Saikyou Mahoushi no Inton Keikaku LN – Tome 2 – Chapitre 9

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Chapitre 9 : Fomenter les ténèbres

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Chapitre 9 : Fomenter les ténèbres

Partie 1

Quelques jours plus tard, à minuit, alors que la plupart des gens s’étaient couchés pour la journée…

Les ténèbres, souvent perçues comme un symbole de peur, couvraient la région.

Il n’y avait pas beaucoup d’endroits aussi sombres que celui-ci dans la sphère d’influence humaine. C’était une grande forêt à une certaine distance d'une autoroute à l’intérieur des frontières d’Alpha. Elle avait été laissée en souvenir de leur ancien territoire, de leur gloire passée.

Et ce n’était pas seulement Alpha. Le symbolisme originel des sept nations qui gardaient la nature telle qu’elle était, c’était parce que la petite surface qu’elles avaient comme espace de vie maintenant était tout ce qu’elles avaient dû avoir.

Et, comme pour s’en souvenir, la forêt était encore vivante et bien à l’intérieur de la barrière, pour garder cette mémoire fraîche — pour que l’humanité n’oublie pas complètement la splendeur du monde dans lequel elle devrait s’efforcer de retourner.

La grande forêt d’Alpha, en tant que représentation de cela, pourrait même être confondue avec la mer massive d’arbres du monde extérieur. C’était si profond qu’un seul mauvais virage pouvait vous laisser en rade, et en tant que tel, sans la permission du gouvernement, l’entrée était interdite.

À cause de l’épais voile de feuilles d’arbres, les ombres qui descendaient de là étaient extrêmement sombres. De plus, les ombres n’étaient pas les seules choses dans cette forêt.

En réalité, toutes les recherches inhumaines effectuées dans le passé avaient été éliminées à l’intérieur, et il y avait des installations qui avaient fait des recherches sur des technologies douteuses présentes ici. C’était un dépotoir pour un héritage négatif.

Et maintenant… la lumière de la fausse lune dans le ciel brillait sur le rideau sombre de la forêt.

Dans cette nuit étrange, personne ne remarquerait l’irrégularité que l’on ne pouvait même pas voir à vol d’oiseau. Il faudrait avoir des sens très aiguisés ou une excellente ouïe pour percevoir le léger tremblement de l’atmosphère.

Les voix échangeaient des mots. Tous les membres à leur position, à peine hors du rayon de détection, se concentraient sur les communicateurs à mana dans leurs oreilles.

« J’attends un jugement rapide, comme toujours. Ne laissez aucune trace derrière vous. Je vous souhaite bonne chance. »

Dans l’obscurité, une fois la transmission interrompue, ils avaient cessé de se concentrer sur leurs communicateurs à mana et sur leurs propres tâches.

Cependant, c’est à ce moment-là qu’une transmission privée était parvenue aux oreilles de l’un des membres. « Feli, ne surestime pas tes capacités… et ne cours pas trop loin non plus. Je suis content que tu sois plus passionné que d’habitude, mais… »

« Tu n’as pas à t’inquiéter pour moi. Je connais ma place, capitaine Vizaist. Alors, je vais commencer ma mission. » La voix confiante qui répondait appartenait à une jeune femme.

La transmission s’était terminée par le soupir de l’homme qu’elle appelait « Capitaine ».

Les transmissions n’étaient autorisées que lorsque c’était nécessaire. De plus, la transmission précédente avait été une considération montrée à sa famille. Normalement, ce n’était pas nécessaire avant que Felinella Socalent ne commence une mission.

Finalement, les membres finirent par se camoufler pour se fondre dans l’obscurité, avant de se diriger vers les points qui leur avaient été assignés. Ils fouilleraient toutes les installations qui avaient été abandonnées dans cette mer d’arbres.

Près de l’avant du groupe se trouvait Felinella, avançant en se fondant dans l’obscurité. Le sort jeté à l’extérieur de sa robe l’enveloppa d’une brume sombre, la faisant se fondre parfaitement avec la nuit.

Une fois qu’elle avait atteint son troisième point après le début de la mission, elle avait sauté pour avoir une vue d’ensemble de la région.

Utilisant les branches densément tassées pour sauter plus haut, se déplaçant vers le haut comme si elle n’était pas affectée par la gravité, elle avait regardé au-delà des espaces vides du bosquet.

La structure devant elle ressemblait à ce qu’elle avait vu pendant le briefing. C’était un bâtiment qui avait été utilisé pour étudier un certain type de magie. Un seul coup d’œil sur le mur qui s’écaillait avait suffi pour voir à quel point il était détérioré, et il ne serait pas étrange qu’il se renverse à tout moment.

J’aimerais le trouver bientôt…

Les cheveux noirs de Felinella voltigeaient alors qu’elle se disparaissait dans la brume sombre. Elle avait déjà été à deux endroits, mais ils étaient tous les deux vides. Un sentiment d’effort gaspillé s’empara d’elle, mais elle se reprit rapidement et rétrécit ses yeux rouges foncés.

Son excellente intuition était basée sur un sentiment mineur que quelque chose n’était pas à sa place. Le bâtiment était étrangement petit avec seulement deux étages. Une partie du mur s’était effondrée, révélant l’intérieur.

Il n’y avait aucun signe de vie, mais elle sentait un léger picotement à la nuque — cette étrange sensation que quelque chose ne tournait pas rond — et pouvait intuitivement dire que quelque chose était là.

Felinella lécha le bout de son doigt et le plaça en l’air pendant que ses cheveux flottaient dans le vent.

« C’est un vent agréable…, » ses yeux rouges avaient un regard envoûtant quand le clair de lune tombait sur eux.

Dans le bâtiment de recherche que Felinella regardait, les poutres d’acier apparentes s’étaient élevées du sol en une masse. Le plafond était anormalement bas, se fondant presque parfaitement dans les arbres de la forêt.

En regardant à l’intérieur, il était clair que les choses qui restaient étaient là depuis longtemps, car elles s’effritaient. La seule chose qui se détachait, c’était les ordures. Les matériaux s’étaient détériorés et il y avait des éclats de verre partout. Sinon, il n’y avait que de la poussière, des flaques d’eau et des feuilles qui s’étaient enflammées. Le clair de lune qui brillait à l’intérieur des murs en ruines illuminait la poussière dans l’air.

Il était impossible d’imaginer ce que l’établissement avait recherché en regardant simplement ce qui restait là. Pour commencer, peu de gens connaissaient la raison pour laquelle les articles avaient été jetés et laissés.

C’était un bâtiment abandonné qui n’aurait pas dû voir la vie depuis longtemps. Abandonné par le monde, tout ce qui était à l’intérieur était devenu silencieux comme s’il avait abandonné.

Les deux individus appuyés contre le mur dans les coins faiblement éclairés par le clair de lune ne faisaient pas exception. Ils étaient placés au premier et au deuxième étage comme s’ils gardaient une vieille tombe.

D’après la longueur de leurs cheveux, l’un semblait être un homme et l’autre, une femme. Cependant, leurs manteaux tachés couvraient leur corps, ce qui rendait difficile à le dire. Leurs membres étendus étaient mous, sans aucun signe qu’ils allaient bouger de sitôt. Et leurs yeux légèrement ouverts ne clignoteraient probablement pas, même si de la saleté s’y trouvait. Vu leur apparence, il doit s’agissait de vagabonds ou autres. Ou ils auraient pu venir ici dans leurs derniers instants de vie.

Leurs postures recourbées recouvraient les traits de leur visage, mais leurs silhouettes de marionnettes leur donnaient l’impression d’avoir de la masse. D’un coup d’œil, leurs mains molles tenaient des lames qui brillaient au clair de lune. Ces machettes semblaient être les seules choses qui rejetaient la détérioration générale, car elles étaient encore tranchantes.

Soudain, les cheveux des deux personnes se mirent à flotter dans un vent venu de quelque part. Ensuite, le bruit étouffé du verre sur lequel on marchait fit écho dans le bâtiment. C’était très faible, mais dans ce silence, il s’étendait très loin.

C’est alors que les doigts de ces silhouettes inanimées avaient tremblé. Leurs yeux secs se mirent à bouger, regardant dans la direction du son. Les individus se levèrent, les bras au-dessus de la tête, et saisirent maintenant fermement les poignées de leurs armes, jusqu’à laisser des marques dans leurs paumes.

La silhouette du deuxième étage s’était déplacée, suivie de celle du premier étage. Traînant les pieds sur le sol, ils se rendirent jusqu’à l’origine du son. Le vent qui avait soufflé anormalement dans le bâtiment s’était retourné et s’était dirigé vers l’extérieur. Comme attirés par le vent, les individus bougèrent imprudemment avec leurs jambes flétries.

Les deux individus s’étaient rencontrés au premier étage, baissant leurs armes lourdes. Quand, soudain, une voix s’était fait entendre depuis l’entrée.

C’était la voix d’une jeune femme. Entendant cela, les deux qui ressemblaient à des cadavres furent emplies de haine et produisirent des grognements semblables à ceux des bêtes. De plus en plus de force était déversée dans leurs jambes alors qu’ils se dirigeaient vers la voix, enjambant les éclats de verre avec leurs pieds nus.

Les silhouettes de l’homme et de la femme avaient sauté dehors avec une dextérité qu’il était impossible d’imaginer d’après leur apparence. Courant vers la voix, ils avaient de nouveau levé les armes.

Mais au moment suivant, les deux individus, les yeux remplis de haine avaient commencé à errer dans l’obscurité comme s’ils avaient perdu tout intérêt. À leurs pieds, il y avait un seul communicateur. La voix de la femme semblait en provenir.

Cette voix étouffée n’était pas très claire. Si l’on était assez prudent, on pouvait dire que quelque chose n’allait pas, mais les deux silhouettes découragées n’avaient aucun moyen de le reconnaître.

« Oh mon Dieu. On dirait que j’en ai même eu deux. » Cette fois, la voix sagace de la femme ne retentit pas du communicateur, mais de tout près. Le sort de camouflage s’était dissipé, révélant la jeune femme, Felinella, et son sourire charmant.

L’impression qu’elle avait eue venait de ces deux silhouettes. En utilisant un sort de détection des attributs du vent pour fouiller l’intérieur, puis en créant un son contre nature en contrôlant l’atmosphère, elle les avait facilement fait bouger.

Le sourire sur son visage était en partie dû au soulagement qu’elle pouvait enfin obtenir des informations. « Eh bien, s’ils ne sont qu’à ce niveau, ce ne sont que des leurres… mais s’ils étaient positionnés ici, ça doit vouloir dire que je suis proche, » déclara Felinella d’un ton feintant l'innocence. Cependant, son sourire ne bougeait pas du tout.

C’est une belle prise, se dit-elle. Les forces secrètes envoyées dans ces bois étaient peu nombreuses, donc il avait fallu beaucoup d’efforts pour fouiller chaque endroit de cette mer d’arbres.

Compter les deux individus comme ayant des capacités de combat ridicule, mais le fait d’avoir trouvé ce qui était clairement des leurres prouvait que leur conjecture était correcte. Leur but principal était quelque part dans la région.

Mais avant ça, elle avait besoin de confirmer quelque chose. « Je ne veux pas le penser, mais ce ne sont pas des civils, n’est-ce pas ? »

« Agh… urgh, j’ai trouvé… i-intru Tuer… TUER. »

L’expression de Felinella s’éclaircit à la réponse qui ne venait probablement pas d’un humain ordinaire. Elle avait rapidement mis sa main devant sa bouche, cachant élégamment son visage qui s’était transformé en un regard joyeux. « Je suis contente. Je ne déteste pas les corvées, mais être envoyé tous les soirs est mauvais pour la peau d’une fille. Il y a beaucoup de choses que j’aimerais vous demander… mais, eh bien, ça n’a pas l’air possible. »

 

 

Le sourire était encore sur son visage quand une lumière menaçante apparut dans ses yeux. Bougeant un pan de sa robe, elle avait dégainé l’AAR accroché à sa taille.

Devant elle se trouvaient les deux individus, la paire portant des manteaux minables. Leurs joues étaient maigres, leurs cheveux si emmêlés qu’il faudrait plus qu’un simple peigne pour les traverser. Leurs voix enrouées et folles étaient difficiles à entendre, probablement parce qu’ils ne pouvaient pas bouger correctement leurs lèvres.

Ils traînaient des machettes avec des lames noires. Les yeux aiguisés de Felinella avaient vu les formules magiques scintiller sur ces larges lames.

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Partie 2

« Tuer… l’étranger… »

« Enterrer, enterrer… quand elle arrête de bouger… enterrer enterrer. »

« Comme c’est effrayant. » Comme si elle rencontrait un ami dans la rue, Felinella avait l’air calme, mais surprise. Toutefois, les deux individus n’avaient montré aucune réaction. Comme elle le pensait, il semblait impossible qu’ils parviennent à une compréhension mutuelle. Bien qu’elle le savait déjà, elle n’avait pas pu s’empêcher d’essayer.

Elle avait déjà fini de se préparer pour la bataille. Son bâton utilisé pour diriger le vent, en plus d’être son AAR, était une arme étincelante et légèrement courbée qui ressemblait à une rapière. Cependant, il n’y avait pas davantage à trancher. Seule la pointe pointue pouvait être utilisée pour attaquer. C’était un AAR fait sur mesure et spécialisé pour son affinité, et les formules de magie noire enveloppaient la fine lame d’argent en forme de spirale.

Le vent qui soufflait autour de Felinella lui faisait flotter sa robe comme si elle jouait. L’instant d’après, elle enleva sa robe et l’accrocha sur le bout de son AAR. En réponse, le vent emporta la robe comme un fidèle serviteur.

Elle avait fait des pas élégants en avant dans la brise soudaine. Ses pas étaient aussi légers qu’une plume, comme si elle chevauchait le vent.

Finalement, l’étincelle qui déclencha la bataille dans la forêt sombre vint.

Du point de vue du spectateur, les AAR de chacun devaient être apparus comme des lucioles qui se croisaient.

Les deux individus avaient déclenché leur première attaque, une charge qui reposait sur leurs capacités physiques anormalement élevées. Ils étaient arrivés à une vitesse jamais vue à l’Institut, ignorant complètement les tensions sur leur corps, comme s’ils étaient des Chariots à Mana avec des freins cassés.

Pendant ce temps, Felinella s’y opposait avec des pas lents et dansants. La pointe de son AAR n’était pas dirigée vers les ennemis, mais vers le sol.

La première attaque étant facilement esquivée, la paire avait attaqué à nouveau à tour de rôle. Ils s’étaient jetés sur Felinella à plusieurs reprises avec leurs machettes noires. En termes de puissance pure, elle perdrait probablement, mais elle se tenait au centre de leurs attaques, les arrêtant toutes avec son AAR.

Les lames des deux machettes n’avaient même pas touché l’AAR de Felinella. À quelques centimètres avant de le toucher, elles s’étaient heurtées à un mur de vent invisible.

Les attaques physiques fortuites n’allaient pas pouvoir passer à travers un AAR enveloppé dans un mur d’air hautement compressé.

Ensuite, après avoir bloqué une attaque, chacun des individus avait un bras qui se pliait à un angle étrange. Le vent que Felinella contrôlait s’enroulait autour des bras comme un gros serpent, les pliant de force. Un vent magique n’était pas quelque chose qu’on pouvait résister avec seulement de la force physique. S’ils baissaient leur garde un instant, le vent leur briserait les poignets. Même s’ils s’éloignaient, le bras tenant la machette ne bougerait pas.

« Si vous ne lâchez pas ces choses dangereuses…, » Felinella les avertit d’une voix douce. Dans le même temps, deux coups de pied déchaînés se firent dans une attaque en tenaille. Ils abandonnaient essentiellement leurs poignets avec cette attaque désespérée.

Quel ennui !

Le tourbillon de vent invisible enroulé autour de son AAR pouvait tourner dans deux directions. En tournant vers sa main, il se transformait en une force de torsion qui libérait sa puissance sur tout ce qui était pris dans le tourbillon.

Cependant, en le tournant dans l’autre sens…

Juste avant que leurs coups de pied ne soient effectués, les machettes avaient été emportées par le vent et les deux individus qui avaient été libérés du vent avaient vu leur corps voler.

Pendant que Felinella tirait le haut de son corps vers l’arrière, les orteils des deux individus passèrent près de son visage, grattant à peine ses joues blanches en porcelaine.

Les deux ennemis avaient tournoyé et avaient été projetés dans le sol. Mais ils s’étaient vite manifestés, ne donnant pas à Felinella une chance de respirer.

Leurs poignets tordus pendaient vers le bas, mais ils fixaient leurs mains inutiles avant d’utiliser leurs mains fonctionnelles pour les saisir. En peu de temps, ils avaient tourné de force les poignets et repoussé les articulations disloquées avec un bruit grotesque. Au cours de l’ouverture créée par la surprise de Felinella, ils avaient repris leurs machettes.

Le vent d’avant s’était déchaîné à la suite d’un jugement hâtif, destiné à éviter l’attaque. Cependant, la décision des ennemis d’attaquer en sacrifiant leurs bras s’était avérée être la meilleure option, et ils avaient subi le moins de dégâts possible, se disloquant simplement le poignet.

Il n’était pas clair s’ils avaient délibérément fait le meilleur choix, mais le sourire avait disparu du visage de Felinella.

On disait que le facteur le plus décisif dans la bataille n’était pas la différence entre la magie et les capacités physiques, mais la détermination. Les paroles de son père, Vizaist, un expert sur le chemin des ombres étaient proches d’être une vérité absolue.

C’était vrai dans le monde extérieur et ailleurs. C’était une sorte de pari, où les stratégies étaient élaborées en fonction de ce que vous étiez prêt à sacrifier pour la victoire, que ce soit un bras, une jambe, ou même votre vie.

Seuls ceux qui pourraient décider de cela sans hésitation seraient en mesure d’utiliser leur détermination pour construire un chemin vers la victoire. Ce n’était pas une ligne de conduite pour des gens qui avaient eu la frousse à cause d’enjeux importants.

