sans problème, Rinne les avait quittés avec une posture redressée. « Je vous attendrai ici. »

« Oui, je vous verrai plus tard, » dit Cicelnia.

Alus marchait à un pas derrière Cicelnia. Elle portait une robe très similaire à celle de son arrivée, ouverte dans le dos, et le voile couvrait à nouveau son visage. Le voile était une nécessité supposée pour la conférence des souverains. D’après ce qu’Alus avait entendu, il était destiné à maintenir au minimum tout préjugé dû à l’âge ou à la position.

Alors qu’elle semblait avoir récupéré, en y regardant de plus près, les pas de Cicelnia semblaient quelque peu instables.

Je suppose que je suis allé trop loin avec la menace.

En voyant son dos légèrement raide, Alus avait reconnu qu’il était fautif et avait décidé de lui donner un coup de main si nécessaire.

C’était une décision qu’il avait prise après avoir ressenti l’atmosphère anormale qui se dégageait de la grande salle de conférence. C’était un flux de mana d’une densité écrasante qu’il ne pouvait s’empêcher de ressentir même avec les portes fermées.

À cause de l’incident entre Alus et Cicelnia, ils étaient les derniers à arriver. À l’intérieur se trouvaient les souverains et les célèbres magiciens qui les accompagnaient.

Même Alus ressentait un peu de sympathie pour Cicelnia qui devait marcher devant lui en raison de sa position. Plus ils se rapprochaient, plus ses pas devenaient courts et Alus l’avait presque rattrapée.

« Dame Cicelnia ? Voulez-vous que j’aille de l’avant ? »

« Je vais bien. Juste pour que vous sachiez… c’est votre faute si nous sommes en retard. » Cicelnia se retourna pour révéler un sourire crispé, puis prit une profonde inspiration.

Alus s’approcha d’elle et saisit la lourde poignée de la porte. « Alors, allons-y, » dit-il, et il ouvrit la porte.

Quand il l’avait fait, quelque chose avait pratiquement jailli de là.

C’était l’aura de rivalité et de force, ou plutôt un torrent de mana chaotique qui les évaluait. Il soufflait sur eux comme un coup de vent depuis les profondeurs de la pièce.

☆☆☆

Partie 7

Dans la pièce se trouvaient six souverains assis à une table ronde. Et derrière chacun d’entre eux se trouvait un magicien au garde-à-vous. Comme Cicelnia, les autres souverains cachaient également leurs visages derrière des voiles.

La première chose qui attira l’attention d’Alus fut le dôme de mana structuré autour des six souverains. Un annulateur de mana, hein. C’était une magie de haut rang qui pouvait facilement annuler n’importe quel sort.

Il ne savait pas qui l’avait lancé, mais il était clair qu’il n’avait pas utilisé un AWR, donc il n’était pas l’un des Singles pour rien. Je me demande si c’est également destiné à empêcher toute fuite de mana d’atteindre les souverains.

Alors qu’il pensait cela, les yeux de la salle s’étaient concentrés sur eux, mettant la pression. Cependant, ils ne fixaient pas Cicelnia, mais plutôt le garçon derrière elle, Alus lui-même.

Alus avait facilement balayé cette pression et avait jeté un regard sur la pièce.

Et au moment où ses yeux avaient croisé un homme musclé, celui-ci avait fait irruption dans sa direction.

La présence autour de l’homme géant était clairement celle d’un magicien de haut rang. Comme preuve qu’il ne venait pas donner à Alus une poignée de main amicale, il exerçait une pression immense.

Le corps de Cicelnia avait tremblé. L’homme fixait Alus, sans prêter attention à Cicelnia, mais la pression lui donnait l’impression que son petit corps allait être soufflé.

Voyant qu’elle parvenait à rester debout, Alus lui avait donné une note de passage et avait posé sa main sur le dos de la jeune femme. Puis… le mana qu’il déversa en elle généra une chaleur, et il coula à travers son corps raide.

«...!»

Sentant cela, Cicelnia s’était rapidement calmée et s’était concentrée sur cette puissance chaude et douce. Il n’utilisait pas de sort. C’était la première fois qu’elle faisait l’expérience du mana lui-même se déversant en elle.

Son propre mana réagissait à celui d’Alus, et après quelques répulsions et déplacements mineurs, elle pouvait ressentir plus vivement son propre mana. Bien que cela diffère d’une personne à l’autre, sentir le mana circuler dans son corps était très efficace pour augmenter la concentration et se calmer.

Cicelnia n’aurait jamais imaginé qu’une arme utilisée contre les Mamonos aurait aussi ce genre d’usage. En y réfléchissant calmement, elle n’avait fait que se laisser entraîner, et elle avait pu retrouver assez de présence d’esprit pour ne pas faire honte à son statut. Elle jeta un coup d’œil à Alus pendant un moment.

En dehors de la surprise, Alus pouvait sentir une certaine gratitude venant d’elle, mais il avait quelque chose de plus important à faire…

Il fit un pas en avant, se tenant devant Cicelnia.

Une voix forte et sans aucune retenue s’éleva de l’homme géant. « C’est ta première apparition ici et tu es le dernier arrivé. Là, je pensais que tu ne comprenais pas les règles des adultes… mais dire que tu n’étais vraiment qu’un sale gosse ! »

Nous ne sommes pas si en retard… donc c’est une de ces choses, se dit Alus, ayant compris les véritables intentions de l’homme.

Peut-être les autres souverains avaient-ils conspiré pour arriver en avance afin de pouvoir attendre Cicelnia et Alus.

Alus chercha dans ses souvenirs l’homme géant qui parlait d’un ton de voix peu naturel et se souvint du nom du magicien de rang 8, Galgnis Theotort.

L’homme semblait un peu plus âgé, mais il ne devait pas avoir plus de 30 ans. Quant à savoir à quelle nation il appartenait… Alus avait sorti les données qu’il avait sur l’homme dans sa tête et les avait comparées à la personne en face de lui.

Mais les cicatrices sur les muscles saillants de l’homme, inhabituelles chez un magicien, étaient tout de même remarquables. Il y avait d’innombrables cicatrices partout sur lui, des mains aux bras en passant par le visage.

Il avait les cheveux en arrière, un visage anguleux, des yeux vifs et une atmosphère agressive, lui donnant l’impression d’être une bête sauvage.

Impressionnant. Décidant d’évaluer la force de l’homme avant de se rappeler la nation à laquelle il appartenait, Alus s’était retrouvé à respecter ses muscles bien entraînés qui ne perdraient pas face à la magie.

Mais c’est tout. Il n’avait rien trouvé d’autre impressionnant chez l’homme devant lui.

Il semblait que Galgnis était le seul magicien ici qui était ouvertement hostile. Le reste de l’équipe dégageait du mana pour montrer la force de leur nation, mais il n’y avait aucune hostilité ou inimitié.

« Où en est le monde si quelqu’un comme lui est numéro 1 ? Je parie que tu n’as obtenu ce poste qu’en jouant avec les résultats. Alpha a vraiment perdu la main, » dit Galgnis d’un ton condescendant, après avoir cessé d’évaluer Alus.

Et puis, il s’était vanté d’être capable de monter dans le classement en battant Alus.

Sentant combien c’était pénible, Alus avait jeté un coup d’œil vers Jean, qui était resté immobile avec une expression amère. Il semblait se méfier de tout ce qui pourrait avoir un impact sur la position politique de Rusalca.

Lithia avait également envoyé des regards inquiets dans leur direction, mais elle était dans la même position.

Les autres observaient également la situation en silence. Ils avaient probablement leurs propres idées sur la question, mais ils pensaient que c’était une bonne occasion de voir de près les capacités du magicien numéro 1.

