Chapitre 20 : Agents
Partie 2
« Oh, mais ce problème a déjà été réglé par les héros de ce monde. Tout ce qui reste maintenant est de s’occuper des restes, et c’est quelque chose que les gens de mon monde devraient faire eux-mêmes. », mentit Mitsuha
La surprise des hommes se lisait sur leur visage.
« Ah, vraiment ? Mais que se passera-t-il si un dragon vous attaque à nouveau ? »
« Oh, les attaques de dragons anciens sont une rareté qui arrive une fois tous les quelques siècles. Les dragons adultes sont des créatures douces et intelligentes, et ceux qui attaquent les humains sont juste des jeunes qui font des bêtises. »
C’était ce que m’avait dit un érudit de ce monde.
« Est-ce… comme ça ? »
À ce moment, leurs ordres étaient arrivés. En levant les yeux vers la serveuse et en voyant l’état du café, Mitsuha faillit s’étouffer. Le centre de rencontre pour jeunes filles était rempli de personnes qui n’avaient rien à faire là. Il y avait des hommes éparpillés dans le café, tous portant des costumes sombres et ordinaires qui n’auraient pas été remarqués ailleurs. Il n’y avait pas une seule table de libre, ces hommes avaient donc été obligés de les partager avec les clientes. Ils semblaient se sentir assez mal à l’aise à ce sujet.
Les hommes à la table de Mitsuha l’avaient également remarqué, mais ils avaient donné la priorité à la conversation. S’ils devaient laisser Mitsuha, les autres agents sauteraient sûrement sur l’occasion pour lui parler eux-mêmes. Fermant les yeux sur la situation, ils reprirent la conversation avec Mitsuha.
« Ne serait-il pas mieux pour l’avenir de votre patrie si nous établissions des relations diplomatiques… ? »
« Лояльность к Родине. »
« Hein ?! »
Les trois hommes avaient l’air absolument sidérés.
« On m’a dit que ce sont les mots souvent prononcés par Ivanov, un héros renommé et célébré dans mon pays. Il est connu entre autres pour avoir sauvé la vie de mon arrière-grand-père. Apparemment, cela signifie “Loyauté envers la mère patrie”. »
Les trois hommes clignèrent des yeux, leurs joues rougissant.
« Il est de notre pays ! », s’écria l’un d’eux.
Tout le monde dans le café s’était retourné pour le fixer.
Maintenant, ça devient intéressant.
« Quoi ? Ivanov est de ce monde ? Le Ivanov ? »
« Oui ! Ce nom… ces mots… Il doit être de notre pays ! »
Les agents étaient aux anges.
« Alors, connaissez-vous ses armes divines légendaires ? “L’Avtomat Kalashnikov-47”, le “Tokarev”, et le “Godlightning, Arrpeegee-7” ? »
« Oui, oui, OUI ! »
Ils étaient presque en train de pleurer à ce moment-là.
« Cette rencontre a dû être déterminée par votre ancêtre et notre héros ! Nos pays devraient certainement établir une bonne relation ! »
L’homme plus âgé essaya de se pencher en avant et de prendre la main de Mitsuha, mais un autre homme l’avait brusquement interrompu.
« Puis-je avoir un moment ? », demanda-t-il.
Les agents à qui Mitsuha avait parlé jetèrent un regard furieux à l’abruti et à ses associés. D’après ce qu’il semblait, les nouvelles personnes sentaient que la conversation prenait une tournure défavorable et avaient décidé d’intervenir avant que leur concurrent ne prenne de l’avance.
« Votre Altesse, seriez-vous prêt à parler avec nous aussi ? »
Mitsuha sourit à l’intrus.
« Oui, bien sûr ! Mais je ne veux pas répéter les mêmes choses. J’aimerais vraiment que nous puissions régler tout cela en une seule fois. »
Les hommes qui l’avaient attrapée en premier serrèrent les dents de colère. Tous les autres hommes de la pièce s’étaient levés et s’étaient dirigés vers leur table, se rassemblant autour de Mitsuha. Incapables de rester là à regarder des dizaines d’hommes entourer une jeune fille, les autres clients avaient tous sorti leurs téléphones. Ils allaient vraisemblablement appeler la police. Certaines des filles s’étaient même préparées à sauver Mitsuha en saisissant des couteaux à gâteau et des fourchettes dans leurs mains.