C’était la première chose qu’on lui avait enseignée et qu’on lui avait inculquée quand elle avait commencé à aider son père dans son travail.

Vizaist lui-même avait probablement suivi la même voie dans sa jeunesse. C’est pourquoi Felinella avait fait un choix plus rapide que le vent. Elle utilisait son AAR et sa magie selon la situation, en empruntant un chemin différent de celui de son père.

En expirant, elle avait levé la main sur sa poitrine, tout en prenant une pose élégante. « Je vais maintenant être un peu plus brutale et non raffinée, mais soyez indulgent. » Contrairement à ce qu’elle avait dit, Felinella s’était poliment excusée. Être rude était quelque chose qui était normalement inimaginable pour elle. Cependant, à l’instant d’après, contrairement à son plus beau sourire, une lumière cruelle commença à briller dans ses yeux.

Les mouvements denses du vent encerclèrent Felinella.

Puis la machette dans la main de la femme avait commencé à briller, signe que la formule magique de la lame était activée. Comme pour la couvrir, l’homme s’était placé à l’avant.

Et soudain, une boule de lumière apparut dans la main poussée vers l’avant de la femme protégée. La boule de lumière avait été envoyée dans le ciel sans hésitation.

Felinella, imperturbable, avait légèrement balancé son AAR. C’était un mouvement agile, et un vent cinglant soufflait de l’extrémité.

Pourtant, malgré leur proximité, l’homme avait réussi à l’éviter au dernier moment. Par conséquent, seule la boule de lumière avait été coupée par l’attaque.

Caractéristique de la lumière… !

À l’instant où Felinella s’était dit cela, la boule coupée de lumière ne s’était pas dissipée, mais avait éclaté. De la fumée noire jaillissait de l’explosion, recouvrant l’homme et s’envolant vers Felinella. Mais le vent autour d’elle avait immédiatement balayé les fumées de l’explosion.

Cependant, l’homme qui était sorti de la fumée aurait dû être au moins quelque peu blessé.

Mais il n’avait pas l’air d’avoir subi de dégâts. Ses mouvements n’étaient pas entravés et il était prêt à balancer sa machette. Il avait réduit la distance avant que la fumée ne se soit dissipée, ne montrant aucune hésitation ou perturbation émotionnelle pour vouloir tuer quelqu’un.

Et bien qu’il ait été frappé par une explosion de si près, le visage de l’homme était resté calme. Les vêtements autour de son flanc avaient été soufflés et une partie avait été brûlée, mais il n’y avait pas un seul changement dans son expression.

Le mana avait traversé la machette de l’homme, créant une lame tranchante et se frayant un chemin vers le cou de Felinella en un éclair.

Comme si elle n’était pas consciente de la menace, Felinella ne bougeait même pas les yeux et encore moins la tête. Mais avant que la lame ne l’atteigne, elle se pencha vers l’arrière comme un arc et évita l’attaque. L’arme mortelle, entraînant le mana sur son chemin, passa au-dessus de sa tête.

Dans la sphère d’influence du sort de Felinella, tant que les deux individus étaient en contact avec le vent qui les entourait, elle pouvait facilement lire leur prochain mouvement. Elle avait une reconnaissance plus claire avec cela que de compter sur sa vue.

Après sa frappe ratée, l’homme avait abandonné la machette. Au lieu de cela, il avait écarté les bras pour attraper Felinella. Elle n’avait pas raté la boule de lumière, tout comme celle que la femme utilisait, au centre de sa poitrine. Il allait s’accrocher à sa cible et il ferait exploser la boule de lumière. C’était un attentat suicide.

L’homme sauta vers Felinella les bras écartés, se rapprochant à moins de quelques centimètres d’elle. Mais quand il avait bougé d’un pas, ses pieds n’étaient plus sur le sol.

Après avoir abaissé sa position, Felinella balaya les jambes de l’homme juste avant son atterrissage. Sa posture détruite, l’homme était sur le point de toucher le sol.

C’est alors que Felinella se leva avec fluidité, et avec des pas vaillants, elle passa devant l’homme qui tombait. Sans même le regarder, elle avait tenu sa main libre sur sa poitrine, juste au-dessus de la boule de lumière, et ses cinq doigts avaient formé un cercle.

« “Tempête”, » murmura Felinella.

La boule de lumière avait explosé. L’homme avait été pris dans un coup de vent dépassant l’onde de choc en force. Avec un mur de vent empêchant l’explosion d’aller ailleurs que dans la direction de l’homme, il avait été projeté en arrière à une vitesse intense.

Une traînée de fumée noire l’avait suivi alors qu’il volait à la vitesse d’un boulet de canon et s’était écrasé dans le mur du bâtiment de recherche. Comme le bâtiment était déjà sur le point de s’effondrer, le corps de l’homme avait percé le mur et avait disparu, des décombres tombant sur le chemin qu’il avait emprunté.

Un son très vif et brutal avait retenti dans la nuit.

Expirant, Felinella regarda la bâtisse dans lequel l’homme avait disparu. Le mur qu’il avait traversé s’était complètement effondré, et les décombres avaient soulevé un épais nuage de poussière.

« On dirait que c’est vous qui avez été enterré, » déclara-t-elle.

Contrairement à sa voix brillante, son expression n’était pas du tout enjouée. Felinella arborait un regard sans expression, sans hostilité ni intention de tuer. Malgré son audacieuse stratégie, son cœur n’avait pas tremblé. C’était l’apparence parfaite d’une force secrète, ses cinq sens aiguisés et son cœur calme.

Felinella ne relâchait pas du tout sa garde. C’est pourquoi, peu importe le type d’embuscade ou d’attaque-surprise que l’ennemi pourrait lui lancer, sa réaction serait immédiate.

Il ne restait qu’un seul ennemi. Felinella se concentrait directement sur la femme.

L’instant d’après, elle avait effectué une poussée depuis sa position élégante, atteignant sa cible. Une grande quantité de sang avait coulé du bras droit de la femme. Un trou sombre y avait été foré.

Cependant, la femme n’avait même pas essayé de se protéger en attaquant Felinella avec la même agilité qu’avant. Elle était incapable de bouger correctement son bras et devait souffrir d’une douleur atroce, mais elle ne semblait être que légèrement alourdie par sa blessure.

Tenant la machette de la main gauche, la femme poussa un grognement et abaissa sa posture comme si elle était une bête.

Il était difficile de croire qu’une frappe aussi rapide puisse être effectuée par une personne gravement blessée.

« Tuer… enterrer… »

« C’est comme si tu étais une marionnette. Incapable de penser à autre chose qu’à ce qu’on vous a dit… une marionnette vide sans sentiments. Alors, c’est votre ami, non ? C’est vraiment dommage. J’avais seulement besoin de vous parler. »

Comme prévu, les mots de Felinella n’avaient pas semblé atteindre la femme. Au lieu de cela, la femme avait commencé à respirer fortement.

Elle hurla, apparemment désespérée, et sa lame noire s’approcha de Felinella. Mais pour une raison quelconque, la netteté de ses mouvements était émoussée. Sa frappe était terne, sans trace de la rapidité de ses précédentes attaques, et Felinella avait choisi de la bloquer avec son AAR.

« J’ai un peu joué avec la pression. »

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Partie 3

Avec ces mots, la femme était instinctivement capable de dire que l’air autour de sa main avait changé. Elle agissait comme une marionnette flippante, mais il semblait qu’elle était encore humaine, reconnaissant un changement clair comme le font les êtres vivants. Le changement rapide de pression avait provoqué l’expansion de ses vaisseaux sanguins et une douleur sous forme de maux de tête l’avait agressée. Comme elle était essoufflée, après s’être autant agitée, cette sensation ne fit qu’empirer. Elle ressentait probablement aussi les effets du vertige. C’était la raison pour laquelle son attaque avait été si désordonnée.

En plus de cela… elle avait aussi un mur de vent qui entourait la région, empêchant tout bruit, donc même si la femme avait plus d’alliés, ils ne pouvaient pas se mettre en travers du chemin.

Même les bruits du mur dans lequel l’homme s’était écrasé, les bruits de grondement des décombres qui tombaient, ne pouvaient pas franchir cette barrière.

C’était la mesure habituelle que Felinella prenait dans son travail, et c’était ce genre de tactique qu’elle avait qualifiée de non raffinée.

De plus… Felinella lâcha le tourbillon de vent autour de son AAR sur la femme, qui essayait de se frayer un chemin par la force.

« Libera ».

Recevant cet ordre, l’AAR avait lâché le vent dense à courte distance sur la femme.

Le coup de vent, qui était comme une tornade comprimée, s’était transformé en d’innombrables lames d’air.

La femme s’y attendait, mais ne s’en était même pas protégée. Les impitoyables lames de vent avaient coupé la femme sans même la laisser crier.

 

 

Sous la pression, son corps avait été soulevé du sol. Mais l’intensité des lames avait augmenté, malgré le sang projeté dans l’air. Ses muscles et son arme avaient été réduits en pièces, et il ne lui restait plus qu’à faire tomber son corps sur le sol comme un chiffon… mais elle avait répondu avec une force de volonté monstrueuse. Son corps bougeait à nouveau comme s’il était manipulé par des cordes invisibles.

Elle agita sa machette couverte de son propre sang et la jeta sur Felinella à une vitesse fulgurante.

Le contrôle des vents, même le mur de vent autour d’eux, avait été temporairement dissipé pendant l’activation de Libera. Et l’arme fatale s’était approchée de Felinella, ne lui laissant même pas le temps de créer une barrière.

Malgré l’attaque inattendue, la réaction de Felinella n’avait montré aucun retard. Se faisant une idée de la longueur du bras de la femme et de la machette, elle bougea son corps avec un minimum de mouvement pour esquiver habilement l’attaque. Il semblait que ses yeux rouges foncés et froids avaient complètement vu à travers l’attaque.

Cependant… « ! ! »

Ses yeux s’ouvrirent avec surprise. Elle avait vu les mouvements adroits des doigts de la femme autour de la machette, ce qui lui avait permis de dépasser les attentes de Felinella. La femme avait tenu la poignée à son extrémité avec deux doigts, la poussant de force vers l’avant.

Felinella avait plié son corps, posant l’une de ses mains sur le sol et faisant un saut périlleux arrière. Ses jambes se déplaçant à grande vitesse, elle donna un coup de pied au poignet de la femme, frappant la machette vers le haut.

Au moment où Felinella avait fait son saut périlleux, la femme, ayant perdu l’équilibre, était tombée au sol. En même temps, la lame de la machette s’enfonçait dans la terre, son mouvement de rotation la maintenait en action, creusant le sol proche des racines d’un arbre, s’enterrant jusqu’au manche.

Puis il y avait eu la femme au sol. Une mare de sang se répandait d’elle à cause des coupures sur tout son corps. Elle avait perdu tellement de sang qu’elle ne devrait plus pouvoir bouger.

Enfin le silence tomba, et ce n’était pas seulement dû à la magie qui isolait la zone. Felinella avait finalement dissipé la magie. Un voile invisible de vent s’était dispersé dans les airs, signalant la fin.

Elle regarda à nouveau la femme au sol. Alors qu’elle se tenait près du bâtiment abandonné, une ombre apparut sur son visage, peut-être un moment de deuil.

« L’endroit était un leurre, mais j’en ai trouvé d’autres qui sont, je crois, liés…, » sans même se donner la peine de chercher le communicateur qu’elle avait utilisé pour attirer les deux, Felinella sortit son exemplaire de secours et parla alors qu’elle se dirigeait vers le bâtiment, avant que l’homme qu’elle avait emporté soit complètement enterré sous les décombres.

« … ! ! » Soudain, la peur lui avait fait descendre un frisson dans la colonne vertébrale. Non seulement quelqu’un était derrière elle, mais elle avait aussi perdu l’initiative. Mais la zone était insonorisée par magie, qui pouvait… !? Felinella s’était dit que la situation dépassait largement ses attentes.

Elle pouvait le dire sans regarder. C’était la femme qui se tenait derrière elle. Avec ce genre de perte de sang, elle devait sûrement être sur le point de mourir. Même si elle était encore en vie, elle ne devrait pas avoir la force de bouger même un doigt.

Sa ténacité dépassait donc les limites de la vie. L’idée préconçue de Felinella selon laquelle elle faisait face aux humains avait été la bévue du siècle.

Elle s’était immédiatement retournée, mais la femme qui se tenait là était immobile. Ce qui voulait dire qu’elle avait raté sa chance.

« … »

Ses bras étaient mous, le liquide rouge coulait de ses doigts. C’était difficile de l’imaginer se tenir debout par sa propre volonté. Il semblait plus probable que quelque chose l’avait poussée anormalement vers le haut de son corps. Son apparence semblait même triste.

Les yeux à moitié ouverts de la femme ne regardaient pas Felinella. Au lieu de cela, ils étaient dirigés vers le sol. Elle maintenait instinctivement son sens de l’équilibre, bien qu’elle se balançait d’avant en arrière.

Elle était comme une poupée équilibrante. Felinella ne voyait plus rien qui ressemblait à une conscience en elle. C’était une existence frêle qui s’effondrerait si elle était poussée. Ils se battaient jusqu’à la mort il y a un instant, mais la voir se lever malgré ses blessures graves avait fait hésiter Felinella à l’achever.

Vraiment… c’est déprimant… c’est comme si elle n’était qu’un outil. Felinella savait que ce genre de sentiments n’avait pas sa place pour une mission dans l’ombre. Malgré cela, cela avait rempli son esprit.

« Je suis désolée. Mais vous allez devoir venir avec moi, » dit-elle, en se concentrant à nouveau sur son communicateur.

Puis elle avait ignoré la voix qui venait d’elle, fixant un point dans la forêt. Je suppose qu’ils l’ont remarqué. Des renforts… et vu la vitesse, ils doivent être assez bons.

Elle n’avait que quelques secondes pour réfléchir. Alors que le sort d’insonorisation qu’elle avait utilisé était de bas niveau, il couvrait une large zone et consommait donc beaucoup de mana. C’est pourquoi elle l’avait démêlé dès la fin des combats, mais des renforts arrivaient, peut-être des renforts forts, ne lui laissant qu’un seul choix.

Calculant calmement le temps dont elle disposait, Felinella avait fait preuve d’une expression malheureuse rarement montrée lorsqu’elle était arrivée à sa conclusion. « Eh bien, si vous insistez, » chuchota-t-elle, au lieu d’un soupir. Avec l’arrivée de nouveaux arrivants, il serait difficile de s’évader avec la femme qui serait un témoin précieux si elle pouvait retrouver la raison.

Même si elle espérait se regrouper avec ses alliés des forces secrètes, ce choix comportait un risque élevé. Si elle ne savait pas quand il fallait s’arrêter, la collecte de renseignements qu’ils avaient faite jusqu’à présent serait perdue.

Felinella parla brièvement encore une fois à son communicateur à mana. « Je me replie. » Ses jambes souples dansaient dans le vent, et elle disparut dans l’obscurité de la forêt.

Il restait derrière lui une silhouette solitaire… la femme allongée sur le sol une fois de plus. Son saignement avait été arrêté par une aiguille en mana, poussée dans un point d’acupuncture, étincelante au clair de lune.

La prudence et la capacité de Felinella à porter des jugements rapides étaient quelques-unes de ses qualités, et comme elle avait été particulièrement proactive lors de cette mission, elle avait déjà préparé une voie de fuite et des moyens de confirmer sa position. Elle avait les connaissances nécessaires pour pouvoir s’échapper en toutes circonstances.

Plus il y a d’informations, mieux c’est. Bien sûr, l’avidité pouvait faire chuter une personne, mais elle avait déjà pris en compte ses limites. Elle était calculatrice en tout temps, y mettant fin juste avant que les choses ne s’aggravent. C’est pourquoi elle avait fait semblant de s’échapper, mettant en évidence la capacité réelle des forces secrètes, en choisissant de faire un dernier travail.

Se cachant au sommet des arbres, Felinella veillait tranquillement sur la zone.

Le faux clair de lune brillait sur le bâtiment de recherche complètement effondré.

Comme Felinella s’y attendait, une silhouette vêtue était sortie des arbres. Vu ses jambes minces et ses épaules étroites, ce n’était pas un homme.

La silhouette fixait de façon suspecte la femme, dont le saignement avait été stoppé, couchée sur le sol. Constatant qu’il ne s’agissait pas d’un piège, elle avait saisi la cheville de la femme et s’était dirigée vers le bâtiment abandonné, entraînant la femme avec elle.

Sans hésiter, elle s’arrêta alors à un certain point dans les décombres, l’éloignant d’une seule main, et sortit l’homme.

À première vue, elle n’avait pas l’air d’avoir la force de faire ce genre de choses. Mais son rythme après qu’elle eut porté l’homme était incroyablement léger. C’était difficile à croire qu’elle portait deux adultes avec elle.

On aurait dit que la silhouette féminine était sur le point de partir avec les deux derrière elle, mais elle s’était soudainement arrêtée. Sa tête, cachée par un capuchon, se tourna sur le côté.

Elle regarda directement le sommet de l’arbre où se cachait Felinella.

« ! » Elle avait dû sentir sa faible présence. Felinella portait également une cagoule, donc même si elle était découverte, ses traits étaient presque complètement cachés dans l’obscurité.

Leurs yeux s’étaient rencontrés… qui les regardait, et qui était surveillé ?

Soudain, la femme détourna le regard, et avec un adulte sous chaque bras, elle disparut dans le bosquet d’arbres.

Cela s’était bien passé. Cela dit, en se basant sur la minceur du menton et la longueur des cheveux qui sortent du capuchon, Felinella était sûre que c’était une femme. Bien sûr, elle n’avait pas oublié les deux couteaux à sa taille.

Mais elle n’avait pas pris le risque de rester pour confirmer quelque chose comme ça. Ce serait trop imprudent. En fait, si elle n’avait pas pu ramener l’information, tout cela aurait été inutile.