Mais si personne n’allait intervenir, cela signifiait aussi que personne ne se plaindrait si Alus faisait quelque chose par lui-même.

Dans ce cas, maintenant…, Alus s’était dit ça alors qu’il considérait ses options.

Il avait déjà abandonné l’idée de résoudre les choses pacifiquement, et délibérait sur la meilleure façon de traiter l’homme et de lui faire reconsidérer son attitude. Il ne se souciait pas d’être méprisé lui-même, mais qu’Alpha soit pris à la légère serait problématique à l’avenir. Surtout avec le Tournoi amical de magie qui se profilait à l’horizon.

Je ne peux pas dire que j’aime ça, mais au final, les choses se passeront comme la princesse l’avait prévu, pensa-t-il en jetant un coup d’œil à Cicelnia derrière lui.

Elle ne semblait pas perturbée, mais Alus avait remarqué que ses doigts fins s’accrochaient à sa manche.

C’était pénible, mais gérer cette situation signifiait montrer la force d’Alpha aux autres souverains, ce qui était aussi le rôle qu’elle lui avait demandé de jouer auparavant.

Face au géant vis-à-vis de qui il devait lever la tête pour le regarder, Alus tapa du pied sur le sol avec une expression de ras-le-bol.

En voyant cela, Galgnis afficha un sourire confiant. Il s’était ensuite mis à faire quelque chose pour provoquer Alus et même la nation d’Alpha.

Au moment où il avait poussé son énorme mana au-delà d’Alus et vers Cicelnia derrière lui — .

Le bruit du sol frappé deux fois, suivi d’un bruit sec comme un fouet qui déchirait l’air, retentit.

« Argh !? »

Le corps massif de Galgnis s’était effondré et il tomba à genoux devant Alus. Avec cela, ils étaient finalement au même niveau de regard.

 

 

Sans perdre un instant, Alus passa son bras autour du cou de Galgnis et attrapa l’épaule du côté opposé. Personne dans la pièce n’avait perçu ce mouvement fluide.

Il approcha ensuite sa bouche de l’oreille de Galgnis et parla froidement. Sa voix était basse, mais son énonciation était suffisamment claire pour que tout le monde dans la pièce puisse l’entendre correctement.

« Range tout de suite ce mana dégoûtant, ou je n’aurai aucun problème à te tuer sur place. »

Sa soif de sang quelque peu sérieuse mêlée à ses paroles avait probablement donné à tout le monde l’impression que la température de la pièce avait baissé de quelques degrés.

Mais Galgnis lui-même semblait lent à comprendre, car il frissonnait de rage, faisant couler encore plus de mana dans son corps massif.

« Je croyais t’avoir dit de le ranger. Ne peux-tu même pas faire quelque chose comme ça ? Bon sang, quelle plaie ! »

En maintenant sa posture, Alus avait libéré son autre type de mana pendant un instant.

Cela s’était produit en un clin d’œil, et le temps que quelqu’un le remarque, le mana qui remplissait la pièce avait disparu sans laisser de trace. Y compris l’annulateur de mana qui protégeait les souverains.

« — !! »

« Quoi — !? »

Tout le monde était étonné de ce qui venait de se passer, et tous fixaient le garçon qui faisait comme si de rien n’était.

Cela incluait Jean aussi, mais c’était inévitable. Alus ne lui avait pas non plus montré ce pouvoir auparavant.

Il avait déchaîné le Dévoreur Gra, sa capacité spéciale qui dévorait le mana. Et il avait tout dévoré en un instant.

Cela devrait être plus que suffisant pour une démonstration de force, pensa Alus. Un phénomène inexplicable invite à la peur. Et cela empêcherait quiconque d’agir de manière trop irréfléchie.

Alus avait retiré son bras de Galgnis et lui avait tapoté l’épaule. « Il n’y aura pas d’autre fois, compris ? »

Il prit ensuite Cicelnia par la main et la guida vers le siège vide près de Galgnis qui était encore figé sous le choc. Elle n’avait toujours pas toute sa tête, mais elle reprit ses esprits lorsqu’elle s’assit.

Sans savoir si cette démonstration de force était suffisante, elle affichait toujours un air satisfait, et l’ambition brûlait dans ses yeux. La façon dont elle avait élégamment réajusté sa façon de s’asseoir sur sa chaise, et avait pris l’initiative de se montrer, indiquait qu’elle ne se laisserait pas faire sans se battre.

Après avoir fait asseoir Cicelnia, Alus avait fait un pas en arrière, ce qui s’était avéré être juste à côté de Galgnis qui était toujours à genoux.

« Ha !? » C’est alors que Galgnis revint à la réalité et donna un coup de poing enchanté.

Le bras déchira l’air, mais Alus ne montra aucun signe d’esquive ou de mesures défensives.

« — !! »

La pièce était devenue silencieuse pendant un instant comme si elle avait été gelée.

Cependant — .

« Galgnis, vous ne devriez pas aller plus loin que ça. »

« Ne crois-tu pas que tu es un peu trop grossier devant les souverains ? »

« Comme c’est disgracieux, mon vieux. »

Jean avait saisi la tête de Galgnis et il l’avait poussée au sol, tandis que le magicien numéro 2 Vajet Olagram avait marché sur son bras gauche, et la magicienne numéro 4, Fanon Trooper, avait retenu son bras droit enchanté avec de la magie et avait balancé son talon, se tenant au-dessus de lui comme pour piétiner son corps.

Retenu par ce groupe de trois, Galgnis ne pouvait pas bouger un muscle.

Du point de vue d’un magicien, il était clair que son action précédente était un réflexe né de la peur. C’est pourquoi il avait utilisé une attaque bâclée consistant simplement à infuser du mana dans son poing. Après avoir vu la différence entre leurs capacités, une telle attaque aurait été comme piquer un éléphant avec une aiguille à coudre. C’était suicidaire. Ce n’était en aucun cas une attaque lancée par hostilité.

On pourrait même dire que Galgnis avait avant d’attaquer déjà perdu la volonté de se battre. C’est pourquoi Alus n’avait même pas pris la peine de s’en occuper, ce n’était pas nécessaire. Mais c’était quelque chose que seuls les magiciens de premier ordre pouvaient dire.

« Arrête ça, Galgnis ! »

Interprétant l’action de Galgnis comme hostile, un homme dans la force de l’âge se leva de son siège en face de la table pour l’empêcher de perdre la vie. Bien que son visage soit caché derrière son voile, à en juger par sa voix, il avait probablement à peu près le même âge que Berwick.

C’était le souverain de Halcapdia, une nation à l’ouest voisine de Rusalca.

☆☆☆

Partie 8

« D-Désolé… J’ai perdu mon calme. » Alors que Galgnis, retenu, répondait docilement au souverain, les trois magiciens le lâchèrent.

Une fois de plus, Alus regarda lentement la pièce, confirmant les personnes qu’il avait vues. À part Jean et Galgnis, il avait fixé chaque nouveau visage.

Le premier était le magicien numéro 2 de la nation orientale d’Iblis, Vajet Olagram. Il était grand et mince et avait des traits de visage réguliers, ce qui en faisait un bel homme. Ses longs cheveux bleu marine étaient soigneusement arrangés derrière sa tête, et ses yeux perçants se cachaient derrière sa frange.

Il avait 26 ans. Il n’avait pas son AWR avec lui maintenant, mais il était connu pour utiliser une épée longue.

La suivante était Fanon Trooper, magicien de rang numéro 4 de Clevideet, la nation voisine d’Alpha sur le côté opposé de Rusalca. Elle était la troisième femme Single. À 19 ans, elle était la deuxième plus jeune après Alus.

