Saikyou Mahoushi no Inton Keikaku LN – Tome 1 – Chapitre 3

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Chapitre 3 : Une rencontre imprévue aux couleurs argentées

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Chapitre 3 : Une rencontre imprévue aux couleurs argentées

Partie 1

Alus se concentra sur le bâton se trouvant dans sa main.

Tesfia et Alice avaient aussi fixé leur regard dessus. En réalité, c’était la première fois qu’elles voyaient la magie d’Alus, mais pour Alus, cela lui rappelait l’entraînement quotidien qu’il faisait chaque matin.

Il avait recouvert le bâton de mana en un instant, aussi naturellement que de respirer. C’était vraiment magnifique. Mais Alus n’avait pas l’intention de se vanter, il n’allait pas leur dire. « C’est ça, être imprégné de mana. »

Les yeux des deux filles s’ouvrirent en grand. C’était une réaction compréhensible.

Alus ne savait pas à quel point Alice était douée pour enchanter, mais il avait clairement montré à Tesfia qu’ils étaient à des niveaux différents.

Les deux filles avaient poussé leurs visages plus près du bâton, complètement fasciner au point d’oublier de cligner des yeux.

« Qu’est-ce que c’est que ça ? » demanda Alice.

« C’est magnifique ! » s’exclama Tesfia.

La surface avait été recouverte d’une très fine couche de mana, de quelques millimètres tout au plus. La membrane de mana coulait aussi doucement qu’un ruisseau d’eau, réfléchissant la lumière d’une belle manière.

« Il n’est pas nécessaire que ce soit à ce niveau, mais je vais vous demander de rendre vos enchantements plus utilisables. Sinon, vous ne ferez que gâcher la puissance de vos armes, » déclara Alus.

« Urgh... » Les oreilles de Tesfia brûlaient, des sueurs froides coulaient sur sa joue.

Comme les deux filles respiraient pratiquement contre le bâton, Alus avait défait son enchantement pour attirer à nouveau leur attention.

Au fur et à mesure que le mana sortait du corps, il commençait au niveau de la poignée et remontait graduellement le long de l’arme. Cependant, ce mana n’était pas retourné dans le corps. Le mana dirigé hors du corps était constamment dégradé. C’est pourquoi il fallait toujours faire sortir du mana de son corps.

« Juste pour que vous le sachiez, c’est une formation pour débutants. Si vous ne pouvez pas faire ça, vous ne pourrez jamais vaincre les mamonos. Au contraire, vous serez leur proie presque immédiatement, » déclara Alus.

Les deux filles avaient dégluti en entendant ça.

Mais il n’y avait qu’un seul bâton devant eux. Ayant remarqué cela, Alice ouvrit la bouche pour dire quelque chose. Cependant — .

« Alors, commençons. » Alus avait coupé le bâton en deux avec sa main.

« — !! »

Elles n’avaient aucune idée de ce qu’il venait de faire. Les filles avaient entendu dire qu’on pouvait faire quelque chose comme ça avec de l’entraînement, mais elles savaient vaguement que ce n’était pas qu’un bout de bois. Et de toute évidence, il n’était pas fait de quelque chose de facile à couper comme du verre.

Normalement, le mana était l’énergie utilisée pour jeter des sorts. Et il n’était pas étrange qu’il existe des sorts qui pouvaient trancher ou découper des objets.

Cependant, Alus n’avait pas utilisé d’incantation, et il ne maniait pas non plus un AAR qui lui permettait d’omettre l’incantation. Il expliquerait le mystère, mais il voulait d’abord voir si elles l’avaient compris. « … C’est une application de l’enchantement. »

« Pas possible !! Je n’ai pas vu de mana. » Bien que Tesfia l’ait vu se produire sous ses yeux, elle avait interrogé Alus, et Alice avait également hoché la tête.

Alus était choqué. « Si des individus comme vous pouvaient le remarquer, je pourrais difficilement m’appeler un “Unique Chiffre”. »

Les deux filles n’avaient pas compris de quoi il parlait, et l’avaient regardé d’un air interrogateur. Voyant à quel point elles étaient curieuses, Alus savait qu’à moins qu’il ne révèle le truc, Tesfia et Alice seraient trop distraites par le mystère pour passer à autre chose.

Alus haussa les épaules avec une expression résignée. Il avait enroulé un bloc-notes, le faisant ressembler à un bâton. Il avait ensuite répété la même technique qu’auparavant, mais cette fois au ralenti.

Il balaya lentement sa main de côté.

Les deux filles, insensibles à tout danger, avaient rapproché leur visage afin de pouvoir résoudre le mystère.

Eh bien, Alus n’allait pas faire d’erreurs qui les mettraient en danger, alors il avait continué sa technique. Dès que sa main avait touché le papier, il l’avait recouvert de mana en un instant. C’était une quantité tellement minuscule de mana que les deux filles n’auraient pas pu la voir, si elles ne l’avaient pas observée de près.

Encore une fois — le mana se détériorait une fois dirigé vers l’extérieur du corps. Si les deux filles inexpérimentées l’avaient essayé, elles ne seraient pas capables d’enchanter un objet en un instant, et leur mana se déplacerait lentement vers la pointe de l’objet, construisant la membrane au fil du temps…

L’instant d’après, la main d’Alus avait coupé le papier sans aucune résistance.

C’est tout ce que Tesfia et Alice avaient pu discerner. « C’était donc vrai ! Mais… »

« Ouais. Pourquoi coupe-t-il le papier ? »

Normalement, imprégner quelque chose de mana avait pour but de renforcer l’objet, et comme la matière organique avait la propriété d’absorber le mana, cela ne servait généralement à rien de tenter de l’enchanter. Même si un poing était recouvert de mana, la majorité serait absorbée tandis que les restes se détérioreraient et se disperseraient.

C’est pourquoi le fait qu’Alus ait pu couper du papier avec sa main signifiait qu’il ne faisait pas que l’enchanter. Cela dépassait clairement le bon sens, mais s’il l’expliquait maintenant, les deux filles ne feraient que se confondre.

Alus se demandait s’il devait demander à Cisty si ces deux-là étaient vraiment aussi excellentes qu’elle le disait, mais comme cela ne changerait pas la situation en mieux, c’était une perte de temps.

Il avait donc décidé de leur faciliter la compréhension. « Toi, donne-moi ton AAR, » dit Alus, en montrant Tesfia du doigt.

N’aimant peut-être pas qu’on l’appelle « toi », Tesfia fronça les sourcils. « J’ai un prénom, tu sais. » Elle tenait son katana contre sa poitrine, comme si elle disait qu’elle ne le laisserait jamais l’avoir.

Alus était arrogant avec elle, estimant que ces dialogues interminables étaient une autre perte de temps. « C’était quoi déjà ? »

« — !! Ce type est vraiment…, » s’exclama Tesfia.

« Arrête, Fia. » Alice calma Tesfia, qui avait laissé sa colère l’emporter sur elle. Tesfia retroussait ses manches et dégaina son katana.

« Oh, c’est vrai, tu es Trashfia. Merci, Alice, » déclara Alus.

« Ce n’est pas bien ! » s’écria Tesfia.

Alus sourit malicieusement, mais sachant qu’ils n’arriveraient à rien de tel, il revint à une expression sérieuse. « Tesfia, si tu ne me le prêtes pas, on perdra notre temps. »

Tesfia avait été stupéfaite par la rapidité avec laquelle Alus avait changé d’attitude, mais elle avait perdu à cause de sa persistance. Alors qu’elle était encore en colère, elle poussa un soupir de soulagement qu’il n’ait pas réellement oublié son nom. Mais Alice était probablement la seule à comprendre ses sentiments.

Alus dégaina le katana et il déclara avec admiration. « C’est vraiment une bonne épée. Les formules magiques sont également précises. Je peux comprendre pourquoi tu as choisi ceci comme AAR. » C’était un éloge sans réserve de la part d’Alus. Bien sûr, il était dirigé vers le katana et non vers sa propriétaire.

Les formules magiques gravées sur la lame étaient, comme il s’y attendait, destinées à faciliter les sorts d’attributs de glace. Il s’était mis au travail pour couvrir le katana de Tesfia avec du mana.

Les deux filles étaient envoûtées, captivées par la beauté de l’objet, rapprochant leur visage de la lame malgré le danger.

« Allez…, » Alus les avait ramenés à la réalité, puis avait continué. « Dans cet état, il va bien sûr couper le papier. Pourquoi pensez-vous que c’est ainsi ? »

« Ah — !! » Il semblait qu’elles l’avaient enfin réalisé.

« C’est vrai. La raison pour laquelle la lame peut couper malgré le mana qui la recouvre, c’est parce qu’elle trace avec précision les bords, » déclara Alice.

Les deux filles avaient pointé les yeux vers la lame, rapprochant leurs visages encore plus qu’auparavant. « Je le vois ! » Elles avaient enfin eu un aperçu de la précision et de la délicatesse du contrôle du mana d’Alus.

« Bien sûr, ce n’est pas si impressionnant en soi. Avec le vrai objet devant vous, tout ce que vous avez à faire, c’est de le couvrir de mana. » Il avait parlé comme si c’était simple, mais comme les deux filles ne pouvaient même pas le faire, cela avait réaffirmé combien Alus était étonnant. « Et une application pratique de ceci est cette frappe de la main d’avant. En d’autres termes, vous ne tracez pas la surface avec du mana, mais vous contrôlez intentionnellement le mana pour créer une lame de pur mana. »

« Penser quelque chose comme ça existe, c’est…, » Alice murmura, le croyant à peine, mais avec quelqu’un qui pouvait le faire debout devant elle, elle n’avait pas fini sa phrase.

Mais il y avait là une contradiction. Et comme les deux filles ne l’avaient pas remarqué, Alus ne l’avait pas dit.

Comme le mana avait la propriété de se détériorer une fois dirigée hors du corps, même s’ils pouvaient le transformer en lame, il ne resterait dans cette forme que pour une courte période.

C’était l’extraordinaire disposition d’Alus qui l’avait rendu possible. Il finirait par révéler le truc, mais il restait à voir si les deux filles pouvaient y arriver. « Eh bien, si vous pouvez le faire, vous pouvez atteindre jusqu’à un nombre à deux chiffres. »

Tesfia et Alice ne pouvaient honnêtement pas se réjouir d’entendre ça. Puisqu’elles ne pouvaient même pas faire correctement un enchantement normal, atteindre ce niveau demanderait un effort insondable. De plus, il n’y avait aucune garantie qu’elles seraient capables de le maîtriser.

« C’est là que ça entre en jeu. » Alus avait donné à chacune d’elles un morceau du bâton qu’il avait cassé plus tôt.

Les filles les regardaient partout comme pour les évaluer, et après avoir déterminé qu’elles n’avaient rien, elles saisissaient fermement les morceaux.

« Celles-ci ont été faites en utilisant le cadavre d’un mamono que j’ai exterminé une fois, donc…, » après qu’il l’ait dit, les sons des morceaux qui tombaient sur le sol résonnèrent. « Hé ! Il n’y en a que deux dans le monde entier. »

« Non, mais…, » balbutia Tesfia.

Si elles agissaient comme ça pour tuer des mamonos, leur avenir semblait sombre. « Ne vous inquiétez pas, » leur dit Alus. « Je m’entraîne avec ça depuis des années, alors il ne va rien se passer. »

Alice, en entendant ça, avait pris son bâton. Tesfia, d’autre part, se débattait et traitait le bâton comme s’il s’agissait d’une saleté ou d’une matière dangereuse, le tenant avec le bout de ses doigts.

« Je n’ai pas besoin de continuer ici, tu sais, » déclara Alus.

Tesfia se dépêcha de fixer sa prise sur le bâton.

Alus savait qu’il ne pouvait pas éviter d’être leur instructeur, mais il avait compris qu’ils ne pouvaient pas continuer à moins qu’il ne menace un peu Tesfia. « D’abord, essayez d’infuser du mana à travers les bâtons. »

« Oui ! » Alice semblait avoir changé de rythme, car elle avait donné une réponse motivée à Alus.

Cependant, au moment où les deux filles avaient fait passer du mana à travers les bâtons, il s’était dispersé.

« — !! »

Les lèvres d’Alus se plissèrent en un sourire, alors qu’il expliquait la cause. « Cela fait partie de la nature de ce mamono. Tout mana qui le touche est dispersé. »

« Comment sommes-nous censés l’enchanter ? » Pour Tesfia, c’était une question évidente.

Alus aurait préféré qu’elle réfléchisse elle-même à la bonne réponse, mais comme cela pourrait prendre des jours, il lui avait dit tout de suite. « Vous devez maintenir votre mana présent et solide. »

Les deux filles n’avaient probablement pas compris, puisqu’elles n’avaient jamais consciemment déplacé leur mana avant. Le fait qu’elles n’aient pas agi tout de suite en était la preuve.

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Partie 2

« Je suis impressionné que vous puissiez vous qualifier d’excellente vue comme vous êtes maintenant, » déclara Alus.

« Ce n’est pas nous qui le disons, » déclara Tesfia.

Tu ne le dis peut-être pas tout haut, mais ton attitude dit le contraire, pensa Alus. Même si Tesfia avait agi modestement, elle était très gênée. Il s’était retenu de dire à Tesfia que les gens comme elle devraient se dépêcher de se faire dévorer par les mamonos… mais il n’avait pas pu s’empêcher de tenir sa tête en raison de la douleur.

Une fois de plus, il avait affirmé que seuls ceux qui savent bien s’occuper des autres étaient aptes à devenir des enseignants.

Ayant été forcé de réaliser cela, on pourrait penser que l’attitude d’Alus envers les enseignants pourrait changer… mais ce ne serait probablement pas le cas. « Toutes les deux, montrez-moi un peu de peau. »

Il y avait eu une pause après ce qu’Alus avait dit, ce qui pourrait être interprété comme du harcèlement sexuel, mais Alice lui avait obéi et lui avait montré son bras, et Tesfia avait remonté sa manche. N’importe où aurait été acceptable tant que c’était de la peau nue, donc si elles avaient vraiment commencé à se déshabiller, Alus aurait dû admettre qu’il avait utilisé une phrase inappropriée.

« Aïe !! »

« Argh !! »

Alus avait soudainement pincé Tesfia et Alice. Bien sûr, il y avait un but derrière tout ça.

« Qu’est-ce que tu fais ? » s’écria Tesfia.

Une question évidente, mais il serait plus rapide de les laisser l’essayer. « Concentrez le mana sur vos jambes comme ça. »

« … »

Le mana était généré dans le corps et circulait à travers le corps en fonction des besoins. Lors de l’utilisation des AAR, les magiciens avaient tendance à concentrer inconsciemment le mana dans la main qui saisissait l’arme.

Il était possible de concentrer consciemment le mana dans une partie du corps. Mais alors que des gens utilisaient cette focalisation de mana consciemment, l’écrasante majorité contrôlait habituellement leur mana inconsciemment.

Comme les instincts étaient profondément entrelacés avec le mana, le comportement réflexe d’une personne avait également eu un effet sur elle. Avec l’esprit et le corps si étroitement liés au mana, il devenait parfois fou.

C’est pourquoi les magiciens avaient toujours eu besoin de rester calmes… mais cela n’avait rien à voir avec ça.

En d’autres termes, en les pinçant au bras, une douleur s’était manifestée et leur attention avait été dirigée vers un seul point. Le mana avait également répondu à la douleur et avait circulé là. C’était un entraînement pour concentrer le mana ailleurs d’où le fait de devoir faire mal.

Cependant, la version militaire de cette formation n’employait pas un acte aussi gentil que le pincement. Cela impliquait de fouetter si fort qu’il laissait des marques après ça, donc cette version était beaucoup plus douce pour les filles. Mais si la douleur n’était pas suffisante, ce ne serait pas de l’entraînement. Puisqu’elles donnaient des directives au mana qui s’était inconsciemment rassemblé dans la zone pincée, elles avaient besoin d’un certain niveau de tolérance.

Comme il y mettait un peu plus de force, leurs visages se tordirent de douleur. Leur peau serait un peu rouge plus tard, mais cela ne devrait pas leur faire si mal qu’elles ne seraient pas capables de réfléchir.

« Qu’est-ce que c’est que ça ? » demanda Alus.

Le rassemblement inconscient de mana de Tesfia dans son bras et son rassemblement conscient de manas dans ses jambes s’était heurté, ce qui avait entraîné son rassemblement de mana dans un endroit complètement différent. Quant à Alice, le mana se rassemblait rapidement là où elle se faisait pincer pour une raison inconnue.

Alus poursuivit froidement. « Ce n’est pas bon du tout. Êtes-vous vraiment à quatre chiffres ? »

« Qu’est-ce que c’est censé vouloir dire ? » demanda Tesfia.

« Je vous demande si vous pouvez vous qualifier de classement à quatre chiffres sans même être capable de faire quelque chose comme ça. » Alus s’était soudain inquiété pour l’avenir des magiciens, et pour l’humanité toute entière.

Mais encore une fois, ce n’était pas ses vrais sentiments. En fin de compte, il ne s’intéressait pas beaucoup à la survie de l’humanité. Il n’allait pas être dérangé quoiqu’il arrive dans le futur. Même si tous les autres humains devaient mourir, il était sûr de pouvoir survivre.

Mais si cela arrivait, il finirait par étudier la magie juste pour son propre bien, ce qui serait une vie ennuyeuse et sans intérêt.

Bref, il n’avait pas vraiment à cœur de préserver l’avenir de l’humanité, mais il n’était pas assez apathique pour abandonner complètement l’humanité.

« B-Bien. Je vais le maîtriser en un clin d’œil, » déclara Tesfia avec enthousiasme, mais elle était déjà distraite.

Alice hocha aussi la tête fermement, brûlant silencieusement d’esprit combatif, mais les résultats furent l’opposé de sa détermination.

« Eh bien, peu importe. Je retourne à mes propres recherches, » dit Alus, en lâchant les bras. « Comme vous êtes deux, si vous continuez à vous pincer l’une et l’autre, vous finirez par y arriver. Appelez-moi quand vous l’aurez maîtrisé. »

« … !! »

Les deux filles avaient fait une courte pause et s’étaient frotté la peau rouge. Elles étaient un peu perplexes parce que leur formation était très différente de ce qu’elles avaient imaginé, mais maintenant qu’elles en comprenaient le sens, elles l’avaient acceptée.

Cependant, elles se sentaient encore un peu tristes qu’Alus les abandonne comme si elles étaient de pauvres étudiants. Elles avaient la volonté d’aller de l’avant, mais il ne semblait pas penser qu’elles iraient jusqu’au bout.

Peut-être motivée par ce sentiment de désolation, Tesfia appela Alus alors qu’il revenait vers son bureau. « N’as-tu pas un indice… ? »

Alus s’était arrêté sur ses pas et s’était retourné. Il jeta un coup d’œil à Tesfia et lui fit un petit sourire. « Ne vous retenez pas, » dit-il, en faisant un pincement et une torsion avec ses doigts.

C’était vague et détourné, et ne pouvait pas être considéré comme un indice, mais avant que Tesfia et Alice ne puissent s’y opposer, leurs visages s’étaient figés en se souvenant de la douleur.

 

 

L’entraînement des filles s’était poursuivi tard dans la nuit. Les heures d’entraînement officielles étaient juste entre l’après-scolaire et le dîner. Les deux filles avaient l’intention de rentrer chez elles dans le dortoir des femmes sur le terrain de l’Institut, sans qu’il y ait de danger réel sur leur chemin.

Le Second Institue Magique, aussi prestigieux soit-il, disposait d’un système de sécurité robuste, ce qui signifiait que le terrain du campus était plus sûr qu’il ne l’était à l’extérieur.

Bien qu’il n’y ait pas de différence pratique dans la disposition du mana entre les sexes, laisser les filles rentrer chez elles sans escorte était encore considéré comme inacceptable aux yeux du grand public.

Ce n’était pas particulièrement la raison, mais Alus avait accompagné les filles jusqu’à leur dortoir. « Hé, faites plus attention où vous marchez. »

« … »

Même sur le chemin du retour, Tesfia et Alice se pinçaient encore les bras. De temps en temps, elles fermaient les yeux pour se recentrer et, du point de vue du spectateur, elles avaient l’air assez instables.

Cela dit, Alus n’avait pas eu la gentillesse de les informer en douceur des objets qui se trouvaient sur leur chemin après que son avertissement eut été ignoré.

Le lampadaire avait tremblé d’une grosse claque.

« — !! Urgh. »

« Fia !? Est-ce que ça va ? » demanda Alice.

Alors qu’elle marchait les yeux fermés, Tesfia s’était écrasée sur un lampadaire. Elle était accroupie en se tenant par le front et cria sur Alus. « Hey. »

« Quoi ? » demanda Alus.

« Ça n’aurait pas fait de mal de m’en parler, » déclara Tesfia.

Mais cette excuse ne serait valable que pour les civils, pas pour les magiciens. « Si vous avez affaire à des mamonos, ils vont à tous les coups attaquer. Et si vous êtes trop occupées à vous concentrer sur l’enchantement et à perdre la conscience de votre environnement, vous allez seulement vous faire tuer, tout en étant la risée de tous. »

Tandis que Tesfia n’arrivait pas à se plaindre d’Alus sans même essayer de cacher son expression fatiguée, son regard s’était retourné contre elle avec encore plus de ressentiment.