De plus, ce type de collecte d’informations à grande échelle n’avait normalement jamais eu lieu dans Alpha. Les hauts gradés qui avaient donné le feu vert malgré cela, devaient parfaitement accomplir leur mission et résoudre rapidement cet incident.

Voyant la femme marcher dans les bois, Felinella avait délibérément dégainé son AAR. La formule magique gravée dessus avait commencé son travail sur la préparation du sort suivant.

Pour une raison quelconque, la femme avait trouvé l’homme dans les décombres sans difficulté. Elle devait avoir une méthode pour les trouver.

Ce qui signifiait qu’il y avait de fortes chances que Felinella soit retrouvée si elle avait emmené la femme blessée. Et cela aurait pu signifier encore plus de renforts pour la poursuivre.

Comme je le pensais, l’abandonner était le bon choix.

Elle expira, laissant ces pensées échapper à son esprit, et prononça doucement le nom de son sort.

« “Carte aérienne” »

Le vent s’était répandu comme des vagues, avec Felinella en son centre. Le nouveau vent s’était mis à courir après le vent naturel et avait soufflé dans toute la région.

Au moment suivant, le vent avait détecté tout ce avec quoi il était entré en contact et l’avait transmis à l’esprit de Felinella. En même temps, cela capta l’aiguille de mana qu’elle avait placée sur la femme, lui faisant savoir où elle se trouvait.

L’aiguille n’était pas seulement destinée à arrêter le saignement, c’est pourquoi elle l’avait mise dans un point d’acupuncture pour garder son existence cachée plus longtemps.

« On dirait que je suis arrivé à temps. » À la fin, l’aiguille était faite de mana. Cependant, la détérioration du mana était inévitable, ce qui signifiait qu’il ne serait pas actif pendant longtemps. C’est pourquoi il ne laisserait aucune trace une fois qu’elle en aurait fini, ce qui le rendrait parfait pour ce genre de travail.

Peu de temps après, Felinella avait repéré sa cible. Il ne lui restait plus qu’à attendre que la femme soit emmenée dans la cachette qu’elle cherchait. Même si l’aiguille se dissolvait, elle pouvait encore se faire une idée de son emplacement d’après le chemin qu’elle avait emprunté.

☆☆☆

Partie 4

En même temps, tard dans la nuit dans le laboratoire d’Alus…

Tesfia et Alice étaient déjà rentrées chez elles depuis longtemps. Loki avait attendu Alus pendant qu’elle travaillait à son entraînement de détection, mais comme elle commençait à somnoler, il l’avait mise au lit après mûre réflexion.

Les caractères sur l’écran du moniteur défilaient à une vitesse étonnante.

Sans même cligner des yeux, Alus bougeait sans cesse ses yeux avec sérieux d’avant en arrière.

« ! ! » Plutôt que de trouver une partie qui attirait son attention, il avait trouvé une chaîne de caractères qui n’était pas naturelle. Il avait utilisé le clavier virtuel pour faire défiler vers le haut.

Qu’est-ce que c’est… ?

Il avait transformé l’information du mana qu’il avait obtenue d’Alice en code, l’affichant sur l’écran. C’est pour ça qu’il l’avait su tout de suite. Cette chaîne de caractères désordonnée ne s’était pas produite parce qu’il avait changé les données en code simple. Ce que les plusieurs lignes effacées avaient montré, c’est l’existence de données irrégulières, très similaires à la sortie boguée d’un programme.

Alus regarda immédiatement autour de lui. Il avait sorti l’information sur le corps d’Alice et l’avait comparée à l’information interne de son facteur mana qu’il avait scannée. Il avait porté son attention sur les résultats de l’analyse.

Quelques heures plus tard… son travail avait continué jusqu’aux petites heures du matin, mais cela n’avait pas été vain.

« C’est comme ça que ça se passe…, » murmura-t-il.

Grâce aux résultats de l’analyse, la raison pour laquelle la formule magique sans attribut avait réagi lorsque le mana d’Alice était entré en contact avec un anneau dans la chaîne du Brouillard de nuit avait finalement été expliquée.

Normalement, on se sentirait rafraîchi en trouvant une explication à un problème. Mais, dans ce cas, Alus était amer. Comme prévu, une fois les résultats devenus clairs, cette étrange chaîne de caractères avait révélé la raison.

C’est vraiment déprimant.

La somnolence qu’Alus ressentait avait déjà complètement disparu. Il se demande s’il fallait s’impliquer davantage ou non. Mais d’abord, il faudrait qu’il s’en assure. Il se sentait également responsable en tant que chercheur. Mais le mal de tête qu’il en avait ressenti n’était sûrement pas seulement dû à son manque de sommeil.

Finalement, Alus n’avait pas réussi à dormir un seul clin d’œil, et il était toujours assis devant le moniteur à regarder des preuves corroborant ce dont il était plus ou moins convaincu, quand Loki s’était réveillée un peu après 5 heures du matin.

« Bonjour. »

« Bonjour. » Alus avait été un peu impressionné, pensant que Loki devait toujours se réveiller à cette heure, mais il avait agi normalement pour qu’elle ne s’en rende pas compte.

Sa voix était claire, mais elle semblait encore un peu à côté de la plaque quand elle se frottait les yeux. Soudain, elle s’était rendu compte d’une certaine vérité et ses yeux s’étaient ouverts en criant, « Ne me dites pas… vous n’avez pas dormi !? »

« Oui, » répondit Alus d’une voix usée.

« Vous ne pouvez pas. S’il vous plaît, dormez tout de suite. Je m’occuperai de toutes vos tâches pour aujourd’hui, alors s’il vous plaît, » déclara Loki.

« Non, je ne pense pas pouvoir me reposer aujourd’hui, » répondit Alus. Il avait déjà tourné la tête vers le moniteur.

« … Je comprends. Alors peut-être qu’un peu de café fera l’affaire ? » demanda Loki.

« Je suis désolé pour ça. » Alus s’arrêta un moment et s’approcha de la table, tout en pinçant la zone entre ses sourcils. Son manque de sommeil lui donnait un léger mal de tête, mais ce n’était pas grave.

La lumière chaude du soleil était entrée par la fenêtre que Loki avait ouverte. La brise fraîche avait transmis avec elle le parfum des fleurs, mais cela n’avait pas apaisé les sentiments d’Alus.

Aujourd’hui était techniquement une journée qu’ils devaient passer à l’Institut. En termes simples, c’était le jour de la cérémonie de fin de période.

Cependant, Alus avait atteint le nombre requis de jours avant l’examen, et il avait déjà reçu son bulletin scolaire, de sorte qu’il estimait que sa participation serait absurde. Mais il avait quand même décidé d’y passer.

La directrice était apparue sur l’écran massif dans la salle de classe, parlant de l’état d’esprit que les magiciens novices devraient garder pendant leurs vacances d’été, et pour se rappeler qu’ils étaient l’espoir de l’humanité et ainsi de suite.

Au total, cela avait pris moins d’une heure, mais… « Je n’aurais pas dû venir, » marmonna Alus en classe, tout en retenant l’envie de bâiller.

« C’est vrai. » Loki, assise derrière lui, avait un sourire amusé. Il ressemblait à un étudiant de première année normal. Pour elle, la vue d’Alus vivant une vie quotidienne était très rafraîchissante.

« Tu n’as pas l’air bien aujourd’hui, alors peut-être qu’on ne devrait pas venir ? De toute façon, on peut s’entraîner dans notre chambre, » déclara Alice.

« C’est très bien. Je parie qu’il est resté éveillé toute la nuit. Tu es toujours si malsain. Loki ne se fâche-t-elle pas ? » Contrairement à Alice, Tesfia avait été un peu dure avec ses mots.

D’après son expression, elle semblait convaincue qu’Alus avait passé la nuit à jouer à des jeux, mais il était vrai qu’il n’avait pas dormi, donc il n’avait fait aucune objection. Ou même l’énergie pour ça.

« Eh bien, même si c’est pour vos recherches, je préférerais que vous preniez plus soin de votre corps…, » dit Loki, en jetant un coup d’œil aux deux filles qui étaient apparues à côté d’Alus. Plutôt que de réfuter Tesfia comme toujours, elle n’avait pas été capable de défendre Alus cette fois-ci.

Elle avait ses soucis, mais elle ne voulait pas les pousser sur lui et elle n’était pas sûre de pouvoir lui voler son précieux temps pour s’occuper de sa santé. Ce conflit avait toujours mis Loki mal à l’aise. Surtout, elle ne pouvait pas comparer l’actuel magicien n° 1, qui était aussi un chercheur de première classe, à une personne moyenne.

Alus savait qu’il causait des soucis à Loki. Mais il pensait aussi que ce genre d’acte extrême était nécessaire pour rattraper le temps qu’il avait perdu. Cela dit, un manque de sommeil aurait pu rendre les choses plutôt inefficaces, du moins se disait-il.

« Si tu vis avec lui, tu devras endurcir ton cœur, Loki. Ce genre de type continue jusqu’à ce qu’il s’effondre une fois qu’il s’est mis dans quelque chose. C’est une maladie, je te dis ! » déclara Tesfia.

La façon de parler de Tesfia était encore plus dure qu’avant, mais après avoir entendu les paroles de Loki, elle avait réalisé qu’il n’avait pas passé la nuit à jouer. En fait, son expression indiquait clairement qu’elle s’inquiétait pour lui, quoi qu’elle puisse dire à haute voix.

« Alice, ça ne me dérange pas de continuer comme d’habitude aujourd’hui. Et ne rentres-tu pas chez toi aujourd’hui, Tesfia ? Es-tu sûre que tu peux perdre ton temps ici toute la journée ? » demanda Alus.

« J’ai encore le temps. Ce n’est pas comme si j’avais besoin de me dépêcher. Mais j’ai beaucoup de bagages, donc je ne pense pas pouvoir y arriver avant mon départ…, » répondit Tesfia.

Tu n’es pas obligée de venir parce que tu rentres chez toi, s’était dit Alus. Cette rousse avait tendance à être étrangement sincère. Bien sûr, elle se fâcherait s’il disait ça à haute voix, alors il l’avait gardé pour lui.

Finalement, ils avaient tous les quatre quitté la salle de classe. Une fois à l’entrée du bâtiment de recherche, Tesfia et Alice s’étaient séparées des deux autres et s’étaient dirigées vers le dortoir des filles. Alice reviendrait après avoir vu Tesfia partir.

Comme s’il attendait le moment où Alus était entré dans la pièce, l’alarme avait retenti, signalant un appel entrant. Cependant, il ne montrait aucun signe d’empressement… en fait, il avait prié pour que la sonnerie s’arrête, car il avait pris son temps en se déplaçant vers l’écran pour appuyer sur le bouton.

« Loki, tu n’as rien à faire. » Loki était sur le point de partir, prévoyant de faire preuve de considération, mais ce n’était pas nécessaire. Au lieu de cela, il lui avait fait un geste sans paroles pour qu’elle ferme la porte à clé.

Le terminal était un visiophone, plutôt que le type de base que l’on mettait contre l’oreille. Même en voyant l’autre partie face à face, Alus avait fait les choses à son propre rythme.

Mais il avait un mauvais pressentiment. Après tout, seuls Cisty et quelques militaires connaissaient cette ligne. Et comme il s’agissait d’un appel par visiophone, il avait sûrement fallu que ce soit le gouverneur général Berwick.

« Décrochez plus vite, ne faites pas attendre vos aînés. » Cette voix exaspérée était accompagnée du visage d’un homme âgé.

« En effet, si tu es aussi impatient, on peut dire que tu es un vieil homme… Pardon, excuse-moi. J’étais à la cérémonie de fin de période, » déclara Alus.

C’était pratiquement une routine pour eux. Alus avait essayé de comprendre ses intentions derrière l’appel, mais il ne semblait pas que c’était pour le plaisir. Bien sûr, si ça l’avait été, il aurait raccroché.

« … Hm, je suis content de voir que vous appréciez vos études. » À première vue, Berwick semblait impressionné, mais cela ne pouvait pas être ses vrais sentiments. Si Alus avait manqué des crédits, il y avait une chance qu’il soit remis en service.

Berwick avait souri calmement, mais selon la personne qui voyait ce sourire, ils pouvaient croire qu’il cachait une arrière-pensée derrière lui. « Je vois que la jeune Loki a aussi réussi à devenir votre partenaire. C’est un souci de moins pour moi. »

Comme c’est honteux, pensa Alus, plissant ses sourcils. Comme la paperasse pour que Loki devienne sa partenaire avait déjà été remplie, il était impossible qu’un homme au niveau du Gouverneur général ne le sache pas déjà.

Pour commencer, Berwick l’avait déjà harcelé pour qu’il choisisse un partenaire. Mais il savait qu’Alus n’en avait pas besoin, alors il ne l’avait pas forcé.

« À part ça, qu’est-ce que tu veux ? Tu n’as pas utilisé la ligne secrète juste pour confirmer quelque chose comme ça, n’est-ce pas ? » Alus pressa Berwick de passer au sujet principal.

Les rides sur le front de Berwick s’aggravèrent. L’instant d’après, l’homme qui occupait le poste de gouverneur général avait parlé d’un ton solennel, avec un regard troublé sur son visage. « Vous avez du travail. »

C’était comme Alus s’y attendait. Comme le gouverneur général l’avait appelé, cela signifiait soit qu’il avait besoin de quelqu’un d’excellent pour une question importante, soit qu’il y avait un travail que lui seul pouvait faire.

C’est dans ces moments-là qu’Alus en avait eu marre que l’armée lui mette une laisse à moitié bancale.

Bien qu’il soit étudiant, il faisait toujours partie de l’armée, et il ne pouvait pas refuser si facilement. Mais même là — « Je suis assez occupé. »

« Écoutez au moins ce que j’ai à dire, Alus, » déclara le gouverneur.

Ce n’était qu’une petite manifestation d’opposition. Il n’avait jamais eu l’intention de refuser, et il savait qu’il n’avait pas non plus le choix. Alors Alus ferma la bouche pour que le gouverneur général continue.

Il voulait avoir du temps libre, mais il lui devait aussi une dette de gratitude qu’il ne pourrait jamais rembourser. Alus ne dirait jamais cela devant Berwick… mais cette émotion complexe était probablement une grande partie de ce qui le reliait encore aux militaires. C’était une chaîne qu’il n’avait jamais pu rompre complètement. Le destin, en un sens.

« La cible est un érudit du nom de Godma Barhong, » déclara le gouverneur.

« Un humain, » dit Alus à voix basse.

☆☆☆

Partie 5

Mais la surprise sur le visage de Loki, à côté de lui, était minime. Avant qu’elle ne quitte l’armée pour devenir la partenaire d’Alus, le gouverneur général lui avait personnellement expliqué la situation. Le fait qu’elle ait gardé cette information confidentielle était l’une des conditions qui lui avaient permis de partir.

Ayant accepté ces conditions, Loki avait dit qu’elle servirait dans l’armée pour le reste de sa vie si elle devenait la partenaire d’Alus. Bien sûr, elle s’était préparée à ne pas revenir avant de l’avoir fait.

Bon sang. Alpha avait une force de sécurité, mais beaucoup de ses membres n’étaient pas des magiciens. L’armée s’occupait occupée des mamonos, tandis que les forces de sécurité maintenaient la paix à l’intérieur de la frontière. Les précieux magiciens étaient nécessaires pour les mamonos du monde extérieur, ils ne pouvaient pas en affecter à la force de sécurité pour s’occuper de ce que les gens normaux pouvaient faire aussi bien.

L’armée se composait en fait de deux armées : l’armée locale chargée de protéger les citoyens à l’intérieur de la barrière et l’armée extérieure chargée d’éliminer les menaces étrangères à l’extérieur de la barrière. Cette formation avait été créée peu de temps après l’établissement des sept nations, mais seuls les gens qui connaissaient cette époque utilisaient ces noms.

Actuellement, l’accent était mis sur l’armée extérieure qui s’occupait de la plus grande menace de l’humanité — les mamonos — et on lui donnait la priorité. Le gouverneur général avait le dernier mot en matière militaire, mais il y avait bien d’autres questions pour lesquelles il ne pouvait ignorer les hauts gradés ou le dirigeant de la nation.

Et comme la cible de cette mission n’était pas un mamono, la responsabilité incombait à l’armée locale. La mission étant tombée entre les mains d’Alus, cette cible était donc trop grande pour eux. Cela devait être un sacré criminel.

Une photo du visage de la personne était affichée à l’écran. Un profil détaillé avait commencé à défiler vers le bas.

L’homme avait plus de 40 ans maintenant, mais il était dans la trentaine sur la photo. Il était mince, portait des lunettes sans monture, les cheveux courts. Son visage était mince, comme on pourrait s’y attendre d’un érudit, et il avait l’air d’être l’image parfaite de la ruse.

Cependant, ses yeux malsains avaient la folie et la vengeance qui couvaient au fond d’eux. Son dossier montrait qu’il avait un esprit tordu et curieux.

Alus fronça les sourcils en confirmant les détails.

« Il a fait quelques expériences douteuses sur le plan éthique en dehors de l’œil du public. Un mandat a été lancé contre lui à cause de cela, mais avant qu’il ne puisse être appréhendé, il s’est caché. Nous n’avons pas été en mesure de savoir où il se trouvait depuis lors, » expliqua le gouverneur.

« Et maintenant, as-tu une piste ? » demanda Alus.

« Oui. Pour une raison ou une autre, il rassemblait des enfants, » déclara le gouverneur.

Il avait dû pousser sa chance trop loin et se trahir. Alus acquiesça d’un signe de tête, alors que deux questions lui vinrent à l’esprit.

« Pourquoi maintenant après tous les temps ? » demanda Alus.

« Nous ne savons pas grand-chose, mais nous pensons qu’il poursuit ses expériences inhumaines de manière dissimulée. Nous le soupçonnons d’être négligent parce que ses expériences sont dans leur phase finale, » déclara le gouverneur.

« Je vois. Alors, pourquoi moi ? » demanda Alus.