Elle avait des cheveux violets clairs attachés sur les côtés. Avec ses 150 cm, elle était de petite taille. Elle avait l’air jeune pour son âge, et Alus avait peur qu’elle s’en prenne à lui aussi. La raison en était qu’il avait entendu des choses négatives à son sujet, mais il semblait qu’elle était plus logique que cela.

Fanon était tristement célèbre pour sa propreté, et il avait entendu des histoires sur la façon dont elle avait écrasé les couilles d’un subordonné qui l’avait touchée alors qu’il était souillé par le sang d’un mamono.

Il avait également entendu des histoires selon lesquelles elle avait demandé au capitaine de l’escouade de la protéger contre les mamonos pendant qu’elle se changeait, car ses vêtements étaient sales, en s’assurant bien sûr qu’une barrière soit solidement fixée autour d’elle.

En d’autres termes, l’annulateur de mana autour des dirigeants était probablement l’œuvre de Fanon.

Experte en magie défensive, elle était connue sous le pseudonyme de Mur de fer. C’est grâce à elle que Clevideet, et non Alpha ou Rusalca, était connue comme la plus robuste des sept nations.

De plus, malgré sa spécialisation dans la défense, elle partait activement en mission dans le monde extérieur, un trait habituellement impensable pour une personne douée en magie défensive. Elle était une combattante dans l’âme. Et c’est probablement sa personnalité qui lui avait permis d’atteindre le statut de Single.

En tant que mâle, Alus pouvait dire ce que Fanon avait écrasé avec son talon pendant que Galgnis était retenu. Il n’avait pas non plus négligé son regard presque extatique et sadique alors qu’elle tenait son talon au-dessus de lui. C’est pourquoi il s’était résolu à ne jamais avoir affaire à elle.

Après s’être finalement levé, alors que tous les regards étaient tournés vers lui, Galgnis s’était agenouillé devant Cicelnia. « Pardonnez mon impolitesse, Dame Cicelnia il Arlzeit. » Dans cette situation, les excuses ne s’adressaient pas à Alus qui servait de garde d’honneur.

« Je suis simplement heureuse qu’aucune des deux parties n’ait été blessée. »

Après que Cicelnia lui ait parlé, Galgnis s’était profondément excusé auprès des souverains des autres nations. Il avait ensuite repris sa position initiale, en gardant les yeux baissés pour montrer sa gratitude.

Comme ses informations l’indiquaient, Galgnis semblait être un homme très agressif, bien qu’il n’ait pas dépassé les attentes d’Alus, il n’y avait donc aucun problème.

Bien sûr, comme il l’avait dit, il ne pardonnera à Galgnis que cette fois.

Finalement, Alus avait tourné son regard vers une personne de plus. Une personne qui ne montrait aucune préoccupation pour ce qui venait de se passer.

Il n’avait pas réagi, dans le sens où il n’avait pas bougé, mais il ne semblait pas du tout préoccupé par cette épreuve, même si Galgnis devait mourir… Cette indifférence et cette froideur étaient similaires à celles d’Alus, d’une certaine manière.

C’était le magicien de rang numéro 5 originaire de la nation nordique d’Hydrange, Kurokel Ifertas.

Il était appuyé contre le mur, tout seul, en train de lire un livre. Il avait à peu près l’âge de Jean. Plus précisément, il avait 23 ans, était mince, portait des lunettes à monture noire et donnait une impression de calme.

Kurokel avait une frange cendrée qui pendait sur ses yeux, et le reste de ses cheveux était légèrement en désordre. D’un point de vue esthétique, il avait l’air du type de gars qui n’aimait pas se battre.

Comme Hydrange était à l’opposé de Babel par rapport à Alpha, les informations en provenance de là-bas étaient rares, mais comme Balmes, elle avait peu de territoire et pas grand-chose à se vanter quant à leur bataille contre les Mamonos. C’était probablement parce que Kurokel ne partait pas en mission dans le Monde extérieur.

La première impression d’Alus fut qu’il était moins un combattant qu’un érudit excentrique et frêle. Pensant qu’ils pourraient peut-être échanger des notes de recherche, il jeta un coup d’œil au livre qu’il tenait.

Ah, pas bon. C’est un roman.

Ça avait l’air d’être une grande épopée. Mais lorsqu’il vit que tous les chefs s’étaient réunis, il ferma le livre et se positionna derrière le chef de Hydrange pour remplir son devoir de garde.

C’est à peu près tout ce qui ressortait de lui, pensa Alus, en se retournant vers Cicelnia.

« Je suis désolé, Lady Cicelnia. »

« Il n’y a pas besoin de s’inquiéter, je vais bien. »

Alus avait vu le souverain d’Halcapdia s’excuser une fois de plus auprès de Cicelnia de ne pas avoir pu empêcher Galgnis de se déchaîner.

« Je vais vraiment bien. C’est plutôt à lui que vous devriez parler. »

Alors que Cicelnia regardait Alus, le souverain d’Halcapdia se tourna vers Alus. « Je suis désolé pour cela, Sire Alus. Permettez-moi de m’excuser en… »

Plus quelqu’un était riche, plus il avait tendance à résoudre ses problèmes avec de l’argent. Alus haussa intérieurement les épaules devant cette façon de penser noble, mais il ne pouvait pas l’ignorer quand il était généreux. Ne pas tenir compte de la bonne volonté d’un souverain n’était pas une bonne chose.

C’est pourquoi il avait trouvé une autre façon de résoudre les choses sans avoir recours à l’argent, et avait levé la main pour arrêter le souverain. « Ce n’est pas nécessaire. Au lieu de cela, pourriez-vous me permettre de dire quelque chose ? »

Les souverains s’étaient regardés, mais il n’y avait pas d’objections. En les représentant, le souverain d’Halcapdia avait donné son accord à Alus en hochant la tête.

« Eh bien, il y a un magicien que je ne connais pas ici, pourriez-vous le présenter ? » demanda Alus, en regardant vers le souverain de Balmes, et les autres firent de même. Toutes les personnes présentes s’étaient en fait demandé la même chose.

Derrière le dirigeant de Balmes se tenait un homme âgé à l’air terne.

Depuis le début de l’incident avec Galgnis, il tremblait de peur, des sueurs froides coulaient sur son front.

Il n’était pas fait pour cet endroit, il s’était rétracté au point de presque disparaître. Son être même semblait respirer la faiblesse.

C’était à tel point qu’on se sentait presque mal pour lui. Lorsque la discussion s’était portée sur lui, son visage était devenu pâle et il avait tressailli rien qu’aux paroles d’Alus.

Si Alus avait vraiment de la considération pour cet homme, il aurait peut-être mieux fait de le laisser tranquille. Mais si c’était un Single, Alus voulait au moins savoir son nom.

Peut-être pour essuyer la sueur, le souverain de Balmes avait apporté un mouchoir sous son voile dans un moment d’agitation.

Comme les choses n’avançaient pas, Alus avait évoqué un nom familier. « Serait-ce Monsieur Duncal ? »

Ce n’est pas le souverain en surpoids de Balmes qui lui répondit, mais l’homme lui-même. « N-Non… Je suis Bebet Ijous. J’ai tout récemment atteint le rang de 74. Un rang dont quelqu’un d’aussi inexpérimenté que moi n’est pas digne… pouvoir me retrouver face à face avec vous, un Single cette fois est un h-honneur…, » balbutia-t-il en se présentant d’une voix tremblante.

