Rougo ni Sonaete Isekai de 8-manmai no Kinka wo Tamemasu – Tome 1 – Chapitre 7

***

Chapitre 7 : Le magasin général de Mitsuha

***

Chapitre 7 : Le magasin général de Mitsuha

Partie 1

Enfin, il était temps pour Mitsuha d’ouvrir les portes de son magasin. Les rénovations s’étaient déroulées sans accroc. L’intérieur du magasin avait tout ce dont elle avait besoin, y compris des étagères, des rideaux et de l’éclairage. Ses marchandises étaient toutes en place, leur prix était fixé et elle avait écrit des descriptifs. Pendant les heures d’ouverture, son système de sécurité était réglé sur « off ». L’espace de vie de Mitsuha était également prêt à être occupé.

Le générateur de propane avait été mis à l’œuvre, aidant à fournir de l’électricité à l’endroit. La société d’énergie solaire avait insisté pour installer les panneaux elle-même, mais Mitsuha avait affirmé qu’elle les utiliserait sur une île lointaine et qu’elle n’avait besoin que de savoir comment les installer elle-même. Avec l’aide de Kunz et de ses ouvriers, les mettre en place avait été un jeu d’enfant.

La salle de bains avait été étonnamment facile à construire. La cuisine ayant déjà un drain, il suffisait donc de construire une cloison en bois et de mettre la baignoire en place. Même la mise en place d’un approvisionnement régulier en eau chaude s’était avérée être un travail rapide pour les charpentiers. Mitsuha avait été vraiment impressionnée. Cette installation leur est totalement étrangère, mais avec un plan et une petite explication, ils ont tout fait à la perfection. Les artisans sont géniaux !

Une fois tout cela terminé, Mitsuha avait distribué des ensembles de serviettes gratuites à ses voisins d’à côté et aux trois foyers de l’autre côté de la route. Ils avaient trouvé la jeune fille qui tenait un magasin aussi impressionnante que le moelleux des serviettes. Toujours désireuse de faire une vente, Mitsuha n’avait pas oublié de mentionner qu’elles seraient disponibles dans son magasin.

Elle était aussi rentrée chez elle et avait imprimé plusieurs douzaines de dépliants sur son ordinateur. À son retour, elle les avait accrochés à l’extérieur de ses restaurants préférés, dans l’agence de M. Zoltan et dans quelques autres endroits. Elle avait écrit les lettres à la main avec sa souris. Le résultat était désordonné, mais un peu attachant. Quoi qu’il en soit, tout était en ordre, et le jour de la grande ouverture était arrivé.

Étourdie d’enthousiasme, elle s’était assise derrière le comptoir, où elle pouvait surveiller l’ensemble de l’aire de vente. Elle ouvrirait à l’équivalent japonais de dix heures, et fermerait à seize heures. Il n’y avait pas de pause pour le déjeuner, alors elle planifiait ses repas : elle mangerait un brunch rassasiant avant d’ouvrir chaque jour, puis prendrait un somptueux repas peu après la fermeture. Les dîners tardifs vous font prendre du poids plus rapidement, avait-elle rationalisé. Bien que j’aie peut-être besoin de plus de viande sur moi… dans certains endroits… Attends, non, tais-toi !

Mitsuha était aussi la seule membre du personnel, donc si la nature l’appelait, elle devrait attendre qu’il n’y ait plus de clients pour raccrocher une pancarte « Je reviens bientôt ». S’il y avait encore des clients à ce moment-là, cependant, elle n’aurait qu’à se retenir.

Très bien, tout le monde ! annonça-t-elle dans son esprit. Le magasin général de Mitsuha est maintenant ouvert !

OK, il est onze heures maintenant. Pas un seul client jusqu’à présent… Eh bien, c’est seulement le premier jour, donc les nouvelles n’ont probablement pas encore été diffusées. Et en plus, ce sont les heures de travail. Peut-être que j’inviterai des gens quand ce sera l’heure du déjeuner ?

Une heure, toujours pas de clients.

Trois heures, toujours pas de clients.