C’était la deuxième question d’Alus. Compte tenu de ce qu’il avait entendu, la question devait être résolue immédiatement, car cet homme ne pouvait plus être laissé à lui-même. Mais Alus n’aimait pas accepter une mission alors que quelque chose d’essentiel était laissé de côté.

Le gouverneur général Berwick avait poussé un soupir. Son expression était amère, mais il s’attendait à cette question. « Vous êtes le même que d’habitude. »

« Merci pour cela, » déclara Alus.

« Mais je ne peux pas révéler la raison, » répondit le gouverneur.

« En d’autres termes, lorsqu’il fouillait dans ses expériences humaines, il touchait à quelque chose de très mauvais. Et un haut fonctionnaire de l’armée ou du gouvernement était de connivence avec lui. Et… être exposé maintenant aurait des répercussions majeures, » déclara Alus.

Berwick était resté silencieux, mais cela ne fait que confirmer la théorie d’Alus.

« … C’est une honte pour le nom d’Alpha qui ne peut plus voir la lumière du jour. À l’époque, cela devait rester confidentiel, mais je crois que c’était imprudent. Mais il y a des choses que je peux et ne peux pas faire, » déclara le gouverneur.

Les rides sur le front de Berwick étaient devenues encore plus profondes. Il crachait de faibles excuses, probablement parce qu’il traitait avec Alus. Les deux se connaissaient depuis longtemps.

« Nous ne pouvons pas nous permettre de couler l’influence de l’armée en ce moment, » déclara le gouverneur.

« Je parie que oui, » déclara Alus.

« Cela vous concerne aussi. C’est une urgence. Si l’autorité de l’armée diminue, il y aura une demande pour vous réintégrer, » déclara le gouverneur.

« … » C’est ce que tu dis, pensa Alus. Au lieu de « limité aux seules urgences », ne voulez-vous pas dire « à chaque occasion » ? Ce n’était pas la première ou la deuxième fois qu’on le menaçait de le réintégrer.

Mais même si cette mission était une opération de nettoyage pour l’ancien gouvernement ou les hauts gradés, l’échec l’affecterait aussi. La position actuelle d’Alus n’était permise que lorsque Berwick était gouverneur général. En fait, si Berwick se retirait, Alus n’avait aucune raison de concentrer ses efforts sur cette nation.

Un sentiment indescriptible de désolation avait jeté une ombre sur le cœur d’Alus. Même lui ne savait pas d’où ça venait. Bien que ne pas s’attendre à des changements majeurs dans votre environnement semblait mature, c’était un peu comme un enfant méfiant qui craignait le changement, protégeant férocement sa propre place dans le monde.

« Je vous ai envoyé tous les documents, » déclara le gouverneur.

Alus avait agrandi une nouvelle fenêtre, et les avait regardés. « … Je comprends. »

« Bien. J’ai besoin que vous respectiez la date et l’heure indiquées. Je vous laisse les moyens, mais essayez d’utiliser la meilleure méthode, » déclara le gouverneur.

Alus hocha la tête comme s’il n’avait pas besoin d’entendre le reste. C’était comme d’habitude. La meilleure méthode était, tout simplement, la suppression de la cible. Un sourire désagréable apparut sur les lèvres d’Alus. Ça allait être beaucoup d’ennuis. Sa cible semblait être le type vraiment problématique.

« Bonne chance, » déclara le gouverneur général, avant qu’il ne raccroche.

Tu ne le penses même pas, se dit Alus. Mais il était passé sur la lecture des documents qui lui avait été envoyée.

La séparation du facteur élément, hein. C’est peut-être une ordure, mais il a des idées intéressantes. Il a au moins un peu d’intelligence là-dedans.

Pendant qu’Alus réfléchissait, Loki murmura à elle-même. « … À quel point pouvez-vous être égoïste ? » Les coins de ses yeux s’élevèrent avec rancune. Elle se sentait vraiment en colère. Bien qu’elle ait gardé le silence pendant l’appel, elle avait enduré pas mal de choses.

L’armée avait essayé de convaincre Alus en lui accordant une liberté temporaire tout en essayant de l’utiliser après l’avoir travaillé jusqu’à l’os. Elle pouvait le comprendre dans sa tête en tenant compte de la position de Berwick, mais elle ne le supportait toujours pas.

Alus caressa l’épaule de Loki à l’air sévère avec un petit sourire, comme si ce genre d’expression ne lui convenait pas. « Ne dis pas ça. Ce n’est pas comme si c’était la première fois. » Bien qu’il puisse voir les choses comme ça du point de vue d’un étranger.

« Mais… »

Sans toucher aux affaires confidentielles, Alus trouva habilement les mots pour arrêter Loki. « Que le gouverneur général m’en doive une, ce serait très bien. De plus, en tant que chercheur, je m’intéresse vraiment à ce type. » Ou plus exactement, les données de recherche qu’il avait.

À côté de l’air inquiet que Loki avait, Alus pensa que ce n’était pas totalement un inconvénient, et demanda à Loki de se retirer.

☆☆☆

Partie 6

Avec la soudaine demande top secrète faite pour l’instant, Alice s’était pointée au laboratoire vers l’heure du déjeuner.

« Al, tu aurais aussi dû venir voir Tesfia, » déclara Alice.

« Tu parles d’en faire trop. Elle ne sera partie qu’une semaine. » En réalité, Alus appréciait sincèrement le silence. La plus bruyante étant partie, il se sentait bien, à tel point qu’il avait commencé à se demander s’il ne devrait pas établir un horaire et ne pas offrir de conseils en dehors de celui-ci. Il avait également envisagé de les faire travailler toutes les deux à l’étape suivante de leur formation par leurs propres moyens.

« Quoi qu’il en soit, le départ de cette personne hystérique n’est que commode, » déclara Alus.

« Hystérique ? C’est plutôt méchant, Al. » Alice avait un sourire ironique, mais elle semblait comprendre qu’il ne faisait que plaisanter. Dernièrement, elle avait commencé à s’habituer à son style.

« Non, je veux dire pratique pour toi, » déclara Alus.

« Hein ? »

Alus avait fouillé une étagère et avait sorti une étrange pièce d’équipement qui ressemblait à un projecteur.

« Loki, désolée, mais peux-tu quitter la pièce ? » demanda Alus.

« … ! » C’était Alice qui avait été surprise par ses paroles. Loki semblait s’y être attendue, car elle fit à Alus un regard de reconnaissance et disparut par la porte avec des pas indifférents.

« … »

Les deux étaient seuls dans la pièce.

Sentant quelque chose, Alice avait laissé échapper un son dans sa gorge. Mais elle posa bientôt un doigt sur sa joue, inclinant la tête, tout en se demandant ce qu’il avait l’intention de faire.

Alice avait parfois l’habitude d’essayer d’échapper aux choses par un comportement enfantin lorsque l’atmosphère devenait sérieuse. Elle avait regardé la réalité en face, tout en essayant inconsciemment de l’éviter.

Elle était attentionnée et douée pour lire l’humeur, ce qui signifiait qu’elle avait aussi de la sensibilité.

Cela dit, Alus n’était pas sur le point de lui parler d’un sujet aussi sérieux, et il n’allait pas non plus lui faire un sermon. Au lieu de cela, il avait besoin de confirmer quelque chose pour pouvoir continuer ses recherches.

« J’ai remarqué quelque chose quand j’ai analysé ton mana. Bien sûr, comme promis, je n’ai pas l’intention d’y fouiner sans ta permission. Mais pour continuer mes recherches, j’ai besoin de te parler. Si tu as une idée de la raison de ce que je vais te dire, je ne pense pas que nous ayons quelque chose à perdre à savoir pourquoi, » déclara Alus.

Alus tapa sur le clavier virtuel projeté en l’air, et fit apparaître un écran devant Alice.

Un défilé de caractères défilait à une vitesse étonnante. Après plusieurs centaines, plusieurs milliers de chaînes de caractères. Alus l’arrêta, donnant à Alice un regard significatif.

« … !? »

Bien qu’elle ne savait pas ce que cela signifiait, elle comprenait que ce qui était exposé n’était pas naturel.

Alus avait montré la ligne du problème. Il s’agissait de données montrant l’analyse de la structure du facteur mana, mais les lignes qui l’entouraient avaient des caractères flous, des caractères sans signification, ou étaient simplement laissées en blanc.

« Normalement, il est possible d’exprimer l’information représentant le facteur mana sous forme de caractères ou de symboles, quelle que soit sa forme, » expliqua Alus.

« Oui… »

« Mais cette transformation n’a pas eu lieu ici. En d’autres termes, je soupçonnerais qu’il s’agit d’une erreur — une sorte de défaut, » déclara Alus sans ménagement. Il ne s’agissait pas d’une détérioration de l’information, mais plutôt de son absence partielle. « As-tu des idées ? »

« … »

En un rien de temps, Alice avait les yeux rivés sur le sol. Elle ne regardait même pas l’écran. Son visage était pâle et elle avait l’air choquée.

Elle a eu une idée. Il existait clairement dans son esprit. Les cicatrices de cette expérience maudite dans son passé. Elle n’avait pas pu parler tout de suite, non pas parce qu’elle se rappelait combien cela avait été douloureux, mais parce qu’elle se souvenait de ses parents.

Alus n’avait pas la tête assez grosse pour croire qu’il ne s’était rien passé quand il avait vu son expression changer. « Comme je l’ai dit, si tu n’en veux pas, je ne vais pas m’en mêler davantage. Mais comme l’analyse me l’a montré clairement, j’ai décidé qu’il fallait au moins que je te le dise. »

« Est-ce que cela veut dire que je suis défectueuse en tant que magicienne… ? » demanda Alice avec effroi. Elle s’inquiétait de ses aptitudes et de son avenir en tant que magicienne avec un regard triste sur son visage.

« Non, ce n’est rien dont tu dois t’inquiéter. Bien que ce ne soit pas comme s’il n’y avait aucun effet, » déclara Alus.

« Alors… bien. » Le soulagement s’était emparé d’Alice.

Alus, cependant, s’était dit qu’il devait s’expliquer correctement. « Tout d’abord, par rapport à ce petit problème, un défaut dans tes informations de mana a un effet sur la durée des sorts. Heureusement, il semble que le temps a passé depuis que le défaut s’est produit, donc il n’y aura pas beaucoup de différence par rapport aux autres. »

Il avait délibérément choisi de dire. « Depuis que le défaut s’est produit ». Ce qui veut dire qu’elle n’était pas née avec ça. « Bien sûr, contrairement à la capacité de mana, ce n’est pas quelque chose que l’on peut affecter par la formation. Il est courant que l’information mana devienne plus dense avec l’âge, mais dans ton cas, tu n’as pas d’information plus ancienne à cause du défaut. »

Quand Alice entendit qu’il n’y avait pas une grande différence, elle poussa un grand soupir de soulagement — bien qu’il n’était pas clair si elle comprenait tout ce qu’Alus lui disait.

« Eh bien, tout simplement, ça veut dire que ton mana est jeune. » C’était un exemple assez brutal, mais ce n’était pas si grave.

« Jeune… ? » Ce sont probablement les femmes « moins jeunes » qui souriraient à cela, mais Alice prenait ça comme un compliment et ne semblait plus y penser.

Alus avait réussi à expliquer brièvement la situation, mais il ne se sentait pas mieux. Parce qu’il était clair que le défaut était d’origine humaine. Quelque chose comme cela se produisant naturellement était pratiquement impossible quand on vivait une vie normale.

Il savait aussi qu’Alice avait des cicatrices quand il avait scanné son corps. Bien que la magie de guérison ne soit pas instantanée ou parfaite, elle existait toujours. Et à moins que ce ne soit quelque chose d’important, il n’y aurait pas de cicatrices laissées après un traitement approprié.

Cependant, la plus grande cicatrice sur Alice était quelque chose que même un scan limité pouvait détecter. C’était la preuve qu’elle avait subi une opération majeure dans le passé et qu’elle avait été pratiquée avec négligence.

« Alice, ce défaut est vraiment déroutant, » déclara Alus.

« … »

Alice s’était mordu la lèvre inférieure en regardant en silence. Elle n’avait pas regretté d’avoir aidé Alus dans ses recherches. Tesfia, en fait, connaissait aussi son passé. Bien sûr, ce n’était pas le genre de chose qu’on révélait à n’importe qui. Elle n’en avait parlé qu’une seule fois à Tesfia et n’en avait jamais parlé depuis.

Cela dit, rien ne l’empêchait de tout dire à Alus si cela pouvait l’aider dans ses recherches.

Pourtant, ses mots semblaient s’agglutiner dans sa gorge et ne sortaient pas, peu importe à quel point elle poussait fort. Son cœur le rejetait inconsciemment.

Les mots commencèrent à ressembler à un poids à l’intérieur d’elle et l’empêchèrent de respirer. Elle respirait comme si elle venait de sprinter à toute vitesse. Elle ne savait pas ce qui se passait.

« Alice… !? »

Il n’était pas clair si la voix d’Alus lui parvint, car elle ouvrit un peu la bouche et prit des respirations superficielles alors qu’elle subissait un étourdissement. Elle était en hyperventilation. Sans pouvoir parler, elle cherchait désespérément de l’oxygène comme si elle se noyait.

Réalisant la situation anormale, Alus s’était précipité aux côtés d’Alice.

« — ! »

Sa conscience s’éloignait, ses membres étaient raides. À ce rythme, tout son corps gèlerait et elle serait incapable de penser à quoi que ce soit.

Cependant, comme pour s’enrouler autour de son soudain état de confusion, la vue devant elle était tranquillement dissimulée, et en même temps, elle sentait une chaleur mystérieuse.

« Je suis désolé, » dit Alus. Il posa sa main sur ses cheveux châtains.

Le visage d’Alice était pressé contre sa poitrine, et elle pouvait entendre les battements rythmiques de son cœur. Elle s’était naturellement mise à l’écoute de ce rythme. En synchronisme avec ce rythme, sa propre respiration s’était progressivement calmée.

Depuis combien de temps était-elle comme ça ? Dix minutes ? Trente minutes ? Ou peut-être même une heure… ? Alice ne pouvait pas le dire, mais elle avait l’impression d’être restée ainsi pendant longtemps. Ses souvenirs de l’époque étaient vagues, comme dans un rêve.

Quand elle s’était réveillée, ses mains tenaient les vêtements d’Alus si fort qu’elles les froissaient. En même temps, le côté de son visage était contre sa poitrine pour une raison quelconque. Son oreille était pressée contre sa chemise, mouillée de ses larmes, comme pour écouter le son au fond de lui.

« Je-Je suis désolée !? » Alice se rendit compte de la situation et rougit jusqu’à ses oreilles. Elle s’était éloignée d’Alus.

« C’est moi qui suis désolé. Alors, oublie tout ça, » déclara Alus.

« … Non, je vais bien maintenant, » déclara Alice.

Son cœur battait encore. Que ce soit par embarras ou parce qu’elle ne s’était pas encore remise du choc… mais ce sentiment d’être émue n’était pas désagréable du tout.

« Je pense que tu devrais rentrer chez toi pour aujourd’hui, » dit tranquillement Alus.

« Mais… Je n’ai pas…, » commença Alice.

Il avait fait cette suggestion parce qu’elle ne semblait pas en état de s’entraîner, mais Alice était un peu hésitante. Aussi sérieuse qu’elle soit, elle ne voulait pas rentrer chez elle sans avoir rien fait. Mais elle savait qu’elle n’était pas en bonne condition physique, alors son insistance était faible.

« Repose-toi pour aujourd’hui. Les vacances commencent demain, donc tu auras tout le temps, » déclara Alus.

« Oui, d’accord. Alors c’est ce que je vais faire, » déclara Alice.

« Bien. Reviens quand tu te sentiras mieux. » Alus voulait dire émotionnellement plutôt que physiquement.

« Oui… À demain, Al, » déclara Alice.

Un sourire sec se glissa sur le visage d’Alus, car il pensait qu’elle reviendrait tout de suite demain.

Il l’avait ensuite vue sortir de la pièce. Comme il ne voulait pas qu’il lui arrive quoi que ce soit sur le chemin du retour, il avait demandé à Loki de l’accompagner au dortoir des filles. Il avait quelque chose à voir avec cette affaire concernant Alice, après tout.

Le laboratoire était calme. Alus s’était assis sur une chaise. Pour la première fois depuis un moment, il était seul ici.

« Haah. » Alus avait apporté une tasse à thé sur ses lèvres. Quand il avait remarqué qu’elle était vide, il avait poussé un autre soupir.

Il avait réfléchi à la négligence dont il avait fait preuve. En même temps, il s’était demandé à quel point c’était profondément enraciné. En voyant la réaction anormale d’Alice — indiquant clairement un traumatisme psychologique — et en tenant compte du défaut incompréhensible de ses informations de mana et des cicatrices de la chirurgie, il était tout naturel que son esprit s’éteigne.

Même si c’était un problème privé, il ne pouvait pas non plus s’en passer.

« Une fois Loki rentrée, je vais devoir lui faire faire du café, » murmura Alus à lui-même en poussant sa tasse sur le bord de son bureau.

Ses yeux s’étaient dirigés vers le clavier et l’écran virtuels, mais il avait soudainement changé d’avis et l’avait éteint.

Sentant l’obscurité profonde, il ne pouvait pas se mettre d’humeur à reconfirmer les données.

☆☆☆

Partie 7

De retour dans sa chambre, sa colocataire lui manquant, Alice était tombée sur le lit.

« Qu’est-ce qui s’est passé avec moi ? » Elle s’était sentie gênée. Son visage était devenu rouge rien que d’y penser.

En même temps, elle se sentait mélancolique. Elle avait des flash-back sur le passé qu’elle aurait dû laisser derrière elle il y a longtemps. Peut-être qu’elle n’avait toujours pas réussi à s’en sortir.

Pensant qu’elle ne pouvait pas s’enfuir, elle sentait une frustration qu’elle ne pouvait pas exprimer avec des mots.

Elle voulait devenir forte comme lui.

Alice avait supposé à tort qu’elle était assez forte. Cependant, elle avait été mise au courant de son erreur quand sa confiance passagère avait été si facilement détruite.