Le dirigeant de Balmes avait poursuivi. « Sire Duncal est actuellement en mission, il le remplace donc. »

Oh oui, je crois que Jean a dit quelque chose à ce sujet. Mais dans ce cas, ils auraient pu se contenter d’amener Gileada qui était classée numéro 20. C’était aussi une ancienne Single, s’était dit Alus. Mais si elle n’était pas là, Gileada pourrait aussi participer à cette mission.

Il avait encore des doutes, mais mettre son nez dans les affaires des autres nations, c’était dépasser ses limites. De toute façon, s’il n’était pas un Single, il n’était pas nécessaire d’en savoir plus sur lui, et Alus s’était donc désintéressé de lui.

Cependant, peu importe à quel point il se distinguait ici, ne pas être capable de se présenter correctement ne faisait que souiller la dignité de sa nation. Bebet, probablement âgé d’une trentaine d’années, avait l’air vraiment pitoyable. Vu son air timide, il se mouillerait probablement avant Cicelnia si quelque chose devait arriver.

Le souverain de Balmes soupira d’exaspération devant le comportement déshonorant de Bebet, mais ce fut tout. Peut-être n’était-il pas trop préoccupé par sa réputation.

Bebet avait dû être submergé par le mana dense de Galgnis qu’il avait libéré pendant l’incident, et le magicien avait été facilement mis à genoux par Alus. Au rang 74, il avait dû être bien conscient de la différence de capacité et de la façon dont il n’était pas à sa place.

S’il devait être aussi nerveux, alors il aurait dû être à l’intérieur de l’annulateur de mana aux côtés des dirigeants, pensa Alus, comme si cela n’avait rien à voir avec lui. Mais il s’était vite ravisé, car cela aurait été bien plus déshonorant. Si un magicien représentant la force de cette nation devait faire cela, toute dignité qu’ils avaient serait perdue.

« Cela suffira-t-il, Sire Alus ? »

« Oui, merci beaucoup, » répondit Alus au dirigeant de Balmes, et mit fin au sujet.

Il avait ensuite dirigé son attention vers Cicelnia. De sa position derrière et légèrement sur le côté, il pouvait voir les bords de ses lèvres se retrousser en un sourire.

Alus ne savait pas à quoi elle pensait. Y avait-il vraiment quelque chose de si intéressant dans ce dont ils venaient de parler ? Il n’en avait pas la moindre idée. De plus, ils étaient dans des positions complètement différentes. Ce qu’ils avaient vécu et vu était également différent.

« Bon, nous sommes tous occupés, alors allons droit au but, n’est-ce pas ? » dit le souverain d’Halcapdia, et donna le signal du début de la conférence.

« Eh bien, il n’y a pas besoin d’être si pressé. Ce n’est pas souvent que nous nous réunissons tous. »

« Sans compter que Sire Alus est là cette fois, alors pourquoi ne pas y aller un peu plus doucement ? »

Essayant de ne pas perdre l’initiative, les autres souverains prirent la parole.

Mais la voix de Lithia n’était pas parmi elles. Jean lui avait chuchoté quelque chose à l’oreille, et elle était restée silencieuse à sa place.

« Tout le monde, je ne crois pas que des remarques avec ce genre d’intentions conviennent à cet endroit, » dit Cicelnia avec un grand sourire, en tapant sur la table et en appelant les souverains à l’attention.

En voyant Alus se tenir sans expression derrière elle, personne d’autre n’avait pris la parole. Il y en avait quelques-uns avec des regards amers, mais c’était tout. Cette fois, c’était Alpha qui était arrivé en tête.

La salle étant devenue silencieuse, Cicelnia avait d’abord fait sa proclamation. « La nation d’Alpha approuve l’ouverture du 40e Tournoi amical annuel de magie des Sept Nations. » Elle avait apposé le sceau que seuls les souverains étaient autorisés à utiliser sur un épais parchemin qu’elle avait ensuite posé sur la table.

☆☆☆

Partie 9

Cicelnia avait fait tourner le plateau tournant et avait arrêté le parchemin devant le dirigeant suivant.

Il était d’usage de soulever toute objection avant d’apposer le sceau du souverain sur le parchemin. Et lorsqu’une objection était soulevée, une discussion avait lieu sur la question. De ce fait, ces conférences duraient parfois jusqu’à trois jours.

Lithia de Rusalca avait fait de même et avait consenti au tournoi en apposant son sceau sur le parchemin.

Ce faisant, elle avait soudain pris la parole comme si elle se souvenait de quelque chose. « En parlant de cela, je me souviens avoir entendu que Sire Alus participera cette année. »

« — !! »

Un étonnement silencieux s’était visiblement répandu non seulement parmi les souverains, mais aussi parmi les magiciens, bien qu’il soit beaucoup plus visible chez les souverains.

En revanche, Cicelnia avait agi comme si cela n’avait rien à voir. « Alus s’est inscrit à l’Institut cette année, c’est donc un droit acquis, n’est-ce pas ? »

« Personne n’a parlé d’interdire sa participation, Mme Cicelnia. Mais en tant que magicien avec le titre de Single, je m’inquiétais simplement du cas improbable où quelque chose pourrait arriver aux autres élèves participants, » dit Lithia.

Ces mots avaient permis aux dirigeants de se souvenir de la différence de capacité et du risque d’accident pendant les matchs. Ils voulaient éviter de perdre le potentiel de combat futur à cause d’accidents inattendus.

Seul Alus pouvait donner la réponse la plus précise à l’inquiétude de Lithia. « À cet égard, je souhaite que vous fassiez confiance à mes capacités de magicien Single. Je peux vous garantir qu’il n’y aura pas de cas aussi improbable. »

«...! Oh non, je ne doutais pas de vos capacités, Sire Alus ! »

Et puis quoi, voulait dire Alus, mais il s’était tu. Peut-être que le fait qu’il lui donne une réponse directe était inattendu, car Lithia s’était empressée de se corriger.

Alus avait souri. « Mais je peux comprendre que vous vous inquiétiez. »

En entendant cela, les autres souverains avaient eu un regard de soulagement. On ne sait pas si c’était parce qu’ils n’avaient pas à subir la colère d’Alus une seconde fois, ou s’ils étaient heureux de savoir que leurs élèves seraient en sécurité pendant le tournoi.

Après cela, le parchemin avait été envoyé en douceur de souverain en souverain.

Jusqu’à ce qu’il s’arrête brusquement devant le dirigeant de Balmes.

Tout le monde le regarda avec suspicion.

Après avoir hésité un moment, il avait pris la parole. « J’ai une proposition à faire… et si on assouplissait les restrictions cette année ? »

Le souverain de Balmes avait observé les réactions de chacun lorsqu’il avait fait sa suggestion. Son expression extérieure semblait calme tandis qu’il vérifiait leurs réponses, mais en réalité, il montrait une façade courageuse pour que personne ne se rende compte qu’il avait très peur lorsqu’il avait fait sa proposition.

Il y avait déjà eu des suggestions pour modifier les règles établies du tournoi dans le passé, mais la plupart avaient été résolues presque immédiatement, et les choses s’étaient déroulées sans heurts depuis que Cicelnia était devenue souveraine.

« Les desserrer comment, précisément ? » demanda le dirigeant le plus proche de Balmes.

« Eh bien, plus précisément, je ne pense pas que ce serait même considéré comme une restriction. Je suggère simplement que nous autorisions officiellement le recrutement d’étudiants. »

« — !! »

Il avait soigneusement omis « d’autres nations », mais le trouble s’était clairement répandu parmi les autres dirigeants.

L’invitation d’étudiants d’autres nations qui avaient attiré l’attention du souverain pendant le tournoi était mal vue. Les souhaits de l’individu étaient respectés autant que possible, mais dans ces cas-là, les nations concernées avaient une discussion politique entre elles en coulisses.