Quatre heures, toujours pas de clients… et il était temps de fermer. Mitsuha s’était effondrée sur le comptoir. Eh bien, encore une fois, c’est juste le premier jour ! Et ce n’est pas comme si je tenais un supermarché, je n’ai pas non plus fait d’annonce dans les journaux ni faite des promos d’ouverture et tout le reste !

La tendance s’était répétée le deuxième jour.

Onze heures, toujours pas de clients.

Une heure, toujours pas de clients.

Trois heures, toujours pas de clients.

Quatre heures, toujours pas de clients… et il était temps de fermer. Mitsuha s’était encore effondrée sur le comptoir. Dois-je prolonger mes heures d’ouverture pour attirer les gens qui rentrent du travail ? Non, c’est inacceptable ! Je veux dire, je devrais travailler encore plus ! Cela ne peut tout simplement pas arriver ! Mais que puis-je faire d’autre ? Hrm… Je viens de commencer et je suis déjà dans le pétrin… Je penserai à une nouvelle stratégie si la même chose se produit demain.

Troisième jour.

Onze heures, toujours pas de clients.

Une heure, toujours pas de clients.

Trois heures, toujours pas de clients.

Seigneur tout-puissant, aidez-moi !

Ding-a-ling !

ENFIN !, pensa Mitsuha, soulagée.

« BIENVENUE ! »

Elle avait accueilli avec joie ses premiers clients : un trio de filles en civil, mais bien entretenues.

« Cet endroit est nouveau, n’est-ce pas ? », demanda l’une d’elles.

« Oui, madame ! On a ouvert il y a à peine deux jours ! Regardez autour de vous ! Prenez votre temps ! »

Reste calme, Mitsuha ! Elles partiront si tu es trop insistante, pensa-t-elle, faisant un effort pour se calmer. À l’extérieur, du moins, son cœur battait à tout rompre en les regardant se promener. Elles s’étaient dirigées vers une section où se trouvaient des outils ménagers pratiques.

« Qu’est-ce que c’est ? Un ustensile pour retirer les écailles des poissons », demanda l’une des filles, perplexe.

« Absolument ! L’écaillage deviendra un véritable jeu d’enfant. Préparer un repas de poisson n’aura jamais été aussi facile ! », Mitsuha avait essayé de vendre le produit, mais…

« P-Poisson ? »

« Tu enlèves les écailles ? »

Elles semblaient encore plus perplexes. Hein ? Qu’est-ce qu’il y a de si bizarre ? se demanda-t-elle. Mais les filles n’avaient pas prêté attention à sa confusion, et avaient simplement échangé des regards avant de parcourir une autre étagère. Ustensiles de cuisine, lampes de poche, horloges, fournitures d’écriture… Beaucoup de choses semblaient les intéresser, mais Mitsuha pouvait dire qu’elles n’avaient aucune intention d’en acheter. Alors qu’elles se dirigeaient vers le joli coin des accessoires, Mitsuha pria, Ne me déçois pas maintenant… Merde ! Bon sang ! Elles l’ont fait ! Ensuite, il y a le…

Juste au moment où Mitsuha serrait les dents, les filles s’étaient arrêtées.

« Shampooing… ? », un membre du trio avait incliné la tête.

Très bien, c’est parti pour le business !

« Exactement ! », Mitsuha avait sauté sur l’occasion.

« C’est un liquide magique qui nettoie, répare et hydrate vos cheveux ! Un must pour chaque fille ! »

Ce monde avait des pains de savon, mais ils étaient primitifs, inefficaces, n’avaient pas un arôme agréable et coûtaient tellement cher que seuls les nobles et autres gens riches pouvaient se les payer. Faire fondre les barres était tout ce qu’ils pouvaient faire pour se laver les cheveux, et c’était trop luxueux pour un roturier typique. C’était là qu’intervenait mon produit unique en son genre et en édition limitée : une grosse bouteille de shampooing liquide à pompe !

« Mais huit pièces d’argent, c’est trop cher », murmura l’une des filles.