Je n’ai jamais surmonté mon passé.

Mais elle avait tort… ce n’était pas de surmonter son passé. Elle n’avait fait que le couvrir. Tout ce qu’elle avait fait, c’était mettre un couvercle dessus, recouvert d’un tissu fin.

C’est pourquoi sa blessure avait été si facilement exposée. Non, si seulement elle avait été exposée, elle n’aurait eu aucune raison de paniquer autant.

À l’époque, tout avait été expliqué à la jeune Alice. Ce qui avait été fait dans cet établissement, ce qui lui était arrivé et comment ses parents étaient morts. Elle avait tout compris, mais elle ne pouvait pas l’accepter.

Sa haine pour la personne qui en était la cause était restée.

C’était une émotion sombre qu’elle cachait à côté de ses souvenirs.

Et quand elle l’avait reconnu.

« Je ne pourrais jamais être libre tant qu’il est encore en vie, » s’était confiée Alice dans la pièce sombre.

On ne pouvait pas oublier le passé. Et elle ne voulait pas non plus l’oublier.

En même temps, elle était frustrée de ne pouvoir rien faire. C’est pourquoi elle commencerait par affronter son passé.

Après avoir décidé cela, ses paupières s’étaient finalement refermées à cause de sa fatigue. Elle avait soudain eu l’impression d’avoir oublié quelque chose, mais n’avait pas pu lutter contre sa somnolence et était tombée dans un profond sommeil.

Alice faisait un rêve. Avant de s’endormir, les souvenirs dont elle ne se souvenait pas étaient, comme prévu, liés à son passé. Mais la vérité était que son passé n’était pas seulement rempli de mauvais souvenirs. Et les maigres souvenirs de joie et de bonheur étaient dus au fait qu’elle vivait dans un monde de rêve.

Les fragments clignotants de ses souvenirs l’invitaient à entrevoir une vieille vision.

Alice n’était pas la seule dans ce centre de recherche militaire. Dès qu’elle se souvint que dans son rêve, un groupe d’enfants se présenta devant elle en transe. Leurs âges étaient variés, mais ils étaient encore des enfants.

Son séjour dans l’établissement avait été si long, si sombre et si misérable que l’idée de retrouver ses parents n’avait pas suffi à le surmonter. C’est pourquoi il devait y en avoir plus.

D’autres avaient surmonté les expériences douloureuses à ses côtés. Des amis qui l’avaient soutenue… il devait y avoir…

Pendant qu’elle rêvait, des larmes coulèrent des yeux d’Alice, le long de ses joues et elles tombèrent sur son oreiller.

Quand elle se réveillerait de son rêve, Alice comprendrait sûrement pourquoi elle l’avait oublié. Elle avait caché tous ses souvenirs douloureux du passé, ainsi que les quelques jours de plaisir et les liens qu’elle avait tissés.

Ses souvenirs avaient commencé à refaire surface après ce qui s’était passé aujourd’hui.

« … Melissa. »

Les lèvres d’Alice bougeaient, tandis qu’elle parlait doucement dans son sommeil. Le nom qui n’appartenait à personne sortit de sa bouche, et disparut dans la pièce silencieuse.

Le lendemain, Alice était arrivée au laboratoire plus tôt que d’habitude, ou plutôt trop tôt. Il y avait très peu de gens qui se promenaient à l’extérieur à cette heure.

« C’est rapide ! »

« Hee hee hee... Je me suis endormie tôt hier, alors je me suis réveillée tôt aussi. » Alice sortit la langue comme si de rien n’était, et Alus ne cacha pas à quel point cela lui était pénible, comme toujours. Il ne parlait pas seulement de l’heure de la journée, mais plutôt du fait qu’elle avait été émotionnellement dévastée hier encore.

Pourtant, alors qu’Alice entrait à nouveau dans le laboratoire, apparemment sans ménagement, son expression devint sérieuse lorsqu’elle regarda Alus.

« Attends un peu…, » Alus éteignit le moniteur virtuel alors qu’il travaillait déjà, et jeta un coup d’œil sur Loki qui était en train de préparer son petit déjeuner. « Loki, sors un instant… »

Alice avait alors dit. « Attends, je veux que Loki entende ça aussi. »

« … Je vois. »

Loki arrêta ses préparatifs avec un regard surpris. À la fin, elle avait fait du thé pour trois et ils s’étaient assis autour de la table.

Après avoir pris une grande respiration, Alice avait posé sa main sur sa poitrine. Je vais bien, se dit-elle, avant de commencer à parler.

« C’est arrivé quand j’avais sept ans…, » commença Alice.

***

Alice avait raconté son dur passé, se vidant le cœur, s’arrêtant de temps en temps.

Alus l’écouta attentivement, son expression ne changeant pas. Loki était également restée sans expression, mais lorsque le nom de ce chercheur a été mentionné, ses yeux s’étaient ouverts en grand. Heureusement, Alice n’avait pas eu le courage de le remarquer.

Pendant ce temps, après avoir fini de tout leur raconter, Alice avait eu l’impression qu’un poids s’était détaché de sa poitrine.

« Je vois. Je commence à comprendre, » dit Alus.

« Oui. Je pense que mon mana a commencé à devenir bizarre à cause des expériences de l’époque, » déclara Alice. Ayant appris la vérité, elle avait décidé d’accepter les résultats. Et le fait qu’elle avait révélé son passé à Alus et Loki était peut-être une preuve de sa résolution.

« Le projet de séparation des facteurs d’éléments, est-ce que c’est... Je ne sais pas à quoi cela servirait, » dit Alice.

« Oui, mais quand même, je suis surpris que tu aies accepté de participer à ses recherches. » Alus jeta un coup d’œil sur Loki qui venait de parler et il changea de sujet.

Loki comprit sa dérive et ferma la bouche. Mais quand même… s’était-elle dite, en regardant la fille devant elle. Bien que les recherches d’Alus lui seraient bénéfiques, c’était impressionnant qu’elle y ait consenti.

« Je pensais que j’avais tout arrangé… mais on dirait que je ne peux pas gérer tout ça… en plus, participer aux expériences était le seul moyen de voir mes parents. En y repensant, je n’y étais peut-être pas si opposée que ça… Oh, mais ce n’était pas si mal. J’avais même un ami dans l’établissement. » Finalement, Alice avait forcé un sourire.

« Je vois, » déclara Alus.

Alice avait laissé échapper de faux rires à la déclaration murmurée d’Alus.

Alus ne connaissait pas la chaleur d’avoir des parents. Il n’avait jamais vu leurs visages. C’est pourquoi il ne comprenait pas jusqu’où un enfant pouvait aller pour ses parents. Donc pour lui, c’était une émotion difficile à saisir.

Cependant, Loki avait connu des circonstances similaires. Elle fixa silencieusement Alice, qui avait retrouvé son calme. Alors que Loki n’avait pas été manipulée par le destin comme Alice l’avait été, elle avait été exposée au monde irrationnel et injuste, tout comme Alice.

Elle ne sympathisait pas avec elle. Mais elle pouvait ressentir une faible empathie et de la camaraderie. Loki avait pu vivre grâce à Alus. Elle s’était dit qu’Alice avait aussi dû être soutenue dans la vie. Et cette rousse qui n’était pas là maintenant était sûrement une existence importante pour elle aussi. Mais Loki n’était pas prête à reconnaître que Tesfia valait tant que ça.

C’est alors qu’Alus avait jeté un coup d’œil, la ramenant à la réalité. Elle lui rendit son regard en nature.

En entendant le récit d’Alice, Loki avait également réalisé que la cible d’élimination qu’Alus avait reçue, Godma Barhong, était liée à l’histoire d’Alice.

Le regard d’Alus avait fait taire Loki, au cas où.

Pendant ce temps, Alus pensait aussi à quelque chose de différent. Ils n’allaient pas dire à Alice que Barhong avait une cible sur le dos. Il ne pouvait pas non plus révéler des secrets militaires de son propre chef.

Alors qu’Alice avait dit qu’elle avait réglé ses émotions de son passé, ses sentiments envers Barhong lui-même étaient une autre affaire.

Même si elle voulait se venger, c’était le boulot d’Alus.

« Alice, ton défaut n’a probablement pas été planifié, » déclara Alus.

« Qu’est-ce que tu veux dire ? » demanda Alice.

« Que ce n’était pas le but de l’expérience, mais le résultat de celle-ci. Un accident, en d’autres termes. Il a probablement été réalisé de façon négligée, mais même alors, il est probable que cela ne soit arrivé qu’à toi, » déclara Alus.

Alice devint pâle. Si c’était vrai, elle était plus que malchanceuse. « Pas possible… pourquoi juste moi ? »

Mais Alus continua, comme pour réprimer son agitation. « Tout d’abord, il est impossible de faire en sorte qu’un défaut affecte l’information du mana d’une personne. » C’était un changement assez important pour affecter les sphères de mana fournies par le cœur. Faire cela intentionnellement mettrait le corps d’une personne en danger de mort.

Alors, interférer avec le mana qui avait fait surgir des sphères de mana était possible. Mais, en réalité, c’était encore plus irréaliste. Essayer de réécrire les informations de mana à l’intérieur du corps aurait, au mieux, pour résultat l’effondrement de l’ego ou de la personnalité, mais il y avait aussi un risque élevé de rejet, ce qui faisait que le corps était incapable de soutenir la vie. Les informations de mana définissaient strictement une personne, par rapport à l’information physique.

Avant, Alus avait fourni son mana à Loki, mais il l’avait simplement versé dans un récipient vide, et n’avait pas perturbé la source d’approvisionnement. En tant que tel, à proprement parler, il n’écrasait pas l’information. Malgré cela, il craignait que son corps ne le rejette.

« Tu n’as pas eu de chance, mais tu peux aussi dire que tu as eu de la chance, » déclara Alus.

« — !! »

Alice fut stupéfaite et sans voix. Dans son esprit, elle pensait qu’il voulait dire qu’elle avait de la chance d’être en vie avec ce défaut.

Mais Alus continua comme s’il avait lu dans ses pensées. « Ce n’est pas tout ce que je veux dire par chance. »

Un regard perplexe apparut sur le visage d’Alice. Elle se demandait comment elle pouvait avoir de la chance, à part de ne pas mourir. En y pensant normalement, il n’y avait rien de positif du point de vue d’un magicien.

À la place d’Alice, qui ne pouvait pas parler, Loki demanda. « Que veux-tu dire exactement par chance ? »

« Eh bien. J’aimerais y réfléchir un peu plus avant de répondre, » déclara Alus.

« Hein !? » Alice était prête à s’accrocher à n’importe quoi. Si elle pouvait trouver une lueur d’espoir dans son passé malheureux… s’il y avait de la chance qui pourrait la mener vers un avenir meilleur, elle serait capable d’accepter son sort avec plus d’optimisme. Ce serait un grand pas en avant pour elle.

Mais ce qu’Alus avait dit était contradictoire. Quand elle avait accepté de devenir son sujet d’essai, il avait dit qu’il ne serait pas juste qu’il ne lui explique pas le processus de ses recherches.

« Peux-tu me dire pourquoi tu ne veux pas me le dire ? » demanda Alice.

« Bien sûr que oui. Mais si tu l’entends, tu pourrais être encore plus inquiète. Dans le pire des cas, il se peut que l’on te demande de redevenir sujet de test dans un autre projet. Si la nation le découvre, bien sûr, » déclara Alus.

Pour Alus, c’était une réponse évasive. Mais Alice avait compris sa dérive quand il avait mentionné les mots, « sujet d’essai ».

Il pensait à elle. Quand elle s’en était rendu compte, elle s’était sentie soulagée d’un poids.

« Mais c’est à toi de décider, Alice. C’est pourquoi… il y a quelque chose que je veux que tu essayes encore une fois, » déclara Alus.

« … OK. » Pas sûre de pouvoir se réjouir, Alice avait hésité. Mais l’option de ne pas le respecter avait déjà disparu de son esprit.

Si les paroles d’Alus étaient vraies, alors recevoir des informations plus détaillées serait formidable, mais elle était encore étudiante, et ce serait peut-être trop pour elle. Rien ne garantissait non plus que son traumatisme ne reviendrait pas. Comme elle était encore immature à bien des égards, Alice pourrait ne pas être capable d’accepter ou de comprendre ce qu’il lui dirait.

☆☆☆

Partie 8

Quant à Alus, il y avait encore quelque chose dont il n’était pas convaincu. Il devrait probablement s’en assurer d’abord, avant de lui dire. C’est ainsi qu’il avait commencé par se préparer.

« Attends une seconde, » dit Alus, en entrant dans sa chambre, avant de sortir avec une mallette noire.

« Qu’est-ce que c’est ? » Alice lui demanda ce qu’il y avait à l’intérieur, mais elle avait déjà vu ce qu’il y avait à l’intérieur.

« C’est mon AAR, Brouillard de nuit, » déclara Alus.

« Pourquoi ton AAR ? » demanda Alice.

Alus n’avait pas répondu à sa deuxième question, choisissant plutôt de mettre l’étui sur la table et de retirer de l’intérieur l’épée courte dans son fourreau.

Alice le reconnut alors, mais Alus dit. « Garde tes questions pour plus tard. Pour l’instant, verse du mana à travers ça. »

Il la prit par le fourreau et présenta la poignée à Alice. Tandis qu’elle saisissait timidement le manche, Alus sortit la lame.

Contrairement à ce qui s’était passé après la leçon parascolaire, Alus avait retiré la chaîne. Peu de temps après, une chaîne de 10 mètres de long attachée à l’épée courte se déploya dans la pièce.

« Bien, maintenant, enchante comme d’habitude, » déclara Alus.

« Oui… Oui… d’accord. » Avec l’épée courte dans les deux mains, Alice ferma les yeux et se concentra.

Loki regarda ça d’un regard empli de doute, mais il fallut plus de temps avant qu’Alus ne révèle ses intentions.

Finalement, à peu près au moment où le mana d’Alice avait commencé à circuler autour de la chaîne à travers l’épée…

« D’accord, ça suffit, » déclara Alus.

« Oh ? OK…, » au sens strict du terme, elle était encore au milieu d’un enchantement. Elle n’avait pas couvert toute la chaîne, mais c’était suffisant pour qu’Alus confirme ce qu’il voulait savoir.

« Sire Alus, qu’en as-tu compris ? » demanda Loki.

« Ceci. » Alus souleva le seul anneau de la chaîne qui montrait une réaction.

« La formule magique semblait réagir. Ça veut dire qu’elle a cette affinité ? » lui demanda Loki.

« C’est vrai. Et quelle est la caractéristique de cette formule, d’après toi ? » demanda Alus.

Alice déclara avec hésitation. « J’ai une affinité avec la lumière, donc… la lumière ? »

« Dommage. Les éléments sont les seules choses que je ne peux pas utiliser, » déclara Alus, en guise de réponse.

« — !! » Alice et Loki avaient réagi.

Les éléments se référaient aux attributs clairs et foncés, qui étaient spéciaux. Et le déni d’Alus avait clairement montré qu’il ne s’agissait pas d’une question triviale. Loki et Alice avaient été surprises.

Cela dit, Alus n’allait pas les laisser deviner tant qu’elles n’auraient pas compris. De toute façon, les seuls qui y parviendraient immédiatement seraient lui-même ou le gouverneur général.

« Alors, un autre attribut ? Mais je crois que j’ai déjà essayé, » dit Alice.

« C’était peut-être un peu méchant de ma part... la bonne réponse est que ce n’est aucun des attributs. Sachez que ce que je vais vous dire ne peut être répété à personne d’autre. » Il parlait aussi de Loki.

Les deux acquiescèrent d’un signe de tête obéissant. Mais elles n’avaient pas l’air de se préparer pour le secret qu’Alus allait leur révéler. Au lieu de cela, elles avaient l’air très curieuses et à leurs yeux, elles s’intéressaient directement à ça, comme des enfants qui attendent d’entendre la réponse à une énigme.

Alus s’inquiétait de savoir si elles avaient bien compris qu’elles devaient se taire à ce sujet, poursuit-il. « De toute façon, la formule qui a réagi au mana d’Alice n’appartient à aucun attribut. J’appelle ça “sans attribut”. »

« … ? » Loki avait l’air confuse. « Sire Alus, qu’est-ce que c’est sans attribut ? »

Tout ce qui était défini comme magie avait été classé dans l’une des catégories d’attributs, comme la spécialité de Loki, la foudre, ou la glace de Tesfia, ou la lumière d’Alice.

« Je pensais que j’étais le seul magicien au monde qui pouvait utiliser ce pouvoir connu sous le nom de “sans attribut”, » leur annonça Alus.

« — ! ! » Il était naturel que les deux filles soient surprises par cette bombe.

Alus n’avait jamais vu Loki aussi choquée. Ses yeux s’étaient ouverts plus que jamais.

Cependant, elle avait rapidement changé de rythme — mais pas dans le sens de se calmer. « Sire Alus, pourquoi ne l’as-tu pas dit à ta partenaire plus tôt ? » Le ressentiment remplissait ses paroles, et il n’y avait aucune trace d’un sourire pour apaiser l’atmosphère. Elle n’avait pas tenté de cacher son indignation.

Mais elle semblait plus malheureuse que fâchée. En fait, tout son corps exsudait le mécontentement et ses émotions étaient hors de contrôle.

« Attends, même si tu es mon partenaire, ce n’est pas si facile d’en parler. Jusqu’à présent, c’était un secret entre le gouverneur général et moi, » déclara Alus, essayant de la calmer. Il ne pourra peut-être pas faire taire complètement Loki, mais à l’heure actuelle, Alice était plus importante.

Peut-être l’avait-elle senti — « Alors je m’en tiendrai là pour l’instant. Mais je veux que tu me racontes tout ça ce soir, » déclara Loki, avec un sourire étrangement significatif.