C’est ainsi que les deux femmes — en particulier Tesfia — s’étaient entêtées à poursuivre leur entraînement jusqu’à leur logement.

« C’est donc l’endroit…, » dès qu’Alus avait vu le dortoir des femmes, il avait été abasourdi et sans voix.

Alors qu’il avait sa propre chambre dans son laboratoire, il avait vu le dortoir des hommes une fois et il y avait une nette différence dans les systèmes de sécurité. Celle-ci avait été conçue de telle sorte que l’entrée était impossible sans passer par une porte à authentification qui servait également de zone d’accueil.

Les grands murs comme ceux des prisons n’étaient probablement pas là pour garder les résidents à l’intérieur, mais plutôt pour empêcher les envahisseurs d’entrer.

Tesfia et Alice s’étaient authentifiées avec des mouvements familiers, et les portes à deux couches s’étaient ouvertes.

Alice avait alors dit. « Al, merci beaucoup pour aujourd’hui. Je te verrai demain en classe. »

« Eh bien, bon travail ! Continue comme ça demain aussi… Al, » dit Tesfia.

Le surnom était toujours quelque chose qui rendait un peu mal à l’aise Alus alors qu’Alice lui avait poliment dit merci. Par contre, Tesfia lui avait dit son surnom, mais son intonation maladroite semblait étrange, et elle avait élevé le ton de sa voix à la fin comme si elle posait une question. La façon dont elle avait agité la main, c’était comme repousser une créature, et elle avait déplacé sur le côté son visage rouge comme si elle était gênée.

Alus haussa les épaules, exaspéré. « Assurez-vous de savoir comment le faire avant de venir la prochaine fois. »

Après qu’Alus l’ait dit, Tesfia, qui s’était retournée pour regarder dans sa direction alors qu’il partait, s’était écrasée contre un mur mou. Son visage était enterré dans ce mur, ou plutôt cette poitrine généreuse. « Oof. »

« Mademoiselle Socalent ! » déclara Alice, en voyant cette mademoiselle Socalent, qui se trouvait être la surveillante du dortoir dans laquelle Tesfia s’était cognée.

Tesfia, d’autre part, avait été enterrée profondément dans ce mur magnifique, incapable de former de véritables mots. « Je ne crois pas qu’on ait violé le couvre-feu. »

D’après le discours poli d’Alice, cette fille était probablement une camarade de classe supérieure. Elle avait de longs cheveux noirs qui atteignaient sa taille, et les traits gracieux de son visage formaient un sourire.

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Partie 3

Alice semblait préoccupée par le non-respect du couvre-feu, mais l’expression de la jeune fille était emplie d’affection, tout le contraire de la colère.

Cependant, les instincts d’Alus lui avaient dit qu’elle n’avait pas un tempérament aussi doux que son expression le disait.

C’était une belle fille. Il serait plus approprié de l’appeler belle que mignonne. Sa beauté était du genre mystérieux qui charmait le sexe opposé. Du point de vue de la taille, elle était à peu près aussi grande qu’Alus. Alice était plus adulte que Tesfia, mais cette Socalent était plus voluptueuse, plus proche de la Sorcière Cisty. Raison de plus pour qu’Alus trouve son sourire séduisant.

« Bon retour, Fia, mademoiselle Alice. » Sa voix était tendre, ses lèvres lustrées et séduisantes.

Et Tesfia — qui s’était finalement échappée de l’ample poitrine — se redressa rapidement et s’inclina comme Alice l’avait fait. Mais elle avait une lueur de suspicion dans les yeux. Elle ne comprenait pas pourquoi la surveillante du dortoir venait les accueillir elle-même.

Alus avait eu envie de répliquer quand il avait vu le comportement poli de Tesfia envers sa camarade de classe supérieure, voyant qu’elle ne l’avait jamais traité comme ça, mais il s’était retenu.

« Qui cela peut-il être ? » Socalent, avec un sourire artificiel, s’exclama doucement.

Alus s’était présenté. « Je suis Alus Reigin de première année. Nous étions en retard après être restés pour étudier. » C’était une ligne formelle et superficielle. Alus avait aussi un sentiment de méfiance à l’égard de cette camarade de classe supérieure, mais pour une raison différente. C’est pour ça qu’il était resté calme et qu’il avait gardé la tête haute.

« … ! ! Oh, non, ça ne me dérange pas. Les étudiants ici sont après tout dévoués. C’est comme s’il n’y avait pas vraiment de couvre-feu, » déclara Socalent.

Elle avait jeté un coup d’œil à Tesfia et Alice en disant cela, mais s’était rapidement verrouillée sur Alus. « Je m’appelle Felinella Socalent. Je suis étudiante de deuxième année et surveillante de dortoir. » Elle posa sa main sur sa poitrine, retournant la présentation d’Alus avec un salut gracieux.

Tout ce qu’elle avait fait avait révélé à quel point elle était bien élevée. Il n’y avait pas un seul défaut dans son comportement. Ses cheveux captivants pendaient devant son visage, et n’importe quel homme serait frappé en la voyant les déplacer derrière son oreille.

Mais Alus n’avait été prudent que lorsqu’il avait été témoin de ses gestes trop parfaits. Il avait aussi déjà entendu le nom de famille Socalent. « Quand je pense que vous êtes la superviseure du dortoir en deuxième année. » Ce poste comportait de lourdes responsabilités. Alus s’attendrait à ce que le superviseur soit un étudiant de troisième année ou un enseignant de première classe.

Que Tesfia comprenne ou non le point de vue d’Alus, elle avait ajouté une explication. « Feli est la seule magicienne de deuxième année à trois chiffres de l’Institut. Nous nous connaissons tous les deux grâce à nos familles, » ajouta-t-elle fièrement, poussant sa poitrine maigre — comparée à celle de Felinella — vers l’extérieur.

Si elles se connaissaient au niveau familial, cela signifiait que Felinella était aussi de la noblesse. On lui avait peut-être accordé beaucoup de choses, mais l’aristocratie elle-même n’était pas adaptée à notre époque. Mais comme les familles établies et distinguées avaient des liens profonds avec l’armée, l’aristocratie était encore vivante aujourd’hui.

Comme le statut et l’autorité des magiciens étaient largement influencés par leur rang, les magiciens les mieux classés recevaient plus de respect. C’est pourquoi, si vous vouliez protéger votre fierté et votre dignité, vous seriez naturellement concentré sur votre grade.

En conséquence, beaucoup de ceux qui représentaient des familles nobles gagnaient des rangs à la hauteur de leur statut, ce qui signifiait qu’il y avait beaucoup de nobles dans les rangs supérieurs.

« Je vois. C’est logique, » acquiesça Alus.

Felinella baissa les yeux avec humilité. « Je ne suis que le numéro 375, Monsieur Alus. »

« … »

Cela dit, le fait d’être à l’école en tant qu’élève avec un nombre à trois chiffres était étrange en soi. Comme Alus l’avait dit à Tesfia et Alice, les mamonos exterminés avaient eu le plus d’impact sur votre rang. Comme les étudiants de l’Institut n’auraient pas l’expérience du combat réel, ils ne devraient pas avoir beaucoup de chances de grimper jusqu’à un nombre à trois chiffres.

Bien que douteux, Alus réalisa que quelque chose que Felinella avait dit le dérangeait. Il avait également noté qu’elle avait dit « simplement » et donc, sa conviction s’était renforcée.

Il avait probablement raison dans ses soupçons. Et si c’était juste un malentendu, il pourrait s’excuser. « Comment va le Seigneur Vizaist ? Il m’a été d’une grande aide à l’époque. »

Felinella sourit doucement aux paroles d’Alus. Apparemment, il était parfaitement dans le mile. « Oui, vous vous êtes aussi beaucoup occupée de mon père. »

Le Seigneur Vizaist était un général dans l’armée, et Alus avait fait des missions sous son commandement dans le passé. Pendant longtemps, il avait obtenu des résultats inégalés et son grade s’était amélioré jusqu’à ce qu’il soit muté sous le contrôle direct du gouverneur général.

Officiellement, sept nations protégeaient l’humanité, mais en réalité toute l’humanité était protégée par une seule nation, dont Alpha n’était qu’un territoire. En tant que tel, il n’y avait pas de général de l’armée, pour ainsi dire. Le gouverneur général occupait le rang le plus élevé.

Bien sûr, Tesfia et Alice avaient été étonnées par cet échange. Mais seulement pour un bref instant. Tesfia se souvint soudain de quelque chose, et chuchota à l’oreille d’Alice.

Alice avait ensuite parlé avec une expression compréhensive. « Connaissez-vous Al, Mademoiselle Socalent ? »

« Bien sûr que je le connais, » dit Felinella, après une courte pause. « C’est la première fois que je le rencontre, mais mon père m’a beaucoup parlé de lui. » Une noble comme Felinella rendant hommage à Alus était très probablement parce qu’elle connaissait son rang. « Mais, êtes-vous en train d’instruire ces deux-là, Monsieur Alus ? »

« Ouais, la directrice me l’a mis sur le dos. » Comme Felinella était la fille de cet homme, Alus ne lui parlait plus comme s’il la voyait comme un compagnon de classe supérieure.

Felinella n’avait pas l’air de s’en faire pour ça. En fait, son visage s’illuminait de joie alors qu’elle interprétait sa façon plus détendue de parler comme s’ils se rapprochaient. « Oh, comme je suis envieuse, » dit-elle, en posant sa main sur sa joue d’une manière charmante.

Tesfia et Alice avaient senti qu’il y avait pas mal d’épines dans ses paroles.

Cependant, Alus ne fit que plisser son front. « Elles pourraient rentrer tard chez elles à partir de maintenant, alors excusez-le, voulez-vous bien, mademoiselle Socalent ? »

Quand Felinella entendit ces mots, ses tempes frémirent. « Monsieur Alus, n’hésitez pas à m’appeler Feli. » Elle l’avait dit avec un doux sourire, mais une force irrésistible dans sa voix avait même fait vaciller Alus.

« D’accord, d’accord. Alors, appelle-moi Al. Ces deux-là m’appellent déjà comme ça, après tout, » déclara Alus.

Une expression joyeuse apparut un instant sur le visage de Felinella, en entendant sa réponse. Peut-être préoccupée par son apparence en tant que camarade de classe supérieure, Felinella jeta un coup d’œil à Tesfia et Alice. Mais seul Alus l’avait remarqué.

« Je suis heureuse de votre offre, mais avec la position de mon père, le fait que je sois trop familière avec vous pourrait causer toutes sortes de problèmes. C’est aussi notre première rencontre, c’est très regrettable, mais puis-je continuer à vous appeler monsieur Alus ? » demanda-t-elle.

« D... D’accord, » répondit Alus.

« Mademoiselle Alice, n’hésitez pas à m’appeler Mademoiselle Feli, s’il vous plaît. “Mademoiselle Socalent” nous fait passer pour des étrangères, » déclara Socalent.

Tesfia l’appelait déjà comme ça, donc il ne devrait pas y avoir de raison d’avoir peur, mais Tesfia hochait la tête aux côtés d’Alice pour une raison inconnue.

C’est parce que pendant que Felinella souriait, il n’y avait rien de proche d’un sourire dans ses yeux.

Alus avait comparé leur traitement au sien. Il se demandait si c’est simplement par respect pour son grade ou s’il y a une autre raison à cela. Quoi qu’il en soit, il avait conduit les deux filles à leur dortoir, donc il n’y avait aucune raison de rester. « Alors je vais partir d’ici. »

Tandis qu’il se retournait, une voix cria pour l’arrêter. « Monsieur Alus, ces deux-là sont encore des filles, alors ne les renvoyez pas trop tard, même si c’est pour la formation. »

« D’accord, » répondit Alus.

« Et… pourriez-vous m’inclure aussi, même si ce n’est que de temps en temps ? » demanda Socalent.

Alus, ainsi que Tesfia et Alice, en avait été surpris. « Eh bien, il n’y a pas beaucoup de différence entre deux et trois… ce serait juste “de temps en temps”, n’est-ce pas ? »

« Oui ! » Felinella répondit avec un sourire innocent, digne de son âge.

« Pour être honnête, je ne suis pas assez prétentieux pour penser qu’il y a quoi que ce soit qu’un Trois Chiffres approchant les Deux Chiffres puissent apprendre de mes instructions, alors ne te fais pas d’illusions, Feli, » déclara Alus.

« Je comprends. Je recevrai vos conseils avec des attentes modérées. » Contrairement à ce qu’elle disait, le ton de la voix de Felinella était joyeux.

Après ça, Alus était finalement rentré chez lui.

Sur le chemin du retour, il n’avait pas pu s’empêcher de le regretter. Avec Vizaist impliqué, il n’avait pas l’impression qu’il aurait pu refuser, mais une plus grande partie de son précieux temps finirait par être sacrifié à cause de cela.

☆☆☆

Partie 4

C’était après l’école le lendemain, avec la dernière leçon de la semaine enfin derrière eux.

Alus avait passé la journée aussi paisiblement que d’habitude (même si ce n’était que le troisième jour qu’il suivait les cours), grâce à Tesfia et Alice qui traînaient avec lui pendant les temps libres. Il semblerait aussi que le surnom d’Alus ait influencé les choses pour le mieux.

Les autres étudiants avaient été surpris de voir la relation orageuse d’Alus et Tesfia aboutir à une réconciliation aussi rapide que l’éclair — si on peut l’appeler ainsi — mais finalement acceptée.

Tous les regards tournés vers Alus avaient changé, et les choses étaient paisibles… ou auraient dû l’être, mais la beauté des deux filles continuait comme toujours d’attirer l’attention des élèves masculins.

C’est pourquoi le regard des étudiants sur Alus était passé du mépris envers quelqu’un d’aussi démotivé à l’envie. Les deux filles étaient encore en pleine maturation physique, et on pouvait s’attendre à ce qu’elles deviennent encore plus attrayantes.

La bataille dans les coulisses pour le cœur de Tesfia et d’Alice ne ferait que s’intensifier, mais Alus lui-même n’avait pas été perturbé.

« … Je croyais vous avoir dit de venir après que vous ayez maîtrisé cette technique, » déclara Alus.

Après avoir rapidement quitté la salle de classe et retournée dans sa propre chambre, Alus avait fait à Tesfia et Alice un regard grincheux. Le temps qu’il arrive, les deux filles se tenaient déjà devant sa porte.

« C’est bon, n’est-ce pas ? Ce n’est pas comme si tu perdais quoi que ce soit, » avait soutenu Tesfia. « Tu nous regardes, tu nous aides à progresser et tu nous donnes juste ce qu’il faut d’aides. »

« Al, s’il te plaît…, » dit Alice. « Nous voulons aller mieux aussi vite que possible. »

« Non, j’ai perdu quelque chose. Mon temps. » Pour Alus, c’était suffisant, vu que c’était du bénévolat pour lui. Et avec elles dans la salle, il n’était pas difficile d’imaginer qu’elles le harcèleraient aussi pour des conseils et des astuces.

Cela dit, il avait hésité à rejeter le plaidoyer sérieux d’Alice. En plus… Alus baissa les yeux et vit partout des marques rouges sur leur peau à cause d’un pincement trop fort. Il n’avait pas l’intention d’y aller mollo avec elles parce que c’étaient des filles, mais c’était peut-être aller trop loin.

« D’accord, c’est bon. Si quelqu’un voit toutes ces marques rouges, il me blâmera. Ça ne me dérange pas si vous êtes là, mais ne me dérangez pas, » déclara Alus.

Les deux filles hochèrent la tête avec enthousiasme.

Alus avait ouvert la porte.

« — !! »

« Qu’est-ce que c’est que ça !? » s’exclama Tesfia. La pièce avait complètement changé depuis hier.

« Hm ? Y a-t-il quelque chose d’étrange ? » demanda Alus.

« … J’abandonne, pourquoi les hommes ne pensent-ils rien de tout ça ? » demanda Tesfia.

Quand elle entendit sa colocataire dire cela, Alice jeta un regard exaspéré à Tesfia. Même si ce n’était pas si mal, Tesfia avait aussi une montagne de choses dans leur chambre… mais Alice n’était pas allée jusqu’à le mentionner.

D’énormes piles de documents et de livres se trouvaient partout dans la pièce, et le sol était couvert de documents écrits. Le bureau massif était couvert de la même manière, avec même pas assez de place pour poser un verre.

Tout comme Tesfia et Alice avaient été si absorbées par leur formation, Alus s’était également consacré à ses recherches au moment où les deux filles étaient parties, et ne s’était arrêté que lorsqu’il était temps de se rendre en classe.

Les deux filles se regardèrent et retroussèrent leurs manches.

« Je ne sais pas ce que vous comptez faire, mais ne faites rien d’inutile. Ce n’est pas le désordre, c’est le résultat d’un tri et d’une catégorisation efficaces des documents, » déclara Alus.

« Je ne dérangerais rien ! » Alice avait déjà commencé. Ses talents de femme de ménage feraient honte à une femme au foyer. Même si elle ne savait pas de quoi il s’agissait, elle savait deviner l’ordre en fonction de l’emplacement des piles pendant qu’elle rangeait les choses.

Quant à Tesfia, c’était la fille d’une famille noble. L’enthousiasme était là, mais son exécution était tout sauf louable. Au moins, elle n’aggravait pas les choses.

En quelques minutes, la pièce était impeccablement propre, ce qui avait fait dire à Alus qu’il était émerveillé. « Tu peux tout faire, n’est-ce pas, Alice ? »

« Hé, j’ai aussi nettoyé ! » déclara Tesfia.

« … Euh… Ouais, merci, » déclara Alus.

Tesfia avait l’impression qu’Alus venait d’éviter de lui donner une réponse plus provocante et était sur le point d’en dire plus, mais Alus avait une longueur d’avance sur elle et fermait le sujet. « Bien. Je suppose que je vais veiller un peu sur vous. »

Les deux filles n’avaient probablement pas nettoyé la pièce dans l’espoir qu’il lui rende la pareille, alors elles s’étaient regardées avec joie.

Alors qu’Alus avait dit qu’il veillerait sur elles, le contrôle du mana qu’elles faisaient maintenant était très basique. Mais ce n’est pas parce qu’elles trébuchaient qu’elles n’avaient pas de talent. Cette technique était indispensable dans la lutte contre les mamonos, mais normalement elle s’apprenait lentement sur une plus longue période.

Alus avait prédit qu’il leur faudrait un mois avant de pouvoir passer à l’étape suivante de l’entraînement.

Cependant, aujourd’hui, les deux filles montraient un niveau exceptionnel qui avait fait penser à Alus qu’il aurait pu réellement éveiller quelques pouvoirs d’un maître instructeur. Elles étaient complètement différentes d’hier. C’était probablement le résultat de leurs efforts, mais cela n’avait été qu’une journée. Il n’avait pas pu s’empêcher d’être surpris.

« Pas là. Rassemblez-le au bout de vos doigts. »

Pendant que les deux filles se pinçaient l’une et l’autre, Alus avait rapproché ses propres doigts des leurs, son mana touchant légèrement leurs manas.

Bien sûr, la disposition de leurs manas étant différente, il y avait une répulsion. Mais cette répulsion les avait aidés à reconnaître plus facilement leur propre mana en elles. L’objectif était qu’elles essaient de le diriger avec un sens clair de l’orientation.

L’étape suivante, qui consistait à essayer de maîtriser leur mana, n’allait pas se faire si facilement, mais ce n’était qu’une question de temps. Elles commençaient déjà à percevoir avec précision leur mana, et même si ce n’était pas tout le mana qui circulait en elles, elles avaient réussi à en diriger une partie. C’était quoi, cette scène désastreuse d’hier ?

Les deux filles avaient lentement rassemblé du mana dans le bout de leurs doigts.

« Ne perdez pas votre concentration, » déclara Alus.

Dans leur cas, les filles étaient encore facilement affectées par l’agitation inconsciente et perdaient leur concentration, de sorte qu’il leur était difficile de contrôler le mana recueilli au bout des doigts.

En fait…

« Hé ! Tais-toi. » Quand Tesfia l’avait dit, elle avait perdu le contrôle de la direction de son mana, et cela avait commencé à couler vers la zone pincée sur son bras.

« — ! » Alice avait réagi de la même façon.

« Regarde ce que tu as fait, » dit Tesfia en accusant Alus, qui poussa un soupir exaspéré.

Peu de temps après…

« Je n’en peux plus…, » Alice, ayant perdu sa concentration, essuya la sueur inexistante sur son front. Comme la quantité réelle de mana qu’elle avait perdue était minime, elle n’était pas épuisée par manque de mana, mais elle avait accumulé beaucoup de frustration mentale. C’était un entraînement qui exigeait un toucher délicat.

C’était peut-être le bon moment pour faire une pause. « Je suppose qu’on va faire une petite pause. »

Les deux filles, fatiguées, hochèrent la tête en signe d’approbation.