Mitsuha était, dans une certaine mesure, d’accord. Après tout, c’était un monde où un séjour d’une nuit dans une auberge moyenne, repas compris, coûtait quatre ou cinq pièces d’argent. Mais le shampooing devant eux était en avance sur tous les savons disponibles sur le marché, donc il devait y avoir un juste prix. Quand Mitsuha était chez les Bozes, Béatrice s’était plainte du fait que son savon était fragile et s’était épuisé trop rapidement. Ooh, je devrais lui en faire cadeau, pensa-t-elle, puis m’adresser à la fille qui semblait la plus intéressée.

« Je vous recommande vivement de l’acheter, mademoiselle. Une seule bouteille peut être utilisée des dizaines de fois ! Vu la beauté et la douceur de vos cheveux, c’est une belle affaire. »

« Des dizaines de fois !? »

Si je devais deviner, je dirais que ce sont des servantes ou quelque chose comme ça. Elles ne doivent pas avoir beaucoup de temps pour leur toilette personnelle, mais elles n’ont pas non plus le droit d’avoir mauvaise mine. Aucune d’entre elles n’avait les cheveux longs, probablement pour faciliter et accélérer les soins et le coiffage. Cela signifie qu’elles pourraient utiliser la bouteille encore plus souvent. En plus, elles n’auraient pas à perdre leur temps à faire fondre du savon.

« Oui ! Je le jure sur la réputation de mon magasin ! », déclara Mitsuha.

Les filles bavardaient entre elles pendant un moment, puis la fille avec la bouteille à la main s’était penchée pour la remettre sur le… OH NON !

« S’il vous plaît, attendez ! Souhaitez-vous une démonstration ? Je vais vous montrer ce qu’il peut faire ! Gratuitement ! »

Les filles se regardaient.

« Qu’en penses-tu ? », demanda l’une d’elles.

« Je suis curieuse, mais il est déjà si tard… »

« Ouais, on n’a pas beaucoup de demi-journées. On avait dit qu’on irait chercher de la bonne nourriture cette fois. »

Pendant ce temps, Mitsuha hurlait en elle-même. J’ai attendu mes premiers clients pendant DEUX JOURS et maintenant ils s’éloignent de moi ! Je suis à bout de nerfs… J’ai l’impression que je vais être ruinée si je les laisse partir. Je dois faire tout ce que je peux pour les garder ici !

« Attendez ! », leur avait-elle crié.

« Je vous préparerai aussi un repas. Je vous garantis que ce sera délicieux ! Rien d’autre dans cette ville ne sera comparable. Et ce sera gratuit ! Alors s’il vous plaît, essayez mes produits ! »

Les filles avaient probablement eu un peu pitié d’elle en la voyant désespérée. On pouvait voir dans leurs expressions qu’elles avaient du mal à refuser. Enfin, l’une d’elles avait pris la parole.

« OK... Je vais essayer. »

Cool ! avait applaudi Mitsuha. Avoir l’apparence d’un enfant m’a été utile pour une fois !

« Par ici, s’il vous plaît ! »

Elle avait mis une pancarte à l’avant pour dissuader les gens de se présenter, avait fermé la porte à clé et avait conduit les filles dans la cuisine. Après avoir demandé à son volontaire de se déshabiller, Mitsuha s’était un peu déshabillée, activa les systèmes d’eau chaude, alluma la douche tout en s’assurant que la température était exactement la bonne.

« Hein ? Qu’est-ce que c’est !? De minces ruisseaux d’eau chaude ? Qu’est-ce qui se passe !? »

La fille maintenant nue, Anke, ne pouvait pas retenir sa surprise.

Les deux autres regardaient à l’intérieur, les yeux grands ouverts.

« Asseyez-vous ici, s’il vous plaît », lui dit Mitsuha.

Toujours sous le choc, elle avait écouté et s’était assise sur la chaise de la salle de bain.