Alus haussa les épaules, puis dit. « Tout d’abord, à part l’attribut Lumière, il semble qu’Alice ait aussi une certaine affinité pour le “sans attribut”. Il n’y a presque aucun doute que cela vient du défaut dans ses informations de mana. »

C’était une lueur d’espoir. Le défaut de mana avait affecté la durée des sorts d’Alice, mais selon la façon dont vous la regardez, elle avait obtenu quelque chose de plus grand en retour. Bien sûr, cette affinité était une exception, et il restait à voir si elle deviendrait positive ou négative. Alus y voyait un potentiel inconnu.

« Donc ton affinité est sans attributs, Al ? » Alice avait demandé reconfirmation.

« Je viens de le dire, » répondit-il.

Quand Alice entendit la réponse d’Alus, la joie lui remplit le visage et elle sourit faiblement. Elle était heureuse d’avoir un ami « sans attributs », mais bien sûr, Alus ne le savait pas.

Soit dit en passant, Alus pourrait utiliser tous les attributs à part la lumière et l’obscurité, mais s’il devait avoir une affinité, elle serait sans attribut. Cela dit, en raison d’un manque d’efficacité écrasant dans les autres attributs, ses talents avaient été renforcés par une connaissance approfondie des formules magiques et de leur construction.

Et la raison de sa disposition était différente de celle d’Alice. Il était né avec deux manas différents, ce qui avait créé sa disposition sans attribut. Alus avait supposé que ses manas hétérogènes interfèrent l’un avec l’autre, les empêchant d’assumer un attribut normal.

Entre-temps, Alice avait reçu son affinité après sa naissance. C’est en partie à cause de cela qu’elle n’avait encore qu’une partie de l’affinité pour l’absence d’attributs. Restait à voir si elle pouvait ou non utiliser ce pouvoir dans une certaine mesure.

Hier soir, Alus avait confirmé que les données de mana défectueuses d’Alice n’étaient pas similaires aux siennes. Il s’était donné la peine d’afficher les données confidentielles sur son propre mana, alors il n’y avait pas eu d’erreur.

C’était la première fois qu’il le voyait depuis un moment, et comme il s’en souvenait, il était rempli d’un code étrange indiquant quelque chose d’anormal. Mais ce n’était pas parce que l’appareil était endommagé, mais parce qu’il ne pouvait pas être analysé. Les parties anormales avec l’affinité avaient été mises en évidence, grâce à l’existence d’Alice.

Les propres données d’Alus avaient été le premier échantillon, et maintenant celles d’Alice étaient le deuxième échantillon. Actuellement, il y avait trop de choses que l’on ne savait pas à propos de l’absence d’attributs. Tous les indices qu’il avait pu tirer des informations sur le mana étaient inintelligibles. C’est parce qu’il y avait beaucoup de choses que la technologie de mesure actuelle ne pouvait pas analyser.

Si Alice n’avait pas seulement le potentiel, mais qu’elle pouvait utiliser une magie sans attribut, alors le terme « défectueux » ne serait plus une bonne description de ses informations de mana. Au lieu de cela, il serait plus juste de dire qu’il s’agissait d’un potentiel inconnu. Et si tel était le cas, on pourrait en dire autant d’Alus. Ce ne serait pas un défaut, mais plutôt une chance significative.

Beaucoup de choses étaient restées inexpliquées à ce jour. L’information sur le mana n’était pas exprimée en chiffres ou en caractères courants, mais en anciens caractères oubliés connus sous le nom de sorts perdus. Et il ne serait pas étrange qu’il y ait encore des symboles qui n’avaient pas encore été découverts. Seuls les résultats de l’analyse avaient été identifiés à ce jour.

« Comme je l’ai déjà dit, il ne fait aucun doute qu’Alice a une certaine affinité pour la magie sans attributs. Mais ça ne veut pas dire qu’elle sera capable de faire quoi que ce soit en ce moment. Mais si elle l’accepte, je peux trouver des sorts sans attributs. C’est mon affinité, et si Alice a des aptitudes pour ça, alors ça me fera gagner du temps, » déclara Alus.

C’était là qu’Alus s’était arrêté un instant. Il s’était dit qu’il devait insister sur le point suivant. « Cependant, dans le cas d’Alice, cela ne concerne qu’une partie de la chaîne de caractères de ses informations de mana… en d’autres termes, seule la partie défectueuse montre une réaction à la magie sans attribut, donc elle ne peut pas l’utiliser pleinement comme moi. »

Bien sûr, c’était parce qu’elle avait la capacité de l’utiliser qu’il avait décidé de lui dire. Il était possible qu’elle puisse accidentellement activer un sort contre nature qui exposerait l’existence d’une magie sans attribut à d’autres. En demandant à Alice de s’en tenir à l’attribut lumière, et de n’utiliser que la magie sans attribut que pour compléter les portions de l’attribut Lumière pour lesquelles elle était mauvaise, il était possible de couvrir sa magie sans attribut comme un étrange sort d’attribut Lumière.

À cet égard, c’est une bonne chose que la recherche sur l’attribut Lumière, et encore moins sur la magie sans attribut, soit si loin derrière. Ce genre de camouflage n’avait été possible que parce que ces détails n’étaient pas si bien connus.

« Mais c’est un secret, non ? Si quelqu’un d’autre l’apprend… » demanda Alice, inquiète. C’était en partie ce qu’Alus voulait dire en l’acceptant. Elle avait déjà été un sujet d’essai pour un projet gouvernemental bizarre. Le gouvernement ou les hauts gradés militaires pourraient avoir les yeux rivés sur elle pour un autre type de recherche. Étant aussi rare qu’elle l’était, elle pourrait attirer trop d’intérêt et présenter des dangers inutiles.

« Tu n’as pas besoin d’être si pessimiste à ce sujet. Une existence rare peut être une arme puissante. C’est ce qui s’est passé pour moi. Bien que ce soit un secret entre moi et le gouverneur général, si cela se révélait, personne ne pourrait me forcer à faire quoi que ce soit, » déclara Alus.

Bien sûr, c’est sa confiance qui avait permis à Alus de s’ouvrir aux deux filles. Il l’avait caché jusqu’à présent pour éviter tout désagrément, et cacher l’atout dans votre manche était normal entre magiciens.

Tout d’abord, s’il arrivait quelque chose à Alus, l’actuel numéro 1, Alpha, ne serait pas en mesure de réagir à des urgences imprévues. Si la pire menace de l’histoire, le mamono de classe SS devait revenir… Alpha et toute l’humanité n’auraient aucun moyen de se défendre si Alus était parti.

Alice semblait réfléchir un moment, mais Alus n’attendait pas sa réponse. « Augmente ton rang. Fais reconnaître ta valeur par les gens qui t’entourent et par le pays. »

« Mais je ne peux pas faire ça si vite… » Alice hésita.

« Je pense que tu as les qualités pour ça, » Alus sourit en voyant Loki faire une expression désintéressée.

Quant à Alice, elle s’était raidie devant les louanges inattendues, mais les paroles d’Alus avaient assez de poids derrière elles pour renforcer sa détermination. Elle avait inconsciemment serré le poing.

« De plus, s’il se passe quelque chose, le gouverneur général et moi pouvons parler en ta faveur, alors ne t’inquiète pas, » déclara Alus.

« Vraiment !? » Le visage d’Alice brillait. L’appui de l’actuel numéro un et du gouverneur général était plus que ce qu’elle ne pouvait demander. Le seul autre qui pouvait se comparer était le dirigeant du pays. Mais elle était inconstante, et Alus ne l’aimait pas personnellement, alors il l’avait exclue dans son esprit.

Quoi qu’il en soit, il aurait besoin de rencontrer le gouverneur général, mais il lui devrait une faveur si Alus s’occupait de la demande top secrète. Ça ne devrait pas être difficile de le faire accepter.

☆☆☆

Partie 9

En fait, Alus ne pensait pas que ça deviendrait important, même s’il y avait une fuite. Alors qu’Alice avait une affinité pour le sans attribut, ce n’était qu’un petit peu. Et ce ne serait pas suffisant pour utiliser de grands sorts. Au mieux, ça pourrait l’aider dans ses attributs de lumière. Bien sûr, cette bénédiction pourrait être très puissante, selon la façon dont elle avait été utilisée.

« Alors, qu’est-ce que tu vas faire ? Cela pourrait ne pas faire une grande différence, » déclara Alus.

Même lui était à peine capable de le contrôler, et il n’avait aucun moyen de faire des recherches. Donc s’il en parlait, il ne saurait pas quoi dire de toute façon. Ce pouvoir était aussi en partie à l’origine de sa passion pour la recherche sur la magie en général.

« Oui, mais je ne peux pas te le dire, » déclara Alus.

« Je ne te laisserai pas partir ainsi, » répondit Loki.

Après cela, Alus avait des affaires à régler dans la pièce, mais Loki était restée juste à côté de lui, le bombardant de questions pendant un bon moment. Pendant ce temps, contrairement au visage renfrogné du seigneur du laboratoire, la fille qui le suivait semblait s’amuser un peu.

En fin de compte, il avait réussi à éviter d’avoir à avouer son secret.

Mais après s’être allongée sur son futon cette nuit-là, Loki avait serré ses draps dans ses bras et avait violemment frappé avec ses pieds. Maintenant, je l’ai fait. Je suis devenu trop détendue après être devenu la partenaire de Sire Alus. Je savais déjà qu’en demander plus était trop complaisant. Je n’y avais même pas pensé… quelle gaffe !

Elle s’était réprimandée, mais ça s’était retourné contre elle. Se souvenant du barrage de questions, et le fait de le suivre partout, ne faisait que la faire sourire. C’était comme un rêve.

« Haah... »

Le propriétaire de la pièce était probablement encore en train de travailler dur pour ses recherches de l’autre côté de ce mur mince. Loki savait qu’elle ne pourrait pas le voir, mais une fois qu’elle avait reconnu sa présence, elle ne pouvait s’empêcher de vouloir regarder à travers le mur.

Il était sûrement en train de reposer son menton dans sa main à son bureau en ce moment même. Sa présence était si calme, il devait être très concentré…

Près d’une heure s’était écoulée depuis que Loki s’était couchée. Je devrais peut-être lui apporter du thé.

Dès qu’elle y avait pensé, elle s’était souvenue qu’elle devait se retenir. Alors au moins je peux préparer le pot.

Elle secoua la tête en se reposant sur son oreiller. Mais ça le rendrait plus fort que nécessaire. Il doit y avoir un moyen…

Plus elle pensait, moins elle pouvait rassembler ses pensées. Finalement, son esprit s’était assombri et sa conscience s’était évanouie. Seule sa respiration calme remplissait la pièce.

« Je vais le faire ! » La réponse avait été immédiate. Personne qui avait vu Alice n’imaginerait qu’elle venait de révéler son passé sombre avec un visage triste.

Alice s’était sentie sauvée en sachant que ses caractéristiques n’étaient pas toutes négatives. Quelle qu’en soit la raison, cela pourrait devenir une fondation pour son avenir en tant que magicienne si elle apprenait à la contrôler.

« Alors c’est décidé. Commençons par une étude sur la magie sans attributs, » déclara Alus.

Mais c’était aussi la question la plus problématique. Après tout, Alus était le seul à pouvoir lui apprendre.

Bien qu’on l’appelait sans attribut, son utilisation était plutôt restreinte. La manipulation de l’espace était principalement gouvernée par l’absence d’attributs. Les autres attributs avaient aussi le concept de manipulation, mais c’était indirect. Toutefois, l’absence d’attributs pourrait avoir une incidence directe sur l’espace.

Par exemple, si un magicien à attributs de feu devait créer une boule de feu à 20 mètres devant lui, il devrait bien sûr définir des coordonnées de cible. La magie s’exprimait généralement de telle manière que la construction du sort lui-même était projetée dans un espace limité. Pour ce faire, on fixerait le lieu de la manifestation à l’aide de la formule magique.

Ce qui permettait à la magie du feu d’avoir un effet sur l’espace désigné était la manipulation de l’espace. Quant à ce qui se passerait si on l’utilisait en parallèle avec l’absence d’attribut, cela permettrait d’omettre le processus de projection.

La magie normale pouvait également affecter l’espace, mais la manipulation de l’espace lui-même était l’essence même de l’absence d’attributs. À cause de cela, cela pourrait fausser davantage les lois du monde.

La simple déformation de l’espace exigeait cependant une énergie considérable, car le monde s’efforçait constamment de se redresser. Un jour, il sera possible d’utiliser cet effet pour la destruction.

Bien qu’une telle chose serait impossible sans la capacité au niveau d’Alus et le pouvoir massif de manipuler les lois du monde. Alice ne devrait pouvoir utiliser que des moyens plus restreints.

De plus, Loki participait à cette formation de type étude à sa propre demande. Alus avait supposé qu’elle faisait ça par obligation en tant que partenaire. Maintenant qu’elle savait qu’il pouvait utiliser la magie sans attributs, elle devait vouloir en savoir plus. Il avait été impressionné par sa passion.

Cela étant, Alus voulait leur enseigner efficacement. Compte tenu de sa mission secrète, ce serait une bonne idée d’éviter de passer trop de temps à le faire. Alors il déclara soudain. « D’accord, Alice, tu restes ici pour le moment. »

« Excuse-moi ? » demanda Alice.

« Oui, en effet. » Après avoir entendu parler du passé d’Alice, Loki était étonnamment d’accord avec cela.

« Excuse-moi !? » Alice demanda encore une fois.

Bien sûr, leur but n’était pas de se consacrer à une vie débauchée pendant les vacances. Malheureusement, Alus n’avait aucun désir charnel. Sur le champ de bataille, la priorité était de rester en vie. Les pulsions instinctives, en particulier, émoussaient la pensée logique, de sorte qu’Alus supprimait toutes ses émotions. Il s’était assuré la première place grâce à son talent exceptionnel, en plus d’avoir exclu tous ce qui n’était pas nécessaire, ce qui lui avait permis de se concentrer sur le perfectionnement de ses compétences et de ses techniques.

« Si je dois enseigner à Loki en même temps, c’est plus efficace de le faire ensemble. L’entraînement et les études dureront jusqu’à tard dans la nuit. Ce serait une perte de temps de rentrer chez soi tous les jours. »

« J’aurais aimé que tu le dises d’abord ainsi…, » Alice murmura avec un visage rouge, après avoir entendu l’explication d’Alus.

Voyant cela, Alus avait pensé qu’elle aurait dû pouvoir deviner que c’était pour rendre la formation plus efficace… Il pensait qu’il était temps pour Alice et Tesfia d’apprendre les bases de la façon de mettre leur esprit au travail.

« Alors on est sur la même longueur d’onde. Tu resteras ici à partir de demain. Bien sûr, je ne t’apprendrai que les bases de la magie sans attributs. Tu ne pourras probablement pas encore comprendre quoi que ce soit d’autre. J’ai aussi mes propres recherches sur lesquelles je dois me concentrer, alors je vais te mettre ces informations dans ta tête le plus rapidement possible, » déclara Alus.

« D-D’accord, » dit maladroitement Alice.

Alus ne prévoyait qu’un séjour d’environ trois jours. Il avait déjà pris en compte le temps de préparation de sa mission, et il allait lui enseigner toutes les bases entre-temps.

Prendre des notes, bien sûr, ne serait pas permis. Le fait de mettre l’information sur papier comportait le risque qu’il y ait des fuites, de sorte qu’elle devait être communiquée verbalement avec patience. Ils devraient se fier à leurs notes mentales.

Ce camp d’entraînement spécial n’allait pas durer longtemps. Peut-être qu’elle appréciait ce qu’elle étudiait, Alice passait son temps à s’entraîner sans aucun signe du traumatisme qu’elle avait montré auparavant.

Cependant, les choses devenaient bruyantes tous les soirs quand Alice et Loki prenaient leur bain. Alors qu’on l’appelait un laboratoire, c’était à peu près juste une grande pièce avec de l’équipement à portée de main. Le strict nécessaire pour vivre était en place, mais comme il n’était prévu qu’une seule personne pour y vivre, les murs étaient minces.

Alus ne pensait pas vraiment qu’elles devaient se baigner toutes les deux en même temps, mais elles semblaient avoir une opinion différente. Comme dire quoi que ce soit à ce sujet serait grossier, il n’avait pas d’autre choix que d’endurer le vacarme.

Aujourd’hui étant le dernier jour, les sons étaient vraiment tumultueux. Mais Alice était surtout celle qui batifolait bruyamment. Finalement, ça s’était calmé.

« Ouf, c’était un bon bain, » dit Alice en sortant et en entrant dans la loge avec une serviette de bain autour de la tête.

Sa peau était lisse et un peu rosée à cause de l’eau chaude.

Loki, qui sortait à ses côtés, utilisait la serviette suspendue à son cou pour sécher ses cheveux. Ses cheveux argentés translucides brillaient de mille feux grâce aux gouttes d’eau.

 

 

Elles étaient toujours hors de vue d’Alus. Seules leurs voix l’atteignaient. En fait, c’était le dernier jour, et Alice n’avait plus besoin de rester ici. Elle aurait pu rentrer chez elle, mais elle avait choisi de prendre un bain, ce qu’Alus n’avait pas fait. Elle était aussi restée dîner après ça.

Finalement, Alice s’inclina profondément devant la porte. Alus avait dit. « Laisse-moi faire le reste, tu reviens t’entraîner comme d’habitude demain. »

« S’il te plaît, » dit Alice.

Alus haussa les épaules en réponse. « Compris, alors rentre chez toi. » En réalité, les perspectives d’utiliser les caractéristiques d’Alice semblaient prometteuses. Bien que la recherche ait stagné sur l’attribut lumière et la magie sans attribut, il y avait beaucoup d’utilisations, même si elles étaient expérimentales. En fait, il y en avait presque trop.

Alors que la porte se refermait.

« Je pense qu’il est temps que tu me parles, Sire Alus, » chuchota Loki derrière lui.

Alors elle n’avait pas oublié.