Cette suggestion visait à rendre ce genre de mouvements plus visibles. Balmes était en fait la nation qui avait le plus d’appréhensions quant à sa survie. Les doubles mis à part, en ce qui concerne les Singles, il y avait des rumeurs selon lesquelles ils falsifiaient les résultats pour les faire monter, et ils manquaient de puissance de feu sérieuse. C’est pourquoi tous les dirigeants présents avaient compris que Balmes voulait s’assurer des étudiants prometteurs.

Ils pouvaient comprendre sa motivation, mais lorsqu’il s’agissait de risquer la perte de leurs magiciens novices, c’était une autre histoire.

Ils ne voulaient pas seulement avoir assez pour reconstituer leur armée, mais aussi laisser de la place pour la croissance dans le futur, et qu’une autre nation leur vole cela affecterait la puissance future de cette nation. Aucune des personnes présentes n’approuverait cette suggestion, même s’il s’agissait d’égaliser la force militaire entre toutes les nations afin qu’elles puissent protéger l’humanité comme une seule.

Le problème était de savoir si cette suggestion avait été faite après avoir été témoin de la démonstration de force d’Alus, ou si elle avait été pensée avant.

Ou plutôt, de toute façon, c’était problématique. Surtout pour Alpha.

« Je ne peux pas le permettre. »

Cicelnia, bien sûr, avait été la première à prendre la parole. En même temps, elle avait jeté un regard vif dans la direction de Lithia, puis avait regardé un peu anxieusement vers Alus.

Du point de vue de Cicelnia, cette situation avait été provoquée par Lithia qui avait mentionné la participation d’Alus au tournoi. Dans le pire des cas, elle pourrait avoir collaboré avec le souverain de Balmes pour que cela se produise.

Il était également clair qu’elle était dérangée par ce qui pouvait être décrit comme une démonstration excessive de respect pour Lithia dans les escaliers.

Pour Alus, ce n’était rien d’autre qu’un moyen de se venger de son chef égoïste, mais pour Cicelnia, la menace de son départ vers une autre nation semblait étrangement réelle, bien qu’Alus n’ait pas l’intention de faire quelque chose comme ça.

En tant qu’étudiant participant au tournoi, Alus était une cible potentielle pour le recrutement. Si le souverain de Balmes avait fait cette suggestion pour saisir cette chance… Cicelnia avait frissonné à cette idée.

« Balmes a peu de magiciens. À ce rythme, nous risquons de ne pas pouvoir répondre à une urgence, » avait déclaré le souverain de Balmes, en lançant un appel émotionnel.

Exposer la faiblesse de sa propre nation était honteux, mais l’état de sa nation était clair pour tout le monde, et s’il était possible de reconstituer les magiciens de la nation en abandonnant sa fierté, il n’était pas contre le faire. Parmi les dirigeants, il semblait moins intéressé à sauver les apparences. C’est pourquoi, même s’il pouvait être sous-estimé, il pouvait être tout à fait utile.

Les yeux de Cicelnia parcouraient la pièce sans relâche. C’est mauvais.

Personne d’autre n’avait immédiatement soulevé d’objections. Au contraire, ils semblaient prendre sa proposition en considération.

Cette suggestion comportait le risque pour une nation de perdre son propre personnel. Normalement, ce genre de suggestion ne se ferait pas sans heurts, mais il semblerait que l’éclat d’Alus, que Cicelnia avait été heureuse de voir, jouait contre elle.

À ce rythme, la proposition du souverain de Balmes serait considérée sérieusement. Qu’il y ait des objections ou non, la décision sera prise à la majorité des voix après une discussion.

Cicelnia avait imaginé la perte incommensurable que représenterait le départ d’Alus vers une autre nation. En effet, risquer de perdre le plus grand magicien n’était rien d’autre qu’un énorme démérite. Elle savait qu’Alus était responsable de la majorité des gains militaires qui avaient fait d’Alpha la puissante nation qu’elle était. C’est elle qui avait présidé les cérémonies de remise des prix, après tout.

En fait, même si tous les autres étudiants d’Alpha étaient volés par d’autres nations, tant qu’Alus resterait, cela en vaudrait la peine.

À part Cicelnia, le souverain de Balmes avait noté le silence et avait continué avec un sourire, « Il semble que tout le monde pense que cela mérite d’être considéré. Alors devrions-nous organiser un vote à ce sujet ? »

« Veuillez patienter un moment. Je ne sais pas trop quoi penser de la façon dont une nation pourrait survivre si elle s’appuie si facilement sur les forces d’autres nations pour renforcer les siennes. Bien que cela puisse fonctionner pendant un certain temps, une nation sera-t-elle vraiment capable de se défendre à l’avenir en utilisant ce genre de méthode ? Dans le cas d’une invasion par un mamono de haut niveau, il suffirait de demander l’aide d’une autre nation. Bien sûr, Alpha n’hésitera pas à offrir son aide si cela se produit. »

Cicelnia s’attendait à recevoir une réfutation, mais elle ne pouvait s’empêcher d’essayer. Les conséquences potentielles étaient bien trop graves pour qu’elle attende de voir les résultats. Il était concevable qu’Alpha redevienne une nation faible.

Bien qu’ayant le rang 7, Lettie, Alus valait son pesant, et la perte du statut d’Alpha détruirait également les ambitions de Cicelnia.

« L’opinion de Dame Cicelnia est effectivement un bon point, mais nous devons regarder la réalité qui est le présent avant le futur. Nous sommes dans une position où nous devons prendre la main et protéger l’humanité… la violation des frontières d’une seule nation mettrait Babel en danger. Même si nous demandons l’aide d’autres nations en cas d’urgence, croyez-vous que les Mamonos attendront simplement l’arrivée des renforts ? » demanda le souverain de Balmes à la salle.

«...! Alors, permettez-moi au moins de faire une autre suggestion…, » Cicelnia s’était sentie troublée intérieurement, mais elle était restée calme et avait souri en s’adressant sans détour aux dirigeants. « Je propose que nous choisissions les participants à la démonstration parmi les concurrents. »

Une légère agitation avait envahi la pièce. La coutume voulait que les magiciens en service actif organisent un spectacle d’arts martiaux pendant le tournoi, ce à quoi Cicelnia faisait référence en parlant de « démonstration ». C’était aussi une démonstration de force de la part de chacune des nations. Sa façon détournée d’y faire référence était sa façon de résister un peu.

« C’est une idée merveilleuse. Surtout, elle encouragera les concurrents. Cette année sera plus excitante que jamais. » Le souverain de Balmes, qui avait proposé d’assouplir les restrictions, avait pris l’initiative de donner son aval. Bien sûr, il savait déjà à quel concurrent Cicelnia pensait pour la démonstration d’Alpha.

Cela rendait son approbation d’autant plus étrange, mais il y avait toujours la possibilité que la suggestion du souverain de Balmes ne visait pas à voler Alus.

De toute façon, ce n’était même pas une suggestion. Cicelnia informait simplement les autres qu’elle le ferait participer à la démonstration. C’était le travail des magiciens en service actif de rendre le tournoi encore plus excitant.

Alus avait froidement observé cet échange. Pour lui, ce n’était qu’une farce.

Il n’avait pas l’intention de quitter Alpha avant d’avoir remboursé sa dette à Berwick, quelles que soient les conditions avantageuses qu’on lui proposait.

Il pourrait l’envisager, si on lui disait qu’il n’aurait plus jamais à combattre les mamonos ou les ennemis internes — mais quelle nation voudrait d’un tel magicien ?