Les hommes, cependant, étaient trop concentrés sur Mitsuha pour réaliser ce qui se passait autour d’eux. Ils avaient également supposé que les citoyens normaux ne feraient pas d’efforts pour s’impliquer dans quelque chose comme ça et feraient plutôt semblant de ne rien voir.
De plus, les hommes n’avaient pas l’impression de faire quoi que ce soit d’illégal. Et avec ces pensées en tête, ils en avaient oublié où ils étaient et comment la situation aurait pu se présenter. Entourer une fille qui ne semblait pas avoir plus de douze ans les rendait plus que suspects, au point de justifier un appel à la police.
« Eh bien, il y a maintenant beaucoup de gens. Et si vous voulez mon avis, bien trop pour cet endroit. Je pense que nous devrions parler à une date ultérieure, et dans un meilleur environnement. Je m’assurerai de rester en contact, pouvez-vous donc me donner vos coordonnées ? »
Ses interlocuteurs avaient rapidement sorti leurs cartes de visite et les avaient remises à Mitsuha. L’agent qui avait approché Mitsuha en premier avait l’air extrêmement agité, mais il croyait toujours avoir le dessus. Il s’était dit qu’il pourrait lui reparler une fois que tous les autres agents seraient partis, ou passer un accord pour se rencontrer en secret. Après tout, le bienfaiteur de son ancêtre était de son pays.
Mais au moment où cette pensée lui traversait l’esprit…
« Est-ce de là que viennent tous les appels ?! », cria quelqu’un.
C’était l’un des douze policiers qui faisaient irruption dans le café. Il y avait eu tellement d’appels concernant une fille entourée d’hommes que tout un groupe de voitures de patrouille était arrivé sur les lieux. Après avoir balayé la pièce du regard, les officiers devinrent agressifs.
« Ne bougez pas ! Petite dame, connaissez-vous ces gens ? »
Mitsuha répondit agréablement : « Non, je ne les connais pas. Ils m’ont interpellée au milieu de la rue, ils m’ont dit de monter dans leur voiture pour parler et déjeuner, mais j’avais un mauvais pressentiment, alors j’ai dit que je voulais plutôt aller ici. »
Pas un seul mot de tout cela n’était un mensonge.
Les autres clients avaient été impressionnés par le tact de la jeune fille et soulagés d’avoir fait le bon choix en signalant l’incident. Tous les agents autour de Mitsuha ne savaient plus quoi dire bouche bée. Les officiers leur lançaient des regards féroces.
Si les regards pouvaient tuer…
Après que tous les agents furent emmenés, Mitsuha fut interrogée puis relâchée. Les filles qui avaient signalé l’incident l’avaient avertie de ne pas se promener seule, puis lui offrirent un parfait.
Les agents firent l’objet d’une enquête approfondie. On vérifia leurs identités et on prit leurs empreintes digitales — ils ne s’amusaient pas beaucoup. Les seuls agents qui avaient appelé Mitsuha et l’avaient amenée au café étaient les trois premiers, et ceux qui étaient venus après avaient insisté sur le fait qu’ils n’étaient que des passants inquiets qui avaient voulu intervenir. Cependant, ils étaient toujours suspects, avaient donc été signalés à la sécurité publique.
Quant aux forces de l’ordre, elles étaient ravies d’avoir acquis autant de données sur les agents étrangers en une seule fois. Parce qu’ils avaient été capturés, les détenus avaient essentiellement perdu leur valeur en tant qu’agents. Aussi mauvais que cela puisse être, il aurait quand même été préférable de conserver leur identité que de vouloir kidnapper une petite fille.
◇ ◇ ◇
Quelques jours plus tard, tous les agents reçurent une invitation à une réunion par e-mail.
Oh, la princesse était donc sérieuse, pensèrent-ils.
L’invitation les avait surpris, car ils pensaient qu’elle avait inventé une histoire pour gagner du temps jusqu’à l’arrivée des agents. En y repensant, la princesse n’avait pas menti aux agents, et ce n’était pas elle qui les avait appelés.