« Eep », s’exclama-t-elle quand l’eau lui toucha la tête, mais son sursaut s’était vite transformé en plaisir. Les bains étaient un luxe pour les roturiers de ce monde. Au mieux, leur routine d’hygiène consistait à se frotter avec des serviettes trempées dans des bols de lavage, puis à tordre les serviettes et à s’essuyer les cheveux avec elles. Ce mauvais processus de nettoyage avait été la cause de l’éclat huileux de la plupart des roturiers.

Se doucher sous un courant d’eau chaude comme celui-ci était rare, même pour les filles nobles. C’est l’heure du baptême, pensa Mitsuha.

Le shampooing avait également servi de revitalisant. Mitsuha utilisait elle-même un 2-en-1, mais cela ne la dérangeait pas d’acheter des produits séparés. Toute la famille Yamano avait toujours utilisé le même shampooing féminin 2 en 1. En acheter chacun un avait semblé être une perte de temps et d’argent. Son père et Tsuyoshi pensaient la même chose, alors les quatre Yamano se lavaient avec la même bouteille.

Maintenant, revenons à l’affaire qui nous occupe. Mitsuha arrêta la douche, versa du shampooing et se prépara à laver les cheveux d’Anke. Ne perdant plus de temps, elle avait commencé à frotter la tête de la fille. Elle est si sale que ça ne mousse pas. Mitsuha l’avait encore rincée, puis avait recommencé à frotter. Agh ! Toujours pas de mousse ! La troisième fois sera la bonne. Elle rinça à nouveau, frotta et… Eureka !

« Je suis désolée. D’habitude, une seule utilisation fait l’affaire, mais vos cheveux étaient si sales que j’ai dû le faire trois fois. », avait-elle dit

La franchise de Mitsuha avait fait monter des larmes dans les yeux d’Anke.

« Oups ! Je… Je suis vraiment désolée ! », Mitsuha s’écria en toute hâte.

« Laissez-moi me faire pardonner avec un essai gratuit de gel douche ! »

Elle avait encore rincé la fille, puis s’était précipitée pour aller le chercher. Mitsuha n’avait cependant pas l’intention de transformer son magasin général en une sorte de salon de beauté mousseux, alors elle en avait simplement mis dans les mains d’Anke et lui avait dit de se laver.

« Wh-Whoa ! Mmm, ça sent si bon ! »

Une fois la démonstration terminée, Mitsuha avait remis une serviette de bain au volontaire. Elle s’était légèrement essuyée avant de sortir un sèche-cheveux. Tandis qu’Anke se précipitait sur la douceur de la serviette, Mitsuha avait mis le sèche-linge en marche par derrière elle.

« AAAHHHHH ! »

Elle avait d’abord poussé un cri, puis s’était détendue, car elle avait trouvé cela non seulement inoffensif, mais extrêmement apaisant.

« Sérieusement, c’est quoi cet endroit ? C’est incroyable… », marmonna l’une des deux autres, qui regardait encore.

Elles s’appelaient Britta et Carla, et elles avaient l’air complètement sidérées.

Peu de temps après, toutes les trois s’étaient tenues devant les marchandises de Mitsuha, clairement dépitée. Elles convoitaient toutes le shampooing, mais ne voulaient pas non plus se passer du gel douche. Les deux étaient au prix de huit pièces d’argent, mais chaque fille n’en avait que douze, neuf ou dix pièces d’argent. Même les plus riches d’entre elles ne pouvaient acheter qu’un seul produit.

Toujours aussi perspicace, Mitsuha avait vu leur dilemme et avait proposé une solution.

« Et si vous mettiez huit pièces d’argent chacune, en achetiez une de chaque, et les partagiez ensuite entre vous ? »

« Hein ? Mais il y aura huit pièces d’argent en trop. »

Britta avait plissé les sourcils.

Mitsuha les avait emmenés ailleurs et leur avait présenté une boîte en velours d’un peu moins d’un pied de long de chaque côté (30 cm). À l’intérieur, il y avait des bagues brillantes, des bracelets, des colliers, des broches et d’autres babioles.

***

Partie 2

« Chacune de ces pièces coûte huit pièces d’argent également ! »

Leurs yeux brillaient. C’est comme ça que l’on fait des affaires, pensa Mitsuha.