Comme cette pause avait été pour Tesfia et Alice, Alus s’était assis à son bureau pour continuer ses propres recherches. Peut-être grâce à leur rangement de son matériel avant, il avait pu changer son état d’esprit afin de se mettre dedans plus facilement qu’il ne le pensait, et il s’était confortablement immergé dans son travail.

Quelques minutes plus tard…

« Maintenant que j’y pense, quel genre de recherche fais-tu, Al ? » demanda Tesfia.

« On ne lui a jamais demandé ça, n’est-ce pas ? » demanda Alice.

L’instant d’après, Alus avait deux paires d’yeux intéressés qui le regardaient. Cependant, le sourire sur son visage semblait les regarder d’en haut un peu. « Je me demandais si la magie de la téléportation pouvait être utilisée au combat. »

La magie de téléportation utilisée à l’Institut, les Cercles de Transport étaient un sous-produit de la magie de manipulation spatiale d’Alus. Mais comme les militaires voulaient garder les détails de la théorie confidentiels pour le public, Alus n’avait publié qu’une thèse sur le sujet. Il n’avait pas été impliqué dans les étapes qui l’avaient mis en pratique.

Bien sûr, il l’avait expérimenté seul pour prouver et confirmer sa théorie. Mais son seul objectif était de créer de nouveaux sorts et de nouvelles théories pour des techniques innovantes afin d’augmenter la puissance des magiciens.

Fondamentalement, les inventions et les découvertes d’Alus étaient très différentes des techniques existantes ou même du domaine de la logique. En même temps, ils avaient cédé la place à des sous-produits inattendus.

« C’est ce qu’il veut dire par téléportation, non ? » Tesfia toucha son insigne, se tournant vers Alice.

« … Je pense que oui. » Alice avait une expression interrogative, comme si elle cherchait la réponse d’Alus.

« C’est vrai. Le système utilisant ces insignes a été le premier à faire usage de la magie de type transport, » déclara Alus.

En outre, il y avait aussi des ports circulaires espacés à intervalles réguliers le long de la ligne de défense la plus importante pour la nation en cas d’urgence. L’armée et la nation étaient toujours à l’affût des envahisseurs ou d’autres anomalies.

Ce qu’Alus voulait donc dire en premier, c’était qu’il s’agissait de la première utilisation pour le grand public. « Cela dit, il y a encore des défauts. Après tout, la plus grande distance à parcourir est de trois à cinq kilomètres. »

Il s’agissait, bien sûr, d’une technologie qui pouvait encore faire l’objet de nombreuses améliorations. Plus précisément, il allait copier le mana de l’utilisateur et, sur cette base, il allait la transporter jusqu’à la porte de transport de la destination. Comme le transport s’effectuait en agissant sur l’espace lui-même, on l’appelait communément le « saut ».

Un problème fondamental, cependant, était que les informations à propos du mana copié se détérioraient. La raison en était qu’il était impossible de contenir le pur mana indéfiniment dans l’espace avec le niveau actuel de la technologie.

La détérioration ne produisait pas lors de la reconstruction du mana en magie, mais le mana seul avait tendance à se détériorer avec le temps après avoir quitté le corps. Les expériences avaient montré que la téléportation sur une certaine distance était problématique pour cette raison.

« Je pensais à l’origine à l’utiliser comme magie d’attaque, mais le problème est de savoir sur quelle propriété je devrais mettre l’accent afin d’avoir des améliorations. » Il n’y avait aucune chance que ces deux-là aient une réponse à sa question avancée. Mais de toute façon, peut-être qu’en le disant à haute voix cela pourrait l’aider. C’était dans la nature même d’un chercheur d’agir ainsi.

Tesfia avait demandé. « Tu veux dire, comment l’utiliser au mieux au combat ? »

« Ce n’est pas une mauvaise interprétation. » Le problème était de prendre en compte le type d’utilisation que le sort aurait en le faisant. Et comme les sorts inventés par Alus devaient être bénéfiques pour tous les magiciens, cela rendait sa tâche encore plus difficile. « Même au sens large, devrait-on l’utiliser pour tuer les mamonos, entraver efficacement leurs actions, soutenir les attaques alliées, ou battre en retraite rapidement et en toute sécurité ? »

« Hah… »

Contrairement à l’inarticulée Tesfia, Alice avait levé la main pour obtenir la permission de parler. « Que dirais-tu d’en faire un sort pour protéger les magiciens, ou quelque chose qui peut couvrir un large éventail d’applications ? »

Alus n’avait jamais rejeté aucune opinion sans d’abord l’avoir écoutée. Peut-être en raison de sa nature de chercheur, il avait l’habitude d’examiner attentivement toute idée, même excentrique, avant de parvenir à une conclusion.

Mais il était déjà arrivé à une conclusion pour la suggestion d’Alice il y a longtemps. « Ça ne servirait à rien. La magie de téléportation peut être utilisée pour l’attaque, la défense ou le soutien, selon l’utilisation, mais en essayant de la faire fonctionner pour tout, elle sera inutile. »

Les sorts énumérés dans l’encyclopédie des sorts avaient été déterminés après que leur nom propre ait été reconnu. L’établissement d’un nom propre signifiait que l’utilisation du sort était reconnue.

En tant que tel — un sort qui pouvait être utilisé à n’importe quelle fin était absurde. Sur le champ de bataille, un sort à usage unique et fixe était beaucoup plus utile qu’un sort ad hoc à moitié bancal.

« Eh bien, il vaudrait peut-être mieux vérifier auprès les magiciens en première ligne. »

Tesfia considérait qu’Alus lui-même s’était battu sur les lignes de front pendant la plus grande partie de sa vie, de sorte qu’il pouvait probablement trouver un usage approprié par lui-même, mais… c’était alors qu’elle se souvint que la directrice disait qu’il était une exception parmi les exceptions, alors elle s’arrêta avant de le dire tout haut.

Si le magicien classé numéro 1 créait de nouveaux sorts en utilisant ses propres compétences et talents comme base, il serait probablement le seul à pouvoir les utiliser, ce qui le rendrait insignifiant pour les autres.

D’autant plus que le but d’Alus était d’augmenter la force générale des magiciens pour qu’il puisse se détendre.

Après cela, il était temps pour Alus de donner une conférence unilatérale et mercuriale sur les théories magiques et leurs utilisations, ainsi qu’une session de questions-réponses beaucoup plus courte.

Comme les deux filles étaient des magiciennes novices, Alus, bien sûr, n’était pas parvenu à des conclusions significatives. Mais il n’avait jamais eu l’occasion de partager ses pensées avec les autres auparavant, alors il avait continué à parler, oubliant l’heure.

Les deux jeunes filles avaient réussi à retourner à leur dortoir avant de rompre le couvre-feu, mais leur temps précieux avait été surtout consacré à la conférence d’Alus. Il n’avait donc pas pu s’empêcher d’accepter le blâme, lorsque Tesfia l’avait accusé qu’elles n’avaient pas été capables de s’entraîner correctement.

… Ainsi, Alus n’avait pas pu trouver d’excuse pour ne pas leur donner d’instructions le lendemain.

☆☆☆

Partie 5

« Mais c’était quand même une surprise de voir Al comme ça, » déclara Alice en souriant alors qu’elle marchait avec Tesfia. Sa façon de parler donnait l’impression qu’elle parlait d’une amie du même âge, plutôt que du magicien classé numéro 1.

Contrairement à hier, elles rentraient seules. Alors qu’Alus avait quitté l’immeuble avec elles, il fut soudain appelé au bureau de la directrice, et ils s’étaient séparés de lui à grands pas.

« Il était comme un enfant qui se vantait, » dit Tesfia.

« Veux-tu dire digne de son âge ? » demanda Alice.

« Non, je veux dire comme un enfant montrant son tout nouveau jouet, » déclara Tesfia.

Quand Alice entendit cela, elle pouvait vraiment voir Alus comme un enfant et elle se couvrit la bouche pour rire. « Ouais, peut-être… C’est un peu scandaleux pour un jouet. »

« C’est vrai. Pourtant, je comprends ses talents de magicien, mais qu’en est-il de ses talents de chercheur ? » demanda Tesfia.

Alice répondit sans l’ombre d’un doute dans son esprit. « Je suis sûre qu’ils sont excellents. »

« Je m’interroge à ce sujet. Il fait peut-être des recherches sur des trucs ennuyeux qui n’ont aucun espoir d’avenir, » déclara Tesfia.

« Hmm, je ne pense pas… mais pourquoi ne pas lui demander de nous montrer le sort dont il parlait aujourd’hui quand il l’aura terminé ? » déclara Alice.

« Ouais, allons-y. Mais après qu’il en ait tant parlé, il vaut mieux ne pas rire quand il s’avérera que c’est un sort boiteux, Alice, » déclara Tesfia, comme une grande sœur qui expliquait à une petite sœur.

« Toi aussi, Fia. Tu es de la noblesse, donc tu ne peux pas te déshonorer en riant la bouche ouverte, même si c’est drôle, » déclara Alice.

Les deux filles se souriaient l’une à l’autre avec des sourires réservés.

Avant que personne ne s’en rende compte, les grandes recherches d’Alus avaient été transformées en quelque chose qui ne pouvait être que boiteux, le degré de son talent avait été réduit à néant… mais cela n’avait peut-être eu d’importance que pour les deux filles.

Plus tard, quand les deux filles auraient finalement compris ne serait-ce qu’une partie de ses recherches, leurs expressions allaient totalement changer.

Mais c’est une histoire pour l’avenir.

***

Après s’être séparé des deux filles à côté du bâtiment de recherche, Alus s’était dirigé vers le bureau de la directrice avec des pas lourds et un cœur pesant.

Il s’attendait à ce que ce ne soit rien de bon d’après ce dont lui et Cisty avaient parlé auparavant, et d’après ses gestes. Il avait eu l’impression qu’il ne devait pas s’impliquer avec elle si possible, mais cela s’était déjà transformé en une condamnation.

Il fallait quelques minutes pour aller à pied des quartiers privés d’Alus jusqu’au bureau de la directrice dans le bâtiment principal. Il était compréhensible de s’y rendre à pied et non par le Cercle de Transport.

Il avait prévu de faire attention à ses manières et de frapper à la porte, mais il fronça les sourcils en frappant, clairement malheureux. S’autorisant lui-même rapidement à entrer, Alus ouvrit la porte en toute hâte. « Je n’ai toujours rien demandé. »

Voyant le froncement de sourcils d’Alus, Cisty répondit. « Je n’ai toujours rien entendu. »

Alus feignit l’ignorance et redressa son dos. Cisty avait une meilleure réputation ici, après tout.

« Eh bien, peu importe. Comme vous le savez sûrement, il y aura un examen de compétence au début du mois prochain, » déclara la directrice.

« J’en ai entendu parler. » Cela faisait partie du programme d’études de l’année, un test destiné à mettre à jour les rangs des étudiants de première année à leur entrée à l’Institut en fonction de leurs compétences actuelles. Comme plus d’un millier de candidats devaient être évalués lors de l’examen d’entrée, l’efficacité avait été privilégiée par rapport à l’exactitude. En tant que tel, ce test avait pour but d’examiner de plus près les capacités des étudiants de première année.

Alus savait déjà ce que Cisty voulait. « En d’autres termes, il s’agit de mon évaluation de grade. »

« Oui. Comme je préfère éviter toute agitation inutile, je l’ai organisée pour vous évaluer, » répondit-elle.

Alus aurait aimé se plaindre qu’elle abusait de son autorité, mais il voulait aussi éviter cette agitation inutile. Et, eh bien, c’était probablement sa seule issue.

Il savait que l’examen de compétence figurait dans l’horaire annuel, mais lorsqu’il y avait réfléchi, les méthodes réelles n’étaient pas décrites. « Je comprends. Mais ce n’est pas tout, n’est-ce pas ? Quelle est ta vraie raison ? »

La directrice n’avait pas été particulièrement surprise. Au contraire, elle soupira de soulagement lorsqu’elle put enfin passer au sujet principal. Mais voyant cela, Alus avait l’impression que son intuition avait été déçue.

« Je suis contente qu’on puisse aller droit au but. C’est ce que je veux. » Sur le bureau de Cisty, il y avait une pile de papiers. Elle les avait ensuite retournés, c’est-à-dire en lui disant de les lire pour qu’il soit plus facile de confirmer ce qu’elle voulait.

Alus passa ses yeux sur les documents, puis regarda Cisty pour confirmation.

Elle répondit avec un sourire et un signe de tête comme pour dire qu’il avait sa permission.

« … » Alus avait ensuite tout lu en détail. Il soupira. « Et que veux-tu que je fasse ? »

« Rien de particulier… qu’en pensez-vous ? » demanda Cisty.

Les documents qui se trouvaient sur le bureau étaient des suggestions et l’un d’eux contenait des détails sur une proposition nouvellement élaborée pour l’Institut. Celui-là venait de l’armée.

En d’autres termes, c’était pratiquement une politique nationale, et comme le Second Institut de Magie ne pouvait pas couper ses liens avec l’armée, il devait accepter la proposition.

Ce n’était pas comme si quelque chose allait changer de demander l’opinion de quelqu’un, mais c’était certainement le genre de chose où l’on pourrait vouloir l’opinion d’une tierce partie, surtout celle d’Alus.

« Avant de répondre, j’ai quelque chose à te demander, » déclara Alus.

« Allez-y, » le sourire glamour de Cisty était porteur d’espoir quant à son opinion.

« Est-ce quelque chose qui est proposé parce que j’ai demandé à prendre ma retraite ? » demanda Alus.

« Probablement. » C’était une réponse vague, mais Cisty ne voyait pas ça comme un problème.

Quant au contenu de la proposition, son but était de permettre aux étudiants d’acquérir une expérience réelle en luttant contre les mamonos, sous prétexte d’être une leçon parascolaire.

« Personnellement, je pense que nous recevons cela assez tard. Cela fait déjà partie du programme d’études des premier, quatrième, cinquième et septième instituts. Cependant…, » déclara Cisty.

« Cela ne fera qu’augmenter le nombre de morts, » déclara Alus catégoriquement.

« Cela le fera, n’est-ce pas, » dit la directrice d’un ton léger, en essayant de réduire un peu la gravité du sujet.

C’était un combat en direct. Des vies seraient en jeu.

Bien que la majorité des étudiants s’enrôleraient dans l’armée après l’obtention de leur diplôme et qu’ils finiraient par être confrontés au combat, le problème était que les étudiants n’avaient toujours pas suivi ce genre d’entraînement jusque-là.

Mais le vrai problème n’était pas physique, c’était mental. Pour les étudiants qui pourraient au moins utiliser la magie, les mamonos de bas niveau ne devraient pas poser trop de problèmes.

Cependant, ce qu’Alus avait mentionné était un véritable résultat possible. C’était parce qu’ils risquaient d’abandonner le combat par peur de leur première vraie bataille.

Comme les pouvoirs d’un magicien étaient largement influencés par son état mental, se recroqueviller dans la peur lui ferait perdre leur capacité à utiliser la magie. Et si cette peur des mamonos restait sous la forme semi-permanente d’un traumatisme, ils pourraient même ne pas devenir des magiciens à part entière.

Techniquement, il y avait un filet de sécurité en place, mais il était toujours problématique. Selon la proposition de l’armée, un camarade de classe supérieure se tiendrait avec les premières années en cas d’urgence. Bien qu’il y ait une différence de compétences, ils étaient encore étudiants, et quand il s’agissait d’éliminer les mamonos, il n’y avait pas beaucoup de différence entre eux. En cas d’urgence, on craignait que le personnel ne soit inutile.

« En d’autres termes, c’est ce que veulent les hauts gradés, » déclara Alus.

« En effet. Avec l’affaiblissement de la barrière, ils veulent probablement que les élèves s’habituent au combat le plus tôt possible. Et il est probable que les investisseurs influents veulent avoir une idée de la qualité des différents instituts en tant que centres de formation de magiciens. C’est le genre de chose que les gros bonnets envisageraient, » déclara-t-elle.

Alus soupira. Il avait poussé le sujet de l’avant, voulant une réponse à ses soupçons. « Alors, qu’est-ce que tu veux que je fasse ? »

« J’ai surtout été affectée à des missions de défense, donc vous connaissez mieux les mamonos, » déclara Cisty.

Alus avait une chose ou deux qu’il pouvait dire à cela, mais il avait décidé d’écouter toute l’histoire d’abord et avait exhorté Cisty à continuer.

« Alors, vous ne pouvez rien faire, Alus ? » demanda Cisty.

« Quelque chose ? Comme quoi ? » demanda Alus.

« Vous savez, comme agir sur les hauts gradés… rapidement. Et si ça devait être difficile, vous pourriez faire autre chose. Par exemple, vous pourriez —, » déclara Cisty.

« Ce n’est pas possible. » Alus avait rejeté les propos de la directrice avant qu’elle ne puisse faire une deuxième suggestion. Il n’avait pas l’influence nécessaire pour faire appel d’une décision prise au plus haut niveau. Ou plutôt, on lui avait intentionnellement fait perdre son influence, tout comme ils avaient été si réticents à accepter sa demande de démission.

Malgré cela, ils l’avaient utilisé à leur guise pour des missions. S’il s’agissait de l’initiative solo du gouverneur général Berwick, il aurait peut-être été en mesure de dire du bien de la directrice. Malheureusement, cela avait dû être considéré comme le consensus de l’ensemble de l’armée.

Quant à l’autre proposition, la directrice avait laissé entendre… « Combien d’élèves participeront à ces cours extrascolaires, d’après toi ? C’est impossible de les couvrir tous. » Même pour quelqu’un d’aussi puissant qu’Alus, il n’était pas possible de les protéger tous à moins qu’ils ne soient physiquement dans un seul groupe.

En réponse, Cisty avait gonflé ses joues et avait fait la moue, ce qu’Alus n’aurait jamais cru qu’il verrait quelqu’un de son âge faire. « Allez… alors avez-vous d’autres bonnes idées ? »

Il ne semblait pas qu’elle allait le laisser partir si facilement. À moins qu’il ne lui ait au moins donné une suggestion, il n’allait probablement pas être autorisé à rentrer chez lui. Il haussa les épaules et se gratta la tête. « Dans quelle mesure cette proposition peut-elle être modifiée ? »

L’ingérence de la directrice dans le consensus des hauts gradés pourrait lui apporter de l’animosité et même entraîner sa démission forcée. Bref, s’opposer à la façon de faire de l’écrasante puissance militaire comportait de grands risques.

La situation pourrait être décrite comme terrible, mais si Alus avait une bonne idée, il faudrait que Cisty fasse de son mieux et la fasse avancer.

« Tant que cela ne change pas le sens de la leçon extrascolaire…, » Cisty lui répondit avec un regard sérieux.

Cette expression disait qu’elle obtiendrait ce qu’elle voulait, quoi qu’il arrive, à condition que ce soit quelque chose de mineur. Bien qu’elle n’ait pas été ouverte à ce sujet, elle voulait veiller à la sécurité des élèves qui lui étaient confiés.

Les deux individus avaient regardé une carte. « Il n’y a aucun doute que c’est la zone, n’est-ce pas ? » dit Alus.

« Oui. » Vu la clarté de sa réponse, Cisty ne semblait pas connaître les détails, donc ce n’était probablement pas encore décidé. Mais elle estimait qu’il était encore trop rapide d’amener des étudiants dans le monde extérieur, même si c’était pour renforcer leurs forces plus rapidement.

« C’est une zone où les mamonos de classe inférieure apparaissent, mais les mamonos de classe B y apparaîtront de temps en temps. Tenir les leçons ici serait mieux, même si c’est un peu plus loin. » Alus avait montré un endroit sur la carte, puis avait glissé son doigt vers un autre endroit.

« Bien sûr, ce ne serait pas sûr même à ce moment-là, » déclara la directrice avec une expression amère. Elle comprenait aussi les risques. Alors qu’elle était principalement affectée à des missions de défense, elle était quand même toujours sur le terrain. L’inattendu et l’imprévu étaient des événements quotidiens dans le monde extérieur. Ce n’était pas exagéré d’appeler l’inattendu la norme.

La bataille dans le monde extérieur exigeait des préparations et des stratégies flexibles et constantes si le pire devait arriver. Mais ils étaient encore capables de détecter des mamonos de haut niveau apparaissant à plusieurs kilomètres des lignes de défense. De plus, bien que l’équipement magique en place pour détecter les mamonos n’étaient généralement pas assez fiables pour détecter quoi que ce soit de plus loin, il pouvait détecter les mamonos de niveau calamité assez rapidement, mais pas parfaitement.

« Dans ce cas, il y a une possibilité que des mamonos de rang B puissent passer à travers, donc nous devrions mettre à niveau les superviseurs des étudiants. Au lieu d’élèves de la classe supérieure, nous devrions demander des magiciens officiels… mais cette proposition n’a que peu de chance d’être acceptée, » avait conclu Alus.

« Ce serait difficile, » déclara Cisty.

Les précieux magiciens de l’armée devaient rester en attente afin d’être mobilisés à l’improviste. Et il était difficile d’imaginer les militaires approuver leur envoi pour une simple leçon parascolaire.