Peut-être était-elle simplement honnête ? Peut-être qu’il n’y avait aucune malice dans tout cela, pensèrent-ils.
Évidemment, ce n’était pas le cas.
Les trois agents qui l’avaient approchée en premier lieu pensaient également quelque chose de ce genre. Après tout, rien de ce que la princesse avait dit n’était techniquement faux. Ils pensaient qu’elle ne connaissait pas les coutumes de ce monde et n’avait aucune idée de la portée de ses propres paroles. Plus important encore, le grand héros de la patrie de la princesse venait de leur pays. Il n’y avait aucune raison de douter qu’ils avaient le dessus.
« Dans trois jours à la base des mercenaires, hein ? »
◇ ◇ ◇
Trois jours s’étaient écoulés depuis l’envoi des invitations. La salle de réunion stratégique de la base de Wolfgang était presque entièrement remplie. Il y avait assez de sièges pour tous les membres de Wolfgang, mais ceux qui y étaient assis étaient des représentants de pays du monde entier. Parmi eux se trouvaient des mercenaires agissant comme gardes du corps de Mitsuha. Les pays d’origine des agents du café n’étaient pas les seuls à être représentés — Mitsuha en avait invité beaucoup d’autres.
La réunion était soudaine et non officielle, il y avait donc peu de gros bonnets parmi les participants. La plupart d’entre eux étaient des dirigeants d’agences d’information accompagnés de leurs subordonnés les plus fiables. Bien que les bureaucrates plus influents des affaires étrangères aient beaucoup de pouvoir discrétionnaire, ils ne venaient pas à de telles réunions avant que les choses n’avancent.
Une fois que tout le monde s’était réuni, Mitsuha commença.
« À toutes les personnes ici présentes, merci d’être venu jusqu’ici. Nous sommes ici pour négocier des relations diplomatiques entre mon territoire et le vôtre. Comme je l’ai mentionné dans l’invitation, nous allons commencer par un tribut d’hommage. »
Un tribut était normalement quelque chose qu’un pays plus faible donnait à un pays plus puissant, qui lui rendait ensuite quelque chose de plusieurs fois plus précieuses. Cependant, Mitsuha détourna cette tradition en sa faveur.
Les représentants lui rendaient tous hommage, mais elle ne répondait qu’à celui qui lui donnait ce qu’elle préférait. Son paiement serait surtout symbolique et n’aurait que peu de valeur, l’essentiel étant l’honneur d’avoir été choisie. Il ne donnerait pas non plus d’avantage au gagnant dans les négociations. Elle les menait bien en bateau.
Et bien que la récompense matérielle ait peu de valeur, ils étaient tous déterminés à entrer dans les bonnes grâces de la princesse extraterrestre. Bijoux, robes, titres honorifiques… les choses qu’ils avaient apportées étaient sans fin. Pour éviter les idées préconçues et garder les choses équitables, les participants n’avaient pas dit quels pays ils représentaient. Malgré cela, Mitsuha en connaissait certains sans que personne n’eût à le lui dire.
Les représentants avaient étouffé un rire en voyant un pays particulier lui présenter avec suffisance un fusil d’assaut AK-47, un pistolet Tokarev et un RPG-7. Leurs rires étaient justifiés, car il s’agissait d’armes qui avaient connu leur pic de popularité il y a bien longtemps. Elles ne valaient presque rien, mais l’homme qui les avait remises était plutôt très confiant. Pourtant, même cela n’était pas suffisant pour faire démonter Mitsuha.
Finalement, ce fut au tour d’un certain pays en voie de développement.
« Ce sont les certificats de deux vieux navires en bois et à rames. Les deux font quarante-deux pieds de long et dix pieds de large. »
Les rires résonnèrent dans la salle.
« Vraiment ?! », cria Mitsuha.
Les rires s’arrêtèrent.