Alus grimaça. L’explication, ou plutôt la justification de la raison pour laquelle il lui avait caché son attribut avait été suspendue pendant qu’Alice était ici, mais il semblait qu’elle se souvenait encore. « Loki, comme je l’ai dit... »

« Ce n’est pas ce que je veux dire. Je parle de toi pensant que je laisserais passer le secret, » Loki l’interrompit. Sa voix n’était pas fâchée, mais plus triste. « Ne me fais-tu pas confiance… ? »

Elle avait l’air de vouloir pleurer à tout moment.

Alus lui avait touché le front et s’était dirigé vers la table. « Ce n’est pas que je ne te fais pas confiance. Ce n’est pas quelque chose qu’on répand partout. Si je ne pensais pas que ça te causerait des ennuis, je te l’aurais dit dès le début. »

« C’est… mais garder le secret, c’était…, » Loki n’aimait pas ça émotionnellement.

Alus ne pensait pas que c’était un problème, tant qu’il n’y avait pas d’inconvénients, cependant… « Tu n’as pas un ou deux secrets à toi, Loki ? N’es-tu pas en mesure de… »

« Ce n’est pas le cas. »

« … Aucune ? »

« Pas du tout. Je n’ai rien à te cacher, Sire Alus, » répondit Loki.

C’était une déclaration inattendue. Voyant son attitude confiante, Alus avait jeté un coup d’œil ailleurs pour réfléchir à ce qu’elle allait dire ensuite. Même les monstres du monde extérieur n’avaient pas réussi à lui faire explorer un moyen de s’échapper comme ça…

« … Cela mit à part... Désormais, si j’ai quelque chose à te dire, je te le dirai quand le moment sera venu en tant que partenaire avant tout le monde, » déclara Alus.

« Vraiment !? » demanda Loki.

« Je ne reviens pas sur ma parole, » déclara Alus.

Loki avait eu un sourire soulagé, car elle venait d’être mise en priorité avant Tesfia ou Alice.

Alus se sentit soulagé, mais seulement pour un moment. Pour Loki, c’était juste un échauffement. Ses yeux qui le regardaient semblaient briller un peu.

« À partir de maintenant… ce qui veut dire que tu as toujours des secrets, » déclara Loki.

« … » Elle était trop maligne. Et Alus s’était retrouvé en train d’empêcher un uhm de s’échapper de ses lèvres.

Il pensait à l’autre type de mana en lui. Cependant, ce n’était pas quelque chose qu’il pouvait aborder avec insouciance.

☆☆☆

Partie 10

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Pendant ce temps, dans le laboratoire derrière le mur… Alors elle s’endormit finalement, se dit Alus. Le bruissement de l’oreiller et des draps s’était atténué après que Loki ait cessé de se tortiller.

Cela avait été trois jours difficiles pour elle et Alice. Elle devait être épuisée. De plus, elle l’accompagnait toujours, alors elle n’avait pas assez dormi.

Je suppose que je vais aller jeter un coup d’œil préliminaire tout seul.

Alus décida de laisser Loki se reposer une bonne nuit. Il avait sorti la robe qu’il avait utilisée pendant la leçon extrascolaire.

Après l’avoir mise, il avait sauté par la fenêtre. Il avait attrapé le bord du toit et s’était tiré vers le haut.

Je vais conclure rapidement.

Qui savait ce que Loki dirait s’il n’était pas revenu quand elle se serait réveillée ? Cela dit, Alus s’était dit qu’il n’était pas si mal d’avoir à se soucier du moment ou de l’endroit où il se trouvait, car il regardait un endroit éloigné du toit.

En première ligne se trouvaient la ligne défensive et les bases militaires, et derrière elles se trouvait la tour de Babel, très très lointaine. Dans l’ordre de la proximité du monde extérieur était la zone de garnison des troupes où se trouvait le quartier général militaire, suivie par la zone industrielle, puis la zone où se trouvait l’Institut.

À partir de là, la zone urbaine s’étendait vers l’intérieur. Il y avait beaucoup de roturiers, avec des résidences de noblesse et de luxe dans le quartier le plus proche de Babel, le plus sûr.

Alus se dirigeait vers une étendue de terre entre les zones de classe moyenne et supérieure. Cet endroit devait servir de zone tampon, avec de nombreuses routes et lignes de communication qui le traversaient. Les gens y étaient rarement vus la nuit. C’était un peu un no man’s land, malgré le manque de mamonos.

Si quelqu’un regardait une carte, il pourrait voir un mur invisible appelé position et statut, empêchant l’humanité d’être vraiment libre.

La nature y était également préservée. C’était une région très boisée. Dans le passé, les militaires y avaient établi de nombreuses installations secrètes. En d’autres termes, c’était un lieu d’histoire sombre, rempli des fantômes d’une méchante recherche. En dehors des routes et autres chemins, l’entrée des civils était interdite.

Se fondant dans l’obscurité de la nuit, Alus s’était précipité sur le sol sans se faire remarquer, se déplaçant comme le vent.

Puisqu’il s’était concentré sur le fait d’être léger comme un pied, il n’avait rien de gros avec lui. Il avait déjà la carte dans sa tête. Son examen préliminaire d’aujourd’hui visait également à s’assurer que la carte correspondait à la réalité.

Ce n’était pas comme s’il ne faisait pas confiance à l’information du gouverneur général, mais il y avait beaucoup à apprendre en voyant le site de ses propres yeux. C’était quelque chose qu’il faisait à chaque demande. Pour faire un travail parfait, il avait également estimé qu’il n’y avait personne de mieux placé que lui pour y jeter un coup d’œil.

En entrant dans le quartier bourgeois, il y avait encore des lumières ici et là. Les gens étaient éveillés même à cette heure. Bien sûr, comme c’était la ville la plus densément peuplée d’Alpha, c’était tout naturel.

« Je suppose que je vais couper par ici. » Alus avait immédiatement accéléré et avait couru sur les toits des maisons et des bâtiments commerciaux. Personne ne pourrait l’apercevoir.

La majorité des citoyens d’ici n’étaient pas des magiciens. Eh bien, ils pouvaient tous utiliser la magie pratique dans la vie de tous les jours, mais ne pouvaient pas être comptés comme combattants, car ils n’avaient pas la technique et la formation nécessaires pour utiliser leurs sorts au combat.

Alus avait sauté entre les toits sans faire de bruit, avant de s’arrêter et de regarder par-dessus la zone. Il pouvait entendre l’agitation de la rue principale. La ville avait passé une nuit calme, plongée dans les lumières brillantes.

C’était sans aucun doute le résultat des efforts d’Alus. Il avait apporté la paix à la ville en éliminant les mamonos.

« Cet endroit est insouciant, » dit Alus, exaspéré, mais en même temps, il semblait heureux.

Il avait vu des gens dans des restaurants finir la journée avec des boissons et de la nourriture. Même à cette heure, il y avait des ivrognes et d’autres individus qui se pavanaient dans la rue principale occupée par leurs propres activités.

La plupart d’entre eux n’avaient probablement jamais vu un mamono. Évidemment, ils payaient des impôts pour s’assurer de ne jamais avoir à faire face à une telle situation.

Pour Alus, c’était la forme ultime de la vie insouciante.

C’est à ce moment-là qu’Alus avait repéré quelque chose dans sa vision entraînée. C’est par pure coïncidence qu’il avait vu ce qui se passait dans l’allée sombre de la rue principale.

Il y avait cinq hommes, probablement pas des magiciens, qui entraînaient quelqu’un dans les ténèbres. C’était un problème, peu importe la façon dont vous le regardiez. Cinq hommes faisant équipe sur une personne seule, et Alus n’avait pas pu s’empêcher d’avoir l’impression qu’ils annonçaient leur statut de petits merdeux en le faisant.

Il était impossible de dire si la personne traînée dans l’allée sombre était un homme ou une femme, car elle portait une robe et une capuche. Et alors qu’Alus regardait d’en haut, il ne pouvait pas voir les traits du visage de la personne.

Mais il pouvait voir que la personne était plus petite que les hommes et avait des membres minces. C’était très probablement une femme… en y regardant de plus près, les hommes semblaient avoir une allure vulgaire.

C’était le genre d’affaire qu’il valait mieux laisser aux forces de sécurité, mais c’était la nuit, et cela se passait dans une ruelle sombre. De plus, il était difficile d’éradiquer ce type de crime.

Toutefois, il était actuellement en mission secrète. Au pire, il devrait le signaler anonymement aux autorités en sortant. Alors qu’Alus s’apprêtait à partir.

« Ça devrait suffire. Je n’en peux plus, madame. » L’homme le plus proche de la femme avait jeté sa bouteille et avait mis ses mains dans son pantalon. Provoqués par cela, les autres hommes s’étaient mis à rire grossièrement.

« Hé ! Tu as déjà une femme. »

« Allez, ce n’est pas drôle. Ne mets pas un frein sur ce genre de chose. »

« On ne trouve pas de telles beautés par ici. Arrête de dire des conneries et de nous faire perdre notre temps ! »

« Tu as raison, mon pote ! Tout ce qui arrive à partir de maintenant, c’est à cause de l’alcool. J’ai déjà perdu la mémoire. »

« Quel genre de femme fait attendre un homme... C’est toi qui nous as invités, alors débarrasse-toi de cette horrible chose. » L’ivrogne tendit la main à la femme pour lui arracher sa robe, avec un sourire vulgaire.

« — !! Hein ? »

Mais au fur et à mesure qu’il avançait d’un pas, il titubait. Ce n’était pas l’alcool. Il n’avait pas trébuché sur lui-même, mais son sens de l’équilibre s’était soudainement troublé. Faisant un deuxième pas, il s’était stabilisé et avait essayé de s’approcher à nouveau de la femme.

Mais sa main n’avait pas pu attraper sa robe. Impatiemment, sentant que quelque chose n’allait pas, il leva la main pour le regarder.

Un soudain rayon de lune brilla sur le bras de l’homme.

Sa main avait disparu.

Elle était à ses pieds.

« AAAGGHHHHHHH !! MA MA MAIN !! » cria l’homme, alors que le sang jaillissait de son poignet et le couvrait.

Juste avant cela, Alus avait vu des cheveux d’argent sortir du capuchon de la femme. Sentant arriver un mal de tête, il murmura, « C’est aller trop loin. »

Cette réaction extrême ne ferait qu’aggraver la situation. Le genre de résistance qu’une femme normale aurait opposée si elle avait été en danger aurait suffi. De cette façon, bien que personne ne puisse devenir un héros, elle attirerait l’attention et les autorités seraient alertées plus rapidement. Mais il n’y avait aucun moyen qu’un citoyen normal soit capable de ce qui venait de se passer.

Quoi qu’il en soit, d’après ce que l’homme avait dit auparavant, la femme les avait invités à aller avec elle, alors pourquoi ce changement soudain ? Alus ne pensait pas qu’il était obligé d’intervenir, mais s’il l’apprenait plus tard, il n’aurait qu’à la retrouver. Il avait donc reconsidéré la question et avait décidé de s’impliquer avant que les choses ne deviennent sérieuses.

« Qu’est-ce qui vient de se passer ? »

« Sa putain de main a été coupée ! »

La peur s’était répandue parmi les hommes. La femme tenait en l’air une lame tachée de sang qui brillait au clair de lune.

Cependant, les hommes ivres ne parvinrent à pousser des cris d’épouvante que lorsque leurs genoux s’affaiblirent et qu’ils tombèrent à reculons. Pas un seul n’avait montré des signes de fuite. Leurs moitiés inférieures se tachèrent lorsqu’ils regardèrent le premier homme qui roulait autour de lui en tenant son moignon.

La femme vêtue d’une robe avait préparé sa lame pour attaquer à nouveau les hommes. Cependant —

« — ! ! » Ses yeux s’arrêtèrent sur une silhouette qui apparut soudainement. Alus s’était rapidement interposé et avait arrêté sa lame en saisissant son poignet.

« Restez-en là, c’est tout. »

« … »

Sans la quitter des yeux, Alus parla aux hommes. « Et vous, sortez d’ici. N’oubliez pas votre ami, là-bas. Si vous êtes rapide, sa main peut être reconnectée. »

Dire que je devrais intervenir pour sauver ces hommes, pensa Alus, avec un sourire ironique.

« OK. » Un des hommes rampants avait attrapé la main tombée de son ami. Deux autres l’avaient soutenu d’un côté ou de l’autre alors qu’ils s’éloignaient. Ils avaient oublié de le remercier, mais Alus s’en fichait.

« Ce n’était pas qu’une petite dispute. Vous devriez partir avant que les forces de sécurité n’arrivent aussi. »

Alus avait lâché le poignet de la femme et l’avait repoussée. Si elle s’enfuyait maintenant, il n’avait aucune raison de la poursuivre. Cependant…

« Ne… pas… gêner… le… déroulement… du… test…, » murmura la femme vêtue, comme si elle gémissait. En un rien de temps, elle s’était mordu la lèvre si fort qu’elle s’était cassé la peau. Elle l’avait regardé avec des yeux injectés de sang.

Et, comme prévu, deux autres silhouettes étaient apparues derrière Alus. D’après leur physique, c’était un homme et une femme. Leurs robes voltigeaient, comme s’ils avaient sauté d’en haut.

« Je dis que j’allais vous ignorer, alors pourquoi venez-vous ? » Alus murmura à lui-même, bougeant enfin la tête pour les regarder.

Comme la femme devant lui, leurs yeux étaient injectés de sang. Peu de temps après, ils avaient sorti respectivement une épée et un kunai. Ils n’essayaient même pas de cacher leur soif de sang.

Ils sont sérieux. Mais je me démarquerais si on le faisait ici. Putain, je n’aurais vraiment pas dû m’en mêler.

Alors qu’Alus se plaignait dans son esprit, les trois personnes l’attaquèrent sans prévenir.

Cependant, il avait sauté en l’air avant qu’ils ne puissent l’atteindre. Atterrissant sur un toit voisin, il les avait regardés d’en haut.

Les trois avaient donné des coups de pied de part et d’autre des murs, le pourchassant. Ils l’avaient entouré sur le toit.

« Vous êtes des magiciens, n’est-ce pas ? » demanda Alus.

« … »

Pas de réponse. C’était la conjecture d’Alus basée sur les armes qu’ils détenaient… c’était probablement des AAR. De plus, leur réponse et leur encerclement de lui n’étaient pas mauvais. Leurs mouvements étant meilleurs que ceux de la plupart des magiciens.

☆☆☆

Partie 11

« Éliminer… les nuisances. » Leur encerclement était terminé, les trois personnes s’étaient rapprochées et attaquées comme un seul homme. Comme Alus était en mission de reconnaissance, il était les mains vides, mais il avait rapidement formé des lames de mana à deux mains et les avait affrontées. 

 

 

Ils sont assez rapides, mais…

Alus avait esquivé les attaques, bloquant l’épée avec sa lame de mana et retournant la faveur avec un coup de pied. Les ennemis avaient temporairement arrêté leurs attaques lors de cette démonstration habile, et il en avait profité pour s’enfuir.

Il avait sauté par-dessus le toit et avait couru toute la nuit.

Il n’avait même pas besoin de regarder pour voir qu’ils étaient sur ses talons, il pouvait les percevoir avec ses sens. La quantité de mana avec laquelle ils avaient enchanté leurs AAR était assez bonne. Ce n’était pas suffisant pour mesurer leurs capacités, mais d’après leur brève rencontre, il les avait classées à un niveau d’environ trois chiffres.

Finalement, il avait atterri dans un quartier abandonné de la ville. Il ne pensait pas qu’il s’était enfui au point de donner à l’ennemi l’option de ne pas le poursuivre.

Alus avait observé leurs mouvements, et il semblait que ce trio était plutôt agressif.

Cela semblait être une aire de repos, avec des bancs et des fontaines d’eau et plusieurs lumières autour pour repousser l’obscurité. Il y avait toujours un léger risque d’être vu, mais il n’y avait pas de problème à faire de la magie.

Après lui, les trois personnes vêtues avaient atterri l’un à côté de l’autre. Aucun d’entre eux n’était essoufflé.

« Je n’ai pas le temps pour ça, vous savez. Vous n’avez pas entendu dire que ceux qui persistent meurent jeunes ? » demanda Alus.

Un Kunai s’approcha de lui en étant jeté, et un homme sauta haut dans les airs, brandissant son épée. La femme qui avait jeté le kunai avait aussi chargé Alus.

L’attaque semblait simple, mais l’attaque principale venait de l’arrière par la femme dont l’AAR brillait de la lumière de la formule magique. Cette manœuvre n’avait probablement pas été planifiée. Il avait fallu beaucoup d’entraînement pour réaliser un tel mouvement sans paroles.

Alus ne regarda même pas le kunai, se concentrant uniquement sur les deux femmes qui venaient vers lui.

Il avait déplacé un bras en arrière, puis relâché la paume de sa main et l’avait poussé vers nulle part.

Un mur invisible avait dévié le kunai et avait emporté la femme qui s’approchait et celle qui se trouvait derrière. La formule magique du lanceur avait été annulée et l’éclat de l’AAR avait disparu.

Alus avait ensuite fait un demi-pas de côté et avait esquivé l’attaque suivante de l’homme. Avec tout son poids derrière l’épée, l’attaque de l’homme n’avait fait que détruire le sol et faire voler des débris. Bien qu’il y avait de la puissance derrière son attaque, il était facile d’esquiver ce genre de talent au sabre.

Ne ratant pas l’ouverture, Alus avait frappé l’homme sur son flanc.

Frappant le côté, le coup de pied avait fait voler l’homme comme s’il ne pesait rien, et il s’était écrasé sur l’un des lampadaires.

Il était probablement trop blessé pour bouger correctement.

Même désarmés, ils n’étaient pas difficiles à gérer pour Alus. Il avait évalué leur contrôle du mana au niveau à trois chiffres, mais leurs compétences au combat n’avaient rien à voir avec ce qu’il fallait pour l’inquiéter. Leurs capacités physiques étaient étrangement bonnes, mais le niveau d’habileté de leurs attaques était au mieux amateur.

En d’autres termes, ils étaient incroyablement faciles à lire et manquaient d’expérience pour combattre les gens. La puissance et la vitesse étaient bonnes, mais il n’y avait aucune variation dans leurs attaques.