« Alors, nous devrions nous contenter d’assigner les plus hauts gradés comme superviseurs. Mais plutôt que d’en avoir un chacun, vous pouvez en avoir deux ou plus. Il y a aussi la possibilité d’utiliser des professeurs. La composition a été confiée à l’Institut, n’est-ce pas ? » demanda Alus.

« C’est vrai… mais ça provoque quand même des maux de tête, » répondit Cisty. « D’ailleurs, il a été décidé que la composition sera composée de cinq étudiants et d’un ou plusieurs superviseurs. »

« Alors je te souhaite bonne chance, » sur ce, Alus s’était retourné. À ses yeux, il s’était acquitté de ses obligations en donnant quelques suggestions à l’égard des superviseurs.

La directrice, par contre, avait sorti un « Hein !? »

« Y a-t-il encore autre chose ? » Alus s’était retourné avec un regard qui montrait à quel point c’était douloureux pour lui.

Mais cette sorcière n’était pas assez obéissante pour accommoder Alus. « … J’ai oublié d’apporter le thé. » C’était une excuse évidente pour garder Alus ici, et elle s’était rapidement mise à l’action.

Même Alus avait hésité à l’ignorer et à rentrer chez lui après ça. Il avait essayé avec son expression faciale de montrer qu’il était encore plus ennuyé par tout cela comme une forme de rancune… mais c’était le strict minimum pour maintenir sa santé mentale.

Après cela, les deux individus avaient passé la soirée à explorer différentes solutions.

En fin de compte, Alus avait prêté ses connaissances, grâce à Cisty qui l’avait empêché de partir plus tôt.

« Ce sera difficile, mais si nous surmontons cela, nous serons capables de former d’excellents magiciens. L’avenir de l’humanité s’annonce prometteur ! » dit Cisty comme une missionnaire, levant le poing en l’air.

Alus ne pouvait s’empêcher de penser qu’elle avait une force idéaliste dans sa façon de parler.

Cisty sourit innocemment.

Il en avait assez, mais elle avait raison quand il s’agissait d’assurer la survie de l’humanité. C’était grâce à Tesfia et Alice qu’il avait accepté une telle flatterie évidente. Leur aptitude à être magiciens serait probablement clairement indiquée dans cette leçon parascolaire. Si elles obtenaient de bons résultats, ce serait très bien, et si elles cédaient aux mamonos, une conclusion différente serait énoncée clairement.

C’est ainsi qu’avait eu lieu le débat diligent et scrupuleux entre un chiffre unique et un ancien chiffre unique.

Après cela, Alus s’était fait appeler au bureau de la directrice après avoir veillé à l’entraînement de Tesfia et Alice. Il n’avait plus la volonté de maudire son destin.

Tout en pleurant la perte de son précieux temps, il avait réussi à maintenir son équilibre mental en se disant que cela allait jouer en sa faveur. En d’autres termes, il s’était consolé en se disant que cela l’aiderait dans le futur.

Quoi qu’il en soit, il y avait une limite au temps dont ils disposaient jusqu’au jour de la leçon parascolaire.

Et peu importe ce qu’ils enseignaient aux élèves, ils n’étaient encore que des magiciens novices. Comme ils manquaient cruellement d’expérience au combat, ils étaient peu fiables et vulnérables.

☆☆☆

Partie 6

C’était le jour de l’examen de première année.

Tesfia et Alice avaient visité le laboratoire d’Alus avant d’aller en classe. La raison en était qu’il avait à peine assisté aux cours ces derniers jours.

Bien qu’Alus ait eu droit à des crédits garantis tant qu’il atteignait le nombre minimum de participations, sa réputation allait s’effondrer. S’il était absent de l’examen en lui-même, il devait le repasser, et s’il le manquait aussi, il risquait d’avoir à redoubler. Les deux filles étaient donc venues le chercher, s’inquiétant pour lui.

« — ! ! »

Quand Alus avait ouvert la porte, son état horrible était apparu. Avec ces grandes poches sous les yeux, il était clair qu’il n’avait pas bien dormi ces derniers jours.

« Je t’ai clairement dit de dormir un peu, et à la fin tu n’as pas dormi du tout, n’est-ce pas ? Si tu ne peux pas t’endormir, tu veux que je dorme avec toi ? » Tesfia déclara cela et détourna le regard, mais avec un sourire espiègle sur son visage.

Alus, d’un autre côté, n’avait plus assez de volonté pour se défendre. « C’est mon temps, ne te mêle pas de la façon dont je le dépense. Ce n’est pas comme si je n’arrivais pas à dormir, mais si je peux avoir une nuit de sommeil agréable, devrions-nous dormir ensemble ? Pourquoi pas aujourd’hui, même ? »

« Eh !?? U-Uhm… »

Le fait d’obtenir que son méfait lui soit rendu sans arrière-pensée avait pris Tesfia par surprise, et elle avait soudainement reculé.

Tandis que Tesfia était incapable de cacher ses joues rouges, les mots exaspérés d’Alice ramenèrent l’atmosphère sur terre. « As-tu oublié, Al ? L’examen est aujourd’hui. »

Alus était distrait et s’éloigna d’elles. Quelques instants plus tard, il avait finalement parlé. « Était-ce maintenant ? »

« Va te laver le visage ! » cria Tesfia, après avoir vu l’heure affichée sur l’écran numérique à l’intérieur. Elle avait attrapé Alus, l’avait fait tourner et l’avait poussé dans la pièce.

« Très bien, » déclara Alus.

*

C’était la première fois qu’ils allaient en classe ensemble, mais Alus avait fait un grand bâillement.

Le sac fourni par l’Institut n’était pas nécessaire. Comme il n’avait pas de manuels scolaires, se promener avec un sac vide était inutile.

Regardant Alus ainsi, Tesfia demanda à Alice. « Es-tu prête pour l’examen ? »

« Je me le demande. J’ai tout revu au cas où, » déclara Alice.

Avec leurs manuels en main, les deux filles avaient eu du mal à se pincer l’une et l’autre.

Mais les paroles suivantes d’Alus indiquèrent clairement que leurs efforts avaient été vains. « Qu’est-ce que vous commentez ? C’est un examen pratique, ce n’est pas quelque chose à quoi on se prépare comme ça. »

« Eh !?? »

« Si tu le savais, alors pourquoi ne pas nous l’avoir dit ! » s’écria Tesfia.

Alice s’était arrêtée, la bouche grande ouverte, tandis que Tesfia, qui s’était rétablie plus rapidement, donnait un coup de pied vers l’arrière d’Alus.

Elle aurait peut-être voulu que ce soit un coup de pied bas, mais certains sentiments de rancune pour avoir gaspillé ses efforts avaient été mêlés à cela.

Alus était peut-être à moitié endormi, mais ce n’était pas très difficile, car il avait facilement attrapé la jambe de Tesfia d’une main.

Cependant, ce n’était pas le problème. Bien que sa jupe ne soit pas trop courte, à la suite d’un coup de pied rotatif libéré d’une position plus haute, la jupe de Tesfia flotta au vent de façon éclatante. Et ses cuisses d’un blanc éblouissant se voyaient sous la fine culotte de soie qu’elle portait.

Le temps semblait geler un instant, mais Alus ne s’intéressait pas à ce jardin secret.

Mais même ainsi, le rougissement sur le visage de Tesfia devint visiblement de plus en plus éclatant. « #% & $@& # !! »

Peu de temps après, un poing droit revêtu de mana était venu voler vers Alus. Ce n’était pas comme si sa puissance était augmentée par cela, mais le fait que le mana coulait instinctivement là signifiait que c’était un coup sérieux avec toute sa force derrière lui.

Alus avait poussé la jambe qu’il avait attrapée si facilement, et avait utilisé le recul pour bloquer le coup de poing en douceur. Mais s’il avait encore foiré, la magie pourrait bien le frapper la prochaine fois. Alors il avait lâché prise et s’était éloigné.

« … L’as-tu vu ? » Tesfia l’avait regardé avec les yeux larmoyants. Elle avait placé sa main gauche contre ses cuisses et avait maintenu l’ourlet de sa jupe vers le bas.

« Pourquoi je regarderais ? » Il ne l’avait pas vu, et le coup de pied n’avait pas été donné à une hauteur telle qu’Alus pouvait le voir avec sa plus grande taille. Il avait l’impression qu’elle était trop gênée, mais s’il le disait, alors cela serait qu’il voudrait vraiment que la magie s’envole sur lui.

Comme Alus manquait de tact pour changer de sujet, le visage de Tesfia était devenu rouge et ils avaient fini par marcher dans un silence gênant, tout en le regardant fixement comme si Tesfia essayait de le forcer à effacer ses souvenirs.

Alice avait essayé d’être attentionnée, soulevant différents sujets de discussion avec Alus, mais tout cela semblait terriblement faux.

Alus avait l’impression d’être obligé de lire un scénario, mais en tant que principal coupable, il continuait à contrecœur à marcher avec elles.

Parce que Tesfia s’était accrochée à sa jupe pendant tout le trajet, ou du moins Alus l’avait cru, ils étaient arrivés à peine à temps pour l’école. Mais voyant son visage rouge et son comportement beaucoup plus doux que d’habitude (pour elle), il avait conclu qu’il était un peu injuste.

 

 

En raison de l’examen, les cours d’aujourd’hui avaient été annulés. Le seul événement qui aura lieu sera l’examen.

La matinée était consacrée à tester l’utilisation du mana sur les terrains d’entraînement, ce qui consistait à utiliser tous les sorts appris.

Plusieurs enseignants allaient servir de superviseurs et allaient consigner les données avec précision. Afin de ne pas divulguer des informations sur les sorts qui devaient être cachés, les terrains d’entraînement déjà divisés avaient été recouverts d’un voile noir qui avait permis de dissimuler le contenu de l’examen.

Comme les classes effectuaient l’examen, une à la fois, il était inévitable qu’il fallût toute la matinée.

Alus et les autres s’étaient rapidement changés en uniformes d’entraînement. Après cela, ils avaient attendu à tour de rôle.

Mais Tesfia, étant ce qu’elle était, ne pouvait pas rester tranquille en attendant que son nom soit appelé. Elle semblait essayer de se distraire en revoyant son contrôle de mana, mais une quantité extraordinaire de nervosité était visible sur son visage.

C’est alors qu’Alus se souvint qu’elle était noble. En d’autres termes, elle avait besoin d’un rang qui n’apporterait pas la honte à son nom. Bien qu’elle avait déjà un rang à quatre chiffres, elle ne pouvait s’empêcher d’être nerveuse, car l’examinatrice lui avait dit que le classement n’était peut-être pas exact au moment de son inscription.

Ce n’était qu’un examen, et il était difficile d’imaginer que son classement changerait autant par rapport à ce résultat, mais dire cela à Tesfia ne signifierait pas grand-chose maintenant. C’est pour ça qu’Alus n’avait rien dit.

Pendant ce temps, Alice versait du mana dans un AAR emprunté, s’assurant que tout allait bien. Des scènes similaires se produisaient sur tous les terrains d’entraînement.

Alus fut le premier parmi les trois à se faire appeler par son nom. Tesfia et Alice étaient à proximité comme si c’était leur lieu officiel.

Il s’était dirigé vers le neuvième terrain d’entraînement en trouvant tout cela gênant.

Les deux autres n’avaient pas souhaité bonne chance à Alus. Elles savaient qu’il n’en avait pas besoin. Au lieu de cela, elles s’étaient concentrées sur elles-mêmes, mettant plus de force dans leurs emprises sur leurs AAR par anxiété ou enthousiasme.

*

Au fait, Alus était le seul à ne pas avoir d’AAR.

C’est pourquoi, contrairement au début du trimestre où personne ne s’occupait de lui, ils le regardaient tous maintenant comme s’il était une sorte d’intrus. Bien qu’ils n’aient pas chuchoté dans son dos, leurs regards grossiers avaient tout dit.

Comme Alus n’avait même pas son livre aujourd’hui — peut-être qu’il l’avait juste oublié — les regards qu’il recevait étaient encore plus perplexes.

Dans cette atmosphère, Alus était entré dans une cloison d’apparence suspecte sur le terrain d’entraînement, taché de noir.

À l’intérieur se trouvait, comme prévu, la directrice Cisty. « Oh, vous n’avez pas apporté un AAR ? »

« … On va vraiment faire ça ? » Le manque de motivation d’Alus était naturel, car il ne se souciait pas de son classement. Et comme il était le numéro un actuel, il avait de la difficulté à trouver un sens à la mesure de son mana.

« N’est-ce pas évident ? » dit Cisty en croisant les bras.

« Je me débrouillerai même sans un AAR, » répondit Alus.

« Bien ! Alors d’abord…, » la directrice avait montré une boîte à côté d’elle. C’était juste assez grand pour contenir une personne. C’est le dispositif utilisé par l’armée pour mesurer la capacité de mana. En dehors de l’avant, l’intérieur était recouvert de plaques métalliques pour la détection du mana.

« Mettez-vous là, et émettez un peu de mana, s’il vous plaît, » déclara Cisty.

Alus avait déjà commencé à le faire. Le système avait fonctionné en détectant le mana à l’aide des plaques métalliques sur une période, mesurant la capacité de mana de l’utilisateur.

« D’accord, ça suffit. » Cisty regarda l’écran sur le dessus d’une table. Il y avait le test de mesure, suivi d’un pourcentage indiquant l’état d’avancement. « — !! Hein !? »

C’était une réponse à laquelle Alus était habitué. Donc, pour éviter la douleur de devoir recommencer, il avait prévenu Cisty. « Ce n’est pas cassé. Pouvons-nous donc passer à l’étape suivante ? »

« O-Oui…, » sa réponse n’était pas très claire. Eh bien, si le testeur n’était pas un ancien numéro à un chiffre tel que la directrice, il aurait probablement été encore plus surpris. Mais même en ce moment-là, c’était un chiffre qu’elle avait du mal à croire.

Au cas où, Alus avait inventé une histoire qui pourrait la convaincre. « J’ai toujours été en première ligne. »

« C’est vrai. »

Mais peu importe combien il avait été en première ligne, ce n’était nullement les scènes de carnage qu’Alus avait vu jusqu’à maintenant qui l’avait aidé à progresser autant. Cette capacité de mana était innée… c’est pourquoi il avait pu briller dans l’armée.

« Uhm, suivant… J’aimerais que vous utilisiez la magie que vous avez apprise… » Cisty semblait encore secouée, alors qu’elle était en train de mettre des instruments de mesure sur les membres d’Alus.

« J’ai aussi abandonné ce genre de mesure dans l’armée, » déclara Alus.

« Pourquoi ? » La directrice l’avait regardé d’un air perplexe. Elle était maintenant moins secouée, et plus simplement curieuse.

« Quand j’utilise la magie, le rendement dépasse le compteur, » déclara Alus.

« Hmm… Eh bien, ça devrait aller, » déclara la directrice.

« Je suis sûr que ce truc va casser. » Alus avait indiqué l’appareil coûteux pour faire valoir son point de vue.

Mais les yeux de Cisty brillaient de curiosité, ce qui l’emportait sur son inquiétude face au risque.

Alus soupira, se disant que la directrice était vraiment une magicienne curieuse. « Je ne peux pas t’imaginer avoir d’innombrables pièces de rechange de cette machine, alors ne t’en fais pas pour celle-ci. »

« D’accord, » Cisty hocha la tête, et se déplaça vers l’écran qui affichait les données de mesure. « Si vous utilisez un sort d’attaque, tirez par là, s’il vous plaît. »

Devant Alus se trouvait un cône dont le large fond pointait vers l’avant. L’intérieur était creux dans le but d’assimiler la magie.

C’était aussi quelque chose qu’Alus avait l’habitude de voir. En libérant la magie à l’intérieur du cône, les parois présentaient une grande affinité pour mesurer le rendement, la composition, la quantité totale de mana, l’attribut et plus en détail, et cela absorberait en même temps le mana pour affaiblir l’impact.

Même si la puissance dépassait le taux d’absorption, elle était conçue pour que la puissance du sort se dirige vers le cône, absorbant progressivement plus de mana.

Il n’aurait pas dû y avoir de cas de pannes dues au dépassement des valeurs maximales mesurables — mais Alus avait cassé cette machine comme si ce n’était rien.

☆☆☆

Partie 7

Peu après le début de l’examen d’Alus, le nom d’Alice avait été appelé.

« Bonne chance, Alice. »

« Toi aussi, Fia. »

Alors qu’Alice commençait à marcher jusqu’au deuxième terrain d’entraînement, Tesfia avait commencé à se concentrer sur la préparation de son propre tour.

Alice s’arrêta soudain, sentant le sol trembler un peu.

Au début, ce n’était qu’un léger tremblement, alors elle se demanda si elle le sentait vraiment ou non, mais cela s’était transformé en conviction à mesure que le mouvement prenait de l’ampleur. C’était un désastre.

Il y avait eu un grand changement dans la plaque tectonique de ce continent quand les mamonos étaient apparus, donc ce n’était pas sans précédent. L’état de préparation des élèves face à ce genre de catastrophe était donc parfait.

Au moment où Alice avait versé plus de force dans ses jambes et son corps pour contrecarrer le tremblement… « Quoi — !! »

Une explosion avait fait écho dans le terrain d’entraînement, provoquant une agitation. Tout le monde oublia de se réfugier en regardant dans la même direction.

Dans le neuvième terrain d’entraînement, il y avait maintenant de la fumée noire qui en sortait.

Les enseignants se demandaient ce qui s’était passé, mais la femme qui sortait du neuvième terrain d’entraînement était la première à parler. « Il n’y a pas lieu de s’inquiéter. S’il vous plaît, continuez l’examen, » déclara la directrice Cisty, émergeant du terrain d’entraînement, couverte de mana.

On se demandait pourquoi la directrice de l’école était l’un des examinateurs, mais seulement pendant un instant.

Cisty avait chanté quelque chose, et avait légèrement fait tourner un index levé. Après l’avoir fait, la fumée noire avait commencé à s’accumuler en un seul endroit dans un tourbillon au-dessus de sa tête.

C’était un exploit époustouflant. Finalement, ce n’est que lorsque Cisty avait envoyé la fumée noire à l’extérieur que les professeurs stupéfaits s’étaient souvenus qu’ils étaient au milieu d’un examen.

L’instant d’après, Alice, revenue à la raison, demanda à Tesfia. « Que s’est-il passé ? »

« Qui sait, mais n’est-ce pas… ? » commença Tesfia.

Après s’être rappelé quel élève y passait son examen, Alice se précipita vers le neuvième terrain d’entraînement et cria d’une voix aiguë. « Est-ce que ça va, Al ? »

Alus était seul, regardant l’équipement avec ses pièces cassées. « Oh, Alice. Quel gaspillage… ! »

Tesfia apparut, avec un visage sévère. « Qu’est-ce que tu as fait ? »

« Dire que vous seriez aussi fort… Vous êtes vraiment incroyable. » Derrière Tesfia se trouvait la directrice, parlant d’une voix raide. Bien sûr, s’il n’y avait pas la moindre trace de suie sur sa tenue, c’était parce qu’elle aussi était l’une des meilleures magiciennes.

« Bref, vous deux, nous sommes toujours en plein examen, » déclara Cisty.

Tesfia et Alice avaient jeté un coup d’œil quand Cisty avait dit cela, comme si ce qui s’était passé n’était pas une grosse affaire.

*

Après une légère réprimande de la directrice Cisty, les deux filles avaient quitté le lieu de l’examen, laissant Alus et Cisty derrière elles.

« Mais quand même, ce sort… c’était un sort de manipulation spatiale, n’est-ce pas ? » demanda Cisty.

Les yeux d’Alus s’élargirent à la question de Cisty. C’est bien approprié venant d’un ancien numéro à un chiffre. C’était normalement une règle tacite que les magiciens ne fouillaient pas dans l’arsenal de sorts de l’autre. « Exact, » lui répondit-il, avec un peu de respect et d’admiration.

« Il y avait aussi beaucoup de chaleur générée. Serait-ce de la magie de type fusion ? » demanda Cisty.

Celui-là était éteint. La chaleur et l’explosion qui en avait résulté avaient été causées par l’incapacité de l’appareil de mesure à supporter la quantité écrasante de mana. Mais Alus baissa les yeux, comme pour dire que c’était comme elle le supposait. C’était plus pratique comme ça.

Il avait en effet utilisé la magie de la manipulation spatiale, comme elle l’avait deviné. Mais Alus ne voulait pas que quelqu’un, pas même la directrice, en sache plus que ça.

Au début, il n’existait pas de sorts qui interféraient directement avec l’espace. La magie de manipulation de l’espace était plutôt divisée en différents groupes, et était un terme générique pour une série de types de magie organisée.

Bien sûr, il avait été théoriquement prouvé que l’espace pouvait être manipulé. C’est pourquoi Alus avait délibérément utilisé la magie de type fusion en même temps.

Le phénomène de fusion était la vraie nature du sort qu’il avait utilisé avant. La raison pour laquelle il semblait que l’espace avait été manipulé était un effet secondaire. En d’autres termes, il avait délibérément invité le malentendu que la distorsion de l’espace était un effet secondaire, au lieu de sa véritable nature.