« Attendez ici, s’il vous plaît », dit-elle en les guidant vers une table à manger dans le coin de la cuisine.

Elle avait ensuite disposé une grande casserole sur la cuisinière. Mitsuha avait préparé la table pour accueillir les futurs invités, mais l’occasion s’était présentée beaucoup plus tôt que prévu. Les rénovations avaient vraiment rafraîchi la cuisine autrefois simple, créant une ambiance propice pour manger. Elle avait allumé la cuisinière à gaz avant l’affaire du shampooing, donc l’eau bouillait depuis un certain temps.

Lorsque Mitsuha s’était éloignée du groupe, les trois filles avaient commencé à chuchoter entre elles.

« Qu’est-ce que c’est ? Du feu ? », demanda Anke.

« Anke, tu ne dis rien d’autre que “qu’est-ce que c’est”, “qu’est-ce que c’est” depuis qu’elle a commencé à te laver », dit Carla.

« Qu’est-ce que je suis censée dire d’autre ? »

« Regarde tes cheveux, cependant… Argh, j’ai merdé ! J’aurais dû me porter volontaire. »

« Tu l’utiliseras aussi, Carla. »

« Oh, regarde ! Les cheveux de cette fille sont aussi vraiment lisses. J’aurais dû savoir que ce shampooing était bon quand j’ai vu ce brillant. »

« Ouais. C’est ce que nous avons appris dans l’une de nos leçons », s’était jointe Britta.

« Les serviteurs de nobles doivent juger rapidement d’après ce qu’ils savent de leur environnement. »

« Wow, Britta. Tu t’en souviens ? »

« Tu es probablement la seule à ne pas avoir retenu. »

Pendant qu’elles discutaient, Mitsuha apporta le premier plat. Elle avait été incroyablement rapide — quelques minutes seulement s’étaient écoulées depuis qu’elle s’était dirigée vers le poêle.

« Notre premier plat est une soupe appelée minestrone. »

« Hein ? Avez-vous fait de la soupe si vite ? », dit Anke.

Elles étaient surprises et quelque peu hésitantes à le manger, mais leur faim et leur curiosité avaient pris le dessus.

« C’est délicieux ! »

L’éloge aurait pu venir de n’importe laquelle d’entre elles. Le goût de la soupe était si fort et si profond qu’elles n’arrivaient pas à croire qu’une petite fille l’ait fait en quelques minutes seulement. C’était encore mieux que les repas qu’elles prenaient dans le manoir où elles travaillaient. Leur étonnement n’avait rien changé à leur faim, cependant, et au moment où elles avaient nettoyé leurs assiettes avec voracité, un nouveau plat était en train d’être placé devant eux.

Comment est-elle si rapide ? Elle a juste décidé qu’elle allait nous faire à manger il y a peu ! se demandèrent-elles alors que Mitsuha posait les assiettes.

« Du radis blanc bouilli et de l’ambre — un poisson de la mer », avait-elle déclaré.

« Hein !? DU P, POISSON !? »

« Oui, et alors ? »

« R-Rien ! Rien du tout ! »

Britta agita les mains.

Mitsuha ne savait pas quoi penser de leur réaction. Qu’est-ce que cela veut dire… ? C’est quoi le problème entre ces filles et les poissons ? C’est un tabou ou quoi ? Ai-je merdé ? Eh bien, elles le mangent, donc c’est probablement bon. Elle sentait ses soucis se dissiper en les regardant se régaler. C’est bon de voir qu’elles ont aimé la soupe en conserve et l’amberjack cuit à l’étouffer. Passons au plat suivant !

Mitsuha avait sorti un plat après l’autre.

« C’est du rosbif. Trempez-le dans cette sauce avant de manger. »

C’était censé être pour moi. Bien sûr, c’est juste un dîner peu cher que l’on peut voir à la télé, mais j’aime vraiment ça ! Hnngh… Elle se plaignait du sacrifice, mais pensait que son travail était plus important.

« Voici un autre plat de bœuf pour vous, mais cette fois il est bouilli », dit-elle.