« Nuisance, nuisance, nuuuuisaaance…, » marmonnait l’une des deux femmes en se levant.

Soudain, un coup de sifflet retentit de loin. Les forces de sécurité arrivaient. Apparemment, un spectateur curieux avait dû alerter les autorités. D’après l’origine du coup de sifflet, ils ne se montreraient probablement pas tout de suite.

Le son avait plus d’effet sur les trois personnages en robe que sur Alus. Ils avaient tous levé la tête à l’unisson.

« Retour, retour, retour, retour. » Le groupe s’était tourné vers un endroit complètement différent, et leur soif de sang avait disparu comme s’ils avaient tout oublié d’Alus. Et ils avaient simplement répété ce mot comme un disque rayé. Leurs bouches s’ouvrirent largement, leurs lèvres bougèrent tandis que leurs yeux et leurs expressions restaient stoïques.

L’instant d’après, ils s’étaient tous séparés et avaient couru dans des directions différentes.

« Alors, qu’est-ce que je fais ? » demanda Alus.

Il n’y avait pas assez de temps pour tous les attraper. Au mieux, Alus pourrait en attraper deux. De plus, l’effort qu’il aurait dû fournir ne correspondait pas à ce qu’il obtiendrait en retour. De plus, il avait déjà perdu plus de temps que prévu, alors il avait décidé d’aller de l’avant avec sa propre mission.

S’il entrait en contact avec les forces de sécurité, il finirait par perdre beaucoup de temps à confirmer son identité, car il n’avait pas son AAR ou son permis. Rien que d’y penser, j’ai mal à la tête.

***

Au retour d’Alus, le soleil était sur le point de se lever. Il était entré en sortant par la fenêtre.

« Où es-tu allé ? »

Et dès qu’il était entré, il avait été dévisagé par une petite silhouette aux bras croisés. Loki fronça les sourcils alors qu’elle l’interrogeait de près.

« Je me préparais pour la mission. Je ne voulais pas te réveiller, et j’étais bien tout seul, » déclara Alus.

« Ça veut juste dire que tu n’as pas besoin de moi, » déclara Loki.

« Je n’ai pas dit ça. Je suis juste allé jeter un coup d’œil. Je ne pouvais pas me résoudre à t’emmener alors que tu étais si fatiguée, » dit Alus, trouvant des excuses au hasard.

« Haah... »

Alus se demanda si ce soupir était parce qu’elle l’acceptait.

« Je comprends, » déclara Loki.

Elle avait fini par céder. Mais quand elle l’avait montré du doigt à la table et qu’elle avait versé du café de la cafetière, Alus s’était gratté la joue, réalisant que cela prendrait du temps.

« Alors, qu’as-tu fait exactement ? » demanda Loki.

« … »

Elle était comme une belle-sœur ou un majordome lancinant, mais dire cela ne ferait que jeter de l’huile sur le feu. Alors qu’elle était douée pour cacher ses sentiments, son partenaire savait comment parler.

« Je confirmais les documents que j’ai reçus du Gouverneur général. Comme je l’ai dit, le voir soit même est plus fiable, » répondit Alus.

« Je n’ai jamais fait de telles missions, donc je ne le saurais pas vraiment », déclara Loki.

C’était logique. Alus était pratiquement le seul à travailler dans les coulisses, même après que Loki soit devenue son partenaire. « C’est complètement différent de l’élimination des mamonos. C’est pourquoi… il vaudrait peut-être mieux que tu ne t’impliques pas, » conclut-il sérieusement.

« Ça ne marchera pas ! Maintenant que je suis ta partenaire, je…, » commença Loki.

Il lui avait immédiatement retiré son objection. « Loki, tu es mon partenaire quand il s’agit de mamonos. C’est du travail spécialement pour moi. Tu n’es pas obligée de venir avec moi. »

De plus, la cible était un être humain. C’était fondamentalement différent de traiter avec des mamonos qui n’étaient pas vivants au sens habituel du terme.

Mais Loki s’était immédiatement opposée à cette idée. « Non ! Les péchés de Sire Alus sont mes péchés. Ne peut-on pas tous les deux les porter ? … En plus, j’ai plein d’obligations… d’obligations… »

Ses paroles s’estompèrent à la fin, et il ne pouvait pas les entendre, mais Alus décida qu’il valait mieux ne pas lui demander de se répéter.

Puis il y avait eu ce regard dans ses yeux. Au cours de leur simulacre de bataille pour son poste de partenaire, elle avait montré le même regard. Elle avait révélé sa volonté inébranlable, disant qu’elle ne détournerait pas les yeux et ne céderait pas.

« Je… Je n’ai pas dit que je ne voulais pas t’emmener. » C’était aussi pour ça qu’il avait laissé Loki écouter l’appel de la mission. « Je t’emmènerai, mais je serai le seul à porter le péché. Tu as juste besoin d’être là en renforts. »

« Je me suis résolue à le faire ! » Loki claqua la table et se leva. Elle mit les mains contre sa poitrine, et ce regard insistant montra clairement qu’elle comprenait le péché qu’elle devait porter, et qu’elle avait la force de le faire.

Alus avait baissé ses épaules. Elle ne reculerait pas quoiqu’il arrive. « D’accord, je m’en occupe. » Il avait levé les mains pour se rendre.

Il savait qu’il se contredisait. Rien qu’en l’emmenant dans la mission, elle pourrait devenir complice de meurtre. Et si elle n’y était pas préparée, il pourrait même se mettre en danger. Il avait eu le sentiment que ça allait arriver quand il l’avait prise comme partenaire.

Mais il avait quand même des appréhensions. Alus pensait que tuer des gens était en un sens plus difficile que tuer des mamonos. Il fallait autre chose qu’une simple puissance de combat. La capacité de rester sain d’esprit… la prétention de détermination d’une personne pourrait n’être que le bluff d’une personne inexpérimentée.

Tuer quelqu’un était une épée à double tranchant. La lame qui avait mis fin à une vie était aussi plongée dans son propre cœur. Il y avait une chance que le traumatisme mental vous empêche d’utiliser à nouveau la magie.

On pouvait s’en sortir avec assez de détermination, mais Alus s’était demandé si cela valait la peine de prendre le risque de perdre de précieuses capacités de combat. Bien sûr, c’était une excuse, ça pourrait être qu’au fond, il ne voulait pas que les mains de Loki se salissent. Mais il n’allait pas exprimer ses sentiments à haute voix.

Quoi qu’il en soit, c’était à Loki de décider et non à lui. Il le savait assez bien.

« Si tu veux aller aussi loin, laisse-moi partager les informations que j’ai. Mais encore une fois, c’est à peu près ce que disent les documents que nous avons. Cependant, il y aurait quelque chose de très mal à faire si ses recherches ont donné des résultats. S’il poursuit son projet fou de séparation des facteurs d’éléments, il ne peut pas le faire sans expériences humaines. Ce qui veut dire qu’il aura besoin d’équipement et de fonds à grande échelle. En d’autres termes, il aura un parrain. »

« Nous n’avons aucune information à ce sujet, » déclara Loki.

« Le gouverneur général n’en a peut-être pas eu vent. Je me demande ce qu’on va attraper, » déclara Alus.

☆☆☆

Partie 12

Ce genre de mission ne visait pas seulement à éliminer une cible. Après avoir pris les devants, il leur fallait enchaîner leurs supporters et les faire tomber d’un seul coup. Les quatre jours qui lui avaient été accordés étaient probablement destinés à lui permettre d’examiner ces questions.

De plus, la cible ne pouvait en aucun cas être autorisée à s’échapper. Un sondage négligent pourrait faire exploser leur couverture et gâcher leur chance.

« Espérons que le gouverneur général ne foire pas, » déclara Alus.

« C’est vrai…, » Loki avait l’air de vouloir dire quelque chose, et elle marmonnait. « Hum… Et Mlle Alice ? »

Cette mission était, par coïncidence, liée à Alice. Après tout, la cible était l’homme qui lui avait laissé une grosse cicatrice dans le passé. 

Loki pensait qu’Alus en avait tenu compte, après ce qu’il avait entendu d’Alice. Mais à moins qu’elle ne fasse quelque chose, il ne dirait probablement rien. 

De plus, elle avait passé quelques jours avec Alice pendant leur camp d’entraînement spécial. La distance qui les séparait s’était rapprochée alors qu’elle n’en était pas consciente. Et ses paroles avaient un ton d’appel et de tristesse.

« On ne devrait probablement rien lui dire. Ce n’est pas comme si elle pouvait faire quoi que ce soit même si nous le faisions. On ne peut pas l’emmener, après tout, » déclara Alus.

« Oui… bien sûr, » murmura Loki, et elle regarda par terre. Dans le passé, elle avait proclamé son aversion pour les deux filles, mais après s’être entraîné ensemble et avoir appris le passé d’Alice, quelque chose avait changé en elle. Alice semblait s’être débarrassée de son passé, mais en même temps, il y avait des choses qu’elle n’avait pas réussi à oublier, et Loki espérait qu’une occasion quelconque l’aiderait à le faire.

Alus ne pensait pas qu’il y avait quelque chose de mal à ça. Mais si Alice devait affronter l’homme qui avait ruiné sa vie, elle tremblerait sûrement d’angoisse. Il y avait aussi la possibilité que la vengeance n’enlève pas sa douleur, au lieu d’apporter une obscurité qui remplirait son cœur. Et ensuite, que se passerait-il ?

On disait souvent qu’un magicien devait rester calme en tout temps. C’était parce qu’ils avaient besoin d’une maîtrise de soi suffisante pour maîtriser leurs émotions afin d’utiliser la magie. Alice était encore immature et risquait de perdre ce contrôle. Les symptômes de traumatisme qu’elle avait montrés l’autre jour avaient traversé l’esprit d’Alus.

Et même si Alice avait réussi à surmonter son traumatisme par la vengeance, cela allait à l’encontre des magiciens. Le pouvoir de la magie était une arme de possibilité créée pour chasser la menace des mamonos. Cela n’avait certainement pas évolué pour tracer un chemin sanglant.

Alus ne voulait même pas penser si elle voulait vraiment ça. Quoi qu’il en soit, Alice devait décider du chemin qu’elle allait prendre toute seule, sinon ce serait inutile. Si elle devait emprunter l’aide de quelqu’un d’autre pour se venger, elle ferait mieux de ne rien faire.

C’est alors qu’Alus se souvint soudain du sourire qu’Alice avait souvent montré pendant le temps qu’ils avaient passé ensemble.

C’est vrai — à la fin, il n’avait qu’à le faire lui-même. Si Alice découvrait que la cause de son traumatisme était déjà partie… le temps guérirait sûrement ses blessures.

Alus avait décidé de mettre sa foi en cela. Alice n’était plus seule. En travaillant à ses études et en passant ses journées avec ses amis, ce qui lui manquait devrait se combler, avec le temps. Finalement, le jour viendrait où elle serait de nouveau entière, comme une croûte sur une plaie qui disparaîtrait, ne laissant derrière elle qu’une petite cicatrice.

Surtout, il sentait qu’elle était heureuse de sa situation en ce moment. C’est pourquoi, pour l’instant — « Cette discussion est terminée. »

« Oui. »

« Je vais me reposer jusqu’à midi, désolé, mais peux-tu t’occuper de l’entraînement d’Alice si elle arrive ? » demanda Alus.

« Bien sûr que oui. » Loki avait une expression soulagée, alors qu’elle l’avait accepté. Elle avait compris que le propriétaire de la chambre s’occupait d’Alice.

Alors qu’Alus ouvrait la porte de sa chambre, il trouva son lit fait.

Il avait été impressionné par sa partenaire attentionnée et s’était couché, se sentant exceptionnellement épuisé mentalement. En la remerciant, il avait eu l’impression que ce serait inconsidéré. C’était un acte stupide qui n’était pas aussi prévenant que cela la rendrait plus inquiète.

La lumière venant de la pièce principale ne l’avait pas empêché de se reposer. Il y a quelques minutes, il faisait parfaitement clair. Mais il était déjà prêt à se reposer avant de voir son lit et de s’y coucher. Ce n’était pas le monde extérieur ni une caserne militaire. Cette connaissance avait soulagé ses sens aiguisés, lui permettant de se détendre.

Il savait ce qui allait se passer. Sa conscience s’enfonçait profondément sous l’océan alors qu’il s’endormait entouré des couleurs sombres de la mer. Éventuellement, son corps se détendait complètement lorsqu’il serait entré dans un état de sommeil profond.

Soudain, il se rendit compte qu’il avait oublié de parler à Loki de l’étrange groupe qu’il avait rencontré, mais, eh bien, ça peut attendre une autre fois, pensa-t-il, et il ferma les yeux.

Son épuisement mental avait atteint son apogée. Alus n’avait aucun moyen de résister à la somnolence accablante qui l’emporterait sur son épuisement.

Tout cela avait commencé le jour où il était entré dans l’Institut… rien de tout cela n’était spécial par rapport à ses batailles dans le monde extérieur. Mais dernièrement, il avait fini par beaucoup parler et sa fatigue mentale s’était aggravée. Même alors, Alus s’était endormi quelques secondes après s’être allongé.

La chambre à coucher s’était tue, au point qu’on pouvait entendre une épingle tomber. Pouvoir se reposer du fond du cœur comme ça, c’était sans doute grâce à la diligence de Loki qui avait créé l’espace pour lui.

***

Quelques heures plus tard, la fille aux cheveux couleur miel était arrivée au laboratoire.

Alice avait ouvert la porte déverrouillée d’une manière familière et avait accueilli Loki qui travaillait dans la cuisine.

« Bonjour, Mlle Alice… Je vais tout de suite mettre du thé, » répondit Loki dans un volume restreint. Mais ses mots suivants expliquant comment Sire Alus dormait n’atteignirent pas Alice, noyée dans le bruit de sa préparation du service à thé.

Alice était entrée dans le laboratoire. Elle avait cherché Alus avec un regard confus. Peu de temps après, elle posa le doigt sur son menton et, lorsqu’elle s’en rendit compte, un sourire espiègle apparut sur son visage.

Comme si elle jouait à cache-cache avec les enfants, elle s’était rendue dans la chambre d’Alus.

Cela dit, ce n’était qu’une simple cloison avec une porte, tout comme la chambre de Loki.

Elle s’approcha lentement de la porte, et se servit de son doigt sur la porte légèrement entrouverte pour l’ouvrir, juste assez pour qu’elle puisse y jeter un coup d’œil.

À l’intérieur, elle ne voyait qu’un lit — une vue solitaire.

Elle avait trouvé le garçon allongé sur le lit. Se glissant à l’intérieur de la chambre, Alice s’approcha du lit.

Se conformant à sa respiration, elle était aussi devenue calme et tranquille.

Finalement, elle avait planté ses coudes sur le bord du lit, ses genoux sur le sol, et elle avait regardé doucement Alus.

Il avait un regard si innocent, comme si cette expression sévère habituelle n’était qu’un rêve. Alice sentait aussi que ses cils étaient longs pour un garçon.

Il était vraiment comme un enfant, Alice riait d’elle-même. Vu qu’il ne l’avait pas remarquée du tout, il devait dormir profondément.

Son visage s’était adouci en regardant Alus endormi. Elle ne savait pas pourquoi, mais elle avait l’impression qu’il était extrêmement fatigué mentalement pour des raisons sans rapport avec la magie.

« Je te remercie. » La gratitude coulait naturellement de sa bouche. Juste au moment où elle atteignait son doigt pour éloigner la frange qui lui couvrait les yeux…

« … Alice, tais-toi, s’il te plaît, » dit une voix basse juste à côté d’elle. C’était si doux qu’Alice pouvait à peine s’en rendre compte. Surprise et embarrassée, elle avait retiré sa main. Et avec un sourire, elle s’était retournée.

« … Oui. Tu as raison. »

Là, elle vit Loki debout avec un doigt solitaire devant sa bouche souriante. Comprenant le sens de cette expression qu’elle n’avait jamais montrée, Alice avait fait de son mieux pour ne pas faire de bruit quand elle se levait.

« Je parie qu’il était très fatigué. Il ne s’est pas réveillé, même si j’étais tout près. Pour autant que je sache, il n’a jamais dormi aussi profondément depuis que je vis ici… C’est vraiment affligeant, » continua Loki, parlant d’une voix calme avec un sourire ironique.

Mais c’était inévitable. Le cruel champ de bataille auquel il avait été habitué auparavant était un endroit où il ne pouvait pas reposer son esprit ne serait-ce qu’un instant. Loki ne voulait même pas imaginer depuis combien de temps il n’avait pas eu un sommeil vraiment profond.

C’est la raison pour laquelle... Je veux le laisser se reposer pour l’instant. C’est vrai, pour l’instant… répéta-t-elle dans son esprit, regardant ailleurs avec un sourire soulagé.

Les deux filles étaient donc parties sans faire un bruit. Finalement, Alice tourna ses yeux noisette vers Alus.

« Bonne nuit, Al, » murmura Alice.

Sur ce, les filles quittèrent la chambre et fermèrent la porte. Lentement, mais sûrement… en veillant à ce que la porte fasse le moins de bruit possible, les deux filles étant du même avis.

La porte maintenant complètement fermée, elles s’étaient dirigées vers le centre du laboratoire. Loki s’arrêta, et se retourna vers Alice avec une expression inébranlable. « Quant à l’entraînement d’aujourd’hui, je remplacerai Alus. » Son comportement était clairement basé sur l’atmosphère d’Alus.

Malheureusement, Alice, qui était plus grande que Loki, avait fini par trouver ça mignon. Ses tentatives d’imitation de son partenaire n’avaient abouti à rien. Elle avait évidemment essayé d’imiter l’atmosphère d’un instructeur militaire avec la façon dont elle tenait ses mains derrière son dos, mais Alice ne pensait pas qu’elle avait la moindre dignité.

Elle s’était ressaisie pour faire face à cet adorable spectacle.

« Oui, compris. J’ai hâte d’y être… Loki chérie, » déclara Alice.

☆☆☆

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