« Oh, mon Dieu… Comment avez-vous su que je voulais ça ?! »
« Notre pays est un pays sans argent ni spécialités, mais nous voulions quand même vous faire plaisir, nous avons donc demandé aux mercenaires ce que vous aimeriez, et ils avaient mentionné que vous vouliez un bateau en bois. »
« Oui, oui, je le voulais ! Je le voulais vraiment ! Oh, nous pouvons enfin commencer à pêcher en mer. Ils feront l’affaire jusqu’à ce qu’on puisse commencer à fabriquer nos propres bateaux ! »
Au lieu de montrer leur richesse ou leur technologie, ces représentants lui avaient simplement donné quelque chose qu’ils pensaient qu’elle aimerait. Mitsuha avait grandement apprécié leur considération.
Petits ou pas, les pays sincères sont vraiment formidables !
En voyant son excitation, certains représentants des grands pays commencèrent à paniquer et à tenter de lui vendre des vaisseaux « plus grands et meilleurs », mais elle refusa. Elle leur dit qu’elle n’avait pas besoin de navires que ses citoyens ne pourraient pas faire fonctionner, entretenir ou utiliser comme référence pendant la construction.
Au final, le pays gagnant fut la petite nation qui lui offrit les navires. Leur prix était un couple de lapins à cornes, une décoration faite d’un étrange métal différent de tout ce qui existait sur Terre, et deux billets pour un voyage de trois jours dans l’autre monde. Les prix n’avaient aucune valeur pour Mitsuha, mais les personnes présentes dans la salle avaient le regard fixe, comme si elles tueraient pour les posséder.
Ils avaient tous compris que les bijoux et les robes n’étaient pas les bonnes stratégies, mais il était trop tard.
Ce n’est pas que je n’aime pas avoir des bijoux. Je peux les vendre pour une jolie somme. J’ai juste l’impression que développer mes terres est bien plus important que l’argent en ce moment. Bref, il est temps de terminer le rite et de commencer pour de bon.
« Maintenant, parlons. Tout d’abord, pourquoi tenez-vous tant à établir une relation diplomatique avec nous ? »
« Hein, quoi ? »
Son public n’avait pas tout à fait compris.
« Tout d’abord, bien que j’ai eu un statut remarquable dans un pays, je suis maintenant sous l’aile d’un autre. Ils m’ont donné un petit territoire à gérer, mais c’est tout. En fait, je n’ai de réel pouvoir que dans mon propre pays. Je ne peux pas négocier avec d’autres pays, conclure des contrats ou inviter des militaires sur nos terres sans la permission expresse de Sa Majesté le roi. »
Ils avaient tous eu l’impression que Mitsuha était la princesse actuelle, aussi ses paroles furent pour eux un choc.
« Mais… qu’en est-il de la bataille contre l’armée du Roi-Démon ? »
« À l’époque, nous étions à court de temps et d’options, j’ai donc dû engager des volontaires… des héros de ce monde. Leur récompense n’était rien d’autre que de la gratitude. Aujourd’hui, je ne suis qu’un dirigeant local de bas niveau. »
« Alors qu’en est-il des relations diplomatiques ?! »
« Encore une fois, je n’ai pas le droit de prendre de telles décisions, et je ne peux certainement pas autoriser les gens d’autres pays à nous rendre visite », répondit-elle d’un ton posé.
Ils commençaient tous à réaliser que les circonstances étaient complètement différentes de ce qu’ils avaient imaginé.
« Alors, pourriez-vous faire un effort pour nous présenter au roi ? »
« De quoi avez-vous l’intention de lui parler ? »
« De quoi, des choses comme la diplomatie, les ambassades, et le commerce, bien sûr. »
« Et comment feriez-vous cela ? »
« Hein ? »
« Je n’ai vraiment aucune idée de la façon dont vous prévoyez de commercer ou d’envoyer vos ambassadeurs. Vos pays ont-ils beaucoup de personnes capables de sauter d’un monde à l’autre ? Et ont-ils la capacité de conserver leur force vitale lorsqu’ils transportent des objets ou d’autres personnes ? »
La salle s’était tue.
merci pour le chapitre
Merci pour le chapitre
La, je m’esclaffe 🤣 L’auteur monte encore plus dans mon estime avec cette manipulation 😂 Mais s’il a un agent japonais dans la salle, elle risque d’être découverte 😎 La AK-47 désigné comme Arme divine… Elle est certe désigné comme celle qui a été la plus meurtrière de l’histoire.