Le bœuf était joliment épicé et présenté dans des boîtes de conserve. Mitsuha avait dû en ouvrir six, car une portion individuelle ne suffisait pas.

« Essayez ce risotto ! »

Le risotto était aussi un produit à faire bouillir tel quel. Elle en avait cuisiné et en avait assemblé deux pour les filles.

Quand Mitsuha était retournée préparer plus de nourriture, Carla avait chuchoté.

« Hé, c’est juste moi, ou est-ce que toute la nourriture vient de cette… marmite ? »

« AHHHH ! Ne dis pas ça ! J’essayais de l’ignorer ! », dit Britta, un peu pâle.

« C’est bon, c’est une bonne sorcière. Elle doit l’être », marmonna Anke à elle-même.

L’assaut culinaire de Mitsuha allait bon train.

« C’est du ragoût de bœuf. »

Encore une nourriture en sachet du magasin de rabais.

« Et pour finir, votre dessert : la glace. »

C’était un pack de six glaces glacées Chateraise, pour être précis. La marque de desserts était connue pour sa haute qualité et son bas prix, elle était donc parfaite pour ses besoins. Mitsuha les avait sortis du réfrigérateur, avait enlevé les bâtonnets, les avait mis dans des verres et les avait servis avec des cuillères. Une seule bouchée suffisait pour que les filles soient perdues.

« Qu’est-ce que c’est !? Il fait si froid ! Si doux ! Si bon ! »

« C’est… incroyable ! »

L’une d’elles était si stupéfaite qu’elle n’avait pas dit un mot.

« On va couronner tout ça d’un peu d’étonnement », dit-elle.

« Une boisson chaude est parfaite après un dessert froid. »

C’était un saké sucré lyophilisé que l’on pouvait préparer en ajoutant simplement de l’eau chaude. Facile, délicieux, bon marché, durable, et peut-être même bon pour vous, c’était l’un des favoris de Mitsuha.

« Avez-vous aimé la nourriture ? », demanda-t-elle, tout sourire.

Leur déjeuner était enfin terminé.

Les trois filles hochèrent la tête.

« Oui, oui. Vous ne mentiez pas… C’était le meilleur repas que j’aie jamais mangé. »

« Umm, c’est ce chaudron a-OUCH ! »

La question de Carla avait été raccourcie par Anke et Britta, qui avaient marché discrètement sur ses pieds.

« Merci pour tout », dit Anke alors qu’elles se préparaient à partir.

« Ah, attendez un moment s’il vous plaît. » Mitsuha les avait retenues.

« Voici un petit quelque chose à partager avec vos collègues, vos amis ou votre famille ! Enlevez l’emballage avant de manger ! »

Elle leur tendit un pot mince, transparent et étrangement léger, rempli de ce qui ressemblait à des œufs d’argent et d’or.

« D’accord… », répondit Britta humblement.

Sur ce, les trois partirent, berçant leurs achats et le contenant d’amandes au chocolat emballées dans du papier d’aluminium.

Mitsuha avait célébré immédiatement après leur départ. Oui ! J’ai eu mes premiers clients et fait ma première vente ! Cela m’a coûté quelques-uns de mes plats cuisinés, mais cette vente en valait la peine. Cela me faisait un peu peur de ne pas avoir beaucoup de variété et de leur donner que du bœuf, mais les saveurs étaient si différentes qu’elles ne s’y intéressaient même pas. J’ai dû cependant en utiliser plusieurs de chaque… Pas un seul paquet où l’on pouvait en avoir assez. Maintenant, si elles rentrent et qu’elles passent le mot, mon magasin pourra exploser en popularité !

Ah, mais je ne suis pas sûre de vouloir trop d’affaires. Si je suis trop occupée, je n’aurai pas le temps d’aller aux toilettes ! Teehee !

« Eh bien ? », demanda Anke peu de temps après leur départ.

« Eh bien… », dit Carla.

« Et s’il y avait des insectes bizarres à l’intérieur ? Quand tu les manges, ils rampent dans ton cerveau et prennent le contrôle de ton — »

« NE DIS PAS ÇA ! », dit Britta en pleurant.