Jusqu’à présent, tout cela relevait du bon sens dans le domaine de la magie. Le seul dans l’armée qui savait que le pouvoir d’Alus dépassait le bon sens était le gouverneur général Berwick Sarebian. On craignait une force écrasante et puissante. Et il y en aurait beaucoup qui chercheraient à s’en servir. Cependant — .

« Mais si un magicien de votre niveau utilisait la magie de fusion seul, il ne serait pas si faible. Il y a peut-être une propriété différente, » déclara Cisty.

« — »

C’était un doute anodin, quelque chose qui était venu dans la tête de Cisty. Elle avait mis le doigt sur son menton en réfléchissant.

La magie de type fusion était un sort très avancé appartenant à l’attribut feu. Ainsi, une catégorisation simpliste pourrait étiqueter le mana d’Alus comme appartenant à l’attribut feu, mais cette ancienne numéro à un chiffre semblait convaincue que ce n’était pas la vraie nature du mana d’Alus.

La magie était divisée en plusieurs natures différentes. Les gens pourraient toujours être catégorisés comme ayant une affinité avec l’une de ces natures. Dans le cas de Tesfia, c’était de la glace, et celui d’Alice était la lumière.

Bien sûr, ce n’était qu’une affinité, et cela ne signifiait pas qu’ils étaient limités à ce type, mais l’affinité avait une grande influence sur la magie utilisée.

L’affinité d’Alus était le néant.

Strictement parlant, le néant n’existait pas, donc il était plus juste de dire que l’affinité ne lui était pas applicable. Bien sûr, il pouvait utiliser de la magie de différentes natures à des niveaux élevés. Mais lorsqu’il s’agissait des affinités de son propre mana, il croyait qu’une nouvelle catégorie, la manipulation de l’espace, était nécessaire. Mais il n’y a pas non plus eu de fuite d’information.

Alus avait donc dû avertir la directrice de ne pas toucher à ce tabou. « Cisty ! »

« Hmm ? … ! ! »

Le regard et le ton de voix d’Alus étaient les mêmes que d’habitude… mais Cisty réalisa que l’atmosphère autour de lui avait complètement changé.

« … C’est vrai. Je ne devrais pas me mêler de ça, » déclara Cisty.

Alus avait poursuivi en changeant immédiatement de sujet et d’atmosphère. « Alors, qu’est-ce qu’on fait pour l’examen ? »

« Les mesures elles-mêmes ne donnent pas une erreur, mais plutôt qu’il est impossible de les mesurer. Donc on va probablement finir par mettre des valeurs hautes pour tous les scores, » déclara la directrice.

« Je vois, » déclara Alus.

« Ce devrait être tout pour l’examen du matin. Y a-t-il quelque chose que vous aimeriez savoir ? » demanda la directrice.

« Pas vraiment, » répondit-il.

La directrice de l’école, qui se montrait maintenant aussi détendue que si de rien n’était, avait signalé la fin de l’examen par un « Bon travail ».

Après avoir vu Alus sortir du terrain d’examen, Cisty avait poussé un soupir. « Ouf… »

Ce soupir concernait en partie sa propre négligence et en partie le soulagement d’avoir réglé la situation en toute sécurité. Elle leva la tête et laissa apparaître un sourire soulagé.

*

Comme prévu, ce qui avait accueilli Alus sur le chemin du retour de l’examen troublé, c’était la classe qui le regardait comme s’il était une bête étrange.

Essayant peut-être d’échapper aux regards focalisés, Alus s’était mis du côté de Tesfia. Il s’appuya contre le mur et croisa les bras. Le fait de ne rien avoir à faire pendant ce temps l’avait rendu agité.

Tesfia était assise, les jambes dans les bras, son katana appuyé contre le mur à côté d’elle.

Alice était déjà allée sur son terrain d’entraînement, mais ce n’était pas encore son tour.

La façon dont Tesfia semblait perdue dans ses pensées, sans rien en main, la rendait encore plus petite que d’habitude. Soudain, elle murmura à Alus. « Qu’est-ce que c’était avant ? »

« On dirait que l’équipement a mal fonctionné, » répondit Alus.

Tesfia le regarda d’un air suspicieux en entendant ce mensonge éhonté. Cela dit, étant donné que l’équipement avait explosé, c’était la vérité dans un sens. Même si c’était à cause du sort d’Alus.

« Tu plaisantes, » dit-elle durement. Elle leva les yeux vers lui avec le doute sur son visage.

Alus trouva son regard irritant et lui posa une question raisonnée : « Veux-tu vraiment y jeter un coup d’œil ? » Il va sans dire que c’était une courtoisie entre magiciens.

« … Hmph ! » Sachant cela, Tesfia détourna son regard vers l’avant.

« Peut-être aurais-tu l’occasion de le savoir si nous nous engageons dans un combat réel, » murmura Alus.

« … ! »

Il l’avait murmuré à lui-même, mais quand le nom de Tesfia avait été appelé — .

« Alors je me dépêcherai de te coincer. »

Bien qu’il n’ait pas vu son visage quand elle l’avait dit, sa voix était déterminée.

Tesfia se leva alors, s’étira, et se dirigea vers le lieu de l’examen avec des pas fermes et un katana en main.

Alice était revenue et avait demandé la même chose que Tesfia. Mais dans son cas, la curiosité innocente était la force motrice, et l’atmosphère était différente de celle de Tesfia, alors Alus avait presque laissé échapper quelque chose…

☆☆☆

Partie 8

L’examen du matin terminé, le déjeuner avait eu lieu un peu tard.

S’il était en retard, c’était juste parce que l’examen avait traîné en longueur, et non à cause de l’incident d’Alus. Beaucoup de gens se dirigeaient maintenant vers la cafétéria, et beaucoup d’autres se dirigent vers les kiosques. Et ceux qui avaient apporté un déjeuner avec eux s’étaient dirigés vers la salle de classe.

Alus s’était assis avec désinvolture à un siège vide, mais ensuite… « J’ai oublié. »

N’ayant pas vraiment dormi, il avait été négligent. C’était en partie parce qu’il n’avait jamais pris l’habitude de préparer son déjeuner.

Il était tombé la tête la première sur la table.

C’était en partie parce qu’il était fatigué, mais surtout parce que tout était trop gênant. Il aurait pu aller à la cafétéria ou aux kiosques, mais ils étaient probablement déjà pleins à craquer.

Cependant… « Pourrais-tu faire de la place ? »

Il entendit une voix à l’oreille, suivie du bruit d’un sac bruyant. Même lever la tête serait gênant, alors il avait jeté un coup d’œil en bougeant seulement ses yeux. Devant lui se trouvait un sac en plastique, probablement acheté récemment dans un kiosque. Il avait deviné qu’il y avait de la nourriture à l’intérieur.

« Tu n’as rien apporté, n’est-ce pas ? » Alice était de l’autre côté du sac, et sa voix apaisante invitait encore plus de somnolence en lui.

Étonnamment, la nourriture était pour Alus. Il avait un besoin impérieux de dormir, mais hésitait à l’ignorer. Elle l’avait fait par bonne volonté, après tout.

Lorsqu’il leva la tête, les deux filles avaient déjà pris place à table avec lui.

« Tiens, prends ça, » déclara Tesfia.

« Est-ce à moi que tu le donnes ? » demanda Alus.

Si c’était Alice qui lui avait donné, Alus lui aurait dit merci tout de suite, mais il était surpris que cela vienne de Tesfia.

« C’est juste quelque chose que j’ai acheté au kiosque, donc ce n’est rien d’impressionnant, » déclara Tesfia.

« J’apprécie ton geste. » Il n’y avait rien à faire s’il continuait à se douter de quelque chose… mais peut-être que c’était juste dans sa tête. « Donc ce n’est vraiment rien d’impressionnant. »

Bien sûr, c’était juste une blague. Il essayait de fournir un sujet pour rendre le déjeuner plus agréable, une épice de conversation si vous voulez, mais…

« Alors, ne le mange pas, » déclara Tesfia.

« — Ah ! »

La nourriture lui avait été enlevée de sous ses yeux.

Ce n’était pas comme s’il voulait revenir en arrière, mais Alus n’était pas doué pour la flatterie ou les discussions inutiles. Il était capable d’être éloquent, mais il avait senti un mur entre lui-même et les sensibilités et l’atmosphère présent autour des étudiants de son âge.

Après s’être excusé sérieusement, Alus avait récupéré son déjeuner et avait changé de sujet pour l’examen suivant tout en plaçant un sandwich dans sa bouche.

D’autre part, comme il s’agissait d’un institut prestigieux, même les ingrédients utilisés dans les kiosques étaient de grande qualité, et Alus avait été impressionné par le goût du sandwich qui était meilleur que ce à quoi il s’attendait.

« Le prochain examen sera probablement un simulacre de combat, » déclara Alus.

« … !! »

Tesfia et Alice, qui avaient un déjeuner similaire à celui d’Alus, avaient arrêté ce qu’elles faisaient. À en juger par leur regard, elles semblaient soupçonner un acte criminel.

« D’où tiens-tu cette information ? » demanda Tesfia. « Quelle est ta source ? »

Alus ne pensait pas particulièrement que c’était de la triche, mais leur dire que la directrice était sa source d’information ne ferait qu’attirer des ennuis inutiles. « C’est juste que… s’ils veulent mesurer avec précision le classement d’un magicien, ils devront le faire. »

Ce n’était pas vraiment un mensonge. Les étudiants de première année n’avaient tout simplement jamais eu leur classement mesuré avec précision. À cet égard, Alus avait beaucoup d’expérience pendant son séjour dans l’armée. Tant que vous aviez compris l’essentiel de l’examen, ce que vous deviez faire n’était pas si différent.

« Dans ce genre de batailles simulées, il est courant de se mesurer à quelqu’un de mieux classé, » déclara Alus.

Le fait qu’Alus soit le numéro un actuel signifiait qu’Alus n’avait personne de mieux classé que lui, donc il n’avait normalement pas son mana mesuré par des batailles fictives. Ou plutôt, les magiciens de haut niveau qui participaient activement au combat n’avaient pas besoin d’adhérer à la mesure de leur classement et de leur mana.

Sur le champ de bataille où la vie et la mort étaient la principale préoccupation, cela ne servait à rien de mesurer un rang en constante évolution. Les mesures devaient être prises une fois par an, mais presque personne ne les souhaitait vraiment.

Mais Alus sourit intérieurement, pensant cyniquement qu’il fallait faire quelque chose compte tenu des circonstances. « Avec tout ça, vous allez probablement faire face à vos camarades de classe supérieure. »

« Impossible…, » dit Tesfia.

« Je me demande si on peut gagner, » déclara Alice.

Avec les capacités de Tesfia et d’Alice, elles pourraient même faire face à une troisième année ou à des enseignants.

« Gagner serait bien, mais perdre ne signifie pas nécessairement que votre rang va baisser. Au contraire, en affrontant un adversaire coriace, votre force peut être mesurée plus facilement. » De plus, des points avaient été ajoutés avec l’examen du matin, et les simulations de batailles de l’après-midi allaient être utilisées pour les ajuster.

Compte tenu de leurs capacités, il n’était pas difficile d’imaginer que des personnes assez bien classées dans l’Institut leur feraient face. C’était parce que, selon le principe des mesures, le juge augmentait leur force par étapes.

D’abord, il restait sur la défensive… et une fois qu’il avait une prise sur leur capacité, il se déplaçait pour attaquer et mesurait aussi leurs capacités de combat. À cause de cela, si le juge était plus faible que la personne à mesurer, cela ruinerait les mesures.

« Je vise la victoire, quel que soit mon adversaire, » déclara Tesfia.

« … »

Tesfia se mettait en route, mais Alus, qui l’avait déjà combattue une fois, garda le silence.

*

À la fin du déjeuner, la classe était retournée sur les lieux d’entraînement.

Cela prenait encore plus de temps, car les élèves d’une autre classe étaient encore assis sur le terrain de façon désordonnée. Comme le matin, les terrains d’entraînement avaient été divisés en 10 divisions, avec des sorts d’attaque qui volaient partout accompagnées des bruits du combat.

C’est alors que Tesfia et Alice avaient attiré l’attention des élèves.

Elles sont vraiment populaires, se dit Alus, alors qu’il s’appuyait contre un mur en solitaire.

« Fia, Alice, vous avez entendu ? »

« Quoi ? » Les deux filles s’étaient penchées face à la question soudaine d’une connaissance d’une autre classe.

« Apparemment, Base était l’adversaire au quatrième terrain d’entraînement ! »

Delca Base, une étudiante de troisième année de magicien avec un classement dans les 1000, était une célébrité connue parmi tous les étudiants masculins. Apparemment, Delca avait déjà un poste dans une unité qui agissait dans le monde extérieur à l’obtention de son diplôme.

Delca avait une attitude sincère et juste pour une personne de la noblesse, et une attitude affable et serviable que les gens de la classe inférieure en particulier admiraient.

« Je vois, » dit Tesfia.

« C’est incroyable ! » Alice avait déclaré cela haut et fort, essayant de compenser la malédiction de son amie.

Ces deux-là avaient assez de potentiel pour que leur nom soit retenu par une Felinella à trois chiffres. Et elles recevaient aussi des conseils d’un individu à seul chiffre, de sorte que quelque chose comme ça ne les surprenait plus.

Cette connaissance féminine était étonnamment aiguisée, cependant. « … N’êtes-vous pas bizarres toutes les deux ? »

« Vraiment ? » demanda Tesfia.

« Hmm… ? »

Avoir un rang à quatre chiffres en tant qu’étudiant était digne de respect, mais c’était loin d’être leur but. C’est pourquoi les deux filles n’étaient pas particulièrement enthousiastes à l’idée de faire des histoires pour quelque chose de ce niveau.

« Tu avais même demandé aux étudiants quel était leur rang avant, Fia. »

« Hey, ne dis rien d’étrange comme ça. » Tesfia avait serré les mains devant elle, essayant de le nier, mais elle avait ensuite reçu une autre attaque du côté.

« Maintenant que tu le dis, elle a fait quelque chose comme ça. » Alice n’avait pas tant l’intention de taquiner Tesfia, mais l’image dans sa tête était si drôle qu’elle avait fini par rire.

Avant, elles étaient tellement obsédées par les classements, mais maintenant elles ne s’en souciaient pas vraiment. Elles en connaissaient toutes les deux la raison. Les deux filles regardèrent le jeune homme aux cheveux noirs appuyé contre le mur à une certaine distance.

« Eh bien, après avoir vu ça…, » dit Tesfia.

« Oui…, » dit Alice.

Elles avaient souri de façon significative. Le sourire d’Alice était doux, tandis que celui de Tesfia était ironique.

Peut-être que le jeune homme dormait, puisque sa tête était affaissée. Elles pensaient presque pouvoir entendre ses ronflements d’où elles se tenaient.

« Qu’est-ce que c’est censé vouloir dire ? Dites-moi, » insista leur connaissance.

« Oh, ce n’est rien. »

« Oui, en effet, » sourit Alice.

Alice et Tesfia évitèrent avec désinvolture son questionnement persistant, et une discussion harmonieuse s’ensuivit, dans une atmosphère détendue.

*

Finalement, c’était le tour de leur classe.

Comme les classes sur les terrains d’entraînement changeaient, les élèves de l’autre classe avaient salué Tesfia et Alice, et étaient partis.

Comme prévu, le nom d’Alus avait été le premier appelé. Après avoir été réveillé doucement par Alice, il étira son corps. Le fait de dormir lui avait permis de se libérer d’une partie de sa léthargie, mais il avait encore sommeil.

« Je me demande contre qui ce type va se mesurer, » murmura Tesfia en le regardant partir.

« Peut-être la directrice ? » dit Alice.

« Ce n’est pas possible, » déclara Tesfia.

Sentant un autre désastre en route, elles avaient toutes les deux fait des sourires forcés. Mais se souvenant que l’examen de cet après-midi avait été une bataille simulée, elles n’avaient pas pu s’empêcher d’être curieuses.

Comme elles n’avaient même pas vu une petite partie des capacités d’Alus dans sa bataille contre Tesfia, il était tout à fait naturel qu’elles veuillent en savoir plus sur la façon dont le numéro un actuel se battait.

Elles s’étaient faufilées plus près du terrain d’examen où Alus était entré, mais elles avaient été découvertes par un enseignant et grondées. Cela valait une petite réprimande pour avoir fouillé dans ces affaires, et le fait d’être au milieu d’un examen pouvait même être considéré comme de la tricherie.

Les deux filles avaient réussi à éviter d’être punies, mais elles étaient déçues.

☆☆☆

Partie 9

Alors qu’Alus s’avançait sur le terrain d’examen, il avait vu, comme prévu, la directrice attendre. Mais contrairement au matin, il y avait une autre personne à part elle.

Une fille aux cheveux argentés.

Elle semblait encore plus petite que Tesfia. Ses cheveux étaient d’une couleur argentée lustrée et pendaient des deux côtés de son visage pour se terminer en une belle moulure au niveau du menton. Les yeux argent-clair qui regardaient son chemin étaient légèrement bleu ciel.

Bien qu’elle portait un uniforme d’entraînement, il ne s’agissait pas d’un uniforme désigné par l’école. C’était un uniforme noir qu’Alus connaissait bien, semblable à ce qui était utilisé dans l’armée, et sans aucun doute un uniforme de combat.

De plus, son expression ne montrait ni joie ni colère, mais semblait vide d’émotion. C’était comme une expression de poupée. En fait, ses traits gracieux seraient mieux décrits comme appartenant à une poupée.

Alus avait été le premier à parler. « C’est donc elle qui me surveille. » Il l’avait vu de ses propres yeux lors de son premier simulacre de combat avec un camarade de classe sur le terrain d’entraînement.

Réalisant peut-être qu’Alus l’avait découverte, les épaules de la fille aux cheveux argentés avaient bondi.

« Donc vous l’aviez remarqué, » dit Cisty.

« Je suppose qu’elle a été envoyée par l’armée, » déclara Alus.

La directrice s’était gratté la joue, avec un sourire maladroit.

La fille aux cheveux argentés avait fait un pas en avant et s’était mise à genoux. « C’est un plaisir de vous voir ici pour la première fois, Sire Alus. Je suis Loki Leevehl, envoyée pour être votre partenaire. » Elle poursuivit, les yeux baissés, Ordonnance 1034… Observateur 58. »

Parmi les magiciens se trouvaient ceux qui se spécialisaient dans la détection des mamonos et des noyaux qui constituaient leur vie.

Contrairement à « Ordonnance » qui était synonyme de rang, « observateur » se rapportait à leur rang en tant que détecteurs. Comme la détection était une aptitude précieuse, seuls les magiciens à deux chiffres ou plus se voyaient assigner des observateurs comme partenaires.

Cependant, Alus n’en avait jamais eu besoin en raison de sa politique d’agir seul, et de la nature des caractéristiques de sa magie. « Je n’en ai pas besoin… »

« Bien sûr, je suis au courant. » Les yeux encore baissés, Loki répondit d’une voix claire et belle.

La directrice avait continué là où elle s’était arrêtée. « Loki n’a toujours pas d’expérience en tant que partenaire. C’est pourquoi vous pouvez lui donner des conseils en même temps. »

« Je suis presque sûr que ce serait moins un partenaire qu’un superviseur. » Alus pensait qu’en acceptant d’autres ennuis, cela mangerait trop de son temps. Pour commencer, il ne devrait même pas avoir besoin de quelqu’un pour le surveiller. « Je n’en ai pas besoin. N’es-tu pas déjà un superviseur ? » Il était facile de dire que Cisty et ses multiples demandes étaient la cause du temps perdu par Alus.

« Je suis occupée, vous voyez…, » dit Cisty, évitant tout contact visuel avec Alus.

« J’en discuterai alors avec le gouverneur général. Les observateurs sont précieux, et il ne devrait pas y avoir assez de marge de manœuvre pour qu’on les gaspille en les associant inutilement à quelqu’un, » déclara Alus.

Alus avait essayé de s’en débarrasser avec ceci, mais les épaules de la fille aux cheveux argentés avaient tremblé une fois de plus devant son agressivité en disant qu’elle n’était pas nécessaire.

« Loki est excellente, voyez-vous…, » c’était l’expression pratique que Cisty utilisait comme excuse, comme pour dire qu’elle serait d’une grande aide pour le grand plan d’Alus.

Mais Alus n’allait plus faire de promesses négligentes. « Combien d’autres personnes vas-tu pousser sur moi ? »

« Maintenant, pour commencer, qu’elle soit votre adversaire. Vous n’avez pas besoin de précipiter votre jugement… d’accord ? » déclara Cisty.

Alus avait envie de claquer sa langue, n’ayant pas entendu parler de ça. En fait, c’était presque comme si le but de l’examen avait changé, mais pour obtenir ses crédits, il ne pouvait pas facilement aller à l’encontre de la directrice.