Cependant, il n’y avait aucun moyen pour Cicelnia ou les autres souverains de savoir ce que pensait Alus. Même s’il le mentionnait, personne ne le croirait dans un endroit comme celui-ci. Peu importe combien de fois il avait essayé de dire à Cicelnia de ne pas s’inquiéter, elle avait toujours des doutes.

Peut-être parce que les autres nations à part Alpha partageaient un intérêt commun, ou peut-être parce que la démonstration de force d’Alus avait été plus impressionnante que prévu, la situation s’était retournée contre Cicelnia.

Le souverain de Balmes déclara. « Alors, une fois de plus, nous allons procéder à un vote. Ceux qui sont d’accord lèvent la main. »

Le résultat était de cinq pour, et deux contre. De façon assez surprenante, Lithia de Rusalca avait été l’autre à voter contre, même si c’est elle qui avait parlé de la participation d’Alus qui avait provoqué le vote. Cicelnia était sûre qu’elle voterait aussi pour, mais il semblerait que Lithia ne s’attendait pas non plus à ce que cela se produise.

En y repensant, Lithia en avait parlé après avoir apposé son sceau sur le parchemin, donc elle n’aurait pas dû avoir d’objections. En d’autres termes, Rusalca et Balmes ne travaillaient pas ensemble.

Mais le résultat était déjà déterminé. Pour Cicelnia, c’était le pire possible. Elle s’était mordu la lèvre en colère silencieuse sous son voile.

☆☆☆

Partie 10

« Je tiens à remercier tous les dirigeants des nations d’avoir pris en considération la détresse de Balmes. »

Un nouveau parchemin, comprenant l’article permettant le recrutement des participants au tournoi, avait été rédigé et le souverain de Balmes y avait apposé calmement son sceau.

Obéissant au vote de la majorité, Cicelnia l’avait tamponné d’une main tremblante et Lithia avait fait de même dans une résignation tranquille.

« Ainsi, la conférence prend fin, » déclara le dirigeant de Balmes en se levant de son siège. Les autres souverains suivirent l’un après l’autre, laissant seulement les souverains de Rusalca et d’Alpha à la table.

« Mme Lithia, comment allez-vous vous rattraper ? » N’ayant pas d’autre endroit pour exprimer son chagrin, Cicelnia l’avait dirigé vers Lithia.

« Je ne pensais pas qu’on en arriverait là. » Les épaules de Lithia s’affaissèrent, et les deux souveraines poussèrent de lourds soupirs. « Je doute de toute façon que quiconque soit capable de recruter Sire Alus. Mais pour être honnête, si Jean n’était pas en bons termes avec lui, me laissant dans l’ignorance de sa personnalité, j’aurais voté pour. »

« — ! »

Lithia avait adressé à Cicelnia un sourire un peu malveillant, puis avait jeté un coup d’œil sur le côté.

« Je suppose que tu ne viendras pas chez nous, n’est-ce pas, Alus ? »

« Pas pour le moment en tout cas, » avait répondu Alus avec désinvolture à la question de Jean.

« Ce qui veut dire… Lady Lithia. »

« Je sais. Nous avons aussi d’excellents magiciens que nous ne pouvons pas nous permettre de nous faire arracher cette année. » Lithia soupira une fois de plus. « Prenez au moins des contre-mesures, » dit-elle à Jean, en lui donnant quelques instructions.

L’attitude de Rusalca mise à part, Cicelnia avait du mal à croire au déni d’Alus concernant le déménagement dans une autre nation, d’autant plus qu’Alus avait répondu par un « Pas pour le moment ».

Perdre un triple chiffre ou un élève était une chose, mais perdre un Single était inouï, et Cicelnia semblait penser que ce n’était pas impossible. En réalité, derrière son expression amère, elle réfléchissait désespérément à des plans pour éviter qu’il ne soit volé. Pour l’instant, elle rencontrerait Berwick à la première heure de son retour.

« Comprenez-vous, Alus ? »

D’après le ton de sa voix, la menace de l’escalier avait été très efficace, car il n’y avait pas de nuance hautaine dans ses mots. Si l’on devait dire quelque chose, alors c’était qu’elle avait plaidé auprès de lui.

Et comme pour le prouver, elle avait continué. « Ne quittez pas Alpha. S’il vous plaît. » Elle avait dit cela d’une petite voix, avec un regard inquiet sous son voile. Ce ton étonnamment timide avait surpris Cicelnia elle-même.

Lithia avait été surprise de voir ça. Bien que la relation entre le dirigeant et le Single soit différente dans chaque nation, le dirigeant était généralement au sommet. De plus, elle avait une rivalité, ainsi qu’un sens de la solidarité, avec la souveraine d’Alpha, elle savait donc à quel point elle pouvait être inflexible.

Mais à cet égard, Alus était tout simplement trop spécial. Seule une poignée de personnes au sein d’Alpha connaissait la raison de la force apparemment infinie d’Alus et savait que tant de réalisations d’Alpha avaient été accomplies uniquement grâce à lui.

Selon toutes les apparences, il n’était qu’un garçon, mais en ce moment, il se trouvait au centre d’un tourbillon de politique concernant les sept dirigeants qui mèneront l’humanité vers l’avenir. Cependant, il était douteux qu’Alus soit conscient de cela.

« Je n’en ai pas l’intention, » dit Alus, haussant les épaules devant les inquiétudes de Cicelnia, mais à cause de sa position, elle ne pouvait pas le prendre au mot.

Même s’il ne disait pas la vérité, il ne serait pas puni. S’il était puni, il pourrait vraiment quitter Alpha.

« Cela dit, bien que le Single de Balmes puisse être en constante évolution, j’avais l’impression qu’ils avaient un certain nombre de Doubles à leur disposition, » Jean avait exprimé cette opinion de manière presque décontractée en inclinant la tête.

Lithia avait pris la parole en réponse. « C’est peut-être vrai, mais ils ont aussi un nombre inférieur de magiciens par rapport aux autres nations. Sans la puissance écrasante d’un Single, un manque de magiciens est quelque chose de préoccupant… Mais honnêtement, je ne pensais pas qu’ils étaient dans une situation aussi urgente. Bien qu’il ait aussi été question d’envoyer une équipe de secours à Balmes en Rusalca. »

Des voix s’étaient également élevées dans d’autres nations pour s’inquiéter de la force nationale de Balmes. Cela avait pratiquement servi d’excuse pendant la conférence, mais même une seule nation incapable de maintenir la ligne de front contre les Mamonos serait un coup douloureux pour l’humanité.

« Eh bien, il n’y a plus rien à faire maintenant. Je vais retourner sur Alpha dès que possible. Et vous ? »

« Nous devrons également tenir une discussion à Rusalca. Cela ne nécessitera peut-être pas de mesures immédiates, mais nous devrons agir de manière à éviter toute suspicion. »

Les restrictions sur le recrutement d’étudiants ayant été officiellement assouplies, toute tentative trop forcée d’empêcher cela provoquerait la discorde entre les nations. Tout geste imprudent risquerait de les mettre au ban de la société, la prudence est donc de mise.

Malgré cela, Cicelnia était déterminée à faire tout ce qu’il fallait pour garder la main sur Alus.

« Alors, je vais prendre congé d’ici. Nous nous retrouverons au prochain Tournoi amical de magie, Mme Lithia. »

« En effet, mais Rusalca sera le vainqueur. »

La seule réponse de Cicelnia fut un sourire sans peur. Elle avait quitté la pièce, emmenant Alus.

Les deux souveraines étaient censées être en mauvais termes, mais en ce moment, elles parlaient comme de vieilles amies. C’était peut-être parce qu’il s’agissait de deux souveraines proches en âge et en personnalité que cela s’était produit.