« Eh bien ? », demanda Anke encore une fois.

« Eh bien… »

« J’ai l’impression que si l’on ne fait pas ce qu’elle a dit, quelque chose de mal va arriver. »

« Comment ça, Britta ? »

« Distribue-les, comme elle nous l’a dit. »

« Mais tout le monde le fera… »

« Ça devrait aller tant qu’on suit ses instructions. Nous les remettrons à Marcel, nous prendrons nos visages les plus sérieux et nous lui dirons qu’ils viennent d’une étrangère. Nous ne mentirions pas, mais nous n’irions pas à l’encontre de ce qu’elle nous a dit de faire. Elle nous a demandé de “partager avec un collègue”, non ? En plus, Marcel est notre chef cuisinier ! Il saura s’il y a quelque chose de bizarre chez eux ! »

Anke avec ses cheveux soyeux, Britta avec une nouvelle broche brillante sur la poitrine, et Carla, tenant les amandes en chocolat, elles acquiescèrent d’un signe de tête. Elles espéraient que Marcel les comprendrait à leur retour au manoir.

◇ ◇ ◇

« Wow ! », s’exclama Marcel.

Bien sûr, n’importe qui aurait fait la même chose s’il avait été approché par trois femmes au visage si effrayant. Ai-je fait quelque chose de mal !?

« On a reçu ça d’un étranger ! », déclara l’une d’elles, poussant quelque chose de totalement étranger pour elle.

« Elle a dit qu’il faut enlever l’emballage et les manger. »

Alors c’est de la nourriture, c’est ça ? Marcel n’avait pas eu le courage de les refuser ou de fuir la scène. Il ouvrit le récipient, le tendit avec effroi vers l’intérieur et sortit l’un des objets. Puis, après l’avoir regardé fixement pendant un certain temps, il en retira l’emballage.

« C’est marron », dit-il.

« Cela possède une saveur riche et sucrée… »

L’odeur était nouvelle pour lui. Intrigué, il le renifla, le regarda de tous les côtés. Il n’avait jamais rien vu de tel. Finalement, il lui donna un coup de langue.

« EEK ! », les filles crièrent à l’unisson.

« Pourquoi criez-vous toutes !? »

Il le craqua, puis se pencha pour manger un morceau.

« AHHH ! Il l’a mangé ! Il l’a vraiment mangé ! »

« Qu’est-ce qui ne va pas chez vous trois ? Attendez, qu’est-ce que c’est que ça !? Amer ? Sucré ? Cette texture, cette odeur, ce goût… C’est unique en son genre ! D’où sortez-vous ça ? »

Marcel avait été interrompu par une voix venant de derrière.

« Vous êtes tous si bruyants. De quoi s’agit-il ? »

« M, madame… »

Ils s’étaient humiliés eux-mêmes.

Peu de temps après, le groupe était assis autour d’une table dans le salon. Les propriétaires du manoir, le vicomte Matheus von Ryner et son épouse, Amalia, qui s’étaient exprimés plus tôt, étaient maintenant présents. En plus de ces deux-là, il y avait le chef cuisinier des Ryners — Marcel — et les trois filles, soit un total de six personnes.

Les Ryners étaient nouveaux dans la noblesse, n’ayant atteint leur statut que dans la dernière génération. Pour cette raison, il n’y avait pas une grosse barrière sociale entre eux et leurs serviteurs, et ils n’avaient rien contre le fait de converser d’égal à égal. Ils n’avaient même pas été gênés quand le personnel s’était laissé emporter et que leur étiquette était passée par la fenêtre.

« Alors, vous dites qu’elle vous l’a donné ? », demanda la dame.

« Oui, oui… »

« Qu’en penses-tu, chéri ? »

Le vicomte Ryner avait incliné la tête à la question de sa femme.

« Hmm… Et vous pensez que cette fille était une sorcière ? »

« C’est une bonne sorcière ! Certainement ! », Anke avait atténué son propos.