D’ailleurs, Alus pensait que voir ce dont cette Loki était capable n’allait pas changer le résultat. « Je comprends. Mais je ne vais plus tomber dans le panneau. »

Bien qu’il ait prévenu Cisty, quelque chose l’inquiétait. Et c’était que la jeune fille portait un uniforme militaire. Il pouvait sentir des traces de son passé en elle. Quand il y pensait, il avait même l’impression de l’avoir déjà rencontrée quelque part.

« Merci beaucoup, » dit Loki, et leva la tête, révélant une expression un peu tendue.

Cette expression ne semblait pas non plus simplement due à un simple combat avec l’actuel numéro 1. Alus vit en elle un aperçu du désespoir.

*

La bataille fictive commença immédiatement.

D’abord, Cisty avait attendu que les deux individus se préparent en revenant du centre.

Comme Alus, Loki ne tenait rien dans sa main. Mais Alus ne pensait pas que c’était parce qu’elle se retenait. Cacher votre arme pourrait vous donner un gros avantage au combat.

En d’autres termes, elle avait probablement de l’expérience au combat.

Au début de la bagarre, Alus avait vu Loki concentrer le mana dans son bras. C’était un contrôle de mana décent pour quelqu’un qui s’approchait des Triples Chiffres, mais pour Alus, cela semblait toujours négligé et il ne pouvait pas vraiment sentir la différence entre elle, Tesfia et Alice. Elle n’était pas vraiment une menace.

« Sire Alus, si je vous frappe ne serait-ce qu’une seule fois, m’accepterez-vous comme partenaire ? » demanda Loki à l’improviste.

Entendre sa question et voir la façon dont elle le regardait avait attiré l’attention d’Alus. Son expression semblait dire qu’il n’avait pas besoin de se retenir. Même si elle savait que son adversaire était le numéro un actuel, elle voulait tout de même un combat équitable.

C’est pourquoi Alus avait réalisé qu’elle n’était probablement pas idiote. Un coin de sa bouche s’éleva d’un sourire intrépide. Il agita l’index comme pour la provoquer. « Si tu peux faire une touche. »

Loki s’inclina profondément.

L’instant d’après, l’atmosphère autour d’elle avait complètement changé. L’air d’une vétérante chevronnée habillait son petit corps.

Alus sentit la tension piquante d’un combat sérieux. Il lui avait fait face avec un sourire recueilli.

Quand Loki avait levé la tête, elle n’avait plus d’hésitation dans les yeux. Elle était passée en mode combat.

Voyant que le décor était prêt, Cisty avait pressé le bouton de l’avertisseur pour signaler le début de la bataille.

Loki avait bougé dès que le signal avait retenti. Elle s’était dirigée droit vers Alus tout en gardant une posture basse, mettant ses mains derrière son dos pour sortir quelque chose.

Alus n’avait vu ce que c’était qu’après que cela soit lancé. C’était un couteau à lancer sans rien que l’on pourrait appeler une poignée de main. C’était le type que l’on utilisait en le tenant entre les doigts. Et sa lame était épaisse.

Deux dans chaque main — un total de quatre couteaux — avaient été lancés sur Alus.

Alors que c’était rapide, il s’était dit qu’elle se moquait de lui si elle pensait qu’une attaque frontale marcherait. Bien sûr, il avait aussi vu clair dans l’intention derrière tout cela.

Alus avait attrapé deux couteaux entre ses doigts de chaque main. Ils étaient, comme prévu, couverts de mana. Une faible lumière d’une formule magique brillait d’eux, mais aucun sort n’avait été libéré.

Après un seul regard, Alus l’avait instantanément recouvert de son propre mana. La lumière de la formule magique s’était rapidement arrêtée.

Loki avait été choquée par cette vue. Puis Alus rendit les couteaux en les jetant en réponse.

« — ! ! » Elle avait sorti plus de couteaux de sa taille pour se défendre.

C’était une belle démonstration d’habileté, les couteaux s’affrontant en plein vol… mais les nouveaux couteaux de Loki n’avaient pas réussi à abattre les couteaux couverts de mana d’Alus.

Le mana qu’il avait utilisé pour écraser de force les AAR de type couteau avait vu sa vitesse de projection augmentée, et le cap qu’il avait suivi dans les airs était solide et stable.

En conséquence, ils avaient volé à Loki en un clin d’œil.

Elle s’était décidée à les esquiver, mais son expression gracieuse, tordue d’impatience, montrait clairement qu’elle l’avait fait de peu.

Dans le feu de l’action… pendant que l’attention de Loki était attirée par les couteaux pendant un instant, Alus avait disparu de sa vue. Et elle avait été un peu lente à réaliser que c’était une grosse erreur.

« C’est fini. »

Cette voix venait de derrière Loki.

Un instant, un simple clignement des yeux fut fatal contre Alus. Avec un couteau à main, il avait visé l’arrière de son cou, cherchant à l’assommer. « — !! »

Cependant, l’attaque n’avait pas touché le cou de Loki.

Au milieu de l’attaque, Alus avait changé de direction, tout en écartant les doigts. Il avait attrapé le bras de Loki. « Avec un guetteur comme toi, tu as dû sentir le mana. »

Loki tenait un couteau dans une prise inversée dans sa main, essayant de le poignarder.

Alus pensait qu’il serait simple d’utiliser sa main de rechange pour l’assommer, mais, étonnamment, elle avait jeté le couteau avec seulement la puissance de ses doigts.

Il bougea la tête pour esquiver l’attaque et lâcha délibérément sa main. Après qu’il l’ait fait, Loki avait sauté pour s’éloigner de lui.

Alus l’avait louée dans son esprit. Elle était excellente, comme l’avait dit la directrice. Elle semblait avoir assez de talent non seulement pour combattre les gens, mais aussi pour servir comme magicien.

Les couteaux qu’elle utilisait étaient des AAR destinés à être utilisés contre les mamonos. Ils avaient été chargés d’électricité, ce qui avait augmenté leur vitesse et leur puissance de pénétration. Si Alus n’avait pas écrasé la formule magique en une fraction de seconde comme il l’avait fait lors de leur premier échange, il n’aurait jamais pu les saisir. Les mamonos de basse classe devraient être percés par son premier lancer.

C’est pour ça qu’Alus trouvait ça étrange. « Pourquoi n’es-tu pas en première ligne ? Tu devrais être assez bonne. »

Alors qu’il jetait un coup d’œil sur le côté du terrain d’examen, Cisty, qui l’observait depuis le début, semblait en connaître la raison. Au lieu d’une réponse, il avait reçu une expression exaspérée en retour.

☆☆☆

Partie 10

D’ailleurs, le fait d’avoir été choisi comme partenaire d’un magicien à un chiffre était un honneur considérable.

Quand Alus avait été dans l’armée, les observateurs étaient venus l’un après l’autre pour se porter volontaires pour être son partenaire. Il les avait bien sûr tous rejetés, mais comme cela avait duré si longtemps, on l’avait appelé le Maître Magicien Solitaire.

Pendant ce temps, Loki ne lui donnait pas non plus de réponse, mais elle était plutôt à bout de souffle. Elle avait sa propre fierté. Et elle était bien consciente qu’il n’était pas facile de devenir la partenaire de l’actuel numéro un.

Comme Alus s’y attendait, elle n’était pas assez folle pour ne pas comprendre leur différence de force. Mais même alors…

Pour elle, il fallait qu’elle y arrive quoiqu’il arrive. Elle était même allée jusqu’à demander au gouverneur général… C’est peut-être sa seule et unique chance. Et elle ne voulait pas utiliser l’excuse que sa spécialité était la détection.

Ce désespoir s’était manifesté sur son visage.

Alus n’avait pas deviné les fondements de sa détermination ou de sa puissante volonté, mais il avait resserré les yeux en réponse à son regard sérieux. L’atmosphère autour de lui changea en un instant, preuve qu’il la reconnaissait comme une ennemie à vaincre.

Un faible mana en forme d’une sorte d’âme disparue commença à s’échapper de son corps. C’était du mana, mais il n’en avait pas l’apparence. Le mana recouvrant son corps se tortillait… comme s’il avait une volonté propre. Il tremblait mystérieusement autour de lui.

« Quoi… !! » Une expression d’étonnement apparut sur le visage de Cisty. Elle aurait pu s’interroger sur ce que c’était, ou l’avoir remarqué par pure surprise. Après qu’une émotion semblable à la peur ait traversé son corps pendant un moment, elle n’avait pas pu finir sa phrase.

Mais en même temps, un mélange entre un cri et un soupir était venu de Loki. Ce n’était pas une expression d’angoisse. Il venait de réaffirmer leur différence de force, mais elle n’avait pas déçu de son propre manque de pouvoir. Au contraire, elle était heureuse.

Loki avait pris une résolution ferme. Alus est fort. Avec sa technique inexplicable de maniement du mana, Loki n’avait pas pu s’empêcher de déglutir de façon audible, malgré la distance qui l’éloignait de lui.

On aurait dit que c’était la première fois que même la directrice voyait ça. La façon dont le mana, qui avait une qualité différente de tout ce qu’elle avait vu auparavant, se tortillait dans les airs loin de son propriétaire, le faisait ressembler à une ombre sinistre.

Bien qu’il n’y ait rien à craindre avec Alus, qui savait ce qui pourrait arriver à Loki si quelqu’un d’autre utilisait cette technique pour créer ce démon du combat.

C’est le numéro 1… Si possible, elle voulait éviter de l’utiliser. Cependant, la peur avait gardé ses pieds collés au sol. Mais elle était encore capable de se mouvoir dans cette peur, grâce à sa forte volonté.

Ses genoux allaient céder et ses jambes refusaient de bouger. Cependant, ce n’était qu’une bataille simulée, et c’était elle qui l’avait menée jusque-là. Elle était incapable de revenir en arrière maintenant… alors elle s’obstinait à réprimer la peur.

Si elle devait perdre cette chance, elle préférerait…

Loki avait sorti un autre couteau et l’enfonça calmement dans sa cuisse tremblante. La lame ne s’était pas enfoncée trop profondément dans sa peau, mais la douleur piquante avait poussé sa jambe, gelée et raide de peur, à bouger.

Des perles de sueur recouvraient son front et ses cheveux fins et soyeux collaient à son visage. Loki regarda lentement vers Alus et, prenant une profonde respiration, se leva enfin.

Elle se servait de ses lèvres tremblantes pour parler calmement.

« Avec le grondement du tonnerre, que le sommet du tonnerre tempétueux se manifeste. »

Dix couteaux tirés de sa taille flottaient avec leurs lames pointées vers le bas. Un champ électrique avait été créé, connecté par les petits trous dans les poignées. Finalement, cela avait formé un cercle, et les dix couteaux avaient commencé à tourner sur eux-mêmes.

Les couteaux tournaient plus vite alors qu’elle continuait son incantation, et les lames pointèrent alors vers Alus.

Comme les couteaux se déplaçaient assez vite pour brouiller leurs formes, l’espace au centre du cercle brillait d’éclairs, et l’électricité montait en flèche. D’une voix tremblante, Loki continua avec le couplet requis malgré cela.

Même si ce n’était pas si puissant que ça, Alus pouvait ressentir une détermination inébranlable de sa part.

« Ce n’est pas possible ! Le sommet du tonnerre !? Dire qu’elle peut utiliser l’un des huit sommets à —, » avant que Cisty ne puisse finir sa phrase, Loki conclut l’incantation.

Sa respiration était déchiquetée. N’importe qui pouvait voir qu’elle avait utilisé son mana jusqu’à l’épuisement. Finalement, elle avait rassemblé la force qu’il lui restait, avait retiré sa main droite et avait lancé une frappe frêle, mais puissante avec sa paume vers le centre de l’espace.

« “'Naruikazuchi” »

Un éclair et un grondement orageux avaient attaqué Alus. Le coup de foudre avait réduit la distance en un instant jusqu’à 0. Le projectile s’était déplacé beaucoup plus vite que les réflexes humains et avait même laissé un bruit derrière lui.

 

 

Cette vitesse extrême rendait l’attaque impossible à esquiver. L’explosion de ce matin-là n’était rien à côté de ça. Des nuages de poussière noire brûlée avaient été soulevés par l’onde de choc et dansaient dans l’air. La carbonisation s’était produite en un instant et c’était assez pour couvrir tout le terrain d’entraînement.

Ayant épuisé toutes ses forces, Loki s’effondra. Elle avait perdu connaissance, comme si elle tombait dans un profond sommeil.

La directrice avait rapidement dissipé toute la poussière.

Et alors que la capacité de voir était revenue sur le terrain d’examen…

Alus se tenait debout comme une statue au même endroit qu’avant l’explosion. Il avait la main tendue devant lui et regardait son bras.

« C’était plus que ce à quoi je m’attendais. » La manche de son uniforme d’entraînement était en lambeaux, et dessous, sa peau était exposée, parfaitement indemne. Une puanteur du brûlé pendait sur ses vêtements.

La puissance du sommet du tonnerre, la magie de rang le plus élevé, aurait dû dépasser la capacité du terrain d’examen à convertir les dommages.

Donc Alus n’avait pas été blessé parce que ses pouvoirs étaient beaucoup plus puissants.

Bien sûr, même Cisty n’aurait pas dû voir comment il avait réussi à dévier cette puissante magie à travers ce nuage de poussière.

Mais la raison de son regard suspicieux était différente. Quand vous étiez au niveau d’Alus, il était possible d’obtenir une prédiction générale de la puissance d’un sort en regardant le moment où il était lancé.

Cependant, la puissance du sort de Loki avait largement dépassé ses attentes. Il était donc un peu malheureux d’admettre que c’était un miracle que seul son uniforme d’entraînement ait été brûlé.

Quand il avait regardé Loki, il avait compris pourquoi. « Elle ne l’a quand même pas fait… »

Alus courut à ses côtés et mit ses doigts contre son mince cou blanc. « Appelle l’équipe médicale ! »

« Hein ? — Je comprends, » déclara Cisty.

Alus avait oublié et utilisé le terme militaire, mais Cisty comprit rapidement ce qu’il voulait dire.

Le pouls de Loki s’affaiblissait. Il ne serait pas étrange que ça s’arrête à tout moment. Elle était encore capable de respirer à un rythme irrégulier, mais elle était sur le point de mourir.

« Qu’est-ce qu’il se passe ? » demanda Cisty, ayant rapidement terminé son appel. Elle avait compris que Loki était dans une situation difficile, mais elle ne savait pas pourquoi.

« Elle est en défaut, » déclara Alus.

« — !! » La directrice avait tout de suite compris ce qu’il voulait dire. Le défaut était une forme d’épuisement du mana qui dépassait de loin le simple épuisement. En compensation, Loki perdait conscience. Parce qu’elle avait utilisé plus de mana qu’elle n’en avait la capacité, le déficit était enlevé à sa force vitale.

Alus glissa sa main dans les vêtements de Loki et chercha quelque chose avec une expression sérieuse. « Le voilà. »

« Un catalyseur ! » Voyant ce qui était dans la main d’Alus, Cisty s’était figée par surprise. Dans sa paume se trouvait un cristal hexagonal.

Alus plissa ses sourcils, puis l’écrasa dans sa main. C’était le noyau d’un mamono. Bien sûr, seuls les noyaux de mamonos de grande qualité avec leurs grandes quantités de mana pouvaient servir de catalyseur. Celui-ci avait probablement été récolté chez un mamono de classe A ou supérieur.

Normalement, un sort manifestait une puissance égale au mana fourni. Cependant, il y avait une exception. L’exception était un catalyseur. Cela allait fonctionner en servant de réactif, comblant temporairement la différence en mana.

Mais c’était une épée à double tranchant qui allait réclamer le mana nécessaire après que le sort se soit manifesté.

C’était un instrument rituel que l’humanité utilisait lors de l’apparition des mamonos, afin de gagner du temps pour mettre en place des lignes défensives. C’était tabou, son utilisation était illégale dans toutes les nations.

Dans ce cas, l’échelle était différente. Loki utilisait des AAR de type couteau, et même avec leur aide, le sort exigeait quatre versets. En plus de cela, il y avait l’existence du catalyseur qui avait fait que les attentes d’Alus avaient été déçues.

La capacité temporaire de Loki à utiliser plus de mana qu’elle ne l’avait fait était la raison pour laquelle il y avait un tel décalage entre la prédiction d’Alus et la réalité.

*

Loki était dans une situation désespérée.

Quelques minutes au mieux… Alus n’avait pas l’obligation de sauver cette fille imprudente. D’ailleurs, à quoi bon aller jusqu’à perdre la vie, alors que la récompense de sa victoire était de devenir son partenaire ?

Il en avait fait l’expérience dans le monde extérieur. Dans son temps dans l’armée, avant qu’il ne commence à opérer seul… cela s’était produit sur pratiquement toutes les missions. Il ne se souciait plus s’il se salissait les mains.

Il devrait au moins la tuer en un seul coup, pour qu’elle ne souffre pas.

« — ! Attendez ! » Cisty avait attrapé le bras d’Alus à la dernière seconde. La force avec laquelle sa main tenait son bras était si forte qu’il était difficile de croire que c’était la main d’une femme. Son emprise était soutenue par une volonté ferme. C’était très évident pour elle ce qu’Alus avait l’intention de faire. Après tout, une lame de mana pointue en forme d’aiguille s’étendait de sa main.

« Mais elle est déjà…, » déclara Alus.

Il s’agissait de mettre fin à la vie de Loki au nom de la miséricorde. Alus n’aimait pas non plus beaucoup ce rôle. Comme quelqu’un qui s’était jeté dans les champs de bataille, il était facile de supprimer temporairement ses émotions, mais cela laissait un mauvais arrière-goût. S’il y avait un moyen de sauver la fille devant lui, il en aurait fait sa priorité.

« Et la magie de guérison ? » demanda Cisty.

« Ça ne marchera pas. Il n’y a pas de traumatisme physique. C’est un phénomène provoqué par la magie et le mana. Avec le système de terrains d’entraînement pour transformer les dommages physiques en dommages mentaux qui ne fonctionnent pas, c’est certain. Il fonctionne sur un principe complètement différent de la cicatrisation des blessures physiques, » déclara Alus.

« … Si elle n’a pas assez de mana, on peut le compléter, » déclara Cisty.

« Ce n’est pas non plus possible, » déclara Alus sèchement.

Les informations d’une personne étaient fermement ancrées dans son mana, et il n’était pas possible de la partager avec les autres. C’était similaire à l’ADN ou au groupe sanguin, mais le mana contenait beaucoup plus d’informations. Connaissances, souvenirs, expériences. La majorité de ce qui constituait une personne se trouvait à l’intérieur.

La directrice le savait déjà. Elle venait de donner la parole à la première chose qui lui passait par la tête, et elle semblait s’être mise à penser à une idée différente.

Cependant, une ampoule s’était allumée dans l’esprit d’Alus. Il l’avait d’abord rejeté comme une pensée naïve, mais quelque chose à ce sujet n’arrêtait pas de s’accrocher à lui. Le sentiment que quelque chose n’allait pas était trop grand pour qu’il le considère comme un tour de passe-passe de son imagination.

« Alors…, » Alus leva la main devant Cisty, pour l’empêcher de dire ce qu’elle avait à l’esprit.

Oui, quelque chose le tracassait. Il ferma les yeux et réfléchit profondément. C’est vrai, l’idée de compléter n’était pas mauvaise en soi. Comme Loki respirait encore, la compensation n’était pas payée d’un seul coup… mais il était clair que sa vie était lentement mais sûrement réduite à néant.

Et puis Alus avait atteint ce qu’il cherchait. « Non… !! Il n’y a en effet qu’un seul moyen. »

« Alors… »

Il n’y avait qu’une petite possibilité de succès, mais il y avait bien une telle méthode. Mais son utilisation pourrait avoir une influence néfaste.

Il s’était tourné vers Cisty. « Cependant, tu seras forcée de garder le silence à ce sujet. »

Forcée. C’était obligatoire. Et Cisty savait ce qu’il voulait dire.

« S’il te plaît, décide-toi en deux secondes, » déclara Alus.

« — D’accord. » Cisty avait rapidement appuyé sur le bouton de l’appareil qu’elle tenait dans sa main et avait verrouillé toutes les entrées et sorties du terrain d’entraînement. Elle ne savait pas ce qu’Alus voulait garder secret, mais le regard qu’il avait dans les yeux montrait clairement que c’était quelque chose de sérieux.

Si elle le révélait en public, Alus la punirait probablement par la force.

C’était la lourdeur de sa décision, mais comme on s’y attendait d’une ancienne porteuse d’un numéro à un chiffre, même dans cette situation, cela ne lui avait pas pris plus de deux secondes.

☆☆☆

Partie 11

Les conditions étant réunies, Alus avait rapidement mis en œuvre son plan.

Il ne savait pas pourquoi il allait si loin pour cette fille… mais même à ce moment-là, il n’y avait aucune hésitation dans la façon dont il bougeait son bras et son mana.

Alus ne connaissait que la dure réalité du monde réel, où il n’y avait ni miséricorde ni pardon.

Il s’était retrouvé à la regarder de près pour en comprendre la raison, tout en se concentrant sur le contrôle de son mana.

La fille aux cheveux d’argent bougea la bouche de façon réflexe.