Les autres souverains étaient partis depuis longtemps, et personne d’autre n’était dans le couloir lorsque Cicelnia avait accéléré le pas. Le dîner était également au programme, mais elle allait l’annuler et rentrer chez elle avec Rinne.

Le temps que les deux soient dehors, il était déjà midi passé.

Deux carrosses les attendaient. L’une était grande et luxueuse, très probablement préparée pour Alus et Cicelnia. Il était clair au premier coup d’œil qu’elle était destinée à un souverain ou à la noblesse.

Rinne avait immédiatement remarqué la mauvaise humeur de son maître et avait interrogé Alus d’un regard, mais celui-ci avait haussé les épaules avec un soupir comme pour dire de lui demander vous-même.

Une fois Cicelnia et Rinne à l’intérieur, Alus avait décidé de fermer la porte.

« Qu’est-ce que vous faites ? Dépêchez-vous de monter, » dit Cicelnia avec méfiance. Normalement, ce n’est pas n’importe qui qui pouvait monter dans le même carrosse qu’un souverain, mais Alus était un Single et était venu ici pour son bien.

Mais Alus secoua la tête. « Non, j’ai des affaires à régler. »

« ...! » Une expression clairement mécontente pouvait être vue à travers les fentes du voile de Cicelnia. Un instant plus tard… « Alus, je sais que je ne peux pas vous donner d’ordres, mais quels avantages pourriez-vous avoir à me mettre encore plus en colère ? Ou est-ce juste votre hobby ? »

Alus était bien conscient que le fait de rester derrière lui ne ferait qu’attirer d’autres soupçons, surtout après ce qui s’était passé. Mais en même temps, cela ne signifiait pas grand-chose pour lui. « Vous pouvez l’interpréter comme vous le souhaitez. » Il avait l’impression qu’elle n’avait pas le droit de mettre son nez dans ses affaires.

De manière assez inattendue, sa réponse avait pris la forme d’un coup de pied mal élevé qui était sortie par la porte de la voiture. À ce rythme, sa jambe pourrait être écrasée dans la porte.

Puisque continuer plus longtemps ne ferait que perdre plus de temps, Alus lui avait donné une brève explication. « C’est un peu une affaire personnelle. Je dois parler à Jean de quelque chose. Il est toujours là, alors je me suis dit que je devais lui parler tant que je le pouvais. »

« Ce n’est pas possible ! Si vous voulez parler avec quelqu’un d’une autre nation, alors faites-le où je peux vous voir. Lithia a aussi dit qu’elle reviendrait tout de suite, donc ça ne devrait pas être long. Nous allons attendre ici jusqu’à ce moment. Compris, Rinne ? »

« … Alors je suppose que je vais amener Jean ici. Et si vous voulez rentrer le plus vite possible, ne vous en mêlez pas. »

Au moment où Alus finissait de dire cela, Lithia et Jean étaient apparus à l’entrée de la forteresse. Il semblerait que la deuxième voiture était pour Rusalca. Avec Cicelnia et Rinne qui le surveillaient, Alus s’était dirigé vers eux.

« Jean, as-tu un moment ? »

« Qu’y a-t-il, Alus ? »

Jean arborait une expression amicale, mais en voyant la luxueuse voiture dans laquelle se trouvait Cicelnia et la façon dont elle semblait les observer, son visage était devenu confus.

Le laissant de côté pour un moment, Alus avait parlé à Lithia. « Dame Lithia, puis-je vous emprunter Jean un instant ? »

« Ça ne me dérange pas, mais…, » Lithia avait regardé avec méfiance la voiture de Cicelnia.

« On dirait qu’elle s’inquiète que vous puissiez m’acheter. »

« Hmm, il semble que vous ayez vos propres problèmes, Sire Alus. Si jamais vous en avez assez de sa jalousie, vous êtes toujours le bienvenu à Rusalca. Nous vous réserverons un accueil chaleureux. » Ayant compris la situation, Lithia offrit à Alus un sourire ensorcelant, et il ne put que répondre par un sourire en coin.

Je suppose qu’on ne peut rien y faire, pensa Alus en se grattant la tête. Il avait été un peu négligent. S’il amenait Jean avec lui, il entrerait bien sûr en contact avec Cicelnia. S’il voulait maintenir l’équité, il devrait lui parler là où Lithia pourrait aussi les voir.

Finalement, après quelques discussions, Lithia avait cédé, et il avait été décidé que tout le monde entrerait dans la voiture de Cicelnia pour parler.

Malheureusement pour Rinne, elle avait été laissée à l’extérieur pour assurer la détection afin d’empêcher quiconque d’écouter leur conversation. C’était aussi en partie parce que la voiture était conçue pour transporter quatre personnes au maximum.

« Alors, de quoi voulais-tu parler, Alus ? » avait demandé Jean d’emblée.

« Je vais faire court. Vers quelle date l’extermination à grande échelle de Balmes a-t-elle commencé ? »

« Je ne l’ai entendu moi-même que de seconde main, donc je ne connais pas tous les détails, mais en comptant depuis le début de la mission, cela aurait dû être au moins deux mois. »

« Cela fait si longtemps ? Ont-ils vraiment mené activement leur opération depuis si longtemps ? »

« … Ouais, en y réfléchissant, ça a duré assez longtemps. Eh bien, ils ont envoyé leurs précieuses forces, alors peut-être qu’ils sont très prudents. »

Ce n’était pas comme si Alus ne pouvait pas le comprendre. Ils avaient déployé beaucoup de leurs magiciens et même le numéro 9, Duncal, les dirigeait.

Mais il y avait quelque chose qui le dérangeait. Selon Budna, les AWRs et autres armes avaient commencé à sortir de la nation il y a environ un mois. Si c’était lié aux préparatifs de Balmes, cela aurait dû se produire avant le début de leur opération. Il serait anormal que de telles quantités se déplacent après le début de l’opération. Il était possible que cela n’ait rien à voir avec les Balmes, mais cela semblait louche.

« Est-ce que Gileada participe aussi ? Le sais-tu ? »

« Aucune idée. Mais ce numéro 74 était ici, donc comme elle n’était pas à la conférence, elle y participe probablement. »

Essayant de rassembler les pièces du puzzle, Alus s’était plongé dans une contemplation silencieuse pendant un moment.

☆☆☆

Partie 11

Cicelnia semblait vouloir dire quelque chose, tandis que Lithia écoutait en silence. Juste au moment où Alus se rendait compte qu’il ne devrait pas les garder ici plus longtemps, Rinne frappa légèrement à la porte du carrosse.

« Sire Alus, quatre serviteurs de la forteresse approchent. »

« J’ai compris. Jean, une dernière chose… les capacités de Duncal sont-elles dignes d’un Single ? Comment comparerais-tu Gileada à Duncal ? » Alus n’avait vu que des informations écrites sur Gileada. Si le Single et le Double avaient échangé leurs places comme Jean l’avait dit, alors Gileada avait abandonné son siège de Single en moins de six mois. De plus, Alus ne savait rien de Duncal.

« Désolé, mais je ne connais rien d’autre de Duncal que son nom. Mais je ne pense pas qu’il y ait beaucoup de différence entre lui et Mme Gileada. Donc je suppose qu’il serait un peu faiblard, peut-être deux pas derrière Galgnis qui est numéro 8. Mais je pense qu’il est plus proche du rang 9. »

« Je vois, j’ai compris. Merci. »

Après une courte pause, Alus déclara à Lithia. « Dame Lithia, je suis désolé d’avoir pris votre temps. »

« Je vais bien. Mais est-ce tout ? »

« Oui, ce n’est pas très intéressant, je vais donc en rester là. Et si vous le voulez bien, je préparerai un sujet plus raisonnable si je me retrouve à Rusalca. »

Jean descendit le premier de la voiture et tendit la main à une Lithia souriante, laissant derrière lui une Cicelnia gelée.