« Du moins, je le pense. »

Elle était sans doute satisfaite de ses cheveux lisses.

« Êtes-vous sûre que c’est du poisson frais qu’elle vous a donné ? Pas séché, pas fumé, pas mariné ? », demanda Marcel, encore dubitatif.

« Oui, quand j’étais petite, je suis allée dans un village au bord de la mer et j’ai mangé du poisson frais. Le sien avait le même goût. L’autre nourriture était délicieuse aussi ! », dit Britta.

Carla acquiesça d’un signe de tête. Marcel avait l’impression qu’elles avaient juste snobé sa cuisine, ses épaules tombaient un peu.

Matheus secoua la tête.

« Je ne peux pas dire que je le crois. Le village de pêcheurs le plus proche est à dix jours de voyage en chariot. Même une diligence prendrait au moins une semaine. Disons que si vous aviez une charrette robuste et légère, que vous preniez une petite charge et que vous remplaciez constamment le cheval et le chauffeur. Et si on ne faisait pas un seul arrêt, ça prendrait au moins trois jours. Sans oublier que cette méthode ferait du poisson un véritable luxe. Cela coûterait une douzaine de pièces d’argent chacun. Et ça ne marcherait qu’en hiver, quand il y a de la neige et de la glace pour les conserver au froid, ce qui est impossible à cette époque de l’année ! Il n’est pas question non plus de faire bouillir le poisson et de le garder au chaud sur le chemin du retour. Ça prendrait trop de temps, et tu le ferais trop cuire. Il ne serait même pas comestible. »

Marcel acquiesça de la tête. Bien sûr, un chef savait ce genre de choses.

« Bien que je suppose qu’il n’y a pas de raison d’en faire trop. »

Comme la conversation était dans une impasse, Amalia avait changé de sujet.

« Au fait, Anke. Pour quelles raisons vos cheveux sont si soyeux et qu’ils sentent si bon… ? »

« Oh, oui ! C’est grâce à ces produits magiques dont on vous a parlé. »

« Magique, dites-vous ? Laissez-moi-les utiliser. »

« Hein ? »

Les trois filles lui jetèrent un coup d’œil. Amalia avait les cheveux longs, alors elle utiliserait une bonne partie de leurs précieux produits.

« Je paierai pour eux ! Seize pièces d’argent ne sont rien pour moi ! Je vous les rendrai même après une seule utilisation », s’exclama-t-elle.

Les filles n’avaient rien contre ces conditions. Bien qu’étant ses servantes, elles ne pouvaient pas refuser même si elles le voulaient.

« Et Britta, à propos de cette broche… ? »

« Oh, c’est ce que j’ai acheté avec mes huit pièces d’argent. »

« C’est beaucoup trop bon marché pour quelque chose de cette qualité ! »

« C’est parce que c’est artificiel, du moins c’est ce qu’elle m’a dit. »

« Bien sûr que c’est fait par l’homme. C’est une broche ! Êtes-vous en train de dire que Dieu a fait toutes les autres ? »

« Ce n’est pas ce que je voulais dire. Cette gemme n’est pas réelle, il a été fait par des gens. »

« Un faux ? Ça !? »

Amalia n’en croyait pas ses yeux, mais elle se demandait aussi pourquoi la soi-disant sorcière admettait qu’elle vendait des produits contrefaits. Il n’y avait aucun mérite à faire tout le contraire, en fait.

« Eh bien, ça ne coûte rien de le faire avec de la magie… », marmonna-t-elle.

« Maître Ryner, avec un tel pouvoir, acquérir des ingrédients et des recettes rares serait simple ! », dit Marcel en faisant face au vicomte

« En effet. Il serait sage de lui demander de l’aide. Je vous confie tout cela, Marcel. »

« Entendu, monsieur ! »

Le chef inclina la tête et partit.

***

Si vous avez trouvé une faute d’orthographe, informez-nous en sélectionnant le texte en question et en appuyant sur Ctrl + Entrée s’il vous plaît. Il est conseillé de se connecter sur un compte avant de le faire.

Laisser un commentaire