Mais aucun bruit ne sortit et ses lèvres se refermèrent. Cependant, quand elles l’avaient fait, on aurait dit que la fille souriait un peu.

***

Pendant qu’elle dormait, un vieux souvenir lui vint à l’esprit.

C’était la seule chose à laquelle elle avait dû s’accrocher dans sa vie, et sur quoi elle s’était accrochée pour en arriver là.

Dans le centre d’entraînement militaire, il y avait de jeunes orphelins, dont Loki, dont les parents avaient été dévorés par les mamonos. Elle avait été laissée toute seule. Comme ses parents avaient été dans l’armée, il était inévitable que l’armée finisse par s’occuper d’elle.

Elle était en colère contre des mamonos qu’elle n’avait jamais vue. La haine d’avoir ses parents volés loin d’elle avait dominé toutes ses décisions. Ainsi, lorsqu’elle avait été invitée à devenir stagiaire magicienne, elle n’avait pas hésité à accepter.

Ce n’est que beaucoup plus tard qu’elle avait fini par le regretter.

*

Loki s’était enrôlée à l’âge de huit ans.

Elle s’entraînait dur, c’était sa routine quotidienne. Même ses bons souvenirs avaient été écrasés par la haine qui domine ses émotions. Et ces émotions l’avaient épuisée.

Alors, quand même sa haine des mamonos s’était épuisée, Loki s’était dit. Pourquoi suis-je ici ?

Sa chambre était comme une cellule de prison, avec un lit pour une personne. Sa tenue vestimentaire était l’uniforme d’entraînement que portaient tous les jeunes stagiaires. C’était autrefois des vêtements blancs… ils étaient sales maintenant.

Elle n’avait jamais vu l’endroit où ses parents avaient été tués.

Ils n’avaient rien laissé derrière eux.

Même maintenant, les cadavres de ses parents n’étaient pas enterrés, jonchant le monde extérieur où ils avaient péri.

Sa haine avait disparu depuis longtemps.

Tout ce qu’il lui restait, c’était le désir de donner à ses parents une sépulture, en reconnaissance de l’avoir élevé avec amour malgré leur pauvreté.

Bizarrement, elle n’avait pleuré qu’au début, et ce qui lui avait rempli l’esprit, ce n’était pas le souvenir de jours meilleurs, mais une image des expressions en paix de ses parents. C’était une fantaisie et non une réalité, mais c’était resté vivant en elle comme une grâce salvatrice et le symbole de son souhait le plus cher.

Loki avait le cœur clair, et comme elle avait un objectif solide, elle s’entraînait plus fort que n’importe qui d’autre.

L’entraînement rigoureux lui donnait chaque jour de nouveaux bleus. Après deux ans, elle s’y était habituée. De nombreux stagiaires avaient abandonné leurs études. Il y avait aussi ceux qui avaient été blessés et qui avaient perdu leur capacité à devenir magiciens, mais jusqu’à présent personne n’était mort. Heureusement, l’installation avait appliqué à la lettre les règles de sécurité.

Finalement, Loki avait acquis des capacités qui surpassaient de loin celles des autres enfants de son âge. Elle avait appris les arts martiaux pour le combat rapproché afin de combattre les humains, comment agir dans le monde extérieur, et la magie, tout cela afin de former un type d’arts de combat. Tout cela grâce à ses sentiments pour ses parents, qui lui avaient donné un objectif clair.

*

À l’époque, il n’y avait plus personne pour s’entraîner avec Loki… à part un seul.

Elle pensait qu’il avait l’air trop faible pour lui servir d’adversaire. Mais après plusieurs batailles simulées, c’était toujours elle qui rampait sur le sol. C’était comme combattre l’un des adultes.

Loki avait commencé à passer ses journées à se consacrer à la pratique pour qu’elle puisse le vaincre, polissant ses compétences et son esprit.

Mais le rideau était tombé sur ces jours-là en un clin d’œil. Peu de temps après, ce garçon qui avait un an de plus qu’elle avait soudainement disparut.

Ce garçon aux cheveux noirs était le seul à la surpasser en capacités physiques et en contrôle du mana. Le désir unilatéral de Loki de ne pas perdre contre lui l’avait poussée en avant, pourchassant son petit dos, et lui avait permis de continuer son entraînement dur.

Elle avait été forcée d’admettre que c’était l’existence de ce garçon au fond de son esprit qui était responsable de son étonnante croissance. Avant qu’elle ne s’en rende compte, il était devenu quelque chose d’inexplicable, dépassant tout rival ordinaire.

Elle ne lui avait jamais parlé, et elle ne connaissait pas son nom.

Il ne s’était montré que lors des matchs, où il avait calmement battu ses camarades de stage, et finalement, sans paroles, il avait affronté Loki dans de faux combats. Dans la plupart des combats, il avait facilement contourné la magie qu’elle avait apprise ainsi que les arts martiaux qu’elle avait raffinés, résultant en des matchs à sens unique, mais elle pouvait se sentir plus forte rien qu’en se battant avec ce garçon.

Cependant, un jour, le garçon avait simplement cessé de se présenter sur les terrains d’entraînement. Loki pensait qu’il avait abandonné l’entraînement.

Bien qu’il soit si fort qu’elle en soit venue à l’admirer, elle était consciente que c’était exactement ce genre d’endroit.

*

Deux ans s’étaient écoulés.

Alors qu’un nombre inattendu de mamonos s’avançaient contre les humains, la première ligne de défense de l’humanité avait été rompue, causant des pertes massives.

Cela avait forcé tous les magiciens à travailler ensemble dans une grande bataille défensive, et ils avaient réussi d’une manière ou d’une autre à annihiler les forces envahissantes. Et Alpha, qui avait survécu à la rude épreuve, avait agi pour tuer les autres mamonos.

Mais il leur manquait des magiciens, ayant subi tant de pertes. C’est alors qu’ils s’étaient tournés vers Loki et les autres stagiaires.

Ils avaient déjà suivi une formation de base et reçu leur licence de magicien, il ne serait donc pas étrange qu’on leur ordonne de partir… tant que leur âge n’était pas pris en compte.

La douzaine de stagiaires formaient une seule unité. Au début, ils débordaient de confiance, et même de plaisanteries. Mais cela n’avait duré que jusqu’à ce qu’ils rencontrent un mamono…

Ce fut une première rencontre bouleversante et humiliante. La majorité d’entre eux s’était agenouillée de peur devant le mamono grotesque.

Et qui leur en voudrait ? Ils n’avaient que 11 ans environ, et la présence du diable en personne suffisait à intimider leurs esprits jeunes et immatures.

Face à Loki et aux autres, il y avait un mamono qui ressemblait à une grande bête carnivore. Sa peau était noire comme du charbon de bois, avec une bouche anormalement grande. Cet être effrayant n’avait pas l’air d’appartenir à leur monde, apparaissant comme une monstruosité.

Les visages familiers des autres stagiaires de Loki avaient été piétinés les uns après les autres.

Ce qui s’échappait de la bouche du mamono qui s’ouvrait latéralement était une puanteur insupportable. Au même moment, une forêt de crocs aiguisés comme des lames de rasoir avait été mise à nu.

Entre les crocs se trouvaient les restes déchiquetés de ses victimes déjà coupées en morceaux par la mâchoire puissante, et dissous par les fluides digestifs anormaux et la salive, changeant même leurs formes et couleurs.

Avec un corps et des bras tremblants, Loki avait essayé d’utiliser la magie.

« — !! »Mais sa magie, qu’elle avait pu utiliser quand elle le voulait, avait fini par mal tourner. La peur avait pris le dessus sur son esprit et elle était devenue incapable de percevoir le mana. « Pourquoi… !! »

Ses genoux s’étaient pliés, et elle ne pouvait pas quitter du regard le mamono qui dévorait sans émotion les jeunes vies.

Le sang de quelqu’un avait éclaboussé le visage de Loki. Le sang de ses alliés familiers s’était mélangé en une seule couleur et s’était collé à ses lèvres et joues pâles.

Elle avait continué à dire des mots sans signification, ses lèvres tremblant. Ses yeux reflétaient l’horrible scène devant eux, alors qu’elle continuait dans une tentative délirante de compléter une incantation. « Pourquoi, comment, pourquoi, pourquoi pourquoi, pourquoi, pourquoi… » Mais rien ne marchait.

Avant qu’elle ne s’en rende compte, Loki était la seule qui restait. Elle sentit le féroce mamono tourner son attention vers sa forme petite et impuissante. Sa bouche semblait courbée, presque comme s’il souriait.

Devant ce mamono sadique et répugnant, Loki avait même oublié son incantation inutile et avait baissé le visage dans la peur. Les larmes coulèrent sans qu’aucune fin ne soit visible, ses dents claquaient, et finalement quelque chose de tiède et d’humide avait fini par couler le long de ses cuisses.

Son cœur avait abandonné.

Elle terminerait sa vie là, incapable de faire quoi que ce soit, tout comme ses alliés avec lesquels elle avait passé sa vie à s’entraîner. Son rêve d’offrir un enterrement à ses parents s’était rapidement concrétisé en entrant dans le monde extérieur. Elle avait été naïve, elle avait confiance en sa force, mais la réalité l’avait facilement trahie.

Les yeux de Loki s’étaient fermés. Elle s’était excusée silencieusement dans son esprit. Je suis désolée. Père, Mère…

Même les yeux fermés, elle pouvait voir que le mamono approchait. L’épaisse odeur de sang dérivait à travers le vent et s’enroulait autour d’elle. Cela signifiait que le mamono avait ouvert sa grande bouche infernale.

« Tsk... Je n’ai pas été à temps. »

Ce coup de langue inapproprié avait retenti dans les oreilles de Loki. Et cela avait été suivi par le bruit d’un effondrement massif sur le sol.

Après ça — .

« Est-ce que ça va ? » La voix venait de quelqu’un qui n’avait pas encore atteint la puberté, et elle était clairement dirigée vers Loki.

Quand Loki ouvrit les yeux bien fermés, elle aperçut des cheveux noirs.

« Tu n’as pas besoin de te forcer. » La petite main du garçon sur sa main était très chaude. Il regarda autour de lui, parlant d’un ton empli de regrets. « Je suis désolé d’avoir été en retard. »

Loki ne s’était toujours pas remise de cette peur et ne pouvait pas parler, alors elle avait rapidement secoué la tête. Avec le retour de sa vision, elle vit le jeune garçon accroupi devant elle, le dos tourné vers elle. « Tu ne peux probablement pas bouger, alors monte. »

Se souvenant de ce qui s’était passé, elle avait tout de suite fermé les jambes. Si le garçon avait remarqué… qu’elle s’était pissée dessus…

« Ne t’inquiète pas pour ça. » Les mots étaient probablement là pour lui montrer de la considération pour elle. Il poursuivit avec plus de force : « Si tu ne montes pas, je te porterai, c’est tout. »

Il avait dit la dernière partie avec irritation, ne laissant aucune place à Loki pour dire non. En voyant le jeune garçon changer d’attitude et agir de force, elle s’était rendu compte qu’elle n’avait pas le droit de refuser. Incapable de se tenir debout sur ses jambes tremblantes, elle s’était penchée sur son petit dos, ce à quoi il avait répondu en reliant ses bras sous ses fesses pour la maintenir en place.

Il devait sentir ses sous-vêtements humides et son ourlet trempé. Contrairement à son corps tremblant de honte, le garçon la soutenait fermement.

Sur le chemin du retour, le garçon avait massacré tous les mamonos qui étaient apparus sans effort apparent, d’une seule main et en portant Loki sur son dos. Il ne bougeait pas comme s’il avait quelqu’un sur le dos, et ses compétences étaient spectaculaires. Il avait facilement vaincu les ennemis contre lesquels elle avait lutté, ou plutôt été vaincu par eux. Il les envoya à la mort comme des ordures en un seul coup.

Finalement, Loki fut déconcertée par la vue d’un bâtiment familier qui s’approchait.

Après avoir étudié une carte plusieurs fois, elle l’avait gravée dans sa tête. « Attendez !! Laissez-moi descendre. »

Peut-être parce qu’elle avait vu le garçon détruire complètement les mamonos et instantanément, la peur de Loki s’était temporairement apaisée. C’était semblable à l’engourdissement né du choc, mais à cause de cela elle n’avait pas manqué sa chance.

Le garçon avait l’air d’ignorer l’explosion d’émotions soudaine de Loki, mais en entendant son appel désespéré, il l’écouta. « Trois minutes. » Après avoir dit cela, il l’avait lentement déposée près des racines d’un grand arbre.

Loki jeta un coup d’œil autour d’elle, confirmant son entourage avant de murmurer. « Il n’y a aucun doute là-dessus. »

Elle regardait un bâtiment en ruine avec une forme particulière. Les inscriptions qui disaient Quatrième avant-poste militaire étaient peintes d’une couleur unique et semblaient pouvoir s’effriter à tout moment.

Juste à côté, il devrait y avoir l’endroit dont elle avait entendu parler.

Les traces de la bataille semblaient encore fraîches. Dans le passé, c’était une forteresse petite, mais robuste. Des morceaux émiettés des murs de pierre et des plaques de fer rouillées étaient éparpillés, racontant l’histoire de l’effondrement tragique de l’endroit. Mais ce n’était pas ce que Loki cherchait.

C’était l’endroit où ses parents étaient morts.

Elle le savait déjà. Après tout, trois années s’étaient écoulées. Elle pendait que c’était horrible, mais elle mentirait si elle disait qu’elle n’y avait jamais pensé. Elle savait que les mamonos mangeaient les humains qu’ils avaient tués, ne laissant aucune trace derrière eux, et la bataille qui venait de se dérouler l’avait douloureusement frappée.

Elle n’avait pas d’autre choix que d’accepter qu’il n’en restait plus rien.

« Qu’est-ce qu’il y a ici ? » demanda le jeune homme.

« C’est ici que mes parents sont morts… ou ont été signalés comme étant morts…, » répondit Loki.

Le garçon avait arrêté de marcher. Il murmura un bref « Je vois. »

Cela ne ressemblait qu’à une simple reconnaissance. Il n’avait rien d’autre à dire, mais Loki ne pensait pas qu’il avait le cœur froid. Parce qu’en ce moment, même cette courte réponse lui avait semblé plus gentille que n’importe quel mot réconfortant.

Les deux individus avaient trouvé un jeune arbre à côté de l’avant-poste qui n’avait pas atteint sa maturité. Ils avaient soulevé un gros rocher pour servir de pierre tombale. Et le jeune garçon avait mis ses mains ensemble, à côté de Loki. Il était difficile de dire ce qu’il ressentait en se basant sur son expression.

Je suis désolée d’avoir mis autant de temps. Après avoir dit cela dans sa tête, Loki se tourna vers le garçon comme si elle allait bien maintenant. « Merci. »

« … Ne t’inquiète pas pour ça. »

Finalement, ce n’est que quelques heures plus tard, lorsqu’ils avaient atteint la base militaire par la ligne de défense, que Loki avait pu bien voir son visage. La nuit était déjà tombée, et seule la lueur de la lune l’illuminait. Mais c’était le visage de ce garçon aux cheveux noirs d’un an son aîné, celui qu’elle pensait qu’il avait abandonné.

Il avait grandi depuis, donc elle n’avait pas été capable de le dire tout de suite, mais il ressemblait toujours à ce qu’il était à l’époque.

Après avoir franchi la porte, il déposa Loki et appela un homme proche, avant de se fondre à nouveau dans l’obscurité du monde extérieur.

L’homme, qui semblait être son supérieur, avait mentionné le nom du garçon dans le court rapport du garçon… et Loki s’était assuré de le graver dans sa mémoire.

« Alus Reigin. »

Grâce à lui, elle était revenue vivante et avait pu réaliser son vœu vieux de plusieurs années.

Et maintenant… elle n’avait plus aucun but. Elle ne savait pas quoi faire de sa vie.

Mais elle avait trouvé sa réponse étonnamment vite.

Alors je lui serai d’un grand secours. J’utiliserai ma vie pour lui.

☆☆☆

Partie 12

Loki continua à affiner sa magie. Elle s’était engagée dans les véritables combats et avait acquis de l’expérience. Mais ironiquement, plus elle devenait forte, plus elle était consciente que le garçon était bien au-dessus d’elle. 

Je ne vais pas l’aider comme ça.

Loki s’était tournée vers le domaine de la détection, pour lequel elle savait qu’elle avait une affinité, décidant d’ouvrir son propre avenir. Elle n’avait pas hésité le moins du monde. C’était pour l’aider.

 

 

Quand Loki s’était réveillée dans le bureau de l’infirmière, quelqu’un était à côté d’elle.

Assis sur une chaise se trouvait un jeune homme aux cheveux noirs qui croisait les bras et qui avait les yeux fermés. On aurait dit qu’il dormait.

Une lumière teintée d’orange traversait les rideaux. Cela devait être le soir.

Incapable de comprendre sa situation, Loki l’avait supposée en se basant sur son environnement. Elle avait passé en revue ses souvenirs de la simulation de bataille, qui étaient flous. Mais elle se souvenait clairement d’avoir violé le tabou.

Son corps était chaud, peut-être parce qu’elle avait dormi. Tandis qu’elle s’asseyait lentement, la housse de couette bruissait. Cela ne semblait pas faire de bruit, mais le jeune homme sur la chaise avait réagi rapidement.

« Tu es enfin réveillée. » Se retenant de bâiller, il… Alus avait mis sa main à l’arrière de son cou.

« Je… »

Se sentant coupable d’avoir taché ses mains en faisant quelque chose d’aussi stupide que briser le tabou, Loki fixa le lit blanc.

« Tu as gagné le pari, » déclara Alus, admettant sa défaite.

Loki le regarda, sans voix. « … ! »

Alus avait souri, lui montrant sa manche droite. C’était en lambeaux. « J’ai pris un coup. »

« Mais… »

Les vêtements comptaient-ils vraiment dans le corps ? Cependant, c’était quelque chose qu’Alus avait décidé, ce qui était une très bonne nouvelle pour Loki.

Mais Loki était moins préoccupée par le résultat que par le fait qu’elle avait commis une action taboue. Si les hauts gradés l’apprenaient, elle serait évidemment punie. Étant donné qu’un certain temps s’était écoulé depuis leur match, il se pouvait que la procédure soit déjà en cours.

Aucun ordre ne sera donné à un magicien de l’armée qui avait enfreint la loi, qu’il connaisse ou non sa volonté.

« Je ne peux pas oublier que tu as risqué ta vie pour un truc comme ça, » déclara Alus.

Oui, c’était tout à fait naturel. Elle n’avait pas seulement failli perdre la vie, elle était maintenant une criminelle. Et il serait difficile, même pour l’actuel n° 1, de la protéger.

Donc, Loki avait simplement attendu qu’Alus continue. Ou plutôt, elle ne savait pas quoi dire. Elle serait probablement remise à la garde de l’armée.

Ce n’était pas le résultat que Loki avait souhaité, mais c’était le résultat de l’utilisation de tous les moyens et pouvoirs à sa disposition. C’est pourquoi elle n’avait pas eu d’autre choix que de l’accepter. Ses méthodes n’étaient peut-être pas pardonnables, mais à la fin, elle n’avait eu aucun regret.

C’est vrai. J’ai fait tout ce que j’ai pu… alors je n’ai plus — .

Elle ferma les yeux tranquillement, prête à affronter son destin.

Mais l’instant d’après, son visage s’était tordu de douleur. « — !! Ow! »

Un coup du tranchant de la main soudain l’avait frappée à la tête. C’était une frappe de main lente, et bien qu’elle ait agi en poussant un cri, cela n’avait pas fait si mal que ça.

Mais même alors… Loki sentait que le coup avait une grande gravité derrière lui, et en même temps, de la compassion envers elle. Cependant, elle ne savait pas pourquoi. Au mieux, tout ce qu’elle pouvait faire, c’était de le regarder d’un regard interrogateur tout en tenant sa tête.

« Je te pardonne avec ça. Tu devras rattraper le reste par le travail. Je te ferai travailler comme un chien, alors prépare-toi, » les bords des lèvres d’Alus se leva en lui souriant, avant de lui tourner le dos et de lui montrer du doigt comme pour dire. « Allons-y ».

Son mana avait été complété avec succès. Bien qu’elle doive encore récupérer ses forces, elle devrait encore être capable de bouger.

Loki déborda de bonheur, se sentant heureuse que son pari eût porté ses fruits, mais l’étincelle dans ses yeux et le sourire sur son visage s’estompa en un instant. C’est vrai… elle était maintenant la partenaire d’Alus, aussi humble soit-elle, et elle ne pouvait se permettre de faire quoi que ce soit qui pourrait menacer sa position. C’est pourquoi — .

« J’ai fait quelque chose d’impardonnable… » Loki se leva précipitamment du lit et courut vers Alus. Elle essayait de le défendre, mais il lui couvrait la bouche de sa main. Étonnée, elle le regarda, se demandant ce qui se passait.

Alus avait alors glissé jusqu’à la porte ouverte et — .

« Qu’est-ce que vous faites ? » demanda Alus.