« Les choses seront occupées pendant le tournoi, mais une fois qu’il sera terminé, j’enverrai une lettre d’invitation. »

« J’ai hâte d’y être, » dit Alus, faisant de son mieux pour garder son visage diplomatique malgré qu’il soit proche de sa limite.

Une fois les deux personnes à l’extérieur, Rinne était revenue et la voiture s’était avancé rapidement.

« Vous appelez ça une affaire privée… J’ai fait le bon choix en écoutant, » avait déclaré Cicelnia.

« C’est définitivement une affaire privée. Je n’ai pas l’intention de rapporter à qui que ce soit ce que j’ai entendu de Jean. »

Les questions militaires et le Monde extérieur étaient confiés au Gouverneur Général, donc depuis la position de Cicelnia en tant que souveraine sans aucune expérience de magicien, elle ne pouvait pas pleinement saisir le sens de la conversation d’Alus et de Jean. Cependant, elle pouvait plus ou moins deviner la situation d’après leurs expressions et le ton de leur voix.

Alus avait confirmé si Duncal et Gileada, les plus forts magiciens de Balmes, faisaient partie de l’opération. Et après avoir obtenu une réponse, son attitude avait un peu changé. Le plus grand magicien pourrait se douter que quelque chose d’anormal se passait.

Une fois qu’elle eut cette pensée, Cicelnia se plongea plus profondément dans ses spéculations. Et si quelque chose se cachait derrière la proposition faite par le souverain de Balmes lors de la conférence… ?

Si son hypothèse était correcte, alors il devait y avoir quelque chose d’inexplicable dans l’opération d’élimination de Balmes.

Cicelnia s’était soudainement rendu compte de quelque chose, et avait rapproché son visage d’Alus pour le lui demander. Elle s’était débarrassée de ce voile gênant après la fin de la conférence et la sortie de Lithia du carrosse. « … Est-il vrai que vous n’avez pas l’intention de le signaler à qui que ce soit ? »

« Oui. »

« … Alors c’est bien. »

Elle avait l’air un peu tremblante, mais elle avait une expression lumineuse maintenant, comme si un rayon d’espoir avait illuminé ses inquiétudes.

C’était grâce à un changement de son point de vue. Alus ne faisait rien qui la pousserait à le faire surveiller. Au contraire, il lui montrait qu’il n’allait pas déménager dans une autre nation.

Lorsqu’elle s’en rendit compte, le bord de ses lèvres se retroussa, et elle lui posa une autre question en étant de bonne humeur. « Quant à Rusalca… Avez-vous vraiment l’intention d’aller dans une nation comme celle-là ? » C’était à propos de l’invitation que Lithia avait mentionnée.

« C’est après tout une opportunité. D’ailleurs, la technologie AWR d’Alpha atteint sa limite de croissance, et je m’intéresse à Rusalca depuis bien avant. »

« ...! »

Alus n’était pas si opposé à l’idée, même s’il devait se comporter comme un diplomate pendant la visite. Quand il s’agissait de technologie AWR, il avait la curiosité d’un érudit passionné.

En réalité, la plupart des AWRs sur lesquels il travaillait étaient uniques, impliquant beaucoup de nouvelles idées et inventions. Il savait par expérience que la technologie pouvait également être adoptée par les magiciens ordinaires, selon les circonstances. Il avait déjà agité le monde de la technologie auparavant, et c’était devenu la base de nouveaux progrès.

Par exemple, le principe de son dispositif de génération de mana permanent avait été appliqué aux lampadaires d’Alpha.

En ce sens, l’arrêt des recherches d’Alus était l’une des causes sous-jacentes de la stagnation de la technologie magique d’Alpha.

Pendant ce temps, après s’être tue pendant un moment à cause de la réponse audacieuse d’Alus, Cicelnia avait voulu l’empêcher de visiter Rusalca.

Cependant, après tout ce qui s’était passé et après avoir assisté à sa discussion avec Jean, elle savait qu’il avait fait quelques concessions, et elle était à court de moyens pour le retenir. En conséquence, la seule chose qui quitta ses lèvres fut un soupir. Après avoir regardé Alus une fois de plus, elle haussa les épaules et regarda malheureusement par la fenêtre de la voiture.

En y réfléchissant, il ne pouvait pas être attaché par quelqu’un. Il ne le permettrait pas. C’était le genre d’individu qu’il était.

S’il devait être attaché par des liens inconfortables, il pourrait les enlever lui-même et s’enfuir quelque part…

Le paysage extérieur changea. Quand elle s’en était rendu compte, Alus avait fermé les yeux. De manière assez surprenante, bien qu’il soit censé être son garde du corps, il était apparemment en train de faire une sieste sous ses yeux.

 

 

Le tournoi amical de magie commence, mais vous êtes toujours aussi libre d’esprit… C’est exactement ce que j’ai entendu de Berwick.

Une personne qui voulait être libre pourrait ne pas convenir à un magicien. Cicelnia ne le voyait pas s’inquiéter de son devoir et de ses responsabilités en tant que magicien.

Cependant…

C’est pourquoi Cicelnia avait ressenti quelque chose de similaire chez Alus par rapport à elle-même.

Depuis la cérémonie de remise des prix où ils s’étaient rencontrés pour la première fois, elle avait le sentiment qu’il était un compagnon d’infortune au destin inéluctable.

La sienne était un destin dû à sa lignée royale. Et le sien était un destin dû à son pouvoir qui faisait céder n’importe qui…

Cicelnia avait accepté son destin, déployant ses ailes dans la mesure où cela lui était permis, tout en souhaitant pouvoir voler librement.

Mais Alus avait dépassé les limites fixées par les humains qui liaient Cicelnia, et avait été retenu par les énormes chaînes du destin nées de son pouvoir absolu.

Pourtant, il avait continué à lutter contre elle.

Pour lui, le petit jardin dans lequel vivait l’humanité était bien trop petit.

La colère de Cicelnia s’était transformée en exaspération alors qu’elle ne cessait de soupirer. N’importe qui baisserait la tête en signe de respect devant quelqu’un de cette beauté et de cette autorité. Mais elle sentait qu’Alus ne s’agenouillerait jamais devant elle parce qu’il le souhaitait lui-même.

Cependant, il y avait quelque chose dont cette noble inflexible était heureuse. Même s’il n’a pas montré d’intérêt pour moi, il a fait tout son possible pour me faire entendre cette information, alors peut-être qu’il se sent un peu mal à propos de ça.

Un Single plus normal serait une chose, mais Alus ne se souciait probablement pas de la situation de Balmes. À tout le moins, il n’était pas le genre de personne à être saisi par un sentiment de justice et à proposer de les sauver. Et il n’avait aucune raison de faire un détour pour en parler à Cicelnia.

Alus avait donc fait preuve d’assez de loyauté pour lui permettre d’entendre sa discussion, afin d’apaiser son inquiétude de le voir partir vers une autre nation. Il était préoccupé par quelque chose, et il l’avait fait savoir sans mot dire. Il était même possible qu’il s’agisse d’excuses pour l’incident de l’escalier.

Avant qu’elle ne le sache, le chagrin dans son esprit s’était considérablement atténué.

Le carrosse avait continué sa route, laissant derrière lui les hauts et les bas de la conférence.

Transportant l’espoir et le chaos vers une nouvelle destination, le carrosse avait traversé une terre désolée où seule une tour blanche géante se profilait à l’arrière-plan.

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