« Eh bien, euh… »

« Ahahahahaha... »

À l’entrée, il y avait deux visages. Leurs expressions maladroites indiquaient clairement que leur intrusion ne pouvait être justifiée par une simple impulsion.

Les deux filles qui étaient apparues de l’autre côté de la porte étaient Tesfia et Alice, apparemment en train d’écouter. L’ouverture soudaine de la porte les avait déstabilisées et elles avaient timidement levé les yeux vers Alus.

Il ne leur montrait qu’une expression exaspérée, mais il semblait qu’elles savaient qu’elles étaient coupables et qu’elles ne pouvaient échapper à une réprimande, alors elles ne pouvaient même pas s’excuser.

Au lieu de cela, Tesfia avait émis une toux très violente. Comme si on ne l’avait pas surprise en train d’écouter à la porte, elle parlait sur un ton calme, ce qui, pour le moment, avait contribué à changer l’atmosphère. « Je ne me souviens pas l’avoir vue avant. Qui est-elle ? » demanda-t-elle en se penchant pour jeter un coup d’œil à la fille derrière Alus.

« Elle est en première année, non ? Je ne la connais pas non plus. » Alice semblait aussi curieuse, en regardant Loki de l’autre côté.

La question de leur écoute était encore en suspens, mais Alus ne semblait pas s’en soucier tant que ça. Alice était une chose, mais s’il critiquait Tesfia pour tout ça, il n’y aurait pas de fin en vue… D’ailleurs, c’était une bonne occasion de présenter Loki.

« Je vais vous la présenter. Voici ma nouvelle partenaire, Loki, » déclara Alus.

« — ! ! »

Même Loki n’avait pas pu cacher sa surprise face à sa déclaration. C’était ce qu’elle avait souhaité, mais elle ne pouvait pas se réjouir honnêtement. « Mais…, » elle murmura, de sorte que Tesfia et Alice n’entendirent pas.

Alus se pencha et lui chuchota à l’oreille. « Il n’y avait que la directrice et moi. Cacher la chose est simple. Ou préfères-tu qu’on te livre ? » Il lui fit un sourire diabolique, face à lequel Loki secoua la tête.

Si son souhait n’avait pas pu se réaliser, elle aurait pu désespérer. Mais maintenant, elle avait sa propre place à portée de main.

« Alors il n’y a pas de problème, » déclara Alus.

La façon dont Alus s’était frayé un chemin à travers tout était exactement comme l’Alus que Loki avait connu.

Elle sortit de l’ombre d’Alus et se présenta devant les deux filles. Grâce à ses paroles, la détresse que Loki avait ressentie avait complètement disparu. Et son cœur s’était mis à battre à toute allure à cause de l’exaltation qu’elle ressentait.

« Je suis Loki Leevahl. » Elle avait un grand sourire sur son visage, et il y avait quelques larmes dans ses yeux.

Après que les deux filles se soient présentées, Tesfia s’était lancée. « P-Plus important… partenaire ? »

« Quel genre de partenaire ? » demanda Alice, ayant perdu son sang-froid. Ce qui était inhabituel pour elle, c’est qu’elle rougissait et son sourire vacillait.

Comme Alus avait des affaires à régler, plutôt que de se contenter de réduire à néant le comportement honteux de la paire, il avait choisi de faire semblant de ne pas le voir. Elles pensaient probablement à quelque chose de tout à fait inutile de toute façon. « J’ai un endroit où passer, alors va au laboratoire avant moi. »

« Oui, Sire Alus, » déclara Loki.

« … Sire ? » Tesfia et Alice fixaient Loki, qui s’inclinait respectueusement devant Alus.

« Alors, allons-y, » déclara Loki. « Malheureusement, je ne sais pas où il est, alors je dois vous supplier, les amies de Sire Alus, de m’y conduire. »

« Bien sûr, » déclara Loki.

Lorsque Loki s’était retournée pour faire face à Tesfia et Alice, son expression s’était transformée en une expression sans émotion.

Elles avaient quitté le bâtiment principal où se trouvait le bureau de l’infirmière et s’étaient rendues à pied au laboratoire d’Alus plutôt que d’utiliser le Cercle de Transport. Ce n’était pas seulement parce que Loki n’avait pas l’insigne nécessaire pour l’utiliser, mais aussi parce que Tesfia et Alice avaient beaucoup de questions à lui poser.

 

« … Une partenaire fait référence à quelqu’un qui soutient un magicien à deux chiffres ou plus dans le monde extérieur et qui détecte les mamonos, » expliqua Loki sans ménagement, après s’être fait imposer la question.

« Je vois. Il y a donc des choses comme ça aussi… mais Alus fréquents l’Institut, alors est-ce qu’il en a vraiment besoin ? » demanda Alice.

Les sourcils de Loki clignotèrent un peu en entendant les mots anodins d’Alice, mais ni Alice ni Tesfia ne le remarquèrent. « Sire Alus fréquente peut-être cet institut, mais tant qu’il sera dans l’armée, il devra partir si l’ordre vient. »

« Hmm, ce gars a aussi vraiment la vie dure, » déclara Tesfia.

En entendant la remarque grossière de Tesfia, les sourcils de Loki avaient encore tremblé, et elle avait plissé ses yeux. « Avec les pouvoirs de Sire Alus, c’est tout à fait normal. Il a l’air d’avoir la vie dure, même en ce moment. »

« Mais cet Al démotivé obéira-t-il à ce genre d’ordres ? » demanda Tesfia en plaisantant avec un sourire moqueur. Alice se couvrit la bouche et gloussa.

Voyant cela, Loki regarda les deux filles avec un regard méprisant et s’interposa avec colère, « Il semble que vous ne compreniez pas à quel point Sire Alus a contribué à l’humanité en tant que le n° 1 actuel. »

« Eh… ! »

« Ah !?? »

Les deux filles s’étaient arrêtées sur leurs pas.

Loki continua à avancer de quelques pas, avant de se retourner pour leur faire face. Il y avait une nette irritation dans ses yeux à l’égard de ces deux filles ignorantes. « J’ai dit que vous ne semblez pas comprendre qu’Alpha n’est aussi paisible que grâce à Sire Alus. Si c’était le cas, vous ne l’appelleriez pas “Al” ou “ce type”. » Elle revint à son expression habituelle, sans émotion, mais la façon dont elle avait prononcé les mots était pleine de mépris.

Il avait fallu un peu de temps avant que Tesfia et Alice reviennent à la raison après le choc.

« Je n’en suis pas si sûre. Mais j’admets qu’il est le numéro un, et je comprends qu’il a fait plus d’efforts et qu’il a traversé plus de difficultés que je ne peux imaginer. Je ne sais pas à quel point Al s’est battu pour protéger ce pays… mais comme je ne peux même pas l’imaginer tel que je suis maintenant, ça ne sert à rien d’y penser, » déclara Tesfia.

« C’est vrai, » dit Alice. « Al nous dépasse tellement qu’il est trop loin pour nous respecter et se fixer comme objectif… C’est comme s’il était à plusieurs niveaux au-dessus de nous, donc ça n’a pas l’air bien réel. »

« Tout comme nous ne savons pas comment était Al dans l’armée, vous ne savez pas comment il est ici. Je suppose que ce qu’il a de plus proche de nous, c’est un camarade de classe avec une ou deux vis défaites dans sa tête, » déclara Tesfia.

« … » Loki savait combien Alus avait sacrifié pour la nation. Il y avait donc un grand fossé entre elle et ces filles. En même temps, cela signifiait aussi que Tesfia et Alice étaient encore inexpérimentées.

« D’ailleurs, je ne pense pas que ça dérangerait Al, » s’était demandé Alice.

« Ouais. C’est vrai, donc ce n’est pas à vous de vous en mêler, » Tesfia réprimanda Loki.

C’est probablement à cause de l’apparence de Loki que Tesfia ne s’était pas enflammée contre elle. Quand elle était sans expression, elle avait l’air jeune pour son âge, alors Tesfia avait l’impression d’avoir affaire à une sœur plus jeune.

Loki décida de restreindre son opinion. Bien sûr, ce n’était pas comme si elle avait complètement accepté leurs points de vue, mais c’était un problème né de sa perception en tant que magicien. Même si elle leur expliquait la grandeur d’Alus, comme elles étaient maintenant, elles ne comprendraient pas.

En conséquence, elle s’était résignée au fait qu’il y avait une nette différence entre elles. Mais elle ressentait aussi une étrange satisfaction d’être la seule à vraiment comprendre à quel point Alus était étonnant. « Je l’accepte que si c’est ce que Sire Alus a dit. Vous avez raison de dire que ce n’est pas à moi d’intervenir. » Loki ne pensait pas qu’elle avait fait quelque chose de mal, alors elle ne s’était pas excusée.

Après cela, elle décida de s’éloigner mentalement des deux filles, et le trajet de quelques minutes jusqu’au laboratoire lui parut étrangement long. Mais malheureusement, elle était la seule à le penser. Et la raison en était le barrage de questions que Tesfia et Alice continuaient à lui lancer.

« … Et maintenant, vous deux, vous recevez une formation et des conseils de Sire Alus, non ? » demanda Loki.

Les paroles d’Alice l’avaient déjà affirmé, mais les yeux de Loki s’ouvrirent en grand et l’envie et la jalousie qui jaillissaient de l’intérieur la rendirent incapable de rester calme.

Inconsciente de la réaction de Loki, Alice lui répondit. « Oui. Mais on ne fait que commencer. »

« Je vois. Je croyais qu’il avait été transféré à l’Institut pour ses recherches, » déclara Loki.

« Hmm… c’est ce que dit Al, donc je pense que c’est vrai. Mais beaucoup de choses se sont passées, et il a fini par s’occuper de nous. » Alice s’était gratté la joue en s’excusant.

« C’est lui qui dit qu’il s’occupera de nous, » déclara Tesfia. « Je n’ai pas entendu parler des circonstances d’Alus. Honnêtement, je pense que nous sommes un désagrément. Mais même alors, pour réaliser mon rêve de devenir magicien, je n’hésiterai pas à utiliser tous les moyens possibles, » finit-elle par dire timidement.

Loki ne pouvait pas être contente de la façon dont Tesfia parlait de l’entraînement d’Alus. Elle confirmait essentiellement son ignorance et parlait comme quelqu’un qui pouvait se livrer à la paix. Elle pouvait parler de rêves et d’idéaux chimériques, ignorant qu’elle poussait de façon irresponsable ses attentes sur les forts.

Alors que Loki montrait rarement des émotions, elle était horrifiée à l’intérieur… et elle était vraiment déçue du monde. Pourquoi Sire Alus instruirait-il ces filles ignorantes ? Quel était l’intérêt pour lui de venir ici… ?

Loki était honnêtement dégoûtée. Mais pas de ces filles. Elle ne pouvait tout simplement pas imaginer qu’ils vivaient dans le même monde. C’est pourquoi, afin de maintenir sa présence d’esprit, elle s’était concentrée sur la collecte d’informations.

Malgré la courte distance, les deux filles s’arrêtaient de temps en temps pour donner des explications à Loki sur l’Institut et ses installations. Pour Loki, c’était une faveur malvenue, et les trois filles avaient pris ce qui semblait être un long moment pour arriver à destination.

Il ne s’était écoulé qu’un mois depuis que Tesfia et Alice avaient rencontré Alus, mais peu importe combien elles parlaient de lui, ce n’était pas suffisant.

Tandis qu’elles parlaient avec bonheur d’Alus, Loki commença à ressentir une émotion différente, en dehors de sa colère. Elle était sensible aux discussions sur Alus. Ces deux-là avaient vu un côté d’Alus qu’elle n’avait pas vu… Quand elle pensait ainsi, Loki se sentait un peu envieuse et écoutait tranquillement leur conversation.

☆☆☆

Partie 13

« Je suis contente que vous ayez décidé de vous occuper de cette fille. »

« … »

Alus était dans le bureau de la directrice Cisty. Il était vraiment content qu’elle ait fait cette remarque avant qu’il ait du thé dans la bouche. Bien qu’il n’ait pas craché de thé, il avait l’impression d’avoir une lame tranchante appuyée contre lui. Mais comme les répliques ne feraient que jouer en sa faveur, Alus l’avait maintenu en lui et avait fixé sa main sur la tasse de thé qu’il était sur le point de lâcher, et avait pris une gorgée à la place.

De l’autre côté du bureau se trouvait Cisty, qui souriait joyeusement. Elle avait aussi posé un morceau de papier sur le bureau, comme pour dire qu’elle s’y attendait.

« Et ça, c’est ? » demanda Alus.

« C’est la demande d’admission de Loki. Bien sûr qu’elle l’a déjà signée, et évidemment elle réussit en termes de capacité, » déclara Cisty.

« Je vois que tu es plutôt préparée, » déclara Alus.

Il était venu ici pour que la directrice se taise sur l’incident, mais il semblait que cela n’avait pas été nécessaire. En d’autres termes, elle avait tout préparé.

Alus n’était pas content de réaliser qu’il dansait dans la paume de la main de la directrice. Mais en même temps, il était heureux que cela puisse être résolu rapidement. Toujours assis, il fit un signe de tête à Cisty en signe de gratitude. « Donc, tu me dis de l’amener sous mon aile et de l’entraîner ? »

« Eh bien, quelque chose comme ça… mais j’ai un investissement personnel là-dedans, alors ne vous en faites pas trop. L’armée l’a poussée à ce que je l’engage comme superviseur pour vous, mais tout ne se passe pas comme prévu par le gouverneur général. C’est plus un spectacle. En termes simples, le gouverneur général et moi ne sommes que des intermédiaires, » déclara Cisty avec un sourire amer.

Avec Alus acceptant Loki comme partenaire, ce n’était pas quelque chose qui pouvait être renversé. « Comme tu l’as dit, Loki est plus capable que je ne le pensais. A-t-elle vraiment un rang à quatre chiffres ? Pour ce qui est des prouesses au combat, elle est à deux chiffres. » Alus se souvenait encore du doute qu’il avait ressenti lors de la bataille simulée.

« Le meilleur classement de Loki est le 157, » déclara la directrice. Elle sourit ironique tout en décroisant les jambes. « Malgré cela, Loki est devenue un soutien sans regret. Elle avait toujours eu une aptitude pour la détection. Mais en fin de compte, elle ne s’est jamais associée avec qui que ce soit, ce qui a entraîné une chute à son classement actuel. »

Ça n’avait pas de sens pour Alus. Bien que l’entrée dans les rangs supérieurs en tant qu’observateur, un magicien de soutien, assurait un bon traitement, les récompenses réelles n’étaient pas plus élevées qu’un Double ou Triple chiffre. Donc le fait que Loki avait choisi la voie du soutien ne pouvait pas être pour des raisons monétaires.

« Vous devrez demander le reste à Loki, » dit Cisty, en disant essentiellement qu’il n’en obtiendrait pas plus de sa part.

« C’est un peu tard pour ça. » Alus ne pouvait plus faire demi-tour. S’il lui avait ordonné d’aller en première ligne, elle l’aurait peut-être écoutée, mais elle avait risqué sa vie pour devenir sa partenaire. Mais il ne connaissait pas ses raisons.

Alus avait bu le reste du thé et s’était levé de sa chaise. « Ma seule affaire était de te faire taire à propos du tabou. Je suis content que ce soit un effort gaspillé. » Eh bien, être capable de confirmer les intentions de la directrice était un bon résultat.

Il lui avait tourné le dos et avait essayé de partir. C’est là que Cisty avait lâché une nouvelle bombe sur lui. « Oh, je n’ai toujours pas reçu d’argent pour me taire. »

« … !! »

La main d’Alus s’était arrêtée juste avant la poignée de la porte. « Tu veux une faveur ? Es-tu sérieuse ? »

L’incident s’était produit en partie à cause de la directrice qui lui avait poussé Loki, donc elle était en partie responsable aussi. Malgré cela, elle ne pouvait pas ignorer qu’Alus le traitait comme s’il ne s’en souciait pas.

Cependant — .

« Une partie de la responsabilité m’incombe. Mais avec Loki qui commet un tabou à cause de vous, je vais devoir prendre un risque considérable pour la couvrir, » déclara Cisty, en mettant un doigt sur son menton comme si elle était troublée.

Voyant cela, Alus fut convaincu que c’était la raison pour laquelle on l’appelait la Sorcière. Le culot, ou peut-être l’effronterie d’admettre ses propres erreurs et de vouloir quand même une compensation pour avoir pris ce risque…

Les joues d’Alus avaient tremblé. Il avait alors dit d’une voix monotone. « Je comprends. Et si possible, j’aimerais régler ça avec de l’argent. » Comme Alus était étudiant, il était en dessous de Cisty. À moins qu’elle n’ait demandé quelque chose de grotesque, il n’avait d’autre choix que d’obéir.

« Malheureusement, j’ai assez d’argent, » déclara Cisty.

Il voulait répliquer, mais il n’avait pas eu le temps de lui donner une réponse sarcastique.

Cisty avait fait une suggestion qu’elle avait probablement préparée. « Voyons voir. Puis-je compter sur vous pendant la leçon extrascolaire ? Nous avons besoin de votre force. »

Il s’était dit que ce serait quelque chose comme ça. Pour commencer, même Cisty ne savait pas quoi faire dans cette situation, et il avait réalisé qu’elle aurait besoin de son aide. C’est parce qu’elle avait désespérément besoin de son aide qu’elle lui avait demandé cette faveur absurde.

La leçon parascolaire destinée à servir d’entraînement au combat en direct aurait lieu dans un mois. Tous deux avaient déjà discuté de la question dans le passé, mais lorsqu’il s’agissait des éléments incertains, ils n’étaient pas parvenus à une conclusion acceptable.

Les élèves participants seraient répartis en équipes de cinq, chacune avec un superviseur. Et ils n’avaient pas eu d’autre choix que de donner à leurs camarades de classe supérieurs le rôle de superviseurs. Bien qu’ils puissent être plus âgés, ils étaient encore étudiants et manquaient d’expérience au combat. Bien que les militaires l’aient exigé, c’était au mieux imprudent, et ils ne pouvaient s’empêcher de se sentir mal à l’aise quand ils imaginaient le pire résultat possible.

« Même moi, je ne peux pas protéger tous les élèves, » déclara Alus.

C’était la vérité. Bien qu’il puisse être le magicien le plus fort, il ne pouvait pas protéger tous les étudiants qui seraient dispersés sur une grande surface. Bref, ce n’était pas une demande facile.

« Je suis d’accord avec ça. Tant que vous y êtes, nous pouvons réduire le nombre de victimes possibles. » Ce n’était pas exagéré de dire qu’Alus aurait encore une meilleure chance d’éliminer tous les mamonos par ses propres moyens.

« À ce propos, tu me dis de n’aider les élèves que lorsqu’ils sont en danger, n’est-ce pas ? » demanda Alus.

« Eh bien, peut-être qu’un peu… ils ont besoin d’acquérir de l’expérience, après tout…, » dit Cisty, et détourna le regard.

« … S’ils se déplacent, je ne peux pas faire grand-chose. Je ne pense pas que je serai d’une grande utilité sur ce coup-là, » déclara Alus.

« Je plaisantais, c’est tout ! Je vais leur donner des instructions détaillées, alors s’il vous plaît…, » déclara Cisty.

Il n’était pas clair si elle s’excusait ou essayait de l’attirer de force, mais la directrice avait frotté les cheveux noirs d’Alus avec un sourire trop joyeux. Elle se comportait comme une petite fille innocente, plutôt que son âge.

Alus pensait qu’elle était très rusée, mais il ne l’avait pas dit à voix haute. Au lieu de cela, il essaya de lui montrer à quel point il avait mal aux yeux, ce qu’elle ignorait magnifiquement. « Je comprends. »

« Alors nous nous reparlerons ce soir, » déclara Cisty avec un sourire séduisant et plein d’affection. Si quelqu’un avait écouté, il aurait pu interpréter à tort que c’était la directrice qui flirtait avec son élève.

Mais comme Alus n’avait pas d’autre choix que d’accepter, il se montra au moins en soupirant aussi fort qu’il le pouvait, en quittant le bureau de Cisty.

*

Après avoir confirmé que la porte était fermée, l’expression de Cisty était redevenue sérieuse, et elle soupira aussi.

La raison en était Loki… « Ne se souvient-il pas de Loki ? »

Cisty avait déjà entendu parler des circonstances difficiles par Loki. Elle savait pourquoi un magicien actif était devenu un soutien. Loki était prête à risquer sa vie quand elle avait demandé à devenir la partenaire d’Alus. Quand Cisty avait appris que c’était la seule raison pour laquelle Loki vivait, elle ne pouvait pas l’ignorer.

En conséquence, les choses s’étaient presque aussi bien passées qu’elles le pouvaient pour elle, mais Cisty avait choisi de ne pas demander si Alus se souvenait de Loki. Peu importe à quel point elle essayait d’adoucir les choses, lui demander aurait dépassé ses limites.

En fin de compte, c’était leur problème. Tous les autres étaient des étrangers.

Elle se demandait quelle était la vérité, mais c’était quelque chose que seul le Tout-Puissant savait.

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